Auteurs-Compositeurs-Interprètes : La Chanson Au Service Des Peuples ?
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Auteurs-compositeurs-interprètes : la chanson au service des peuples ? Textes réunis par Antonio Muñoz de Arenillas Valdés et Jose Rafael Ramos Barranco avril 2019 Publication du Centre de Recherche sur l’Espagne Contemporaine Université Sorbonne Nouvelle Paris 3 ISSN 1773-0023 2 Centre de Recherche de l'Espagne Contemporaine Auteurs-compositeurs-interprètes : la chanson au service des peuples ? Actes de la journée d’études Mai 2015 –Maison de la Recherche 4, rue des Irlandais, 75005, Paris Université Sorbonne Nouvelle Paris 3 Photos et réalisation maquette : Jose Rafael Ramos Barranco ISSN 1773-0023 Auteurs-compositeurs-interprètes: la chanson au service des peuples ? 3 TABLE DE MATIÈRES Introduction……………………………………………………………………………...4 Aspects théoriques de la chanson d’auteur…………………………………………..9 « Que vuelvan a cantar aquel soneto » : que devient la poésie quand on la chante ? de Séverine Delahaye-Grélois………………..…………………………...10 Les différentes interprétations du terme « cantautor » dans la création d’un imaginaire collectif de Jose Rafael Ramos Barranco……………………….……...36 Ricardo Arjona ou le paradoxe improbable de la chanson d’auteur pop de Myriam Roche………………………………..…………………………………….50 Aspects socio-politiques de la chanson d’auteur…………………………………...66 La « nueva canción » en Andalousie : dénonciation sociale et revendication culturelle de Antonio Muñoz de Arenillas Valdés………………………………....67 La protesta antifranquista a través de la canción de autor: Labordeta y la censura musical 1972-1978 d’Alberto Sabio Alcutén…………………………...84 « Des gens qui tombent du Nord vers les grandes villes » : la migration et les rêves dans la chanson d’auteur brésilienne de Josely Teixeira Carlos……...114 Canta u populu Corsu ; voilà ce que chante le peuple corse d’Ange-Toussaint Pietrera…………………………………………………………………………….133 Conclusions………..…………………………………………………………….......153 ISSN 1773-0023 4 Centre de Recherche de l'Espagne Contemporaine INTRODUCTION Les articles présentés dans ce recueil sont le résultat de la journée d’études « Auteurs-Compositeurs-Interprètes : La chanson au service des peuples ? » ayant eu lieu le 30 mai 2015 à Paris. Il s’agissait, lors de cette rencontre scientifique de débattre de la notion de « chanson d’auteur, à travers le temps et de ses enjeux sociaux, politiques et commerciaux en Europe et en Amérique latine. Propre à la culture et à l’histoire de chaque pays, la chanson d’auteur, par sa composante identitaire et émotionnelle, joue, dans la période contemporaine, un rôle capital dans la construction de l’imaginaire collectif des peuples et des sociétés. Les « auteurs-compositeurs- interprètes » sont ainsi devenus à la fois porte-paroles et diffuseurs d’idées et d’émotions, tout en défendant une culture se voulant populaire. Deux axes ont été retenus pour organiser les résultats de cette journée : les aspects théoriques de la chanson d’auteur et ses aspects socio-politiques. Le premier est illustré par trois travaux dont les deux premiers présentent certains aspects théoriques de la chanson d’auteur. Severine DELAHAYE-GRÉLOIS, dans son article « Poésie ou chanson ? : Ou de l’art de classer et d’interpréter les vers » analyse ainsi les difficultés qui surgissent lorsque les différents spécialistes essaient de classer (ou de « confiner » ?) la chanson ou la poésie dans des compartiments étanches séparés. L’auteure s’interroge tout au long de ses réflexions sur le registre et la diffusion de la poésie savante du XVIe siècle, tout en la rapprochant de la chanson et des liens de celle- ci avec la poésie. Son analyse pose la question de la formation du chercheur et conduit à réaliser une étude historique ou littéraire de la musique sans être nécessairement musicologue ou musicien. La valeur accordée à ces deux arts occupe également une ISSN 1773-0023 Auteurs-compositeurs-interprètes: la chanson au service des peuples ? 5 place importante dans ses réflexions : puisque la poésie est considérée comme un art tandis que la chanson ne serai qu’un art mineur. Peut-être faudrait-il considérer plutôt la dichotomie entre poésie et musiques savantes versus poésie et musiques populaires, elle expliquerait la difficulté des chanteurs « populaires » à accepter d’être considérés comme des « poètes », bien qu’on puisse se demander ce qui distingue les poèmes des paroles de chansons. En définitive, cette analyse permet de repenser la chanson et la poésie en tant que sujets d’étude. Dans le deuxième texte, intitulé « Les différentes interprétations du terme « cantautor » dans la création d’un imaginaire collectif », José Rafael RAMOS BARRANCO analyse les différentes définitions et interprétations des termes cantautor et canción de autor ainsi que leur réception par la société et les propres cantautores, afin d’éclaircir et de délimiter ces appellations ambiguës. Il revient sur les auteurs qui se sont intéressés au sujet et en ont enrichi les définitions : ainsi le parallèle proposé entre cantautores et troubadours. Il est par ailleurs évident que la chanson d’auteur doit ses particularités au contexte socio-politique dans lequel elle naît. La dichotomie entre culture dominante et contre-culture établie par l’auteur se révèle pertinente pour l’étude du phénomène. Dans le cas espagnol, la chanson d’auteur, en s’inspirant de genres musicaux étrangers tout en se nourrissant de particularités culturales des régions qui composent l’Espagne, va contester le régime franquiste. Les cantautores comme opposants à la dictature : la perception est ancrée dans l’imaginaire collectif de la société espagnole. On voit donc comment l’engagement des cantautores est devenu capital dans la perception sociale de la notion de chanson d’auteur, de sorte que dans l’expérience espagnole, cantautor est irrémédiablement lié aux dernières années du franquisme et à la transition démocratique. La prise en compte de l’évolution politique, sociale et économique de la société espagnole, ainsi que des règles du marché discographique vient donc compléter l’analyse du genre et de ses représentations. Cette réflexion sur la difficulté des classifications et des typologies est complétée par l’article de Myriam ROCHE : « Ricardo Arjona ou le paradoxe improbable de la chanson d’auteur-Pop ». L’auteure analyse le cas d’un chanteur qui pourrait difficilement entrer dans la case cantautor : Ricardo Arjona, pop-star guatémaltèque, jouissant d’un succès international incontestable. Toutes ses chansons, dont la plupart ont une thématique sentimentale, correspondent bien à l’image de latin ISSN 1773-0023 6 Centre de Recherche de l'Espagne Contemporaine lover. Néanmoins, la production musicale de Ricardo Arjona ne se réduit pas aux chansons de variétés : l’auteure analyse de façon détaillée ses chansons pour souligner certaines variations de la thématique sentimentale qui lui permettent de nuancer cette image de chanteur commercial standardisé. De plus, même si son engagement politique reste très discret dans sa production, il est incontestable en dehors du domaine musical puisqu’il participe à la mise en œuvre de divers projets dans le domaine éducatif au Guatemala. Est-il donc justifié de lui refuser le terme de cantautor parce que sa production musicale ne serait pas ouvertement politisée ? Ou à cause de son image de superstar de la chanson commerciale ? Myriam ROCHE propose donc de revisiter le terme et la catégorie de cantautor en évitant une simplification excessive du concept qui occulte la complexité de la position et de la légitimité d’un artiste comme Ricardo Arjona. Le deuxième axe de réflexion aborde les différents aspects socio-politiques de la chanson d’auteur, à partir de quatre contributions. Dans « La nueva canción en Andalousie : dénonciation sociale et revendication culturelle » Antonio MUÑOZ DE ARENILLAS VALDÉS étudie le champ musical et politique de l’Andalousie de la fin du franquisme. Les cantautores se sont engagés dans cette région aussi pour la défense de la liberté contre l’oppression du régime franquiste, tout en revendiquant une culture andalouse libérée des clichés. Ainsi, le collectif Manifiesto Canción del Sur a voulu porter le drapeau de la revendication politique, sociale et culturelle dans le sud. Plus tard, une étape plus « individualiste » a vu la consolidation de certains artistes, comme Carlos Cano, ou la marginalisation d’autres, comme Antonio Mata. Par ailleurs, la version andalouse de la nueva canción a montré combien le flamenco, un genre musical avec une forte charge identitaire en Andalousie, était profondément installé dans le champ artistique et dans l’imaginaire collectif de l’époque. De sorte que les cantautores comme les cantaores ont revendiqué une culture andalouse propre, en opposition aux déformations du « national-folklorisme » franquiste. C’est également le cas espagnol que traite le texte de Alberto SABIO ALCUTÉN, intitulé : « La protesta antifranquista a través de la canción de autor : Labordeta y la censura musical, 1972-1978 ». L’auteur souligne à travers l’exemple de José Antonio Labordeta le rôle de la chanson d’auteur dans l’éveil des consciences au sein des formes d’organisation sociale et signale combien la censure persistante prouve ISSN 1773-0023 Auteurs-compositeurs-interprètes: la chanson au service des peuples ? 7 que les autorités de la dictature étaient conscientes que le phénomène des cantautores dépassait le domaine musical. Les aspects culturaux et symboliques ont ainsi impulsé et consolidé la protestation collective à la fin de la dictature franquiste. Alberto Sabio parle à ce sujet des récitals et des concerts comme des