Au Somaliland, Un Fragile « Lascaux Africain »
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Au Somaliland, un fragile «Lascaux africain» Lesgrottes de Laas Geel recèlent des peintures vieilles d’environ 5000ans. Leur préservation représenteun enjeu politique pour un pays qui cherche àêtrereconnu parlacommunauté internationale LIRE PAGE 2 Lesgrottes de Laas Geel comptent des centaines de figures d’animaux et d’humains. ANDREWRENNEISEN POUR «LEMONDE» Portrait L’énigme maléfique des psychopathes Un croisé du bien-manger Il yales criminels, les tueursensérie florence rosier Desépisodes comme celui-ci, le psychologue en aplein sa mallette. «J’aiété amené àfaire le SergeHercberg estenpasse ou les escrocs de haut vol et tous uand nous croisons un de ces bilan d’un homme d’une quarantaine d’années, de remporterson pari:son prédateurs, c’estpour notremal- condamné àladétention àperpétuité.Ilavait logo àcinq couleurs destiné ceux qui exercent sournoisement heur.C’est qu’ils savent l’artde commisunassassinatd’enfantavecactes de tor- leur emprise. Frappés de cécité séduire. Et de nous entraîner ture. Cethomme, qui esquivait systématique- àrésumer lesqualités morale et affective, ils intriguent dans leur rondeautolâtre.Jus- ment lesfaits, étaitextrêmementonctueux et nutritionnellesdeproduits Q qu’à ce quetout bascule.Ils jovial avec moi. Il me regardaitdroit dans les alimentaires estadopté la science. Des équipes relèvent avancentmasqués.S’ils séduisent, c’estque yeux, ne ménageaitpas ses flagorneries ni ses nous ignorons àqui nous avons affaire. Quand clins d’œil. Une tentative un peugrossière de par une partiedel’industrie. le défi de leur prise en charge nous le comprenons, c’estsouvent trop tard. séduction, mais aussi une volontéd’atteinte du LIRE PAGE 8 et l’imagerie cérébrale tentede Un air glacé glissesur notrenuque.Nous arri- cadre institutionnel.» ve-t-ildecôtoyer l’un d’eux, sachantcequ’il a décrypter l’origine du mal fait ?Une sueur froidecoule dans notredos. C’est, littéralement, ce qu’a vécu le professeur SédLe méprisuction sud’peautruirficiecolle,mmeloquacmotité,eursurestimation Thierry Pham, psychologue,àlamaison d’arrêt de soi, narcissisme exacerbé, froideur émotion- Papillomavirus: de Mons (Belgique). «Jerecevais un détenu nelle, manque profond d’empathie… Tels sont les pour faire son bilan psychologique. Il avaitfait premiers traits de personnalité de cesindividus le vaccin pour plusieursévasions avec prises d’otages. C’était auxphiltres maléfiques, quifonctionnentsur notre première rencontre. Il estentré dans mon leur mépris d’autrui. La majorité d’entreeux pré- bureau. Au lieu de s’asseoir face àmoi, il alente- senteaussi destraitsde«personnalité antiso- les jeunes gays mentfaitletour de la pièce. Puis il estpassé ciale».Ils dupent,manipulent et escroquent à derrière moienmefrôlant. Lesminutes m’ont loisir,oupar profit.Incapablesd’assumer la Lesautorités sanitaires semblé très longues. J’ai hésité,mais je n’ai pas responsabilité de leurs actes,ils n’éprouvent ni proposentcettevaccination appelé le service de sécurité.Ç’auraitété avouer remordsniculpabilité.Souvent irresponsables, monanxiété, reconnaît-ilaujourd’hui. Je me suis ilssontimpulsifs, incapablesdeplanifiersur le auxmoins de 26ans, contre écarté, il afinipar s’asseoir.J’aicompris que long terme, souventirritablesetagressifs. Beau- le risquedecancer de l’anus. c’étaitune lutte de pouvoir,une forme extrême coupont présentéune délinquance juvénile. d’intimidation.» → LIRE LA SUITE PAGES 4-5 LIRE PAGE 3 Cahier du «Monde»No 22488 daté Mercredi3mai 2017 -Nepeut êtrevenduséparément 2 ACLE MONDETUSCIENCEALITÉ&MÉDECINE | MERCREDI 3M· AI 2017 ALaas Geel, la préhistoireenétendardd’une jeune nation ARCHÉOLOGIE -Des peintures rupestres, vieilles de 5000 ans, ont étédécouvertes en2002 au Somaliland, qui n’apas les moyens d’assurer leur préservation. Il souhaiterait leur inscription au Patrimoine mondial de l’Unescoetenfait un argument pour sa reconnaissanceinternationale laasgeel,somaliland -envoyéspécial grandes enjambées,Mohamed Abdi Alisaute d’une pierreàl’autre, portépar ses grosses bottes noires qu’ondiraitdesept lieues.Iln’est pourtantplustout jeune. «Les Aannées, j’ai arrêtédeles compter», élude ce Soma- lilandais au sourirecontagieux. Mais il estune datation qu’ilneseprivera jamais de donner: celle despeintures recouvrantles grottes rupes- tres de Laas Geel, où il guideencemomentle visiteur,qui sont vieilles de 5000ans. Ce site exceptionnel, MohamedAbdiAli le connaît mieuxque personne. Et pour cause: il l’adécouvert!C’étaitle4décembre2002, et celui quiest aujourd’huiprospecteur de sites archéologiquespour le départementdutou- risme somalilandais épaulait alorsune mission archéologique française, lancéeàlapoursuite des premières sociétés d’éleveurs de bétaildela Corne africaine. Avec leschercheurs venusde Paris, ilfutl’un despremiers àmettrelepied dans le «Lascaux africain». «Mais j’avais déjà repéréla grotte deux ans plus tôt, avec mon petittélescope, alors que je cuisinais du riz en bas du rocher.J’aivu les couleurs briller!»,crâne aujourd’huiM.Ali. Au fond, qu’importeles débats sur lesorigines de la découverte, il n’yenapluslorsqu’il s’agitde la beautéextraordinairequi saisitlevisiteur,à unecinquantaine de kilomètres de la capitale somalilandaise, Hargeisa: niché dans les entrailles d’un rocher brun dressé dans la plaine, le site estcomposé d’une vingtaine d’abris et petitesalvéoles et contientdes centainesdefigu- resd’animaux et d’êtres humains, peintesdans lestons ocre, blanc et jaune par leséleveurs de la région entre3500et2500ans avantJésus-Christ. ALaas Geel, on estbienloin destraitsronds malicieux desgrottes de Dordogne. Ici, au milieu du désert somali, lesvachesqui courent par centainesd’une paroi àl’autreont le corps YÉMEN droiteteffilé, la tête bien ferme, en forme de cloche, et lescornescomme deslyres affûtées. DJIBOUTI Laas Geel Mais ce troupeau tumultueux n’estpas sau- Berbera vage :àLaas Geel, lesbovins sont gardéspar Somaliland presque autantdepetits personnages,les jam- Hargeisa bes serrées et lesbrastendus en gested’adora- Puntland tion vers l’animal tantaimé. ÉTHIOPIE SOMALIE To«Lutesçaimagecrie,hsdurisparle et chanaissentte. «Rpetitegardez-làpetites, su» rce panneaules personnagessontalignésles bras en l’air!Ondiraitqu’ils dansent!», s’enthousiasme MohamedAbdiAli. Laas Geel estunrécitàciel Mogadiscio ouvert de la vieetdel’environnementdela Corne de l’Afrique d’il ya5000ans:lelong des OCÉAN INDIEN fresques, on devine ainsi desbijoux et parures. 250 km Du côtédes bêtes, si on retrouve quelques antilo- pes et félins, on aperçoitaussi une petite girafe –animal quiadepuis disparu du Somaliland – mais pointdedromadaires,introduitsbienplus tard dans la région. Mais soudain, au milieu de cetteprofusion de couleurs et de détails, notreguides’arrêtedevant une petite figured’homme. «Lecorps disparaît. On ne voit plus que la tête rouge et une jambe, s’attriste M. Ali. Avant, quand je suis arrivé la pre- mière fois, les images étaientplusbrillantes. Elles L’ensemble de Laas Geel se compose d’une vingtaine d’abris et de petites alvéoles qui comptent des centaines disparaissentpetitàpetit», regrette-t-il. de figures d’animaux et d’humains aux tons ocre. Le site, ouvert aux quatrevents, souffredelaprésenced’une faune Laas Geel serait-ilmenacé?Les officiels soma- nombreuse et de touristes peu respectueux. PHOTOSANDREWRENNEISEN POUR «LEMONDE» lilandais et lesguides du site en sont convain- cus. «Nous sommes en train de perdre Laas Geel. Le site se dégrade àvue d’œil. Il n’aura falluque figure par cœur,jedois admettre que je n’ai pas «C’est totalement stupide!LaasGeel estunhéri- qu’ils soient,rassureSamia Abdullahi, consul- dixans pour détruire5000ans d’histoire et per- constaté de dégradations majeuresnidécelé de tage pour l’humanité. La communautéinternatio- tante au ministère de la culture. La tradition sonne ne fait rien», estime ainsi Jama Musse menacesàtrèscourt terme»,assureM.Gutherz. nale esthypocrite:elledit que le site estfondamen- soufie somalilandaise estrespectueuse du passé Jama, directeur du centreculturel d’Hargeisa. Pourquoi alorsces déclarations alarmistes? talmais ne le reconnaîtpas!Ilfaut arrêter avec la préislamique.»Pasderaison de finir comme les Et pour cause: le site n’estpas clôturéetle «Les Somalilandais sontfiers de ce site mais man- politique et être un peuresponsable», s’offusque bouddhas de Bamiyanoules arcs de Palmyre. «rocher»visité par lestroupeaux –Laas Geel, quentdemoyens pour le conserver»,poursuit Jama MusseJama. Une posturemorale? «Les communautés alentour onttoujours pro- quisignifie «lepetit puitsaux dromadaires», àla M. Gutherz. Le pays,indépendantdepuis 1991 «Enréalité, les autoritéssomalilandaises n’espè- tégé et vénéré Laas Geel. C’estunlieuqui montre confluence de deux petitesrivières, estdepuis mais toujours pas reconnupar la communauté rent pasréellementque Laas Geel serainscritsur justementl’espritd’ouverture et de tolérance de deslustres un lieu de pâturage. Desbabouins internationale, n’apas lesmoyens de protéger ou la listedel’Unesco, veut croireunbon connais- l’islam», selonelle. habitent leslieux, et leur urine dévale lesparois de valoriser sonpatrimoine. Laas Geel ne com- seur desarcanesdupouvoir d’Hargeisa.C’est sur- jusqu’aux peintures,oùdes oiseaux ontégale- prend quetrois gardiens, payés45euros par tout un argumentsupplémentaire pour être mentfaitleurs nids. mois, et un bénévole.Leposte de contrôleest une reconnupar la communauté internationale. Le AuUn Sovamalisteclaomplend, onxeenareschéologiquetencore au tempsde Lesofficiels somalilandais signalentdes cas simplechaîne tendue au milieu de