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LE MONAST1H1E DÉCHERY

AtJ VAL DE LI1PVRE.

Ichery, en allemand Eckerich, est un nom de lieu qui ne sapplique plus, dans les temps modernes, quà un chôteau et à un village du Val de Liépvre. Les ruines du chôteau, nommé aussi llaut-Eschery et Ifoh-Eckerich, se trouvent A plus de six kilomètres du village, sur un pic dominant le hameau du Pctit-Rombach, dépendance de la commune de Sainte-Croix- aux-Mines, ou St. Kreutz. Le village dlchery est situé A deux kilomètres en amont de la ville de Sainte-Marie-aux-Mines, è la jonction des vallées de la Petite. Lièpvre et du [louenthal. Pendant le moyen Age, un autre village, situé à trois kilomètres en aval (le la ville de Sainte-Marie, portait aussi le nom dÉchery. Il a été nommé aussi Saint-Guillaume et plus tard, nous ignorons pour quel motir, Saint- Biaise, seul nom connu aujourdhui. Dérivé (lu mot allemand Ackeran, glands, encore en usage dans une partie de l, das Ackerich ou Eckcrich, en français Ichery ou Eschery, signifie une forêt ou un canton de chênes, quercetum ubi glandes caducae sunt. Ce nom apparati déjà sous la forme dAchinis ragni dans un diplôme (le Charlemagne de lan 774, pour désigner le ram de Saint-Biaise ou dAil- Eckerich (Jui formait, avec le Petit-Rombach, la limite occidentale des droits (lu prieuré de Lièpvre. 1cliery et Saint-Biaise sont maintenant des annexes (le la ville de Sainte- Marie-aux-Mines. Pour distinguer les deux villages lun de lautre, lorsquils portaient le même nom, le premier a été appelé quelquefois Gross-Eckerich

t. ACKERA, glans quernea undfagea, gewalinlicli eckcrn. (GRIMM, J. & W., Deugsc/es WrterbucIs.) 2. Onux, J. J., Scherzii glossariuni germanicum mcdii aevi. Argent., 1781, verbo Ecker.

Document

111111111! III 11111111 111111111 - 4. — et le second presque toujours Ait•Eekerich. Dans cette dernière dénomi- nation, ladjectif alt pourrait être dérivé dallus, haut, et dans ce cas Alt- Eckerich serait une forme plus ancienne de Hoh-Eekerkh ou de Haut- Eschery qui a été conservée pour désigner le château situé au Petit-Rom- bach. Cependant la lettre dinvestiture t donnée par Anselme de liibaupierre, en 1298, à Henri Waffler, chevalier dEckerich, porte « das gut zem allen Eckerich », que lon peut traduire par « le bien situé à vieil lrIiery ». Le nom dAlt-Eckerich a disparu au seizième siècle. Il était même totale- ment ignoré des fonctionnaires que la Régence dEnsisheim avait consultés, en 1628, au sujet des églises enlevées au culte catholique. De 15 provient la confusion qui sest établie entre les deux villages, par suite de laquelle la tradition et les écrivains ont appliqué S lÉchery actuel certains faits historiques relatifs au ban et au village de Saint-Biaise, de même que lon a confondu le château de Ikh-Eckerich avec celui de Zugmantel à Sainte- Croix. Les seigneurs dEckerich passent pour avoir découvert les mines les plus anciennement connues du Val de Lièpvre, et la tradition populaire rapporte quelles ont été exploitées au PeLit. Rombach au temps où les moines portaient lépée. Environ cinquante ans après le décès des premiers culleurs, dit Jean I1uyr, aucuns gentils-hommes curieux de nouveauté, Qrent creuser la montagne dillcc, pour en tirer mines dargent, et du «profit de ce en bastirent une forteresse â peu près dc là, nommée la lonu (dEscheryD. Cest 15 lorigine du château du Petit-Romhach. Après la mort du dernier (les Eckerich, survenue en L381, la moitié du château revint au seigneur suzerain, le duc de Lorraine, qui en investit les nobles de îlattsiat. Lautre moitié advint à la maison de Ribaupierie avec les fiefs que les sieurs dEckerich tenaient delle sur la rive droite de la Lièpvrette, notamment le village dÀit-Eckerich et le han de Saint-Guillaume. Un autre château, celui que Richer dit avoir été bâti de son (claps par quelques descendants (les premiers seigneurs dEckerieh, se trouvait au milieu du village de Sainte-Croix, ô lentrée du Grand-Rombacli: De quorum nobiliumprognie postea exicrunt vin, qui te?nponibtt-s nostnis in ipsa valle Lebrath castrum construxerunt, quod nomine supra dicto Acheric vocave- runt. Beaucoup plus important (lue celui de Haut-Escliery, le château de Sainte-Croix perdit le nom dAcheric après lextinction (le cette famille et revint au domaine des ducs de Lorraine. I! est connu au seizième siècle

t. AL.RRECHT, Or. K., Rappolsteinischcs Vrkundenl-uch, t, p 166, u° 225. 2. Ru VR, liec/,erc/ie des 8aincles AnUquitils de la Voage, 2 partie, livre (II, ebap. XVI. -5-- sous le nom de chàteau de Zugmantel, et a dû être compris parmi les nombreuses forteresses démolies en i66, par ordre de Louis XIII, pour assurer le libre passage de ses armées, de Franco en Alsace. Lon sait quautrefois, et Jusquâ la Révolution française, le territoire de la commune actuelle de Sainte - Marie - aux - Mines était divisé en deux parties séparées lune de lautre par la Lièpvrette et son affluent, le ruis- seau dc lleigochamps ou dc Liverselle. La partie septentrionale, située sur la rive gauche de ces cours deau, dépendait du duché dc Lorraine et formait avec les villages de Sainte-Croix, Lièpvre et lAllemand-Ilombach le Val (le Lièpvre lorrain. Lautre partie, située sur la rive droite, appar- tenait â la seigneurie de Itibaupierre. Elle est désignée parfois sous le nom de Val dÉchery, et comprenait les villages et hameaux d1chery, la Petite Lièpvre, Saint-BIaise et Fertru. Cest dans ces confins que séleva le monastère dÉchery.

I. - La Fondation dÉchery.

La relation la plus ancienne, parvenue jusquâ nous, de la fondation du monastère dchery, se trouve dans la chronique de labbaye de Senones3, composée et terminée vers 165 pal le moine RIcuEn. Cette chronique u étè éditée en entier par G. Waitz tians les Monumenta Germaniae h.i,storicas, sous le titre de: Richeri gesta Senoniensis ecc1eiae. Jean Cayon en a publié, en i84, une traduction française faite au seizième siècle par le R. F. Vincent, liercelin, probablement sur le manuscrit original6. Le chapitre concernant le monastère dEchery a été reproduit et com-

I. La famille noble de Zuginantel, de la Basse-Alsace, na ilc commun avec notre château que la similitude dun nom de lieu assez répandu en Aflemagne. 2. Scio:iFL!N, dans lAlsace illustrée, tome IV, p. 290, et GuANoiona dans tes Vues piltoresques de lAlsace, 5 livr. : Sainte-Marie-aux-Mines, (lisent que les habitants nomment Londbach, cest-à-dire ruisseau provincial, la rivière dc Lièvre ou Leberau. Cela nest pas tout à fait exact. Les riverains ne lappellent point Lwsdbacls, niais Lam- lach, sans ]ouIe une rèminiscence de Lairna et de la inzaha, nom que porte cette rivière dans les documents du huitième et du neuvième siècle. Les noms de Lebra et l.cbroka en latin, (le Liêpvre et Lièvre cii frajirais, dc Lebra et Lewerau. , dérivent apparemment de lallemand Leber et Lewr, signillaiit montagne, colline. CalMai, !)eutches WOrlerbuch, Lober, berg, hilgel, s. lewer. 3. Lib. Il, cap. 9, intitulé: De liliduipho qui celiwu Acherici aedificavle. 4. Wiaan, Sttulien zur Els. Gesehichte, I, p. 5. 5. Tom. XXV, p. 249-3i5. llannoverae, 1880. 6. Cf. ior. Catalogue des collections lorraines, L, p. XXIII. -6- menté récemment par les Bollandistes. Il se trouve aussi dans les oeuvres des principaux historiens qui ont publié des extraits de la Chronique de Senones tirés du Spicilègede dAchery. Tels sont: Mabillon, Dom Calmet3, Schœpflin, Grandidier 6 F. de Hautemer 6, etc. Environ soixanle ans après que Richer eut terminé sa Chronique, JEAN DE BAYON, religieux dominicain exilé, recueilli û Moycnrnouticr, fut chargé par son parent, labbé Benzelin, de composer une histoire de cette abbaye. Le frère Jean se mit è loeuvre et réunit, vers l2G, tout ce quil avait pu tirer des annales des historiens, notamment de la Vie de saint Hiduiphe et de la Chronique (le licher, et tout ce quil avait pu recueillir de la bouche de personnes dignes de foi. Cest ainsi que, tout en repro- duisant ce que licher avait écrit sur Bliduiphe et le monastère dlchery, Jean de Bayon a pu compléter son récit par quelques détails encore inédils7. Le monastère dchery fut fondé vers 938 par un chanoine de Metz tin nom de Bliduiphe. licher de Seiioncs en explique ainsi lorigine: «Un certain uprimicier de McLz, nommé Blidulfe, homme juste et prudent, abandonna «tout ce quil possédait et résolut de chercher un lieu propre à sa conver- «sien. Après avoir longtemps cherché, il rencQntra enfln, dans la vallée quon appelle Lebrath, une petite vallée renfermée entre les montagnes. «Sur le revers de la montagne qui fait face au midi, il construisit un oratoire et lappela Belmont. Il y bLiL aussi une église quil orna de neuf autels «avec des barrières et des cryptes. Autour de cette église il construisit, selon «la position du lieu, des bûtiments et un cloltre û lusage des moines. Il «acquit en même temps quelques revenus, et ayant réuni des frères, cet «homme, dévôt à Dieu, passa sa vie dans le célibat8.» Jean de Bayou reproduit cette partie du récit de licher, en y ajoutant la dédicace (le léglise et la date de sa construction: Qui aediculam con-

I. Acta sanclorum Novenabris, toiniis Il, pars prior, p. 75. Bruxclles, 1894. 2. Acta sanctorum Orti. s. B., tomus VII, p. tio. Édit. de Venise. 3. Histoire de Lorraine, t. li, Preuves, p. XI, édit. de 1728; t. III, Preuves, p. CL, 2° édit. 4. LAlsace illustrée, traduction de Ravenez, LII, p. 456. 5. Histoire dAlsace, 11, p. XLIII. 6. Description de lAlsace, 1783, 20 pallie, . 146. Msc. dc la Bibliothôque dc lUni- versité de Strasboiirg. 7. Ifediani rnonaslerjj Historia e fratre Joanne fie Bagou, lib. U, cap. XXV. Voy. Pièces justificatives, n I. 8. SCHŒPFLrr4, LAlsace illustrée, traduction de Rarenez, tome 1H, p. s56. -7- struens in honorein S. Mariac novem ahana in ea cum cancellis et cripUs aplavit circa anno domini 938. Cette date se trouve confirmée par une note manuscrite ajoutée en marge dun document inédit, conservé aux Archives communales dc Saitite-Maric-aux-Mines , portant que Bhiduiplie est arrivé i Écliery en 939. Lauteur dc la note avait peut-être eu connais- sance de la chronique dc J. de Bayou. A la suite du texte de Richer, Schoepflin ajoute: MABILLON reporte, mais à tort, ces faits à lannée 973; car ils saccom- «plireiit au milieu (lu neuvième siècle, époque où vécurent Acheric et «ses compagnons. Nous en avons la preuve dans un diplôme du roi Lothaire «donné dans la quatrième année de son règne, indiction VII, cest-à-dire «en 859 à Strasburg, Palalio Ecgio. En effet, ce diplôme fut accordé au « venerabilis Ackrich et à Ilcsso Decanus en confirmation de la donation que le comte Lutard et son frère Ilugon firent è léglise de Behnont. De «là nous conclurons encore contre Mabillon, que Blidulphe, qui fonda «cette église, était tout autre que le Bliduiphe, archidiacre de Mets, qui «vint aussi vers 973 fonder un petit oratoire dans la Vosget.) «Grandidier donne une autre version: il fait de Bliduiphe non le fon- dateur niais le restaurateur du monastère dchcry. Voici son récit: Echery était, dans son origine, une église nommée Beiniont ou &hoen- bery, dédié à la sainte Vierge. Deux hommes de condition, appelés «Guillaume et Acheric, vinrent sy retirer au commencement du neuvième «siècle pour y vivre (Jans la solitude. Guillaume sy rendit célèbre par la pureté de sa vie et par le don des miracles, qui sopérèrent avant et après «sa mort. Il fut inscrit dans le martyrologe de Moyenmoutier, et il fut «longtemps honoré dans une des églises paroissiales dlchcry, qui en prit «même le nom. Acheric, qui succéda è Guillaume dans la solitude dc Bel- «mont, vit croître le nombre de ses disciples, qui changèrent sa retraite en «un monastère. Le lieu de Belmont appartenait en propre à Luitfrid, comte «en Alsace. Les comtes Leutard et llugues, ses fils, accordèrent à Acheric «et à son église toutes les possessions et tous les serfs quils avaient dans «cet endroit. Cette donation se fit avant lannée 837, qui fut celle de la «mort du comte lIngues. Acheric sadressa à Lothaire, roi de Lorraine, pour

t. S&ie kk, I Forme de la justice au Val de Liipvre, sans date, mais de la seconde moitiè du dix-septième siècle. 2. In Vita S. Joannis, Abbalis Gorziensis, dans MABILLON, liv. citè, p. 387. 3. t.Euvres inédites, tome 1, p. 300 et suivantes. -8-

o obtenir la confirmation de ces biens. Ce prince se rendit à sa demande, et oen fit expédier le diplôme, daté de Strasbourg 859. u tAc.heric mourut lui-même en odeur de sainteté et donna le nom «dAchcric, ou dÉchery, au monastère quil avait fait bâtir. Il fut enterré «au milieu du choeur, devant lautel de la Sainte-Vierge, où iou voyait encore son tombeau au temps de Richer, religieux dc labbaye de Senones, «qui écrivait au milieu du treizième siêcle. Hesson, disciple et successeur «de saint Acheric, leva de terre le corps de saint Guillaume et plaça ses «reliques dans une châsse ornée dor et dargent. llcsson fut remplacé par ol3lidulphe, qui fut le restaurateur, et non le fondateur du monastère «dEschery, comme lont cru jusquà présent tous ceux qui en ont prirlé. «Cest lautorité dc lucher qui les a séduits, mais cette autorité, qui est «de peu de poids pour les temps anciens, ne doit pas prévaloir contre «lordre de la chronologie. Bliduiphe vivait noii dans le neuvième siècle, ornais au milieu du dixiéme. Malheureusement, Grandidier a été induit en erreur avec Schoepilin et dautres, en faisant remonter au neuvième siècle lexistence de Guilktume et dAcheric, et la fondation du monastère dÉcliery. Leur erreur a eu pour cause une charte inventée par Jerôme Vignier et publiée par lui dans son ouvrage intitulé: La vèritabic origine des très illustres maisons dAlsace, (le Lorraine, dAutriche, etc.0 Cest le prétendu diplôme daté de Strasbourg, par lequel le roi Lothaire, cédant à la prière dAckrich et du prêtre Jlessou, confirme les biens donnés par le comte Leutard et son frère Ilugues ô léglise quae dicilur Belmont. Ces biens, dit le diplôme, sont venus à Leutard et à Llugues par héri- tage, per obilunr Liutfridi cornites eorurn parenhis. Lc sieur Jean Ruyr, chantre de Saint-Dié, ma donné copie de cette chaite, nous dit Vignier. Mais Ruyr était mort déjà en 1645, dans un âge très avancé, et sil avait eu connaissance de ce document, il neût pas manqué den parler au chapitre consacré à Belmoni dans sa Recherche des sainctes Anhiquitez de la Vosge. Dans aucune des deux éditions de cet ouvrage, imprimée lune à Saint-fié en 16l5, lautre à Épinai en 1633, ni dans le manuscrit de la

t. Tels que sont JEAN HERQUEL, ou IIERCULANUS, De anhiqui8a1ius vaiis Galïleae, cap. 15, apud Huao, in nzoaum., tom. I,p. 188 et 189, et C.wErco1, Preuves, tom. 7, p. CLXXII; RUYR, p. 416 et 417; dom CALMET, Histoire de Lorraine, tom. I, p. 874, et Notice de la Lorraine, tome 1, p. 739, et Supplément, p. 132. 2. Paris, 16x9, in-folio, page 77. - 9 -

bibliothèque de Saint.-Dié (n° 18 du catalogue imprimé), nous navons pu découvrir aucune trace de celte pièce. Eluyr avait le continuel souci de la perfection de son oeuvre, écrit labbé Chapelier 4, et tout porte à croire que le manuscrit de Saint-Dié est postérieur en date ii lédition dEpinal; lauteur aura tiré parti des documents quil avait entre les mains et dont il parle dans lépilogue de son oeuvre. Grandidier, en reproduisant le diplôme de Lothaire II, fait remarquer labsence de la formule finale: I-lic desuni in ilpographo[ormulae finales. Cette omission et le nom de Belmont., dune forme trop apurée l)01 figurer dans un acte du neuvième siècle, suffiraient pour inspirer des doutes sur lauthenticité de cc diplôme, si la critique moderne navait pas amplement dévoilé les supercheries commises par Jérôrne Vignier. Le document, fabriqué par celui-ci pour les besoins de sa cause, doit ètrc rejeté, et malgré limposante autorité dont jouissent, à juste titre, des historiens tels que Schœpflin et Grandidier, nous sommes davis quil faut. laisser tomber dans loubli le Blidulphe que Schoejiflin fait apparaître au neuvième siècle. Nous croyons aussi, contrairement à lopinion émise par Grandidier, (jUC lon peut considérer, avec ficher, Mabillon et les autres, Blidulphe comme le fondateur et non le restaurateur de léglise, et admettre lannée 938 environ, indiquée par Jean de Bayon, pour lépoque de larrivée du chanoine de Metz au Val de Lièpvre et la date (le la fondation du monastère dÉchery.

II. - Bliduiphe et ses Successeurs.

«Blidulphe était primicier et archidiacre de la cathédrale de Metz. Ayant «dc la naissance et. des richesses, il était savant et lun des plus habiles de «son siècle. Mais sa vie et ses moeurs ne répondaient pas à son esprit et «à ses talents. Une grande maladie quil essuya, le tira de lespèce de dés- «ordre dans lequel il vivait. II fit appeler Einold, qui depuis lan 933 «gouvernait labbaye de Gorze, voisine de Metz. Il reçut de lui lhabit «religieuï et se fit aussitôt transporter dans ce monastère. La santé de «Bliduiplie sy rétablit parfaitement. Il vécut à Gorze dune manière si «exemplaire que labbé Einold lenvoya rétablir la discipline régulière

I. Jean Ruyr, •a biographie et ses anwres, par 1abbé Ch. CHAPELIER, drtns le Bulletin de la Socitéphilonaiique vosgienne, I7 annêe, 1891-1892.

2. GRANDIDIER, Histoire de lJ..?glise de Strasbourg, vol. II, Preuves, p. CCLVII, note b. 3. Cf. GIRY, Manuel dc Diplomatique, p. 833. - Ch. PFISTER, Le Duché mérovingien dAlsace, p. 35, 143 ci suivantes. - 10 -

«dans labbaye de Saini-Maximin è Trêves, conjointemeni avec Ogon ou «lingues qui en était abbé. Einold donna à Bliduiphe pour adjoint un de «ses confrères, nommé Gondelach, profès dc Iulde. Lun cL lautre reviti- «rent à Gorzc après la mort de lingues, arrivée en 04V.» Plus tard, nons trouvons Blidulphe etGondelach à Moyenmoutier, où ils avaient été appelés, en 967, par labbé Adalbert dans les circonstances suivan Les. Le comte Frédérk, devenu duc dc Lorraine en 959, disposait alors des monastères de Saint-fié et dc Moyennioutier. Cétait un homme intègre qui, è linstigation de larchevêque de Cologne, Brunon, cherchait è réformet les monastères et à y détruire tous les abus. Il chargea un moine de Gorze, nommé Adalbert, oenere nobilis, subtimis et clarvs moribus, religione insignis, selon J. de Bayou, (le rétablir è Moyennioutier les reli- gieux bénédictins que le comte-abbé Ilium en avait chassés en 897 pont les remplacer par des chanoines. Adalbert fut secondé dans sa lèche par Bhiduiphe et Gondelach, qui lui avaient été recommandés par Einold, abbé de Gorze, auxilianlibus duobus sagacibus fratribus Bliduipho et Gon- deloho qui ob hue illuc panier convenerani. Richer et J. de Bayon nous apprennent que les chanoines ont demeuré pendant 70 ans à Moycnmoutier, ce qui donne la date dc 897±70=967 pour la rentrée des bénédictins dans cc monastère. Après avoir séjourné quelques années à Moyenmouticr 0, Blidulphe revint au Val de Lièpvre avec Gondelach. Il y vécut pendant plus de dix ans et fut enterré dans loratoire quil avait bèti près de sa cellule 7. Son

I. GRANDIDIER, uvres fnédies, tome 1, p. 302. i. Cli. PiIsTER, Les Revenus de la collégiale de Saint-Dié au dixiènie siècle, dans les Annales de CEs€, 2 année, 1888, p. 518. 3. ScIon J. DE BAYON, ou en 896, daprès BELHOaJME, historia Mediani rnonaster ii. Series Abbatum, XIII.

4. J. DE BAYON, toc. cit.

5. IIEEQUEL DE P1.tJNP,INo, dent les Anlijuitales Vous Galileae ont étd publiées par C. L. lluno, Sacrac anhiquitalis monurnenba, toni. 1, pars III, p. 187, dit que les chanoines y sont restés pendant soixante ans, ce qui mettrait à lannée 57 la rentrée des religieux à Moyenmoutier. Mais alors Frêdêric nétait pas encore duc de Lorraine, il na le devint quen 959. lluuo ajoute en note: Anonimus Medianensis redintegratos fuisse Benedic- linoS scribit anno 96e. 6. Huoo, lac. cil., p- 189, note a. Ad quam (vahlem Lebracensem) Bhiduiphus, paucis n restituto monachatu in Medianense abbatia annis, se recepil. 7. Acta sanctorum ordinis S. Benedicti, tom. Vil, p. 387, Vita S. bannis Abt, Corzens. - il

compagnon Gondelach lui survécut pendant quelque temps et fut enterré au même endroit. li ressort de ces textes qc Bhiduiphe a séjourné deux reprises diffé- renies au Val dc Lièpvre: la premièie fois en 938 selon J. de Bayou et la deuxième fois en 073, daprès les Ada sanclorum. Mahillon nest ps SCIr (lue le Jiliduiphe dc la Vie de saint Jean de Gorze soit Je même que celui de la Chronique dc Senones, et eu attendant, dit- il, quune plus grande lumière vienne éclaircir ce point, il est davis quil y n eu deux Bhidulpiic. Lun, darchidiacre de léglise de Metz devint edabord religieux de Gorze, puis ermite; lautre de primicier devint bientôt «ermite; lun avait un seul compagnon, Gondelach, lautre en avait deux, fiuillaume et Acheric. Bien que rien nempêche que le même personnage «soit qualifié en même temps (le primicier et darchidiacre, puisquil nest «point fait mention dun auLre, le chroniqueur de Senones écrivant longtemps (après les faits quil rapporte, na pas toujours atteint la verité.I, Pour nous qui savons maintenant que Bhiduiphe est venu é deux reprises au Val de Lièpvre, en 938 puis en 073, il ny a point de contradiction entre le récit de la Chronique de Sonones et celui de la Vie de saint Jean dc Gorze; les deux versions concernent le même personnage, mais è deux époques distinctes dc sa vie. Dans la version (le lUcher, Bhidulphe se trouve à la force de lâge et dans toute son activité lors de son premier séjour au Val de Lièpvre, où il eut pour disciples Guillaume et Aclicric. Dans la Vie de saint Jean de Gorze, Jean de Mclx nous montre le même Blidulphc trente-cinq ans après, à la fin dune carrière bien remplie, quand, appuyé sur son fidèle compagnon Gondelach, il revint auprès de loeuvre quil avait créée, pour chercher dans la tranquillité (le notre vallée un repos justement mérité. Ce fut apparemment après son retour de Trèves en 947, et jusquen 967, où il fut appelé à Moyenmouhier, que Blidulphe se voua û linstruction et quil contribua, avec Norgandus et Jean de Vandières, à établir la brillante et légitime réputation que labbaye de Gorze sétait acquise dans len- seignement des lettres et des sciences. Parmi les jeunes gens nobles qui fréquentaient les célèbres écoles de Gorze, Mabillon cite Guillaume et Acheric.

1. Cf. H. DARBOIS DE JUBAINVILLE. Les Monastères de lordre de S. Benotten Lorraine, dans les lfernoires de lAcademie Stanislas, 5 S.ric, tome V. Nancy, 1888, p. 39. 2. Gorzien,sibus nwnachi, piissimis adjungenti sunt flhidulfus, Willelmus et Àchericus, qui eodem lem pore etforsan cx eadern pataestra in Lothariensi regnopietalejloruerunt. - 12 -

Voici lhistoire dc ces deux personnages daprès la légende qui se lisait dans le Proprinn du diocèse de Strasbourg jusquen 1864. Vers le milieu du neuvième siècle, deux jeunes nobles, Guillaume et «Acheric, arrivèrent dans la vallée de Lièpvre située au milieu des forêts «des Vosges, animés du dessein dy trouver une retraite où ils abriteraient «leur innocence et se consacreraient entièrement au service de Dieu. Ils «y avaient été précédés par un certain Blidtilphe, primicier (le léglise de «Mctz, qui, plusieurs années auparavant, avait tout quitté, ses biens et ses espérances dans le monde, pour venir se retirer en ces lieux solitaires. «A côté de sa cellule, il avait bèti une église. Bientôt après un grand «nombre de disciples affluèrent vers lui, le prirent pour leur maître et «donnèrent ainsi naissance au monastère qui séleva en cet endroit. BU- «duiphe mort, Guillaume et Acheric lui succédèrent lun après lautre «dans le gouvernement de sa famille spirituelle. Ils firent briller dans cette «charge une si éclatante sainteté, quaprès leur mort ils furent inhumés «par les soins du prêtre Ilesson, homme dun puissant crédit, dans léglise «nième, cest-à-dire Guillaume dans la partie la plus en vue des fidèles et «Acheiic en face de la chapelle de la Bienheureuse Vierge Marie. De «nombreux miracles sopérèrent sur les tombeaux de ces saints, si bien (que durant plusieurs siècles des multitudes de pèlerins, attirés par la «rumeur publique, vinrent honorer les reliques de nos bienheureux sou- «taires. De là le nom dAcheric fut donné au monastère et à la vallée, «au lieu de Belmont que Blidulphe lui avait imposé dabord.) Lanniversaire (les saints Guillaume et Acheric, fixé au 3 novembre, ne figurait pas au Propre des saints du diocèse de Strasbourg au temps des cardinaux de Rohan. Il a été introduit au Propriuni de 82 par Mgi. le Prince de Croy et maintenu dans celui dc 1838 par Mgr. Le Pappe de Trévcrn, puis en a été retranché en 1865, sous lépiscopat de Mgr. A. Raess. Peut-être a-t-on jugé alors que ces saints abbés, en leur qualité de religieux de Gorze et de Moyennioutier, ressortissaient aux diocèses de la Lorraine plutôt quà lévêché de Strasbourg. Aujourdhui encore le culte des bienheureux Guillaume et Acheric con- tinue et, aux premiers ,jours du mois de novembre de chaque année, le

1. Ces lignes étaient écrites qnand M. Fabbé Ehrliard, curé de la Madeleine, eut loblL- geance de me communiquer une Étude historique sur les s. s. Guillaume et Acheric, parue dans le numéro du 2 novembre 1891 de la Semaine religieuse du diocêse dc Saint-Dié. Lauteur anonyme de cet arlicic constatant que le Propre de 1865 a fait rentrer ces saints dans 1oubli, croit que les Propres le 822 et dc 1838 nétaient point revêtus de lapprobation de la Sacrée Congrégation des Rites. - 13 - curé de la paroisse de Saint-Louis se rend à léglise mixte de Saint-Pierre- sur-lHûte t Échery, pour y dire loffice en mémoire des deux saints que lon suppose avoir été inhumés en ce lieu. Les traducteurs des Annales et de la Chronique des Dominicains de t font de Guillaume et dAcheric deux frères. Lon peut se demander sil ne sagit 1ioint dune seule et même personne de la famille noble dEckerich qui portait le nom de lendroit où elle avait son doniaine, cl si ce ne sont pas les chroniqueurs qui, par erreur ou par ignorance, ont pris le nom du lieu pour un nom dc personne, en écrivant Willelrnus et Acherku. au lieu de Willel mus Achericus, Guillaume dEckerich. Il est certain que cest saint Guillaume qui n donné son nom à léglise paroissiale et au village où il paraît être décédé. Saint Guillaume seul se trouve inscrit au martyrologe de Moyeiimoutier. Seul il est réputé avoir opéré des miracles avant et après sa mort; ses reliques seules ont été relevées et vénérées dans un lieu de pèlerinage et, lorsque lexploitation des mines se fut développée dans le Val, chaque société rniniàre tenait à honorer le nom de ce saint en lappliquant à un ouvrage, puits ou galerie de sa concession, et jamais celui dAcheric. La question de savoir si Guillaume et Acheric étaient deux personnages diffétetits ou non, na lias une grande importance pour lhistoire du monastère; cite peut intéresser les hagiographes, auxquels nous laisserons le soin de la résoudre. Jean de hayon, qui nous a fait connaître lépoque de larrivée de Bli- duiplie au Val de Liêpvre, donne aussi les noms de ses premiers succes- seurs: Gondelach 5, Guillaume, Acheric, Hermaun, Hesson, Ercliembeit et Acheric Il. Puis il ajoute:

t. Cette fête comniéinorative ne parait pas avoir été cldèbrêe à Saint-Plerre-sur-lHdte avant le commencement de ce siècle. Les comptes de la fabriqiw ile léglise des années 170U à 1792, conservés aux archives communales, nen font aucune mention, alors quils relatent les trois processions annuelles, auxquelles le clergé de Sainte-Marie-aux-Mines, suivi des habitants, se rendait en grande pwupe à Echery les jours de Saint-Marc, des Rogations et des s. s. Pierre et laul. 2. GRAnu et LIBLIN, les Annales et la chronique des Dominicains de colmar, p. 92, note 1. 3. Le martyrologe de Moyenmoutier a noté Je jour du trépas de s. Guillaume, ermite, le 3 novembre, iii nouas novembris apud Echericum vicum s. Waiilelmi Eremila magna virlutis vin. Ituvn, op. cil. 4. Unus neinpe duorum tain evidcntibns et in vilain et p031 vitam claruisse ferler miraculis. lICHER, toc, cil. 5. lei J. na BÀYON parait être dans lerreur; Goudelacli nest venu j Échery quau deuxième voyage de Blidulphe, bien après la mort de Guillaume. - t4 -

«Guillaume, dit-on, resplendissant comme un soleil de la grêce de «sainteté, se rendit tellement illustre par les miracles apparents quon lui «attribue avant et après sa mort, que la sainte dépouille de son corps fut «relevée de son humble sépulture pour être transportée dans un lieu plus «honorable et placée dans une bière dont le coffre fut orné plus tard, dor «et dargent, (lu temps dun prêtre nommé Hesson; elle est conservée «jusquS présent dans léglise avec les précieuses reliques de ses membres s sacrés. «Le 4 des nones dAvril (le lan du Seigneur 970, léglise et les offices «monastiques étant admirablement disposés, Erchembert, qui était alors «gardien de la cdta dAcheric, retira le corps de saint Guillaume (le son «tombeau et le mit dans une ch5sse. « Il advint, quelque temps après, quAcheric, successeur dErchember, «ouvrit la chasse renfermant les reliques du saint corps de Guillaume dans «lintention den distraire une partie en faveur de quelques religieux; sa «main adhéra tellement 5 la ch5sse quil eut beaucoup de peine S la retirer «et que pendant longtemps il ne put refermer le couvercle.» Le surplus du récit nest quune reproduction (le la chronique de [licher. llermann succéda è Acheric dans le gouvernement du monastère dEchery. Ce fut peut-être Ilermatin, et non Hesson, qui ht exhumer le corps de saint Guillaume pour le transporter dans léglise. Hesson fit seule- ment recouvrir de lames dor et. dargent le coffre en bois ou cercueil dans lequel son prédécesseur Hermann avait déposé le corps du saint. Nous venons de voir que le 4 des nones dAvril de laii 970, Erchem- bcrt, alors gardien du monastère, releva solennellement les restes précieux de saint Guillaume du cercueil et les mit dans une chésse, inserinio collo- cavit. Il semble ressortir du texte de J. de Bayon que le coffre orné dor et dargent par Hesson a aussi été conservé dans léglise. Quae iheca postnzodum sub tempore cijusdan sacerdotis nomine Hesso, auro et argento ornata, cum pretioso pignore artuum sacrorum in eu condilorum, quoad praesens in ipsa reservatur Ecclesia. Jusquau treizième siècle, on conserva aux châsses laspect dc coffres, de cercueils quils avaient eu dans lorigine. A cette époque, dit Viollet-le- Duc, beaucoup de ces anciennes châsses de bois, revêtues de cuivre ou dargent doré, existaient encore; on semblait hésiter è détruire ces wive- loppes que les fidèles étaient habitués vénérer. Le même Erchembert fut appelé plus tard â la direction du monastère

1. Dictionnaire raisonné du Mobilier français, tome J, p. G6. - 15 - du Val (le Gaulée, et voici comment. Nous avons vu plus haut quAdalbert, moine de Gorze, secondé par Bliduiphe et son compagnon Gondelach, avait rétabli les religieux bénédictins à Moyenmoutier en 967. Cinq ans après, suivant Herquel, donc en 972, le gouvernement du monastère de Saint-Dié étant devenu vacant, le duc Frédéric appela Adalbert pour y opérer la réforme qui lui avait si bien réussi à Moyenmoutier. Adalbert se rendit aux désirs du duc, mais voyant quil ne pouvait suffire au gouver- nement des deux églises, il mit à la tête de celle de Saiiit-Dié Erchembert, le gardien dÉchery1. Erchembert fit une telle dissipation des biens du monastère que les moines manquaient des choses nécessaires à la vie, Il sattira ainsi la colère du (lue. Erchembert crut lapaiser par des présents. Il vendit les vases sacrés, les croix dargent, les vêtements de soie et les broderies en or, et en offrit le prix à Frédéric. Mais le duc., encore plus offensé de cette action que de la première, chassa ce mauvais abbé et les religieux, et mit (les chanoines à leur place. Nous avons relaté plus haut laccident arrivé à Acheric, le successeur dErchembert à chery, lorsquil voulut retirer de la châsse qui les ren- fermait quelques-unes des reliques de saint Guillaume, pour les donner à des religieux. Avec cet Acheric, deuxième du nom, se termine la liste des abbés dÉchcry dont les noms sont parvenus jusquà nous.

III. - La ,,Cella" de Belmont. Suivant une croyance populaire déjà établie au dix-septième siècle, le monastère dlchery devait se trouver sur la colline de Sur-lHâte, auprès dc léglise de Saint-Pierre. Cette version était tellement accréditée, que daucuns ont cru voir des vestiges de létang du monastère dans une dépression de terrain de forme rectangulaire que lon remarquait dans la prairie, au delà du chemin de Sur-lHâte, vers la montagne du Rimpi. Les traces que dans notre jeune âge nous avons encore pu discerner après la récolte des foins, ont une origine plus moderne et proviennent, selon nous, (lun ancien boccard ou laverie de minerai. Lors dune enquête,

I. Rieuse et jean us BAYOu placent à tort ces faits en 9j2. BELHOMSE (op. cil., p. 185), a montré quil faut lire DCCCCLII au lieu de DCCCCXLTI. Le chanoine Frauçois ne Roeusr, dans un manuscrit qui lui est attribué, cite lopinion dauteurs, suivant lesquels te mo- nastère de Saint-Dié naurait été sécularisé quen 980. (CHANZY, Prfcis chronolôgigue de lHislo(re de la ville de Sain.t-l}ié, p. 16, note.) 2. Dc». CALs, Histoire dc Lorraine, jre édit. I, col, 876, fait dErchembert un ancien religieux et sacristain de Moyenmoutier. - 16 - dont les pièces sont conservées aux archives départementales du Ilaut-Rhin (Série E. 2065), ordonnée par la Régence dEnsisheim, au sujet des églises enlevée au culte catholique, le Bcrgrichter autrichien Paul Guénault relate, dans sa lettre du 2 décembre 168, que léglise de Saint-Pierre a été bâtie, il y a plusieurs siècles, iar un évêque nommé Eucharius, doù est venu le nom dlrhetv, et non par les sociétés et les mineurs, comme on lavait énoncé précédemment. Lon dit aussi, ajoute-t-il, (lue du temps ancien ii y avait û côté delle un couvent sans doute pourvu de moines, car en cultivant quelques jardins tout près de là, on n trouvé danciennes fondations en maçonnerie qui ont dû exister depuis fort longtemps et bien avant que les mines neussent été exploitées dans ces parages. Si jamais il a existé un monastère dans les environs immédiats de léglise de Saint-Pierre-sur-lllùte, ce nest cerlainement pas celui dont Rucher et Jean (le Rayon nous ont transmis lorigine. lloigné de près de deux lieues (lu château de 11aut-Icliery, le valloti de Sur- lHâte est complètement exposé au nord, tandis que cest sur le penchant (lune montagne exposée au midi que Bliduiphe avait érigé la cella quil appela Belmont : (Quam «un quaesitam, landen in valle quae Lebra dicitur mira montes incli.isanz iadiil vailiculam in qua in clivo noniis ad meridiem cellam erexii cl eam Bellum-moniem appellavitJ Plus bas, dans un endroit pins large de la même vallée (le Lebra, in ipsa etiam valic, in inferiori parle quia spaiosor eral, ajoute ficher, Charlemagne avait érigé une cela en lhonneur (le saint Denis. li sagit ici du prieuré de Lièpvre, fondé par Fuirade, abbé (le Saijit-Denis et doté par Charlemagne. Le vallon exposé au midi où Bliduiphe sétait rendu, ne peut être un autre que le vallon du Petit-Rombacli, qui débouche dans la vallée princi- pale à une lieue en amont du prieuré de Lièpvre, en face de Saint-Biaise, autrefois A1l-.Eckerich ou Saint-Guillaume. Les ruines du château construit près de l3elmont, par les seigneurs qui exploitaient alors les mines, se voient encore au Petit-Rombach. Cest aussi dans ce vallon que nous retrouvons le nom de Belmont, transformé en Jabelmont, dès le seizième siècle, par augmentation de la préfixeja (dejanz, jadis), et devenu Jabou- mont, dont la forme patoise a prévalu jusquici, pour désigner une cense et un canton rural de la commune de Sainl.e-Croix-aux-Mines, situés tout près du château de Haut-cheiy. Un autre canton rural, dont le nom mdi-

1. Voy. Bulletin rie la Socieîet des mon. historiques dAlsace, li sèrie, tome XV. 2. Arch. de Meurthe-et-Moselle, G. 395 - 17 - querait que la vigne y a été cultivée ô une certaine époque, se trouve sur la rive droite du ruisseau du Petit-Rombach, ô louest du château. Cest la Bouille ou Behouille, nom des houes eu bois dans lesquelles on porte le raisin vendangé. Lon sait que la culture de la vigne a été introduite dans les Vosges, vers le dixième siècle, par les religieux qui étaient venus sy &ablir. Bliduiphe ne faillit pas, dit Jean Ruyr, délever ô Belmont des édifices conformes aux habitations conventuelles des BéndicLins. Il y a sans doute aussi procuré un logement aux ouvriers employés û lexploitation. Au moyen ûge, ces habitations, coiiiparables i nos cités ouvrières ou agricoles, étaient appelées bugil ou bugiae (Du Cange), doù est dérivé le mot fran- çais bouge, et peut-être aussi le gracieux nom de Bougival que porte le charmant et verdoyant petit vallon qui souvre en face du château dEchery. Nos auteurs latins emploient, puni désigner létablissement fondé par Bliduiphe, le terme (le cella, que le traducteur de Bicher au seizième siècle interprète par chambrette, Ruyr par cellule et Ilavenez par oratoires. Aucun de ces mots ne correspond à la définiLion donnée par Du ange, suivant laquelle cella est le siège dune exploitation éloignée dun mona- stère et dirigée à son profit par un ou plusieurs (le ses religieux. «Gellac quo que vox crebro pro monasteriolis, seu, ut ohm vocabant Abbatiolis, vel Obedentiis, quae majori bus .suberant, sumitur. Nam eum Monach i praedia varus in pagis possiderent, eo ahiquot ê suis millehant, qui et /ru9es colhi- gerent, procurarent redilus, et ad lJonasteriun deferrent. Ces établissements se trouvaient quelquefois situés ô une distance con- sidérable (le la maison-mère. Labbaye de Salut-Denis, près de Paris, possé- dait en Alsace deux cellue que labbé Fuirade avait léguées ô son abbaye par un testament daté dUeristal eu 777 Simihiter ahia cela qvae dicitur A udaldovillare, ubi sanctus Ipolilus requiescit; et tertia cella infra vasta Vosgo aedificavi, ubi sanctus Cocovatus requiescil, super fluviuns Laima, quae dicitur Fuirado-cetia. Lune, Audaldo- Villare, a donné naissance à la

t. £n français, celle est synonyme de maison ou dhabitation, destinée à des personnes de condition servile, au moyen âge (Littré). Cest aussi un nom de lieu, très répandu dans les Vosges. Dans le Val de Lièpvre seul, nous pouvons citer: La Vancefle, ou lavant-celle; Fourceile, devenu Foucheile; Liverselle • Iibcrae cel/ae (maisons franches), ancien nom du ruisseau et du canton des Hergochamps; Miezcelle, la maison du milieu, du roman mies, milieu, devenu omciellement Ssely. 2. ORANDIDISR, Histoire de tEglise de Stasbourg, tome IT, p. CXXV. - TARDIF, 1ar€on des Rois, page Cl. 2 ville de Saint-llippolyte, et lautre, Fuirado-cella, a été lorigine de la paroisse de SaintCucufat et du village de Sainte-Croix au Val de Lièpvre. Lorsque les revenus dune cella pouvaient suffire è lentretien dun plus grand nombre (le religieux, labbaye-mère faisait élever pour eux, dans un endroit convenablement choisi, (les habitations et dépendances dispo- sées conformément. aux statuts de lOrdre. Chez les bénédictins de lordre de Chiny, ces établissements secondaires étaient désignés sous le nom (lObédiences. Ces petites succursales possédaient tout ce qui constitue un monastère: un oratoire, un cloître avec ses dépendances; puis autour dune cour voisine, ouverte, les bêtiments servant à lexploitation. Chez les Cisterciens, ce genre détablissement portait le nom de villa ou de grange. Là, ces viilae nétaient pas toujours munies de chapelles et leurs habitants devaient se rendre aux églises des abbayes ou prieurés voisins pour entendre les offices. Tel pouvait être le cas, pensons-nous, au début de létablissement fondé par Blidulphe. Lexp1 oitation, le praediurn, avec les habitations ouvrières, les bugiac, se trouvaient près de Belmont et le personnel attaché è cet établissement se rendait ô léglise voisine, probablement à celle où reposait saint Cucufat, au village de SainteCroix. Lorsque le nombre de disciples attirés par la renommée (le Bliduiphe se fut accru, lon construisit une villa cistercienne comprenant (les logements, un cloitre, officinas et habi- £ationern monachoruni con gruas, et une chapelle qui fut dédiée à la Vierge, aedicnlam in honorein sanctae Mariae. Le passage suivant du récit de J. Ruyr paraît confirmer cette opinion: Dom Richer et quelques antres disent que, hiciitôt après, comme il (Blidulphe), sapperçut que le lieu de «cette solitude lui revenait û gré, il employa ses commodilez i la structure .dune église plus spacieuse, en laquelle on a veti neuf autels dédiez selon sa dévotion.» Richer, et les autres, ont peut-être compris dans les novem ahana cuin cancellis et cryptis, quelques chapelles isolées, telles quon en rencontre parfois disséminées au bord des chemins ou dans la profondeur (les bois. Là les autels devaient être abrités contre les intempéries de lair par des voûtes, crypiis, et préservés par des barrières, cancehhis, des atteintes des animaux sauvages. Les moines étaient trop peu nombreux, congregatisque ibi paucis fratnibus, pour justifier la réunion dun aussi grand nombre dautels dans une seule et même enceinte.

I. VIOLLET-LE-DUC, Dictionnaire raisonnd lArchiÉecture française du onzième au seizième siècle, tome J, p. 776. - ii.) -

Pour construire sa villa, Blidulphe a dû choisir un endroit plus spacieux quun vallon, resserré entre des montagnes escarpées, tel que le Petit- Rombach, où dailleurs on na jamais trouvé, ni dans la tradition, ni sous le soc (le la charrue, aucun vestige dun pareil établissement. Léglise (lu monastère, cL tous les historiens sont daccord sur ce point, est devenue protestante au seizième siècle. La réformation introduite par Egenoiphe de Ribaupicrre, parmi ses sujets dc la partie alsacienne du Val de Lièpvre, na point pénétré dans la partie du Val soumise aux ducs de Lorraine, où Belmont était situé. Cest donc sur la rive droite de la Lièpvreue, où se trouvait une partie des possessions de la famille des nobles dEckericli, quil faut rechercher lemplacement de la villa de Bliduiphe. Les églises enlevées au culte catholique sont celles de Saint- Guillaume è All-Eckerich ou Saint-Biaise; des S. S. Pierre et Paul è Sur- lHète, et celle des mineurs, dite sur le Pré, devant Feriru. Les deux pre- miers de ces édiGces nont point subi de changement notable depuis le seizième siècle; le troisième o disparu depuis une quinzaine dannées. Létude des iares documents que nous possédons sur le régime et lhistoire de ces églises avant la Réformation, nous permettra peut-être didentifier lemplacement de Iwie ou lautre tIc ces églises avec la villa de Blidulphe ou monastère dlchery.

IV. - Les anciennes Eglises du Val dEchery.

Saint-Biaise. - Léglise actuelle de Saint-Biaise o été construite par Guillaume de Ribaupierre, en 15O. Larchitecture de cet édifice, élevé, dit-on, sur lemplacement dune ancienne église, est des pins primitives. Trois fenêtres longues et étroites dans les murs de chaque côté avec une porte latérale au nord; un pignon percé dune , porte surmontée dune fenêtre è la façade ouest; è peine quelques pierres de taille, sans aucune moulure, aux angles (les murs et è louverture en ogive donnant sur le clioeui silué è lest. La croix eu fer forgé couronnant le petit clocher en bois placé sur le pignon ouest ne manque pas dune certaine élégance. Les traités par écrit conclus par Guillaume Lie Riliaupierre avec les entrepreneurs de la construction, un maçon et un charpentier, nous ont été conservés. Le premier de ces traités porte: Auiio 15O2 tiff sampstag der meyenaben haLL min gnediger ber llans «Wurgenstein dem murer verdingkt das langwergh unnd Kiichen sanct iWilhelm zu Eckenrich unnd sol das maclien und muren XX schuh hoch

1. Archives ddparterneutales du ilaul-Rhin, E. 2O6. - -

«un(i XXXII schulic brcitt und der lenge vie (las abgezeichneu unil sol adas niachen mit einem Daclisimpzen darjnne ufi jedi sitt III venster ein «nebeji finir url(I einc fontbur und 01) tIer froatlitir cm fron venster mit «einem pfosteri und denselben gebel tiff muren so hocb das dachwergk «wirtt unix tinder den spitz rwd in der Kilcheii II neben altar unil an dem «andern ortt an der Kilciien hy dcm Kor cinen geniuhrten pfihler mit «gehauenen steinen zugespitzt auch die andein ij eck in (1er Kiiclien mit «gehauen orEt steinen uffgemurtL Dovon sol mie min gnediger lier geben aXLJI gulden XII fur den guld j fuder win, VIII Qerteyl Koiii und ij knecht «in seinei gnadspis und Ion hallen. Diesei Zettel sin zwen glich ydem den « cinen. Lautre accord, concernant la charpente et la Couverture, a été Conclu le mardi veille du jour de Saint-Lourent, par Guillaume de Itibaupierre, avec son «Werknieister hans von Sackenheiru, das zimer iiff die Kilch «sanct \Viihelrn xii Eckeiiric}i zu zimern uf1iusch1ahen zulatten uszube- «reuten tuit einem ligenden Dachstul aucli mit einem underzuck in (las «ilachwergk gelienckr..... s Les dimensions indiquées au traité pour la largeur et la hauteur de la nef concordent avec celles (le léglise encore existante è Saint-Biaise. li nest donc plus possible de confondre, ainsi quil est arrivé bien souvent, léglise dc sanci Willeim zu Eckenrieh avec celle de Saint-Pierre-sur- lHôte ô 1chery. Il est è remarquer (lue les deux traités que nous venons dc citer, con- cernent la nef seule dc léglise. Le choeur existait-il déjè et sest-on contenté dy ajouter une nouvelle nef? Nous croyons piutêt que la construction (lu choeur et son entretien devaient être à la charge de labbé de Baumgarten, qui exerçait alors le droit de patronage ou (le présentation dun candidat ô la cure de Saint-Guillaume. Peu dannées avant la construction de léglise, les habitants de Saint- BIaise, sujets du seigneur de Itibaupierre, eurent quelques démêlés avec le Couvent de Baumgarten t. Labbé Obrecht les avait accusés davoir détouiné ô leur profit le quart des dîmes perçues par eux et que labbé revendiquait intégralement en sa qualité de patron et de seigneur de la la paroisse, irne ais ei,m Rïrcherrn und rechier lehenherrn dci Kirchen zu Eckerich zugehorende. Les habitants sadressèrent à leur seigneur en le priant dintervenir.

1. BAUMUARTEN, Poma,iu,n sive Pouniium, Bongars, abbaye dans la Basse-Alsace, près dAndlau, détruite pendant la guerre des paysans. - 21 -

Guillaume de Ribaupicrre, après information prise, convint avec labbé de Baumgarten, le 26 aoiL 1404, dun acconimodement par lequel il fut reconnu que les habitants navaient jamais gardé pour eux-mêmes le quart des dîmes, mais lavaient toujours employé, de même que le produit du tronc ou des dons pieux, à lembellissement dc léglise. Il fut. convenu que le quart des dîmes continuerait à être affecté aux saints et à léglise, comme par le passé; quil y aurait deux clés pour le tronc, dont lune serait remise au seigneur de Ribaupierre et lautre à labbé de Baurngarten; que lon ferait, de temps à autre, la levée (lu tronc et que le quatrième denier de son contenu serait acquis aux saints et au luminaire de léglise, les trois autres deniers revenant à labbé ainsi que les trois quarts des dîmes. Le marguillier établi rendra, chaque année, un compte fidèle, sans dol iii fraude, des recettes (le toute provenance tant à labbé de Ba;imgarten quau seigneur (le Ribaupicric. Les dîmes et le droit dc patronage de léglise (le Saint-Guillaume avaient été donnés au couvent. (le Baumgarten par les seigneurs dEckerich. En 1317, fleuri Wa[ller, schnllheiss dc Schlest.adt, avec Jean, fils de lécuyer Hermann, tous deux chevaliers dEckerich, cédèrent à labbé et au couvent de Iiaumgarten, de lordre de Citeaux, au diocèse dc Stras- bourg, le droit dc patronage de léglise dc Saint-Guillaume à At1-Eckerich avec une cour située an même endroit et dépendant (le ladite église, ainsi (lue la dîme appelée icigen zehende an deme berge apud viilam ze sancte Mcrien-Kirche in parochia sancti Wilhelmi . Cette donation fut confirmée le 15 des calendes (le septembre 1323, à la requête de labbé Berthold, par une lettre de lévêque de Strasbourg, Jean 1er, concédant et incorporant è labbaye de Bauingarten léglise parois- siale de Saint-Guillaume à A1l-Eckerich, avec tout ce qui y attenait, le droit de patronage, une cour, les dîmes, droits, cens, redevances, rentes, offrandes et oblations de toute espèce. La lettre épiscopale pourvoit cette église dun vicaire perpétuel, viceplehanus, prêtre séculier présenté par le couvent de Baumgarten, lequel vicaire recevra annuellement, pour son entretien et sa prébende, vingt quartaux de grains, prélevés sur les revenus ecclésias- tiques dont le surplus devra être affecté à lusage et â lutilité du couvents.

I. Archives du Bas-Rhin, G. 1532. Parchemin muni du sceau sur cire rouge: Wilhelm herr zu Rappoltz und zu 11ohenac. lécu écartelé au premier et au quatrième des trois écussons de riibaupierre, au deuxième et troisième des lions de Geroldseck. 2. Architesdu !Jas-Rh(n,G. 117. 3. Archives du Ras-Réin, G. 91. - 22 -

Labbaye de Baunigarten devait, en échange de la cession, servir et garantir à labbaye de Moyenmoutier au diocèse de Tout la rente annuelle de quinze schillings de Strasbourg, que cette dernière abbaye percevait dancienneté sur les revenus de léglise tic Saint-Guillaume. Cette rent.e de 15 sols, équivalant à 3 francs et 2 gros et demi, monnaie de Lorraine, figure encore dans les comptes de recettes et de dépenses tic labbaye pendant tout le seizième siècle; mais à partir de là, dit Bel- homme, il nest plus fait aucune mention de cette rente, parce que vers la fin du même siècle les hérétiques occupèrent léglise dlchery et la détiennent encore. En 1497, Gérard (le Gouiberval, abbé de Moyenmoutier, vendit à un habitant dAlteckericlt, veleris Acherici, et à son fils après lui, une rente annuelle de 15 sols strasbourgeois à percevoir sut les dîmes de ce lieu, au nom et en place du monastère, à charge de fournir, aussi chaque année, deux mille échalas dans les vignes que labbaye de Moyenmoutier possé- dait à Roischwihr. Cest à cela, ajoute l3elhoinnie, quétait. réduit è celte époque le revenu des dimes dlcheiy, lesquelles nous appartenaient jadis en totalité. Le couvent de Baunigarten fui. détruit lors de la guerre des paysans, en 1525. Ses revenus furent réunis au Grand-Chapitre, et lévêque tIc St.ras- bourg devint, administrateur des biens de labbaye. Cest en cette qualité quErasme de Limhourg vendit, en 1545, à différents particuliers dEckerich, la petite dîme du lieu, consistant en légumes et en chanvre, telle quen jouissait le couvent de Baumgarten; plus quelques rentes en argent ou en nature assises sur diverses propriétés; et. deux prés sis à Alteckerich, lun auprès de la scierie au bas du village, longeant le chemin allant à Sainte- Marie, et lautre aboutissant des deux côtés à la forêt et au min de Baum- garten. La vente fut consentie moyennant la somme de cent quarante-six flo- rins de rappes à 25 plapparts lun, et les deniers en provenant furent em- ployés au piofit du couvent, notamment à lextinction de quelques dettes. Les acquéreurs cédèrent encore la même année les rentes et les dimes au seigneur de flibaupierre. Lannée précédente, en 1544, fut terminée léglise dite sur le Pré, con- struite par les mineurs et le seigneur dc Ilibaupierre, sur le ban de Saint- Guillaume ou Ai1-Eckcrich, devant Fertru.

I. BCLHOMME, flistoria mediani monasterii. trgentorati, 172 i, p. 371. 2. Arcîtive,s du Hata-Rhin, . 2002. Les archives communales, ainsi que celles des églises réformée et luthérienne de Sainte-Marie, possèdent chacune une copie de cet acte. - 23 -

Dans les Mémoires sur létat de lAlsace, dressés par ordre de linten- dant Colbert de Croissy 1 , il est dit que la cure de Sainte-Marie-aux-Mines, côté dAlsace, a été supprimée lors du changement de religion en Aile- magne et na point été rétablie depuis. Lorsquelle subsistait, la collation en appartenait au comte de hibaupierre, avec la dîme, i la réserve dun 1)ctit détroit dont la dîme appartenait au curé de Lorraine. Le petit détroit situé du côté dAlsace, dont le curé du côté dc Lorraine de Sainte-Marie prélevait la dîme, est le ban appelé Marie-Madeleine. La cure dont il sagit est celle (le la paroisse (le Saint-Guillaume, dont les habitants dc Sainte-Marie (Alsace) faisaient partie, ainsi quil est porté dans un compte communal (le Sainte-Marie et dchery pour lannée t563. Eu 1581, léglise de Saint-Biaise, avec les biens curiaux qui en dépen- daient, fut donnée à la communauté luthérienne pal le comte Eberhard de Ribaupierre. Elle est encore de nos jours une annexe de léglise de la Confession dAugsbourg à Sainte-Marie-aux-Milles. Lacte de donation de 1317, par lequel labbé de Baumgartcn succéda aux chevaliers dchery dans lexercice du droit de patronage de léglise paroissiale de Saint-Guillaume, ecclesie parochialis ville Alteckcrich san cli Wilhelni, porte que ue droit appartenait aux cédants par voie héréditaire et non à titre de fief, leurs ancètres layant possédé de toute ancienneté, quod quidcna jus patronatrus ad dictos milites, et quondam Johann.em diclum de Eckerich militem ratione successionis heredilarie, non ex jure (eodali ut asscrebant, dinoscitur pertinerc et ad eorum progenilores perti- nuit ai) antiquo. Dune autre part Belhornrnc nous apprend quen 1279, les juges délégués du Saint-Siège maintinrent et confirmèrent dans la possession de léglise paroissiale dEckerich, du diocèse de Strasbourg, Arniold, recteur de ladite

1. Des copies tic ces mémoires, pour les années 1656. 1657 e 1670, se trouvent â la Bibliothèque de ilTnivcrsité à Strasbourg, collection licita, n° 92; celui pour lannée 1671 se trouve â la Bbhiothéquc (le la ville de Colmar, collection Chauffour, manuscrits n" li. Charles Colbert, né eu 162e, dabord seigneur de Vaudièrca, puis marquis de Croissy, frère du grand Colbert, fut (labord conseiller dELat ordinaire, puis, de 1656 à 1670, intendant eu Alsace et présideni du Conseil souverain de cette province. li fut aussi pré- sident du parlement de Mets, intendant de justice en Provence. Catalogue, et en la géné- ralité de Paris, président â Mortier, maltre des requêtes, grand trésorier des ordres dii Roi, ambassadeur en Ângleterre, lun (les ambassadeurs extraordinaires et plénipoten- tiaires pour la paix, à Nimêgue, etc. Il fut enfin nommé par le Roi ministre et secrétaire dÉtat, le 20 novembre 1679, et mourut à Versailles, le 28 juillet 1696, âgé de 67 ans. 2. Matériaux recueillis par Àd. LES5LIN, Cahier B, t, p. 15. église, qui avait été nommé à cette cure, ab abbale et conventu !tfedi.ani- monasterii, yens patronis ejusdem ecclesiac, et canoniquenient. présenté et institué à et par Bcrtholdo quon dam archidiacono loci, ad quem de aniqua et approbala con.sueludjne institntio rectoris in eadern pertinet. Les mêmes juges délégués déboutèrent un nommé Cérard, clericurn ecclesic de Ilisquivilla, que les nobles Henji, Gérard, Cunon et Cuneman dEcke- rich, Jean de Girbaden et Ezzcman Waffeler, falso asserentes ipsius eccle- siœ se patronos, avaient nommé à ladite cure et présenté à larchidiacre Frédéric, successeur de Bcrthold1. Gérard, le compétiteur évincé dArnold à la cure tlEchery, reconnaît solennellement, en 128, que le droit dc paironage en appartenait à labbé et au couvent de Moycnnioutier. Ces deux pièces ne peuvent concerner léglise de Saint-Guillaume, puis- que le droit de patronage de cette cure, cédé en 1317 à labbaye de l3aumgarten, avait été formellement reconnu appartenir (le toute an- cienneté à la famille des chevaliers dEckerie.li. Les documents de 17O et de 182 doivent sappliquer à léglise de Saint•Pierre-sur-lHfste à chery. Il en résulte alors que la partie alsacienne du Val de Lièpvre se composait de deux paroisses distinctes. Labbé de Moyenmoutier avait le droit de présenter un candidat à la cure de Saint-Pierre à Échery et labbé de Baumgarten jouissait du même droit à légard de léglise de Saint- Guillaume à Saint-Biaise. Le droit de collature, cest-à-dire la nomination et linstitution des candidats présentés par lune et par lautre des abbayes, appartenait à lévêque de Strasbourg, ou à son délégué ecclésiastique, larchidiacre du lieu, arehidiaconus loci. Après lintroduction de la Réformation dans ses terres, le seigneur de Ribaupierre y exerça les droits épiscopaux. Lévêque Irasme de Limbourg nommait encore à la cure dIchery en 1546 et en 1564, mais sans succès cette dernière fois. JIUGO (Sacrae Antiquitatis monurnenta, p. 189, note a) dit que labbé de Moyennioutier avait obtenu le droit de patronage lorsque léglise (lu prieuré dÉchery fut réduite en paroisse. Il semble que Richer, en les accusant de négligence, a fait tort aux moines qui de son temps venaient à peine dc quitter le monastère dlchery. lu qua cella Monachi Medii Monastcrii fere us que ad lempora nostra ferunlur habitasse: modo vero ecclesia parochialis per negtigentiam rnonachorum est effecia. Léglise pa-

t. BELIIOMME, p. 336. - GRANDIO(EIt, uvres indites tome V, p. 2. BLnOMME, p. 338. 3. Cf. MUIILENBECK, liisi. dune Église calviniste. - 25 - roissiale dÉchery paraît avoir existé longtemps avant le départ des reli- gieux. Cest apparemment celle qui est désignée Ecclesiam de Ecliery eum appendenliis suis, dans la bulle du 1 novembre 1140, par laquelle le pape Innocent 11 rappelle et confirme les biens appartenant é labbaye de Moyenmoutier. Parmi les dépendances de cette église se trouvait peut-être aussi, ê une certaine époque, la cour dÉchery, curiam de Archiriaco non lonje mut- tum a va1le s. Deodati sitam, cum omnibus appendenciis suis, dont le pape Léon iX confirme la possession û lévêque de Ton!, dans une bulle de lannée 1051. Voici, daprès N. Chr. Pflster, comment lévêque de Toul se trouvait en possession de biens situés en Alsace, dans les diocèses de Bêle et de Strasbourg. Au commencement du dixième siècle, la collégiale de Moyenmôutier dépendait des comtes du Chaumontois. En 959, le comte Frédéric fut (nommé duc de la Haute. Lorraine. Saint-Dié et Moyenrnoutier devinrent de la sorte des établissements ducaux. » «Vers 968, le duc construisit le chèteau-fort de Bar, aujourdhui Bar-le- «Duc. Le territoire sur lequel séleva la forteresse, était la propriété de «labbaye de Saint-Mihiel. Il donna par suite en échange û labbaye lésée, cdes villages qui relevaient de lglise de Toul, et è cette g1ise il (accorda de ses biens propres le village de l3ergheim, dans la Haute- «Alsace, le monastère de Moyenmoutier et la collégiale de Saitit-Dié. Lévêque Gérard eut dès lors la souveraineté temporelle sur les terres (des deux établissements et reçut le serment de leurs officiers.» «Gérard ne garda pas pour lui-nième ou pour son évêché la sou- veraineté directe de Moyenmoutier et de Saint-Dié. Il donna les deux maisons en bénéfice à la veuve de Frédéric, mort en 984. Elle se nom- «maiL Béatrice et était la propre soeur de lingues qui, quelques années «plus tard, montera sur le trône de (987). Le bénéfice ètait rever- «sible sur la tête de son fils Thierry, au nom de qui elle gouvernait la «Haute-Lorraine. Tant que Béatricc et Thierry resteraient en vie, ils (devaient tenir les deux couvents; lévêque de Toul ne gardait en sa «possession directe, in. vestilura indominicata, que les bêtiments monas-

1. J. n Bvor, op. cil., cap. XCVI. - GRANDIDJER, Euvres inédilee, 1, p. 301, note 3; V, p. 402. 2. BENOIT, Histoire de Tout, Preuves, p. 126. 3. Revenus de la collégiale de Saint-Di!. Annules de lEst, 1888, p. 519. 26 -

CLiques, dix manses relevant de chaque maison, la dime dune mine dar- gent (probablement. Échery ou Belmont).» Le règlement. colonger de la cour de Saint-Pierre é lierghcini, publié par G. Stoffel, mentionne der /wf unter Eckerich. Cette désignalion peu claire peut sappliquer aussi bien é la curia Archiriaco à Échery, quà celle dAlteckerich, cédée en 1317, par les chevaliers dEckerich à lab- baye dc Baunigarten, en même temps que les dîmes et le droit de patro- nage de léglise de SaiiitGuillaume. Quoi quil en soit, la cour unter Eckerich devait fournir è la cour de Bexgheim, chaque année, cinquante écuelles, cinquante gobelets, cinquante fromages et, tous les dix-neuf ans, un jeune verrai dun an, cm cinjdhrige bere. En traduisant bere par ours, le feuilletoniste dun journal dc Coiniar a fourni au malicieux auteur de la Faune hisioique des marnntifêres de lAlsace loccasion dattester la présence des ours dans les montagnes de Sainte-Marie-aux-Mities, en même temps que la gourmandise éclairée des colongers de Berglieim. Une charte dc 1114, par laquelle lempereur ilenri V confirme les biens que labbaye de Moyenmoutier possédait en Alsace, ne fait aucune mention dÉchery. Le 28 mai 1681, dom hyacinthe Alliot., abbé de Moyenmoutier, fit assigner Jean Fattet, auquel il donne le titre de maire et administrateur de la seigneurie et prieuré dEschery, devant la Chambre royale établie à Metz pour connaître des usurpations et aliénations des biens déglise. Jean Fattet devait y produire les titres en vertu desquels lui ou les déten- teurs dudit prieuré et dépendances en jouissent, lesdits abbés et religieux ayant rendu foi et hommage au Roi, en exécution de la déclaration royale du 17 octobre 1680, pour les terres et seigneuries de Moyenmoutier et ses dépendances, et encore en qualité de collateur du prieuré dEschery, la plupart des titres de labbaye ayant été brûlés pendant les guerres, et notamment en lan 1220. La seigneurie de Ribaupierre fit répondre, le 1 juin 1681, que le meilleur titre pour prouver la possession dEschery contre labbé de Moyenmoutier, était la première lettre (linvestiture de labbaye de Mur- bach, dans laquelle il est expressément dit. que ledit Eschiery appartenait

1. U y avait à Bergbcim ileux coure colongères: ier obere CL (1er niedere I)ingFzof. La premiêre portait aussi le nom de Saint-Pierre. Elle était située auprès dc la chapelle de Saint-Pierre, dans lancien village deflergheimswiller, au pied du ebéteau de fleichenberg. (BERSARO, Archives de Berghein, p. 6 et p. 3i, note 2.) 2. Jac. GRIMM, Weislhun&er, 1V, p. 2. 3. BELHOJME, Oj. cit., ). 259. - 27 -

à MM. les comtes de Ribaupierre en toute propriété, et quil tic sy trouve point que labbaye dc Moyenniouticr y ait eu jamais aucune prétention. Depuis lors le nom dc labbaye de Moyenrnouticr ne paraît plus dans lhistoire du \rql de Lièpvre.

Lchery. - Dans une lettre datée de Sainte-Marie, le 12 mars 164i, J. de Bachelle, pasteur réformé français à Sainte-Marie et Échery, mande à son collègue P. Ferry à Metz que léglise de Sui-lllàte relevait autrefois de labbaye de . «Pour ne point vous parler du costé de Lorraine, «écrit Bachdlle, faut savoir que le costé des seigneurs de Rihaupierre est «vers le midi et a quatre tant bourgs que villages. Le plus liant sappelle «Eschery et est le lieu ou nous avons une assez ancienne église, au plus «haut dune petite montagne quon appelle Surlate, elle est bâtie depuis «lan 1150. Lannée y est engravée sur une pierre, mais à moitié effacée, «en lettres gothiques. Il conste quelle fut jadis dédiée û saint Wilhelm ou «Guillaume et estoit autrefois uiig prieuré respondant â labbaye de Mur- «bach. Comme aussi le village est un fief qui en relève et est tant masculin que féminin.» Au commencement du seizième siècle, les seigneurs dc Rihaupierre, Guillaume, Smasman et Brun, avaient donné à labbaye de Murhach les villages de Saint-Biaise, autrement dit Saint-Guillaume, dIcliery et de Petite-Lièpvre, avec dautres localités, à condition de reprendre le tout en fief relevant de labbaye. Les lettres doblation, données le jeudi après Pâques en 1507, au prince abbé Walter de Girsberg, portent: «Item darzu melir, dass halb sc.hloss Ekherich mit aller herrliclikeit «und zugehôrden, mit den drffern sanct Blàsy, ouch sanct Wilhclrn «genaunt, Eckherich und klein Leberau mit den liilteii, zwingen und «bannen, don gerichten lioch und niedere, stûr, gewerifen, ungelten, «wasscrn, fischhentzen, wunn und weyderi, aller herrlichkeil und gerech- «tigkeit, sambt allem, so wûr im Leberthall cigenthumbs weise haben, «nutzt iberall ussgenommen .» Lacte doblation, pas plus que les investitures successivement renou-

I. Arhiues de Sainte-Marie-aux-Mines, CC. 73. 2. SCHPFLIN, Alsatia viiplonu?iica, tome II, p. 44G. - Archives de Sainte-Marie- aux-Mines, DO. 4, en copies et traduction. 3. Dans plusieurs descriptions de bans, postérieures à ces lettres, le han dc Saint- Biaise et celui dEchery, formant le fief oblat de Murliach, au Val de Liipvre, 8ont dèsignéa tous les deux sous le nom (le ban de Saint-Guillaume. - 28

velées aux seigneurs de Ribaupierre et à leurs successeurs, les princes de Birkenfeld, ne font aucune mention dun droit de patronage, ou autre, sur les églises des deux villages, droits que labbé dc Mnrbach neùt pas manqué dexercer ou de revendiquer, alors quil est resté pendant près de trois siècles seigneur suzerain de cette partie du Val de Lièpvrc alsacien. Bachelle se trompe encore en plaçant léglise dEchery sous lin- vocation de saint Guillaume, dédicace qui appartenait à léglise de Saint- Biaise. Il est vrai quau temps de Bachelle la notion des dédicaces sétait perdue depuis que les deux églises avaient été affectées au culte protestant par le seigneur de Etibaupierre. Lannée 1150, gravée en lettres gothiques à moitié effacées, lue par Bachelle en l643, nexiste plus et na peut-être jamais existé. Les dates les plus anciennes que lon remarque encore aujourdhui au-dessus des portes de léglise dc Saint-Pierre-sur-lHàte, appartiennent toutes au seizième siècle. Elles sont gravées en chiffres de lépoque et. non pas cii caractères gothiques. Au-dessus (le la porte dentrée, on lit 1506, et au portail du sud, maintenant muré, 1561. Louverture entre le porche et la nef est marquée 1511, et dans le bas (le la moulure qui lencadre, se trouvent deux têtes beaucoup plus anciennes. La tour, très simple, è trois étages avec un toit à deux pans carrés, paraît appartenir encore au treizième siècle. Le porche nest pas voûté et souvre en ogive sur la nef. Celle-ci, sans bas-côtés, remonte certainement à la période gothique, mais a été remaniée plus tard. Le choeur est construit dans le style ogival, et les nervures des arcs naissant au mur indiquent le qua- torzième ou le quinzième siècle4. Dans le choeur, du côté de lévangile, se trouve une custode fermée par un grillage richement orné de branchages en style gothique flam- boyant. Sur la moulure du socle, un écusson sculpté aux armes de Guil- laume de Ribaupierre, écartelé au premier et au troisième des trois écussons de Ribaupierre, au deuxième et quatrième des lions dc Gerolds- eck. Dans le fond de la custode une peinture représentant. un ange en prière, signée dans le haut, Fr. Job. Nurhg. (Frère Jean dc Nurem- berg). La diversité de styles darchitecture que lon y remarque et les dif - férentes époques auxquelles remontent la tour, la nef et le choeur, nous montrent que léglise de Sur-lHàtc na point été bâtie dun seul jet, et elle ne parait point être une oeuvre édifiée par une congrégation reli-

1. Kiuss, Kunt und AUcrihuin im E18a3s, tome t, t partte, p. 63. - 29 - gieuse. Les bénédictins surtout observaient dans leurs constructions des règles dont nous ne trouvons aucune trace ici. Elle na point été bêtie par les mineurs, comme on la prétendu, car ce nest que vers le milieu du seizième siècle que les premières mines furent ouvertes à Échery, Sur-lHâte et Bauenthal. La cloche portant la date de 4530, avec le nom et les armoiries de Guillaume de Ilibaupierre, na point été donnée par ce seigneur aux mineurs, comme le chanoine Sirnub le répète dans la description quil a donnée de cette cloche (dans la séance du Comité de la Société des monuments historiques dAlsace, le 20 juin 1881). Léglise de Sur-lHêtc apparlenait (le temps immémorial aux habitants de la paroisse, ainsi (lue nous lapprend une requête adressée Ilar ceux-ci, le 7 août 1561, à genolphe, seigneur de flibau- pierre. Cette requête porte: Unser aiteu ordenlichen pfarkyrchen die unsere ellern ver viii hundteri jaren her in gehebu, et plus loin: der bysdto// von slraspu.rg weicher ais wir berichi disser unsser pfar coilaier isi. Elle est signée: Euwcr Gnaden nnderthen.iye und gehorsame die ganize Gerneinschafft was zu eckerieher pfarkyrchen gehorig. Daiuin Markirch 1m lebertail dan 7. Auguslii 1561. La copie de cette requête a été envoyée par la mère dIgenolphe à llenri Bullinger à Zurich, où elle est conservée dans la collection (le lettres, connue sous le nom de collection Simier. Le nom de Sur-lHâte, du vieux français hdie ou haste, en bas-latin Asta et. I1acta indique une propriété seigneuriale cultivée et récoltée par corvées: Ah le, heisi das ausgesonderte Ackerland des Hofherrn das von den Horqen bestelit und abgedrntet wird, so dann versteht man auch unies diesem Worte die Diensfarbeit seibsi die darauf zu verrichien isi. Encore au siècle dernier, les receveurs de la fabrique payaient. au receveur seigneu- nul (lu côté dAlsace, la rente foncière assise sur le cimetière au milieu duquel sélève léglise de Saint-Pierre. Les calvinistes furent mis en possession de cette église, par lgenolphe de Ribaupierre, vers 1501. lIs en ont joui seuls pendant plus dun siècle. Une ordonnance de M. de La Grange, intendant dAlsace, du 18 octobre 1685, commet labbé Ratabon, grand vicaire général de lévêché de Strasbourg,

1. Aune-Alexnndrine de Furstemberg, bpouse en secondes noces dUlricli de Ribau- pierre. 2. Voy. Du CANUS. 3. HEITZ, Die D nghoje im El,ass, dans 1Alsatia de t85&-1855, p. 70. 4. Archives communales, 0G. C, Comptes des Receveurs de la Fabrique de lÉglise de Saiut-Pierre-sur-lJJdte, 1770. - 30 -

pour prendre possession du choeur de léglise et pour y établir un curé. Saint-Pierre-sur-lHâte devint alors une annexe de la paroisse de Saint- Louis, érigée par ordre de Louis XIV, û son passage â Sainte-Marie, en 1(i73. Le curé de cette paroisse, comprenant toute la partie alsacienne du Val de Lièpvre, prenait au dix-huitième siècle le titre de coté de Saint-Louis et dlcbery. Les difficultés soulevées au sujet du partage des revenus de la fabrique furent réglées définitivement par labbé de Camilly, grand vicaire de lévêché de Strasbourg, lors (le sa visite û Sainte-Marie et û ciiery, au mois de juillet 1700. De nos jours encore, la nef de léglise de SaiuL-Pierre-sur-Fllte est mixte, cest-û-dire commune aux deux cultes, tandis que le choeur est réservé aux catholiques seuls.

Fertru. - Dans les temps les plus reculés et avant que le bourg de Sainte-Marie, côté dAlsace, fût bien peuplé, ses habitants se rendaient è léglise du côté de Lorraine. Cest pourquoi le prêtre de cette église obtint de lun des seigneurs de Elibaupierre la dîme sur toute létendue du ban (le Marie-Madeleine, entre Bréhagotte et Fertru, afin que ce prêtre reconnût les sujets de Ribaupierre pour ses ouailles aussi bien que ceux du côté de Lorraine, et leur donnât. les sacrements en cas de besoin. Par suite de lextension des travaux des mines, tant sur la partie lorraine que sur la partie alsacienne de la vallée, la population augmenta tellement, que léglise, commune aux deux côtés, était devenue insuffisante. En 154e, les mines du côté allemand étant en pleine prospérité, les sociétés et les mineurs, aidés par lautorité supérieure et la bourgeoisie, commencèrent è bâtir léglise sur le Pré. Elle fut tern,inée en 1544 et pourvue dc plu- sieurs prêtres catholiques, qui la desservirent pendant un assez long temps. Mais comme leur traitement était insuffisant et que les mineurs se refusaient û une augmentation, ces prêtres abandonnèrent successivement léglise, qui se trouva par ce fait dépourvue. Le seigneur de Huliaupierre, genolphe, y ordonna alors un prédicateur nommé Peter Hogger, qui fut payé chaque semaine et entretenu par la bourse des mineurs t. Depuis lors léglise dite sur le Pré fut affectée au culte luthérien. Les ravages de la guerre de Trente ans amenèrent la ruine des mines et provoquèrent lexode de la majeure partie des habitants de Sainte-Matie,

I. Arch. comrn., 60. 73. 2. Lettre du Bergrichier Paul Guenault en date du 22 dècembre 1628. (Archives du Hau(-I(îin, E. 2065, et E. 2066, Notices historiques. - 31 -

Alsace. Jusquà cette époque, léglise était restée la propriété des socié- taires et des mineurs. Dans un inventaire de 1627, le plus ancien de ceux conservés aux archives de léglise, elle est appelée: Ein Eigenhum Lier gereine Herren und Gewercke, auch einer iôb&hen Pergqeseii- und Brukrschaft Leberlhaiischen Pergwerkes leuiseher seilen. Léglise, construite par les mineurs, était couverte en bardeaux et son clocher était en bois. Elle devint la proie dun incendie, le dimanche O octobre 1754, et fut entièrement détruite dans lespace dune heure. La communauté luthérienne de Sainte-Marie fit alors des démarches pour que léglise mt transférée en villei, mais la chancellerie de Ribeauvillé sy opposa. Les murs restés debout après lincendie, mais calcinés par le feu, furent démolis après une Visite faite par lingénieur des ponts et chaussées, M. Chassain, envoyé à cet effet par lintendant dAlsace, M. de Lucé, qui lui-même avait séjourné à Sainte-Marie-aux-Mines, au mois de juin 1755. Par ordre supérieur, le nouvel édifice fut élevé sur le même emplacement et dans le même style, dit-on, que lancien. Les travaux de reconstruction, adjugés au mois davril 1756, furent terminés en novembre 1757. Lon utilisa, parait-il, une partie des fondations anciennes, car léglise, réservée au culte protestant seul, était pourvue dun choeur orienté, dune ouverture égale è la largeur de la nef. La sacristie placée à lextérieur, vers le nord et à la jonction du choeur et de la nef, fut conservée, sou plafond en voûte layant préservé des atteintes du feu. Elle était basse et mesurait environ 4 mètres de long sur 3 mètres de large. Lépaisseur insolite des murs de ce petit bâtiment, soutenu en outre par des contreforts extérieurs sélevant à la moitié de la hauteur (les murs, et lemploi dune voûte, alors tiue lédifice principal était simplement recouvert en bois, fait présumer une construction antérieure au seizième siècle. Dans une lettre du 3 juin 1543, lassociation générale des mines proposait au seigneur de Ribaupierre de se contenter de lagrandissement de léglise existante à Fertru et de renoncer à la construction de léglise projetée. Il sagissait, sans doute, dune église existante déjà sur le Pré, jusquoù sétendait alors le village de Fertru, et non pas de la chapelle du

1. ile vmu a été exaucé près dun siècle pins tard, et le 15 mai l86 lon inaugura léglise luthérienne actuelle, édifiée sur un terrain détaché dii jardin du presbytère, au centre de la ville. La première pierre en avait été posée le ter mai l8i. Léglise sur le pré, devenue disponible, fut compriac dans le tracé du chemin de fer de Sainte-Marte Schlestadt. La sacristie, qui touchait presque la voie, fut démolie peu de temps après linauguration de la ligne, qui eut lieu le 29 décembre 186. La nef et le choeur dispa- rurent complètement sous la pioche des démolisseurs, dans le courant de lannée 1881. 32 -

cimetière, dont la situation se prêterait difficilement à un agrandissement notable. Suivant une tradition recueillie par le pasteur Schmklt, léglise des mineurs occupait la place dun couvent de femmes, qui furent remplacées par des religieux de lordre de Saint-Benoit. Nach einer unbewahrten Sage soit vor Zeiten cm Nonnen-Kioster, das spiitcrliin (1cm l3enedicter-Orden weichen mflssle, an ihrer Stelle ge- standen haben. Auprès de léglise des mineurs se trouvait jadis un village, das dorf auf der ifallen, ainsi que la maison seigneuriale dite Landhaus, demeure du bailli ou 1andricher des Ribaupierre, 1)omus prae/ecti de la carte (lU LeberLhal, par Seb. Munster. Les assemblées judiciaires en plein air, ou plaids annaux, se tenaient. sur la place entre léglise et le Landhaus, et sur la colline voisine, le Malefiiz 1iigel, se dressait le signe patibulaire. Le tout se trouvait sur le ban dAll-Eckerich et faisait partie de la paroisse Saint-Guillaume. Le village existait encore en 1628. Un rapport du péager de Bergheim à la régence dEnsisheini constate que les sujets de Ribaupierre demeurant à Sainte-Marie, Échery, Fertru et sur le Pré, près du Landyeriehshaus, jouissent de la franchise accordée aux mineurs pour le vin quils achètent à Bergheim, en produisant un certificat du landrichter de Sainte-Marie3. Quelques années plus tard, le village dit sur le Pré fut brûlé et détruit par les soldats des troupes impériales, qui ne laissèrent debout, dit-on, que léglise, le presbytère et la maison décole. Pour nous, le village dit sur le Pré est identique à la villa zu Sanc Merien Kirche in parachia Sancti TViihcimi de lacte de donation de 1317, par lequel les chevaliers dEckerich ont cédé à labbé tic Baumgarten les dimes laïques de la montagne près de ladite villa. En 1333, Susa, fille de Henri Waffeler, chevalier dEckerich, femme en premières noces de Wernher Gulman de Hattstadt, convaincue que les dimes, la collature et la haute justice, judicium, de la chapelle de Sainte- Marie, Capell.ae Mariae, au Val de Lièpvre (levaient appartenir au monastère du Val, restitue à Odon et à ses successeurs, prieurs de Lièpvre, les dtmes de la chapelle de Sainte-Marie, dont son père et les chevaliers

t. Arch. (lu Haut-Rhin, supplément du fouds de Ribaupierre. 2. F,agnzen€e zur local Kirchengeschichte der eoangelischen lutherischen Gemeinde zu Mar4irch, gesatumeit von F. W. SeuMmr, 1808. (Archives de léglise luthérienne.) 3. Archives de Sainte-Marie, JJ. 3. 4. Yoy. Piêcesjuaijlcaiives, n0 II. - - dEchery étaient en possession depuis fort longtemps. Cette prétendue restitution ne nons est connue que par une copie de 1518, conservée au Trésor des Chartes Nancy. Elle rappelle la fausse charte de 1078, souvent citée, dans laquelle Théodoric, duc de Lorraine, accusait aussi son père, Gérard dAlsace, de sêtre emparé des dîmes, de la justice, etc., de Sainte-Maiie et de Saint-BIaise, quil restitue au prieuré de Lièpvre. Aussi ne retiendrons-nous du document de l333 (lue le nom de Capella )Ifariae pour lidentifiei avec la Merien Jtirche de lacte de 1347, tout en admettant que la fille de Ilenri Waffler (IEckench, en qualité de tutrice tics enfants de son premier mari, héritiers en partie des biens de leur aïeul, ait pu accorder quelque dîme au prieur de Liêpvre, à charge de faire dire certains offices dans la chapelle de Sainte-Marie lintention des habitants du voisinage éloignés du siège de leur paroisse. Nous avons vu plus haut que les reliques de Saint-Cuillaume ont donné lieu û un pèlerinage demeuré célèbre pendant plusieurs siècles. Vers la fin du treizième siècle, lévêque de Strasbourg, Conrad de Lichteinberg, avait accordé de grandes indulgences û tous ceux qui contribueraient par leurs largesses à la coitst.ruction de la cathédrale et de la tour, et ce qui augmenta encore davantage le zèle (les fidèles, ce fut le grand concours de peuple qui se rendait de toutes parts en foute û la cathédrale, à cause dune image miraculeuse de la sainte Vierge qui ne cessait dy opérer des miracles2. Beaucoup de lieux de pèlerinage en Alsace furent alors délaissés, notam- ment à Saint-Pierre-Bois et ii Sainte-Marie. La chronique des Dominicains de Colmar lapporte que lutllucrice des fidèles au pèlerinage deS. Acgidius in Lebert/a1 cessa vers 1280, pont se porter à Strasbourg, où la bien- heureuse Vierge, disait-on, opérait de nombreux miracles. «Je me doute, «dit Jean Ruyr, quen la chronique de Colmar soubs lan 1280, quand il «y n que cessavit coneursus in Lieherthal ad sanctum Aegidium, il ne «faille lire ad sanctum Achericum, et factus est in Argentinam eo quod « ut dicitur, beata Virgo iniracula plurinta perpetrasset. » Il a été reconnu depuis (lue le passage de la chronique de Colmar con- cernait le pèleiinagc de Saijit-Gilles à Saint-Pierre-Bois, ou Pet ersho lis, au Val de Villée. Les deux vallées de Lièpvre et de Villé se re,joignenl au pied

t. À,chwes de Meurthe-et-Moselle, 13. 95; Layette du Val de Lièpere, Il, u° 10. 2. GRAsn1unn, Essai sur la Catlukfrale (le Slrasbourg, p. •t2. 3. &1it. GhIURU et LIBUN, p. 92, 93. .. Recherche des saincles AUiquitds de la Tos9e, livre II, cbap. IX. . Revue catholique de lAlsace, 1887, juillet, p. 437. 3 - j4 -

du Frankenbourg avant de déboucher dans la plaine (lAlsace, et ont par- fois été prises lune pour lautre. Il nest pas rare de rencontrer dans les anciens documents la menfion de Villé irn Lebertha1, comme aussi lon y trouve Eckerich «in valle Aiber(hi» 1 , autre dénomination du Val de Villé. Une note marginale, relevée par Ad. Lesslin sur un exemplaire de la Topographie alsacienne de Mérian, détruit dans la nuit du 24 août 1870, lon sait comment, portait: «1m Leherihal. svoselbst hieliero eine grose «beriihmte Wallfarth, wie auch zu Markirch gewesen; weil aber ie1e «Bubenwerke da geshahen und Unser Liebe Frau niemand darum strafle, wurc1e diese Wallfarth anno 1280 gen Strassburg gelegt, imd hôrte «daselbst auf. Lon croyait généralement que Saint-Pierre-sur-1 H Le près dIchery était léglise fréquentée par les pèlerins. Les Bol!andiste8 disent que ctIait léglise paroissiale de Saint-Guillaume i Saint-Biaise. Acherico vico adiacebat ohm viens sancti Gulielmi, euiu ecclesia, S. Guliclini titulo tiedicata, [iequenhi ihluc pio,-uni peregrinorum coneursu celebris, parochiue loco er(z( caj/toljcjs proximi oppidi sanclae Mariae ml [odinas, in traclu Col,narensi, sed extreno saecnlo XVII Ludovicus XIV rex ecclesiarn in ipso oppido acdificavil s. Ludovici palrocinio consccra- lam, ad quam parochia sancti Guhielmi translata est. Ipse vicus nunc a sancto IJlasio nUnCupatu. M. labbé Glœckler dit en parlant (Je saint Guillaume: «Seine Gebcine «ruheten in ciner Wallfajirtskirche bel welcher sich die Pfarrei Sanet- Wilhelm (das heutige IJorf Sanci-Blasien) entwickelte.3 Le Pré qui a donné son nom à léglise bàtie par les mineurs au village détruit, Auf der Malien, et au canton rural de ce nom, sappelait le Pré aux pèlerinages, die Wallfahrtsrntiite, ce qui fait supposer, avec vraisem- blance, que léglise fréquentée par les pèlerins jusque vers la fin du treizième siècle se trouvait précisément en cet endroit. De 15 et de ce qui précède, nous pouvons inférer:

1° Que léglise ou la chapelle du pèlerinage est la même - comme emplacement et non comme bâtiment - que la Gapehla Mariae, ou Merienkirche, citée plus haut et dont lancienne sacristie de léglise des

1. MCHLESBCIC, lJic Eljse calvimste au sei;iêrne siècle, p. IG. 2. Acta sanctorum Nove,nbris, Toinus IJ P . 74. BrucIIes, 189L 3. Gesclsichge des Bjstlsu,ns Strassbu..g, II, p. 320. Stassburg, 1880. 4. MCHLNDECF, toc. Cil., p. 70. - 35 - mineurs pouvait avoir été un reste. La dédicace à la Vierge a probable- ment été supprimée à lépoque du changement de religion. 20 Que cétait là quErchcmbert, gardien du monastère dlchery, en lan 970, déposa solennellement, dans léglise de Sainte-Marie, ecelesia e monasticis officinia mirifice ordinatis, les restes précieux du bienheureux Guillaume qui sy trouvaient encore à lépoque de J. de Bayon. o Que les offices monastiques et la chapelle de la Vierge, fondés par Bliduiphe, avaient été élevés sur le Pré et non à Belmont ni é IÉchery actuel.

Sil est vrai que la ville de Suinte-Marie-aux-Mines doit son nom à la pcl1a M riae, il est ii regretter pour nos oreilles que ses parrains du seizième siècle naient pas conservé le vocable de Sana Merienkirc1, plus euphonique que le nom actuel de Markirch. Laffluence dun grand nombre détrangers à une époque fixe dc lannée se prêtait aux transactions commerciales, et plus (lune foire en renom doit son origine aux pèlerinages. Les échanges qui se pratiquaient ainsi sur notre Pré, ont sans doute contribué au développement des petites industries du Val de Lièpvre. Dabord cétait la fabrication dc la vaisselle et des ustensiles de ménage en bois. Puis est venue la confection descar- celles, ceintures, bourses et autres objets eu cuir; la fabrication de bou- tons, galons, tresses et autres ornements des vêtements par les bouton- niers et les passementiers dclteiy; la coutellerie, la tannerie, la mégisserie et la draperie, dont les produits jouissaient dune certaine renommée. Ces divers articles de lindustrie locale sexportaient vers le Haut-Rhin et la Suisse, ainsi quen témoignent les registres du péage de Bercklieim. Au siècle dernier cest lindustrie du coton, bonneterie et tissage de toiles et de mouchoirs, qui a peu è peu accaparé les forces productrices de la vallée, I Pour arriver, par dincessantes transformations, aux tissus connus dans lunivers entier, sous le nom darticle dc Sainte-Marie. La foire survécut au pèlerinage et est devenue la fête patronale. Une délibération du conseil municipal, datant dune trentaine dannées, la fixée au premier dimanche après le 14 septembre, joui de lExaltation de la sainte Croix. Auparavant cétait loctave de la Nativité de la Vierge qui réglait la fête patronale de Sainte-Marie, venant ainsi huit jours après le Pfeiffertag de Ribeauillé. De cette façon, les marchands forains et les dan- seurs intrépides pouvaient étaler, les uns leurs bibelots, les autres leurs grâces dans les deux localités, lune après lautre. Avant la facilité de - 36 -

locomotion créée par létablissement des chemins de fer, les deux fêtes consécutives procuraient aux familles éloignées loccasion de visitei leurs amis et connaissances, et plus dun jeune ménage a dù son établissement à ces pérégrinations festivales. Une autre industrie, florissante surtout au seizième siècle, a donné son nom à la ville de Sainte-Marie-aux-Mines, pour la distinguer de ses nom- breux homonymes. Vers 1502, Brun de Ribaupierre, surnommé le riche cousin, ayant fait exécuter, avec succès, des travaux de recherche et dex- ploitation dc minerai dargent au ban de Saint-Guillaume, et ouvert les mines de St. Wilbelrn 1"undgruben, entre Saint-Biaise et Fertru, son exemple ne tarda pas à être suivi. Un grand nombre de galeries et de puits furent creusés dans les collines de Fertru, de Marie-Madeleine et de Saint-Philippe. Ce premier groupe de mines fut désigné sous la rubrique de Vieille Montagne, Altenherg, pour le distinguer des travaux ultérieurs du Neuen- berg commencés vers le milieu du seizième siècle à Sur-lHâte, puis con- tinués activement au Rauenthal et à la Petite-Lièpvre. Loeuvre de Brun de Ribaupierre nétait point une innovation dans notre vallée. Haubensack, juge des mines et Landrichter des Ribaupierre au val dÉchery et de Lièpvre dc 1530 à 1570 environ, rapporte quil nétait pas rare de rencontrer, en creusant la montagne, danciens puits de mine abandonnés depuis fort longtemps. Il est fort douteux que les Romains, comme on la écrit quelque part, aient exploité les mines ou même pénétré dans le fond de notre vallée, où lon na encore découvert aucune trace de leur passage. Jusquê preuve contraire lon peut admettre que les anciens travaux souterrains, retrouvés au seizième siècle, faisaient partie des mines du territoire dAcheric dont parle Riclier: In qua postea no biles exstiterunt vin, quorum diehus argen- tariae fossac repertae sunt, in quibus multum argentum esse fertur effos- sum. Ce ne sont pas les moines qui ont donné ces mines en fief aux nobles d1chery, comme le dit GIwnIDiEn dans les Vues pittoresques dc lAlsace, puisque cest du profit de ces mines que les nobles dÉchcry et leurs descendants ont élevé les châteaux de Hoh-Eckerich et de Zug- mantel. Ne serait-ce pas Blidulphe, le célèbre professeur de Gorze, qui a orga- nisé et dirigé la première exploitation de ces mines, ail profit et pour le compte des seigneurs dÉchery? Les chroniques nous le montrent cher-

I. Voy. plus haut, p. 82. - 37 - chant pendant quelque temps, diu quaerens, lendroit le plus favorable â son établissement; peut-être a-t-il employé ce temps â explorer le terrain â la recherche de filons métalliques. Puis les filons découverts, il fallait, pour les exploiter avec succès, former des ouvriers, instruire des chefs capables dc les diriger. Ne seraient-ce point lâ les nombreux disciples qui affluèrent auprès de Bliduiphe, le prirent pour leur maitie et donnèrent ainsi naissance au monastère dIchery? Pendant le moyen âge lcs couvents seuls ont maiitenu la culture des lettres et des sciences, conservé la tradition des arts et des procédés industriels. Les bénédictins surtout, nétant pas adonnés à la vie contem- plative, sont devenus à cette époque les principaux agents de la civilisa- tion. Ils ont défriché de vastes terrains, desséché des marais et couvert de vignobles les collines les mieux exposées. Ailleurs ils ont établi des forges, élevé des usines pour lextraction et le façonnage des métaux, Eux seuls alors étaient capables de créer dans notre région, si riche en minéraux dc toute sorte, un établissement destiné à lenseignement spécial des direc- teurs et employés des mines et fonderies établies successivement dans les vallées de Saint-Dié, de Villé et dc Sainte-Marie-aux-Mines. Quel que soit le motif qui amena la première fois le savant Bliduiphe dans notre vallée, il est certain que lui et ses successeurs Guillaume et Acheric appartenaient è lécole de Gorze. Cest probablement par suite de lentrée de Bliduiplie à Moyenmoutier, où il avait été appelé par Adalberi, lorsque les bénédictins y furent réintégrés, que cette abbaye a obtenu le gouvernement du monastère dÉchery et les biens et droits dont elle jouissait au Va (le Lièpvre. Ipsa autenz colla Acheric, dit RucHER, Mediano- ,nonaslerio ohm per dictos viros fuit allribu.ta. Les religieux de Moycnmoutier ont demeuré au monastère dclicry depuis le dixième siècle jusquau treizième. Leui départ a précédé de peu lépoque présumée de labandon des mines et la fin des pèlerinages au tombeau dc saint Guillaume. JULES DEGERMAMÇ. PIÈCES JUSTIFICATIVES.

I.

EXTRAIT DE LA CHRONIQUE MANUSCRITE DE JEAN DE BÂTON.

Manuscrit sur papier petit in-4° de 25 pages. Il contient, pp. 1-232: Rislorza medlan Monasterli afratre Joanne de Bayon, ordinis Praeclicatorvrn. En marge : Scribehat circa annuin 132e. Page 32, dune écriture postérieure: Deest finis cap. 32.... . deest ellam prlmm caput quod deberet complectere totam vilam S" Iiidu/phi..... Ces deux chapitres manquaient évi- demment dans le manuscrit, dont celui-ci est la copie. lage 33: dap. IL - li y avait donc dans loriginal deux parties: lun dc 32 chapitres, la seconde de 116 chapitres. Page 233: Venerabilibus ac dccl Issimis vie!: flués Decano et Cananicis S" Deodati etc. Joannes Ilerculanus Plensestnu.s...... k la fin de la dédicace: Ex lauttio nostro 3 calend. de- cembris 1541. - Page 234: Cap. I— p. 222: cap. 1dlimum (24). A la tin: JVominalocorurn quac in hi: anliqul€atibus habentur lectoribus cognoscenda. A la fin, p. 251 :finis per fre)n. BMB 17 marliiJerja 5. S" Gerfrudjs 1678. - v° blanc. Le texte, dune écriture assez lisible, presente malheureusement beaucoup do corrections et de surcharges, faites avec une encre plus noire, qui cependant ne sont pas de beaucoup pos- térieures. Les corrections et surcharges sont en général insignifiantes, cependant nous avons tenu les reproduire intégialcuient; on Jugera de leur valeur.

CAP. 25. (lIe Partie.) p. 8. Postquani Dominus tongo tempore exules periniserat fleri (add.: peregrinos) monachos, mcdii coeniobii et suis (add.: de) menus exigentibus loco proprio pri- van (add.: quia) Ilundeboldus qui (add.: a) fuit Carolomanrii natus regno Lotha- riano praeficitur anno 894, qui medianum claustrum, ut dictuin est, Hyllino comiti jure benericii con tradidit. Qui expulso abbate Pipino et mouachis, apponeus liii- Introducuntum quitatem iniquitati, canonicorum congregationem inibi constituil anno 897 nonas Ct lii apnilis. Sed postquam placuit (add.: voluntati) altissimo (corr.: i) (add.: qui fihios au. 897. Jsrael dispersos ad terras lacte et melle manantes revocare dignatus est, mona- chos ibi etabilire vel pie creditur) monachos disperses revocare, precibus (barré: proculdubio) flexus (acld. : gloriosi) Patroni nui (barré: B.) ilyduiphi. (barré: Anno igitur) (add.: mdc anrio) 938 Adelbertus gencre nobilis, sublimis et clarus moribus, religione insignis, et monachus Gorziensis, suorum fretus au.xilio et potissimuru Comitis Gisliberti de quo supra (add.: memorati sutnus) a quodani duce Loiharin- giae Frederico nomine qui Dci timorem et amorem ferehat in corde, regimen,

1. M. le chanoine Dacheux a bien voulu avoir lobligeance de collationner et dannoter cette transcription. Nous sommes heureux de pouvoir ici lui en témoigner toute notre reconnaissance et de le remercier en niéme temps des bons conseils quil nous a donnés pour lordonnance de la présente notice. J. D.

- 39 - possessiones et Ecclesias et quidquid etiam canon ici tenuerant sub chyrographo Revocntur monachi. suscipiens an. 939 foltus subsidio auj abbatis, scilicet Ainaldi, post 70 videlicet ferme annos quod (c.orr.: quoniani) desolari idem locus ceperat, monachorurn or- dinem rursus coadunare procuravit, auxiliantibus duobus sagacibus fratribus (add: monachis BLiduipho et Gandeloho qui ob lion illuc pariter conveneratit.

Praedictus enim fi dux scieus quod a prima sua fundatione idem Iocus ordinem p. o. monachorum habuerat, decrevit per praedictos priorem ordiriem ibi restaurare in

eodem statu (1110 (add.: ibi) antea clerici habitaverant; exceptis scilicet corpore S iosephi sepultoris Domini quod fortunatus Patriarcha temporibus Caroli(corr.: K) Corpus prirni (add: que) Imperatoris secwn de Jerosolyma deferens Mediani coenobii, ut prachabitum est, Abbas effectus, ante annos fere 130 eidem loco contulerat, a qui- rapitur. busdam peregrinis monachis oh negligentiam clericorurn (add.: noctu) aufertur. Sancti etiam lly(lulphi pains nostri vita (cista?) quae (qua?) pro sui magnitudine Vita proprio continebatur corpore a cicricis amiUitur (add.: et). Exceptis etiam quibus- dent alus quae per clericorum (add: negligentiam et) incuriam alienata fuerant (barré: et iioii poteraitt instaurari?) (add: quae restaurari non poterant). Blidut- l)huS (barré: praedictus) (add.: de quo fuit sernio) fuerat olini pnimicerius meten- l3lidulphus quis tuent. sis (rxdd.: et fuit) vir justus et prudeus; qui relictis secundum apostolicam nor- mmm omnibus possessionibus ut sou deo vacaret, locum suac inteniiorti quaerens, inter montes Elysatii ducatus valliculam montibus circumclusam nomine Lebrauch repent (barré: et) ta clivo (add.: que) mentis unius ad nieridianam plagam, cellam erexit quam Ilelluin Monteni nominavit qui aedicu]am construens in honorem S" Scripsit ind domwii. Maiiriti novem altaria in en cuni cancellis et cryptis aptavit circa annum Domini 938. Officinas et liabitationes (corr.: ni) monachoruin congruas (add.: in)ibi en- gens, redditus aliquos licet sibi acquisivit; congregatisque ibi paucis fra- tribus (add..- cum somma devotione) coelibem vitam duxit. Gum autem fama vin hujus longe lateque diffunderetur mclii oh amorem coelestium ad eum devoluti Ad eum iuulti confluunt. sunt; inter quos duo praccipul athlctae fideles, genere nobilea sed fide nobiliores, Vnilhermus et Aichericus advenerant, cupientes ardenti desidenio mentis ejus coaequari. Vuillicninus itaque sanctilatis gratia ut sot refulgens, evidentibus in vita et post vitam dicitur claruisse rniraculis, ut ejus sacra corporis gleba ah humuli loco sepulturae honorabilus in (barré: tiieca et) pheretro Irunsferretur (add.: et theca); quae theca posimoduni sub tempore cujuadam sacerdotis nomine Itesso, auro et argento ornata, cum prelioso pignore artuum sacrorum in ea con- ditorum, quoad praesens in ipsa reset-vatur ecclesia. Il Bhiduipho vitae munus expleto foeliciter, regimen couac Gaiideloho reliquit, 60. cui successit Vuilliernius, qui Achenium (sic) et Henmannum successores habuit. Blidiilphi succssor. Achericus autern Vuilhermi successor tam coruscanti fama fuit, ut reltcto priori nomine Be111 montis, j quod couac fuerat a fondatione intposilum, non jam Bullus nions locus 111e sed Achericus vocaretur, quod nomen usque adhuc retinet.

1. lI faut lire videaimenC S" Mar:ae. - J. D.

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(Ce texte a été raturé et remplacé par le suivant: II quoti cellac impositum full a Vuilhcrmo fundatore, jain non Bellus inons ah adjaceutihus vjcjlljg 1 ed Acliericus locus 111e vocaretur et quoadhuc ipsa villa inibi oborta Achericus vocatur.) Erchenhertus 4 nouas aprilis an, Dni. 970, qui custos erat cellae Acherici eccle- sia et monasticis officinis mirifice ordinatis, corpus praedicti S Vui!hermi decesso- ris sui tic tumba levans, in scrinio collocavit. Accidit tempore (add.: subsequenti quod) Acherici (corr.: eus) qui Erchemberto inibi successerat, aperto scrinio in quo erant reconditae (barré: sacrac) reliquiae (add.: sacri corporis Vuilhermi) (barré: S" Vuilliermi), de reliquiis (add.: qnibusdam religiosis vins) illis voluisset detrahere (corr.: distrahere) (barré: quibusdam religiosis vins); sed manus scrinio adhaesit, itu quod vix potuil avelli, ipsumque cooperculum usque ad magna tem- pora claudi non potuit. In eo loco nobites extiterunt iri, subargentariac venac repertac sunt, n quibus multum argentum esse fertur avulsum; de quorum stirpe quidam propagati novissimis diebus castrum forte in eodein loco erexerunt quod Aclieric nominaverunt. Achericus vero plenus dieruni in senectute bona cum talento gratiae transivit ad paires suos, sepultusque est in medio chori suae eccle- siae auto venerabile allare genilricis Dni, sicut hactenus potest oculis inlueni. Cita Acherich Ipsa autem cella (add.: ditioni) Mediani etaustri (barré: ditioui) per viros prue-

f Lb dictos sub (barré: jecta est) (con.: subdita fuit) in qua celUi fratres Medianonses possdetur. fore usque ad hace novissima tempora feruntur habitasse; sed nune per incuriam et segnitiein monachoium, monachis ejectis, Ecclesia parochialis est elîecta.

Celia In ipsa etiam valle Lebracli in inferiori parte et speciosioni, lite famosissimus

a in °no Imperator Carolus magnus, ucliam in honore B. I)yonisii elevaverat, ibi recondeos erecto. ossa pracclari Atexandni Papae et martyris quae a [toma evexerat summo cum honore; quaiu cellam (barré: magnis) (add.: praccipuis ci magnis) redditibus re- fulcivit, cujus ecclesise paviincutwn colore marinorco et diverso stravit; quod eliam hacteiius sul) monaste,ii S. Dionisii ditione manet.

CAP. 26.

p. ci. Anno ab. Tucarnato verbo 942. Fnidenicus rex dux Lotharingorum de quo supra (udd.: meminimus) quia devotus erat, summo studio domus? utilitati in litrisque rebus spiritualibus et temponalihus provklebat, monasterium (barré: Fiidericus S. Deodati sel) valus Galileae (add.: Id est S. Deodati) quia vkluatum erat pastore Adelberto abbati Medianeusi quem ipse postea ipsi loco abbateni iraefecerat com- benefactor mitit regendum; (lui voluritati metuens contradicere, ei acquisivil. Suscepto autem Praciiu,1s. regiwine praedictae Ecclesiae una cum sua, veritus est ne duabus sufficere posset Ecelesiis, Erchembertum praedictum custodem illuc direxit, qui loci suhstantiam et suppellectilern universam brevi tempore ilissipans, lia ut fratribus illic Deo servientihus minime victui necessaria posset inii,istrare, odium pruedicti dueis incurrit, quid oh hoc, dux eum a loci administratione submovere disposuit; qui - 41 - pracsentiens ducem sibi iratum, diserevit eum muneribus placare; thesauros coc- hlonachi nobii utpote calicibus, crucibus argentcis, decrustatis ornamentis sericis, cappis et casulis et aurifrigiis venditis, deiiide pretio sumpto, daici obtulit pro gratia sua expelhiiiLur recuperanda; dux aulein ut zelo fervidus Eccle8iarurn erat, niirum in modum indoluit co quod tam eiiormiter pro gratia principis babenda monachus deliquisset (cor-.: Monachi S. Deod.). (rat.: deridisset?) quae potins pro gratia ducis reeuperanda(add: debuissetpotius male commissa) restaurare et dissipata redintegrare quam pejora prioribus accu- mulare; qua propter praedictus du non solum poenas commissi facinoris retorsit in sacrilegum provisorem, verum ctiam in omnes inonachos illius loci; nain ainnes una cum sua nequam reclure a eoenobio expulit, et ne Iocus ofliciis diviriis Qui ibi (add.: debitis) fraudaretur, pins dux ibidem canonicum ordiitem constituit quia illa Ecclesia suac subdebatur potestati, qui quiclem ordo canonicorum ibi quoad nunc perd urat. - ______

H. DONATION faite par le 5r Ilenri Waffler, prévôt de Schlestadt, du droit de patro- nage de la cure de Alt-Eekerich sous linvocation de Saint-Guillaume, ensemble une maison située audit Eckerich et de la dîme appelée Leigen Zebnden sur la montagne près de Sainte -Marie -aux-Mlne, à labbaye dc Baumgarten, à condition que 1eIit couvent payera annuellement 15 schillings de rente à labbaye de Moyennioutier en Lorraine 1 17. In nomine Dei amen. Noverint universi presenteni paginam inspecturi quod in presentia nostri judicis Curie Argentinensis constitiiti strenni vin Herinicus dictus Waffeler, scultetus opidi Sletzstat et Johaiiiies fihius quondam Hermaniji armigeri dicti de Bckerich milites ad gloniaru et honorem omnipotenhis Dci pie mentis devotione pernioti et ad cultum divini numinis in ecclesia parochiahi subscripta juxta facultatem proventuulfl ipsis provenientium augmentandum, religioso loco monasterio de Boumgartcn ordinis Cysterciensis Àrgentinensis diocesis 8ive... abbati et conventui ejusderu Ioci et propler specialein alTec(ionem et incliriationem quas se erga eosdem habere dicehant pure et smnipliciter propter Deum et ut persane ipsius monasterli pro parentum et ipsorum, ac omnium suorum progeni- Loruin animabus apud Deum ipsarum pus votis et precibus seduhis intercedant, jus paironatus ecclesie parochiahis ville Altcckorich sancti Wilhelmi dicte diocesis, cuin una curia ibidem situ spectatite ad dictam ec.clesiam nec non decirnam dictam tien Leigen Zehende ail deme berge apini vihlam zu sancte Merien Kirche in parochia sancti Wilhelmi, quod quidem jus patronatus ati dictos milites, et quon- dam Johanem dictum de Eckerich militem ratione successionis hereditarie, non ex jure Feodali ut asserebant, dinoscitur pertinere et ad eorum progenitores pertinuit ab antiquo. Donaverunt sive ex tilulo douationis inter vivos transtulerunt et trans- - 42 -

ferunt per presentes irrevocabiliter et in totum nec non ideni jus patronatus in dictum monasteriutii et apud ipsum perpetuo remansurum liberatiter coiitu1erunt ita tarnen quod abbas et conven lus dicti monasterii quicumque pro tempore fuerit singulis aniiis termuiio competeiiti religiosis vins... abbati et couventui Mediani monasterli Tullensis diocesis tradant et assignent quindecim solidos denariorum argentinensium de ecclesia memorata quos eisdem dan de eadem hactenus est coilsuetum; transtulerurit insuper dicti donatores in dictum alibatem dicti monas- teril in Boumgarteu presentem et recipientem suo et nomine dicti monasterii sui per porrectionem calami que pro resignatione sive traditione more schottationis de consuetudine terre liabetur, omiieni possessionem proprietatem et dominium vel quasi que sibi in premissis competebant vel aliquod premissorum, nihil sibi juris in eiadem donatis penitus retinendo. Promittentes dicti donatores pro se et eorum successoribus universis se hujus modi donationeni collationem et translationem in modum prescriptum factas, ratas et gratas perpetuo habituros, nec contra ipsas venire vel venin procurare in judicio vel extra in posterum vel ad presens. Prefati quoque donatores una cum domina Sophia predicti quondani Jobannis relicta, coram nobis etiam consti- tuti recognoverunt publice per presentes eundem quondam Johannem jus sihi competens in premissos donatis prenominato monasterio in Boumgarten in renie- dium animac sue pure et siinpliciterpropter Deum sirniliter donasse ac etiam con- tulisse. Renunciantes dicli donatores pro se et eorum successoribus universis, excep- tione doli mali in factum actioni benef]cio restitutionis in integrum. Omnique juris auxilio canouici et civilis exceptionibus et defensionibus quibus- cumque quobu8 contra premissa veL aliquod premissorum in judicio vel extra in posteruin vel ad presens venire possent quomodolibet aut jurari et specialiter legi dicenti renuntiationem valere minime generalem ad linjusmodi donationis colla- tionis et transiationis robur perpetue firmitatis. Sigilluin curie argentinensis aU petitioriem dictorum donatorum una cum sigillis ipsorum doiiatorum preseiitibus sunt appensa. Nos etiain Jlenricus et Johaiiiies natus quondam dicti armigeri pracnominaii, profitemur omnia et singula premissa ecce vera et ca processisse liabito inter nos coucitio cominunicato iii ownem modum quaemaduiodum sunt prescripta. Et in signum rei geste omnium premissorum 8igilla nostra presentibus duximus appendei-ida. Actum sabbato proximo ante festum beate Margarete virgiuis anno domini mittesirno Trecentesimo decimo eIiIiwo. - Arehhies du Bas.Rhin, G. 117.