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Séquences La revue de cinéma

Vie et mort d’un festival (Cannes 1968) Léo Bonneville

Le cinéma imaginaire I Number 54, October 1968

URI: https://id.erudit.org/iderudit/51642ac

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Publisher(s) La revue Séquences Inc.

ISSN 0037-2412 (print) 1923-5100 (digital)

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Cite this article Bonneville, L. (1968). Vie et mort d’un festival (Cannes 1968). Séquences, (54), 32–40.

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Rouges et Blancs, de Miklôs Jancso Vie et wrt

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Léo Bonneville

Pour sa majorité, le XXIe Fes­ te le vent). Soirée fort brillante, tival international du film de Can­ d'une longueur exceptionnelle et nes avait inscrit au programme qui renouait avec l'histoire du ci­ d'ouverture le plus célèbre des néma. Après un tel départ, La com­ films de tous les temps, Gone pétition pouvait commencer, les with the wind (Autant en empor- critiques se mettre à l'oeuvre. 32 SÉQUENCES 54 L'auteur Michael Same se con­ tente de nous faire rire des mésa­ Douze longs métrages venant de ventures de Joanna. sept pays différents allaient se Clive Donner, avec Here we go succéder durant la première se­ round the Mulberry Bush (Trois maine. Semaine agréable, intéres­ petits tours et puis s'en vont), sante, sans grand éclat toutefois. nous amuse également beaucoup. Films exprimant la violence, l'a­ Jamie, garçon de 17 ans, est trou­ mour et la jeunesse. blé chaque fois qu'il rencontre La jeunesse anglaise une jeune fille. On devine ce que ce complexe peut amener de situa­ Avec Charlie Bubbles, Albert tions cocasses. Le film éclate de Finney présente un personnage ve­ bonne humeur et d'humour. Le nu en droite ligne du "Free Ci­ rythme nous réserve des gags plai­ nema". Inadapté social, veule, so­ sants. Un film à placer à côté de litaire, Charlie Bubbles tente de You're a Big Boy now avec le­ renouer avec son passé. Le film quel il constitue un diptyque qui commence par un délirant duel caractérise assez bien certains as­ dans un restaurant et se poursuit pects de la jeunesse actuelle. en traduisant l'ennui du héros et ses hésitations. On peut dire que, La violence italienne pour son premier film (dans le­ quel il incarne admirablement le Dans Grazie Zia (Merci, ma rôle titre), Albert Finney a su fai­ tante), le jeune Alvise se rebelle re "apparaître le néant d'une exis­ contre le monde bourgeois. Et sa tence aussi humainement stérile "contestation" l'incline à simuler qu'elle est matériellement com­ l'impotence et à poursuivre sa blée." tante d'un amour équivoque. Film Joanna présente une très jeune tourmenté et pessimiste qui pré­ fille qui ne manque pas d'imagina­ sente un "cas" que Salvatore Sam­ tion. Elle rêve de contrées lointai­ peri traite avec un certain brio. nes et ses amours la conduisent à Lou Castel incarne un Alvise in­ l'Africain Gordon qui est en dif­ quiétant. ficulté avec la police. Enceinte, Faut-il louer la lourde allégorie Joanna garde son enfant mais de Valerio Zurlini, Sedutto alla quitte Londres... pour y revenir. sua destra (Assis à sa droite) ? Cette comédie musicale n'a rien Pourtant les intentions étaient ex­ de prétentieux. Elle est légère, cellentes. Mais pour nous raconter enlevante, fantaisiste. Et c'est tout. l'histoire de ce chef recherché puis

OCTOBRE 1968 33 soumis à la torture, quelle litanie sincérité et le jeu des enfants de de reproches, quelle kyrielle de qualité. coups. Naturellement, le specta­ teur perçoit les thèmes de l'ami­ Les fantômes japonais tié sincère, de l'entraide fraternelle, du dévouement généreux. Mais En revenant de l'armée, le sa­ tout cela bascule dans des flots de mouraï Guitoki trouve sa hutte sang qui souillent les héros. Com­ ravagée et sa mère et sa femme me on est loin de la nuance, de disparues. Elles réapparaissent tou­ l'équilibre, de la tendresse qui ca­ tes deux sous la forme de fantômes ractérisaient Journal intime ! et assassinent le samouraï. Cette histoire de sang et de ténèbres (Kuroneko) devient longue et fas­ Le sang hongrois tidieuse. Le réalisme cru de Kaneto Shindô tourne au sadisme qui se Miklôs Jancso avec Rouges et gaspille dans l'imaginaire. Blancs rapporte un épisode de 'Ja guerre de 1917-20 en Russie. Les La solitude polonaise Blancs et les Rouges s'affrontent résolument. Il en résulte un va-et- Mathieu est un rêveur. Il vit vient constant qui entremêle les avec sa soeur. Quand quelqu'un combattants. Il n'y a pas de héros vient s'installer auprès d'elle, il proprement dits dans le film. Les disparaît sous l'eau. Dans Les Jours scènes se juxtaposent brutalement de Mathieu, Witold Leszczynski dans un climat où le sang ne tarit décrit en trois étapes — la maison pas. D'après l'auteur lui-même, — le village — la forêt — les hé­ cette manière de procéder relève­ sitations du héros. Le film rend rait d'une conception "structura­ avec douceur et sensibilité toute liste". la poésie de cet être triste et sym­ pathique perdu dans notre monde L'enfance yougoslave moderne.

II aura suffi de l'arrivée d'un Les invités tchécoslovaques enfant allemand pour aviver la vengeance dans l'âme de quelques Lors d'un bal des pompiers, on garçons. Ainsi dans Les Enfants veut couronner une reine, procéder d'après, Bâta Cengic montre bien à un tirage et remettre un souvenir que les vestiges de la guerre brû­ à un pompier retraité. Mais rien lent intérieurement. Cette peintu­ n'aboutit. Milos Forman est un re de jeunes ne manque pas de observateur perspicace et impitoya-

34 SÉQUENCES 54 ble. Bien sûr, on rit et on rit beau­ Cette fois, à l'occasion d'un pique- coup dans ce film car la caricature nique, apparaît un groupe d'in­ simplifie les faits avec une pointe connus qui en rompt le charme. d'humour. Mais il reste de l'amer­ Sous cette histoire symbolique, tume à la fin d'Au feu les pom­ l'auteur entend dénoncer l'oppres­ piers. Les personnages que peint sion, l'hypocrisie, la terreur, l'hu­ l'auteur révèlent des travers peu miliation, enfin tout ce qui mena­ reluisants. Un peu de surcharge ce une société. Allégorie confuse évidemment mais il y a tant de sans doute mais qui ne laisse pas vérités dans ce film que le specta­ de poser des questions à tout grou­ teur finit par s'interroger sur pe a.iéné. On comprend pourquoi l'honneur des hommes. La Fête et les invités a d'abord été La fête reprend avec Jan Nemec. interdit dans son pays d'origine.

Here W* Oo Round The Mulberry Bush, de Clive Donner

OCTOBRE 1968 35 — Il — ge ce sera ! François Truffaut prend la parole. Il lit un communi­ Ces films que nous voyions pai­ qué arrivé en ligne droite (cour­ siblement, c'était du rêve, de l'il­ rier de nuit sans doute) de l'Ecole lusion, du néant. Ou plutôt cette technique de Photographie et de fête à laquelle nous étions convo­ Cinématographie de la rue de Vau- qués, c'était le XXIe Festival in­ girard (). Va pour la lecture. ternational du film de Cannes et Tout le monde écoute. Les étu­ les invités, c'était nous. Soudain, tout allait changer. Il y avait bien eu des étudiants groupés dans un sit-in sur les marches du Palais. Ça les amusait. Pourquoi pas, après tout ? Ce samedi-là, la séance de dix heures et demie retardait. Les gens commençaient à s'impatienter. Ils réclamaient la projection du film. Mouvements inutiles. Onze heures sonnaient. Dans La salle Jean-Coc­ teau, on allait rendre un hommage à Henri Langlois réinstallé à la Cinémathèque française. Onze heu­ res quinze. On nous apprend que la séance est reportée dans l'après- midi. Bon. Vite, saut dans la salle Jean-Cocteau. Elle est comble. Pas une place libre. Tant pis, faisons tapisserie. Et tant mieux, la réu­ nion n'est pas encore commencée. On attend sans doute Langlois. Quand il arrivera, on le verra sû­ rement. Pensez donc, Henri Lan­ diants de Paris manifestent en fa­ glois. A sa place, un petit com­ veur de la grève. Conséquence : il mando, dirigé par le capitaine faut tout lâcher impérieusement. François Truffaut, s'installe sur Et quand on dit tout, c'est tout. l'estrade. Flanqué de Jean-Luc Go­ Le Festival de Cannes itou. Donc dard, Claude Lelouch, Claude Berri, Truffaut, Godard, Lelouch, Berri Roman Polanski... Quel homma­ et consorts, délégués, catapultés,

36 SÉQUENCES 54 propulsés, décident qu'il faut arrê­ saugrenues, fofolles, entremêlées de ter le Festival de Cannes. Alors cris, vociférations, jappements, hur­ appelez la police, crie quelqu'un. lements. Cessons ce carnaval immé­ Pas de police ici, reprend un au­ diatement, vocifère Machin. Hour­ diteur. L'important, c'est que tout ra ! Hou ! Abolissons la compéti­ cesse sans délai. Non, l'important tion. N'est-ce pas Monica (Vitti) ? c'est les films, réplique une voix N'est-ce pas Roman (Polanski) ? de stentor. Non, c'est la rose, mur- (tous deux membres du jury et présents dans la salle), clame Chouette. Démocratisons le festi­ val, éjecte Chose. Le cinéma gra­ tuit. Hourra ! Hou ! Impossible, insiste Glinglin, la salle est trop petite. Hourra ! Hou ! Qu'on l'a­ grandisse, enchaîne Truc. Hourra ! Hou ! Et ainsi on se renvoie des propositions comme des balles de ping-pong. Ça crie, ça hurle, ça pose, ça propose, ça dispose, ça in­ dispose... Et ça parle, et ça dé­ parle. Toutes les propositions tom­ bent finalement dans le néant. Du vent. Rien que du vent. À quoi bon poursuivre ? Il est midi. Jean- Pierre Léaud, qui crie dès qu'il ou­ vre la bouche, tonitrue : Tous dans la grande salle. En rangs de pa­ gaille. Gauche. Droite. À petits pas serrés. On se pousse du coude. Il fait chaud. Beaucoup de sièges restent libres. Peu importe. Des La Fête et les invités, de Jan Nemec curieux viendront. La scène se noir­ cit de gens qui protestent, contes­ mure une dame en bleu. Mort au tent, gesticulent, bousculent... Ça Festival. R. I. P. N'en parlons plus. grogne, ça hurle. On n'entend Videz la salle. Mettez les bouts. rien. Pas de micro. Il faut un mi­ Eh bien ! pas si vite. Applau­ cro. Eh bien, là-haut, donne-nous dissements de la gauche. Protesta­ un micro. On attend le micro. tions de la droite. Gauche. Droite. Cause toujours mon lapin. Tou- S'élèvent les propositions les plus

OCTOBRE 1968 jours pas de micro. Un micro ap­ n'y aura pas de prix cette année paraît. Applaudissements. À l'ave­ (voir air connu sur les pommes). nir, avertit un pseudo-président, il Il n'y aura que des projections. De faudra venir parler au micro. En­ films évidemment. Eteignez les lu­ tendu. Oui. Non. Un quidam s'a­ mières. Il fait noir. Des ombres vance. Il désire que l'on occupe le courent sur le rideau qui n'arrive palais du festival jour et nuit. Sor­ pas à s'ouvrir. Truffaut est en tez-le, vocifère un olibrius gonflé. train d'y grimper. Rideau ! Ri­ Qu'il s'explique, répond en choeur deau ! Bruits. Cris. Sifflets. Le ri­ un banc de barbus. Truffaut se deau s'ébroue un peu. Truffaut faufile. Il faut en finir avec cette grimpe toujours. Un briquet cris­ foire internationale. Et les invités ? se. La flamme vacille. Lumières. pense tout à coup un invité. On Lumières. Les lumières s'allumenr. se fout des invités, cingle Lelouch. Le briquet disparaît. On court au Lelouch sur son yacht, rétorquent micro. Gauche. Droite. Le micro un homme et une femme. Jean- valse. Truffaut le capte au passage. Luc Godard vient à son tour et Coups d'épaule. Truffaut au plan­ bégaie : Mao a dit... — Qu'on cher. Godard surgit. Le micro se sorte Mao, vocifère un auditeur. défend en grinçant. Godard va zé­ Godard répète : Mao a dit . . . zayer. Assaut. Godard fléchit les — On est en France ici, coupe un genoux. Ses lunettes (noires) voya­ spectateur. Godard se récuse... Ber­ gent dans le parterre de fleurs (ro­ ri, sans vieil homme et sans enfant, ses). Tohu-bohu. Mains levées. Corps à corps. Droite. Gauche. affirme que c'est la fin des festi­ Gauche. Droite. Le micro est porté vals. Des haricots, corrige un fes­ disparu. On cherche le micro. Une tivalier. Casquette bien enfoncée, voix gémit : silence. Le silence se Michel Delahaye prouve par a meurt. Tout le monde parle. Vive plus b qu'il faut dynamiter le fes­ la démocratie ! Les Français triom­ tival. Démonstration applaudie et phent. Le désordre règne. Ça con­ reniée. Hourra ! Hou ! Confusion. teste. Ça proteste. Ça festivalise de Incohérence. Chaos. Droite. Gau­ plus belle. Ah ! que c'est long à che. Hourra ! Hou ! Essoufflée, mourir un festival. impatiente, nerveuse, trépignante, l'assistance attend toujours. Des Coups de sifflets. On veut des gens entrent. Des gens sortent. films. Des films. Pas de films. II Quand le film commencera-t-il ? n'y aura pas de films ce soir. Vous Enfin, le Délégué général du Fes­ avez compris. Vive la démocratie ! tival apparaît. Il va parler. Il par­ Vive la France ! Vive le Festival le. La compétition est annulée. Il de Cannes !

38 SÉQUENCES 54 Grazie Zia, de Salvatore Samperi

Dans la soirée, on réoccupe la Tant pis. Il faut étudier. Etudions. salle Jean-Cocteau. L'ordre régnera. C'est-à-dire parlons. La démocratie est ordonnée. Un La nuit balaye les spectateurs. nouveau président improvisé s'im­ Des sièges épuisés s'écroulent. Des pose. Il crie. Plus fort. Pas tous en­ mégots moirent le sol. Des cendres semble. Le choeur réplique. Il faut grisonnent le tapis. C'est beau la former des comités d'étude. Des liberté. comités d'étude. On forme un co­ mité d'étude. Mais Truffaut s'est Dimanche matin. Il faut en finir. dégonflé. Godard s'est évanoui. Le­ La démocratie triomphera. C'est- louch a couru cirer son yacht qui à-dire l'anarchie. C'est-à-dire le ni­ venait d'attraper un coup de soleil. hilisme. Révolution. Destruction. Il reviendra. Il est si brave notre Interdiction de construire. Claude. Il revient. Il sera du comité Le comité d'étude rend visite à d'étude. Le comité s'installe dans Monsieur le Délégué général. La la salle des journalistes. C'est sé­ décision est imminente. Pour onze rieux. On étudie. Quoi ? On ne heures. Les journalistes se pressent. sait trop. Mais on étudie quand En attendant, attendons. On at­ même. On fera rapport. En trois tend. On se parle. On s'invective. points. Quand ? Demain. La nuit Le temps fige. Le Délégué général y passera. On apporte des sand­ s'annonce. Sa décision sera irrévo­ wichs bourgeois. Des oreillers cable. Soyez gentils, pleurniche bourgeois. La nuit s'étire. On baille. Louis Malle, les C. R. S. sont à

OCTOBRE 1968 39 nos portes. Fermons les portes. Que Festival de Cannes 1969 ! Cannes personne n'entre. Monsieur le rcnaîtra-t-il de ses cendres ? Ri- Délégué général entre. On deman- deau. La démocratie a vaincu. C'est- de silence. On parle. On se tait, à-dire la majorité s'est rendue au Monsieur le Délégué général a la commando venu de Paris. Vive douleur d'annoncer que le XXIe Cannes ! Vive les cinéastes sortis Festival international du film de du néant grâce au Festival de Can- Cannes décédera à 12 heures, le nes : Truffaut et Lelouch ! Ils ont dimanche, 12 mai 1968. à leur tour renvoyé le XXIe Fes- Victoire, crie la gauche. Honte, tival international du film de Can- lance la droite. Le XXIe festival nes au néant. Beau succès, international du film à Cannes L'an prochain ? Cannes sera-t-il 1968 est mort trucidé. Vive le encore dans Cannes ?

DÉCLARATION DE ROMAN POLANSKI, JURÉ DE CANNES 1968

Bien que je me sois moi-même retiré du jury de Cannes pour soutenir la révolte étudiante, je tiens à me dissocier des François Truffaut, Claude Lelouch et Jean-Luc Godard. Mon retrait était un geste de solidarité envers les étudiants dont j'approuvais de tout coeur les activités. Il me semblait indécent de rester assis à la terrasse de l'Hôtel Carleton à siroter un verre alors que les photos des journaux montrant Paris en flammes me sautaient au visage. Je n'ai jamais voulu conférer à mon geste une signification défavorable au Festival de Cannes comme tel. Les gens comme Truffaut, Lelouch et Godard me font penser à des gosses qui jouent à la révolution. Moi, j'ai dépassé ce stade. J'ai vécu dans un pays où ce genre de choses s'est produit sérieusement. Mais eux, ils criaient sans arrêt : "Nous allons fermer le Festival." Si ce n'était de Cannes, où seraient Truffaut et Lelouch aujour­ d'hui ? Quant à Godard, cela doit l'agacer de n'avoir jamais été invité à y présenter un film. J'ai voulu clarifier ma position à ce moment-là mais, chaque fois que j'ouvrais la bouche pour parler, Monsieur Godard me coupait la parole. Il répétait que le Festival devait appartenir au peuple, qu'il devait être démocratique et dominé par des préoccupations esthétiques, que la présence des vedettes et des commerçants devrait être bannie. Eh bien ! tout d'abord, si vous enlevez les vedettes, que reste-t-il pour le grand public ? Il ne vient que pour les célébrités, pas pour regarder ces ennuyeux entre­ tiens avec l'homme de la rue dont on encombre les films dits Nouvelle Vague. Pour ce qui est des commerçants, la France en a un besoin urgent. C'est un pays en perte de vitesse au point de vue économique et, si ce n'était des hommes d'affaires étrangers qui ont acheté leurs films, personne n'aurait entendu parler de Truffaut, de Godard ou de Lelouch. Il est ridicule de voir des gens comme Truffaut, qui est maintenant producteur, et Lelouch qui est millionnaire, se plaindre de ce qu'on exige la tenue de gala au festival, alléguant que le snobisme domine ainsi l'événement. .. Variety, Vol. 251, no 4, 12 juin 1968

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