Rapportsituationdroitshumains Nordkivu
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GROUPE D’ASSOCIATIONS DE DEFENSE DES DROITS DE L’HOMME ET DE LA PAIX Courriel : [email protected] Tel : +243999425284 RAPPORT ANNUEL SUR LA SITUATION GENERALE DES DROITS HUMAINS AU NORD KIVU, EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO Janvier 2011 1 Motivation Le GADHOP est un réseau de 22 organisations de droits humains et de paix en République démocratique du Congo dont le rayon d’action statutaire est toute la RDC, mais dont les actions de terrain se font au Nord Kivu et surtout dans les deux Territoires de Beni et de Lubero. Existant depuis mars 2001, son siège social se trouve dans la ville de Butembo, a l’Avenue du Centre n0 40, dans la commune de Kimemi. Le présent rapport est une synthèse sur l’état de lieux des droits humains et de la paix au Nord Kivu pendant l’exercice 2010 car, dans la vision du GADHOP depuis sa création, ces deux domaines sont très liés. Nous faisons un commentaire relatant notre compréhension de la situation qui est suivi de nos recommandations à l’autorité provinciale et nationale pour l’amélioration de la situation au Nord Kivu. Nous mettons en annexe les tableaux des rapports mensuels sur les violations des droits humains et les événements de non paix comme les pillages, les vols mains armées, et autres. Ces derniers sont des faits dont on ne sait pas dire d’emblée qu’ils sont des violations des droits humains, sauf en cas de preuve d’indifférence de l’Etat congolais à éradiquer le phénomène (exemple de vols mains armés dirigés par des bandits. S’il est prouvé une quelconque implication des officiers militaires ou de la police et que l’autorité ne fait rien pour mettre de l’ordre dans ses rangs, nous concluons à une violation des droits humains). Les violation des droits humains sont subdivisés en deux parties : les droits civils et politiques et les Droits Economiques, Sociaux et Culturels (DESC). Le GADHOP est heureux de l’intérêt que porte le « Ministère provincial de la Justice et des Droits humains » qui nous a demandé urgemment ce rapport dans le cadre du partenariat qui nous lie en vertu de l’ « Edit provincial no 001/2010 du 18 mai 2010 portant dispositions générales applicables aux institutions philanthropiques œuvrant dans les domaines humanitaires et de développement en province du Nord Kivu”. Nous sommes convaincus que cette collaboration est importante pour permettre au GADHOP et aux autres organisations de droits humains et de recherche de la paix a apporter leur contribution dans l’assainissement de la gouvernance et du climat de paix dont la République démocratique du Congo en général et en particulier le Nord Kivu ont besoin pour se lancer durablement sur la voie de leur développement. Les remarques de tous seront les bienvenues pour l’amélioration du présent travail dont nous souhaitons une bonne exploitation par tous ceux qui nous liront. Que nos lecteurs trouvent ici l’expression de nos vœux les meilleurs pour l’exercice 2011. Moise KAMBERE KAYITAMBYA Secrétaire Permanent -GADHOP 2 I. Des droits civils et politiques et des DESC Chaque mois, le GADHOP publie élabore deux rapports sur la situation des droits humains et de la paix (nous reviendrons sur ce rapport à part) dans son rayon d’action. Les rapports sur les droits humains concernent spécifiquement les droits civils et politiques. Les partenaires dans les enquêtes sur des violations des droits humains sont nos associations membres d’abord, puis les Noyaux de la Société civile. En effet, le GADHOP encadre 25 Noyaux villageois de la Société civile du Grand Nord (territoires de Beni et de Lubero au Nord Kivu, dits Grand Nord par sa densité plus importante). Les leaders sociaux rassemblés par noyau sont sensibilisés aux droits humains, au Genre, a la paix, a la Souveraineté alimentaire et aux matières connexes comme la bonne gouvernance, les élections, … en raison d’au moins une formation chaque année. Ces Noyaux reçoivent aussi différentes publications du GADHOP dans le but de renforcer leur prise de conscience politique. Combinées à d’autres stratégies comme les émissions radios, les sensibilisations dans les écoles et les publications, ces sensibilisations communautaires permettent d’atteindre toutes les couches de la population. Avant de revenir sur les différentes recommandations formulées pendant l’année, voici d’abord ci-dessous un bref commentaire des violations les plus rencontrées : 1.1. Violences sexuelles : Comme en 2009, les civils prennent de plus en plus la première place dans la commission des viols et des violences sexuelles. L’explication la plus plausible est l’échec du programme DDR (Démobilisation, Désarmement, Réinsertion). Beaucoup d’ex-combattants et ex- combattantes se sont réinsérés d’eux-mêmes dans les villages et villes de l’Est du pays et ceux qui ont pu bénéficier d’un accompagnement des organismes habilités n’ont pas reçu un encadrement. Des animations a la cohabitation pacifiques sont importantes et devraient être accompagnées des actions de développement accordant la priorité au Genre et a la réinsertion sociale aux ex-combattants(tes). Les civils sont suivis par les éléments de l’ordre, Forces Armées de la RDC (FARDC), Police et Agence de Renseignement Congolais. L’Etat congolais devrait encadrer correctement son armée et ses différents services de sécurité non encore acquis aux principes de sauvegarde des libertés citoyennes comme fondement de la démocratie. Il est clair que c’est la cohabitation de l’armée et des civils, mauvaise fusion des groupes armés rebelles avec l’armée régulière et leur mauvais encadrement sont a la base de multiples violations des droits humains. 1.2. Tortures et autres traitements dégradants : Elles servent à intimider les populations ignorantes de la loi. La finalité est l’extorsion ou l’exploitation économique sur fonds de mauvaise interprétation de la loi et des droits des citoyens. 3 Ces tortures et autres traitement dégradant conduisent aux détentions illégales. 1.3. Arrestations et détentions illégales : Elles sont le fait des FARDC, de la Police, de l’administration publique et des services de sécurité. Dans un même village, les FARDC, la Police et l’Agence Nationale des Renseignements ont chacun son amigo qui sert à extorquer les pauvres populations en dehors de tout système de justice, profitant de l’ignorance des droits et de l’éloignement des hommes de la loi, ces derniers étant tous concentrés dans les villes de Goma, de Butembo et de Beni. La population est ainsi devenue une proie facile que chaque service manipule à sa façon pour s’enrichir illicitement. Dans d’autres situations, ce sont les leaders communautaires qui sont poursuivis pour les faire taire, surtout dans les zones sous contrôle CNDP comme Walikale, Masisi, Rutshuru et Sud Lubero. Le cas le plus parlant de l’année est celui de l’ex- président de la société civile de Masisi, Mr. Sylvestre, à nos jours forcé à l’exil. Certains cas se terminent par des assassinats. 1.4. Assassinats criminels et politiques : Toutes les trois villes de la Province ont enregistré leurs cas d’assassinats et les villages ne sont pas épargnés. Dans le Territoire de Beni, ces assassinats ont été motivés par la guerre contre les ADF/NALU. Les ADF/NALU (Allied Democratic Forces/National Army for the Liberation of Uganda) est une rébellion d’origine ougandaise dans les années 1980-1990 autour des Monts Ruenzori dans le Parc des Virunga. A nos jours, fusionnés en un seul mouvement, les ADF/NALU sont beaucoup plus congolais qu’ougandais du fait de l’amélioration de la situation politique en Ouganda. Il faut donc pointer du doigt les hommes politiques de la région pour arriver à éradiquer ce mouvement qui retarde le développement de la région de Mutwanga et de Watalinga et Kamango et détruit le Parc des Virunga. Au sud Lubero, nous avons enregistré les cas de l’Abbé Christian et celui d’un enseignant, tous deux étant des assassinats politiques dont on ne connait pas de suite judiciaire du fait de la complicité des politiciens. Les CNDP sont les plus soupçonnés comme dans les Territoires de Masisi et Walikale. Dans les trois villes, certains cas sont liés à du banditisme urbain et d’autres sont politiques. Le mal est de voir l’autorité s’occuper beaucoup plus de calmer les populations en promettant l’amélioration de la situation sécuritaire plutôt qu’en promouvant des poursuites judiciaires exemplaires. 1.5. Enlèvements : Ce sont les ADF/NALU dans le Territoire de Berni et les ex-CNDP dans Walikale et Masisi qui se sont qualifiés dans des enlèvements d’intimidation de la population civile. Pour les 4 premiers, c’est une arme de guerre face à la menace des FARDC, tandis que pour les second pour faire taire toute voie discordante. La conséquence directe est la fuite de la population qui a peur et est obligée de se concentrer dans les villes plus sécurisées. 1.6. Vols mains armées : Si l’on compte quelques cas liés au phénomène de banditisme pur et simple, la plupart de cas enregistrés sont le fait d’une complicité militaire et la cause profonde est la présence des cas militaires dans chaque village et pour les villes leur éparpillement parmi la population tel que le contrôle des armes et des munitions devient une casse tête dans un environnement de forte circulation d’armes illicite qu’alimente une propension de recours aux armes par les anciens miliciens et rebelles. Le banditisme est constitué des anciens miliciens non officiellement démobilisés comme nous l’avons exprimé ci-dessus a propos de l’échec du programme DDR mal organisé sans la participation de la population de la base et n’ayant pas tenu compte du genre.