Société d’histoire du protestantisme franco-québécois 52

JUIN 2016 La crémation des corps et les franco- protestants au Cimetière Mont-Royal

JEAN-LOUIS LALONDE Nous donnons ici un aperçu de notre visite du 4 juin au Cimetière Mont- Royal qui avait pris comme thème la crémation des cadavres particuliè- rement chez les franco-protestants. Nous avons retenu les personnages qui en ont fait la promotion de même que quelques cas qui ont défrayé la man- chette à leur époque ou qui présentent pour nous un intérêt particulier. On peut lire de nombreux textes en ligne sur la crémation dans le monde et la biographie des personnages évoqués notamment pour les maires : http:// www2.ville.montreal.qc.ca/archives/ Photo : Jocelyn Archambault democratie/democratie_fr/index.shtm/ juifs). D’abord cimetière rural, assez du livre de Brian Young, Une mort très ou pour les franco-protestants dans libre dans la disposition des tombes digne – L’histoire du cimetière Mont- www.shpfqbiographies.sitew.ca ou en- et leur importance, il devint plus or- Royal, McGill University Press, 2003, core dans le Dictionnaire biographique donné à partir des années 1890 avant p. 126-141 et le remarquable mémoire du Canada. d’être considéré comme un lieu naturel de maîtrise de Martin Robert sur la cré- depuis trente ans (faune et flore excep- mation au Québec dont nous reprenons Le cimetière Mont-Royal tionnelles) s’harmonisant avec bonheur parfois certaines formulations. Nous Fondé en 1847 par la communauté pro- avec le Parc du Mont-Royal adjacent. le présentons plus longuement en fin testante, ce cimetière était ouvert à tous, Le premier crématorium au Cana- d’article anglophones et francophones, particu- da a été construit au Cimetière Mont- lièrement aux protestants, francs-ma- Royal en 1901, et bien que de nom- Diverses visions de la mort çons et contestataires avant 1960, et breuses fois transformé, l’édifice initial et de la sépulture l'est à toutes les tendances et cultures existe toujours. Il était le seul au Qué- Selon la science actuelle, il n’existe rien dans les derniers vingt-cinq ans. bec avant 1974. Abritant maintenant de de tel qu’une âme séparée du corps, la Le premier enterrement y remonte nombreuses salles et une chapelle, le vie se transmet, mais le corps et ce qui à 1852, et depuis, plus de 200 000 per- Complexe funéraire Mont-Royal offre, l’anime meurent ensemble. Il existe sonnes y ont été inhumées. Premier sous un même toit, toute la gamme de cependant une longue tradition qui voit cimetière à s’installer sur la montagne, services funéraires. l’âme et le corps comme deux entités. il a maintenant trois voisins (un cime- Deux sources sont particulièrement Dans la Genèse, c’est le souffle de Dieu tière catholique et deux cimetières intéressantes sur le sujet. Le chapitre 7 qui donne vie à un homme modelé 2 BULLETIN 52 Société d'histoire du protestantisme franco-québécois dans la terre. En Orient, on brûle les La visite nous donne l’occasion 1894. Le journal La Minerve l’invec- cadavres parce que la crémation libère de parler de quatre courants favo- tive le lendemain et l’ancien protono- l’âme qui peut se réincarner ailleurs. rables à l’époque à l’incinération des taire réplique en convoquant tous les En Occident, on a choisi plutôt l’ense- cadavres : les hygiénistes et médecins, francophones protestants à un grand velissement. les rouges, les unitariens et les francs- pique-nique dans sa propriété de Mon- La vision catholique traditionnelle maçons. tebello au moins de juillet. qui s’oppose à la crémation est héri- Comme son père, il joint les rangs tée du judaïsme : on n’y brûle pas les 1. Les médecins et hygiénistes des Fils de la liberté durant la Rébel- cadavres (orthodoxes et musulmans Le ruisseau qu’on voit à l’entrée du lion de 1837-38. Il fuit ensuite avec l’imitent). Dieu s’est incarné en Jésus- cimetière part du lac aux Castors et se lui aux États-Unis, où il pratique le Christ qui ressuscite physiquement rend à la Rivière des Prairies. Parce droit et rencontre, à New York, Mary après trois jours promettant la résur- que cette dernière est située dans le rection à ses fidèles inhumés. Le corps prolongement du fleuve, il est - pro du catholique doit se reposer comme bable que Jacques Cartier en 1535 lui en attendant sa résurrection. Cette l’ait suivi puis emprunté le ruisseau attente est associée à une destinée comme repère jusqu’au Mont Royal. spirituelle qui atteste l’existence d’un Un premier courant favorable à l’inci- autre monde. L’Église s’attribue un nération, celui des hygiénistes et des pouvoir d’intercession entre Dieu et médecins, déplorait que les fluides les hommes et, dans le dogme de la des morts puissent contaminer les vi- résurrection, ce pouvoir est fragilisé. vants et ce ruisseau pouvait bien servir Le feu représente un élément diabo- d’exemple! Boiriez-vous de cet eau? lique assimilable aux flammes de l’en- Ce groupe fait valoir que l’air (gaz), fer. S’opposer à la crémation pour cette l’eau (ici), la terre remuée (le ver de Église, c’est se poser en gardienne de terre soulève quinze tonnes à l’acre) la dignité humaine, de l’honneur dû propagent les microbes, mais il n’a pas aux morts, de la civilisation chrétienne été assez fort au Québec pour imposer contre sa dissolution matérialiste. ses vues, surtout qu’il avait peur de On assimile la crémation aux pires déplaire au clergé. Amédée Papineau vers 1890 e déviances à la fin du XIX siècle. Ce Le monument Chiniquy donne ensuite Westcott, qu’il épouse en 1846 devant n’est que 90 ans après son introduction l’occasion de parler de ses gendres en un pasteur presbytérien. Il revient au en Occident que l’Église catholique lien avec notre sujet. Le pasteur Sa- Québec et est reconnu comme un no- l’acceptera comme possibilité en 1963. muel Delagneau (1861-1923) qui avait table et un intellectuel, il commente La réaction de Margaret Graham épousé Emma Chiniquy est mort en régulièrement l’actualité politique du est tout à l’opposé. Parmi les premières Floride et a possiblement été incinéré Bas-Canada et celle du Québec. Et on femmes journalistes au Canada, elle avant son rapatriement au cimetière. le compte parmi les membres fonda- meurt d’un cancer à 44 ans à l’Hôpi- De son côté, Rebecca, qui avait épousé teurs de la Société des amis, l’ancêtre tal Royal Victoria en 1930 et demande le pasteur Joseph-Luther Morin (1854- de l’Institut canadien de Montréal, qui à être incinérée au Cimetière Mont- 1947) et qui est morte du cancer en tient lieu dans la ville de bibliothèque Royal. Elle précise à son mari : 1939, n’a été enterré au cimetière que publique, en plus de constituer un lieu « Sois ferme en cette matière er refuse huit ans plus tard en même temps que de gestation intellectuelle pour le Parti tout service religieux sur ma dépouille son époux qui avait gardé ses cendres rouge, anciennement le Parti patriote. [...] croyant comme moi que les ser- chez lui. mons, les prières, les éloges funèbres L’essentiel de sa carrière se passe à au-dessus d’un cadavre sont des rites Montréal où il est protonotaire (gref- païens. » Elle se rappelait les convic- 2. Les rouges et le cas de fier de la Cour supérieure du Québec). tions religieuses qui avaient été les Louis-Joseph-Amédée Papineau Il prend sa retraite en 1875. Il est en- siennes et regrettait son ancien zèle (1819-1903) core officiellement catholique, mais missionnaire : « Moi qui à 19 ans Amédée Papineau, ce fils aîné du chef s’est détaché de cette Église depuis les voulais sauver les Hindous de Hadès, patriote Louis-Joseph Papineau, a un années 1850. comme j’aurais mieux fait de danser lien direct avec notre sujet. Il repré- C’est peu après qu’il voyage en Eu- face à l’ouest au soleil couchant, [ou] sente le deuxième courant favorable à rope où il prend contact avec des cré- de danser au lever de la lune. » l’incinération, celui des rouges. C’est matistes, comme son journal personnel (Linda Kay, Elles étaient seize – Les premières femmes journalistes au Ca- à Chiniquy que Papineau fils adresse le confirme, en date du 3 janvier 1879 : er nada, Montréal, PUM, 2014, p.216.) sa lettre de conversion le 1 janvier Il y a maintenant des fourneaux à cré- Société d'histoire du protestantisme franco-québécois BULLETIN 52 3 des présidents de la Banque Molson, principal gouverneur de l’Université McGill. Comme philanthrope, il a largement soutenu des causes protes- tantes, dont le Musée Redpath et l’Hô- pital général de Montréal. Même si son père était anglican, John H. R. Molson va adopter la doctrine unitarienne de sa femme, Louisa Frothingham. Il va jouer un grand rôle dans la création du crématorium.

John Molson vers 1890 Pour les unitariens, Dieu est un, il n’y a pas de Trinité, Jésus-Christ n’est pas le fils de Dieu incarné parmi les hommes. Ils rejettent l’ensemble des dogmes chrétiens et favorisent un esprit d’ouverture aux convictions individuelles. Pour ces protestants, la Le four Siemens en 1874. Le premier four américain date de 1885 et, en 1900, il y en a 24 aux États- Unis qui ont incinéré 2414 personnes dans l’année, 1% des inhumations, aucun au Canada. Le créma- résurrection est spirituelle et non cor- torium Mont-Royal sera le seul au Québec avant 1974. porelle. C’est à partir de Boston que mation à Milan, à Gotha, à Londres. (1763-1836), qui a fondé sa brasserie les unitariens importent à Montréal la « Je dresse comme testament en consé- en 1786, auquel il associera ses trois revendication crématiste. quence, dit-il, désirant que mon corps fils en 1816. Député puis membre du En 1888, Francis Wolferstan Tho- mort soit brûlé et les cendres recueil- Conseil législatif, John aîné possède le mas, un franc-maçon à la tête de la lies comme au temps de mes ancêtres premier navire à vapeur en 1822, est Banque Molson, évoque pour la pre- les anciens Romains. C'est une grande président de chemin de fer en 1837, mière fois la crémation au conseil restauration hygiénique. » Effective- créateur de la Banque Molson. Tho- d’administration du cimetière. En ment son corps sera incinéré en 1903 mas sera conseiller municipal, verra à 1897, John H. R. Molson lègue au et comme c’est la loi provinciale qui la construction d’une église anglicane. cimetière un montant de 10 000$ pour s’applique (nous en parlons ci-après) William sera conseiller municipal et l’établissement d’un four crématoire. et qu’il est protestant, il peut être inci- sera premier président de la Banque Mais il en faudrait le double pour en néré sans problème. Ses cendres seront Molson en 1855. Les mausolées datent construire un. Lui-même sera incinéré rapatriées à son manoir de Montebello. de 1863, chacun a le sien. Une centaine à Boston, haut lieu de l’unitarisme, d’autres Molson sont inhumés dans le tous les gens importants y étant alors 3. Les unitariens et le donateur Cimetière Mont-Royal. de cette confession : être unitarien y est John H.R. Molson une forme d’élitisme. Se faire incinérer Nous nous déplaçons ensuite aux John Henry Robinson Molson devenait donc un choix d’élite. Contre mausolées Molson – La tour repré- (1826-1897), fils de Thomas, est un les superstitions et la grégarité des sente le patriarche John Molson des propriétaires de la brasserie et un masses, ils veulent défendre la raison, 4 BULLETIN 52 Société d'histoire du protestantisme franco-québécois la liberté d’esprit et l’autonomie [self- d’un crématorium indépendant. Même reliance] des individus. (Robert) Ils si sa tombe se situe au fond du cime- se jugent responsables de leur propre tière, il convient d’en parler mainte- fortune. En bref, les crématistes unita- nant. riens, contrairement aux hygiénistes et Né en Nouvelle-Écosse d’un père aux rouges, ont une communauté pa- catholique et d’une mère protestante, rallèle sur laquelle prendre appui pour William Macdonald avait rejeté toute faire de leur revendication une réalité religion à seize ans et il maintiendra (Robert). Ils ont le pouvoir et les capi- ce choix toute sa vie. Son goût pour taux nécessaires pour imposer la cré- l’incinération reflète aussi les vues de mation au Canada. Cette élite écono- sa génération qui prône l’efficacité de mique et politique est capable de tenir la science moderne. Après des expé- tête à l’Église catholique du Québec. riences dans le commerce, il établit en Juste à côté se trouve la tombe 1862 sa compagnie qui produit du ta- bac à pipe ou à chiquer. (Les cigarettes d’A.W. Ogilvie, premier incinéré. Voi- Alexander W. Ogilvie, sénateur ci quelques dates-clés. n’arrivent qu’en 1922, donc après sa 1900 : William Macdonald, de la mier crématorium au Canada. mort.) En 1873, il est tellement pros- compagnie de tabac, offre de 1903 : Macdonald insatisfait par cette père qu’il peut bâtir une immense construire le crématorium à ses loi, trop restrictive, trouve un usine dans l’est de Montréal. frais. (Sa tombe se situe plus moyen de la contourner. Il dé- Curieusement, cela le gênait de loin dans notre visite.) Les tra- cide de demander au Gouver- faire des produits du tabac et c’est sans vaux débutent à l’automne 1900. nement fédéral une charte indé- doute par compensation qu’il a mené 1901 : Demande à la Législature de pendante du cimetière pour le une œuvre philanthropique impor- modifier la charte pour une Crématorium. Il suffit que cinq tante. Une bonne partie de celle-ci a inclure la crémation. Le clergé personnes le soutiennent. Il été associée à l’Université McGill pour influence, par personnes inter- l’obtiendra, mais il est évident laquelle il a soutenu la construction posées, le débat qui se trans- que ses administrateurs sont en de plusieurs édifices. Il y a fortement forme en condamnation de liens directs avec le Cimetière. appuyé les sciences de l’agriculture, l’incinération. Il se mêle même Il veut la liberté de choix pour des affaires protestantes! Après qui désire être incinéré. Si la des appels à la raison par cer- personne le désire soi-même ou tains députés, le parlement si quelqu’un paie les frais, il est vote la loi, mais avec des res- clair qu’elle devient admissible. trictions : l’incinération ne 1904 : La Compagnie du crématorium s’applique qu’aux protestants, achète du cimetière le terrain où il faut l’avoir demandée, et on elle est située et l’édifice. Les ne pourra la faire en cas de per- 10 000 $ de Molson permettent sonnes décédées par mort vio- de fonctionner sans problème. lente (ou poison). Le four utilise du kérosène, 1902 : Première incinération, chauffe à 2000˚ F ou 850˚ C et Alexander Walker Ogilvie brûle le corps en deux heures. (1829-1902) On le réduit en poudre le lende- Propriétaire de la meunerie main et on le met dans une urne A.W. Ogilvie & Co. (1855), qui remise à la famille. fut à une certaine époque la plus de la physique, de l’ingénierie, et de la importante compagnie de farine Le philanthrope Sir William médecine. Préoccupé par l’éducation, de l’Empire britannique (cf. Christopher Macdonald (1831- il a favorisé la création d’un Collège (à Five Roses). Actif en politique 1917) et le crématorium Sainte-Anne-de-Bellevue) pour l’agri- et sénateur. Il milite pour les On l’a vu, son nom a souvent été culture, l’économie domestique et la écoles protestantes. Fait partie évoqué lors de la création du crema- formation des enseignants. L’Univer- du Conseil d’administration de torium en 1901 qu’il voulait financer sité McGill y déménagera son école la compagnie du CMR pendant complètement ainsi que son insatis- normale en 1907. plus de vingt ans et s’est impli- faction devant les limites de la loi pro- Macdonald est mort à 86 ans le 9 qué dans la construction du pre- vinciale. Il avait épaulé l’organisation juin 1917. Son incinération, exigée par Société d'histoire du protestantisme franco-québécois BULLETIN 52 5 testament, a pris place dans le créma- politique, il reçoit la légion d’honneur Ses dernières volontés en 1902 sont torium qu’il avait parrainé. Son urne française en 1885. explicites. To my wife and Executors funéraire a été inhumée aux côtés de Il est élu maire de Montréal en 1885. I desire, at time of death, that my fu- celles de sa mère et de sa sœur (deve- Il se distingue par ses interventions en nerals shall be as modest and simple nue également protestante). L’ouver- faveur de la vaccination obligatoire as possible. No bearers, no flowers, no ture de son testament révèle une heu- lors de l’épidémie de petite vérole en religious ceremony of any kind. I wish reuse surprise : il lègue au cimetière 1885, épidémie qui aurait fait 3164 my body to be cremated in the cre- pour favoriser l’incinération quelque victimes. (L’idée de l’incinération matory at and on this point 100 000$ (soit 2,5M aujourd’hui). La des corps dans ce cas plaît aux hygié- I hope my wish will not be discussed pérennité du service est évidemment nistes. Par ailleurs, il avait ordonné la but will be followed implicitly. My wife assurée. (Par ailleurs, un million était disposition des ordures ménagères par will chose a lot in Mount Royal Cem- allé au Collège, 500 000$ à la faculté etery and my ashes soon be deposited de médecine, 300 000$ au Collège de either under or in the stone that can be Musique, 500 000$ à l’Hôpital général erected for the family. de Montréal). Ce testament sera respecté en 1906 Voilà pour la création du créma- quand on l'enterrera au cimetière torium. Les autres points d’intérêt se Mont-Royal. trouvent au fond du cimetière où nous Une rue de Montréal et une station de métro nous rendons. ont été nommées en son honneur. (2015 : paraît sa biographie par J.-P. Warren chez Boréal, voir Bulletin no 48, juin 2015 et, en 2016 un 4. Francs-maçons et libres film : La Chasse-galerie) penseurs Le quatrième courant à soutenir l’inci- b) Les funérailles de Pierre- nération est celui des libres-penseurs et Salomon Côté (1876-1909) des francs-maçons qui les rejoignent. En 1905, Eva Circé, la fondatrice de Trois cas sont significatifs : P.-S. H. la bibliothèque de Montréal, épouse le Beaugrand, Pierre-Salomon Côté et les médecin Pierre-Salomon Côté, recon- maçons des Cœurs-Unis qui ont expli- incinération!) Ce choix pour la vacci- nu pour s’occuper des pauvres et ne citement demandé d’être incinérés. nation se mêle à la campagne pour em- pas ménager son temps. Nous nous rendons donc à leur monu- pêcher la pendaison de Louis Riel. Les Le couple évolue dans le cercle des ment. journaux anglais réclament l’isolement des malades et la vaccination obliga- libres-penseurs montréalais, aspire à toire et ne se gênent pas pour traiter être initié à une loge maçonnique, mais a) Honoré Beaugrand n’en fait pas encore partie. Souffrant (1848-1906) les Canadiens français d’arriérés et Études incomplètes à Joliette, à 17 ans, de malpropres. Vandalisme contre le formation militaire rapide à Montréal, Montreal Herald. Le conseil munici- soldat sous le Général français Bazaine pal décrète la vaccination obligatoire. au Mexique, puis journaliste en 1868 Émeutes contre la vaccination. Les à La Nouvelle-Orléans. Écrit pour des médecins passent de maison en mai- journaux américains surtout en Nou- son accompagnés de policiers. Beau- velle-Angleterre. Épouse à l’église grand doit même solliciter l’appui de méthodiste de Fall River, Eliza Walker l’évêque! La ville est en quarantaine en 1873. Devient franc-maçon. Admi- et les activités paralysées. Après deux rateur des principes de la Révolution ans, il quitte la mairie en 1887. française. Déiste anticlérical, pratique Il partage son temps entre les ce que bon lui semble. voyages, l’écriture (La Chasse-Galerie En 1878, il est à Montréal, lance -1891) et l’animation de diverses acti- l’hebdomadaire satirique, Le Farceur, vités culturelles. Il participe notam- puis en février 1879, La Patrie dont il ment au Cercle littéraire et musical (franco-protestant, qui inclut des pro- demeure propriétaire jusqu’en 1897, d’une tuberculose intestinale, il meurt journal soutenu par le Parti libéral. Ce fesseurs d’université et quelques pas- teurs). En 1897, il contribue à la fonda- à 33 ans, le 23 décembre 1909 après journal est une réussite et fera sa for- avoir refusé de se confesser à son ami tune grâce à la publicité intégrée. Il se tion de la loge L’Émancipation, et reste proche des milieux anticléricaux. le curé Auclair, qui respecte sa volonté. fait un nom comme reporter et écrivain Il sera enterré le lendemain de Noël. 6 BULLETIN 52 Société d'histoire du protestantisme franco-québécois Ses funérailles soulèvent un débat qui tracisme qu’Éva Circé-Côté a subi la rable à l’incinération) et à l’anticlérica- va durer des mois. marquera longtemps. Même quinze lisme. Les anticléricaux n’étaient pas Il veut des funérailles civiles, pas ans plus tard, elle en parlera encore. nécessairement contre la religion mais de croix sur le corbillard avec incinéra- (Voir Andrée Lévesque, Éva Circé-Côté, s’en prenaient à une vision du clergé tion au cimetière. Interdite par Rome, libre-penseuse, 1871-1949, Les éditions du remue-ménage, 2010, p. 83-95 sur les la crémation représentait le progrès funérailles.) QUELQUES STATISTIQUES pour les esprits avancés. La presse FRAIS radicale (L’Avenir, Le Pays) la favori- c. La loge maçonnique des Cœurs gr 10 $ en 1913 sait. Soucieux d’étouffer l’affaire, M unis, no 45 50 $ en 1960 Bruchesi demande aux journaux de ne Nous avons évoqué à plusieurs re- pas en parler. La Presse passe outre prises la franc-maçonnerie. Les ma- 300 $ aujourd’hui, variable, v. écono et identifie 143 personnalités dans le 1500 - 2000 $ pour incinération actuelle cortège. La liste se lit comme un réper- 4000 - 12 000 $ pour enterrement toire des radicaux, des maçons et des avec embaumement. réformateurs de l’époque, sénateur, dé- INCINÉRATION AU CMR puté, échevins, médecins, journalistes, socialistes, écrivains, musiciens, trois 1902 : 3 0,25 % juges, plusieurs avocats et la rédaction 1922 : 141 7 du journal Le Canada, de 400 ou 600 1942 : 506 25 personnes. 1962 : 735 32 Deux jours plus tard, le scandale 1972 : 1136 49 éclate, L’Action sociale de Québec CATHOLIQUES (journal de l’évêque) traite la chose 1% des incinérations sont « d’affligeant scandale ». Le Soleil çons étaient nettement favorables pour des catholiques avant 1963 souligne le « manque de charité » de ce à la crémation et on peut les consi- 24% des incinérations sont journal et l’évêque parle de « conspira- dérer comme le quatrième groupe, pour des catholiques en 1973 tion contre le catholicisme »! même peu nombreux, qui la soutenait. 70% des catholiques se font En janvier 1910, la droite catho- Plusieurs administrateurs du cimetière incinérer en 2012 lique entre dans le débat : « Pour étaient maçons et ils ont accordé des 1974 : création du four au mourir en chien », « des femmes ont lots prestigieux aux loges maçonniques Cimetière Notre-Dame-des-Neiges, fait preuve de plus d’irréligion que francophones, celui de Denecheau et modification des choix pour les leurs hommes » (cf. lycée laïc de son celui des Cœurs-Unis, proches l’un catholiques à partir de là épouse). Ni La Vérité ni La Croix de l’autre, non loin du monument aux ne laisseront s’éteindre le scandale. ENSEMBLE INCINÉRATION pompiers. On a vu qu’Honoré Beau- DES DÉFUNTS Des proches se mettent à se disculper grand avait même fondé une loge. d’avoir participé aux funérailles… 1998 53 % 42 % 24 % Plusieurs pasteurs protestants s’y Québec Canada É.-U. Répercussion dans les élections muni- étaient joints. Les protestants trou- cipales. Sa veuve se voit amputer de la vaient bienvenue l’insistance des 2012 50 - 60 % env. 70 % ? 70 % moitié de son salaire de bibliothécaire. maçons sur la fraternité humaine, Québec Canada É.-U. Chauveau : « La libre-pensée est ridi- sur l’aide aux démunis, aux hôpitaux plus en ville cule et détestable chez tous les hommes (comme les Shriners); pour eux, il où on la rencontre ; chez une femme s’agit d’une forme de société de bien- Il y a des fluctuations dans les chiffres selon les auteurs. c’est une monstruosité ». Circé-Côté faisance et ils n’étaient pas dérangés devra défendre la position de son mari. par leur conception de Dieu. Les frères du défunt s’en mêlent, allé- Il existe de nombreux autres stèles qui se voyait un intermédiaire entre guant qu’il aurait voulu une sépulture dans le cimetière qui présentent le Dieu et les hommes (hors de l’église catholique… « il arrive, dit l’un deux, symbole caractéristique d’un compas point de salut) alors que les protes- que la femme perde la raison… » surmontant une équerre, rappelant les tants n’attribuaient ce rôle qu’à Jésus- L’épouvantail de la franc-maçon- constructeurs de cathédrales! Christ. Ils étaient surtout contre cette nerie fait des victimes (voir plus loin), Par contraste, les autorités catho- vision d’un catholicisme intégriste qui mais elle n’en a pas peur : après lecture liques en faisaient un épouvantail. Ils se prétendait au-dessus du pouvoir laïc de ses règlements, « j’eusse été hono- l’associaient aux sociétés secrètes, à et voulait le contrôler. Pour un Des- rée de le compter parmi les membres la Révolution française (parce qu’on saulles de l’Institut canadien, on pou- de cette respectable confrérie ». L’os- avait voulu y faire passer une loi favo- vait être catholique autrement, plus Société d'histoire du protestantisme franco-québécois BULLETIN 52 7 ouvert aux protestants tout aussi bien. fermera ses portes en 1880. Joseph républicaine, rationaliste, protestante, Au début, le maçonnisme n’accep- Doutre, fort déçu de la tournure des libérale, hygiéniste, d’élite, etc. Bref, tait que des catholiques et des protes- événements, demeurera animé d’un plusieurs choisissent la crémation, tants en son sein, donc des croyants. radicalisme athée, et il refusera à nou- au XIXe siècle, pour se désaffilier de Avec le temps, on atténua même la veau de renouer avec la foi de sa jeu- l’Église catholique et marquer, contre notion de Grand architecte pour laisser nesse. Il meurt à Montréal le 3 février elle, leur allégeance à d’autres groupes à chacun la liberté de ses croyances. 1886 et est enterré dans le Cimetière sociaux, à d’autres représentations, à Cette liberté était condamnée par le Mont-Royal. Son premier mariage d’autres principes. (Robert) pape qui proclamait son Église (Syl- avait été catholique, son second, labus de 1864 qui pointe du doigt avec Harriet Greene, protestant. Il Quelques tendances actuelles 80 erreurs, à peu près tout ce qui n’a pas de stèle pour indiquer sa Alors que l’incinération était vue à ses existe comme mouvements d’idées tombe, clairement localisée cepen- débuts comme d’avant-garde, avec le à l’époque! ) comme la seule voie du dant, mais il existe un mouvement temps et l’évolution des mentalités, on salut. Alors, le salut par la raison et la en a aussi perçu les limites. De nom- pour lui en poser une. nature, la vision d’une mort « laïque » breuses questions sur l’énergie néces- activaient ses craintes. Ces mêmes Cet exemple trouve pourtant un saire pour brûler les corps, sur les pro- autorités royalistes qui avaient pris rapport significatif avec la cré- duits dégagés dans l’environnement cent ans en à accepter que la mation. L’Église catholique par ses et l’impact environnemental général république pouvait être un système de dogmes et ses rituels décide qui fait ont amené les propriétaires de fours gouvernement acceptable... et qui vont partie de sa communauté et qui en est crématoires à modifier leurs installa- mettre cent ans aussi à accepter l’inci- exclu. Or, tions en conséquence. On offre même nération! « Le jugement crée un précédent, aujourd’hui des urnes biodégradables. Certains des françs-maçons inhu- qui marque les esprits. Pour la L’incinération sera peut-être rem- més dans ces terrains maçonniques première fois, une instance laïque brise placée par l’aquamation qui commence sont des protestants d’origine belge, le monopole de l’Église catholique sur au Québec et qui est offerte actuelle- suisse ou française, mais d’autres sont le rituel funéraire. Le Conseil Privé ment à Granby. Le corps est rapide- des Canadiens français ayant épousé reconnaît Guibord comme membre de ment dissout et de façon plus écolo- une protestante... et le protestantisme. la communauté catholique de croyants, gique en utilisant des produits alkalins. Et plusieurs par choix. Nombre de jouant le rôle du clergé catholique et La méthode tarde un peu à se répandre protestants enterrés ici ont demandé forçant ce dernier à accomplir, pour Guibord, les rituels consacrés. Les vu le coût élevé des appareils, mais il l’incinération de leur corps et n’ont pu débats sur la crémation au Québec ont est probable que plusieurs l’adopteront être enterré en sol consacré catholique cette affaire pour toile de fond. Ils sou- avec le temps compte tenu de l’évo- comme Beaugrand, on l’a vu. La dis- lèvent les mêmes enjeux et provoquent lution des mentalités (voir articles en position des plaques tendrait à le mon- une réaction cléricale semblable. Pour ligne sur le sujet). trer également. l'Église catholique, il en va, avec le ri- tuel funéraire, de sa communauté et de Nous prévoyons faire notre visite du cime- d) L’affaire Guibord (1869-1875), son pouvoir, verrouillés par le dogme tière l’an prochain dans l’est de Montréal, Joseph Doutre (1825-1886 ) et de la résurrection des corps. » (Robert) au cimetière des Trembles, ancien Haw- thorndale, où plusieurs personnalités inté- Un journal de l’époque, cité par l’incinération (1902) ressantes du franco-protestantisme sont Nos lecteurs connaissent cette affaire Robert, affirme même : enterrées. qui avait opposé la veuve de Guibord ... L’inhumation, en effet, est un mode à la fabrique Notre-Dame parce qu’on de sépulture, qui s’harmonise si parfai- * * * refusait d’enterrer son mari en terre ca- tement avec les cérémonies du culte et Martin Robert, « Disposer de son gr l’esprit de la religion, et qui découle si tholique, M Bourget voulait en faire cadavre. La naissance de la cré- un exemple parce que le typographe évidemment du dogme de l’immorta- mation au Québec (1874-1914) », avait appartenu à l’Institut canadien lité de l’âme et de la résurrection des que l’évêque voulait rayer de la carte. corps, que 1’ Église ne consentira ja- UQAM, février 2015, 167 p. (Do- La cause défendue par Joseph Doutre mais à lui substituer la crémation. cument disponible en ligne : http:// (Drôle de jamais. Contredit en 1963 s’était rendue au Conseil privé de www.archipel.uqam.ca/7193/1/ par décret pontifical...) Londres qui avait forcé la fabrique à M13747.pdf/ Nous ne saurions trop recomman- accepter l’enterrement, fut-ce sous la Pire, plusieurs d’entre eux consi- der la lecture du mémoire de maîtrise protection de l’armée en 1875. Pour- dèrent la crémation comme le moyen de Martin Robert présenté à l’UQAM tant, l’évêque a quand même réussi à de reproduire des communautés autres il y a un an sur la crémation au Qué- jeter le discrédit sur l’institution qui que celle des croyants [catholiques] : 8 BULLETIN 52 Société d'histoire du protestantisme franco-québécois bec. (Il était alors directeur de la Fédé- riens, qui ont les moyens financiers de l’état de la question après l’adoption ration de l’Écomusée de l’Au-delà. Il passer à l’acte... et assez de force éco- de la loi : http://www.journaldequebec. est actuellement doctorant en histoire nomique pour passer outre au pouvoir com/2016/03/12/modernisation-des- à l’UQAM et terminait des études à du clergé catholique. activites-funeraires/ Voir d’autres ar- Paris en juin.) L’étude s’attarde dans Dans son dernier chapitre, l’auteur ticles sur le site de l’Écomusée de un premier chapitre à faire le bilan montre très bien comment ce dernier l’Au-delà. historiographique du sujet, la problé- se sert de son pouvoir pour se mêler matique et la méthode employée et les des affaires protestantes et fait porter * * * archives utilisées. On admirera la maî- la discussion du projet de loi non sur la L’Institut du patrimoine funéraire trise avec laquelle cet étudiant nous création d’un organisme pour un cime- du Québec présente l’historiographie sur la créma- tière, mais sur sa propre opposition à Plus récente encore est la création tion moderne et les rituels funéraires la crémation elle-même. Les respon- le 27 mai 2016 de l’Institut du patri- au Québec. Il choisit de privilégier sables du cimetière contourneront la moine funéraire du Québec. L’article une analyse en fonction des systèmes loi trop restrictive qui en est sortie en de Pierre Michaud « Une solution en de représentation d’un groupe. Dans 1901 en créant une corporation sépa- réponse à la crise des cimetières » en cette approche historiographique rela- rée pour la gestion. La dernière partie donne un aperçu. Voici son texte. tivement nouvelle (Roger Chartier), de ce chapitre touche particulièrement L’abandon progressif de la pratique l’attention se détourne des groupes so- les franco-protestants. En effet, trois religieuse des dernières années affecte ciaux eux-mêmes pour mieux se fixer des quatre cas d’incinération analysés les cimetières, un peu comme les sur les représentations par lesquelles en détail pour 1902-1914 touchent ce églises, et entraîne des risques de dété- ces groupes se définissent et donnent groupe. Il s’agit d’Amédée Papineau, rioration importants d’un patrimoine sens à leurs actes (p 29). Faire l’his- Salomon Côté et Honoré Beaugrand significatif. toire des représentations, c’est ana- dont nous avons parlé dans l’article ci- C’est en réponse à cette situation lyser le rapport dynamique, dans le dessus. qu’est né l’Institut du patrimoine funé- temps, qui tient ensemble certaines re- Ce mémoire éclaire vraiment la raire du Québec (IPFQ), officiellement présentations et les pratiques qu’elles question et en montre les enjeux. Les lancé à Rimouski, vendredi [27 mai], à commandent. Il a beau jeu de voir les citations des intervenants catholiques l’occasion du congrès de l’Association représentations érigés en système, ins- font même sourire quelque cent ans des cimetières chrétiens [catholiques, titutionnalisées comme dans le cas du plus tard, quand ce qui était inaccep- protestants, orthodoxes] du Québec rituel catholique sur la mort. table en 1900 est devenu tout à coup (ACCQ). Cet événement important a Son deuxième chapitre montre possible en 1963 et s’est généralisé réuni 200 personnes sur trois jours. que l’idée de l’incinération est alors depuis lors. JLL « Il y a le fait que les gens pratiquent bien dans l’air (entre 1789 et 1884) moins la religion, mais aussi le fait en France, en Italie, en Allemagne, * * * que la crémation est devenue le pre- au Royaume-Uni, aux États-Unis. Il Une loi sur les activités funéraires mier choix des familles. Dans ce s’agit vraiment déjà d’un mouvement L’adoption par l’assemblée nationale cas, le cimetière n’est plus la desti- international au moment où le Québec de loi 66 sur les activités funéraires nation finale, car on peut faire plein commence seulement à en parler. en février dernier a gardé le sujet dans de choses avec une urne: on peut la Son troisième chapitre est particu- l’actualité. Le projet mettait à jour et conserver à la maison, on peut la lièrement éclairant puisqu’il analyse regroupait les diverses lois existantes déposer dans un columbarium dans les représentations des trois groupes en une seule. Dans les discussions qui un salon funéraire, on peut faire pra- tiquement ce qu’on veut. Comme on principaux crématistes au Québec et ont suivi, de nombreuses personnes ne visite pas les cimetières parce que la possibilité qu’ils ont de concrétiser s’inquiétaient de ce que le Gouver- nos êtres chers ne sont plus là, on leurs idées. Nous avons repris cette nement semblait restreindre consi- s’en désintéresse. Face à cette situa- façon de voir dans notre article et notre dérablement le choix des gens dans tion, on a ici un projet qui a germé il visite. Les hygiénistes sont dispersés et le genre de funérailles qu’ils souhai- y a quatre ans et qui a fait son che- n’arrivent pas à imposer leur solution taient ou reprochait au Gouvernement min jusqu’à l’ACCQ », explique le d’autant plus qu’ils craignent l’attitude de vouloir contrôler la disposition des nouveau président de l’Institut et du clergé. Les rouges (républicains, cendres. Ce piège semble avoir été président de la Corporation du Cime- libertaires, anticléricaux) sont alors évité. Plusieurs articles et opinions tière Côte-des-Neiges de Montréal, en déclin et sont trop dispersés égale- sont encore en ligne sur le sujet, en Yoland Tremblay. ment pour réaliser leur souhait. C’est anglais et en français. On y trouve un « Nous avons constaté qu’il y a de plus finalement les crématistes du cimetière article de Kathrine Lamontagne du en plus de cimetières à l’abandon, où Mont-Royal, essentiellement unita- 16 mars dernier qui fait rapidement l’entretien paysager est inexistant et Société d'histoire du protestantisme franco-québécois BULLETIN 52 9 où les pierres tombales sont tombées thanatologues et l’Association des valeur inestimable », insiste M. ou abîmées. La création de l’Institut tailleurs et monuments du Québec, Tremblay. La première chose que s’inscrit dans une perspective ont décidé de s’impliquer. Nous souhaite l'Institut, c'est de sensibili- qui vise à apporter des solutions avons tous à cœur un objectif : celui ser le grand public, lequel est invité concrètes afin de sauvegarder cet de protéger l'ensemble des cime- à franchir la première porte d'en- héritage précieux. Il faut une prise tières, peu importe la confession reli- trée qu'est le site Internet ipfq.ca. de conscience. Le plus important gieuse », ajoute-t-il. pour nous cette année, c’est que les Quelque 2 000 cimetières seraient trois principales parties prenantes de « Nos cimetières regorgent de menacés de disparition et environ l’industrie funéraire, l’Association parcelles d’histoire et de richesses 62 000 personnes décèdent chaque des cimetières, la Corporation des artistiques et architecturales d’une année, au Québec.

Nous avons inscrit il y a longtemps dans la liste de nos biographies à faire deux personnages en rapport avec la fin du Régime français et la Conquête. Voici la première. Nous espérons vous présenter la seconde, Jean Marteilhe, dans le pro- chain numéro. JLL

SENILH, JOSEPH (v1729-1764) Senilh, Joseph, négociant en œuvres de John Francis Bosher qui a Jean-Pierre, de deux ans plus jeune Nouvelle-France, né vers 1729 étudié tout particulièrement les mar- que lui. Les archives bordelaises à (Quercy) et décédé à chands. Ce dernier a préparé sur eux indiquent que Jean Senil, « 19 ans, Québec (Canada) le 11 août 1764. un dictionnaire biographique en 1992 taille haute et ancien catholique », est Il s’était marié à Dax (Gascogne) dont nous tirons aussi parti. venu le rejoindre sur Le Marquis de vers 1750. Enterré dans le cimetière Joseph Senilh est né à Caussade Duquesne en partance de le catholique de la ville de Québec. (en Quercy, Tarn-et-Garonne dans le 10 mai 1854. Midi-Pyrénées) vers 1729. Il était le La société marchande de Joseph ous savons peu de choses sur lui, fils d’Étienne Senilh et Anne-Marie Senilh fait partie des entreprises Nessentiellement qu’il s’agit d’un Rouffiac. Il avait comme frères protestantes qui ont des activités à négociant à Québec dans la période Jean-Pierre (1731-après 1781) et Québec dans les dernières années de qui précède la Conquête anglaise. À Jean (1735-1809). Une transcription la Nouvelle-France. Nous croyons titre de huguenot, il fait partie de nos manuscrite d’un journal de Boston utile de citer le passage de la bio- centres d’intérêt en tant que Société fait état de son mariage à Dax (selon graphie d’Alexandre Dumas par d’histoire du protestantisme franco- notre lecture) en Gascogne sans plus David Roberts dans le Dictionnaire québécois. Comme le Dictionnaire de plus précision, mais vraisembla- biographique du Canada en ligne biographique du Canada a parlé de blement au tout début des années qui rattache Dumas à de nombreux plusieurs autres protestants français 1850. Nous ne savons pas si son à Québec durant cette (voir ci-dessous) mais n’a pas retenu épouse l’a accompagné en Nouvelle- période (les liens marqués d’une * Joseph Senilh, nous en profiterons France. sont actifs). pour évoquer quelques éléments de sa Le 14 avril 1852, à l’âge de 23 (Alexandre Dumas* représentait vie tout en faisant un certain nombre ans, Joseph Senilh s’embarque pour l’une des 14 ou 15 entreprises pro- de renvois à des réformés de la même Québec sur le navire des Dassier et testantes françaises installées dans période. Michel Barbeau a recensé associés, Le César. Même à ce jeune la colonie en 1754, dont celles de dans son Fichier huguenot en ligne âge, il possède le capital nécessaire Joseph Rouffio*, de François Havy*, tous les protestants connus qui sont pour engager des relations d’affaires de Jean Lefebvre* et de François* passés en Nouvelle-France ou qui avec divers négociants de et Jean-Mathieu* Mounier. Entre s’y sont établis. On peut le consulter (dont les commerces et les indus- 1755 environ et 1757, Dumas, tou- à http://pages.infinit.net/barbeaum/ tries sont presque tous aux mains jours à Québec, s’associa à au moins fichier/ Il se réfère d’ailleurs aux de protestants) notamment son frère, deux autres marchands protestants de 10 BULLETIN 52 Société d'histoire du protestantisme franco-québécois Montauban, Antoine Fraisses de Long Sources et Joseph Senilh. Bien que Mgr Henri- Fichier huguenot en ligne (Michel Marie Dubreil* de Pontbriand se Barbeau). méfiât de l’ensemble des marchands Généalogie de la famille de Joseph Senilh en ligne dans Geneanet par Arnaud huguenots – du fait d’anciens conflits Serander. religieux en Europe –, le gouverneur Extrait de journaux du Nord-Est des États- Ange Duquesne* de Menneville et Unis, 1704-1930, Boston, News Letter, à l’intendant Bigot* les défendirent à Senilh Joseph, dans Ancestry. maintes reprises, faisant remarquer, « Passeports des passagers en partance de en 1755, que les trois quarts du com- Bordeaux pour Québec 1714-1783 » (en merce de la colonie dépendaient d’eux. ligne en lien avec la Société de généalogie Cette domination continua jusqu’à la canadienne-française) Conquête.) Bosher, John Francis, The Canada Nous n’avons pas de précisions Merchants 1713-1763, Oxford, Clarendon Press, 1987, 234 p. spécialement les pages sur le commerce que Joseph Senilh a 129, 137, 168, sur Senilh. ainsi entretenu, mais on peut penser Bosher, John F., Négociants et navires à des produits alimentaires (impor- du commerce avec le Canada de 1660 à tants moulins à farine à Montauban), 1760 : dictionnaire biographique, Ottawa, des fournitures courantes, des tissus Service des parcs, Environnement Canada, et des draps (importante industrie 1992, 263 p, avec Index. Nous avons par- textile locale). Non seulement avait- ticulièrement consulté les entrées pour les il des liens avec Dumas et Fraisses huguenots suivants, surtout des marchands : avec qui il était associé, mais aussi Bernon, Besse de la Barthe (Jean, Daniel avec Pierre Revol avez lequel il eut et André), Courrejolles, Fraisse, Gauthier, Glémet, Havy, Lévêque, Maurin, Mounier, maille à partir puisque ce dernier Peire, Pépin, Ranson, Revol, Richard L'intendant Bigot marchand avait fait faillite en 1756 (Jacques, Mathurin et Pierre), Senilh, et que Senilh avait dû prendre contre Serres, Thouron (Antoine, Bernard, Jean- lui une action en justice en mai 1758 Son frère Jean est retourné à David). pour saisir les maisons qu’il possé- Montauban où il épousera, à 35 Lalonde, Jean-Louis, Des loups dans la dait à Québec. Nous ne savons pas ans, Antoinette-Anne Boudet le bergerie. Les protestants de langue fran- quelle a été l’issue du procès, mais 14 novembre 1770 et ils auront çaise au Québec, 1534-2000, Montréal, Revol est décédé à Gaspé trois mois neufs enfants entre 1771 et 1783. Fides, 2002, p. 39-41. plus tard, le 2 septembre1. Pour sa part, son autre frère, Jean- Roberts, David, « Alexandre Dumas », Joseph Senilh continue à habiter Pierre, continue à faire des affaires Dictionnaire biographique du Canada en ligne. la ville de Québec après 1760 et son à Montauban et épousera Marie- Trudel, Marcel, L’Église canadienne sous Anne Martin le 9 juin 1766 à appartenance religieuse est connue le Régime militaire, vol I, p. 180-181, bien que nous ne puissions savoir Bouliac, à quelques kilomètres sur Senilh et plus généralement dans comment il la vivait. Il y est décédé le de Bordeaux, mais à 260 km de ce volume sur le rôle des huguenots au 11 août 1764, à peine âgé de 35 ans, Caussade, et ils auront huit enfants moment de la Conquête. et inhumé deux jours plus tard dans entre 1767 et 1781. On sait que le cimetière catholique de la ville, à l’importation d’esclaves en France 1. Voir notamment Mario Mimeault, « Pierre Revol, marchand, morutier et résistant de la dernière la demande des conquérants. D’autres fait partie de ses activités, mais heure » (France, 1715 – Canada -1758), dans Gaston protestants anglophones l’y avaient nous n’en savons pas davantage. Deschesne et Denis Vaugeois (dir.), Vivre la Conquête à travers plus de 25 parcours individuels, Québec, précédé depuis 1759, mais il a été le On peut noter que Pierre Du Calvet Septentrion, 2013, p. 151-161. premier protestant de langue française (1735-1786), ce franco-protestant 2. Nous avions demandé à Denis Fortin, pasteur à à y être enterré comme le rappelle défenseur de la démocratie et sen- Québec, de voir où pourrait se trouver la tombe. Il a aimablement pris contact avec Pierre Lafontaine, plusieurs documents d’époque. Il n’est sible aux idées nouvelles, venait archiviste du diocèse, qui a précisé que la majorité pas possible de repérer sa tombe en aussi de la ville de Caussade et était des cimetières de cette époque ont été transférés au cours de l'expansion de la ville. C'est l'actuel cimetière particulier car le déménagement ulté- leur contemporain. Belmont qui accueillerait les restes des dépouilles, rieur des cimetières de Québec fait 9 avril 2016 dans des fosses communes. Va pour notre recherche qu’il s’est retrouvé dans une fosse Jean-Louis Lalonde d’une pierre tombale! commune avec bien d’autres2. Société d'histoire du protestantisme franco-québécois BULLETIN 52 11 Deux ouvriers canadiens en lien avec les Frères chrétiens en Suisse au milieu du XIXe siècle RICHARD LOUGHEED et a adhéré à la doctrine suivi, mais François Olivier, n parcourant un des livres de la perfection chrétienne2. frère d'Henri, après avoir Ede la Collection histo- Apparemment c'est Madame accueilli et entendu Darby, rique d'ÉTEQ, j'ai trouvé une Olivier qui a été convain- a fini par le critiquer publi- analyse datant de 1845 au cue en premier. Le pasteur quement et le contester par sujet des Frères chrétiens et Olivier a gardé la doctrine écrit. John Darby en Suisse1. Quelle calviniste de la prédestina- De son côté, Philippe surprise d’y lire des informa- tion mais y a ajouté celle ce Wolff terminait en 1843 tions sur deux ouvriers cana- de la perfection. Il n'a pas ses études théologiques à diens mentionnés comme des prétendu qu’il arriverait lui- l'École de l'Oratoire, relié personnages-clés d'un débat même à la perfection préco- à la Société Évangélique Source: Internationalbulletin.org en Suisse! Il s’agit d’Henri nisée, mais il a prêché qu’on de Genève. Il soutenait des Darby vers 1840 Olivier et de Philippe Wolff. pouvait l’atteindre après thèses qui critiquaient, entre son côté, Henri Olivier a fini Les Frères chrétiens, qui beaucoup d'efforts3. Comme autres, le radicalisme reli- par quitter les Frères chré- sont venus au Québec après conséquence, il a perdu une gieux de Darby par rapport tiens et est redevenu pasteur 1900, ont commencé beau- partie de son assemblée qui au ministère6 et la perma- d’une Église libre avant son coup plus tôt en Irlande et voulait une doctrine clai- nence des dons spirituels, décès en 18647. en Angleterre. Leur fonda- rement réformée, puis une comme on peut le lire dans On lira avec profit la biogra- teur, John Nelson Darby, a autre partie qui, elle, voulait la version de ces écrits phie de ces deux pasteurs telle visité la Suisse au début des une approche plus métho- publiée par la suite. Darby qu’on la trouve dans notre années 1840, a traduit la diste. lui a répondu en abolissant site www.shpfqbiographies. Bible en français (version Au cœur de ces tirail- le rôle du pasteur ordonné sitew.ca/ où ces querelles sont Darby) et y a implanté un lements, John Darby arrive mais en insistant sur l’apos- replacées dans l’ensemble de groupe des Frères chrétiens en Suisse en mars 1840 et tolat nécessaire. La querelle leur carrière. Cela nous aide qui y est demeuré présent y reste pour les deux pro- s’est envenimée et, chaque à mieux situer ces pionniers jusqu’à aujourd’hui. chaines années. Il n'a pas fois, Darby lui a répondu franco-protestants qui n’ont Quelques années aupa- converti de personnes, mais avec colère en y ajoutant des passé qu’une partie de leur ravant, Henri Olivier, le il a réuni autour de lui cer- attaques personnelles. Wolff vie au Québec. C’est l’occa- pionnier de ce qui est deve- tains dissidents qui avaient est parti la même année pour sion de signaler que les livres nu la Mission de la Grande- quitté l'église d'Olivier. Il a l'Amérique et il est devenu de la bibliothèque de notre Ligne, était venu au Canada attaqué dans sa prédication ouvrier d’abord à Grande- Société sont accessibles en en 1834 puis était rentré en et dans ses écrits les doc- Ligne puis, peu après, pour ligne via le site de l’ETEQ Suisse en 1836 à cause de la trines méthodistes. Au prin- la Société missionnaire – École de théologie évan- santé de sa femme. Comme temps de 1841, Olivier s'est canadienne française de gélique du Québec (ancien- on le sait, Henriette Feller et rallié à Darby4, a réuni son 1852 à 1862 comme secré- nement ETEM-IBVIE) http:// Louis Roussy ont répondu troupeau avec celui de Darby taire-général et comme pre- koha.etem.ca:8000/ Faites à l’appel des Olivier et ont et est devenu son assistant. mier professeur de théologie l’essai avec Herzog cité en pris la relève. Une fois en place et ayant à Pointes-aux-Trembles. note. Si vous le trouvez, c'est En Suisse, Henri Olivier gagné l’estime de nombreux Après sa démission, il que le livre est disponible, a été pasteur à Nyon puis membres, Darby a commen- avait réorienté sa carrière, mais étant donné son âge, il est redevenu pasteur dissi- cé à insister sur la prophétie. mais était resté à Montréal ne peut être emprunté ! JLL dent à Lausanne. Il dirigeait Plusieurs des traités qu’il a jusqu’en 1868 pour favoriser donc une Église réformée écrit alors rejette la papauté, l’éducation de ses enfants. Il 1. J-J. Herzog, Les Frères de Plymouth et John Darby : leur doctrine et leur histoire en doctrine et pratique, le lien entre l’Église et l’État était ensuite passé aux États- en particulier dans le Canton de Vaud, mais n'avait pas l'appui de et donc l’Église nationale Unis et avait travaillé à par- Lausanne, Georges Bridel, 1845, 92 p. 2. J. Cart, Histoire du mouvement religieux l'État qui soutenait alors les reformée. À son avis, tous tir de 1869 pour la Foreign et ecclésiastique dans le Canton de Vaud, Églises. En automne 1839, ceux qui ne viennent pas à Evangelical Society of New v. 5, Lausanne, G. Bridel, p. 319-20. Olivier, en écoutant un mis- ses réunions sont des schis- York avant de prendre sa 3. Herzog, p. 4. 5 4. Cart, p. 354. sionnaire wesleyen, a chan- matiques ! À Lausanne, retraite à Boston vers 1880 5. Herzog, p. 25. gé d’orientation théologique plusieurs évangéliques l'ont et d’y décéder en 1906. De 6. Herzog, p. 77. fondateurs et dans la continuité fera part de ses découvertes. de notre action, le mot incluait Dans un deuxième temps, il NOUVELLES tous ceux qui ont marqué leur y aura une activité moins for- de la Société dissidence avec l’Église catho- melle, avec des éléments audio- lique et présenté une autre voie visuels et certains artefacts pour Visite à Grande-Ligne, pu examiner sur place divers du salut en Jésus-Christ notam- évoquer le passé de Saint-Jean artefacts rattachés au musée ment à travers la lecture des où Chiniquy a tenu une bonne le samedi 2 avril Feller puis se sont rendus au textes bibliques, depuis les cou- place dans le dernier quart du e Des étudiants de Richard cimetière qui évoque vraiment rants de la Réforme jusqu’aux XIX siècle. AVIS À TOUS : Lougheed avaient commencé bien l’activité missionnaire évangéliques et pentecôtistes SI VOUS POSSÉDEZ DES la journée du 2 avril par une passée, pas seulement des bap- actuels. Il suffira sans doute OBJETS OU DES ÉLÉMENTS présentation à l’ETEM sur tistes mais aussi de membres que nous précisions au début VISUELS SE RAPPORTANT Chiniquy avant de se rendre d’autres confessions qui ont du site l’extension que nous À SAINT-JEAN, PRIÈRE DE à Saint-Blaise pour visiter les voulu les rejoindre. La plu- donnons au mot « protestant » COMMUNIQUER DÈS QUE installations de Grande-Ligne part des visiteurs sont ensuite pour éviter tout malentendu! POSSIBLE AVEC L’ÉGLISE au début de l’après-midi. rentrés à Montréal, vu l’heure, Annonce de notre OU AVEC NOTRE SOCIÉTÉ D’autres se sont joints à eux de mais un petit nombre a accom- D’HISTOIRE. sorte qu’une quinzaine de per- pagné Richard dans sa visite assemblée générale David Fines qui, on se le rap- sonnes ont été accueillies dans d’un autre lieu de mémoire Comme indiqué dans notre pelle, a fait partie des fon- l’église Roussy par Jocelyne franco-protestant, anglican et dernier Bulletin, notre assem- dateurs de notre Société en Auclair qui a présenté le Musée francophone, à Sabrevois, où blée générale a été déplacée 2003, est devenu pasteur de Feller et l’église. Richard a une plaque commémorative à Montréal pour lui permettre Saint-Jean en mai de cette brièvement situé l’intérêt de rappelle le passé de l’église et de célébrer les 175 ans de la année. Il a prévu un culte et cette visite. Dans sa confé- du cimetière qui s’y trouvent. communauté de Saint-Jean, une célébration le lendemain rence, Jean-Louis Lalonde a Les étudiants se sont dits qui a été presbytérienne de (à 10 h 30 comme d’habitude) évoqué les débuts de la mis- enchantés de leur expérience. 1841 à 1925, puis de l’Église ainsi qu'une animation en sion à cet endroit (notamment Unie. Notre assemblée géné- après-midi ouverte à tous avec la venue d’Henriette Feller et Réflexion sur le nom rale se tiendra comme d’habi- gâteau. Pour plus de détails Louis Roussy, l’épisode des tude le matin 24 septembre, d’ici là, on pourra s’informer Patriotes, la conversion du de notre Société, à 10 heures. Elle sera suivie via notre site sur l’évolution de prêtre Léon Normandeau qui protestante ? en après midi de deux activi- la situation. Notre Bulletin de deviendra professeur à l’Ins- Dans les échanges sur l’orga- tés, une conférence par Jean- septembre en sera sans doute titut Feller). Puis il a retracé nisation de notre nouveau site Louis Lalonde qui portera sur un peu décalé dans sa paru- la vie d’une pionnière moins web, on s’est demandé si le l’histoire de la communauté. tion pour rendre compte de connue, Sophie Jonte, enter- mot « protestant » pouvait en Comme notre secrétaire fait des ces célébrations maintenant rée au cimetière à côté des induire certains en erreur. Il est recherches sur cette église en situées à la fin du mois. pionniers. Les visiteurs ont clair que dans l’esprit de ses vue d’écrire un livre, il nous JLL

Invitation à la quatorzième assemblée plénière de la SHPFQ qui se tiendra le samedi 24 septembre 2016 à 10 heures à l’église unie Saint-Jean au 110, rue Sainte-Catherine à Montréal.

En matinée : assemblée générale, bilan de l’année et orientations nouvelles Le midi : repas dans un restaurant proche ou pique-nique pour ceux qui le désirent En après-midi : 1. Conférence de l’histoire de la communauté 2. Activité moins formelle, évocatrice du passé de Saint-Jean

Une convocation officielle, l’itinéraire et le déroulement détaille de la journée vous seront communiqués à la fin du mois d’août.

LE BULLETIN SHPFQ POUR JOINDRE LA SOCIÉTÉ RESPONSABLES ISSN 1712 - 5898 4824, chemin de la Côte-des-Neiges, DU BULLETIN Dépôt légal: Bibliothèque nationale bureau 301, Montréal (Québec), H3V 1G4 Jean-Louis Lalonde: (514) 733-1783 du Québec et Bibliothèque nationale www.shpfq.org ou Richard Lougheed : Alain Gendron: (450) 447-7608 du Canada (514) 482-0086