1. Le Papillon Et La Fleur La Pauvre Fleur Disait Au
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CD 1 S’il est un sein bien aimant Dont l’honneur dispose, 1. Le Papillon et la fleur Dont le ferme dévouement La pauvre fleur disait au papillon céleste: N’ait rien de morose, Ne fuis pas!... Si toujours ce noble sein Vois comme nos destins sont différents, je reste. Bat pour un digne dessein, Tu t’en vas! J’en veux faire le coussin Où ton front se pose! Pourtant nous nous aimons, nous vivons sans les hommes, Et loin d’eux! S’il est un rêve d’amour, Et nous nous ressemblons et l’on dit que nous sommes Parfumé de rose, Fleurs tous deux! Où l’on trouve chaque jour Quelque douce chose, Mais hélas, l’air t’emporte, et la terre m’enchaine. Un rêve que Dieu bénit, Sort cruel! Où l’âme à l’âme s’unit, Je voudrais embaumer ton vol de mon haleine. Oh! j’en veux faire le nid Dans le ciel! Où ton coeur se pose! Mais non, tu vas trop loin, parmi des fleurs sans nombre. Vous fuyez! 4. Dans les ruines d’une abbaye Et moi je reste seule à voir tourner mon ombre. Seuls, tous deux, ravis, chantants, A mes pieds! Comme on s’aime; Comme on cueille le printemps Tu fuis, puis tu reviens, puis tu t’en vas encore Que Dieu sème. Luire ailleurs! Quels rires étincelants Aussi me trouves-tu toujours à chaque aurore Dans ces ombres, Tout en pleurs! Jadis pleines de fronts blancs, Ah! pour que notre amour coule des jours fidèles. De coeurs sombres. Ô mon roi! Prends comme moi racine ou donne-moi des ailes On est tout frais mariés, Comme à toi! On s’envoie Les charmants cris variés De la joie! 2. Mai Frais échos mèlés Puis-que Mai tout en fleurs dans les prés nous réclame. Au vent qui frissonne. Viens, ne te lasse pas de mêler à ton âme Gaîté que le noir couvent La campagne, les bois, les ombrages charmants, Assaisonne. Les larges clairs de lune au bord des flots dormants: Le sentier qui finit où le chemin commence. Seuls, tous deux... Et l’air, et le printemps et l’horizon immense. On effeuilles des jasmins L’horizon que ce monde attache humble et joyeux, Sur la pierre. Comme une lèvre au bas de la robe des cieux. Où l’abbesse joint les mains, Viens, et que le regard des pudiques étoiles, En prière. Qui tombe sur la terre à travers tant de voiles. On se cherche, on se poursuit, Que l’arbre pénétré de parfum et de chants. On sent croître Que le souffle embrasé de midi dans les champs; Ton aube, Amour, dans la nuit Et l’ombre et le soleil, et l’onde, et la verdure, Du vieux cloître. Et le rayonnement de toute la nature, Fassent épanouir, comme une double fleur, On s’en va se becquetant, La beauté sur ton front et l’amour dans ton coeur! On s’adôre, On s’embrasse à chaque instant, Puis encore, 3. Rêve d’amour Sous les piliers, les arceaux, S’il est un charmant gazon Et les marbres, Que le ciel arrose, C’est l’histoire des oiseaux Où naisse en toute saison Dans les arbres. Quelque fleur éclose, Où l’on cueille à pleine main Lys, chèvre-feuille et jasmin, J’en veux faire le chemin Où ton pied se pose! 1 5. Les Matelots Sachet toujours frais qui parfume Sur l’eau bleue et profonde, l’athmosphère d’un cher réduit, Nous allons voyageant. encensoir oublié qui fume Environnant le monde en secret à travers la nuit. D’un sillage d’argent. Des îles de la Sonde, Comment, amor incorruptible, De l’Inde au ciel brulé, T’exprimer avec vérité? Jusqu’au pòle gelé! Grain de musc, qui gîs invisible, Au fond de mon éternité? Nous pensons à la terre Que nous fuyons toujours. À la très chère, à la très-belle, A notre vieille mère, Qui remplit mon coeur de clarté, A nos jeunes amours. À l’ange, à l’idole immortelle, Mais la vague légère Salut en immortalité, Avec son doux refrain, Salut en immortalité! Endort notre chagrin! Existence sublime, 8. Seule! Bercés par notre nid. Dans un baiser, l’onde au rivage Nous vivons sur l’abime, Dit ses douleurs: Au sein de l’infini, Pour consoler la fleur sauvage, Des flots rasant la cîme. L’aube a des pleurs; Dans le grand désert bleu Nous marchons avec Dieu! Le vent du soir conte sa plainte Aux vieux cyprès. La tourterelle au térébinthe 6. Lydia Ses longs regrets. Lydia sur tes roses joues Et sur ton col frais et si blanc, Aux flots dormants, quand tout repose, Roule étincelant Hors la douleur, L’or fluide que tu dénoues; La lune parle, et dit la cause De sa pâleur. Le jour qui luit est le meilleur, Oublions l’éternelle tombe. Ton dôme blanc, Sainte-Sophie, Laisse tes baisers de colombe Parle au ciel bleu, Chanter sur ta lèvre en fleur. Et, tout rêveur, le ciel confie Son rêve à Dieu. Un lys caché répand sans cesse Une odeur divine en ton sein; Arbre ou tombeau, colombe ou rose, Les délices comme un essaim Onde ou rocher, Sortent de toi, jeune déesse. Tout, ici-bas, a quelque chose Pour s’épancher: Je t’aime et meurs, ô mes amours. Mon âme en baisers m’est ravie! Moi, je suis seul, et rien au monde O Lydia, rends-moi la vie, Ne me répond, Que je puisse mourir, mourir toujours! Rien que ta voix morne et profonde, Sombre Hellespont! 7. Hymne À la très chère, à la très belle, 9. L’absent Qui remplit mon coeur de clarté, Sentiers où l’herbe sa balance, À l’ange, à l’idole immortelle, Vallons, côteaux, bois chevelus, Salut en immortalité, Pourquoi ce deuil et ce silence? Salut en immortalité! “Celui qui venait ne vient plus!” Elle se répand dans ma vie, Pourquoi personne à ta fenêtre? Comme un air imprégné de Et pourquoi ton jardin sans fleurs? sel, Ô maison où donc est ton maître? Et dans mon âme inassouvie, “Je ne sais pas! il est ailleurs.” Verse le goût de l’Eternel. 2 Chien veille au logis! “Pourquoi faire? Saint livre où la voile La maison est vide à présent!” Qui flotte en tous lieux, Enfant qui pleures-tu? “Mon père!” Saint livre où l’étoile Femme, qui pleures-tu? “L’absent!” Qui rayonne aux yeux, Ne trace, ô mystère! Où donc est-il allé? “Dans l’ombre!” Qu’un nom solitaire, Flots qui gémissez sur l’écueil, Qu’un nom sur la terre, D’où venez-vous? “Du bagne sombre!” Qu’un nom dans les cieux! Et qu’apportez-vous? “Un cerceuil!” 11. La rançon 10. L’Aurore L’homme a, pour payer sa rançon L’aurore s’allume, Deux champs au tuf profond et riche, L’ombre épaisse fuit; Qu’il faut qu’il remue et défriche Le rêve et la brume Avec le fer de la raison Vont où va la nuit; Pour obtenir la moindre rose, Paupières et roses Pour extorquer quelques épis, S’ouvrent demi-closes; Des pleurs salés de son front gris, Du réveil des choses; Sans cesse il faut qu’il les arrose! On entend le bruit. L’un est l’Art et l’autre, l’Amour: Tout chante et murmure, Pour rendre le juge propice, Tout parle à la fois, Lorsque de la stricte justice Fumée et verdure, Paraitra le terrible jour, Les nids et les toits; Il faudra lui montrer des granges Le vent parle aux chênes, Pleines de moissons et de fleurs, L’eau parle aux fontaines; Dont les formes et les couleurs Toutes les haleines Gagnent le suffrage des Anges. Deviennent des voix! Tout reprend son âme, 12. Chant d’automne L’enfant son hochet, Bientôt nous plongerons dans les froides ténêbres, Le foyer sa flamme, Adieu vive clarté de nos étés trop courts! Le luth son archet; J’entends déjà tomber, avec [un choc funèbre]1, Folie ou démence, Le bois retentissant sur le pavé des cours. Dans le monde immense, Chacun recommence Tout l’hiver va rentrer dans mon être: colère, Ce qu’il ébauchait. Haine, frissons, horreur, la beur dur et forcé, Et, comme le soleil dans son enfer polaire, Qu’on pense ou qu’on aime, Mon coeur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacé. Sans cesse agité, J’écoute en frémissant chaque bûche qui tombe; Vers un but suprème, L’échafaud qu’on bâtit n’a pas d’écho plus sourd. Tout vole emporte; Mon esprit est pareil à la tour qui succombe L’esquif cherche un môle, Sous les coups du bélier infatigable et lourd. L’abeille un vieux saule La boussole un pôle, Il me semble, bercé par ce choc monotone, Moi la vérité. Qu’on cloue en grande hâte un cercueil quelque part! Pour qui? c’était hier l’été; voici l’automne! Ô terre! ô merveilles Ce bruit mystérieux sonne comme un départ! Dont l’éclat joyeux Emplit nos oreilles, J’aime, de vos longs yeux, la lumière verdâtre. Éblouit nos yeux! Douce beauté! mais aujourd’hui tou m’est amer! Bords où meurt la vague, Et rien ni votre amour ni le boudoir, ni l’âtre, Bois qu’un souffle élague, Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer! De l’horizon vague Plis mystérieux! [Et pour tant aimez moi, tendre coeur! soyez mère, Même pour un ingrat, même pour un méchant; Amante ou soeur, soyez la douceur éphémère D’un glorieux automne ou d’un soleil couchant.