Au , un fragile « africain»

Lesgrottes de Laas Geel recèlent des peintures vieilles d’environ 5000ans. Leur préservation représenteun enjeu politique pour un pays qui cherche àêtrereconnu parlacommunauté internationale

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Lesgrottes de Laas Geel comptent des centaines de figures d’animaux et d’humains. ANDREWRENNEISEN POUR «LEMONDE»

Portrait L’énigme maléfique des psychopathes Un croisé du bien-manger Il yales criminels, les tueursensérie florence rosier Desépisodes comme celui­ci, le psychologue en aplein sa mallette. «J’aiété amené àfaire le SergeHercberg estenpasse ou les escrocs de haut vol et tous uand nous croisons un de ces bilan d’un homme d’une quarantaine d’années, de remporterson pari:son prédateurs, c’estpour notremal­ condamné àladétention àperpétuité.Ilavait logo àcinq couleurs destiné ceux qui exercent sournoisement heur.C’est qu’ils savent l’artde commisunassassinatd’enfantavecactes de tor­ leur emprise. Frappés de cécité séduire. Et de nous entraîner ture. Cethomme, qui esquivait systématique­ àrésumer lesqualités morale et affective, ils intriguent dans leur rondeautolâtre.Jus­ ment lesfaits, étaitextrêmementonctueux et nutritionnellesdeproduits Q qu’à ce quetout bascule.Ils jovial avec moi. Il me regardaitdroit dans les alimentaires estadopté la science. Des équipes relèvent avancentmasqués.S’ils séduisent, c’estque yeux, ne ménageaitpas ses flagorneries ni ses nous ignorons àqui nous avons affaire. Quand clins d’œil. Une tentative un peugrossière de par une partiedel’industrie. le défi de leur prise en charge nous le comprenons, c’estsouvent trop tard. séduction, mais aussi une volontéd’atteinte du LIRE PAGE 8 et l’imagerie cérébrale tentede Un air glacé glissesur notrenuque.Nous arri­ cadre institutionnel.» ve­t­ildecôtoyer l’un d’eux, sachantcequ’il a décrypter l’origine du mal fait ?Une sueur froidecoule dans notredos. C’est, littéralement, ce qu’a vécu le professeur SédLe méprisuction sud’peautruirficiecolle,mmeloquacmotité,eursurestimation Thierry Pham, psychologue,àlamaison d’arrêt de soi, narcissisme exacerbé, froideur émotion­ Papillomavirus: de Mons (Belgique). «Jerecevais un détenu nelle, manque profond d’empathie… Tels sont les pour faire son bilan psychologique. Il avaitfait premiers traits de personnalité de cesindividus le vaccin pour plusieursévasions avec prises d’otages. C’était auxphiltres maléfiques, quifonctionnentsur notre première rencontre. Il estentré dans mon leur mépris d’autrui. La majorité d’entreeux pré­ bureau. Au lieu de s’asseoir face àmoi, il alente­ senteaussi destraitsde«personnalité antiso­ les jeunes gays mentfaitletour de la pièce. Puis il estpassé ciale».Ils dupent,manipulent et escroquent à derrière moienmefrôlant. Lesminutes m’ont loisir,oupar profit.Incapablesd’assumer la Lesautorités sanitaires semblé très longues. J’ai hésité,mais je n’ai pas responsabilité de leurs actes,ils n’éprouvent ni proposentcettevaccination appelé le service de sécurité.Ç’auraitété avouer remordsniculpabilité.Souvent irresponsables, monanxiété, reconnaît­ilaujourd’hui. Je me suis ilssontimpulsifs, incapablesdeplanifiersur le auxmoins de 26ans, contre écarté, il afinipar s’asseoir.J’aicompris que long terme, souventirritablesetagressifs. Beau­ le risquedecancer de l’anus. c’étaitune lutte de pouvoir,une forme extrême coupont présentéune délinquance juvénile. d’intimidation.» → LIRE LA SUITE PAGES 4-5 LIRE PAGE 3

Cahier du «Monde»No 22488 daté Mercredi3mai 2017 ­Nepeut êtrevenduséparément 2 ACLE MONDETUSCIENCEALITÉ&MÉDECINE | MERCREDI 3M· AI 2017

ALaas Geel, la préhistoireenétendardd’une jeune nation

ARCHÉOLOGIE -Des peintures rupestres, vieilles de 5000 ans, ont étédécouvertes en2002 au Somaliland, qui n’apas les moyens d’assurer leur préservation. Il souhaiterait leur inscription au Patrimoine mondial de l’Unescoetenfait un argument pour sa reconnaissanceinternationale

laasgeel,somaliland ­envoyéspécial

grandes enjambées,Mohamed Abdi Alisaute d’une pierreàl’autre, portépar ses grosses bottes noires qu’ondiraitdesept lieues.Iln’est pourtantplustout jeune. «Les Aannées, j’ai arrêtédeles compter», élude ce Soma­ lilandais au sourirecontagieux. Mais il estune datation qu’ilneseprivera jamais de donner: celle despeintures recouvrantles grottes rupes­ tres de Laas Geel, où il guideencemomentle visiteur,qui sont vieilles de 5000ans. Ce site exceptionnel, MohamedAbdiAli le connaît mieuxque personne. Et pour cause: il l’adécouvert!C’étaitle4décembre2002, et celui quiest aujourd’huiprospecteur de sites archéologiquespour le départementdutou­ risme somalilandais épaulait alorsune mission archéologique française, lancéeàlapoursuite des premières sociétés d’éleveurs de bétaildela Corne africaine. Avec leschercheurs venusde Paris, ilfutl’un despremiers àmettrelepied dans le «Lascaux africain». «Mais j’avais déjà repéréla grotte deux ans plus tôt, avec mon petittélescope, alors que je cuisinais du riz en bas du rocher.J’aivu les couleurs briller!»,crâne aujourd’huiM.Ali. Au fond, qu’importeles débats sur lesorigines de la découverte, il n’yenapluslorsqu’il s’agitde la beautéextraordinairequi saisitlevisiteur,à unecinquantaine de kilomètres de la capitale somalilandaise, : niché dans les entrailles d’un rocher brun dressé dans la plaine, le site estcomposé d’une vingtaine d’abris et petitesalvéoles et contientdes centainesdefigu­ resd’animaux et d’êtres humains, peintesdans lestons ocre, blanc et jaune par leséleveurs de la région entre3500et2500ans avantJésus­Christ. ALaas Geel, on estbienloin destraitsronds malicieux desgrottes de Dordogne. Ici, au milieu du désert somali, lesvachesqui courent par centainesd’une paroi àl’autreont le corps YÉMEN droiteteffilé, la tête bien ferme, en forme de cloche, et lescornescomme deslyres affûtées. DJIBOUTI Laas Geel Mais ce troupeau tumultueux n’estpas sau­ Berbera vage :àLaas Geel, lesbovins sont gardéspar Somaliland presque autantdepetits personnages,les jam­ Hargeisa bes serrées et lesbrastendus en gested’adora­ tion vers l’animal tantaimé. ÉTHIOPIE

SOMALIE To«Lutesçaimagecrie,hsdurisparle et chanaissentte. «Rpetitegardez­làpetites, su» rce panneaules personnagessontalignésles bras en l’air!Ondiraitqu’ils dansent!», s’enthousiasme MohamedAbdiAli. Laas Geel estunrécitàciel Mogadiscio ouvert de la vieetdel’environnementdela Corne de l’Afrique d’il ya5000ans:lelong des OCÉAN INDIEN fresques, on devine ainsi desbijoux et parures. 250 km Du côtédes bêtes, si on retrouve quelques antilo­ pes et félins, on aperçoitaussi une petite girafe –animal quiadepuis disparu du Somaliland – mais pointdedromadaires,introduitsbienplus tard dans la région. Mais soudain, au milieu de cetteprofusion de couleurs et de détails, notreguides’arrêtedevant une petite figured’homme. «Lecorps disparaît. On ne voit plus que la tête rouge et une jambe, s’attriste M. Ali. Avant, quand je suis arrivé la pre­ mière fois, les images étaientplusbrillantes. Elles L’ensemble de Laas Geel se compose d’une vingtaine d’abris et de petites alvéoles qui comptent des centaines disparaissentpetitàpetit», regrette­t­il. de figures d’animaux et d’humains aux tons ocre. Le site, ouvert aux quatrevents, souffredelaprésenced’une faune Laas Geel serait­ilmenacé?Les officiels soma­ nombreuse et de touristes peu respectueux. PHOTOSANDREWRENNEISEN POUR «LEMONDE» lilandais et lesguides du site en sont convain­ cus. «Nous sommes en train de perdre Laas Geel. Le site se dégrade àvue d’œil. Il n’aura falluque figure par cœur,jedois admettre que je n’ai pas «C’est totalement stupide!LaasGeel estunhéri­ qu’ils soient,rassureSamia Abdullahi, consul­ dixans pour détruire5000ans d’histoire et per­ constaté de dégradations majeuresnidécelé de tage pour l’humanité. La communautéinternatio­ tante au ministère de la culture. La tradition sonne ne fait rien», estime ainsi Jama Musse menacesàtrèscourt terme»,assureM.Gutherz. nale esthypocrite:elledit que le site estfondamen­ soufie somalilandaise estrespectueuse du passé Jama, directeur du centreculturel d’Hargeisa. Pourquoi alorsces déclarations alarmistes? talmais ne le reconnaîtpas!Ilfaut arrêter avec la préislamique.»Pasderaison de finir comme les Et pour cause: le site n’estpas clôturéetle «Les Somalilandais sontfiers de ce site mais man­ politique et être un peuresponsable», s’offusque bouddhas de Bamiyanoules arcs de Palmyre. «rocher»visité par lestroupeaux –Laas Geel, quentdemoyens pour le conserver»,poursuit Jama MusseJama. Une posturemorale? «Les communautés alentour onttoujours pro­ quisignifie «lepetit puitsaux dromadaires», àla M. Gutherz. Le pays,indépendantdepuis 1991 «Enréalité, les autoritéssomalilandaises n’espè­ tégé et vénéré Laas Geel. C’estunlieuqui montre confluence de deux petitesrivières, estdepuis mais toujours pas reconnupar la communauté rent pasréellementque Laas Geel serainscritsur justementl’espritd’ouverture et de tolérance de deslustres un lieu de pâturage. Desbabouins internationale, n’apas lesmoyens de protéger ou la listedel’Unesco, veut croireunbon connais­ l’islam», selonelle. habitent leslieux, et leur urine dévale lesparois de valoriser sonpatrimoine. Laas Geel ne com­ seur desarcanesdupouvoir d’Hargeisa.C’est sur­ jusqu’aux peintures,oùdes oiseaux ontégale­ prend quetrois gardiens, payés45euros par tout un argumentsupplémentaire pour être mentfaitleurs nids. mois, et un bénévole.Leposte de contrôleest une reconnupar la communauté internationale. Le AuUn Sovamalisteclaomplend, onxeenareschéologiquetencore au tempsde Lesofficiels somalilandais signalentdes cas simplechaîne tendue au milieu de la piste gouvernementafaitdeLaasGeel son étendard», l’explorationplutôtque de la conservation. Les d’éboulementetderuissellementdes eaux. Ils sableuse. Un visiteur sur cinq ne prend d’ailleurs poursuit­il. Préserver Laas Geel, l’Unesco n’en a archéologues, quiont longtemps négligé le pointent enfin l’attitude irresponsable du petit paslapeine d’allerchercher lesautorisations de de toutefaçon pasles moyens. «Notre budget est pays,lui préférantDjibouti ou le rift éthiopien, millierdevisiteurs annuels se rendantsur le la direction du tourisme (pourtantobligatoires) minuscule, on adéjà du mal àtrouver les fonds tournentaujourd’huileur regardvers Hargeisa. site, quineseprivent pas de toucher lesfresques avantdevenir sur le site. pour organiser des réunions entre les acteurs Lesfouilles récentesont en effet montréque et de s’appuyersur lesparois. somaliens de la culture»,reconnaîtMme Monteil. Laas Geel n’estque le centred’un complexe Alarméepar cesdéclarations, l’Unesco adépê­ Apluslong terme, lesarchéologuesdisent bien plus vaste, entourédecentainesd’autres ché, fin2016, une équipe d’expertsafind’éva­ AfSécherin d’obtesse,enirtourisme,desfondsterrsuorisme…pplémentaires,le redouter lesconséquencesdelasécheresse ou sitesrupestres répartis àtravers tout le pays, luer l’étatdes grottes.Elleest menéepar l’ar­ Somaliland réclame en urgence l’inscription de de l’extension programméeduportdeBerbera, sans compter lesmilliers de tombes funéraires chéologue français Xavier Gutherz, préhisto­ Laas Geel sur la liste du Patrimoine mondial de àune heurederoute, quipourraitentraîner l’af­ préislamiques, et lesdizainesdecités rien, professeur àl’université Paul­Valéry­Mont­ l’Unesco. «Impossible,regretteKaralyn Mon­ flux de milliers de visiteurs sur ce site fragile. médiévalestombées en ruine. «C’est une his­ pellier­III,qui futl’un desdécouvreurs du site teil,spécialiste du programme cultureau D’autres craignentune menace terroriste,dans toire très riche!AuMoyen Age, tous les bateaux dont il estlespécialiste reconnu. Sa conclusion? bureaurégional de l’Unesco pour l’Afrique de une Somaliemenacéepar le groupe Al­Chabab, voguantsur la mer Rouge s’arrêtaientsur les «Ilyacertes des éléments de dégradation super­ l’Est, àNairobi (). Pour proposer un site alliéàAl­Qaida, autrefois actif au Somaliland côtes du Somaliland,rappelleM.Gutherz. ficielle. Il faudrait sans douterajouterune clôture comme Patrimoine mondial, il faut avoir ratifié mais quis’est repliédans le suddelaSomalie. Plusieurs grottesdupaysont une valeur esthéti­ de protection afin d’empêcher le passagedes la Convention de 1972 surlePatrimoine mondial. Car Laas Geel, dédiéauculte de la vache, est que équivalenteàcelle de Laas Geel. C’estun troupeaux.Ilfaudrait aussi reboiser les alentours Et pour cela il faut d’abordêtre membre de d’abord un temple païen, symboled’un culte patrimoine presque intouché et qui ne demande pour protéger le site contre la chaleur et le vent. l’Unesco.» Et donc êtreunEtatindépendant bien antérieur àl’islam. «Mais le site n’ajamais qu’à être fouillé.» p Mais, connaissantchaque panneauetchaque reconnupar l’ONU. étémenacédedestruction parles religieux quels brunomeyerfeld LE MONDEACTUSCIENCEALITÉ&MÉDECINE 3 · MERCREDI 3MAI 2017 |

Lumièresur leschampignons brillants TÉLESCb OPE

PALÉOGÉNÉTIQUE CHIMIE -Une équipe vient d’élucider deux nouveaux mécanismes de bioluminescence, De l’ADN ancien trouvédans des un phénomène qui restelargement mystérieux deux milleans après sa découverte grottessans ossementshumains Lespaléoanthropologuesvontdésormais pouvoir étudier lesoccupants desgrottes leu, jaune, vertou orange… même en l’absence de fossile humain: Desinsectes,vers de terre, une équipe internationaleconduite par poissons, mollusquesou deschercheurs de l’InstitutMax­Planck Bchampignons sont capablesde d’anthropologie évolutionnairedeLeipzig vrais feux d’artifice. Ilsbrillent estparvenue àfaireparlerl’A DN récupéré discrètementdans l’obscurité car, dans lessédiments de plusieurs sites, le jour,lalumièreest trop intense. occupés il yaentre 14000 et 500000 ans. Cesphénomènesdebiolumines­ Dans quatre dessept grottes testées, cence, documentéslapremière de l’Espagne àlaRussie, ilsont trouvé fois chez lesluciolespar les la trace génétique de néandertaliens ou Chinois, il yaplusde2000 ans, de dénisoviens, desreprésentants du genre restentpourtantmystérieux. Homo aujourd’hui disparus. Dans la grotte Un de leurs secrets vientcepen­ de Denisova,enSibérie, ilsont même dant d’êtretrahi grâce auxtra­ découvert desséquencesappartenant vaux d’une équipe russo­brési­ àunnéandertalien et un dénisovien, lienne desuniversitésdeSao dans desstrates plus anciennesexemptes Pauloetdel’Institut de chimie de fossiles, repoussantson occupation bio­organique,àMoscou (Acadé­ humaine de plusieurs dizainesdemilliers miedes sciencesdeRussie), d’années dans le passé. La technique comme elle l’explique dans cible l’ADN mitochondrial, situédans Science Advances du 26 avril. «On desusinescellulaires et transmis estime qu’ilexisteune trentaine de par la mère. Elle devrait révolutionner mécanismes de bioluminescence la paléoanthropologie. et,jusqu’à nos travaux, seuls sept > Slon et al.,«Science»du28avril. étaientconnuschez des lucioles, des bactéries, des crustacés… Depuis quinze ans, personne n’en Neonothopanus avaittrouvédenouveaux», gardneri, champignon résume ZinaidaKaskova,cher­ C’estdifférentdelafluorescence Aquoi bons’échiner àcom­ tion estencours, tout comme dont le mécanisme de cheusedel’Institut de chimiebio­ ou de la phosphorescence, pour prendreles champignons lumi­ desdépôts de brevets. bioluminescencevient organique de Moscou. lesquelles une lumièreest absor­ neux?C’est quedepuis la décou­ Autreapplication, beaucoup d’être élucidé, àdeux, 12 Avec ses collègues menéspar bée par le fluoroulephosphore, vertedelaGFP en 1962, ces plus spéculativeetcontroversée: trois et cinq joursde C’est,ensecondes, le temps moyenpris Ilia Yampolsky,ellearelancé qui, en se désexcitant, émettent petitesmolécules onttrouvéune illuminer lesvillesoules bâti­ croissance. CASSIUSV. pour déféquer parlamajoritédes mammifères, cettequête en 2014 avec l’identifi­ une nouvellelongueur d’onde. utilitépesant plusieurs millions ments grâce àlabioluminescence. STEVANI/IQ-USP, allant de la taille d’un chat àcelle d’un élé- cation d’une molécule­clédans Pour compliquerletout,chez d’euros. Ellesserventpour éclai­ Une start­upfrançaise, Glowee,le phant,selon une étude publiée le 25avril par un verdeterredelataïga, Frideri­ certainesméduses, lesdeux phé­ rer, au sens propre, le fonctionne­ proposepour desaffichages grâce Patricia Chang ( InstituteofTechnology, cia heliota.Ils viennentd’élucider nomènessontconjoints. Le cou­ mentbiologique desorganismes. àdes bactéries modifiées trouvées Atlanta) dans la revue Soft Matter.Lamême le mécanisme àl’origine de la pleluciférase/luciférine produit Attachées auxprotéinesqu’on chez descalamars. Mais d’autres équipe adéjà remportéunprix Nobel en2015 couleur vertedecertains de la lumièrebleue quiexciteune cherche àétudier,puis éclairées rêvent plutôt d’utiliserles plantes, pour avoir déterminé que le temps moyen champignons –80espèces sont protéine, appeléeGFP,qui émet par un flash bleu, lesGFP se met­ dont aucune, sauf certaines de miction était de 21 secondes. Cettefois, les connuespour briller –, portant ensuite la lumièreverte.Cette tent àbriller,permettantsous le algues,n’est luminescente.L’avan­ ingénieursmécaniciens ont compilé des vidéos donc àneuf le nombredeméca­ découverteaété récompensée microscopedevoir ce quise tageest qu’un végétal estplussim­ de 23 espèces en train de se soulager et récolté nismesconnus. par le prixNobel de chimie2008. passeàl’échelle moléculairedans pleàgérer quedes bactéries. les fècesde34espèces, pour aboutir àun Dans leschampignons, pointde lescellules. Idem pour lescou­ L’inconvénientest qu’ilfaudrait modèle hydrodynamique de la défécation. GFP,juste le coupleinfernal lucifé­ ples luciférine/luciférase, qui modifiergénétiquementces plan­ Lesanimaux les plus gros compensent par «CLe’ecostupleun jollucifitraérine/lucifvail, car pendanéraset rine/luciférase. Mais leur formule brillentsans ajouter de lumière. tespour qu’elles fabriquent de la une plus grande épaisseur de mucus assurant longtemps certains pensaientque chimique,l’action de l’oxygène et «Sionveutêtre plus efficace ou si luciférase,cequi pourraitsusciter l’expulsion. Leur modélisation permetdepren- cetteluminescence étaitdue àdes l’origine moléculairedel’émission on veutregarder plusieurs phéno­ descritiques. Ilia Yampolsky envi­ dreencompteles phénomènes de constipation sortes de déchets chimiques. Or ils de lumièrerestaientinconnues. mènes en même temps, il faut sage néanmoins la création d’une et de diarrhées. Les12secondes sont destinées montrentque c’estlamême C’étaitd’autantplusirritantque ce trouverdenouvelles molécules et start­upsur ce marché. àlimiter la vulnérabilitédel’animal face à origine que chez des milliers d’in­ genredechampignon avaitservi pour cela il faut comprendre celles Un mystèrepersiste néanmoins. d’éventuels prédateurs–«mais ne comprennent sectes, d’espèces marines ou d’une au chimiste irlandais RobertBoyle qui existent dans la nature»,expli­ Pourquoi ceschampignons pas le temps de lecturedujournal»,aprécisé quarantaine de vers»,estime dès1667pour desexpériencessur queZinaidaKaskova. brillent­ils?Pour lesorganismes Patricia Chang au NewScientist. Marcel Koken, biologiste au CNRS le vide,dans lesquelles l’éclatde marins, la réponse estconnue: et au Laboratoirepublicconseil, ceschampignons disparaissaiten impressionner desprédateurs, expertiseetanalyseenBretagne ôtantl’oxygène. L’DeunspdelantsGesraallumineestnotammenscentes?tde attirer desproies,reconnaîtreun (Labocea). En 2015, l’équipe russo­brési­ forcer lesmolécules àémettrede partenairesexuel… Pour les ESPACE La bioluminescence estunphé­ lienne avaitfaitunpremier grand la lumièrerouge,voireinfra­ champignons, «certains ontévo­ Donald Trump veut «accélérer» nomène chimique dont lesprinci­ pas en identifiantlaluciférine du rouge. Celle­ciseraiteneffet visi­ qué que cela attire les mouches qui le voyage vers Mars pes ontété mis au jour par le Fran­ champignon. Là, elle atrouvéla bleàtravers lestissus vivants, dispersent ensuite les spores. Mais çais Raphaël Dubois en 1887.Une formulechimique de l’oxylucifé­ permettantdeprendredes ima­ d’autres travaux ne l’ontpas petite molécule, génériquement rine,saforme oxydée,qui expli­ gesinvivo. Dans le cas du cham­ confirmé»,explique Marcel baptisée luciférine, s’associeavec quel’émission de lumière. Mieux, pignon, resteàtrouver,pour pas­ Koken, quientend bien détermi­ une enzyme, la luciférase.Une elle asynthétiséplusieurs analo­ seràdes applications, la struc­ ner pourquoi un verdeterre réaction avec l’oxygène crée une gues de cettemolécule, dont cer­ turedelaluciféraseetles gènes récemmentredécouvert brille nouvellemolécule, instable,qui, tainsémettentdes couleurs plus codant cetteprotéine. Lescher­ luiaussi. p en se stabilisant, émet un photon. bleues ou plus rouges. cheurs assurentqu’une publica­ david larousserie Papillomavirus:levaccin proposé aux jeunesgays SANTÉ -L’objectif principal est de diminuer les cancersdel’anus, vingt fois plus fréquents chezles garçons ayant des rapports homosexuels que chezles hétérosexuels. Sont concernés les moins de 26ans Le présidentDonaldTrumpasurpris tous les spécialistesdes voyagesspatiaux, lors d’une liaison entrelaMaison BlancheetlaStation estl’une desprincipales vaccins. Lesanti­HPV font en particu­ tions. Dans cettepopulation, la vaccina­ Se fairevacciner contreles HPVaprès spatialeinternationale(ISS) organiséele nouveautésducalendrier lier l’objet de polémiquesrécurrentes tion anti­HPV réduit aussi le risque avoir étépotentiellementinfecté par 24 avril, àl’occasiondurecordaméricain de vaccinal 2017, rendupublic sur leur balance bénéfices/risques. d’un autrecancer rare,celui du pénis. ces virus a­t­ilunintérêt? «Ilest vrai séjourenorbitedePeggy Whitson (en bas à C’le 24 avrilpar la Direction générale En revanche, leseffets préventifssur queces vaccins sontd’autantpluseffi­ gauche sur la photo). L’astronautedelaNASA de la santé. La vaccination contreles lestumeurs oro­pharyngées ne sont caces que l’on n’apas étéinfecté, mais il adépassé les534 jours cumulés passésdans papillomavirus humains (HPV)est LaAidevaspccinaourtionunedegénérshommealisationsayant des pasdémontrés. aété montré qu’une certaine efficacité l’espace –leRusse Guennadi Padalka estle désormais proposée auxjeuneshomo­ relations sexuellesavecdes hommes En juin 2014, l’associationAides avait persiste après exposition. Le bénéfice recordman absolu avec 879jours. Alors que sexuels âgésdemoins de 26ans. (HSH) jusqu’à 26 ans aété recomman­ appelé àdes «recommandations clai­ estd’autantplusimportantque le début la commandante de bord venait d’expliquer Jusqu’ici, seules lesfillesétaient déepar un rapportduHautConseil res» en faveur de la vaccination anti­ de l’activitésexuelle estrécentetlenom­ qu’un voyage vers Mars ne serait possible ciblées par cettestratégie, quiviseà de la santépublique (HCSP) en HPVchez le jeune garçon. «Idéalement, bre de partenaires faible», poursuit quevers lesannées 2030, le présidentaméri­ diminuerl’incidence descancers du col février 2016. Pourquoi pas pour tous les celle­ci devraitsefaire avantles premiers Daniel Floret. cain arépliqué: «Ehbien, nous allons essayer de l’utérus.Les deux vaccins actuels garçons? «Des pays comme l’Australie, rapports sexuels, mais demander àun Pour lesHSH, «levaccin peut être de le faire au cours de mon premier mandat (GardasiletCervarix, quiprotègent res­ les Etats­Unis et l’Autriche ontfaitce garçon de moins de 15­16ans de se déter­ proposé dans les centres gratuits ou, au pire, pendantlesecond. Il va falloir pectivementcontre4et2génotypes de choix, mais, en , le HCSP n’apas re­ miner surses préférences sexuelles est d’information, de dépistage et de dia­ accélérer un peu, OK?»«Onferadenotre HPVoncogènes) sont recommandés tenu cette option notammentpour des compliqué, c’estpourquoi nous avions gnostic (Cegidd) ainsi que dans les cen­ mieux»,agrimacé Peggy Whitson. Actuelle­ chez lesjeunesfillesde11à14ans, avec raisons médico­économiques. Dans le souhaité une vaccination de tous les gar­ trespublics de vaccination afin de per­ ment, lesEtats­Unis ne disposentplus de un rattrapagejusqu’à 19ans révolus. sexe masculin, l’objectif principal des çons», justifie Franck Barbier,responsa­ mettre un accès gratuit», précise le moyens pour envoyerleurs astronautes en Un nouveau vaccin nonavalent (actifs vaccins anti­HPV estderéduire le risque blesanté d’Aides. calendrier vaccinal 2017. Lesdiscus­ orbitebasse, et le nouveau calendrier évoqué sur9HPV)seradisponible prochaine­ de cancer anal, qui estune tumeur rare C’estégalementcetteoption d’une sions sur sonremboursementpar l’As­ par DonaldTrumpsemble complètement ment. Actuellement, le taux de couver­ mais 20 fois plus fréquente chez les HSH vaccination universelle des11­13ans surance­maladiepour lesjeunesgays irréaliste.Lecommuniqué de la NASA turevaccinaleest inférieur à20%,un que chez les hétérosexuels», précise le quel quesoitlesexequi aété retenue quipasseraientpar un médecindeville rendantcompteducoupdefil présidentiel score faible quis’inscritdans un professeur Daniel Floret, ancienprési­ dans la stratégienationaledesanté ne sont,elles,pas closes. p ne fait pas même étatduvoyagemartien. contextegénéral de défiance envers les dent du comité technique desvaccina­ sexuelle 2017­2030. sandrine cabut (PHOTO :NASATV) 4 ÉVÉNEMENTLE MONDE SCIENCE &MÉDECINE | MERCREDI 3M· AI 2017

La psychopathie, une mécanique appliquée

▶ avais vu la figure sombre et nue», raconte le SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE narrateur du roman de TanguyViel, Article 353 du code pénal (LesEditions de Minuit, 2017). Ce Résumons:manipulateurs, escrocs, narcisses et «démon», c’estl’escrocdontilaétévictime, àla cœurs de pierre, amoraux, au mieux parasites, suite d’une vastearnaque immobilière. Un escroc au pireprédateurs et violents… et, malgrétout, souriantetsans états d’âme. Sa victime veut d’un abord souventaimable –non sans logique, comprendre: «Peut­être que ce type n’ajamais vu leur propension àberner.Enunmot, ce sont penséàmal,peut­être que ça n’existe pas, le mal despsychopathes. Mais quisont­ils vraiment? vraiment, le mal inscritsciemmentaufond de soi, «Les psychopathes connaissentles paroles d’une peut­être il yatoujours quelque chose en vous qui chanson, mais ils en ignorentlamusique», ontré­ le justifie ou l’absoutoul’efface.» Dans le film de sumé deux psychologues, J. Johns et H. Quay,dès La psychopathie, ce mystèreinsondable.Le StanleyKubrick, 1962.Beaucoupalimentent la rubrique despires concept n’estpas reconnudans le fameux Manuel «Orangemécanique», faits divers. «L’Ogredes Ardennes»,Michel Four­ diagnostique et statistique des troubles mentaux Malcolm McDowell niret, Marc Dutroux, Francis Heaulme, Xavier (DSM­5). Mais «lapsychopathie réunit deux trou­ interprèteAlex Dupont de Ligonnès, CharlesManson… Ilssont bles répertoriésdans le DSM:lapersonnalitéanti­ DeLarge (au centre), tueurs en série, violeurs, assassins d’enfants… sociale et la personnaliténarcissique», relève un psychopathe Certains sont desescrocs de haut vol, telBernard Thierry Pham, un desexperts mondiaux du sujet. qui s’intéresse au viol Madoff, ce financieraméricain condamné àcent et àl’ultraviolence cinquanteans d’emprisonnementen2009. Tous, sur fond de musique cependant, ne se font pas prendre. En revanche, LeL’«éconceptchelle deestnHaréae»udébut du XIXe siècle,au classique. PROD DB/POLA généralement, «les terroristesnesontpas des psy­ Royaume­Uni. «Aveclarévolution industrielle, RIS -HAWK-WARNER BROS chopathes, précise le professeur SamuelLeistedt, des individussontapparus en marge de l’évolution psychiatredel’Université libredeBruxelles.Ils sociétale.Onanommé psychopathes ceux qui défendent une cause qui les dépasse. Les psychopa­ commettaientdes actes transgressifs», raconte thes, eux, n’ontqu’un seul objectif:eux­mêmes.» Thierry Pham. Au même moment, en Allemagne, Cesêtres vénéneux suscitenteffroi et fascina­ le psychiatreKurtSchneider s’intéresseàceux tion. Ilsjettentune lumièrecruesur la violence quiprésententdes troublesdelapersonnalité: quisommeilleennous. Une violence sans fard, une secondeversion de la psychopathieémerge. sans filtre, sans nulfrein social ou culturel. Lesdeux courants évoluent indépendamment. Ilsconvergenten1975grâce àunpsychologue canadien,RobertHare, quicréeune échelle com­ Ce«Ds«octmonseur trJekylles àvisetagM.ehHyumainde»»ont nourri la lit­ mune, l’«échelle de Hare»,pour mesurer la patho­ tératureetlecinéma. «L’extrémitédecrime ades logiechez lesprisonniers. Une version révisée de déliresdejoie», écrit Hugo dans Notre­Dame de cetteéchelle,en2003, deviendralaréférence. Paris. Le cas romanesque le plus emblématique Aujourd’hui, il existe une Sociétéd’étude scientifi­ intégrationfamilialeetsociale, sévissentde autant. Certains ontlachance de rencontrer un estsans doutecelui du DocteurJekylletM.Hyde, quedelapsychopathie(SSSP). «Bien que la psycho­ nombreux criminels psychopathes. C’estmême éducateur ou un proche bienveillant. «Onpeut de RobertLouis Stevenson (1886). Au cinéma, c’est pathie soitunfacteurderisque d’agression physi­ un traitmis àprofitpar lestueurs en série. «Ces espérer enrayerces troubles s’ils sontpris en charge peut­être le personnaged’A lex, dans Orange que, les deux notions ne doiventpas être individusconstituentune énigme et un défipour dès l’enfance», ditlapédopsychiatreLolaForgeot. mécanique (1971), de StanleyKubrick, quiillustre confondues,avertit la SSSP. Parailleurs, au lesquels aucune solution adéquate n’aencore été «Ilyaprobablementune vulnérabilitégénétique le mieux cettedimension antisocialedupsycho­ contraire des personnes souffrantdetroubles psy­ trouvée», écriraen1976Hervey Cleckley,dans la àlapsychopathie, qui s’exprime dans des environ­ pathe. Et,dans la vieréelle, «lemeilleur exemple chotiques, la plupart des psychopathes sonten cinquième édition de cet ouvrage. nements spécifiques,estime Jean Decety,profes­ estl’Américain John Wayne Gacy Jr:visiteur des phase avec la réalitéetsemblentrationnels.» Une énigme, d’abord.Commentdevient­on un seur de psychologie et de psychiatrieàl’univer­ hôpitaux dévoué àlacause des enfants malades, il Dès1941, un ouvragefondateur étaitpublié: psychopathe criminel? «Ces personnes ontsou­ sité de Chicago. Très tôt, on peut détecterdans le aviolé et assassinéplusde30adolescents dans la TheMask of Sanity, du psychiatreaméricain Her­ vent vécu des enfances catastrophiques, avec une cerveau de certains enfantsdes signes précur­ de sa maison», relève SamuelLeistedt. veyCleckley.Ilyraconte comment, sous une maltraitance et un attachementinsécure», souli­ seurs.» Le sujet restetoutefois extrêmementsen­ Le roman contemporain aussi s’en inspire. apparence banaleetrassurante («Lemasque de la gne le pédopsychiatreBruno Falissard. Tous les sibleenFrance, où le risquedestigmatisationde «C’était comme si le démon àl’intérieur de lui, j’en normalité»), souventdoubléed’une très bonne enfants concernésneledeviennentpas pour cesenfants estredouté.

LES TROUBLES DE L’ENFANT RESTENT UN SUJET SENSIBLE ue faire, face àunenfant publie une expertisecollective sur Le débatest­ilapaisé? «Letrou­ Cettequestiondes troublesdes pédopsychiatres doivententendre un traitementpharmacologique quimanifeste,parfois «letrouble desconduiteschez ble des conduites(notion médicale) conduites, en réalité,renvoie à cestroubles commeunmessage à peut représenter un outil complé­ très tôt, d’importants l’enfantetl’adolescent».Au ne doit pas être confonduavecla une interrogationplusdéran­ décrypter», explique LolaForgeot. mentaire utile, en cas de comorbi­ Q troublesdes conduites? même moment, le ministrede délinquance (notionjuridique)», geante encore. «Nous sommes dités», ajoutePsycom. En France, la question resteultra­ l’Intérieur Nicolas Sarkozy pré­ soulignePsycom, un organisme tous confrontés, très tôt, àlaques­ Restequ’il n’estpas facilede sensible.Commentdéfinit­on ces pareunprojet de loideprévention publicd’information contrela tion de notre propre violence et des SiPrisecestseroncubharlesngeesslononguetpassdéco­ mesurer l’impact de cesprises en troubles? C’est «unensemble de de la délinquance, quis’appuieen stigmatisationensanté mentale. règlesàrespecter.Les rapports désassez tôt, ilssecristalliseront. chargeprécoces. «Les études ne conduitesrépétitivesetpersistan­ partiesur lesconclusions de cette En population générale, la préva­ interhumains sontconstitution­ Ilsdeviendrontunmodedefonc­ témoignentpas de résultats spec­ tesdans lesquelles sontbafoués expertise. Il proposeundépistage lence de cestroublesest plus éle­ nellementfondés surlaviolence, la tionnementpérenne. Devenus taculaires et notables», admet le soitles droits fondamentaux des de cestroublesdès la maternelle. véeàl’adolescence (de3à9%)que rivalitéetl’agressivité,analysele adolescents, cesjeunesseront docteur Forgeot. Un articledans autres,soitles normes ou les règles En janvier 2006, desprofession­ durantl’enfance (2 %);enpopula­ docteur LolaForgeot, pédopsy­ dans l’incapacitéderepérer la l’American Journal of Psychiatry, sociales correspondantàl’âge de nels de santédelapetiteenfance tion délinquante, elle variede19% chiatreàlaFondationVallée, un répétition de leurs actes de psy­ en juin 2014, montreque,grâce à l’enfant», ditl’Organisationmon­ lancentune pétition, quisera à95%chez lesgarçons, précise hôpital publicpurementpédopsy­ chopathie. Et rechercherontchez cesinterventions précoces, «la dialedelasanté (OMS) dans sa signéepar près de 200000 per­ Psycom. Lesdeux tiers desenfants chiatrique,àGentilly(Val­de­ l’adulte leslimitesqu’ilsn’auront tendance antisociale régresse. Les Classificationinternationaledes sonnes: «Pas de 0deconduite diagnostiquéslerestent àl’adoles­ Marne). En crèche, quand un en­ pas rencontrées très tôt. «J’ai enfants soutenussontplus«soli­ maladies (CIM­10). Parexemple,si pour lesenfants de 3ans». Que cence. Et lescomorbiditéssontfré­ fant prend un jouet, c’esttoujours connu un enfantavecdes troubles des», mieux structurés au plan l’enfantagresse une personne ou dénonçaientces experts?En gros, quentes, notammentavecletrou­ celui­là que l’autre veut. L’objet de des conduitestrès lourds. Al’âge de psychique. Mais ils présentent tou­ un animal, détruitdes biens maté­ une vision réductionniste et sta­ bledéficitairedel’attention avec notre désir,c’est l’objet de l’autre.» 14ans, il estalléjusqu’à agresser jours des actes psychopathiques», riels, fraude ou vole,faitl’école tistique de ce queserait«la nor­ ou sans hyperactivité (TDHA), les Dèslors, commentlanature une dame devant un commissa­ résume le docteur Forgeot. buissonnièrefréquemment… malité»des comportements chez troublesdes apprentissages,ladé­ cède­t­elle la place àlaculture?Par riat. Ce n’estqu’une fois incarcéré Parailleurs, l’impact de pro­ Mais cestroublessonthétérogè­ l’enfant; un risquededérive des pression et lestroublesanxieux. l’introduction de la loi. «Pour qu’ilapuseposer,entamer un pro­ grammescourts de soutien àla nes, admet le Manuel diagnosti­ pratiquesàdes fins normatives. qu’un jeune enfantseconstitue, il gramme de réinsertion», témoi­ parentalité afaitl’objet, en 2013, que et statistique des troubles «Ilyaeuune incompréhension, doit avoir accès àdeuxchoses», ex­ gne le docteur Forgeot. d’une revueCochrane, synthèse mentaux (DSM­5). «L’étiquette est regretteaujourd’huiBruno Falis­ OnRejetaimatdeernelntifiéet«dviolences facteseurs plique la pédopsychiatre. D’abord Mais «cesontdes prises en de toutes lesétudestraitantd’un floue», confirme le professeur sard,qui aparticipé àcetteexper­ congénitauxetune perturbation àl’amour d’une mère, quil’intro­ charge au long cours qui restent sujet. Résultat: cesthérapies brè­ Bruno Falissard, pédopsychiatre, tisedel’Inserm.Ajuste titre, les du développementneurologique duit au langage, au désir,àlaréa­ difficiles. Elles épuisentles équipes vesaméliorent les«compétences expert en santépublique et psys ontdit:“on ne peut pas pré­ (déficiences mentales,épilepsie…), lité.Puis àl’arrivéed’une tierce et ycréentsouvent desclivages», parentales»etles troublesdu biostatistiquesàl’Institut natio­ dire ce que deviendra un enfant mais aussi des facteurs périnatals personne, quifreine sa toute­puis­ reconnaîtledocteur Forgeot. Elles comportementprécocesdes en­ naldelasanté et de la recherche plus tard.” Mais le fichage des jeu­ tels que le rejet maternel, l’exposi­ sance et l’ouvreaux apprentissa­ reposent sur un trépied:unsou­ fants. «Cela témoigne de l’impor­ médicale(Inserm). Pasquestion, nesenfants et leur priseencharge tion auxdrogues et la prématurité ges. Mais certains enfants ne ren­ tien àlaparentalité et desrepères tance d’une prise en charge fami­ cependant, de parlerde«psycho­ pour leur éviter une souffrance du bébé,relèvePsycom. Les vio­ contrentnicedon maternel ni éducatifspour l’enfant;un espace liale de ces troubles, mais aussi du pathie»chez l’enfant. ultérieure,cen’est pas la même lencesfamiliales, notammentpré­ cettelimitestructurante.D’où pédagogique;et, dans l’idéal, une poids de l’environnementdans leur Retour sur une violente polémi­ chose!Ilest vrai que le projet de loi coces, sontdes facteurs de risques leurs troublesdes conduites. psychothérapie. «Ensoutien d’un survenue», conclut LolaForgeot. p que. En septembre2005, l’Inserm n’étaitpas clair.» importants.» «Avant de poser un diagnostic, les traitementpsychothérapeutique, fl.r. ÉVÉNEMENTLE MONDE SCIENCE &MÉDECINE 5 · MERCREDI 3MAI 2017 |

TRUMP,LE DIAGNOSTIC IMPOSSIBLE e45e présidentdes Etats­Unis se­ rait­ilatteintd’un «narcissisme malfaisant»?Le26janvier,lepsy­ Lchothérapeuteaméricain John Gartner lançaitune pétition: «Nous, spécialistes de la santémentale,croyons que Donald Trumpest atteintd’un trouble de la santé mentale quilerendpsychologiquement inapte àexercer ses devoirs de président desEtats­Unis.» Acejour,celle­ciaété signéepar plus de 52000 personnes. L’as­ sociationaméricaine de professionnels de santémentaleDutytoWarn («devoir d’alerte») arejointlemouvement. «Ilnefaitaucun douteque Donald Trumpprésente tous les symptômes d’un trouble de la personnalitéantisocial, déclareau Monde John Gartner. Les per­ sonnalitésantisocialesmentent, exploi­ tent et violentles droits d’autrui et n’éprou­ vent ni remords ni empathie àl’égardde ceux àqui ils font du mal. Nous avons de nombreuses preuves de [tels agissements] chez Trump.» Il estégalement «impulsif, irritable et agressif, il viole àlafois les lois et les normes sociales».Par exemple, il n’hésite pas à «placer des membres de sa familleàdes postes­clés». «C’est comme si un enfantencolèreetdérangé jouait avec l’arme nucléaire,a­t­ilestimé sur France Info, le 20avril. Trumpatotale­ mentchangé sa politique surlaSyrie en quelques heures, c’estdangereux.» Pour autant, certains spécialistes contestentce«diagnostic».Lepsychiatre américain AllenFrancesestime quesi Quels sont lesmécanismesneurobiologiques Leistedt. Certains affichentmême d’insolentes Trumpest «une personnaliténarcissique quisous­tendentlapsychopathie? «Unnombre «ON PEUT SE DEMANDER réussitessociales, «particulièrementdans le de première classe», il n’estpas atteint impressionnant de travauxmontrentdes anoma­ JUSQU’ÀQUEL POINT monde de la banque, des affaires, de la politique, d’un trouble mental. L’affirmer «est une lies anatomiques et fonctionnelles dans le cerveau mais aussi chez les avocats, les chirurgiens, les insulteenvers ceux qui souffrentdemala­ des psychopathes», résume Jean Decety,qui alar­ LA SOCIÉTÉ ABESOIN médias, et parfois dans les milieuxdelarecher­ diementale»,a­t­ilécrit dans une lettre gementcontribuéàces étudesd’imageriecéré­ DE CE TYPE che… Inversement, des professions soignantes au New York Times. brale. En gros, il yadeux grandes théories.La comme les psychothérapeutes et les infirmières en premièrepostule queles déficits affectifssontle DE PERSONNALITÉS. comptenttrès peu». Lespsychiatres face àleursdevoirs résultatd’un déficitd’attention. La seconde ET JUSQU’ÀQUEL POINT Lespsychopathes«en col blanc»necommet­ D’autres s’étaienttrèstôt inquiétés.En théorieest celle d’un déficitémotionnel. «Chez tent pas d’actes délictueux, mais destransgres­ décembre2016, trois psychiatres univer­ ces personnes, le striatum estpluslarge. Le LE NARCISSISME, sions plus élaborées et retorses. «Lehéros du film sitaires alertaientBarack Obama par volume de l’amygdale estdiminué. Le câblage qui LA PSYCHOPATHIE Wall Street (1987) et le fameux J. R.de la série courrier: «Ses symptômes d’instabilité relie le cortex temporal àl’amygdale et au cortex Dallas illustrent parfaitementcette psychopathie mentale – grandiloquence,impulsion, préfrontalventromédian estaffaibli. Et ce dernier SONT UN AVA NTAGE sociale», observeSamuelLeistedt. hypersensibilitéaux affronts et auxcriti­ fonctionne au ralenti.» Or,cetterégion du cer­ SOCIAL» ques et une apparente incapacité àdistin­ veau estimpliquéedans lesdécisions moraleset guer fantasme et réalité – nous conduisent BRUNO FALISSARD Les«serpents en costume»enentreprise l’attachementaux autres. «Cequi me frappe, PÉDOPSYCHIATRE Froids, rusés,prédateurs… Un ouvrageleur est àquestionner son aptitude au poste.» quand j’interviens auprès de détenus psychopa­ consacré: Snakes in Suits (HC, 2006), coécrit par «Jevois Donald Trumpcomme un élé­ thes, c’estleurabsence totale d’attachementà RobertHareetPaulBabiak. Ilsyexpliquent com­ phantdans un magasin de porcelaine», leursenfants», confie Jean Decety.Son équipe a mentces «serpents en costume»seglissent déclaredeson côtéLee Bandy, profes­ aussi montréqu’ilsactivent le réseau de la dou­ Le pessimisme alongtemps étédemise. «Les dans le mondedutravail.Untest, le B­scan, aété seureassistante de psychiatrieàl’univer­ leur lorsqu’ils s’imaginentdans dessituations psychopathes présenteraientlepronostic le plus conçu n2006 pour repérerces serpents quisif­ sité Yale (Connecticut). Le 20avril, elle y douloureuses,mais pas lorsqu’ils imaginent sombre de la population délinquante. Quelle que flentsur nos têtes, cespersonnalitéstoxiques, organisaitune rencontreentre un panel autrui souffrant. soitl’approche choisie, la marge de manœuvre parmi lescadres supérieurs –etéviterleur de psychiatres américains de renom. thérapeutique estétroite», écrivaitThierry embauche. Il consiste en une interviewetune L’objectif?Débattredeleurs devoirs face à Pham, en 2005, dans un rapportdelaHaute analysedétaillée du dossier du candidat. cettesituation inédite. LeSontsp-ilssychoparesponsablethessuscsditeleneurtusanpctesassi? onnant Autorité de santé(HAS). Aujourd’hui, il préfère «Onalongtemps cru que la psychopathie entra­ Lespraticiens américains sont en effet débatéthique.Sont­ils moralementetpénale­ parler d’optimisme mesuré. «Les modalités de vait les carrières dans l’industrie», écriventles écartelés. D’un côté, la «règleGoldwater» mentresponsablesdeleurs actes criminels? prise en charge doiventêtre très structurées, auteurs. Autrecroyance répandue:l’idée que leur interdit de fairedes diagnostics sur «Des juges demandentdéjà des examens d’ima­ avec des règles très fermes et explicites. Sinon, «leurtendance au mensonge et au harcèlement despersonnalitéspubliquessans lesavoir geriecérébrale chez certains d’entreeux », témoi­ les psychopathes prennentlepouvoir!Ils peuvent apparaîtrait si évidenteaurecruteurqu’il ne les examinées.Del’autre, le «droit d’alerte» gne Jean Decety.Mais cet examen estàdouble même vous amener àracontervotre histoire: choisirait pas pour un posteclé».Ouque «leurs leur demandedefaireexception àcette tranchant. Car la psychopathieest­elle une cir­ vous devenez leur patient… Il faut des thérapeu­ comportements abusifs et manipulateurs règle, quand la survie et la sécuritédes constance atténuante?Doit­elle,aucontraire, testrès aguerris.» seraientsanctionnés par leur hiérarchie». Autant gens sont en jeu. «Jen’entends pas contra­ aggraver lessentences, dans la mesureoùleris­ «Ilnefaut pas les fréquentertroplongtemps, de visions naïves. «Nos études montrentque, rier la règleGoldwater, explique Lee quederécidivesviolentes esttrèsélevé ? «Pour renchéritledocteur Bodon­Bruzel, quiadmet se souvent,iln’enest rien.» TelKaa hypnotisantsa Bandy. J’ai signé la pétition, mais celle­ci ne moi, les anomalies détectées dans leur cerveau ne protéger. Et ne jamais personnaliser la relation. proiedans le Livre de la jungle, cesserpents se propose pas de diagnostic. Notre inquié­ les exonèrentpas. Ilsconservent un libre arbitre», En cas de menaces claires d’un détenu, la réponse hissentvers lessommets de la société. Ilsbénéfi­ tude concerne la dangerositédeTrump. estime Jean Decety. doitêtreinstitutionnelle.» Surlenoyau durdela cientmême desnouveauxmodes d’organisa­ C’estpourquoi nous réclamons son exper­ Quid de la priseenchargedes psychopathesdé­ psychopathie–le manque d’empathie, le narcis­ tion du travail, quirequierttoujours plus de tise neuropsychiatrique complète.» Le linquants? Elle resteunimmensedéfi. Jusqu’à sisme… –, leséquipes soignantesrestent dému­ rapidité et d’innovation. «Onpeutsedemander 20avril, JamesGilligan, professeur de psy­ 33 %des détenusprésententdes scoresélevésde nies. «Mais on peut traiterleurimpulsivité ou leur jusqu’àquel pointlasociétéabesoin de ce type de chiatrieàl’université de NewYork, acom­ psychopathie, et 12 %des scorestrèsélevés. Le irritabilitépar des thymorégulateurs ou d’autres personnalités. Et jusqu’à quel pointlenarcissisme, parélasituation actuelle à «certains des cœur du problème tientaufaitque lespsychopa­ molécules», poursuitMagali Bodon­Bruzel. la psychopathie sontunavantage social», relève régimes lesplusdangereux de l’histoire». p thesn’éprouvent pas de souffrance psychique. La priseenchargepassepar desthérapies Bruno Falissard. fl.r. Quiplusest,ils tirentmême un apparentbéné­ comportementales et cognitives(TCC) très Il yauraitjusqu’à 4%de«presque psychopa­ fice de leur comportementantisocial. encadrées.Ils’agitd’encourager,par desappro­ thes» parmi lesdirigeants dans lesentreprises Ensuite, «iln’y apas d’institutions adaptées ni chesdirectives, ces«patients»àtravaillersur américaines–beaucoupplusque dans la popula­ de dispositions réglementaires qui permettraient leurs travers antisociaux. On leur apprend à tion générale, même s’ilest difficiled’estimer la de leur proposer ou de leur imposer des soins en reconnaîtreleur cycledepassageàl’acte, partdes psychopathesenliberté.Qu’en est­ildes France», souligneledocteur Magali Bodon­ comme dessignesannonciateurs de colère, et à hommespolitiques?«Lenarcissisme exacerbé, la Bruzel, psychiatre, chef de pôle du Service trouverdes moyens de contrôle. Certainespri­ tendance àlamanipulation et au mensonge, l’ab­ médico­psychologique régional (SMPR)dela sesenchargeparviennentàdiminuerlerisque sence de scrupules et le sentimentd’impunité, la prison de Fresnes(Val­de­Marne). Autreobsta­ de récidive violente. récupération de la loiàson propre usage, une éthi­ cle:«Face àleurs comportements déviants chro­ Autresujet d’étonnement: tous lespsychopa­ que àdouble vitesse… autantdetraits qui font niques, les psychopathes sontincapables d’ap­ thesnesontpas antisociaux. «Contrairementà écho àune certaine actualité politique», glisse prendre de leurs expériences passées», indique la croyance populaire, tous ne sontpas de grands Thierry Pham. p SamuelLeistedt. criminels ou des tueurs en série», relève Samuel florence rosier 6 RENDEZLE MONDE SCIENCE &M-VÉDECINEOUS | MERCREDI 3M· AI 2017

L’EXPOSITION LES SEXES EN TIRE- Quand la science BOUCHON DU DAUPHIN Un domaine très actif des sciences s’ouvrait au peuple de l’évolution concerne la «guerredes sexes».C’est-à-direlafaçon dont les organes génitaux des mâles et des femelles se modifient et s’adaptent La BNF retracel’essor de pour permettreàleurspropriétaires, côté mâle, de copuler avec succèset, la vulgarisation de 1850 à côté femelle, de conserverlapossibi- litédechoisir qui, parmi les géniteurs 1900, où cessavoirsétaient potentiels, assureralafécondation. Une étude présentée le 23 avril par synonymes de progrès DaraOrbach, postdoctoranteàl’uni- et d’émancipation sociale versitéDalhousie () lorsde la conférence«Experimental Biology» 2017, àChicago, en offreune nouvelle illustration. Apartir d’organes génitaux ienavant lesyoutubeurs ou récupérés sur des mammifères marins «e=m6», avantmême Hubert Ree­ morts de façonnaturelle, elle adéve- ves, deshommess’étaientdéjà donné loppé une technique pour gonfler les Bpour mission de vulgariser lessciences. C’est pénis jusqu’àérection complète et ce queretrace l’exposition «Sciencespour simuler une copulation avec des tissus tous, 1850­1900», quisetient àlaBibliothè­ vaginaux. Des scannersrévèlent quenationaledeFrance, àParis. On ycroise ensuitecomment les deux anatomies, comme chezlegrand dauphin lesvulgarisateurs lesplusconnus, comme (ci-contre, le pénis est en rouge) CamilleFlammarion, astronome et auteur se complètent pour répondreàdeux prolifique,ouJules Verne, quiatantmagnifié défis:permettrelapénétration la figuredel’ingénieur,mais aussi desper­ dans l’«apesanteur»liquide, sans que sonnages oubliés comme Henry de Graffi­ l’utérus soit envahi parl’eau de mer. gny, auteur de plus de 200 livres sur la chi­ (PHOTO :DARAORBACH, DALHOUSIE UNIVERSITY) mie, l’astronomieoul’horlogerie. CettesecondemoitiéduXIXe siècle est considérée comme l’âged’ordelavulgarisa­ tion, aprèsdes sièclesoùlascience devait res­ terentre spécialistes, ou du moins dans la hautesociété. Avec l’essordes moyens de dif­ fusion sont apparus de nombreuses revues, deslivres, desconférencesetattractions scientifiquesettechniques, et même despiè­ cesdethéâtre. La rareté desphotos estcom­ pensée par desillustrations magnifiques, no­ tammentenbotanique.Apothéose, l’Exposi­ tion universelle de 1900, quifaitlapartbelle IMPROBABLOLOGIE auxtechnologies:lunetteastronomique de 60 mètres de long,immenseglobe céleste… CE QU’UNE ÉCREVISSE IVRE NOUS APPREND AcElectricitetteépoqé, uetransports,,pointdedhyoutgiène…esur le progrès scientifique:ons’enthousiasme pour la fée ParPIERRE BARTHÉLÉMY vous transférer dans desbocauxindividuels où coolisationd’écrevisses non pas sociablescomme électricité,onsepassionne pour lesnou­ l’alcool coulait àflots: open bar,les filles,c’est l’uni­ vous, quiaveztoujours vécu en communauté, mais veauxmoyens de transport, on applique ettez­vous un instantdans la peau, ou versité du Maryland quirégale! Bitureoblige, vous solitaires.Etils se sont renducompteque s’ilne avec vigilance lespréceptes d’hygiène. Le plutôt dans la cuticule,d’une écrevisse ne savezplustropsionvous aservidelavodka ou vous fallait quevingt minutes en moyenne pour publicrecherche le spectaculaireetles vul­ de laboratoire. La vien’est pas rose tous de la tequila, mais vous vous rappelez quevous vous mettreenmodefuite et battements de queue, garisateurs se font volontiers emphatiques. Mlesjours. Lesgrands bipèdes en blouseblanche qui étiez filmées. voscongénères tenaientlecoupnettementplus Pasdedoute, la science et plus encore la tournentautourdevotreaquarium ontlafâcheuse Au bout de quelques minutes,une certaine excita­ longtemps –vingt­huitminutes.Enapprofondis­ technique fascinent. habitude d’enfoncer desélectrodes dans votre tion s’estemparée de vous:vous avez commencé à sant leschoses,ils ontconstaté queles neurones Mais la science se veut surtout humaniste corps pour étudier le fonctionnementdevos cellu­ vous mettredroit sur vospattesetàbomber ce qui responsablesdececomportementdesurvie étaient et au serviceduprogrès.Pour EdouardChar­ lesnerveuses et notammentcelui desneuronesqui vous sert de torse. Puis vous avez déclenché les de plus en plus sensiblesàmesureque l’alcoolémie ton, créateur de la revue Magasin pittores­ commandentuncomportementdesurvie:un grands coups de queue, peut­être parce quevous augmentait, mais aussi quecetteréactivité exacer­ que,ilfaut «détruirel’ignorance, origine pre­ vigoureux battementdequeue quivous faitfuir le pressentiezqu’il fallait vous débiner avantque bée étaitmoindrechez lescrustacésvivantseuls mièredetoutesles inégalités sociales».L’idée danger en vous propulsantenmarche arrière. l’alcool ne vous assomme. Mais la portedubar était quechez lesautres. queleprogrès social passepar le progrès Mais il yaaussi de bons côtés.Detemps en temps, closeetvous avez continué àvous imbiber.Résul­ Ceux quisedemandaients’ilétaitbiennécessaire technique estlargementpartagée. Bibliothè­ ça planepour vous parce qu’onvous faitunshoot tat: vous avez perdulacoordination de vosmem­ de payerdes chercheurs pour saoulerdes écrevisses ques et conférencesgratuitestémoignent d’amphétaminesoudecocaïne, histoiredevoir bres avantdetomber lamentablementsur le dos, entrevoientlàleurs motivations:déterminer si les d’une volontédedémocratisationdusavoir. commentvous réagissez. Et là,pas plus tardque le incapablesdevous remettred’aplomb, et vous vous interactions sociales sont en mesuredemoduler les Il estamusant de constaterque certains 19 avril, jeune écrevissedeLouisiane, vous avez eu êtes demandépourquoi cescrétins de bipèdes effets de l’éthanol sur le système nerveux et identi­ débats actuels existaientdéjà au XIXe siècle: votrequart d’heuredegloire, héroïne d’une étude avaientvoulu tester chez vous ce qu’ils constatent fier lesneurotransmetteurs sur lesquels elles le vulgarisateur doit­ilêtreunscientifique ou américaine publiée par le Journal of Experimental chez eux àchaque fois qu’ils font la fiesta. Ilsont jouent.Des étudesprécédentes ontmontréque, peut­il êtreunprofane?Doit­ilgardertoute Biology. Cettefois, pas de cokeoud’«amphètes». tout de même eu la bonté de vous placer ensuite en chez desanimaux plus prochesdenous –ratset la rigueur scientifique,aurisqued’ennuyer, Non, de la bonne vieillegnôledes familles. bocal de dégrisement, àl’eau claire, où il vous afallu singes –, lesindividussolitaires buvaient davantage ou peut­il «mettreenscène»son savoir? Vous étiez tranquillemententrain de barboter deux heures pour récupérerdelacuite… queles socialisés:pas parce qu’ils avaientplusde «Une distinction s’opère (…) entre scientifiques avec plusieurs dizainesdecopinesquand les Ce quevous ne saviez pas, c’estque,dans d’autres raisons de se réfugier dans la bibine mais peut­être rigoureux,comme Arago,directeurdel’Obser­ bipèdes vous ontextraitesdel’aquarium pour bocaux, leshumains étudiaientlarésistance àl’al­ parce qu’ils tenaientmieux l’alcool… p vatoire de Paris, attaché àmontrer le sérieux des méthodes, et vulgarisateurs comme Flam­ marion, qui veulent quelascience “sorte du chiffre pour devenirvivante”»,est­ilindiqué dans l’exposition. Dommageque celle­cisoit reléguée dans un couloir,etconstituée uni­ AFFAIRE DE LOGIQUE -N°1007 quementdepanneaux. p cécile michaut Ines Presso :«Math else ?» Solution du problème 1005 «Sciences pour tous», BNF, jusqu’au 27 août. Un cycle de conférences sur Vous pouvezdécouvrir ci-contre la projection d’une capsule de café et de son étui. • 1A : La découpe se faiten6coups de scie minimum. la vulgarisation accompagne l’exposition, La capsule se projette selon un trapèze de petite base 16 mm, les trois autres côtés ayant Il fautauminimum une passe par face, donc 6coups de scie pour découper un dé intérieur.Or, 6coupes suffisent: les mardis de 12h30à14 heures. www.bnf.fr chacun 32 mm de longueur.Letrapèze est inscritdans un carré :laprojection de l’étui. Ines Presso,conceptrice de l’emballage, aréussi àéconomiser du carton en diminuantle 3coups de scie pour obtenir 8cubes 2 × 2 × 2; côté du carré selon le modèle ci-contre :carré et trapèze ontunsommet confondu, deux 1enalignantces 8cubes pour en faire 16 pavés2 × 2 × 1; 5 e et 6 e coupes :onempile ces 16 pavés, et en deux autres sommets du trapèze touchantdes côtésducarré. coupsdescieperpendiculaires, on obtient64dés. 1A.Quelleest, en mm, la longueur d’une diagonaledutrapèze ? • 1B : Il ya8dés bicolores. 2 2A.Quelleest, en mm ,l’aire du carré ? (arrondirles réponses àdeux décimales sans écrire d’unité) Pour chacune des quatre couleurs, l’existence d’un grand LIVRAISON cube (bleu par exemple) permet de déceler : Participez au concours «Dans le 1000 »chaque semaine du mercredi au lundi 8dés àaumoins 3faces bleues (aux sommets du cube) ; BIOLOGIE suivant,duproblème 1001 au 1025, sur le site www.affairedelogique.com «Etonnant vivant» 24 dés àaumoins 2faces bleues (2 par arête du cube) ; Commencez quand vous voulez. La première fois, inscrivez-vous. Il suffira ensuite de vous 24 dés àaumoins une face bleue (4 par face). Le siècle quis’ouvre estcelui de la biologie, identifier.Vous pouvezmodifier votre réponse jusqu’au dernier moment. Au total,ces exigences couvrent8× 3+24 × 2+24=96 aprèsque la physique adominé le précé­ 40 points sont attribués àchaque problème. Votre score se cumule de semaine en semaine. faces par couleur,soit 4 × 96 =384 faces en tout. Or,les 64 dent.Lacuriositéetl’utilitéguident les Il suffit d’obtenir 400 points sur 1000 pour gagner un prix. dés possèdententout64 × 6=384 faces. On en déduit que recherchesdans ce domaine foisonnant. seules les faces répertoriées ci-dessus existentpour Ecartantdélibérémentles considérations FRACTALXXL :DANSE ÀMONS «LES MOSAÏQUES»ÀNEUCHÂTEL EXPOSITION ESCHER ÀMADRID chaque couleur.Onpeutenleverles «aumoins »:aucune éthiquesetles rapports entrescience et (BELGIQUE) LE 20 MAI (SUISSE) LE 24 MAI (ESPAGNE) JUSQU’AU 25 JUIN couleur n’est représentée plus de trois fois sur un dé. société, quiauraientnécessitéunouvrage Pour le festivalToutMons danse ,le Le séminaire Mathématiques et Société Uneexposition ànepas manquer :lePala- On dénombre alors, parmi les 64 dés : àeux seuls, une centaine de chercheurs chorégraphe ClémentThirion cherche à de l’université de Neuchâtel invite Natha- ciodeGaviria, au cœur de Madrid, accueille a dés avec 3faces d’une couleur et 3d’une autre, notés proposentunvoyageaucœur du vivant. rassembler 81 danseurs pour une chorégra- lie Aubrun sur le thème «Les mosaïques, l’œuvre du graveur hollandais MauritsCor- 3300 (bicolores), b dés 3210 et c dés 2220 (tricolores), d dés Leurs contributions confirmentcette phie géante en forme de figure fractale. Le ces ordinateurs qui s’ignorent»,oùlaconfé- nelis Escher.Pavages insolites, transfor- 3111 et e dés 2211 (quadricolores). dernier atelier d’entraînementaura lieu les rencière s’intéressera plus particulièrement mations troublantes, figures impossibles, Ce double dénombrement permet d’affirmer que : réflexionduprédicateur américain Ralph 6et7mai (10 h-17 h), la répétition générale aux «tuiles de Wang », ces carrés dontles jeux d’ombres et de lumière saisissants, trois fois la même couleur intervient32fois (4 × 8),ce qui Washington Sockman (1889­1970):«Plus le 20 mai (10 h-17h)etlespectaclefinal à diagonalesdécoupentquatre triangles colo- découvrez, si vous ne le connaissez pas, cet entraîne :2a + b + d =32(1) vasteest l’île de la connaissance, plus longs 18 h30 sur la Grand-Place de Mons. Avis aux rés et dontons’intéresse àlaquestion de artiste remarquable, que vous soyez ou non une fois la même couleur intervient96fois (4 × 24), ce sont lesrivages de l’émerveillement.» amateurs de mathématiques et de danse ! savoir s’ils pavent le plan. porté sur les mathématiques. Informations surhttp://surmars.be Infos sur www.unine.ch/math Infossur http://eschermadrid.com qui entraîne : b +3d +2e =96(2) > Sous la direction de Catherine Jessus On yajoute la condition de l’énoncé : d + e =40(3) (CNRS Editions, 330 p.,20€). E. BUSSER, G. COHENETJ.L. LEGRAND ©POLE 2017 [email protected] De (2) –2× (3), on déduit b + d =16et(1) donne a = 8. RENDEZLE MONDE SCIENCE-VOUS&MÉDECINE 7 · MERCREDI 3MAI 2017 |

CARTE La recherche,çaintéresse qui? BLANCHE Plus on monte -Les responsables des instances du Comiténational de la recherche scientifique dans la hiérarchie, TRIBUNEappellent les finalistes de l’élection présidentielle àadopter une politique ambitieuse

moins on stresse es dixdernières années ontété produite ailleurs ?Ensuite,une De plus en plus de brillants jeunes exceptionnellespour la recherche de haut niveau produit LES MOYENS scientifiquesfrançais partent déjà recherche françaiseentermes aussi desscientifiquesemblémati­ s’installeràl’étranger afin de mener ParANGELA SIRIGU Cde reconnaissance internationale, ques,del’archéologue àl’astronome, DEVRAIENT leurs recherchesdans de meilleures comme en attestelenombrede sourcesdefierténationale, au même ÊTRE UTILISÉS conditions. Si la France n’aainsi plus aréponsehormonaleaustressest un lauréats du prixNobel et de la titreque lesartistesoules sportifs. lesmoyens de recruter parmiles phénomèneàdouble tranchant. Cette médaille Fields. Ce succèsn’est pas dû Cetélémentdecohésion socialen’est PLUS SIMPLEMENT meilleurs, si elle ne peut leur permet­ réponseest réguléepar le cortisol, qui au hasard. Il résulted’un investisse­ pas ànégliger.Enfin, c’estaussi la ET ARRIVER tredepasser le tempsnécessaireau Lestlaprincipalesortiedel’axehypothalamo­ mentmassif de l’Etatdans la recher­ sociétédans sonensemble,tous les développementdeleurs recherches, pituito­surrénal.Lasécrétion de cortisol sti­ che scientifique àpartir desannées citoyens quiaspirentàl’élévation du PLUS DIRECTEMENT elle ne pourraespérer atteindrele mule la production de glucosedemanièreà 1960, politique soutenue tantpar la niveau desconnaissancespour DANS LES niveau de production scientifique qui fournir un supplémentd’énergieaux mus­ droite quepar la gauche, quiapermis mieux comprendreleur place dans la caractérisaitjusqu’ici. cles et inhibelesystème immunitairepour le développementdegrands organis­ l’univers et dans la société. L’apport LABORATOIRES Ce risqueest bien réel. Pour l’éviter freinerlaréaction inflammatoireencas de mes de recherche telleCNRS. desconnaissancesnouvelles,des plus et maintenir une recherche de haut blessure. Cettecascademétabolique esttrès Aujourd’hui, ce sont d’autres nations fondamentales auxplusappliquées, Et lesréformesmises en œuvre niveau,ilfautque la France metteen utile àlasurvie en cas de stress aigu, comme quelaFrance (Chine, CoréeduSud…) doit irriguer en permanence le sys­ depuis dixans onteupour effet la mul­ œuvreune politique ambitieuse, lorsquel’ondoitfuir un tsunami ou affron­ quiportent une attentionparticulière tème d’éducation, ce qui, àterme, tiplication desstructures chargées du reposant sur une programmation terundébatd’entre­deux tours… àlarecherche scientifique.Ilest donc constitueune condition indispensa­ financementsur projet, de l’évaluation budgétairepluriannuelle. Soutenir En revanche, la stimulation constante de nécessairederappelerles motivations bleàladiffusion et àlapréservation de la recherche ou du regroupement l’emploi scientifique,attribuer aux ce système par un stress psychologique ou quiont guidélastratégiescientifique desvaleurs démocratiques. d’universitésdans desensemblesingé­ laboratoires desfinancements dans la social chronique ades effets délétèressur de de la France àpartir desannées 1960 et Mais commentlaFrance pourrait­ rables au but supposédevisibilité durée, limiteretsimplifierlapolitique nombreuses fonctions:cardio­vasculaire, quisontaujourd’huicellesdéfendues elle encore se distinguer si lesrespon­ mondiale. Tout cela asurtout eu pour de financementpar appels d’offres, reproductive,digestive,immunitaire, et par despaysenfortdéveloppement sables politiquesinféodent la recher­ conséquence de rendrelesystème de renforcer lesorganismesderecherche aussi cérébrale. Si le cortisol favoriselaneu­ scientifique.Tout d’abord,lascience che àdes objectifstropétroitement recherche public–tout comme l’uni­ fondamentale, constituentautant rogenèse au sein de l’hippocampe,l’hyper­ aideàinformer la décisionpublique. utilitaires et réduisentses moyens? versité –pluslourdetplusbureaucrati­ d’objectifsàatteindre. C’estàceprix sécrétion de cettehormone provoque une Nos gouvernants ontbesoin de Car,defait, elle représenteune que. Ce quiest souhaitable n’est quelarecherche françaisegardera diminution du volume de l’hippocampe consulter desscientifiqueslorsqu’ils dépensemodeste.Encomparaison donc pas seulement«davantagede toutesaplace sur la scène internatio­ ainsi quedes altérations de la mémoire. Il sont confrontésaux catastrophes desdépenses de l’Etat, descollectivi­ moyens», mais bien queces moyens naleetparticiperaaudéveloppement existe égalementune forme de vulnérabi­ naturelles, auxépidémies ou aux téslocales et de Sécurité sociale, qui puissentêtreutilisés plus simplement socio­économique de notrepays. p lité génétique àladépression quisemani­ maladies affectantnos populations représententplusde50%duPIB,le et qu’ils arrivent plus directement festeuniquementencas d’exposition àun vieillissantes, àlaradicalisationreli­ financementpublicdelarecherche dans leslaboratoires pour lesactivités ¶ stress durable. L’anomaliehéréditaireen gieuse et au risqueterroriste associé, scientifique estinférieur à1%alors effectivesderecherche. Ce texteaété adoptéàl’unanimitépar causeporte sur un gène liéàlasynthèse de au changementclimatique et environ­ qu’ils’agitd’un investissementessen­ Et pourtant, en dépitdetoutes ces les 26 membres de la Coordination des la sérotonine (un neurotransmetteur impli­ nemental. Et lesscientifiquesnepeu­ tiel pour notrepays. Touteréduction difficultés, la France continue d’attirer responsables des instances du Comité quédans la dépression), gène dont l’expres­ vent pas improviser dans l’urgence des supplémentaireconduiraitàl’as­ nombred’excellentsscientifiques national de la recherche scientifique sion estréguléepar lesglucocorticoïdes. réponses àces questions quideman­ phyxied’un dispositif quisouffredéjà étrangers, parce qu’elleoffredes pos­ (C3N). Il s’agit d’une instanceofficielle Le taux basal de cortisol estfréquemment dent desannées d’observation, d’expé­ d’une augmentation sensible des tesstables, même s’ils sont moins incluant le président et les membres du utilisé commemarqueur biologique d’ex­ rimentation ou de modélisation. emplois précaires et d’une dispersion nombreux quepar le passéetmême si bureauduConseil scientifique du CNRS, position au stress. Parmi lesnombreux De la même manière, il n’yapas de plus en plus grandedes activités lessalaires sont nettementinférieurs le président et les membres du bureau facteurs, le rôle de l’environnementsocial d’applications directesàl’industrie desjeuneschercheurs qui, dèsleur àceux pratiquésailleurs. Mais le de la Conférencedes présidents des estsouvent mis en avant. De façon peu ou auxservices,dedéveloppements recrutement, doiventconsacrerune tempscroissantpasséàlarecherche sections et commissions interdisciplinai- étonnante,les niveauxdecortisol sont rentables, sans science fondamen­ largepartiedeleur tempsàtrouver les de financements, plutôt qu’à la recher­ resduComiténational, et les présidents plus élevés et lesmaladies liées au tale. La France est­elle prêteàseres­ moyens quileur permettrontderéali­ che scientifique,risquederemettreen des conseils scientifiques des dix instituts stress plus fréquentes dans lescouches treindreàl’application d’une science serleurs projets. causecetteattractivité. du CNRS. socio­économiquesinférieures.L’explica­ tion estsimple: plus on estbas dans l’échelle sociale, moins on aaccèsaux res­ Le supplément «Science&médecine»publie chaque semaine une tribune libre. Si vous souhaitez soumettreuntexte,prièredel’adresser à[email protected] sourcesvitales et plus on estexposéaux différentesformesdeviolences.

QuUn’econentstex­itelastusableommetseraitdeprimorla hiérdialarchie? Contrairementàune idée reçuesur le «stress desmanageurs», il semble qu’un statut élevé UN MANÈGE POUR TESTER LA SANTÉ DES ABEILLES confèreune certaine immunité.Une étude menéepar Jennifer Lerner,del’université Expositions aiguë et chronique Des performances altérées Harvard (Massachusetts), sur plus de Pour l’expérience, des abeilles ont été capturées àleur retour Des abeilles saines peuvent prospecter jusqu’à 13,5 km de la colonie, 300 officiers de l’arméeetcadres de la fonc­ àlaruche. Dans le laboratoire, elles ont été soumises àdes doses mais les trajets moyens aller-retour sont généralement de 3à4km. tion publique amontrédes corrélations aiguës ou chroniques, mais non mortelles, d’un pesticide Une dose aiguë de pesticide néonicotinoïde augmentait la durée inverses entreleniveauhiérarchique et les néonicotinoïde. L’objectif était de voir si, en plus des effets connus et la distance du vol, tandis qu’une exposition chronique mesures de cortisol et d’anxiété. Lesauteurs sur la prospection, l’orientation, le retour au nid et la santé générale les réduisait de moitié. mettentcependant un bémol àleurs conclu­ de la colonie, il affectait le vol. sions,notantque tous lesparticipants jouis­ Pesticide saient d’une position stable et peususcepti­ Abeille non exposée bledechanger au sein de leur groupe. Tous lesprimatesorganisentleur société de façon verticaleaumoyen de mécanismes complexes.Accéderàlaposition dominante Exposition ponctuelle et conserver le pouvoir nécessitent de for­ mer desalliances, d’entretenir desdivisions et,sinécessaire,derecourir àl’intimidation. Un biologiste de renom, RobertSapolsky,de Un tourniquet expérimental Exposition chronique l’université Stanford (Californie), along­ tempsétudiéles effets de la hiérarchie Les performances de vol des abeilles sont mesurées grâce àunmanège socialesur la santédes babouins dessavanes auquel elles sont reliées par le dos. Lorsqu’on retire une boulette africaines. S’ilamontréqu’un rang élevéest de papier qui occupe leurs pattes, elles battent instinctivement des fréquemmentsynonyme de cortisol bas, ailes. Les stries rayées noires et blanches qui défilent sous leur yeux comme chez lesmilitaires,cetterelationne leur permettent de réguler leur effort sans être perturbées vaut quepour lesgroupes de primatesoùla par le décor du laboratoire. position du mâlealpha estpeu contestée. En revanche, durant lespériodes d’instabi­ lité et chez lesespèces où le dominantdoit perpétuellementlutterpour sonrang,c’est Abeille ouvrière alorslui quialecortisol le plus haut. Le niveau de stress au sommet dépendrait Aimants de sustentation donc du contexte. En va­t­ildemême pour notreespèce? La Capteur périodeélectoraleque nous vivons en ce LED momentferaitunexcellent laboratoirepour mettre cettehypothèse àl’épreuve si seule­ Contrepoids mentnous pouvions recueillir quelques échantillons de salive…Pas sûr queles inté­ Niveau àbulle ressés acceptent. Alors, puisquec’est de sai­ son, autantfaireunsondage: d’aprèsvous, lequel de nos leaders possèdelaglande INFOGRAPHIE :VICTORIA DENYS SOURCE :TOSI ET AL. SCIENTIFIC REPORTS surrénalelamoins hypertrophiée? p

Lesindicesdel’impact négatif des au thiamétoxame (TMX) –qui faitl’ob­ doses non mortelles, mais aiguës,du rientent lesanimaux. Une dose chroni­ Angela Sirigu insecticidesnéonicotinoïdes sur les jet d’un moratoireenEurope–altère produit, ellesvolaient78%pluslong­ quemoins forteréduisaitdemoitiéla Neuroscientifique, directricedel’Institut abeilles s’accumulent. L’étude publiée leurs capacités de vol. La démonstra­ tempset72%plusloin quedes congé­ duréeetladistance de vol–là encore, de sciencecognitiveMarc-Jeannerod, par une équipe de l’université de Cali­ tion repose sur un manègequi permet nères non exposées.Celapourrait une mauvaisenouvelle, car dans la na­ département neurosience fornie(San Diego) le 26 avrildans Scien­ de mesurer de façon contrôlée lesper­ réduireleurs chancesderetour au nid, turelarécoltes’entrouveraitréduite. p (CNRS-UniversitéLyon-I) tific Reports,montreque l’exposition formancesdes abeilles.Exposées àdes car on sait queces mêmesdoses déso­ hervé morin 8 RENDEZLE MONDE SCIENCE &M-VÉDECINEOUS | MERCREDI 3M· AI 2017

Serge Hercberg, pèredulogoantimalbouffe VIE DES LABOS L’industrie chinoise -LeNutri-Score, imaginé parcespécialistedelanutrition, va éclairer les Français surPORlaTRqualitAIT énutritionnelle des aliments. Un long combat face aux lobbys de l’agroalimentaire de la fraude

apremièremanche aété gagnée. scientifique «Une vraie victoire de santé publi­ que»,pour le professeur SergeHerc­ shanghaï ­correspondance berg. C’estfinalementleNutri­Score quiaété choisi, un système àcinq émergence de la Chine comme Lcouleurs développépar l’Equipe de recherche superpuissance scientifique n’est en épidémiologienutritionnelle(EREN), qu’il pas sans accrocs. Lescas de fraudes dirige depuis 2001, rattachéeàl’Institut natio­ L’se multiplientdans le pays,désormais nal de la santéetdelarecherche médicale deuxième derrièreles Etats­Unis en nombre (Inserm), l’Institut national de la recherche de publications. Le 21 avril, la revuespéciali­ agronomique (INRA), le Conservatoirenatio­ sée Tumor Biology,qui appartenaitàl’édi­ nal desartsetmétiers (CNAM), l’université teur Springer Nature, aannoncé le retrait Paris­XIII et l’hôpital Avicenne. Marisol Tou­ de 107articlesécritsentre 2012 et 2016. raine atranché: «L’intérêt d’un logo nutrition­ Pour certifierleur travail, deschercheurs nel et l’efficacité du logo Nutri­Score sont chinois auraient fourni de faux contacts de démontrés.»Le but:informer lesconsomma­ collègues,ces «pairs»sur lesquels s’ap­ teurs en un coupd’œil sur la valeur nutrition­ puientles revues scientifiquespour évaluer nelle desaliments. Dans cettesaga, Serge la qualité d’un article. Hercberg,affable en toutes circonstances, a D’aprèsRetraction Watch, un site Webqui tenu contrevents et marées. répertorie lesfraudes scientifiques, c’estla La bataille, quiadurédelongs mois, semble premièrefois qu’une revueretireautant en bonne voie d’êtreremportée.L’arrêtéaété d’articles àlafois. L’an dernier déjà, Tumor notifiéàlaCommission européenne. En atten­ Biology en avaitsupprimé 25, la plupart dant,des industriels ontsigné une charte jeudi signéspar deschercheurs iraniens. L’éditeur 27 avrilauministère de la santé. Quatre poids avaitàcetteoccasion lancé une vaste lourds s’engagentàmettreenplace le Nutri­ enquête. «Après les retraits du fait de fausses Score:Fleury­Michon, Auchan, Intermarché et vérifications par des pairs (entre autres), Leclerc. Ilsdevraient êtrerejoints par d’autres en 2015 et 2016, la décision aété prise de pas­ prochainement. Mais, ce logo n’étantpas obli­ seraucrible les nouveauxarticles avantleur gatoire, certainesentreprises,Nestléentête, publication. Acette occasion, de nouveaux n’en veulentpas. Ce malgréles résultats des noms de fauxrelecteurs ontété découverts», étudeslancées par la direction généraledela précise le communiqué de Springer,qui a santéetl’approbation par l’Organisationmon­ cédé la revueàunautreéditeur en 2016. dialedelasanté (OMS) de la décisionfrançaise. SergeHercberg estconfiant. Ce combatest se­ lonlui «emblématique de celui de la santé pu­ LeDesfsaaugencxexamenses spécialiséepar desps airs profitentle blique, on ades données scientifiques, une forte plus souventdelanégligence desrevuesspé­ demande sociale, avec des citoyens favorables cialisées.Celles­cidemandentaux scientifi­ [plus de 250000 personnesont signé une péti­ ques leur soumettantunarticle de leur pro­ tion demandantl’étiquetageNutri­Score àcinq poserune liste de relecteurs. Ceux­cipeu­ couleurs] et des médias qui relaient…» vent fournir de fausses informations, soit en «J’aipuvoir en direct, quasimentauquoti­ inventantdes chercheurs, soit en donnant dien, le poids des lobbys,leurs modes d’action. de faux courriels associés àdevraies person­ Je resteétonnédeconstaterque malgré les nes. Leschercheurs, ou le plus souventdes preuvesscientifiques, le support des profes­ agencesqui leur proposentces services, sionnels et des instances de santé publique, le n’auront plus qu’à répondreaux courriels en soutien des consommateurs, et même les prises approuvant lesarticlesenquestion. de parole politique en faveurdulogo, les lob­ De telles agencespullulent en Chine: byistesdel’industrie et de la grande distribu­ d’aprèslemagazine économique Caixin, tion fourbissentàchaque fois de nouvelles cetteindustriepourraitreprésenter plu­ armes»,constate­t­il. L’adversaireadupoids: sieurs milliards de dollars… Une rapide en France, un chiffred’affaires annuelde recherche en ligne permet de trouverune 170milliards d’euros pour l’industrieagro­ longueliste d’agencesspécialisées propo­ alimentaire, et de 200 milliards pour la sant desservices de relecture, de traduction grandedistribution. Face àces colosses, «c’est en anglais, ou carrémentl’écritured’articles un finstratège qui atoujours su faire appel aux complets par deséquipes spécialisées. médias et auxassociations de consomma­ Certainespossèdentmême leurs propres teurs»,souligne Arnaud Basdevant,profes­ laboratoires,pour mener de vraies recher­ seur émérite de nutrition àl’université Pierre­ Le professeur Serge Hercberg, le 22mars. chesàlaplace deschercheurs. et­Marie­Curie(Paris). WILLIAM BEAUCARDET POUR «LEMONDE» En téléphonantàl’une d’elles, on nous garantitl’anonymat. Il en coûte5000 yuans (670euros) minimum pour un articlede SeDergséeHtudeercbssergansacfinancomprisementtôtlesprivenjeuxé de la 5000 caractères,plus11000yuans de frais de nutrition. C’esten1969qu’il démarreses étu­ publication pour l’éditeur,dans le cas de desdemédecine àParis­VI. Ce fils d’émigrés portantsur 13000 sujets suivispendanthuit estsans étatsd’âme, même s’il aune authenti­ revues chinoises mineures.Pour dessup­ juifspolonais atoujours vouluêtremédecin. ans. Al’époque, «ladifficulté étaittoujours de que bienveillance dans ses échanges»,souli­ portsplusréputés,l’agence «nepeutpas ga­ Très préoccupépar le tiers­monde, il estalors trouverdes financements».Certains indus­ gne Arnaud Basdevant. «Marencontre avec rantir de publication»,explique un employé. dans une cultured’engagement. Exemplede triels, pas forcémentdel’agroalimentaire, l’ont Serge Hercbergaété une vraie découverte. Tous lesservices proposés par cesofficines méritocratie républicaine, il aeuunparcours aidé. Lesliens d’intérêtdes chercheurs sont fré­ C’est quelqu’undechaleureux,unhomme ne sont pas illégaux. Souvent, ils’agitsimple­ de gauche, tout en souhaitantgarderses dis­ quents. SergeHercberg concède quelui­même de conviction et charismatique»,témoigne mentd’un travaild’édition ou d’aideàla tancesavecles partis, malgrédes sollicita­ et sonéquipeont nouédes partenariats de François Bourdillon. rédaction en anglais. Certains chercheurs tions. Sonengagementserapour la santé recherche, avantd’abandonner tout finance­ Nombreux sont ceux quilouentsapuis­ misencause parl’enquête de Springer ont publique.C’est en partantencoopérationau mentprivé il yaune dizaine d’années. sance de travail:il compteàson actif une dou­ affiché leur bonne foi. LiuWei, docteur au Marocqu’il découvreles problématiquesde «Aujourd’hui, la crédibilitédes étudesscientifi­ zaine de grandes étudesépidémiologiques, départementdechirurgieduBethune Inter­ malnutrition, d’obésité. Il décide alorsdese ques, quel que soitledomaine, ne permet pas donnantlieuàplusde600 publications dans national Peace Hospital, de Shijiazhuang,au former.SarencontreavecHenri Dupin, pédia­ d’avoir des financements privés»,insiste­t­il. desrevuesscientifiquesinternationales.Mais suddePékin, estl’un desauteurs d’un article treetprofesseur de nutrition, lors d’un ensei­ Joël Ménard, professeur émérite de santépubli­ aussi sa disponibilité,ycompris avec lesjour­ rejetépar Springer. «Larevue ad’abord refusé gnementàlaPitié­Salpêtrière, fut «une révéla­ que, se souvient desmeetings de restitution de nalistes –ilrépond souventaux courriels très mon article. Je me suis adressé àune entre­ tion».Ilserason mentor. Suivimax àRoland­Garros ou au Salon de l’agri­ tardlesoir,outrèstôt le matin. Novateur, prise spécialisée qu’un ancien camarade Ce «père spirituel» proposeaujeune cher­ culture, avec SergeHercberg en animateur. SergeHercberg aaussi lancé en 2009 Nutri­ m’avaitrecommandée, pour faire améliorer la cheur un posted’ingénieur de recherche Net­Santé,premièreétude en e­épidémiologie rédaction»,explique­t­ilàSixth Tone,unsite en 1979,dans une structurealors un peufan­ dans le monde. Il concède avoir eu parfois un d’information en anglais baséàShanghaï. tomatique,appelée l’Institut scientifique et C’«Uesnrtaôleussipolitique,luiqui ajoucitéuoynrenôl»emajeur dans la peudemal àconvaincre la communauté La médecine estparticulièrementtouchée. technique de la nutrition et de l’alimentation, conception et la miseenplace en 2001 du Pro­ scientifique.Lànon plus, il «n’a pas lâché». En cause, le système de promotion, qui sous lestoits du CNAM. Et l’inciteàfaire, après gramme national nutrition santé(PNNS), qu’il NutriNet compteaujourd’hui270000 inscrits. dépend encore plus qu’ailleurs despublica­ sa thèse de médecine, une thèse d’Etatsur les dirigeaujourd’hui. Joël Ménard, alorsdirecteur «Ilest très enthousiaste,explique le docteur tions. «Dans un système chinois très compéti­ carencesenfer en France chez lesfemmeset général de la santé, convainc BernardKouch­ ChantalJulia, médecindesanté publique qui tif, si vous avez dixmédecins àdépartager lesenfants despaysenvoiededéveloppe­ ner,ministredelaSanté. «Serge Hercbergest travailledans sonéquipede80collaborateurs. pour un poste, regarder les publications estle mentetdéveloppés.C’est dans cesbureaux un homme de santépublique, qui aimaginé et Il n’apas peur d’explorer des champs moins moyenleplussimple,explique Cao Cong,pro­ queSergeHercberg rencontresafemme, Pilar portétrois PNNS,sous des gouvernements de connusdelarecherche, comme les facteurs psy­ fesseur de sociologie àl’université de Nottin­ Galan, une médecinespagnoleavecqui il par­ droiteetdegauche»,explique François Bour­ chologiques liés àlaconsommation alimen­ gham. Mais le problème, c’estque les médecins tagerases combats pour la recherche et la dillon, directeur général de Santé Publique taire ou la question du bio.» C’estcet éclec­ sontdéjà surchargés de travail, ils n’ontsimple­ santépublique.Ilvamener de nombreux tra­ France. Là encore,ilyades coups àprendre, tisme quil’a conduitàproposeraugouverne­ mentpas le tempsdemener ces recherches.» vaux épidémiologiquesdans différents pays. mais l’homme estdécidémenttenace. mentd’éclairer le grand publicavecunsys­ Un sondageréaliséen2015 par le site d’in­ En parallèle,ildémarrecetteannée­làl’en­ «Ilest dans cette continuité de santé publique tème d’étiquetagesimplifié. «Sur le logo,ila formation médicaleDingxiangyuanauprès seignementennutrition de santépublique au depuisdix­sept ans,dit Joël Ménard, il adeux toujours poussé pour que l’équipe poursuive ses de 1900 médecins montraitque 6,6 %d’entre CNAM. Il estrecrutéàl’Inserm en 1988. Une jambes, d’un côtéc’est un très bonépidémiolo­ recherches. On aaccumulé une abondante litté­ eux admettaientavoir eu recours àdes agen­ période qu’iljuge «fabuleuse».Cettealliance giste qui acherché àmettre en avantles don­ rature scientifique, une vingtaine de publica­ cespour faireécriredes articles àleur place, et entrelarecherche, l’enseignementetlasanté nées de la littérature,etdel’autre il participeàla tions»,explique Chantal Julia. Quireconnaît que9,7 %avaient faitpublier leur nom sur publique estson leitmotiv. Il conserverases décision de santé publique, et dans ce sens­là a quecettequête solitaire, face àune industrie desétudesauxquellesils n’avaientpas parti­ trois casquettes tout au long de sa carrière. un rôle politique, citoyen, ce qui l’aamené à inflexible,aété «extrêmementdure»àcertains cipé. Enfin, 38,5 %des médecins interrogés Ses travauxlepoussentàcoordonner entre faire face auxlobbys.» moments. Mais la ténacitéduchef cinq cou­ affirmaientn’avoir pas eu recours àces servi­ 1994 et 2002 l’étude «Supplémentation en vita­ «C’est une main de ferdans un gantde leurs, àdéfaut d’étoiles, apayé. p ces, mais ne pas excluredelefaireàl’avenir. p minesetminérauxantioxydants» (Suvimax), velours, rien ne peut le faire dévier de sa route. Il pascalesanti simonleplâtre