Rainbow Warrior Incompétence, Bureaucratie Et Avarice Sont Les Vraies Raisons D’Un Scandale Qui Retentit Dans Le Monde En 1985 Par Alex W
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Dossier 20 ans après : La VRAIE histoire de l’attentat contre le Rainbow Warrior Incompétence, bureaucratie et avarice sont les vraies raisons d’un scandale qui retentit dans le monde en 1985 par Alex W. du PREL E 10 JUILLET 1985, la DGSE (Direc- tion générale de la sécurité extérieure- les Lservices secrets français) coulait le navire écologiste Rainbow Warrior dans le port d’Auckland à l’aide de deux bombes magné- tiques, attentat qui tua un photographe portugais. Vingt années plus tard, après des centaines d’ar- ticles, de livres - et de désinformations - consa- crée à l’évènement, il est temps de faire un bilan final de cette affaire dans laquelle la Polynésie française est très impliquée. L’organisation internationale Greenpeace, créée en 1971 par des écologistes canadiens, des objecteurs de conscience américains et des paci- fistes de toutes nationalités, base son existence sur une légitimité écologique, abstraite et supra- nationale, alors que la légitimité des Etats est ba- sée sur des lois précises dans des contextes natio- naux. Que ces deux conceptions portent à conflit est certain. L’affaire “Rainbow Warrior” est l’un En août 1985, puis en mars 1986, la Nouvelle- Politique débile, opération bâclée de ces conflits. Zélande émit des mandats d’arrêt internationaux contre trois autres officiers français, Gérald An- Débile sur le plan politique car c’était bien du Ainsi, le 7 juillet 1985, le Rainbow Warrior, na- driès, Roland Verge et Jean-Michel Bartelo, na- terrorisme d’Etat, contestable dans sa concep- vire amiral de Greenpeace arriva à Auckland et geurs de combat de la base d’Aspretto en Corse, tion, l’opération contre le Rainbow Warrior aura s’amarra au quai Marsden. Dans la nuit du 10 accusés d’avoir transporté les engins explosifs de été d’un bout à l’autre un modèle de préparation juillet 1985, peu avant minuit, deux engins haute- Nouméa en Nouvelle-Zélande à bord de l’Ouvéa, bâclée, d’organisation approximative avec des ment explosifs qui avaient été attachés à la coque un voilier loué à Nouméa. effectifs pléthoriques conçus par de vrais ama- du Rainbow Warrior détonnèrent à quelques mi- teurs qui devaient se prendre pour des “pros”. Ce nutes d’intervalle. La force de l’explosion fut tel- A la suite d’articles de presse parus en France et qui est souvent la norme dans le monde des ser- le qu’un trou de trois mètres de large fut ouvert à l’étranger mettant en cause les services secrets, vices secrets qui attire des personnes dangereuse- dans la salle des machines sous la ligne de flottai- le Président Mitterrand demande le 8 août à Lau- ment immatures et autres casses cou qui ne gran- son. Le navire coula en quelques minutes. Plus rent Fabius, Premier ministre à l’époque, une en- dissent jamais. Cette opération « Satanic », alias tôt, environ 30 personnes avaient célébré à bord quête qu’il confia à Bernard Tricot. Le 25 août, « Oxygène » était aussi une extension de la vo- un anniversaire et au moment de l’explosion, 12 celui-ci présenta un rapport qui “tricotait” un scé- lonté politique de continuer d’effectuer des essais personnes, capitaine compris, étaient encore à nario qui mettait hors de cause le gouvernement nucléaires dans le Pacifique malgré l’hostilité de bord. Onze d’entre eux parvinrent à atteindre le français et la DGSE, dont le seul objectif, décla- la Nouvelle-Zélande, de l’Australie et des “mé- quai. Fernando Pereira, membre d’équipage et rait-il, aurait été « l’infiltration de Greenpeace ». chants écologistes” de Greenpeace qui mettaient photographe officiel fut tué par la seconde explo- De révélations en démentis, la crise politique cul- « en danger la souveraineté, l’indépendance et la sion alors qu’il tentait de récupérer de l’équipe- mina le 20 septembre 1985 lorsque le ministre de grandeur de la France ». ment photographique dans sa cabine. L’affaire a la Défense Charles Hernu fut contraint de démis- Analysons en détail les stupidités commises été immédiatement traité comme une enquête sionner, le patron de la DGSE, l’amiral Pierre La- lors de ce terrible fiasco : pour homicide sous la direction du détective prin- coste étant limogé le même jour. Deux jours plus Selon diverses sources, l’idée aurait germé fin cipal Allan Galbraith. C’est ainsi qu’allait com- tard, le Premier ministre Laurent Fabius, dans 1984 ou début 1985 au quartier général du Centre mencer une des enquêtes les plus vastes que la une déclaration inattendue et spectaculaire à l’hô- d’expérimentation du Pacifique (CEP) à Pirae, Nouvelle-Zélande aie jamais connue. La décou- tel Matignon, révéla « la vérité cruelle : Ce sont Tahiti, où le COMSUP, le vice amiral Hugues, verte d’un Zodiac en caoutchouc abandonné avec des agents de la DGSE qui ont coulé le Rainbow s’inquiétait auprès du DIRCEN(Directeur du un moteur hors bord et la vue d’un mobile home Warrior, ils ont agi sur ordre » et que ces faits centre des essais nucléaires), l’amiral Fages, de la bleu et blanc conduisit la Police à interroger un avaient été cachés à M. Tricot. nouvelle campagne contre les essais nucléaires à couple francophone deux jours plus tard, puis à Condamnés le 22 novembre 1985 par la justice Moruroa annoncée par Greenpeace. Certaine- les arrêter le 15 juillet.. Le Rainbow Warrior pré- de Nouvelle-Zélande à 10 et 7 années de prison ment voulait-on éviter un nouveau remue-ména- parait alors une campagne de protestation contre ferme chacun, les faux époux Turenge furent ge médiatique comme celui qui eut lieu lors de la les essais nucléaires français dans les Tuamotu. confiés en juillet 1986 à la France pour être trans- « campagne de tirs » de 1973. Avisé, Charles L’enquête de la police néo-zélandaise conduit à férés sur l’atoll d’Hao en Polynésie française ; Hernu interrogea l’amiral Lacoste sur les possibi- l’arrestation et l’inculpation, le 19 juillet 1985, ceci en échange de l’engagement de l’Etat fran- lités d’une opération de sabotage du Rainbow des “faux époux Turenge”, le capitaine Domi- çais de les garder sur cette île en résidence sur- Warrior. Le ministre de la Défense avait été im- nique Prieur et le commandant Alain Mafart, tous veillée pendant trois années. pressionné par une précédente mission réussie du deux agents de la DGSE. SDECE en octobre 1980 : une petite équipe du Juillet 2005 - TAHITI-PACIFIQUE magazine - n° 171 15 Dossier “service Action” avait réussi à couler le Dat- rins dans ces moments difficiles, on ne peut Assawari, navire amiral de la flottille libyenne Le yacht Ouvéa loué que s’étonner de leur comportement si peu en plein milieu du port de Gênes. Aussi les à Nouméa. discret par la suite. En effet, une fois passé ordres donnés à l’amiral Lacoste furent-ils les formalités avec la police du port, nos clairs : « il faut envoyer le Rainbow Warrior par agents très secrets devinrent exubérants et le fond ». L’amiral Lacoste prit tout de même flambeurs et se mirent à draguer tout ce qui ses précautions et se fit reconfirmer l’ordre par portait une jupe dans les bars, cafés et res- le chef d’état-major particulier du président de taurants des différents petits ports du North la République, le général Saulnier. Island. Parmi l’une de leurs conquêtes figu- L’opération fut supervisée au cabinet d’Hernu rait même l’épouse d’un officier de police par les colonels Heinrich et Fresnel du bureau du port de Whangarei, une dame coiffeuse. des affaires réservées. A Matignon, le chargé de Certainement le plus formidable consom- mission de Fabius auprès de la DGSE était le mateur de dames kiwi fut le Dr Xavier Ma- préfet Zilberzahn. A la “Piscine” (QG de la niguet, agent civil “freelance” de la mission. DGSE), le chef du service Action (SA) était le Selon un journaliste australien, les enquê- colonel Lesquer. L’auteur du plan fut le chef du teurs découvrirent qu’il réussit à coucher bureau des opérations, le lieutenant-colonel Fa- avec huit femmes différentes en l’espace de bron, qui effectua personnellement des recon- sept jours. Flambant sans compter, le capi- naissances à Auckland. taine de l’Ouvéa louait les plus luxueuses voitures, logeait dans les meilleurs hôtels L’équipe opérationnelle était constituée de 12 pour chasser la gent féminine, sa grande pas- personnes. Les effectifs étaient si dispropor- sion. Il manqua d’ailleurs de se faire “flin- tionnés que des sous-officiers étaient persuadés guer” sur l’île du Sud lorsqu’il séduisit qu’il s’agissait d’un exercice. Quant aux offi- l’épouse d’un chasseur d’opossum ; il dut ciers, choqués par une riposte sans mesure avec s’enfuir par la fenêtre après que le mari fut la menace, ils renvoyèrent le plan à la hiérar- rentré à l’improviste, lequel tira des coups chie pour confirmation de l’objectif. L’ordre de feu sur le séducteur en fuite. Coureur de d’opération fut alors signé par l’amiral Lacoste, jupons incorrigible, il trouva à l’hôtel Shera- et le financement des “frais de mission”(1,2 mil- voiture pour bien reconnaître les sites qui servi- ton d’Auckland une compagne moins d’une heu- lion de FF de 1985) débloqué par Matignon sur ront de lieux de rendez-vous de l’équipage de le re après son arrivée. Une autre dame, conquise les fameux “fonds spéciaux”. yacht Ouvéa et du couple “Turenge”. Sa mission dans un bar, fut si excitée qu’elle emmena Mani- terminée, elle prit l’avion pour Tahiti où, lors du guet à l’hôtel Regent et paya même la note de la Espionne lesbienne colloque sur les récifs coralliens à Tahiti et à chambre.