MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA R ECHERCHE SCIENTIFIQUE ------

UNIVERSITE DE TOLIARA ------FACULTE DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES ------FORMATION DOCTORALE PLURIDISCIPLINAIRE OPTION : GEOGRAPHIE

MIGRATIONS INTERIEURES DE POPULATIONS DE L A COTE SUD ---EST DE : L’EXEMPLE DES MIGRATIONS ANTEFASY ET

ZAFISORO VERS LE DISTRICT D’IHOSY ZAFISORO VERS LE DISTRICT D’IHOSY

Projet de thèse en vue d’ obtention du Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA)

Présenté par DIAMONDRA Nomeniavo Aliette

Soutenu le 29 Avril 2011 devant les membres du jury :

Président de jury : MANJAKAHERY Barthélémy, Professeur d’Enseignement Supérieur et de Recherche Examinateur : JAOFETRA Tsimihato , Maître de conférences Rapporteur : REJELA Michel Norbert , Maître de conférences

Année Universitaire : 2009 - 2010

AVANT-PROPOS

Cet ouvrage, fruit de nos travaux de recherche, constitue une condition sine qua none pour l’obtention du Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA). Dans ce mémoire, nous allons étudier, dans le cadre de la géographie humaine et économique, la mobilité de la population malgache, plus particulièrement celle des groupes ethniques Zafisoro et Antefasy. La réalisation de ce travail est soumise à des enquêtes sur le terrain, à la compilation des documents écrits et oraux et à la rédaction.

Durant ces différentes étapes, nous avons rencontré beaucoup de problèmes relatifs à l’éloignement de notre Université d’attache par rapport à notre zone d’étude (zone de départs des émigrants et zone d’accueil des immigrants) d’une part, éloignement de notre poste d’affectation par rapport à cette zone d’autre part. Il faudrait noter également la réticence des personnes enquêtées (aussi bien des responsables administratifs que ceux des collectivités décentralisées) quand il s’agit d’aborder le sujet proprement dit qu’elles qualifient de tous les adjectifs (banal, dénué d’intérêt, gênant, etc.). Ajouter à cela l’insuffisance de livres ou de documents évoquant les phénomènes migratoires dans leur ensemble, les problèmes posés par le manque de moyens (financiers, matériels et humains). Si les informations existent, elles ne sont pas toujours fiables. Aussi, est-il besoin de les traiter. Les réponses obtenues de la part des personnes enquêtées sont souvent d’ordre qualitatif. Cependant, l’aide des personnes de bonne volonté nous était bien souvent bénéfique. Nous tenons donc à témoigner notre gratitude envers les personnes qui, de près ou de loin, ont participé à la réalisation de ce travail :

- Monsieur REJELA Michel Norbert, Maître de Conférences à l’Université de Toliara qui a accepté d’encadrer ce modeste travail et qui nous a aidé avec beaucoup de gentillesse tout au long de ce travail.

- Monsieur MARIKANDIA Louis Mansaré, Maître de Conférences, Doyen de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines et Sociales de l’Université de Toliara.

- Tous les Enseignants-Chercheurs de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines et Sociales.

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- Tous les Enseignants-Chercheurs de la Formation Doctorale Pluridisciplinaire qui nous a donné des conseils et des cours pour la préparation de ce mémoire.

- Monsieur SOLO Jean Robert, Chef du Département de Géographie pour ses outils conseils.

- Tous les membres de notre famille, nos parents pour leur aide et leur soutien moral, pédagogique et financier.

- Tous les habitants du district d’Ihosy et de Région Ihorombe qui ont accepté de nous recevoir lors des enquêtes.

- Tous les chefs de services et le personnel administratif et technique ainsi que les élus locaux pour leur participation bienveillante pour la réalisation de ce travail.

- A vous tous, merci infiniment.

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INTRODUCTION

Les migrations, sous toutes leurs formes, ne sont pas un phénomène nouveau dans la vie de l’humanité. On peut même dire que les migrations humaines sont aussi vieilles que l’humanité ou encore les migrations sont une logique naturelle dans la vie de l’homme. Des migrants existent aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement.

Généralement, les mouvements migratoires se font aussi bien d’un pays en voie développement vers les pays développés que d’un pays développé vers un pays pauvre. Le rapport de Nations Unies sur les migrations et le développement précise qu’un tiers des migrants environ s’est rendu d’un pays en développement vers un pays du tiers. Cela est d’autant vrai que les ressortissants des pays développés trouvent facilement du travail dans les pays en développement. La ruée vers l’or est un phénomène migratoire sans précédent.

En ce qui concerne les migrations intérieures à Madagascar, les déplacements de populations ne posent aucun problème dans la mesure où la circulation des gens est libre car il suffit de se munir de la carte d’identité nationale qui sert de passeport pour se rendre d’un endroit vers le lieu de destination.

Après notre mémoire de maîtrise intitulé « Le phénomène migratoire dans le district d’Ihosy et ses conséquences », nous nous décidions d’approfondir l’étude sur les migrations intérieures dans le district d’Ihosy. En effet, ce dernier a accueilli depuis fort longtemps des immigrants venant de toutes parts, notamment de la partie Sud-Est de Madagascar. Cette mobilité des populations ne s’est pas arrêtée, au contraire. Elle s’accroît de plus en plus jusqu’à aujourd’hui. C’est pour cela que nous avons choisi ce sujet : « MIGRATIONS INTERIEURES DE POPULATIONS DE LA COTE SUD-EST DE MADAGASCAR : L’EXEMPLE DES MIGRATIONS ZAFISORO ET ANTEFASY VERS LE DISTRICT D’IHOSY ». Quelles en sont les raisons de ce choix ?

Actuellement, les migrations de la population du Sud-Est vers le district d’Ihosy restent encore vivaces. Quelles sont les raisons qui poussent ces populations à migrer vers les différentes parties du district d’accueil ?

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Beaucoup d’aires cultivables restent en friche et non entretenues comme il se doit dans la zone de départ des migrants. N’y a-t-il pas une relation entre cette situation qui prévaut dans le Sud-Est et les mouvements de population ? Ils migrent dans le district d’Ihosy pour quoi faire ?

Par ailleurs, la migration des populations du Sud-Est vers la région Ihorombe ne pose-t-elle pas de problèmes avec les tompontany ?

Est-ce que ces derniers acceptent volontiers leur installation dans la zone d’accueil ?

Et en cas de conflits entre les tompontany et les migrants, quelles sont solutions préconisées ?

En d’autres termes, il s’agit ici d’une étude de géographie étroitement liée à l’anthropologie qu’à l’ethnologie. Il sera analysé d’une part l’interdépendance de différentes populations présentes sur un même terrain, d’autre part le melting pot qui aboutira à la création d’une nouvelle communauté sociale dans la zone d’accueil des migrants.

D’une manière générale, les gens ou les groupes de populations changent de résidence facilement pour chercher des conditions de vie meilleures. Cela a des conséquences plus ou moins fâcheuses pour la famille car quelquefois, les migrants ou les groupes de migrants s’absentent souvent assez longtemps avant de réintégrer leur pays d’origine. Parmi ceux-là figurent les différents groupes ethniques « mpiavy » présents dans le district d’Ihosy, plus particulièrement les groupes ethniques Zafisoro et Antefasy qui prétendent ne pas vouloir quitter leur pays d’origine. En effet, selon ces groupes ethniques, les gens qui quittent leur région d’origine sont douteux (Nous approfondirons cette question plus tard) ou des paysans sans terre.

D’emblée, cette assertion n’est pas vraie dans la meure où actuellement, les groupes ethniques Zafisoro et Antefasy sont massivement présents dans le district d’Ihosy (zone d’accueil). Ce sont plutôt des groupes ethniques relativement fermés même s’ils sont en déplacement ; cette vie fermée est liée au fort attachement à leur culture ancestrale et au primat qu’ils accordent à leurs us et coutumes.

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Nous avons divisé notre ouvrage en trois parties :

- la première partie concerne la démarche méthodologique incluant les enquêtes sur le terrain et les travaux de documentation,

- la deuxième partie s’intéresse à la bibliographie (bibliographie générale, bibliographie commentée, webographie),

- la troisième partie fait état des premiers résultats avant la poursuite des travaux de recherches lors de la thèse.

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Première partie :

ENQUETES ET METHODOLOGIE

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Chapitre I : - LES ENQUETES

Carte 1 : - Situation géographique de la zone d’étude

Source: FTM (Foiben-Taosaritanin’i Madagasikara)

Les enquêtes se sont déroulées le mois de janvier 2008. Ces enquêtes ont rencontré beaucoup de difficultés à cause de l’insuffisance de moyens (logistique et financier). Certes, la ville d’Ihosy, chef-lieu du district d’Ihosy (notre zone d’étude) est située sur la RN7 à 380 km de l’Université de Tuléar. C’est un district composé de 19 communes dont 18 rurales. Il occupe une grande partie de la région d’Ihorombe, soit 17 170 km 2 sur un total de 26 108 km 2. En termes de pourcentage, le district d’Ihosy représente 68,22% de toute la région. Les différentes communes sont enclavées et éloignées les unes par rapport aux autres.

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C’est à cause de ces différents problèmes que les enquêtes se sont étendues sur plusieurs mois. Quelquefois, elles se sont arrêtées pendant quelques années à cause de la déficience de moyens, surtout financiers. Etant enseignante au CEG d’Ihosy, nous avons, cependant, beaucoup de relations avec les élèves venant des différentes communes rurales. Ce qui a facilité un petit peu l’exploitation des informations recueillies.

Il y a aussi des points forts, notamment la collaboration des groupes de gens qui se déplacent vers les différentes communes en vue de la sensibilisation et de la lutte contre le VIH/SIDA. Nous avons fait coïncider nos déplacements sur le terrain avec le calendrier de sorties de ces entités. Ces entités sont déjà habituées quant aux contacts avec les responsables locaux. Mais en mai 2008 alors que nous arrivions à mi-parcours de nos enquêtes, l’entité est arrivée au terme de son contrat. Ce qui veut dire que nous ne pouvions plus compter sur l’aide matérielle de cet ONG.

Par la suite, nous étions affectés à Mahanoro (région Atsinanana) pour notre travail d’enseignant formateur permanent au niveau de CRINFP (Centre Régional de l’Institut National de Formation Pédagogique). Ce district est géographiquement situé très loin de zone d’étude, soit à 1 040 km de Tuléar et à 760 km d’Ihosy. De plus nous étions recrutées en tant qu’enseignante contractuelle. Nous ne pouvons donc pas bénéficier d’une autorisation d’absence de trois jours. Pendant les vacances, nous sommes retenues dans notre poste de travail car c’est le moment où les enseignants sont occupés par le transfert des compétences.

Ces nombreuses difficultés ne nous ont pas empêchées de poursuivre nos recherches. Nous espérons avoir une affectation malgré le règlement régissant les contractuels qui n’ont pas le droit d’affectation. Nous espérons pouvoir arriver au dépouillement des données collectées et à la rédaction après la recherche bibliographique.

En dépit de ce parcours tumultueux, nous avons effectué des enquêtes sur le maximum de communes dans le district d’Ihosy. Nous sommes convaincues que réaliser des enquêtes sur l’ensemble des 19 communes composant le district d’Ihosy relève de l’utopie. Aussi, avons-nous procédé à la sélection des communes à enquêter selon des critères bien définis. Le travail a été réalisé suivant une méthode.

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Chapitre II : - LA METHODOLOGIE

Pour la réalisation de notre travail, nous avons choisi une Méthodologie. L’autorisation d’enquêtes délivrée par les autorités universitaires de Toliara, en l’occurrence par Monsieur le Directeur du Département de Géographie est le point de départ de nos recherches académiques. L’objectif est de fournir un document aux fins d’avoir le diplôme de DEA ou Diplôme d’Etudes Approfondies en Lettres, option Géographie.

Nous sommes donc parties sur le terrain munies de ce document officiel. Notre démarche méthodologique consiste au contact direct avec les autorités politiques, administratives locales, les collectivités décentralisées parce qu’elles sont les représentants des pouvoirs centraux. Les réactions diffèrent d’un responsable à un autre, d’une commune à l’autre, d’un Fokontany à un autre, voire d’une personne à une autre.

Les personnes contactées ne sont pas toujours disponibles pour diverses raisons. Certaines gens trouvent que notre sujet n’est pas intéressant. Consacrer du temps à discuter ce thème axé sur les migrations intérieures de la population de Madagascar serait une perte de temps inutile. Elles ne trouvent pas la nécessité d’un tel sujet dans la vie socioéconomique du district en dépit des vagues de migrants qui envahissent la région d’Ihorombe. La commune urbaine d’Ihosy qui se trouve à la croisée des chemins ne manque pas d’attirer les populations les plus diverses.

Par contre, certains responsables considèrent notre thème comme un thème très intéressant et qui mérite d’attirer l’attention de tout un chacun. Il y a donc deux positions diamétralement opposées. Les avis sont mitigés. C’est ce qui nous a encouragé à aller de l’avant.

Il faudrait, cependant, noter qu’un travail de recherches ne se passe pas comme sur des roulettes ; il est toujours confronté à des obstacles que l’étudiant doit surmonter. Des mauvaises surprises comme des bonnes peuvent survenir sur le terrain. Il faut exploiter les bonnes surprises et positiver les mauvaises. C’est la raison pour laquelle il faudrait être méthodique dans son travail.

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La méthode nécessite beaucoup de travail : préparer les techniques d’approche, élaborer des fiches d’enquêtes, prévoir des enquêtes ouvertes, des interviews, etc.

Certains responsables locaux se montrent coopératifs et considèrent que notre thème est intéressant. Ils nous ont aidés dans la réalisation de notre travail. Ils n’ont pas hésité à nous livrer le maximum d’informations. Quelquefois, ils nous ont proposé d’autres moyens qui nous permettaient d’atteindre nos objectifs au cas où ils n’arrivaient pas à répondre aux questions posées ou bien qu’ils n’étaient pas disponibles. Exemple : Ils nous proposé de l’aide matérielle comme la mise à notre disposition des moyens logistiques lors des descentes sur le terrain ou ils nous orientaient vers les personnes ressources, en l’occurrence les présidents de Fokontany et les notables. C’est ainsi qu’au niveau des collectivités territoriales décentralisées, nous sommes parvenues à avoir des informations intéressantes.

Sur le terrain, nous avions toujours besoin de l’observation directe de la zone d’étude. Le contact avec la population locale ou l’enquête sur le terrain proprement dite nous a permis d’avoir des données que nous avions comparées avec celles des documents écrits. Les données recueillies au niveau des documents écrits sont, certes, une référence mais avec le temps et l’espace, les choses ont pu évoluer. Cela nous invite à consulter les différents livres aussi bien anciens que récents.

Notre méthode était fondée sur l’observation directe dans les différentes communes. Nous avons étudié une commune pendant quatre ou cinq jours avant de nous déplacer vers une autre. Durant cette période, nous tenions toujours le contact avec les habitants déjà visités parce que nous espérions revenir dans leurs villages pour comparer les résultats obtenus ou pour de compléments d’informations. Nous avons gardé le contact avec les groupes ethniques Zafisoro, Antefasy et Bara.

Il s’agissait d’adopter une conception dynamique. L’ethnicité nous apparaît comme une construction sociale à la fois objective et subjective, étroitement liée à un cadre historique politique et idéologique précis. Durant cette période, nous avons constaté que la migration humaine en tant que telle n’est pas une chose nouvelle. Elle a existé de tous temps et partout dans le monde sous une forme ou sous une autre. Elle répond à la logique de la nature. Les départs des populations vers les zones plus attractives signifient qu’elles cherchent des

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conditions de vie meilleures. Les migrations ont diverses origines. Leurs fondements sont à chercher dans les crises économiques, politiques, sociales et historiques des régions de départ.

Pour réaliser ces enquêtes, nous avions eu recours à différentes méthodes telles que la MARP, la méthode du Focus Group, la méthode A +.

1.2.1.- Les communes enquêtées et les différents critères de leur choix

Les 19 communes du district d’Ihosy se différencient les unes des autres par leur structure socioéconomique et politique. Les critères de leur choix se situent dans l’importance de leur population et de leur situation géographique par rapport au chef-lieu du district. Parmi ces communes, il est intéressant d’enquêter dans les communes comprenant plusieurs migrants venant du Sud-Est.

L’inaccessibilité à cause de l’enclavement et les problèmes matériels sont des obstacles à surmonter. D’une façon générale, le point commun entre les communes du district est qu’elles hébergent des immigrants. Les migrants nouvellement débarqués rejoignent leurs compatriotes et s’intègrent dans leur société. Après quelques mois ou quelques années, ils se marient des femmes du groupe tompontany ou avec les descendantes des anciens migrants.

Actuellement, dans le district d’Ihosy, il est difficile de faire la distinction entre les migrants et les tompontany. Tout le monde se présente comme des ressortissants bara. Les enquêtes permettent de déterminer l’origine des habitants. La monographie du district d’Ihosy réalisée en 1961 confirme déjà que « le fort courant d’immigrations composées notamment d’éléments frontaliers comme les Betsileo et les Antesaka s’établissant dans le pays bara devient des propriétaires fonciers ou des fermiers. Ils se mélangent avec les autochtones tompontany. Ils contribuent à faire augmenter la densité de population qui est assez faible, soit 2,21 hab/km 2 ». Il est facile pour les tompontany de faire la différence entre les vrais tompontany des anciens migrants et à plus forte raison des nouveaux migrants. Quand il s’agit de connaître les causes de départ de ces migrants de leurs pays d’origine, il faudrait recourir à des enquêtes plus approfondies. Pour cela, il est utile d’enquêter dans toutes les communes du district et surtout dans les communes dont la population comprend un nombre conséquent de migrants venant du Sud-Est.

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1.2.1.1.- Le désir d’enquêter dans plusieurs communes du district d’Ihosy

Les enquêtes ont été menées dans presque les 19 communes du district à cause de l’aide de plusieurs personnes : le DAGT (Directeur de l’Administration Générale et Territoriale), le chef de service du plan, les notables, les chefs de Fokontany, etc.

Ils nous ont encouragés pour la réalisation de ce travail. Ils savent l’importance d’un tel travail et les difficultés à surmonter par les personnes qui effectuent des recherches. Nos enquêtes étaient rendues plus faciles parce que la population a l’habitude de recevoir des visiteurs soifs d’informations concernant les habitants. De nombreux enquêteurs étaient passés avant nous. Ils étaient, peut-être, des personnes mandatées par le pouvoir public ou encore des agents des organisations non gouvernementales (ONG). Durant notre passage dans les différentes communes, des enquêteurs, des statisticiens aussi y étaient pour les statistiques de la population et la sensibilisation contre le VIH/SIDA.

Nous n’avons pas oublié de visiter la commune urbaine d’Ihosy qui comporte un nombre important des différents groupes ethniques de Madagascar. La partie centrale de la commune urbaine est occupée par les Merina et les Bara, les quartiers périphériques par les Antandroy, les Antefasy, les Zafisoro, les Antemoro, les Antesaka et les Betsileo.

Les hommes de l’extrême Nord ne sont pas nombreux dans cette ville, peut-être à cause de l’éloignement par rapport à leur région de départ et aussi parce peu de choses les intéressent dans cette contrée lointaine. Les gens qui viennent de la partie Nord et le Nord- Ouest sont présents dans la ville d’Ihosy pour des raisons de service. En effet, ils sont des agents de la Fonction Publique. Il en est de même pour les ressortissants de Mananjary ; ils ne sont pas nombreux pour ne pas dire qu’ils n’y sont pas représentés.

Par contre, les originaires du Sud-Est, plus particulièrement les Antesaka, les Antefasy et les Zafisoro y sont nombreux et cela, depuis de longues dates. Les documents concernant la ville d’Ihosy font mention de l’existence ancienne de ces groupes ethniques. De plus, la distance entre le pays de départ et la région d’accueil favorise leur présence depuis les temps anciens. Il est possible de marcher à pied depuis le pays de départ jusqu’à Ihosy (région d’accueil). Ils font beaucoup d’escales dans les lieux lorsqu’ils sont fatigués.

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Actuellement, même si les moyens de transports modernes existent, ils n’’abadonnent pas leurs habitudes de voyages et ils continuent toujours de se déplacer sur de longue distance à pied aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Leur mode de déplacement n’est pas fonction de leur pourvoir d’achat. Les Antemoro aussi sont relativement nombreux dans le district d’Ihosy mais présentement, ils n’ont pas l’habitude de faire un itinéraire à pied comme les gens du Sud-Est. Ils sont, en général, des femmes divorcées ou des veuves. Celles-ci ont quitté leur région pour des raisons économiques ou par discernement. Elles accompagnent leurs enfants qui sont déjà mariés.

Mis à part les anciens migrants des Hautes Terres centrales qui se sont implantés dans la partie centrale de la ville, de nouvelles vagues arrivent dans la ville d’Ihosy pour diverses activités.

Les Betsileo sont présents dans le district d’Ihosy depuis fort longtemps. Ils y sont nombreux, peut-être, à cause de la région de la Haute Matsiatra et d’Amoron’i Mania par rapport à la région d’Ihorombe. Les gens venant de la région de la Haute Matsiatra, surtout des districts d’Ambalavao, Ambohimahasoa et Ikalamavony arrivent sans problème dans le district d’Ihosy. Ils ne font plus à pied le trajet comme dans l’ancien temps. Ils prennent les voitures de transports collectifs. Ils sont essentiellement des commerçants : des produits maraîchers tels que les carottes, la pomme de terre, l’oignon ou d’élevage comme les œufs. En général, les commerçants de légumes dans le district et dans la ville d’Ihosy sont majoritairement des Betsileo.

La deuxième commune dans laquelle nous avons opéré des enquêtes est celle d’Analaliry. Cette commune rurale vit surtout de l’agriculture, de l’élevage et de certaines activités du secteur tertiaire (épicerie). Les habitants de cette commune rurale sont surtout des Zafisoro, des Antefasy, des Betsileo et quelques membres des groupes ethniques minoritaires (Merina, Antesaka et Antemoro, etc). Dès leur arrivée, ces divers groupes de migrants s’intègrent totalement dans la société autochtone. La plupart du temps, après quelques mois de présence, ils se marient avec des femmes de la population « tompontany » avant de demander des terrains à mettre en valeur. Leur progéniture bénéficie du statut de Bara parce que la belle famille n’accepte pas que les petits enfants la quittent.

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La descente sur le terrain ne se résume pas à ces deux communes. Nous avons enquêté aussi dans les commues rurales suivantes : Irina, Zazafotsy, Ranohira, Ambatolahy, Mahasoa, Ankily, Ambia, Tolohomiady, Ilakaky, Satrokala et Sakalalina.

Les différentes communes traversées par la RN7 vivent d’une manière générale des échanges commerciaux (épicerie, vente de produits locaux en bordure de la route nationale numéro 7), de l’agriculture et de la fabrication de charbon de bois. L’essentiel de la population vivant le long de l’axe routier (RN7) est constituée de Merina et de Betsileo.

Dans la commune rurale d’Ambia, les habitants se consacrent aux cultures maraîchères, à l’élevage de volailles et de bovidés. C’est une commune rurale se trouvant à 6 km de la commue urbaine d’Ihosy. Les communes rurales diffèrent les unes des autres par leur situation géographique par rapport à l’axe principal. Exemple : La commune rurale de Zazafotsy est traversée par la RN7 tandis que celle d’Ambia est à peu près assez loin de cet axe, soit 500 mètres plus loin.

Les populations de ces deux communes rurales font quotidiennement la navette entre leur lieu de résidence et la ville d’Ihosy où ils commercialisent les produits locaux. Les enquêtes menées dans la commune rurale de Zazafotsy révèlent que les ressortissants du Sud- Est se font remarquer par leur absence. Par contre, la commune rurale d’Ambia a depuis longtemps une forte présence des migrants venant de la partie Sud-Est de Madagascar. Ambia constitue quelquefois une escale pour les migrants qui pensent continuer leurs déplacements vers les parties Sud et Nord du district d’Ihosy. Quant à la commue rurale d’Irina qui se trouve au-delà de la rivière d’Ihosy, sa population est composée par de Bara, Betsileo, Antefasy et Zafisoro. Comme pour la plupart de la population du district, 90% de la population de la commune rurale d’Irina se consacrent à l’agriculture, à l’élevage et à l’exploitation des ressources forestières.

Le Fokontany d’Ihivoky de la commune rurale d’Irina est célèbre par la présence ancienne des migrants venus du Sud-Est. Dans ce Fokontany, les Zafisoro, les Antemoro et les Antesaka dominent numériquement la poulation. Ils ne s’enracinent pas dans la zone d’accueil. Ils pensent rentrer un jour. Ils sont véritablement des conservateurs des traditions. En effet, ils ont véhiculé avec eux leurs traditions culturales. Cependant, ils ne possèdent pas beaucoup de terres à mettre en valeur. Aussi, cherchent-ils du travail chez les tompontany 14

(travaux dans les rizières, gardiennage de bœufs et de maquignons). Avec le temps, ils se mélangeant avec les autochtones et ils finissent par avoir des terrains à cultiver. D’une manière générale, ils n’achètent pas le terrain. Ils préfèrent le prêt foncier, c'est-à-dire que lorsqu’ils quittent définitivement la zone d’accueil, ils rendent le terrain à l’ancien propriétaire. La plupart du temps, lorsqu’une personne repart vers sa région d’origine, un ou deux individus viennent pour occuper la place vide. C’est pourquoi, le regroupement des Zafisoro dans cette commune rurale est très remarquable.

La commune rurale d’Ankily est une commune limitrophe de celle d’Ihosy. Le chef- lieu de cette commune rurale se trouve à 2 km d’Ihosy sur la RN7 qui mène vers Toliara. C’est une commune dont la création est assez ancienne ; sa population est assez vieille de telle sorte que son évolution démographique est lente. Les premiers migrants en majorité Betsileo s’enracinent dans cette commune rurale. Ils sont réputés pour la céramique, notamment la fabrication des objets en terre cuite (la poterie) et des briques cuites. Celles-ci sont utlisées par la population locale comme matières premières pour la construction des maisons d’habitation.

A l’époque coloniale, Ankily faisait partie des zones de plantation du tabac destiné à la métropole. Actuellement, c’est déjà une histoire ancienne car aucune trace de cette agriculture de rente n’existe. Les seules infrastructures qui restent en place sont celles du service de la lutte antiacridienne. Le bureau joue un rôle en météorologie car il donne des informations sur le climat de la commune (températures et les précipitations de la zone locale).

La population effectue un mouvement pendulaire entre Ankily et Ihosy pour plusieurs activités (études dans le CEG et dans le Lycée, activités commerciales dans la commue urbaine d’Ihosy). Pendant la période des récoltes, la population d’Ankily commercialise la totalité de sa production sans laisser ce dont elle a besoin durant la soudure.

Vers l’Ouest sont les communes rurales d’Andiolava et de Ranohira sont traversées par la RN7. La commune rurale de Ranohira est le fief de la grande partie de la population bara. Les Bara s’adonnent à l’élevage extensif bovin sur les grands espaces herbacés où dominent les savanes à ahidambo ( Heteropogon contortus ). Le climat est semi-aride. Les prairies se transforment en steppes lorsque les conditions physiques se dégradent sur ces surfaces d’aplanissement du plateau de Horombe. 15

Les zébus ne sont pas élevés à proximité des villages. Les troupeaux bovins sont gardés loin des yeux indiscrets dans les totrômby, là où ils bénéficient des meilleures conditions (fourrages, points d’eau, forêts). Ceux qui pratiquent ce type d’élevage n’habitent pas dans les agglomérations importantes ; ils se répartissent en petits groupes dans le no man’s land du plateau de Horombe.

Dans les gros villages de grande importance ou dans les villes, les immigrants Merina, Betsileo, Antesaka, Zafisoro, Antefasy et Antemoro sont les principaux occupants du territoire. Ils sont surtout des agents de la Fonction Publique ou des migrants à la recherche des meilleures conditions de vie. Par ailleurs, la commune rurale de Ranohira attire plusieurs Etrangers à cause de l’existence des sites historiques du massif ruiniforme de l’Isalo qui est érigé actuellement en Parc National. Celui-ci accueille annuellement plusieurs visiteurs et chercheurs.

La présence étrangère dans cette commune rurale de Ranohira a perturbé beaucoup la vie de la population, notamment la flambée des prix des produits. Ceux-ci ne sont pas accessibles par la population locale qui a un faible pouvoir d’achat. Ce qui n’est pas le cas pour les Etrangers qui trouvent que les marchandises sont bon marché. La population locale essaie de s’adapter tant bien que mal à cet environnement pour gagner sa vie en s’adaptant à diverses activités : guides touristiques et restauration.

Tableau 1 : - Evolution des touristes à Ranohira

Années Effectif des Etrangers 2006 20 180 2007 23 140 2009 8 842 2010 (janvier) 1 392

Source : ONT (Office National du Tourisme)

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Les données statistiques concernant les touristes visitant Ranohira de 2006 à 2010 montrent que les arrivées des touristes sont conditionnées par la stabilité ou l’instabilité politique du pays. En effet, l’absence de crise économique en 2006-2007 explique l’augmentation de l’effectif des touristes qui est passé de 20 180 personnes à 23 140. Par contre, en 2009, le Président de la République Marc Ravalomanana s’est exilé en Afrique du Sud, c’est-à-dire que l’environnement politique à Madagascar est devenu instable. Cette instabilité se poursuit durant la période de transition du Président de la Haute Autorité de la Transition Andry Rajoelina.

Actuellement, le pays se trouve encore dans une atmosphère très ambigüe. Certes, les touristes manifestent leur présence mais en nombre qui diminue au fil des temps. Le chiffre de 8 842 touristes étrangers en 2009 est une preuve tangible de ce recul à grand pas de nos visiteurs. Pourtant, l’article 13 du DUDH stipulant que « Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays » ne préconise aucune restriction quant à la visite de notre pays par les touristes. Nous avons espéré l’arrivée massive des touristes chez nous. En janvier, un chiffre frôlant déjà la moitié de l’effectif des touristes a été enregistré dans les archives.

En général, la présence étrangère n’a pas d’impacts négatifs, au contraire, car ils apportent les devises que le pays a besoin. La commune dans laquelle séjournent les touristes peut bénéficier des avantages tant sociaux qu’économiques. Plusieurs d’entre les touristes demandent une résidence de longue durée et investissent dans l’industrie hôtelière. Les infrastructures hôtelières existant dans la commune favorisent l’arrivée en grand nombre des touristes qui n’auront plus du mal à trouver l’hébergement confortable.

Les habitants de cette commune rurale viennent dans le chef-lieu pour vendre leurs produits agricoles locaux (riz, manioc, maïs, etc) et pour s’approvisionner en produits de première nécessité, des effets vestimentaires. Le marché est aussi un point de rencontres (rencontres des jeunes amoureux, rencontres également des parents habitant différentes contrées éloignées les unes par rapport aux autres). Donc plusieurs types de gens se retrouvent lors de cette journée de marché. Les locaux considèrent cette journée comme une sorte de fête ; aussi s’habillent-ils correctement. La manière de s’habiller reflète aussi le statut de la personne. Le célibataire diffère de la personne mariée rien que par la manière de s’habiller. Il 17

est donc plus facile pour les prétendants à une union amoureuse de choisir parmi les jeunes femmes célibataires.

Carte 2 : - Le District d’Ihosy

Le tableau de la page suivante montre que les communes d’Ihosy, Mahasoa et de Ranohira sont des communes de grande importance du point de vue de leur population. La ville d’Ihosy est un carrefour où se croisent les personnes venant de la région Atsimo- Andrefana, Haute Matsiatra, Atsimo Atsinanana et Anosy.

Ranohira est un ancien village Bara. Ce site historique et touristique est très remarquable par ses potentialités touristiques avec le massif ruiniforme de l’Isalo s’étirant du

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Nord au Sud. Il constitue un contrefort à l’Ouest du plateau de Horombe. Il offre des sites exceptionnels comme la grotte des Portugais. Celle-ci est une caverne cachée dans ce plateau ruiniforme de l’Isalo et qui aurait servi d’asile aux naufragés d’un navire portugais vers 1627.

La commune rurale de Mahasoa est une destination des hôtes depuis longtemps. Tableau 2 : - Les 19 communes du district d’Ihosy

Nom des Nombre d’habitants N° Communes 2008 2004 1996 1988 1976 1968 1960 1949 1 Ambatolahy 11 476 10 136 5 356 4 389 3 400 2 954 1 550 1 422 2 Ambia 7 820 6 231 3 682 2 997 2 115 1 860 1 460 1 389 3 Analaliry 5 054 4 734 3 857 3 289 2 523 2 170 1 780 1 668 4 Analavoka 6 241 5 538 4 128 3 452 2 467 1 880 1 670 1 523 5 Andiolava 7 134 6 432 4 120 3 275 2 704 2 185 1 690 1 585 6 Ankily 7 922 7 039 3 875 3 258 2 479 2 107 1 732 1 652 7 Ihosy CU 39 368 26 260 8 957 8 247 7 953 7 216 6 861 5 987 8 Ilakaky 29 472 13 879 5 623 4 215 3 451 2 200 1 620 1 598 9 Irina 8 950 6 874 5 627 4 389 3 307 2 900 2 430 2 329 10 Antsoha 4 380 3 842 3 242 2 845 2 264 2 180 1 620 1 597 11 Mahasoa 20 523 18 050 8 523 7 326 5 952 5 460 4 546 4 453 12 Menamaty-Iloto 8 982 7 231 4 231 3 647 2 425 2 100 1 782 1 612 13 Ranohira 30 625 23 879 12 569 11 420 10 971 9 495 8 461 8 350 14 Sahambano 11 164 8 464 5 094 3 862 2 482 2 400 1 980 1 885 15 Sakalalina 10 965 7 280 6 250 4 020 2 754 2 132 1 286 1 117 16 Satrokala 19 320 18 824 5 962 3 780 2 521 2 410 1 184 1 092 17 Tolohomiady 3 454 4 520 3 865 3 243 2 885 2 798 2 375 2 254 18 Soamatasy 5 140 4 139 3 845 3 105 2 107 2 180 1 440 1 396 19 Zazafotsy 6 582 5 631 3 218 2 986 2 210 1 830 1 467 1 304 Total District 244 572 188 983 102 024 83 745 66 970 58 457 46 933 44 213

Source : - Enquête au niveau des différentes communes du district d’Ihosy Source : - Archives nationales, Antananarivo

La population de la commune urbaine d’Ihosy est une population à croissance lente. Entre 1949 et 1960, la population est passée de 44 213 à 46 933 habitants, c'est-à-dire un taux d’accroissement de 6,15% en 11 ans.

De 1960 à 1968, il y a une augmentation de 24,55% ; cela peut s’expliquer par un solde migratoire dans ce district. Mais entre 1976 et 1988, l’accroissement est de l’ordre de 25,04%. Cela peut être la conséquence des événements de 1972 pendant laquelle beaucoup 19

d’éventuels migrants sont restés dans leur région d’origine ; d’où, le ralentissement de l’accroissement de la population dans la zone d’accueil.

Entre 1996 et 2003, c’est-à-dire en l’espace de 12ans, l’effectif de la population est passé de 102 024 à 244 572 habitants. En quelque sorte, la population d’Ihosy a doublé en douze ans. Cela peut s’expliquer par l’arrivée massive de migrants venus de toutes parts. Plusieurs causes sont à la base de ces arrivées de migrants. Nous pouvons citer la recherche du saphir, de terrains favorables la pratique agricole, la migration saisonnière de marchands de bovins, les marchands ambulants de vêtements, de produits de première nécessité et les commerçants de produits cosmétiques. Donc, plusieurs types de migrants sont présents dans le district d’Ihosy.

1.2.1.2.- Intérêt d’enquêter dans les communes ayant reçu plusieurs migrants venant du Sud-Est

Nous avons constaté que presque toutes les communes rurales du district d’Ihosy ont attiré les populations migrantes venant du Sud-Est malgache. Leurs stratégies d’intégration dépendent des interlocuteurs Bara Tompontany. Les communes rurales dans lesquelles nous avons organisé des enquêtes concernent essentiellement les parties Est, Ouest, centre Est et Sud du district d’Ihosy. Ce sont la commune urbaine d’Ihosy, les communes rurales de Sahambano, Zazafotsy, Ambia, Ankily, Andiolava, Ranohira, Ilakaky, Analaliry, Tolohomiady et de Satrokala. Ces communes s’avèrent intéressantes pour nous parce qu’elles recèlent beaucoup de migrants Zafisoro et Antefasy. La partie Est du district d’Ihosy est habitée par plusieurs migrants venant du Sud-Est, peut-être parce qu’elle est une zone frontalière avec la région Atsimo Atsinanana. Cette présence est d’autant plus facile que cette partie est desservie par l’axe routier RN27 reliant Ihosy à .

A titre d’exemple, prenons le cas de la commune rurale de Sahambano. Géographiquement, elle est située à cheval sur la RN27 et à 20 km à l’Est de la ville d’Ihosy. Elle est vaste de 179 km 2. Avant la colonisation de Madagascar par la France, elle accueillait déjà des populations migrantes du Sud-Est du territoire national. En 2008, la population répartie sur six Fokontany (, Andranomasy, Ambatosia, Beadabo, Bemahabo et Sahambano) comptait déjà 11 164 habitants. Parmi ces six (6) Fokontany, deux seulement sont occupés par les « Tompontany » Bara (Andakana et Beadabo), les quatre autres sont

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occupés par les gens venant du Sud-Est et quelques Betsileo. Le maire de la commune rurale nous affirme que le nombre de la population bara et celui des migrants venant du Sud-Est sont équivalents (40% pour chaque groupe ethnique) ; les Betsileo représentent 18% de l’ensemble de la population de la commune. Le reste est partagé entre les minorités, notamment les Antandroy qui commercialisent le « paraky gasy ». Les Merina sont arrivés dans la commune pour le marché hebdomadaire et comme commerçants ambulants. Les autres groupes ethniques tels que les Tanosy sont presque inexistants dans cette localité.

La forte présence de migrants venus du Sud-Est est manifeste par l’occupation de l’espace ; en effet, la majeure partie de la population du Fokontany central de Sahambano est exclusivement des populations migrantes venant du Sud-Est de la Grande Ile. Ces populations ont un fort ancrage dans cette commune rurale de telle sorte qu’elles jouent un rôle politique important dans les affaires de l’Etat. Ainsi, l’adjoint au maire de Sahambano et le secrétaire sont des originaires du Sud-Est. Il n’est donc pas difficile de trouver des gens qui vous donneront des renseignements plus ou moins précis sur l’installation des migrants dans la commune rurale de Sahambano.

Les enquêtes ont révélé qu’il existe sur le plan spatial des regroupements par groupes ethniques. Les gens du Sud-Est se retrouvent dans la commune rurale de Sahambano ; ce sont surtout les migrants de . Dans la partie Sud-Est du district d’Ihosy, c’est-à-dire dans la commune rurale d’Analaliry située à 35 km de la commune urbaine du district, les migrants venant du Sud-Est sont minoritaires par rapport à la population totale ; ils ne représentent que 10% de la population totale. Cette population regroupe les Zafisoro, Antefasy, Antesaka et Antemoro.

1.2.1.3.- Problèmes d’accès dans les communes rurales enclavées

Dans le district d’Ihosy, la RN7 est l’unique route goudronnée. Les autres routes ou pistes sont en terre. La RN27 reliant Ihosy et Farafangana et la RN13 reliant Ihosy et Fort- Dauphin appartiennent à ce dernier groupe. Les déplacements sur ces types de routes posent beaucoup de problèmes.

Le moyen financier et matériel pour réaliser l’enquête reste limité. Parcourir les communes rurales du district d’Ihosy pose des problèmes d’autant que la plupart sont 21

enclavées ou du moins elles ne sont desservies que par des routes secondaires qui demandent l’utilisation de véhicules à quatre roues motrices. L’accès à ces communes est rendu facile grâce à l’aide de plusieurs personnes. Ainsi, nous nous sommes rendues dans les communes rurales de Sahambano, Tolohomiady et Analaliry par moto. La descente dans les communes rurales d’Ambia, Zazafotsy, Ankily, Andiolava, Ranohira et Ilakaky est facile parce qu’elles sont traversées la route bitumée RN7.

La visite des communes rurales de la partie Nord-Ouest du district d’Ihosy a été rendu plus facile grâce à l’aide des responsables de la lutte contre le VIH/SIDA. En dépit de tout cela, nous avons souffert quand même à cause de l’éloignement des communes les unes par rapport aux autres et aussi peur car le disstrict est classée zone rouge, donc l’insécurité règne partout. Nous étions d’ailleurs très effrayées lorsque nous étions informées avant notre descente sur terrain des actes criminels perpétrés par les bandits de grand chemin « malaso ». Par ailleurs, il n’est pas aisé de trouver des véhicules se rendant dans les communes enclavées.

1.3.- La recherche des informations

La recherche de renseignements fiables est un objectif de cette étude. C’est pour cela que nous avons consulté des notables et des responsables locaux en plus de la consultation des archives et de documents concernant notre thème.

1.3.1.- Les enquêtes orales auprès des notables locaux

Les enquêtes avaient comme objectif principal la collecte des informations par l’interrogation orale directe des notables et l’observation des faist dans la zone étudiée. Nos enquêteurs se sont heurtés à des obstacles tant les premiers responsables des Fokontany et des communes éaient des nouveaux dans leurs postes respectifs. Ils commencent à se familariser aux réalités quotidiennes dans leur circonscription. Cela ne nous a pas empêché d’avoir les informations escomptées. Ces données sont issues d’archives ou d’informations par l’entremise des relations interpersonnelles ou d’autres sources : les ainés, les jeunes intellectuels, etc. La diversité des informations et leurs caractères disparates nous induisent quelquefois en erreur tant nos idées deviennent confuses. Il nous fallu donc trier les informations recueillies. Quand la source des informations est douteuse, le chef de service 22

consulté tente d’organiser une démarche basée sur l’observation directe car les documents dont il dispose ne lui permettent pas de répondre correctement aux questions qui lui ont été posées. En effet, certains renseignements tels que le nombre de population par groupes ethniques, la date d’arrivée des premiers migrants dans le district d’Ihosy ne figurent nulle part. D’où la nécessité de recourir à l’enquête orale directe.

Parfois, les bureaux des communes rurales ne disposent pas des statistiques sur le nombre total des éleveurs car la tâche revient aux services centraux du district lors de la préparation des élections. Les responsables municipaux minimisent quelquefois l’élaboration d’une monographie communale. Les multiples changements de responsables comme les chefs de Fokontany, les maires, les chefs du district entraînent souvent la disparition de nombreux documents. Ces derniers peuvent disparaître ou sont mal classés après les passations de service. Dans les circonscriptions où les responsables n’ont pas été remplacés, les réponses aux questions posées par nos soins sont rapides et fiables car reposant sur des documents écrits. A défaut de documents, ces responsables parviennent souvent à nous donner des réponses satisfaisantes.

Obligatoirement, nous étions tenues de faire des descentes fréquentes dans les Fokontany et les communes rurales pour la collecte des données relatives aux migrations de populations provenant du Sud-Est de Madagascar. Les enquêtes au niveau de la population n’est possible qu’avec l’appui du chef de Fokontany car il a une facilité à contacter directement son peuple. En effet, la personne enquêtée ne nous dit pas nécessairement la vérité sans la caution du chef de Fokontany. Par ailleurs les personnes soumises aux enquêtes demandent quelquefois une contrepartie.

Par contre, le chef de Fokontany encourage ses administrés à répondre correctement aux questions que nous leur avons posées. Les réponses diffèrent selon qu’il s’agit d’un cas général ou d’un cas particulier. Les interlocuteurs sont plus à l’aise quand il s’agit de répondre aux questions les concernant directement.

La distance qui sépare notre zone d’étude (le district d’Ihosy) et notre poste d’affectation (Mahanoro) constitue un handicape qui ne rend pas facile notre tâche. Nous avons constaté, en outre, lors de la rédaction finale de notre ouvrage que certains éléments manquent. Ce qui nécessite des descentes complémentaires sur le terrain. Il faudra donc 23

attendre la période des vacances pour parfaire ce travail. Ce qui n’est pas toujours évident. Entre temps, d’ailleurs, nous étions hospitalisées pendant un mois et nous étions contraintes de respecter la période de convalescence. En 2010, le passage du cyclone Hubert à Madagascar s’est soldé par d’énormes dégâts dans la région de Vatovavy-Fitovinany (Mananjary, Manakara, Vohipeno, Farafangana) et celle de l’Atsimo Atsinanana (notamment Vangaindrano). Tout cela a retardé l’avancement de nos travaux de recherches.

La deuxième série d’enquêtes ne nous a pas posé beaucoup de difficultés car les autorités des Fokonany et celles des communes ainsi que les populations nous sont devenues familières ; il y a également la stabilité politique. Les personnes enquêtées ne sont plus réticentes ; elles donnent plus facilement les informations escomptées.

Les enquêtes effectuées auprès des notables locaux ont été diligentées soit par le chef du district lui-même, soit par le maire de la commune concernée ou du chef de Fokontany. Cet appui des autorités a rendu aisé nos entretiens avec les notables bara ou les notables provenant du Sud-Est de Madagascar. Nous avons pu sélectionner les personnes à enquêter. Ainsi, nous sommes parvenues à avoir des données fiables.

Quelquefois, lors de la descente sur terrain, nous arrivons assez tardivement par rapport à l’heure de sortie de la population dont les activités principales sont l’agriculture, l’élevage, le commerce des bovidés. Notre arrivée tardive dans un village, commune se trauit par le retard de l’avancement des enquêtes car il faudra attendre le retour des habitants. Mais l’enquête devient facile au cas où notre arrivée coïncide avec la réunion du conseil municipal ou du comité du Fokontany. D’une façon générale, tous les conseillers de la commune rurale sont des notables locaux. Aussi, après l’entretien avec le maire, nous entamions les enquêtes auprès des notables de la circonscription.

Les notables enquêtés nous indiquent, d’ailleurs, les personnes qui méritent d’être contactées pour certaines informations concernant notre thème de recherches. Ce concours de circonstances était rendu réel lors de notre passage dans les communes rurales de Sahambano et d’Analaliry ainsi que dans la commune urbaine d’Ihosy. L’enquête dépend de la disponibilité de personnes concernées et de la fiabilité des données fournies.

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1.3.2.- Les enquêtes orales auprès des responsables locaux et des services administratifs

Ces enquêtes s’effectuent, en général, auprès des Maires, du chef de district et des chefs de Fokontany. Ce sont eux qui sont considérés comme le premier responsable des localités. Le niveau d’entretien avec ces personnalités dépend de leur niveau intellectuel, de leur ouverture et de leur disponibilité. D’une manière générale, ils connaissent leur zone. Durant l’entretien entre ces types de personnes, ils évoquent plusieurs problèmes surtout à propos des difficultés des données qui ne sont pas toujours fiables.

Dans certaines circonscriptions, les chefs de Fokontany disent qu’ils n’ont pas beaucoup de choses à dire parce qu’ils viennent d’être élus. Quant aux maires, ils ne disposent pas beaucoup de temps pour nous rencontrer à cause de leurs multiples occupations. En guise d’échappatoire, ils nous demandent tout simplement notre ordre de mission pour visa. Cependant, certains d’entre eux éprouvent une certaine crainte quant à nous renvoyer à cause de notre autorisation d’enquête signée par le directeur du département de la formation doctorale et notre directeur de recherches.

Dans d’autres communes, plusieurs maires se montrent intéressés par notre sujet même s’ils ne donnent pas tout de suite les données qui nous intéressent pour la réalisation de notre travail. Ils se disent aussi qu’ils sont intéressés par notre thème par pure démagogie.

Au niveau du district, le nouveau chef avance comme argument sa prise de service récente à son poste d’affectation ; ce qui ne lui permet pas d’avoir des éléments de réponses à nos questions. A la fin de l’entretien cependant, il nous a fourni quelques points à propos du district : les caractéristiques générales de notre zone d’étude, la gestion de l’espace et les stratégies d’intégration des populations migrantes.

1.3.3.- La consultation des archives et des documents

La consultation des archives et des documents nécessite des déplacements vers les centres urbains dotés de bibliothèques car le district d’Ihosy est pauvrement équipé en la matière. Il nous a fallu donc programmé nos déplacements vers Toliara, Fianarantsoa et Antananarivo. Nous avons cherché dans la bibliothèque universitaire TSIEBO Calvin, dans la

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bibliothèque de l’Aumônerie Catholique Universitaire (ACU) Amalangy, le Fond Documentaire du CEDRATOM, la bibliothèque de l’Alliance Française les ouvrages qui nous paraissent se rapporter à notre thème de recherches.

Sur le plan local, la bibliothèque municipale d’Ihosy, celle du CEG ou Collège d’Enseignement Général et celle du Lycée d’Ihosy ont été consultées. Très peu d’ouvrages se rapportant à la migration existent dans ces bibliothèques du district.

La BU ou bibliothèque universitaire d’Antananarivo, plus particulièrement les bibliothèques spécialisées des départements d’Histoire et de Géographie nous ont réservé d’agréables surprises parce que nous y avons trouvé des ouvrages très intéressants. De la même manière, les bibliothèques de la capitale, notamment la Bibliothèque Nationale ou autres sont bien dotées en ouvrages dignes d’intérêt qui méritent d’être lus et analysés. Nos efforts à fouiller les archives poussiéreuses de ces centres documentaires se sont soldés par la découverte d’ouvrages traitant les réalités de notre zone d’étude. Ainsi, notre visite de la bibliothèque de l’Académie Malagasy de Tsimbazaza nous a permis de connaître l’existence de nombreuses thèses de doctorat évoquant notre zone d’étude et les bulletins de l’Académie Malagasy qui paraissent périodiquement.

Nous avons consulté également la bibliothèque du Centre d’Informations des Nations Unies (CINU) à Madagascar. Nous y avons découvert surtout des ouvrages concernant le développement de Madagascar et sa structure administrative.

Dans la bibliothèque nationale d’Ampefiloha, nous avons découvert divers ouvrages très pertinents concernant les migrations de populations aussi bien à l’échelle régionale, nationale qu’internationale. Durant notre court séjour à Antananarivo, nous avons essayé de prendre le maximum de notes et de lire un grand nombre d’ouvrages pour enrichir notre connaissance.

Dans notre district d’affectation, c’est-à-dire à Mahanoro, nous avons fouillé des archives dans les bibliothèques du CRINFP et de la commune urbaine de Mahanoro. Nous avons aussi consulté les sites internet pour voir la réalité internationale sur les migrations. En général, ces sites publient les dernières éditions des livres. Nous y avons recueilli également des informations sur la réputation et l’importance des migrations dans différents pays. 26

Dans les pays sous-développés comme Madagascar, l’accès à l’internet coûte cher car quelquefois les informations sont payantes. De plus, une partie de l’information seulement est révélée. Il faut donc payer un complément conformément à la publicité pour avoir les données électroniques complètes sur internet. Le second paiement nous est impossible car il dépasse nettement nos capacités financières. Donc, nous nous sommes contentées des informations gratuites. Ce qui est un facteur limitant pour les informations via l’internet. Notre souhait est de voir les étudiants s’ouvrir vers l’extérieur grâce à un accès gratuit par internet.

L’internet facilite grandement la communication car il fait fi des distances. Il supprime les distances. Aussi, n’a-t-on plus besoin de se déplacer pour accéder à des données fiables. Dans la même foulée, les chercheurs ne perdent pas du temps à cause des longs déplacements, ils évitent les divers frais de transports, d’hébergement et de restauration.

A Madagascar, l’accès aux données fiables reste un grand problème de tous les chercheurs. Les causes en sont nombreuses. A titre d’exemple pour ce qui concerne notre thème, le renouvellement des documents concernant la monographie du district et/ou des communes ne constitue pas la priorité de l’administration. L’instabilité politique a des impacts négatifs sur l’administration territoriale. Les différents responsables administratifs font l’objet de mutations fréquentes. Par conséquent, des documents disparaissent ou sont introuvables alors qu’ils restent parmi les archives.

Dans ces conditions, les chercheurs sont contraints de descendre sur terrain pour procéder à des enquêtes directes auprès de la population. Il n’est donc pas possible de comparer les informations recueillies avec les données des documents écrits. Le seul recours est l’analyse des informations collectées. La mise en œuvre de la recherche dépend de plusieurs facteurs tels que les facteurs matériels ou la logistique, les facteurs humains et les facteurs financiers. Il ne faudrait pas minimiser la santé des acteurs, la confiance accordée par la population aux enquêteurs et la qualité du thème choisi.

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Au terme de la descente sur terrain, nous avons procédé à l’analyse des informations recueillies parce que les réponses des personnes enquêtées ne reflètent toujours pas la vérité. Elles répondent aux questions par peur du Fanjakana. Bien souvent, leurs réponses sont expéditives, c’est-à-dire qu’elles répondent aux questions pour se débarrasser des enquêteurs. Donc, les informations recueillies sont loin d’être fiables. La réalité est quelque peu tronquée. D’où la nécessité d’avoir les résultats obtenus par plusieurs chercheurs.

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Deuxième partie :

BIBLIOGRAPHIE

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2.1.- INDEX BIBLIOGRAPHIQUE

2.1.1.- Les ouvrages généraux et régionaux des pays en dehors de Madagascar

01.- ALBERTINI J. M., 1969, Les mécanismes du sous-développement , Paris, Edition ouvrière 170 pages.

02.- AZEMA J.P, 1975, La collaboration 1940-1944 , Paris, Presses Universitaires de France, 152 pages.

03.- AYERS K., 2001, Esclave en fuite . Paris, Edition Hachette. Livre de poche Jeunesse 196 pages.

04.- BENOT Y., 1971, Qu’est ce que le développement. Paris, Petite Collection Maspero 258 pages.

05.- BERNARD B., 1995, Le Tiers-Monde : croissance, développement, inégalités . Collection HISTEGE, 181 pages.

06.- BRUNER J.S., 1983, Savoir-faire, savoir dire. Paris. Presses Universitaires de France 261pages.

07.- CAZES G. & DOHINGO J., 1975, Les critères du sous-développement géopolitique du tiers-monde. Bréal Montreuil, 320 pages.

08.- CHANU P, 1975, Le mémoire de l’Eternité. Paris. Edition Robert Laffont, 304 pages.

09.- CONFERENCE DES EXPERTS EN HISTOIRE ET GEOGRAPHIE REUNIS A ABIDJAN, 1965, Histoire des premiers hommes à l’Islam. Paris. Collection Centre Africain de Recherche et d’Action pédagogique, 223 pages.

10.- CORBIN A., 1975, Archaïsme et modernité en Limousin au XIX ème siècle (1845-1880) , Paris. 2 volumes et pagination continue, 1 168 pages. 30

11.- DARROBERS M. & LE POTTIER N., 2000, La recherche documentaire. Paris. Edition Nathan, 159 pages.

12.- DOISE W. & MUGNY G., 1981, Le développement social de l’intelligence . Inter Edition.

13.- GADREY J. & FLORENCE J.C., 2005, Les nouveaux indicateurs de richesse .Paris, Edition La Découverte, 21 pages.

14.- GIMPEL J., 1975, La révolution industrielle au Moyen-âge . Paris. Edition du Seuil, collection points Histoire, 120 pages.

15.- GINIEWSKI P., 1975, L’an prochain à Umtata . Paris, Edition Berger-Levrault, 311 pages.

16.- JACQUES S., 1976, L’économie des Etats-Unis. Paris, New York, Barcelone, Milan. Collection de Géographie, 208 pages

17.- JOSEPHE, STIGLITZ, CARLE & WALSH, 2004, Principe d’économie moderne , 2ème édition . Bruxelles. Ed de Boeck.

18.- JONAERT P., 2002, Compétence et socioconstructivisme, un cadre théorique . Bruxelles. De Boeck Université.

19.- KNAFOU R., 1993, Géographie Terminale , France 191 pages.

20.- KNAFOU R., 1990, Connaissance du monde contemporain , France 223 pages.

21.- MARTIN H., 1975, Les ordres mendiants en Bretagne (vers 1230 et vers 1530) : Pauvreté volontaire et prédication à la fin du Moyen Age. Institut Armoricain de recherche historique de Rennes. Paris, Edition Klinckziek, , 470 pages.

22.- MEYER G., 2008, Evaluer : Pourquoi ? Comment ?. Belgique 283 pages. 31

23.- PAGES J., 1973, Les migrations humaines en Polynésie française in « Cahiers ORSTOM », Série Sciences Humaines, Volume X, n° 2-3.

24.- PIAGET Jean, -1974, La prise de conscience , Paris. Presses Universitaires de France 296 pages

25.- PIAGET Jean, 1974, Réussir et comprendre , Paris. Presses Universitaires de France 384pages

26..- POISSENOT C. & RANJARD S., 2005, Approche sociologique et méthodologique d’enquête . Villeurbanne, Presses de l’ENSSIB, 350 pages.

27.- PERRET C. A. N., 1979, La constitution de l’intelligence dans l’interaction sociale . Peter Lang 350 pages.

28.- PHILIPPE R., 1975, Maurice Thorez, vie secrète et vie publique . Collection : « Le monde sans frontière ». Paris Fayard, Thèse de Doctorat 660 pages.

29.- PHILLIPE M., 1984, Apprendre en groupe t 1 et t2. Chronique Sociale. 462 pages

30.- PICQUET M., 1972, Influence de la migration dans la croissance de l’agglomération de Tunis. Perspectives 1966-1991 in « Cahiers ORSTOM », Série Sciences Humaines, Volume IX, n° 4.

31.- PIERRE S., 1975, Européens de Tunisie et questions religieuses (1892-1901). , Paris Edition du CNRS, Aix-Marseille 264 pages.

32.- ROBERT J.C., 1975, Du Canada Français au Québec Libre. Histoire de mouvement d’indépendantiste . Paris, Collection Histoire Vivante, Edition Flammarion, 323 pages.

33.- SCHUMARCHER E. F., 1973, Le problème de la production de Small is beautiful

32

34.- SINGARAVELOU, 1975, Les Indiens de la Guadeloupe, étude de géographie humaine . Bordeaux, Imprimerie Deniaud 239 p. Thèse de 3 ème Cycle publiée par souscription – s’adresser à UER Lettres.

35.- SURET-CANALE Jean, NOUCHEL J.C., 1975, La faim dans le monde , paris, Editions Sociales, Collection Notre Temps, 249 pages. 36.- SOLET B., 1995, La torture : de témoins contre le silence . Paris, Edition Syros, Collection « J’accuse » 183pages.

2.1.2.- Les ouvrages généraux et régionaux sur Madagascar

37.- BEAU COURT M., 1971, Les blocages de la croissance de l’économie malgache , Thèse Lille Ronéo, 521pages.

38.- BARE J.F., 1977, Hiérarchie politique et organisation sociale malgache, qui es-tu ? Neuchâtel

39.- CALLET R.P., 1902, Tantaran’ny Adriana eto Madagascar .

40.- DANDOUAU A. & CHAPUS G.S., 1952, Histoire des populations de Madagascar . Edition Larose. Paris, 1952.

41.- DANDOUAU A. & CHAMPUS G. S., 1952, Histoire des populations de Madagascar . Paris.

42.- DECARY René., 1941, Mobilité et conséquence des migrations intérieures récentes des populations malgaches , Tananarive 49 pages.

43.- DESCHAMPS Hubert, 1936, Les mœurs et coutumes des peuples malgaches . Thèse, Antananarivo, imprimerie moderne de l’Emyrne. Pitot de la Beauyardière, 126 pages.

44.- DESCHAMPS Hubert, 1959, Les migrations intérieures passées et présentes à Madagascar , Paris, Edition Berger-Levrault, 284 pages.

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45.- DESCHAMPS Hubert, 1960, Histoire générale de Madagascar , Paris, Edition Berger- Levrault, 358 pages.

46.- DESCHAMPS Hubert, 1965, Histoire de Madagascar, Paris, Edition Berger-Levrault,348 pages.

47.- FERRAND G., 1891, Les musulmans de Madagascar. Paris Editions Leroux

48.- FERRAND G., 1907, Le peuplement de Madagascar in « Revue de Madagascar », pp81- 91.

49.- FERRAND G., 1908, L’origine africaine des Malgaches in « Journal Asiatique », pp353- 500.

50.- FRANCOISE R.J. & SOLOFO R., 2002, La nation malgache au défi de l’ethnicité. Collection Homme et Société, Edition Karthala, Paris, 448 pages.

51.- FAUROUX Emmanuel & KOTO Bernard, 1993, Les migrations Mahafaly dans le processus de ruralisation de la ville de Toliara in « Cahier de Sciences Humaines » n° 2-3, pp 547-564.

52-FAUBLEE Jacques, 1959, Les sociétés malgaches. Origines, formation et évolution in « L’année sociologique », 3 ème série, pp 322-328.

53.- GRANDIDIER A.G,-1908- :- Histoire physique, Naturelle et Politique de Madagascar . Vol. IV, Ethnographie de Madagascar. Tom1 Paris Imprimerie nationale.

54- GRANDIDIER A.G, 1958- : Histoire physique, Naturelle et Politique de Madagascar. Vol. V, Ethnographie de Madagascar. Tom III Histoire de population autres que les Merina Imprimerie nationale

55.- GUICHER André, 1961 - : Géographie régionale de Madagascar , paris, 134 pages

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56.- GUY P. – 1982 - : La dynamique du sous-développement à Madagascar , thèse de doctorat d’Etat Es Sciences économiques, Université de Paris.

57.- HOERNER Jean Michel, 1977 - : Géographie régionale du Sud-Ouest de Madagascar, Tuléar Ronéo 134 pages

58.- IMATEP, 1999, Mobilité économique en milieu urbain : étude de cas. IMATEP, Antananarivo, 48 pages.

59.- KOTO Bernard, 1996, Relations villes-campagnes dans le Sud-Ouest de Madagascar : Exemple de Tuléar . Thèse, Bordeaux III, 338 pages.

60.- LEOTITIA A. Z., 2007, Les migrants Merina dans la ville de Majunga . Mémoire de DEA, Antananarivo, 87 pages.

61.- PNUD, - 1997, Stratégie Nationale de lutte contre la pauvreté , Antananarivo 57pages

62-PNUD,- 2000, Rapport National sur le développement humain à Madagascar , Antananarivo 162pages

63.- RANDRIAMAMONJY F., 2006, Tantaran’i Madagasikara isam-paritra . Antananarivo, 585 pages

64.- RATSIMANDRATRA C., 1982, La dynamique urbaine de Tsiroanomandidy capitale de Bongolava in « Madagascar Revue de Géographie n°41 », pp 41-84

65.- RAINANDRIAMAMPANDRY, -1874-: Tantaran’i Madagascar. Edition Ambozontany.

66- RALAIMIHOATRA E., 1965, Histoire de Madagascar, des origines à la fin du XIXème siècle, Tananarive, 165pages

67.- RALAIMIHOATRA E., 1982, Histoire de Madagascar. Edition de La librairie de Madagascar Antananarivo

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68.- RAMAMONJISOA J. – 1978 - : Etude géographique d’un espace urbain , Thèse de 3 ème Cycle. Nice 2 tomes.

69.- SAMBO Manjolily Zéphyrin, 1999, Les migrants Tandroy de Toliara originaires de la région située entre Beloha et Ambovombe . Mémoire de Maîtrise 198 pages.

70-VIG Lars, 1971, Croyance et mœurs des Malgache, Tananarive, trad. par E Fagereng, édit par DAHL O.C. 80pages

2.1.3.- Les ouvrages concernant uniquement la zone d’étude

71.- BJORN ELLE, 1907, Notes sur les tribus de la province de Farafangana in Bulletin de l’Académie malgache. Volume IV, pp 97-106.

72.- DECARY Remond, 1969, Contribution à l’histoire du Sud-Est de Madagascar in « Revue de Madagascar », 2 ème trimestre, pp 36-50

73.- DESCHAMPS Hubert et VIANES, 1959, Les Malgaches du Sud-Est : Antemoro, Antesaka, Antembahoaka. Peuples de Farafangana : Antefasy, Zafisoro, Sahavoay, Sahafatra . Paris. Presses Universitaires de France.

74..- DESCHAMPS Hubert, 1959, Les migrations intérieures passées et présentes à Madagascar . Levrault, Paris, 284 pages.

75.- FONTOYNONT & RAOMANDAHY, 1939, Les Antaifasy (origines, guerres avec les tribus voisines) in Bulletin de l’Académie Malgache pp 3-40.

76.- FAUBLEE Jacques, 1942, L’Alimentation des Bara (sud de Madagascar) in « Journal de la société des Africanistes », pp157-201.

77.- FAUBLEE Jacques, 1947, Récits bara . Paris, Institut d’ethnologie, 554 pages.

78.- FAUBLEE Jacques, 1948, A Madagascar : Les villages bara, sites, migrations, évolution in Revue de Géographie Humaine et d’Ethnologie, pp36-53.

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79.- FAUBLEE Jacques, 1951, Techniques divinatoires et magiques chez les Bara de Madagascar in Journal de la Société Africaniste, pp 127-138.

80.- FAUBLEE Jacques, 1959, Les sociétés malgaches. Origine, formation et évolution in L’Année Sociologique, 3 ème Série, pp322-328

81.- FAUBLEE Jacques, 1965, Notes sur quelques points de droit coutumier du Sud de Madagascar in Etude de droit Africain et de droit malgache, Paris, pp27- 48 82- HUNTINGTON Richard, 1986, Bara pastoral kingdoms (19 Th century), in omaly sy anio n°23-24 pp 179-186 83.- IMBIMBISOAFARA M. I., 2007, La région de Farafangana et ses rois : vie socio- économique et conception de l’autorité royale Antefasy . Mémoire de Maîtrise, 89 pages.

84.- LAMINA Hafa, 1974, Ny Antefasy tantara .

85.- LUIGI ELLI, 1993, Une civilisation du bœuf : Les Bara de Madagascar. Difficultés et perspectives d’une évangélisation . Ambozontany Fianarantsoa, 223 pages.

86.- MAMPITOVY A., 1974, Tantaran-drazana Zafisoro . Foibe Filan-kevitry ny Mpampianatra, Antananarivo.

87.- MANICACCI J., 1751, Madagascar guide pratique de l’immigrant . pp1-40

88.- MANJAKAHERY Barthélémy, 2006, La pénétration des troupes coloniales françaises chez les Bara du centre-sud de Madagascar (1897-1899) in Talily n° 11-12, pp 49-66.

89.- MICHEL L., 1957, Mœurs et coutumes des Bara in « Mémoire de l’Académie Malgache » pp15-19

90.- ROGER R., 1995, Les affrontements « ethniques » dans le Sud-Est pendant la période coloniale : une interrogation sur le passé de la région in Omaly sy Anio (Hier et Aujourd’hui), Revue d’études historiques, n° 37-38, pp 261-269. 37

91.- ROGER R., 1986, Conquête et pénétration coloniale dans la province de Farafangana in Omaly sy Anio (Hier et Aujourd’hui), Revue d’études historiques, n° 23-24, pp 257-264.

92-RAHARISOAVELO Francine, 2003, Fanandratana mpanjaka any Farafangana, ohatra amin’ny foko Zafisoro. Mémoire de Maîtrise, 137 pages.

93.- RABENILAINA R. B., 1974, Description morpho-syntaxique du Bara (Madagascar)

Tome I texte, Tome II corpus, Tananarive, Bordeaux.

2.1.4.- WEBOGRAPHIE

94.- http:// www. monde-diplomatique.fr /index/sujet/migrations

95. - http://gallica.fr/themes/polxviii htm

96.- http:// www. Mémoire online.com/01/ 1845/m place et rôle des temples-protestants malgaches dans la construction d’une communauté à paris

97.- http://books.google.mg/book? Id = x2nd p6p75jg wc&pg = pa93&ipg:migration à Madagascar

98.- http://www.meeft.index2php?option=doc(man&tast=docwieu&gid=708itenid=79

99.- http : // www joshua projet net / people. Profile.php ? peo3=160798 rog3=MA le zafisoro de Madagascar

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2.2.- BIBLIOGRAPHIE COMMENTEE

Premier ouvrage : - LOUIS Michel, 1902, Mœurs et coutumes des Bara. Mémoire de l’Académie Malgache, pp 15-19.

La population « bara » occupe la zone s’étendant du Zomandao au Nord à Isoanala au Sud, de Ranotsara à l’Est à Ankazoabo à l’Ouest. L’auteur pose une question sur l’origine de l’ethnie « bara ». Deux thèses tout à fait acceptables sont généralement soutenues.

Selon les uns, les Bara seraient des immigrants mélano-polynésiens débarqués sur la côte Sud-Est de Madagascar avant les migrations arabes. Ces nouveaux venus seraient descendus dans l’Anosy, l’Androy, le Mahafaly avant de remonter vers l’Onilahy. Ils se seraient établis dans la zone actuellement peuplée par le groupe ethnique « bara ». L’auteur ne croit pas à cette version pour le simple motif de tradition. En effet, les anciens Bara et notamment les descendants des Mpanjaka affirment que les Bara habitaient le Sud-Est de l’Afrique et qu’un millier d’hommes et de femmes serait parti sous la conduite d’un chef. Ce groupe traverserait le canal de Mozambique avant de débarquer entre Morondava et Tuléar. Ce serait donc une ethnie africaine qui a migré vers des contrées lointaines.

Cette thèse est confirmée par la stomatologie, les coutumes et les langages. Les Bara ont une haute stature dépassant largement le 1,70 m. Leur peau est franchement noire et imprégnée de l’odeur forte caractéristique de celle des Bantous. Il se peut que certaines gens aient un teint plus ou moins clair mais ces exceptions peuvent s’expliquer par les métissages. Leur main est très allongée non par suite de la longueur des os de la paume mais à cause de l’extension peu ordinaire des tendons. Leur chevelure n’est jamais lisse mais fortement crépue. La pilosité de la peau est très peu développée. Le nez est large et épaté. La face est prognathe. Ce caractère est encore accentué par le développement des lèvres renversées vers l’extérieur, principalement la lèvre inférieure. Les diverses coutumes des Bara ressemblent extraordinairement à de nombreux usages encore suivis chez les tribus noires de l’Afrique. L’organisation sociale et politique du groupe, le caractère religieux du chef, certaines particularités au mariage et aux fiançailles des jeunes, la pratique de la prière et des sacrifices devant le hazomanga constituent autant d’éléments qui laissent supposer que les Bara auraient une origine bantoue. 39

Le culte dont certains animaux et végétaux font l’objet est un indicateur prouvant cette origine du peuple « bara ». Enfin, tout ce qui concerne et accompagne le défunt, la sépulture et le veuvage ressemblent à ceux des peuples de l’Afrique de l’Est. Quant au dialecte, il ne s’ensuit pas forcement qu’il soit d’origine malayo ou mélano-polynésienne puisque le bantou et le swahili sont des langues ayant la même structure.

En tout cas, les racines dialectales du peuple « bara » se différencient nettement de celles des Merina. De là à leur attribuer une origine différente.

L’auteur nous retrace l’itinéraire suivi par les Bara et la généalogie des dirigeants chez les tribus « bara ». Après la mort d’Andriatompoinarivo, ses trois fils se sont succédé au trône. Ces immigrants au nombre d’un millier étaient conduits par Rabiby et débarquaient près de Morondava. Ils rencontrèrent les Vazimba. A la mort de Rabiby, son fils Ndriamanely lui succéda. Il n’apporta pas les mêmes qualités conciliatrices que son père avec les Vazimba ; ce qui induisit Ndriamanely à quitter la côte Ouest et il guida son peuple vers l’intérieur. Puis ils recherchaient soit des régions inhabitées, soit des peuplades tranquilles. Ils transportèrent leurs campements jusqu’à ce qu’ils arrivèrent à l’Est d’Ivohibe. Mais les pâturages qu’offrait cette région ne convenaient pas à leurs troupeaux. Ils partirent vers le Sud (Ranotsara-Sud) ; c’est là que Ndriamanely mourût. Son fils Ndriatompoinarivo lui succéda. Celui-ci eut trois fils Ramasoandro, Tonanahary et Tsimivila. Ils estimèrent que les régions avoisinantes non habitées pourraient servir à l’extension de leur groupe qui s’était accru. C’est alors que Ramasoandro avec sa propre tribu retourna vers Ivohibe pour s’y installer. Ce lieu devint la capitale du 1 er royaume bara.

Tonanahary avec une partie des Bara, continua sa marche vers l’Ouest. Il s’arrêta successivement dans la vallée de la rivière Ihosy et dans le massif ruiniforme de l’Isalo. Les Bara luttèrent âprement contre les Sakalava Masikoro. Finalement, les Masikoro furent repoussés vers l’Ouest. Tonanahary et son peuple s’installèrent dans ces régions conquises. Son frère Tsimivila continua la lutte pour finalement établir sa résidence à Ankazoabo. Ainsi les Bara Zafimanely occupaient une région s’étendant d’Ivohibe et Ranotsara-Sud à Ankazoabo. Cette région est limitée au Nord par le Zomandao (au voisinage Nord des Betsileo), à l’Ouest par le Sakalava-Masikoro et au Sud par les tribus Mahafaly et Tandroy.

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A la mort de Ndriatompoinarivo, ses trois fils renoncèrent à la résidence paternelle de Ranotsara. Ils en décidèrent l’abandon et chacun d’eux se déclara indépendant. Ainsi s’érigèrent trois royaumes bara. Les Bara de l’Est avaient pour roi Ramasoandro ; leur capitale fut Ivohibe. Ils sont désignés par leur chef sous le nom de Bara Iantsantsa.

Les Bara conduits par Tonanahary et qui s’étaient établis à Ranohira portent le nom de Bara-Be.

Enfin Tsimivila résida à Ankazoabo et donna à son peuple le nom de Bara-Imamono.

Deuxième ouvrage : - PNUD, 2000, Rapport national sur le développement humain à Madagascar, pp 1-115. Cet Ouvrage est le fruit d’une étroite collaboration entre le PNUD et le gouvernement malgache. C’est un document de référence pour tous ceux qui sont intéressés par le développement de Madagascar.

Ce livre s’intéresse au développement de tout l’homme dans lequel le rôle du gouvernement consiste à créer une situation propice et un environnement favorable à l’épanouissement de chacun à travers la promotion des initiatives individuelles et l’instauration de la « bonne gouvernance » à tous les niveaux de l’administration. Déploiement de tous les hommes en dépit de la pauvreté de la population. Ainsi, c’est un document dans le sens de la stratégie de lutte pour la réduction de la pauvreté devant la condition précaire de la grande partie de la population malgache (70% de la population vivent en dessous du seuil de la pauvreté). La réplique cohérente à ces problèmes reste toutefois limitée. Sur cette limitation de la réponse à ces problèmes la réflexion interministérielle aboutit à accorder l’application de la décentralisation.

D’après cette étude, la décentralisation et la bonne gouvernance sont des moyens pour lutter contre la pauvreté. Ainsi, l’Etat malgache décide de mettre en place les provinces autonomes pour une meilleure prise en compte, dans les politiques et les programmes de développement du pays. Ce processus d’élaboration d’une stratégie nationale de réduction de la pauvreté repose aussi sur l’appui de différents partenaires internationaux pour qu’il soit efficace.

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Troisième ouvrage : - MANICACCI J., Inspecteur général du travail, 1751, Madagascar : guide pratique de l’immigrant, pp 1- 40.

L’auteur donne un aperçu du peuplement de Madagascar jusqu’à la loi d’annexion du 6 Août 1896. La situation de Madagascar dans l’Océan Indien favorise l’arrivée de différents types d’immigrants. MANICACCI (J) cite les immigrants Deutéro-Malaise aux III ème et IV ème siècles, les Arabes au début du IX ème siècle, les Hindous au XV ème et les Javanais au XVI ème siècle.

Madagascar attire aussi les navigateurs de l’Occident comme Marco Polo en 1298, il a fait l’île appelée Madagascar ou Mogelasio. Nuremberg, en 1492, mentionne que l’île est coupée par le tropique du Capricorne et désignée sous son nom actuel : Madagascar.

Dès 1987, des Portugais sont installés sur la côte orientale d’Afrique et ils nomment cette île comme « île de la lune ». D’autres parmi eux-mêmes découvrent cette étendue de terre entourée par la mer à la suite de naufrages et ils donnent le nom de « l’île de Saint Laurent » en 1500. Ces arrivées successives de différents types d’immigrants entraînent une tentative de colonisation. En 1814, à la perte de l’île Maurice, la France devient sérieuse sur la colonisation de Madagascar. Mais cette action met en mal la dynastie Hova. Cette situation est suivie par l’arrivée de compatriotes français comme ROBIN, DE CASTELLE, LABORDE, LAMBERT. La présence du savant français attire l’attention de la métropole sur la grande île.

En dépit des difficultés de la France dans la tentative de la colonisation, le premier traité d’alliance et de commerce fut signé en 1862 et un autre en 1868. Le 17 décembre 1885, traité de protectorat fut signé avant l’arrivée des Résidents LE MYRE DE VILLERS, BOMPARD, LARROUY. Tout cela se termina par la prise de Tananarive le 30 septembre 1895 sous l’égide des généraux DUCHESNE et VOYRON. LAROCHE est nommé Résident Général ; il est remplacé par le Général GALLIENI le 18 septembre 1896. Le 6 Août 1896, la loi d’annexion est adoptée. Madagascar est déclaré colonie française.

L’auteur donne aussi un aperçu géographique de Madagascar. A ce propos, MANICACCI (J) admet que Madagascar est la 3 ème île du monde après la Nouvelle Guinée et Bornéo si l’on excepte l’Australie. Elle représente, d’après les savants, une partie de 42

l’immense continent de Gondwana. Avant les phénomènes de dérive des plaques des périodes anciennes, l’île est plus rapprochée d’Asie que d’Afrique. Elle n’est plus séparée de cette dernière que par la profonde dépression du canal de Mozambique.

En ce qui concerne la géographie humaine, la population de la grande île se répartit en 18 groupes ethniques assez différents. Dans les Hauts plateaux sont les Merina et les Betsileo. Sur la Côte Est sont les Betsimisaraka, les Antaimoro, les Antaisaka, les Antaifasy, les Zafisoro et les Antanosy. Sur la Côte Ouest, il faut noter les Sakalava, les Mahafaly, les Makoa (cafres), les habitants des zones intermédiaires (de l’Est vers l’Ouest), les Tsimihety, les Sihanaka, les Tanala, les Bara (centre Sud), les Antandroy (extrême Sud), les Antakarana (Diégo-Suarez), les Bezanozano (Moramanga) et les Saints-Mariens.

Les principaux groupes ethniques ont un comportement divers, nuancé pour des causes physiques (relief et climat). Comme dans une mosaïque de populations, chaque groupe ethnique a ses couleurs et ses formes propres. Néanmoins, la communauté des traditions et de la langue laisse apparaître une certaine unité ethnographique.

Dans l’ensemble, au quotidien, les Malgaches sont soumis à des rites dont certains dérivent du culte des Ancêtres. D’autres sont inspirés par les sorciers, les devins guérisseurs. Les chrétiens eux-mêmes n’ont pas rompu avec la superstition païenne d’origine animiste.

Dans ce livre, l’auteur raconte aussi le droit des immigrants suite à la loi d’annexion de Madagascar comme le régime d’attribution des terres, le droit de travail et l’organisation administrative. Ils instituent la procédure de l’immatriculation foncière qui permet l’octroi d’un droit de propriétaire définitif et incommutable pour les colons. Les immigrants travaillent dans les différents organismes : agriculture, forêt, pêche, chasse, extraction minière, industrie, transports (aériens, routiers, ferroviaires, maritimes) et autres. Ils travaillent également dans les banques, hôtellerie, commerce, import, export, détaillant, autres, armée, police, services principaux et municipaux, douanes, travaux publics, justice, enseignement, contribution directe et indirecte, services de santé, culte, profession judiciaire (avocat, avouées, notaires, huissiers), médecins, dentistes, vétérinaires, autres.

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Quatrième ouvrage : - GUY P., 1982, La dynamique du sous-développement à Madagascar, Thèse de Doctorat, pp 383-393.

L’auteur définit les zones occupées par les communautés Sud-Est comme étant la région comprise entre Vangaindrano et Mananjary. Leur économie est basée sur l’agriculture (cultures de rente et cultures vivrières), une économie marchande et sur l’émigration. Ces régions ont une forte potentialité agricole mais elles sont marquées par une économie de sous- développement.

Du point de vue climatique, c’est une zone côtière humide. Les populations sont concentrées le long des fleuves où la densité de population y est forte par rapport à celle des autres régions (20-30 hab/km 2) et dans d’autres parties 80-140 hab/km 2 comme pour la falaise forestière, les zones littorales sableuses ; les zones arbustives ou herbeuses sont quasiment déserts. Le monde du Sud-Est est apparemment uniforme mais présente une complexité ethnographique formant une mosaïque de clans rivaux. Depuis longtemps, ils ont l’habitude de la migration. Ils pratiquaient la migration temporaire bien avant la colonisation.

GUY P. dit que chez les Antemoro et chez les Antesaka, un homme par famille s’expatriait temporairement pour ramener des bœufs. L’occupation française accrut le nombre de migrants à cause de l’obligation de payer des impôts lourds mais les ressources locales ne permettaient pas de payer ces obligations. C’est pour cela que les Antemoro vont à Tamatave et à Diégo-Suarez où les salaires étaient plus élevés (700 départs par année en moyenne d’après l’auteur). Ainsi l’émigration Antesaka continua ; d’où l’affirmation de VIANES (S) (Contribution à l’étude des migrations Antesaka ORSTOM, Tananarive 1958). « L’émigration temporaire Antesaka est un phénomène de masse en 1957 car sur 1 699 hommes, 1 347 ont émigré, 30 à 40% des hommes en âge de payer les impôts sont absents de leur village ». L’ampleur de ces migrations invite l’auteur à un examen attentif des causes de ce phénomène.

Les Antesaka disent que les migrations font partie intégrante des coutumes. Cette justification à caractère mythique est erronée. La première cause de l’émigration Antesaka est la fragilité des agro-systèmes. Ceux-ci sont aggravés par la surpopulation. La deuxième cause est attribuée aux cataclysmes naturels tels que les cyclones qui provoquent des inondations et ravagent les cultures. Face à ces problèmes, la stratégie adoptée par la population est la « fuite en avant », c’est-à-dire les migrations saisonnières, temporaires, voire définitives. En 1962, un 44

paysan de Vaingaindrano expliquait à ROY (G) que « Ceux qui restent au village sont tous des vieux, sans force. C’est pour cette raison que Vangaindrano n’avance pas continue-t-il, parce que ses éléments dynamiques sont puisés par Tamatave, Diégo-Suarez ou par Majunga ».

L’auteur a décrit sans doute les conséquences des migrations temporaires. A Vangaindrano et à Farafangana, les vallées et les plaines paraissent surpeuplées mais de nombreuses rizières restent non cultivées faute de main-d’oeuvre. Cet écrivain n’est pas satisfait de cette unique explication sur l’origine des migrations. Il pense à d’autres causes plutôt liées au contexte socioéconomique régional. En 1971, dans le canton d’ Farafangana, plusieurs rizières restaient en friche à cause des migrations temporaires. Leurs épouses restées au pays étaient à la charge des parents mais elles ne cultivaient pas la terre. Les vieux du village refusaient de redistribuer les parcelles de telle sorte que l’effectif des paysans sans terre augmente régulièrement. Ce refus d’obtempérer est étroitement lié à une tradition peu conforme aux règles communautaires qu’au principe de la propriété privée.

Parallèlement à cela, les doyens de ce groupe accentuent la pénurie de terre pour renforcer les mouvements migratoires. Ils sont responsables du retard de la transmission de l’héritage foncier à leurs descendants. Aussi, assurent-ils leur domination sur la population devenue de plus en plus pauvre qui trouve comme solution les migrations temporaires. Ils n’accordent aux jeunes couples que des parcelles exiguës pour des cultures vivrières. Les anciens conservent les plantations de caféiers. Celui qui ne possède pas de caféière pour gagner de l’argent est vaincu d’avance dans les luttes de prestige social. Il doit émigrer temporairement pour épargner et acheter des bœufs et d’autres biens matériels de « luxe » importés. En revenant dans le pays d’origine, les migrants temporaires s’engagent dans les luttes locales de prestige social. A titre d’exemple de prestige social, les jeunes ne doivent pas travailler dans les plantations locales de caféiers au risque de perdre toutes considérations sociales. Le salariat équivaut à un insulte envers les ancêtres.

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Cinquième ouvrage : - PIERRE SOUMILLE, 1975, Européens de Tunisie et questions religieuses. Etude d’une opinion publique. Edition du CNRS, Aix-Marseille, Paris 264 pages.

Dix ans après l’installation officielle de la France en Tunisie, les structures politiques et administratives du protectorat sont très solidement implantés. Il y a moins de 70 000 Européens. Les Italiens, bien que comptant 30 000 membres, sont absents dans les assemblées locales. Les 20 000 Français présents en Tunisie, ne connaissent presque pas de vie politique. L’Eglise catholique voit disparaître le Cardinal LAVIGERIE qui l’a poussée à lier son sort à la religion à la colonisation française d’autant qu’elle reçoit la protection et la subvention des autorités françaises ; l’anticléricalisme n’existe que chez certaines personnalités. Entre la mort de LAVIGERIE et le vote de la loi de 1901, les autorités se montrent bienveillantes à l’égard du clergé qui répond par un loyalisme sans faille. Il n’y a, du reste, aucune querelle d’école jusqu’à la fin du 1901. La dépêche tunisienne, du principal Quotidien de la Régence (10 à 12 000 exemplaires vers 1900) reflète fidèlement le conformisme religieux de la population européenne et la prudence générale. Les polémiques autour de la laïcité de l’école sont très rares. La preuve de la faiblesse de l’antisémitisme en Tunisie est fournie par le choix des Juifs d’Algérie qui, fuyant leur pays, viennent se réfugier en Tunisie.

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Troisième partie :

RESULTATS PARTIELS

DU PROJET DE THESE

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Dans cette troisième partie, nous allons essayer de mettre en évidence la répartition spatiale de la population dans le district d’Ihosy. A travers cette représentation cartographique de la population, nous tenterons de voir l’évolution quantitative des migrants venant du Sud- Est dans le district d’Ihosy, les principales causes de la migration et les types de personnes dans cette zone.

Chapitre III : - STRUCTURE DE LA POPULATION DANS LE DISTRICT D’ACCUEIL

Les Bara Be furent les premiers occupants de la zone. C’est ainsi que le district d’Ihosy est appelé le pays bara. Aujourd’hui, ce district est devenu une zone d’accueil de beaucoup d’immigrants dont la proportion est plus importante que celle des Tompontany bara. La population bara, d’ailleurs, se caractérise par un faible taux d’accroissement. Cela peut être dû à l’insécurité sociale permanente, l’instabilité de l’environnement social ou par certaines traditions comme le mariage consanguin ou filongoa, le tsenanampela.

3.1.- Les structures démographiques de la population dans le District d’Ihosy

La grande majorité démographique est composée par la migration lointaine ou récente. La population bara se concentre généralement dans les parties centrale et Nord du district. La partie Sud-Est traversée par la RN27 est dominée par les populations migrantes du Sud-Est. La partie Est desservie par la RN7 est surtout habitée par les populations venant des Hautes Terres. L’Ouest, particulièrement la commune rurale d’Ilakaky connaît une population cosmopolite composée par les différents groupes ethniques de Madagascar ; cela est dû à l’exploitation du saphir accompagnée par les différentes activités liées qui a provoqué le développement d’un village-champignon appelé aussi « l’agglomération de l’humanité ».

Cette effervescence de mouvements migratoires a entraîné un melting pot de populations. Les migrants se sont mélangés avec les Tompontany bara. Ces différents peuples sont complémentaires. En effet, le développement de la zone d’exploitation du saphir ne peut être fait par les Bara uniquement. Les migrants jouent un rôle très important dans l’exploitation du saphir. Petit à petit, ces peuples deviennent unis. Le phénomène saphir dans le district d’Ihosy est une occasion pour marquer l’unité des Malgaches et leur dépendance les uns par rapport aux autres. 48

Les migrants venant des Hautes Terres, plus particulièrement les Merina pratiquent dans le district le commerce ambulant des produits de première nécessité dans les marchés hebdomadaires. Ils profitent de l’afflux de gens pour écouler leurs denrées. Ces tsena sont, d’ailleurs, les lieux de commercialisation des bovidés (tsenan’omby) qui fait la renommée du district d’Ihosy. Pendant ces tsena, la population achète ce dont elle a besoin dans la vie quotidienne.

Les ressortissants du Sud-Est et les Betsileo cherchent du travail auprès des Tompontany bara en arrivant dans la zone d’accueil. Ils peuvent être des gardiens de bœufs et ils gagnent un zébu par an ou bien ils travaillent dans d’autres secteurs d’activités comme salariés durant quelques années. Plusieurs d’entre eux contractent un mariage avec les jeunes femmes bara. Ces liens matrimoniaux leur permettent de s’intégrer dans la société bara. Ils pourront alors négocier auprès des autochtones ou à leur belle famille des terres à exploiter.

Ces unions conjugales signifient la création d’une famille parmi les tompontany et la sécurité sociale. Les migrants sont ainsi concernés par les événements sociaux au sein de la grande famille bara. Les migrants exercent diverses activités : agriculteurs, commerçants, transporteurs.

3.2.- Evolution des migrations des populations du Sud-Est dans la zone d’étude

D’une manière générale, la présence des migrants provenant du Sud-Est de Madagascar, plus particulièrement des Zafisoro et des Antefasy dans le district d’Ihosy évoluent positivement. Les statistiques montrant cette forte présence font défaut car les populations migrantes sont très mobiles. En arrivant dans le district, les nouveaux migrants ne s’adonnent pas directement à l’agriculture. Ils préfèrent être embauchés par les grossistes en matière de commerce de bovidés. Ainsi, ils peuvent gagner de l’argent assez rapidement. Ils font la navette entre la région d’origine et la zone d’accueil.

Il se trouve que ces migrants qui sont très mobiles aient des membres de famille et dans la zone d’accueil et dans le pays d’origine. En quelque sorte, les liens avec le pays de départ ne sont pas rompus. Parallèlement à cela, les arrivées successives de nouveaux

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migrants pour rendre visite à leurs compatriotes ou par pure curiosité renforcent le rang des ressortissants du Sud-Est malgache dans le district d’Ihosy.

3.3.- Mouvements des populations du Sud-Est dans le district d’Ihosy

Dans le district d’Ihosy, les ressortissants du Sud-Est malgache sont très mobiles. Ils se déplacent d’un Fokontany à l’autre, d’une commune à l’autre pour de multiples raisons. Leur séjour dans un endroit bien déterminé varie suivant les individus qui sont à la recherche d’un revenu meilleur. En effet, leurs déplacements sont souvent dictés par l’appât du gain.

Les migrants ayant quitté leur pays d’origine ne séjournent pas longtemps dans une localité de la zone d’accueil. Ils pratiquent la migration temporaire qui peut durer plusieurs années. Le plus souvent, ils reviennent dans leur pays d’origine. D’une manière générale, les jeunes migrants Zafisoro et Antefasy ne pensent pas terminer leurs jours dans la zone d’accueil sauf accident. La plupart de ces types de migrants, cependant, ont eu des relations matrimoniales avec les femmes tompontany bara ou avec des femmes qui n’appartiennent pas à leur groupe ethnique ; ils ont des enfants issus de femmes bara ou autres. Ils rentrent seuls et laissent leur progéniture et la mère dans le pays d’accueil.

Les descendants des migrants temporaires restent dans le district d’Ihosy. Ils sont perçus par la population comme étant toujours des ressortissants de la région Sus-Est. Ces catégories de migrants restent définitivement dans le pays bara. Ils sont donc des migrants définitifs ; les morts sont enterrés dans la zone d’accueil. Les ascendants de ces migrants peuvent être enterrés temporairement dans la zone d’accueil en attendant l’exhumation de leurs restes mortels qui seront acheminés vers le Sud-Est.

Dans la zone d’accueil comme dans le pays d’origine, les déplacements se font généralement soit individuellement, soit par petits groupes prêts à louer leur force de travail pour gagner de l’argent. C’est ainsi que la diaspora Sud-Est se retrouve en plus ou moins grand nombre presque partout dans les communes composant le district d’Ihosy. Il faut signaler que le district d’Ihosy n’est pas exclusivement la zone d’accueil des migrants venant du Sud-Est malgache. Une forte délégation est présente dans le district de Betroka, Beroroha, Manja, Mahabo, Miandrivazo, Morondava, Belo sur Tsiribihina, etc.

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Carte 3 : - Carte du District de Farafangana

Ambalavao Ikongo VohimpenoVohipeno

Ivohibe # # N Iakora # 7

5 # 2

0 6 % # Amporofo % Manato % 02 % Amboasary 4 % OCEAN INDIEN OCEAN 1 1 Vohilengo 7 Ambalatany4 8 0 Taolagnaro 2 2 2 0 1 9 209 Mahafasa % %

1

7 % Mahafasain % Tangainonyco 69 % 70 Beretra % % Mahavelo Anosy % % % Anosivelo Ambahigogo% 27 Vohimasy % %U Farafangana 0

8 % Etrotroka % % % 9 % 7 % Tovona % Manamboatra Atsimo

Ambalavato% 7 7 4 Fenoarivo 7 %

%

2

1 6 3 7 7

8 0 2

% Antseranambe % Antseranambe

Légende Route %U Chef lieu de District 0 7 14 21 Kilomètres % Chef lieu de Commune Limite de District.shp

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Les départs des migrants de leurs pays d’origine sont de plusieurs ordres, notamment sociaux et économiques. Ils cherchent, généralement, des conditions de vie meilleures dans le pays d’accueil. Ils espèrent revenir dans le pays d’origine dès qu’ils auront suffisamment de richesses pour s’acquitter des obligations familiales dans le pays d’origine.

La dépouille mortelle ou les restes mortels d’un migrant décédé dans le pays d’accueil sont toujours transférés tôt ou tard dans le pays d’origine et cela, suivant la disponibilité financière des membres de la famille. Si la famille immigrante est pauvre, il appartient à la famille restée dans le pays d’origine de s’organiser afin de rapatrier les restes mortels du défunt. Les familles migrantes modestes s’organisent pour enlever les restes mortels de leurs défunts. Elles les mettent dans une même caisse avant de les transporter jusqu’au pays d’origine. Chaque membre de la famille cotise pour faire face aux dépenses générées par le transfert. Quand les membres de la famille migrante sont aisés, ils procèdent au transfert de la dépouille mortelle sans enterrer celle-ci temporairement dans le pays d’accueil.

Dans ce projet de thèse, nous avons étudié les migrants appartenant aux groupes ethniques Zafisoro et Antefasy provenant de Farafangana. Les choses se compliquent parce que des sous-groupes s’adjoignent à ceux qui sont connus : les Sahavoay, les Antagnalambolo, les Antemoro.

Les deux sous-groupes Sahavoay et Antagnalambolo ne sont pas répertoriés parmi les 18 ethnies de Madagascar. Il en est de même des Zafisoro. Ils sont assimilés au groupe Antefasy. Cela est peut-être dû au fait que lors de l’établissement des « Foko Be » ou les grandes ethnies de Madagascar, beaucoup de Zafisoro, Sahavoay et Antagnalambolo ne savaient ni lire, ni écrire. Ils étaient à la remorque des autres groupes ethniques. Ainsi, ils ont perdu leur identité au bénéfice des groupes voisins. C’était ainsi que les Sahavoay étaient toujours considérés comme un sous-clan des Antesaka. Les enquêtes ont révélé, cependant, qu’ils ne sont pas des Antesaka et ils se refusent avec véhémence d’appartenir à ce groupe ethnique.

Les Antagnalambolo n’appartiennent pas non plus au groupe ethnique bara. Ils ne sont pas non plus ni des Zafisoro, ni des Antefasy. Les ressemblances du point de vue culturel ne sont pas suffisantes pour expliquer l’appartenance de ces groupes voisins à un même 52

groupe ethnique. C’est pour cela que malgré certaines similitudes, les groupes diffèrent le long de la côte Est et cela, de Toamasina à Vangaindrano.

Aussi, avons-nous essayé de trouver à travers l’histoire des peuples à Madagascar 1 la justification des ressemblances des us et coutumes. Les migrations jouent un grand rôle sur l’explication de tous ces phénomènes. En général, les populations de la partie Est et de la partie Sud-Est de l’île sont des cultivateurs. Ils vivent de la culture du riz et des autres cultures vivrières comme le manioc, la patate douce, le taro, les légumineuses et d’autres cultures maraîchères qualifiées de cultures secondaires. Leur aliment de base est le riz. Les autres cultures apportent des aliments complémentaires. Les feuilles de manioc, patate, les légumes verts et secs servent à accompagner le riz.

Dans cette partie de Madagascar où les activités principales sont l’agriculture, l’élevage de bovin n’est pas tellement négligeable ; il est pratiqué en association avec l’agriculture, en particulier la riziculture. L’élevage extensif du Boss indicus (zébu rustique malgache) est un petit peu délaissé à cause du grand intérêt accordé par la population aux cultures de rente : le café, la cannelle, le poivre, les letchis, la banane et depuis peu la vanille. L’élevage extensif de zébus est surtout pratiqué par les paysans sur des zones impropres aux cultures mais qui offrent des pâturages herbacés plus ou moins étendus et exondés.

En réalité, il n’existe personne qui possède plusieurs têtes de bovidés alors que ceux- ci sont très utiles dans la vie sociale des Antefasy et des Zafisoro. Les zébus sont nécessaires lors d’un décès de grandes personnes, en l’occurrence des beaux parents. Les gendres et/ou les brus offrent des dons et contre-dons. Les zébus sont également présents quand il s’agit de réparer les torts ; le nombre de bœufs à payer dépend de la gravité de la faute commise.

1 ROGER R., 1995, Les affrontements « ethniques » dans le Sud-Est pendant la période coloniale : une interrogation sur le passé de la région in Omaly sy Anio (Hier et Aujourd’hui), Revue d’études historiques, n° 37-38, pp 261-269.

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L’élevage de volailles n’est pas non plus très florissant. Il s’agit d’une activité des femmes : élevage de canards, de poulets, de dindes. Ces produits servent à honorer les visiteurs qui viennent dans les villages. Les règles de bonne conduite du fihavanana malagasy sont faites de telle sorte qu’il faut offrir aux visiteurs respectables un produit de la volaille ou bien il faut tuer un volatile (poulet, canard, oie) en leur honneur. Ce geste est un signe de joie mais aussi l’occasion pour les hôtes de consommer des protéines d’origine animale.

L’élevage de porc n’est pas fréquent dans la zone habité par les Antefasy et les Zafisoro. Les conditions naturelles sont réunies pour le développement de la pisciculture. Elle peut être favorable mais la population ne la pratique pas parce qu’elle pense qu’il y a suffisamment de poisson dans les nombreuses étendues d’eau (la mer, les lacs, les mares, les rivières et les rizières). Dans les rizières, justement, les poissons sont faciles à ramasser. Après les inondations, certains poissons restent prisonniers plus ou moins longtemps dans les petites nappes d’eau peu profondes. Le poisson appartient à tout le monde. Il ne faudrait pas se l’approprier alors qu’il vit encore dans la nature. Aussi, dans les villages, les jeunes gens se regroupent-ils pour pêcher ces poissons qu’ils distribueront équitablement. C’est, en quelque sorte, une occasion pour montrer la cohésion sociale des groupes dans les villages.

La population du district de Farafangana pratique l’apiculture extensive dans des ruches traditionnelles. Les méthodes archaïques utilisées par les apiculteurs ne permettent pas d’avoir de bons rendements. Par ailleurs, cette activité n’est pas considérée comme une activité des adultes ; elle est réservée aux femmes et aux adolescents. Le miel produit localement se vend à bas prix. A titre de comparaison, le prix du litre de miel dans le district de Farafangana est cinq fois mois cher que celui du miel dans la commune urbaine d’Ihosy, soit 7 500 fmg ou 1 500 Ariary contre 40 000 fmg ou 8 000 Ariary. Malgré les diverses pressions exercées sur de la couverture végétale à Madagascar. Le Sud-Est possède encore des lambeaux de forêts primaires que la population tente de conserver.

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Chapitre IV : - HISTOIRE ANCIENNE DES ZAFISORO ET DES ANTEFASY

Le Bulletin de l’Académie Malagasy, Nouvelle Série, Tome XXII, 1939, décrit assez bien les origines des Antefasy et des Zafisoro : « Les Antefasy (origines, guerres avec les autres tribus voisines) de Fontoynont et Raomandahy (E).

4.1.- Origines des Zafisoro et des Antefasy Les enquêtes ont révélé que les Antefasy et les Zafisoro étaient des migrants qui entraient dans le Sud de l’île durant le 15 ème siècle. L’histoire de ces groupes ethniques est mal connue à cause de l’insuffisance de sources. Diverses versions, cependant, interviennent dans l’explication de leurs origines.

Les ressemblances du point de vue anthropologique et morphologique (peau noire, cheveux crépus, taille moyenne, nez épaté, lèvres épaisses, oreilles assez petites), et les comportements sociaux laissent penser que les Antefasy et les Zafisoro auraient une origine africaine. Evidemment, certaines exceptions n’annihilent pas cette supposition. Exemple, pour quatre enfants issus des mêmes parents, il se peut que trois d’entre eux aient la peau noire tandis que le quatrième un teint plus clair. Par ailleurs, tous les Antefasy et les Zafisoro n’ont pas les mêmes cheveux crépus ; certains peuvent avoir des cheveux relativement lisses et des oreilles plus grandes que la normale.

Certains chercheurs pensent également à une origine maghrébine (égyptienne, Maures), c’est-à-dire des ancêtres hypothétiques à peau blanche.

Les sources orales évoquent l’origine africaine des ancêtres des Antefasy, des Zafimanely et des Zafisoro. Ils seraient partis de leurs pays d’origine à cause des conflits internes qui y régnaient. Les trois sous-groupes ethniques Zafimanely, Zafisoro et Antefasy avaient respectivement comme ancêtres Ndrematetahoho, Rahelokalo et Ndretsileo. Ils étaient à bord d’une nacelle avant de débarquer sur le bord de la Menarandra dans le pays tandroy et ils campaient dans la vallée de la Manambovo.

Certaines sources disent qu’ils ont abordé le Nord-Ouest de l’île, plus particulièrement les comptoirs commerciaux des Indes Orientales, c'est-à-dire la zone Antalaotra depuis le XIII ème siècle. Les populations des différentes îles étaient constituées 55

d’Indonésiens, d’Arabo-persiens, d’Africains bantous et de Néolithiques. Ces populations diverses se faisaient des guerres intestines fréquentes suivies de ruines. Cela était, peut-être dû à des rivalités religieuses ou à la différence idéologique et politique entre les Arabes et les Perses. Ajouter à cela les attaques des pirates qui côtoyaient la Grande Ile. Ces différends ont entraîné les départs de nombreuses populations parmi lesquelles les ancêtres des Zafisoro, ceux des Antefasy et des Zafimanely. Leur séjour dans la vallée de la Manambovo a durée assez longtemps ; Ndretsileo y trouva la mort. Ses fils ont poursuivi leur chemin avant de s’installer définitivement sur la côte Sud-Est de Madagascar. Andriandrandava, Andriamakamana, Ndremandetahoho et Rahelokalo sont parvenus jusqu’à Ranotsara Sud. Andriamanely fils de Ndrematehoho décida d’y rester.

Par contre, Andriambolanony, fils d’Andriandrandava ainsi que Soronady ont continué leur déplacement. Ils ont traversé le confluent d’Ambinaninony (lieu de rencontre des rivières Ionaivo et Itomampy). La femme de Soronady fut décédée dans ces lieux. Des conflits intertribaux se produisirent. Soronady et Andriambolanony participèrent aux guerres intestines. Aidé par plusieurs personnes, Andriamarotohitra sortit victorieux de ces conflits guerriers. Aussi, par alliance, il maria sa fille Rahelisay avec Andriambolanony. Celui-ci avait trois fils (Randroy, Rasirana, Marofela) respectivement de Marinoro (une femme tandroy), Tsiandava (une femme Maroseranana) et Rahelisay. Soronady et Andriambolanony n’ont pas cessé de poursuivre leur marche en avant et ils aboutirent à Manampatrana et à Manambavana.

Les ancêtres Antefasy décidèrent de rester à Vohilakatra et à Anosy. Ce dernier est devenu la capitale du royaume Antefasy. Par contre, les Zafisoro se sont installés dans la zone comprise entre l’Andranamby et le Manampatrana.

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Carte 4 : - La répartition spatiale des groupes claniques dans le District de Farafangana

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Tableau 3 : - Les groupes claniques dominants dans chaque commune

N° COMMUNES GROUPES CLANIQUES 01 Farafangana commune urbaine Antefasy, Rabakara, Zafisoro 02 Anosy Antefasy 03 Anosivelo Antefasy 04 Evato Zafisoro 05 Zafisoro 06 Bevoay Sahavoay 07 Etrotroky Zaramanampy 08 Manakara Antevolo 09 Anakara de Vangaindrano Zarafaniliha 10 Manakara Andremareo 11 Vangaindrano Zafindrehonarivo 12 Vangaindrano Andabe 13 Anakona Vohipeno Zanatsirana 14 Manakara Zafinivalo 15 Manakara Antemoro 16 Manakara Anteotary 17 Vomasy de Manakara Antemanara 18 Manakara district Tsaretra 19 Manakara district Masitapaka 20 Manakara district Vohilakatra 21 Manakara district Antsoro 22 Manakara district Lohahosy 23 Ambalatraka Antevatobe 24 Tanalambolo 25 Antenatsinjo 26 Vondrozo Samboara 27 Vondrozo Antelohogny 28 Vondrozo Tanala 29 Vondrozo Hovalahy 30 Vondrozo Samiarita 31 Mahazoarivo de Vondrozo Antetsimatra

Source : - Enquête personnelle auprès des notables, 2011

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4.2.- Stratégies des Antefasy et des Zafisoro dans le pays d’accueil

Les Antefasy vivent en groupe plus ou moins fermé dans la région d’accueil où ils comptent rester définitivement. Cependant, la zone occupée par les Antefasy est relativement étroite et plus ou moins stérile. C’est la raison pour laquelle ils cherchent à étendre leur royaume sur de vastes étendues. Dans la zone de départ, les ancêtres des Antefasy habitaient généralement à proximité de la mer et dans des régions où existent des rochers pour l’ancrage de leurs voiliers. En quelque sorte, ils étaient prêts à partir.

Cette politique d’extension de la zone occupée ne se faisait pas sans heurts, bien au contraire car les anciens occupants de la terre n’aiment pas les migrants. Il y va donc d’intégration et de cohésion sociale du groupe pour vaincre les éventuels assaillants.

Cette sédentarisation du peuple Antefasy n’a pas pu effacer l’esprit de migration qui est longtemps ancré chez les Ancêtres. Aussi, leurs descendants adoptent-ils les migrations comme l’une des stratégies de survie du groupe. Ils migrent vers les régions de l’intérieur, notamment le pays bara, à la recherche de la richesse et de conditions de vie meilleures. Ainsi s’explique, en partie, les déplacements massifs de populations du Sud-Est de Madagascar vers le district d’Ihosy. D’ailleurs, l’une des principales activités de ces migrants est la commercialisation des bœufs sur pied.

Dans la commune urbaine d’Ihosy, les migrants venant de la région Sud-Est élisent domicile principalement dans le Fokontany de Manjakandrianombana. Ils sont, en général, des maquignons, des enseignants, des cultivateurs, de commerçants de produits locaux comme les différentes brèdes. La plupart du temps, les femmes assurent cette activité. Les migrants sont bien intégrés dans la commune urbaine d’Ihosy. Dans les communes rurales du district, ils vivent groupés mais leur effectif est d’habitude inférieur à celui des ressortissants Sud-Est vivant dans la commune urbaine d’Ihosy.

Une femme explique la raison de ce regroupement clanique en disant que c’est une stratégie de survie pour faire face et vaincre les malfaiteurs. Ils se basent sur le principe disant que « l’union fait la force ». Elle raconte l’histoire d’un Betsileo qui habitait isolé des siens dans le Fokontany de Tanambao II. C’était un commerçant de bijoux. Il a été tué par des brigands bien armés lors d’une attaque de nuit. 59

Donc par ce comportement grégaire, les migrants Antefasy sont faciles à dénombrer. Mais l’instabilité des activités quotidiennes dans le district d’Ihosy oblige ces groupes ethniques de rejoindre régulièrement leurs pays d’origine avant de revenir lorsque les conditions redeviennent favorables. Le commerce des bovidés vers les Hautes Terres Centrales, en particulier vers Ambalavao entretient la mobilité géographique des maquignons qui alimentent en zébus et en viande les marchés nationaux des grands centres de consommation. En effet, les maquignons et leurs bouviers qui comportent un fort lot de migrants du Sud-Est se déplacent régulièrement par semaine d’Ihosy à Ambalavao pour animer le marché de mercredi de cette ville. En général, les commerçants de bestiaux s’enrichissent plus vite au détriment des éleveurs bara de la région de l’Ihorombe.

Les migrants Zafisoro, par contre, ne vivent pas en groupes. Cela peut s’expliquer par le fait qu’ils pratiquent les migrations temporaires. Ce qui ne les empêche pas de pratiquer les migrations de longue durée allant de un an à vingt ans, voire plus. Dans le district d’Ihosy, ils cohabitent avec les autres groupes ethniques venant du Sud-Est tels que les Antesaka, les Antemoro, voire avec les Betsileo.

La diversité de leurs activités professionnelles est fonction de leur qualification. Ils peuvent être des gardiens de bovidés, des bouchers, des maquignons ou des agents de la Fonction Publique. Les paysans sans diplôme sont employés comme de simples ouvriers chez le commerçant indopakistanais de la ville.

Dans la commune urbaine d’Ihosy, ils se trouvent dans deux quartiers : Ambany Andrefana et le quartier de Tanambao où ils comptaient respectivement trois maisons en 1982 et dix maisons en 2010. Dans ce Fokontany, ils cohabitent avec les anciens compagnons qui étaient dans le métier depuis l’époque coloniale. Les Zafisoro du Fokontany sont arrivés à Ihosy dans l’espoir de travailler avec les maquignons Antesaka. Ils sont issus d’une même famille. Ils viennent de Maroaka du district de Farafangana. Leurs activités sont encore liées soit à l’élevage bovin, soit à la commercialisation des bœufs sur pied, la boucherie ou l’agriculture.

Le retour au pays d’origine est une autre paire de manche. En effet, ces familles zafisoro dont il est question ne pensent pas revenir à leur pays d’origine parce les intempéries 60

qui ont secoué le Sud-Est ont marqué leur esprit. Une veuve de 82 ans nous a révélé qu’elle n’aime pas revenir chez elle parce qu’elle doute que la génération actuelle ne la reconnaisse plus. Ses parents étant déjà décédés, elle attend sa fin dans la zone d’accueil. Le groupe ethnique migrant dans le district se chargera de ramener la dépouille mortelle ou les restes mortels dans la région de départ.

Dans les communes rurales, ils cherchent du travail chez les Bara Tompontany ou chez d’anciens migrants fortunés. La plupart du temps, ils sont hébergés par leurs employeurs appelés communément les patrons. Lorsque le revenu du migrant est jugé suffisant, celui-ci rentre dans le pays d’origine.

Lors de notre visite à Farafangana en avril 2010, nous avons retrouvé plusieurs migrants Zafisoro ayant vécu dans les communes d’Ihosy. La plupart d’entre eux ne pensent plus revenir à Ihosy ; ils préfèrent investir leur fortune dans d’autres activités sur place, notamment dans l’agriculture. Leurs terres sont encore favorables à la culture du riz malgré l’augmentation excessive de la population dans la partie Sud-Est de Madagascar. Beaucoup d’espaces sont restés incultes ; il est temps de les exploiter.

Dans le district d’Ihosy, les migrants Antefasy et Zafisoro entretiennent une bonne relation en tant que confrères malgré les litiges tribaux qui les opposaient dans le pays de départ. D’ailleurs, dans le district d’Ihosy, beaucoup de gens n’arrivent pas à faire la distinction entre ces deux groupes ethniques voisins qui ont à peu près les mêmes coutumes, un parler dialectal semblable. Les tompontany considèrent, d’ailleurs, que tous ceux qui viennent du Sud-Est de Madagascar sont des Antesaka. Dans le Menabe, on les appelle des Korao et dans l’extrême Nord de Madagascar, ils reçoivent le nom d’Antimoro. Ces ressemblances entraînent quelquefois des difficultés au niveau des enquêtes quant à l’identification des Antefasy et des Zafisoro.

4.3. - Les causes principales des départs des migrants de leur région d’origine

Les enquêtes sur terrain ont montré que les causes des départs des migrants venant du Sud-Est sont multiples.

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4.3.1. - Causes économiques des migrations

La principale cause est la recherche de terrains à mettre en valeur car la plupart des champs de cultures dans le pays d’origine font le monopole des patriarches qui ne veulent pas redistribuer les terres. En effet, beaucoup de terres restent incultes mais elles appartiennent aux vieillards qui ne peuvent pas les mettre en valeur. Aussi, la production agricole ne suffit- elle pas pour nourrir une population en croissance rapide. La superficie des terres exploitées reste inchangée alors que l’effectif de la population devient élevé. Le surplus de population est donc contraint de migrer vers des zones où il espère trouver des conditions de vie meilleures. C’est le cas des migrations de populations de la zone Sud-Est de Madagascar vers le district d’Ihosy. En arrivant dans la localité d’accueil, les nouveaux migrants essaient de s’intégrer dans le groupe des anciens.

Certains migrants Antefasy et Zafisoro ont un objectif bien précis : s’enrichir et constituer un cheptel bovin dans le pays d’accueil. En outre, lorsqu’ils arrivent dans la zone d’accueil, ils cherchent à s’intégrer dans la communauté des anciens migrants pour leur sécurité. L’achat de cheptel bovin suppose l’accumulation, au préalable, d’un revenu monétaire conséquent. Aussi, travaillent-ils d’arrache-pied dans la filière commercialisation de zébus comme employés avant de devenir propriétaires. Ils finissent, en principe, par devenir des grossistes dans la vente de bœufs sur pied. Le quartier de Manjakandrianombana dans la commune urbaine d’Ihosy où habitent exclusivement les maquignons venant du Sud- Est est un exemple parmi tant d’autres de réussite pour les migrants.

Dans la région d’accueil, les migrants espèrent trouver des solutions à leurs problèmes. Ils croient que le district d’Ihosy leur offre des opportunités telles que les terres disponibles prêtes à être exploitées. En réalité, la majorité d’entre ces migrants sont des descendants, voire des membres de famille d’anciens migrants. Certains avouent qu’ils viennent dans le district d’Ihosy pour emboiter le pas à leurs parents. Quelquefois, des agents de la Fonction Publique demandent à être affectés à Ihosy pour diverses raisons comme le rapprochement familial. Ce type de migrations intérieures pourra devenir définitif ou de longue durée. En effet, plusieurs d’entre eux ont déjà construit un tombeau dans la zone d’accueil. La plupart du temps, les membres de la famille s’organisent pour transférer les restes mortels des défunts vers la région d’origine.

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Chez les Antefasy et les Zafisoro, le système d’entraide familiale existe. En contrepartie, le propriétaire du terrain doit préparer un repas copieux et suffisant pour les travailleurs. C’est aussi l’occasion pour les habitants du village de consommer de la viande en quantité suffisante (de la viande de zébu accompagnée de haricots, de la viande de volailles, de l’alcool local à la fin des travaux). Les vieux ne procèdent jamais à la donation-partage 2. De plus le climat humide est favorable aux cultures spéculatives telles que le café. Aussi, les paysans consacrent-ils leur temps à l’agriculture qu’à l’élevage extensif de bovins. C’est pour cela que les habitants ne possèdent pas de cheptel bovin important.

Les enfants filles n’ont pas droit à l’héritage. Les parents peuvent, cependant, accorder à leurs filles un héritage sous forme de cadeaux tels que des bijoux en métal précieux (colliers, bracelets) ou les machines à coudre. Les champs de cultures, les maisons, les voitures, les troupeaux bovins et les armes sont destinés pour les enfants mâles. Cette discrimination sexuelle pose beaucoup de problèmes au niveau de la succession. Il appartient aux enfants filles de constituer leur patrimoine chez le mari lorsqu’elles seront mariées. Actuellement, les filles qui ont eu un succès dans leurs études occupent un poste important. Elles investissent dans le village parental (achat de rizières, construction de maisons luxueuses, etc).

La plupart du temps, les fonctionnaires reviennent dans leur pays à l’âge de la retraite. Ainsi, plusieurs anciens agents de la Fonction Publique regagnent Farafangana et cela, avec les membres de leur famille après une longue absence durant la période de service. Ils revendiquent leur héritage, plus particulièrement les terrains de cultures qu’ils mettront en valeur. Le retour de ces personnes de troisième âge crée souvent une atmosphère malsaine dans le pays d’origine parce que ceux qui sont restés au village sont dépossédés des terres qui leur permettaient de vivre. Ces derniers sont donc contraints de migrer et cela, à la recherche de fortune dans des contrées plus ou moins lointaines. Ils renforcent donc le rang des migrants soit dans le district d’Ihosy, soit dans d’autres zones du territoire national.

2 La donation-partage : Un système par lequel les parents attribuent un héritage à leur progéniture alors qu’ils vivent encore. 63

Les zébus sont fortement utilisés aussi bien dans la vie sociale qu’économique dans le Sud-Est de Madagascar. Les troupeaux bovins sont nécessaires pour le piétinage des rizières avant le repiquage des jeunes plants de riz. Les méthodes modernes et techniques améliorées de culture du riz ne sont pas encore vulgarisées dans la zone. Lors du décès d’un membre de la famille, il est d’usage de tuer une ou plusieurs têtes de bovidés. Cet animal sert aussi à réparer le tort commis parmi la communauté villageoise. Le nombre de zébus que le fautif doit fournir dépend de la gravité de la faute commise.

Les paysans sans terre et les personnes indigentes trouvent en la migration la solution pour résoudre leurs problèmes économiques. Dans ces conditions, nous pouvons dire que la pauvreté est l’un des motifs principaux qui poussent les Antefasy et les Zafisoro à quitter leur pays et chercher une fortune dans une région plus ou moins éloignée. La pauvreté sous-entend l’insuffisance alimentaire alors que les individus ont besoin de se nourrir quotidiennement. Où et comment peuvent-ils trouver à manger. La stratégie connue des Antefasy et des Zafisoro est la migration vers des contrées qui leur promettent des conditions de vie meilleures.

Lors des crises alimentaires qui sont souvent consécutives aux catastrophes naturelles (cyclone, inondation, sécheresse), la population locale se rabat sur les produits de la nature comme les Dioscoréacées (ovy ala) ou les graines et les racines d’une plante aquatique appelée oreille d’éléphant (Via ou Kalanchoe sp ), les fruits comme ceux du jacquier (Treculia madagascariensis) pour lutter éventuellement contre la famine. De la même manière, elle se rabat sur l’ampaly ou le fruit du jacquier mature. Les habitants consomment les fruits verts après cuisson.

Sur le plan climatique, cette région est une zone humide. L’excès d’eau se traduit quelquefois par des inondations qui détruisent les infrastructures de base et par l’ensablement des rizières. Le cas contraire peut se produire, tel est la sécheresse. Ces cataclysmes naturels entraînent l’insuffisance de la production et la disette. Aussi, la population décide-t-elle de quitter le pays d’origine : la migration forcée.

Somme toute, ces différentes causes des migrations liées aux difficultés financières n’excluent nullement les migrations volontaires. Ces dernières s’effectuent sans un but bien défini. Les migrants appartenant à ce type de migrations font le déplacement par curiosité. Ils 64

partent par curiosité, c'est-à-dire qu’ils ont seulement l’intention de partir pour voir ce qui passe ailleurs. Dans cette perspective, deux cas peuvent se présenter : lorsque le migrant constate que la zone d’accueil se prête mieux à des activités lucratives, son séjour devient prolongé. Le deuxième cas est que le migrant ne reste dans le pays d’accueil que pendant quelques temps. Il revient vite dans le pays d’origine. La plupart du temps, les femmes ont l’habitude de faire ce genre de migration.

4.3.2. - Causes sociales des migrations

D’après les renseignements que nous avons collectés dans la zone de départ, les hommes qui ont des problèmes dans la vie sociale qui partent en migration vers divers points de la grande île. Ils quittent leur pays natal parce qu’ils n’arrivent pas à honorer leurs dettes. Ainsi, quelqu’un qui a perdu l’un des membres de sa belle famille est contraint de payer un bœuf comme don et contre-don « enga ». S’il est indigent, il doit emprunter chez le voisin nanti. Comment faire pour rembourser la dette ? Comme ses prédécesseurs, il vendra sa force de travail dans des contrées plus ou moins lointaines. La plupart du temps, les Antefasy et les Zafisoro qui sont bien informés de la réussite de leurs congénères, viennent dans le district d’Ihosy ou ailleurs pour constituer leur patrimoine. Lorsqu’ils ont suffisamment accumulé ce dont ils ont besoin, ils reviennent dans la zone de départ et remboursent leurs dettes.

Il faut aussi noter que la plupart des Antefasy et Zafisoro, fidèles à leurs ancêtres guerriers, pratiquent la polygamie. De ces unions conjugales, ils arrivent à faire beaucoup d’enfants avec leurs diverses femmes mais ils ont aussi un grand nombre de beaux-pères et de belles-mères. Ce qui suppose des charges complémentaires, surtout lorsque ces parents arrivent à la fin de leur vie. Evidemment, à la mort de ces derniers, les coutumes exigent à ce qu’ils paient des bœufs. Quelquefois, les gendres partent seuls ou accompagnés de leurs membres de famille. Ces migrations par petits groupes ne sont pas fréquentes. En général, le gendre part seul à la recherche de la fortune. La durée de son absence n’est pas déterminée. Elle est fonction de la réussite du migrant. La migration peut revêtir des formes diverses : sur une courte distance, une longue distance, de courte durée, de longue durée, définitive.

Les migrants peuvent appartenir au lot des « persona non gratta », c’est-à-dire des personnes indésirables dans la vie sociale. Ils sont rejetés par la communauté villageoise parce qu’ils ont commis une ou des fautes graves, voire irréparables : les vols, les crimes, l’inceste,

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le blasphème. Ils deviennent bannis de la société. Dans ce cas, les membres de leur famille se chargent de les chasser, c’est-à-dire les obligent à partir afin d’éviter toutes sortes d’exactions qui pourront leur être fatales. La population locale qualifie ces personnes comme des errants « mpirerirery 3 » ou des vagabonds 4. Ces derniers ne sont pas bien vus par leurs congénères dans la zone d’accueil ; ils sont exclus des groupes des migrants qui renforcent leur cohésion sociale dans le pays d’accueil. L’exemple est très significatif dans la zone d’accueil pour les deux groupes ethniques antagonistes et fratricides (Antefasy et Zafisoro) tantôt alliés, tantôt opposés. Ils s’entendent à merveille dans la commune urbaine d’Ihosy.

En général, le changement de résidence signifie quelque chose de mal aux yeux de la population locale. Les parents n’aiment pas que leurs enfants partent vers un autre endroit. La présence de nombreuses générations regroupées dans un même endroit est un signe de prestige social. Si l’un des membres du groupe part, c’est honteux. Lorsqu’une personne fautive revient dans sa région d’origine, elle est purifiée après avoir payé les amendes. C’est une sorte de test pour vérifier si elle accepte de s’intégrer dans l’ancienne culture Antefasy ou Zafisoro.

Les causes des migrations liées à l’insécurité ne sont pas non plus à exclure : guerres tribales, insurrections, conflits politiques.

4.3. 3. - Causes politiques des migrations

Notre déplacement à Antananarivo nous a permis de tomber sur un document de l’Académie Malagasy intitulé : « Les Antaifasy : origines, guerres avec les tribus voisines » de FONTOYNONT et RAOMANDAHY (E), 1939. Ce document révèle que les tribus Antefasy et Zafisoro appartiendraient à des ancêtres africains et/ou arabes communs qui ont quitté leurs pays à cause des descensions internes. Elles étaient parties vers l’inconnu et

3 . Mpirerirery : Des errants qui n’ont pas un objectif bien précis. 4. Vagabonds : Des personnes qui ne sont pas dignes de foi. 66

abordaient les côtes Nord-Ouest de Madagascar avant de descendre jusqu’à l’embouchure des fleuves Menarandra et Manambovo dans l’extrême Sud de Madagascar. Nous nous passons des détails de leurs déplacements dans la grande île avant leur implantation définitive sur les côtes Sud-Est de notre pays.

De cette histoire, cependant, nous tirons la conclusion suivante :

• Que les Antefasy et les Zafisoro auraient des ancêtres communs ; • Que Ndrembolanony était l’ancêtre commun des Antefasy et Isoro celui des Zafisoro ; • Que Isoro était le compagnon de voyage de Ndrembolanony ; • Que dans la partie australe de l’île, ils étaient quelquefois des alliés quand il s’agit de vaincre l’ennemi commun ou des frères ennemis pour des intérêts divergents ; • Que les Antefasy eurent avant tout comme adversaires les Zafisoro qui cherchèrent constamment à les détruire 5 ; • Que leurs roitelets étaient des conquérants ; • Que leurs tribus habitaient des zones contigües (les Antefasy sur le littoral et les Zafisoro vers l’intérieur à l’Ouest à cause des beaux pâturages) ; • Que les relations amoureuses d’Isoro avec l’une de ses servantes avec qui il a fait des enfants étaient un motif suffisant pour diviser les deux amis ; • Que la défaite après les guerres intestines opposant les tribus faisait migrer les groupes vers diverses directions.

Bref, les tribus Antefasy et Zafisoro ont les migrations dans le sang. Elles quittent leur pays d’origine pour éviter les persécutions des groupes dominants qui usent de stratégies guerrières variées comme la force, le traité d’alliance avec d’autres tribus, la ruse, etc.

5 FONTOYNONT et RAOMANDAHY (E), 1939, Les Antefasy : origines, guerres avec les tribus voisines. 67

Les enfants issus des mêmes parents s’excluaient mutuellement à cause du trône. Les groupes les plus forts exterminaient ceux qui sont plus faibles. Les racines parentales (le sang), les ombiasy et les fanalo jouent un grand rôle parmi ces populations guerrières.

Les Antefasy et les Zafisoro ont vécu de tout temps dans des conflits sociaux. A titre de rappel, leurs ancêtres arabes et africains qui ont quitté leurs pays. Ils étaient partis vers l’inconnu avant d’arriver à Madagascar.

Ce bref rappel historique nous permet de dire que les migrations politiques ne sont pas un phénomène nouveau parmi les tribus Antefasy et Zafisoro. Elles font partie intégrante, en quelque sorte, de leurs traditions.

Les persécutions politiques se sont ravivifiées lors de la rébellion de 1947 qui a fortement secoué Madagascar. Les nationalistes MDRM étaient pointés du doigt par les partisans du PADESM. Ils étaient même faits prisonniers, torturés, massacrés massivement. Aussi, les rebelles fuyaient-ils les colons français, ils devenaient des maquisards, ils quittaient en cachette leur pays d’origine pour se cacher dans des régions éloignées où l’on ne les reconnaissait pas. Ce sont donc des hommes en état de persécution. Ainsi, dans le district de Farafangana, il existait en 1947 des patriotes qui étaient persécutés. Certains sont parvenus à s’enfuir jusque dans le district d’Ihosy.

Les personnes enquêtées, cependant, n’aiment pas aborder ce problème parce qu’elles ont encore peur d’une éventuelle exaction. Elles n’aiment pas dire beaucoup de choses sur ce passé sanglant. Elles considèrent que ces événements doivent être secrètement gardés.

Une réminiscence des conflits tribaux entre les Antefasy et les Zafisoro en 1990 se soldait par des vagues de migrants ayant quitté le Sud-Est pour d’autres contrées. Le district d’Ihosy a lui aussi reçu sa part de migrants Antefasy et Zafisoro.

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CONCLUSION

Les différentes communes rurales et la commune urbaine d’Ihosy ont leurs parts de migrants venus des quatre points cardinaux. Diverses raisons ont poussé les ressortissants du Sud-Est à migrer vers le district d’Ihosy : la recherche de terrains susceptibles d’être aménagés en rizières, le salariat, le commerce des bovidés. Par ailleurs, dans la zone de départ des migrants, l’effectif des bouches à nourrir augmente rapidement alors que la superficie des terrains de cultures reste inchangée. Les jeunes attendent encore longtemps pour recevoir leurs héritages dans une communauté où les vieux refusent la redistribution des terres. L’unique alternative pour les jeunes est la migration vers des zones plus ou moins lointaines.

Dans la région d’accueil, ils espèrent résoudre leurs problèmes sociaux, financiers et économiques. En un mot, la pauvreté pousse les populations à migrer. Ainsi, après les intempéries (cyclones, inondations ou sécheresse), le taux de migrations est le plus élevé à cause de la destruction des cultures, donc de la faiblesse de la production agricole.

En d’autres termes, du point de vue social, plusieurs hommes partent par pure tradition : lors de la mort de beau-père ou d’une belle-mère, les gendres doivent apporter un bœuf au minimum en guise de don et contre-don. La plupart du temps, dans le district de Farafangana, les hommes changent facilement de femmes au cours de leur vie pour de moindres querelles dans le foyer. Si le pouvoir d’achat des gendres est faible, ils doivent emprunter un zébu auprès des voisins. Ils sont, cependant, tenus de rembourser leurs dettes. Aussi, quittent-ils temporairement leur pays pour chercher ce dont ils ont besoin pour s’acquitter de leurs dettes.

D’une manière générale, les populations Antefasy et Zafisoro ne quittent pas leur pays natal et leurs familles pour une quelconque raison. Partir est mal perçu par la famille élargie ; c’est un geste dégradant que de migrer vers des contrées plus ou moins éloignées. Cependant, les membres de la famille d’un délinquant ou de celui qui a commis une erreur à partir.

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Dans le pays d’accueil, les personnes que nous avons interrogées n’avouent pas qu’elles ont été victimes de persécution suite aux nombreux conflits tribaux ou pendant la l’insurrection perpétrée par les rebelles nationalistes MDRM de 1947.

La zone la plus concernée par les migrations des Antefasy et des Zafisoro est la partie du district d’Ihosy desservie par la route n° 27 route (Ihosy-Farafangana). En arrivant dans la zone d’accueil, les migrants ne créent pas immédiatement un village. Ils s’intègrent dans les communautés d’anciens migrants, plus particulièrement leurs proches parents. En général, ils n’ont pas l’habitude de s’installer définitivement dans le pays d’accueil ; ils reviennent, d’abord, dans leur pays de départ. Les fonctionnaires reviennent dans le pays natal à l’instar des retraités. Un fait mérite d’attirer : les Antefasy et les Zafisoro entretiennent de bonnes relations dans la zone d’accueil. Ils s’intègrent aussi assez facilement dans les sociétés bara d’autant que les deux groupes sont complémentaires sur plusieurs plans.

Les zones bara sont, d’une manière générale, peuplées par des populations de faible densité. Aussi, les tompontany bara acceptent-ils volontiers d’accueillir les migrants qui sont d’ailleurs des groupes dynamiques. Les difficultés liées à la coexistence et à la cohabitation des différents groupes ethniques sont presque inexistantes parce qu’ils sont complémentaires.

Notre prochaine étude se bornera à la migration des Zafisoro dans le district d’Ihosy.

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PROPOSITION DE PLAN DE THESE

Avant-propos

Introduction

Première partie : Description de la zone d’étude

Chapitre I : Localisation de la zone de départ et de la zone d’accueil

1.1.- Situation géographique de Farafangana

1.1.1.- Délimitation des territoires occupés par les Zafisoro

1.1.2.- Farafangana et ses environs

1.2.- Situation géographique du District d’Ihosy

1.2.1.- Place du District d’Ihosy par sa position carrefour

1.2.2.-. Délimitation de la zone Bara

Chapitre II : - Le cadre naturel de la région de départ et de la région d’accueil

2.1.- Le climat

2.1.1.- Les précipitations

2.1.2.- Les températures

2.2.- Les autres composantes naturelles

2.2.1.- Le relief

2.2.2.- Les sols et la végétation

2.2.3.- L’hydrographie

Chapitre III : - Le cadre humain

3.1.- Historique des populations Zafisoro et Antefasy

3.1.1.- Les origines de la population Zafisoro

3.1.2.- Une population de migrants

3.1.3.- Histoire des Royaumes

3.1.4.- Relations des Bara et des Zafisoro

3.1.5.- Mœurs et coutumes des Zafisoro

3.1.5.1.- Tera-bao 71

3.1.5.2.- Ala volon-jaza

3.1.5.3.- Fora, Famangiana rafozana, Taom-baovao

3.1.5.4.- Tatafoitry

3.1.5.5.- Fampakaram-bady

3.1.5.6.- Sandratra ampanjaka ou Soto

3.1.5.7.- Funérailles, Kibory, Andry faty, Hazolahy

Chapitre IV: - Les activités de la population Zafisoro de Farafangana

4.1.- Les activités traditionnelles

4.1.1.- L’agriculture

4.1.2.- L’élevage

4.2.- Les activités complémentaires (le salariat) de la population Zafisoro

4.2.1.- La bureaucratie

4.2.2.- L’administration

4.2.3.- La sécurité publique

4.2.4.- La santé

4.2.5.- L’enseignement

4.2.6.- Le commerce

4.3.- Les activités religieuses des Zafisoro

4.3.1.- Les religions importantes

4.3.2.- Les religions peu importantes

Deuxième partie : - Les causes des migrations des Zafisoro et les stratégies d’intégration dans le district d’Ihosy

Chapitre V : Causes des migrations Zafisoro

5.1.- Causes lointaines des migrations Zafisoro

5.1.1.- Causes économiques des migrations Zafisoro

5.1.2.- Causes sociales des migrations Zafisoro

5.1.3.- Causes politiques des migrations Zafisoro

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5.2.- Causes immédiates des migrations Zafisoro

5.2.1.- Causes économiques des migrations Zafisoro

5.2.2.- Causes sociales des migrations Zafisoro

5.2.3.- Causes politiques des migrations Zafisoro

Chapitre VI : - Stratégies d’intégration dans la région d’accueil

6.1.- Essai d’intégration des nouvelles vagues dans le cercle des familles d’anciens migrants

6.1.1.- Les communautés des anciens familles migrantes

6.1.2.- Les nouvelles de migrants appartenant au même groupe ethnique Zafisoro

6.2.- Stratégies d’intégration pour la recherche d’emploi

6.2.1.- Essai d’intégration parmi les tompontany Bara

6.2.2.- Essai d’intégration parmi les autres groupes ethniques de Madagascar

6.3.3.- Intégration pour raison de travail

6.3.1.- Travail par contact avec la population

6.3.2.- Création d’emplois

Troisième partie : - Conséquences des migrations Zafisoro et leurs perspectives d’avenir

Chapitre VII : Conséquences des migrations Zafisoro

7.1.- Conséquences socioculturelles

7.1.1.- Echanges sociaux

7.1.2.- Echanges culturels

7.2.- Les impacts économiques des migrations Zafisoro

7.2.1.- Impacts économiques dans le pays de départ

7.2.2.- Impacts économiques dans la zone d’accueil

7.3.- Les impacts environnementaux des migrations

7.3.1.- Les problèmes de la sauvegarde de l’environnement

7.3.2.- Influences des migrations sur l’environnement

Chapitre VIII : Perspectives d’avenir des migrations Zafisoro

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8.1.- L’amélioration du système de production dans les zones de départ

8.1.1.- Action à mener pour l’amélioration de l’élevage

8.1.2.- L’amélioration du système agricole

8.2.- Proposition de création d’emplois

8.2.1.- Construction des usines

8.2.2.- Financement des associations

Chapitre IX : - Tendance des traditions vers un changement radical

9.1.- Incitation vers un changement des coutumes devenues désuètes

9.1.1.- Changement des traditions en matière de veillées mortuaires

9.1.2.- Conscientisation des individus aux fins de se décharger des fardeaux sociaux

9.2.- Vulgarisation de l’évangélisation chrétienne

9.2.1. Libération des jeunes par des idées nouvelles

9.2.2.- Libération des individus par des idées nouvelles

Conclusion

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A N N E X E S

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Annexe 1 : Fiche d’enquête sur les immigrants du Sud-Est dans le district d’Ihosy

Date : …………………………………………………………………………………………… Commune de : ……………………………………………………………………………….. Fokontany de : ……………………………………………………………………………….. Nom/Prénoms (Facultatif) : ………………………………………………………………….. Age : ………………………………………………………………………………………….. Situation matrimoniale (Célibataire, Marié, Veuf, Divorcé) …………………………………. Enfants : nombre …… Sexe : M F ……………………………………………………….. Domicilie à : FKT de …………………………………………………………………………. Frs : …………………………………………………………………………………………… Fiv : …………………………………………………………………………………………… Frt : …………………………………………………………………………………………… Nombre de personnes au foyer : ……………………………………………………………… Origine : FKT : …………………………………………………………………………… Frs : ……………………………………………………………………………………………. Fiv : ……………………………………………………………………………………………. Frt : …………………………………………………………………………………………….. Activité antérieure : ……………………………………………………………………………. Motifs de départ : ……………………………………………………………………………… - Etude ; ……………………………………………………………………………………….. -Absence de terre cultivable ; ………………………………………………………………….. - Morcellement des terres dû à la croissance démographique : ………………………………... - Recherche d’un travail plus rémunérateur pour aider financièrement les familles et les parents ou autres : ……………………………………………………………………………… - Manque de crédit ou équipement pour la mise en valeur du sol : ……………………………. - Autres : ……………………………………………………………………………………….. Année d’arrivée dans ce FKT : ………………………………………………………………… Premier emploi : ……………………………………………………………………………….. 1.- Emploi fixe : domestique, marchand ou autre travail ……………………………………… Comment avez-vous trouvé ce travail ? ………………………………………………………... Connaissance …………………………………………………………………………………… Recherche auprès du bureau de placement …………………………………………………….. Autres moyens …………………………………………………………………………………. 76

2.- Emploi temporaire ………………………………………………………………………….. Quel travail ? …………………………………………………………………………………… Nombre de jours de travail par semaine : ……………………………………………………… Est-ce suffisant pour vivre ? …………………………………………………………………… Moyens envisagés pour améliorer le niveau de vie ? …………………………………………. Emploi actuel ………………………………………………………………………………….. Vous avez changé d’emploi. Pourquoi ? ………………………………………………………. Inadaptation à l’ancienne activité ……………………………………………………………… Recherche d’un travail indépendant …………………………………………………………… Autres motifs ……………………………………………………………………………………

3.- Votre travail actuel vous satisfait-il ? ………………………………………………………. Du point de vue salaire ? ………………………………………………………………………. Du point de vue physique ? ……………………………………………………………………. Du point de vue des relations humaines ? ……………………………………………………… Autres motifs …………………………………………………………………………………… Comparé à votre ancienne existence, votre mode de vie actuel vous satisfait-il ? …………….. Sur le plan des difficultés d’ordre général ……………………………………………………... Sur le plan de la scolarisation des enfants ……………………………………………………… Sur le plan de la surveillance sanitaire …………………………………………………………. Sur le plan des distractions et des loisirs ………………………………………………………. Sur d’autres plans ……………………………………………………………………………… Comment envisagez-vous l’avenir ? ………………………………………………………….. Rester dans cette commune et rechercher un autre travail ? ………………………………….. Rester dans cette commune et garder l’emploi actuel ? ………………………………………. Revenir dans la région d’origine à la vieillesse ? ……………………………………………... Emigrer ailleurs ? …………………………………………………………………………….. En cas de migration organisée par l’Etat êtes-vous prêt à partir ? …………………………… Oui, pourquoi ? ………………………………………………………………………………. Non, pourquoi ? ………………………………………………………………………………

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Annexe 2 : La deuxième fiche servira d’aide mémoire pour les enquêtes auprès des responsables : Enquête monographique et description sociologique

ENQUETE MONOGRAPHIQUE ET DESCRIPTION SOCIOLOGIQUE

Le Maire /Le chef de Fokontany / Le chef de district (nom facultatif) : …………………….. Sexe : Masculin /Féminin …………………………………………………………………….. Origine : ……………………………………………………………………………………….. Commune/ Fokontany : ……………………………………………………………………….. Nombre de Fokontany occupés par les gens du Sud-Est : ……………………………………. Nombre de population dans le Fokontany/commune/district : ……………………………….. Nombre de foyers : …………………………………………………………………………… Effectif de personnes dans chaque foyer : ……………………………………………………

Tableau : - Nombre de population pour chaque ethnie 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18

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Description sociologique de : Fokontany de/ Commune de : ………………………………….. Types de maison : ……………………………………………………………………………… Niveau de vie : …………………………………………………………………………………. Population par secteur d’activités en pourcentage : …………………………………………… Agriculteurs : ……………………………………………………………………………….. % Pêcheurs : …………………………………………………………………………………… % Agro éleveurs : ……………………………………………………………………………… % Commerçants : ……………………………………………………………………………… % Bureaucrates : ……………………………………………………………………………….. % Autres activités : …………………………………………………………………………….. % Nombre d’usines : …………………………………………………………………………… Nombre d’écoles : …………………………………………………………………………… EPP : ………………………………………………………………………………………… CEG : ……………………………………………………………………………………….. Lycées : ……………………………………………………………………………………… Nombre de dispensaires : ……………………………………………………………………. Nombre de salles de fête : …………………………………………………………………… Relations humaines : ………………………………………………………………………… Ravitaillement de Fokontany/de commune en cas de difficulté : …………………………... Vient de Fokontany de : ……………………………………………………………………. Vient de la Commune de : …………………………………………………………………… Différentes denrées : ………………………………………………………………………… Problèmes dans le Fokontany/ dans la Commune : ………………………………………… Suggestions : ………………………………………………………………………………… Relations avec les autres Fokontany/Commune : ……………………………………………

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LISTE DES CARTES

Carte 1 : - Situation géographique de la zone d’étude…………………………………………7 Carte 2 : - Le district d’Ihosy…………………………………………………………………18 Carte 3 : - Le district de Farafangana…………………………………………………………51 Carte 4 : - La répartition spatiale des groupes claniques dans le district de Farafangana et ses environs……………………………………………………………………………………….57

LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : - Evolution des touristes à Ranohira……………………………………………..16 Tableau 2 : - Les 19 communes du district d’Ihosy…………………………………………..19 Tableau 3 : - Les groupes claniques dominants dans chaque commune……………………...58

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SOMMAIRE

AVANT-PROPOS………………………………………………………………………….1 INTRODUCTION………………………………………………………………………….3

Première Partie : - ENQUETES ET METHODOLOGIE ………………………………….6 Chapitre I- LES ENQUETES ……………………………………………………………..7 Chapitre II.- METHODOLOGIE …………………………………………………………...9 1.2.1.- Les communes enquêtées et les différents critères de leur choix …………………...11 1.2.1.1.- Le désir d’enquêter dans plusieurs communes du district d’Ihosy ……………….12 1.2.1.2.- Intérêt d’enquêter dans les communes ayant reçu plusieurs migrants venant du Sud- Est …………………………………………………………………………………20 1.2.1.3.- Problèmes d’accès dans les communes enclavées …………………………………21 1.3.- La recherche des informations ………………………………………………………….22 1.3.1.- Les enquêtes orales auprès des notables locaux ……………………………………...22 1.3.2.- Les enquêtes orales auprès des responsables locaux et des services administratifs ….25 1.3.3.- La consultation des archives et des documents ………………………………………25

Deuxième partie : - BIBLIOGRAPHIE ……………………………………………………..29 2.1.- Index bibliographique …………………………………………………………………..30 2.1.1.- Les ouvrages généraux et régionaux des pays en dehors de Madagascar ……………30 2.1.2.- Les ouvrages généraux et régionaux sur Madagascar ………………………………..33 2.1.3.- Les ouvrages concernant uniquement la zone d’étude ………………………………36 2.1.4.- Webographie………………………………………………………………………….38 2.2.- Bibliographie commentée ………………………………………………………………39

Troisième Partie : - RESULTATS PARTIELS DU PROJET DE THESE …………………..47 Chapitre III- Structure de la population dans le district d’accueil……………………………48 3.1.- Les Structures démographiques de la population dans le district d’Ihosy ……………...48 3.2.- Evolution des migrations des populations du Sud-Est dans la zone d’étude……………49 3.3- Mouvement des populations du Sud-Est dans le district d’Ihosy………………………50 Chapitre. IV- Histoire ancienne des Antefasy, et des Zafisoro……………………………….55 4.1.- Origines des Antefasy et des Zafisoro ………………………………………………….55 4.2.- Stratégie des Antefasy et des Zafisoro dans le pays d’accueil…………………………59 81

4.3.- Les causes principales de départs des migrants de leur région d’origine ……………....61 4.3.1.- Causes économiques des migrations………………………………………………….62 4.3.2.- Les causes sociales des migrations …………………………………………………...65 3.2.1.3.- Les causes politiques des migrations………………………………………………..66

CONCLUSION………………………………………………………………………………69 PROPOSITION DE PLAN DE THESE…………………………………………………… 71 ANNEXES …………………………………………………………………………………. 75 Annexe1…………………………………………………………………………………….. 76 Annexe2…………………………………………………………………………………….. 78

LISTE DES CARTES…………………………………………………………80 LISTE DES TABLEAUX……………………………………………………..80 SOMMAIRE…………………………………………………………………………………81

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