Avant L'oubli : La Vie De 1940 À 1970
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AVANT L'OUBLI La vie de 1940 à 1970 DU MÊME AUTEUR QUESTIONS IN TERNA TIONALES L'Encyclopédie de l'Amérique latine, PUF, 1954. Le Chemin du panaméricanisme, PUF, 1955. Les Problèmes économiques de l'Orient méditerranéen, PUF, 1955. A travers l'Europe mutilée : devant et derrière le Rideau de Fer, Ed. , du Grand Siècle, 1950. L'Idée européenne et sa réalisation, Éd. du Crand Siècle, 1950. L'Europe face à son destin, PUF, 1952. La Terre et la faim des hommes, Fayard, 1960. Les milliards qui s'envolent, Fayard, 1963. PROBLEMES ECONOMIQUES Le Corporatisme, Société d'Études et d'Informations économiques, 1935. La Progression et le financement des armements dans le monde, Revue des Sciences morales et politiques, septembre-octobre 1939. La Réforme administrative, PUF, 1958. Les Grands Travaux, Fayard, 1958. A la recherche des milliards perdus, PUF, 1980. DEMOGRAPHIE ET ÉCOLOGIE L'Homme ou la nature ? Hachette 1970 ; J'ai lu, 1974 (édition revue et corrigée). Le monde est-il surpeuplé? Hachette 1968, J'ai lu, 1974 (édition revue et corrigée). Sauver l'humain, Flammarion, 1975. Le Monde en danger, Éd. du Moniteur, 1982. HISTOIRE Histoire politique de la IIIe République, PUF, 1956-1967. I. — L'Avant-Guerre (1906-1914). II. — La Grande Guerre (1914-1918). III. — L'Après-Guerre (1919-1924). IV. — Cartel des Gauches et Union nationale (1924-1929). V. — La République en danger : des Lignes au Front populaire (1930-1936). VI. — Vers la guerre : du Front populaire à la Conférence de Munich (1936-1938). VII. — La Course vers l'abime : la fin de la IIIe République (1938-1940). Avant l'oubli, Nathan, 1985. I. — La vie de 1900 à 1940. L'Année politique, De 1944 à 1986, un volume par an, quarante et un volumes déjà parus, Société des Éditions du Grand Siècle, Presses Universitaires de France et Édi- tions du Moniteur. C 1987, by Éditions Fernand Nathan, Paris. Édouard Bonnefous AVANT L'OUBLI LA VIE DE 1940 À 1970 NATHAN PRÉFACE PAR MAURICE DRUON DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE « Tout l'avait favorisé dans sa grande entreprise : tradition antique, éducation des premiers temps, liaisons honorables, fonctions dans l'État qui lui donnaient les moyens de pénétrer les choses inconnues au vulgaire ('). » Cela, qui a été écrit de Tacite, peut être appliqué, toutes choses com- parables, à Édouard Bonnefous et à l'ouvrage présent. Dans une civilisation aussi ancienne et riche que la nôtre, chacun qui prend une plume, quoi qu'il veuille ou qu'il fasse, s'inscrit forcément dans une lignée. Tout auteur de Mémoires descend ou de Rousseau ou de Chateaubriand, à moins que, comme de Gaulle, il ne procède directement de César. Tout essayiste, fût-il le plus obscur ou fût-il Valéry, a toujours de quelque manière Montaigne parmi ses ancêtres. Entre les divers genres historiques, c'est à celui qu'inaugurèrent les Annales fameuses que, par le dessein comme par l'exécution, se rat- tache Avant l'oubli. Édouard Bonnefous y a-t-il songé en envisageant son ouvrage ? Ou bien, étant qui il était et projetant ce qu'il projetait, a-t-il pris naturelle- ment le chemin que lui traçait une formation classique ? Les Annales et les Histoires de Tacite couvrent quatre-vingts ans du premier siècle de notre ère, de la fin du règne d'Auguste à la mort de Nerva. L'auteur y consignait ce qu'il avait pu recueillir de témoins directs, ou dont il avait été témoin lui-même. Avant l'oubli court sur les soixante-dix premières années de notre xxc siècle et s'appuie sur de semblables sources d'information. Tacite occupa maintes charges publiques et fut sénateur ; Bonnefous tout également. Tacite s'était donné deux règles que notre contempo- (1) Charles Louis l'anckllucke (lHîi). rain semble bien avoir faites siennes : parler de tout et de tous sans colère et sans parti pris ; conter les événements, non seulement dans leur déroulement qui paraît souvent relever du hasard, mais encore en cherchant à distinguer leurs causes et leur enchaînement. De même, devant narrer tant de choses et signaler tant de gens, s'est-il obligé à la brièveté. Va-t-on penser que je veux accabler un ami estimé par un rapproche- ment excessivement laudatif ? Avoir la modestie d'imiter sans avoir la présomption d'égaler est par- fois le secret de belles réussites. Tout, effectivement, aura favorisé Édouard Bonnefous dans cette « grande entreprise ». Sa famille et sa jeunesse d'abord. Ce n'est pas rien d'avoir un père ministre, dans un temps où les milieux étaient moins cloisonnés, où le monde politique, le monde littéraire, le monde artistique, le monde scientifique, le monde des affaires formaient « le monde » tout court, moins dispersé parce que n'ayant pas autant à se déplacer. Ce n'est pas rien d'avoir reçu des leçons de latin, de grec, de français et de mathématiques d'Henri de Gaulle, le père du Général. Ce n'est pas rien d'avoir eu pour maître, aux Sciences politiques, André Sieg- fried, avant d'en devenir l'ami, ni d'avoir, jeune homme, maintes fois déjeuné à la même table que le maréchal Pétain, non plus que d'avoir fréquenté du côté de Guermantes. On dirait que Bonnefous fut mis, par la baguette de la fée des sociétés, au centre de tout. « A-t-il tout vu ? », se demande Jean-Baptiste Duroselle, qui préface le premier tome d'Avant l'oubli, comme j'ai l'agrément de le faire ici du second. Et de répondre : « Il a regardé dans toutes les directions. » Quant aux fonctions dans l'État qui permettent « de pénétrer les choses inconnues au vulgaire », il est peu de palmarès aussi divers et aussi abondant. Président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale à quarante ans ; six fois ministre, dans les gou- vernements Edgar Faure, René Mayer, Faure de nouveau, Bourgès- Maunoury, Félix Gaillard, Pflimlin ; membre de l'Académie des Sciences morales et politiques à cinquante ans ; président de la com- mission des Finances du Sénat pendant près de trois lustres ; membre non médecin — extrême rareté ! — de l'Académie de Médecine ; pré- sident de vingt conseils d'organismes ou associations d'intérêt public, Bonnefous aura été vraiment, tout au long de sa carrière civique, aux lieux et places où l'on peut le mieux distinguer comment se font et se défont les réputations, comment jouent et agissent les influences, com- ment naissent et s'apaisent les conflits, et comment naissent les drames que nul n'a voulus mais que personne n'a été capable d'éviter. Enfin, last but not least, Édouard Bonnefous est, depuis huit ans, et pour le plus grand bien de nos Académies, chancelier de l'Institut de France, c'est-à-dire un peu le régent du plus ancien et plus sûr palais de la culture française. Il sait administrer ; il sait rénover ; il sait convaincre et il sait décider. Son bureau est le carrefour naturel des lettres sous toutes leurs formes, des sciences sous tous leurs aspects, des arts sous toutes leurs expressions. Ajouterai-je encore qu'il est un ami aussi exquis que fidèle, et dont on voudrait être le Pline ? On ne s'étonnera pas qu'il soit fort recher- ché, ni qu'il consacre à « la société », aux salons, au théâtre, à la presse quelques sections de son ouvrage. Avant l'oubli restera-t-il ? Jean-Baptiste Duroselle, qui est expert, nous assure que l' Histoire politique de la IIIe République, que Bonne- fous écrivit avec son père il y a trente ans, « continue d'être citée par tous les auteurs sérieux ». On peut gager que les mille pages d'Avant l'oubli constitueront de même un livre de référence pour tous ceux qui voudront savoir comment les Français vécurent les trois premiers quarts de ce siècle, où le monde changea, par nos œuvres et sous nos yeux, plus qu'il n'avait changé depuis deux millénaires. Paul Valéry dit quelque part que la durée des œuvres est fonction de leur utilité. Les plus tapageuses ne sont pas forcément les plus perma- nentes. En voilà une qui sera utilisée longtemps et qui donc, plus que beaucoup, a de bonnes chances de durer. Maurice Druon, de l'Académie française. AVANT-PROPOS En consacrant ce deuxième tome à la période 1940-1970, je veux pour- suivre ma précédente évocation de la période 1900-1940. Ces deux ouvrages ne prétendent pas constituer une histoire de notre siècle : ils souhaitent seulement apporter à ceux qui veulent connaître la vie sous tous ses aspects, durant le xxe siècle, un témoignage vécu et aussi objectif que possible. L'accueil flatteur réservé à mon tome premier m'a vivement encouragé à persévérer dans mon entreprise. N'ayant vécu qu'une partie des années évoquées précédemment, j'avais eu recours aux très nombreux souvenirs de ma famille, qui avait été mêlée aux faits marquants de cette longue période. En revanche, depuis 1940 et surtout depuis 1944, j'ai personnelle- ment participé aux événements et j'ai bien connu tous ceux qui jouèrent un rôle important. Il ne s'agit pas de Mémoires mais, ainsi que Jean-Baptiste Duroselle l'a souligné dans la préface du précédent ouvrage, d' « une succession d'impressions », d'observations, de remarques, permettant la descrip- tion continue d'une longue période. Malgré mon vif désir de renoncer au « je », forcément haïssable, comment éviter, en relatant les contacts, les conversations avec les principaux acteurs de la période considérée, de me placer souvent au centre du récit ? Pourquoi 1940 à 1970? Parce que la coupure de 1940 s'impose, hélas ! comme l'inévitable et tragique rupture de notre siècle.