UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL

« UN ROYAUME VOUS ATTEND»: LA MATÉRIALISATION D'UN PAYSAGE COLONIALISTE DE PEUPLEMENT ET LE FRONT PIONNIER ABITIBIEN DANS LA SOUS-RÉGION DU LAC DUPARQUET

MÉMOIRE PRÉSENTÉ COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MAÎTRISE EN GÉÔGRAPHIE

PAR GUILLAUME PROULX

DÉCEMBRE 2019

UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL Service des bibliothèques

Avertissement

La diffusion de ce mémoire se fait dans le respect des droits de son auteur, qui a signé le formulaire Autorisation de reproduire et de diffuser un travail de recherche de cycles supérieurs (SDU-522 – Rév.10-2015). Cette autorisation stipule que «conformément à l’article 11 du Règlement no 8 des études de cycles supérieurs, [l’auteur] concède à l’Université du Québec à Montréal une licence non exclusive d’utilisation et de publication de la totalité ou d’une partie importante de [son] travail de recherche pour des fins pédagogiques et non commerciales. Plus précisément, [l’auteur] autorise l’Université du Québec à Montréal à reproduire, diffuser, prêter, distribuer ou vendre des copies de [son] travail de recherche à des fins non commerciales sur quelque support que ce soit, y compris l’Internet. Cette licence et cette autorisation n’entraînent pas une renonciation de [la] part [de l’auteur] à [ses] droits moraux ni à [ses] droits de propriété intellectuelle. Sauf entente contraire, [l’auteur] conserve la liberté de diffuser et de commercialiser ou non ce travail dont [il] possède un exemplaire.»

REMERCIEMENTS

Ce mémoire de maîtrise constitue l'aboutissement de 2 ans de réflexions et de travail continuel à la maîtrise, de 5 années de scolarité effectuées en géographie, de 8 années d'études postsecondaires en sciences humaines, de 20 ans passés à temps plein sur les bancs d'école et de 25 ans à côtoyer le milieu de l'éducation. Il serait difficile de rendre hommage avec justesse à toutes les personnes ayant contribué de près ou de loin à tout ce cheminement intellectuel et pratique. Quelques personnes méritent une mention particulière à tout le moins.

D'abord, ce mémoire de maîtrise n'aurait jamais vu le jour sans le soutien et l'encadrement de mes directeurs Stéphane Bernard et Étienne Boucher. Je vous remercie d'avoir cru en moi et au potentiel de ce projet de recherche non conventionnel qui, je l'espère, saura inspirer nos prochaines recherches. Stéphane, je te remercie particulièrement pour les discussions et débats que nous avons eus dans tes cours et ton bureau. Ceux-ci ont fortement contribué à mon cheminement intellectuel. Étienne, merci de m'avoir pris sous ton aile en tant qu'assistant de terrain lorsque j'étais au premier cycle et de m'avoir fait parcourir le territoire. Tes projets ont contribué à mes réflexions et m'ont donné beaucoup d'outils pratiques dans un domaine d'avenir.

Ce projet de recherche n'aurait pas vu le jour sans l'appui financier du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada, de la Faculté des sciences humaines de l'UQAM et du Département de géographie du l'UQAM, avec lequel j'ai pu me concentrer à temps plein à mon mémoire. Il a également été rendu possible grâce au travail effectué par Mathilde Marchais et Julie Arteau dans leur projet de maîtrise 11 respectif. Merci de m'avoir fourni toutes ces données et les connaissances nécessaires pour les comprendre et les comparer à d'autres.

J'aimerais également remercier la contribution de Mario Bédard dans mon cheminement. Les 315 heures de cours auxquelles j'ai assisté avec toi et nos discussions hors cours m'ont particulièrement aidé à apprivoiser notre discipline en profondeur et à la mettre en pratique. Mon cheminement en géographie n'aurait pas non plus été aussi complet sans l'apport de mon professeur et collaborateur Nicholas Jon Crane. Nick, I thank you for all the meaningful knowledge I had the privilege to acquire from your work as a scholar, from our collaborations and from our discussions.

Mon cheminement scolaire n'aurait pas été aussi significatif sans l'apport de mes ami- e-set de mes camarades de lutte. Je vous remercie tous et toutes de m'avoir donné le goût à la réflexion, au développement de l'esprit critique, à l'émerveillement, à l'imagination, à la création et à la solidarité. Je vous remercie d'avoir mis des mots sur ce que j'ai perçu et vécu toute ma vie et d'avoir partagé avec moi les outils nécessaires pour construire notre avenir en commun.

J'aimerais finalement souligner l'apport gigantesque de Valérie Plante Lévesque dans la réussite de mes études et de ce projet en particulier. À partir du moment où tu m'as incité à m'inscrire en géographie et dès nos premiers projets communs, ton appui affectif et pratique m'a fortement aidé à passer à travers toutes les épreuves que j'ai rencontrées. Ta présence à mes côtés au quotidien a été le repère principal dans mon cheminement à la maîtrise et m'a donné la confiance nécessaire pour mener ce projet et tous les autres à bout. En plus de m'avoir aidé dans la réflexion de ce projet, la cueillette de données et la révision de ce mémoire, tu m'as permis de rester cohérent et intègre dans ma démarche de recherche. Sur ces bases, les projets inspirants que nous voulons mener dans les prochaines années ne peuvent qu'être une réussite. DÉDICACE

À Valérie et I' Abitibi qui m'habitent. AVANT-PROPOS

Ce mémoire de maîtrise a d'abord été imaginé durant un soir de juin 2016 sur le bord du lac L22, près du réservoir Caniapiscau, en Eeyou Istchee Baie-James. Il se fonde sur un ensemble de réflexions débutées autour de l' Anthropocène, du progrès, du nationalisme et du colonialisme dans le contexte d'un intérêt croissant envers l 'Abitibi. Il a bénéficié de l'apport de différentes expériences acquises au premier cycle lors de campagnes de recherche sur le terrain, de lectures, de séminaires, d'ateliers, de voyages, de discussions et d'expérience de travail dans le laboratoire de dendroécologie de l'UQAM. Il est notamment redevable à un stage de recherche en écologie forestière effectué à la Forêt d'enseignement et de recherche du lac Duparquet et à Val-Paradis durant l'été 2017 grâce au programme de bourses de recherche de premier cycle du Conseil de recherche en sciences naturelles et génie du Canada qui m'a permis d'entrer en contact avec le territoire. Il a également bénéficié au point de vue théorique d'un séjour d'études effectué à l'hiver 2017 à la Ùniverity of Wyoming aux États-Unis grâce à l'appui du Service des relations internationales de l'UQAM et du programme de bourses à la mobilité internationale du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche du Québec.

Ce projet de recherche a finalement pris forme grâce à quelques séjours d'observation effectués en Abitibi en 2018. Ils ont mené à la rencontre de l'historien local Stéphane Mongrain de Duparquet et des employé-e-s de la Société d'histoire et du patrimoine de la région de et de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Rouyn- Noranda. TABLE DES MATIÈRES

REMERCIEMENTS ...... i

DÉDICACE ...... iii

AVANT-PROPOS ...... iv

LISTE DES FIGURES ...... viii

LISTE DES TABLEAUX ...... xi

RÉSUMÉ ...... xii

ABSTRACT ...... xiii

INTRODUCTION ...... 1

CHAPITRE! CADRES THÉORIQUE ET CONCEPTUEL ...... :...... 8 1.1 Approche théorique ...... 9 1.1.1 Géographies matérialistes ...... 10 1.1.2 Géographies postcolonialistes ...... 11 1.2 Cadre conceptuel - Définitions ...... 12 1.2.1 Colonialisme de peuplement ...... 12 1.2.2 Paysage ...... 14 1.2.3 Frontière de ressources ...... 15 1.3 L'origine des fronts pionniers ...... 20 1.3.1 L'expansion d'une société dominante ...... 20 1.3.2 L'expansion de l'économie de marché ...... 22 1.3.3 La construction de l'État...... 24 1.4 Le fonctionnement des territoires-frontières ...... 27 VI

1.4.1 Fonctions ...... 28 1.4.2 Conséquences ...... 30 1.4.3 Un paysage émergent ...... 33 1.5 L'étude des frontières de ressources ...... 35 1.5.1 La frontière de ressources abitibienne ...... 35 1.5.2 Notre approche ...... 38

CHAPITRE Il PROBLÉMATIQUE, CADRE OPÉRATOIRE ET MÉTHODOLOGIE ...... 40 2.1 Problématique ...... 40 2.1.1 Question et hypothèse principales ...... 42 2.1.2 Questions et hypothèses secondaires ...... 43 2.2 Cadre conceptuel ...... 43 2.2.1 Représentation de l'espace ...... 44 2.2.2 Territorialisation ...... 45 2.3 Cadre spatio-temporel ...... 47 2.3.1 Site d'étude ...... 47 2.3.2 Cadre temporel ...... 53 2.4 Analyse de représentation cartographique ...... 53 2.4.1 Cadre opératoire de la première question secondaire ...... 54 2.4.2 Sources .. , ...... :...... 55 2.4.3 Traitement et analyse des données ...... 58 2.5 Analyse diachronique de traceurs géographiques ...... 59 2.5.1 Cadre opératoire de la deuxième question secondaire ...... 59 2.5.2 Sources ...... 61 2.5.3 Traitement et analyse des données ...... 67

CHAPITRE III RÉSULTATS ...... 69 3.1 Représentations de l'espace ...... 70 3 .1.1 Appropriation du territoire ...... 70 3.2 Territorialisation ...... 94 3.2.1 Occupation du territoire ...... 94 3.2.2 Utilisation du sol ...... 99 3 .2.3 Couverture du sol ...... 107 Vll

CHAPITRE IV ANALYSE DES RÉSULTATS ...... 115 4.1 Une représentation de l'espace évoluant au rythme des cycles économiques.115 4.1.1 La création cartographique d'une région-ressource québécoise ...... 117 4.2 La territorialisation d'un régime d'exploitation de la nature ...... 124 4.2.1 Une population venue d'ailleurs pour rentabiliser le sol et le sous-sol.125 4.2.2 La valorisation d'une «nature» aux perturbations écologiques permanentes ...... 128 4.3 Une frontière qui émerge et se territorialise en territoire non cédé ...... 135 4.3.1 Une ou deux frontières de ressources? ...... 136 4.3.2 Un paysage colonialiste de peuplement ...... 139 4 .4 Limites et nouveaux développements possibles ...... 14 3

CONCLUSION ...... 148

ANNEXE A CARTES RETENUES POUR L'ANALYSE DE REPRÉSENTATION CARTOGRAPHIQUE ...... 151

APPENDICE A FICHES D'INTERPRÉTATION DES CARTES DE L'ÉTAT QUÉBÉCOIS ...... 166

BIBLIOGRAPHIE ...... 213 LISTE DES FIGURES

Figure 0.1 : Panneau indicateur du rang du Coin-Saint-Pierre à Rapide-Danseur, novembre 2018 ...... 4

Figure 2.1 : Localisation de la sous-région du lac Duparquet selon ses principaux plans d'eau et ses limites municipales ...... 47

Figure 2.2 : Localisation de la sous-région du lac Duparquet en Abitibi ...... 49

Figure 2.3 : Duparquet vue depuis le lac Duparquet, juillet 2017 ...... 52

Figure 2.4: Lignes de l'arpentage primitif (1909-1937) et placettes d'échantillonnage temporaire (1980-2008) dans le nord-ouest del' Abitibi ...... 64

Figure 2.5 : Localisation des quatre arbres échantillonnés en 2017 sur les îles du lac Duparquet (en vert), de la zone de déchets miniers (en gris) et de l'ancienne fonderie de Duparquet ...... 66

Figure 2.6 : Spécimen de Thuya occidentalis L. sur une île du lac Duparquet, août 2017. ··················································································································67 Figure 3.1 : Ratio arrondi à l'entier près(%) de l'ensemble des toponymes utilisés (A), des toponymes utilisés pour désigner des entités physiques (B) et des toponymes utilisés pour désigner des entités administratives (C) dans les cartes illustrant l 'Abitibi entre 1898 et 2018, par période ...... 72

Figure 3.2: Extrait de la carte Pontiac Nord de 1907 (Al), centré sur le lac Duparquet et les environs ...... 73

Figure 3.3: Extrait de la carte Comtés d'Abitibi et de Témiscamingue de 1929 (B2), centré sur le lac Duparquet et les environs ...... 75

Figure 3.4: Extrait de la carte Abitibi de 1950 (C4), centré sur le lac Duparquet et les environs ...... 7 6

Figure 3.5 : Extrait de la carte Abitibi-Témiscamingue de 1983 (D2), centrée sur le sud- ouest de la Jamésie ...... 77 lX

Figure 3.6: Extrait de la carte Abitibi-Témiscamingue: Région administrative 08 de 1992 (El), montrant une partie du territoire non organisé de Rivière- Kipawa ...... :...... 78

Figure 3.7: Extrait de la carte Pontiac Nord de 1907 (Al), centrée sur les cantons de Royal-Roussillon et Languedoc ...... 79

Figure 3.8: Extrait de la carte Cantons d'Abitibi et de Témiscamingue de 1929 (B2), centrée sur le lac Duparquet et les environs ...... 80

Figure 3.9: Extrait de la carte Témiscamingue et Abitibi de 1946 (C3), centrée sur Rouyn-Noranda et les environs ...... 81

Figure 3.10 : Extrait de la carte Abitibi-Témiscamingue, carte touristique et routière de 1983 (D3), centrée sur l 'Abitibi...... 82

Figure 3.11 : Extrait de la carte Plan 1: Grandes affectations du territoire de 2016 (E3), centrée sur le lac Duparquet et les environs ...... 83

Figure 3.12 : Extrait de la carte Pontiac Nord de 1907 (Al), centrée sur I'Abitibi .... 85

Figure 3.13: Extrait de la carte Témiscamingue et Abitibi de 1932 (Cl), centrée sur l'ouest de I 'Abitibi ...... 86

Figure 3.14: Extrait de la carteAbitibi-Témiscamingue, carte touristique et routière de 1983 (D3) ...... 88

Figure 3.15 : Légende de la carte Plan 2: Territoires et sites d'intérêt et zones de contraintes de 2016 (E4) ...... 90

Figure 3.16: Extrait de la carte Pontiac Nord de 1907 (Al) ...... 91

Figure 3.17: Extrait de la carte Comtés d'Abitibi et de Témiscamingue de 1935 (C2)...... 92

Figure 3.18: Extrait de la carte Plan I: Vue générale de la région du Nord-Ouest de 1971 (D 1), centrée sur l 'Abitibi ...... 93

Figure 3.19: Population de la sous-région du lac Duparquet comparée à la population totale de I' Abitibi-Témiscamingue entre 1901 et 2016 ...... 96

Figure 3:20: Population de la sous-région du lac Duparquet comparée à la population totale (en millions) du Québec entre 1901 et 2016 ...... 97 X

Figure 3.21 : Densité de la population sédentaire de la sous-région du lac Duparquet entre 1936 et 2016 selon le nombre d'habitant-e-s par kilomètre carré ... 98

Figure 3.22: Couverture et utilisation du sol de la sous-région du lac Duparquet en 1926 ...... 100

Figure 3.23 : Couverture et utilisation du sol de la sous-région du lac Duparquet en 1950 ...... 101

Figure 3.24: Couverture et utilisation du sol de la sous-région du lac Duparquet en 1984 ...... 102

Figure 3.25 : Couverture et utilisation du sol de la sous-région du lac Duparquet en 2016 ...... 103

Figure 3.26: Fréquence de chaque taxon(%) dans les observations effectuées dans le nord-ouest del' Abitibi entre 1909 et 1937 (selon Marchais, 2017) ...... 109

Figure 3.27: Dominance de chaque taxon dans les observations effectuées dans le nord-ouest del' Abitibi entre 1909 et 1937 (selon Marchais, 2017) ...... 109

Figure 3.28: Fréquence de chaque taxon(%) dans les observations effectuées dans le nord-ouest de l' Abitibi entre 1980 et 2008 (selon Marchais, 2017) ...... 110

Figure 3.29: Dominance de chaque taxon dans les observations effectuées dans le nord-ouest del' Abitibi entre 1980 et 2008 (selon Marchais, 2017) ...... 111

Figure 3.30: Concentration des particules de plomb contenues dans chaque arbre échantillonné (A) et rapports isotopiques 206Pb!2°7Pb de ces échantillons (B) (Arteau, 2019: 61) ...... 112

Figure 4.1 : Fonderie de la mine Beattie, mai 2018 ...... 127

Figure 4.2: Église de Rapide-Danseur, novembre 2018 ...... 130

· Figure 4.3 : Lac Hébécourt et lac Monsabrais vus depuis les collines d'Hébécourt, mai 2018 ...... 132 LISTE DES TABLEAUX

Tableau 2.1 : Cadre opératoire de la première question secondaire ...... 55

Tableau 2.2 : Inventaire des cartes retenues par la cueillette de données ...... 57

Tableau 2.3 : Cadre opératoire de la deuxième question secondaire ...... 60

Tableau 4.1 : Évolution de quelques traceurs géographiques, par décennie ...... 134 RÉSUMÉ

Les frontières de ressources sont l'expression territoriale d'une manière de concevoir la biosphère en tant que ressource naturelle. En Amérique du Nord comme ailleurs, la construction de l'État moderne se fonde sur la dépossession des territoires autochtones et de leur valorisation pour construire la société coloniale. La sous-région du lac Duparquet (Agotawekami) en Abitibi a été annexée par la province de Québec à la fin du XIXe siècle avant de connaître des bouleversements profonds avec l'arrivée d'un mouvement de colonisation à partir des années 1930. Ce mémoire s'intéresse à l'origine et au fonctionnement des transformations écologiques et socioéconomiques qu'a connus ce milieu du tournant du xxe siècle à aujourd'hui. Il suggère qu'une frontière de ressources a émergé par la matérialisation continuelle d'un paysage colonialiste de peuplement selon un discours valorisant l'exploitation des ressources naturelles pour justifier l'appropriation du territoire et la territorialisation d'un régime d'exploitation de la nature. Pour vérifier cette affirmation, une analyse de représentations cartographiques a été menée par l'étude de 14 cartes produites par l'État québécois représentant l' Abitibi entre 1898 et 2018. Elle a été accompagnée d'une analyse diachronique de traceurs géographiques représentatifs de l'évolution démographique, écologique et d'utilisation du sol de la sous-région du lac Duparquet provenant de sources diverses ayant servi à la construction de séries temporelles et de quatre cartes. L'analyse des résultats révèle que l'État représente d'abord l' Abitibi comme vierge, riche de ses matières premières et marquée de nombreux signes et symboles de la société domin~te et ensuite pour ses attributs naturels et culturels commercialisables. Un tel discours trouve écho dans l'établissement d'une population et d'infrastructures venues d'abord exploiter les ressources minières, agricoles et forestières pour ensuite se renouveler dans les activités touristiques et résidentielles aux conséquences écologiques permanentes dans le milieu. La construction et l'évolution de ce paysage illustrent les mécanismes utilisés pour déposséder les Anicinabek de cette portion de leur territoire ancestral et le transformer en « région- ressource » québécoise.

Mots-clés : Frontière de ressources, colonialisme de peuplement, paysage, représentation de l'espace, territorialisation, Abitibi ABSTRACT

Resource frontiers are the spatial articulation of ways of representing the biosphere as a natural resource. Modem North American nation-states, as elsewhere, are built upon the exclusion of lndigenous peoples from their territories and the enhancement of the dispossessed land base to facilitate the construction of the colonial society. Lake Duparquet (Agotawekami) area, as of all Abitibi, have been integrated to by the end of the 19th century and experienced massive change beginning in the 1930s with a state-sanctioned settlement movement. This Master's thesis interrogates the nature and extent of ecological and socioeconomic change in the Lake Duparquet area from the turn of the 20th century until now. lt suggests that a resource frontier emerged by the contingent materialization of a settler colonial landscape, based on ways of representing the area by its natural resources and as belonging to Quebec, and the territorialization of a resource exploitation regime. A cartographie representation analysis has been conducted using 14 maps showing Abitibi between 1898 and 2018 and produced by agents of the provincial state. A multi-proxy diachronie analysis has been performed in complement using Lake Duparquet area represen~ative demographic, ecological and land use datasets organized in multiple-time series and four maps. The provincial state's early representations of Abitibi show the area as pristine, valuable for its raw materials and marked by symbols from the settler society, while late representations show a unique market-valuable area for its natural and cultural attributes. This discourse first materialized by the establishment of numerous settlers and infrastructure in the purpose of mining, logging and agriculture work, and revive later with residential and tourism-related activities with an ongoing and increasing ecological pressure. The construction and evolution of such a landscape show the settler colonial process of dispossession-reconstruction in the making as this part of Anishinaabe ancestral territory is reordered as one of Quebec's natural resource-based peripheries.

Keywords: Resource frontier, settler colonialism, landscape, representation, territorialization, Abitibi INTRODUCTION

Selon de nombreuses recherches, la Terre serait entrée dans une nouvelle ère géologique, suivant !'Holocène, marquée par l'influence dominante de l'être humain sur les variations naturelles du climat (Crutzen, 2002; Maslin et Lewis, 2015; Steffen et al., 2005; Steffen et al. 2015; Zalasiewicz et al., 2015). L'arrivée du concept d' Anthropocène dans la recherche scientifique a ravivé l'intérêt pour l'étude des activités anthropiques comme élément central dans la compréhension du système Terre (Maslin et Lewis, 2015). Toutefois, nombreuses sont les études qui homogénéisent l'empreinte géoécologique de l'ensemble de l'espèce humaine sans prendre en considération les inégalités intraespèce, l'impact localisé de certains régimes d'exploitation de la biosphère sur l'ensemble du système Terre ainsi que le lien politique qui relie ces deux phénomènes (Haraway, 2016).

La« grande accélération» de l'empreinte géoécologique est stimulée par le contexte contemporain de mondialisation par lequel certaines classes d'individus détenant l'essentiel du pouvoir politique et économique de leur société mobilisent un ensemble de ressources pour en accumuler davantage (Steffen et al., 2015; Moore, 2015). Ce faisant, ces classes ont cherché à transformer la nature, l'humanité comprise, au service de leurs intérêts particuliers. Cet accaparement de ressources se justifie selon leur discours par la recherche du bien commun de l'ensemble del' espèce humaine (François, 2003).

Les changements sociaux et environnementaux du monde contemporain sont fortement imbriqués les uns dans les autres. D'une part, l'augmentation de l'intensité et de la 2 fréquence des événements extrêmes est directement reliée au mode de vie porté par cette mondialisation, et affecte majoritairement les populations les plus vulnérables par leur rang social, leur genre ou leur race (IPCC, 2014). D'autre part, les solutions mises de l'avant par les États et les organisations internationales pour répondre à ces crises ne permettent pas de les solutionner. Elles s'attaquent ·plutôt aux quelques conséquences les plus dommageables afin d'assurer la survie du modèle dominant de l'économie (Bonneuil et Fressoz, 2016). La tertiarisation de l'économie et le développement durable sont ainsi souvent valorisés pour assurer une transition vers un modèle économique durable à grande échelle. Ils se fondent toutefois sur la croissance des projets de développement de grande envergure dans les périphéries du monde où des populations déjà vulnérables vivent d'abord les conséquences écologiques directes et où les profits convergent vers les métropoles (Dalby, 2019).

Le caractère fortement situé des causes et des conséquences des changements globaux amène la nécessité de déconstruire les modes de conception et d'organisation de la nature et de l'humanité afin de nuancer l'idée d'un anthropos homogène dans la responsabilité des changements environnementaux. L'étude de l'impact de l'espèce humaine sur la biosphère passe en effet selon nous par une compréhension des relations de nature politique ayant modulé les relations intraespèce et le rapport à la nature. En particulier, les changements globaux se fondent sur l'addition d'une multitude de transformations socioécologiques ayant lieu à l'échelle locale et régionale. Ils se situent à l'intersection d'un environnement biophysique et de relations de pouvoirs en évolution constante à de multiples échelles (Massey, 2005).

Les frontières de ressources, soit les formations territoriales fondées sur la mise en valeur et l'exploitation des ressources naturelles, bouleversent les structures géoécologiques et socioéconomiques locales afin d'intégrer de nouveaux territoires sous le contrôle de l'économie capitaliste mondialisée (Dollfus, 1981; Rasmussen et Lund, 2018). Actives dans le monde hier comme aujourd'hui, les frontières de 3 ressources ont ceci en commun qu'elles se fondent sur la mise en valeur de la biosphère en tant que ressource naturelle et qu'elles marquent un moment de transition dans les milieux locaux (Bataillon, 1981). Elles marquent le bouleversement d'un ordre territorial initial par la mise en place de mécanismes de contrôle et d'exploitation de la nature, individus compris (Rasmussen et Lund, 2018). Ils sont l'expression spatiale de la matérialisation d'un pouvoir hégémonique porté par des acteurs motivés par un ensemble d'idées et d'intérêts particuliers, dont l'État moderne est souvent à l'avant- plan.

L' Abitibi est une région québécoise dont l'appropriation s'est effectuée à l'aide d'un front pionnier afin d'étendre le contrôle territorial de l'État québécois (Asselin, 1982). Annexé en 1898 par la province de Québec, le Nord-Ouest québécois s'est peuplé rapidement d'une population originaire de la vallée du Saint-Laurent et d'ailleurs à partir de 1912 (Vincent, 1995). Ce mouvement s'est basé sur un discours faisant la promotion de l'exploitation des ressources naturelles et de la conquête du territoire « national » présenté comme vierge et sauvage pour justifier son existence (Morissonneau, 1978). Ce processus d'annexion a profondément transformé l'environnement régional jusqu'à aujourd'hui. Par le fait même, il aurait participé à l'acculturation du peuple anicinape et à son expulsion du territoire qu'il occupait depuis plusieurs milliers d'années (Couture, 1983). La sous-région du lac Duparquet, composée de la ville de Duparquet, de la municipalité de Rapide-Danseur et du territoire non organisé de Lac-Duparquet, située dans la Municipalité régionale de comté (MRC) d'Abitibi-Ouest, a du nombre été colonisée à partir des années 1930 (Gauthier et SPAT, 2009). Elle a connu des transformations géoécologiques (Bescond, 2002) et socioéconomiques (Vincent, 1995) profondes selon les attributs propres à l'environnement local, les politiques publiques à différentes époques et le sens des transformations observables sur place. Bien que différentes études ont proposé d'étudier la frontière de ressources abitibienne (par exemple, Innes, 1960; McDermott, 1961; Asselin, 1982; Tremblay, 1984), ou les transformations écologiques locales et 4 régionales (par exemple, Bescond, 2002; Danneyrolles, 2016; Marchais, 2017), aucune ne s'est spécifiquement employée à mettre en relation ces deux champs d'études.

Figure 0.1 : Panneau indicateur du rang du Coin-Saint-Pien-e à Rapide-Danseur, novembre 2018.

Ce projet de recherche s'intéresse particulièrement à l'origine et au fonctionnement des transformations socioécologiques qu'a connues la sous-région du lac Duparquet depuis 1898. En nous inspirant des approches matérialistes et postcolonialistes en géographie, nous formulons l'hypothèse qu'une frontière de ressources s'est inscrite dans le paysage par la matérialisation de représentations colonialistes de peuplement pour expliquer la nature des transfonnations qu' a connues ce milieu. Afin d'éprouver cette hypothèse, nous comparerons la nature des représentations caitographiques effectuées par l'État québécois avec les transformations démographiques, écologiques et d'utilisation du sol da11s la sous-région du lac Duparquet à partir de la combinaison d'une analyse de ces représentations cartographiques et d'une analyse diachronique de 5 différents traceurs géographiques. Cette démarche de recherche veut comprendre la nature et l'ampleur des changements sociaux et environnementaux à petite échelle à partir d'une lecture intégrant l'étude de discours, des écosystèmes forestiers et des formations socioéconomiques.

La pertinence scientifique de notre démarche se fonde sur la nécessité de comprendre l'origine et le fonctionnement des changements globaux dans une lecture intégrant certaines données et méthodes choisies des sciences sociales et naturelles. Il semble que le fractionnement et la surspécialisation des recherches scientifiques, héritage d'une tradition vieille de plusieurs siècles, soient déphasés avec les changements rapides et fortement imbriqués que connaît la planète à ce jour. Bien qu'elle soit pertinente à bien des égards pour trouver des solutions à des problèmes précis, la méthode scientifique pourrait être bonifiée par des approches intégratrices s'intéressant aux relations qui unissent les phénomènes plutôt qu'à les comprendre séparément. Or, bien que le champ de l'écologie politique en géographie soit sensible à la nécessité de cette démarche, personne, à notre connaissance, ne s'est encore intéressé à ce type de démarche méthodologique binomiale dans le cadre de l'étude des frontières de ressources québécoises. Sans vouloir explorer l'ensemble des façons d'aborder les frontières de ressources, ce projet de recherche propose un assemblage conceptuel singulier afin de comprendre l'évolution socioécologique de la sous-région du lac Duparquet depuis 1898. Plus spécifiquement, la frontière de ressources est ici entendue en tant que paysage émergent où se matérialise une représentation particulière de l'espace, qui se renouvelle lors de la valorisation de nouvelles ressources par un pouvoir hégémonique. En proposant une telle lecture à l'échelle locale, notre démarche veut mettre en lumière l'interaction de différents phénomènes agissant à de multiples échelles dans leur expression territoriale locale. Dans un contexte marqué par l'impuissance face aux changements globaux dont les conséquences sont vécues de différentes manières partout dans le monde, il est nécessaire de déconstruire les manières de représenter et de transformer son environnement dans les milieux habités 6 afin de mieux en saisir les modalités et les finalités. Une augmentation de l'aptitude de la population à comprendre son environnement et l'impact de ses actions sur celui-ci peut inciter à une réappropriation de son milieu de vie immédiat et concourir, à plus grande échelle, à des pratiques territoriales plus résilientes. En ce sens, notre démarche cherche à proposer une lecture intégratrice et relationnelle dans la compréhension de notre environnement afin d'être collectivement mieux outillé pour le transformer.

Ce mémoire se divise en quatre chapitres. Le premier comporte une revue de la littérature traitant du colonialisme de peuplement, du paysage et des frontières de ressources. L'articulation de ces concepts est effectuée selon une approche matérialiste et postcolonialiste, dont leurs fondements et leur utilité sont détaillés dans ce chapitre. Elle permet d'établir une discussion plus étoffée autour de l'origine et le fonctionnement des territoires-frontières afin de décrire notre contribution particulière dans l'étude de la frontière abitibienne. En particulier, nous définissons la frontière de ressources comme un paysage émergent où se matérialisent des représentations du territoire.

Le deuxième chapitre présente la problématique de ce mémoire qui vise à intégrer les données et les méthodes des sciences naturelles et sociales pour comprendre l'évolution de la sous-région du lac Duparquet depuis 1898. Elle est accompagnée du cadre conceptuel et de la démarche méthodologique de ce projet s'articulant tout particulièrement autour des concepts de représentation de l'espace et de territorialisation. Une analyse de la représentation cartographique faite du milieu à l'étude est décrite à partir de 14 cartes del' Abitibi produites par l'État québécois entre 1898 et 2018 et de leur traitement à l'aide de fiches d'interprétation permettant d'identifier les principales caractéristiques du discours de l'État. L'analyse diachronique de traceurs géographiques est également présentée, notamment son mode de cueillette de données démographiques, écologiques et d'utilisation du sol de la sous- région du lac Duparquet, celles-ci provenant de sources diverses, et son mode de

/ 7 traitement et d'analyse faits à partir de la mise en forme de ces données par la création de cartes et de séries temporelles et d'une description simple de leur contenu.

Le troisième chapitre présente les résultats de nos réflexions quant aux deux hypothèses secondaires. D'abord, les résultats de l'analyse des représentations cartographiques sont présentés à l'aide de la description des cartes à l'étude selon la toponymie, les découpages administratifs, la mise en valeur économique et les composantes principales des cartes. Elles permettent de mettre en lumière les mécanismes de représentation de la région par l'État. Ensuite, les résultats de l'analyse diachronique de nos traceurs géographiques sont présentés à partir des cartes montrant la sous-région du lac Duparquet en 1926, 1950, 1984 et 2016 et des séries dendrogéochimiques, démographiques et d'écologie forestière afin d'établir les modalités du processus de territorialisation d'un régime d'exploitation des ressources naturelles.

Le dernier chapitre porte sur l'interprétation des résultats du chapitre trois afin d'éprouver les hypothèses secondaires et ensuite l'hypothèse principale de ce mémoire. À ce titre, elle révèle que l'État québécois représente d'abord l' Abitibi en fonction de son appartenance à la société québécoise, de la disponibilité des ressources naturelles à extraire et des modes d'accès à ces ressources. Il représente ensuite la région selon ses attributs naturels et culturels commercialisables dans une logique de consolidation régionale. Ce discours inspire l'établissement soudain d'un régime d'exploitation des ressources naturelles orienté autour de l'agriculture, la foresterie et l'exploitation minière. Celui-ci se transforme progressivement pour favoriser les activités économiques liées à la conservation. L'émergence d'une région-ressource périphérique et les conséquences écologiques que cela engendre sont un mécanisme par lequel se matérialise un paysage colonialiste de peuplement dans la sous-région du lac Duparquet. CHAPITRE!

CADRES THÉORIQUE ET CONCEPTUEL

Les mouvements de colonisation engendrent continuellement de nouveaux agencements territoriaux dans l'environnement humanisé. Encore très actifs dans le Sud global contemporain, ils sont à l'origine de la modification de vastes étendues de territoire à travers l'histoire, et ce, partout dans le monde (Bataillon, 1981; Manshard et Morgan, 1988; Roberts, 1996). Ce que l'on appelle dans le cadre de cette maîtrise les frontières de ressources, aussi appelées fronts pionniers oufrontier, ont une origine et un fonctionnement uniques selon le lieu et l'époque, ce qui rend leurs comparaisons assez difficiles. À la grande diversité de formes que peuvent prendre les frontières de ressources s'ajoutent les multiples façons dont le phénomène est expliqué selon l'approche théorique choisie.

Dans ce chapitre, les approches théoriques desquelles ce projet de recherche s'inspire sont d'abord explorées, soit les géographies matérialistes et les géographies postcolonialistes dans leurs études particulières des relations humain-environnement et territoire-culture. Ensuite, les concepts de colonialisme de peuplement et de paysage sont présentés, avant de poursuivre vers une revue des définitions de la frontière de ressources à travers différentes déclinaisons des concepts de frontière et de ressource. Quelques interprétations sur l'origine des frontières de ressources sont également explorées pour en arriver à décrire l'État comme acteur central des fronts pionniers, participant dans leur construction à l'expansion d'un groupe dominant et de l'économie 9 capitaliste sur un territoire. Les frontières sont abordées selon les différentes fonctions qu'ils remplissent et leurs conséquences. Les caractéristiques des mouvements pionniers sont ensuite rassemblées dans une lecture de ce phénomène de peuplement en tant que paysage émergent. Finalement, l'étude des frontières de ressources est présentée en tant que méthode de lecture géohistorique à travers son utilisation dans l'écriture de l'histoire abitibienne pour décrire le cadre qui guide notre interprétation de cette histoire.

1.1 Approche théorique

La recherche sur les changements environnementaux est devenue un domaine d'étude majeur dans les dernières années (Dedeurwaerdere, 2014). Un nouveau champ scientifique nommé sciences du système Terre s'intéresse de plus depuis quelques années à faire le lien entre les cycles naturels de l'environnement et les processus structurant l'humanité dans une perspective holistique (Pitman, 2005). La géographie est toutefois elle aussi déjà passablement bien outillée pour étudier la relation entre l'humanité et son environnement. Son regard. particulier s'intéresse en effet à la construction des espaces en tant que produit de relations à toutes les échelles, et ce, par une compréhension intégrée des processus sociaux historicisés et des processus biophysiques dans une logique d'intégration (Massey, 2005; Gomez et Jones, 2010; Sneddon, 2009). En particulier, l'écologie politique (politica/ ecology) est une école de pensée en géographie qui s'intéresse à la dialogique nature-société (Neumann, 2009). Les recherches menées dans ce champ cherchent à démontrer que le politique et l'environnement évoluent dans une relation d'interdépendance, à jeter un regard sur l'origine et le fonctionnement des changements globaux, ainsi qu'à réfléchir sur les problèmes d'inégalités et de durabilité (Robbins, 2011). Elle propose ainsi une lecture critique des rapports de pouvoir et des cycles de la biosphère qui coconstruisent les paysages sociobiophysiques (Lave et al., 2014). Notre projet de recherche s'inscrit dans ce champ d'études en s'inspirant des concepts et méthodes des approches 10 matérialistes et postcolonialistes en géographie pour explorer et déconstruire les rapports humanité-nature et territoire-culture. Ces approches étant issues de différentes manières d'étudier les phénomènes géographiques, quelques grandes tendances qui leur sont propres sont dégagées afin d'y inscrire notre projet de recherche.

1.1.1 Géographies matérialistes

Le matérialisme se fonde sur la primauté de la réalité matérielle sur le monde des idées et de l'esprit. En particulier, le matérialisme historique tel que défini à partir des travaux de Karl Marx au XIXe siècle et développés par la suite. notamment par des auteurs marxistes et anarchistes, postule que les conflits entre différentes classes de la société, fondée selon leur positionnement dans l'appareil de production économique et leurs conditions matérielles d'existence, expliquent les bouleversements majeurs de l'histoire de l'humanité (Jackson, 2003). Cette dialectique offre une lecture permettant de comprendre et d'analyser la réalité matérielle· du monde à partir de différents déterminants. Selon les matérialistes, le monde social est structuré en fonction de rapports de force entre différents groupes de la société (Lacoste, 1982).

Les géographies matérialistes sont particulièrement sensibles aux relations politiques entre les acteurs du monde social, et à leur influence dans la construction des territoires à toutes les échelles (Jackson, 2003). Elles s'intéressent aux formations économiques et politiques pour comprendre comment le territoire est soumis à un processus de production et de re-production (Taylor, 2003). Cette approche considère que le monde biophysique est traversé par les rapports de force de la société, et l'inscrit dans son étude des interactions entre l'environnement naturel et humanisé (Moore, 2015). Plus que de proposer une manière d'expliquer la réalité, les géographies matérialistes sont une approche engagée (De Koninck, 1978; Raffestin, 1980) qui cherche à comprendre le monde pour le transformer dans une perspective d'émancipation. 11

Parmi les écoles de pensées de la géographie culturelle, on retrouve le matérialisme culturel qui s'intéresse aux rapports de forces s'inscrivant dans le territoire par différentes manifestations culturelles (Jackson, 2003). Cette école tire en partie son origine des travaux d' Antonio Gramsci. S'inspirant des écrits marxistes, cet auteur a raffiné le matérialisme historique en proposant que les classes dominantes de la société utilisent différentes manifestations culturelles afin d'asseoir l'hégémonie de leur manière de conceyoir le monde (Jackson, 2003). Il a ainsi ouvert la dialectique matérialiste à l'étude des signes et symboles par lesquels s'exprime l'idéologie, cet ensemble cohérent d'idées par lequel s'expriment les intérêts de différentes classes sociales, afin de comprendre la réalité (Glassman, 2009). Le matérialisme culturel en géographie s'intéresse donc particulièrement aux manifestations territoriales d'un discours en tant qu'outil de pouvoir. Le concept de paysage culturel y est utilisé dans une lecture dialectique pour décrire l'expression matérielle d'un discours hégémonique et de sa contestation (Mitchell, 2002). Le présent travail s'inspire de cette démarche, car il est particulièrement sensible aux représentations de différents acteurs politiques et comment ceux-ci transforment les espaces géographiques.

1.1.2 Géographies postcolonialistes

Les géographies postcolonialistes cherchent à déconstruire les structures de pouvoir en mettant en lumière les idéologies guidant les décisions de diverses institutions de la modernité (recherche scientifique, capitalisme et État) et comment elles participent, entre autres, à la construction d'une société empreinte de racisme (Sundberg, 2003). Ces courants géographiques utilisent la notion de colonialité du pouvoir pour révéler comment elle influence la production du savoir et le fonctionnement des espaces (Sharp, 2003). La colonialité du pouvoir réfère dans ces études à une matrice de pouvoir fondée sur l'exploitation de la force de travail, la domination ethnoraciale, le patriarcat et l'imposition d'une orientation culturelle eurocentriste (Quijano, 2007). Afin de déconstruire ces relations de pouvoir inégales, les recherches postcolonialistes mettent 12 le rapport au territoire des oubliés du pouvoir (l'Autre invisibilisé) au centre de leur analyse (Radcliffe, 2017). Elles appellent donc à une décolonisation du savoir et de la société en général en favorisant la réappropriation de la connaissance par les populations marginalisées par des siècles de domination occidentale (Denzin et al., 2008). Ce courant géographique porte une attention toute particulière aux images et symboles utilisés dans le langage afin de représenter l'Autre dans une logique d'exclusion (Sharp, 2003).

Ce projet de recherche n'a toutefois pas la prétention de s'inscrire dans une perspective décoloniale. Mené par un chercheur appartenant à la société dominante eurodescendante, ce projet utilise une approche méthodologique qui n'est pas fondée sur l'étude de l'expérience des populations autochtones et qui n'est pas contrôlée par des individus des Premières Nations, des Métis ou des Inuits. Cependant, il s'inspire de cette approche en s'inscrivant dans une logique anticoloniale pour mettre en lumière les mécanismes de domination et d'exclusion des populations autochtones à partir des représentations colonialistes du territoire et de son occupation.

1.2 Cadre conceptuel - Définitions

Ce projet de recherche se fonde sur l'articulation des concepts de colonialisme de peuplement, de paysage et de frontière de ressources. Une définition particulière de ces concepts est donc proposée conformément à notre approche théorique afin de formuler les bases de notre problématique de recherche.

1.2.1 Colonialisme de peuplement

Le premier concept qui guide cette recherche est le colonialisme de peuplement (sett/er co/onialism). Ce concept est apparu vers la fin des années 1990 dans la littérature sciehtifique et est principalement d'usage dans la littérature anglo-saxonne (Veracini, 201 1). Les recherches qui l'utilisent le distinguent du colonialisme, qui désigne lui une 13 structure de pouvoir principalement fondée sur l'exploitation de la force de travail d'une population autochtone marginalisée sur la base de la« race» (Wolfe, 2006). Le colonialisme de peuplement provient spécifiquement du processus de colonisation dans les contextes où les pouvoirs coloniaux ont cherché à fonder une société ethniquement distincte basée sur le peuplement massif d'un territoire représenté comme vierge au moyen d'une population d'origine européenne (Bonds et Inwood, 2016; Veracini, 2011; Wolfe, 2006). Le colonialisme de peuplement se définit donc comme une structure de pouvoir fondée sur l'occupation permanente d'un territoire dans le but de former une société nouvelle à partir de la suppression des ·populations autochtones (Bonds et Inwood, 2016). Ce concept trouve sa source dans ce que Wolfe (2006) identifie comme une logique de suppression (logic of elimination), fonctionnant selon une dynamique négative et positive. L'aspect négatif désigne la dissolution des sociétés autochtones, tandis que l'aspect positif comprend l'érection d'une société nouvelle sur les territoires expropriés à partir d'une mise en valeur économique du territoire et des ressources qu'il contient. La colonisation de peuplement n'est ainsi pas un événement passé, mais une structure héritée du passé en constante reproduction dans les sociétés coloniales contemporaines, notamment au Canada, aux États-Unis, en Australie et en Nouvelle- Zélande (Veracini, 2011).

Selon Jafri (2017), concevoir le colonialisme de peuplement comme une structure totalisante montre la violence_ coloniale comme étant inévitable et indépendante du pouvoir des agents de sa reproduction, dans le temps et l'espace. En ce sens, ce projet de recherche considère le colonialisme de peuplement comme le résultat d'un assemblage de formes de pouvoir à différents lieux et à différentes époques, formé selon l'hégémonie d'une manière de représenter les territoires ancestraux des peuples autochtones. Cette façon de concevoir le colonialisme s'opérationnalise à partir d'une définition du paysage en tant que matérialisation d'un discours. 14

1.2.2 Paysage

Le concept de paysage est assez commun en géographie, particulièrement en géographie culturelle (Dubow, 2009), car il se situe à l'interface des représentations du territoire et de l'espace géographique. Un ensemble de définitions très divers lui est attribué, notamment selon le cadre théorique, la tradition linguistique et l'époque (Meinig, 1979). Dans le cadre de ce mémoire, la définition du paysage s'inspire du matérialisme culturel en ceci qu'il nous apparaît issu d'un rapport de force dialectique entre les groupes dominants et subordonnés de la société (Mitchell, 2002). Étant l'expression matérielle d'un discours porteur des intérêts de certains groupes de la société, le paysage à la fois le processus et le médium par lequel des acteurs transforment un territoire conformément à un ensemble spécifique de représentations. '"[T]he cultural landscape' at once captures the intent and ideology of the discourse as a whole and is a constitutive part of its ongoing development and reinforcement" (Schein, 1997 : 663). Défini de cette manière, le paysage peut à la fois participer à la mécanique normative de la société lorsqu'il s'inscrit dans le discours hégémonique, mais également dans sa contestation lorsqu'il est mobilisé par des groupes subordonnés de la société à des fins émancipatrices. Le paysage est en effet le produit de l'interaction continuelle et évolutive d'un ensemble d'idées, d'individus, d'institutions, d'éléments physiques (Mitchell, 2002), résultant de la co-construction d'une infinité de pratiques quotidiennes individuelles et de l'évolution des cycles naturels de la Terre (Massey, 2006).

Ce projet cherche donc à dégager et à comprendre les représentations d'acteurs dominants de la société et la manière dont ils sont impliqués dans les transformations d'une aire désignée. L'utilisation du concept de frontière de ressources permettra de donner un sens aux transformations que l'on peut observer dans la sous-région du lac Duparquet depuis 1898, des transformations sensibles dans le paysage et qui sont issues des représentations colonialistes de peuplement. 15

1.2.3 Frontière de ressources

Selon Retaillé, un front pionnier désigne un « espace mobile marquant la limite provisoire de l'expansion d'une société, au sein d'un espace plus vaste, en cours de mise en valeur» (2003 : 412). Il s'agit d'un espace en cours d'incorporation à l'écoumène, soit la portion de la planète qui est habitée par l'être humain (Kristof, 1959). Or, cette définition s'avère problématique puisque, à l'exception de quelques déserts, l'ensemble de la Terre est habité de différentes manières. La frontière de ressources est donc nécessairement un théâtre d'affrontement entre de multiples cultures et modes d'habiter l'espace géographique (Dollfus, 1981). Elle marque la perturbation d'un ordre initial et son remplacement par un autre mode d'occupation du territoire en intégrant ou en expulsant les personnes qui peuplent un territoire (Rasmussen et Lund, 2018). La frontière de ressources est également considérée comme une région périphérique en cours d'incorporation au contrôle d'une région centrale qui revendique ce territoire comme le sien (Tran, 2002). Ce faisant, elle l'intègre à un nouveau système économique et politique à différentes échelles (Cleary, 1993) selon une reconfiguration produite par de nouvelles pratiques, trajectoires et interrelations locales (Barney, 2009). Dans le cadre de ce projet de recherche, la frontière de ressources est abordée en tant que paysage émergent où se matérialise une représentation du territoire, constamment transformé lorsqu'une nouvelle ressource est mise en valeur. Bien que front pionnier et frontière de ressources signifient la même chose, nous retiendrons la nomenclature de « frontière de ressources » dans le cadre de ce travail, car les mots qu'elle contient reflètent mieux notre définition du phénomène. Afin de raffiner cette définition, deux concepts opératoires fondamentaux desquels la frontière de ressources se définit sont présentés, soit la frontière et la ressource.

1.2.3.1 Frontière

En géographie, la frontière désigne plusieurs phénomènes selon la définition qu'on lui accole. Grossièrement, elle fait référence à une« limite à métrique topologique» (Lévy, 16

2003b : 384) qui joue à la fois le rôle de barrière, d'interface et de territoire en soi. La frontière peut être un obstacle lorsqu'elle représente la limite extérieure d'un État à l'époque contemporaine. En tant que barrière imaginée pour délimiter un domaine territorial, l'État utilise différentes stratégies afin d'affirmer sa souveraineté jusqu'à cette limite, dont la surveillance, les contrôles et parfois même l'établissement d'obstacles physiques (Raffestin, 1980). Les frontières naturelles, telles une rivière ou une chaine de montagnes, sont des barrières issues de l'environnement physique qui sont parfois également utilisées comme frontières politiques (Paasi, 2009). La frontière est en outre une interface, puisqu'elle« ne fait que filtrer et canaliser des relations entre espaces qui existeraient de manière plus diffuse sans elle» (Lévy, 2003b : 384). Par exemple, une frontière désigne la limite entre des aires culturelles distinctes qui coexistent sur un territoire plus vaste. Ici, la frontière agit plus comme division des entités et comme discours normalisant des différences territorialisées (Paasi, 2009). Finalement, la frontière comme territoire désigne un espace de transition entre des territoires différents dotés de caractéristiques propres. Le territoire frontalier, des deux côtés de la limite, est un espace périphérique aux contours flous doté d'une identité propre (Wastl-Walter, 2009). Ce territoire est un lieu d'hybridation d'identités, où différents modes d'appropriation et de signification du territoire coexistent dans un même lieu.

Dans la littérature anglo-saxonne, la frontière comme limite imaginaire et la frontière comme espace de transition sont deux concepts distincts, soit boundary (ou border) et frontier. Pour Kristof (1959), boundary désigne la limite politique et légale d'un État. Elle est un objet qui sépare, orienté vers l'intérieur, et qui démontre l'action de forces centripètes d'une autorité politique. De son côté, frontier est une aire désignée en mouvement, faisant partie d'un territoire plus grand. Elle est une construction sociopolitique qui atteste du pouvoir extérieur d'une société ou d'un État, qui démontre l'action de forces centrifuges. Même s'ils expriment des phénomènes distincts, ces deux conceptions ont en commun qu'elles décrivent une limite dont l'existence est le 17 produit de relations de pouvoir territorialisées. Bien que l'étude du processus de création et de légitimation des limites territoriales d'un État soit intéressante, notre recherche portera plutôt sur la seconde utilisation de la frontière,.frontier, soit comme espace de transition.

Kristof (1959) définit cette frontière. comme la manifestation de la croissance de l'écoumène habitant les marges du monde. Il s'agit d'un front, d'une limite en mouvement dont les marges "were areas of dawn; they were frontiers in the sense of Turner's agricultural frontier: pioneer settlements of a forward-moving culture bent on occupying the whole area" (Kristof, 1959 : 270). Cette interprétation de la frontière fait référence à la théorie de la Great Frontier de Turner (1894), couramment réutilisée et critiquée afin de donner un sens à l'apparition et au fonctionnement des frontières (Cronon, 1987). Cette théorie est discutée plus bas, mais il convient de souligner ici qu'elle définit la frontière à partir des mouvements de colonisation agricole. Cela met en lumière l'utilisation des ressources naturelles en tant que caractéristique centrale à l'origine de ce mouvement dans l'espace.

1.2.3 .2 Ressource

La frontière de ressources mobilise également le concept opératoire de ressource. En effet, les ressources, en particulier naturelles, sont centrales à l'apparition des fronts pionniers puisqu'ils sont le résultat d'une valorisation de la biosphère. La ressource peut être définie comme une « [r]éalité entrant dans un processus de production et incorporé dàns le résultat final de cette production» (Lévy, 2003c: 798). Dans le système capitaliste, la production est partie intégrante de l'accumulation du capital (Glassman, 2006). Une ressource est donc ici un objet ayant une valeur d'usage. Avec le travail, elle détient une valeur ajoutée, ou une valeur d'échange, qui engendre un profit pour la personne ou le' groupe à qui cet objet appartient. Or, la force de travail est une ressource en soi, et les portions de la population appartenant à cette classe doivent la vendre pour survivre. 18

Selon Moore (2016), l'extraction théorique de l'humanité de la nature suit une logique d'opposition binaire fortement utilisée depuis la modernité pour justifier, entre autres, l'expansion du capitalisme sur l'ensemble de la planète. Les individus et les groupes en position de définir le soi (l'humanité) et l'autre (la nature), ont légitimé l'exploitation ·du travail gratuit, ou à très faible coût, nécessaire au maintien et à l'expansion de ce système, dans le temps et l'espace. Cette lecture a permis la soumission de la biosphère et de la majorité de l'humanité comme objet de ce processus de production.

For the story of Humanity and Nature conceals a dirty secret of modem world history. That secret is how capitalism was built on excluding most humans from Humanity-indigenous peoples, enslaved Africans, nearly all women, and even many white-skinned men (Slavs, Jews, the Irish) (Moore, 2016: 79).

Il est donc nécessaire de préciser que bien que l'être humain fasse partie de la nature et que cette opposition est une construction théorique ayant été mobilisée par de multiples systèmes de pouvoir pour permettre notamment l'accumulation du capital, une ressource naturelle concerne la nature non humaine en particulier. Un phénomène naturel n'est ainsi considéré comme une ressource qu'en vertu d'une façon particulière d'observer et d'ordonner la nature pour en tirer profit.

Une réalité issue du monde physique ou biologique ne peut être une ressource que s'il existe un processus de production identifié dans lequel il peut être inséré et qui, par définition, provient de la société. Si l'on appelle naturel le monde biophysique en tant qu'il concerne [l'être humain] et est traité par lui, alors une ressource naturelle est justement le résultat du traitement particulier qui consiste à lui trouver une place dans un ensemble d'actions finalisées (Lévy, 2003c : 798).

Une réalité du monde physique devient donc une ressource parce qu'on lui donne une valeur selon un système de production issu de la société. Cette idée est nuancée par Parenti, lorsqu'à propos de la Critique du programme de Gotha (Marx, 2008), il 19 souligne que : "Marx was clear - more than many Marxists - that nonhuman nature provides use values to capital, which through the labor process are converted into exchange values" (Parenti, 2016 : 167). Selon lui, le processus de production de richesses n'est pas indépendant de la nature non humaine. Pour générer un profit, des objets ayant des attributs utiles à la transformation, tels que l'énergie du soleil ou d'une chute d'eau, la dureté du bois, la richesse de l'argile, doivent exister avant que la société la transforme pour en tirer de la valeur. L'insertion de la portion non humaine dans un système productif n'est pas ainsi tributaire de la nature, mais d'une relation, parmi d'autres, à celle-ci. C'est ce qui fait dire à certains, dont Moore (2015, 2016), que le capitalisme est non seulement une façon d'organiser et de transformer la nature (humanité comprise), mais une relation foncière à la nature : "Human organizations are environment-making processes and projects; in turn the web of life shapes human organization" (Moore, 2016 : 79).

Aujourd'hui, il existe des frontières de ressources principalement en Asie du Sud-Est (Bissonnette et al., 2011; Eilenberg, 2012; Hall et al., 2011), en Afrique (Bluwstein et Lund, 2018; Côte et Korf, 2018; Lund, 2010) et dans le bassin amazonien (Campbell, 2015; Larsen, 2015; Walker et al., 2009). La grande diversité de formes que celles-ci peuvent revêtir rend difficile l'analyse de caractéristiques récurrentes à toutes les frontières. « Les fronts pionniers, en effet, remplissent toujours simultanément plusieurs fonctions, mais jamais dans les mêmes proportions, ce qui rend chaque front pionnier tout à fait unique» (Tran, 2002 : 3). En ce sens, il convient de retourner aux différentes interprétations données à ces phénomènes pour expliquer l'origine et le fonctionnement des fronts pionniers dans différents contextes spatio-temporels. De cette manière, il nous sera possible de présenter un portrait général des différentes caractéristiques nécessaires à retenir dans notre étude de la frontière de ressources abitibienne. 20

1.3 L'origine des fronts pionniers

Les frontières de ressources sont des phénomènes qui ont fait l'objet de différentes interprétations depuis le XIXe siècle. Barney (2009), à propos de sa manifestation au Laos, soutient qu'une lecture relationnelle de la frontière permet d'intégrer une lecture critique des configurations de pouvoirs à différentes échelles à l'intérieur de l'économie politique capitaliste mondialisée où la frontière est le produit de pratiques, de trajectoires et d'interrelations dans l'espace. Pour ce faire, il fait un bilan de différentes interprétations de la frontière, soulignant leurs contributions et leurs contradictions, pour justifier sa lecture critique du phénomène. Puisque l'interprétation de la frontière de ressources qui est effectuée dans ce travail de recherche s'inspire fortement de cette approche, un bilan similaire doit être effectué afin de justifier notre lecture particulière. En partant des premières lectures du phénomène qui ont souligné qu'il s'agit d'un mouvement d'expansion d'un groupe dominant, les contributions marxistes de la frontière sont tout d'abord présentées puisqu'elles décrivent cette caractéristique à travers le fonctionnement du capitalisme dans l'espace. Le rôle spécifique de l'État dans ce phénomène est ensuite présenté comme acteur central par lequel les relations centre-périphérie et humanité-nature sont à la fois produites et filtrées.

1.3.1 L'expansion d'une société dominante

Une des premières et des plus populaires interprétations des frontières de ressources est sans doute la Great Frontier de Turner (1894). Cette théorie a été développée afin d'expliquer l'expansion des États-Unis vers l'ouest. Sa thèse se résume à ceci : "The existence of an area of free land, its continuous recession, and the advan ce of American settlement westward, explain American development" (Turner, 1894 : 199). Turner postule ici plusieurs choses afin de donner un sens à la colonisation de l'Ouest américain. D'abord, selon lui, le développement de la société américaine découle de 21 son expansion sur de nouveaux territoires. Il inscrit l'évolution de· la société, de ses institutions et des idéaux qu'elle représente conjointement dans le temps et l'espace. Il avance qu'elle suit une trajectoire où bouge un «front» sur un territoire plus vaste. Celui-ci est appelé à disparaître au fur et à mesure que l'ensemble du territoire convoité a atteint un certain stade de développement. Turner propose donc de périodiser les étapes de ce développement afin d'expliquer l'évolution de la société d'un état «primitif» à un état «civilisé».

Il postule également que l'Ouest américain, avant d'être colonisé, était un espace «libre» d'être annexé par les États-Unis, car« inutilisé» proprement par les personnes habitant l'endroit. Pour lui, "the frontier is the outer edge of the wave - the meeting point between savagery and civilization" (Turner, 1894: 200), où l'expansion spatiale incite les pratiques visant à individualiser, masculiniser et démocratiser le territoire selon les normes de la société blanche (Cronon, 1987). Ici, Turner utilise une représentation raciste et paternaliste des peuples autochtones vivant sur ces territoires, soit une conception sous-entendue dans toute l'entreprise de colonisation des Amériques, et justifiant l'annexion de ces territoires. Cette théorie a d'ailleurs été grandement réutilisée par d'autres, dans d'autres contextes. Par exemple, Webb (1954) y recourt pour expliquer l'expansion de la« civilisation européenne» dans le monde. Il décrit les étapes de l'expansion de ce groupe à travers différents fronts de colonisation dans les Amériques, en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Afrique du Sud. Le choix de ces territoires correspond aux endroits où les peuples européens ou de descendance européenne ont cherché à fonder une société fondée sm la suprématie blanche.

Cette théorie a notamment été très critiquée pour son eurocentrisme et sa tendance à normaliser les rapports de pouvoir colonialistes (Cronon, 1987). Malgré cette limite, elle a été reprise surtout parce qu'elle souligne l'importance d'histoires locales s'inscrivant dans des processus globaux. Selon cette lecture, les milieux locaux sont le 22 produit, et produisent eux-mêmes, d'interconnexions économiques, politiques et culturelles à différentes échelles. En outre, utiliser ainsi la notion de frontière donne un sens à la lecture de l'histoire qui, en excluant une interprétation du« progrès» co~e entendu par Turner, avance surtout que les transformations que l'on observe avec les frontières de ressources concernent particulièrement l'expansion de groupes politiquement et technologiquement dominants selon des motivations idéologiques identifiables.

1.3.2 L'expansion de l'économie de marché

Les lectures marxistes de la frontière de ressources ont tenté d'apporter une explication plus précise sur l'origine de ce phénomène. Selon cette lecture, les mouvements pionniers découlent de l'expansion de l'économie capitaliste sur de nouveaux territoires non soumis à son mode de production. À propos des recherches qui se sont intéressées à la frontière brésilienne en économie politique, Cleary affirme ce qui suit :

the frontier, now restricted to Amazonia, is the absorption of peripheral regions by an expanding capitalism. This perspective, fundamental to numerous studies of Amazonia, sees a tendency towards homogeneity in economic structure and social relations in the cycle of frontier development, with capitalism ending up as the dominant force. It regards the key subjects in the dynamic of the frontier as the peasantry, who are acted upon by the bourgeoisie and the state, and argues that the dynamic of events within the frontier is determined outside it, in the forms of capital accumulation in the national economy and the way regional economies are articulated to it (1993: 331).

La frontière de ressources apparaît ainsi être en marge des espaces soumis au processus d'accumulation du capital. Elle semble également suivre une trajectoire linéaire, mais au lieu d'être liée seulement à l'expansion de la société européenne, elle est plutôt le résultat du développement de son modèle économique. Pour De Angelis, la frontière de ressources découle du processus d'accumulation primitive, d'abord décrit par Marx comme: 23

the historical process that gave birth to the preconditions of a capitalist mode of production. These preconditions refer mainly to the creation of a section of the population with no other means oflivelihood but their labour- power, to be sold in a nascent labour market, and to the accumulation of capital that may be used for nascent industries (2004 : 62).

Ce processus décrit la séparation entre les producteurs et le·s moyens de production à l'origine de l'apparition du prolétariat, et donc de l'accumulation capitaliste. L'adjectif « primitif» fait référence au moment où une société passe d'un mode d'organisation non capitaliste au mode d'organisation capitaliste. La dimension spatiale de ce processus est l'apparition des enclosures, ces enclaves étant le résultat différentes stratégies de privatisation des terres appartenant auparavant à une ou des collectivités (De Angelis, 2004). Elle s'opère de différentes façons selon les contextes historiques, géographiques, culturels et sociaux. Cette privatisation est accompagnée de l'apparition de rapports sociaux de classe, soit des rapports de pouvoirs qui définissent le positionnement des individus dans l'appareil productif.

Les interprétations classiques de l'accumulation primitive ont expliqué l'origine et le déploiement des différents mouvements de frontière dans le temps et l'espace. Par exemple, Polanyi (2009), situant l'origine du mouvement des enclosures dans l'Angleterre du XIIIe siècle, périodise l'apparition de l'économie capitaliste et de ses institutions à travers le monde selon la diffusion de ce modèle par les empires européens. D'autres lectures de la frontière de ressources rejettent la linéarité de cette approche puisqu'elle reproduit des rapports de pouvoirs colonialistes en négligeant des histoires locales qui dérogent à ce modèle. Par exemple, pour la frontière amazonienne, Cleary (1993) observe que le processus d'accumulation primitive n'est pas linéaire. Il constate à cet effet l'importance de l'économie informelle, ainsi que la décomposition et recomposition simultanée de l'État dans la région alors qu'une lecture traditionnelle de la frontière comme lieu d'expansion du capitalisme aurait plutôt prédit une trajectoire homogène. 24

Pour De Angelis (2004), le processus d'accumulation primitif est continuel. Il n'apparaît pas comme un mouvement linéaire, mais à des moments de contingence où les rapports de pouvoirs entre les élites et les classes ne possédant pas les moyens de production permettent l'émergence d'une classe de salariés. Cette classe peut parfois se positionner en faveur d'une formalisation de son travail dans un marché lorsque cela est dans ses intérêts, tout comme elle peut lutter contre ce processus à d'autres occasions. Même dans les sociétés où le capitalisme est bien établi, l'incorporation d'éléments non économiques dans l'économie de marché dépend de ce rapport de pouvoir. Selon Glassmann:

Primitive accumulation has myriad forms, virtually all of which Marx had already identified in his writings on the topic, but each of these forms also has new twists, as with the development of new forms of environmental govemance that allow private appropriation of the conditions of production or privatization of public goods produced through previous rounds of social struggle (2006 : 622).

Cette contingence de rapports de pouvoirs est également valable pour l'agencement institutionnel d'un État, nécessaire au processus d'accumulation, car il est l'intermédiaire par lequel la valeur d'usage de la biosphère est exposée à l'économie de marché (Bridge, 2014).

1.3.3 La construction de l'État

L'apparition des territoires-frontières découle, en partie, de la construction des États sur leur territoire .. Selon Lévy, l'État peut être défini en ces termes :

Réalité constituée d'un ensemble d'institutions comprenant des dispositifs de puissance pouvant s'exercer à l'intérieur d'une société (maintien de l'ordre) ou au dehors (guerre), disposant au sein de cette société d'une légitimité au titre de sa contribution à l'établissement et au maintien de l'ordre politique. Selon que son action est intra-sociétale ou inter-sociétale, on parlera d'État politique ou d'État géopolitique (2003a: 341). 25

Il s'agit d'une création de la modernité qui devait incarner la puissance d'une société. Sa légitimité découle d'un discours plaçant l'État au-dessus des intérêts particuliers (Scott, 1998). Sa prétention universelle a une vocation normative. Elle est à cet effet dotée des outils pour appuyer sa légitimité, dont les lois et ses institutions (Blomley, 2003).

L'État est une entité territoriale, car il dépend d'un territoire pour exister, et de ce fait, il se doit de l'organiser pour asseoir sa légitimité en tant qu'acteur central de la communauté habitant ce territoire (Blomley, 2003; Parenti, 2016). La frontière de ressources permet notamment d'affirmer cette légitimité. Selon Peluso et Lund (2011), le contrôle du territoire est fondamental au processus d'accumulation dans l'économie capitaliste.

By 'land control' we mean practices that fix or consolidate forms of access, claiming, and exclusion for some time. Enclosure, territorialization, and legalization processes, as well as force and violence (or the threat ofthem), all serve to control land (Peluso et Lund, 2011 : 668).

Pour avoir emprise sur son territoire, l'État est continuellement en train de le segmenter, quantifier, qualifier, etc (Scott, 1998). Ce processus, nommé objectification du territoire, exclut les réalités matérielles de leur contexte plus large et les rend unidimensionnelles (Scott, 1998). Le territoire p.'est plus vu comme un espace en soi, mais plutôt comme un ensemble d'objets territoriaux définis par une série d'attributs. À titre d'exemple, la forêt boréale n'est plus vue comme un biome, mais comme une série de lots numérotés ayant un potentiel d'exploitation et de revente. Cette transformation idéelle est nécessaire pour qu'une frontière de ressources puisse émerger.

La recherche scientifique financée directement ou en partie par l'État a souvent cherché, à travers l'histoire, à décrire et étudier le territoire afin de mieux le contrôler (Lacoste, 26

1982). L'État se pose donc naturellement comme intermédiaire entre les ressources naturelles et leur accès au marché. Selon Parenti, "the state does not have a relationship with nature, it is a relationship with nature because the web of life and its metabolism-including the economy-exist upon the surface of the earth, and because the state is fundamentally a territorial institution" (2016: 166). Pour cet auteur, l'État exerce un « géopouvoir », c'est-à-dire les moyens de produire un territoire où la biosphère est accessible, lisible, connue et utilisable. Ce pouvoir est appliqué à la fois de manière abstraite, par l'établissement d'un régime de propriété privée, que physiquement par la conquête et la construction d'infrastructures.

Ce processus est accompagné d'un processus narratif qui vise à donner un sens à l'entreprise de colonisation. Morissonneau et Asselin définissent ainsi un front pionnier comme étant à la fois une réalité géographique observable qu'un « système d'idées relatif à la conquête de nouveaux espaces» (1980: 146). Ce système d'idées se base sur une certaine représentation de l'espace, du «soi» et de «l'autre», afin de normaliser les rapports de pouvoirs qui ont permis à cet agencement de relations et d'institutions d'apparaître dans un lieu à une époque particulière.

Ce système d'idées comprend plusieurs caractéristiques. D'abord, le territoire à s'approprier doit être vu comme appartenant à l'État. Les mouvements de conquête et les traités de paix ont constamment déplacé les frontières politiques à travers l'histoire, et ont servi comme base attestant d'une certaine possession de la terre (Lévy, 2003a). Ensuite, le territoire à annexer à l'écoumène doit également être représenté comme vide, disponible, non approprié, donc «autre» (Sioh, 2009). Une légitimité particulière se dégage dans l'entreprise de colonisation pour aménager ce territoire« libre» selon les aspirations et les besoins de l'acteur qui porte ce discours en ignorant ou en dévaluant les formes d'occupation qui ont cours sur ce territoire (Blomley, 2003). Finalement, ce système d'idées est accompagné d'une certaine interprétation du progrès (Morissonneau, 1978). Selon cette idée, le sort d'une collectivité, ainsi que des 27 individus qui la composent, s'améliore au fur et à mesure que de nouvelles terres sont appropriées.

Bien qu'il ne représente pas l'ensemble de la dynamique des rapports de pouvoirs des acteurs impliqués dans l'apparition des frontières de ressources, l'État est le produit de la contingence d'un ensemble de valeurs, d'idées et de rapports de pouvoirs entre des acteurs. Son rôle vis-à-vis les frontières de ressources est fortement influencé par le contexte géographique, historique, culturel et social environnant. Il nous est donc nécessaire d'étudier les fonctions des territoires-frontières à travers les différentes fonctions et significations qu'ils ont prises dans le temps et l'espace ainsi que leurs conséquences. Cette façon de faire a pour objectif de nous permettre de mieux qualifier les relations multiples où coexistent des territorialités multiples, l'environnement physique, les institutions étatiques et la population ~ans une frontière de ressources.

1.4 Le fonctionnement des territoires-frontières

Les fronts pionniers ont des caractéristiques et des fonctions forts hétérogénènes. Pour étudier les manifestations contemporaines de la frontière de ressources au Viêt Nam, De Koninck (2000) a recensé différents éléments récurrents aux phénomènes de frontières à travers l'histoire. Pour cet auteur, il est possible de rassembler ces caractéristiques selon les fonctions démographiques, économiques et géopolitiques de la frontière, ainsi que les effets de ce processus sur l'environnement et les minorités culturelles. Les récurrences dans les fonctions et les conséquences qu'ils remplissent, qu'ils soient le fruit d'un mouvement spontané ou qu'ils soient planifiés par des États ou des acteurs privés, sont discutées ainsi que les différentes façons de les observer. Cela nous permettra ultimement de présenter notre lecture du phénomène de la frontière abitibienne. 28

1.4.1 Fonctions

Une des fonctions principales des fronts pionniers est de soulager une press10n démographique importante aux endroits d'où les colons sont originaires.

Population pressure can be defined as a deteriorating ratio of cultivable land to population but it may also stem from specifically social and political factors: excessive exactions from landlords, agrarian crises (which may or may not be directly linked to population growth), or environment disasters linked to agrarian crises, leading to civil unrest, war or famine (De Koninck, 2000: 9).

À l'époque contemporaine, cette fonction a notamment été observée à Java (Hardjono, 1988) où des politiques publiques ont favorisé l'installation de familles paysannes sur d'autres îles indonésiennes afin de déplacer des populations rurales sans terres ou, dans une moindre mesure, des populations urbaines sans emploi. Elle a également caractérisé certains mouvements au Brésil et en Thaïlande. Souvent précédée de politiques publiques qui visent à déplacer la population, elle est parfois le fruit d'un mouvement spontané de la population allant s'établir dans une région comme «squatteurs» avant d'être encadrée par des politiques publiques (De Koninck, 2000). Au final, qu'il existe des politiques publiques encadrant la colonisation ou non, la décision de s'établir dans une frontière revient aux individus, aux familles et aux petits groupes paysans ou urbains quittant la région densément peuplée (De Koninck, 2000).

Une autre fonction importante de la frontière de ressources est d'étendre l'accès à de nouvelles ressources à faible coût. Comme mentionné plus haut, une des caractéristiques du capitalisme en tant que relation à la nature est qu'il dépend d'un accès constant à des ressources à faible coût (Moore, 2016). Selon Rasmussen et Lund (2018), les frontières de ressources apparaissent ainsi lorsque de nouvelles ressources sont découvertes ou valorisées par nécessité, qu'elles soient agricoles, forestières, minières, touristiques, etc. En ce sens, une des fonctions principales des mouvements 29 de colonisation est la marchandisation des ressources naturelles pour les rendre accessibles aux réseaux de production et de consommation.

À la nécessité de contrôler son territoire par l'État, la formalisation de celui-ci par les pouvoirs publics est la première étape de cette marchandisation de la nature. "Land formalization is the practice by which state land managers document, legalize, register, title, and assign property rights in land through bureaucratie means" (Kelly et Peluso, 2015 : 473). Cette formalisation est un processus généralement très violent, car pour que l'État puisse affirmer son autorité sur son territoire, il cherche à éteindre les droits et revendications des populations locales antécédentes en vertu de ses pratiques, institutions et lois (Blomley, 2003). La mise en place d'un régime de propriété foncière est l'un des outils usuels employés par l'État pour contrôler le territoire. La frontière de ressources, où un ensemble d'individus, d'institution et d'infrastructures sont mobilisés pour transformer le territoire, permet son application et son maintien.

L'emprise territoriale de l'État est également sensible dans son influence sur la recherche et dans la construction d'infrastructures de transports (Blomley, 2003). Lorsqu'il n'est pas directement propriétaire des infrastructures permettant l'exploitation et la commercialisation des ressources naturelles, l'État favorise en effet leur mise sur pied avec des incitatifs financiers considérables (Parenti, 2016).

Ainsi, les fonctions économiques des frontières de ressources sont intimement liées aux fonctions géopolitiques de celles-ci, car le développement d'un accès aux ressources naturelles est en relation étroite avec la consolidation territoriale de l'État (Bridge, 2014). Cette caractéristique est d'ailleurs observée partout, notamment en Amérique latine (Hennessy, 1981), en Australie (Robinson, 2005), en Asie du Sud-Est (De Koninck et Déry, 1997) ou en Russie (Moon, 1997). 30

Les fonctions géopolitiques de la frontière concernent de près ou de loin le contrôle qu'exerce un État sur son territoire et ses ressources (De Koninck, 2000). Elles sont fortement dépendantes de la légitimité dont l'État s'attribue afin d'effectuer un tel contrôle. Bien qu'elle se présente naturellement aux yeux des personnes profitant de cet état de fait, cette légitimité est constamment en réaffirmation (Blomley, 2003). La légitimation du pouvoir de l'État sur l'organisation du territoire est non seulement le fait des institutions qui relève de lui, mais il est également exercé par les acteurs de la société ayant intérêt à ce qu'un tel processus ait lieu. Sans nécessairement en être conscients, les individus cherchant par exemple à améliorer leur sort en participant à l'expansion agricole en viennent à devenir des agents de cette légitimation. À ce propos, De Koninck avance que :

Throughout history, peasant communities have been involved in forms of land pioneering which have contributed to the territorial formation and consolidation of states. This has been facilitated by a compromise between the builder-administrators of the states and the peasants themselves in their capacity as guardian-prisoners of the territory (1996: 231).

La positionnalité des individus aux avant-postes de l'expansion territoriale a ainsi eu son lot de conséquences sur les personnes contestant la légitimité de cette appropriation, et notamment sur leur milieu de vie.

1.4.2 Conséquences

En tant que processus de transformation de l'espace, une des conséquences les plus notables des frontières de ressources, sous-entendue plus haut, est la dépossession pour les peuples autochtones de leur territoire. La frontière de ressources nécessite pour émerger un certain effacement de l'ordre préexistant afin de mettre en place les conditions d'exploitation des ressources naturelles. Selon Coulthard (2014), c'est d'ailleurs une des principales caractéristiques du processus d'accumulation primitive de Marx. 31

It was this horrifie process that established the two necessary preconditions underwriting the capital relation itself: it forcefully opened up what were one collectively held territories and resources to privatization (dispossession and enclosure), which, over time, came to produce a "class" of workers compelled to enter the exploitative realm of the labor market for their survival (proletarianization) (Coulthard, 2014 : 7).

En Amérique du Nord, la dépossession de la terre est d'ailleurs une des premières caractéristiques du colonialisme de peuplement, fondement d'une société dont le développement dépend de relations de pouvoir issues du capitalisme (Wolfe, 2006). Correia (2013) montre à ce propos, en utilisant l'exemple du Nouveau-Mexique septentrional, que les populations marginalisées des centres de pouvoir se déplaçant vers ces régions « nouvelles » sont les instruments les plus mobilisés et les plus efficaces dans l'extinction des droits d'utilisation collective de la terre et dans l'établissement d'un régime de propriété privée. Ils sont les principales forces pour favoriser l'acculturation, voire la disparition des populations locales par la destruction de leur milieu de vie et une sédentarisation forcée.

The frontier moment is a reconfiguration of the conditions of possibility. By unmaking previous orders of property and authority, land and resources are "freed up" for new forms of appropriation. Throughout modem history, the creation of frontiers has involved extinction of rights, regulations, and restrictions. As a consequence, frontiers have been spectacularly violent, as people have resisted the takeover of what they considered to be theirs (Rasmussen et Lund, 2018: 391).

Parfois, une vision particulière de la nation est mobilisée afin de justifier l'expansion du groupe dominant au détriment des autres, comme celle utilisée au Québec lors des vagues de colonisation et d'exploitation du Nord (Duhaime et al., 2013; Morissonneau, 1978). On justifie cette expansion du territoire exploité pour faire correspondre les frontières de l'État avec celles de la communauté dite nationale. Ce faisant, une certaine portion de la population correspondant à ladite définition de la nation est envoyée peupler une région inhabitée, c'est-à-dire occupée par une autre population présentée 32 comme minorités négligeables. Cette façon de concevoir l'espace «national» permet de justifier l'occupation de ces nouveaux territoires parce qu'elle prétend répondre aux besoins fondamentaux de cette communauté.

De Koninck (2000), souligne à propos de la frontière agricole qu'à travers l'histoire, la forêt a longtemps été considérée comme un territoire à domestiquer, devant être construite et aménagée. La mise en valeur de la forêt et des sols argileux a eu pour conséquence une déforestation massive de la frange forestière de la biosphère à travers le monde (Bernard et De Koninck, 1997). Les brûlis, la coupe forestière et la construction d'infrastructures ont participé grandement à la transformation de la surface de la Terre (Bataillon, 1981).

À travers l'histoire, les mouvements de colonisation ont donc massivement changé la surface du sol, ce qui a notamment eu pour conséquence de perturber les cycles du carbone et de l'eau (Ramankutty et Foley, 1999). Dans certains milieux, la disparition des peuples autochtones précédant l'arrivée massive de colons, c'est-à-dire par la propagation de maladies venues d'Europe, a même provoqué une reforestation (Denevan, 1992; Koch et al., 2019). Toutefois, c'est surtout une simplification écologique que l'on note dans l'ensemble de ces activités servant à rentabiliser la biosphère, soit une perturbation de la composition, de la structure et de l'étendue de la forêt (Metz, 2009). Dans d'autres milieux, l'impact de la frontière de ressources peut être plus subtil. L'extraction minière peut avoir des effets polluants très importants à l'échelle locale et mondiale à la fois, en introduisant des éléments et des matières exogènes aux cycles naturels des écosystèmes (Larsen, 2015). D'un autre côté, dans les milieux où des politiques de conservation ont été mises en place, on retrouve des cycles écologiques différents des précédents tellement les populations habitant ce milieu l'avaient aménagé conformément à leur conception particulière de la nature (Larsen, 2015; Denevan, 1992). 33

Les conséquences écologiques des frontières de ressources par la destruction du milieu de vie des peuples autochtones est intimementliée au processus d'acculturation de ces peuples, voire à leur disparition (Hart, 2006). Selon Daes (2001 ), une des caractéristiques qui distingue les peuples autochtones des autres groupes est la relation de filiation qu'ils entretiennent avec leur territoire. Cette relation est un aspect déterminant de l'identité comme de la culture individuelle et collective de ces peuples, car c'est par le territoire qu'ils sont en relation spirituelle avec leurs ancêtres. Or, les frontières de ressources transforment ce territoire par l'instauration de mécanismes de propriété privée et d'exploitation de la terre en tant que marchandise incompatible avec cette relation de filiation. Les bouleversements écologiques et politiques que ces milieux connaissent participent autant à la disparition des cultures autochtones qu'à la paupérisation de ces peuples (Castree, 2004).

1.4.3 Un paysage émergent

Les différentes caractéristiques présentées plus haut quant aux frontières de ressources nécessitent une lecture sensible à leur grande hétérogénéité. Bien que différentes lectures aient cherché à donner un sens à ces phénomènes, beaucoup présentent des contradictions qu'il nous faut éviter. L'utilisation du concept de paysage émergent nous semble être à ce chapitre une approche adéquate pour considérer toute la diversité des caractéristiques précédemment mentionnées. Cette lecture se présente comme étant la plus adéquate pour faire autrement que d'encourir à des explications téléologiques et uni versalisantes.

La frontière de ressources, il a été démontré, ne peut être observée adéquatement de manière linéaire. Les premières lectures qui en ont été faites ont fait la promotion d'une vision étapiste ayant un commencement et une fin. La frontière peut être comprise comme une région mouvante attestant de l'avancée d'une civilisation (Webb, 1954), ou du capitalisme (Cleary, 1993), ou de l'Occident (Polanyi, 2009). Debié (1995), propose une telle périodisation en quatre étapes : prédation, défrichement, colonisation 34 agricole et concentration foncière. La frontière de ressources apparaît puis disparaît à jamais. Cette façon de voir la frontière a été dépassée par d'autres écoles de pensée l'ayant critiquée parce qu'elle se voulait universalisante, et parce qu'elle présentait de nombreuses contradictions, mentionnées plus haut (Cronon, 1987).

Des interprétations non linéaires de ce phénomène postulent plutôt que la frontière de ressources est constamment émergente, produit qu'elle est de relations multiples et à différentes échelles.

Frontiers are conceived as relational zones of economy, nature, and society; spaces of capitalist transition, where new forms of social property relations and systems of legality are rapidly established in response to market imperative (Barney, 2009: 146).

Selon Barney (2009), cette manière de concevoir la frontière est plus adéquate, car elle cherche à comprendre comment les paysages locaux, dont les communautés et leur environnement font partie, émergent suivant l'assemblage de différents processus et acteurs, ce notamment en réponse à des relations de pouvoirs à différentes échelles. Cette façon de voir la frontière de ressources permet d'identifier la nature des transformations sociales et environnementales d'un milieu en tenant compte de la relation complexe, située et cumulative que ce milieu et sa population entretiennent avec les différents systèmes de pouvoirs. Pour Rasmussen et Lund (2018), les frontières de ressources évoluent de manière cyclique. La territorialisation d'un système de contrôle des ressources et de la population est d'abord mise sur pied. Celle-ci engendre alors une frontière de ressources ( comprenant un ensemble de lois, d'institutions et de représentations spatiales) et est perturbée lorsque de nouvelles ressources sont découvertes ou mises en valeur.

Somme toute, la frontière de ressources gagne à être abordée en tant que paysage émergent où se matérialise une représentation du territoire, un territoire constamment 35 transformé lorsqu'une nouvelle ressource est mise en valeur. Le paysage émergent sera ici utilisé comme catégorie analytique parce qu'il tient compte à la fois des représentations de l'espace mobilisé dans la frontière et leur matérialisation (Schein, 1997) selon les différentes interactions entre des rapports de pouvoirs, des acteurs et de l'environnement physique dans une trajectoire mouvante (Massey, 2006). Traiter ainsi l'espace géographique nous permettra de nous concentrer plus aisément sur la production discurs~ve, politique et matérielle des frontières de ressources en tant qu'espace représenté en constante transformation.

1.5 L'étude des frontières de ressources

Les différentes manières dont l'histoire de l' Abitibi a été présentée seront abordées à partir du concept de frontière de ressources. Notamment, il sera question des premières interprétations agriculturalistes, des apprqches privilégiant l'analyse du discours, l'analyse géopolitique, l'expérience autochtone, les études écologiques et l'analyse isotopique. Ensuite, nous aborderons l'approche que nous privilégions afin d'interpréter le plus justement les événements qui ont eu lieu en Abitibi, particulièrement dans la sous-région du lac Duparquet.

1.5.1 La frontière de ressources abitibienne

L'hypothèse de la frontière de ressources a été utilisée pour donner un sens à l'entreprise de colonisation de la ceinture d'argile d' Abitibi dès que celle-ci a commencé à s'essouffler dans les années 1950 et 1960. Bien que quelques ouvrages ont cherché à expliquer avec un certain recul l'origine et le fonctionnement du peuplement de l' Abitibi par des colons eurodescendants (par exemple, Blanchard, 1953), les premières études sur la colonisation régionale tendaient surtout à souligner l'importance de l'agriculture dans le processus (Biays, 1964; Hamelin, 1967; Innes, 1960; McDermott, 1961). Ces études ont surtout décrit le mouvement d'expansion de 36

l'écoumène de population selon les conditions de l'établissement d'une frontière agricole. Ce mouvement y est présenté en fonction des moyens déployés par les plans de colonisation, la distribution des terres et la concentration de population sur les terres agricoles laurentiennes.

Lors des années 1970, une nouvelle vague d'études a nuancé les premières explications « agriculturalistes » de la frontière de ressources. Par exemple, les études de Gourd (1974) et Morissonneau (1978) ont souligné l'importance du discours de la conquête du Nord québécois dans l'avancée du front pionnier en Abitibi. Selon eux, les élites économiques et religieuses de la province ont mobilisé un imaginaire qui présente le colon canadien-français comme étant essentiellement un pionnier sur un territoire immense à domestiquer afin de satisfaire des objectifs de développement économique et religieux bien particuliers.

Asselin (1982) et Tremblay (1984) ont eux aussi étudié les objectifs géopolitiques et économiques de l'extension de l'écoumène québécois en Abitibi. Asselin (1982) ~écrit à cet effet le contexte économique et politique ayant mené à la décision de coloniser la région et le lien existant entre l'ouverture des nouvelles paroisses et les cycles économiques au Québec. Il postule que la colonisation de l' Abitibi, bien qu'elle fût présentée comme un mouvement d'extension agricole, servait surtout à développer l'accès aux ressources naturelles du Nord-Ouest québécois afin de les exploiter. Tremblay (1984) est allé plus loin et affirme que la colonisation agricole de la région, parce qu'elle n'a pas obtenu le support nécessaire pour rester agricole, a surtout servi à déplacer de la main-d' œuvre à bas coût des centres de peuplements du Québec, situés dans la plaine laurentienne, en Abitibi afin de soutenir l'expansion du capitalisme extractif dans la région.

Depuis ces dernières recherches, peu d'études ont spécifiquement étudié l'histoire de la région selon l'idée de frontière de ressources, ce qui pose un certain problème quant 37

à la diversité d'interprétation du phénomène, tel que souligné par Laplante (1987). Peu de place a été accordée à l'expérience de certaines personnes ayant été au premier plan de l'appropriation du territoire abitibien, ce qui laisse place à une interprétation très située au masculin par des chercheurs eurodescendants. Seul l'ouvrage collectif de Vincent (1995) semble y faire exception, puisqu'il synthétise différentes façons d'étudier l'histoire de la région à partir de différents points de vue.

Un certain nombre de sources ont commencé à être produites à propos des conséquences de la frontière de ressources sur les peuples autochtones, en particulier sur le rapport des Anicinabek avec le mouvement de colonisation. Très peu d'études sur la colonisation de la région ont souligné que les Anicinabek, par exemple, ont été ignorés dans le discours et le processus d'expansion de la frontière sur leur territoire. Loiselle et al. (2009) a été l'une des premières études à spécifiquement mettre en lumière l'expérience de la colonisation tel que vécue par les Abitibiwinnik. Elle s'intéresse à la perception des « wemitigojik » (littéralement « abatteurs d'arbres ou bâtisseurs avec des arbres», colons agriculteurs blancs) lors de leur arrivée sur le territoire et à l'impact de cette colonisation sur leur mode de vie. Par la suite, Bousquet (2016) a brossé un portrait plus général de la Première Nation anicinape en laissant une place importante à la question de la dépossession de leur territoire comme élément phare de l'identité anicinape contemporaine.

En ce qui a trait aux conséquences écologiques du front pionnier abitibien, très peu d'études ont fait le lien entre les transformations environnementales observées dans la région et le front pionnier abitibien. Quelques recherches importantes ont toutefois été publiées dans les dernières années qui font des corrélations entre ces phénomènes. Danneyrolles (2016) et Marchais (2017) ont tous deux utilisé les archives d'arpentage primitif afin de reconstituer la composition de la forêt préindustrielle au Témiscamingue et en Abitibi, et ont comparé celle-ci avec celle contemporaine. Ces 38 deux études ont cherché à expliquer les changements observés dans l'utilisation du sol et des ressources forestières.

Dans le même ordre d'idées, Savard et al. (2004) ont constaté un lien entre les émissions de dioxyde de soufre de la fonderie de Rouyn-Noranda et les concentrations de carbone lourd dans les épinettes environnantes. Ce genre d'études est en augmentation dans la région grâce aux opportunités de recherches offertes par la Forêt de recherche et d'enseignement du lac Duparquet (FERLD) en Abitibi. À ce jour, les études visant à donner un sens aux transformations des milieux abitibiens depuis plus d'un siècle semblent manquer les 30 dernières années de son histoire. De plus, les nouvelles recherches effectuées dans différents domaines proposent des résultats qui mettent en lumière l'évolution de différents phénomènes séparément. En ce sens, ces recherches pourraient être intégrées dans une lecture des causes et conséquences des transformations que connaît la région depuis la colonisation du territoire.

1.5.2 Notre approche

Face à ces constats, différentes approches peuvent être mobilisées afin d'étudier la série d'événements qui ont transformé la région abitibienne à compter du tournant du :xxe siècle, notamment afin de mieux tenir compte de la grande diversité de formes que les fronts pionniers peuvent prendre. Pour y parvenir, Dollfus propose un cadre d'analyse utilisant deux démarches complémentaires, soit une démarche naturaliste et socioéconomique. Il considère à cet effet que :

L'étude des phénomènes pionniers et de leur traduction spatiale est donc l'étude d'une« catastrophe» [ ... ] c'est-à-dire de la phase de transition, de transformation entre un système stable initial et un système qui lui fait suite dans le même cadre spatial, mais qui est doté de propriétés et de finalités différentes (1981 : 446). 39

Il emprunte donc, d'abord, la démarche naturaliste, qui vise à étudier les transformations rapides que connaît l'environnement dans les régions pionnières. Selon lui, l'intervention humaine dans pareille région cherche à simplifier les milieux naturels pour leur attribuer une fonction économique. Il est ainsi important de saisir les transformations écologiques de la frontière pour comprendre le phénomène dans son ensemble. Il propose également une démarche socioéconomique, qui elle réfléchit sur l'origine et le fonctionnement de la frontière. Selon cette approche, il est important d'identifier les objectifs poursuivis par le front pionnier, les acteurs qui y participent, et la manière dont leurs actions s'inscrivent dans le territoire.

Cette démarche inspire la présente recherche qui vise à comprendre la frontière de ressources abitibienne. Pour ce faire, l'origine et le fonctionnement de la frontière de ressources seront étudiés en cherchant à mettre en lumière le rôle de l'État québécois dans ce phénomène. Tout comme la frontière de ressources, ce rôle de l'État québécois est le produit d'un certain agencement institutionnel et territorial modelé selon l'époque et le lieu où il s'exprime et où s'exercent différentes structures de pouvoir. L'État est une façon· parmi d'autres d'organiser les relations entre les humains et l'espace géographique, mais c'est l'une des seules manières dont la mise en œuvre territoriale est aussi puissamment normalisée par les acteurs de la société (Bridge, 2014). De plus, bien que l'État québécois soit d'échelle provinciale, donc pas un État-nation en bonne et due forme, mais une structure administrative d'un État fédéral, sa trajectoire historique singulière lui a permis de s'imp~ser comme acteur légitime d'une communauté s'autoproclamant «nationale», et donc d'inscrire un certain discours nationaliste dans sa logique interne de contrôle du territoire (Duhaime et al., 2013). L'État québécois est un médium par lequel les relations de pouvoir sont normalisées et appliquées sur son domaine territorial, et l'étude du discours dont il est porteur et sa matérialisation dans l'espace s'avère être un bon indicateur de l'origine et du fonctionnement de la frontière abitibienne dans son ensemble. CHAPITRE II

PROBLÉMATIQUE, CADRE OPÉRATOIRE ET MÉTHODOLOGIE

L'émergence d'une frontière de ressources dans la sous-région du lac Duparquet est l'hypothèse déployée afin de comprendre les causes et conséquences des transformations de ce milieu depuis son annexion par la province de Québec. Le présent chapitre détaille le cadre d'analyse et la démarche méthodologique permettant d'opérationnaliser cette hypothèse. D'abord, la problématique associée au sujet de cette recherche est présentée en 2.1. Des questions et des hypothèses sont ensuite formulées conformément à notre cadre théorique et nos concepts-clés. La -section 2.2 de ce chapitre décrit les concepts opératoires des hypothèses secondaires autour des concepts de représentation de l'espace et de territorialisation. Ensuite, l'aire d'étude et le cadre temporel de cette recherche sont présentés dans la section 2.3. Les deux sections suivantes présentent le cadre opératoire, la sélection des données, ainsi que les modes de traitement et d'analyse associés à la méthode de l'analyse des représentations cartographiques (2.4) et à l'analyse diachronique de traceurs géographiques (2.5).

2.1 Problématique

Dans les dernières années, de nombreuses études ont démontré l'influence des activités d'origine anthropiques sur les variations du climat et les transformations massives des écosystèmes (Crutzen, 2002; Maslin et Lewis, 2015; Steffen et al., 2005; Steffen et al. 2015; Zalasiewicz et al., 2015). Certaines ont souligné le lien existant entre 41 l'accélération récente de l'empreinte humaine sur le système Terre et la mondialisation d'une manière particulière de concevoir et d'ordonner la nature portée par les institutions principales de la modernité occidentale comme le capitalisme (Moore, 2015), la science (Dedeurwaerdere, 2014) et l'État-nation (Scott, 1998).

Selon Linehan (2009), le progrès moderne fait référence à la transition d'un état primitif à un état civilisé d'une communauté humaine. Il conçoit l'histoire comme une trajectoire qui amène l'être humain à se sortir de sa dépendance à la nature pour s'élever et accomplir sa propension à dominer cette dernière afin de combler ses besoins. Ce «progrès» n'est toutefois pas indissociable des rapports de forces entre les classes qui ont permis l'accroissement des biens d'une minorité au détriment d'une vaste majorité, en particulier les personnes non-blanches et les femmes, à travers les époques (Rivera Cusicanqui, 2012).

En Amérique du Nord, la colonisation européenne et la fondation des États-nations ont profondément transformé l'environnement (Denevan, 1992). Ce processus fondé principalement sur l'exploitation des ressources naturelles a entrainé une dépossession progressive et continuelle des territoires des peuples autochtones pour y fonder une société coloniale dominée par des rapports sociaux fortement hiérarchisés selon les classes sociales de sexe et de race (Lowman et Barker, 2015). L' Abitibi ne fait pas exception à cette tendance alors qu'un front de colonisation originaire de la vallée du Saint-Laurent a annexé la région à partir du début du xx:e siècle pour trois raisons dégagées auparavant: (1) soutenir l'expansion de l'écoumène de la province de Québec, (2) prévenir l'émigration des francophones catholiques vers les États-Unis et (3) exploiter davantage de ressources naturelles (Asselin, 1982; Tremblay, 1984). Or, bien que quelques études ont documenté le rôle de certaines activités anthropiques sur les changements environnementaux en Abitibi (tels que Bescond, 2002; Marchais, 2017; Savard et al., 2004) ou sur les transformations sociales, politiques, culturelles et 42

économiques régionales (tels que Asselin, 1982; Tremblay, 1984; Vincent, 1995), aucune ne s'est encore intéressée à l'interaction entre ces deux domaines.

À cet effet, des réflexions de plus en plus nombreuses suggèrent que l'intégration des méthodes et outils des sciences naturelles et des sciences sociales permet d'étudier plus efficacement les processus structurant l'humanité et les cycles naturels de l'environnement dans une perspective holistique (Dearing et al., 2015; Pitman, 2005). La géographie est outillée pour ce genre d'exercice puisqu'elle s'intéresse au fonctionnement des espaces géographiques en tant que produit de relations à toutes les échelles dans une logique d'intégration (Massey, 2005). Malgré cela, peu d'études à ce jour intègrent des données usuelles des sciences naturelles et des sciences sociales afin d'étudier les causes et conséquences de l'imbrication des changements sociaux et environnementaux du monde contemporain.

2.1.1 Question et hypothèse principales

Ce projet de recherche s'intéresse au lien politique existant entre des représentations du territoire régional et l'agencement institutionnel et territorial qui lui sont associés à l'échelle locale. Comme discuté dans le chapitre précédent, le rôle de l'État dans l'émergence des frontières de ressources est majeur, car il utilise différents moyens pour aménager et contrôler son territoire. Les formes tangibles du paysage qui s'ensuit témoignent de représentations particulières préalablement imaginées par cet acteur afin de satisfaire des besoins et des désirs. Par conséquent, notre question de recherche principale la suivante : comment l'État québécois a-t-il favorisé l'émergence d'une frontière de ressources dans la sous-région du lac Duparquet depuis le tournant du :xxe siècle? L'hypothèse avancée est que la frontière de ressources a émergé par la matérialisation: continuelle d'un paysage colonialiste de peuplement. 43

2.1.2 Questions et hypothèses secondaires

Pour éprouver notre hypothèse principale, deux questions et hypothèses secondaires seront explorées. La première question secondaire vise à comprendre comment l' Abitibi est représentée par l'État québécois à travers ses productions cartographiques. Nous postulons que les représentations cartographiques de l'État québécois mettent de l'avant la mise en valeur économique du sol et du sous-sol abitibien afin de légitimer l'exploitation de ce territoire. La deuxième question secondaire est la suivante : comment s'est transformé le paysage de la sous-région du lac Duparquet depuis le tournant du :xxe siècle? Nous avançons que la sous-région s'est transformée selon des cycles de territorialisation d'un régime d'exploitation de la nature.

2.2 Cadre conceptuel

La frontière de ressources, avons-nous avancé, est un type de paysage émergent constamment en voie de réalisation, où se matérialise une représentation particulière du territoire en tant que valeur d'échange. Ce paysage est dit émergent, car il émerge de manière contingente aux trajectoires individuelles et collectives locales lorsque de nouvelles ressources naturelles sont mises en valeur, une construction qui s'amenuise au fur et à mesure que se territorialise ce nouvel agencement de trajectoires dans le milieu. Cet agencement est donc constamment en processus de devenir puisqu'il dépend de relations plurielles en termes de conception du rôle de la nature et du territoire et parce que celles-ci se réalisent simultanément à différentes échelles entre les individus et les institutions. Cette articulation conceptuelle repose sur l'idée que lorsqu'un acteur propose un certain discours, il cherche à l'inscrire dans un environnement local. Par discours, on entend un ensemble d'idées et de pratiques au sens particulier contenu dans des textes, déclarations, ou productions textuelles et picturales de tous genres (Berg, 2009). Un discours colonialiste de peuplement fait ainsi référence à un ensemble d'idées et de pratiques qui favorisent la dépossession des 44 territoires des peuples autochtones pour favoriser la construction et le maintien d'une société coloniale sur ces territoires.

L'hypothèse principale suggère que ce genre de discours a été déterminant dans la (re)configuration de la sous-région du lac Duparquet depuis le tournant du xx_e siècle. Les questions et hypothèses secondaires cherchent à mettre cette hypothèse à l'épreuve, ce en interrogeant le discours de l'État québécois à travers ses représentations cartographiques, de même que les formes tangibles que ces représentations ont générées dans le paysage local. Pour y parvenir, deux autres concepts mobilisés par les hypothèses secondaires sont explorés, soit la représentation de l'espace et la territorialisation.

2.2.1 Représentation de l'espace

La première question secondaire s'intéresse aux représentations promulguées par l'État québécois dans ses productions cartographiques. L'État est un des principaux acteurs impliqués dans les transformations de la sous-région du lac Duparquet. Il est traversé par les idées et pratiques hégémoniques de la société de laquelle il se présente comme l'autorité légitime. En ce sens, le discours qu'il exprime à travers la manière dont il représente l' Abitibi est chargé de ces idées et pratiques. À cet effet, l'hypothèse secondaire postule que les représentations cartographiques favorisent une appropriation du territoire fondée sur la mise en valeur de ressources naturelles.

Une représentation de l'espace se définit comme une « construction mentale ou/et objectale figurant un espace géographique» (Staszak, 2003 : 792). Elle.fait référence à l'idée de représentation, soit l'acte discursif par lequel on construit le sens d'un objet ou d'un phénomène à l'aide du langage (Kobayashi, 2009). Le langage est à la fois un système de formes et de catégories de significations par laquelle des « sociétés sémantisent leur environnement et communiquent à son sujet» (Debarbieux, 2014: 206). Cette manière de concevoir le langage «cartographique» reconnait que le savoir 45 et le pouvoir se fondent non pas que sur des réalités empiriques, mais surtout sur une certaine manière de les concevoir et de les organiser dans un système de signes et de symboles (Kobayashi, 2009). Il fait également référence au concept d'espace géographique. Dans le cadre de ce travail, nous définirons l'espace comme un « [ o ]bjet social défini par sa dimension spatiale [qui désigne une réalité] à la fois matérielle, immatérielle et idéelle» (Lévy et Lussault, 2003 : 325). L'espace est ainsi le produit d'un agencement évolutif et relationnel d'idées, d'objets, de groupes et d'individus (Massey, 2005). Le territoire, le lieu et le paysage sont des agencements spécifiques de cette réalité, étant perçus, conçus, représentés et appropriés de différentes manières par des individus ou des groupes qui mettent de l'avant certains de ses attributs et en omettent d'autres, soit en pleine conscience ou par méconnaissance.

Dans cette étude, le paysage évoque à la fois la manière de représenter l'espace qu'une réalité matérielle. Cette hypothèse secondaire se penche spécifiquement sur la manière dont l'État représente cartographiquement un espace dans ses cartes pour y construire son territoire. S'intéresser au sens ainsi attribué à une réalité géographique nous permettra de dégager les idées et les pratiques à l'origine des transformations observables sur le terrain. Le paysage sera donc pour nous le médium par lequel le discours de l'État est à la fois construit et appliqué (Kobayashi, 2009). Pour vérifier cette hypothèse secondaire, nous cherchons à comprendre comment l'appropriation du territoire est effectuée par l'État à partir des symboles et mots employés dans les cartes qu'il a produits depuis le tournant du :xxe siècle.

2.2.2 Territorialisation

La deuxième question secondaire porte spécifiquement sur les transformations du territoire de la sous-région du lac Duparquet. Tel que mentionné au chapitre précédent, le paysage est à la fois un espace représenté et une réalité matérielle tangible. Puisque la première question secondaire traite de représentations de l'espace, celle-ci se penche sur les formes tangibles que prend cette représentation. La deuxième hypothèse 46 secondaire avance donc que le paysage de la sous-région s'est transformé selon les cycles de territorialisation de différents régimes d'exploitation de la nature.

On entend généralement la territorialisation comme un ensemble d'actions et de pratiques par lequel un ou des acteurs transforment un territoire afin de mieux l'approprier (Raffestin, 1980). Il un des processus afférents à l'idée de territorialité, soit une « relation au territoire, [l'] existence d'une dimension territoriale dans une réalité sociale» (Di Méo, 2003 : 919). Spécifiquement, la territorialisation peut renvoyer au lien politique d'une autorité à un territoire. L'État est un acteur qui tente d'affirmer sa souveraineté sur le territoire qu'il revendique, ce à partir d'un contrôle territorial qui passe par le contrôle des ressources et des personnes (Rasmussen et Lund, 2018; Scott, 1998). Le processus par lequel l'État inscrit son autorité dans un espace implique entre autres le déploiement de moyens pour exploiter ces éléments de la nature. En ce sens, il favorise l'établissement d'un ensemble d'institutions, de lois, de conditions socioéconomiques, voire culturelles et écologiques, afin d'exploiter les ressources naturelles de ce territoire.

Nous postulons que le contrôle de l'État sur la sous-région du lac Duparquet passe par une territorialisation cyclique. La frontière de ressources émerge, disons-nous, dans un environnement local suivant une mise en valeur de ses ressources naturelles. Or, le chapitre précédent a argumenté qu'un même territoire peut passer par différentes phases de mise en valeur de ressources naturelles. En ce sens, comme Rasmussen et Lund (2018), nous postulons que l'émergence d'une frontière de ressources est une phase de perturbation d't1n ordre préexistant et qu'elle est suivie de la territorialisation d'un nouveau régime d'exploitation de la nature. Afin de vérifier cette hypothèse, les manifestations tangibles de ce phénomène sont étudiées, soit la couverture du sol, l'utilisation du sol et l'occupation du territoire. 47

2. 3 Cadre spatio-temporel

2. 3.1 Site d'étude

Le milieu à l'étude est la sous-région du lac Duparquet, consti tu ée de la ville de Duparquet, de la municipalité de Rapide-Danseur, et du territoire non organisé de Lac- Duparquet (figure 2. 1). Cette aire de 4 13,95 k.111 2 est située dans la MRC d' Abitibi- Ouest, elle- même sise dans la région administrati ve d' Abitibi-Témi scamingue, dans le nord-ouest de la province de Québec, au Canada (figure 2.2). Ce territoire est bordé au nord par les municipalités de Roquemaure, Gallichan et Sain te-Germaine-Boulée, à l'est et au sud par la ville de Rouyn-Noranda, et à l'ouest par le di strict de Cochrane de la province de !'Ontario.

Rap ide-Danseur Rivière Duparquet

Du parquet

Sources : 0 5 10 kml North Amerlcan Datum 1983 1 Ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles, 2017 Mercator Transverse Modifié, Ressources naturelles Canada, 2018 1:140000 1 Fuseau 10 Réa lisation: Guillaume Proulx, 20 19 Figure 2.1 : Locali sation de la sous-région du lac Duparq uet selon ses principaux plans d'eau et ses limües municipales .

L' Abitibi est également expl orée à travers cette étude, car il s'agit de l'aire culturelle et hi storique régionale dans laquelle la sous-région du lac Duparq uet in scrit son 48 existence. Région située dans le Nord-Ouest québécois, les limites géographiques de l' Abitibi sont floues puisque cette région a toujours fait partie d'ensembles territoriaux plus grands, ou a été subdivisée en plus petites entités territoriales. Dans le document Un royaume vous attend: ! 'Abitibi (Québec, 1950), l' Abitibi est décrite comme le territoire situé entre les 48e et 49e parallèles et de la rivière Bell à l'est à la frontière ontarienne à l'ouest. Toutefois, pour les Anicinabek ayant occupé ce territoire depuis 6000 ans, l' Abitibi s'étend sur un territoire beaucoup plus vaste autour du lac Abitibi, indépendamment des frontières interprovinciales actuelles (Couture, 1983).

Dans la langue des Anicinabek, l'anicinapemowin, Abitibi signifie« là où les eaux se divisent» (Fortin et Paré, 1999). Cela fait référence à la ligne de partage des eaux qui traverse le territoire d'est en ouest et qui sépare les bassins versants du fleuve Saint- Laurent et de la baie d'Hudson. Le relief del' Abitibi est généralement aplani puisqu'il est recouvert d'une épaisse couche d'argiles glaciolacustres déposée lors de l'épisode du lac Ojibway, durant le retrait de l'inlandsis laurentidien de la région (Landry et Mercier, 1992). La topographie du territoire se divise entre les basses terres de l' Abitibi au nord, les hautes terres de !'Abitibi au centre et les basses terres du Témiscamingue au sud. L'altitude moyenne de la région se situe entre 280 et 300 mètres (Ménard, 2012). L' Abitibi se situe dans les domaines bioclimatiques de l'érablière à bouleau jaune, la sapinière à bouleau jaune, la sapinière à bouleau blanc et la,pessière à mousses (Québec, 2003). 49

' ,...... Nord-du-Québec '·: · • Ville importante D Sous-région du lac Dupa rquet r----r------,,...L------~ î:..._---1 MRc D Région administrative Abitibi Frontière interprovinciale • ••Amos Route princi pale • Chem in de fer Mauricle Hydrographie RolJyn-N~Qf .. _ • •.• _ . ·'-·---.~. ..._. Écou mène •.. ,. :---,.' ·, ·•·R ouyn~Noranda r· • · .. .V.~1:d:0r La Vallée-de-l'Or Oh ta rio Abitibi-Témiscamingue ' 100 km ....' . 0 50 1 1:2200000

North Am erican Datum 1983 Merca tor Transverse Modifié, Fuseau 9 Témiscamingue Sources : Vi'./ Marlèi·. . Ministère de !'Énergie et des Ressources l J ~ ::-,.... naturelles, 2017 ,. Ressources naturelles canada, 2018 Réalisation : ··, Guillaume Proulx, 2019 Témiscaming Fi gure 2.2 : Localisation de la sous-région du lac Duparquet en Abitibi

L' Abitibi est occupée par les Anicinabek depuis plu sieurs milliers d' années (Bousqu et, 2016). On nomme Abitibiwinnik les membres des tribus nomades qui avaient l'habitude de se rassembler autour du lac Abitibi (Loiselle et al. , 2009). À partir du XVIIe siècle, le commerce des fo urmres est devenu un e acti vité économique majeure dans la région. Avec les missions, ce commerce est le seul lien direct entre les Abitibiwinnik et la société coloniale eurodescend ante (Bousq uet, 2016). Le Trai té Numéro 9, ou « Traité de la Baie James », signé en 1906 par les go uvern ements du Canada et de !'Ontario et par les peuples ojibwés, cri s et ani cin ape fréquentant le lac Abitibi du côté ontarien, a provoqué un e première scission au sein des Abitibiwinnik (Loiselle et al. , 2009). Non seulement les différents groupes de la nati on ont cessé de se rencontrer à la pointe Apitipik à la suite de la signatu re de ce traité, mais les Abitibiwinnik du Québec n'ont jamais négocié l'extinction de leurs droits, titres ou privilèges sur leur territoire ancestral avec le gouvernement provincial (Loiselle et al. , 2009). Cette invisibilisati on des Anicin abek du lac Abitibi s'est traduite dans la diffusion de l'idée selon laqu elle la région était un espace « vierge et sa uvage» au moment de son appropriation par l'État qu ébécois (Caron , 1924; Vincent, 1995), et par 50 l'arrivée massive et l'installation permanente de colons blancs sans le consentement des Abitibiwinnik (Bousquet, 2016). L'arrivée d'un régime de propriété foncière inconnu jusqu'alors et la sédentarisation forcée à l'aide de l'ouverture du pensionnat de Saint-Marc-de-Figuery et de la réserve de Pikogan dans les années 1950 ont eu pour conséquence l'interdiction d'accès au territoire (Loiselle et al., 2009).

Le début de la colonisation de la région est fortement tributaire de la construction du chemin de fer national transcontinental au début du :xxe siècle. Complété en 1912, celui-ci désenclave l' Abitibi du reste de l'écoumène de population canadien, et rend possible la colonisation de la région située au-delà de la limite de partage des eaux (Vincent, 1995). Dès les années 1910, différentes politiques de colonisation sont accompagnées d'octrois de concessions forestières et de l'exploration des gisements miniers de la région (Gourd, 1974). Entre 1930 et 1950, l'intervention de l'État facilite le processus de colonisation et participe à l'érection d'un réseau important de villes et de villages en Abitibi reliés entre eux par des routes et chemins de fer (Asselin, 1982). Cette tendance est ralentie à partir des années 1960 alors que les gisements s'épuisent, les emplois forestiers diminuent, le prix des métaux s'effondre et les terres agricoles sont laissées à l'abandon (Vincent, 1995). L'élan de développement économique favorisé par l'État se déplace vers la Jamésie et amène une réorganisation régionale de son intervention en faveur d'une rationalisation de l'exploitation des ressources naturelles (Québec, 1971). À partir du tournant des années 1990, l'intervention de l'État se décentralise et se privatise (Québec, 1993). Le secteur tertiaire et le tourisme récréatif sont les principaux pourvoyeurs d'emplois, même si le secteur primaire demeure important (Vincent, 1995). Tout au long de l'histoire de la région, la dépendance envers les investissements et les débouchés extérieurs au territoire déterminent grandement les interventions et l'aménagement de la région.

La sous-région du lac Duparquet est intéressante parce qu'elle présente diverses caractéristiques typiques à l 'Abitibi. En effet, cette aire restreinte a connu les trois 51 activités économiques majeures de la région, soit l'agriculture intensive, l'exploitation forestière et l'exploitation minière. Le territoire présente un environnement composé de lacs, de collines de pénéplaine, un sol argileux et métamorphique, ainsi qu'une forêt boréale mixte située dans le domaine de la sapinière à bouleau blanc (Bescond, 2002). Ce territoire contient également une forêt d'enseignement et de reçherche, fondée en 1996, qui a été l'objet de nombreuses études en écologie forestière (dont Bergeron et al., 2002; Denneler et al., 2000; Girardin et al., 2001 ). Le choix de ce territoire nous facilitera donc l'accès à certaines données. Ce territoire correspond enfin aux limites administratives initiales de la colonisation des cantons d'Hébécourt et de Duparquet à l'exception d'une partie du rang X de ces deux cantons, ce qui facilite là encore notre recherche dans les documents historiques (Bescond, 2002).

Toute la sous-région est située au nord de la ligne de partage des eaux à l'exception d'une petite portion située au sud-est du territoire de la ville de Duparquet, où l'eau s'écoule vers le Saint-Laurent. Les plans d'eau majeurs du territoire de la sous-région sont le lac Hébécourt et le lac Duparquet, situés dans le bassin versant de la baie d'Hudson. Le lac Duparquet se nomme Agotawekami en anicinape, ce qui signifie« lac suspendu» (Fortin et Paré, 1999). L'exutoire principal de ces plans d'eau est la rivière Duparquet qui s'écoule dans le lac Abitibi en passant par le rapide Danseur, nommé Obajidjicimojici en anicinàpemowin et qui signifie un « rapide où il faut danser pour le traverser» (Fortin et Paré, 1999). Ces voies d'eau ont longtemps été utilisées pour le transport par les populations ayant occupé ou transité par ce territoire. Elles ont été, entre autres, un point névralgique pour la traite des fourrures entre les Abitibiwinnik et les coureurs des bois jusqu'à la fermeture du poste de traite de Duparquet en 1921 (Loiselle et al., 2009). Elle fut aussi un point de passage souvent emprunté par les marchands de fourrure et les missionnaires pour passer du lac T émiscamingue à la baie James (Mongrain, 2011). 52

Figure 2.3 : Duparquet vue depuis le lac Duparquet, juillet 2017

La ville de Duparquet a été fondée en 1933 grâce à l'ouverture de la mine d' or Beattie, dont le filon a été découvert en 1912, et qui a été fermée en 1956 (Gauthier et SPAT, 2009). De son côté, Rapide-Danseur a été fondée en 1934 en tant que paroisse de colonisation agricole (Gauthier et SPAT, 2009). Sa fondation a été faci litée par un plan de colonisation provincial, le plan Vautrin, qui planifiait l'ouverture de colonies en Abitibi en aidant les colons à démarrer une exploitation agricole familiale.

À travers leur histoire, ces deux localités ont dépendu des activités minières, de l'exploitation forestière, de l'agriculture et du tourisme récréatif. Toutefois, les activités minières ont été leur moteur économique le plus important. Outre la mine Beattie et la fonderie jusqu'à la fin des années 1980, quelques filons plus petits ont été exploités sur le territoire (Mongrain, 201 7). L'exploitation forestière occupe également une place impo1tante dans les activités de la région. En recevant leur lot, les colons pouvaient vendre une certaine quantité de leur bois pour survivre en attendant que leur fe1me soit rentable (Vincent, 1995). Les terrains des rangs I à VI ont ainsi été octroyés à des compagnies forestières vers la fin des années 1920 (Mongrain, 2015). Les activités récréotouristiques y sont également devenues fort importantes puisque le territoire compte plusieurs campings, un terrain de golf, une marina, des pourvoiries, ainsi que de nombreuses demeures et maisons d'été près des plans d'eau. 53

2.3.2 Cadre temporel

Notre étude du lien politique entre les conceptions de l'espace et l'agencement institutionnel et territorial s'intéressera à la période 1898-2018. Le début de cette période correspond à l'annexion du territoire situé au nord de la limite du bassin versant laurentien et au sud de la rivière Eastmain par la province de Québec (Vincent, 1995). La fin correspond au moment de la cueillette de données, attendu qu'en considérant jusqu'à aussi récemment les conceptions par l'État québécois de cette sous-région, nous croyons que nous serons plus à même de porter un jugement bien étayé. Ce cadre temporel permet d'explorer le processus d'appropriation idéelle et matérielle à partir du moment où l'État québécois annexe ce territoire.

2.4 Analyse de représentation cartographique

Afin de mettre à l'épreuve l'hypothèse principale de cette recherche, deux méthodes d'analyse sont privilégiées selon les différentes hypothèses secondaires. D'abord, une analyse des représentations cartographiques sera effectuée dans le but de faire ressortir l'évolution du discours proposé par l'État québécois pour s'approprier l' Abitibi. Ensuite, une analyse diachronique de certains traceurs géographiques ciblés parce que plus évocateurs à notre avis sera menée afin de comprendre l'évolution du paysage de la sous-région du lac Duparquet.

Selon Harley (2002a), les cartes comme les textes sont des constructions pouvant mettre en lumière une certaine manière de voir la réalité en utilisant un langage de signes et symboles. En tant que « texte » cartographique voulant rapporter une réalité, la carte est plutôt une représentation particulière et participe à sa normalisation. Les étapes de construction de la carte comprennent la sélection, et donc l'omission d'éléments caractérisant le phénomène à représenter, puis leur simplification, classification, hiérarchisation et symbolisation à partir d'un discours plus large qui les 54 commande (Harley, 2002a). Les cartes sont ainsi un outil de pouvoir puisque ces représentations sont à la fois conséquences d'un ordre social donné et outil visant à le normaliser et à le reproduire. L'étude des représentations d'une carte permet alors de s'informer sur les intentions et les objectifs poursuivis par l'organisme l'ayant produit.

Une analyse de représentation cartographique, tout comme une analyse de discours, repose sur une lecture en profondeur de ses modalités et finalités discursives pour faire ressortir ses significations, notamment le contexte de sa construction. Elle procède pour ce faire à une mise en relation des symboles et signes qu'elle contient avec l'ensemble des idées et pratiques qui l'ont guidée. En faisant appel aux représentations cartographiques de la sous-région du lac Duparquet effeétuées par l'État québécois, nous postulons que ces représentations visent à légitimer l'appropriation du territoire abitibien par la mise en valeur de ressources naturelles.

2.4.1 Cadre opératoire de la première question secondaire

Afin de comprendre l'appropriation du territoire par les représentations cartographiques proposées par l'État québécois, plusieurs éléments présents sur les cartes représentant l' Abitibi seront étudiés, selon une série de variables et indicateurs (tableau 2.1). Elles se fondent sur une volonté. de comprendre spécifiquement les éléments révélateurs de cette appropriation depuis les caractéristiques que contiennent ces cartes, soit la toponymie, les découpages administratifs, la mise en valeur économique et les composantes principales de la carte à l'étude. 55

Tableau 2.1 : Cadre opératoire de la première question secondaire . ~- Concept Variables Indicateurs Types Sous-indicateurs opératoire d'indicateur Appropriation Toponymie Origine des toponymes Nominal Français/ Anglais/ du territoire Anicinapernowin/ Autre Ratio toponymique Numérique

Découpage Échelles administratives Numérique administratif représentées Forme des lots Nominal

Dimension des lots Nominal Mise en valeur Type d'activité mise en Nominal Agriculture/Foresterie/ économique valeur Mines/Tourisme/ Autre Symboles Nominal

Composantes Orientation de la carte Nominal principales de la carte ÉchelJe numérique Nominal Projection Nominal

2.4.2 Sources

L'analyse historique de cartes est une méthode passablement courante en géographie (Perkins, 2009). Elle permet, entre autres, de déconstruire les idées et pratiques à l'origine des représentations de l'espace que ces cartes expriment (Harley, 2002a). Une recherche documentaire a permis l'acquisition de cartes produites par un ministère ou un organisme dépendant directement du gouvernement du Québec sur lesquelles on représente la sous-région du lac Duparquet ainsi quel' Abitibi dans son ensemble ou en partie. Pour ce faire, une recherche avec le mot-clé « Abitibi » a été effectuée à partir de la documentation disponible dans les collections de la Bibliothèque et Archives

nationales du Québec (BAnQ), de la bibliothèque de! 'Université du Québec à Montréal (UQAM), sur le site web de la MRC d' Abitibi-Ouest, du Ministère de !'Énergie et des Ressources naturelles, et du Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. De cette démarche, 14 cartes ont été retenues, provenant toutes d'organismes représentant ou dépendant de l'État provincial. Ces cartes ont été reproduites à l'Annexe A et certaines 56 de leurs caractéristiques sont affichées sur le tableau 2.2 selon les périodes où elles ont été classées. 57

Tableau 2.2 : Inventaire des cartes retenues par la cueillette de données Période Durée Numéro Titre de la carte Année de Organisme représenté de la carte Eublication A : Exploration 1898- Al Pontiac Nord 1907 Département de la Colonisation, des 1912 Mines et Pêcheries 8 : Colonisation 1912- 81 Témiscamingue et Abitibi 1924 Ministère des Terres et Forêts assistée 1930 82 Comtés d' Abitibi et de 1929 Ministère de la Colonisation, des Mines Témiscamingue et des Pêcheries C : Colonisation 1930- Cl Témiscamingue et Abitibi 1932 Ministère des Terres et Forêts dirigée 1960 C2 Comtés d'Abitibi et de 1935 Ministère de la Colonisation Témiscamingue C3 Témiscamingue et Abitibi 1946 Déeartement des Terres et Forêts C4 Abitibi 1950 Ministère de la Colonisation D: 1960- Dl Carte I : Vue générale de la région 1971 Mission de planification du Nord-Ouest Développement 1990 du Nord-Ouest guébécois dirigé D2 Abitibi-Témiscamingue 1983 Ministère de !'Énergie et des Ressources; ministère de !'Industrie, du Commerce et du Tourisme; Association touristique régionale de I 'Abitibi-Témiscamingue D3 Abitibi-Témiscamingue carte 1983 Ministère de !'Énergie et des Ressources; touristique .et routière ministère de l'industrie, du Commerce et du Tourisme; Association touristique régionale de I'Abitibi-Témiscamingue E: 1990- El Abitibi-Témiscamingue : Région 1992 Ministère de !'Énergie et des Ressources Développement 2018 administrative 08 néolibéral E2 Carte 9 : Scénario de 2008 Ministère des Ressources naturelles et de développement récréotouristique de la Faune I' Abitibi-Témiscamingue E3 Plan 1 : Grandes affectations du 2016 MRC d 'Abitibi-Ouest territoire E4 Plan 2 : Territoires et sites d'intérêt 2016 MRC d 'Abitibi-Ouest et zones de éontraintes 58

Afin de faciliter le traitement des variables et des indicateurs recherchés dans ces cartes, elles ont été réparties en cinq périodes (illustrées au tableau 2.2) ce à partir d'une périodisation modulée par les politiques publiques et les événements majeurs ayant influencé la colonisation et le développement del' Abitibi. Ce cadre temporel en cinq périodes s'inspire des chapitres de l'ouvrage collectif de Vincent (1995) sur l'histoire del' Abitibi. La période A désigne l'époque comprise entre l'annexion de cette portion de territoire par la province de Québec et l'achèvement du chemin de fer transcontinental, traversant la région. Elle est caractérisée par une présence non permanente de la société québécoise par le biais de l'exploration du territoire. Les politiques de colonisation menées principalement par l'Église catholique avec l'assistance du gouvernement du Québec marquent la période B. Elle couvre l'ouverture des premières paroisses de colonisation par l'Église. La période C correspond à une période où l'État prend le contrôle de la colonisation de la région, marquée par une série d'interventions importantes du Québec et de l'État canadien. Durant la période D, on observe l'interventionnisme étatique se poursuit, mais cette fois-ci plus spécifiquement dans des politiques de développement économique. La dernière période (E) concorde avec l'avènement de politiques publiques qui favorisent une décentralisation et une privatisation de l'intervention de l'État dans le développement économique régional.

2.4.3 Traitement et analyse des données

L'analyse des cartes s'effectuera à l'aide de fiches d'interprétation de données (Appendice A). Celles-ci ont été réalisées afin de pouvoir effectuer des descriptions analogiques du contenu des cartes et recenser les toponymes de cinq cartes. La sélection de ces cinq cartes s'est faite en retenant pour chaque période la carte comportant le nombre le plus important de toponymes. Ces fiches sont organisées selon cinq paramètres, soit une portion sur les caractéristiques techniques de la carte (titre, organisme représenté, période, source, etc.), et selon les quatre variables à l'étude. 59

2.5 Analyse diachronique de traceùrs géographiques

Inspiré du concept de proxy utilisé dans les études paléoclimatiques et paléoenvironnementales (Inkpen, 2004), un traceur géographique désigne une source d'information utilisée afin de reconstruire une réalité géographique à différentes époques. Puisque le présent travail porte sur plus d'un siècle de transformations, l'observation ou la mesure directe des composantes géographiques à l'échelle du site d'étude ne pouvait pas suffire pour couvrir toute la période. Ces indicateurs chercheront ainsi à dégager les transformations générales de la sous-région du lac Duparquet sur toute la période à l'étude. L'analyse diachronique des données émanant de ces traceurs géographiques permettra de mieux ·saisir l'évolution de ces rapports au territoire, ainsi que leur comparaison afin de faire ressortir les corrélations et les tendances globales.

Les traceurs géographiques retenus nous semblent représentatifs des éléments principaux du paysage écologique et de l'environnement bâti du milieu à l'étude. Puisque nous postulons que le paysage de ce territoire se transforme selon différents · cycles de territorialisation, l'analyse diachronique devrait permettre de mesurer l'ampleur et les caractéristiques de ces cycles.

2.5.1 Cadre opératoire de la deuxième question secondaire

Afin d'approfondir notre compréhension de la territorialisation du régime d'exploitation de la nature ici à l'étude, une autre opérationnalisation est nécessaire afin d'établir une série de variables et d'indicateurs permettant de décrire les éléments tangibles du paysage de la sous-région du lac Duparquet (tableau 2.3). Puisque la territorialisation d'un tel régime. implique des éléments variés d'un espace géographique, certains éléments plus révélateurs d'une transformation en cours ont été retenus pour l'analyse diachronique, soit les caractéristiques liées à l'occupation du territoire, à l'utilisation du sol et à la couverture du sol. 60

Tableau 2.3 : Cadre opératoire de la deuxième question secondaire Concept Variable Indicateur Type Sous-indicateur opératoire d'indicateur Occupation Démographie Nombre Numérique du territoire d'individus Taux de Numérique croissance de la population Densité de Nombre Numérique l' écoumène d'habitant-e-s, en moyenne, par km 2 Utilisation Activités Surface utilisée Ordinal Petite/Moyenne/Grande du sol agricoles Evolution des Ordinal Croissance/ aires Décroissance/Stable Localisation des Nominal aires Activités Surface utilisée Ordinal Petite/Moyenne/Grande forestières Evolution des Ordinal Croissance/ aires Décroissance/Stable Localisation des Nominal aires Activités minières Surface utilisée Ordinal Petite/Moyenne/Grande Nombre de Numérique gisements découverts Nombre de Numérique gisements en exploitation Localisation des Nominal aires Activités Surface utilisée Ordinal Petite/Moyenn e/Grande résidentielles et Evolution des Ordinal Croissance/ récréotouristiques aires Décroissance/Stable Localisation des Numérique aires Transport Evolution du Nominal réseau Type de transport Nominal RouteNoie ferrée/Chemin forestier/ Autre Localisation du Nominal réseau Couverture Composition des Première essence Nominal du sol peuplements d'arbre dominante forestiers Deuxième essence Nominal d'arbre dominante Première essence Nominal d'arbre la plus fréquente 61

Deuxième essence Nominal d'arbre la plus fréquente Couverture de la Evolution des Ordinal Croissance/ forêt aires Décroissance/Stable Localjsation des Nominal aires Origine du plomb Concentration du Numérique plomb Rapport Numérique isotopique du plomb

L'occupation du territoire désigne l'occupation humaine sédentaire sur la surface du site à l'étude, l'utilisation du sol décrit l'extension de différents types d'activités dans l'espace et la couverture du sol se résume à l'étude de certains éléments de l'écologie forestière identifiés comme représentatifs de l'ensemble du domaine du vivant non humain sur l'aire d'étude. Généralement, la couverture du sol fait référence à l'ensemble des éléments tangibles naturels ou artificiels d'un territoire qu'il est possible d'observer à partir de photographies aériennes, d' imagerie satellitale ou de cartes, et peut comprendre l'utilisation du sol, c'est-à-dire les traces de l'activité humaine (Gomez et Jones, 2010). Toutefois, pour les besoins de ce mémoire, ces deux concepts opératoires feront référence à des aspects bien distincts d 'w1e même réalité géographique soit d'une part l'expression spatiale des activités humaines, et d'autre part la couverture et certaines caractéristiques du couvert forestier.

2.5.2 Sources

Les sources explorées afin de mettre cette hypothèse à l'épreuve sont diverses. D'abord, les cartes topographiques fédérales représentant la sous-région du lac Duparquet à l'échelle 1 :50000 (feuillets 32D06 et 32Dl 1) ont été rassemblées à partir d'une recherche dans la collection numérique des Bibliothèques et Archives nationales du Québec (BAnQ). Ont ainsi été rassemblées des cartes topographiques de 1950, 1958, 1975, 1984 et 2000 pour le feuillet 32D06 et de 1967 et 1981 pour le feuillet 32Dl 1. 62

Une recherche a aussi été effectuée dans les bases de données géospatiales fédérales et provinciales. Les couches vectorielles de la série Données topographiques du Canada - Série CanVec de Ressources naturelles Canada qui contient les principaux éléments de l'utilisation et la couverture du sol de l'ouest del' Abitibi en 2016 ont été acquises à partir de l'outil Géogratis. Des couches vectorielles de la série Activités minières du Système d'information géominière du Québec (SIGÉOM) du Ministère de !'Énergie et des Ressources naturelles du Québec, qui regroupent l'ensemble des activités d'exploration et d'extraction minière effectuée au Québec depuis le XIXe siècle ont aussi été colligées. Ces couches permettront de distinguer les endroits où des travaux d'exploration ont été effectués, les endroits où les gisements ont été découverts et où ils ont été exploités, ainsi que les dates où ces activités ont été effectuées.

Ces cartes et données cartographiques devraient offrir un portrait assez complet des activités ayant cours sur l'aire d'étude qui nous intéresse parce qu'elles sont facilement représentatives des variables à l'étude pour l'utilisation et la couverture du sol. Cependant, la non-synchronicité des cartes topographiques sur les deux feuillets et le manque d'information pour le début de la période à l'étude ont nécessité la combinaison d'autres sources. Afin d'étendre la couverture temporelle et spatiale de nos données géospatiales, un ensemble de photographies aériennes provenant de deux vols au-dessus de la sous-région du lac Duparquet ( 1926 et 1949) a aussi été considéré. Selon la disponibilité des photographies aériennes et notre souci d'avoir une représentativité temporelle pour l'ensemble de la période à l'étude à partir de séquences de temps passablement uniformes, seules les cartes topographiques de 1950 et 1984 pour le feuillet 32D06 et la carte de 1984 pour le feuillet 32Dl 1 ont par la suite été retenues. Ces données devraient nous permettre de construire un système d'information géographique de la sous-région du lac Duparquet pour l'année 1926, 1950, 1984 et 2016 par la création de couches vectorielles à partir de la série CanVec pour ensuite construire des cartes. 63

La collecte des données démographiques de la sous-région du lac Duparquet pour l'ensemble de la période devrait également corroborer notre hypothèse quant à la territorialisation d'un régime d'exploitation de la nature. Ces données ont été compilées à partir des recensements du Canada, disponibles pour cette région en version numérisée pour 1941, 1951, 1956, 1961, 1966, 1971, 1976, 1981 et 1986, ainsi qu'en données quantitatives à extraire pour 1991, 1996, 2001, 2006, 2011 et 2016. Le recensement de 1931 a aussi été utilisé puisqu'il contient un portrait démographique à l'échelle régionale et provinciale comparant le dénombrement des recensements décennaux de 1871 à 1931. Les recensements sont une source usuelle dans les recherches en géographie, car ces études offrent un ensemble dense et diversifié de données sur la population canadienne dont la représentativité est inatteignable dans le cadre d'un projet de maîtrise (Gomez et Jones, 2010). Les dénombrements étant parfois indisponibles pour la ville de Duparquet (avant 1941) et Rapide-Danseur (avant 1981) dans les recensements fédéraux, nous avons eu recours aux archives non publiées du diocèse d' Amos pour les caractériser. Nous espérons que la combinaison de ces.sources donnera un portrait assez complet des caractéristiques démographiques nécessaires à la réalisation de ce projet.

La deuxième hypothèse secondaire nécessite aussi que nous fassions appel à des données non publiées, compilées dans le cadre de deux autres projets de maîtrise (Marchais, 2017; Arteau, 2019). Le premier ensemble de données propose la combinaison des carnets d'arpentage disponibles au Greffe de l'arpenteur général du Québec pour l'ouest de l' Abitibi entre 1909 et 193 7 et des placettes d'échantillonnage temporaire (PET) des trois derniers inventaires forestiers menés par le gouvernement du Québec sur cette région (1980, 1990 et 2000) (Marchais, 2017). L'arpentage primitif permet d'avoir des listes de taxons, des types de couverts forestiers et des observations de perturbations pour la région le long des lignes de séparation des cantons, rangs et lots. Elles sont les sources écrites recueillies de manière rigoureuse les plus anciennes pour décrire les caractéristiques des forêts du Québec et ont récemment démontré le 64 potentiel pour reconstituer la composition des forêts préindustrielles (Danneyrolles, 2016; Dupuis et al. , 2011 ; Terrail et al., 2014). Les PET sont des observations ponctuelles effectu ées sur des placettes de 400 rn 2 réparties selon les types de peuplements forestiers productifs et leur superfi cie relative (figure 2.4). Elles contiennent des informations sur la composition forestière contemporaine et une couverture spatiale similaire aux archi ves d'arpentage (Méthot et al., 2014), ce qui facilite la comparaison des deux so urces de données. Leur traitement comparatif permettra d' avoir un portrait somme toute assez juste de la composition forestière du début et de la fin de la période à l'étud e.

Lignes d'arpentage primitif • Placettes d'écha ntlllonage tempora ire Sous-région du lac Dupa rquet Hydrograph ie

0 15 30 km

1:480000

North American Datum 1983 Mercator Transverse Modifié, Fuseau 10

Sources: Mathilde Machals, 2017 Ministère de !'Énergie et des Ressources naturelles, 2017 Ressources naturelles Canada, 20 18 Réaflsatlon: Guilla ume Proulx, 20 19

Figure 2.4: Li gnes de l'arpentage primitif (1909-1937) et placettes d'échantillonnage temporaire (1980-2008) dans le nord-ouest de l' Abitibi .

Le second ensemble de données non-publiées contient des mes ures de concentration en plomb et des rapports isotopiques correspondants (206Pb/207Pb, 208Pbi204Pb). Elles ont été extraites dans les cernes de croissance de qu atre cèdres blancs, ou Thuya occidentalis L. (# 403, 434, 435 et 436), échantillonnées sur des îles du lac Du parquet durant l'été 2017 (figure 2.5 et 2.6), et traitées à l'occasion d' une étude 65 dendrogéochimique (Arteau, 2019). Les arbres 435 et 436 se situent respectivement à 3,9 km et 3,6 km de cette fonderie, l'arbre 434 à 7 km et l'arbre 403 à 9 km.

Les cernes de croissance annuels des arbres sont des bio-indicateurs très utilisés afin de reconstituer des perturbations environnementales sur une longue période de temps (Payette et Filion, 2010). En particulier, les cèdres blancs du lac Duparquet ont une grande longévité, ce qui permet de retracer des conditions écologiques annuelles sur plusieurs centaines d'années (Arteau, 2019). L'analyse isotopique du plomb (Pb), pour sa part, est assez répandue en dendrogéochimie et s'est montrée particulièrement efficace pour comprendre l'évolution des conditions environnementales des sites exposés à une pollution métallique importante, dont les sites situés près d'une fonderie. Ces longues séries temporelles permettent de différencier l'apport naturel du plomb de la contribution anthropique grâce à l'étude combinée des concentrations et des rapports isotopiques. Les données compilées et traitées par Arteau (2019) montrent l'évolution des concentrations en plomb des quatre arbres année après année, en particules par milliards (ppb), entre 1850 et 2010, ainsi que le rapport isotopique 206Pb/2°7Pb pour ces arbres afin de déterminer l'origine des particules de plomb que contiennent les cernes. Elles ont été comparées à des échantillons de cèdre recueillis dans un site témoin non perturbé par les activités anthropiques et traités de la même manière afin de bien distinguer l'origine des sources de plomb. Cela a notamment permis de reconstituer l'historique des émissions atmosphériques en plomb (teneur et source) liées aux activités minières dans la sous-région du lac Duparquet. 66

Rivière Duparquet

Fonderie 0

Lac Duparquet

43~

0 5 10 km Sources: North Amerlcan Datum 1983 Julie Arteau, 2019 Mercator Transverse Modifié, Ressources naturelles Canada, 20 18 Fuseau 10 1:80000 Réalisation : Guillaume Proulx, 2019 Figure 2.5 : Localisation des qu atre arbres échantillonnés en 2017 sur les îles du lac Duparquet (en vert), de la zone de déchets miniers (en gris) et de l'ancienne fo nderi e de Duparquet.

Une des lünites importantes à cette méthode est la translocati on radiale, c'est- à-dire la migrati on latérale des éléments chimiques vers des cern es plus anciens ou plus récents, car elle masque la période réelle d'assimilation par l'arbre (Cutter et Guyette, 1993). Toutefois, ce ph énomène est généralement limité à l'aubier, la partie active de l'arbre, en opposition au du ramen, soit sa partie lignifiée. Les études dendrogéochimiques pri vilégient ainsi les essences d'arbres avec un duramen bien défini, une faible perméabilité hydra ulique et un bas taux d'humidité, tous des critères que le cèdre blanc atteint (Cutter et Guyette, 1993). Elles favorisent également des éléments avec un faible potentiel de mobilité radi ale, comme le plomb chez les conifères, afi n de déterminer avec plus de précision le moment où l'élément est incorporé dans l'arbre. Pour cette espèce, un décalage d'enviro n 10 à 15 ans entre les émi ssions réelles et leur assimilati on dans l'arbre est observé (Cutter et Gu yette, 1993). 67

Figure 2.6: Spécimen de Thuya occidentalis L. sur une île du lac Duparquet, août 2017.

2.5.3 Traitement et analyse des données

Le traitement et l'analyse diachronique seront préconisés pour les données de notre deuxième hypothèse secondaire, car elles permettent une comparaison dans le temps de différents traceurs géographiques jugés représentatifs des conditions écologiques et socioéconomiques du milieu à l'étude. La première méthode consistera à réaliser quatre cartes représentant le site d'étude pour les années 1926, 1950, 1984 et 2016 à l'aide du logiciel QGIS (Open Source Geospatial Foundation, 2018). Ces cartes seront effectuées en fonction de la disponibilité des photographies aériennes, de l'imagerie satellite, des cartes topographiques et des couches vectorielles nécessaires à cet effet. Une description de leur contenu sera effectuée pour comparer l'utilisation et la couverture du sol. La deuxième méthode consistera à réaliser des histogrammes, des diagrammes 68 circulaires et des séries temporelles représentant les données d'occupation du territoire et de couverture du sol, afin de suivre l'évolution spatiale de chaque traceur sur la période comprise entre 1898 et 2018. Des descriptions simples de leur contenu sont effectuées pour comparer leur évolution dans le temps. Tous les produits de données sont ensuite comparés par la description du contenu de chaque variable et de son évolution dans le temps et l'espace afin de comprendre le processus de territorialisation en cours. Ce mode de traitement et d'analyse de données permet d'observer des relations de cause à effet entre les traceurs afin de comprendre le fonctionnement d'une frontière de ressources en reconnaissant qu'elle est le produit de relations plurielles de différents processus. CHAPITRE III

RÉSULTATS

L'objectif de ce travail de recherche est de comprendre l'origine et le fonctionnement du lien politique entre des représentations de l'espace et l'agencement institutionnel et territorial visibles à l'échelle locale. Ainsi, afin d'établir si une frontière de ressources a émergé dans le paysage de la sous-région du lac Duparquet par la matérialisation continuelle d'un discours colonialiste de peuplement, un ensemble varié de sources a été rassemblé et a fait l'objet de deux types de traitements distincts. En premier lieu, ce chapitre détaille les résultats de l'analyse des représentations cartographiques effectuée à partir de cartes produites par l'État québécois. Cette méthode implique la compilation d'observations diverses qui ont été organisées dans différentes fiches d'interprétation. La section 3.1 de ce chapitre présente le contenu de ces fiches selon les variables et les indicateurs retenus et associés au concept d'appropriation du territoire. La section 3.2 de ce chapitre détaille les résultats de_ l'analyse diachronique des différents traceurs géographiques choisis à partir de la comparaison de l'évolution temporelle de différents indicateurs écologiques, démographiques et d'utilisation du sol de la sous-région du lac Duparquet. Elle recourt pour ce faire à des cartes et des figures compilant les variables et indicateurs associés aux concepts d'occupation du territoire, d'utilisation du sol et de couverture du sol. 70

3.1 Représentations de l'espace .

Pour établir la nature des représentations del' Abitibi dans les cartes produites par l'État à l'étude, par période, une analyse est effectuée à partir de différents éléments associés à l'appropriation du territoire (3 .1.1 ). Cette section porte notamment sur la toponymie en s'intéressant à l'origine des noms de lieux et à leur évolution depuis l'annexion du territoire à la fin du XIXe siècle. Ensuite, les découpages administratifs sur toutes les cartes sont exposés selon le niveau, la dimension et la forme générale des unités administratives représentées par l'État sur ses cartes. Les activités économiques représentées font également l'objet d'un traitement particulier, et ce afin de savoir quelles activités sont montrées (notamment minières, forestières, agricoles, touristiques et de transport) et comment elles sont représentées. Finalement, les composantes principales de ces cartes sont présentées, en ce qui a trait à l'habillage, aux couleurs, à l'échelle, à l'orientation, la projection et les textes explicatifs qui les accompagnent.

3 .1.1 Appropriation du territoire

3.1.1.1 Toponymie

Les toponymes employés sur les 14 cartes observées sont comptabilisés et exprimés en proportion à la figure 3.1 selon leur langue d'origine. Le total des toponymes (A), ainsi que ceux qui désignent des éléments physiques du territoire (B) ou des entités administratives (C) sont présentés pour chaque période. Ce recensement a été effectué, rappelons-le, pour la carte contenant le plus de toponymes pour chacune des cinq périodes, soit les cartes Al, Bl, Cl, D2 et El. Une vérification de l'origine des toponymes, particulièrement les noms traduits ou mal-orthographiés, a ensuite été effectuée à l'aide de la Banque de noms de lieux du Québec de la Commission de toponymie du Québec (Québec, 2019) et avec le document La toponymie des 71

Algonquins (Fortin et Paré, 1999) du même organisme. Les noms de lieux de la sous- région du lac Duparquet font l'objet d'une description simple supplémentaire. 72

A 86 78 69 67

371142 18 18 14 14 15 8 6 8 1 3 . 0 1 1 1 1 2 1 1lï , 1898-1912 1912-1930 1930-1960 1960-1990 1990-2018

B 83 - 72 64 59 -- - 58 27 17 24 101 18 1 4 •12 ' 1.:. 0 1 1 .;. 1 l 1lï, 1 1lï, 1898-1912 1912-1930 1930-1960 1960-1990 1990-2018

95 C 92 90 84 80

2 81 11 2 - 2 2 -- 6 0 41 .!. 1 917. 0 1898-1912 1912-1930 1930-1960 1960-1990 1990-2018

An icina pemowin Français Angla is Inconnu/A utre

Figure 3.1 : Rati o arrondi à l'entier près(%) de l'ensemble des toponymes utilisés (A), des toponymes utilisés pour désigner des entités physiques (B) et des toponymes utilisés pour désigner des entités administratives (C) dans les cartes illustrant l' Abitibi entre 1898 et 201 8, par péri ode. 73

Pour la période d'exploration (1898-1912), un total de 159 toponymes a été recensé, dont 60 toponymes administratifs et 99 désignant des entités physiques. La partie A de la figure 3.1 illustre que la majorité des toponymes proviennent de l' anicinapemowin et du français dans une proportion similaire, avec quelques toponymes en anglais. Du côté des toponymes désignant des entités physiques (B), les noms d'origine anicinape sont majoritaires contre une faible proportion en français et en anglais.

De manière plus fine, on constate de nombreux toponymes désignant l'environnement naturel proviennent directement ou indirectement (lors d' un e traduction) des noms originaux que les premiers peuples occup ants le territoire ont donnés à ces li eux . C'est le cas notamment du lac Duparquet qui est nommé Acotawegami, de la rivière Duparquet nommée Abitibi, et du rapide Danseur qui traduit littéralement le même nom dans la langue des Anicinabek (Obajidjicimojici).

IV

Ill

Il

l.11•

1 1 ~ -~ :...:_'V_!; _ -- • Figure 3.2: Extrait de la carte Pontiac Nord de 1907 (A 1), centré sur le lac Duparquet et les environs. 74

Même si la majorité est anicinabek, un nombre considérable de toponymes physiques proviennent de la langue anglaise. Il en est ainsi, car certaines données de la carte proviennent de relevés d'arpentage et d'informations effectués par la Commission géologique du Canada. Parmi les quelques toponymes en français, on retrouve notamment un lac nommé à l'effigie de l'auteur de la carte, Joseph Obalski (lac Obalski).

Cette carte (figure 3.2) illustrant la délimitation du territoire del' Abitibi en cantons de taille égale contient presque exclusivement des toponymes administratifs francophones. Ces cantons ont ainsi été nommés en l'honneur des officiers de l'armée de Montcalm (Vincent, 1995), signe que cette colonisation a été imaginée à des fins d'appropriation par la société québécoise francophone. La sous-région est .partagée entre deux de ces cantons, soit le canton d'Hébécourt et le canton de Duparquet.

Pour la période de colonisation assistée (1912-1930) on dénombre 341 toponymes, dont 117 administratifs et 224 désignant des éléments physiques du territoire.

L'histogramme A de la figure 3.1 montre à cet effet un nombre très significatif de toponymes d'origine française pour une très faible proportion en anicinapemowin et en anglais, ce qui témoigne d'une appropriation symbolique plus active. La proportion des toponymes désignant les entités administratives et physiques démontre aussi cette forte domination. Les toponymes en anicinapemowin et en anglais sont moins représentés en ,Abitibi, puisque de nombreuses entités physiques ont été renommées en fonction du nom du canton dans lequel ces entités se trouvent. C'est le cas notamment du lac Hébécourt, de la rivière Duparquet et du lac Duparquet. 75

- ... CT •- ,.. :1f- l • ,.._ - ' ;·· J ...- v- 1 -- BK .. 1,._.J___ ,. • 1 )~ Figure 3.3 : Extrait de la carte Comtés d'Abitibi et de Témiscamingue de 1929 (B2), centré sur le lac Duparqu et et les environs.

Sur la figure 3.3, la ri vière Kanas uta, un des tributaires du lac Duparquet, porte le nom de Montbray. Il s' agit de la seule carte où le nom de cette ri vière corres pond au nom du canton où elle prend sa source. On note aussi qu e la majorité des toponymes anicinapemowin et anglais se retrouvent au sud de la carte, soit au Térniscamingue, alors que l' Abitibi utilise surtout des toponymes d'origine française. Les nouvelles villes et les nouveaux villages portent généralement le nom du canton dans lequ el ils se trouvent.

Durant la troisième péri ode étudiée, di te de colonisation diri gée (1930-1 960), 71 8 toponymes ont été dénombrés, dont 220 toponymes administratifs et 498 toponymes physiques . Une quantité très importante de toponymes d'ori gine française a été observée, qu oiqu ' un peu moins conséquente proportionnellement que pour la péri ode précédente. Une faible proportion de toponymes en ani cin apemowin s'y retrouve, et la maj orité d'entre eux désignent des entités physiques généralement situées au 76

Témiscamingue. Quelques nouvelles villes minières portent des noms d'entreprises ou des noms propres d'origine anglaise. Les autres portent le nom du canton dans laquelle elle se trouve, tel que Duparquet à partir de la carte C2.

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-r--,,, t ' SI-Albert r 1 ,' le-Grond, pop. 1800,/c

ABITIBI-OUE~T~ 1 -· ;. / - • 1 ROUYN:.NORÂN~-~ Figure 3.4: Extrait de la carte Abitibi de 1950 (C4), centré sur le lac Duparquet et les envuons.

Dans certains cas comme la carte C4 (figure 3.4), les toponymes des localités sont accompagnés de noms de paroisses catholiques. Par exemple, Duparquet y est accompagnée de l'appellation «Saint-Albert-le-Grand» et Rapide-Danseur avec «Saint-Bruno». L'appellation Bonne-Nouvelle apparaît sur la carte C3 (Annexe A) en tant que _localité située à l'est de la rivière Duparquet, mais disparaît ensuite.

Pour la période de développement dirigé (1960-1990), on observe 513 toponymes, dont 157 administratifs et 356 physiques. L'omniprésence du français dans les toponymes diminue légèrement au profit de ceux en anicinapemowin et en anglais (histogramme A de la figure 3.1). Cette tendance se confirme tout particulièrement pour les 77 toponymes désignant des éléments ph ysiques du terri toire. De plus, si une portion significa ti ve des toponymes en ani cin apemowin et en anglais se trouve au Témi scamingue, certain s désignant l'environn ement ph ysique abitibien sont en anglais. Les cartes de cette péri ode utilisent un peu moins de toponymes qu e la péri ode précédente, et désignent surtout certaines localités et caractéri stiques physiques d'importance du territoire pour le touri sme. Toutes les cartes comportent des toponymes classés « Inconnu/Autre », car elles englobent un e partie sign ificati ve de l'actu ell e Eeyou Istchee Baie-James comme sur la figure 3.5. Il s'agit donc de toponymes issus de la langue cri e.

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Figure 3.5 : Extrait de la carte Abitibi-Témiscamingue de 1983 (D2), centrée sur le sud- ouest de la J amésie.

Pour la période de développement néolibéral (1990-2018) un total de 679 toponymes sont dénombrés, dont 250 désignant des entités administrati ves et 429 des éléments ph ys iques du ten-itoire. Sur l' hi stogramme A de la fi gure 3. 1, la prépondérance des 78 toponymes en français a diminué par rapport à la période précédente au profit de l'anicinapemowin et de l'anglais. Les to ponymes employés pour nommer les éléments ph ysiques du territoire illustrent dava ntage ce phénomène. Les toponymes provenant de l'anglais et de l' anicin apemowi n sont parti culièrement représentés dans l'hydrographie et le relief des milieux moin s aménagés du Témiscamingue, de l'Outaouais, des Hautes-Laurentides et de l' Abitibi. L' utilisation de l'anicinapemowin sur les cartes augmente lorsque le nombre de toponymes augmente, comme le démontre la carte El (figure 3.6). Quant aux toponymes administrati fs , dominés en grande partie par les toponymes en français, de plu s en plus d'établissements autochtones sont mentionnés sur les cartes.

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Lac Figure 3.6 : Extrait de la carte Abitibi-Témiscamingue: Région administrative 08 de 1992 (El), montrant une parti e du territoire non organisé de Rivière-Kipawa

En somme, les toponymes initiaux sont fo rtement associés à l'identité anicin ape du territoire, en particulier pour les entités physiques. Ils sont utilisés par l'État du rant la période A (1898-191 2), mais subissent une francisation dès la péri ode B (1 91 2-1930), accompagnée de l' attribution de nouveaux toponymes français po ur nommer les 79 nouveaux éléments du territoire cartographié. Les péri odes subséquentes montrent une diminution des toponymes en français au profit des toponymes en ani cinapemowin, en particulier pour les entités ph ysiques , et de l'anglais pour les villes et villages miniers.

3.1.1.2 Découpages administratifs

La seule carte représentant la période A comporte diverses échelles administratives, dont un comté (Pontiac, partie nord), des cantons, des localités, ainsi que des townships de l'Ontario. Les noms « Abitibi » et « Témi scamingue » ne désignent pas encore des unités administrati ves , tout le territoire de la région étant intégré dans l'immense comté 1 de Pontiac. Comme l'exprime la figure 3.7, la principale échelle administrati ve visible sur la carte est le canton, dont la carte fait offi ce de première évocation. Le territoire abitibien est majoritai rement divisé en cantons de forme carrée couvrant chacun un e surface d'environ 10 par 10 milles (16 par 16 km), subdi visés en 10 rangs hori zontaux de 1 mille (1 ,6 km). Cette subdivision administrative initiale sera maintenue jusqu 'à la réforme territoriale provinciale de 1983.

Figure 3.7 : Extrait de la carte Pontiac Nord de 1907 (Al), centrée sur les cantons de Royal-Roussillon et Languedoc 80

Les cartes de la péri ode B représentent les mêmes échelles administratives, mais montrent de nouveaux comtés, soit l' Abitibi et le Témi scamingue. Les cantons et rangs de la péri ode précédente s' y retro uvent, mais sont parfois subdi visés en lots individuels destinés à la coloni sation. Les ran gs sont ai nsi di visés en 62 lots d'enviro n 0,16 mille (0,26 km) sur l'axe est-ouest par 1 mrne (1,6 km) sur l'axe nord-sud. Les lots adj acents à une ri vière ou à un lac diffèrent de ce modèle alors que la longueur de l'axe nord-sud et l'axe est-ouest sont interchangés. Les cantons du Témiscami ngue présentent un découpage moin s régulier que ceux abi tibiens, mais sont analogues à ce modèle. Les cantons subdivisés en lots sont situés près du lac Témiscamingue, du lac des Quinze et des chemins fo restiers au Témiscami ngue. En Abitibi, ils se situent autour du chemin de fer transcontinental, de la ri vière Harricana et aux enviro ns du lac Abitibi . Les cantons d'Hébécoutt et de Du parquet sont partiell ement divisés en lots de colonisati on à partir de la fi n des années 1920 (figure 3.8). Ils sont subd ivisés pou r les ra ngs VII à X en sui vant un patron linéaire indépendant de l' hydrographie, le reste du territoire étant concédé à des entrepri ses d'ex ploitation fores tière.

Figure 3.8 : Extrait de la cane Cantons d'Abitibi et de Témiscamingue de 1929 (B2), centrée sur le lac Duparquet et les environs. 81

Les qu atre cartes analysées pour la péri ode C montrent généralement les mêmes entités administrati ves, à l'exception d' une seule (C4), qui n'illustre que les comtés, locafüés et paroisses cath oliques. Les comtés représentés évoluent durant la péri ode, alors que le comté d' Abitibi est divisé entre Abitibi-Ouest, Abitibi-Est et Rouyn-Noranda à partir de 1944. Le nombre de cantons subdi visés en lots augmente également durant cette période et de plu s en plu s de lots apparaissent sur les cartes, généralement le long des axes routiers et des ri vières majeures. On aperçoit une évolution de la fo rme des lots individuels. Près des villes minières d' importance telle que la région de Rouyn- Noranda (fi gure 3.9) et Val-d 'Or-Bourlamaque, les cartes montrent que beaucoup de lots ne suivent plus un plan organisé. Certains lots perpendiculaires près de plans d'eau , tel que sur les berges de la rivière Duparquet à Rapide-Danseur, diffèrent en effet du plan linéaire ori ginal pour s'adapter aux contraintes physiques du territoire. Le périmètre du territoire de certaines villes, tel qu e Duparquet, est indiqué.

J'ff,'·: ..' r l' lu 1 Ill 1.,, , . ,1' • ~- J..'. ,· ·~ , 1 .. .l'.J. r , ...... • ,~ • .._ _ ., Figure 3.9 : Extraü de la carte Témiscam.ingue et Abitibi de 1946 (C3), centrée sur Rouyn-Norand a et les environs 82

Les trois cartes de la période suivante (D) illustrent des échelles adrnjnistratives différentes des périodes précédentes. Alors que la carte Dl ne montre que des localités d'importance dans un e régi on san s frontières septentrionale, les deux autres présentent des régions touristiques également san s limites septentrionales, des localités, des réserves écologiques et des communautés autochtones. Les unités administratives du lot de colonisation ou du canton ne sont pas représentées. Quelques localités importantes sont représentées sur la carte D3 (figure 3. 10), mais Rapide-Danseur et Duparquet n' y sont pas indiquées, probablement parce qu 'e1les n'étaient pas jugées assez importantes. )

Ma _) • __j,_ ~'D~($Val-d~>.'--. -- --- ,\\ 9J.,_ Figure 3.10 : Extrait de la carte . de Abitibi-Témiscamingue, carte touristique et routière 1983 (D3), centrée sur l' Abitibi .

Les cartes de la dernière période (E) illustrent les mêmes ni veaux administratifs qu e pour la période précédente, mais selon des di visions différentes. On y retrou ve les régions administratives, dont l' Abitibi-Témiscamingue qui comporte une frontière définitive. Les cinq municipalités régionales de comté de la région sont illustrées (Abitibi-Ouest, Abitibi, Rouyn-Norand a, Vallée-de-l'Or et Témiscamingue), 83 conformément à la réforme territori ale de 1983. Les cartes illustrent également les localités et leurs limites municipales. La carte El les présente comme des subdivisions de recensement, alors qu 'elles sont des fro ntières municipales sur les cartes E3 et E4. Cette série de cartes montre les frontières municipales actuelles de la sous-région du lac Duparquet, soit Rapide-Danseur, Du parqu et et Lac-Duparquet. La carte E3 en particulier (fi gure 3.11 ) utilise les cantons à titre indicatif, plus pâle que les limites munjcipales . Cette carte affi che également certai ns lots individuels, comme dans les trois premières péri odes, mais seulement ceux dûment appropriés et aménagés. Par exemple, pour la sous-région à l'étude, seule un e poignée des lots initiaux ont été aménagés, tous situés sur le territoire de la municipalité de Rapide-Danseur.

Figure 3.11 : Extrait de la carte Plan 1 : Grandes affectations du territoire de 2016 (E3), centrée sur le lac Duparquet et les environs.

En somme, les unités administrati ves exposées sur les cartes des trois premières périodes à l'étude, soit de 1898 à 1960, présentent des formes récurrentes pour tout le territoire, ce en vertu de cantons et de lots de colonisati on pratiquement identiques. Les cartes des deux derni ères périodes présentent un e plus grande hétérogénéité de forme, d'échelle et de dimensions, ce compte tenu des réformes terri to ri ales qui ont modifié 84 les frontières internes des régions et municipalités québécoises. La période de développement dirigé (1960-1990) marque à cet effet une transition entre ces deux situations, caractérisée qu'elle est par une région sans frontière septentrionale, et donc dirigeant son attention vers le nord de l' Abitibi; Cette évolution se stabilise dans la dernière période (1990-2018).

3.1.1.3 Mise en valeur économique

Les fiches d'interprétation décrivent les éléments des cartes illustrant certaines activités économiques dont tout particulièrement les activités minières, forestières, agricoles, touristiques et de transport. À cet effet, la carte Al (figure 3.12) illustre principalement le potentiel minier et agricole de la région, en plus de montrer quelques infrastructures de transport et des éléments de l'environnement physique. On y indique les chemins d'hiver, les sentiers, les portages et les voies de canotage pour parcourir le territoire en plus de l'hydrographie alors connue et de quelques collines. Le territoire est représenté comme une grande plaine avec de rares collines. Le trajet du futur chemin de fer transcontinental y est indiqué accompagné d'un chemin de fer reliant le Témiscamingue et l'Ontario. Le potentiel minier et agricole est mis de l'avant avec l'inscription d'informations sur la qualité du sol et sur la présence des minéraux et roches connues. Par exemple, il est indiqué que la sous-région du lac Duparquet contient des roches vertes, du quartzite et de la diabase, puis qu'elle est canotable depuis la rivière Kanasuta, le lac Acotawegami (lac Duparquet) et la rivière Abitibi (rivière Duparquet) pour atteindre le lac Abitibi. Les contours de certains lacs, tel le lac Hébécourt, et de certaines rivières sont parfois très approximatifs, car peu connus. 85

<,t,11 ,-.,-.l Ill ltllY

·1 Figure 3.1 2: Extrait de Ja carte Pontiac Nord de 1907 (A 1), centrée sur l' Abitibi.

Les cartes de la période B présentent des caractéristiques semblables à la précédente. L'hydrographie est toutefois représentée avec beaucoup plus de précision, notamment avec des contours noirs. Les voies navigables y sont également montrées, de même que les chemins de fer, les routes et les chemins reli ant les villages existants entre eux. Les activités agri coles et minières sont mises de l'avant dans ces cartes. Les lots individuels disponibles ou appropriés pour la colonisation agricole y sont représentés en jaune pâle, et les cartes sont touj ours sans relief, utilisant Lm fond blanc. Les mines existantes sont présentées sur la carte B2 avec des icônes de pioches.

Pour la péri ode C, les cartes ressemblent aux deux périodes précédentes, si ce n'est que certaines soi ent encore plus détaillées. Elles montrent touj ours un réseau hydrographique important, dessiné plus précisément, sur lequel on indique les chemins canotables, les rapides et les cascades. Des che mins de fer et un réseau routier plus denses, témoignant du développement des acti vités extracti ves depuis la péri ode 86 précédente, relient Duparquet et Rapide-Danseur. La carte C2 montre même un réseau de transport d'électd cité. En ce qui a trait aux acti vités plus purement économiques, les cartes de cette péri ode illustrent en premier lieu les activités agricoles, concentrées parmi les lots de colonisation, plus nombreuses que précédemment. Le fo nd blanc sans relief y reste important. La carte C4 diffère des autres de la même pédode à ce titre, car elle simplifie l'environn ement physique en y montran t que les localités, les routes, les chemins de fer et les plus grandes étendues d'eau afin de promouvoir la colonisati on de la région.

1 1-

1 1~. 111-1 r { 1 1 'n 1 l- _ . Figure 3. 13 : Extrait de la carte Témiscamingue et Abitibi de 1932 (Cl), centrée sur l'ouest de l' Abitibi .

Les cartes de la période D diffèrent grandement de celles des périodes précédentes. La carte Dl , très épurée, ne montre ain si que quelques localités d'importance et simplifie les chemins principaux reliant les villes par des lignes droites. Elles in sistent notamment sur les routes reliant la région avec Montréal, au sud, et la Jamésie, au nord . 87

Les cartes D2 et D3 sont les plus détaillées du lot. Elles mettent de l'avant le secteur récréotouristique et certaines activités agricoles et extractives. Sur la carte D2, l'agriculture, la forêt et les mines sont illustrées lorsqu'on les considère comme «remarquables». La carte y est remplie de couleurs et de symboles différents afin de promouvoir les attraits touristiques de la région. Les zones de villégiature et les localités y sont à cette fin également indiquées. La carte D3 est un peu plus épurée, mais illustre elle aussi les attraits touristiques du territoire. Outre les réserves écologiques, on montre les communautés et territoires autochtones comme éléments d'importance dans le territoire. Une grande partie de la carte est occupée par des encadrés présentant textuellement quelques attraits de la région, que ce soit en termes économiques tels que des statistiques sur la production minière, agricole et forestière, la chasse et la pêche, le patrimoine, les activités de plein air et les festivités. Dans l'habillage de la carte, on peut y lire ceci : 88

Un monde à portée de coeur ...

Région de vastitude et d'enchantement sauvage, l'Abitibi- Témiscamingue s'étend sur plus de 11 6,000 kilomètres carrés d·une nature forte et jalouse de ses droits

Ce territoire, l'un des plus vastes du Québec, se caractéri se par ses 100,000 lacs, véritables saphirs étincelants au soleil posés sur le lit de velours vert de ses immenses forêts.

'été le soleil y est un couche-tard, prolongeant ainsi le plaisir de la vie en pleine nature L'automne vous surprend à chaque détour par la richesse de sa palette d'artiste et par le flamboiement des forêts.

L'hiver revêt une moelleuse clarté et la neige, dans toute sa blancheur étincelante, vous invite à vos sports préférés dans un cadre où se déploie une blanche dentelle frileuse

Quant au printemps, c'est une surprise; un éclatement de vie qui se fait si rapidement que cela vous étonne sans cesse

L'Abitibi-Témiscamingue c'est aussi un pays de frontière et de pion- niers qui s'affairent encore à bâtir leur histoire et leur région . C'est une terre jeune et dynamique, pleine de promesses et de possibilités où nous vous invitons à la découverte et à l'échange avec une population ch aleureuse dans le calme et la sérénité d'une vaste région presque intouchee.

L'Abitibi-Témiscamingue, c est côtoyer la vie sauvage qui abonde dans lacs et forêts, c'est le contact avec une nature grandiose et omniprésente. C'est aussi !enchantement curieux d'une nuit oü dan- sent les aurores boréales dans un ciel d'un noir profond. Figure 3 .14 : Extrait de la carte Abitibi-Témiscamin.gue, carte touristique et routière de 1983 (D3).

Le champ lexical utilisé dans ce court extrait souligne l'idée que la région se défi ni t par sa nature intouchée, sauvage, nouvelle, soit autant d'attribu ts territoriaux que la carte chercher à présenter.

Les cartes de la période de développement néolibéral sont plu s hétérogènes. Elles présentent toutes d'abord l'hydrographi e comme premier élément physique du territoire à l'exception de la carte E4. Comme illustré sur la figure 3.15 , cette carte souligne de nombreux éléments physiques classés comme des sites d'in térêt à caractère écologique, tels que les refu ges biologiques, les érabli ères, les eskers, ou les habitats fa uniques. Elle montre également des contrain tes naturelles telles que les glissements 89 de terrain, les zones à risque de contamination, les sources d'eau, etc. Les cartes de la période E montrent les routes, les chemins de fer, et parfois même les lignes à haute tension en tant qu'éléments reliés au ·transport. Les cartes E2 et E4 insistent-elles davantage sur le développement touristique. En plus de ces attraits physiques, la carte E4 comporte des sites d'intérêt esthétique, tels que les circuits routiers culturels, et des sites patrimoniaux où sont notamment indiqués les ponts couverts ou les sites archéologiques. La carte E3, de son côté, divise le territoire en différentes vocations économiques comme l'agriculture, à l'exploitation forestière, au tourisme, au domaine résidentiel. Le territoire qui ne fait pas l'objet d'une activité spécifique porte l'étiquette de « ressource naturelle ». 90

TERRITOIRE ET SITE D'INTÉRÊT ZONE DE CONTRAINTE Site d'intérêt à caractère écolog ique Contrainte naturel le M Écosystème forestier excep tionnel ~ . Ghssernenl de te rrain Êraol ère l Sou rce d'eau ~-,.., Zone à risque do con tamination à l'arsenic Esker _,,.._, de l'eau souterraine Espoce florlshque monacoo one de protectooo des puits munic,pa ux ut do pierres (palooplago} M Ze no à risques d Inondation il!I Ma rais - Parc nation al d'A19uebelle Contrainte d'origine hu maine Refuge l)I0l091q11 Barrage J Ba rrage hydroélectrique M Réserve écologique des Vieux-Arbres Centre de valonsation des malieres résiduelle _.,,,, Territoire â ca ractère fa unique QQ Dépôt à ciel ouvert (fermé) Habitats et site s fauniques d'i ntérêt E:spéce fauniques monac6es et vulnérablos Lieux d'enfouissement sanili'!lte (rein1 Aire de concentra tion c!'orseav x aquatiques - S,to do boucs do rossos septiquos Petite aire de con fi nement du cerf de virginie E3 Dépôt Cie neiges usees el Colon10 d'o1soaux - Ouvrage d'assainissement

~ . Patnmoino lmmobd or recon nu Trajel historique do Pierre Chevalier do Troyes 9' Ensemble rés1denllel d 1ntèrêt palnmoniale C-:Ir3 Secteur d'in térAI archéologique

Territoire d'in térêt sc ientifi qu e Forêt d'en~e19 r1 ernent et de recherche du Lac Dul)arquet Fi gure 3. 15 : Légende de la carte Plan 2 : Te rritoires et sites d'intérêt et zones de contraintes de 201 6 (E4).

Somme toute, les activités éconornjques mi ses de l'avant dans les cartes de l'État qu ébécois sont généralement dominées par l' agri culture et les mi nes lors des trois premières périodes (1898 à 1960), puis par les acti vités reliées au to urisme et à la distribution de services pour les deux dernières (1960 à 2018). 91

3.1.1.4 Composantes principales de la carte

Les éléments qui composent les cartes étudiées, telles qu e l'habillage, les textes, la projection, les coulems, l'échelle et l'orientation ont aussi été l'objet de descriptions simples dans les fiches d'interprétation.

Les cartes des périodes A, B et C se ressemblent grandement et expriment un certain patron de cartes de colonisation et de dénombrement des opportunités minières, forestières et agricoles de la région. Sur ces cartes en couleur, le nord se situe en haut tel que prescrit par les conventions cartographiques occidentales. Aucune référence à une projection cartographique n'est indiquée sur ces cartes. Produites par le ministère des Terres et forêts (carte Al, B 1, Cl et C3) et le mini stère de la Colonisation (carte B2 C2 et C4), elles sont souvent identifiées comme des cartes dites « officielles» de ces ministères (cartes Al à C3), et on retrouve le nom des ministres et sous-ministres (cartes B2 à C3) de ces ministères. Par exemple, la carte A 1 contient la mention suivante:

expl• dis l)llO a I\U des l'l:'OSej irn P.mrnts, n üt.u..m rn&n L 1 Figure 3.16: Extrait de la carte Pontiac Nord de 1907 (Al ).

Lorsqu 'elles sont indiquées, les échelles numériques sont exprimées dans le système impérial. Elles diffèrent légèrement d'une carte à l'autre, de « 4 milles au pouce » (1 :253 440) pour la carte A 1 et « 3 milles au pouce » (l: 190 080) pour la carte B 1. Les cartes A 1 et B 1 sont quadrillées dans leur pourtour du système de coordonnées géographiques. La carte C4 diffère puisqu'elle provient d' un e ann exe du document Un royaume vous attend: l'A bitibi, préparé par le ministère de la Colonisation pour 92 favori ser l'établissement de colons en Abitibi. Cette carte en noir et blanc de 1950 ne contient aucun e échelle. On ne peut y lire que le titre, la date et l'auteur de la carte, accompagné de la mention « Lac Matagamj, 88 milles [environ 142 km] au nord d' Arnos ».

COMTÉS D,ABITIBI ET DE TËMISCAMINGUE 1935

MINISTÈRE DE LA COLONISATION

HONORABLE IRtNÉE VA •TRIN, MIHISTRlt.

L-A. AICHA.RD, Sous.l ll'IIISTAC.

(CM._ 1 ...... ,_

I\ ,.._ G-a.C

,I, J. ÔU('/l~JhD ~r· ,,..,,.,,-. ·" t:. ,,,_., ... Figure 3.17 : Extraü de la carte Comtés d'Abitibi et de Témiscamingue de 1935 (C2).

Les cartes de la péri ode suivante (1960-1990) sont de nature di fférente. D'abord , la carte Dl provient d' un document de pl anificati on éconorn.i que de la région du Nord- Ouest québécois, préparé par un organisme public nommé la Mission de planification du Nord-Ouest Québécois. Ce document contient un bilan des ressources économiques régionales et propose un e série de recommand ations d'actions publiques pour accompagner le développement de la région. Tel qu 'illustrée sur la figure 3.1 8, une carte épurée l'accompagne. CelJ e-ci est en noir et blanc, situe le nord en haut, et est sans texte excepté pour le titre et les noms de localités qui y sont nommées. Les cartes D2 et D3 contiennent plus d'info rm ations. Toutes deux découlent du travail conj oint du ministère de l'Énergie et des Ressources, du min.i stère de !'Industrie, du Commerce et du Tourisme et de l'Association touri stique régionale de l' Abitibi- Térniscam.i ngue. Ces cartes en couleur possèdent un e échelle de 1:250 000 avec le nord en haut. Alors que la carte D2 indique des coordonnées géographiques, la carte D3 n'en \ 93 a pas, mais comporte une grande quantité de textes ayant pour but de promouvoir des attraits touristiques de la région. Les sources de données de ces cartes ne sont pas indiquées.

• LEKI..-SUR-QIJEVILLON

SENHETEJIRE

Figure 3.18: Extrait de la carte Plan I: Vue générale de la région du Nord-Ouest de 1971 (Dl), centrée sur !'Abitibi

La dernière période comporte également des cartes aux compositions non uniformes, outre le fait qu'elles sont en couleur et que le nord est situé au haut de la carte. Les deux premières (cartes El et E2), respectivement préparées par le ministère de !'Énergie et des Ressources et le ministère des Ressources naturelles et de la Faune, ont des échelles de 1:500 000 et 1:1300000. Elles indiquent toutes deux les coordonnées géographiques sur les côtés de la carte. Les deux dernières cartes ( carte E3 et E4) sont préparées par la MRC d' Abitibi-Ouest et sont sans échelle numérique. La projection des cartes E2, E3 et E4 est Mercator Transverse Modifié, cadran 10. Par ailleurs, ces trois dernières accompagnent des documents de planification et d'aménagement plus larges, soit le Plan régional de développement du territoire public (carte E2) et le Schéma d'aménagement et de développement révisé (cartes EJ et E4). Les sources des données de ces cartes proviennent d'organes de l'État québécois. 94

En somme, les cartes des trois premières périodes présentent diverses similitudes : elles sont préparées par les mêmes auteurs à une échelle et avec des couleurs similaires. Les deux dernières périodes proposent des cartes bien différentes, tant pour les auteurs que pour ce qu'elles contiennent, puisqu'elles illustrent des plans de développement ou des activités économiques en utilisant des symboles et des signes variés. Cela dit, sur l'ensemble des périodes, on note des projections et orientations de cartes pratiquement identiques.

3.2 Territorialisation

Afin de comprendre les transformations du paysage de la sous-région du lac Duparquet, une analyse diachronique a été effectuée en comparant différents traceurs pouvant témoigner de la territorialisation du régime d'exploitation de la nature qui est à se dessiner comme en témoignent les cartes de la section précédente (3.1). D'abord, le mode d'occupation du territoire afférent à cette colonisation est décrit (3.2.1) à partir de l'étude de la démographie, et de la densité de l'écoumène. Ensuite, l'utilisation du sol est explorée (3.2.2) selon les activités agricoles, forestières, minières, résidentielles, récréotouristiques, ainsi que les activités de transport qui y sont associées. Finalement, nous abordons la couverture du sol (3.2.3), ce à partir de la forêt qu'on y retrouve, notamment la composition des peuplements forestiers, ainsi que la pollution au plomb de ces mêmes sols, ce selon la concentration et le rapport isotopique 206Pbi2°7Pb.

3.2.1 Occupation du territoire

3 .2.1.1 Démographie

La figure 3.19 compile les données des recensements fédéraux et les archives de dénombrement du diocèse d'Amos pour établir l'évolution démographique conjointe des localités de Duparquet et de Rapide-Danseur, en la comparant avec l'évolution de l'ensemble de l'Abitibi-Témiscamingue. Ces recensements n'ont pas comptabilisé 95 l'occupation autochtone du milieu à l'étude, car il était non sédentaire, ce qui explique l'absence de données démographique avant les années 1930. Dès 1936, la population sédentaire totale du milieu à l'étude est de 1063 personnes, en forte majorité établie dans la ville de Duparquet. Celle-ci connaît une forte hausse jusqu'en 1951, particulièrement à Rapide-Danseur, pour atteindre une population de 2223, dont 1485 personnes à Duparquet et 738 à Rapide-Danseur, ce qui constitue un maximum pour l'ensemble de la période à l'étude. Entre 1936 et 1951, la population de la sous-région d~ lac Duparquet connaît une hausse d'environ 109 %. Ensuite, la population décline jusqu'en 1981, se chiffrant alors à 827 personnes, dont 581 à Duparquet et 246 à Rapide-Danseur. Entre 1951 et 1981, la population de la sous-région connaît une baisse d'environ 63 %. La population croît ensuite à nouveau légèrement pour se stabiliser autour d'un peu moins de 1000 personnes. En 2016, on note une population de 995 personnes dont 670 à Duparquet et 325 à Rapide-Danseur, ce qui équivaut à une hausse d'environ 20 % entre 1981 et 2016. Sur l'ensemble de la période à l'étude, la population passe sous le niveau de 1936 à partir de 1971 pour ne jamais la dépasser par la suite. 96

2500 200000

180000

w 2000 160000 -0 ::J ,w..... 140000 .!!! ro -0 C 1500 120000 -~ ro -w.... QJ 100000 C 0 -0 .:; 1000 80000 g ::J .:; a. ::J 60000 2_ a. 0 a.. 500 40000

20000

0 0 ri \.0 ri l.O ri t.O ri t.O ri lO ri lO ri \.0 ri lO H \.0 1ri 1..D ri \.0 rl lO o o .--, .--, N N cr, cr, s:t s:t ..,.., ..,.., 1.0 I.D r-- r-- oo oo en en o o .--, .--, en en en en en en en en en en en en en en en en en en en en o o o o rlrlMrlMrlrlrlrlrlrlrlrlMMrlHrlMrlN NNN Année - Duparquet Rapide-Danseur - Abitibi-Témiscamingue Figure 3.19 : Population de la sous-région du lac Duparquet comparée à la population totale del' Abitibi-Témiscarningue entre 1901 et 2016.

À titre comparatif, la population totale del' Abitibi-Témiscamingue connaît des cycles démographiques sintilaires, mais non identiques. En effet, entre 1901 et 1966, la population de la région augmente de manière soutenue, passant de 6685 à 175 037 personnes pour ensuite décliner rapidement pendant une décenni e, atteignant 141 100 habitant-e-s en 1976. Une légère hausse suivie d'une stabilisation peut être observée par la suite, alors que la population régionale atteint 146 720 personnes en 2016. La population totale du Québec (figure 3.20), quant à elle, vit un e croissance ininterrompue entre 1901 et 2016, passant 1 648 898 à 8 164 360 personnes. 97

2500 9,00

8,00

V) 2000 C (IJ 7,00 -0 0 ...,::::, :<1J 6,00 -0 5 (IJ 1500 ro 5,oo •ëi C (IJ > -0 4,00 ea. 1000 ·.;:::;6 C 3,00 ::::, a. ro 0 ::::, CL 2,00 §- 500 CL 1,00

0 0,00 ,-i lD ,-i lD ,-i \.0 ,-i \.0 ,-i \.0 ,-i \.0 ,-i lD ,-i lD ,-i \.0 rl lD ,-i \.0 ,-i \.0 0 0 M ,-i N N n"l ------n"l <:t <:t U') U') \.0 \.0 r--- r--- 00 00 0-, 0-, 0 0 ,-i -,-i 0-, 0-, 0-, 0-, 0-, 0-, 0-, 0-, 0-, 0-, 0-, 0-, 0-, 0-, 0-, 0-, 0-, 0-, 0-, 0-, 0 0 0 0 M ,-i ,-i ,-i ,-i ,-i ,-i ,-i rl ,-i ,-i ,-i M ,-i ,-i ,-i M M ,-i M N N N N Ann ée - Du parquet Rapide-Danseur - Québec

Figure 3.20 : Population de la sous-région du lac Duparquet comparée à la population totale (en millions) du Québec entre 1901 et 201 6.

On constate que l'occupati on du territoire de la sous-région du lac Duparquet a beaucoup évolu é entre 1898 et 201 8, alors que le territoire ne comp tait pas d'occupant- e-s permanent-e-s au début de la péri ode, puisque les Ani cinabek y vivaient de mani ère non sédentaire. C'est dire que le milieu à l'étude évolue au même rythme que le reste de la région abitibienne, mais il diffère grandement du reste de la provin ce de Québec.

3.2. 1. 2 Densité de l'écoumène

L'évolution de la densité de la population sédentaire de la sous-région du lac Du parquet peut être observée dans la figure 3.21. Elle a été obtenue par la division de la populati on

2 sédentaire et l'aire de la sous-région (4 13 ,95 k m ). 98

6,00

N E 5,00 ..!,/!. .ri ----(1J :S 4,00 (l) C , (l) E 3,00 0u :w V QnUO 2,00 - • (l) .-!:= - V, - 1,00 0

0,00 193 1 1941 1951 1961 1971 1981 1991 2001 2011 Année Figure 3.21 : Densité de la populati on sédentaire de la sous-région du lac Duparquet entre 1936 et 2016 selon le nombre d' habi tant-e-s par kil omètre carré.

Les cycles démographiques de ce territoire expliquent l'évoluti on de la densité de l'écoumène de cette sous-région. En effet, la densité de population était en 193 6 de 2,57 habitant-e-s par kilomètres carrés, et a atteint son maximum de 5,37 en 1951, descendant à son minimum de 2,00 en 1981 pour remonter à 2,40 en 2016. L'évolution de cette densité semble suivre qu elque peu l'in tensité des activités économiques dans le milieu d'étude. Comme un e frontière de ressources se fonde pri nci palement sur des activités économiques liées à l'extracti on de ressources naturelles, la flu ctu ati on de la di sponibilité des emplois dans ce domai ne pourrait expliquer l'évolution de cette densité. De plu s, cette densité pourrait également infl uencer l'importa nce de l'empreinte écologique de la frontière de ressources selon l'époque. La population sédentai re étant inégalement distribuée sur l'ensemble do territoire à l'étude, la section sui vante met en lumière la localisati on de l'occupation du territoire afi n de comprendre comment la population s'est approprié ce territoire. 99

3 .2.2 Utilisation du sol

L'utilisation du sol, selon nos sources de données, peut être illustrée à partir des cartes produites pour les années 1926 (figure 3.22), 1950 (figure 3.23), 1984 (figure 3.24) et 2016 (figure 3.25) pour la sous-région du lac Duparquet. 100

Réalisation : Guillaume Proulx, 2019 0 5 10 km 1 :180000 NAD83, MTM Zone 10 Secteur urbain de Duparquet

Activités minières Zone forestière Gîte découvert Plans d'eau • Travaux d'exploration Rivière

Figure 3.22 : Couverture et utili sation du sol de la sous-région du lac Duparquet en 1926. 101

• , ..--' I r Réalisation : Guillaume Proulx, 2019 0 5 10 km 1:180000 NAD83, MTM Zone 10 Secteur urbain de Dupa rquet Beattie - ·- ·- Ligne à haute tension Activités minières --- ~ ---Donch ster en cours gggi Graviers et remblais • Exploitation --,..______LCentral Duparquet Gîte découvert Déchets / . ------. • Travaux d'exploration Zone urbaine Bâtiment Zone de villégiature --- Sentier et chemin forestier Zone forestière - Route Plans d'eau 1--++ Chemin de fer Rivière

Figure 3.23 : Couverture et utili ation du ol de la sous-région du lac Duparquet en 1950. 102

Hunter

_J/ . "

• • , _.r;•. .I t \ ,,__,..-/ •

New lnsco \ • r ------r.. t- r Réalisation : Guillaume Proulx, 2019 0 5 10 km 1:180000 NAD83, MTM Zone 10 Secteur urbain de Dupa rquet Activités minières Graviers et remblais • Gîte exploité Déchets Gîte découvert Zone de villégiature • Travaux d'exploration Zone urbaine Bâtiments Zone forestière --· Sentier et chemin forestier Plans d'eau - Route Rivière -·-·· Ligne à haute tension

Fi gure 3.24: Couvertu re et utili ation du sol de la sous-région du lac Duparquet en 1984. 103

\ ...... , ..... ,--....-...... ___ : • ( \ ------

0 5 10 km 1:180000 NAD83, MTM Zone 10 Secteur urbain de Duparquet

Activités minières Graviers et remblais • Gîte exploité Déchets Gîte découvert Zone de villégiature • Travaux d'exploration Zone urbaine Bâtiments Zone forestière --- Sentier et chemin forestier Plans d'eau - Route Rivière

Figure 3.25 : Couverture et utili sation du sol de la ous-région du lac Duparquet en 20] 6. 104

3 .2.2.1 Activités agricoles

Les activités agricoles de la sous-région du lac Duparquet ont suivi une évolution spatiale à partir des zones non boisées (indiquées en blanc sur les figures 3.22, 3.23, 3.24 et 3.25) situées le long des rangs de colonisation agricole et à partir du nombre de bâtiments dans ces zones. C'est ainsi que la carte de 1926 ne contient pas de périmètres destinés à l'agriculture. Le même site téi;noigne en 1950 d'un défrichement assez important dans une zone restreinte, soit des deux côtés de la rivière Duparquet, à la limite des rangs VIII et IX des cantons d'Hébécourt et de Duparquet (aujourd'hui le rang de la Scierie, le rang du Coin-Saint-Pierre et le rang de la Lune à Rapide-Danseur), et sur le rang VII du canton de Duparquet (aujourd'hui la route 388 à Rapide-Danseur). L'évolution du périmètre destiné à l'agriculture diminue par la suite, alors qu'en 1984 un certain reboisement de la zone agricole est observé, notamment du côté est des rangs VIII et IX du canton de Duparquet (rang de la Lune à Rapide-Danseur), ainsi qu'une chute significative du nombre de bâtiments dans cette zone. Ce phénomène s'est par la suite accentué, la zone agricole s'étant reboisée un peu plus en 2016. Un nombre légèrement plus important de bâtiments est aussi à noter dans cette zone, mais ils sont surtout situés près des plans d'eau, ce qui pourrait vouloir dire qu'il s'agit de bâtiments résidentiels ou destinés au tourisme.

3.2.2.2 Activités forestières

En 1926, le territoire forestier est peu ou pas exploité de manière commerciale. Bien que quelques activités d'exploitation soient documentées par les archives d'arpentages primitifs, celles-ci ne permettent pas d'affirmer avec précision qu'elles ont alors cours, car les peuplements couvrent presque tout le territoire et aucun chemin d'accès ou moulin à scie n'est répertorié. Toutefois, la carte de 1950 montre que l'exploitation forestière est en cours, car quelques chemins forestiers traversent une bonne proportion du territoire des cantons d'Hébécourt et de Duparquet. Quelques bâtiments sont situés dans ce qui constitue aujourd'hui le territoire non organisé de Lac-Duparquet, dont un 105 moulin à scie identifié comme tel, situé à l'ouest du lac Hébécourt (Canada, 1950). Une diminution des chemins forestiers s'observe en 1984 à certains endroits. En particulier, _une route non pavée traverse la zone située à l'ouest du lac Hébécourt jusqu'au sud du territoire, pour ainsi faciliter l'accès à la forêt. Un recul de la couverture forestière est ensuite notable dans ces zones selon la carte de 2016, un nombre très important de nouveaux chemins forestiers apparaissant au nord de la route 388, ainsi que dans toute la zone située à l'ouest de la ville de Duparquet, au nord et au sud cette fois de la route 393. L'exploitation forestière débute donc entre 1926 et 1950, a cours de manière moins importante entre 1950 et 1984, et repend de l'intensité ensuite jusqu'à 2016.

3.2.2.3 Activités minières

Les activités minières ont débuté très tôt sur le territoire à l'étude. La sous-région du lac Duparquet compte ainsi trois gisements de découverts en 1926, correspondant aux futures mines Beattie et Central Duparquet, situés près du secteur urbain de Duparquet. On remarque que ces deux mines sont en cours d'exploitation en 1950, en plus du gisement Donchester, situé entre celles-ci. Quelques autres sites ont été découverts à l'est de Duparquet entre 1926 et 1950, alors que des travaux d'exploration ont eu lieu un peu partout sur le site d'étude. Cette carte montre également une importante aire de résidus miniers entre la mine Beattie à Duparquet et le lac Duparquet (en gris). La quantité de sédiments dans cette aire entraine une légère diminution de la taille du lac. Ainsi, une baie disparaît et quelques îlots du lac sont dorénavant rattachés à la terre ferme par les rejets miniers. Cette aire de résidus est toujours bien visible en 1984, bien que sa taille ait légèrement diminué entre temps. Deux nouveaux gisements étaient exploités à_ ce moment, soit la mine Hunter, située dans le rang IX du canton de Duparquet (à l'extrémité est du rang de la Lune à Rapide-Danseur), ainsi que la mine New -Insco au sud du lac Duparquet, localisée sur les berges de la baie Fabie accompagnée de résidus. Selon la carte de 2016, plusieurs nouveaux gisements ont été lors des 30 années suivantes, particulièrement à l'est de la ville de Duparquet, tandis 106 que des travaux d'exploration ont eu lieu un peu partout sur le site à l'étude. Somme toute, l'importance de la zone de résidus miniers près de Duparquet et la proximité de nombreux gisements exploités tout près de la ville permettent d'affirmer que l'exploitation des gisements Beattie, Donchester et Central Duparquet a été très importante.

3 .2.2.4 Activités résidentielles et récréotouristiques

Les activités résidentielles et récréotouristiques ont connu une évolution importante après l'amorce de la colonisation de la région, comme en atteste l'évolution du nombre de bâtiments non-agricoles, du périmètre urbain ainsi que des zones de villégiature. Alors qu'aucun bâtiment permanent de ce type n'est répertorié en 1926, plusieurs sont indiqués en 1950. Outre les bâtiments situés directement sur la zone agricole et ceux à proximité d'une mine, quelques-uns sont situés en marge du périmètre urbain de Duparquet, s_ur les berges du lac Duparquet près de la ville, et autour du rapide Danseur. D'autres sont éparpillés dans la forêt et sur les berges du lac Duparquet en 1950, sans doute des camps de chasse et de pêche. Un terrain de golf apparaît également en marge du périmètre urbain de Duparquet. La carte de 1984 indique que ces activités semblent avoir pris beaucoup d'ampleur par rapport à 1950. En effet, on dénombre de nombreux bâtiments sur les berges du lac Hébécourt, du lac Duparquet, de la rivière Duparquet et sur les îles du lac Duparquet. Au terrain de golf s'ajoutent trois terrains de camping situés aux mêmes endroits que les nouveaux bâtiments. Le périmètre urbain a lui légèrement augmenté, et de nombreuses routes relient les bâtiments entre eux. Cette situation s'amplifie lors de la phase plus récente, alors qu'un nombre encore plus important de bâtiments est noté sur la carte de 2016 dans la même zone que celle de 1984. Le camping situé près du périmètre urbain de Duparquet s'agrandit et de nouvelles routes relient lès nouveaux bâtiments. La zone urbaine prend également de l'expansion. 107

3.2.2.5 Transport

L'évolution des infrastructures de transport du milieu à l'étude a connu la même évolution que les activités économiques. C'est ainsi qu'aucune infrastructure de transport n'est observée en 1926, ce qui pourrait indiquer que les déplacements se faisaient principalement par voie d'eau. Un réseau de transport terrestre passablement dense apparaît ensuite, comme l'indique la carte de 1950. De nombreux chemins et routes relient alors les bâtiments entre eux, ainsi que la sous-région du lac Duparquet au reste de l 'Abitibi. Le réseau routier est particulièrement important dans la zone rurale ainsi que dans la zone urbaine de Duparquet. Une route est même en cours de construction entre ce territoire et !'Ontario. Un chemin de fer rejoint également le périmètre urbain de Duparquet à l'est, soit l'axe ferroviaire reliant Rouyn-Noranda et le chemin de fer transcontinental. Une densification des routes s'observe par la suite, selon la carte de 1984, alors que de nouveaux bâtiments sont construits près des plans d'eau. Une nouvelle route traverse la forêt située à l'ouest du lac Hébécourt. Une linéarisation des anciens chemins ruraux se déroule dans certains secteurs afin de permettre une plus grande vitesse sur ceux-ci. La route qui relie le territoire à !'Ontario est complétée, et le chemin de fer a disparu. La carte de 2016 témoigne toujours de la densification du réseau routier et de la linéarisation des chemins ruraux.

3.2.3 Couverture du sol-

3 .2.3 .1 Couverture de la forêt

L'évolution de la couverture forestière de la sous-région du lac Duparquet est liée à celle de l'utilisation du territoire. Sur les quatre cartes produites (figures 3.22, 3.23 3.24 et 3.25), la zone forestière est identifiée en vert. En 1926, outre les affleurements rocheux et les milieux humides, la forêt occupe presque tout le territoire. On note · ensuite sur la carte de 1950 une diminution générale de sa superficie, particulièrement autour du village de Rapide-Danseur et dans une moindre mesure à Duparquet. Cette diminution se poursuit encore selon les cartes de 1984 et 2016, mais elle se remarque 108 surtout sur le territoire situé au sud de la route 388 et à l'est du périmètre urbain de Duparquet, ce qui pourrait être relié aux activités d'exploitation forestière. Cela dit, on note que l'aire forestière augmente légèrement en 1984 et 2016 par rapport à la zone agricole initiale de 1950.

3.2.3.2 Composition forestière

Les données compilées et traitées par Marchais (2017) donnent un aperçu de l'évolution de la composition forestière d'une partie du nord-ouest del' Abitibi, dont la sous-région du lac Duparquet. La composition est décrite à partir de la fréquence de l'observation de chaque arbre sur les listes de taxon, c'est-à-dire la proportion par taxon des observations de l'arpentage primitif et des PET(%) où l'on retrouve chaque espèce. Elle est également décrite selon la dominance des espèces, soit la proportion totale des observations(%) où une espèce était la plus dominante. L'étude décrit deux périodes, soit de 1909 à 1937 et de 1980 à 2008. Durant la première période (1909-1937), l'épinette est l'essence la plus fréquente (figure 3.26) et la plus dominante (figure 3.27). Le sapin baumier se situe au deuxième rang pour ces deux indicateurs. Le bouleau blanc, le tremble et les pins sont également assez fréquents. Le peuplier baumier, le mélèze laricin, le cèdre blanc, le bouleau jaune, l'érable rouge et le frêne noir sont eux peu fréquents et dominants. 109

0,33 r - Autres

Boulea u jaune

Boul eau blan c

Cèdre bl anc

Épinettes

Érable rouge

Frêne noir

Mélèze laricin

Peuplier baumier

Pi ns

Sapin baumier

2,3 0,0003 -- 0,28 2,05 Figure 3.26: Fréquence de chaque taxo--n (%) dans les observations effectu ées dans le nord-ouest de l' Abitibi entre 1909 et 1937 (selon Marchais, 2017).

0,00% 0,27% Autres

Boulea u jaune

Bouleau bl anc

Cèdre blanc

Épinettes 0,00% 0,40% Érabl e rouge 0,00% Frêne noi r

0,00% Mélèze laricin

Pe uplier baumier

Pins

Sapin baumier

Fi gure 3.27 : Domin ance de chaque taxon dans les observati ons effectuées dans le nord-ouest de 1' Abitibi entre 1909 et 1937 (selon Marchais, 2017). 110

Pour la seconde période d'observations (1980-2008), le tremble est l'essence la plus fréquente (figure 3.28) et la plus dominante (figure 3.29). Les épinettes se retrouvent ainsi dorénavant au deuxième ra ng, ce tant pour la fréquence que la domin ance. Le bouleau blanc maintient sa fréqu ence et augmente un peu sa dominance, tandis qu e le sapin baumier et les pins présentent un e fréq uence touj ours importante, mais beaucoup plus faible que précédemment. Le peuplier baumier présente une fréq uence beaucoup plus forte que dans la péri ode précédente.

Autres

Boulea u jaune

Bou leau blanc

Cèdre blanc

0,96 Ép in ettes Érabl e rouge

Frê ne noir

M élèze lari cin

Pe uplier baumier

Pins

Sapin bau mier

3,45 0,12 Figure 3.28: Fréqu ence de chaque taxon (%) dans les observations effectu ées dans le nord-ouest de l' Abitibi entre 1980 et 2008 (selon Marchais, 2017). 111

1,74% Autres

Bouleau jaune

Bouleau blanc

Cèd re blanc

Épinettes

Érable rouge

Frêne noir

Mélèze laricin

0,20% Peuplier baumier Pin s

Sapin baumier

Figure 3.29 : Dominance de chaque taxon dans les observations effectuées dans le nord-ouest de I' Abitibi entre 1980 et 2008 (selon Marchais, 2017).

Somme toute, les conifères étaient très fréquents et domfoants dans la zone d'étude avant et au début de la colonisation. Par la suite, un enfeuiUement de la forêt se produit sur le territoire à l'étude. En effet, les espèces résineuses sont remplacées par des feuillus dans les taxons les plus fréquents et dominants de la région, ce qui pourrait être directement relié au défrichement et l'exploitation commerciale de la forêt.

3.2.3.3 Pollution au plomb

Les données compilées et traitées par Arteau (2019) offrent une reconstitution de l'histoire de la contamination au plomb à partir des cernes de croissance de quatre cèdres blancs (403, 434, 435 et 436) échantillonnés sur les îles du lac Duparquet (figure 3.30). 112

Horne smelter

Beattie smelter A 300 Regional background penod Transition Active smelter period 250 period

200 .0 Q. Q. --8- #435 (3 .9km) n 150 --6---- ~436 (3.6km) !=:. ~434 (7 km} 100 -e- 11403 (9 kml

50

0 B 1.24 North American coals USA 1.22 USA leaded gasoline 1.20 .0 Q. 11 8 .ri if6N1 Q. 11 6

11 4 1. 12 1.10 1.08 1850 1870 1890 1910 1930 1950 1970 1990 2010 Years Figure 3.30 : Concentration des particules de plomb contenues dans chaque arbre échantillonné (A) et rapports isotopiques 206Pb!2°7Pb de ces échantillons (B) (Arteau, 2019: 61). 1

1 Les concentrati ons en plomb (A) sont présentées en particules par milliards (ppb) et la limi te aubi er- duramen est indiquée par un rectangle orange. Les rapports isotopiques 206Pb!2°7Pb (B) enregistrés dans les cernes d' arbre sont montrés en comparaison avec les rapports typiques du charbon nord-américain (North Arneri can coals), des additifs de plo mb contenus dans ! 'essence aux États-Uni s et au Canada 113

Les tendances observées sur notre terrain d'étude pour les concentrations en plomb distinguent trois périodes (figure 3.30, A). La première s'échelonne de 1850 à 1940 et correspond à des concentrations stables, situées généralement entre 30 et 50 ppb, à l'exception de l'arbre 435 où la concentration est un peu plus élevée à partir de 1900. La deuxième période s'étale de 1940 à 1980 et est caractérisée par une augmentation progressive du plomb contenu dans les arbres, attendu que le moment et l'intensité de cette tendance dépendent de la distance entre l'arbre et la fonderie Beattie à Duparquet. Les arbres situés près de la fonderie enregistrent ainsi l'augmentation la plus forte de la concentration en plomb entre 1940 et 1960. Un décalage d'environ 10 ans entre l'ouverture des fonderies et l'augmentation de la concentration en plomb est observé ici, cela étant le résultat de la translocation radiale du plomb dans le tronc. La dernière période (1980 à 2010) se caractérise par une nouvelle augmentation générale dont témoignent les concentrations les plus élevées, toutes périodes confondues. Cela dit, tous les arbres échantillonnés voient leur une concentration en plomb diminuer à la fin de la période. Cette diminution suit précisément à l'emplacement de la zone de transition entre l'aubier et le duramen de ces arbres, soit la section active où les éléments ne sont pas immobilisés. Cette transition physiologique ne reflète donc pas les conditions d'absorption à l'échelle annuelle, mais témoigne encore des effets de translocation radiale dans le tronc.

Les rapports isotopiques du plomb sont similaires pour les quatre arbres investigués, et ils ont tendance à diminuer depuis 1850 (figure 3.30, B). Les rapports 206Pb/2°7Pb les plus élevés (entre 1,15 et 1,21) se situent entre 1850 et 1940. Entre 1940 et 1970, une diminution généralisée des rapports est observée pour ensuite se stabiliser dans la

(USA leaded gasoline et CDN leaded gasoline), ainsi que des traces d'aérosols d'origine anthropique aux États-Unis et au Canada (USA et CDN): 114 période récente. La comparaison avec les rapports isotopiques 206Pb!2°7Pb des charbons en Amérique du Nord et des autres sources de plomb d'origine anthropique observés au Canada et aux États-Unis permet de déterminer l'origine des sources de contamination au plomb à Duparquet. Les concentrations de plomb observées entre 1850 et 1930 proviendraient ainsi essentiellement de sources terrigènes, c'est-à-dire provenant naturellement de la roche en place. Les concentrations enregistrées entre 1930 ~t 1950 montrent une transition des sources terrigènes à des sources d'origine anthropique. Cette transition coïncide avec l'ouverture de fonderies à Duparquet en 1937 et à Rouyn-Noranda en 1928. Finalement, la période de 1950 à 2010 est dominée par les sources de plomb d'origine anthropique. CHAPITRE IV

ANALYSE DES RÉSULTATS

Ce chapitre analyse les constatations dégagées précédemment à propos de l'évolution des représentations cartographiques et des transformations socioécologiques locales et cherche à les interpréter à la lumière des concepts clés et du cadre théorique de ce projet. En premier lieu, la section 4.1 porte sur les modalités de l'appropriation du territoire se dégageant des représentations cartographiques effectuées par l'État québécois à partir de l'annexion du territoire étudié à la fin du XIXe siècle jusqu'en 2018, en particulier en ce qui a trait aux symboles et signes utilisés afin de mettre en valeur le potentiel économique du sol et du sous-sol abitibiens. La section 4.2 aborde les transformations du milieu à l'étude en colligeant et comparant les différents éléments observés pour déterminer s'ils s'inscrivent dans la territorialisation propre à un régime d'exploitation capitaliste de la nature. Finalement, la section 4.3 revient sur l'hypothèse principale, soit l'émergence d'un paysage colonialiste de peuplement, afin de réfléchir sur le lien entre les représentations cartographiques effectuées par l'État et les manifestations spatiales qu'on retrouverait d'une frontière de ressources dans la sous-région du lac Duparquet.

4.1 Une représentation de l'espace évoluant au rythme des cycles économiques

Au chapitre I, la frontière de ressources a été définie comme un paysage qui émerge de l'interaction d'un ensemble de représentations particulières de l'espace par des acteurs 116 dans une réalité géographique. L'État, avancions-nous alors, est un acteur de premier plan dans l'émergence des frontières puisqu'il se revendique et dépend à la fois d'un territoire et d'une communauté pour exister (Parenti, 2016; Scott, 1998). Afin de légitimer son contrôle territorial, il est constamment en train de segmenter, quantifier, qualifier et donner des fonctions à des parcelles de son territoire. La relation qu'entretient l'État avec l'espace est donc de nature politique. Les cartes produites par l'État, soulignions-nous encore, lui permettent de projeter son pouvoir sur un territoire et normaliseront un ensemble de rapports sociaux. Leur contenu témoigne de ce processus, car il dénote et connote des intentions et des idéologies particulières qui peuvent changer selon le contexte économique, politique et culturel dans lequel les cartes sont conçues.

Les données colligées au chapitre III démontrent ainsi que la relation qu'entretient l'État québécois avec l' Abitibi s'est progressivement affirmée entre son annexion de 1898 et l'époque contempor~ine. D'abord inexistant sur le territoire abitibien, le contrôle de l'État s'est progressivement déployé avec le développement de sa connaissance du territoire qui lui a permis l'appropriation. Les cartes produites par différentes institutions québécoises proposent des représentations de l' Abitibi principalement orientées selon les volontés économiques et politiques de l'État. Entre 1898 et 2018~ les cartes représentent l' Abitibi comme une «région-ressource», c~est- à-dire un espace faisant partie d'un territoire plus grand dont les principaux attraits sont des ressources naturelles destinées à l'exploitation. Les éléments valorisés par ces cartes de l'environnement naturel et le type d'activité économique qui leur est associé ont évolué selon des cycles économiques dépassant l'échelle régionale ou provinciale, en partant d'une logique de conquête fondée sur les ressources minières, agricoles et forestières dans les périodes A, B et C, pour évoluer vers une logique de consolidation régionale fondée sur la conservation et le tourisme dans les périodes D et E. Ces éléments et cycles démontrent, cherchons-nous à illustrer dans la sous-section suivante, une volonté d'appropriation fondée sur des idéaux de progrès et de construction 117 nationale. Ils excluent donc consciemment toutes représentations alternatives qm compromettraient le projet de« conquête» et d'exploitation del' Abitibi.

4.1.1 La création cartographique d'une région-ressource québécoise

L'appropriation du territoire à l'étude par l'État québécois s'effectue en premier lieu par la création et la pérennisation d'un imaginaire géographique dans lequel une communauté se reconnait. Ce processus passe ainsi par la projection d'éléments familiers sur un territoire alors inconnu ou inaccessible afin de le légitimer. L 'Abitibi a d'abord été imaginée par l'État comme une région du Québec avant que cela ne se matérialise. Une relation de co-construction s'observe entre l'agencement d'acteurs, l'environnement régional et les représentations cartographiques alors que progressivement l'on peut y observer l'établissement de colons, d'infrastructures et d'industries dans la région à partir de la période de colonisation assistée. Les cartes produites par l'État québécois témoignent de ce processus d'appropriation progressive alors que deux ères principales se dégagent de l'observation de leurs composantes, soit celle de la conquête entre 1898 et 1960, puis celle de la consolidation entre 1960 et 2018.

Les cartes réalisées entre 1898 et 1960 nous apparaissent d'abord et toutes désireuses de servir à la conquête du territoire par la société québécoise. Regroupant les périodes d'exploration (A), de colonisation assistée (B) et de colonisation planifiée (C), cette ère de conquête est caractérisée par des cartes provenant d'auteurs similaires, soit le ministère des Terres et Forêts et les différents ministères de la Colonisation (ministère de la Colonisation, des Mines et des Pêcheries; ministère de la Colonisation). Ces ministères ont tous été responsables soit de la colonisation agricole du territoire ou de l'extraction des ressources naturelles. Il va donc de soi que les produits cartographiques qu'ils ont conçus mettent principalement en évidence ce type les activités économiques de la colonisation agricole et de l'exploitation des ressources naturelles. 118

Comme il a été dégagé dans le chapitre III, l'unité administrative caractéristique de l'ère de conquête est le canton. Cette échelle est présente sur toutes les cartes à l'exception de la carte C4. La première carte à l'étude date de 1907 et comprend la division initiale du territoire selon cette unité administrative (figure 3.7). Les noms attribués aux cantons désignent des officiers de l'armée.de Montcalm, célébrés pour avoir participé à la bataille des Plaines d'Abraham à Québec en 1759 (Vincent, 1995). Ce choix projette une toponymie qui rappelle les origines françaises de la colonisation de la vallée du Saint-Laurent sur un territoire alors occupé par les Anicinabek. Cette toponymie s'implante d'ailleurs durablement dans le territoire puisque les principaux éléments hydrographiques et la majorité des nouvelles localités portent le nom de leur canton. Une francisation des topùnymes initialement en anicinapemowin et parfois en anglais s'effectue dès les premières vagues de colonisation après 1912. L'arrivée de ces toponymes marque une première étape de la prise de possession par l'État québécois et semble témoigner d'une appropriation liant le territoire abitibien avec un symbole de l'histoire de la société québécoise, soit le régiment français ayant ultimement résisté à la conquête du territoire par l'Empire britannique. L'utilisation de ces toponymes semble donc, au plan symbolique, lier la conquête du territoire abitibien à la résistance face à la conquête d'un territoire plus vaste, le Canada français, par une autre culture dominante.

La mise en valeur économique du sol et du sous-sol de la région est surtout orientée vers l'agriculture, les mines et l'exploitation forestière. Les cartes montrent très tôt une division des cantons en lots de colonisation sur un fond sans relief. Cette façon de représenter l'espace est similaire à ce que l'on retrouve dans les documents produits par le ministère de la Colonisation tels que le Guide du colon (Caron, 1924) et Un royaume vous attend: / 'Abitibi (Québec, 1950). Ces documents dépeignent l 'Abitibi comme une immense plaine argileuse aux ressources minières, forestières et hydrauliques abondantes. À cette époque, la colonisation agricole est la principale activité économique mise de l'avant par les publications de l'État québécois concernant 119 l' Abitibi (Gourd, 1974). L'État veut alors étendre et consolider la communauté canadienne-française autour d'un projet de conquête du sol porté par des individus partageant une religion et une langue commune (Morissonneau, 1978). Cette « mission » colonisatrice présentée comme fondatrice pour la communauté est par ailleurs souvent mobilisée par les élites de l'époque afin de justifier l'annexion et la prise de possession des territoires situés au nord de l'écoumène québécois (Morissonneau, 1978; Duhaime et al., 2013).

Tout comme le soutiennent Asselin (1982) et Tremblay (1984), cette colonisation agricole est surtout une raison évoquée par l'État québécois pour accomplir des objectifs géopolitiques plus importants, tels que l'occupation effective du territoire revendiqué par l'État et l'exploitation des ressources naturelles à l'aide d'une main- d'œuvre bon marché. Les cartes de l'ère de conquête montrent à cet effet dès 1907 le potentiel minier de la région, et les possibilités de déplacer les ressources grâce à des infrastructures de transport plus denses par la suite. L'établissement d'un régime de propriété privée est également visible sur ces cartes. Comme l'indiquent les figures 3 .8, 3.9 ou 3.13, les lots individuels occupés ou à coloniser paraissent toujours plus nombreux et plus précis. Cette ère constitue une étape importante de l'appropriation d'un territoire en contexte colonial. Alors que l'État québécois montre un territoire divisé en propriétés foncières homogènes destinées à la production économique, il fait disparaître les espaces d'usage commun et normalise l'établissement d'un régime de propriété privée sur un territoire considéré comme vacant. Il semble alors se dégager ici une association entre l'identité canadienne-française que l'on cherche à faire revêtir l 'Abitibi ainsi qu'une volonté d'exploiter les ressources naturelles du territoire. Dans un contexte marqué par une crise financière majeure et une émigration importante, la colonisation de nouveaux territoires a été un moyen utilisé par l'État et les élites québécoises afin de soulager une pression démographique importante dans la vallée du Saint-Laurent, assurer l'accès à des ressources à faible coût et étendre le contrôle 120 territorial de l'État. Comme il a été décrit dans le chapitre I, il s'agit-là des fonctions principales des frontières de ressources à travers le monde.

Les cartes construites entre 1960 et 2018, pour leur part, démontrent une volonté de consolidation politique et économique régionale. Regroupant les périodes de développement planifié (D) et de développement néolibéral (E), cette ère se caractérise en premier lieu par des cartes produites par des organismes plus variés. En effet, les organismes ne sont pas seulement des ministères reliés aux ressources naturelles, mais surtout des instances de planification économique régionale. Ce changement est attribuable à la transformation des mécanismes de planification territoriale de l'État à travers le temps. À partir des années 1960, l'État québécois adopte en effet des politiques inspirées de l'État providence, puis des mesures visant à l'imposer comme acteur principal du développement de l'ensemble de son territoire. Pour assurer la cohésion territoriale nécessaire à la croissance de la capacité de production du Québec, l'État veille ainsi à la distribution de services et d'investissements sur son territoire et cherche à planifier directement les activités économiques (Klein, 2010). C'est dans ce contexte que les cartes D 1, D2 et D3 sont produites par dès organismes publics de planification économique. À partir des années 1980, mais surtout des années 1990, ce modèle planificateur se transforme avec la venue de l'État néolibéral. À partir de ce moment, l'État se désinvestit progressivement au profit de l'entreprise privée et s'amorce un processus de décentralisation de ses mécanismes de planification territoriale (Harvey, 2014). Les MRC nouvellement créées au début des années 1980 en viennent à assumer un rôle de planification, ce qui explique que la MRC d' Abitibi- Ouest ait produit les cartes E3 et E4 dans le cadre d'un schéma d'aménagement et de développement du territoire.

La consolidation territoriale de la région, processus par lequel l'État cherche non pas à étende son pouvoir, mais à l'affirmer davantage sur son territoire est visible avec l'abandon de l'unité administrative du canton, pourtant premier signe de 121 l'appropriation de la région par l'État. Au lieu de dépeindre une région en devenir, les cartes de cette ère plus récente montrent un territoire constitué d'une multitude de localités et connecté au reste de la province par différents moyens de transport. La naissance de l'Abitibi-Témiscamingue en tant que région constituée et des MRC (Abitibi, Abitibi-Ouest, Rouyn-Noranda, Vallée-de-l'Or et Témiscamingue) s'inscrit dans ce contexte de création de frontières régionales. Les cartes D 1, D2 et D3 montrent une région, nommée Nord-Ouest québ'écois, dépourvue de réelles frontières septentrionales et connectée au nord. L'action d'appropriation territoriale de l'État procède alors dans une très grande mesure par le développement de la Jamésie par l'hydroélectricité (Vincent, 1995). Par la suite, des unités administratives nouvelles présentent une région dont l'identité propre se dégage au niveau symbolique de la toponymie initiale de ce territoire (Témiscamingue et Abitibi venant de l'anicinapemowin), de son appartenance à l'imaginaire québécois (Rouyn faisant référence au canton nommé en l'honneur d'un officier de l'armée de Montcalm) et de l'exploitation des matières premières (Noranda et Vallée-de-l'Or faisant référence à l'extraction minière). Ces organes de décentralisation del 'État sont également un levier supplémentaire pour que la région puisse organiser elle-même son développement en fonction du financement et des orientations générales du gouvernement.

Cette volonté de consolidation régionale par l'affirmation d'une identité est également sensible dans les activités économiques mises de l'avant par les cartes. Alors que l'agriculture, l'exploitation minière et l'exploitation forestière sont des activités importantes, elles sont symboliquement associées à une identité régionale ayant une valeur économique distincte. Autant les cartes devant servir à la planification économique que touristiques montrent ainsi certains secteurs où des sites agricoles et forestiers sont qualifiés d'exceptionnels et où la capacité de production des sites industriels sont illustrés comme des attraits associés au territoire abitibien. Contrairement à l'ère de conquête, le développement d'un patrimoine culturel et naturel associé aux attraits de la forêt boréale, la colonisation et la présence des 122

Anicinabek ressort de ces cartes, en particulier les cartes E3 et E4 qui délimitent des aires écologiques protégées, des lieux culturellement importants et une faune et flore remarquable. Elle dénote une volonté de développer les activités liées à une économie présentielle, soit sur la production de biens et de services destinés à personnes présentes sur le territoire, mais dont le revenu ne découle pas nécessairement du système productif local, tel que les personnes résidentes navetteuses, retraitées, chômeuses, mais également les touristes (Doyon et al., 2013). Elle regroupe ainsi les activités économiques reliées au secteur récréotouristique, à la villégiature et aux résidences principales et secondaires. Tout comme dans l'ère précédente, ces éléments de l'environnement régional sont mis de l'avant parce qu'ils ont une valeur commerciale, et sont qualifiés de ressources naturelles pour être exploités par l'économie présentielle.

La toponymie régionale utilisée dans les cartes colligées participe elle aussi à l'avènement de cette identité régionale particulière. En effet, comme on peut l'observer sur la figure 3.1, la francisation des toponymes durant l'ère de conquête (1898-1960) laisse place à davantage de toponymes en anicinapemowin. Suite à leur sédentarisation progressive en Abitibi, une participation de plus en plus accrue des Anicinabek, effectuée dans le cadre de la planification récente plus décentralisée de l'État, pourrait avoir influencé la création de cartes plus soucieuses de la présence des Anicinabek sur le territoire abitibien. Ceci pourrait être le résultat combiné d'un militantisme continuel de la part des Anicinabek afin que leur identité propre soit reconnue par l'État et de la volonté du gouvernement de reconnaitre l'existence des signes et symboles de cette nation sur le territoire abit~bien. Toutefois, comme le souligne Coulthard (2014), les différentes politiques reconnaissant la présence et l'identité particulière des peuples autochtones au Canada se sont toujours effectuées dans le contexte de rapports de pouvoirs colonialistes et capitalistes inhérents à l'État. La reconnaissance et l'inclusion de la toponymie des Anicinabek seraient alors une manière de poursuivre l'exploitation capitaliste des ressources du territoire dans un contexte où il n'est plus possible d'ignorer l'existence des Autochtones. En ce sens, qu'ils soient ou ne soient pas des 123

actes d'inclusion de bonne foi, la résurgence des toponymes anicinabek pourrait témoigner d'une tentative d'appropriation par l'État québécois afin de maintenir la poursuite de ses intérêts. Il les met en valeur au même titre que les autres ressources naturelles qu'il entend commercialiser sur le territoire abitibien.

L'établissement d'un régime de propriété foncière inconnu avant l'annexion de ce · territoire souligne également la consolidation économique et politique régionale qui témoigne de cette appropriation par l'État québécois. Sur les cartes de l'ère de consolidation, aucun espace n'a pas de fonction assignée. Les cartes E2 et E3 sont particulièrement révélatrices à cet égard alors qu'on assigne une fonction p;irticulière à tous les espaces. C'est ainsi que toutes les parcelles du territoire régional sont situées dans une municipalité, une MRC et une région, en plus d'être associées à une activité d'exploitation ou de conservation, ce de manière immédiate ou projetée dans l'avenir, ne reconnaissant pas d'autre manière de représenter et de s'approprier le territoire abitibien dans le discours officiel.

Somme toute, l'État québécois propose des représentations cartographiques qm affirment et permettent l'appropriation du territoire abitibien en tant que région québécoise. Les principaux éléments cartographiques mis de l'avant montrent l'évolution d'un imaginaire de conquête du territoire à celui d'une consolidation. Ces deux ères s'inscrivent toutes deux dans un même mouvement de normalisation et de légitimation du contrôle de l'État sur un territoire qu'il considère comme le sien en vertu d'une compréhension occidentale de la souveraineté étatique. La carte est utilisée ici en tant qu'outilpolitique motivé par cet ensemble idéologique. Tout comme Harley (2002b) et Scott (1998) l'observent ailleurs, l'État québécois est motivé par un idéal de progrès fondé sur sa capacité de valoriser et d'exploiter les ressources de son territoire. L'État québécois mobilise des conventions cartographiques telle_s que le système de coordonnées; le nord au haut de la carte et les projections de Mercator, en plus de montrer un territoire rempli de signes et symboles identitaires de la communauté 124 majoritaire qu'il représente, notamment par le biais de la toponymie et des subdivisions territoriales, en fonction des ressources naturelles qu'il contient et les moyens entrepris pour y avoir accès.

4.2 La territorialisation d'un régime d'exploitation de la nature

Le phénomène des territoires-frontières résulte, avions-nous établi au chapitre I, de l'interaction entre des représentations de l'espace et un environnement physique dans une relation de co-construction. Or, cette réalité géographique est en évolution constante et est elle-même le produit de la relation entre divers cycles écologiques et socioéconomiques en interaction perpétuelle à différentes échelles. Les frontières de ressources se caractérisent par l'établissement rapide d'un régime d'exploitation de la nature, et donc la mobilisation d'un ensemble d'institutions, de lois, d'acteurs et de moyens socioéconomiques et culturels qui visent à générer un profit par l'extraction d'éléments de l'environnement qualifiés de ressources naturelles (Rasmussen et Lund, 2018). L'État est un acteur de premier plan dans ce processus, car il encourage le développement des connaissances et des . moyens pour exploiter, transporter et transformer ces ressources (Parenti, 2016). Il favorise ainsi la territorialisation de ce régime, ou la transformation du territoire conformément à l'atteinte d'objectifs géopolitiques et économiques.

La sous-région du lac Duparquet, a-t-il été dégagé au chapitre III, a connu d'importants bouleversements démographiques, écologiques et d'utilisation du sol entre 1898 et 2018. Le recoupement de ces trois variables fait ressortir l'évolution des caractéristiques spécifiques au fonctionnement du processus de territorialisation et aux conséquences d'un régime d'exploitation de la nature qui s'est ainsi petit à petit territorialisé. Ce recoupement met également en lumière l'interaction entre la conception et la transformation de l'environnement de la sous-région ici étudiée et les relations de pouvoirs à différentes échelles. En particulier, une correspondance certaine 125 se dégage entre l'évolution de certaines politiques publiques au niveau provincial, les fluctuations de l'économie capitaliste à l'échelle occidentale et mondiale, ainsi que les cycles d'expansion et de recul de l'occupation du territoire, le développement des infrastructures et l'amplitude des conséquences sur l'écosystème forestier.

4.2.1 Une population venue d'ailleurs pour rentabiliser le sol et le sous-sol

L'occupation du territoire de la sous-région du lac Duparquet, que nous avons dégagé en 3.2.1, désigne spécifiquement l'occupation sédentaire de l'aire d'étude. Il est ainsi parce que les sources de données utilisées ne comptabilisent pas son occupation temporaire, passagère ou saisonnière. Pourtant, les Anicinabek ont habité la région de cette manière depuis des milliers d'années et ont continué de la parcourir malgré l'établissement progressif de colons sur leur territoire (Bousquet, 2016). Nous sommes conscients que cette manière d'attester de l'occupation d'un territoire semble témoigner à nouveau d'un désir de montrer l'espace comme vacant afin de justifier sa prise de possession. Notre interprétation de l'évolution de l'occupation du territoire se limite donc à l'occupation sédentaire de celui-ci et doit être comprise comme telle.

L'utilisation et la couverture du sol de l'aire d'étude illustrent également des limites similaires liées à l'absence de données relatives à une occupation non sédentaire du territoire. Les variables et indicateurs choisis au chapitre II à cet effet permettent de comprendre le fonctionnement de l'établissement progressif d'un régime d'exploitation de la nature sans montrer comment celui-ci a pu influencer les activités traditionnelles des Anicinabek sur ce territoire ou plus largement afin de comprendre le mode d'occupation autochtone de ce territoire. Elles ne témoignent pas non plus de l'impact de ces activités sur l'écosystème forestier, à l'exception du fait qu'elles n'ont pas été une source importante de plomb pour les cèdres du lac Duparquet. Les données recueillies avant l'arrivée d'une population sédentaire dans la sous-région du lac Duparquet permettent simplement de rendre compte d'un paysage essentiellement couvert d'une forêt dominée par des conifères. 126

L'évolution démographique de la sous-région du lac Duparquet montre trois phases liées à la combinaison de politiques publiques et de la vitalité économique des secteurs primaires, trois phases correspondant à une forte croissance, un déclin et une stabilisation de la population sédentaire. Le début du peuplement de l'aire d'étude . correspond aux premiers effets d'un plan public d'aide à la colonisation des régions québécoises, aussi nommé plan Vautrin du nom du ministre provincial de la colonisation de l'époque (Vincent, 1995). Ce programme de l'État québécois, principalement destiné à la colonisation de l 'Abitibi, a été mis en place durant la crise économique des années 1930. Il prévoyait notamment l'assistance sous forme d'allocations conditionnelles à l'ouverture et l'exploitation de terres agricoles ainsi qu'un droit de coupe sur les terres à défricher, des allocations de terre destinées aux familles sans emploi ,de la vallée du Saint-Laurent. Cette assistance a permis une croissance exponentielle de la population régionale. C'est dans ce contexte que de nombreux colons se sont établis à Duparquet et Rapide-Danseur en peu de temps le long des rangs agricoles, la fondation de ces deux localités étant respectivement en 1933 et 1934. La croissance démographique de l'aire d'étude entre 1936 et 1951 (figure 3.19), le grand nombre de bâtiments sur la carte de 1950 ainsi que l'aire défrichée sont des signes qui montrent l'importance de ce mouvement (figure 3.23), alors qu'en 1926 rien de tout cela n'était visible dans le paysage de l'aire d'étude (figure 3.22). La pression de ce mouvement agricole sur la forêt s'est matérialisée par un recul massif de la couverture forestière entre 1926 et 1950.

Cette croissance rapide de la population est aussi associée à la découverte de gisements d'envergure dans un contexte de prix élevé des métaux (Vincent, 1995). La découverte de la faille de Cadillac, dans l'axe Rouyn-Val-d'Or, a engendré la mise en exploitation de dizaines de mines entre les années 1920 et 1950. La sous-région du lac Duparquet est située sur une faille adjacente riche en or, la faille de Porcupine-Destor, explorée dès le début du :xxe siècle (Arteau, 2019). L'ouverture de la mine Beattie en 1933 à Duparquet et de sa fonderie en 1937 (figure 4.1) a grandement participé à la croissance 127 très importante de population autour du lac Duparquet. Alors que quelques gisements sont explorés et découverts en 1926, quatre gisements sont en exploitation en 1950 et une aire urbaine leur est adjacente. La vitalité économique du secteur minier à Duparquet semble avoir également influencé la croissance des infrastructures du moment. De nombreux moyens de transport ont permis à la population de rejoindre la région et au minerai d'y s01iir. L'intensité de ce cette pression démograplùque nouvelle dans le secteur (jusqu'à 5,37 hab./km2 en 1951 pour tout le site à l'étude) est à la fois visible dans les infrastructures nouvelles sur la carte de 1950 (figure 3.23) que dans les premières hausses de concentration en particules de plomb dans les cèdres du lac Duparquet (figure 3.30). L'analyse des rapports isotopiques indique que les sources du plomb des cernes des années 1950 à 2010 proviendraient de sources issues à la fois de l'exploitation minière locale que de la combustion d' essence enrichie en plomb (figure 3.30).

Figure 4.1 : Fonderie de la mine Beattie, mai 2018. 128

L'important déclin démographique à partir de 1951 est attribuable à l'effet combiné des politiques publiques et du contexte économique de l'époque. Les plans de colonisation cessaient de soutenir les colons canadiens-français sur leurs terres après seulement quatre ans, ce qui s'est avéré insuffisant pour un bon nombre de familles pour développer et rentabiliser suffisamment leur lot agricole (Tremblay, 1984). Comme le démontre la carte de 1984, une quantité significative de bâtiments disparaissent de la zone agricole entre 1950 et 1984. La fermeture de la mine Beattie en 1956 en raison de la stagnation du prix de l'or a également participé à ce déclin. Bien que la fonderie Beattie ait transformé des minerais venus d'ailleurs jusqu'en 1980, le nombre d'emplois disponibles a chuté (Mongrain, 2017). Selon les recensements de 1941 et de 1971, la population de Duparquet passe d'une population à 40 % anglophone et est-européenne à près de 5 % à la suite de la disparition des emplois dans les mines (Vincent, 1995). À cette conjoncture politique et économique s'ajoute l'automatisation des activités forestières et agricoles, qui cause également des pertes d'emplois pour une région fortement orientée vers l'exploitation des ressources naturelles (Vincent, 1995).

4.2.2 La valorisation d'une «nature» aux perturbations écologiques permanentes

À partir des années 1980, un certain regain démographique se manifeste dans certaines régions rurales québécoises avec l'arrivée de « néoruraux », soit des personnes provenant de milieux urbains venues s'installer dans les milieux ruraux afin de profiter de certains de leurs atouts, notamment paysagers (Veillette, 2011). Ne tirant pas nécessairement ses revenus d'un système productif local, l'arrivée de cette nouvelle population aurait découlé de l'implantation d'une économie présentielle dans certains territoires ruraux, ou l'aurait progressivement implanté (Doyon et al., 2013). La légère croissance démographique accompagnée d'une stabilisation de la population que l'on a observée sur le site d'étude et dans toute la région à partir de 1981, pourrait être le résultat de l'émergence d'une économie présentielle sur le territoire. Entre 1984 et 2016, la croissance très importante du nombre de bâtiments situés près des plans d'eau, tels 129 que le lac Hébécourt, le lac Duparquet et la rivière Duparquet, ainsi que l'apparition de trois terrains de camping sur la carte de 1984, s'agrandissent sur celle de 2016, témoignent de cette nouvelle phase économique. Elle se fonde sur une tendance qui se généralise à l'ensemble de la région à partir des années 1980, aidé en cela par des politiques publiques mettant de l'avant les plans de développement régional fondés sur une volonté de pratiquer un développement économique décentralisé, diversifié et fondé sur la création« d'un milieu de vie sain et stimulant» (Québec, 1993 : ii).

L'établissement d'une zone de conservation écologique sur les îles et le pourtour des lacs Duparquet et Hébécourt, la fondation de la Forêt de recherche et d'enseignement du lac Duparquet ainsi que le classement de l'église de Rapide-Danseur (figure 4.2) en tant qu'édifice patrimonial sont_ des exemples d'actions entreprises d'étude afin de diversifier les activités économiques vers une économie présentielle. Ces interventions publiques mettent en valeur le territoire non plus pour l'agriculture ou l'exploitation minière et forestière, mais pour attirer une population à la recherche d'attraits touristiques ou d'un milieu de vie intéressant pour s'établir. Cette tentative de diversifier les activités locales sur des activités moins dépendantes de l'évolution des prix des matières premières semble s'inscrire dans une volonté de lui assurer une vitalité économique plus durable. 130

Figure 4.2 : Église de Rapide-Danseur, novembre 2018.

Cette diversification économique stabili se la population de l'aire d'étude, bien qu'elle reste toujours inférieure à ce qu 'elle était en 1936. L'augmentation significative des bâtiments situés près des plans d'eau est l'expression spatiale de ce changement. N'étant plus fondé seulement sur l'extraction de matières premières, ce modèle de développement est tout de même une nouvelle manière de transformer l'environnement en ressource naturelle. Comme on peut l'observer ailleurs dans le monde contemporain, notamment avec l'établi ssement de diverses politiques de conservation (Bluwstein et Lund, 20 18; Lund et Rachman, 2018; Rasmussen, 2018), on accorde depuis peu une plus-value à un territoire ou un lieu perçu comme exceptionnel pour ses attributs écologiques, culturels ou situationnels. Ce fa isant, les acteurs publics ou privés déploient un ensemble de moyens pour exploiter cette plus-value, allant de la construction d'infrastructures destinées à la villégiature à la création d'aires protégées. Dans la sous-région du lac Duparquet, cette nouvelle lecture du territoire cohabite avec les activités agricoles, minières et forestières d'antan, bien que celles-ci soient 131 moindres et différentes qu'auparavant, alors qu'il cherche à protéger certains lieux et territoires de nouvelles interventions anthropiques.

L'écosystème forestier s'avère particulièrement perturbé de façon durable par cette pression économique manifeste depuis le début de la colonisation. L' enfeuillement généralisé des forêts de conifères de l'ouest de l 'Abitibi est directement causé, avons- nous établi, par l'exploitation commerciale des espèces ligneuses conifériennes. L'importante hausse de la dominance et de la fréquence du peuplier faux-tremble en particulier (figure 3.28 et 3.29) est liée à la combinaison des feux de forêt intervenus durant la colonisation de la région et des coupes totales. Selon Marchais (2017), cette espèce a la réputation d'être particulièrement efficace pour se reproduire sur des sites récemment brûlés ou coupés et de devenir dominante grâce à une croissance en hauteur plus rapide que d'autres espèces. Sur la figure 4.3, montrant une zone boisée du territoire non organisé de Lac-Duparquet avant le débourrement des arbres, on distingue les trembles·par leurs troncs blancs qui dominent la vue de cette portion de l'aire d'étude. 132

Figure 4.3 : Lac Hébécourt et l_ac Monsabrais vus depuis les collines d'Hébécomt, mai 2018.

Les feux de forêt du début du xxe siècle (Lefort et al., 2003), les activités de coupe et de commercialisation des produits ligneux depuis les années 1920 (Vincent, 1995) ainsi que Je défrichement et Je reboisement de terres agricoles ont contribué à modifier durablement un écosystème forestier entre ]a période d'exploration et ]'époque contemporaine. Bien que des feux de forêt aient eu cours sur le territoire dans les aimées 1920, ainsi qu' une épidémie de tordeuse de bourgeons d'épinette dans les années 1970, ces activités de coupe ont maintenu artificiell ement des surfaces libres de forêts, ce qui a accéléré le phénomène d'enfeuillement. Les épinettes et les sapins baumiers du début de ]a colonisation du territoire ont rapidement été coupés et transformés dans les moulins à scie abitibiens, limitant ainsi leurs capacités à se reproduire, pour être remplacés pas le tremble, une autre espèce à valeur commerciale (Mai·chais, 2017; Vincent, 1995). Ce phénomène a également été observé dans les forêts du Térniscamingue (Danneyrolles, 2016), dans d'autres régions québécoises 133

(Dupuis et al., 2011) et ailleurs dans l'est del' Amérique du Nord (White et Mladenoff, 1994). Comme il a été établi au chapitre I, le phénomène de simplification écologique afférent à l'enfeuillement est caractéristique des territoires-frontières. Bien qu'il soit le - résultat d'un système économique fondé sur la croissance de l'exploitation des ressources naturelles, la perte de biodiversité qui découle de cette simplification aurait pour effet de diminuer les services écologiques de cet écosystème, dont la productivité de la forêt, la pollinisation naturelle des surfaces destinées à l'agriculture ou la qualité de l'eau douce (Miller, 1997).

Les concentrations en plomb enregistrées dans les cèdres du lac Duparquet donnent aussi un aperçu de la pression exercée par les activités anthropiques sur ce milieu. La combustion de l'essence enrichie au plomb a d'abord été une source de pollution à partir des années 1930, mais celle-ci a cessé de l'être depuis son interdiction dans les années 1980. Outre cette dernière, les fonderies Beattie à Duparquet et Home à Rouyn- Noranda se révèlent être les sources principales d'une pollution exponentielle des vieux cèdres au plomb. Entre 1950 et 2010, certains arbres montrent une croissance constante des particules de plomb directement liée à l'activité de ces fonderies, ce jusqu'à la limite aubier-duramen. Les cèdres échantillonnés ont ainsi pu assimiler à la fois des particules atmosphériques que des sédiments de la zone de résidus miniers située près de la fonderie Beattie au lac Duparquet.

La pression exercée par la présence humaine dans l'aire d'étude ne se limite pas qu'aux activités des fonderies et de coupe, mais le mode de vie des populations nouvellement installées sur le territoire n'est pas aussi sans effet notable. Parmi les signes tangibles de cette pression, on retrouve une population très concentrée près des plans d'eau, des maisons unifamiliales de plus en plus grosses, la hausse du nombre de voitures et de bateaux à moteur ainsi que la transition vers une agriculture industrielle. L'empreinte écologique, soit une unité de mesure visant à qualifier la pression exercée par l'ensemble des activités d'une communauté sur l'environnement, a augmenté 134 rapidement depuis le dernier siècle au Québec (Uhde, 2009). Les indices vi sibles tant par observation sur le terrain qu e par imagerie aérienne et satellitale signalent une empreinte écologique touj ours plus forte dans l'aire d'étude malgré un e densité de l'écoumène se maintenant auto ur de 2 hab.lkm2 depuis 198 1 (fi gure 3.21). Cette exploitati on de l'écosystème fo resti er et des plans d'eau s'explique par la valeur importante accordée aux müieux exempts de perturbati ons d'origine anthropique. Pourtant, l'augmentation constante des activités liées à l'économie présentielle vient toutefois perturber ce milieu convoité à l'ori gine pour son caractère naturel.

Tableau 4. 1 : Évolution de quelques traceurs géographiques, par décennie

00 00 00 00 00 00 00 00 00 00 00 00 0 N C'"l -.:1" V) \Q r-- 00 0 -, - 0 0 -, °' C"l C"l °'- °'- °' °' °'- °' °' °' °' °' 1 1 00 00 00 00 00 00 00 00- 00 00- 00 00 0 C"l C'"l -.:1" V) \Q r-- 00 0 °'00 - °' 0 °'- °'- °'- °'- °' °' °' °' °' °' C"l Di scours Ère de conquête Ère de consolidation Principales Acti vités non Activités d'économi e acti vités Activités ex tractives capitalistes présentiell e économiqu es Occupati on non Forte Démographi e Stabilisation sédentaire Ori gi ne du Terri gène Mixte Anthropique lomb Compos ition Forêt dominée par fores ti ère les trembles

Somme toute, comme le résume le tableau 4.1, les bouleversements observés dans la sous-région du lac Du parquet lors de la période à l'étude illustrent de di verses manières les effets du processus de territori al isation poursui vi par un type d'exploitation de la nature et d'occup ati on du terri toire qui évolue selon les modes de mi ses en· valeur de ressources naturell es. La comparaison diachro nique des différents traceurs utilisés permet de Li er les tra nsformati ons dans le site d'étude et les processus actifs à d'autres échelles. À l'aide d' un contexte politique et économique favori sant la colonisati on et l'exploitation extracti ve, l'environn ement de l'aire à l'étude s'est transformé rapidement en faveur de l'agriculture, de l'industrie minière et de l'exploitation 135 forestière. L'évolution de l'intervention de l'État dans la région et de l'économie de marché a favorisé la transformation progressive de l'aire d'étude vers une économie présentielle. Les conséquences de ces mouvements sont visibles dans l'évolution de la population locale et de sa manière d'aménager son milieu, l'enfeuillement d'une forêt de conifères, ainsi que l'augmentation des particules polluantes exogènes.

4.3 Une frontière qui émerge et se territorialise en territoire non cédé

Les frontières de ressources sont des paysages qui émergent à l'intersection d'un ensemble d'acteurs, d'idées, d'institutions, de lois et d'une réalité géographique dans le contexte d'une mise en valeur de ressources naturelles. Ces paysages sont notamment impliqués dans la construction et la contestation de pouvoirs s'exerçant dans l'espace et mobilisant une population et des ressources. La plupart du temps, ils sont le produit d'un discours hégémonique représentant un territoire de manière partiale qui cherche à se matérialiser par différents moyens. En tant qu'acteur incontournable de l'interaction entre les représentations et leur matérialisation, l'État concentre les rapports de forces dominants de la société et participe à la .légitimation et à la normalisation de ceux-ci par ses lois, ses institutions et ses investissements.

La comparaison des représentations del' Abitibi proposées par l'État québécois depuis le tournant du :xxe siècle et les transformations effectives de l'occupation du territoire de la sous-région du lac Duparquet révèle que le pouvoir public a été un acteur majeur dans l'émergence de ce territoire comme frontière de ressources. En particulier, les représentations de l' Abitibi en tant que «région-ressource» dans les cartes étatiques illustrent la manière dont le lac Duparquet et ses environs ont évolué. Différentes infrastructures ont rapidement émergé à partir d'un discours de conquête en favorisant l'installation d'une population sédentaire venue y défricher la terre, couper le bois et extraire du minerai. Par la suite, des transitions économiques et politiques plus larges ont progressivement trouvé écho dans discours prônant une consolidation régionale. 136

Cette nouvelle logique s'est matérialisée par une réorganisation de l'environnement local favorisant une économie présentielle. La représentation de l'espace en tant que ressource naturelle commercialisable dans le cadre d'un· territoire québécois a grandement perturbé ce milieu depuis le tournant du :xxe siècle. Occupé d'abord par les Abitibiwinnik, l'État québécois a favorisé leur exclusion de la sous-région du lac Duparquet qui s'est accompagné de perturbations écologiques permanentes.

4.3.1 Une ou deux frontières de ressources?

L'État québécois a favorisé l'émergence d'une frontière de ressources dans la sous- région du lac Duparquet à partir de la matérialisation d'un paysage aux représentations colonialistes de peuplement. Le fonctionnement de ce processus progressif et continuel se fonde sur différents phénomènes perceptibles dans le discours et les transformations que l'on observe sur le terrain. Selon Rasmussen et Lund (2018), les frontières de ressources sont principalement caractérisées par l'émergence rapide d'un régime d'exploitation de la nature lorsque de nouvelles ressources naturelles sont mises en valeur. Cette frontière bouleverse les formations territoriales antérieures, soit les régimes précédents d'occupation et de mise en valeur de la terre. Lorsque pareilles frontières émergent, un régime de contrôle des ressources et des individus s'installe progressivement afin de soutenir l'exploitation de la nouvelle ressource, avant d'être perturbé de nouveau al9rs qu'une autre ressource est valorisée. Les frontières de ressources suivent ainsi une séquence cyclique entre un moment de perturbation et un moment de territorialisation. Dans la sous-région du lac Duparquet, deux modes de mise en valeur de ressources naturelles ont été appliqués à des époques différentes. À partir du début du :xxe siècle, l'exploitation minière, forestière et agricole est particulièrement mise de l'avant, tandis qu'à partir des années 1960, le développement d'une économie présentielle est valorisé. S'agit-il de l'émergence de deux frontières de ressources ou de la territorialisation d'un même régime d'exploitation des ressources qui se renouvelle ? 137

À première vue, l'idée que deux frontières ont émergé successivement peut expliquer les transformations observées dans la sous-région du lac Duparquet. Des différences importantes sont visibles à la fois dans le discours de l'État québécois et dans les tendances qui" se dégagent des traceurs géographiques. La grande homogénéité des cartes de l'ère de la conquête (1898-1960) jeta les bases d'un développement économique axé sur les matières premières; La croissance rapide de la population ainsi que l'ouverture massive de terres agricoles, de routes, de sentiers et de mines soulignent abondamment la mise en place rapide d'un régime d'exploitation des ressources naturelles. La territorialisation de ce régime s'effectue dans les années 1940 et 1950 jusqu'à ce que ce modèle économique entre en crise, comme e~ témoigne la baisse de la population et la fermeture de la mine Beattie. Une nouvelle frontière de ressources aurait émergé avec un nouveau discours maintenant fondé sur d'autres modes de valqrisation du territoire et de ses ressources naturelles, ce dont atteste le renouveau de la croissance démographique enregistré à partir de 1981. De nouvelles infrastructures, telles que des aires de villégiatures, des routes et des maisons, apparaissent près des plans d'eau et permettent à une économie présentielle de voir le jour. Ce nouveau régime se territorialise par la suite par le développement de ces infrastructures et continue aujourd'hui à rester dominant dans la sous-région du lac Duparquet, comme le démontre notamment la stabilisation de la population.

L'idée d'une frontière unique qui se territorialise progressivement, voire différemment, nous semble toutefois être une plus juste explication. En effet, l'arrivée massive de colons dans l'aire d'étude est sans commune mesure avec la croissance démographique observée à partir de 1981. Les transformations des années 1930 sont de plus très importantes et rapides, alors qu'un régime d'exploitation des matières premières apparaît dans un territoire boisé jusque-là inexploité de manière commerciale. Les transformations de l'ère de consolidation (1960-2018) auraient difficilement pu voir le jour sans l'arrivée d'un mouvement de colonisation dans le~ années 1930, car elles ont profité de l'existence d'infrastructures déjà existantes pour avoir accès au territoire. 138

Les bouleversements y sont plus progressifs et s'effectuent parallèlement à la continuité des activités économiques de l'ère précédente qui cohabitent avec l'économie présentielle. Les transformations que l'on observe durant l'ère de conquête correspondent ainsi à ce que Rasmussen et Lund (2018) qualifient de bouleversement des formations territoriales antérieures. De plus, le discours de l'État lors de l'ère de consolidation consiste plus en une réactualisation d'un modèle de développement basé sur les ressources naturelles qu'une rupture avec le modèle précédent. Cette continuité entre ces deux phases s'observe également dans les perturbations écologiques que connaît l'aire d'étude, tant l'enfeuillement de la forêt et la contamination au plomb d'origine anthropique sont des processus qui ont transformé le milieu de manière ininterrompue.

En ce sens, une frontière de ressources émerge dans la sous-région du lac Duparquet à partir d'un discours fondé sur l'exploitation des ressources minières, forestières et agricoles, puis de l'arrivée massive d'une population venue d'ailleurs, ainsi que le développement d'infrastructures conditionnel à ce modèle. Ce régime se territorialise progressivement à partir de la mise en valeur de nouvelles ressources permettant de réactualiser le mode d'occupation du territoire et d'exploitation des ressources naturelles déjà en place pour instaurer l'économie présentielle. Ces différents mouvements montrent la réaffirmation continuelle d'une relation structurelle au territoire porté par l'État et les agents de son contrôle territorial à travers le temps. Celui-ci déploie différents moyens afin de matérialiser un paysage fondé sur des conceptions du territoire et des ressources, dans la sous-région du lac Duparquet comme ailleurs. L'émergence d'une frontière de ressources en Abitibi, avons-nous démontré, comporte des caractéristiques similaires à des mouvements ailleurs dans le monde. En ce sens, Peluso et Lund (2011) soulignent que malgré l'apparition de nouveaux outils technologiques et légaux ainsi que de nouveaux acteurs, les mécanismes de contrôle territorial tels que les enclosures, les processus de territorialisation et de légalisation ainsi que l'utilisation de la force et de la violence 139 sont tous caractéristiques des frontières de ressources du XXIe siècle. À l'époque contemporaine, les phénomènes de frontières émergent et se multiplient dans différents contextes géographiques. Cette multiplication des frontières amène certaines recherches à traiter d'un phénomène d'accaparement global des terres dont les conséquences écologiques, économiques et culturelles sont également globales (Bridge, 2014).

4.3.2 Un paysage colonialiste de peuplement

Le rapport politique qu'entretiennent l'État et l'espace géographique se manifeste dans la manière dont il cherche à matérialiser ses représentations du territoire. Représenter des ressources de telle sorte qu'elles semblent être la promesse de forts profits est un fondement de la construction des États modernes et de leur contrôle de ressources et de personnes (Scott, 1998; Parenti, 2016). Tremblay (1984) affirme à propos de la colonisation de l' Abitibi que, contrairement aux objectifs agriculturalistes du discours officiel de l'État et de l'historiographie de l'époque, on assiste à une expansion voulue du capitalisme dans la région. Il postule que, dans ce contexte de crise économique, les programmes publics favorisant la colonisation agricole étaient tellement insuffisants pour maintenir une population sur leur terre à peine défrichée et que les besoins en main-d'œuvre bon marché des entreprises minières et forestières étaient tels que ces programmes étaient destinés à déplacer le prolétariat urbain de la vallée du Saint- Laurent à l' Abitibi. Cette hypothèse souligne du même coup le lien existant entre les intérêts économiques des classes dominantes de la société québécoise dans l'économie de marché et la colonisation de peuplement.

Morissonneau et Asselin (1980) vont dans ce sens lorsqu'ils qualifient la colonisation des marges de l'écoumène québécois au XIXe et xxe siècle de « décolonisation manquée». Ils caractérisent ainsi la colonisation encouragée par les élites québécoises des régions telles quel' Abitibi d'un moyen par lequel le capitalisme anglo-saxon a pu prendre de l'expansion, grâce à l'accès à de nouvelles ressources et au déplacement 140 d'une main-d'œuvre bon marché. Ils identifient toutefois la colonisation d'œuvre décolonisatrice, car d'abord et avant tout au service de la fondation d'un État-nation québécois indépendant. En tant que projets d'appropriation fondée sur le mythe de la conquête du Nord, ils se désolent que les mouvements de colonisation, en plus d'ignorer et d'aliéner les peuples autochtones, ont occupé « l'espace québécois» culturellement et non économiquement. Selon eux, pareille colonisation des marges de l'écoumène québécois n'a fait que perpétuer l'asservissement de la nation québécoise au capital anglo-saxon. Pour Tuck et Yang (2012), cette position constitue un moyen utilisé par le colonisateur pour se dédouaner de sa responsabilité quant à l'établissement du colonialisme de peuplement. En effet, cette volonté de montrer une équivalence entre l'oppression de la communauté québécoise face au capitalisme anglo-saxon et le colonialisme de peuplement passe sous silence les incohérences du processus de prise de possession d'un territoire non cédé pour construire un État-nation. Pour Tuck et Yang (2012) parler de «décolonisation» sans s'attaquer à la question de la souveraineté autochtone et de la déconstruction radicale d'un pouvoir fondé sur la possession du territoire serait une façon de masquer la colonialité du pouvoir au nom de l'ensemble d'une communauté en qualifiant la colonisation d'œuvre anti-oppressive.

En Amérique du Nord, la construction et la légitimation continuelle de l'État sur son territoire sont les moyens par lesquels s'est constituée une société dominante eurodescendante. La colonialité du pouvoir de l'État s'exerce parce que les politiques de développement du territoire sont effectuées dans le double objectif de construire la société coloniale par la possession et la commercialisation du sol et d'assimiler, voire de supprimer les sociétés autochtones. La notion de paysage colonialiste de peuplement (settler colonial landscape) nomme comment ce processus s'inscrit dans l'espace géographique à partir d'un discours. Selon Proulx et Crane (2019), les paysages colonialistes de peuplement facilitent l'extinction des droits des peuples autochtones sur leurs territoires ancestraux et la suppression de leur mode occupation en voulant ériger une société coloniale à partir de l'utilisation de ces territoires. Les discours 141 mobilisés afin de concevoir et représenter ces paysages participent d'un processus hégémonique continuel : la matérialisation de ces rapports au territoire et à l'autre dépend d'un ensemble de moyens choisis par différents acteurs pour construire ou pour contester pareilles conceptions et représentations.

Comme mentionné dans l'hypothèse principale de ce mémoire, l'émergence d'une frontière de ressources dans la sous-région du lac Duparquet depuis 1898 s'expliquerait par la matérialisation continuelle d'un paysage colonialiste de peuplement, c'est-à-dire par l'émergence d'un imaginaire dont la traduction territoriale faciliterait à la fois la construction d'une société coloniale et la disparition des peuples autochtones. Depuis 1898, l'État québécois n'a jamais négocié de traité avec les Abitibiwinnik (Bousquet, 2016). Dans le discours de l'État, l' Abitibi a d'abord été perçue comme Terra nullius, c'est-à-dire comme un territoire non revendiqué dont on pouvait disposer de ses ressources. Les premières cartes à l'étude n'ont pas fait mention de l'occupation de ce territoire par la Première Nation, à l'exception de la toponymie et de chemins de portage. Pourtant, les contacts entre les Abitibiwinnik et des personnes eurodescendantes avaient cours avant l'annexion de ce territoire. Leur occupation du territoire a été documentée par les missions et le commerce de la fourrure (Couture, 1983). Un poste de traite assurait ce contact en aval de la rivière Duparquet jusqu'en 1921 (Loiselle et al., 2009). Un discours visant à délégitimer la relation qu'entretiennent les Abitibiwinnik vis-à-vis leur occupation du territoire a été utilisé afin de légitimer la prise de possession par l'État québécois. À titre d'exemple, le document Un royaume vous attend: ! 'Abitibi (Québec, 1950) est très évocateur de ce discours. Son titre qui compare l' Abitibi à un royaume qui attend des colons pour le diriger suggère deux choses. D'abord, on sous-entend quel' Abitibi est définie par ses abondantes ressources naturelles, soit un sol et un sous-sol où un projette une grande valeur commerciale. On sous-entend ensuite que ce territoire n'attend qu'une prise de possession effective. Cette représentation trouve écho dans les cartes de l'ère de conquête du territoire et est à la base de l'appropriation du territoire par l'État québécois. 142

En projetant cette idée sur le territoire ancestral des Abitibiwinnik, l'État délégitimise la relation de ces derniers à leur territoire, une relation autre qui n'est pas fondée sur une exploitation commerciale de leur environnement et sur un régime de propriété de la terre (Bousquet, 2016).

La colonisation de peuplement de l' Abitibi a été perçue comme une invasion progressive pour les Abitibiwinnik (Loiselle et al., 2009). Ces individus parcouraient régulièrement leur territoire pour y tirer leurs moyens de subsistance. L'arrivée massive de colons et d'entreprises dans la région a grandement restreint cet accès au territoire. L'exclusion s'est progressivement déroulée grâce à la division de leur territoire en propriétés et la sédentarisation dans la communauté de Pikogan. De plus, les bouleversements écologiques et la pollution résultant de la pression exercée par le mode de vie des personnes eurodescendantes ont grandement transformé les lieux et ressources qu'utilisaient traditionnellement les Abitibiwinnik. Ce rapport colonial aux Abitibiwinnik et leur territoire s'est poursuivi malgré l'évolution du discours proposé par l'État québécois et le renouvellement du mode d'occupation de la sous-région du lac Duparquet. La reconnaissance progressive de l'héritage de la Première Nation dans le territoire abitibiens'est effectuée simultanément à la consolidation de la possession du territoire par l'État québécois et le développement de nouvelles « ressources naturelles». L'économie présentielle accorde dorénavant une valeur ajoutée à l'identité autochtone que revêt ce territoire autrefois perçu comme« sauvage», car elle s'intègre dans le patrimoine culturel régional. Pour se faire, les toponymes et l'identité culturelle distincte des Abitibiwinnik ont été utilisés par l'État afin de les commercialiser en tant que curiosité touristique. Toutefois, ce discours n'accorde toujours pas une légitimité à leur relation singulière au territoire et leurs revendications territoriales. De surcroît, il permet de renouveler une légitimité aux représentations coloniales du territoire et de poursuivre l'exploitation de la nature au profit de la société québécoise, grâce notamment à de nouveaux espaces cloisonnés d'une fonction précise et la construction de nouvelles infrastructures. 143

4.4 Limites et nouveaux développements possibles

Ce projet de recherche ayant cherché à affirmer la matérialisation d'un paysage colonialiste de peuplement dans la sous-région du lac Duparquet, il convient d'aborder quelques limites de notre démarche qui nous empêchent d'affirmer cette hypothèse avec plus d'arguments. En premier lieu, la sélection des données recueillies, tant les cartes permettant l'analyse de représentations que les données permettant d'attester d'une territorialisation, a été menée par effet boule de neige selon la disponibilité de celles-ci jusqu'à ce que la quantité des données à traiter soient trop grandes. Bien que diverses méthodes de classement aient été employées afin d'assurer une certaine représentativité del' ensemble de la période temporelle à l'étude, la quantité de données disponibles s'est avérée très inégale selon l'époque ou le phénomène étudié. Les tendances d'une époque ou d'une autre tiennent parfois à très peu de données, tandis que des phénomènes sont parfois fondés sur peu de traceurs censés les révéler.

La représentativité géographique des cartes soumises à l'analyse de représentations n'est pas constante. Certaines cartes couvrent un territoire restreint, tel que la MRC d' Abitibi-Ouest pour les cartes E3 et E4, tandis que d'autres couvrent un territoire plus grand quel' Abitibi-Témiscamingue, tel que le Nord-Ouest québécois dans la carte D2 et D3. Leur couverture temporelle est également inégale. À titre d'exemple, la période A comporte qu'une seule carte tandis que la période E en comporte quatre. La représentativité des données écologiques pourrait aussi être remise en question, puisque des séries de pollution au plomb très localisées sont comparées avec des compositions forestières d'une aire couvrant en grande partie l'ouest dè l' Abitibi. L'effort de synthèse de l'ensemble des données à l'étude pourrait avoir masqué des tendances exceptionnelles exprimées dans certaines données ou de phénomènes localisés hors de l'aire d'étude. 144

Selon la source des données recueillies, certaines poùrraient également contenir des omissions ou des surreprésentations volontaires en fonction des objectifs poursuivis. À cet effet, bien que la partie 3.1 de notre travail a tenté de déconstruire des représentations cartographiques, la partie 3.2 s'est parfois fiée à des cartes produites par l'État canadien pour en construire de nouvelles, ce qui pourrait donc avoir décuplé une éventuelle distorsion. Dans le même ordre d'idées, les données démographiques du gouvernement fédéral et des autorités diocésaines d' Amos montrent parfois des différences importantes. Le premier a été choisi lorsque deux chiffres différents présentaient le même phénomène pour la même année parce que sa méthodologie et sa couverture temporelle étaient jugées plus fiables et constantes. Il n'en demeure pas moins que diverses questions demeurent quant à la justesse de ces données.

Afin de bien mettre à l'épreuve les hypothèses de ce travail, il aurait d'abord été intéressant d'avoir accès à un plus grand nombre de cartes de l'État. Elles nous auraient permis de mieux appuyer nos affirmations par la compilation d'un registre de signe et de symboles plus importants et étoffer quelque peu le contenu du discours de l'État. Il aurait également été intéressant de pouvoir effectuei: une analyse de discours à partir des lois, des documents de propagande et des plans de développement afin de mieux retracer les fondeme~ts du discours qui émane des cartes de l'État. De plus, une campagne d'échantillonnage sur le terrain aurait pu également valider les observations dégagées des sources d'information géospatiale utilisées dans ce travail. Bien que de l'observation de terrain ait été effectuée dans le cadre de ce travail, elle n'a pas été effectuée de manière systématique et s'est limitée aux aires accessibles par la route. Il aurait été intéressant d'avoir accès à des données démographiques disponibles sans interruption pour la période d'étude, à l'échelle de la sous-région du lac Duparquet et . comprenant l'occupation non sédentaire du territoire. Celle-ci aurait pu mieux rendre compte d'une transformation du mode d'occupation dans la région. Une plus grande variété de bio-indicateurs auraient également été possibles en ayant accès à des sources plus diversifiées. Par exemple, des indices de qualité de l'eau et de qualité de l'air 145 auraient pu être utiles afin de comprendre l'évolution de l'empreinte anthropique dans le milieu et les mettre en relation à des activités économiques de manière plus précise.

De manière générale, il aurait été intéressant de consulter les membres de la Première Nation Abitibiwinnik sur leurs modes d'occupation et de valorisation du territoire. En effet, un paysage colonialiste de peuplement se fonde à la fois sur la dépossession et l'acculturation des peuples autochtones que sur la construction d'une société coloniale. Ce travail n'ayant permis que d'identifier l'évolution des modes de valorisation et d'exploitation des ressources naturelles, ainsi que des modes d'occupation qui leur sont afférents, il n'a pas permis de comprendre le fonctionnement des processus de dépossession et d'acculturation. Il aurait été digne d'intérêt de mener des entrevues avec des membres de cette première nation afin de mettre en lumière leurs modes spécifiques d'occupation et de valorisation du territoire, ainsi que de comprendre comment ceux-ci ont évolué avec l'émergence d'une frontière de ressources. Également, l'utilisation des savoirs autochtones, un type de savoir holistique fondé sur la tradition orale, aurait pu être bénéfique afin d'avoir un portrait plus étoffé du fonctionnement de l'écosystème forestier d'avant la colonisation et comment celui-ci a évolué depuis (Asselin, 2015). Ces savoirs auraient pu pallier au manque de représentativité temporelle et spatiale de certaines sources utilisées dans le cadre de ce travail.

En partant des constats et arguments avancés dans le cadre de ce mémoire, des projets de recherche pourrait aller plus loin dans cette démarche en tentant d'établir des corrélations entre les variables écologiques et socioéconomiques dégagées dans la section 3.2 afin de déterminer avec plus de précision les causes et conséquences de l'empreinte écologique des modes d'occupations découlant des frontières de ressources. Elles pourraient même également tenter d'établir des corrélations entre ces variables et les caractéristiques du discours de l'État afin d'établir l'effet de certaines idéologies sur la valorisation, l'occupation et l'exploitation du territoire. D'autres pourraient plus 146 précisément tenter d'étoffer les fondements idéologiques du discours proposé par l'État afin de s'approprier le territoire abitibien, ou même s'intéresser au discours d'autres acteurs ayant participé ou contesté cette appropriation. Finalement, .des projets de recherche pourraient spécifiquement s'intéresser aux trajectoires individuelles qui ont découlé de l'émergence de cette frontière de ressources ou l'ont engendré. De telles recherches pourraient mettre en lumière un rapport au territoire-frontière différencié selon le genre, la race, l'origine géographique, l'orientation sexuelle, l'âge, etc.

Somme toute, l'évolution du discours porté par l'État québécois montre une actualisation constante de ses représentations coloniales du territoire. Ce discours a ainsi permis de transformer le territoire la sous-région du lac Duparquet pour répondre aux «besoins» de la société coloniale, c'est-à-dire de développer un régime d'exploitation de la nature sur des territoires autochtones bénéficiant principalement aux acteurs dominants de la société. Il reste que la posture d'acteur dominant est toutefois très différenciée dans une société capitaliste et ne favorise pas également tous les membres de la communauté à laquelle le colonialisme de peuplement entend profiter. Le discours colonialiste de peuplement se fonde sur une volonté d'universaliser les intérêts d'une élite comme les intérêts de l'ensemble de la communauté (Proulx et Crane, 2019). Ce faisant, les individus colonisant de nouveaux territoires ont souvent une posture contradictoire (Correia, 2013; De Koninck, 2000). Aux avant-postes de l'expansion de leur société, ils se font porteurs d'un régime économique et politique qui participe à la fois à leurs intérêts et à leur propre aliénation.

Les rapports de pouvoir à l'œuvre dans l'émergence des territoires-frontières sont multiples et parfois difficiles à interpréter. En tant qu'interface en constante évolution, à l'intersection de différentes trajectoires et conceptions, le paysage participe autant à la mécanique normative de la société lorsqu'il inscrit dans le territoire un discours hégémonique qu'à l'émancipation lorsqu'il est mobilisé par un contre-discours. De nombreuses expériences coopératives et des combats syndicaux ont émergé en Abitibi 147

(Vincent, 1995) lors d'une prise de conscience de l'accès inégal, voire parfois inexistant, aux moyens de vivre et d'habiter pleinement son milieu. Une prise en charge du paysage réellement transformatrice et consciente d'elle-même pourrait renverser les conceptions hégémoniques du paysage tel que dans la sous-région du lac Duparquet. Ce faisant, elle pourrait proposer une multiplicité de relations au territoire comme projet politique rassembleur pour les individus et les groupes aliénés par l'hégémonie d'une forme de relation se présentant comme universelle. · CONCLUSION

La sous-région du lac Duparquet en Abitibi a été annexée par l'État québécois à la fin du XIXe siècle avant de connaître des bouleversements profonds avec l'arrivée d'un front pionnier à partir des années 1930. L'évolution de ce milieu depuis le tournant du xxe siècle est peu connue à ce jour puisqu'aucune étude n'a comparé les transformations écologiques et socioéconomiques dans une lecture intégratrice afin de comprendre leur sens. Ce projet de recherche a été l'occasion de s'intéresser causes et conséquences des transformations qu'a connues la sous-région du lac Duparquet entre 1898 et 2018 en s'intéressant à l'émergence d'un paysage par la matérialisation continuelle d'un discours colonialiste de peuplement. Pour vérifier cette hypothèse, deux méthodes d'analyse ont été combinées.

D'abord, une analyse de représentations cartographiques a été effectuée pour vérifier si les représentations de l 'Abitibi proposées par l'État québécois mettaient de l'avant une valorisation du sol et du sous-sol afin de légitimer l'appropriation du territoire. Pour se faire, 14 cartes produites par l'État entre 1898 et 2018 ont été rassemblées et étudiées en 5 périodes d'analyse. Elles ont été traitées à l'aide de descriptions simples qui ont permis d'identifier des tendances dans les représentations de l'État, ce au sein de deux ères. Les cartes de la première ère (1898-1960) illustrent une volonté de conquête du territoire avec de la mise en valeur des attributs agricoles, miniers et forestiers du territoire abitibien ainsi qu'en usant des symboles de la société dominante. Les cartes de l'ère contemporaine (1960-2018) ont plutôt montré une volonté de consolider un mode d'occupation et d'exploitation de ce territoire par l'utilisation de symboles régionaux, notamment des toponymes évoquant la présence des Anicinabek, 149 la colonisation canadienne-française et l'exploitation minière, ainsi que la mise en valeur du potentiel récréotouristique et résidentiel du territoire.

Ensuite, une analyse diachronique de traceurs géographiques a été menée afin de mettre à l'épreuve l'hypothèse selon laquelle la sous-région du lac Duparquet a été transformée en corollaire aux cycles de territorialisation d'un régime d'exploitation de la nature. Elle a été effectuée grâce à la cueillette de séries de données démographiques, dendrogéochimiques, écologiques, cartographiques et d'imagerie aérienne et satellitale entre 1898 et 2018. Selon la nature des données, elles ont été traitées par mise en forme graphique en séries temporelles et par la création de quatre cartes de la sous-région du lac Duparquet représentant les années 1926, 1950, 1984 et 2016. La comparaison de ces traceurs dans le temps a permis d'identifier des relations territoriales de cause à effet. Un régime d'exploitation des ressources naturelles a tout spécialement émergé à partir des années 1930 avec l'arrivée massive d'une population venue d'ailleurs et la construction d'infrastructures pour permettre les activités agricoles, minières et forestières désirées. Une crise de ces secteurs d'activités a par la suite provoqué un renouvellement du régime d'occupation initial. Il s'est fait ressentir d'abord par une · forte décroissance de la population et par une stabilisation de celle-ci autour des nouvelles activités, respectivement touristiques et résidentielles.

Somme toute, la comparaison de ces deux analyses a permis d'observer une relation circulaire entre les représentations de l'État québécois et le sens des transformations de la sous-région du lac Duparquet. Dès le tournant du :xxe siècle, un discours colonialiste de peuplement est proposé dans les représentations cartographiques de l'État par la valorisation des ressources naturelles du territoire abitibien et par son rattachement culturel à la société québécoise alors qu'il est occupé depuis des milliers d'années par les Anicinabek. Ce discours s'est ainsi matérialisé et perpétué grâce à l'émergence d'une frontière de ressources et la territorialisation progressive des mécanismes de 150 contrôle de ces mêmes ressources par l'État afin de permettre la construction de la société québécoise sur un nouveau territoire dorénavant considéré comme le sien.

De manière générale, ce mémoire propose une lecture particulière d'un ensemble de phénomènes à partir de la combinaison des approches matérialistes et postcolonialistes en géographie. En ce sens, il nous est impossible d'affirmer que ce mémoire puisse répondre à l'ensemble des enjeux soulevés dans notre problématique. Cela étant, nous rejetons les prétentions d'objectivité et de neutralité face au sujet de ce projet, et assumons que le choix, la colligation, le traitement et l'analyse de nos données découlent de l'application rigoureuse d'une démarche critique consc~ente de ses choix.

Cela dit, ce mémoire a permis, espérons-nous, de proposer un sens à l'évolution de la sous-région du lac Duparquet depuis le tournant du :xxe siècle en préconisant une lecture l'inscrivant dans le champ de l'écologie politique en géographie. Dans un contexte où la recherche scientifique commence à s'intéresser aux liens qui unissent les changements environnementaux et socioéconomiques d'envergure que connaît l'environnement humanisé, ce mémoire a cherché à comprendre la nature des transformations environnementales en un lieu précis qui pourtant s'opèrent à des échelles plus vastes en relation avec les modes de concevoir et de transformer le territoire. Par la diffusion de telles connaissances, notre démarche de déconstruction pourrait permettre aux communautés les plus affectées par les effets néfastes des changements globaux de mieux comprendre leur milieu de vie et en quoi il est lié à un ensemble de pratiques et d'institutions. Une population ayant les outils nécessaires pour plus justement interpréter les fondements de leurs rapports à leur environnement devrait être mieux outillée pour le transformer selon ses propres aspirations. Ainsi, « une harmonie secrète entre la terre et les peuples qu'elle nourrit [pourrait émerger grâce aux] développements de l'humanité [qui] se lient (bis) de la manière la plus intime avec la nature environnante» (Reclus, 1866 : 379). ANNEXE A

CARTES RETENUES POUR L'ANALYSE DE REPRÉSENTATION CARTOGRAPHIQUE 152

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Pontiac Nord (Al ), 1907 •

u,>-- w 154

Co~nf: o •ARITIBI hT DE Ti ~MI CAMINGVE 1929

Comtés d 'Abitibi et de Témiscamin.gue (B2), J929 ,,-.,_

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COMTI::S D°AIIITIIII t::T DL TI::MISCAMINGUE 1935

MIN'STfiE 0[ L,._ C: 'llON'.SAT"ON --.."'t"'t.--.••Ti.,,._

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Comtés d'Abitibi et de Témiscamingue (C2), 1935 157

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Témiscamingue et Abitibi (C4), 1946 158

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Abitibi-Témiscamingue, carte touristique et routière (D3), 1983 162

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ABITIBI - TÉMISCAMINGUE ;:-:;~~.-:~~~----·---- .. ...,...= ... ;r...:.:..=:;wo,. ·-· ~-:~.. . -~ ·-·--·-·- - ·-·--·--~::--:~~=--.. :=-~~~~- Québec:::: -.. --- ... .. Abitibi-Témiscamingue : Région administrative 08 (El), 1992 163

Plan régional de développement du territoire public Carte 9 : Scénario de développement rècrâotounslique de l'Ab1t1bt-Tém1scammgue- Secteurs de dévek>ppement

Nouklu-0urbtte

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'• Abitibi , OUEST

SCHÉMA O'AM~NAGEMENT ET DE DFvELOPPEMENT REVIS~ (SADR44) Riglement 03-2016

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Plan 1 : Grandes affectations du territoire (E3), 2016 165

f,. Abitibi .. r , OUEST

.. SCHEMA D' AMÉNAGEMENT ET DE .. DEVELOPPEMENT RËV1SE (SADR-cM) R•g~ent 0).2011

I' Trrritoiro f'f SÎlô d'intiril d • :;onn df' ra,itr•lmc-s TUUllT'Ollle_, ET sm: owrtRtr cr1n1•tt1__ 6 Sî• CMK..,.,_ kolofkl,oe -·- .•__::-----...._...... ,.. .,....,______--.._,___,___.. --·--r-"""--•-·- ...... __ ...... ,.. --•__ c.,.- ... -. --- Siltd"ln .. ~-IMtki .. - --o.. .. - . .. -

·-··~------·~-- ...... -•'- Tt-""'°'"crln."r'l•tleflti~ .... ~-,-_.._ ..,.. ZOHE DE CONTRAIHTE- C-nlnk~Wrde ~ ::·.:::.:...-·------Contr.alnltd'origlnllnu

Plan 2 Territoires et sites d'intérêt et zanes de contraintes (E4), 2016 APPENDICE A

FICHES D'INTERPRÉTATION DES CARTES DE L'ÉTAT QUÉBÉCOIS 167

FICHE D'INTERPRÉTATION attribut (Comté; Canton; Township (Ontario); Localité; No :Al Localité (Ontario); Hydrographie; Relief), rassemblés Titre : Pontiac Nord ensuite selon des fonctions administratives (Comté; Année: 1907 Canton; Township (Ontario); Localité; Localité (Ontario)) Période représentée : A. Période d'exploration (1898- ou physiques (Hydrographie; Relief). Ensuite, un chiffre a 1912) été attribué selon l'origine du toponyme Auteur : Joseph Obalski (1 =Anicinapemowin; 2=Français; 3=Anglais; Organisme représenté : Département de la colonisation, 4=Inconnu/Autre). Afin de vérifier l'origine des des mines et pêcheries toponymes, particulièrement lorsque mal orthographiés ou Type d'organisme : Ministère traduits, ils ont été vérifiés selon le document La Source : Bibliothèques et Archives nationales du Québec toponymie des Algonquins (1999) de la Commission ( en ligne), Conservée en version papier à la BAnQ Rouyn- toponymique du Québec et l'outil Banque de noms de lieux Noranda, depuis le Fonds Société du patrimoine Rivière- du Québec du site web de la Commission toponymique du des-Quinze. Québec Adresse url : (http://www.toponymie.gouv.qc.ca/ct/ToposWeb/recherc http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/310 he.aspx?avancer=oui). 8880 Notes sur la nature du document: Carte représentant la Nombre de toponymes et ratio toponymique(%) subdivision de l' Abitibi en cantons où se superpose le Anicinapemowin: 59 (37,11%) découpage administratif et une approximation des Français: 67 (42,14%) ressources minières, forestières et agricoles du territoire. Anglais: 28 (17,61 %) Inconnu/Autre: 5 (3,14%) TOPONYMIE Total: 159 (100%) Langue principale de la carte : Français (et anglais) Nombre de toponymes administratifs (localités et divisions) et ratio toponymique(%) Liste des toponymes et origine : Anicinapemowin : 1 (1,67%) Tous les toponymes ont été compilés dans un classeur Français: 57 (95%) excel, dans la mesure de leur lisibilité. Je leur ai donné un Anglais: 1 (1,67%) 168

Inconnu/Autre: 1 (1,67%) d'entre eux, toutefois, semblaient être d'origine anicinape Total: 60 (100%) (noms très longs), mais il était trop difficile de le vérifier. Les toponymes en anglais peuvent être surreprésentés ici, Nombre de toponymes physiques (hydrographie et relief) puisque l'origine de nombreux toponymes est la et ratio toponymique (%) Commission géologique du Canada. Anicinapemowin: 58 (58,59%) Fait important à noter, l'auteur de la carte s'est attribué un Français: 10 (10,10%) lac à son nom (lac Obalski). Anglais: 27 (27,27%) Inconnu/Autre: 4 (4,04%) DÉCOUPAGES Total : 99 (100%) Échelles administratives représentées : Comté de Pontiac (partie Nord) Notes sur la sous-région du lac Duparquet: Cantons (premières subdivisions del' Abitibi, selon Le lac Duparquet se nomme ici lac Acotawegami. Le le nom des officiers du régiment de Montcalm) rapide Danseur est déjà francisé (son nom Anicinape étant Townships (Ontario) Obajidjicimojici). La rivière Duparquet se nomme Abitibi Localités (seulement au Témiscamingue et en River. Le lac Hébécourt est dessiné beaucoup plus Ontario) approximativement que le lac Duparquet et ne porte pas de nom. Probablement que le lac Duparquet avait déjà été Forme des lots : exploré plusieurs fois, mais pas le lac Hébécourt, dont on Carré en majorité, rectangulaire en partie (lorsque hors ne faisait qu'en connaître l'existence. canton)

Notes sur la toponymie : Dimension moyenne des lots : La carte représentait une partie du Nord-Est ontarien. Les À cet effet il est inscrit sur la carte ce qui suit : toponymes administratifs ont été compilés, mais non « Les cantons projetés ont dix milles de côté plus ou moins comptabilisés pour le présent exercice. Les toponymes les lignes et mesures non autrement désignées sont N.S. et physiques ont été comptabilisés que si l'objet se trouvait E.O .... [Les cantons sont ensuite subdivisés selon un ratio en partie ou en totalité sur le territoire du Québec. d'un mille carré], orientés de l'Ouest à l'Est et ont une Certains toponymes hydrographiques étaient trop petits largeur de 78 chaines, saufle premier à l'Ouest qui à 75 pour être lus_ (environ 30 au total). La grande majorité chaines; il y a .en plus un résidu à l'Est. Les rangs sont 169 numérotés du Sud au Nord et ont une largeur de 80 chaines Permis d'exploitation et concessions minières et 80 chainons, saufles plus éloignés des lignes de base qui indiquées par des lettres en rouge ont moins. Les lignes de base, Est-Ouest, sont celles sur Travaux de mine indiqués avec un point rouge lesquelles les divisions intérieures des cantons sont faites Grandes formations géologiques ( ex : Gneiss and et d'où partent les méridiennes faisant les lignes latérales. granite of the Laurentian Formation) et roches (ex : Les lignes de base N.S. qui divisent les cantons exactement Green Rock, Calcite, Copper, Quartzite) indiquées en deux, ne sont pas indiquées. » Certaines parties sont en rouge, en anglais, directement sur la carte. effacées à cause du vieillissement de la carte papier. On en comprend ici que la division des cantons est Transport: effectuée selon un découpage de 10 milles par 10 milles Trajet des chemins de fer indiqué par une ligne (environ 16 km par 16 km), et les lots d'un mille carré font noire. On voit le trajet du Chemin de fer donc environ 1,6 km par 1,6 km. Les lots sont organisés en transcontinental (alors pas encore terminé) et le rangs selon un axe est-ouest en 10 rangées numérotées en trajet du Temiscaming and Northern Ontario. chiffres romains (I à X). Les parties non-subdivisées du Chemins d'hivers, sentiers, chemins, portages et territoire le sont soit approximativement à l'aide de lignes voies de canotage indiqués avec des lignes rouges.· en pointillé, soit pas du tout. Agriculture : Notes sur la sous-région du lac Duparguet : Attributs favorables ou défavorables à l'agriculture La sous-région est divisée selon deux cantons, Duparquet indiqués en rouge, en anglais, directement sur la et Hébécourt, ·dont on a subdivisé en lots carrés carte (ex: Good Soil, Clay Land, Hilly) indépendamment du relief et de l'hydrographie. Notes sur la sous-région du lac Duparguet : MISE EN VALEUR La carte indique que la sous-région contient des roches Éléments physiques représentés : vertes, du quartzite et de la diabase. Il est suggéré que la Hydrographie (lacs et rivières, en bleu) région est canotable depuis la rivière Kanasuta, le lac Relief ( quelques collines, lignes noires parallèles) Acotawegami (lac Duparquet), la rivière Abitibi (rivière Duparquet) pour atteindre le lac Abitibi. Types d'activités mises en valeur et symboles rattachés : Activités minières : REPRÉSENTATION DU TERRITOIRE 170

Projection utilisée : « Cette carte est pour l'usage des prospecteurs et Non indiquée, probablement Mercator explorateurs et a été compilée d'après les arpentages du Département des Terres et Forêts, les cartes et Échelle numérique : informations de la Commission Géologique, de la « 4 milles au pouce », 1 cm= 2,53 km, 1 :253440 Compagnie du Transcontinental et de divers explorateurs. Certaines parties sont absolument exactes tandis que Orientation de la carte : d'autres doivent être seulement considérées comme des Nord en haut renseignements, notamment les parties pointillées. »

Notes sur l'habillage de la carte en général : En bas, dans l'habillage: Carte en couleur « F .H. Denison Lithd. Montreal » Indique les longitudes et latitudes, sans décimales « Compilé et dessiné par J.H. Vallequin, B. Sc. A. I. C. »

Texte présent sur la carte : En haut: « Carte Pontiac Nord (Deuxième édition) Pour accompagner un deuxième rapport d'exploration de cette région publié dans les opérations minières de la province de Québec pour 1907 par J. Obalski, M.E. surintendant des mines montrant les divisions projetées des cantons. D'après les arpentages et les informations du Département des Terres et Forêts et de la Commission Géologique du Canada.» Signature du ministre de la Colonisation, des Mines et des Pêcheries

Sur le côté, outre les indications concernant les lots indiqués plus haut: 171

FICHE D'INTERPRÉTATION Anglais : 20 (5,87%) No:B1 Inconnu/Autre : 0 (0%) Titre : Témiscamingue et Abitibi Total: 341 {100%) Année: 1924 Période représentée : B. Colonisation assistée (1912-1930) Nombre de toponymes administratifs ·{localités et Auteur: David W. Mill, Directeur des Arpentages divisions) et ratio toponymique(%) Organisme représenté : Ministère des terres et forêts Anicinapemowin : 2 ·( 1, 71 % ) Type d'organisme : Ministère Français : 108 (92,31 % ) Source : Bibliothèques et Archives nationales du Québec Anglais : 7 (5,98%) ( en ligne), Conservée en version papier à la BAnQ Rouyn- Inconnu/Autre: 0 (0%) N oranda, depuis le Fonds Société du patrimoine Rivière- Total : 117 (100%) des-Quinze. Adresse url : Nombre de toponymes physiques (hydrographie et relief) http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/310 et ratio toponymique (%) 8881 Anicinapemowin: 26 (11,61 %) Notes sur la nature du document : Cette carte représente Français: 185 (82,59%) les lots de colonisation disponibles en Abitibi et au Anglais : 13 (5,80%) Témiscamingue en 1924. Inconnu/Autre: 0 (0%) Total: 224 (100%) TOPONYMIE Langue principale de la carte : Notes sur la sous-région du lac Duparquet : Français Rivière Duparquet maintenant nommée comme tel. Le rapide Danseur se nomme « Portage Danseur». Lac Liste des toponymes et origine : Hébécourt maintenant mieux dessiné et porte son nom Voir classeur excel actuel, mais toujours moins précis que le lac Duparquet. Le lac Duparquet se nomme comme tel. Nombre de toponymes et ratio toponymique(%) Anicinapemowin: 28 (8,21%) Notes sur la toponymie : Français : 293 (85,92%) 172

Communauté amcmape de Timiscaming est nommée compte environ 62 lots d'environ 0, 16 milles (0,26 km) par « Réserve des Sauvages». 1 mille (1,6 km). Les cantons du Témiscamingue ont un Beaucoup de lacs et de rivières ont été renommés selon le découpage un peu plus pêle-mêle, mais qui suit également nom du canton dans lequel ils se trouvent. un système de rangs subdivisés en lots. Les dimensions des cantons y sont un peu moins constantes. Les parties non- DÉCOUPAGES subdivisées en lots du territoire le sont soit Échelles administratives représentées : approximativement à l'aide de lignes en pointillé, ou Comtés (Témiscamingue, partie Nord et Abitibi, parfois même avec les rangs. Les cantons divisés en lots partie Ouest) du territoire sont, au Témiscamingue, près du lac Cantons (officiers du régiment de Montcalm) Témiscamingue, du lac des Quinze et des chemins Lots individuels de colonisation forestiers. En Abitibi, ils suivent le chemin de fer Localités Transcontinental, la rivière Harricana et les environs du lac Abitibi. Forme des lots : Carré en majorité, rectangulaire en partie (lorsque hors Notes sur la sous-région du lac Duparquet : canton). Les cantons d'Hébécourt et de Duparquet ne sont pas Les lots de colonisation sont rectangulaires. Le côté court subdivisés en rangs et en lots. est généralement dans l'axe est-ouest, et le long dans l'axe nord-sud. Toutefois, lorsqu'ils sont collés sur une rivière MISE EN VALE UR ou un lac, les lots ont une orientation différente ( court sur Éléments physiques représentés : l'axe nord-sud et long sur l'axe est-ouest) et une aire plus Hydrographie (lacs et rivières, en bleu). Les petite. Aucun lot ne diffère du plan rectangulaire sauf rapides et cascades sont indiqués sur les rivières. lorsqu'un de ses côtés touche l'eau. Types d'activités mises en valeur et symboles rattachés : Dimension moyenne des lots : Transport: Les cantons d' Abitibi ont le mêm~ découpage de 10 milles Trajet des chemins de fer indiqué par une ligne par 10 milles (environ 16 km par 16 km). Les lots sont noire. On voit le trajet du Çhemin de fer organisés en rangs selon un axe est-ouest en 10 rangées transcontinental. numérotées en chiffres romains (1 à X). En général, un rang 173

Chemins d'hivers, sentiers, chemins, portages et voies de canotage indiqués avec des lignes rouges. Notes sur l'habillage de la carte en général : Parfois, pointillés mauves ajoutés à la main pour Carte en couleur indiquer des chemins de portage. De nombreux Indique les longitudes et latitudes au quart d'entier chemins relient les villages et les rangs de près (ex: 48°00N, 48°15N, 48°30N, 48°45N, colonisation, particulièrement au Témiscamingue. 49°00N)

Agriculture : Texte présent sur la carte : Lots de colonisation mis en valeur (en jaune pâle). En haut: Indique les nombreux lots disponibles pour la « Ministère des terres et forêts, Québec, 1924 colonisation. Honorable Honoré Mercier, Ministre Sans relief et sur fond blanc, cette carte semble David W. Mill, Directeur des Arpentages. » représenter une grande plaine agricole où il suffit de planter des semences pour que quelque chose En bas: pousse. « Carte officielle - Feuillet No. 1 Témiscamingue et Abitibi Notes sur la sous-région du lac Duparguet: Échelle de 3 milles au pouce » Le réseau hydrographique y est très représenté et entouré de blanc.

REPRÉSENTATION DU TERRITOIRE Projection utilisée : Non indiquée, probablement Mercator

Échelle numérique : « 3 milles au pouce », 1 cm= 1,9 km, 1:190080

Orientation de la carte : Nord en haut 174

FICHE D'INTERPRÉTATION Nombre de toponymes administratifs (localités et No:B2 divisions) et ratio toponymique(%) Titre : Comtés d' Abitibi et de Témiscamingue Année: 1929 Nombre de toponymes physiques (hydrographie et relief) Période représentée : B. Colonisation assistée (1912-1930) et ratio toponymique (%) Auteur : A.A. Genest, Géographe Organisme représenté : Ministère de la Colonisation, des Notes sur la sous-région du lac Duparquet: Mines et des Pêcheries Toponymes de lacs et rivière presque entièrement Type d'organisme : Ministère francisés. La rivière Kanasuta est nommée rivière Source : Bibliothèques et Archives nationales du Québec Montbray, du nom du canton dans laquelle elle prend sa ( en ligne), Conservée en version papier à la BAnQ Rouyn- source. Noranda, depuis le Fonds Société du patrimoine Rivière- des-Quinze. Notes sur la toponymie : Adresse url : Toponymes similaires à la carte de 1924, mais la http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/310 francisation des toponymes hydrographiques est un peu 8889 plus marquée puisque la carte couvre beaucoup plus Notes sur la nature du document : l' Abitibi que le Témiscamingue. Cette carte représente les lots de colonisation disponibles en Abitibi et au Témiscamingue en 1929. DÉCOUPAGES Échelles administratives représentées : TOPONYMIE Comtés (Témiscamingue, partie Nord-Ouest et Langue principale de la carte : Abitibi, presque entier, partie Ouest) Français Cantons (officiers du régiment de Montcalm) Lots individuels de colonisation Liste des toponymes et origine : · Localités Non comptabilisé pour cette carte Forme des lots : Nombre de toponymes et ratio toponymique(%) Carré en majorité, rectangulaire en partie (lorsque hors canton). 175

Les lots de colonisation sont rectangulaires. Le côté court est généralement dans l'axe est-ouest, et le long dans l'axe MISE EN VALEUR nord-sud. Toutefois, lorsqu'ils sont collés· sur une rivière Éléments physiques représentés : ou un lac, les lots ont une orientation différente ( court sur Hydrographie (lacs et rivières, en bleu au contour l'axe nord-sud ei long sur l'axe est-ouest) et une aire plus noir). petite. Aucun lot ne diffère du plan rectangulaire sauf lorsqu'un de ses côtés touche l'eau. Types d'activités mises en valeur et symboles rattachés: Transport: Dimension moyenne des lots : Trajet des chemins de fer indiqué par une ligne Les cantons d' Abitibi ont le même découpage de 10 milles noire. On voit le trajet du Chemin · de fer par 10 milles (environ 16 km par 16 km). Les lots sont transcontinental, le tronçon le reliant à Noranda, organisés en rangs selon un axe est-ouest en 10 rangées ainsi que le Nissiping Central. numérotées en chiffres romains (I à X). En général, un rang Chemins indiqués avec des lignes rouges parfois compte environ 62 lots d'environ 0,16 milles (0,26 km) par pointillés, lignes noires lorsque chemin principal 1 mille (1,6 km). Les lots du canton de Rouyn sont (tel que le chemin La Reine-Senneterre). De beaucoup plus pêle-mêle, probablement parce qu'il s'agit nombreux chemins relient les villages et les rangs de lots miniers. Les parties non-subdivisées en lots du de colonisation. territoire le sont soit approximativement à l'aide de lignes Chemins de portage, lignes rouges en pointillé, ou parfois même avec les rangs. Les cantons Lignes d'électricité, lignes noires divisés en lots du territoire couvrent la majorité du territoire du comté d' Abitibi, au nord et au sud du Agriculture : Transcontinental. Les cantons du Témiscamingue Densité des lots de colonisation mis en valeur. représentés ne sont pas divisés en lots. Indique les nombreux lots disponibles pour la colonisation. Notes sur la sous-région du lac Duparguet : Sans relief et sur fond blanc, cette carte semble Les cantons d'Hébécourt et de Duparquet sont représenter une grande plaine agricole où il suffit partiellement divisés en lots de colonisation (rangs VII à de planter des semences pour que quelque chose / X) et suivent le patron linéaire indépendamment de la pousse. rivière Duparquet. 176

Mines : A.A. Gene t, Géograph e Les mines sont indiquée selon une pioche. Légende:

N otes sur la ou -région du lac Duparquet: Le réseau hydrographique y est trè représenté, car entouré de noir. On y voit de nombreuses rivières et leurs tributaires.

REPRÉSENTATION DU TERRITOIRE Minjstère de la Coloni ation des Mines et des Pêcheri es Pro jection utilisée : Non indiquée, probablement Mercator Honorable Hector Laferté, Ministre L. A. Ri chard, Sous-minj tre » Échelle numéri que : Non indiquée

Orientation de la carte : ord en haut

Notes sur l' habillage de la carte en général : Carte en couleur Pa de coordonnées

Texte présent ur la carte : En haut : « Comté d' Abitibi et de Témi cairungue 1929 »

En bas: « [Échelle graphique] 177

FICHE D'INTERPRÉTATION Français: 558 (77,72%) No: Cl Anglais: 55 (7,66%) Titre : Témiscamingue et Abitibi Inconnu/Autre: 7 (0,97%) Année: 1932 Total: 718 (100%) Période représentée: C. Colonisation dirigée (1930-1960) Auteur : Georges Côté, Chs. Savary (Service des Nombre de toponymes administratifs (localités et arpentages) divisions) et ratio toponymique (%) Organisme représenté : Ministère des terres et forêts Anicinapemowin: 8 (3,64%) Type d'organisme : Ministère- Français: 199 (90,45%) Source : Bibliothèques et Archives nationales du Québec Anglais: 10 (4,55%) (en ligne), Publications numériques du Gouvernement du Inconnu/Autre: 3 (1,36%) Québec Total : 220 (100%) Adresse url: http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/239 Nombre de toponymes physiques (hydrographie et relief} 9900 et ratio toponymique(%) Notes sur la nature du document : Anicinapemowin : 90 (18,07%) Cette carte représente les lots de colonisation disponibles Français : 359 (72,09%) en Abitibi et au Témiscamingue en 1932. Il s'agit de deux Anglais : 45 (9,04%) cartes côte à côte sur un même document. Inconnu/Autre : 4 (0,80%) Total : 498 (100%) TOPONYMIE Langue principale de la carte : Notes sur la sous-région du lac Duparquet : Français Mêmes toponymes que précédemment.

. Liste des toponymes et origine : Notes sur la toponymie : Voir classeur excel Toponymes en · anicinapemowin particulièrement important pour l'hydrographie du sud de la région. Par Nombre de toponymes et ratio toponymique(%) exemple, le sud-est de la région représentée, n'étant pas Anicinapemowin: 98 (13,65%) projetée pour la colonisation, porte des toponymes soit 178 directement de cette langue, soit dans une traduction. En Dimension moyenne des lots : revanche, la grande majorité des toponymes en anglais se Les cantons d' Abitibi ont le même découpage de 10 milles trouvent dans ·cette région· et au Témiscamingue. Les par 10 milles (environ 16 km par 16 km). Les lots sont toponymes en français et en anglais sont, pour la grande organisés en rangs selon un axe est-ouest en 10 rangées majorité, issus de noms propres, tandis que les toponymes numérotées en chiffres romains (I à X). En général, un rang en anicinapemowin décrivent des éléments relatifs à compte environ 62 lots d'environ 0,16 milles (0,26 km) par l'environnement ( ex : lac à la Truite, lac Long). 1 mille (1,6 km). Les cantons du Témiscamingue ont un Le canton de Perron, au nord du 49e parallèle, est indiqué découpage un peu plus pêle-mêle, mais qui suit également au-dessus de la carte qui ne dépasse pas cette latitude. un système de rangs subdivisés en lots. Les dimensions des cantons y sont un peu moins constantes. Les parties non- DÉCOUPAGES subdivisées en lots du territoire le sont soit Échelles administratives représentées : approximativement à l'aide de lignes en pointillé, ou Comtés (Témiscamingue, partie Nord, Abitibi, parfois même avec les rangs. Les cantons divisés en lots totalité, Pontiac, partie Nord-Ouest, et Montcalm, du territoire sont, au Témiscamingue, près du lac partie Nord-Ouest) Témiscamingue, du lac des Quinze, des chemins forestiers Cantons ( officiers du régiment de Montcalm) et de la route reliant la région à Rouyn. En Abitibi, la Lots individuels de colonisation majorité du territoire est subdivisé. Ils suivent le chemin Localités de fer Transcontinental et les environs, la rivière Harricana, la rivière Bell et les environs du lac Abitibi. Forme des lots : Carré en majorité. Les lots de colonisation sont Notes sur la sous-région du lac Duparquet: rectangulaires. Le côté court est généralement dans l'axe Les rangs VII à X sont subdivisés en lots dans les cantons est-ouest, et le long dans l'axe nord-sud. Toutefois, d'Hébécourt et de Duparquet. Le reste du canton est laissé lorsqu'ils sont collés sur une rivière ou un lac, les lots ont en jaune pâle. une orientation différente (court sur l'axe nord-sud et long sur l'axe est-ouest) et une aire plus petite. Aucun lot ne MISE EN VALEUR diffère du plan rectangulaire sauf lorsqu'un de ses côtés Éléments physiques représentés : touche l'eau. Hydrographie (lacs et rivières, en bleu). Les rapides et cascades sont indiqués sur les rivières. 179

de s'y établir ... Ceux-ci sont aussi numérotés, mais Types d'activités mises en valeur et symboles rattachés : aucune légende n'est associée à la carte. Transport: Trajet des chemins de fer indiqué par une ligne Notes sur la sous-région du lac Duparquet: noire. On voit le trajet du Chemin de fer Un chemin en pointillé relie La Sarre au futur site de transcontinental, le chemin de fer de Rouyn, le Duparquet, sans toutefois qu'un hameau y soit indiqué. La Nippising Central, et le Canadien Pacifique. ville ayant été fondé l'année suivant cette carte, il semble Chemins d'hivers, sentiers, chemins, portages et qu'un chemin d'accès ait été déjà créé pour donner suite à voies de canotage indiqués avec des lignes rouges. la découverte de gisements d'or, et non pour coloniser De nombreux chemins relient les villages et les l'endroit. Il s'agit du seul chemin d'accès par la terre, et rangs de colonisation, particulièrement au celui-ci n'est_pas relié.à l'accès aux lots agricoles. Témiscamingue. REPRÉSENTATION DU TERRITOIRE Agriculture : Projection utilisée : Lots de colonisation mis en valeur (en jaune pâle). Non indiquée, probablement Mercator Indique les nombreux lots disponibles pour la colonisation. Échelle numérique : Sans relief et sur fond blanc, cette carte semble Non indiquée, mais similaire à la carte de 1924 (1: 190080) représenter une grande plaine agricole où il suffit de planter des semences pour que quelque chose Orientation de la carte : pousse. Nord en haut

Autre: Notes sur l'habillage de la carte en général : Dans certains cantons, des portions 'de l'espace Carte en couleur sont coloriées en rouge, jaune, vert, bleu ou brun. Indique les longitudes et latitudes au quart d'entier Il n'est pas clair ici ce qui est sous-entendu par ce près (ex: 48°00N, 48°15N, 48°30N, 48°45N, code de couleur. Cela pourrait représenter la 49°00N) qualité du sol, la richesse du sous-sol, la difficulté Texte présent sur la carte : 180

En haut: « Ministère des terres et forêts, Québec, 1932 Honorable Honoré Mercier, Ministre François X. Lemieux, Sous-Ministre Ministère des terres et forêts, Québec, 1932 Honorable Honoré Mercier, Ministre François X. Lemieux, Sous-Ministre »

En bas: « Carte officielle - Feuillet No. 1 Témiscamingue et Abitibi Service des arpentages Georges Côté, Chs. Savary Carte officielle - Feuillet No. 2 Témiscamingue et Abitibi Service des arpentages Georges Côté, Chs. Savary » 181

FICHE D'INTERPRÉTATION Nombre de toponymes administratifs (localités et No:C2 divisions) et ratio toponymique (%) Titre : Comtés d' Abitibi et de Témiscamingue Année: 1935 Nombre de toponymes physiques (hydrographie et relief) Période représentée: C. Colonisation dirigée (1930-1960) et ratio toponymique(%) Auteur : A.A. Genest, Géographe Organisme représenté : Ministère de la colonisation Notes sur la sous-région du lac Duparquet : Type d'organisme : Ministère Toponymes de lacs et rivière presque entièrement Source : Bibliothèques et Archives nationales du Québec francisés. La rivière Kanasuta est nommée rivière (en ligne), Conservée en version papier à la BAnQ Rouyn- Montbray, du nom du canton dans laquelle elle prend sa Noranda, depuis le Fonds Société du patrimoine Rivière- source. des-Quinze. Adresse url : Notes sur la toponymie: http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327 /310 Toponymes similaires à la carte de 1932. 8883 Notes sur la nature du document : DÉCOUPAGES Cette carte représente les lots de colonisation disponibles Échelles administratives représentées : en Abitibi et au Témiscamingue en 1935. Comtés (Témiscamingue, partie Ouest et Abitibi, presque entier, partie Ouest) TOPONYMIE Cantons (officiers du régiment de Montcalm) Langue principale de la carte : Lots individuels de colonisation Français Municipalités et villes Localités Liste des toponymes et origine : Non comptabilisé pour cette carte Forme des lots: Carré en majorité, rectangulaire en partie (lorsque hors Nombre de toponymes et ratio toponymique(%) canton). Les lots de colonisation sont rectangulaires. Le côté court est généralement dans l'axe est-ouest, et le long dans l'axe 182 nord-sud. Toutefois, lorsqu'ils sont collés sur une rivière en contour jaune. Il suit les rangs V et VI du canton de ou un lac, les lots ont une orientation différente ( court sur Duparquet, du lot no 1 au lot no 37. l'axe nord-sud et long sur l'axe est-ouest) et une aire plus petite. Aucun lot ne diffère du plan rectangulaire sauf MISE EN VALEUR lorsqu'un de ses côtés touche l'eau ou lorsqu'il s'agit de Éléments physiques représentés : lots miniers. Hydrographie (lacs et rivières, en bleu au contour noir). Dimension moyenne des lots : Les cantons d' Abitibi ont le même découpage de 10 milles Types d'activités mises en valeur et symboles rattachés: par 10 milles (environ 16 km par 16 km). Les lots sont Transport: organisés en rangs selon un axe est-ouest en 10 rangées Trajet des chemins de fer indiqué par une ligne numérotées en chiffres romains (1 à X). En général, un rang noire. On voit le trajet du Chemin de fer compte environ 62 lots d'environ 0,16 milles (0,26 km) par transcontinental,· Je tronçon le reliant à N oranda, 1 mille (1,6 km). Les lots des cantons de Rouyn et de ainsi que le Nissiping Central. Bourlamaque sont beaucoup plus pêle-mêle, probablement Chemins indiqués avec des lignes rouges parfois parce qu'il s'agit de lots miniers. Les parties non- pointillées. De nombreux chemins relient les subdivisées en lots du territoire le sont soit villages et les rangs de colonisation. approximativement à l'aide de lignes en pointillé, ou Chemins de portage, lignes rouges parfois même avec les rangs. Les cantons divisés en lots Lignes d'électricité, lignes noires pointillées du territoire couvrent la majorité du territoire des comtés d'Abitibi et du Témiscamingue. Agriculture : Densité des lots de colonisation mis en valeur. Notes sur la sous-région du lac Duparguet : Indique les nombreux lots disponibles pour la Les cantons d'Hébécourt et de Duparquet sont colonisation. partiellement divisés en lots de colonisation (rangs VII à Sans relief et sur fond blanc, cette carte semble X) et suivent le patron linéaire, sauf des deux côtés de la représenter une grande plaine agricole où il suffit rivière Duparquet où les lots sont perpendiculaires à la de planter des semences pour que quelque chose rivière. Le périmètre de la ville de Duparquet est indiqué pousse. 183

Notes sur la ous-région du lac Duparg uet : [Échelle graphique] Le ré eau hydrographique y est très représenté, car entouré A.A. Genest, Géographe de noir. On y voit de nombreu e 1ivières et leurs A.J. Duchesnoy tri butai re . Chef du service du cada tre Un chemin relie Duparquet t le chemin Rouyn-Macamic. Comté de Témiscamingue Comté d' Abitibi Un autre relie Duparquet et La Sarre par le rangs de Municipalité à date 1935 campagne. [Légende]: LEGENDE REPRÉSENTATION DU TERRITOIRE Projection utili ée: Non indiquée, probablement Mercator

Échelle numérique : s,.eu,-,. •.~'4- - ..••. • Canton 0 St-Judon .. 1 « 3 milles au pouce », 1 cm = 1,9 km, 1:190080 s,.,i..ua. ,.,. ..., VllJ..Nar,. Vd,_ I CJw.Mmdaf•r CJ»a,,,,. pub,bg IS T~ . Ori entation de la carte : li/1,e, i 16 ~-l'ab-dit n..ca.- V,JJA1e de Lorr.u-,•tl'- 1 ..._Vllk Nord en haut Nvcwr V,JJ. Il P~ tt o.l4...., k. lforanda " • 1t r'PffJ' e1: DIIII- o... Rourn H St-lilalNk-Pacucry l LaMott.0..-..

Note sur l' habill age de la carte en général: '1.ll'dr--2 rt Barra,w.. .. Or-.--..q Vite. Carte en couleur ~hffctCoumlk Pas de coordonnées

Tex te présent sur la carte : » En bas à droite : « Comtés d' Abitibi et de Témiscamjngue 1935 Ministère de la colonisation Honorable Irénée Vautrin, Ministre L.-A. Richard, Sous-ministre 184

FICHE D'INTERPRÉTATION Nombre de toponymes administratifs (localités et No: C3 divisions) et ratio toponymique (%) Titre : Témiscamingue et Abitibi Année: 1946 Nombre de toponymes physiques (hydrographie et reliefl Période représentée: C. Colonisation dirigée (1930-1960) et ratio toponymique (%) Auteur : Georges Côté, Directeur et Chs. F. Chartré, Cartographe (Service des arpentages) Notes sur la sous-région du lac Duparquet : Organisme représenté : Département des terres et forêts Mêmes toponymes que précédemment, avec l'ajout de la Type d'organisme : Ministère localité de Bonne-Nouvelle à l'est de la rivière Duparquet, Source : Bibliothèques et Archives nationales du Québec dans ce qui est aujourd'hui compris dans la municipalité (en ligne), Société du patrimoine Rivière-des-Quinze de Rapide-Danseur. Adresse url: http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/310 Notes sur la toponymie : 8878 Très similaire à la carte de 1932, donc non comptabilisé. Notes sur la nature du document: Toponymes en an1cmapemowin particulièrement Cette carte représente les lots de colonisation disponibles • important pour l'hydrographie du sud de la région. Par en Abitibi et au Témiscamingue en 1946. Il s'agit de la exemple, le sud-est de la région représentée, n'étant pas partie ouest de l 'Abitibi. projetée pour la colonisation, porte des toponymes soit directement de cette langue, soit dans une traduction. En TOPONYMIE revanche, la grande majorité des toponymes en anglais se Langue principale de la carte : trouvent dans cette région et au Témiscamingue. Les Français toponymes en français et en anglais sont, pour la grande majorité, issus de noms propres, tandis que les toponymes Liste des toponymes et origine : en anicinapemowin décrivent des éléments relatifs à Non comptabilisé l'environnement (ex: lac à la Truite, lac Long). Les cantons de Perron, de Rousseau et de Lavergne, au Nombre de toponymes et ratio toponymique(%)' nord du 49e parallèle, sont indiqués au-dessus de la carte qui ne dépasse pas cette latitude, tandis que les cantons 185 limitrophes de l'est de l' Abitibi sont écrits de la même découpage un peu plus pêle-mêle, mais qui suit également manière, dans la marge. un système de rangs subdivisés en lots, tandis que les environs de Rouyn et Noranda sont généralement pêle- DÉCOUPAGES mêle à cause des lots miniers. Les parties non-subdivisées Échelles administratives représentées : en lots du territoire le sont à l'aide de lignes en pointillé. Comtés (Témiscamingue, partie Nord, Abitibi- La majorité des cantons del' Abitibi-Ouest, l' Abitibi-Est et Ouest, totalité, Abitibi-Est, partie Rouyn-Noranda sont divisés en lots. Ouest, et Rouyn-Noranda, partie Ouest) Cantons (officiers du régiment de Montcalm) Notes sur la sous-région du lac Duparguet : Lots individuels de colonisation Les rangs VII à X sont subdivisés en lots dans les cantons Localités d'Hébécourt et de Duparquet. Le reste du canton est laissé en jaune pâle. Forme des lots : Carré en majorité. Les lots de colonisation sont MISE EN VALEUR rectangulaires. Le côté court est généralement dans l'axe Éléments physiques représentés : est-ouest, et le long dans l'axe nord-sud. Toutefois, Hydrographie (lacs et rivières, en bleu). Les lorsqu'ils sont collés sur une rivière ou un lac, les lots ont rapides et cascades sont indiqués sur les rivières. une orientation différente (court sur l'axe nord-sud et long sur l'axe est-ouest) et une aire plus petite. Aucun lot ne Types d'activités mises en valeur et symboles rattachés : diffère du plan rectangulaire sauf lorsqu'un de ses côtés Transport: touche l'eau. Trajet des chemins de fer indiqué par une ligne noire. On voit le trajet du Chemin de fer Dimension moyenne des lots : transcontinental, le chemin de fer de Rouyn, le Les cantons d' Abitibi ont le même découpage de l Omilles Nippising Central, et le Canadien Pacifique. Le par 10 milles (environ 16 km par 16 km). Les lots sont réseau est très dense. organisés en rangs selon un axe est-ouest en 10 rangées Chemins d'hivers, sentiers, chemins, portages et numérotées en chiffres romains (I à X). En général, un rang voies de canotage indiqués avec des lignes rouges. compte environ 62 lots d'environ 0,16 milles (0,26 km) par De nombreux chemins relient les villages et les 1 mille (1,6 km). Les cantons du Témiscamingue ont un 186

· rangs de colonisation. Le réseau routier est « 3 milles au pouce », 1 cm = 1,9 km, 1: 190080 beaucoup plus dense que précédemment. Lignes de transmission d'électricité, en pointillé Orientation de la carte : noir. Nord en haut

Agriculture: Notes sur l'habillage de la carte en général : Lots de colonisation mis en valeur (en jaune pâle). Carte en couleur Indique les nombreux lots disponibles pour la Indique les longitudes et latitudes au quart d'entier colonisation. près (ex: 48°00N, 48°15N, 48°30N, 48°45N, Sans relief et sur fond blanc, cette carte semble 49°00N) représenter une grande plaine agricole où il suffit de planter des semences pour que quelque chose Texte présent sur la carte : pousse. En haut: « Province de Québec Notes sur la sous-région du lac Duparguet : Département des terres et forêts De nombreux chemins y sont représentés, reliant les rangs Honorable John-S. Bourque, Ministre des cantons d'Hébécourt et de Duparquet entre eux Avila Bédard, Sous-Ministre » ( chaque côté de la rivière Duparquet, au sud du VII et entre le VIII et le IX), à Duparquet et au reste de l 'Abitibi. En bas: Duparquet est relié à La Sarre par les routes de campagnes, « Carte officielle - Feuillet Ouest à l'axe Rouyn-Macamic par la route et au chemin de fer de ''Réédition de la carte de 1944'' Rouyn. Une ligne de transmission d'électricité dessert Témiscamingue et Abitibi Duparquet. Échelle de 3 milles au pouce 1946 REPRÉSENTATION DU TERRITOIRE Service des Arpentages Projection utilisée : Georges Côté, Directeur Non indiquée, probablement Mercator Chs. F. Cartré, Cartographe »

Échelle numérique : 187

FICHE D'INTERPRÉTATION Nombre de toponymes physiques {hydrographie et relief) No :C4 et ratio toponymique {%) Titre : Abitibi Année: 1950 Notes sur la sous-région du lac Duparquet : Période représentée : C. Colonisation dirigée ( 193 0-1960) Duparquet est présenté au côté de son nom de paroisse Auteur : Marcel Morisset, cartographe catholique : Saint-Albert-le-Grand Organisme représenté : Ministère de la colonisation Rapide-Danseur est présenté au côté de son nom de Type d'organisme : Ministère paroisse catholique : Saint-Bruno Source: Carte d'annexe papier, Un royaume vous attend: L 'Abitibi, 1950, ministère de la colonisation. Notes sur la toponymie: Notes sur la nature du document: Presque entièrement des toponymes de langue française, Cette carte est située en annexe d'un document de car on y montre que les localités et les paroisses propagande du Ministère de la colonisation du Québec catholiques correspondantes en 1950. Les quelques visant à inciter les colons de la vallée du Saint-Laurent à toponymes d'origine anglaise correspondent à des villes ou s'établir en Abitibi pour pratiquer l'agriculture. villages miniers.

TOPONYMIE DÉCOUPAGES Langue principale de la carte : Échelles administratives représentées : Français Comtés (Abitibi-Ouest, Abitibi-Est et Rouyn- Noranda) Liste des toponymes et origine : Localités Non comptabilisée. Paroisses catholiques ( et population correspondante) Nombre de toponymes et ratio toponymique{%) Forme des lots: Nombre de toponymes administratifs {localités et Aucun lot individuel. divisions) et ratio toponymique {%) Dimension moyenne dés lots : Aucun lot individuel. 188

Notes sur la sous-région du lac Duparquet : REPRÉSENTATION DU TERRITOIRE On montre qu'à Duparquet, la population est de 1800 Projection utilisée : habitants, tandis qu'à Rapide-Danseur, la population est de Non indiquée 628 habitants. Échelle numérique : MISE EN VALEUR Non indiquée Éléments physiques représentés : Hydrographie (lacs et rivières, grossièrement) Orientation de la carte : Nord en haut Types d'activités mises en valeur et symboles rattachés : Transport: Notes sur l'habillage de la carte en général : Trajet des chemins de fer indiqué par une ligne Carte en noir et blanc noire avec des traits perpendiculaires. On voit le trajet du Chemin de fer transcontinental avec des Texte présent sur la carte : embranchements pour relier Normétal, Val-d'Or, En haut: Noranda, Duparquet et la rivière Bell. « Abitibi Lac Matagami Agriculture : 88 milles au nord d' Amos » On présente le territoire comme étant propice à la (environ 142 km) colonisation : sans relief et sur fond blanc. Cette En bas: carte semble représenter une grande plaine agricole « Mai 1950 où il suffit de planter des semences pour que Préparé et dessiné par Marcel Morisset, cartographe» quelque chose pousse.

Notes sur la sous-région du lac Duparguet : La région est desservie par un embranchement de chemin de fer qui relie Duparquet au tronçon Noranda- Transcontinental 189

FICHE D'INTERPRÉTATION No:Dl Nombre de toponymes et ratio toponymique(%) Titre : Carte 1 : Vue générale de la région du Nord-Ouest Année: 1971 Nombre de toponymes administratifs (localités et Période représentée: D. Développement dirigé (1960- divisions) et ratio toponymique (%) 1990) Auteur : Inconnu Nombre de toponymes physiques (hydrographie et relief) Organisme représenté : Mission de planification du Nord- et ratio toponymique (%) Ouest québécois Type d'organisme : Organisme public de planification Notes sur la sous-région du lac Duparquet: régionale Non représenté Source: Carte d'annexe, Esquisse du plan régional I: Rapport synthèse, 1971, Mission de planification du Nord- Notes sur la toponymie: Ouest québécois Presque entièrement des toponymes de langue française, Notes sur la nature du document : car on y montre que les localités princip,ales de la région. Cette carte est à l'intérieur d'un document de planification économique de la région du Nord-Ouest québécois. Ce DÉCOUPAGES type de document est très représentatif de la région Échelles administratives représentées : puisqu'il contient un bilan des ressources économiques Localités (Témiscaming, Ville-Marie, Montréal, régionales et propose une série de recommandations Rouyn-Noranda, Val-d'Or, Senneterre, Amos, La d'action publique pour accompagner le développement de Sarre, Lebel-sur-Quévillon, Matagami, Baie- la région. James)

TOPONYMIE Forme des lots: Langue principale de la carte : Aucun lot individuel. Français Dimension moyenne des lots : Liste des toponymes et origine : Aucun lot individuel. Non comptabilisée. 190

Notes sur la sous-région du lac Duparquet: Carte en noir et blanc Non représenté Texte présent sur la carte : MISE EN VALEUR Aucun texte hors du titre et des noms de localité Éléments physiques représentés : Aucun

Types d'activités mises en valeur et symboles rattachés : Transport: Grossièrement les routes principales desservant la région

Autre: Chemin vers la baie James indiqué

Notes sur la sous-région du lac Duparquet : Non représentée

REPRÉSENTATION DU TERRITOIRE Projection utilisée : Non indiquée

Échelle numérique : Non indiquée

Orientation de la carte : Nord en haut

Notes sur l'habillage de la carte en général : 191

FICHE D'INTERPRÉTATION Voir classeur excel No:D2 Titre : Abitibi-Témiscamingue Nombre de toponymes et ratio toponymique(%) Année: 1983 Anicinapemowin: 73 (14,23%) Période représentée : D. Développement dirigé (1960- Français: 354 (69,01 %) 1990) Anglais: 78 (15,20%) Auteur: Service de la cartographie, ministère de !'Énergie Inconnu/Autre: 8 (1,56%) et des Ressources Total: 513 (100%) Organisme représenté : Ministère de !'Énergie et des Ressources, Ministère de l'industrie, du Commerce et du Nombre de toponymes administratifs (localités et Tourisme et Association touristique régionale del' Abitibi- divisions) et ratio toponymique (%) Témiscamingue Anicinapemowin: 12 (7,64%) Type d'organisme: Ministère et organisme sans but Français : 126 (80,25%) lucratif Anglais: 17 (10,83%) Source : Bibliothèques et Archives nationales du Québec Inconnu/Autre: 2 (1,27%) (en ligne), Publications gouvernementales Total: 157 (100%) Adresse url: http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/224 Nombre de toponymes physiques (hydrographie et relief) 4093 ?docsearchtext=Abitibi et ratio toponymique (%) Notes sur la nature du document : Anicinapemowin : 61 ( 17, 13 % ) Recto d'un document contenant deux cartes touristiques. Français : 228 (64,04%) Vise à faire la promotion des attraits de l 'Abitibi- Anglais: 61 (17,13%) Témiscamingue auprès des touristes. Inconnu/Autre : 6 (1,69%) Total: 356 (100%) TOPONYMIE Langue principale de la carte : Notes sur la sous-région du lac Duparquet: Français Moins de toponymes que dans les périodes précédentes, centrée sur le nom des localités et les caractéristiques Liste des toponymes et origine : physiques du territoire. 192

Témiscamingue contient une partie significative de la Notes sur la toponymie : Jamésie (dont Matagami et Joutel). Nombre très important de toponymes reliés aux caractéristiques physiques du territoire. Dimension moyenne des lots : Les toponymes en anglais sont particulièrement présents Ne sont pas constants et indiqués. au Témiscamingue, et en Abitibi pour l'hydrographie et le relief. Même situation pour les toponymes en Notes sur la sous-région du lac Duparquet: anicinapemowin. Les toponymes Inconnu/Autre sont Il est possible d'apercevoir la forme des zones« urbaines» souvent des toponymes issus de la langue crie puisque le de Duparquet et Rapide-Danseur. territoire couvert par la carte englobe une partie significative de la Jamésie. MISE EN VALEUR Toponymes de }'Ontario non comptabilisés. Éléments physiques représentés : Hydrographie (lacs et rivières, en bleu). DÉCOUPAGES Relief (collines ombragées) Échelles administratives représentées : Forêt (remarquable en vert foncé, autre en vert Régions touristiques (Abitibi-Témiscamingue, en pâle). Outre les milieux habités et l'hydrographie, totalité, beaucoup plus étendue au nord que la la grande majorité du territoire est représenté en région administrative) vert Réserves fauniques Tourbières et marécages (en blanc à points verts) Réserves de chasse et de pêche Communautés autochtones ( « réserves Types d'activités mises en valeur et symboles rattachés : indiennes ») Transport: Localités Routes (principales et secondaires, pavées et non pavées) Forme des lots : Chemins de fer et gares (seulement le La forme des localités de ville est représentée à l'échelle. transcontinental) Les régions touristiques ont une forme différente des Aéroports et bases d'hydravion régions administratives actuelles. Par exemple, I' Abitibi- Agriculture : 193

Zone agricole remarquable (en jaun e hachuré) et Accent mi s ur la mjse en valeur de ces attraits. La zone agri cole ordinaire (en j aune) mi e en valeur des caractéri tiques physiques et de l'agriculture sont également touri stique , pui que Mines: la di fférenciati on entr « remarquable » et Zone industri elle et minière (en gris) « autre », vu la nature du document, a pro bablement plus à voir avec une ingularité Touri sme: atti rante pour le touri sme que pour l' indu tri e Localités (en rouge, avec nombre d' habitants par agricole ou agrofore ti ère en oi. localité en mfüier ) et zone de villégiature (en ro e) U n ensemble de symboles visant à promouvoir le ur la ou -région du lac Duparquet : attraits touri stiques de la région : On remarque une zone de villégiature ur le bord du lac Duparquet, prè de Du parqu et. ---Aa.M~~,.,, .... ~C,WIC)l,IO'~ L' en embl e de la zone agricole y e t « remarquable » ,_,.,,.,,,..,.._ ~~,age c,_,.,.,.., Quelque endroit d la zone fo restière y e t e. 0--.dil('-0.'- « remarqu able » • G..•tl~ * Duparquet aurait un terrain de golf, un e ra mpe de _..,....,.,_~- lancement, un camping 18-29 place et un hôtel 14 fJ .t.o:ue,,i.,•~~~ chambres. Rapide-Danseur aurait un hôtel 9 chambre . t'J ~-·-~~- La carte indique 8 pourvoiri e dan la région (4 prè de la R lunt~ ·-- ri vière Duparqu et, 2 au lac Hébécourt et 2 au lac 9 d. ~o,..,_-~-- Du parquet). ~ ~4!:---...,... Duparquet aurait 0,6 milliers d' habitants (environ 600), ! ~~---

't'- -~----- l t "!'-.a-~•••,,.,.,.. REPRÉSENTATION DU TERRITOIRE lL. ca,,a,...... , if- ~o.,a:i,,,anen~~ · P.,....,.,,,,.~ci,a ... Projecti on utilisée : t RA-.....-. p6dias• ... on indiqué, probablement Mercator Transverse M odifié _ dlllN,.,,._..,.,...,...,...d.N$t ,-~-- zone 10 0•• âe~Ot._,d.,.,.....#ffl__,.111 Q..,,.._, Échelle numérique : 194

1:250000

Orientation de la carte : Nord en haut

Notes sur l'habillage de la carte en général : Carte en couleur - Indique les longitudes et latitudes à la moitié d'entier près (ex: 48°00N, 48°30N, 49°00N) - Fond beige

Texte présent sur la carte : Rien, outre le titre, l'échelle graphique et la légende présentée plus haut 195

FICHE D'INTERPRÉTATION Liste des toponymes et origine : No: D3 Non comptabilisé pour cette carte Titre: Abitibi-Témiscamingue, carte touristique et routière Nombre de toponymes et ratio toponymique(%) Année: 1983 Période représentée: D. Développement dirigé (1960- Nombre de toponymes administratifs (localités et 1990) divisions) et ratio toponymique (%) Auteur: Service de la cartographie, ministère de !'Énergie et des Ressources Nombre de toponymes physiques (hydrographie et relief) Organisme représenté : Ministère de ! 'Énergie et des et ratio toponymique(%) Ressources, Ministère de !'Industrie, du Commerce et du Tourisme et Association touristique régionale del' Abitibi- Notes sur la sous-région du lac Duparquet: Témiscamingue Il n'y a que le lac Duparquet qui est indiqué Type d'organisme : Ministère et organisme sans but lucratif Notes sur la toponymie : Source : Bibliothèques et Archives nationales du Québec Les toponymes qui y sont représentés sont très peu (en ligne), Publications gouvernementales nombreux, et ne désignent que les localités, réserves Adresse url: écologiques, et l'hydrographie. Les communautés http ://numerique. banq .qc.ca/patrimoine/details/523 2 7/224 autochtones y sont présentées en tant que « Réserve 4093 ?docsearèhtext=Abitibi indienne ». La communauté de Pikogan est ici nommée Notes sur la nature du document: « Réserve indienne d' Amos». Verso d'un document contenant deux cartes touristiques. Vise à faire la promotion des attraits de l' Abitibi- DÉCOUPAGES Témiscamingue auprès des touristes. Échelles administratives représentées : Régions touristiques (Abitibi-Témiscamingue, en TOPONYMIE totalité, beaucoup plus étendue au nord que la Langue principale de la carte : région administrative) Français Réserves fauniques Réserves de chasse et de pêche 196

Communautés autochtones (« réserves Réserves fauniques et de chasse et pêche ( contour indiennes ») en conifères) Localités Communautés autochtones (un wigwam, ou un contour en wigwam pour les terres de catégorie I et Forme des lots : II de Waswanipi) La forme des localités de ville est représentée à l'échelle. Accent mis sur l'immensité du territoire (la portion Les régions touristiques ont une forme différente des nord dépasse le cadre de la carte) et son reg10ns administratives actuelles. L' Abitibi- accessibilité par la route. Témiscamingue contient une partie significative de la Jamésie (dont Matagami et Joutel). Notes sur la sous-région du lac Duparquet : La région est représentée au confluent de la route 388 Dimension moyenne des lots : (allant à Timmins) et de la route 393. Ne sont pas constants et indiqués. REPRÉSENTATION DU TERRITOIRE Notes sur la sous-région du lac Duparquet : Projection utilisée : Les localités de Duparquet et Rapide-Danseur n'y sont pas Non indiquée présentes Échelle numérique : MISE EN VALEUR 1:250000 Éléments physiques représentés : Hydrographie (lacs et rivières). Orientation de la carte : Nord en haut Types d'activités mises en valeur et symboles rattachés : Transport: Notes sur l'habillage de la carte en général : Routes (principales), ligne double Carte en bleu et blanc Chemins de fer (seulement le transcontinental) Fond jaune avec beaucoup de textes et de photos montrant les attraits naturels et le patrimoine de la Tourisme: région. Localités 197

Texte présent sur la carte : Côté gauche : Un monde à portée de coeur ... [Titre et photos] TOUiamilOutbec.dlltnbutgrt,T,.,..,._,I0.~1_,,,ufliM& KJIIMINl..,.oer~ ... AIUoUfc:a • rapoonarua da ...,0111 • Kh'I*~..-.ou IOo,lf'rVn8 kl!I .,_.,.,..dtl"ladrnlrie. du Collwnwm .., Ouébec. On oe1.11se procurer ceae ., se, c,re- Région de vastitude et d'ench antement sauvage, l'Abitibi- 9tchlTOlill'l&fM tet'Urllau:ii:Dureawo o.~ ~ou Témiscamingue s'étend sur plus de 116,000 kilomètres carrés d'une e,,tc:nrr.-.ntt. .._.....,. nature forte et jalouse de ses droits . r--a...... De•,tgionCMM-of,'tMfl ~ AuooMontounlllQuertglanll,edelAIJllbt-T~ CP 20000 1514)813-2015 OUtBECfO\Abec:l O'..... , ... o.Jfièec ... ,,... G1KnQ 1.8C!0-361.5405 Ce territoire, l'un des plus vastes du Québec, se caractérise par ses Ut.s.-.o.~..,•Sff--w••~f 100,000 lacs, véritables saphirs étincelants au soleil posés sur le lit de OAb1c TIU , ~---~ICW..,,.~ Dlo6I 11g11- 2' ...... 1113 D'---~râlt,a••,fçb,tc:1111....,,.....~• velours vert de ses immenses forêts. ~~a,Q;,eec AU00Cion'°"',aoa,.,.NQo01WeoetAn'\lbi-TerT-~ ngt,a 2,2.IM!tlUeouL.a: R(kJYN (0wblct L'été le soleil y est un couche-tard, prolongeant ainsi le plaisir de la vie .t9,c,&-.,7 (11î)1Q .. 111 en pleine nature. L'automne vous surprend à chaque détour par la richesse de sa palette d'artiste et par le flamboiement des forêts. [Des cartes montrant la région touristique dans l'ensemble L'hiver revêt une moelleuse clarté et la neige, dans toute sa blancheur du Québ~c] étincelante, vous invite à vos sports préférés dans un cadre où se déploie une blanche dentelle frileuse.

Quant au printemps, c'est une surprise; un éclatement de vie qu, se fait si rapidement que cela vous étonne sans cesse.

L'Abitibi-Témiscamingue c'est aussi un pays de frontière et de pion- niers qui s'affairent encore à bâtir leur histoire et leur région. C'est une terre jeune et dynamique, pleine de promesses et de possibilités où nous vous invitons à la découverte et à l'échange avec une population chaleureuse dans le calme et la sérénité d'un e vaste région presque intouchée.

L'Abitibi-Témiscamingue, c'est côtoyer la vie sauvage qui abonde dans lacs et forêts, c'est le contact avec une nature grandiose et omniprésente. C'est aussi l'enchantement curieux d'une nuit où dan- sent les aurores boréales dans un ciel d'un noir profond.

Des deux côtés de la carte: 198

Le pab'i.•oln• ea Abftibl-Të.i.sc.aaJ •1a•

• --'"re - 1Nl IN2 pt - tL.1 20 •-ta c: ..-,rru •-.•o•N•I lu b~ N , _.. . L• l'friffe.• le ... tl• Ori 1• ~« "'9e.t su"'··-S.611l Sf4 L.. ·-- .. c:"-'• ,.. '- · ...... ---- C..,..: J 619 621 loaa..••-- ... et .u.-.. tle c.l•- 1...... '- r W....-.H c:eal« hM4k1'otl '---"-"• -1N1 . 1M.J c.....,s,,e ... _..,._c:•.,_ T.-&I~ : 2 »l ... •itr- oo .... fHd • al ... ,.,.. o-uc- , r.,_.. Suat• •G«•a1 .. . ao.u Jtala ..._.... _.,.._ .,.__. )al• a&e1 SN au _.,___ u~ .. ...,,, ..... 44, c:•aot• , 0.-. • SIMAn- ,.__ ~-- c.-- •• c.....Maa.l - JaUI.-: · o.n .. 4"••• a- P'otre.0.....,.. N_,. A.,.._ lleAac::r- , s•J ,..._ .-.tn4•- Ne , VW....Maric 1 aM&. : acN-• ..,,...... _..,...... 6 SH , _. r-.a. r AWdW ... , ri.-,. • .....,...... -·· laküire - 1 NJ Clu••plo~tt- ... t lte N...a..wtk •fft r-thal .. rons- v • .....-o.- M:tob,- llHf ... h • 0..a..l dMil•• A- od.obn- 4k- c:W- P.-.a-- M c«•k• a.,...... _ ...... 1n2 c.- ,, ... ™•• La pleh, air•• Ab1dW -Ti•1•ca-'•au• La ch.._.• et la pâ.c.h• .a 27 te:tT•I- 4• ca• ...•• toe.aH.a••1 65' -.a•ca•••ta 4 N .a• a1t .---. ~-olt- 21, l 9Sl -i.e___. •ka- - 1N2 N~ t&ii1 lH .32 •••,...,...... l JJS ... ..__ c.11•tvff Kl•.r.1101••-- .-r•OM 11 J ...... ,..,..,. ""t• j 4 , .. , 'WNI- -~ ..._,.._.. N ,-rkl ... de•• rt• i 94 J•.,.

__ 4• i. , •• ,,._... ._.. te.•: 11 C Ht. .-n U C 199

FICHE D'INTERPRÉTATION Français: 457 (67,30%) No: El Anglais: 93 (13,70%) Titre : Abitibi-Témiscamingue : Région administrative 08 Inconnu/Autre: 4 (0,59%) Année: 1992 Total : 679 (100%) Période représentée : E. Développement néolibéral (1990- 2018) Nombre de toponymes administratifs (localités et Auteur: Service de la cartographie, ministère de !'Énergie divisions) et ratio toponymique (%) et des Ressources Anicinapemowin: 23 (9,20%) Organisme représenté : Ministère de !'Énergie et des Français : 210 (84,00%) Ressources Anglais: 17 (6,80%) Type d'organisme : Ministère Inconnu/Autre: 0 (0,00%) Source : Bibliothèques et Archives nationales du Québec Total : 250 (100%) ( en ligne), Publications gouvernementales Adresse url : Nombre de toponymes physiques (hydrographie et relief) http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/224 et ratio toponymique (%) 4499 Anicinapemowin: 102 (23,78%) Notes sur la nature du document : Français: 247 (57,58%) Carte représentant le découpage administratif de la région Anglais: 76 (17,72%) del' Abitibi-Témiscamingue. Inconnu/Autre: 4 (0,93%) Total: 429 (100%) TOPONYMIE Langue principale de la carte : Notes sur la sous-région du lac Duparquet: Français Divisé entre la municipalité de Rapide-Danseur, la ville de Duparquet et le territoire non-organisé de Lac-Duparquet. Liste des toponymes et origine : Voir classeur excel Notes sur la toponymie : Les toponymes en anglais sont particulièrement présents Nombre de toponymes et ratio toponymique (%) au Témiscamingue, en Outaouais et dans les hautes Anicinapemowin: 125 (18,41%) 200

Laurentides, et en Abitibi pour l'hydrographie et le relief. Hydrographie (lacs et rivières, en bleu). Même situation pour les toponymes en anicinapemowin. Toponymes de l'Ontario non comptabilisés. Types d'activités mises en valeur et symboles rattachés: Transport: DÉCOUPAGES Routes (principales, secondaires et locales, pavées Échelles administratives représentées : et non pavées) et chemins forestiers en lignes Régions administratives (Abitibi-Témiscamingue noires en totalité, Outaouais, Laurentides et Nord-du- Chemins de fer en lignes noires à barres Québec en partie) perpendiculaires Municipalité régionale de comté (Abitibi-Ouest, Lignes de transport d'énergie (ligne noire Abitibi, Rouyn-Noranda, Vallée-de-l'Or et pointillée), centrales (rectangle noir) et postes Témiscamingue) (triangles noir) Subdivisions de recensement Localités Notes sur la sous-région du lac Duparquet: La région est desservie par deux routes régionales et un Forme des lots: chemin forestier · Il n'y a pas de lots individuels sur la carte. REPRÉSENTATION DU TERRITOIRE Dimension moyenne des lots : Projection utilisée : Ne sont pas constants et indiqués. Non indiqué, probablement Mercator Transverse Modifié zone 10 Notes sur la sous-région du lac Duparquet : Divisé entre la municipalité de Rapide-Danseur, la ville de Échelle numérique : Duparquet et le territoire non-organisé de Lac-Duparquet, 1:500000 à l'intérieur de la MRC d' Abitibi-Ouest, et non plus en cantons et comtés comme avant. Orientation de la carte : Nord en haut MISE EN VALEUR Éléments physiques représentés : Notes sur l'habillage de la carte en général : 201

Carte en couleur Indique les longitudes et latitudes à la moitié d'entier près (ex: 48°00N, 48°30N, 49°00N)

Texte présent sur la carte En bas: « Abitibi-Témiscamingue Région administrative 08 (décrets 2000-87, 1399-88 et 1399-89)

l\,h.1i1,é p..-.r SeNlu d4 f,1;can:osr-1.phle Source H1riin,,,... i,c rtN•r1ie et dH Renourus " Qt.ù:btc l IO!Jl droits tiu,n,t1 99l Hydrographffl Hirurt!.-. dt! rtM'ti•, dH MiMl •t dM Rf!UO\,fCH Otp6t i.,,.1.. Je triin,ut,.. IS9? C>,rection dt-s l••ès et de la. c.1rrocr.11ph,e B1bl!>'.ltl-,èqu4n.u,o!lllle d

FICHE D'INTERPRÉTATION sur le territoire, ce qui me semblait être le plus intéressant No :E2 pour le présent exercice. Cette carte identifie les secteurs Titre : Carte 9 : Scénario de développement que le ministère identifie pour appuyer un développement récréotouristique de l' Abitibi-Témiscamingue - Secteurs récréotouristique. de développement Année: 2008 TOPONYMIE Période représentée: E. Développement néolibéral (1990- Langue principale de la carte : 2018) Français Auteur : Ministère des Ressources naturelles et de la· Faune; Direction de l'énergie, des mines et du territoire Liste des toponymes et origine : public de l' Abitibi-Témiscamingue Non comptabilisé pour cette carte Organisme représenté : Ministère des Ressources naturelles et de la Faune Nombre de toponymes et ratio toponymique (%) Type d'organisme : Ministère Source: Carte contenue dans: Plan régional de Nombre de toponymes administratifs {localités et développement du territoire public, 2008, Direction divisions) et ratio toponymique (%) régionale de l'énergie, des mines et du territoire public de l 'Abitibi-Témiscamingue Nombre de toponymes physiques (hydrographie et relief) Disponibilité: Ministère de !'Énergie et des Ressources et ratio toponymique(%) naturelles (en ligne) Adresse url : Notes sur la sous-région du lac Duparquet : https ://mern. gouv. q c. ca/terri toire/planificati on/p lanificati Seul le lac Duparquet y est nommé on-regionaux.jsp Notes sur la nature du document : Notes sur la toponymie : Carte située en annexe d'un plan de développement du Les toponymes sont très peu utilisés ici, et ne concernent territoire pùblic de l 'Abitibi-Témiscamingue. Sur les 10 . que quelques lacs, localités importantes, MRC et régions cartes que contient ce rapport, seule celle-ci a été retenue administratives. pour l'analyse puisqu'il s'agit de la seule carte de ce document qui désigne des secteurs d'intervention de l'État DÉCOUPAGES 203

Échelles administratives représentées : Régions administratives (Abitibi-Témiscamingue Tourisme: en totalité, Outaouais, Laurentides, Mauricie et Secteurs de développement (rapproché en jaune, Nord-du-Québec en partie) éloigné en vert, périphérique en brun) Municipalité régionale de comté (Abitibi-Ouest, Secteurs de développement spécifique · Abitibi, ville de Rouyn-Noranda, Vallée-de-l'Or et (récréotouristique structurant en vert pâle, Témiscamingue) . récréotouristique secondaire en vert, territoire à Localités caractère faunique en vert foncé, territoire d'aire protégée hachuré vert, territoire faunique structuré Forme des lots : en brun pâle) Il n'y a pas de lots individuels sur la carte. Sites de villégiature privée potentielle (petite maison) Dimension moyenne des lots : Ne sont pas constants et indiqués. Notes sur la sous-région du lac Duparquet : La portion agricole et urbaine de la sous-région est dans le Notes sur la sous-région du lac Duparquet: secteur rapproché, la portion forestière est dans le secteur Aucune subdivision locale, contenue dans la MRC éloigné. Le lac Duparquet y est considéré comme un d' Abitibi-Ouest. territoire faunique structuré, et celui-ci et le lac Hébécourt sont tous deux ciblés comme ayant un potentiel pour la MISE EN VALEUR villégiature privée. Éléments physiques représentés : Hydrographie (lacs et rivières, en bleu ou en vert REPRÉSENTATION DU TERRITOIRE foncé si territoire à caractère faunique). Projection utilisée : Mercator Transverse Modifié zone 10 Types d'activités mises en valeur et symboles rattachés : Transport: Échelle numérique : Routes (principales, en gris) 1:1300000 Chemins de fer en lignes n01res à barres perpendiculaires Orientation de la carte : 204

Nord en haut l"rojcttkm c:~rtographtquc ~'ctr:al:< 11'"'11\'Cl".A tmdfltll (li.Tt.li,:crc •:le l' S1,;)llf"' d~ P:il•ll:.-Mijt r,tH'-~d>J ();~oor. (SCOPQ;t h.m,.;,, Ill Notes sur l'habillage de la carte en général : D HW Carte en couleur !!'!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!5-;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;ï;;;i tlt::JOO(Y.JO Indique les longitudes et latitudes à l'entier près Sourc:c11 (ex: 48°N, 49°N) ~f.)$,1.nl EJOT Texte présent sur la carte : Réatlsatlon Vri11i:,.,.dre. A~~,;ri;,,,n;,tuml:. ctr.-<11F"'"" En haut: tlr•J;l,)I) ret>;11i.i{lf,;m(l~l '4:,i, ,~slal'i p,t.lc !Il îN>1~ iimw..,,1·g111 « Plan régional de développement du territoire public tt;I~; Ll. p,eiaia eil'l• n·aau~.ir,i i;,:,1.~ li<;B'~. Carte 9 : Scénario de développement récréotouristique de 0:::Gcwo:oonenl OJ Cuè~o-:: l 'Abitibi-Témiscamingue - Secteurs de développement »

En bas: « Note 1 : Lorsqu'il y a superposition d'une partie des secteurs de développement avec une ·aire protégée, les modalités du plan de conservation de l'aire protégée ont préséance. Note 2 : Cette liste n'est pas exhaustive, elle comprend uniquement les lacs identifiés au PRDTP. [Légende] 205

FICHE D'INTERPRÉTATION 17 mars 2017. Le SADR-04 est la pièce maîtresse de la No: E3 planification territoriale à l'échelle de la MRC. Il est un Titre : Plan 1 : Grandes affectations du territoire outil de connaissance, de concertation, de planification et Année: 2016 de mise en œuvre. Il définit les lignes directrices de Période représentée : E. Développement néolibéral (1990- l'organisation physique et du développement général du 2018) territoire. Document de nature politique, il traduit l'identité Auteur : Brian Goulet propre de la MRC et ce, dans le respect de la L.A.U. et des Organisme représenté : Municipalité régionale de comté orientations gouvernementales. Il exprime les besoins du d' Abitibi-Ouest milieu en matière d'occupation du territoire ainsi que les Type d'organisme : MRC intentions d'aménagement et de développement. Le Source: Carte contenue dans: Schéma d'aménagement et SADR-04 est un document d'orientation ayant aussi une de développement révisé, 2016, Municipalité régionale de portée réglementaire. En effet, suite à son entrée en comté d' Abitibi-Ouest vigueur, les municipalités doivent modifier leurs plans et Disponibilité : MRC d' Abitibi-Ouest (en ligne) règlements d'urbanisme afin de se conformer à son Adresse url: http://www.mrcao.qc.ca/fr/amenagement- contenu». du-territoire Notes sur la nature du document : TOPONYMIE Une des cartes maîtresses du schéma d'aménagement de la Langue principale de la carte : MRC. Sur le site web, on peut y lire ce qui suit:« L'entrée Français en vigueur de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme (L.A.U.) en 1979 a eu pour effet, d'une part, de créer les Liste des toponymes et origine : municipalités régionales de comté (MRC) et, d'autre part, Non comptabilisé pour cette carte de leur confier l'aménagement du territoire. La responsabilité première confiée aux MRC fut l'élaboration Nombre de toponymes et ratio toponymique (%) d'un schéma d'aménagement. Ainsi, toute MRC est tenue d'adopter et de maintenir en vigueur, en tout temps, un Nombre de toponymes administratifs (localités et schéma applicable à l'ensemble de son territoire. Après un divisions) et ratio toponymique (%) processus de révision, le Schéma d'aménagement et développement révisé "SADR-04" est entré en vigueur le 206

Nombre de toponymes physiques {hydrographie et relief) Lots individuels sont les mêmes lots rectangulaires que sur et ratio toponymique {%) les cartes de la colonisation, mais sont seulement délimités lorsqu'ils ont des propriétaires et qu'ils sont aménagés Notes sur la sous-région du lac Duparguet : d'une manière ou d'une autre. Beaucoup de toponymes y sont mentionnés ici (lacs Même chose pour les cantons, mêmes qu'à la colonisation Dancès, Hébécourt, Reboul, Monsabrais, Milly, Fer à Municipalités divisées selon le découpage que l'on peut Cheval, Bayard, Soissons, Duparquet, Mongrain, Dugros, voir sur la carte de 1992 (No 11). Asselin, Touriet, Monast, Mackay et Destor; rivières Localités selon les aires urbaines qu'elles occupent sur leur D'Alembert, Kanasuta, Magusi et Hébécourt), le nom des territoire. cantons d'Hébécourt et Duparquet, ainsi que les localités de Duparquet et Rapide-Danseur. Dimension moyenne des lots : Dépends de l'échelle du lot. Notes sur la toponymie : Lots individuels et cantons identiques que sur les dernières On retrouve quelques toponymes hydrographiques cartes de la période #3, donc mêmes dimensions. maJeurs, le nom des localités ainsi que les noms des Limites municipales différentes selon le cas. cantons. Notes sur la sous-région du lac Duparquet: DÉCOUPAGES Plus aucun lot de colonisation sur le territoire de la ville de Échelles administratives représentées : Duparquet, car s'étend sur rang I à VI du canton de Municipalité régionale de comté (Abitibi-Ouest) Duparquet. Tous les lots agroforestiers et forestiers se Cantons retrouvent dans Rapide-Danseur, s'étendant su VII au IX Municipalités du canton de Duparquet et du VI au X du canton Localités d'Hébécourt, à l'exception des lots 1 à 53 du X. Lots individuels MISE EN VALEUR Forme des lots: Éléments physiques représentés : On représente différentes échelles géographiques, de la Hydrographie (lacs, rivières et cours d'eau à débit MRC au lot individuel. régulier, en bleu). Eskers ( surface à points bruns) 207

Types d'activités mises en valeur et symboles rattachés : Notes sur la sous-région du lac Duparquet: Transport: Une partie significative du territoire de Rapide-Danseur est Routes (nationales, régionales, collectrices, locales dans la zone agricole permanente, et cette partie du et autres, en rouge et en décroissance de taille selon territoire est soit dédiée à l'agroforesterie, soit à la cet ordre) foresterie. De petites bribes de territoire sur les pourtours Chemins de fer en lignes noires à barres du lac Hébécourt, du lac Duparquet et de la rivière perpendiculaires Duparquet sont affectées à la villégiature, et sortent Zone aéroportuaire et projets d'agrandissement de enclavées de la zone agricole permanente lorsqu'elles s'y celle-ci (hachuré bourgogne et rose) trouvent. L'ensemble du lac Hébécourt et du lac Du parquet ainsi qu'une partie importante de leur pourtour sont des Agriculture : aires protégées de récréo-conservation. La zone urbaine est Aires affectées à la zone agricole dynamique (jaune plus importante que le périmètre d'urbanisation à Rapide- pâle) Danseur et Duparquet ce qui devrait signifier qu'une Aires affectées à la zone agroforestière (jaune) consolidation urbaine au cœur des deux localités est mise Zone agricole permanente (hachuré gris) de l'avant. L'ensemble du territoire n'étant pas associé à l'hydrographie est déclaré aire de ressources naturelles. Foresterie : Aucun vide n'est laissé sur le territoire. Aires affectées aux activités forestières (vert) REPRÉSENTATION DU TERRITOIRE Tourisme et résidentiel : Projection utilisée : Aire de récréo-conservation (bleu) Mercator Transverse Modifié zone 10 Aire de villégiature consolidation (rose foncé) et développement (rose pâle) Échelle numérique : Aire urbaine (orange) Non indiquée Périmètre d'urbanisation (tirets noirs) Orientation de la carte : Autre: Nord en haut Ressources naturelles, indifférenciées (gris) 208

Notes sur l'habillage de la carte en général: Carte en couleur

Texte présent sur la carte : Sur le côté: [Logo de la MRC] « Schéma d'aménagement et de développement révisé (SADR-04) Règlement 03-2016 Les grandes affectations du territoire (Plan 1) [Légende]

RÉALISATION : MRC D'ABITIBI--OUEST C4RTOGRAPHIE: Brian Goulot .&.VIS DE MOTION : 15 Juin 2016 ADOPTE LE: 2Goclobre 2016 ENTRÉ EN VIGUEUR LE: 17 mars 2017

MISE À JOUR:

'-f«llfü::Qlioo F.r11tOOl'l Nature de la mod ik,nlo-n 1i1df}plô_,,: V°igOflUI' l'I :

0 2 ,4 6 • 10 '"' 1 MÉTADONNÊES: N Pm)l\'lrJ1cn • MTIA N~d~ Fl,S\Cau 11) SoufCO'i : G1)~l'llli"l\O'\C diJ:OJObtG, fflf'll&t:lr,J d(l!I Rt..B01.f'l)t9 f\oltl.i!f:11111 BDT.Q. M,1"'e~AIM ~~i1K1Aio (ltJ ~ltJ d'Ab!lihi•Oilf41 TQUhl reproduction pour vorëo Ht fflt11di .. (ç) lcu•i d1"A.'I ""~~ 'frhif' "TOJQ..11r.'t>G!t~l'i •;111o.,!"'l#P!': Ml mr.1-.nttr.t'!Y':t•W-. 209

FICHE D'INTERPRÉTATION développement révisé "SADR-04" est entré en vigueur le No:E4 17 mars 2017. Le SADR-04 est la pièce maîtresse de la Titre : Plan 2 : Territoires et sites d'intérêt et zones de planification territoriale à l'échelle de la MRC. Il est un contraintes outil de connaissance, de concertation, de planification et Année: 2016 de mise en œuvre. Il définit les lignes directrices de Période représentée : E. Développement néolibéral (1990- l'organisation physique et du développement général du 2018) territoire. Document de nature politique, il traduit l'identité Auteur : Brian Goulet propre de la MRC et ce, dans le respect de la L.A.U. et des Organisme représenté : Municipalité régionale de comté orientations gouvernementales. Il exprime les besoins du d' Abitibi-Ouest milieu en matière d'occupation du territoire ainsi que les Type d'organisme : MRC intentions d'aménagement et de développement. Le Source: Carte contenue dans: Schéma d'aménagement et SADR-04 est un document d'orientation ayant aussi une de développement révisé, 2016, Municipalité régionale de portée réglementaire. En effet, suite à son entrée en comté d' Abitibi-Ouest vigueur, les municipalités doivent modifier leurs plans et Disponibilité : MRC d' Abitibi-Ouest (en ligne) règlements d'urbanisme afin de se conformer à son Adresse url: http://www.mrcao.qc.ca/fr/amenagement- contenu». du-territoire Notes sur la nature du document : TOPONYMIE Une des cartes maîtresses du schéma d'aménagement de la Langue principale de la carte : MRC. Sur le site web, on peut y lire ce qui suit:« L'entrée Français en vigueur de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme (L.A.U.) en 1979 a eu pour effet, d'une part, de créer les Liste des toponymes et origine : municipalités régionales de comté (MRC) et, d'autre part, Non comptabilisé pour cette carte de leur confier l'aménagement du territoire. La responsabilité première confiée aux MRC fut l'élaboration Nombre de toponymes et ratio toponymique(%) d'un schéma d'aménagement. Ainsi, toute MRC est tenue d'adopter et de maintenir en vigueur, en tout temps, un Nombre de toponymes administratifs (localités et schéma applicable à l'ensemble de son territoire. Après un divisions) et ratio toponymique(%) processus de révision, le Schéma d'aménagement et 210

Nombre de toponymes physiques (hydrographie et relief) On ne voit que les limites municipales des trois entités et et ratio toponymique (%) les aires urbaines des localités de Duparquet et Rapide- Danseur Notes sur la sous-région du lac Duparquet : Quelques toponymes y sont mentionnés ici (lacs Dancès, MISE EN VALEUR Hébécourt, Monsabrais, Bayard, Duparquet, Dugros et Éléments physiques représentés : Daiguisers; rivières D'Alembert, Kanasuta et Magusi), le Hydrographie (lacs, rivières et cours d'eau à débit nom des cantons d'Hébécourt et Duparquet, ainsi que les régulier, en bleu). localités de Duparquet et Rapide-Danseur. Sites d'intérêt à caractère écologique o Écosystème forestier exceptionnel Notes sur la toponymie : o Érablière On retrouve quelques toponymes hydrographiques o Esker maJeurs, le nom des localités ainsi que les noms des o Espèce floristique menacée cantons. o Lit de pierres (paléoplage) o Marais DÉCOUPAGES o Parc national d' Aiguebelle Échelles administratives représentées : o Refuge biologique Municipalité régionale de comté (Abitibi-Ouest) o Réserve écologique des Vieux-Arbres Municipalités o Territoire à caractère faunique Localités o Habitats et sites fauniques d'intérêts (espèces fauniques menacées et Forme des lots: vulnérables, 'aire de concentration Différents dans chaque cas. d'oiseaux aquatiques, petite aire de confinement du cerf de Virginie, colonie Dimension moyenne des lots : d'oiseaux, habitat du rat musqué, Limites municipales différentes selon le cas. héronnière) Sites d'intérêt esthétique Notes sur la sous-région du lac Duparguet : o Sommet de la plaine argileuse Contraintes naturelles 211

o Glissement de terrain o Ensemble résidentiel d'intérêt patrimonial o Source d'eau o Secteur d'intérêt archéologique o Zone à risque de contamination à l'arsenic Zone urbaine de l'eau souterraine o Zone de protection des puits municipaux Autre o Zone à risque d'inondation Territoire d'intérêt scientifique (FERLD) Contraintes d'origine humaine Types d'activités mises en valeur et symboles rattachés : o Barrages et barrages hydroélectriques Transport: o Centre de valorisation des matières Routes (nationales, régionales, collectrices, résiduelles locales et autres, en rouge et en décroissance de o Dépôt à ciel ouvert taille selon cet ordre) o Lieux d'enfouissement sanitaire Chemins de fer en lignes noires à barres o Site de boues de fosses septiques perpendiculaires o Dépôt de neiges usées Ligne à haute tension 120 kV o Ouvrage d'assainissement des eaux usées o Poste de transformation électrique Tourisme et résidentiel (outre les éléments physiques mis o Prises d'eau de l'avant) : o Bassin de tri oxyde d'arsenic Sites d'intérêt esthétique o Gravière/sablière o Circuit routier historique et culturel o Site de résidus ligneux o Secteur d'intérêt o Parc à résidus miniers Sites patrimoniaux o Site archéologique Notes sur la sous-région du lac Duparquet: o Pontcouvert La sous-région a beaucoup de sites et zones d'intérêt sur o Immeuble religieux à valeur son territoire. Notamment, on retrouve . l'église exceptionnelle ou supérieure patrimoniale de Rapide-Danseur, les collines du lac o Patrimoine immobilier reconnu Monsabrais, du lac Duparquet et du rang de la Lune, le o Trajet historique de Pierre Chevalier de territoire de la FERLD, un écosystème forestier Troyes exceptionnel, deux héronnières, plusieurs aires de 212 concentration d'oiseaux aquatiques, une aire de [Logo de la MRC] confinement du cerf de Virginie à Duparquet, une petite « Schéma d'aménagement et de développement révisé érablière, etc. Le lac Duparquet est classé territoire à (SADR-04) caractère faunique. Notons également que les routes 393 et Règlement 03-2016 388 sont considérées comme étant dans un circuit routier Territoires et sites d'intérêt et zones de contraintes (Plan 2) historique et culturel, et que le chemin du Chevalier de [Légende] Troyes passe par le lac Duparquet et la rivière Duparquet. [Échelle graphique] En ce qui a trait aux contraintes, deux parcs à résidus «Sources: miniers près des anciennes mines Beattie et New Inco. Un Gouvernement du Québec, MRN bassin d'arsenic est aussi localisé près de la mine Beattie, MRC d' Abitibi-Oues avec les prises d'eau municipales et un dépôt de neige usée. Beaucoup de gravières/sablières sont localisées sur le territoire.

REPRÉSENTATION DU TERRITOIRE Projection utilisée : Mercator Transverse Modifié zone 10

Échelle numérique : Non indiquée

Orientation de la carte : Nord en haut

Notes sur l'habillage de la carte en général : Carte en couleur

Texte présent sur la carte : Sur le côté: BIBLIOGRAPHIE

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