N°119 ZIBELINE 16.06 > 21.07.18 Mensuel culturel engagé du Sud-Est #BALANCE un front culturel LES EXPOS TON OFF en paca D’ÉTÉ

spécial festi vals

L 11439 - 119 - F: 3,00 - RD 3€

L 11439 3,00 F: - 119 - - RD granet_expo_2018_picasso_AP_200x280_zibeline.indd 1 Aix-en-Provence MUSÉE GRANET

PICASSOPablo Picasso, Le Baiser, été 1925, huile sur toile, 130,5 x 97,7 cm, Musée national Picasso - Paris, © Succession PICABIA Picasso 2018 AVEC LESOUTIENDE 9 JUIN> 23 SEPTEMBRE2018 26/04/2018 10:20 MAI JUIN 2018

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CULTURE ET SOCIÉTÉ Mensuel payant paraissant le deuxième samedi du mois Édité à 20 000 exemplaires, imprimés sur papier recyclé Édité par Zibeline BP 90007 13201 Marseille Cedex 1 Dépôt légal : janvier 2008 ISSN 2491-0732 Penser Imprimé par Riccobono Imprim’vert - papier recyclé

Crédit couverture : © Alouette sans tête Conception maquette Tiphaine Dubois les festivals

Directrice de publication & rédactrice en chef Il est temps d’entrer en estival, en éblouissement, dans cet Agnès Freschel [email protected] 06 09 08 30 34 espace d’exception où les propositions artistiques fleurissent. Rédactrice en chef adjointe Nos festivals exposent leurs photos à Arles, leur Amour à Mar- Dominique Marçon [email protected] 06 23 00 65 42 seille, leurs faunes à Lodève ; ils font entendre des musiciens Secrétaire de rédaction Anna Zisman dans les rues d’Aix-en-Provence avant d’entrer en Art Lyrique [email protected] 06 88 46 25 01 à l’Archevêché ou au Grand Théâtre ; ils s’éclatent en Off à Avignon proclamé plus grand théâtre du monde, rassemblent ARTS VISUELS Claude Lorin professionnels et publics devant des écrans qui ne sont plus [email protected] 06 25 54 42 22 LIVRES seulement documentaires au FID Marseillais ; ils propulsent leur Fred Robert [email protected] 06 82 84 88 94 jazz, font chanter les guitares, le piano de La Roque, vibrer MUSIQUE ET DISQUES Jacques Freschel l’électro, le rock, la mémoire, les textes, les musiques [email protected] 06 20 42 40 57 CINÉMA anciennes et nouvelles. Annie Gava [email protected] 06 86 94 70 44 Il faut les suivre. Se réjouir, sortir enfin, encore, et Élise Padovani participer à la pensée qui s’élabore et se structure, 119 [email protected] WRZ-WEB RADIO ZIBELINE dans un monde culturel qui défend le service

Marc Voiry ÉDITO [email protected] public contre sa commercialisation, met en place de nouvelles alliances, et résiste. Quelque chose est en Polyvolants Chris Bourgue train de naître, ici, dans la prise de conscience d’un intérêt [email protected] 06 03 58 65 96 Gaëlle Cloarec commun, au-delà des divergences esthétiques et des différences [email protected] 06 72 95 39 64 Maryvonne Colombani structurelles. Dans une région où l’extrême droite s’est installée, [email protected] 06 62 10 15 75 dans un pays où le libéralisme semble avoir gagné, dans une Marie-Jo Dhô [email protected] Europe qui peine à garder une cohérence minimale et une Marie Godfrin-Guidicelli [email protected] 06 64 97 51 56 conscience d’un avenir commun, qui dénie son éthique origi- nelle de l’accueil et sa pensée de l’altérité, dans ce délitement Maquettiste généralisé, effrayant, l’art, les festivals, les maisons de culture se Philippe Perotti [email protected] 06 19 62 03 61 rassemblent, proposent, construisent des alternatives et donnent Commerciale Rachel Lebihan à voir les difficultés et la beauté du monde. Un signe d’espoir, [email protected] 07 67 19 15 54 La régie à saisir, si nous ne voulons pas sombrer dans la tentation du Jean-Michel Florant [email protected] 06 22 17 07 56 repli qui nous guette et nous gouverne. Collaborateurs réguliers : Régis Vlachos, Frédéric AGNÈS FRESCHEL Isoletta, Yves Bergé, Émilien Moreau, Christophe Floquet, Pierre-Alain Hoyet, Aude Fanlo, Thomas Dalicante, Marion Cordier, Caroline Gerard, Delphine Dieu, Hervé Lucien, Julie Bordenave Administration Catherine Simon [email protected] Houda Moutaouakil [email protected] 04 91 57 75 11 Chargée des abonnements Marine Jacquens [email protected] 06 46 11 35 65 Communication Louis Giannotti [email protected] 04 91 57 75 11 Manel Hedimi [email protected] WITH HISTORY IN A ROOM FILLED WITH PEOPLE WITH FUNNY NAMES 4

UNE EXPOSITION DE KORAKRIT ARUNANONDCHAI AU J1 MARSEILLE

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PARTENAIRESPARTENAIRES INSTITUTIONNELS PARTENAIRES OFFICIELS

PARTENAIRES PROJET PARTENAIRES MEDIA

Koriakrit 120x160 aff.indd 1 07/06/2018 15:31 sommaire

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politique culturelle

Un front culturel en PACA (P.6-7) Fondation Carmignac à Porquerolles, Départ des directeurs du BNM (P.8-9) Des chercheurs sous surveillance (P.10) La MJC-Centre social de Briançon en danger (P.12)

La MJC-Centre social de Briançon, un lieu à défendre © X-D.R. WITH HISTORY FESTIVALS IN A ROOM FILLED WITH PEOPLE WITH FUNNY NAMES 4 Avignon : Le Festival, #BalanceTonOff, Quel service public ? Le Off, les Offs (P.13 à 28) Théâtre, danse, arts de la rue, livres (P.30-41) Musiques (P.42-71) Images (P.72-76) Marseille, Aix-en-Provence, Lambesc, La Roque d’Anthéron, Martigues, Vitrolles, Aubagne, Gardanne, Salon-de-Provence, St-Rémy-de-Provence, Arles, Miramas, Port-St-Louis-du-Rhône, Début des festivals © De.M. Vaison-la-Romaine, Carpentras, Orange, Forcalquier, Toulon, Ollioules, Hyères, Six-Fours, Le Thoronet, Pays de Fayence, Pourrières, Châ- teau-Arnoux-St-Auban, Alpes, Chaillol, Alès, Montpellier, Sète UNE EXPOSITION DE AU PROGRAMME DU MOIS Spectacles, musiques (P.78-79) KORAKRIT ARUNANONDCHAI Marseille, Aix-en-Provence, Vitrolles, Istres, Mallemort, Avignon AU J1 MARSEILLE

Silva, Fanny Soriano - Tous dehors (enfin) ! © Vincent Brière

Albertine a disparu, de Véronique Aubouy, sélection Compétition Française au FID ------d u20 J U I N ------29 a u J U I L L E T ------cinéma [P.80-83] Marseille, La Ciotat, Fos-sur-Mer, Grans, Port-St-Louis- du-Rhône, Montpellier ------E N P A R T E N A R I A T A V E C M J 1 ------PARTENAIRESPARTENAIRES INSTITUTIONNELS PARTENAIRES OFFICIELS Arts visuels [P.84-98] Marseille, Châteauneuf-le-Rouge, Aix-en-Provence,

PARTENAIRES PROJET PARTENAIRES MEDIA L’Isle-sur-la-Sorgue, Lourmarin, St-Rémy-de-Provence, Le Thor, Gap, Le Lavandou, Châteauvert, Cagnes-sur- Francis Picabia, Conversation I, 1922 Aquarelle et crayon sur papier, 59,5 x 72,4 cm Tate Modern, Londres © ADAGP, Paris 2018. Mer, Nice, Montpellier, Lodève, Occitanie Exposition Picasso Cézanne au musée Granet

Koriakrit 120x160 aff.indd 1 07/06/2018 15:31 6 politique culturelle S’unir, pour veiller UNE ALLIANCE EST EN TRAIN DE NAÎTRE PARMI LES et construire ACTEURS CULTURELS ET LES ARTISTES EN PROVENCE- ALPES-CÔTE D’AZUR. UN MOUVEMENT DESTINÉ À

e Groupe Culture Paca est né d’un élan PORTER UNE PAROLE COMMUNE, EN DÉPIT DES contingent. Au mois de mai 2018, sans DIFFÉRENCES, AU-DELÀ DES INTÉRÊTS PARTICULIERS Lque l’anniversaire symbolique y soit pour quelque chose, d’une lettre, adressée à Renaud DE CHACUN, VERS UNE CONSTRUCTION COMMUNE Muselier et Christian Estrosi, leur faisant part du désarroi dans lequel se trouvaient les acteurs culturels qui avaient appelé à voter pour eux face à Marion Maréchal Le Pen. Les Hauts de France : une co-construction efficace En quelques jours, la lettre lancée par quelques- uns s’est répandue comme une traînée de poudre, a recueilli 170 signatures1. Et dès les premiers jours, des noms d’acteurs culturels reconnus par la Région comme des inter- locuteurs privilégiés, et d’importance, sont apparus dans la liste des signataires, disant leur solidarité avec ceux qui étaient mis à mal, et leur désaccord avec une politique culturelle qui, pourtant, les mettait souvent à l’abri. Ainsi Bernard Foccroulle (Directeur du Festival international d’Aix), Paul Rondin (Directeur délégué du Festival d’Avignon), Irina Brook (Directrice du Centre National Dramatique de Nice), Jean-François Chougnet (Mucem), Alain Arnaudet (Directeur de la Friche), Jan Goossens (Festival de Marseille), Sam Stourdzé (Les Rencontres d’Arles) ou Chris- tian Sébille (Directeur du Centre National de Sujets d’inquiétude Création Musicale) font partie des signataires, Le collectif a décidé de ne pas rendre publique en difficulté sociale, ou plus généralement sur de même que quatre des directeurs des cinq la lettre exprimant ses inquiétudes puisque la création la plus abstraite et contemporaine. scènes nationales (Gap, Martigues, Cavaillon, Renaud Muselier a très vite accepté de rencon- Il a réaffirmé que le secteur culturel dans le Merlan), nombre de scènes intermédiaires, trer une délégation, a pris acte et conscience son ensemble, et uni, ne saurait accepter que des compagnies, d’artistes. d’un certain nombre de dysfonctionnements, et « l’identité régionale » devienne l’un des thèmes De plus des réseaux ont signé collectivement : a rassuré le collectif sur l’essentiel, c’est-à-dire majeurs de la politique culturelle de la Région, le Forum des Festivals de Cinéma PACA, le sentiment d’une porosité avec les idées de du moins si cette « identité » se concentre l’Association des Auteurs-Réalisateurs du Sud l’opposition d’extrême-droite dans l’assemblée sur le provençalisme, en niant la bigarrure. Est, le PAM (Pôle de coopération des Acteurs régionale. Le Groupe Culture Paca est en Car comment ne pas voir que ces opérateurs de la filière Musicale en Région Provence- effet revenu sur l’affaire Cogolin, ville à vendre2, mis à mal sont exactement ceux que le Front Alpes-Côte d’Azur), la Réplique (Centre de s’est ouvert de son malaise face à la reprise national attaqueraient ? Certains gestes, ressources des métiers de l’acteur)... Et si des en main des Chorégies d’Orange sans prise de comme la mention que les web-documentaires représentants des syndicats sont présents, c’est à distance officielle avec la mairie Ligue du Sud, « pornographiques ou politiques » ne peuvent titre personnel, ou au nom de leur structure : il ou face à l’annulation brutale de Babel Med. Il être financés, relèvent de la censure, d’autres ne s’agit pas de défendre des intérêts particuliers a souligné la mise en difficulté par des baisses pourraient s’apparenter à un racisme plus ou ceux d’une profession, mais d’affirmer ou des suppressions de subventions d’une série ou moins conscient... Le contexte européen que, conformément aux promesses qui leur d’opérateurs qui travaillent depuis longtemps d’alliance des partis d’extrême droite, qui leur avaient été faites, ils veulent co-construire la sur la Méditerranée (AFLAM, festival des cinémas permet d’exercer le pouvoir, n’est pas fait politique culturelle régionale, parce qu’ils en arabes, Film Femmes Méditerranée, Dansem...), pour rassurer quant à cette porosité possible sont les experts, et que les orientations prises sur l’Afrique et les afro-descendants (Africa entre la Droite républicaine et l’Extrême qui actuellement les inquiètent. Fête, Afropéa, Cinéma Africain d’Apt...), sur les ne l’est pas ! populations sous main de justice (Lieux Fictifs), Entendre, construire Renaud Muselier, qui a demandé à recevoir une délégation dès qu’il a appris l’existence et les termes de la lettre, a immédiatement rassuré quant à sa distance, intime, sans hésitation, avec toute pensée d’Extrême-droite, et avec tout début d’idée d’alliance. Attentif à la Méditerranée depuis toujours, il a pris acte des difficultés des petits opérateurs qui travaillent sur ce terrain depuis longtemps, a informé qu’un temps fort méditerranéen allait renaître à l’automne, a entendu la volonté du secteur culturel dans son ensemble d’être écouté, consulté, pour « coconstruire » la politique culturelle régionale dont ils sont les experts, et qui sans eux se bâtit sans finesse. Il a rassuré, compris, promis des changements sur les points évoqués. Reste donc à présent au Groupe Culture Paca à se structurer pour faire des propositions constructives. La remarquable solidarité des acteurs culturels d’envergure, grands festivals et maisons nationales, avec les maisons plus modestes et avec les artistes et compagnies, est de bon augure : ce sont eux qui ont d’abord tiré le signal d’alarme, persuadés qu’il ne saurait y avoir de politique culturelle sans un tissu culturel divers, associatif, sans maillage du territoire, sans médiation, et sans un soutien volontariste à la création. L’exemple de la politique culturelle entreprise dans les Hauts-de-France par Xavier Bertrand, autre président de Région élu grâce à un front républicain contre la famille Le Pen, est dans toutes les têtes : une véritable conférence régionale des Arts et de la Culture, formée de collèges représentatifs, a été mise en place, des mesures concrètes ont été prises, les acteurs culturels sont actifs dans le processus, et le budget consacré à la culture a été nettement augmenté. Le Groupe Culture Paca pourra-t-il se structurer en toute indépendance pour devenir force de proposition et organe de veille ? Et pour peser aussi dans les politiques culturelles des départements et des villes, celles des Bouches-du-Rhône et de Marseille étant au moins autant contestables que celles de la Région ? L’histoire est à écrire ! AGNÈS FRESCHEL

1 Dont celle d’Agnès Freschel, rédactrice en chef, celle de Dominique Marçon, rédactrice en chef adjointe, et d’Annie Gava, responsable de la rubrique cinéma de Zibeline

2 Le documentaire de Pascal Lorant sur la gestion FN de la ville avait reçu un avis favorable de financement par le Comité d’expert de la région. Il n’a pas été présenté au vote à l’assemblée régionale

Si vous êtes un acteur culturel en PACA, vous pouvez rejoindre le Groupe Culture Paca en envoyant vos observations sur [email protected] 8 politique culturelle Hors des sentiers battus

alk on the Wild Side s’imprime en lettres d’argent sur la couverture du livre paru Wchez Skira à l’occasion de l’ouverture, le 2 juin, de la Fondation Carmignac sur l’île de Porquerolles. En introduction, son président-fondateur Édouard Carmignac pose devant le tableau Level as Level de l’artiste californien Edward Ruscha dont la toile Sea of Desire signe l’exposition inaugurale. Autant de signes forts sur la Fondation Carmignac et sa collection sous influences américaines. Il est vrai que sa rencontre avec Jean-Michel Basquiat, qui en fit le portrait, et sa fréquentation de la Factory en 1984 marquèrent à jamais l’étu- diant lancé dans l’aventure entrepreneuriale (Carmignac Gestion) avec, en germe, l’idée d’une collection (1993), d’une fondation d’en- treprise (2000) puis du Prix Carmignac du photojournalisme (2009). Aujourd’hui, Édouard Carmignac franchit une nouvelle étape avec l’ouverture au public du site de sa Fondation dont il a confié la direction à son fils Charles. Luxe, calme et volupté Bâtir 2000 m2 de salles d’exposition au cœur du Parc national de Porquerolles classé et protégé était à l’évidence une gageure architec- turale et environnementale ! L’atelier Barani, pour la conception, et l’agence GMAA, pour l’adaptation et le prolongement du projet, ont su contourner l’interdiction d’extension de l’ancien mas provençal de l’architecte Henri Vidal construit en 1980, en dégageant des espaces sous la surface du terrain naturel sans pour autant modifier les contours du bâti et des paysages existants. En nouant un dialogue entre nature et architecture qui privilégie la lumière zénithale par un jeu d’ouvertures et l’évocation de la Méditerranée par la créa- tion d’un plafond d’eau… Mer nourricière et symbolique qui s’immisce jusque dans ses

entrailles, plus particulièrement dans le patio Miquel Barcelo - Alycastre - 2018 © Marc Domage dont les murs épousent la pièce One Hundred Fish Fountain de Bruce Nauman comme une du roman d’anticipation d’Aldous Huxley, Le invitation à une immersion visuelle, sonore et Meilleur des mondes, écrit en 1931 non loin de ondoyante dans l’exposition temporaire. Sur là, à Sanary-sur-Mer. les 900 œuvres de la collection, le commissaire Le voyage « on the Wild Side » débute près d’exposition Dieter Buchhart a retenu 70 de l’imposant bronze de Miquel Barceló, pièces « d’artistes en rébellion qui se répondent Alycastre, inspiré du dragon légendaire de d’un siècle et d’un support à l’autre au long de Porquerolles, se clôt à l’orée de la pinède huit chapitres » : Pop icons reloaded ; Héritage avec Sea of Desire pour se prolonger, à l’envi, et transgression ; Abstraction et disruption ; dans le jardin paysager de 15 hectares, terre Sea of Desire Révolution, terreur et effondrement ; Sus- d’élection pour Jeppe Hein, Olaf Breuning, Jusqu’au 4 novembre pense ; Fallen Angels ; Désastre ; Brave new Jaume Plensa, Ugo Rondinone… Fondation Carmignac, Porquerolles world revisited. Le tout inscrit dans l’esprit MARIE GODFRIN-GUIDICELLI 04 89 29 19 73 fondationcarmignac.com 9 La fin de l’Hydre LES DEUX CODIRECTEURS DU BALLET NATIONAL DE MARSEILLE, à deux têtes QUI SONT ÉGALEMENT CODIRECTEURS D’ICK À AMSTERDAM, NE

e contrat depuis le départ était étrange : SONT PAS RECONDUITS À LA TÊTE DÉDOUBLÉE D’UNE INSTITUTION pourquoi en 2014 l’État et la Ville de COUPÉE EN DEUX. SANS SURPRISE... L Marseille, suivis du bout des lèvres par la Région, ont-ils accepté que Pieter C. jeune public d’Erik Kaiel, et la dernière ver des forces. Il est question de privilégier Scholten et Emio Greco prennent la tête création Kindertotenlieder, reposant sur la un projet pour le jeune public. Il s’agirait du deuxième Ballet National de France (en Maîtrise des Bouches-du-Rhône, c’est-à-dire surtout de nommer un directeur qui puisse faire termes de financements, et très loin derrière un chœur d’enfants, accompagnée par instants danser un ballet, c’est-à-dire un groupe d’une Paris) sans quitter la direction ICK, et en de 6 danseurs. Les relations au cœur du Ballet vingtaine de danseurs d’une haute technicité, restant à Amsterdam ? La synergie promise par sont tendues, faites de frustrations, de rancœurs qui ont besoin d’estime, de répéter dans le les chorégraphes n’a pas eu lieu, sinon qu’on et de malentendus, et la non reconduction calme, et de danser, sur scène, souvent. Les a vu les tournées du BNM se raréfier, des deux directeurs vient mettre un carrières sont courtes et rien n’est pire pour les femmes ne pas danser pendant terme à une période un danseur que de ne pas danser : il y perd la première année, les danseurs difficile. sa technique, son enthousiasme, sa créativité. d’ICK invités en vedette et ceux Mais de quoi sera- Mais la question des Ballets Nationaux ne se du BNM placés, au sens propre, t-elle suivie ? Il réduit pas au BNM : leur forme correspond-elle dans leurs pas... Le faut aujourd’hui aujourd’hui au désir des chorégraphes ? Faut-il calendrier des trouver un la repenser, ou trouver des directeurs capables tournées est resté successeur, de s’y adapter ? Aux tutelles de répondre, à très maigre, la seule bâtir un Marseille il n’ont que quelques mois pour pièce tournant vrai- nouveau résoudre le problème... ment étant Tetris, projet, AGNÈS FRESCHEL une petite forme retrou- © Marian Adreani

DES

MARSEILLE JAZZ CINQ CONTINENTS 18  27 JUILLET 2018 SELAH DE POURQUERY SCOFIELD THOMAS SUE CHICK JOHN KOOL & THEMEDESKI GANG COREA NDOUR SCOTT JOHN

COLLEY YOUSSOU YOSHICHIKA NING LUO TARUE PARISIEN MILE SYLVAIN É RIFFLET MILLS JEFF YOUN SUN NAH AVISHAI COHEN

DHAFER YOUSSEF ERIK TRUFFAZ

HIGH FRED MARTHA WESLEY NKAKÉ JACK DEJOHNETTE SANDRA ONEFOOT

SLAVES SARAH THE VOLUNTEERED CHRISTOPHE QUINTANA PENGUIN CORY

TEXIER YILIAN GOGO HENRY LAMPIDECCHIA SOMI & SAX HENRI CAÑIZARES HARGROVE e AWAKE 19 FESTIVAL ROY conception graphique : Alice Chireux • illustration Ji Dahai ACCOULES www.marseillejazz.com 10 politique culturelle

PRESSIONS POLITIQUES OU ÉCONOMIQUES, Chercheurs sous CENSURES ET AUTOCENSURES INHIBENT LES SCIENCES HUMAINES. LES CHERCHEURS FONT surveillance UN ÉTAT DES LIEUX

ciences Po Aix et la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme accueillaient les S17 et 18 mai un colloque intitulé Terrains et chercheurs sous surveillance. Pour Philippe Aldrin, qui l’a introduit, « le nombre des propositions Le nerf de la guerre reçues signale l’importance de la question soulevée ». Depuis l’instauration de l’état d’urgence et les Fatiha-Amal Abbassi menait une enquête lois de sécurité intérieure, l’argent va aux projets ethnographique en Égypte : elle a vu étudiant la radicalisation. En 2016, le CNRS a lancé ses témoins arrêtés, assassinés ou un appel à proposition sur les attentats, « massive- exilés, elle-même étant suspectée. ment suivi ». Pour Montassir Sakhi, l’Université Mais travailler en France ne met est « la main gauche de l’État », qui lui fournit les pas à l’abri des difficultés. Lise outils intellectuels de sa politique sécuritaire. À cela Foisneau a été expulsée de l’aire le sociologue Vincent Geisser répond : « Nous d’accueil des gens du voyage où elle sommes dans un champ marginalisé, déconsidéré. La exerçait, par décision administrative. radicalisation a donné à certains la possibilité de reva- Aude Signoles et Fatiha Kaouès, loriser leur métier, par une médiatisation exacerbée. La qui étudient le champ de l’humanitaire plupart ne collaborent pas à l’appareil d’État pour des islamique pour le compte du ministère de l’Inté- raisons idéologiques, mais pour exister ». Lui invite à rieur, admettent le risque d’un usage discriminant « l’abstinence scientifique ». Et avoue avoir, depuis de leurs données. D’autres ont des financements 10 ans, des difficultés à faire travailler ses étudiants privés, avec tous les problèmes éthiques qui vont « sur des sujets normaux » : ils n’ont pas la vocation de pair ; certains parlent d’ailleurs de « sociologie d’enseignant-chercheur. « Avant 2011 personne ne embarquée », comme il y a une presse embarquée. voulait aller en Tunisie, c’était trop tranquille, mais Pierre Fournier évoque les difficultés rencontrées avec les printemps arabes, elle est devenue attractive ». pour approcher l’industrie nucléaire, dont l’opacité peut -sans blague !- être « qualifiée d’anti-démocra- S’autonomiser tique ». Laurent Muccchielli, les cohortes d’avocats Certains se mettent à rêver tout haut de pouvoir qui défendent la délinquance en col blanc, ou le protéger légalement leurs sources, comme c’est le statut protecteur des élus, prévenant l’étude de cas des journalistes (jusqu’à quand ?), de l’équivalent leurs malversations. d’une Loi Sapin II qui les protégerait eux-mêmes comme elle le fait -mollement- pour les lanceurs Tous sous contrôle d’alerte, de prendre le temps du recul, de publier ou Ce colloque était l’occasion, pour les scientifiques ne pas publier en leur âme et conscience... Autant dispersés dans leurs laboratoires ou sur le terrain, de pistes qui pour Sylvain Laurens, Maître de de réaliser l’ampleur des pressions auxquelles leur conférences à l’EHESS, maintiendraient l’autonomie profession est soumise. D’après Frédéric Neyrat du savoir face au pouvoir politique et économique. « Ne sont pas seulement menacés ceux qui travaillent sur « Des colloques de ce type, il faudrait en faire plus des sujets sensibles, mais sur des problématiques « tri- souvent ! » se congratulaient les présents, à Aix- viales » : les institutions ont une volonté de contrôler leur en-Provence. Certes, ne serait-ce qu’en raison de image, y compris le ministère de l’Éducation nationale ! » leur capacité à assumer leurs propres fragilités et Historiens, géographes, professeurs de Sciences contradictions. Avoir la possibilité de se remettre en politiques, anthropologues... même les juristes question est une grande force. Ceux qui instrumen- peuvent être exposés à des procédures-bâillons s’ils talisent la recherche feraient bien de s’en inspirer. touchent de trop près au droit des affaires. Parfois, GAËLLE CLOAREC ce sont les tutelles universitaires qui défendent insuffisamment la liberté académique de leurs chercheurs, voire leur mettent elles-mêmes des bâtons dans les roues. Un objectif de rentabilité est rarement propice aux coudées franches ! Le colloque Terrains et chercheurs sous s’est tenu les 17 et 18 mai à

© X-DR surveillance Sciences Po et à la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme, à Aix-en-Provence SAISON 2018–19

AIX–MARSEILLE

AUX ARTISTES

ANGELIN PRELJOCAJ • ISABELLE ADJANI ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE • STOMP JULIE FUCHS • MANU PAYET • GREGORY PORTER CIRQUE ELOIZE • PHILIPPE TORRETON • MELANIE DOUTEY BATSHEVA DANCE COMPANY • FRANÇOIS MOREL...

GYMNASE JEU DE PAUME LESTHEATRES.NET BERNARDINES GRAND THÉÂTRE T

ANNONCES PRESSE_1819-2.indd 5 24/05/2018 14:27 12 politique culturelle Un lieu à défendre AU CŒUR DE LA CRISE DE L’ASILE ET EN PROIE À DES DIFFICULTÉS FINANCIÈRES, LA MJC-CENTRE SOCIAL DE BRIANÇON (MJC-CS) NE DOIT PAS FERMER SES PORTES

réée en 1965 par une vingtaine de brian- çonnais, la Maison des Jeunes et de la CCulture fêtait en 2015 ses cinquante ans, forte d’un engagement citoyen exceptionnel. Progressivement la MJC, à la croisée du lien social et de la culture, a multiplié les missions : centre social et familial, elle a créé l’Eden Studio dédié au cinéma art et essai, l’Espace Babylone (aujourd’hui La Face B) à la musique actuelle, la Galerie du 35 à l’art, le Pôle Jeunesse et Zanzibar à l’animation du jeune public. En outre, depuis 2003, elle est le lieu d’accueil des personnes étrangères du département des Hautes-Alpes. Depuis le démantèlement de Calais, cet Espace partagé solidaire est devenu CAO (Centre d’accueil et d’orienta- tion), recevant une vingtaine de demandeurs d’asile chaque jour. Un deuxième CAO s’est ouvert en 2016-2017, mais un grand nombre de soudanais accueillis étant dublinés*, ils ont © X-D.R. entrepris une grève de la faim qui a mobilisé les citoyens pour une grande marche vers Gap. place : rencontres avec les habitants, réflexions considérant qu’elle subissait des « pénalités » de Aujourd’hui un grand nombre de réfugiés collectives sur le devenir d’une structure plus la part de l’État vis à vis de l’implication dans et de personnes étrangères arrivent dans le que nécessaire. Fin mai une réunion publique l’accueil des personnes étrangères. Le député Briançonnais par la frontière italo-française : sur les nouvelles gouvernances possibles de rapporteur du budget, Joël Giraud, soutient la MJC-CS, prise entre ses missions d’accueil l’association est proposée : la dynamique, col- lui aussi les démarches de la MJC-CS. Un et d’intégration des personnes étrangères dans lective, témoigne d’une volonté de poursuivre plan de sauvegarde est lancé, des dynamiques le cadre des actions soutenues par l’État et les missions que chaque Briançonnais, et chaque locales se poursuivent. une réalité humaine complexe, devient un citoyen engagé, ne peut que soutenir. lieu stratégique au cœur d’une région en La situation résulte « de la conjonction de plusieurs Une mobilisation nécessaire crise. Sans entrer en guerre contre l’État, la facteurs, politiques, financiers, matériels, humains Le 1er juin, la mobilisation citoyenne a permis la structure tente de ménager un espace où la que rencontrent de nombreuses associations en fin du contrôle judiciaire des « 3 de Briançon », dignité humaine, la solidarité et la démocratie France, et qui brisent le pacte républicain : les accusés d’avoir aidé des migrants à passer la demeurent des valeurs. Mais à l’heure où trois habitants ne peuvent plus mener d’action pour frontière le 22 avril lors d’une marche antira- cadavres de migrants ont été retrouvés dans les renforcer le vivre ensemble et la démocratie en ciste au col Montgenèvre. La situation de la Alpes, plaçant le territoire de Briançon sous comptant sur la solidarité nationale. Aujourd’hui MJC-CS nous concerne tout autant : comme les feux médiatiques, où l’afflux de migrants l’approche sociale et culturelle à travers les prismes toutes les zones qui tentent de résister aux s’y concentre depuis que la Vallée de la Roya de la rentabilité, de la concurrence, de la sectori- aberrations libérales, c’est un lieu à défendre est sous contrôle ultra renforcé, la situation sation, de la raréfaction des finances publiques et pour que ces espaces solidaires partagés per- financière de la MJC-CS met en grand péril la technocratie remettent en cause notre modèle durent, nous permettant de vivre ensemble. ces missions multipliées. de fonctionnement associatif », déplore Luc DELPHINE DIEU Marchello, le directeur. Au mois d’avril, suite Le pacte républicain mis à mal à la diminution de subventions de l’État et Depuis le début de l’année 2018, l’association du Conseil régional, face aux incertitudes des est fragilisée. En février le conseil d’adminis- politiques publiques, il n’a d’assurances que tration alertait le commissaire aux comptes et sur la moitié du budget 2018. les partenaires sur ses difficultés économiques, De son côté, le président de la Communauté de qui pouvaient entraîner à très court terme Communes du Briançonnais a tenu à réaffirmer sa disparition. Depuis, une procédure de le soutien de la CCB au projet de l’association. sauvegarde a été engagée, une table ronde Il a tenu également à s’exprimer sur la ques- * Les Migrants, selon le Règlement de Dublin, avec les différents partenaires sollicitée, et tion de l’accueil des migrants qui est venue sont obligés demander l’asile dans le pays de nombreuses actions collectives mises en impacter fortement l’activité de l’association, européen qui le premier a relevé leurs empreintes festivals 13 Un genre très humain

La 72e édition du Festival d’Avignon s’approche au plus près des individus, de leur pensée et de leur définition d’eux-mêmes

vignon ne se décline pas en thèmes : lorsqu’Olivier Py et Paul Rondin Achoisissent de programmer un spectacle ou produisent un artiste, une création, ce n’est pas parce qu’ils correspondraient à une unité thématique, une idée, un fil rouge. C’est l’intérêt et la singularité de chaque spectacle qui prime, et ce qu’il met en jeu avec le public. Pourtant dans cette édition, une ligne se dessine, nette, un profil, autour de l’identité, transgenre ou non, de l’enfance au moment où elle prend conscience, du corps dans ses mutations, de l’histoire quand elle bouleverse la vie personnelle. Le Festival ne travaille pas sur l’air d’un temps qui se questionne, mais visiblement il est en traversé.

Au fond de soi Un fil rouge est donc la transidentité, c’est-à- dire cette possibilité nouvelle, du moins dans les proportions qu’elle revêt actuellement, de changer son genre de naissance, de corriger une dysphorie, de disposer de cette liberté absolue de se transformer en celui, en celle, que l’on veut être. Une question qui interroge bien sûr la construction culturelle de la fémi- nité et de la virilité, et qui sera au cœur du feuilleton théâtral Mesdames, Messieurs et le reste du monde, conçue par David Bobée, directeur du Centre Dramatique National de Haute Normandie, et membre actif du collectif Décoloniser les arts. Etre Noir, être femme,

être trans, que signifient ces assignations, Saison sèche, Phia Ménard © Jean-Luc Beaujault pour soi, et dans le regard des autres ? Saison sèche, la nouvelle création de Phia Ménard, et Trans (Més Enllà), de Didier Ruiz, par la danse et l’in- que le cabaret de Monsieur K (Jérôme Marin) chantera plutôt le discipline pour l’une, le témoignage pour l’autre, aborderont aussi la travestissement. représentation non binaire du genre, que Vanasay Khamphommala, L’interrogation sur l’identité individuelle, l’Ipséité et le Dasein diraient musicien et chanteuse (Sujet à vifs) incarnera également, tandis les philosophes, passe aussi par des voyages archaïques. Thyeste 14 festivals

de Sénèque, c’est-à-dire l’adultère, la ven- geance fratricide, l’infanticide, mis en scène par Thomas Jolly ouvrira le Festival dans la Cour du Palais des Papes. Tragique aussi l’Antigone de Sophocle, mise en scène par Olivier Py avec les détenus du Pontet : la voix de la jeune fille, son oppo- sition à un pouvoir arbitraire, incarnées par un homme et travaillées dans un univers carcéral, vibrent d’une façon particulière... qui a aussi inspiré le Pur Présent à Olivier Py, une trilogie nourrie d’Eschyle et reposant sur les instants fulgurants de bascule tragique. Tragique encore, fatal, archaïque, mais passé au filtre binaire du choix classique et de la possibilité d’expiation, Iphigénie de Racine, mis en scène par Chloé Dabert.

Danse La programmation de danse est particuliè- rement passionnante, sans doute parce que le corps est aussi une voix archaïque, où la conscience se fait jour. C’est Emanuel Gat qui succèdera à Thomas Joly dans la Cour, pour une Story Water où le chorégraphe, qui Théâtre est aussi un compositeur forcené, répondra à Quelques spectacles à ne pas manquer ? Grand Théâtre d’Oklahoma à partir des derniers Boulez, faisant dialoguer ses danseurs avec Arctique d’Anne-Cécile Vandalem, qui ose écrits de Kafka, dont se sont emparés les l’Ensemble Modern... On retrouvera aussi écrire, mettre en scène et jouer une histoire à acteurs handicapés de la troupe Catalyse, Sasha Waltz à la Fabrica, l’incroyable et si rebondissements glaçants ; Ivo Van Hove mis en scène par Madeleine Louarn et émouvant Raimund Hoghe, Rocio Molina bien sûr, qui dramatise et met en scène De Jean-François Auguste. Et Ahmed revient, et son flamenco qui n’en est plus (ou juste- Dingen, die Voorbijgaan (Vieilles choses et où Didier Galas reprend le personnage ment est-ce cela ?), Ali Chahrour et son temps qui passe) un roman familial naturaliste d’Alain Badiou, et le fait tourner, en accès travail lyrique sur la masculinité orientale, de Louis Couperus (en néerlandais surtitré) ; libre, dans les collèges, les hôpitaux et les tous les programmes des Sujets à vifs, et la grande saga trilogie de Julien Gosselin salles des fêtes du Grand Avignon, pour une pour la première fois Les Hivernales qui font à partir des textes du romancier américains « décentralisation des 3 kilomètres » chère à leur entrée dans le « In », avec Ben & Luc de Don DeLillo, qui cette année ne durera que Olivier Py. Mickaël Phelippeau, et un solo de Jan 8 heures ; un Tartuffe rock et baroque en Martens (voir p 26). lithuanien par Oskaras Koršunovas ; Le D’ici, notre ailleurs On notera que le Festival produit et programme plusieurs artistes de la région, qui parlent justement de sa capacité d’accueil : Mickaël Phelippeau, artiste associé au Merlan, et son double portrait de Burkinabés : Gurshad Shaheman, formé à l’Erac et produit par les Bancs publics, pour un oratorio composé à partir de paroles d’exilés, Il pourra toujours dire que c’est pour l’amour du prophète ; et le délicieux collectif Ildi ! Eldi qui dans OVNI(S), et dans un tout autre registre, nous parlera de notre fantasme d’extraterrestres.

Et tout le reste !

, Ivo van Hove © Jan Versweyveld De Dingen die Voorbijgaan Ce sont 45 spectacles, dont 36 créations, qui sont programmés. Avec de la musique, avec Ici-Bas qui clôturera le Festival dans la Cour, sur des mélodies de Fauré interprétées par une impressionnante brochette de stars de la chanson (Dominique A, Philippe Katerine, Jeanne Added, Camille...). Et des propositions jeune public, pour que les 15 Le Festival en chiffres Budget Avec un budget de 12,8 millions d’euros, le Festival semble bien doté par les collectivités. Un constat à nuancer : 44% de ce budget sont des recettes propres (billetterie, productions), et 56% des subventions. Soit 7,3 millions d’euros, répartis entre l’État (4 millions, soit 31% du budget), la Ville d’Avignon (1 million, soit 8% du budget), la Communauté d’Ag- glomération du Grand Avignon (1 million, soit 8% du budget), la Région (800 000 euros soit 6% du budget) et le Département de Vaucluse (650 000 euros, soit 5% du budget). En 2017 plus de 150 000 billets ont été délivrés, dont 110 000 payants, ce qui porte à 48 euros par place l’aide publique apportée au Festival. Une moyenne nettement inférieure aux établissements dramatiques nationaux (110 euros en 2014) et sans comparaison avec les dépenses pour les spectateurs d’art lyrique. Un constat qu’Olivier Py dresse chaque année, déplorant de ne pouvoir prolonger les 3 semaines du Festival de quelques jours, ou ouvrir un autre lieu, afin de délivrer les 20 000 places supplémentaires que les spectateurs réclament. Spectateurs , Oskaras Korsunovas © D. Matvejev Tartiufas-Tarfuffe Car il n’est pas facile d’avoir des places à Avignon pour certains spectacles. Cette année encore, à l’ouverture des réservations pour les Avignonnais, certains ont dormi à la porte du Cloître Saint Louis, pour être sûrs d’avoir enfants, et leurs parents, viennent un peu au Festival des places. (voir encadré) : Au delà de la forêt, le monde, un conte Le Centre Norbert Elias (Université d’Avignon) a produit une enquête initiatique qui parle du parcours d’exilé Afghans (mise précise sur le public de l’édition 2017, riche d’enseignements : il est en scène Inês Barahona et Miguel Fragata) ; Léonie composé de 60% de femmes, les jeunes de moins de 30 ans y sont bien et Noélie, un texte étrange sur la gémellité de Nathalie représentés (19%) ainsi que les 56/65 ans (25%), alors que les 36/45 ans Papin mis en scène par Karelle Prugnaud. sont, proportionnellement, les moins représentés. Leur point commun ? Et au festival d’Avignon on lit aussi ! On écoute le cycle ils ne sont pas (encore) parents, ou parents d’enfants adultes. Les parents de l’Adami (Ecrits d’acteurs) ou celui de RFI (Ça va ça d’enfants de moins de 20 ans représentent moins de 15% des festivaliers va le Monde) au Jardin de Mons, la Correspondance (pour 37% des Français adultes). de Camus et Casarès, Sami Frey ou Serge Valletti Si les festivaliers fidèles sont très présents (13% des 56/65 ans ont participé au Jardin de Calvet. On s’attarde à l’exposition Jeanne à plus de 25 éditions !), les primo festivaliers se retrouvent dans toutes Moreau une vie de Théâtre (Maison Jean Vilar, voir p les catégories d’âge. Les diplômés de l’enseignement supérieur sont plus 16), à la Nef des Images, au cinéma avec Arte qui nombreux que dans l’ensemble de la population, mais près de 10% des propose en accès libre une passionnante Collection festivaliers sont ouvriers ou employés. de films de théâtre. Quant à leur provenance géographique, elle est stable depuis des années : Et puis, presque aussi difficile d’accès parfois que le 10% de spectateurs internationaux, 31% de spectateurs des départements feuilleton théâtral de l’été, où le public fait la queue voisins (dont la moitié des Bouches-du-Rhône et de Vaucluse), entre 9 et puis s’agglutine, et repart bredouille pour une large 11% de Franciliens, entre 28 et 30% de Français d’autres départements. part, les Ateliers de la pensée à Louis Pasteur. On y Le point commun le plus notable de tous ces spectateurs ? Ils sont refait le monde, le théâtre, parce que l’un ne va pas sans beaucoup plus nombreux que la moyenne des Français à avoir reçu, l’autre et que le verbe, toujours, précède les créations durant leur scolarité, un enseignement artistique, à avoir rencontré des et les genèses. Le programme est, cette année encore, artistes, à pratiquer un art. passionnant. A.F. AGNÈS FRESCHEL L’édition 2018 47 spectacles, dont 8 Sujets à vif 35 créations dont 26 sont produites ou coproduites par le Festival d’Avignon 50 % de théâtre, 50% de la danse, de musique ou d’ « indiscipline » 50 d’artistes primo invités, 50% qui reviennent 50% de spectacles français, Festival d’Avignon 50 % de spectacles étrangers 6 au 24 juillet festival-avignon.com 55% de spectacles signés par des hommes, 45% par des femmes 16 festivals Cet été on reste à la Maison !

Le nouvel élan amorcé l’été dernier à la Maison Jean Vilar se confirme avec une multitude de propositions dans un bâtiment rénové

l est là, il est retrouvé, revenu, le mobile de Calder, star de la Maison Jean Vilar. ICréé par le plasticien comme élément de décor de la pièce Nucléa d’Henri Pichette en 1952 (mise en scène par Jean Vilar au TNP), il trône au plafond du hall tout beau tout neuf, cloisons abattues, couleurs rouge et bleu, signature du graphiste Jacno qui élabora toute la signalétique des débuts du Festival d’Avignon, volumes spacieux : un véritable saut dans le contemporain, doublé d’un retour aux sources affirmé, belle entrée en matière pour ce lieu dévolu à la mémoire et la transmission du théâtre populaire. Nouvel espace, nouveau projet, salué par les dis- cours de Cécile Helle, maire d’Avignon, Olivier Py, directeur du Festival d’Avignon, et Michel Bissière, conseiller régional, lors de l’inauguration de l’exposition Cabu, le théâtre à main levée (jusqu’au 21 décembre).

Des histoires à vivre Les 34 croquis du dessinateur de presse pro- posent de suivre Cabu dans les coulisses de sa Jeanne Moreau dans le Prince de Hombourg © A. Varda passion pour le théâtre. Il s’y rendait plusieurs fois par semaine depuis les années 60, pour Affiches, pages et ondes Dames d’Avignon ses articles politiques (Canard enchaîné), Olivier Py nous dira Une Histoire du Fes- Hommage sera rendu à Sonia Debeauvais, critiques (Hara Kiri et Charlie Hebdo), illustratifs tival d’Avignon en 72 affiches (8, 15 et 23 collaboratrice de Jean Vilar, « reine-ouvrière (Le Figaro), ou tout simplement... pour le juillet). Au rythme d’une image par an, les d’Avignon et de Chaillot » (10 juillet, avec les plaisir. Son regard était acerbe et amoureux. affiches élaborent la légende de chaque été témoignages de Jacques Nerson, Jacques Il attrapait un rictus, une série de chapeaux avignonnais, les tendances, les évolutions des Tephany, Jean-François Perrier...). posés sur des collets montés de spectatrices, canons théâtraux. Une histoire qu’Olivier Py L’événement estival de la Maison Jean Vilar ou Ariane Mnouchkine, reconnaissable « parmi décryptera sur scène. sera l’exposition consacrée à celle qui fit vibrer les spectateurs qui évoluent au milieu des Des rencontres autour « Des auteurs et des le cœur des festivaliers depuis sa première tréteaux, surveillant ses comédiens ». Dans le livres » dans la Librairie du Festival, installée édition : Je suis vous tous qui m’écoutez, noir des représentations et au fil des années, cette année au rez-de-chaussée du bâtiment Jeanne Moreau une vie de théâtre. Des le trait s’épure et s’émancipe, le théâtre se (13, 14, 15, 16 juillet), animés par Raphaël Bap- débuts avec Jean Vilar, jusqu’à 2011 avec libère aussi : les dessins nous racontent une tiste de la radio L’Écho des planches, chaque Etienne Daho, Jeanne Moreau a habité le certaine histoire de la scène et du public. fois autour d’un thème (Théâtre de la cruauté, Festival. Présence forte, sensuelle, déterminée Le 11 juillet, l’Histoire cognera encore à l’Hôtel Théâtre et prison, Théâtre et féminisme...) – féminine. Laure Adler assure le commis- de Crochans, qui propose une rencontre autour L’ADAMI s’invite aussi à la Maison : pour la sariat de ce parcours immersif (scénographie de « L’été 1968 et nous », pour une mise en 5e année, la société gestionnaire des droits Nathalie Crinière), qui débute dans la loge perspective des remous qui avaient bouleversé des artistes interprètes propose à un metteur de la comédienne, nous emmène sur la scène le Festival de l’été 68 et de leurs résonances, en scène de créer un spectacle original avec du Palais des Papes, au son de sa voix qui se résurgences, dans nos pratiques théâtrales dix jeunes comédiens sélectionnés dans le raconte et nous emporte. aujourd’hui. (Antoine de Baecque, Denis cadre du dispositif « Talents Adami ». En 2018, ANNA ZISMAN Guénoun, Didier Ruiz,...). Le 12 juillet, une Samuel Achache relève le défi et réalise journée d’hommage à Jack Ralite devrait l’adaptation radiophonique d’une pièce créée nous rappeler comment, entre défense de à l’automne 2017, inspirée de la nouvelle la création et souci de partage, le ministre fantastique d’Edgar Allan Poe, La Chute de Maison Jean Vilar, Avignon communiste de la santé sut réinventer l’idée la maison Usher (répétitions publiques les 04 90 86 59 64 maisonjeanvilar.org même d’une politique culturelle. 22 et 23 juillet). 17 #BalanceTonOff

En avril Zibeline lançait une enquête auprès des compagnies sur les abus de certaines salles du Off. Trois mois et 326 réponses plus tard, les résultats sont contrastés, et plutôt positifs !

e Off se porte bien, dans un paysage théâtral en souffrance ! La plupart des théâtres, Lproducteurs des spectacles ou loueurs de salles, sont salués par les compagnies comme étant de véritables compagnons, attentifs à ce qu’ils programment, accompagnant la diffusion et offrant une véritable vitrine à des spectacles qu’ils ont choisis. Ce sont certains lieux permanents (voir Zib’ 117), mais pas seulement. L’esprit de service public les anime, et l’amour du théâtre. Depuis que Pierre Beyffete est arrivé à la tête d’AF&C, une charte des bonnes pratiques s’est élaborée, et les compagnies se sont récemment regroupées pour se défendre au sein de l’Association Les Sentinelles. L’opa- cité ne règne plus tout à fait, même si l’on craint que le dévoilement des abus éloigne le public de certaines salles aux pratiques douteuses. Car elles existent, peu nombreuses, transformant le Off historiquement libertaire en un marché libéral au mieux, une véritable exploitation des artistes au pire. Et défigurant pour certaines les rues d’Avignon.

Agressivité commerciale Le premier problème évoqué par les com- pagnies est le comportement de certains entreprises de spectacle débarquées plus ou moins récemment dans le Off : Le Palace, « Théâtre d’humour », avec ses « 5 salles cli- matisées » affichant chacune 8 créneaux au moins (Ma maîtresse en maillot de bain, Ma sœur est un boulet, Les hommes se cachent pour mentir, Sensiblement viril...) occupe le © De.M bas de la rue principale d’Avignon, ayant privé la ville d’un cinéma de 5 salles pour Chevaliers du fiel, Marianne James, Élie public pendant le Off (affichage, parades...). un théâtre prétendument permanent mais Semoun...), affiche depuis des années son Leurs parades, sonorisées, motorisées, sont fermé 320 jours par an : les poncifs de ses ambition : il s’agit d’exporter le « spectacle » ressenties comme agressives, ils inondent tous affiches surplombent des mois durant ses parisien, sans se donner d’ailleurs l’alibi du les lieux de flyers, installent des kakemonos sur grandes portes closes. théâtre. Pourquoi pas ? Mais ces entreprises la place de l’Horloge, recouvrent et arrachent Un peu plus loin Le Paris, avec ses deux salles privées bénéficient et abusent des dérogations les affiches, s’arrogent des exclusivités dans destinées à la comédie « vue à la télé » (Les accordées quant à l’occupation de l’espace la rue de la République... et parviennent à suite p.18 18 festivals

Subventionnées Non Subventionnées Conditions techniques A eu des relations tendues avec le théâtre 35% 77% A eu moins de 30 mn avec le créneau suivant ou précédent 57% 82% La billetterie a été prise en charge par le théâtre (sans supplément) 84% 35% La communication a été prise en charge partiellement 84% 35% La technique a été prise en charge partiellement 100% 92% Conditions financières A été accueilli en coréalisation (partage des recettes) sans minimum garanti 32% 3% A été accueilli en coréalisation avec minimum garanti 19% 22% (versé si les recettes sont insuffisantes) A loué un créneau à moins de 100 euros le siège 34% 44% A loué un créneau à plus de 100 euros le siège 15% 31% A perdu de l’argent 100% 100% Retombées N’a pas vendu de représentations ultérieures 48% 51% En a vendu moins de 10 30% 22% En a vendu plus de 10 22% 27% A eu l’impression d’être choisi pour des raisons artistiques 64% 42% A eu l’impression d’être choisi pour remplir un créneau 36% 58% Reviendra faire le Off 63% 92% Non : trop d’argent perdu 37% 8% Oui, c’est une vitrine incontournable pour les programmateurs 10% 72% Oui, c’est le meilleur moyen d’avoir du public 2% 8% Oui, pour le plaisir de jouer tous les jours 51% 12%

occuper le terrain médiatique (Forum Fnac, Insécurité et inconfort Plus grave encore : alors que la commission télés...), du moins celui qui ne cherche pas L’autre problème évoqué massivement dans de sécurité qui accorde le label ERP (éta- plus loin que son audience immédiate. Un les réponses au questionnaire est celui de blissement recevant du public) est plutôt metteur en scène qui travaille sur Dubillard l’inconfort, voire de l’insécurité des conditions tatillonne, exigeant une trappe anti-attentat explique ainsi le préjudice qu’il ressent : de représentations dans certains lieux. Au sur le toit des nouveaux bâtiments, des rampes « Ces théâtres ont introduit le réflexe de la Théâtre de l’Ange il faut ranger le décor d’évacuation pour les sorties de secours, de consommation comique dans un festival où le après le spectacle dans une camionnette coûteuses peintures anti-incendie... certains rire était subversif et poétique. Ils fonctionnent commune, et le ramener et le réinstaller « théâtres » semblent échapper à tout contrôle, sur la dérision, l’avilissement de l’autre, la chaque jour. Au Laurette, il se range dans soit qu’ils ne sont pas visités parce qu’ils ne traque du comique et du ridicule chez le la ruelle à coté, et il n’y a pas de loges, pas de demandent pas d’autorisation, soit parce voisin, le partenaire sexuel, le collègue de coulisse, comme à la Tâche d’encre : il faut qu’ils changent la disposition des lieux après bureau (...). Il devient de plus en plus difficile arriver costumé et maquillé. Au Théâtre des le passage de la commission de contrôle, de défendre une autre comédie, on n’est pas Remparts il faut passer par la scène pour plaçant matériel et décor devant les portes de à armes égales ! » aller aux toilettes, à L’Atypic ou à L’Es- secours, rajoutant des sièges pour augmenter saïon se contenter de 5 ou 10 minutes entre les spectacles. Pour évacuer un public qui applaudit encore, faire entrer les spectateurs qui suivent et... changer d’équipe et de décor dans le même temps. 19 la jauge, bouchant les aérations pour éviter plupart du temps le lieu et la compagnie se le bruit de la rue trop proche... Le Théâtre partagent la recette à égalité, avec souvent du Centre ou le Théâtre du Rempart un minimum garanti pour le théâtre, seuil semblent, d’après les réponses concordantes rencontrent un succès, sont programmées en-deçà duquel la compagnie ne touche rien. de plusieurs compagnies, familiers de ce le plus longtemps, jusqu’à 80 dates pour Mais elles n’obéissent pas toutes aux mêmes genre de pratiques... certains... C’est pourquoi toutes, ou presque règles : au Théâtr’enfants de Montclar on ne (92%), disent qu’elles reviendront à Avignon, demande que 500 euros de frais, on assure la malgré la perte financière ! communication, la technique et la billetterie, Dépouillement et plus généralement on suit la création et la des questionnaires Conditions financières diffusion des spectacles. Le petit Théâtre Au-delà des témoignages spontanés que nous Car le plus marquant au fil du dépouillement des Barriques n’accueille que 49 specta- avons reçus, 326 compagnies ont répondu au fut l’unanimité parfaite des réponses : qu’elles teurs mais pratique la coréalisation 50/50 questionnaire #BalanceTonOff : malgré leur proposent des petits ou grands spectacles, dans sans minimum garanti, et met à disposition nombre elles ne sont pas représentatives de un théâtre permanent ou un garage d’occasion, deux techniciens... Pas grand chose à voir ce qui s’y passe. D’une part parce que ce sont qu’elles soient accueillies en coréalisation avec la coréalisation pratiquée au Théâtre sans doute celles qui ont été le plus maltraitées ou en location, qu’elles soient de la région de l’Alizé qui prélève 5000 euros et ne qui ont répondu, d’autre part parce que le -ce qui réduit leurs frais-, qu’elles dorment partage qu’au-delà, reversant de fait 20 à questionnaire, relayé par Zibeline dans le Sud au camping, en location ou chez l’habitant, 30% seulement des recettes à la compagnie... Est, et par Les Sentinelles à Paris, a intéressé et même si elles ont rempli la salle et vendu Les délais de versement des recettes semblent essentiellement les compagnies de PACA (113 des dates, toutes les compagnies disent avoir d’ailleurs problématiques pour un certain réponses) et d’Île de France (134 réponses), perdu de l’argent. Toutes payent, cher, pour nombre de compagnies accueillies en coré- « échantillon » particulier donc, même si des pouvoir jouer. alisation, dont 20% disent avoir été payées Belges, quelques Suisses, des Bretons et des La règle qui semble s’appliquer tacitement est après plus de 3 mois. Quelques-unes relèvent Limougeauds ont répondu… Le mode de celle de 100 euros la place. Entendez qu’un des « frais » inattendus : amendes parce que diffusion du questionnaire a aussi impacté créneau dans une salle de 38 places se loue trop d’invitations au Théâtre Laurette qui sur la nature des réponses apportées : ce sont 3800 euros comme la Salle Roquille, mais prélève également 1€ par billet vendu alors plutôt des compagnies subventionnées qui que le créneau dans une salle de 149 places qu’il loue sa salle de 49 places 6100 euros, ont répondu en PACA (57 sur 113, certaines comme le Théâtre des Lucioles peut monter amendes pour « dépassement d’horaires » répondant plusieurs fois puisqu’elles ont « fait jusqu’à 15 000 euros. Certaines sont un peu à L’Essaïon (celui qui ne laisse que 5 à 10 le off » plusieurs fois), et non subventionnées moins chères, comme le Théâtre de l’Oulle minutes entre chaque créneau...), supplément en Île de France (93 sur 134). qui loue 17 000 euros sa salle de 190 places, ou pour location de projecteur supplémentaire Les différences sont notables : les compagnies Le 11 (Gilgamesh/Belleville associés depuis à L’Artéphile. subventionnées, mais aussi les compagnies 2017) qui loue 15 500 euros sa salle de 200 de PACA, sont accueillies dans de meilleures places. Quant au Collège de la Salle, les prix Au-delà des cas contestables conditions, des salles plus grandes qui pour un accueil souvent rocambolesque sont Mais en dehors de ces pratiques contestées, prennent en charge la billetterie, la communi- assez bas : la salle de classe louée 4000 euros la plupart des compagnies savent que ceux cation... Elles payent moins cher, bénéficient accueille jusqu’à 49 spectateurs, les salles de 50 qui les accueillent ont choisi leur spectacle parfois de coréalisations, ont l’impression places obéissant à d’autres règles de sécurité. parce qu’ils avaient envie de le défendre, de d’être choisies pour des raisons artistiques, et Pour cette même jauge très répandue de 49 le montrer. Par passion du théâtre et, pour sont plus nombreuses à déclarer avoir vendu places, l’Espace Alya loue ses créneaux 7500 certaines, avec un certain esprit de service des représentations ultérieures. Paradoxa- euros, et le Théâtre du Centre 7200 euros, public. Que certains théâtres privés n’hésitent lement, ce sont aussi elles qui déclarent ne tout deux sans billetterie assurée, et avec une pas aujourd’hui à revendiquer (voir p 22), pas vouloir revenir à Avignon, y ayant perdu plaquette comme seul outil de communication joignant leur voix à celle du Festival d’Avignon. trop d’argent. Sans doute parce que, pour le mis à disposition. Le vrai : celui qui produit des spectacles, paye circuit subventionné, il existe encore d’autres Au Girasole la salle de 148 places se loue les artistes, les loge, les nourrit, les promeut, « vitrines » pour donner à voir ses créations... 17 500 euros. Pourtant le « siège » le plus cher les accueille. Et écrit une autre histoire, celle Les petites compagnies, d’1 ou 2 artistes et reste celui de La Manufacture, qui loue sa du théâtre public. 1 technicien, jouent souvent dans des salles salle de 88 places 13 000 euros, et la Patinoire AGNÈS FRESCHEL de moins de 50 places, font leur billetterie, de 180 places 24 000 euros. Mais le « collectif tractent, paradent, prennent les réservations contemporain » propose une programmation elles-mêmes, se disputent avec les théâtres réfléchie, engagée, artistiquement passionnante Méthodologie qui les programment, et se séparent parfois et remarquablement accompagnée. Ce qui a Les 326 réponses au questionnaire étant ano- à l’issue de l’expérience. Les tensions sont un coût, et la Manufacture publie d’ailleurs nymes, et donc invérifiables, nous publions nombreuses, et les retombées très diverses. ses comptes... uniquement les noms des théâtres apparais- Mais articles de presse et augmentation de Les coréalisations sont aussi très diverses. La sant plusieurs fois, avec des montants et des la notoriété sont souvent à la clef, et les pro- appréciations similaires. Cet article se fonde grammateurs font aussi leur marché dans également sur des témoignages plus complets les petits lieux, auprès de compagnies non recueillis par mail ou via le site journalzibeline. subventionnées. Si la plupart d’entre elles (51%) fr, dont nous avons vérifié les sources et dont ne vendent rien, ce sont elles qui, lorsqu’elles nous respectons l’anonymat. 20 festivals À Avignon, En mai, sept directeurs avignonnais se réunissaient le service public pour affirmer un esprit commun de service public. Rencontre de culture avec trois d’entre eux

aul Rondin est le directeur délégué du Vous acceptez qu’on dise In et Off ? subventionnés directement mais accueillons Festival d’Avignon, nommé et sub- Paul Rondin : Ah non, cela induit une sorte des compagnies qui le sont, et nous sentons Pventionné par la puissance publique. de parallèle entre nous. Nous sommes, his- animés sinon par des missions, du moins Claire Wilmart (L’éveil artistique, scène toriquement, structurellement, le Festival par un esprit de service public. Au-delà du conventionnée jeune public) et Isabelle d’Avignon, c’est-à-dire que nous produisons financement, nous faisons le travail, nous allons Martin-Bridot (Les Hivernales, Centre et coproduisons les artistes, nous les payons à Saint Chamand, dans les collèges, expliquer, de Développement Chorégraphique National) pour jouer, et non l’inverse. Cela n’empêche rencontrer, nous ouvrons les plateaux, nous dirigent des structures labellisées par l’État accompagnons les artistes vers les publics, et ont, comme Alain Timár (Théâtre des parce que nous pensons qu’il est important Halles) et Alain Cofino Gomez( Théâtre que chacun ait accès à cela. des Doms, théâtre de la création belge « Le théâtre public est Claire Wilmart : On est là pour que des francophone), une activité à l’année, avec artistes rencontrent des spectateurs. Pas une programmation particulière durant le une chose qui se fait pour développer un marché. Off. Quant à Fida Mohissen (le 11 Gil- sérieusement, parce qu’il Pourtant à la Manufacture les créneaux gamesh Belleville) et Pascal Keiser (La est un bien commun et un sont plutôt chers... Manufacture), ils proposent durant l’été une Paul Keiser : Ce n’est pas le propos, nous 22 & 23 JUIN 29 JUIN 30 JUIN programmation remarquable de créations carrefour de redistribution pratiquons tous à peu près le même prix, pour LES NUITS FLAMENCAS UN BREAK à MOZART 1.1 HUGH COLTMAN contemporaines, issues largement du théâtre de moyens publics. Lorsque programmer du théâtre public ou privé. À la KADER ATTOU / — ACCRORAP — ORCHESTRE DES ™ ÉLYSéES public. Ensemble, dans une tribune cosignée, Manufacture il n’y a pas de projet privé, tous JESúS CARMONA THE GREAT AMERICAN ils défendent l’idée d’un service public de ces derniers nous sont sont subventionnés, tous sont des créations. MARíA PAGéS SONG BOOK la culture. confiés, directement ou Dans l’équipe on a tous un boulot à l’année 0 18 et on ne gagne pas notre vie par l’exploita- 2 indirectement, cela nous É tion du Festival. L’argent des créneaux sert T

Zibeline : Pourquoi cette alliance entre donne une responsabilité à accompagner les artistes, pour la technique, É SCÈNE NATIONALE des structures avignonnaise si différentes, financière et morale. Nous la médiation des publics, la communication, le et qu’est ce qui vous unit ? personnel... Nous ne faisons pas de bénéfices, Paul Rondin : Avant tout la conscience que devons rendre des comptes, et nos comptes sont publics. la politique publique recule face à la loi du et nous les rendons bien. » Est-ce le rapport au public qui définit un marché, que quelque chose est en train de projet de service public ?

se casser. Or tous ici, malgré nos différences Déclaration commune Claire Wilmart : Evidemment, il s’agit d’éta- E structurelles, nous défendons un théâtre de « Pour un service public de la culture », blir une relation qui n’est pas de l’ordre de la R Avignon, mai 2018 T service public. consommation, avec des propositions qui ne CHÂTEAUVALLON Â É Pascal Keiser : Nous ne sommes pas si sont pas de l’ordre du divertissement, mais A H différents. Nous programmons les mêmes qui permettent de libérer notre imaginaire M P H I T artistes, qui passent du In au Off, tout comme Paul Rondin : et de « construire notre libre le public, qui circule. Olivier Py, à son arrivée, a arbitre » comme nous l’avons écrit. Nous 6 & 7 JUILLET 20 & 21 JUILLET 27 & 28 JUILLET permis d’assumer ce lien entre deux festivals pas de reconnaître le travail de service public sommes persuadés du rôle sociétal de l’art, et ALEATORIO LE TRIOMPHE DE L’AMOUR GOLDEN DAYS qui ne voulaient pas se parler jusque là. accompli par certains théâtres du Off. On qu’il est indispensable à la vie démocratique. Sous la présidence de S.A.R la Princesse de Hanovre devrait dire des Off d’ailleurs, et qu’ils s’or- MARIVAUX ATERBALLETTO ganisent à partir de certains critères, mais LES BALLETS MISE EN SCÈNE DENIS PODALYDÈS Johan Inger ce n’est pas à moi de le dire. DE MONTE-CARLO Justement, quels sont ils ces critères de Jean-Christophe Maillot service public qui vous rapprochent ? Paul Keiser : Nous ne sommes pas T. 04 94 22 02 02 CHâteauvallon.com 21

Cette mission de service public, qu’on Paul Rondin : Oui, c’est important. Dire non, vous a attribuée ou que vous adoptez par « Réduire l’investissement avec le risque assumé de se tromper, ça ne rend conviction, ne reposerait-elle pas plutôt, pas très populaire, mais c’est nécessaire : nous ou aussi, sur les choix artistiques que vous public, croire que le privé invitons le public à rencontrer des spectacles, opérez, sur l’émergence, la création, et jouera le rôle de la prise à donner de son temps et de son argent, mais sur des convictions esthétiques ? de risque, de la découverte surtout de sa capacité imaginaire. On ne peut Claire Wilmart : Bien sûr. On a tellement lancer cette invitation que si on est convaincu pris l’habitude de justifier notre existence et de l’accompagnement que la rencontre se fera. et nos financements par notre utilité sociale des jeunes talents et de Cet esprit là, de service public, est en recul que l’on n’a plus le réflexe de ces arguments. partout : seuls les cheminots peut-être Paul Rondin : Oui, et au fond c’est cela qui la médiation des publics le défendent encore, ou les profs, qui nous rapproche avant tout, l’exigence artistique, est une erreur grave qui font passer les intérêts du transport ou la conviction esthétique de l’éducation avant leur intérêt profes- Paul Keiser : Le fait de dire à un artiste, « non met en péril 70 années de sionnel. N’est-il pas dépassé ? tu n’es pas encore prêt, pas cette année, pas dynamisation du secteur des Paul Rondin : Si l’on veut que des artistes avec ce spectacle » passe bien avant le fait arts vivants par la puissance émergents puissent émerger, si l’on veut que qu’il est prêt à louer un créneau. Ne prendre le théâtre et l’art puissent s’adresser à tous, on que des spectacles que nous avons envie de publique. » ne peut pas compter sur le privé. C’est le sens défendre, et pas du bout des lèvres : nous Déclaration commune exact de la déclaration commune que nous voulons les aider et les suivre dans le processus « Pour un service public de la culture », avons faite. Et tant que nos théâtres seront de création, de diffusion, leur donner de la pleins, et ils le sont, cet esprit là sera vivant. Avignon, mai 2018 visibilité, leur faire rencontrer le public quand ils ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL sont prêts, à plusieurs étapes de leur création.

22 & 23 JUIN 29 JUIN 30 JUIN LES NUITS FLAMENCAS UN BREAK à MOZART 1.1 HUGH COLTMAN JESúS CARMONA KADER ATTOU / — ACCRORAP — ORCHESTRE DES ™ ÉLYSéES THE GREAT AMERICAN MARíA PAGéS SONG BOOK 0 18 2 É T

É SCÈNE NATIONALE

E R

T CHÂTEAUVALLON Â É A H M P H I T 6 & 7 JUILLET 20 & 21 JUILLET 27 & 28 JUILLET ALEATORIO LE TRIOMPHE DE L’AMOUR GOLDEN DAYS Sous la présidence de S.A.R la Princesse de Hanovre MARIVAUX ATERBALLETTO LES BALLETS MISE EN SCÈNE DENIS PODALYDÈS Johan Inger DE MONTE-CARLO Jean-Christophe Maillot

T. 04 94 22 02 02 CHâteauvallon.com 22 festivals Entre expansion et le Off tensions économiques : balance La proposition alternative des théâtres avignonnais, balbutiante à l’été 68, réfléchit à une institutionnalisation pour éviter la précarisation ambiante

ls sont tellement vertigineux, quasi hyp- notiques ces nombres, d’une année sur Il’autre... Jetons-nous y d’emblée, on ne peut y résister. Le Festival Avignon Off 2018, ce sera : 1538 spectacles, 133 lieux (dont 125 théâtres), 4667 artistes. Pierre Beffeyte, président de l’as- sociation Avignon Festival et Compagnie (AF&C) les annonce l’air presque un peu las : « oui, on peut effectivement dire que c’est le plus grand théâtre du monde, mais il ne faut pas réduire le festival aux nombres »*. Et d’embrayer sur la « précarisation grandis- sante, criante » des artistes du Off. Depuis l’an dernier, il semble qu’il souffle un vent de prise de conscience sur les marches du Palais des Papes. Pénétrer dans la ville aux remparts a un coût, souvent de plus en plus Compétitifs © Georgia Robin La violence des riches , Cie Vaguement exorbitant pour des compagnies toujours plus exsangues, venues dans le saint des saints jouer leur va-tout, quitte à se mettre définitivement en péril (voir p 17 à 21). Prenant la mesure de cette situation, les membres (sous l’égide de la fondation FACE, engagée Les fonds collectés (auprès du public et des d’AF&C, désireux d’améliorer le statut des contre toutes les formes d’exclusion). Par mécènes) permettront d’alimenter le Fonds artistes, et probablement aussi conscients du cette initiative, AF&C souhaite poursuivre de soutien à la professionnalisation créé par risque qui pèse à moyen terme sur la qualité sa réflexion autour des conditions de travail AF&C l’an dernier (80 projets soutenus en du festival lui-même, ont impulsé en 2017 une des artistes du Off et réfléchir à inventer un 2017 ; cette année, l’aide s’élèvera à raison série d’actions étalées sur trois ans. Lancée nouveau cadre pour encourager et développer de 50 € par jour et par artiste). le 1er juin dernier, une fondation a été créée « des pratiques saines » au sein du festival. suite p.24 Théâtre national de Marseille La Criée 18/19

La Part du désir et des rêves...

Théâtre, Grands Textes, Créations, Expositions, Musiques, Invasions, Cinéma, Photographie © Macha Makeïeff Avant-Garde, Contes, Festivals, Danse, Enfance et Artistes visionnaires...

Abonnez-vous ! Réservez ! www.theatre-lacriee.com 24 festivals

drames des migrants d’aujourd’hui. Est-ce possible de revenir (en arrière) ? Un conte épique et émouvant, en musique. La nouvelle création du Collectif 8 (que Zib suit depuis ses débuts) promet d’être envoûtante. Gaële Boghossian adapte et met en scène le Faust de Goethe. Elle ne se laisse pas contaminer par la noirceur du mythe, laisse affleurer humour et irrévérence, convoquant quatre comédiens, musique électro et vidéo en live, pour une plongée captivante dans l’âme humaine. Artéphile réunit, comme chaque année, sa programmation autour d’un thème. En 2018, les 16 spectacles se relieront sous le signe de l’ « Entropie. Sommes-nous source de dysfonctionnement ou de déséquilibre ? » Grave question, sujet tant physique que phi- Faust, Collectif 8 © Maghann Stanley losophique, qu’il ne faudra certainement pas prendre au pied de la lettre pour apprécier Mon grand-père, texte de Valérie Mréjen (1999), mis communiquer, circuler en scène par Dag Jeanneret (Cie In Situ) et L’amélioration des conditions économiques de merveilleusement interprété par Stéphanie l’ensemble du secteur passe par une refonte Marc (à lire sur journalzibeline.fr). L’auteure de la communication pour développer la fré- livre ses souvenirs familiaux dans un style quentation dans les salles. Une enquête sur la volonté de développer le dialogue entre faussement plat. Pas de sentimentalisme (et les publics, très fouillée, a été menée l’été les compagnies et les lieux d’accueil, « afin pourtant, la vie n’est pas simple dans cette dernier (avec la collaboration du laboratoire d’éradiquer certains fantasmes », précise famille des années 70, où suicides et trahisons Culture et Communication de l’Université AF&C, événements, formations (dispensées se disputent la vedette), des phrases tellement d’Avignon). Alors, qui sont les festivaliers ? par Illusion et Macadam), services (espaces neutres qu’elles provoquent le rire, une retenue On apprend qu’ils sont fidèles, revenant d’une de training pour les danseurs et circassiens)... qui interloque, et tout vole en éclat. Du Nord année sur l’autre, et locaux (30% viennent Un mot d’ordre pour chapeauter l’ensemble au Sud, récit d’une expérience s’appuie sur de la région). La durée du séjour varie entre de ces « marqueurs identitaires » du festival un travail mené en 2014 avec les lycéens de 3 et 9 jours, pour un budget situé entre 500 Off : il dure près d’une semaine de plus que deux établissements marseillais situés aux et 3000 €. Ils sont 72% à avoir plus de 46 le In, jusqu’au 29 juillet ! antipodes sociaux de la ville. Il y avait eu des ans. Le cœur de cible se situe donc chez questions (la géographie, la frontière), des les jeunes et les familles, qu’il faut attirer, à la carte rencontres, puis un spectacle conçu avec informer : des ateliers sont organisés pour les Avignon ne vit pas qu’en juillet, le théâtre les élèves. Wilma Lévy revient sur cette petits pendant les spectacles, le Pass Culture habite la ville toute l’année. Suivons le fil de expérience, et rejoue tous les personnages. (partenariat avec la Ville d’Avignon) et le la programmation des salles permanentes, Théâtre documentaire et polyphonique, mise Patch Culture (avec l’Université) proposent explorons les propositions, cohérentes et en scène inventive. (à lire sur journalzibeline.fr). des tarifs attractifs, le réseau universitaire va suivies, des lieux ancrés dans la vie culturelle À noter aussi les lectures de textes inédits et communiquer au niveau national, une synergie avignonnaise –garant d’une éthique quant présentation de travaux en cours, la lecture de est impulsée avec d’autres festivals (Contre aux conditions d’accueil et de choix des Pistou, récit d’adolescence de et par Amélie Courant, Chorégies d’Orange,...). Nouveauté compagnies accueillies (lire Zib’ 117). Chamoux, Cie Le Pas de l’oiseau. 2018 encore : la carte interactive, outil majeur Tout nouveau, tout beau, tout spacieux, et Haut lieu du Off, La Manufacture élargit de développement du territoire, répertorie toujours aussi gonflé de rêves poétiques et encore son champ d’influence cette année, tous les lieux stratégiques (hébergements, de conscience politique, citoyenne, le 11 Gil- avec deux sites supplémentaires : le Château parkings...) dans un rayon d’1,5 km autour gamesh Belleville a mitonné une sélection de Saint Chamand et l’École supérieure d’Art. d’Avignon : de quoi rassurer les festivaliers particulièrement appétissante. Pas moins de 24 L’offre est pléthorique, entre théâtre, danse, quelque peu effrayés par la difficulté d’atteindre spectacles ! On y retrouve une mise en scène clown, performance, art numérique, la pro- le cœur de la cité et l’ampleur des travaux du de Marion Guerrero (binôme historique de grammation propose 40 rendez-vous... Un tramway... À venir dès septembre prochain, un Marion Aubert) avec Abdelwaheb Sefsaf, festival dans le festival. Alors On n’aura pas le chantier de réflexion autour du problème du qui a écrit, et interprète, Si loin, si proche, temps de tout dire (création, Cie L’Interlude sous-titrage des pièces (en anglais) pour les sur le chemin d’un retour rêvé « au pays ». T/O, théâtre musical, journal d’un acteur vacanciers étrangers, jusqu’à présent tenus à Les aspirations des émigrés d’hier, arrivés clown, ou l’inverse), mais arrêtons-nous l’écart d’une grande majorité des spectacles. en France dans les années 70, croisent les sur la proposition de Joris Mathieu, du Enfin, le désormais incontournable Village du Théâtre Nouvelle Génération. Artefact Off (dans l’école Thiers) se double cette année est un spectacle sans humain, rencontre du Village des Professionnels (dans le collège avec l’intelligence artificielle. Imprimante Viala voisin) : tables rondes, rencontres (dans 3D, bras mécanique rejouant Shakespeare, suite p.26 10au22 8

Danse Cirque Théâtre Musiques Arts de la rue

CREATION 2018 ThéâtreScène d’Avignon du- Cie Serge Balcon Barbuscia AVIGNON FESTIVAL du 6 au 28 juillet 2018 relâches les 10, 17, 24 juillet

CREATION CREATION CREATION 10h45 12h10 2018 14h 2018 15h40 2018

VIVE LA VIE LA MOUETTE BERENICE ET HOP! Cie Interface Cie Philipe Person Cie Des iles du vent Moorea Conception et mis en scène d’ de LES GUERISSEURS Anton TCHEKHOV RACINE Richard Martin / Théâtre Toursky par André PIGNAT Adaptaté et mis en scène Mise en scène : Écrit et mis en scène & Géraldine LONFAT ete e par Philippe PERSON Frédéric FAGE par RUFUS

Hugo HORIOT Le Renard présente THÉÂTRE DU BALCON 38, RUE GUILLAUME PUY - 84000 AVIGNON 20h45 Françoise LEFÈVRE CRÉATION AVIGNON 2018 ON

atatio mie e ce PURGE Serge BARBUSCIA B€B€ ! ie oriiale Éric CRAVIATTO de Georges Feydeau

Mise en scene de Pierre Sarzacq Assistante: Louise Kervella piano [en alternance] Claude Collet, Avec : Grégoire Baumberger ♪ Pierre Bacheviller ♪ Bertrand Cauchois ♪ Marie Dissais ♪ Charles Guerand mise en scène Anne-Marie Gros ec Camille CARRAZ Fabrice LEBERT et Serge BARBUSCIA POSTIC • LICENCE 2-1051248 • MAQUETTE SAVIGNAC KATELL DESSIN RAYMOND lumière Jacques Rouveyrollis ♪ Louise Kervella ♪ Pierre Sarzacq

DU 6 AU 28 JUILLET 2018 Avec le soutien du Conseil Régional des Pays de la Loire, du Conseil Départemental de la Sarthe et de la ville du Mans. / Co-production : Le Carroi - la Flèche / Remerciements au Service Culturel de l’Université du Maine L’Adami, société des artistes-interprètes, gère et développe leurs droits en France et dans le monde pour une plus juste rémunération de leur talent. Elle les accompagne également par ses aides financières aux projets artistiques. La SPEDIDAM est une société de perception et de distribution qui gère les droits des artistes interprètes en matière d’enregistrement, LOC : O4 90 85 00 80 de diffusion et de réutilisation des prestations enregistrées.

CREATION CREATION 2018 2018 17h20 19h 20h45 22h30 Cie Serge Barbuscia J’ENTRERAI LA SUITE ANNE BAQUET ON PURGE BÉBÉ THÉÂTRE DU BALCON DANS TON FRANÇAISE Soprano en liberté Cie NBA Scène dʼAvignon de George FEYDEAU SILENCE Cie ASK us/Théâtre du Palais Royal Cie Le Renard d’aprés le roman Mise en scène : Mise en scène : Cie Serge Barbuscia Pierre SARZACQ De Hugo HORIOT d’Irène NEMIROVSKY Anne Marie GROS & Françoise LEFÈVRE Mise en scène : du 6 au 28 juillet à 17h20 Adapté et mis en scène par Virginie LEMOINE relâches les 10, 17, 24 juillet Serge BARBUSCIA Réservation : 04 90 85 00 80 38, rue Guillaume Puy - 84000 - Avignon - www.theatredubalcon.org Réservations : 04 90 85 00 80 38, rue Guillaume Puy - AVIGNON - www.theatredubalcon.org 26 festivals

spectateurs mués en acteurs véritables de notre monde à venir. Le Théâtre des Halles poursuit sa mission de vecteur de spectacle vivant, portée par son directeur Alain Timár, qui propose deux créations personnelles parmi les 14 pièces de la cuvée 2018 : Lettre à un soldat d’Allah, chronique d’un monde désorienté, de Karim Akouche, (avec Raouf Raïs), et Les carnets d’un acteur, d’après deux textes de Dostoïe- vski, où le théâtre transcende l’actualité et les conflits intérieurs. Belle quintessence d’un théâtre politique et intime, Convulsions, de Hakim Bah (Prix RFI théâtre 2016), mis en scène par Frédéric Fisbach. Le mythe des Atrides, traversé par tests ADN et demande de visas pour l’Amérique. Par L’ensemble Atopique II. Après le succès de Pompier(s), Serge Bar- buscia, directeur du Théâtre du Balcon, présente sa nouvelle création, J’entrerai dans ton silence, d’après les textes de Hugo Horiot et Françoise Lefèvre. Accompagné de Camille Carraz et Fabrice Lebert, il raconte l’amour d’une mère pour son Petit L’Herbe de l’oubli, Cie Point Zéro © Véronique Vercheval Prince cannibale (Françoise Lefèvre, prix Goncourt lycéens 1990), Hugo Horiot, 30 ans menu complet aujourd’hui, auteur de Autisme, j’accuse ! en Le Théâtre du Chêne Noir, complice des On pourra s’égailler aussi du côté de la 2018, et nous rappelle qu’entre autiste et artiste, prémisses du Off, propose 12 spectacles, Fabrik’ Théâtre, pour L’Enfant sauvage, une seule lettre change... Philippe Person dont 6 créations Avignon 2018. Des noms inspiré du film de Truffaut, texte et mise en propose une mise en scène de La Mouette de connus, Daniel Mesguich crée La mort (d’) scène de Jocelyne Valle, du Théâtre des Tchekhov adaptée dans une version réduite Agrippine, d’un certain Cyrano de Bergerac Barriques qui présente deux spectacles de pour 5 personnages (création Avignon 2018). (non, pas le personnage de Rostang, le vrai), notre collaborateur Régis Vlachos (Dieu est Au Théâtre des Carmes, fer de lance du Philippe Caubère continue sa tournée de mort. Et moi non plus je me sens pas très Off, reprise du grand succès 2017 La violence circonstance avec Le Bac 68, et Julien Gelas bien !, succès Avignon 2017, lire sur journal- des riches par la Cie Vaguement Compéti- met en scène son texte d’anticipation Le zibeline.fr et Cabaret Louise, création), La tifs, dans une nouvelle version. Adaptée des dernier homme (avec Paul Camus). Tâche d’encre, où Claire Massabo met travaux des sociologues Michel Pinçon et Bienvenue en Belgique francophone dans les en scène Nicole Choukroun dans Jeanne... Monique Pinçon-Charlot, la pièce prête gradins du Théâtre des Doms, qui propose pour l’instant, (à lire sur journalzibeline.fr), à rire, à s’indigner aussi. Restons vigilants et 8 spectacles de compagnies flamandes.La et savourer un peu de danse au Théâtre réactifs. (à lire sur journalzibeline.fr). Mikaël Musica deuxième, texte que Marguerite Golovine, avec des bouts de choux dès 3 Chirinian s’inspire de Moby Dick dans son Duras avait repris en 1985 de son premier ans, puisque le spectacle Pierre et le Loup texte (écrit avec Oceanne Rosemarie, qui Musica (commande de la Radio Télévision s’adresse à eux (Cie (1)Promptu, à lire sur s’appelle d’ailleurs aujourd’hui Océan), qu’il Belge), ausculte le couple, lorsqu’il a fini de journalzibeline.fr). interprète magnifiquement avec son double s’aimer mais cherche encore à comprendre Et ne passons pas à côté de la venue, au marionnette : L’Ombre de la baleine évoque ce qui n’a pas marché, à se rappeler les théâtre du Verbe fou de l’académicien René les relations familiales, intimes, universelles. À moments d’amour. L’univers de l’auteure de Obaldia pour une Causerie, dont il nous signaler aussi, dans le cadre d’un partenariat est bien investi par la metteuse en scène assure que ce ne sera pas une conférence (il exceptionnel avec le Théâtre National de Nice, Guillemette Laurent. Autre temps fort de la déteste). On fête cette année les 50 ans de l’été deux spectacles mis en scène par Irina Brook : programmation belge, par la Cie Point Zéro. 68 à Avignon. Lui fêtera, en octobre, ses... 100 Point d’interrogation, texte de l’italien Stefano En russe, Tchernobyl signifie absinthe, joliment ans ! Il n’y a pas d’âge pour brûler les planches. Massini, et La Tempête de Shakespeare. appelée l’Herbe de l’oubli. Les 5 comédiens ANNA ZISMAN marionnettistes abordent la catastrophe nucléaire avec les témoignages d’habitants * Conférence de presse du 30 mai proches de la zone d’exclusion, de scientifiques russes, rencontrés la compagnie. Du théâtre documentaire poétisé, mis en perspective grâce à l’utilisation virtuose des marionnettes. 27 Théâtr’enfants Villeneuve en scène

ans le quartier Montclar, les enfants ont leur festival dédié pendant la grand’messe théâtrale avignonnaise. Après Davoir pris note des tranches d’âges proposées pour chaque spectacle (il est expliqué que rien ne sert de courir, mieux vaut partir à point pour démarrer l’expérience de spectateur, et donc se conformer aux indications) le choix est fourni, avec un large éventail de compagnies à dominante locale. Artefact continue sa tournée avec D’un battement d’ailes et Envol (textes Catherine Verlaguet) : histoires sensibles d’in- dividus esseulés car décalés, dans un aéroport, d’où il sera question de s’échapper vers le haut. Filles & Soie (adaptés du livre Les trois contes de Louise Duneton), où Séverine Coulon raconte le trajet d’Anne, qui à force de vouloir revêtir toutes les robes couleur de temps, ou de sirène, finira par trouver sa propre enveloppe personnelle. Hocus Pocus, inspiré du Peer L’absolu © Jérôme Vila Gynt de Grieg, transpose en danse ce conte initiatique (Cie Villeneuve en Scène, on vient pour l’ombre offerte par les arbres Philippe Saire, sélection suisse en Avignon). Théâtre en musique multi centenaires, pour l’ambiance guinguette et chapiteaux, aussi, avec Le chant du hamac (Macompagnie), ou exposi- Àet aussi, oui, pour sa programmation soutenue et exigeante. 15 tion sonore (Archaïque sound système D, Patrick Sapin)... spectacles à découvrir dans ce havre de paix à quelques kilomètres D’autres propositions de la Scène conventionnée pour le de l’agitation avignonnaise. Robin Renucci et Les Tréteaux de jeune public, fines et pertinentes, constituent ce programme France présentent La guerre des salamandres, un texte visionnaire qui invite à s’enrichir en famille. A.Z. de Karel Čapek (1936) : entre récit d’aventure et dystopie, le monde inventé par le tchèque décrit une société qui par cupidité détruit les fondements de l’humanité. Le circassien Boris Gibé (Les choses Théâtr’enfants et tous publics de rien) met en scène l’acte de création, un Absolu au cœur d’un 10 au 27 juillet immense silo, entre chute et poésie acrobatique. Maison du théâtre pour enfants, Avignon Conférences de festivaltheatrenfant.com poche (Cie Nokill), Òpéra Càmera (Don Giovanni par E il piano va), Camion théâtre marocain (Khoroto +, mise en scène Hamza Boulaiz), de la danse aussi, avec For Love, de Florence Bernad, où 6 frères et sœurs se partagent les meubles et souvenirs d’une Contre courant maison familiale dans une chorégraphie qui tire sur le cirque, guidée par les textes d’Aurélie Namur, ou encore La Figure du baiser (Cie es compagnies publiques d’énergie continuent leur Pernette), un hymne à l’amour interprété par trois femmes et trois action sociale en proposant un festival « éclectique hommes, en duos, trios ou en groupe. L et électrique » sur l’île de la Barthelasse. Une quin- Attardez-vous sous les lampions : il reste encore plein de choses à voir. zaine de spectacles sur 7 jours, voilà qui réchauffe les A.Z . esprits (les membres du CCAS, mais tous les autres aussi). De la Magie mentale (Cie Raoul Lambert, Nîmes), en musique, Villeneuve en Scène ou en poésie. Loin de toute manipulation, sauf par les sons qui 10 au 22 juillet nous emportent loin dans nos perceptions physiques, ou les mots Villeneuve-lez-Avignon qui voyagent jusqu’aux fins fonds de nos mémoires.Tristan et 04 32 75 15 95 festivalvilleneuveenscene.com Yseult (Théâtre National Populaire de Villeurbanne), reine des histoires d’amour et de folie (à partir de 8 ans). Duo dansé filial entre une mère et sa fille mA( , Satchie Noro, Yumi Rigout) : FESTIVAL DE VIOLONCELLE DE CALLIAN · PAYS DE FAYENCE transmission au corps à corps. Magyd Cherfiprésente le deuxième volet de son autobiographie, J’écris comme on se venge : « Écrire c’est comme un paracétamol, un Paris-Brest, un aller-retour pour l’endroit de ses racines. » Les batteurs de pavés (Suisse) joueront un Germinal dans la rue, et le collectif Festival Cello Fan Plateforme (Lille) dans Work in regress, incarne les témoignages de 200 salariés recueillis dans le Nord et le Pas-de-Calais. Entre autres propositions à l’énergie débordante. A.Z.

29 JUIN / Contre courant 14 au 20 juillet 2 JUILLET La Barthelasse, Avignon RÉSERVATION : 04 94 39 98 40 et CELLO-FAN.COM ccas-contre-courant.org BILLETTERIE : FNAC · FRANCE BILLET · BILLETREDUC.COM · WEEZEVENT 28 festivals Avignon dans un tourbillon de danse

Feu, Bérengère Fournier et Samuel Faccioli © E. Carecchio

n février, Les Hivernales fêtait 40 années travail chorégraphique au sol et de l’espace pièce de 2013, L’iniZio, infusée dans le hip de présence dans la cité des Papes qui aérien. Frank Micheletti offre à l’interprète hop, ses techniques pures et ses multiples Eont marqué la ville d’une forte identité phare de son collectif KKI, Idio Chichava, le inspirations. Autour de Julie Coutant et artistique. Dans une ébullition toute aussi solo Black Belt qui va a contrario des idées Éric Fessenmeyer, il y a une tribu, ou plutôt festive, l’été sera dense avec 10 compagnies, reçues sur l’Afrique contemporaine. Avec Feu, De(s) personne(s) qui entrent en résonance 90 représentations et 2 co-accueils avec le Bérengère Fournier et Samuel Faccioli les unes avec les autres sans jamais se défaire Festival d’Avignon. Un programme mené à signent une pièce de groupe où l’énergie de leur unicité. Seule en scène, la danseuse un train d’enfer par l’alternance journalière de collective est mise en question et en tension. et chorégraphe Taïwanaise Ting-Ting petites formes de 30 minutes et de spectacles Le chorégraphe Suisse Thomas Hauert Chang explore les notions de conscient et de 70 minutes maximum, agrémenté de stages s’aventure une fois encore sur les chemins de de subconscient et « éclaire les recoins les et de master class en collaboration avec la l’improvisation qui « incite le corps à une autre plus secrets de l’âme humaine ». Collection Lambert et l’université d’Avignon concentration » : dans Inaudible, la réaction La collaboration entre Les Hivernales et le et des Pays de Vaucluse, de vidéos danse des corps à corps projette les danseurs dans Festival d’Avignon se poursuit cet été à travers projetées au cinéma Utopia La Manutention, un vaste mouvement organique, comme un deux propositions. Celle de Jan Martens et d’une déambulation dansée dans la ville essaim d’abeilles ou un banc de poissons… qui recrée son solo Ode to the attempt où (Souviens-toi de ta danse de Cathy Pollini). Déjà connue du public du Festival d’Avignon il se confronte avec drôlerie et ironie à ses Un vent de danse soufflera non stop de 10h avec Lanx, Obvie, Nixe, Obtus, Cindy Van désirs de création dans un monde régit par les le matin jusqu’à 21h30 le soir qui entraînera Acker s’est immergée dans l’œuvre plastique nouvelles technologies. Et celle de Mickaël les spectateurs dans un tourbillon de formes, de Christian Lutz pour inventer son solo Phelippeau qui présente pour la première d’écritures, d’explorations, de thématiques. Knusa / Insert coins et laisser libre cours fois Ben & Luc, duo conçu comme le portrait Ceux qui en font l’expérience d’une traite au mouvement. Amine Boussa s’échappe croisé de deux danseurs Burkinabés (Ben sortent K.O. debout, imprégnés de toutes des spectacles de Kader Attou (Opus 14) Salaah Cissé et Luc Sanou), entre amitié, parts par mille et un mouvements dansés, ou d’Andrès Marin (Yatra) pour réécrire sa fraternité et confrontation. d’autres picorent à pas comptés dans le champ MARIE GODFRIN-GUIDICELLI ensemencé par Isabelle Martin-Bridot, sa directrice. Et la floraison 2018 tient ses promesses ! L’artiste de cirque Fanny Soriano Les Hivernales On (y) danse aussi l’été ! chorégraphie deux circassiens virtuoses 7 au 24 juillet (Voleak Ung et Vincent Brière) dans sa CDCN d’Avignon, Avignon dernière création Phasmes, mariage agile du 04 90 82 33 12 hivernales-avignon.com

30 festivals La culture afropéenne sans frontière

a 1re édition de Massilia Afropéa, qui animera une Didi-Huber- a eu lieu à La Friche en octobre 2016, a rencontre sur man et Kol- Lcertainement permis aux spectateurs venus ce sujet. De tès, Laetitia assister aux multiples propositions de prendre même que la Ajanohun conscience de la faible représentation, sur philosophe met en les scènes françaises, des Noirs européens, Séverine scène On encore plus criante à Marseille où elle est Kod- m’a fait du presque invisible. jo-Grand- citron j’en Ce constat, Eva Doumbia (auteure et met- vaux, modé- ai fait de la teure en scène à l’origine de la manifestation ratrice de la limonade, Gerty n a avec sa Cie La Part du pauvre/Nana Triban) table ronde Les li Dambury lit le l E ne io l’a transformé en combat, avec la volonté L texte de Carlyle Brown événements afropéens © bia um de faire changer cet état de fait ; mais plus comme facteur d’estime Do La Cie Africaine présente Eva encore, il s’agit pour elle de valoriser les créa- de soi où il sera question, aussi, Richard III… La musique n’est teurs afrodescendants français et leur travail, de mode et beauté avec le collectif Les pas reste, avec une soirée On Air spéciale toutes disciplines confondues. Cette 2e édition, Rosas, le salon Boucles d’Ebène et Ethno- DJ, du Toirab (art musical venu de l’Egypte grâce à un partenariat élargi (le Festival de fashion Tendance ; et la philosophe Nadia antique) avec l’Anif Orchestra, les rythmes Marseille a rejoint La Friche, ainsi que l’ANIF, Yala Kisuridi qui s’inspire des cercles de comoriens du groupe MDH, une soirée hom- association Ngomé et Itsandra en France, discussion d’Afrique et des Caraïbes en inté- mage à Ibrahim Ali avec Soly et Imhotep, le collectif de femmes Les Rosas et Sound grant à la conversation des paroles d’habitants. et le rap de Casey (lire p 78). Musical School B. Vice, sans oublier Marseille Les spectacles se succèderont à La Friche Et plus encore, la programmation est foi- Provence 2018), se déroulera six jours durant, et dans la Cité de la Savine : la Cie la Part sonnante ! Notons la gratuité de la plupart à La Friche (23 et 24 juin) et dans la Cité de du pauvre/Nana Triban propose On ne des propositions, à La Savine notamment ; la Savine (19 au 21 juin), où en 1995 l’un des badine pas avec l’amour avec 10 acteurs de gageons que les habitants de ces tours, de membres du groupe de rap B. Vice, Ibrahim l’Ensemble 25 de l’Erac, dans une forme celles des cités voisines, et du centre-ville s’y Ali, fut abattu par des colleurs d’affiche du FN. spécialement conçue pour l’événement, Nel- rencontreront, dans un bel esprit afropéen ! Sujet d’importance cette année : l’estime de soi, son-Rafaell Madel adapte et met en scène DO.M. abordé lors d’une exposition de photographies le roman du sud-africain André Brink, Au plus de Brigitte Sombié (Afro !) qui présente et noir de la nuit, des élèves de l’Erac lisent Mon montre des femmes et des hommes autant à étincelle de Ali Zamir, Myriam Mihindou Massilia Afropéa l’aise avec leur identité européenne qu’avec présente un spectacle de transe, Bonbon 19 au 24 juin leur apparence physique ; l’écrivaine et réalisa- alcoolisé, cadavre exquis composé à partir La Friche, Cité de la Savine, Marseille trice Rokhaya Diallo, à l’origine de ce projet, de textes de Le Clézio, Ibn’Arabî, Abé Kôbô, 04 95 04 95 95 lafriche.org

L’Empéri, Cour théâtrale

a Cour Renaissance du Château de Le Gay et Francis Huster, auteur du livret contraintes et des lendemains chagrins. La l’Empéri, à Salon-de-Provence, accueille et interprète inspiré du musicien virtuose réalité finira pourtant par rattraper cette folle Lla 29e édition du festival Théâtre Côté ukrainien. Outre les mots et la musique (Schu- poésie familiale… (9 juillet). Le classique Ruy Cour (7, 9 et 12 juillet), annoncée et présentée mann, Liszt, Rachmaninov, Ravel, Chopin…), Blas de Victor Hugo clôture les réjouissances, avec « plaisir et orgueil » par les membres des images d’archives et des vidéos viennent joué par la Cie Les Nomadesques qui de l’association qui le chapeaute. Au fil des compléter ce riche portrait. s’empare avec jubilation de cette histoire années, ce rendez-vous culturel dédié au Changement d’atmosphère avec En attendant de manipulation très moderne ! (12 juillet). théâtre a fédéré un public fidèle qui apprécie Bojangles, que Victoire Berger-Perrin a DO.M. une programmation de qualité. adapté du roman éponyme d’Olivier Bour- La première soirée sera placée sous le signe de deaut (éd. Finitudes) et mis en scène. Sous Théâtre Côté Cour la musique avec , les yeux de leur petit garçon émerveillé, un Horowitz, le pianiste du siècle 7, 9 et 12 juillet spectacle musical mis en scène par Steve couple fantasque s’aime, et danse follement Château de l’Empéri, Salon-de-Provence Suissa, qui réunit la pianiste Claire-Marie sur la chanson de Nina Simone, faisant fi des theatre-cote-cour.fr FESTIVAL DE CHAILLOL Entre Alpes et Provence, une itinérance musicale. du 17 juillet au 12 août 2018 Hautes-Alpes

Cette nouvelle édition du Festival de Chaillol invite à une expérience joyeuse et savoureuse, celle du dialogue qui se renouvelle chaque soir, de vallée en vallée, entre les paysages sonores qui s’épanouissent dans les églises et chapelles et les paysages naturels des vallées alpines qui les accueillent. Entre les deux, il y a vous et nous, que la musique relie en de purs moments d’allégresse. Vintage Orchestra, Franck Krawczyk, Patrick Langot, Maya Villanueva, Romain David, Kedem Ensemble (Saison France-Israël), Chesapeake

Pascal Colrat L’hospitalité Youth Symphony Orchestra, Vincent Beer-Demander, Riccardo Del Fra, Valeria Kafelnikov, Quatuor Béla, Anthony Millet, Bernard Cavanna, Tel Aviv Wind Quintet (Saison France-Israël), Stephen Horenstein, Loïc Guénin, Mandy Lerouge, Ensemble Irini, Zad Moultaka, Amandine www.festivaldechaillol.com Habib, Grégoire Rolland, Céline Frisch & Pablo Valetti, Perrine 04 92 50 13 90 Mansuy, Compagnie Rassegna...

festivaldemarseille.com - 04 91 99 02 50

photographie © Brett Bailey / Guido Schwarz 32 festivals La danse c’est la vie !

a chorégraphe américaine Trisha Brown, de Magali Milian et Romuald Luydin succédé à Josef Nadj à la direction du CCN disparue en 2017, a les honneurs du 38e (Far West, Cie La Zampa), Sylvain Huc d’Orléans) et fidélités. La palme d’or reve- Lfestival Montpellier Danse qui l’a invitée (Sujets, Cie Divergences), Michèle Murray nant au Nederlands Dans Theater avec neuf fois entre 1982 et 2013. D’aucuns se (Atlas / Études, Cie Play Michèle Murray), un triple programme, dont une création de la souviennent de son duo You Can See Us avec Aurélien Bory (aSH, pièce pour Shivalinga- Canadienne Crystal Pite, Anne Teresa De Bill T. Jones ou de la création One Story as in ppa, Cie 111), Camille Decourtye et Blaï Keersmaeker pour un opéra comédie signé Falling pour la compagnie Bagouet, quelques Mateu Trias (Là, Cie Baro D’Evel), Sylvain avec le musicien Jean-Guihen Queyras, ou mois avant la mort du chorégraphe. Les mont- Bouillet, Mathieu Desseigne-Ravel et encore Ohad Naharin qui met les danseurs pelliérains, également, ne peuvent de sa Batsheva Dance Company ignorer son dessin de It’s a Draw qui entre les mains de la Cap-Verdienne trône encore à la cité internationale Marlene Monteiro Freitas. Le tour de la danse, l’Agora, où le festival pré- d’horizon de la création internationale sentera l’exposition Une américaine à se poursuit en compagnie de l’italien Montpellier. L’hommage se poursuivra Jacopo Godani qui ouvrira le festival lors d’un stage de « plongée dans un avec des « créatures abyssales et des processus singulier » avec Lance cyborgs animaliers » (Extinction of a Gries, ex-danseur de sa compagnie Minor Species), le londonien Akram et pédagogue. Khan avec une création très proche La danse s’infiltre dans tous les de son cheminement artistique per- interstices de la ville, et plus lar- sonnel (Xenos signifiel’étranger ), la gement de la métropole : théâtres, Compañia Nacional de Danza pour Une américaine à Montpellier, Trisha Brown © Marc Ginot cinémas, médiathèques, parcs et rues Une soirée avec Forsythe. Retour en et espaces publics pour offrir des spectacles, Lucien Reynès (Des gens qui dansent, Naïf France avec Phia Ménard qui interprètera des films et des « grandes leçons de danse ». production), Le Ballet du Capitole et son le premier de ses Contes immoraux, Mai- Rendez-vous incontournable qui permet à programme de créations signées Roy Assaf, son-Mère, avant Temple Père et La Rencontre tous, gratuitement, de danser une heure avec Yasmeen Godder et Hillel Kogan. interdite à l’horizon 2019… les chorégraphes et les danseurs invités… Au-delà de la sphère régionale, Montpellier MARIE GODFRIN-GUIDICELLI Autre particularité de la manifestation ? Sa Danse conjugue « premières en France », programmation largement ouverte aux artistes « créations mondiales » et « réécriture du qui vivent et produisent dans la région Occi- répertoire », nouveaux arrivants ( Alexandre 38e Festival Montpellier Danse tanie. Son focus Danser en région donne un de l’artiste Brésilienne Paula Pi, Twenty-se- 22 juin au 7 juillet coup de projecteur sur les nouvelles créations ven perspectives de Maud Le Pladec qui a 08 00 60 07 40 montpellierdanse.com

Un parfum d’universalité

de la manifestation, martèle la ligne matins du monde. Nous serons conviés à directrice de ses choix 2018 : « La la première européenne de Love heals all danse, encore de la danse, toujours wounds, dernière création de Lil Buck et Jon de la danse, la vie dans la danse, Boogz, qui portent au sommet le jookin. Les la danse de la vie, la danse dans la six artistes de The Rat Pack détourneront vie, la danse… » Et la population les techniques des films noirs en un cirque de Vaison le prend au mot : en total. Les Ballets Jazz de Montréal rendront ouverture, on applaudira les 140 hommage à Léonard Cohen, avec Dance me. élèves de l’école intercommunale Quant au BNM il offrira sa toute nouvelle de danse Vaison Ventoux, dirigés création Non solo Medea. Ajoutez conférence, par Françoise Murcia, puis l’école projections cinématographiques, ateliers… de danse et de fitness Pulse de la danse est une inépuisable fête ! Les nuits barbares, Cie Hervé Koubi © Frédéric de Favernay Sandra Delpy et ses 300 élèves. MARYVONNE COLOMBANI aison aime la danse et fête la 22e édition Suivront les « monstres sacrés » nationaux et de Vaison Danses, organisé pour la internationaux, certains pour la première fois Vaison Danses Vtoute première fois de bout en bout à Vaison : on pourra ainsi se laisser envoûter 23 juin au 27 juillet par les équipes municipales de la ville. par la beauté charnelle de la pièce d’Hervé Divers lieux, Vaison-la-Romaine Pierre-François Heuclin, directeur artistique Koubi, Les Nuits barbares ou les premiers 06 49 42 02 88 vaison-danses.com Marseille, plurielle, danse

a 23e édition du Festival de Marseille s’attache à « créer et imaginer des mondes différents et nouveaux ». LJan Goossens, son directeur, pose les principes qui en guident la programmation et l’esprit (entretien à lire dans Zib’ 118 et sur journalzibeline.fr) : « La danse, nous la défendons non comme un exercice de style académique qui propose un divertissement, mais bien comme un vocabulaire pluriel, accessible et généreux où le plus grand nombre de citoyens de la ville peuvent s’exprimer, se reconnaître… ». Nous serons conviés à arpenter la planète, avec des propositions riches et variées : celle de l’Indonésien Eko Supriyanto (15 au 17 juin à La Friche), du Burkinabé Serge Aimé Coulibaly qui nous invitent à repenser notre relation au monde (du 29 juin au 2 juillet à La Friche). Éric Minh Cuong Castaing évoque le handicap (4 juillet au Frac), Lisbeth Gruwez (16 & 17 juin à La Friche, 19 & 20 juin au Merlan) et Nacera Belaza (4 & 5 juillet au Théâtre Joliette), le temps de Pénélope, tandis que Jan Lauwers insiste sur les décalages (28 & 29 juin) et que Fabrizio Cassol et Alain Platel mettent vie et mort en écho (6 au 8 juillet au Silo)… La jeune création est présente aussi avec les Lundis du QG, au cours desquels les jeunes artistes du MarsLab offrent leur programmation, et de nombreux projets collectifs dans le cadre de MP2018 partagent les lieux de représentation dans un esprit cosmopolite et fraternel, soutenus par le dynamisme des Festiv-Alliés. MARYVONNE COLOMBANI

Festival de Marseille 15 juin au 8 juillet Divers lieux, Marseille 04 91 99 02 50 festivaldemarseille.com Salt , Eko Supriyanto @ Wahyudi LA COMPAGNIE DU GRAND SOIR PRÉSENTE CABARET LOUISE AVEC JOHANNA GARNIER, CHARLOTTE ZOTTO & RÉGIS VLACHOS MISE EN SCÈNE MARC PISTOLESI TEXTE RÉGIS VLACHOS MARSEILLE LES 27 ET 28 JUIN — 20H AU QUAI DU RIRE 16 QUAI DE RIVE NEUVE — 04 91 54 95 00 FESTIVAL OFF D’AVIGNON 19H — THÉÂTRE DES BARRIQUES 34 festivals Escapades musicales

our sa 8e édition, le festival Les Esca- pades se resserre autour de sa pro- Pgrammation musicale. La direction du Théâtre Durance souhaite ainsi clarifier sa ligne artistique, en réservant les arts de la rue aux Echappées, rayonnement territorial hors les murs, qui accueillit notamment le clown Léandre en mai dernier sur quatre communes du département. Aux Lauzières, sur le parking du théâtre, on célèbrera donc la fin de la saison et le début de l’été avec deux soirées de concerts gratuits et en plein Ceux qui marchent debout © X-D.R air. Des soirées résolument placées sous le d’afro-psychédélisme constituée il y aune dans les influences les plus contemporaines, signe des Tropiques, avec quatre groupes douzaine d’année à Soweto. Dans la droite s’émancipant des codes freejazz du genre pour effervescents aux géométries exponentielles. lignée de leurs aînés Philip Malombo Tabane se tourner vers le hip-hop et le punk rock. Le 6 juillet, place à BCUC (Bantu Continua ou Batsumi, les sept musiciens créent une Cette relecture des rythmes ancestraux, à base Uhuru Consciousness), furieuse formation musique puisant dans les traditions comme de basse, percussions, vents, voix d’hommes

L’art au port

La ville de Port-Saint-Louis-du-Rhône accueille pour la 9e année Les Mercredis du Port, manifestation initiée par le Citron Jaune* qui mêle aux spectacles d’arts de la rue la découverte, gustative, des produits (locaux) de la mer

ête, convivialité, découvertes culturelles et gustatives signent le début de l’été sur les F quais du port. Tandis que se préparent les artistes, l’attente est des plus agréables : sur fond de coucher de soleil, attablés, spectateurs habitués ou occasionnels patientent. Dès 19h30, tous les mercredis de juillet, l’heure indique le début des festivités : fanfares, cirque, , Cie HURyCAN © Joris Hol JHL odiero , Cie HURyCAN Te danse, théâtre d’objets, musique… On y entendra l’afrofunk brass band Le Syn- dicat du Chrome, sextet inspiré par le jazz de la Nouvelle Orléans auquel ils mêlent hip hop et reggae, La Belle image, fanfare latino roots qui revisite les styles musicaux de la Colombie, du Venezuela et de la Colombie. On assistera aux prouesses acrobatiques d’Olivia Quayle et Jan Patzke (L’Éolienne & Joli Vyann), duo basé sur l’énergie de leurs corps jetés, propulsés, rattrapés dans Lance-moi en l’air, à celles de Jonathan Guichard sur son drôle d’objet fait de bois recourbé en demi-cercle traversé d’un filin métallique, 3D, qui vibre et résonne de sons divers lorsqu’il glisse dessus, le balance et LA COMPAGNIE DU GRAND SOIR PRÉSENTE

et de femmes, est animée par l’urgence de dire l’âpre réalité quotidienne vécue en Afrique du Sud, où le groupe répète dans un container reconvertit en restaurant communautaire. La soirée se poursuit avec Ceux qui marchent debout, est rois de la scène après 25 ans de carrière. La célèbre fanfare Dieu mor t revisite les codes du genre -soul, funk, Nouvelle-Orléans…- dans une énergie contagieuse. Le lendemain, place au groove Et moi non plus j’me sens pas très bien ! éthiopien d’Arat Kilo, rejoint sur scène par la diva malienne de Régis Vlachos Mamani Keïta et Mike Ladd, chantre du spoken word. Tous deux participent à Visions of Selam, le troisième album du groupe, pour un mix de hip-hop, funk, soul, jazz, dub et sons tropicaux. La soirée s’achèvera avec Lakuta, du nom de la langue natale swahili de la chanteuse tanzanienne Siggi Mwasote. Les racines des neuf membres du groupe -Kenya, Espagne, Royaume-Uni, Ghana et Malaisie- fusionnent pour réinventer l’afrobeat, dans un son percutant à base de cuivres, Benga et rythmes latins. JULIE BORDENAVE

Les Escapades 6 & 7 juillet Les Lauzières, Château-Arnoux-Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr

le retourne lors d’une chorégraphie légère et poétique, ainsi qu’au défi à la pesanteur auquel se livre Valentin Bellot sur une corde lisse, tandis que son compère Gus improvise à l’accordéon un air doux et léger (La Corde et on). Le clown Leandre posera sa maison sans murs face au public et son regard tendre et décalé sur notre fragile humanité (Rien à “On jubile de plaisir” “SACRÉ sens de l’humour” dire), la Cie HURyCAN fera de la rencontre amoureuse une danse d’amour et de haine, entre recherche de l’autre et soif d’aimer, portée par Candelaria Antelo et Arthur Barnard “Original et Bazin, la clown Fanny Bérard utilisera ses couteaux bien réjouissant !” aiguisés pour faire jaillir ses Confessions d’une femme hachée, celles d’une fille de boucher à l’histoire cabossée ; enfin, pour clôturer ces mercredis festifs, place à la danse et aux arts du “Une éructation “Inclassable et feu menés tambour battant par la Cie Bilbobasso : Amor, à salutaire !” truculent” moins que ce soit À mort, conte le temps distendu et cruel au sein d’un couple marié depuis longtemps, qui semble prêt “On garde la foi à s’étriper. Sur des airs de tango argentin, Delphine Dartus et c’est brillant !” et Hervé Perrin font d’une situation banale un véritable feu d’artifice, avec flammes et étincelles colorées ! DOMINIQUE MARÇON

* Ce Centre national des arts de la rue et de l’espace public a ouvert ses portes en 1992 à Port-Saint-Louis-du-Rhône, accueillant artistes au travail, spectacles et publics

Les Mercredis du Port 4, 11, 18 et 25 juillet Quais, Port-Saint-Louis lecitronjaune.com 36 festivals

Une surface de ralliement

Traversée, Tatiana-Mosio Bongonga, Cie Basinga © Stewart

ingt ans pour Cratère Surfaces ! Premier soutenir des formes innovantes. Les 24 acro- du nom en Languedoc-Roussillon, le bates de la Cie XY investiront ainsi la ville Vfestival en espace public, porté par la d’Alès au gré de leur fantaisie, venant étoffer scène nationale d’Alès, permet chaque été contresens. La génération émergente des le paysage et défier les verticalités urbaines de découvrir la fine fleur de la rue, via une artistes de rue s’empare également des fon- par leur art de la voltige et des pyramides programmation exigeante se nichant dans damentaux de la discipline, via des spectacles humaines, exécutées au plus proche des les recoins de la cité alésienne et alentour. militants lourds de sens (Terre commune de spectateurs. Ancrés au sol, les Gandini Au fil des ans, l’événement a cultivé sa fibre Cie Sous X, conviant le public aux funérailles Juggling, virtuoses britanniques de la balle internationale, devenant un lieu convivial de d’une SDF), ou des variations plus légères rouge, s’attellent avec 8 songs à l’histoire ralliement pour de nombreux programmateurs expérimentant les nouveaux médias (Projet du rock, après avoir rendu hommage à Pina étrangers, qui trouvent leur juste place parmi Solaris, de Hanneke de Jong & Joans de Bausch dans leur précédent Smashed. Les le public familial des festivaliers. Emaillé cette Witte, déambulation accompagnée d’un Belges de la Cie Scratch réinventent aussi année d’un focus sur les Pays Bas avec cinq smartphone). le jonglage à leur façon : scratch, chien, et compagnies rarement vues de par chez nous, Quant aux compagnies historiques, elles se public scindé en deux. Du côté des agrès, 3D le festival permet de prendre le pouls des arts réinventent aussi : les 26 000 Couverts, habi- innove avec un arc géant sonorisé permettant en espace public. Les formes contemporaines tués des grands raouts, se réduisent à… 2,6 toutes les audaces, prétexte de jeu irrésistible les plus variées y sont présentées, jouant sur couverts pour WRZZ, fiction muette et pourtant au sein du duo formé par la Cie HMG, l’un les échelles, des tréfonds de la Terre -Deep, de diablement bavarde. Ici, ce sont les éléments aux platines, l’autre aux acrobaties. Après un Daan Mathot, illusion d’optique autour d’un -interphone, murs…- qui s’emballent et créent passage par Anduze et Rochebelle, le festival homme au fond d’un trou- au sommet des la loufoque bande-son de cette forme courte s’achèvera le 7 juillet sur les rives du Gardon, firmaments -la funambule Tatiana-Mosio pour façade d’immeuble. Après le poignant réchauffées le soir venu par les flammes de Bongonga, de la Cie Basinga, franchira le Ma vie de grenier, Carnage Production Carabosse venant lécher les bords de l’eau. Gardon, juchée sur un fil à 40m de hauteur. propose quant à elle un nouveau solo, L’Être JULIE BORDENAVE Cette Traversée fait partie des nouvelles recommandé, autour de la reconversion d’un modalités interactives de rassemblement : aspirant artiste de 48 ans. Et comme le cirque ce sont les habitants eux-mêmes qui, après s’émancipe toujours davantage de la boîte avoir hissé le fil, le maintiendront tendu noire, le Cratère s’associe avec La Verrerie durant toute la traversée. C’est pas là, c’est voisine, Pôle national cirque Occitanie, pour par là propose également un nouveau rituel performatif et participatif : un écheveau géant Cratère Surfaces, Alès International à dénouer de manière collective inventé par le Outdoor Festival 3 au 7 juillet jeune Coréen Juhyung Lee, friand d’univers Divers lieux, Alès, Anduze, Rochebelle poétiquement absurde pour s’y jouer des 04 66 52 52 64 cratere-surfaces.com Quoi de mieux que Festimôme ?

assembler, écou- ter, voir, sentir, «Rpartager, échan- ger, s’émerveiller » c’est à tout cela qu’invite depuis 17 ans, à Aubagne, à la fin du mois de juillet, le festival Festimôme, une invita- tion qui n’est pas réservée qu’aux enfants… Marrai- née par Nicole Ferroni, l’aubagnaise chroniqueuse de France Inter, la mani- festation, devenue depuis l’année dernière Festival international du cirque et des arts de la rue, ouvrira les portes de son édition 2018 du 19 au 21 juillet dans les espaces du parc Noïs Um, Cia Dela Praka © Dela-Praka Jean-Moulin, avec une multitude d’ateliers, d’activités, de jeux, et toute une série de spectacles venus de Belgique, d’Italie, d’Espagne, de France, du Japon, et du Brésil. Parmi ceux-ci, éclats de rire en vue avec la comédie amou- reuse clownesque Adoro des espagnols Alta Gama (les 19, 20, 21), les acrobaties qui déraillent de Bert y yo des italiens Vol’e Temps (les 20, 21), et le quatuor de cantonniers municipaux créatifs de Hop ! par les bretons Fracasse de 12 (le 19). Rire, ça fait du bien, mais ce n’est pas tout ! Ouvrir les imaginaires est tout aussi libérateur, et on attend avec curiosité Va où le pied te porte (les 20 et 21) de l’italienne Laura Kibel, qui transforme les différentes parties de son corps en pantins-créatures, le cirque-danse poétique Noïs Um des brésiliens de Cia Dela Praka (les 19 et 20) , la « performance arborée » de la Cie Du o des branches (le 21), ou bien encore un accordéon voyageur à la rencontre de la langue des signes dans Accordéons-nous de la Cie de l’escargot (les 19 et 20). À noter également la présence d’une bande de japonais aux jongleries spectaculaires, les Kuutenkidou (les 19 et 20). Et, pour les oreilles curieuses, la plongée dans la légende Louis Amstrong d’un duo new-orléans belge Le Sousa Schleb (les 19 et 21), sans oublier le Kobiz Project (le 21) cinq musiciens chanteurs sous influence klezmer, mais pas que. 4 € la journée pour les adultes, 3 € pour les enfants, avec, au-delà des spectacles et concerts, l’accès tout au long des journées aux divers jeux, activités et ateliers, de l’espace sensoriel à l’art postal, de la chasse au trésor aux dominos et petits chevaux géants, labyrinthes verticaux et lancer de fers à cheval… Quoi de mieux que Festimôme ? MARC VOIRY

Festimôme 19 au 21 juillet festimome.fr 38 festivals Châteauvallon croise les étoiles

du patrimonial Mozart. Dix musiciens de l’Or- chestre des Champs-Élysées, installés en fond de scène, interprètent dans une partition pour cordes l’ouverture de Don Giovanni ou le Requiem. Chemises blanches et pantalons noirs, les dix danseurs intègrent et doublent la mélodie. Les gestes en sont démultipliés, les codes explosent, danse et musique se découvrent et repoussent les limites. Deux spectacles de danse complètent le pro- gramme estival, les Ballets de Monte Carlo (6 & 7 juillet) et la Cie italienne Aterballetto (27 & 28 juillet). Jean-Christophe Maillot, directeur des Ballets de Monte Carlo, propose avec Aleatorio l’assemblage de trois courtes pièces crées entre 2002 et 2015 : Men’s Dance pour des danseurs, Men’s Dance for Women pour danseuses, et le duo Presque rien. Avec Bach comme complice, le chorégraphe propose ainsi de mieux comprendre le souffle créatif sur plus d’une décennie. Dans Golden days, les danseurs de l’Aterballetto interprètent trois pièces de Johan Inger : Bliss (musique Keith Jarret), Rain Dogs (musique Tom Waits) et le solo Birdland sur la chanson éponyme de Óyeme con los ojos © David Ruano Patti Smith. Danse contemporaine très pop. Musique avec Hugh Coltman accompagné Explosion de talents, de courants, de mouvements d’un New Orlean’s Brass Band (30 juin) pour et de genres sur la scène nationale : l’été sera A great American Song Book, qui croise rock « lettré » et jazz des origines. Hocine Boukella varié, et toujours au sommet (fondateur du groupe de rock algérien Cheikh Sidi Bemol) interprétera des Chants marins oup d’envoi avec Chassol (16 juin), réin- Jesus Carmona présentera Impetu’s (22 juin), Kabyles (10 juillet) sur des textes du poète venteur de sons et musicien d’ambiances condensé de culture flamenca traditionnelle Izlan Ibahriyen. C(pas d’ambiance, oh non, mais utilisant les et d’expériences personnelles du danseur, Et la dernière création de Denis Podalydès bruissements du quotidien comme autant de qu’il nous livre dans un spectacle, son titre (version metteur en scène) rendra hommage notes-matières). Avant de ravir les oreilles - et l’indique, plein de fougue et d’émotions. Les à la langue et la finesse de Marivaux dansLe les yeux, car Chassol travaille autant le son six danseurs s’accordent sur les notes de Triomphe de l’amour (20 & 21 juillet). Éric que l’image, produisant distorsions auditives grands compositeurs, interprétées par des Ruf à la scénographie, Christian Lacroix et mélanges visuels en direct -l’artiste fut, très maîtres : Daniel Jurado et Oscar Lake signe les costumes, et Christophe Coin jeune, chef d’orchestres classiques, arrangeur (guitare), Thomas Potiron (violon), Paco à la direction musicale partage le plateau (pour Keren Ann ou Phoenix), compositeur pour Vega (percussions) et Juan José Amador avec d’autres fidèles du metteur en scène. le cinéma ou la pub... Aujourd’hui il mélange au chant. María Pagés et ses six musiciens Royaume des masques qui s’accrochent pour ses talents, et la sensation est exponentielle. clôturera ces Nuits, dans une chorégraphie très mieux tomber, des sourires qui cachent le Pour Big Sun, chants d’oiseaux et rumeurs théâtrale, un spectacle où les mots prennent désarroi, des bons mots employés pour mieux de carnaval habitent sa musique inspirée autant d’importance que les pas, où l’histoire, blesser ou panser, le théâtre de Marivaux est et envoûtante. celle d’une femme investie jusqu’au bout des un havre de pensée. Deux Nuits Flamencas (conçues par Juan doigts dans l’aventure flamenca, se décline en ANNA ZISMAN Carmona) pour plonger véritablement dans verbes et en gestes : Óyeme con los ojos (23 l’été (22 et 23 juin) Paloma Fantova, connue juin) est la marque d’une artiste mondialement pour son engagement total sur scène, embra- connue qui sait créer ses propres codes et sera le plateau, avec cette urgence qui laisse projette l’art flamenco dans une esthétique penser que, chaque fois, c’est une question de moderne et nouvelle. vie ou de mort que de transcender le chant et la Réinterprétation toujours et encore, garante guitare (Aquilino Jiménez) par la danse. Puis d’un art vivant, le Break à Mozart 1.1 de Kader Châteauvallon – scène nationale, Ollioules l’ancien soliste du Ballet national d’Espagne Attou (29 juin) harmonise hip hop et musique 04 94 22 02 02 chateauvallon.com Collectif Châteauvallon croise les étoiles théâtre & arts numériques

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CHÂTEAU-ARNOUX-SAINT-AUBAN À PARTIR DE 17H GRATUIT École de Musique Barth Russo Bai Ming Atelier de Musiques Improvisées Theo Lawrence & The Hearts Sous la lumière d’Aurelie Nemours 白明作品展 Amadou&Mariam 29 JUIN 28 OCTOBRE 2018 Ming / la lumière Retrouvez-nous sur www.musee-de-salagon.com 04 92 64 27 34 Création graphique : Joseph Isirdi - www.lisajoseph.fr - mai 2018 crédit photo : © Salagon : Joseph Isirdi - www.lisajoseph.fr Création graphique

SALAGON - BAI MING - AFFICHE 47X31CM.indd 1 31/05/2018 14:23 40 festivals La lecture est un plaisir !

artout en France, et artistique décline balades littéraires, du 11 au 22 juil- bibliothèque de plein air et ateliers-rencontres P let, aura lieu la 4e avec Anne Crausaz et Françoise Laurent édition de Partir en sur le thème de l’eau (20 et 21 juillet), tandis livre, la grande fête du que de la Vallée de la Roya à Nice, les Amis livre pour la jeunesse de la Roya citoyenne proposent dans le organisée par le Centre cadre du Festival Passeur d’humanité (12 au national du livre (CNL), 15 juillet) une caravane de littérature entre la avec le soutien du France et l’Italie, avec des expos, des ateliers… ministère de la Culture. et une quinzaine d’auteurs et illustrateurs et Ateliers, défis gra- d’artistes. Dans le Vaucluse, à Carpentras, les phiques, rencontres livres vous accompagneront lors de lectures d’auteurs, lectures… dansées, dessinées ou musicales (11 au 22 la promesse d’évasion, juillet). À Montpellier et dans la Métropole, de rêve, de découvertes les médiathèques du réseau seront au plus auxquelles les livres près des petits lecteurs grâce à l’Ideas Box, Partir en livre 2016 sur la Plage du Pilou Villeneuve les Maguelone © CNL et la lecture donnent bibliothèque mobile développée par l’ONG accès, comme le souligne Françoise Nyssen un flip book, des rencontres avec les auteurs Bibliothèques sans frontières (piscine, dans son édito, est à portée de tous les enfants, et illustrateurs Pierre-Henry Gomont, gares, hôpitaux, du 11 au 21 juillet), dans plus ou moins jeunes, en sortant des lieux Peggy Adam, Tristan Bonnemain, neuf communes du Clermontais auteurs, où ils ont l’habitude d’y avoir accès. Quant Renaud Perrin, Ingrid Chabbert, Sabine illustrateurs et éditeurs se mobilisent avec les à ceux qui n’ont pas encore été titillés par Tamisier et Aude Léonard, et la Ligue de libraires pour animer des ateliers (11, 12 et 7 cette extraordinaire source de plaisir, ils n’ont l’enseignement des Bouches-du-Rhône au 20 juillet), et à Frontignan et Carnon la plus qu’à se laisser tenter… La Bd fait son cinéma (11 au 22 juillet) dans médiathèque départementale travaille autour Dans les régions Paca et Occitanie, comme ail- les quartiers nord et sud de la ville autour d’un livre-manteau avec l’auteure-illustratrice leurs en France, parmi les nombreuses proposi- d’une bibliothèque mobile animée par les Emmanuelle Houdart (11 et 12 juillet). tions, des événements particuliers ont été label- bénévoles de l’association Lire et Faire lire DO.M lisés, et soutenus financièrement, par le CNL. et des ateliers de BD animés, entre autres, par À Marseille, sur le thème du cinéma, Peuple Clément Baloup, Lisa Lugrin, Clément Partir en livre & Culture Marseille organise Lire, quel Xavier, Mohamed Labidi, Bruno Bessadi… 11 au 22 juillet cinéma ! (16 au 20 juillet au parc Billoux) Dans les Alpes-Maritimes, à Mouans-Sar- Régions Paca et Occitanie avec un « récit collectif » sur les super héros, toux le Centre d’expression culturelle partir-en-livre.fr

Poésies en liberté

es 8e Rencontres littéraires en Haute Provence, (29 septembre à Saint-Etienne-les-Orgues). Lors de cha- organisées par l’association Artgo & Cie, ont pour cune de ces soirées auront lieu des lectures d’extraits L thème cette année un vers du poète Gabriel d’œuvres, ainsi que des rencontres-débats avec Celaya : « La poésie est une arme chargée de des écrivains (parmi lesquels Alain Freixe, futur ! » Pierre Kalfon, Catherine Flepp, Nedim De juin à septembre, sur le territoire de Gürsel, Demosthène Agrafiotis, Julien la Communauté de communes Pays de Blaine, Bernard Noël, Elias Sanbar, ou Focalquier – Montagne de Lure, six poètes encore Leïla Chahid), que présentera et seront mis à l’honneur, tous ayant connu modèrera Yves Bical. des années de prison, de camp ou d’exil : DO.M . le chilien Pablo Neruda (16 juin à La Pompe), l’espagnol Rafael Alberti (7 juillet à Saint-Etienne-les-Orgues), le turc Nazim Hikmet (28 juillet à Saint-Etienne- Rencontres littéraires en Haute Provence les-Orgues), le grec Yánnis Ritsos (11 août à 16 juin, 7 & 28 juillet, 11 août, 8 & 29 septembre R D. Pays de Forcalquier - Montagne de Lure Forcalquier), le palestinien Mahmoud Darwich X- e © reix 04 92 73 06 75 aucoindelaruedelenfer.com (8 septembre à Forcalquier) et le français Jean Genet Alain F saison18 19

www.theatre-la-passerelle.eu 04 92 52 52 52 42 festivals Le Jazz, une musique de jeunes,

Marseille Jazz des cinq continents a en créations changé de format et d’esprit, peu à peu, depuis 3 ans. Rencontre avec son directeur, Hugues Kieffer

Oui, c’est un désir que nous avons depuis 3 la Ville de Marseille, mais l’engagement de la ans, et que nous concrétisons aujourd’hui. Le Métropole et du Département 13, ainsi que cœur du Festival reste le Marseille Jazz, du 18 d’autres synergies avec certaines mairies et au 27 juillet, mais d’ici là on entendra aussi de mairies de secteur, nous permettent cette formidables chanteuses, Robin McKelle ou année d’aller chercher un public qui n’a pas Sarah McKenzie, dans les parcs des mairies l’habitude du jazz. de Bagatelle ou de Maison Blanche, la violoniste Le public du Marseille Jazz a-t-il changé ? Yilian Cañizarès à Vauvenargues, le trio de Il change, doucement. D’abord il est plus H u g u es la pianiste Macha Gharibian.... Vous ne nombreux, puisque nous avons plus de pro- K ie ff er pourrez pas dire qu’il n’y a pas de femmes positions, et que le public nous suit au Mucem © X-D .R cette année ! Elles sont là, dans ce jazz plus ou au Silvain, et bien sûr durant la semaine jeune où elles se sont fait une place comme au Parc Longchamp, soit une jauge de 3500 Zibeline : Une ouverture dès le 12 juin, chanteuses mais aussi comme instrumentistes, places. Cette année on débute sur le parvis des tournées qui se prolongent dans les et leaders de groupe. du Vélodrome, avec un triple concert gratuit, Bouches-du-Rhône, des créations conçues Vous allez aussi à Istres, à Salon, à Aix à la participatif, avec les élèves du Conservatoire, sur le territoire... Marseille Jazz des Cinq Duranne, et vous prolongez les festivités l’IMFP de Salon. Puis on va au Silvain, avec continents semble au terme d’un chan- à Aubagne... son immense jauge, mais les concerts de Selah gement d’importance ! Oui, avec un concert de Lisa Simone le 30 Sue et Sarah Quintana étaient complets 2 jours Hugues Kieffer : Au terme non, nous voulons juillet, et Tigran Hamasyan en décembre. après l’ouverture des réservations... construire encore ! Et faire entendre cette On sera aussi présents à Tarascon, et Allauch, Comment réagissez-vous à ce succès, qui musique partout et par tous. Mais il est vrai programmés dans le cadre des capitales génère aussi de la frustration ? que les changements sont notables, à la fois provençales de la culture. Le Festival est On ne va pas dire que ça nous rend tristes ! Ces dans le territoire, et dans la nature des pro- historiquement et financièrement porté par dates sont complètes ? On essaie d’orienter les position. Le Festival 2018 se présente sous des auspices très favorables. Il a déjà commencé avec la création d’Eric Truffaz, dont nous sommes particulièrement fiers. C’est la première fois que nous portons ainsi une création de bout en bout. Eric Truffaz a écrit son projet en résidence à la Fondation Camargo à Cassis, il l’a répété ici, il le crée ici, avec 5 dates en tournée grâce à la Métropole qui a financé la création. C’est un projet très original, une pièce magnifique... Elle se joue dans des églises. Pourquoi ? Est-ce un pièce sacrée ? Non pas sacrée, spirituelle, d’une spiritualité qui n’est pas religieuse mais cherche un au-delà. Il a travaillé sur le chant grégorien, la musique vocale médiévale, c’est une pièce pour 8 chan- teurs et une trompette, mais sa spiritualité s’ins- pire aussi des modalités indiennes, de ce trai- tement particulier du temps et de la pulsation. D’autres projets se déploient également sur le territoire et dans le temps, qui déborde largement du Festival. Martha High © Stefano Caporilli 43 spectateurs vers d’autres soirées en les incitant à la découverte... Le public, pour ce qui est des 10 jours du Marseille Jazz, Du beau monde reste-t-il essentiellement marseillais ? Dans sa majorité. Mais il y a 5 ans les habitants de la ville représentaient 92% du public. L’an dernier on en était à 78%. au Charlie Jazz ! Marseille commence à être connu dans le circuit, et devient peu à peu une destination jazz, comme Nice ou Antibes. Pas encore comme Marciac, mais ça viendra ! On sait qu’à Marseille il se passe quelque chose, que la programmation a changé et construit une nouvelle identité. Que vous définiriez comment ? L’esprit du Festival dessine aujourd’hui une diversité, avec des artistes confirmés, et des stars historiques comme Youssou NDour ou Chick Corea, mais aussi des artistes émergents, parfois très jeunes, des fidélités construites comme avec Youn Sun Nah... Il y a aussi des hommes et des femmes, du jazz d’Asie qui sera le focus de cette édition, avec en particulier Yoshichika Tarue qui est un pianiste japonais absolument sidérant, le Sand quintet avec Henri Texier, une légende du jazz français, mais aussi Kool & The Gang, qui à New York a commencé par jouer du jazz avant ses tubes interplanétaires disco funk... Cette diversité des origines, des âges, des formations, mais aussi sans doute l’idée qu’au Parc Longchamp on vient gouter une soirée d’été et passer d’un univers à l’autre, fait notre Mulatu Astatke © Alexis Maryon identité. Qui a évolué vers un jazz d’aujourd’hui. Comment qualifieriez-vous ce jazz nouveau que vous près avoir célébré avec fraîcheur et succès son 20e anniver- programmez ? saire l’an passé, le Charlie Jazz Festival rempile pour une Il est dans un instant passionnant. La jeune génération a assimilé Anouvelle édition, avec toujours pour dessein primordial cette toutes les influences du monde. Ce sont de super musiciens, envie de faire découvrir au public un jazz ouvert et cosmopolite. formés au jazz mais aussi aux musiques du monde, cubaines, Premier temps fort de la programmation dès l’ouverture le 6 juillet, américaines, indiennes, africaines, orientales. Ce ne sont plus la création de TarTARtar Brass Embassy, nouveau projet du des emprunts qu’ils font, des allusions, c’est intégré à leur percussionniste américain Famoudou Don Moye, membre illustre musique, fondu, comme des éléments du même langage. Du de l’Art Ensemble of Chicago. Puis la soirée se poursuivra coup leur jazz est moins chaloupé, ils créent ailleurs : dans le par la rencontre du groupe polyphonique corse A Filetta avec son, avec des machines, de l’électronique. Et le jazz américain le trompettiste sarde Paolo Fresu et le bandonéoniste italien en particulier a retrouvé aujourd’hui le lien avec les mouvements Daniele di Bonavantura, tous réunis pour rendre hommage à politiques. On est à la génération d’après, celle du sample, du deux figures insulaires marquantes : le poète martiniquais Aimé creuset, où les musiciens venus de tous les horizons peuvent Césaire et le résistant corse Jean Nicoli. Le lendemain le son des jouer ensemble, et élaborent une mondialité sans gommer les cuivres clairs continuera de chatouiller les frondaisons, puisque c’est aspérités. C’est, vraiment, une musique qui devrait passionner la jeune trompettiste et bugliste Yazz Ahmed, figure montante les jeunes. du jazz contemporain, qui se produira, avant de laisser sa place Le public reste âgé ? au vétéran Mulatu Astatke, père et maitre de « l’éthio-jazz », Il change, là aussi. En programmant une nouvelle génération captivant mélange entre musique traditionnelle éthiopienne et une on attire forcément un public plus jeune. Il faut continuer à le combinaison de jazz, de funk et de soul. Le festival se clôturera en convaincre de venir, et que le jazz n’est pas la musique de leurs apothéose le 8 juillet, avec la venue exceptionnelle du guitariste parents, ou de leurs grands-parents, mais justement l’endroit américain de jazz Pat Metheny qui, fort d’une carrière de plus de où ils peuvent venir ensemble. Mondial, et intergénérationnel. 40 albums depuis 1974 et de 20 récompenses aux Grammy Awards, ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL reviendra cette fois-ci avec une nouvelle formation composée du batteur Antonio Sanchez, de la contrebassiste Linda May La Voce de la Luna Han Oh et du pianiste Gwilym Simcock. Eric Truffaz Voici donc la délicieuse promesse de cette 21e édition : il s’agit non 14 juin à Istres, 15 juin à Martigues, 16 juin à Cassis seulement de trois jours de jazz, mais encore plus de trois jours de découverte et de voyage tout autour du monde, c’est-à-dire Jazz des cinq continents jusqu’au 4 Août aussi, nécessairement, en soi-même. Divers lieux, Bouches-du-Rhône LOUIS GIANNOTTI

Marseille Jazz des cinq continents, 18 au 27 juillet Charlie Jazz Festival Vélodrome, Théâtre Silvain, Mucem, Parc Longchamp 6 au 8 juillet Domaine de Fontblanche, Vitrolles marseillejazz.com 04 42 79 63 60 charliejazzfestival.com 44 festivals Free Jazz à Toulon

ouvertement iconoclastes de , Jimi Hendrix ou Paul Simon. Chant introspectif, esthétique épurée : la chanteuse montre la voie d’un jazz très contemporain, nourri de pistes à explorer (24 juillet). Stanley Clarke et son mythique jeu de basse clôturera la programmation sur les plages du Mourillon le 28 juillet. La « légende vivante » s’entoure d’un quatuor de très jeunes partenaires pour interpréter les titres de l’un des ses 40 album, Up (2014). À savourer aussi, un hommage à Michel Petrucciani par son frère Philippe et la chanteuse Nathalie Blanc, au cœur d’un septet porté par la « six cordes » de Philippe Youn Sun Nah © Sung Yull Nah et les titres phares du pianiste disparu (25 ’est l’été, c’est la saison Jazz ! Les cuivres, Bouyssière à la contrebasse) composent juillet). Du Latin Jazz avec Carlos Maza & percussions et voix se font écho d’une autant qu’ils revisitent les grands airs. Coupe Familia Septeto (le 26). Todo es relativo, voilà Cville à l’autre, d’un festival à l’autre. Et de pouce mérité ! la leçon de leur dernier album, composé par l’air est particulièrement chaud à Toulon, Continuons avec les immanquables de la cuvée le poly instrumentiste Carlos Mazza, inspiré où les 15 concerts de Jazz à Toulon sont 2018. Myles Sanko (20 juillet) interprétera son de ses multiples voyages, avec toujours une dehors, hauts de gamme, festifs – et gratuits. 3e album, le soul et bien nommé Just Being Me : sonorité flamenca qui imprègne le style du Les rendez-vous s’échelonnent sur 9 jours, 12 son contact très direct avec le public laisse les groupe et incite à se laisser aller aux rythmes places au cœur de la ville et des quartiers, avec frontières stylistiques tanguer joyeusement, et métissés. World jazz aussi, avec Trilok Gurtu, deux horaires à retenir (17h30 et 21h30), deux l’émotion se fraie un passage qui rassemble percussionniste de Bombay. Figure incon- parades déambulatoires façon Nouvelle-Or- les influences. Lucky Peterson arrivera tout tournable du jazz fusion, il jouera avec son léans (les 20 et 25 juillet à 10h30, avec Angel droit des States avec son blues et son Tribute groupe le 27 juillet, distillant son style hybride City Players puis L’Incroyable Freaks to Jimmy Smith, son ancien professeur, maître et envoutant. Band) et un concert « Coup de cœur » pour de l’orgue Hammond B-3. Grosse pointure et « À l’heure de l’apéritif » (17h30, c’est tôt, mais Lo Triò. Commençons par ce groupe issu grosses références (avec le guitariste virtuose c’est l’été après tout), six formations très des talents locaux (de Toulon et Toulouse) : Kelyn Crapp entre autres) (21 juillet). La locales pour partir loin au gré des accords jazzy. chez les programmateurs de Jazz à Toulon, coréenne Youn Sun Nah, improvisatrice ANNA ZISMAN le cœur n’est pas loin du pouce, et c’est un époustouflante, voix démultipliée par une encouragement que le festival lance le 29 technique harmonique sans faille, viendra Jazz à Toulon juillet. Les trois complices (Bastien Ribot au présenter She moves on, album 2018 qui réunit 20 au 29 juillet violon, Emile Melenchon à la guitare et Rémi ses compositions et des réinterprétations jazzatoulon.com

Ella et Duke Susana Sheiman © Pascal Derathe n attendant les concerts programmés rituellement en sep- tembre (nous y reviendrons), l’association Jazz à Saint-Rémy Eprogramme une date estivale sous les étoiles ! La formation Swing Ambassadors septet et la chanteuse Susana Sheiman rendent hommage à Ella Fitzgerald et Duke Ellington, lors d’un tribute vibrant à ces deux immenses et talentueux passeurs de la musique jazz ! Avec ces sept musiciens solistes, qui signent des arrangements uniques et jouent tel un grand big band américain, et la voix chaude et sensuelle de la chanteuse espagnole, gageons que cet hommage saura nous éblouir ! DO.M.

Jazz à Saint-Rémy 13 juillet Alpilium, Saint-Rémy 06 83 47 50 65 jazzasaintremy.fr 45 Éclectique Gardanne

mais toujours autant Aix-Marseille avec son robot iiKoo. Le 13 d’éclectisme. Coup juillet, direction La Havane avec le cubain d’envoi le 30 juin Ruben Paz et son projet Chévéréfusion (latin avec quatre concerts jazz et World music). Place de la Répu- Pour la Fête Nationale, retour Place de la blique. Sur cette République : des tubes à gogo ponctueront grande scène se la prestation de Haute Tension, qui s’inspire succéderont le duo d’émissions télévisuelles telles que The Voice, King Krab (deux Le plus grand cabaret du monde ou Danse frères originaires de avec les stars... l’humour en prime. Les Musi- Marseille, à l’univers cales s’achèveront le 20 juillet au Parc de la soul), et Jo Harman, Médiathèque, sur le jazz-funk de Brazzilian chanteuse anglaise love affair ; les airs d’opérette de la chanteuse entre jazz et blues, lyrique Mélody Lou, qui s’accompagne à

Ruben Paz y Chévéréfusion © Fred Reggalover qui se taille un joli l’accordéon dans un répertoire des années brin de réputation 1930 à 1950 ; et le groove du saxophoniste epuis 2016 à Gardanne, Les Musiques sur les festivals internationaux. Depuis une John Massa, en quintette avec son groupe sont devenues Les Musicales, une scène plus réduite, on entendra le blues rock Third Sunday. Dmanifestation toujours gratuite mais avec du groupe local Teld, ainsi que YdonkY, GAËLLE CLOAREC moins de têtes d’affiches, pour des raisons formation amateure qui reprend des titres budgétaires, et qui donne en conséquence célèbres, dans la même veine mais tirant leur chance à des talents neufs. En juillet vers le punk. Les Musicales 2017, le programme était varié : danseuses Reprise le 6 juillet sur le parking des écoles 30 juin Place de la République, Gardanne tahitiennes, hip hop, fanfare, opéra, « bal des Biver, aux côtés du chanteur et rappeur mar- 6, 13, 14 et 20 juillet révoltés » avec la Cie La Naïve... seillais Marseliano, suivi du groupe Look Divers lieux, Gardanne Cette année, moins d’artistes sont prévus, at the passion, en tournée dans la Métrople 04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr

Faites musique de tout !

hâteau-Arnoux-Saint-Auban fait partie des hip hop, country... Tout est bon dans le son ! six villes retenues par le ministère de la Point culminant de cette Fête de la Musique CCulture pour fêter cette année la musique jarlandine saint-aubanaise, le duo Amadou en région plutôt qu’à Paris. Les services de & Mariam, stars de l’afro-beat bambara, Françoise Nyssen ont retenu des territoires régalera la scène. Les deux chanteurs maliens, ruraux, péri-urbains, en politique de la ville non-voyants, doubles lauréats des Victoires ou de taille moyenne, pour plus de diversité. de la Musique (en 2005 et 2013), ont sorti leur Le 21 juin, comme partout ailleurs en France, huitième album l’année dernière. Intitulé La les notes commenceront donc à résonner Confusion, il mêle des textes dans leur langue dès l’après-midi dans la commune, avec des maternelle et en français, et baguenaude groupes locaux et la participation des écoles de entre pop rock d’inspiration occidentale, musiques. Mais le programme de l’événement, funk et disco. Accompagnés de cinq autres réalisé par le Théâtre Durance en partenariat musiciens, rodés aux grandes manifestations avec Provence Alpes Agglomération, est de (ils ont assuré la première partie de U2 ou Cold ce fait particulièrement soigné. Le clown Play, et même joué en ouverture de Coupes et percussionniste corporel Barth Russo, du Monde de football), ils sauront sans nul venu de Marseille, animera deux sessions doute attirer un public nombreux. d’Apéro Reetmic. Festive façon de faire G.C. musique de tout, corps humain et objets du Amadou & Mariam © Hassan Hajaj quotidien compris ! Entre les deux, l’Atelier de Musiques Improvisées conduit par de rock français originaire de Gentilly -comme Fête de la Musique Alain Soler rendra hommage au pianiste son nom ne l’indique pas- se livrera à son 21 juin Thelonious Monk. Plus avant dans la soirée, exercice favori : revisiter 80 ans de musique Centre ville, Château-Arnoux-Saint-Auban Theo Lawrence and The Hearts, groupe populaire américaine. Soul, blues, rock’n roll, 04 92 64 27 34 theatredurance.fr 46 festivals

pour une conversation à deux voix, à la fois enra- cinée et aérienne, scellant 25 ans d’amitié. Une des Des Suds fidèles caractéristiques du festival arlésien est sa fidélité envers certains artistes qui viennent régulièrement présenter leur dernière création ici. Cette année, on reverra donc avec plaisir le Trio Joubran pour un hommage à Mahmoud Darwich. Ils tenteront de en amour raviver le souvenir d’une émotion atemporelle, lorsque dix ans plus tôt ils accompagnaient au oud, dans le même théâtre antique, le dernier récital en public du grand poète palestinien. epuis plus de deux décennies, les Suds à Arles Egalement habitué des lieux, Yom revient avec ses proposent une odyssée musicale dans un monde Wonder Rabbis dans le cadre de « La nuit de l’amour », Dtourmenté. Une semaine cathartique qui s’ouvre sur labellisée MP 2018. Clarinettiste virtuose, il n’a de une conférence du passionné Edwy Plenel pour finir cesse d’explorer nombre d’esthétiques musicales, en beuverie camarguaise au rythme d’une fanfare. Entre du klezmer revisité aux musiques électroniques. Au les deux, un flot d’artistes qui composent la bande-son cours de cette même soirée, Rosemary Standley, planétaire d’aujourd’hui et de demain, en s’ins- chanteuse folk magnétique de Moriarty, entourée pirant parfois de celle d’hier. de l’ensemble baroque de Bruno Helstroffer ainsi De la découverte à la tête que les inclassables de Cannibale qui mêlent cum- d’affiche internationale, bia, afro-beat et rock garage. Un autre revenant en du concert intimiste et la personne de Tony Gatlif. Le réalisateur convie acoustique à l’after électro les musiciens de la bande originale de son dernier film,Djam , pour un voyage dans les volutes enivrantes du rebetiko, cette musique de l’errance d’origine grecque. Les musiques du monde ont aussi leurs stars. C’est le cas de Gilberto Gil et d’Angélique déjanté. C’est Kidjo. Le premier, figure de proue du mouvement tout ça les Suds. tropicaliste dans le Brésil des années 60-70, vient Et beaucoup célébrer les 40 ans de son album fondateur Refavela, d’autres choses sous la direction artistique de son fils Bem Gil, entouré dont quelques pour l’occasion de nombreux amis (Mayra Andrade, raretés. Parmi Chiara Civello, Mestrinho). La plus internationale celles-ci, une des voix africaines, Angélique Kidjo, offre une création carte blanche acoustique, inspirée par le mémorable concert d’un à Grégory autre Brésilien aux Suds en 2003 : Caetano Veloso... Dargent, oudiste Le flamenco a toujours une place de choix dans la français aussi programmation arlésienne. Cette année, Alba Molina à l’aise avec rend un vibrant hommage à un couple mythique, formé les musiques par ses parents Lole et Manuel. On citera également

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n la rencontre du Grec George Xylouris (luth) et Les Suds 6 au 15 juillet de l’Australien Jim Divers lieux, Arles White (batterie) suds-arles.com Spécial festivals Zibeline 120 suite, premiers retours 3 € chez tous sortie en kiosques les marchands le 21 Juillet de journaux Abonnez- vous !

6 OCT 11 JAN INFINITA LE CERCLE DES Pour retrouver votre journal Familie Flöz ILLUSIONNISTES chaque mois dans votre boîte Alexis Michalik 12 OCT aux lettres, abonnez-vous HOLD UP 1 ER FÉV Les comédiens IMAGINE-TOI en remplissant et envoyant des Quatre Tours Julien Cottereau ce bulletin, ou directement sur 19 OCT 8 FÉV MARGINALIA MATHIEU notre site journalzibeline.fr DOUBLE ASSASSINAT TROP COURT, DANS LA RUE MORGUE Collectif 8 FRANCOIS TROP LONG Zibeline, le mensuel culturel engagé du Sud-Est 9 NOV Cie La Naïve UNE CHENILLE www.journalzibeline.fr WRZ-Webradio zibeline ER DANS LE COEUR 1 MAR Cie Troupuscule Théâtre VERINO ZIBELINE 21 NOV 16 MAR SUR LE SENTIER ST PATRICK Bulletin d’adhésion Celtic Hangover

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Le Festival de Martigues, danses, Musiques et Voix du monde célèbre sa trentième et dernière édition

partie dirigé par Éric Breton, l’Orchestre Régional Avignon Provence qui interprè- tera des musiques composées et chantées par Guy Bonnet (et ses choristes), créateur de la Chanson du Festival. La Capouliero, le Ballet Folklorique de Martigues, fil rouge de la fête, sera complice de ces prémices musicales. Puis les moines de Shaolin, authentiques maîtres du Kung-fu, se livreront à d’acrobatiques évolutions et feront découvrir l’essence de leur art plurimillénaire. On retrouvera au fil des jours les ensembles d’arts et traditions populaires venus du monde entier : Ubuhle Be Afrika (Afrique du Sud), le Gran Ballet Argentino qui vient spécialement pour la soirée de clôture, Flor Ribeirinha (Brésil), Mata Ki Te Rangi pour le Chili (île de Pâques), Davlati (Géorgie), Bumbin Orn (Kalmoukie, Gran Ballet Argentino © X-D.R enclave asiatique et bouddhiste aux bords de la Volga), Mexicanísimo (Mexique), le é un 4 août 1989 -symbole on ne peut plus est hébergée dans des familles d’accueil, ce Théâtre de Danses de Kazan (Tatarstan), fort que le choix de la date anniversaire qui est une rareté. Plus remarquable encore, Zøgma, collectif de folklore urbain (Québec) Nde l’abolition des privilèges- à l’initiative 30 ans après les débuts, le « noyau fondateur » pour sa création CUBE (ils nous avaient déjà de la Capouliero, le Festival de Martigues est toujours là, de même que la plupart des époustouflés il y a trois avant avecRapaillé ), se destinait à dix années d’existence sourit bénévoles. Si le terme « folklorique » attaché Live Culture (Afrique de l’Ouest), et bien Marc Péron, son président. Le succès fut aux premières éditions a disparu, car trop sûr la Capouliero martégale. Siestes du tel que l’échéance fut largement dépassée, fortement connoté, les cultures du monde bout du monde, ateliers, itinéraires musi- et 2018 fête les 30 ans ! Mais ces dernières n’ont cessé d’affluer à Martigues. Voyages caux, tables rondes, spécialités culinaires années, la fréquentation baisse, insensiblement, lointains mis à la portée de chacun, décou- du monde, stage de chansons marseillaises poussant à réduire la jauge des spectacles vertes passionnantes de formes, de sons, avec Jean-Christophe Born, cinéma en payants, alors que les animations gratuites d’expressions, issus de cultures traditionnelles plein air (Massalia Sound System, le film de au village du festival continuent de faire le qui savent conjuguer passé et modernité, sur C. Philibert) au Village du Festival, Festival plein. Lassitude ? affaiblissement du pou- la scène magique du canal Saint-Sébastien. des Enfants, cocktails de Folklore, sur la place voir d’achat ? autres priorités ? le débat est Mirabeau, concerts dans la cour des Salins, vaste… Plutôt que de finir sur une faillite Une édition d’exception stage de Samba à la salle du Grès, Grand budgétaire, comme cela arrive à nombre de Hommage à tous ceux qui ont soutenu le Chambardement et son débarquement manifestations actuellement, l’équipe du festival, le 30e anniversaire se veut un condensé à Jonquières, une effervescence qu’il sera festival a choisi de partir « la tête haute », de l’excellence, dédié autant aux formations impossible d’oublier ! sans dettes (la ville s’est d’ailleurs engagée de la région qu’à celles des confins du monde. MARYVONNE COLOMBANI à apurer les comptes si besoin était), et avec Depuis la parade d’ouverture (21 juillet) au une qualité toujours irréprochable. Décision spectacle de clôture et au bal des « au revoir » difficile, car elle entraîne le licenciement des (28 juillet), la ville de Martigues vivra encore au deux emplois annuels de cette association rythme des animations et spectacles. Repre- Festival de Martigues, danses, Musiques et Voix du monde atypique, cimentée par la passion, l’amitié, et nant l’accroche du premier festival de 1989, 21 au 28 juillet dont l’organisation repose sur une foule de La Provence accueille le Monde, la soirée Divers lieux, Martigues bénévoles (environ 600). La totalité des artistes inaugurale, sera double avec, en première 04 42 49 48 48 festivaldemartigues.fr Guitare majeure !

Le festival International de Guitare de Lambesc fête ses 18 ans avec un florilège de virtuoses

are longévité pour un festival entièrement géré et animé par des bénévoles ! Le Festival International de Guitare de Lambesc propose une programmation R éclectique et de haute volée pour la 18e année consécutive, grâce au dévouement éclairé et sans faille de l’association Aguira (Association pour le RAyonnement de la GUItare) et de son directeur Charles Balduzzi, soutenu avec une attentive efficacité par Annie Balduzzi. La subtile guitariste Valérie Duchâteau, directrice artistique de la manifestation, a invité cette année encore un panel des plus grands instrumentistes internationaux de leur génération. Répertoires classiques et créations nous conduisent de l’Amérique du Sud à la Russie, inter- prétés avec une belle intelligence. En ouverture, Valérie Duchâteau qui nous avait séduits avec les trans- criptions des airs de Barbara l’an passé, revient avec Jacques Brel. On s’embarquera pour Buenos Aires avec Eric Franceries dont la technique et le

« goût irréprochable » ont M D.R été salués par Jean-Pierre arylise Florid © X- Rampal, et Jérémy Vanne- reau au bandonéon (l’un des plus jeunes accordéonistes à participer à l’ouverture des J.O. d’hiver d’Alberville), pour une histoire du tango qui parcourra l’œuvre des grands maîtres, M. D. Pujol, J.C. Cobian, J. Plaza, L. Federico, C. Gardel, A. Troilo, A. Piazzolla… La Russie déclinera ses rythmes alertes en un dialogue brillant entre Natalia Lipnitskaya (guitare) et Micha Tcherkassky (balalaïka), tous deux concertistes hors pair, sur des pièces de Tchaïkovski, Rachmaninov, Chostakovitch... Agnès et Gérard Abiton (familiers du festival), moult fois primés, chemineront dans les méandres de l’histoire de la guitare, avec leur inégalable technique de legato, depuis Jean-Philippe Rameau au contemporain Raúl Maldonado. On aura le privilège d’entendre ce dernier, issu de la grande tradition de son Argentine natale : sa formation classique ne lui a pas fait oublier l’art populaire de ses origines, brillant interprète et compositeur, il rendra hommage à celui qui fut son ami, Atahualpa Yupanqui, poète, chanteur et guitariste, symbole de l’Argentine, et de l’Amérique du Sud. Prodige de la guitare, enfin,Marylise Florid (née à Marseille et formée dans la classe du CNSM du Maître René Bartoli), médaillée d’or à 15 ans, cumulant les prix et menant une carrière internationale, apportera la virtuosité de ses interprétations de compositeurs tels que Barrios-Mangore, Tarrega, entre autres, mais fera aussi découvrir ses propres composi- tions. Le concert final réunira tous ces artistes d’exception, auxquels se joindront des guitaristes et de jeunes talents de la région. Si la passion de la guitare s’empare alors de vous, l’exposition de lutherie vous permettra d’affiner vos choix. La convivialité et la qualité exemplaires de cette manifestation marquent les premiers jours d’été. M.C.

Festival International de guitare 25 au 30 juin Parc Bertoglio, Lambesc 06 09 58 47 13 festivalguitare-lambesc.com 50 festivals La Sucrière à l’heure berbère

our sa 13e édition, le festival Tamazgha invite entre autres TisDass et Takfarinas. PLe premier est la relève du rock touareg, le second un monument de la musique kabyle. TisDass (« les piliers de la tente » en langue tamasheq) est le dernier né des groupes de musique touareg en provenance du Niger. Entre chansons roots ou acoustiques et des titres plus rock, les compositions de TisDass, portées par la voix de Kildjate Moussa Aldabé, nous emmènent du désert de l’Azawad aux rues agitées de Niamey. La soirée se poursuit avec Majid Soula, révélé au grand public en 1980. Auteur, compositeur, interprète, il est décrit comme un artiste « novateur, tenace, passionné et discret », réussissant « le pari d’innover la

musique kabyle sans altérer la substance TisDass © Sud Culture essentielle du patrimoine ancestral ». Il n’a pas encore la carrière de Lounis Aït Menguellet, travail vocal, il révolutionne la pratique du également les Ballets Gouraya. Rendez-vous invité l’année dernière, mais Takfarinas a des mandole à deux reprises. D’abord en 1988 populaire et familial, le festival Tamazgha chances de susciter le même engouement quand le luthier algérois Rachid Chaffaa lui propose également des ateliers de pratique et la même ambiance électrique qu’en 2017. adjoint un deuxième manche ; puis dix ans artistique accessibles à tous. Artiste incontournable de la scène kabyle, plus tard quand le luthier Madjid Lahlou lui LUDOVIC TOMAS Takfarinas était déjà à l’affiche duTamazgha fabrique, à Marseille, le tout premier mandole dix ans en arrière. Également inspiré par le électroacoustique. Après un double album chaâbi, il se forge un style très personnel en célébrant ses 30 ans de carrière, Takfarinas Tamazgha puisant dans la modernité de la musique travaille sur une nouvelle production dont on 22 & 23 juin occidentale aussi bien qu’orientale. En plus espère découvrir en exclusivité quelques titres Théâtre de la Sucrière, Marseille d’accorder une attention particulière au au cours de cette soirée à laquelle participent festivaltamazgha.org

Cooksound, le grand mix

i Forcalquier est un territoire qui séduisait Trova Cubana, le conteur martiniquais Igo de l’effet des « basses fréquences » des beats peu les festivals de musiques actuelles, Drané, l’Antillo-marseillais David Walters des phénoménaux Baja Frequencia (duo SCooksound a lentement changé la et son kit musical atypique, plus quelques signé sur le label marseillais Chinese Man) donne depuis huit ans. Créé par le persé- DJ’s et sound systems (Dr X Ray, R*Uno susceptibles de réveiller les sorcelleries sonores vérant Marseillais Laurent Kouby (le label Camionetta et Kabba Massa Sound Sys- conjuguées de la cumbia et des musiques La Plage Sonore, le projet musical Mysterlô), tem). On s’inquiète peut-être juste un peu afro-américaines dans la délicate architecture l’événement s’est ancré dans le phé- du Jardin et du Couvent des Cordeliers. Côté nomène de mix entre musiques et fourneaux, après une première année test avec gastronomies, aujourd’hui prolongé les étudiants de l’Alliance By Paul Bocuse, par l’esprit « bio et local ». Musiques le partenariat s’élargit avec désormais 40 et nourritures saines pour la tête et le chefs-étudiants (issus de 17 pays différents) qui corps : c’est l’équation d’un festival devront exploiter les ressources des produits digne de la fraîcheur des Alpes de locaux et de saison (salés/sucrés) pour servir et Hautes Provence. Côté musiques, régaler les festivaliers, avec les herbes locales pas de têtes d’affiche qui en mettent mais aussi les épices et le rhum nécessaires, plein les yeux mais une jolie brochette bien sûr. Beau challenge ! de musiciens, notamment en prove- HERVÉ LUCIEN nance des Caraïbes, thème de cette huitième édition, ou du moins très Cooksound inspirés par elles. On retrouvera les 19 au 22 juillet Jardin et Couvent des Cordeliers, Forcalquier Cubains Ruben Paz et la Nueva cooksound.com David Walters © JC Luong David Walters www.musicales-aubagne.fr INFOS :0442034998 31.07 LYRIQUE SOUSLESÉTOILES 30.07 LISA SIMONE JUAN CARMONA 29.07 CATHERINE LARA / 28.07 TAMAYO SALSA MUSIC 27.07 MANUKATCHÉ

Réalisation : ACOMZ 2018 52 festivals Zik Zac, on est d’ac’

omment organiser un festival dédié à tous les publics en les contentant tous ? CC’est le secret du festival aixois (et gra- tuit) Zik Zac, bouillon de cultures qui cette année encore sait mélanger valeurs sûres et artistes en devenir. Aux côtés du Massilia Sound System (le 19 juillet), de la fusion du griot guinéen Moh! Kouyaté et de la verve reggae de Bazil, on retrouve ainsi le rap soul de Gracy Hopkins, une des signa-

tures émergentes du hip hop international. Fatoumata diawara © Aida Muluneh Élevé entre l’Angola, le Brésil et la France, le rappeur bilingue n’est pas sans rappeler Chilla, qui s’impose actuellement comme Sud, devraient faire l’unanimité. Le 21 juillet un Kendrick Lamar pour les rimes affutées une des voix rap les plus justes du moment le blues âpre et chaloupé du Toulousain Slim et la souplesse musicale. Coup de cœur ! Le (probablement plus qu’une Booba féministe, Paul, le roots reggae humaniste de Pierre 20 juillet, avant les pionniers du rap africain il faut écouter son Si J’étais un homme), et Nesta et le mix hip hop électro musclé des Daara J Family et après la reggaewoman l’explosion sonore des Make-Overs, duo de Scratch Bandits Crew laisseront vraisem- australienne Saritah, le talent verbal de grunge rock minimaliste venu d’Afrique du blablement la place d’honneur à la magnifique

édition-anniversaire (toujours gratuite) ne Nuits Métis, un quart de siècle déroge pas à la règle. Derrière l’afro-reggae de l’insubmersible Alpha Blondy (65 ans), qui est clairement la tête d’affiche de ce ras- pour un tour du monde semblement musical très familial (avec une dimension carnavalesque entretenue par la l s’agit d’un des festivals les plus anciens de avec l’affirmation des festivals régionaux déco du lieu et le défilé des Trova Cubana la région, longtemps symbole de la fameuse comme enjeu touristique majeur, la philosophie et de la Batucada de la Famille Géant en I« movida marseillaise », aux côtés de la profondément humaniste imprimée par son ouverture de chaque soirée), le festival déroule Fiesta des Suds, tant il reflète l’ouverture des fondateur au grand cœur Marc Ambrogiani en un week-end les nombreuses sources de musiques d’ici aux sons d’ailleurs, appelez-le a peu changé. Né à Marseille, émigré à La musiques qui clament leurs appartenances phénomène sono mondiale, world music ou Ciotat puis Miramas au bord du plan d’eau planétaires et populaires. bouillon de cultures si vous le souhaitez. Vingt- de Saint Suspi, le festival a révélé les talents cinq ans (et vingt-cinq éditions) après, malgré de Ba Cissoko, Rit, Siska, Naias ou Lo’Jo : les Éveil des sens des conditions économiques très différentes Nuits Métis portent bien leur nom et cette et des consciences Prenons comme symbole Djé Balèti, alias Alpha Blondy © Roch Armando pour Thomas Nowak Consulting Alpha Blondy © Roch Armando Jérémy Couraut : ses racines occitanes, qu’il fait revivre à travers un petit instrument nissart réinventé, l’espina, sont le viatique d’un éveil au monde, à ses sonorités et à ses consciences multiples, entre afro funk centrafricain et transes méditerranéennes, toujours festif, toujours engagé. Emmenés par le Marocain Anass Zine, les Marseillais de Maclick lui donnent un écho multiculturel, à la fois urbain et saharien, entre mélopées orientales et rythmes gnawis, mâtinés de reggae (le 22 juin avec aussi Alpha Blondy, Joulik et HK). The Skints sont eux les représentants d’un reggae anglais qui n’a pas fini de se renouveler 53

Fatoumata Diawara et son sourire rayonnant qui règne sur sa pop malienne. Après s’être aguerrie aux Escale chez Charlotte G. côtés d’Oumou Sangaré ou de Damon Albarn qui l’a souvent sollicitée pour ses projets collectifs, la diva est devenue une des grandes voix de l’Afrique et vient vec Rest, Charlotte Gainsbourg a-t-elle mis à mal tous les a priori de faire paraître il y a quelques semaines son nouvel qu’on avait sur son œuvre musicale : attachante, soyeuse mais anec- album Fenfo, qui continue de dresser des ponts entre Adotique ? Ce dernier album rompt franchement avec les habitudes pop les continents musicaux, toujours très afro mais déjà indé de la fille de Serge et Jane : réalisée avec le producteurSebastian , très pop. De quoi ravir les petits et les grands, les qui lui confère une facture électronique inédite, la collection de chansons grands rockers échevelés et les rappeurs pointus, et prend son origine dans les drames personnels récents de la chanteuse et même les jeunes musiciens qui investiront la scène actrice, la disparition tragique de sa demi-sœur Kate Barry (en 2013), qui l’a Jeunes talents en Provence avec Sensé et Klaam (le poussée à s’installer à New York, faisant écho à la mort de son père (en 1991), 19), Black Beanie Dub et Dirlo (le 20), Own et The qu’elle n’a jamais vraiment exorcisée. Rest constitue ainsi un hommage Wolf & The Fool (le 21). étourdissant à ces deux personnalités marquantes, figures tutélaires d’une H.L. famille d’artistes du XXe siècle. Lorsque, en français dans le texte, Charlotte évoque la douloureuse présence de son père (« Je chercherai ton ombre et parmi les vivants et parmi les décombres ») et la fascination qu’elle a pour sa grande sœur, le souvenir de Kate et Serge semble ressortir du néant au fil d’une inspiration digne deBB Initials… Plus fort encore : les mélodies alambiquées, parfois grandiloquentes, de Sebastian sur Ring-A-Ring O’ Roses, Lying With You, Kate, I’m A Lie, Rest (insensée berceuse funéraire Zik Zac Festival co-écrite avec Guy-Man de Homem-Christo de Daft Punk) ou ces 19 au 21 juillet Oxalis nourris par les sépultures du cimetière de Montparnasse où repose Théâtre de Verdure du Jas de Bouffan, Aix-en-Provence Serge, font revivre (tour de force) la grâce gainsbourienne, entre emphase zikzac.fr romantique russe et accents rock. Ce tombeau poétique, follement satur- nien, sonne comme une réussite, d’ailleurs couronnée par une Victoire de la Musique en 2018 (Artiste Féminine de l’Année). Même si la scène n’est pas forcément son lieu de prédilection, on attend donc son live le 17 juillet (avec en première partie le psychédélisme pop de Moodoïd qui a beaucoup inspiré dernièrement Etienne Daho, voir par ailleurs). Le sous les auspices et les épices de l’héritage jamaïcain : lendemain 18 juillet, deux têtes d’affiches franco-féminines très présentes épatant de maîtrise dans ce son roots maintes fois sur les scènes des festivals investiront le Théâtre Antique : le duo glamou- entendu, les jeunes londoniens amènent au genre ro-potache Brigitte et le romantique piano-voix, héritier de Véronique ce je-ne-sais-quoi, un peu ragga, un peu ska, un peu Sanson, de Juliette Armanet. Le 19 juillet, soirée pop frenchy majeure punk qui en font une des relèves de nos cacochymes à avec l’icône Etienne Daho, le petit prodige électro-pop Malik Djoudi dreads préférées. Plus au sud, Cafetera Roja évoque et la petite dernière très douée Alexia Gredy (before et after assurées à le son d’un Barcelone contemporain, ouvert au monde la Cour de l’Archevêché à partir de 17h30 par les locaux Anodine, Bob avec l’explosion de son tourisme de masse, mais qui Lunet et Stonespirit et 23h par Bootleggers United, Azur, Gotthef et veut garder sa propre voix : entre rock, trip hop et DJ Paxton). La série arlésienne se conclura (célébration Mai 68 oblige ?) funk, les garçons et les filles venues d’Espagne, de par un récital Joan Baez le 14 août, qui fait partie de la tournée d’adieux France et d’Autriche incarnent une jeunesse catalane de l’artiste « Fare Thee Well », clin d’œil à une grande chanson folk, Dink’s multiculturelle riche de ses colères et de ses emphases Song de Pete Seeger interprété par Dylan à ses débuts il y a près de 60 (le 23 juin avec Vanupié et Natty Crew). Enfin le ans, et récemment revisitée pour Inside Llewyn Davis des frères Coen. dimanche 24 juin, le quintet vocal de Radio Babel H.L. guide un chœur de 150 enfants et 20 adultes pour un voyage Sur Les Rives de Miramas, résultat d’un atelier Les Escales du Cargo inter-générationnel de plusieurs mois. À noter qu’à 17 au 19 juillet et le 14 août Théâtre Antique, Arles l’occasion de cette édition-anniversaire, Nuits Métis escales-cargo.com fera circuler son Cabaret Nomade de Saint Chamas à Forcalquier du 8 au 28 juillet avec de nombreux invités (Radio Babel, Sam Karpiénia, Locomotive Express, Caravane Namasté, Canapacoustik, Bal’Kino et Natty Crew). HERVÉ LUCIEN

Nuits Métis Charlotte Gainsbourg © Collier Schorr 22 au 24 juin Plan d’Eau Saint Sulpi, Miramas nuitsmetis.org 54 festivals

Bêtes de scène atypiques Le summer of love L’Hippodrome d’Hyères, comme en 2011, 2012 et 2013, accueillera sur deux soirs (et sur deux scènes) les concerts, dont celui de Daho, le vendredi 20. Le même soir, belle d’ o à rencontre, Baxter Dury reviendra à Midi (qu’il Etienne Dah Midi avait visité pour l’édition d’hiver de 2011). Avec Prince of Tears paru l’an dernier, le fils de l’icône punk Ian Dury livre un nouveau Belle prise pour le Midi Festival ! Etienne Daho sera chapitre de son grand livre des désillusions commencé il y a quinze ans avec Len’s Parrot la tête d’affiche d’un festival encore confidentiel Memorial Lift (composé juste après la mort il y a quelques années et qui a su, contre vents et de son père), qui déjà exposait sa capacité à suggérer les riches reliefs de son introspection marées, se hisser au niveau des rassemblements nonchalante à travers une musicalité para- européens doxalement fruste, portée par une rythmique répétitive et des paroles parlées. Attention : contre toute attente, l’artiste à sang froid est aussi une atypique bête de scène. La shoegaze de Marble Arch, le blues cosmique de Lost Under Heaven (nouveau groupe d’Ellery Roberts, ex-Wu Lyf), la pop-psyché d’Halo Maud (ex-musicienne de Melody Echo Chamber) et le cold-grunge du décidément inclassable Jessica93 accompagnent ces deux têtes d’affiche. Le lendemain samedi 21 Neneh Cherry et Juliette Armanet occuperont la grande scène,et les devanceront au line-up la chan- son-électro iconoclaste et minimaliste de Flavien Berger (de retour après un premier passage mémorable il y a deux éditions), le hip hop tout-terrain du MC anglais favori de Drake Octavian, l’étonnant rap métaphysique d’Aloïse Sauvage (par ailleurs danseuse et comédienne vue dans 120 Battements par Minutes de Robin Campillo) ou la pop naïve Etienne Daho © Pari Dukovic et élégante de Ricky Hollywood. Pour les fans de dancefloor, le vendredi aura râce à son audace de programmation avec un retour aux origines de ses influences : droit à son after électro Midi Night, Routes des sur les registres de la pop, du rock et la pop d’inspiration anglaise, aux accents Marais, avec notamment la house allemande Gde l’électro (précurseur, voire un peu psychédéliques. On sait depuis sa reprise d’Axel Boman, Job Jobse et quelques idiosyncratique), les sites valorisants et à d’Arnold Layne des Pink Floyd de Syd Barrett pépites issues de la Red Bull Academy. Le taille humaine investis à Hyères (notamment (sur Tombé pour la France en 1987), comment trip hop psychélique de Matty, puis Bertrand l’emblématique Villa Noailles et ses jardins cet héritage psyché-pop, démocratisé en 1967 Burgalat, entouré de Catastrophe et de hauts perchés), l’événement varois réussit par le summer of love à San Francisco, infuse son backing band historique A.S. Dragon aujourd’hui à attirer un artiste majeur de la dans ses compositions et son interprétation. clôtureront le festival dimanche 22 à la Villa chanson pop française. Parrain de l’édition Sur Blitz, la référence est d’autant plus audible Noailles, ce qui constitue au résultat un 2016, spectateur l’an dernier, le Rennais s’est qu’elle a été réactivée récemment à l’écoute summer of love plutôt honnête. permis un petit caprice d’été, lui qui habi- de jeunes groupes comme Moodoïd, qui ont HERVÉ LUCIEN tuellement remplit en Province les grandes sur adapter ce feeling plutôt insaisissable en jauges plutôt impersonnelles (une date est français et dont le son a clairement façonné la programmée au Silo le 23 novembre). Cette production de cet opus. La voix toujours aussi venue intervient au moment idéal : après juvénile à 62 ans, Daho demeure ce grand frère ses Chansons de l’Innocence Retrouvée, qui ouvre la voie et s’approprie sans sourciller Etienne ouvrait logiquement une nouvelle les chevauchées guitaresques déglinguées Midi Festival page blanche, pas toujours évident pour un des Filles du Canyon et Voodoo Voodoo, les 21 au 22 juillet artiste aux treize albums (dont une Résé- ballades symbolistes de Chambre 29 ou du Routes des Marais, Villa Noailles rection et une Réévolution !). Blitz entame Jardin, les airs indianistes et drogués de The et Hippodrome à Hyères idéalement ce nouveau-nouveau chapitre Deep End ou la majestueuse élégie L’Étincelle. midi-festival.com 55 Pointu et (très) fréquentable

ous devons être nombreux à pester contre les têtes d’affiche récurrentes de certains Ngrands festivals : un phénomène reflétant la maladie capitaliste du monde du spectacle dont s’emparent les grandes conglomérats comme AEG ou LiveNation et leurs impératifs de retours sur investissements. Mais au lieu de s’énerver, choisissons l’antidote : Le Pointu a mis toute sa belle énergie à imaginer un festival dégagé de toute pression commerciale (le festival est gratuit) et serti d’artistes rarement vus sous nos latitudes. Indépendant, libre et créatif, Le Pointu est depuis quatre ans un de nos festivals préférés dans la région ! Sa tenue sur l’île du Gaou souligne l’écart conséquent d’avec son prédécesseur Les Voix du Gaou, dont la surenchère de décibels et de publics menaçait le petit écosystème Thee Oh Sees © Mini Van Photgraphy insulaire. « Pointu », ce festival l’est fièrement en alignant les signatures anglo-saxonnes folle pour attaquer symboliquement Babylone. pop rock de Spring King et des Toulonnais sans concessions. Au premier titre, le 7 juil- Le même soir rayonneront leurs compatriotes de Flashing Teeth ouvriront le ban. let, les Godspeed You! Black Emperor, des Suuns, dont le concert en mars à l’Espace Le 8 juillet, la tête d’affiche de cette édition groupe montréalais culte avec leur post-rock Julien à Marseille restera en mémoire comme débarque : Thee Oh Sees fait figure de groupe- héroïque et opaque. Alors que leur sixième un sommet d’art-rock tortueux et étourdissant. phare d’un revival rock garage californien fort album Luciferian Towers les a vu renouer en Le même soir les Sleaford Mods exposeront en décibels et en vibrations. Emmené par 2017 avec un parcours commencé il y a quinze leurs propres arguments : un punk-électro l’infatigable John Dwyer depuis 2003, le ans, leur musique, revendicatrice sous des testard et décomplexé, parfait échantillon made quatuor enchaîne albums (parfois deux dans la allures cryptiques, démontre que le rock reste in UK d’une exception culturelle brillamment même année comme en 2016) et tournées, sa encore un territoire d’expression à la liberté entamée avec The Streets. Moins connue, la formation fluctuante se cristallise depuis 2015 autour d’une paire de batteurs qui singularisent le groupe. Leur son ? Une grande lampée de rock primaire et sale, qui n’a rien à envier aux Stooges et carrément ravageur sur scène… Rockorama, Toulon royal Jim Jarmusch dit d’eux qu’ils sont « le plus grand groupe de rock en activité », rien que ça. la limite des places disponibles). Des icônes accompagnées d’autres bruyants En bonus, les têtes d’affiche de angelenos, les brillants skaters de Fidlar et cette édition-anniversaire sont leur punk tout en tensions. L’Américain Soft presque intégralement féminines Moon sera bien le seul a exposer un uni- avec l’exemplaire duo électro-clash vers plus introspectif, très inspiré de la new et engagé Robots in Disguise et wave anglaise torturée. Loin de ces univers le rap lascif tout en suggestions assez frustes, le Français Carpenter Brut de Safia Bahmed-Schwartz (le fait figure de relève de l’électro de Kavinsky 29 juin) ou l’électro-pop de Yelle, avec ses synthés héroïques et ses ambiances qui devrait faire paraître un nouvel de film de science fiction mâtinés de hard Corine © X-D.R album sous peu (le 30 juin). Mais on rock maximaliste. Quant à Deep Vally, ce vec Midi Festival à Hyères, Plage de jettera aussi une oreille aux garçons (on n’est seront malheureusement les seules filles de Rock à Port-Grimaud, et Le Pointu à pas sectaires) dont le revival rock gothique la prog, mais on imagine que leur duo glam- A Six-Fours, le Var est devenu contre et séduisant des hommes en noir de Leeds, rock spectaculaire ne laissera pas leur part toute-attente une place forte du pop-rock Autobahn. H.L. aux chiens. régional depuis dix ans. C’est d’ailleurs l’âge HERVÉ LUCIEN du petit dernier Rockorama, petit festival sur un week-end qui n’a rien à envier aux grands Rockorama Le Pointu avec son emplacement dans les jardins de la 29 juin au 1er juillet 7 et 8 juillet Tour Royale et sa programmation pop-rock- Jardins de la Tour Royale, Toulon Île du Gaou, Six-Fours-les-Plages DJ’s recherchée, en entrée gratuite (dans rockorama.fr pointufestival.fr 56 festivals Musiques au parc

ien de tel que les concerts en plein air par le cubain Alberto Pollan. Vendredi 29 pour se sentir pleinement dans l’été. juin, changement de registre, avec l’électro REt au milieu de la nature, c’est encore des français Irfane et Breakbot, respective- meilleur ! Ce sera le cas, cette année encore, ment ex-chanteur des très funky Outlines, au Festival de la Moline, 11 hectares au et ex-arrangeur des très pop Metronomy sein du quartier de Montolivet à Marseille, et Digitalism. Ils présenteront leur projet un parc qui s’est doté au printemps dernier commun « By your side » (soirée labellisée d’un théâtre de verdure pour accueillir, au-delà Acontraluz). La clôture du festival se fera, le de son festival musical d’été, du théâtre en samedi 30, autour d’une première partie intime plein air et des sports de combat… En ce qui et mélodique signée Agop, au chant et à la concerne la musique, la 11e édition du festival guitare, et d’une deuxième partie de soirée va se décliner, du 26 au 30 juin, en 5 soirées : sixties avec Les Vinyls, taillés sur mesure bal populaire, jazz caribéen, salsa, électro pour des reprises rock’n’roll (Bill Haley, Gene française, ballades intimistes et rock sixties. Vincent,…) et yéyés (Chaussettes noires, Déhanchements festifs et refrains chantés à Chats sauvages, Johnny,…). tue-tête pour commencer : la soirée d’ouver- Il y en aura pour tous les goûts cet été à la ture du mardi 26 juin sera un bal populaire, Moline et c’est à noter : tous les concerts ambiancé par les succès, repris par Laurent seront gratuits ! Bœuf et son groupe de chanteuses et dan- MARC VOIRY seurs, de variété française et internationale. Le lendemain, soirée plus sophistiquée, avec les ballades chaloupées et le groove caribéen du Anthony Joseph © MIRABELWHITE londonien Anthony Joseph, qui interprètera, Accentuation du climat tropical, le 28 juin, Festival de la Moline accompagné de ses 5 musiciens, les morceaux avec la salsa de l’Al’pollan septet y su 26 au 30 juin de son dernier album « Carribean Roots » (soirée latin Power, une formation composée de Parc de la Moline, Marseille labellisée Marseille Jazz des 5 Continents). salseros latino-marseillais aguerris, conduite 04 91 14 62 39 marseillemairie11-12.fr

Rock’n wine

oire du vin et étreindre la Afin de conclure ces trois soirées, le beauté vaut mieux que 20 juillet, on quittera l’Amérique pour «Bl’hypocrisie du dévot » revenir à l’aire anglo-saxonne, mais du écrivait le poète Omar Khayyâm il y a côté de l’Irlande. With U2 Night est bien longtemps. « Faisons nôtre cette une performance dédiée au groupe de devise ! », se sont probablement dit les Bono. Pour reprendre en chœur Sunday organisateurs de Music en vignes, bloody sunday ou With or without you lorsqu’ils ont décidé de transformer le sans avoir à débourser un tarif exorbitant vignoble Château Paradis en salle de à l’entrée d’un stade surpeuplé... Car les concert à l’air libre, trois jours durant tarifs de Music en Vignes ne dépassent chaque mois de juillet. Douze ans déjà pas 25€ par concert, avec un pass pour que le festival reçoit des pointures jazz, les trois jours à 60€, si l’on est friand soul, funk ou blues, avec un verre de BRBB © Leff Marseille de cette formule qui consiste à rendre bon cru offert à l’entrée, et un éthylotest au long de leur interminable carrière. Let’s des hommages musicaux. à la sortie… spend the night together ! GAËLLE CLOAREC Cette année, du rock endiablé ouvrira le bal le Le lendemain, un Big band biterrois repren- 18 juillet : Les Fortunes Tellers rendront un dra le flambeau. Le B.R.B.B. (alias Béziers Tribute Stonien (comprenez : un hommage aux Rythm’n Blues Band) est de retour au Puy Rolling Stones dans toute leur démesure). Au Sainte Réparade. Lors de l’édition 2016, ils programme, les tubes mémorables nés dans avaient honoré les divas de la soul ; cette Music en vignes 18 au 20 juillet la caboche rebelle de Keith Richards, Mick fois, les huit musiciens se livreront à un tour Château Paradis, Le Puy Sainte Réparade Jagger et consorts durant les sixties et tout de chant centré sur l’œuvre d’Otis Redding. 04 42 54 09 43 musicenvignes.fr 57 Worldwide, un monde de sons

style, toutes tendances confondues : Larry Heard/Mr Fingers pour la house de Chicago, Moodymann pour celle de Detroit, et Louie Vega (moitié du duo Masters At Work) pour l’école de New York. Troisième tendance : le retour de styles un peu oubliés comme l’abstract hip hop du Japonais DJ Krush et du Français DJ Cam ou de la drum’n bass soulful du revenant aux dents en or Goldie. Enfin, les lives d’artistes emblématiques comme Seun Kuti et son Egypt 80 qui fait revivre l’afro-funk de son géniteur Fela, les claviers funkadeliques d’Amp Fiddler ou encore les bricolages de l’iconoclaste brésilien Hermeto Pascoal et son art de créer avec tout ce qui lui tombe sous la main. HERVÉ LUCIEN

Daphni © X-D.R

ouvent cité comme un des meilleurs festi- Community, a assimilé les enseignements vals européens, l’événement co-organisé du krautrock allemand pour un délire instru- S par le DJ et prescripteur de tendances mental plus imprévisible. Avec sa nouvelle francophile Gilles Peterson sait dénicher le formation Animals Spirits, il devrait encore Worldwide meilleur des musiques actuelles, de la soul au emmener ses expérimentations à un niveau 30 juin au 7 juillet hip hop en passant par l’électro, la house music supérieur. Deuxième tendance : les maîtres de Théâtre de la Mer, Plage et Crac à Sète et les musiques du monde. Worldwide c’est la house music avec un trio de fondateurs du worldwidefestival.com un monde de sons à écouter les pieds dans le sable (journées en accès libre à la plage et au Centre régional d’art contemporain) ou la tête dans les étoiles (soirées au spectaculaire Théâtre de la Mer). Cette 13e édition ne déroge Thau de satisfactions pas à la règle avec un pool de plus de 50 artistes qui vont se succéder pendant une ’éco-système du festival semaine entière dans la ville portuaire. Si on héraultais est bien rôdé après ne peut les citer tous, on dégagera quelques Lvingt-huit années d’exis- grandes tendances de cette programmation. tence, avec des étapes musi- En premier l’omniprésence des signatures cales autour de l’étang rythmant de l’IDM, Intelligent Dance Music qui ne allègrement les dégustations de s’est jamais aussi bien portée que sous les produits locaux et les débats et expérimentations de Daphni, Four Tet et animations sur la biodiversité James Holden. Sous le nom de Daphni, le (cinq cette année). Et côté inspi- Canadien Dan Snaith abandonne la sécurité rations musicales, il y a de quoi de Caribou, son pseudo plus bankable, pour faire : le Festival de Thau est développer une électronica aventureuse et familial et ouvert sur le monde Motives Sound System © Pauline Beaudoin aérienne mais aussi très dancefloor. Pas très avec une quinzaine d’artistes de loin d’un des maîtres du genre (et collègue tous horizons. On remarquera en préambule et Hakim de Zebda le même soir que la de label), Four Tet, et de sa house music céré- l’effort fait sur les créations dans le cadre du rencontre des Ogres de Barback avec le brale dérivant parfois vers le jazz : volontiers +SilO+ de Réseau en scènes, permettant Bal Brotto Lopez (le 20) ou une belle soirée abstraite avec ses découpages rythmiques, de croiser un trio de cordes occidentales et féminine réunissant Catherine Ringer et conceptuelle (il enregistre le cœur de son fils des instruments traditionnels réunionnais Fatoumata Diawara (le 22). lors de l’échographie pour l’intégrer dans son (4Lands avec le Trio Zéphyr et Germain H.L. magnifique albumThere Is Love in You), la Lebot le 16 juillet) ou de retourner aux sources musique de l’Anglais est d’une liberté folle, africaines de la musique tunisienne d’Imed Festival de Thau qui l’exonère de toutes les étiquettes trop Alibi avec Frigya (le 22). On soulignera les 16 au 24 juillet restrictives. S’il était intégralement “laptop” immanquables du festival avec une carte Bouzigues, Montbazin, Abbaye de à ses débuts, James Holden, le parrain de blanche au musicien nomade Piers Faccini (le Valmagne, Balaruc-les-Bains et Mèze l’électro lysergique avec son label Border 18), le bal engagé des Motivés ! avec Mouss’ festivaldethau.com 58 festivals Toutes les couleurs de Garnier Installé dans le Vaucluse depuis plus de dix ans, le DJ français est de plus en plus présent sur la scène régionale et notamment ses festivals. Kolorz lui offre la tête d’affiche le 21 juillet

epuis quelques années, This Is Not A Love Song à Nîmes et Yeah ! à Lourmarin, le Dmême premier week-end de juin, sonnent l’entrée de la Provence dans la saison des festivals de musiques actuelles. À la tête de Yeah ! avec deux acolytes, Laurent Garnier a accompagné l’empreinte grandissante de la culture électronique dans les festivals de la région. D’abord à travers des résidences et des soirées club, puis en s’inscrivant comme tête d’affiche dans les festivals du genre, de plus en plus nombreux sur le territoire sudiste, enfin comme prescripteur de tendances il a consacré avec Yeah ! le concept d’un évé- nement de culture électro sans DJ’s (aucun sur le festival sauf lui-même pour des sets tout sauf techno). L’auteur d’Electro-Choc (livre essentiel pour comprendre l’impact du mouvement rave sur les dernières géné- rations de mélomanes) a ralenti le rythme depuis quelques années afin de garder sa fraîcheur et sa capacité à embrasser toutes les musiques. « Je veux pouvoir jouer tous les styles, du rock à la drum’n bass en passant par la soul nous déclarait-il alors qu’il venait de s’installer dans un petit village du Lube- ron. Le DJ ne doit pas établir une dictature pour faire danser les gens toute la nuit. Pour partager des émotions, il faut être dans le Laurent Garnier © X-D.R sensible… Les artistes insensibles ne me font pas voyager ». À 52 ans, toujours fidèle et co-fondateur des Nuits Sonores Patrice néanmoins des musiciens allemands) : l’in- à cette philosophie ouverte sur toutes les Moore. Dans leur sillage, la jeunesse ! Leo contournable Grimaçant de l’icône minimale couleurs musicales, l’ancien DJ de l’Hacienda, Pol, aujourd’hui résident du plus grand club Boris Brejcha et le Nez-long doré du plus décoré de l’Ordre de Chevalier des Arts et électro parisien, La Concrete, se produit en house Claptone. Trois régionaux complètent des Lettres l’an dernier, nomadise encore au live avec ses machines pour un set old school le plateau : l’électro-hip hop de Damien gré des festivals et se pose à Carpentras pour flirtant avec les racines américaines de la Massina, la techno de l’Avignonnais Trader une nouvelle édition de Kolorz. house music. La Belge Amelie Lens qui s’est et l’électro de The Dualz. Après cette étape imposée en quelques mois avec un son sans carpentrassienne riche en rencontres, le régio- Pionniers et jeunes pousses concession sur les plus grands festivals de nal « Lolo » Garnier sera aussi à l’affiche d’A Après huit éditions estivales (et cinq hiver- son pays (Tomorrowland, Pukkelpop) prend Contra Luz à Marseille le 8 septembre, avec nales) l’événement semble taillé pour faire se la relève de sa compatriote Charlotte de Witte d’autres partenaires de jeu (Ben Klock et Maceo côtoyer pionniers frenchies et jeunes pousses (sensation du Kolorz 2017) et apparaît comme Plex, notamment) et, vraisemblablement, de l’électro internationale. Dans l’enceinte de un des nombreux visages féminins d’une d’autres manières de se mettre en valeur. l’Hôtel Dieu récemment rénové, qui accueille techno actuelle qui ose revenir à une facture HERVÉ LUCIEN à nouveau 3000 spectateurs après deux ans épurée, sombre et puissante. de travaux, Laurent Garnier retrouvera le La veille, 20 juillet, Popof un autre artiste 21 juillet sur scène son partenaire Scan X emblématique de la techno française qui s’est (révélé sur F Com, label de Garnier à l’époque), imposé sur la scène techno dite « minimale » Kolorz Festival 20 et 21 juillet spécialiste du live machine, et un des pion- fera figure d’ancien sur un plateau composé Hôtel Dieu, Carpentras niers du son rave français des années 90 de plusieurs masques vénitiens (dissimulant kolorzfestival.com crac_Zibeline_vecto.indd 1 03/06/18 09:22 60 festivals L’Art lyrique ancré dans son territoire

Nommé en 2007, Bernard Foccroulle signe cette année sa dernière saison en tant que directeur du Festival d’Aix. Nous revenons avec lui sur ce mandat et sur la programmation de cet été, marquée par Marseille Provence 2018

Zibeline : Quels souvenirs marquants évidemment au monde de l’éducation, qui est La collaboration avec MP 2013, puis MP garderez-vous de vos années d’exercice le premier lieu et sans doute le plus propice 2018, a-t-elle été déterminante ? à Aix ? à un vrai contact avec l’opéra. Mais aussi à Absolument. J’ai été d’autant plus sensible à Bernard Foccroulle : J’ai eu la chance de un public moins considéré, le public jeune. À Marseille Provence 2013 que j’étais encore à ne programmer que des artistes auxquels Aix-en-Provence, j’ai tissé des liens solides la Monnaie lorsque Bruxelles 2000 avait été je croyais profondément. Ils ont tous été avec l’Université, qui se sont concrétisés lancé. Cette expérience, intéressante mais déterminants pour le monde de l’opéra : je notamment avec le programme Opéra On frustrante, m’a convaincu de l’importance pense aux mises en scène de Robert Lepage – qui donne accès à des places à 9 euros de mettre en place des réseaux pérennes, de ou de William Kentridge, et évidemment à aux étudiants, et leur propose tout au long semer des graines sur la durée. La dynamique la très belle Elektra de Patrice Chéreau, au de l’année des rencontres et activités qui de Marseille Provence 2013, et l’implication des Written on the Skin de George Benjamin, mis les familiarisent avec le monde de l’opéra. personnes en charge avec lesquelles j’ai noué La Flûte Enchantée (Aix, 2014) © Pascal Victor/artcompress en scène par Katie Mitchell, au Don Giovanni Cet ancrage ne peut évidemment pas se des liens importants, a permis aux acteurs du de Tcherniakov … Et tant d’autres, il me serait concevoir sans un contact avec le monde monde culturel d’enfin se consulter, de sortir impossible de départager les 65 productions associatif, social, et économique de la région. du chacun pour soi, et c’est sans doute sa qui ont fait ce festival, et je suis très heu- Depuis mon arrivée sur le festival, plus de leçon majeure. Un certain étonnement, une reux de la sortie prochaine d’un beau livre trente entreprises locales accompagnent certaine frustration se développent forcément évoquant chacune d’entre elles, ainsi que fidèlement le festival. lorsque la viabilité des projets n’est pas au d’une série d’entretiens mettant en lumière rendez-vous. C’était en partie le cas il y a cinq les rouages qui leur ont permis de voir le ans, avant cette nouvelle cristallisation qui jour*. Ces deux axes – l’un artistique, l’autre fait intervenir des moyens plus limités mais politique – rappellent à quel point le but de relève du même esprit : MP 2018 rappelle ces festivals est de rendre l’opéra vivant. que la synergie entre les acteurs de diverses Sur scène, mais aussi dans le paysage dans dimensions est la seule qui permet au monde lequel il s’inscrit. culturel d’avancer, d’innover, et d’aller à la Le paysage international, donc, mais rencontre de nouveaux publics. également le paysage local ? Deux des six opéras de cette saison – Ce n’est absolument pas contradictoire : toute Seven Stones et Orfeo et Majnun – ont institution culturelle a la possibilité et, à mon été programmés dans le cadre de Mar- sens, le devoir, de s’ancrer dans son territoire. seille Provence 2018 et de sa thématique J’ai assisté, au fil de mes mandats à la Mon- « Quel Amour ! ». Pouvez-vous nous en naie de Bruxelles puis à Aix-en-Provence, à dire quelques mots ? un vrai changement sur ce point. Dans les Ces deux productions sont le fruit d’une années 90, les festivals lyriques se concevaient volonté au cœur du festival, celle de placer Be r rn icto nécessairement hors sol. Leurs programmes ard al V en son centre la création. Elles sont atypiques : Foccroulle © Pasc étaient passionnants, prestigieux, mais ne leur durée mise à part, 1h30 chacune, elles se destinaient pas au territoire sur lequel ils relèvent de formats radicalement différents. prenaient forme. Je suis particulièrement fier Steven Stones franchit plusieurs frontières, d’avoir prouvé le contraire. D’avoir ouvert puisque son personnage traverse le monde le festival à un public auquel on ne destine pendant sept ans, et qu’il est le fruit du travail habituellement pas la scène lyrique. Je pense d’un poète islandais et d’un compositeur 61

sera pour la première fois Zerbinetta dans Ariane à Naxos. C’est un immense plaisir pour nous que d’avoir participé à d’aussi belles carrières. Vous avez également tissé des liens de fidélité forts avec vos metteurs en scène. Effectivement. Katie Mitchell signe pour sa septième année de présence sur le Festival une sixième mise en scène avec Ariane à Naxos, Simon McBurney propose à nouveau La Flûte Enchantée, qu’il avait créée ici il y a quatre ans. Ce sont des personnalités majeures, tout comme le reste de l’affiche. Mariusz Treliński a remporté un Opera Award à Londres cette année, il a créé L’Ange de Feu il y a trois semaines à Varsovie et les échos sont déjà dithyrambiques. Vincent Huguet a été l’assistant de Patrice Chéreau, Didon et Enée est son opéra favori – et également le mien – et ce sera un bonheur incommensurable de voir son travail, pour la première fois, sur la scène de l’Archevêché. C’est enfin Eric Oberdorff qui met en scène Seven Stones et je m’en réjouis : les chorégraphes ont leur mot à dire, et un regard bien particulier, sur l’opéra. Quels projets avez-vous pour la suite ? Envisagez-vous de vous concentrer sur votre activité d’organiste, de compositeur ? Je n’ai jamais abandonné l’orgue. J’ai terminé La Flûte Enchantée (Aix, 2014) © Pascal Victor/artcompress d’enregistrer l’intégrale de Bach quand je travaillais encore à la Monnaie. J’ai même fait tchèque. Seize chanteurs y sont rassemblés, gratuit, qui peut rassembler des milliers de en sorte de faire paraître un CD par an. J’ai sans orchestre. Ondřej Adámek est un com- spectateurs, mais qui n’est pas pour autant longtemps eu une prédilection pour la musique positeur passionnant, à très forte personnalité : « bon marché » - il a bénéficié du soutien de allemande mais je souhaiterais m’atteler à un sa musique recèle une vraie technicité, mais l’Union Européenne et de pas moins de six compositeur qui m’est cher et qui est trop elle n’est jamais inutilement compliquée et partenaires européens. peu connu, Correa de Arauxo, et aussi à la reste très accessible. Cette édition est également marquée musique contemporaine, pas en soliste mais Orfeo et Majnun est un projet d’une autre par la présence de nombreux artistes avec des ensembles. Le grand écart entre ampleur. Il se concrétise dans une parade issus de l’Académie d’Aix. l’orgue, soit l’absence de représentation, et urbaine, qui a déjà traversé Arles en avril, Tout à fait, et j’en suis très fier ! Le Festival l’opéra, mise en représentation par excellence, et foulera le Cours Mirabeau dès juin fête ses 70 ans cette année, et l’Académie m’a permis de trouver des ponts entre les deux (PARADE[S], 24 juin): elle est un lieu d’ex- ses 20 ans. Elle rassemblait à ses débuts territoires. Fréquenter des grandes voix m’a pression privilégié pour un grand nombre quelques dizaines d’artistes, elle en compte nourri, en tant qu’instrumentiste et en tant d’acteurs scolaires et associatifs. L’opéra créé aujourd’hui près de 250 ! Elle permet des que compositeur. De même que le contact est profondément interculturel et intemporel. rencontres formidables, via des cours, des avec la littérature, la danse et le théâtre ont Il met en parallèle, dans trois langues, une masters classes, sans parler de l’insertion fait naître en moi un désir de nouvelles formes. histoire orientale d’amour impossible et professionnelle et de la médiation qu’elle Avec le temps et la concentration nécessaire, celle, bien connue, d’Orphée et Eurydice. engendre. C’est une diversité qui profite j’espère y réfléchir. Voire écrire, moi-même à Ces deux amants transis, privés de leur aimée, aux jeunes artistes mais aussi au festival. mon tour, un opéra, qui sait ? contraints à la seule compagnie des animaux, Stéphane Degout y a entamé sa carrière ENTRETIEN RÉALISÉ PAR SUZANNE CANESSA ne peuvent voir leur amour transcendé que en jouant Papageno en 1999, il transmet par la poésie et la musique. L’opéra Orfeo aujourd’hui aux jeunes chanteurs l’art de * L’Opéra, Miroir du Monde, et Faire vivre l’Opéra, à paraître chez Actes Sud Beaux Arts en Juillet 2018 et Majnun est un projet participatif, qui fait la Mélodie française. Sabine Devieilhe a intervenir des chanteurs professionnels issus également fait ses premières armes ici, et de différentes cultures, des musiciens venus de tout le bassin méditerranéen, pratiquant Festival International d’Art lyrique d’Aix-en-Provence des instruments inhabituels, mais également 4 au 24 juillet un orchestre « classique », et près de deux divers lieux, Aix-en-Provence cents choristes amateurs. C’est un spectacle 08 20 922 923 festival-aix.com 62 festivals

pianistes français Adam Laloum dans le Un pèlerinage 2e concerto de Brahms. C’est l’Orchestre Philharmonique d’Odense qui le seconde pour une bouleversante symphonie Pathétique de Tchaïkovski.

à La Roque ? Fourmillante diversité Entre ces deux dates... des dizaines de solistes se relayent ! Le Festival International de Piano Et pas seulement des pianistes (ils sont 62) ! Il y de La Roque d’Anthéron s’est imposé comme en a pour les amateurs de clavecin (le gratin des cordes pincées), de musique de chambre (dont un point d’ancrage exceptionnel dans le Trio Wanderer ou le Quatuor Prazák), de violon (Renaud Capuçon, Gidon Kremer)... le paysage musical et pianistique mondial Et pas seulement du classique ! Les concerts de jazz font fureur à La Roque avec cette année Brad Mehldau, Baptiste Trotignon, Bojan Z avec Michel Portal, Ray Lema... Et pas seulement des concerts payants ! « Sur les routes de Provence » affiche une quinzaine de concerts gratuits où l’on découvre les ensembles « en résidence » à La Roque d’Anthéron, du duo au quintette dans de superbes programmes. Une quinzaine de concerts marient piano et orchestre (celui de Cannes, le Sinfonia Varsovia, le Royal Northern Sinfonia...). Ils ont lieu au Parc du Château de Florans avec Shani Diluka, Denis Matsouïev, Anne Queffélec, les Nelson Freire & Goerner, Nicholas Angelich, Lars Vogt... dont trois « Nuits du piano » (double concert à 20h et 22h) : musique française, Beethoven et Liszt. On puise également parmi 15 récitals baroques des clavecinistes Justin Taylor, Pierre Hantaï, Jean Rondeau... aux organistes Olivier Latry, Freddy Eichenberger et Laloum Adam © Harald Hoffmann-Sony Music l’ensemble La Rêveuse... voire les musiques Klezmer du Sirba Octet. Des « Concerts ’été durant, au moins une fois, si ce concerts, tous choisis avec soin, permettent Découverte » à 18h (à prix doux – gratuité n’est plus, il faut se rendre à La Roque de sillonner le département des Bouches-du- pour les -18 ans) font connaître de jeunes Ld’Anthéron pour assister à quelques Rhône, de Marseille (La Friche, Théâtre talents à côté des grands noms. manifestations de son magnifique festival. Sylvain), à Arles (Théâtre antique), Aix Allez... en voici quelques-uns : les Russes Il enchante les amateurs de musiques sous les (Musée Granet, église Saint-Jean de Boris Berezovsky, Alexei Volodin, Nikolaï étoiles ; depuis des décennies, on y croise le Malte), Mimet, Lambesc, Rognes, jusqu’à Lugansky, les Français David Kadouch, gotha des pianistes. Bien sûr, on ne manque la frontière vauclusienne du Luberon, vers Jean-Claude Pennetier, Bertrand Cha- pas les prestigieux concerts sur la grande Lourmarin, Cucuron ou le surplomb pano- mayou... et bien d’autres tels Abdel Rahman scène du Parc du Château de Florans, à la ramique des Terrasses de Gordes. On court El Bacha, Momo Kodama, Maria João Roque d’Anthéron même, lieu emblématique ainsi d’un récital intime au grand concert Pires... qui méritent chacun(e) un pèlerinage et historique : c’est là qu’est né le festival il y où la foule vibre aux exploits des solistes. au panthéon des claviers ! a bientôt quarante ans. Deux mille personnes En 2018, on commence le 20 juillet au Parc JACQUES FRESCHEL peuvent se nicher sur le mur de gradins qui du Château de Florans, avec le virtuose russe fait face à la monumentale conque acoustique. Arcadi Volodos et l’Orchestre Philharmo- Cette dernière abrite un orchestre sympho- nique de Marseille dirigé par Lawrence nique au complet et permet d’entendre, avec Foster dans Beethoven (3e concerto et la un remarquable confort sonore, le moindre Pastorale), aussi le lendemain en compa- pianissimo du clavier comme un surpuissant gnie de Michel Dalberto pour le concerto Festival International de Piano tutti instrumental. Mais La Roque d’Anthéron L’Égyptien de Saint-Saëns et Le Tricorne de 20 juillet au 18 août ne se réduit pas à... La Roque (et son abbaye Falla (Marina Rodríguez-Cusí, mezzo)... La Roque d’Anthéron et autres lieux de Silvacane). Une quinzaine d’espaces de pour y finir le 18 août avec le bien-aimé des 04 42 50 51 15 festival-piano.com

64 festivals « Sous le signe de l’hexagone »

epuis son origine, le Festival Radio France Occitanie Montpellier exhume Ddes répertoires oubliés, promeut de jeunes artistes avec, pour point de mire, le souci de rendre accessible une culture musicale de haut vol. De fait, nombre de concerts sont retransmis sur les ondes tentaculaires du réseau Radio France. C’est en Occitanie, autour de la cité de Montpellier et sa grande salle de l’Opéra Berlioz que le festival s’est développé. En 2018, son intitulé « Douce France » fait référence au Narbonnais Charles Trenet (un spectacle éponyme de chansons françaises est annoncé les 15 et 16 juillet). C’est majoritairement des œuvres, des artistes, des ensembles hexagonaux ou des lieux patrimoniaux qui sont à l’honneur. Cheville ouvrière du fes- tival, l’Orchestre National Montpellier Occitanie, relayé par l’Orchestre National de France, l’Orchestre, les Chœurs et la

Santtu-Matias Rouvali © Kaapo Kamu Maîtrise de Radio France, est secondé cet

Le goût de la surprise

ean-Louis Grinda le réaffirme dans magnifique » du son édito, « il est grand temps pour les Barbier de Séville JChorégies d’Orange (dont il est le direc- de Rossini, mis en teur) de prendre un nouvel envol ». Entre le scène par Adriano in et le off, les mélomanes les plus exigeants Sinivia sera menée seront sans aucun doute comblés avec un par Giampaolo répertoire qui cherche à se renouveler tout Bisanti, avec le en cultivant l’excellence. Le « In » accueillera plus grand inter- ainsi une Nuit Russe avec l’Orchestre Phil- prète du rôle-titre harmonique de Radio France, dirigé par aujourd’hui, Florian Mikhaïl Tatarnikov, avec les chœurs des Sempey. La forme opéras d’Avignon, de Monte Carlo et de Nice ciné-concert avec pour un programme nourri d’extraits de La Fantasia de Disney Dame de Pique, Eugène Onéguine, Iolanta et l’Orchestre (Tchaïkovski), Le Coq d’or, La Fille des neiges National de Lyon Jean-Louis Grinda © Alain Hanel (Rimski-Korsakov) et Aleko (Rachmaninov). sous la houlette de Didier Benetti fait son Musiques en fête (20 juin), des rencontres Airs, duos, ensembles et chœurs rendront grâce entrée aux Chorégies ainsi que la danse avec les équipes des opéras et pléthores de à ce brillant répertoire. Deux œuvres majeures avec La flûte enchantée chorégraphiée par concerts par la ville… Orange, couleur de données pour la première fois au Théâtre Maurice Béjart et interprétée par le Béjart la musique ? Antique feront l’ouverture et la clôture du Ballet Lausanne. Enfin, quatre grands réci- MARYVONNE COLOMBANI festival : le rare et grandiose Mefistofele de tals offriront l’occasion d’entendre les voix Boito, dirigé (encore une première fois pour sublimes de Karine Deshayes (mezzo-so- les Chorégies) par une femme, Nathalie prano), Edgardo Rocha (ténor), Eva-Maria Stutzmann, avec une distribution de choix, Westbroek (soprano) et George Petean Chorégies d’Orange Jean-François Borras campera Faust face (baryton), tandis que le concert des révélations 20 juin au 4 août au Méphisto d’Erwin Schrott, et Béatrice classiques de l’ADAMI nous fera découvrir Divers lieux, Orange Uria-Monzon Hélène de Sparte ; la « folie les talents de demain. Le « Off » proposera 04 90 34 24 24 choregies.fr 65

été par les remarquables formations de la Massenet (21 juillet) et Les Cris de Paris, une Véronique Gens, Hervé Niquet, Bertrand Garde Républicaine (Orchestres, Chœur grande « symphonie humoristique » de Jean- Chamayou, Michel Dalberto... Marc Min- de l’Armée Française). Georges Kastner (26 juillet)... pour satisfaire kowski et les Musiciens du Louvre pour La En 2018, on ne manque pas d’honorer Claude l’intarissable plaisir des découvertes ! Périchole d’Offenbach (11 juillet) ... Mais pas Debussy à l’occasion du centenaire de sa que des Français : Fazil Say, Beatrice Rana, disparition : ce sont ses mélodies, pièces pour Des projets originaux Michael Schønwandt (chef de l’Orchestre piano ou orchestrales qu’on entend à côté Une première mondiale : les 555 sonates de Montpellier), Nelson Goerner, Nemanja d’opus de compatriotes : Ravel, Chabrier, Saint- pour clavecin de Scarlatti se déclinent Radulović, le Chœur de la Radio Lettone Saëns, Fauré, Duparc, Chausson, Poulenc... en trente-cinq concerts, dans treize lieux interprètent aussi Tchaïkovski ou Arvo Pärt... On célèbre par ailleurs Leonard Bernstein, patrimoniaux de la région, par trente ins- JACQUES FRESCHEL né en 1918, en clôture du Festival (27 juillet). trumentistes différents ! Une folie... comme La création française est mise en exergue celle, utopique, d’illustrer, en une seule soirée avec cinq compositeurs de la nouvelle géné- (25 juillet), « Les chemins de Saint-Jacques ration : Benjamin Attahir, Sophie Lacaze, de Compostelle » avec six concerts vocaux Karol Beffa, Guillaume Connesson et simultanément à Saint-Gilles, Montpellier, Éric Tanguy. Conques, Villeneuve d’Aveyron, Cahors, Arles- Tradition oblige à Montpellier, on (re)crée des sur-Tech. Ce sont aussi les musiques tziganes ouvrages du passé : cette année c’est Issé, une qui résonnent avec émotion au Mémo- Festival Radio France Occitanie Montpellier « pastorale héroïque » et baroque du Cardinal rial du camp de Rivesaltes (20 juillet). 9 au 27 juillet Destouches (18 juillet), Kassya, le dernier Une pléiade de jeunes talents côtoient Montpellier et autres lieux opéra inachevé de Léo Delibes, orchestré par Marianne Crebassa, David Kadouch, 04 67 02 02 01 lefestival.eu

COURS MIRABEAU, AIX-EN-PROVENCE 24 JUIN | PARTICIPEZ À LA GRANDE PARADE URBAINE ! 8 JUILLET | VENEZ ASSISTER À L’OPÉRA GRATUIT EN PLEIN AIR ! photos © Vincent Beaume, © Florent Gardin. / graphisme © Laurène Chesnel © Laurène / graphisme Gardin. © Florent Beaume, © Vincent photos

Un rendez-vous MP2018 Quel Amour ! WWW.FESTIVAL-AIX.COM THE ELOISE SUSANNA GALE FOUNDATION 66 festivals Paysages musicaux

Les Hautes-Alpes accueillent le monde à travers des propositions musicales qui explorent les genres, les origines, les époques, avec une singulière pertinence, grâce à l’Espace culturel de Chaillol et son directeur, Michaël Dian

dans la tradition musicale espagnole, La Yave de mi casa… Et la Compagnie Rassegna décline toutes les richesses mélodiques et rythmiques de la Méditerranée avec Il Sole non si muove (lire journalzibeline.fr).

Enfances de l’art L’enfance est particulièrement choyée avec deux propositions qui prédisposent à la rêverie. Le pianiste et compositeur Franck Krawczyk nous entraîne dans un conte musical inspiré d’Hoffmann, Rejouer, avant de libérer musicalement la mémoire d’une sélection d’objets du Musée départemental de Gap en une Mélodie des choses qui leur accorde une âme sensible. La pianiste de jazz Perrine Mansuy met en scène un petit garçon en quête d’inspiration, Je rêve !..., et réenchante le réel, tandis que la comédienne Quatuor Béla © G.Garitan Cécile Brochoire, accompagnée par le piano es paysages sonores rencontrent les beau- André Clapet, Debussy, John Rea ou Aurelio de Michaël Dian, raconte Le petit garçon qui tés naturelles des montagnes du Gapen- Edler-Copes. Le clavecin de Céline Frisch avait envie d’espace de Benoît Menut sur Lçais, amènent l’auditeur à découvrir petites (en duo avec le violoniste Pablo Valetti), le un texte de Giono. La jeunesse se retrouve églises nichées au cœur des vallées, musée, piano d’Amandine Habib et les orgues de aussi derrière les pupitres avec le Chesa- château, jardins… Et les genres à se mélanger Grégoire Rolland (en duo avec le clarinet- peake Youth Symphony Orchestra qui au Festival de Chaillol. Entre classicisme tiste Frédéric Cellier) offrent une approche revient dans les Alpes après son succès de l’an et création contemporaine, le jazz déclinera passionnée du répertoire baroque. Le Tel passé, et accueille le mandoliniste Vincent ses arrangements avec un ensemble de seize Aviv Wind Quintet, ensemble phare de la Beer-Demander pour (entre autres petits solistes, le Vintage Orchestra, pour rendre scène israélienne, s’attache aux répertoires bijoux) la création mondiale du Concerto hommage au grand trompettiste, compositeur classiques et actuels et met en regard Beetho- pour mandoline et orchestre (Concierto del et chef d’orchestre de jazz que fut Thad Jones. ven et Ari Ben-Shabetaï ou Bach et Stephen Sud) de Lalo Schifrin (que vous connaissez Puis le contrebassiste Riccardo Del Fra et Horenstein. Autre lecture, celle de Bernard sans le savoir : Mannix, Mission impossible, son quintette, composé de quelques-uns des Cavanna et son approche tout en finesse Starsky et Hutch, c’est lui !). meilleurs sidemen européens, nous offrira son de Schubert dont 13 lieder sur un poème de Assez de rester assis alors que la campagne projet fédérateur entre les peuples, Espoir. Goethe, interprétés par son ensemble avec appelle aux promenades ? Pas de souci ! une souple virtuosité, mettent en valeur la Le Festival de Chaillol a tout prévu ! Une Relire le répertoire classique voix subtile d’Isa Lagarde. Un jeune talent à charmante balade musicale vous attend sur Le centenaire de la naissance d’Alberto découvrir : la brillante pianiste Gaïa Kliemann le plateau de Libouze ! Ginastera est marqué par la soprano Maya qui proposera un avant-concert. MARYVONNE COLOMBANI Villanueva, le violoncelliste Patrick Langot et le pianiste Romain David avec un pro- Contemporaine tradition ! gramme qui souligne à quel point musique Eaux primordiales, image de la mère, de savante et inspiration populaire se côtoient l’amertume ou de la lumière, le nom de Maria et se fondent dans l’œuvre du compositeur ne cesse d’interroger par la multiplicité de argentin. Ajoutez à ces instants de moder- ses significations. L’ensemble Irini (Lila nité celle de quelques pièces de Debussy, Hajosi, Marie Pons, Julie Azoulay), et Tres instantes oniricos de Gabriel Sivak. articule son programme autour de chants Festival de Chaillol On goûtera la Dentelle mécanique qui unit dédiés à Maria, depuis les airs traditionnels 17 juillet au 12 août la harpe de Valeria Kafelnikov et le Qua- chypriotes à une œuvre de Zad Moultaka. Divers lieux, entre Alpes et Provence tuor Béla sur des œuvres de Noriko Baba, Le Kedem Ensemble plonge avec délices 04 92 50 13 90 festivaldechaillol.com 67 Airs d’été

Jazz, opéra, récital, cabaret, la formule de la 21e édition du Festival Durance Luberon est préservée avec son nouveau directeur, Luc Avrial et la programmation artistique de Jean-François Héron

i l’essentiel du Festival d’été de Markus Hünninger. La Roque Durance Luberon se déroule au d’Anthéron accueillera l’ensemble Ad Smois d’août, une incursion début Fontes qui célèbrera le centenaire juillet (le 7) permet déjà d’en prendre de la naissance de Bernstein avec les la mesure, avec l’ensemble des jeunes Chichester Psalms, des extraits de West et talentueux musiciens de l’Interna- Side Story et toute la force inventive d’un tional Youth Symphony Orchestra spectacle mis en scène par Catherine (Michigan, USA) sur un programme Sparta et dirigé par Jan Heiting. Le Rimski-Korsakov dirigé par Brad jazz, qui a tant influencé le musicien, est Pfeil. Écho russe à ce premier concert, fêté lors de deux ApéroJazz, l’un dédié l’Académie Chorale de Moscou, à Gershwin, avec le génial Quartet de sous la houlette de Nikolay Azarov Béa Bini (Béatrice Bini chant, Chris- puis d’Alexey Petrov, proposera des tian Bini batterie, Stéphane Bernard chœurs d’inspiration populaire puis piano, Gérard Maurin contrebasse), l’opéra sans doute le plus célèbre l’autre avec le non moins brillant quartet de Tchaïkovski, Eugène Onéguine, les Quatre Vents (Perrine Mansuy accompagné par le piano de Yuliya piano, Pierre Fenichel contrebasse, Banjkova. On retrouvera les solistes Christophe Leloil trompette, Fred virtuoses de cet ensemble prestigieux Pasqua Batterie). Enfin, clin d’œil à lors d’un ApérOpéra où Mozart, Deni- l’opérette marseillaise, le délicieux sov, Beethoven et Mahler seront des spectacle du ténor Jean-Christophe convives de choix ! Autre incursion Born avec Perrine Cabassud et Eric dans les univers musicaux de l’Est, la Valezzi, Marseille, mes amours (lire rencontre improbable et fructueuse journalzibeline.fr). Vive l’été ! entre musique populaire de Transylvanie MARYVONNE COLOMBANI et musique savante hongroise, grâce au

Trio Ardéal fondé par Patrice Gabet Catherine Sparta © Marie-Gutierrez et l’ensemble vocal Les Offrandes Musicales dirigé par Jérôme Cottenceau : Chrystelle Di Marco, Luca Lombardo, une palette d’une rare richesse ! On revient Florent Leroux Roche et Patrick Agard. à l’opéra avec une Tosca de Puccini mise en On aura auparavant goûté au songe avec The Festival Durance Luberon scène dans l’esprit de Peter Brook, « recentrée Fairy Queen de Purcell, dans la mise en scène 7 juillet au 26 août sur l’essentiel », par Vladik Polionov qui astucieuse et joyeuse de Julien Assemat, Divers lieux, Durance Luberon dirige de son piano une distribution de rêve, avec l’ensemble vocal et orchestre baroque 06 42 46 02 50 festival-durance-luberon.com

Ecoutez, on est bien ensemble francebleu . fr

FB_encartGenerique_200x70.indd 1 12/03/2018 09:52 68 festivals L’Estival Toulon 2018 reprend du service Fidèle à sa tradition de diffusion de la musique classique à tous les publics de la région toulonnaise et d’ailleurs, le Festival de musique de Toulon et sa région propose comme chaque année un cycle de concerts éclectique et exigeant Thomas Enhco & Vassilena Serafimova © Bastien Vincent

uverte le 13 juin avec le Sacre du Printemps Musical » étalant ses nombreuses escales de – que se succéderont les percussions et flûtes pour deux pianos, la programmation à Lully à Gershwin sera suivi d’un programme fanfaronnes de l’Ensemble Polychronies Oentrée libre s’étendra du Théâtre de « Venise – Paris – Vienne au XVIIIe siècle » (4 juillet), les castagnettes de Lucero Tena Verdure du Mont Faron, où les élèves concocté par l’Ensemble Instrumental de et la harpe de Xavier de Maistre pour le du Conservatoire Toulon Provence Toulon et du Var et dirigé par René-Pierre programme « Arpèges andalous » (8 juillet), Méditerranée se produiront le 23 juin, à la Faedda (29 juin). le concert dédié à Debussy et Ravel du Trio place Victor Hugo, où Benoît Gonzalez C’est ensuite sur son lieu emblématique, l’im- Karénine (9 juillet) et le duo piano-marimba dirigera l’Orchestre d’Harmonie Toulon posante Tour Royale – ou, si intempéries, au des Funambules Thomas Enhco et Vas- Var Méditerranée le 27 juin. Ce « Voyage sein du non moins mythique Opéra de Toulon silena Serafimova, mêlant aux grands

La voix à l’honneur

Du 13 au 20 juillet, les Rencontres seront précédées de la 12e session de l’Académie de musique ancienne. Elle permettra à une douzaine de stagiaires d’en aborder les spécificités : encadrés par le directeur artistique du festival, Dominique Vellard, d’Emmanuel Bonnardot (directeur musical de l’Ensemble Obsidienne), et de la soprano Anne Delafosse, ces stagiaires étudieront la musique parisienne du XIIe siècle. C’est sur le concert issu de l’Académie que s’ouvrira le festival à l’Abbaye du Thoro- net, le 21 juillet. Le groupe marseillais Lo Còr de la Plana embrayera, le 22 juillet, sur un concert dédié au répertoire occitan. Constitué d’anciens de la Schola Cantorum de Bâle, le sextuor vocal Troxalida proposera Café Zimmermann © Jean-Baptiste Millot le 23 juillet à la Basilique Notre Dame de our leur 28e édition, les Rencontres de faire connaître la musique ancienne, le Saint-Raphaël la messe Issa est speciosa de internationales du Thoronet placent festival s’attelle à en faire entendre tous les Pierre de la Rue. Pà nouveau au centre de leur programma- répertoires, des balbutiements grégoriens à Retour au Thoronet le 24 juillet, à son Église tion la musique vocale, point fondamental de l’Allemagne du XVIIIe siècle, sur le thème cette fois, pour un programme rassemblant toute écriture musicale. Mu par l’ambition « La voix dans tous ses états ». Gilles Binchois et Guillaume Dufay, et d’autres classiques de Bach, Mozart ou Fauré des compositions de leur gré (12 juillet). Présenté sous forme d’amuse-bouche le 21 juin au Parc Jean-Robert, le Festival de la Collégiale de Six-Fours les Plages, proposé également en entrée libre, prendra ensuite le relais. Un récital baroque fera entendre Vero- nica Gangemi et l’Ensemble Matheus, dirigé par Jean-Christophe Spinosi, sur des pages de Vivaldi et de Haendel le 18 juillet. C’est ensuite au jazz puis à son célèbre Barock’n roll que se dédiera l’Ensemble le 21 juillet, respectivement à 14h30 au Parc Jean-Robert et à 21h au Parc de la Méditerranée – avant les habituels feux d’artifice, tirés en fin de concert. Pique-niques, coussins et petites laines d’usage sont recommandés pour profiter au mieux de ce festif Estival ! SUZANNE CANESSA

L’Estival de Toulon jusqu’au 12 juillet divers lieux, Toulon 04 94 18 53 07 festivalmusiquetoulon.com

Festival de la Collégiale 21 juin au 21 juillet divers lieux, Six-Fours les Plages 04 94 34 93 00 ville-six-fours.fr

26E ÉDITION DU 25 JUILLET AU 8 AOÛT 2018 LES MEILLEURS SOLISTES AU MONDE SE membres moins connus de l’école bourguignonne, élaboré RETROUVENT À SALON par Anne Delafosse avec Angélique Mauillon à la harpe. ET À AIX C’est à la lisière entre la Renaissance et le Moyen-Âge italiens que se situe le choix d’œuvres effectué par Viva Biancaluna Biffi, au chant et à la vielle (25 juillet).

Les chants de procession et de dévotion de la péninsule SALON MUSIQUE À L’EMPÉRI, UN FESTIVAL D’ARTISTES FONDÉ EN 1992 PAR ibérique seront ensuite mis à l’honneur par les Cantade- ERIC LE SAGE, PAUL MEYER, EMMANUEL PAHUD ras, de retour à l’Abbaye du Thoronet. (26 juillet). Le 28 GILBERT AUDIN, MAJA AVRAMOVIC, juillet, l’ensemble Café Zimmermann et le contre-ténor ALESSIO BAX, MARTIN BERNER, GUSTAVO BEYTELMANN, ROMY BISCHOFF, CLAUDIO BOHÓRQUEZ, OSCAR BOHÓRQUEZ, Damien Guillon feront une incursion du côté du baroque LUCILLE CHUNG, GEOFFROY COUTEAU, BENOIT DE BARSONY, allemand. L’Ensemble Gilles Binchois conclura enfin la MARIANA FLORES, LEONARDO GARCÍA ALARCÓN, DAISHIN KASHIMOTO, ADAM LALOUM, ROMAIN LÉCUYER, semaine de festivités sur une sélection de chants grégoriens, NATALIA LOMEIKO, LILLI MAIJALA, ZVI PLESSER, ambrosiens, vieux-romains sur le thème de la Création, et IRIS PRÉGARDIEN, JULIAN PRÉGARDIEN, MICHEL PORTAL, WILLIAM SABATIER, LYDIA TEUSCHER, OLIVIER THIERY sur la pièce Il y eut un soir, il y eut un matin, composée QUATUOR ELLIPSOS, QUATUOR VAN KUIJK, QUATUOR ZAÏDE par Dominique Vellard. De quoi rappeler l’influence encore prégnante de la musique ancienne sur la création contemporaine. S.C. FESTIVALSALON.FR 04 90 56 00 82

Rencontres Internationales du Thoronet 21 au 28 juillet Abbaye du Thoronet 04 94 60 10 94 musique-medievale.fr

annonce zibeline 2018.indd 5 7/06/18 10:37 70 festivals La fête des archets La session d’été marque élèves des premiers… en une belle émulation, le un temps fort dans les violoncelle « en liberté » se quatre saisons de Cello glissera dans les univers de Casals, Popper, Klengel, Fan dont le Festival de Villa Lobos, puis « fera son cinéma » autour de l’œuvre violoncelle célèbre cette de Bernstein (1918-1990). année ses dix-huit ans Aucune limite pour ce bel instrument ! Deux concerts seront dédiés au violoncelle es villages perchés du pays de Fayence jazz : le duo At Home accueillent avec l’été une cohorte joyeuse (Guillaume Latil, violon- Lde musiciens, qui proposent concerts, celle, Anthony Jambon, master classes, répétitions publiques, en une Gilles Apap © Lia Jacobi guitare et composition) qui approche qui sait se mettre à la portée de tous, jouera son premier album en restant d’une irréprochable exigence de plus grand, sans doute, claveciniste de la scène Éphémère. Puis, le duo deviendra quatuor qualité et d’éclectisme, sous la direction artis- actuelle, Kenneth Weiss, poète, professeur avec Yacir Rami (oud) et Natascha Rogers tique du violoncelliste Frédéric Audibert. à la HES de Lausanne, pour la première fois (percussions) pour nous livrer les prémices Musiques classiques, baroques et contempo- dans le Var. On l’entendra en duo avec Flo- du futur album prévu pour 2019. raines seront servies par un panel de musiciens rent Audibert, violoncelliste solo de l’opéra Ajoutez à cela que le festival se targue d’être talentueux venus de tous horizons. Trois invités de Rouen puis accompagné des meilleurs « Mondial Compatible » : les horaires per- d’honneur rejoindront cette incontournable solistes des orchestres internationaux sur mettent aux mélomanes adeptes des exploits fête du violoncelle, Gilles Apap, que Yehudi instruments anciens, Gionata Sgambaro, du ballon rond de ne pas être soumis aux Menuhin nomma « le violoniste du XXIe », flûte, Jean-Philippe Thiébaut, hautbois, dictatures d’impossibles choix ! auquel est donnée carte blanche pour un Armelle Cuny, violon, David Sinclair, MARYVONNE COLOMBANI concert qui mêlera musiques traditionnelles contrebasse… Deux orchestres se formeront et musiques du monde, accompagné par autour de l’instrument à voix humaine, l’un de l’orchestre du Festival et celui de violoncelles violoncellistes professionnels, concertistes et Cello Fan 29 juin au 2 juillet de Cello Fan, la grande harpiste Catherine professeurs de la région (au sens très large), le Divers lieux, pays de Fayence Michel pour un concert exceptionnel et le second sera constitué de « jeunes pousses », 04 94 39 98 40 cello-fan.com

Les artistes au Couvent ! La présidente de L’Opéra au Village, Suzy Charrue- Delenne, défend une quatorzième saison de concerts éclectiques d’une belle qualité

as d’entrée dans les ordres prévue pour comme à la scène (8 juillet), cumulant les autant ! La dynamique association L’Opéra plus hautes récompenses, celui du pianiste Pau Village poursuit son œuvre de diffusion Laurent Cabasso et de la violoniste Ariane de la musique, en multipliant concerts et convi- Granjon pour un marathon musical, offrant vialité tout au long de l’année au Couvent en première partie des pièces de Poulenc des Minimes de Pourrières. Si vous avez et de Ravel, puis un hommage à Debussy à raté ceux du début de l’année, session de l’occasion du centenaire de sa naissance. La rattrapage dès le 22 juin avec deux artistes de nouvelle création du ténor Jean-Christophe haut vol, moult fois primés, Philippe Bernold, Born consacrée à la vie de Gaby Deslys, qui chef d’orchestre et soliste international à la se confond avec celle du music-hall, Gaby, flûte, et le harpiste Emmanuel Ceysson mon amour, apportera sa verve, sa drôlerie, qui a intégré en 2015 le Metropolitan Opéra ses élans, avec Mark Nadler et Clémentine Emmanuel Ceysson © JC Husson de New York, dans un programme consacré Decouture. Un moment d’anthologie ! Seule l’Hôtel de Ville de Saint-Maximin, avec à Mozart (auquel ils viennent de consacrer entorse à la règle monastique, le spectacle plus de 150 participants : Une Arlésienne un disque ensemble). Autre duo à la ville offert sur le parvis de la Basilique et de nommée Carmen qui entrelace Les Lettres L’art d’être trentenaire !

es Rencontres fondateurs du festi- musicales de val, exceptionnelle LHaute Pro- famille de musiciens, vence affichent Pierre-Olivier une belle longévité Queyras, (direc- et ne cessent de teur artistique), s’enrichir, de creuser Jean-Guihen, leur propos. Bien sûr, Gésine, Romane les constantes per- et Solène Queyras, durent, la « fameuse Véronique Marin, journée continue », Frédéric Lagarde, Raphael Imbert © X DR le dimanche, « pierre mais aussi Nicolas angulaire » du festival, autour de laquelle tout Sublet, Emma Girbal, Chloé Lecoq, Florian a commencé, dans l’écrin de la cathédrale de Laforge, Christine Busch, Anne Katha- Forcalquier offrant un florilège de musiques de rina Schreiber, Katya Polin, Sebastian chambre ; les répétitions publiques, les stages Wohlfarth, Patrice Bocquillon, Kristian avec les jeunes et ceux qui le sont moins, mêlent Bezuidenhout, Laurène Durantel, Pascal musiciens confirmés, jeunes talents et élèves Robault, Lucile Renon, Alexandre Tha- de l’école de musique… La musique arpente raud, Raphaël Imbert… Vous reconnaissez les rues, les places, les lieux ouverts, entre au des noms célèbres ? Synergie de la qualité ! cinéma (Le Bourguet)… Si Forcalquier reste le Pour des interprétations somptueuses, de centre des manifestations avec la cathédrale, Brahms, Debussy, Ravel, Schubert, Mendels- le cloître des Cordeliers et son jardin, ainsi sohn, Boccherini, Murail, Sibelius… Ajoutez des que ses places, le festival joue aussi à Dauphin, instruments anciens, dont un Pleyel de 1830, le Banon, Pierrerue, et propose trois soirées au Trio Dumky, une soirée de clôture qui prévoit, Prieuré de Salagon ainsi qu’un concert dans outre ce qui est annoncé dans le dépliant, ses jardins. Le compositeur associé de cette de nombreuses surprises… Quel bel été ! édition, Tristan Murail, présentera son MARYVONNE COLOMBANI œuvre et les caractéristiques de la musique spectrale lors d’une conférence (23 juillet). 20 au 28 juillet Solos, duos, trios, quatuors, quintettes, toutes Divers lieux, pays de Forcalquier les configurations de la musique de chambre 06 60 79 34 24 / 04 84 54 95 10 rmhp.fr sont représentées, avec, en interprètes, les haute-provence-tourisme.com

l’Ensemble vocal Pertuis-Luberon dirigé par Jackie Descamps, le Conservatoire de la Provence Verte, le groupe folklorique L’Alen mené par Béatrice Chave. Deux solistes de renom, la mezzo-soprano Patri- cia Schnell et le ténor Luca Lombardo transporteront l’ensemble dans une mise en scène de Bernard Grimonet, dont on applaudi depuis quatorze ans les prouesses inventives de scénographie pour L’Opéra au Village. D’autres pépites sont prévues pour septembre (et jusqu’en décembre), mais c’est une autre histoire à conter ! M.C.

Emmanuel Ceysson © JC Husson L’Opéra au Village 22 juin au 28 juillet de mon Moulin de Daudet et la musique de Couvent des Minimes, Pourrières Bizet, sur un livret de Catherine Metelski et Parvis de la Basilique, Saint-Maximin Patricia Fulchiron. Seront mis à contribution 06 98 31 42 06 loperaauvillage.fr 72 festivals FID, généreux, diversifié, précis

Entretien avec Jean-Pierre Rehm, Délégué Général du Festival International de Cinéma Marseille

Zibeline : Si vous aviez 3 adjectifs pour projection au monde et on se doit de leur l’hypothèse d’un travail où un certain type de qualifier cette 29e édition du FID, quels offrir une image et un son de qualité : ils ont regard mettra sur la table, à côté d’objets déjà seraient-ils ? travaillé parfois 5 ou 6 ans ! là, d’autres objets, différents, un peu fragiles, Jean-Pierre Rehm : Question très difficile ! Pourquoi est-ce si important d’avoir des qu’on a envie d’accompagner fortement. Ils ne seraient pas différents des autres édi- premières ? Vous aimez prendre des risques… tions car c’est un projet général. GÉNÉREUX C’est un pari sur le fait qu’il y a véritablement Pas par goût du risque mais parce que je car on a très à cœur de le défendre auprès capacité à augmenter la source existante, de trouverais trop bête que la prudence fasse d’un public le plus large possible en termes films neufs, inédits. Il y a une grande crainte que certaines propositions n’aboutissent pas. de génération, de provenance sociale, de dans l’univers culturel, c’est de s’exposer Vous êtes délégué général du FID depuis nombre : nous sommes convaincus que les sans garantie de validation. Depuis pas mal 2002 : quels sont les changements films sont à destination de chacun. PRÉCIS d’années, nous sommes devenus des gens notables depuis votre arrivée ? parce qu’être aimé ne peut se faire que par qui valident : des directeurs de festivals du Il y en a plein. Le FID est passé d’un festival une attention au détail, à une idée de ce monde entier se déplacent pour rencontrer ici dédié au documentaire à un festival généraliste, qu’est le monde et ce que sont les gens. Le des gens. Nous portons une grande attention d’un festival de réputation régionale à un cinéma est un exercice du regard qui met aux premiers films et aux cinéastes jeunes. Par festival international. On est sur la carte des à l’épreuve cela. Il y a des films qui mettent exemple, Roee Rosen. Je suis fier d’avoir été lieux où la programmation est suivie d’un écho. en œuvre l’exactitude. DIVERSIFIÉ de par le premier Festival au monde à avoir montré Il y a 10 ans on a créé le FID LAB. Le milieu les provenances géographiques, de par les il y a 10 ans un travail qui va être présenté du cinéma nous fait confiance et a compris réalités différentes, fictions et documentaires, durant trois mois à Beaubourg et qui était qu’on n’était pas un festival de plus. On essaie de par le genre. Diversité des approches aussi. à la Documenta. Les premières, c’est dans d’inventer un espace utopique où sont faites Par exemple dans le film d’animation chilien des productions d’art contemporain et de Una vez la noche d’Antonia Rossi, plusieurs cinéma, où des productions à petit budget histoires sont présentées avec plusieurs styles sont possibles et présentées dans leur totale d’images, des dessins variés : une idée très dignité. Des films à moins d’un million d’euros, astucieuse. Quelque chose de très chaotique ce que font peu de festivals établis. et de très organisé. En 2017, vous aviez mis à l’honneur Roger Chaque édition est un défi. Est-ce que Corman. Cette année, c’est Isabelle Hup- vous avez rencontré des difficultés pert. Pourquoi Elle ? particulières ? Il était temps qu’il y ait une femme et qu’on J’aime bien garder les coulisses en coulisses ! mette à l’honneur les acteurs. Or Isabelle On n’est pas dans le luxe mais on a toujours Huppert est une des plus grandes actrices proposé du luxe aux yeux des spectateurs, et françaises, avec une carrière sans écart, qui a on espère aussi au corps, en faisant attention eu un intérêt pour l’international, qui est très aux salles. On a eu des inquiétudes pour attentive aux jeunes cinéastes, qui a eu envie les Variétés et la Villa Méditerranée, et on a d’être sur des aventures de vrai cinéma. Une surmonté cela. Les partenaires publics nous des rares actrices à avoir un droit de regard J ea n-P soutiennent. Les réalisateurs et producteurs ierre ava en phase de montage, très honnête sur les Rehm © Annie G nous confient leurs films en exclusivité enjeux de son métier. Quelqu’un qui pense à pour les compétitions. Il y a un contrat de haute voix. Quelqu’un de saisissant en tant confiance entre eux et nous. C’est leur première qu’actrice ; un mélange de fragilité et de très 73

Mitra, de Jorge Leòn, Compétition internationale Le FID c’est... 150 films de 37 pays dont grande fermeté dans son jeu. l’entièreté de sa prise de risque. Ce sont les 15 films en Compétition Internationale Donc, une masterclass qui promet d’être producteurs-rices, les cinéastes hommes 10 films en Compétition Française fort intéressante… et femmes, qui prennent les vrais risques et 15 films en Compétition Premier film Je l’espère, menée par Antoine Thirion et c’est un cadeau auquel il est juste impossible 15 films en Compétition GNCR (Groupement Caroline Champetier, directrice de la photo. d’être insensible. Impossible de ne pas suivre National des Cinémas de Recherche) Les grands festivals internationaux ont ce mouvement là. Il est porteur de cinéma 12 projets FIDLab (Plateforme eu à cœur cette année de mettre en avant (et je ne réduis pas le cinéma en disant ça internationale à la coproduction) les femmes au cinéma, est-ce que ce car j’ai une foi et un appétit à cet endroit-là, 9 jurys paramètre est entré en ligne de compte ancien et inaltéré) un mouvement qui emmène pour l’élaboration de cette édition ? avec lui des peuples, des gens, des arbres, Une invitée d’honneur : Isabelle Huppert D’abord, et vous pouvez vérifier, j’ai toujours pierres, oiseaux, et j’ai envie de le transmettre. été, depuis le début, attentif à ça. Pour ma Pourquoi s’en priver et en priver les autres 7 écrans parallèles : première édition, il y avait deux présidentes quand les gens y ont travaillé avec tant de Elle, Isabelle Huppert : 13 films de jury, pour l’international et le national : générosité, d’amour, de précision ? avec Isabelle Huppert deux actrices Jeanne Balibar et Françoise PROPOS RECUEILLIS PAR Edie Sedgwick, Andy Warhol : 15 films Lebrun. C’était d’emblée affirmer : « Je sou- ÉLISE PADOVANI ET ANNIE GAVA d’Andy Warhol avec Edie Sedgwick haite mettre les femmes aux commandes ». Livre d’images : 26 films en hommage à Paul Otchakovsky-Laurens C’était un geste clair qui date d’il y a bien longtemps maintenant. Même si je n’en Make/Remake : En coproduction avec Marseille Provence 2018 et en partenariat avec le Mucem et fais pas un calcul, au sens où je ne vais pas l’Institut de l’Image à Aix-en-Provence (voir P 80) mettre arbitrairement des films réalisés par Histoire(s) de Portrait : programmation des femmes sous prétexte d’un quota. C’est hétéroclite, dont des premières mondiales d’ailleurs ce que je veux souligner avec la We’re gonna rock him : 13 films où filmographie d’Isabelle Huppert puisqu’il le son tient le premier rôle y a un certain nombre de femmes qui ont Les Sentiers : Jungle Book, Zoltan Korda (1952) travaillé avec elle : je souhaitais que ce soit visible. Sans en faire une loi. Je trouve cette 2 masterclasses d’Isabelle préoccupation tellement tardive ! Je trouve Huppert et Wang Bing qu’ils se réveillent tous bien tard. 2 projections en plein air Vous voyez des milliers de films depuis des années, pourtant vous ne semblez Des séances spéciales avec des partenaires pas las. Qu’est-ce qui entretient ce désir de cinéma ? Une Nuit de la radio Festival International de Cinéma Marseille Au-delà de toutes les inquiétudes - et elles 10 au 16 juillet 13 lieux à Marseille sont vraiment là, croyez-moi - c’est toujours divers lieux, Marseille bouleversant quand un film s’offre dans fidmarseille.org …. Du CINEMA 74 festivals Arles augmentée

Arles semble bien disposée à gâter ses festivaliers lors de ses 49e Rencontres de la photographie, augmentées de son Off, et bien d’autres qui sortent du cadre

Des rencontres... Face à la tour de Frank Gerhy/Fondation (Contemplation), l’Atelier des Forges mis Kennedy, Paul Fusco, Rein Jelle Terpstra Luma en phase d’achèvement, le chantier de à disposition par l’omniprésente fondation et Philippe Parreno). la nouvelle école de la photographie (ENSP) Luma de Maya Hoffmann. Une séquence « America great again ! » évoque conçue par Marc Barani (auteur par ailleurs Cette 49e édition revient nécessairement sur le continent sous l’œil de non américains, de du Musée de l’Arles antique) bat son plein. « 68 » (1968, quelle histoire !), entre contes- Robert Frank à Laura Henno, avec des Dans la perspective d’un renouveau pour la tation, géopolitique et un fond d’utopies. La inédits de Raymond Depardon. ville d’Arles, ballottée entre finances publiques séquence « Cours, camarade, le vieux monde « Le monde tel qu’il va » propose entre autres restreintes et investissements privés, le bou- est derrière toi » rassemble de nombreuses de s’arrêter sur la scène contemporaine turque, leversement, pour le moment, s’affiche dans expositions. De cette époque datent les projets en effervescence mais exposée à bien des les visuels de communication tournés tête en régionaux : industriel à Fos-sur-Mer, balnéaire rétorsions (Une colonne de fumée). Un hom- bas depuis l’arrivée de Sam Stourdzé à la à la Grande Motte, environnemental du Parc mage à ceux qui continuent de s’exprimer direction des Rencontres de la photographie. régional de Camargue (Paradisiaque ! de sous la chape de plomb politique. (pour cette édition : William Wegman) Fos-sur-Mer à La Grande Motte, entre rêve Sur les traces de la révolution numérique, on L’événement bénéficie chaque année du renfort et béton). Et plus loin en Inde avec Le projet explore aussi le champ des possibles d’une de nouveaux lieux : Monoprix, chapelle de la Auroville (Christoph Draeger et Heidrun « Humanité augmentée » (H+, Matthieu Madeleine, gare maritime, Maison Centrale Holzfeind), ou Cuba après Fidel Castro dont Gafsou) ou de la réalité virtuelle avec le VR (Droit à l’image, de Christophe Loiseau, le cortège funèbre (Yo soy fidel, Michael Festival au succès croissant. Les nouvelles avec des détenus) ou un temple itinérant en Christopher Brown) résonne particuliè- technologies et la procréation font l’objet bambou de 1000m2 de Simón Veléz pour le rement avec celui de Robert F. Kennedy d’une approche anthropologique pour Prune bouddhiste photographe Matthieu Ricard (The train, le dernier voyage de Robert F. Nourry (La destruction n’est pas une fin en soi) quand la photographe arlésienne Géraldine Lay restitue un travail de plusieurs années auprès des habitants du nord de l’Angleterre (Failles ordinaires). À l’abbaye de Montmajour, rencontre impro- bable entre Jean-Luc Godard et Picasso qui se jaugent autour de leurs Collage(s) respectifs.

...et d’autres Mais Arles vit aussi au rythme d’un OFF moins institutionnel, éclectique, parfois enrichi d’initiatives improvisées, le plus souvent gratuit, à arpenter jusqu’à des heures fort tardives et aussi festives. De nouveaux espaces pérennes dédiés à la photographie se sont ouverts, comme la galerie d’Anne Clergue (Johanna-Maria Fritz) ou la galerie (et labo argentique) ISO, ainsi que l’Aquarium, tout nouveau lieu implanté dans le quartier populaire de Griffeuille à l’initiative de Voies Off, l’association/studio/galerie Michael Christopher Brown, Yo soy fidel, Cuba, 29 Novembre-4 Décembre 2016. Avec l’aimable autorisation de l’artiste 75

Dans le cadre du nouveau Prix Découverte: Christto&Andrew, Cauchemar existentiel, 2018. Avec l’aimable autorisation des artistes et de Metronom

et au delà... pionnière en promotion de la photographie ...du Rhône, via son dispositif Grand Arles Festival Voies Off à Arles, qui mettra en avant une proposition Express, donnant droit à un prix d’entrée voies-off.com de Klavdij Sluban. préférentiel, les Rencontres continuent Le projet collectif Hope proposé par la fon- d’essaimer. Le visiteur élargira son horizon Anne Clergue Galerie dation Manuel Rivera-Ortiz investira les vers Nîmes au Carré d’art (Wolfgang anneclergue.fr potentialités plastiques de l’image en relation Tillmans) augmenté cette année de sa avec l’enjeu documentaire (Paolo Verzone, Bibliothèque (Candida Höfer), ou Avi- École nationale supérieure de la photographie Patrice Loubon, Nicolas Havette...). Del- gnon à la Collection Lambert (Christian ensp-arles.fr phine Diallo sera aux cimaises du Magasin Lutz), Marseille au FRAC (Bruno Serra- de Jouets et Laurence Leblanc chez Flair longue, Laura Henno), jusqu’au Mucem Flair Galerie flairgalerie.com Galerie, pendant qu’à L’Atelier du Midi on (Manger à l’œil avec notamment Robert afficheraDu bonheur et rien d’autre. Le Musée Doisneau, Marc Riboud, Martin Parr...). e Fondation LUMA Réattu, établissement municipal possédant Cette 49 édition et le Off s’ouvriront sous de luma-arles.org un fonds photographique exceptionnel, offrira bons auspices, au moment où vient d’être créée une première rétrospective institutionnelle à une Délégation à la promotion de la photogra- Fondation Manuel Rivera-Ortiz Véronique Ellena et un regard sur Alfred phie par la ministre de la Culture, Françoise mrofoundation.org Latour. Pour plus de détails le visiteur se Nyssen, préalablement en charge des éditions tournera vers le programme associé au format arlésiennes Actes Sud, maison fortement Galerie ISO papier publié par Voies Off et, plus chic, le impliquée dans le rayonnement culturel de galerieiso.com premier City Guide Louis Vuitton Arles édité la ville, et éditrice du catalogue des Rencontres. à l’occasion de ces Rencontres. CLAUDE LORIN L’Atelier du Midi atelierdumidi.com

Rencontres de la photographie Le Magasin de Jouets 2 juillet au 23 septembre mdj-galerie.com semaine d’ouverture du 2 au 7 juillet Divers lieux, Arles Musée Réattu rencontres-arles.com museereattu.arles.fr 76 festivals

Expositions, événements temporaires, projets collaboratifs et propositions à long terme, au fur et à mesure que l’ambitieux projet de Maja Hoffmann approche de son échéance en 2020, le programme des activités de la Fondation Luma tend à s’amplifier généreusement Luma sur grand écran

Duo Inscrite dans le cadre des Rencontres d’Arles, l’exposition phare de la Fondation Luma sera indiscutablement la rétrospective consacrée au duo so british décalé Gilbert & George. Alors que le mythique couple s’est fait des beaux jours sur la scène de l’art contemporain, il met aujourd’hui un terme à ses productions artistiques. The great exhibition 1971 – 2016 sera donc l’occasion unique d’appréhender 50 ans d’activité - d’activisme ? - à travers la sélection de près de 80 œuvres historiques, parcours dont le grand dessein se donnait de « faire surgir le bigot du libertaire et inver- sement faire surgir le libertaire du bigot ». Une œuvre humaniste à visée humanitaire où les deux compères se constituaient dès le départ comme auto-références. (2 juillet au 6 janvier 2019)

Pipilotti Rist, Pixel Forest 2016, vue de l’installation Sip my ocean , Musée d’art contemporain, Sydney, 2017 Durable © courtesy the artist, Hauser & Wirth et Luhring Augustine À l’ère de l’anthropocène, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur l’impact de l’Homme sur Celle-ci accueille par ailleurs deux films de la dernières années de Vincent van Gogh à Arles sa planète. Une préoccupation portée par le collection Maja Hoffmann poursuivant l’esprit et Auvers-sur-Oise. Bien qu’appartenant à la projet de la Fondation Luma, dont bien des de la programmation. APEX (2013) d’Arthur jeune génération baignée de numérique, la artistes se sont emparés à leur manière. Si Jafa, montré pour la première fois en France, photographe venue de New York a choisi le vous aimez partager la cuisine et souhaitez est inspiré de la culture afro-américaine et médium argentique de grand format (35 et participer à l’élaboration d’une œuvre d’art, des difficultés rémanentes rencontrées par 120mm) : « C’était un peu comme voyager dans Do we dream under the same sky vous ouvre la communauté noire. L’auteur invente ici le temps. Je vivais dans la réalité interprétée son jardin/abri/cuisine fait de bambou et une forme singulière de huit minutes à partir de la vie de Vincent van Gogh en 1886. […] d’acier. L’œuvre de Rirkrit Tiravanija est d’images compilées et retravaillées sur cinq Je n’ai jamais vraiment regardé quoi que une incitation à échanger sur nos comporte- ans sans scénario ni personnages : « Il s’agit ce soit sans caméra car je savais que cette ments en regard du développement durable, en fait d’un modèle de film – un mélange réalité était par nature éphémère. Par ce biais, tout en cuisinant autrement en compagnie entre une épopée de science-fiction d’un je me suis également appropriée la réalité de d’architectes, ingénieurs, cuisiniers présents budget de 100 millions de dollars et un film Vincent van Gogh ». Les trois œuvres seront tout au long de l’exposition. Pixel forest de anti-cinéma ». Avec Such a morning (2017), visibles jusqu’au 4 novembre. Pipilotti Rist fait davantage appel à la le cinéaste indien Amar Kanwar interroge C.L. technologie. Cette installation immersive la question de la vérité. Un célèbre professeur se compose de milliers de lampes led telle de mathématiques qui met fin à sa carrière, la « surface d’un écran qui aurait explosé en un wagon abandonné en pleine nature...il en mille morceaux », incitant à une appréhension suffit de peu pour poser sous forme poétique tridimensionnelle et sensorielle de l’image bien des préoccupations existentielles hors vidéo. Présentée dans plusieurs institutions du conformisme dominant. Plus proche de internationales, l’œuvre vient à Arles sous nous, l’artiste franco-américaine Lily Gavin a une forme remaniée spécialement pour la couvert le tournage de À la porte de l’éternité Fondation Luma, Arles Grande Halle. (jusqu’au 23 septembre). de Julian Schnabel, biopic consacré aux deux luma-arles.org

78 au programme spectacles musiques bouches-du-rhône, vaucluse

Hiboux Grand ensemble

Helikopter / Still Life Dans la même soirée, reprise d’Helikopter créé par Angelin Preljocaj en 2001 sur la musique hors-norme de Karlheinz Stockhausen, et présentation de Still Life, créé en septembre 2017, univers sonore signé Alva Noto & © Adrien Bargin © Lorenzi-Einlassen Riyuchi Sakamoto, création inspirée par Collectif de personnes issues du cirque, de la la peinture de vanités. Combat des danseurs Un orchestre symphonique et un immeuble musique, du théâtre, de la danse et des arts contre la puissance d’écrasement d’une d’habitation jouent ensemble pour un public plastiques, les 3 points de suspension musique inouïe dans Helikopter, résistance de 500 à 1000 personnes installé sur des inscrivent leurs propositions artistiques dans de la danse à la mort pour Still Life, un pro- transats devant le bâtiment en question. l’espace public. Pour Hiboux, théâtre musical gramme pour contempler à la fois la force et Un musicien sur chaque balcon, ajouté aux expérimental, 2 comédiens/musiciens de la la fragilité de la danse. sons de la vie domestique et quotidienne des compagnie imaginent, dans une expérience appartements, téléphones portables, chansons documentaire et sensorielle, la façon dont les sous la douche, pleurs de bébés… Pierre vivants et les morts sont reliés. Une sortie de Sauvageot, compositeur et directeur de résidence de création au 3 bis F, précédée Lieux Publics, adore les rencontres musicales (26 au 29 juin) de quatre sessions d’ateliers sonores transgenres. Et ça sonne ! d’oraisons funèbres : « la mort pratique et ludique » !! 24 juin

Helikopter © JC Carbonne Résidence de la Barbière, Avignon 04 91 03 81 28 lieuxpublics.com 30 juin 22 & 23 juin 3bisF, Aix-en-Provence Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 16 17 75 3bisf.com 04 42 93 48 14 preljocaj.org

Hyphen Hyphen Casey & Imhotep Dub Station Festival Fille d’immigrés martiniquais, femme et activiste d’une scène underground, Casey n’était pas formatée pour fréquenter le sommet des hit-parades. Actrice (chez Razerka Ben Sadia-Lavant pour son Timon d’Athènes) c’est une artiste consciente qui anime le temps fort musique du festival Massilia Afropéa. En ouverture, Imhotep l’architecte sonore d’IAM rend hommage à Ibrahim Ali alias Chibaco, King Shiloh Sound System © X DR jeune artiste rappeur assassiné par des colleurs Organisé par Musical Riot, le festival affiche, © Manu Fauque d’affiche du Front National en 1995, avec au comme chaque année depuis 4 ans, des artistes À croire que le précoce quatuor niçois, débuté micro Soly son frère -MC de B Vice. (Voir P 30) internationaux et rares, génies du dub. Mais sous le signe d’un rock-pop un peu tribal, cet été, et c’est du jamais vu en Europe, c’est était, dès ses débuts, prédestiné à jouer dans le grand Mr Lloyd Barnes, dit Wackies, qui des stades. Après Times, un premier album ouvre les festivités. Ce producteur jamaïcain flirtant déjà avec les sonorités FM assumées, légendaire se produira avec Milton Henry et le nouvel opus HH paru fin mai enfonce le Jerry Harris. Autre pointure, King Shiloh, qui clou avec un single, le très R’n’B Like Boys, fera résonner son sound system roots reggae & rivalisant avec le son et les stars pop US. Le dub hypnotisant, accompagné des chanteurs groupe a même enregistré dans le studio de Air Lyrical Benjie, Robert Lee et Afrikan et été préparé par le coach de Mariah Carey, Simba. Régionaux de l’étape, les 5 membres Beyoncé et Christina Aguilera... Audacieux Imhotep © David Gallard du collectif aixois Natural Bashy Sound ou inconscient ? 21 juin System clôtureront ces 2 jours de folie ! Quartier de la Savine, Marseille 5 juillet 13 & 14 juillet Les Nuits d’Istres Le 24 juin Domaine de Fontblanche, Vitrolles Pavillon de Grignan, Istres Toit terrasse de la Friche Belle de Mai, Marseille musicalriot.org istres.fr lafriche.org son chanteurXavier… ouaveclegroupeEasySkankingemmenépar Arteteca musique avecl’Ensembledevoixpolyphoniquesféminines t),du théâtreavecHamleten30mn(CieBruitquicour dela tion, la programmation : unjeutéléparticipatifautourdelastarifica amateurs etcitoyensengagés, desspectaclesviendrontenrichir un concoursd’artistes…Outrecesparticipationsd’artistes tiendra labuvette, àdespeintresMallemortaisquiorganisent concert depercussions, àl’associationVivons ensemblequi de l’écoleprimaire Frédéric Mistral quidonnerontun pour une course d’ a faitappel, entreautres, àl’Espacejeunesde au 25juin).Créantdespasserellesentreleshabitants, MSDD la qui s’intègre cette annéeàLa Grande fêteréunissant aussi Adadiff/Casi) consacréàlacréationetauspectaclevivant 10 ansdéjàpourcefestival(coordonnéparl’association SensDessusDessous Mallemort par ailleursàlaFête delamusiqueMiramasle21juin. Kitson Mills, envoûteratouteslesoreilles…Legroupesera emmené parlajeuneinterprète-auteur-compositeur Kimberly bal populaire, tandisquelegroupepop/soulKimberose, l’Orchestre M’Douzetquivousferadanserlorsd’ungrand à JohnnyHallydayenreprenantsesplusgrandsstandards, les soirssuivants, legroupeDegré 7 Livequirendrahommage partenariat avec leFestival d’art lyrique d’Aix, se succèderont, salle GuyObino. Après laprojectiondel’OpéraDidon&Enée,en animer le Théâtre de Verdure, leparvisdel’Hôtelvilleoula été. Tous lessoirs, du12au15juillet, musiqueetdansevont Le rendez-vousmusicaletfestifvitrollaisfêteses30anscet Les NuitsduRocher Fête delamusique( Say my name, mother fucker ! Machine), (CieMarzouk Objets Roulants Non Identifiés 21 juin)etlaFête delaSaint-Jean( 04 42779000 mallemortdeprovence.com Divers lieux,Vitrolles 12 au15juillet , aux élèves vitrolles13.fr Mallemort 22 &23juin Mallemort 22 22 -

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Une création de Aymeric Duchemin > ADGRAPH.FR 80 au programme cinéma bouches-du-rhône HÉRAULT

Make & Remake La Fiancée du désert

Guelwaar En partenariat avec le Festival de Marseille et le Vidéodrome2, le 23 juin à 20h, on pourra (re)voir Guelwaar d’Ousmane Sembène. Pierre Henri Thioune alias Guelwaar, catho- lique sénégalais, farouche pourfendeur du néocolonialisme et de la corruption, meurt à la suite d’une agression. L’enterrement © Memento Films Distribution Un chien andalou, de Luis Buñuel chrétien doit se faire dans son village mais La fiancee du désert Dans le cadre de MP2018, de l’exposition voilà qu’on apprend que le corps a été enterré Art et Essai Lumière propose, pour sa Quel Amour ! (voir p 85) et à l’occasion de La à la suite d’une erreur administrative en terre clôture de saison, le 17 juin à 18h30 à l’Eden Fête du Cinéma, le FID Marseille et le Mucem musulmane. La querelle entre communautés de La Ciotat, La Fiancée du désert de Cecilia proposent un cycle inédit, où sont projetés commence… Une fable sur l’Afrique de 1992, Atán et Valeria Pivato. Teresa, qui a oublié un film et son remake. Quand certains films toujours aussi actuelle. son sac dans la roulotte d’un vendeur, part à en fécondent d’autres... Ça c’est de l’amour ! sa recherche et se retrouve en plein désert Un chien andalou (Luis Buñuel, 1928) et son argentin. Le début d’une nouvelle vie… double contemporain revisité The Dust Channel 17 juin (Roee Rosen, 2016,) clôturent le programme. Eden-Théâtre, La Ciotat Suivis d’une conférence de Roee Rosen 04 88 42 17 60 edencinemalaciotat.com sur l’artiste surréaliste belge Justine Franck. 06 64 85 96 40 artetessailumiere.fr Séance déconseillée aux moins de 18 ans. 1er juillet Mucem, Marseille Guelwaar © Ousmane Sembene Réfugiés 04 84 35 13 13 mucem.org 23 juin Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 lafriche.org

Le travail et le geste Show case de Lúcia de Carvalho Un jour ça ira © Eurozoom Le 22 juin, à 19h30 au Gyptis, show case de la chanteuse-danseuse-percussionniste d’origine L’Eden-Théâtre de La Ciotat, à l’occasion de angolaise Lúcia de Carvalho, suivi de la la Journée mondiale des réfugiés, s’associe projection du documentaire d’Hugo Bachelet, à Médecins du monde, Médecins sans Kuzola, le chant des racines. « Kuzola », amour frontières, UNICEF France et propose le Labor in a single shot © X-D.R dans la langue régionale de la mère de Lúcia, 20 mai à 20h30 Un jour ça ira de Stan et À la suite de l’atelier proposé en mars dernier est le titre que l’artiste a donné à son dernier Edouard Zambeaux. Djibi et Ange, deux dans le cadre du projet Labour in a Single Shot album. Pour le réaliser, celle qui métisse les adolescents à la rue, arrivent à l’Archipel, un de Harun Farocki et Antje Ehmann, dont musiques brésiliennes et européennes, mêlant centre d’hébergement d’urgence au cœur de une première restitution avait été proposée le rythmes et couleurs, a entrepris un voyage Paris. Ils y affrontent des vents contraires. 17 mars, une séance spéciale est organisée le à travers le monde lusophone sur les traces C’est avec l’écriture et le chant qu’ils s’en- mercredi 20 juin à 20h au cinéma Le Gyptis en d’une identité morcelée. Restauration dès volent...et nous emportent. Plusieurs invités présence des initiatrices de l’atelier : Antje 19 h sur place. animeront la soirée. Ehmann et Eva Stotz. Une 2e restitution de l’atelier sera proposée ainsi que Facing Labour, 20 mai suite de diptyques constitués de séquences Eden-Théâtre, La Ciotat Art et Essai Lumière issues de ce travail, et d’autoportraits réalisés 04 88 42 17 60 edencinemalaciotat.com par des détenus et des étudiants dans les studios de Lieux Fictifs, partenaire, ainsi que le Goethe Institut.

20 juin Kuzola © Couac Productions Le Gyptis, Marseille 22 juin 04 95 04 96 25 lafriche.org Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25- lafriche.org 81

Talk Show festival

Regards sur les Indiens L’Eden-Théâtre de La Ciotat propose une soirée sous le signe des Indiens le 30 juin à 18h30. Pour commencer, un montage d’archives Gaumont restaurées sur la préhistoire des westerns tournés en Camargue, suivi du documentaire de Stéphane Barbato, HOZHO, we walk in beauty en présence du réalisateur. On finira avec le superbe film de Stéphanie Gillard, The Ride, qui nous emmène dans les grandes plaines du Dakota où l’on suit la traversée des cavaliers sioux qui commémorent le massacre de leurs ancêtres, transmettant aux plus jeunes leur culture.

Riyo, de Dominique Gonzalez-Foerster © Anna Sanders films

La Panacée double le duo d’expositions estivales (Pope. L, One thing after another et Bob and Roberta Smith, ACTIVIST) par une kyrielle de projections de films d’artistes (ainsi que des performances et des rencontres), où les mots, le langage, le discours sont le ferment d’une réflexion qui les relie. Philippe Parreno, Dominique Gonzalez-Foers- ter, Eric Duyckaerts... Entrée libre The Ride, de S. Gillard © ROUGE_INTERNATIONAL 30 juin jusqu’au 26 août Eden-Théâtre, La Ciotat La Panacée, Montpellier Art et Essai Lumière 04 34 88 79 79 lapanacee.org 04 88 42 17 60 edencinemalaciotat.com

Les Intemporels Dernière proposition du cycle Les Intemporels : Un Américain 29e Festival 10 — 16 à Paris ! (1951, version restaurée) de Vincente Minelli nous révèle son Paris fantasmé, tout en décors cartes postales, International Juillet arpentés par Gene Kelly et Leslie Carron... Splendeur visuelle, de Cinéma — merveille chorégraphique, douceur musicale (Gershwin). On y court, on y danse ! Marseille 2018

Un Américain à Paris, de Vincente Minnelli © Warner Bros.jpg Cinéma l’Odyssée, Fos-sur-Mer, 20, 24, 27 juin et 1er juillet Espace Robert Hossein, Grans, 26 juin, 3 juillet Espace Gérard Philipe, Port-Saint-Louis, 25 et 27 juin Mucem scenesetcine.fr Villa Méditerranée Cinéma Les Variétés Alcazar Cinéma Le Miroir Centre de la Vieille Charité Mairie 1/7 Théâtre Silvain Vidéodrome 2 WWW.FIDMARSEILLE.ORG 82 critiques cinéma Ivres d’images Onze films solaires et combatifs, venus, comme d’habitude, de toutes les sections cannoises pour la 36e édition de CinÉcole, présentés par l’Académie de Nice et Cannes Cinéma

ls ont bien de la chance les Cinémaratho- ville pour saboter les pylônes d’alimentation niens ! Ni queue sous le soleil (ou la pluie !), électrique de l’usine : Amazone des temps Ini déception de ne pouvoir assister à une modernes ou Antigone répétant le même geste projection espérée, ni course éperdue à travers chaque fois que les dommages sont réparés, Cannes d’une salle à l’autre. Pas d’angoisse parce qu’elle le pense juste et qu’il existe des existentielle non plus sur le choix de l’une lois écologiques plus importantes que celles

ou l’autre des sections du Festival. Mais 24 des États. Le film rebondit d’une tentative Woman at War de Benedikt Erlingsson © Jour2 Fête heures de cinéma ! à l’autre, devient haletant quand l’étau se resserre sur l’activiste traquée. Le scénario …et ceux de Zibeline Le coup de cœur de CinÉcole très malicieux s’enrichit de contrepoints : Primé pour sa musique, Leto, de Kirill Sere- Ouverture en force avec ce qui s’est révélé une sœur jumelle pacifiste, adepte du yoga, brennikov, nous plonge dans un Leningrad le coup de cœur de CinÉcole 2018 : Woman un cousin présumé, taciturne et efficace, un des années 80, en un superbe noir et blanc at War, de Benedikt Erlingsson. La guerre touriste sud-américain en faux coupable satiné, strié, hachuré, teinté de rouge dans d’Halla (Halldóra Geirharðsdóttir), chef de punching-ball et, pour donner sens au combat quelques folles séquences oniriques. Une chorale à Reykjavik, la cinquantaine solide, d’Halla, la promesse de l’adoption d’une fillette histoire d’amour, de copains fous de rock saine de corps et d’esprit, se mène contre l’In- ukrainienne orpheline de guerre. Deux sœurs, occidental. Mike Naumenko (Roman Bilyk) dustrie locale de l’Aluminium qui empoisonne deux pays, une vie double. Trois musiciens, et sa femme, l’irrésistible Natacha (Irina les hautes terres d’Islande. Et plus globalement trois Ukrainiennes en costume traditionnel, Starshenbaum), rencontrent le jeune et contre le monde liberticide de Big Brother avec posés à l’intérieur du plan, ponctuent les talentueux musicien (Teo Yoo). ses drones, puces, caméras de surveillance aventures de la « femme des montagnes ». Mike veut le guider, Natacha l’embrasser. - si incongrus dans la lande infinie, sauvage, Toute la musique du film, intradiégétique, Du début à la fin, on est saisi par l’énergie de désertique du pays des Vikings ! Munie d’un free jazz ou chants folkloriques, accentue ces jeunes qui ont trouvé par la musique le arc, la super woman en bicyclette quitte la l’étrangeté souriante de ce récit. moyen d’échapper à la chape de plomb qui

Dolores et Irma

es sélectionneurs qui présentaient en ouverture du Festival de Cannes 2018, L pour la Section ACID, le film d’Anne Alix, Il se passe quelque chose, produit et distribué par Shellac, l’ont défini comme un film « délicat » et «sensible». Et 101 minutes plus tard, le spectateur devait admettre que ce long-métrage tendre et drôle méritait bien ces deux adjectifs. C’est l’été. Une femme rieuse marche, télé- phone à l’oreille au bord de l’eau. Elle recherche des lieux sympas pour la réalisation d’un guide gay-friendly. De l’autre côté, des touristes visitent le vieux pont tronqué d’Avignon du haut duquel se jette une autre femme. La première va ramener la désespérée sur la © Shellac rive de la vie. Alea jacta est : le fleuve est la réalisatrice nous embarque dans ce road Avec Dolores et Irma, on va poser un regard franchi et les deux femmes feront un bout de movie féminin, loin de la voix de synthèse bienveillant sur le monde et rencontrer les route ensemble. En longs travellings latéraux du GPS, des guides formatés et des ronds « vrais » gens qui l’habitent : un plongeur, balayant l’horizontalité de la plaine de la Crau, points idiots plantés d’oliviers et de lavande. des pêcheurs, des métallos, une bistrotière 83

leur gueule aux loups mais n’éteint pas la méchanceté des hommes, traverse le temps avec le même regard pur. Pour finir en beauté le marathon : le film de Hirokazu Kore-eda, Une Affaire de Famille, choisi, avant qu’il ne remporte, à juste titre, la Palme d’Or. Une chronique douce-amère où le cinéaste japonais explore un de ses thèmes de prédilection, les liens familiaux. « C’est mieux de choisir sa famille » même si celle qui s’est construite ici fonctionne par la débrouille et peut s’agrandir subitement. C’est ainsi qu’un soir, Yuri, grelottante, amenée par Osamu et son fils Shota dans la famille, va y rester : la fillette était battue par ses parents.

Woman at War de Benedikt Erlingsson © Jour2 Fête C’est Shota, initié au vol à l’étalage par son père, qui forme à son tour à la petite. Beaucoup pèse sur le pays. Les jeunes filles refoulées à Felice, tourné en Super 16, récompensé par un de tendresse dans cette maison meublée de l’entrée du Club Rock rentrent par la fenêtre Prix du scénario, balance entre le réalisme du bric et de broc autour de la grand-mère qui et si on n’a pas le droit de danser pendant les grand cinéma italien sur le Mezzogiorno et le vit de sa pension et… d’autres revenus, ce concerts, les chansons de Kino et Merveilleux de la fable. Héritière des Taviani, qu’on découvrira à sa mort. Une critique en éclatent dans leurs yeux. Les scènes sur la de Pasolini et de tant d’autres, la réalisatrice creux de la société japonaise et beaucoup plage sont éblouissantes et on n’a qu’une Alice Rohrwacher confirme son originalité d’humanité dans le regard du cinéaste. envie, c’est de sauter dans les vagues ou de et sa maîtrise. Dans ce troisième long-métrage Un cru 2018 d’excellente qualité, à l’image chanter avec eux, comme lorsque dans un de fiction, elle suit les tribulations de paysans du 71e Festival de Cannes. bus, les passagers se mettent à entonner maintenus en servage par une aristocrate ANNIE GAVA ET ÉLISE PADOVANI The Passenger d’Iggy Pop. « Cela n’existe sans scrupule. « Libérés » de cette condition, pas et cela n’a jamais existé » nous rappelle à ils deviennent, dans le monde moderne des plusieurs reprises un personnage conteur. Et villes, des déracinés, des sans-abris vivant pourtant si ! Et durant presque deux heures, de petits larcins. Seul, Lazzaro (Adriano on est sur un nuage, on a envie d’y rester. Tardiolo), fils de personne, exploité par tous, La manifestation CinÉcole s’est déroulée les 19 Tout aussi solaire, inventif, étonnant, Lazzaro allégorie d’une bonté absolue qui fait baisser et 20 mai dans la salle du Miramar à Cannes

parolière, chansons en tête, cœur sur la main, un renaît peu à peu au plaisir d’exister. Mais jogger africain, un berger roumain, des ouvriers les cartes sont formelles, et Dora la voyante agricoles de toutes origines. Le paysage qui reste optimiste : Dolorès aura un enfant et ne défile n’existe que dans la subjectivité. Pour vieillira pas seule. D’un paysage à un visage, Dolorès l’Espagnole (Lola Dueñas) il res- d’un territoire à une histoire. Irma feuillette semble à l’Andalousie et pour Irma la Bulgare un livre réunissant des (auto)portraits de Van (Bojena Horackova) à la Bulgarie. Il est hanté Gogh où une citation mise en exergue l’affirme par les migrants anciens et nouveaux et les : « Il n’y a rien de plus artistique que d’aimer histoires qui s’y sont jouées et s’y jouent les gens » Dès lors, fiction et documentaire, encore. Celle de Tango, par exemple, installé actrices professionnelles et personnes ren- dans ce coin de Provence, heureux, tiré du contrées au fil des repérages se mêlent tout désespoir par ses amis, baptisé ainsi parce naturellement. Côté documentaire, on pense que ces derniers lui disaient : « Go Tang, allez au récent Villages Visages de Varda et JR qui Go ! » pour l’encourager. Révéler, au sens partagent l’assertion vangoghienne. photographique du terme, passer du négatif Le film commence et se clôt par une séance au positif, demeure le fil conducteur du film de spiritisme. Convoquer les fantômes, les d’Anne Alix. Ce n’est pas forcément simple. faire apparaître et les entendre, c’est ce que Dolores la vaillante, incapable « chimiquement » propose la réalisatrice comme une mission Le film a été projeté au CinémaLes de s’installer dans une relation amoureuse cinématographique et humaine. Arcades à Cannes dans la sélection ACID durable a du vague à l’âme alors qu’Irma ELISE PADOVANI du Festival de Cannes en mai dernier 84 critiques arts visuels Éclosion d’art printanière

souhaitée par les co-commissaires Martine Robin et Françoise Aubert. Exposition dont le titre énigmatique OKLM se révèle limpide après immersion dans l’installation… Les loisirs offerts par Vacances Bleues ont suscité chez lui une réflexion sur « le ressourcement », « le temps porté à soi-même », « le bien-être » qui trouve sa source dans ses liens personnels et familiaux avec la santé, le corps, la souffrance. Son expérience en résidence l’a conduit à imaginer de nouveaux gestes artistiques, comme incruster dans des plaques de verre des paysages ancrés dans la réalité en donnant la sensation d’immatérialité (projection de limaille de fer), recouvrir le sol de 120 couvertures militaires (douillettes mais potentiellement tragiques), installer une sirène militaire réac- tivée, prête à sonner l’alerte. La douceur de vivre est éphémère, voire fantasmée, car le temps des vacances n’est qu’une parenthèse…

De la dynamite ! Dans un registre explosif et décalé, Château de Servières propose un autre solo show produit à l’occasion du jumelage de Marseille avec Glasgow. La proposition visuelle est osée mais l’immense talent de Rachel Maclean, représentant l’Écosse à la Biennale de Venise Nicolas Daubanes, à l’oeuvre pour son exposition , Château de Servières, 2018 © X.D-R OKLM 2017, fait de ses dérapages kitsch et farfelus des À Marseille, Istres, Aix-en-Provence et Châteauneuf-le- pamphlets de la surconsommation planétaire. Sa maitrise parfaite de la comédie, de la mise Rouge, le Printemps de l’art contemporain mobilise en scène, du scénario, de la peinture et de la un vaste réseau de galeries, musées et centres d’art création sonore ; son art du transformisme et de la métamorphose font de cette exposition l’occasion du 10e PAC et de MP2018, de ses esquisses : aucun détail n’échappe à un ovni total ! Grotesque et trash, drôle et certains lieux prolongent leur temps l’acuité de son regard et de son corps qui se acide, caricatural et réaliste : sa critique des Àd’exposition au-delà de mai, notamment sont frottés durant quatre mois aux hommes médias, des séries TV et des vicissitudes Château de Servières et Vidéochroniques et aux machines. Beaucoup d’essais et de humaines est implacable, son analyse est qui mettent en lumière les œuvres d’artistes recherches pour s’éloigner de l’illustration et clairvoyante. Faut-il en rire ou s’angoisser ? réalisées en entreprises, dans le cadre des faire ressentir l’univers de cette « cathédrale Ou peut-être les deux ? L’identification aux « Ateliers MP2018 Quel Amour ! ». Mehdi de papier » de 10 000 mètres carrés ! Bolduc modèles imposés est inévitable, à l’instar du Zannad introduit à Vidéochroniques des sur l’emballage, l’artiste glisse dans l’expo- rejet qu’elle suscite violemment. éléments empruntés directement à Milhe sition Vedute des travaux anciens réalisés à MARIE GODFRIN-GUIDICELLI & Avons1, entreprise marseillaise spécialisée Montreuil et Nancy, dont un diaporama qui 1 dans la fabrication d’emballages publicitaires éclaire son process in situ, temps de poses Entreprise membre de Mécènes du sud Aix-Marseille et imprimés. Outils usagers et bobine de station debout, à l’affût de l’endroit idéal pour 2 Avec Pauline Bastard 5 km de papier, sceau à chiffons et bâtons que le dessin prenne forme. mélangeurs se mêlent aux productions artis- Contrairement à Vidéochroniques où des tiques : cartographie des différents espaces indices flagrants évoquent le lieu de résidence Mehdi Zannad (administration, stockage, atelier d’impression, de Mehdi Zannad, Nicolas Daubanes laisse jusqu’au 13 juillet etc.), dessins sur le vif répertoriés dans de flotter le mystère, excepté pour ceux qui fré- Vidéochroniques, Marseille 09 60 44 25 58 videochroniques.org petits carnets noirs, création sonore, gravures, quentent les hôtels de Vacances Bleues1 et diaporama, flexographies. Mehdi Zannad leurs paysages. Il poursuit son propos engagé Nicolas Daubanes , Rachel Maclean dessine comme il grave en noircissant les lors de sa précédente exposition à Château de jusqu’au 7 juillet pages de traits fins comme un scalpel, et Servières, Souviens toi d’aimer 2, autour des Château de Servières, Marseille grave comme il dessine en laissant les traces liens familiaux, dans une nouvelle production 04 91 82 42 78 chateaudeservieres.org 85 Kaléidoscope amoureux

de mante religieuse réalisée en bronze par Germaine Richier... On s’attardera également devant les chimères d’Annette Barcelo ou de Mohamed Ben Slama (l’animalité semble avoir inspiré bien des artistes), les fauteuils dos à dos de Claude Lévêque, avec le mot « désert » en surplomb, ou encore le film en noir et blanc de Chantal Akerman, Dans le miroir. L’amour peut être narcissique. Mais il faudra aussi se pencher sur les lettres sélectionnées, pleines de grands sentiments depuis longtemps prisonniers du papier : Arletty écrit à son bel officier allemand Hans Soehring en 1947 : « J’ai mal et j’espère ». Parfois assaisonnées d’humour : au détour d’une missive, Juliette Drouet demande à Victor Hugo de lui rendre sa culotte. Ou carrément torrides : Guy de Maupassant rédige une ode truculente à l’attention d’une prostituée.

Photographies en force Le plus marquant, peut-être, de l’exposition, est dû aux photographes. Sans doute un effet collatéral de notre époque saturée d’images : la vision sans filtre d’une autre humanité nous touche d’une manière particulière. Ou simplement le goût très sûr du commissaire GILBERT & GEORGE, Praying Garden - 1982. Épreuves chromogènes, photographie. Collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne - Centre de création industrielle, Paris. pour cette forme d’art. Une fois dépassées les miniatures d’Antoine d’Agata qui invitent , la nouvelle exposition du musée d’art ostensiblement au voyeurisme, quelle douceur Quel Amour ?! dans les tirages de Michèle Sylvander ! Un contemporain de Marseille, bel atout de MP2018 jour mon prince viendra, s’intitule l’émouvant portrait, de dos, d’une femme à la couronne n ne sait pas si c’est sa préférée, mais de l’événement culturel sur le territoire de la de cheveux grisonnants. Chance meeting, la voix d’Éric Corne, commissaire de métropole Aix-Marseille et du pays d’Arles, la série narrative de Duane Michals, serre Ol’expostion, monte d’un cran dans l’en- le sentiment amoureux a été décliné sous également le cœur en six prises de vue : deux thousiasme lorsqu’il s’arrête devant Oedipus bien des formes, sans jamais que les diverses hommes se croisent dans une allée, mais quand and the Sphinx after Ingres, « œuvre majeure propositions ne fassent le tour de l’inépuisable l’un regarde l’autre, il s’est déjà détourné. de Francis Bacon », qui figure en bonne place sujet. Son travail s’en approche indéniablement, Sur un cliché de Todd Hido, une jeune femme dans son exposition. L’homme au pied blessé, de par son ampleur et sa richesse. Volupté, au genou ensanglanté remonte ou baisse ses symbole du désir interdit fouaillant tout être fantasme, fragilité, consolation, discordance, collants, on ne sait. Un crépuscule américain humain... Artiste lui-même, le commissaire a violence, désamour... Tout y est en germe, au dans ce qu’il a de plus banal, de plus brutal. Son conçu un parcours à deux entrées, au propre visiteur du [mac] d’amener avec lui ce qui mascara coule. Ses larmes, la délicatesse de comme au figuré.Quel Amour ?! est un l’étreint, et de repartir avec d’autres élans. son geste parlent d’un au-delà de la violence, hommage à ce qui ne plie pas dans l’appétit de ce qui reste vivant malgré la douleur. L’une de vivre, ce qui résiste aux diktats, aux normes, œuvres majeures, des métaphores de l’amour ? aux stéréotypes, ce qui fendille le Moi ; tout détails croustillants GAËLLE CLOAREC autant qu’aux tendresses et à ce qui peut Bien sûr, on retiendra les pièces maîtresses de relier les individus. Le dispositif permet « aux l’exposition : devant le musée, les poignantes Le catalogue de l’exposition est paru couples d’accéder chacun par un côté, et de Mains de bienvenue de Louise Bourgeois ; chez Manuella Éditions, au prix de 30 €. se retrouver au milieu... ou pas ». à l’intérieur, le gigantesque cœur animé, fait Éric Corne a ajouté un point d’interrogation à de couverts en plastique rouge, conçu par Quel Amour !? l’exclamation qui ponctue le thème de MP2018, Joana Vasconcelos ; la fresque géante de jusqu’au 2 septembre Quel Amour !, « pour sa notion supplémentaire Gérard Fromager, scène débridée de sexe [mac], Marseille de surprise ». Depuis le 14 février, lancement collectif sur plus de 30m2 ; la terrible sculpture 04 91 25 01 07 culture.marseille.fr 86 critiques arts visuels Sir William Burrell, un collectionneur éclairé

Le temps des ruptures Qualifié de « Jeff Koons du XIXe siècle » par le directeur des musées de Marseille Xavier Rey, Gustave Courbet alternait provocation (Enter- rement à Ornans), « œuvres rococo à visée commerciale », et portraits ultra classiques (Mademoiselle Aubé de la Holde) tandis que Daumier incarnait la classe sociale ouvrière, que Millet se tournait vers le XVIIIe siècle, et Corot se faisait le passeur entre le classicisme académique et le réalisme. Gommés des livres d’histoire, Ribot et Bonvin comptaient parmi les précurseurs, le premier puisant à la source de José de Ribera comme Manet à la source de Vélasquez. Sir William Burrell ne s’était pas trompé lors de leur acquisition, au même titre qu’il collectionna Jongkind, témoin de l’urbanisation galopante (Démolition de la rue des Francs-Bourgeois à Paris), Manet et sa nature morte Le Jambon qui fit écrire à Jacques-Émile Blanche : « On n’a jamais peint comme cela avant lui ». Parmi ses préférés figurait également Fantin-Latour, Édouard Manet, Le Jambon, vers 1875-1880, huile sur toile, 32,4 x 41,2 cm © CSG CIC Glasgow Museums Collection « demi gagnant et demi perdant de l’histoire » Après six mois de fermeture pour travaux et mise selon Xavier Rey, engagé dans des natures mortes très travaillées avant de simplifier son en sécurité, le musée Cantini ouvre ses portes pour regard photographique pour atteindre des représentations plus sensibles. Réunies dans la accueillir 58 peintures et dessins de la collection Burrell. salle des chefs-d’œuvre de l’Impressionnisme, Un événement artistique de portée internationale quatre huiles de Degas dont La Répétition au cadrage révolutionnaire et délibéré, trois de Monticelli très prisé des collectionneurs ’Aumône d’un mendiant à Ornans de étrangers, une de Cézanne représentant Le Gustave Courbet introduit l’exposition Château de Médan intimement lié à sa relation Ldes œuvres françaises de la collection de de choix dans ce corpus de plus de 8000 avec Zola et L’église de Noisy-le-Roi effet Sir William Burrell (1861-1958), exposées œuvres composé de tableaux, porcelaines, d’automne de Sisley peinte en 1874, année de pour la première fois hors de leur villégiature vitraux de toutes les époques et de tous les la première exposition des Impressionnistes. en Écosse. Interdite de traversée par l’armateur continents. Rien d’étonnant, Paris était à cette L’héritage de ce collectionneur éclairé est un lui-même qui en fit don en 1944 à la ville de époque le phare de l’art contemporain, avec coup de maitre pour Glasgow qui fut, comme Glasgow - à condition de choisir des espaces ses « classiques » et ses « précurseurs ». Qui Marseille, nommée capitale européenne de verts protégés de toute pollution -, celle-ci plus est, en cette fin du XIXe siècle, Glasgow la culture en 1990, sept ans après l’ouverture franchit le Channel dans le cadre du jumelage et Marseille se plaçaient économiquement au du bâtiment imaginé par Sir Barry Gasson, entre Marseille et Glasgow. Une coopération deuxième rang de leur pays : leur puissance Brit Andersson et John Meunier. majeure pour la ville qui profite de la présence financière favorisait ainsi l’émulation de l’art, MARIE GODFRIN-GUIDICELI des toiles de Boudin, Daumier, Degas, du marché et donc des collections. Dont celle Cézanne, Fantin-Latour, Monet, Manet, de l’armateur, qui débute à Marseille une Pissarro et Monticelli pour exposer simulta- tournée de trois ans, pendant des travaux Chefs-d’œuvre réalistes et impressionnistes nément un précipité de la collection du musée de rénovation du musée niché dans le Pollok de la collection Burrell Une collection en miroir, École de Barbizon des Beaux-Arts avant son redéploiement à Country Park, au sud de Glasgow. et Réalisme au musée des Beaux-Arts l’automne. Où l’on croise, comme dans un jeu jusqu’au 23 septembre de miroir, d’autres pièces des mêmes artistes… Musée Cantini, Marseille La peinture française se taille une place 04 91 54 77 75 marseille.fr

88 critiques arts visuels

Après Picasso Cézanne en 2009, L’odyssée le musée Granet met au défi la peinture dans un face à face entre Picasso Picabia deux « géants » : Picasso et Picabia.

e musée Granet à Aix-en-Provence et la Fundación MAPFRE de Barcelone L évitent l’écueil d’un rapprochement fallacieux entre deux initiateurs des plus grands courants du XXe siècle, prétexte à une énième exposition Picasso. Celle-ci s’inscrit néanmoins dans le cadre de la saison « Picasso Méditerranée 2017-2019 » initiée par le Musée national Picasso-Paris dont le Président Laurent Le Bon admet l’éventuelle lassitude : « Ah, encore Picasso ! Pourtant une exposition comme celle-ci ne sera jamais réitérée car elle est exceptionnelle. Vous ne l’avez jamais vue et vous ne la reverrez jamais »… Sauf à la Fundación MAPFRE qui l’accueillera du 12 octobre au 13 janvier 2019. En effet, la mise en parallèle des œuvres de Picasso et Picabia est une démarche muséale inédite. Le propos scientifique du commissariat d’Aurélie Verdier et Bruno Ely produit une moisson d’informations sur les thématiques, les influences, les techniques et les amitiés communes, et la richesse documentaire est remarquable (archives, notes, manuscrits, correspondances, photographies et revues). En auscultant à la loupe leurs similitudes et leurs différences, leurs cheminements respectifs, leurs points de jonction et d’achoppement, l’exposition interroge : lequel des deux était le plus subversif, le plus libre, le plus incisif ? Leur rivalité était-elle une posture ou la réalité ? Francis Picabia, La Femme au monocle, Huile, Ripolin et crayon sur carton, 105 x 75 cm, Collection particulière Et questionne plus largement leur vision de © ADAGP, Paris 2018 la peinture dans la première moitié du XXe : était-elle vouée à mourir ? Si Picasso a cru explore une œuvre cosmogonique, empâtée, le mouvement ; Picasso développera un dessin en elle toute sa vie, Picabia en a douté. qualifiée d’abstraite - terme qu’il récusait -, ingresque durant l’entre-deux-guerres, que qui influença néanmoins Soulages, Tal Coat, Picabia ne manquera pas de moquer ; Picasso « Surtout pas le style ! » Klein ou Mathieu… Picasso et Picabia ont s’investira politiquement dans les années Comme Gertrude Stein l’écrivait en 1937, communément et parallèlement exploré les 1930-40 tandis que Picabia restera en dehors Picabia et Picasso étaient de même petite thèmes de la tauromachie, de la mécanique, des événements. « Toujours ailleurs » selon taille, avaient approximativement le même peint ou dessiné des scènes hispaniques, Bruno Ely. Picabia décèdera en 1953, vingt poids « plutôt honnête » et « ne seraient pas ce mixé matériaux et techniques, évoqué la ans avant Picasso, qui fera de la Méditerranée qu’ils sont si l’un était l’autre ». Ce jugement figure du monstre et usé de métaphores pour sa terre d’élection. Un « territoire picassien » éclaire ce qui les détermine l’un l’autre, l’un par rendre compte du monde dont ils étaient les pour Laurent Le Bon qui justifie, peut-être, rapport à l’autre, et qui apparaît comme une sismographes. Tous deux se sont érigés contre une longue saison dont Aix-en-Provence est évidence au fil de l’exposition. Depuis le face « le style », sans jamais rester en place ni se la vingtième escale. à face introductif où l’on reconnaît la palette répéter, en véritables têtes chercheuses de MARIE GODFRIN-GUIDICELLI Cézanienne dans les peintures de Picasso l’art… comme leurs amis Erik Satie, Guillaume et Picabia, qui « rattrape » le mouvement Apollinaire, André Breton dont ils ont chacun cubiste dans La Procession à Séville, jusqu’à tiré le portrait. Mais au-delà de cette proximité, l’épilogue déroutant des années 1950-60, où les divergences sont multiples : Picasso sera Picasso Picabia, la peinture au défi jusqu’au 23 septembre Picasso produit « une peinture sénile », selon avec Braque le précurseur du cubisme quand Musée Granet, Aix-en-Provence un collectionneur américain, tandis que Picabia Picabia s’y lancera en introduisant la vitesse et 04 42 52 88 32 musee-granet-aixenprovence.fr 89 Game Play, mobilité et traces

es albums de Bowie et Balavoine, des performance filmée éditions pour la jeunesse, Ionesco, Pierre Résolution 37/7 (cette DBoulle ou H. G. Wells figurent parmi les pièce vaut à elle seule œuvres « tutélaires » de DJEFF réunies dans le déplacement). Son son Atelier moderne. L’artiste, ancien pen- questionnement sur sionnaire de la Villa Médicis, est de retour l’homme idéal, l’hu- à la Fondation Vasarely qui l’a accueilli manité, la planète, pour Gamerz et LAPS en 2014. Sa nouvelle l’intelligence artifi- exposition Now Here Else se déploie en cielle s’immisce dans deux parties distinctes avec flashbacks et Vitruve comme dans productions in situ, les thèmes imbriqués les Rise, « première pièce uns dans les autres faisant office de fil rouge. de ma bascule après Sous le titre Genesis, DJEFF regarde dans le Resolution 37/7 © OHNK ma résidence à Shan- rétroviseur avec une installation à plusieurs Here Else composé d’œuvres in situ, récentes ghai ». DJEFF n’a donc pas fini de basculer bandes où le jeu vidéo sert de matrice à la créa- ou en cours, qui plaident en faveur d’une en bousculant les technologies pour revenir tion d’histoires, de situations, d’interactions. autre perception de l’environnement naturel à l’essentiel : l’humain. « La partie ludique m’intéresse beaucoup en et technologique. Moins ludiques et plus M.G.-G. tant que première interface de l’art » explique- réflexives, elles mettent en jeu ses talents t-il devant l’alvéole « vasarelienne » transformée d’auteur, scénariste, plasticien, enseignant… en Space Arcade propice au rassemblement Dans Now trois sabliers donnent la mesure et au contact social. D’ailleurs le public se du temps : l’humanité (mèches de cheveux transforme en joysticks et participe physi- encapsulées), l’éternité (quartz) et la termite Now Here Else quement aux compétitions : Simon Leone, (éclat de bois mangé). Évocation philosophique jusqu’au 8 septembre Hyper Olympic, Vidéo Pong, Pentapong… des règnes animal, minéral et végétal que l’on Fondation Vasarely, Aix-en-Provence DJEFF opère un retour au présent dans Now retrouve appréhendés, différemment, dans la 04 42 20 01 09 fondationvasarely.org

L’amour et la mémoire nous unissent

ymbole du passé industriel et portuaire de unique et reconnaissable ; une unité dans Marseille, le hangar du J1 prête son pre- la diversité qui correspond parfaitement à S mier étage à des expositions à caractère [son] art qui dépasse les contraires, voire les évènementiel. Ainsi l’artiste multidisciplinaire réconcilie ». Les couches civilisationnelles Korakrit Arunanondchai succède à JR qui composent sa sédimentation historique avec une production in situ développée sur l’ont profondément marqué, et son œuvre, 5000 m2 qui mêle sculpture, son et vidéo une fois encore, lie passé et présent, orient et autour de ses thèmes de prédilection : « la occident : « Ce n’est d’ailleurs pas un hasard s’il spiritualité dans un monde globalisé et le coule un sol au dessus de la Méditerranée, en frottement entre animisme et technologies hommage aux empires qui l’ont encerclée et modernes ». Une œuvre qui fait la connexion en guise de terreau pour un futur par définition entre ses origines - l’artiste a grandi à Bangkok incertain ». L’artiste nous convie à fouler un dans les années 1990 à une époque « dont peu de la terre de ses ancêtres qu’il utilise l’Histoire se rappellera comme le règne du ici, pour fabriquer « le sol »… roi Rama IX » - et son présent en Occident, M.G.-G. particulièrement à New York où il vit. Elle reflète son intérêt pour le bouddhisme et l’animisme thaïlandais, la culture populaire, la géopolitique et la technologie dont on Korakrit Arunanondchai © DR - MP2018 With history in a room filled with people retrouve les traces dans l’enchevêtrement la présence de Korakrit Arunanondchai est with funny names. 4 d’objets et d’images, certaines filmées par apparue comme un évidence car « Marseille Conférences et performances ponctuent l’exposition des drones. Lorsque MP2018 a proposé est une ville haute en contrastes, à la fois 20 juin au 29 juillet à Charlotte Cosson et Emmanuelle historique et en pleine expansion, saturée de Hangar J1, Marseille Luciani d’inviter un artiste à investir le J1, paradoxes et arborant pourtant une identité mp2018.com 90 critiques arts visuels COUSU MAIN

La Villa Datris tricote 102 œuvres de 74 artistes internationaux dans une exposition intergénérationnelle qui élève l’art du textile au rang d’art contemporain

es salons à la façade, au fil de La Sorgue jusqu’à la cime des arbres, l’exposition DTissage tressage, quand la sculpture défile ressemble à un inventaire à la Prévert ! Par les thématiques qui la structurent : Tra- dition et modernité, Intimités exposées (les arts féministes dans l’art contemporain), Sur le fil (les années 50), Fil organique, Identités textiles, Vernaculaires, Cordées (minima- lisme et art pauvre), Folie du fil (l’influence de l’art brut), Tisser le monde, Le jardin des Pénélopes. Par la diversité des matériaux : chanvre, cuivre, sisal, fibre végétale, laine, Nick Cave (premier plan) et El Anatsui (arrière-plan) © Heymann Renoult soie, nylon, bâton de bambou, coton, épingle, mousse, perles, paillettes, capsule de bouteille, tragédie éternelle de l’homme prisonnier de sa de Cécile Dachary, L’Arpenteuse, Partie de polypropylène… Par une sémantique moins condition. La philosophie s’invite également jambes en l’air, Hum, la technique du crochet sensuelle qu’attendue : atrophier, recouvrer, sur le métier à tisser de Chiharu Shiota qui, n’a rien de gnangnan et déborde du cercle emballer, tisser, coudre, tresser, crocheter, comme toujours, emprisonne les objets ou les des nouveaux-nés pour surfer avec malice sur envelopper, obturer, dessiner, brûler, statufier, espaces de milliers de fils en tension : ici, un l’érotisme. Autres sujets sensibles, la place de épurer, souder… La Villa Datris déroule avec globe de noir vêtu et un atlas emmailloté de la femme dans la société portugaise, dénon- dextérité le fil de l’histoire et des techniques rouge dans la pièce frontale State of Being. cée avec une fausse diplomatie par Joana dans un parcours qui révèle la richesse des Tandis qu’Adrienne Jalbert laisse de côté Vasconcelos qui use des « arts mineurs » esthétiques, la multiplicité des contenus la douceur du coton et fait des fils métalliques de la terre et du textile connotés plus festifs politique, symbolique et familial. la matrice de Sphère du Parc pour alerter, et exubérants ! Et la situation des Noirs en La contemporanéité de l’art textile, sous comme Chiharu Shiota, sur l’instabilité du Amérique du nord évoquée par Nick Cave toutes ses coutures, ne fait plus aucun doute monde chaotique et dangereux. dans sa série de costumes sonores Soundsuit depuis que les pionnières Sonia Delaunay De la tragédie à la comédie, de la tapisserie exposés ou chorégraphiés, inertes ou vivants, et Anni Albers ont révolutionné les savoir- traditionnelle (Caroline Achaintre, Jagoda mais toujours « revendiquant un espace pour faire traditionnels en se les réappropriant à Buic) aux pièces les plus expérimentales, l’art les éventuels interprètes ou personnages leur guise. Dans leur sillage, Daniel Dewar textile déploie une force d’invention perpé- imaginaires qui les habitent ». & Grégory Gicquel sortent le tricot de la tuelle. Laure Prouvost utilise la tapisserie MARIE GODFRIN-GUIDICELLI sphère intime avec un pull-over de 170 x 140 murale comme support à une installation vidéo x 25 cm tricoté à quatre mains, et l’inscrivent The TV Mantelpiece où elle entremêle fiction dans le champ du ready-made de Marcel familiale et histoire de l’art. Dans Tâche, la Duchamp. La monumentalité, croisée avec benjamine de l’exposition Céleste Castelot l’art performatif, est de mise chez Romina ose un mélange hétéroclite pour évoquer de Novellis qui met son corps en procession Pénélope, son ouvrage de laine inachevé dans un labyrinthe arachnéen obstinément pénétré par des aiguilles géantes en céra- Tissage tressage, quand la sculpture défile jusqu’au 1er novembre construit, auquel elle tente ensuite d’échapper mique. La suspension attend une éventuelle Fondation Villa Datris, L’Isle-sur-la-Sorgue durant plus de six heures. Évocation de la réapparition… Dans les petites pièces ludiques 04 90 95 23 70 fondationvilladatris.com 91 Pierres vivantes L’exposition Résonance, l’Esprit des Ruines proposée au château de Lourmarin met en dialogue poétique des gravures de Piranèse et un ensemble de photographies de Ferrante Ferranti

ne image ne naît pas seulement du hasard, elle cherche sa place, «Upour mieux trouver sa résonance », écrit en exergue de son site le photographe Ferrante Ferranti. C’est aux résonances que s’attache l’exposition qui court sur les murs du château de Lourmarin, se conjuguant aux lieux, suscitant d’intimes échos qui dépassent le propos initial, comme si les murs-mêmes dialoguaient avec les gravures et les photographies. De subtiles correspon- dances s’établissent, creusant l’épaisseur du temps.

Deux visions d’architectes Sont mises en échos des photographies de Ferrante Ferranti et des gravures de Piranèse, issues de la collection Robert Laurent-Vibert*. Entre elles, transparaissent des constructions, des regards, étonnamment Ferrante Ferranti © MC proches. Travail d’imprégnation, visions sem- Temple de Ségeste, Sicile, blables… les artistes ont tous deux suivi lecture sans cesse renouvelée du monde ». l’échelle dans les gravures de Piranèse avec le une solide formation d’architecte. Ferrante Compréhension et émotion se mêlent et offrent personnage capté dans l’instant, au bout de Ferranti, nourri des travaux du graveur du des pages captivantes. Les photographies la vue rythmée d’arches des Écuries royales XVIIIe, ne cherche pas lors de ses voyages en noir et blanc répondent aux gravures, de Moulay Ismaël à Meknès (Maroc)… à imiter ou retrouver « la manière de », mais dont la composition reconstruit le réel, offre Entre l’architecte-graveur et l’architecte-pho- suit involontairement la même approche. un raccourci des géographies, rapproche tographe, le même amour du détail qui « fait « Travail non d’imitation, mais d’insufflation éléments de statuaire, temples, édifices, ainsi éclater le champ de vision ». Le temps aboli réciproque, d’interpénétration, fruit neuf, le sublime Caprice composé de ruines avec ici renaît, et nous accorde sa profondeur… original, savoureux, de l’admiration et de une statue de Minerve. La réalité réside ici MARYVONNE COLOMBANI la reconnaissance, modèle de croisement dans la force suggestive des divers éléments, *Normalien, membre de l’École française de esthétique et de métissage culturel », souligne et autorise le spectateur à se livrer à son Rome, Robert Laurent-Vibert acheta le Château dans sa préface au catalogue de l’exposition imagination. La photographie d’une sculpture en 1920 et le légua à l’Académie d’Aix en même l’écrivain Dominique Fernandez. brisée sur le Forum d’Ostia Antica, dressée temps que ses collections et sa bibliothèque afin à côté d’un tronc de pin, contient la même qu’elles constituent la Fondation de Lourmarin Palimpsestes puissance évocatrice : la vie palpite dans la Laurent-Vibert. Demeure ouverte à l’art, elle héberge tous les ans de jeunes artistes, les Il s’agit d’une approche personnelle que tous pierre, et le tronc d’arbre devient sculpture. déchargeant de tout souci matériel afin qu’ils peuvent expérimenter, « à propos de ce que Les perspectives se répètent, même angle de se consacrent à leur travail. La « Petite Villa chacun peut sentir de la ruine, découvrir d’elle : vue du Colisée ou de la Pyramide de Caius Médicis de Provence » promeut aussi les activités y déchiffrer le palimpseste de l’histoire, de Cestius, écho des silhouettes qui donnent culturelles en milieu rural et illustre bien sa devise (il renaît de ses cendres). la mémoire » explique le photographe. Sont E cinere Phoenix rendues sensibles les strates de sens, par le Catalogue de l’exposition Résonance, catapultage des époques : décors grandioses l’Esprit des Ruines, réalisé par la des temples antiques dont subsistent des Fondation Laurent-Vibert, 15 € pans émouvants, auxquels s’accrochent les constructions récentes, imbriquant les Résonance, l’Esprit des Ruines périodes en un raccourci saisissant. « Le jusqu’au 31 octobre Accessible dans le cadre de la visite du regard de Piranèse marque de son empreinte Château de Lourmarin la littérature et les paysages, accordant une 04 90 68 15 23 château-de-lourmarin.com 92 au programme arts visuels bouches-du-rhône

Ai Weiwei, Fan-Tan Cinquante œuvres du performeur chinois et activiste du net (dont deux inédites) confrontées à autant d’objets du musée, asticotent des concepts opposés tels que Orient/Occident, art/artisanat, destruction/ conservation, et par là la validité de nos systèmes d’interprétation. En écho avec le séjour en Occident de son père, célèbre poète chinois débarqué à Marseille en 1929. C.L.

Fan Tan 20 juin au 12 novembre Mucem, Marseille 04 84 35 13 13 mucem.org

Ai Weiwei, Up yours, 2017. Courtesy Ai Weiwei studio

Claude Lévêque Conçus spécialement pour Marseille, les deux projets immersifs de Claude Lévêque invitent le visiteur à des « expériences sensorielles totales » inédites. En ressortira-t-on indemne ? Le vernissage débute dans la chapelle du Centre de la Vieille Charité à 17h, vendredi 29 juin. C.L.

Back to Nature, Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur, Marseille Life on the Line, Centre de la Vieille Charité, Marseille 30 juin au 14 octobre 04 91 91 27 55 fracpaca.org musees.marseille.fr

Sous le plus grand chapiteau du monde (partie 2), 2015, fossés du musée du Louvre © archives Kamel Mennour/Julie Joubert © ADAG

César (1921 - 1998) Compressions, Fers soudés, Combustions, Expansions...et un trophée éponyme célé- brissime ! Pour les vingt ans de sa disparition, l’exposition rend hommage à l’enfant de la Belle de Mai dont le critique Pierre Restany qualifiait le travail de « recyclage poétique du réel urbain, industriel et publicitaire ». C.L.

César / marseillais jusqu’au 12 juillet Galerie Alexis Pentcheff, Marseille 04 91 42 81 33 galeriepentcheff.fr

César, Centaure, Hommage a Picasso, 1983-1987, Bronze, fonte Bocquel, numerotee 5/8, 101x105 x 48,5 cm. Courtesy Galerie Alexis Pentcheff

Pietra vivente Les photographies de Jean-Christohe Ballot du musée du Louvre, des Offices à Florence ou des jardins de la Villa Médicis sont déjà des classiques ! Pendant les Rencontres d’Arles, l’artiste investira de manière éphémère la façade d’une galerie avec des silhouettes des gisants de Saint Denis, brouillant les pistes et redonnant aux sculptures un incroyable sentiment de vie. M.G.-G.

Point rouge Gallery, Saint-Rémy-de-Provence 21 juin au 8 juillet 04 90 21 19 61

Diane au bain, musée du Louvre 2004 © JC Ballot 200 x 280_Mise en page 1 05/03/2018 16:29 Page1

RTL2, LA RADIO PARTENAIRE DES PLUS GRANDS ARTISTES POP-ROCK

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marseille.rtl2.fr 94 au programme arts visuels bouches-du-rhône vaucluse alpes-Maritimes

Territoires sonores Chassé-croisé entre la France et l’Écosse pour Pierre-Laurent Cassière, Anne-James Chaton, Isabelle Dehay, Hanna Tuulikki, et dialogue créatif entre deux cultures, deux scènes artistiques, qui prennent la forme, aujourd’hui, de vastes Territoires sonores. Plus qu’une installation, l’exposition explore le mode de perception du son par les artistes et sa retraduction dans différents mediums. M.G.-G.

Mac Arteum, Châteauneuf-le-Rouge jusqu’au 7 juillet 04 42 58 61 53 mac-arteum.com

Sing Sign a close duet © Hanna Tuulikki De l’Amour De la Vénus sourire de Dominique Coutelle à la Grande Vénus de Fran- çois Stahly, de l’Oiseau amoureux de Niki de Saint Phalle aux Oiseaux amoureux de Francis Guerrier, du Couple d’Albert Hettinger à la Porte du paradis de Jean Daviot, tous les artistes invités par la Fondation Salinger reprennent à leur compte « Il n’y a que l’amour qui nous rende à nous-mêmes » d’Albert Camus. M.G.-G.

jusqu’au 15 octobre Musée Pierre Salinger, Le Thor 04 90 02 14 33 pierresalinger.org © Claudia Rogge

Siffler en travaillant Suite à leur résidence de création, Pascale Stauth et Claude Queyrel proposent un regard renouvelé sur les collections du muséum et le patrimoine alpin. Coffres sculptés du Queyras, chapelle des Pétètes... tous sont repensés dans des rapports scénographiques inédits. C.L.

jusqu’au 16 septembre Musée muséum départemental des Hautes-Alpes, Gap 04 92 51 01 58 museum.hautes-alpes.fr

Vue partielle, Siffler en travaillant, C. Queyrel et P. Stauth, 2018. Photographie CQPS

Matisse et Picasso Entre dialogue et rivalité, la relation entre Matisse et Picasso fut l’objet d’un échange permanent et régulier à partir des années 1940. L’exposition du musée Matisse de Nice explore les méandres de cette relation complexe, féconde, autour notamment de « la comédie du modèle » comme la désignait Aragon. Une section photographique et une autre documentaire enrichissent le parcours. M.G.-G.

Matisse et Picasso, la comédie du modèle 23 juin au 29 septembre Musée Matisse, Nice musee-matisse-nice.org Pablo Picasso, Femme couchée lisant, 21 janvier 1939 Huile sur toile Musée national Picasso Paris Dation en 1979 © Succession Picasso 2018 Photo © RMN Grand Palais (Musée national Picasso Paris) / Adrien Didierjean Ai Weiwei

Fan-Tan Portes ouvertes Mardi 19 juin, de 16h à 23h Entrée libre

Mucem Exposition 20 juin—12 novembre 2018

Mucem.org Avec le soutien de Photo © Judith Benhamou-Huet, Ai Weiwei, Marseille, 2017 Partenaires Design graphique : Spassky Fischer 96 au programme arts visuels alpes-maritimes var

Lilian Bourgeat Quand l’art contemporain se confronte à l’échelle d’un centre commercial c’est l’esprit de démesure ! Dans le genre post-Pop art revu par un drôle de Gulliver, les objets « augmentés » de Lilian Bourgeat investiront les espaces publics, avec deux sculptures monumentales réalisées spécialement pour l’événement. C.L.

Des mesures 19 juin au 14 octobre Polygone Riviera, Cagnes-sur-Mer polygone-riviera.fr

Caddie, 2014 Acier galvanisé, roulettes et résine polyester 210 × 230 × 150 cm Courtesy Galerie Lange+Pult photo : Sully Balmassière Curiosité(s) Après 10 ans de nocturnes de l’art contemporain, les Visiteurs du soir cèdent leur place à deux mois de manifestations rebaptisées Curiosité(s) qui vont essaimer sur le territoire, à Nice, Embrun, Gap, Digne, Saint-Paul-de-Vence, Mougins, Monaco, Vence, Mouans-Sartoux. Le réseau Botox(s) élargit ainsi son offre, la diversifie dans un esprit de synergie fertile.M.G.-G.

Curiosité(s) parcours art contemporain jusqu’au 29 juillet Maison Abandonnée, Nice botoxs.fr

© Laurent Prexl Shirley Baker Des villes balnéaires de la côte ouest de l’Angleterre à la cité des dauphins, l’œuvre photo- graphique de Shirley Baker s’attache à la figure humaine : ses activités quotidiennes, son labeur, ses loisirs, dans un souci permanent de coller à la réalité. Avec fidélité et empathie. Le Lavandou lui rend hommage en organisant sa première exposition personnelle en France. M.G.-G.

Espace culturel, Le Lavandou 7 juillet au 9 septembre 04 94 00 40 50 ot-lelavandou.fr

Buste Reyer © Shirley Baker

Alain Clément Les Amis du Centre d’Art, sous le commissariat de Gilles Altieri, vous invitent à (re)découvrir l’œuvre récente d’Alain Clément à travers une sélection de peintures, sculptures et gravures réalisées entre 2012 et 2018. Vernissage samedi 7 juillet à 18h ; conférence « L’extase colorée » par Xavier Girard, historien de l’art et artiste, le 29 septembre à 17h. C.L.

8 juillet au 25 novembre Centre d’Art contemporain, Châteauvert 07 81 02 04 66 acac83.fr

Alain Clément, acier peint, 2015, 97 x 64 x 35 cm © Atelier AC fete de la musique 21 juin 2018 Place Jourdan

concerts gratuits

22H KIMBEROSE

EN 1ERE PARTIE 17H > 22H caravane musicale « L’amour pour itinérance » anna farrow / carbon copper ruben paz y cheverefusion / wilko & ndy

Infos : 04 90 17 48 38 / miramas.fr 98 au programme arts visuels hérault

Faune, fais moi peur ! On ne pouvait choisir thème plus réjouissant que celui du faune pour la réouverture d’un musée ! À travers près de 170 œuvres de toutes époques, le mythe antique expose son imposante richesse sous toutes ses formes. Faunes, satyres, nymphes, jeux érotiques s’incarnent de l’Antiquité à Picasso. C.L.

du 7 juillet au 7 octobre Musée de Lodève 04 67 88 86 10 museedelodeve.fr

Marc Chagall, lithographie, extrait de Sur la Terre des dieux, 1967, Paris, BNF©ADAGP, Paris 2018 Photo © BNF Pavillon Populaire Alain Sayag interroge le rôle de la photographie dans la propagande du régime nazi en mettant en parallèle les photographies « officielles » (clichés du photo- graphe d’Hitler de 1922 à 1945, Heinrich Hoffmann) avec celles prises par les photographes juifs des ghettos d’Europe orientale (George Kadish ou Mendel Grossman). Deux apports documentaires exceptionnels sur l’Histoire. M.G.-G.

Un dictateur en images et Regards sur les ghettos 27 juin au 23 septembre Pavillon Populaire, Montpellier 04 67 66 13 46 montpellier.fr George Kadish, « the body is gone » (Le corps a disparu). Ghetto de Kaunas, ca. 1941-1944. Photo : George Kadish © United States Holocaust Memorial Museum

Picasso, Donner à voir Le Musée Fabre parcourt 77 années de création de Picasso à travers plus de 120 œuvres, avec un parti-pris d’éclairer 14 dates charnières dans son travail et une scénographie ouverte qui met en perspective l’évolution formelle, les procédés, les ruptures… Peintures, gravures, sculptures, dessins associés aux archives, carnets et croquis préparatoires soulignent le bouillonnement de son art. M.G.-G.

15 juin au 23 septembre Musée Fabre, Montpellier 04 67 14 83 00 museefabre.fr

Pablo Picasso, Femme assise aux bras croisés, [Le Tremblay-sur- Mauldre], 1937, huile sur toile, 81 x 60 cm, Musée national Picasso- Paris, MP162, dation en 1979, Photo © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Mathieu Rabeau, service presse / musée Fabre © Succession Picasso 2018 In Situ Le patrimoine architectural et l’art d’aujourd’hui offrent de belles rencontres depuis plusieurs années grâce à l’association Le Passe Muraille. 5 départements, 12 sites classés Monuments historiques, 12 œuvres contemporaines dont 9 inédites pour cette 7e édition. Tous les détails sur le site concernant les nombreuses propositions de parcours. C.L.

IN SITU Patrimoine et art contemporain 22 juin au 30 septembre divers lieux en région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée patrimoineetartcontemporain.com

Felice Varini, Cercles concentriques excentriques, Château et remparts de Carcas- sonne, In Situ 2018. Photo © Centre des monuments nationaux 38e Festival International de Piano La Roque d’Anthéron 20•07•2018 >18•08•2018

ArcAdi Volodos • Michel Dalberto • bertranD cuiller • DaviD KaDouch • Jean-luc ho • Dana ciocarlie • braD MehlDau • MAude GrAtton • eliane reyes • edouArd Ferlet • shAni dilukA • JeAn rondeAu • eMManuel strosser • BAptiste trotiGnon • clAire désert • YoAnn Moulin • oliVier lAtrY • YuliAnnA AVdeeVA • Aline piBoule • roMAin dAVid • tAnGuY de Williencourt • nAthAnAël Gouin • pierre hAntAï • denis MAtsueV • FrAnçois Guerrier • MAriA-João pires • ABdel rAhMAn el BAchA • pierre GAllon • bertranD chAMAYou • skip seMpé • VikinGur ÓlAFsson • Brice sAillY • nicholas angelich • Justin tAYlor • BoJAn Z • sAnJA BiZJAk • lidiJA BiZJAk • JonAs VitAud • gasparD dehAene • rAY leMA • lAurent de Wilde • seonG-Jin cho • philippe hAttAt • Florent BoFFArd • Alexei Volodin • MoMo kodAMA • boris berezovsKy • FreddY eichelBerGer • JeAn-clAude pennetier • kotAro FukuMA • niKolaï luGAnskY • FloriAn noAck • Vincent coq • luis FernAndo pereZ • dMitrY sin • renA sheresheVskAYA • MAroussiA Gentet • réMi Geniet • lucas Debargue • MArie-AnGe nGuci • JonAthAn Fournel • Anne queFFélec • pavel kolesnikoV • lArs VoGt • MArie-cAtherine Girod • séliM MAZAri • FrAnçois-Frédéric GuY • nelson Freire • AiMi koBAYAshi • MAtAn porAt • Daniil triFonoV • iddo BAr-shAï • nelson Goerner • christiAn iVAldi • cléMent leFeBVre • serGeï BABAYAn • MArc-André hAMelin • aDaM lalouM