Magda, « La Chienne » Du Troisième Reich
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Magda, « la chienne » du Troisième Reich Louis PETRIAC À la mémoire de tous ceux qui n’avaient que le tort d’être différents ou de croire à autre chose ! L.P … Tout ce qui paraît particulièrement invraisemblable est probablement vrai Hilary MANTEL (G-B.) AVANT PROPOS Voici un peu plus de soixante-dix ans, soixante-douze très exactement, disparaissait l’un des personnages les plus controversés du XX ème siècle au terme d’une guerre impitoyable et de la disparition de plus de soixante millions d’êtres humains dont… 6 millions de Juifs ! Mais qui était-elle cette femme pulpeuse qui, à seize ans déjà, sans être d’une incroyable beauté, avec un regard implorant rendait tous les hommes fous de désir, en exerçant sur eux une fascination irrésistible ?... Sûrement une mante religieuse puisque, dans un pays gagné par la folie, elle aura trahi son père, renié son beau-père, tué six de ses enfants et dévoré on ne sait combien de mâles, motivée par la seule envie de briller en société et de devenir une déesse de la nation allemande. Un être vénéneux n’hésitant pas, non plus, à dénoncer ses meilleures amies pour satisfaire sa perversité. On dira d’elle un peu plus tard qu’elle voulait se convertir au judaïsme et apprendre l’hébreu en vue de s’installer en Palestine avec ce Victor qu’elle semble avoir aimé plus que tous les autres pourtant nombreux autour d’elle, et qu’elle avait signé un pacte avec le diable… Ce qui n’est peut-être pas tout à fait faux. Ce long travail de recherche m’a incité à produire cet ouvrage, en travaillant sur des données sur lesquelles d’autres n’ont pu s’appuyer antérieurement, pressés d’évoquer, et on peut le comprendre, l’existence d’un personnage tel que celui de Magda Goebbels ! Une femme arriviste, fanatique, dont il conviendrait de reprendre ici le sens premier qu’avaient donné les Grecs au cynisme. Car Magda la cynique 1 était bien une chienne et un être d’une froideur absolue et sans empathie, aimant à se dépeindre, narcissisme oblige, sous les traits d’une mère modèle que le média allemand Bild Zeitung présentait voici quelques années comme « la sorcière nazie » et dont on demande encore aujourd’hui, au fil des découvertes, si nous savons vraiment tout à son propos. Louis PETRIAC 1. Née le 11 novembre 1901 à Berlin dans un appartement cossu de la Bülowstraße ou de la Katzerstraße2, Johanna Maria Magdalena Behrend, plus connue sous le nom de Magda Goebbels, a choisi 1 Du grec « kunikos » chien. 2 Une variante qui semble dépendre de circonstances encore inconnues et du géniteur reconnu, savoir Oskar Ritschel ou… Richard Friedländer ! Selon que l’on prenne en compte ou non les dernières affirmations et preuves publiées à ce sujet ! 1 de disparaître en mai 1945 en tuant ses six enfants. Elle prétendait que son souci était de préserver les siens des Russes et de sanctions, pour avoir si longtemps représenté un Troisième Reich dont la monstruosité interpelle toujours, et parce qu’elle ne voulait pas que ses enfants vivent dans un monde sans national-socialisme. Cela étant, qui était vraiment Magda Goebbels ? Et qu’était-elle capable de faire pour exister aux yeux du monde ? Ce que l’on sait à son propos, tient à très peu de données, et surtout à ce que les historiens ayant travaillé sur le nazisme et sa propagande ont bien voulu en dire. D’autres éléments livrés au Schwäbische Illustrierte 3 de Stuttgart en 1952 par la mère de cette tueuse d’enfants, aident à mieux comprendre ce qu’a été l’enfance de Magda Goebbels dans la grande maison bourgeoise où avait travaillé Auguste Behrend, sa mère et où elle est née. En admettant que ces données n’aient pas fait l’objet d’exagérations ou de dissimulations quant à la naissance elle-même. Ce qui est moins sûr. Employée de maison d’une vingtaine d’années, d’extraction modeste, sa maman y travaillait déjà depuis l’âge de quatorze ans et Auguste, c’était son nom, n’était pas la dernière, non plus, à attirer le regard des hommes. Auguste… Ce prénom à déclinaison masculine4, était-ce d’ailleurs un signe ? Voire une volonté d’affirmer une identité et de s’opposer à l’autorité ? Ou de faire un pied de nez à la haute bourgeoisie qui l’employait ? Et a-t-il été difficile à cette femme de reconnaître qu’elle était enceinte de Magda ? Sans doute, et Auguste a longtemps attendu avant d’apporter un certain nombre de précisions au sujet de la venue au monde de sa fille. Mais, à qui aurait-elle pu dire qu’elle était enceinte, alors qu’elle n’était pas mariée et qu’être fille-mère était très mal vu de la société au début du siècle dernier ? Un autre sentiment prédomine, celui que cette maman ait pu être, plus qu’une dissimulatrice, une menteuse pathologique ! Parlant du portrait de sa fille dressée en 1952 pour ce même Schwäbische Illustrierte , Anja Klabunde laisse du reste supposer que ces révélations aient pu être corrigées. Il fallait, avait précisé cette dernière, réaliser le meilleur portrait possible de Magda Goebbels… malgré, bien entendu, toutes les vilénies que contient un dossier effroyablement lourd ! C’est aussi et surtout grâce à un journal qu’a tenu Magda dès son adolescence au couvent, que beaucoup de points ont pu être complétés 5. Oskar Ritschel, le fils des patrons d’Auguste, ingénieur dans la Ruhr, un dandy cultivé, toujours impeccablement mis, dont un monocle à l’œil gauche faisait de lui un homme distingué, avait, en des temps difficiles de quoi se faire remarquer et tout ce qu’il fallait pour emporter les suffrages d’une jeune fille d’extraction modeste facilement tombé sous son charme. Encore que la naissance de la petite aurait pu être due à une autre des « pulsions amoureuses » de l’intéressée avant qu’Auguste ne prenne ses fonctions chez Oskar Ritschel ! Ou pendant ! Car, il n’est pas exclu que la mère de Magda, parallèlement à la liaison qu’elle entretenait avec le fils de ses patrons, ait éprouvé une « attirance » pour un autre homme de passage, un certain Richard Friedländer tout juste âgé de dix-neuf ans, et que ce dernier ait pu être à l’origine de cette grossesse. Cela peut expliquer qu’Oskar se soit abstenu de reconnaître l’enfant au moment de leur mariage. Aurait-il éprouvé quelques doutes sur le fait qu’il ait pu être le père de la fillette, contrairement à ce que l’on a souvent rapporté à propos de l’affaire lorsqu’il s’est agi de déterminer qui était le vrai père de la gamine, un « gosse » resté muet ? Une éventualité évoquée dans le journal de Magda en septembre 1914, en des termes certes un peu confus, de cette femme de chambre et de sa petite fille conçue avec un client de passage de l’hôtel où elle travaillait. Des propos repris dans un ouvrage fort instructif 6. Ce statut de fille-mère, Auguste s’empressera de le modifier en épousant en 1902 Oskar, uniquement en raison d’aspects sécuritaires. Certains vont jusqu’à dire qu’Auguste et Oskar se seraient même mariés avant la naissance de la petite Magda. Or, si Oskar était un homme aisé en 1901, le véritable père de l’enfant, Richard Friedländer 7 n’était toujours pas, lui, parvenu à s’appuyer sur un début de crédibilité. Et puis, fallait-il brusquer un homme 3 Ce que révèle la biographe Anja Klabunde dans une biographie consacrée à Magda Goebbels. 4 Certains retiennent cependant le prénom féminin d’Augusta. 5 Révélé par l’auteur Guirchovitch. 6 Meurtre sur la plage, Léonid Guirchovitch, 2014, éditions Verdier. 2 comme Oskar, issu de la haute bourgeoisie et susceptible de pouvoir offrir à toute la petite famille Behrend un certain standing, même s’il n’avait pas voulu reconnaître la fillette, alors que Friedländer qui n’avait pas vingt ans, n’était en mesure de ne s’enorgueillir que d’une seule chose, celle d’être juif ? Bien qu’étant descendant d’une famille, les Friedländer-Fuld qui avaient fait fortune dans le domaine du charbon ! Et, être juif, c’était déjà très mal vu au début du siècle dernier, autant en Allemagne qu’en Belgique ou autant qu’ailleurs ! En considérant que la famille d’Oskar Ritschel ait pu employer Auguste Behrend au moment de la naissance de la fillette, cette hypothèse trouve tout à fait sa place, l’autre étant que ce bouddhiste plein de compassion, ait pu vouloir finalement offrir quelque temps plus tard un statut social à l’employée de sa famille qu’il devait particulièrement trouver à son goût. Ce qu’il prouvera un peu plus encore au moment des épousailles de Magda et de Quandt en adoptant sa belle-fille, alors qu’il était toujours persuadé que la petite n’était pas de lui. La grossesse qu’Auguste lui avait dissimulée, de peur de perdre sa place et sûrement pour ne pas créer d’ennuis à ce gamin responsable de la chose, étaye cette dernière affirmation, car la mère de Magda Goebbels était une cocotte 8 et elle apparaît, dans l’ensemble des témoignages recueillis, sous les traits d’une « Dame aux camélias », profiteuse, désireuse de se mettre à l’abri. Ce que confirme sa volonté de divorcer d’un Richard Friedländer défait par les événements peu de temps après leur installation à Berlin en 1914. Ces choix sont ceux d’une mère qui aura toujours recherché le meilleur partenaire masculin possible pour elle sur l’instant, et qui « aura su » inculquer à Magda des notions que « le nazi féminin » exploitera sa vie durant.