Bulletin Des Commissions Royales D'art Et D'archéologie
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BULLETIN DES COMMISSIONS ROYALES D'AUX ET D'AUCIIKOLOGIE. BULLETIN COMMISSIONS ROYALES D^ART ET D^ARGHÉOLOGIE. DIX-HUlTIÊME ANNÉE. BRUXELLES, c. muqlardt, éditeur, rue de la réhence, 45. Même maison à Gand el à Leipzig. 1871» THE GETTY CENTER UBRARY NOTES SIR m VOYAGE EN ITALIE ARRKSSEES à M. le Conservateur en cliel' de la Uihliothèquc royale l'AR M. Henri HYMANS Criiiiorvali'iir île lu Sfclioii des E-l^nlpc•^ ]\[onsieiii' le Consorvaloiir on clief, Je viens, selon voire désir, vous rendre nn comple som- maire da voyage en Italie que j'ai été autorisé à entreprendre au commencement de l'année, pendant la clôture du eahinoi (les estampes. La saison, qui n'eut guère favorisé un voyage d'agrément, secondait, au contraire, des projets d'étude, et la tempéra- ture, plus rigoureuse que je ne m'attendais à la trouver dans le Midi, me permit de consacrer au travail des journées pleines, ce qui eût été impossible au printemps ou à l'automne. Bien que sans hut précis, ce voyage devait naturellement se rattacher aussi direclemenl ([no possible à l'objet de mes études; si l'on considère l'immensité des richesses artis- tiques de l'Italie, j'avais, parle fait, un programme des pins vastes. — 6 — Me plaçant ensuite à un point de vue purement national, je ne renonr-ais pas à l'espoir de recueillir en passant des notes qui pussent intéresser notre pays. Sous ce dernier rapport, je constatai, en quelque sorte dès le (l(l)Lit (le mon voyage, que l'on est moins avancé en Italie dans la détermination des œuvres étrangères que nous ne le sommes dans la connaissance des œuvres italiennes. Dans presque tous les catalogues italiens, les écoles d'Allemagne, de Hollande et de Flandre forment un tout (jue l'on a pris l'habitude de qualifier de Scuola ledesca, et l'on voit ainsi tous les travaux du xvi* siècle émaner de Holbein ou d'Albert Diirer, comme Van Dyck est invariablement l'auteur des portraits un peu imposants du XVII* siècle, alors même que le costume annonce ceux-ci comme postérieurs de vingt ou trente années au grand peintre. Pour les sujets d'apparence nettement gothique, Luca iCOlanda, Lucas de Leyde, devient le refuge assuré des catalugraphes. Il m'a été souvent bien lacile de constater, sinon de redresser, ces erreurs. Mais je n'avais pas en vue, somme toute, d'aller à la recherche d'œuvres méconnues; ce n'était qu'acces.soirement que je pouvais me donner cette satisfac- tion. Je faisais un voyage d'étude; non pas un voyage de découverte. Pourtant c'était avec un .sentiment voisin de l'enthousiasme que je songeais à retrouver en Italie : à Mantoue, à Bologne, ;i Florence .Xaples, ou à les traces de nos artistes : Rubens, l)«iii> C:ilva(.'rt (le maiire du Guide, du Dominiquin, de r.MhaMe), Siradanusel Suslorrii;uis, dont noire pavs pos.sède — 7 — si peu de chose; de ce Jean de Galcar, l'ami de Vasari, l'illustrateur dos travaux de Vésalc, dont, au dire do Van Mander, les œuvres se confondaient avec celles du Titien lui-mènne! Généralement parlant, les toiles néerlandaises se pré- sentent on Italie dans une très-faible proportion et, sauf les galeries de Florence et l'église de Saint-Ambroise de Gènes, où se trouvent des Rubens de premier ordre, nos églises et nos musées, les galeries de Vienne, de Madrid, de Paris, de Munich et de Dresde, ont encore de quoi permettre l'étude la plus approfondie de l'école flamande En Italie, et en Italie seulement, la peinture se manifeste comme une partie de ce glorieux ensemble constitué par son union avec l'architecture et la sculpture. Loin de perdre à ce rôle en apparence effacé, combien la peinture y trouve au contraire de puissants moyens d'expression ! Combien les œuvres immortelles que l'on va admirer en Italie depuis tant de siècles réalisent de la manière la plus absolue la lâche si naturellement assignée à chacun des arts. Être à la fois architecte, sculpteur et peintre, n'était-ce pas l'idéal des artistes de l'antiquité? Grands statuaires, ne furonl-ils pas souvent aussi les plus grands architectes, et le même exemple ne nous est-il pas fourni par les maîtres les plus puissants de la Renaissance , qu'il nous est permis d'admirer successivement dans les (rois branches des arts plastiques. Au Musée des Offices, à Florence, parmi les portraits des plus célèbres artistes, figure encore l'efligie de Canova peinte par lui-même, et plus d'un statuaire a conservé l'ambition de se produire comme peintre. Comment ne pas songer avec une certaine morlilicalion . _ 8 — si il CCS permis de L'alquor qui me sont souvent demandés à noire l)il)liolliè(]ae par des statuaires et qu'il faut bien accorder puisque les solliciteurs invoquent leur ignorance absolue du dessin. Je n'ai pas besoin d(^ rappeler aussi combien de grands maitres it;iliens ont été, à toutes les époques, illustres comme iii-aveurs, depuis ces admirables orfèvres du moyen âge, les pères de la gravure au burin, jusqu'à des peintres tels que Sandro Bolticelli et Mantegna, jusqu'au Guide et au Parme- san. Sous ce rapport aussi, je devais trouver les sources les plus jirécieuses d'études dans le cours de mon voyage. Je ti'aversai rAlIcmagne pour me rendre en Italie, m'arré- lanl k Municb pour y revoir les musées, si riches en œuvres de toutes les écoles, et gagnant ainsi Inspruck, où j'avais à voir le monument de l'empereur Maximilien, œuvre renom- mée de ce Malinois, Alex. Collin, dont la ville natale n'a con- servé d'autre O'uvrc qu'uni; tète de géant de |)rocession : « le Graii(i-P;q)a » Le monument d'Inspruck a été décrit. L'ensemble en est grandiose et, en réalité, l'église Sainte-Croix, qui le ren- ferme, en est comme l'accessoire. Vingt-huit grandes statues de bronze d'hommes et de Iriiijiics, (M'iielonnécs de deux côtés de l'église, forment au cénotaphe une gaidc imposante, l/enq^ereiir est agenouillé au li.iut du munumcnt, entouré de (juatre ligures allégo- riques. Le statuaire malinois n'eut aucune part à cet en- s('mbl<\ Sun rôle, à lui, se borna à retracer dans une série de vingl-fpi;ilre bns-reliefs de marbre, api»liqués aux faces du iinMiiiiiicnl, l;i carrière de Maxiniilion. Il le lit avec une jtro- diLiicuse adrcssi'. mais avec moins di; u'oùl. — — Le monumonl trinsi)ruck ii'esl pas, comme vous savez, le lomhcau do Maximilicn d'Aiilriclio. Bi(Mi (|ue l>mporoiir eût exprimé le désir de reposer dans sa elièrc capitale ilii Tyrol, son vuni ne fut jamais réalisé. L'église Sainte-Croix et le lombeau que, dès l'origine, elle fut deslinée à abriter, ne datent que du règne de Ferdinand V, petit- tils de Maximilien. Pour peu que l'on se souvienne des œuvres d'une simpli- cité, si pleine de grandeur, de quehpies maîtres du temps de Maximilien, on (''prouve une réelle déception à la vue des bas-reliefs de Collin. Les personnages qu'il met en scène sont ceux de sa propre époque, non de celle de Maximilien, et cela s'explique assez. Nous n'avons plus la sincérité de langage d'un témoin oculaire. Mais l'on ne saurait rien voir de plus délicatement travaillé que ces petits bas-reliefs fouillés avec une minutie d'orfèvre. Il y a telle scène où plus do cent personnages sont réunis, tous à leur place, tous agis- sant. Il fallait vraiment un praticien d'une habileté prodi- gieuse pour arriver à ce résultat. Collin se révèle, du reste, comme un artiste de bonne race dans ses tombeaux de l'empereur Ferdinand et de l'impératrice sa femme : la belle Philippine, placés dans la chapelle attenante h l'église. Le monument d'Inspruck a été reproduit d'une manière excellente par la photographie en cinquante-deux planches, chacune des grandes statues et chacun des bas-reliefs étant donné à part. Le coût de celle collection est d'environ 500 francs. Le Ferdinandeum d'Inspruck est un musée très-inté- ressant surtout pour l'histoire duTyrol. .l'y ai vu deux man- nequins de buis du plu'^ cnrieiix travail, allriliU(''< ;i Albeit — 40 — Durer, et l'on serait tenté d'accepter l'attribution, à en juger par le caractère de ces figurines qui ne seraient peut-être que la réalisation des théories du grand peintre de Nurem- berg sur les proportions de la ligure humaine. Si la perfec- [ion du Iravail même écarte l'idée d'une exéculion directe, rien n'empêche que ces figurines n'aient été faites sous la direc'lion de Diirer, Pénétrant en Italie par Vérone, je me trouvais dès l'abord en présence de ces incomparables églises du style lombard, les plus belles peut-être de leur genre, et de ces palais grandioses de San-Micheli, le plus célèbre architecte de son époque et l'auteur de tant de beaux monuments à Venise et ailleurs en Italie (i). Qu'il me soit permis de faire, en passant, la remarque que les palais de Vérone ont exercé sur le goût de Rubens une influence très-évidente et (jue l'on néglige sans doute de constater en se rappelant que le maitre s'est fait l'éditeur d'un recueil des palais de Gênes, palais d'un style plus pompeux, mais fort inférieur à celui des constructions de Vérone.