EFFET L OO P SUR... Le

(Au Pirée, marché de poisson - 1937 - Photo : X.D.R)

« Je suis dans la brume sans éclaircie, Mes larmes coulent comme de la pluie. Tels qu’on est partis, demain on mangera, mon ami, Moi le pain en taule, et toi les pissenlits. »

(Extrait d’une chanson de V. Tsitsanis « Je paye les yeux » - 1949 (Traduction : M. Volkovitch) BLABLA

etit Lexique à l’usage de ce cocktail musical explosif composé de bourgeois déchus chassés de Smyrne et de mauvais garçons issus de l’hypocosmos (bas-fonds) du P Pirée : Rébétiko (pl. rébétika) : Το ρεμπέτικο ou chant rébétique : Ρεμπέτικο τραγούδι (rébétiko tragoudi ). Le rébète ou Rebetis (pl. Rebetès) : ο Ρεμπέτης (pl. οι Ρεμπέτες) : musicien, chanteur de rébétiko, se dit plus volontiers un « mangkas », μάγκας (pl. mangkès, μάγκες), décliné au féminin : la Rebetissa (η ρεμπέτισσα), au féminin pluriel les rebetisses (οι ρεμπέτισσες) et mangkissa (μάγκισσα). L’origine du mot est obscure. En grec moderne, « rébète » signifie rêveur, voyou, roublard, vif et en argot, mener une vie de vagabond, errer. (Cf. la racine « reb » du grec ancien : rembo, ρέμβω = tourner, errer çà et là, avoir l’esprit inquiet, planer).1 Signalons aussi qu’en turc ancien, rembet fait allusion à ce qui relève des gouttières, des bas-fonds…

« LA GRANDE CATASTROPHE » e rébétiko est le genre majeur de la musique populaire grecque contemporaine. Il est le fruit d’une période tragique de l’histoire de cette communauté. Au même titre que le tango, le blues, le fado il s’agit d’une musique urbaine issue des milieux populaires pauvres qui traduit Lla difficulté de l’existence, les incertitudes politiques et le désenchantement. Il évoque également les amours malheureuses, le monde des tavernes et des bordels, la faim et la drogue. Provenant en partie de la musique traditionnelle démotique2, le rebétiko associe d’autres styles issus des musiques urbaines grecques, qui sont aussi des rythmiques de danse (zeimbekiko, hassapiko, tsifteteli, khassaposerviko…) Tout commence vers le milieu du XIXème siècle lorsque la Grèce devenue indépendante depuis 1830, entre dans l’ère de l’urbanisation. Les faubourgs des villes accueillent des populations pauvres, aux activités plus ou moins frauduleuses. Ces démunis et autres hors-la-loi, appelés mangès, se retrouvent autour d’une musique populaire urbaine qui décrit leur mode de vie, le monde de la prison surtout et dont l’un des styles les plus importants est le Piraïotiko, du nom de la ville du Pirée. Au début du XXème siècle, la Grèce va rencontrer une série de bouleversements politiques majeurs. Depuis l’indépendance du pays, les gouvernants n’ont de cesse de vouloir récupérer les territoires voisins où vivent une grande majorité de Grecs (Macédoine, Epire, Thrace, Thessalie…). La politique extérieure est en effet régie par ce qui est appelé le « grand hellénisme ».

Komboloï grec (Photo : X.©)

1 In Dictionnaire grec-français A. Bailly, p.1715 - Hachette, 1950/1989 et l’ouvrage d’Eleni Cohen « Rébètiko, un chant grec », p.11-12 2 La musique démotique englobe les musiques traditionnelles rurales. 2 Cet objectif va traverser tous les conflits du début du siècle dernier, des guerres balkaniques (1912-1913) à la 1ère Guerre Mondiale, en passant par le conflit gréco-turc qui se durcit au lendemain de l’armistice. Malgré des accords conclus entre la Grèce et les Alliés sur une partie des territoires convoités, le conflit se poursuit militairement avec la jeune République Turque de M. Kemal. Ceci aboutit à la fameuse tragédie d’octobre 1922 lorsque la souveraineté de la Turquie sur l’Asie Mineure est entérinée. Cet événement entraîne le départ forcé de la communauté grecque qui y est établie depuis 3000 ans. Les grandes cités comme Smyrne (l’actuelle Izmir, habitée alors par 60% de Grecs) et Constantinople (l’actuelle Istanbul) sont particulièrement touchées par cet exil.

Dans ces villes cosmopolites, et à l’instar des autres groupes ethniques, la communauté hellène avait conservé sa culture et créé au fil du temps un style musical propre, précurseur du futur rébétiko, appelé smyrneïko, qui emprunte également des éléments aux communautés voisines (turque, italienne, arménienne, slave, juive, tsigane, albanaise etc.). Ce style est joué dans des cafés à l’ambiance orientale, similaires à ceux qui se trouvent dans les grandes villes grecques. Les Grecs vont s’expatrier en Amérique, en Europe de l’Ouest ou en Russie3. Mais un million et demi de ces réfugiés vont retourner dans leur patrie d’origine. Or, la plupart de ces Grecs d’Orient ne partagent pas la même culture hellène que les Grecs autochtones. Par ailleurs, la Grèce qui connaît un essor urbain conséquent depuis la fin du 19ème siècle, doublé d’instabilités politiques et économiques, n’est pas en mesure d’accueillir convenablement tous ses compatriotes4. Du côté des réfugiés, la situation est particulièrement difficile. Beaucoup d’entre eux, originaires du sous-prolétariat mais aussi de la bourgeoisie, vont grossir les rangs de la classe ouvrière naissante. Bien souvent, ils se retrouvent au chômage ou doivent accepter des travaux subalternes. Certains d’entre eux rejoignent le milieu de la contrebande, du trafic de drogues, d’autres survivent de rapines. Quoiqu’il en soit, ils subissent rejets et discriminations de la part des autochtones. La majorité d’entre eux s’installe dans les grandes villes de la Grèce (Athènes, Le Pirée qui triple son nombre d’habitants en quelques mois, Salonique, Patras…). Leurs points de chute sont les faubourgs et les ports, où ces nouveaux arrivants côtoient le sous-prolétariat local. Ce contexte de crise politique et ce creuset social urbain vont modeler un style musical propre à exprimer l’exclusion, les souffrances du quotidien, tout ce qui est réuni dans le kaïmos5.

« Aman, Aman... »

Vassilis Tsitsanis (Photo : X.D.R)

Le « blues grec » interprété par les rébètes, va adroitement mêler la musique des marginaux originaires d’Anatolie à celle pratiquée par les mauvais garçons des quartiers pauvres du Pirée et d’Athènes : le rébétiko est né.

3 Au même moment, la communauté turque vivant dans le Nord de la Grèce est contrainte de retourner en Turquie. 4 Une partie des réfugiés est installée sur les plages et même dans des loges de théâtre… Cf. Georges Contogeorgis, « Histoire de la Grèce » - Collection Nations d’Europe, Hatier 1992, p.395). 5 Mot grec difficilement traduisible exprimant la nostalgie, la douleur, le vague à l’âme…

3 « AVEC LE VIOLON ET LE SANDOURI LES DIABLES DANSERONT… »6 ette chanson des rues va fleurir dans les cafés des bas-fonds des cités. Les déracinés les fréquentent assidûment pour se délester un temps des misères de la vie, en buvant de l’alcool, en fumant du haschich au son des rébétika. CDeux types de cafés sont les principaux repaires du rébétiko. Le café aman, à l’atmosphère très orientale, se développe près du port du Pirée; il est le lieu de prédilection des exilés de tout poil. Il offre à son public un répertoire plus cosmopolite que ne le font la plupart des autres cafés dans lesquels on entend une musique d’influence plutôt européenne. Les chants qui s’y pratiquent, appelés amani (sing. amané) favorisant l’improvisation, sont scandés par le mot intraduisible aman. Le second antre du rébétiko est le téké (ou dounia). À l’origine, il s’agit du nom du lieu où officient les derviches turcs. Ce terme, dans la bouche des rébètes, finit par désigner une taverne, accueillant des musiciens chaque soir. Une estrade est installée ainsi qu’une petite piste de danse. Elle permet au public de consommer librement du haschich, vendu sur place.

Les rébètes investissent ces endroits et peuvent y rencontrer à loisir leurs homologues pour jouer, chanter et danser toute la nuit. Dans ces lieux où se retrouve une faune bigarrée, leur répertoire va rapidement s’enrichir de nouvelles influences. Les instruments utilisés témoignent du mixage culturel et du carrefour musical qu’est le rébétiko. On y entend le violon, le outi (oud grec), le sandouri (instrument à cordes frappées muni d’un cadre en bois rectangulaire qui ressemble au dulcimer), la lyre, le kanoun (sorte de cithare, tenu horizontalement sur les genoux), le baglama (instrument à cordes d’origine byzantine proche du , et déjà pratiqué en Asie Mineure) et le tsoura (intermédiaire entre le baglama et le bouzouki).

Plus tard, la guitare et l’accordéon intégreront cet ensemble. Mais l’instrument roi du mankgas est incontestablement le bouzouki. Cet instrument à cordes pincées de la famille du luth, est joué avec un plectre. Il possédait traditionnellement trois paires de cordes avant que n’apparaisse le bouzouki tétracorde (à quatre doubles cordes). Il demeure l’instrument de musique emblématique du rébétiko. À leurs côtés, interviennent souvent un tambourin (touberleki) et des castagnettes en métal (zilias) qui rythment le chant et sont principalement utilisés par les femmes.

© David Prudhomme / Futuropolis - 2011

6 In Chanson « Chez Thomas » tirée du film « Rébétiko » de K. Ferris (p : K. Ferris / m : S. Xarhakos ; traduction : F. Kafetzopolou) 4 L’improvisation instrumentale joue un très grand rôle dans la musique rébétique notamment dans les introductions (taxims) qui ne subsistent malheureusement guère lors des enregistrements. La danse est également essentielle et se pratique avant tout pour soi comme le précise J. Lacarrière7. Une des plus prisées est le zeimbekiko, dont la chorégraphie protéiforme doit beaucoup elle aussi, à l’improvisation. Elle est censée illustrer toutes les facettes de l’existence, des plus tristes aux plus gaies. Il existe aussi d’autres rythmes de danse, le hassapiko et le tsiftétéli pratiqué plutôt par les femmes. L’usage des drogues, l’ouzo et le retsina favorisent l’exécution de nouveaux jeux chorégraphiques et d’ornementations vocales surtout lorsque la mastoura (l’ivresse) est atteinte… L’auditoire peut participer comme bon lui semble et les chansons sont souvent ponctuées de mots, d’interjections appelées tsakismata. Concernant le chant, la voix rauque des hommes et des femmes est à l’honneur. Les chansons qui sont interprétées en grec vont se mâtiner d’un langage argotique émergeant des bas-quartiers. Les thèmes qui y sont abordés vont subir quelques transformations : les histoires villageoises d’origine vont faire place à de nouvelles préoccupations. L’urbanité en est la trame principale. On y chante la grande ville où l’individu s’égare et doit affronter une existence pétrie de violence, entre déracinement, pauvreté, prostitution, prison et drogue. Les thèmes de la mère, des amours chaotiques, des amitiés indéfectibles, de la mort sont également récurrents.

L’ostracisme qui frappe les rébètes colore également les textes des chansons. Certaines prennent une tournure « politisée » en ironisant sur la bourgeoisie, les forces de police et les dérives politiques des dirigeants. Pour toutes ces raisons, les rébètes sont victimes de fréquentes répressions policières, notamment sous la dictature d’I. Metaxas (de 1936 à 1941). Un bon nombre d’entre eux sont régulièrement arrêtés, ce qui n’empêche pas certains musiciens de composer même en prison. Pour se faire et sans risquer de trop attirer l’attention de leurs gardiens, ils fabriquent des instruments de fortune de très petite taille comme le baglama afin d’accompagnerles mourmourika, chansons spécifiquement écrites pour décrire et supporter l’incarcération. En règle générale, les classes supérieures affichent un profond mépris pour cette musique et leurs interprètes. Cependant, certains bourgeois viennent s’encanailler dans les tavernes où se produit la fine fleur du rébétiko. Ces mêmes tavernes qui deviendront sous la Grèce des colonels, d’importants lieux de résistance.

© David Prudhomme / Futuropolis - 2011

7 In J. Lacarrière / M.Volkovitch « La Grèce de l’ombre », p.10 (Le Miel des Anges - 1999) 5 LES GRANDS REBELLES ême si un certain nombre d’amateurs estiment que les plus grands rébètes demeurent d’illustres inconnus n’ayant, de surcroît jamais enregistré, Mquelques figures incontournables de la vaste famille des mangkès doivent être néanmoins mentionnées. , originaire de l’île de où un musée lui est consacré, est un incomparable chanteur et joueur de bouzouki. Il est également un talentueux parolier dont les sujets évoquent la drogue et la vie de vagabond. Il reste le principal représentant du style dit du Pirée, tandis que l’école de Smyrne est elle, incarnée par le musicien et chanteur Panayiotis Toundas. Au sein du Quartette du Pirée, Vamvakaris joua en compagnie d’Anestis Delias, Stratos Pagioumtzis et Yiorgos Batis, joueur de baglama. , quant à lui, a su tout à la fois respecter la tradition et l’enrichir de nouveaux thèmes. Son grand talent d’improvisateur au bouzouki est très apprécié. Markos Vamvakaris Ses chansons couvrant toute la première moitié du 20ème (Photo : X.D.R) siècle, évoquent aussi bien les thèmes habituels du rébétiko que des sujets plus personnels; elles dénonceront également les divers bouleversements politiques auxquels est confrontée la Grèce durant cette période (dictature de Metaxas, 2ème guerre mondiale, nazisme…), tout comme un autre mangkas réputé, Genitsaris, Tsitsanis est un des rébètes qui a permis au genre de se faire connaître au-delà de ses frontières naturelles. Enfin, le musicien et chanteur Yannis Papaïoannou, dont beaucoup de chansons sont devenues des classiques, sut rester fidèle au jeu rébétique d’origine au-delà des années 1950. N’oublions pas de mentionner deux violonistes de talent appartenant au style de Smyrne, Yianis Dragatsis et Dimitris Semsis. Ajoutons à ces noms ceux, légendaires de Schizas, un voleur qui d’un seul coup d’œil ouvrait les cadenas ou encore Tsakitzis, sorte de Robin des Bois qui distribuait son butin aux pauvres….8 Le monde du rébétiko est majoritairement masculin. Toutefois, des femmes vont investir ce milieu vers la fin des années 30 et connaître une très grande renommée. Il existe quelques compositrices rébétisses mais la plupart sont interprètes. La légende du rébétiko féminin est sans conteste , dont le film de Costas Ferris retrace en partie la vie tumultueuse et sans compromis. Elle s’accompagnait à la guitare et enregistra une célèbre chanson de Tsitsanis et Gouveris « Dimanche Nuageux », dont les paroles condamnent l’Occupation de la Grèce durant la 2ème Guerre mondiale. Dans ce Panthéon rébétique, citons aussi la chanteuse Rosa Eskenazi, originaire de Constantinople qui eut une carrière internationale. Elle est une grande représentante du style de Smyrne tout comme Rita Abatzis, . Émigrée aux U.S.A cette dernière est l’une des premières femmes à avoir enregistré, enfin, n’oublions pas de mentionner Marika Ninou, qui interpréta aussi bien du rébétiko que du laïko.9

8 In Philippe Zani, livret de l’album L’Orient des Grecs, p.5 - Buda Musique 2005 9 Laïko : Style de chanson populaire apparue dans les années 1950 lorsque le rébétiko s’essoufflait. 6 L’APRÈS RÉBÉTIKO ers la fin des années 1950,le laïko et l’entechno10 vont succéder au rébétiko sans toutefois, l’escamoter totalement, et ce, malgré les périodes de censure. Pour autant, le rébétiko, musique des marginaux et des exclus, jugée vulgaire par certains, suscite encore un sentiment Vde mépris ou bien laisse dubitatif. Beaucoup de Grecs ont eu en effet du mal à l’accepter comme un pan essentiel de leur culture. Le compositeur Manos Hadjidakis qui éprouvait une certaine méfiance à son égard finit tout de même par reconnaître son importance au sein de la culture musicale grecque. Ce malaise s’illustre aussi de façon paradoxale, dans la mode qui envahit la chanson grecque dès les années 1960. De nombreux chanteurs de variétés plus ou moins talentueux et peu soucieux d’authenticité interprètent un ersatz de rébétiko. Quelques rébètes encore vivants se plaignent alors de cette perte d’âme, tel Tsitsanis qui les qualifient de « mangkès d’eau douce ».11 « Et tout l’Enfer s’enflamma 12 Au bouzouki, au baglama… »

Depuis le début des années 1990, et encore nos jours, cette édulcoration de la chanson rébétique provoque des réactions au sein d’une jeunesse curieuse de son patrimoine. Dans cet esprit de reconnaissance, de jeunes Grecs rejettent le bouzouki tétracorde pour lui préférer celui à 3 doubles cordes (trichorde) qui permet l’obtention d’un son « modal » jugé plus proche du rébétiko des origines et de ses racines musicales ottomanes. Un mouvement un peu loufoque qui se réclame de l’esprit Dada s’est d’ailleurs créé en Grèce, la « branche dure » en quelque sorte, des passionnés de rébétiko. Il s’agit du « Mouvement Radical pour la Déchiotification du Rébétiko et la dététracordisation du bouzouki » ! 13. Ils préconisent de rayer ou de briser les CD du musicien honni , jugé responsable de l’affadissement du rébétiko et de couper les cordes « superflues » des

Logo du mouvement D.R.D.B (Photo : X. ©)

10 Entechno : « chansons à texte » dont les deux principaux représentants sont M. Theodorakis et M. Hadjidakis. Des poèmes de Seferis, Cavafy ou bien Elytis y sont mis en musique. 11 Expression citée par Eleni Cohen dans son histoire du rébétiko (Voir la rubrique Surfer) 12 Extrait d’une chanson de Papaïoannou « Cinq Grecs dans l’Hadès » 1947 (traduction J. Lacarrière) 13 Déchiotification : du nom du musicien Manolis Chiotis à qui l’on attribue l’invention du bouzouki à 4 paires de cordes et qui a le premier électrifié l’instrument. Dététracordisation : référence au bouzouki tétracorde qui permet de jouer des gammes en majeur. (Voir la rubrique Surfer) 7 Dans un autre ordre, certains musiciens actuels s’appliquent à jouer un répertoire respectueux de l’esprit rébéte comme Nikolas Syros et Stelios Vamvarakis, fils du célèbre rébéte. Le chanteur Yiorgos Dalaras a consacré quant à lui, un album hommage au genre et des chanteuses comme Haris Alexiou, Glykeria ou encore Nena Vennetsanou ont intégré des chants rébétiques à leur répertoire. En France, le groupe Sex Drugs & Rébétiko qui prône un rébétiko punk remet en lumière toute la saveur rebelle et marginale des rébétika… Actuellement le marseillais d’origine grecque, Johan Papaconstantino introduit le bouzouki et des clins d’oeil au rébétiko dans ses chansons.

Pour finir, n’oublions pas de mentionner l’apport des émigrants grecs aux États-Unis qui ontsu conserver la tradition de ce chant en réalisant plusieurs enregistrements destinés à le faire connaître auprès d’un plus large public ainsi que les travaux d’, écrivain et poète libertaire grec. Il est l’un des premiers à avoir réalisé un remarquable travail sur l’histoire du rébétiko. comme par la suite le feront Eleni Cohen et Gail Holst. Le rébétiko n’en finit pas de susciter des débats passionnés en Grèce comme dans d’autres contrées où ses aficionados tentent de le faire mieux connaître par le biais de spectacles et de conférences.

Né d’une période historique houleuse, créé par des individus en rupture de ban, il a accompagné l’histoire mouvementée de la Grèce du siècle dernier. Ces facteurs ont déterminé sans nul doute les réactions ambiguës qu’il a pu engendrer.

Cependant, au-delà des conflits d’opinions, et grâce aux précieux enregistrements d’époque, l’essentiel est de pouvoir apprécier encore aujourd’hui, la qualité de tous ces chanteurs et musiciens rebelles qui ont su apporter avec rage et talent leur pierre à l’édifice de la musique populaire.

Couronnement bien mérité, le rébétiko a été inscrit en 2017 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité créée par l’U.N.E.S.C.O comme «tradition musicale vivante avec un fort caractère symbolique, idéologique et artistique ».

Dimitrios Sémsis, Agapios Tombulis, (Photo : X. ©) 8 À LA MÉDIATHÈQUE

ÉCOUTER CAPOSSELA Vinicio : Rebetiko gymnastas 075 CAP IONATOS Angélique : Reste la lumière 077 ION Mia thalassa 077 ION Comme un jardin dans la nuit 077 ION HADJIDÀKIS Mànos : Jamais le dimanche (Never on sunday) - B.O.F 520 NEV MARIA SIMOGLOU ENSEMBLE : Minore manès – Rebetica songs of Smyrna 077 SIM PAPAS Irène : Sirtaki 077 PAP REMBETIKA : Greek music from the underground 077 ANT SFETSAS Kyriakos : Greek fusion Orchestra vol. 1 170 SFE Greek fusion Orchestra vol. 2 170 SFE THEODORAKIS Mikis : All time greatest hits 077 THE TSITSANIS Vassilis : Hommage à Tsitsanis 077 TSI WOMEN OF REMBETIKA : 077 ANT

LIRE Livres ANTHOLOGIE DE LA POESIE GRECQUE : 841 ANT CASTELLAN Georges : Histoire des Balkans XIVème – XXème 949.6 CAS CONTOGEORGIS Georges : Histoire de la Grèce 949.5 CON COSTA-GAVRAS Konstantinos : Va où il est impossible d’aller (Mémoires) 791.43 COS KAZANTZAKIS Nikos : Alexis Zorba R KAZ EUGENIDES Jeffrey : Middlesex R EUG LACARRIERE Jacques : L’été grec 910.4 LAC LACARRIERE Jacques : Dictionnaire amoureux de la Grèce 938 LAC LACARRIERE J./ VOLKOVITCH M. : La grèce de l’ombre 789 VOL (Anthologie des chants rébétika) MAVROEIDAKOS Clio : La Grèce d’hier et de demain 914.95 MAV MUSIQUES DU MONDE EN QUESTION Les : 789.813 ANT TAYLOR J. / VOLKOVITCH M. : La Grèce de l’ombre Vol.2 789 VOL VASSILIKOS Vassilis : Le journal de Z R VAS VEINSTEIN Gilles (Dir.) : Salonique 1850-1918 949.5 SAL VIVIER Frédérique : La Grèce 914.95 VIV Bandes dessinées PRUDHOMME David : Rebetiko (La mauvaise herbe) BD PRU « Planque mon herbe, ma sœur, va chercher de l’herbe, quand nous sommes défoncés ensemble, un bouzouki est tout ce dont j’ai besoin. »

9 (Markos Vamvakaris - 1935) SURFER http://www.rebetiko.gr (site grec consacré au rébétiko) http://www.rebetikobiblio.blogspot.com (Site de la pianiste Eleni Cohen) http://rebetiko.org (site du Mouvement radical pour la D. R. D. B) http://perso.orange.fr/ilios/musique/rebetiko (site sur la Grèce dont une partie est consacrée au rébétiko et au film « Rébétiko ») http://www.tousauxbalkans.net/Catégorie:Rebetiko http://bderebetiko.blogspot.com (Blog de l’auteur de BD David Prudhomme) https://www.franceculture.fr/emissions/continent-musiques-dete-multidiffusion/ghetto-blaster-la- musique-des-bas-fonds-25-grece-le https://www.francemusique.fr/emissions/l-autre-bout-du-casque/le-rebetico-la-musique-des-bas- fonds-dans-la-grece-des-annees-20-16675 https://www.lesinrocks.com/2013/08/02/musique/musique/le-rebetiko-nouvel-eldorado-des-ar- cheomusicologues/ https://ich.unesco.org/fr/RL/le-rebetiko-01291 https://www.info-grece.com/music-style/rebetiko http://www.grecehebdo.gr/index.php/actualites/culture/2344-le-r%C3%A9b%C3%A9tiko-,-patri- moine-culturel-de-l%E2%80%99humanit%C3%A9 http://autres-rivages.com/2018/rebetiko-1985.htm https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00881019/file/these_-_P.Anagnostou.pdf (P. Anagnostou : Les représentations de la société grecque dans le rébétiko)

Bouzouki trichorde (Photo : X. ©)

Baglama (Photo : X. ©)

10 VOIR Sur le net ! CACOYANNIS Michaël : Zorba le grec CAC FERRIS Kostas : Rebetiko (1983) Disponible intégralement sur Youtube (Sous-titrage en anglais) : https://www.youtube.com/watch?v=EHpwyETGq4c KUNSTLER Thomas : Rembetiko https://www.youtube.com/watch?v=ptyWXEkSs7k (Court-métrage animé sur le rébétiko)

Sex, Drugs & Rebetiko (2009)

Groupe de réfugiés (Photo : X.D.R)

11 LA PLAYLIST

Theodoro EVANGELOUDIS : Rebetiko musique et danse 1 : https://www.youtube.com/watch?v=9yfpnJgR4A4 Vassilis TSITSANIS : Live Performance at The Music Writes Story (1972) : (À partir de la 17ème mn environ jusqu’à 24mn 22s environ ) https://www.youtube.com/watch?v=NYdAE2YXz6g Vinicio CAPOSSELA : Rebetiko mou : https://www.youtube.com/watch?v=AW1IaEMeQ7A SEX DRUGS & REBETIKO : Stis Athinas tis omorphies : https://www.youtube.com/watch?v=FLs69Dh3hII Rosa ESKENAZI : Rebetiko (avec Haris Alexiou) : (À partir de 6mn 33s jusqu’à 9mn 38s) https://www.youtube.com/watch?v=4EhTOZvuGjI Markos VAMVAKARIS : Atakti : https://www.youtube.com/watch?v=a5R9iUiVMj8 Angélique IONATOS : Kanis edo den Tragouda : https://www.youtube.com/watch?v=o2ox-8ggkw0 CHERCHEZ LA FEMME : Cherchez la Femme : https://www.youtube.com/watch?v=zrgb8G7_xYQ Johan PAPACONSTANTINO : J’aimerai : https://www.youtube.com/watch?v=aABsXoQ1kDI Marika NINOU : To monopati : https://www.youtube.com/watch?v=9GvpVy5vP48 Stelios VAMVAKARIS : O ametanoêtos : https://www.youtube.com/watch?v=5JceBxt1lfg Dick DALE & THE DEL TONES : Misirlu : https://www.youtube.com/watch?v=ZIU0RMV_II8

12