Le jeudi 30 novembre 1989 Vol. 31 - No 3 Table des matières

Présence des chefs de délégation participant au conseil d'administration de l'Agence de coopération culturelle et technique (ACCT) 77

Présence des récipiendaires de décorations, de distinctions et de récompenses pour civisme 77

Affaires courantes

Présentation de projets de loi Projet de loi 2 - Loi modifiant la Loi sur l'administration financière et d'autres dispositions législatives 77 M. Gérard D. Levesque 77 Dépôt de documents Avant-projet de loi modifiant la Loi sur les normes du travail et d'autres dispositions législatives 77 Consultation générale 77 Rapports annuels du ministère des Affaires culturelles, de l'Institut québécois du cinéma, de la Société de la Place des Arts de Montréal, de la Commission de reconnaissance des associations d'artistes, du musée d'Art contemporain de Montréal et de la Société générale des industries culturelles du Québec 78 Rapports annuels de la Société du parc industriel et portuaire Québec sud, de la Société du parc industriel du centre du Québec, de l'Agence québécoise de valorisation industrielle de la recherche et de la Société de développement industriel du Québec 78 Leaders adjoints, whips adjoints et président du caucus du gouvernement 78 Rapport des vérificateurs sur l'état des revenus et des dépenses du Vérificateur général du Québec 79

Dépôt de rapports de commissions Élection des présidents et présidentes, vice-présidents et vice-présidentes des commissions 79

Dépôt de pétitions Réduction du prix de l'essence réclamée à Mont-Laurièr 79

Questions et réponses oraies 80 Compensation financière fédérale et formation professionnelle 80 Contamination au plomb à Rouyn-Noranda 83 Table de concertation sur l'industrie ferroviaire au Québec 84 Le rôle de M. Tommy D'Errico dans l'octroi de contrats gouvernementaux 85 Contrôle des importations de produits agricoles contingentés 86 L'identité et la viabilité des établissements de santé communautaire des minorités 87 L'expulsion de citoyens haïtiens par le gouvernement fédéral 88 Fermeture des commerces d'alimentation le dimanche 89

Motions sans préavis Modifications à la composition de certaines commissions 90 Motion proposant de souligner la Journée mondiale de lutte contre le sida 90 M. Marc-Yvan Côté 91 M. Guy Chevrette 92 M. 92 M. Jean Leclerc 93 M. André Boulerice 93 Affaires du jour

Affaires prioritaires Reprise du débat sur le discours d'ouverture et sur les trois motions de censure 94 M. Robert Libman 94 Motion de censure 99 M. André Bourbeau 99 M. François Gendron 103 Motion de censure 107 M. YvonLemire 107 M. André Boulerice 109 Motion de censure 111 M. Serge Marcil 111 M. André Boisclair 113 M. Daniel Bradet 116 M. Jean Garon 120 Motion de censure 123 M. Albert Khelfa 123 M. Christian Claveau 126 M. 130 M. Roger Paré 132

Ajournement 136 77

(Quatorze heures cinq minutes) ments universitaires, afin de rendre applicables à tous leurs emprunts les contributions relatives Le Président: Mmes et MM. les députés, aux fonds d'amortissement destinées à leur nous allons nous recueillir quelques instants. remboursement et de permettre d'appliquer les Merci. Veuillez vous asseoir. revenus de ces fonds d'amortissement en déduc- tion de ces contributions. Présence des chefs de délégation participant au conseil d'administration de l'ACCT Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte de se saisir de ce projet de loi? Adopté? Avant de procéder aux affaires courantes, j'ai le grand plaisir de souligner la présence dans Une voix: Oui. la tribune des chefs de délégation participant au conseil d'administration de l'Agence de coopéra- Le Président: Adopté. tion culturelle et technique. Dépôt de documents. M. le ministre de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu. Présence des récipiendaires de décorations, de distinctions et de récompenses pour civisme Avant-projet de loi modifiant la Loi sur les normes du travail et Également, j'aimerais souligner la présence d'autres dispositions législatives dans la tribune des récipiendaires de décorations, distinctions et récompenses du civisme. M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais Aux affaires courantes, donc, il n'y a pas déposer l'avant-projet de loi, Loi modifiant la de déclarations ministérielles. Loi sur les normes du travail et d'autres disposi- Présentation de projets de loi, M. le leader tions législatives. du gouvernement. Le Président: Ce document est déposé. M. le M. Pagé: M. le Président, je vous inviterais leader du gouvernement. à appeler l'article a du feuilleton, s'il vous plaît. Consultation générale Projet de loi 2 M. Pagé: M. le Président, je fais motion Le Président: À l'article a du feuilleton, M. pour que la commission des affaires sociales le ministre des Finances présente le projet de loi procède à une consultation générale et tienne 2, Loi modifiant la Loi sur l'administration des auditions publiques à compter du 20 février financière et d'autres dispositions législatives. M. 1990, dans le cadre de l'étude de l'avant-projet le ministre des Finances. de loi, Loi modifiant la Loi sur les normes du travail et d'autres dispositions législatives et que M. Gérard D. Levesque les mémoires soient reçus au Secrétariat des commissions au plus tard le 15 janvier 1990. M. Levesque: M. le Président, ce projet de loi institue un fonds de financement au ministère Le Président: Est-ce qu'il y a consentement des Finances. Le ministre des Finances peut, à pour procéder à cette motion? même les sommes empruntées à cette fin par le gouvernement et versées à ce fonds, faire des M. Chevrette: M. le Président, j'aurais une prêts à certains organismes dont les collèges remarque. d'enseignement général et professionnel, les commissions scolaires, les établissements univer- Le Président: M. le leader de l'Opposition. sitaires, les établissements régis par la Loi sur les services de santé et les services sociaux, M. Chevrette: II y a une date... Ce n'est certains organismes dont le remboursement des pas qu'on n'est pas d'accord pour la tenue de la emprunts peut bénéficier d'une garantie gouver- commission. C'est que le 15 janvier, pour la nementale ou est effectué à même des subven- remise des mémoires, constitue une assez grande tions gouvernementales, et à certains fonds difficulté pour les groupes. Et, à mon point de spéciaux. vue, si le gouvernement voulait véritablement Il élargit l'éventail des titres éligibles aux permettre aux groupes de s'exprimer correcte- placements temporaires des surplus du fonds ment sur la loi, il retarderait au moins la consolidé du revenu et permet l'utilisation de première date de la remise des mémoires. Sinon, nouveaux modes de paiement des deniers publics. je suis mal pris avec mon monde et je les Enfin, il modifie certaines dispositions comprends ceux qui travaillent dans les dossiers, concernant les commissions scolaires, les collèges ils veulent absolument avoir une semaine de plus d'enseignement général et professionnel, les pour le dépôt des mémoires au moins. établissements régis par la Loi sur les services de santé et les services sociaux et les établisse- Le Président: M. le leader du gouvernement. 78

M. Pagé: M. le Président, je comprends. Je Des voix: Adopté. prends acte du propos du leader de l'Opposition, sauf qu'il faut bien avoir à l'esprit deux choses. Le Président: Adopté. Mme la ministre des La première, ce projet de loi a déjà fait l'objet Affaires culturelles, toujours au niveau du dépôt d'un dépôt. Cet avant-projet de loi, c'est-à-dire, de documents. a déjà fait l'objet d'un dépôt pour lequel des groupes concernés, intéressés, en ont été, dans Rapports annuels du ministère des Affaires un premier temps, saisis et ont eu l'occasion, culturelles, de l'Institut québécois du évidemment, de se préparer à réagir. cinéma, de la Société de la Place des Arts Deuxièmement, l'avant-projet de loi étant de Montréal, de la Commission de reconnaissance déposé à nouveau aujourd'hui, le règlement des associations d'artistes, du musée d'Art prévoit que sur motion du leader, on peut contemporain de Montréal et de la Société déférer en commission parlementaire et entendre générale des industries culturelles du Québec des groupes. Et le délai prévu au règlement est de 30 jours. C'est donc dire que si on avait Mme Robillard: M. le Président, j'ai l'hon- respecté à la lettre le règlement, on pourrait neur de déposer le rapport annuel 1988-1989 du demander que les mémoires soient déposés avant ministère des Affaires culturelles, le rapport le 30 décembre. Or, conscient de l'inquiétude de annuel 1988-1989 de l'Institut québécois du mes honorables collègues de l'Opposition, on fixe cinéma, le rapport 1987-1988 de la Société de la la date au 15 janvier. Place des Arts de Montréal, le rapport d'activités 1988-1989 de la Commission de reconnaissance Le Président: M. le leader de l'Opposition des associations d'artistes, le rapport d'activités officielle. 1988-1989 du musée d'Art contemporain de Montréal et, enfin, le rapport d'activités 1988- M. Chevrette: M. le Président, vous com- 1989 de la Société générale des industries prendrez que l'avant-projet de loi sur les culturelles du Québec. normes, il faudrait que le leader du gouverne- ment se rappelle que le ministre l'avait déposé la Le Président: Alors, ces rapports sont dernière journée de la dernière session - de déposés. un - qu'il y a eu des élections en plein mois M. le ministre de l'Industrie, du Commerce d'août et c'était sur un avant-projet. et de la Technologie. M. le ministre. À cette période-ci de l'année, nous en sommes aux premiers jours de décembre. Est-ce Rapports annuels de la Société du parc que le ministre comprendra qu'à partir du 20 industriel et portuaire Québec sud, de la décembre jusqu'au 10 ou 12 janvier, en par- Société du parc industriel du centre du ticulier chez les groupes, il y a peu ou pas de Québec, de l'Agence québécoise de valorisation secrétariat? À mon point de vue, il pourrait industrielle de la recherche et de la Société carrément dire aujourd'hui même qu'il concède de développement industriel du Québec une semaine additionnelle pour la rédaction des mémoires. M. Tremblay: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer le rapport annuel 1988-1989 de la Des voix: Oui. Société du parc industriel et portuaire Québec sud, le rapport annuel 1988-1989 de la Société du Le Président: M. le leader du gouvernement. parc industriel du centre du Québec et celui de 1987-1988, le rapport annuel 1988-1989 de M. Pagé: M. le Président, je vous ai indiqué l'Agence québécoise de valorisation industrielle en début de session et j'ai indiqué à mon de la recherche et, enfin, le rapport annuel collègue ma volonté, au nom du gouvernement, 1988-1989 de la Société de développement comme l'ensemble de mes collègues, de travailler industriel du Québec. de façon utile et productive ici, et je vais avoir encore une fois l'occasion d'en témoigner. Alors, Le Président: Ces rapports sont déposés. je confirme, à votre demande, que la date limite pour le dépôt des rapports pourra - et je Leaders adjoints, whips adjoints et président modifie la motion dans ce sens-là, M. le Prési- du caucus du gouvernement dent - passer du 15 au 22 janvier. Je fais motion, évidemment, que le ministre de la Main- J'ai moi-même l'honneur de déposer une d'oeuvre et de la Sécurité du revenu, ainsi que lettre de M. le premier ministre, adressée à M. la ministre déléguée à la Condition féminine le Secrétaire général dans laquelle il l'informe soient membres de ladite commission pour la des nominations aux fonctions parlementaires durée du mandat. Merci. suivantes: leaders adjoints du gouvernement, MM. Roger Lefebvre et Daniel Johnson; président du Le Président: Donc, il y a consentement caucus, M. Marcel Parent; whips adjoints du pour la présentation de la motion. Consentement. gouvernement, M. Rémy Poulin, Mme Madeleine Cette motion est-elle adoptée? Bleau et M. Norman MacMillan. 79

Rapport des vérificateurs sur l'état des M. le président de la commission de l'agri- revenus et des dépenses du Vérificateur culture, des pêcheries et de l'alimentation et général du Québec député de Nicolet-Yamaska.

De plus, M. le Secrétaire général a reçu le M. Richard: J'ai l'honneur de déposer, M. le rapport des vérificateurs et état des crédits Président, le rapport de la commission de autorisés et des dépenses relatifs au Vérificateur l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation général du Québec pour l'exercice financier qui a siégé le 29 novembre dernier afin de terminé le 31 mars 1989. Je dépose donc ce procéder à l'élection du président et du vice- rapport. président de la commission, tout ça en exécution Maintenant, au dépôt des rapports de de l'article 134 de notre règlement. Merci, M. le commissions, M. le président de la commission Président des institutions et député de Marquette. Le Président: Ce rapport est déposé. Élection des présidents et présidentes, M. le président de la commission de l'amé- vice-présidents et vice-présidentes nagement et des équipements et député de Lévis. des commissions parlementaires M. Garon: M. le Président, je dépose le M. Dauphin: Merci, M. le Président. J'ai rapport de la commission de l'aménagement et l'honneur de déposer le rapport de la commission des équipements qui a siégé le 29 novembre 1989 des institutions qui a siégé le 29 novembre 1989 afin de procéder à l'élection du président et de afin de procéder à l'élection du président et du la vice-présidente de la commission en exécution vice-président de la commission en exécution de de l'article 134 du règlement. l'article 134 du règlement de l'Assemblée natio- nale. Le Président: Ce rapport est déposé. Mme la Présidente de la commission de Le Président: Alors, ce rapport est déposé. l'éducation et députée de Hochelaga-Maisonneuve. M. le président de la commission du budget et de l'administration et député de Vanier. Mme Harel: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer le rapport de la commission de M. Lemieux: M. le Président, j'ai l'honneur l'éducation qui a siégé le 29 novembre 1989 afin de déposer le rapport de la commission du budget de procéder à l'élection de la présidente et de la et de l'administration qui a siégé le 29 novembre vice-présidente de la commission en exécution 1989 afin de procéder à l'élection du président et de l'article 134 du règlement de l'Assemblée du vice-président de la commission en exécution nationale. de. l'article 134 du règlement de l'Assemblée nationale. Le Président: Ce rapport est déposé. Finalement, M. le Président de la commission de Le Président: Ce rapport est déposé. la culture et député de Louis-Hébert. Mme la présidente de la commission des affaires sociales et députée de Taillon. M. Doyon: Merci M. le Président. C'est avec plaisir que je dépose le rapport de la commission Mme Marois: Merci, M. le Président. J'ai de la culture qui a siégé le 29 novembre 1989 l'honneur de déposer le rapport de la commission afin de procéder à l'élection du président et du des affaires sociales qui a siégé le 29 novembre vice-président de la commission en exécution de 1989 afin de procéder à l'élection de la pré- l'article 134 de notre règlement. sidente et du vice-président de la commission en exécution de l'article 134 du règlement de Le Président: Ce rapport est également l'Assemblée nationale. Merci, M. le Président. déposé. Dépôt de pétitions. On m'informe que M. le Le Président: Ce rapport est déposé. député de Labelle a une pétition à déposer. Ça M. le président de la commission de l'éco- me prendrait cependant le consentement puisque nomie et du travail et député de Laval-des- la pétition n'est pas conforme complètement à Rapides. nos règles. Est-ce qu'il y a consentement?

M. Bélanger: M. le Président, j'ai l'honneur M. Pagé: Consentement, M. le Président. de déposer le rapport de la commission de l'économie et du travail qui a siégé le 29 novem- Le Président: Consentement. Donc, M. le bre 1989 afin de procéder à l'élection du prési- député de Labelle. dent et du vice-président de la commission en exécution de l'article 134 de nos règlements. Je Réduction du prix de l'essence vous remercie. réclamée à Mont-Laurier

Le Président: Ce rapport est déposé. M. Léonard: M. le Président, j'ai l'honneur 80

de déposer l'extrait d'une pétition adressée au ment fédéral et obtenir une compensation gouvernement du Québec par 4371 pétitionnaires, financière. citoyens et citoyennes de la région de Mont- Laurier. Les faits invoqués étant les suivants: Le Président: M. le premier ministre. Considérant que le litre d'essence est plus cher à Mont-Laurier que dans 32 autres villes au M. Bourassa: M. le Président, on se souvient Québec; considérant que le gouvernement du de l'entente qui avait été signée il y a quelques Québec accorde une réduction de taxe de 04,8 années et qui constituait, sur cette question, cents du litre d'essence sans plomb à Maniwaki une amélioration très importante par rapport à la et une réduction de 02,4 cents du litre d'essence situation précédente, c'est-à-dire pour les sans plomb à Mont-Laurier; considérant que la entreprises, notamment, qui avaient moins de 200 ville de Mont-Laurier est identifiée par le employés. Je suis, évidemment, tout à fait gouvernement du Québec comme une des zones d'accord avec le ministre responsable, mais je de pauvreté, si on se réfère au plan d'action en dois dire au chef de l'Opposition que les négo- matière de développement régional; considérant ciations ne sont pas terminées. Il est vrai que le que la MRC Antoine-Labelle a un taux de ministre responsable, avec raison, a fait part de chômage de plus ou moins 20 %; la possibilité pour le Québec de se retirer de ce Que le gouvernement du Québec décrète la secteur, étant donné que l'amendement apporté à région de Mont-Laurier région périphérique et la constitution de 1982 nous donne ce droit de qu'elle bénéficie d'une réduction du coût retrait avec compensation financière. Je crois d'essence de 02,4 cents du litre d'essence sans qu'il est prématuré, pour l'instant, d'arriver à plomb, à Mont-Laurier, à la pompe. une telle conclusion.

QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES Le Président: En complémentaire, M. le chef de l'Opposition. Le Président: Cette pétition est déposée. Il n'y a pas d'interventions portant sur une viola- M. Parizeau: Je voudrais poser au premier tion de droit ou de privilège ou sur un fait ministre la question suivante. Son ministre de la personnel. Nous allons donc procéder à la période Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu a des questions et réponses orales des députés. M. soulevé deux raisons pour lesquelles on pourrait le chef de l'Opposition officielle. se retirer de ces programmes de formation professionnelle et exiger une compensation. La Compensation financière fédérale première - et le premier ministre vient de la et formation professionnelle reprendre - ce serait la constitution de 1982. À ma connaissance - et j'aimerais savoir ce que le M. Parizeau: M. le Président, on sait à quel premier ministre en pense à cet égard - moi qui point, pour nous, de ce côté de la Chambre, la ne suis pas avocat - lui l'est - j'ai plutôt formation professionnelle est une condition l'impression que ce que l'article 40 de la cons- essentielle à la fois à la réduction du chômage et titution de 1982 dit, c'est qu'on ne peut à la croissance de l'économie. Le premier minis- avoir de compensation financière que dans la tre, dans ce qu'il énonce, semble avoir un point mesure où il s'agit d'un changement dans les de vue analogue. pouvoirs d'une province. Or, ce n'est pas de cela On sait aussi à quel point l'immixtion du qu'il s'agit. gouvernement fédéral dans ce domaine a créé de J'aimerais demander au premier ministre ce la confusion et gêné la mise en place d'un qu'il pense de la déclaration de son ministre de système efficace comme le ministre de l'Éduca- la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu qui tion le soulignait récemment. disait: On pourrait aussi demander le retrait et (14 h 20) la compensation financière en vertu du lac Par la loi C-21 adoptée par la Chambre des Meech. Et, si je comprends bien, le lac Meech, communes, le gouvernement fédéral se donne ça ne s'appliquerait que dans le cas d'un plan maintenant un pouvoir d'intervention unilatéral à conjoint. Or, il ne s'agit pas de plan conjoint; H partir des fonds de l'assurance-chômage. Il y a s'agit d'une initiative unilatérale du gouver- une semaine, le ministre de la Main-d'oeuvre et nement fédéral et, donc, qui n'est pas de la Sécurité du revenu dénonçait les intentions soumise ou qui ne serait pas soumise au lac du gouvernement fédéral et disait, je cite: "C'est Meech. un cas classique où le Québec devrait, à mon Alors, je demande au premier ministre: avis, demander sa compensation financière Comment peut-il me dire ce qu'il vient de me d'Ottawa et régler ici ses problèmes de forma- dire au sujet de la constitution de 1982? C'est tion." manifestement inapplicable. Et qu'est-ce qu'il J'aimerais demander au premier ministre s'il pense de ce que son ministre a invoqué, d'abord, est d'accord avec son ministre de la Main- cette première raison, puis, la seconde, sur le lac d'oeuvre et de la Sécurité du revenu que, compte Meech, alors que l'accord du lac Meech serait tenu des dispositions du projet de loi C-21, le manifestement inapplicable aussi? En somme, je Québec devrait obtenir le retrait du gouverne- demande au premier ministre: Est-ce que son 81

ministre s'est gouré? et au premier ministre: Est- question était hypothétique et je lui ai répondu ce qu'il vient de se gourer? qu'à mon avis, mon humble avis, il m'apparaissait que, si le lac Meech était ratifié, ça pourrait Des voix: Ha, ha, ha! être un cas où le Québec pourrait exercer le droit d"opting ouf, mais je ne suis pas un Le Président: M. le premier ministre. constitutionnaliste, c'était une opinion person- nelle. M. Bourassa: Si le chef de l'Opposition pouvait se départir quelques instants de son Le Président: En question complémentaire, complexe d'infaillibilité... M. le chef de l'Opposition.

Des voix: Ha, ha, ha! M. Parizeau: M. le Président, je reconnais que le ministre de la Main-d'oeuvre et de la M. Bourassa: ...nous pourrions avoir une Sécurité du revenu appartient maintenant au club discussion plus utile. Ce que j'ai dit au chef de des mal cités. Il reste, néanmoins - là, je l'Opposition, c'est qu'il y a eu une déclaration reviens... du ministre responsable sur la possibilité - et tout ça est une question d'interprétation - d'uti- Une voix: II l'est de la Formation profes- liser l'amendement de 1982. Nous avons manifes- sionnelle. té, dans le dossier de la main-d'oeuvre et de la sécurité du revenu, une fermeté qui nous a Le Président: Excusez-moi, M. le chef de permis d'arriver à une entente améliorant la l'Opposition. situation antérieure. On est tout à fait d'accord sur l'importance qu'il faut accorder à la forma- M. Parizeau: Excusez-moi. tion professionnelle pour le développement de l'économie. Mais les négociations ne sont pas Le Président: Sur une question de règle- encore terminées. Éliminons la question du lac ment, M. le leader du gouvernement. Meech. Attendons qu'il soit ratifié avant de pouvoir l'invoquer. M. Pagé: Jusqu'à maintenant, le chef de Mais ce que je dis au chef de l'Opposition, l'Opposition officielle qui, j'en conviens, en vertu c'est que les négociations ne sont pas terminées de la tradition et des coutumes, a droit à un sur cette question. Et nous allons assumer nos certain temps avant de poser des questions... Je responsabilités si les négociations ne permettent comprends que le député de L'Assomption, qui pas de respecter la juridiction du Québec. Le nous fait l'honneur de son retour ici, a eu plus ministre responsable m'a signalé qu'il voudrait souvent l'occasion de répondre à des questions ajouter à ma réponse des éléments d'informa- qu'à en poser. Cependant, je vous demanderais tion. d'appliquer intégralement les articles 76 et 78, à savoir qu'au moment de questions additionnelles M. Bourbeau: M. le Président, je profite de la question ne doit pas être accompagnée d'un l'occasion pour... préambule. Ce serait beaucoup plus efficace pour nos travaux. Le Président: M. le ministre de la Main- d'oeuvre et de la Sécurité du revenu, brièvement, Le Président: M. le leader de l'Opposition. s'il vous plaît. M. Chevrette: M. le Président, sur la M. Bourbeau: Et de la Formation profes- question de règlement, j'aurais pu me lever... Je sionnelle, M. le Président. ne sais pas pourquoi le leader du gouvernement tente d'interrompre les questions des deux Le Président: Et de la Formation profes- chefs - parce qu'il y a une latitude en cette sionnelle, évidemment. Chambre qui est reconnue par la présiden- ce - mais je pourrais lui faire remarquer que M. Bourbeau: Je veux simplement signaler j'aurais pu me lever immédiatement pour dire au chef de l'Opposition que c'est le journaliste qu'une question de fait personnel aurait dû qui a conclu que la constitution actuelle permet- être posée par le ministre de la Sécurité du tait le retrait et non pas moi. Si le chef de revenu et de la Formation professionnelle. Il a l'Opposition regarde le texte dans le journal, il dit qu'il était mal cité; ce n'était pas une va voir qu'il y a un tiret, ce qui signi- réponse à une question que le "dispatcher" fie que le journaliste prenait à son compte . professionnel a faite. Je vous le dis très honnê- cette prise de position. J'ai, d'ailleurs, tement... appelé le journaliste le lendemain pour te lui signaler, le journaliste de La Presse. Il a reconnu Une voix: Le répartiteur. que c'était son interprétation à lui et non pas la mienne. M. Chevrette: Le répartiteur, pour bien En ce qui concerne le lac Meech, la dire. Le répartiteur, vous savez qu'est-ce qu'il a 82

commis avec votre prédécesseur. que son ministre de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu affirmait à l'occasion du Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! même interview que je citais tout à l'heure, à savoir qu'il avait cherché à rejoindre Mme M. Chevrette: M. le Président, j'invoque McDougall, la ministre fédérale, qu'elle refusait l'article 32. J'invoque l'article 32 du règlement. de le recevoir et qu'elle n'avait procédé à aucune consultation à l'égard de C-21? Est-ce Le Président: Un instant. Alors, M. le que le premier ministre croit vraiment qu'on peut leader de l'Opposition. décrire des démarches de cet ordre comme des négociations? M. Chevrette: J'invoque l'article 32 du règlement et je me réfère, pour l'invoquer, à Le Président: M. le premier ministre. votre discours, le premier que vous avez pronon- cé après avoir été nommé président. "Les députés M. Bourassa: Je dirai au chef de l'Opposi- doivent observer le règlement et contribuer au tion, après avoir accepté ses excuses, que le maintien du décorum à l'Assemblée." Vous avez ministre responsable a affirmé qu'il avait l'inten- insisté fortement, M. le Président, là-dessus et, tion, appuyé par tout le gouvernement, de depuis hier, j'aurais pu l'invoquer à plusieurs défendre la juridiction du Québec dans ce reprises, mais, cette fois-ci, je tiens à ce que secteur-là qui, comme on le sait, est considéré vous ayez beaucoup de rigueur dans son applica- comme relevant de l'Éducation. Et nous croyons, tion. comme l'ancien gouvernement l'avait fait égale- ment, que c'est un secteur clé pour l'avenir Le Président: Effectivement, M. le leader de économique du Québec, et c'est pourquoi nous l'Opposition, il y a des commentaires. Le prési- avons l'intention de poursuivre et de faire dent peut simplement demander la collaboration preuve de la même détermination pour que notre des députés pour éviter tout commentaire, dans juridiction soit respectée. un premier temps. J'espère que tout le monde se conformera à ça, sinon je devrai intervenir Le Président: Question complémentaire, M. régulièrement, et j'espère que je n'aurai pas à le le chef de l'Opposition. faire. Sur la question de règlement du leader du M. Parizeau: Dernière question, M. le gouvernement, effectivement, l'article 78, au Président, mais pour compléter les autres. Le niveau des questions complémentaires, dit que ces premier ministre est-il toujours d'accord avec la questions-là doivent être brèves, précises et sans recommandation 18 de la commission constitu- préambule. Il y a une latitude qui est accordée tionnelle du Parti libérai du Québec, le fameux aux deux chefs de parti, une certaine tolérance livre beige, qui prévoit que la constitution au niveau de leur expression quand ils peuvent canadienne, dans ce cas-là, attribuera aux poser une première question principale, mais, au provinces une compétence complète sur la niveau des préambules, j'apprécierais que tous les formation, le recyclage et le placement de la députés puissent se conformer et que nous main-d'oeuvre? suivions le règlement, à l'article 78, que les préambules n'existent pas, qu'il n'y ait pas de Le Président: M. le premier ministre. préambule dans les questions complémentaires et que les questions soient précises et brèves. Je M. Bourassa: J'ai eu l'occasion, M. le pense que je l'ai souligné hier également - je ne Président, de signaler que les demandes qui veux pas prendre trop de temps à la période des avaient été faites pour la réintégration du questions - mais, si les questions complémen- Québec dans la constitution canadienne, à la taires sont multiples, ça contribue à faire en suite des erreurs que je mentionnais mardi après- sorte que le sujet devient pratiquement un débat. midi, notamment une erreur que le ministre des J'apprécierais qu'une question complémentaire Finances du moment avait acceptée avec passivité contienne un seul volet et que nous procédions, et indifférence, l'abandon du droit de veto... Ce à ce moment-là, rapidement à cet échange de que je veux dire au chef de l'Opposition, c'est questions et réponses. que le point de vue du gouvernement sur la Alors, M. le chef de l'Opposition, en main-d'oeuvre n'a pas évolué, sauf que nous complémentaire. n'avons pas inclus dans les demandes, les cinq (14 h 30) propositions du Québec, la question de la main- M. Parizeau: M. le Président, toutes mes d'oeuvre. Nous en sommes venus à une entente excuses auprès de cette Chambre pour n'avoir acceptable à court terme, il y a quelques années, pas procédé tout de suite à la question com- et nous poursuivons les négociations. Mais le plémentaire. programme du Parti libéral, tel qu'énoncé dans le Pourrais-je demander au premier ministre si livre beige adopté en 1985, n'a pas été modifié la question ou la réponse qu'il me donnait tout à depuis. Ça fera partie, évidemment, de discus- l'heure, quant à l'effet de négociation avec le sions ultérieures, une fois l'accord du lac Meech gouvernement fédéral, peut être conciliée avec ce ratifié. 83

Le Président: En question principale, M. le levé, on n'aurait point perdu une minute et député de La Prairie. demie de la période des questions.

Contamination au plomb Le Président: M. le leader de l'Opposition, à Rouyn-Noranda sur la même question de règlement.

M. Lazure: M. le Président, les médias font M. Chevrette: Oui. En étant calme et en état ce matin d'une étude menée par le départe- étant serein, et pour ne pas rien dire... Je vais ment de santé communautaire de Rouyn-Noranda essayer de dire quelque chose. Le préambule auprès de 117 enfants âgés de deux à cinq ans, d'hier, M. le Président, à ce que je sache, cela habitant le quartier Notre-Dame à proximité de n'a pas à être qualifié, surtout une journée la fonderie les Minéraux Noranda. Plus de la après. Le ministre a toujours le don de qualifier moitié de ces enfants présentent un taux de une question. Il a toujours fait cela parce qu'il plomb dans le sang supérieur à la norme - la ne sait pas quoi répondre, il ne connaît pas ses norme étant entre 80 et 100 microgrammes par dossiers. Pourrait-il parler véritablement du litre de sang - et deux ont même des taux de contenu des questions? En vertu de l'article 79, 236 et 269 microgrammes. Il est vrai que Mi- c'est cela qu'on dit dans le règlement. Le leader néraux Noranda, depuis quelques années, a aura beau se lever, faire appel au calme, cela, je diminué ses émissions. Il est vrai que Minéraux m'en fous éperdument. On connaît son arrogance Noranda va continuer de diminuer ses émissions, habituelle. mais il est encore vrai, M. le Président, que la présence de plomb dans le sang des enfants plus Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! À élevée que la norme a des effets connus, no- . l'ordre, s'il vous plaît! M. le ministre, allez-y, à tamment sur leur système nerveux. Ma question la question, s'il vous plaît. au ministre de l'Environnement: Qu'a-t-il l'in- tention de faire pour remédier à cette situation? M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Et a-t-il l'intention de donner suite aux re- Président. En oubliant l'intervention du leader de commandations du département de santé commu- l'Opposition et en m'adressant à celui qui, nautaire? aujourd'hui, connaît bien son dossier, le député de La Prairie, je lui dirai que le DSC du CRSSS Le Président: M. le ministre de l'Environ- Abitibi-Témiscamingue, hier, conformément à ce nement. que vous avez dit dans le préambule à votre question, confirme que la contamination, que les M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le sols dans les quartiers qui s'approchent de la Président, je remercie le député de La Prairie de compagnie Noranda possèdent un taux de plom- sa question d'intérêt public. Contrairement à bémie plus élevé, mais le DSC constate quand hier, cette fois-ci, son préambule est exact et même que depuis 1979 il y a une amélioration conforme à la vérité. mais qu'il faut poser des gestes pour réduire M. le Président, je suis en train de répon- encore davantage l'exposition au plomb chez les dre à la question lorsque je suis interrompu par enfants de ces quartiers. le leader de l'Opposition officielle. Il y a une série de recommandations qui nous sont adressées et sur lesquelles celui qui Le Président: Un instant, M. le... Sur une vous parle peut agir, il y a également des question de règlement, M. le leader de l'Oppo- recommandations qui sont adressées à la popula- sition. tion locale, des mesures que les gens concernés peuvent prendre de façon à réduire les risques M. Chevrette: En vertu de l'article 79 qui de contamination chez les enfants. Les prin- dit que la réponse doit se rapporter à la ques- cipales mesures qui sont adressées au gouverne- tion. Il n'a pas à juger les préambules, cela ne ment du Québec ou au ministre de l'Environne- fait pas partie de la question. ment, en collaboration avec son collègue de la Santé et des Services sociaux, ce sont des Le Président: M. le leader du gouvernement. mesures qui visent la décontamination des terrains, des sites; et on nous demande de M. Pagé: M. le Président, très brièvement l'entreprendre dès le printemps de 1990. C'est pour ne pas trop amputer de temps à la période dans ce sens-là que le ministère de l'Environne- des questions. Le leader de l'Opposition prend la ment du Québec a l'intention d'assumer ses section ou la partie du paragraphe qui fait son responsabilités. affaire. Vous auriez dû continuer en disant qu'elle doit être formulée de manière à ne Le Président: En complémentaire, M. le susciter aucun débat. Et la manière dont c'était député de La Prairie. formulé, cela entraînait un débat et, encore une fois, en raison de votre impatience... Je vous M. Lazure: M. le Président, au ministre de invite à être calme, à être serein, la session la Santé et des Services sociaux. Est-ce que le vient de s'ouvrir. Si vous ne vous étiez point ministre de la Santé peut s'engager aujourd'hui à 84

demander au département de santé communautaire assurer que le responsable va payer en vertu du des diverses régions où on retrouve une con- principe pollueur-payeur? Ce que je peux vous centration de plomb comparable à celle de assurer, c'est que le ministère de l'Environne- Noranda de faire de telles études, notamment ment va déployer tous les efforts nécessaires dans l'est de Montréal? pour que ça se produise ainsi. Maintenant, quant à l'application d'une loi, Le Président: M. le ministre de la Santé et son interprétation et les sanctions qui peuvent des Services sociaux. suivre, ça dépend du système judiciaire qui sera mis à contribution dans le système, si le Procu- M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, reur général juge à propos d'intervenir. nous sommes en constante relation avec le ministère de l'Environnement et avec les dépar- Le Président: En question principale, Mme tements de santé communautaire de tout le la députée de Hochelaga-Maisonneuve. Québec et chaque fois qu'il y a signalement, soit par le ministère de l'Environnement ou par le Table de concertation sur l'industrie département de santé communautaire qui jouit à ferroviaire au Québec cet égard d'une autonomie assez grande, les études se font. Ce n'est certainement pas au Mme Harel: Alors, à Montréal, les pertes ministère de la Santé et des Services sociaux que d'emploi s'accumulent. Depuis un an seulement, nous allons empêcher ce genre d'étude. 80 entreprises ont été fermées, plus de 6000 employés ont été mis à pied. Dans l'est de Le Président: En question complémentaire, Montréal, la situation ne fait qu'empirer. Très M. le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. récemment, la Fonderie CSF de la rue Notre- Dame, qui fabrique et entretient des wagons de M. Trudel: En complémentaire, M. le marchandise depuis 50 ans, vient d'annoncer le Président, au ministre de l'Environnement. Le licenciement des 300 derniers travailleurs qui s'y gouvernement nous ayant annoncé dans le trouvaient encore, des travailleurs de plus de 25 discours inaugural qu'il allait voir à une applica- ans d'ancienneté. L'engagement du... Huit mois tion rigoureuse du principe du pollueur-payeur et sont passés depuis l'annonce gouvernementale compte tenu des recommandations du département d'une table de concertation sur l'industrie de santé communautaire de Rouyn-Noranda quant ferroviaire au Québec, table de concertation à la décontamination d'un certain nombre de chargée de faire le point. Et rien encore n'est résidences et de terrains relativement vastes, le venu. Pourtant l'engagement du député d'Anjou ministre de l'Environnement peut-il assurer cette au nom du ministre responsable de la région de Chambre, la municipalité et les citoyens concer- Montréal était très clair au Centre Paul-Sauvé nés que le principe du pollueur-payeur sera devant des milliers de travailleurs réunis, au rigoureusement appliqué, en particulier pour les mois d'avril dernier, et l'engagement était le opérations de décontamination des sols dans le suivant: Le gouvernement entend exercer toutes quartier Notre-Dame à Rouyn-Noranda? les pressions nécessaires auprès des autorités fédérales afin que les mesures appropriées soient Le Président: M. le ministre de l'Environ- prises pour le maintien intégral des centres nement. d'entretien de la région de Montréal, tant et (14 h 40) aussi longtemps qu'une consultation complète M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, je n'aura pas été réalisée auprès des intervenants profite de la première question en Chambre du du Québec. Est-ce que le gouvernement attend député pour également l'informer, comme l'a qu'il n'y ait plus une seule job dans la fabrica- souligné le député de La Prairie dans son tion et l'entretien du matériel roulant dans l'est préambule, que les émanations de plomb vont de Montréal avant d'annoncer sa table de diminuer considérablement à compter du début de concertation? l'année 1990, les nouvelles installations de la compagnie Noranda entrant en fonction. Ce sont Des voix: Bravo! Bravo! des diminutions de l'ordre de 50 % et ça, il est important également que ce soit communiqué à la Le Président: Alors, M. le ministre délégué population que vous représentez dans cette à l'Administration et à la Fonction publique et Assemblée nationale. président du Conseil du trésor. En ce qui concerne plus spécifiquement votre question en ce qui a trait au principe du M. Johnson: Merci, M. le Président. Je serai pollueur-payeur, il existe dans la loi de la qualité très bref parce que le problème est très simple. de l'Environnement des dispositions qui prévoient Nous avons accepté quasi séance tenante lorsque, que, lorsque le ministère de l'Environnement, notamment, M. Fernand Daoust et la FTQ ont dans le domaine de sa compétence et de sa demandé la constitution d'une table de concerta- juridiction, effectue des travaux de décontamina- tion du rail. Nous avons accepté séance tenante tion, il peut se retourner et facturer le respon- d'en faire partie. Nous avons accepté quasi sable. Maintenant, est-ce que je peux vous séance tenante d'assurer une portion considérable 85

du financement pour fins d'études et de fonc- député de Pointe-aux-Trembles. tionnement de cette table. Je dois dire qu'avec la coopération de mon collègue de la Main-d'oeuvre, Le rôle de M. Tommy D'Errico dans de la Sécurité du revenu et de la Formation l'octroi de contrats gouvernementaux professionnelle et moi-même et quelques collè- gues, nous avons trouvé déjà il y a quelque M. Bourdon: Je m'adresse au premier temps un budget considérable, des dizaines de ministre. Hier, le premier ministre a esquivé, à milliers de dollars par année, notre portion à quatre reprises, ma question quant à savoir s'il nous. était au courant que Tommy D'Errico recevait, à La ville de Montréal a essentiellement, la permanence du Parti libéral, des professionnels séance tenante, accepté de contribuer aux sollicitant des contrats du gouvernement. À travaux de la table et au financement de la défaut d'un non catégorique, je me dois de table. Vous me voyez venir, ça fait longtemps déduire que le premier ministre était au courant. que je lui dis, ça fait plusieurs fois qu'on J'aimerais savoir du premier ministre... s'entretient là-dessus, le gouvernement fédéral se traîne les pieds dans ce dossier et dans les Des voix:... heures... Le Président: Votre question, M. le député Une voix:... de Pointe-aux-Trembles.

M. Johnson:... c'est comme ça. Maintenant, M. Bourdon: J'aimerais savoir du premier vous n'êtes peut-être pas dans le bon Parlement ministre s'il est au courant, pour les contrats de pour poser la question. Ce que je dirais... Je dois construction suivants: l'hôpital Santa Cabrini, dire que je m'entends parfaitement avec M. pour lequel une des trois firmes d'ingénieurs Daoust, avec M. Doré, avec les gens des syn- choisies fut Liboiron, Roy et associés, s'il y a eu dicats, avec les gens du rail, avec des gens qu'on des contacts entre Tommy D'Errico ou son a approchés pour faire partie de la table de adjoint, Guy Bacon, et M. Claude Liboiron de concertation. J'attends dans les heures qui cette firme. viennent - c'est fort à propos, Mme la dépu- Dans le cas de l'hôpital de Lachine, pour tée - la réponse définitive du gouvernement lequel une des trois firmes d'ingénieurs choisies fédéral à défaut de quoi on annonce la constitu- fut Martineau, Vallée, Régimbald inc., s'il y a eu tion de la table. Ils ne seront pas là, puis ils ne des contacts entre Tommy D'Errico ou Guy Bacon seront pas là. et M. Roch Vallée, membre de cette firme et membre du Comité des finances de la course à la Une voix: C'est ça. chefferie du Parti libéral en 1983. Dans le cas du foyer Saint-Marc, pour Le Président: En complémentaire, Mme la lequel une des trois firmes d'ingénieurs choisies députée de Hochelaga-Maisonneuve. fut Marcel Laurin inc., s'il y a eu des contacts entre M. Guy Bacon et M. Marcel Laurin qui, Mme Harel: Le ministre sait-il que, dans le lui aussi, faisait du financement pour le parti, cadre du Programme de relance de l'est de mais surtout qui était régulièrement au bureau Montréal, une subvention aurait été accordée, au de M. Bacon, à la permanence du Parti libéra! du mois d'août dernier, pour mener une étude de Québec. faisabilité qui n'est pas terminée, à cette com- pagnie qui vient d'annoncer ces licenciements? Le Président: M. le premier ministre.

Le Président: M. le président du Conseil du M. Bourassa: C'est un peu regrettable trésor. qu'une partie de la période de questions porte sur des questions aussi frivoles. On a parlé M. Johnson: Dans la mesure où, lorsque plus de ces sujets-là durant la campagne électorale; rien ne semble aller, lorsque la lumière devient des réponses ont été données et le peuple a de plus en plus faible au bout du tunnel, on jugé. tente par tous les moyens de découvrir des J'ai dit hier - je n'ai pas refusé de répon- nouveaux marchés, oui, des études, sou- dre aux questions - que les directives qu'ont les vent - non pas comme préalable à un développe- dirigeants du parti, les ministres et les députés, ment, mais comme dernière mesure pour décou- c'est de respecter les lois avec la plus grande vrir ce qu'il est possible de faire - sont mises rigueur. Que M. D'Errico puisse rencontrer des en place. Il n'est pas, je dirais, contradictoire professionnels... On a souligné que le député de qu'il y a quelques mois, des études de faisabilité Joliette avait, lui aussi, rencontré, à l'occasion, étaient entreprises, mais que, malgré tout, ça un professionnel, M. Piette, et qu'il y avait n'ait pas réussi à sauver l'entreprise de façon quand même eu des résultats assez concrets de définitive. cette rencontre avec le député de Joliette.

Le Président: En question principale, M. le Des voix: Ha, ha, ha! 86

M. Bourassa: Alors, il faudrait quand même Le Président: Avez-vous une autre question être sérieux. complémentaire?

Des voix: Ha, ha, ha! M. Bourdon: Oui.

Le Président: En question complémentaire, Le Président: Allez-y. M. le leader de l'Opposition. M. Bourdon: Une question additionnelle, M. Chevrette: M. le Président, juste une toujours au ministre de la Santé. Quant à question de privilège. prendre avis de la question, est-ce que le ministre pourrait nous dire, à la même occasion, Le Président: Une question de privilège? s'il est exact qu'il connaît ce fonctionnaire et s'il a eu des contacts avec ce fonctionnaire alors M. Chevrette: Oui. Que le premier ministre qu'il était ministre des Transports? veuille souligner un fait, qu'il le fasse complète- (14 h 50) ment. Le Président: M. le ministre de la Santé et des Services sociaux. Le Président: M. le leader de l'Opposition, je dois vous avouer qu'ici je ne reconnais pas M. Côté (Charlesbourg): Vous me voyez matière à privilège dans une question que vous dans l'obligation de prendre avis. voulez me soumettre. Il y a un fait qui a été énoncé, mais je voudrais que vous m'indiquiez en Le Président: Question principale, M. le quoi votre privilège est atteint, s'il vous plaît! député de Nicolet-Yamaska.

M. Chevrette: M. le Président, je le ferai Contrôle des importations de produits en temps et lieu dans ce cas-là. Je retire ce que agricoles contingentés j'ai dit. M. Richard: M. le Président, en ce qui a Des voix: Ha, ha, ha! trait aux accords du GATT, le 23 novembre dernier, était rendue publique la proposition Le Président: En question complémentaire, globale du groupe Cairns concernant la réforme M. le député de Pointe-aux-Trembies. à long terme des échanges agricoles. Malgré les demandes répétées de nos M. Bourdon: En additionnelle, au ministre producteurs agricoles et du gouvernement du de la Santé et des Services sociaux. Est-ce que Québec, le texte de l'accord ne contient aucune le ministre de la Santé et des Services sociaux proposition de renforcement ni même d'appui à peut nous dire s'il est exact que, pour chacun l'article 11 du GATT qui permet, en fait, le des contrats que j'ai mentionnés, le fonctionnaire contrôle des importations de produits dont la qui représentait le ministère de la Santé sur un production est contingentée. comité de sélection de trois personnes était M. le ministre de l'Agriculture, j'aimerais toujours le même? savoir quelles sont les intentions de notre gouvernement dans ce dossier? Le Président: M. le ministre de la Santé et des Services sociaux. Le Président: M. le ministre de l'Agricul- ture, des Pêcheries et de l'Alimentation. M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, M. le Président, vous comprendrez qu'il faut que je M. Pagé: M. le Président, permettez-moi de remercier le député de Nicolet de sa question qui vérifie. Aussitôt que j'aurai des réponses, je est tout à fait pertinente et se rapporte à un pourrai les fournir au député de- sujet éminemment contentieux et très important Une voix: Pointe-aux-Trembles. pour l'avenir de l'agriculture au Québec, puis- qu'on se réfère au droit pour le Canada et le M. Côté (Charlesbourg): Pointe-aux-Trem- Québec d'imposer des mesures de restrictions à bles. l'égard des produits provenant d'autres pays et concerne des productions contingentées au Le Président: En question complémentaire, Québec. Comme la province de Québec a su se M. le député de... discipliner, a su se convier à des mesures de discipline au niveau de la production, notamment M. Bourdon: II prend avis de la question, si dans les produits laitiers, la production de la je comprends. volaille, les oeufs, etc, et que les productions contingentées représentent 50 % des recettes de Le Président: Un instant, un instant! Oui. la ferme au Québec, dans ce sens-là, le gouver- nement du Québec a, jusqu'à maintenant - et il M. Bourdon: Quant à prendre... continuera très certainement - pris ses respon- 87

sabilités quant à la défense pleine et entière des la rencontre de Thaïlande. intérêts des producteurs et des productrices Je vous dirai que c'est une position qui ne agricoles québécois. va pas dans le même sens. En fait, ce que le C'est ce pourquoi nous demandons, nous, au gouvernement canadien a dit... Québec, comme d'autres provinces canadiennes, que les dispositions, les négociations qui ont Le Président: Conclusion, M. le ministre, s'il cours au GATT actuellement, prévoient des vous plaît. dispositions très claires qui, non seulement vont maintenir, mais vont venir donner plus de force M. Pagé:... et ce que le ministre dit est à l'article 11 des accords du GATT pour garantir totalement contradictoire. C'est ce pourquoi... Pas que nos productions agricoles contingentées, de question de privilège. suite à une discipline interne de marché, ne soient pas affectées et agressées par d'autres Le Président: Une dernière additionnelle, M. pays qui viendraient littéralement envahir nos le député d'Arthabaska. produits sans jouer de telles règles de discipli- ne. M. Baril: Je n'ai même pas pris une minute Partant de là, ce qu'on entend faire? On pour poser ma question. entend continuer nos démarches. Le premier ministre du Québec, M. Bourassa, a rencontré Le Président: Votre question, s'il vous plaît. l'Union des producteurs agricoles, le ministre du Commerce extérieur, M. Ciaccia, a pris une M. Baril: Est-ce que oui ou non le gouver- position très claire, très ferme, qui a débouché nement du Québec a des représentants sur place sur des engagements de M. Crosbie, lundi pour l'informer des procédures de négociation? dernier, et on veille au grain. Le Président: M. le ministre de l'Agricul- Le Président: En question complémentaire, ture, des Pêcheries et de l'Alimentation. M. le député d'Arthabaska. M. Pagé: Le gouvernement du Québec via- M. Baril: Oui, en complémentaire. Est-ce que le ministre de l'Agriculture pourrait nous Une voix:... informer si son gouvernement a des représentants à titre d'observateurs lors de ces négociations du M. Pagé: Une * minute.... via le ministère du GATT pour l'informer de ce qui se passe exacte- Commerce extérieur, via le ministère de l'Agri- ment ou si vous vous fiez uniquement sur les culture est continuellement présent auprès du représentants d'Ottawa? fédéral parce qu'il ne faut pas le laisser aller tout seul tout le temps. C'est clair? Le Président: M. le ministre de l'Agricul- ture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Le Président: En question principale, M. le député de D'Arcy McGee. M. Pagé: Je peux vous assurer que le gouvernement du Québec est présent, que le L'identité et la viabilité des établissements gouvernement du Québec prend ses responsabili- de santé communautaire des minorités tés. À preuve, le ministre du Commerce exté- rieur, M. Ciaccia, lundi dernier, 27 novembre, M. Libman: Merci, M. le Président. C'est la suite à la rencontre des ministres provinciaux et première intervention par notre jeune formation du ministre Crosbie, en est venu à obtenir la politique à la période des questions. Ma question garantie du gouvernement canadien, par la voix s'adresse au ministre de la Santé et des Services de M. Crosbie lui-même, que le gouvernement sociaux. L'ex-ministre de la Santé et des Ser- fédéral allait modifier son attitude, entre autres vices sociaux, Mme Thérèse Lavoie-Roux, avait au groupe Cairns, pour s'assurer que les repré- présenté un avant-projet de loi qui proposait de sentations véhiculées, entre autres, par les restructurer le réseau des services sociaux et de producteurs et les productrices du Québec qui santé. Les objectifs de l'avant-projet de loi sont ont manifesté de façon pertinente et légitime la bons en eux-mêmes, mais le remplacement des semaine dernière à Ottawa, le 21 novembre, que conseils d'administration autonomes par des ces acquis de l'agriculture du Québec et du grands conseils d'administration régionaux aura Canada ne seraient pas brisés par l'attitude, le . des effets très négatifs sur l'administration et laxisme du gouvernement fédéral. l'identité des institutions qui desservent des À cet égard, pour terminer - et je suis groupes communautaires minoritaires. persuadé que ça va intéresser le député d'Ar- Alors, ma question, M. le Président: Nous thabaska, M. le Président - la question pourrait savons que les audiences publiques vont bientôt être, ou la question additionnelle suivante commencer sur cet avant-projet de loi. Alors, pourrait être: Comment concilier la déclaration est-ce qu'on a l'intention de reconnaître et de de M. Crosbie lundi dernier avec la position de tenir compte sérieusement des objections soule- son propre ministère le jeudi précédent, lors de vées par les représentants concernant ces 88

prévisions de la loi qui menacent l'identité et la Le Président: Mme la ministre des Com- viabilité des établissements communautaires munautés culturelles et de l'Immigration. minoritaires? Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, la Le Président: M. le ministre de la Santé et détermination du statut de réfugié est de juridic- des Services sociaux. tion fédérale et relève du gouvernement fédéral. Je dois vous dire, cependant, que le Québec M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le partage les grands objectifs de la loi qui a été Président. Je veux assurer le député de D'Arcy adoptée par le gouvernement fédéral. Il ne faut McGee qu'à ce moment-ci l'état dans lequel se pas qu'une revendication de statut de réfugié trouve le dossier, c'est un avant-projet de loi soit un moyen, par exemple, de détourner ou de qui sera à nouveau déposé la semaine prochaine contourner la loi. Je dois vous dire que je suis et qui fera l'objet d'une commission parlemen- très sensible à ce qui se passe actuellement taire ouverte. Donc, une commission parlemen- quant aux Haïtiens. J'ai contacté ma collègue de taire qui va nous permettre d'entendre les l'Immigration à Ottawa et elle suit le dossier de différents intervenants - il y en a quelque 120 très près. au moment où nous nous parlons - sur leurs revendications ou sur leurs commentaires quant à Le Président: En question complémentaire, la réforme proposée par Mme Lavoie-Roux, et - M. le député de Mercier. c'est avec ouverture d'esprit que nous le ferons. Et au mérite de chacune des interventions et des M. Godin: En complémentaire. Est-ce que la argumentations, nous prendrons les décisions ministre est au courant que dans la propre loi de finales par la suite. son ministère l'article 18c lui permettrait de donner le CSQ du Québec, c'est-à-dire le cer- Le Président: En question complémentaire, tificat de sélection du Québec à ces réfugiés et M. le député de D'Arcy McGee. ainsi les garder au Québec au lieu de les laisser expulser vers un pays dont on dit, dans dif- M. Libman: Est-ce que ces changements que férents milieux, que ce n'est pas tout à fait le nous pourrons considérer après les audiences paradis démocratique que les Haïtiens de là-bas publiques pourront inclure que ces établissements prétendent? Les Nations unies affirment, au puissent maintenir leurs conseils d'administration contraire, que c'est un pays aussi peu démocrati- indépendants? que qu'auparavant, à l'époque où on refusait de les expulser, et la ministre garde le silence là- Le Président: M. le ministre de la Santé et dessus depuis le début Nous aimerions savoir si des Services sociaux. elle a songé à utiliser ses propres ressources dans sa loi pour leur donner le certificat de M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je sélection du Québec et s'assurer qu'ils vont dis et je le répète, pour la bonne compréhension. rester au Québec et que le fédéral ne les C'est une commission parlementaire qui vise à expulsera pas. Est-ce qu'elle a songé à utiliser entendre tous les intervenants et, donc, toutes cette loi-là? les possibilités sont là, celles que vous évoquez, . (15 heures) comme d'autres. Et c'est au lendemain de cette Une voix: Bravo! commission parlementaire que nous prendrons les décisions. Mais, je veux assurer le député de Le Président: Mme la ministre des Com- D'Arcy McGee que nous entendrons tout le munautés culturelles et de l'Immigration. monde avec des arguments qui, à la fois, seront pour, des arguments contre, mais avec un esprit Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, la d'équité et de justice quant à ceux qui com- loi actuelle ne me permet pas d'émettre sur place posent le Québec. des certificats de sélection. Si le député de Mercier l'a fait auparavant, je voudrais bien Le Président: En question principale, M. le savoir en vertu de quelle loi. Cependant, je dois député de Mercier. assurer la communauté haïtienne que ceux et celles qui devront retourner dans leur pays, à ce L'expulsion de citoyens haïtiens par moment-là, pourront s'adresser au bureau de le gouvernement fédéral l'immigration Québec-Haïti et nous prendrons tous les moyens nécessaires pour prendre ces M. Godin: Merci, M. le Président. Depuis demandes en considération, étant donné qu'ils quelques semaines, le fédéral expulse à tour de connaissent déjà bien le Québec. bras des Haïtiens, citoyens du Québec. Et le Québec a choisi la voix du silence et la voix de Le Président: Une dernière complémentaire, l'abstention totale dans ce dossier. Est-ce que la M. le député de Mercier. ministre va se soustraire longtemps à son devoir de protectrice des communautés culturelles du M. Godin: Une dernière, M. le Président. Québec? Est-ce que la ministre sait que, pour des raisons 89

humanitaires, elle a le pouvoir d'utiliser une Le Président: Une courte additionnelle, Mme dérogation qui .est reconnue par le fédéral dans la députée de Taillon. l'entente Cullen-Oouture dont elle ignore peut- être même l'existence et est-ce qu'elle a pensé à Mme Marois: M. le Président, nous en demander à ses fonctionnaires sur place, à Port- sommes trois ministres plus tard, 37 consulta- au-Prince, l'état de la situation là-bas, de tions... manière à juger elle-même si ces gens-là sont expulsés avec danger pour eux dans leur pays Le Président: Votre question, s'il vous d'origine ou non? Est-ce qu'elle a eu un tel plaît. rapport? Est-ce qu'elle l'a demandé à ses fonc- tionnaires en poste là-bas? Mme Marois: ...rapports et études...

Le Président: Mme la ministre des Com- Le Président: Un instant! Attention! s'il munautés culturelles et de l'Immigration. vous plaît! Alors, sans préambule, Mme la députée de Taillon, une courte additionnelle. Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, j'ai mentionné à mon collègue de Mercier que j'ai Mme Marois: Est-ce que le ministre peut contacté mon homologue fédérale, dans le but de nous dire ce qu'il va faire, d'ici à ce qu'une la sensibiliser, et non seulement de la sensibili- décision soit prise, pour mettre un terme à une ser, mais de voir à ce qu'elle porte une attention situation absurde dans laquelle le laxisme du particulière à ces cas de déportation. Quant à gouvernement permet à des gens qui défient la savoir, par exemple, à bien connaître la situation loi de se situer en concurrence déloyale avec en Haïti, je crois que le gouvernement fédéral, d'autres personnes qui, elles, la respectent cette par l'entremise de son ministère des Affaires loi? extérieures, est beaucoup mieux placé que je le suis actuellement pour déterminer cette situa- Le Président: M. le ministre de l'Industrie, tion. du Commerce et de la Technologie.

Le Président: Question principale, Mme la M. Tremblay (Outremont): Je vais continuer députée de Taillon. à faire ce que je fais depuis le 10 octobre dernier: premièrement, faire appliquer la loi; Fermeture des commerces deuxièmement, consulter jusqu'à temps que je d'alimentation le dimanche sois prêt à soumettre à cette Assemblée une solution. Mme Marois: Merci, M. le Président. Alors, le nouveau ministre de l'Industrie, du Commerce Le Président: Fin de la période des ques- et de la Technologie a déclaré en entrevue en tions. fin de semaine dernière qu'il ne magasine pas le Il n'y a pas de votes reportés. dimanche pour des raisons d'équilibre person- Motions sans préavis. nel - c'est bien lui qui dit ça - ou de qualité de M. le leader du gouvernement. vie. Alors, j'imagine que l'équilibre personnel et la qualité de vie des travailleurs et des travail- M. Pagé: M. le Président, j'aimerais faire leuses de l'alimentation sont aussi importants une motion pour... que les siens. Alors, est-ce que le ministre entend suivre la recommandation du comité de Le Président: Un instant, M. le leader du députés, que son parti d'ailleurs avait formé, gouvernement. qui a déposé son rapport il y a déjà un bon moment: septembre 1988, et qui était à ce Des voix:... moment-là en faveur de la fermeture des com- merces d'alimentation le dimanche? Le Président: MM. les députés, s'il vous plaît! Nous sommes au début d'une nouvelle Le Président: M. le ministre de l'Industrie, session et j'apprécierais grandement... Nous avons du Commerce et de la Technologie. fait la mise au point avec les deux leaders des partis, à savoir que la période des affaires du M. Tremblay (Outremont): M. le Président, jour se termine aux renseignements sur les j'aimerais profiter de cette occasion pour souli- travaux de l'Assemblée. Trop souvent, dans le gner à la députée de Taillon que c'est avec passé, des gens venaient demander des informa- plaisir que j'ai appris sa nomination comme tions concernant les avis touchant les travaux critique officielle de l'Opposition en matière de des commissions, ou quoi que ce soit, après que l'Industrie et du Commerce. ça a été donné, parce qu'on n'a pas écouté Je suis encore en train d'étudier et d'ana- attentivement et qu'on a quitté l'Assemblée trop lyser le dossier et je ferai part à cette Assem- tôt. Alors, je demande simplement la collabora- blée dans un avenir rapproché de mes inten- tion de tout le monde, pour demeurer en place tions. toute la durée de la période des affaires couran- 90

tes et vous quitterez à la période des affaires du (Laval-des-Rapides), Gauvin (Montmagny-L'lslet), jour. Je pense que c'est quelque chose qu'on Chenail (Beauharnois-Huntingdon), Gautrin devrait s'employer à réaliser. (Verdun), Larouche (Anjou), Khelfa (Richelieu), Alors, aux motions sans préavis, M. le Gobé (Lafontaine), Mme Hovington (Matane), leader du gouvernement. MM. Joly (Fabre), LeSage (Hull), Bergeron (Deux-Montagnes), Bordeleau (Acadie), Mme Modifications à la composition Boucher-Bacon (Bourget), MM. Audet (Beauce- de certaines commissions Nord), Parent (Sauvé), Mme Bélanger (Mégantic- Compton), MM. Camden (Lotbinière), Bradet M. Pagé: Merci, M. le Président. Je fais (Charlevoix), Mme Cardinal (Châteauguay), MM. motion pour certains changements à la composi- Després (Limoilou), Farrah (îles-de-ia-Madeleine), tion de certaines commissions: que M. Robert Forget (Prévost), Mme Loiseile (Saint-Henri), Thérien, député de Rousseau, remplace M. Yvon MM. Lafrenière (Gatineau), Lafrance (Iberville), Lemire, député de Saint-Maurice, comme membre MacMillan (Papineau), Parizeau (L'Assomption), de la commission de l'aménagement et des Chevrette (Joliette), Perron (Duplessis), Blais équipements et que M. Yvon Lemire, député de (Masson), Mme Marois (Taillon), M. Garon Saint-Maurice, remplace M. Robert Thérien, (Lévis), Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve), député de Rousseau, comme membre de la MM. Jolivet (Laviolette), Baril (Arthabaska), Mme commission de la culture. Juneau (Johnson), MM. Godln (Mercier), Dufour (Jonquière), Lazure (La Prairie), Gendron (Abiti- M. Chevrette: M. le Président, je demande bi-Ouest), Brassard (Lac-Saint-Jean), Léonard un vote enregistré, s'il vous plaît! (Labelle), Mme Vermette (Marie-Victorin), MM. Paré (Shefford), Claveau (Ungava), Boulerice Le Président: Alors, un vote enregistré. (Sainte-Marie-Saint-Jacques), Morin (Dubuc), Qu'on appelle donc les députés. Mme Caron (Terrebonne), MM. Boisclair (Gouin), (15 h 10) Bourdon (Pointeaux-Trembles), Trudel (Rouyn- Veuillez prendre place, Mmes et MM. les Noranda-Témiscamingue), Mme Dupuis (Ver- députés. MM. les députés, s'il vous plaît! S'il chères), MM. Beaulne (Bertrand), Libman (D'Ar- cy-McGee), Holden (Westmount). vous plaît. À l'ordre! Nous allons maintenant procéder à la mise aux voix de la motion présen- tée par M. le leader du gouvernement afin de Le Président: Est-ce qu'il y en a qui modifier la composition de deux de nos commis- s'opposent à la motion? Il n'y a pas d'absten- sions parlementaires. Que ceux et celles qui sont tions. M. le Secrétaire général. en faveur de cette motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît. Le Secrétaire: Pour: 108 Le Secrétaire adjoint: M. Pagé (Portneuf), Contre: 0 Mme Gagnon-Tremblay (Saint-François), MM. Abstentions: 0 Paradis (Brome-Missisquoi), Levesque (Bonaven- ture), Mme Bacon (Chomedey), MM. Ryan (Ar- Le Président: La motion est donc adoptée. genteuil), Côté (Charlesbourg), Bourbeau (Lapor- Toujours aux motions sans préavis, M. le te), Vallerand (Crémazie), Côté (Rivière-du-Loup), ministre de la Santé et des Services sociaux Sirros (Laurier), Vallières (Richmond), Séguin (Montmorency), Tremblay (Outremont), Rémillard Motion proposant de souligner la (Jean-Talon), Cherry (Sainte-Anne), Dutil (Beau- Journée mondiale de lutte contre le sida ce-Sud), Mme Frulla-Hébert (Marguerite-Bour- geoys), MM. Elkas (Robert-Baldwin), Lefebvre M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je (Frontenac), Cusano (), Mme Robillard requiers le consentement de cette Assemblée pour (Chambly), MM. Blackburn (Roberval), Cannon la motion suivante: "À l'instar de l'Organisation (La Peltrie), Mme Bleau (Groulx), MM. Maciocia mondiale de la santé, l'Assemblée nationale du (Viger), Maltais (Saguenay), Rivard (Rosemont), Québec souligne à sa manière la Journée mon- Mme Trépanier (Dorion), MM. Middlemiss (Pon- diale de lutte contre le sida. " tiac), Philibert (Trois-Rivières), Beaudin (Gaspé), Bélisle (Mille-Îles), Mme Dionne (Kamouraska- Le Président: Y a-t-il consentement pour Témiscouata), MM. Hamel (Sherbrooke), Saint- débattre cette motion? Consentement. M. le Roch (Drummond), Mme Pelchat (Vachon), MM. ministre de la Santé et des Services sociaux. M. Paradis (Matapédia), Marcil (Salaberry-Soulanges), le leader du gouvernement? Lemire (Saint-Maurice), Leclerc (Taschereau), Poulin (Chauveau), Thérien (Rousseau), Tremblay M. Pagé: M. le Président, il y a consente- (Rimouski), Benoît (Orford), Williams (Nelligan), ment et il y a cinq Interventions de prévues Dauphin (Marquette), Doyon (Louis-Hébert), comme suite du consentement entre le leader de Fradet (Vimont), Messier (Saint-Hyacinthe), l'Opposition et le gouvernement. Richard (Nicolet-Yamaska), Charbonneau (Saint- Jean), Mme Begin (Bellechasse), MM. Bélanger Le Président: II y a cinq interventions. Est- 91

ce que vous devez les spécifier à ce moment-ci, ment dites. Nous avons accentué nos campagnes M. le leader du gouvernement? d'éducation et d'information particulièrement auprès des jeunes qui constituent l'espoir de M. Chevrette: M. le Président, c'est deux de notre société et auxquels nous voulons absolu- chaque côté dans les formations et un indépen- ment éviter ce fléau. dant. Nous tenterons de les rejoindre partout où ils sont. À ce sujet, je profite de l'occasion pour Le Président: D'accord. Il y a consentement mentionner qu'une entente est intervenue entre à cet effet? le ministère que je dirige et celui de l'Éducation pour que les commissions scolaires puissent se M. Pagé: Oui. doter d'une politique de lutte contre le sida. Nous sommes convaincus que, dans la mesure où M. Chevrette: Un ordre de la Chambre. chaque réseau et chaque milieu de travail prendra ses responsabilités par rapport à cette Le Président: Nous en faisons un ordre de question, le Québec pourra mener une lutte l'Assemblée? efficace à cette maladie. Le ministère du Travail a également accepté de s'impliquer avec nous M. Pagé: Oui. pour que nous puissions proposer aux entreprises une politique de lutte contre le sida. Le Président: Très bien. Alors, M. le Beaucoup de préjugés demeurent envers ministre de la Santé et des Services sociaux. cette maladie et, souvent, dans un lieu de travail, lorsqu'une personne est atteinte, elle doit M. Marc-Yvan Côté faire face non seulement à sa maladie, mais surtout au rejet et à la peur de ses collègues de M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, travail. Nous entendons donc poursuivre énergi- demain, le 1er mai, se tiendra la Journée mon- quement ce travail de sensibilisation et l'élargir diale de lutte contre le sida. à d'autres groupes de la société. Nous entendons poursuivre et améliorer Une voix: Le 1 er décembre. également les soins et les services aux personnes déjà touchées par la maladie et vivant avec le M. Côté (Charlesbourg): Le 1er décembre. sida. Des centres d'excellence seront incessam- Cette Journée mondiale du sida représente une ment créés, nous permettant d'être à la fine occasion privilégiée de sensibiliser et d'informer pointe dans ce domaine. Ces centres d'excellence la population sur l'ampleur et les dangers de créés dans des hôpitaux universitaires du Québec cette maladie qui, avec quelques précautions, permettront d'intégrer la recherche et rensei- pourrait être évitée par tout le monde. C'est gnement aux soins et services médicaux et pourquoi nous profitons de l'occasion pour psychosociaux. réitérer l'importance qu'accorde le gouvernement L'effort du Québec se poursuivra aussi dans du Québec à la lutte contre le sida. Il ne faut la recherche à laquelle nous avons consacré plus surtout pas se lasser de répéter à la population d'un million cette année. Nous sommes en train que cette question nous concerne tous, hommes de nous doter également d'un système de sur- et femmes, jeunes et moins jeunes, de toutes les veillance de l'épidémie beaucoup plus sûr. Il faut classes sociales et de toutes les cultures. Le dire que mieux nous connaîtrons le développe- sida, c'est l'affaire de tous. ment de l'épidémie, mieux nous serons en mesure d'y faire face. Nous savons déjà, par exemple, Le Président: Un instant, M. le ministre, qu'ici au Québec, les femmes et les enfants sont s'il vous plaît. Je vais demander la collaboration plus touchés qu'ailleurs au Canada. Au 15 des députés. J'ai avisé tantôt, la période des septembre dernier, 100 cas de sida chez les affaires du jour n'est pas terminée. Si vous avez femmes étaient recensés au Québec, ce qui des caucus, allez à l'extérieur de l'Assemblée, s'il représente 60 % du total canadien, soit de 166. vous plaît. M. le ministre, vous pouvez continuer. Trente-six enfants sur 50 au Canada étaient par ailleurs atteints de la maladie. Une voix: Ça prendrait des sièges éjecta- (15 h 20) bles. C'est donc dire que la bataille n'est pas gagnée et qu'il nous faut continuer de maintenir M. Côté (Charlesbourg): Chacun d'entre . une solide ligne de front. Évidemment, nous ne nous, M. le Président, doit assumer pleinement sa pourrons pas y arriver tout seuls. Déjà, beaucoup part de responsabilité pour contrer cette maladie. de citoyens et de citoyennes se sont mobilisés et Tant et aussi longtemps qu'un médicament regroupés autour d'organismes communautaires efficace ne sera pas trouvé, nos efforts doivent dont nous tenons à souligner aujourd'hui les porter plus que jamais sur la prévention. À cet efforts et leur implication. égard, beaucoup d'efforts ont été entrepris par le Notre personnel du réseau de la santé et gouvernement qui consacre cette année des services sociaux a également manifesté son 4 300 000 $ aux activités de prévention propre- appui solide dans la lutte contre la maladie et 92

certains établissements privés mènent un combat niveau psychologique. Pour ces personnes attein- acharné. L'ensemble des activités qui se déroule- tes, il faut leur reconnaître les mêmes droits ront demain au Québec constitue d'ailleurs une qu'aux autres membres de la collectivité aux manifestation éclatante de toute cette mobilisa- chapitres du respect de la vie privée, des soins tion. Plus que jamais, demain, Journée mondiale de santé appropriés et des revenus d'appoint. de la lutte contre le sida, les différents établis- Pour ces personnes qui sont atteintes, il faut que sements de la santé, de l'éducation et des notre société puisse leur garantir qu'elles ne services communautaires seront sur la place perdront pas leur emploi à cause de la maladie. publique et transmettront ce message, notre seule Bref, pour toutes ces personnes, nous devons arme contre cette maladie: Le sida, cela concerne nous montrer solidaires. Mais, M. le Président, il tout le monde et tout le monde doit se mettre à nous faut de plus, pour ces personnes qui ne l'abri en adoptant des comportements sécuritai- sont pas encore atteintes du virus, continuer et res. Nous tenons donc à appuyer fortement accentuer la sensibilisation et non seulement, toutes les manifestations qui se tiendront demain, comme je l'ai déjà dit, auprès des groupes le 1er décembre. Merci, M. le Président. considérés à risque. M. le Président, en terminant, nous savons Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le tous que la lutte au sida coûte cher. Elle aura ministre. M. le leader de l'Opposition. coûté 56 000 000 $ en 1987. À cet égard, il n'est pas de mon intention de faire de la politique M. Guy Chevrette partisane avec un dossier aussi pathétique. Le ministre l'a mentionné, son gouvernement a fait M. Chevrette: Merci, M. le Président. La certaines choses. Ce que je lui demande, c'est de Journée mondiale sur le sida a essentiellement s'assurer que son gouvernement fasse tout ce qui pour objectif de sensibiliser la population à cette est humainement possible pour soulager la grave maladie. En ce sens, la motion que nous souffrance de milliers de Québécois et pour débattons aujourd'hui témoigne très bien de éviter que cette terrible maladie ne progresse l'utilité de décréter une telle journée. Le sida trop rapidement. Merci, M. le Président. n'est plus la maladie des autres. À l'échelle mondiale, les chiffres sont tout à fait effarants. Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le L'Organisation mondiale de la santé estime que député. M. le député de D'Arcy-McGee. les 157 191 cas de sida déclarés au 1er juin 1989 pour les 149 pays sont inférieurs au nombre réel M. Robert Libman qui atteindrait, nous dit-on, le demi-million. Quant aux séropositifs, leur nombre oscillerait M. Libman: Merci, M. le Président. Le sida entre 5 000 000 et 10 000 000. Au Québec, il y demeure une épidémie mondiale et frappe au-delà aurait entre 8000 et 10 000 personnes séropo- des frontières, quel que soit l'âge, la nationalité sitives. Le nombre des personnes atteintes du ou le statut social. Malgré que nous jouissions, sida frise les 900, au Québec. Et, à cet égard, au Canada et au Québec, d'un niveau de vie nous nous situons au deuxième rang des provin- parmi les plus élevés, doublé d'un régime de ces canadiennes quant au nombre de cas par santé connexe, nous ne sommes toujours pas million d'habitants. immunisés contre ces ravages. Récemment, nous apprenions aussi que, dans Au Canada, à la fin de juillet de cette 111e de Montréal, une femme sur 400 qui accou- même année, 2853 sidéens ont été diagnostiqués chent a le virus du sida. Ce qui est clair, c'est et, de ce nombre, 1638, soit 58 %, ont trouvé la que nous devons cesser de parler de groupes à mort. Au Canada également, le Québec s'est risque pour parier de comportement à risque. Car classé après la Colombie-Britannique, au deuxième la contamination a maintenant franchi les rang, avec 830 cas. Actuellement, le nombre des frontières traditionnelles de ces groupes à risque sidéens double tous les 19 mois. Il y a cinq ans, pour s'attaquer à tous les groupes de la société. il augmentait tous les dix mois. C'est donc une Mais, M. le Président, au-delà de ces statisti- situation alarmante et inacceptable. ques, c'est le drame humain que vivent les La restructuration des services d'aide victimes qui doit retenir notre attention aujour- sociale et de santé, stipulée dans le sixième d'hui. objectif du dernier livre blanc du gouvernement, Pour que les personnes déjà atteintes du recommande la stabilisation immédiate de la virus gardent espoir, il faut intensifier les progression du sida d'ici l'an 2000. Nous, du recherches pour essayer de découvrir une médi- Parti Égalité, appuyons toutes les tentatives du cation capable de véritablement augmenter gouvernement actuel non seulement pour en l'espérance de vie et, si possible, guérir la freiner la progression, mais aussi pour trouver maladie. Pour ces personnes, il faut aussi huma- enfin une solution définitive à ce fléau mondial. niser les soins tout en reconnaissant qu'elles ont Parce que aucun moyen efficace n'a encore été le droit de décider elles-mêmes de leur traite- développé et à cause surtout de son caractère ment. Pour ces personnes qui sont confrontées à tragique, nous devons alors miser sur une la maladie, il faut favoriser l'entraide qu'offrent prévention éducative encore plus poussée. les groupes communautaires, particulièrement au Les dangers de transmission doivent être 93

clairement définis en vue de remédier à sa services sociaux, tels que les services hospita- progression et ils doivent être dévoilés à toutes liers, les traitements, les services de maintien à les couches de la société sans exception. Les domicile, de familles d'accueil et de support experts ont déjà déterminé les dangers de psycho-social aux personnes touchées par la contagion: tout contact sexuel avec une personne maladie. porteuse du sida, le partage des seringues, la (15 h 30) contamination du foetus par la mère lors de la À l'échelle provinciale, le ministère inten- naissance et de l'allaitement, tranfusion sanguine sifie ses programmes de prévention et d'informa- infectée. tion auprès de la population. Malgré l'impor- Alors, en conclusion, nous combattrons le tance du problème, il faut se rappeler que cette sida uniquement si les personnes impliquées maladie est évitable et tout est mis en oeuvre, collaborent entièrement avec les agences en non seulement pour apporter l'assistance néces- place qui devraient être en mesure de dépister saire à ceux-là qui sont déjà aux prises avec la les cas positifs en vue d'identifier et de modifier maladie, mais pour que chacun de nous adopte les habitudes à risque. Par ailleurs, la confiden- des comportements pouvant faire échec à cette tialité et les droits individuels de chaque individu épidémie. Il en va de la santé de toute la devront être scrupuleusement respectés. Merci, population québécoise. M. le Président. Je vous remercie, M. le Président.

Le Président: Je cède maintenant la parole Le Président: Je cède maintenant la parole à M. le député de Taschereau. à M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.

M. Jean Leclerc M. André Boulerice

M. Leclerc: Merci, M. le Président. J'aime- M. Boulerice: M. le Président, vous voudrez rais me joindre à ceux qui m'ont précédé pour bien me permettre d'ajouter ma voix et, sans appuyer la motion du ministre de la Santé et des texte, d'y aller ad lib. J'aimerais d'abord féliciter Services sociaux et souligner la deuxième journée M. le ministre de la Santé et des Services mondiale du sida dont le thème, cette année, est sociaux d'avoir repris cette année cette proposi- "Le sida et les jeunes". tion, cette motion, dis-je plutôt, que je présen- Des journées comme celle-ci sont très tais à l'Assemblée nationale l'an dernier. Vous importantes. Elles permettent de nous arrêter et comprendrez qu'il est quand même agréable, de réaliser davantage que cette épidémie nous quoique le mot dans le contexte puisse porter à lance un défi de taille. Ce n'est pas toujours confusion, de parler après mon collègue, le facile de regarder les choses en face et de voir leader de l'Opposition, qui a été le premier que le sida, ça n'arrive pas qu'aux autres. Dans ministre de la Santé au Québec à reconnaître un la seule région de Québec, par exemple, 89 organisme communautaire voué à la lutte contre personnes ont, jusqu'à maintenant, été atteintes le sida, le Comité C-SAM à Montréal, qui a été de la maladie. L'on ne connaît pas encore le premier des ministres de la Santé à accorder exactement l'ampleur du problème, on reconnaît les fonds nécessaires à l'hôpital Saint-Luc de cependant que le nombre de personnes porteuses Montréal, un hôpital universitaire spécialisé en du virus est beaucoup plus important. immunologie. Devant ce grave problème, le gouvernement M. le Président, s'il est malheureusement en du Québec a pris ses responsabilités et a mis en cette Chambre un député qui est profondément place une série de mesures qui visent à prévenir touché par cette grave pandémie, c'est bien le et à contrôler l'épidémie. Dans la région de député de Sainte-Marie-Saint-Jacques puisque, je Québec, près de 600 000 $ ont été injectés; un ne vous le cacherai pas, malheureusement trop de réseau sentinelle de prévention et de dépistage mes concitoyens et de mes concitoyennes ont été anonyme est offert par des médecins, soit de atteints et en sont morts. Cela fait que c'est cliniques privées, d'unités de médecine familiale toujours pour moi de plus en plus difficile d'en dans les centres hospitaliers ou des CLSC. Ce parler puisqu'une très grande partie de ces réseau offre aussi un service de "counsel ling" personnes, de ces hommes et de ces femmes qui pré et post-test. L'organisme communautaire sont décédés de cette maladie, étaient bien plus MIELS-Québec est aussi très actif dans la région • que des concitoyens et des concitoyennes, ils et offre des services de prévention et de support étaient d'abord et avant tout des amis. aux personnes atteintes. M. le Président, je ne ferai pas, moi aussi, Je tiens à souligner l'excellent travail de le procès de ce qui a été fait et que je pourrais MIELS-Québec qui dirige également une maison peut-être juger avoir été mal fait, de ce qui n'a de transition pour personnes atteintes. Une ligne pas été fait et que je pourrais peut-être dénon- 800 offre, sans frais, à tous les résidents du cer. Je pense que la dernière conférence interna- Québec, l'information sur le sida. Le ministère de tionale qui s'est tenue à Montréal et à laquelle la Santé et des Services sociaux soutient finan- j'ai participé nous a donné des pistes. Et, cièrement tous ces projets. Ceci s'ajoute aux notamment, une très intéressante, puisqu'elle a services offerts par le réseau de la santé et des été une manifestation passablement remarquée 94

au cours de cette conférence, a été la place que Le Président: Le débat étant terminé, est-ce tenaient à prendre les personnes atteintes pour, que cette motion présentée par M. le ministre de non pas uniquement centrer le débat sur la la Santé et des Services sociaux soulignant la recherche et les autres objets connexes, mais Journée mondiale de lutte contre le sida est bien sur les conditions d'existence dans lesquel- adoptée? les, malheureusement, vivent les personnes atteintes, qui sont: l'indifférence, l'isolement et Des voix: Adopté. très souvent, malheureusement, le mépris né de l'ignorance de cette maladie que peuvent avoir Le Président: Adopté. Il n'y a pas d'autres bien de nos compatriotes. motions sans préavis. Il n'y a pas d'avis touchant J'aimerais, M. le Président, sur ce sujet les travaux des commissions. très précis, assurer M. le ministre de la Santé et Est-ce qu'il y a des demandes de rensei- des Services sociaux que s'il veut entreprendre gnements sur les travaux de l'Assemblée? Ceci des actions, il pourra toujours compter, à . met donc fin à la période des affaires couran- quelque instant que ce soit, sur la collaboration tes. du député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Déjà, nous avons, à notre actif, dans ce petit coin de Reprise du débat sur le discours ville plusieurs réalisations dont la maison Vali- d'ouverture et sur les trois quette. C-SAM, certes, subit actuellement une motions de censure crise de croissance mais dont je suis certain que les problèmes seront réglés très bientôt pour le Nous allons maintenant procéder aux bénéfice des personnes atteintes et de cette affaires du jour. Nous allons procéder aux éducation populaire que nous voulons faire. affaires prioritaires et à la reprise du débat sur J'ai apprécié les remarques de mon collègue, le discours d'ouverture prononcé par le premier député de Taschereau, quant à la très grande ministre le 28 novembre dernier et sur les expertise et au profond engagement de MIELS- motions de censure du chef de l'Opposition Québec qui, déjà, fait beaucoup. Il faudrait officielle, du whip de l'Opposition officielle et du surtout ne pas oublier IRIS à Sherbrooke qui a député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Je vais su se tailler une place et qui oeuvre en Estrie et maintenant reconnaître, comme premier inter- un tout nouveau groupe qui est formé aujour- venant cet après-midi, M. le député de D'Ar- d'hui. Ma collègue, la députée de Chicoutimi a cy-McGee. quitté justement l'Assemblée nationale il y a quelques minutes pour le lancement de cet M. Robert Libman organisme qui va oeuvrer dans la région du Saguenay et du Lac-Saint-Jean. M. Libman: Merci, M. le Président. Premiè- M. le Président, vous me permettrez, en rement - je veux ajouter un mot - à notre terminant, tout en rappelant de nouveau au grand étonnement, une nouvelle a circulé à ministre ma plus entière collaboration, d'indiquer l'effet que le chef du Parti Égalité aurait traité à tous mes collègues de l'Assemblée nationale, le chef de l'Opposition de traître. Le chef du qu'ils soient ici présents en cette Chambre ou Parti Égalité n'a jamais prononcé de telles qu'ils écoutent dans leur bureau ainsi qu'aux paroles. compatriotes qui, par le truchement de la M. le Président, j'aimerais bien souhaiter la télévision des débats, peuvent entendre mon bienvenue aux nouveaux élus qui représentent message: Durant la période de Noël, un groupe majoritairement les autres formations politiques bénévole, animé par - vous m'excusez du pléo- dans cette Chambre. Je voudrais aussi profiter de nasme - des animateurs de la radio communau- cette occasion pour remercier tous les électeurs taire de l'Université McGill, vont faire une visite et électrices de la circonscription de D'Arcy- des hôpitaux où se trouvent des personnes McGee pour la confiance qu'ils m'ont témoignée atteintes afin de leur remettre un petit cadeau pour prendre la relève d'hommes comme Victor de Noël afin que cette journée soit également, Goldbloom et Herbert Marx, comme député. pour ces personnes, une journée de réjouissance. I would like to take this opportunity to Ceux à qui le coeur le dit et ceux qui nous thank the electors of D'Arcy-McGee who had the écoutent peuvent déposer un cadeau à mon courage to vote for a new party, who had the bureau de circonscription, au 1889, rue Amherst, courage to put their confidence behind me to angle Ontario; et pour mes collègues ici, de cette play the role as their member of the Assembly Chambre, dont je n'ai jamais douté de la généro- Assembly for the next four years. sité, c'est au deuxième étage, le bureau 2.42, où Je voudrais d'abord exprimer les sentiments je serai très heureux, avec ce groupe de bénévo- de fierté et d'honneur que nous éprouvons, les, de les remettre en disant que c'est un geste moi-même et mes collègues du Parti Égalité, à de solidarité, un geste chaleureux de mes col- l'idée de participer avec vous au processus lègues de l'Assemblée nationale qui sont très législatif de la 34e Législature de l'Assemblée sensibles à la douleur que vivent ces personnes nationale. et surtout les familles et les amis qui les entou- L'Assemblée où nous siégeons présentement rent. Je vous remercie, M. le Président. date, rappelons-le, d'environ 200 ans, ce qui en 95

fait l'une des plus anciennes assemblées législa- must remain an integral part of a strong and tives démocratiquement élues au monde et c'est unified Canada. Le Québec devra rester toujours quelque chose dont tous les Québécois et Québé- une partie intégrale d'un Canada fort et uni. coises ont raison d'être fiers. This clear message would guide our party in The next four years would be the most defining any balance between our two cultures. crucial in the history of this provincial Legisla- Aujourd'hui, dans la même mesure où le ture. There are difficult questions confronting Québec français est différent de ce qu'était le us. What should be the status of Québec within Québec il y a 30 ans, le Québec anglais aussi est the frame work of the nation of Canada? différent. Les deux ont profondément changé. Le We, of the Equality Party, believe implicitly changement consiste en ceci: La majorité des in a strong Québec within a unified Canada. It is . anglophones et des allophones, en 1989, ont to that end that the voice of the Equality Party accepté le fait français, la réalité française du will be heard within these walls. A voice for Québec. Près de 60 % des anglophones du Québec Québec within the federation of the nation of sont aujourd'hui bilingues. Près de 20 000 de nos Canada. enfants sont inscrits en classe d'immersion (15 h 40) française. Un grand nombre d'entre nous travail- Can Québec continue to preserve and lons presque exclusivement en français. Il est promote its distinct identity within a Canadian clair, irréfutable que les anglophones du Québec context? Can this be done without the suspend- non seulement acceptent mais participent au fait ing individual rights and freedoms? And if it français et le supportent. cannot, is the only viable means to protect the We have adapted to, we have accepted the French culture is the protection that the boun- french fact. This is indisputable. The focus for daries of an independent nation may provide? any future dialogue therefore is clear and much These are the decisions that will surface in the more sensitive and open than it ever was in the next four years. past. Once the proper balance between promoting Le Québec est l'une des communautés les the French language and culture and individual plus riches, l'une des communautés les plus rights is struck, respected for and adherence to singulières du continent nord-américain. Et l'une that balance must become entrenched in the des choses qui font que le Québec est unique, hearts, minds and souls of all Quebeckers. It will singulier, distinct, riche, attachant, c'est la be this balance that will form the foundation for culture et la langue françaises, la vitalité, le a new social contract between 's two dynamisme de cette culture et de cette langue. founding peoples. Cependant, la grandeur que le Québec And, for the first time, the floor of the pourra atteindre dépendra de quelque chose ' National Assembly will serve as the forum for qu'aucune langue ne peut donner. Ce quelque discussing the conditions of this new social chose qui donne la grandeur aux sociétés, c'est contract between the two founding peoples of le respect que la majorité de cette société porte Québec. In these discussions, the Equality Party aux droits et aux libertés des individus et des will enunciate a vision of Québec and Canada groupes minoritaires qui la composent. that is fundamentally different than either of the La majorité française du Québec est aussi two parties that occupied 121 of the 125 seats in une minorité. Elle est une minorité à l'intérieur this House. de l'ensemble canadien et plus encore, dans M. le Président, le premier ministre du l'ensemble du continent nord-américain. On le Québec parle de trois niveaux en ce qui concerne sait, toutes les minorités, par définition, ont des la protection constitutionnelle de la langue besoins spécifiques et nécessitent une attention française au Québec. Premièrement, l'article 1 de spéciale. Les Législatures devront toujours la Charte canadienne des droits et libertés, donner priorité à la protection, à la promotion et c'est-à-dire la clause des limites raisonnables; à la sécurité des cultures minoritaires. deuxièmement, la clause de la société distincte, In light of recent events, the challenge qui n'est pas encore réalisée; troisièmement, la again presents itself. We must find that fine clause "nonobstant". line, that middle-ground between two competing Le chef de l'Opposition officielle propose and legitimate interests: protection of the French un quatrième niveau de protection: l'indépendance language and culture on one side and individual du Québec. rights on the other. Je vais maintenant examiner ces quatre That precious line, once found, must never niveaux de protection qui représentent différen- be crossed. Crossing it, has dire implications for • tes visions du Québec et du Canada. Je vais les Québec and for Canada. examiner à la lumière des trois pierres angulaires The vision of the Equality Party is repre- du Parti Égalité. sented by a three cornerstores. Les trois pierres Premièrement, la clause "nonobstant". Une angulaires du Parti égalité: 1. is the respect for charte des droits et libertés proclame des all citizens' fundamental rights and freedoms. Le principes universels, des principes que tout être respect des libertés fondamentales de chaque humain peut faire siens, quels que soient sa individu. 2. the important benefits of bilinguism. langue, sa religion, sa race, sa profession, son L'importance du bilinguisme. And 3. that Québec métier, son âge, son sexe, etc. Une charte des 96

droits et libertés garantit à tout individu les Is the independence of Québec the answer? droits civils, les droits à l'égalité et les libertés One of the three cornerstones of the Equality fondamentales. Ils sont inaliénables et ne doivent Party is that Québec remain an integral part of en aucune façon dépendre de la volonté des gou- a strong and unified Canada. Independence will vernements, de l'humeur d'une époque, des grou- not be the saviour of the French fact. On the pes de pression ou des pressions de la majorité. contrary, it will lead, as far as we are con- Ainsi, la liberté de conscience, la liberté d'ex- cerned, to the demise of Québec. We will suffer pression, la liberté d'association, le droit à la irreparable harm, economically, socially and vie, le droit d'être présumé innocent et bien culturally. Canada will loose without Québec d'autres droits et libertés ne peuvent être violés and Québec will suffer miserably without Cana- et les plus hautes cours du pays les garantissent. da. Ils appartiennent à chacun et chacune. Les dernières trente années ont vu la It is a Charter of Rights that identifies and croissance et l'épanouissement de la langue protects freedom for every person. Many feel, française, sa pénétration en profondeur dans le however, that the final authority for the validity monde des affaires, sa pénétration en profondeur of legislation should be elected politicians. dans les arts et dans la politique. Ces progrès, Therefore, where constitutionally entrenched tous ces progrès se sont faits à l'intérieur du Charters of Rights exist, a device such as the fédéralisme canadien. Ces progrès ne doivent rien notwithstanding clause is made available to a au vandalisme. Ils ne doivent rien non plus à des government to pass legislation that may other- lois répressives sous prétexte de protéger la paix wise contravene a charter. sociale, une paix sociale que seule l'injustice ou Mais tout se passe donc comme si nous l'hostilité entretenue entre groupes met en n'avions pas de chartes des droits et libertés. On danger. Ces progrès ne sont pas dus non plus peut suspendre ces droits et ces libertés à aux restrictions linguistiques comme celles volonté. Il y a une clause dérogatoire dans les imposées par certains articles de la loi 101. Ces deux chartes. Elles permettent de passer outre progrès sont dus à la fierté profonde, naturelle, aux libertés fondamentales, aux droits fondamen- innée des Québécois et des Québécoises. Ils sont taux. Ces clauses "nonobstant", québécoise comme dus à leur volonté séculaire d'exercer leur droit canadienne, permettent de violer, de suspendre d'être francophones dans une perspective dyna- des libertés ou des droits aussi fondamentaux que mique et constructive. la liberté d'expression, la liberté d'association, la M. le Président, l'indépendance du Québec liberté de conscience et de religion, les droits à résoudra-t-elle la question linguistique? Nous l'égalité, la liberté de presse, le droit d'aider un posons la question. Est-ce que la protection groupe défavorisé, le droit à la présomption naturelle que donneront les frontières d'un pays d'innocence; même le droit à la vie, même le indépendant permettrait d'établir dans la popula- droit à la protection contre les traitements tion ce sens de la sécurité culturelle à laquelle cruels ou inusités peuvent être suspendus. une large portion de cette population aspire? Et Les individus, les groupes, les professions, surtout, surtout, est-ce que les représentants de les minorités sont à la merci des gouvernements, la majorité linguistique au Québec pourront alors sont à la merci des pressions de toutes sortes se sentir suffisamment en sécurité pour restaurer auxquelles les politiciens sont toujours soumis. dans leur intégralité les libertés individuelles qui Ces clauses dérogatoires rendent les protections pourraient encore avoir été suspendues d'ici la? légitimes, normales, sur lesquelles tous les Tous les habitants de tous les pays indépendants citoyens du Québec, comme du Canada, devraient du monde ont-ils nécessairement le sentiment pouvoir compter, ces clauses dérogatoires, ces d'être libres? D'être en sécurité? L'indépendance clauses "nonobstant" rendent ces libertés fon- d'un pays est-elle une formule infaillible ou damentales et ces droits nuls. Une société qui ne magique? se préoccupe pas de garantir ces libertés et ces Separation is a risk that cannot be taken. droits à tous les citoyens est une société qui Events of the last 18 months have indicated that s'expose à de grands dangers. if the independence option is chosen, individual The presence of the notwithstanding clause freedoms and minority rights would be com- in our Charters of Rights and Freedoms, which promised even more. We have to look no further can be invoked at any time, is as if we do not than statements that have been made by both of have a Charter of Rights and Freedoms at all. the other parties in this House. One party brags Today then, in Québec as well as across the rest of suspending fundamental rights; the other of Canada, a dangerous situation exists that complains that these measures do not go far demands - it demands - the immediate abolition enough. of the notwithstanding clause. All Canadians However, the danger does not lie with the must demand its removal. We must have a valid people of Québec; with or without the Meech Charter of Rights and Freedoms that protects all Lake Accord - which I will speak of people. shortly - the people of Québec still love Canada, Il nous faut une véritable charte des droits still want to remain Canadian citizens. The et libertés qui protège tout le monde. percentage of Quebeckers who want our province (15 h 50) to leave Confederation will always be a minority. 97

The worry is not one that is dedicated to any Si le premier ministre est tellement fidèle à sentiment of attributed to the population. l'accord du lac Meech, il doit trouver un terrain That there has been a perceptible shift in d'entente. On n'a qu'à consulter les documents the Liberal Party away from feralism - this is a officiels du Parti libéral lui-même. Et j'ai ici une real danger. Just in the past few weeks, we have copie du programme électoral du Parti libéral de witnessed a move in the Liberal caucus, not only 1985: "Maîtriser l'avenir". Les exigences du towards nationalism... but towards independence. Parti libéral pour une réforme constitutionnelle y Le Parti libéral, ce parti dont les membres sont très clairement exprimées. Voici, à titre élus forment la majorité dans la présente Légis- d'exemple, et je cite: "II est grand temps que la lature, le Parti libéral sera-t-il fidèle à sa loi constitutionnelle reconnaisse explicitement le propre philosophie? L'article 1 de la constitution Québec comme le foyer d'une société distincte du Parti libéral nous donne une idée de ce que par sa langue, la culture, l'histoire, les institu- pourrait être le libéralisme, et je cite: "II est, tions et le vouloir vivre de sa population. Un tel par la présente constitution, formé un parti énoncé, selon nous, doit se retrouver dans un politique voué à la promotion du développement préambule à la nouvelle Constitution". Fin de la économique du Québec et de la justice sociale citation. au sein de la fédération canadienne, et composé M. le Président, si le premier ministre de personnes qui professent la liberté de l'indi- désire vraiment, s'il souhaite vraiment sauver vidu, la protection des droits des individus et l'accord du lac Meech, pourquoi doit-il avertir, des libertés civiles." comme il a fait mardi après-midi: "une erreur M. le Président, in December 1988, the historique aux conséquences imprévisibles" au lieu Liberal Government invoked the notwithstanding d'être à la hauteur de l'homme d'État qu'il est clause, suspending freedom of expression and capable d'être et reconnaître des amendements à equality guarantees as expressed in the Canadian l'accord qui doivent au moins être apportés, et and Québec Charters. In doing so, the leader of tout spécialement en ce qui concerne la protec- the Québec Liberal Party disregarded three tion des droits et des libertés de l'individu? unanimous court decisions - decisions rended by C'est lui... no less than eleven judges - eight from Québec. Could a political party representing true liberal Le Président: Je m'excuse, M. le député de philosophy, as I have just outlined in their D'Arcy-McGee. Puisque nous avons déjà 20 constitution, commit such an act? Could they minutes qui se sont écoulées depuis le début de suspend fundamental freedoms? The Liberal votre intervention, ça me prendrait le consente- Party, the true Liberal Party has abandoned its ment de l'Assemblée pour poursuivre au-delà du own Constitution. They have abandoned their temps permis. Est-ce qu'il y a consentement? very own principle of liberalism. Alors, la question doit être posée. Le Des voix: Consentement. présent gouvernement éprouve-t-il un lien étroit, une attache forte au reste du Canada? Au fur et Le Président: Consentement. M. le leader à mesure que nous nous rapprocherons du mois adjoint de l'Opposition. de juin 1990, date à laquelle l'accord du lac Meech sera ou ne sera pas ratifié, la réponse va M. Gendron: Je n'ai pas d'objection. Un devenir de plus en plus claire. Du moins, espé- instant, M. le député de D'Arcy-McGee. Je n'ai rons-le. Quoi qu'il en soit, contrairement à ce pas d'objection. On a eu l'occasion de s'en qui se passait jusqu'ici avant le 25 septembre parler. Cependant, il faudrait que les parlemen- 1989, il n'y aura pas seulement ce parti de taires ainsi que la présidence considèrent qu'il fédéralistes mutants, comme d'autres dans cette s'agit là d'un consentement très spécifique, très Assemblée l'ont dit, pour représenter la vision ad hoc pour la circonstance. Et, il me semble canadienne à l'Assemblée nationale. Une voix quand même que le consentement devrait se fera entendre son soutien non équivoque à la limiter un tant soit peu... On avait convenu vision fédéraliste: celle du Parti Égalité, une voix d'une dizaine de minutes de plus, cinq minutes forte, une voix vraie en faveur du Canada et du de la formation du parti ministériel et cinq lien canadien. minutes de l'Opposition. Donc, le député de If the is not ratified by D'Arcy-McGee pourrait bénéficier de dix minutes all ten provinces by June 1990, certain voices .. additionnelles. from within the Liberal caucus have insinuated that other avenues will have to be explored. Le Président: Alors, très bien. Effective- Now, what does this mean? If the Liberal ment, ce consentement, puisque je le requiers, Government is so committed to federalism, c'est donc qu'il est ad hoc pour la situation certainly the Premier of this province can find présente. Vous pouvez continuer, M. le député de common ground that will satisfy his five D'Arcy-McGee. demands. They are not unreasonable demands, but they are unacceptable in the form expressed in M. Libman: Merci, M. le Président. Comme the Meech Lake Accord, which must be rejected j'ai dit, c'est lui-même, M. le Président, le if major amendments are not made. premier ministre, dans sa propre documentation 98

en 1985 qui a exprimé que la reconnaissance du démontrer dans le cadre d'une société libre et Québec comme société distincte doit se retrouver démocratique." dans un préambule à la nouvelle constitution. S'il En vertu de l'article 1 de la charte cana- n'est pas prêt à effectuer des amendements, alors dienne, le gouvernement du Québec peut passer l'accord doit être purement et simplement rejeté. des lois avec l'intention de renforcer le fait (16 heures) français, la vitalité et la prédominance de la If the Premier of this province wants to langue française, mais sans outrepasser cette save the Accord, if he wants to show his ligne, cette précieuse ligne d'équilibre au risque commitment to the Accord and federalism, is he ' de mettre en danger les droits des individus ou prepared to support an amendment to the Accord d'encourager la population elle-même à les that will protect all of the Charter from the négliger, voire à les mépriser. Il n'existe pas de influence of the distinct society clause? société au monde pour laquelle franchir cette He himself mentioned, in his opening speech ligne ne soit pas dangereux. here on Tuesday, that the distinct society clause Les nationalistes disent que la seule façon does not permit the suspension of any article of de sauvegarder le français au Québec est la the Charter. He should therefore have no suspension ou la restriction des droits des objection to extend Section 16 of Meech Lake to minorités. protect not only Sections 25 and 27 of the Croyez-vous que ce soit juste que ma Canadian Charter from the effects of the dis- langue soit interdite chez moi? Croyez-vous que tinct society clause, but all of the Charter as ce soit juste que l'on doive la cacher? Croyez- well. vous que ce soit justice pour nous que des Or is he ready to adopt the recommenda- mesures restrictives soient prises pour l'effacer tions that his own party has set out in their de la surface du Québec, comme l'article 58 de la 1985 Party program "Maîtriser l'avenir" such as loi 101 et la loi 178? Les francophones du putting recognition of Quebec's distinct society Québec, comme tous les francophones du Canada, in a preamble? Is he ready to revoke Bill 178 devraient être les premiers à le comprendre and advocate the removal of the "notwithstand- parce que eux aussi ont connu l'hostilité et la ing" clause from the Charters? It was this répression linguistique. action, his own use of the "notwithstanding" La disparition, l'effacement, la non-visibilité clause to pass Bill 178, that has created a des autres, de ceux qui sont différents de nous backlash in the rest of Canada. - ne règle rien, ne résout rien, ne protège rien. Il All Québec citizens, English and French, n'existe qu'une façon de se défaire d'un étran- must have answers to these questions. We must ger; toutes les autres façons ont lamentablement all know wether we are being governed by a échoué dans l'histoire. Il n'existe qu'une seule Liberal Party committed to Québec remaining façon de se défaire d'un étranger et c'est within Canada. d'apprendre à le connaître. Il faut construire, Otherwise, the Equality Party MNAs, the construire ensemble. Il ne faut pas démolir. four of us, as duly elected representatives of one Il est vrai qu'il existe en Amérique du Nord of the major components of what our Premier 250 000 000 d'individus qui parient anglais. Et il calls the fundamental characteristic of Canada, est vrai que la population francophone compte we will shout from the rooftops that the Meech pour seulement 2 % dans cet immense ensemble. Lake Accord must be rejected. Mais cette communauté peut-elle comprendre que La ratification de l'accord du lac Meech, nous, la communauté anglophone du Québec, ne comme telle, constituerait sans le moindre doute formons qu'un minuscule 0,2 % dans tout ça? une erreur historique aux conséquences imprévi- C'est ça, la réalité. Il faut comprendre. Nous ne sibles. sommes pas, nous, anglophones du Québec, une Alors, qu'est-ce que le Parti Égalité con- majorité en Amérique du Nord; nous formons une sidère comme une protection constitutionnelle minorité, comme vous, plus petite même. Où adéquate à l'endroit de la culture et de la langue habitent les 250 000 000 d'anglophones d'Améri- française au Québec? que du Nord? Chez nous? Ici? Non, pas chez Le programme de notre parti dit clairement nous. Nous sommes une minorité ici aussi. Le et sans équivoque que le Parti Égalité s'engage Québec est aussi notre foyer, comme vous. C'est sans aucune ambiguïté à promouvoir la vitalité de . ici que nous vivons. Nous ne vivons pas à la langue française. Cependant, il doit y avoir un Chicago, nous n'avons pas nos racines à Sudbury équilibre juste, approprié entre cette promotion ou à Toronto, mais ici. Nous sommes Québécois et le respect des droits individuels. aussi. Le Parti Égalité croit fortement que la L'article 1 de la Charte canadienne des ligne d'équilibre, la ligne juste se trouve dans droits et libertés nous indique le chemin, la voie l'article 1 de la Charte des droits et libertés, et à suivre, et nous permet de promouvoir le je cite cet article: "La Charte canadienne des français, de le promouvoir sans éliminer d'autres droits et libertés garantit les droits et libertés langues. Cette perspective, si elle est bien qui y sont énoncés. Ils ne peuvent être restreints comprise de part et d'autre, peut donner lieu à que par une règle de droit, dans des limites un exercice enrichissant, agréable, excitant, raisonnables et dont la justification puisse se créateur, passionnant, qui nous fera réaliser 99

combien nous avons en commun! . unity of our country, which are the three Le gouvernement du Québec a en sa posses- cornerstones of the Equality Party, le Parti sion tous les moyens, tous les fonds nécessaires, Égalité. Merci, M. (e Président. toute l'autorité et toute la légitimité nécessaires pour promouvoir le français et il n'a pas besoin, Motion de censure absolument pas besoin de la loi 178 pour le faire. On n'a pas à choisir entre la charte des Je veux présenter une motion. I wish to droits et la langue française. On peut être present the following motion, Mr. Speaker: In amoureux des deux. view of its disregard for the fundamental rights Je demande, M. le Président, que le premier and freedoms of individual and minority groups ministre du Québec voie à assurer à la langue within Québec, the National Assembly condemns française et au Québec un avenir rayonnant, dans the Government for its failure to respect the la fierté et la dignité, en respectant la minorité Canadian and Québec Charters of Rights and anglophone et les communautés culturelles et en Freedoms. Merci, M. le Président. exigeant du Canada qu'il respecte aussi ses (16 h 10) minorités francophones et ses communautés Le Président: Nous allons maintenant culturelles. poursuivre le débat avec l'intervention de M. le So, in conclusion, M. le Président, the ministre de la Main-d'Oeuvre, de la Sécurité du Equality Party feels that stripped of its over revenu et de la Formation professionnelle. ride provision, the Canadian Charter of Rights and Freedoms offers a viable, workable formula M. André Bourbeau that recognizes the French fact in Québec and Canada. The Charter, with its reasonable limit M. Bourbeau: M. le Président, vous me clause, enables the Government to protect, permettrez, dans un premier temps, de vous promote, and enrich the French language and offrir mes félicitations et celles des électeurs de culture in Québec, while maintaining Quebec's la Montérégie pour la nomination dont vous avez Canadian identity. But it does not allow the fait l'objet à titre de président de l'Assemblée Government of the day to perform in a manner nationale. En tant que ministre responsable de la that crosses that fine line, that fine line that Montérégie, je dois dire que nous sommes protects the rights of an individual human being. particulièrement fiers d'avoir un président de Il est temps de construire un pont entre l'Assemblée nationale issu de cette région. Je toutes les communautés culturelles et ethniques crois bien que vous êtes le premier président à du Québec. Il est grand temps de voir à ce que accéder à de tels honneurs et nous en sommes chaque groupe, chaque individu se sente chez lui tous très fiers. ici et partout au Québec. Le Parti Égalité Vous me permettrez également de remercier représente et respecte tous les Québécois et les électeurs du comté de Laporte qui m'ont toutes les Québécoises, peu importe leur origine renouvelé leur confiance pour une troisième fois. linguistique ou culturelle. Nous ne sommes pas un J'espère bien pouvoir faire honneur à cette parti des Anglais non plus. Nous sommes un parti confiance qu'ils m'ont témoignée. pour tout le monde. M. le Président, pour peu que l'Assemblée By reconciling our differences and finding nationale traduise les préoccupations véhiculées common ground, we will send a message not only lors de la dernière campagne électorale, nous to the rest of Canada but to the world, to see devrions abondamment parler de la formation how these two historical solitudes, the English professionnelle de la main-d'oeuvre au cours des and French Québec, together, with a rich mosaic prochains mois. of all cultural communities, worked out our En effet, la question de la qualification des differences. Today should be a new beginning. travailleurs qui, à certaines occasions, fut mêlée Aujourd'hui peut être le commencement d'un à la macédoine électorale a, cette fois, émergé temps nouveau. clairement des programmes politiques au point de This is how Québec will once again draw constituer un enjeu important de la dernière tourism, vitality and foreign investment. It will élection. D'aucuns diront que ce n'est pas trop be by opening our borders, opening our arms tôt, mais enfin, les deux principaux partis instead of closing them off, by creating a politiques représentés en cette Chambre recon- comfortable social climate that we will once naissent la nécessité et même l'urgence de again re-establish ourselves on a level playing relever le niveau de compétence de la main- field with major economic centers elsewhere in d'œuvre québécoise. Canada. Bien sûr, nous allons nous "coltailler" sur le It is time, then, that we take the advice of choix des moyens. Le propre de l'Opposition, the Liberal Party's own platform and recognize c'est de chercher des "bibites", de dire qu'on Québec as a distinct society in a preamble to n'agit pas assez vite, qu'on ne va pas suffisam- Canada's Constitution, which can form the basis ment en profondeur, bref, que les moyens of a new accord that brings Québec back into retenus par le gouvernement ne permettent pas the constitutional family and does not sacrifice d'atteindre le meilleur des mondes, ce concept individual freedoms bilingualism and the national merveilleux qu'on imagine avec tant de facilité 100

quand on n'est pas au pouvoir. Je ne dis pas qu'il faut couper les vivres Mais par-delà ces prises de bec coutumières aux chômeurs et aux prestataires de la sécurité à toute joute parlementaire, il faut se réjouir de du revenu. Le besoin de les intégrer au marché l'importance qu'accaparera le sujet de la forma- du travail conserve toute sa pertinence. Mais H tion professionnelle dans les travaux de l'As- est essentiel de faire plus pour les personnes en semblée nationale. emploi. Le discours inaugural qu'a lu le lieutenant- Cela devient encore plus évident dans le gouverneur, mardi dernier, reflète en tout cas la contexte du développement technologique. Les priorité que !e gouvernement entend accorder à études menées par le ministère de la Main- cette question. d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Je crois que, de part et d'autre de cette Formation professionnelle démontrent clairement enceinte, nous nous entendons sur le besoin que plus de 80 % des personnes affectées aux d'accroître les efforts de toute la société dans nouvelles tâches créées par l'implantation d'une le domaine de la formation professionnelle. Nous technologie sont des travailleurs de l'entreprise reconnaissons tous la nécessité d'un Québec recyclés dans ces nouveaux emplois. compétent, le seul qui puisse espérer à la Si on ne permet pas aux travailleurs de se prospérité économique et à l'équité sociale. perfectionner, de suivre l'évolution technologique, Tout le monde déplore un taux de chômage de se recycler périodiquement au rythme des qui a de la difficulté à se maintenir en deçà de mutations du marché du travail, on risque de les 10 %. Pourtant, une partie importante de ce taux "déqualifier", comme disent les gens du milieu, de de chômage est attribuable à l'incapacité des les rendre improductifs et, à toutes fins prati- personnes à accéder, à cause d'un manque de ques, incompétents. formation, aux milliers d'emplois disponibles. Il ne s'agit pas d'une menace théorique, du C'est ce que les économistes appellent "le cri d'alarme d'une personne "déconnectée". chômage structurel". Au-delà des mots, il y a la Combien d'entrepreneurs ont dû fermer boutique, dure réalité vécue par les chômeurs qui doivent incapables qu'ils étaient de satisfaire les exigen- se recycler, se perfectionner pour pouvoir aspirer ces de la concurrence ou de la modernisation des aux emplois plus techniques, plus spécialisés qui procédés de fabrication? Combien de personnes sont présentement en pénurie. Il y a aussi la sont mises à pied parce que leur entreprise a nécessité de prévenir les pertes d'emplois en trop longtemps repoussé la décision, inéluctable, permettant aux travailleurs, en entreprise, de de moderniser ses installations et ses méthodes demeurer compétents, c'est-à-dire d'être capables de travail. de suivre l'évolution de la technologie et des Face aux défis de la mondialisation de marchés. l'économie, le repli sur soi représente la pire des Quand on parle de la formation profession- stratégies. À cet égard, il est assez invraisem- nelle, on fait état d'un processus quasi-per- blable que deux grands partis politiques au manent qui permet à la main-d'oeuvre, en Canada aient mené une campagne contre le particulier les travailleurs en emploi, d'avoir la libre-échange avec les États-Unis. Ce qui se capacité de s'adapter aux changements constants passe dans les pays de l'Est présentement nous qui s'opèrent sur le marché du travail. C'est montre justement que la réalité d'un monde pourquoi, la participation des entreprises à cette ouvert finit toujours par s'imposer et qu'il ne formation continue revêt une importance primor- sert à rien de vouloir la nier, même avec la plus diale. grande fermeté. Il vaut mieux se préparer à Depuis de nombreuses années, l'essentiel des affronter la concurrence internationale que de se énergies déployées par le gouvernement du - cantonner dans un protectionnisme à courte vue. Québec et le gouvernement fédéral dans le Or, pour être en mesure de rivaliser dans domaine de la main-d'oeuvre est canalisé vers les une économie ouverte, c'est-à-dire de compéti- besoins des chômeurs. Tant au plan des budgets tionner avec les meilleurs au monde, il faut qui leur sont consacrés qu'à celui des program- investir davantage dans les ressources humaines mes en place, tout ou presque semble converger en emploi. Au premier chef, les entreprises vers l'aide aux personnes à la recherche d'un doivent prendre conscience de leur responsabilité emploi. à l'égard de la formation de leur personnel. À ce Réalisons simplement que les prestations chapitre, la performance de nos entreprises n'est d'assurance-chômage et de la sécurité du revenu guère reluisante. ou de l'aide sociale, si vous voulez, ver- Une enquête menée à travers le Canada par sées aux personnes aptes au travail représen- le ministère fédéral de l'Emploi et de l'Immigra- tent, au Québec, des déboursés de l'ordre de tion indique que seulement 14 % des entreprises 5 000 000 000 $ par année. Dans une très large québécoises offraient, en 1984, un programme de mesure, les 5800 fonctionnaires des centres formation organisé aux employés, comparative- d'emploi du Canada offrent, avant tout, de ment à 26,9 % en Ontario et 25,2 % dans l'en- l'aide aux chômeurs. De même, la part du lion semble du Canada. De plus, nos entreprises ont des 431 000 000 $ prévus à l'entente Canada- dépensé cette année-là, c'est-à-dire en 1984 Québec intitulée "La Planification de l'emploi" va toujours, 570 $ par participant à un programme aux personnes à la recherche d'un emploi. de formation contre 1100 $ en Ontario et 930 $ 101

dans l'ensemble du Canada. Malheureusement, on chaque problème suffit sa taxe. Pour notre part, ne dispose pas d'études plus récentes, mais on il nous semble, qu'au même titre que le gouver- peut facilement présumer que la situation n'a pas nement offre des incitatifs fiscaux pour l'achat changé significativement. d'équipements, il apparaît normal qu'il consente Dans le régime actuel, les personnes en aux entreprises et aux travailleurs des allége- emploi se trouvent doublement pénalisées sur le ments fiscaux applicables aux dépenses encourues plan de la formation professionnelle. D'une part, à des fins de formation. les fonds publics destinés à régulariser le marché Parlant de la réplique du chef de l'Opposi- du travail au Canada sont drainés massivement tion au discours inaugural, je dois absolument, vers les chômeurs. Ce biais est aggravé, d'autre M. le Président, relever l'une de ses affirmations part, par le sous-investissement des entreprises voulant que le déficit actuariel du Régime de québécoises dans la formation professionnelle. rentes du Québec atteigne le montant astronomi- (16 h 20) que de 130 000 000 000 $. Cela est totalement Si le gouvernement ne réagissait pas, le inexact, M. le Président, et j'ai la responsabilité Québec risquerait de s'acheminer vers un état de de rassurer la population sur notre capacité de sous-utilisation grave de sa main-d'oeuvre à payer dans les prochaines années le plein mon- cause d'un manque de compétence. À une époque tant des pensions prévues au Régime de rentes où tout le monde avance, la personne ou l'entre- du Québec. prise qui commet l'imprudence de rester sur J'ai déposé en cette Chambre, en juin place prend rapidement un retard considérable. Il dernier, une étude exhaustive, intitulée "L'ana- faut donc, M. le Président, inciter le secteur lyse actuarielle du Régime de rentes du Québec". privé à accroître son effort en formation profes- Cette étude démontre clairement que si nous sionnelle. Il faut que la formation fasse partie poursuivons la politique de notre gouvernement des conditions normales d'exercice d'un emploi, sur le mode de cotisation au Régime de rentes qu'elle s'inscrive tacitement ou formellement dans du Québec, nous allons disposer pour les 30 les liens d'affaires que peuvent établir un prochaines années et même au-delà, des sommes employé et son employeur. nécessaires pour respecter tous les engagements Les grandes entreprises, de façon générale, que nous contractons envers l'ensemble des ont parfaitement compris l'importance de la travailleurs du Québec qui doivent tous participer formation de leur personnel et elles y consa- au financement de ce régime universel. crent, pour la plupart, des ressources importan- À la fin de l'année 1989, la présente année, tes. Dans les petites et moyennes entreprises, la caisse du Régime de rentes du Québec s'élè- cependant, cette conception de la formation vera à 13 900 000 000 $. Ce montant est égal à professionnelle inhérente à l'emploi représente un plus de quatre fois le montant des prestations défi considérable. qui seront payées en 1990, soit 3 300 000 000 $. Très souvent, compte tenu des contingences Non, il n'y a aucun déficit présentement et je de la production, la petite entreprise ne dispose dois dire que nous avons pris et que nous pas des ressources humaines et financières prendrons les moyens pour qu'il n'y en ait pas requises pour offrir la formation sur place ou dans l'avenir. pour libérer des employés à des fins de perfec- Je rappellerai au chef de l'Opposition que le tionnement. Pourtant, il est absolument essentiel taux de cotisation au Régime de rentes du d'inculquer aux dirigeants des PME ce souci de Québec a été maintenu à 3,6 % de la masse la formation professionnelle, condition essentielle salariale pendant 20 ans, entre 1966 et 1986. à la capacité des travailleurs de s'adapter aux Depuis que nous sommes revenus au pouvoir, exigences du marché du travail. On a beau nous avons eu le courage et la prévoyance exhorter les entreprises à investir davantage d'augmenter les cotisations de deux dizièmes pour dans la formation de la main-d'oeuvre, ce réflexe cent par année afin d'être en mesure de respec- ne se développera pas d'instinct. ter les engagements du Régime de rentes et Dans un premier temps, il faut inventer des d'éviter de refiler des factures faramineuses à la mesures incitatives qui vont déclencher la prochaine génération. décision de former le personnel. Il faut aider les Je trouve pour le moins ironique que le entreprises à assumer la part qui leur revient chef de l'Opposition, qui n'a pas manifesté cette dans le perfectionnement de la main-d'oeuvre et sagesse quand il était au pouvoir, vienne parler les inviter à prendre le relais du système d'édu- maintenant du déficit du Régime de rentes. Je cation, une fois que les personnes sont en suppose que nous assisterons régulièrement à ce emploi. genre de démonstration dans les prochains mois, À cette approche incitative, le chef de puisque le passage dans l'Opposition semble l'Opposition officielle nous a rappelé hier qu'il représenter une occasion privilégiée de se préférait la solution d'une taxe sur la masse convertir. Il s'agirait, d'après ce que j'en salariale destinée à financer la formation profes- comprends, d'une sorte de chemin de Damas. sionnelle. Je ne ferai pas le débat tout de suite. Mais revenons, M. le Président, à la Nous aurons sûrement l'occasion d'y revenir M. question de la formation professionnelle. Avant le Président. Je me contenterai de dire que le d'ouvrir la parenthèse sur le Régime de rentes, chef de l'Opposition continue de croire qu'à je parlais des avantages fiscaux qui seraient 102

offerts aux entreprises et aux travailleurs afin Entre la simplification et l'exubérance, il y a une d'encourager les investissements en matière de marge, M. le Président, mais passons. formation. Le gouvernement fédéral est en train Il ne suffit pas cependant de réviser la d'établir une stratégie de mise en valeur de la fiscalité et de sensibiliser les employeurs pour main-d'oeuvre canadienne. Cette stratégie passe que les entreprises décident tout à coup, comme par la réforme de l'assurance-chômage et par par enchantement, d'investir dans les ressources d'importants ajustements budgétaires. Le problè- humaines. Nous devons également revoir les me, c'est que toute cette opération, dont l'enjeu programmes de formation et d'aide à l'emploi de est quelques milliards de dollars par année, se même que les modes de gestion de ces program- déroule en vase clos. mes. On est obligé de décortiquer le projet de Quand je rencontre les employeurs et les loi modifiant la Loi sur l'assurance-chômage pour travailleurs au sujet des mesures d'adaptation, un réaliser, par exemple, que le gouvernement mot revient sans cesse: complexité. Complexité fédéral s'octroie le pouvoir de puiser dans la due aux nombreux programmes détaillés qui caisse de l'assurance-chômage des centaines de nécessitent plusieurs formulaires et, parfois, millions de dollars pour financer directement des plusieurs démarches administratives. Complexité plans de formation dispensés, selon toute vrai- d'un régime multicéphale où les responsabilités semblance, par le secteur privé. S'agit-il d'une du réseau de l'éducation, du gouvernement tentative d'intrusion dans un champ de com- fédéral, du gouvernement du Québec et des pétence constitutionnel des provinces, celui de commissions de formation professionnelle peuvent l'éducation et de la formation professionnelle? s'enchevêtrer. Ce n'est pas le fouillis que Nous avons appris, par le discours sur le dénonce l'Opposition, mais il y a place pour budget fédéral, que le gouvernement fédéral davantage de simplicité, de souplesse et d'har- cesserait de contribuer au régime d'assurance- monisation. chômage qui sera désormais supporté en totalité Les entreprises et les personnes en emploi par les cotisations des employés et des sont généralement pressées. Elles n'ont pas le employeurs. Il ne s'agit pas d'une mince affaire temps de traverser les labyrinthes bureaucrati- puisque, pour l'année en cours, cela représente ques ou d'effectuer la tournée des programmes une économie de 2 900 000 000 $ pour le trésor avant de s'engager dans un processus de forma- fédéral. Le ministre canadien des Finances... tion. Dans ce contexte, la complexité de l'or- ganisation des programmes de main-d'oeuvre Le Vice-Président (M. Cannon): M. le représente un obstacle à l'accessibilité à la ministre. formation professionnelle. Comme les besoins sont plus criants que jamais, il est impératif de M. Bourbeau: Oui, M. le Président. simplifier nos procédés pour ouvrir nos portes au plus grand nombre possible de travailleurs. Le Vice-Président (M. Cannon): II ne vous Le ministère de la Main-d'oeuvre, de la reste que quelques secondes. Alors, si vous Sécurité du revenu et de la Formation profes- voulez bien conclure. sionnelle est donc engagé dans un processus de (16 h 30) simplification des programmes de formation M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que je professionnelle et d'aide à l'emploi. Nous avons pourrais demander à l'Opposition trois à quatre décidé de prendre le taureau par les cornes et de minutes pour terminer mon allocution, étant réviser de fond en comble nos programmes et donné qu'ils semblent intéressés par le sujet que notre façon de les administrer. je traite présentement? Sinon, M. le Président, Le ministère de l'Éducation a également je pourrais conclure... emprunté cette voie de la simplification. Il travaille présentement à instaurer un régime Le Vice-Président (M. Cannon): Est-ce que pédagogique propre aux adultes afin de mieux j'ai consentement, M. le leader adjoint de tenir compte des besoins des personnes en emploi l'Opposition? et des chômeurs qui veulent acquérir un métier ou développer une spécialisation. M. Gendron: Je serais plus convaincu, M. le Pour que cette simplification prenne tout Président, de l'intérêt du discours du ministre de son sens, il faut que le gouvernement fédéral, la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu si qui est un intervenant majeur dans ce domaine, ses propres joueurs et joueuses étaient un peu décide, cette fois, de s'associer avec le gouver- plus nombreux en Chambre. Là, je serais con- nement du Québec plutôt que de tenter de vaincu; cela me ferait plaisir d'accorder un "dupliquer" notre action par des programmes consentement, mais ça n'a pas l'air d'être le cas pancanadiens mal ajustés à la réalité de notre puisqu'il n'y a pas grand monde de son équipe marché du travail. ministérielle qui l'accompagne. Deux ou trois Ici, j'ai conscience d'agiter une marmite minutes, ça va. chère à nos amis de l'Opposition. Mais tant pis. Je les vois déjà répliquer: L'ultime simplification, Le Vice-Président (M. Cannon): Alors, il y a c'est le rapatriement total, voire l'indépendance. consentement pour poursuivre deux ou trois 103

minutes. m'ont fait confiance encore. Il s'agit là d'un défi majeur important, mais qu'on va relever avec M. Bourbeau: C'est assez, M. le Président, plaisir, d'autant plus qu'il y a tellement de pour faire remarquer au leader adjoint de choses à faire en l'absence d'un gouvernement l'Opposition que sa dernière remarque va à qui prend des décisions que ça nous motivera rencontre des traditions parlementaires. Je dirai sûrement pour être très associés, et de très près, simplement, s'agissant du gouvernement fédéral, à la population, comme je l'ai toujours été. que le ministre canadien des Finances s'est Mardi dernier, devait se passer en cette engagé à rétablir la contribution fédérale en cas Chambre un événement majeur parce que, règle de ralentissement économique afin d'éviter des générale, pour les parlementaires - je félicite hausses brusques de cotisations au régime de d'ailleurs tous ceux qui sont nouveaux, autant de l'assurance-chômage. Mais, aucune assise juridi- la formation ministérielle que de notre for- que ou administrative n'est mise en place pour mation - normalement, un discours inaugural, supporter ou étayer cet engagement. c'est la pièce où le gouvernement communique En somme, le gouvernement canadien est en ses orientations, ses intentions mais, surtout, ses train de s'implanter pas à pas, d'implanter, dis- propositions d'action. Je dois vous dire que c'est je, une stratégie qui revêt, pour les provinces, et avec énormément de déception qu'on a été pour le Québec évidemment, une importance obligés d'assister presque à l'absence d'un primordiale. Ce que nous lui demandons, c'est de discours inaugural. faire équipe avec nous, de joindre ses efforts J'entendais le ministre de la Main-d'oeuvre aux nôtres pour offrir aux entreprises et aux et de la Sécurité du revenu tantôt nous dire: travailleurs des programmes complémentaires, Écoutez, c'est facile d'être dans l'Opposition simples et accessibles. parce qu'il s'agit pour nous uniquement de Nous n'avons pas le droit de gaspiller nos picocher, qu'on a juste à critiquer et que ça, énergies dans des guerres de drapeaux ou de c'est une mission facile. Je lui dirais qu'on n'a laisser la ruse ou la stratégie l'emporter sur le . même pas besoin de se forcer. On a tellement de contenu des programmes et leur mode de gestion. groupes, on a tellement d'intervenants de toute Sans succomber à la naïveté, j'ai confiance que nature en dehors des membres de l'équipe de le bon sens finira par triompher et que le l'Opposition! Pas plus tard que la veille, M. le gouvernement fédéral acceptera de négocier avec Président, la veille du discours inaugural, un nous une entente par laquelle nous éviterons tout chroniqueur quand même assez réputé ici, du dédoublement. J'insiste ici pour souligner que la Soleil, mentionnait: "M. Bourassa devra gouver- condition essentielle à la ratification d'une telle ner". Qu'est-ce que ça signifie? Cela signifie entente tient au respect scrupuleux des com- qu'il avait appris, après quatre ans de pouvoir, pétences constitutionnelles du Québec. parce que ces gens, il ne faut pas l'ou- M. le Président, au début des années blier - c'est en 1985 que, malheureusement, soixante, la population du Québec s'est massive- l'incident est arrivé et il a été répété en ment ralliée à l'idée que s'instruire, c'est 1989 - ils sont là depuis 1985. Et, dans ce sens, s'enrichir. Comme collectivité, nous avons ils auraient pu prendre quelques décisions, effectivement beaucoup investi dans l'éducation gouverner un tant soit peu. Et, justement, cet au cours des trente dernières années et nous éditeur, M. Jacques Samson, dans Le Soleil, nous sommes indiscutablement enrichis. mentionnait: "Bourassa, premier ministre du Aujourd'hui, il faut implanter cet adage fort Québec, devra apprendre à gouverner". Et il judicieux dans les entreprises. Nous devons tous mentionnait également, le lendemain, parce qu'il travailler à ce que se répande dans les entre- y en a qui se sont plus à citer ça: Les ministres prises et chez les travailleurs cette conscience responsables de l'Énergie et des Ressources et du que la formation professionnelle représente un Développement régional, de l'Agriculture, des investissement, un placement dans le capital Mines, de la Forêt, des Pêches, de l'Industrie et humain et une authentique forme de richesse. du Commerce, du Tourisme, de la Voirie, per- sonne de ces ministres-là n'a pu dégager quel- Voilà, M. le Président, le grand défi que ques avenues concrètes pour appuyer, en ce nous partageons tous et qui devrait nous ras- début de session, les intentions vertueuses, un sembler dans les prochains mois. Je vous remer- peu verbeuses, marécageuses du premier ministre cie. du Québec dans un discours qui se voulait à caractère économique. Et la conclusion de M. Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le Samson était: Cela en est navrant, M. le ministre ministre. J'accorde la parole au leader adjoint de de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu. l'Opposition. Et ce n'est pas nous de l'Opposition qui M. François Gendron avons écrit ce que je viens de raconter. Ce sont des gens qui ont l'habitude de voir que, nor- M. Gendron: Merci, M. le Président. Mes malement, dans un discours inaugural, on exprime premiers mots, rapidement, seront pour remercier des orientations précises. On exprime des cré- les électeurs et les électrices de mon comté qui, neaux sur lesquels le gouvernement posera des pour une quatrième reprise, un quatrième mandat, gestes concrets avec des politiques précises pour 104

corriger et pallier des lacunes évidentes qui ont 10 et dire: Bon, bien là, il va falloir s'adapter été manifestées pendant un certain temps. Nous au libre-échange. Il va falloir développer une n'avons pas eu droit à ça, M. le Président, lors stratégie d'adaptation au libre-échange. Pensez- du dernier discours inaugural. C'est notre vous que ça a du bon sens, M. le Président? Le responsabilité de le rappeler, d'autant plus qu'à libre-échange, ça fait quoi? Deux ans que ce peu près tous les groupes sociaux, groupes dossier-là est dans ce que j'appelle l'opinion économiques, au niveau de la langue, dans les publique des dirigeants de sociétés, d'organismes, domaines social, éducatif... d'intervenants d'entreprises, et autres. Et pen- Je reviendrai d'une façon plus spécifique sez-vous qu'on n'a pas martelé, nous de l'Oppo- sur l'éducation dans quelques minutes. Mais, sition, en disant: Ça prend des programmes avant, en plus de vous signaler qu'on n'a pas eu d'adaptabilité. Ça prend des programmes qui vont droit à ce qu'on aurait dû avoir, comme le chef permettre à des travailleurs dans des secteurs de l'Opposition l'a extraordinairement et bien qu'on sait qu'ils seront en difficulté suite aux fait remarquer, pour les quelques pistes qu'il y a accords du libre-échange, et on souhaite - de de dégagées, ce gouvernement-là a un problème Granpré l'a dit, d'autres organismes à caractère de crédibilité terrible. Et, c'est notre respon- économique l'ont dit, des chambres de commerce sabilité, M. le Président, d'alerter l'opinion l'ont dit, tout le monde l'a dit - on exige du publique pour ce qui est de la crédibilité de ce gouvernement d'avoir quelque chose de palpable, gouvernement-là sur ses intentions. À titre de concret. Qu'est-ce que vous faites? C'est d'exemple, parce que j'ai toujours aimé illustrer quoi, le coup de pouce que vous donnez? On en cette Chambre les points sur lesquels j'appuie apprend qu'ils vont regarder ça. mes dires, allons-y de quelques exemples pour (16 h 40) illustrer si, effectivement, ce gouvernement-là a Je pourrais continuer, je vais en faire deux une once, un poil de crédibilité à certains égards autres. Là où j'ai quasiment tombé en bas de ma par rapport à des politiques qu'il a énoncées. chaise, c'est à la page 13: Le dossier des heures Je viens d'entendre le ministre de la Main- d'ouverture des commerces retiendra également d'oeuvre, de la Sécurité du revenu, et à la page l'attention du gouvernement. Quand on aime se 9 du discours inaugural lu par le lieutenant- moquer du monde, on écrit des phrases comme gouverneur: "Le gouvernement déposera donc à ça, M. le Président. Quand on a un peu de l'Assemblée nationale un document - imaginez, respect pour une population, on n'a sûrement pas comme si on en avait pas assez de documents - le droit d'écrire - il n'y a pas d'autres mots, je majeur d'orientation sur la formation permanente les emploie à volonté - des niaiseries de cette de la main-d'oeuvre." Mais c'est quoi? Est-ce que espèce, quand c'est rendu qu'il y a eu commis- c'est une trouvaille? Est-ce qu'un gouvernement sion sur commission. Un de leurs collègues, qui a responsable n'aurait pas dû être conscient depuis fait un travail - il nous l'a dit à une couple de des mois, des années, qu'un des problèmes reprises - le député de Nicolet, a fait le tour du majeurs de la société québécoise d'aujourd'hui, Québec, s'est promené d'un bord et de l'autre pour toutes sortes de raisons d'évolution, de pour regarder ça. développement, d'adaptabilité, c'est spécifique- Je me rappelle l'ancien ministre qui a laissé ment la formation de notre main-d'oeuvre, une ce gouvernement-là probablement parce qu'il se main-d'oeuvre plus qualifiée, plus compétente, trouvait très mal à l'aise à l'intérieur d'un plus apte à prendre le virage. gouvernement qui ne prend jamais une décision, Pensez-vous que ce fait n'est pas connu, M. et il était habitué d'en prendre dans l'entreprise le Président? Qu'est-ce qu'on nous a dit mardi privée. Je fais allusion à M. MacDonald qui les de cette semaine, il y a deux jours? On ne nous a lâchés en disant: J'en ai assez. Il a lâché ces dit pas que ces gens-là savent exactement quoi gens-là en disant: Ça n'a pas de bon sens. faire après quatre ans d'exercice du pouvoir. Ces Mais sur les heures affaires, il y a huit gens-là nous disent: Nous allons déposer - on mois, M. le Président, j'étais ici, en cette ne sait pas quand, mais ce qu'on sait, c'est que Chambre: D'ici une couple de semaines, une ce ne sera même pas quelque chose de précis, de décision définitive sera prise par notre gouver- défini - un programme d'action dans le cadre nement parce qu'on sait où on s'en va, on a de la main-d'oeuvre et de la formation profes- regardé ça et on a fait le tour de la question. sionnelle. Ça sera encore un document d'analyse, On apprend, mardi dernier, par le premier d'étude. Tout ça, c'est multiplier... Il s'agit juste ministre, que le dossier des heures d'ouverture de traverser un corridor. On a à peu près une des commerces retiendra leur attention. Il ne cinquantaine de dossiers bien étoffés là-dessus à nous dit même pas qu'il va peut-être bien la bibliothèque de l'Assemblée nationale, dans prendre une décision; non, non: On va regarder tous nos centres de documentation, dans les ça; ça nous intéresse, on va regarder ça. services de recherche de nos formations politi- Et je pourrais continuer. Donc, je pense ques respectives. Ça n'a pas de bon sens. Je ne que le chef de l'Opposition l'a illustré, non peux pas croire ces gens-là. Donc, premier seulement il n'y a rien, mais quand il y a des exemple concret de crédibilité. intentions, elles sont tellement peu crédibles Deuxième point, pensez-vous qu'il ne faut qu'on n'a pas le droit de ne pas revenir là- pas être un peu farceur pour arriver à la page . dessus pour dire: Ce gouvernement a un problème 105

de crédibilité. majeure? Je pense que oui, pour quatre raisons. Je suis critique en matière d'éducation et Est-ce que le ministre sait, par exemple, que le de Charte de la langue française, tout le dossier nombre d'analphabètes, actuellement, est évalué à linguistique. Je ne voudrais pas, pour les quel- 300 000? De plus, le taux d'analphabétisme est ques minutes que nous avons - je vais y revenir, deux fois plus élevé parmi la population fran- c'est clair - ne pas profiter de cette occasion cophone que chez les anglophones du Canada. pour parler un peu d'une des questions qui me Sait-il qu'au niveau de l'analphabétisme, c'est un préoccupent, qui devraient préoccuper des coût social sans précédent pour une société parlementaires comme nous, qui devraient préoc- quand on doit dire, malheureusement, que presque cuper un gouvernement responsable: Essayez de un adulte sur trois ne sait pas lire et écrire me trouver ce qu'il y a de concret dans le convenablement? Ça, c'est la réalité de l'extraor- discours inaugural concernant l'éducation au dinaire Québec moderne de 1989. Et tout ce que Québec. Cette priorité qu'on devrait donner, le ministre a réussi à faire, en cette prochaine comme société moderne, à un secteur aussi année de l'alphabétisation, c'est coupures, c'est majeur de la formation de nos jeunes pour limitation dans tes heures d'apprentissage. Et ça l'avenir, de programmes adaptés qui permettent permettait, pas plus tard que cette semaine, à la que le type de formation qu'on donne, nous Commission des écoles catholiques de Québec de avons les garanties que ça correspond aux dire au ministre: Je trouve, M. le ministre, que besoins de la société. votre limite de 2000 heures est injuste, inappro- Tout le volet de l'enseignement univer- priée, injustifiée et indéfendable, compte tenu sitaire. Ça fait des mois, des années qu'on dit des coûts sociaux que représente le problème de que l'enseignement universitaire est mal foutu l'analphabétisme. sur le plan financier, n'a pas l'argent requis pour Ce n'est pas il y a un an, il y a six mois; faire sa mission, pour s'adapter pleinement à sa . il y a quelques semaines, M. le ministre décidait mission. On a appelé ça le dossier du finance- d'appliquer un décret: Moi, j'ai la vérité révélée ment universitaire. Le dossier du financement et, après 2000 heures, que ça fasse votre affaire universitaire dans le discours inaugural? Rien, j'y ou pas, c'est fini, peu importent vos difficultés reviendrai. d'apprentissage. C'est de même qu'on va réussir à En éducation, c'est un peu comme le reste. progresser pour permettre qu'il y ait de moins en Normalement, on devrait avoir droit à un gou- moins d'analphabètes au Québec. Moi, je ne vernement qui prend quelques décisions. Bien sûr, pense pas. ça n'a pas été aussi repris que je l'aurais Est-ce que le ministre sait que 24 % des souhaité. Mais il y a quelques semaines, j'avais personnes âgées de plus de quinze ans ont moins l'occasion de me taper le discours du ministre de de neuf années de scolarité, comparé à 15 % l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la dans le reste du Canada? Sait-il que la propor- Science et de la langue lors du colloque à tion de la population détenant un diplôme l'occasion du 25e anniversaire de la création du universitaire est de 10 % au Québec, compara- ministère, colloque organisé par l'Institut québé- tivement à presque 12, 5 % en Ontario? Toutes cois de recherche sur la culture. J'ai jasé au proportions gardées, l'Ontario décerne 25 % plus moins avec une quinzaine de personnes qui de diplômes universitaires que le Québec. Notre étaient présentes et elles ont dit qu'elles n'ont retard est préoccupant au niveau des études de jamais vu ça et elles ont raison. Le ministre a deuxième et troisième cycle et dans les dis- fait un des plus beaux discours, comme s'il était ciplines de sciences appliquées. Des disparités encore éditorialiste au Devoir. Il a oublié qu'il considérables subsistent en matière de scolarisa- était ministre de l'Éducation. Il a complètement tion et de diplomation, selon toutes les régions. oublié qu'il était nommé ministre de l'Éducation Les plus récentes données indiquent qu'il y a depuis décembre 1985. Et c'a été relaté par des chaque année, au Québec, deux fois moins de gens qui étaient dans la salle. Ils me disaient: Ça diplômés universitaires francophones qu'anglopho- ne se peut pas, il fait une analyse extraordinaire nes. Le problème principal en est maintenant un des besoins majeurs sur lesquels un gouvernement de diplomation. responsable devrait se pencher, exactement Êtes-vous au courant, M. le ministre, que l'édito, au Devoir, qui a toujours des solutions à le taux d'abandon se chiffre à 30 % au secon- offrir à tout le monde. Lorsqu'il était au Devoir, daire, 40 % au collégial et presque 50 % au il a écrit d'extraordinaires bons papiers. Je ne niveau universitaire? C'est quoi la politique du change pas d'avis qu'il aurait probablement gouvernement libéral? C'est quoi la politique continué à être plus utile au Devoir parce que, concrète pour contrer ces difficultés d'abandons depuis qu'il est à l'Éducation, il connaît les qui sont trop élevés, ce qui fait qu'on a de la problèmes, il connaît bien le ministère, il difficulté à progresser quant à la notion d'acces- travaille fort, mais, bon sang qu'il ne se prend sibilité? pas grand-décision! Pensez-vous que je ne pourrais pas con- Regardons quelques secteurs malades, en tinuer à illustrer les analyses, les difficultés? éducation, où il y a lieu de prendre des déci- Lui-même, le ministre, l'a bien fait au colloque sions. Premier critère: Est-ce que, oui ou non, au dont je vous pariais tantôt. Mais comme ministre, Québec, on doit relancer l'éducation, une relance les gens qui étaient là se seraient attendus à 106

quelques pistes de solution, à quelques sugges- assez, on rencontre le premier ministre, enfin. tions concrètes, en disant: Voilà, on vient d'être Te financement universitaire. Après deux ans de réélus et, comme gouvernement, en éducation, tergiversations, de transitions, l'heure est à la voici les gestes concrets que nous allons faire décision." C'est le titre du document. Ils ont été pour apporter des correctifs. Et j'en donne des obligés de retourner bredouilles parce que le exemples. Est-ce que le ministre n'aurait pas pu ministre dit: Le sous-financement universitaire, dire: Bien, il est urgent de favoriser, entre vous avez raison. Vous avez raison. Mais on autres, une scolarisation plus précoce des regardera ça une autre fois. enfants, notamment, dans les milieux défavorisés? Écoutez là, votre petite crise et votre peur C'en est une piste, ça! Ils attendent quoi, ces concernant l'économie, on ne marchera pas là- gens-là? Ils attendent quoi pour dire, puisque... dedans, nous autres. Le ministre des Finances, Est-ce qu'on a sérié au Québec les poches de pendant cinq ans, qu'est-ce qu'il a dit ici? Le pauvreté? La réponse est oui. Malheureusement, ministre des Finances a dit à cinq, six reprises elles se multiplient, les poches de pauvreté, mais qu'il engrangeait, que le fric lui rentrait par- on les a sériées. On les connaît, on les a dessus les oreilles. Il a dit ça à cinq, six repri- identifiées. Ils attendent quoi pour poser des ses. En 1983, 1984, 1985, 1986, 1987, 1988, je ne gestes concrets pour développer davantage, dans pense pas qu'on était dans la dèche. Et, en ces secteurs, des apprentissages en bas âge? La conséquence, il y a lieu que l'État fasse de stimulation précoce, ça existe; ça existe en meilleurs choix budgétaires pour s'assurer que le France, ça existe ailleurs. On attend quoi pour monde de l'éducation reçoive sa part. Pensez- avoir des mesures de soutien, de développement, vous, M. le Président, qu'on a trouvé réponse à pour permettre à des jeunes, de se donner plus toutes ces questions-là dans le discours inaugu- rapidement une éducation de qualité? ral? La réponse est non. On aura l'occasion d'y Pensez-vous qu'il n'y a pas lieu d'engager revenir. des efforts massifs en alphabétisation, notam- Je voulais dire deux phrases sur l'aspect ment, par un soutien accru aux organismes linguistique, puisqu'il ne me reste que deux populaires qui s'y consacrent? Est-ce que c'est minutes. Est-ce qu'il y a dans le discours ce qu'on a fait, récemment? Non. On a coupé à inaugural des intentions bien heureuses de ce peu près tous les organismes populaires qui gouvernement-là sur cette question fondamentale faisaient de l'alphabétisation. On a coupé les qui est toute la question linguistique? Pour ces groupes et la Commission des écoles catholiques gens-là, c'est un peu réglé. D'ailleurs, on l'a vu du Québec - M. le ministre, elle vous le dit, par le genre de réponses auxquelles j'ai eu droit vous lirez la correspondance qu'elle vous fait hier. Ils sont bien plus empressés de mener des valoir - vous dit: C'est injustifié, c'est déraison- enquêtes dans l'Outaouais pour essayer de nable, on n'est pas d'accord là-dessus, ça n'a pas répondre à la commande d'un autre, la commande de bon sens. Ce n'est pas celui qui vous parle. du commissaire aux langues fédéral, comme si Je reprends des propos de la Commission des c'était important de lui dire ce qui se passe écoles catholiques de Québec. alors que leur propre député de Hull l'a dit ce Est-ce qu'on ne pourrait pas poser des qui se passait. Il n'est même pas capable de se gestes concrets pour mener une lutte au décro- faire servir en français dans la plupart des chage scolaire aux niveaux secondaire et col- magasins de l'Outaouais, parce qu'on considère légial? Ça n'a pas de bon sens. Si on veut qu'un cette région-là comme faisant partie de la plus grand nombre de nos jeunes se rendent à capitale nationale. Ils ne connaissent même pas l'université, parce qu'on dit qu'on est faible au la carte géographique du Québec. Écoutez, l'Outaouais, à ce que je sache, fait partie du niveau du deuxième cycle et du troisième cycle, Québec. Et pour que ça reste dans le Québec, il bien, il y a un petit calcul facile à faire. Il faut serait bien plus important d'être un peu plus d'abord les rendre au collégial. Il faut d'abord soucieux d'avoir des mesures de renforcement du leur permettre de faire un premier cycle univer- fait français, y compris dans l'Outaouais et, en sitaire, après ça, un second cycle. Autrement, on particulier, dans tout le milieu du travail parce va toujours avoir des statistiques qui vont que c'est là, je pense, qu'il va falloir effectuer désavantager les Québécois et les Québécoises. une nouvelle percée, M. le Président... (16 h 50) Renflouer immédiatement les universités, non pas par le biais d'une hausse des frais de Le Vice-Président (M. Cannon): M. leader scolarité susceptible de compromettre certains de l'Opposition, il ne vous reste que quelques acquis au plan de l'accessibilité, mais par une secondes. Alors, si vous voulez bien conclure. contribution des entreprises du secteur privé et de l'État québécois. Écoutez là, j'ai un document M. Gendron: Oui, M. le Président... ici. Je le relisais, je me disais: Ça ne se peut pas, je dois me tromper. Le 13 février 1989, ce Le Vice-Président (M. Cannon): Merci. n'était pas hier ça, mémoire présenté au premier ministre, M. , par la Conférence M. Gendron: Oui, M. le Président, je vais des recteurs. Ça faisait un an et demi qu'ils prendre les quelques secondes qui me restent faisaient des démarches. Là, ils ont dit: C'est pour conclure. Et j'allais mentionner que ce 107

serait pas mal plus stimulant et respectueux de d'éponger la diminution de ses recettes qu'en- la majorité francophone si on sentait que ce traîne le sérieux ralentissement économique. Pas gouvernement-là a une volonté de renforcer, par question pour notre gouvernement d'augmenter le des mesures concrètes, le français au travail, niveau du déficit. "Une solution pas opportune parce que c'est là que ça se passe. Nous aurons qui n'aurait d'effet qu'à court terme", d'observer l'occasion d'y revenir. M. le premier ministre Robert Bourassa. Hausser l'endettement, M. le Président, Motion de censure c'est hypothéquer l'avenir de la jeunesse. On lui léguera alors des impôts. Néanmoins, pour Mais en conclusion, M. le Président, je ne neutraliser, pour essayer de neutraliser la baisse peux pas faire autrement, moi également, puisque cyclique de l'économie prévue pour 1990-1991, le secteur de l'éducation a tellement été oublié notre gouvernement annoncera sous peu un dans ces pieuses intentions du discours inaugural important programme d'investissements publics du premier ministre que de finir par la motion dans les secteurs de la santé et des services de censure suivante: Que cette Assemblée répri- sociaux, de l'éducation, de l'environnement et des mande durement le gouvernement libéral qui n'a affaires culturelles, comme l'annonçait dans le pas su, au cours de son premier mandat, faire de discours inaugural M. le premier ministre Robert l'éducation une véritable priorité et qui ne Bourassa. propose aucune mesure concrète afin d'enrayer D'ici peu, Québec injectera plusieurs les problèmes d'analphabétisme et d'abandon dizaines de millions dans la réparation d'édifices scolaire et aucune mesure susceptible de hausser publics, hôpitaux et centres d'accueil surtout, la scolarisation de la population du Québec. sans toutefois en bâtir de nouveaux, ce qui Merci, M. le Président. augmenterait ses coûts à long terme. La force du gouvernement, M. le Président, Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le réside avant tout dans sa capacité de maintenir leader adjoint de l'Opposition. Cette motion étant le cap sur une croissance économique soutenue maintenant déposée, je reconnais le prochain pour mieux poursuivre la réalisation de son idéal orateur. Je reconnais le député de Saint-Maurice. élevé de justice sociale et, en particulier, pour atteindre un partage plus équitable des richesses M. Yvon Lemire avec les plus démunis de la société. Une réforme est déjà amorcée dans cette M. Lemire: M. le Président, permettez-moi direction, comme en témoignent lors de notre tout d'abord de remercier tous les électeurs du premier mandat la hausse de 12 000 $ à 20 000 $ comté de Saint-Maurice de m'avoir accordé leur du seuil d'imposition des familles et l'augmenta- confiance pour un second mandat. Souvenez-vous, tion de l'aide financière aux parents à faible le peuple québécois nous a fait confiance en revenu. Le gouvernement compte faire davantage 1985. À notre arrivée au pouvoir à ce moment-là, pour atteindre une plus grande équité fiscale, nous avons trouvé dans un état lamentable les particulièrement envers les citoyens qui suppor- finances du Québec. Imaginez-vous seulement les tent une charge financière plus lourde. dépenses, à l'époque, de ce gouvernement qui La stratégie économique du gouvernement était le gouvernement péquiste dans les années pour les années quatre-vingt-dix comporte quatre quatre-vingt, des dépenses annuelles en publicité grandes orientations: 1° inscrire le Québec dans de l'ordre de 10 000 000 $ à 15 000 000 $ par les grands courants internationaux; 2° stimuler le année pour se donner une meilleure image et, développement régional; 3° rajeunir les méthodes souvent, cette publicité-là était partisane. Cela a de gestion de l'administration publique et, enfin, nécessité de notre gouvernement une rationalisa- l'éducation, clé maîtresse de notre avenir. Le tion dans le domaine des dépenses et un virage gouvernement promet de mettre en place un presque à 180° qui s'est effectué pour en arriver fonds d'assistance financière dirigé vers l'en- à un meilleur contrôle des finances de l'État. vironnement. On instaurera aussi un incitatif Lors de notre premier mandat, notre fiche fiscal pour canaliser l'épargne individuelle vers le de route démontre notre efficacité comme financement de projets créateurs d'emplois. gouvernement: baisse du déficit, baisse des (17 heures) impôts, privatisation de sociétés d'État. On s'est La mise en valeur de notre potentiel débarrassé de certaines sociétés d'État qui hydroélectrique demeure un élément important du étaient souvent démontrées par le chef de succès de notre stratégie de développement l'Opposition comme canards boiteux. Gouverne- . économique, puisqu'il constitue un avantage ment efficace. C'est l'une des raisons premières concurrentiel déterminant et particulier au de la confiance que nous ont accordée les Québec pour assurer son développement économi- citoyens du Québec pour un deuxième mandat. que. Sur le plan économique, le gouvernement du M. le Président, la volonté de développer Québec entend s'en sortir sans augmentation du notre potentiel énergétique manifestée par le déficit, sans hausser les impôts des contribuables gouvernement libéral a permis de créer un climat et des compagnies. C'est avant tout en resserrant favorable à la réalisation de cet objectif, ce qui ses dépenses que notre gouvernement se propose s'est traduit depuis deux ans par la signature de 108

contrats de vente de 2400 mégawatts qui génére- économique du Québec à long terme. ront 40 000 000 000 $ de revenus additionnels En ce sens, M. le Président, il fart sienne pour le Québec, l'entente sur le libre-échange, la définition du gouvernement, du développement l'accroissement de 1 % du rythme de croissance durable formulé par le groupe de travail sur prévu par la demande d'électricité dans le Nord- l'environnement et l'économie, voulant qu'un Est, une politique économique taillée sur mesure développement ou l'utilisation des ressources et pour donner au Québec tous les outils dont il a de l'environnement d'aujourd'hui ne doit pas besoin pour faire face aux exigences impitoyables remettre en cause leurs perspectives d'utilisation de la concurrence. pour les générations futures. Hydro-Québec accroît son rôle comme agent M. le Président, le gouvernement entend de développement économique. La demande accrue donc orienter ses interventions de façon à a permis de devancer les travaux de la phase II engager l'économie québécoise dans une démarche de la Baie-James, ce qui entraînera des investis- de développement durable. Pour ce faire, il sements de près de 3 000 000 000 $ dès 1990. Un faudra assurer le remplacement graduel des plan de développement a été élaboré qui permet- activités économiques non conformes à l'environ- tra d'investir 4 700 000 000 $ par année pour les nement par d'autres qui le soient. On vise ainsi dix prochaines années. à diminuer la consommation des ressources non M. le Président, pour atteindre une nouvelle renouvelables, à augmenter le recyclage et à politique économique, il nous faut favoriser le diminuer les rejets de toute nature. Il s'agit déploiement d'un maximum d'investissements tant d'introduire de nouvelles technologies plus privés que publics afin d'apporter le meilleur performantes du point de vue environnemental. soutien financier possible au dynamisme de Malgré tout ce défi qui est gigantesque, l'entreprise québécoise, particulièrement dans les cela représente pour le gouvernement du Québec secteurs porteurs d'avenir, là où le Québec que nous croyons possible et essentiel d'infléchir détient un potentiel reconnu et bien identifié. Il positivement l'ensemble de nos activités de s'agit des secteurs qui présentent les meilleures manière qu'elles respectent l'environnement. M. garanties quant à la présence ou à l'émergence le Président, la société québécoise, comme toutes d'une expertise québécoise et quant au maintien les sociétés avancées, aspire de plus en plus à ou à l'augmentation des parts de marché de nos une qualité de vie qui dépasse largement la entreprises, tant au Québec qu'à l'étranger. satisfaction des besoins de base. Ainsi, le désir De nombreux secteurs répondent à cette de vivre dans un environnement sain est devenu définition: l'hydroélectricité et les entreprises une priorité pour la majorité des Québécois. fortement consommatrices d'électricité, les com- Qualité de vie et qualité de l'environnement munications, les industries pharmaceutiques ainsi sont devenues des notions indissociables. Le bilan que certaines branches de l'industrie des services de notre gouvernement comporte le double telles que l'ingénierie, la finance et les assuran- avantage d'avoir proposé un cadre général ces. d'intervention, tout en faisant preuve de réalisme M. le Président, au niveau du projet et de pragmatisme, en apportant des solutions environnemental québécois, cela exigera la complètes pour l'amélioration de notre qualité de participation de nombreux acteurs ayant chacun vie. En premier lieu, le gouvernement a adopté leurs responsabilités. L'environnement est bel et des politiques globales et a défini des grandes bien un bien commun dont nous avons tous orientations susceptibles d'atteindre cet objectif besoin et dont nous sommes tous responsables. d'une meilleure qualité de vie. En deuxième lieu, Ainsi, chacun de nous, selon nos compétences, le gouvernement s'est assuré de mettre en place ces pouvoirs et les moyens, doit tenir compte de des politiques sectorielles et des plans d'action cette responsabilité dans ses décisions et actions. concrets qui sous-tendent les grandes orienta- De tous les acteurs, c'est cependant le gouver- tions. nement du Québec qui a la responsabilité la plus Je conclurai en vous disant qu'à l'instar des fondamentale, à savoir assumer un leadership grands secteurs sociaux comme l'éducation, la dans ce domaine. justice, l'environnement constitue un secteur où Deux objectifs prioritaires, M. le Président: l'État doit assumer son leadership. En tout ce accroître la protection de l'environnement, qui touche la santé et la sécurité, le gouverne- assumer le développement durable du Québec. À ment croit que la responsabilité de l'État est la lumière des travaux de la commission Char- entière. Le virage environnemental de l'an 2000, bonneau sur la gestion des déchets dangereux, le à mon avis, c'est apprendre à être des citoyens gouvernement propose des choix socio-économi- responsables, apprendre à protéger nos ressour- ques et techniques pour solutionner les problèmes ces, apprendre à devenir de meilleurs consom- de transport et d'entreposage et d'élimination des mateurs, apprendre à être des partenaires à part déchets dangereux. Le gouvernement rejette la entière aux objectifs collectifs. Notre action est conception selon laquelle les préoccupations guidée par la perspective de construire un environnementales sont assujetties au développe- Québec fier, d'avoir appris à vivre et à se ment de notre économie. Il adhère au principe développer dans le respect de son environnement, voulant que la conservation de l'environnement sous toutes ses facettes, et d'avoir fait de cette est une condition nécessaire à la croissance nouvelle force un élément original et distinctrf 109

de sa politique économique. Merci beaucoup, M. que le jour où nous aurons tous les outils pour le Président. réparer ce qui va mal et pour entretenir ce qui va bien, sans compter l'immense chantier que Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le représentera la construction d'un vrai pays. député de Saint-Maurice. Je cède la parole au Par une pleine et entière souveraineté, nous député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. voulons mettre fin à la multitude de programmes - qui s'annulent les uns, les autres et qui ne M. André Boulerice permettent pas un plein emploi avec de vrais emplois valorisants et un vrai recyclage de la M. Boulerice: M. le Président, à la fin de la main-d'œuvre. Gâchis de temps et d'argent, M. dernière session de la 33e Législature, je vous le Président, dont mes concitoyens sont les disais au revoir à titre de député de Saint- innocentes victimes. Jacques. Vous comprendrez qu'aux premiers jours Quant au bilan culturel du premier mandat de cette 34e Législature, j'ai beaucoup de joie à du gouvernement libéral, tous se rappelleront la vous saluer, vous, M. le Président, et tous mes fameuse promesse électorale libérale de 1985 collègues de cette Assemblée nationale, à titre de visant à consacrer 1 % du budget de l'État à la premier député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. culture. En quatre ans, la part du budget du Mes premiers mots viendront donc du fond ministère de la Culture dans les dépenses totales du coeur et iront tout naturellement, vous le du gouvernement est laborieusement passée de comprendrez, aux femmes et aux hommes de 0,67 % à 0,75 %. Promesse non tenue. Il manque Sainte-Marie-Saint-Jacques qui m'ont renouvelé toujours, donc, 80 000 000 $ pour atteindre le leur confiance, pour certains, et, pour les 1 % tant promis. nouveaux électeurs de cette circonscription Le gouvernement libéral, par son premier modifiée, un premier appui, un premier appui ministre, a ultimement tenté, par un subterfuge dont l'enthousiasme me laisse encore un peu un peu grossier, vous me permettrez l'expression, abasourdi tellement il fut massif dans son de grossir ce chiffre en y incluant les dépenses expression et son résultat en nombre de votes. dites fiscales. Mais le milieu culturel n'a pas été Qu'elles et qu'ils sachent, ces femmes et ces dupe, M. le Président, et a bien vu que les hommes simples, chaleureux, créateurs et solidai- . libéraux ont renié leur engagement. La coalition res du centre-sud et du Plateau Mont-Royal, et des arts pour le 1 % devra donc recommencer, je le leur répète encore, que ma première année après année, ses pèlerinages auprès du loyauté va d'abord vers eux. premier ministre pour tenter de convaincre ce (17 h 10) gouvernement de la légitimité de ses demandes. Je les remercie et les assure, M. le Prési- Ce 1 % est devenu en quelque sorte l'étalon, la dent, que je ne ménagerai ni de mon temps ni de mesure de la place qu'accorde une société à la mon énergie pour défendre leurs droits collectifs culture, à ses créateurs et créatrices. et les différences individuelles qui en font des Lors de la dernière campagne électorale, le êtres attachants. J'ai, pour ces femmes et ces parti libéral a eu le culot de réitérer la promesse hommes de ce petit mais beau coin de ville, de consacrer 1 % du budget gouvernemental au estime, admiration et affection. J'ai pour ces développement culturel. Il ne reste qu'à souhai- gens, M. le Président, les plus grandes ambitions, ter, sans grand espoir, que cet engagement sera, et ce sont celles de la réussite personnelle dans cette fois, réalisé dans les meilleurs délais, sans des domaines où nous avons d'éminents et subterfuge, sans jouer sur les chiffres. d'étonnants succès: la création culturelle, l'"en- En 1985, le Parti libéral s'était aussi engagé trepreneurship", l'action bénévole nés d'un sens à fournir une aide financière accrue aux munici- du partage qui nous a tous animés et que la palités pour l'établissement de bibliothèques et nouvelle génération partage également. l'acquisition de volumes. À leur arrivée au A ces succès s'opposent malheureusement, pouvoir, M. le Président, les libéraux se sont M. le Président, des difficultés énormes, comme empressés de sabrer dans l'aide aux bibliothèques le chômage, l'assistance sociale, le logement, les municipales et ont compromis gravement leur toxicomanies qui dégradent les individus et développement. Le rapport de la commission appauvrissent notre société. Je dois vous rap- Sauvageau, déposé en 1987, est venu dresser un peler, pour ce qui est du chômage, que ma très sombre portrait de la situation, plaçant le circonscription a malheureusement le plus fort Québec parmi les derniers rangs des provinces taux au Québec. canadiennes pour le nombre de livres, le nombre Notre pays! M. le Président. Déjà en 1970, d'employés, les dépenses per capita. Seule Terre- 1973. 1976, 1980, 1981, 1985 et, encore il y a Neuve peut nous envier ce triste sort. quelques semaines, en 1989, les gens de Sainte- Plus de deux ans plus tard, le redressement Marie-Saint-Jacques ont dit et redit oui au que nous avions demandé, si nécessaire et Québec. Les gens de ma petite patrie sont gens urgent, n'est véritablement pas amorcé. Les de parole, M. le Président, de ténacité et crédits affectés au développement des bibliothè- d'espoir pour notre peuple. Mes concitoyennes et ques publiques autonomes se situent en 1989-1990 concitoyens savent que nous n'aurons de vrai à un niveau inférieur en dollars courants à celui développement économique, industriel, commercial de 1984-1985, dernière année du mandat du Parti 110

québécois. Deux ans et demi après le rapport utilisée. Le domaine du cinéma mérite que je m'y Sauvageau, on attend toujours la révision de la arrête quelques instants compte tenu des succès Loi sur les bibliothèques publiques. Le gouverne- éclatants que nous avons remportés comme ment libéral ne brille pas par sa célérité. Québécois. En campagne électorale, de nouveau, le (17 h 20) Parti libéral du Québec s'est engagé à faire en À cet égard, le bilan des quatre années de sorte que, d'ici cinq ans, 95 % des citoyens du régime libéral n'est guère reluisant, M. le Québec aient accès aux services d'une bibliothè- Président. Il s'était d'abord empressé de couper que publique. Nous savons que présentement près dans les déductions fiscales accordées pour les de 1 000 000 de Québécois, 900 000, pour être investissements dans les productions cinématogra- précis, de Québécois et de Québécoises sont phiques québécoises, qu'il a dû par la suite, dépourvus d'un tel service, M. le Président. Ceci ' grâce à notre vigilance, rétablir en constatant indique l'ampleur du chemin à parcourir. L'Op- l'effet désastreux de ce geste sur l'industrie position - et je vous en donne l'assuran- cinématographique québécoise. Le gouvernement ce - sera particulièrement vigilante à cet égard. libéral a aussi échoué dans ses négociations avec En matière d'équipements culturels, tous la France au sujet de l'épineux dossier du conviendront des effets néfastes du moratoire doublage. Les films et les émissions télévisuelles décrété par le gouvernement libéral en 1986. Ce doublés chez nous n'ont toujours pas un accès moratoire est cependant devenu curieusement normal au marché français, avec toutes les plutôt sélectif à l'approche de l'échéance élec- conséquences que cela engendre pour les artistes torale. On attend maintenant du gouvernement et nos industries de doublage au Québec. qu'il parachève le réseau des équipements Par ailleurs, animé, semble-t-il, de louables culturels en matière d'arts d'interprétation, aussi intentions, le gouvernement libéral avait fait bien à Montréal, la métropole, que dans les amender, en décembre 1987, la Loi sur le cinéma différentes régions, afin d'assurer une diffusion afin de renforcer la présence du français au la plus large possible des produits culturels grand écran, en assurant la simultanéité et la québécois à l'exemple des Américains qui ont parité de diffusion des films produits dans une toujours encouragé la consommation des produits langue autre que le français, c'est-à-dire en culturels domestiques. anglais pour la très grande majorité, donc, la Pour compléter le bilan des promesses diffusion de ces films en version française. Mais libérales formulées en 1985 dans le secteur de la le gouvernement a reculé en décrétant d'abord culture, on pourrait mentionner le cas de l'Office un premier moratoire de cinq mois sur l'applica- québécois de diffusion du spectacle, dont on n'a tion du nouvel article 83, un moratoire ensuite jamais entendu parler et qui, contrairement au prolongé et dont on attend encore, 18 mois plus cas du 1 %, n'est pas réapparu dans la fournée tard, la levée. En fait, l'article 83 semble des promesses de 1989. maintenant bel et bien enterré jusqu'à la révision Sur le contenu du message inaugural que annoncée de la Loi sur le cinéma. L'industrie et nous ont livré à la fois Son Excellence le les intérêts étrangers qui la gouvernent ont-ils lieutenant-gouverneur et le premier ministre du atteint cette faculté d'autodiscipline que le Québec, force est de constater, M. le Président, gouvernement semble avoir la naïveté de croire que ce message inaugural est d'une pauvreté au point où l'on puisse maintenant la laisser désolante en ce qui concerne la culture. Le voguer sans contrainte, où l'on puisse lui faire gouvernement s'est contenté d'y consacrer confiance afin que le français bénéficie de la quelques maigres lignes, ce qui ne reflète pas, il place qui lui revient à l'écran, sur tous les faut l'espérer, et je le souhaite, l'importance écrans du Québec? Nous ne croyons pas et nous réelle qu'il accorde à ce secteur crucial de notre le signifierons au gouvernement d'une voix forte. vie collective. Notre culture, notre langue sont Le message inaugural demeure également au coeur de l'identité de la spécificité québécoi- totalement muet sur des pans entiers de l'activité se. Le seul gouvernement d'une majorité fran- culturelle: muséologie, diffusion des produits cophone en Amérique du Nord, M. le Président, a culturels notamment à l'étranger, l'aide aux le devoir de consacrer tous les efforts néces- jeunes artistes, avenir des conservatoires de saires à la consolidation et au rayonnement de la musique, patrimoine, et j'en passe. Ce silence en culture québécoise. matière de patrimoine est d'autant plus étonnant Le message inaugural comporte essentielle- que le gouvernement libéral avait annoncé, lors ment deux annonces d'intention de la part du de son message inaugural, en mars 1988, une gouvernement. D'abord, une révision de la Loi révision de la Loi sur les biens culturels, suite sur les bibliothèques publiques, dont j'ai déjà au dépôt d'une nouvelle politique en matière de souligné qu'elle était maintenant attendue depuis protection du patrimoine. Cet engagement n'a trois ans. Il nous a aussi indiqué qu'il soumettra encore connu aucune suite. Un large débat sur des "propositions - et je l'ai bien mis entre cette question majeure s'impose pourtant avec guillemets dans mon texte, - d'orientation en force. matière de cinéma pour actualiser l'action Nous avons été témoins, au cours des gouvernementale en fonction de l'évolution du quatre dernières années, de plusieurs cas, soit de milieu cinématographique." Telle est l'expression destruction d'édifices publics, soit d'altération 111

de leur valeur patromoniale. Le gouvernement dans des domaines et pour des organismes, tels doit assumer ses responsabilités sur les plans le cinéma et l'audiovisuel. Un Québec souverain, aussi bien financier que légal pour assurer la M. le Président, pourrait aussi décider librement préservation et la mise en valeur de notre de soustraire un domaine aussi vital que celui héritage. Je reprendrai ce slogan que je lançais: des industries culturelles - et j'en parlais Donnons un avenir à notre passé. tantôt - d'une taxe que le fédéral a tout le Les intentions du gouvernement fédéral. loisir de nous imposer. Puisqu'il est dans mon intention, M. le Président, Nous laissons, M. le Président, aux mains de parler de la souveraineté du Québec, les d'un gouvernement qui nous est étranger, un interventions du gouvernement fédéral dans le gouvernement où les nôtres n'ont qu'une faible domaine de la culture sont nombreuses et participation, tant au niveau de la députation que variées. Pensons notamment au Conseil des arts, de leur présence à un Conseil des ministres, quel qui gère quelque 80 programmes d'aide visant à que soit le parti au pouvoir qui le forme, le l'attribution de bourses individuelles aux artistes soin de décider, dans un secteur aussi important, ou de subventions à des organismes profession- de notre personnalité nationale qui est celui de nels engagés dans toutes les sphères de l'activité la culture comme celui de la langue. artistique (danse, théâtre, musique, arts visuels, création littéraire, édition) à Téléfilms Canada, Motion de censure qui s'implique dans le soutien aux investissements dans la production cinématographique, à l'Office Devant, M. le Président, le bilan des quatre national du film, aux musées nationaux, à Radio- années de ce gouvernement libéral, devant le peu Canada, qui relève du secteur des communica- d'intérêt que semble porter ce gouvernement à la tions, c'est-à-dire de mon collègue, le député de culture et le peu d'intérêt qu'il porte pour le Gouin, mais dont l'impact sur le plan culturel est développement de l'est de Montréal, je crois de indéniable, à ses prérogatives législatives, par mon devoir de déposer cette motion, et je vous exemple en matière de droits d'auteur, aux outils la lis, M. le Président: "Que l'Assemblée natio- fiscaux dont il dispose et qui affectent le nale blâme sévèrement le gouvernement pour son développement culturel. inaction quant aux problèmes économiques et L'intention du gouvernement fédéral d'in- sociaux de l'est de Montréal et son insouciance troduire une TPS affecterait grandement, par quant à la culture. " Merci. exemple, les milieux de l'édition et de l'im- primerie. Je me dois, aujourd'hui, M. le Prési- Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le dent, dans ce premier discours, de dénoncer le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, votre silence inqualifiable du gouvernement libéral motion est maintenant déposée. Je vais recon- actuel à ce sujet. naître le député de Salaberry-Soulanges. M. le La présence du fédéral dans le domaine député. culturel signifie un dédoublement d'organismes, SODIC et Téléfilm, par exemple, une juxtapo- M. Serge Marcil sition de mesures de soutien: les programmes du ministère des Affaires culturelles du Québec et M. Marcil: Merci beaucoup, M. le Président. du Conseil des arts d'Ottawa, qui sont loin de Cela me fait énormément plaisir de prendre la garantir une utilisation rationnelle des ressources parole en cette Assemblée, compte tenu du fait ainsi qu'une harmonisation des politiques dont que nous sommes au début d'un deuxième mandat nous aurions tellement besoin pour donner toute et que j'ai eu l'agréable surprise d'avoir été élu la solidité aux industries culturelles québécoises une deuxième fois. On sait que, pour une per- à leur développement. C'est aussi que cette sonne qui se lance en politique, l'objectif présence d'un gouvernement que nous ne con- premier, c'est d'être élu dans son comté afin de trôlons pas, que nous ne contrôlerons jamais, représenter sa population à l'Assemblée nationale cette ingérence, cette présence du gouvernement et également au gouvernement du Québec. central fédéral dans un secteur intrinsèquement (17 h 30) lié à notre identité collective, à notre épanouis- Historiquement parlant, je pourrais dire sement comme société distincte, c'est inquiétant, également que j'ai été le dernier député du et il nous faut rapatrier ces pouvoirs le plus comté de Beauharnois, puisque ce comté a été rapidement possible. modifié, et le premier député du comté de Cette souveraineté, M. le Président, per- Salaberry-Soulanges. Salaberry-Soulanges, c'est mettra effectivement, comme je vous le disais une circonscription électorale qui est située au tantôt, de rapatrier les pouvoirs, donc les sud-ouest du Québec, donc aux frontières de sommes dévolues par le fédéral à la culture pour l'Ontario et des États-Unis, dont une partie est décider nous-mêmes de leur allocation en fonc- située sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent, tion de nos propres priorités. Et qui est mieux la partie de Soulanges et une partie sur la rive placé que nous-mêmes pour établir les priorités . sud du fleuve Saint-Laurent, celle de Salaberry. dans le développement culturel du Québec? Elle On peut dire également que c'est ta seule permettra d'assurer - on voit les effets néfastes, circonscription électorale au Québec qui soit quotidiennement - la cohérence des interventions réellement assise sur notre beau fleuve Saint- 112

Laurent, qui est un axe de développement relever notre parti, notre gouvernement. économique par excellence pour toute la vallée La performance économique de notre du Saint-Laurent. gouvernement nous a permis d'atteindre les Sa capitale régionale est également Salaber- objectifs de création d'emplois que nous nous ry-de-Valleyfield, reconnue de façon bien par- étions fixés en 1985, soit un rythme de 80 000 ticulière par un événement très spécial que nous nouveaux emplois par année. Qui plus est, la y voyons depuis 52 ans, les Régates internatio- composition de la création d'emplois a radicale- nales de Valleyfield. Et, soit dit en passant, nous ment changé par rapport à la période précédente. avons eu, en 1988, dans le cadre du 50e anniver- Ainsi de 1981 à 1985, le Québec avait perdu saire, des régates internationales, la triple 38 000 emplois à temps plein, de sorte que seul couronne, le championnat du monde, le cham- le nombre des emplois à temps partiel a pionnat nord-américain et le championnat cana- augmenté. Inversement de 1986 à 1988, 91 % de dien. Nous avons obtenu dernièrement, pour 1992, • la création d'emplois étaient constitués de postes lorsque les Jeux olympiques d'été auront lieu à à temps plein. Les mesures que nous avons mises Barcelone, de même que l'Exposition universelle, en place et qui visent à rendre l'économie plus pour Salaberry-de-Valleyfield, les régates mon- compétitive, à stimuler les investissements et à diales dans le cadre du 350e anniversaire de la corriger certaines lacunes de l'économie québé- fondation de la ville de Montréal et du 125e coise ont donc déjà porté fruit et continueront anniversaire de la Confédération. Tout ça pour à produire leurs effets bénéfiques en termes de vous dire que c'est un endroit quand même riche création d'emplois de qualité. en histoire et qui est très visité par le touriste Nous ne pouvons cependant nous satisfaire américain et le touriste canadien. Je profite de entièrement des résultats actuels. Il nous faut l'occasion également pour inviter les membres de nous préoccuper davantage des problèmes de cette Assemblée à venir y faire un tour. Nous fonds qui vont au-delà des fluctuations de la avons des plans d'eau extraordinaires. conjoncture économique. Au Québec, la nature Ceci dit, M. le Président, je voudrais même du chômage a évolué. Si l'augmentation de profiter également de l'occasion qui m'est donnée l'activité économique permet de résorber le taux pour remercier cette population de Salaberry- de chômage, il appert qu'au-delà d'un certain Soulanges de la confiance qu'on m'a renouvelée seuil, la lutte au sous-emploi se bute à un noyau le 25 septembre 1989. J'ai eu également le plaisir structurel de chômage, composé en bonne partie de presque doubler ma majorité par rapport à de personnes qui font face à des problèmes 1985. C'est satisfaisant, très satisfaisant et je d'employabilité tels que les décrocheurs, les remercie aussi les centaines de bénévoles qui ont assistés sociaux aptes au travail, les analphabè- mis du temps, des heures, des jours et des tes, les travailleurs âgés etc., mais sutout de semaines à faire en sorte que leur député soit personnes qui n'ont pu faire évoluer leurs réélu à l'Assemblée nationale. qualifications au même rythme que les besoins du Salaberry-Soulanges, c'est un comté qui est marché du travail ou qui ont été victimes des à moitié rural et à moitié urbain. On a vécu, mutations de la structure industrielle de l'écono- depuis quelques années, des pertes d'emplois mie. quand même assez majeures malgré des investis- En outre, les phénomènes de transformation sements également importants. On s'aperçoit des secteurs industriels, de modernisation des aujourd'hui que ces pertes d'emplois, souvent, entreprises et d'émergence d'activités de pointe sont dues à un manque de formation de la main- accélèrent le problème de ce chômage qualifié de d'œuvre. Donc dans les années à venir, il structurel. Ainsi, on se retrouve aujourd'hui dans faudra, du moins dans notre région et partout à une situation plus incongrue où des milliers travers le Québec... Il va falloir justement que d'emplois ne peuvent être comblés, faute de notre système scolaire, nos écoles de formation main-d'oeuvre qualifiée. s'ajustent davantage aux besoins du marché du Ce chômage structurel revêt une importance travail. Il faudra aussi que nos entreprises significative puisque, selon des études du Conseil communiquent davantage avec nos écoles de économique du Canada, les deux tiers de notre formation afin de bien s'adapter et de bien écart de chômage avec l'Ontario s'expliquent par identifier le type de formation de main-d'oeuvre cette seule source. Cette disparité importante dont nous avons besoin. entre la disponibilité de la main-d'oeuvre et les M. le Président, lorsqu'on parie du capital besoins du marché du travail, ceux d'aujourd'hui humain, lorsqu'on parie de la main-d'oeuvre, on et de demain, nous font prendre conscience de parie à peu près de ce qu'il y a de plus impor- l'importance stratégique du capital humain dans tant au Québec. Plus qu'à aucun autre moment de notre développement économique. notre histoire, le capital humain constitue la Comment peut-on envisager de bâtir l'éco- ressource stratégique de la société québécoise. nomie de l'avenir compétitive, ouverte, misant Les emplois de demain, emplois que nous voulons sur les développements technologiques et les stimulants, rémunérateurs seront tributaires des secteurs de pointe sans investir dès aujourd'hui efforts que nous aurons su investir pour amélio- dans le développement des ressources humaines. rer et développer la compétence de la main- M. le Président, cet investissement exigera d'oeuvre d'aujourd'hui. C'est le défi que veut des efforts majeurs de la part de tous les 113

partenaires impliqués dans le défi de l'emploi. Le j'aborde mon mandat comme député de cette virage que le Québec doit prendre en matière de circonscription montréalaise. Je suis convaincu formation professionnelle requiert un important que cette 34e Législature sera riche en événe- changement d'attitude, une évolution des men- ments et je tiens à vous assurer, M. le Prési- talités autant chez (es employeurs que chez les dent, de mon entière collaboration. travailleurs. Par les voies de la concertation, le Personne ne s'étonnera que mes premiers gouvernement devra encourager l'émergence d'une mots aillent aux électeurs et aux éiectrices de véritable culture à l'égard de la formation qui ma circonscription, ces gens qui, à l'occasion du devrait être considérée comme une condition récent scrutin, m'ont accordé toute leur con- d'épanouissement personnel en emploi. fiance. Ces hommes et ces femmes, jeunes et M. le Président, si je veux conclure sur cet moins jeunes, ont compris le sens de mon exposé, on pourra dire que la révolution tech- implication politique, la réalisation du pays du nologique n'est pas pour demain, mais pour Québec. C'est avec eux que j'ai l'intention de aujourd'hui. La main-d'oeuvre doit être qualifiée travailler et vous pouvez être assuré que je et savoir s'ajuster à l'évolution des besoins dont travaillerai à la défense de leurs intérêts et à la les exigences deviennent de plus en plus pointues promotion de leurs aspirations les plus légitimes, au rythme du progrès et sous la pression de la M. le Président. Tous auront la même écoute et concurrence. - le même soutien de leur député. Le Parti libéral du Québec est profondément De plus en plus aussi, je suis fier de l'appui convaincu que le développement économique du de nos aînés, ceux et celles qui ont contribué au Québec est intimement lié à la qualité de nos développement économique du Québec, ceux et ressources humaines, comme il est conscient que celles qui ont contribué aussi à son développe- le Québec est confronté à un chômage structurel ment démographique. Ils ont compris mon mes- qu'il faut savoir contrer. sage et je crois qu'ensemble, on a été capables Pour les travailleurs, il faut que l'éducation de tisser une nouvelle solidarité entre les permanente devienne un mode de vie plutôt générations. Quant à moi, ce geste est tout qu'une opération de dépannage en cas de coup simplement porteur d'avenir et je tiens à assurer dur. Pour les entreprises, il faut que les efforts toutes ces personnes qui ont voté pour moi, leur de développement des ressources humaines assurer ma gratitude et mon respect. deviennent assimilables à des investissements en Vous me permettrez aussi de saluer mon capital. Nous n'y parviendrons pas sans changer prédécesseur, M. Jacques Rochefort qui, pendant des façons de faire, des attitudes, des modes deux mandats, a représenté les électeurs de ma d'opération, sans faire évoluer des mentalités. circonscription de façon remarquable. Je tiens à C'est pourquoi, notre gouvernement, notre parti, reconnaître ici l'excellence de son travail et lui s'est fixé des objectifs réalistes et a choisi assurer mes voeux de succès pour l'avenir. Je d'adopter des mesures précises et adaptées à crois qu'à son exemple... notre réalité socio-économique d'aujourd'hui: création d'un fonds de formation, mesures Des voix: Bravo! fiscales incitatives, régime pédagogique et service éducatif adaptés, renouvellement du système . M. Boisclair: ...M. le Président, mon impli- d'apprentissage et, enfin, vaste programme d'in- cation politique n'aura de sens que si je suis formation et de sensibilisation à la nécessité capable de maintenir un dialogue constant et un pour les entreprises et les travailleurs de déve- dialogue fructueux avec l'ensemble de mes lopper un nouveau partenariat en matière de for- électeurs. mation de la main-d'oeuvre. Finalement, je me réjouis aussi de la (17 h 40) composition de cette nouvelle Législature, une Voilà autant de moyens auxquels le Parti Législature et une Assemblée qui, pour la pre- libéral du Québec ou le gouvernement libéral du mière fois, comporte un nombre important de Québec s'engage pour réussir à endiguer le femmes, et j'espère aussi que, dans les années problème de chômage structurel et à passer qui viendront, cette Assemblée sera composée et victorieux le cap de l'an 2000. Merci, M. le sera plus représentative de l'ensemble des Président. groupes qui forment notre société. Je fais référence ici plus particulièrement aux Québécois Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le de nouvelle souche qui sont venus ici, dans notre député de Salaberry-Soulanges. Je vais main- pays, à la recherche de liberté. Un jour, j'espère tenant reconnaître le député de Gouin. qu'ils seront mieux représentés, et ce, des deux côtés de la Chambre. M. André Boisclair • M. le Président, il y a quelques jours, le premier ministre de ce qu'il est toujours convenu M. Boisclair: Merci, M. le Président. Vous d'appeler une province profitait de l'occasion comprendrez que c'est avec une émotion certaine pour nous entretenir de ses projets d'avenir. que je prends la parole pour la première fois Mais, j'ai peur cependant que le premier ministre dans cette Assemblée nationale du Québec et ait oublié un certain nombre de sujets qui c'est aussi avec beaucoup d'enthousiasme que concernent pourtant nos concitoyens. 114

En effet, plutôt que d'apporter une vérita- économique. ble solution aux problèmes qui confrontent un Les Québécois sont enthousiasmés, et avec bon nombre de Québécois et de Québécoises, le raison, par les perspectives nouvelles qu'offre premier ministre a préféré entretenir l'illusion l'internationalisation des marchés économiques et constitutionnelle en laquelle bien peu de Québé- ils sont désireux de relever le défi de l'excel- cois et de Québécoises continuent de croire. lence. De plus, les jeunes Québécois sont ouverts Vous me permettrez, sans doute, M. le Président, sur le monde comme jamais d'autres générations de prendre quelques minutes pour faire un peu ne l'ont été auparavant. Nous avons le goût de de lumière au bout de ce tunnel sans fin. Les participer activement aux changements importants récents développements ne me surprennent guère: qui surviennent partout dans le monde et, Par son à-plat-ventrisme, le premier ministre a contrairement à ce que nos amis d'en face remis entre les mains des McKenna, Wells et essaient de nous faire croire, la souveraineté, Filmon l'avenir de notre pays. Comment expliquer nous ne la voulons pas pour nous refermer sur qu'à la conférence constitutionnelle, c'est au nous-mêmes, bien au contraire. La souveraineté, premier ministre de l'Ontario qu'est revenue nous la voulons parce que nous voulons par- l'initiative de défendre les demandes du Québec, ticiper aux différents traités qui se signent de si minimes soient-elles? Plusieurs Québécois ont façon quotidienne, parce que nous voulons, nous raison de s'inquiéter du silence de notre, premier aussi, comme peuple, être représentés au sein du ministre. À l'heure où partout dans le monde, M concert des nations, et il serait juste et normal, le Président, on discute de développement M. le Président, que nous puissions participer et technologique, d'environnement, de formation enrichir le concert des nations en tant que pays professionnelle, de recherche et de paix, les souverain. Québécois, quant à eux, sont contraints d'assister À l'aube de ce XXIe siècle, de ce troisième encore une fois au terne spectacle de danse à millénaire, le temps est venu pour nous d'aborder claquettes constitutionnelle auquel se livre le les vrais problèmes auxquels sont confrontés nos premier ministre. citoyens et citoyennes et d'y apporter des Est-ce possible, M. le Président, qu'à l'aube solutions qui s'y imposent. Heureusement, M. le des années quatre-vingt-dix, nous soyons encore Président, il y a des gens, qui, de façon quoti- en train de discuter de constitution et discuter dienne, bâtissent le pays. Dans mon comté et de langue, alors qu'il y a bon nombre de problè- partout au Québec, et ce comme nulle part mes sur lesquels on ne s'arrête même pas? ailleurs au Canada, on remarque l'émergence de Heureusement, M. le Président, pour bien des nouvelles solidarités sociales. Ces organismes Québécois, ce cirque constitutionnel n'est plus communautaires qui canalisent ces énergies porteur d'avenir. De plus en plus, nos conci- contribuent à développer ce que j'appelle l'éco- toyens ont arrêté leur choix ou arrêtent, ces nomie sociale dont la rentabilité, vous en jours-ci, une option, celle du pays du Québec. Ils conviendrez avec moi, n'est plus à démontrer. veulent vivre, ils veulent travailler et ils veulent Dans un contexte de laisser-faire économi- aussi commercer en français. Ils en sont venus à que, de plus en plus de gens prennent leurs la conclusion que seul un véritable pays québé- responsabilités et décident, à leur façon, de faire cois, avec toutes ses lois, tous ses impôts et la différence en s'impliquant dans leur quartier, tous ses pouvoirs en matière de relations inter- en s'impliquant dans leur paroisse, en s'impli- nationales, peut leur garantir le respect de leur quant dans leur milieu de vie. Ces gens connais- langue, de leur culture, et leur permettre le sent beaucoup mieux la réalité que n'importe quel développement économique auquel ils ont droit. fonctionnaire à Ottawa ou à Québec et inter- Pour le Parti québécois, le choix est aussi clair: viennent de façon beaucoup plus efficace. Ces il faut avoir notre pays bien à nous. gens, cependant, dont tout le monde s'entend Depuis le référendum de 1980, l'option du pour vanter le mérite, ont été oubliés par notre pays québécois telle que proposée par le Parti premier ministre. québécois a beaucoup évolué. Ce projet n'ap- À l'aube de l'an 2000, alors qu'on redéfinit paraît pas simplement en réaction à un fédéralis- nos priorités et que l'État définit ses priorités me canadien si désuet soit-il. Les Québécois sont en matière de santé et de services sociaux, la désormais libérés de l'insécurité économique qui question et la place de la reconnaissance de les hantait encore il y a quelques années, aidée l'action communautaire, M. le Président, devien- par les discours alarmistes, vous le comprendrez, nent un enjeu fondamental pour l'avenir de notre et mensongers des tenants du fédéralisme. société. Aujourd'hui, les Québécois connaissent des succès Si cela est vrai pour les domaines de la économiques qui leur inspirent une confiance santé et des services sociaux, ça l'est aussi pour inébranlable. Ceux que le chef de l'Opposition d'autres domaines, comme l'insertion ou la officielle appelait il y a quelques années la garde réinsertion dans un emploi ou les mesures montante sont aujourd'hui bien installés aux d'éducation aux adultes et d'éducation populaire commandes de notre économie. Le récent traité toutes mises en oeuvre, vous le savez comme de libre-échange, par exemple, leur offre de moi, par des organismes communautaires très nouvelles possibilités d'affaires et éloigne à près des personnes en cause. jamais le chantage canadien d'un éventuel blocus Certains organismes agissent essentiellement 115

en complémentarité avec le réseau public, mais il j'assume la responsabilité de critique en matière faut maintenant ouvrir une nouvelle avenue en de communications comme représentant de reconnaissant l'effort quotidien de l'action com- l'Opposition officielle. Bien que le premier munautaire autonome. Ces organismes devraient ministre ait peu fait état des enjeux importants pouvoir compter sur une politique de financement qui confrontent ce secteur, vous me permettrez adéquate qui pourrait leur permettre de sortir du sans doute, puisqu'il n'y a pas de proposition cercle vicieux de la recherche de financement. dans l'air, de proposer un certain nombre de Ceux-ci, souvent négligés par le gouvernement, pistes d'action et de réflexion au nouveau doivent, à leur tour, négliger leur clientèle pour gouvernement. mener un combat quotidien avec les fonction- Le Québec, M. le Président, doit recouvrer naires des différents ministères et ce, souvent, rapidement sa pleine souveraineté dans le secteur je le regrette, sans l'appui de leur député. des communications pour en poursuivre résolu- Souvent, lorsqu'ils réussissent à obtenir du ment la francisation et développer sa maîtrise financement, on met des conditions qui, souvent, économique, légiférer et réglementer. Le Québec, n'ont rien de comparable aux conditions qu'on par son histoire, a toujours considéré les com- pourrait imposer à l'entreprise privée. munications comme relevant de sa compétence, M. le Président, j'ai eu l'occasion de en matière de langue, d'éducation et de culture, rencontrer ces organismes, tout comme l'ensemble ainsi que sa responsabilité morale comme seul de mes collèges de la région métropolitaine, et je représentant de la majorité francophone en peux vous assurer qu'ils en ont assez de se Amérique du Nord. Les tribunaux ont cependant déguiser, de se comporter en quêteux, à chaque sans cesse confirmé l'autorité fédérale dans ce année, pour négocier du financement et essayer secteur en vertu de la constitution de 1867. Le de répondre aux normes et aux critères de toutes Québec a donc dû se contenter d'une présence sortes. discrète, pour ainsi dire, complémentaire, par (17 h 50) exemple la télévision éducative, avec tous les Ils dénoncent à l'unisson une ingérence désavantages qui en découlent pour la mise en quotidienne dans leurs affaires et souhaitent oeuvre de politiques nécessaires au développe- rapidement une intervention de la part du ment de sa culture. gouvernement libéral. Si nous continuons à brûler Les nouvelles techniques ont envahi peu à la chandelle par les deux bouts, M. le Président, peu tous les champs de la culture, mais le c'est notre tissu social qui en souffrira et le Québec n'a guère plus de compétence constitu- gouvernement aura tout simplement à rendre ses tionnelle que sur la culture du XIXe siècle, comptes. Quant à moi, je m'associe à leur action. c'est-à-dire celle qu'on pouvait se représenter en Voilà un dossier devant lequel le gouvernement 1867. La culture du XXIe siècle, celle dont la ne pourra pas se défiler. diffusion est liée aux moyens modernes de De plus, rien dans le discours du premier communication, nous échappe quasi entièrement. ministre ne laisse présager que la situation L'épanouissement de la culture québécoise dépend adverse qui touche ma génération, les jeunes du donc de l'orientation que d'autres choisissent aux Québec, va se résorber. Au contraire. Ce gouver- communications en territoire québécois. Les nement avait promis de revoir le mode de nouvelles techniques, M. le Président, nous sont financement de nos universités. Il a même tenu souvent venues des États-Unis, donc, en anglais, en 1986 une commission parlementaire à cet depuis le cinéma et la radio d'avant-guerre, effet. Depuis, que des mesures partielles, que des jusqu'à la révolution informatique récente, ce qui mesures temporaires et à courte vue. suppose un effort permanent de francisation et Devant son incapacité à innover, M. le d'aménagement socioculturel. Président, le gouvernement a plutôt opté pour la Or, cette tâche relève de l'autorité fédéra- solution facile: refiler la facture aux étudiants et le, dont ce ne fut jamais un objectif clair, ni un aux étudiantes du Québec en augmentant con- objectif prioritaire. La francisation des nouvelles sidérablement les frais de scolarité. techniques et leur intégration à la culture Voilà qui ne règle en rien la situation des québécoise ne se sont donc faites que partielle- jeunes Québécois et Québécoises qui, encore une ment et plusieurs décisions conçues pour les fois, remportent le championnat du chômage. besoins du Canada anglais ont même joué au Bien sûr, le gouvernement a annoncé une détriment des francophones. En 1985 par réforme du régime de l'aide financière aux exemple, dans le secteur de la radiotélévision, les étudiants sans toutefois dévoiler directement ses francophones composaient la clientèle des intentions à l'égard des frais de scolarité. Mais, stations anglaises pour environ 33 % à la télévi- en maintenant un fort taux d'endettement chez sion, 41 % à la radio, et 10 % à la radio MA. Il les diplômés, on parle de plus de 10 000 $ à la y a là une menace d'acculturation. fin des études, en ne facilitant pas davantage Pour ma part, M. le Président, j'ai l'inten- leur entrée sur le marché du travail, leur tion de travailler à l'établissement d'un espace permettons-nous vraiment de participer pleine- francophone que nous devrons défendre et ment à la société et de relever, par exemple, le développer en ces matières où communications et nouveau défi démographique? culture se chevauchent et se nourrissent l'une de M. le Président, à titre de député de Gouin, l'autre: disque et radio, cinéma et télévision, 116

informatique et documentation écrite, création et partager avec l'ensemble de mes concitoyens et télécommunication. Le but n'est pas de fermer le concitoyennes. Merci beaucoup, M. le Président. Québec aux influences étrangères, mais de lui assurer sa juste place sur son propre marché, de Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le manière qu'il les assimile à son profit et non pas député de Gouin. M. le leader adjoint du gouver- que le contraire se produise. nement. Je suis d'ailleurs heureux, M. le Président, de voir que la nouvelle ministre des Communica- M. Lefebvre: Je fais motion pour suspendre tions a pris le pari des 65 % pour le quota de les travaux jusqu'à 20 heures, en indiquant à la chansons francophones sur les ondes radio. Chambre qu'on reprendra, à 20 heures, le débat Quoique ayant auparavant présenté une position sur le discours d'ouverture. plutôt équivoque a cet égard, elle a su faire sienne la proposition de l'Opposition en se Le Vice-Président (M. Cannon): Alors, les prononçant clairement sur la question. Comme travaux sont donc suspendus jusqu'à 20 heures, quoi, M. le Président, même en désavantage pour la reprise du débat. numérique, on peut parfois compter des buts. Je m'inquiète aussi de l'avenir de la Régie (Suspension de la séance à 17 h 59) des services publics, suite à l'adoption du projet fédéral C-41. La ministre a rencontré le ministre fédéral responsable du dossier et l'Opposition (Reprise à 20 h 2) attend toujours une position claire du gouverne- ment du Québec. Gouverner, pour moi, c'est plus Le Vice-Président (M. Cannon): Veuillez que manifester des souhaits. Il faut parfois vous asseoir, s'il vous plaît. Nous en sommes passer aux actes. Et j'espère qu'on ne voit pas donc à la reprise du débat sur le discours dans ce comportement attentiste une autre des d'ouverture prononcé par le premier ministre le conséquences des négociations constitutionnelles. 28 novembre 1989 et je suis prêt à reconnaître En conclusion, M. le Président, j'émets le le premier orateur. M. le député de Charievoix. souhait que les travaux de cette 34e Législature nous permettent de répondre aussi adéquatement Des voix: Bravo! que possible aux nombreux besoins de nos concitoyens et concitoyennes. L'Opposition offi- M. Daniel Bradet cielle ne laissera pas le gouvernement passer outre à ses responsabilités et ignorer ceux et M. Bradet: M. le Président, avant de celles qui, tous les jours, contribuent à bâtir une commenter le discours inaugural, je voudrais société plus solidaire et plus humanitaire. Nous profiter de l'occasion qui m'est offerte pour ne tolérerons plus, comme semble vouloir l'accep- remercier mes partisans, électeurs et électrices ter ce gouvernement, un taux de chômage du beau comté de Charievoix pour la confiance honteux parce que beaucoup trop élevé chez les qu'il m'ont témoignée le 25 septembre dernier. jeunes. Il s'agit là d'un gaspillage de ressources J'ai l'honneur de représenter une population fière humaines et ce n'est certes pas à l'honneur de ses origines, laborieuse et soucieuse de son d'une société riche comme la nôtre. bien-être que je continuerai, au début de ce M. le Président, c'est précisément à l'en- second mandat, à appuyer par un travail soutenu droit des plus démunis de notre société que nous et acharné. Je connais les responsabilités qu'ils devons augmenter nos énergies et nos ressources. m'ont confiées, et c'est avec fierté que je les Sans l'indéfectible soutien des élus de ce Parle- représenterai le plus fidèlement possible à ment, des centaines de milliers de concitoyens et l'Assemblée nationale. concitoyennes ne pourront participer pleinement J'aimerais profiter de cet événement pour à la vie collective. Il continuera d'y avoir deux remercier tous ceux et celles qui, à juste titre, Québec: un Québec riche et en santé, un Québec ont mis leur confiance et leurs espoirs dans le pauvre, malade et isolé. Parti libéral du Québec, en son chef, son équipe Enfin, M. le Président, les travaux de et son programme. l'Assemblée nationale démontreront à la popula- Permettez-moi, M. le Président, de vous tion, au cours de la prochaine année, que présenter brièvement le comté de Charievoix, un l'illusion constitutionnelle de l'actuel gouverne- comté dont la renommée n'est plus à faire, oasis ment n'était en fait qu'une perte de temps, du Temps d'une paix, une émission qui, pendant qu'une perte d'énergie, que cela nous a empêchés plus de six ans, a connu les cotes d'écoute les d'avancer à notre rythme pour nous développer plus fortes au Québec, reconnu pour sa gastrono- et pour développer pleinement le Québec dans mie, la beauté naturelle de ses sites, que ce soit tous les secteurs de l'activité québécoise et ce, le parc des Grands-Jardins, le parc des Hautes- avec tous les groupes qui forment la société Gorges, le fleuve, l'île-aux-Coudres, lieu de moderne d'aujourd'hui. Nous devons assumer tous rencontre des grands peintres, unique au plan les pouvoirs d'un pays souverain pour qu'enfin faunique. Quel comté, à une heure de l'Assemblée nous puissions être fiers d'être Québécois, être nationale, peut se vanter d'avoir, à une de ses fiers de vivre en ce pays que j'espère pouvoir extrémités, à Cap-Tourmente, les oies sauvages, 117

dans le centre, des caribous à l'état sauvage et, taux de chômage devait diminuer à près de à l'autre extrémité du comté, les baleines? 9,4 % sur une base annuelle. La progression de Charlevoix est donc un véritable lieu de destina- l'économie québécoise qui s'était établie à 2,9 % tion-séjour type au Québec, une région où en 1986 passait à 4,9 % en 1988. Le déficit l'industrie touristique est citée en exemple, où menaçait d'exploser, à 4 300 000 000 $, au l'agriculture tient une place importante, où moment où l'actuel gouvernement a pris le l'industrie est de plus en plus présente. pouvoir. Au cours de l'exercice financier 1988- Charlevoix, c'est aussi, M. le Président, un 1989, le déficit fut réduit à 1 500 000 000 $. véritable croissant fertile du ski. Qui peut se Cette prouesse est remarquable. vanter d'avoir dans son comté des centres de M. le Président, le gouvernement libéral ski aussi prodigieux, tels le Mont Sainte-Anne, la croit fermement au dynamisme régional, que véritable Mecque du ski au Québec, Petite- chaque région possède ses caractéristiques, ses Rivière-Saint-François, un projet potentiel et ressources et son potentiel. Il va sans dire que énorme, et le mont Grand-Fonds? l'atteinte des objectifs économiques que s'est Charlevoix, c'est aussi un comté de 29 fixés le gouvernement ne peut se faire sans municipalités d'où émergent des villes dynamiques l'entière participation de chacune des régions du telles Sainte-Anne-de-Beaupré, lieu de pèlerinage Québec. Il est donc nécessaire de voir à ce que reconnu, Beaupré, Baie-Saint-Paul, la ville des les investissements et la création d'emplois arts, La Malbaie, ville qui, historiquement, était s'étendent à toutes les parties de notre province vouée au tourisme, Clermont, le coeur de Dono- tout en tenant compte des spécificités et des hue. Mais Charlevoix, M. le Président, c'est aussi besoins de chacune d'elles. C'est pourquoi, depuis un comté aux prises avec un taux de chômage son arrivée au pouvoir, le gouvernement libéral a élevé, l'exode de nos jeunes, le vieillissement de mis sur pied diverses mesures visant à favoriser la population, le manque de petites industries le développement des régions. dans les secteurs primaire et secondaire. Par ailleurs, M. le Président, depuis quel- M. le Président, l'an dernier, à pareille ques années, des besoins pressants se font sentir date, nous fêtions dans Charlevoix les 25 ans du à tous les niveaux dans le domaine de l'environ- Parti libéral et nous faisions alors le constat nement. Étant donné l'urgence de la situation, le que lorsque le gouvernement libéral a été au gouvernement libéral a intensifié le programme pouvoir, le Québec s'est développé, Charlevoix d'assainissement des eaux au Québec, accélérant s'est développé, connaissant la prospérité, ainsi la création d'emplois en régions. À titre connaissant le progrès. Mais nous constations d'exemple, les programmes d'assainissement des aussi l'épisode péquiste, ces neuf années de eaux mis en oeuvre avec la collaboration des vaches maigres, où nous avons payé le prix plus municipalités génèrent chaque année environ que partout ailleurs au Québec, le prix de cette 400 000 000 $ d'immobilisations tout en amélio- fidélité et de ces convictions politiques. 108 rant la qualité de vie des citoyens et des longs mois d'holocauste, de purgatoire pour citoyennes. Le ministre de l'Agriculture vous Charlevoix qui se terminait en décembre 1985. Le parlerait sans doute des efforts qu'il a faits pour monde québécois allait redevenir à la normale. combattre et enrayer la pollution agricole. Pour L'épidémie était sous contrôle, mais les plaies Charlevoix, ce fut plus de 40 000 000 $; étaient profondes: un déficit de plus de 28 000 000 $ si l'on tient compte de la signature des protocoles de Malbaie, Rivière-Malbaie, 4 000 000 000 $, des routes délabrées, des Pointe-au-Pic, Cap-à-l'Aigle, ceux de Baie-Saint- services sociaux dépassés. Paul, de Baie-Saint-Paul paroisse et de RMère- Le gouvernement libéral s'était alors fixé, du-Gouffre; 16 700 000 $ ajoutés à cela pour vous vous en souvenez, trois objectifs: insuffler Beaupré, Sainte-Anne, Saint-Féréol et Saint- au Québec un climat de stabilité politique et . Joachim. sociale nécessaire à notre prospérité; créer un climat propice aux investissements et à la En trois ans, M. le Président, plus de 75 % croissance économique; enfin, assurer un meilleur des municipalités de Charlevoix - et ça, c'est contrôle des finances publiques. L'opération de important quand on en a 29 - ont profité du revitalisation entreprise par le gouvernement dès programme d'assainissement des eaux. Lors du son accession au pouvoir s'est traduite par de budget 1988-1989, présenté par le gouvernement nombreuses compressions budgétaires, l'élimina- du Québec, d'autres mesures furent annoncées tion de certains programmes qui se dédoublaient dans un certain nombre de programmes ayant un ou dont l'efficacité n'était pas démontrée, la impact déterminant sur le développement régio- privatisation d'un certain nombre d'entreprises où nal. la présence de l'État semblait superflue. En effet, pour faire face à un réseau En fait, cette opération consistait à dégager routier fortement déprécié depuis dix ans - je une véritable marge de manoeuvre indispensable dois vous dire que Charlevoix a payé la note pour une meilleure redistribution collective de la encore plus dans le réseau routier puisque nous richesse et pour pouvoir maximiser les interven- avions eu un ministre des Transports, de 1970 à tions économiques. 1973, et qu'il fallait payer cette note-là. Donc, Les progrès enregistrés furent remarquables. pour faire face à ce réseau routier fortement Pour la première fois depuis plusieurs années, le déprécié, 30 000 000 $ se sont ajoutés en crédits 118

déjà prévus afin d'accélérer la réfection des naient en longueur ont vu le jour. Je pense au routes et ainsi améliorer la circulation en régions musée régional Laure-Conan, le musée de Char- périphériques. levoix, où plus de 1 000 000 $ ont été injectés. Les emplois qui découlèrent de ces travaux Je pense à la papeterie Saint-Gilles qui fabrique ont contribué à diminuer le taux de chômage en un papier unique en Amérique du Nord, au musée région. Charlevoix a eu sa quote-part: des maritime. Tout ça s'est fait dans ces trois années tronçons de la 138 qui étaient sur le pavé depuis où il y avait des compressions budgétaires et une quinzaine d'années se sont faits. Je pense à tout ça, M. le Président, c'étaient des projets Baie-Saint-Paul, à Clermont. Les lits d'arrêt. Il qui traînaient depuis quinze ans. existe au Québec trois structures de lits d'arrêt Outre ces préoccupations concernant l'état pour camions en détresse: une à Tadoussac et des finances publiques et sa volonté d'y remédier deux dans les côtes de Baie-Saint-Paul. Et, pour par des mesures appropriées, le gouvernement la première fois depuis quinze ans, il n'y a pas s'était engagé, dès son arrivée au pouvoir, à eu d'accident mortel causé par un camion en relancer l'activité économique sur des bases détresse à Baie-Saint-Paul. Il a fallu attendre le solides et durables puisqu'elle est essentielle au Parti libéral pour le faire. Les mêmes côtes progrès social et culturel. Pour ce faire, le étaient là depuis 1976. gouvernement était prêt à reconnaître à sa juste Vous avez dit en décembre 1985 qu'on valeur le dynamisme et les qualités d"*entrepre- arrêterait de planter des piquets et qu'on . neurship" des hommes, des femmes et des jeunes referait des routes. M. le Président, on a tenu du Québec. Les lignes directrices de la politique notre promesse et je sais que, dans bien des économique se résumaient de la façon suivante: comtés, là aussi il y a eu amélioration du réseau Encourager d'abord la formation de nouvelles routier. entreprises par le développement des présentes Finalement, diverses mesures visant à techniques de financement et par des mesures favoriser le développement régional ont été mises nouvelles de soutien à rentrepreneurship"; allé- de l'avant depuis trois ans: l'injection de ger la fiscalité des entreprises, de manière à 50 000 000 $, AIDA, en infrastructures d'aqueduc leur permettre d'être plus concurrentielles et et d'égout; l'entente fédérale-provinciale pour les compétitives pour conquérir les marchés nou- régions où 970 000 000 $ seront injectés au veaux; favoriser la concertation des efforts du cours des cinq prochaines années. gouvernement, de l'entreprise et de l'université; Dès son accession au pouvoir, lors de la encourager la recherche et le développement lecture du discours du 16 décembre 1985, le technologique; donner aux régions des moyens gouvernement libéral annonçait déjà ses couleurs accrus pour assurer la responsabilité de leur en matière de soins de santé et de services développement; remédier au problème de l'emploi sociaux. Fidèle à ce qu'il réclamait alors qu'il chez les jeunes par la réévaluation des divers était dans l'Opposition, le gouvernement du programmes d'aide et de soutien à l'emploi et Québec se donnait comme ambition de redonner à au revenu chez les jeunes. L'atteinte de cet la population québécoise des services de santé et objectif représente en moyenne la création de des services sociaux de toute première qualité en 80 000 emplois par année et permet de ramener s'attaquant prioritairement au problème des salles le taux de chômage de 11,8 %, où il était, à un d'urgence, au problème du vieillissement de la niveau variant entre 8,5 % et 9,75 %. population et à celui de la famille. Chez moi, on D'autre part, M. le Président, le développe- a retrouvé la mise en place du CLSC Beaupré- ment régional a toujours constitué un intérêt Orléans, du CLSC Beaupré-Charlevoix, l'augmen- capital quant aux orientations du gouvernement tation de l'aide aux organismes communautaires, en matière économique. À cet égard, le budget le redressement de nos centres d'accueil dans 1988-1989 offrait des conditions propices aux l'alourdissement de la clientèle et surtout la investissements et à la création d'emplois dans consolidation des équipements. Quand, M. le les régions du Québec. Dans certaines régions, Président, dans une région, dans un comté de des programmes spéciaux étaient également plus de 170 milles de côtes, nous avons seule- prévus par l'octroi de crédits additionnels ment deux hôpitaux, c'est important d'améliorer consacrés à la poursuite du programme de la qualité de ces équipements-là et j'étais création d'emplois et un montant supplémentaire fier que le gouvernement du Québec injecte de 7 000 000 $ a été alloué pour l'implantation 7 300 000 $, il y a deux ans, dans l'agrandisse- d'un programme spécial visant à former un bassin ment du centre hospitalier Saint-Joseph-de-la- de main-d'oeuvre spécialisée dans le secteur Malbaie. forestier. La principale réussite du gouvernement De plus, le ministre des Finances annonçait libérai en matière de culture est sans doute la une hausse de 12 000 000 $ de crédits alloués au reconnaissance du statut professionnel de l'ar- fonds de développement régional ainsi que la tiste. En outre, bien que le gouvernement ait mise en oeuvre d'un plan d'action en ma- "priorisé" l'amélioration des conditions de vie et tière de développement régional, lequel était de travail des artistes et des créateurs au présenté par le ministre des Transports en détriment des immobilisations, certains dossiers octobre dernier. de construction ou d'agrandissement qui traî- Enfin, M. le Président, la promotion et 119

l'initiative de l'"entrepreneurship" régional s'ins- 13,4 % en 1988-1989. De ce fait, le gouvernement crivaient parmi les principales orientations de ce a respecté ses engagements électoraux relative- plan d'action économique. Afin d'encourager le ment au problème de l'emploi de la jeunesse dynamisme des entrepreneurs régionaux, des québécoise. avantages fiscaux additionnels étaient accordés Au chapitre de l'emploi, les objectifs que le aux sociétés de placement dans l'entreprise gouvernement s'était fixés ont non seulement été québécoise dans les régions périphériques. Ainsi, atteints, mais dépassés. Dans l'ensemble de ces la déduction accordée aux investisseurs indicateurs économiques, nous pouvons conclure pour tout placement dans une SPEQ régionale que le Québec s'oriente de plus en plus vers une était majorée de 100 % à 125 % et de 125 % à activité économique fort acceptable et une 150 % pour les SPEQ dont chaque actionnaire est meilleure perspective du marché de l'emploi. Des un employé. projections à moyen terme indiqueraient que le De plus, la mise de fonds minimale néces- taux moyen d'expansion de l'économie québécoise saire au démarrage d'une SPEQ régionale s'éta- s'établirait à 3 % au cours des prochaines années blissait à 50 000 $, comparativement à 100 000 $ et ce, en l'absence de récession sur le plan dans les autres cas. Enfin, le gouvernement international. L'atteinte de ce résultat se tradui- annonçait la création d'un programme de subven- rait par la création, en moyenne, de 80 000 tions au démarrage de SPEQ grâce à la col- emplois-année entre 1987 et 1991. laboration de la Société de développement M. le Président, au cours de son premier industriel. mandat, le gouvernement libéral s'est employé à Sans entrevoir de récession à court ou rénover les politiques fiscales et budgétaires du moyen terme, on prévoit une légère diminution Québec afin d'attirer davantage d'investissements de la croissance économique. Jusqu'à maintenant, et soutenir la croissance économique sur son M. le Président, l'économie québécoise s'est territoire. C'est ainsi que les investissements ont comportée de façon remarquable, comme en fait un bond de 13,1 %, en moyenne, de 1985 à témoignent les statistiques relatives à la crois- 1988, allant même jusqu'à relever le taux d'in- sance de l'économie, aux investissements et à vestissement à 19,3 % du produit intérieur brut l'emploi. En effet, la progression de l'économie en 1988, le plus haut taux des dix dernières québécoise qui s'établissait à 3,3 % en 1986-1987 années. a été exceptionnellement vigoureuse en 1987- Aujourd'hui, on peut dire que le Québec 1988, comparativement à plusieurs grands pays offre des conditions d'investissement qui sont industrialisés qui ont enregistré des résultats parmi les plus avantageuses du monde industria- nettement inférieurs. lisé, surtout en ce qui concerne les facteurs Ainsi, en 1987-1988, l'économie du Québec a d'importance stratégique comme l'achat d'équipe- connu un taux de croissance du produit intérieur ments de pointe, la recherche et le développe- brut de 4,8 % par rapport à 3,9 % pour l'en- ment et le... semble du Canada, 2,9 % aux États-Unis, 2,2 % en Europe, 3,5 % au Japon. Cette performance Le Vice-Président (M. Cannon): M. le économique était d'autant plus remarquable député, simplement pour vous indiquer qu'il ne que le taux de croissance du produit inté- vous reste que quelques secondes pour conclure, rieur brut avait été deux fois supérieur s'il vous plaît. en 1987-1988 à la moyenne des dix dernières années. M. Bradet: Je conclus, M. le Président. En 1988-1989, le Québec a également connu En conclusion, "S'ouvrir à demain", le une croissance économique supérieure à la manifeste politique adopté par le Parti libéral du moyenne et à celle des principaux pays industria- Québec en février 1988, proposait à la population lisés. Il s'agissait de la sixième année consécu- québécoise d'entreprendre l'avenir dans la tive de forte croissance économique avec une continuité du programme économique mis en augmentation du produit initérieur brut de 4,9 %, place par l'actuel gouvernement, avec l'audace comparativement à 4,2 % au Canada, 4,25 % au d'édifier une société plus ouverte, plus prospère Japon, et 2,7 % aux États-Unis. et plus soucieuse de la justice sociale. Désireux (20 h 20) de doter le Québec d'assises solides néces- Les efforts, M. le Président, fournis par le saires à la prospérité future, le gouvernement gouvernement pour relancer l'économie québécoi- libéral propose un projet économique qui permet- se au cours des trois dernières années, conjugués tra aux Québécois de construire leur avenir. Et à une conjoncture économique favorable, se sont je suis fier, avec toute la population de Char- également traduits par une amélioration du levoix, d'en faire partie. Merci, M. le Prési- marché de l'emploi au Québec. Le taux de dent. chômage a progressivement régressé de 11,7 % qu'il était en 1985-1986, à 11 % en 1986-1987, Des voix: Bravo! pour atteindre finalement, en 1988-1989, 9,4 %. Ce dernier aurait diminué à 8,9 % au cours du Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le dernier trimestre. Chez les jeunes, le taux de député de Charievoix. Alors, je reconnais main- chômage est passé de 18,1 %, en 1985-1986, à tenant le député de Lévis. 120

M. Jean Garon Une voix: Ah oui!

M. Garon: M. le Président, j'ai écouté le M. Garon:... lui, il aurait été mieux de faire député de Charlevoix - c'était la première fois moins de discours et de s'occuper de son minis- que j'entendais le son de sa voix - et je me suis tère. On le pensait, nous, mais quand on le dit: H n'est pas obligé de tout dire ce qu'il a à disait, nous, ils disaient: Ils font de la politique. dire dans un seul discours dans un mandat, mais Elle l'a dit, pas de "taponnage". il peut revenir à plusieurs reprises. Mais j'ai remarqué qu'il était moins volubile, il parlait du Une voix: Eh vlan! développement régional stimulant, vigoureux du gouvernement. Sauf que je me rappelle, dans M. Garon: Quand est arrivée l'affaire des Charlevoix, lorsqu'il a été question de la traverse lignosulfonates, ça "taponnait"; le ministre de payante, alors que le gouvernement faisait des l'Environnement, lui, pas de problème. Mme études et puis qu'il a mis la traverse payante Bacon est arrivée: Fini, les lignosulfonates, tant dans Charlevoix, à l'île-aux-Coudres, qu'il a fallu qu'on n'aura pas démontré que ce n'est pas que le Parti québécois s'en occupe parce que la dangereux pour l'environnement. Je dois dire traverse serait restée payante. Lorsque les gens que j'ai été content. Content. Vous le demande- faisaient appel au service des députés pour les rez dans mon territoire, les gens m'ont dit: défendre, le député de Charlevoix était absent. Qu'est-ce que vous en pensez de Mme Bacon? J'y suis allé à chaque fois qu'on m'a invité, je J'ai dit: Moi, je l'aime bien parce qu'elle donne ne l'ai jamais vu là une seule fois. l'heure juste. Là, au moins, quand on vous dira Quand on parle du développement écono- qu'une route, vous allez l'avoir, je suis certain mique régional, je regarde: Portneuf, papeterie de que ça va être oui, mais si c'est non, ça va être Saint-Raymond fermée, alors que le journal Le non. Parce qu'à ce jour, quand elle a donné son Soleil nous apprend, ce matin, que c'est parce opinion sur quelque chose, c'est ça qui s'est que, apparemment, les frères Lemaire, de Cas- passé. Alors, j'ai dit: Là-dessus, il va peut-être y cades, auraient voulu opérer avec la Papeterie de avoir une amélioration. Dans le développement Saint-Raymond, la faire fonctionner, mais, appa- régional, on ne peut pas dire qu'il y a eu grand remment, le député de Portneuf, d'après ce que développement régional au Québec actuellement. dit Le Soleil, ce matin, n'aime pas les frères Au contraire, dans une situation économique, que Lemaire. Alors, il y aura 200 et quelques chô- même le premier ministre dit difficile - il n'est meurs parce que le député de Portneuf n'aime pas en campagne maintenant, il dit que la pas les frères Lemaire. situation est difficile - les régions vont avoir On regarde également dans le Bas-Saint- des problèmes. Les différentes régions du Québec Laurent, où j'ai eu l'occasion de rencontrer les vont avoir des problèmes. Et je vais vous dire gens de différents organismes, et on me disait: II que quand c'est rendu que même Montréal est un y a eu un sommet - tout le monde s'en rappelle, problème; Québec, comprenez-vous? on a vu le c'a été la fin de semaine du tremblement de développement régional... On est rendu que les terre... On disait: Le tremblement de terre a eu négociations... Pour la première fois, sous le lieu cette journée-là, mais, depuis ce temps-là, je Parti libéral, maintenant une convention collec- vais vous dire qu'il n'y a pas eu grand son dans tive ne se passe plus dans la capitale nationale, le sommet, puisque au contraire, en agriculture, elle se passe entièrement à Montréal. Il n'y a on me disait: Sur 21 projets, zéro qui marche, plus rien. Même la CEQ est en voie, si elle ne zéro, ça ne marche pas. l'a pas vendu, de vendre son siège social à J'ai rencontré les gens de la Gaspésie Québec pour déménager ses pénates à Montréal. également, dans les comtés. Cela fait quatorze Ça fait une belle capitale nationale. Et puis, mois que le sommet a eu lieu, en septembre 1988; regardez ce qu'on a. On disait: Ça nous prend et là, la route, 195, à partir de Matane à aller des députés, 35 sur 35. Il y en avait un dans vers la Matapédia, qui devait commencer le 21 l'Opposition, un sur 18. Maintenant on est deux septembre, pas un pouce de fait. La route sur 18. Il y en a seize. Avec seize députés également, belle autoroute à quatre voies, que libéraux dans la région de Québec, maintenant, promettait le député de Charlesbourg, pour aller les négociations sont entièrement faites dans la jusqu'à Rimouski, pas un pouce de fait, même pas région de Montréal, 100 %. Je regarde le député une cuillerée à thé de terre qui a été enlevée, de Limoilou qui me regarde avec des yeux ronds. pas rien, M. le Président. Le développement Est-ce qu'il est au courant? Je ne le sais pas. régional se déguise en fantôme. Rappelez-vous quand le député - je ne me Là, actuellement, le ministre a été changé. rappelle pas le nom du comté - Gobeil - je peux Là, on se dit: Est-ce qu'on va voir le nouveau le nommer il n'est plus en Chambre -... ministre, la nouvelle ministre. J'ai dit: Au moins, elle a une qualité, la nouvelle ministre. Moi, je Une voix: Verdun. suis obligé de dire que la ministre du Dévelop-. pement régional a une qualité exceptionnelle, elle M. Garon:... le député de Verdun, voulait donne l'heure juste. Elle a dit que le député déplacer le ministère des Affaires internationales Lincoln... à Montréal. Le Québec aurait été à peu près le 121

seul endroit au monde dont les Affaires interna- M. Garon: II faut payer des subventions. Et tionales n'auraient pas été dans la capitale. quand on parle de 800 $, remarquez bien que, nous autres, on paie le quart des taxes, donc on Une voix: On y a vu. paie au-dessus de 200 $ pour chaque personne qui va faire un tour vers Prince-Rupert-Jasper et M. Garon: Après ça, on y a vu... Oui, vous le Montagnard des Rocheuses. C'est quelque y avez vu. Certainement vous y avez vu. Sauf chose, le beau Canada dans cet oecuménisme que ce qui est rendu à Montréal, je vais vous le fédéral. En même temps, on a vu que le fédéral dire, c'est l'Asie qui est rendue à Montréal. veut couper 1000 kilomètres de chemin de fer au L'Asie, la section de l'Asie est rendue à Mont- Québec, sans aucune compensation! réal. L'Europe est rendue à Montréal, sauf la En même temps, l'an dernier, il a coupé France parce qu'on a le consulat à Québec. On a 1169 kilomètres de chemin de fer à Terre-Neuve, l'Afrique du Nord. Mais, actuellement, l'Europe entente fédérale-provinciale de 800 000 000 $, est rendue à Montréal, la direction de l'Europe, dans laquelle le gouvernement fédérai va payer la direction de l'Asie. Le député de Limoilou dit: 700 000 000 $ de subventions pour indemniser. On y a vu. Certainement. On va peut-être avoir Dans l'Ouest, encore mieux, 25 000 kilomètres de la responsabilité des îles Faeroe, on va peut-être chemin de fer non rentable qui seront maintenus. avoir le Groenland à Québec, sauf que les Les gens vont nous parler des beautés du divisions importantes dans le domaine des fédéralisme où on paie pour faire vivre les affaires, dans le domaine des relations à venir provinces de l'Ouest ou les Maritimes. 25 000 avec le Québec sont toutes rendues à Montréal. kilomètres de chemin de fer! Pour faire le Mais on n'a pas eu la franchise de le dire à la transport du grain de l'Ouest, seulement pour le population. On a fait ça à la cachette comme le Nid-de-Corbeau, c'était rendu à 658 000 000 $ gouvernement libéral. indexés en 1983, ça doit être rendu Dans le domaine des chemins de fer, des 750 000 000 $ en allant vers 800 000 000 $, cela hommes vigoureux? Un gouvernement de matamo- veut dire qu'on paie 800 000 000 $ par année. res, comprenez-vous? Regardez les lignes qu'on 658 000 000 $ indexés en 1983, près de coupe une par une. Le Petit Train du Nord qui 800 000 000 $, cela veut dire qu'on paie le quart, était là depuis le temps du curé Labelle va 200 000 000 $. Après cela, les gens disent: Est-ce fermer. La ligne Québec-Montréal-Sherbrooke qui qu'on aurait le moyen? On a le moyen de les coûtait, si ma mémoire est bonne, 75 $ de faire vivre, les montagnes Rocheuses. On a le subvention par passager, fermée. La ligne Mont- moyen de faire vivre des chemins de fer de réal-Trois-Rivières-Québec, 30 $ de subvention l'Ouest. On a le moyen de faire vivre... même M. par passager, fermée. La ligne Québec-Mont-Joli, le premier ministre de Terre-Neuve, quand il 100 $ de subvention par passager, fermée. La donne des gifles au premier ministre du Québec! ligne Charny-Richmond, fermée - le député Terre-Neuve... L'argent qui est dépensé à Terre- d'Arthabaska est là, il le sait - contre la volonté Neuve, 50 % est gagné à Terre-Neuve et l'autre de la population. Pendant ce temps-là, com- 50 %, c'est un cadeau qu'on leur fait. C'est beau prenez-vous, devant ce gouvernement de matamo- le Canada! res, la ligne Prince-Rupert-Jasper, elle... Pendant ce temps-là, le développement régional, vous devriez voir ce qui se passe en Des voix: Ha, ha, ha! Gaspésie et dans le Bas-Saint-Laurent, ce sont (20 h 30) les territoires les plus pauvres du Canada. M. Garon:... va demeurer. Savez-vous ' Qu'est-ce qu'on fait? On n'a pas d'argent. Pas combien elle coûte par passager pour voir les d'argent pour le développement régional. Pas belles montagnes Rocheuses de Mme Chaput- d'argent pour le pont de Québec qui est en train Rolland? Vous rappelez-vous? Ça coûte 484 $ de de tout rouiller, il est plein de rouille, le pont subvention par passager. Elle, elle est maintenue. de Québec. Pas d'argent! Cela coûterait Regardez la ligne "le Montagnard des Rocheuses", 20 000 000 $. On dit: Pour le dérouiller, on n'en le petit train qui se promène dans les Rocheuses; a pas. Mais on fait une étude pour savoir si on il va être maintenu. Savez-vous combien ça ne ferait pas un pont, un tunnel ou une partie coûte? 330 $ par passager. Vous avez un petit de pont et une partie de tunnel pour relier Japonais qui arrive, il prend l'avion et après ça, l'île-du-Prince-Édouard à la terre ferme. Cela il prend la ligne Prince-Rupert-Jasper et le coûterait autour de 1 000 000 000 $. Il y a Montagnard des Rocheuses: 484 $ plus 330 $, 118 000 de population, non, même pas 114 000 de 814 $ de subvention pour voir les Rocheuses. On population, l'équivalent de la population dans les paie! S'il vient avec sa femme 1628 $ pour voir comtés des Chutes-de-la-Chaudière et de Lévis. les Rocheuses! Comprenez-vous! Ces gens fai- C'est cela, 114 000 de population: les Chutes-de- saient des discours dans le temps du référendum la-Chaudière et Lévis. Bien là, 1 000 000 000 $, en disant: Nos belles montagnes rocheuses! Ils ne ce n'est pas trop, ce n'est pas trop. On fait une étude. Qu'est-ce que vous préférez? Un pont? Un sont même pas capables de les voir à leurs tunnel? Ou une partie pont et une partie tunnel, frais. pour ne pas déranger les homards de la baie? Là, il y a de l'argent! Là, il n'y a pas de problème, Des voix: Ha, ha, ha! 122

il y a de l'argent! Là, les gens vont nous parier de l'Ontario. Le transport est fait à 100 % par des beautés du fédéralisme canadien, d'un des compagnies ontariennes ou américaines en gouvernement fédéral sur le bord de la ban- moyenne à 500 $ par automobile. 200 000 000 $ queroute, parce qu'un gouvernement, cela ne qu'on donne en cadeau aux compagnies ontarien- fait pas faillite parce qu'il serait déjà en failli- nes ou américaines. Je vais écrire au ministre te. des Transports dans les prochains jours pour lui Quand M. Trudeau est arrivé à Ottawa, le demander s'il accepte de faire la commission Canada avait 18 000 000 000 $. On aime cela parlementaire dont on avait voté le principe dire: Combien il y en avait quand le PQ est avant la dissolution de la Chambre, au printemps, arrivé et parti? Au Canada, ce gouvernement que pour qu'on fasse faire justement une enquête par vous avez défendu, dont vous n'avez jamais parié la commission parlementaire sur le transport des de l'endettement, 18 000 000 000 $ quand Tru- véhicules automobiles. Alors qu'on est les clients, deau est arrivé en 1968 à Ottawa. Quand il est c'est nous autres qui payons le transport. C'est parti en juin 1984, si on coupe l'endettement de . toujours marqué "livraison et préparation en sus", l'année 1984 en deux, parce qu'il est parti au s-u-s. mois de juin - donnons-lui six mois sur dou- ze - 234 000 000 000 $, l'endettement du Canada. Une voix: En sus. Pas trois fois plus, plus de dix fois plus. En décembre dernier, 330 000 000 000 $. On dit M. Garon: En sus, si vous voulez. Il y en a qu'en 1993, cela va être 440 000 000 000 $, alors qui disent "sus". Comme il y en a qui disent qu'on a prévu pour les intérêts de la dette, dans "sud" et "su", d'autres disent "en susse" ou "en le dernier budget fédéral, 39 500 000 000 $ et on sus". Alors, de toute façon, on paie 500 $ par a dit que cela resterait 39 500 000 000 $ pour voiture. Ça fait un marché de 200 000 000 $. les quatre prochaines années, même si la dette C'est de l'argent! Quand on arrive au transport passait de 330 000 000 000 $ à maritime, on fait des cadeaux, comprenez-vous? 440 000 000 000 $. On a vu que c'était unique- On fait des cadeaux. ment pour faire croire cela aux gens puisqu'il est Et là, le gouvernement du Québec a une apparu immédiatement dans les journaux finan- chance, actuellement, de faire quelque chose dans ciers - et l'année n'est même pas écou- ce secteur-là. On importe pour faire vivre en lée - qu'on va dépasser 39 500 000 000 $. donnant des bons tarifs d'électricité aux alumine- Le gouvernement, donc, est en faillite. Et ries. On leur donne des bons tarifs pour venir tout simplement, quand on dit qu'il faut la ici, sauf qu'il faut qu'ils fassent venir... Pour souveraineté du Québec au plus vite, c'est pour faire marcher des alumineries, ça prend de la au moins geler la dette dont on va discuter de la bauxite ou de l'alumine. Habituellement, il y a répartition, parce qu'elle augmente au rythme de une première transformation dans le pays produc- 30000000000$ à 40000000000$ par année teur de bauxite et on transporte de l'alumine. En même dans une période de prospérité; et là on 1988, les besoins en alumine ou en bauxite s'en va vers une période difficile. Ça presse! Ce étaient de 4 500 000 tonnes entièrement trans- n'est pas quelque chose qui ne presse pas, cela portées par des vraquiers demandés sur le "spot devient urgent de faire la souveraineté du market", c'est-à-dire sur le marché qu'on appelle Québec pour arrêter de payer pour faire vivre lorsqu'on en a besoin par des courtiers. les provinces de l'Ouest et les provinces mariti- Pourquoi le gouvernement du Québec mes. On n'est pas condamnés dans l'Évangile, les n'exigerait-il pas... Je ne voudrais pas une Québécois, à faire la charité au reste du Canada, réponse comme m'a dit le ministre de l'Industrie ad vftam aeternam, hein, Mme Carstairs. Je vous et du Commerce: Pourquoi vous ne l'avez pas le dis, on veut que les programmes nationaux fait? Bien oui, mais en 1977, il y a une étude qui demeurent. Si le Québec peut se retirer d'un a été faite et il n'y avait pas beaucoup de programme et que l'Ontario fait la même chose transport d'aluminium. On a commencé les et la Colombie-Britannique, il n'y en aura plus premières alumineries. Là, actuellement on parie de programmes nationaux. Pourquoi? Elle a d'avoir plus d'alumineries et là ça commence à compris, elle. Elle a compris ce que les députés faire du volume de transport. Il serait temps de libéraux d'ici n'ont pas compris, qu'on les fait penser à relier les tarifs d'électricité au fait que vivre. Eux, ils veulent que ça continue. cette alumine-là soit transportée par des bateaux Est-ce que notre rôle, c'est de continuer à fabriqués au Québec. Vous savez, là-dessus, on faire vivre le reste du Canada alors qu'on dit à ferait juste imiter les Américains; les Américains nos citoyens qu'on n'a pas d'argent pour eux? qui ont voté une loi qui s'appelle le "Jones Act" quand on dit qu'on n'a pas d'argent pour le Bas- qui dit: Pour porter le drapeau américain sur Saint-Laurent, pour la Gaspésie et d'autres votre bateau et avoir les avantages que ça territoires? Quand on regarde la charité... comporte, votre bateau doit être construit et Je vais revenir avec le nouveau ministre des réparé aux États-Unis. Transports pour faire une commission parlemen- Nous, c'est simple, on va dire dans les taire sur le transport des voitures neuves. On compagnies d'aluminium: Si vous voulez qu'on achète bon an, mal an, au Québec 400 000 vous renouvelle votre contrat ou qu'on vous automobiles neuves. Une grande partie viennent donne un contrat avec des tarifs préférentiels, il 123

faudrait que votre alumine qui va venir ici soit qu'il vous reste quelques secondes à votre transportée par des bateaux fabriqués et réparés intervention. Alors, si vous voulez conclure, s'il au Québec. Ce n'est pas compliqué. Et on vous plaît. pourrait dire au gouvernement fédéral également: On paie assez d'argent pour l'Ouest, pour le Motion de censure grain de l'Ouest, que quand, au moins, vous le donnez à des pays, on pourrait peut-être bien M. Garon: M. le Président, je vais terminer faire le transport avec ces vraquiers-là, ça fait immédiatement en faisant cette motion de qu'il y aurait quelque chose pour y aller et de censure: "Que cette Assemblée blâme sévèrement l'alumine pour revenir. À part ça, les vraquiers le gouvernement libéral pour son inaction et sa peuvent transporter n'importe quel produit en - mollesse à défendre les intérêts du Québec dans vrac, mais à condition d'avoir une volonté les dossiers des relations fédérales-provinciales politique. en matière de transport, notamment, concernant (20 h 40) la politique fédérale d'abandon des lignes de On a l'impression que le nouveau ministre chemin de fer au Québec, le traitement inéqui- de l'Industrie et du Commerce, dans sa réponse, table du Québec dans le processus de rationalisa- dit que ça équivaudrait à subventionner les tion de Via Rail, la stratégie cachée du fédéral chantiers maritimes. Qu'est-ce que c'est que ça? d'éliminer les chantiers maritimes au Québec, ia Avant de donner une réponse comme ça aux part des dépenses fédérales en matière de journalistes, il aurait pu m'appeler pour que je routes." Je vous remercie, M. le Président. lui explique comment ça peut marcher. Je lui aurais fourni l'étude même, faite en 1977 par Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le Alcan Aluminium, une étude de sa division des député de Lévis. Votre motion est maintenant transports, subventionnée par Transports Canada, déposée. qui démontrait qu'il y avait plusieurs routes qui Je suis prêt à reconnaître le prochain étaient intéressantes sur le plan financier, qui orateur, M. le député de Richelieu. étaient viables sur le plan économique. À ce moment-là, c'étaient des petits volumes, en 1977, M. Khelfa: Merci, M. le Président. comparé à ce qui s'est développé dans le secteur de l'aluminerie par la suite, dans les alumineries Des voix: Bravo! au Québec. Mais à condition de vouloir faire du développement économique, de faire du dévelop- M. Albert Khelfa pement économique, pas seulement régional, pour en parier, pour trouver ça beau, pour parler des M. Khelfa: Pour faire contraste avec mon dynamismes locaux, mais également pour qu'il y prédécesseur, je vais être un peu plus sérieux et ait les retombées économiques qui vont avec ça. pertinent. Regardez, aujourd'hui, dans le domaine de Mes premières paroles, M. le Président, l'agriculture. Y a-t-il quelque chose qui est plus s'adressent, bien sûr, à l'ensemble de mes régional que l'agriculture? Il y avait 85 100 électeurs et électrices du comté de Richelieu personnes qui travaillaient dans l'agriculture en pour les remercier et leur dire à quel point je 1985, quand on était au gouvernement. Les suis honoré d'avoir eu ce mandat, le 25 sep- libéraux arrivent et qu'est-ce qui arrive? 2900 de tembre dernier, et que je travaillerai, comme je moins en 1986. 5900 de moins en 1987. Ça l'ai fait dans le passé pendant mon premier s'additionne aux 2900, ça. Un autre 5900 de mandat, d'une façon sérieuse, déterminée et moins. En 1988, 7000 de moins. Là, on a des déterminante. C'est un engagement indéfectible chiffres pour les neuf premiers mois de l'année: envers mes électeurs et mes électrices. C'est un 12 500 de moins. On est rendu actuellement avec travail de tous les instants et de toutes les 28 300 emplois dans l'agriculture de moins que heures. J'aimerais aussi remercier tous ceux et dans le temps du Parti québécois. Comprenez- celles qui ont travaillé et qui ont participé à vous que ça commence à faire du monde, ça. cette élection d'une façon forte et solide afin 28 000 personnes. Additionnez ça: 2900, 5900, que le message du Parti libéral soit transmis à 7000 et 12 500. C'est du monde. Pourquoi? Parce l'ensemble de la population du comté de Riche- que le développement régional ne se fait pas. Il lieu. n'y a pas de politique. Regardez les scieries qui Mon intervention aujourd'hui, M. le Prési- sont obligées de manifester et de fermer pour dent, dans la 34e Législature, dans le discours qu'on puisse utiliser les copeaux des scieries. d'ouverture, c'est une intervention dans deux Pendant ce temps-là, on parle d'environnement, domaines, dans deux dimensions. Dans un premier alors qu'il va falloir couper des milliers et des temps, comme vous le savez, un discours d'ou- milliers, des dizaines et des dizaines de milliers verture, M. le Président, c'est un discours qui d'arbres de plus, parce que les copeaux vont détermine l'orientation d'un gouvernement, pourrir ou vont être brûlés dans... l'orientation de l'exécutif du gouvernement, l'orientation de l'ensemble de l'action politique, Le Vice-Président (M. Cannon): M. le sociale et économique. Comme vous le savez, député de Lévis, simplement pour vous indiquer notre engagement électoral lors de la dernière 124

campagne électorale s'est situé à quatre niveaux: Nous savons tous les atouts que nous au niveau de l'environnement, de l'économie, de possédons, notamment, dans le secteur des la démographie et de l'éducation. ressources naturelles abondantes. L'hydroélectri- Mais aujourd'hui, compte tenu de l'ampleur cité dont les faibles coûts confèrent au Québec du discours d'ouverture qui coiffe l'ensemble de des avantages concurrentiels. De plus, s'ajoute à nos engagements électoraux, je veux me limiter ça l'industrie pétrochimique avec Soligaz qui s'en à deux aspects, l'environnement et l'économie, et vient avec 6 000 000 000 $ de retombées. Il y a essayer de faire le lien entre l'environnement et aussi le secteur bien développé des services, l'économie. Le lien entre une volonté de dévelop- notre secteur industriel qui peut s'appuyer sur un per d'une façon durable, constante et permanente secteur tertiaire moteur efficace et de calibre, tout en respectant la qualité de vie, tout en même j'oserais dire de calibre mondial. respectant la nature et tout en respectant notre (20 h 50) volonté de vivre dans une atmosphère saine et le On n'a qu'à constater le succès de nos transmettre à nos jeunes, le transmettre aux grandes firmes d'ingénieurs, de consultants qui générations futures d'une façon la plus respec- peuvent non seulement conquérir le marché sur tueuse. le plan québécois, sur le plan canadien, mais Afin d'assurer le développement durable du aussi sur le plan international. La disponibilité au Québec, notre engagement a été articulé autour Québec de travailleurs compétents et scolarisés, d'une préoccupation environnementale qui veut la ça devient un atout majeur pour le Québec et conservation de notre environnement et qui son développement économique. permet un développement économique à long Vu que je fais un rapport entre le dévelop- terme. Un développement où l'utilisation des pement économique et l'environnement, vous allez ressources et de l'environnement d'aujourd'hui ne me permettre, M. le Président, dans un premier doit pas remettre en cause la perspective d'utili- temps, de faire un petit tour d'horizon sur les sation par les générations futures. mesures que nous pouvons et que nous devons C'est pour ça, M. le Président, que si on prendre afin d'améliorer la condition économique, veut continuer à assurer cette qualité de vie et de bâtir notre économie québécoise, l'économie ce développement économique, nous devons, d'une de l'avenir. Afin d'assurer notre économie, nous façon très sérieuse et rigoureuse, continuer à devons regarder d'une façon directe la concur- administrer nos finances publiques, continuer à rence étrangère et la révolution technologique améliorer les relations de travail afin de con- qui sont des réalités du monde d'aujourd'hui. solider la viabilité de notre climat social. Nous Leurs effets ne cesseront de s'accentuer d'ici le devons consolider, bien sûr, la compétitivité de siècle prochain. notre fiscalité, notamment, par des sources de Donc, M. le Président, ce sont des défis financement qui ne compromettent pas la force majeurs pour nous. Ce sont des défis de com- concurrentielle de notre économie, mais qui pétitivité, d'innovation, qui vont nous permettre permettent à l'État de continuer à opérer, à se d'accentuer l'intervention gouvernementale dans développer d'une façon constante et permanente. le secteur économique afin de permettre un Le gouvernement du Québec, depuis quel- meilleur financement, une meilleure fiscalité et ques années, a réussi à attirer d'importants une meilleure formation de nos ressources capitaux internationaux. Nous avons vu, pendant humaines. les derniers mois, des investissements en alumi- Donc, notre objectif qui est le défi majeur, nerie et dans d'autres secteurs. Nous savons tous c'est l'objectif d'améliorer la condition écono- qu'il est préférable d'importer des capitaux que mique. Il faut doubler le nombre de personnes en d'exporter des travailleurs. Ces capitaux inter- formation, il faut diminuer le chômage structurel. nationaux apportent également des retombées Puis, afin de réaliser ça, il y a six points fiscales au Québec et, par la création d'emplois majeurs à soutenir. Le premier, soutenir l'innova- qu'il y a ensuite, ces capitaux internationaux tion par des projets moteurs afin d'assurer aident également les entreprises du Québec avec l'avenir. Deuxièmement, définir ces projets toutes leurs filiales à améliorer l'ensemble de la moteurs. Troisièmement, le facteur critique situation économique et sociale. Comme vous le permettant le succès, c'est le coût du capital. savez, M. le Président, quand on investit dans Quatrièmement, la stratégie gouvernementale. Et, l'économie, ça nous permet d'aller chercher des cinquièmement, le financement des projets retombées fiscales pour les redistribuer au niveau moteurs. Et, sixièmement, distinction. de l'action sociale du gouvernement. Je vais commencer par le premier point, M. Je voudrais expliciter aujourd'hui quelques le Président, qui est soutenir l'innovation par des aspects de l'action du gouvernement. Si nous projets moteurs afin d'assurer notre avenir. avons été réélus une nouvelle fois, c'est que, Vous le savez, M. le Président, à l'aube des pour le Parti libéral, pour moi et pour l'équipe, années quatre-vingt-dix, les défis de la concur- la toute première priorité, c'est le développement rence internationale, comme je le mentionnais économique. Et, à cet égard, on doit constater, tout à l'heure, et de l'innovation, se font actuellement, au Québec plusieurs signes toutefois plus pressants pour une économie encourageants malgré quelques ralentissements ouverte comme celle du Québec. La recherche qui peuvent surgir. d'investissements de qualité qui soient porteurs 125

d'avenir constitue pour nous une donnée incon- seulement ces projets qui comportent un risque tournable pour le progrès économique. technologique, les projets de recherche et de Afin de faciliter ce financement d'investis- développement, aussi les projets de grande sements majeurs par le tissu industriel québécois, envergure qui comportent un risque de marché on permettra la mise sur pied de sociétés de élevé. Par exemple, on peut penser à des initia- projets moteurs. Ce faisant, le gouvernement tives majeures d'entreprises renommées. complète d'une certaine manière l'ensemble de sa Donc, M. le Président, comme vous le stratégie de recherche d'investissements de savez, ce sont des mesures directes, des mesures qualité en permettant au Québec de s'engager et permettant au gouvernement du Québec et aux d'innover dans une variété de domaines qui lui entreprises du Québec de se diriger vers des permettront d'assurer davantage l'avenir. secteurs qui pourront créer des emplois directs, Deuxièmement, comment peut-on définir ces des emplois indirects dans plusieurs secteurs. projets moteurs? Il faut définir ces projets J'aimerais vous rappeler les engagements d'envergure dont les principales caractéristiques dans le comté de Richelieu, les engagements sont les suivantes: ils doivent être réalisés au majeurs. Dans un premier temps, c'est l'améliora- Québec, lancés par une entreprise qui jouit d'une tion de la fiscalité des entreprises; dans un réputation solide. De plus, ils doivent concerner deuxième temps, la recherche de l'aide directe à une activité de développement très spécifique; ces entreprises existantes pour améliorer leur troisièmement, ils doivent comporter plusieurs intervention sur le marché local, . le marché phases de réalisation. Pour être réaliste dans la régional et le marché international, l'aide directe réalisation, la conception et la production, la au niveau des SPEQ régionales comme un outil commercialisation du nouveau produit doit d'investissement majeur qui permettra aux permettre à ce projet d'envergure de se réaliser travailleurs de participer directement à l'en- afin d'avoir des retombées directes et indirectes richissement de l'entreprise. sur l'ensemble du territoire. De plus, comme je l'ai déjà dit dans le Troisièmement, c'est un point vraiment comté, la meilleure intervention qu'un député important, c'est le facteur le plus critique d'un fait: être le lien entre le gouvernement et les succès, c'est le coût du capital. D'un point de intervenants du milieu, permettant, par exemple, vue strictement économique, lorsqu'une entreprise l'intervention, travailler de concert avec la CDE, évalue un projet d'investissement, ce qu'on la Corporation de développement économique, les appelle le coût de capital, ce coût de capital agents du milieu, le CADC et les autres afin de constitue un critère prépondérant. En effet, tout consolider le rôle croissant de la région Sorel- projet d'investissement doit nécessairement Tracy, afin de devenir le lieu majeur de la produire un rendement financier supérieur à son croissance économique du milieu et de devenir le coût de capital. Le coût du capital, pour les centre d'excellence dans le secteur de la métal- compagnies nord-américaines, représente environ lurgie et des matériaux composites de la fabrica- le double de celui de leurs concurrents japonais. tion mécanique au Canada. À ce moment, il faut être réaliste, il faut être (21 heures) concurrentiel, il faut accepter que le travail se De plus, nous pouvons désormais compter fasse d'une façon structurée avec ces projets sur un secteur qui est Un secteur en développe- moteurs. ment, ie secteur de l'alliage. C'est un secteur qui Quant à la stratégie gouvernementale - et est prometteur, c'est un secteur qui permettra là ça entre en ligne de compte - l'intervention des investissements directs et qui correspond d'un gouvernement permettra la réalisation de directement au principe des projets moteurs cette économie durable. mentionnés tout à l'heure, M. le Président. D'abord, la fiscalité concurrentielle. Nous Surtout dans un contexte de libre-échange, il l'avons vu, dans le premier mandat, nous avons faut incontestablement nous diversifier pour ne réussi à améliorer l'état de la fiscalité pour pas être à la merci d'un seul secteur, ce à quoi être aussi concurrentiels que l'Ontario. Créer un j'accorderai toute ma vigilance avec tous les Fonds de développement technologique, le FDT, intervenants du milieu. qui s'inscrit en complémentarité de la fiscalité Il faut noter que, dans ces secteurs, bien pour les projets mobilisateurs. En troisième lieu, sûr, il y a le secteur touristique qu'il faut le programme de prêt participatif de l'Agence développer; c'est un secteur jeune, il faut le québécoise de valorisation industrielle de la ' développer, il faut lui accorder toute l'attention recherche, ce qu'on appelle l'AQVIR, et la SDI, possible. les autres programmes de dépenses de RD - de Vu, M. le Président, que vous me mention- recherche et de développement - de divers nez- qu'il me reste seulement deux minutes, je ministères. Donc, cet ensemble de stratégies vais aller vers l'environnement qui est le deuxiè- gouvernementales permettra de réaliser les trois me volet de mon intervention. Comme je l'ai autres premiers points. Donc, la politique géné- mentionné, l'environnement, c'est un secteur rale et l'intervention directe dans la recherche- important. Le comté de Richelieu est reconnu développement permettent et permettront la pour sa volonté de faire et son savoir-faire. réalisation des projets moteurs. C'est pour cela que nous voulons travailler et En dernier lieu, afin de favoriser non développer l'économie, d'un côté, et réaliser une 126

qualité de vie saine. Mes engagements, j'aimerais le député de Richelieu qui vient de terminer en les réitérer ici, c'est de travailler de concert nous parlant des petits engagements électoraux avec tous les intervenants afin de créer une qui auraient été supposément pris dans sa table de concertation régionale qui assurera circonscription électorale lors de la dernière notre avenir. Elle a été proposée pendant la campagne électorale, je ne voudrais surtout pas campagne électorale et nous sommes en train de le relancer sur ce qu'il a dit, mais, je vous le la concrétiser afin de permettre à tous les demande, M. le Président, en connaissez-vous intervenants soucieux et intéressés à la qualité beaucoup de députés libéraux qui ont eu pour au- de vie et à l'environnement de notre milieu de delà de 100 000 000 $ de promesses électorales pouvoir participer au rôle actif de prévention, de faites dans leur comté durant la dernière cam- conservation, de recyclage, de préparation et pagne électorale? En connaissez-vous beaucoup? d'éducation, et de devenir les porte-parole de la Au-delà de 100 000 000 $ de subventions directes qualité de vie dans notre milieu. du gouvernement - on ne parie pas d'investisse- Je pourrais rajouter plusieurs facteurs, - ments, de capital étranger, etc. - 100 000 000 $ plusieurs points importants dans notre milieu, que de subventions directes dans des projets d'in- nous avons eu la chance et le plaisir de débattre frastructure dans son comté promis en campagne pendant les 47 jours de campagne électorale... électorale. En connaissez-vous beaucoup? Moi, j'en connais au moins un, l'actuel député d'Un- Le Vice-Président (M. Cannon): M. le gava. député de Richelieu, il ne vous reste que quel- ques secondes. Alors, si vous voulez bien con- Des voix: Ha, ha, ha! clure. M. Claveau: J'ai comme un léger soupçon M. Khelfa: Merci, M. le Président. Comme que cette générosité gouvernementale n'était pas vous l'avez vu, le temps s'est écoulé trop vite, à l'effet de m'akJer à me faire réélire. C'est bien je n'ai pas terminé mon intervention, mais, quand évident. Du moins, je le soupçonne. même, j'aimerais dire à tous mes électeurs et électrices que la qualité de vie et le développe- Une voix: Assis-toi... ment économique, ce sont les points les plus déterminants pour notre avenir collectif afin Des voix: Pas de patronage... d'assurer à notre comté de Richelieu un meilleur rayonnement et une meilleure économie et de M. Brassard: M. le Président... pouvoir donner à nos jeunes et à nos moins jeunes, aux travailleurs et aux travailleuses de Le Vice-Président (M. Cannon): Oui, M. le notre comté et aux personnes âgées un avenir député. prometteur pour le Richelieu et pour le Québec. Merci. M. Brassard: ...je pense que le député de Richelieu est intervenu tout à l'heure et que son Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le droit de parole a été scrupuleusement respecté. député de Richelieu. Je suis prêt maintenant à J'aimerais qu'il en soit de même également pour reconnaître M. le député d'Ungava. le député d'Ungava.

M. Christian Claveau Le Vice-Président (M. Cannon): Oui, M. le député, vous avez absolument raison et je M. Claveau: Merci, M. le Président. Il me demanderais aux membres de la Chambre de bien fait beaucoup plaisir d'intervenir ce soir, en respecter le règlement que vous connaissez tous. cette Chambre, en ce début de mandat. Je suis Toutefois, je dirais aussi qu'on devra se rappeler convaincu que les travaux de la 34e Législature qu'il faudrait peut-être éviter de s'adresser seront des plus fructueux pour le Québec, surtout directement à d'autres députés et passer par la en ce qui concerne le rôle que l'Opposition aura présidence. à jouer devant un gouvernement qui, semble-t-il, à la suite du discours inaugural, n'a pas l'inten- M. Claveau: M. le Président, tout cela pour tion de bouger beaucoup plus rapidement qu'il vous dire que, quand on dit qu'un comté dans n'a bougé lors de la 33e Législature, entre 1985 l'Opposition ce n'est pas rentable pour une et 1989. population, je vous permets de croire que chez À ce rythme-là, le développement régional, nous on a l'impression du contraire jusqu'à il n'en restera plus grand-chose à la fin du maintenant. Mais comme je le disais, il me présent mandat, je vous prie de me croire. Je semble, en tout cas j'ai comme de légers soup- tiens à remercier mes électeurs pour m'avoir çons, que ce n'était pas nécessairement pour reconduit dans un nouveau mandat. Ce sont des m'aider à me faire réélire. À preuve, un peu remerciements qui sont très sincères, dans la moins de trois semaines avant la campagne mesure où je comprends, d'une certaine façon, électorale, quatre ministres se sont déplacés chez quelques hésitations de leur part. nous. Quatre ministres, c'est plutôt rare, vous me Ce n'est pas parce que je voudrais relancer direz. On n'a pas vu ça souvent dans l'histoire 127

du Nord du Québec, quatre ministres arriver en déjà eu l'occasion de parler en cette Chambre même temps, deux ministres du Québec et deux du dossier minier. Il va falloir y revenir. ministres du fédéral, pour annoncer des subven- (21 h 10) tions conjointes de 57 000 000 $ pour faire un D'ailleurs, ce n'est pas pour rien qu'aujour- bout de route. On n'a pas vu ça souvent. Et, d'hui même le ministre délégué aux Mines et le comme par hasard, trois semaines avant la président de SOQUEM étaient dans mon comté campagne électorale. Et, comme par hasard, on pour rencontrer les intervenants pour voir ce avait oublié d'inviter le député du coin. Tout à qu'il y a à faire. Perte d'emplois par-dessus fait par hasard. D'ailleurs, l'expérience avait été perte d'emplois. En pleine campagne électorale, réalisée quelques heures auparavant à Saint- une compagnie minière annonce au-dessus de 100 Félicien ou à Roberval - enfin, dans une cir- mises à pied dans l'industrie minière. Une autre conscription électorale bien connue - où on avait compagnie minière, une semaine ou deux après la invité tous les maires du Saguenay-Lac-Saint- fin de la campagne électorale, annonce la Jean, 52, 53 maires, mais où on avait oublié fermeture de ses opérations pour le 18 janvier: d'inviter les députés. Et le ministre responsable 270 mises à pied. Une troisième compagnie de l'opération, le député de Roberval, est allé minière vient d'annoncer pas plus tard que la jusqu'à me dire qu'il ne pouvait quand même pas semaine dernière qu'il va y avoir au moins 50 aller jusqu'à inviter tous les députés de la mises à pied d'ici aux fêtes, qu'on allait réviser région, que ça n'avait pas d'allure. Mais il avait la politique de rationalisation et qu'il n'y avait invité tous les maires. Au-delà de 50. Cela allait rien de certain pour l'avenir de la mine. C'est bien. Or, comme vous le voyez, je soupçonne que cela que vous appelez du moteur de développe- cette manne n'était pas nécessairement pour ment économique. m'aider. On vous l'avait dit ici même, en cette Réserve de Chibougamau, on annonce en Chambre, en 1987, au moment où vous avez passé pleine campagne électorale, à grand renfort de le sabre, où vous avez décapité le programme des publicité, 31 000 000 $, au moins 31 000 000 $, actions accréditives. On vous l'avait dit que vous un projet pour un accès routier à la réserve de étiez en train de tuer l'industrie minière au Mistassini, au nord de Chibougamau, que j'avais Québec. Certes, à ce moment-là, c'était facile de moi-même travaillé à faire inscrire depuis 1986 dire: 'Oui, mais l'industrie minière, cela rapporte au plan quinquennal du ministère des Transports plus que cela ait jamais rapporté. On est rendu et pour lequel, année après année, il n'y avait à 2 700 000 000 $, 2 800 000 000 $ d'injection pas d'argent. Eh bien, en pleine campagne dans le produit national brut du Québec à partir électorale, le ministre des Transports d'alors a de l'industrie minière. Oui, c'était vrai, mais trouvé le temps et les moyens d'aller leur c'est vrai dans la mesure où, entre janvier 1986 promettre une route asphaltée jusque chez eux, et mai 1987, le prix de l'or sur les marchés un projet de 10 000 000 $, sans mentionner internationaux est passé de 295 $ US l'once à évidemment que le député du coin avait bûché au-delà de 550 $. C'est certain que, dans ces corps et âme pour faire inscrire le projet au conditions-là, un gouvernement n'a pas à se plan quinquennal. Mais, comme par hasard aussi, grouiller, l'argent rentre. Mais, dès que le prix depuis 1986, alors qu'il était inscrit au plan de l'or est retombé au cours de 1989 en dessous quinquennal, on n'a jamais réussi à trouver du seuil critique de 400 $, les mines ont com- quelques sous pour le permettre. Alors, on mencé à tomber l'une après l'autre. Malheureuse- prévoyait à peu près 300 000 $ par année, puis... ment, à ce moment-là, il n'y avait plus personne Mais ils n'avaient pas d'argent. En pleine pour faire de l'exploration sur le terrain. Je campagne il y en a eu. La manne électorale, peux vous dire que, dans les grandes compagnies c'est ça. Tout de suite après la campagne, on minières qui opèrent dans mon secteur, il n'y en sait que la route du Nord, bon... Bien... On avait a plus une seule qui a des foreuses au diamant oublié de consulter le Conseil du trésor. Enfin on pour faire de l'exploration minière. Il ne s'en nous dit que, dernièrement, il y a à peine fait plus. Il y en a même une qui est allée quelques heures, le Conseil du trésor est revenu jusqu'à fermer complètement tout son secteur sur sa décision première et va débloquer les d'exploration. Imaginez-nous si cela promet pour fonds pour l'étude préliminaire. Je m'en réjouis, les quelques travailleurs qui restent dans cette mais il semble que ça n'a pas été de bon coeur. compagnie-là. C'est cela que vous osez appeler des moteurs économiques? Eh bien, félicitations! Le député de Richelieu et son collègue de C'est une belle réussite. Charlevoix, antérieurement, nous parlaient du développement régional. Le député de Richelieu L'industrie forestière, parlons-en. Certes, on disait qu'il y avait des projets moteurs. À est loin d'être contre la rationalisation de l'entendre, il y en avait des projets moteurs pour l'utilisation de nos forêts. On a été les premiers, faire tourner tout ce qu'il y a de turbines au comme parti politique, en 1985, à déposer un Québec. Il y en avait des moteurs. Bien moi, je livre blanc sur la façon de revoir l'ensemble de vais vous dire que chez nous, M. le Président, la gestion de nos forêts, rationaliser les coupes, sans risque de me tromper, il y a deux genres mais on avait émis des principes à l'intérieur de d'activités motrices dans le milieu. Il y a les ce livre blanc qui n'ont jamais été respectés au mines et la forêt. On pourrait s'en parler. J'ai moment du vote en cette Chambre de la loi 150 128

à l'automne 1986. d'après ce que je peux voir! Ça n'a pas été tout Qu'est-ce qui arrive aujourd'hui? D'une . à fait le cas. Alors, faites attention! part, les compagnies forestières, se voyant dans Quand vous parlez de développement l'obligation de rationaliser leurs opérations et de économique, quand vous pariez de développement foire affaire avec les scieries, ont décidé de les régional, allez-y voir ce qui se passe réellement racheter. À tel point qu'au moment où on se en région, allez voir où vos politiques en matière parle, aujourd'hui, les deux plus grandes d'emploi, en matière d'exploration minière, en industries de sciage au Québec, ce sont les matière de gestion des forêts, en matière de compagnies Donohue et Domtar. À ce que je loisir, chasse et pêche, en matière de développe- sache, historiquement, c'étaient des usines ou des ment touristique, allez voir où toutes ces poli- entreprises qui produisaient de la pâte, du tiques vous ont menés. C'est facile de regarder papier, du carton. Eh bien, ils sont devenus les ça à partir des grands centres urbains de Québec deux plus gros scieurs du Québec, en rachetant et Montréal, et des environs de ces grands des scieries ici et là, celles qui les intéressaient. centres urbains. Mais allez-y voir en région. Ce Les 63 scieries indépendantes qui restent, celles n'est pas pour rien que la plupart des grandes qui n'ont pas eu, je dirais, on peut peut-être régions du Québec sont restées fidèles au Parti dire le bonheur à court terme, mais sûrement la québécois, parce qu'elles savent qu'au Parti malchance à long ternie, d'avoir été rachetées québécois on avait l'intérêt des régions. Blés par les gros de l'industrie papetière, eh bien! n'ont pas cru au chantage qui a été fait en elles sont prises à la gorge par ces entreprises campagne électorale en disant: Si vous ne votez qui refusent de leur acheter leurs copeaux au pas pour nous autres, vous n'aurez rien. Elles n'y prix coûtant, qui les font chanter sur le prix du ont pas cru parce qu'elles savent que le Parti copeau. québécois a toujours été avec les régions et va En plus, dans des régions comme les nôtres, continuer d'être avec les régions. C'est clair. le gouvernement se refuse à donner priorité aux Regardez les grandes régions du Québec, de quel entreprises de sciage locales dans la répartition côté elles sont. Et nous, on va se faire donner des CAAF, les contrats d'aménagement et la leçon par les centres urbains ou semi-urbains d'approvisionnement forestier. Ce qui fait en quant au développement régional? Vous allez sorte qu'on donne la même priorité ou le même venir nous dire que vous avez fait du développe- traitement aux grosses papetières et aux petites ment régional? Allez donc! Regardez comment se scieries indépendantes. Alors que les papetières comporte le vote en région, vous allez com- sont capables de s'approvisionner, totalement ou prendre peut-être ce que vous avez fait en à peu près totalement, en copeaux à partir des développement régional. scieries qu'elles ont rachetées et, pour le reste, Parions brièvement d'Hydro-Québec. Lors du à partir de la fibre qu'elles prélèvent elles- discours inaugural du 8 mars 1988, vous devez mêmes en forêt, eh bien! les petites scieries, nos vous souvenir, le premier ministre du Québec se scieries indépendantes sont toutes en train de levait en cette Chambre et disait: C'est le plus crever, littéralement de crever. Et, à l'occasion, beau jour de toute ma carrière politique. J'an- elles vont réussir à vendre un peu de copeaux nonce la reprise des travaux de la Baie James. aux deux tiers, aux trois cinquièmes du prix Moi, il y a une chose qui me surprend terrible- coûtant. Ce n'est pas avec cela qu'elles vont ment. On est à peu près à 20 mois du plus beau faire de l'argent. Et, à long terme, on sait très jour politique du premier ministre du Québec. bien qu'elles vont tomber ou sinon être rachetées C'est évident que, le 15 novembre 1976 étant pour des prix ridicules par ces grandes papetiè- res. C'est ça que vous appelez des moteurs de probablement son pire jour politique, la con- développement économique? C'est ça que vous trepartie du 8 mars 1988 pouvait se justifier. Il appelez du développement régional? C'est ça que se cherchait un jour quelconque qui pouvait lui vous appelez l'intérêt des régions? Eh bien! servir d'emprise pour lui faire oublier le 15 encore une fois, félicitations! Continuez comme novembre 1976. Donc, c'était son plus beau jour. cela et vous ne serez pas longtemps au pouvoir. Mais, 20 mois plus tard, il n'a même pas le courage, dans son discours inaugural qui suit, de faire la moindre allusion à ce qui devait être son Des voix: Ha, ha, ha! plus beau jour ou la raison qui motivait sa plus belle journée de politique: la reprise des travaux M. Claveau: Non, vous avez beau en rire, je de la Baie James. me souviens, j'ai entendu des députés libéraux Regardez qu'est-ce que ce gouvernement, M. qui sont ici aujourd'hui qui nous disaient en le Président, a fait d'Hydro-Québec. Regardons la début 1988: Ah! C'est beau, parlez de l'indépen- situation d'Hydro-Québec. Le premier ministre dance, vous allez voir. Allez-y, pariez de l'in- se vantait, au cours des mois qui ont suivi son dépendance, on va tous vous laver, 125 sur 125! annonce du 8 mars, de vendre des mégawatts en Hein? Je pourrais en nommer, ici, qui m'ont dit: quantités infinies aux Américains. Il y en avait Allez-y! C'est le bon sens. Vous avez décidé de de l'électricité, il était capable d'en vendre. On parler de l'indépendance, vous pensez que vous lui disait: Vous feriez peut-être bien de faire allez nous faire peur avec ça? On va vous laver, attention un peu, vous feriez peut-être bien 125 sur 125. Ça n'a pas tout à fait été le cas, d'être prudent. On ne sait jamais. Là, ça ne va 129

pas mal, mais qu'est-ce qui arriverait s'il y avait qu'il n'est pas question d'augmenter la dette, pénurie? Qu'est-ce qui arriverait dans un con- c'est bien évident que, si les bénéfices d'Hydro- texte où vous auriez à faire le choix entre Québec diminuent, il va falloir que les impôts respecter vos contrats d'énergie ferme à puis- augmentent pour compenser. C'est clair comme de sance garantie et respecter les contrats ou l'eau de roche. Pour ceux qui ne comprennent l'engagement qu'a Hydro-Québec de desservir pas, on dit "de l'eau de roche" parce qu'actuel- adéquatement la population du Québec? lement, avec les pluies qu'ils ont, il ne nous Et le premier ministre et son ministre de reste plus rien que ça, de l'eau de roche. l'Énergie nous disaient: Voyons donc, l'Opposition est alarmiste, l'Opposition n'a rien compris. Les Des voix: Ha, ha, ha! milliards rentrent dans les coffres d'Hydro- Québec. Il n'y a pas de problème. Les problèmes Une voix:... avec des roches. sont dans vos petites têtes, vous de l'Opposition qui n'avez pas compris. Eh bien, encore là, je M. Claveau: Je ne comprends pas que le tiens à féliciter le premier ministre pour son premier ministre, supposément un éminent grand niveau de compréhension, parce qu'à peine économiste dont on cherche toujours le diplôme, 20 mois après son plus beau jour il en est n'ait pas compris ça, qu'il ne réussit pas à presque revenu à son plus mauvais jour. Il n'ose comprendre que, lorsque les bénéfices de la plus en parler, d'Hydro-Québec. Où sont les société d'État diminuent, s'il veut garder ses 40 000 emplois qu'il nous annonçait à ce mo- équilibres, il va falloir qu'il augmente les impôts. ment-là? Où sont les 12 000 mégawatts qu'il C'est difficile à comprendre que lui n'ait pas devait vendre aux Américains, hein? Il nous compris ça. disait, le 8 mars 1988: J'en ai 2500 de vendus. Les contrats de biénergie. Ça va coûter Au moment où on se parle, savez-vous combien il 168 000 000 $ à Hydro-Québec pour acheter des y en a de vendus? 1400. 1000 à New York Power contrats de biénergie, sans compter tous les Authority et 400 à la Vermont Joint Owners. problèmes que ça va créer sur l'environnement. 1400, 20 mois plus tard. Il nous annonçait Et le ministre de l'Environnement lui-même solennellement qu'il en avait déjà 2500 de vendus disait: Ah! Mais non, je n'ai pas été consulté; et qu'il n'y avait pas de problèmes; les Améri- ça ne semble pas être très grave. Mais qu'est-ce cains couraient après nous autres, ils ouvraient qui va remplacer l'électricité, sinon des énergies leurs frontières à pleines portes pour faire produites d'une façon plus polluante? entrer nos mégawatts chez eux. On n'en a même Relations du travail à Hydro-Québec, très plus pour nous autres. rapidement. La nouvelle ministre de l'Énergie se (21 h 20) garde bien de parler des relations du travail à Une voix: II va falloir les racheter. Hydro-Québec. Elle sait où est le noeud du problème. Il est dans la question de la sous- M. Claveau: II va falloir les racheter. On traitance. C'est clair, ça aussi, comme de l'eau rachète actuellement pour réussir à s'approvi- de roche. Toute la problématique de la sous- sionner. Encore une chance que l'Opposition ait traitance, je m'en souviens; j'étais témoin lors été assez tenace pour faire en sorte qu'ils des deux derniers dépôts de plans de développe- n'aillent pas tout vendre. Vous vous imaginez? ment d'Hydro-Québec en 1988-1989 et il avait été On a vu le taux de pénalité qu'Hydro-Québec question de la sous-traitance. À ce moment-là, le aurait dû absorber dans la mesure où elle ne ministre de l'Énergie et des Ressources d'alors, pouvait pas réaliser ses contrats, respecter ses le député de Mont-Royal, s'était engagé formel- engagements. Imaginez-vous. En plus d'acheter de lement à régler le problème. Qu'est-ce qu'il a l'électricité des Américains, il aurait fallu leur fait? C'est à relever au Journal des débats pour payer des amendes pour ne pas leur livrer ce que ceux qui en douteraient. Qu'est-ce qu'il a fait? nous nous engagions à livrer par le biais des Rien. Il a laissé pourrir la situation. Ça pourrit contrats d'énergie ferme à puissance garantie. encore et qu'est-ce que la nouvelle ministre va Le budget d'Hydro-Québec, c'est certain vaire? C'est bien juste... que, lorsqu'on met tous les bénéfices d'Hydro- Québec dans les budgets du gouvernement, on Le Vice-Président (M. Cannon): M. le baisse théoriquement, disons, sur papier, le député d'Ungava, simplement pour vous dire qu'il déficit, sauf que ce n'est pas de l'argent qui vous reste quelques secondes. Donc, si vous appartient au gouvernement. Ce ne sont pas des voulez bien conclure. dividendes. C'est le bénéfice d'Hydro-Québec. Mais autant c'est vrai que, lorsqu'il y a des M. Claveau: J'aimerais conclure, M. le bénéfices astronomiques, ça apparaît dans la liste Président, très rapidement, en disant qu'en ce des comptes et des revenus du gouvernement et qui nous concerne nous continuons à souhaiter ça fait baisser le déficit, autant aussi c'est vrai que dans le cas, entre autres, de la question des qu'en situation de déficit d'Hydro-Québec ce sont énergies le gouvernement du Québec aille de les déficits du gouvernement qui augmentent. Et l'avant le plus rapidement possible dans une si le premier ministre maintient sa théorie qu'il vaste consultation publique et qu'il ne se fie pas ne doit pas déranger les équilibres budgétaires et juste aux quelques énoncés de sa politique 130

énergétique de l'hiver dernier qui, en soi, ne nale, après que celui-ci l'a été de façon très comprenait absolument rien de nouveau. spéciale au cours des treize dernières années par J'aurais aimé parler de la question de Mme Thérèse Lavoie-Roux. l'Office national de l'énergie qui vient contrôler La population du comté d'Acadie a, le 25 les exportations d'énergie d'Hydro-Québec. On septembre dernier, voté d'une façon très claire aura sûrement l'occasion de s'en reparler. Une et significative pour le candidat libéral en lui belle preuve encore d'un fédéralisme de moins en donnant une majorité de 11 651 votes. C'est donc moins rentable pour le Québec. Merci, M. le un acte de confiance très évident envers le Président. gouvernement libéral sortant et le nouveau candidat libéral du comté. Un tel appui, M. le Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le Président, est fort éloquent puisque cette député d'Ungava. majorité est la plus forte dans la grande région Je reconnais donc M. le député d'Acadie. métropolitaine de Montréal et la deuxième dans l'ensemble de la province. Fort de l'appui de la M. Yvan Bordeleau population du comté d'Acadie, je compte exercer le rôle qui m'a été confié à l'Assemblée nationale M. Bordeleau: Merci, M. le Président. avec reconnaissance, tout en étant bien conscient Permettez-moi d'abord de féliciter sincèrement le des responsabilités que je dois assumer à l'égard président de l'Assemblée nationale pour sa de mes concitoyens et concitoyennes. nomination. J'aimerais également transmettre mes Je voudrais maintenant, M. le Président, meilleurs voeux aux deux nouveaux vice-pré- vous mentionner que je suis particulièrement sidents qui l'assisteront dans l'exercice de ses . heureux de représenter le comté d'Acadie, responsabilités. principalement à cause de ses caractéristiques En tant que nouveau député à l'Assemblée sociologiques et culturelles qui représentent bien nationale, je dois vous avouer, M. le Président, l'état actuel et l'évolution future de la société que c'est avec le plus grand respect que je québécoise. En effet, le comté d'Acadie est m'adresse à vous, aujourd'hui, compte tenu de ma particulièrement intéressant sur le plan culturel. perception actuelle de l'importance des respon- La population francophone forme 55 % de la sabilités qui sont les vôtres. En effet, vous population du comté, les anglophones, 12 % et les devez, dans l'exercice de vos fonctions, garantir allophones, 33 %. C'est donc, sur le plan humain, à chaque membre de cette Chambre le respect de un comté particulièrement riche par sa diversité, ses droits et privilèges. Ce faisant, vous garan- mais également par l'intégration harmonieuse qui tissez à la population qui nous a élus, chacun règne entre ses différents groupes culturels. Par d'entre nous, le droit de pouvoir se faire enten- leur dynamisme, ceux-ci fournissent un apport dre en cette Chambre. très positif à l'ensemble de la société québécoise. Comme le mentionnait le premier ministre C'est dans le respect des valeurs profondes de lors de la nomination du président, il s'agit là de chacune de ces communautés et dans le respect l'essence même de notre régime parlementaire et des caractéristiques sociologiques et culturelles des règlements qui en régissent le fonctionne- de la communauté québécoise que concitoyens et ment. Il était également fait mention qu'une concitoyennes se côtoient quotidiennement en institution ne vaut que par ceux et celles qui apprenant à s'apprécier mutuellement. sont appelés à l'animer. Dans cet esprit, M. le Quand on connaît, M. le Président, les Président, je compte bien contribuer aux travaux problèmes démographiques actuels de la société de cette Assemblée de façon positive en conser- québécoise, la contribution des membres des vant continuellement à l'esprit que je suis ici en différentes communautés culturelles revêt une tant que représentant des concitoyens et con- importance capitale pour l'avenir de notre citoyennes du comté d'Acadie et en travaillant société. C'est une réalité que nous vivons dans le dans le respect des collègues et du rôle qu'as- comté d'Acadie depuis de très nombreuses années sume cette Assemblée dans la vie démocratique et l'expérience démontre, à mon avis, hors de québécoise. tout doute, que l'avenir du Québec passe par Comme le bon fonctionnement de cette l'ouverture de notre société et par l'implication Assemblée n'est possible qu'avec la collaboration, active de tous les groupes culturels. Notre la bonne volonté et la discipline personnelle de avenir, en tant que société, ne peut, en aucune tous les élus qui la composent, je désire, M. le façon, être concevable sans l'engagement et la Président, vous assurer de mon entière collabora- contribution des allophones, des anglophones et tion. des francophones dans le partage d'une vision Si vous me le permettez, M. le Président, je commune du devenir du Québec et dans le voudrais profiter de cette occasion exceptionnelle respect des valeurs profondes qui caractérisent que j'ai aujourd'hui pour remercier très sincère- chacun de ces groupes. ment la population du comté d'Acadie pour la C'est un défi de société stimulant que de marque de confiance qu'elle m'a manifestée en penser que nous pouvons, ensemble, réaliser ce me choisissant pour la représenter à l'Assemblée genre de société ouverte, respectueuse et riche nationale. C'est un grand honneur pour moi de par sa diversité. Je dirais môme, M. le Président, venir représenter ce comté à l'Assemblée natio- que nous devons la réaliser, compte tenu des 131

problèmes démographiques qui confrontent le l'immigration et l'intégration des membres des Québec actuel et l'évolution de notre société au diverses communautés culturelles. À ce sujet, le moment où nous sommes au seuil des années gouvernement entend soumettre un énoncé de quatre-vingt-dix. politique complet. Comme je l'ai mentionné (21 h 30) précédemment, je suis particulièrement sensibilisé J'aimerais maintenant, M. le Président, au rôle indispensable que doivent jouer l'im- aborder le contenu du discours inaugural de cette migration et l'intégration des membres des 34e Législature de l'Assemblée nationale. Comme diverses communautés culturelles dans le dévelop- première réaction, je voudrais vous exprimer pement démographique de notre société. toute ma satisfaction, en tant que député mi- Encore ici, le gouvernement désire soutenir nistériel, face au contenu du discours inaugural les communautés culturelles du Québec en prononcé par le lieutenant-gouverneur. favorisant le maintien de leurs valeurs profondes Nous avons terminé, il y a à peine quelques et en développant des relations interculturelles semaines, une campagne électorale qui nous a plus fécondes. Outre l'apport démographique, permis d'être en contact direct avec la popula- l'immigration apporte un dynamisme indispensable tion de nos comtés respectifs. Je retrouve dans à notre développement économique. Il est évi- le contenu de ce discours les principales préoc- dent, M. le Président, que notre croissance cupations dont m'ont fait part les citoyens et les démographique doit essentiellement être basée sur citoyennes de mon comté. Le gouvernement ces deux volets d'intervention, c'est-à-dire la actuel fait preuve dans ses énoncés de politique famille de même que l'immigration et l'intégra- et dans ses orientations d'un pragmatisme et d'un tion des communautés culturelles. réalisme qui collent aux préoccupations quoti- Deuxièmement, j'aimerais souligner certains diennes de la population du Québec. Nous ne aspects du discours inaugural touchant la gestion sommes plus à l'époque des grands débats où les des finances publiques et l'économie. rêves et les chimères avaient priorité sur les Durant la campagne électorale, j'ai eu réalités. Au contraire, nous devons, en tant que l'occasion, à de multiples reprises, de discuter gouvernement, s'assurer de répondre précisément avec mes concitoyens et concitoyennes de la aux besoins prioritaires et concrets de nos gestion exercée par le gouvernement libéral. Je concitoyens et concitoyennes. Je me permettrai dois vous dire, M. le Président, que ceux-ci et donc, M. le Président, de faire ressortir quelques celles-ci ont apprécié grandement la rigueur aspects particuliers du discours inaugural qui exercée par le gouvernement. m'apparaissent fort intéressants. Sur le plan de la gestion des finances Premièrement, la croissance démographique publiques, le gouvernement libéral a présenté à du Québec pose des problèmes très sérieux quant la population du Québec un bilan fort éloquent et à notre devenir. Le faible taux de natalité qui positif. La croissance économique qui découle de caractérise la situation québécoise nous rend la saine gestion et de la priorité accordée au perplexes quant à la possibilité de maintenir et développement économique constitue le moteur du d'améliorer les nombreux programmes sociaux . développement social, environnemental, culturel que les gouvernements antérieurs ont mis sur et éducatif de la société québécoise. Au cours pied pour le bien-être de la population du des quatre dernières années, le gouvernement Québec. Il faut être conscient du fardeau que libéral a réussi à réduire le déficit annuel de pourrait représenter éventuellement le maintien 3 300 000 000 $ qu'il était en 1985 à de tous ces programmes par une population qui 1 600 000 000 $ en 1989, à créer chaque année sera, dans quelques années, probablement moins environ 80 000 nouveaux emplois et à attirer des nombreuse que présentement. investissements très importants en développant Dans ce contexte, il est évident que la une fiscalité concurrentielle pour les entreprises promotion des valeurs familiales et le soutien aux et les particuliers. En effet, l'écart entre la parents constituent une condition première pour fiscalité de l'Ontario et celle du Québec a été assurer notre croissance démographique interne. réduite, de 1985 à 1989, de 10,5 % à 1,5 % pour Il faut garder une grande confiance en l'avenir les particuliers et de 9,6 % à 1,3 % pour les puisque le gouvernement actuel a démontré entreprises. clairement sa sensibilité et son intérêt face au Voilà, M. le Président, quelques données rôle que doit avoir la famille dans notre société. d'un bilan très positif. D'ailleurs, la population Il veut, par des mesures concrètes, créer des du Québec a été informée de ces réalisations au conditions qui permettront une meilleure adapta- cours de la campagne électorale et ce n'est pas tion de la famille à la réalité socio-économique par accident, contrairement à ce que semble se actuelle. plaire à croire l'Opposition, que cette population En effet, il n'est pas facile de concilier les a réitéré sa confiance dans un gouvernement responsabilités parentales et professionnelles et libéral. Les citoyens et les citoyennes compren- le gouvernement entend prendre des mesures nent le bon sens et ont été à même de voir concrètes pour améliorer les conditions de vie et qu'en exerçant une gestion rigoureuse et réaliste, de travail des parents. De plus, il faut souligner il est possible de bien gérer les fonds publics qu'un autre élément de solution à ce problème tout en se préoccupant de fournir à la population important pour notre société se retrouve dans les meilleurs services possible et en tenant 132

compte de la capacité de payer de la population De plus, ii aurait été possible de mention- dans le contexte économique actuel. ner la préoccupation du gouvernement relative- Sans activité économique intense, c'est tout ment aux conditions de vie des personnes âgées le maintien et le développement de nos divers par la création d'un conseil des aînés susceptible programmes gouvernementaux qui pourraient d'améliorer nos programmes d'aide aux personnes être remis en cause. À l'heure où on voit âgées. Il est important que le gouvernement poindre un ralentissement économique, il est actuel se préoccupe de ces personnes qui méri- encore plus important que le gouvernement tent une attention particulière, compte tenu continue à vouloir ne pas augmenter le déficit. Il qu'elles ont bâti le Québec que nous connaissons est certainement facile, pour notre bien-être à actuellement. Ce conseil des aînés pourra égale- court terme, d'augmenter le déficit afin de ment faire prendre conscience à la population du maintenir et d'améliorer les différents program- Québec que ceux-ci constituent un bassin d'expé- mes sociaux qui sont offerts aux concitoyens et rience et de connaissances dont nous devons, en concitoyennes. Mais il serait, à mon avis, tout à tant que société, utiliser tout le potentiel. Ainsi, fait irresponsable d'agir ainsi et de reporter le ce groupe de citoyens et de citoyennes pourra fardeau aux générations futures, alors que les continuer à participer activement, à sa façon, au premiers bénéficiaires de ces services seraient la développement de notre milieu. génération actuelle. Ce serait hypothéquer leur (21 h 40) avenir d'une façon inacceptable et cette gé- M. le Président, comme le temps qui m'était nération aurait bien raison de venir nous blâmer alloué se termine bientôt, je désire conclure en de ne pas avoir été plus conscients de nos soulignant que le contenu du discours inaugural responsabilités et de leurs obligations éventuel- démontre bien que le gouvernement entend être à les. l'écoute des différents groupes qui composent M. le Président, le gouvernement libéral a notre société et mettre en place des mesures fait beaucoup en gérant mieux les ressources qui permettront de solutionner les difficultés qui disponibles et il ne faut pas oublier que c'est confrontent les différents segments de la popula- dans cet esprit que la population québécoise a tion québécoise. confié à un gouvernement libéral le mandat de Le 25 septembre dernier, la population du poursuivre cet effort de redressement des Québec a été appelée à évaluer la performance finances publiques et de développement économi- du gouvernement libéral. Les citoyens et les que. Avec les profondes mutations qui s'opèrent citoyennes nous ont alors mandatés pour con- présentement sur la scène économique interna- tinuer l'excellent travail commencé en 1985. C'est tionale, nous sommes en face de défis que nous dans cet esprit, M. le Président, que je suis très devons relever avec succès si nous souhaitons heureux de participer, à titre de député minis- continuer à assumer le développement de notre tériel, au défi du développement de notre société province. Dans le cadre du libre-échange et de qui, au seuil des années quatre-vingt-dix, doit l'unification prochaine du marché européen, nous s'adapter à des réalités économiques, sociales, devrons, en tant que société, être concurrentiels. démographiques de plus en plus complexes. Merci, Face à cette nouvelle réalité économique, nous M. le Président. ne pouvons augmenter la croissance économique de la province qu'en étant plus productifs et en Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le assumant une gestion rigoureuse de l'ensemble de député d'Acadie. Je reconnais donc maintenant M. nos ressources. le député de Shefford. Il aurait été intéressant, M. le Président, de souligner plusieurs autres dimensions du discours M. Roger Paré inaugural qui correspondent parfaitement aux préoccupations actuelles de la population du M. Paré: Merci, M. le Président. Vous allez Québec. Mentionnons ici tout de même le problè- me permettre à mon tour, étant donné que c'est me de la formation d'une main-d'oeuvre com- la rentrée parlementaire depuis les élections du pétente et, dans ce contexte, l'amélioration des 25 septembre, de saluer les électeurs et les apprentissages de base des étudiants. Le capital électrices du comté de Shefford et de les humain constitue notre ressource la plus impor- remercier de la confiance renouvelée pour une tante et la plus fondamentale au plan du déve- troisième fois. Je peux seulement les rassurer, loppement de toutes les dimensions de notre leur dire que j'ai toujours la même conviction, la société. Il faudrait également noter les priorités même ferveur et le même goût de travailler, non accordées par le gouvernement aux investisse- seulement pour aller chercher le maximum pour ments dans le développement et la recherche les gens du comté de Shefford, mais aussi susceptibles de fournir à la jeune génération un travailler ici, avec acharnement, pour l'avance- cadre stimulant de réalisation professionnelle, ment du Québec. En parlant de ça, un des l'intention de mettre en place de nouvelles objectifs que je vais me donner - je suis structures qui permettront d'assurer une meil- convaincu que les autres membres de l'Opposition leure qualité de vie pour nos concitoyens et nos vont se le donner aussi - ça va être de s'assurer concitoyennes par le respect absolu de l'environ- que le gouvernement libéral va respecter ses nement dans lequel nous vivons. engagements. Je dois vous dire que c'est un peu 133

inquiétant quand on regarde la presse, parce que, À un certain moment donné, oui, le premier déjà, on voyait dans La Presse du jeudi 23 ministre nous parle d'un objectif majeur du novembre dernier: "Johnson rabroue Blackburn. gouvernement, et je le cite: "Une force concur- Québec n'a pas d'argent pour la construction de rentielle pour le Québec." Dans ma tête à moi, la route du nord." Déjà, un engagement pris être concurrentiel, c'est tout à fait normal. Être pendant la campagne électorale par une personne concurrentiel comme société, ce n'est pas en soi qui est maintenant ministre et on nous dit que, un objectif, ce n'est certainement pas un but de déjà, cet engagement n'est pas sûr d'être respec- société, c'est un moyen de parvenir à quelque té. chose. Donc, normalement, s'il avait été un peu Avec tous les engagements qui ont été pris, constant, il aurait dit: On va prendre un moyen je dois vous dire que c'est un peu inquiétant. qui est de rendre le Québec concurrentiel pour Mon collègue, tantôt, parlait ici, seulement dans avoir le plein emploi, quelque chose comme ça. son comté, de 100 000 000 $ d'engagements. Cela Mais non. On est rendu qu'on se bat pour des a été comme ça, pas aussi fort, heureusement, moyens parce qu'on n'a pas la volonté, l'imagina- parce que, là, on est certain que c'aurait été • tion de se donner des grands objectifs ou parce seulement un peu une erreur de date, probable- que, justement, on ne veut pas. On aime mieux ment que le premier ministre se prenait pour le servir et se faire contrôler de l'extérieur. C'est 25 décembre, comme si c'était Noël, mais c'était un peu ça quand on écoute le discours inaugural. le 25 septembre. Il y a eu des engagements, mais Je vais justement revenir un peu plus tard sur le il va devoir les tenir. Nous, on va tout faire secteur ou, en tout cas, le point qui a été traité pour suivre ce gouvernement et lui rappeler les largement dans le discours inaugural, le lac engagements parce que, en politique, il va falloir Meech. qu'on arrête de faire de la petite politique et Dans le discours inaugural, on se rend commencer à respecter les gens du Québec. compte d'une chose, et les députés la répètent à Quand on prend des engagements, c'est pour les tour de rôle. C'est basé sur la continuité. Je dois respecter, il va falloir que ce soit comme ça. vous dire que ça m'inquiète, ça aussi. Ça m'in- Donc, tous les engagements doivent être quiète qu'on veuille absolument qu'il y ait une tenus. Là-dessus, le discours qu'avait tenu le continuité quand on regarde la réalité. Quand premier ministre, à un moment donné, même à on regarde la réalité, je me dis: Non, il ne faut l'extérieur du Québec, en disant que ce qu'on dit pas se contenter de la continuité, il faut modi- avant les élections, ce n'est pas nécessairement fier des choses pour que ça aille mieux, sinon ce ce qu'on doit dire après les élections, ça, ce n'est pas acceptable. Quand on se dit: Ça ne va n'est pas correct. Et ce n'est pas surprenant que pas bien... Le premier ministre le reconnaît lui- les citoyens commencent à être désabusés de la même, on s'en va vers une récession ou, à tout politique, en entendant des discours semblables le moins, un ralentissement économique. Et et en ayant un chef de gouvernement qui dit des bravo! c'est la continuité. Laissons-nous aller. Ce choses aussi inacceptables. Cette fois-ci, le n'est pas très très optimiste et encourageant premier ministre n'aura pas l'argument de dire: comme société. Le chômage est entre 9 % et Ça dépend de l'ancien gouvernement. Il ne pourra 10 %. La continuité! Je ne sais pas si vous êtes pas dire, non plus, qu'il ne connaissait pas l'état d'accord avec ça, les députés d'en face? Moi, je des finances du Québec puisqu'il était au pouvoir ne suis pas d'accord avec ça. La continuité avec depuis quatre ans. Je me rappelle l'avoir entendu 9 %, 10 % de chômeurs, c'est inacceptable. Si on dire, en faisant certains engagements: Si on les était en pleine crise économique et si c'était prend, les engagements, c'est qu'on est capables pareil partout en Amérique du Nord, dans les de les respecter, parce qu'on connaît les chiffres autres provinces et les États américains, je et qu'on est un gouvernement responsable. C'est serais obligé de dire: Écoutez, c'est le contexte ce qu'on va voir à partir de maintenant. On américain. Mais ce n'est pas ça la situation. n'acceptera pas que des engagements soient C'est deux fois plus qu'en Ontario. Et on va se reportés ou ne soient pas respectés. contenter de ça et on va faire accroire que c'est Maintenant, plus précisément sur le discours correct? Tout va bien dans le meilleur des inaugural. En regardant toute la liste - je les mondes, contentons-nous de continuer comme ça? écrivais un à un - ça fait plusieurs pages et on Ça n'a pas de bon sens. Les derniers s'aperçoit que, finalement, le gouvernement a chiffres... On est en décembre, là. Le 30 novem- essayé tout simplement de faire plaisir à tout le bre, ce soir, décembre, demain. Les indicateurs monde. C'est effectivement une macédoine nous disent que, pour cette année, il va y avoir touchant à tous les secteurs de la société, mais 40 000 emplois. C'est deux fois moins que ce qui avec rien de neuf, par exemple, quand on y s'est créé à chaque année depuis 1984. 40 000 regarde de plus près. Pas d'engagement précis, seulement créés au Québec en 1989, et on s'en rien de chiffré, pas d'annonce vraiment nouvelle. va dire à la population, comme gouvernement, Toutes des choses qui nous sont déjà connues. que ce sera la continuité. À peine 15 % des Mais une autre chose qui nous est aussi connue emplois créés au Canada et on représente 26 % et qu'on retrouve dans le discours inaugural, de la population. Et on veut faire accroire qu'on c'est qu'il n'y a pas d'orientation, qu'il n'y a pas est un gouvernement responsable, un gouverne- de but, qu'il n'y a pas d'objectif précis. ment qui crée des emplois, un gouvernement qui 134

s'occupe de sa société. On va se contenter de dire quand on ne se tient pas debout et qu'on ne 15 % des emplois créés au Canada. C'est une défend pas les intérêts des Québécois. Pourtant, honte! Et ce n'est pas vrai que la continuité, ça cela ne crie pas très fort de l'autre côté. doit être le discours. Et cela doit être ça notre Le port de Montréal, c'est la même chose. objectif comme société. Ottawa a dépensé des centaines de millions pour Je me rappelle, parce que j'ai été porte- aménager le port de Vancouver, des centaines de parole pour le développement régional, on avait millions pour aménager le port de Toronto. Il un bon programme qui s'appelait PECEC, pour nous avait promis 190 000 000 $ pour le port de aider justement la création de nouvelles entre- Montréal. On vient de nous dire, maintenant prises. Beaucoup de jeunes en ont profité, pas . que les élections sont passées: Pour le port de seulement les jeunes, mais dans bien des cas, Montréal, on va faire une étude. Cela fait des cela a été des jeunes. On l'a aboli, il y a un ah, années qu'on étudie. Les 190 000 000 $, main- en novembre 1988, pour nous faire une grande tenant, on dit qu'on ne le fera plus. Je le annonce. À la place ce sera PRECEP, je m'excuse comprends un peu, parce que ce serait de l'injure de la soupe à l'alphabet, mais c'est comme cela et de l'indécence. Entre autres, il voulait faire que ça fonctionne. PECEC remplacé par PRECEP, un musée ferroviaire dans les îles, dans le port cela a permis au gouvernement, pendant la fin de de Montréal. Un musée ferroviaire. Comme il l'année financière 1988-1989, de ne pas dépenser nous enlève le chemin de fër, cela le gêne un un sou parce que c'est un nouveau programme peu. À tout le moins, je dois dire que je le qu'on est en train d'élaborer. Depuis, on l'a comprends, c'est un minimum. annoncé trois fois - en novembre 1988, à l'été Dans la société, et c'est reconnu, les 1989 et pendant la campagne électorale - comme Québécois pauvres sont de plus en plus pauvres quelque chose d'extraordinaire: PRECEP, créer et les riches de plus en plus riches. On est en des emplois. train d'appauvrir la société et de faire en sorte L'année financière s'achève, on est à la fin que les plus pauvres soient de plus en plus dans de novembre, le programme n'est pas encore en la misère. Des dizaines de milliers de sans-abri à branle, il n'y a pas un sou de mis dedans, on Montréal, c'est inacceptable. Et pourtant de n'est plus sûr maintenant que c'est un bon l'autre côté, on n'en parle pas. Il n'y a pas de programme et il semble qu'on va l'abandonner. Si nouvelles mesures. Au contraire, il y a des vraiment vous voulez créer des emplois et maisons de jeunes qui sont en train de fermer. spécialement pour les jeunes, abandonnez votre Parlons-en des jeunes. Qu'est-ce qu'on a idée de PRECEP et revenez à PECEC qui était fait pour les jeunes depuis quelques années? Pas un bon programme qui a fait ses preuves. beaucoup, hein? On a aboli 16 000 emplois La disparition des secteurs, je ne serai pas occasionnels au gouvernement spécialement chez très long là-dessus. Mais c'est incroyable, les jeunes. On les a endettés de 100 000 000 $ l'économie du Québec, où on s'en va. Mon en faisant en sorte que les bourses deviennent collègue de Lévis en a parlé largement tantôt. Le des prêts au niveau du gouvernement, au niveau secteur maritime est en train de disparaître. Il y du ministère de l'Éducation. C'est incroyable, la a quelques générations, les bateaux, c'étaient au fameuse parité de l'aide sociale. Deux jeunes, Québec, maintenant, depuis que le gouvernement trois jeunes veulent s'aider au niveau du loge- d'en face accepte tout, parce qu'il joue au tapis ment, parce que ça coûte de plus en plus cher, rouge face à Ottawa, les chantiers maritimes, spécialement dans les grandes villes, on les c'est la fermeture. La Vickers est fermée. On ne coupe. On ne permet même pas à deux ou trois fera plus de bateaux à Sorel. Ici, à Lauzon, cela personnes dans le malheur de pouvoir s'entraider va devenir un garage maritime, on va réparer et on se demande après pourquoi des familles, il les bateaux. La construction maritime, c'est y en a moins, pourquoi il y a moins de solidari- maintenant pour les autres et, de l'autre côté, on té, pourquoi il y a moins d'entraide. Il y a des dit: quel beau système, le fédéralisme! Les lois comme ça qui font en sorte qu'on les bateaux, c'est fini. empêche même de s'aider et de s'entraider et ça (21 h 50) c'est dommage. Via Rail. Je trouve que vous n'avez pas crié Au Québec, on est en train de battre un bien fort, le gouvernement. La moitié des jobs autre record: le record des suicides chez les coupés dans Via Rail, cela va être au Québec. On jeunes. Je ne suis pas content, mais on n'a pas n'a pas crié de l'autre côté. Il faut défendre ce le droit de se mettre la tête dans le sable et de fameux lac Meech. Il faut se soumettre à cette • se cacher la vérité comme société. Trois suicides fameuse majorité. Cela n'a pas de bon sens. Ce par jour réussis au Québec, un par huit heures. sont des emplois directs qu'on est en train de Je dois vous dire que c'est inquiétant. J'aimerais perdre. Ma collègue de Maisonneuve en parlait ça qu'on offre autre chose à notre jeunesse que aujourd'hui à la période des questions. L'annonce ce désespoir qui en amène autant à se suicider. de la fermeture de l'usine dans l'est de Montréal. Et ça, c'est trois réussis par jour! Une centaine CSF, fermeture: 325 emplois de perdus. Pourquoi? identifiés ratés, heureusement! Heureusement! Parce qu'il va y avoir moins de trains. Le Mais imaginez-vous, quand on sait que la liste service ferroviaire est en train de tomber au d'attente au niveau de la protection de la Québec. Moins de jobs, c'est cela que ça veut jeunesse, c'est entre 3000 et 4000 jeunes dénon- 135

ces comme battus, violentés, violés, qui ont l'économie du Québec. Et ça continue. Ça n'a pas besoin de secours immédiatement. 3000, 4000 lâché. Ça n'a tellement pas lâché que, dans la noms de personnes, de jeunes sur la liste d'at- fameuse délégation canadienne en Russie - ça ne tente et on n'a pas les moyens d'envoyer des . fait pas longtemps, ça fait une dizaine de gens voir ce qui se passe. jours - on se pétait les bretelles ici. Il y avait On a découvert, depuis deux ans, une une délégation de vingt Québécois, des hommes nouvelle liste. C'est la liste de prise en charge et des femmes d'affaires. Est-ce qu'on pouvait avec de 700 à 800 jeunes qui ont été identifiés être contents? On en avait vingt. Il y en avait comme étant menacés où ils se trouvent, 700 à 90 de l'Ontario; vous savez ce que ça veut dire 800 identifiés et on ne trouve pas les moyens en termes de développement économique, en d'aller les chercher pour les mettre en sécurité. termes de contrats, en termes de contacts qui Après, on se demande pourquoi notre jeunesse vont se traduire en investissements, en exporta- pense au suicide et pourquoi c'est si inquiétant tions, en création d'emplois? Parce que c'est pour l'avenir. encore l'Ontario: cinq fois plus. Et on se con- Dans le domaine de l'habitation, c'est la tente toujours de ce qu'on nous donne. C'est même chose. Le gouvernement d'en face parle de toujours moins que notre part continuité. C'est incroyable! Ils ont coupé le Je conclus en parlant un peu du lac Meech. programme coopératif Logipop, le seul qui Dans le discours inaugural, le premier ministre a existait. Ils ont commencé à couper l'aide aux parlé du lac Meech en termes de menaces groupes de ressources techniques qui aident advenant la non-ratification. Imaginez-vous, justement la mise sur pied des coopératives un comme projet de société, ce n'est pas très peu partout au Québec. Ils ont commencé à les emballant. On ne peut tellement pas parler du couper. Cela va être la continuité, ils vont contenu, parce qu'il n'est pas acceptable, qu'on couper. Les HLM. Ils en ont parlé dans la parle des menaces pour les autres provinces; on fameuse salade dont je vous parlais tantôt, parce essaie de leur faire peur. On joue au Bonhomme qu'ils ont parlé de tous les sujets. La continuité Sept Heures; on essaie de leur faire peur dans les HLM, de notre temps, il y en avait 2400 advenant la non-ratification. C'est tout ce qu'on par année. En 1987, c'est venu à 1200 quelque a à dire aux Québécois: Ce qu'on a à vous offrir chose; en 1989, on était rendus à 1000. La comme constitution, donc comme avenir, on ne peut tellement pas en parier parce que ce n'est continuité, imaginez-vous! On n'a pas besoin pas acceptable qu'on dit aux Anglais qu'on va d'être fort ni ingénieur en dessin pour voir ce vous menacer de représailles presque ou vous que ça veut dire, la continuité. Si on est parti allez y goûter si jamais vous n'embarquez pas là- de ça et on fait ça, de la continuité, ça veut dedans. dire qu'il n'y en aura plus. C'est vers ça qu'on s'en va, alors que les HLM sont essentiels, entre Je comprends qu'on ne puisse pas en parler. autres, pour les plus démunis de la société. Le premier ministre lui-même reconnaît que La fameuse entente dont on a tant entendu l'entente, l'accord du lac Meech, tel que proposé, parler de l'autre côté, l'entente fédérale-provin- c'est le minimum que le Québec peut accepter. ciale sur l'aide au logement social. On s'est fait Le minimum. Depuis quand un gouvernement avoir comme des niais de l'autre côté, et ce sont responsable, depuis quand des gens élus, qui même les députés conservateurs à Ottawa, dans aiment habituellement les gens pour qui ils un document, qui reconnaissent que l'entente travaillent, peuvent-ils leur offrir, comme projet est tout à fait inacceptable pour le Québec. Dans de société, le minimum? Moi, j'ai toujours pensé les fonds disponibles, alors qu'en 1986, 24 % que quand on a le goût de travailler pour venaient au Québec, en 1989, on est tombés à quelqu'un ou pour quelque chose, c'est pour 17,8 %. L'entente fait en sorte que le Québec en aller chercher au moins le maximum. On se bat pour le maximum. Mais, en face, on se bat pour retire de moins en moins. Encore une fois, la le minimum pour les Québécois. Imaginez-vous! continuité vers la descente. Pendant ce temps-là, En sachant qu'on va toujours chercher moins que en Ontario, en 1986, il y avait 32 % du budget ce qu'on négocie, on va négocier pour le mini- fédéral. Ils sont rendus à 39,6 %. Pour eux aussi, mum. Ce n'est pas acceptable. Surtout que la c'est la continuité, mais dans le sens inverse. "société distincte", on sait maintenant que ça ne C'est incroyable, mais c'est toujours comme ça. veut rien dire. Le premier ministre Mulroney l'a Toujours dans le document des députés dit. Les neuf autres premiers ministres provin- conservateurs à Ottawa, ils ont annoncé ciaux, eux autres, interprètent que la société 632 000 000 $ d'investissements supplémentaires distincte ne veut rien dire. M. Bourassa refuse en habitation, quand on connaît les problèmes d'aller voir en Cour suprême pour savoir ce que spécialement à Montréal et à Québec. ça veut dire, parce qu'il le sait ce que ça veut 632 000 000 $. Le Québec a un beau dire. Et il a reconnu en cette Chambre, il y a 43 000 000 $; l'Ontario 400 000 000 $, encore quelques mois, advenant que la définition de la une fois. 400 000 000 $, dix fois plus. Ça, ça société distincte soit soumise à la Charte cana- veut dire des gens mieux logés, mais ça veut dire dienne des droits et des libertés, que ce serait, la création de coopératives, de HLM résidentiels, pour le Québec, dangereux, inacceptable, qu'on améliorations et rénovations. 400 000 000 $ dans est mieux de rester avec le statu quo. Main- l'économie de l'Ontario; 43 000 000 $ dans 136

tenant qu'il le sait, il continue à défendre le lac Meech. C'est inacceptable et c'est pour ça...

Le Vice-Président (M. Cannon): Quelques secondes, M. le député, pour conclure, puisque nous sommes tout près de la clôture de notre séance.

M. Paré: Oui, M. le Président. Je conclus tout simplement en disant que l'accord du lac Meech, ce n'est pas l'accord du siècle, mais c'est plutôt l'accord de l'échec, l'accord de l'échec du fédéralisme, l'accord de l'échec des libéraux à défendre les intérêts suprêmes des Québécois. Contrairement à ce que disait M. Mulroney, de cette façon, ce n'est pas dans l'honneur et dans la dignité que les Québécois pourraient rentrer à nouveau dans la constitution, mais ce serait plutôt dans l'insulte et dans la soumission. C'est pour cette raison que l'accord du lac Meech ne doit pas passer.

Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le député de Shefford. M. le leader adjoint du gouvernement.

M. Lefebvre: M. le Président, le débat sur le discours d'ouverture n'est pas terminé. Il se continuera la semaine prochaine. Je fais donc motion pour ajourner le débat.

Le Vice-Président (M. Cannon): Est-ce que la motion est adoptée?

Des voix: Adopté.

M. Lefebvre: Et...

Le Vice-Président (M. Cannon): M. le leader adjoint du gouvernement.

M. Lefebvre: M. le Président, je fais également motion pour ajourner les travaux de l'Assemblée à lundi, le 4 décembre, à 14 heures.

Le Vice-Président (M. Cannon): Est-ce que cette motion est adoptée?

Des voix: Adopté.

Le Vice-Président (M. Cannon): Alors, les travaux de cette Chambre sont ajournés au lundi . 4 décembre, à 14 heures.

(Fin de la séance à 22 h 1)