Jugements Et Représentations D'un Groupe Collaborateur (1943-1951)
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Miliciens et miliciennes en sortie de guerre : jugements et représentations d’un groupe collaborateur (1943-1951) Léa Vandenhelsken To cite this version: Léa Vandenhelsken. Miliciens et miliciennes en sortie de guerre : jugements et représentations d’un groupe collaborateur (1943-1951). Histoire. 2020. dumas-02927332 HAL Id: dumas-02927332 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02927332 Submitted on 1 Sep 2020 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. Léa VANDENHELSKEN Année 2019-2020 Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Ecole d’histoire de la Sorbonne Centre d’histoire sociale des mondes contemporains Miliciens et miliciennes en sortie de guerre : jugements et représentations d’un groupe collaborateur (1943-1951) Mémoire de Master 2 préparé sous la direction de Fabien Théofilakis Session de soutenance : JUILLET 2020 Léa VANDENHELSKEN Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Ecole d’histoire de la Sorbonne Centre d’histoire sociale des mondes contemporains Miliciens et miliciennes en sortie de guerre : jugements et représentations d’un groupe collaborateur (1943-1951) Mémoire de Master 2 préparé sous la direction de Fabien Théofilakis Session de soutenance : JUIN 2020 Source : Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine, 72/AJ/2116, archives du Comité d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, fonds Gérard Silvain (collection de document sur la Seconde Guerre mondiale). Remerciements Je tiens tout d’abord à remercier Fabien Théofilakis pour avoir accepté de suivre cette recherche et pour son engagement dans sa réalisation. Au cours de ces deux années, ses nombreux conseils m’ont permis de guider et d’enrichir mon travail. Mes remerciements vont également à Pascal Raimbault, archiviste aux Archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine. Son aide pour la communication des notices donnant accès aux dossiers individuels des accusés m’a été extrêmement précieuse. Je remercie ma famille et mes amis qui m’ont soutenu, épaulé et écouté au cours de ces deux années. Nos nombreuses discussions et vos conseils m’ont été d’une grande aide. Je souhaite remercier plus particulièrement Katia pour ces nombreux conseils ; et un grand merci à ma mère, Cécile, qui a eu la patience d’assurer la relecture de ce travail. 5 Sommaire Introduction Partie 1. Discours et représentations sur les miliciens et les miliciennes : exclusion et homogénéisation d’un groupe collaborateur Chapitre 1. Miliciens et miliciennes dans la presse : discours sur une collaboration haïe et condamnée A. La presse de la Libération B. Après la Libération, quelle mémoire de la Milice et des miliciens ? C. La Milice, « un passé qui ne passe pas » ? Chapitre 2. La collaboration au féminin : la milicienne dans un milieu masculin A. Un engagement en marge des adhésions et des représentations ? B. L’indignité et la représentation de la collaboration : miliciens et miliciennes, des traîtres à la nation Partie 2. Des réponses légales à la collaboration milicienne : les rouages de la justice épuration face aux attentes de la société française Chapitre 3. Place et fonctionnement de la justice d’épuration : entre transition et exception A. « La condition indispensable à la création d’une véritable unanimité nationale » ? B. La justice d’épuration : de la conception d’une justice transitionnelle à la mise en place des cours de justice Chapitre 4. Un appareil judiciaire adapté au crime milicien ? A. Juger la collaboration milicienne, un crime au cœur de l’épuration B. L’appartenance à la Milice : un crime sans preuve ? 7 C. Entre les procédures et les procès, un acteur de premier rang : la prise de parole des témoins Partie 3. Des engagements aux jugements : étude sociale d’un groupe devant la justice Chapitre 5. Trajectoires sociales et expériences d’engagement : les miliciens et miliciennes forment-ils un groupe hétérogène aux récits pluriels ? A. Des trajectoires diverses précédant l’engagement B. Situations sociales et engagement milicien C. De l’engagement au regard sur l’engagement, les miliciens et miliciennes face à leurs crimes Chapitre 6. Des procès de miliciens et miliciennes en cour de justice : la collaboration en jugement A. Au cœur des procédures, entre normes et exceptions B. En comparution, des sentences avant tout conjoncturelles ? C. Quel bilan pour la Milice au regard de 113 miliciens et miliciennes ? Conclusion Etat des sources et bibliographie Annexes 8 Introduction 13 28 août 1944. Chacun a son histoire de milicien ou de milicienne. Il y a la septuagénaire à mitraillette qui a déclaré au Sénat : « Vous pouvez me tuer, je suis satisfaite : j’en ai descendu dix ! » Il y a l’octogénaire franciste qui encourageait cinq miliciens à l’Observatoire. Et le milicien qui tirait d’un toit, appuyé sur une cheminée : une rafale de mitrailleuse abat la cheminée et découvre une jeune femme qui tient un bébé d’une main et passe les cartouches à son homme de l’autre…1 Ces mots publiés dans le récit d’Occupation de Jean Galtier-Boissière illustrent la place occupée par les miliciens et miliciennes dans la France en Libération. Les membres de l’organisation collaboratrice cristallisent l’imaginaire de la collaboration et sont connus et reconnus de tous, qui subissent la violence de leurs actions. Pascal Ory a lui aussi étudié cette place occupée par la Milice, dont le nom même renvoie à « une bonne part de la mythologie noire de la collaboration »2. Ces affirmations mettent en exergue la zone sombre de l’histoire de la France dans la Seconde Guerre mondiale que la Milice française occupe. Son chef officieux, Joseph Darnand a même fait récemment l’objet d’une bande dessinée montrant son parcours, en tant que « bourreau français », allant de la Grande Guerre au régime de Vichy avec l’idée de montrer un personnage trouble, sombre, dont le parcours jusqu’à la Milice suscite de nombreuses interrogations3. Cette idée d’une légende « noire » de la collaboration est représentative des images de la Milice française – plus souvent désignée sous le terme Milice – véhiculées dans la France de l’Occupation, de la Libération et de l’épuration4. Cette « Gestapo française » que représente la Milice est assimilée aux acteurs nazis dans les discours comme dans son action concrète à travers sa collaboration directe et active avec les services allemands. A ce titre, au regard de cette mythologie sombre de la collaboration et plus spécifiquement de la Milice elle-même, étudier sa place concrète dans cette période de tranistion qui rythme la vie politique et sociale française de l’été 1944 au début de l’année 1951 offre un formidable angle d’approche pour comprendre la sortie de guerre française.5 1 GALTIER-BOISSIERE, Jean, Mon journal pendant l’Occupation, Libella, Paris, 2016, p. 256. 2 ORY, Pascal, Les collaborateurs. 1940-1945, Paris, Editions du Seuil, 1976, p. 257. 3 PERNA, Patrice, BEDOUEL, Fabien, Darnand. Le bourreau français, Paris, Rue de Sèvres, deux tomes, 2018 4 CHAUVY, Gérard, Histoire sombre de la Milice, Bruxelles, Ixelles, 2012, 351 p. 5 FLATEAU, Cosima, « Les sorties de guerre. Une introduction », Les Cahiers Sirice, n° 17, 2016, p. 5-14. 15 Travailler sur la reconstruction d’une nation au prisme de zones sombres de son histoire Travailler sur la période chronologique des sorties de guerre en France a été ma première réflexion dans le choix d’un sujet de recherche, afin d’étudier la manière dont un Etat vaincu et occupé, à la situation aussi particulière que celle de la France en 1944, gérait et organisait sa sortie du conflit et sa reconstruction. Ce qui m’intéressait alors n’était pas tant les combats de la Libération que, la situation de la population française après ces évènements et les moyens mis en œuvre pour reconstruire et réconcilier la communauté nationale. En outre, au cours de ma troisième année de licence d’histoire, grâce à une visite aux Archives nationales (Pierrefitte-sur-Seine), j’ai pu consulter les archives judiciaires relatives à l’épuration et me familiariser avec ce sujet et cette période historique. J’envisageais également de travailler sur un groupe social défini, afin de réaliser une étude en histoire sociale6. Je me suis intéressée alors aux différentes formes de collaboration et à la manière dont les collaborateurs étaient perçus dans l’espace public à travers cette temporalité de la sortie de guerre française. Les opinions à l’encontre des collaborateurs pouvaient désormais se faire entendre et être entendus sans crainte de représailles. Dans le contexte de l’été 1944, se mettent en place des procédures épuratoires visant à punir les collaborateurs et collaboratrices à faire acte de justice. C’est pourquoi mon sujet concernait moins l’épuration étudiée sous un angle judiciaire que par des approches politique et sociale, auxquelles s’est également progressivement ajoutée une approche culturelle. En m’intéressant au traitement d’une organisation collaborationniste dans la sortie de guerre française et dans le cadre légal et judiciaire de son jugement, j’ai retenu les membres de la Milice française. En effet, j’ai rapidement remarqué leur importance, en termes quantitatifs, dans les jugements de l’épuration, notamment car ils étaient considérés comme les principaux responsables de la fascisation de l’Etat français à partir de 1943, année de sa création et année qui marque un rejet massif de l’opinion vis-à-vis du gouvernement de Vichy7. Ce rejet se renforce d’autant plus en 1944 lorsque les ultras de collaboration intègrent le gouvernement de Vichy à des postes éminemment importants : Joseph Darnand au maintien de l’Ordre et Philippe Henriot à l’Information et la Propagande, tous deux miliciens, tous deux collaborateurs convaincus8.