Jules Verne Et La Culture Médiatique
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Sous la direction de Sous la direction GUILLAUME PINSON • MAXIME PRÉVOST GUILLAUME JULES VERNE ET LA CULTURE MÉDIATIQUE De la presse du XIXe siècle au steampunk Sous la direction de GUILLAUME PINSON MAXIME PRÉVOST JULES VERNE ET LA CULTURE MÉDIATIQUE JULES VERNE ET LA CULTURE Jules Verne et la culture médiatique De la presse du XIXe siècle au steampunk Collection dirigée par François-Emmanuël BOUCHER et Maxime PRÉVOST Prise dans son sens le plus large, la littérature constitue depuis ses origines le lieu de dépôt et d’archivage des mythes. Avec la moder- nité, elle devient aussi productrice de nouvelles mythologies, expres- sion des aspirations et des angoisses collectives qui constituent l’imaginaire contemporain. Cette collection vise à cartographier l’imaginaire actuel à travers l’analysedesœuvresdereprésentationquiledéfinissentparleur survie, leur dialogue avec la tradition ou, parfois, leur radicale nouveauté. Jules Verne et la culture médiatique De la presse du XIXe siècle au steampunk Sous la direction de Guillaume PINSON et Maxime PRÉVOST Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 153 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays. We acknowledge the support of the Canada Council for the Arts, which last year invested $153 million to bring the arts to Canadians throughout the country. Les Presses de l’Université Laval reçoivent chaque année de la Société de développementdesentreprisesculturellesduQuébecuneaidefinancièrepour l’ensemble de leur programme de publication. Maquette de couverture : Laurie Patry Illustration de la couverture : mo.ca design graphique Mise en pages : In Situ © Presses de l’Université Laval. Tous droits réservés. Dépôt légal 2e trimestre 2019 ISBN 978-2-7637-3195-7 PDF 9782763731964 Les Presses de l’Université Laval www.pulaval.com Toute reproduction ou diffusion en tout ou en partie de ce livre par quelque moyen que ce soit est interdite sans l’autorisation écrite des Presses de l’Univer- sité Laval. Tabledesmatières INTRODUCTION Jules Verne avant et après Jules Verne . 1 Guillaume PINSON et Maxime PRÉVOST CHAPITRE PREMIER La Ligne et la boucle . 21 Michel Strogoff ou l’involution technologique Pascal DURAND CHAPITRE 2 Du Magasin à La Science illustrée . 37 Hybridation du roman vernien dans l’écosystème de la revue Claire BAREL-MOISAN CHAPITRE 3 Aux sources médiatiques du Volcan d’or . 55 Gérard FABRE CHAPITRE 4 L’Extraordinaire en série . 77 Démesures verniennes chez Albert Robida et Gustave Le Rouge Thomas CARRIER-LAFLEUR CHAPITRE 5 De Jules Verne à Hergé . 121 L’interface médiatique comme alternative au modèle de l’influence Jean RIME VII VIII JULES VERNE ET LA CULTURE MÉDIATIQUE – DE LA PRESSE DU XIXe SIÈCLE AU STEAMPUNK CHAPITRE 6 Jules Verne à Hollywood, années 1950 . 153 Un état (partiel) de l’imaginaire social Maxime PRÉVOST CHAPITRE 7 Adaptation transmédiatique . 169 Le Tour du monde en série animée hispano-japonaise Bounthavy SUVILAY CHAPITRE 8 Romancier du passé, astronaute amateur, espion idéaliste 193 Le Jules Verne steampunk de La Lune seule le sait Nicolas GAUTHIER CHAPITRE 9 L’Emprunteur emprunté . 219 Réécrire les Voyages extraordinaires à l’ère du projet Gutenberg Mélodie SIMARD-HOUDE CHAPITRE 10 Mon Nom est Nemo . 241 Transfictions verniennes Jean-Christophe VALTAT Introduction–JulesVerneavantetaprèsJulesVerne INTRODUCTION Jules Verne avant etaprèsJulesVerne Guillaume PINSON Université Laval Maxime PRÉVOST Université d’Ottawa n débutant sa collaboration avec Pierre-Jules Hetzel en 1864 E autour de l’entreprise du Magasin d’éducation et de récréation, où il allait faire paraître la plupart de ses Voyages extraordinaires, Jules Verne plongeait dans la culture médiatique. Il allait y contribuer sans relâche jusqu’à sa mort, en 1905, au travers d’un double mouve- ment:puisantd’unepartdanslediscourssocialettoutparticuliè- rementdanslesjournauxetpériodiqueslamatièredesonœuvre, etd’autrepartydiffusantlepuissantimaginairedesesfictions,qui allaient marquer jusqu’à nos jours plusieurs générations de lecteurs. Nousavonsainsiorchestrécetteréflexionsuruntelmouvementde balancier, qui se propose de faire le point sur cet « avant » Jules Verne,puissur«l’après»:iln’yapeut-êtrepasmeilleurefaçonde bien comprendre un écrivain aussi complet que l’auteur des Voyages extraordinaires, dont l’œuvre et ses rayonnements permettent de retracer de grands pans des imaginaires sociaux depuis le milieu du XIXesiècle1. 1. Nous écrivons cette introduction à quatre mains, mais le lecteur curieux pourra noter que Guillaume Pinson est plus spécifiquement responsable de l’avant et Maxime Prévost de l’après. 1 2 JULES VERNE ET LA CULTURE MÉDIATIQUE – DE LA PRESSE DU XIXe SIÈCLE AU STEAMPUNK Avant Jules Verne est l’un des grands écrivains médiatiques du XIXesiècle,etaumoinsquatregrandsélémentsorganisentcette part médiatique de l’œuvre. Énumérons-les : 1) collaboration directe de l’écrivain à des journaux et périodiques de son époque, à commencer par sa contribution continue au Magasin d’éducation et de récréation (qui constitue «un écosystème riche et diversifié, idéal pour le roman vernien », comme l’analyse Claire Barel-Moisan en ces pages). Jules Verne est un écrivain en pleine maîtrise des supports médiatiques et de leurs contraintes (espace disponible, périodicité, dialogue entre le texte et l’illustration, etc.) ; 2) représentation au sein de l’œuvre romanesque des moyens et des techniques de la communication (les journaux, le télégraphe), des agents produc- teurs (les journalistes, et tout particulièrement les reporters), ou encore de la spatialité qui en découle (des territoires à explorer, à décrire et à relier) ; 3) présence d’un « savoir » médiatique situé en amont de l’œuvre, qui a permis à l’écrivain de collecter une docu- mentationconsidérable(ilsuffitdefeuilleterlacollectionduTour du mondepoursuivrecommeunfilconducteurlamatièrepremièredes Voyages extraordinaires);4)imprégnationplusdiffuse,enfin,d’unetrès large série d’imaginaires sociaux2, dont on ne pourrait épuiser la liste (les transports, l’espace et le temps, la technique, les cultures nationales, la nature, le monde animal…) et qui sont vectorisés par les médias, puis repris et transformés plus ou moins consciemment par l’écrivain. Si les deux premiers éléments de cette liste renvoient auxactionslesplusconcrètesdel’écrivain(collaborationauxjour- naux et périodiques, écriture des romans), les deux autres consti- tuent une partie de ce que nous entendons par un « Jules Verne avant Jules Verne » : un Jules Verne disséminé dans le discours 2. Si Cornelius Castoriadis (L’Institution imaginaire de la société, Paris, Seuil, coll. « Points essais », 1975), puis, notamment, Pierre Popovic (Imaginaire social et folie littéraire. Le Second Empire de Paulin Gagne, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. « Socius », 2008) parlent de l’imaginaire social au singulier, nous reprenons ici surtout la notion comme l’entend l’histoire culturelle – qui parlera plus volontiers des imaginaires sociaux, dont il s’agit de faire l’histoire différenciée ; voir notamment Dominique Kalifa, Les Bas-fonds. Histoire d’un imaginaire, Paris, Seuil, coll. « Historique », 2011. INTRODUCTION – JULES VERNE AVANT ET APRÈS JULES VERNE 3 social3, et plus précisément – répétons-le – dans ces imaginaires sociaux qui traversent le temps de l’écrivain, toile de fond et rumeur du monde qui se cristallisent dans l’œuvre romanesque. Ce en quoi Jules Verne est un immense écrivain médiatique du XIXesiècle,quel’onpeutvolontierssereprésenterlui-mêmeen journalisteenquêteur,carnetdenotesàlamain,etquiadoptetrès tôtdanssacarrièreuneméthodedetravailfondéesuruninventaire quotidien des journaux et périodiques. Je peux vous assurer que je suis un grand lecteur et que j’ai toujours lu avec un crayon à la main. J’ai toujours avec moi un carnet et, comme ce personnage de Dickens [Mr. Pickwick], je note d’emblée tout ce qui m’intéresse ou pourrait me servir pour mes livres. Pour vousdonneruneidéedemeslectures,jeviensici[àlabibliothèque delaSociétéindustrielled’Amiens]chaquejouraprèslerepasde midi, je me mets immédiatement au travail et je lis d’un bout à l’autrequinzejournauxdifférents,toujourslesquinzemêmes,etje peuxvousdirequetrèspeudechoseséchappentàmonattention. Quand je vois quelque chose d’intéressant, c’est noté. Ensuite, je lis les revues, comme la Revue bleue, la Revue rose, la Revue des deux mondes, Cosmos, La Nature de Gaston Tissandier, L’Astronomie de Flammarion. Jelisaussientièrementlesbulletinsdessociétésscientifiqueseten particulier ceux de la Société de Géographie, car vous remarquerez que la géographie est à la fois ma passion et mon sujet d’étude. J’ai toutes les œuvres de Reclus – j’ai une grande admiration pour Élisée Reclus–ettoutArago.Jelisaussietrelis,carjesuisunlecteurtrès attentif, la collection Le Tour du monde qui est une série de récits de voyages. J’ai jusqu’à maintenant amassé plusieurs milliers de notes sur tous les sujets, et aujourd’hui, j’ai chez moi au moins vingt milles notes qui pourraient servir dans mon travail et qui n’ont pas encore été utilisées4. Àtraverscetautoportraitqu’ildicteàlafindesavie,Vernedécrit l’ethos d’un écrivain immobile que l’on pourrait considérer comme 3. Voir Marc Angenot, 1889, un état du discours social, Longueuil, Le Préambule, 1989, réédité sur Médias 19, en ligne [http ://www.medias19.org/index.php ?id=11003].