dix ans de collaboration entre une compagnie de danse et une école d’art
2008 2018
à Michel... 2008 2018 Françoise Gamerdinger directeur des afaires culturelles de Monaco
L’idée d’un partenariat entre une entité culturelle de la Principauté telle que les Ballets de Monte-Carlo et l’École Supérieure d’Arts Plasiques es particulièrement réjouissante dès lors que celle-ci réunit étudiants et professionnels du monde de l’art autour d’un projet commun. La singularité de cet exercice élève le cursus pédagogique vers plus de professionnalisation, facilitant ainsi les coix d’orientation et confortant des vocations. Cete initiative permet non seulement une première exposition au regard de l’autre, à l’appréciation du public, mais aussi un dévoilement de leur créativité exacerbée par une bienveillance professionnelle. Je salue ici le travail des équipes pédagogiques et de la compagnie des Ballets de Monte-Carlo et notamment l’enthousiasme qu’ils metent dans la mise en œuvre de ces projets permetant à de nombreux étudiants de vivre de premières expériences professionnelles exaltantes.
dessin Céline Marin —— 5 Pas de deux
Isabelle Lombardot Vint ensuite le temps de rejoindre le plateau. Insants directrice du Pavillon Bosio d’inquiétude saupoudrée d’adrénaline, tensions des derniers préparatifs, atmosphère feutrée et vibrante des 2001, prémices d’un projet d’école qui doucement flages, puis arrive la rencontre avec cet impénétrable se dirige vers une hisoire réunissant l’art & la parterre, ensemble souvent solidaire et doté de centaines scénographie. C’es son direceur d’alors, Micel Enrici 1, de paires d’yeux : le public. qui en es le porte-parole. Le pas réalisé entre nos deux srucures pourrait L’idée es de penser un scéma qui puisse sans doute s’apparenter à une fgure dansée, à une notamment s’inscrire dans un territoire, être au plus volée d’éphémères invitées à tournoyer quelques jours près de srucures culturelles, de celles qui interrogent ensemble. l’art et leurs mises en espace. Souhaitons à ce duo de poursuivre sa desinée et de Auprès des Ballets, l’intention était claire : de continuer cete valse pour les nouvelles saisons à venir. manière complémentaire, nous metrions en place J’invite le leceur à tourner ces quelques pages pour un programme commun dès que nous trouverions le découvrir cete hisoire au caracère si particulier. moment propice à cacun. L’idée ft son cemin. Les premiers pas furent défnis. Ils commencèrent par des rencontres entre voisins, via les créations de la compagnie. Les images ci-contre témoignent de ces premiers dialogues. C’es plus tard, en 2007, que Jean-Chrisophe Maillot nous propose de les rejoindre pour une session d’Imprévus. Dès lors, il s’agit de trouver une formule : comment insaurer un dialogue entre deux corps consitués ? En efet, d’un côté des danseurs professionnels, de l’autre de jeunes étudiants en art. C’es au fur et à mesure des années que la méthode prit son allure. En amont des représentations, des rencontres s’organisent. Tous convoquent et projetent leurs imaginaires et désirs d’invention. Puis formes corégraphiques, personnages, objets et univers plasiques prennent vie, s’écoutent, se srucurent et se déploient.
1. Micel Enrici, critique d’art, commissaire d’exposition, ancien direceur de la fondation Maeght et de nombreuses écoles supérieures d’art françaises, fut aux commandes du Pavillon Bosio pendant quatre ans, de septembre 2001 à septembre 2005. Il es à création de Jean-Chrisophe Maillot, D’une rive à l’autre, 2003 l’origine du développement de l’école vers l’enseignement supérieur, 1. Michel Enrici, Jean-Chrisophe Maillot, Philippe Guillotel, Yan Maresz et Dominique Drillot j’ai eu l’honneur de lui succéder et de poursuivre le projet. 2. Yan Maresz, Michel Enrici, Daphne Corregan, Isabelle Lombardot, Valérie Virgile et les étudiants —— 7 « Attentif à la couleur du temps »
Jean-Christophe Maillot collaboration entre arts plasiques et danse ? Pour le chorégraphe dire autrement, quand l’idée de collaboration avec le directeur des Ballets de Monte-Carlo Pavillon Bosio es née, avec les Imprévus notamment, Ondine Bréaud-Holland tu as tout de suite senti des possibilités uniques pour professeur d’esthétque, philosophie, les corégraphes et les danseurs de la compagnie. Elles spectacle et art vivant au Pavillon Bosio étaient de quel ordre à ce moment-là, c’es-à-dire en 2009 et seraient de quel ordre aujourd’hui ? Ondine Bréaud-HO lland : J’ai l’impression JCM : Diaghilev a révolutionné la danse en la que la danse es naturellement associée à la musique et connecant aux autres disciplines. Il a demandé aux que la scénographie vient après, même si l’hisoire des artises de sortir de leurs ateliers, de leurs sudios, avant-gardes (Dada, consrucivisme, futurisme, etc.), de leurs salons d’écriture et de travailler ensemble. nous a enseigné le contraire. Les Imprévus reposent Diaghilev avait compris qu’il fallait en fnir avec cete sur l’idée de relations ténues entre corégraphie conception de l’artise démiurgique qui s’occupe de tout. et scénographie. Ces relations vont-elles de soi Il était préférable selon lui de séparer la producion d’un fnalement ? ballet en diférentes parties et de confer cacune au Jean-CH ristO p H e MaillO t : Spontanément, meilleur créateur possible. C’es pour cela que les Ballets on pourrait croire qu’un corégraphe n’a besoin que de russes sont avant tout une aventure humaine. La lise notes et de rythmes pour créer son ballet. Le rôle de la de ceux qui y ont participé donne encore aujourd’hui le musique es de fait primordial (même s’il es toujours vertige. Les Imprévus avec le Pavillon Bosio et les Ballets possible de le remetre en quesion) mais un specacle de Monte-Carlo essaient de reproduire ce processus de corégraphique a besoin de beaucoup d’autres coses création à l’écelle de l’Atelier. C’es aussi cet esprit que pour exiser. Sans lumières, vous êtes dans une boîte nous avons voulu célébrer à travers le centenaire des noire. Sans cosumes, il es difcile de diférencier les Ballets russes à Monaco. danseurs ou d’identifer leurs rôles. Sans décors, c’es Ce centenaire nous a permis de faire le consat le retour à la boîte noire en termes de narration… il suivant : les Ballets russes représentent une manière de es quasiment impossible d’inscrire les danseurs dans faire de l’art qui rese, aujourd’hui encore, le modèle un récit. En fait, la corégraphie es un art situé au srucurel et la matrice de la plupart des compagnies croisement de plusieurs disciplines qui sont en relation de danse acuelles. C’es pourquoi nous avons décidé avec la danse, le temps d’un ballet. Mais comme tu l’as de présenter un écantillon d’œuvres originales mais dit, ce sont des relations ténues et un corégraphe doit surtout de montrer à quel point elles ont proliféré ! La parfaitement comprendre ces relations pour trouver le reprise des diférents Sacre que nous avons proposée juse équilibre. Les Imprévus sont un laboratoire où les pendant le centenaire, depuis le ballet originel de jeunes créateurs peuvent s’essayer à cete tâce délicate. Nijinski jusqu’à celui de Pina Bausc en passant par Le maître en la matière, et qui nous permet d’avoir celui de Béjart, a permis de montrer à quel point l’art ce type de conversation aujourd’hui, c’es bien sûr de la corégraphie es devenu grâce à Diaghilev un art Diaghilev et ses Ballets russes. relié aux autres. Balancine es un cas un peu à part OBH : À propos des Ballets russes, il faut insiser en mais qui es rice d’enseignements. Sous l’infuence efet sur ce qu’ils nous ont légué, artisiquement parlant. des Ballets russes, il a créé une quinzaine de ballets Cet héritage, tu as souhaité non seulement l’honorer assez cargés eshétiquement et qui refètent bien mais encore en prolonger les efets au moment de la prolifération et l’intrication des arts voulue par la célébration du centenaire. En quoi cet événement Diaghilev. Arrivé aux États-Unis, il s’es débarrassé Jean-Chrisophe Maillot a-t-il été une occasion unique de relancer l’idée de la de tout cela pour se concentrer sur l’écriture d’un —— 9 vocabulaire corégraphique adapté aux danseurs OBH : De façon très concrète, comment as-tu une donnée importante à l’ère du numérique, de la le mouvement et qui ne se jusifait pas par rapport à la américains et il a créé un lien avec la musique coisi les corégraphes qui ont participé aux Imprévus ? modélisation 3D et de la dématérialisation. L’intérêt narration que je voulais metre en place. Ernes Pignon- absolument unique. « Voir la musique et écouter la Les candidats, si je puis dire, étaient-ils nombreux ? de toutes ces collaborations, autour de la danse, que Ernes a donc imaginé un pan incliné qui conserve cete danse ». Personne n’es allé aussi loin dans la fusion de Atendais-tu d’eux des compétences ou des dispositions tu évoques, c’es qu’elles ont obligé les étudiants du dualité entre une position haute et basse mais surtout la danse avec une autre discipline et cela rese à mon particulières ? Pavillon Bosio à metre « les mains dans le cambouis ». qui permet à Roméo d’approcer Juliete en dansant sens un prolongement des Ballets russes. La musique JCM : Ce que je peux dire avant toute cose, c’es Les Imprévus leur ont fait voir comment foncionne plutôt qu’en escaladant de manière ridicule le balcon es à mes yeux l’art suprême mais, à titre personnel, elle que les jeunes corégraphes ont aujourd’hui beaucoup une perce et comment on doit pouvoir canger de en s’accrocant au lierre. Dans le cadre des Imprévus, ne me suft pas lorsque je créée un ballet. J’ai besoin plus de facilités que nous en avions il y a quarante décor rapidement. Le Bal des chimères leur a montré les jeunes corégraphes et les jeunes scénographes se de collaborer aussi avec des peintres, des scénographes, ans. Ils sont nourris d’une quantité d’informations la difculté de transformer une verrière en salle de plient ensemble à cete exigence de jusifcation. C’es des sylises et des compositeurs. Rencontrer des que nous n’avions pas à notre disposition. Je pense specacle et le projet d’afcage pour aites de la vrai que beaucoup créent des obsacles sur scène. Cela artises comme Philippe Favier ou Ernes Pignon- notamment à la vidéo qui permet aujourd’hui de voir danse leur a fait découvrir les joies de l’encollage et n’es pas gênant tant que cela répond à une volonté Ernes m’es infniment précieux. Ce n’es d’ailleurs insantanément ce que nos prédécesseurs ont fait. Leur comment une sérigraphie doit pouvoir résiser aux et à un univers défni. A contrario, certains danseurs pas leur peinture mise sur scène qui m’intéresse mais culture corégraphique se forme plus vite. Ils reçoivent, intempéries. et corégraphes éprouvent le besoin de disposer leur regard de peintre sur un espace scénique vivant, par les réseaux sociaux, un fot d’infuences artisiques OBH : Pour revenir à la scénographie, il me semble d’un plateau entièrement nu. C’était le cas de George mouvant et qui es à l’opposé d’une toile tendue sur sans commune mesure avec ce que nous pouvions glaner que le plateau idéal pour un danseur es le plateau nu, Balancine dont nous avons déjà parlé. Son écriture un câssis. Dans le cadre de ces collaborations, cacun au gré de nos expériences. Les « candidats » se metent c’es-à-dire celui qui ofre le moins d’obsacles possible corégraphique avait pour ambition de n’exiser que doit oublier son rapport solitaire à la création, metre beaucoup plus tôt à la corégraphie et ne l’envisagent aux corps en mouvement, à ces corps qui semblent par et pour la danse. Pour ma part, quand je me place de côté une part de son ego et s’ouvrir à l’idée d’une pas uniquement comme l’accomplissement logique d’une animés d’une vie propre. Alain Badiou a écrit des coses dans une relation à la théâtralité, quand je suis dans composition collecive. C’es pour cela qu’avant de carrière mais comme un processus qui accompagne assez belles sur la danse en tant que métaphore de la un rapport à la narration, je dois pouvoir circuler faire appel à un plasicien en tant que scénographe, je leur parcours de danseur. L’expression « artise pensée, l’opposant à tout esprit de pesanteur — c’es pour fuidifer le récit. Je préfère donc les éléments commence toujours par lui commander un rideau de corégraphique » prend ici tout son sens. Elle ne sépare la danse moderne et non pos-moderne qu’il a en tête modulables. Je crée une arcitecure corégraphique scène. Cela me permet de voir s’il peut relier son travail pas le danseur du corégraphe, elle rend compte de cete lorsqu’il écrit cela. J’ai pourtant vu dans les specacles avec les corps qui se déplacent à l’intérieur d’éléments à un plateau et surtout… cela me permet de teser l’être nouvelle manière d’être un artise autour de la danse. réalisés dans le cadre des Imprévus des plateaux scéniques mobiles. humain. En revance, je remarque que les jeunes corégraphes relativement encombrés avec de véritables décors et des OBH : Ce que j’ai dit du plateau, j’aurais aussi pu OBH : Je vois dans cet art, la scénographie, sont souvent dispersés dans leur approce du specacle. objets qui pouvaient être manipulés par les danseurs. le dire des cosumes. J’ai toujours pensé que le cosume plusieurs possibilités : créer des atmosphères, des Ils ont du mal à resserrer leur propos et à s’y tenir. Les J’ai vu des scènes quasi naturalises avec un glissement idéal pour un danseur était celui le plus léger possible. ambiances, voire des paysages, grâce à la lumière en Imprévus leur apprennent jusement à se concentrer sur inévitable vers le théâtre. Es-ce qu’une voie a été Certainement pas les cosumes imaginés par Oskar particulier. Cete atention au sensible se note cez une intention et à agréger correcement l’ensemble des ouverte à cet endroit ou renforcée par rapport à ce que Sclemmer pour son allet triadique qui peuvent séduire certaines personnes mais se cultive également. Plus on moyens scéniques autour de cete intention. C’es une les Ballets de Monte-Carlo faisaient déjà ? Je veux parler le plasicien certes mais semble bien contraignants. fréquente les œuvres d’art, quelles qu’elles soient, plus des coses les plus dures à réaliser et qui peut faire toute du lien entre corégraphie et théâtralité. J’aimerais maintenant te poser une quesion d’ordre on es à même d’en saisir la force et la beauté. Es-ce la diférence à la fn. J’ai eu la cance d’avoir un père qui JCM : Dans le cadre des Imprévus, il es normal plus général. On imagine que pour arriver à un résultat que les danseurs ont une formation dans ce domaine ? était artise-peintre et qui réalisait beaucoup de décors que l’on permete aux étudiants du Pavillon Bosio qui ne ressemble pas à un collage d’éléments disparates, Dans un précédent entretien, tu parlais d’ailleurs de pour l’opéra et la danse. Grâce à lui, j’ai toujours associé de s’exprimer, de produire dans l’espace et donc des concessions doivent être faites, soit de la part du l’absence de formation en matière de corégraphie les Beaux-Arts à l’art vivant et c’es probablement d’encombrer raisonnablement le plateau. Ce qui es corégraphe, soit de la part du, ou des, scénographes (c’es un peu analogue dans le domaine du théâtre, les aussi de là qu’es venue la volonté de travailler avec le intéressant pour les corégraphes, c’es que l’obsacle puisque les plasiciens de l’école travaillent souvent en formations à la mise en scène sont rares). En quoi les Pavillon Bosio. Les étudiants et les jeunes corégraphes généré par la scénographie va conditionner leur écriture. équipe. As-tu perçu des phénomènes de ce type ? Pour Imprévus combleraient-ils ce manque ? ont tout à apprendre les uns des autres. Souvent, et Bien sûr, tout dépend du type de danse dont on parle. le dire d’une autre manière, comment as-tu encadré les JCM : C’es vrai que l’art de la corégraphie c’es assez sidérant, les plasiciens ont des conceptions Une danse urbaine comme le hip-hop va accorder une projets pour que ces difcultés soient écartées, même si ne s’enseigne pas. La seule école es celle du faire corégraphiques très avancées et les corégraphes importance à la pesanteur. Elle va s’ancrer dans le sol l’idée d’une autonomie des camps artisiques a pu être et de la transmission direce de corégraphe à débordent d’intentions scénographiques. C’es assez et le marteler pour mieux le posséder. À l’inverse, une revendiquée par les aceurs du Blac Mountain College danseur. Les premiers pas du corégraphes sont donc drôle de consater que cacun a le désir d’aller sur le ballerine montée sur pointes va cercer à s’arracer du par exemple ? Merce Cunningham ne parlait-il pas souvent des tâtonnements plus ou moins réussis et territoire de l’autre, pour le meilleur et pour le pire, ai-je plancer des vaces pour poursuivre un idéal de légèreté. « d’une non-collaboration bien orcesrée » ? c’es pour cela que les Imprévus ont vu le jour. Non envie de dire ! On sent cez eux une envie bouillonnante C’es là que les obsacles jouent un rôle diférent. Le JCM : Merce Cunningham a développé l’idée d’une seulement, ils rassemblent de jeunes artises autour de s’exprimer et donc pour répondre à ta quesion, oui, corégraphe doit en tirer avantage. Le tout es que cela dissociation au sein même du principe de collaboration d’un projet commun mais ils permetent aussi à les candidats aux Imprévus sont toujours très nombreux. soit jusifé. Qe l’on prenne un specacle comme tomp entre la musique et les arts plasiques, dissociation caque participant de voir comment leurs camarades OBH : Ce goût de l’art, au sens large du terme, on où les danseurs shootent dans des poubelles, Le Sacre au service de la danse cependant ! Il utilisait, pour « apprentis corégraphes » ont pu résoudre certains le trouve à plusieurs endroits. La collaboration avec du Printemps de Pina Baush où les danseurs marcent la musique, la notion de hasard, en la laissant agir problèmes. Être corégraphe, c’es rarement imaginer le Pavillon Bosio a dépassé largement le cadre des sur de la terre ou n the lat ing de William Forsythe caque soir diféremment. Qand je vois un specacle des mouvements en toute liberté, c’es souvent se Imprévus, puisque tu as invité les étudiants à réaliser des où des tables limitent l’espace des danseurs à leur de Cunningham, c’es toujours un enricissement confronter à une série de contraintes d’ordre scénique, peintures grand format et des afces pour aites de la espace intérieur, l’obsacle es au cœur de la recerce formidable, un enricissement sans fn, même si je tecnique, qui semblent nous éloigner de la création danse. Il y a eu aussi le Bal des Chimères avec la Rue de corégraphique, il es pleinement jusifé. En revance, peux trouver le rendu fnal parfois indigese. Sans mais qui en vérité nous obligent à être clair et précis L’Atelier transformée en salle de danse et les dispositifs dès que l’obsacle devient un accessoire, alors on sombre Cunningham, on ne se serait jamais autorisé à danser dans nos intentions. C’es pour moi la meilleure école. du centenaire des Ballets russes au Grimaldi Forum. dans l’anecdotique. Lorsque j’ai créé oméo et Julie e de dos, on n’aurait jamais considéré le trois-quarts Non seulement elle vous fait découvrir des œuvres d’art JCM : Je dis toujours aux plasiciens « prenez par exemple, j’ai tout de suite supprimé la scène du comme une position en soi, on n’aurait jamais accepté mais elle vous demande aussi de metre en résonance vos pinceaux, cela ne peut pas vous faire de mal. balcon telle qu’on la conçoit traditionnellement. C’es l’idée que l’espace situé à l’arrière-plan avait la même votre travail avec ces œuvres. Confrontez-vous à la matière et à vous-même ». C’es une lourdeur scénographique qui entrave inutilement valeur que celui situé à l’avant. Mais il ne faut pas —— 11 s’y tromper, même si les ingrédients de la danse de OBH : La vidéo es de plus en plus souvent et les danseurs ? Sont-ils curieux d’explorer les communication au même titre que tous les specacles Cunningham semblent dissociés les uns des autres, convoquée au théâtre, peut-être moins en danse. Mais possibilités qu’il ofre, en matière d’interacivité par de notre programmation. J’espère que les participants leur coexisence et leur juxtaposition « hasardeuse » elle es efecivement apparue dans certains Imprévus, exemple ? Et ce, dans la continuité de ce qu’avait mis en ont conscience de cete cance qui leur es oferte. resent le fruit d’une réfexion intellecuelle comme on en particulier en 2018. Projetée au sol, en fond de place Merce Cunningham à la toute fn des années 90 ? Karl Lagerfeld, qui a beaucoup créé pour les Ballets de n’en a peu vue dans l’hisoire de la danse. Lorsqu’on scène ou sur des surfaces créées pour l’occasion, elle JCM : Certaines expériences interacives Monte-Carlo, me répétait inlassablement qu’il fallait regarde les collaborateurs de Cunningham, John Cage, joue entre absracion et fguration. Elle permet toutes menées grâce au numérique sont magnifques et très faire sysématiquement confance à la jeunesse et Rauscenberg, Ducamp, Warhol, on mesure le niveau sortes de phénomènes visuels dont des phénomènes séduisantes. Mais là encore, je crois déceler un certain lui donner sa cance. C’es comme ça, disait-il, qu’il d’exigence de ce corégraphe. Malheureusement, de dédoublement des corps des danseurs, ou du risque : celui de la redite. Les aceurs de cinéma jouent avait toujours su se renouveler. Comme lui, je crois certains émules ont mis assez grossièrement le pied corps du danseur lorsqu’il danse en solo, faisant de plus en plus souvent sur fond vert, sans contac avec à la créativité propre à la jeunesse et aux nouveautés dans l’encoignure de la porte que Cunningham nous de lui un personnage, voire une icône. En quelques un environnement naturel ou un décor. Cela produit produites par les arts plasiques. Ceux-ci évoluent a ouverte. Sous prétexte que le hasard pouvait avoir phrases, pourrais-tu me parler de la relation que les un jeu lisse, égal et étale. L’aceur fnit par disparaître… plus vite que la danse dont l’hisoire suit un rythme sa place dans la corégraphie et que l’on pouvait corégraphes et les danseurs entretiennent avec la vidéo Je rese donc encore dans l’expecative par rapport à plus lent, parce qu’elle dépend des autres pour exiser. disjoindre les éléments d’une corégraphie, certains aujourd’hui ? Pourrais-tu préciser ce point, ne serait-ce ce type d’interacivité. De toute façon, l’interacivité la Les arts plasiques sont un peu le thermomètre de la ont bâclé le travail. Démonter un moteur, c’es à la que par rapport à la problématique du visage que Robert plus importante à mes yeux resera toujours celle entre créativité. Ils nous permetent en tant que corégraphe portée de n’importe qui. Le remonter, c’es beaucoup Morris voulait gommer et que Chrisian Rizzo cerce le danseur et la musique. C’es encore plus évident d’être atentif à la couleur du temps. plus compliqué. Les Imprévus sont là pour apprendre encore à efacer aujourd’hui ? lorsqu’un ballet es accompagné par un orcesre. aux scénographes et aux plasiciens à être de bons JCM : Dans la continuité d’une hisoire de l’art Chacun se met à l’écoute du corps de l’un ou de mécaniciens et si notre lieu de travail s’appelle l’Atelier, qui va des toiles peintes avec fausses perspecives aux l’insrument de l’autre. Je dirais donc que l’interacivité ce n’es pas non plus un hasard. décors consruits en volume, j’ai cru à un moment que avec le numérique ouvre un vase camps d’application OBH : Je poursuis l’idée de collaboration même si la vidéo allait permetre de créer des volumes artifciels, aux corégraphes mais ces derniers doivent garder à elle implique celle, paradoxale, de dissociation entre les des décors holographiques qui pourraient notamment l’esprit que cela resera toujours plus excitant pour un arts. Les afnités élecives entre créateurs n’exisent pas résoudre le problème de l’obsacle scénique dont nous danseur de répondre à la musique qu’à un pixel. toujours. Même si l’on croit avoir les mêmes goûts ou la parlions tout à l’heure. Mais le problème avec la vidéo, OBH : Certains corégraphes étaient déjà en même sensibilité artisique, il faut beaucoup de temps c’es qu’elle prend vite le dessus, elle s’impose avec possession d’un syle avant les Imprévus. As-tu pour apprendre à travailler ensemble et se comprendre force et insisance. Notre regard es naturellement eu l’impression que ce syle a évolué grâce à cete au-delà des mots. Ce n’es d’ailleurs pas pour rien, happé par l’image. Notre œil n’a jamais été autant expérience ? Q’il y a eu des trouvailles en quelque qu’au théâtre, des couples de meteurs en scène et de sollicité et il s’es adapté. Dès qu’il voit de l’image sorte, l’émergence de nouvelles écritures que l’aventure scénographes exisent. Les Imprévus ont-ils déboucé animée, il se jete dessus. Mais bien entendu, il y a aurait donc permis ? sur la création de couples ou trios artisiques ? plein d’expériences qui resent encore à tenter et qui ne JCM : J’ai noté en tout cas un phénomène de JCM : Les collaborations ne foncionnent qu’à partir manqueront pas de défricer de nouveaux territoires. contamination dans le « faire » et dans le désir de du moment où le corégraphe accepte l’idée qu’il es Pour l’heure, je trouve que l’œuvre la plus aboutie créer ensemble. Si certains corégraphes ont enrici un cef d’orcesre atentif à l’eshétique d’ensemble. Il rese Biped de Merce Cunnigham. La projecion à leur vocabulaire au contac des plasiciens, d’autres n’es pas un démiurge. Lorsque cela es « acé », alors on l’avant-scène sur un tulle crée un efet de disanciation ont véritablement éclos à leur côté. Des artises peut voir éclore des collaborations formidables. Avec par rapport à la corégraphie. Cela trouble l’écriture corégraphiques passés par les Imprévus comme Ernes Pignon-Ernes, nous avons réalisé dix pièces mais valorise aussi ce mouvement que l’on aimerait Gaëtan Morloti ou Mimoza Koike ont à l’évidence ensemble. Son écriture scénographique et mon écriture voir dévoilé. L’expérience la plus signifcative que j’ai été imprégnés par ces expériences. Ils ont beaucoup corégraphique sont devenues une seule et unique pu mener avec de la vidéo remonte au ballet il pour collaboré par la suite avec les plasiciens issus du signature. Nous sommes de véritables co-auteurs. œil. Dans cete pièce, je montrais sur le plateau ce qui Pavillon Bosio. Gaëtan et Mimoza ont également Qand le rideau se lève et que l’on voit la scénographie se déroulait hors scène en direc. Grâce à la vidéo, je développé une écriture liée à la performance in situ dans de Pignon-Ernes, on voit aussi la corégraphie de pouvais également projeter en gros plan le visage de des musées tels que le NMNM et la Galerie Marlborough Maillot. C’es une évidence. Je considère qu’on peut Bernice Coppieters, ce qui permetait au public de à Monaco, ou le Musée Matisse et le Musée Marc parler d’une réussite lorsque qu’il n’es plus possible de comprendre que son personnage était aveugle. J’ai Chagall à Nice. dissocier les auteurs de l’œuvre, lorsqu’elle exise dans toujours accordé de l’importance au jeu d’aceur. Les OBH : Qelques mots en guise de conclusion ? son unité. Nous avons eu également le bonheur de voir danseurs des Ballets de Monte-Carlo sont également JCM : C’es une cance exceptionnelle de pouvoir grâce, aux Imprévus, naître des collaborations qui se des comédiens. Je leur demande toujours de se servir faire exiser à Monaco de tels projets d’étudiants et de sont prolongées. Je pense en tout premier lieu à Joseph de leur visage autant que de leur corps. À ce titre, faire éclore des vocations. Ailleurs, il exise des projets Hernandez qui, depuis Les Imprévus, connaît une belle l’interacivité permise par la vidéo es utile. Elle enricit tutorés, des travaux de fn d’études qui préfgurent carrière de corégraphe et continue de travailler avec le propos et livre des informations nécessaires à la des projets de scénographie souvent très aboutis mais Yannic Cosso et Jordan Pallagès, anciens étudiants compréhension de la pièce mais il faut l’utiliser à bon peu d’expériences sont aussi immersives et concrètes du Pavillon Bosio. Ils sont revenus ensemble créer une escient car elle peut vite obnubiler le regard et tuer la pour de jeunes apprentis-artises que les Imprévus. pièce pour les Ballets de Monte-Carlo en juillet 2018 corégraphie. Ceux-ci sont bien plus qu’un travail d’étudiant. Ils et c’es évidemment un objet de ferté pour toi comme OBH : On parlait de la vidéo, je voudrais te sont un specacle à part entière, présenté à un public pour moi de voir cete équipe invesir la salle Garnier demander la même cose au sujet du numérique. de connaisseurs exigeants qui vient pour juger les de l’Opéra de Monte-Carlo alors que quelques années Sa présence a été forte dans certains Imprévus. Si propositions artisiques. Ils sont réalisés par une plus tôt, l’un corégraphiait sur les vidéos que les autres elle répond à un désir de la part des plasiciens- équipe tecnique professionnelle qui travaille avec projetaient sur les murs de l’Atelier. scénographes, en es-il de même pour les corégraphes les plus grands corégraphes et ils font l’objet d’une —— 13 Retour sur l’expérience producions en amont et nos étudiants communiquent premières sessions — à partir de 2008, s’es imposée très tôt dans l’année avec les jeunes corégraphes. Les en 2018, pour démultiplier les corps, faire entrer des imaginaires se répondent avec beaucoup de complicité fragments de réalité dans les pièces mais aussi pour des Imprévus et les équipes se forment, même si les afnités élecives insaurer un dialogue avec le cinéma. Aujourd’hui, n’exisent pas toujours. Si l’on croit avoir les mêmes les arts numériques (la réalité augmentée, les logiciels goûts ou la même sensibilité, il faut toutefois beaucoup de mapping vidéo, etc.) donnent lieu à des recerces de temps pour apprendre à travailler ensemble et se dont les applications futures engendreront, espère-t- comprendre au-delà des mots. Nous organisons donc des on, de nouvelles manières d’envisager la présence des réunions préparatoires dans lesquelles des thématiques corps dansants dans des espaces de scène eux aussi sont proposées. Les références sont évoquées, étudiées, réinventés, metant en jeu des formes inédites de puis les concepts se metent en place, les univers des uns création corégraphique. et des autres se rejoignent et les projets s’inventent avec Les Imprévus ont également permis d’expérimenter Gilbert Della Noce de plus en plus d’autonomie. La corégraphie représente avec succès des sysèmes non frontaux avec les ancien professeur de scénographie, pour nos étudiants un callenge assez paradoxal, compte specateurs, par exemple la scène modulable conçue représentaton de l’espace scénographique tenu de leur enthousiasme à remplir le plateau. Après pour la saison 2, L éritage, ou bien le dispositif au Pavillon Bosio écange avec les corégraphes, ils réalisent qu’il faut en de plateau dédoublé, lors de la saison 9, Peau noire, Dominique Drillot jeter les trois quarts. masques blancs. Si la frontalité es bien souvent de mise, professeur de scénographie, scénologie, C’es alors que les difcultés de création se font du fait de la confguration des sudios des ballets, rien espace et lumière au Pavillon Bosio jour et donnent lieu à des débats toujours très rices. n’es jamais épuisé, rien n’es jamais défnitif ; il faut L’ensemble doit absolument apparaître comme le expérimenter et se demander sans cesse si de nouveaux En 2007, nous assisons tous deux pour la première fois produit de créateurs diférents. Les scénographes rapports avec les specateurs ne sont pas à reconsidérer. aux specacles Jeunes chorégraphes dans le cadre des recourent au dessin, aux simulations numériques et à Encore une fois, la réalité virtuelle semble à cet égard Imprévus des Ballets de Monte-Carlo. Les propositions la maquete pour appréhender l’espace et en concevoir un terrain fertile à exploiter. inventées par les danseurs qui s’essayent à la l’arcitecure. Ces étapes sont nécessaires et consolident Parfois, la collaboration es sortie du cadre des corégraphie sont nombreuses, de qualité, parfaitement les acquis tecniques. Au fl des saisons, nous avons Imprévus : des afces de grand format ont été réalisées interprétées. La perspecive d’une collaboration fabriqué une sorte de boîte à outils où la plupart des pour l’événement aites de la danse, puis elles ont avec nos étudiants-scénographes nous semble alors écueils que l’on peut rencontrer à l’écelle du plateau revêtu les murs de la ville pour annoncer la fête. Mais très séduisante. Les relations entre corégraphe et sont anticipés et globalement résolus en amont. Il s’agit aussi, le Bal des Chimères, sorte de farce burlesque, et scénographe auraient en efet ceci de piquant : l’un a le de concevoir une scénographie cohérente, resituer le les dispositifs inventés pour le centenaire des Ballets désir d’un espace libre pour danser, l’autre pense que projet en 3D, penser sa mise en lumière, convoquer russes… Dans ces diférents contextes, les contraintes se quelques obsacles lui seraient proftables. d’autres médiums, élaborer une conduite de specacle sont avérées des opportunités à saisir pour les étudiants. Très tôt, dès 2001, avec les direceurs Micel efcace, tout en consruisant des images signifantes. Les arts plasiques et visuels se sont déployés dans Enrici et Jean-Chrisophe Maillot, le développement Enfn, être en capacité de communiquer avec les des direcions périphériques. Souvent, les frontières d’un partenariat entre les deux insitutions avait été tecniciens. entre l’objet scénique et l’accessoire sont tombées. envisagé. C’es un peu plus tard qu’une présence dans Si d’une façon générale, les producions ont S’il y a peut-être eu une diférence d’appréhension, le programme des Imprévus s’es imposée comme une été pertinentes, elles n’ont pas toutes refété une l’un es resé plus conceptuel et l’autre foncionnel ou évidence. La première collaboration fut mise en place compréhension réciproque des binômes (corégraphe- symbolique. Par exemple, les objets du quotidien sont en 2008. Les relations, timides au départ, se sont peu à scénographe). Ce paramètre rend cete expérience devenus sculptures, la céramique s’es transformée peu révélées très frucueuses pour les apprentissages d’autant plus rare quand elle es réussie. Certains en insrument visuel et sonore prodigieux, les objets réciproques. couples, trios ou collecifs artisiques, forts de leurs fabriqués ont contraint les corps alors que les miroirs L’année suivante, le centenaire des Ballets russes écanges et de leur envie créatrice, ont parfois continué ont multiplié les perspecives. à Monaco nous a fourni un magnifque support le cemin ensemble. Dans cet espace de création Les Imprévus, repensés et réinvesis caque année, intellecuel et iconographique pour poursuivre notre rice, les syles des corégraphes et des scénographes sont des expériences uniques de rencontres entre des collaboration. Nous avons occupé et transformé évoluent en s’infuençant, et leur dialogue peut se étudiants-scénographes et une compagnie de danse l’Atrium du Grimaldi Forum en un espace dédié à la disendre ou gagner en profondeur. Ce sera le cas pour professionnelle presigieuse, auprès de danseurs folie créatrice de Nijinski. La demande était claire : faire le corégraphe Joseph Hernandez avec les plasiciens corégraphes talentueux, que nous entendons remercier en sorte que l’expérience du specateur francissant Jordan Pallages et Yannic Cosso, tout comme Tina ici par nos témoignages. le sas d’entrée soit immédiate. Ce fut le cas grâce aux Alloncle avec le corégraphe Jeroen Verbruggen. nombreuses insallations présentées. L’addition des arts sur scène s’es muée en fusion L’aventure s’es ensuite poursuivie au cours de pour faire naître de nouvelles écritures corégraphiques. nombreuses éditions. Des relations particulières avec des médiums Sur le plan de la méthode, quatre enseignants de spécifques, tels que le son, le décor et la lumière, ont l’école encadrent le projet : Ondine Bréaud-Holland, été développées, parfois séparément, parfois ensemble. Dominique Drillot et Gilbert Della oce Damien Sorrentino et nous-mêmes. Nous préparons les La vidéo qui es apparue dans les Imprévus — dès les —— 15 10 ������� saisons +1 ������ entracte SAI SON propos 1 —— ——
I Tapis noir — Tapis blanc M P R É V U S 2008 inaugure le partenariat entre la compagnie des Ballets de Monte-Carlo et l’École supérieure d’arts 2 plasiques de la Ville de Monaco, suite à l’invitation 0 lancée par Jean-Chrisophe Maillot. 0 Pour la première fois, les étudiants, apprentis scénographes, et les danseurs, apprentis corégraphes, 8 « Pour caque pièce inventer une travaillent ensemble à la création de specacles. Ils sorte de langage pour l’œil qui écrivent les prémices d’une aventure, dont la part soutenne les signifcatons de la d’imprévisibilité intrinsèque à la défnition même de ce pièce, les prolonge et leur fasse éco, mot, es assumée jusque dans le titre de l’événement. tantôt de façon précise et presque Manifesation dédiée à la danse, inventée par Jean- critque, tantôt de façon difuse, et Chrisophe Maillot et présentée annuellement sur la presque subtle à la manière d’une scène de l’Atelier des Ballets, les Imprévus s’ouvrent image poétque (où les sens fortuits en efet aux infuences des arts plasiques, et à cete ne sont pas moins intéressants que possible intrusion de l’aléa qui nimbe toute nouvelle ceux que l’on a cercés) à l’intérieur association. Il faut s’apprivoiser, assouplir certains du regisre et du mode d’expression réfexes, et surtout partir à la découverte de l’autre dans coisi. » une volonté commune d’expérimenter. Pour ce faire, les deux insitutions aménagent René Allio des temps dans leurs plannings respecifs afn Une scène qui n’existe pas d’encourager la disponibilité des équipes. L’approce es empirique mais le processus de travail se développe jusqu’à son terme en intégrant les contraintes. Les danseurs expriment leur intérêt d’être enricis en tant qu’interprètes, par une meilleure compréhension des potentialités de la scénographie, tandis que les étudiants en art peuvent s’exercer à écelle 1, dans des conditions idéales d’accompagnement tecnique. Tous apprécient de faire évoluer ensemble écriture scénographique, maquetes et dessins, vers leur transcription dans l’espace. Neuf propositions résultent de ces rencontres d’individus et d’idées, elles révèlent la matérialité des écanges et dessinent des territoires de recerce partagés. Elles sont données lors de deux soirées disinces, intitulées « Tapis blanc » et « Tapis noir », en foncion de la couleur du plateau coisie pour la scénographie. Ainsi « Tapis blanc » rassemble les pièces : Et le bus, Choré-gra , Chase the core, n petit point dans le paradis, Gi e Me et « Tapis noir » les suivantes : ac lash, Recycled Silence, n ne doit pas , urn. Sandrine Perrin coordinatrice des études et de la recherche au Pavillon Bosio
Et le bus, représentations au ateliers des allets de Monte-Carlo —— 19 SAI SON disribution 1 —— ——
TAPIS NOIR TAPIS BLANC
Backlash Et le bus —— —— Chorégraphie : Francesco Nappa Chorégraphie : Piotr Czubowicz Scénographie : Alexandra Voisin Scénographie : Leslie Bourgeois Cosumes : Francesco Nappa Danseurs : Katarina Edling, Mimoza Koike, Gioia Masala, Musiques : Francesco Nappa Leart Duraku, Evguenii Slepov, Julie Strandberg, Danseurs : Anjara Balleseros, Agalie Vandamme, Sivan Blitova Leart Duraku, Jeroen Verbruggen, Francesco Nappa
Choré-graphik Recycled Silence —— —— Chorégraphie : Ramon Gomes Reis Chorégraphie : Bruno Roque Scénographie : Vincent Lemasson Scénographie : Laureline Bergamasco Danseurs : Katarzyna Scripps, Nathalie Nordguis, Cosumes : Bruno Roque Katarina Edling, Ramon Reis, Bruno Roque Musiques : Dead Combo ; Te Cinematic Orcesra ; Rinôçérôse ; Dave Franklin ; Clif Friend Danseurs : Lisa Jones, Nathalie Nordquis, George Oliveira, Chase the Score Bruno Roque —— Chorégraphie : Julien Guérin Scénographie : Charlote Guinand On ne doit pas… Danseurs : Elodie Puna, Carolyn Ramsay Rose, Jenifer Brie, —— Sivan Blitovan, Francesca Dolci, Evguenii Slepov, Chorégraphie : Jeroen Verbruggen Jens Weber, Claude Gamba, Raphaël Boucard Scénographie : Géraldine Mercier Cosume : Géraldine Mercier, Jeroen Verbruggen Musique : G are 2, Aphex Twin ; Lo esongs, Mikhail ; Un petit point dans le paradis Child o god, Antony et Te Johnsons ; shiete, Heiji ; —— arma Police, Bad plus Chorégraphie : Gaëtan Morloti Danseurs : April Ball, Agalie Vandamme, Katarina Edling, Scénographie : Doo Hwa Gianton représentations au ateliers Sarah Jane Medley, Qinn Pendleton, Olivier Lucea, Cosumes : Ballets de Monte-Carlo des allets de Monte-Carlo Asier Uriagereka, Julien Bancillon, Stephan Bourgond Danseurs : Georges Olivera, April Ball, Leart 1. U-Turn Duraku, Nathalie Nordguis, Sarah Jane Medley, 2. Et le bus Johaquim Stephenson 3. Un petit point dans le paradis U-Turn 4. Give Me —— 5. Choré-graphik Chorégraphie : Mimoza Koike, Jérôme Marcand Give Me 6. On ne doit pas… Scénographie : Olivier Pavis d’Escurac —— 7. Recycled Silence Cosumes : Mimoza Koike, Jérôme Marcand Chorégraphie : Karyn Benquet 8. Baclash Musiques : Fabian Paganini Scénographie : Nicolas Rosani, Laura Touvenin 9. Chase the Score Danseur : Maud Sabourin, Mimoza Koike, Danseurs : Julien Bancillon, Georges Olivera, Anjara Balleseros, Asier Uriagereka, Jérôme Marcand, Francesca Dolci, Maude Sabourin, Lisa Jones, Olivier Lucea, L. Aboukrat Raphaël Boucard, Elodie Puna, Caroline Rose Ramsay, Stephan Bourgond
—— 21 SAI SON U-Turn témoignages 1 —— —— ——
Olivier Pavis d’Escurac et bruyant des grandes villes. Une grande liberté de jeu diplômé, DNSEP 2008 s’ouvrait alors à nous. J’ai volontairement laissé entre les mains de Mimoza Dans le cadre de mes études à l’ESAP, j’ai eu le plaisir et Jérôme une maquete de ces deux objets. Cela d’étudier la scénographie auprès de Dominique Drillot, leur a permis de fnaliser les diférents mouvements scénographe et créateur de lumière. corégraphiques et leur a donné, je pense, une plus La collaboration entre jeunes scénographes et grande liberté d’expression. Aujourd’hui, je compare jeunes corégraphes nous a permis de travailler dans cete scénographie à un outil arcitecural scénique, des conditions professionnelles exceptionnelles. autonome, agissant comme un aceur. Les diférents ateliers de cosumes, de lumières, Pour répondre à un désir d’augmenter notre camp de consrucion, la régie son, ont été mis à notre d’expérimentation, l’utilisation de la vidéo m’es apparue disposition pour nous aider à réaliser un projet de comme une nécessité. La projecion de visuels a permis fn d’études, à écelle 1. Dans ce programme, je me d’apporter un fltre supplémentaire, celui du « réel ». suis associé à deux jeunes danseurs, Mimoza Koike et Ainsi, les premiers grands aplats blancs de lumière Jérôme Marcand. Tous deux aspiraient à écrire leur disparaissaient, laissant apparaître des images urbaines, première corégraphie. Ils avaient en commun le désir venues bousculer l’imaginaire du specateur. de quesionner la place du corps dans la ville, partant Aujourd’hui, en tant qu’arcitece et scénographe, du consat que l’urbanisation es de plus en plus intense c’es avec beaucoup de sensibilité que j’observe les et que notre soif de sur-consommation ne cesse de complémentarités mais aussi les contradicions entre ces grandir. deux disciplines. La scénographie révèle et sublime les Pour me lancer dans ce projet, j’ai longuement espaces arcitecuraux. observé et photographié les danseurs. J’avais besoin de comprendre l’espace dans lequel ils travaillaient. L’univers de la danse m’était alors inconnu. J’allais aussi découvrir cete fameuse boîte noire, Mimoza Koike ouverte sur une seule face, celle des specateurs danseuse chorégraphe confortablement assis. Les corps des danseurs en mouvement dans cet espace sombre et vide résonnaient i zaB ela d ziepak : Comment cete U-Turn, représentation et en moi comme un éco. Le vide immense de la scène collaboration s’es-elle engagée ? Comment avez-vous au ateliers des allets de me paralysait, aucun repère ou marqueur matériel ne utilisé la vidéo dans ce projet ? Monte-Carlo pouvant me donner de limites, de cadres. MiMOza kOike : Pour les Imprévus de 2008, nous J’avais besoin de voir les corps prendre conscience avons formé une équipe de deux corégraphes avec de cet espace. Je souhaitais leur permetre de se détacer Jérôme Marcand qui, lui aussi, était danseur aux Ballets du premier et du second plan, mais aussi du sol, dans la de Monte-Carlo, ainsi qu’un jeune scénographe, Olivier perspecive de montrer, avec quelle puissance et légèreté Pavis d’Escurac. Olivier, acuellement arcitece, a les danseurs s’élèvent dans les airs. préparé à cete occasion une maquete comprenant deux Nous avions carte blance pour réaliser ce projet, cubes en forme de V placés à l’horizontale. notre imaginaire était puissant, puisque presque Pour souligner le caracère urbain de ce projet, nous tout était envisageable. Dès lors, comment apporter avons tourné à la gare de Monaco afn de signaler, au une acion srucurante pour les aceurs-danseurs travers de projecions au début et à la fn du specacle, et comment reser en accord avec le scénario des que l’acion se déroulait dans le métro que j’emprunte jeunes corégraphes ? Ma réponse fut la suivante : habituellement au Japon. Trois projecions vidéo ont été « par la réalisation d’un dispositif scénique mobile qui employées pour la narration : l’entrée de la gare, le train deviendrait un support narratif ». qui passe et la sortie de la gare. J’ai donc imaginé une double srucure grande id : Pourriez-vous partager vos idées concernant le et massive, pleine et vide en son milieu, légère à fait de danser entre ces deux objets gigantesques ? Es- manipuler, pouvant s’assembler et se séparer en deux. ce que le coix de montrer de grands volumes es dicé Cet objet permetait de metre en parallèle la rigidité par la nécessité d’accentuer la danse ? du décor et la souplesse des corps en mouvement. M k : Normalement, je vois toujours l’image fnale Mon objecif était de démontrer, de manière poétique, de la scénographie mais cete fois-ci, nous avons décidé la façon dont les corps sont confrontés à l’usage de de laisser les coses prendre leur forme en posant sur l’arcitecure. Cete micro arcitecure, mobile et le plateau juse ces deux cubes mobiles afn que la scénique, objet fnalement très minimalise, permetait corégraphie s’y adapte. C’es d’ailleurs là où l’on a pu de créer des visions métaphoriques de diférents lieux, remarquer un vrai écange dans la collaboration. Nous ofrait diverses perspecives urbaines. La lumière et le avons établi nos places respecives, sacant que cacun son ont permis d’accentuer l’univers parfois inquiétant de nous avait sa propre vision du projet bien défnie. —— 23 SAI SON U-Turn témoignages 1 —— —— ——
Grâce à cete répartition des rôles, nous avons gagné M k : La vidéo, si on ne l’utilise pas de la bonne en facilité de communication. C’était une réussite car, manière, peut déranger. C’es un médium qui prend souvent, on rencontre de multiples difcultés quand il beaucoup d’atention. J’ai remarqué que, en tant que s’agit de se metre d’accord. Le déf pour Olivier était specatrice, j’ai tendance à regarder la vidéo plus la possibilité de rendre ces cubes mobiles et faciles à qu’autre cose. Il y a une certaine difculté de suivre et déplacer. Même si l’eshétique était minimalise, il y d’apprécier la vidéo en même temps que d’autres formes avait de nombreuses façons d’employer ces volumes d’expression. blancs sur le tapis noir ; par exemple, ils pouvaient Dans le specacle - urn, la vidéo es présente jusement évoquer des trains. poncuellement, au début et à la fn, et en ce sens elle Ils ont bien servi en tant qu’écrans pour les es contrôlable et absraite du jeu des danseurs. Elle projecions vidéo, mais également pour organiser possède le rôle principal pendant des moments coisis. et urbaniser l’espace scénique. Les espaces ont été Globalement, la vidéo était de nature informative créés par le biais des formes géométriques des cubes et a apporté la dynamique voulue, un élan dans le et de la lumière rasante. Par exemple, si les deux mouvement, avec la musique. représentations au ateliers srucures étaient placées face à face, un nouvel espace id : Qelle était la spécifcité de cete corégraphie ? des allets de Monte-Carlo était délimité, la faille était complétée par les corps M k : À ce moment-là, j’aimais beaucoup reproduire 1. Give Me émergents des danseurs. Nous avons pu aussi créer des les mouvements à l’envers. Pour la corégraphie, nous 2. Un petit point dans le paradis trappes à l’intérieur des cubes pour placer des objets avons pu apprendre et répéter ces mouvements grâce comme, par exemple, des journaux. aux enregisrements vidéo lus en sens inverse. C’était id : Comment une forme minimalise dans l’espace comme si on dansait et puis on reculait, comme si c’était scénique peut-elle conditionner la danse ? véritablement une vidéo. À la recerce du gese parfait, M k : Finalement, je sais par expérience qu’il faut nous voulions dépasser quelque cose. Cete tentative laisser place à l’imaginaire. Ici, l’équilibre entre ce qui de refaire, de revenir dans le passé, de moduler les faits était défni et ce qui était illusoire sur scène fut trouvé. et geses dans le temps, es jusement possible dans l’art J’aime que la scénographie soit consituée d’objets de la danse. mobiles qui peuvent se trouver en mouvement pendant id : Dans votre pratique, pendant le processus le specacle. Puis, dans ce projet, nous avons utilisé aussi de préparation, préférez-vous vous enregisrer sur le bien la lumière colorée que l’ombre. La scénographie fut support vidéo ou analysez-vous le mouvement qui se donc un apprentissage de création d’espaces artifciels refète dans le miroir ? par la lumière et l’ombre. Je crois d’autre part que M k : J’utilise surtout la vidéo et je me flme cet exercice m’a permis d’apprécier ces deux grandes beaucoup. Le refet dans le miroir me semble moins vrai formes minimalises dans leur dialogue. De toute façon, parce que je pense que le mouvement n’es pas complet. le décor de grande taille a toujours été ma marque de C’es comme regarder quelque cose en 2D et pas en 3D, fabrique. et la danse ne peut pas être perçue ainsi. En ce moment, id : Qels sont les traits caracérisiques de la nous travaillons beaucoup avec le danseur Asier Edeso corégraphie présentée ? et nous flmons la totalité de notre travail, ensuite M k : Avec Jérôme Marcand, nous avons eu l’idée nous le visionnons pour en parler. Ces discussions sont de parler des relations entre des inconnus dans l’espace spéciales, parce qu’elles naissent jusement dans ce public, comme on peut l’observer dans le métro. À un contexte-là. moment, nous avons trouvé nécessaire d’enregisrer id : Es-ce que la pratique plasique, du dessin ou des sons produits par des macines à café, des pièces de de la peinture, vous infuence et vous inspire dans la monnaie etc., pour composer la bande-son. Puis, cete création corégraphique ? ambiance sonore a permis d’enricir la scénographie. M k : Mes parents, mon oncle et ma tante également, Une autre idée importante du specacle, proposée sont des artises qui font de la peinture, ma mère es par Jérôme, était de manipuler mes ceveux. En dansant, peintre et mon père es arcitece. Depuis toute petite, on peut obtenir, avec les ceveux, des mouvements j’ai vu les maquetes de ses projets cez nous, et je supplémentaires, dotés d’une certaine tension les ai toujours aimées. À l’école d’art, des étudiants dramatique. Jérôme voulait une corégraphie qui travaillent, eux aussi, sur des maquetes en tous genres. maintienne le contac avec ma cevelure. Nous avons Moi-même, je m’exprime librement par la peinture, c’es observé des couples pour les caricaturer, et nous avons l’inconscient qui dice le tableau. J’ai réalisé un grand ainsi formé un duo qui exprimait une relation de couple. nombre de toiles et je trouve que c’es toujours bien de Je crois que la forme d’expression qui en a découlé es cultiver diférents savoir-faire. parlante. id : En quelques phrases, pourriez-vous donner votre point de vue sur l’importance de la vidéo dans l’écriture corégraphique, et en particulier dans ce projet ? —— 25 représentations au ateliers des allets de Monte-Carlo 1. 2. Choré-graphik 3. Chase the Score
représentations au ateliers des allets de Monte-Carlo 1. Baclash 2. Chase the Score 3. On ne doit pas…
—— 27 SAI SON propos 2 —— ——
B L’ Héritage A L L E T S 2009 célèbre le centenaire des Ballets russes, dont R l’aura a imprégné l’hisoire des arts en Principauté. U Deux fgures s’en détacent, Serge Diaghilev et S Vaslav Nijinski, duo emblématique de specacles qui S marqueront leur époque : Le pe re de la rose, L’Après- midi d un aune, Petrouch a, arcisse… D’autres, E « Les formes qui (…) ont poussé parmi lesquelles celles de Léon Baks, Pablo Picasso, S naturellement dans le sol russe Mikhaïl Fokine ou Claude Debussy, viennent également sont plus proces du cœur russe. témoigner de ces créations famboyantes, où se 2 Toutefois, il serait étrange et répondaient les arts plasiques, la musique et la danse. 0 même absurde (…) de cesser d’être Plusieurs événements se succèdent, afn 0 un européen maintenant. C’es d’accompagner cet anniversaire. 9 pourquoi, à côté d’œuvres de notre Ainsi, une exposition-déambulation, Parcours art natonal, nous n’aurons pas peur initiatique, entre dispositifs scéniques, insallations, de présenter toute sorte d’œuvres peintures et vidéos, invesit la verrière et l’entresol étrangères et européennes. » du Grimaldi Forum. Les étudiants s’emparent de ces espaces au travers de propositions oniriques ou de Alexandre Benois détournements espiègles, avec la volonté de transmetre préface non signée à un legs plus que d’exprimer de la nosalgie. Khudozhestvennyye À l’étage, ils conçoivent une sorte d’agora au décor sokrovishcha Rossii de toiles peintes en noir et blanc, à l’image d’une forêt sombre et lumineuse à la fois. À l’intérieur d’une roulote-camisole, une vidéo inspirée des Cahiers évoque l’esprit tourmenté de Nijinski ; ailleurs, une scène mobile accueille des performances ou des specacles, tout en invitant à une réfexion sur les dimensions protéiformes du plateau. Des atracions, comme la fausse boutique-souvenir et le sudio photo, atirent le public de façon ludique, pour le diriger vers l’entresol. Là, après un passage sous le vélum d’une église russe, où fote par endroits le regard grimé de Nijinski, il accède à une grande fresque aux couleurs exubérantes, ode à l’œuvre de Baks. SP
L’Héritage, sudio préparatoire au thé tre du Ponant —— 29 SAI SON L’Héritage témoignages 2 —— —— ——
Antoine Loudot Ander Zabala diplômé, DNSEP 2011 danseur chorégraphe
Cete scène conçue par Tibault Vanco et moi-même L’expérience avec les étudiants fut intéressante, car ces sous le nom de LB & FM obéissait à un principe : derniers furent très atentifs à notre manière d’aborder produire un objet foncionnel qui fasse sens dans les rapports entre nos mouvements, la srucure et le contexte du Monaco Dance Forum. Dès lors, l’espace qu’ils avaient créés. celui-ci devait être porteur du fondement même de En amont, nous avions beaucoup parlé des cete manifesation, où monsration et discussion diférentes méthodes de travail envisagées par les cohabitaient. équipes et de la difculté de produire un travail, C’es ainsi que nous avons abouti à ce grand plateau cacun de notre côté. La scène mobile produite, et ses pouvant se diviser en plusieurs modules, passant ainsi nombreuses possibilités de création d’espaces, nous ont du satut de promontoire dédié à la représentation à un fortement inspirés. espace ouvert et propice à l’écange. Pendant les performances, nous avons travaillé avec Une fois séparé en cinq îlots disincs, la srucure les deux étudiants, afn d’être en capacité d’utiliser ces laissait apparaître des rangées de gradins, proposant objets dans une certaine dynamique, tout en créant une ainsi un espace de déambulation, de dialogue ou encore sorte de corégraphie arcitecurale dans laquelle il était de repos. possible de se déplacer. Par exemple, en agissant sur Pour nous, cete srucure a également été un lieu les modules, entre les modules et vice-versa, dans les d’écange, puisque c’es autour d’elle que nous avons intersices produits, qui poncuellement surgissaient, au pu rencontrer le danseur et corégraphe Ander Zabala fur et à mesure de nos acions. accompagné de Parvaneh Scarafali et Cyril Baldy, de la En même temps, nous devions tenir compte du compagnie de William Forsythe, et produire ensemble public, qui lui aussi était forcé de se déplacer et devait une performance. rapidement s’écarter pour que la performance puisse Cet exercice fut très enricissant dans la mesure où continuer de se dérouler. nous expérimentions pour la première fois le principe Nous avons donc direcement interféré avec la de la commande, et nous avons pu suivre la producion srucure — tempo — espace et la corégraphie. de cet objet jusqu’à sa réalisation fnale. Nous avons élaboré la partie corégraphique à Francfort, mais c’es le travail développé avec les étudiants qui fut essentiel pour terminer la création dans l’espace du Grimaldi Forum. Parvaneh Scarafali, Cyril Baldy et moi-même, avons créé la partie dansée ensemble. Dans nos parcours de danseurs, nous avions déjà expérimenté diférentes formes d’espaces, dans lesquels nous devions bouger tout en étant contraints par des srucures. Aussi, nous étions rompus au travail d’improvisation et à la capacité d’interagir avec ce type d’environnement. Nous travaillons acuellement avec le corégraphe William Forsythe qui a utilisé et développé ces principes et recerces dans plusieurs de ses créations.
L’Héritage 1. ue de l insallation dans la Grande Verri re du Grimaldi orum au premier plan, la sc ne modulable LB & FM 2. sc ne LB & FM, plan 3D dispositi ou ert
—— 31 L’Héritage 1. ue de l insallation cosumes pour la per ormance Parade au Grimaldi orum 2. isuel a che Parcours initiatique, dessin E a Medin D EP 2011 3. sudio préparatoire au thé tre du Ponant
L’Héritage 1. ue de l insallation grande toile peinte d apr s Léon a s au Grimaldi orum 2. sudio préparatoire con e ion de robes de papier Ca ans peints a ec l artise Isabelle de orchgra e
—— 33 L’Héritage, étapes préparatoires 1. maque es pour le Grimaldi orum, or shop a ec Philippe Délis, scénographe 2. étude pour un aune, Vincent Lemasson D EP 200 3. dessins omas egre ergne D EP 200
L’Héritage 1. dessin Eva Medin (DNSEP 2011) 2. 3. sudio préparatoire et ue d une des insallations au Grimaldi orum
—— 35 SAI SON propos 3 —— ——
B Two Pieces + 2 A L L E T S En 2010, le projet o Pieces 2 es imaginé en puisant R dans le répertoire des Ballets russes. Les recerces U réunissent d’une part des danseurs de la compagnie des S Ballets de Monte-Carlo, des étudiants en scénographie S du Pavillon Bosio et des étudiants de l’Università di Venezia (IUAV) pour les cosumes et d’autre part, la E « Le public ne m’a pas aimé car il a Hocsculübergreifendes Zentrum Tanz (HTZ), et S voulu s’en aller. Alors j’ai commencé l’Universität der Künse de Berlin (UDK). Les équipes à jouer des coses gaies. Le public ainsi formées travaillent cacune de leur côté à la 2 a commencé à s’amuser. Il pensait création de deux pièces dansées, tout en se transmetant 0 que j’étais un artse ennuyeux, mais des informations, des croquis, des maquetes, des 1 j’ai montré que je savais jouer des idées. Elles se rejoignent ensuite pour deux resitutions 0 coses gaies. Le public s’es mis à publiques, l’une en juillet sur les terrasses du Casino de rire. Je me suis mis à rire. Je riais dans Monte-Carlo, l’autre en ocobre à l’UDK. ma danse. Le public aussi riait dans la Inspirée du ballet Le Chant du rossignol, ossignols danse. Le public a compris ma danse plonge le specateur dans le songe d’un empereur, car il eu envie de danser aussi. Je tiraillé entre la Nature et la Tekhnè. Adaptation du dansais mal, car je tombais quand il ballet éponyme, Jac in the o présente un solo sombre ne fallait pas. Peu importait au public et intrigant, dont l’écriture se concentre sur les rapports car ma danse était belle. Il avait humains parfois complexes au sein des Ballets russes. compris mon idée, et s’amusait. » Préparation fait référence au célèbre saut de Vaslav Nijinski dans Le pe re de la rose de Mikhaïl Fokine ; Nijinski la pièce conjugue deux danseurs et un musicien, tous Cahiers trois unis par le désir de réaliser le grand saut. Zausend. och enfn, évocation du rain bleu, invite le specateur à pénétrer un espace-temps dont les contours se métamorphosent consamment. Au cours des deux saisons consacrées aux Ballets russes, diférents hommages — exposition, performances, specacles — sont menés au travers d’écanges foisonnants entre des srucures et insitutions culturelles, nationales et internationales. Ils contribuent à perpétuer le dialogue entre les arts entamé au début du siècle dernier, et acualisent l’indéniable modernité d’une des plus célèbres compagnies de ballet. SP
Jac in the Box, coulisses D erlin —— 37 SAI SON disribution 3 —— ——
Rossignols Préparation —— —— Chorégraphie : Mimoza Koike Chorégraphie : Anna Melnikova Scénographie : Leslie Bourgeois, Tomas Negrevergne Scénographie : Franziska Keune, Silke Bauer Cosumes : Stefano Collini, Carla Zamboni Cosumes : Franziska Keune, Silke Bauer Lumières : Leslie Bourgeois Lumières : Veit Griess Musiques : Fabian Paganini ; Guillaume Perret Musiques : Holger Tretac Danseurs : Mimoza Koike, Nathalie Nordquis, Lisa Jones, Danseurs : Florian Bücing, Felix Ariel Casillo Casro Leart Duraku Encadrement scénographie et cosumes : Oliver Brendel Coordination, encadrement scénographie et Encadrement chorégraphie : Ingo Reulece cosumes : Dominique Drillot, Gilbert Della Noce Coordination : Anna Bergel
Jack in the Box Zausend.Hoch représentations l D erlin —— —— 1. Jac in the Box Chorégraphie : Jeroen Verbruggen Chorégraphie : Jana Unmüssig 2. Zausend.Hoc Scénographie : Eva Medin Scénographie : Mirella Oesreicer, Hsuan Huang 3. Préparation Cosumes : Stefano Collini, Carla Zamboni Cosumes : Mirella Oesreicer, Hsuan Huang, 4. Rossignols Lumières : Jeroen Verbruggen Université des Arts de Berlin Musiques : Uri Caine ; Tim Garland ; Aphex Twin ; Lumières : Veit Griess Micael Buble ; Joni Mitcell ; Janis Joplin ; Cher ; Danseurs : Ma’ayan Danoc, Cecilia Nilsson, Robert Armbruser ; Aeollis Brass Band Acousica ; Tara Silverthorn, Charlie Foucier Pascal Dusapin ; Alvin Currain ; Jennifer Holiday Encadrement scénographie et cosumes : Oliver Brendel Danseurs : Maud Sabourin (Monaco), Anja Behrend Encadrement chorégraphie : Ingo Reulece (Berlin) Coordination : Anna Bergel Coordination, encadrement scénographie et cosumes : Dominique Drillot, Gilbert Della Noce
—— 39 SAI SON Two Pieces + 2 témoignages 3 —— —— ——
Jeroen Verbruggen C’es un contexte qui enricit mes propres tecniques danseur chorégraphe et méthodes de travail. Mais je serai peut-être, un jour, tenté de concevoir seul un projet de A à Z. i saB elle lOMBardO t : Tu es aujourd’hui il : Qelles trouvailles ou découvertes as-tu faites un corégraphe reconnu, pourrais-tu revenir sur tes auprès des plasiciens, et plus particulièrement dans la premières expériences dans le contexte des Imprévus ? pièce Jac in the o ? JerO en VerB ruggen : Dès mes débuts, à JV : J’avoue que cela n’a pas toujours été évident. l’École Royale de Ballet d’Anvers, en Belgique, je me Il y a des rencontres âmes sœurs, des rencontres suis essayé à la corégraphie. J’ai toujours eu envie horribles, et des rencontres avec lesquelles je suis de créer des univers, et la danse représente pour moi toujours en contac amical et professionnel. le lieu idéal. Qand j’ai commencé ma carrière de Jac in the o , par exemple, ne fut pas une danseur, je me suis toujours promis de créer au moins collaboration agréable, et pourtant, c’es une pièce dont une pièce par an, afn de ne pas perdre ce rêve et je suis encore très fer aujourd’hui, très réussie et fnie. nourrir ce besoin. Je n’oublierai jamais l’incroyable travail de la Après avoir longtemps et souvent tenté l’expérience plasicienne Eva Medin, son invesissement, sa faim avec de petits projets, disposant de peu ou pas de et sa volonté. Nous étions tous les deux très jeunes, et budget, c’es fnalement dans le cadre des soirées n’avions pas forcément encore appris à gérer nos egos, Jeunes chorégraphes (en 2007), organisées par les consitués de forts caracères et très diférents. Encore Ballets de Monte-Carlo, que m’a été donnée, et pour la une fois, ce fut une très grande leçon. première fois, la cance de créer dans des conditions il : Cete expérience t’a-t-elle permis de professionnelles. Par la suite, ces rendez-vous m’ont « t’insaller » dans une écriture corégraphique, ofert la possibilité de collaborer avec de jeunes de metre en place des principes qui sont les tiens scénographes issus du Pavillon Bosio, et de participer au aujourd’hui ? projet 2 Pieces 2. Dans ce contexte, j’ai réalisé Jac in JV : On grandit de caque expérience, de caque the o , pièce jouée à Berlin et à Monaco. création. L’art corégraphique es pour moi en Ces premières opportunités, que j’ai su saisir, et consante évolution. Ce bagage es là, je n’y reviens pour lesquelles j’ai travaillé dur, demeurent aujourd’hui pas, mais il rese présent. Ce que j’exprime aujourd’hui encore mes meilleurs souvenirs. Ces moments ont se consruit sur le passé, mais contient les émotions consitué une forme d’apprentissage. d’aujourd’hui. Cete promesse de créer au moins une pièce par il : De nouvelles perspecives se sont-elles ouvertes an, je l’ai tenue. J’ai aujourd’hui la cance d’être invité sur le plan corégraphique et dramaturgique ? pour cinq créations annuelles environ, et de vivre de ma JV : J’ai toujours été fan de la forme danse / théâtre, Jac in the Box, représentations l D erlin passion. et en même temps je suis très atiré par le travail de il : Ces expériences ont-elles engendré des tecnique sur pointes. J’ai reçu une formation classique. méthodes de travail ? Mais je n’ai jamais été « classique » dans mon esprit. JV : Mon travail es visuel, je souhaite avant tout J’ai toujours craint, et pensé, que je ne trouverai pas exprimer des émotions, tenter d’oublier et de faire ma place dans un monde si divisé entre ce qui es oublier aux autres, et pour un temps, la réalité. classique et ce qui es contemporain. Mais je n’ai jamais La première carte blance, Jeunes Chorégraphes, a renoncé à cete envie et à ce besoin de mélanger les été un des plus beaux cadeaux faits à un jeune créateur langages. Il y a quelques années, quand je transmetais comme moi. Il n’y avait aucun frein, aucune barrière. des projets et mon travail aux compagnies, la réponse J’ai pu créer sans limites, tout en expérimentant, en était invariablement « non ». C’es le bouce-à-oreille même temps. qui a fnalement foncionné et m’a permis d’exiser Peu à peu, j’ai appris à donner plus d’importance aujourd’hui. à l’écriture corégraphique, car créer des univers était J’ai suivi un parcours varié, allant de compagnies déjà présent, presque de manière intuitive, dans ma extrêmement modernes, à des compagnies néo- pratique. Encore aujourd’hui, je travaille de cete façon : classiques, puis vers les grandes insitutions classiques, des visions, puis l’écriture. J’ai besoin de me metre en de petites aux grandes srucures. Je vais là où l’on danger, besoin de trouver des solutions aux défs que je veut de moi, et c’es très bien comme cela. Je me rends m’impose. compte que j’ai ma place dans le monde de la danse, pas il : As-tu ainsi envisagé d’une nouvelle manière le si divisé que cela, fnalement. processus créatif et le plateau ? il : Qelles ont été les difcultés rencontrées, les JV : Depuis cinq ans, je travaille avec diférents points d’entente (jusqu’où partage-t-on une culture créateurs : scénographes, cosumiers, lumières, commune) ? musiciens et compositeurs. Parfois, je dois remplir un de JV : J’aime travailler dans une ambiance amicale. ces poses, pour des raisons budgétaires ou autres, mais Travailler en équipe, c’es tout d’abord faire des j’aime collaborer. J’apprécie le dialogue entre artises. rencontres. Ce besoin de comprendre et de se faire —— 41 SAI SON Two Pieces + 2 témoignages 3 —— —— ——
comprendre, pour ensuite pouvoir travailler, discuter et Anna Bergel se sentir en sécurité pour défendre sa cause. directrice de producton, collaboratrice artstque et J’ai fait des rencontres incroyables ces cinq scientfque, Université des Arts de Berlin, Faculté des dernières années, et j’espère en faire encore. arts dramatques, opton scénographie Même si cete route peut paraître souvent solitaire, Oliver Brendel elle m’a permis de grandir en tant que personne, de scénographe, intervenant artstque et pédagogique, retrouver des valeurs, de prendre confance, d’être Université des Arts de Berlm Faculté des arts responsable. Aussi, on se rend très rapidement compte dramatques, opton scénographie que l’on ne fait jamais rien tout seul. J’en suis très conscient et très reconnaissant. Travailler ensemble Lors de la réalisation de notre projet intitulé o Pieces 2, on nous a souvent posé la quesion : comment foncionne une collaboration artisique ? Eva Medin Comment foncionne efecivement ce travail en diplômée, DNSEP 2011 commun ? Notre point de départ pour la réalisation du projet Réaliser cete scénographie a été pour moi une o Pieces 2 se résume à l’idée d’un travail collecif. expérience très formatrice. Appréhender un projet Il s’agit d’une sorte de complicité que nous avons de ses premières phases de recerces jusqu’à sa d’ailleurs expérimentée pendant des années lors de nos fnalisation sur scène, m’a permis de me confronter propres études de scénographie à l’Université des Arts à des enjeux professionnels, que je n’avais encore de Berlin et qui a su trouver des issues diférentes au cas jamais abordés en tant qu’étudiante. par cas. Ce travail, qui s’es développé pendant plus d’un Le terme de complicité, dont Gesa Ziemer se an, a été présenté à Monaco mais également à l’UDK sert dans de nombreuses publications 1 et qu’elle de Berlin. utilise dans le contexte du processus même de J’ai ainsi pu comprendre les enjeux de déplacements collaboration, provient originairement du droit pénal. d’un décor sur diférentes scènes et développer un Litéralement cela veut dire qu’il y a complicité dans dialogue privilégié avec tous les aceurs du projet. le sens de culpabilité collecive. Appliqué dans le Cete plongée dans la réalité concrète d’une œuvre cadre d’une réalisation théâtrale, cela signife que des scénographique et corégraphique a posé les bases personnes dont les capacités sont d’abord et avant qui ont contribué au déploiement par la suite de mon tout individuelles, forment temporairement une propre vocabulaire d’artise. J’y ai découvert des enjeux équipe dont l’objecif es l’excellence du travail de liés à la théâtralité, à la mise en scène des corps et de la montage et de réalisation d’une producion. D’une lumière dans l’espace ; des outils qui sont maintenant manière analogue nous pensons que le scénographe, très présents dans ma pratique personnelle. le cosumier et le meteur en scène développent leurs Cete expérience a également joué sur mon coix idées scénographiques d’une manière similaire. Leur de développer des œuvres immersives qui s’inscrivent dialogue évolue ensuite ensemble avec les aceurs et les dans une logique de projet et se consruisent au gré des musiciens et peut être même reformulé complètement. dialogues et des collaborations. L’abandon de toute hiérarcisation représente un élément essentiel du travail collecif. Nous savons naturellement que ces espaces libres de hiérarcie n’exisent pas dans la réalité. La hiérarcie srucure continuellement notre communication. C’es par le biais de cete hiérarcie que nos relations au pouvoir s’acualisent et se sabilisent en permanence. Défni par une foule Rossignols, représentations l D erlin de rôles et de positions, des posures spécifques, l’accessibilité à diverses sortes de capitaux, qui défnissent eux-mêmes à nouveau des ressources spécialisées, l’individu se voit atribuer une place dans le groupe. C’es avec un très grand intérêt, que nous observons le travail de certains collecifs issus de la scène des performances comme les She She Pop 2 ou Gob Squad 3, qui dans un processus assez lent ont développé un travail en commun. Ici il semblerait en efet qu’un discours sans hiérarcisation ait été possible. Il abolit —— 43 SAI SON Two Pieces + 2 témoignages 3 —— —— ——
tout aussi bien des foncions spécifques que des rôles 1. Gesa Ziemer : « Komplizenscaf. Eine Taktik und Ashetik der et les défnit et les consruit caque fois d’une nouvelle Kritik? » (Complicité. Une sratégie et une eshétique de la critique ?) manière. in Jôrg Huber, Philipp Stôllinger, Gesa Ziemer, Simon Zumseg Loin de toute hiérarcie prédéfnie par le pouvoir, (Editeur) sheti der riti der Verdec te Ermi lung (Eshétique des srucures hiérarciques s’ajusent : par la ou critique, ou l’enquête cacée) Série T: G/05. Zuric, Vienne New compétence ou la confance elles se transforment en York 2007. Gesa Ziemer : omplizenscha . Eine olle ti e uns- une compétence en rapport avec l’Autre. De la sorte, und lltagspra is (Complicité, un art collecif dans la pratique la confance es le début de toute collaboration. Elle quotidienne) htp://gesa-ziemer.c/ simule la confance en la compétence complice. 2. htp://www.sheshepop.de Mais avant tout, c’es l’imaginaire de l’Autre qui 3. htp://www.gobsquad.com nous intéresse. Une communication réussie et une collaboration efcace demandent, sollicitent même, l’intérêt et la curiosité au sujet de la pensée de l’Autre. C’es à l’intérieur du processus artisique que les protagonises devraient communiquer et développer leurs idées interacives. De cete même façon, ils acquièrent la capacité de prendre des décisions responsables. Pour nos projets futurs il serait souhaitable que la réfexion théorique sur la manière de collaborer, le « travailler ensemble », prenne davantage de place. Nous prêtons une atention toute particulière aux comportements et à la pensée des diférents protagonises, leurs manières de travailler et de communiquer, leur façon de se comporter en groupe et leur manière de générer des savoirs, c’es-à-dire leur capacité réfexive au sujet d’eux-mêmes et de l’autre, ainsi que leur compréhension des atributions de rôles dans les diférentes disciplines artisiques. Parallèlement et sous l’égide de la théorie de la communication qui dit que toute entente trop facile ne conduit pas forcément à une augmentation de nos connaissances, nous nous atacons à rendre les étudiants capables d’imaginer et d’expérimenter des sratégies de communication efcaces. Mais une quesion rese centrale : comment travailler ensemble dans des projets artisiques ? — Anna Bergel
Épilogue Le processus de réalisation de la producion o Pieces 2 s’es déroulé sur 2 ans. Cela représente un processus lent pendant lequel il s’agissait de braver quelques tempêtes ! Ajoutons que la collaboration avec nos collègues de l’École Supérieure d’Arts Plasiques de la Ville de Monaco était une expérience merveilleuse : un grand merci à Isabelle Lombardot, lvana La Fata, Gilbert Della Noce et Dominique Drillot. Nous remercions également Jean-Chrisophe Maillot, qui a témoigné d’une très grande confance et qui a soutenu cete entreprise et ce processus par son engagement. Merci aussi à Carole Laugier et le Monaco Dance Forum pour le soutien généreux à l’égard de ce projet. — Anna Bergel, Oliver Brendel
Zausend.Hoc, représentation sur les terrasses du Casino, Monaco —— 45 1. 2. Jac in the Box, répétitions l D erlin 3. Rossignols, insallation du dispositi scénique l D erlin