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le magazine de l'actualité musicale en Fédération Wallonie-Bruxelles n°1 - janvier / février 2013

Saule À pas de géant Aurélie Franck · Jo Dekmine · Dossier La Médiathèque · L'Entrepôt · Vismets 2 3

Conseil de la Musique Quai au Bois de Construc- édito tion, 10 - 1000 Bruxelles www.conseildelamusique.be Larsen, c’est le nom de cette nouvelle publi- Contact par mail : 24 larsen@conseildelamu- cation bimestrielle, remplace Accroches. sique.be Au-delà d’un simple changement de nom, Contactez la rédaction : c’est une nouvelle dynamique qui est mise en première lettre du prénom.nom@conseil- place poursuivant le même objectif qu’aupa- delamusique.be ravant : informer et promotionner le secteur musical de la Fédération Wallonie-Bruxelles. RéDACTION Fort différent de la mouture précédente, Lar- Directrice de la rédaction 21 Claire Monville 05 sen laisse apparaître de nouvelles tendances, jan d’autres façons d’aborder les diverses facettes Comité de rédaction Nicolas Alsteen du secteur musical qu’il s’agisse de projets, Benjamin Brooke François-Xavier Descamps d’artistes ou encore de lieux. Christophe Hars Ainsi, outre les rencontres et les interviews, Claire Monville une carte blanche sera confiée à une per- Coordinateur de la rédaction sonnalité en fonction de l’actualité. Nos ré- François-Xavier Descamps dacteurs rencontreront également un artiste Rédacteurs avec qui acheter des disques ou se rendront Nicolas Alsteen Benjamin Brooke encore chez l’un d’eux pour évoquer quelques Collaborateurs objets qui lui tiennent à cœur. Julien Broquet Des outils que nous pensons nécessaires pour Luc Lorfèvre 14 20 Didier Stiers le secteur feront encore leur apparition dans Didier Zacharie ces pages, qu’il s’agisse de listing de sorties Correcteurs de productions sonores, d’extraits de presse Christine Lafontaine Nicolas Lommers internationale ou d’informations pratiques. Photographe Cover Aucun lecteur ne sait à l’avance ce dont il a © Fabrice Hauwel envie et ce qui va le combler. Alors, n’hésitez pas à parcourir ce premier numéro et à nous PROMOTION faire part de vos commentaires constructifs & DIFFUSION François-Xavier Descamps pour que cette revue soit plus pertinente encore. ABONNEMENT Une revue n'est vivante que si elle mécon- Vous pouvez vous abonner tente chaque fois un bon cinquième de ses gratuitement à Larsen lecteurs, à condition que ce ne soit pas tou- et le recevoir directement chez vous. jours les mêmes, écrivait avec beaucoup larsen@conseildelamu- d’humour Charles Péguy. sique.be Tél. : 02 550 13 20 C’est tout ce qu’on se souhaite…

Conception Claire Monville graphique 10 Directrice inscription supersimple.be Impression concours musical Paperland Prochain numéro Sommaire Mars 2013 Ouverture zoom c'était le… 04 La Médiathèque 20 J'ai acheté des disques avec… 05 en vrac 06 articles scène ouverte Fadila Laanan 08 Le . com Vismets 24 Aperçu Field recording 26 rencontres l'Interview indiscrète Joshua 27 rencontre Aurélie Franck 10 Décryptage La copie privée 28 rencontre The Sidewinders 12 In situ L’Entrepôt 30 rencontre Utz 13 les sorties 32 Entretien Saule 14 Du F. dans le texte s’adresse aux artistes qui résident rencontre Carl & les hommes-boîtes 17 vue d'ailleurs en Fédération Wallonie-Bruxelles et qui pratiquent un répertoire francophone en musiques actuelles Trajectoire Jo Dekmine 18 echos d'ailleurs 35 Vue de france Amandine Beyer 36 ° infos : 02 550 13 20 - www.dufdansletexte.be 25 Vue de Flandre Balthazar 38

juin, juillet - 2012 larsen • Janvier, février - 2013 4 5

C'était le… j'ai acheté des disques avec…

Jean-Luc Fafchamps Jean-Luc Fafchamps est C'était le… J’ai acheté pianiste et compositeur. Le présent article Il a étudié l’économie est reproduit avec à l’Université de Lou- l'autorisation de vain et la musique au l'éditeur, tous droits des disques Conservatoire de Mons réservés. Toute où il est aujourd’hui utilisation ultérieure professeur d’analyse doit faire l'objet musicale. Membre de d'une autorisation avec… l’Ensemble Ictus, il par- spécifique de la ticipe à de nombreuses société de gestion créations, tant dans le Copiepresse : domaine des musiques [email protected] Jean-Luc de concert, en large en- semble ou en musique de chambre, que dans

rançaix des expériences pluridis- F ciplinaires, en particulier

sabelle Fafchamps I avec la danse. ©

Tout juste rentré d’une tournée J’ai beaucoup entendu parler de ce disque, qui porte un nom curieux mais qui néanmoins dit assez bien de quoi il s’agit. Pour moi, il est lié au grand projet que avec Rosas, entre une répétition nous menons avec Ictus autour de la musique de John Cage. Plutôt que de s’attaquer avec l’Ensemble Ictus et un à ces pièces aléatoires tels que Music of Changes, nous nous sommes intéressés à des pièces plus anciennes. Il y a dans ce Cage moderniste des années 40, une concert de son complice sorte de naïveté que l’on pourrait qualifier de « satieenne ». Pour moi, certaines de ces pièces - comme les Sonates et Interludes pour piano préparé - méritent Stéphane Ginsburgh, Jean- définitivement d’être inscrites au répertoire. Je le dis avec autant de distance que je Luc Fafchamps a accepté de ne suis pas un fanatique de Cage ! Dans ce disque aussi, Alexei Lubimov et Natalia John Cage Pschenitschnikova ont choisi des courtes pièces chantées ou instrumentales, à la se prêter au jeu. Une belle As itis limite du minimal, avec un petit côté dada qui risque bien de me plaire… occasion de partager ses ECM derniers coups de cœur. C’est un film qui m’a beaucoup impressionné à sa sortie. Avec sa B.O. et ces cris Benjamin Brooke métalliques qui évoquent le passage des trains, on n’est pas loin de la musique industrielle ou celle de Varèse. Pour moi, la manière dont David Lynch construit ou déconstruit ses films s’inspire clairement de mécanismes narratifs propres à la musique. Ce questionnement sur la forme, c’est aussi ce qui m’a poussé à composer. quelques semaines du début Dans ma musique, j’aime l’idée qu’entre ce qu’on entend au début et à la fin d’une d’Ars Musica, Jean-Luc Faf- œuvre, on ne sache pas ce qui a pu se passer. Opérer une sorte de saut stylistique qui champs sort coup sur coup se justifie en lui-même, tout en étant injustifiable d’un point de vue idéologique : il y un disque reprenant son cycle a un peu de cela dans le cinéma de Lynch. Dans Mulholland Drive par exemple, on des Back to… et un second al- David Lynch / finit par confondre deux personnages, un peu comme on peut confondre le violoncelle bum consacré à ses Lettres Alan Splet et la guitare électrique dans une pièce de Romitelli. Eraserhead Soufies (Sub Rosa). L’ouverture, voilà ce qui Original soundtrack guide la démarche de ce professeur d’ana- Àlyse musicale qui exerce au Conservatoire de Mons depuis 20 ans. Un métier, qui de son propre aveu a parasité son écoute. Étant moi-même totalement engagé dans l’écriture de Lettres soufies, je me suis évidemment intéressé aux musiques que font les différents Soufis. Ils ont en commun S’il m’a rendu accessible des plai-sirs incon- une lecture du livre qui n’est pas univoque ou littérale. Et c’est précisément cette nus jusque là, il m’a aussi coupé de certains activation du lien symbolique qui m’intéresse, plus que la quête religieuse. Du plaisirs simples. C’est pourquoi ma curiosi- coup, je me suis intéressé aux musiques associées au mysticisme et à la transe, té musicale se porte surtout sur des objets in- comme Al Kindi, un ensemble syrien que je connais bien. Leur conception du connus, une manière de re-nouveler ma ca- temps me fascine. Ce sont comme des bulles de contemplation collective. J’apprécie pacité d’émerveillement. Rendez-vous est particulièrement le son de ces instruments que je connais peu comme le saz et le donc pris à la Fnac, car aujourd’hui, on ne oud. Du coup, je me laisse séduire par une dimension plutôt immédiate. J’ai bien évidemment aussi choisi cet ensemble pour des raisons politiques : impossible sait plus trop où aller pour trouver « un peu Ensemble Al Kindi & Sheikh Habboush d’oublier que le peuple syrien vit actuellement une catastrophe humanitaire de tout », précise-t-il d’emblée. On file vers Transe soufie d’Alep abominable. le rayon disques qui, coincé entre les ma- Le Chant Du Monde chines à café et les écrans plats, semble avoir été réduit à peau de chagrin. Ça fait un peu dernier inventaire avant fermeture ça, non ? Dimanche 4 juin 1961 dans le Soir

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en vrac… en vrac…

Deux nouvelles Anne Lenoir initiatives dans le Live DMA à la tête du paysage audiovisuel Une fédération Centre Wallonie- européenne Bruxelles à Paris Guide to freaksville, le label de Benjamin schoos, aka des musiques Le Ministre-Président Miam Monster Miam, actuelles de la Fédération Wallo- Contempo- a lancé Rectangle, une nie-Bruxelles a nommé radio pop généraliste, Les fédérations d’ac- Anne Lenoir à la tête rary Music en ligne, accessible en teurs de musiques ac- du Centre Wallonie- streaming et égale- tuelles réunies au sein du Bruxelles à Paris en ment téléchargeable réseau Live DMA ont créé succession de Christian Misein àBel jour 2012gium ! en podcast. une heure une association interna- B o u r g o i g n i e n o m m é tionale de droit français de contenu hebdo- ma- à Hanoï. Anne Lenoir Ce guide, mis à jour en 2012, est une véri- composée de diverses daire, explorant la pop était chef du service table introduction à la musique contempo- musique. C’est ici : www. organisations dont Club culturel à WBI (Wallonie- radiorectangle.be. Circuit et Club Plasma Bruxelles International) raine en Belgique et est composé de courtes pour la Belgique. et s’occupait des impor- biographies d’artistes et d’ensembles, BaC est une web émis- tantes manifestations d’adresses de contact des diverses associa- sion orchestrée par le culturelles subsidiées tions actives dans le secteur et d’un relevé rappeur Bflow. L’émis- Ricercar se met à l’international par la sion se présente sous la au Diapason des salles proposant de la musique contem- Fédération Wallonie- Eurosonic forme de petites cap- poraine dans leurs programmations. Dispo- Du 9 au 12 janvier 2013 La Missa in illo tempore Bruxelles. sules de 5 à 6 minutes nible via le Forum de Compositeurs, www. (Monteverdi) par Paolo dont l’objectif est de compositeurs.be Chaque année, Wallonie-Bruxelles Musiques, dans le Da Col et l’ensemble Od- faire la critique de pro- cadre de l’European Talent Exchange Program, a la hecaton a reçu le Diapa- Actes du colloque jets d’artistes hip-hop possibilité de soutenir et de proposer 4 artistes lors son d’Or de l’année 2012, Musique & Sciences belges. À suivre via face- du festival Eurosonic. En janvier 2013, ce sont BRNS, remis par le magazine de l’esprit Suarez dans les pas de Rapsat book : www. facebook. Compuphonic, Roscoe et Gaëtan Streel qui auront français Diapason. Cette com/ bflow.be En novembre 2010, l’Aca- rejoint Groningen. récompense vient cou- Les gouvernements du Québec et de la Fédération démie royale de Belgique Wallonie-Bruxelles ont décerné le Prix Rapsat-Lelièvre Verdur Rock ronner une année de suc- et le Collège Belgique cès pour le label Ricer- 2012 au groupe Suarez pour la qualité de son album Chanson à l’école, ont organisé sous le titre intitulé L’indécideur. Le Prix Rapsat-Lelièvre est remis sélection 2012 car qui avait également 2013 Soldout Musique et Sciences de en alternance à un artiste ou à un groupe du Québec Concours musique actuelle Au cinéma reçu le Gramophone l’Esprit, un colloque de Le dispositif Chanson à et de Wallonie-Bruxelles. Suarez succède donc à Jé- Recording of the Year en psychologie cognitive l’école a été mis en place rôme Minière (2011) et à BaliMurphy en 2010 ainsi qu’à Ce concours est ouvert à tous les groupes en Soldout s’apprête à septembre pour Musica- consacré à la musique. par la Fédération Wallo- 25 autres artistes qui ont reçu cet hommage depuis musiques actuelles (tous genres confondus), sortir un nouvel album. lische Exequien (Schütz). Les organisateurs ont nie-Bruxelles en parte- 1984, alors que Pierre Rapsat devenait le premier lau- non professionnels, présentant un répertoire Deux singles sont déjà en ainsi souhaité contribuer nariat avec les provinces réat de ce prix du disque de chanson. écoute : Off Glory et Wa- à un dialogue entre spé- original et résidant sur le territoire de la Fé- Réouverture et la COCOF. Les spec- La playlist de zabi. Par ailleurs, ils ont cialistes de la musique, dération Wallonie-Bruxelles. Il est doté de di- CLAP de l’Opéra Royal tacles sont sélectionnés Thierry Coljon première ! travaillé sur la bande-son musiciens ou musicolo- vers prix en espèces dont 2 500 € de la Ville de Wallonie pour leurs qualités artis- Le Monde du film Puppy Love de Quand il commence à gues et représentants Musiques tiques et pédagogiques de Namur, ainsi que des participations à di- Clip That Beat, le fes- C’est un moment impor- Delphine Lehericey, qui a écrire pour le journal Le des disciplines de la psy- pour bénéficier d’un vers festivals importants. tival belge dédié aux tant dans l’histoire de réalisé leur clip Off Glory. Soir, Thierry Coljon tape chologie de la musique. Nouvelles en Scène soutien financier et être 50 ans et un coffret clips musicaux a délivré En DVD, CD cet édifice néo-classique ses textes sur une ma- Les actes publiés se Un jury de professionnels se réunira début le palmarès de sa pre- de 1830. Un lifting était diffusés dans le cadre et et Carnet de lecture chine à écrire et écoute veulent être une intro- Le 6 décembre 2012, cinquante ans jour pour jour et mai 2013 et sélectionnera les 5 groupes qui mière édition. Parmi les devenu nécessaire pour Des bougies aux horaires scolaires. La ses disques vinyles sur duction à la psychologie lieu pour lieu après la création de Répons d’Henri Pous- 19 vidéoclips en lice, le replacer l’institution et des disques sélection de cette année participeront à la finale. Les Soirées du Monde en Scène sont des une chaîne hifi. Trente cognitive de la musique. seur le 6 décembre 1962 à Flagey, Musiques Nouvelles Prix du Jury a été attri- parmi les opéras urbains a retenu les nouveaux rencontres musicales, initiées depuis 2005 La structure de distribu- ans plus tard, tout a a soufflé ses cinquante bougies dans ce lieu même où Inscriptions gratuites de décembre 2012 au 12 avril bué à Lowlands de Ros- les plus prisés d’Europe. è spectacles de cinq ar- Également disponible tion Mandaï fête son 10 changé… et c’est cette l’ensemble est né. À cette occasion, Cypres a présen- 2013 au plus tard via www.verdur-rock.be. coe, réalisé par Norman par le CBAI (Centre Bruxellois d’Action Inter- Les travaux auront duré tistes : Mousta Largo, Ra- en version numérique, anniversaire : une décen- histoire-là que nous ra- té un coffret de 6 cds qui rassemble 25 compositeurs Blates. Le Prix du Public culturelle), qui permettent à des musiciens plusieurs années. Toute phy Raphaël, Geneviève la publication peut être nie au service des mu- conte le journaliste au les plus emblématiques de la Fédération Wallonie- est revenu au surpre- et des danseurs de tous horizons d’échan- la mécanique de scène Laloy, André Borbé et Les commandée sur www. siques indépendantes. travers d’une foule de Bruxelles, les mêmes qui ont à maintes reprises croisé nant Sweater de Willow, ger et de jouer ensemble dans des formules et des décors a été Chèvres à pull. academie-edition.be La structure compte souvenirs et d’anecdotes. le chemin de la formation de Jean-Paul Dessy. réalisé entièrement en improvisées. Ce projet nomade s’est révé- réinventée : le son, les aujourd’hui plus de 2 000 Plus de 300 concerts et 3D/mapping par Filip lumières, les plafonds, disques, 30 ans de repor- Plus d’infos : (New) Beat it lé un véritable succès, croisant les expé- titres dans son catalo- Kidzik UN NOUVEL The Sound of Belgium Sterckx. riences d’artistes de cultures musicales dif- les sols, l’acoustique, gue. Jazz mutant, noise, de Louvain-la- tages et de rencontres http://musiquesnouvelles50ans.wordpress.com. les baies vitrées et les ESPACE À LIÈGE férentes. Aujourd’hui, un coffret DVD / CD / post-rock, neo-classique Neuve à Bruxelles qui nous emmènent aux Genre électronique popularisé depuis la Bel- sanitaires ont subi d’im- ou électro déviante, il y quatre coins du monde 2 700 m2 en plein centre gique, la new beat a fait danser les années Carnet de lecture donne à voir, à écouter et portantes transforma- Initié voici 3 ans par la en a ici pour toutes les en compagnie de David de Liège sous la rue de 1980, de l’Europe au Continent américain. à lire, les moments intimes et rares de ces tions et des bureaux Ferme du Biéreau, le Rewind oreilles. Incontournable Bowie, Mick Jagger, Pe- Bruxelles ! Le Cadran, Les plus belles références des Un documentaire réalisé par Jozef Devillé re- rencontres. ont été construits. Une pour de nombreux labels Kidzik, festival de mu- ter Gabriel, Serge Gains- c’est l’histoire de couloirs trace aujourd’hui la genèse du mouvement. toute nouvelle salle de belges (Sub Rosa, Honest sique jeune public (0-12 bourg, Alain Bashung, Neil abandonnés, d’espaces labels du groupe Outhere DVD Le Monde en Scène, le film. répétition, construite en ans), s’exporte dans Young, Leonard Cohen, souterrains désertés au House, Cheap Satanism, Cette nouvelle collection est destinée à tous ceux qui The Sound of Belgium, c’est à voir. Et à revoir. Un film de Jacques Borzykowski hauteur, a été imaginée la capitale pour une Robert Plant, Patti Smith, cœur de la Cité ardente. Rockeril, etc.) et interna- veulent découvrir à « prix doux » certaines des plus Plus d'infos sur www.tsob.be CD Le Monde en Scène, la musique. sur le bâtiment existant première édition dont Tom Waits, Claude Nou- Ce sont trois nouveaux tionaux, Mandaï souffle belles références des labels du groupe Outhere. Le pour permettre des ré- la programmation se garo, Léo Ferré, etc. espaces pouvant ac- Livret, textes inédits de Kenan Görgün donc ses bougies. Sans packaging a également été pensé et bénéficie d’un de- pétitions en conditions déplacera dans une di- cueillir jusqu’à 1 000 per- faire de bruit. Un comble. sign modernisé. Déjà disponibles, des œuvres de Bach, réelles de spectacles. zaine de lieux bruxellois Playlist, de Thierry sonnes. (Espace Delvaux, Bota- Coljon - 176 pages - édi- Piazzolla, Prokofiev,S cralatti,S chubert, Strauss, etc. tions Luc Pire nique, Wolubilis, etc.) Tout le catalogue : https://outhere-music.com/ Du 13 au 30 mars 2013 rewind

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Scène Ouverte Scène Ouverte

Il en est de même pour le métier de ma- mouvoir les spectacles de nos artistes en « Sans nager d’artistes qui se voit aujourd’hui Belgique et hors de nos frontières, à favo- reconnu et soutenu dans les mêmes riser leur visibilité, leur diffusion et, in Scène Ouverte la musique, conditions. fine, leur découverte et leur reconnais- Larsen cède la parole aux acteurs de la scène musicale La plupart des maisons de disques indé- sance par le public. en Fédération Wallonie-Bruxelles et laisse le micro ouvert ! pendantes et des labels alternatifs, tou- Le Conseil de la Musique a par ailleurs la vie serait chés de plein fouet par la chute des ventes été chargé de la création d’un magazine Des idées à défendre ? Un message à faire passer ? une erreur » de disques sous leur forme physique, dédicacé à l’actualité musicale, Larsen, Contactez-nous via : [email protected] jouissent désormais d’un soutien récur- dont vous feuilletez aujourd’hui le pre- Friedrich Nietzsche rent à leur fonctionnement. mier numéro. En étroite collaboration avec le Conseil Enfin, Air Music. TV, la web TV musi- urant cette législature enta- de la Musique notamment, des cycles de cale des artistes de la Fédération Wallo- mée en 2009, marquée par formations sont mis en place à destina- nie-Bruxelles voit le jour. Elle consacre une crise économique d’une tion des professionnels soucieux d’amé- son énergie à promouvoir l’actualité mu- rare ampleur et des restric- liorer leurs connaissances dans les ma- sicale, toutes esthétiques confondues. tions budgétaires jusqu’ici tières souvent complexes liées à ces quasi inégalées, j’ai tenu à différentes professions. Quatrième axe : rester en permanence à l’écoute des pro- la diffusion artistique fessionnels des différents secteurs musi- Deuxième axe : En musiques classique et contempo- Dcaux et à les consulter le plus régulière- les résidences artistiques raine, j’ai tenu à intensifier les possibi- ment possible. À l’heure où les métiers de J’ai impulsé la création du Studio des Va- lités offertes aux musiciens d’être pro- Fadila la musique connaissent de profondes muta- riétés Wallonie-Bruxelles en partenariat grammés dans de bonnes conditions en tions, cette manière d’agir m’est apparue né- avec la structure éponyme parisienne. pensant notamment aux jeunes artistes cessaire afin de peaufiner les grands axes de Leurs objectifs principaux visent à amé- au sortir des conservatoires. ma politique musicale. liorer les prestations de nos créateurs à Dans ce cadre, après avoir renforcé les Qu’il s’agisse des musiques actuelles, du travers les différents aspects de leur pro- aides aux espaces de diffusion spéciali- Laanan jazz, de la chanson d’expression franco- fession. sés, j’ai favorisé l’émergence de nouvelles phone, de la musique électronique, des Depuis la mise en place de cet outil, les manifestations et notamment le festival Ministre de la Culture, cultures urbaines, ou qu’il s’agisse de la conseils de coachs professionnels et in- Musiq’3, Résonnances, le Festival Inter- musique classique ou contemporaine, tous ternationaux sont dispensés à de nom- national de la Guitare de Bruxelles et le les professionnels ont souvent évoqué les breux artistes qui construisent leur « Festival de Piano » de Verviers. de l’Audiovisuel, de la Santé mêmes difficultés. projet musical. Cette collaboration inter- Les entraves au développement de la nationale permet aussi d’intensifier les Cinquième axe : scène musicale de la Fédération Wallonie- échanges professionnels encore trop rares les pratiques en amateur et de l’Égalité des chances Bruxelles dont j’ai mesuré l’importance et de confronter les expériences artis- En accordant une attention particulière au lors de ces rencontres ont constitué les en- tiques des uns et des autres. projet MJ Music porté par la Fédération des jeux prioritaires de mon action. Maisons de Jeunes, je suis ravie de faciliter Dans cette première carte blanche du nou- Troisième axe : la nécessaire passerelle entre les pratiques veau magazine Larsen, je voudrais parta- la visibilité des artistes en amateur et le milieu professionnel. ger avec vous les lignes essentielles que j’ai En 2012, j’ai souhaité initier un nouveau Cette aventure qui fédère 39 centres de souhaité tracer au niveau musical. rendez-vous promotionnel des arts de la jeunes assure des formations accélé- scène : Propulse remplace désormais En- rées à l’attention des jeunes dans les do- Premier axe : trevues et la Boutik Rock. maines de la régie et de la sonorisation l’encadrement artistique Convaincue de la qualité de nos créa- scénique ainsi que le coaching et l’enca- Le Conseil des musiques non classiques teurs, j’ai appuyé ce changement pour drement des artistes en herbe. a effectué, à ma demande, un travail re- valoriser toutes les disciplines artis- marquable en définissant des critères tiques sans oublier la musique classique Vous l’aurez constaté, toutes ces mesures précis de soutien à l’encadrement artis- et contemporaine ou les arts circassiens, ont pour objectif principal le renforce- tique en faveur des agences, des maisons et pour offrir aux artistes et aux profes- ment indispensable du spectacle vivant de disques indépendantes et des struc- sionnels la plus large vitrine des arts de qui prend aujourd’hui une place prépon- tures de management. la scène jamais organisée en Fédération dérante dans le secteur de l’économie Les conclusions qui m’ont été soumises Wallonie-Bruxelles. créative. dans le domaine des musiques actuelles, Dans le même esprit, j’ai soutenu acti- En cette période de difficultés budgé- jazz, rock, cultures urbaines, chan- vement la création des événements pro- taires, ces avancées sont rendues pos- son, m’ont permis de signer des conven- motionnels que sont le Belgian Jazz Mee- sibles grâce à la participation des acteurs tions de quatre ans afin de stabiliser ou ting et les World Music Days en musique du secteur musical qui acceptent de s’en- de développer les activités de plusieurs contemporaine. gager à mes côtés souvent par la mutuali- agences artistiques professionnelles. Ces manifestations visent toutes à pro- sation de nombreux projets.

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Rencontre classique Rencontre classique

ntre théâtre et musique, le choix a été cornélien pour vous, non ? Aurélie Franck : Oui, à l’acadé- mie déjà, j’ai pris tous les cours que je pouvais prendre et toutes mes soirées étaient occupées par le piano, la diction, la déclamation ou le théâtre. Le Echant, c’est venu à l’adolescence. Comme toutes les jeunes filles de mon âge, je vou- lais plutôt faire de la variété. À mon pre- mier cours, mon professeur m’a fait tra- vailler Lascia ch’io pianga, un air de Haendel, un compositeur qui ne m’a plus gierro et Sesto chez Haendel ou Cheru- Et en dehors du travail, qu’écoutez-vous ? quittée depuis. bino, Annio et Idamante chez Mozart. Cela va peut-être vous surprendre mais Mais en Pamina, avec pour partenaire un chez moi je n’écoute que de l’électro. Cela Vous vous affirmez aujourd’hui en tant ténor qui a 20 cm de moins que moi, c’est va de la big beat, à la drum & bass en pas- que mezzo, ça a été compliqué pour vous plus compliqué. Jouer des jeunes femmes sant par le dubstep ou le trip-hop. Pour- de trouver votre voix ? romantiques et éplorées, ce n’est pas mon tant, je ne suis pas un oiseau de nuit. Même C’est un grand sujet. C’est mon profes- truc, je le suis déjà assez dans la vie ! si j’aime bien sortir, je ne peux pas trop me seur Ismini Giannakis qui m’a conseillé le permettre. Mais quand je sors, il faut que de changer de répertoire. Pendant long- Vous vous êtes récemment installée la musique soit bonne ! Et pour ça, la scène temps, j’ai chanté soprano. Alors que cer- à Berlin où vous avez intégré le RIAS berlinoise est vraiment exceptionnelle. taines de mes collègues avaient des cordes Kammerchor, une nouvelle étape dans Mais paradoxalement, je n’écoute que des vocales en acier et pouvaient tout se per- votre carrière ? morceaux sans paroles, car je n’aime pas mettre, moi j’étais plutôt dans la catégorie L’année dernière a été très chaotique. quand on vient y plaquer des paroles à la des voix fragiles. Mais quand on est jeune, J’avais l’impression de stagner et je ne vou- con. J’assume parfaitement cette ambiva- on est kamikaze, on a l’énergie et on pense lais pas me retrouver dans dix ans, toujours lence. toujours que cela va passer même si on se dans les mêmes églises avec les mêmes ca- fait du mal. Et quand on n’y arrive pas, on chets. J’ai donc décidé de m’installer à Ber- www.aureliefranck.com a tendance à s’auto-flageller, à se dire qu’on lin, une ville que j’adore. Et comme j’ai la doit travailler encore davantage. chance d’avoir une voix qui me permet de chanter en ensemble, je travaille cette an- Ses affinités électives ischer F Qu’est-ce que ce changement née à mi-temps avec le chœur de chambre Dans la jeune carrière d’Aurélie Franck, une Kristof RIAS. En plus d’être très prestigieux, cela

© vous a apporté ? Aujourd’hui, je me sens mieux et beau- me permet de vivre confortablement, tout rencontre déterminante a été celle avec Claude Ledoux. Il compose pour elle Passio secundum coup plus solide vocalement. J’ai gagné en en ayant du temps pour travailler en solo. Je rencontre Lucam créée en 2008 à la Cathédrale Saints tessiture, j’ai même plus d’aigus qu’avant peux aussi continuer à participer à des pro- Michel et Gudule, puis Notizen-Fragment qu’elle mais je chante davantage dans le médium. jets qui me tiennent à cœur comme récem- interprète aux côtés de sa partenaire de lon- Aurélie Franck Je dirais que j’ai une voix de mezzo sopra- ment le Thésée de Gossec avec le Chœur de gue date, l’organiste Cindy Castillo. Le fruit de no aigu, un peu à la Magdalena Kožená Chambre de Namur ou Didon et Enée au cette riche collaboration sera bientôt capté Sans contrefaçon ou Angelika Kirchschlager. Ce qu’en al- prochain Festival d’Innsbruck. dans un album d’œuvres inédites de Claude lemand on appelle Zwischenfach. Là-bas, Ledoux et de Jean-Pierre Deleuze, pour un album totalement consacré à la création belge ! pour les chanteurs, il est indispensable de Avec sa voix flexible au timbre clair, Aurélie définir sa catégorie vocale, son Fach. Franck s’épanouit tant dans le répertoire baroque, classique que contemporain. Elle qui Une tessiture qui vous permet d’aborder les rôles de garçons qui vous a longtemps hésité entre une vie de musique correspondent bien… et une vie de théâtre se rêve sur les scènes Le fait d’interpréter Néron dans Le Cou- ronnement de Poppée au Festival de Rheins- d’opéra où sa voix et son physique longiligne lui berg a été comme un déclic pour moi. Au- « Jouer des jeunes femmes permettent d’aborder plus particulièrement des jourd’hui, dans le monde de l’opéra, le physique a de plus en plus d’importance. romantiques et éplorées, ce n’est rôles masculins. De passage en Belgique, elle fait Et comme je suis grande et mince, si j’en- le point sur sa jeune carrière et son expérience file une veste et un pantalon, je suis as- pas mon truc, je le suis déjà sez crédible en garçon, ce qui me permet berlinoise au sein du RIAS Kammerchor. d’aborder des rôles tels qu’Ariodante, Ru- assez dans la vie ! » Benjamin Brooke

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Rencontre jazz Rencontre jazz

démo Potato chips. Pas mal de choses ont changé depuis ce moment-là, au noyau dur rencontre que nous constituons avec Thomas Cham- pagne et Alex Davidson, sont venus s’ajou- ter le bassiste Dorian Palos, mais aussi The Sidewinders Yves Peeters à la batterie et Sebastien Van Hoey au trombone.

L’art de Blakey Au niveau du style, on peut parler de fusion, avec des sonorités jazz et un vrai ’est en 2008 qu’avec Thomas L’importance de la rythmique dans le é à Sao Paulo, comment êtes- côté rock dans l’énergie… Champagne, vous décidez de hard bop ne laisse-t-elle pas forcément vous arrivé en Belgique? Récemment, quelqu’un m’a dit que ma monter un nouveau quintet moins d’espace aux musiciens? rencontre Renato Baccarat : J’ai quitté musique était un mélange décomplexé. dédié au hard bop. Pourquoi C’est sûr que par rapport à notre trio où le le Brésil à l’âge de neuf ans. C’est tout à fait ça ! Nous avons une fa- cette envie ? cadre est totalement ouvert, il y a ici toute Mon père est trompettiste çon européenne d’interpréter la mu- Nicholas Yates : Alors qu’avec une série de codes à respecter et c’est tout et arrangeur et à l’époque, sique brésilienne, une façon bien à nous le Thomas Champagne Trio, nous jouons l’intérêt de l’exercice. Mais cela reste du il tournait beaucoup avec une troupe de de placer le rythme. Pour la composi- essentiellement nos propres compositions, jazz et l’improvisation est essentielle, c’est UTZ spectacle brésilienne. Nous avons d’abord tion, on fonctionne un peu comme un Cdu jazz moderne parfois presque expéri- juste un autre cadre stylistique. Nvécu à Barcelone, puis mes parents ont eu atelier d’écriture, j’arrive avec un texte mental, avec The Sidewinders nous vou- Chroniques le coup de foudre pour Paris et du jour au et des idées de couleurs et puis chacun as S lions aller vers quelque chose de plus tra- Il fallait des compétences particulières lendemain on est partis en laissant tout rebondit avec ses idées. Et au niveau des ditionnel et nous faire plaisir avec des derrière nous… Un jour, mon père est reve- arrangements, on n’a pas peur de créer

annick pour jouer cette musique, non ? Y © morceaux « catchy » bourrés d’énergie. Pour nous, le choix de Toon Van Dionant brésiliennes nu de tournée en disant qu’il avait décou- des surprises avec des contrastes forts. à la batterie et Michel Paré à la trompette vert une super ville. C’est comme ça qu’on Lee Morgan, Freddie Hubbard, The Sidewinders, c’est le nom d’un album était évident pour ce style de musique. Eve Renato Baccarat a un univers s’est installé ici. Vous avez donc pris le temps pour sortir emblématique du trompettisteL ee Beuvens, c’était peut-être moins son uni- singulier. Que ce soit avec un ce premier album … Tina Brooks, Bobby Timmons vers, mais c’est précisément ce petit dé- Nous voulions penser l’album en tant Morgan dont vous reprenez plusieurs titres crayon ou à la guitare, il aime Vous êtes infographiste et illustrateur, ou Art Blakey, c’est toute la sur l’album… calage qui rend le projet intéressant. C’est comment êtes-vous venu à la musique ? que tel. Qu’il ne soit pas une simple cap- génération des hard boppeurs Lee Morgan représente le type même du une pianiste extraordinaire, il n’y a pas un raconter des histoires. Avec La musique, je m’y suis mis assez tardive- tation de ce que nous faisons en live. musicien hard bop des années 60. Il a joué concert où elle ne nous surprend pas par ment, même si mon éveil musical a pré- Jusqu’à la pochette, où j’ai choisi une des années 60 que ressuscite avec les plus grands. Mais peut-être que la sa capacité d’invention ! UTZ, il propose une musique cédé de loin mes premiers accords de gui- peinture de Géraldine Harckman, une The Sidewinders. Formé personne centrale dans ce projet, même si décomplexée aux couleurs tares et que des instruments ont toujours artiste que j’adore. Du côté des invités elle n’apparaît pas dans les compositeurs, Pour l’enregistrement, vous vous êtes fait harmoniques brésiliennes traîné à la maison. J’ai commencé par aussi, on s’est fait plaisir avec Jovinha autour du saxophoniste c’est Art Blakey, notamment à travers les aidés par Richard Rousselet. Quel a été faire du jazz avec Alex Davidson et Tho- Rocha, Tuur Florizoone et la Batuca- Thomas Champagne et du musiciens extraordinaires qui gravitaient son rôle ? appuyée par une section de mas Champagne. Petit à petit, j’ai com- da Terra Brasil, une batterie de percus- autour de ses Jazz Messengers. Ce fut un Au niveau des arrangements, les choses cuivres et des arrangements mencé à écrire des chansons. Ils m’ont en- sions qui accompagne le carnaval. Bref, contrebassiste Nicholas formidable tremplin pour de nombreux étaient assez fixées. Mais c’était extrême- couragé dans cette voie et de fil en aiguille, pour nous c’était le bon moment pour le Yates, le quintet sort A little jeunes talents. C’est le cas du pianiste Bob- ment confortable d’avoir une oreille exté- détonants. Le groupe sort on a décidé de monter un projet dédié à ça. sortir. Cela fait maintenant plusieurs by Timmons dont nous proposons une ver- rieure. Et pas n’importe laquelle parce que Miniatura !, un premier album Je leur ai dit qu’il fallait trouver un chan- années qu’on y travaille, et c’est une busy, un premier album sion quelque peu revisitée de A Little Busy Richard a fait toute sa carrière dans cette teur, ils m’ont tout de suite répondu que bonne manière de tourner une page et percutant et groovy aux ou de Tina Brooks, un saxophoniste incon- musique, c’est vraiment son époque ! Et bourré d’humour et d’énergie. c’était tout trouvé : ce serait moi ! d’en ouvrir une nouvelle ! tournable à l’époque que l’on a un peu ou- comme Thomas et moi, sommes tous deux mélodies simples et catchy. Benjamin Brooke blié aujourd’hui. passés par le Conservatoire de Bruxelles Aujourd’hui, quels liens entretenez-vous Benjamin Brooke où il a longtemps enseigné, il doit nous res- avec le Brésil ? Quelles sont les spécificités de cette ter quelque chose de cette relation d’élèves Mes parents sont toujours très liés à la musique? à professeur. culture brésilienne et à la musique en par- Le hard bop est né à la fin des années 50 ticulier. Beaucoup de musiciens se sont en réaction à l’évolution du bebop, de plus Le hard bop est donc bien vivant, exilés et ont créé une musique très méta- en plus centré autour de solistes stars. avez-vous pensé à vous mettre phorique avec beaucoup de doubles sens. Avec l’arrivée du hard bop, les musiciens à la composition ? C’est le cas de Tom Zé, un compositeur ont recommencé à écrire des morceaux Certains le font déjà et plutôt bien. Je que j’adore. Après des années de galère, sa avec la volonté de mettre la composition pense à Maxime Blésin et son Bop & Soul carrière a réellement décollé dans les an- et l’arrangement au centre. Ces musi- sextet. Nous, quand on a commencé le pro- nées 90 grâce au soutien de David Byrne. ciens ont aussi été influencés par la mu- jet, on a d’abord voulu se créer un bon ré- Il aborde des thèmes sociétaux forts mais The Sidewinders sique populaire de l’époque, le rhythm & pertoire, tout en laissant l’option ouverte. toujours avec une certaine légèreté. Je crois A little busy blues, ce qui donne à cette musique un Mais maintenant qu’on a acquis le langage que ma musique a un peu hérité de cela. Igloo vrai côté funky. spécifique, on se dit qu’on passerait bien à www.myspace.com/ bandthesidewinders l’étape suivante ! UTZ, ça veut dire quoi au juste ? UTZ Je suis parti d’une onomatopée brési- Miniatura ! lienne. Quand on a tapé le nom dans Naff rekordz www.mutzik.com Google, on s’est rendu compte que c’était une marque de chips des années 50. En clin d’œil, on a appelé notre première

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entretien chanson entretien chanson

entretien « J’ai eu la chance de voir ma tronche dans les stations de métro Saule à Paris... » À pas de Géant

Revenu des paysages arides ’est un éternel rêveur, un cherché à casser la routine. Il était temps : type d’environ deux mètres. après sept ans de vie commune, on avait et des désillusions de son Dire que Saule a la Tête tendance à se répéter, à reproduire les album Western, Saule se Ailleurs, c’est toucher la véri- mêmes schémas. Cette décision, on l’a té à deux reprises. L’artiste a prise ensemble. C’était mûrement réfléchi. réinvente en Géant aux côtés le cerveau haut perché et ses de Charlie Winston, chanteur histoires s’envolent régulièrement dans les Paradoxalement, on trouve un arbre sur au chapeau de producteur. nuages : un monde féerique où Peter Pan la pochette du nouvel album.E st-il hanté Ccroise Madame Pipi dans un va-et-vient par le souvenir des Pleureurs ? Indépendant, extraverti, de bonne humeur communicative. Il y a (Rires) C’est surtout une façon de dire que perméable aux échos de la pop sept ans, tous ces personnages attachants ça reste Saule. Ce qui me plaisait avec trouvaient refuge sur Vous êtes ici, un pre- cet arbre, c’était sa taille. Ça collait bien internationale, le grand Saule mier album léger et décalé qui arrachait à l’idée de Géant. En plus, il ne s’agit pas imagine une chanson française toujours un sourire à la chanson française. d’un saule pleureur, juste d’un saule. Au- Fort de ce succès, Saule a beaucoup tourné, jourd’hui, ça me représente mieux : je suis aux idées extra larges. touché à d’autres univers en compagnie du beaucoup moins pleurnichard que sur metteur en scène Franco Dragone ou du Western où j’étais tombé dans une forme Nicolas Alsteen réalisateur Benoît Mariage. Par la suite, de mélancolie excessive. Avec ce troisième ses chansons sont parties danser sous la disque, je renoue avec l’énergie de mes dé- Tour Eiffel. À Paris, l’artiste s’est inventé buts. un nouveau Western, moderne et mélanco- lique, distingué et précieux. Défendu par Le second album était signé en France. une major de l’industrie du disque, cet al- Il vous a ouvert de nombreuses portes. bum était un peu celui de tous les espoirs. Pourtant, vous semblez vouloir tourner la Déchu avant même de pouvoir éclore, il se page. Vous l’avez vécu comme un échec ? reporte aujourd’hui sur un troisième effort Le problème n’était pas le disque en lui- décomplexé et chatoyant, le beau Géant. même… C’était surtout une mauvaise ex- Pour évoquer sa stature exceptionnelle, périence. Quand j’ai débarqué en France, on retrouve Baptiste Lalieu, le grand bon- j’ai signé sur une major (Polydor, Ndlr) homme qui se cache sous les feuilles de qui souhaitait asseoir l’image d’un artiste Saule. poétique, d’un parolier exigeant, classe et abrice Hauwel F

© proche de Dominique A. L’autodérision Saule Sur Géant, Saule ne s’affiche plus aux a totalement été gommée du tableau. Les Géant côtés de ses musiciens, Les Pleureurs. gens du label trouvaient ça « trop belge », Sortie le 30 Février / Pias « pas assez français ». Quand j’ai débarqué « Avec ce troisième www.saule.be Où sont-ils passés ? Baptiste Lalieu : J’ai ressenti le besoin de là-bas, je n’avais aucune expérience, je me disque, je renoue avec changer d’air, d’essayer de jouer de la mu- suis donc contenté d’écouter. C’était une sique avec d’autres personnes. Avec Les erreur. Mon second album me plaît, mais l'énergie de mes débuts. » Pleureurs, on a vécu des moments inou- ne reflète qu’une partie de ma personna- bliables. On se respecte sur le plan artis- lité. C’est vraiment frustrant parce qu’à tique. Mais humainement, on avait fait le l’époque, j’avais d’autres chansons sous le tour de la question. J’avais envie de ren- coude, des choses plus décalées. Et, en gé- contrer d’autres gens, de partager le stu- néral, c’est justement ce que les Français dio avec de nouvelles têtes. J’ai vraiment aiment chez les Belges… À côté de ça, Wes-

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entretien chanson Rencontre chanson

tern m’a effectivement apporté beaucoup. ondes. Sur ce morceau, on peut songer à Le duo avec Charlie Winston, c’est le single J’ai eu la chance d’être mis en avant dans Bon Iver, au groupe flamand Isbells aus- Dusty Men : l’histoire loufoque de deux le cahier culture de Libération, de passer si. J’aime ce genre de voix fantomatiques has-been de la chanson qui évoquent rencontre sur France Inter ou Europe1, de voir ma qui s’envolent en chœur. leur défunte gloriole. Tomber dans les tronche dans les stations de métro à Pa- oubliettes, c’est quelque chose qui fait ris... Le problème, c’est qu’au moment où L’album s’intitule donc Géant. Il fait peur quand on est chanteur ? les choses commençaient à décoller, le la- Ce duo avec Charlie Winston correspond Carl et les référence à votre imposante carrure. C’est bel ne considérait plus le projet comme un vieux complexe ? surtout à l’envie de garder une trace de une priorité. Dès lors, tu passes entre Pas du tout. Dans mon esprit, ce titre fait notre collaboration. J’ai beaucoup pensé à les mains d’une autre équipe. Elle ne te d’abord référence au roman de Roald Alain Souchon et à sa chanson Quand Je connaît absolument pas et, au final, elle re- Dahl, Le Bon Gros Géant. C’est un univers Serai K.O. en écrivant les paroles de Dus- hommes- prend les choses à zéro. Ce genre de fonc- fantastique qui me fascine. Une chan- ty Men. Dans une carrière, tous les ar- tionnement pousse à l’essoufflement. Cette son du disque porte ce titre, mais je ne tistes traversent des moments difficiles. Il fois, mon nouvel album sort en France via voulais pas braquer les projecteurs sur y a toujours des hauts et des bas. Être has- Carl et les tion. Les retours sont bons. Le film a été le label Atmosphériques (Wax Tailor, Bar- ce morceau. Géant, c’est un peu l’image been, ça m’arrive d’y penser. Que se passe- hommes-boîtes primé au FIFF (Festival International du bara Carlotti, Monogrenade, Ndlr). Je sens que je véhicule autour de moi. J’ai tou- ra-t-il dans dix ans si je suis complètement Sur la paroi de ton ventre boîtes Film Francophone de Namur) et présenté Humpty Dumpty Records/Pias que la relation est plus familiale. Ça me jours aimé faire l’apologie de mes dé- oublié ? De quoi ma vie sera-t-elle faite ? Le www.facebook.com/ officiellement dans le cadre de différents convient mieux. fauts. Pour moi, c’est sans doute ce qui mieux, c’est d’éviter de réfléchir à tout ça. carletleshommesboites L’aventure intérieure événements. Actuellement, on s’attèle à nous caractérise le mieux. À l’école, les C’est la meilleure façon pour devenir din- l’écriture d’un second court-métrage. J’ai Comment s’est opérée la transition entre autres gosses m’appelaient « Géant Vert » gue. Je crois qu’il faut vivre les choses à C’est un monde à part, un univers élastique où la chanson aussi publié un livre intitulé L’homme Western et Géant ? ou « Paratonnerre ». Ça m’a toujours amu- fond, prendre des risques et enregistrer ce qui s’en allait tout le temps, jamais très loin, En 2008, six mois après la sortie de Wes- sé. Moi-même, je me surnommais par- qu’on a envie d’entendre. française rebondit sur les mots pour toucher les extrémités chez Ion Éditions, en France. Je pense tern, j’avais un rendez-vous chez Polydor. fois « Chewbacca » (Sourire). Savoir rire du hip-hop, de la poésie et du cinéma d’animation. Après qu’un fil rouge relie toutes mes activités. Les gens du label venaient de prendre de soi, être capable d’autodérision, c’est un premier essai remarquable (Où poser des yeux ?), Carl une importante disposition… En fait, ils important. J’ai toujours assumé ma taille Carl et les hommes-boîtes se présente avaient appuyé sur la touche « delete » de et mes défauts. Je ne me considère pas revient avec les hommes-boîtes pour explorer les sons comme un projet 100 % indépendant. De leur tableau « Excel » et 65 projets devai- comme un monstre ! (Rires) Je suis juste et animer les sens. Produit par Noza, le nouvel album l’écriture à la production, de la création ent quitter le navire sur le champ. La déci- un type normal. de la pochette à la réalisation des sion a été prise rapidement sur la base des s’intitule La paroi de ton ventre. À l’intérieur, les chansons projections, tout est pris en charge en chiffres de vente. En sortant de là, j’étais Sur le disque, il y a une chanson intitulée s’agitent et les souvenirs gigotent. Renversant. interne. Fonctionner de la sorte, démonté, complètement perdu. Il y a eu Chanteur Bio. Vous êtes un adepte de c’est vital ? un déclic quand Stéphanie Crayencour l’alimentation bio ? Nicolas Alsteen Je ne connais pas vraiment d’autres fa- est venue me demander si je pouvais tra- À un moment, j’ai eu peur de sortir ce çons de fonctionner. J’applique un peu vailler sur son album. Au départ, j’étais hé- morceau, pensant que les gens allaient mon mode de vie à la musique. J’ignore sitant et puis, je me suis pris au jeu. J’étais croire que je me moquais ouvertement du les schémas traditionnels de l’industrie à un moment de ma carrière où j’avais be- bio. Il y a quelques mois, je suis passé voir ur la route du deuxième album, des gens qui décident de vivre dans des du disque. Du coup, ça ne me viendrait soin d’une récréation. J’ai commencé à un médecin pour soigner des problèmes Carl a rencontré les hommes- boîtes pour observer le monde extérieur pas à l’idée de travailler autrement. En écrire des histoires abracadabrantes et ça d’allergie. Dans son diagnostic, ce dernier boîtes. Qui sont-ils ? par le prisme de leur cachette. marge de notre boulot, il y a celui effec- m’a fait un bien fou. Cette expérience m’a pointait du doigt les conservateurs alimen- Carl Roosens : Ce sont les musi- tué par notre label, Humpty Dumpty Re- décoincé. J’ai pris conscience de mon en- taires. Il m’a conseillé de passer au bio. ciens du groupe. En fait, je n’ai Votre musique touche à la chanson, cords. Cette structure gère des aspects vie « d’ailleurs ». Ça ne peut pas me faire de mal... Après, jamais travaillé seul. Dès le dé- au hip-hop, au dessin, à la poésie, au qui nous sont complètement étrangers. je pense qu’on en fait trop là autour. Dès part, j’ai fonctionné en binôme avec Noza rock mais aussi à la vidéo d’animation. Cela crée un équilibre naturel entre Votre retour sur le devant de la scène qu’on évoque le bio, on voit apparaître deux (Grems, Baloji, etc. Ndlr). Rapidement, Votre approche demeure assez notre cuisine interne et la réalité du ter- est arrivé par l’entremise du single clans : ses défenseurs acharnés et ses en- Sd’autres musiciens sont venus s’ajouter : pluridisciplinaire. S’agit-il d’une marque rain. L’économie des mots où on aurait juré nemis jurés. Il y a rarement un juste mi- Emmanuel Coenen, Cédric Manche, etc. de fabrique ? entendre Bon Iver chanter en français. lieu quand on aborde ce sujet en société. Plusieurs personnes gravitent autour du Dans le groupe, plusieurs musiciens sont Vous avez dessiné la pochette du premier Étrange, non ? Ce combat contre la malbouffe m’a inspi- projet. Cela est encore plus vrai sur le nou- également dessinateurs. Chacun apporte album de BRNS. Pensez-vous enregistrer C’est totalement assumé. Avant de jouer ré la chanson Chanteur Bio. vel album. Ça m’a toujours semblé étrange ses influences, ses idées. Musicalement, quelque chose avec eux ? sous le nom de Saule, je chantais dans le de jouer en groupe sous mon seul nom. on vient d’horizons radicalement diffé- On a effectivement évoqué cette possibili- abrice Hauwel F groupe My Second Skin. Dans cette for- Géant est produit par le chanteur © Cette situation était assez gênante. rents. C’est assez jouissif parce qu’une té. En décembre dernier, on a joué quatre mation, le référent ultime au niveau de britannique Charlie Winston. Comment fois ensemble, on dépasse les clivages, on dates ensemble. On a aussi partagé la la voix, c’était Jeff Buckley, le fausset cette collaboration a-t-elle vu le jour ? Quelle est l’origine de ce nom curieux ? s’amuse de tout. Avec ce nouvel album, scène pour interpréter un morceau écrit par excellence. Avec L’économie des mots, On s’est rencontré en France dans le cadre Il découle d’un projet radiophonique au- j’ai envie d’accentuer l’aspect visuel du ensemble. Notre façon de travailler est concerts à venir je reviens à mes premiers amours. Ces d’une émission radio. On a sympathisé. quel j’ai participé. Je devais écrire une projet. Là, j’ai mis au point des courts-mé- fondamentalement différente. J’ai écrit dernières années, j’ai eu tendance à me Par la suite, je l’ai contacté pour lui propo- 19.01 Maison de la Culture | Arlon histoire pour une fiction à diffuser sur trages qui répondront directement aux un texte et de leur côté, ils ont travaillé contenir au micro. Là, j’ai décidé d’y aller ser d’enregistrer un titre avec moi. Il m’a 01.02 La Ferme du Biéreau | Louvain-la-Neuve les ondes. Dans la mise en œuvre du pro- morceaux joués sur scène. sur deux mélodies. On a choisi celle qui franchement, de tout lâcher. Au début, demandé de lui expliquer ce que je voulais 07.02 Grand Théâtre de Verviers | Verviers jet, on m’a soumis un livre de l’auteur ja- collait le mieux aux paroles. Après, c’est les radios ne voulaient pas entendre par- faire. Il s’est emballé et m’a proposé ses 09.02 théâtre Royal de Namur | Namur ponais Kōbō Abe. Ce roman, intitulé particulier… Les gars de BRNS décou- CC Mouscron En dehors de la musique, de quoi se ler de ce single. Les retours allaient tous services. C’était une chouette collabora- 22.02 | L’homme-boîte, se rapprochait sensible- pent systématiquement leurs enregistre- 28.02 Lotto Mons Club| Mons compose votre quotidien ? dans le même sens : « Sa voix est bizarre », tion. On ne s’est fixé aucune limite : Char- 07.03 Cinéma Le Parc | Liège ment des idées que je développais dans Je m’implique dans le cinéma d’anima- ments. Après, ils recollent les fragments « Il ne chante pas comme d’habitude », lie Winston chante un morceau avec moi 16.03 CC | Soignies le projet. Finalement, mon histoire est tion. Avec l’aide de ma compagne, j’ai et recomposent le morceau. Du coup, etc. Au final, la chanson a été acceptée et joue de la musique sur la plupart des 21.03 CC | Nivelles partie dans une autre direction mais ce réalisé un court-métrage intitulé Ca- chaque chanson s’apparente à un véri- et elle passe maintenant sur toutes les nouvelles chansons. bouquin m’a beaucoup marqué. Ce sont niche, distribué par une petite boîte d’édi- table puzzle. Un chouette jeu.

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De Madame Arthur à La Javanaise… Une autre habituée des lieux sera Barba- ra, tout juste débarquée en Belgique. C’était l’époque où elle chantait des chansons 1900 comme Le Fiacre ou Madame Arthur. C’est Jacques Brel qui faisait son bookeur. Il m’ap- pelait en me disant : Alors tu la prends ma Jo Dekmine a 81 ans, une p’tite Barbara, s’amuse Dekmine. Lorsqu’il « Dès le début, j’ai voulu être une sorte crinière de lion et une curiosité part faire son service militaire dans l’Alle- magne pacifiée d’après guerre, il lui pro- de forain culturel avec pour seule à toutes épreuves. Barbara, pose de l’accompagner pour chanter de- ambition de partager mes bonheurs Ferré, Gainsbourg mais aussi vant de jeunes soldats, la trimballant d’un cantonnement à l’autre, de petites salles en et de m’en faire l’avocat ! » Pink Floyd ou Anne Teresa petites salles. Ces années de galère, Barba- De Keersmaeker, ils sont ra ne les oubliera pas, et évoquera même le souvenir de Jo Dekmine dans ses mé- nombreux à avoir foulé les moires Il était un piano noir… planches du 140. Loin du cliché du programmateur blasé par À nouveau contraints de déménager, avec la batteuse ! De belles découvertes qu’il al- Keren Ann, Arthur H, c’est toute une son frère Paul et quelques amis, ils créent lait dénicher au Marquee, le club mythique nouvelle génération d’auteurs-composi- les années, il reste intarissable le petit cabaret de L’Os à Moelle. À l’af- de Soho qui a vu éclore toutes les gloires teurs qui foule aujourd’hui les planches quand il s’agit de défendre la fiche : du jazz, Bobby Jaspar, René Tho- montantes de la scène rock anglaise, des du 140. Si je devais avoir un regret, c’est de mas, Dexter Gordon et Jacques Pelzer, de Stones aux Sex Pistols en passant par U2 n’avoir pu accueillir Bashung. Il devait ve- jeune génération d’artistes la chanson, et bien sûr les amis. En 1962, ou les Cure. nir mais finalement la tournée a été annulée qu’il programme aujourd’hui. on prévient Jo Dekmine que non loin de et après c’est devenu inabordable… Il faut là, on construit une salle pour accueillir En théâtre aussi, Dekmine affirme son dire que pendant longtemps Jo Dekmine C’est chez lui, dans ce théâtre quelques galas scouts. Le Théâtre 140 voit goût pour l’avant-garde et le décloisonne- n’a bénéficié d’aucun subside. Ce sont des qu’il dirige depuis 50 ans, qu’on le jour et Jo Dekmine y prend ses quar- ment des genres. Les spectateurs du 140 lui amis tels que Léo Ferré, Guy Bedos, Ray- tiers. Dès le début, j’ai voulu être une sorte de doivent la découverte de Julian Beck et du mond Devos, Pierre Desproges qui m’ont le rencontre pour évoquer forain culturel avec pour seule ambition de Living Theatre, du Wooster Group, de Pe- aidé à tenir le coup en partageant une par- son impressionnant parcours partager mes bonheurs et de m’en faire l’avo- ter Brook ou de Joël Pommerat à leurs dé- tie de leurs recettes. Et quand certains di- cat ! buts, mais aussi la présentation aux Halles recteurs de théâtre lui disent aujourd’hui de dénicheur de talents. de Schaerbeek de La Classe morte de Ta- qu’ils se considèrent un peu comme ses benjamin brooke En septembre 1963, la première saison deusz Kantor qui bouleverse toutes les cer- enfants, il leur répond avec ironie qu’ils du 140 s’ouvre avec Alex Métayer, Ro- titudes. Mais c’est peut-être avant tout sa sont avant tout ses concurrents ! Je ne dis- main Bouteille, Mouloudji, Roland Du- passion pour la danse qui a marqué les es- pose que de 500 places, si un artiste décide billard, Bernard Fresson... et un certain prits. La danse flamande d’abord, à peine d’aller ailleurs, je ne le considère pas du tout 140 qu’il dirige depuis 50 ans et les Halles Serge Gainsbourg devant une salle à moi- émergente, dont il est l’un des plus ar- comme une trahison. Mais bien souvent, ce de Schaerbeek, l’ancien marché couvert tié vide. À l’époque, c’est Hugues Aufray qui dents défenseurs : Anne Teresa De Keers- sont les artistes qui veulent venir jouer ici. Jo Dekmine Sainte-Marie où sa mère l’emmenait ache- remplissait les salles s’amuse Dekmine. Les maeker, Jan Lauwers, Les Ballets C de la B C’est ma chance ! Et les choses se traitent en ter du charbon de bois. Les Halles, dont il critiques étaient exécrables et dans l’hebdo- d’Alain Platel ou Koen Augustijnen. Mais amitié. C’est comme ça, c’est un bonheur ! orchestrera la réaffectation, au terme d’une madaire Pourquoi Pas ? on pouvait lire : Le aussi quelques internationaux comme Ca- Chineur d’émotions longue bataille politique, en un espace po- spectacle de Serge Gainsbourg a été un fiasco rolyn Carlson, Sankaï Juku, Carlotta Ike- lyvalent qui faisait cruellement défaut dans total. Il faut reconnaître que ce chanteur, mou da, Lucinda Childs, Maguy Marin, Phi- le paysage culturel du début des années 70. et désinvolte, ne l’a pas volé. Mais Dekmine lippe Decouflé… et Pina Bausch ! En 1983, Mais c’est son entrée à La Cambre qui bou- persiste et lui restera fidèle à travers ses confronté à l’exigüité de son lieu, Jo Dek- Les premiers leverse totalement son univers. Étudiant interprètes, France Gall, Françoise Har- mine arrive même à convaincre Gérard festivals rock en graphisme, Jo a l’idée de créer un ca- dy et Jane Birkin, toutes dans des récitals Mortier d’ouvrir les portes de La Monnaie on plus vieux souvenir mu- baret littéraire : naîtra La Poubelle, dans Gainsbourg. pour accueillir son Kontakthof aujourd’hui À la fin des années 60,J o Dekmine est l’un sical, c’est ma maman qui une salle décorée au papier kraft à l’ar- entré dans la légende. Et le soir de la pre- des premiers à comprendre qu’un public chantait Mozart de façon rière d’une friterie de la chaussée d’Ixelles. mière, les spectateurs chanceux l’enten- « pop » assoiffé de nouvelles sonorités est en L’éclaireur éclairé train de naître. Le 21 juin 1969, il participe merveilleuse !, se souvient C’est là que Dekmine fait venir Léo Ferré, Jo a du flair, c’est le moins qu’on puisse dent s’exclamer depuis le parterre : Ce soir, à l’organisation du Pop-Event à Deurne, un Jo Dekmine. Né d’un père un peu étonné de voir débarquer un jeune dire ! En 1967, 68 et 69, il fait venir Pink vous êtes au 140 ! festival de rock psychédélique avec plus de 16 flamand et d’une mère homme à peine âgé de 18 ans. Lors de son Floyd à trois reprises. Je les ai repérés à cinq groupes dont Wallace Collection, Procol Harum francophone, rien ne semblait pourtant premier passage, je l’ai même hébergé chez mes heures du matin dans un festival à Utrecht, se Les enfants de Jo et Fleetwood Mac. L’initiative est un énorme prédisposer le petit Jo, dont la famille était parents ! se souvient-il. Ferré, qui le suivra souvient Dekmine. À l’époque, la démarche Aujourd’hui, alors que le Théâtre 140 succès. Dans la foulée, il est chargé de faire ancrée dans le commerce international de à La Tour de Babel, sur la Grand-Place où musicale des Floyd correspondait exactement s’apprête à fêter ses 50 ans, Jo Dekmine la programmation rock du festival du journal M Actuel, initialement prévu en France et déplacé tissus à devenir cet homme de spectacle le lieu est contraint de déménager. On y en- au théâtre d’avant-garde que je présentais. continue à arpenter les routes à la re- en urgence à Amougies dans le Hainaut. Le dont les découvertes marqueront plusieurs tend des chansonniers, des humoristes, et D’autres grands suivront comme Frank cherche de nouvelles « émotions ». À Pa- Festival se déroule sur cinq jours avec à l’affiche : générations de spectateurs. quand l’artiste n’est pas au rendez-vous... Zappa, Soft Machine, Blondie, Johnny ris, Maubeuge, Lyon, Edimbourg… ou Pink Floyd, Captain Beefheart,F rank Zappa, Hasard ou coïncidence, en véritable Schaer- c’est Jo qui monte sur scène pour lire des Rotten, Talking Heads, Queen ou encore Avignon, où trois semaines par an, il est Ten Years After,T he Nice, Yes, Soft Machine... beekois, Jo Dekmine grandit au numéro 20 textes d’Henry Michaux ou chanter L’Opé- le Velvet Underground. Là, je m’étais fait un peu comme à la maison. Vincent De- à peine quelques mois après Woodstock ! de l’avenue Rogier, pile entre le Théâtre ra de quat’sous ! avoir, du groupe originel il ne restait plus que lerm, Thomas Fersen, Jeanne Cherhal,

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zoom La Média- thèque Le futur de tous les possibles Avec l’avènement de l’ère numérique et le développement d’internet, les activités de La Médiathèque se sont ébranlées. Supplantée par les logiques du téléchargement, la mise à disposition des disques ne tourne plus. Les centres de prêt se cherchent un avenir et La Médiathèque réfléchit activement à son futur. Idées géniales, pistes utopiques, initiatives novatrices : l’avenir de l’institution en question.

Nicolas Alsteen

our bien comprendre La Médiathèque et les nom- L’ouverture du premier centre de prêt de l’asbl Discothèque Na- blement de terre, le grand bouleversement. L’apparition d’inter- 2008, on annonce un plan de restructuration. Des emplois sont breuses pistes de réflexion qui découlent de sa réor- tionale voit le jour à Bruxelles dans un local du Palais des Beaux- net dans la sphère familiale marque un véritable tournant dans supprimés et les subsides publics diminués. Pour noircir un peu ganisation, il convient de relire la ligne du temps Arts. Sur place, l’abonné a la possibilité d’emprunter un disque l’histoire de la Médiathèque. Pourtant, on a senti le vent venir, sou- plus encore le tableau, les locations de disques s’amenuisent inlas- et de se pencher sur l’histoire. S’il prend officielle- pendant une semaine à tarif démocratique. La collection se com- ligne Pierre Hemptinne, le Directeur des Collections. À la fin des sablement, mais sûrement. La sinistrose est totale. C’est pourtant ment forme le 14 novembre 1956 sous le nom de Dis- pose alors de 2 700 œuvres de musique classique. Les autres années 1990, on était prêts à s’investir sur le web. On s’est positionnés, au cœur de ce chaos que s’ouvrent les grandes pistes de réflexions. cothèque Nationale, le concept germe dès 1952 dans genres ne sont pas encore représentés. Ils apparaîtront en cours mais l’Europe a tranché pour nous par voies légales. Elle a rendu im- La Médiathèque fait face à une nécessité. Elle doit absolument se l’esprit exalté de Jean Salkin. C’est une idée qui a d’abord été de route, au fil du temps (les collections jazz et chanson fran- possible la transposition de la notion de lecture publique dans l’envi- réinventer. C’est une question de vie ou de mort. Pour composer partagée par de jeunes gens qui ne connaissaient rien de la vie et çaise dès 1957) et des tendances (la musique pop, en 1970). Le sou- ronnement numérique. Comme on possède l’un des plus grands patri- les bases d’un futur (plus) simple, l’association s’attaque aux ra- Pqui se sont lancés un peu naïvement dans cette aventure, confiait- tien des pouvoirs publics vient rapidement compléter la partici- moines mondial de musique enregistrée, on aurait pu commencer la cines de ses problèmes : internet. il lors d’un colloque en 1968. Je dis « un peu naïvement » parce pation financière des membres et l’institution prend son envol. numérisation librement et donner accès au téléchargement. Ça ne sert que toutes les personnes consultées à l’époque ne nous ont pas ca- Un nouveau centre de prêt ouvre à Charleroi, puis à Liège, Na- à rien de se lamenter mais si, à l’époque, on avait accepté que La Mé- L’overdose culturelle ché leur scepticisme quant à la possibilité de mettre en prêt au mur, Seraing, Verviers, La Louvière. L’accès à la culture musi- diathèque s’implante sur internet et donne accès au téléchargement, En quelques années, le web a profondément bouleversé les habi- profit du grand public cet instrument tellement fragile qu’est le cale se démocratise et franchit un nouveau palier en 1966 avec on serait certainement devenu le plus grand opérateur public d’accès… tudes de consommations culturelles des citoyens. La perception disque. Pourtant, le modèle tient du génie : il s’agit d’offrir à le lancement du premier Discobus, un camion chargé de disques On aurait peut-être occupé la place qui est aujourd’hui celle d’iTunes. du disque s’est transformée, passant d’un bien rare et précieux tout un chacun l’accès à la musique comme une alternative qui sillonne les routes de Wallonie et dessert plus de 40 villes et à une denrée banalisée, disponible à profusion en trois minutes aux programmes radiophoniques sur lesquels les auditeurs communes. En 1971, l’institution se transforme pour devenir La Contrairement à certaines idées reçues, La Médiathèque n’a donc et autant de clics. Produit culturel de masse, la musique a plon- n’ont, évidemment, aucune influence. Si ce plan d’action fait Médiathèque de Belgique. Sept ans plus tard, elle passe entre les pas loupé le coche numérique. Elle s’est lancée dans la bagarre, gé tête la première dans le grand bain. Pour Pierre Hemptinne, gentiment sourire aujourd’hui, il faut se souvenir qu’au mitan mains de la Fédération Wallonie-Bruxelles et étend encore son s’est battue pour transposer ses collections sur la toile, mais en cette culture sans fond et sans limite a de bons et de mauvais côtés. L’ac- des fifties, monsieur-et-madame-tout-le-monde doit débour- réseau à Louvain-la-Neuve, Mons ou Braine-l’Alleud. vain... Elle s’est heurtée à un sacré sac de nœuds : les droits d’au- cès infini à la musique est positif. Le gros problème, c’est qu’on est systé- ser quelque 400 francs belges (près de dix euros) pour se pro- teur. Et puis, surtout, elle s’est montrée incapable de rivaliser avec matiquement noyé sous une tonne d’informations. On est dans un pa- curer une nouveauté sur disque vinyle. Autrement dit, seuls Crise du disque et autres contrariétés les puissants lobbies de l’industrie du disque. La législation euro- radoxe : la liberté d’acquisition obstrue la pensée. Quand on est saturé, les plus aisés pouvaient se la jouer « roi des platines ». L’objec- Important pôle culturel, l’association se développe sans discon- péenne est adoptée, La Médiathèque prend un sérieux coup sur on n’a plus d’effort à faire. Le téléchargement frénétique amène-t-il les tif est donc de nature sociale et culturelle. tinuer jusqu’aux portes du nouveau millénaire. Là, c’est le trem- la tête. Elle tente de se relever, mais le mal de crâne persiste. En gens à trier, comprendre, réfléchir, réagir et se construire autour de la

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musique ? Ce n’est pas parce que tout est désormais disponible sur inte- prêt physique. Quoi qu’il arrive, tous les titres resteront disponibles sur tés, analysés et expliqués, les net que le grand public a une vision globale de ce que sont les musiques commande. Pour ça, nos collections constituent un trésor de guerre. Si La Média- albums de Massive Attack, actuelles. Comment évoluent-elles ? Que racontent-elles sur le monde ? l’usage public ne semble, en effet, plus justifier l’exposition inté- thèque Beat Aphex Twin, Chemical Bro- Aujourd’hui, notre rôle est là : donner des clefs de compréhension aux grale des collections, celles-ci sont précieusement conservées, en quelques thers, Carl Craig ou Burial consommateurs culturels. La Médiathèque doit s’engager. Parce que classées et rangées dans d’immenses bases de données. Pour ça, Bang se situent entre une ligne du prêter des disques, c’était une intervention relativement neutre. Main- notre devoir de mémoire demeure essentiel, souligne encore Pierre chiffres temps et une notion de rythme, tenant, on va passer à l’action et engager une réflexion sur les pratiques Hemptinne. Le support physique enferme des informations qu’on Les nouvelles exprimée en BPM (Battement culturelles. ne trouve pas ailleurs. Quand on a développé les plates-formes numé- 14 théories de La Par Minute, unité de mesure riques Archipel et Beat Bang, on a eu recours au support physique Francs belges deman- utilisée pour exprimer le tem- Naissance d’un modèle pour comprendre la musique à travers les textes, crédits, livrets et po- dés aux premiers Médiathèque po). Travailler sur base des BPM, Toute la question est ici posée. Comment faire évoluer La Média- chettes des disques. Tout ceci est informatif. C’est un outil de connais- abonnés, en 1956, c’était d’abord une façon d’évi- thèque vers cet idéal de médiation dans une société dont les pra- sance. pour emporter un Application web développée par La ter d’étiqueter bêtement les mu- tiques culturelles sont largement régies par internet et les nou- disque à la maison Médiathèque, Beat Bang entend siques électroniques par genre, pendant une semaine. retracer l’histoire des musiques velles technologies ? Nous avons rapidement développé un modèle Que vont donc devenir les centres de La Médiathèque ? De nou- électroniques de 1988 à nos jours. De explique David Mennessier, théorique, explique Pierre Hemptinne. On s’est énormément inves- veaux lieux de vie ! Des espaces culturels différents où on participe, où la techno industrielle aux dernières un des responsables du projet. tis sur une plate-forme numérique baptisée Archipel. Elle traite des on partage, où on vit des expériences. Désormais, on va étudier la scé- 98.789.359 pépites forgées sur le dance-floor, La perception du style « dubstep », c’est tout un genre qui danse musiques expérimentales. Inaugurée en grande pompe à Paris, au nographie, la mettre en lien avec une thématique. Celle-ci sera déve- Médias prêtés par par exemple, n’est pas la même sur la toile. Sous les sunlights, La Centre Georges Pompidou, cette plate-forme met en évidence un loppée en fonction de l’actualité du programme culturel en Fédération La Médiathèque chez un Américain et un Alle- Médiathèque entrevoit un énorme nouveau savoir-faire et balise les pistes de réflexion de La Média- Wallonie-Bruxelles. On va créer des passerelles entre les arts, dévelop- depuis sa création. mand. Pour échapper à ces pro- thèque. Tant au niveau des méthodes de travail qu’au niveau de la per des partenariats avec les festivals et les acteurs de terrain. À terme, potentiel de développement. blèmes d’interprétation, on s’est logique éditoriale. on doit devenir une plate-forme de médiation, un endroit où l’on vit la Nicolas Alsteen reporté vers le BPM, une notion Suite à cette expérience fructueuse, l’institution belge est contac- culture à 360°. 8 internationale. Déjà disponible tée par de nombreuses associations européennes intéressées Concrètement, cette nouvelle perception ouvre de nombreuses Transfert de compétences Détours publiés à ce ur notre planète, on dé- en anglais et en français – une par le projet. Parmi elles, on trouve La Gaîté Lyrique, le centre perspectives. La Médiathèque pourrait thématiser ses espaces et jour par La Média- nombre quelque 350 fes- version néerlandophone est en des arts numériques et des musiques actuelles de la ville de Pa- organiser des événements en relation, par exemple, avec le lance- L’année 2008 marque un tournant dans l’histoire thèque. Disponible dans tivals entièrement dédiés préparation –, l’application af- de La Médiathèque. Le projet de restructuration tous les lieux culturels ris. Quand on a commencé à travailler ensemble, on s’est tout de suite ment de son application numérique Beat Bang, axée sur les mu- aux musiques électroniques. fiche des prétentions univer- secoue considérablement l’association et l’oblige depuis octobre 2011, ce S tourné vers les musiques électroniques, le genre qui correspondait sans siques électroniques. Pendant une période donnée, le public au- à se réinventer sur de nouvelles bases. Avant, bimestriel est entière- Sur une année, cela constitue selles. Elle peut effectivement doute le mieux aux arts numériques, remarque le Directeur des Col- rait ainsi l’occasion d’assister à des DJ sets, de participer à des les médiathécaires étaient des responsables de ment pensé et rédigé quasiment un événement par être comprise de tous, poursuit lections. Notre collaboration a donné vie à Beat Bang, un système de ateliers avec des artistes représentant le courant techno, de tester collection. Ils géraient un budget rock, classique par les médiathécaires. jour. Autrement dit, si les ex- son collègue Benoît Deuxant. navigation pour écouter, relire et comprendre une partie du répertoire du matériel, d’assister à des conférences, de visiter une exposition ou jazz. Ils campaient derrière un comptoir pour Dossiers, chroniques, tra-terrestres débarquaient un D’autant que la navigation est as- des musiques électro sur la période 1988-2012. dédiée au « graphisme dans la musique électronique » ou, bien en- répondre aux questions du public, conseiller les références, lexiques, beau soir sur terre, il faudrait sez intuitive. On se déplace sur tendu, d’emprunter tout un catalogue dédié à ce genre musical fi- gens, explique Pierre Hemptinne, Directeur des le magazine aborde nécessairement leur expliquer le site en suivant des petits îlots Collections. Avec le modèle que nous dévelop- la culture à 360°. Derrière la mise en œuvre de cette seconde plate-forme se cache nalement peu connu du grand public. Les possibilités sont infi- pons aujourd’hui, ils sont amenés à devenir des pourquoi les humains s’agitent composés de bulles (les disques). aussi l’envie de faire évoluer les mentalités. Chez nous, les mu- nies, les défis innombrables. spécialistes de la transmission en écrivant sur une sur le beat et se défoulent sur le Celles-ci flottent sur l’écran en è siques électroniques sont prisonnières de clichés. Pour beaucoup, elles thématique, un artiste, un disque, une musique, etc. 141 dance-floor. Au 21 siècle, c’est fonction de leur rapport au temps sont juste synonymes de tchak-tchak-boum-boum. Actuellement, on se Le renouvellement des publics Ils doivent prendre la parole, animer des ateliers, Personnes employées une certitude : l’électronique (année de publication) et au tourne vers les écoles en proposant Beat Bang comme outil pédago- Pour La Médiathèque, l’enjeu majeur est certainement de rajeu- des débats, faire des présentations. Tout ceci à temps plein par occupe la bande-son mondiale. rythme (BPM). L’internaute est gique dans des ateliers d’animation. On est bien accueilli parce l’électro nir son public. On est effectivement dans l’obligation d’attirer de nou- fait l’objet de nombreuses formations pour que La Médiathèque. Pour rendre compte de cette donc amené à se perdre, à écouter est un genre que les jeunes adorent. Et puis, cette musique est le symp- veaux visiteurs. On doit se tourner vers les jeunes, les familles : toute ces nouvelles compétences puissent s’exprimer nouvelle réalité, la comprendre et à (re)découvrir une musique, concrètement sur le terrain. En 2008, quand on nous tôme de grands faits de société. Elle apparaît dans les années 1980, une une frange de la population qui ne vient plus nécessairement chez et l’expliquer, La Médiathèque, son histoire et son contexte. Mais a demandé de supprimer des emplois, on n’est pas 3 période marquée par d’importants changements économiques et poli- nous mais pour laquelle la diversité culturelle demeure essentielle. tombé dans la brutalité en disant : « Voici le profil Centres mobiles (disco- associée au centre de la Gaî- pourquoi démarrer l’aven- tiques. À l’époque, le projet de société était tourné vers le progrès. D’un La Médiathèque vit donc une importante période de transition, recherché, vous n’y correspondez pas. Au revoir ». bus) qui, chaque année, té Lyrique à Paris, a mis en ture en 1988 ? Pour adopter coup, la crise économique est venue enrayer l’organisation sociale. Le obligée de rajeunir une partie de son public tout en déplaçant les Il fallait licencier des personnes, on a favorisé les parcourent plus de œuvre Beat Bang. Cette appli- un point de vue européen, sou- chômage de masse s’est développé et le futur n’était plus assuré. Les mu- centres d’intérêts de celles et ceux qui, aujourd’hui encore, ne se départs volontaires. On s’est reconstruit dans 167.000 kilomètres pour cation numérique, disponible ligne Benoît Deuxant. Il fallait siques électroniques se sont développées dans ce contexte pour, ensuite, reconnaissent qu’à travers la location de supports physiques. le respect social en faisant évoluer le personnel délivrer des disques sur internet, raconte l’histoire un point de départ. On a choi- évoluer et s’imprégner de l’air du temps. Sous un aspect ludique, une dans l’acquisition de nouveaux savoir-faire. dans les communes des musiques électroniques en si le morceau Voodoo Ray de A de la Fédération plate-forme numérique comme Beat Bang propose donc de décou- L’éprouvette liégeoise Wallonie-Bruxelles. se penchant sur 500 albums et Guy Called Gerald parce que la vrir un répertoire musical, de l’approfondir et de l’expliquer, un Récemment rénovée et repositionnée dans la ville, La Média- autant de façon d’appréhender musique de cet artiste anglais peu comme cela se fait depuis des années dans les « cultural stu- thèque de Liège fait office de terrain d’essai. Elle est actuelle- les grands chapitres du mou- dresse des ponts entre la house de dies » des universités anglo-saxonnes où les musiques dites « po- ment conçue comme un espace de médiation, un lieu d’expériences 125.000 vement. Chicago, la techno de Detroit (…) pulaires » sont méticuleusement décortiquées et mises en rela- pluridisciplinaires où prennent place des ateliers, débats, anima- Affiliés actuellement et le continent européen. De plus, tion au monde et aux pratiques culturelles. tions concerts, etc. On étudie toutes les possibilités d’aménagement. actifs au sein du réseau. Quand on débarque sur le il s’agit d’un titre-phare de la On n’écarte aucune hypothèse. On veut vraiment développer un lieu site web de Beat Bang (www. scène rave qui, sur le plan social, Nouveau lieu de vie de vie en phase avec l’évolution de nos sociétés. En pleine redéfini- Libérer le Passage ! 1,60 beatbang.be), on s’étonne tout constitue un événement majeur. La Médiathèque poursuit ainsi sa métamorphose. D’un centre tion de ses fonctions culturelles et sociales, La Médiathèque se Euros. C’est le prix au- d’abord de ne pas trouver le À Bruxelles, La Médiathèque du Passage 44 va de prêt démocratique émerge un important médiateur culturel. réinvente progressivement. Sur la route qui mène aux change- jourd’hui payé par les traditionnel moteur de re- Le travail présenté sur Beat déménager dès septembre 2013. Plus petit, l’endroit Jusqu’à présent, on existait dans un lieu précis, dans une ville, en met- ments, elle croisera encore de nombreux obstacles. C’est vrai, affiliés pour emprunter cherche. Ici, l’approche n’est Bang est d’une précision chirur- sera pensé différemment : On ne se réinstalle pas, un album CD ou vinyle tant le plus possible de disques à disposition des gens. Aujourd’hui, mais la tâche demeure terriblement excitante. Il faut tout repenser on créé un nouveau lieu culturel, prévient-on du absolument pas linéaire. Les gicale. Instrument ludique, ou- pendant une semaine. nous n’utilisons même plus le terme « centre de prêt ». Il n’a plus de sens et envisager les choses sous un nouveau jour. En même temps, notre côté de l’association. Notre envie n’est plus de louer disques électroniques présen- til éducatif, l’application rend même si, cette année, on enregistre encore plus d’un million de prêts approche reste fidèle aux fondements des créateurs de La Média- des disques, mais de créer un lieu de vie avec ses tés sur l’application de La Mé- (enfin) justice à l’électro, une physiques ! Ce n’est pas négligeable, mais ça reste insuffisant pour jus- thèque : ouvrir la culture au plus grand nombre pour que nos pra- propres spécificités : une place où il se passe des diathèque répondent à un musique qui, de tous temps, s’est tifier notre activité et lui donner une importance socioculturelle. Les tiques quotidiennes soient les plus enrichissantes possibles. Soit un choses, où on peut découvrir et vivre des expé- double classement : chronolo- montrée en accord avec les pul- nouveautés vont continuer de rentrer. C’est ce qui va faire perdurer le vrai projet de société. riences. Une véritable plate-forme pluridisciplinaire. gique et rythmique. Commen- sions sociales de son époque.

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payé. Quand Gürü Voodoo est sorti, nous étions dans tous les médias et nous en étions très fiers car on avait le sentiment d’avoir tout donné sur ce disque.

Forts de leur petite structure indépendante et d’une prise rapide de décision, les Vismets ont réussi à imposer une image et une identité très fortes. Mais rien n’est figé ni planifié longtemps à l’avance. Avec les Vismets, il n’y a pas de longs brainstormings pour définir une stratégie de communication, souligne Christophe Waey- tens, manager et cinquième membre «officieux» du groupe. Ils sont très spontanés et instinctifs dans leurs initiatives, mais il y a une vraie Vismets cohérence dans la ligne à suivre. Ils savent exactement ce qu’ils veu- lent. Et aussi ce qu’ils ne veulent plus. Lorsque les Vismets jouent La stratégie de l’instinct au printemps de Bourges en 2011, un faux journal avait été dis- tribué aux médias couvrant l’événement. On peut y lire en man- chette « Les Vismets, le groupe interdit en Belgique. » C’était une idée du label Roy Music qui distribuait notre album en France. Ils vou- rès peu d’informations ont filtré jusqu’à présent sur laient miser sur le côté «Vismets = petites frappes». On n’a pas osé dire le deuxième album des Vismets dont la sortie est at- non et ça n’a pas fonctionné car on n’y a jamais cru. tendue pour la fin du mois d’avril. Et vous savez quoi? C’est voulu. Sans être entourée d’une armée de stra- Pour son retour aux affaires, le groupe a aussi compris que tout en tèges fraîchement diplômés des meilleures écoles de thésaurisant sur le succès de Gürü Voodoo (20 000 exemplaires ven- marketing, la formation électro/rock bruxelloise a dus), il était nécessaire d’aller de l’avant. Il y a encore beaucoup de dans ses gênes un sens inné de la communication et a compris travail. On sait qu’il faut mieux aborder la Flandre par exemple, note que pour faire parler d’elle, il fallait aussi parfois savoir se taire. Christophe Waeytens. Même si les publics francophones et néerlan- T dophones se croisent dans les mêmes salles, la Flandre doit être consi- Le dernier concert des Vismets remonte à novembre 2011. L’été dernier, dérée comme un territoire international spécifique au même titre que on a reçu de belles propositions pour les festivals mais nous avons dé- la France ou l’Allemagne. Pour Gürü Voodoo, la biographie offi- cliné l’invitation, ce n’était pas le moment, explique Dan Klein, chan- cielle envoyée à la presse n’existait qu’en langue française. Une er- teur du groupe. Il est parfois judicieux de se faire oublier. Pour nous, il reur de novices, reconnaît Dan. Cette fois, on va travailler avec un at- n’y a rien de plus important que ce nouvel album. On veut que sa sortie taché de presse indépendant néerlandophone qui connaît parfaitement commerciale soit un événement. Et pour cela, les gens doivent avoir en- les médias en Flandre. On fait aussi gaffe aux messages qu’on distille vie de l’entendre. Il faut créer une attente et de l’excitation au sein du pu- sur notre page Facebook. Ils ne doivent pas être réducteurs ou donner blic. L’idée est de faire monter la pression mais aussi de titiller la curio- de fausses pistes. En 2007, j’avais dit que les Vismets faisaient du rock sité. À partir de janvier, nous allons distiller quelques infos sur Internet, baroque électro barré. C’est devenu un slogan. Dans chaque article de via des teasers, des photos et des vidéos mais on veut aussi garder la ma- presse publié à la sortie de Güru Voodoo, on retrouvait cette formule gie du mystère. Bien communiquer, c’est aussi ne pas communiquer. qui ne nous correspond plus du tout aujourd’hui. C’est important de ré- Je sais qu’il y a beaucoup d’artistes en Fédération Wallonie-Bruxelles fléchir à la manière de se vendre et de trouver des idées originales, mais qui ne cessent de se montrer. Quand ils n’ont pas de nouvel album avec il faut rester en phase avec la musique. C’est drôle, parce que lorsque je leur groupe, ils lancent un projet parallèle ou jouent dans d’autres for- dis ça, je me rends compte que les groupes que j’aime le plus, que ce soient mations. Nous, on préfère rester en retrait. D’un autre côté, ce silence Klaxons, Tame Impala ou MGMT, on ne peut pas dire qu’ils sont des est très pesant psychologiquement. Pendant deux ou trois ans, on a exis- champions de la com’. té en tant que Vismets grâce à notre album et nos concerts. Quand tu te renfermes sur toi-même, il y a forcément une perte de confiance en soi et ranck Bohbot F beaucoup de remises en question. C’est inévitable. © le nouvel album des vismets

Pourtant, les Vismets n’ont pas toujours joué cette carte de la dis- En octobre 2011, les Vismets lançaient un appel de fonds pour l’enregis- crétion. À leurs débuts, ils suivent même la démarche inverse. trement de leur nouvel album. Via la plate-forme participative go.vismets. Tout en laissant la musique au centre des (d)ébats, la Plusieurs mois avant la commercialisation de son premier al- com, le groupe proposait au public de financer leur disque moyennant bum Gürü Voodoo, en mai 2010, le groupe occupe déjà le terrain contrepartie(s). Plusieurs tarifications étaient possibles : de 10 € (avec formation bruxelloise a réussi à s’imposer grâce à une alors qu’il n’a pourtant rien de concret à proposer. Sur foi d’un garantie de recevoir une version digitale de l’album en avant-première) à concert sulfureux ou d’une déclaration tapageuse, journalistes et 7 500 € (avec un concert privé à la clef). Les Vismets ont mis la barre très image forte et un marketing artisanal d’une redoutable haut en fixant un budget de 90 000 €. L’opération, étalée, sur trois mois, leur public s’emballent et posent déjà un jugement quasi définitif sur efficacité. Pour Dan Klein, leader en chef des Vismets, a permis de récolter 51 906 €. Alors, échec ? Non, pour nous, c’est une grande ces « sales kets bruxellois ». On les aime ou on les déteste, et sou- satisfaction, analyse Dan Klein. Ce n’est pas du tout un coup marketing ou tout est une question d’audace et de spontanéité. vent pour les mêmes raisons. Nous l’avons joué à l’esbroufe et ça a une volonté de se démarquer. L’idée initiale était d’inclure dans le processus fonctionné, se souvient Dan. En 2007, on avait le nom Vismets, mais créatif les fans que nous avions séduits avec Gürü Voodoo et de pouvoir luc lorfèvre pas le moindre morceau. On montrait nos gueules partout, on traînait garder notre totale indépendance. Avec ce budget, nous pouvons nous dans les endroits où il fallait avec nos vestes en cuir et nos lunettes de permettre de faire l’album et de travailler à sa promotion sans la moindre soleil. Nous avons eu aussi la chance de donner des concerts très mé- contrainte d’une firme de disques. Ce modèle économique renforce aussi la proximité avec nos fans, mais là aussi, il faut savoir le gérer. On se doit diatisés (Boutik Rock, Nuit du Soir, Forest National en première de leur donner régulièrement des nouvelles sur l’état d’avancement de partie de Ghinzu, - ndlr). Bien sûr, notre attitude a été prise pour de l’album. Ils ne doivent pas penser qu’on s’est tiré aux Bahamas avec leur l’arrogance alors qu’il y avait seulement de l’ambition de notre part. On fric. Mais il faut aussi entretenir le mystère avant la sortie du disque. voulait très vite monter en division 1. Notre audace et notre travail ont

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aperçu l'interview indiscrète

La figurine Dinosaures C’est un personnage issu de la série télévisée américaine Di- nosaures, un truc que je regardais quand j’étais gosse. Cette sé- L’interview rie touchait au monde de la marionnette avec des personnages grandeur nature. Il y avait de ça dans le premier album de Jos- hua, L’Homme à la Tête de Chien. Plus loin dans la discographie du aperçu indiscrète groupe, il y a eu Animal Will Save The World. C’était de nouveau un clin d’œil à ce monde imaginaire, à cette part d’enfance qui vibre en moi. La série Dinosaures offrait aux enfants des constats de société, intéressants parce que décalés : tous les codes sociaux Field music Joshua étaient inversés. Ce qui était moche devenait beau, ce qui faisait Passionné par les disciplines artistiques se donnant le monde peur était cool, ce qui blessait faisait un bien fou. Cela amenait pour objet, le Liégeois Alexandre Galand vient de publier forcément les enfants à se poser les bonnes questions. Car, au un livre tout entier dédié à l’enregistrement de terrain. fond, qu’est-ce qui est beau ? Qu’est-ce qui est cool ? Field Recording. L’Usage sonore du monde en 100 albums La figurine Gorillaz Cette figurine, c’est un point de repère. Elle me suit partout. J’ai Field Recording vient de paraître chez Le Mot et le Reste et raconte ces L’usage sonore du monde commencé à collectionner tous les personnages à l’effigie du en 100 albums, grands curieux qui immortalisent les chants des prisonniers, 1 groupe Gorillaz. Dès que j’en vois une, je l’achète. Dans ma vie, Le Mot et le Reste, 312 pages. des Pygmées, des singes, du vent et des grenouilles. j’ai toujours eu des phases obsessionnelles comme ça. Au tout dé- but, j’adorais Louis Armstrong. Ensuite, je suis devenu complète- Julien Broquet ment accro aux Guns N’ Roses. Après, c’était au tour de Nirvana. Là, j’étais fan absolu. Ce qui est moins le cas avec Gorillaz. Ce que j’apprécie vraiment dans ce projet, c’est le rapport à l’image. Pour moi, le premier album (Gorillaz) était surtout un effet de style. Le déclic s’est véritablement produit à la sortie du second (Demon orti en 1979 du ventre mater- nomusicologues et les audionaturalistes. Days). Là, Gorillaz a réalisé ce que j’ai toujours voulu faire : un Fous du son 2 nel, docteur en Histoire, Art Les premiers chassent les musiques de Comment un Belge relativement inconnu mélange de tous les styles, avec des chansons aventureuses, des et Archéologie, Alexandre Ga- l’ailleurs. Les deuxièmes cherchent à ar- au bataillon finit-il par publier un livre sur invités, des producteurs intéressants et surtout, une histoire ani- land se passionne depuis un chiver les sons de la nature. Chants d’oi- un sujet a priori aussi incongru chez Le mée par des personnages fictifs. bout de temps déjà pour les dis- seaux, cris d’animaux, ruissellement de Mot et le Reste, l’une des toutes meilleures ciplines artistiques se donnant pluie, grondements d’orage et autre fonte maisons d’édition françaises en matière Atari Age « E.T. – The Movie Game » le monde pour objet. Le cinéma documen- de glaces… Le genre de bazars qui peu- d’écrits musicaux. Je me suis retrouvé sans E.T. est le premier film que j’ai vu au cinéma. Ça se rapporte à taire et le récit de voyages. Le nature wri- plent souvent les bacs à soldes et les dis- emploi pendant quelques mois après ma thèse l’imaginaire, à la science-fiction, au fantastique. Ici, c’est l’affiche ting et la peinture de paysages… Pas éton- cothèques new age. de doctorat, se souvient Alexandre. Je te- du jeu vidéo. Émotionnellement, quand tu es derrière ta manette, S 3 nant que le Liégeois consacre un livre à nais à rentabiliser le temps à ma disposition tu évolues dans une réalité parallèle. J’aime ça. Avec cette affiche, l’enregistrement de terrain : Field Recor- Pendant le 20e siècle, l’enregistrement de et je me suis mis en tête d’écrire sur le sujet. on est en plein dans les années 1980. À l’époque, j’ai joué des jour- ding. L’Usage sonore du monde en 100 albums. terrain a toutefois cessé de se limiter à Gamin, je m’intéressais à l’ornithologie et aux nées entières à la console en bouffant des heures de musique. une démarche de conservation du patri- chants d’oiseaux. Je me suis par la suite, pen- Parce que tous les jeux vidéo utilisaient des sons en boucle. Avec Le field recording n’est pas un genre, précise moine. Il est entré dans le domaine de la dant mes études, penché sur les relations de le temps, les musiques de Marios Bros., Tetris ou Out Run ont pé- d’emblée l’auteur pour éclairer les lan- composition et de la création. Partant du l’homme avec son milieu de vie et me suis pris nétré l’inconscient collectif. Depuis le Commodore 128, je n’ai ja- ternes, c’est un ensemble de pratiques utili- postulat que n’importe quel son peut être de passion pour les musiques expérimentales. mais arrêté d’acheter des consoles de jeux.

sées dans un panel très large d’univers. utilisé dans un but artistique. J’avais déjà un peu tâté de l’écriture en colla- uillaume Kayacan G © borant avec La Médiathèque sur Archipel 4 Le globe terrestre L’enregistrement de terrain naît à la fin Dès que le son est produit, il appartient au (le site web consacré aux musiques inclas- J’ai toujours eu des mappemondes chez moi. Je vois ça comme du 19e siècle avec l’apparition de maté- passé. Avec ma formation d’historien, ça me sables). J’ai dès lors tout simplement, comme En tournée sur les routes du pays, on s’est arrêté un bon moyen de prendre du recul par rapport à l’existence. On riel d’enregistrement de plus en plus fa- préoccupe. Surtout dans le contexte actuel on jette une bouteille à la mer, contacté ce quelques minutes chez Greg Avau, cerveau pense toujours tout connaître sur le monde mais, dans les faits, cile à transporter. Le studio perd alors où tout s’uniformise, raconte Alexandre chouette éditeur. du groupe Joshua et bidouilleur de tous les on ne connaît qu’une infime partie de la réalité. Ce constat peut de sa fatalité et l’homme peut partir par Galand qui compile dans son bouquin Un chouette éditeur pour un livre fascinant aussi s’appliquer à la musique. Si on ne gratte pas, on tourne vite les chemins pour capter quantité de mu- des chants de prisonniers captés du côté qui vous fera écouter d’une autre oreille le dangers. On en a profité pour farfouiller dans en rond : on écoute un style ou un artiste en prenant toutes ses siques et de sons, explique Alexandre de Memphis par Alan Lomax, des al- monde qui nous entoure et regarder d’un sa maison en toute indiscrétion. L’intéressé chansons pour argent comptant. Là, je ressens le besoin de m’in- Galand dans son passionnant ouvrage. bums de Steve Reich et Chris Watson, autre œil les farfelus du son comme ceux vestir dans des projets à l’étranger. Avec Joshua, on va partir en comme des enregistrements de singes, croisés chaque année à Mons le temps de nous éclaire sur nos plus belles trouvailles. Inde, à Delhi. On parraine la Fondation Père Damien en 2013. On Les pionniers de la discipline sont les eth- d’insectes et de grenouilles. City Sonic, le festival des arts sonores. va donc partir à la rencontre des lépreux. Ça nous fait peur… On Nicolas Alsteen sait déjà qu’on va se prendre une méchante claque dans la figure.

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décryptage décryptage

fonds public d’un montant de 5 millions € a remplacé le système de copie privée qui permettait de récolter jusqu’à 120 millions € par an.

Derrière l’exemple, la question : le droit à la copie privée et la rémunération aux créa- teurs qui en découle vivent-ils leurs derniers jours? On n’en est pas encore là, mais l’op- timisme n’est pas de mise pour autant. On doit clairement réfléchir à un autre système, La copie privée s’y préparer, orienter les choses afin que au bout de la chaîne chaque partie y trouve son compte... dit- on chez AUVIBEL, mais nous sommes en Parmi les différentes sources La rémunération pour copie privée, s’adapter aux évolutions technologiques même temps dans l’attente d’un projet de comment ça marche? (c’est ainsi qu’en 2004, les produits taxés loi de 2005 qui n’est pas encore mis en vi- de revenus pour les musi- La façon de payer les créateurs via la rému- ont été revus, prenant en compte l’évolu- gueur. Et dans l’attente, nous ne pouvons ciens, il existe un système de nération pour la copie privée est scellée par tion numérique et incluant la clé USB, le rien faire. Ce projet de loi, lui-même basé la loi belge par un arrêté ministériel. Autant disque dur, la carte mémoire,...), mais sur- sur une directive européenne datant de rémunération liée au droit à dire que l’affaire est encadrée. tout, il dépend quasi uniquement de l’évo- 2001, concerne l’adaptation des droits d’au- la copie privée. Décryptage. Selon la loi, la somme est répartie aux lution du marché et de la vie économique teur de l’ère analogique à l’ère numérique... ayants-droit, d’une part pour le son, d’autre de ces produits. Ce qui pose pas mal de dif- No comment. Didier Zacharie part pour l’audio-visuel. Ces ayants-droit ficultés... et pousse au pessimisme quant à illustration : greygouar étant les auteurs, les artistes interprètes et l’avenir du système même. Quant aux moyens de contrer la tendance, les producteurs. Chacun touchant un tiers ils sont faibles. Car les sociétés de droit de la somme perçue. Tout d’abord, l’évolution du marché techno- d’auteur, et encore plus celles qui s’occu- logique est à la baisse. Il y a vingt ans, on pent de la copie privée, font peu de poids Dans les faits, la répartition de ces achetait des cassettes à la pelle, il y a dix face aux géants de l’industrie technologique sommes est négociée entre les sociétés ans des CD’s vierges en même abondance, comme Apple ou Sony. On pourrait imaginer d’auteurs (SABAM, SACD) en fonction des mais aujourd’hui, une clé USB suffit pour se une mise en commun de ces sociétés au ni- répertoires de ces sociétés. En cas de litige faire une bonne petite discothèque, sans veau européen, mais ce n’est pas encore le ou d’œuvres coécrites par deux auteurs même parler des disques durs externes ou cas, les discussions se faisant directement appartenant à des sociétés différentes, des cartes mémoire. En dix ans, les ventes avec les sociétés d’ayants-droit et les as- on regarde la répartition prévue dans le de CD’s ont chuté de 20 à 25%. Certes, ce sociations d’auteurs... qui ne sont d’ailleurs contrat d’enregistrement. Le tout est de secteur est remplacé par d’autres, mais pas uniques au niveau national. La copie privée, c’est quoi? toute manière encadré par la loi. le rythme de remplacement n’est pas le La copie privée est une exception du droit même que pour les cassettes, insiste Fran- Surtout, François Stroobant nous rappelle que d’auteur qui autorise une personne à repro- En France, le système est légèrement dif- çois Stroobant. On n’achète pas autant de le droit à la copie privée est une exception au duire une œuvre pour son usage privé. En férent, un quart de la somme perçue étant disques durs que de cassettes ou de CD’s droit d’auteur, si bien que ses combats arri- clair, quand vous achetez un disque, vous destiné à financer des événements cultu- vierges. Loin s’en faut. Et la tendance est vent après tous les autres. AUVIBEL se trouve avez le droit d’en faire une copie pour vous rels (festivals, théâtre, expositions, spec- inévitablement à la baisse. loin dans la chaîne des batailles menées pour et votre famille. Tant que la copie reste dans tacles de rue,...). Ce n’est pas le cas chez rémunérer les créateurs. Elle est de plus une le cercle familial, vous êtes dans la légalité. nous. Cette évolution du marché fait d’ailleurs société fortement subsidiée qui ne subsiste- office de négociations, voire même d’une rait pas sans l’argent public. Bref, il vaudrait En contrepartie de cette copie privée, il Mais de quel montant parlons-nous ? Se- observation constante entre les sociétés mieux ne pas trop espérer que la rémunéra- existe une redevance sur l’achat de matériel lon François Stroobant, directeur d’AUVI- des ayants-droit (SABAM, SACD), les socié- tion pour copie privée bouche les trous finan- multimédia qui vous permet de faire cette BEL, la rémunération pour la copie privée a tés de copie privée (AUVIBEL) et les entre- ciers du secteur musical. copie. Il fut tout un temps ou ces médias permis de récolter en Belgique 24 millions € prises productrices des produits technolo- étaient des cassettes audio, vidéo, des CD en 2011. Un montant assez stable, même si giques (Apple, Sony,...). Or, ces dernières vierges ou DVD. Aujourd’hui, on parle plutôt la tendance est à la baisse (on y revient). rechignent à (faire) payer la facture, sur- clés USB, disques durs ou cartes mémoires. À titre de comparaison, en France, 189 mil- tout avec un marché en constante baisse. Cette taxe, reversée aux créateurs, est ap- lions € ont été récoltés en 2010. Nombre d’entre elles1 ont d’ailleurs pro- pelée rémunération pour copie privée. posé de remplacer le droit à la copie pri- vée par un système de fonds public. Une Ce système est appliqué dans la majeure Une nouvelle source de revenus proposition dénoncée par les sociétés de partie des pays européens, mais selon les pour les artistes ? droits d’auteurs mais qui a déjà été mise lois nationales. En Belgique, la perception On l’a vu, la rémunération issue de la co- en vigueur en Espagne, en proie aux pro- 1 - Digital Europe, qui et la répartition des sommes perçues via ce pie privée n’est au final qu’une taxe sur les blèmes économiques que l’on sait et qui représente quelques-unes des plus importantes système est gérée par une société de ges- appareils permettant de faire ces copies. a par conséquent coupé dans le secteur entreprises productrices de tion collective AUVIBEL. De ce fait, non seulement le système doit culturel. Ainsi, en Espagne, un système de produits technologiques.

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in situ… in situ…

IL’Entrepôtn Situ… Trafiquants en tous genres Le Grand-Duché de n’a pas lièrement propice à la découverte, 80. Ajoutez-y des loges dignes de ce nom, trois locaux de répétition, un catering… et les artistes que l’essence moins chère pour seul attrait. passés par ici avant les transformations risquent de ne plus recon- L’alcool, aussi, et depuis un bail. D’où les naître l’endroit !

bâtiments construits par la douane le long Pour la petite histoire, il est resté un dépôt de douane jusque de la frontière, de ce côté de l’Eisch en tout dans les années 80, a ensuite été utilisé pour entreposer du café, avant d’être confié à Losange par la commune d’Arlon, dans ce cas. À Arlon, L’Entrepôt était à l’origine l’un même état. Disons « industriel ». Ou « spartiate »… Plus propice à de ceux-ci. Sorti de terre parmi les premiers, la visite de groupes punk, hardcore et metal que d’artistes jouant du folk ou de l’électro minimaliste. Nous avions déjà du chauffage, entre 1874 et 1895, il a longtemps servi au reprend Frédéric en riant, mais l’installation faisait 89dB. Pour de l’acoustique, ce n’était pas possible ! Un détail, pour des turbulents

stockage des bouteilles, tonneaux et autres osange asbl L osange asbl ©

comme Agnostic Front, Biohazard et autres Misfits ! L récipients confisqués aux trafiquants. ©

Didier Stiers L’Entrepôt accueille de 300 à 400 groupes par an. En 100 à 120 soirs… La moitié des concerts environ sont des productions propres, l’autre des coprods. Aucune nuisance sonore n’est à craindre : à gauche, la crèche ferme à 19h, et à droite, on a du ferroviaire ! Du coup, sa façade caractéristique, avec le lion aux sceptres, se voit plutôt bien, parmi celles du voisinage. Mais elle ne lui a pas valu un classement : le bâtiment compte sim- plement dans l’inventaire du patrimoine monumental. e 20 novembre, les lieux n’embaument plus vrai- ment l’absinthe qui fuit, le genièvre de contrebande Suffit de demander… ou la prune de derrière les fagots. Plutôt la pein- L’équipement qu’il abrite a toujours fait l’objet de soins attentifs. ture fraîche et le matériau neuf. Après quatorze Nous avons débuté avec du matériel acquis sur fonds propres. La Fé- mois de travaux, l’asbl Losange a repris les activi- dération Wallonie-Bruxelles nous a un peu aidés, nous avons rache- tés qu’elle y menait depuis 1997. Ce soir, la télé lo- té ailleurs, trouvé des bons plans… Ça a toujours été petit à petit. Là cale vient filmer un concert. Samedi, les Legendary Pink Dots nous sommes autonomes pour 90% des cas. Nous disposons d’une fa-

font leur retour. BRNS s’annonce en décembre… et la saison 2013 çade, deux régies… Vu le nombre de concerts, nous n’aurions pas pu te- osange asbl osange asbl L L Cse présente sous les meilleurs auspices. nir le coup avec de la location. © ©

Les travaux ont essentiellement servi à revoir les espaces, commente À L’Entrepôt, on pousse l’accueil des artistes, désormais tous genres L’Entrepôt Frédéric Lamand, programmateur et coordinateur. L’acoustique confondus, probablement plus loin qu’ailleurs. Qu’il s’agisse de ré- a été améliorée, tout comme le chauffage, les sanitaires, l’électricité… pétition, de résidence ou de concert. Si l’eau et le courant sont pré- Rue Zénobe Gramme 2 L’asbl Losange mène Jusque-là, c’était un « lieu occupé » alors qu’aujourd’hui, avec la Ville, vus pour les tourbus, un partenariat s’est même noué avec l’hôtel 6700 Arlon ses activités de nous avons développé une vraie salle de concert. La Ville a fait pro- tout neuf construit de l’autre côté de la rue ! On ne s’étonnera donc diffusion depuis 1987. T : +32(0)63 23 93 57 céder aux rénovations sur fonds propres : ils ont mis 1 400 000 € ! pas d’en voir certains s’en aller une petite larme à l’œil, d’autres re- Début mai, elle fêtera Web : www.entrepotarlon.be les 5 ans des Aralu- Dans le bâtiment de 30 mètres sur 11, il ne reste plus un seul centi- venir dès qu’ils peuvent… Entre la venue de Noir Désir ou de dEUS, Gps : Latitude 49.680 638 8 naires, son festival. mètre carré qui n’a pas été exploité. Entre autres par de bonnes idées les anecdotes ont eu le temps de s’accumuler. C’est ici que David de Longitude 5.805 973 900 000 026

chipées ici et là : un pont roulant a aussi été installé, inspiré par ce Four, de United Biscuit, a rencontré No One Is Innocent dont il est deve- osange asbl L qu’on a vu aux Halles de Schaerbeek… nu le guitariste. Punish Yourself a fait ici sa première belge. Mass Hyste- © ria aussi, devant 20 personnes… Nous les avons fait revenir, c’était com- Du chauffage et du bruit plet, mais il n’y avait plus d’électricité parce qu’un camion avait arraché Une vraie salle de concert, donc… Et même deux, dans ce qui les câbles ; les mecs n’en revenaient pas ! Une chouette histoire parmi est le seul lieu de diffusion permanent de la Province de Luxem- d’autres à se raconter quand l’hiver aura installé dans le coin ses bourg : la plus grande accueille 250 personnes et l’autre, particu- congères. Et gelé les pieds du passeur de maitrank.

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les sorties les sorties les sorties minimaliste sur Game, a disaster). Ensuite, il ment pop et gentiment cet opéra à la postérité, fwb seconde livraison du cultive un vaste champ rétro-futuristes. Dans Guy Van Waas à la tête bidouilleur liégeois. Avec expérimental fait de cet espace-temps qui des Agrémens et du ses textes naïfs et ses bruits d’ailleurs et de voit le groupe liégeois Chœur de Chambre de thèmes rétro-futuristes, mélodies mutantes. voyager des plages ca- Namur se charge de ce nouvel album rappelle Bande-son contempla- liforniennes des Beach Enregistrement • Johann Spitz & Corentin Aussems rendre justice à cette Mixage & Mastering • Corentin Aussems sans détour les excentri- tive, sa musique doit Boys (Long Time No See) œuvre captivante qui Illustration • Mario Garzaniti Layout • Corentin Aussems cités de Telex. Appuyées autant aux pulsions de aux galaxies sonores préfigure l’émergence Production • Corentin Aussems for homerecords.be par les voix féminines Ben Frost qu’aux drones de la planète Xanadu www.homerecords.be du romantisme. B.B. de Marie Failon et de Sunn O))). Partout, (Olivia), l’oreille se pose Booking & infos • Collectif du lion asbl Quentin Dujardin Phone/Fax +32 4 343 33 37 Mobile +32 478 39 02 49 Mademoiselle Nineteen, les textures organiques sur des arrangements Distances [email protected] • www.collectif du lion.com les chansons de Game se fermentent sous l’effet séduisants. Emmené Agua Music Squeaky Lobster chargent plutôt facile- de micro-organismes par la voix d’Anthony inter- Lors de nombreux Killing Eleven ment dans la mémoire. électroniques : une mer- Sinatra (Hollywood Vlek Records voyages, Quentin Une petite partie ? N.A. veille biologique. N.A. Porn Stars), le quatuor Dujardin a côtoyé les natio- entretient son rapport À l’heure où le monde Gitans d’Andalousie, les privilégié avec la mélo- s’extasie sur les beats Gnawas du Maroc, les In- nales die en signant des tubes transgéniques de Flying diens Guaranis ou encore radiophoniques poten- rock pop Hip-hop Lotus et de son label les Vezos Malgaches. tiels. À écouter d’ici ou Brainfeeder, il serait De l’acoustique à l’élec- Tout est joli / All is pretty Coffee Or Not Pitcho depuis l’espace. N.A. d’utilité publique de se trique, en passant par Point d’Issue Ghost #RDVAF pencher sur les idées la slide ou le ukulélé, le Home Records Purple K Records Skinfama Records larges de Squeaky Lobs- guitariste dévoile dans ter. Sur son nouvel EP ce nouvel album un out est joli/All is pretty revient dans près un premier album (No Alone In rise de conscience, prose post-adoles- (Killing Eleven), l’artiste Duflan Duflan The Loved Drones univers singulier aux l’actualité avec Point d’Issue, troisième Our Mind) distribué sur la pointe des cente, Pitcho pose son flow et anime bruxellois malaxe les Uno Sola Sarà Salvato The Tangible Effect ambiances multiples. Talbum au titre ambigu. Dans le dictionnaire, Apieds aux fins consommateurs de refrains Ple débat. Constats de société, observations sons et les substances Rockerill Records of Love Preuve ici encore qu’il Motorama pour accoucher d’une Freaksville Records puise sa force dans les Calendar la plus longue définition du mot « point » ren- doux-amers, le duo bruxellois Coffee Or aiguisées, son nouvel album (#RDVAF) Activiste au taquet musique électronique rencontres, de nombreux Talitres voie au lieu, la plus courte fait référence à la Not reprend la fragilité à bras-le-corps. évalue les distances et calcule une trajec- depuis 2008, voisin de Longtemps planqué hybride. Si son approche invités viennent enrichir négation, explique le parolier Thierry De- Dans la lignée de projets comme Cocoon toire inattendue, en rupture avec le passé. pallier du Prince Harry, sous la cape blanche de De l’exposition uni- reste fondamentalement Les Violons de sa palette comme l’en- Duflan Duflan explore Phantom, le groupe d’in- verselle à Axel Witsel, villers. Quand j’ai proposé cet intitulé aux ou Angus & Julia Stone, Soho Grant et Chaque disque est une sorte de renaissance cérébrale, la matière Bruxelles semble vocal palestinien les frontières sonores tervention de la constel- on ne compte plus autres membres du groupe, ils ont directe- Renaud Versteegen échangent des confi- artistique, concède-t-il. Ce que j’étais hier grise, elle, est chargée de Home Records El-Funoun, le joueur de du punk, du disco tribal lation Freaksville lève le les centres d’intérêt ment songé au « No Future » de nos ancêtres dences sur un lit de cordes acoustiques. Si n’est plus. Mais je crois qu’on peut évoluer en mélodies lumineuses et kanoun tunisien Hamza et de la musique in- voile sur ses nouvelles Après une période qui se déplacent vers de trouvailles rythmiques Mraihi ou le violoniste les punks. Mais chacun est libre de l’interpré- leur nouveau disque s’intitule Ghost, il ne restant entier. Certains me voyaient comme dustrielle. Sur le récent intentions musicales. de diffusion plutôt l’Europe de l’Est. Le rock qui palpitent au carrefour marocain Jalal El Allouli. ter à sa façon. Bourré de références histo- laisse aucune place aux activités paranor- le rappeur de quartier, le mec agressif qui dé- Uno Sola Sarà Salvato, Loin du rock garage et confidentielle, la n’échappe pas à cet du hip-hop, du dubstep Un disque à écouter là riques et de collages poétiques, cet album males ni aux chasseurs de fantômes. C’est crivait la rue en balançant quelques insultes le groupe prône les des aspirations yé-yé, musique manouche est incroyable glissement et de l’IDM (Intelligent où il a été composé, assouvit ses pulsions littéraires en treize plutôt une façon d’appréhender la disparition, pour s’assurer une crédibilité. Ok, j’ai écrit un valeurs d’une new wave la formation enregistre aujourd’hui revenue sur de terrain. Repéré par Dance Music). On en au coin du feu. B.B. morceaux soudés autour d’une armature explique la chanteuse Soho Grant. Après morceau comme Ma part du ghetto. Si je ne pince vraiment pour la épileptique. Grand trip de longues plages cos- le devant de la scène. le radar expert du label miques badigeonnées de Si la formule originelle, de cuivres, percussions, piano Rhodes et avoir enregistré les nouveaux morceaux, on suis plus là-dedans aujourd’hui, je reste atta- musique de Squeaky. N.A. excentrique branché sur français Talitres (à qui krautrock et d’effluves immortalisée par le l’on doit les découvertes autres guitares électriques. Appuyé par s’est rendu compte que le thème de l’absence ché à mes valeurs. Fondamentalement, je suis 15 000 volts, ce nouvel Chœur de Chambre album impose sa folie psychédéliques. Pour célèbre Quintette du de Namur, Les Agre- de The Walkmen et The les arrangements de Benoît Eil et Michel revenait de façon récurrente. Les titres de la même personne. Bien dans son temps, douce sous toutes ses parfaire son émanci- Hot Club de France de mens, Guy Van Waas National), le groupe Debrulle, le chant de Thierry Devillers Ghost se déplacent ainsi sur les souve- l’artiste ne mate jamais dans le rétro. #RD- formes et dans toutes pation hallucinogène, Django Reinhardt, se Rodolphe Kreutzer - Motorama nous vient de pose les jalons d’un rock érudit et lettré, ja- nirs et le temps qui passe. Arrangements VAF regarde toujours vers l’avant. Ce titre les langues. Espagnol, le collectif change de caractérise par une La Mort d’Abel, Russie et s’amuse avec mais à court d’anecdotes. Dans la chanson délicats, mélodies onctueuses : les chan- est l’abréviation de Rendez-Vous Avec le anglais, italien et cris nom et devient The section rythmique as- Ediciones singulares les blocs de glace de la Loved Drones. À la surée par deux guitares, cold-wave. En anglais Dec 7-1938, par exemple, j’utilise un texte si- sons de Coffee Or Not glissent avec légè- Futur. Ça nous renvoie directement à la réa- bonobos propulsent ces Sublime, déchirant, croisée du rock seven- une contrebasse et un dans le texte, les mots gné Sigmund Freud. Quand l’Allemagne a reté comme des funambules en équilibre lité : l’évolution technologique, les réseaux so- six chansons azimutées pathétique ! Ce sont ties allemand (Neu!, violon, les Violons de de Vladislav Parshin annexé l’Autriche, il a été contraint de quitter sur une corde sensible. Partagé entre pop ciaux, les abréviations utilisées par les jeunes. sur les chemins du les mots utilisés par Playboy’s Bend Harmonia, Cluster) et Bruxelles, réunis autour catapultent l’héritage monde. Et au-delà. N.A. Berlioz pour qualifierLa Vienne. En arrivant à Londres, il a pronon- bucolique (Time to gather) et folk mélanco- On vit dans un cycle. Passé, présent, futur Game de la flûte de pan, cet de Tcha Limberger, de Joy Division sur la Mort d’Abel de Rodolphe cé un discours à la radio. C’était le 7 décembre lique (Don’t cry for me), ce disque s’appuie sont inextricablement liés. Sur cette ligne du Chic Tunes Records Prairie album pose les jalons inversent ici la donne steppe caucasienne. Kreuzter. Kreutzer, le 1938. Ce que je chante, c’est l’intégralité de son également sur les idées distinguées du temps en éternel recommencement, il y a des I’m so in love… d’une autre réalité, ro- avec une contrebasse et L’album Calendar, Derrière le joystick en violoniste et composi- Spank Me More Records mantique et répétitive. une guitare… pour trois c’est un peu Interpol discours. Ça me fait plaisir de collaborer avec producteur Rudy Coclet (Arno, Sharko). hauts et des bas. Là, on est sans doute dans plastique de Playboy’s teur versaillais, admiré Métronomique. N.A. violons ! Un pari réussi au pays des Soviets : Freud sur une chanson. Excepté deux titres Sur ce nouvel album, on a cherché à sor- un creux. Mais ce passage est nécessaire si on Bend, les doigts de Nouvelle signature du la- par Beethoven au point qui ouvre la voie à des une aventure inédite. en français, tout se décline ici dans la lan- tir de notre bulle en ouvrant notre univers à veut redécoller. On doit toucher le fond pour Xavier Gazon s’agitent bel Spank Me More, Prai- de lui dédier sa Sonate jeux polyphoniques et Passionnante. N.A. frénétiquement. Ils vont rie est le terrain de jeu Piano Club pour violon n°9 qui gue de John Cale. L’équilibre linguistique une personne extérieure. Rudy a directement mieux remonter la pente. Pour moi, #RDVAF offre un bien bel écrin annoncé dans le nom du groupe penche compris notre musique. Il ne s’est jamais op- parle de ça. Il marche aussi sur les traces et viennent, triturent les attitré de Marc Jacobs. Ain’t No Mountain High restera dans l’histoire Le musicien bruxellois aux improvisations. B.B. donc en faveur de l’anglais. C’est la langue posé à nos envies. Par contre, il a vraiment d’Oxmo Puccino (Mars-Venus) et scrute ré- circuits d’instruments- JauneOrange/Rough Trade sous le nom de « Sonate jouets déglingués et trouve ici un espace à à Kreutzer ». Si les du rock. Le français colle mieux à la prose et bousculé nos habitudes. Et ça, c’est toujours gulièrement la ligne d’horizon de la chan- Avant-goût d’une tripotent les claviers de la mesure de ses idées polémiques qui ont agité nouvelle odyssée à la lecture. Mais, dans une langue comme bon à prendre. Remède ultime à la peur du son pour élargir sa perception du hip-hop. vieux synthés. L’électro- étendues. Déjà, en la réception de l’œuvre synthétique, Ain’t No dans l’autre, tout ceci reste évidemment fantôme, Ghost soigne le cœur et nourrit Pitcho nous donne donc rendez-vous avec pop délicieusement matière de longueur, le à l’époque (l’incarnation Mountain High préfigure très joli. l’esprit. En douceur. le futur. Et ça tombe plutôt bien : l’avenir surannée de Playboy’s titre de son premier EP du Diable sous les traits N.A. N.A. la prochaine étape lui appartient. Bend s’exprime dans fait fort (I’m so in love I d’Anamalech) n’ont pas N.A. discographique de Piano toute sa splendeur almost forgot I survived facilité l’accession de Club en six titres résolu-

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les sorties échos d'ailleurs

The Fall) de Fergus & Jean-Marie Leclair Passarim - C. Thot Hip-hop Geronimo donnent vie Concertos pour violon Marcondes The Fall of the Water opus 7 Festança Towers Dan-T à de grandes chansons : Le même flou échos d'ailleurs une myriade d’étoiles Les Muffatti, Home Records Autoproduction Peter Van Heyghen Autoproduction filantes dans le ciel du Ramée The Sidewinders Valley of Love rock indépendant. N.A. A Little Busy Another Christmas Pitcho Claude Debussy Igloo Album #RDVAF Skinfama Records Quatuor-Trio-Danses Cheap Satanism Records/Mandaï Quatuor Danel, Fran- Tout est joli / cette Bartholomée, All is pretty Yellow Paperbag Sensey onnet Lindstrøm Daniel Blumenthal Point d’Issue Further Back L’historien D Autoproduction Smalhans Fuga Libera Home Records Autoproduction livier O

Smalltown Supersound © Roland de Lassus Tomassenko Lignes de basse Biographie musicale vol. Organetta World – Trad électro Un beau coup pour le Chœur de The Experimental puissantes, nappes de II, La gloire musicale de Sowarex

Hugo Freegow RNS

Aurelia B Chambre et Les Agrémens ! la Bavière : Le temps de Arab Blues Band clavier tourbillonnantes : © Allah-Las La création du monde Mystical Tapes Vol. 1 la faveur. Autour de ce plateau vocal de haute volée, l’en- l’ouragan Smalhans voit Allah-Las Young Girls Records/Mandaï Quand le printemps arabe se transforme en summer of Singer Pur Home Records Hans-Peter Lindstrǿm V2 Pop-rock semble Les Agrémens, composé d’instruments love. Djellabah, lunettes de soleil et mots doux glissés Musique en Wallonie L’aventure américaine de BRNS imposer ses trouvailles Alpha 2.1 Green Moon Playboy’s Bend d’époque, se joue aisément des difficiles passages au creux de la main pour le clip de Keep This Love, les La musique des Allah- Game If you like confident vocalists and a noisy sound that can virtuoses, galvanisé par un Guy Van Waas attentif synthétiques sur les O rex orbis Eternity “Allô la Terre?” belges d’Experimental Tropic Blues Band s’imaginent en Chic Tunes Records only be properly harnessed by good musicians, then you’ll hauteurs de la musique Las réfléchit les cou- Office pour la fête de Mr 13/LC Music Home Records au moindre détail. Le Chœur de Chambre de Namur, rock-stars du Moyen-Orient. électronique. Calibré leurs d’une Californie love BRNS. Think Wolf Parade, Animal Collective and Ar- admirable de cohésion et de musicalité, bénéficie Saint-Charlemagne Prairie Libération Next, à propos du clip de Keep This Love éternelle. Des vagues Chickfight Klezmic Zirkus cade Fire at their most raucous and yet controlled. quant à lui de la merveilleuse acoustique de l’Opéra pour déverrouiller les Exsultemus, Shannon I’m so in love… The Experimental Tropic Blues Band Slacker and Slaves Klezmic Pool Forfolkssake.com jeux de jambes les plus de guitare surf, des mé- Canavin, éric Rice Spank Me More Records de Versailles. Dans cet écrin splendide et avec de tels Autoproduction Home Records Keep This Love Musique en Wallonie récalcitrants, son beat lodies chaudes comme interprètes, la musique de Gossec ne pouvait trouver (réalisation : Julien Henry, production : La Film Fabrique) relève de la prouesse un après-midi sous le Pseudocode de meilleures conditions pour s’épanouir harmonieu- De Orto et Josquin Citizenjack Malick Pathé Sow chirurgicale. Il est précis, soleil de San Francisco, Slaughter in a Tiny Place sement. Musique à la Chapelle Together We Are & Bao Sissoko des chansons légères Sub Rosa/Mandaï tranchant, terriblement Sixtine autour de 1490 Moonzoo Music/Universal Aduna Florent Coudeyrat, Les Trois Coups dansant. Avec ce disque, et insouciantes : il n’en Muziekpublique Records www.lestroiscoups.com Cut Circle, Jesse Rodin Sagat le Norvégien s’impose faut pas plus pour briller Coal Mine Musique en Wallonie Few Mysteries Solved In comme le maître absolu sur la planète rock en Ten Reasons To Revive Quentin Dujardin Moonzoo Music/Universal Distances A Year Of Contact de la vague new disco. 2013. Produit par Nick Jean-Sebastien Bach Vlek Records Agua Music Tous les titres de Smal- Waterhouse, nouveau Bach in d-Moll ire Momoyo Kokubu Coffee Or Not F hans renvoient à des prince de la soul vintage, Ghost Squeaky Lobster spécialités culinaires ce premier album MéloPhone Killing Eleven Purple K Records Jeune Public Vlek Records locales. Dans la langue (Allah-Las) transpire Rodolphe Kreutzer Grand Ben reat Mountain du Prince Haakon, on les sixties et colporte Duflan Duflan G La Mort d’Abel Le nez dehors Ssaliva © n’y comprend que dalle. avec joie les bienfaits Chœur de Chambre de Uno Sola Sarà Salvato Bernard Babette Môme Music Sync Thrills Mais dans l’oreille, ça de la rétromania. N.A. Namur, Les Agremens, Rockerill Records © Vlek Records Les Inrocks goes Great reste un régal. Guy Van Waas N.A. Foxes In Boxes Ediciones singulares Great Mountain Fire fait de l’art avec des objets du quo- Miam Inrocks Miam Gospel Truth Chanson tidien. (…) Comment ce best of disparate et bordélique Honest House Records Annie Cordy Expérimental (…) Tous apportent élégance, luxuriance et éloquence de l’indie-pop (Vampire Week-end, Talking Heads, Phoe- Jazz Si c’est ça la vie Etat Brut au décor, qui ne tiendrait pourtant pas longtemps de- LISTE nix, Grandaddy, des heures de votre i-tunes…) peut-il Cruz ControL ! Hudson Wagram Music Mutations et Prothèses bout si Benjamin Schoos n’avait pas eu la bonne idée Teenage Thrill sonner aussi personnel, cohérent ? le Comment Jazz Sub Rosa/Mandaï d’également composer autant qu’enluminer ses chan- Team4Action/Pias DES du pOurqÙoi ? Barbarie Boxon JD Beauvallet, Les Inrockuptibles sons. Il a été homme de l’ombre derrière Lio ou Cham- Jazz Par trois par deux Mogno Music Jesus Is My Son Great Mountain Fire fort : le refrain accroche-coeur, même dans le beau Keiki partout 1914-1918 SORTIES Canopy bizarre, reste une seconde nature. Mélancolique et pa- Popcorn from the Grave Autoproduction FF HHH/Mandaï (Sober & Gentle / Sony) Didier Laloy & Cheap Satanism Records/Mandaï noramique, la pop qu’il dirige en dandy détaché évoque Tuur Florizoone Classique Claude Semal un faux monde de luxe et de volupté, un vaste trompe- Fergus & Geronimo Aventura Musica Mutamassik Funky Was The State Li-Lo* Les Bals, Les BBQ et les Rekkez l’oeil pour balayer larmes et crasse. César Franck Apple Tree Of Affairs Symphonie en ré mineur, Jacques Pirotton crématoriums Ini Itu Records Les Inrockuptibles Gran Via Franc’Amour/Igloo Records Hardly Art Ce qu’on entend sur la Stringly 612 Benjamin Schoos Steve Roden montagne, Hulda, Ballet Home Records China Man vs China Girl

Mr Muffin & The Baloji Fergus & Geronimo ne Julie LaRousse A Big Circle Drawn allégorique © Sticky Bones (Freaksville Records - La Baleine) sont pas des indiens Orchestre Philharmo- Les Violons Dans ce monde With Little Hands Mr Muffin & The Sticky AS Records Ini Itu Records mais des cow-boys nique Royal de Liège, de Bruxelles Bones Baloji dans le guardian texans aux allures de Christian Arming Home Records Autoproduction Nicolas V.O. doctorants en micro- Fuga Libera Baloji, the brilliant and innovative Congolese-born Bel-

Des Miettes ays informatique. Sous leurs Manuel Hermia Peter & The Lions G gian rapper and video producer, spoke to Addis Rumble Marin Marais Le Murmure de l’Orient Autoproduction airs de ne pas y toucher, Postcards from home about his recent performances in Kinshasa, recording Marais Folies (Volume II) ces garçons viennent Home Records with Konono No 1, the distinct visual side of his work and Philippe Pierlot, Riguelle hee Marvin Igloo T d’enregistrer un disque Rainer Zipperling, Un Premier Amour © how to escape the “African artist” label. Piano Club fabuleux. Funky Was Quest 4 Records The Guardian on facebook Eduardo Egüez, Philip Catherine Ain’t No Mountain High The State Of Affairs François Guerrier Côté Jardin Thee Marvin Gays groupe à suivre JauneOrange/Rough Trade Sirius Plan prend tous les risques. Il Flora Challenge Sirius Plan Le quatuor originaire de Tournai en Belgique – et non de Vlek goes Tsugi n’a rien à perdre, mais 50th anniver- The Loved Drones Autoproduction San Francisco, on pourrait s’y méprendre -, signé sur le tout à gagner. Taillées Soledad plays The Tangible Effect of Depuis deux ans, et en dix références, Vlek impose non sary edition Soledad label nantais Kizmiaz Records, ne se pose pas de ques- à la hache, trouées de Love Victor Hublot pas un style, mais une volonté de ne sortir que des Musiques Nouvelles TYM records tion et joue tambour battant avec une générosité folle. Freaksville Records choses étranges et pointues. – Vlek, label du mois de mille fléchettes, les Cypres Contes de la Libido On en redemande. références (Talking Ordinaire novembre. Guilhem Denis, Les Inrockuptibles - les 5 Heads, Wire, Devo, Psoria Discs Tsugi.fr groupes à suivre de novembre 2012

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vue de france vue de france

Vue de france Amandine Beyer En parfaite inconnue Elle est vive et rieuse. Décontractée, même si elle se dit un peu angoissée les soirs où elle interprète les Sonates et Partitas de Bach, l’un des sommets de la musique virtuose pour violon seul. À quelques heures de son concert bruxellois, nous la rencontrons pour faire le point sur ses projets. Après les Quatre Saisons de Vivaldi, Amandine Beyer et son ensemble Gli Gli Incogniti, Incogniti sortent Nuova Stagione, un album hommage au compositeur- Amandine Beyer virtuose qui met parfaitement en valeur les qualités de l’ensemble. Nueva Stagione Zig Zag Territoires www.gliincogniti.com Benjamin Brooke

Après avoir terminé vos études de violon cidé de former un groupe à géométrie va- moderne au CNSM (Conservatoire riable, avec principalement des musiciens national supérieur de musique et de italiens. Nous nous sommes mis à tra- danse) de Paris et écrit une maîtrise sur vailler principalement de la musique ita- Stockhausen, vous prenez finalement le lienne, même si paradoxalement notre chemin de la musique ancienne… premier disque était consacré à Bach. Amandine Beyer : Au départ, c’était plutôt le fruit du hasard. Je venais de finir mes Gli incogniti signifie «les inconnus » mais études et je voulais continuer à étudier ne faut-il pas avant tout le comprendre iesbach

mais sans savoir précisément quoi. C’est D

comme une référence au goût pour e un ami qui m’a inscrit à la Schola Canto- l’inconnu que cultive l’ensemble ? D rum de Bâle. Ça a changé ma vie ! Mais C’est un peu les deux en vérité! C’est pour Benjamin

c’était aussi pour moi une manière de bou- cela que j’aime beaucoup ce nom. C’est ef- © cler la boucle. J’ai commencé la musique fectivement un goût pour l’inconnu mais par la flûte à bec à l’âge de quatre ans et aussi la diffusion la plus large possible de Fourés, un musicologue passionné de Vi- Cela permet à l’ensemble de vivre de ma- elle m’a accompagnée pendant quinze choses qui nous tiennent à cœur avec tou- valdi et en cherchant dans différents ma- nière différente, de mettre d’autres cou- Les Partitas en mouvement ans. Le violon, j’ai commencé à sept ans. jours une expressivité et un goût du risque. nuscrits, nous nous sommes aperçus que ça leurs en avant. Les rôles bougent et c’est Comme j’en ai 37, cela fait 30 ans que je Tout cela sans se mettre trop en avant. Le et là des notes pouvaient changer, les har- très intéressant. Le récent enregistrement des Sonates et de Partitas de Bach par Amandine Beyer a largement été salué par la critique. C’est probablement ce qui a partage ma vie avec lui ! nom vient de l’Accademia degli Incogniti à monies aussi… On peut donc penser que convaincu Anne Teresa De Keersmaeker de l’inviter à partager la scène de Venise où les gens venaient masqués pour l’œuvre n’était pas totalement figée. En tant Interpréter des œuvres de Vivaldi, cela sa nouvelle création. Une belle opportunité pour la violoniste qui a grandi à Vous vous êtes produite dans les plus réciter des poèmes, ce qui permettait de qu’interprètes, ces brèches sont essentielles reste particulier pour une violoniste, non ? Aix-en-Provence et y a collectionné les émotions chorégraphiques avec des grands ensembles baroques tels que Café gommer les différences. car elles nous permettent de nous y engouf- Oui, c’est un compositeur tellement gé- grands noms tels que Trisha Brown ou Merce Cunningham. De la puissante partition pour percussions de Steve Reich sur laquelle en 1998, Anne Teresa Zimmerman, la Fenice ou Capella Reial, frer avec tout notre bagage sur la nature, néreux qu’il comble les musiciens en De Keersmaeker créa Drumming, un de ses spectacles les plus fascinants, à avant de fonder votre propre ensemble en Après des découvertes avec des l’homme, le rapport au temps qui est par- leur mettant entre les mains des outils ticulièrement important dans cette œuvre. fabuleux de diversité, d’émotion et d’ef- la musique médiévale d’Ars Subtilior plus récemment à l’origine de Cesena 2006. Pourquoi cette envie? enregistrements consacrés à des et de En Atendant, la musique est depuis toujours au cœur de son travail. J’ai commencé par faire beaucoup de mu- compositeurs peu connus comme Nicola ficacité. Ensuite, c’est le rapport du vio- Dans sa nouvelle création, la chorégraphe retrouve Bach et la Chaconne de sa sique médiévale avec l’ensemble Mala Pu- Matteis ou JohannR osenmüller, vous Vous sortez aujourd’hui un second disque loniste-compositeur qui écrivait pour deuxième Partita pour un duo qu’elle interprétera elle-même avec Boris Char- nica. Ensuite, je me suis beaucoup im- vous attaquez à un monument : Les consacré à Vivaldi avec des concerti peu lui et pour les jeunes orphelines du cou- matz, l’une des figures les plus intéressantes de la (non) danse contempo- pliquée dans L’Assemblée des Honnestes Quatre Saisons. Il fallait de l’audace pour joués voire inédits. Quelle est la genèse de vent de la Pietà auxquelles il était char- raine et qui constituera sans aucun doute un des moments forts du prochain KunstenFESTIVALdesarts. Curieux. Petit à petit, j’ai eu envie de me s’attaquer à un tel «tube » ! cet enregistrement ? gé d’enseigner la composition et l’exécu- concentrer sur la musique instrumentale Peut-être, mais malgré que l’œuvre soit ex- Quand nous jouons Les Quatre Saisons, tion des concerti. Pendant longtemps, j’ai Partita 2 qui est ma grande passion, mais cela ne trêmement connue, elle est tellement vaste nous avons l’habitude de compléter le aimé m’identifier à ces jeunes filles mais du 3 au 8 mai 2013 au Kaaitheater correspondait pas tout à fait à la vision de qu’elle laisse aux interprètes pas mal de programme avec des concerti souvent comme il paraît qu’il y avait parmi elles dans le cadre du KunstenFESTIVALdesarts l’ensemble. C’est comme ça qu’avec la cla- marge pour l’invention. Nous avons eu la pour d’autres instruments tels que le vio- quelques femmes plus âgées, j’ai encore Plus d’info sur www.lamonnaie.be veciniste Anna Fontana, nous avons dé- chance de pouvoir travailler avec Olivier lon, l’orgue, le traverso ou le violoncelle. de l’espoir !

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vue de flandre

Vue de flandre Balthazar Rats de goût Avec l’album Rats, les Gantois de Balthazar frappent un grand coup. Chez eux, élégance, finesse et passion se bousculent au portillon de chansons romantiques, brossées de cordes sensibles et de cuivres fins. Dans la lignée d’un projet comme The Last Shadow Puppets, les Belges ravivent la flamme sixties et dansent autour du feu sacré, un brasier mystique où crépite encore l’étincelle de quelques génies (Scott Walker, Lee Hazlewood, Leonard Cohen ou Gainsbourg). Un véritable coup d’éclat.

Nicolas Alsteen Balthazar

© Balthazar, Rats Pias www.balthazarband.be

La naissance de Balthazar ressemble à JD : On sait exactement ce qu’on cherche à tiques d’une telle tournée. On a appris un conte de Noël. La légende veut que le enregistrer. On est extrêmement critiques énormément à leur contact. Aujourd’hui, groupe soit né sur le trottoir.C ’est vrai, à l’égard de nos choix. Techniquement, on on peut se permettre une tournée euro- cette histoire ? se sent capable de gérer l’enregistrement péenne sous notre propre nom. Et c’est en Jinte Deprez : Oui. Au début, on tenait cha- d’un album. On ne voit pas l’utilité de tra- partie grâce à cette aventure avec dEUS. cun notre coin de la rue. On jouait de la vailler avec un producteur. On n’a pas en- guitare pour les passants. Après plusieurs vie de commencer à négocier des choix es- La pochette de votre album est intrigante. semaines de compétition, on a discuté thétiques qui nous tiennent à cœur. Il s’agit visiblement d’un cliché pris dans et on s’est mis à faire de la musique en- une salle de bain. On peut y voir semble. Marteen avait composé trois chan- Par contre, vous avez confié le mixage la tignasse rousse d’un jeune enfant sons, j’en avais autant de mon côté. On a du disque à Noah Georgeson (Joanna au teint blafard. Quelle est l’histoire enrôlé un bassiste, un batteur et on s’est re- Newsom, Devendra Banhart, Adam Green, de cette image ? groupé sous le nom de Balthazar. The Strokes). Pourquoi se tourner vers lui ? MD : Cette photographie est l’œuvre de Ti- JD : On est partis pendant deux semaines tus Simoens. Il est Belge et vit aux États- Le nouvel album a la classe et l’envergure à Los Angeles pour le rencontrer et discu- Unis. Il se trouvait à Los Angeles quand des grandes aventures musicales sixties. ter directement avec lui de l’orientation du nous sommes allés là-bas pour le mixage. C’est une époque que vous appréciez mixage. Pour nous, céder notre musique On en a profité pour faire une virée en- particulièrement ? à quelqu’un d’extérieur, ça reste quelque semble à Las Vegas… Un petit matin, Maarten Devoldere : Les références qui ac- chose de difficile. Il n’a pas remanié notre nous étions en train de le regarder perdre compagnent notre musique nous surpren- son en profondeur mais on peut claire- de l’argent sur une machine à sous. À un nent parfois. En général, ça diffère d’une ment entendre sa façon d’appréhender l’at- moment, Jinte lui a pris une pièce et l’a personne à l’autre. Pour nous, l’album dé- mosphère des chansons. glissée dans l’appareil. Et là, bingo, il se coule de toutes les écoutes qui ont jalon- choppe le jackpot et quitte le casino avec né notre parcours. Ces derniers temps, on Récemment, Balthazar est parti sur les une somme invraisemblable. On n’a pas s’est replongé dans quelques classiques. routes d’Europe en compagnie de dEUS. partagé ce montant parce que c’était son On a pas mal écouté l’Histoire de Melo- Que retenez-vous de cette expérience ? argent. Mais on a fait un deal : il nous de- dy Nelson de Serge Gainsbourg, mais aus- JD : Le bilan de cette tournée est extrê- vait une photo pour la pochette de l’album. si des disques du Velvet Underground, de mement positif. C’était l’occasion de par- Deux mois plus tard, il nous a envoyé cette Leonard Cohen et de David Axelrod. tager l’affiche avec les héros de notre image. Sans nous demander de la payer. adolescence. On a grandi avec dEUS. Au- (Sourire) La collection de Vincent Sougnez. Vincent Sougnez collectionne depuis toujours tous les tickets, les Rats est entièrement produit par vos jourd’hui, on les côtoie. Ils sont devenus flyers, les affiches, ... des concerts auxquels il a assisté. Il expose de soins. Doit-on y voir l’envie de garder la des amis. Ensuite, c’était intéressant de temps à autre ses trouvailles. main mise sur vos chansons ? voir comment ils géraient les aspects pra-

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Une initiative de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Ensemble Vendetta ∫ Duo Nefeli ∫ Quatuor Tana ∫ Alki Guitar Trio ∫ Duo Solot ∫ Ô-Celli ∫ Music 4 a while ∫ Mochélan & acoustic band ∫ Trio Grande ∫ Mathilde Renault ∫ MAKYzard ∫ Matters (Soundpainting) ∫ Dimoné ∫ The Sidewinders ∫ Laïla Amezian ∫ Mademoiselle Nineteen ∫ TWIN ∫ Vegas ∫ Li-lo* ∫ The Waow ∫ Carl ∫ The Wrong Object ∫ Lylac ∫ 1060 ∫ Françoiz Breut ∫ Camping Sauvach ∫ Yoanna ∫ Nina Miskina ∫ Blue Monday People ∫ UTZ ∫ Scarlett O’Hanna ∫ The ANNARBOR ∫ Le Bath Club ∫ Leaf House ∫ Yew ∫ Klezmic zirkus ∫ Le Murmure de l’Orient ∫ Pitcho ∫ Chouval Brass ∫ Cruz Control ∫ Anwar ∫ Osvaldo Hernandez Napoles/Tierra ∫ Frown-I-Brown ∫ Klô Pelgag ∫ Vitas Guerulaïtis ∫ Madé J. ∫ Deepshow∫ Castles ∫ The Fouck Brothers

TOUTE LA PROGRAMMATION SUR WWW.PROPULSEFESTIVAL.BE

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