N°119 ZIBELINE 16.06 > 21.07.18 Mensuel culturel engagé du Sud-Est #BALANCE un front culturel LES EXPOS TON OFF en paca D’ÉTÉ
spécial festi vals
L 11439 - 119 - F: 3,00 - RD 3€
L 11439 3,00 F: - 119 - - RD granet_expo_2018_picasso_AP_200x280_zibeline.indd 1 Aix-en-Provence MUSÉE GRANET
PICASSOPablo Picasso, Le Baiser, été 1925, huile sur toile, 130,5 x 97,7 cm, Musée national Picasso - Paris, © Succession PICABIA Picasso 2018 AVEC LESOUTIENDE 9 JUIN> 23 SEPTEMBRE2018 26/04/2018 10:20 MAI JUIN 2018
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CULTURE ET SOCIÉTÉ Mensuel payant paraissant le deuxième samedi du mois Édité à 20 000 exemplaires, imprimés sur papier recyclé Édité par Zibeline BP 90007 13201 Marseille Cedex 1 Dépôt légal : janvier 2008 ISSN 2491-0732 Penser Imprimé par Riccobono Imprim’vert - papier recyclé
Crédit couverture : © Alouette sans tête Conception maquette Tiphaine Dubois les festivals
Directrice de publication & rédactrice en chef Il est temps d’entrer en estival, en éblouissement, dans cet Agnès Freschel [email protected] 06 09 08 30 34 espace d’exception où les propositions artistiques fleurissent. Rédactrice en chef adjointe Nos festivals exposent leurs photos à Arles, leur Amour à Mar- Dominique Marçon [email protected] 06 23 00 65 42 seille, leurs faunes à Lodève ; ils font entendre des musiciens Secrétaire de rédaction Anna Zisman dans les rues d’Aix-en-Provence avant d’entrer en Art Lyrique [email protected] 06 88 46 25 01 à l’Archevêché ou au Grand Théâtre ; ils s’éclatent en Off à Avignon proclamé plus grand théâtre du monde, rassemblent ARTS VISUELS Claude Lorin professionnels et publics devant des écrans qui ne sont plus [email protected] 06 25 54 42 22 LIVRES seulement documentaires au FID Marseillais ; ils propulsent leur Fred Robert [email protected] 06 82 84 88 94 jazz, font chanter les guitares, le piano de La Roque, vibrer MUSIQUE ET DISQUES Jacques Freschel l’électro, le rock, la mémoire, les textes, les musiques [email protected] 06 20 42 40 57 CINÉMA anciennes et nouvelles. Annie Gava [email protected] 06 86 94 70 44 Il faut les suivre. Se réjouir, sortir enfin, encore, et Élise Padovani participer à la pensée qui s’élabore et se structure, 119 [email protected] WRZ-WEB RADIO ZIBELINE dans un monde culturel qui défend le service
Marc Voiry ÉDITO [email protected] public contre sa commercialisation, met en place de nouvelles alliances, et résiste. Quelque chose est en Polyvolants Chris Bourgue train de naître, ici, dans la prise de conscience d’un intérêt [email protected] 06 03 58 65 96 Gaëlle Cloarec commun, au-delà des divergences esthétiques et des différences [email protected] 06 72 95 39 64 Maryvonne Colombani structurelles. Dans une région où l’extrême droite s’est installée, [email protected] 06 62 10 15 75 dans un pays où le libéralisme semble avoir gagné, dans une Marie-Jo Dhô [email protected] Europe qui peine à garder une cohérence minimale et une Marie Godfrin-Guidicelli [email protected] 06 64 97 51 56 conscience d’un avenir commun, qui dénie son éthique origi- nelle de l’accueil et sa pensée de l’altérité, dans ce délitement Maquettiste généralisé, effrayant, l’art, les festivals, les maisons de culture se Philippe Perotti [email protected] 06 19 62 03 61 rassemblent, proposent, construisent des alternatives et donnent Commerciale Rachel Lebihan à voir les difficultés et la beauté du monde. Un signe d’espoir, [email protected] 07 67 19 15 54 La régie à saisir, si nous ne voulons pas sombrer dans la tentation du Jean-Michel Florant [email protected] 06 22 17 07 56 repli qui nous guette et nous gouverne. Collaborateurs réguliers : Régis Vlachos, Frédéric AGNÈS FRESCHEL Isoletta, Yves Bergé, Émilien Moreau, Christophe Floquet, Pierre-Alain Hoyet, Aude Fanlo, Thomas Dalicante, Marion Cordier, Caroline Gerard, Delphine Dieu, Hervé Lucien, Julie Bordenave Administration Catherine Simon [email protected] Houda Moutaouakil [email protected] 04 91 57 75 11 Chargée des abonnements Marine Jacquens [email protected] 06 46 11 35 65 Communication Louis Giannotti [email protected] 04 91 57 75 11 Manel Hedimi [email protected] WITH HISTORY IN A ROOM FILLED WITH PEOPLE WITH FUNNY NAMES 4
UNE EXPOSITION DE KORAKRIT ARUNANONDCHAI AU J1 MARSEILLE
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PARTENAIRESPARTENAIRES INSTITUTIONNELS PARTENAIRES OFFICIELS
PARTENAIRES PROJET PARTENAIRES MEDIA
Koriakrit 120x160 aff.indd 1 07/06/2018 15:31 sommaire
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politique culturelle
Un front culturel en PACA (P.6-7) Fondation Carmignac à Porquerolles, Départ des directeurs du BNM (P.8-9) Des chercheurs sous surveillance (P.10) La MJC-Centre social de Briançon en danger (P.12)
La MJC-Centre social de Briançon, un lieu à défendre © X-D.R. WITH HISTORY FESTIVALS IN A ROOM FILLED WITH PEOPLE WITH FUNNY NAMES 4 Avignon : Le Festival, #BalanceTonOff, Quel service public ? Le Off, les Offs (P.13 à 28) Théâtre, danse, arts de la rue, livres (P.30-41) Musiques (P.42-71) Images (P.72-76) Marseille, Aix-en-Provence, Lambesc, La Roque d’Anthéron, Martigues, Vitrolles, Aubagne, Gardanne, Salon-de-Provence, St-Rémy-de-Provence, Arles, Miramas, Port-St-Louis-du-Rhône, Début des festivals © De.M. Vaison-la-Romaine, Carpentras, Orange, Forcalquier, Toulon, Ollioules, Hyères, Six-Fours, Le Thoronet, Pays de Fayence, Pourrières, Châ- teau-Arnoux-St-Auban, Alpes, Chaillol, Alès, Montpellier, Sète UNE EXPOSITION DE AU PROGRAMME DU MOIS Spectacles, musiques (P.78-79) KORAKRIT ARUNANONDCHAI Marseille, Aix-en-Provence, Vitrolles, Istres, Mallemort, Avignon AU J1 MARSEILLE
Silva, Fanny Soriano - Tous dehors (enfin) ! © Vincent Brière
Albertine a disparu, de Véronique Aubouy, sélection Compétition Française au FID ------d u20 J U I N ------29 a u J U I L L E T ------cinéma [P.80-83] Marseille, La Ciotat, Fos-sur-Mer, Grans, Port-St-Louis- du-Rhône, Montpellier ------E N P A R T E N A R I A T A V E C M J 1 ------PARTENAIRESPARTENAIRES INSTITUTIONNELS PARTENAIRES OFFICIELS Arts visuels [P.84-98] Marseille, Châteauneuf-le-Rouge, Aix-en-Provence,
PARTENAIRES PROJET PARTENAIRES MEDIA L’Isle-sur-la-Sorgue, Lourmarin, St-Rémy-de-Provence, Le Thor, Gap, Le Lavandou, Châteauvert, Cagnes-sur- Francis Picabia, Conversation I, 1922 Aquarelle et crayon sur papier, 59,5 x 72,4 cm Tate Modern, Londres © ADAGP, Paris 2018. Mer, Nice, Montpellier, Lodève, Occitanie Exposition Picasso Cézanne au musée Granet
Koriakrit 120x160 aff.indd 1 07/06/2018 15:31 6 politique culturelle S’unir, pour veiller UNE ALLIANCE EST EN TRAIN DE NAÎTRE PARMI LES et construire ACTEURS CULTURELS ET LES ARTISTES EN PROVENCE- ALPES-CÔTE D’AZUR. UN MOUVEMENT DESTINÉ À
e Groupe Culture Paca est né d’un élan PORTER UNE PAROLE COMMUNE, EN DÉPIT DES contingent. Au mois de mai 2018, sans DIFFÉRENCES, AU-DELÀ DES INTÉRÊTS PARTICULIERS Lque l’anniversaire symbolique y soit pour quelque chose, d’une lettre, adressée à Renaud DE CHACUN, VERS UNE CONSTRUCTION COMMUNE Muselier et Christian Estrosi, leur faisant part du désarroi dans lequel se trouvaient les acteurs culturels qui avaient appelé à voter pour eux face à Marion Maréchal Le Pen. Les Hauts de France : une co-construction efficace En quelques jours, la lettre lancée par quelques- uns s’est répandue comme une traînée de poudre, a recueilli 170 signatures1. Et dès les premiers jours, des noms d’acteurs culturels reconnus par la Région comme des inter- locuteurs privilégiés, et d’importance, sont apparus dans la liste des signataires, disant leur solidarité avec ceux qui étaient mis à mal, et leur désaccord avec une politique culturelle qui, pourtant, les mettait souvent à l’abri. Ainsi Bernard Foccroulle (Directeur du Festival international d’Aix), Paul Rondin (Directeur délégué du Festival d’Avignon), Irina Brook (Directrice du Centre National Dramatique de Nice), Jean-François Chougnet (Mucem), Alain Arnaudet (Directeur de la Friche), Jan Goossens (Festival de Marseille), Sam Stourdzé (Les Rencontres d’Arles) ou Chris- tian Sébille (Directeur du Centre National de Sujets d’inquiétude Création Musicale) font partie des signataires, Le collectif a décidé de ne pas rendre publique en difficulté sociale, ou plus généralement sur de même que quatre des directeurs des cinq la lettre exprimant ses inquiétudes puisque la création la plus abstraite et contemporaine. scènes nationales (Gap, Martigues, Cavaillon, Renaud Muselier a très vite accepté de rencon- Il a réaffirmé que le secteur culturel dans le Merlan), nombre de scènes intermédiaires, trer une délégation, a pris acte et conscience son ensemble, et uni, ne saurait accepter que des compagnies, d’artistes. d’un certain nombre de dysfonctionnements, et « l’identité régionale » devienne l’un des thèmes De plus des réseaux ont signé collectivement : a rassuré le collectif sur l’essentiel, c’est-à-dire majeurs de la politique culturelle de la Région, le Forum des Festivals de Cinéma PACA, le sentiment d’une porosité avec les idées de du moins si cette « identité » se concentre l’Association des Auteurs-Réalisateurs du Sud l’opposition d’extrême-droite dans l’assemblée sur le provençalisme, en niant la bigarrure. Est, le PAM (Pôle de coopération des Acteurs régionale. Le Groupe Culture Paca est en Car comment ne pas voir que ces opérateurs de la filière Musicale en Région Provence- effet revenu sur l’affaire Cogolin, ville à vendre2, mis à mal sont exactement ceux que le Front Alpes-Côte d’Azur), la Réplique (Centre de s’est ouvert de son malaise face à la reprise national attaqueraient ? Certains gestes, ressources des métiers de l’acteur)... Et si des en main des Chorégies d’Orange sans prise de comme la mention que les web-documentaires représentants des syndicats sont présents, c’est à distance officielle avec la mairie Ligue du Sud, « pornographiques ou politiques » ne peuvent titre personnel, ou au nom de leur structure : il ou face à l’annulation brutale de Babel Med. Il être financés, relèvent de la censure, d’autres ne s’agit pas de défendre des intérêts particuliers a souligné la mise en difficulté par des baisses pourraient s’apparenter à un racisme plus ou ceux d’une profession, mais d’affirmer ou des suppressions de subventions d’une série ou moins conscient... Le contexte européen que, conformément aux promesses qui leur d’opérateurs qui travaillent depuis longtemps d’alliance des partis d’extrême droite, qui leur avaient été faites, ils veulent co-construire la sur la Méditerranée (AFLAM, festival des cinémas permet d’exercer le pouvoir, n’est pas fait politique culturelle régionale, parce qu’ils en arabes, Film Femmes Méditerranée, Dansem...), pour rassurer quant à cette porosité possible sont les experts, et que les orientations prises sur l’Afrique et les afro-descendants (Africa entre la Droite républicaine et l’Extrême qui actuellement les inquiètent. Fête, Afropéa, Cinéma Africain d’Apt...), sur les ne l’est pas ! populations sous main de justice (Lieux Fictifs), Entendre, construire Renaud Muselier, qui a demandé à recevoir une délégation dès qu’il a appris l’existence et les termes de la lettre, a immédiatement rassuré quant à sa distance, intime, sans hésitation, avec toute pensée d’Extrême-droite, et avec tout début d’idée d’alliance. Attentif à la Méditerranée depuis toujours, il a pris acte des difficultés des petits opérateurs qui travaillent sur ce terrain depuis longtemps, a informé qu’un temps fort méditerranéen allait renaître à l’automne, a entendu la volonté du secteur culturel dans son ensemble d’être écouté, consulté, pour « coconstruire » la politique culturelle régionale dont ils sont les experts, et qui sans eux se bâtit sans finesse. Il a rassuré, compris, promis des changements sur les points évoqués. Reste donc à présent au Groupe Culture Paca à se structurer pour faire des propositions constructives. La remarquable solidarité des acteurs culturels d’envergure, grands festivals et maisons nationales, avec les maisons plus modestes et avec les artistes et compagnies, est de bon augure : ce sont eux qui ont d’abord tiré le signal d’alarme, persuadés qu’il ne saurait y avoir de politique culturelle sans un tissu culturel divers, associatif, sans maillage du territoire, sans médiation, et sans un soutien volontariste à la création. L’exemple de la politique culturelle entreprise dans les Hauts-de-France par Xavier Bertrand, autre président de Région élu grâce à un front républicain contre la famille Le Pen, est dans toutes les têtes : une véritable conférence régionale des Arts et de la Culture, formée de collèges représentatifs, a été mise en place, des mesures concrètes ont été prises, les acteurs culturels sont actifs dans le processus, et le budget consacré à la culture a été nettement augmenté. Le Groupe Culture Paca pourra-t-il se structurer en toute indépendance pour devenir force de proposition et organe de veille ? Et pour peser aussi dans les politiques culturelles des départements et des villes, celles des Bouches-du-Rhône et de Marseille étant au moins autant contestables que celles de la Région ? L’histoire est à écrire ! AGNÈS FRESCHEL
1 Dont celle d’Agnès Freschel, rédactrice en chef, celle de Dominique Marçon, rédactrice en chef adjointe, et d’Annie Gava, responsable de la rubrique cinéma de Zibeline
2 Le documentaire de Pascal Lorant sur la gestion FN de la ville avait reçu un avis favorable de financement par le Comité d’expert de la région. Il n’a pas été présenté au vote à l’assemblée régionale
Si vous êtes un acteur culturel en PACA, vous pouvez rejoindre le Groupe Culture Paca en envoyant vos observations sur [email protected] 8 politique culturelle Hors des sentiers battus
alk on the Wild Side s’imprime en lettres d’argent sur la couverture du livre paru Wchez Skira à l’occasion de l’ouverture, le 2 juin, de la Fondation Carmignac sur l’île de Porquerolles. En introduction, son président-fondateur Édouard Carmignac pose devant le tableau Level as Level de l’artiste californien Edward Ruscha dont la toile Sea of Desire signe l’exposition inaugurale. Autant de signes forts sur la Fondation Carmignac et sa collection sous influences américaines. Il est vrai que sa rencontre avec Jean-Michel Basquiat, qui en fit le portrait, et sa fréquentation de la Factory en 1984 marquèrent à jamais l’étu- diant lancé dans l’aventure entrepreneuriale (Carmignac Gestion) avec, en germe, l’idée d’une collection (1993), d’une fondation d’en- treprise (2000) puis du Prix Carmignac du photojournalisme (2009). Aujourd’hui, Édouard Carmignac franchit une nouvelle étape avec l’ouverture au public du site de sa Fondation dont il a confié la direction à son fils Charles. Luxe, calme et volupté Bâtir 2000 m2 de salles d’exposition au cœur du Parc national de Porquerolles classé et protégé était à l’évidence une gageure architec- turale et environnementale ! L’atelier Barani, pour la conception, et l’agence GMAA, pour l’adaptation et le prolongement du projet, ont su contourner l’interdiction d’extension de l’ancien mas provençal de l’architecte Henri Vidal construit en 1980, en dégageant des espaces sous la surface du terrain naturel sans pour autant modifier les contours du bâti et des paysages existants. En nouant un dialogue entre nature et architecture qui privilégie la lumière zénithale par un jeu d’ouvertures et l’évocation de la Méditerranée par la créa- tion d’un plafond d’eau… Mer nourricière et symbolique qui s’immisce jusque dans ses
entrailles, plus particulièrement dans le patio Miquel Barcelo - Alycastre - 2018 © Marc Domage dont les murs épousent la pièce One Hundred Fish Fountain de Bruce Nauman comme une du roman d’anticipation d’Aldous Huxley, Le invitation à une immersion visuelle, sonore et Meilleur des mondes, écrit en 1931 non loin de ondoyante dans l’exposition temporaire. Sur là, à Sanary-sur-Mer. les 900 œuvres de la collection, le commissaire Le voyage « on the Wild Side » débute près d’exposition Dieter Buchhart a retenu 70 de l’imposant bronze de Miquel Barceló, pièces « d’artistes en rébellion qui se répondent Alycastre, inspiré du dragon légendaire de d’un siècle et d’un support à l’autre au long de Porquerolles, se clôt à l’orée de la pinède huit chapitres » : Pop icons reloaded ; Héritage avec Sea of Desire pour se prolonger, à l’envi, et transgression ; Abstraction et disruption ; dans le jardin paysager de 15 hectares, terre Sea of Desire Révolution, terreur et effondrement ; Sus- d’élection pour Jeppe Hein, Olaf Breuning, Jusqu’au 4 novembre pense ; Fallen Angels ; Désastre ; Brave new Jaume Plensa, Ugo Rondinone… Fondation Carmignac, Porquerolles world revisited. Le tout inscrit dans l’esprit MARIE GODFRIN-GUIDICELLI 04 89 29 19 73 fondationcarmignac.com 9 La fin de l’Hydre LES DEUX CODIRECTEURS DU BALLET NATIONAL DE MARSEILLE, à deux têtes QUI SONT ÉGALEMENT CODIRECTEURS D’ICK À AMSTERDAM, NE
e contrat depuis le départ était étrange : SONT PAS RECONDUITS À LA TÊTE DÉDOUBLÉE D’UNE INSTITUTION pourquoi en 2014 l’État et la Ville de COUPÉE EN DEUX. SANS SURPRISE... L Marseille, suivis du bout des lèvres par la Région, ont-ils accepté que Pieter C. jeune public d’Erik Kaiel, et la dernière ver des forces. Il est question de privilégier Scholten et Emio Greco prennent la tête création Kindertotenlieder, reposant sur la un projet pour le jeune public. Il s’agirait du deuxième Ballet National de France (en Maîtrise des Bouches-du-Rhône, c’est-à-dire surtout de nommer un directeur qui puisse faire termes de financements, et très loin derrière un chœur d’enfants, accompagnée par instants danser un ballet, c’est-à-dire un groupe d’une Paris) sans quitter la direction ICK, et en de 6 danseurs. Les relations au cœur du Ballet vingtaine de danseurs d’une haute technicité, restant à Amsterdam ? La synergie promise par sont tendues, faites de frustrations, de rancœurs qui ont besoin d’estime, de répéter dans le les chorégraphes n’a pas eu lieu, sinon qu’on et de malentendus, et la non reconduction calme, et de danser, sur scène, souvent. Les a vu les tournées du BNM se raréfier, des deux directeurs vient mettre un carrières sont courtes et rien n’est pire pour les femmes ne pas danser pendant terme à une période un danseur que de ne pas danser : il y perd la première année, les danseurs difficile. sa technique, son enthousiasme, sa créativité. d’ICK invités en vedette et ceux Mais de quoi sera- Mais la question des Ballets Nationaux ne se du BNM placés, au sens propre, t-elle suivie ? Il réduit pas au BNM : leur forme correspond-elle dans leurs pas... Le faut aujourd’hui aujourd’hui au désir des chorégraphes ? Faut-il calendrier des trouver un la repenser, ou trouver des directeurs capables tournées est resté successeur, de s’y adapter ? Aux tutelles de répondre, à très maigre, la seule bâtir un Marseille il n’ont que quelques mois pour pièce tournant vrai- nouveau résoudre le problème... ment étant Tetris, projet, AGNÈS FRESCHEL une petite forme retrou- © Marian Adreani
DES
MARSEILLE JAZZ CINQ CONTINENTS 18 27 JUILLET 2018 SELAH DE POURQUERY SCOFIELD THOMAS SUE CHICK JOHN KOOL & THEMEDESKI GANG COREA NDOUR SCOTT JOHN
COLLEY YOUSSOU YOSHICHIKA NING LUO TARUE PARISIEN MILE SYLVAIN É RIFFLET MILLS JEFF YOUN SUN NAH AVISHAI COHEN
DHAFER YOUSSEF ERIK TRUFFAZ
HIGH FRED MARTHA WESLEY NKAKÉ JACK DEJOHNETTE SANDRA ONEFOOT
SLAVES SARAH THE VOLUNTEERED CHRISTOPHE QUINTANA PENGUIN CORY
TEXIER YILIAN GOGO HENRY LAMPIDECCHIA SOMI & SAX HENRI CAÑIZARES HARGROVE e AWAKE 19 FESTIVAL ROY conception graphique : Alice Chireux • illustration Ji Dahai ACCOULES www.marseillejazz.com 10 politique culturelle
PRESSIONS POLITIQUES OU ÉCONOMIQUES, Chercheurs sous CENSURES ET AUTOCENSURES INHIBENT LES SCIENCES HUMAINES. LES CHERCHEURS FONT surveillance UN ÉTAT DES LIEUX
ciences Po Aix et la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme accueillaient les S17 et 18 mai un colloque intitulé Terrains et chercheurs sous surveillance. Pour Philippe Aldrin, qui l’a introduit, « le nombre des propositions Le nerf de la guerre reçues signale l’importance de la question soulevée ». Depuis l’instauration de l’état d’urgence et les Fatiha-Amal Abbassi menait une enquête lois de sécurité intérieure, l’argent va aux projets ethnographique en Égypte : elle a vu étudiant la radicalisation. En 2016, le CNRS a lancé ses témoins arrêtés, assassinés ou un appel à proposition sur les attentats, « massive- exilés, elle-même étant suspectée. ment suivi ». Pour Montassir Sakhi, l’Université Mais travailler en France ne met est « la main gauche de l’État », qui lui fournit les pas à l’abri des difficultés. Lise outils intellectuels de sa politique sécuritaire. À cela Foisneau a été expulsée de l’aire le sociologue Vincent Geisser répond : « Nous d’accueil des gens du voyage où elle sommes dans un champ marginalisé, déconsidéré. La exerçait, par décision administrative. radicalisation a donné à certains la possibilité de reva- Aude Signoles et Fatiha Kaouès, loriser leur métier, par une médiatisation exacerbée. La qui étudient le champ de l’humanitaire plupart ne collaborent pas à l’appareil d’État pour des islamique pour le compte du ministère de l’Inté- raisons idéologiques, mais pour exister ». Lui invite à rieur, admettent le risque d’un usage discriminant « l’abstinence scientifique ». Et avoue avoir, depuis de leurs données. D’autres ont des financements 10 ans, des difficultés à faire travailler ses étudiants privés, avec tous les problèmes éthiques qui vont « sur des sujets normaux » : ils n’ont pas la vocation de pair ; certains parlent d’ailleurs de « sociologie d’enseignant-chercheur. « Avant 2011 personne ne embarquée », comme il y a une presse embarquée. voulait aller en Tunisie, c’était trop tranquille, mais Pierre Fournier évoque les difficultés rencontrées avec les printemps arabes, elle est devenue attractive ». pour approcher l’industrie nucléaire, dont l’opacité peut -sans blague !- être « qualifiée d’anti-démocra- S’autonomiser tique ». Laurent Muccchielli, les cohortes d’avocats Certains se mettent à rêver tout haut de pouvoir qui défendent la délinquance en col blanc, ou le protéger légalement leurs sources, comme c’est le statut protecteur des élus, prévenant l’étude de cas des journalistes (jusqu’à quand ?), de l’équivalent leurs malversations. d’une Loi Sapin II qui les protégerait eux-mêmes comme elle le fait -mollement- pour les lanceurs Tous sous contrôle d’alerte, de prendre le temps du recul, de publier ou Ce colloque était l’occasion, pour les scientifiques ne pas publier en leur âme et conscience... Autant dispersés dans leurs laboratoires ou sur le terrain, de pistes qui pour Sylvain Laurens, Maître de de réaliser l’ampleur des pressions auxquelles leur conférences à l’EHESS, maintiendraient l’autonomie profession est soumise. D’après Frédéric Neyrat du savoir face au pouvoir politique et économique. « Ne sont pas seulement menacés ceux qui travaillent sur « Des colloques de ce type, il faudrait en faire plus des sujets sensibles, mais sur des problématiques « tri- souvent ! » se congratulaient les présents, à Aix- viales » : les institutions ont une volonté de contrôler leur en-Provence. Certes, ne serait-ce qu’en raison de image, y compris le ministère de l’Éducation nationale ! » leur capacité à assumer leurs propres fragilités et Historiens, géographes, professeurs de Sciences contradictions. Avoir la possibilité de se remettre en politiques, anthropologues... même les juristes question est une grande force. Ceux qui instrumen- peuvent être exposés à des procédures-bâillons s’ils talisent la recherche feraient bien de s’en inspirer. touchent de trop près au droit des affaires. Parfois, GAËLLE CLOAREC ce sont les tutelles universitaires qui défendent insuffisamment la liberté académique de leurs chercheurs, voire leur mettent elles-mêmes des bâtons dans les roues. Un objectif de rentabilité est rarement propice aux coudées franches ! Le colloque Terrains et chercheurs sous s’est tenu les 17 et 18 mai à
© X-DR surveillance Sciences Po et à la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme, à Aix-en-Provence SAISON 2018–19
AIX–MARSEILLE
AUX ARTISTES
ANGELIN PRELJOCAJ • ISABELLE ADJANI ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE • STOMP JULIE FUCHS • MANU PAYET • GREGORY PORTER CIRQUE ELOIZE • PHILIPPE TORRETON • MELANIE DOUTEY BATSHEVA DANCE COMPANY • FRANÇOIS MOREL...
GYMNASE JEU DE PAUME LESTHEATRES.NET BERNARDINES GRAND THÉÂTRE T
ANNONCES PRESSE_1819-2.indd 5 24/05/2018 14:27 12 politique culturelle Un lieu à défendre AU CŒUR DE LA CRISE DE L’ASILE ET EN PROIE À DES DIFFICULTÉS FINANCIÈRES, LA MJC-CENTRE SOCIAL DE BRIANÇON (MJC-CS) NE DOIT PAS FERMER SES PORTES
réée en 1965 par une vingtaine de brian- çonnais, la Maison des Jeunes et de la CCulture fêtait en 2015 ses cinquante ans, forte d’un engagement citoyen exceptionnel. Progressivement la MJC, à la croisée du lien social et de la culture, a multiplié les missions : centre social et familial, elle a créé l’Eden Studio dédié au cinéma art et essai, l’Espace Babylone (aujourd’hui La Face B) à la musique actuelle, la Galerie du 35 à l’art, le Pôle Jeunesse et Zanzibar à l’animation du jeune public. En outre, depuis 2003, elle est le lieu d’accueil des personnes étrangères du département des Hautes-Alpes. Depuis le démantèlement de Calais, cet Espace partagé solidaire est devenu CAO (Centre d’accueil et d’orienta- tion), recevant une vingtaine de demandeurs d’asile chaque jour. Un deuxième CAO s’est ouvert en 2016-2017, mais un grand nombre de soudanais accueillis étant dublinés*, ils ont © X-D.R. entrepris une grève de la faim qui a mobilisé les citoyens pour une grande marche vers Gap. place : rencontres avec les habitants, réflexions considérant qu’elle subissait des « pénalités » de Aujourd’hui un grand nombre de réfugiés collectives sur le devenir d’une structure plus la part de l’État vis à vis de l’implication dans et de personnes étrangères arrivent dans le que nécessaire. Fin mai une réunion publique l’accueil des personnes étrangères. Le député Briançonnais par la frontière italo-française : sur les nouvelles gouvernances possibles de rapporteur du budget, Joël Giraud, soutient la MJC-CS, prise entre ses missions d’accueil l’association est proposée : la dynamique, col- lui aussi les démarches de la MJC-CS. Un et d’intégration des personnes étrangères dans lective, témoigne d’une volonté de poursuivre plan de sauvegarde est lancé, des dynamiques le cadre des actions soutenues par l’État et les missions que chaque Briançonnais, et chaque locales se poursuivent. une réalité humaine complexe, devient un citoyen engagé, ne peut que soutenir. lieu stratégique au cœur d’une région en La situation résulte « de la conjonction de plusieurs Une mobilisation nécessaire crise. Sans entrer en guerre contre l’État, la facteurs, politiques, financiers, matériels, humains Le 1er juin, la mobilisation citoyenne a permis la structure tente de ménager un espace où la que rencontrent de nombreuses associations en fin du contrôle judiciaire des « 3 de Briançon », dignité humaine, la solidarité et la démocratie France, et qui brisent le pacte républicain : les accusés d’avoir aidé des migrants à passer la demeurent des valeurs. Mais à l’heure où trois habitants ne peuvent plus mener d’action pour frontière le 22 avril lors d’une marche antira- cadavres de migrants ont été retrouvés dans les renforcer le vivre ensemble et la démocratie en ciste au col Montgenèvre. La situation de la Alpes, plaçant le territoire de Briançon sous comptant sur la solidarité nationale. Aujourd’hui MJC-CS nous concerne tout autant : comme les feux médiatiques, où l’afflux de migrants l’approche sociale et culturelle à travers les prismes toutes les zones qui tentent de résister aux s’y concentre depuis que la Vallée de la Roya de la rentabilité, de la concurrence, de la sectori- aberrations libérales, c’est un lieu à défendre est sous contrôle ultra renforcé, la situation sation, de la raréfaction des finances publiques et pour que ces espaces solidaires partagés per- financière de la MJC-CS met en grand péril la technocratie remettent en cause notre modèle durent, nous permettant de vivre ensemble. ces missions multipliées. de fonctionnement associatif », déplore Luc DELPHINE DIEU Marchello, le directeur. Au mois d’avril, suite Le pacte républicain mis à mal à la diminution de subventions de l’État et Depuis le début de l’année 2018, l’association du Conseil régional, face aux incertitudes des est fragilisée. En février le conseil d’adminis- politiques publiques, il n’a d’assurances que tration alertait le commissaire aux comptes et sur la moitié du budget 2018. les partenaires sur ses difficultés économiques, De son côté, le président de la Communauté de qui pouvaient entraîner à très court terme Communes du Briançonnais a tenu à réaffirmer sa disparition. Depuis, une procédure de le soutien de la CCB au projet de l’association. sauvegarde a été engagée, une table ronde Il a tenu également à s’exprimer sur la ques- * Les Migrants, selon le Règlement de Dublin, avec les différents partenaires sollicitée, et tion de l’accueil des migrants qui est venue sont obligés demander l’asile dans le pays de nombreuses actions collectives mises en impacter fortement l’activité de l’association, européen qui le premier a relevé leurs empreintes festivals 13 Un genre très humain
La 72e édition du Festival d’Avignon s’approche au plus près des individus, de leur pensée et de leur définition d’eux-mêmes
vignon ne se décline pas en thèmes : lorsqu’Olivier Py et Paul Rondin Achoisissent de programmer un spectacle ou produisent un artiste, une création, ce n’est pas parce qu’ils correspondraient à une unité thématique, une idée, un fil rouge. C’est l’intérêt et la singularité de chaque spectacle qui prime, et ce qu’il met en jeu avec le public. Pourtant dans cette édition, une ligne se dessine, nette, un profil, autour de l’identité, transgenre ou non, de l’enfance au moment où elle prend conscience, du corps dans ses mutations, de l’histoire quand elle bouleverse la vie personnelle. Le Festival ne travaille pas sur l’air d’un temps qui se questionne, mais visiblement il est en traversé.
Au fond de soi Un fil rouge est donc la transidentité, c’est-à- dire cette possibilité nouvelle, du moins dans les proportions qu’elle revêt actuellement, de changer son genre de naissance, de corriger une dysphorie, de disposer de cette liberté absolue de se transformer en celui, en celle, que l’on veut être. Une question qui interroge bien sûr la construction culturelle de la fémi- nité et de la virilité, et qui sera au cœur du feuilleton théâtral Mesdames, Messieurs et le reste du monde, conçue par David Bobée, directeur du Centre Dramatique National de Haute Normandie, et membre actif du collectif Décoloniser les arts. Etre Noir, être femme,
être trans, que signifient ces assignations, Saison sèche, Phia Ménard © Jean-Luc Beaujault pour soi, et dans le regard des autres ? Saison sèche, la nouvelle création de Phia Ménard, et Trans (Més Enllà), de Didier Ruiz, par la danse et l’in- que le cabaret de Monsieur K (Jérôme Marin) chantera plutôt le discipline pour l’une, le témoignage pour l’autre, aborderont aussi la travestissement. représentation non binaire du genre, que Vanasay Khamphommala, L’interrogation sur l’identité individuelle, l’Ipséité et le Dasein diraient musicien et chanteuse (Sujet à vifs) incarnera également, tandis les philosophes, passe aussi par des voyages archaïques. Thyeste 14 festivals
de Sénèque, c’est-à-dire l’adultère, la ven- geance fratricide, l’infanticide, mis en scène par Thomas Jolly ouvrira le Festival dans la Cour du Palais des Papes. Tragique aussi l’Antigone de Sophocle, mise en scène par Olivier Py avec les détenus du Pontet : la voix de la jeune fille, son oppo- sition à un pouvoir arbitraire, incarnées par un homme et travaillées dans un univers carcéral, vibrent d’une façon particulière... qui a aussi inspiré le Pur Présent à Olivier Py, une trilogie nourrie d’Eschyle et reposant sur les instants fulgurants de bascule tragique. Tragique encore, fatal, archaïque, mais passé au filtre binaire du choix classique et de la possibilité d’expiation, Iphigénie de Racine, mis en scène par Chloé Dabert.
Danse La programmation de danse est particuliè- rement passionnante, sans doute parce que le corps est aussi une voix archaïque, où la conscience se fait jour. C’est Emanuel Gat qui succèdera à Thomas Joly dans la Cour, pour une Story Water où le chorégraphe, qui Théâtre est aussi un compositeur forcené, répondra à Quelques spectacles à ne pas manquer ? Grand Théâtre d’Oklahoma à partir des derniers Boulez, faisant dialoguer ses danseurs avec Arctique d’Anne-Cécile Vandalem, qui ose écrits de Kafka, dont se sont emparés les l’Ensemble Modern... On retrouvera aussi écrire, mettre en scène et jouer une histoire à acteurs handicapés de la troupe Catalyse, Sasha Waltz à la Fabrica, l’incroyable et si rebondissements glaçants ; Ivo Van Hove mis en scène par Madeleine Louarn et émouvant Raimund Hoghe, Rocio Molina bien sûr, qui dramatise et met en scène De Jean-François Auguste. Et Ahmed revient, et son flamenco qui n’en est plus (ou juste- Dingen, die Voorbijgaan (Vieilles choses et où Didier Galas reprend le personnage ment est-ce cela ?), Ali Chahrour et son temps qui passe) un roman familial naturaliste d’Alain Badiou, et le fait tourner, en accès travail lyrique sur la masculinité orientale, de Louis Couperus (en néerlandais surtitré) ; libre, dans les collèges, les hôpitaux et les tous les programmes des Sujets à vifs, et la grande saga trilogie de Julien Gosselin salles des fêtes du Grand Avignon, pour une pour la première fois Les Hivernales qui font à partir des textes du romancier américains « décentralisation des 3 kilomètres » chère à leur entrée dans le « In », avec Ben & Luc de Don DeLillo, qui cette année ne durera que Olivier Py. Mickaël Phelippeau, et un solo de Jan 8 heures ; un Tartuffe rock et baroque en Martens (voir p 26). lithuanien par Oskaras Koršunovas ; Le D’ici, notre ailleurs On notera que le Festival produit et programme plusieurs artistes de la région, qui parlent justement de sa capacité d’accueil : Mickaël Phelippeau, artiste associé au Merlan, et son double portrait de Burkinabés : Gurshad Shaheman, formé à l’Erac et produit par les Bancs publics, pour un oratorio composé à partir de paroles d’exilés, Il pourra toujours dire que c’est pour l’amour du prophète ; et le délicieux collectif Ildi ! Eldi qui dans OVNI(S), et dans un tout autre registre, nous parlera de notre fantasme d’extraterrestres.
Et tout le reste !
, Ivo van Hove © Jan Versweyveld De Dingen die Voorbijgaan Ce sont 45 spectacles, dont 36 créations, qui sont programmés. Avec de la musique, avec Ici-Bas qui clôturera le Festival dans la Cour, sur des mélodies de Fauré interprétées par une impressionnante brochette de stars de la chanson (Dominique A, Philippe Katerine, Jeanne Added, Camille...). Et des propositions jeune public, pour que les 15 Le Festival en chiffres Budget Avec un budget de 12,8 millions d’euros, le Festival semble bien doté par les collectivités. Un constat à nuancer : 44% de ce budget sont des recettes propres (billetterie, productions), et 56% des subventions. Soit 7,3 millions d’euros, répartis entre l’État (4 millions, soit 31% du budget), la Ville d’Avignon (1 million, soit 8% du budget), la Communauté d’Ag- glomération du Grand Avignon (1 million, soit 8% du budget), la Région (800 000 euros soit 6% du budget) et le Département de Vaucluse (650 000 euros, soit 5% du budget). En 2017 plus de 150 000 billets ont été délivrés, dont 110 000 payants, ce qui porte à 48 euros par place l’aide publique apportée au Festival. Une moyenne nettement inférieure aux établissements dramatiques nationaux (110 euros en 2014) et sans comparaison avec les dépenses pour les spectateurs d’art lyrique. Un constat qu’Olivier Py dresse chaque année, déplorant de ne pouvoir prolonger les 3 semaines du Festival de quelques jours, ou ouvrir un autre lieu, afin de délivrer les 20 000 places supplémentaires que les spectateurs réclament. Spectateurs , Oskaras Korsunovas © D. Matvejev Tartiufas-Tarfuffe Car il n’est pas facile d’avoir des places à Avignon pour certains spectacles. Cette année encore, à l’ouverture des réservations pour les Avignonnais, certains ont dormi à la porte du Cloître Saint Louis, pour être sûrs d’avoir enfants, et leurs parents, viennent un peu au Festival des places. (voir encadré) : Au delà de la forêt, le monde, un conte Le Centre Norbert Elias (Université d’Avignon) a produit une enquête initiatique qui parle du parcours d’exilé Afghans (mise précise sur le public de l’édition 2017, riche d’enseignements : il est en scène Inês Barahona et Miguel Fragata) ; Léonie composé de 60% de femmes, les jeunes de moins de 30 ans y sont bien et Noélie, un texte étrange sur la gémellité de Nathalie représentés (19%) ainsi que les 56/65 ans (25%), alors que les 36/45 ans Papin mis en scène par Karelle Prugnaud. sont, proportionnellement, les moins représentés. Leur point commun ? Et au festival d’Avignon on lit aussi ! On écoute le cycle ils ne sont pas (encore) parents, ou parents d’enfants adultes. Les parents de l’Adami (Ecrits d’acteurs) ou celui de RFI (Ça va ça d’enfants de moins de 20 ans représentent moins de 15% des festivaliers va le Monde) au Jardin de Mons, la Correspondance (pour 37% des Français adultes). de Camus et Casarès, Sami Frey ou Serge Valletti Si les festivaliers fidèles sont très présents (13% des 56/65 ans ont participé au Jardin de Calvet. On s’attarde à l’exposition Jeanne à plus de 25 éditions !), les primo festivaliers se retrouvent dans toutes Moreau une vie de Théâtre (Maison Jean Vilar, voir p les catégories d’âge. Les diplômés de l’enseignement supérieur sont plus 16), à la Nef des Images, au cinéma avec Arte qui nombreux que dans l’ensemble de la population, mais près de 10% des propose en accès libre une passionnante Collection festivaliers sont ouvriers ou employés. de films de théâtre. Quant à leur provenance géographique, elle est stable depuis des années : Et puis, presque aussi difficile d’accès parfois que le 10% de spectateurs internationaux, 31% de spectateurs des départements feuilleton théâtral de l’été, où le public fait la queue voisins (dont la moitié des Bouches-du-Rhône et de Vaucluse), entre 9 et puis s’agglutine, et repart bredouille pour une large 11% de Franciliens, entre 28 et 30% de Français d’autres départements. part, les Ateliers de la pensée à Louis Pasteur. On y Le point commun le plus notable de tous ces spectateurs ? Ils sont refait le monde, le théâtre, parce que l’un ne va pas sans beaucoup plus nombreux que la moyenne des Français à avoir reçu, l’autre et que le verbe, toujours, précède les créations durant leur scolarité, un enseignement artistique, à avoir rencontré des et les genèses. Le programme est, cette année encore, artistes, à pratiquer un art. passionnant. A.F. AGNÈS FRESCHEL L’édition 2018 47 spectacles, dont 8 Sujets à vif 35 créations dont 26 sont produites ou coproduites par le Festival d’Avignon 50 % de théâtre, 50% de la danse, de musique ou d’ « indiscipline » 50 d’artistes primo invités, 50% qui reviennent 50% de spectacles français, Festival d’Avignon 50 % de spectacles étrangers 6 au 24 juillet festival-avignon.com 55% de spectacles signés par des hommes, 45% par des femmes 16 festivals Cet été on reste à la Maison !
Le nouvel élan amorcé l’été dernier à la Maison Jean Vilar se confirme avec une multitude de propositions dans un bâtiment rénové
l est là, il est retrouvé, revenu, le mobile de Calder, star de la Maison Jean Vilar. ICréé par le plasticien comme élément de décor de la pièce Nucléa d’Henri Pichette en 1952 (mise en scène par Jean Vilar au TNP), il trône au plafond du hall tout beau tout neuf, cloisons abattues, couleurs rouge et bleu, signature du graphiste Jacno qui élabora toute la signalétique des débuts du Festival d’Avignon, volumes spacieux : un véritable saut dans le contemporain, doublé d’un retour aux sources affirmé, belle entrée en matière pour ce lieu dévolu à la mémoire et la transmission du théâtre populaire. Nouvel espace, nouveau projet, salué par les dis- cours de Cécile Helle, maire d’Avignon, Olivier Py, directeur du Festival d’Avignon, et Michel Bissière, conseiller régional, lors de l’inauguration de l’exposition Cabu, le théâtre à main levée (jusqu’au 21 décembre).
Des histoires à vivre Les 34 croquis du dessinateur de presse pro- posent de suivre Cabu dans les coulisses de sa Jeanne Moreau dans le Prince de Hombourg © A. Varda passion pour le théâtre. Il s’y rendait plusieurs fois par semaine depuis les années 60, pour Affiches, pages et ondes Dames d’Avignon ses articles politiques (Canard enchaîné), Olivier Py nous dira Une Histoire du Fes- Hommage sera rendu à Sonia Debeauvais, critiques (Hara Kiri et Charlie Hebdo), illustratifs tival d’Avignon en 72 affiches (8, 15 et 23 collaboratrice de Jean Vilar, « reine-ouvrière (Le Figaro), ou tout simplement... pour le juillet). Au rythme d’une image par an, les d’Avignon et de Chaillot » (10 juillet, avec les plaisir. Son regard était acerbe et amoureux. affiches élaborent la légende de chaque été témoignages de Jacques Nerson, Jacques Il attrapait un rictus, une série de chapeaux avignonnais, les tendances, les évolutions des Tephany, Jean-François Perrier...). posés sur des collets montés de spectatrices, canons théâtraux. Une histoire qu’Olivier Py L’événement estival de la Maison Jean Vilar ou Ariane Mnouchkine, reconnaissable « parmi décryptera sur scène. sera l’exposition consacrée à celle qui fit vibrer les spectateurs qui évoluent au milieu des Des rencontres autour « Des auteurs et des le cœur des festivaliers depuis sa première tréteaux, surveillant ses comédiens ». Dans le livres » dans la Librairie du Festival, installée édition : Je suis vous tous qui m’écoutez, noir des représentations et au fil des années, cette année au rez-de-chaussée du bâtiment Jeanne Moreau une vie de théâtre. Des le trait s’épure et s’émancipe, le théâtre se (13, 14, 15, 16 juillet), animés par Raphaël Bap- débuts avec Jean Vilar, jusqu’à 2011 avec libère aussi : les dessins nous racontent une tiste de la radio L’Écho des planches, chaque Etienne Daho, Jeanne Moreau a habité le certaine histoire de la scène et du public. fois autour d’un thème (Théâtre de la cruauté, Festival. Présence forte, sensuelle, déterminée Le 11 juillet, l’Histoire cognera encore à l’Hôtel Théâtre et prison, Théâtre et féminisme...) – féminine. Laure Adler assure le commis- de Crochans, qui propose une rencontre autour L’ADAMI s’invite aussi à la Maison : pour la sariat de ce parcours immersif (scénographie de « L’été 1968 et nous », pour une mise en 5e année, la société gestionnaire des droits Nathalie Crinière), qui débute dans la loge perspective des remous qui avaient bouleversé des artistes interprètes propose à un metteur de la comédienne, nous emmène sur la scène le Festival de l’été 68 et de leurs résonances, en scène de créer un spectacle original avec du Palais des Papes, au son de sa voix qui se résurgences, dans nos pratiques théâtrales dix jeunes comédiens sélectionnés dans le raconte et nous emporte. aujourd’hui. (Antoine de Baecque, Denis cadre du dispositif « Talents Adami ». En 2018, ANNA ZISMAN Guénoun, Didier Ruiz,...). Le 12 juillet, une Samuel Achache relève le défi et réalise journée d’hommage à Jack Ralite devrait l’adaptation radiophonique d’une pièce créée nous rappeler comment, entre défense de à l’automne 2017, inspirée de la nouvelle la création et souci de partage, le ministre fantastique d’Edgar Allan Poe, La Chute de Maison Jean Vilar, Avignon communiste de la santé sut réinventer l’idée la maison Usher (répétitions publiques les 04 90 86 59 64 maisonjeanvilar.org même d’une politique culturelle. 22 et 23 juillet). 17 #BalanceTonOff
En avril Zibeline lançait une enquête auprès des compagnies sur les abus de certaines salles du Off. Trois mois et 326 réponses plus tard, les résultats sont contrastés, et plutôt positifs !
e Off se porte bien, dans un paysage théâtral en souffrance ! La plupart des théâtres, Lproducteurs des spectacles ou loueurs de salles, sont salués par les compagnies comme étant de véritables compagnons, attentifs à ce qu’ils programment, accompagnant la diffusion et offrant une véritable vitrine à des spectacles qu’ils ont choisis. Ce sont certains lieux permanents (voir Zib’ 117), mais pas seulement. L’esprit de service public les anime, et l’amour du théâtre. Depuis que Pierre Beyffete est arrivé à la tête d’AF&C, une charte des bonnes pratiques s’est élaborée, et les compagnies se sont récemment regroupées pour se défendre au sein de l’Association Les Sentinelles. L’opa- cité ne règne plus tout à fait, même si l’on craint que le dévoilement des abus éloigne le public de certaines salles aux pratiques douteuses. Car elles existent, peu nombreuses, transformant le Off historiquement libertaire en un marché libéral au mieux, une véritable exploitation des artistes au pire. Et défigurant pour certaines les rues d’Avignon.
Agressivité commerciale Le premier problème évoqué par les com- pagnies est le comportement de certains entreprises de spectacle débarquées plus ou moins récemment dans le Off : Le Palace, « Théâtre d’humour », avec ses « 5 salles cli- matisées » affichant chacune 8 créneaux au moins (Ma maîtresse en maillot de bain, Ma sœur est un boulet, Les hommes se cachent pour mentir, Sensiblement viril...) occupe le © De.M bas de la rue principale d’Avignon, ayant privé la ville d’un cinéma de 5 salles pour Chevaliers du fiel, Marianne James, Élie public pendant le Off (affichage, parades...). un théâtre prétendument permanent mais Semoun...), affiche depuis des années son Leurs parades, sonorisées, motorisées, sont fermé 320 jours par an : les poncifs de ses ambition : il s’agit d’exporter le « spectacle » ressenties comme agressives, ils inondent tous affiches surplombent des mois durant ses parisien, sans se donner d’ailleurs l’alibi du les lieux de flyers, installent des kakemonos sur grandes portes closes. théâtre. Pourquoi pas ? Mais ces entreprises la place de l’Horloge, recouvrent et arrachent Un peu plus loin Le Paris, avec ses deux salles privées bénéficient et abusent des dérogations les affiches, s’arrogent des exclusivités dans destinées à la comédie « vue à la télé » (Les accordées quant à l’occupation de l’espace la rue de la République... et parviennent à suite p.18 18 festivals
Subventionnées Non Subventionnées Conditions techniques A eu des relations tendues avec le théâtre 35% 77% A eu moins de 30 mn avec le créneau suivant ou précédent 57% 82% La billetterie a été prise en charge par le théâtre (sans supplément) 84% 35% La communication a été prise en charge partiellement 84% 35% La technique a été prise en charge partiellement 100% 92% Conditions financières A été accueilli en coréalisation (partage des recettes) sans minimum garanti 32% 3% A été accueilli en coréalisation avec minimum garanti 19% 22% (versé si les recettes sont insuffisantes) A loué un créneau à moins de 100 euros le siège 34% 44% A loué un créneau à plus de 100 euros le siège 15% 31% A perdu de l’argent 100% 100% Retombées N’a pas vendu de représentations ultérieures 48% 51% En a vendu moins de 10 30% 22% En a vendu plus de 10 22% 27% A eu l’impression d’être choisi pour des raisons artistiques 64% 42% A eu l’impression d’être choisi pour remplir un créneau 36% 58% Reviendra faire le Off 63% 92% Non : trop d’argent perdu 37% 8% Oui, c’est une vitrine incontournable pour les programmateurs 10% 72% Oui, c’est le meilleur moyen d’avoir du public 2% 8% Oui, pour le plaisir de jouer tous les jours 51% 12%
occuper le terrain médiatique (Forum Fnac, Insécurité et inconfort Plus grave encore : alors que la commission télés...), du moins celui qui ne cherche pas L’autre problème évoqué massivement dans de sécurité qui accorde le label ERP (éta- plus loin que son audience immédiate. Un les réponses au questionnaire est celui de blissement recevant du public) est plutôt metteur en scène qui travaille sur Dubillard l’inconfort, voire de l’insécurité des conditions tatillonne, exigeant une trappe anti-attentat explique ainsi le préjudice qu’il ressent : de représentations dans certains lieux. Au sur le toit des nouveaux bâtiments, des rampes « Ces théâtres ont introduit le réflexe de la Théâtre de l’Ange il faut ranger le décor d’évacuation pour les sorties de secours, de consommation comique dans un festival où le après le spectacle dans une camionnette coûteuses peintures anti-incendie... certains rire était subversif et poétique. Ils fonctionnent commune, et le ramener et le réinstaller « théâtres » semblent échapper à tout contrôle, sur la dérision, l’avilissement de l’autre, la chaque jour. Au Laurette, il se range dans soit qu’ils ne sont pas visités parce qu’ils ne traque du comique et du ridicule chez le la ruelle à coté, et il n’y a pas de loges, pas de demandent pas d’autorisation, soit parce voisin, le partenaire sexuel, le collègue de coulisse, comme à la Tâche d’encre : il faut qu’ils changent la disposition des lieux après bureau (...). Il devient de plus en plus difficile arriver costumé et maquillé. Au Théâtre des le passage de la commission de contrôle, de défendre une autre comédie, on n’est pas Remparts il faut passer par la scène pour plaçant matériel et décor devant les portes de à armes égales ! » aller aux toilettes, à L’Atypic ou à L’Es- secours, rajoutant des sièges pour augmenter saïon se contenter de 5 ou 10 minutes entre les spectacles. Pour évacuer un public qui applaudit encore, faire entrer les spectateurs qui suivent et... changer d’équipe et de décor dans le même temps. 19 la jauge, bouchant les aérations pour éviter plupart du temps le lieu et la compagnie se le bruit de la rue trop proche... Le Théâtre partagent la recette à égalité, avec souvent du Centre ou le Théâtre du Rempart un minimum garanti pour le théâtre, seuil semblent, d’après les réponses concordantes rencontrent un succès, sont programmées en-deçà duquel la compagnie ne touche rien. de plusieurs compagnies, familiers de ce le plus longtemps, jusqu’à 80 dates pour Mais elles n’obéissent pas toutes aux mêmes genre de pratiques... certains... C’est pourquoi toutes, ou presque règles : au Théâtr’enfants de Montclar on ne (92%), disent qu’elles reviendront à Avignon, demande que 500 euros de frais, on assure la malgré la perte financière ! communication, la technique et la billetterie, Dépouillement et plus généralement on suit la création et la des questionnaires Conditions financières diffusion des spectacles. Le petit Théâtre Au-delà des témoignages spontanés que nous Car le plus marquant au fil du dépouillement des Barriques n’accueille que 49 specta- avons reçus, 326 compagnies ont répondu au fut l’unanimité parfaite des réponses : qu’elles teurs mais pratique la coréalisation 50/50 questionnaire #BalanceTonOff : malgré leur proposent des petits ou grands spectacles, dans sans minimum garanti, et met à disposition nombre elles ne sont pas représentatives de un théâtre permanent ou un garage d’occasion, deux techniciens... Pas grand chose à voir ce qui s’y passe. D’une part parce que ce sont qu’elles soient accueillies en coréalisation avec la coréalisation pratiquée au Théâtre sans doute celles qui ont été le plus maltraitées ou en location, qu’elles soient de la région de l’Alizé qui prélève 5000 euros et ne qui ont répondu, d’autre part parce que le -ce qui réduit leurs frais-, qu’elles dorment partage qu’au-delà, reversant de fait 20 à questionnaire, relayé par Zibeline dans le Sud au camping, en location ou chez l’habitant, 30% seulement des recettes à la compagnie... Est, et par Les Sentinelles à Paris, a intéressé et même si elles ont rempli la salle et vendu Les délais de versement des recettes semblent essentiellement les compagnies de PACA (113 des dates, toutes les compagnies disent avoir d’ailleurs problématiques pour un certain réponses) et d’Île de France (134 réponses), perdu de l’argent. Toutes payent, cher, pour nombre de compagnies accueillies en coré- « échantillon » particulier donc, même si des pouvoir jouer. alisation, dont 20% disent avoir été payées Belges, quelques Suisses, des Bretons et des La règle qui semble s’appliquer tacitement est après plus de 3 mois. Quelques-unes relèvent Limougeauds ont répondu… Le mode de celle de 100 euros la place. Entendez qu’un des « frais » inattendus : amendes parce que diffusion du questionnaire a aussi impacté créneau dans une salle de 38 places se loue trop d’invitations au Théâtre Laurette qui sur la nature des réponses apportées : ce sont 3800 euros comme la Salle Roquille, mais prélève également 1€ par billet vendu alors plutôt des compagnies subventionnées qui que le créneau dans une salle de 149 places qu’il loue sa salle de 49 places 6100 euros, ont répondu en PACA (57 sur 113, certaines comme le Théâtre des Lucioles peut monter amendes pour « dépassement d’horaires » répondant plusieurs fois puisqu’elles ont « fait jusqu’à 15 000 euros. Certaines sont un peu à L’Essaïon (celui qui ne laisse que 5 à 10 le off » plusieurs fois), et non subventionnées moins chères, comme le Théâtre de l’Oulle minutes entre chaque créneau...), supplément en Île de France (93 sur 134). qui loue 17 000 euros sa salle de 190 places, ou pour location de projecteur supplémentaire Les différences sont notables : les compagnies Le 11 (Gilgamesh/Belleville associés depuis à L’Artéphile. subventionnées, mais aussi les compagnies 2017) qui loue 15 500 euros sa salle de 200 de PACA, sont accueillies dans de meilleures places. Quant au Collège de la Salle, les prix Au-delà des cas contestables conditions, des salles plus grandes qui pour un accueil souvent rocambolesque sont Mais en dehors de ces pratiques contestées, prennent en charge la billetterie, la communi- assez bas : la salle de classe louée 4000 euros la plupart des compagnies savent que ceux cation... Elles payent moins cher, bénéficient accueille jusqu’à 49 spectateurs, les salles de 50 qui les accueillent ont choisi leur spectacle parfois de coréalisations, ont l’impression places obéissant à d’autres règles de sécurité. parce qu’ils avaient envie de le défendre, de d’être choisies pour des raisons artistiques, et Pour cette même jauge très répandue de 49 le montrer. Par passion du théâtre et, pour sont plus nombreuses à déclarer avoir vendu places, l’Espace Alya loue ses créneaux 7500 certaines, avec un certain esprit de service des représentations ultérieures. Paradoxa- euros, et le Théâtre du Centre 7200 euros, public. Que certains théâtres privés n’hésitent lement, ce sont aussi elles qui déclarent ne tout deux sans billetterie assurée, et avec une pas aujourd’hui à revendiquer (voir p 22), pas vouloir revenir à Avignon, y ayant perdu plaquette comme seul outil de communication joignant leur voix à celle du Festival d’Avignon. trop d’argent. Sans doute parce que, pour le mis à disposition. Le vrai : celui qui produit des spectacles, paye circuit subventionné, il existe encore d’autres Au Girasole la salle de 148 places se loue les artistes, les loge, les nourrit, les promeut, « vitrines » pour donner à voir ses créations... 17 500 euros. Pourtant le « siège » le plus cher les accueille. Et écrit une autre histoire, celle Les petites compagnies, d’1 ou 2 artistes et reste celui de La Manufacture, qui loue sa du théâtre public. 1 technicien, jouent souvent dans des salles salle de 88 places 13 000 euros, et la Patinoire AGNÈS FRESCHEL de moins de 50 places, font leur billetterie, de 180 places 24 000 euros. Mais le « collectif tractent, paradent, prennent les réservations contemporain » propose une programmation elles-mêmes, se disputent avec les théâtres réfléchie, engagée, artistiquement passionnante Méthodologie qui les programment, et se séparent parfois et remarquablement accompagnée. Ce qui a Les 326 réponses au questionnaire étant ano- à l’issue de l’expérience. Les tensions sont un coût, et la Manufacture publie d’ailleurs nymes, et donc invérifiables, nous publions nombreuses, et les retombées très diverses. ses comptes... uniquement les noms des théâtres apparais- Mais articles de presse et augmentation de Les coréalisations sont aussi très diverses. La sant plusieurs fois, avec des montants et des la notoriété sont souvent à la clef, et les pro- appréciations similaires. Cet article se fonde grammateurs font aussi leur marché dans également sur des témoignages plus complets les petits lieux, auprès de compagnies non recueillis par mail ou via le site journalzibeline. subventionnées. Si la plupart d’entre elles (51%) fr, dont nous avons vérifié les sources et dont ne vendent rien, ce sont elles qui, lorsqu’elles nous respectons l’anonymat. 20 festivals À Avignon, En mai, sept directeurs avignonnais se réunissaient le service public pour affirmer un esprit commun de service public. Rencontre de culture avec trois d’entre eux
aul Rondin est le directeur délégué du Vous acceptez qu’on dise In et Off ? subventionnés directement mais accueillons Festival d’Avignon, nommé et sub- Paul Rondin : Ah non, cela induit une sorte des compagnies qui le sont, et nous sentons Pventionné par la puissance publique. de parallèle entre nous. Nous sommes, his- animés sinon par des missions, du moins Claire Wilmart (L’éveil artistique, scène toriquement, structurellement, le Festival par un esprit de service public. Au-delà du conventionnée jeune public) et Isabelle d’Avignon, c’est-à-dire que nous produisons financement, nous faisons le travail, nous allons Martin-Bridot (Les Hivernales, Centre et coproduisons les artistes, nous les payons à Saint Chamand, dans les collèges, expliquer, de Développement Chorégraphique National) pour jouer, et non l’inverse. Cela n’empêche rencontrer, nous ouvrons les plateaux, nous dirigent des structures labellisées par l’État accompagnons les artistes vers les publics, et ont, comme Alain Timár (Théâtre des parce que nous pensons qu’il est important Halles) et Alain Cofino Gomez( Théâtre que chacun ait accès à cela. des Doms, théâtre de la création belge « Le théâtre public est Claire Wilmart : On est là pour que des francophone), une activité à l’année, avec artistes rencontrent des spectateurs. Pas une programmation particulière durant le une chose qui se fait pour développer un marché. Off. Quant à Fida Mohissen (le 11 Gil- sérieusement, parce qu’il Pourtant à la Manufacture les créneaux gamesh Belleville) et Pascal Keiser (La est un bien commun et un sont plutôt chers... Manufacture), ils proposent durant l’été une Paul Keiser : Ce n’est pas le propos, nous 22 & 23 JUIN 29 JUIN 30 JUIN programmation remarquable de créations carrefour de redistribution pratiquons tous à peu près le même prix, pour LES NUITS FLAMENCAS UN BREAK à MOZART 1.1 HUGH COLTMAN contemporaines, issues largement du théâtre de moyens publics. Lorsque programmer du théâtre public ou privé. À la KADER ATTOU / ACCRORAP — ORCHESTRE DES ÉLYSéES public. Ensemble, dans une tribune cosignée, Manufacture il n’y a pas de projet privé, tous JESúS CARMONA THE GREAT AMERICAN ils défendent l’idée d’un service public de ces derniers nous sont sont subventionnés, tous sont des créations. MARíA PAGéS SONG BOOK la culture. confiés, directement ou Dans l’équipe on a tous un boulot à l’année 0 18 et on ne gagne pas notre vie par l’exploita- 2 indirectement, cela nous É tion du Festival. L’argent des créneaux sert T
Zibeline : Pourquoi cette alliance entre donne une responsabilité à accompagner les artistes, pour la technique, É SCÈNE NATIONALE des structures avignonnaise si différentes, financière et morale. Nous la médiation des publics, la communication, le et qu’est ce qui vous unit ? personnel... Nous ne faisons pas de bénéfices, Paul Rondin : Avant tout la conscience que devons rendre des comptes, et nos comptes sont publics. la politique publique recule face à la loi du et nous les rendons bien. » Est-ce le rapport au public qui définit un marché, que quelque chose est en train de projet de service public ?
se casser. Or tous ici, malgré nos différences Déclaration commune Claire Wilmart : Evidemment, il s’agit d’éta- E structurelles, nous défendons un théâtre de « Pour un service public de la culture », blir une relation qui n’est pas de l’ordre de la R Avignon, mai 2018 T service public. consommation, avec des propositions qui ne CHÂTEAUVALLON Â É Pascal Keiser : Nous ne sommes pas si sont pas de l’ordre du divertissement, mais A H différents. Nous programmons les mêmes qui permettent de libérer notre imaginaire M P H I T artistes, qui passent du In au Off, tout comme Paul Rondin : et de « construire notre libre le public, qui circule. Olivier Py, à son arrivée, a arbitre » comme nous l’avons écrit. Nous 6 & 7 JUILLET 20 & 21 JUILLET 27 & 28 JUILLET permis d’assumer ce lien entre deux festivals pas de reconnaître le travail de service public sommes persuadés du rôle sociétal de l’art, et ALEATORIO LE TRIOMPHE DE L’AMOUR GOLDEN DAYS qui ne voulaient pas se parler jusque là. accompli par certains théâtres du Off. On qu’il est indispensable à la vie démocratique. Sous la présidence de S.A.R la Princesse de Hanovre devrait dire des Off d’ailleurs, et qu’ils s’or- MARIVAUX ATERBALLETTO ganisent à partir de certains critères, mais LES BALLETS MISE EN SCÈNE DENIS PODALYDÈS Johan Inger ce n’est pas à moi de le dire. DE MONTE-CARLO Justement, quels sont ils ces critères de Jean-Christophe Maillot service public qui vous rapprochent ? Paul Keiser : Nous ne sommes pas T. 04 94 22 02 02 CHâteauvallon.com 21
Cette mission de service public, qu’on Paul Rondin : Oui, c’est important. Dire non, vous a attribuée ou que vous adoptez par « Réduire l’investissement avec le risque assumé de se tromper, ça ne rend conviction, ne reposerait-elle pas plutôt, pas très populaire, mais c’est nécessaire : nous ou aussi, sur les choix artistiques que vous public, croire que le privé invitons le public à rencontrer des spectacles, opérez, sur l’émergence, la création, et jouera le rôle de la prise à donner de son temps et de son argent, mais sur des convictions esthétiques ? de risque, de la découverte surtout de sa capacité imaginaire. On ne peut Claire Wilmart : Bien sûr. On a tellement lancer cette invitation que si on est convaincu pris l’habitude de justifier notre existence et de l’accompagnement que la rencontre se fera. et nos financements par notre utilité sociale des jeunes talents et de Cet esprit là, de service public, est en recul que l’on n’a plus le réflexe de ces arguments. partout : seuls les cheminots peut-être Paul Rondin : Oui, et au fond c’est cela qui la médiation des publics le défendent encore, ou les profs, qui nous rapproche avant tout, l’exigence artistique, est une erreur grave qui font passer les intérêts du transport ou la conviction esthétique de l’éducation avant leur intérêt profes- Paul Keiser : Le fait de dire à un artiste, « non met en péril 70 années de sionnel. N’est-il pas dépassé ? tu n’es pas encore prêt, pas cette année, pas dynamisation du secteur des Paul Rondin : Si l’on veut que des artistes avec ce spectacle » passe bien avant le fait arts vivants par la puissance émergents puissent émerger, si l’on veut que qu’il est prêt à louer un créneau. Ne prendre le théâtre et l’art puissent s’adresser à tous, on que des spectacles que nous avons envie de publique. » ne peut pas compter sur le privé. C’est le sens défendre, et pas du bout des lèvres : nous Déclaration commune exact de la déclaration commune que nous voulons les aider et les suivre dans le processus « Pour un service public de la culture », avons faite. Et tant que nos théâtres seront de création, de diffusion, leur donner de la pleins, et ils le sont, cet esprit là sera vivant. Avignon, mai 2018 visibilité, leur faire rencontrer le public quand ils ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL sont prêts, à plusieurs étapes de leur création.
22 & 23 JUIN 29 JUIN 30 JUIN LES NUITS FLAMENCAS UN BREAK à MOZART 1.1 HUGH COLTMAN JESúS CARMONA KADER ATTOU / ACCRORAP — ORCHESTRE DES ÉLYSéES THE GREAT AMERICAN MARíA PAGéS SONG BOOK 0 18 2 É T
É SCÈNE NATIONALE
E R
T CHÂTEAUVALLON Â É A H M P H I T 6 & 7 JUILLET 20 & 21 JUILLET 27 & 28 JUILLET ALEATORIO LE TRIOMPHE DE L’AMOUR GOLDEN DAYS Sous la présidence de S.A.R la Princesse de Hanovre MARIVAUX ATERBALLETTO LES BALLETS MISE EN SCÈNE DENIS PODALYDÈS Johan Inger DE MONTE-CARLO Jean-Christophe Maillot
T. 04 94 22 02 02 CHâteauvallon.com 22 festivals Entre expansion et le Off tensions économiques : balance La proposition alternative des théâtres avignonnais, balbutiante à l’été 68, réfléchit à une institutionnalisation pour éviter la précarisation ambiante
ls sont tellement vertigineux, quasi hyp- notiques ces nombres, d’une année sur Il’autre... Jetons-nous y d’emblée, on ne peut y résister. Le Festival Avignon Off 2018, ce sera : 1538 spectacles, 133 lieux (dont 125 théâtres), 4667 artistes. Pierre Beffeyte, président de l’as- sociation Avignon Festival et Compagnie (AF&C) les annonce l’air presque un peu las : « oui, on peut effectivement dire que c’est le plus grand théâtre du monde, mais il ne faut pas réduire le festival aux nombres »*. Et d’embrayer sur la « précarisation grandis- sante, criante » des artistes du Off. Depuis l’an dernier, il semble qu’il souffle un vent de prise de conscience sur les marches du Palais des Papes. Pénétrer dans la ville aux remparts a un coût, souvent de plus en plus Compétitifs © Georgia Robin La violence des riches , Cie Vaguement exorbitant pour des compagnies toujours plus exsangues, venues dans le saint des saints jouer leur va-tout, quitte à se mettre définitivement en péril (voir p 17 à 21). Prenant la mesure de cette situation, les membres (sous l’égide de la fondation FACE, engagée Les fonds collectés (auprès du public et des d’AF&C, désireux d’améliorer le statut des contre toutes les formes d’exclusion). Par mécènes) permettront d’alimenter le Fonds artistes, et probablement aussi conscients du cette initiative, AF&C souhaite poursuivre de soutien à la professionnalisation créé par risque qui pèse à moyen terme sur la qualité sa réflexion autour des conditions de travail AF&C l’an dernier (80 projets soutenus en du festival lui-même, ont impulsé en 2017 une des artistes du Off et réfléchir à inventer un 2017 ; cette année, l’aide s’élèvera à raison série d’actions étalées sur trois ans. Lancée nouveau cadre pour encourager et développer de 50 € par jour et par artiste). le 1er juin dernier, une fondation a été créée « des pratiques saines » au sein du festival. suite p.24 Théâtre national de Marseille La Criée 18/19
La Part du désir et des rêves...
Théâtre, Grands Textes, Créations, Expositions, Musiques, Invasions, Cinéma, Photographie © Macha Makeïeff Avant-Garde, Contes, Festivals, Danse, Enfance et Artistes visionnaires...
Abonnez-vous ! Réservez ! www.theatre-lacriee.com 24 festivals
drames des migrants d’aujourd’hui. Est-ce possible de revenir (en arrière) ? Un conte épique et émouvant, en musique. La nouvelle création du Collectif 8 (que Zib suit depuis ses débuts) promet d’être envoûtante. Gaële Boghossian adapte et met en scène le Faust de Goethe. Elle ne se laisse pas contaminer par la noirceur du mythe, laisse affleurer humour et irrévérence, convoquant quatre comédiens, musique électro et vidéo en live, pour une plongée captivante dans l’âme humaine. Artéphile réunit, comme chaque année, sa programmation autour d’un thème. En 2018, les 16 spectacles se relieront sous le signe de l’ « Entropie. Sommes-nous source de dysfonctionnement ou de déséquilibre ? » Grave question, sujet tant physique que phi- Faust, Collectif 8 © Maghann Stanley losophique, qu’il ne faudra certainement pas prendre au pied de la lettre pour apprécier Mon grand-père, texte de Valérie Mréjen (1999), mis communiquer, circuler en scène par Dag Jeanneret (Cie In Situ) et L’amélioration des conditions économiques de merveilleusement interprété par Stéphanie l’ensemble du secteur passe par une refonte Marc (à lire sur journalzibeline.fr). L’auteure de la communication pour développer la fré- livre ses souvenirs familiaux dans un style quentation dans les salles. Une enquête sur la volonté de développer le dialogue entre faussement plat. Pas de sentimentalisme (et les publics, très fouillée, a été menée l’été les compagnies et les lieux d’accueil, « afin pourtant, la vie n’est pas simple dans cette dernier (avec la collaboration du laboratoire d’éradiquer certains fantasmes », précise famille des années 70, où suicides et trahisons Culture et Communication de l’Université AF&C, événements, formations (dispensées se disputent la vedette), des phrases tellement d’Avignon). Alors, qui sont les festivaliers ? par Illusion et Macadam), services (espaces neutres qu’elles provoquent le rire, une retenue On apprend qu’ils sont fidèles, revenant d’une de training pour les danseurs et circassiens)... qui interloque, et tout vole en éclat. Du Nord année sur l’autre, et locaux (30% viennent Un mot d’ordre pour chapeauter l’ensemble au Sud, récit d’une expérience s’appuie sur de la région). La durée du séjour varie entre de ces « marqueurs identitaires » du festival un travail mené en 2014 avec les lycéens de 3 et 9 jours, pour un budget situé entre 500 Off : il dure près d’une semaine de plus que deux établissements marseillais situés aux et 3000 €. Ils sont 72% à avoir plus de 46 le In, jusqu’au 29 juillet ! antipodes sociaux de la ville. Il y avait eu des ans. Le cœur de cible se situe donc chez questions (la géographie, la frontière), des les jeunes et les familles, qu’il faut attirer, à la carte rencontres, puis un spectacle conçu avec informer : des ateliers sont organisés pour les Avignon ne vit pas qu’en juillet, le théâtre les élèves. Wilma Lévy revient sur cette petits pendant les spectacles, le Pass Culture habite la ville toute l’année. Suivons le fil de expérience, et rejoue tous les personnages. (partenariat avec la Ville d’Avignon) et le la programmation des salles permanentes, Théâtre documentaire et polyphonique, mise Patch Culture (avec l’Université) proposent explorons les propositions, cohérentes et en scène inventive. (à lire sur journalzibeline.fr). des tarifs attractifs, le réseau universitaire va suivies, des lieux ancrés dans la vie culturelle À noter aussi les lectures de textes inédits et communiquer au niveau national, une synergie avignonnaise –garant d’une éthique quant présentation de travaux en cours, la lecture de est impulsée avec d’autres festivals (Contre aux conditions d’accueil et de choix des Pistou, récit d’adolescence de et par Amélie Courant, Chorégies d’Orange,...). Nouveauté compagnies accueillies (lire Zib’ 117). Chamoux, Cie Le Pas de l’oiseau. 2018 encore : la carte interactive, outil majeur Tout nouveau, tout beau, tout spacieux, et Haut lieu du Off, La Manufacture élargit de développement du territoire, répertorie toujours aussi gonflé de rêves poétiques et encore son champ d’influence cette année, tous les lieux stratégiques (hébergements, de conscience politique, citoyenne, le 11 Gil- avec deux sites supplémentaires : le Château parkings...) dans un rayon d’1,5 km autour gamesh Belleville a mitonné une sélection de Saint Chamand et l’École supérieure d’Art. d’Avignon : de quoi rassurer les festivaliers particulièrement appétissante. Pas moins de 24 L’offre est pléthorique, entre théâtre, danse, quelque peu effrayés par la difficulté d’atteindre spectacles ! On y retrouve une mise en scène clown, performance, art numérique, la pro- le cœur de la cité et l’ampleur des travaux du de Marion Guerrero (binôme historique de grammation propose 40 rendez-vous... Un tramway... À venir dès septembre prochain, un Marion Aubert) avec Abdelwaheb Sefsaf, festival dans le festival. Alors On n’aura pas le chantier de réflexion autour du problème du qui a écrit, et interprète, Si loin, si proche, temps de tout dire (création, Cie L’Interlude sous-titrage des pièces (en anglais) pour les sur le chemin d’un retour rêvé « au pays ». T/O, théâtre musical, journal d’un acteur vacanciers étrangers, jusqu’à présent tenus à Les aspirations des émigrés d’hier, arrivés clown, ou l’inverse), mais arrêtons-nous l’écart d’une grande majorité des spectacles. en France dans les années 70, croisent les sur la proposition de Joris Mathieu, du Enfin, le désormais incontournable Village du Théâtre Nouvelle Génération. Artefact Off (dans l’école Thiers) se double cette année est un spectacle sans humain, rencontre du Village des Professionnels (dans le collège avec l’intelligence artificielle. Imprimante Viala voisin) : tables rondes, rencontres (dans 3D, bras mécanique rejouant Shakespeare, suite p.26 10au22 8
Danse Cirque Théâtre Musiques Arts de la rue
CREATION 2018 ThéâtreScène d’Avignon du- Cie Serge Balcon Barbuscia AVIGNON FESTIVAL du 6 au 28 juillet 2018 relâches les 10, 17, 24 juillet
CREATION CREATION CREATION 10h45 12h10 2018 14h 2018 15h40 2018
VIVE LA VIE LA MOUETTE BERENICE ET HOP! Cie Interface Cie Philipe Person Cie Des iles du vent Moorea Conception et mis en scène d’ de LES GUERISSEURS Anton TCHEKHOV RACINE Richard Martin / Théâtre Toursky par André PIGNAT Adaptaté et mis en scène Mise en scène : Écrit et mis en scène & Géraldine LONFAT e te e par Philippe PERSON Frédéric FAGE par RUFUS
Hugo HORIOT Le Renard présente THÉÂTRE DU BALCON 38, RUE GUILLAUME PUY - 84000 AVIGNON 20h45 Françoise LEFÈVRE CRÉATION AVIGNON 2018 ON