Numéro spécial Journées du Patrimoine Septembre 2019 | N° 031

Dossier UN LIEU POUR L’ART UN LIEU DANS L'ART LA COMMÉMORATION PICTURALE DU

DOSSIER CINQUANTENAIRE DE L'INDÉPENDANCE BELGE

WERNER ADRIAENSSENS CONsERVAtEUR COllECtIONs XXe sIÈClE, MUsÉEs ROYAUX d'ARt Et d'HIstOIRE THOMAS DEPREZ HIstORIEN dE l'ARt

détail de la peinture Cinquantième anniversaire de l’indépendance belge par C. Van Camp, 1890, Palais de la Nation (huile sur toile) (© KIK-IRPA, ). Bien qu’à la fin du XIXe siècle, la photographie était déjà parfaitement en mesure de représenter des manifestations de masse, les grandes célébrations étaient encore toujours immortalisées par des artistes peintres. Werner Adriaenssens et Thomas Deprez se sont plongés dans les sources iconographiques de la cérémonie du cinquantième anniversaire de

NOTE DE LA RÉDACTION l’indépendance belge et la concurrence que se livrèrent quelques peintres pour s’attirer une commande officielle de l’État pour une représentation monumentale de ce moment hors du commun.

Le Palais de la Nation, siège du évoque les célébrations patrio- aménagé pour l’exposition, a attiré Parlement fédéral, abrite une toile tiques du 16 août 1880. À l’époque, les foules en ce jour d’été, dans une monumentale, le Cinquantième une exposition nationale a été orga- chaleur torride. Van Camp s’en est anniversaire de l’indépendance nisée pour fêter les 50 ans de l’in- servi comme décor pour immorta- belge, que nous devons au peintre dépendance de la Belgique. Le parc liser la fête. Camille Van Camp (fig. 1). L’œuvre du Cinquantenaire, spécialement Un lieu pour l’Art N°031 - NUMÉRO SPÉCIAL - SEPTEMBRE 2019 SEPTEMBRE - SPÉCIAL NUMÉRO - N°031

Fig. 1 C. Van Camp, Cinquantième anniversaire de l’indépendance belge, 1890 (huile sur toile, 303 x 480 cm), Palais de la Nation

(© KIK-IRPA, Brussels, cliché X003442). BRUXELLES PATRIMOINES

043 Un lieu dans l'art

saires, et avec l’arrêté royal du 20 août 1879, l’Exposition nationale entrait dans le concret. Inaugurée le 16 juin 1880, la manifestation a officiellement refermé ses portes le 1er octobre (fig. 2 et 3). Au total, l’ex- position a attiré 1.498.251 visiteurs. Un véritable succès2.

LE PARC DU CINQUANTENAIRE

Pour accueillir l’Exposition natio- nale de 1880, les autorités ont choisi l’ancien terrain d’exercice militaire de la plaine de Linthout. Dès 1874, l’État belge et la Ville de Bruxelles Fig. 2 signent une convention prévoyant Cérémonie d’inauguration de l’Exposition nationale, 16 juin 1880 (extrait de The Illustrated l’aménagement d’un nouveau London News, 10 juillet 1880, p. 28). champ de manœuvres. L’ancien terrain sera transformé en parc et accueillera un monument. « Dans la pensée des parties contractantes, le monument devait être un édi- fice consacré à un Musée des arts décoratifs. »3

Les préparatifs de l’Exposition nationale accélèrent le projet. L’architecte Gédéon Bordiau se voit confier la conception du monu- ment. Il dessine un palais à deux ailes reliées par une colonnade en hémicycle flanquant un imposant arc de triomphe. C’est seulement en mai 1879 que le chantier com- mence. Faute de temps, seuls les pavillons d’angle reçoivent leur Fig. 3 forme définitive pour l’ouverture A. Heins, cérémonie d’inauguration de l’Exposition nationale, 16 juin 1880 (extrait de l’Exposition nationale. À l’inau- de Exposition Nationale 1830 1880. Album commémoratif, Bruxelles, Cie de Publicité et d’Émission, 1882, s.p.). guration, la colonnade et l’arcade n’ont pas encore dépassé le niveau une exposition universelle, a été inférieur. Ces constructions ina- L’E X P O SI T I O N abandonné. Au lieu de cela, propo- chevées sont ornées de sculp- NATIONALE DE 1880 sition fut faite de mettre sur pied un tures temporaires. Néanmoins, événement concentrant l’attention l’ensemble est réalisé « […] avec L’idée d’organiser une exposition sur la production nationale dans les une rapidité encore inconnue en nationale à l’occasion du cinquan- domaines de l’art, de l’industrie et Belgique »4. Comme le parc fut tième anniversaire de l’indépen- de l’agriculture-horticulture1. aménagé à l’occasion de l’Expo- dance belge date du début de 1878. sition nationale commémorant le C’est en partie pour des raisons Le 4 août 1879, Léopold II signait cinquantième anniversaire de l’in- budgétaires que le projet initial, la loi dégageant les crédits néces- dépendance belge, le site sera, par

044 LA FÊTE PATRIOTIQUE

La principale célébration fut sans aucun doute la « Fête patriotique » du lundi 16 août 1880 (fig. 4), mar- quant officiellement le cinquante- naire de la Belgique. Dans la presse quotidienne, l’intérêt à l’égard du grandiose événement était tangible plusieurs jours à l’avance. Des articles répertoriaient les déléga- tions et les personnalités attendues ou non, décrivant l’habillage et la décoration du palais de l’Exposi- tion nationale. Pour l’occasion, la colonnade en hémicycle entourant l’arcade de part et d’autre fut amé- nagée en théâtre, avec des tribunes

Fig. 4 pour 800 invités. La pelouse du A. Heins, La Fête patriotique du 16 août 1880 (extrait de Exposition Nationale 1830-1880. parc, accessible à tous, pouvait Album commémoratif, Bruxelles, Cie de Publicité et d’Émission, 1882, s.p.). accueillir non moins de 100.000 visiteurs. L’espace entre les deux pavillons d’angle servait de scène pour la cérémonie proprement dite. C’est aussi là que prenaient place l’orchestre et le chœur. L’accès à la scène empruntait un passage de 15 m de large partant du rond- point dans le parc. C’est par là que Léopold II et sa suite gagneront la Un lieu pour l’Art loge royale sous l’arcade, et que les personnalités ou groupements vien- dront présenter leurs hommages au souverain pendant la cérémonie5 (fig. 5).

Le programme complet, publié quelques jours auparavant dans le Moniteur belge, était avidement reproduit par les journaux. Dans les jours suivant la fête, l’« historique » 16 août 1880 était largement évoqué Fig. 5

Vue du palais du Cinquantenaire avec tribunes, 1880 (extrait de Exposition Nationale 1830- dans la presse nationale et interna- 2019 SEPTEMBRE - SPÉCIAL NUMÉRO - N°031 1880. Album commémoratif, Bruxelles, Cie de Publicité et d’Émission, 1882, s.p.). tionale. Tout était méticuleusement organisé, dans le strict respect du la suite, appelé Cinquantenaire, en fut le théâtre de défilés militaires et protocole. La veille de l’événement, néerlandais Jubelpark. vit parader différentes divisions de à 20 heures, une salve de 21 coups la garde civile. La capitale accueillit de canon retentit, tandis que son- Divers événements et manifestations aussi un festival de musique avec naient toutes les cloches de la ville. furent organisés en marge de l’Ex- concours, un concours de chant, un Le 16 août, à partir de 8 heures du position nationale. À partir de l’ou- cortège historique national et bien matin jusqu’à la fin de la cérémo-

verture et jusqu’au 19 août, Bruxelles d’autres festivités. nie, les salves d’artillerie se suc- BRUXELLES PATRIMOINES

045 Un lieu dans l'art

Fig. 6 Fig. 7 La Fête patriotique du 16 août 1880 (extrait de L’Illustration La Fête patriotique du 16 août 1880 (© AVB, F-2735). Européenne, 5 septembre 1880, p. 4-5).

cédèrent sans interruption, tirées août 1880 en garderont un souvenir tout pour faire de La revue des écoles tour à tour par l’armée et la garde impérissable » commentait un quo- en 1878 un « hit ». civile. À partir de 10 heures, les tidien français6 (fig. 6 et 7). diverses délégations (armée, garde Les ingrédients du succès ont été civile, anciens combattants de 1830, bien analysés dans le quotidien représentants communaux, guildes, L’EXEMPLE DE LA REVUE L’Indépendance belge, qui considérait provinces, gouverneurs, magistrats DES ÉCOLES EN 1878 la toile comme « […] la quintessence et autres invités officiels) se ras- DE JAN VERHAS de la modernité »8. Quand le tableau semblèrent au parc de Bruxelles et fut exposé pour la première fois à la dans les environs pour se rendre au Durant la période de « Cinquante­ lumière du cinquantenaire de l’indé- parc du Cinquantenaire par la rue naire-mania », la toile monumentale pendance, la parade des écoles de de la Loi, un périple de deux heures. La revue des écoles en 1878 du peintre 1878 apparaissait encore comme Toutes les délégations installées Jan Verhas a recueilli un vif intérêt une des cérémonies les plus réus- dans les tribunes, la famille royale (fig. 8). Le 22 août 1878, à l’occasion sies des dernières années. Sans fit son entrée. Elle fut accueillie par des noces d’argent du roi Léopold II oublier que le thème était d’une les présidents de la Chambre et du et de la reine Marie-Henriette, actualité brûlante en raison de la Sénat, les ministres, le président de quelque 23.000 élèves des écoles guerre scolaire. la Cour de cassation et le procureur bruxelloises ont défilé devant le général de cette instance. Suivirent couple royal place des Palais. Jan Le décor est très identifiable. Verhas une série d’allocutions en l’honneur Verhas, libéral et franc-maçon a peint la place des Palais avec vue du roi. apprécié dans les salons bourgeois, sur le Palais royal. Dans le public, on a représenté la parade des filles de aperçoit des personnalités comme les Le point culminant de la cérémonie l’enseignement officiel. Achevée hommes politiques Jules Anspach, fut le moment où les bourgmestres, en 1880 et présentée dans le cadre Charles Buls et les membres du les échevins et les représentants de l’Exposition historique de l’art conseil communal bruxellois. La toile des guildes et fraternités de tout le belge organisée à l’occasion de intègre aussi le portrait d’artistes en pays, brandissant leurs drapeaux, l’Exposition nationale de 1880 et de vue tels qu’Alphonse Balat et Louis étendards et bannières, accompa- l’inauguration du Musée moderne Gallait. Plutôt que des visages sté- gnés par l’orchestre et les chœurs, de Bruxelles, la toile connut un réotypés, les écolières arborent les se rendirent sur la plateforme juste franc succès public7. Ce n’était pas traits des filles des peintres Alfred devant la tribune royale pour saluer une commande publique. Verhas Stevens et Alfred Verwee ou de le souverain. Avant la clôture de la en avait pris lui-même l’initiative. l’homme politique Paul Janson. La cérémonie au son de la Brabançonne, Devant son retentissement, l’État présence des enfants a par ailleurs le roi prit lui aussi la parole. La belge s’empressa d’acheter l’œuvre. été considérée comme un signe de fête fut un succès retentissant. L’artiste avait gagné son pari, un modernité. Dans un souci d’élé- « Ceux qui ont vu Bruxelles le 16 pari calculé. Il avait en effet pensé à gance, le peintre a délibérément

046 Fig. 8 J. Verhas, La revue des écoles en 1878, 1880, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (huile sur toile, 241x432cm, inv. 2821) (© MRBAB, Bruxelles / photo: J. Geleyns - Art Photography). choisi de donner la primauté à l’élé- ment féminin. Un élément important sans aucun doute dans le succès de l’ouvrage auprès du public. Sur fond de guerre scolaire, il ne faut pas non plus négliger le message sous- Un lieu pour l’Art jacent : un meilleur accès des filles à l’enseignement, acquis politique du libéralisme pédagogique des Lumières.

LE CINQUANTIÈME ANNIVERSAIRE DE L’INDÉPENDANCE BELGE, Fig. 9 PENDANT DE LA REVUE J. Verhas, La Fête patriotique du 16 août 1880, ca. 1880, Musées royaux d’Art et d’Histoire DES ÉCOLES EN 1878 ? (esquisse à l’huile, inv. 2018.0077) (© MRAH).

Le journaliste de L’Indépendance par lesquelles vient d’être célébré connaître le succès : les uniformes, 2019 SEPTEMBRE - SPÉCIAL NUMÉRO - N°031 belge qui avait décrypté la recette le cinquantième anniversaire de les toges des magistrats, les éton- du succès de Verhas, réfléchissait notre indépendance. Nous voulons nants costumes des représentants dans le même article à un pendant parler de l’imposante cérémonie de certaines guildes, les drapeaux de l’œuvre de Jan Verhas : « Nous du 16 août qui a produit une si vive et bannières, enfin la physionomie demanderons à ce propos si, dans et si profonde impression sur tous des bourgmestres de village. les sphères gouvernementales, on ceux qui en ont été témoins. »9 Il a songé à consacrer, par un docu- énumère les éléments qu'un peintre Cette suggestion étant formulée dans ment pictural d’une réelle valeur, le de talent chargé de cette commande le cadre d’une critique élogieuse du

souvenir de la principale des fêtes devait intégrer dans sa toile pour travail de Verhas, on peut soupçonner BRUXELLES PATRIMOINES

047 Un lieu dans l'art

Fig. 10 C. Van Camp, esquisse rapide pour le Cinquantième anniversaire de l’indépendance belge, 1880, Musées royaux d’Art et d’Histoire (crayon sur papier, inv. 2018.006) (© MRAH, don de Th. Deprez).

Fig. 11 C. Van Camp, étude pour le Cinquantième anniversaire de l’indépendance belge, 1880, Musées royaux d’Art et d’Histoire (gouache et aquarelle sur papier, inv. 2015.1219.001) (© MRAH).

le journaliste d’avoir déjà le peintre sa main, nous est parvenue. On Cinquantenaire. Il a figuré la céré- à l’esprit lorsqu’il s’agira de sélec- peut y voir le clou de la cérémonie monie de façon allégorique10. tionner l’artiste à qui confier la com- du cinquantenaire, la salutation au mande officielle. Parallèlement, Jan roi (fig. 9). Il est clair que Verhas Il fallait immortaliser cette jour- Verhas a effectivement songé à don- n’est pas le seul à avoir eu cette née inoubliable sur la toile. Cela ner une suite à La revue des écoles idée. Xavier Mellery était lui aussi n’a pas pu échapper à Camille en 1878. Une esquisse à l’huile, de présent le 16 août 1880 au parc du Van Camp. On raconte que durant

048 Fig. 12 C. Van Camp, esquisse à l’huile pour le Cinquantième anniversaire de l’indépendance belge, 1880, War Heritage Institute de Belgique (huile sur toile, inv. 20500054a) (© WHI, photo : luc Van de Weghe).

les festivités, l’artiste s’affairait doute vu le tableau à l’Exposition détails de la scène. Il incorpora soi- déjà à tracer des croquis de ses historique de l’art belge, inaugurée le gneusement dans la composition Un lieu pour l’Art impressions (fig. 10). Rentré chez 1er août 1880. Cette même exposition les éléments évoqués par la presse lui, il représenta l’ensemble de la permettait aux visiteurs d’admirer La qui avaient conduit au succès de la tribune royale à l’aquarelle et la mort de Marie de Bourgogne, peinte toile de Verhas. La première étude gouache, en choisissant les cou- par Van Camp en 187812. L’État avait datée remonte à moins d’un mois leurs qui l’avaient le plus marqué11 acheté ce tableau, mais l’artiste ne après les festivités. Il s’agit d’un (fig. 11). Comme Verhas, Van Camp digéra jamais complètement cer- détail de la composition générale, décida de relater l’apothéose de taines critiques13. Plus que proba- réalisé à l’aquarelle et intitulé Roi la cérémonie : la présentation des blement encouragé par le succès de d’une guilde d’arbalétriers. L’étude drapeaux, étendards et bannières Verhas et armé des commentaires porte la date du 7 septembre 188014. au souverain. Les études prélimi- des critiques d’art, le peintre fit du Cette aquarelle annonce le futur naires (dont l’esquisse à l’huile Cinquantième anniversaire de l’indé- niveau de détail ainsi que le zèle citée plus haut) suggèrent que pendance belge sa dernière tentative avec lequel l’artiste allait s’atteler à l’idée initiale de Van Camp tradui- pour connaître le succès public. la tâche. Il fallait faire vite, si l’on ne sait dans une large mesure la com- voulait pas laisser la concurrence position définitive (fig. 12). prendre les devants. LE CONCEPT DU Il semble vraisemblable que le CINQUANTIÈME En mai 1881, à l’occasion de l’ex- peintre songeait déjà à vendre la toile ANNIVERSAIRE DE position de la Société royale des à l’État. Van Camp devait en effet, L’INDÉPENDANCE BELGE Aquarellistes, Van Camp présenta c’est incontestable, être au courant son grandiose projet devant un du succès immédiat de La revue des Camille Van Camp s’attela sans large public, sous la forme d’une

écoles en 1878. Il avait sans aucun tarder à préciser les nombreux aquarelle représentant une autre BRUXEllEs PAtRIMOINEs 2019 sEPtEMBRE - sPÉCIAl NUMÉRO - N°031

049 Un lieu dans l'art

CAMILLE VAN CAMP

L’artiste peintre Camille Van Camp colonie d’artistes de Barbizon en qu’il parvint à mobiliser la jeune (Tongres, 1834 - Montreux, 1891) . garde et à la mener à l’assaut des est né dans une famille anversoise citadelles en apparence impre- aisée. Cela lui a donné le loisir En 1868, la société artistique La nables de l’establishment artistique. d’exercer sa passion de l’art. Il a Société Libre des Beaux-Arts est fon- La nécrologie du peintre dans L’A r t reçu une formation à l’Académie dée chez Camille Van Camp. Cette Moderne le rappelle : « La mémoire royale des Beaux-Arts de Bruxelles association progressiste entendait de Van Camp reste unie a ces et séjourne régulièrement à Paris promouvoir un art plus libre et plus ardentes manifestations. Plus que pendant ses études. Durant l’été réaliste, à l’opposé des conventions son art, sa combativité l’aureole. »1 1859, Van Camp passe quelques académiques de l’époque. Van Camp semaines à Barbizon. Là, il assimile fut aussi le principal animateur du L’art de Camille Van Camp est un les idées de la nouvelle école pay- périodique L’Art Libre, publié en art situé dans le contexte du juste sagère française et du pleinairisme. 1871-1872. Avec le célèbre écrivain milieu, un art de son temps, géné- Après son retour, il devient un des et critique d’art Camille Lemonnier ralement admis par l’ordre établi. premiers à fréquenter l’auberge dans le rôle de rédacteur en chef, À ce titre, une peinture telle que le pour artistes In den Vos, à Tervueren, L’Art Libre était le porte-parole de la Cinquantième anniversaire de l’indé- où il peint en plein air comme à Société Libre des Beaux-Arts. pendance belge peut être considérée Barbizon. Van Camp s’était lié comme la synthèse des idées de d’amitié avec l’artiste Hippolyte Peintre paysager, Camille Van Camp l’auteur sur l’art. Boulenger, dont il fut le mécène et fut surtout connu de son vivant pour avec qui il s’installa à Tervueren en ses portraits, ses dames élégantes 1863. Il peut être considéré comme et la modernité tempérée avec NOTE un des fondateurs de l’école de laquelle il immortalisa ses sujets. Tervueren, l’équivalent belge de la Un de ses grands mérites fut aussi 1. « Camille Van Camp », L’Art Moderne, 11e année, n° 47, 1891, p. 374.

E. Lambrichs, Portrait des membres de la Société des Beaux-Arts, 1868, conservé aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (huile sur toile, inv. 3352). Le portrait du quatrième personnage assis à gauche est celui de Camille Van Camp (© MRBAB, Bruxelles / photo: J. Geleyns - Art Photography).

050 tion déplaît par les tons criards qui rappellent trop la gamme de nos couleurs nationales. »16 La critique visant la palette de couleurs sera réitérée en 1890, à la première pré- sentation de l’œuvre.

Le grand nombre d’études prépa- ratoires qui nous sont parvenues, essentiellement des aquarelles, montre que l’artiste attachait beaucoup d’importance à l’exécu- tion définitive ainsi qu’au degré de détail. Les Musées royaux d'Art et d'Histoire conservent aussi deux parties du carton à l’échelle17. Elles confirment la technique méticu- leuse de l’artiste. À l’été 1881, à l’approche du salon triennal qui se tiendra cette année-là à Bruxelles, la toile monumentale de Van Camp est annoncée à grand renfort d’ar- ticles de presse : « M. Van Camp […] a entrepris de fixer dans un cadre de grande dimension le souvenir de l’épisode le plus caractéris- tique de la fête nationale du 16 août 1880 »18. Mais ce n’était qu’une annonce, décrivant une compo- sition définie seulement dans les grandes lignes. L’absence au salon Un lieu pour l’Art de l’œuvre encore inachevée est déplorée : « Il est regrettable que cette œuvre n’ait pu être terminée à temps : d’autres s’inspireront d’idées analogues. M. Van Camp Fig. 13 paraîtra venir en seconde main »19. C. Van Camp, Souvenir de la fête patriotique du 16 août 1880, 1880 (aquarelle), coll. privée. Néanmoins, aucun autre artiste connu pour avoir nourri le même dessein ne semble avoir développé partie de la composition finale15. 1830. Le vieil homme est penché le thème de la fête patriotique du Ce détail, intitulé Souvenir de la sur sa chaise exactement dans la 16 août 1880 dans une œuvre d’art fête patriotique du 16 août 1880 pose qu’il adoptera plus tard sur monumentale.

(fig. 13), représente un groupe le tableau définitif, alors que, porté 2019 SEPTEMBRE - SPÉCIAL NUMÉRO - N°031 de cinq tireurs, en costume de la par ses fils, il fera allégeance au roi guilde, avec étendards et décora- des Belges depuis le premier rang. UN PORTRAIT DE LA tions. Le roi de la guilde, alourdi Malgré le ton patriotique et le désir NATION BELGE de médailles, porte le drapeau de d’immortaliser la grande fête de Needer-Heembeeck [sic.], tandis 1880, l’aquarelle n’est pas accueil- Outre l’événement central repré- qu’à l’avant-plan, le vétéran le plus lie sous les applaudissements. senté dans le cadre clairement connu, le Vieux Sauvelon, est repré- Un critique du périodique L’A r t reconnaissable du parc du senté assis, avec l’étendard des Moderne ne cache pas son manque Cinquantenaire, l’œuvre est domi-

anciens combattants de Fleurus de d’enthousiasme : « […] la composi- née par l’importance des nombreux BRUXELLES PATRIMOINES

051 Un lieu dans l'art

portraits, comme ce fut aussi le cas pour Verhas et sa Revue des écoles en 1878. Camille Van Camp a travail- lé avec une grande précision. Nous avons conservé des études prépa- ratoires de quelques personnages importants. Charles Buls, Charles Faider, Pierre-Philippe Bourson et Guillaume de Longé ont notamment posé dans l’atelier de Van Camp20. Dans certains cas, il semble bien que le peintre soit parti de photos officielles. La pose de Walthère Frère-Orban, et , par exemple, est quasi identique à leur portrait photogra- phique. Les raisons possibles sont multiples : il fallait aller vite pour achever la peinture avant le salon de 1881, certains (comme Charles Rogier) étaient trop âgés pour se déplacer aisément, et d’autres personnalités en vue n’avaient sans doute pas de temps à consacrer à de longues séances de pose. On raconte ainsi que Franz Servais s’est excusé de ne pas pouvoir se rendre dans l’atelier de l’artiste pour prendre la pose. Il s’y est cependant présenté à l’improviste pour faire immortali- ser son portrait21. Le Cinquantième anniversaire de l’indépendance belge ne se contente donc pas de commé- morer un important événement his- torique. C’est aussi un instantané où Fig. 14 C. Van Camp, étude d’une élégante, ca. 1881 (huile sur toile), coll.privée. apparaissent les figures éminentes de la Belgique de la Belle Époque. Une comparaison avec le Panorama l’événement. La composition finale Pourtant, comme les fillettes de La du siècle d’Alfred Stevens et Henri dispose ingénieusement les figures revue des écoles en 1878, l’artiste a Gervex n’est pas sans fondement. féminines sur la tribune d’honneur voulu de vraies séances de pose au à la fois pour guider l’œil du spec- cours desquelles les épouses des Pour donner à son ouvrage historique tateur vers l’événement central et politiciens ont joué les modèles. Il la modernité souhaitée et le lustre pour ménager un point de repos. s'agit, sans aucun doute, d'un choix indispensable, l’artiste a fait inter- L’étude méticuleuse des poses, la stratégique de Van Camp. Il espérait venir quelques élégantes, vêtues à charge dramatique et émotionnelle en effet que l’État achèterait sa toile. la mode. La méthode utilisée pour des personnages ressortent clai- On sait l’influence que les dames incorporer cet élément mondain rement des esquisses à l’huile que peuvent exercer en coulisses sur dans le développement de la com- l’artiste a consacrées à ces figu- leur époux… position est remarquable. Dans les rantes sans importance apparente premières esquisses, la fonction de (fig. 14). Contrairement à l’allure Camille Van Camp a aussi donné une la tribune d’honneur est essentielle- théâtrale des acteurs masculins, place dans la composition à sa propre ment dramatique. L’ensemble forme les femmes ne semblent pas faire femme Louise Van Overbeke, accom- une diagonale opposée à celle de l’objet de portraits dignes de ce nom. pagnée de leurs deux enfants22.

052 Cela implique que les portraits des cution prononcée par Léopold II dans d’autre qu’une esquisse, une toile enfants ont été ajoutés quelques la tribune royale resserre encore le inachevée, l’ombre de ce qu’elle années plus tard : Van Camp s’est lien avec l’événement. était appelée à devenir27. Même si marié en 1878. Sa fille Élisabeth est un critique a évoqué l’influence née en 1879, suivie en 1881 de son fils d’Édouard Manet pour expliquer Jacques Pierre Louis. Sur la toile, UNE TOILE INACHEVÉE cette allure d’esquisse, il semble les enfants ont déjà un certain âge. SANS DESTINATION logique que les autorités n’aient Ces éléments semblent confirmer pas souhaité acheter une toile que l’hypothèse selon laquelle l’artiste C’est seulement en 1890, quand la maints connaisseurs considé- aurait travaillé pendant dix ans sur santé de Camille Van Camp vacille, raient comme inachevée. À raison, son magnum opus. La présence de que le Cinquantième anniversaire de semble-t-il, au point que l’essence ses propres enfants et de quelques l’indépendance belge est exposé pour de la peinture s’est partiellement gamins dans le coin inférieur gauche la première fois au salon triennal de perdue. Parmi les portraits qui donnait à Van Camp l’occasion de Bruxelles. Malgré les félicitations de devaient faire la valeur historique de réagir à la critique positive adres- Léopold II à l’ouverture du salon24, l’ouvrage, beaucoup en sont restés sée à La revue des écoles en 1878. l’œuvre ne suscite pas l’enthou- à l’esquisse initiale et au tracé en C’est justement en mettant en scène siasme. Pire : les critiques d'art ne grisaille. Et en plusieurs endroits, des enfants que le peintre a répon- lui accordent d'autre mérite que sa l’ébauche est encore visible. du au désir de modernité de ses valeur documentaire. Contrairement contemporains23. Cela donne aussi à La revue des écoles en 1878 de une touche ludique à la cérémonie. Verhas, restée très actuelle depuis DON AU PALAIS Manifestement, Camille Van Camp a sa première présentation en rai- DE LA NATION tenté d’éviter la rigidité, un des prin- son de la guerre scolaire, l’élan cipaux reproches faits à La revue des en faveur du Cinquantième anniver- Après l’exposition posthume de écoles en 1878. saire de l’indépendance belge s’était l’œuvre de Camille Van Camp, le estompé depuis longtemps. Camille Cinquantième anniversaire de l’in- Enfin, dans le bas de la composition, Van Camp avait tout fait pour maxi- dépendance belge est resté en la vers le milieu, le peintre a représenté miser l’attrait de sa toile. Trop per- possession de la veuve de l’artiste. un groupe de membres du paysage fectionniste, il a manqué l’occasion En 1909, Paul Lambotte, directeur socioculturel de la Belle Époque d’exposer la peinture dès le salon de de l’Administration des Beaux-Arts, belge. Aux côtés d’artistes comme 1881. Le souvenir de la fête patrio- informait le Collège des Questeurs Un lieu pour l’Art Ernest Slingeneyer ou le compo- tique de l’année précédente aurait de la Chambre des Représentants siteur Franz Servais, on aperçoit encore été frais. que la veuve de Van Camp serait l’écrivain Camille Lemonnier et le disposée à faire don de la toile juriste, écrivain et mécène mécène Après le décès de Van Camp en monumentale. Il offrait une solu- Edmond Picard. Le grand collec- 1891, la toile monumentale a été tion au manque d’œuvres d’art du tionneur d’art Émile Joseph Lequime réexposée en 1892, cette fois dans Palais de la Nation, reconstruit par n’a pas été oublié. Le groupe intègre le cadre de la rétrospective pos- Hendrik Beyaert28 après l’incendie discrètement l’autoportrait de Van thume de l’œuvre du peintre. Le dévastateur de 1883. Le don fut Camp. Le dos tourné vers le spec- critique d’art Octave Maus a décla- officiellement accepté le 13 janvier tateur, ses dessins sous le bras, ré alors que, malgré le caractère 1910. À la demande de la donatrice, l’artiste est totalement absorbé par purement documentaire de l’ou- la peinture fut exposée dans l’es- l’événement. À côté de Van Camp, vrage, caractère qu’il ne contestait pace réservé aux visiteurs de la 29 on peut voir un homme en chapeau pas, il serait peut-être bon que Chambre . Des années plus tard (on 2019 SEPTEMBRE - SPÉCIAL NUMÉRO - N°031 buse. Il tient une feuille de papier l’État en fasse l’acquisition pour les ignore quand), la toile fut reléguée portant les mots suivants : « Les Musées royaux des Arts décoratifs dans un couloir sans prestige. En membres du Gouvernement provi- et industriels, l’actuel Musée Art & 1987, elle prit place dans l’ancienne soire et du Congrès ont eu foi dans Histoire, hébergé depuis 1888 dans salle de dactylographie, transfor- la sagesse du peuple belge. Ils l’ont les bâtiments du Cinquantenaire25. mée pour l’occasion en espace de hardiment doté des institutions les La décision d’achat ne fut pas prise. réception. C’est à cet endroit que plus [libérales] du monde et leur On ignore même si elle a jamais l’on peut encore l’admirer. con[fiance n’as pa]s été trompée ». été envisagée26. Nombreux étaient

Ce fragment de la mémorable allo- en effet ceux qui n’y voyaient rien Traduit du Néerlandais BRUXELLES PATRIMOINES

053 UN lIEU dANs l'ARt

UNE GALERIE DE CÉLÉBRITÉS

31 21 29 9 18 20 4 5 7 19 8 26 30 1 6 22 3 10 2 11 23 25 24 13 28 15 14 12 16

27

17

Camille Van Camp a intégré dans le 1. Léopold II de Belgique (1835- de la toile Non identifiés, à proximité du 1909), roi des Belges couple royal : Cinquantième anniversaire de l’indépen- 18. Mathieu Leclercq (1796- 2. Marie-Henriette d’Autriche 1889), homme politique libéral, Princesse Stéphanie de Belgique dance belge un grand nombre de portraits. (1836-1902), reine des Belges magistrat et membre du (1864-1945) Congrès national Le recours à diverses sources a permis de 3. Prince Baudouin (1869-1891), Princesse Clémentine de dresser une liste des personnalités repré- fils du comte et de la comtesse 19. Charles Rogier (1800-1885), Belgique (1872-1955) de Flandre homme politique libéral, un des Philippe de Belgique (1837-1905), sentées. Première source importante : la fondateurs de l’État belge 4. Walthère Frère-Orban (1812- comte de Flandre monographie de Simone Speth-Holterhoff 1896), homme politique libéral 20. Jules Malou (1810-1886), Marie de Hohenzollern- homme politique catholique à propos de Van Camp. Cette étude montre 5. Charles Graux (1837-1910), Sigmaringen (1845-1912), qu’elle avait accès aux archives du peintre, homme politique libéral, avocat 21. Jean Joseph Thonissen comtesse de Flandre et professeur (1816-1891), juriste et homme Henriette de Belgique (1870- tenues par Elisabeth Van Camp, la fille de politique catholique l’artiste1. Il s’agit donc d’une source parti- 6. Charles Faider (1811-1897), 1948), fille du comte et de la homme politique libéral et 22. Hélène Vautier (1844-1919), comtesse de Flandre culièrement fiable. Ensuite, dans les jour- procureur général près la Cour épouse de l’homme politique Joséphine de Belgique (1872- de cassation libéral, avocat et professeur naux et périodiques de l’époque, certaines 1958), fille du comte et de la Charles Graux descriptions de l’œuvre mentionnent des 7. Guillaume de Longé (1815- comtesse de Flandre 1890), président de la Cour de 23. Louise Van Overbeke, épouse Ministres d’Angleterre et noms. Enfin, on a conservé des études cassation de l’artiste peintre Camille Van d’Autriche Camp préalables de Van Camp, sur lesquelles il a 8. Désiré De Haerne (1804- Joseph-Émile Lequime (1802- 1890), prêtre, homme politique 24. Jacques-Pierre-Louis Van parfois identifié le modèle. 1886), médecin, professeur à catholique et inspecteur général Camp (°1881), fils de l’artiste l’Université libre de Bruxelles et de l’enseignement catholique peintre Camille Van Camp collectionneur d’art À partir de différentes descriptions de la 9. Jules Bara (1835-1900), 25. Élisabeth Van Camp (°1879), Caroline Corbisier, épouse homme politique libéral fille de l'artiste peintre Camille peinture, une série de personnes ont pu être de l’homme politique libéral Van Camp identifiées. Pour les autres, une recherche 10. Alexandre-Guillaume Nicaise et avocat Charles-Xavier (1827-1902), lieutenant-général 26. Victor Jacobs (1838-1891), Sainctelette nominative dans les représentations telles de l’artillerie juriste et homme politique Mme Jules Guillery, épouse de catholique que les photos officielles a permis une iden- 11. Pierre Van Humbeeck (1829- l’homme politique libéral 1890), homme politique libéral 27. Ernest Slingeneyer (1820- tification correcte. Cela dit, il ne faut pas Claire Hélène Orban (1815-1890), 1894), artiste peintre oublier que l'œuvre est inachevée. Dans ces 12. Charles Buls (1837-1914), épouse de l’homme politique homme politique libéral et 28. Baron Alfred van der libéral Walthère Frère-Orban conditions, il n'est pas possible de confirmer bourgmestre de Bruxelles Smissen (1823-1895), officier de Émilie Jaequemyns (1842-1906), l’armée toutes les identités. Il reste des noms (sur- 13. Franz Servais (1846-1901), épouse de l’homme politique tout de femmes) que l'on n'a pas pu établir compositeur et chef d’orchestre 29. Baron Louis de Gericke van libéral, juriste et diplomate Herwijnen (1814-1899), homme Gustave Rolin-Jaecquemyns 14. Pierre Philippe Bourson en l'absence d'autres portraits. politique catholique et diplomate (1801-1888), éditeur, notamment Comtesse Olympe Isabelle néerlandais de L’Observateur, La Revue d’Oultremont (1841-1909), dame trimestrielle et Le Moniteur belge 30. (1837-1922), de compagnie de la reine Marie- avocat et homme politique Henriette et épouse de Paul 15. Edmond Picard (1836-1924), NOTE catholique Edmond de Borchgrave d’Altena, juriste, écrivain et mécène diplomate et chef de cabinet du 31. (1829- 16. Camille Lemonnier (1844- roi Léopold II 1. SPETH-HOLTERHOFF, S., Camille Van Camp : 1912), homme politique 1913), écrivain et critique d’art 1834-1891, La Renaissance du Livre, Bruxelles, catholique, juriste et militant des 1952, p. 219-220. 17. Camille Van Camp (1834- droits humains, prix Nobel de la 1891), artiste peintre et auteur paix en 1909

054 NOTES 24. « Au jour le jour. Echos de la ville », Painting for Posterity: L’Indépendance belge, 17/09/1890. ’s Golden Anniversary 1. « Bulletin du Jour », Le Journal de 25. MAUS, O., « Exposition Van Recorded on Canvas Bruxelles, 11/01/1878. Camp », L’Art Moderne, 12e année, n° 46, 1892, p. 363. 2. Exposition nationale 1830-1880. Album commémoratif. Photographies de M. 26. Contrairement à ce que l’on When Belgium celebrated Fussen – Dessins de M. Armand Heins. peut lire dans DE MARCY, V., the fiftieth anniversary of its Texte de M. Franz Herla, Cie de Publicité « Couloirs du Parlement : un independence, in 1880, the et d’Émission, Bruxelles, 1882, s.p. tableau historique », La Meuse, 14/12/1911 et C. T., « Centennale government spared no expense 3. « Bulletin du Jour », in Le Journal de académique », L’Indépendance in ensuring the occasion was Bruxelles, 08/11/1878. belge, 02/12/1900 il n’y a jamais eu marked in fitting style. A large- 4. Bruxelles-Exposition, guide explicatif de commande publique, et l’État et illustré, Decq et Duhent, Bruxelles, n’a donc pas pu refuser l’œuvre. scale ‘National Exhibition’ was 1880, p. 180. 27. E. V., « Art. sciences et lettres. held on the site of the former 5. « Fêtes du Cinquantenaire », Le Journal Exposition Van Camp », Le Journal military exercise-ground on the de Bruxelles, 08/08/1880. de Bruxelles, 12/11/1892 : « […] Linthout plateau. Devoted to malheureusement le tableau n’est 6. « Nos correspondances (De notre pas à point : ce n’est qu’une grande industry and arts-and-crafts, the correspondant de Bruxelles) », La esquisse, où le peintre semble show featured a series of festive Presse, 17/08/1880. s’être découragé ». events, the grandest of which 7. 1830-1880. Catalogue illustré de 28. Archives de la Chambre des L’Exposition historique de l’Art belge et was the ‘Patriotic Gala’, held Représentants de Belgique, du Musée moderne de Bruxelles, Rozez- on 16 August. Besides securing dossier « Le Souvenir Baschet, Bruxelles-Paris, 1880, p. 18, de la Fête patriotique de wide coverage in the press, this n° 912. 1880. Cinquantenaire de gathering was committed to 8. XX, « Exposition historique de l’Indépendance », lettre de canvas for posterity by the painter l’Art belge VI (Dernier article) », Paul Lambotte au Collège des L’Indépendance belge, 27/10/1880. Questeurs, 09/11/1909. Camille Van Camp (1834–1891). 9. Ibidem. 29. Idem, Note du Collège des The article describes the genesis Questeurs, 13/01/1910 et lettre de 10. Deux projets en couleur font partie of this work, which depicted the Louise Van Camp-Van Overbeke d’une collection privée. high point of the event, when the à M. Catteau, chef du Collège des 11. SPETH-HOLTERHOFF, S., Camille Van Questeurs, 06/12/1909. king was greeted by the official Camp : 1834-1891, La Renaissance du delegations. It explains that Livre, Bruxelles, 1952, p. 129. the painter undertook the task 12. 1830-1880. Catalogue illustré, p. 205, on his own initiative, describes s.n. his meticulous preparation Un lieu pour l’Art 13. SPETH-HOLTERHOFF, S., op. cit, and execution of the painting, p. 125-126. identifies the source of his 14. Idem, p. 129. inspiration (Jan Verhas’s Parade of 15. XX, « Société des aquarellistes. Vingt the Schools in 1878), and recounts et unième exposition annuelle (suite et fin) », L’Indépendance belge, 09/05/1881. how, despite his best efforts, 16. « Peinture. Exposition des he was unable to persuade the aquarellistes. Second article », L’Art Belgian government to buy his ère Moderne, 1 année, n°. 9, 1881, p. 68. magnum opus which remained 17. Musée d’Art et d’Histoire, inv. unfinished. 2015.1219.009 et 2015.1219.010. 18. R., « Arts, sciences et lettres. Prochain Although the painting’s aesthetic Salon triennal », Journal de Bruxelles, 22/07/1881. qualities fell short when it came

19. Ibidem. to impressing the government 2019 SEPTEMBRE - SPÉCIAL NUMÉRO - N°031 of the day, the picture now has 20. SPETH-HOLTERHOFF, S., op. cit.,

p. 131. considerable value as a historical 21. Idem, p. 132. and art-historical document— not least because of the many 22. Idem, p. 160. prominent figures of Belgian 23. XX, op. cit. : « Mettre en scène des hommes de notre temps, c’est la society it depicts. modernité d’hier ; mettre en scène des enfants, c’est la modernité d’aujourd’hui ». BRUXELLES PATRIMOINES

055 COLOPHON

COMITÉ DE RÉDACTION ÉDITEUR RESPONSABLE Stéphane Demeter, Paula Dumont, Bety Waknine, directrice générale, Murielle Lesecque, Griet Meyfroots, Urban.brussels (Service public régional Valérie Orban, Cecilia Paredes, Bruxelles Urbanisme & Patrimoine) Brigitte Vander Brugghen Mont des Arts 10-13, 1000 Bruxelles

RÉDACTION FINALE EN FRANÇAIS Les articles sont publiés sous la Stéphane Demeter responsabilité de leur auteur. Tout droit RÉDACTION FINALE EN NÉERLANDAIS de reproduction, traduction et adaptation Paula Dumont et Griet Meyfroots réservé.

SECRÉTARIAT DE RÉDACTION CONTACT Murielle Lesecque Urban.brussels Mont des Arts 10-13, 1000 Bruxelles COORDINATION DU DOSSIER www.patrimoine.brussels Paula Dumont [email protected]

COORDINATION DE L’ICONOGRAPHIE CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES Julie Coppens Malgré tout le soin apporté à la recherche des ayants droit, les éventuels AUTEURS / COLLABORATION bénéficiaires n’ayant pas été contactés RÉDACTIONNELLE sont priés de se manifester auprès Werner Adriaenssens, Anne-Lise d’Urban.brussels. Alleaume, Jean-Marc Basyn, Amandine Berry, Guy Conde-Reis, Françoise LISTE DES ABRÉVIATIONS Cordier, Thomas Deprez, Paula Dumont, AVB – Archives de la Ville de Bruxelles Jacqueline Guisset, Pascale Ingelaere, CIDEP – Centre d’information, de Christophe Loir, Irène Amanti Lund, documentation et d’étude du patrimoine Cristina Marchi, Marc Meganck, Griet KIK-IRPA – Koninklijk Instituut voor het Meyfroots, Eric Min, Valérie Montens, Kunstpatrimonium / Institut royal du Marie Noble, Valérie Orban, Cecilia Patrimoine artistique Paredes, Christian Spapens, Septembre MRAH Musées Royaux d’Art et Histoire Tiberghien, Véronique Van Bunnen, MRBAB – Musées royaux des Beaux- Brigitte Vander Brugghen, Peter Van Arts de Belgique Goethem MVB - Musée de la Ville de Bruxelles PBA - Palais des Beaux-Arts RELECTURE STIB/MIVB - Société des Transports Martine Maillard, Margaret Clarke Intercommunaux de Bruxelles/ et le comité de rédaction Maatschappij voor Intercommunaal TRADUCTION Vervoer te Brussel Gitracom, Ubiqus Belgium NV/SA WHI - War Heritage Institute

GRAPHISME ISSN Polygraph’ 2034-578X

CRÉATION DE LA MAQUETTE DÉPÔT LÉGAL The Crew communication sa D/2019/6860/013

IMPRESSION Dit tijdschrift verschijnt ook in het Nederlands Graphius Brussels onder de titel “Erfgoed Brussel”. DIFFUSION ET GESTION DES ABONNEMENTS Cindy De Brandt, Brigitte Vander Brugghen [email protected]

REMERCIEMENTS Les familles Sergysels et Spanoghe, Manon Brotcorne, Virginie Luel, Thierry Mondelaers, Sandrine Tielemans, Stéphane Vanreppelen Déjà paru dans Bruxelles Patrimoines

001 - Novembre 2011 010 - Avril 2014 021 - Décembre 2016 Rentrée des classes Jean-Baptiste Dewin Victor Besme

002 - Juin 2012 011-012 - Septembre 2014 022 - Avril 2017 Porte de Hal Histoire et mémoire Art nouveau

003-004 - Septembre 2012 013 - Décembre 2014 023-024 - Septembre 2017 L’art de construire Lieux de culte Nature en ville

005 - Décembre 2012 014 - Avril 2015 025 - Décembre 2017 L’hôtel Dewez La forêt de Soignes Conservation en chantier

Hors série 2013 015-016 - Septembre 2015 026-027 - Avril 2018 Le patrimoine écrit notre histoire Ateliers, usines et bureaux Les ateliers d’artistes

006-007 - Septembre 2013 017 - Décembre 2015 028 - Septembre 2018 Bruxelles, m’as-tu vu ? Archéologie urbaine Le Patrimoine c’est nous !

008 - Novembre 2013 018 - Avril 2016 Architectures industrielles Les hôtels communaux

009 - Décembre 2013 019-020 - Septembre 2016 Parcs et jardins Recyclage des styles

Derniers numéros

Hors-série - 2018 029 - Décembre 2018 030 - Avril 2019 La restauration Les intérieurs historiques Bétons d’un décor d’exception

15 €

ISBN 978-2-87584-181-0 9 782875 841810