Miliciens et miliciennes en sortie de guerre : jugements et représentations d’un groupe collaborateur (1943-1951) Léa Vandenhelsken

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Léa Vandenhelsken. Miliciens et miliciennes en sortie de guerre : jugements et représentations d’un groupe collaborateur (1943-1951). Histoire. 2020. ￿dumas-02927332￿

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Année 2019-2020

Université 1 Panthéon-Sorbonne

Ecle dhiie de la Sbnne

Cene dhiie ciale de mnde cnemain

Miliciens et miliciennes en sortie de guerre : jugements et eea d ge cabae (1943-1951)

Mémoire de Master 2 préparé sous la direction de Fabien Théofilakis

Session de soutenance : JUILLET 2020

Léa VANDENHELSKEN

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Ecle dhiie de la Sbnne

Cene dhiie ciale de mnde cnemain

Miliciens et miliciennes en sortie de guerre : jugements et eea d ge cabae (1943-1951)

Mémoire de Master 2 préparé sous la direction de Fabien Théofilakis

Session de soutenance : JUIN 2020

Source : Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine, 72/AJ/2116, archives du Comité d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, fonds Gérard Silvain (collection de document sur la Seconde Guerre mondiale).

Remerciements

Je ien dabd emecie Fabien Thfilaki ai acce de ie cette recherche et pour son engagement dans sa réalisation. Au cours de ces deux années, ses nmbe cneil mn emi de gide e denichi mn aail.

Mes remerciements vont également à Pascal Raimbault, archiviste aux Archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine. Son aide pour la communication des notices donnant accès a die indiidel de acc ma ememen précieuse.

Je emecie ma famille e me ami i mn en, épaulé et écouté au cours de ces deux années. Nos nombreue dicin e cneil mn dne gande aide.

Je souhaite remercier plus particulièrement Katia pour ces nombreux conseils ; et un gand meci ma me, Ccile, i a e la aience dae la elece de ce aail.

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Sommaire

Introduction

Partie 1. Discours et représentations sur les miliciens et les miliciennes : exclusion et ga d ge cabae

Chapitre 1. Miliciens et miliciennes dans la presse : discours sur une collaboration haïe et condamnée

A. La presse de la Libération

B. Après la Libération, quelle mémoire de la et des miliciens ?

C. La Milice, « un passé qui ne passe pas » ?

Chapitre 2. La collaboration au féminin : la milicienne dans un milieu masculin

A. Un engagement en marge des adhésions et des représentations ?

B. Lindigni e la eenain de la cllabain : miliciens et miliciennes, des traîtres à la nation

Partie 2. Des réponses légales à la collaboration milicienne : les rouages de la justice épuration face aux attentes de la société française

Chapitre 3. Place e fncinnemen de la jice dain : entre transition et exception

A. « La cndiin indienable la cain dne itable unanimité nationale » ?

B. La jice dain : de la cncein dne jice aniinnelle la mie en place des cours de justice

Chapitre 4. Un appareil judiciaire adapté au crime milicien ?

A. Juger la collaboration milicienne, un crime au c de lain

B. Laaenance la Milice : un crime sans preuve ?

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C. Entre les procédures et les procès, un acteur de premier rang : la prise de parole des témoins

Partie 3. Des engagements aux jugements : de cae d ge dea a ce

Chapitre 5. Tajecie ciale e eience dengagemen : les miliciens et miliciennes forment-ils un groupe hétérogène aux récits pluriels ?

A. De ajecie diee cdan lengagemen

B. Situations sociales et engagement milicien

C. De lengagemen a egad lengagemen, le milicien e milicienne face le crimes

Chapitre 6. Des procès de miliciens et miliciennes en cour de justice : la collaboration en jugement

A. A c de cde, ene nme e ecein

B. En comparution, des sentences avant tout conjoncturelles ?

C. Quel bilan pour la Milice au regard de 113 miliciens et miliciennes ?

Conclusion

Etat des sources et bibliographie

Annexes

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Introduction

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28 août 1944. Chacun a son histoire de milicien ou de milicienne. Il y a la septuagénaire à mitraillette qui a déclaré au Sénat : « Vous pouvez me tuer, je suis satisfaite : jen ai descendu dix ! » Il y a loctogénaire franciste qui encourageait cinq miliciens à lObservatoire. Et le milicien qui tirait dun toit, appuyé sur une cheminée : une rafale de mitrailleuse abat la cheminée et découvre une jeune femme qui tient un bébé dune main et passe les cartouches à son homme de lautre1

Ce m bli dan le ci dOccain de Jean Galie-Boissière illustrent la place occupée par les miliciens et miliciennes dans la France en Libération. Les membres de lganiain cllabaice ciallien limaginaire de la collaboration et sont connus et reconnus de tous, qui subissent la violence de leurs actions. Pascal Ory a lui aussi étudié cette place occupée par la Milice, dont le nom même renvoie à « une bonne part de la mythologie noire de la collaboration »2. Ces affirmations mettent en eege la ne mbe de lhiie de la France dans la Seconde Guerre mondiale que la Milice française occupe. Son chef fficie, Jeh Danand a mme fai cemmen lbje dne bande deine mnan n parcours, en tant que « bourreau français », allant de la Grande Guerre au régime de Vichy aec lide de mne n ennage ble, mbe, dn le ac j la Milice suscite de nombreuses interrogations3. Cee ide dne lgende nie de la cllabain est représentative des images de la Milice française plus souvent désignée sous le terme Milice véhiculées dan la Fance de lOccain, de la Libération e de lain4. Cette « française » que représente la Milice est assimilée aux acteurs nazis dans les discours comme dans son action concrète à travers sa collaboration directe et active avec les services allemands. A ce titre, au regard de cette mythologie sombre de la collaboration et plus spécifiquement de la Milice elle-même, étudier sa place concrète dans cette période de tranistion i hme la ie liie e ciale fanaie de l 1944 a db de lanne 1951 ffe n fmidable angle dache cmende la ie de gee fanaie.5

1 GALTIER-BOISSIERE, Jean, Mon journal pendant lOccupation, Libella, Paris, 2016, p. 256. 2 ORY, Pascal, Les collaborateurs. 1940-1945, Paris, Editions du Seuil, 1976, p. 257. 3 PERNA, Patrice, BEDOUEL, Fabien, Darnand. Le bourreau français, Paris, Rue de Sèvres, deux tomes, 2018 4 CHAUVY, Gérard, Histoire sombre de la Milice, Bruxelles, Ixelles, 2012, 351 p. 5 FLATEAU, Cosima, « Les sorties de guerre. Une introduction », Les Cahiers Sirice, n° 17, 2016, p. 5-14.

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Travailler sur la reconstruction dune nation au prisme de zones sombres de son histoire

Travailler sur la période chronologique des sorties de guerre en France a été ma première réflexion dans le chi dn je de echeche, afin ddie la manie dn n Etat vaincu et occupé, à la situation aussi particulière que celle de la France en 1944, gérait et organisait sa sortie du conflit et sa reconstruction. Ce i mineai alors nai a an les combats de la Libération que, la situation de la population française après ces évènements e le men mi en e ecnie e cncilie la communauté nationale. En e, a c de ma iime anne de licence dhiie, gce ne iie a Achie nationales (Pierrefitte-sur-Seine), jai cnle le achie jdiciaie elaie lain e me familiaie aec ce je e cee ide hiie.

Jeniageai également de travailler sur un groupe social défini, afin de réaliser une étude en histoire sociale6. Je me suis intéressée alors aux différentes formes de collaboration e la manie dn le cllabae aien e dan leace blic ae cee emali de la ie de gee fanaie. Le inin lencne de cllaborateurs pouvaient désormais se faire entendre et être entendus sans crainte de représailles. Dans le contexte de l 1944, se mettent en place des procédures épuratoires visant à punir les collaborateurs et collaboratrices à faire acte de jice. Cest pourquoi mon sujet concernait min lain die n angle jdiciaie e a de ache liie e ciale, aelle e galemen geiemen aje ne ache clelle. En minean a aiemen dne ganiain cllaborationniste dans la sortie de guerre française et dans le cade lgal e jdiciaie de n jgemen, jai retenu les membres de la Milice française. En effe, jai aidemen ema leur importance, en termes quantitatifs, dans les jugements de luration, notamment car ils étaient considérés comme les principaux responsables de la faciain de lEa fanai ai de 1943, anne de a cain e anne i mae n eje maif de linin i-à-vis du gouvernement de Vichy7. Ce rejet se renfce daan plus en 1944 lorsque les ultras de collaboration intègrent le gouvernement de Vichy à des e minemmen iman : Jeh Danand a mainien de lOde e à lInfmain e la Pagande, de milicien, deux collaborateurs convaincus8.

6 PROST, Antoine, « Lhiie ciale », Douze leçons sur lhistoire, Paris, Seuil, 1996, p. 213-236. 7 LABORIE, Pierre, Lopinion française sous Vichy, Paris, Seuil, 1990, 405 p. 8 Danand e nmm le 1e janie e Heni le 6 janie 1944 ce e de ecaie dEa, ein des Allemands, appuyée par

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Dans les représentations collectives e dele lide e la Milice e limage même de la collaboration, et les miliciens sont des mauvais Français, car leur est celui de lccan nai. A cela aje le fai que le terme « milicien » finit par désigner « tout collaborateur en armes, appartenant ou non à la Milice »9. Ces représentations sont alimentées par la radicalisation des actions de la Milice dans la France des années 1943 - 1944, allant de pair avec des violences commises sur le territoire français de plus en plus répressives, par les miliciens et les occupants nazis. Analyser comment ces représentations participent à la sortie de guerre et quelle place elles occupent dans la reconstruction de la France jen 1951 eenai anale cmmen Vich e lOccain deenaien n hiage, n a e n passif dans la reconstruction à travers le jugement de celles et ceux alors perçus et considérés comme des traîtres à la nation. Dans la définition de mon objet de recherche, je cherchais à allier une histoire sociale, politique et culturelle afin de rendre compte de la situain dn groupe défait et jugé, des imaginaires et représentations qui lui sont associés dans ce contexte e lain. Qel seraient alors les liens entre mécanismes sociaux de reconnaissance dn ge de cllabae acis lide d « maai Fanai e aail dne justice de sortie de guerre ? La question, complexe, revêt des enjeux nationaux de ecncin dn a e de cnciliain dne lain aec le ale blicaine bafe endan lOccain.

Enfin, une raison presque fantasmatique e ligine d choix de ce sujet. La Milice cmme lain en Fance n ene dimaginaie e de mmie mbe, i le donnent donc un aspect attrayant10. Ainsi, anale ladhin n ge cllabainniste lidlgie ai mbe e ai emie e celle de la Milice fanaie mne bien la dcin e e lde hiie de ce ne perçues comme mystérieuses de lhiie. La mmie de la Milice a fai lbje dn eje d fai de la ilence elle a eec cne des Français. Travailler sur cette histoire de la collaboration amène à considérer la violence de ace e ln die. Le egad e ln e ce ace ele alors dn important travail à effectuer, afin de se positionner entre le jugement de valeur et la banaliain. Effece ce aail mineai beac e cela a j n le iman dan le choix de mon sujet de recherche.

9 ARNAUD, Patrice, THEOFILAKIS, Fabien (dir.), Gestapo et polices allemandes. France, Europe de lOuest. 1939-1945, Paris, Editions du CNRS, p. 61. 10 LACOSTE, Charlotte, Séductions du bourreau. Négation des victimes, Paris, PUF, 2010, 479 p.

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Miliciens et miliciennes : un groupe social collaborationniste

Mon choix de je e geiemen dfini en elaan a c de lde le miliciens entendus comme groupe social collaborationniste, leur situation et devenir à la fin de la Secnde Gee mndiale. Lde de ce ge cial a le ece de a dfaie et du jugement de ses actions, son idéologie et sa trahison nationale, prend place en France à partir de l 1944. Lbjecif e al de punir celles et ceux qui ont trahi la France pendant les ae anne de lOccain, de mif allan de la dénonciation à la collaboration politique, en passant notamment par le marché noir et la collaboration économique. Lain ele dne jice inglie, emeine de cie ma, aec lbjecif de purifier la nation française. Les membres du groupe social des miliciennes et miliciens se définissent comme les individus qui ont adhéré à la Milice entre sa création, le 30 janvier 1943, et sa dissolution sous ordonnance du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) le 9 juin 194411. La Milice inci cmme le ccee d Seice dOde Lginnaie (SOL), dn le fncinnemen e lidlgie n eemblan aec ce de la Milice ca elle ne e la anfmain d SOL12. La Milice à sa création se conçoit comme « une association de Français résolus à prendre une part active au redressement politique, social, économique, intellectuel et moral de la France »13. Cette dite « aciain e diige a le chef d genemen, Piee Laal, mai dan le fai ce son secrétaire général, Joseph Darnand14, qui la dirige. Darnand est un ancien combattant de la Pemie gee mndiale, che de Pain i li a aib a mdaille miliaie lie de la Grande Guerre. Sous la Seconde Guerre mondiale, il se rallie Pain e engage dan la collaboration. Il est responsable de la Légion française des combattants (LFC)15 dans le département des Alpes-Maritimes, où il fonde en août 1941, le SOL, par la suite étendu à lenemble d eiie. Lidlgie de Jeh Danand e celle dn la de la collaboration : engagé dans la Cagoule16, ce n nainalie, e de c, n nainal-

11 GPRF, Ordonnance relative au rétablissement de la légalité républicaine sur le territoire continental, 9 juin 1944. 12 BUTON, Philippe, La joie douloureuse : la libération de la France, Bruxelles, Editions Complexe, 2004, p. 35. 13 Loi du 30 janvier 1943, Statuts de la « Milice française » 14 GORDON, Beam, Un lda d facime : llin liie de Jeh Danand , Revue dhistoire de la Deuxième guerre mondiale, n° 108, 1977, p. 43-70 ; VIEL, Hugues, Darnand : la mort en chantant, Paris, Jean Picollec, 1995, 429 p. 15 COINTET, Jean-Paul, La légion française des combattants : la tentation du fascisme, Paris, Albin Michel, 1995, 458 p. 16 Organisation politique et militaire clandestine, proche du fascisme, active dans les années 1930. BOURDREL, Philippe, Les Cagoulards dans la guerre, Paris, Albin Michel, 2009, 282 p.

18 socialiste convaincu. Au sein du genemen de lEa fanai, Danand e affim comme un personnage majeur, dabd diige la Milice fanaie i en an e ecaie dEa a mainien de lde ai d 1e janie 1944 e de secrétaire dEa lInie ai d 14 jin. Aini, Piee Laal ai-il en lui « un émule des hommes aai fait naitre le national-socialisme »17. La Milice se définit plus spécifiquement comme ne iniin de lEa fanai, ne lice lie e n memen liie, dn le incial bjecif e de n inmen d mainien de lde. Elle agi dans différents ece de la cllabain e dan lacin nainale eie mene a lEa fanai.

La Milice possède une branche paramilitaire armée, la franc-garde, créée le 2 juin 1943. Cette branche est composée uniquement dhmme, lnaires, ayant entre 18 et 45 ans. Les francs-gardes sont armés et constituent le « fer de lance »18 de la Milice. En juin 1944, les rangs de la franc-garde sont cm denin 5000 membe19. A celle-ci aje, laan-garde, structure entièrement destinée à accueillir les jeunes. Les avant- gardistes sont des membres âgés de moins de 18 ans. La Milice ne se déploie à sa création en ne nn-cce ; ce ne n an a, en janie 1944, elle bien laiain de lAllemagne de inalle dans la zone nord20. La Milice na a cni le memen de mae ael elle inenai. Aini, dan lenemble de de ne, le effectifs ne dépassent pas 15 000 miliciens actifs21. Sur le plan idéologique, lganiain de Darnand se définit comme aniblchie e animie. Sn idlgie e ie a c de leme die cmme n e le lie dan le iime cle de n hmne fficiel, le Chant des cohortes : « Miliciens, faisons la France pure : Bolcheviks, francs-maçons ennemis, Israël, ignble ie, ce la Fance mi »22. Cela illustre on ne peut plus claiemen lidlgie eclie, ie aie, a c de lganiain e la manie dont elle se conçoit et se présente elle-mme. Elle die galemen dn hebdmadaire, Combats23, qui présente chaque vendredi, à compter de mai 1943, les actualités concernant la Milice e la iain l gnale en Ee cmme dan le mnde. Ce ai n ece de son idéologie et de ses principes.

17 BRINON (de), Fernand, Mémoires, Paris, Déterna, 2001 (1ère édition : LLC, 1949), p. 171. 18 AZEMA, Jean-Pierre, « La Milice », Vingtième Siècle, revue d'histoire, 1990, n°28, p. 90. 19 ORY, Pascal, Les collaborateurs, op.cit., p. 251. 20 Décision « imposée » au Militärbefehlshaber in Frankreich (MBF), hostile à la Milice. Voir ARNAUD, Patrice, THEOFILAKIS, Fabien, op. cit., Paris, CNRS éditions, 2017, p. 36. 21 GIOLITTO, Pierre, Histoire de la Milice, Paris, Perrin, 1997, p. 157. 22 FUVAL, Pierre (paroles), BAILLY, Georges, PROUS (de), Pierre (musique), Le Chant des cohortes. Il agiai a da d chan d SOL, ei cmme hmne fficiel a la Milice. 23 Le journal a été fondé le 8 mai 1943 et son rédacteur en chef est Henry Charbonneau (neveu par alliance de ).

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En cour de justice, la collaboration jugée

Dans le contexte de sortie de guerre où les comportements haineux et violents des milicien e milicienne n cndamn dan le inin, lanale de eenain reflète également le déroulement des procès de lain. Ce lenemble de la ci française qui, sous lOccupation, a fai lbje de menace e inie par les activités de la Milice, d l e la ein e dcie aec n amemen e n inallain lenemble d eiie fanai24. Dan linin, lacin de la Milice ne e diffenciai a de celle des occupants, ses membres étaient considérés comme « supplétifs des forces ennemies »25. En effet, travaillant aux côtés de la (abg lacnme SD), ils ne faisaien afi l n aec ce denie26. Joseph Darnand ayant été gradé Sturmbannfûhrer au sein de la (SS) en août 194327, le rapprochement miliciens-Allemands apparaissaient dès lors comme une évidence. Son histoire est associée à des imaginaires sombres et souvent violents, renvoyant notamment aux cours martiales instituées avec la loi du 20 janvier 1944 qui cniben dnne la Milice cee image dne ganiain ee dne ilence eme28.

En amont de la mise en place des juridictions légales, a c de lain die « extra-légale », les miliciens sont particulièrement visés par la « revanche patriotique »29 qui ganie le eiie nainal. A ein de cours martiales et tribunaux militaires, certains miliciens et miliciennes sont condamnés. Ces condamnations sont perçues comme une forme de reconnaissance de la souffrance que ces soupçonnés collaborateurs ont infligée à la Fance endan le anne de lOccain. La mie en lace dn cade jdiciaie a ensuite permis de répondre à une volonté politique dde30, afin de mettre fin aux formes de justice dites extra-légales, qui laissent davantage cours à des formes de revanche.

Au cours de la Libération, lépuration était extrêmement attendue et espérée afin de réprimer lacin des miliciens et leur ilence, den faie de indiable e de le jge

24 GIOLITTO, Pierre, Histoire de la Milice, op. cit., p. 241. 25 LAURENS, And, Le hnmne milicien en Aige e llin de e eenain dan linin , Revue dhistoire de la Deuxime guerre mondiale et des conflits contemporains, n° 131, juillet 1983, p. 3-23 26 CLEMENT, Piee, La Milice fanaie, n ailiaie de la lice de ci allemande. Leemle d département du Rhône », ARNAUD, Patrice, THEOFILAKIS, Fabien (dir.), op.cit., p. 61-72. 27 ARNAUD, Patrice, THEOFILAKIS, Fabien (dir.), op. cit., p. 63. 28 SANSICO, Virginie, La justice du pire : les cours martiales sous Vichy, Paris, Payot, 2003, 258 p. 29 ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, « La revanche patriotique », Les Françaises, op. cit., p. 98-143. 30 LABORIE, Piee, Linin e lation », Lendemains de libération dans le Midi : actes du colloque de Montpellier, Mnellie, Cene dhiie miliaie, 1997, . 47-51.

20 comme tel. Lain jdiciaie a eimene en Afie d Nd, l 1943 la ie de ldnnance d Cmi fanai de Libain nainale (CFLN) d 18 aût 1943 qui inie, ne de de i mi, ne cmmiin dain. Il faudra cependant un ceain em aan la cain de jidicin decein, en raison de la compromission de la magiae i ai dan ne gande maji alliée au régime de Vichy et qui devait préalablement être épurée31. Ti e de jidicin n mie en lace afin dencade lain lgale. Le c de jice sont ce a ldnnance d 26 jin 1944 aec n magistrat et quatre jurés. A ces cours sont rattachées des chambres civiques, créées cifiemen jge de lindigni nainale32. A côté de ces deux juridictions, la Haute cour de justice est créée pour juger les membres du gouvernement de Vichy33.

Les cours de justice créées par ordonnance du Gouvernement Provisoire de la Rblie fanaie (GPRF) n le fndemen lgal de lain mene le eiie fanai. Ce c aien cme dn magia feinnel e de ae j, i a da ne lie préalablement définie de résistants qui devaient incarner la souveraineté populaire. En bref, ces jurés devaient avoir fait « la preuve de leurs sentiments nationaux »34. Ce sont donc des résistants, venant principalement du Parti Communiste (PCF), mais aussi des gaullistes. Le enje de la jice dain eleaien de limance daer une réponse fondée sur des principes juridiques légaux à ces évènements nationaux, tout en assurant une fonction de gestion du dissensus. Comme le dit Mark Osiel, « les procès criminels peuvent contribuer de façon significative à faire émerger une forme trop sous-estimée de solidarité sociale »35. Lain ai imgne dbjecif pacificateurs. Ceendan, ce je na a eniemen i e la mmie i en est retenue, par les contemporains, directement pendant et après sa réalisation est bien plus mitigée.

En effet, cette mmie eime daanage la fme de eje. A mmen mme ce c e dlen, il n lin de faie lnanimi et sont fortement critiqués, que ce soit pour la trop grande sévérité des sanctions retenues ou, au contraire, pour la trop gande clmence. Diffen in de e affnen, endan emble-t-il impossible un cnen. La mlgain de li damnitie a contribué à alimenter des considérations

31 Aciain fanaie lhiie de la jice, Lépuration de la magistrature de la Révolution à la Libération : 150 ans dhistoire judiciaire, Paris, Loysel, 1994, 165 p. 32 Le chambe ciie n ce a ldnnance d 28 a 1944. 33 La Hae C de jice e ce a ldnnance d 18 nembe 1944. 34 ROUSSO, Henry, Vichy : lévnement, la mémoire, lhistoire, Paris, Gallimard, 2001, p. 35 OSIEL, Mark, Juger les crimes de masse. La mémoire collective et le droit, Paris, Seuil, 2006 (édit. originale : 1997 ; trad. Jean-Luc Fidel), p. 23.

21 négatives36. Ceendan, cee iin a dei fai lbje de iin dan lhiigahie lain, et la justice de sortie de guerre a effectué un travail de jugement très dense et des lourdes peines ont été attribuées aux collaborateurs et collaboratrices.

Ancrage et délimitations

Lde d jgemen de milicien e milicienne a ein de c de jice e ie dans le département de la Seine. En effet, le incial c dachie retenu est celui de la cour de justice de la Seine qui fonctionna du 17 octobre 1944 au 31 janvier 1951. La majorité des affaires jugées par la cour de justice de ce département concerne des faits qui se sont déroulés dans cette zone. Ceendan, iil agi dn daemen cenal en eme de gein adminiaie, de affaie cnide cmme dimance nainale n également été jugées. Par le jeu des renvois de dossiers, les jugements prononcés par la cour de justice du département de la Seine peuvent concerner des affaires dépassant ce cadre37. Il faut donc distinguer le cadre spatial du corpus centré sur le département de la Seine de celui des actes commis qui peuvent être beaucoup plus larges. De fait, les miliciens ont régulièrement ét en dan dae gin, ca la Milice diai dne lage aie le territoire français. Certains miliciens ont également fait le choix de poursuivre le combat hors de France, en Suisse, en Allemagne et en Italie principalement, au moment où le territoire était libéré. Ce départ a eu pour conséquence un retard dans les procédures ence cne ceain milicien. Aemen di, leace cncen ea celi d ge di dn le acin enden dan lenemble d eiie nainal à partir du mois de janvier 1944, voire au-delà lorsque ses membres ont fait le choix de continuer le combat à lange l 1944. Ce ne a le lie de le acin i demine dnc le jgemen devant la cour de justice de la Seine. Ce qui importe ce sont les trajectoires des personnes jugées par la cour de justice de la Seine pour appartenance à la Milice française. La cour de justice de la Seine ayant instruit environ 6 000 dossiers durant la totalité de son fonctionnement, lancage een eme ddie un corpus très riche et très dense, couvrant le cadre national.

36 Loi du 5 janvier 1951 et du 6 août 1953 portant amnistie. 37 Le département de la Seine, supprimé en 1968, est constitué des départements actuels de Paris, les Hauts-de- Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne.

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Le choix du cadre chronologique relève quant à lui de réflexions autour du regard lbje de echeche. Puisque ce dernier se concentre à la fois sur les représentations des miliciens et miliciennes et sur leurs jgemen dean le jidicin de lain, il ma embl nceaie de inee a ge cial di, d lanne de la cain de la Milice française, en 1943. Le choix de cette date ouvre une eecie danale de opinions et représentations plus large, en prenant en compte les représentations sur la Milice développées par les miliciens eux-mêmes. La chnlgie eene ene lanne de la création de la Milice, 1943, e lanne de fin de jugements, 1951, amène à couvrir un temps long de lacii d ge cial di e de n c38. Dans cette chronologie, le terme de jgemen e enende selon une perception normative intégrant ce qui est considéré comme acceptable ou pas. Ces dfiniin emeen dlagi lanale de lbje de echeche en ingan lde de eenain cnie le milicien. La dae extrême retenue correspond au moment où la cour de justice de la Seine cesse de fonctionner, le 31 janvier 1951. Les affaie eene incien dan cee emali, an aan la couvrir entièrement.

Une histoire des sorties de guerre et de la collaboration

Lde de milicien e de milicienne en sortie de guerre inci la cie de diffen dmaine de echeche. T dabd, ce ne hiie liie de la cllabain, e l cifiemen de la Milice fanaie. Ce ne hiie aiclie de la collaboration car la Milice ne se définit pas selon un seul type de collaboration. Elle agit à la fi dan le mainien de lde, dan la le ame, dan lidlgie, dan la fmain liie. Edie lhiie de ce gane dEa i a j n le fndamenal dan la fascisation de celui-ci entre 1943 et 1944 permet de mieux analyser la place de la Milice fanaie dan la ide de lain e a cnen, le jgemen de cee cllabain. Ce ge fai galemen lbje dne de dhiie ciale dan laelle lin e e sur les trajectoires des individus entendus devant la cour de justice de la Seine pour appartenance à la Milice. Afin de comprendre la place de ce groupe en sortie de guerre, les adhen la Milice dien e di a ime de ajecie j le comparution en justice. La collaboration se comprend à la fois du point de vue de ceux qui y participent et

38 MONTERGNOLE, Bernard, La presse grenobloise de la Libération : 1944-1952, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1974, 255 p.

23 de ceux qui la perçoivent et la jugent symboliquement. Ces représentations sur la Milice et sur e membe jen n le eeniel dan le cade de lain, e cette imbrication des opinions et de la justice cnie le c de mn de.

Enie, mn je inci dan ne hiie de ie de gee. En effe, ln de enjeux fondamentaux est de rendre compte du contexte transitoire dans lequel les évènements incien. Il agi dne ide e jent la reconstruction de la Nation et la cnciliain de Fanai, en iin aec le anne dOccain39. Cette histoire eme de aie de la emali, mai ai dinie le cnce de aniin avec, dans ce ca ci, lide de ae dne ide dOccain la Libain d eiie national, mais surtout à la reconstruction de la nation républicaine et au rétablissement de la légalité républicaine. Dans ce contexte de sortie de guerre, lbjecif est, passant par une justice transitionnelle, « de sortir de manière pacifique, durable, « juste en mme, dne situation conflictuelle »40.

Lde ae le ime d gene e galemen n enje de mn mmie. La lace de femme dan la Milice na fai lbje dacne de cifie. Bien e ceain ouvrages mentionnent leur présence, celle-ci ne fai a lbje dne anale selon une perspective de genre. La place des femmes dans la Milice se questionne notamment autour de lidlgie iile e macline dn la agande milicienne e le efle. Ceendan, 15% de adhen lganiain de Danand aien de femme. Leur place dans les représentations et devant la justice épuratoire sera interrogée dans ce mémoire, au même titre que celle des hommes, en questionnant le poids de la variable du genre dans les représentations de la collaboration et dans les jugements de laaenance la Milice, mai galemen dan le propres discours sur leur engagement en faveur de la collaboration politique.

Lhiie de lain, bien elle incie dan lhiie de ie de gee, en dache en ain de n caractère exceptionnel. A ae le cade lgal de lain, la ecncin nainale inci en aallle d chimen de ae. La nain di e a en mdical, hlacie, d eme de ce i laaien lchemen ille. Au sein de cee hiie de lain, se trouve également une histoire de la justice. Comprendre à la fi cmmen fncinne la jice de lain, ae le aail e la cmiin de cours de justice et étudier le sens juridique de tout ce processus singulier qui se sert du droit

39 S lide de faie jice aaie le hili e emee la cnciliain, i LEFRANC, Sandine (dir.), Après le conflit, la réconciliation ?, Paris, Michel Houdiard, 2006, 344 p. 40 CABANES, Bruno (dir.), Une histoire de la guerre. Du XIXè siècle à nos jours, Paris, Seuil, 2018, p. 625.

24 dan n cnee de edeemen nainal ffen n enellemen de lanale de lain, en aie emi a lee de achie jdiciaie. Afin ddie e danale le achie jdiciaie, il a fallu me familiariser avec cette historiographie. Ainsi, jai amene cnle de fence dhiien e hiienne (hiie d di, de la jice) mai ai de jie aan ai de ein de la jice de lain ence de la justice transitionnelle. Ces deux vecteurs permettent de comprendre les notions proprement juridiques, mais aussi de lire les archives au regard de leur fonctionnement tel il e en dan le ee lgilaif. En e, cee hiie de la jice, du droit, aborde des questions plus « techniques » sur les ressorts et le fonctionnement des juridictions exceptionnelles prope lain41.

Enfin, le dernier domaine de recherche retenu est une histoire des représentations, inscrite dans le cadre l gnal de lhistoire culturelle42. Ce regard permet de décentrer lanale, en ne e fcalian nn a niemen le ean liic-juridique de lain, afin de comprendre la place que le groupe des miliciens et miliciennes avaient dans la ci, mai ai le eenain dan leace cial de ce collaborateurs. Au ein de ce eenain, de enje li la dnnciain dne cllabain inglie e retrouvent. Ces représentations marquent également liin ene les personnes accusées de collaboration en raison de leur supposée appartenance à la Milice française et le peuple français, héroïque et résistant, a nm del la jice e ende. Lde de eenain e de inin end lace dan le cade dune histoire culturelle du politique permettant de dépasser les enjeux judiciaires pour comprendre la construction et la diffusion de eenain cncenan n ge dace an cmmis dans la collaboration.

Une historiographie dense mais incomplète : entre rejets et débats

La ide de lain constitue un objet de recherche prisé par les historiens. La première grande synthèse sur le sujet est celle de Robert Aron en trois tomes, publiés entre 1967 et 1975, retenant un temps long p aie de lain, allan de 1942 195343. Ces age ne cnien l de fndamena ajdhi, dan la mee il n da

41 « Juger sous Vichy, juger Vichy », Histoire de la justice, n° 29, 2019 ; SANSICO, Virginie, La justice, op. cit. ; SIMONIN, Anne, Le déshonneur dans la République : une histoire de lindignité, 1791-1958, Paris, Bernard Grasset, 2008, 758 p. 42 POIRRIER, Philippe, Les enjeux de lhistoire culturelle, Paris, Seuil, 2004, 435 p. 43 ARON, Robert, Histoire de lEpuration, Paris, Fayard, 1967-1975.

25 e n enel a de nelle anale ilian dae ce e mhde l pertinentes. Les travaux de Robert Aron sur le régime de Vichy et son positionnement minimian cnidablemen le le de lEa fanai dan la dain e la cllabain ne sont donc plus retenus comme fiables. Le manque de fiabilité propre à ces études historiques alimente le caace d histoire inachevée » Henry Rousso porte à lain, en ain de blme de calcl aniaif li a bilan de lain44.

De nombreux débats au sein de la communauté historienne entourent la thématique de lration, notamment concernant la transition entre la période extra-judiciaire et judiciaire, mais également sur les chiffres, que ce soit ceux des exécutions sommaires, difficiles à évaluer, mais aussi des procès (condamnations à mort, exécutés). Il y a également des dicin le chi de m e le ineain i n iman le ln aie de lain. Le chimen lencne de ce i n trahi la France pendant ces ae anne dccain, dan leelle le jgements des collaborateurs étaient extrêmement attendus, a paradoxalement laissé place à des formes de rejet, au moment même du déroulement des procès, mai ai lie de la période. Les impressions des populations lnemen ne eaien d l ablument pas concordantes avec la manière dont lain aai eniage, la cnciliain nainale. Ce eje e elie a les images de vengeance populaire, que ce soit du fait des violences commises par les Forces fanaie de linie (FFI) dan la ide da nembe 1944 de e de bombes entre novembre 1944 et mai 1945, demandant des jugements plus sévères45. Ces faits sont repris et contribuent à véhiculer une image négative a posteriori. Au sein des milieux communistes principalement, les critiques se portent sur la trop forte clémence accordée aux collaborateurs46. Lhiigahie a j n le dan la diffin de ce ide lain puisque les études de la seconde moitié du XXe siècle faisaient la part belle à une épuration « sauvage »47, autour de bilans statistiques déformés. Cette historiographie est grandement eene dan le dba hiigahie a lage de Philie Bdel inil Lépuration sauvage. Bien que son ouvrage ait emi ddie cifiemen lain n alifiea dea-légal et extra-judiciaire et non de « sauvage », son analyse est femen emie en cae. Ce age cniba dnne la ide de lain n

44 ROUSSO, Heni, Lain en Fance : ne hiie inachee , Vichy, op. cit, p. 78-105. 45 SANCLIVIER, Jacqueline, BOUGEARD, Christian (dir.), La Résistance et les Français. Enjeux stratégiques et environnement social, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 1995, p. 356. 46 GRENARD, Fabice, La Riance en accain. De c dancien FFI e FTP en Fance dan le anne da-guerre », Vingtième siècle, revue dhistoire, n° 130, 2016, p. 121-136. 47 BOURDREL, Philippe, LEpuration sauvage, 1944-1945, Paris, Perrin, 1988, 569 p.

26 caractère populaire non contrôlé et non encadré, et un cadre de violences extrêmes passant par les cours martiales, les exécutions sans instruction, le phénomène des tondues. Cependant, cee hiigahie ale le chiffe de lain ea-légale48 dabd aec le chiffe des 100 000 ec endan cee ide aanc a le minie de lInie d GPRF, puis celui de 30 000 à 40 000 dfend a Rbe An. Le chiffe de lene mene a le Cmi dhiie de la deime gee mndiale (CHGM) n an e bien plus fiable e emeen dale ce ecin n chiffe cmi ene 8 000 e 9 000. Le qualificatif « sauvage » ne convient pas, daan l que les jugements ne se font pas sans cadrage, ni dans un bain de sang fait uniquement de condamnations à morts expéditives. Cette anale neniageai a le nemen dan le cnini hiie, lie lagmenain e laggaain de affnemen en Fance en 1944, incialemen d fai de acin de la Milice. Aini, lage de Bdel a laissé en suspens de nombreuses problématiques, mais a soulevé de nombreux débats autour du traitement historiographique de lain.

Ja anne 1980, le age hiie lain aaenen de éde nhie i nabdent pas suffisamment les enjeux divers de la période, et i lanalaient en histoire politique partant du haut pour décrire les évènements. Ce nammen le ca de lde alie a lhiien amicain, Peter Novick dans lage inilé Lépuration française. 1944-1949, publié en 1968 et traduit en français en 1985. Ce age a lngem cni lage de fence. Ajdhi le hiien i chechen daanage lagi le cham de echeche e cnace lde dune ain i ne a niemen e cmme liie, fen dnc min. Dan la dcennie 1980 en Fance, le je a i daan l dimance il ancai dan la période des procès tardifs de collaborateurs, tel que celui du milicien en 199449.

Les études plus récentes étudient dae an de lhiie de lain. En effet, sans abandonner la dimension politique, ce de hiie inegen daanage le enjeux sociaux et culturels de la période. Aini, cmme le me lhiien fanai Mac Bege : n e a en de dcennie dne hiie de lain en Fance ne

48 S lenemble de chiffe i ien, i ROUSSO, Hen, Lain en Fance , op. cit., p. 497- 503. 49 GOLSAN, Richard J., « Que reste-t-il de l'affaire Touvier ? Mémoire, Histoire et justice », The French Review, n° 1, 1998, p. 102112. 27 histoire de la France "en épuration" »50. Dès la fin du XXe siècle et de plus en plus à partir des années 2000, les éde hiie aian de lain i n le j incien en e aec ceaine d icle cden e n enn de meninne. A la lace dde globalisantes, ce qui domine dans un premier temps, ce sont les études adoptant un regard micro ou local. Ces travaux inegean sur un groupe social particulier, une région géographique spécifique51 ou encore un groupe de métiers52, ont étudié lain cmme n hnmne cial dne amle cnidable, en lien avec la temporalité de sortie de guerre. Ces phénomènes sociaux avaient été sous-estimés a fi dne hiie aan d ha percevant le bas la société comme dominé par des pratiques sauvages. En outre, les anale l cene inegen daanage la lace de femme a c de lain et sur le jugement de leur collaboration, à travers la figure de la tondue, mais également dans une moindre mesure à travers les collaboratrices politiques. Cependant, ces études sur lain cncenen rarement lanale dn ge cllabainnie cifie. Si mn étude sinci dan la cnini dne hiigahie die mic de lain, en étudiant le groupe social des miliciens et miliciennes, les enjeux de ce travail de recherche nn a encore été réellement envisagés et exploités.

La denie gande nhe lain a blie en 2017. Il agi de lage de Fabice Vigili e Fani Re : Les Françaises, les Français et lEpuration. Au-del de limance de n aaeil critique, les analyses réalisées par les deux historiens ne se cantonnent pas à une histoire politique et envisagent les phénomènes sociaux autour de lain, el e le ie e lille. Cet ouvrage constitue donc une synthèse renouvelée, riche e cmle le je de lain, faian fi de ee dachie e de nelle de. Enfin, ce in j f che le hiien lain malg le nmbe iman de echeche dj alie e ee dan la récene blicain, en 2019, de lage de nhe de Mac Bege Lépuration en France53.

50 BERGERE, Marc, Lépuration en France, Paris, PUF, 2018, p. 5. 51 BAILLY, Jacques-Augustin, La Libération confisquée : le Languedoc, 1944-1945, Paris, Albin Michel, 1993, 481 p. ; CAPDEVILA, Luc, Les Bretons au lendemain de lOccupation : imaginaires et comportements dune sortie de guerre, 1944-1945, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 1999, 449 p. ; LUIRARD, Monique, La région stéphanoise dans la guerre et dans la paix (1936-1951), Saint-Eienne, Cene dEde fiennes et cene inedicilinaie dde e de echeche le ce ginale, 1980, 1024 . 52 ROUQUET, François, Une épuration ordinaire, 1944-1949 : petits et grands collaborateurs de ladministration française, Paris, Editions du CNRS, 2011, 489 p. ; BERLIERE, Jean-Mac, Lain de la police française parisienne en 1944-1945 », Vingtième Siècle, n° 49, 1996, p. 63-81. 53 BERGERE, Marc, Lépuration en France, op. cit.

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Lhiigahie de la Milice fanaie est également dense et diverse. Différents historiens, depuis le livre de Jacques Delperrié de Bayac54, se sont attelés à lhiie de cee organisation fascisante dEa. Cee hiie a enele dei e le nhe le l cene n ajdhi celle de Piee Gili55 dne a, e de Michle Cine56 dae part. Bien que le id de lhiie ciale soit présent dans ces études, notamment par le biai dde gahie, la lace de la Milice dans les représentations et les discours construits sur elle, reste en retrait. Ce de nhie alien daanage lanale liie de lorganisation, du point de vue de son historique et de ses dirigeants. Divers articles étudiant la Milice et la collaboration à des échelles plus restreintes permettent alors de compléter ces ouvrages57. Dans ces articles, les miliciens et miliciennes sont envisagés dans n cade ggahie, en ginal daemenal, afin ddie n ge eein de manie aniaie, aec la de aiie nammen, mai ai de manie qualitative, en mettant en relation cet échelon avec le statut national de la Milice. Cependant, lache dhiie liie dmine lhiigahie de la Milice, e le de dhiie ciale e clelle manen lanale de ce ge cllabae.

Lhiigahie de la Milice fanaie ne laie ne lace minime lde d devenir de ses membres après la Libération, dans le cadre des procès. Quand cela est eniag, el le diigean de lganiain n meninn. Il e aini ai de e de informations sur le procès de Joseph Darnand en Haute cour de justice, le 3 octobre 1945, mais cela est beaucoup plus difficile pour les procès impliquant des membres de la Milice. Lain extra-légale est elle aussi davantage mentionnée puisque les miliciens faisaient partie des principales cible e beac dene e n cndamn m. Ceendan, cela ne justifie pas le silence autour du jugement de ces collaborateurs par la justice de lain. Cette lacune historiographique, de mme e le age lain, pe elie a la nn-ouverture des archives au moment où ils ont été publiés.

54 DELPERRIE DE BAYAC, Jacques, Histoire de la Milice. 1918-1945, Paris, Fayard, 1969, 684 p. 55 GIOLITTO, Pierre, Histoire de la Milice, op. cit. 56 COINTET, Michèle, La Milice française, Paris, Fayard, 2013, 352 p. 57 CHANAL, Michel, La Milice fanaie dan lIe (fie 1943-août 1944) », Revue dhistoire de la Deuxième guerre mondiale et des conflits contemporains, n° 127, 1982, p. 1-42 ; GERMAIN, Michel, Histoire de la Milice et les forces du maintien de lordre : guerre civile en Haute-Savoie, Montmélian, La fontaine de Siloé, 1997, 507 p. ; GUILLON, Jean-Marie, « Les mouvements de collaboration dans le Var », Revue dhistoire de la Deuxième guerre mondiale, n°113, 1979, p. 91-110 ; LAURENS, And, Le hnmne milicien , op. cit.

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Les sources de lépuration : louverture dun corpus peu exploité

Le principal corpus de sources di lanale e constitué des archives de la cour de justice de la Seine. Les cours de justice sont ce dan le cade de lain ie aux ordonnances du 26 juin et du 28 novembre 1944 définissant leurs compétences et mode de fonctionnement. Ainsi, elles ont pour but de « juger les faits commis entre le 16 juin 1940 et la date de la Libération qui constituent des infractions aux lois pénales en vigueur le 16 juin 1940 lorsqu'ils révèlent l'intention de leurs auteurs de favoriser les entreprises de toutes natures de l'ennemi, et cela nonobstant toute législation en vigueur »58. Elles jugent des crimes e dli de cllabain le l gae, le mdle de c daie e peuvent prononcer les mêmes peines que ces dernières (peine de mort, travaux forcés, réclusion criminelle, prison). A ces peines aje une sanction inédite : la dégradation nationale, liée a cime de lindigni nainale59. Le c dachie die par la cour de justice de la Seine est extrêmement dense et apporte des données abondantes sur lenemble de procédures précédant les procès. Sur les procès en eux-mêmes, les sources sont moins riches ca le die ne meninnen e le ancin aibe lie de ce-ci et non leur déroulé ou ce qui a été dit.

Ces archives sont conservées au sein du site des Archives nationales, à Pierrefitte-sur- Seine. Le fnd a e a Achie nainale en 2012. Nanmin, aan la de 2015, rendant ces dossiers accessibles et librement communicables, seules des dérogations pouaien emee dai acc ce die ememen iche icne haian die la ide de lain en Fance60. Le fonds de la cour de justice de la Seine est répertorié dans la sous-série Z/6 qui regroupe lenemble de achie de cette cour de justice, à ce jour disponible. Au sein de ces archives, il faut distinguer les dossiers dene ee e le die daffaie jge. Le premiers sont accessibles sous la forme de cartons comprenant un nombre important de dossiers, souvent plus étoffés du fait dn mane de ee d claemen aide de laffaie i cndien dnc labandn de la cde. A linee, le seconds sont bien plus volumineux car ayant conduit à une comparution devant la cour de justice, le contenu de ces dossiers est donc plus riche, en preuves ou en actes de procédure. Au sein de ces dossiers, classés par individus, se trouvent lenemble de lmen elaif laeain, lincin e a c. Le dce de

58 GPRF, ordonnance du 26 juin 1940, article premier. 59 SIMONIN, Anne, Le déshonneur, op. cit. 60 Arrêté du 25 décembre 2015.

30 ces archives étant une instance juridique dont la naissance et par conséquent les prérogatives sont de nature spéciales, voire exceptionnelles, il est nécessaire de prendre cela en compte dans leur étude. Le discours employé est de nature juridique et produit dans un contexte intense et doit répondre à des enjeux politiques, des objectifs, liés à la temporalité de sortie de guerre e a abliemen dn genemen blicain, aini la cnciliain de la communauté nationale, par les autorités résistantes.

Les archives issues de la sous-série Z/6 ont été complétées avec la consultation dae ce afin de cie le egad. P ce faie, jai nammen cnl de archives gouvernementales, telles que la sous-série F/7 Minie de lInie - Police générale 1799-1995 » des Archives nationales. Ces archives donnent des indications concernant davantage les questions organisationnelles sur les procès et la manière dont se dlen le ie en chage de cndamn. Jai galemen cnl de achives dans lesquelles était envisagée la question milicienne61. Celles-ci sont pour certaines également comprises dans la sous-série F/7, mais également dans la sous-série F/60 correspondant aux archives du secrétariat général du gouvernement et services du premier ministre, et dans les archives du fonds 72/AJ du comité français de la Seconde guerre mondiale. Ces différentes ce cnien de ai lanale de hnmne -jacents, mais peuvent galemen ae cenale dan le eenations qui y sont construites des collaborateurs.

Les opinions et représentations sur la Milice dans la presse

Le chi de fme n c daicle i de la ee cie e bli endan la ide de ie de gee ele dne ln danale ne cnfnain de in de e, diniin e dindiid diffen. En effe, andi e lanale des dossiers daccain ele daanage d egad dne jice n ge cial cllabae, la ee, e iinnan en efle de linin, eme de inege sur les informations véhiculées sur les membres de la Milice. Pour mener cette analyse, à la fois quantitative et qualitative, trois périodiques ont été retenus : Le Monde, La Croix et Combat. Les articles de presse retenus dans ces périodiques mentionnent le terme « Milice » ou « milicien » et sont compris entre le 21 août 1944 et le 21 décembre 1948. Ensuite, ces articles ont été répertoriés

61 AN, F/60/1675 : secrétariat général du gouvernement et premier ministre, la Milice, organisation, effectifs, activités. Discours et prises de positions politiques, commentaires de presse et informations diverses.

31 a ein dn able Ecel, emean dne a de le ecene e dae a de cnfne les différentes données62. Cee anale ee la lecin de hme e dace, en amont de la cnlain de aicle, afin deffece ne anale lie a dic e a hmaie eml dan le aicle inean lacin milicienne e a membe de lganiain. 20 hme e 22 ace n chii afin de alie ne étude, entre 1944 et 1948, des opinions et représentations développées par la presse63.

Récits et expériences

A ce corpus aje la consultation de sources écrites. Liliain de ce ce eme deniage ne hiie d enible, mai ai dcie lhiie en enan en compte la diversité des récits et des points de vue sur les objets étudiés. La consultation dabigahie de lie de mmie dig a de femme, al elle n daanage iniibilie dan lhiie de la ide dOccain e dan la cllabain politique, offre la possibilité de prendre en compte le récit de leurs expériences personnelles. Ces sources écrites peuvent être issues des bourreaux eux-mme i n cnn leience milicienne. Ces sources ne fn a j lbje danales historiques or, elles sont cenale dan lde de egad del a le ge di n e c e n expérience64. Certains miliciens ont publié leur mémoire notamment Henry Charbonneau dans le deuxième tome des Mémoires de Porthos, publié en 196965. Ces mémoires sont celles dn ancien milicien, dace en chef de Combats et neveu par alliance de Joseph Darnand. Dan ce deime me, il aie en aie de lacin de la Milice mai ai de la ein de lain. Le Waffen S.S. Christian de la Mazière a également rédigé ses mémoires. Les récits traitant spécifiquement de lain e nammen le amphlets contre celle-ci, ont été, quant à eux, davantage étudiés. Nous les retrouvons ainsi mentionnés dans les bibligahie dage lain, nammen dan celle de Fani Re e Fabrice Virgili, ou dans des études leur étant spécifiquement consacrés66. Consulter ces écrits permet de saisir les points de vue des accusés sur leur vécu dans ces procès, ou encore de

62 Annexe n° 1 : entrées du tableur Excel recensant les articles de presse, p. 238. 63 Annexe n° 2 : chi de hme e ace dan la cniin d c daicle de ee, . 239-240. 64 PATIN, Nicolas, « Les écrits intimes des responsables nazis. Une réflexion sur les sources. », Vingtième siècle, revue dhistoire, n° 139, 2018, p. 129-141. 65 CHARBONNEAU, Henry, Les Mémoires de Porthos, Tome II, Paris, Librairie française, 1981, 468 p. 66 VIMONT, Jean-Clade, Le amhle d incarcérés après la Libération », BIARD, Michel (dir.), Combattre, tolérer ou justifier, écrivains et journalistes face à la violence dEtat, XVIe-XXe, Mont-Saint-Aignan, Publications des Universités de Rouen et du Havre, 2009, p. 145-174.

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enne eiee ce c mai i en aien dan le ci. Lde de ce ce ffe ne meillee iibili lbje de echeche e lagi lanale e le cade parfois contraignant des archives judiciaires notamment. Lde de ces récits amène galemen inege le ci dig a de femme, nammen cllabaice. Dans son livre, Quatre saisons dans les geôles de la IVe République67, Fabienne Frayssinet livre le récit de son expérience en tant que milicienne et les motivations de son adhésion, ainsi e n ci de lain. Ce ce n galemen ie de milie ian dn la littérature a contribué à « ae la dei de la lain »68. Ce dan cee littérature que se construit la figure héroïque des résistants.

Des outils visant une démarche prosopographique

Ces différentes sources ont été consultées selon une méthodologie et un protocole de recherche progressivement mi en lace afin dabi ne dmache de dillement et de consultation de sources systématique, dan lbjecif de cnle n maimm de die compris dans le fonds Z/6. Le calendrier de dépouillement a été cni dan lbjecif de die dn chanilln ffiammen iman mene dne a ne de prosopographique du groupe social des miliciens et miliciennes jugés et, dae a ne de aliaie ean le fncinnemen mme de lene e d c, e lenemble de dic e eenain i jen. Le corpus retenu ne garantit pas de eenaif de lenemble de enne nne daaenance la Milice dan la ide de lain. Le incial bjecif e de mee en aan lenemble des apports e e cnie lde de achie de la C de jice de la Seine lain e la situation des miliciens dans la sortie de guerre française.

P le die de la C de jice de la Seine (Z/6), jai e la chance dair accès à des notices informatisées, facilitant la démarche et accélérant également le processus. Pour le die dene ee, je diai de fichie PDF eian lenemble de ces die, aini e lideni de indiid e le mif de leur arrestation. Pour les dossiers daffaie jge, je diai d aail ali a le Cmi dhiie de la Secnde Gee

67 FRAYSSINET, Fabienne, Quatre saisons dans les geôles de la IVe République, Monte Carlo, Regain, 1953, 188 p. 68 SAPIRO, Gisèle, Les écrivains et la politique en France : de laffaire Dreyfus à la guerre dAlgérie, Paris, Seuil, 2018, p. 316.

33 mndiale, cmi c en dcembe 1951 e ance de lIni dhiie d em en (IHTP), i a ei lensemble des affaires jugées par la cour de justice de la Seine, avec l ai, lideni, le mif e mbile daeain, aini e la chnlgie de laeain et du procès. Ce travail, également disponible au site des Archives nationales de Pierrefitte- sur-Seine au sein de la sous-série 72AJ69, consiste en des fiches individuelles correspondant à chacn de cndamn a la c de jice de la Seine, dn lacc eme a la ie de commander les extraits de côte correspondant au sein de la ie Z/6. En dae eme, ce aail men a le Cmi dhiie de la Secnde gee mndiale eemble linenaie des différents dossiers de jugement contenus dans les archives de la cour de justice de la Seine. Leur consultation a été indispensable afin de retenir uniquement les individus jugés aaenance engagemen dan la Milice fanaie. Lacc ce aail ma grandement facilité par Pascal Raimbault, archiviste au sein du site de Pierrefitte-sur-Seine et spécialiste des archives judiciaires qui a, quant à lui, numérisé les notices réalisées par le Cmi dhiie de la Secnde gee mndiale e ma cmmni n aail70.

En cnlan ce nice infmaie, jai eeni le ca i mineent sur lenemble de ceux pris en charge par la cour de justice de la Seine grâce à la mention du mif daeain. Ce nice meninnen galemen la ciil de acc e la chronologie, de leur arrestation à leur procès. Elles me permettaient donc, avant même de cnle le die, de cnnaie ligine ciale e ggahie de lindiid jg, aini que les conditions de son arrestation, la chronologie de son jugement et les sanctions retenues à son encontre. Suite à ces consultations, jai eai lenemble des dossiers qui concernent des individus jugés pour appartenance à la Milice française, au sein desquels, afin de passer de la nice lachie, jai lecinn le die pour le dépouillement.

La consultation des dossiers a ensuite permis la cniin dn c de 113 die daffaie jge a la c de jice de la Seine ene le 14 mai 1945 date du premier procès composant le corpus et le 20 novembre 1950 date du dernier pour appartenance à la Milice. Je souhaitais dispose dn anel ffiammen lage de fil différents critères, notamment le sexe daaenance, afin de mene ne anale le adhin fminine e macline, i le chi e effec de fan alaie. Le die consultés sont conservés dans la sous-série Z/6 des Archives nationales et sont compris entre

69 AN, Pierrefitte-sur-Seine, 72/AJ : Archives du Comité d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, fonds privés et documents divers relatifs à la période 1939-1945. 70 Annexe n° 3, eemle de nice indiidelle ie d aail d Cmi dhiie de la Deime gere mondiale », p. 241.

34 les côtés Z/6/42 et Z/6/86871. Les dossiers retenus sont recensés dans un tableur, mais également dans une base de données réalisée grâce au logiciel Libre Office Base. Cet outil informatique eme la aliain dune analyse sérielle, en se plaçant non pas du côté de la structure mais bien des individus eux-mêmes. A travers le choix des caractères et les différentes tables créées, des requêtes pourront être menées, permettant dinege le corpus et, en adoptant un point de vue au plus près des acteurs, de retracer les trajectoires et de comparer les acteurs en question. Le ene eene dan le able cenden la- civil, mais aussi les dates correspondant laeain, a anfe la main da de Fresnes, au procès-ebal dinegaie e de cnfnain e enfin la cmain ; ainsi que des infmain lengagemen dan la Milice e le ancin ee li d procès. Puisil een e liel, le mif daeain nceiaien la cain dae able le ecenemen, a nmbe de ae72. Ces quatre tables concernent les actes anti-nationaux, les actes pro-Allemagne naie, ladhin de ai e/ou memen liie, e enfin lengagemen dan dae ganiain iche e la Milice. A cette étude prospopographique, sont envisagés des apports venant de la « sociopolitique »73 ou « sociohistoire »74, une histoire sociale, qui emprunte des modes danale de la cilgie, mlan hiie aniaie e aliaie75.

En aallle, jai galemen cnl le die dene ee. Ce die cenden a affaie i nn a fai lbje de jgemen e e een galement dan le can Z/6 de Achie Nainale. Ce n le emie die e jai cnls. Ce en lian le a de lice e le lee de dnnciain ian de enne nne daaenance la Milice, e jai i cncience de limage e le milicien dégageaient dans la société française. Ce sont donc ces sources i mn amene à la problématisation de mon sujet et la définition de mes enjeux de recherche. Les dossiers dene ee cnl n ei dan un tableur composé de 95 cas76.

71 Annexe n° 4 : c de die jg a la c de jice de la Seine cniif de lanale prosopographique, p. 242-244. 72 Annexe n° 5 : modèle relationnel de la base de données (Libre Office Base), p. 245. 73 COINTET, Jean-Paul, COINTET, Michèle, « Contribution à une socio-liie de lEa fanai : la Lgin française des combattants dans la Vienne (1940-1943) », Revue dhistoire moderne et contemporaine, n° 4, 1973, p. 595-618. 74 NOIRIEL, Gérard, Introduction à la socio-histoire, Paris, La Découverte, 2006, 121 p. 75 ROUX, Michel, « Miliciens en Haute-Loire. Pour une première approche statistique et historique », Domitia, n° 11, 2010, p. 109-138 ; ALVAREZ, Elvita, PARINI, Lorena, « Engagement politique et genre : la part du sexe », Nouvelles Questions Féministes, n° 3, 2005, p. 106-121. 76 Annexe n° 6 : ene d able Ecel cendan a die dene ees entre septembre et nembe 1944 indiid nn daaenance la Milice fanaie, . 246.

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Enjeux du devenir dun groupe social jugé : lépuration en sortie de guerre

Tel que je viens de le définir, mon sujet de recherche ouvre la voie à différents enjeux danale. Le c de lanale e lde dun groupe social, composé de collaborateurs et collaboratrices, membe dne ganiain da aiclie, la Milice, ae la perspective de sa condamnation et des discours issus des sources judiciaires, comme des représentations. La réception et le poids de ces discours sur le jugement des miliciens donnent i n bilan de ce e la Milice fanaie dan cee ide de ie de gee. Jge la Milice, ce ai jge la fanai dan n aec le l facian e cllabae. Les représenain e le jgemen de la jice dain ennen al a laffimain d dic iancialie e la ln de ecncin dne cmmna nainale cnie de Fanai digne d aaeni. Aini, a ein de lain e joue en grande partie la résurgence de la nation française. Ces enjeux nous mènent vers les problématiques de recherche suivantes.

En quoi les miliciens et miliciennes sont-ils érigés comme représentants de la trahison contre la nation française, jugée dan le cade de lain ? Comment se définit le rejet de ce groupe social dan le inin, cmme dan lacin jdiciaie ? Finalement, ce qui articulera ce mémoire est de comprendre la place des femmes et des hommes accusés daaenance la Milice, dans la ecncin dne cmmna nainale i e par la cndamnain dne ahin aninainale.

En réponse aux problématiques précédemment déclinées, ce mémoire de recherche aiclea en i aie. Le eenain de miliciens et miliciennes seront étudiées, dans la presse, comme dans les discours, avec une attention particulière portée à la place des milicienne dan de dic maclinian. Lde de ce eenain ea enie enichie a lanale de la lace de la jice dain e de n fncinnemen dan la cndamnain de enne acce daaenance la Milice. Le denie le de lanale ea lde ciale e gahie d ge di ae le die daffaie jges par la cour de justice de la Seine pour appartenance à la Milice.

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PARTIE 1.

Discours et représentations sur les miliciens et les miliciennes : ec e ga d ge collaborateur ?

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Chapitre 1. Miliciens et miliciennes dans la presse : discours sur une collaboration haïe et condamnée

Si pour dautres qui ont trahi il est souhaitable que les formes de justice soient observées, [] en signant son engagement chaque Milicien ratifie en même temps sa propre condamnation à mort [], les branches pourries dun arbre ne peuvent pas lui rester attachées. Il faut quelles soient arrachées, broyées et jetées à terre1.

Dans cet eai darticle tiré du journal Combat da d mi dail 1944, le milicien aaaien dan limmdia a-guerre, comme des hommes à éliminer, sans différenciation individuelle. Ce faisant, il met en évidence limage de la ahin, mae che lenemble de milicien e milicienne. Lde de la ee en contexte de sortie de gee cnie n men danale le eenain cnie cee ide le collaborateurs et collaboratrices. En effe, inee a idie diff le eiie nainal eme de ende cme de ce i inee linin cee ide, la ee an e la fi le efle de aene de linin, mai ai et surtout ce qui doit construire cette opinion. A la Libération, la presse ganie en tenant compte des interdictions et réglementations portées sur les périodiques qui ont continué à paraître sous lOccain, e mean a jg nai e iche, i ce ne le elaan. Ainsi, lenemble des journaux qui ont continué à paraitre quinze jours après les débuts de l'Occupation sont suspendus par l'ordonnance d'Alger du 22 juin 19442. Cette enin accmagne de la mise sous séquestre judiciaire de leurs biens, la réquisition des imprimeries de presse, entreprises de publicité et de distribution ayant servi pour leur publication ou leur diffusion3.

Afin danale le eenain e dic di le membe de la Milice pendant la période de sortie de guerre, trois périodiques quotidiens ont été retenus dans la aliain dne de ielle. Celle-ci a été menée sur les numéros publiés entre le 21 août 1944, date du premier article retenu, et le 21 décembre 1948, date du dernier article retenu. Les articles analysés à partir de la base de données sont ceux qui mentionnaient les termes « Milice » ou « milicien » au féminin comme au masculin, au singulier comme au pluriel.

1 AJCHENBAUM, Yves-Marc, Combat, 1941-1974 : une utopie de la Résistance, une aventure de presse, Paris, Gallimard, 2013, p. 120. 2 Linedicin cncene lenemble de idie i n cnin blie quinze jours après les débuts de l'Occupation, soit le 25 juin 1940 pour la zone nord et le 26 novembre 1942 pour la zone sud. 3 AMOUROUX, Henri, « De la ee de la Libain la ee dajdhi », Communications et langages, n° 103,1995, p. 4-24, p. 11.

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Les trois périodiques sont des journaux issus de la presse nationale, qui représentent chacun n egmen diffen de linin e n n a e n aif diffen i-à-vis de la ide de lOccain. Aini, le emie jnal, Combat, naît à en décembre 1941. Ce n idien i ni lie can liie de résistants, des socialistes, des chrétiens et des gaullistes. Albert Camus et Pascal Pia animent la rédaction du journal depuis l 1944 e j l 1947, le de jnalie fn le chi de e eie e laien la main au journaliste Claude Bourdet4. En décembre 1944, le journal Combat réalise un tirage important avec 185 000 deemlaie. Ceendan, ce chiffe dci femen arriver à 133 000 en 1947. Le journal a perdu de sa popularité et le décrochage du lectorat va de pair avec un effritement du tirage du périodique. Le second titre retenu est le journal La Croix5. La Croix continue ses publications lOccain e ei de benin d genemen de Vich. Ce dnc n jnal enan et relayant dans ses lignes les idées de la Révolution nationale. Le journal est interdit de publication à la Libération, mais il est finalement gracié en février 1945 par le ministre de l'Information Pierre-Henri Teitgen, à la veille des élections municipales, afin que, son parti, le Mouvement républicain populaire (MRP) bienne l'ai de lEglie. P le idie La Croix, des articles publiés entre janvier et juin 1944 ont également été retenus. Cependant, puisque ces articles permettent lanale de la agande iche la Milice et non de la représentation des miliciens et milicienne dan le cnee de lain, il nen ea a en cme dan lanale sérielle. Enfin le iime idie een, i eme dabde n a de linin l gnal iil e ln de incia jna, en eme de leca, e Le Monde. Son emie nm aa le 18 dcembe 1944, la ie dne ln de de Galle. En effe, il voulait, à travers sa création, « remplir "une sorte de service public", en étant le journal sérieux et fiable des élites françaises. »6. Contrairement aux deux précédents consultés sur la laefme Gallica, ce nm d jnal dHbe Bee-Méry, ont été consultés pour une partie, en format papier, à La Contemporaine (Nanterre), et pour une deuxième partie sur la plateforme Europresse, en format numérique. Le choix de ces trois périodiques pour réaliser une analyse quantitative des représentations de la Milice et de ses membres en sortie de guerre ee la ln ddie i la laiain de ce jna de ee amne n

4 DELPORTE, Christian, BLANDIN, Claire, ROBINET, François, « Chapitre 5. Élan brisé, dislocations, reconstructions (1939-années 1950) », Histoire de la presse en France. XXe-XXIe siècles, Paris, Armand Colin, 2016, p. 123-173. 5 DELPORTE, Christian, « Presse de droite, presse des droites à la Libération (1944-1948) », RICHARD, Gilles, SAINCLIVIER, Jacqueline (dir.), La recomposition des droites en France à la Libération, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2004, p. 37-48. 6 MARTIN, Marc, « La reconstruction de l'appareil d'information en France à la Libération », Matériaux pour l'histoire de notre temps, n° 39-40, 1995, p. 35-38, p. 35.

40 traiemen diffenci de linfmain. En effet, on y retrouve une presse nationale et locale ememen dene e aie ca chae blicain deai e ene cmme le efle dn memen de iance aiclie dn ai liie7. Les thèmes ainsi que les principaux acteurs retenus permettent ddie le diffen dic mbili en ie de guerre pour traiter de cette organisation et des Françaises et Français qui y ont adhéré. Le tableau ci-de ille le nmbe al dccence eene lanale, a anne e par périodiques. Celui-ci eme dnc dbeni ne endance gnale lanale d corpus retenu.

Fig. 1 Pourcentage de publications par périodiques et par années

100% 90% 80% 70% 1948 60% 1947 50% 1946 40% 1945 30% 20% 1944 10% 0% Combat La Croix Le Monde

Lanale porte sur un total de 1 005 occurrences mentionnant les miliciens et la Milice dan la ee de l 1944 dcembe 1948. La tendance générale illustre une nette dminain de lanne 1945 dan le aiemen de la Milice a La Croix et Le Monde, tandis que pour Combat lanne 1944 dmine, mai eie n ilibe l gand ene le cin années retenues. Au cours de lanale mene, d dic e de la lace ee la Milice dans la presse, la place des miliciens et miliciennes sera interrogée comme dans le reflet des opinions majoritaires au sein de la société française en pleine épuration. Finalement quelle est la place du passé dans la presse ? Quel langage est utilisé pour condamner et rejeter les miliciens, des adversaires, voire des ennemis ?

7 LERNER, Henri, « La presse toulousaine, de la Libération au premier départ du général de Gaulle (21 août 1944-20 janvier 1946) », Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, n° 143, 1979, p. 297-313, p. 298.

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A. La presse de la Libération

En 1944, du fait des pénuries de papier et du contexte difficile, les journaux autorisés à paraitre, ne peuvent le faire que sur une feuille simple qui coûte alors un franc8. Dans ces jna, linfmain di al e l cndene e e cncene lacali nainale de la Libération. En cette période, la presse connait une situation complexe de déchirement, entre les différents périodiques et les différentes voix i chechen affime. Cependant, cette presse de la Libération a un intérêt commun : e n ii de cde dain et mobilise linin celle-ci. Ce n nemen aend e la ee e ene cmme ln de incia elai de cette période et des procédures encourues contre les cllabae e cllabaice. Le membe de la Milice n a c de ce aene, et dan laene de lee de cde jdiciaie lin de la ee e e ce hommes et ce femme an cmmi dan la cllabain e la ahin.

a. Une situation exceptionnelle

Ldnnance d 22 jin 1944 fixe le cade de lganiain de la ee nelle avec la enin de idie dn la blicain e iie lOccain. La presse de la Libération se définit en rupture avec une presse qui a trahi en se soumettant aux lois de cene de Vich e de lccan nai. Aini, ne ain de gande enege ganie contre les périodiques, mais aussi et surtout contre les journalistes. Cette presse est vue par Albert Camus comme « la honte de ce pays »9. La presse nouvelle qui se met alors en place lenemble d eiie nainal a pour vocation de faire le récit des évènements de la Libération et de la progressive sortie de guerre au niveau régional, national mais également mondial a j le j e dinfme le lece de cee iain de fan glie. Dans le contexte de la Libération et des affrontements sur le territoire, entre miliciens et résistants nammen, n enemble dimage e de eenain e mbili afin de igmaie e de juger les trahisons commises par ces miliciens et miliciennes. Le jugement opéré prend place a ein de dic dan leel limage i e de la Milice e celle dne ganiain honnie de la société française, « haïe par les quatre cinquièmes de la population »10.

8 Idem, p. 299. 9 Combat, 31 août 1944. 10 ROUSSO, Henri, Pétain et la fin de la collaboration. Sigmaringen 1944-1945, Bruxelles, Complexe, 1984, p. 169.

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Ceendan, le aiemen e e de fan différenciée entre les périodiques. En fonction de ligine d jnal de ee e de la ale il e cen eene le dic e prendre des formes différentes, malgré un ralliement général à la nécessaire condamnation des miliciens et milicienne ie la ii, l 1944, ne a de e de circonstances atténuantes aux collaborateurs11.

A la Libération la situation de la presse est particulière. En effet, un nombre important de jna e alli en 1940 la Rlin nainale dans une forme de conformisme12. La Croix est interdit à la Libération puisque le périodique avait continué dinfme la contrainte endan lOccain et avait ainsi accepté de participer, en partie, à la propagande du régime de Vichy, avec notamment des publications soutenant la Milice. Pour prendre un eemle daicle elaan la agande iche e milicienne, dan lédition du 27 mars 1944, le journal La Croix comprend un article présent dans la rubrique « Le banditisme », qui indie « un détachement de dix francs-gardes de la Milice, se rendant aux obsèques de Mme Denoix, femme du chef départemental de la Dordogne, lâchement assassiné, a été attaqué par des terroriste (). Le agee () le aaen la genade »13. Cette rubrique sur le « banditisme fai d ci daae ene milicien e ian, ces derniers portant alors le nom de « bandits » ou de « terroristes », une de ses spécialités, reprenant le discours employé dans la propagande milicienne sur les résistants14. La presse contribue alors à façonner les imaginaires du régime de Vichy. Ce aicle elaien linfmain ae le joug vichyste et bien que les engagements en faveur de la collaboration aient été marginaux a ein de lie diigeane d jnal i e ee ciie ene la politique de collaboration, le aail dain e e dnc galemen a cndamnain15.

Le jna ian ennen le de e dminen l 1944 le aage mdiaie de la presse écrite. Au premier rang de ces journaux, le périodique Combat affime comme le périodique de référence pour une frange importante de la population résistante et se ene cmme eenaif dne ale iane, l inellecelle. Il affime également comme un journal relayant des informations légitimes car les risques pris par la

11 SCHOR, Ralph, « La presse niçoise de la Libération et le problème de l'épuration en 1944 », Cahiers de la Méditerranée, n° 12,1976, p. 71-100, p. 79. 12 LENA, Mathieu, Le gouvernement de Vichy et les rapports franco-allemands vus par Le Figaro (1940-1942), mémoire de maîtrise, Rennes, 1994, p. 83. 13 La Croix, 27 mars 1944. 14 LAURENS, And, Le hnmne milicien en Aige e llin de ses représentations dans linin , Revue dhistoire de la Deuxime guerre mondiale et des conflits contemporains, n° 131, juillet 1983, p. 3-23, p. 20. 15 Idem.

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blicain dan la clandeini lOccain lgiime le discours résistant qui y est employé16. La ee clandeine lOccain e, en ie de gee, abndane e pluraliste avec « plus de 1 000 titres »17 l 1944. Le idie Combat présente sa ligne éditoriale comme la « célébration dn ele en résistance »18. A travers cette ligne éditoriale, lbjecif est dinee la ide de lOccain e la cllabain eln le évènements présents, ce-à-dire les mesures punitives et épuratoires contre les collaborateurs, comme la Libération des territoires. Combat a une valeur et une légitimité majee ie le idie e iinne ie en elai incial de linfmain iane e cne le cllabainnime, il aelle lain aide. Les publications du journal La Croix étant suspendues et Le Monde pas encore créé, Combat offre un point de vue immédiat sur les évènements de la Libération et de cette situation de transition exceptionnelle. Le graphique ci-dessous illustre la répartition des thèmes abordés par les journalistes de Combat dans les articles retenus, entre août et décembre 1944, période à laquelle Combat die dn leca iman aniaiemen e i die dne ale majeure, en lien aec laffimain a i de ian.

16 WIEVIORKA, Olivier, « La presse clandestine », Mélanges de lEcole française de Rome. Italie et Méditerranée, n° 1, 1996, p. 125-136, p. 133. 17 ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, Les Françaises, les Français et lEpuration, Paris, Gallimard, 2018, p. 109-111. 18 ROUSSO, Henry, Le syndrome de Vichy. De 1944 à nos jours, Paris, Seuil, 1990 (1ère édition : 1987), p. 32.

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Fig. 2 Répartition des thèmes abordés par Combat, par mois, entre août et décembre 1944, en pourcentage du total.

100% trahison 90% propagande 80% 70% jugement/condamnation 60% internement 50% incidents épur

40% dénonciations

30% collab assassinat 20% arrestation 10% arr patriotes 0% arme actions de la Milice

Les thèmes « jugement/condamnation » et « actions de la Milice » dominent nettement ce graphique, de même que « arrestation ». Les arrestations et condamnations de collaborateurs sont mentionnées de façon récurrente dans les lignes de Combat, daan l dans cette ide dain, nemen femen aend e clam che le jnalie de Cmba comme au sein de son lectorat. En outre, à cette période particulièrement tendue entre la fin de cmba e le abliemen dn gime blicain table, les arrestations sont massives chez les collaborateurs suspects et notamment chez les miliciens. La mention des actions de la Milice e galemen majee l 1944 e eme de eeni le fai ech a miliciens arrêtés et / ou condamnés, mais également de faire un traitement particulier des mfai e ace cmmi a le milicien dan lanne 1944 incialemen. Pami ce fai ech, le gahie mne limance de hme maquis », « arme », mais aussi « assassinats ». Ces thèmes sont mentionnés dans le cadre de la condamnation de certains ace ec dai aici a ein de la Milice ce cime e eacin.

Combat représente le périodique qui accorde le plus de crédit à la situation nationale et propose un récit des évènements au jour le jour. Ainsi, le premier numéro de Combat composant notre corpus contient une rubrique intitulée « heure par heure. Deux jours

45 dinecin dan la caiale »19, dans laquelle sont recensés les évènements les plus récents liés à la Libération de Paris. A la Libération, la Résistance se trouve en possession du pouvoir a ae anne dhmiliain lOccain. La ln de eanche e daffimain dn i i de la Riance ae galemen a ne ee, tel Combat, qui se veut le efle de aene de linin dan le em ence inceain e celi de la Libain20. Les journaux résistants deiennen le incial mdia de lain. En effe, d la Libération sont annoncés dans ses lignes les premières arrestations et les premiers procès lil n lie, et en amont, des listes de suspects et les noms des premiers internés sont également indiqués21 .

b. Miliciens et miliciennes, les ennemis de la Libération

Dans son édition du 28 août 1944, alors que le territoire français est en pleine période de Libération, le journal Combat, aan lain imminene, ie n aicle : « les miliciens et, en général tous les "collaborateurs" trouvés porteurs d'armes seront abattus »22. Les miliciens qui ne portent pas les valeurs nationales et républicaines issues de la Résistance, recherchées dans le contexte de reconstruction nationale et étatique, doivent donc être sanctionnés pour leur déviance. A la Libération, la figure du milicien est celle du bouc- émissaire puisque son action aurait à elle-seule conduit la France dans le chaos du régime iche e de lOccain 23. La presse se propose alors de refonder la communauté nationale et son image, notamment à travers un discours performatif24. De laaenance a groupe des miliciens, découlent des points de vue et représentations, igmaian lacin milicienne25. Par ces stigmates, le but est notamment la légitimation de la mémoire résistante et résistantialiste de lnemen. A ae la mie en lace de ce imaginaie e delan dans les opinions en sortie de guerre, il y a une ln de cndamne lacin, la bali e la violence des miliciens. Cette condamnation passe alors également par le vecteur de la ee. Le ce dimiin dn imaginaie nie enie ce e Michel Fcal

19 Combat, 21 août 1944. 20 MICHEL, Henri, La Libération de Paris, Bruxelles, Complexe, 1980, 184 p. 21 ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, Les Françaises,, op. cit., p. 109-111. 22 Combat, 28 août 1944. 23 GIRARD, René, Le bouc émissaire, Paris, Grasset, 1982, 313 p. 24 AGLAN, Alya, « La Riance, le em, leace : flein ne hiie en memen », Histoire @ Politique, n° 9, 2009, p. 1-17, p. 3. 25 PLUMAUZILLE, Clyde, ROSSIGNEUX-MEHEUST, Mathilde, « Le igmae la diffence cmme cagie ile danale hiie », Hypothèses, n° 17, 2014, p. 215-228.

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énonce à propos de la presse et des faits divers : « à cela s'ajoutait une longue entreprise pour imposer à la perception qu'on avait des délinquants une grille bien déterminée : les présenter cmme che, a en e a edable. () Le fai die ciminel () constitue le bulletin quotidien d'alarme ou de victoire. »26. Les mentions récurrentes dans la ee de la Libain de la iain de milicien e de acin mene a lganiain milicienne amnen cee imiin dne ecein dean e a c mme d ce aie. Lain ne a niemen jdiciaire, elle doit mener à bannir de la communauté nationale ceux qui ont collaboré.

Le milicien e milicienne hien la Libain de limage enan la Milice. A cee ide, allan d mi da a mi dcbe 1944, le fnie ene poursuite de cmba de la Libain e mie en lace dne jice dain, n mince, le journal Combat est le seul parmi les trois périodiques retenus qui informe sur la situation, puisque les deux autres ne publient alors pas. Au cours de ce mi de lanne 1944 la situation est tendue, le thème des miliciens est abordé au masculin dans la presse. Seul un aicle alan de la Milice meninne le ca dne milicienne dan n nm d 24 septembre 1944, dans le journal Combat : « Une milicienne condamnée et exécutée dans le Vercors »27. Ainsi, la représentation faie de lengagemen milicien dans la presse de la Libération reste très masculine et ne questionne pas la composition sociale, plus diversifiée, des adhérents à la Milice. Dans cet article, le traitement qui est fait de leur collaboration ne diffère pas de celui des adhérents masculins, mais il reste excessivement marginal. Cependant, puisque la presse mentionne majoritairement des miliciens condamnés à de lourdes peines principalement la peine de mort le milicienne, laan min e e le milicien, n galemen min ene dan ce aicle. La ein ciale naaai généralement pas dans ces articles où seuls le nom, les faits reprochés et la condamnation n meninn, cnaiemen ligine ciale, ggahie lge de lacc par mcnnaiance a mane din. Le aicle an lain ineen principalement aux condamnations ou exécutions et laffimain de la figure du traître milicien, comme dans n nm doctobre 1944, du périodique Combat, qui affiche en première page, « de nombreux traîtres ont été condamnés à mort par les tribunaux militaires »28. Ce ee abli ne lie dindiid cndamn, ami leel ae traîtres miliciens sont mentionnés. A la Libain, lin de cee ee iane e e la

26 FOUCAULT, Michel, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard, 1975, p. 292. 27 Combat, 24 septembre 1944. 28 Combat, 27 octobre 1944.

47 mie en aan d nmbe iman dindiid a e cndamn dan le cadre de lain.

Lde dan le diffen idie de nm de age ael e ien le aicle een eme de caacie le ligne diiale de ce idie e limance que chacun accorde au traitement des collaborateurs en sortie de guerre. Les différents nm cnign dan la bae de dnne ne n cm e dne feuille, recto-verso, j ldiin d journal Le Monde du 24 janvier 1945, qui compte deux feuilles, soit quatre pages. Ainsi, puisque les numéros bli cee ide ne n cni e dne feuille, les informations sont plus condensées. Les journaux affichent alors régulièrement lain cmme hmaie en emie age, hmaie dan laelle la menin de miliciens est très régulière iil n de ace cena d ce dain, mai aussi car ils sont érigés comme symboles de la collaboration et de la trahison, à la Libération29. Ainsi, sur les 104 occurrences de août à décembre 1944, 58 apparaissent en une, soit 56% des articles. Dans la ligne éditoriale de Combat, le traitement des procédures menées contre les miliciens e dne emie imance.

Le traitement de la Milice aaai incialemen en ne a c de lanne 1944, aec n ic a mi dcbe 1944. A linee, a c de lanne 1945, la Milice fai min lbje dne mie en idence dan la aginain de idie. Le jna n composés de plus de feuilles et les informations sont moins condensées. Le traitement de la Milice et du devenir de ses membres doit alors être mis en relation avec la nouvelle économie jnaliie e lagmenain d nmbe de age ime. Le ein aie e la Milice sont alors davantage reléguées aux pages suivantes, sans que cela remette en cause lin ce ein e la cndamnain de cllabae. Combat demeure le périodique qui publie davantage en une, contrairement aux deux autres et principalement à La Croix qui mentionne principalement en une des fai dacali nationaux et internationaux, an faie ne cifici d aiemen de cllabae e de lain.

Le dic ili aie de la Milice ne a aicliemen ilen dénonciateur, les journalistes adoptant davantage la neutralité dans la description de lacali. Cependant, le périodique Combat se permet plus deffe de le dnnciae d fait de sa ligne éditoriale et de son origine résistante. En 1944, le journal mentionne

29 SCHOR, Ralph, « La ee », op. cit.

48 régulièrement dans ses pages les actions commises par les miliciens et notamment par ceux i e n fgi lE. Un aicle de novembre 1944 inile alors : « Darnand chef politique des Waffen SS Charlemagne »30. Les points de suspension utilisés dans le titre de laicle n eml des fins critiques et dénonciatrices. En outre, ils sont de nouveau ili a le jnalie la fin de laicle. En effe, laicle, qui informe sur la situation des miliciens présents en Allemagne, se termine en ajan « une grande partie des francs- gade, i lie millie, la la e de le ame, aien jin a e allemande »31. Les points de suspension sont de nouveau employés, pour signifier la critique et la dénonciation de ces hommes, ces miliciens, qui font le choix de continuer le combat en Allemagne. Cependant, au fur et à mesure le discours est moins dénonciateur et plus neutre dans la manière de traiter les questions liées à la collaboration milicienne et au collaborationnisme armé. Les articles publiés à cette période de Libération ne reviennent pas sur les origines de la Milice, sur les différentes exactions commises par ses membres sur le territoire. Ils informent davantage sur la situation actuelle de la Libération du territoire.

c. La presse et la e e ace de a dcae

Al e ganie lain jdiciaie le eiie nainal, la ee e enan cmme le efle dne inin laelle ce cndamnain n la ii de cee ie de guerre, relaye les évènements capitaux et les procédures majeures débutées dans cette ide de Libain. Aini, lanne 1944, 24% des occurrences retenues ont pour thème « jugement / condamnation », soit le thème retenu pour traiter des procédures épuratoires. Ces occurrences concernent davantage des articles publiés à partir du mois dcbe 1944, al e e dele lain lgale e n lie le emie procédures contre les collaborateurs arrêtés sur le territoire national au moment de sa Libération. Dans ces procédures, le jugement des membres de la Milice est central, ce qui elie limance de le menin dan le aicle an lain. Ainsi, le thème de lain cce ne lace cenale dan les quotidiens de presse distribués sur lenemble d eiie cee ide, d fai de lin eim a le Fanai ce questions et sur les poursuites retenues contre les hommes de Vichy et les traîtres

30 Combat, 2 novembre 1944. 31 Idem.

49 collaborateurs32. Ces mentions apparaissent également comme une démonstration de lamle d aail ali a le diffene jidicin e a galemen b de migne de lefficaci de la jice dain.

Lain e aende dan linin e clame dan la ee, incialemen résistante. Dans le périodique Combat, on retrouve ces appels à condamner les collaborateurs ae la eie dn dic dAbac33 prononcé le 29 novembre 1944 qui affirme que « les traîtres, soyez-en convaincus, seront punis en proportion de leurs fautes. »34. La cence d hme de lain e de cndamnain dan la ee de la fin de lanne 1944 est un moyen de répondre aux attentes, tout en exprimant alors le bon fonctionnement de cette justice. Les listes de noms de personnes arrêtées ou condamnées est un moyen de mettre laccen le nmbe e lefficaci. S lenemble de la ide, le hme jugement / condamnation » apparait 385 fois. La focalisation des articles de presse sur les enjeux épuratoires pour traiter de la collaboration et des collabae ille nammen limac e les liens très forts entre les opinions, dont la presse se présente comme relais, et la situation en justice et dans les tribunaux35. Cette imbrication de la sphère publique et de la sphère judiciaire place les collaborateurs dans une configuration particulière, où la condamnation de le acin ne e e faie an laec lgal de le aage dean la jice. Aemen di, linin e iinne cmme jge dan le jidicin de lain a le imaginaires e le eenain i n faie de milicien e de lacin milicienne. Lain e voulue et grandement attendue en 1944 et elle occupe différentes fonctions pour la population fanaie de la Libain. Cee lace ie a linion dans la construction des eenain de cllabae e dan le aene elle dele i-à-vis des cde enie la fncin de aiain de leace blic, cnfie par Vichy lOccain, e la fncin ideniaie de efndain dne lidai nainale36. La chasse aux traîe e a milicien dan ce cade lgal e dnc cenale e ce n hme extrêmement récurrent dans les pages des quotidiens, notamment en une.

32 SCHOR, Ralph, « La ee », op. cit., p. 71. 33 est alors commissaire régional de la République à . 34 Combat, 30 novembre 1944. 35 SALAS, Denis, « Opinion publique et justice pénale. Une rencontre impossible ? », Le Temps des médias, n° 15, 2010, p. 99-110. 36 LABORIE, Pierre, « Violence politique et imaginaire collectif : leemle de lEain », BERTRAND Michel, LAURENT Natacha, TAILLEFER Michel (dir.), Violences et pouvoirs politiques, Toulouse Presses universitaires du Mirail, 1996.

50

Dans le quotidien La Croix, 74% des occurrence eene lanne 1945 n lie des articles compris dans la rubrique « Arrestations et condamnations » du journal. Cette bie, l glie a c de lanne 1945, ecene le fai li lain. En quelques lignes, et sous forme de liste, elle a pour objectif de présenter les dernières arrestations sur le territoire ou les dernières condamnations prononcées par les juridictions de lain. Elle e ene cmme lille la h ci-de, ldiin d 13 ail 1945 :

Fig. 3 Rubrique « arrestations et condamnations » du journal La Croix.

Source : La Croix, 13 avril 1945.

La rubrique « Arrestations et condamnations » est généralement située en dernière page du journal, ou en deuxième page dans certains numéros qui en comptent quatre. Elle fait état des procédures épuratoires en cours, notamment contre des miliciens. Lorsque sont mentionnés des procédures intentées contre des membres de la Milice, ces mentions sont généralement liées à des condamnations à mort retenus contre ces miliciens. Laicle présent ci-dessus indique, « ont été condamnés à mort , i eni ne lie de indiid condamnés à mort dans les différentes cours de justice présentes sur le territoire. Cela démontre à la fois de la quantité de collaborateurs condamnés et de la sévérité des jugements, ie laicle e cncene gnalemen de lde ancin.

Nanmin, lbjecif ae ce bie an la cndamnain de collabae nie de lOccain, ne a de dnnce de cndamne cifiemen lacin cllabaice milicienne, mai de retranscrire le déroulé des évènements et des condamnations retenues, dan le cade de lain jdiciaie. Ces

51 article ne aachen dnc a dnnce eeni ceain cime ceaine exactions perpétrées par des miliciens. Le discours utilisé dans ces différents articles relève daanage de lde de la deciin de nemen en c, nemens se rapportant à lain. Aini, al mme e les actions commises par la Milice sur le territoire national sont récentes, laenin e e la cndamnain ic en de ceain membe de lganiain, an infme la lain de ce a lacin de la Milice a c de lOccain. Autrement dit, puisque les miliciens et miliciennes sont désormais des indignes nationaux, la presse ne fait pas de place à la Milice en elle-mme ni a acin elle a menées, mais bien à son éain, ce-à-dire à sa défaite. Des rubriques similaires à celle « Arrestations et condamnations » de La Croix se retrouvent dans les deux autres journaux. Ainsi, lorsque Le Monde traite des questions relatives aux dernières arrestations ou aux derniers procès survenus, cela prend place dans des rubriques telles que « A la cour de justice », « Lain e le ancin », ou encore « Tribunaux ». Ces rubriques concentrant le denie infmain elaie lain emeen aini dai en quelques lignes, le l en, le infmain cncenan le jidicin de lain lenemble d territoire national.

Outre le thème « Jugement / condamnation » retenu dans la base de données, les acteurs judiciaires mentionnés dans les différents articles ont également été relevés. Lorsque les articles retenus mentionnaient les cours de justice, ces dernières ont été retenues dans la rubrique acteurs. Aini, lanale de la menin de lace Cour de justice » par les trois périodiques mne e ce La Croix avec 46,3 % du total qui traite le plus de cet acteur. Cette domination du périodique catholique est notamment liée au fait que, lorsque le journal aie de la Milice, ce en gande maji dan la eecie de lain, donc dans des aicle dn le b e dabli n ii de la iain aie e de cde ename contre les collaborateurs au sein des différentes juridictions. Le tableau ci-dessous montre la aiin, en cenage, de lace Cours de justice » sur les cinq années étudiées dans lanale, dans les trois périodiques.

Fig. 4 Mention de lace Cours de justice », par années, en pourcentage.

Années 1944 1945 1946 1947 1948 Total

Cours de justice 6 53 24 10 7 100

52

Aini, le ablea fai aaaie en gande maji a c de lanne 1945 e meninn lace cours de justice dan le diffen idie elaan laance de lain. Lanne 1945 mae ellemen le déroulement des premiers procès dans les jidicin ce lain, ia c d emee cden ce n principalement les condamnations au sein de tribunaux militaires, les exécutions, ou encore le cde daeain de cllabaes qui ont été entamées.

Puisque les cours de justice sont présentes dans les différents départements français, la presse nationale étudiée pourrait relayer la situation des miliciens et miliciennes de manière relativement égalitaire, dans les juridictions de lenemble d eiie nainal. Ceendan lde de lie aci lace Cours de justice » montre que sur 273, 74 concernent le département de la Seine ou Paris, soit 27%. Le deuxième lieu qui revient le plus soit la deuxième cour de justice à laquelle les articles retenus font le plus allusion est la ville de Lyon avec un total de 14 occurrences. Il n a a de elle cncenain le ae c de justice. La mention de la condamnation milicienne reste majoritairement du fait de la capitale parisienne. Les villes situées dans les régions montagneuses, où les miliciens ont notamment sévi, reviennent également à diverses reprises avec notamment la ville de Chambéry (six), Grenoble (cinq), Riom (huit). Enfin, la dernière catégorie de ille e ln retrouve associées à la mention des cours de justices sont des grandes villes, connues pour être des lieux importants du recrutement milicien ou alors simplement des villes où ont été jugés beaucoup de miliciens telles que Marseille (11), Nîmes (sept), Toulouse (sept), ou ence Mnellie (ae). Lde ielle de la ee de la Libain me en idence la lace de aicle an lain dan limmdiae ie de gee, dan leel la Milice et ses membres sont régulièrement mentionnés. Une fois la mise en place des premiers procès de lain lhie 1944 1945, principalement, quelle image des membres de la Milice la presse continue-t-elle à diffuser ? Alors que le temps des affrontements est révolu, et que le régime politique républicain se rétablit, les collaborateurs continuent à occuper une lace dan leace blic e incialemen dan leace jdiciaie. Ceendan, il eenen n a dmbe e leel le gime ne haie l e fe iil doivent être exclus de la société de sortie de guerre. Vient le temps des procès les plus attendus, ceux des dirigeants de Vichy, et des procès condamnant les plus collaborateurs des collaborateurs qui sont fortement documentés dans la presse nationale.

53

B. Après la Libération, quelle mémoire de la Milice et des miliciens ?

La ide eceinnellemen inene de l e de lautomne 1944 passée, la situation se temporise et les procès dans les différentes juridictions se mettent en place de façon plus gle. Le jna cninen elae linfmain le dl de ce cde judiciaires et les condamnations attende de cllabae. Dan lanne 1945, lin e principalement porté sur le jugement de hauts dirigeants et responsables de lEa fanai vichyste. Dans ce contexte où la figure du milicien comme traître à la nation a déjà été entérinée, le discours porté sur la Milice peut se présenter différemment. Cependant, la cndamnain de lEa fanai e en elle la cndamnain dn Etat milicien » et du soutien des dirigeants du régime de Pétain aux actions organisées par la Milice.

a. Juger le régime de Vichy

Lanne 1945 e lanne d jgemen de nombreux hauts responsables du régime de Vichy. Les articles de presse traitant de la Milice, au cours de cette année apparaissent majoritairement en lien avec le suivi de ces procès menés au sein de la Haute cour de justice. Ainsi, lorsque les journaux relatent les procès de ces dirigeants, leurs soutiens ou leur participation la Milice fn aie de ace daccain, mentionnés dans les articles. Le tableau ci-dessous indique, chacn de ace de lEa fanai een dan la bae de données, le nombre de fois où ils sont mentionnés, par années.

Fig. 5 Mention des dirigeants politiques du régime de Vichy et / ou de la Milice, par années.

Acteurs Darnand (de) Brinon Déat Knipping Laval Pétain Total Années général 1944 13 1 2 1 17 1945 47 2 1 4 8 23 85 1946 9 2 1 1 13 1947 7 14 1 22 1948 7 1 1 9 Total général 83 2 1 21 13 26 146

54

Ce tableau montre une nette domination de lanne 1945 dan la menin de ce ace majeurs du régime de Vichy et de la Milice, avec 85 occurrences. Darnand est sans surprise, en tant que chef de la Milice celui qui revient le plus dans les articles traitant de la Milice. La forte présence de Max Knipping est liée à son rôle de délégué général au maintien de lde en ne nd i fai de li le incial cllabae de Danand. En e, dan n article du 7 août 1945, le journaliste de Combat parle de « la Milice de Knipping » pour mentinne lengagemen dn milicien dan la ne Nd. Danand e Kniing n dnc le hauts dirigeants de la Milice les plus mentionnés dans la presse et ceux autour de qui est représentée cette collaboration.

Le procès de Pétain est au centre des article lain de lanne 1945. Il est ememen aend en Fance, cmme linenainal, e la ee infme dnc a j le jour le déroulement de ces procédures menées contre le dirigeant de lEa fanai37. Dans le journal Le Monde, chaque jour du procès, son déroulement occupe près de la moitié du jnal e elae ce i a di d c de laccain cmme de celi de la dfene. Le retentissement de ce procès est extrêmement important dans la presse de la sortie de guerre. Lanne 1945 e lanne d jgemen de Vich. Aini Pain ene-t-il en France le 26 avril 1945, ce qui conduit au lancement de longues procédures pour le jugement le plus attendu, mais pas celui pour lequel la sévérité des sanctions est réclamée38. En effet, bien que les forces de gauche et la Résistance réclament massivement la condamnation suprême pour le chef de lEa fanai, linin e l diie la enence il deai bi. Le interrogatoires précédant le procès se déroulent du 30 avril au 19 juin 1945 et le procès e le 23 jille 1945. Ce finalemen le 15 a de la mme anne e la Haute cour de justice délibère. Parmi les trois périodiques, Le Monde est celui qui accorde le plus de place dans ses pages au procès Pétain. Ainsi, entre le 9 juin et le 16 août 1945, huit articles du jnal alen de la Milice. Ce hi aicle cncenen le c Pain, e ce ae la menin de lace daccain de Pain e le fai i li n ech, e lganiain de Darnand est mentionnée. Pétain est interrogé sur les principaux méfaits reprochés à la Milice : les assassinats, avec en première ligne ceux de , des époux Basch et de et les actions perpétrées contre des Français. Il est donc interrogé sur les crimes de la Milice, mais également sur la nomination de Joseph Darnand au Secrétariat général au Mainien de lde. Ceendan, ce Piee Laal e Pain ejee

37 ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, Les Françaises,, op. cit., p. 246. 38 Idem, p. 236.

55 la responsabilité des actions perpétrées par les miliciens. Le procès de Pétain, le plus suivi de lain, cce dnc ne lace majee dan le aicle een lanne 1945.

La mention de Joseph Darnand dans les articles de presse ne concerne pas uniquement des informations le concernant directement. En effet, dans différentes rubriques consacrées à lain, des articles meninnan lacin dn milicien la cde judiciaire entreprise contre lui, peuvent également mentionner Joseph Darnand. Ainsi, des articles an lain aaenen celi-ci : « n cndamn m () Maeille, le milicien Paul Jeannolin-Curial, qui suivit Darnand en Allemagne »39. La Milice est représentée autour de son chef, Joseph Darnand, e lganiain e en meninne comme étant celle de Darnand et les miliciens comme ceux de Darnand. La symbolique autour du chef milicien est fortement ancrée dans les représentations. Ainsi, la reconnaissance de cette collaboration spécifique passe par la mention de son dirigeant dans de aicle linfmain aie ne le cncene an a diecemen. La fence imane daicle leel Danand a een cmme ace meninn ne elie al a niemen des articles informatifs sur ses actes ou la procédure dain inene n encne, mai a la fence cene de lacin milicienne son dirigeant. Ainsi, parmi les articles retenus en mentionnant la Milice, certains avaient pour objet les procédures menées contre Marcel Déat, Joseph Darnand, , ou encore Pétain ie le acin de la Milice le n galemen eche dan lace daccain de le c eecif.

Au c de lanne 1945, 47 aicle menionnent Joseph Darnand. Il est jugé le 3 octobre 1945 e le emie e ec, le 10 cbe 1945. Aini, lanne 1945 e galemen lanne d c de celi i eene e lui seul le collaborationnisme armé, aux côtés de la SS et de la Gestapo, et la lutte armée contre la Résistance40. Neuf articles ei dan la bae de dnne, bli a c d mi dcbe 1945, meninnen Darnand comme « acteur . Sn c ainne bien min la ee e linin e celi de Pétain. Sa condamnation à mort ne fait aucun doute. Son image de traître, à la solde de lccan elie e le Fanai naendaien ien de ce c, la cndamnain m du chef de la Milice étant quasiment actée avant son passage devant les juges. La prese na dnc a accd ne gande lace linfmain a de ce c. Aini, lannnce de

39 La Croix, 10 février 1946. 40 GORDON, Bertram, « Un soldat du fascisme : llin liie de Jeh Danand », Revue dhistoire de la Deuxième guerre mondiale, n° 108, 1977, p. 43-70.

56 son jugement par la Haute cour de justice est mentionnée dans le journal La Croix, à la page quatre dernière page du numéro e en ba de age. Laicle evient uniquement sur les fai incia ech Danand mai ne daille a lacin de la Milice. Laicle ne cmend e i hae e ae ligne, e ille le e din le c de lhmme ha a la gande maji de la ociété. Son exécution par fusillade a également été mentionnée dans la presse. La Croix titre un article en première page de son édition du 11 octobre 1945, « Joseph Darnand a été fusillé »41. Laicle, i en ba de la emie age, ne fait que sept lignes et ne revient pas sur les faits reprochés à Darnand ou sur son procès. Il se contente de décrire rapidement le déroulé de cette fusillade. Ainsi, en sortie de guerre le c de Danand ne emble a ai dan la ee e dan linin fanaie n eeniemen el e le ael a mee de la Milice leaien la Libain. En effet, lie de ce c ai cnne e acn dic aiclie na fai la cndamnain lecin dne de ennali le l hae d gime de lEa fanai. Sa cndamnain enan limaginaie de la cllabain e de la l hae ahin, la ee ne aade a le ci de a cndamnain. A le dlemen de ce c menés par la Haute cour de justice, la classe liie e linin n e le in massivement à la prochaine consultation électorale et se désintéresser des procédures menées dans les autres juridictions42.

b. Emouvoir et choquer : a ece cee a c de e de représentation

Le traitement réservé à la Milice, à ses membres et à son action, dans la presse, se concentre sur les procédures judiciaires entamées contre des miliciens ou contre des individus ayant soutenu lacin milicienne. Ceendan, dan ce aicle ne aention particulière est portée à certains pans spécifiques de cette action. Lattention est dès lors portée sur des lmen an e le l lmin e enibilie le leca. La dénonciation de la ahin aache aini meninne lacin milicienne, à travers des éléments symptomatiques de la haine et la terreur déployées par les miliciens contre des Français. Ces éléments sont ceux qui attisent le plus la réprobation de la Milice, dans son ensemble, et de

41 La Croix, 11 octobre 1945. 42 AJCHENBAUM, Yves-Marc, Combat,, op. cit., p. 228.

57 lenemble de e adhen, a e de linin43. En effet, les articles mentionnant les milicien aaden incialemen, dan le bie cnace lain, ce i n e de lde ancin, nammen d fai dn engagemen dan le collaborationnisme armé. Pan, lacii milicienne e cncene incialemen de acin de mainien de lde e de eillance de lain, acin e la ee ne mentionne pas. Aini, al mme e ce lmen de lacin milicienne n ce e lesquels de nombreux lece een e fe, iil n c cee ecalade de la liie de ein milicienne e de ilence mie en e a e membe faie gne le liie d mainien de lde, ces éléments ne sont pas retenus par la presse.

Laenin e e le affnemen fanc-miliciens qui jouent dans la construction du bannissement des membres de la Milice, de la communauté nationale, et de la cncin dne eenain de milicien cmme de ae. Les méthodes et agissement de la Milice ont révolté l'opinion publique, contribuant aux temps mêmes de son acii dicdie gandemen le memen a ein de linin fanaie44. Dans ces critiques et condamnations contre les agissements miliciens, la lutte menée par la Milice cne le mai fanai e la haine de linin fanaie. Ce ne hmaie dn la menin e e lindignain de lece e la mbilisation contre la trahison milicienne. En e, cee menin eme dne a lidenificain d milicien a lda cmbaan de ian fanai he le maiad, e dae a de cncene uniquement les représentations sur cet aspect de la collaboration milicienne. Ainsi, en maan lhgni de acin mene a la Milice, la ee cnibe fanne ne eenain nie d milicien i inci en iin aec la cncin de la fige héroïque du maquisard. La mention du thème « maquis eien 67 fi dan lanale d corpus. Le tableau ci-de indie la a, en cenage, de limance de ce hme par années et par périodiques retenus.

43 LAURENS, And, Le hnmne milicien », op. cit., p. 21. 44 LIMORE, Yagil, « La Milice française », French Politics and Society, n° 1, 1999, p. 37-55, p. 42. 58

Fig. 6 Mention du thème « maquis », par périodiques et par années, en pourcentage.

100% 90% 80% 70% 1948 60% 1947 50% 1946 40% 1945 30% 20% 1944 10% 0% Combat La Croix Le Monde

La mention du maquis dans les articles de presse revient principalement au cours de lanne 1945, dan le ligne diiale de La Croix et Le Monde. 31% des occurrences du thème « maquis » sont issue de blicain de lanne 1945. Ceendan, e bien e Combat i le jnal i ilie le l ce hme aie de la Milice, aec 27 menin, il na a een e blicain de lanne 1945. Aini, ce incialemen en 1946 e 1947 que ce thème revient dans sa ligne éditoriale. Les différents journaux traitent du thème d mai, incialemen ln milicien a cndamn e acc dai aicié à des expéditions contre le maquis et la mention se présente généralement de la façon suivante : « ont été condamnés à mort : par la Cour de justice de Dijon, le milicien Henri Merle, qui avait participé à des actions de représailles dirigées contre le maquis »45. La eenain de lacin milicienne e al mie en lien direct avec le maquis, et se cni dan la ee liin ene le maiad, h de la ie de gee, e le milicien, son opposé, le traître. Dans le périodique Le Monde, et au sein de la rubrique « A la cour de justice de la Seine », les méfaits des miliciens dans les maquis reviennent également, mentionnés sous cette forme : « La cour de justice de la Seine () a infligé : sept ans de travaux forcés à l'étudiant en médecine Jean Eranceschi, 21 ans, qui, en juin 1944, s'engagea dans la milice de Joseph Darnand et participa, dans une formation sanitaire, à deux opérations contre le maquis, en Côte-dO »46. Le maquis apparait alors comme un indicateur de la

45 La Croix, 13 octobre 1945, rubrique « Arrestations et condamnations ». 46 Le Monde, 14 janvier 1945.

59 trahison commise par les miliciens e ne fige de lide de gee ciile fanc-française47. Ce thème est repris pour accroître la gravité des actes commis par la Milice, sans pour autant e accmagn dan cee ee dn dic cndamnan ce acin. La menin mme de ce lie daffnemen fanc-français et la connaissance par la Milice de ces lieux de résistance dans lesquels elle a mené nombreuses opérations, témoignent des émotions de haine et de révolte que la mention de cet élément peut provoquer48. Indignation et condamnation sont utilisées dans la presse par la mobiliain dmin, en eenan de actions des miliciens et miliciennes les faits qui sont le plus susceptibles de provoquer une volonté de juger la Milice.

Dans la volonté de mobiliser des émotions contre les membres de la Milice, dae thèmes renvoyant à des méfaits commis par les miliciens sont également mobilisés dans les trois périodiques. Le tableau ci-dessous illustre la présence de ces autres thèmes et dans quelle mesure ils sont utilisés pour condamner les miliciens.

Fig. 7 Mention dace milicien aninaina dan le i idie.

Thèmes Combat La Croix Le Monde Total général arrestations 5 9 4 18 patriotes assassinat 31 22 25 78 dénonciations 7 10 7 24 propagande 4 2 2 8 torture 3 6 6 15 Total général 50 49 44 143

Les assassinats commis par les miliciens et miliciennes apparaissent en premier plan de la représentation dans la presse des actes commis par ces collaborateurs, en lien avec les cde dain. Dan ce aicle, la menin d milicien a e cndamn e mie

47 CHANAL, Michel, La Milice fanaie dan lIe (fie 1943-août 1944) », Revue dhistoire de la Deuxième guerre mondiale et des conflits contemporains, n° 127, 1982, p. 1- 42, p. 24. 48 KOLNAI, Aurel, Les sentiments hostiles, Paris, Circé, 2014 (édit. originale : 1929 ; trad. Olivier Cossé), 198 p.

60 en aallle aec le fai i li n ech, i n, dan ce ca, le fai dai commis de aaina lnifme milicien. Ainsi, dans son édition du 29 mai 1947, un article du périodique Combat inile, « la m le milicien Lin meie dn dian », dans lequel on apprend que « Lizon avait tué de quatre coups de mitraillette un étudiant placé sous sa garde, le 30 juillet 1944. Lizon a été condamné à mort »49. Cette manière de traiter des aaina cmmi a le milicien ejin la menin de mai iil agi dae la cndamnain dn cllabae a de lmen an e lmin e lindignain d lece cne ce cllabainnime am. Les miliciens mentionnés dans la presse sont ceux qui avaient accumulé le plus de haine sur eux, du fait de ces exactions et ces menin cniben la cncin de limaginaie mbe hnni par la population qui entoure la Milice.

Si lmin emble a c de ce ce de dnnciain dan la ee, cela ae galemen a le ael glie dacin iemen laie cmmie a le milicien : les assassinats de personnalités connues et reconnues. Si ce fai n llmen incial cndamnan le milicien dan la ee, ce ai ca il enien dan linin e dan le représentations, à « le de la ilence bale »50 de ae anne dOccain. Laaina de Georges Mandel perpétré le 7 juillet 1944 est à cet égard particulièrement significatif. La menin de laaina de Mandel e lne de acin le l meninne, en deh mme de aicle elaif lain. En effe, le jna, Le Monde et Combat principalement, lui rendent hommage, à la date anniversaire de sa mort, le 8 juillet51. Cet assassinat commis par les miliciens représente le paroxysme de la collaboration entre la Milice et les autorités nazies. En effet, « en assassinant Mandel, les miliciens avaient plutôt servi de tueurs à une fraction de l'appareil nazi »52. Le même procédé se retrouve concernant , assassiné le 10 janvier 1944. Le 27 septembre 1945, La Croix titre « Laain de Victor Basch est arrêté »53. Ces assassinats, tristement célèbres, reviennent dans la mention de la Milice dans les périodiques. Ces thématiques employées dans la presse pour traiter de lacin milicienne e cndamne e acin cmme le cmemen de e membe lOccain, illen ne ln dinie de lmen f e maan, afin daccene le eenain de la Milice a de fai ilen. Les dénonciations

49 Combat, 29 mai 1947. 50 BARUCH, Marc-Oliie, A de Vich e de lEa de di , Bulletin du Centre de recherche français à Jérusalem, n° 6, 2000, p. 53-68, p. 63. 51 Combat, 8 juillet 1948, « A la mémoire de Georges Mandel » ; Le Monde, 8 juillet 1947, « La mémoire de Georges Mandel a été célébré ce matin ». 52 AZEMA, Jean-Pierre, « La Milice », Vingtième Siècle, revue d'histoire, n° 28, 1990, p. 83-106, p. 102. 53 La Croix, 27 septembre 1945.

61 commises par les miliciens sont également mentionnées dans ce processus de condamnation. Ces mentions sont également faites en lien avec les procédures épuratoires intentées contre les miliciens concernés. Dans son édition du 25 février 1946, Le Monde mentionne « Alfred Moriau, milicien, condamné pour dénonciation : vingt ans de travaux forcés »54. Ces cain n le lie cmmn de leein dne haine lgad de ce ge cial55. Aini, ce menin cie cniben caacie lacin aninainale mene a la

Milice et à ne focaliser la représentation milicienne que sur cette branche de son activité. En effet, si lorsque les miliciens sont mentionnés, cela passe par la mention de ces acteurs ayant participé aux expéditions armées, dénonciations et assassinats, que reste-t-il de la représentation des autres adhérents ? En e, ce lmen amnen inege la enni de ce eenain cnian limage d milicien en ie de gee, mai également sur la mémoire qui reste de la Milice durant cette période post-Libération et post gand c de luration.

C. La Milice, « un passé qui ne passe pas »56 ?

La ee de l 1944 a érigé la figure du milicien en bouc émissaire de la Libération. En effet, les actions de la Milice et les comportements haineux de ses membres sont repris dans la ee i aache elae le ii de cde aie. Cependant, après la période des procès des hauts dirigeants du régime de Vichy, survenus principalement en 1945 et également en 1946, la mention des miliciens dans les articles de presse est en baisse. En 1947, 163 occurrences ont été retenues et 98 en 1948. Cette évolution suit une logique emelle de baie din allan de ai aec n éloignement dans le temps des faits liés à lacin milicienne. Ceendan, cee diminin, al mme e le c de milicien continuent à se dérouler intensément, questionne finalement la place du milicien dans la représentation de la nation en recncin. Al la Libain, il occupe le devant de la cne mdiaie de lain d fai de ses actes haineux et de ses comportements facian i nien la haine de linin, lin i le e dan la ee e de moins en moins virulent et de moins en moins grand.

54 Le Monde, 25 février 1946. 55 ANDRE, Jacques, BERNATEAU, Isée, (dir.), Les territoires de la haine, Paris, Presses Universitaires de France, 2014, p. 73. 56 CONAN, Eric, ROUSSO, Henry, Vichy, un passé qui ne passe pas, Paris, Fayard, 2014, 327 p.

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a. Intérêt en baisse ? Miliciens et miliciennes après les grands procès de 1945

Lain e ee, aan mme a mie en lace, cmme n ace dean e a memen e efficacemen. Pielle na pas répondu à cette attente, elle mobilise moins din e a lnge de di a ein de linin57. Lde d nmbe daicle bli dans les trois périodiques de 1946 à 1948 illustre cette baisse progressive. La société est également inquiète la iain ciale e cnmie d a, e linin e cncene davantage sur ces éléments que sur le suivi des procédures épuratoires. Tandis que les procès les plus attendus se sont tenus au niveau de la Haute cour de justice, limance accordée à lain de milicien e milicienne e en baie e mbilie min lin de la ee. Pan en 1946, le milicien e milicienne nn a jg, e n nmbe iman dene e, aben le eiie nainal la Libération, sont toujours recherchés par la justice58. Ainsi, si les condamnations de miliciens, à la Libération, avaient extrêmement mobilisé les volontés revanchardes notamment des populations, la situation est différente en 1947 et 1948 et les procès ne rencontrent pas une telle attention, ni une telle mobilisation. Entre désillusions et déceptions quant à la durée ou quant au manque de sévérité, les critiques se multiplient et les intérêts décroissent. Le graphique ci-de me en aan llin d nombre de publications des trois périodiques, par mois entre 1947 et 1948.

Fig. 8 Evolution du nombre de publications, dans les trois périodiques, par mois en 1947 et 1948.

60

50

40

30 1947 20 1948 10

0

57 BERGERE, Marc, Une société en épuration: épuration vécue et perçue en Maine-et-Loire: de la Libération au début des années 50, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2004, p. 347. 58 BAILLY, Jacques-Augustin, La Libération confisquée : le Languedoc, 1944-1945, Paris, Albin Michel, 1993, 481 p.

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Aini, malg ceain ic din, le nmbe daicle meninnan la Milice e e membe e ba. A ai d mi de mai 1948, le chiffe ne ceen de dimine jen eembe, mai ne daen al a le nmbe de di aicle a mi. Dan lcnmie de traitement de la Milice par ces trois journaux, à la suite des procès des hauts dirigeants de lEa fanai, de min en min daicle meninnen la Milice e e membe, al e le nombre de procès reste important. De nombreux miliciens et miliciennes ne sont retrouvés e a a c de lanne 1945 e a, iil aaien i la Fance a mmen de la Libain, l 1944. Aini, cee baie ne e elie a ne baie elle d nmbe de cde mene cne de milicien. P lannée 1948, seules 98 occurrences ont été retenues dans la base de données, contre 424 en 1945. Lépuration a déçu une grande aie de linin et, al elle di, lin maje dan la ee ne a de eeni le hmme de lOccain mais sur ceux qui doivent construire une nouvelle stabilité politique en sortie de guerre59. Si linin demee aache a ein dain, la ee ne l le incial elai de le dl. En outre, la baie daicle meninnan la Milice accmagne dne diminin de bie e la cndamnain de le trahison. La rubrique « Arrestations et condamnations » du périodique La Croix qui concernait 154 mentions lanne 1945, nen cme l e 13 lanne 1947 e neuf lanne 1948. En e, elle e de min en mi ene dan le nm, al aaaan il agiai dne bie ai idienne. Lelle e ene elle e galemen de aille l die dan lcnmie d jnal, comme le mone lillain ci- dessous.

Fig. 9 Représentation de la rubrique « Arrestations et condamnations » du périodique La Croix en 1948.

Source : La Croix, 15 mai 1948.

59 ROUSSO, Henry, Le syndrome de Vichy. De 1944 à nos jours, Paris, Seuil, 1990 (1ère édition : 1987), p. 36.

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Cet article, composé de six lignes et situé en bas de la deuxième page du numéro qui en compose quatre, est représentatif du devenir de la rubrique « arrestations et condamnations » dans le traitement établi par le périodique La Croix a c de lanne 1948. En effe, andi aaaan aient mentionnés différents individus concernés par des procédures dain, n nen ee l n seul. Il agi dn milicien i a agi dan la dénonciation et les opérations menées contre le maquis, et qui a été de surcroit condamné à mort. Aini, ce n j le mme fil de milicien aaaan i sont meninn dan la ee, mai la lace il y ccen e l faible a c de années 1944 et 1945.

Le nmbe daicle bli eu une diminue également fortement. En 1947, très peu daicle n bli en ne, malg n ic l f a mi de eembe. En 1948 el n aicle dan le aicle een a bli en ne dn idie de la bae de dnne. Il agi dn aicle i d idie Combat qui inile Ce matin à la Sorbonne. Hommage solennel à la mémoire de Jean Zay »60. Laicle eien la cmnie ea prononcé « llge fnbe de lancien minie de lEdcain nainale, assassiné en 1944 par la Milice ». Ainsi, cet article ille limance dan la ee de la cmmmain de personnalités marquantes, des figures de la Résistance, qui sont tombées sous les balles des miliciens français. Cette commémoration et le retour dans la presse sur les crimes commis par la Milice cne de ennali cnne de linin een iman e mignen dne mémoire de la Milice qui se centre de plus en plus sur les assassinats et les crimes commis contre des hommes politiques connus et reconnus par la mémoire résistancialiste61. En 1947 et 1948, la ee cnine de e iinne dan la cmmmain dne iance i a vaincu la Milice. Cependant, le bouc-miaie milicien ne l cenal. Le cnee politique et social a évolué et la place du milicien comme rejet dans la société est acquise. La ii la ee cie e ne al daanage e le f i na l bein de la fige d milicien e cnie. Ce ne ide de reconquête quotidienne du bien- être »62 e de fange de linin, de a cee ain, nen ceainemen l le même intérêt pour le récit de son déroulement.

60 Combat, 14 mai 1948. 61 ROUSSO, Henry, Face au passé. Essai sur la mémoire contemporaine, Paris, Belin, 2016, 336 p. 62 TROGNEUX, Alain, « Amiens au lendemain de la Libération d'après la presse locale (1944-1945) », Revue du Nord, n° 315, 1996, p. 367-382, p. 382.

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b. Quelle mémoire de la Milice dans la presse de la fin de sortie de guerre ?

Lde de la ee ne eme a de mee en aan ne mmie particulière de la Milice dan la ci fanaie. En effe, e daicle eiennen la Milice e e membe, lecein daicle annnan de cndamnain imane de cllabae notoires. Alors que ces procès étaient extrêmement attendus, la presse marque un dineemen de ce jgemen dn il n a l aende il ien l clmen l e, en fncin de lienain liie de linin. Ceendan, le milicien e milicienne n jg, eln ce il semble être une « implacable épuration »63. Aini, il a din lain e il n a a lie de cnie ne mémoire de la Milice », il a galemen ne diminin dan la ee de la ani daicle meninnan la Milice. Aini, a c de la Libain e dan limmdiae ie de gee, e construite la figure du milicien dans une volonté revancharde mais aussi épuratrice de différenciation des mauvais individus les collaborateurs avec le reste de la nation.

Dans la ee ai de 1946 e jen 1948, il n a ni habiliain d milicien, ni grande remise en cause de son jugement, excepté quelques cas qui font débats. Dans son ouvrage, Face au passé, Hen R inege le mcanime mmiel de lbli. Il cie nammen cmme eemle leffacemen de la mmie cllabainnie e collaboratrice française lorsque « le 7 juillet 1946, est inaugurée, en forêt de Fontainebleau, une stèle en souvenir du ministre Georges Mandel assassiné deux ans plus tôt parce que républicain, opposant à Vichy et juif. Le monument indique que le crime a été commis "par le ennemi de la Fance" an cie il agiai de miliciens français. »64. Dans la ee an le laainan de Gege Mandel e meninn, le fai il agie dn cime cmmi a de milicien e indi. Aini, cee cclain mmielle e ache de ce e lde de la ee incialemen en 1947 et 1948 met en avant : il y a iablemen dan la mmie iancialie ne ln deffacemen de cee mmie de la collaboration et des crimes et exactions commis par des collaborateurs français contre dae Fanai. En effet, si tous les Français doivent être perçus comme des résistants, la place des miliciens pose problème, tant ils représentent la pire trahison et le crime de guerre ciile, a le eacin cmmie cne de Fanai. Leffacement progressif de la condamnation milicienne dans les opinions va de pair avec un désintérêt de la presse. Tandis

63 COINTET, Michèle, La Milice française, Paris, Fayard, 2013, p. 281. 64 ROUSSO, Henry, Face au passé. Essai sur la mémoire contemporaine, Paris, Belin, 2016, p. 44-45.

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e limaginaie d milicien cni dan la ee ai cncen ee niemen la représentation du milicien en arme investi dans une guerre franco-française, cette repenain efface geiemen a de eigence mmielle iancialie et la cndamnain d a laie lace ne cncenain l gande e laeni.

Différents éléments peuvent néanmoins susciter de nouveau un intérêt pour la Milice. Ainsi, lorsque des hauts dirigeants de la Milice sont condamnés, la presse continue de le relater. Le dirigeant milicien Jean Bassompierre est de ceux-là. Il aai dj fai lbje de différents articles au moment de son arrestation et des interrogatoires qui avaient pris place au c de lene. Combat avait alors titré un long article intitulé « Bassompierre bras droit de Darnand écroué à Fresnes »65. Dans cet article, le journaliste revenait sur ses engagements leme die e dan le collaborationnisme. Ainsi, lorsque Jean Bassompierre fait de nea lbje dinegaie dean la c de jice, i l la suite de sa condamnation à mort prononcée le 17 janvier 1948, il est exécuté, les différents périodiques publient sur le sujet. Le périodique La Croix publie le 17 janvier 1948 un article intitulé « Inece gnal de la milice, Jean Bamiee elie en C de jice n rôle dans la mutinerie de la Santé »66. Cet article revient sur les différents faits reprochés à lacc e nammen le aaina de Philie Heni e Gege Mandel, aini e sur la mutinerie de la Santé, « qui constitue le grief le plus grave retenu à sa charge »67. Le Monde couvre également le procès de Jean Bassompierre. Les 16, 17 et 19 janvier, le idie blie n aicle la cndamnain de linece gnal de la Milice. Le 16 janie, dan laicle inil Bamiee e jg ajdhi », le journaliste revient sur la personnalité et le parcours de lacc e aje a db de laicle :

Sa carrière sous l'occupation se résume en deux mots: L.V.F., milice... Son procès pourrait simplement être celui d'un traître, d'un homme qui, en temps de guerre, a combattu dans les rangs allemands. Mais cet homme a des cotés sympathiques, qui au plus fort de ses aberrations lui ont conservé l'amitié d'authentiques résistants68.

Aini, al mme e Jean Bamiee e ln de incia ace de la Milice e quen n ein il a cmmi de nmbee eacin, le journaliste insiste sur la sympathie du milicien. Ce dic amenie limance d c Bamiee dan le jgemen de la

65 Combat, 11 décembre 1946. 66 La Croix, 17 janvier 1948. 67 Idem. 68 Le Monde, 16 janvier 1948.

67 trahison milicienne. En outre, cette tentative de réhabilitation par la sympathie montre limance minde accde la cndamnain de cee ahin dan le bjecif politiques, dont Le Monde se fait le reflet. Suite au procès de Bassompierre et à la sanction de mort retenue à son encontre, les trois périodiques mentionnent son exécution. Le Monde cnine e iinne en imle elai i ne cndamne a lacin d milicien e ie, simplement, « Jean Bassompierre a été exécuté ce matin au fort de Montrouge »69. Le périodique La Croix reste lui aussi dans la neutralité et la simplicité en titrant : « Exécution de Bassompierre »70. Laicle bli a le idie cahlie ne fai e hi ligne e e en en ba de la denie age d jnal. Lecin d milicien ncce dnc a une place particuliemen aanagee dan lcnmie d jnal. Combat opte pour un titre condamnateur « Bassompierre a payé » et parle de sa trahison en tant que « principal collaborateur de Darnand, avait créé la Milice dans toute la zone nord et mis cette redoutable organisation au service du « mainien de lde » »71. Aini, il a n egain din a de la tardive condamnation du milicien Bassompierre, la condamnation de son comportement lOccain dan la ee cie ee dan le c een le seul fait du journal Combat, les deux autres se contentant de présenter des circonstances atténuantes et le parcours du dirigeant collaborateur.

Llin liie de in li la cndamnain de cllabae amne en 1947 et 1948 à une diminin de liliain dn dic dnnciae. Le em de la cndamnain emble al l e lin la ee ne l de dnnce le milicien. Cependant, certains articles de presse, principalement issus du périodique Combat, cninen dilie n dic dnnan inan d dig, le faible eine ee a les membres de la Milice. Combat conserve une forme de condamnation, tandis que les deux autres continuent à afficher et à mettre en avant un discours plutôt neutre dans leur traitement de la Milice e de lain. Dan le ligne de Combat, de aicle cninen daffiche des titres remettant en cause les peines attribuées à des collaborationnistes, comme dans celui intitulé, « L'accusation n'a demandé qu'une simple peine de prison pour Angeli que la Cour de Justice de Lyon avait condamné à mort »72. Ce texte se présente comme un « compte-rendu dadience », rédigé par Albert Palle du procès intenté contre Angeli, haut fonctionnaire vichyssois ; il est présent en une, au centre de la page. Cet article qui mentionne la position

69 Le Monde, 21 avril 1948. 70 La Croix, 21 avril 1948. 71 Combat, 21 avril 1948. 72 Combat, 18 mai 1946.

68 dAngeli face lacii milicienne, e en fai dnnce le jgemen end dan le cade de lain e einne la faiblee de ancin eene. D l, laicle conclue ainsi : « Qel e i le edic, i di e end ajdhi, ce ea liginali d c Angeli dai manife a gand j ne nee endance lindlgence. »73. Ainsi, en sortie de guerre, et alors que les jugements rendu dan le cade de lain n critiqués et ne parviennent pas à satisfaire une majorité, des critiques sont émises par le journal issu de la Résistance qui faisait de la condamnation des collaborateurs sa principale clamain l 1944. Ce encore Combat qui en 1947, alors même que la mention de la ahin milicienne e de cime cmmi a lganiain e en baie, eien cee notion de trahison à travers un article mettant en avant la déception liée au déroulé des procès de lation. Ainsi, on peut y lire les mots de Pierre Herbart74 :

Les délateurs, les tortionnaires, les agents de la Gestapo, les miliciens, tous ceux qui ont tué ou dont les actes ont amené deuil ou dommage, auraient dû être traités comme de vulgaires criminels. () Nous savons que la prise de position de certains dirigeants de "lEtat français" a eu pour conséquence plus ou moins directe lenrlement de jeunes gens dans la Milice de Darnand. Cest pour provocation au meurtre et complicité dassassinat que ces hommes auraient dû être condamnés75.

Cet article, situé en une du journal, illustre la déception qui est ressentie en 1947 vis-à-vis d dl de lain. Ce laicle le l ignificaif, ami le i idie di, dne ciie a ein de linin d c de milicien a c de lain. Ces déceptions présentes dans la presse résistante de Combat lganiain mme de ce condamnations, et sur les sanctions reçues par conséquent par les condamnés, contribuent finalement à afficher un désintérêt pour ces proc iil ne ennen a lamle e ne correspondent aux conditions de ce qui était attendu. Le combat entre résistants et miliciens ne se situe plus au maquis, mais « sur le terrain de la justice et de la mémoire » 76. Ainsi, si ce combat continue il ne l e cmme ne ii e la Milice e e membe aaiennen daanage a a nainal, n a mbe il ne l iiaie dige en fige de ahin, mai l dblie.

73 Idem. 74 Pierre Herbart était engagé dans la Résistance et, à la Libération, il rejoint Combat, après une invitation dAlbe Cam. 75 Combat, 25 septembre 1947. 76 BARRIERE, Philippe, Grenoble à la Libération (1944-1945). Opinion publique et imaginaire sociale, Paris, LHamaan, 1995, . 47.

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Bien e le nmbe daicle meninnan la Milice et sa trahison diminue, lhmgniain de eenain e i dan la ee. Si cee hmgniain ae a la menin deacin cifie cmmie a ceain milicien, la menin de francs-gardes semble relativement faible dans la presse. Ce sont pourtant majoritairement les francs-gardes qui, armés et en uniforme, ont commis ces exactions. Le graphique ci-dessous eme aini ddie la aiin de lace fanc-garde, avec une représentation importante au cours de la dernière année étudiée dans ce corpus.

Fig. 10 Nmbe de menin de lace franc-garde » par années dans les trois périodiques.

14

12

10

8

6

4

2

0 1944 1945 1946 1947 1948

Ce gahie ille dnc a c de lanne 1948 la menin de lace « franc- garde » reste particulièrement importante notamment par opposition aux trois années cdene. Aini, i linfmain dimine elle emble galemen e cncene ceain aec, e meninn jal, lecein incialemen d dernier trimestre de lanne 1944. Le fanc-gardes, membres de la branche armée de la Milice, étaient peu mentionnés comme tels car dans les représentations le milicien était uniquement le franc- garde. Aini, acne diffenciain nai alie entre les différentes branches de la Milice et la mention du milicien revenait à mentionner le franc-garde de la Milice. La mention des francs-gade a incialemen elee, a c de lanne 1948, le mois de janvier e ma. Lin dans les articles est davantage porté sur les postes occupés dans la Milice, et dans la franc-gade, aec nammen la menin dn milicien cndamn a la c de jice

70 de Lyon qui « f endan lccain chef de cenaine »77. Dan ce aicle, lace fanc- garde est mentionné à travers un terme spécifique de fonction à responsabilité occupée au sein de la franc-gade a lacc. Le Monde utilise également le terme, mais pour citer des propos tenus par Bassompierre qui affirmait : « en zone Nord, ajoute-t-il, l'activité de la "franc-garde" s'est pratiquement ramenée au secours aux sinistrés... »78. Cette mention reste toutefois marginale et la presse ne prête pas une grande attention à cette catégorie et à la hiérarchie des iin dan la Milice. Laimilain d fanc-garde à tout milicien était également relayée dans la propagande milicienne, reprise par la presse. En effet, dans le périodique La Croix qui, avant de inedi de blicain, aiai de lacin milicienne, se retrouve cet intérêt porté aux francs-gade. Dan ldiin d 12 ail 1944, n aicle inil « Lacii de la Milice », alie lacin de membe de la Milice e affime e la Milice et ses francs-gardes viennent de donner à nouveau une preuve de leur dévouement pour la chose publique »79. Aini, lhmgniain dan le eenain elae dan la ee en ide de ie de gee, eend le lmen de cncin dne fige héroïque milicienne. En effet, cette fige e cnie e dfinie dan le de anne dacii de la Milice a d fanc-garde, un homme, armé, en uniforme, aux attraits guerriers.

77 La Croix, 21 mars 1948. 78 Le Monde, 17 janvier 1948. 79 La Croix, 12 avril 1944.

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Lanale de i idie e de le blicain la Milice e le milicien en ie de gee ille la ndance de lain à la Libératin e a c de lanne 1945. En effet, leurs publications intègrent alors des rubriques et articles qui relatent ea j le j le dl de cde dan le diffen ibna. Nanmin, geiemen e cceiemen lin ceain c aend de dirigeants de Vichy, les articles mentionnant la Milice et les miliciens sont en baisse. Cette baie accmagne dn eeemen de in a de diffen ace e acin e a la Milice lOccain, acin ami celle i indignen e meen le l linin. Ce dic fanne alors une image du milicien contribuant à alimenter la figure du traître en sortie de guerre. Cependant, cet intérêt décroit et les critiques vis-à-vis de lain inenifien. De min en min daicle cndamnen le ace milicien e le membe de lganiain. La eenain milicienne cmme bc-miaie ne l nceaie e ielle ne l nceaie, lin la ee de meninne la Milice et ses membres décroit. Certains actes tels que des assassinats commis sur des figures de la Résistance cninen de cnie de in de alliemen e fn lbje de cmmmain. La emali dminane ne l la minicence d a, daan l lorsque celui-ci est sombre et doit considérer que des Français ont collaboré dans une ganiain cmme la Milice, ee lgal de ai naie.

La représentation homogène construite dans la presse du milicien contribue à masquer lhgni de hmme e de femme i n adh, le ajecie sociales, ainsi e lganigamme de e cc dan lganiain de Jeh Danand. Pourtant, le milicien ne a n hmme en ame el e la eenain de la ahin end le mne. Ladhin de femme la Milice aaai cmme ln de lmen ma a ce eenain. Ceendan, lhiie de milicienne e de le lace dan ne ganiain e cnian n mhe maclin, iil e geie, eme dinege le diffen e de cllabain e dadhin présents au sein de la Milice.

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Chapitre 2. La collaboration au féminin : la milicienne dans un milieu masculin

Le profil de Maud Champetier de Ribes, milicienne amante du milicien Dagostini, réputée pour la cruauté dont elle a fait preuve au cours de son activité de collaboratrice, ja-boutiste armée par la Milice et exécutée à Lyon le 11 septembre 1944, amène à inege les « diaboliques », ce cllabaice liie lOccain1. Ces femmes engagées dans la collaboration politique sont jugées en sortie de guerre, au même titre que les hommes.

Ceendan, dan lhiigahie ce denie n lagemen cc leace de lanale la cllabain a dimen de femme engage dan la cllabain aec lccan nai comme dans le soutien aux ai iche. Lde de la ilence de femmes et de leur engagement poliie dan la cllabain lOccain eine ime. Lhiigahie e ee ai ilenciee la place des femmes collaboratrices politique dan lain jdiciaie. Cela ejin en aie lcclain de lhiie de femmes, et ce daan l de femme i enden de cme la Libain, en pleine période de sortie de guerre, pour engagement idéologique, politique et une action milicienne2.

La blmaie e a lhiigahie lde de femme engages dans la collaboration a réduit la femme collaboratrice à la tondue, la collaboratrice sexuelle3. Cela a ma alemen lde de la lace de femme i n cllab pour des raisons politiques lOccain4. Pe dhiien e n ine ce je, il agie dde ecliemen cene lengagemen liie de femme de de l générales sur la collaboration, notamment sur la Milice. Pourtant dans cette dernière, les femmes représentaient 15 % des adhésions. Qen est-il alors de leur représentation en sortie de guerre comme dan le c de lain ?

Analyser cet engagement et les représentation cnie lengagemen a féminin amène à se poser la question en termes de genres. Le concept questionne la

1 MELETTA, Cédric, « La nuit chez Maud », Diaboliques. Sept femmes sous lOccupation, Paris, Robert Laffont, 2019, p. 173-200. 2 LECLERC, Françoise, WEINDLING, Michèle, « Des femmes devant les cours de justice », KANDEL, Liliane (dir.), Féminismes et nazisme, Paris, Odile Jacob, 2004, p. 83. 3 VIRGILI, Fabrice, La France « virile » : des femmes tondues à la Libération, Paris, Payot, 2000, 392 p. 4 LECLERC, Françoise, WEINDLING, Michèle, « De femme », op. cit., p. 82.

73 répartition des rôles sociaux sexués dans une société donnée, à un moment donné, ainsi que les systèmes de représentations définissant le masculin et le féminin. Dès lors, si liniibiliain de cllabaice e marquante, cela signifie, entre autres, que la conception des rôles dits féminins e cni h de lengagement politique. Dans ce même cas et selon cette catégorisation des relations entre genres, lengagemen ai adie dne a ne ln dmanciain, dae a lobéissance linflence dne figure masculine5.

Le ce inciale i emeen ddie lengagemen fminin dan la Milice n dabd la dcmenain die a la Milice a cncein de lganiain, et, les récits publiés de femmes collaboratrices. Ensuite, le ce de jidicin de lain e de ai liie en ie de gee i aien de la ein de lengagemen dan la collaboration et de son jugement. Ce maia danale emeen de inege la place des femmes dans les sociétés en guerre6, tout en sortant de la « problématique de la victime et du bourreau »7. En e, an affime leience dne cifici fminine de lengagemen milicien, lhhèse étudiée est que cet engagement peut être étudié au prisme de la agande geie e macline mie en e la Milice, afin de cmende ce engagement qui bien que marginal reste particulièrement important.

A. Un engagement en marge des adhésions et des représentations ?

Dan la cncin de lganiain milicienne autour de son chef, Joseph Darnand, la masculinité est mise au centre, afin de se présenter comme un groupe de guerriers, aptes au combat révolutionnaire Ce combat est perçu comme étant du ressort exclusif des hommes8. La place des femmes dan lganiain de Danand ne aai dnc a idene. En effe, lidlgie milicienne laie e de lace ne adhin fminine. Ceendan, cee mie en retrait dans la propagande e lidlgie nemche a le adhin fminine. Lanale de la Milice a ime d gene inie al die lganiain milicienne dan la

5 LECLERC, Françoise, WEINDLING, Michèle, « La ein de femme cable dai cllab endan lOccain », Clio. Femmes, Genre, Histoire, n° 1, 1995, p. 1-13. 6 THEBAUD, Françoise, « Penser les guerres du XXe siècle à partir des femmes et du genre. Quarante ans dhiigahie », Clio. Femmes, Genre, Histoire, n° 39, 2014, p. 157-182, p. 160. 7 SOHN, Anne-Marie (dir.), Une histoire sans les hommes est-elle possible ? Genre et masculinités, Lyon, ENS éditions, 2013, 377 p. 8 CAPDEVILA, Luc, « La quête du masculin dans la France de la défaite (1940-1945) », Annales de Bretagne et des pays de lOuest, n° 117, 2010, p. 101-122.

74 cncin dne agande macline, i ne nglige aan a ladhin fminine, mais qui la cantonne à une représentation très nette des fonctions que peuvent assumer les miliciennes, distinctes de celles assumées par les miliciens.

a. Ee de e dc aca, ee ace e femmes dans la Milice ?

Dans le glemen lganiain de la Milice fanaie, le chaie emie d Tie II intitulé « recrutement , indie an a cndiin dadmiin que « la Milice française di e fme de Fanai e de Fanaie dn lalime inellecel e mal e dne formation politique révolutionnaire nationale »9. Après cet article, suivent les différents critères ei ladmission à la Milice. Chacun de ces critères est formulé au féminin et au masculin. Dès sa création, la Milice est donc ouverte aux recrutements mixtes. Pour autant, en son sein, lengagemen fminin ne a a de i ca ce ne ganiain i e ene avant tout selon un modèle viril. Ce modèle repose sur un imaginaire guerrier, dans lequel le mythe de la virilité caractérise la masculinité milicienne10. La propagande milicienne reprend la eenain iile de lhmme linnaie am caacie n adhin. Lee dne ganiain man cet idéal viril à un recrutement mixte doit alors être pensée en perspective de la place des femmes dans la société comme dan lengagemen politique à la même période11.

Cependant, les réunions miliciennes semblent rassembler des hommes comme des femmes, ces dernières participant et siégeant à ces réunions. En effet, dans un rapport constitué à la suite de la réunion constitutive de la Milice lyonnaise du 28 février 1943, un chef d Seice dde lginnaie (SOL) nai e, l de cee nin, « à 10 h 03 environ les personnalités sont arrivées ; la salle était archi comble, et on notait assez de femmes. »12. Ce a ille lin en a lacii milicienne de hmme, cmme de femme. La nin e lae d a meninne an ne nin

9 Rglemen gnal lganiain de la Milice fanaie, fie 1943, Tie II Recrutement, chapitre premier « cndiin dadmiin ». 10 CAPDEVILA, Luc, « La e », op. cit., p. 101. 11 ALVAREZ, Elvita, PARINI, Lorena, « Engagement politique et genre : la part du sexe », Nouvelles questions féministes, n° 3, 2005, p. 106-121 ; CAMPBELL, Caroline, « Gender and Politics in Interwar and », Contemporary European History, n° 27, 2018, p. 482-499. 12 « La réunion constitutive de la Milice à Lyon vue par un jeune SOL (28 février 1943) », cité par CHANAL, Michel, La Milice fanaie dan lIe (fie 1943-août 1944) », Revue dhistoire de la Deuxième guerre mondiale et des conflits contemporains, n° 127, 1982, p. 1-42, p. 33.

75 constitutive, elle a pu intéresser de nombreuses personnes, intriguées par la création de ce nel gane dEa. Le fai daie cee emie nin ne di ien de la aiciain future de ces femmes à la Milice. Cependant, le SOL organisation critique vis-à-vis de la Milice est conçu comme exclusivement masculin13. Ainsi, la remarque sur la présence fminine de ce chef SOL e migne dne ence ee cmme enane, a ein de la « foule » ayant assisté à ce rassemblement.

Lengagemen mie e en en lien aec la mie en ale dne cmmna l e dne ganiain de cllabain. Cee image de la cmmna a galemen en dans la SS, pour laquelle Heinrich Himmler affirme que : « dans la mesure où nous ne sommes pas seulement une association de soldats, mais une communauté, un ordre, la femme elle ai aaien la SS. Ici elle di bi. Jai dj cn l dne femme e je li ai dit : Je veux ceci et cela, je ne le veux pas.». 14 Lengagemen de femme dan la S.S. est donc voul, nammen dnne limage e la eenain dne cmmna en action, et ces femmes ont participé à la mise en place de la « Solution finale »15. Les femmes SS occupaient majoritairement des positions subalternes, qui ne les dédouanaient cependant pas de la gravité de leur engagement et de leur participation acie lganiain naie16. Aini, lengagemen liie e la aiciain de femme de ganiain de mouvements politiques sont permis, voire encag lOccain, dan la mee ces organisations se pensent au-del de laec iil e geie, dnc a-del dne imle association de soldats en armes. Si le recrutement est pensé pour des adhésions issues des de ee, lganiation de la Milice repose toutefois comme la SS sur une différenciation sexuée dans la répartition des rôles assurés dans la hiérarchie de la Milice et dans la prise en charge des différents membres. Ces éléments de propagande relèvent galemen dne olonté de contrôle du féminin et de la manière dont il doit être représenté, nammen dan la cncein de la famille le dan lidlgie de la Rlin nationale17.

13 GUILLON, Jean-Marie, « Les mouvements de collaboration dans le Var », Revue dhistoire de la Deuxime guerre mondiale, n° 113, 1979, p. 91-110, p. 97. 14 KANDEL, Liliane (dir.), Féminismes, op. cit. 15 LOWER, Wendy, Les Furies de Hitler. Comment les femmes allemandes ont participé à la Shoah, Paris, Tallandier, 2014, (édit. originale : 2013 ; trad. Simon Duran et Évelyne Werth), 352 p. 16 SCHWARZ, Gudrun, « Les femmes SS 1939-1945 », KANDEL, Liliane (dir)., Féminismes, op. cit. ; MAÏLANDER, Elissa, « La fabrique des surveillantes SS », L'Histoire, n° 403, 2014, p. 48. 17 CAPUANO, Christophe, Vichy et la famille : réalités et faux-semblants dune politique publique, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009, 354 p.

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Laan-garde branche de la Milice réservée aux jeunes de moins de 18 ans est organisée selon une séparation entre les jeunes garçons et les jeunes filles. Ainsi, dans le manuel propre au règlement de son organisation, est mentionné que : « laan-garde, sur le lan daemenal, e lace le cmmandemen dn Inece dartemental. Il est ai dne Inecice enable de la banche fminine dn e le acii n nettement séparées »18. Cette aain eme, en man la mii, dganie de actions distinctes pour les femmes et pour les hommes. Lengagemen dan laan-garde est un moyen pour de jeunes enfants ou adolescents de engage dan la collaboration ; donc la Milice, de ae ne adhin linnaie dan la de. Au cours de lallcin d 23 jille 1943 sur la consiin de laan-garde, Joseph Darnand conclut son discours en ces termes : « Maintenant je vous dis à tous, jeunes gens et jeunes filles : pour ei e cmbae, ene lAan-garde ». 19 Ainsi, une nouvelle fois, un discours fait mention de la place des femmes dans la Milice et montre la possibilité pour les jeunes enfants, e ime le ee, dinge la Milice.

Cette ouverture affirmée aux adhésions féminines pose plusieurs questions puisque, même si lganiain laffime, le eenain a c de lOccain e en ie de gee, font peu de place à cet engagement des miliciennes. Lhebdmadaie de la Milice, Combats se fait le relais de son idéologie et se présente comme la principale source mise à profit par la Milice pour diffuser sa propagande. Combats ne meninne a lacii de femme dan la Milice, e ene lganiain cmme n ge dhmme agian le mainien de lde. Cee agande ne e dnc a din a adhin fminine, d min elle ne fait pas une différenciation précise pour celle-ci.

Cette ouverture incomplète de la Milice aux femmes se confirme avec la franc-garde, branche paramilitaire de la Milice qui ne ee a ecemen maclins, des volontaires, de 18 à 45 ans. Ainsi, la spécificité de la Milice, au regard des autres ganiain de cllabain agian lOccain, e bien cee banche ame i fait de la Milice une police lie agian le mainien de lOde. La banche aamiliaie e e acii licie daeain de Fanai e dediin cne le maquis et les réfractaires ne sont donc pas ouvertes aux femmes. Lengagemen am a ein de la Milice e en e l niemen a maclin, la ie dame a le femme a

18 Archives nationales (AN), Pierrefitte-sur-Seine, 72/AJ/2116 : archives du Comité d'histoire de la Deuxième Gee mndiale, manel de laan-garde de la Milice. 19 Idem.

77 c de hmme eeneai ne angein majee. Lide e dacie la représentation milicienne du franc-garde guerrier et dévoué à son chef, selon un imaginaire maial e maclinian. Cmme laffime Fanck Becke, cncenan le XIXe siècle, « le cmba an aimil ecliemen lhmme, la cndiin mme de lda ai déclarée élément constitutif majeur de la virilité. »20. La cncin dne figure milicienne repose al en aie ce cee. Ladhin la Milice e ee cmme lace de iili a excellence et les représentations du milicien en armes se construisent autour du mythe de la virilité guerrière.

Dans son discours du 28 fie 1943, Jeh Danand aelle lengagemen dan la Milice, al cemmen ce en ne Sd, e eien la ein de lengagemen de femmes. Cet engagement demeure donc une préoccupation pour les dirigeants de la Milice. Ainsi, Darnand affirme que « si la franc-garde organisme de combat nacceille e de hommes jeunes, la Milice française fait appel à tous les Français et Françaises. Car la Milice a dabd ne miin liie. Elle ea lInmen incial d edeemen intellectuel, social et politique du pays. »21 Le fait même que Darnand ait besoin de rappeler e lganiain e ee galemen a femme, ille e ce al lin dêtre une idence, nammen en ain de limage de lacin ciale iile »22 à laquelle il appelle lui-même e milicien. Aini, ce ael de lee de la Milice a adhin fminine e dne a n men de enfle le chiffe dadhin en encagean le femme engage ; dae a cmme dan le dicrs de Himmler pour la SS, de montrer que la Milice se pense comme un organisme national et une communauté ouverte. En outre, dans ce mme dic de Danand, le ael de lee de la Milice a femme e jifi a la « mission politique » de la Milice. Ainsi, ce discours permet également de se défaire des représentations renvoyant uniquement la Milice à une collaboration en armes, pour intégrer dans ses rangs des Françaises et des Français, qui ne souhaiteraient pas prendre les armes, mais seraien che idlgiemen e liiemen de lidlgie de la Milice.

20 BECKER, Frank, « La gee e lame : de eace de ngciain lde liie nainal », Revue d'histoire du XIXe siècle, 2013, p. 33-50, p. 38. 21 La Contemporaine, Nanterre, Q pièce 4222 : discours pour le 28 février 1943 par Joseph Darnand. 22 Idem.

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b. Lac cae a d egagee f

La aiciain lacin liie, nammen ilene, de femme e invisibilisée, au fi dne eenain des miliciennes agissant dans des structures sociales23. En effet, les femmes dans la Milice se sont notamment organisées au sein de sections sociales, dont le but était de prendre part au redressement national, idée souvent reprise dans la propagande milicienne. Dan e mmie, Fabienne Faine eien laeain de ce milicienne dn le le a ein de lganiain e eai bn a acin exercées dans ces sections sociales, et affirme que la Milice encourageait ces recrutements. Elle énonce ainsi à ce sujet : « on a arrêté des femmes dont le rôle dans la milice a été uniquement un rôle de charité, soignant les malades, organisant les repas populaires, les pouponnières et les gardes denfan »24. Ses mémoires gardent ne ace de leitence de ces sections et de lengagemen fminin dan la Milice. Le ecin milicienne dacin ciale e daide la enne eenaien dnc n men, le femme haian engage, de le faie dan la cnini dacii cnne, reprenant des stéréotypes liés au féminin, comme pour nombreuses femmes actives dans la Résistance25. Mais cet engagemen aaene al ne fme dmanciain d fe e lganiain liie, bien e cee manciain reste limitée à la réalisatin dacin ee cmme fminine. Dans différentes organisations de collaboration et partis politiques, se sont constituées sur le même modèle, des sections sociales, notamment portées par les collaboratrices26.

Ainsi, le travail au sein de ces sections pouvait se situer en continuité et en adéquation avec leurs activités professionnelles, mais surtout avec le rôle social traditionnel qui leur est assigné. Ce travail favorisant le redressement social consistait, notamment, en soins médicaux, en distributions de vivres et de vêtements27. Ces travaux effectués donnaient à la Milice ne ae image e celle dn gemen miliaie et guerrier. Limage de laction sociale, principalement perçue comme féminine, est instrumentalisée par les dirigeants

23 CARDI, Coline, PRUVOST, Geneviève, « Les mises en récit de la violence des femmes. Ordre social et ordre du genre », Idées économiques et sociales, n° 181, 2015, p. 22-31. 24 FRAYSSINET, Fabienne, Quatre saisons dans les geôles de la IVe République, Monte Carlo, Regain, 1953, p. 20. 25 CAPDEVILA, Luc, « Identités masculines et féminines pendant et après la guerre », MORIN-ROTUREAU, Evelyne (dir.), 1939-1945, combats de femmes : Françaises et Allemandes, les oubliées de lhistoire, Paris, Autrement, 2013, p. 199-220, p. 206. ; ANDRIEU, Claire, « Les résistantes, perspectives de recherche », Le Mouvement Social, n° 180, 1997, p. 69-94. 26 LECLERC, Françoise, WEINDLING, Michèle, « La ein », op. cit., p. 8. 27 DIAMOND, Hanna, Women and the Second world war in France, 1939-1948: choices and constraints, Londres, Longman, 1999, p. 93.

79 miliciens, notamment pour permettre un recrutement plus large et plus varié 28. Ces engagements, perçus comme féminins, brouillent les frontières entre sphère publique et he ie, ie lengagemen dan la he blie e al en cmme ne reproduction de la sphère privée29. Aini, lengagemen de femme dan ce acii passe, en partie, par la reproduction des rôles traditionnels. Dès lors, si leur participation à la collaboration est dans la continuité de leur position sociale occupée précédemment, ces milicienne n enfreignent [pas] la frontière du genre »30, contrairement aux femmes ennemies faisant le choix de prendre les armes.

En effet, peu de femmes occupent des postes à haute responsabilité dans la Milice, bien il existe des exceptions comme Maud Champetier de Ribes qui participe notamment à des arrestations usant de la torture , prend la parole et intervient à la tribune au cours de meetings miliciens31. Le recrutement pour des activités à caractère social pour les femmes et à caractère militaro-politique pour les hommes traduit une représentation sexuée et genrée de la cllabain. Dan la maji, le milicien n engag lame e la liie, andi que les miliciennes doivent prendre en chage laide e le ien la enne, de fncin dde adminiaif32. Aini, lengagemen de milicienne dan de ce ciale ille ne ln delier « lininc de cmain »33, de promouvoir une représentation de la femme a dacii maenelle e dmeie. Diffene ineain de la cllabain e de lengagemen de femme dan la Milice bien dan lhiigahie acelle e mnen e lengagemen milicien nd dan a globalité à des motivations diverses34. Cependant, la propagande produite par la Milice et les imaginaires qui perdurent en sortie de guerre assimile cette collaboration à une représentation particulière et singulière masquant cette hétérogénéité.

Certains discours de miliciennes sur leur propre engagement et collaboration réutilisent cee image de lengagemen cial de femme. Ceendan, n le ee galemen che

28 SIMONIN, Anne, « La femme invisible : la collaboratrice politique », Histoire @ Politique, Politique, culture, société, n° 9, 2009, p. 1-26, p. 23. 29 SOHN, Anne-Marie, « L'émancipation féminine entre les sphères privée et publique », EPHESIA éd., La place des femmes. Les enjeux de l'identité et de l'égalité au regard des sciences sociales, Paris, La Découverte, 1995, p. 177-181. 30 VIRGILI, Fabrice, « LEnnemie dan lEe en gee a XXe icle , LAutre. Cliniques, cultures et sociétés, 2002, p. 39-51, p. 46. 31 MELETTA, Cédric, op. cit. 32 FRAYSSINET, Fabienne, op. cit, p. 20. 33 FRANCOIS, Aurore, « Jeunes collaborateurs durant la Seconde guerre mondiale : quelles réponses à quelles transgressions ? », Le mouvement social, n° 261, 2017, p. 93-106, p. 97. 34 SIMONIN, Anne, « La femme », op. cit., p. 6.

80 des adhérents masculins. Ainsi, bien que la représentation tende à montrer que cet engagement est exclusivement féminin, des miliciens apportent dans leurs discours des lmen elaif lacin cial. Le milicien Li Labde affime cncenan n adhin et son engagement dans la Milice : « je nai e acne acii liie ni ciale ca le jai voulu des renseignements sur la question sociale, n ma nd e la ein liie imai ce e an je me i ei de la ecin e de lganiain complète »35. Le dic lengagemen cial dan la Milice ne di a e en uniemen a fminin, diffen adhen dien lai ai.

Toutefois, il ne fa a dliie lengagemen de femme. En effe, i el laec cial ineai ce milicienne, elle aaien engage dan dae ganime, apolitiques, tels que le Secours national36. Aini, bien il ai ei n engagemen cial des miliciennes, celui-ci ne di a mae la ence dne idlgie e dne ln farouche de dan e la cllabain, e nn aille. Ce dic lacin sociale sont réutilisés à des fins de défense des miliciens et miliciennes sur leur engagement. En effe, le fai daffime, la Libain, dai adh la Milice organisation haïe pour son collaborationnisme armé avant tout pour participer à une action sociale représente un men de mine lengagemen cllabainnie, en affiman ai n a. Cee affimain mae al ne diance ene lidlgie e la ene de lacce e la représentation dominante du milicien franc-garde37. Devant la justice, ces discours semblent donc être mis à profit dans la défense des accusés. Le dossier de la milicienne Marcelle Guerineau est à cet égard particulièrement significatif. En effet, au cours de son interrogatoire, elle affirme:

Dans ce mme désir de moccuper duvres sociales et dapporter secours aux victimes des bombardements, jai adhéré à la milice, et signé mon engagement à Paris, 44 rue le Pelletier. () Je nai pas porté luniforme, je nai assisté quà une seule réunion, le 20 juillet, à la permanence des Gobelins o je devais réunir des adhésions dinfirmières pour la Normandie38.

35 AN, Z/6/77 : dossier n° 1193. 36 COINTET, Michèle, La Milice française, Paris, Fayard, 2013, p. 87. 37 CAPDEVILA, Luc, ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, VOLDMAN, Danièle, Sexes, genre et guerres : France, 1914-1945, Paris, Payot, 2010, p. 241-242. 38 AN, Z/6/539 : dossier n° 4801.

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Macelle Geinea ene al n engagemen cmme ne acii ciale daide nainale aliie. Ceendan, dne a lene a dmn elle aai dnnc de nombreux réfractaires à la Gestapo ; e dae a la jice a mi la main n cell dan leel elle ci elle lutte depuis 10 ans contre les Juifs, les Maçons, les Communistes et linflence anglaise aan daje elle a appartenu à tous les mouvements politiques qui ont lutté avant la guerre contre tous ceux qui devaient jeter nos deux pays dans cette horrible aventure »39. En e, lacce a « milité à la Milice française et dans le privé elle se donnait le rang de chef ». Son activité milicienne et son idéologie sont alors prouvées dans lene. Malg , elle utilise un discours opposé devant les autorités judiciaires en se présentan cmme ne milicienne naan aici a structures sociales de lganiain, e dfende. Enfin, depuis la prison de Fresnes où elle est internée, en attendant sa comparution, elle affirme, en novembre 1947, dans une lettre envoyée au juge : « ce e jai fai, je lai fai ei la Fance. () Je di die e je bi n inflence [de son père] e e ce il cnidai cmme lani-France rencontrait mon hostilité »40.

Sn die ene liliain de de topoï aign la eenain dne collaboration féminine : la edcin dan le blic, dacin ie de la he ie die fminine, e lide eln laelle lengagemen dne cllabaice e nceaiemen inflence, al mme elle ne laai jamai meninn aaaan. Lacion sociale est alors réutilisée dans un discours défensif pour amenuiser la présence dne idlgie cllabainnie e dn engagemen acif dan la Milice ; elle montre la cnnaiance a le acce de dic aend delle en jice. Aini, les miliciennes naaaien a niemen cmme le mice dne eenain ciale de la Milice. Cependant, puisque leur place dan lganiain na a autrement affirmée dans la agande de lganiain e que le engagemen nn a fai lbje dne mmie particulière à la Libération41, les représentations de leur participation ont été remémorées à travers des stéréotypes de genre.

39 Idem. 40 Idem. 41 COINTET, Michèle, La Milice, op. cit., p. 84.

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c. Des figures de la collaboration milicienne

La place des femmes dans la Milice demeure néanmoins ambigüe. La collaboration des femmes dans une organisation paramilitaire ne va pas de soi, même dans le contexte de lOccain. Ree e lorganisation milicienne leur est ouverte et que représentant 15 % de membe de lganiain, ce ne ai e ne eni ecndaie. Cependant, du in de e de la Milice, e malg de ael e le injncin lengagemen, le dic de la Milice tend à replacer les femmes dans une position marginale de lganiain. Dan la propagande milicienne, il est difficile de trouver des traces de la collaboration politique et milicienne de femme lOccain. En effe, la agande milicienne aimile le milicien au chevalier, célébrant sa mission dans la symbolique des armes de main42. Ces figures guerrières, exaltées par la Milice, laissent e de lace la eenain dn engagement proprement féminin ou mixte. Ainsi, le féminin est davantage présenté comme un inconvénient, un repoussoir.

Dans la propagande nazie et collaborationniste française, liliain dan la propagande de représentations efféminées est présentée comme une critique, une dénonciation. Le fascisme promu par les autorités nazies et repris par les chefs miliciens se présente comme le sauvetage national sur le point de la reconstruction du masculin43. Cette critique du féminin dans une volonté de virilisation des rangs miliciens se développe dans les discours, comme dans celui du minie de lEdcain nainale, , adressé aux chefs miliciens. Dans celui-ci, prononcé le 30 janvier 1943, Bonnard répond aux opinions qui affirmaient que la politique voulue par le gouvernement de Vichy « nai a aliable » et ajoute que « linin ne ne nme femelle. Je ecnnai e ale en llmen mâle de la nation »44. Aini liliain d fminin e de fin agandie de mbiliain, mai galemen affime lidal iil de diffene ganiain iche, au premier rang desquels, la Milice, en présentant le milicien comme un guerrier linnaie, n hmme en ame lbiance e ladmiain de n chef, Jeh Darnand. Le féminin ou le trop efféminé y est perçu négativement. Dans ce cas « lnme femelle » prend les trai de linin e de la ene iane. Ce ce i Abel Bnnad e le milicien dien e.

42 CAPDEVILA, Luc, ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, VOLDMAN, Danièle (dir.), Hommes et femmes dans la France en guerre, 1914-1945, Paris, Payot, 2003, p. 84. 43 CAPDEVILA, Luc, « La e », op. cit., p. 5. 44 AN, 72/AJ/2116 : discours aux chefs miliciens, prononcé le 30 janvier 1943.

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Ceendan, liliain de fige fminine dan le ce die en cnee de guerre, plus particulièrement dans la propagande , sert celi i la di. En effe, ce comme une image devant appeler les hommes à combattre. Ce i, les organisations de collaboration, telle la Milice, usent de ce moyen pour mobiliser leurs membres notamment lil einen gagner de nouveaux adhérents ou quand les adhérents manquent de miain dan la aliain d je de lganiain. Le fige fminine eenen dans cette propagande collaborationniste un but de revirilisation des combattants. Dans la propagande milicienne des indicateurs illustrent cette place de la représentation féminine, dans le sens où cette représentation se construit par opposition à ce qui est masculin.

Ainsi, dans le journal LAssaut, le périodique des francs-gardes de la Milice, les femmes sont mentionnées au prisme dne eenain de ce e di e le le dan le cnee de lacin milicienne. La dfiniin de ce le bi de cde ememen genrés. En effe, n aicle de ce idie inile Mamans, femmes françaises ! »45. Imprimé en première page de la revue, cest un appel aux mères des francs-gardes de la Milice pour elle acceen lhme e le demen de le fil la aie a ein de la Milice. Dans cet article, les mots du discours, le langage employé renvoient à toute une propagande autour du sacrifice déjà relevé dans Combat, dans lequel la place attribuée à la femme est celle de la me i aend n fil mai i di ee fie il ne eien a, dnc il meurt en combat. En effet, les francs-gardes disent à ces mères : « Mamans, femmes françaises, qui venez de perdre un de vos fils, pour notre cause, soyez fières : malgré la gande iee i enaille le c. Ca n engen ce i n aach votre amour. Nous honorons votre douleur ». Dans la propagande des francs-gardes, la figure fminine e niemen celle de la me, le dic de lganiain iene a dne maclini he e iile. En effe, dan le cnee de lOccain, à la suite de la défaite de 1940, « le facie mlaien le edeemen nainal la fmain dne iili guerrière : pour sauver une France efféminée par la démocratie, les hommes devaient recouvrer leur masculinité dans le rétablissement de leur autorité, par la culture physique et dan liniain de eience cmbaane. »46 Aini, liliain de fige fminine dans cette propagande est mise au service de la réaffirmation de la masculinité des hommes combattant dans les rangs de la Collaboration. Ce fige fminine milicienne nan e très rarement mentionnées, leur emploi, par des figures féminines de la collaboration, illustre

45 LAssaut, 1er janvier 1944. 46 CAPDEVILA, Luc, « Lideni macline e le faige de la gee (1914-1945) », Vingtième siècle. Revue dhistoire, n° 75, 2002, p. 97-108, p. 104.

84 le l en ne ln dael la mbiliain e de remotivation des individus ael adee maiemen cee agande.

A c dn meeing milicien gani le lndi 28 fie 1944, Fanci B de lAn a nnc ne allcin dan laelle il meninne lhme dne milicienne47. Ainsi, déclare-t-il:

Cest dans cette cuisine, quun soir, Claire Fillon, une Milicienne de 18 ans, fut abattue, et avant de mourir elle dit : « Je suis sûre que ma mort sera utile à la France. () Miliciens des deux zones, jai voulu ce soir, vous faire comprendre par lexemple des meilleurs dentre nous, la grandeur de notre cause. Il nest pas possible que nous perdions, quand nos Miliciens nos Francs-Gardes, nos Miliciennes, meurent, joyeux davoir servi48.

Ce discours fondé la mie en aan dn ma le martyr étant une femme semble lin de andin. En effe, en chiian dan la agande, ce eemle dengagemen e de din ali a ne femme, ce n men daele le hmme, ce i dien e le lda de lganiain, a mme dement, i ce ne plus.

Au sein des membres de la Résistance, la mobilisation de figures féminines suit également le même processus. Un document produit par la résistance communiste intitule « Comment une jeune fille fut torturée par la Milice » et retrace les exactions commises par des miliciens sur cette dite « jeune fille », dans le choix tout sauf anodin den faie n document de propagande49. Cette dernière aurait été torturée par les hommes les miliciens contre lesquels les rédacteurs du document appellent à se soulever. Cette source utilise alors exactement le même procédé que les discours miliciens appelant au combat. La jeune fille témoigne dans le document et affirme : « je souffre terriblement, mais je ressens une profonde joie intérieure car, malgré toutes mes aphenin, je en e jai l fe e ». Sa ie de ale fai delle ne iane i a c a main de la Milice. En conclusion du document, qui se présente comme un appel à une justice expéditive rapide contre les miliciens pour que « la France en guerre extermine les Boches et leurs agents »50, leience de cee jene fille e ene cmme he. En effe, le dcmen affime

47 Fanci B de lAn a enable d eice de agande e dinfmain, ice-président de la L.V.F., puis secrétaire général de la Milice. 48 AN, 72/AJ/2116 : achie d cmi dhiie de la Deime Gee mndiale, fnd i e dcmen relatifs à la période 1939-1945, fonds Gérard Silvain (collection de document sur la Seconde Guerre mondiale). 49 AN, Z/6/305 : dossier n° 3391. Annexe n° 7 : « Comment une jeune fille fut torturée par la Milice ? », p. 247. 50 Idem.

85 que « cette jeune fille de 22 ans, soldat de France, na a bli n agen de liain na rien à révéler lganiain de n ni. Sa belle aide e linefficaci de tortures devant la ferme volonté de ne rien dire ». Autrement dit si « cette jeune fille de 22 ans », présentée comme combattante, a su se taire sous la e, i dae ne aien faire de même ? La figure féminine est un appel à la mobilisation des héros masculins qui doivent être capables de faire au moins pareil, voire mieux que ce martyr. Ce document reprend également le précepte selon lequel la femme, la bonne mère de famille, doit être toujours prête au dévouement pour les siens. Le martyr présenté dans ce document présente une utilisation de traits de caractères perçus comme éminemment féminin dans un but glorificateur51.

Ces discours produits par la Milice et ses membres mettent en avant la place ambigüe accordée aux femme dan la cllabain milicienne, aini e liliain dan la propagande de figures féminines. Ces femmes collaboratrices engagées dans la Milice sont porteuses, en sortie de guerre, des imaginaires de la trahison. Les miliciennes sont alors jge le engagemen, daan l en chiian la ie de la cllabain, ce femmes ont rompu avec le rôle qui leur était attribué dans la société familialiste de lOccain e de la Libain.

B. Ldg e a eea de a caba : miliciens et miliciennes, des traîtres à la nation

A la Libain, i a c de lain, la ein de lengagemen de femme dans la collaboration se pose également. En effe, lenemble de milicien e milicienne e echech a la jice dain, afin de le cndamnain. Ceendant, devant les jidicin, dan le jgemen de la cllabain milicienne, e n jgemen diffenci pour les hommes et les femmes, les collaboratrices étant davantage représentées pour une trahison sexuelle et corporelle, image dominante de la collaboration au féminin. Leur collaboration apparait alors comme une souillure à la fois nationale et corporelle et la tondue est érigée comme figure victimaire de la femme de la Libération. Dans ces représentations, la cllabaice liie naaait que de façon marginale. Ceendan, laffimain dean ce jidicin dne cllabain liie ame a de femme eie galemen. Le

51 VIRGILI, Fabrice, « LEnnemie », op. cit., p. 46.

86 jge dain een finalemen le el ae jge de cee indigni e de ce engagement, très e en dan la mmie de lganiain milicienne e dan le représentations de la collaboration politique. Le discours faisant des miliciennes des agents aie e cnn de inciale cncene, i lilien le gie a c de luration.

a. En sortie de guerre, la collaboration politique au masculin ?

Aan mme la Libain, le inance iane e eneignen lacii e le ecemen de milicien. Aini, dan ne ln de eenain de lennemi een des traits qui cherchent à remettre en cause la virilité revendiquée des miliciens. Ces derniers sont représentés dans un document datant de mai 1944 comme étant « des personnages sans cniance i ne demandeaien e anille, il naien cnstamment stimulés par leurs animateurs »52. Ces représentations paraissent contraires à la fougue révolutionnaire présente dans la propagande milicienne. Le manque de virilité, de contrôle des miliciens sur leurs propres choix et actes sont mis en avant, tout comme les autorités miliciennes condamnent le manque de virilité des membres de la Résistance.

Ces discours associant absence de virilité et engagement milicien changent à la Libération, où la représentation du milicien se focalise sur la figure du traître, un assassin dans la guerre franco-française, présente depuis 1943 et renforcée à la Libération. Ces dic en a mif emie jifian lengagemen de milicien dan lganiain aamiliaie de Danand : une « quête du masculin »53. Ladhin e présentée comme un moyen de vivre sa condition masculine en adhérant à ce qui est présenté comme le symbole même de la virilité. Dans ces représentations construites au sein de la Résistance, lengagemen fminin dan la cllabain liie e miliaie ne a envisagé comme un thème structurant. Ces femmes incarnent limage de la mauvaise femme, mais surtout une image peu concevable, et demeurent, à ce titre, des absentes de lhiie de la Milice e de lhiie de la cllabain54.

52 La contemporaine, F/RES/0344 : Clade Rcha. Relain lOccain e la Riance en Sane-et-Loire. 1940-1945. 53 CAPDEVILA, Luc, « La e », op. cit., p. 14. 54 COINTET, Michèle, La Milice, op. cit., p. 83.

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S lOccain, lidlogie de la Révolution Nationale enjoint à une stricte différenciation entre les rôles masculins et féminins, le rôle alors attribué aux femmes étant cantonné à la sphère de linimi et du foyer. Ces rôles propres à la sphère privée sont instrumentalisés par le régime de Vichy, mais également dans les organisations de collaboration et dans la politique de recrutement55. Aini, limage de la me a fe e utilisée et instrumentalisée par les autorités miliciennes pour favoriser le recrutement des femmes, notamment dans la propagande de laan-garde de la Milice. Dans celle-ci, la femme est représentée comme la mère ou le, qui doit attendre que son fils ou mari engage héroïquement pour la nation, et accepter cet engagement. Ainsi, la Libération est une période de domination de lidlgie dite familialiste56. Cette idéologie ne laisse que très peu de place à la perception des collaboratrices politiques puisque dmine lealain de ale familiale, nammen a de limage de le, mère au foyer. La femme engagée, capable de pousser son engagement vers la violence, reste un tabou57.

Sans surprise, on relève que la ale de cllabaice e e ene dan leace public postie lOccupation, contrairement à celles de leurs homologues masculins qui mlilien le ci e amhle claman le adn, lbli e lamniie58. Peu de récits écrits par des collaboratrices, ou des femmes arrêtées et / ou condamnées au cours de lain, n dinible. Aini, ami le mmie e ci ci a de membe de la Milice et édités, il semble que seul un ait été produit par une milicienne, celui de Fabienne Frayssinet, Quatre saisons dans les geôles de la Quatrième République59. Ses mémoires sont des « mémoires en défense »60, a leelle elle e a aiemen e a milicien a la jice dain, mai aussi à la perception de leur engagement. Cependant, de ci di a de femme le e eience de la ide de lOccain e de la sortie de guerre demeurent très rares61. Dan ne eecie de gene e danale de rapports socia ene le ee dan la Milice, celi de Fabienne Faine eme dai

55 CAPUANO, Christophe, Vichy et la famille, op. cit. 56 CAPDEVILA, Luc, « Ideni macline », op. cit., p. 200. 57 DESBARATS, Carole, « Montrer la violence des femmes », Esprit, n° 1, 2016, p. 57-67, p. 58. 58 BIARD, Michel, Le amhle d incac a la Libain , Combattre, tolérer ou justifier, écrivains et journalistes face à la violence dEtat, XVIe-XXe, Mont-Saint-Aignan, Publications des Universités de Rouen et du Havre, 2009, p. 145-174. 59 FRAYSSINET, Fabienne, op. cit. 60 SIMONIN, Anne, « La femme », op. cit., p. 7. 61 MARQUET, Mary, Cellule 209, Paris, Fayard, 1948, 223 p. ; LUCHAIRE, Corinne, Ma drôle de vie, Paris, Dualpha, 2002, 204 p. ; MORET, Frédérique, Journal dune mauvaise Française, Paris, La Table ronde, 10972, 263 p.

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n ci de lengagemen milicien ae e ce ci a de engag de la fanc-garde ou de la Waffen SS, tel que celui de Christian de la Mazière62.

Fabienne Faine interroge également sur la place des femmes à la Libération devant le jidicin de lain. A la suite de son arrestation, al elle e ene a eice de lice, elle cnae il y avait déjà du monde, mais [elle] étai[t] la seule femme ; ele jene gen, la la de hmme dge m e mme de ieillad. Il fmaien llie d daemen dan e le clae, ceendan le genilhmme terriens et les paysans dominaient »63. Faine inege al la composition sociale de indiid a cllabain en ide dain e n emie cna e sur le faible nombre de femmes présentes au sein des commissariats, pour rendre compte de le acii e cmemen lOccain. Cette présence marginale des cllabaice dan leace blic cmme dan la cndamnain de la cllabain liie la Libain e en cnee de ie de gee elie nammen a limlicain l limie elle n ee dan le aciités de violence. Ainsi, alors que la focale se porte massivement sur le milicien ayant combattu le maquis, la collaboratrice milicienne ne peut être représentée ainsi, puisque ne faisant pas partie de la franc-garde son engagement actif dans les expéditions contre les maquis est faible, voire inexistant. Par conséquent, les expéditions et assassinats étant les crimes de collaboration les plus visibles, lingali de eenain de la cllabain ene le ee e elie a ce différentiel de perception64.

Après guerre, dans les documents liés aux enquêtes menées par les autorités résistantes sur les groupements de collaboration, la structure réelle de la Milice semble particulièrement méconnue. Ligine de adhin notamment sur la question du genre e louverture de la Milice aux adhésions féminines, apparaissent comme des réalités largement méconnues. Ainsi, un document dig, al e la Libain ganie, le 2 juin 1944, dresse un bilan de lacin de la Milice le eiie français. Ce texte inile La Milice : informations diverses » ; il indique que :

Depuis quelques mois la Milice française recrute des agents du sexe féminin auxquels elle a donné le nom davant-garde. Ces agents ont pour mission de se mettre en contact

62 LA MAZIERE (de), Christian, Le rêveur casqué, Paris, Robert Laffont, 1972, 315 p. 63 FRAYSSINET, Fabienne, op. cit., p. 26. 64 TSIKOUNAS, Myriam (dir.) Eternelles coupables : les femmes criminelles de lAntiquité à nos jours, Paris, Autrement, 2008, p. 125.

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avec les jeunes gens susceptibles daller à la résistance ou den faire partie. En général, ces jeunes filles ou jeunes femmes sont de murs légères et en sont donc plus dangereuses. Elles auraient un fixe de 1900 francs par mois ; plus une prime par arrestation provoquée ou renseignement fourni, leurs frais de déplacement leur sont également payés65.

Ainsi, cette archive illustre la méconnaissance par les ai de lain de lengagemen de femme dan la Milice, comme de la structure et de lganiain générale de la Milice66. En effet, les auteurs du document, voulant mettre en alerte sur le recrutement de milicienne, indien e ce ecemen naai cmmenc e depuis quelques mois , i ai de lhie e d inem 1944, alors que depuis sa création, la Milice est ouverte aux recrutements mixtes. La Milice ne comporte pas de structure réservée uniquement a femme, cmme ce dcmen le laie ene cncenan laan-garde, branche réservée aux adhérents de 15 à 18 ans, des deux sexes. Aini, bien a ein de laan-garde les engagements féminins soient autorisés, et différenciés en termes de structure de ceux de leurs homologues masculins, ce ne a ne ganiain niemen cme dagen de sexe féminin.

D fai de la angein elle en, ce milicienne n ee cmme l dangeee. En effe, angee d le habiel de le de la me a fe représente alors la cruauté et la perversité, comme pour la milicienne Maud Champetier de Ribes, ou pour Violette Morris67. Ces femmes transgressent le le aend delle dan la société et sont donc perçues comme plus cruelles et plus dangereuses, que les miliciens dont lengagemen ne eai finalemen a lign de lidal maclin e iil, dn hmme i engage dan le cmba. La dnnciain ae a lemli dn cablaie aci a vices perçus comme féminin, tels que la perversité et la cruauté. En effet, ces miliciennes sont dcie dan le dcmen cmme de m légères et dangereuses. La collaboration des femme bi n me de eenain e de dic i elen dn egie extrêmement critique du féminin68. Enfin, le document insiste sur les salaires reçus par ces femmes dans lequel est mentionnée une prime particulière. Certains miliciens et non seulement les miliciennes eceaien, en effe, de ime aiclie ajan le

65 AN, F/1a/3747 : objets généraux, 1794-1972, documentation provenant de la section non militaire du Bureau central de eneignemen e dacin (BCRA) e d Seice cie, dcmenain e diffin (SCDD) d cmmiaia lInie. Milice. 66 ROUX, Michel, « Miliciens en Haute-Loire. Pour une première approche statistique et historique », Domitia, n° 11, 2010, p. 109-138, p. 120. 67 BONNET, Marie-Josèphe, Violette Morris : histoire dune scandaleuse, Paris, Perrin, 2011, 377 p. 68 VIRGILI, Fabrice, LEnnemie », op. cit., p. 46.

90 salaire. Ceendan, cee manie dinie daanage le alaie e a le femme ne semble pas niemen n men de e eneigne le cndiin dadhin la Milice e le ibin e le membe de lganiain eien. En effe, dan n dic cndamnan la ence de femme dangeee an enichi dan la Milice, lauteur du document les montre comme se prostituant, attirées par le gain69. Ainsi, à la Libération le regard porté sur les miliciennes ne se focalise que sur des traits dits féminins, dénués de toute idéologie et de tout libre-arbitre.

b. Lagae de a ahison et les miliciens

A la Libain e a c de lain, le aiclie efface dean le gnal, al lhgni d ge de acc ne a mie en aan en jice, e la lace de femmes non plus70. Ainsi, à cette période perdure une ambigüité profonde sur la nature des engagements féminins, notamment dans la Milice. Les représentations virilisantes et masculinisantes n eie en ie de gee e maen la ali de lengagemen, notamment social et politique des miliciennes. Fabienne Faine adme e ln a essayé et réussi à faire croire à la majorité des Français que la milice était composée de mauvais gan e de gen an ae i aien mi la lde de Allemand ».71 En effet, les représentation de membe de la Milice en ie de gee eennen limage d mauvais garçon » qui aurait trahi sa patrie, et, en outre, aurait un train de vie mauvais et malsain. Les miliciens sont perçus comme les « hommes de Darnand , de ae mi lai dn chef ayant prêté serment à Hitler. La trahison du milicien ne remet pas en cause des attentes lie n ee daaenance. Ceendan, le ein de masculinité restent mniene dan le dic. En effe, lennemi de la Libain a des pratiques barbares qui le rejettent du masculin. Cette dénonciation de la trahison à la Libération apparait comme une remise en cause de la virilité et de la masculinité du milicien72.

Certains éléments présentent la violence féminine, selon des discours la renvoyant à une violence perçue comme transgressive et cruelle. Dans un article du journal Le Monde, publié

69 LAGORGETTE, Dominique, « Chaie 21. La ilence de femme aiie a le m. Scie, Ticee, Vienne, Plee : un continuum toujours vivace ? », CARDI, Coline (dir.), Penser la violence des femmes, Paris, La Découverte, 2012, p. 375-387. 70 VERGEZ-CHAIGNON, Bénédicte, Histoire de lépuration, Paris, Larousse, 2010, 608 p. 71 FRAYSSINET, Fabienne, op. cit., p. 18. 72 VIRGILI, Fabrice, « LEnnemie », op. cit., p. 3.

91 dans le numéro du 13 octobre 1947, le journaliste et résistant Rémy Roure revient sur les femme cllabaice lOccain, il nomme les « abominables femelles, les tueuses de la milice et de la Gestapo »73. Dans cet article, il critique la fascination à décrire la ie de cllabae e end dnc leemle de femme cllabaice i, en an aini exposées et mises en avant dans une certaine presse il cie en lccence France-Soir deviennent « les perverses actrices d'une étonnante tragédie d'amour et de cruauté ». Les codes de pensée de la trahison féminine se retrouvent ainsi énoncés. La représentation de ces collaboratrices, ces « tueuses », est critiquée par le journaliste qui demande au contraire la représentation des victimes qui « ne comptent pas : elles sont presque anonymes et ne servent, vagues comparses, qu'à fournir la chair sanglante pour les descriptions sadiques, pour les expériences de la douleur »74. Ce liin ene lin a bea a victimes qui est énoncé par le journaliste75. La trahison féminine est représentative dans le cnee de lain dne ca, l gande encore que celle des hommes pour laquelle ces traits de caractère ne sont pas mobilisés.

Les imaginaires représentatifs de la trahison des femmes notamment des collaboratrices sont remplis de codes percevant ces engagements selon la perspective de la transgression dont elles font preuve en choisissant la voie de la collaboration. Ainsi, « elle i celle dcice, limage de la aee cnine facine e cnemain cmme inie a la suite les biographes et auteurs de fictions »76. Ce nammen ce e ln ee dan lage de Cdic Melea, autour des femmes collaboratrices77, avec une fascination pour ces dernières, puisque son ouvrage ne se limite pas au style historique et a un caractère très romanesque dans la manière dont sont envisagées ces collaboratrices. La femme cllabaice facine aan elle dange. En effe, cmme lindie la aime de couverture de lage de Melea, lae e lnge dan lhiie de chacne, nde le âme noire, comme on rouvre des dossiers enfouis »78. La fascination culturelle pour la figure de la aee ien galemen d fai e cee ahin e ne angein de le n aurait attendue de ce femme. Si elle facinen, ce e le ace ennen, donc elle en de la fncin i ai aende delle. Les miliciens ne fascinent alors pas

73 Le Monde, 13 octobre 1947. 74 Idem. 75 LACOSTE, Charlotte, Séductions du bourreau : négation des victimes, Paris, Presses universitaires de France, 2010, 479 p. 76 BOULOUQUE, Sylvain, GIRARD, Pascal (dir.), Traîtres et trahisons. Guerres, imaginaires sociaux et constructions politiques, Paris, Séli Arslan, 2007, p. 61. 77 MELETTA, Cédric, op. cit. 78 Idem.

92 aan e le milicienne, iil nn a ange le aignain ee, leur ahin ee incialemen de lde dne ahin nainale, accain dean laelle les moyens de défense principalement utilisés sont la réaffirmation de sentiments daaenance nainale79.

En sortie de guerre, lide e de femme puissent faire ele le chi dadhe n ai ne ganiain liie, d fai de le cnicin idlgie, ne a formulée. A c de lain, la propagande collaborationniste associée à des représentations virilisantes80, domine et masque la violence politique exercée par les femmes81. Si la collaboration féminine ne peut se penser en termes de violences idéologiques, politiques, ou militaires, ce sont des représentations sexuées qui prédominent. Ainsi, la collaboratrice est présentée comme la femme délatrice car trop bavarde ou la femme qui a des relations intimes aec lennemi. En effe, ce de fai de cllabain n ceux qui se rapprochent le plus de la « pure perversion »82 féminine. Certains traits perçus comme proprement féminins sont également pathologisés. Aini, n ee ne flein lingence lhie l dineenin mdicale alie a c de cde jdiciaie. A c de leamen médical précédant la comparution de la milicienne Hélène Henriet de Tremblays, le médecin affirme : « ce ne femme dilibe a in de e chie e a in de e d système neuro-sympathique. Elle est très exaltée, manque de pondération, est incapable de se contrôler et de se réfréner »83. La collaboration de cette accusée est alors perçue selon des ai de caace aci limage de la aee, angean nn l niemen le le qui lui est assigné mais également des comportements attendus. Ces comportements sont médicalisés et repréenaif dne hie fminine, caacian la femme, ee cmme être de pulsion ; une mineure qui ne peut être guidée par la raison. Ainsi, le comportement cllabainnie de lacce milicienne e en limaginaie de lhie84.

La trahison se construit donc dans les opinions comme dans les représentations du crime daaenance la Milice a de la jice dain, eln de eecie diffencie eln laaenance eelle de lacc. P le milicien laccen e davantage mis sur une critique morale et une absence de virilité, tandis que, pour les

79 VERGEZ-CHAIGNON, Bénédicte, Histoire, op. cit., p. 399. 80 PECOUT, Christophe, « Endoctriner les corps sous le régime de Vichy. Le cas des chantiers de la jeunesse (1940-1944) », Guerres mondiales et conflits contemporains, n° 268, 2017, p. 45-60. 81 TSIKOUNAS, Myriam, Eternelles, op. cit., p. 125. 82 MELETTA, Cédric, op. cit., p. 79. 83 AN, Z/6/608 : dossier n° 5073. 84 LAGORGETTE, Dominique, « Chaie 21 », op. cit.

93 miliciennes, la trahison est ramenée à une transgression, faisant de la milicienne une femme de maaie m, jge e fenain e n ain de ie lage. La condamnation de ce train de vie passe également par une dimension sexuelle et corporelle, lie la cndamnain de m lge de milicienne. Aini, dan n die dene e dnnciain dn milicien, laenin e finalemen ée sur sa femme pour laelle la lice affime elle e de m lge »85. Ce discours est également mbili dan de die dene ouvertes sur des femmes uniquement à la suite de dénonciation de témoins qui n affim e lacce en question fréquentait un milicien86. Ces représentations mobilisant des discours stéréotypés différenciés entre la trahison des miliciens et des miliciennes, sont ensuite reprises dean la jice dain.

c. Miliciens et miliciennes devant la justice da, e gee de collaboration au prisme du genre

Cmme laffime Mac Bege, « rarement autant de femmes auront été traduites en jice e an lhiie de femme face lain jdiciaie demee elaiemen peu étudiée ».87 En effe, lhiie de femme l de la ide de lain e principalement écrite selon le vecteur des châtiments entrepris d l 1944 dans le cadre de la condamnation de elain eneene a le Fanaie aec lccan, ee cmme une collaboration dite horizontale. Ces châtiments renvoient à la pratique des tontes, diecemen dan leace blic88. Les tontes sanctionnent la sexualité perçue comme déviante des femmes et cette sexualité déviante devient alors un acte de trahison nationale89. La sévérité de ces condamnations faites contre les femmes collaboratrices est décrite par Frédérique Moret qui affirme dans ses mémoires que cela renvoie à « lanie lie cmmn de la femme plus coupable que les hommes. () La femme est une meilleure matière à torture que les hommes »90. Lain apparait marquée par la différence des sexes et dans la répression de la collaboration, « ni le accain ni le cndamnain nn ch de la

85 AN, Z/6/3373 : dossier n° SN 1788. 86 AN, Z/6/3407 : dossier n° SN 7170. 87 BERGERE, Marc, Une société en épuration: épuration vécue et perçue en Maine-et-Loire: de la Libération au début des années 50, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2004, p. 156. 88 ROUQUET, François, La France virile, op. cit., p. 9-11. 89 ROUQUET, François, VOLDMAN, Danièle (dir.), Identités féminines et violences politiques : 1936-1946, Pai, Cahie de lIHTP, 1995, . 81. 90 MORET, Frédérique, op. cit., p. 257.

94 même façon les hommes et les femmes ».91 Si les collaboratrices sont condamnées par les jidicin de lain notamment par les chambres civiques et les cours de justice cela illustre que le acii dan la Milice ne aai a aie a nin de lganiain aicie lacii ciale.

La Milice est réprouvée et fortement sanctionnée, les miliciennes le sont tout autant, mme lelle nccaien a de e enabili dan lganiain. La ignae dn bllein dadhin la Milice e n ace ffian pour justifier la condamnation de ces milicienne, mme i elle eendien n engagemen aliie dinflence din économique. Les iin cce a le adhen fminin e maclin nan a le mme, la ecein en jice de le cllabain diffe galemen. Dan laibin de sanctions a la jice dain, « emprisonnement et indignité nationale prolongent la sanction des collaboratrices »92. En effet, ces condamnations privent les collaboratrices politiques de leurs libertés. A c de c de lain, da le chiffe fni a Anne Simonin, « sur un total de 1 976 femmes poursuivies dans le cadre de la répression des fai de cllabain dan le daemen de la Seine, 206 (10,4%) dene elle fen incle dindigni nainale e dfe dean ne chambe ciie ai eneen des rapports sexuels avec les Allemands, qand 1 601 (81%), l de de ie dene elles, le furent pour adhésion à une organisation politique. »93 Aini, lengagemen iman de femme dan le ganiain liie de cllabain lOccain, e ifie en sortie de guerre, avec leur présence devant les cours de justice et chambres civiques.

Condamner la trahison des femmes miliciennes dan le cnee de lOccain ae a lemli dn dic cifiemen fminin de cndamnain de leur trahison et de leur collaboration. Dans le cas de la condamnation de la collaboration milicienne, même lorsque les miliciennes ne sont pas condamnées explicitement pour « trahison de leurs corps » 94, les ai de lain ineen a elain e fenain de lacce. La collaboration politique demeure assimilée aux sentiments et aux rapports sexuels. Ainsi, de nombreuses collaboratrices politiques sont dénoncées et / ou jugées pour des relations intimes avec les Allemands ou avec des collaborateurs95. Dans une lettre de dénonciation adressée au

91 Cahiers de lIHTP 92ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, Les Françaises, op. cit., p. 189. 93 SIMONIN, Anne, « La femme », op. cit., p. 3. 94 BOULOUQUE, Sylvain, GIRARD, Pascal, (dir.), Tratres, op. cit., p. 61. 95 VOREPPE, Charlène, Mères avant tout ? Limage des femmes dans la Seconde guerre mondiale à travers la presse de la Libération, Mémoire DEA, 2012, p. 37.

95 procureur du département de la Seine pour condamner une milicienne, la dénonciatrice indie elle ai chage de dile de enne i li aien indie. () Comme Mademoiselle Coutant était une belle fille, elle faisait la connaissance de ces Français, allait au café avec et même couchait avec eux, là, elle les faisait parler et un peu plus tard dans la nuit ils étaient arrêtés dans leur chambre »96. La condamnation de la collaboration politique passe ainsi également par des références corporelles, comme pour les condamnations de collaboration dite, à tort, horizontale97.

Lenemlemen de ces différentes cndamnain ille limance de penser la collaboration des femmes dans un cadre plus large que de celui de la collaboration de sexe »98. Dans des lettres de dénonciation accusant des miliciennes, le train de vie et les fenain de lacce n mi en aan cmme ee de le indigni. Aini, ne lee de dnnciain e a ein dn die dene ee meninne e lacce est « en ménage avec un milicien » et le dénonciateur ajoute que « cette femme a agi pour faire plaisir à son ami, car elle ne parlait jamais de politique. »99. Lae de cee lee mentionne également, toujours dans un discours mobilisant des stéréotypes féminins que lacce ai fière de porter ce costume qui la distinguait des autres femmes ». La justice dain inege daanage le fenain e elain de acce de ee féminin. Mad Chameie de Ribe, milicienne la l clbe, fai elle ai lbje dne représentation de son engagement, comme étant la conséquence de sa fréquentation avec le milicien Dagostini.

Les miliciennes sont présentées dans ces discours comme des femmes qui « sous lemie de lam nn l acne ln ennelle e e laien inflence100. Ainsi, ces différents dossiers contiennent n dic le fenain, le m, la imi aec dae milicien l en ence aec le Allemand, n ne retrouve pas auan dan le die dene de le camaade maclin de la Milice. Le mme dic de cndamnain e ee dan le die dene e de jgemen de Raymonde Raynaud, où le rapport de police précise sur ses comportements durant lOccain :

96 AN, Z/6/3387 : dossier n° SN 3893. 97 NICOLAS, Charles, « Aimer lennemi. Le elain inime ene Fanaie e Allemand dan le territoires occupés entre 1914 et 1918 », Journal des anthropologues, n° 156-157, 2019, p. 241-258 ; ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, Les Françaises,, op. cit., p. 116-117. 98 LECLERC, Françoise, WEINDLING, Michèle, « De femme », op. cit., p. 74. 99 AN, Z/6/3408 : dossier n° SN 7275. 100 LECLERC, Françoise, WEINDLING, Michèle, « La ein », op. cit., p. 7.

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La sus-nommée était considérée dans son entourage comme une jeune fille peu sérieuse, sa conduite laissant à désirer. () La jeune Raynaud a été vue plusieurs fois alors quelle se promenait avec des soldats allemands. () Elle recevait dans le logement de ses parents pendant que ces derniers étaient absents des chefs miliciens mais toujours habillés en civil. () La jeune Raynaud na jamais été vue habillée en tenue de milicienne ou autre. Par ses fréquentations que lon connaissait dans le quartier lon présumait quelle devait tre membre de ce groupement101.

La ein de fenain de femme acce daaenance la Milice eien chae fi ne femme e face a ai dain. Le min i ineiennen a cours des procédures contre des collaboratrices suivent également ce modèle. Dans la procédure menée contre la milicienne Huguette Fillang, un témoin est interrogé et affirme que lacce était presque continuellement avec des militaires allemands, et elle était mariée aec ln de, a min aec n hmme i ai lnifme allemand »102. La maaie mali de milicienne e acie le imi aec lccan aec dae milicien, cee imi cman al cmme n cime dean la jice dain103.

Devant la justice, la collaboration des femmes a également été pensée dans un rôle de suiveuse dinflence. Lengagemen de milicienne e être lié à celui dn membe de leur famille un mari, un père, un fils ou un ami elle n ii dan lganiain. Ce mif dadhin enie, en effe, limage dne femme nn mancie dont les dciin n elaie celle dn e, dn mai mme dn ami en bef, dn homme. Un nmbe iman de milicienne chii la fie e lAllemagne la Libration, craignant les représailles avec la Libération des territoires. Ces femmes peuvent alors suivre des connaissances familiales ou autres dans cette fuite. Ces engagements familiaux expliquent que, dans certaines procédures menées par les juridictions, différentes personnes dne mme famille ien cncene a n mme ace daccain, al la femme dn milicien puisse être interrogée au cours de la procédure de son conjoint. Dans le dossier de lacc Ah Chale, a femme e ece a c de lene dai le mme idées que n mai, mai ai dai ai de nmbee fi a nin de la Milice. Elle e ce accain en affiman : la ele che e jai me eche, ce sont

101 AN, Z/6/90 : dossier n° 1366. 102 AN, Z/6/542 : dossier n° 4810. 103 NICOLAS, Charles, « Aimer lennemi , », op. cit., p. 249.

97 des réflexions anti-alliées au moment des bombardements »104. Elle a été condamnée par la chambre civique pour son comportement vichyste.

Fabienne Frayssinet revient dans son récit sur la mobilisation dans le discours des acce dn engagemen mi a ne inflence familiale. Elle e ce dic e cette influence, invoquant un choix uniquement mobilisé par une idéologie personnelle.

Le Commissaire du Gouvernement réplique quà raison mme du milieu cultivé o jai été élevée et de ma propre culture, je suis plus coupable quune autre : les femmes inscrites à la Milice avaient, pour la plupart, donné leur signature par obéissance à leur père ou à leur mari, ou par esprit de solidarité tandis que mon adhésion a été volontaire et réfléchie105.

Bien que son père ait lui aussi fait partie de la Milice, Fabienne Frayssinet distingue totalement son engagement à celui choisi par sa famille et revendique à plusieurs reprises dan e mmie lindendance de n ace. La iin de Fabienne Faine e da elle celle de e cllge milicienne dn la ce de ladhin eai linflence de leur cercle familial. Devant les autorités chage dene e ace, elle affime : « jajai e i je deai e jge e cndamne je lai le me ide e nn ne ahin e je naai a cmmie . Cee aide ne a nie, bien elle paraisse en retrai de fai gnalemen admi lengagemen fminin dan la milice. Dean la jice, dae femme fn le chi de nie linflence laelle le ai les interrogent particulièrement. Jacqueline Favrou assume son idéologie collaborationniste au cours de son interrogatoire: « jai agi a cnicin ace e jai cllabainnie. Je cnidai la milice cmme n ai liie i cendai me ide. () A ein de la Milice, jai fai de la agande. »106. P aan, ce dean la chambe ciie elle e jge a c de lain, e ace e cmemen lOccain nan a cnid dne gai majeure. La collaboration des miliciennes comme leurs discours ne peuvent donc se réduire à la présence dne inflence eiee.

Cependant, ces femmes occupent généralement de hautes positions sociales et une aance i le eme de affime aini devant la justice. Fabienne Frayssinet est issue des classes intellectuelles et sa position sociale explique en partie sa position affirmée à lca d ge de milicienne, nammen lelle affime aaeni llie male

104 AN, Z/6/211 : dossier n° 2596. 105 FRAYSSINET, Fabienne, op. cit., p. 127. 106 AN, Z/6/298 : dossier n°3325.

98 du pays »107. Son expérience décrite dans se mmie, bien elle fnie n in de vue majeur sur la place des femmes dans la Milice, ne peut être généralisée, daan l elle mne e eni elle-même différente dans les motivations de son adhésion et dans son action dans la Milice. Cependant, ame en ie de gee e engag dan la Milice a conviction et par croyance dans le programme vichyste et milicien, ne a le ai majoritaire des discours dont la rhétorique est davantage victimaire et sert à dédouaner le milicien. Qe ce i le mif dinflence laffimain dne acii milicienne réduite à des activités sociales autrement dit, sans idéologie les discours mbili a ce milicienne dmnen e le ai dain aenden ces éléments dan le mif dadhin mbili a le acc108. Le repli sur les stéréotypes est aisé, bien il ne i a le fai de lenemble de acce, daan l il n a a daanage de preuves sur leurs comportements. Ainsi, le déni de participation promu dans la défense des milicienne ne a niemen d fai de la jice dain. Il mane de acce elles-mme i jen ce e de gene dan la mie en e de le dfene a c de lain109. Finalemen, le dic eml jifie ladhin milicienne n die che le hmme cmme che le femme. Laaenance eelle a ne inflence dan le dic le lacc fai le chi de cee adhin eln de discours attendus par la justice.

107 FRAYSSINET, Fabienne, op. cit., p. 19. 108 LELIEVRE, Maxime, LEONARD, Thomas, « Chapitre 17. Une femme peut-elle être jugée violente ? Les représentations de genre et les conditions de leur subversion lors des procès en comparution immédiate », CARDI, Coline (dir.), Penser, op. cit., p. 314-329. 109 CARDI, Coline, PRUVOST, Geneviève, « Le mie », op. cit., p. 24.

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La Milice a été une des organisations de collaboration dans laquelle les adhésions fminine n le l imane. Aini, lde de la lace de ce femme e de mif dadhin dan lganiain mie de conduite, bien elle ai en gande aie nglige dan lhiigahie. Le femme ne n a abene de la agande milicienne et bien que celle-ci fae de limage d geie n ced incial, la mbiliain de fige féminines est utilisée à de fin cie de embiliain e dengagemen des engagés. En sortie de guerre, les collaboratrices sont négligées dans les représentations car leur trahison est perçue comme une souillure nationale, en même temps que celle de leurs corps. Pour autant, les collaboratrices politiques rendent des comptes pour leur comportement collaborationniste e le engagemen milicien dean le jidicin de lain. Pe de ace bien de cet engagement mais ladhésion de femme lganiain de Darnand, dans un contexte où dmine lidlgie familialie e la maclini dmine la agande milicienne, e être questionnée, dans une forme de spécificité, en lien avec la notion de genre et la répartition sexuée des rôles dans la société française et dans la société milicienne.

Ceendan, lengagemen de cllabae e cllabaice dan la Milice ne e être uniquement pensé en termes de sexe et de genre qui reprennent, notamment, les cagie de ecein de ace de le. En effe, lengagement dans un mouvement de cllabain e le l en li de chi e de idlgie daan-guerre110. La trajectoire sociale, politique, mais également culturelle, des miliciens et miliciennes a pu conduire ces hommes et ces femmes à signer un engagement dans la Milice. Lanale en eme de gene ne di a enfeme le milicien dne a e le milicienne dae a dan de miain dadhin niemen lie le ee daaenance. Le milicienne, bien elles puissent faire valoir des circonstances atténuantes en sortie de guerre pour organiser leur défense devant la justice, ne sont pas moins politisées et idlgie, aan lOccain e endan lOccain.

Si la Milice présente dans sa propagande dei a cain limage dne ganiain iile lidal geie linnaie, la ali de n acii e de n ecemen dnne i ne ae image de ce a le ecemen milicien. Lidlgie e lidal milicien n lin de absents des motivations des miliciennes qui ont exercé des rôles importants dan lganiain. Dan le cnee de ie de gee, limage de la Milice i e dele e daanage ance la eenain dn milicien, armé, violent, ayant trahi

110 DIAMOND, Hanna, « Libération ! Quelle Libération ? Leience de femme laine », Clio. Femmes, Genre, Histoire, n° 1, 1995, p. 3-4.

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a nain en cmbaan de Fanai a c dain dan le mai nammen. La ee aicie de cee eenain dan laffimain d milicien cmme bc-émissaire à la Libération. Les miliciens sont bannis de la communauté nationale. Ces représentations qui véhiculent le rejet reprennent la propagande milicienne qui se focalisait en partie sur le milicien franc-garde, guerrier et révolutionnaire.

Lde de eenain deles en sortie de guerre démontre la place prééminente occue a la Milice dan le ci e la ee cndamnan lacin collaboratrice. Les miliciens sont haïs car représentants de la trahison suprême, la proximité avec les autorités nazies et la participation à des expéditions conduisant à des actes criminels, tels que des assassinats, des arrestations, et de la dénonciation menées contre des Fanai. P cee faciain de lEa e cee gee cne le aie menes par les milicien e milicienne, lganiain eene le ame de la collaboration et regroupe à elle ele le imaginaie dne Fance cllabainnie. Ceendan, dan le contexte de la sortie de guerre, ces représentations sont de plus en plus minoritaires, face à laffimain de la mmie iancialie. Dan le c de jice de lain e jent dès lors des affrontements entre différentes conceptions du jugement des collaborateurs. Si les milicien n dj jg a linin majiaie, il dien dmai e ene devant les juridictions de lain afin de ende cme de le cime e faie face a dic e eenain e la jice dain e le ace e le comportements collaborationnistes.

101

PARTIE 2.

Des réponses légales à la collaboration milicienne : les rouages de la justice épuratoire face aux attentes de la société française

103

Cae 3. Pace e fcee de a ce da : entre transition et exception

A l 1944 al e la libain de eiie fanai accle, la ein d jugement effectif des collaboratrices et collaborateurs se pose et accompagne désormais celle d abliemen dn gime blicain a le ian. Aini, dans cette période de aniin ene la fin d gime dccain e la mie en lace dn nea gime liie, ce ne jice die dain i ien le le du jugement des actes de collaboration et de trahison commis par les Françaises et Français. Cependant, la création de ce aenal jidie niif ne a a de i. La jice dain se met en place dans un contexte où le régime républicain ne peut se reconstruire sans des mesures excluant, bannissant, une partie de la population nationale1.

Ce chaie einne la lace e le le aib la jice dain dan la sortie de guerre française et dans une transition républicaine qui se construit en épurant les comptes du passé. En cela, la justice doit permettre de construire un avenir. Les membres de la Milice n eje ce il eenen : le paroxysme de la trahison et de la lutte contre la population française. Les miliciennes et les miliciens occupent dès lors une place minene dean le diffene jidicin de lain, tandis que leur collaboration, et le acin il n mene, eenent tout ce i ne di l e laeni. Les pages suivantes portent donc sur la manière dont se constitue, dans les idées et dans la pratique, lain jidie, dan ne ide de ie de gee la nain e fndmen divisée entre celles et ceux qui sont pointés du doigt comme collaborateurs et celles et ceux qui ont adhéré aux valeurs de la Résistance.

Les enjeux de la justice transitionnelle autour de la désignation de Français dignes et dae indigne de ende a a ce de ecncin nainale en einn dans ce chapitre. En outre, la création de la juice dain e de lmen aan n fonctionnement sera questionnée en parallèle avec les idées encadrant le processus de ancin de cllabae e cllabaice. En i laenal jidie abli lain de milicien e miliciennes permet-il de désigner judiciairement la trahison comme acte de rupture avec la Nation et comme dissociation de ces traîtres avec la communauté nationale en reconstruction en sortie de guerre ?

1 ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, Les Françaises, les Français et lEpuration, Paris, Gallimard, 2018, p. 24-25.

105

Ces thématiques sont abordées dans deux parties. Dans la première qui porte sur les idées autour de la réconciliation nationale, ce sont les buts et les je encadan lain judiciaire et le jugement de la collaboration qui seront interrogés. Ensuite, la seconde partie amne inege le fncinnemen de laenal jidie épuratoire, et sur sa capacité à condamner la collaboration milicienne, de 1943 a dciin damnistie du début des années 1950.

A. « La cd deabe a ca de abe a nationale » ?2

La mie en lace dne jice de ie de gee e de e aec la liie dOccain e la logique de collaboration menées depuis cbe 1940, ie lenee de Montoire, est une étape dan linaain dn gime blicain able. Cest également un men decle, a le di, celle e ce i a le cllabain n mn il naaien a le lace dan la nouvelle communauté nationale. Les miliciens font donc aie de cee cagie dindigne e ccen ne lace prééminente car les images de leurs actions dans les dernières années du conflit mondial dominent les perceptions de la trahison nationale.

a. Les miliciens en sortie de guerre, traîtres et trahison

Dan le achie d cmi dhiie de la Deuxième guerre mondiale, un journal cite une prise de parole de François de Menthon, ministre de la Justice du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), dans laquelle il définit précisément la manière dn ce mme genemen eniage lain e son déroulement. En effet, il affirme à ce sujet en septembre 1944 :

Il faut quen quelques mois tous les tratres soient châtiés, que les collaborateurs soient exclus de la communauté française. Le gouvernement considère que cette uvre dépuration est la condition indispensable à la création dune véritable unanimité nationale3.

2 Archives Nationales (AN), Pierrefitte-sur-Seine, 72/AJ/2109 : Achie d cmi dhiie de la Deime guerre mondiale, LAube, 16 septembre 1944. 3 Idem.

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Aini, ce en réponse cee ncei de lain il a fall mee en lace ne jice lencadan. Dan ce cade, la ahin e la dignain dindiid cmme ant des traîtres à la Nation e ln de je i eien dan la gande maji de die de jgemen mai galemen dan le dcmen aian de la cncein e de la mie en e de ces procès. Les membres de la Milice sont des traîtres puisqil nn a eec le valeurs de la communauté nationale et ont collaboré avec lennemi, le ccan allemand. A ce ie, la jice de lain di ancinne le ahin. Le terme de trahison utilisé par les anti-miliciens pour qualifier les miliciens, reprend un processus utilisé par ces derniers pour condamner les résistants. En effet, Joseph Darnand avait notamment affirmé, au sein dn dic de mbiliain de milicien, e demain, () n fen al le cme des fidélités et des trahisons. Les traîtres et les défaillants seront châtiés comme ils le méritent »4. La condamnation des miliciens en sortie de guerre pour leur trahison apparait comme un renversement des comportements et de la haine déversée par les miliciens sur les résistants. En réponse à ce type de discours, les miliciens sont stigmatisés et sont majoritairement perçus comme « les principaux traîtres »5.

Piil n e aini, ce n ce il cnien de dnnce la Libain a de listes de membres de ce groupement envoyées aux instances chargées des procédures dain ia de lee de dénonciation. En effet, dans les conceptions politiques de lain e a le milie ian e le iniin liie de la libain, il y a cee ide dne ncei de lain la cnciliain nainale e laaiemen de la ci, cmme cela e eendi dan le dba de lAemble cnlaie iie : « dan le dic dee e n an enend, n a beaucoup parlé de la nécessité de lde inie. O, il n aa a dde en Fance i ln ne cde a lain et au châtiment des traîtres. »6. Le châtiment des traîtres est perçu comme une nécessité et fait lbje de nmbe dba, nammen a de la dfiniin d ae e de la ahin. A ce contexte de sortie de guerre, doit donc être apportée une réponse judiciaire permettant à la foi die le dchanemen de ilence laie a dn incie de engeance, e de contenter ceux qui jugent nécessaire de punir légalement les collaborateurs.

4 AN, 72/AJ/2116 : mobilisation de la franc-garde de la Milice. 5 La Contemporaine, Nanterre, F/Delta/RES/810/2, dossier « Henri Bonjour ». 6 NOGUERES, Louis, « Ae lacin de jice », La Haute cour de la Libération (1944-1949), Paris, Editions de Minuit, 1965, p. 37-54.

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La ahin ne a lnie terme employé pour qualifier la collaboration milicienne. En effet, à « la Libain, ce a de leme die cllabainnie dende le habits du traître »7, et au premier rang de laquelle se trouve sans aucun doute, miliciennes et miliciens. La construction de cette image du traître fait principalement référence à la collaboration directe des individus visés par ce qualificatif, avec les autorités nazies sous lOccain. Aini, la ignificain a l lin e lide de ahin i bien daanage ne ignificain jidie luration. Dans les archives judiciaires, on y parle désormais des miliciens comme des « traîtres », comme dans la lettre anonyme du 14 septembre 1944 envoyée à un inspecteur de police :

Jai lhonneur de vous faire part que le nommé Pierre Jonet () faisait partie de la Gestapo comme inspecteur et quil a fait fusiller plusieurs Français. En outre doit se réfugier dans un couvent ou un monastère ou encore dans les Ardennes, () mettre la main sur ce collaborateur, ce traître, () nous espérons que la France sera débarrassée de ses faux Frères8.

Ces rejets des miliciens se retrouvent de manière très significative dans les documents politiques issus de la Résistance, appelant aux châtiments. Un document provenant du parti communiste français (PCF) insiste également sur cette perception de la Milice et la haine de ses membres. En effet, la Milice est désignée comme un « ramassis de tueurs à gages » et les miliciens sont des « bandits (), recrutés dans la lie de la population et parmi les condamnés de droit commun. »9. Aini, ce a de lenemble de la Riance e milicien e milicienne n ai la haine e fn lbje de eje. Dan ce dcmen i dgane résistants, les miliciens sont mentionnés comme étant les « traîtres abominables de la Milice et de la Gestapo »10.

Ce eje affimen galemen dan le die dene e de jgemen. Dan celi de Max Knipping11 bras droit de Joseph Darnand une lettre dénonçant ses agissements revient laeain laelle il a cd. La femme du lieutenant arrêté par Knipping

7 BOULOUQUE, Sylvain, GIRARD, Pascal (dir.), Traîtres et trahisons : guerres, imaginaires sociaux et constructions politiques, Paris, Séli Arslan, 2007, p. 20. 8 AN, Z/6/114 : dossier n° 1651. 9 AN, 72/AJ/2116. 10 La Contemporaine, 4/P/RES/1231 : Le chant du départ, organe de liaison des francs-tireurs et partisans des Basses-Alpes, mai 1944. 11 Ma Kniing e n de incia diigean de la Milice. Il ai chef gnal d Seice dOde Légionnaire (SOL) du Vaucluse, avant de devenir chef départemental de la Milice. Il est enfin nommé délégué gnal d Mainien de lOde en Zne nd, a Jeh Danand. Il e jg a la c de jice de la Seine e exécuté le 18 juin 1947.

108 enie ne lee a inance chage de lene dan laelle elle di : « le lieutenant de Kerillis a été exécuté par les Allemands, à qui il a été livré par des Français traîtres à leur pays, ayant perpétré leur crime sous le signe de la Milice »12. Liliain de ladjecif « traîtres » pour qualifier les miliciens renvoie à la haine ressentie par la société française cne le mble dne ganiain ee cmme aninainale. Ce discours employé pour réclamer la punition de ces traîtres notamment dans un procédé revanchard est également présent dans le dossier de jugement du milicien Alfred Moriau. En effet, dans son dossier figure une lettre de dénonciation recueillant de nombreuses signatures contre ce dernier et son épouse ; elle se conclut ainsi : « nous ne voulons aucun traîe. N ln lain complète et la justice aussi e aje il fa i la mee en cncenain lene à son tour en Allemagne. »13 Alfred Moriau est accusé, en plus de son adhésion à la Milice, dai dnnc e fai de des Français. Ainsi, cee dnnciain accmagne dune signification plus personnelle lelle e ilie digne cifiemen eln qui a dénoncé aux ai naie. La aie de la dnnciain ajan ladhin la Milice, lide de ahin nainale e e n ame e le demande de cndamnain n daan l inanigeane14. Ce processus de définition du traître rejoint ce que Masha Cerovic analyse chez les partisans soviétiques et qui conduit à placer le traître en dehors de la communauté nationale15.

La représentation du milicien comme traître se construit autour de son assimilation aux autorités nazies, aux « Boches ». En effet, la Milice est perçue comme « à la solde des Boches » et comme faisant partie des « e liie de lhilime »16, au même titre que la Waffen SS et la Gestapo. Cette perception est renforcée par la connaissance du territoire national des membe de lganiain de Danand e la Milice e, ce ie, ee comme « la meilleure force indigène, ou plutôt la plus sûre dont disposent les Allemands pour lutter contre les patriotes »17. Ainsi, cette construction idéologique place hors de la

12 AN, Z/6/398/BIS : dossier n° 4110. 13 AN, Z/6/113 : dossier n° 1647. 14 « L'opinion publique au moment de la Libération se montra intransigeante chaque fois qu'il s'agissait de châtier des dénonciateurs ayant agi par intérêt ou par vengeance, et cela dans les deux zones ». BAUDOT, Marcel, « La Riance face a blme de ein e dain », Revue dhistoire de la Deuxime guerre mondiale, 1971, p. 23-47, p. 24. 15 CEROVIC, Masha, « Chapitre 8. Par le fer et par le feu : une guerre civile soviétique », Les enfants de Staline. La guerre des partisans soviétiques (1941-1944), Seuil, Paris, 2018, p. 231-262. 16 La Contemporaine, 4/P/RES/1231 : Le chant du départ, organe de liaison des francs-tireurs et partisans des Basses-Alpes, mai 1944. 17 AN, F/1a/3747 : objets généraux, 1794-1972, documentation provenant de la section non militaire du Bureau cenal de eneignemen e dacin (BCRA) e d Seice cie, dcmenain e diffin (SCDD) d cmmiaia lInie. Milice.

109 cmmna nainale le milicien, iil ne a fai de diincin ene li e le ai naie e a ahin e daan l cndamnable e ce n de Fanai18. Les dic enen le milicien cmme lennemi nainal abl e ce eprésentations sont un men de cndamne le milicien e de le lace dan ne ali nainale, il ne l e comme membre de la communauté nationale française. En effet, les miliciens ne peuvent pas être assimilés à des Français dans la constructin dne mmie iancialie, dne nain « au-dessus de tout soupçon »19, i neniage a ne elle ahin cmmie a de Fanai. Dan le me de eenain en ie de gee, le cllabae na l n caractère français, sa trahison lui retire de fait sa nationalité.

Parallèlement à limance accde la ahin nainale cmmie a le milicien, le achie jdiciaie amnen aii n ae an d dic ancinnan laaenance à la Milice. Dans une période de transition, sanctionnant les « mauvais Français », le rejet de ce denie ae galemen a la cncain dn dic mal i ne ancinne l niemen le acin ee a le acc daaenance la Milice, mai galemen leur mode de vie et leur moralité. Un document intitulé, « la dei de la lain. Imein de Vich. Ce e jai Vich endan 6 mi », veut rendre compte de limage e le Fanai n de milicien e affime e :

Le milicien est considéré à Vichy comme la tourbe dun ramassis de gens sans foi ni loi, comme la lie du pays, des déchets dhumanité. Mais la population est impuissante contre les exactions, les provocations de ces gamins armés jusquaux dents qui jouent du pistolet sous le moindre prétexte. () Ces gredins qui prétendent devenir les rois de la rue20.

Délinquance, mauvaise moralité, ou encore violences sont les thèmes qui reviennent pour qualifier et condamner les membres de la Milice. Ces mentions contribuent à renforcer le a dinfime aib a milicien. Piil e lennemi, al lenemble de cie pouvant condamner son action, sa moralité, son statut social, sont employés et le placent dans ne fme danmali21. Lalclime est également un élément mis en avant dans ces dic. Lil e meninn en jice, lalclime de lacc e e een cmme

18 AZEMA, Jean-Pierre, « La Milice », Vingtime sicle, revue dhistoire, n° 28, 1990, p. 83-106. 19 WAHNICH, Sophie, « Allemagne, Ialie, Fance. Le deeni de la ale jice dan la jice de aniin en Europe occidentale », Mouvements, n° 53, 2008, p. 175-181, p. 181. 20 AN, F/1a/3747. 21 GIRARD, René, Le bouc émissaire, Paris, Bernard Grasset, 1982, p. 30-31.

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lmen de lene : « Ce n hmme i bai beac e aai e lie eie de cie dalclime ».22 Cette supposée addiction à la boisson est intensifiée lorsque cela permet également de sanctionner le milieu familial dans le cas présent dans lequel le milicien évoluait alors : « Fils de père et mère alcoolique, il jouit lui-même de la plus mauvaise réputation »23. Ainsi ces discours illustrent-ils ne ln de ancinne laide, le cmemen de lacc en mean en aan a-delà de leur trahison, ce sont des individus aux traits infamants et dégradants. Lemli de ce cablaire est un vecteur de ancin i fai aaie a-delà de leur engagement politique, ces individus ne sont pas moralement aptes à faire partie de la communauté nationale.

Les traits dégradants eml dan le die daccain peuvent également être réutilisés dans le registre médical au cours de la procédure judiciaire. Ce processus est présent dans le compte-end mdical d die de lacc Pin. Le cme-rendu mentionne que lacc est un sujet de niveau mental faible, atteint de débilité psychique constitutionnelle. Il nai a en a de dmence a em de lacin mai a enabili nale i-à-vis des faits doit être considérée comme atténuée dans une certaine mesure ».24 Lineenin médicale doit alors juger de la responabili indiidelle de lacc dan n chi dadhin la Milice. Dan ce ca, Pin a ben de cicnance anane a c de n c e a e la eine dn an de in, aini e celle de dgadain nainale, al il ai dene dne ame e il aai fi en Allemagne la Libain. Les discours ili dan ce cnee dain alifie lennemi mignen dne ln de le chimen de ares devant les juridictions, mais aussi par la condamnation de leurs comportements et attitudes, de manière générale, afin dinenifie la gai de le activité et la nécessité de les sanctionner. Lengagemen dan la cllabain iai nécessairement de pair avec une dégénérescence morale et / ou sociale25.

Dan le die daccain de Philie Diande de Lailae, la cde jdiciaie aache mne le blme mena de lacc. En effe, dan le de fai le caaci menale de lacc n emie en cae, en affiman e il ne a e lngem dan chae gemen, cela ien a nlli ale, () e enin

22 AN, Z/6/212 : dossier n° 2601. 23 AN, Z/6/91 : dossier n° 1374. 24 AN, Z/6/136 : dossier n° 1917. 25 BERGERE, Marc, « Le stéréotype du collabo à la Libération », GRANDIERE, Marcel, MOLIN, Michel (dir.), Le stéréotype, outils de régulations sociales, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003, p. 107-115.

111 injustifiées, à sa paresse, à son déséquilibre mental »26. Bien que dans certains cas, leeie médicale jifie e lacc ffe de troubles mentaux, la présence fréquente de dossiers mdica dan le die daccain ille e la ahin cmmie lOccain puisse être présentée comme une maladie. Cette affirmation peut agir sur la décision finale et laibin de ancin, ne mean a en dange la an menale e/ hie d milicien condamné. La question se pose notamment autour de la détention qui peut causer des problèmes de santé ou en aggraver dans certains cas. Ainsi, le milicien Drujon a du recevoir une expertise médicale, laelle cncl e n a de an ne a cmaible aec la détention27. Au cours de son procès, il ne reçoit donc pas de sanction de détention mais est efi cndamn 20 an de aa fc. Dan ce ca, lineenin mdicale na a ffi je en fae de lacc.

Lineenin mdicale e galemen ei demine i lacc ai nn pleinement responsable de e ace a mmen il a ign n bllein dadhin la Milice. Lineenin mdicale effece dan la cde ename cne And Deail deai ae de sa enabili. Le mdecin cncl al e lacc nai a en état de dmence a em de lacin mai a enabili e ane dan ne lage mee lgad de fai i li n ech »28. Lacc an enfi, il e finalemen condamné à mort par contumace. La trahison apparait comme empreinte de moralité et de scientificité médicale dans les procédures menées en cour de justice. Bien que la présence danale mdicale dan le cde jdiciaie i nmalie, elle e ende dan le cade de la jice aniinnelle de lain ne cndamnain de la ahin, an autour de la dnnciain de la mali e d ain de ie dn indiid acc daaenance à la Milice.

26 AN, Z/6/271 : dossier n° 3150. 27 AN, Z/6/305 : dossier n° 3391. 28 AN, Z/6/548 : dossier n° 4833.

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b. P a ecc de ca aae dfae, a e e e de ce de a

La jice dan le cnee de ie de gee e diffen enje e ln ai résumer sous les appellations de « justice transitoire » ou « justice transitionnelle »29. Ces nin enien a diffen ce de ecncin de cnciliain dne nain, principalement après une période de conflits. Cette histoire permet de traiter de la temporalité, mai ai dinie le cnce de transition, avec, dan ce ca ci, lide de ae dne ide dOccain la Libain d eiie nainal, mai la reconstruction de la nation et au rétablissement de la légalité républicaine. La justice transitionnelle dain inci dans un contexte particulièrement tendu et confus de ie de gee. Aini, ce ne ide inglie ielle e ie dan ne aniin entre guerre et paix, dans un temps où les frontières entre guerre et paix sont extrêmement poreuses30.

Dans ce cnee aiclie, le bein dde e eeni cmme ne ii nainale31. Cette justice de sortie de guerre poursuit des objectifs de pacification, tout en étant une justice niie ielle ancinne aini celle e ce i naaien a respecté les valeurs promues par le régime portant cette justice. Le projet que la justice transitionnelle défend est « intrinsèquement politique »32, autour de laffimain dne nelle ai a ne période marquée par des troubles. Dès lors, cette affirmation passe par une situation plus ou moins longue deceinnali e leein jice aniinnelle enend englbe33. Ainsi, pour le cas de la France de la Libération, liliain de ce nin eme de cnide lenemble de enjeux politiques, sociaux, économiques, culturels, liés au processus de rétablissement de la République et de réconciliation nationale après les quatre anne dccain d eiie nainal e de cllabain ene le gime de Vich e le autorités nazies. La Résistance se trouve durant cette sortie de guerre, en possession du i e a la caaci daffime a lgiimi a ae an dhmiliain e de

29 LEFRANC, Sandrine (dir.), Après le conflit, la réconciliation ?, Paris, Michel Houdiard, 2006, 344 p. ; LEFRANC, Sandrine, « La feinnaliain dn milianime fmae d di : linenin de la jice transitionnelle », Droit et société, n° 73, 2009, p. 561-589. 30 CABANES, Bruno, PIKETTI, Guillaume, « Sortir de la guerre : jalons pour une histoire en chantier », Histoire @ Politique, n° 3, 2007, p. 1-8, p. 4. 31 LABORIE, Piee, Linin e lain , Lendemains de libération dans le Midi : actes du colloque de Montpellier, Mnellie, Cene dhiie miliaie, 1997, . 47-51. 32 ANDRIEU, Kora, « La politique de la justice transitionnelle : concurrence victimaire et fragmentation du processus en Tunisie », Les Cahiers de la justice, n° 3, 2015, p. 353-365, p. 354. 33 « Le fai mme de alifie la jice i di eece dan la iain de transition » implique un postulat deceinnali », LEFRANC, Sandrine, « La fein », op. cit., p. 565.

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ffance, bie dan lOccain. Derrière le rôle conféré à cette justice transitionnelle, il y a des revendications politiques et sociétales visant à réprimer les collaborateurs et collaboratrices, afin de mettre en place une société « pacifiée » et réconciliée car épurée34.

Dès lors, cette épuration judiciaire prend place en réponse à une épuration menée de manière dite « extra-judiciaire » ou « extra-légale »35, afin de promouvoir une image de jice encade, mai galemen en ne lain mene a le gime de Vich li- mme banni e an e ce il ninclait pas dans le programme de la Révolution nationale36. Si diffene ineain de lain die lgale e fn face, il ee lide dne canaliain de ilence ca i à la haine des bourreaux a répondu la haine des victimes », il convient désormais de faire un « effort supérieur qui transformera notre appétit de haine en désir de justice. »37. En dae eme cmme leime Albe Camus la condamnation de la collaboration par des instances judiciaires est perçue, globalement, dans la France de la Libération comme un acte de réconciliation nationale, dean eece de manie je e ainne, afin de mee n eme la ide dccain e de egade e la ie de cnfli e ian aec lain. Ln des objecif maje de lEa, dan ce cnee de ie de gee, e, aan a ne justice transitionnelle, « de sortir de manière pacifique, durable, "juste" en mme, dne situation conflictuelle »38. Lain jdiciaie dan ce cnee de aniin fai lbje de réflexion identitaire, mais elle représente également un acte décisif pour le futur. La cmlei dne jice aniinnelle ien al ene ce aallle ene ne cndamnain du passé et un regard tourné vers le futur39.

Pour ce faire, la communauté nationale doit se reconstruire, dans une perspective républicaine et à partir des valeurs promues par la Résistance. Dans ce contexte, sanctionner ceux qui sont alors considérés comme des « traîtres » du fait de leur engagement durant la ide dOccain eme de ifie la nain 40, mais aussi dans une perspective

34 CABANES, Bruno, PIKETTY, Guillaume, op. cit., p. 6. 35 ROUSSO, Henri, « Lain en Fance : une histoire inachevée », Vichy : lévnement, la mémoire, lhistoire, Paris, Gallimard, 2001, p. 489-552. 36 MICHEL, Henri, « Lain Pai », La Libération de Paris Bruxelles, Complexe, 1980, 184 p. 37 CAMUS, Albert, « Dfene de linelligence (allcin nnce a c de la nin ganie a lAmii fanaie la alle de la Mali, le 15 ma 1945) », Actuelles. Ecrits politiques (1944-1948), Paris, Gallimard, 1950, p. 424-425. 38 CABANES, Bruno (dir.), Une histoire de la guerre. Du XIXe siècle à nos jours, Paris, Seuil, 2018, p. 625. 39 ANDRIEU, Kora, « La liie », op. cit., p. 354. 40 AGLAN, Ala, LOYER, Emmanelle, Eain, hiie dn m , BARUCH, Mac-Olivier (dir.), Une poignée de misérables : lépuration de la société française aprs la Seconde guerre mondiale, Paris, Fayard, 2003, p. 19-34.

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liie l ainnelle de abli la lgali blicaine lgide de ian, après ce anne dccain. A e d genemen iire et plus spécifiquement de son minie de la Jice, Fani de Menhn, lain fai lbje dne dfiniin claie définissant également ses objectifs : « Eain, ce-à-dire élimination des éléments impurs en ce qui regarde le patriotisme et le civisme »41. Il convient donc de rebâtir une France dans laquelle ces traîtres doivent être exclus, punis, et donc au préambule de laquelle il convient de faire acte de justice42. La efndain de la cmmna ae a la dnminain dn ennemi qui est « la fi cndamnable ce il a fai e ce il e »43. Lennemi doit être puni pour que la communauté nationale se reconstruise autour de valeurs qui sont tout sauf celles il représente.

Néanmoins, il ne faut pas considérer la juice aniinnelle dan le ca de lain en France comme un processus linéaire et naturel, ni comme la réponse à une politique unifiée de sortie de conflit44. Elle répond à des objectifs politiques et à différentes attentes qui évoluent dans le temps, en fonction du déroulement des procédures judiciaires mais aussi de volontés dacclain daaiemen de iain. Aini, la conception de lain e faie d coups, de dynamiques différenciées et de problématiques, qui structurent le fonctionnement de jidicin j ce elle ceen de e fncinne, a db de lanne 1951. Le c de lain ennen lace dan n cnee où différents enjeux se mêlent, mais dn le c ee laeni de la Fance e de a lain. Lain di d l amene nettoyer la souillure provoquée par les mauvais Français et Françaises ayant trahi leur nation dan lOccain. Cela ele dn enje de albi nainale, un acte de salubrité publique »45 et un moyen de mettre n eme dfiniif la ide dOccain e de collaboration, mais aussi à la période de « revanche patriotique »46 organisée à travers des c maiale e ibna miliaie dean cndamne le cllabae l 1944.

41 MENTHON (de), Fani, Dic lain en Afie d Nd , 12 janie 1944. Ci dan : SIMONIN, Anne, Le déshonneur dans la République. Une histoire de lindignité, 1791-1958, Paris, Grasset, 2008, p. 398. 42 Sur les tontes comme acte social et judiciaire, VIRGILI, Fabrice, La France virile. Des femmes tondues à la Libération, Paris, Payot, 2000, p. 9-11. 43 CABANES, Bruno, PIKETTI, Guillaume, op. cit., p. 2. 44 LEFRANC, Sandrine, « La fein », op. cit. 45 LABORIE, Pierre, « Violence politique et imaginaire collectif : leemle de lEain », BERTRAND, Michel, LAURENT, Natacha, TAILLEFER, Michel, Violences et pouvoirs politiques, Presses universitaires du Mirail, Toulouse, 1996. 46 ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, « La revanche patriotique », Les Françaises, op. cit., p. 61-72.

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Finalemen, il agi de « liquider le passé »47 egade e laeni, e le abliemen dn gime liie blicain, encad a la Riance et fondé sur les bons Français.

c. Ue d de b e aa Faa

Les actions de la Milice ont laissé des traces extrêmement fortes dans un pays qui débute a libain l 1944. Ce ace n le la de la ilence eie dne organisation étatique, qui se présente à la fois comme une police, un parti politique et une armée48. Ce qui émerge dans le contexte de son jugement est une représentation homogène du milicien qui mêle les notions de traitrise, de violence, de mauvaise moralité mais aussi des problèmes sociaux et familiaux. Ainsi, dans le contexte de sortie de guerre, la conception de la justice transitionnelle passe par la délimitation de deux catégories au sein de la société française : les traîtres et les non-ae, ce-à-dire ceux étant restés fidèles à la nain lOccain. A l 1944, lain de miliciens et miliciennes est perçu par les résistants comme un acte de revanche nécessaire et ils observent leur châtiment ainsi : « le Milicien n chi dan le mi gnal »49. Alors que la Libération est en marche sur le territoire, celle-ci doi accmagne d jgemen de ce i n opposés aux héros de la Résistance.

Dans ce cadre, la définition du milicien comme du traître car il a collaboré sous le régime de Vich aec le ai allemande, eme celi i lilie de e dfini comme celui i na a ahi. En effe, dan cee cncein de la cmmna nainale il a lide e « le ae neie e a a lae individuel ou collectif et par rapport à un tiers également individuel ou collectif »50. Si le milicien e ae al celi i la cmba lae se construit égalemen la Libain limage de celi i na a ahi, i e resté fidèle aux valeurs promues par la Résistance e i e n h iil a cmba le traître. Se joue donc un processus de chin nainale e dnificain de non-traîtres ». Le traître est lui-mme enable de cee iain ca ce celi i rompt le Nous, il

47 DREYFUS, François, « Lingnieie de la cnciliain. Uage lca de andad inenaina », LEFRANC, Sandrine (dir.), Aprs le, op. cit., p. 201. 48 LAURENS, André, Le hnmne milicien en Aige e llin de e eenain dan linin , Revue dhistoire de la Deuxime guerre mondiale et des conflits contemporains, n° 131, 1983, p. 3-23, p. 4. 49 La Contemporaine, 4/P/RES/1231 : Le chant du départ, organe de liaison des francs-tireurs et partisans des Basses-Alpes, 15 août 1944. 50 BOULOUQUE, Sylvain, GIRARD, Pascal (dir.), Traîtres, op. cit., p. 13.

116 manque à une appartenance et se place en dehors de son groupe. »51 La construction de cette opposition dans les opinions et les représentations collectives prépare le travail de la justice dain dn la dciin légale sanctionnera légalement cette opposition entre traîtres et résistants52. La désignation des miliciens comme des traîtres à la nation renvoie à la désignation dn nouvel ennemi public intérieur »53. Si des sentiments de haine se distinguent dans la société civile contre les membres de la Milice, ils amnen inege sur les distinctions entre ce qui est perçu comme le bien et comme le mal dans une société da-guerre, mais aussi dans le cadre de la justice transitionnelle54.

Cette distinction manichéenne fondamentale est réutilisée au cours des procès et dans les eenain cnie d limmdiat après-guerre. La Riance, emaan al d pouvoir, construit son image héroïque par opposition à ceux qui doivent être châtiés, les traîtres collaborateurs. Les traîtres sont identifiés par les résistants et sont assimilés, de fait, aux ennemis à combattre55. Ainsi, les procès de lain aaenen la aliain dn processus de différenciation entre les pratiques acceptables et non-acceptables commises dan la ide de lOccain e la dciin prise par la justice sur chaque comportement établit de fait et de façon normative cette différence. Depuis sa création en janvier 1943, la Milice a fait de la lutte contre les résistants, à travers les dénonciations, arrestations et prise dame, n de e incia cham dacin e de ilence56. Liin ene ian et miliciens, ou autrement dit entre bons et mauvais ne date donc pas de la sortie de guerre mai e eie dan le dic de lain jicie le ancin ie cne les collaborateurs57. Les affrontements menés par les résistants contre les miliciens représentent un moyen « tout autant de punir leurs membres que de dissuader les adhésions »58. Ce pourquoi, les affrontements entre les miliciens et les résistants, et plus spécifiquement entre les miliciens et les maquisards symbolisent les affrontements franco-français dont sont cable le membe de la Milice e ce a de la symbolique de la « la guerre franco-

51 POZZI, Enrico, « Le paradigme du traître », SCARFONE, Dominique (dir.), De la trahison, Paris, PUF, 1999, p. 1-34, p. 5. 52 CEROVIC, Masha, « Au chien, une mort de chien . Les partisans face aux traîtres à la Patrie », Cahiers du monde russe, 2008, p. 239-262. 53 BOULOUQUE, Sylvain, GIRARD, Pascal (dir.), Traîtres, op. cit., p. 105. 54 CHAUVAUD, Frédéric, GAUSSOT, Ludovic, La haine : histoire et actualités, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2008, p. 24. 55 CEROVIC, Masha, « A chien, », op. cit., p. 240. 56 COINTET, Michèle, « Chapitre 6. La Milice fait ses preuves », La Milice française, Paris, Fayard, 2013, p. 143-189. 57 BARRIERE, Philippe, Grenoble à la Libération, 1944-1945 : opinion publique et imaginaire social, Paris, LHamaan, 1995, . 47. 58 ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, Les Françaises,, op. cit., p. 45.

117 française »59 entre miliciens et maquisards que se cnfige limaginaie d milicien ae60. En e, cmme lanale de dic e de la ee la ille, cee iin ene maiad e milicien e ilie enibilie linin a de ace cmmi a le membres de la Milice sur des résistants et donc sur des Français. En bref, le milicien est en cmme lani-Français, « c'est de la racaille »61, par opposition aux hommes du maquis, érigés en héros nationaux à la Libération62. Les mythes et les représentations se cnien dnc, de a e dae, dan ne fme dinedendance. Si le milicien e n dian, al celi i ne a milicien e i ne e a engag dan la ie de la collaboration a respecté la norme légitime et juste.

Du fait de ces actions et de la guerre civile franco-française, ou franco-milicienne, ee a lganiain de Danand, le représentations construites sur les miliciens se positionnent en réponse aux exactions commises par ces derniers63. Aini, liin ne e limie a a bn e a maai Fanai, mai a digne daaeni la cmmna nationale française et aux indignes de celles-ci. Le journal du préfet Pierre Trouillé mentionne linin dn Alacien i hai la Milice ace elle idenifie avec lAllemand »64. Cette impression ressentie dans les opinions se retrouve également dans les documents issus de la Résistance faisant appel à la condamnation, voire au meurtre des miliciens et qui se conclut ainsi : « contre les miliciens de Darnand, la justice la plus expéditive est trop lente : ce sont des Allemands. La France en guerre extermine les Boches et leurs agents »65. Plus de différences ne sont faites dans ces systèmes de représentation entre milicien et nazi. Ainsi, ce qui ressort du discours de la société française dans les sources ne laisse que très peu la place à la perception du groupe des miliciens comme un groupe composite. Les représentations collectives ont « pour fonction de préserver le lien entre eux, de les préparer à penser et agir de manière uniforme »66. Ainsi, dans une communauté nainale en ecain, limaginaie hmgne del a de la fige d milicien

59 LIMORE, Yagil, « La Milice française », French Politics and Society, n° 1, 1999, p. 37-55, p. 50. 60 SIMONNET, Stéphane, Maquis et maquisards. La Résistance en armes, 1942-1944, Paris, Belin, 2015, 384 p. ; CREMIEUX-BRILHAC, Jean-Louis, « La bataille des Glières et la gee chlgie », Revue dhistoire de la Deuxime guerre mondiale, n° 99, 1975, p. 45-72. 61 SCHUMANN, Maurice, émission de la BBC, du 8 avril 1944, relayé dans CREMIEUX-BRILHAC, Jean- Li, La baaille », op. cit., p. 70. 62 BALU, Raphaële, « Les maquisards de France pendant la Seconde Guerre mondiale. Combattants irréguliers ou armée de la nation ? », 20 & 21. Revue d'histoire, n° 141, 2019, p. 81-95. 63 KOREMAN, Megan, « The Cllaba Penance : The Local Purge, 1944-1945 », Contemporary European History, n° 2, 1997, p. 177-192, p. 185. 64 TROUILLE, Pierre, Journal dun préfet pendant lOccupation, Paris, Gallimard, 1964, p. 86. 65 AN, Z/6/305 : dossier n° 3391, « Comment une jeune fille fut torturée par la Milice ». 66 MOSCOVICI, Serge, « Des représentations collectives aux représentations sociales : éléments pour une histoire », JODELET, Denise (dir.), Les représentations sociales, Paris, PUF, 2003, p. 79-103, p. 81.

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aaene galemen une auto-perception, définissant en effet miroir ceux et celles qui naaien as trahi leur pays. La ale de cee diincin end n en dan lai a la jice lgale de lain i, en cndamnan le milicien e lenemble de cllabae et collaboratrices, valide ces perceptions manichéennes et écarte juridiquement les indignes de la communauté nationale. Les imaginaires sont repris en justice dans un discours affirmant la trahison des miliciens et miliciennes et condamnant selon divers processus punitifs.

B. La ce da : de a cce de ce transitionnelle à la mise en place des cours de justice

La jice aniinnelle e lain nd de je, ne ln de mie en e dne nain cncilie, a ein de laelle le in de alliemen la communauté est la défense de sentiments nationaux, résistants et républicains. Les miliciens condamnés et jugés devraient alors être exclus de la communauté. Pour que ces principes se réalisent, la réponse légale apportée doit concilier les attentes de la société française et les ln liie de cain dn nea gime, en ie de gee. A la cncein vient la mise en pratique et la validation, par la législation, dne ain, nean juridiquement la communauté nationale des traîtres.

a. Rompre avec la justice expéditive : de e e ce da

Faie n ael de la mie en lace de la jice dain eme de mie aii le enje ei a lain die lgale. Le fncinnemen de la jice dain e principalement défini par les ordonnances promulguées depuis le 18 août 1943, date du texte du Comité français de libération nationale (CFLN) à Alger. Cette première ordonnance ai la cain dn cmi dain ne de de i mi. Ce dnc en Algie e na lain jdiciaie d l 1943. Le dba Alge a de la dfiniin e de lganiain de lain jdiciaie fen if mai e cnclen la nécessité de mettre au point une législation qui empêcherait toute dérive violente et eanchade de lain67. Dan lide de faie jice cela est principalement visible dans un contexte transitoire de sortie de guerre comme celui que nous étudions , il y a la

67 BAUDOT, Marcel, « La Riance », op. cit., p. 35.

119 volonté de canaliser toutes formes de vengeance et dhili68. Les quatre années dccain n lai de laie e de eni an ni de ln eanchade cmme ce f le ca l 194469, mai lbjecif de la jice e en gande aie de mne e le cnfli e e de dune autre manière, dont le fondement légal la rendrait plus légitime. A ce titre, la condamnation, et notamment des membres de la Milice, est vivement clame e ce d l 1943, cmme lille cee ciain eaie dn jnal ian : « à mort le chef milicien e le lche i e enden lennemi 70. Les appels au meurtre la cndamnain e mlilien al e lain di canalie ce ael, en ndan a eigence de la ci fanaie de la-guerre.

Dans la cncein dne jice dain ancinnan légalement et selon des principes définis les collaborateurs, se retrouve une volonté farouche de se défaire de la justice employée par le régime de Vichy, mais surtout par la Milice. En effet, la conception de lain dan le c de jice e la politique de terreur employée par le régime de Vichy dans une « jice de gee ciile »71 notamment exercée par les miliciens au sein des cours martiales72. Lbjecif aec la cain de c martiales est pour le régime de Vichy de réprimer le « terrorisme » e ce la Milice i est choisie pour prendre en charge ces juridictions expéditives en vertu du décret du 21 janvier 1944, signé par le chef du gouvernement, Pierre Laval. Alors que les ministères du régime de Vichy étaient désormais dominés par les ultras de la collaboration, de forcenés Darnand et Henriot au Maintien de lde e la agande la ein de ennemi d gime inenifiai, incialemen au sein des cours martiales. Aucun juge permanent ne siège au sein de ces cours. Elles ganien de fan iinane e ne laien aimen acne ace de la cndamnain prononcée et de la sentence effectuée. Ainsi, la participation de miliciens accusés en sortie de guee ce c maiale ne e faie lbje dene afndie. Le milicien Joseph Lécussan73 résume ainsi le fonctionnement de ce semblant de nouvelle justice organisé par les cours martiales : « Le prisonnier est prévu à 3 heures, il y a jugement, e 4 a lie lecin. Elle a e aan le jgemen. Il n a acn aie af lai de dciin n enie

68 LEFRANC, Sandrine, Aprs le, op. cit., p. 7. 69 TODOROV, Tzvetan, Une tragédie française. Eté 1944 : scènes de guerre civile, Paris, Seuil, 1994, 247 p. 70 AN, F/60/1675 : coupure de presse, France dabord, n25, 1e a 1943. Il agi dn jnal iu de la Résistance, du mouvement des patriotes français pour la libération du territoire. 71 SANSICO, Virginie, « Chaie XII. Dne jice decein ne jice de gee ciile », La justice déshonorée. 1940-1944, Paris, Tallandier, 2015, p. 457-488. 72 SANSICO, Virginie, La justice du pire : les cours martiales sous Vichy, Paris, Payot, 2003, 258 p. 73 Joseph Lécussan est le chef régional de la Milice de Lyon. Ancien membre de , où il a connu Joseph Darnand et directeur régional du commissariat aux questions juives à Toulouse. En tant que milicien, il est enable de laaina de Basch.

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la famille. Ce ne a abiaie [ic]. Ce aide. Ah, ce jli. »74 Ainsi, cette justice expéditive mise en place par la Milice e limage de la faciain de lEa fanai. Seules deux sanctions sont prévues par les cours martiales : laciemen e la cndamnain mort. Ap ai nnc ne cndamnain m, la c maiale lece dans les 24 heures75. Ces odieuses parodies de justice sont condamnées et le soutien apporté par la magiae Danand blige cde lain de liniin jdiciaie le régime de Vichy76. La pratique des cours martiales a donné lieu à « lecalade fasciste »77 de lEa fanai e a mi a j la cncein bale e ilene d mainien de lde l par Darnand. Ces juridictions renvoient donc, dans la conception de la justice en sortie de guerre, à un passé dont il faut se départir pour ne pas reproduire un semblant de justice, haineux et violent.

Aan lei ce aie emle a le gime de Vich, le autorités à Alger font face à des débats compliqués pour concevoir une justice transitionnelle juste et efficace. Un vif débat concerne alors la question de la rétroactivité des lois. Le principe de non- rétroactivité défini par la formule « nullum crimen sine lege, nulla poena sine lege »78 est un principe essentiel du droit. La caractéristique de la rétroactivité retenue en partie pour lain a beac ciie e le genemen iie li-même ne voulait iniialemen a e lain e dle eln de incie acif79. Cette aversion la acii de lgilain eliai incialemen eln des principes juridiques ie, an ai e lace cmmi e dlice, il ne ai a e lgiime, ni légal, den e nali e de enable dne illgali. Ce incie iemen cii a finalement été retenu pour le cime dindignité nationale et la sanction de dégradation nationale qui en découle80.

La dégradation nationale est une sanction mise en place par la loi du 28 août 1944, qui institue un crime nouveau : lindigni nainale. Ce cime a b de condamner ce Anne Simonin a appelé le crime de « lèse-république » ; autrement dit la compromission dans la trahison nationale à travers des actes anti-nationaux, donc la collaboration. La création

74 AN, BB/18/3562. 75 LIMORE, Yagil, « La milice », op. cit., p. 41. 76 BADINTER, Robert, « Juger après Vichy », Histoire de la justice, n° 29, 2019, p. 7-10, p. 8. 77 COINTET, Michèle, La Milice, op. cit., p. 162. 78 « Pas de crime sans loi ; pas de peine sans loi ». 79 NOVICK, Peter, Lépuration française. 1944-1949, Paris, Balland, 1985 (édit. originale : 1968 ; trad. Hélène Ternois), p. 236. 80 SIMONIN, Anne, Le déshonneur, op. cit.

121 de ce cime, dan le cnee deceinnali de la jice de aniion, permet de sanctionner la trahison, mais fait également de celui qui la reçoit un individu « indigne » daaeni la cmmna nainale. La li an lindigni nainale e caiale e crée la représentation du collaborateur en justice. La dégradation nationale, reçue par ces collaborateurs, les sanctionne dans leur vie civile puisque la peine entraine des privations de droit, des déchéances, des incapacités et des interdictions professionnelles81. Ainsi, comme lanale Anne Simnin dan es travaux, « le cime dindigni nainale dignai iiaiemen laenin de la li nale n nouvel ennemi public intérieur : le vichyste, lindiid i aai acce, endan la gee, dae n aide lennemi de la République le régime de Vichy, qui lui-mme, cllabai aec lennemi de la Nain, lccan allemand »82. La dégradation nationale est une ancin acie ielle e dfinie a ne li i gi le jgemen dace an dl aan a mlgain e qui, a mmen il fen cmmi, naien dnc a dlice. Le cime dindigni nainale cndamne ace dlice an dl ene le 16 jin 1940 date de formation du gouvernement dirigé par Pétain et la Libération, alors même que durant cette ide, d min jen 1943, le gime de Vich ai e a ee le Fanai comme un régime pleinement légal, accepté a la maji dene e en 194083.

Dans les discussions régissant le cadre dans lequel devait se dérouler lain, il a en outre fallu définir quelles juridictions seraient en charge dae le bn dlemen de ce procès. Quatre juridictions sont retenues avec, chacune, des prérogatives et des moyens de condamnation différents. La Haute Cour de justice pour juger les membres du gouvernement de Vichy84, le chambe ciie jge de lindigni nainale, le ibna miliaie qui sont chargés, principalement au début de la période de tenue de ces procès, de dossiers de collaboration mais également, lorsque les cours de justice sont dissoutes, par la loi du 29 juillet 1949, de liquider les derniers dossiers et de réprimer les crimes de guerre commis par les forces occupantes85. Enfin, la denie jidicin chage de mee en lace lain

81 SIMONIN, Anne, « Rendre une justice politique : l'exemple des chambres civiques de la Seine (1945- 1951) », Histoire de la justice, n° 18, 2008, p. 73-89, p. 73. 82 SIMONIN, Anne, « De lindigni nainale laeine de la digni nainale : a-t-on jugé le bon crime ? », BOULOUQUE, Sylvain, GIRARD, Pascal (dir.), Traîtres , op. cit., p. 105. 83 ROUSSO, Henri, « Chapitre premier. Un nouveau régime », Le régime de Vichy, Paris, PUF, p. 7-29 ; BARUCH, Marc-Olivier, « A de Vich e de lEa de di », Bulletin du Centre de recherche français à Jérusalem, 2000, p. 53-67. 84 La Hae C de jice e inae a ldnnance d 18 nembe 1944. Elle a jg, en tout, 58 responsables de Vichy. 85 Cee li ime le c de jice ence en acii, lecein de la c de jice de la Seine i continue à siéger et à traiter les dossiers restants.

122 et celle qui concentre principalement notre intérêt est les cours de justice. Ces quatre juridictions ont eu à juger des cas de collaboration dans la Milice, lorsque des dirigeants du régime de Vichy étaient engagés ou avaient approuvé la Milice Joseph Darnand bien entendu, mais aussi Pierre Laval, Philippe Pétain ou encore Fernand de Brinon ; tous fusillés après leur condamnation, excepté Pétain cela fut retenu contre eux devant la Haute Cour, les chambres civiques ont, quant à elles, eu à juger de lindigni nainale de membres de la Milice, les tribunaux militaires ont jugé des miliciens, principalement au début et à la fin de la ide dain lgale, dnc l 1944, i a db de anne 1950. Cependant, ce sont devant les cours de justice que se sont principalement tenus les procès pour appartenance la Milice e ce i le fnd dachie de la cour de justice de la Seine86 a été retenu pour étudier les procédures de jugement de miliciens et miliciennes jugés en sortie de guerre. Le me jdiciaie la aliain de lain de cllabae nd al des principes liés à la période de transition, mais ils apparaissent également comme un moyen able e efficace de jge e de cndamne le cllabae cllabaice, en an le e mhde e agiemen eml lOccain.

b. Le c de ce, e ace a c d ocès de la collaboration milicienne

Le c de jice, malg le caace de jidicin decein, eennen n mdle de fncinnemen eian : celi de c daie. Lbjecif l e de cncilie justice régulière calquée sur le mdle de la Tiime Rblie e jice decein87. Ainsi, les faits de collaboration sont assimilés à des crimes de droit commun. Au chef-lieu de chaque ressort de cour d'appel a été créée une cour de justice ayant compétence pour juger les auteurs d'actes relevant de la trahison, qui reflétaient une intention de favoriser les entreprises de l'ennemi. Chaque section était composée de cinq membres, un magistrat président et quatre j. Ce ami de lie de j eniel alablemen ablies par une commission composée d'un magistrat et de deux délégués du Comité de Libération de la région des cours de justice que les jurés étaient tirés au sort. En bref, les jurés potentiels devaient avoir fait «

86 AN, fonds Z/6 : archives produites par la cour de justice du département de la Seine. 87 COINTET, Jean-Paul, Expier Vichy. Lépuration en France 1943-1958, Paris, Perrin, 2008, p. 251.

123 preuve de leurs sentiments nationaux »88 pendan la ide de lOccain. Ce n dnc principalement des résistants, venant du Parti communiste français (PCF), mais aussi des gaullistes qui intègrent les cours de justice en tant que jurés. Ce sont ces personnes qui décident des sanctions retenues contre des personnes jugées pour appartenance à la Milice, et ace caace aninainal cmmi dan lOccain. Leur présence était un moyen de présenter le jugement comme un acte rendu au nom du peuple français, mais aussi die e des reproches puissent leur être faits au sein de la société sur leurs cmemen lOccain89. Le ence en c de jice dnne limage dne jidicin ecnnaian leience de la ilence cmmie a le cllabae lOccation, mais surtout de celles et ceux qui en ont été les premières victimes et qui een e le e jge de fai e cmemen il n e bi90. Les deux ordonnances du 26 juin et du 28 novembre 1944 instituent les cours de la justice, déterminent leur ressort et leur composition et fixent les règles de la procédure et les conditions du pourvoi en cassation et du recours en grâce91.

Les sources illustrent toutefois la difficulté à mettre en place un système stable et viable et les problématiques encadrant cette justice transitoire.

Un fonctionnement pendant quelques semaines (des cours de justice) a permis de discerner les modifications quil y avait lieu dapporter aux textes ordinaires et fait apparatre lintért de leur codification. Lordonnance du 28 novembre dernier a répondu à ces différents besoins en ce qui concerne la répression des faits de collaboration. La présente ordonnance a le mme objet pour lindignité nationale92.

Si cet exposé des motifs du 8 décembre 1944, provenant du ministère de la justice, informe que des modifications sont nécessaires, cela démontre la difficulté dans un contexte de aniin dabli ne jidicin aifaian la maji e cndamnan légalement collaborateurs et collaboratrices. Ainsi, cette épuration ne répond pas à un processus linéaire et ce document illustre les principales limie dne jice eceinnelle de aniin dan sa mise en fonctionnement, qui se voulait pourtant rapide et efficace. Cependant, le

88 Ordonnance du 28 novembre 1944, « portant modification et codification des textes relatifs à la répression des faits de collaboration ». 89 JEAN, Jean-Louis, « Ramnd Lindn e le c de lEain », Histoire de la justice, n° 30, 2020, p. 247-259. 90 DREYFUS, Françoise, op. cit., p. 201. 91 Ordonnance du 28 novembre 1944, « portant modification et codification des textes relatifs à la répression des faits de collaboration ». 92 AN, F/1a/3329 : 8 décembre 1944, Ministère de la justice, « E de mif d je dOdnnance lIndigni Nainale ».

124 fncinnemen de c de jice e delan lenemble d eiie fanai, mee e le eiie en ein ien lib de lOccain, e me aidemen en place, et de nombreuses professions sont épurées par les différentes cours dans les premiers mois de la Libération93. Pour les collaborateurs engagés dans la Milice, les procédures peuvent être plus difficiles et plus longues car leur trace est moins évidente à retrouver.

La cour de justice qui fea lbje dne anale l lage e celle d daemen de la Seine, ae lde de n fncinnemen e de die dene e de jgemen cncenan de indiid an engag dan le ang de la Milice. La c de jice de la Seine fonctionna du 17 octobre 1944 au 31 janvier 1951. En tout, nous avons retenu 680 cas daffaie jge a la c de jice de la Seine engagemen dan la Milice, sur un total de 5 286 dossiers. Ce dnc ne jidicin cenale dan le jgemen de cette collaboration. La cour de justice de la Seine est une des cours de justice qui a eu le plus de cas aie a c de lain. La maji de affaie jge a la c de jice de ce département concerne des affaires qui se sont déroulées dans ses frontières. Cependant, iil agi dn daemen cenal en eme de gein adminiaie, incialemen du fait de la centralisation autour de la capitale parisienne, des affaires considérées comme dimance nainale n galement été jugées. Par le jeu des renvois de dossiers, les jugements prononcés par la cour de justice du département de la Seine peuvent concerner des affaires dépassant ce cadre. Elle aurait donc eu près de 50 dossiers à traiter par jour dans les périodes où elle était la plus active94. Ce chiffre peut elier par le fait que la cour de justice de la Seine recevait les affaires des autres cours départementales lorsque celles-ci fermaient, à partir de 1949. La cour de justice de la Seine devait alors traie daffaie dn lincin aai db a ein dae c de jice. Les individus soupçonnés daaenance la Milice aen majiaiemen en cmain dean la c de jice de la Seine car ils ont commis un crime qui ne relève pas niemen de lindigni nainale e dnc de la chambe ciie. En effe, laaenance la Milice, jge a le c de jice, e lie la cnidain il agi dn cime dinelligence aec lennemi e daeine la e eiee de lEa. Ceendan, ceain ca daaenance la Milice cnid cmme elean niemen de lindigni nainale n jg a le chambe civiques.

93 DELPORTE, Christian, « La ahin d clec dinaie. Lpuration professionnelle des journalistes (1944- 1948) », Revue historique, n° 2, 1994, p. 347-375. 94 VERGEZ-CHAIGNON, Bénédicte, Vichy en prison : les épurés à Fresnes après la Libération, Paris, Gallimard, 2006, p. 74.

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c. Une nouvelle conception de la réconciliation nationale ? Regad ae des collaborateurs

La jice aniinnelle de lain dn n an di le bjecif e enje elle e cene eci nd aini de demande de la population de punir les traîtres. Pour autant et bien que cette justice se soit effectivement réalisée, elle a laissé place à diverses ciie ene dan le ce. Ce ciie cndamnen la fi limni eene pour certains collaborateurs face à des condamnations jugées trop e dae, mais également les nombree emie de eine e finalemen le li damniie. Les emie de eine n de mee emean de dimine la ancin ee li de la comparution. Ces remises sont accordées dan le cade de lain d 1945 e afi (très) rapidement après les procès95. Jean Saint-Ellier, un milicien condamné, par la cour de jice de la Seine, i an de in e di an dindigni nainale, le 15 nembe 1946, reçoit une remise de peine dès le 26 novembre96. Ces cas illustrent avec quelle rapidité certains collaborateurs peuvent bénéficier de mesures de clémence. Cependant, cela concerne davantage des collaborateurs qui disposaient de circonstances atténuantes au moment du procès. Les remises de peine sont le plus généralement attribuées à partir de 1948, mais cela e aiable dn die lae. Décidées par le pouvoir exécutif, elles sont très fene dan le cade de c de lain e een e ale aielle97.

Dans le cas des miliciens et miliciennes, la consultation des documents liés à cette ein dan le diffen die de la c de jice a mn elle n daanage aielle e elle diminen la de de lne de ancin eene, ie de lie. A la suite de laibin de ces remises, sont appliquées les mises en liberté de collaborateurs ayant reçu des sanctions moindres. Ainsi, ces mesures de clémence dont font preuve les juridictions vis-à-vis des condamnés, ainsi que les retards dans les jugements de certains collaborate fn dj, aan le e de lamniie gnale, lbje de ciie. A lAemble, ce ein n galemen dbae e lain e ciie nammen le affim a c dn de ce dba : « Comment, en effet, peut-on expliquer que, deux mois et demi après la libération de Paris un seul traître ait été fusillé, et encore

95 LARRIEU, Jean, « Lain jdiciaie dan le Pne-Orientales », Revue dhistoire de la Deuxime guerre mondiale, n° 112, 1978, p. 29-45, p. 43. 96 AN, Z/6/151 : dossier n° 2112. 97 BERGERE, Marc, Lépuration en France, Paris, Presses universitaires de France, 2018, p. 27.

126 seulement hier matin ? » (« Très bien ! Très bien ! », sur divers bancs.) »98. La mise en avant des retards dans les procédures visant les traîtres à la patrie, et notamment les miliciens, apparaît donc déjà comme une critique récurrente dans les débats sur le déroulé de lain.

Nanmin, e malg ce ciie e dba, ce finalemen lide de cnciliain nainale i leme aec ce mee dn la mlgain ille e le gime républicain, le de anne 1950, lennemi ne l le ae la aie, le cllabae el il ai envisagé s lain jdiciaie. Cee nelle cncein de la concorde nationale efface alors les aspects humiliant du régime de Vichy et éteint alors partiellement la mmie de la ilence d gime de lOccain e de la cllabain milicienne. En effet, lamniie e ne dciin enan à une volonté politique d « évacuer le passé pour se protéger des menaces du présent »99. D la Libain, la ein de dange dne « épuration trop forte et prolongée ai e ca ce cnee de gerre civile où biaien le cliage de lOccain iai de disloquer la communauté nationale »100. Ce ie e dange n dnc ni la flein a de lamniie de cllabae. Aini, le e de li damniie n en aidement après la tenue des procès. Ces dernières, promulguées le 5 janvier 1951 et le 6 août 1953101, sont présentées comme le mble dne ain imafaie che celle e ce i il ai nceaie de faie ne épuration sévère et de reconnaitre comme indigne la politique portée par le régime de Vichy et soutenue par les collaborateurs. Ainsi, dans certains textes publiés au cours de la période et cnian de achie eenielle la cein de c dain, cee ene e la condamnain ne e a ffiammen alie est affirmée ainsi :

Aucun procès na été fait. Le pays na pas pris conscience : or cest de cela quil sagit, et non de châtiments ou de vengeances. Il sagit de jugement et du sentiment de vigueur renaissante, de complète guérison quéprouve la conscience après avoir prononcé son jugement102.

98 NOGUERES, Louis, op. cit. 99 GACON, Stéphane, « Lbli iniinnel », NICOLAÏDIS, Dimitri, Oublier nos crimes : lamnésie nationale, une spécificité française ?, Paris, Autrement, 2002, p. 96. 100 KLARSFELD, Serge, ROUSSO, Henry, CONAN, Éric, LINDEBERG, Daniel, « Histoire et justice. Débat entre Serge Klarsfeld et Henry Rousso », Esprit, n° 181, 1992, p. 16-37, p. 24. 101 Loi du 5 janvier 1951 et du 6 août 1953 portant amnistie. La première concerne les faits constitutifs de lindigni nainale dne de de min de 15 an e le mine de min de 21 an de eine infiee cin an. La deime e ne li damniie gnale, lacin mene a le chambe ciie était dès lors éteinte. 102 CASSOU, Jean, La mémoire courte, Paris, Mille et une nuit, 2001, p. 26.

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Ce mee n lin de faie lnanimi e de cmies, principalement chez celles e ce i lain ai n cmba men cne la ahin e lhmiliain ces au c de lOccain. La Fédération nationale des déportés et internés résistants (FNDIR) a publié en décembre 1949 un appel qui se prononce contre « lamniie le dnnciae, les collaborateurs de tout poil, les mouchards, les tortionnaires de la milice », qui conclut par : « il y a des actes qui ne se rachètent que par la mort »103. Les actes commis par les miliciens en fn aie e le dce damniie nnc cne e ne n a e cmme légitimes par une partie de la société civile qui regrette alors et dénonce le manque de cnidain dan le jgemen de lacin ilene e hainee e le milicien n eml cne de aie fanai lOccain. Lide de lchec de lain masque la réalité des nombreuses condamnations prononcées par les cours de justice qui « ont rempli leur rôle compte tenu du contexte pour le moins difficile de leur mise en place et leurs jugements ont été somme toute modérés »104. Pour 50 095 dossiers jugés par des cours de justice au 31 décembre 1948, 7 037 ont reçu la peine de mort, 2 777 des travaux forcés à perpétuité, 23 816 des peines de prison, et enfin 692 la dégradation nationale comme peine principale105. Ce chiffe n dnc lin de faie a dn chec e ille lamle d travail accompli par ne ele jidicin de lain.

Un nmbe iman dci bli endan e a la ide de lain, traite du déroulé de celle-ci, de manières diverses, selon les positionnements de leurs auteurs. Cela a principalement commencé au sein même de la période avec la publication de pamphlets en fae dne amniie gnale e dnc dne ceain de ce c106, une sorte de lobbys dancien cllabae107. Dans la défense de ces mesures, ces sources écrites ont donc joué un rôle très important. Consulter ces écrits donne des points de vue des accusés eux-mêmes sur leur vécu dans ces procès, ou encore de personnes extérieures à ces procès mais qui en traitent dans leurs écrits. Au sein de ces écrits, domine lide dn maai aiemen inflig a c de la ide de lain a le ai lgale le cllabae. Fabienne Frayssinet, milicienne arrêtée et condamnée, énonce qu« il est certain que les procédés

103 Communiqué de la FNDIR des Pyrénées-Oienale, ma 1950, ne dinfmain de RG, 27 ma 1950, Archives départementales des PO, 49W33, cité par BOYER, Patricia, Epuration, politique et société en Languedoc et Roussillon (août 1944-août 1953). Réalités et représentations, thèse de doctorat, université de Montpellier, p. 716. 104 ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, Les Françaises, op. cit., p. 189. 105 ROUSSO, Henry, Vichy, op. cit., p. 516-517. 106 PAULHAN, Jean, Lettre aux Directeurs de la Résistance, Paris, Ramsey, 1987, 55 p. (édit. originale : 1952). 107 BIARD, Michel (dir.), Combattre, tolérer ou justifier ? Ecrivains et journalistes face à la violence d'État, XVIe-XXe siècle, Mont-Saint-Aignan, Publication des universités de Rouen et du Havre, 2009, p. 153.

128 employés contre n ln limiain de mhde de la Gea. »108 Les cndamnain faie a le cllabae cne la jice dain en de ce cde de cmaain ene le mhde de ein naie e lain. En ie de gee, lamnistie est donc grandement réclamée par de nombreux condamnés109, des collaborateurs i cniden e lain a e ene e, ence e le c ne prenaient pas en compte la légitimité du régime de Vichy110. Surtout, ces pamphlets sont pour la la emein dani-cmmnime e le ciie aien ne ende main mie de cmmnie lain.

Le cllabae cndamn a lain i e een de le lme clame le pardon exagèrent les chiffres des exécutions sommaires et remettent en cause les FFI et patriotiques en insistant sur les violences que ces autorités auraient perpétrée l 1944. A travers son texte de mémoire, le collaborateur Philippe Saint-Germain, jugé au cours de lain, ci n amhle cne lain, dnnan la aie de cee jice. En effet, il remet en cause la légalité de cette justice et affirme contre celle-ci que « des milliers dhmme n aini cndamn, je a bagne fill a n jgemen la sauvette, entre deux gendarmes en tenue et deux magistrats en robe tenant lieu de légalité »111. La remise en cause pa le cllabae de incie lga de lain e mnnaie courante dans la France des années 1950. Ces critiques se développent fortement et font lbje de nmbee blicain i eenen n men ce cllabae dganie leur propre défense, en dehors des cours de justice. Les vichystes multiplient alors le ineenin blie ciian le fncinnemen de lain e eendian ne amnistie générale112.

108 FRAYSSINET, Fabienne, Quatre saisons dans les geôles de la IVe République, Monte Carlo, Regain, 1953, p. 179. 109 BIARD, Michel, Le amhle d incac a la Libain , BIARD, Michel (di.), Combattre,, op. cit. 110 ROUQUET, François VIRGILI, Fabrice, Les Françaises, op. cit., p. 413. 111 SAINT-GERMAIN, Philippe, Les prisons de lépuration, Paris, Publications , 1951, 214 p. 112 JOLY, Laurent, PASSERA, Françoise, « Se souvenir, accuser, se justifier : les premiers témoignages sur la France et les Français des années noires (1944-1949), Guerres mondiales et conflits contemporains, n° 263, 2016, p. 5-33, p. 30.

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La cncein dne jice de aniin i e fai d 1943 Alge, e i inie ae la cain de jidicin de lain la fin de l 1944, ee ne conception particulière de la réconciliation nationale. Elle répond à différents questionnements que se posent les autorités chargées de mettre au point cette justice transitionnelle face à une société civile particulièrement regardante sur son déroulé. La question principale aux mains de ces autorités est finalement : comment faire justice sans que chacun ne cherche à se faire sa propre justice ? En effet, pour que cette réconciliation se réalise et que le projet républicain porté par les milieux résistants se constitue, il est primordial de faire acte de justice en punissant les femmes et les hommes qui ont cru en la collaboration et se sont engagés dans cette voie, trahissant alors leur nation.

Cependant, cet acte doit se départir de toute considération personnelle et revancharde inge dan le ce di a le autorités issues de la Résistance. Ces volontés peuvent être difficiles à appliquer notamment car les actions des miliciens et miliciennes ee dan cee ie mblien lla-collaboration et le paroxysme de la trahison nainale. Ce i la hie employée dans les discours de sortie de guerre condamnant leurs actions et comportements, les oppose régulièrement aux héros de la résistance : les maquisards et les déportés. Cee cncin dn dic diin nd labliemen dne mmie iancialie i ige le ian en h nationaux et les opposent à celle e ce i nn a ii la ie iane lOccain.

Aini, leein de la trahison milicienne répond la constitution dne justice transitionnelle de sortie de guerre qui a pour charge de condamner les mauvais Français dans n b de cnciliain nainale emean de egade e laeni e de ancinne ce i n aci la ide de lccain e e lhmiliain e la ffance elle a occasionnées. En outre, un appareil judiciaire se met alors en place et celui-ci se doit de punir spécifiquement les différentes formes de collaboration. Cependant, les procédures sont longues et le nombre de personnes à juger important, ce qui complique la volonté de faire une épuration rapide et efficace.

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Chapitre 4. Un appareil judiciaire adapté au crime milicien ?

« Comment expliquer à la nation que des individus, traîtres au pays, des miliciens avoués, parviennent à échapper au châtiment alors quils devraient tre fusillés le jour même de leur comparution devant la Cour de Justice ? Comment lui expliquer quaprès plus de deux mois de fonctionnement, les tribunaux militaires de la région parisienne naient pas prononcé une seule condamnation à légard de ces tratres ? »1.

Ces mots illustrent la dcein dne aie de linin an a dlemen de cde aniinnelle de lain. Il meen en aan lide dne clmence dont seraient coupables les juridictions vis-à-vis des collaborateurs, notamment des miliciens et miliciennes, dans le traitement qui leur est réservé. Cela amne inege la lace d cime daaenance la Milice dan la ie de gee fanaie e dan lain. En dae eme, le jidictions decein, dans leur composition et leurs pouvoirs de sanctions, disposent-elles de moyens suffisamment efficaces de condamnation de la collaboration, pour satisfaire les attentes de la population française ? Laaeil jdiciaie cn lain ganie a de diffene jidicin dean leelle de 1944 à 1951 les miliciennes et miliciens ont eu à répondre de leurs méfaits et des motifs pour leel il n adh cee ganiain mblian la die facie de lEa français. Les représentations et jugements de la collaboration milicienne par les instances chargées de lene e d jgemen interrogent alors.

Les procédures judiciaires permettant la condamnation des miliciens rythment la vie du pays dès la seconde mii de lanne 1944. Ceendan, mee e le cde e déroulent, cette épuration démontre ses failles dans le jugement de la Milice. Il a notamment semblé nceaie de e la ein de ee maielle acan ladhin la Milice. Ces preuves pouvant confirmer ou infirmer lengagemen de acc dan lganiain de Darnand manquent. Au cours des procédures, un acteur eeniel affime : les témoins. Ces derniers occupent une place importante puisque leurs dépositions peuvent peser sur le jugement. Manque de preuves, dénonciations par intérêt, difficulté à différencier les différents e dadhin, ead dan le cde, n an dlmen i agacen de a e dae de linin. Ceendan, le cde n elle e le ancin lourdes. Ce sont ces différents enjeux et blmaie i emeen de inege la lace cne a

1 NOGUERES, Louis, La Haute cour de la Libération (1944-1949), Paris, Editions de Minuit, 1965, 298 p.

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ein de laenal jidie de lain jge e cndamne lacin de membe de la Milice, mais également de la manière dont se déroulent les procédures en cour de justice, et plus spécifiquement devant celle de justice de la Seine.

Ces problématiques seront abordées en trois temps. Dabd, n dien la lace de la cllabain milicienne ai de l 1944 e dan laion judiciaire française. Puis, n inegen le caaci ene le main de la c de jice e laaenance la Milice. Enfin, le denie angle dde de la lace d cime milicien dan laaeil judiciaire se focalisera sur la questin de lineenin de min aec le diffen cana ffan e ee le cde jdiciaie.

A. Jge a caba cee, ce a c de a

La mie en lace dne jidicin de aniin nd une volonté de châtier les traîtres, celles et ceux qui ont souillé la nation. La collaboration milicienne est en ce sens au c d ce dain e autour des cours de justice se constituent de nombreuses attentes. Ces juridictions exceptionnelles doivent-elles jugées en réponse à une attente sociale, en canalian le ilence de lain, ou ces jugements doivent-ils constituer niemen ne dfiniin d je e de linje ? Ces questions sont primordiales dans le cnee de lain e témoignent des enjeux multiples revêtis par ces procédures. Cependant, le jugement des miliciens et miliciennes rencontrent de nombreux obstacles car, alors que se mettent en place les juridictions, de nombreux miliciens ne sont plus présents sur le territoire national.

a. La Milice en 1944, e c de e de a cdaa ?

A l 1944, andi e lain jdiciaie e me en lace, la Milice e ege e e caene en ne lael lanc a le chef de la Milice. En effet, Joseph Darnand déclare alors aux membres de son organisation : « à partir de ce soir, je mobilise la franc-garde de la Milice fanaie, jaelle me hmme ie le mie, aemble le famille dans des lieux sûrs, puis à rejoindre leurs corps, à se grouper dans leurs centres »2. Alors que la libain de eiie accle, un nouvel ordre est donc donné : ai e lE.

2 « Ael de Jeh Danand a fce d mainien de lde e la Milice fanaie », 7 juin 1944.

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Paian dne liie eie inbanlable, le la de la cllabain ien en leur fie lE le men de cnine le cmba, a c de ai naie. Certain miliciens confirmant leur engagement, font alors le choix de se rassembler à Nancy pour ensuite se réfugier en Allemagne en constituant des convois comprenant les miliciens et miliciennes, avec leurs familles3. Environ 6 000 miliciens et plus de 4 000 membres de leurs familles se trouvent au final en Allemagne aux côtés de Joseph Darnand4. Ce départ accompagne leil du gouvernement de Vichy à Sigmaringen, en septembre 19445. Depuis Sigmaringen où se n inall ceain membe d gime de Vich, ganie cee ie lE e la ie du combat. La Milice neie l ai da 1944 dans la France quasi-libérée et parmi ses membres qui se sont réfugiés en Allemagne, ce sont près de 1 800 miliciens qui prêtent emen Hile e engagen dan la bigade Chalemagne de Waffen SS6. Lengagemen am de cllabainnie affime al dan cee bigade. Leil lE de collaborateurs amène donc les derniers membres et soutiens du régime de Vichy à envisager une poursuite du combat, sous la coupe des autorités nazies. Le projet du chef de la Milice est, cmme leime la fille d jnalie cllabainnie Jean Lchaie, Cinne Lchaie, de « rassembler les derniers membres épars de sa Milice pour former une légion symbolique, la légion Charlemagne »7, bien que cet engagement ne se résume pas à un aspect symbolique.

Cependant, ce moyen pour les miliciens de poursuivre le combat ne représente pas une évidence pour tous les miliciens. Le serment de fidélité à Hitler rompt avec le projet initial de la Milice, au moment de sa création, en février 1943. En effet, dans son programme le nainalime e ln de lmen le l iman. Aini, ce achemen diec de la Milice aec le ai naie en n billage a de b de lacin milicienne. Ce i, le emen Hile e lengagemen au côté des nazis ne font pas lnanimi parmi le milicien, mme che le l engag de lganiain e la décision « e ne cnenain gnale, ca le gamme de la Milice ne l eec »8. Henry Charbonneau, neveu par alliance de Darnand, revient dans ses mémoires sur cette distance prise avec le programme nationaliste milicien et témoigne sa crainte de « tomber à la

3 Une fois arrivés en Allemagne, les miliciens et miliciennes sont regroupés au camp de concentration du Struthof où ils restent plusieurs semaines avant de rejoindre un poste de travail ou de combat. 4 COINTET, Michèle, La Milice française, Paris, Fayard, 2013, p. 237. 5 ROUSSO, Henry, ROUSSO, Henry, Pétain et la fin de la collaboration. Sigmaringen 1944-1945, Bruxelles, Complexe, 1984, 441 p. 6 GIOLITTO, Pierre, Volontaires français sous luniforme allemand, Paris, Perrin, 1999, 459 p. 7 LUCHAIRE, Corinne, Ma drôle de vie, Paris, Dualpha, 2002, p. 171. 8 Histoire dune émigration... ou dune déroute : fuite de la milice en Allemagne et installation a Sigmaringen de lex-gouvernement de Vichy sous la dénomination de "Commission gouvernementale de la défense des intérêts français en Allemagne", Limoges, Agendas Bontemps, 1945, p. 20.

133 merci quasi-totale des autorités allemandes »9. Cependant, Darnand était déjà un membre de la SS « intronisé par les Allemands »10, suite au serment de fidélité prêté à Hitler en août 1943. Le Waffen SS Christian La Mazière, exprime également cette crainte des miliciens qui « aaien j fidli Danand e li aien d c e me (). Ai e-ce avec ste il enaien daende le emen il aai la Waffen SS »11. Ce rapprochement semble alors pour certains miliciens fidèles à Darnand un revirement idlgie. Lengagemen milicien dan la SS e galemen ili dan la cndamnaion de la trahison milicienne en 1944. En effet, un ael lacin ign par le Comité Français de la Libération Nationale, demande dagi « dean la age eie Hile e la Milice du SS Darnand font déferler sur notre pays » et demande ensuite « lacin cmmne de les patriotes Bas-Alin cne lccan e a Milice de adain de Danand e décidée »12. Ce engagemen e labence le eiie nainal de nmbe milicien la Libain cnibe laffimain dn imaginaire dans lequel les miliciens de Darnand ne fn l n aec le SS allemand.

Celle e ce i efen de engage dan le ang nai pouvaient travailler dans des entreprises allemandes et notamment prendre part à des organisations de sabotage menées contre les forces alliés. Ainsi, les archives livrent des exemples de miliciens qui arguent a mmen d eli e lAllemagne, il nn a emen e ne e n a engag dan la Waffen SS, mais n chii dae lin, el le milicien Robert Lemarchand qui se défend de tout engagement dans la brigade nazie lors de son interrogatoire face aux gendarmes.

Le 17 aot 1944 à lapproche des Armées Alliées jai suivi la cohorte qui est partie en Alsace. () A la suite dun discours de Darnand dans lequel il nous a déclaré que les miliciens qui désiraient opter pour le travail du S.T.O. pouvaient en faire la demande. Jai donc fait cette demande à la suite de laquelle jai été envoyé pour travailler à Singen13.

Le eli e lE ne e al eniage niemen cmme ne cance dan le je dEe nelle, ael cien e adhen bn nmbe de milicien aan chii la Waffen SS. Ceain milicien agen galemen dean la jice, ne fi en Allemagne

9 CHARBONNEAU, Henry, Les Mémoires de Porthos, Tome II, Paris, Librairie française, 1981, p. 67. 10 COINTET, Michèle, « Chapitre 5. Darnand intronisé par les Allemands », La Milice, op. cit., p. 121-141. 11 LA MAZIERE (de), Christian, Le rêveur casqué, Paris, Robert Laffont, 1972, p. 46. 12 La Contemporaine, 4/P/RES/1231, Le chant du départ, organe de liaison des Francs-Tireurs et Partisans des Basses-Alpes, Mai 1944. 13 Archives nationales (AN), Pierrefitte-sur-Seine, Z/6/175 : dossier n° 2276.

134 ils sont paen chae, nammen en egagnan lIalie e en engagean a c des patriotes italiens14. La fie e lE e al jifie a ce milicien dans leur discours défensif en justice cmme n enlemen li lbiance il aaient envers les ordres de Darnand, et non comme une croyance dans le projet nazi.

Cependant, les archives présentent des témoignages contradictoires sur la possibilité, une fois replié en Allemagne, de choisir entre le combat et le travail car certains miliciens enen lengagemen dan la bigade Chalemagne cmme lnie lin, ne fi en Allemagne. Ce le ca de Marcel Fidele qui affirme, pour justifier son engagement dans les Waffen SS, que « les miliciens qui ne voulaient pas faire parti de la brigade Charlemagne étaient envoyés en camp de concentration ».15 Dae fn galemen le chi de e fme une nouvelle identité ou de contracter un engagement dans la résistance, afin de bénéficier de circonstances atténuantes au cas où ils seraient arrêtés et jugés. Ainsi, certains miliciens se retrouvent dans les maquis ou comme membres de Fce fanaie de lInie (FFI), and dae fn le chi de e cache de e constituer prisonnier en se rendant à la sécurité militaire ou au commissariat. Ainsi, le milicien Stableaux affirme au cours de son interrogatoire : « a db de jille jai de la Milice e je me i cach Pai ja j jai a dan ne afle du mois de juillet 1944 , i il aje il a été emmen en Allemagne, d il dee nea pour finalement prendre contact avec le maquis italien16. La diversité de discours présents dans les sources sur la poursuite de lengagemen milicien ille e ce dciin ne een inee en nie.

Ainsi, leil de cllabae e n lmen imdial le inance de lain puisque cela aboutit à la nécessité de mener des recherches plus loin, aidées par les puissances alliées pour mettre la main sur les collaborateurs ayant fui le territoire national17. Cette période de fuite de la Milice synchrone lain e dj ee cmme une altération au bn dl de lain, aec lide affime e profitant de lagiain, de lafflemen, de la désorganisation de la Milice, les Allemands se livrent au recrutement des miliciens à leur profit : Waffen SS, service de police, Gestapo »18. En outre, en sortie de guerre,

14 AN, Z/6/85 : dossier n° 1302. 15 AN, Z/6/100 : dossier n° 1473. 16 AN, Z/6/354 : dossier n° 3753. 17 BERGERE, Marc, Vichy au Canada : lexil québécois de collaborateurs français, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015, 328 p. 18 La Contemporaine, S pièce 10922 : Histoire d'une émigration... ou d'une déroute : Fuite de la milice en Allemagne et installation a Sigmaringen de l'ex-gouvernement de Vichy sous la dénomination de "Commission gouvernementale de la défense des intérêts français en Allemagne", 1945, p. 14.

135 lengagemen dan la Waffen SS e la fie e lAllemagne ent daan l ld dan les procès que la Milice « est reconnue comme une source de recrutement pour la Waffen SS, ce qui établit sans conteste le crime de trahison pour ses responsables. »19 Les individus ayant fui la France ont donc été arrêtés plus tardivement et leur comparution a, elle aussi, été plus tardive. Les procédures judiciaires peuvent alors être entamées en leur absence, par contumace. Lorsque certains de ces miliciens compromis sont réapparus et ont été remis dans les mains de la justice dain, ils ont pu être condamnés à des peines plus légères, voir même pour certains, acquittés20. Leur présence hors du territoire français a préoccupé celles et ceux souhaitant une épuration rapide et la difficulté à mettre la main sur ces collaborateurs est soulignée dan n dcmen dachie d 25 eembe 1945.

Des centaines de miliciens de Darnand seraient encore emprisonnés en Allemagne, en Italie et en Autriche et que, sils ne sont pas transférés en France avant le 9 novembre, les textes actuellement en vigueur ne permettront plus de les déférer aux cours spéciales de justice. Je vous serais très obligé de vouloir bien inviter le Gouvernement militaire de lAllemagne et de lAutriche à transférer, durgence, ces miliciens en France21.

De fai, al e e meen en lace le jidicin chage de lain e le lancement des procédures menées contre des collaborateurs, les principaux traîtres quittent le pays et échappent dans un premier temps aux juridictions, accentuant par là leur trahison nationale. Pour une partie de ces derniers principalement des miliciens et miliciennes les procédures ne peuvent aboutir. A lAllemagne, Jeh Danand a ejin lIalie e a également suivi par certains miliciens. Ces derniers qui ont fait le choix de la poursuite du combat peuvent être considérés comme les plus convaincus, ceux qui pouvaient poursuivre le e dne Ee nelle, dbaae d blchime, Hile na ce de faie miroiter à leurs yeux »22, alors que Berlin est aux mains des Soviétiques. Le repli apparait ce denie cmme le efle dne cance ale dan lEe nelle, aniblchie e animie, mie a le nai. P daes, le repli représentait la seule échappatoire envisageable face aux menaces de condamnation à mort.

19 COINTET, Michèle, La Milice, op. cit., p. 259. 20 VIAUD, Marie-Thérèse, « L'épuration en Dordogne », Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, n° 199-200, 1992, p. 417-428, p. 425. 21 AN, F/1a/3329 : minie de lInie, die répression juridique et judiciaire. Miliciens et membres des groupements nationaux ». 22 GIOLITTO, Pierre, Histoire de la Milice, Paris, Perrin, 1997, p. 465.

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b. Le jugement des traîtres et des indignes, miliciens et miliciennes face aux juridictions

Ldnnance d 26 dcembe 1944 « portant modification et codification des textes elaif lindigni nainale » stipule que le fai cndamnable a lain n notamment : « de deen deme adhen, ieemen a 1er janvier 1941, même an aiciain acie n ganime de cllabain el il i, e cialemen ln de gemen ian , en i ne lie de 14 gemen dan laelle la Milice occupe le deuxième rang, a le eice dde légionnaire (SOL) 23. Les trois différentes jidicin en chage de lain n jg cee cllabain. Le deg daaenance jouent donc pour déterminer quelle juridiction sera chargée de juger certains miliciens et miliciennes puisque si un milicien ne « aai a ai cmmi dace henible dan cette organisation et () i lene li e faable, [il] relèvera de la chambre civique. »24. Le lain jdiciaie e me en lace, les représentations sur la Milice renvoient à la dernière année du régime de Vichy, à sa fascisation et à la lutte contre des patriotes français25. Cet engagement apparait donc prioritaire dans les procédures menées en cours de justice, plus que pour celles menées au sein des chambres civiques. Ainsi, la Milice e lne de ganiain de cllabain i a fai lbje d l gand nmbe de cde dean la cour de justice a c de lain, notamment par opposition à lengagemen dan de partis politiques26. Ce dnc finalemen la cour de justice qui a eu pour tâche de condamner la collaboration milicienne, crime trop important pour être uniquement soumis au jugement des chambres civiques.

En ce i cncene la ne nale aan a laibin de ancin, la jice particie la enaie de dfiniin de lchelle de cllabain dn e end cable lindiid jg aaenance la Milice. Dan ce jgemen, le milicien n e cmme le ame de la cllabain aec lAllemagne naie e de la iolence dccain. Aini, le die dene de Bouscarat indique en 1942 [il] était chef de section de la Milice »27. Alors même que la création de la Milice date de janvier 1943 elle est, la Libain, cnfnde aec dae fme de cllabain liie. Ce cee

23 Journal officiel, 27 décembre 1944 : ordonnance du 26 décembre 1944 portant modification et codification des ee elaif lindigni nainale, p. 2076. 24 Archives départementales du Rhône (ADR) : 3 UP 2049, cité par SANSICO, Virginie, « La cour de justice de Lyon, section du Rhône (septembre 1944-juillet 1949), Histoire de la justice, 2008, n° 18, p. 45-57, p. 55. 25 AZEMA, Jean-Pierre, « La Milice », Vingtième Siècle, revue d'histoire, 1990, n° 28, p. 83-106, p. 104. 26 GUILLON, Jean-Marie, « Les mouvements de collaboration dans le Var », Revue dhistoire de la Deuxime guerre mondiale, n° 113, 1979, p. 91-110. 27 AN, Z/6/3369 : dossier n° SR 905.

137 représentation qui prime aux yeux des instances en charge des enquêtes et des procès. Les procès en cours de justice punissent le crime de collaboration.

La sanction de dégradation nationale à laquelle ont été condamnés les collaborateurs, a e de fme l min fe eln elle ai dnne ie de de limitées dans le temps, mais elle reste la plus importante réponse judiciaire à lacte de cllabain e eene lengagement dans la Milice. Les miliciens jugés deviennent, à lie de le cmain, des « morts civiques », le lindigni nainale accmagne de ancin de cnficain gnale de bien e / dinedicin professionnelle28. En réponse à ces condamnations les accusés cherchent, quand ils le peuvent, à donner toute preuve de leurs sentiments nationaux29. Ces procédés de défense se ressemblen dn die lae.

Je croyais fermement accomplir mon devoir de français en suivant les directives du gouvernement. () La personnalité du maréchal et les exploits militaires de Darnand me semblaient un gage suffisant de leur patriotisme et cest la raison pour laquelle jai obéi aveuglément à leurs ordres30.

La dclaain e emine a lacc reconnaissant avoir été trompé par la propagande et en e ne icime iil affime ai commis une erreur »31. Liliain des sentiments nationaux est un élément extrêmement récurrent des dossiers de jugement pour n milicien fae ali n engagement comme une erreur de parcours. Devant la justice dain, diffen dic e fn face ene la ecein de la ahin a le jge e ae ai de lain, e le ae e-mêmes qui justifient leurs comportements et actions.

Les contemporains apportent eux aussi leur point de vue sur les réponses judiciaires à la collaboration milicienne. Ainsi, Georges Carus, membre de la Milice française qui a connu la cndamnain endan lain, avance : « aini n e le constater à la lecture de laicle 83 d Cde nal, la eine ence ai n eminnemen dn cin an ai dne amende de 12 000 à 120 000 F. Pai aje ce ancin de eine

28 SIMONIN, Anne, SIMONIN, Anne, Le déshonneur dans la république : une histoire de lindignité, 1791- 1958, Paris, Grasset, 2008, p. 467-477. 29 DELPORTE, Christian, « La ahin d clec dinaie. Lain feinnelle de jnalie (1944- 1948) », Revue historique, n° 2, 1994, p. 347-375, p. 364. 30 AN, Z/6/270 : dossier n°3141. 31 Idem.

138 accessoires »32, parmi lesquelles il cite notamment « indignité nationale, interdiction de séjour ». Dans son analyse, la prison et les amendes sont des sanctions importantes, tandis que les autres sanctions délivrées par les cours de justice dn lindigni nainale, systématiquement appliquée à la suite dne cndamnain a la c de jice sont vues comme « accessoires ». Cependant, il donne à travers ses mots une image moins honteuse de cette peine dégradante qui exclut socialement de la communauté nationale celui qui la reçoit. Cee iin de lindigni nainale cmme ne eine lge di, da Anne Simn, e réévaluée ; ce ne impérieuse nécessité »33. En effet, la dégradation nationale est la ancin i a la l alie a c de lain, afin de ime le fai de collaboration. Lindigni nainale est une sanction exceptionnelle qui est prononcée à chaque condamnation par la cour de jice, ele aje dae eine. Les remises de peine, aini e le mee damniie, ont certainement contribué à ce que soit réduite la portée de cette sanction dans les représentations. La milicienne Fabienne Frayssinet développe un regade ciie le cime dindigni nainale, mai a ai e la sanction de dégradation nationale en comparution devant la chambre civique, elle indique : « je neece acne de fein incmaible aec cee nali. Je nen i dnc nullement gênée, alors que cette même condamnation réduit à la misère un grand nombre de mes camarades en les empêchant de reprendre leur métier. »34 La sanction de dégradation nainale a ch diffemmen le indiid laan e. Ceendan, elle este une sanction dgadane malemen ielle ecl celi i la ei de la cmmna nainale, e dans la pratique elle limite considérablement le degré de liberté, à différentes échelles et dans différents domaines, des condamnés.

c. En justice face g d cce milicien »

Au cours, du déroulement des procédures dain, lhgni de fil e de motifs dadhin à la Milice, devrait être prise en compte. Cette prise en compte pose alors la ein de lacceain ou non dchelle de gai aiable dan la cllabain milicienne. A ein de lganiain milicienne, diffene chelle daaenance e croisent, notamment lie la hiachie mme ablie dan lganiain. Dans les discours

32 CARUS, Georges, Ce que je navais pas dit, Editions du Lore, 2009, p.182. 33 BOULOUQUE, Sylvain, GIRARD, Pascal (dir.), BOULOUQUE, Sylvain, GIRARD, Pascal, (dir.), Traîtres et trahisons. Guerres, imaginaires sociaux et constructions politiques, Paris, Editions Seli Arslan, 2007, p. 91. 34 FRAYSSINET, Fabienne, Quatre saisons dans les geôles de la IVe République, Monte Carlo, Regain, 1953, p. 127.

139 produits par les dirigeants miliciens d lanne 1943, la Milice est présentée comme une organisation politique traditionnelle et non comme une police, tel que le montre notamment André Laurens pour le daemen de lAige35. Pourtant, la collaboration milicienne ganie a de diffen e dacin, i indien diffen e dadhin. La différence est grande entre les francs-gardes, armés et en uniforme, qui obéissent à un système très martial et guerrier, et les miliciens, plus technocrates, travaillant dans les bureaux notamment dans le renseignement et enfin, les simples adhérents qui ne remplissent pas nceaiemen de fncin dan la Milice j la mbiliain ordonnée par Darnand en août 1944 pour assurer le repli vers le de fce milicienne. A coté de ces échelles daaenance diverses, les profils socio-générationnels des engagés sont également multiples et « la société milicienne est un kaléidoscope »36. Ceendan, il n a e e de différences dans les représentations selon la position occupée par le milicien ou la milicienne a ein de lganiain car transparait majoritairement le fait que « la Milice avait donc fini par s'identifier à la collaboration tout entière. Elle ne pouvait que mériter un châtiment à la hauteur de ses crimes et de ses responsabilités. »37. La représentation est donc banalisée et avec la normalisation judiciaire induite par le fonctionnement de lain, les milicien cmme le ae cllabae een mee en e le me de dfene e dalibi i inenifie cee banaliain38.

Ainsi, le ai chage de lain e angen majiaiemen d c de ce opinions. Lorsque des autorités policières définissent la Milice française en novembre 1944, a c de lene ee cne n indiid acc daaenance la Milice, elle reconnaissant la nécessité de condamner tout acte concernant cette organisation.

La Milice française était une organisation dont toute lactivité aussi bien dans le domaine militaire que policier suppléait ou renforçait laction des troupes doccupation. () Elle faisait peser sur la population Française une véritable terreur. Ses violences, ses vols, ses pillages, ses dénonciations de citoyens français à la Gestapo, ses arrestations et ses meurtres ne se comptent plus. Enfin, par sa participation aux opérations organisées par les

35 LAURENS, And, LAURENS, And, Le hnmne milicien en Aige e lvolution de ses eenain dan linin , Revue dhistoire de la Deuxime guerre mondiale et des conflits contemporains, n°131, juillet 1983, p. 3-23, p. 5. 36 GILLOT-VOISIN, Jeanne, La Saône-et-Loire sous Vichy : la Milice française. (1943-1944), Dijon, Editions Clea, 2004, p. 151. 37 Idem, p. 25. 38 CHANAL, Michel, « La Milice fanaie dan lIe (fie 1943-août 1944) », Revue dhistoire de la Deuxième guerre mondiale et des conflits contemporains, n° 127, 1982, p. 1-42, p. 26-27.

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Allemands contre les Patriotes du maquis elle était devenue une véritable force supplétive de la Reichswehr39.

Les idées de terreur et de traîtrise sont une nouvelle fois mises en avant pour représenter la Milice e e acin. Ce a dnne de indicain imane iil laie enende que rien ne peut justifier une adhésion à la Milice, autrement dit, ce bien ladhin i cnie le cime, e ime le cndiin i ln ie la Milice ne ee que comme une organisation qui avait pour unique but de collaborer avec les forces allemandes. Cela voudrait donc dire e lhmgni de la eenain milicienne ime également en justice. Le milicien est le traître, il ai aici de ediin e de aeain la Milice il ai imlemen fai n aail de bea dan le lca de la Milice. Hormis, évidemment, les haut placés de la Milice tels que Joseph Darnand, puisque leurs actions ont été jugées bien plus sévèrement et le chef de la Milice et secrétaire général a mainien de lde d gime de Vich a e la eine caiale aan de fusillé le 10 octobre 194540.

Cependant, cette vision homogène de la trahison milicienne pose problème. Ainsi, au c de lain, Piee-Henri Teitgen, garde des Sceaux, fait part de cette problématique de la cnfin de lenemble de milicien dan limage du traître devant les tribunaux de lain. Le idie Le Monde revient alors sur son discours et sur la trahison milicienne, dans un article qui énonce ces problématiques dans le cadre judiciaire de lain. Le jnalie ale dn malaise » et affirme que « quand on juge un milicien, par exemple, ce n'est pas la milice qu'on juge : il faut respecter le principe de la personnalité de la peine »41. La volonté de personnalisation de la peine en justice se heurte à différentes problématiques et difficultés à passer e ladhin la Milice mai il demee eeniel dan la cncein de la jice dain de cene le diffence dn milicien lae, dan le cmemen e le acin lOccain.

Malgré lhmgni de la figure milicienne présente dans les représentations, persistent des différences dans le traitement des différents engagés. Un claemen abli au sein des chelle daaenance, notamment entre ceux qui se sont engagés dans la Waffen S.S. et qui n a cnen emen de fidli Hile e i le ame lAllemagne, e le

39 AN, Z/6/56 : dossier n° 917. 40 VIEL, Hugues, Darnand : la mort en chantant, Paris, Editions J. Picollec, 1995, 429 p. 41 Le Monde, 8 août 1946.

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imle adhen ce i nn effec n aail de bea. Le emie ant être plus durement réprimés que les seconds42. Dans cette conception de la collaboration milicienne par la justice se pose également la ein de la lace de ladhin fminine face ladhin macline. En effe, il a lide e dan le c intentés contre les collaborateurs et collaboratrices, « ni le accain ni le cndamnain nn ch de la même façon les hommes et les femmes . En ce en, lain eai mae a la différence des sexes43. Da Fabice Vigili, « 18 572 femmes auraient été sanctionnées par les cours de justice et les chambres civiques, soit 26% de l'ensemble de la population sanctionnée »44. Néanmoins, les miliciennes sont bien présentes dans les juridictions de lain e dien nde de le cimes, au même titre que les adhérents masculins. Sur 679 condamnations prononcées par la cour de justice de la Seine pour engagement dans la Milice, 45 concernent des femmes.

A cee diei aaene de fil, aje la diei de cime een contre les différents accusés. En c de jice, e lide de ahin nainale, le milicien een e ecnn cable daena la e eiee de lEa. Cee nminain lde de sens a provoqué la stupeur chez certains condamnés cmme lille Ma Mae dan e mémoires, lelle mentionne sa convocation devant la justice.

Marquet, Micheline, dite Mary, est accusée dattentat à la sreté extérieure de lEtat. Il me semble que ce qui reste de sang dans mes veines sécoule lentement Je me penche - Jai mal lu ? Très gêné le jeune employé me répond avec une douceur sincère : - Oh ! Madame Marquet, vous pouvez signer. Ca ne signifie rien. Cest une formule générale. Il y a aussi « Intelligence avec lennemi » et « Trahison - Cest la plus anodine, en somme ?45

Cet extrait illustre les différentes nominations utilisées pour les accusations au cours de lain. En e, ce diffene aellain se croisent généralement dans les dossiers daccain de milicien i een e reconnus à la fois coupables du crime de trahison e de celi daena la e eiee de lEa. Ces différentes dénominations semblent alors brouiller le processus notamment pour des collaborateurs et collaboratrices plus minimes et surpris devant la teneur des crimes qui sont retenus à leur charge. La Milice ayant

42 SANSICO, Viginie, La c », op. cit., p. 56. 43 ROUQUET, François, VOLDMAN, Danièle (dr.), « Identités féminines et violences politiques (1936-1946) », Cahiers de lIHTP, Paris, CNRS Editions, 1995, p. 5. 44 VIRGILI Fabrice, La France « virile » : des femmes tondues à la Libération, Paris, Payot, 2000, p. 23. 45 MARQUET, Mary, Cellule 209, Paris, Fayard, 1948, p. 140.

142 cllab aec le ai naie e ecnne cable dai mi en dange la nain e dai aeine n intégrité, comme à sa sécurité. En cour de justice, les procédures de jugement des miliciens et miliciennes font face lhmgniain e la banaliain de la collaboration milicienne. Ceendan, en fncin de lahenin de laaenance, le crimes retenus contre les accusés varient, et les sanctions également. La justice doit trancher ene le eenain e le jgemen effecif de laaenance. Laccain daaenance la Milice amne a ein de la cde la ncei de checher des détails la lace cce a lacc a ein de lganiain dan dae ganiain dans certains cas e ce al e la ein de la ee e de n adminiain aaai comme essentielle.

B. Laaeace a Mce : un crime sans preuve ?

Ladminiain de la ee e ne blmaie cenale d dl de lain. En effet, afin de juger les collaborateurs et avant cela, de les rechercher leurs actions en faveur de la collaboration doivent être prouvées, de différentes manières, notamment quand les accusés nient les faits reprochés. Tandis que les démarches de mise en place de lain judiciaire sont en cours sur le territoire français, différentes autorités, parmi lesquelles la police et la gendarmerie, mais aussi des comités résistants, prennent en charge les enquêtes. Celles-ci dien emee dclaie lacii de gemen ani-nationaux et leurs membres, notamment concernant la Milice. Ceendan, aan le da e lE, le dirigeants de la Milice ont effacé de nombreuses trace e bl le achie de lganiain, compliquant le processus de echeche dinfmain e de ee n organisation et sur ses membres. Pie e de ace de cndiin deience e de acions perpétrées a le milicien bien, la jice de lain di adae en cnence le jgemen de la cllabain de ace jg. Lde de cndiin de cee ene, nammen travers la problématique des preuves, mais également des regards portés par les acteurs à ligine de ene le membe de la Milice, est ainsi importante pour comprendre la place de la Milice dans le processus épuratoire, comme les moyens mis à disposition des cours de justice pour faire condamner la collaboration.

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a. Les conséquences de la défaillance de preuves matérielles

Un manque important de preuves permettant de e laaenance la Milice e dclaie la iin cce a le indiid acc a ein de lganiain milicienne ressort du dépouillement des dossiers conservés dans les archives de la cour de justice de la Seine. Pour un regard extérieur au cadre judiciaire, cela apparait comme extrêmement problématique de ne pas disposer de preuves pouvant permettre de mener une enquête en bnne e de fme jge ce cllabae. Ceendan, cela na a fai lbje de ciie de la a de liniin jdiciaie mme, dn le b incial ai en fin de cme de faie en e e lain e dle le l aidement et avec le moins de débordements possible. Le manque de preuve peut contribuer à donner une image de la Milice e de e membe dne ganiain aimen ide didlgie. En effet, si le seul discours de ce denie a ee le cndiin de lengagemen, le aangemen aec la ali n ai, e aj a mane de ee, il inenifien limein dne Milice sans idéologie révolutionnaire, telle quelle e me dan a agande.

Cependant, cette impression doit être mise en relation avec le fait que les enquêtes ne permettent, le plus souvent, a dae déléments concluants au-delà de la seule appartenance. En lisant les différents documents de procédure contenus dans ces dossiers, on en eie e le n daaenance a la jice le inance en chage de laeain de acc e de linfmain a ee e, consécutivement, que les témoignages entendus ne sont pas réellement vérifiés. Fernand de Brinon affirme à ce sujet que « lincin e dlai gnalemen de aicle de mignage lein de grossières inexactitudes. Jamais sur la politique, jamais sur mes rapports avec les hautes autorités allemandes. Jamais sur les démarches faites et sur leurs résultats »46. Bien que ce mignage i ien cne lain e e enje d fai de engagemen de Fenand de Brinon dans la collaboration et la Milice notamment, cela va dans le même sens que ce que nous avons relevé précédemment. La matérialité des faits est peu recherchée par les instances jdiciaie, laaenance la Milice e n cime e ffi elle seule à juger de linelligence aec lennemi47. Cependant, cette affirmation conduit à percevoir un manque de cnnaiance a le ai de lain en chage de lene e d jgemen de diffen ece dacii e de diffen eice i la cmen, e i indien ne hiachie daaenance. En e, le ecemen de la Milice e afi la

46 BRINON (de), Fernand, Mémoires, Paris, Déterna, 2001 (éd. originale : 1949), p. 260. 47 COINTET, Michèle, La Milice, op. cit., p. 262.

144 fme de chanage de indiid dn lidlgie nai a en accd aec celle de Darnand et de son organisation. Ainsi, ces manques de preuve et de connaissance sur la constitution de la Milice cndien mae le diffence daaenance e le chelle dengagemen.

Les preuves selon lesquelles les miliciens accusés sont coupables, les plus fréquemment e dan le die daffaie jge, n celle cncenan le dne arme. Ainsi, ce ne ee i cnfime e cnlide le eenain majiaie le milicien, celles du milicien armé, combattant les patriotes. Au sein de la Milice, les francs-gardes, diaien dne ame dei le mi dcbe 1943. La preuve la plus crédible, quant à cee aaenance e lengagemen am, reste le document officiel de demande du port dame48. Ce demande dae de lanne 1944 n cie en fanai e en allemand e proviennent du Kommandeur der Sicherheitspolizei un des Sicherheitsdienst (Sipo-SD) in Paris49. Elles sont également signées par une autorité de la Milice, le plus souvent par son ecaie adjin, Fanci B de lAn. Ce bien lAllemagne i dlie le aiain de prélever les armes, puis dame la Milice en ne nd, ce i jifie e ce dcmen émanent de la Sipo-SD. Le dcmen aean de la demande a lacc dne ame, aini e le ceifica jifian il fae aie de la fanc-garde constituent les preuves que nous retrouvons le plus quand le dossier contient une preuve tangible de laaenance la Milice. Ceendan l ence il a n biai ie mme le demande de dame il a dan le die, la enabili e e ejee e le dame ni. Lacc Michel Ca, en ne ne ein de la Plice cncenan cee demande damemen, affime : « quant à la demande de dame e me mne elle ai ene amaiemen la ignae de le adhen. Je nai daille jamai e dame »50. Le fait de nier la ein e liliain de lame entraine un biais autour de la valeur du document attestant ne demande de dame. Aini, mme la maiali dne ee ne ffi a demine le deg dengagement du milicien. La capacité pour la police et les juridictions de e laaenance e lchelle daaenance la Milice e le cmlie, et ce manque de preuve matérielle peut dès lors conduire à une homogénéisation des miliciennes et

48 AN, Z/6/100 : dossier n° 1484 ; annexe n° 8 : demande de dame igne a la Milice et les autorités nazies, p. 248. 49 Le commandant de la Sipo et du SD à Paris. La Sipo (Sicherheitspolizei) était la police de sécurité du Reich. La SD (Sicherheitsdienst) était le service de renseignements et de mainien de lde de la SS. Le de n regroupés au sein du RSHA (Reichssicherheitshauptamt) en 1939. Le poste de commandant à Paris est occupé par , de 1942 à 1944. 50 AN, Z/6/474 : dossier n° 4545.

145 milicien a de lace mme dengagemen lganiain, ffian al ae le culpabilité et leur trahison nationale. Les discours produits par les miliciens le plus souvent dan le b damenie la e de le ace incien en position avec les représentations majoritaires, percevant le milicien comme un homme armé et convaincu idéologiquement par la politique de collaboration de Darnand. Les écarts sont grands entre représentations et matérialité de la preuve et ne favorisent pas la perception des différences dengagemen, ni ancinne l emen le fanc-gardes, ni pour sanctionner moins sévèrement les bénévoles.

b. Des collaborateurs notoires avérés

A ce mane de ee cncenan laaenance en elle-même, nous pouvons ajouter e, le laaenance e ace la jice soit car le suspect lui-mme la ecnne i ca de ee cnce ln e , cela a ee dace de collaboration. Le el ace daaenance la Milice ffiai à établir le crime dinelligence aec lennemi e daeine la e eiee de lEa, e dnc nammen la aiciain de ediin cne de Fanai. La igmaiain e al eln des approximations et les éléments connus pa le ai dain la Milice adaien al lenemble de acc cm dan lganiain de Danand51. Il est donc difficile de faire une analyse qualitative des échelles de peines en fonction des degrés dengagemen ie ce derniers ne sont pas réellement creusés par la justice. Ainsi, un accusé se disant aide-cuisinier au sein de la Milice, ressort de son procès avec la peine de 20 an de aa fc, 20 an dinedicin de j e la dgadain nainale52, tandis n ae ayant porté une arme donc ayant certainement fait partie de la franc-garde reçoit comme sanctions la eine de 20 an de aa fc e e dcla en a dindigni nationale à vie53. Leurs sanctions ne varient que marginalement alors même que leurs procès e n dl elemen n mi dinealle, le 26 jin 1945 le emie e le 26 mai 1945 le ecnd, ce i limine lelicain dn cnee de l min fe i. Lhiien Piee Gili a effec le même constat, quant au fait que laaenance a cime : « ai aaen la Milice, mme i n na a aici la

51 THEOFILAKIS, Fabien, « Les autorités françaises face aux prisonniers de guerre allemands SS (1944- 1948) », Guerres mondiales et conflits contemporains, n° 223, 2006, p. 93-107, p. 96. 52 AN, Z/6/62 : dossier n° 994. 53 AN, Z/6/46 : dossier n° 775.

146 lutte contre les maquis, et nul crime à se reprocher, équivaut à un arrêt de mort »54. La réponse de la jice laaenance la Milice apparait alors claire : cette appartenance est en elle- même un crime contre la Nation française. Ces approximations sur la constitution de la Milice e laaenance elle de acc ne emeen a de mee en aan la ce de lganiain e le mde dacin eml a e membe, a eice d mainien de lde lenemble d eiie, e nn niemen dan le mai.

Aini, dan le cnee de jice aniinnelle, lhmgni de eenain e et est renforcée a le mane de ee e le cee iniial e laaenance a cime. Puisque le ai chage de lain ne disposent pas suffisamment de preuves sur les agissements et comportements de ces supposés miliciens, alors elles se fient en majorité à leurs jugements, normatifs, développés a priori. Ainsi différents qualificatifs et stéréotypes construisant les représentations des collaborateurs sont convoqués et suffisent à la cndamnain de la cllabain de lacc. Ce le ca de laellain collaborateur notoire » très répandue dans les dossiers de jugement55. En effet, des comptes-rendus dene e de a de lice meninnen n milicien il « est très mal considéré dans la localité et passe pour un collaborateur notoire qui vantait le régime nazi »56. Cette appellation permet de sanctionner la clabili de lacc, sans remise en cause possible car il a ne ceide la ain de lacc. En effe, ce i e nie na a e prouvé »57. Ce aellain n emle d laeain de ceain acc, en amn de lene e de inegaie, dan le c-eba daeain ali a la lice la gendameie incialemen. Ce dcmen en de leein e les autorités affirment régulièrement, comme dans le dossier de Philippe Dissandes de Lavilatte, e l individu est connu dans tout le quartier comme un collaborateur notoire »58. Cette appellation sert autant à jifie laeain, faie ffice de ee de lengagemen dan la cllabain de lacc, bien elle ne die ien de ace il aai cmmi de n cmemen lOccain.

Certaines listes de collaborateurs des différents groupements anti-nationaux ont été établies et permettent lelle n ee de procéder aux arrestations des

54 GIOLITTO, Pierre, Histoire de la Milice, op. cit, p. 505-506. 55 FOLLAIN, Antoine, LEMESLE, Bruno, NASSIET, Michel (dir.), La violence et le judiciaire du Moyen âge à nos jours : discours, perceptions, pratiques, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2008, p. 331. 56 AN, Z/6/160 : dossier n° 2192. 57 FOLLAIN, Antoine, LEMESLE, Bruno, NASSIET, Michel (dir.), op. cit., p. 331. 58 AN, Z/6/271 : dossier n° 3150. 147 individus qui y sont mentionnés. Quand ces listes sont absentes, cela provoque des inquiétudes liées au bon déroulement des procédures et au bon fonctionnement des juridictions59. Ce n de ce ciee le ai de lain ca elle permettent de faciliter la recherche des collaborateurs. Ces listes sont alors réclamées par la jice de lain, nammen auprès de la police judiciaire60. Elles peuvent comprendre des noms fournis par un individu ayant dénoncé différents collaborateurs, ou peuvent être trouvées dans des archives, au cours de perquisitions, notamment dans les archives personnelles de Joseph Darnand. Les listes de membres inscrits dans les organisations de collaboration peuvent également être trouvées au cours de différentes enquêtes, au cours de eiiin lelle n fni a le acc e-mêmes. Ainsi, dans un dossier, on retrouve une liste qne acce milicienne a dlie la jice. Il e di : « Madame Flenini a dcla elle aai emle en qualité de dactylographe, à la Milice fanaie e elle ai ce ce lie de milicien a c de n travail »61. Fournir ces listes peut représenter pour les accusés un moyen de bénéficier de circonstances atténuantes. Cependant, la jice di ae de la clabili effecie de acc i sont mentionnés.

Linciin ce lie ne eme a de jge lchelle dengagemen de lindiid nn daaenance la Milice. En outre, elle ne suffit pas à constituer une preuve angible de laaenance elle-mme. Aini, bien elle ien cnide de fan importante dans le déroulement des enquêtes, elles ne constituent pas des preuves imdiale jge de la ali de fai. En effe, dan le die dene ee de Fenand Pin, n aeain e jifie a le fai il ai mentionné sur une liste de miliciens mai laffaire est classée car « a c de lene, il na a e abli e Pinot Fernand ait fait partie effectivement de la Milice »62. Ces exemples démontrent la blmaie enan le jgemen daaenance la Milice, ie a mane de preuve ceaine cde dien e efeme, dan dae ca, le jgemen ne peuvent se dérouler sur des fondements tangibles.

La echeche de ee amne le licie en chage de ene inee a ac de ie de acc. Ce lin a ain de ie de milicien e a

59 AN, F/1a/3329 : dossier répression juridique et judiciaire, miliciens et membres de groupements antinationaux. 60 AN, 19880206/1 : fichier central de Police judiciaire (1940-1965). 61 AN, Z/6/474 : dossier n° 4545. 62 AN, Z/6/3395 : dossier n° SN 5470.

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évolutions de train de vie qui ressort principalement des différentes enquêtes. En effet, au c de lain le ai een e ineelle e nne de cllabain de indiid dn le idien a l a c de lOccain, en termes financiers principalement. Laaenance ne ganiain de cllabain cmme la Milice ai entraîner une nette amélioration dans les finances des concernés. Dan le die dene produits par la cour de justice, un rapport de police établi suite à une enquête met en avant un changement net de iain financie dn indiid acc daaenance la Milice. Ainsi, ils écrivent que « lors de son arrie line aai ne iain cniaie e brillante. Puis vers le moi de mai 1944 celle-ci ai bemen amlie. »63. Ces changements brusques de situation financière sont perçus comme suspects dans le contexte de lOccain ca il eent signifier collaboration économique et marché noir, mais aussi participation à une organisation politique vichyste, dont le poste donne droit à une mnain. Aini, a c de linegaie lacc nd ce mdificain de situation en affirmant que son engagement est lié à une problématique sociale : « me trouvant sans emploi je me tournai vers la Milice ln mffi n e dinece la documentation. »64 Les enquêteurs portent donc un grand intérêt à ces variations dans les finances des accusés. Ce diffen aec een a c de lene cne le acc daaenance la Milice een bnficie de lai de mignage, de lenage familial d iinage de lacc. Mai le le de min ne aen as là et recouvre les différentes phases de la procédure judiciaire. Ainsi, à la question des preuves, répond celle de min inege la ale dnne le déposition, ainsi que sur la structure et le contenu même de celles-là.

C. Entre les procédures et les procès, un acteur de premier rang : la prise de parole des témoins

Lanale de lganiain e du déroulement des procédures en cour de justice amène galemen inege la lace cce a celle e ce i, par leurs prises de paroles ou leurs lettres, jouent un rôle dans le jugement des miliciennes et miliciens. En effet, lineenin de ce acteurs, en sortie de guerre, doit être analysée pour comprendre dans quelles conditions ces interventions se déroulent et quelle place leur est faite dans ces procès. En outre, les témoignages des Français contre les collaborateurs mobilisent un ensemble de

63 AN, Z/6/474 : dossier n°4545. 64 Idem.

149 représentations et discours, sur lesquels il est intéressant de se questionner pour comprendre comment se construit la dénonciation de la collaboration milicienne et quels imaginaires propres à cette collaboration particulièrement sont repris. Ces interventions de témoins dnnen n id cnidable la ci ciile dan la mee lain e al perçue comme un processus auquel peut participer la société française, au sein de laquelle se mlilien le dnnciain e eje dn iin dne cnnaiance dn e e ladhin a ide iche e / la cllabain. La ci ciile ne ls uniquement un juge moral, à travers la presse et les tracts, mais elle pénètre le cadre judiciaire et entend faire acte de justice contre les traîtres de la nation. Cependant, cela ne signifie pas pour autant que ces acteurs sont valorisés et que leurs paroles sont considérées dans laibin de ancin a cllabae, a c de cmain.

a. Témoige e cee da : un acte de bon Français contre un traître ?

Au cours des procédures judiciaires, la population qui se trouve en dehors du cadre judiciaire ce-à-die i ne en chage ni de lene ni d jgemen peut jouer un rôle, a c de lene e dan le c, soit dans la dénonciation, soit dans le témoignage. Ces deux procédures distinctes font de ceux ou celles qui y prennent part des acteurs essentiels et pleinement intégrés aux procédures, donc à cette épuration légale et à la production de représentations concernant les miliciens et miliciennes. Ainsi, le témoin dans le c de lain e n ace a enie et lde d le i li e aign a les responsables politiques et judiciaires et du poids de ses déclarations sont essentielles65.

Le témoin oculaire étant cens e celi i ai ace il a e e al mee ce savoir au service de la justice66, il cce de e dj ne fncin imane dan lene e le procès. Les témoins occupent des fonctions diverses dans les procédures judiciaires et ne sont pas nécessairement liés leni dne lee de dénonciation à la police, a ae ace en chage de len e d c. Ceendan, il convient de replacer la participation de ces acteurs extra-judiciaires dans un contexte plus large afin de comprendre ce que signifie leur présence au cours de ces procédures. Les appels à dénonciation précèdent la cain dne jice dain afin dinie celles et ceux qui auraient connaissance de

65 ALLINNE, Jean-Pierre, « Le mignage dan lhiie de la jice fanaie, ene acralité et méfiance », Histoire de la justice, n° 24, 2014, p. 65-79. 66 DULONG, Renaud, Le témoin oculaire : les conditions sociales de lattestation personnelle, Paris, Editions de lEHESS, 1998, . 186.

150 collaborateurs et collaboratrices à les signale a Cmi dain, a inance licie a ian, le fce fanaie de linie (FFI)67. Lace de dnnciain eene al n men de ende le de, de affime cne n indiid, collaborateur, et de compromee aini n aeni, en faian en e ne cde jdiciaie i ename afin de jge de n ca. Cee aie de la dnnciain affime dan le m de lain galemen cmme n men de e a dnnciain commises par le cllabae, a emie ang deel le milicien, i liliaien cammen e eceiemen cne indiid il nnaien che de la résistance68. Aini, ce dan un cadre daffimain dne nelle ai lgiime, cne les mauvais Français, e incien le dnnciain effece dan le can de procédures judiciaires visant à démarrer une procédure ou advenant au cours de celle-ci.

Les appels à la dénonciation visent ce que représente alors la Milice : le fléau de ces années noires et de la logique de répression vichyste69. La dénonciation était elle-même une acii a main de la Milice ene 1943 e 1944, dabd cne le jif en iain irrégulière, puis contre les réfractaires au travail obligatoire, mais également les gaullistes70. La ie de ale de min inci dne a dan le processus de dénonciation des membres de la Milice, très important et encouragé par les milieux résistants ; e dae a dans un processus judiciaire stricto sensu dans lequel la collecte de détails sur la situation de lincl lOccain est nécessaire. Puisque les miliciens sont perçus comme des mauvais Français, ceux qui font le choix de les dénoncer et de témoigner contre eux intègrent la catégorie des héros. Dans la France de la Libération, « arrêter ou faire arrêter un « collabo » ce al e la libain de la Paie »71. Cee miain de la aie se retrouve énoncer de cette manière : « je ignale le ca dne famille de milicien le père, la mère et le fils ce denie en cemmen dan le FFI. Il agi de la famille Tisseau »72. Cee lee de dnnciain ene a Cmi aiien de la Libain appuie sur le fait que certains miliciens se cachent dans les organisations résistantes en

67 BAUDOT, Marcel, « La Riance fanaie face a blme de ein e dain », Revue dhistoire de la Deuxime guerre mondiale, n° 81, 1971, p. 23-47 68 Ces dénonciations pouvaient concerner la simple écoute de la radio anglaise ou la proximité avec des individus affichant leurs sentiments gaullistes. 69 AZEMA, Jean-Pierre, « Vichy face au modèle républicain », BERSTEIN, Serge (dir.), Le modèle républicain, Paris, Presses Universitaires de France, 1992, p. 337-356. 70 AZEMA, Jean-Pierre, « La Milice », op. cit., p. 89. 71 ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, Les Françaises, op. cit., p. 111. 72 AN, Z/6/497 : dossier n° 4646.

151 lccence, les FFI. En effet, au cours de la Libération, « la cooptation fonctionne à plein »73 et il est aisé pour des miliciens de se cacher dans des organisations issues de la Résistance. Lide de ignale le cllabae e al n ace cen ae leni de lee a cmi ian chag l 1944 de eceilli de informations sur les cmemen de cllabae dan la ide de lOccain e aini de dbe le aail dene, daeain e de mie en denin iie. Cet acte cen e ali la Libain, daan l lque cela permet de repérer des traîtres au sein des organisations résistantes. Le mane de ee accene l 1944 la ncei de faie ael lenage ennel e a iinage de enne ece de collaboration pour procéder à une forme d « épuration de proximité »74.

Dans les sources issues du fonds de la cour de justice de la Seine (Z/6), deux cas de fige la lace de min dan le c een : dabd, le le ineenin ien dan le cade dne dnnciation. Il agi al dn ce visant à dnnce n indiid leel n aai la ee il a aaen la Milice75. Dans ce emie ca de fige, i lineenin se limite à cette dénonciation, soit si cela est nécessaire , la justice fait de nouveau appel aux témoins concernés a c de lincin pour mener des interrogatoires, puis au cours du procès comme témoin. Le deuxième cas de fige cncene le min i ne a a a lace de dénonciation et intervient au cours de lene, diecemen fme dinegaie ; il e galemen e een cmme témoin dans le cadre du procès lui-même. Il convient dès lors de se demander en quoi ces deux catégories définissent des conceptions différentes du témoin en justice. La différence fondamentale réside dans le fait que ceux appartenant à la première témoignent toujours en dfae de lacc, iil le dnncen, andi e la ecnde cagie regroupe à la fois des témoins à charge et à décharge, ces derniers étant toujours membres du cercle intime (familial, amical, feinnel) de lacc. Il een en effe migne de n inncence, ane laccain mie n gad a la menin de fai aiie le concernant.

Parmi les différents problèmes que ces prises de parole dénonciatrices entrainent on note le problème des rumeurs, des dénonciations revanchardes, ou de la défense de certains collaborateurs à travers des lettres de soutiens ou des témoignages à décharge, qui obligent à

73 BERLIERE, Jean-Marc, LE GOARANT DE TROMELIN, François, Liaisons dangereuses : miliciens, truands, résistants. Paris, 1944, Paris, Perrin, 2013, p. 209. 74 ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, Les Françaises, op. cit., p. 106. 75 JOLY, Laurent, La délation dans la France des années noires, Paris, Perrin, 2012, 377 p.

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inege lideni d min e n a lacc, afin de cmende le motivations guidant sa prise de parole76. Dan ceain die daccain, e afin de prendre des précautions vis-à-vis des témoignages, la police qualifie les faits reprochés à lacc de me. Aini, le de fai l en c de jice l d c d milicien Marcel Touron, condamné pour ses différents engagements collaborationnistes et pour des dnnciain il aai cmmie, meninne la « rumeur publique » qui le soupçonne daeain e aje e lacc « se fit remarquer par son zèle et ses violences de langage lgad de gallie. Il fenai aidmen e le nin de milicien mme and il nai a de eice ; il était fort redouté, constamment armé, il exhibait volontiers son pistolet en un geste de bravade »77. Aini, liliain dan ce die d eme de me illustre que la fiabilité de ce type de dénonciations peut être questionnée, mais elle semble dan ce ca alide a la jice, ie le de fai eien le fai e la « rumeur publique eche lacc. Diffen cd ffen dnc la ci ciile pour faire acte de bons Français et participer aux jugements des collaborateurs, non plus niemen dn in de e mal, mai en ingan diecemen le cde jdiciaires intentées contre eux.

b. La valeur donnée au témoignage : une preuve ou un appui ?

Qelle e la lace d min dan la jice dain ? Lbjecif de faie ineeni le témoin est-il dbeni daanage de ee ? Qelle ale e dnne a dic di par le témoin ? Au final, la question concerne la valeur donnée par la justice à la participation dne lain ea-judiciaire au cours de ces procès. Puisque les preuves sur les échelles daaenance e dacin a ein de la Milice n manane, le mignage een apporter davantage de détails et permettre de faie aance lene. Le dnnciain constituent un exemple de témoignage pouvant amener à accélérer la procédure et à obtenir de nouvelles informations sur des accusés ou sur des individus à arrêter. Ainsi, on remarque notamment que, lorsque des miliciens sont interrogés, il arrive que ceux-ci soient amenés à dnnce dae membe de lganiain a c de le mignage. Ces dénonciations peuvent alors certainement apparaître plus fiables dans le sens où ce sont des discours portés par un membe de lganiain mme. Lace de dnnciain eene lacc n

76 DULONG, Renaud, « Rumeurs et témoignages », PROCHASSON, Christophe (dir.), Vrai et faux dans la Grande Guerre, Paris, La Découverte, 2004, p. 327-349, p. 337. 77 AN, Z/6/230 : dossier n° 2795.

153 moyen dbeni de cicnance anane, mais sa dénonciation peut également être un moyen pour se défausser lui-même des faits qui lui sont reprochés. Dans les dossiers dene, différents exemples de dénonciations illustrent cette dénonciation par des membres mme de lganiain milicienne. Dan celle-ci, lacc ecnnai a c de n premier interrogatoire avoir fait partie des francs-gardes puis dénonce dae membe de la Milice78. Tefi, il e cndamn 20 an de aa fc, 20 an dinedicin de j et à la dégradation nationale. La justice est la seule à même de décider la valeur de la dénonciation. Dans ce cas, celle-ci na a d e ecnne ffiammen imtante pour cndamne min emen lacc.

La dnnciain e n ce a c de lide de mignage, mai en cnee de ie de gee e dain elle ne a ee cmme ememen fiable ca elle peut être soumise à des volontés de revanche et de vengeance sur les individus accusés. La question de la fiabilité de la parole du témoin et de son témoignage est donc très importante pour la justice79. Les dénonciations portent le plus souvent sur des a priori, peu précis. Ces déclarations comprennent de nombreux « vagues ouï-dire stéréotypés. »80 Les lettres de dénonciation apparaissent plus virulentes et plus dénonciatrices que les dépositions de témoin effectuées en présence de lacc e des inance chage de lene. Dans ces dernières, le témoin fait davantage preuve de réserve, des propos plus mesurés et plus nuancés sur les actions dénoncées e le cmemen de lindiid acc. Ce nance n daan l visibles que le plus souvent les dépositions se réfèrent à des faits observés par des témoins oculaires. Ces derniers ne dnnen a nceaiemen dinfmain daille le ace perpétrés par ce milicien ou cette milicienne en particulier, mais sur un moment où ils ont vu lacc. Limciin de moignages conduit à une importante méfiance de la justice et ln e cncle la faible fiabili de min, dan la mee le n limités sur les faits reprochés aux accusés sur lesquels ils sont interrogés81. Cette fiabilité est notamment remise en cause lorsque les témoins se rétractent ou changent leurs témoignages en cours de procédures.

Les témoins sont réinterrogés plusieurs fois dans la procédure judiciaire et notamment en ence de lacc. Ce inegaie de cnfontation sont disponibles dans les

78 AN, Z/6/83 : dossier n° 1267. 79 GARNOT, Benoît, « Les témoins sont-ils fiables ? », GARNOT, Benoît (dir.), Les témoins devant la justice : une histoire des statuts et des comportements, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003, p. 429-435. 80 ALLINNE, Jean-Pierre, op. cit., p. 65. 81 GARNOT, Benoît, op. cit., p. 434-435.

154 dossiers de justice et apportent des informations précieuses sur la place des témoins dans les ene cncenan le milicien ie ce a c de ce-ci que cette parole est cnfne celle de lacc, i, le l en, eme en cae leacide de fai dénoncés par le ou les témoins82. Les témoins peuvent également revenir sur leurs propos afin de les modifier, ou même, de nie alemen ai cnnaiance de lacii e de cmemen d milicien acc, lOccain. Ce le ca d dossier du milicien Aimé Siebold dans lequel, au cours de la procédure, des lettres ont été envoyées par des témoins qui dénonçaien n cmemen lOccain, ainsi que sa collaboration avec la Milice. Ceendan, a c de lene, ces témoins qui avaient pourtant signé une iin claman n chimen dciden de e ace e dclaen en ali il ne connaiaien ien la iain de lacc milicien a c de lOccain. Lacc e jg e cndamn n engagemen dan la Milice mai il e ecnn e lacc « parait être victime de dénonciation de personnes jalouses de la situation assez aisée dans laquelle il se trouve »83. Dans ce cas et en rétablissant la vérité donc en condamnant le témoignage mensonger , cela « igmaie imliciemen la cdli de ce i ln ee et colportée »84 et entraîne nécessairement la remise en cause de la fiabilité de ces différentes prises de parole. Le le eanchad de lain e abi de elle dnnciain dn les raisons peuvent relever davantage de règlements de compte ou de conflits de voisinage, que de collaboration et de participation à une organisation vichyste85. Le climat de la Libain cnibe dnne n enimen dimni ce i, an eni l e hmili lOccain, een ende le eanche i-à-vis des mauvais Français86.

En outre, dans ce cnee e face laffl de dnnciain, le indiid acc daaenance la Milice dien nde de accain i le n faie a le min chage e le dnnciain die. Aini, lne de acin e ln ee généralement au cours de la procédure, est celle de nier en bloc la dnnciain e dacce le dnnciae de meni d fai de cnfli din de jalie. A ie deemle, n retrouvons un milicien qui face à la dénonciation envoyée à la justice y répond et « déclare e icime de dnnciain enan dne jalie cmmeciale »87. Dans ce cas, ce

82 Dans les archives du fonds Z/6 (AN, Pierrefitte-sur-Seine), de la cour de justice de la Seine, les dossiers dene e de jgemen cniennen le c-eba dinegaie e de cnfnain, a c desquels les accusés sont interrogés face aux témoins. 83 AN, Z/6/60 : dossier n° 963. 84 DULONG, Renaud, « Rumeurs », op. cit., p. 337. 85 VERGEZ-CHAIGNON, Bénédicte, Histoire de lépuration, Paris, Larousse, 2010, p. 414. 86 JOLY, Laurent, La délation, op. cit. 87 AN, Z/6/3418 : dossier n° SN 9166.

155 lde feinnel i e en je e le dnnciae eai da le milicien interrogé sur cette dénonciation, un individu jaloux, issu de son entourage professionnel. La connaissance a le ai dain de la ence de enimen de eanche ennelle a ein de dénonciations conduit les accusés eux-mêmes à faire valoir ces sentiments pour retourner la situation. Le dénonciateur parait alors lui-même suspect et la cour attribue le bénéfice du de lacc. Le ai de lain dien galemen cde n jgemen de la fiabili de la dnnciain e d dnnciae, e cndamne lacc en fncin d jgement retenu88. Un autre exemple illustre la rhétorique employée par les accusés, amenant à inege le id de ce dnnciain : « Cmme je lai dcla l de inegaie e jai bi endan ma denin, e cee affaie a , de outes pièces, montée par ma propre fille et non ma belle-fille, de laelle de ein din me séparent »89. Le ein dde familial e i inen dan la he de la dnnciain, cmlian le ce ien ca de manemen dae ee ce lai de lain daccde d cdi lne lae ale. Enfin, un accusé déclare être convaincu que les « incia chef daccain () n li de enimen de vengeance personnelle. »90.

Ces discours produits par les accusés, notamment pour assurer leur propre défense, cndien inege la fiabilité des témoignages et des dénonciations, sans pour autant pouvoir y apporter une réponse arrêtée. En effet, ce ne ein complexe car elle varie dn ca lae. Cependant, on remarque que la justice reste méfiante vis-à-vis de ces dnnciain e lelle ne n a e, elle ne n a j eene décharge au cours de la procédure et du procès. Si elles ne sont pas confe a dae mignage, dae ee, elle ne justifient pas la comparution devant la cour de justice. Le fnd de die daffaie ee cme n nmbe iman de die e ie leni dne lee de dnnciain.. En effe, le 96 die dene ouvertes i nn dnc a dnn lie de cmain 36 ont été ouverts suite à une lettre de dénonciation, soit 38%. Certains de ces dossiers ne sont même composés que dne lettre de dénonciation. Cette denie a al cndi lee dn die mai, fae de ee, lene na a donné lieu à une comparution. Finalement, les lettres de dénonciation ne constituent pas des preuves fiables, à elles seules, dans la plupart des dossiers

88 VERGEZ-CHAIGNON, Bénédicte, Histoire, op. cit., p. 414. 89 AN, Z/6/3420 : dossier n° SN9597. 90 AN, Z/6/3369 : dossier n° SR905.

156 daccain. Elle fn lbje dne cicnecin de ai de lain, cnciencie de laec de eanche ennelle e celle-ci peuvent représentées91.

c. Les discours du témoin : représentations et stigmatisations ?

Le enimen lencne de cllabae n, la Libain, eim de ai aec la ln decle de la cmmna nainale ce i n ahi la nain. Pami ce sentiments, la haine est particulièrement exprimée, pour qualifier les actes e m de miliciens. La haine cnidable e le Fanai eimaien lgad de la Milice e de celles et ceux qui en faisaient partie en sortie de guerre se retrouve à travers un discours igmaian lganiain aamiliaie en elle-même, ses actes et actions, et ses acteurs. Les sentiments de haine fortement développé a ein de linin en ie de gee, aien déjà accentués lors de linallain de la Milice en ne nd dnc ai d mi de janie 1944. A cette date, la Milice die dne aie lenemble d eiie mliain e diffuse une terreur de plus en plus importante, afin de traquer les « indésirables »92, el il n e a le milicien. T cela demine le cnee dan leel e le rôle joué a la lain fanaie a c de lain ae la igmaiain d milicien. Lchange igmaian e dle al dan ne iin de face-à-face entre le témoin et le milicien accusé, le témoin usant des représentations dominane affime cmme le bn Fanai mignan cne lennemi cmbae93.

Dan le cade jdiciaie, linin blie aician a jgemen e cndamne moralement et contribuer à la délégitimation male de ce ge dace accusés et considérés comme des traîtres de la nation française. Cette délégitimation passe par la mbiliain dn dic aiclie, stigmatisant, réutilisé dans les témoignages. Dans les témoignages, le milicien est régulièrement représenté comme un antihéros aan de m e moralités perçues comme indignes. Sa eenain e cnie cmme celle dn bc émissaire en mobilisant des lmen dean e laaenance la Milice94. La igmaiain ganie a dlmen aies, et souvent visuels, reconnaissant

91 LARRIEU, Jean, Lain jdiciaie dan le Pne Oienale , Revue dhistoire de la Deuxime guerre mondiale, n° 112, 1978, p. 29-45, p. 37. 92 « Contre la lèpre juive », « contre la franc-maçonnerie », « contre la dissidence gaulliste » et « contre le bolchévisme », 21 points du S.O.L., repris par la Milice. 93 PLUMAUZILLE, Clyde, ROSSIGNEUX-MEHEUST, Mathilde, « Le igmae la diffence cmme cagie ile danale hiie », Hypothèses, n° 17, 2014, p. 215-228, p. 223. 94 GIRARD, René, Le Bouc émissaire, Paris, Grasset, 1982, 298 p.

157 laaenance la Milice. Elle alimene al de eenain e e n faie le Français, qui ont subi en 1944 la forte présence de la Milice sur les territoires. En effet, suite à cette présence massive, de lmen de ecnnaiance de lganiain milicienne e n affirmés et sont repris dans les discours de la société civile en justice.

Aini, lnifme milicien, le dne ame ence la imi, ie lamii avec les Allemands, sont régliemen meninn, de mme n mde de ie aci la débauche. Tous ces éléments reprennent les représentations portées sur les miliciens dès 1943 et qui construisent la figure du traître, en sortie de guerre. Cependant, si dans la presse le port dame a n membe de la Milice ai meninn e alimenai la eenain i en ai faie, ce bien lnifme i aaai majiaiemen dan le eenain e dic au sein des témoignages mobilisés dans les procédures judiciaires. Liliain de ce dic dean la jice de lain e imdiale car dans la conception de la collaboration, « le dnifme ennemi dame cne la Fance e e alli e en incie ffian jge la ahin e il net pas nécessaire que le soldat ait été engagé sur un front intérieur ou extérieur »95. Cela explique la reprise de ces conceptions dans les discours des témoins comme éléments de distinction majoritaires.

La réutilisation massive du facteur vestimentaire dans la reconnaissance, par les témoins, atteste de la représentation qui émane du milicien. En effet, les miliciens sont perçus comme des hommes en arme et en uniforme, donc tels des francs-gardes, bien que lengagemen milicien ne ele a niemen, dans les faits, de la branche armée de lganiain. La cllabain dn milicien naan a lnifme eai al l difficile demine. Aini, dan le die daffaie jge, n émoin aan lacc lOccain nnce que : « je nai jamai e cee enne ai milicienne, en ca, je ne lai jamai e habille en ene de ce gemen »96. Laaa, lnifme milicien aaai cmme cenal iil e lnie lmen ecnnaiable e le témoin jge de laaenance de lacc la Milice. P n acc faian lbje dne accain daaenance, n en al la jificain iane : « celui-ci ayant été nommé garde des communications portait un uniforme qui par sa couleur et sa coupe pouvait rappeler celui des miliciens »97. La igmaiain hhie a de lnifme migne

95 BERGERE, Marc, Une société en épuration: épuration vécue et perçue en Maine-et-Loire : de la Libération au début des années 50, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2004, p. 113. 96 AN, Z/6/90 : dossier n° 1366. 97 AN, Z/6/3380 : dossier n° SN 3065.

158 dne ln dieage a dn lmen cnn et de réutiliser les images construites sur le groupe des miliciens dans ces prises de paroles au cours des procès épuratoires. Ces éléments reprennent également la propagande milicienne dans laquelle la représentation du milicien passait par la mise en avant de cet apparat, du milicien guerrier et en arme. La menin de lnifme milicien e etrouve également sous cette forme : « je sais que comme n e il e engag dan la Milice mai je ne lai jamai en ene »98. Dans ce cas, on en il mane a min n men de e a diin e le fai de die ai ae lacc en ene milicienne enfceai.

D c de inance chage de lain de milicien e milicienne, le min dian ai lacc en uniforme peut être preuve suffisante. En effet, dans les archives de lain la minence de lnifme cmme ee daaenance e, a in mme e le de lhabi milicien i l iman e la menin de lacc n document matériel : le lie de milicien e milicienne. Dan le die daccain entrepris contre Macaire, cette prééminence ressort dans le procès verbal.

Il ne reste donc contre Macaire que le fait davoir figuré sur les listes de la Milice saisies au Ministère de lIntérieur. Cette inscription ne peut tre tenue pour une preuve de lappartenance à la Milice. Elle ne vaut que comme présomption, mais doit tre appuyée par des faits extérieurs : port de costume, activité milicienne. Or, Macaire na jamais été vu en costume de milicien99.

Aini, i linciin n dcmen maielle ne e min, laffimain d port de costume par les témoins aurait quant à elle une valeur importante. Pourtant, ces éléments de reconnaissance visuelle ont leur faiblesse. En effet, dans les différentes enquêtes des éléments se contredisent et compliquent la echeche dinfmain a c de procédures. Le discours des témoins ayant vu le milicien est repris par les enquêteurs dans des enquêtes plus approfondies. « Celui-ci ayant été nommé garde des communications portait un uniforme qui par sa couleur et sa coupe pouvait rappeler celui des miliciens. () Le port autorisé de cette arme par M. Gombert devait encore accroitre la confusion »100. La stigmatisation du milicien et la reconnaissance par les témoins oculaire des suspects ganie a de la dfiniin dn habi aiclie, e le cnee dOccain e de

98 AN, Z/6/305 : dossier n° 3391. 99 La contemporaine, F/DELTA/1832 : dossiers de presse des ouvrages de Robert Aron. 100 AN, Z/6/3380 : dossier n° SN 3065.

159 présence massive des miliciens sur les territoires devait accentuer. La nuance entre différents nifme e galemen mbilie a c dene, cmme dan le die dene de la famille Tisseau. Dans celui-ci, la gane dn hel migne a c de lene e affirme avoir vu « le père et le fils en uniforme. Le e ai lnifme dn gad de la Milice aec n igne le ale, mai il e bien ible e le fil nai e lnifme de laan-garde de la Milice »101. Lnifme aaai maiemen dan la reconnaissance par les témoins oculaie de lideni milicienne.

Dans ces discours produits sur la Milice, un autre élément de stigmatisation de laaenance la Milice ressort : la stigmatisation autour de son secrétaire général, Joseph Danand. Bien il i en incie mi lautorité du chef du gouvernement, Pierre Laal, il aaai a e de linin e dan le fai cmme le chef de lganiain. Du côté des résistants aussi, cet esprit de cohésion et cette structuration autour de Joseph Darnand ressort. Un document du Comité français de Libération nationale (CFLN) affirme en décembre 1943 e la Milice e indendane, () ielle ne dend e de Danand. Ce ne ame ge n nie e feme cmmandemen »102. Dans les sources des procès également, on parle de « la Milice de Darnand » ou encore des « hommes de Darnand » pour qualifier les miliciens. Ainsi, dans différentes lettres de dénonciation, ces aellain n ilie a la ci ciile. Bien il ie agi dn men de distinguer la Milice fanaie dae milice, ce aellain mignen daanage dn imaginaie miliaie dan leel le milicien aaenen de indiid en ame mi lai de le chef, Jeh Danand. Dan la lee iane, dige le 14 septembre 1944 e ene a ai de lain, lae dnnce daaenance la Milice, ne me et son fils, duquel il est dit que « la eille de linecin de Pai ai milicien de Danand (chose plus grave) »103. La gravité des faits est nnce dan cee lee i ine dan n imaginaie milicien aiclan a de Danand.

Cependant, ces appellations ne sont pas utilisées exclusivement par la population civile qui prend la parole dans les dénonciations ou témoignages ; on les retrouve aussi sous la plume des instances en charge du déroulement des enquêtes et des procès. Ainsi, dans un die dene, lai de lain ligine d dcmen di e lindiid a

101 AN, Z/6/497 : dossier n° 4646. 102 AN, F/1a/3747. 103 AN, Z/6/3421 : dossier n° SN 9770.

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« incl daaeni la Milice de Danand 104. Cela est une manière de stigmatiser la Milice dont on parle, celle dont le chef, est haï dans la société pour son action milicienne et pro-nazie. Il a ne e de ennificain de ce gane dEa e dan le ei, ce Darnand le chef de lganiain, Laal nan jamai meninn de la e. La justice de lain ie galemen dan le igmae a de lide de eide la Milice e n chef. Dan n e de fai l a alable de la cndamnain de lacc en c de jice, il e inci ami le lmen chage een cne lacc : en adhérant enfin à la Milice de Darnand et servant dans cette formation para-miliaie en ali dinece régional »105. Liniin milicienne e miliaie a e de la jice. Ce ce aec de lacin i e eene en jice e inian de la agande mi en e a Danand e n ie, de lmen aicliemen eenaif de la ln daaaie cmme n groupe révolutionnaire, en arme et guidé par un chef, sont repris en justice. Ces hommes servant la cause de Darnand doivent alors être condamnés. Ainsi, la mobilisation de ces différents stéréotypes encadrant les collaborateurs et plus spécifiquement les miliciens et miliciennes et se fondant sur des représentations et des moyens de reconnaissance de cette collaboration sont repris dans les procédures judicaires par le biais des témoins. Ces derniers se servent de ces stéréotypes pour dénoncer des miliciens, ou pour les défendre en réutilisant les discours disant que les accusés seraient restés fidèles à leurs sentiments nationaux.

Aini, a c dn inegaie, lacc Jace Jlie jifie n engagemen dan la Milice : « an le mee dn jai lbje je me i enfi du maquis e jai l mengage dan la Milice de Danand Ln e labi de eaille enelle de maquisards. »106 La fige d chef, d leade, e aini aicliemen imane agian de la propagande milicienne. Les représenain de hmme en ame accmagnen al de la représentation autour de la fidélité accordée au chef. Cette idéologie guerrière est retenue par certains miliciens lors de leurs interrogatoires, quand ils affirment : « jai lda du gouvernement lgal d Machal, jbiai a de de me chef ». Les membres de la Milice se perçoivent eux-mme cmme lda e fn ali lbiance n gime politique comme motif de leur engagement. Ces stigmates guerriers sont également réutilisés au cours des procédures judiciaires et illustrent la connaissance de la propagande milicienne a le inance chage de lain, mai galemen a la ci ciile dan e témoignages. Les éléments stigmatisant utilisés dans les témoignages sont alors un moyen de

104 AN, Z/6/3401 : dossier n° SN 6446. 105 AN, Z/6/114 : dossier n° 1651. 106 AN, Z/6/338 : dossier n° 3641.

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ecnnaiance, dne cllabain mblie a de hmme en ene de lganiain milicienne e fidle le chef. La mblie maiale e geie revendiquée par la Milice dans sa propagande, fai lbje dne eie e dne dnnciain au sein des justices de lain e cnibe mae la ecein dchelle diee daaenance.

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Ainsi, au cours des procédures hman la jice aniinnelle de lain, différents critères sont retenus pour juger de la collaboration milicienne. Les instances jdiciaie accden la gai de lace mme dadhin la Milice qui en condamne, de fait, lae. Le jgemen e de indiid ec daaenance lganiain de Darnand est fortement réclamé au sein de la société française et les attentes sont nombreuses pour ces condamnations par les cours de justice. Au cours des procédures dene e de jgemen diffen dic e eenains sont convoqués par les inance chage de lain, mai la aidi e lefficaci de ce cndamnain n mises en difficulté par la fuite de certains miliciens à la Libération, ainsi que par le caractère lacunaire des preuves matérielles proan laaenance comme les actes perpétrés par les différents accusés.

Le jidicin de lain, et plus spécifiquement la cour de justice qui est prééminente dans le procès des miliciens et miliciennes, sont pensées dans une volonté de nettoye la Fance de ce i ln ahie. Laenal jidie de lpuration se construit a dne conception punitive devant permettre la réconciliation nationale, autour de la Résistance et de toutes celles et tous ce i nn a ahi la nain. La justice est alors denice de diffene gaie i fn a-delà de la procédure classique, elle a une dimenin liie, de cnciliain e dienain d a e laeni en e dician des mauvais Français, voire des non-Français dont la trahison les a placés en dehors de la communauté nationale.

Pourtant, limein e laaenance a ee e a cndamnain eme en ein la caaci de la jice dain dfini le milicien eln de cie indépendants de la personnalité des accusés. En effet, la justice ne parvient pas totalement à die dne lgie e e anme dan la echeche dinfmain le collaborateurs, comme dans le jugement effectif de la culpabilité de ces derniers. La fiabilité de ee emble faible e le jgemen de laaenance la Milice ne e e a an le fai, e le me de eenain majiaie e la cncin dlmen de igmaiain e lacin milicienne. Ces éléments nindien a ne l gande sévérité dans les sanctions retenues. Cependant, si les partisans de la collaboration militaire et les miliciens bénévoles sont confondus, la structure de la Milice semble peu connue par la jice dain e le chi des sanctions peut reposer sur des critères plus conjoncturels.

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La ie de gee face ce cncein e limance d ce jidie condamnant les membres de la Milice, recouvre de nombreux enjeux qui amènent à inege la lace de ce groupe dans la nation en reconstruction. En effet, après avoir analysé les mcanime jdicaie e lain de milicien e milicienne e la cncein dne jice aniinnelle en sortie de guerre, ce groupe peut désormais être analysé dans sa constitution sociale. Lde de la cmiin ciale dne aie de milicien e milicienne jg a la c de jice de la Seine dlace lanale a de ajecie dengagemen e de jgemen des différents membres composant le groupe. La aie de lain e alors envisagée du point de vue des acteurs condamnés et de leur die daccain.

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PARTIE 3

Des engagements aux jugements : de cae d groupe devant la justice

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Chapitre 5. Taece cae e eece degagee : les miliciens et miliciennes forment-ils un groupe hétérogène aux récits pluriels ?

« La Milice française est composée de volontaires moralement prêts et physiquement ae, nn elemen eni lEa nea a le acin, mai ai cnci a mainien de lde inie 1. Ce a ce m aient définis la composition ainsi que les objectifs attendus par les responsables de la Milice française, au moment de sa création, le 30 janvier 1943. Cet appel reprend le principe selon lequel la Milice doit se penser comme une force étatique contribuant a eice d mainien de lde nainal e e cme, dan lidal de Jeh Danand, de enne investies dans le projet politique et social il défend.

A cee agande ajen le eenain d ge de milicien e milicienne e la perception de leur recrutement. Ces perceptions renvoien incialemen limage dn ge dindiid dangee, enan de bae clae de la ci. Cependant, en termes pratiques, la Milice e n cnglma de diffen fil e de diffen e dadhin qui se rejoignent pour former cette organisation collaborationniste.

Afin ddie la cmiin ciale dn ge de milicien e milicienne jg a la c de jice de la Seine, lde aniaie ielle de die daffaie jge amne questionner ce groupe en termes de ajecie e de ac. Nanmin, cee de na a b dnnce leience dn elcne deminime cial deinan ceain ace engage dan la ie de la cllabain aec la Milice. Lde gahie, avec ses apports quantitatifs et qualitatifs, amène à questionner les points communs et les diegence de ac de ce indiid nn daaenance la Milice fanaie. Lde alie aie 113 milicien e milicienne jg a la c de jstice de la Seine ei a ein dne bae de dnne elainnelle2.

Comment se compose le groupe social des miliciens et miliciennes jugés par la cour de justice de la Seine ? Qe fai aaaie lde de ajecie dengagemen de 113 denre eux, quant au statut de ce groupe à la Libération et durant le déroulement des procédures dain ?

1 Statuts de la Milice, loi du 30 janvier 1943, article 2. 2 Annexe n° 9 : ene d able Ecel cendan a 113 die daffaie jg aaenance la Milice, p. 249. 167

Ce ce e n tenterons de décrypter, à travers ce corpus composé de 113 miliciens et milicienne. Dabd la cmiin ciale d c ea étudiée afin de comprendre qui sont les miliciens et miliciennes qui le composent et quelles sont leurs trajectoires sociales j lengagemen. Enie, le lien ene ce ajecie e lengagemen dan la Milice seront analysés afin de rendre compte des justifications apportées par les accusés au cours de lain lengagemen en fae de la cllabain. Enfin, ce n le engagemen dans la collaboration et la trahison des accusés qui seront au centre de la dernière partie, afin de mieux comprendre leurs positionnements en période de sortie de guerre.

A. Des trajectoires diverses précéda egagee : e 113 ce et miliciennes étudiés ?

A c de ene mene cne le acc daaenance la Milice, le aorités dain ineen a ajecie de ie de ce acc, en amn de lOccain, mai galemen a c de la ide. Lengagemen de lacc e al anal a cible de sa situation sociale, économique, ou encore familiale, afin de die dn anel dinfmain dean le ai d milicien de la milicienne. Lde de ce die eme dnc de inege, en amn de la ignae dn engagemen en fae de la Milice, à travers le discours employé par les accusés eux-mêmes à leurs situations et leurs comportements avant cet engagement dans la collaboration politique voire armée.

a. Gee e a faae, ee eea de ae da et réalité sociale

La Milice est principalement connue et représentée comme une organisation masculine. En effe, le imaginaie i lenen n majiaiemen li ne ideni macline e une virilité guerrière3, i laien e de lace limage de femme milicienne. Ceendan, 15 % de ses effectifs étaient constitués de femmes et les miliciennes sont logiquement présentes, en sortie de guerre, devant le jidicin de lain ; elles doivent rendre des comptes sur leurs comportements collaborationnistes dan lOccain a mme ie que les engagés masculins. Lde de lengagemen fminin dan la Milice a mn limance

3 CAPDEVILA, Luc, « Lideni macline e le faige de la gee », Vingtime sicle. Revue dhistoire, n° 75, 2002, p. 97-108.

168 des femmes au sein des organisations de collaboration4, engagement qui e lide répandue que « la virilité du mouvement milicien »5 aai fein lengagement féminin. Dans notre corpus nous retrouvons 13 femmes et 100 hommes, soit un rapport de 11,5 % peu éloigné du rapport général.

Les 13 femmes composant notre corpus ont des profils divers et, cnaiemen lide gnalemen admie elle naaien adh en ian linflence de le e de leur mari, les trajectoires des miliciennes du corpus sont hétérogènes. Certes, le plus souvent les miliciennes sont des adhérentes et non des militantes, et de nombreuses femmes membres de la Milice ont un mari également milicien6. Sur les 13 miliciennes de notre corpus, deux ont été accusées avec leur mari et sont ainsi comprises dans le même dossier de la cour de justice7. Ils ont été arrêtés ensemble et jugés au cours du même procès pour leur engagement. P le ee, lengagemen la Milice ne, da le die de jgemen e le cde dene, a li lengagemen dn mai. Aini, le a ene le hmme e les femmes du corpus permet de concevoir leur présence au sein du groupe des miliciens jugés par la cour de justice de la Seine, et de comprendre que même si les miliciens sont majoritaires dans le groupe, la place des femmes et les motifs variables de leur adhésion ne peuvent être négligés. La répression de ces femmes, en ie de gee, e alie a ein de jidicin de lain, e ce nammen de ace de cllabain liie8. Nombreuses femmes ont cru en la politique vichyste menée par Pétain et se sont engagées, voire ont milité, dans des groupements de collaboration9.

La question de la situation familiale donne également des informations importantes sur la composition de lchanilln ielle eme ddie elle ai la iain de acc avant leur engagement dans la Milice et au cours de celui-ci. Le tableau ci-dessous rend

4 DIAMOND, Hanna, Women and the Second World War in France, 1939-1948 : choices and constraints, Londres, Longman, 1999, 231 p. ; SIMONIN, Anne, « La femme invisible : la collaboratrice politique », Histoire @ Politique, Politique, culture, société, n° 9, 2009, p. 1-26 ; LECLERC, François, WEINDLING, Michèle, « La ein de femme cable dai cllab endan lOccain », Clio. Femmes, Genre, Histoire, n° 1, 1995, p. 1-13. 5 GIOLITTO, Pierre, Histoire de la Milice, Paris, Perrin, 1997, p. 159. 6 CAPDEVILA, Luc, ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, VOLDMAN, Danièle, Sexes, genres et guerres : France, 1914-1945, Paris, Payot, 2010, p. 100. 7 Archives nationales (AN), Pierrefitte-sur-Seine, Z/6/62 : dossier n° 994 ; Z/6/210 : dossier n° 2581. 8 LECLERC, Françoise, WEINDLING, Michèle, « La ein », op. cit. 9 GOUNAND, Pierre, « Les groupements de collaboration dans une ville française occupée : Dijon », Revue dhistoire de la Deuxime guerre mondiale, n° 91, 1973, p. 47-56, p. 53.

169 compte des situations familiales et matrimoniales de lenemble de indiid cman le corpus.

Fig. 11 Situations familiales et matrimoniales des 113 individus. Nombre Pourcentage Situations familiales / matrimoniales absolu (%) Marié.e 44 38,9 Célibataire 42 37,2 Divorcé.e 4 3,5 Veuf.ve 3 2,6 Non renseigné 20 17,7 Total 113 100

Ainsi, ce tableau montre que deux situations dominent : le mariage et le célibat. Ces chiffres ne permettent pas de dégager une seule et unique situation majoritaire et les résultats sont plutôt répartis entre ces deux catégories. La répartition de ces résultats en fonction du genre eme danale les différences entre les adhérents féminins et masculins.

Parmi les 13 femmes composant notre corpus, cinq sont mariées, cinq célibataires, une divorcée, une veuve, enfin linfmain ne a cnne lne delle. Ainsi, nous retrouvons la quasi-égalité ene la in dadhenes mariées et célibataires an il ait de situation matrimoniale caractéristique. Cela amne cncle e lide dadhin dan le illage dun mari engagé dans la collaboration et déjà milicien ne a minene. En ce qui concerne les enfants, i femme nen ont pas, et six en ont (entre un et quatre) ; pour quatre dene elle, linfmain ne a cnne. Les cinq femmes mariées ont des enfants. Parmi les huit femmes célibataires, veuves ou divorcées, seule de dene elle ont des enfants. Ainsi, les miliciennes ne sont majoritairement pas des mères célibataires et deux profils se distinguent majoritairement : celles en concubinage avec des enfants et celles célibataires sans enfant. Ces données permettent donc de donner un aperçu de la situation des miliciennes au moment de leur engagement dans la Milice, et de mettre en relation ces engagements avec les situations sociales.

Chez les engagés masculins à la Milice de notre corpus, nous retrouvons 39 mariés, 36 clibaaie, i dic, de ef e n a, linfmain ne a cnne le

170 autre. P ce i e d nmbe denfan, 42 nen n a, 33 en n (ene n e cin), e linfmain ne a cnne pour les autres. La situation semble donc différente de celle de milicienne, incialemen en ce i cncene le nmbe denfan. Certains miliciens se n engag dan lganiain de Danand aec le enfan. Le die de la famille Drujon porte sur un père et ses deux fils, âgés respectivement de 24 et 26 ans au moment de leur engagement10. Devant la justice, ils présentent leur engagement en lien avec la gestion de leur entreprise familiale11. En effet, ce serait pour la sauvegarde de leur entreprise et éviter le départ en Allemagne e la faie e le e aaien adh lacii milicienne ; lene a pourtant mis en avant des motifs plus idéologiques puisque la famille aurait été « fervente admiratrice du régime nazi »12. Ainsi ces éléments permettent de rendre cme dne aie de la situation sociale et familiale dans laquelle se trouvaient les membres du corpus et cela montre que, che le milicienne cmme che le milicien, il n a a n fil nie i e de lanale. Ce n de engag a situations familiales diverses. Afin dafndi lanale de la cmiin ciale de 113 milicienne e milicien di, le gnain daaenance n n lmen iman ende cme iil enie dne a a anche dge majiaie dadhin, mai galemen dae a de vécus spécifiques en fonction de la période à laquelle ces différents miliciens jugés sont nés.

b. Mee dad e ga degagee : quel âge ont les miliciens et miliciennes ?

En ce i cncene lge de ce 113 indiid acc daaenance la Milice, n din dinfmain ffiane emean de dee en ele e n fil ci- générationnel des personnes de notre corpus. Cette étude permet alors de comprendre quelles anche dge e een daanage a ein de la Milice, ai de la dae dadhin lganiain, dnne a c dinegaies. Cependant, la réalisation de ces calculs demande la présence dans les différents dossiers individuels de la mention de la date à laelle il n adh la Milice. Cee infmain ne dinible que pour 75 dossiers sur

10 AN, Z/6/305 : dossier n° 3391. 11 MARGAIRAZ, Michel, ROUSSO, Henry, « Vichy, la guerre et les entreprises », Histoire, Économie Et Société, n° 3, 1992, p. 337367. 12 Idem. 171 le 113 een, 38 acc daaenance la Milice ne précisant a de dae dadhin13. En outre, pour celles et ceux pour lesel lge a mmen de ladhin e e calcl, celui-ci repose sur le discours fourni par les accusés sur leur propre engagement et en ce sens nous ne pouvons affirmer que les dates soient exactes. Néanmoins, les calculs réalisés sur cette base permeen de cnae e la menne dge le environ 30 ans. Sur les 13 miliciennes, la plus jeune avait 17 ans lors de son engagement et les deux plus âgées 48 ans ; hi dene elle linfmain ne a meninne. Ene ce ge emes, une milicienne a 21 an e lae 22 an ; la médiane pour les femmes se situe à 22 ans. Ainsi, lge aai e ne ale min deminane de le engagemen, e le milicien, d fai de ca e lanale fai ei. En eenan lensemble des membres du corpus, ces miliciennes et miliciens avaient au moment de leur adhésion, entre 60 ans pour le plus âgé14 et 14 ans pour le plus jeune15, comme le montre le tableau ci-dessous donnant les statistiques principales du calcul des génération dge de ne c.

Fig. 12 Calculs statistiques liés lge des 113 individus au moment de leur engagement dans la Milice.

Moyenne 30 Médiane 26 1er quartile 21,25 3e quartile 37 Min 14 Max 60

A calcl de la menne dge lean 30 an, een e aj dae calcl aiie afin de cee lanale, daan e le chiffe de la menne e mae le écarts. Le calcul des quartiles montre a min 25% de indiid d corpus avaient 22 an min e a min 75% de ce mme indiid aaien 37 an min, l de

13 P le acc i ne meninnen a le dae dadhin, cela e d diffen face : ceux qui nient ladhin, ce i aien nn a ineg e dn linfmain na a e a le ene encore ceux qui ne donnent pas de date au cours de leurs interrogatoires. 14 AN, Z/6/64 : dossier n° 1016. 15 AN, Z/6/98 : dossier n° 1452.

172 leur engagement. La Milice, au regard du corpus étudié, se présente donc comme un groupe cial l jene. Lengagemen acif e la agande meut, comme sa proximité avec les autorités nazies, freinent les engagements de personnes plus âgées. La médiane, quant à elle, se situe à 26 ans, ce qui illustre la prédominance des adolescents et des jeunes adultes dans le corpus. En effet, puisque le quart des membres du corpus ont entre 14 et 22 ans, cela signifie il a ne imane fange ie de la jenee, voire de ladlecence16. Ces indiid i engagen dan la Milice, de jene ge n en de laissés-pour- compte de la soci de lene de-guerres »17.

Ladhin la Milice ai une réaction lhmiliain de la dfaie de 1940 pour se ranger derrière une action révolutionnaire ; les miliciens recensés, ai a laec geie de la propagande milicienne, ont pu considérer cette activité de collaboration comme un men de affime e dai le enimen de ende n eice la nain, de ile la nation. Les membres ayant moins de 26 ans se situant donc en-dessous de la médiane appartiennent aux cagie dadlecen e de jene adle e n, a cnen, n ene 1917 e 1928. Il n en cmmn de ne a ai leience d emie cnfli mndial. La dfaie de 1940 e lnie fence la Fance dan la gee il den. Il n daan l cnn lhmiliain e la cie de la iili18. La question de lengagemen de la jenee fanaie aaa dnc a emie lan le ln haie étudier les engagements au sein de la Milice pendant la Seconde guerre mondiale19.

Dan le cade idlgie de lganiain, lge e n in eeniel, e dan la propagande de la Milice, laccen e en mi la jenee pour les présenter comme un gemen dhmme, ee fge, le die de manie min omancée, prêts a cmba. Ceendan, dan n ecemen, la Milice naffiche a ne fence n ge aiclie, e le ca de laan-garde, organisation qui réunit uniquement des individus âgés de moins de 18 ans. Dans le corpus, sept miliciens et une milicienne avaient 18 ans ou min l de lengagemen e aien dnc faie aie de cee ce. Joseph Darnand a

16 PIGNOT, Manon (dir.), Lenfant-soldat XIXe-XXIe siècle. Une approche critique, Paris, Armand Colin, 2012, 247 p. 17 SUEUR, Marc, « La collaboration politique dans le département du Nord (1940-1944) », Revue dhistoire de la Deuxième guerre mondiale et des conflits contemporains, n° 135, 1984, p. 3-45, p. 34. 18 CAPDEVILA, Luc, « La quête du masculin dans la France de la défaite (1940-1945) », Annales de Bretagne et des pays de lOuest, n° 117, 2010, p. 101-122, p. 102. 19 GIOLITTO, Pierre, Histoire de la jeunesse sous Vichy, Paris, Perrin, 1991, 698 p. ; PIGNOT, Manon (dir.), « Engagements adolescents en guerre mondiale », Le mouvement social, n° 261, 2017, 137 p. ; HALLS, W. D., « Young people in Vichy France and Forced Labour in Germany », Oxford Review of Education, n° 3, 1978, p. 295-314.

173 lui-même défini ses attentes quant au recrutement dans un message devant être lu lors des réunions constitutives de la Milice : « la Milice groupera des personnes de tous les âges, de tous les milieux et de toutes les professions, désireuses de prendre une part effective au redressement du pays »20. A ai de lamne-hiver 1943, le recrutement de jeunes gens devient majiaie dan le chiffe dadhin la Milice, qui se distingue alors de son ce, le Seice dde lginnaie (SOL), ladhin ai majiaiemen celle dhmme de l de 40 an21. Cee inein dan le ecemen e en aallèle de linallain en ne Nd e de menace fe de nmbe jene hmme le da en Allemagne il ne engageaien a dan la Milice22.

Dan la agande de la Milice, lengagemen dan lganiain de jene gan apparait cmme le aage dn ge de lenfance n hmme adulte. En effet, dans le bllein de lcle de Cade adean a enfan notamment sur leur rapport aux parents, le a ene lge e la iili de lengagemen e eneen.

Voilà loccasion de leur faire comprendre avec affection que tu nes plus le petit enfant dont ils avaient lhabitude. Lâge a amené en toi des changements, des modifications. Tu deviens un homme. () Et surtout si tu vois certaines choses (les femmes, les plaisirs, lalcool, les distractions, etc) dune façon différente de celles o tu les voyais avant ton stage, aie le courage de le dire franchement, de prendre parti pour les idées nouvelles23.

Cet article adressé aux très jeunes garçons de la Milice est un moyen de leur faire cmende e la Milice e ce i a faie de de hmme e il dien le eendie face le aen. La iiliain d milicien e ici affiche ca lidal facie de la Milice est celui de la représentation du soldat viril, au combat héroïque24. Finalement, cette catégorie de jeunes adhérents à la Milice amne die ne gnain i na cmme expérience de guerre que la Seconde. En bref, leur expérience de guerre se limite à la défaite de 1940. Ainsi, ils sont daanage ai a laec geie d cmba e a lidlgie ainie la cance en la lin nainale.

20 AN, F/60/1675 : Secrétariat général du gouvernement et services du Premier ministre 1935-1971. La Légion des combattants et la Milice française. 21 AZEMA, Jean-Pierre, « La Milice », Vingtime Sicle, revue dhistoire, n° 28, 1990, p. 83-106, p. 98. 22 Idem. 23 AN, 72/AJ/2116 : Archives du Comité d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, fonds Gérard Silvain. Bulletin dinformations des écoles régionales de cadres, n° 4. 24 CAPDEVILA, Luc, « Lideni, », op. cit.

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Ceendan, en fncin de gnain dengagemen, ce engagemen dan la Milice na pas la même signification et cela se remarque dans les différents interrogatoires au cours deel le acc dien jifie le cmemen cllabainnie. Lindiid le plus âgé du corpus est un officier en retraite ; il jifie n engagemen a la menin dn devoir national auquel il souhaitait obéir25, andi e le l jene le jifie a linflence familiale il aai bie car dit-il que « dès la formation de la Milice mon père et ma mère se sont fait inscrire », il aje a db d mi de ma 1943, a me lui apporta un bllein dadhin laan-garde car il pourrait alors lui rendre des services et être utile à sa patrie26. Il e ene cmme n ie face la jice. Linflence familiale e n lmen maan de miain lengagemen dan la Milice. La socio-histoire du mouvement mne, en effe, e een e ee de adhin de membe dne mme famille, notamment en raison de préférences idéologiques communes27. Ainsi, ce discours sur linflence e ee che le inance en chage de lene alifie lengagemen de jene milicien nammen dan le c ebal dene de lice suivant.

Dès son jeune âge, Goujard Pierre fut un peu livré à lui-même. Ayant perdu sa mère en 1942, il échappa plus encore à lemprise familiale. Il subit linfluence néfaste de la propagande effrénée qui se faisait à cette époque dans les écoles. De caractère très jeune il fut entrainé dans la Milice où il signa son engagement en mars 194428.

Ce discours revient également dans la parole des avocats prenant en charge la défense des accusés leel la dfene e cni n dic elean de linflence. Aini, laca d milicien H eien ce mde de dfene dean le ai de laion.

Cest surtout à son jeune âge et à la propagande insensée qui fut faite à lépoque dans sa jeunesse quil faut imputer lengagement de M. Hurst en aot 1941 à la LVF. () Ce sont les mêmes considérations, aggravées par les lourdes charges de famille auxquelles il devait faire face, qui conduisirent M. Hurst à entrer dans la Milice29.

Cela ejin lide e le ln e jene, ce lenage i je n id dan lengagemen d fai de la cialiain imaie, e lindiid jene ne eai pas ffiammen ae e eniemen mae de e dciin. On i al lengagemen

25 AN, Z/6/64 : dossier n° 1026. 26 AN, Z/6/98 : dossier n° 1452. 27 COINTET, Michèle, La Milice française, Paris, Fayard, 2013, p. 70. 28 AN, Z/6/208 : dossier n° 2551. 29 AN, Z/6/147 : dossier n° 2061.

175 plutôt comme un « embrigadement » et « le jeune collaborateur se définit avant tout par sa emabili a inflence il bi 30. Dan le die daccaion, ce cantonnement du profil collaborationniste à un « rôle de suiveur »31 est central, suiveur de sa famille, ou and ce lin de celle-ci, ie dne ennali nfae de n enage, l moins proche. Cependant, et bien que cela reste une hypothèse, nous pouvons penser que ce mbile de linflence eiee e ili lnaiemen a ce jene indiid e dédouaner le plus possible et bénéficier de peines moins sévères. En utilisant les notions dbiance a chef (d gernement, de la Milice), mais aussi à leur famille ayant inflenc le adhin, il een al jifie daanage le chi dengagemen. Un ae milicien e an li engag ca n e ai li-même engagé « depuis quelques semaines »32. Ainsi ce sont uniquement des jeunes individus qui font appel à ce motif, lidlgie e / ou lengagemen d cecle familial le aan cndi ie de ajecie similaires.

c. Entre centralité du département de la Seine et instabilité géographique

Ligine ggahie e n lmen i eme dne a dafndi lde de ligine de membe cnian ne c e dae a ddie le lien ene la c de justice de la Seine qui est lgane dce de archives étudiées et les départements dans lesquels les accusés ont évolué. N n dabd n ae le daemen de naissance de ces individus. 39 membres du corpus sont nés dans le département de la Seine, soit environ 35 %. Ce dan ce département que se concentre un nombre important de miliciens et miliciennes du corpus. Cette concentration autour de la capitale est appuyée par la présence de six autres miliciens nés dans la région francilienne dans les départements de Seine-et-Oise et Seine-et-Marne. En outre, cinq membres du corpus sont issus du département de la Seine-Inférieure33, mitoyenne de cette même gin. Ce dnc dan ce ne géographiques que se concentrent la majorité de la population de notre corpus. En effet, nous ne retrouvons pas de elle cncenain dae daemen e la ggahie de

30 FRANCOIS, Aurore, « Jeunes collaborateurs durant la Seconde guerre mondiale : quelles réponses à quelles transgressions ? », Le mouvement social, n° 261, 2017, p. 93-106, p. 106. 31 Idem, p. 100. 32 AN, Z/6/100 : dossier n° 1473. Il ajoute également à ce motif le fait que son père était sans ressource et sa me malade. Lengagemen de n e de mme e le ien, emble dnc galemen li a ncei de subvenir aux besoins de sa famille. 33 La Seine-Infiee e le nm dnn jen 1955 a daemen de Seine-Maritime.

176 lieux de naissance est plutôt aie lenemble d eiie fanai, e ange, le reste du corpus.

Trois membres du corpus sont nés hors du territoire métropolitain, un en Algérie, un en Suisse, et un en Belgique34. Les deux premiers avaient la nationalité française, contrairement a iime. Pe dindiid n lange e een engag dan ne ganiain telle que la Milice où le nationalisme farouche prm a c de lidlgie feine certainement les recrutements de non-Français35. La propagande affirme un nationalisme adiinnel fnd e ne haine de lae, nammen dan lhmne li-même dans lequel les miliciens appellent à faire « la France pure »36.

Si les lieux de naissance des différents accusés sont mentionnés avec précision dans les die de la c de jice, la echeche de lie dhabiain emble l blmaie. Dan le die daccain, ceain acc n meninns à diverses adresses, changean en c de cde. Limciin de ai dain dan le aiemen de dmicile de acc migne dne difficl, dan ceain ca, de eace la ajecie ggahie de ce denie. Lengagemen dans la Milice peut conduire, par une main, n changemen de iain ggahie. Aini, dan le die de lacc Maice Clichaie, le a abli a le cmmiaia de Nanc, al e lacc e echech, infme e lacc a « chef de trentaine en Bretagne et par la suite chef de centaine à Art-sur-Meurthe »37. Lacc aai al, en ele mi elemen, eec de fonctions à haute responsabilité dans la franc-garde de la Milice en Bretagne puis dans le département de Meurthe-et-Melle. Lengagemen dan la Milice, de e hae responsabilité, peut entrainer différents domiciles, compliquant le travail de recherche de lacc a la lice. En e, ceain acc n dmnag la Libain e e n cachés. Le changement de lieu dhabiain e al n men dchae à court terme, au moins a main de la jice dain. 13 milicien d c dien de lie logements renseignés dans le dossier. Da n die daccain, Léopold Tisseau est domicilié à La Rochelle et à Paris. Lene dmne il est entré dans la milice vraisemblablement en mai 1944 comme secrétaire départemental à La Rochelle puis peu

34 S lain de cllabae ange, GAILLARD, Lcien, Le ange e lain dan le Bouches-du-Rhône », Revue dhistoire de la Deuxime guerre mondiale, n° 113, 1979, p. 45-62. 35 CHANAL, Michel, La Milice fanaie dan lIe (fie 1943-août 1944) », Revue dhistoire de la Deuxième guerre mondiale et des conflits contemporains, n° 127, 1982, p. 1-42. 36 Chant des cohortes, sixième couplet. 37 AN, Z/6/868 : dossier n° 5802.

177 avant la Libération de notre pays il a été envoyé en mission à Besançon »38. Linabili géographique de certains miliciens peut compliquer ou rallonger les procédures judiciaires, notamment dans le cadre de leur recherche et des enquêtes menées en amont de la comparution. Les miliciens, conscients de la volonté impatiente et revancharde de la société de voir leur condamnation, cherchent à se sauver par différents moyens et à se cacher afin dchae a ie de la jice39. Cependant, ces déplacements sont compliqués et certains choisissent de se constituer prisonnier ou attendent leur arrestation, sans changer de domicile.

Parmi les 39 membres nés dans le département de la Seine, 35 ont un logement connu dan ce mme daemen, dn 24 n dmicili Pai lOccain40. Ainsi, ces chiffres illustrent que la majorité des miliciens jugés dans le ressort du département de la Seine, étaient également issus de celui-ci par leur lieu de naissance, ainsi que par leur lieu de vie. Ce sont donc majoritairement des individus ayant résidé dans le département dans lequel ils sont jugés. Cee fe cncenain migne de ligine baine de indiid composant le corpus retenu, i aaien galemen, da le , la la exercé leur fonction de miliciens ou miliciennes dans la capitale française, éloignée des zones e en le mai. Ceendan, ce lignemen ne ignifie a labence de participation à des expéditions et des arrestations, armées, menées par la Milice. Le dliemen de lacin milicienne en ne nd e diecemen effec, en lien aec la liie de mainien de lde le a Danand, a d eneignemen, de interrogatoires et arrestations ; une activité de police politique41. Lengagemen dan ce zones ne signifie donc pas une paiciain minde lacin. Cette prédominance de la caiale e emae daan l d fai ne gande maji de ce milicien e eai engage dan la Milice fanaie a c de lanne 1944, anne dan laelle la Milice a ben laiain d genemen allemand de ende en inallan en ne Nd , zone dans laquelle vivaient donc ces individus. Cela a certainement joué un rôle dans leur engagemen iil aien alors au contact même de la propagande émise par la Milice et aien l ae inee42.

38 AN, Z/6/497 : dossier n° 4646. 39 ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, Les Françaises,, op. cit., p. 378-379. 40 Dan ceain die diffen lie dhabiain n meninn. La la d em n dan le département de la Seine, et un dans un autre département. 41 LAURENS, And, Le hnmne milicien en Aige e llin de e eenain dan linin , Revue dhistoire de la Deuxime guerre mondiale et des conflits contemporains, n° 131, juillet 1983, p. 3-23, 42 LAMBERT, Pierre-Philippe, LE MAREC, Gérard, Partis et mouvements de la collaboration : 1940-1944, Paris, Grancher, 1993, 257 p.

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Ce lmen danale de a ciil e ajecie de membe d c dnnen ne image de la constitution du groupe des miliciens et miliciennes en sortie de guerre. Ainsi, face aux représentations hmgne e a imaginaie iil e geie de la Milice, ce ne ali daanage hgne e lanale aniaie de ajecie menan la collaboration fait ressortir. Lde de ce diffene ajecie di ende en cme n élément majeur : la situation sociale et professionnelle des engagés. Si cette dernière est majee dan lanale d c, ce ace elle e gliemen mbilie dan le cde dain afin de jifie lengagemen dan la Milice. Ce engagement est alors cmme labiemen dne ajecie difficile de ie, dan laelle la cllabain milicienne semble être un dernier recours.

B. Situations sociales et engagement milicien

Les situations sociales des accusés tiennent une place importante dans leurs discours et les jificain mie en e dean la jice le dfene. En effe, nmbe acc mettent au service de la défense leur appartenance sociale et économique. La Milice est perçue dans les représentations dévele a c de lOccain e la ie de celle-ci, en sortie de guerre, comme « le refuge de tous les repris de justice et de tous les hors-la- loi. »43. Cnaiemen dae ganiain de cllabain, la Milice e eai aini faie remarquée par la délinquance de ses membres et leur manque de moralité et leur appartenance à des milieux sociaux pauvres. Face à ces représentations dominantes, les miliciens et miliciennes construisent leur discours sur leur trahison44. Ces discours, présentés devant la jice de lain, dfinien le cade de la ecein de la ahin milicienne e de cae de lengagemen dan cee ie aiclie de la cllabain.

a. Professions et secteurs professionnels : la Milice, une organisation plébéienne45 ?

La ein de fein eece lOccain e centrale pour étudier la composition sociale du groupe étudiée. Les membres de la Milice sont représentés comme des

43 FABRE, Marc-André, Dans les prisons de la Milice : un mois au château des Brosses, Vichy, Wallon, 1944, p. 109. 44 SCARFONE, Dominique, (dir.), De la trahison, Paris, PUF, 1999, 166 p. 45 BENE, Krisztián, La collaboration militaire française dans la Seconde guerre mondiale, Talmont-Saint- Hilaire, Codex, 2012, p. 216.

179 individus de conditions sociales plutôt défavorisées, issus des classes modestes de la société. Lde de fein et lanale aniaie permettent de sinege ce imaginaires en les comparant avec les résultats apportés par le corpus étudié. La situation ciale an e n face dengagemen dan lganiain milicienne e dadhin la propagande vichyste de la révolution nationale, il est important de mettre cela en parallèle avec la réalité sociale de notre corpus.

Les miliciennes « ne remplissent pas de fonctions professionnelles très spécialisées »46, dans leur majorité. De femme d c neecen a de fein, soit 15 % dene elles. Celles qui en exercent, ce sont effectivement des professions non spécialisées et peu mne e ln ee meninne : sténodactylo, bonne à tout faire, secrétaire, employées de bureau, serveuse ; et des professions sociales telles que infirmière et assistante ciale. Aini, cela cnfime e le milicienne nn a de iain feinnelle a rémunérations et à la stabilité très avantageuses. Cependant, cela doit être mis en relation avec la feinnaliain gnale de femme la mme ide e lde de le a sociaux47. Ce chiffe amnen inege de manie l glbale a iain feinnelle de lensemble des membres composant notre corpus. Le tableau ci-dessous illustre la répartition des professions des 113 membres du corpus en fonction des secteurs dacii e aec chae ece la a e celle-ci représente dans la composition totale.

46 GOUEFFON, Jean, « La c de jice dOlan (1944-1945) », Revue dhistoire de la Deuxime guerre mondiale et des conflits contemporains, n° 130, 1983, p. 51-64, p. 51-52. 47 FAUROUX, Camille, « Le liie d aail fminin lOccain », Travail, Genre et Sociétés, n° 42, 2019, p. 147-163 ; MARUANI, Margaret, MERON, Monique, Un siècle de travail des femmes en France : 1911-2011, Paris, La Découverte, 2012, 229 p.

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Fig. 13 Raiin a ece dacii feinnelle, en pourcentage.

60 50 40 30 20 10 0

Ainsi, ce tableau illustre une nette domination du secteur tertiaire iil eene 48 % des membres du corpus. Le secteur secondaire regroupe quant à lui 28 % des individus étudiés. Ainsi, ces deux secteurs comprennent à eux deux 76 % de lenemble de milicien e miliciennes du corpus. Différentes activités professionnelles ressortent particulièrement de ces de ece dacii. En effet, au sein même de cette catégorie tertiaire, nous pouvons constater une dominance deml dan des domaines administratifs : rédacteur de ministère, secrétaire, employé de bureau, fondé de pouvoir, comptable (3), journaliste, cmmi dagen de change. Dans ce secteur tertiaire, il y a également des métiers de type « commerciaux » mais en moindre importance (coiffeur, garçon de café, aide cuisinier).

A côté de ces professions, nous retrouvons dans le secteur secondaire, des professions issues des dmaine de lindie, la mcanie, laiana, en bef de fein davantage manuelles, soit mcanicien, encade, mane, echnicien, faie, manutentionnaire, forgeron. Certais ouvriers ont pu se laisser tenter par une propagande milicienne qui cherchait à travers un discours social à attirer dans ses rangs des adhérents issus des milieux ouvriers. En effet, dans un article du journal Combats, abordant la question du recrutement dans les différentes catégories professionnelles, Darnand insiste sur limance de aian, ie e aan dan lganiain.

Notre ambition est de montrer aux ouvriers et aux paysans leffroyable malheur auquel ils seraient réduits si nous narrivions pas à préserver la France du péril bolchévique. Alors quils sont tentés par ce communisme (), nous voulons les entrainer derrière nous pour la

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réalisation dune révolution communautaire dont ils doivent tre les premiers artisans avant den tre les premiers bénéficiaires48.

Ainsi, cet appel reflétant la propagande sociale révolutionnaire de la Milice et visant diecemen le milie ie, e le ece dacii ecndaie, e elie le fe présence dans le groupe étudié. Ce ael ele dne ln daie a ein de la Milice des catégories de la population majoritairement engagées dans les mouvements résistants. En effe, cmme il leime dan ce aicle, le ie aien daanage ai a le cmmnime e aien en e inei dan la Riance. Afin dlagi le recrutement milicien, Darnand vise directement des catégories de la population et axent la propagande autour de la question sociale et professionnelle. Enfin, le secteur primaire parait quant à lui sous-représenté par rapport à la répartition nationale49. Cette sous-représentation est liée à la dminance de ne baine dan lde de ligine ggahie de ce indiid.

Les professions exercées par les miliciens de notre corpus mais également des adhérents en général sont principalement et généralement peu lucratives50. En effet, ces adhérents volontaires parmi lesquels ne rentrent pas en compte les franc-gardes et la direction de lganiain milicienne appartiennent le plus souvent à des catégories sociales peu faie. Aini, bien il aien majiaiement une profession, les miliciens du corpus exercent des professions peu stables et peu lucratives.

Enfin, les derniers individus composant le corpus sont soit étudiant (7), soit sans profession (4), soit la profession était inconnue et non mentionnée dans le dossier de la cour de justice (9). Pour les premiers, ils sont tous nés entre 1920 et 1928 et appartiennent donc a cagie dadlecen e jene adle dfinie ami le gnain ene dan le corpus. Sur les 33 membres du corpus nés entre 1920 et 1928 : sept sont donc étudiants et pour quatre les professions sont inconnues. Cependant, tous les autres (21) exercent une fein. Aini, le gnain de jene adle e dadlecen engag dan la collaboration et membres du corpus sont plutôt insérées dans la vie active et dans des milieux professionnels. La cagie ddian comporte e dinfmain lengagemen dan la Milice et reflète que très peu la catégorie des jeunes adultes, majoritaires dans le corpus. Ainsi, il est plus inean de ldie en fncin de laaenance gnainnelle de la

48 Combats, « Réaction et révolution » par Joseph Darnand. 49 ALARY, Éric, L'Histoire des paysans français, Paris, Perrin, 2016, 384 p. 50 BUTLER, M., J.-C., DELAPORTE, R., « La collaboration dans la préfecture régionale de Rennes », Revue dhistoire de la Deuxime guerre mondiale, n° 117, 1980, p. 3-31, p. 21.

182 profession pour celles et ceux qui en ont, en fncin d a ddian. Le c an plutôt professionnalisé, les jeunes adultes ont pour beaucoup déjà une activité professionnelle. Ce ablea glbal de la iain feinnelle de acc daaenance la Milice me majoritairement en avant une professionnalisation de ces derniers, mais au sein de professions peu rémunérées. De ce fait, ces situations inable n ilie a c de lain, dnne a ai chage d jgemen, de agmen ainnel lengagemen.

b. Des mobiles répondant à la situation sociale des accusés ?

La situation sociale des 113 individus composant notre corpus est mobilisée au cours de lene e d c, nammen afin de ende cme de mif dengagemen dan la ie de la cllabain. Aini, lde de lien ene igine ciale e mbile jifian lengagemen dan la Milice le de lmen einen, daan l e, demble, le liens entre ces deux informations ressortent et les accusés puisent dans différents éléments liés à leur expérience socio-générationnelle, ou encore leurs expériences professionnelles, au cours de leurs interrogatoires. Ces éléments sont réutilisés dans le but de justifier laaenance la Milice, eln de ainnemen e lan ainnel e visant à rendre leur engagement presque indépendant de leur propre idéologie et de leur propre volonté. Ces mbile n dnc dnn faie de aallle ene ladhin e la iain ciale daaenance. En effe, adhe la Milice e emee dbeni ne fein e n statut social auquel aspirent certains adhérents qui ne parvenaient pas à disposer de cela autrement. Les liens entre engagement milicien et situation sociale sont très fréquents dans les discours donnés par les miliciens au cours des différents interrogatoires auxquels ils répondent en sortie de guerre.

Le fai dai ne mauvaise situation professionnelle ou économique peut servir de jificain l dn jgemen engagemen a ein de la Milice. Ceendan, ami le indiid le die cifie il e aien a chmage a c de lOccain, acn na ili ce chmage cmme mbile dadhin la Milice (i ecin (1), i négation (2), i a de mbile cifi). A linee, celle e ce i n cifi dan le mbile dadhin le fai dadhe en ain dne iain de chômeur » ou pour le « revenu naien a nécessairement identifiés dans leur dossier de jugement comme étant sans activité professionnelle. Ceain eendien le fai de e engag niemen

183 le gain financie e e i dne iain caie : iil aien a chmage ne gagnaien a ffiammen dagen ie cnenablemen, il e n lai ene a lengagemen dan la Milice, an aan aage n idlgie. Raymond Paupardin affirme à ce sujet : « sans travail, afin de pouvoir vivre je me suis engagé à la Milice rue Le Peletier comme franc-garde ». Il agi al dn engagemen à intérêt financier, présenté comme opportuniste, qui « touche davantage les basses classes de la société »51.

Pour les membres de ces catégories sociales, cette justification peut être facilement mise à profit au cours du jugement, sans pour autant que cela contribue nécessairement à diminuer la sentence finale. Ainsi, un individu du corpus déclare par exemple : « au mois de mai 1944, jai adh la Milice le cneil dn ami, ean aini e d aail. 52. Mais, le fai de ie de een de lengagemen a ein de la Milice e galemen ili a la jice cmme manie dincimine daanage n acc. Aini, on le retrouve également dan ce ca lacc di ai adh niemen eece n acii feinnelle : « me an an emli je me nai e la milice ln mffi n e dinece la documentation en raison de mon activi cdene dan le ein jie. Il agiai en effe dan ce e dene la mali e le ancden de nea adhérents. »53. La iain feinnelle liliain dn ee li a een permet aux adhérents de justifier de façon rationnelle leur engagement. Les possibilités cniaie ffee a la Milice aaien een ne miain lengagemen de membe, e ln ee a c de ene mene a la lice a de llin des trains de vie de certains suspects. En effet, le ai de lain jgen négativement ces changements de niveau de vie e cela e ach aec lengagemen milicien.

A ce engagemen a in aje afi ne ae aiable imane dan le discours de justification des accusés cherchant à amenuiser la valeur de leur adhésion : le principe de dévouement, voire de sacrifice, pour le bien de sa famille. Cela reprend une image traditionnelle et genrée qui veut que le père de famille prenne en charge financièrement sa femme et ses enfants. Ce demen ien lace dan le je e lidlgie de la Rlin nationale, de « ednne lhmme n ai de e e d, de li ee le aail

51 GIOLITTO, Pierre, Histoire de la Milice, op. cit., p. 161. 52 AN, Z/6/83 : dossier n° 1267. 53 AN, Z/6/474 : dossier n° 4545.

184 nourricier, tout en honorant en lui une fonction militaire déchue »54. Puisque la situation de cet homme ne lui permettait pas de prendre en charge sa famille, il naurait a e dae chi e de engage dans la Milice, où il pouvait obtenir un meilleur revenu, le franc-garde pouvant, en moyenne, gagner 2 500 francs par mois55. Lengagemen eme al dne a de e eiilie, e dae a de nde a eigence dn e e de famille dévoué. Laec cniaie ne ffi a dan le mbile, mai aj a demen a famille, lengagemen endai l de en. Ainsi, le milicien Emile Thibaud, engagé volontaire dans la franc-garde, donne au cours de son interrogatoire, le mobile suivant : « si je suis rentré dan ce memen cai ni ma eie fille ca je naai a de aail à ce moment. () Je egee mn gee e jai accmli n j de cafad 56. Ainsi, son cas ille dne a la agande milicienne faian le ecemen de ce cecle i de milieux plus populaires, davantage attirés par lagen, e-mêmes ou pour leur famille ; mai ai cela me en aan la iliain a c de lain de cee ainali lie lengagemen mee en aan labence didlgie en fae de la Milice. En e, n le retrouve également dans ce type de discours : « jai cn a le STO ai travailler en Allemagne. Ne voulant pas quitter ma mère alors souffrante et depuis décédée jai ci en mai 1944 n engagemen dan la milice ». Dan n ca lene cncl finalemen il a été poussé à rentrer dans cette organisation par sa mère e il est dn caace facilemen inflenable »57. A lie de a cmain, il e cndamn cinq ans de travaux forcés, à la confiscation de ses biens et reçoit la sanction de dégradation nationale. Lide de dévouement pour ses proches est alors perçue comme une influence néfaste, et ce discours ne permet pas de minimiser les faits devant la justice.

Un dernier élément particulièrement présent dans les représentations construites sur les milicien, e galemen ili en jice, la jificain a labandn de aen e la lide de lacc. Une maaie iain familiale, de aen aben, ne maaie éducation sont ainsi des éléments liés aux situations sociales de certains accusés, qui font le choix de justifier leur adhésion à la Milice par ces motifs. Julien Laracine, accusé daaenance la Milice, affime a c de n inegaie d 14 eembe 1945 e « dei lge de 13 an ()e aen (l)n abandnn »58. Il met ceci en avant pour justifier il eai de nae banlable e ne end a la leine enabili de n adhin la

54 CAPDEVILA, Luc, « La e », op. cit., p. 104. 55 AZEMA, Jean-Pierre, « La Milice », op. cit., p. 98. 56 AN, Z/6/64 : dossier n° 1026. 57 AN, Z/6/106 : dossier n° 1557. 58 AN, Z/6/126 : dossier n° 1792.

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Milice. Lengagemen en fae de la cllabain aaeneai ne fme de eanche sociale et ces discours connus par les autorités judiciaires, sont réutilisés par les accusés eux- mme e ddane dne aie de le fae. Le dic a de labandn familial iennen incialemen dacc dcla, enan de cches les plus modestes de la ci, i n ceain dj cndamn, el lacc Ren Min i aai dj été condamné pour vols et qui affirme dans ses interrogatoires avoir été abandonné par sa famille e lac dan de famille dacceil59. Les mif cia aaaien cmme ln de principaux éléments réutilisés par les accusés, des accusés principalement issus de classes basses ou du moins se présentant comme tels.

Aini, cee anale a ill limance dan le dic de acc daaenance la Milice, de la sollicitation de leur situation professionnelle et sociale pour justifier leur engagement, tout en négligeant les aspects idéologiques et la croyance en la propagande milicienne dans cet engagement, qui ne serait que le rla dne ainali cnmie. Cependant, les situations sociales des adhérents de lganiain e ce c efle, démontrent de iin ene le egad lengagemen milicien e le diffen e de collaboration auxquels ont adh ce 113 acc daaenance la Milice. En e, en faisant face à leurs crimes de trahison et de collaboration, ces derniers utilisent une rhétorique aiclie i e cnfne la ale de inance de lain, e qui leur permet deercer la défense de leurs sentiments patriotiques et nationaux.

C. De egagee a egad egagee, e ce e cee face leurs crimes

Chaque semaine des compagnons arrêtés, jetés aux bêtes humaines de la Gestapo, les supplices des interrogatoires, ces jeux du cirque de la police moderne, les camps de représailles, les salves des exécutions au petit jour contre les murs des cimetières, la chasse à lhomme dans les montagnes, laide armée apportée à lennemi par des Français, nos croix de guerre sur des uniformes allemands. Et puis langoisse quotidienne, le désespoir, limmense lassitude du corps et de lâme, le got de la mort, et la peur, la peur ignoble, la peur sordide à côté de nous comme une compagne abominablement fidèle. Tout cela représenté par un nom : Darnand60.

59 AN, Z/6/144 : dossier n° 2020. 60 BRUCKBERGER, Raymond, Nous nirons plus au bois, Paris, Amiot-Dumont, 1948, p. 48-49.

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Ces mots de Raymond Bruckberger, prêtre, proche de Darnand, décrivent le quotidien des persécutions menées par la Milice61. La violence répressive des actions que la Milice a menées pendant les deux années de son activité est jugée en même temps que ces hommes et femmes comparaissent devant la justice. La cllabain aec lAllemagne naie est également décrite et fait partie des faits reprochés aux miliciens, perçus comme fervents admirateurs et soutiens du régime national-socialiste. Le milicien ilen, lidlgie facie, el il e een, cend-il à ce qui ressort de la parole des miliciens sur leurs engagements ? Ces aspects, nous les retrouvons principalement dans les représentations construites à travers les témoignages et dans leur confrontation avec la parole des accusés sur leur propre engagement. Cependant, le regard des miliciens sur leur propre engagement inci dan le cade de le dfene dean la jice. Ce cadre particulier peut conduire en c de jice de agie de ngain, dameniemen, ence diemen, obtenir des sanctions moins lourdes et échapper à la figure du traître62. Lin ne dnc pas de savoir si leurs propos sont justes ou mensongers, mais dans quelle mesure cette défense e cni e il a de lmen cmmn de diegence ene le 113 indiid étudiés.

a. Cge degagee e fc da a Mce

La Milice a fnde en janie 1943 mai ce en janie 1944 elle a ende lenemble d eiie nainal. Le dae dengagemen e de mbiliain de milicien varient donc en elain aec la chnlgie e lganiain. Les dates dengagemen ne n a toujours fiable ielle ont avancées dans un procédé de défense des accusés et font donc partie de leurs discours, et elles ne sont pas toujours mentionnées par les accusés dans leurs interrogatoires. Le tableau ci-dessous répertorie les dae dadhin la Milice de membe du corpus constitué.

61 JOLY, PASSERA JOLY, Laurent, PASSERA, Françoise, « Se souvenir, accuser, se justifier : les premiers témoignages sur la France et les Français des années noires (1944-1949), Guerres mondiales et conflits contemporains, n° 263, 2016, p. 5-33, p. 30-31. 62 INGRAO, Christian, Croire et détruire : les intellectuels dans la machine de guerre SS, Paris, Fayard, 2010, 521 p.

187

Fig. 14 Répartition des adhésions à la Milice par années. Années Nombres absolus Pourcentage (%) 1943 10 8,8 1944 64 56,6 Non renseigné 39 34,5 Total 113 100

Aini, la gande maji de milicien e milicienne d c dien e engag a c de lanne 1944, anne laelle la Milice eeai n acii lenemble d territoire français et donc dans la zone nord. Le domicile des accusés étant en grande majorité situé dans cette zone nord, cela justifie en partie du moins cette écrasante majorité des engagemen a c de lanne 1944. A ein de cee anne 1944, le chiffe a mi sont les suivants :

Fig. 15 Nmbe dadhin la Milice, a mi, en 1944.

16 14 12 10 8 6 4 2 0

Ce graphique ille e ce daanage ai de mi de ma e ail 1944 e le adhin e n inenifie, da le dic a le membe d c leurs engagements. Ces dates mnen al mme e la dfaie de lAllemagne naie dans le conflit semblait de plus en plus proche et que la Milice échouait dans son projet, la Milice a attiré daanage dadhen. Le chantage réalisé par des chefs miliciens auprès de jeunes requis pour le STO, en les enjoignant à adhérer à la Milice pour éviter ce départ a nammen cndi ne hae d nmbe dadhen a inem 1944. Ceendan, la Milice a recruté en zone nord un maximum de 4 000 hommes et femmes, très loin des chiffres

188 escomptés par les dirigeants. Les dix membres du corpus étudiés engag de lanne 1943 uniquement des hommes i n adh aan linenificain de la ilence de lacin milicienne et son installation en zone Nord font partie de la pemie age dadhins, alors que le recrutement milicien était peu nombreux. Ces miliciens de la première heure ont principalement signé leurs engagements au cours des mois de mars, juillet et octobre, avec deux adhérents pour chacun de ces trois mois. La moitié de ces miliciens avaient un logement dans un autre département que le département de la Seine ; ils étaient domiciliés dans la zone sd, dan de lie d 1943 la Milice ai imlane e aai ec de adhen.

Une requête liant les fonctions occupées (responsabilités particulières ou sections daaenance) a les miliciens étudiés à leur âge, eme ddie le iain dan lganiain, mai galemen de inege le id de lge dan laibin de enabili e dan lengagemen acif63. En effet, si les jeunes engagés peuvent être présentés comme des laissés-pour-cne e idlgi, lanale gahie mne que nombreux occupaient des fonctions, notamment dans la franc-garde. Les responsabilités retenues concernent des postes de chef au sein de la franc-garde, mais aussi des postes dinece, de e adminiaif, ence leecice dacii feinnelle particulières notamment des cuisiniers ou des chauffeurs. 39 miliciens occupaient une responsabilité particulière dans la Milice ou étaient membres des sections franc-garde ou avant-garde. Acne femme d c na cndamne ai aaen lne de ce ecin, ni ccai n e de chef dinecteur. 67 % des membres retenus dans cette requête avaient moins de 30 ans au moment où ils ont adhéré à la Milice. Ainsi, les jeunes adultes étant plus représentés dans le corpus, ils sont aussi plus présents parmi les organisations de franc-garde et avant-garde cette dernière étant réservée aux moins de 18 ans. La catégorie « adolescents - jeunes adultes » apparait également prédominante lorsque ln aache lengagemen effecif a ein de la Milice. Ceendan, le fncins à responsabilité dans la franc-garde les chefs de section notamment se retrouvent davantage chez les plus de 30 ans. Sur le recrutement de la jeunesse, cela est particulièrement vrai pour ceux qui se sont ensuite engagés dans la Waffen SS64.

La ein de mbile dengagement entre miliciens et miliciennes semble également démontrer que bien que des différences perdurent entre les deux, elles sont trop fortes pour e le gene i li el n indicae d niea e d mif dengagemen. A travers tous

63 Annexe n° 10 : requête liant les âges aux positions occupées dans la Milice, p. 250-251. 64 CAPDEVILA, Lc, La e », op. cit., p. 8.

189 ces faits reprochés, les femmes apparaissent davantage maîtres de leur propre destin et sont dnc l facilemen ecnne enable e cable. Lagmen de la cnaine, de le faiblee de linflence dn mai, e aman a min de ie, mme i la tendance à lier le sort de la femme à celui avec lequel elle partage sa vie perdure »65. Cette ide amne dnc inege le agmen mbili a les miliciennes en sortie de guerre. Sur les 13 femmes faisant partie du corpus, deux justifient leur engagement par linflence, de a la caine, de a la cnicin, i nien e le ae denie aucun mobile particulier ne ressort. Les justifications sont donc plutôt éparses. Sur les 100 hommes du corpus, les mobiles qui dominent sont : la conviction idéologique (17), éviter de partir travailler en Allemagne (15), suivent des raisons professionnelles et pécuniaires (9) et linflence extérieure (7). Les autres mobiles sont plus éparpillés : le devoir national, les aspects sociaux et miliaie de lganiain milicienne. Le mbile jifian ladhin sont divers et variés, mais démontrent cependant la connaissance par les différents accusés des imaginaires dominant sur la Milice. Ainsi, cette connaissance leur permet de jouer sur laci. Il nn acn in e alemen ci la ali de le miain e de ace cmmi ce de le nifme. Le jgemen de lengagemen milicien e al le jgemen dn dic an e lign de miations réelles qui les ont men e la ignae d bllein dadhin la Milice. Finalemen, ce n le ai en chage de la cde dene e de jgemen cne lacc i adien ce i e e ne a ignifian dan le ace e lacc e ec dai cmmi66. Lineain de lengagemen e dan le main, ce e e eien la chage de dfini le deg de clabili de lacc en fncin d dic dnn a ce denie.

b. Engagements de conviction : la Mce e gaa a dae dans une trajectoire collaborationniste ?

Les principales motivations retenues sont au nombre de trois : la cnicin, lin e linflence67. Les deux dernières peuvent être mises en relation avec des situations sociales dont la mobilisation permet aux accusés de se dédouaner dans leurs discours du moins dne quelconque pensée antinationale et idéologie collaborationniste. Pour ce qui est de

65 CAPDEVILA, Luc, CASSAGNES, Sophie (dir.), Le genre face aux mutations : masculin et féminin, du Moyen-âge à nos jours, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003, p. 335. 66 ROUQUET, François, « Une corporation administrative face à la collaboration : cilgie dne ain symbolique », Guerres Mondiales Et Conflits Contemporains, n° 165, 1992, p. 119-144, p. 131. 67 BUTLER, M., J.-C., DELAPORTE, R., op. cit., p. 20.

190 lengagemen a ein de la Milice de ce indiid, la diincin établie par lhiien Pierre Gili cnie ne fme de lgie de diffen e dengagemen e n pouvons appliquer aux miliciens et miliciennes du corpus. Il retient « trois catégories de miliciens » : les « civils », les « militaires » au sein de la franc-gade e le jene de laan- garde68. Les miliciens membres de la catégorie des militaires faisaient partie de la branche para-militaire de la Milice. A ce titre, ils ont pu prendre part aux combats, à des actes de répression violents e le cllabain a eece le eain, dan de ediin e des arrestations notamment.

Dans le corpus constitué, nous comptons 27 individus membres de la franc-garde. Parmi ce denie, 11 diaien dn e enabili dn statut particulier au sein de la Milice, voire plus spécifiquement, pour certains, au sein de la franc-garde. Lganiain de la fanc-garde obéit à une répartition hiérarchique et géographique. Une dizaine est un groupement de 10 miliciens, une trentaine de 30, et une centaine de 100. Le chef de trentaine est un chef départemental et le chef de centaine est, un chef régional69. Trois « centaines » forment une cohorte. Ainsi, parmi ces 11 membres exerçant un poste à responsabilité dans la Milice, sont présents des chefs de dizaine, de trentaine, de centaine, mai ai de chef de che. Lengagemen de cee cagie dadhen occupant une place importante dans notre corpus est donc différent des premiers qui ont pu se cacher derrière des mobiles plus naïfs ou se justifier de nai aie à des réunions. Ceux qui se sont engagés dans la franc-garde sont moins disposés à user de ces arguments puisque, e, lengagemen a acif, le eain. La franc-garde concentre les représentations de la Milice, en gnal, e ce dic n ei dan la dfene dn acc i affime avoir « j ef dadhe la franc-gade, ce-à-dire à la Milice »70. Ces discours jifien nammen e la jice inee majiaiemen a ee lie cee aaenance, cmme lame e lnifme. A l 1944, la mbiliain de fanc-gardes ordonnée par Darnand a amen ceain milicien engage. And Tadan affime dean la jice il est « devenu franc-garde le 4 juin 1944 à la suite de la mobilisation de la Milice par Darnand », puis il a été nommé chef de centaine et a été « habillé, armé et affecté à une caserne de la ville ». En outre, avec sa fonction de chef de centaine, il a mené une opération contre le maquis de Bourgogne, au sujet de laquelle il dit : « je ne consentis à y aicie la condition que le rôle de la franc-garde de Bourgogne se bornait

68 GIOLITTO, Pierre, Histoire de la Milice, op. cit., p. 149-150. 69 AZEMA, Jean-Pierre, « La Milice », op. cit., p. 90. 70 AN, Z/6/210 : dossier n° 2581. 191 ecliemen ge le illage e an dan la ne dain »71. Suite à sa comparution du 8 mars 1947, André Tardan est condamné à 20 ans de travaux forcés, à 20 ans dindigni nainale e la cnficain de e bien. Les membres appartenant à la catégorie des « militaires n ce dn lidlgie liie a lengagemen e, certains, la franc-gade eene la ie dne ajecie liie, dele en amont.

A ce ca dengag dan le cmbat au sein de la Milice, nous pouvons également ajouter ce dn ladhin a ii ne ajecie cllabainnie dan lOccain. Adhe la Milice ne al ne ae dn engagemen en fae de la cllabain, porté par lanimiisme et laniblcheime, au cours duquel les individus ont adhéré à dae ganiain dn lidlgie e ache de celle dfende a Jeh Danand. Le tableau ci-dessous indique les différentes organisations vichystes dans lesquelles 37 accusés du corpus ecnnaien e engag, i 33% dene e.

Fig. 16 Engagement dans des organisations vichystes Organisations Nombre Légion des volontaires français 15 Légion française des combattants 6 Service d'ordre légionnaire 5 Equipes de la Révolution nationale 4 Amis de la LVF 2 Service d'ordre légionnaire tunisien 1 Légion tricolore 1 Amis de la Légion 1 Compagnons de France 1 Jeunes du Maréchal 1

Ainsi, parmi ces 37 accusés reconnaissant avoir galemen adh lOccain dae ganiain iche, 15 ont fait partie de la Légion des volontaires français, six de

71 AN, Z/6/372 : dossier n° 3904.

192 la Légion française des combattants et cinq du SOL. La légion des volontaires français contre le bolchévisme (LVF) est lganiain i eien le l. Le milicien ian cee trajectoire sont principalement des miliciens qui justifient leur engagement dans lganiain de Danand a ne idlgie aniblchie. Lengagemen dan la LVF e principalement le fai dhmme de l de 30 an e le ine, de n n aan 1920. Ladhin la Lgin fanaie de cmbaan e galemen le fai de milicien n aan 1920. Ce ac ma leme die n al le fi dne idlgie dévele aan lOccain e en amn de la liie de cllabain. P ce denie, lengagemen a nammen effece a ein de la Cagle de maaien i de lAcin Fanaie72.

La Milice fanaie an le ccee d Seice dOrdre Légionnaire (SOL), qui était lui-même issu de la Légion française des combattants73, certains ont suivi cette trajectoire collaborationniste74. Cet engagement peut être lié à la décision des dirigeants de la Milice, d incie dffice le membres du SOL, afin de gonfler les effectifs75. Cependant, ladhin ce gemen ne dien a lene dan la Milice. A la cain de la Milice, la direction prise par Joseph Darnand a été critiquée par de nombreux légionnaires qui nn a l intégrer cette organisation, soit car elle se trouvait en concurrence avec la Légion, soit car ils en réprouvaient la politique76. Au cours de son interrogatoire du 31 août 1944, le milicien Charles de Granval, âgé de 39 lors de son engagement dans la Milice, ecnnai, dean le ai de lain, e n engagemen milicien i ne ajecie dengagemen en fae de leme-droite :

Je dois vous dire que depuis mon plus jeune âge jappartenais aux formations politiques de droite et que depuis 1924 jétais affilié à lAction française. () dès que la Milice est venue en zone nord jai cru trouver dans cette formation la base dun mouvement social répondant à mes aspirations politiques. () Le salut milicien représentait pour moi, davantage le salut fasciste que le salut National-socialiste77.

72 JOLY, Laurent, « Dne gee lae. LAcin fanaie e le Jif, de lUnin ace la Rlin nationale (1914-1944) », Revue dhistoire moderne et contemporaine, n° 4, 2012, p. 97-124. 73 COINTET, Jean-Paul, La légion française des combattants : la tentation du fascisme, Paris, Albin Michel, 1995, 458 p. 74 S lallgeance de chef SOL la Milice, GIOLITTO, Piee, Histoire de la Milice, op. cit., p. 132-133. 75 DELPERRIE DE BAYAC, Jacques, Histoire de la Milice, 1918-1945, Paris, Fayard, 1969, p. 177. 76 ANGLARET, Anne-Sophie, La Légion française des combattants : sociabilités ordinaires et engagements politiques dans la Révolution nationale (1940-1945), thèse de doctorat, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2018, p. 285. 77 AN, Z/6/271 : dossier n° 3149.

193

La Milice est alors perçue comme une étape dans une trajectoire de long terme en faveur des idlgie facie dan lene-deux-gee cmme lOccain. Ce engagements dans des organisations vichystes de collaboration sont principalement masculins, puisque seule une milicienne est concernée. Elle était engagée dans la légion tricolore où elle occupait un poste de secrétaire.

Dae milicien ecnnaien an e n engagemen idlgie en fae de la cllabain imlemen, e nn dne idlgie facie cdan lOccain. Anine Mazza, âgé de 28 ans au moment de son engagement, reconnait au cours de son interrogatoire ai adh lidlgie de la Rlin nainale e la liie de cllabain. Il affirme que « dès la création de la Légion des Combattants (il a) sympathisé pour adhérer en mars 1941, (il a) fait ensuite partie du SOL. () Qand la Lgin a die e remplacée par la Milice, (il a) adhéré à la Milice »78. Lengagemen d SOL e la Milice était alors volontaire. Nous retrouvons un discours similaire chez Marcel Touron qui affirme : « je suis entré à la Milice ace e je faiai aie de la Lgin, Seice dOde Lginnaie Peignan. Je nai jamai adh acne ae ganiain liie »79. Ces engagements pour lesquels la conviction et le rapport idéologique à la Milice ne sont pas négligeables, ainsi que le fait que la Milice soit elle-même issue de la transformation du SOL en organisme aie, cniben limage selon laquelle certains dirigeants miliciens sont issus des milie danciens combattants conservateurs80. Cependant, 5 % seulement des 33 000 milicien emblen ai aaen alablemen la Lgin. Le fil dadhin de la Milice sont également très différents de ceux de la Légion où se retrouvaient davantage dhmme gés issus de milieux plutôt aisés81.

A ce ca cden, ajen galemen celle e ce i en l de le adhin à la Milice étaient inscrits dans un ou plusieurs partis politiques dan lOccain. 31 appartenances partisanes ressortent du corpus qui concernent 25 membres 23 hommes et deux femmes ie cin dene e aien engag dan lie ai liie. On emae ne nee dminain de laaenance a Raemblemen nainal laie

78 AN, Z/6/85 : dossier n° 1302. 79 AN, Z/6/230 : dossier n° 2795. 80 BUTON, Philippe, La joie douloureuse : la libération de la France, Bruxelles, Editions Complexe, 2004, p. 37. 81 Idem

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(RNP), le parti de Marcel Déat, avec 14 adhérents82. A ce parti, suit de près le Mouvement sociale révolutionnaire (MSR), fondé par Eugène Deloncle avec sept cas83. Enfin, quatre membres du corpus sont concernés par une adhésion au Francisme, le parti politique dirigé par Michel Bucard84. De femme d c n galemen cncene a lengagemen dans un parti politique. La première était engagée dans le RNP et le MSR, et la deuxième dans le RNP seulement. La première, Hélène Henriet de la Remblays, occupait dans ces partis politiques le poste de sténo-dacl e elle ecnnai a c de lene n engagemen a idéologie et ses « sentiments pro-allemands »85. Ces différents engagements dans des partis cllabainnie, anc leme die ien de ajecie liies et idlgie, faian ladhin a je milicien. Aini, le fil dengagemen de différents accusés dans la Milice sont extrêmement divers et le corpus étudié rend compte de cette réalité hétérogène et hétéroclite. A côté de ces engagements de conviction, pour lesquels la Milice emble e ne idence e la cnini dn ac engag liiemen leme die e dan le ganiain e memen iche e cllabainnie, e trouvent des miliciennes et miliciens pour leel lidlgie e la cnicin n de face alemen eje en ie de gee. Ce denie ilien dae face dadhin e laien ecei ne imane fange dengag a in e protéger du régime de Vichy et des mesures prises par ce dernier.

c. Egagee d e de ec, e c dcage ?

Dans lde d corpus, la catégorie de « civils e galemen, da le discours des accusés. Concernant cette catégorie, Pierre Giolitto ajoute que « leur activité militante les conduit simplement à participer à des groupes de réflexion, à assister à des réunions ou à des conférences, à se mobiliser pour telle ou telle cause humanitaire ou civique »86. Dans leurs justifications, certains accusés se présentent comme des miliciens qui e n cnen daie ele nin, inig a le gamme de la Milice, sans

82 DURAND, Yves, BOHBOT, David, « La collaboration politique dans les Pays de la Loire moyenne : étude historique et socio-politique du RNP en Indre-et-Loire et dans le Loiret », Revue d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, n° 91, 1973, p. 57-76. 83 GORDON, Bertram M., « The Condottieri of the Collaboration: Mouvement Social Révolutionnaire », Journal of Contemporary History, n° 2, 1975, p. 261-282. 84 JOLY, Laurent, « Fascisme et antisémitisme dans la France des années 1930 : une irrésistible convergence ? », Revue dhistoire moderne & contemporaine, n° 62, 2015, p. 115-136. 85 AN, Z/6/608 : dossier n° 5073. 86 Idem, p. 150.

195 avoir donné suite par un engagement quelconque. Cette justification est notamment affirmée par le milicien Albe Mel, g de 47 an, len ne a ein de la lice, il énonce : « mon rôle a consisté à assister aux conférences qui avaient lieu à la mairie de mon andiemen le jedi. J allai de em ae. Je naai acne fonction définie dans la Milice. »87. Il aje il ai aach aux idées politiques de Pétain, investi dans les équipes de la Révolution nationale e il ai la Milice cmme ccee de ce ie. Ces discours rejettent le caractère militaire et armé et ceux qui les prononcent cherchent à incie en e aec lame de la gee ciile 88 à laquelle se voue la Milice. En effe, a ein de la Milice e dan le chiffe dadhin, beac, ami ce i naien pas dans la franc-gade, aien de lnaie i ne aiciaien finalemen a lacii de lganiain menée sur le terrain contre des Français89. Ces miliciens participaient aux nin a aail dan le bea eec dan le cade d mainien de lde, mais nagiaien a dan la banche ame de la Milice. Ces adhésions dites civiles peuvent elie a le ael la mbiliain effec a ceain diigean milicien a dindiid i nadhaien a nceaiemen lidlgie volutionnaire promue par Darnand.

Ladhin din e me dean la jice a de milicien i ejeen motif idéologique dans leur engagement. Ainsi, la milicienne Colette Aubry affirme avoir « assisté à deux réunions et une fois à un cours sanitaire i aje elle na e aucune activité particulière dans cette formation e na jamai e dnifme. »90. Cette milicienne affirme pourtant avoir « acquis des idées germanophiles l dn j en Allemagne effec lOccupation. La clémence est finalement retenue par la cour de justice ielle e cndamne 5 an de dgadain nainale.

Des accusés qui revendiquent une forme de retrait vis-à-i de lidlgie milicienne, mais surtout vis-à-vis des représentation mie a la jice dain e linin le membe de la Milice, e dfenden daaeni a cagie eenaie dminane. Ce dic een e a laffimain de nai e acne fncin dan la Milice, mais égalemen a leein dne fme de naïveté quant aux objectifs de la Milice. Ainsi, le milicien Albert Morel, mentionné plus haut, affirme dans la suite de son

87 AN, Z/6/56 : dossier n° 917. 88 BENE, Kiin, Lame de la gee ciile : la milice fanaie , op. cit., p. 195-241. 89 Idem, p. 215. 90 AN, Z/6/180 : dossier n° 2300.

196 interrogatoire sa naïveté et son incompréhension face aux motivations de la Milice, dont il naait pas eu connaissance lors de son adhésion. En effet, il aurait « toujours pensé que la Milice était obligée de penser allemand ou plutôt de faire semblant et que les évènements futurs révèleraient ses vrais sentiments »91. Ainsi, dans ce discours tout en rejetant une aaenance lidlgie milicienne, il ciie cee idlgie e e iinne face a dic dminan la Milice, il ne eceai a a mmen de n engagemen.

Ces miliciens auraient été dupés par Darnand et ne se seraient pas rendu compte de la ali milicienne, ali dfinie en ie de gee a le ai de lain. A c de son interrogatoire le milicien Antoine Piochet reprend ce mécanisme de défense. Il justifie dan n emie em n adhin lrganisation de Darnand « dan le b de ile la communauté nationale car [il avait] confiance dans la propagande qui était faite alors et qui représentait la milice comme une formation nationale »92. Il aurait été dupé sur les buts réels de la Milice et son avocat reprend le même système de défense en indiquant aux autorités de lain e « l de lindcin en ne nd de ce ganime, enne ne connaissait son rôle exact et ses tendances ni ne pouvait prévoir les faits qui lui ont par la suite valu sa sinistre réputation. Au contraire, les pouvoirs publics et la presse vantaient ses mérites. »93. Cee jificain inge dan la ln de mee en aan n demen pour la nation tout en niant tout lien avec la conception de la Milice elle elle e ecnne a linin. Aini, ce milicien e le aca dnnen de ne aende en jice iil e iinnen en accd aec le dic dminan en affiman e ie en retrait de cette idéologie milicienne, aian al la haine de linin e de la jice.

Lide d demen nainal, de laachemen la aie e galemen n lmen maan de ce dic. En effe, cela eme en e iinnan en eai de lidlgie milicienne, de cnide lace dadhin cmme n ace denaide ciale e daide la nain. En bef, ce jificain nien alemen laec liie de la Milice, an lin de aben de e dic e de a agande. Dean le ai judiciaires, le milicien Egne Lambe, fficie en eaie, inge dan cee hie. A c de n interrogatoire du 12 décembre 1944, il affirme :

91 AN, Z/6/56 : dossier n° 917. 92 AN, Z/6/228 : dossier n° 2776. 93 Idem.

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Je considérais en effet quil était de mon devoir, pour rendre service à la collectivité de participer dans la mesure de mes moyens au maintien de lordre et daider la police dans sa tâche. Dans mon esprit la Milice était seulement une force supplétive destinée à assister larmée régulière94.

Dan n dic, le milicien Lambe aie la mie en aan de e enimen naina dimine la e idlgie de n engagemen. Ceendan, lai de la police et des témoins semble tout autre puisque dans un rapport de janvier 1945, il est mentionné comme « très mal considéré, sa conduite ainsi que sa moralité sont mauvaises ». Il est perçu comme antibolchévique et de sentiment pro-allemand. Ces rhétoriques de défense paraissent ainsi peu efficaces quant au jugement des juridictions dain et aux affirmations des témoins.

Parmi cette justification du détachement vis-à-i de lganiain milicienne e de e incie e ide, affiche a ceain acc a c de lene, e e le ca de ceux qui disent avoir adhéré uniquement pour ne pas partir travailler en Allemagne dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO). 15 membres du corpus affirment au cours de le inegaie e ce cee ain il n adh la Milice. Ce denie affirment e engag a c de lanne 1944, incialemen ene le mi de janvier et avril. Ceendan, ene dean la jice lengagemen dan la Milice cmme nie men die le STO cache le fai en ali, ce nai a lnie men, puisque ces miliciens pouvaient être réfractaires95. La miain iniiale dne adhin ie le STO nemche a ce milicien de deeni de membe incia de lganiain e de innaie96. Elle ne peut donc être un mobile unique de lengagemen dan la Milice e de ace effec lnifme. Cette adhésion doit être mise en relation avec la stratégie de recrutement menée par la Milice qui, du fait de ses difficultés à fédérer massivement, emploie des méthodes particulières pour accroitre le nombre de ses membres. Dans cette stratégie, faire du chantage aux requis pour le STO entre en jeu et « nombre de chefs miliciens, en présence de jeunes venant de recevoir leur feuille de route, leur ont mis le marché en main : ou le travail dans une usine allemande, ou la belle vie dans la Milice »97. Cela a cnib gnfle le chiffe dadhins a c de lanne 1944, incialemen chez les jeunes gens.

94 AN, Z/6/64 : dossier n° 1016. 95 COINTET, Michèle, La Milice, op. cit., p. 76. 96 SPINA, Raphaël, « Chapitre 30. La galaxie des refusants », Histoire du STO, Paris, Perrin, 2017, p. 355-366. 97 GIOLITTO, Pierre, Histoire de la Milice, op.cit., p. 162.

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Aini, a c de n inegaie n acc daaenance la Milice affirme, au sujet de son engagement et de deux autres membres de sa famille, arrêtés au même moment :

Si nous avons tous trois donné notre adhésion à la Milice, cest que nous étions menacés dtre requis par le STO. Nous naurions plus de personnel et les Allemands parlaient de fermer la maison et de nous envoyer tous trois travailler en Allemagne même mon père malgré son âge. Nous avons adhéré à la Milice comme bénévole98.

Ce eai dinegaie ille e ce n le menace de da e la ncessité de maineni lacii feinnelle i jifieaien ladhin la Milice. Liliain de ce discours est également un moyen de faire la preuve de ses sentiments nationaux en faisant de lAllemagne n ei, dan n cnee dain où les actes de collaboration sont amen lAllemagne e a ien i a a a ai naie99. Cependant, ces i acc n le cllabain jà commettre des sévices sur des Français et partir e lE l 1944, endan cee jificain insuffisante pour se dédouaner. Cette jificain de liemen d da le STO peut également être mise à profit par les accusés pour faire valoir la défense de leurs sentiments nationaux comme dans la défense énoncée par le milicien Marc Tisseau : « je nai a agi a idal liie mai niemen pour ne pas partir en Allemagne »100. Néanmoins, cette justification est parfois insuffisante a e de la jice dain, nammen le ladhin effecie e le acin menées dans la Milice sont allées au-delà dne imle ignae ie de ai aaille en Allemagne. Aini, dan le de fai lu en cour de justice avant le vote des sanctions attribuées concernant le milicien Marcel Yvain, ayant donné la justification de la caine de ei le STO, e meninn il « semble avoir adhéré en réalité à la Milice dan le b dbeni de ece l imane ca il e liai di-on à la vente illicite de produits contingentés sous le couvert de sa carte de milicien »101. Cela illustre le fait e liliain de ce mbile e emee de cache dae ain leelle la justice pourrait être plus sévère. Liliain dan le dic de la dfene de lacc dlmen e e enimen naina ille le imbicain dan le mhe résistancialiste. En effet, pour ces différents accusés, le fait de chercher des faits qui leurs sont faable e an il aien de bons Français », qui ont agi pour la Nation en aidant réfractaires et résistants, reflète la prééminence du mythe résistancialiste en sortie de guerre.

98 AN, Z/6/305 : dossier n° 3391. 99 VERGEZ-CHAIGNON, Bénédicte, Histoire de lépuration, Paris, Larousse, 2010, 608 p. 100 AN, Z/6/497 : dossier n° 4646. 101 AN, Z/6/63 : dossier n° 1008.

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Lde d c een lanale gahie amne inege, en histoire sociale, sur les trajectoires de certains miliciens et miliciennes, au prisme de leur jugement. Cette étude permet alors de confronter les points de vue stigmatisant et dominant sur le groupe, à travers la perception que les archives produites par la cour de justice de la Seine en donnent.

Le ajecie ciale i n men ladhin i a jgemen ce 113 acc de collaboration varient et lanale de la composition sociale du corpus a permis de montrer les différents types de profils qui dominent. Même si cette analyse prend comme point de da le jgemen niif de lain e nn la cmiin effecie de lganiain de Darnand lors de son activité, elle inege la cniin de la Milice, lOccain, dans le département de la Seine principalement. Le ressort de ce département reste primordial dan lanale iil enie la cllabain licie e la lice liie i adien de la Milice au moment de son installation en zone Nord. Les adhérents étaient alors majoritairement des jeunes garçons, exerçant des activités professionnelles dans le secteur eiaie. I de famille engage leme die, lai-pour-compte dans la société fanaie, incialemen ie la dfaie de 1940, lengagemen milicien représentait un men daffimain, cmme ne possibilité de gain financier. Cette analyse démontre également les alibis, les discours, mis en avant par ces miliciens et miliciennes, revendiquant ceain lidlgie liie, animie e aniblchie, andi e dae, la nae e linacii een le men de bnficie de ancin min lde. Finalemen, ce i ime dan le cnee de lain ee la mie en aan de enimen naina afin de e la fige d maai Fanai e le ai de lain en généralement sur eux.

Ces différents individus aux profils divers doivent ensuite rendre des comptes sous lain dean la jidicin d daemen de la Seine des différentes raisons qui les ont engage dan la cllabain. La mobilisation de leurs discours sur leur propre engagement relève alors du jugement de la cour. Les enquêtes et différentes procédures précédant le jugement doivent alors amener à la détermination dchelle de clabili de lacc. Cela ae a le cde daeain, i dene e enfin la cmain devant la cour de justice. Lanale ielle amne inege le dlemen de ce procédures en elles-mêmes, mais également sur le devenir du groupe étudié, lorsque ses membe elen de la jice aniinnelle de lain.

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Chapitre 6. Des procès de miliciens et miliciennes en cour de justice : la collaboration en jugement

Les miliciens et miliciennes n dmai jg a la jice dain collaboration, trahison et atteinte à la sûreté extérieure de lEa crimes dont ils se sont end cable dan lOccain. Le indiid nn daatenance à la Milice française font d l lbje dene plus ou moins longues afin de demine dne a i laaenance e elle e ace ; e dae a les faits et comportements reprochés à lacc. Ainsi, après avoir analysé le groupe social au prisme des trajectoires menant à lengagemen, n deime an de ce ajecie ea di dan ce chaie. Le die de jugement étudiés pour les 113 membres composant le corpus contiennent les informations propres au déroulement de cde, de laeain lelle a lie à la comparution. A travers différents interrogatoires, preuves et témoignages, la justice détermine la culpabilité du collaborateur et de la collaboratrice, et en fonction de la perception de cette culpabilité différentes sanctions de durées variables sont attribuées aux accusés de collaboration avec la Milice. Le ajecie dengagemen n al die a ime de la condamnation en elle-mme dn lanale aniaie dnne n ae de la ituation des miliciens et miliciennes en sortie de guerre, après leur condamnation. En effet, la comparution constitue la dernière étape chronologique aux rejets et condamnations étudiés dans les discours et les opinions dans la société, comme en justice. Ces comparutions ont toutes lieu, en dernière instance, devant la cour de justice du département de la Seine. Les 113 individus étudiés dans ce corpus ont comparu en leur présence ou par contumace devant la cour de justice de la Seine entre le 14 mai 1945 date des deux premiers procès1 et le 20 novembre 1950 dae d denie. Le jgemen de la c de jice di cme aec lhgni de fil e de ajecie, mai aec le diffene chelle dengagemen e leur évaluation, malgré le manque de preuves matérielles, ainsi que le manque de connaissances la ce de lganiain diige a Jeh Danand.

La inciale ein dan cee aie e de ai i lhmgni de représentations relatives aux miliciens et miliciennes a une incidence sur leur jugement. Autrement dit, sont-il jg de la mme manie ? Le diffen deg dengagemen des 113 individus composant notre corpus sont-ils pris en compte dans leur jugement ? A ces questions sur les groupes des miliciens, nous pourrions également ajouter une interrogation

1 Archives nationales (AN), Pierrefite-sur-Seine, Z/6/44 : dossier n° 750 ; Z/6/42 : dossier n° 723.

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la jice dain : ne nme en eme de cde e de ce e-elle de lanale ? Qelle e la de de cde ? Qui sont les différents acteurs prenant part à ces procédures ? Enfin, après le déroulement de cette épuration dans la cour de justice de la Seine, quadien-il des miliciens et miliciennes ?

Ce diffen einnemen amnen dabd lanale de cde, allan de la recherche des collaborateurs et collaboratrices à la comparution, en passant par les ce dene. Enie, le ancin ee a le milicien e milicienne e la question de leur trahison nationale jugée par la cour de justice de la Seine seront étudiées. Enfin, lde de ce diffene ajecie e cde allan j la cndamnain ou laciemen ele galemen de ce il ee de la Milice en ie de gee e de lde de laeni de ce ge ae ce en dien le achives de la cour de justice du département de la Seine.

A. A c de cde, ee e e ece

Lanale de die de jgemen e galemen a ime de cde épuratoires précédant la comparution devant la cour de justice de la Seine. Ces procédures se composent de la recherche des collaborateurs, de leur arrestation, puis des différents interrogatoires menés afin de recueillir des informations sur les comportements et actes an e ech a diffen acc daaenance lganiain de Danand. Ces procédures en fonction des accusés peuvent être plus ou moins longues, et peuvent nceie l min de dmache e dinegaie. Lde de ce cde e de le de nammen amnen inege le dlemen d ce niif de condamnation des accusés, mais également à la manière dont les miliciens et miliciennes se iinnen face la jice. En dae eme, ce le mmen affnen les représentations stigmatisantes du milicien et le discours produits par les accusés, et les cde mene a le ai de lain doivent permettre de trancher entre les deux.

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a. Trouver et interroger les collaborateurs

A ai de l 1944, le cllabae n echech le eiie nainal e lange ce aan i la fie. Cette recherche, menée avant la création des diffene jidicin le eiie fanai, ganie dan ne hae inene lain e ememen aende e le ael la dnnciain e a mee de collaborateurs se multiplient. La recherche des collaborateurs pren en Fance l 1944 mne al diffen cafillage, nammen a de linenemen adminiaif dan différents camps2. Différents acteurs issus principalement de la Riance ineien dan cette recherche intense afin de procéder aux arrestations des collaborateurs. Alors que le processus épuratoire est en cours, la situation des collaborateurs est instable et les arrestations peuvent conduire dans ce cadre à des scènes insurrectionnelles, notamment dans la capitale parisienne3. Ainsi, cette confusion des institutions chargées des arrestations se retrouve dans le corpus étudié, puisque différents acteurs sont comptabilisés comme prenant part aux procédures lie laeain e la mie en inenemen de miliciens.

Fig. 17 Acteurs en chage de aeain dan le cade de lain. Acteurs Nombres absolus Pourcentage (%) Non renseigné 56 49,6 Police 16 14,2 Sécurité militaire 14 12,4 FFI 11 9,7 Constitué prisonnier 6 5,3 Gendarmerie 3 2,6 Anglais 2 1,8 Comité d'épuration 2 1,8 Partisans italiens 1 0,9 Comité Libération 1 0,9 Milice patriotique 1 0,9 TOTAL 113 100

2 PESCHANSKI, Denis, La France des camps : linternement, 1938-1946, Paris, Gallimard, 2002, 549 p. 3 TODOROV, Tzvetan, Une tragédie française : été 1944, scènes de guerre civile, Paris, Seuil, 2004, 169 p.

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Nef ace diffen n chag de laeain de ce 113 milicien, tandis que certains se sont eux-mêmes constitués prisonniers, en se présentant de leur plein gré aux ai licie, e dae nn jamai erouvés donc jamais été arrêtés. Dans le c, la lice e chage de 16 aeain, la Sci miliaie de 14, le Fce Françaie de lInie (FFI) de 11. Ce i ace dminen iil n cncen a 36,3% des arrestations. Six miliciens se sont quant à eux spontanément présentés aux autorités de lain afin de e cnie innies. La ence dace très divers contribue à dnne ne imein dabence dganiain dan ce cde mene en amn de procès. Cependant, telle est la situation à la Libération principalement dans laquelle le pouvoir est dans les mains de plusieurs organisations issues de la Résistance, voire pour être plus juste de iance, i elen e ende en chage lain4. En effet, à cette période des ce lcale (en daemenale) e cnien lenemble d eiie aec pour vocation dganie le aeain e l gnalemen lain de cllabae5. La création de ces structures locales encadrées majoritairement par des résistants est en partie liée à la compromission des policiers et gendarmes dans la collaboration et donc au peu de confiance qui leur est alors accordé.

A ein d c, la ence de ce ai diffene an cce de cde daeain e dene mene cne ce indiid, mne n i nn centralisé à la Libération, du moins pour ce qui est de la prise en chage de lain. P le aeain de milicien ene ai de lanne 1945, la sécurité militaire, la police et la gendarmerie constituent les principaux acteurs en charge de ces procédures. Ensuite, la sécurité militaire ne gère plus ces arrestations et seuls restent la police, la gendarmerie, ainsi e le Alli le le aeain ne effecen a le eiie nainal. La situation se centralise alors davantage, au fur et à mesure que ln ligne de la Libain e de la confusion des pouvoirs caractérisant fortement celle-ci. La IVe République se met en place et le diffen ge am de iance i aaien i en chage lain en 1944 n dissous6. Les 11 arrestations aux mains des FFI dénombrées plus haut concernent donc niemen de aeain ene ene l e la fin de lanne 1944. Dan cee ide de l 1944, le aeain de milicien n maie. Pa la ie, le cde de sortie de gee e nmalien e le jidicin de lain eennen le de la

4 DUGUET, Laurent, Incarcérer les collaborateurs. Dans les camps de la Libération. 1944-1945, Paris, Vendémiaire, 2015, p. 68. 5 ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, Les Françaises, les Français et lÉpuration. De 1940 à nos jours, Paris, Gallimard, 2018, p. 155. 6 Les FFI sont dissoutes en septembre 1944.

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« revanche patriotique »7, pour procéder dans le cadre légal et judiciaire prévu aux jugements des miliciens et miliciennes.

Lde de cde jdiciaie de lain amne inege le chnlgie daeain, daan l lil e ein de milicien i n ceain ii e nd lael de Danand de fi e lE. Le graphique ci-dessous ene llin d nmbe daeain a anne, cncenan le membe d c étudié.

Fig. 18 Elin a anne d nmbe daeain.

50 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 1944 1945 1946 1947 1948 1949 1950

Ainsi, les miliciens et miliciennes composant le corpus ont majoritairement été arrêtés a c de lannée 1945, avec 45 arrestations. Suivent de très près 1944 avec 37 arrestations et 1946 qui en compte 14. Les arrestations effectuées en 1944 se sont très majoritairement alie a mi da (16). Aini, cela migne de lgence du contexte de sortie de guerre où la recherche e laeain de cllabae e l cifiemen de milicien sont une priorité et leel le ael dnnciain e lain n maif. Le miliciens symbolisant à eux-seuls la collaboration et la tahin, le aeain e l 1944 une priorité. Il ne se dégage pas de mois particulièrement important en nombre daeain lanne 1945, mme i ce a printemps principalement les mois de mai et juin que les miliciens du corpus arrêtés au cours de cette année sont les plus nombreux. Ensuite, les arrestations sont bien moins nombreuses en ce qui concerne le corpus, mais la echeche de cllabae e nammen de milicien, cnine en Fance e lange.

7 ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, « La revanche patriotique », Les Françaises,, op. cit., p. 98-142.

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Les membres du corpus qui se sont engagés dans la Waffen SS l 1944, ian le de de Jeh Danand de eli e lE, n fi en ie de gee e les procédures sont l lnge. En effe, la echeche de cllabae dan dae eiie e de difficultés et ralentit les procédures. Ainsi, pour ces membres de la brigade Charlemagne de la Waffen S.S., le aeain e fn daanage en 1945 (e) e en 1946 (cin), le denie na jamais été arrêté et a été jugé par contumace le 18 mars 1948. Le milicien ja- bie n cha lain die ea-légale, mais ont pu le plus souvent être retrouvés a la dfaie allemande e cndamn a le jidicin de lain. Ceendan, le miliciens qui sont restés en France en 1944 e i nn a chech fi la jice, ean aini beni de cicnance anane, naien dj a le milicien le l cm dan la cllabain, mai ce i n bi linflence de la eenain cllecie e de lagacement général vis-à-vis des miliciens. Ces miliciens ont donc été les premiers touchés a le age daeain de l 19448.

b. De aea a ca : le temps des procédures

En sortie de guerre, à la suite de laeain dacc de cllaboration, différentes étapes précèdent la comparution devant magistrats et jurés de la cour de justice de la Seine. Pami ce ae, i n ene dan chacn de die leel lacc a effeciemen e e a : laeain, le anfe la main da de Fene, j cd dne emie cmain, enfin linegaie e la cnfnain, aec les témoins notamment9. Le em lng e demen c de linenemen10 ne a retranscrit dans les dossiers de jugement du fonds Z/6. Cependant, différentes études ont dmn limance de ce inenemen dan le ce dain. Les autorités françaises réinvestissent des camps et prisons situés sur le territoire national qui ont servi à lation menée par le régime de Vichy11. Ce lie een la Libain linenemen

8 LAURENS, And, Le hnmne milicien en Aige e llin de e eenain dan linin , Revue dhistoire de la Deuxime guerre mondiale et des conflits contemporains, n°131, juillet 1983, p. 3-23, p. 22. 9 Dans certains dossiers, plusieurs procès-eba dinegaie e de cnfnain n en, dan le ca la jice demande de cde ne ene l abie aan la cmain afin dbeni de nuvelles informations. Annexe n° 11 : procès-verbal de première comparution, p. 252 ; annexe n° 12 : procès-ebal dinegaie e de confrontation, p. 253. 10 SAINT-GERMAIN, Philippe, Les prisons de lépuration, Paris, Publications Henry Coston, 1951, 214 p. 11 N n nammen meninne le de de Deni Pechanki linenemen, nammen a he dHDR : Les camps français dinternement. 1938-1946, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2000. Il y a aussi

206 des collaborateurs et collaboratrices français. Un article de Libération du 31 août 1944 mentionne cet internement et affirme que « 1700 collaborateurs notoires ont pris au Vel dHi la place des déportés »12. Ainsi, les lieux marqués par la répression du régime de Vichy sont, sans transition, ili, nammen afin de ei linenemen adminiaif des individus condamnés par la justice à partir de la fin de l 194413. Certains internés expriment le fai il aaien bi le mme cndiin dinenemen e ce i le avaient précédés e meen en aan lide dne continuité quant au mode de vie des internés dans ces lieux14. Piil agi de faire acte de justice, cette continuité traduit une volonté de la a de ai de faie bi a nea cndamn n gime dinenemen cendan a ide mme de lain, c'e-à-die de le ni dne a e daaini la ci fanaie dae a.

La ide de linenemen ne a ne ide eene lanale bien e, dans le département de la Seine, elle ait concernée la majorité des accusés, internés dans les centres de Drancy, le , la caserne de Saint-Denis et la caserne des Tourelles15. Les traces de passage par ces centres ne sont que très rarement présentées dans les dossiers retenus e ne emeen a de le die dan lalain de cde dain. Les différents centres dinternement suivent une typologie spécifique. Toutefois, dans les sources, la diffence ene le main da, le lie dinenemen e le cene de détention provisoire pour ne citer que ces exemples ne pas précisément marquée, et leni de accusés miliciens dans ces différents centres non plus. Néanmoins, il y a un aspect i e dan chae die : lincacain Fene ccdan, dans le dossier, au procès-verbal de première comparution. Cette incarcération, Henry Charbonneau la raconte ainsi dans ses mémoires :

A Fresnes jentrais dans une vaste prison politique, qui était à la fois la Bastille et la Conciergerie du Régime. Pour moi, cétait presque une promotion ! En juin 1945, avoir son domicile légal aux prisons de Fresnes, cest un peu faire partie du Tout-Paris et participer en quelque sorte à la Grande Saison. Les six mille personnes qui villégiaturent ainsi au voisinage de la Croix de Berny constituent une société peut-être un peu « mélangée » car le

lde de Bndice Vege-Chaignn lincacain Fene, dan Vichy en prison. Les épurés à Fresnes après la Libération, Paris, Gallimard, 2006, 424 p. 12 AN, 72 AJ 2109 : Libération, 31 août 1944. 13 DUGUET, Laurent, Incarcérer, op. cit. 14 ALARY, Eric (dir.), Les Français au quotidien, Paris, Perrin, 2006, p. 578. 15 ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, Les Françaises,, op. cit., p. 171.

207

Pouvoir y entretient pêle-mle ses adversaires, ses suspects et beaucoup qui ne sont ni des uns ni des autres16.

La main da de Fene e n lie maje en ie de gee ca ce lendroit où se retrouve n nmbe iman de cllabae liie jg a c de lain. Elle acceille l 1944, an diincin, de inen, de ec, de incl17. Le Waffen SS Christian de La Mazière y a également été interné. Il développe un discours sur la main da de Fresnes, plutôt similaire à celui de Henry Charbonneau : « en 1945, Fresnes ai la in la l mdene de Fance. () Cai la in liie, gne ne certaine forme de civilisation. Pour moi, qi ai dn nie de mdici e de haine, n vrai soulagement. »18 Aini, af ca eceinnel, lenemble de cndamn cmi dan le c aien den la main da de Fene ene la date de leur première comparution devant les autorités judiciaires e le jgemen. Cee main da, ie al dan le daemen de la Seine, ajdhi d Val-de-Marne (94), est une plaque nane d ce dain. Da les chiffres dnn a lhiienne Bénédicte Vergez-Chaignon, 18 000 inculpés pour faits de collaboration y ont été internés en trois ans à ai de l 194419. Elle précise également dans son étude sur la prison de Fresnes que cai n lie de cnegence le ca elean de la gin aiienne ou revêtant une portée nationale »20. Cela elie dnc cee edndance ie lenemble de indiid devant être jugés par la cour de justice de la Seine relèvent de ce département ou ont commis des actes ayant une portée nationale.

c. Des durées de procédures variables : entre normes et retards

Les trois étapes laeain, linenemen Fene, e linegaie de confrontation sont présentes dans lenemble de die (af le ca de jgemen a contumace) et constituent par conen le dae eene afin deffece de calcl de durée de ces procédures. Dans la plupart des cas, un laps de temps de neuf à treize mois entre la dae laelle lacc e a e celle à laquelle a lieu le procès final devant la cour de justice de la Seine parait être la période moyenne. Cela semble être la norme. Néanmoins,

16 CHARBONNEAU, Henry, Les Mémoires de Porthos, Tome II, Paris, Librairie française, 1981, p. 215. 17 VERGEZ-CHAIGNON, Bénédicte, Vichy en prison, op.cit. 18 LA MAZIERE (de), Christian, Le rêveur casqué, Paris, Robert Laffont, 1972, p. 209. 19 VERGEZ-CHAIGNON, Bénédicte, Vichy en prison, op.cit. 20 Idem, p. 119.

208 cette durée ne concerne pas tous les cas. Dans notre corpus, plusieurs individus arrêtés sont restés bien plus longtemps internés avant de passer devant la cour de justice de la Seine, comme Alfred Moriau, arrêté le 29 août 1944 pour appartenance au RNP et à la Milice, ainsi que pour dénonciations21. Sa comparution devant la c de jice de la Seine naa lie e le 6 novembre 1945, soit 14 mois plus tard. Dans son dossier, un document issu de la Cmmiin dEain aaai aicliemen iman jifie cee lnge de. Dans celui-ci, adressé à « Monsieur Laurent, commissaire du gouvernement », on relève que :

Il est tout de même anormal que le juge dinstruction, sachant le retour de ces malheureux [des déportés politiques arrêtés du fait du suspect dont nous traitons et de sa femme, NDLR] ne puisse prendre des décisions effectives envers ce ménage. () Je vous prierai Monsieur le Commissaire de bien vouloir agir avec énergie auprès du juge dinstruction qui a cette affaire en main, ou de la repasser à un autre qui naura pas de parti- pris contre les témoins22.

N cmenn dnc e ce ead dan la cde elie a n blme de neali de la a d jge dincin al en chage de laffaie. Ceendan, le die ne contient a dinfmain l cie le e de ce cie. Ree e, lacc a finalement été condamné à mort mais sa peine a été commuée. Un autre individu de notre c a fai lbje dne lnge cde. A le 10 cbe 1944, il cmaai devant la justice le 25 mai 194623. Pour son cas également, le motif darrestation est pluriel iil ai galemen nn dai aid la Gea. Le in cmmn de ce de cas est que la longueur de la procédure est certainement liée à des dossiers plus complexes à traiter, puisque les individus sont soupçonnés de plusieurs actes de collaboration.

Les durées peuvent être rallongées en raison de manque de communication entre les différentes cours présentes sur le territoire et pour des questions relevant de la centralisation des dossiers dans le département de la Seine. Certains miliciens ne sont pas arrêtés dans ce daemen, mai dien e anf. Dan ce ca, laffaie a dbe dan de cmmiaia de lice lign le eiie nainal e la c al en chage de laffaie di cde ne dnnance de deaiiemen afin e laffaie car elle est considérée cmme dimance nainale ca de fai ech a acc e n dl dan

21 AN, Z/6/113 : dossier n° 1647. 22 AN, Z/6/113 : dossier n° 1647, dcmen d iden de la Cmmiin dEain de Sain-Maur-des- Fossés, du 26 juin 1945. 23 AN, Z/6/114 : dossier n° 1651.

209 un autre département soit transférée dans le département de la Seine. Le milicien Hugues Adam eleai a cmmencemen de lene de la c de jice de la Rchelle, iil figurait dans les listes de collaborateurs émises par le département de Charente-Maritime24. Pourtant, il est arrêté dans le département de la Seine et transmis à Fresnes, alors même que lene e iai dan le cmmiaia de la Rchelle. La c de jice de Chaene- Maiime di al cde a deaiiemen de laffaie. Ce ca ille le cmlicain e een enaine labsence de communication entre les deux départements, puisque les echeche e iaien dan ln, andi il aai a dan lae.

Enfin, n denie ca aicliemen mblie, ie ce celi leel le la de temps écoulé ja c a le l lng : a le 19 eembe 1944, il ne jg que le 4 novembre 194725. La procédure a donc duré plus de trois ans. Il a été jugé en même em n ae indiid e ln ee dan le mme die e i aai djà jugé a cnmace, aan de e. La jice aai aend de mee la main le deuxième suspect pour procéder conjointement à leur procès. Dans certains cas, la cour de jice de la Seine e dnne n lmen dinfmain afin dafndi lene e dbeni daanage dinfmain le niea de clabili de lacc e n cmemen lOccain. Aini, dan le die d milicien Cchinaie, dlg officiel de la Milice à Nancy, puis chef de trentaine en Bretagne, arrêté le 30 septembre 1949, qui avait déjà été jugé deux fois par contumace par les cours de justice de Poitiers, puis de Nancy, devait finalement comparaitre devant la cour de justice de la Seine le 4 mars 1950, en présence de témoins, mais la cour demande n lmen dinfmain26. Un nouvel inegaie de cnfnain e effec e lacc cmaai enie le 22 jille 1950. Ce eemle illen il ne e ai de nme en emes de durée des procédures. Cela dépend des cas, certains sont bien plus longs à traiter et compliquent de fait la volonté dne ain be e efficace.

Ce ae en amn de la cmain, e lene e linenemen de cllabae, incien dan n cade afi difficile aisir dans les archives judiciaires, ce i dmne de la difficl le inance mme de lain de ge n em c lenemble de ce dmache27. Ce une période particulière, dans laquelle ce qui

24 AN, Z/6/304 : dossier n° 3380. 25 AN, Z/6/138 : dossier n° 1938. 26 AN, Z/6/868 : dossier n° 5802. 27 « Deux impératifs sont donnés aux cours de justice : frapper vite et frapper fort » : VERGEZ-CHAIGNON, Bénédicte, Histoire de lépuration, Paris, Larousse, 2010, p. 375.

210 ime e dene aidemen r la culpabilité et les échelles de compromission des accusés de collaboration afin de procéder à la comparution devant la cour de justice. L'étude des chronologies de comparution fait apparaitre une prédominance des années 1946 et 1945 dans les dates où les plus grands nombres de jugement des membres du corpus ont été rendus :

Fig. 19 Répartition par années du nombre de comparution devant la cour de justice de la Seine. Années Nombres absolus Pourcentage (%) comparution 1945 34 30,1 1946 45 39,8 1947 16 14,2 1948 3 2,6 1949 1 0,9 1950 4 3,5 Non renseigné 10 8,8 TOTAL 113 100

Ainsi, plus des deux tiers des accusés composant le corpus ont comparu devant la cour de jice de la Seine en 1945 e 1946. Ce le mmen la cour de justice de la Seine a eu le l de ca a g e le cmain enchanen femen. Ceendan, lde de la de em ene la dae de laeain e la dae de jgemen mne e ami le membe du corpus jugés en 1947 et après, sept ont été arrêtés entre 1944 et 1945. Ainsi, dans certains ca la nme ne idemmen a effecie e le em de cde emblen allng. 16 membres du corpus sont concernés par des comparutions par contumace. Celles-ci se sont déroulées ente a 1945 e jille 1950. Il n a a de a diec ene le ancin nnce a cnmace e celle nnce le lacc e en. Pami ce 16 ca, 44 % n cndamn m l de cee cmain, mai acn dene eux la eine caiale na eene l de la cmain en le ence. Aini, le cmain attribuées aux accusés par contumace ne peuvent être rapprochées de celles attribuées en présence des accusés28.

28 ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, Les Françaises,, op. cit.,p. 183.

211

B. En comparution, des sentences avant tout conjoncturelles ?

« P elie linchence de ce jgemen cceif, le el fil cndce e e, je ci, dan de diffence dmlmen i n imeinne le j »29. Dans son journal, Galtier-Biie aie de ce il i cmme ne inchence dan laibin de eine e ancin a le jidicin de lain. Le jgemen de milicien e miliciennes ne eaien al n jgemen de fai la mahie la cance dan le mbile nnc a lacc. En c de jice, le ai de lain jgen la cllabain e laeine la ci eiee de lEa. Ce en dae eme ace de « lèse-liberté-égalité-fraternité »30. A ae ce jgemen, ce i e i, ce le Vich « fasciste », « la fascisation politico-licie de Vich () incane dan de hmme e ne institution, la Milice »31. Le passage devant la cour de justice de ces individus soupçonnés dai aaen cee ganiain facie aaai dnc cmme une condition nécessaire au rétablissement de la République. Le jugement de la collaboration orchestrée par la Milice fanaie e e membe ae al a laibin de ancin, eenan cee épuration légale dont la mise en place suit la volonté de sanctionner légalement, sur des fondements apaisés et sans violence « extra-légale . Le cade dan leel dien ce sentences est celui de la cour de justice de la Seine où, lors du procès, après la lecture de le de fai, les jurés e magia dien nde de la clabili de lincl e dcide il a nn de cicnance anane32. Dan lde de ancin prises, ces dcmen elaif a c n dabd mi en aan limein de ancin aimen identiques et labence de ie en cme de diffene chelle dengagemen. Ceendan, cette impression développée en archives au moment même de la consultation de ces dossiers se retrouve-t-elle réellement quand on analyse un corpus plus en détail ?

a. Une sanction privative inédite : la dégradation nationale

La inciale ancin e lenemble de milicien a dean la c de jice de la Seine a ee, lecein de ae i n aci e celle de la dgadain

29 GALTIER-BOISSIERE, Jean, Journal : 1940-1950, Paris, Quai Voltaire, 1992, p. 302. 30 NOVICK, Peter, Lépuration française. 1944-1949, Paris, Balland, 1985. (édit. originale : 1968 ; traduit par Hélène Ternois), p. 236. 31 BUTON, Philippe, La joie douloureuse. La Libération de la France, Paris, Complexe, 2004, p. 35. 32 Annexe n° 13 : exposé des faits, p. 212.

212 nationale correspondan la cain dn nea cime, le cime dindigni nainale33. Les membres de la Milice sont en sortie de guerre des indignes nationaux, peu importe les preuves matérielles de leur engagement car ils ont adhéré à une organisation para-militaire du régime de Vichy, engagée dans la traque aux patriotes. La sanction de dégradation nationale e a c de c de lain, e le chambe ciie elean de chae c de justice ont même été créées pour appliquer cette sanction, sanctionnant les actes de cllabain. Dan le ca de c de jice i nn a che de jge lindigni nainale mai bien le fai de cllabain, e cndamnain elles prononcent est associée dffice celle de lindigni nainale aec la peine de dégradation nationale34.

La dgadain nainale fie lindiid i la bi n a aiclie i li a de inedicin diee, ne eicin de e di. Ce ne eine i e galemen censée le dégrader, autant moralement que physiquement. Les effets de celle-ci se remarquent principalement et même presque uniquement dans la vie quotidienne de ceux qui la reçoivent. Anne Simonin définit ainsi la dégradation nationale comme une « peine infamante emportant des privations de droit, des déchéances, des incapacités et des interdictions professionnelles, la dégradation nationale peut être associée à deux peines complémentaires, la confiscation des bien (aicle 21) e linedicion de résidence (article 23) »35. Elle fixe à 90 000 le nombre de enne aan cncene a ce eine endan lain. Dan ne de gahie, elle cce dnc ne lace majee, mai ce ne a la ele ancin que cette étude fait ressortir.

La dégradation nationale es ne eine i aje e ae eine ee, ce i elie e lenemble de indiid cman ce c e i aibe cee eine. La de de cee eine ne a j cie dan le ce de jgemen. Elle e e attribe ie. Dan ne c, de indiid n fa dindigni nainale ie. Pami ce de ca, le emie en l dai adh la Milice fanaie, ai engag dan la LVF puis dans le SOL36. Le second avait, quant à lui, exercé la profein dinece a

33 SIMONIN, Anne, Le déshonneur dans la République : une histoire de lindignité. 1791-1958, Paris, Bernard Grasset, 2008, 758 p. 34 « Toute condamnain nnce a la C de jice mea le cndamn en a dindigni nainale : il sera donc frappé, pour la vie ou pour un certain temps, de la peine de la dégradation nationale », DOUBLET, Pierre-Henri, La collaboration, lépuration, la confiscation, les réparations aux victimes de lOccupation, Paris, Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1945, p. 57. 35 SIMONIN, Anne, Rende ne jice liie, leemle de chambe ciie de la Seine (1945-1951) », Histoire de la justice, n° 18, 2008, p. 73-89. 36 AN, Z/6/46 : dossier n° 775.

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ein jie e ai galemen jg ai a de laide la Gea37. Laibin ie de cee ancin cncene de ca leel lengagemen dan la collaboration ne se limitait pas à celui au sein de la Milice e il aien dnc de lagemen cmmi a c de lOccain. Dan ne c, le ae de daibin meninne n de ing an (n ca), di an (de ca), cin an (i ca). Cependant, pour la plupart des cas, la de dalicain de la ancin ne a meninne dans les documents issus du procès et nous ne pouvons donc pas comparer leur condamnation avec les autres pour lesquelles cela est mentionné.

b. Des sanctions infâmantes particulièrement sévères ?

A côté de la peine de dégradation nationale, se trouvent des sanctions classiques telles que de la prison, des amendes, des travaux forcés, mais aussi des interdictions de séjour et enfin la peine de mort. Selon le jugement retenu et la sévérité de celui-ci, ces condamnations aien dne l min lnge de e aien alle j la ei. Dans les c de lain, la cndamnain m de lacc a été retenue pour certain miliciens et miliciennes. Joseph Darnand a été lui-même condamné à mort, après un rapide procès dont lie ne faiai a de de, e a c del ai en n el min dchage, Raymond Bruckberger38.

Au sein du corpus étudié, la peine capitale a été retenue lors de sept condamnations par contumace. Elle a également été retenue dans deux cas pour des comparutions en présence de lacc i n dnn lie de ecin. Ceendan, l de la cndamnain en ence de lacc, ce ne gnalemen a la ancin eene. Aini, n milicien a jugé par contumace le 13 mars 1946 et a été condamné à la peine capitale, mais lors de son deuxième jugement, le 4 novembre 1947, i l dn an a, la sanction finalement eene e ne eine de de an de in, i an dinedicin de jur et la dégradation nationale39. En , a c de la ide de lain, de 4 000 condamnations par contumace se sont soldées par des peines de mort40. Ceendan, il n a gnalemen a de

37 AN, Z/6/114 : dossier n° 1651. 38 Raymond Bruckberger est un dominicain, aumônier des FFI, mais aussi ancien compagnon d'armes de Darnand. Au cours du procès de Darnand il est le seul témoin à décharge. Il a publié ses mémoires, un plaidoyer cne le ec de lain e ce il i cmme linmenalisation de la Résistance par les communistes : BRUCKBERGER, Raymond, Nous nirons plus au bois, Paris, Amiot-Dumont, 1948, 125 p. 39 AN, Z/6/138 : dossier n° 1938. 40 ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, Les Françaises,, op. cit., p. 182.

214 rapport direct entre le jugement par contumace et les jugements survenant ensuite, en ence de acc. Dan dae ca, de milicien n cndamn m, mai la eine e finalemen cmme e lacc ne a ec. Aini, un milicien pourtant condamné à mort le 6 novembre 1945 pour appartenance la Milice e dnnciain e bnficie dne cmmain de eine, la eine de m deenan al ne ancin de 20 an de travaux forcés, sanction courante pour les accu daaenance la Milice41.

Ces deux cas illustrent e le jgemen end a la jice de lain naien pas figés et inchangés. Entre les remises de peines, ou les deuxièmes jugements, il y avait toujours pour ces accusés la possibilité de voir leur sanction réduite en cour de justice. La peine de m a ece de acc d c, n en jille 1947 e lae en ail 194842. Dean le c de jice, ce ne eine eene cne de milicien e milicienne qui occupaient des postes à très haute responsabilité dans la Milice, majoritairement dans la direction, ou qui se sont rendus coupables de crimes contre des patriotes notamment. Max Knipping, milicien proche de Darnand, engagé dans la mutinerie de la prison de la Santé et dans la répression des maquis, notamment du plateau des Glières, a été condamné à mort par contumace par la cour de justice du Vaucluse, et lors de son jugement devant la cour de justice de la Seine le 5 février 1947, il est de nouveau condamné à mort et exécuté au fort de Montrouge le 18 juin 194743. Il ee inean de cnae e, i dan ce ca, elle na a effeciemen j, lengagemen dan la Milice ai amene la eine caiale.

La ancin laelle le de dalicain n le l lnge e celle de travaux forcés. Pour cette sanction, contrairement à la précédente, ces durées sont toujours mentionnées et il est donc plus facile de mener une étude sur ce point. Les miliciens de notre corpus ont été grandement touchés par cette sanction privative de liberté. Ainsi, le tableau ci- dessous montre la répartition de cette sanction au sein du corpus.

41 AN, Z/6/113 : dossier n° 1647. 42 AN, Z/6/329 : dossier n° 3576 ; Z/6/120 : dossier n° 1664. Le de milicien cncen n dne a Jean Bamie, inece gnal de la Milice en ne Nd, Waffen SS i e femen cm dan la collaboration ; le second est Georges Radici milicien qui a pratiqué la torture lors des arrestations et inegaie il menai. Il n de ec a f de Mnge. 43 AN, Z/6/398 Bis : dossier n° 4110.

215

Fig. 20 Répartition des durées de peines de travaux forcés attribuées. Durée de la peine Nombre absolus Pourcentage (%) 5 ans 13 33,3 6 ans 1 2,6 7 ans 2 5,1 8 ans 2 5,1 10 ans 5 12,8 15 ans 1 2,6 20 ans 8 20,5 Perpétuité 7 17,9 TOTAL 39 100

34 % des individus accusés daaenance la Milice compris dans le corpus ont reçu, lie de le cmain, de eine de aa fc. Pami ce derniers, sept ont été condamnés aux travaux forcés à perpétuité. Pour les autres, les durées varient entre cinq et vingt ans. La cour de justice de la Seine a donc beaucoup usé de cette sanction pour condamner les miliciens et de manière plutôt « sévère » puisque les durées majoritairement attribuées sont celles de cinq, vingt ans et la perpétuité. Une seule femme du corpus a reçu, à li de a cmain ne eine de aa fcés, pour cinq ans. En plus de son engagemen dan la Milice, elle ai ende cable de dnnciain e de agande nationale-cialie. La eine de aa fc ee e ene dan lde de condamnations reçues en sortie de guerre par les collaboratrices pour lesquelles sont iilgie le ancin deminnemen44. Le a dene de cee denie e le preuves récoltés au cours des perquisitions menées à son domicile montraient des degrés de culpabilité et de compromission importants dans la Milice. Le rapport réalisé par la police jdiciaie a c de lene indiai nammen elle ne manquait pas de signaler à la Gestapo les ouvriers malades qui essayaient de ne pas repartir en Allemagne et se vantait de touche 2000 fanc chae dnnciain. () Pendan lccain elle a adh la Milice Fanaie e aai chef de ge. () Elle a mili la Milice fanaie e dan le privé elle se donnait le rang de chef »45. Ainsi, la sanction des travaux forcés a été fortement

44 CAPDEVILA, Luc, CASSAGNES, Sophie (dir.), Le genre face aux mutations : masculin et féminin, du Moyen-âge à nos jours, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003, p. 331. 45 AN, Z/6/539 : dossier n° 4801.

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ilie a le c de jice li de cmain de milicien. Lae ancin e ln ee femen a c de c de lain e celle de leminnemen.

Fig. 21 Répartition des durées de peines de prison attribuées. Durées sanction prison Nombres absolus Pourcentage (%) 4 mois 1 2 6 mois 4 8 8 mois 2 4 10 mois 1 2 1 an 2 4 15 mois 2 4 18 mois 5 10 2 ans 12 24 3 ans 7 14 4 ans 2 4 5 ans 12 24 Total 50 100

Les 50 individus ayant reçu des peines de prison les ont reçues pour des durées qui varient de quatre mois à cinq ans. La prison a concerné beac dindiid nn daaenance la Milice, mai a j de de aicliemen lnge, e jamais à perpétuité. 44,2% des miliciens du corpus ont été condamnés à des peines de prison, dont 66% pour des durées de plus de deux ans. Ce également la sanction que les femmes ont majoritairement reçue, et généralement sans autre peine que celle de lindigni nainale. Dan le c een, ae femme n ancinne dne eine de in, i 31% dene elle, cne 46 % des hommes. A c de lain, les femmes inculpées de trahison sont moins nombreuses à recevoir des peines criminelles telles que la peine de mort et les travaux forcé, mai elle bien daanage leminnemen46. La peine de prison a le maje da ceain jie de une prise de gage sur la personne et sur son corps. () Par la prison, on s'assure de quelqu'un, on ne le punit pas »47. Cela fait de la peine

46 CAPDEVILA, Luc, CASSAGNES, Sophie (dir.), Le genre, op. cit., p. 331. 47 FOUCAULT, Michel, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard, 1975, p. 120.

217 de in ne ancin eceinnelle, i cmme linedicin de j, eme de ae e e le bea, afin de ceain il i en deh de sa communauté.

Nous ren galemen de ancin dinedicin de j. Ces sanctions revêtent de enje maje dan la ie de gee fanaie ielle n aan n men le ai, a a d fe, de ee lde blic ne cndamnation au bannissement »48. Ainsi, les cours de justice ont beaucoup usé de cette sanction en tant que banniemen de indigne naina afin il ne egagnen a le iinage e le lie de ie lOccain. Ce n men de ee e decle hiemen e géographiquement le collaborateur condamné en sortie de guerre. Onze cas sont concernés par la eine dinterdiction de séjour dans notre corpus. Acne femme d c na écopé de cette sanction lie de a cndamnain. Cee eine dinedicin de j i e attribuée pour des durées allant de trois à vingt ans, est majoritairement attribuée dans le corpus pour des durées de dix (4) ou vingt ans (4). Dans chacun de ces cas, la sanction dinedicin de j aje à une autre sanction privative de liberté, la prison ou les travaux forcés. Enfin, la dernière sanction repérable dans ce corpus est celle des amendes. Cependant, la sanction financière a peu touché les miliciens du corpus : seuls 15 accusés ont été condamn ee de lagen. Le amende lent de 1 000 à 50 000 francs. Les miliciens et miliciennes étudiées ont reçu des peines pour des longues durées, dans lenemble. Ceendan, ce la laibin de ancin dien e cml ar le lien ene la cmmiin de acc e le ancin eene cne e lie de leur comparution.

c. Quelles sanctions pour quels crimes ?

Dans un courrier envoyé par laca du milicien Antoine Piochet, le 17 avril 1946, aux autorités en chage d die de lacc il dfend, il e ci :

Or mieux que moi vous savez que très fréquemment le jury de la cour de justice, impressionné défavorablement par la qualité de milicien, alors mme quaucun fait positif précis na pu tre relevé, prononce de très lourdes condamnations, quasi disproportionnées avec lattitude à sanctionner49.

48 ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, Les Françaises, op. cit., p. 201. 49 AN, Z/6/228 : dossier n° 2776.

218

Laca inie al la dicdance il emae ene le ancin aibe a milicien e le fai i le n ech, en aan le maaie imein que les membres de la cour auraient sur ces collaborateurs. Lde opographique amène dnc inege le lien ene le fai ech indiidellemen a diffen accusés et la condamnation dont ils écopent devant les cours de justice. Ce qui ressort majiaiemen de lanale e laibin de lindignité nationale pour tous, puis quelques diffence dan le nmbe danne de aa fc, deminnemen, ence dinedicin de j. Laaenance la Milice e dj n cime d fai de ce elle représente dans les imaginaires, ainsi les miliciens « paient non seulement leurs propres délits ou crimes, mais aussi ce que la Milice a représenté et fait en France depuis 1943 »50. Ces sanctions peuvent dépendre du temps du magistrat et des jurés présents au moment de la comparution, davantage que du profil même du collaborateur. En effet, la sévérité du jugement et des peines retenues contre les accusés dépend très généralement des circonstances dans lesquelles se déroule le procès51. Il peut donc être difficile de faire des liens entre le pass cllabae de lindiid jugé et les sanctions reçues à son encontre excepté évidemment les cas où ce sont des « grosses têtes » de la collaboration. Si la Milice reste une ganiain de cllabain e endan e la de de lain, la clémence emble l accde, a c de lain jdiciaie, a niea de ancin aibe celles et ceux qui parviennent à énoncer leurs sentiments nationaux et à présenter leur engagement comme vide de toute idéologie pro-nazie. En effet, la principale revanche contre le membe de lganiain de Danand an alie la Libain, l de c men en 1946 e enie, lindiffence emble dmine52.

Toutefois, il y a des exemples de profils individuels mettant en avant des divergences, en enane, il cnien de faie ei. Penn le ca dn indiid a a la sci miliaie, le 11 mai 1945, al il aai fi le eiie fanai e ai fgi en Italie (il a été arrêté à Suze). Son appartenance à la franc-garde est attestée par la présence dan n die dn ae de fanc-garde, une preuve matérielle en somme. Il était par cnen en ein dne ame e a ceainemen aici de la cllabain ame, bien il affime e cnen daie de nin milicienne. A l 1944, il i le de de Danand e a lAllemagne. Aini, il aaai cmme n cllabae engag

50 VERGEZ-CHAIGNON, Bénédicte, Histoire de , op. cit., p. 423. 51 Idem. 52 CHANAL, Michel, La Milice fanaie dan lIe (fie 1943-août 1944) », Revue dhistoire de la Deuxième guerre mondiale et des conflits contemporains, n° 127, 1982, p. 1-42, p. 27.

219 et actif. Pourtant lors de sa comparution devant la cour de justice de la Seine, il nce e dn an de in53. Laibin de cee eine peut être reliée à la date plutôt tardive de sa cmain, le 23 fie 1946. En effe, bien elle cnine jge de manie inenie cee ide, la jice de lain e min e dan e jgemen ai de lanne 194554. En outre, avoir été franc-garde de la Milice ne serait pas un motif donnant nécessairement lieu à un jugement plus sévère55 car, encore une fois, ce sont tous des milicien e il n , ce ie, cable la jice aniinnelle de lain. Dans le corpus, deux miliciens sont concernés a n ace daccain eenan galemen dan la cndamnain le aail il n eec a cmmiaia a ein jie. Le emie e jg le 25 mai 1946 e ce dne eine de aa fc ei e dne peine de dégradation nationale à perpétuité56. Le second, qui occupait également un poste à enabili dan la Milice, celi dinece la dcmenain, cmaai adiemen devant la cour de justice de la Seine, le 20 novembre 1950. Il est alors condamné à un an de prison et cinq ans de dégradation nationale57. Dans ce cas, la différence entre les deux ancin e elle elle dmne n jgemen de cnjnce.

Les actions en faveur du régime nazi allemand ont été jugées sévèrement en cour de justice. En effet, sur les 13 miliciens du corpus également engagés dans les Waffen SS, seuls de nn a e de ancin dinedicin de j, de in e de aa fc. P les onze autres, ces peines ont été retenues. Les actes anti-naina men lnifme milicien sont également jugés sévèrement. Parmi ceux-ci, les arrestations, dénonciations, ilence e ain cne le mai fn gliemen lbje de eine cmme la in, le aa fc e linedicin de j afi lne dene elles uniquement et parfois de fan cmlaie. Le milicien Lcien Djn i e end cable daeain, de dénonciations et qui a fait parti des Equipes de la Révolution nationale avant son engagement dans la Milice, est condamné à 20 ans de traa fc, cmme Piee Caignel i e, an li, engag dan le MSR, dan lganiain de Ami de la LVF e i e eli en Allemagne à la Libération. Ainsi, bien que les comparaisons entre les crimes et délits commis

53 AN, Z/6/136 : dossier n° 1917. 54 VERGEZ-CHAIGNON, Bénédicte, Histoire de , op. cit. 55 « Dès le départ, les jurés et les magistrats parviennent à établir un classement des actes réprimés par la cour de justice selon une échelle de culpabilité qui paraît cohérente : par exemple, un chef milicien ou un Français engagé dan la Waffen SS n l demen im n imle fanc-garde », SANSICO, Virginie, « La cour de justice de Lyon, section du Rhône (septembre 1944-juillet 1949), Histoire de la justice, 2008, n° 18, p. 45-57, p. 56. 56 AN, Z/6/114 : dossier n° 1651. 57 AN, Z/6/474 : dossier n° 4545.

220 et les sanctions retenues soient peu aisées, dans la mesure où la conjoncture et les sentiments de la c lacc enen en cme, ceain lmen e la ajecie de acc n n id iman dan le chi de ancin. Lanale gahie eme al, en eaan ce ajecie, de ne a cnide niemen lengagemen dan la Milice et de replacer celui-ci dans un parcours propre aux différents miliciens et miliciennes.

C. Quel bilan pour la Milice au regard de 113 miliciens et miliciennes ?

« Timide cee ain ce n ae n elche n agne »58. Si lain e femen ciie, il nen demee a min e le c de la Milice a e lieu. Ses hauts dirigeants ont été fusillés dès 1945 et ses membres ont pour la plupart été châtiés et jugés. En cour de justice, de nombreux plaideurs choisissent la minimisation des fai, la mlilicain de ece, laiiemen a toujours de bon goût. Ainsi, pour évaluer la compromission des membres de la Milice jugés en sortie de guerre, « la trajectoire des accusés qui ont été des militants est relue au bénéfice de la cour. La collaboration est présentée dans la continuité des choix idéologiques antérieurs »59.

a. Mce e cee a a : entre condamnation et oubli

La miin e ai dnne la Milice e cnide a e diigean e nmbe de e membe, l 1944 cmme n chec : elle na a i mbilie. En bef, elle était trop peu nombreuse, mal préparée, insuffisamment équipée, haïe de la population »60. En effe, dan la la de gin fanaie elle ai imlane, la Milice ne eai parvenue à atteindre des recrutements autour de « 500 600 () en accean le candidats possibles dont un nombre imposant de voyous »61. Si ce n chec dan n cmba e dan n je liie, en e-il de la place de ses membres en sortie de guerre ? Faire une montée en généralité de cette étude sur la situation de ces 113 miliciens et milicienne cme de nmbee limie in ne e e e le c een soit représentatif de la réalité. Sa sélection repose sur des choix qi naaien a

58 AN, 72/AJ/2109 : Libération, 11 septembre 1944. 59 VERGEZ-CHAIGNON, Bénédicte, Histoire de, p. 399. 60 DELPERRIE DE BAYAC, Jacques, Histoire de la Milice, 1918-1945, Paris, Fayard, 1969, p. 633. 61 AN, F/60/1675.

221 nceaiemen bjecif de eenaif de lenemble de la iain, a cnaie. Cependant, en inversant le questionnement, celui-ci reste pertinent. Quelle situation de la Milice française en sortie de guerre cette étude démontre-t-elle ?

Dan ceaine gin lacin de la Milice a aicliemen ilene e la ie dame cne de aie e eece de manie inenie e glie, le jgemen des miliciennes et miliciens a été effectué dans une ae mee. Aini, lanale de ce c dan la c de jice de la Seine ne a eenaie dne iain gnale lenemble d eiie fanai. Dan la gin de Mnellie nammen, la ein de membres de la Milice a été bien plus sévère et violente62. En outre, les tribunaux de la Seine fn ai de ibna, lenemble d eiie nainal, i n innellemen moins condamné à mort et plus acquitté63. Ainsi, les sanctions de mort qui semblent les plus reteniane e maane, nn a aicliemen ch le milicienne e milicien passés devant la cour de justice de la Seine.

Bien que les sources étudiées ne cen a la ali de ce e la Milice ene 1943 et 1951, elles nous donnent à voir comment se déroulait le jugement de cette collaboration singulière. Lde gahie a mi en aan ne ceaine ali ciale de ce que sont ces indiid e de diffene ajecie i le n men j la comparution devant la cour de justice de la Seine. Nous pouvons affirmer, du fait des divers mif dadhin e de diee iain ciale, il n a a ne deinain dfinie adhe la Milice. Faie n bilan e galemen n men de e dfaie dne anale i serait trop quantitative ou trop statistique afin de rendre compte de ce que cette analyse nous a concrètement apporté. Ces 113 miliciens et miliciennes, pour la plupart issus de la région parisienne ont reçu des sanctions variables, dont la sévérité parait le plus souvent indendane de la cmmiin cnce de lacc dan la cllabain. Laaenance à la Milice est un élément suffisant de compromission ; le diigean de lganiain la situation reste évidemment différente. Ceendan, cee cmmiin nindi a nceaiemen ne i dan le jgemen. Lbli e lindiffence n geiemen préférés à la condamnation du pas de lEa milicien, e mme i le cndamnain e ien ja db de anne 1950 quatre membres du corpus sont concernés par une comparution en 1950 elle ne fn a lbje dn el eeniemen e celle prononcées au début de la période.

62 COINTET, Michèle, La Milice, op. cit., p. 261. 63 ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, Les Françaises, op. cit., p. 196.

222

Les jugement een dan lenemble l e en eme de de dalicain de ancin. Finalement, peu de collaborateurs politiques et militaires semblent avoir échappé à la justice de sortie de guerre. Néanmoins, il y a un poin danale e n nan a ence meninn e i cnibe an ane limance de ce einnemen a dne i nn de la c de jice de la Seine : le emie de eine e mee damniie64.

Les différents mobiles donnés par les miliciens et miliciennes interrogés par les jidicin de lain illen e ceain lengagemen milicien e lin de la propagande affirmée et façonnée par leurs dirigeants, notamment dans le journal Combats. En effet, lengagemen din e dnime, mai ai la mie en aan dne mcnnaiance de lidlgie iable de la Milice, lign a diffen acc, illen e le diigean milicien nn a i mbilie aan il limaginaient fme lembn d ai nie dne Fance facie65. Dans les dossiers des 113 acc daaenance la Milice di, een de nmbe mignage enan de accusés eux-mme mai galemen de min, leel lengagemen dans la Milice emble lin de limage dele a la agande milicienne e dan le igmae repris pour sa condamnation66. Ainsi, de nombreuses lettres permettant aux accusés de se dédouaner sont présentes, telle celle-ci écrite par un membre de la famille de lacc.

Ce départ dans la milice, nest pas lacte dun jeune sanguinaire ou dun jeune parricide, cest lacte pénal dune vie malheureuse, dune vie sans affection, lacte de désespoir fait dans le sens unique de la politique que lon suivait chez lui, () [il] nest pas un tratre, ni un homme de Darnand, cest un pauvre garçon que lon a voulu perdre67.

Dan n cnee, ladhin la Milice a idlgie milicienne, facie, e nationale-socialiste est perçue comme le pire de la collaboration, les accusés et leurs dfene n cmi e le meille men de en i aec de ancin min lde était de faire valoir auprès des juridictions des sentiments patriotiques français. Ainsi, en eenan le eme d « hommes de Darnand » et de « traîtres » dan a lee, lncle de

64 COINTET, Jean-Pal, Lamniie : le adn an lbli (1946-1958) », Expier Vichy. Lépuration en France, 1943-1958, Paris, Perrin, p. 425-475 ; WAHNICH, Sophie, Une histoire politique de lamnistie, Paris, PUF, 2007, 264 p. 65 DIOUDONNAT, Pierre-Marie, , 1940-1944 : les maurassiens devant la tentation fasciste, Paris, La Table Ronde, 1973, p. 373. 66 PLUMAUZILLE, Clyde, ROSSIGNEUX-MEHEUST, Mathilde, « Le igmae la diffence cmme cagie ile danale hiie », Hypothèses, n° 17, 2014, p. 215-228. 67 AN, Z/6/188 : dossier n° 2352.

223 lacc ille a cnnaiance de eenain majiaie dan linin la Milice e ce i n n nifme lOccain, et cherche à mettre en avant la différence ene ce i cendaien limaginaie cmmnmen and, e n nee, i eai d l e n bn Fanai. Le mmm d bn Fanai ee lacc milicien aenan faie ali laide ae à des réfractaires, dans un contexte où la lutte ene facaie e milicien, ae limage de mai, e ln de incia mfai ech la Milice. La ence dan le die daccain de lee de ien enan de facaie cach a lacc illeai d l que « là encore son attitude résolument fanaie fai chec la ali de milicien n ai li eche ».68 Ainsi, devant les jidicin de lain la mmie i e cni de la Milice ne a la mme e celle que la presse et les différentes représentations développées dans les opinions, rendaient compte.

b. Entre clémence et pardon : acquittements, remises de peine et mesures dae

Dans le cadre du jugement, il est également important de mentionner en dernier point ce i cncene llime ae de lain de la Milice e de e membe. Il agi de mee daciemen, de emie de eine, i enfin de mee damniie. 11 miliciennes et miliciens du corpus ont été acquittés à la suite de leur comparution devant la cour de justice. Parmi ces 11 membres sont présents sept femmes et quatre hommes. Laciemen ien a c dn c lene a finalemen emi dabli la nn clabili de lacc. Le die e alors referm. Nanmin, lacc e ecei ne eine de dgadain nainale ne de limie, cmme ce le ca dan le c Rbe Lecha, dn ladhin la Milice, signée pour éviter le STO et au sujet de laquelle il affirme que « trois jour a mn engagemen jai dchi ma cae de milicien. Je nai ai acne nin ni acne acin de la Milice. » 69. Linncence e eene contre cet accusé, malgré certains témoignages à charge issus de son entourage professionnel. Dans certain die le chi de laciemen e emble enan. Lacc Lld Tiea e ec de chef daemenal de la Milice. Il e dabd cndamn a contumace à la peine de mort, la confiscation de ses biens et la dégradation nationale par la cour de justice de la Vienne. Finalement, il est acquitté par la cour de justice de la Seine, le 14

68 AN, Z/6/42 : dossier n° 719. 69 AN, Z/6/517 : dossier n° 4712.

224 juin 194970. Aini, malg le lde chage eene cne lacc, ce finalemen laciemen i e dcid a la c de jice.

Les remises de peine sont des mesures permettant de diminuer la sanction reçue à li de la cmain. La gande maji de milicien i de ce c n bnfici dne lie emie de eine a le c. Ce emie se font dans le cadre de lain, le l gnalemen aibe ai de 1948, i a db de anne 1950. Ces remises, accordées par le pouvoir exécutif sont très fréquentes et peuvent être totales ou partielles71. Aini, al mme a c de cde cédant la comparution, la justice dnnai ne image de i dan ce e eenai laccain de cllabain dan la Milice, ce daanage ne clmence e n laime dan le ancin i een de ce dossiers. Dans notre étude, la consultation des documents attestant les remises de peine a mn elle n davantage partielles. Celles-ci diminuent alors la de de lne de sanctions retenues, voire de plusieurs. Un même accusé peut recevoir plusieurs remises de peine j i dans le corpus parfois même à des intervalles temporels très courts. Dan ce c, de nmbe eemle de emie de eine al mme e lacc ai jugé pour des faits graves ressortent. Le milicien Lambert des Cilleuls est condamné pour e engagé dans la Milice par idéal e e ec dai aici de ain contre les maquis72. Il e, en e, engag dan la bigade Chalemagne l 1944. A la suite de son procès le 31 mars 1947, il est condamné à trois ans de prison et dix ans de dgadain nainale. D le 16 dcembe 1947, il bnficie dne emie de eine i annle le ee de a eine de dgadain nainale, laelle aje ne deime emie de hi mois de prison, le 20 juin 1949. Ainsi, alors même que les éléments retenus à son encontre semblaient graves au regard du jugement de la collaboration, les remises de peine permettent lacc de aimen libe la fin de anne 1940. Le emie de eine, en diminan le de, fn aan mme le e de li damniie e lacceain dn ce de pardon, de nombreux accusés ne sont plus sous le coup des sanctions qui leur avaient été aibe lie de le cmain en c de jice.

Lamniie ne a meninne dan chaue dossier. Seuls neuf dossiers donnent une indication damniie et précisent la date à laquelle les accusés en question ont été amnistiés73.

70 AN, Z/6/497 : dossier n° 4646. 71 BERGERE, Marc, Lépuration en France, Paris, Presses universitaires de France, 2018, p. 27. 72 AN, Z/6/400 : dossier n° 4124. 73 Annexe n° 14 : dclaain damniie, p. 255.

225

Celi i e amnii le l ccemen le à la date du 1er décembre 194874. Etant le plus jeune, il a bénéficié de la loi du 16 août 1947 portant amnistie qui concernait les délits cmmi a le mine. Il agi de la emie li amniian de indiid cndamn a la jice de lain e elle cncene nammen ceains enfants mineurs condamnés. Lindiid étudié avait 15 ans lors de son arrestation et relève par conséquent de cette loi. Un second accusé a également bénéficié de ces mesures et a été amnistié le 4 janvier 1949 après avoir été condamné à 15 ans de dégradation nationale et deux ans de prison75. Ensuite, viennent cinq ca lamniie a nnce a c de lanne 1951, à la suite de la loi du 5 janvier 1951 : le 24 février, le 25 avril, le 26 mai, le 4 juin et le 22 août 76. Les deux dernières applications des mesures damniie es dans le corpus surviennent plus tard : le 27 novembre 195277 et le 27 octobre 195578. Nous pouvons, pour ce cas simplement, e e lalicain de li de 1951 e 1953 aai i l de em ca ien dan le dossier ne mentionne une quelconque explication plus précise à cela. Cependant, dans une grande majorité de cas, les individus condamnés pour appartenance à la Milice française ont ben de emie de eine, cdan le mee damniie i n, ant à elle, dès les années 1950, contribué à alimenter les critiques sur le laxisme de la justice dain i-à- vis des traîtres.

Finalemen, ce emie de eine e mee damniie dnnen-elles aux jugements de ces miliciens un aspect moins sévère ? A cette question, nous pouvons dès lors répondre a la ngaie. Dan la ligne de de i eiennen le bilan de lain en an celle inian le laime ie lchec de la jice dain, lde d jugement de ces 35 miliciens et miliciennes ne renvoie pas cette image79. Les sanctions reçues lie de c aien l e, beac n e de eine deminnemen, de travaux forcés, mais aussi des amendes. Ainsi, ce qui ressort de cette étude de cas est que laaenance la Milice fanaie na a jge a la jice de manie ememen laie, ni ememen e (a de cndamnain m effecie). Lain a cnib cndamne aan mbliemen e lgalemen laaenance à cette ganiain cllabainnie lidlgie facie. Leience e le engagemen

74 AN, Z/6/98 : dossier n° 1452. 75 AN, Z/6/338 : dossier n° 3641. 76 AN, Z/6/208 : dossier n° 2551 ; Z/6/210 : dossier n° 2581 ; Z/6/143 : dossier n° 2016 ; Z/6/100 : dossier n° 1480 ; Z/6/72 : dossier n° 1122. 77 AN, Z/6/106 : dossier n° 1557. 78 AN, Z/6/44 : dossier n° 750. 79 ROUSSO, Henri, « Luration en France : une histoire inachevée », Vichy : lévnement, la mémoire, lhistoire, Paris, Gallimard, 2001, p. 489-552.

226 milicien de ce indiid, bien il aien ela gce a emie de eine e mee damniie, n jg e cndamn, a la jice cmme par la société. Cependant, en ain d ie de fnde la ecncin de lideni nainale dan n cnee de ie de gee, ne cde declin, la fence a finalemen dnne la clmence et au pardon, pour tourner la page de ce ae anne dOccain e de cllabain80. En sortie de guerre, il convient, pour favoriser la réconciliation, de ne pas rester dans une dynamique de condamnation du passé.

80 Idem.

227

Lde de cde de 113 milicien e milicienne du corpus devant la cour de jice de la Seine ille e, dan le cnee de lain jdiciaie, le dl de ene e de cde cdan la cmain, diffen dn ca lae, an a niveau des durées nécessaires, que de la pecein a la jice de lacc de cllabain aec la Milice en ein. Finalemen, lacin dan la Milice emble ai jge l emen lelle e cle dae fai ech, nammen de ace antinationaux, ou des engagemen dan la Waffen SS. Le eche dne clmence grande accordée aux miliciens et aux collaborateurs en général tiennent davantage de dcein de la a de linin, i aendai ae che de mee dain. Le lien entre les faits reprochés et le choix des sanctions semblent difficiles à énoncer sur une échelle de 113 cas, tant les éléments retenus à charge et à décharge peuvent dépendre du déroulé de lene e de laciain de jge lacc. De milicien acif dans la franc-garde, de innaie, n chae la jice dan le emie em de lain e i de comparution devant la cour de justice avec des peines symboliques.

Le c di me en aan de diai, i een elie par différents lmen elaif la ide e a fncinnemen afi inable dne jice transitionnelle où les objectifs politiques et les sentiments personnels peuvent se confondre. A la confusion de la Libération, où la justice transitionnelle doit se mettre en place dans un cnee inglie daffimain dne nelle ai lgiime e de ne a aene eime a ein de linin, laie geiemen lace de din e eje. Pourtant la cour de justice a jugé de très nombreux cas et peu de miliciens et miliciennes ont échappé aux condamnations. Le jeu des remises de peine, amnisties et acquittements a néanmoins brouillé la réalité des sanctions puisque celles-ci pouvaient être commuées rapidement.

Si la Milice na a cnn n gand ecemen dan ce de anne dacii, lde ciale de adhen ae le ajecie ene laan-gee, lOccain e la ie de gee eme de inege le cndiin de ce ecemen e le cagies les plus représentées dans la Milice. Lde ielle dn ge de cllabae a le prisme de leur comparution amène à retracer leurs trajectoires et de dégager des éléments de cmaain e de diegence ene lde ciale e le e jdiciaire de ces individus. Cette étude, reposant sur le regard des accusés met en lumière une organisation plutôt hétérogène, dn le dic enden e ee a aene de la jice dain.

228

Lde de ajecie de ce milicienne e miliciens peut également amener à inege leurs enfants et la mémoire, dans la sphère privée, de lengagemen milicien. Dan lde faie a Piee Rigl, le fil de Danand, il e de imilide ene les idées du père et celles du fils81. En effe ce denie affime il a été choqué, fndmen, a lecin de n e, acifi eln li cmme n bc miaie » et affirme comprendre le choix de son père qui « lui semblait, à mesure que la guerre se déroulait, se réduire ne alenaie ene Saline e Hile. () Je fe le ale de Vichy travail, famille patrie aux valeurs de la société de consommation »82. Le rejet de la mémoire milicienne cmme ne mbe de lhiie fanaie, ne e ee a dan ce cercle familial où le père milicien est compris et approuvé dans ses choix. Dans le même age, lhiien a ineg la fille dn milicien i cmend également le choix de son père et fustige les Français de la sortie de guerre qui « ignoraient ce aien vraiment les miliciens »83. Sai ce il aien aimen ne a che aie. Ceendan, le acin n lai ne elle emeine de haine e de dg en ie de gee, le mmie e aidemen ejee e laeni de ce milicien, la ie de lain, ne emble a intéresser la société française.

81 RIGOULOT, Pierre, Les enfants de lépuration, Paris, Plon, 1993, 532 p. 82 Idem. 83 Idem.

229

Conclusion

231

Cee anale a emi ddie la lace d ge social des miliciens et miliciennes dan la ide de ie de gee fanaie, mae a lain jdiciaie et par la ecncin dne cmmna nainale a de aleurs promues par les autorités politiques issues de la Résistance. Aini, lanale e iai dan ne hiie ciale, ilian le quantitatif et le qualitatif pour lanale de dnne ; dans une histoire culturelle rendant compte des opinions, des représentations et des imaginaires développés sur ce même groupe, notamment en abordant les questionnement li a gene e lde de la ee cie ; et enfin dans ne hiie liie, emnan de lmen lhiie jdiciaie, afin danale le fncinnemen de la jice dain et la condamnation des individus ec daaenance la Milice. Dan ce diffen dmaine historiographiques, lde d ge cial a emi de dele de flein la iain aniinnelle maan la ci fanaie de la Libain j la fin de lain jdiciaie.

Le hhe iniialemen fmle an limbicain ene le jgemen moraux effectués par des membres de la communauté nationale et les jugements légaux et niif de la c de jice e cnfimen dan lanale d ge cial de milicien e milicienne jg. En effe, lde d ge a ime de n jgemen e de eenain il cncene eme de dmne la lace cce a lpinion publique dans le processus épuratoire. Les représentations développées en amont des comparutions, sur les miliciens et les miliciennes, dans la presse comme dans la propagande et les écrits contemporains, mais également celles développées au cours des procédures devant la justice accden la ahin de indiid aan cnac n engagemen dan la Milice sans gande diincin la de de lengagemen, cmme le ace e ie ce engagement. La guerre civile franco-française menée principalement dans les maquis domine le eenain e le milicien e ig en fige diin d h maiad1. Les autres actions commises par les membres de la Milice sont quant à elles peu questionnées à la Libération et au c de lain, malg la haine e la ee dn n fai ee miliciens et miliciennes, ailleurs que dans les maquis. Cette méconnaissance profite également aux accusés eux-mêmes, dont les discours sont fortement calqués sur les représentations développées en amont.

Etudier les miliciens et miliciennes au prisme de leur condamnation permet de montrer le lace dan n cnee de aniin, dabd dan ne ln dminane dain i

1 CHANAL, Michel, « La Milice fanaie dan lIe (fie 1943-août 1944) », Revue dhistoire de la Deuxième guerre mondiale et des conflits contemporains, n° 127, 1982, p. 1- 42, p. 24. 233

effie geiemen laie lace ne ln dbli l e de adn, a dn bjecif liie de cnciliain nainale. Lanale gahie amne lnge le la en dian cncemen la lace d ge e a cniin da les données comprises dans les dossiers de jugement. Ces dossiers, face à des tentatives dhmgniain de la eenain milicienne, illen la diei de ajecie i, en jice e dan le dic de incia cncen, mignen dn ge cmie, dn lacin e lengagemen ne e e en de fan nie.

Lanale en hiie clelle a emi dinege la lace de hmme e de femmes dans la Milice, ainsi que les représentations qui se développent à la Libération et durant la sortie de guerre pour condamner leur trahison. Face à la conception développée par le ai milicienne, la iin cce a le femme dan lganiain e constituée autour de structures sociales et administratives principalement. Ces engagements, qui ne se men ni ne inflence ni ne ln dagi laide ciale, dien e di a ime de la lace de femme dan lidlgie iche e dan la Fance de lOccain, de la Libain e de lain. Edie le aiin genrées de lacin menée par la Milice, permet de mettre en lumière les différents rôles assumés par les femmes, dn lengagemen maginal en eme de nmbe e de eenain, nenle ien de le compromission. La doxa qui consiste à dire que les miliciennes se seraient moins cmmie e le milicien, aie la gnaliain e lhmgniain faie a de la cllabain milicienne, en ne an dan lengagemen milicien e celi d fanc- garde. En effet, chez les miliciens comme chez le milicienne, lengagemen dan lganiain de Danand ne e e e de manie nifme e le mif de ladhin, cmme lacin cnce, diffen. Ceendan, le eenain i enden lhmgniain d ge n b la cncin dne ideni a ein de la cmmna nainale, i ae al a leclin de maai Fanai. Afin e cee cmmna e cnie an e cne le ae, lace dain eene le men de nettoyer la souillure nationale e lhmiliain bie de le fai.

Lanale en hiie ciale eme, dan cee eecie, dclaie le diegence a ein d ge e ddie le face-à-face entre stigmatisations construisant le discours sur la trahison milicienne, discour la cllabain dan la ee e dan linin, e réponses apportées par la défense en justice des miliciens. Miliciens comme miliciennes dien e daanage e dan ne fme dhgni, e lde de le e discours et des dossiers de jugement produits par la cour de justice permettent. Les

234 cllabaice, cmme le cllabae, n echech d l 1944 e cmaaien dean le jidicin de lain ahin e cllabain.

Lanale e dans ce mémoire amène, en se positionnant dans la temporalité des sorties de guerre une période poreuse dans laquelle les attentes sont fortes et nombreuses, die cmmen le jgemen dn a mbe e hmilian, cnie n ece de reconstrucin a dne cmmna nainale. Lde de la Milice, mblian ce passé humiliant, et de ses membres qualifiés de traîtres et identifiés aux « Boches » illustre un affrontement entre le jugement de ce passé et la volonté de rejet hors de la Nation de celles et ce i en n le incia cable. Aini, lanale inci galemen dan ne hiie ciale de lain e de ie de gee, e n de a ime de c intentés contre des miliciens et miliciennes, témoigne des mlile enje e lain ece, cmme de mlile aene elle le. Ce cndamnain n femen critiquées, pour leur clémence comme pour leur sévérité, et la mémoire de la Milice dans lain ele daanage de lbli e de lacceain dn a hmilian. Ene le amniie e le emie de eine, lain de milicien e milicienne demee en demi- teinte.

Cee de ai faie lbje de diffen lngemen nammen a lanale dn c l dense et épousant des appartenances sociales plus large que celles que le c anal dan ce ligne ece. Le die daffaie jge a la c de jice de la Seine, accessibles depuis 2015, sont extrêmement riches et nombreux. Ainsi, une cnlain l lage de die cncenan le acc daaenance la Milice permettrait une analyse sociale, et notamment prosopographique, plus représentative. La cnlain dachie ie de chambe ciie emeai galemen daéhender le ge dan ne ae ali, celle d jgemen nie de lindigni nainale, cncenan de milicien e milicienne dn le ace n e cmme dne gai minde. Aini, bien e la cndamnain de lengagemen milicien ai incipalement relevé des cours de jice, le achie de chambe ciie emeaien dlagi le cham de la cllabain milicienne e ddie la ce ciale d ge de milicien e miliciennes jugé par ces chambres. Toujours dans cette ln dlagi le cham de lde, la cnlain de fnd dachie di a le c de jice de daemen ma par les affrontements entre miliciens et résistants, notamment dans les maquis, permettrait ddie dan elle mee lappartenance à la Milice a pu être condamnée de manière diffencie. Enfin, lengagemen de milicienne na a fai lbje dde a enie e

235 la spécificité de leur engagement reste à étudier malgré le faible nombre de traces et dachie cee aiciain cee cllabain inglie. Lain de adhen e adhene dae memen e ai liie cllabae ee miniaie dan le cham hiigahie de lain. Ce de emeaien galemen de estionner la lace dae ge cia cllabae dean la jice e dan le inin e représentations développées à la même période.

236

Annexes

237

Annexe n° 1 :

Entrées du tableur Excel recensant les articles de presse

238

Annexe n° 2 :

C de e e ace da a c d c dace de ee

Pour la réalisation de la base de données recensant les articles de presse mentionnant la Milice et les miliciens, dans les périodiques La Croix, Combat et Le Monde, différents thèmes et acteurs ont été retenus. Ces thèmes et acteurs correspondent généralement aux termes exacts utilisés dans les articles. Cependant, quand ce sont des thèmes à interprétation plus large, le sens exact est mentionné ci-dessous :

Thèmes

- Actions de la Milice : articles dans lesquels sont mentionnés des actions représentaie de la Milice, hme i e e cmle a la menin dne acin spécifique. - Arme. - Arrestations patriotes : ce sont les arrestations perpétrées par des miliciens. - Arrestation : renvoie aux arrestations de collaborateurs et collaboratrices dans le cadre de lain. - Assassinat - Collab : articles dans lesquels la collaboration ne concerne pas uniquement la Milice. - Combat - Dénonciations - Gracié - Incidents épur : concerne des articles dans lesquels sont mentionnés des évènements relatifs au déroulé de lain, notamment des dérives. - Intérêt national - Internement - Jugement/condamnation : articles qui mentionnen lain jdiciaie ae le procès et condamnation des collaborateurs et collaboratrices. - Maquis. - Propagande - Répression - Torture - Trahison

239

Acteurs

- Autorités allemandes - B de lAn - Brasillach - Chambre civique - Cour martiale - Cours de justice - Darnand - De Brinon - Déat - Femme : een and laicle meninne de femme milicienne en lien aec la Milice. - Franc-garde - Gendarmerie - Gestapo - Haute cour - Knipping - Laval - Mandel - Pétain - Police - Tribunal militaire - Waffen SS

240

Annexe n° 3 :

Eee de ce ddee ae a e C de de a Dee gee mondiale

Source : 72AJ/2915 : Comité dhiie de la Deime gee mndiale, ene la répression à la Libération, fiche individuelle, dossier n°845.

241

Annexe n° 4 :

C de de g a a c de ce de a See cf de aae prosopographique

- Z/6/42 : dossier n° 719 - Z/6/42 : dossier n° 723 - Z/6/44 : dossier n° 750 - Z/6/45 : dossier n° 767 - Z/6/46 : dossier n° 775 - Z/6/54 : dossier n° 890 - Z/6/56 : dossier n° 917 - Z/6/59 : dossier n° 947 - Z/6/60 : dossier n° 963 - Z/6/62 : dossier n° 994 (deux cas) - Z/6/63 : dossier n° 1008 - Z/6/64 : dossier n° 1016 (deux cas) - Z/6/64 : dossier n° 1026 - Z/6/71 : dossier n° 1104 - Z/6/72 : dossier n° 1122 - Z/6/76 : dossier n° 1169 - Z/6/77 : dossier n° 1193 - Z/6/83 : dossier n° 1265 - Z/6/83 : dossier n° 1267 - Z/6/85 : dossier n° 1302 - Z/6/90 : dossier n° 1366 - Z/6/91 : dossier n° 1374 - Z/6/92 : dossier n° 1398 - Z/6/98 : dossier n° 1402 - Z/6/100 : dossier n° 1473 - Z/6/100 : dossier n° 1478 - Z/6/100 : dossier n° 1484 - Z/6/106 : dossier n° 1557 - Z/6/106 : dossier n° 1568 - Z/6/113 : dossier n° 1631 - Z/6/113 : dossier n° 1647 - Z/6/114 : dossier n° 1651

242

- Z/6/117 : dossier n° 1695 - Z/6/117 : dossier n° 1701 - Z/6/120 : dossier n° 1664 - Z/6/122 : dossier n° 1755 - Z/6/126 : dossier n° 1792 - Z/6/136 : dossier n° 1917 - Z/6/138 : dossier n° 1938 (sept cas) - Z/6/139 : dossier n° 1955 - Z/6/143 : dossier n° 2016 - Z/6/144 : dossier n° 2020 - Z/6/147 : dossier n° 2061 - Z/6/149 : dossier n° 2082 - Z/6/149 : dossier n° 2091 - Z/6/149 : dossier n° 2092 - Z/6/151 : dossier n° 2112 - Z/6/158 : dossier n° 2172 - Z/6/159 : dossier n° 2178 - Z/6/160 : dossier n° 2192 - Z/6/162 : dossier n° 2224 - Z/6/163 : dossier n° 2234 - Z/6/175 : dossier n° 2276 - Z/6/180 : dossier n° 2300 - Z/6/180 : dossier n° 2302 - Z/6/183 : dossier n° 2310 - Z/6/188 : dossier n° 2352 - Z/6/203 : dossier n° 2494 - Z/6/205 : dossier n° 2518 - Z/6/208 : dossier n° 2551 - Z/6/208 : dossier n° 2553 - Z/6/210 : dossier n° 2581 (deux cas) - Z/6/211 : dossier n° 2596 - Z/6/212 : dossier n° 2601 - Z/6/220 : dossier n° 2700 - Z/6/224 : dossier n° 2734 - Z/6/227 : dossier n° 2761 - Z/6/228 : dossier n° 2776 - Z/6/230 : dossier n° 2795

243

- Z/6/237 : dossier n° 2870 - Z/6/248 : dossier n° 2958 (deux cas) - Z/6/251 : dossier n° 2966 (deux cas) - Z/6/254 : dossier n° 2896 - Z/6/270 : dossier n° 3141 - Z/6/271 : dossier n° 3149 - Z/6/271 : dossier n° 3150 - Z/6/277 : dossier n° 3196 - Z/6/285 : dossier n° 3259 - Z/6/294 : dossier n° 3285 - Z/6/298 : dossier n° 3325 - Z/6/304 : dossier n° 3380 - Z/6/305 : dossier n° 3391 (trois cas) - Z/6/329 : dossier n° 3576 - Z/6/338 : dossier n° 3641 - Z/6/350 : dossier n° 3708 - Z/6/354 : dossier n° 3753 - Z/6/372 : dossier n° 3904 - Z/6/381 : dossier n° 3982 - Z/6/400 : dossier n° 4124 - Z/6/472 : dossier n° 4530 - Z/6/474 : dossier n° 4545 - Z/6/479 : dossier n° 4565 - Z/6/497 : dossier n° 4646 (deux cas) - Z/6/517 : dossier n° 4712 - Z/6/539 : dossier n° 4801 - Z/6/542 : dossier n° 4810 - Z/6/548 : dossier n°4833 - Z/6/608 : dossier n° 5073 - Z/6/868 : dossier n° 5802

244

Annexe n° 5 :

Modèle relationnel de la base de données (Libre Office Base)

245

Annexe n° 6 :

Entrées d abe Ece ceda a de dee ee ee eebe e ebe 1944 dd daaeace a Mce française

246

Annexe n° 7 :

« Comment une jeune fille fut torturée par la Milice ? »

Source : AN, Z/6/305, dossier n° 3391.

247

Annexe n° 8 :

Deade de dae ge a a Mce e e a ae

Source : Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine, Z/6/100 : dossier n°1484

248

Annexe n° 9 :

Entrées du abe Ece ceda a 113 de daffae g appartenance à la Milice

249

Annexe n° 10 :

Requête liant les âges aux positions occupées dans la Milice

Age ( a dae dad) Responsabilité Section 14 Avant-garde

16 Avant-garde

17 Cuisinier

18 Franc-garde

18 Franc-garde

19 Franc-garde

19 Franc-garde

20 Franc-garde

20 Avant-garde

21 Inspecteur à la documentation

21 Avant-garde

21 Franc-garde

22 Franc-garde

22 Franc-garde

23 Franc-garde

24 Inspecteur DOC

25 Inspecteur Franc-garde 25 Inspecteur

26 Agent du 2e service

26 Chef de bureau

26 Franc-garde

28 Chef de trentaine Franc-garde 28 Franc-garde

29 Inspecteur général pour la zone nord

29 Franc-garde

250

Age ( a dae dad) Responsabilité Section 30 Chef adjoint

32 Chef de centaine adjoint Franc-garde 32 Inspecteur

37 Secrétaire régional

37 Sergent

37 Chef de trentaine Franc-garde 39 Chef de cohorte Franc-garde 42 Chef de la Franc-garde en zone Nord Franc-garde 48 Chef de cohorte adjoint Franc-garde 50 Boucher Franc-garde 51 Officier Franc-garde 52 Téléphoniste

54 Chauffeur

55 Avant-garde

251

Annexe n° 11 :

Procès-verbal de première comparution

Source : AN, Z/6/44, dossier n° 750 : procès-verbal de première comparution, 4 novembre 1944.

252

Annexe n° 12 :

Procès-eba degae e de cfa

Source : AN, Z/6/100, dossier n° 1473 : procès-ebal dinegaie e de cnfnain, 29 août 1945.

253

Annexe n° 13 :

Exposé des faits

Source : AN, Z/6/76, dossier n° 1169.

254

Annexe n° 14 :

Dcaa dae

Sce : AN, Z/6/143, die n2016 : dclaain damniie elaie la li d 5 janie 1951, 25 mai 1951.

255

Table des annexes

Annexe n° 1 : Entrées du tableur recensant les articles de presse

Annexe n° 2 : Choix des thèmes et acteurs dans la constitution d c daicle de ee

Annexe n° 3 : Eemle de nice indiidelle alie a le Cmi dhiie de la Deuxième guerre mondiale

Annexe n° 4 : Corpus de dossiers jugés par la cour de justice de la Seine constitutifs de lanale gahie

Annexe n° 5 : Modèle relationnel de la base de données (Libre Office Base)

Annexe n° 6 : Ene d able Ecel cendan a die dene ees entre eembe e nembe 1944 indiid nn daaenance la Milice fanaie

Annexe n° 7 : « Comment une jeune fille fut torturée par la Milice ? »

Annexe n° 8 : Demande de dame igne a la Milice e le ai naie

Annexe n° 9 : Ene d able Ecel cendan a 113 die daffaie jg appartenance à la Milice

Annexe n° 10 : Requête liant les âges aux positions occupées dans la Milice

Annexe n° 11 : Procès-verbal de première comparution

Annexe n° 12 : Procès-ebal dinegaie e de cnfnain

Annexe n° 13 : Exposé des faits

Annexe n° 14 : Dclaain damniie

256

Sources et bibliographie

257

Etat des sources

- Archives publiques

Archives Nationales (Pierrefitte-sur-Seine)

Fonds Z/6 : cour de Justice de la Seine

42, 44, 45, 46, 54, 56, 59, 60, 62, 63, 64, 71, 72, 76, 77, 83, 85, 90, 91, 92, 98, 100, 106, 113, 114, 117, 120, 122, 126, 136, 138, 139, 143, 144, 147, 149, 151, 158, 159, 160, 162, 163, 175, 180, 183, 188, 203, 205, 208, 210, 211, 212, 220, 224, 227, 228, 230, 237, 248, 251, 254, 270, 271, 277, 285, 294, 298, 304, 305, 329, 338, 350, 354, 372, 381, 400, 472, 474, 479, 497, 517, 539, 542, 548, 608, 868 : dossiers des affaires jugées.

3367, 3369, 3372, 3373, 3374, 3379, 3380, 3387, 3388, 3389, 3390, 3392, 3394, 3395, 3398, 3401, 3402, 3407, 3408, 3415, 3417, 3418, 3420, 3421 : die dene ouvertes entre septembre et novembre 1944.

Fonds 3W : Haute cour de justice

139 à 141 : Joseph Darnand.

Fonds F/1a : objets généraux 1794-1972

3329 : répression judiciaire, établissements pénitentiaires ; répression judiciaire et juridique, indignité nationale ; répression juridique et judiciaire. Miliciens et membres des groupements nationaux.

3747 : Documentation provenant de la Section N.M. (non militaire) du B.C.R.A. et du S.C.D.D. (Service courrier, documentation, diffusion) du commissariat à l'Intérieur. Milice.

Fonds F/60 : Secrétariat général du gouvernement et services du Premier ministre 1935-1971

1675 : la Légion des combattants et la Milice française.

Fonds F/7 : Police Générale

14886 : collaboration des Polices française et allemande.

258

14943 : état-major F.F.I. Secteur Ouest.

14961 : Milice (dossiers de suspects ; dénonciations de miliciens).

14968 ; 14969 : inspection générale de cam dinenemen (cbe 1944 janvier 1946).

Fonds 72/AJ : Archives du Comité d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, fonds privés et documents divers relatifs à la période 1939-1945

2109-2116 : Gérard Silvain (collection de documents sur la Seconde Guerre mondiale).

Fonds 19880206/1-19880206/2 : fichier central de Police judiciaire (1940-1965)

- Archives privées

La Contemporaine (Nanterre)

4/DELTA/0911 : France. Milice.

4/P/RES/1231 : Le chant du départ, organe de liaison des francs-tireurs et partisans des Basses-Alpes. Mai août 1944.

F/DELTA/RES/0810/2 : Cmmiin liie dain de Ranne.

F/DELTA/1770 : Fance. Pc Piee Ma n c dain.

F/DELTA/1832 : Dossiers de presse des ouvrages de Robert Aron.

F/RES/0344 : Clade Rcha. Relain lOccain e la Riance en Sane-et-Loire. 1940-1945.

Q Pièce 4222 : Discours de la Milice.

259

- Sources imprimées

Presse : Gallica Combat (21 août 1944 21 décembre 1948) La Croix (13 janvier 1944 20 octobre 1948) LAssaut : journal des francs-gardes de la Milice Française, numéro 1 (15 décembre 1943) numéro 3 (15 février 1944)

La Contemporaine (Nanterre)

Le Monde : 20 décembre 1944 29 novembre 1945

MFM P 215 : Combats, numéro 1 (8 mai 1943) numéro 65 (10 août 1944)

Europresse

Le Monde : 1 décembre 1945 22 septembre 1948

Tracts :

La Contemporaine (Nanterre)

O pièce 23709 : Que veut la Milice ?, 1944, 16 p.

S pièce 10922 : Histoire d'une émigration... ou d'une déroute : Fuite de la milice en Allemagne et installation a Sigmaringen de l'ex-gouvernement de Vichy sous la dénomination de "Commission gouvernementale de la défense des intérêts français en Allemagne", 1945, 32 p.

Documents officiels :

Journal officiel de lEtat français :

Loi du 30 janvier 1943 relative à la Milice française

Ordonnance du 26 juin 1944

260

Ordonnance du 28 novembre 1944

Ordonnance du 16 août 1947 portant amnistie

Ordonnance du 5 janvier 1951 portant amnistie

Ordonnance du 6 août 1953 portant amnistie

Mémoires et récits :

AUROY, Berthe, Jours de guerre : ma vie sous lOccupation, Montrouge, Bayard, 2008, 428 p.

BELOT, Robert (dir.), Dialogue de « vaincus » : prison de Clairvaux, janvier-décembre 1950, Paris, Berg International, 1999, 285 p.

BENOIST-MECHIN, Jacques, A lépreuve du temps : souvenirs, Paris, Perrin, 2011, 849 p. (édit. originale : 1989-1993).

BIDAULT, Suzanne, Souvenirs de guerre et doccupation, Paris, La Table ronde, 1973, 259 p.

BRINON (de), Fernand, Mémoires, Paris, Editions Déterna, 2001, 277 p. (édit. originale : 1949). 36

BRUCKBERGER, Raymond, Nous nirons plus au bois, Paris, Amiot-Dumont, 1948, 125 p.

CARUS, Georges, Ce que je navais pas dit, Chevaigné, Editions du Lore, 2009, 247 p.

CASSOU, Jean, La mémoire courte, Paris, Mille et une nuit, 2001, 110 p.

CHARBONNEAU, Henry, Les Mémoires de Porthos, Tome II, Paris, Librairie française, 1981, 468 p.

DORGOT, Jean, Le journal dun milicien, Paris, Nagel, 1948, 223 p.

DURAS, Marguerite, Cahiers de la guerre et autres textes, Paris, Gallimard, 2008, 428 p.

FABRE, Marc-André, Dans les prisons de la Milice : un mois au château des Brosses, Vichy, Wallon, 1944, 162 p.

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FRAYSSINET, Fabienne, Quatre saisons dans les geôles de la IVe République, Monte Carlo, Regain, 1953, 188 p.

GALTIER-BOISSIERE, Jean, Journal : 1940-1950, Paris, Quai Voltaire, 1992, 1077 p.

LA MAZIERE (de), Christian, Le rêveur casqué, Paris, Robert Laffont, 1972, 315 p.

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Table des illustrations

FIG. 1 POURCENTAGE DE PUBLICATIONS PAR PERIODIQUES ET PAR ANNEES FIG. 2 REPARTITION DES THEMES ABORDES PAR COMBAT, PAR MOIS, ENTRE AOUT ET DECEMBRE 1944, EN POURCENTAGE DU TOTAL. FIG. 3 RUBRIQUE ARRESTATIONS ET CONDAMNATIONS DU JOURNAL LA CROIX. FIG. 4 MENTION DE LACTEUR COURS DE JUSTICE , PAR ANNEES, EN POURCENTAGE. FIG. 5 MENTION DES DIRIGEANTS POLITIQUES DU REGIME DE VICHY ET / OU DE LA MILICE, PAR ANNEES. FIG. 6 MENTION DU THEME MAQUIS , PAR PERIODIQUES ET PAR ANNEES, EN POURCENTAGE. FIG. 7 MENTION DACTES MILICIENS ANTINATIONAUX DANS LES TROIS PERIODIQUES. FIG. 8 EVOLUTION DU NOMBRE DE PUBLICATIONS, DANS LES TROIS PERIODIQUES, PAR MOIS EN 1947 ET 1948. FIG. 9 REPRESENTATION DE LA RUBRIQUE ARRESTATIONS ET CONDAMNATIONS DU PERIODIQUE LA CROIX EN 1948. FIG. 10 NOMBRES DE MENTIONS DE LACTEUR FRANC-GARDE PAR ANNEES DANS LES TROIS PERIODIQUES. FIG. 11 SITUATIONS FAMILIALES ET MATRIMONIALES DES 113 INDIVIDUS. FIG. 12 CALCULS STATISTIQUES LIES A LAGE DES 113 INDIVIDUS AU MOMENT DE LEUR ENGAGEMENT DANS LA MILICE. FIG. 13 REPARTITION PAR SECTEURS DACTIVITE PROFESSIONNELLE, EN POURCENTAGE. FIG. 14 REPARTITION DES ADHESIONS A LA MILICE PAR ANNEES. FIG. 15 NOMBRES DADHESION A LA MILICE, PAR MOIS, EN 1944. FIG. 16 ENGAGEMENT DANS DES ORGANISATIONS VICHYSTES FIG. 17 ACTEURS EN CHARGE DES ARRESTATIONS DANS LE CADRE DE LEPURATION. FIG. 18 EVOLUTION PAR ANNEES DU NOMBRE DARRESTATION. FIG. 19 REPARTITION PAR ANNEES DU NOMBRE DE COMPARUTION DEVANT LA COUR DE JUSTICE DE LA SEINE. FIG. 20 REPARTITION DES DUREES DE PEINES DE TRAVAUX FORCES ATTRIBUEES. FIG. 21 REPARTITION DES DUREES DE PEINES DE PRISON ATTRIBUEES.

Table des matires

Remeciemen Sommaie Inodcion Taaille la econcion dne naion a ime de one ombe de on hioie Milicien e milicienne : n goe ocial collaboaionnie En co de jice, la collaboaion jge Ancage e dlimiaion Une hioie de oie de gee e de la collaboaion Une hioiogahie dene mai incomle : ene eje e dba Le oce de laion : loee dn co e eloi Le oinion e eenaion la Milice dan la ee Rci e eience De oil ian ne dmache ooogahie Enje d deeni dn goe ocial jg : laion en oie de gee PARTIE Dico e epéenaion le milicien e le milicienne eclion e homogénéiaion dn gope collaboae Chaie 1. Miicie e iiciee da a ee : dic e cabai hae e cdae A. La ee de a Libai a. Ue iai eceiee b. Miicie e iiciee, e eei de a Libai c. La ee e a ie e ace de ai jdiciaie B. A a Libai, ee ie de a Miice e de iicie ? a. Jge e gie de Vich b. Ei e che : a iece iiciee a c de e de eeai C. La Miice, a i e ae a ? a. I e baie ? Miicie e iiciee a e gad c de 1945 b. Qee ie de a Miice da a ee de a fi de ie de gee ? Chaie 2. La cabai a fii : a iiciee da iie aci A. U egagee e age de adhi e de eeai ? a. Ee i de ii e dic aciia, ee ace e fee da a Miice ?

b. Laci ciae a i d egagee fii c. De fige de a cabai iiciee B. Lidigi e a eeai de a cabai : iicie e iiciee, de ae a ai a. E ie de gee, a cabai iie a aci ? b. Liagiaie de a ahi e e iicie PARTIE De épone légale à la collaboaion milicienne le oage de la jice épaoie face a aene de la ociéé fançaie Chaie 3. Pace e fciee de a jice dai : ee aii e ecei A. La cdii idieabe a cai de iabe aii aiae ? a. Le iicie e ie de gee, ae e ahi b. P a ecci de ca aiae dfaie, a ie e e de jice de aii c. Ue dii de b e aai Faai B. La jice dai : de a ccei de jice aiiee a ie e ace de c de jice a. Re aec a jice ediie : de je e jice dai b. Le c de jice, e iace a c d c de a cabai iiciee c. Ue ee ccei de a cciiai aiae ? Regad aiie de cabae Chaie 4. U aaei jdiciaie ada a cie iicie ? A. Jge a cabai iiciee, cie a c de ai a. La Miice e 1944, e chi de ei de a cdaai ? b. Le jgee de ae e de idige, iicie e iiciee face a jidici c. E jice face hgi d cce iicie B. Laaeace a Miice : cie a ee ? a. Le cece de a dfaiace de ee aiee b. De cabae ie a C. Ee e cde e e c, ace de eie ag : a ie de ae de i a. Tige e cee dai : ace de b Faai ce ae ? b. La ae de a igage : e ee ai ? c. Le dic d i : eeai e igaiai ? PARTIE De engagemen a jgemen éde ociale dn gope dean la jice

Chaie 5. Tajecie ciae e eiece degagee : e iicie e iiciee fe- i ge hge a ci ie ? A. De ajecie diee cda egagee : i e 113 iicie e iiciee di ? a. Gee e iai faiiae, ee eeai dhe iaie dai e ai ciae b. Mee dadhi e gai degagee : e ge e iicie e iiciee ? c. Ee ceai d daee de a Seie e iabii ggahie B. Siai ciae e egagee iicie a. Pfei e ece feie : a Miice, e gaiai biee ? b. De bie da a iai ciae de acc ? C. De egagee a egad egagee, e iicie e iiciee face e cie a. Chgie degagee e fci da a Miice b. Egagee de cici : a Miice e gaiai ai dae da e ajecie cabaiie ? c. Egagee di e de eci, e cii dchage ? Chaie 6. De c de iicie e iiciee e c de jice : a cabai e jgee A. A c de cde, ee e e ecei a. Te e iege e cabae b. De aeai a cai : e e de cde c. De de de cde aiabe : ee e e ead B. E cai, de eece aa cjcee ? a. Ue aci iaie idie : a dgadai aiae b. De aci ifae aiciee e ? c. Qee aci e cie ? C. Qe bia a Miice a egad de 113 iicie e iiciee ? a. Miicie e iiciee a ai : ee cdaai e bi b. Ee cece e ad : aciee, eie de eie e ee daiie Conclion Annee Aee 1 : Ee d abe Ece ecea e aice de ee Aee 2 :

Chi de he e ace da a cii d c daice de ee Aee 3 : Eee de ice idiidee aie a e Ci dhiie de a Deie gee diae Aee 4 : C de die jg a a c de jice de a Seie ciif de aae gahie Aee 5 : Mde eaie de a bae de de (Libe Office Bae) Aee 6 : Ee d abe Ece ceda a die dee ee ee eebe e ebe 1944 idiid daaeace a Miice faaie Aee 7 : Ce e jee fie f e a a Miice ? Aee 8 : Deade de dae ige a a Miice e e ai aie Aee 9 : Ee d abe Ece ceda a 113 die daffaie jg aaeace a Miice Aee 10 : Ree ia e ge a ii cce da a Miice Aee 11 : Pc-eba de eie cai Aee 12 : Pc-eba diegaie e de cfai Aee 13 : E de fai Aee 14 : Dcaai daiie Table de annee Soce e bibliogaphie Ea de ce Bibigahie Table de illaion Table de maièe