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UNIVERSITE D’

FACULTE DE DROIT D’ECONOMIE, DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE

Département de SOCIOLOGIE

Mémoire de MAITRISE en Sociologie

DYNAMIQUE SOCIO-CULTURELLE DES

MIGRANTS BETSILEO ET MERINA DANS LA REGION DE :

CAS DE LA COMMUNE URBAINE DE MORONDAVA

Soutenu par : Todiarivo Sarat Alisoa

Les membres du jury :

Président du jury : ANDRIANAIVO Victorine, Maître de conférences

Juge : STEFANO Etienne Raherimalala, Maître de conférences

Encadreur pédagogique : RANDRIAMASITIANA Gil Dany, Professeur

Année Universitaire : 2009-2010

Date de soutenance : 26 Juillet 2012

DYNAMIQUE SOCIO-CULTURELLE DES MIGRANTS BETSILEO ET MERINA DANS LA REGION DE MENABE : CAS DE LA COMMUNE URBAINE DE MORONDAVA

REMERCIEMENTS

Je remercie Dieu qui m’a donné la force, l’espoir et le courage et d’avoir veiller tout autour de ceux qui ont accepté de m’aider dans l’accomplissement de ce travail.

L’étude s’est faite sous la direction éclairée de notre encadreur académique, le professeur RANDRIAMASITIANA GIL DANY. Nous lui témoignons notre profonde gratitude pour sa constante disponibilité en dépit de ses nombreuses occupations. Merci d’avoir accepté conduire ce travail de bout en bout jusqu’au jour d’aujourd’hui.

Je remercie également tous les corps enseignants du département de Sociologie pour toute leur volonté de nous transmettre des connaissances.

Mes remerciements vont notamment à l’égard des membres du jury : le président du jury, madame ANDRIANAIVO Victorine ; le Juge, monsieur STEFANO Etienne Raherimalala.

Je remercie, mes amies pour ces nombreuses fois où elles se sont investissent pour ce travail, ma famille pour leur patience malgré toutes ces longues attentes.

Je voudrai également exprimer toute ma gratitude à l’endroit des populations de Morondava plus particulièrement aux enquêtés de Namahora, de Morondava Centre, ainsi que de Tsakoameloky qui ont bien voulu apporter leur part de soutien dans l’accomplissement de ce travail.

AVANT-PROPOS

Depuis longtemps, les études sociologiques m’ont intéressée. Alors que je n’avais que de vagues idées sur la portée même de ce qu’est réellement la sociologie, pour moi, étudier en sociologie semblait être une évidence. Ayant effectué des études économiques auparavant, j’ai pu une fois de plus constater l’importance et la polyvalence de la sociologie. C’est ainsi que je me suis orientée vers cette discipline.

Le fait que cette dernière permette de réaliser des recherches sur presque tous les domaines sociaux, économiques, politiques, anthropologiques et même psychologiques accentue la nature plurivalente de la sociologie. Les réalités existantes à méritent tous d’être étudiées de manière approfondies. Elles varient en effet à la fois en fonction des localités, des régions, de la culture et de bien d’autres éléments qui font que chaque phénomène social mérite d’être sujet à nos intérêts. C’est ainsi que je peux affirmer que pour moi, avoir pu suivre ces cours de sociologie est un grand privilège.

Depuis toujours, les changements sociaux enregistrés dans les régions malgaches ont suscités mon attention. Originaire de Morondava, j’ai pu constater au fil des années à quel point les changements sur les lieux n’ont cessé de se varier. C’est sans aucune forme de régionalisme, ni d’idéalisme que j’ai pu réaliser dernièrement que la migration est un des facteurs les plus importants qui favorisent les changements sociaux de cette localité. C’est ainsi que m’est venu l’idée de développer cette constatation, en effectuant des recherches plus approfondies qui me permettront de confirmer ou non ma supposition de départ. En plus de cette motivation particulière d’avoir des réponses plus concrètes à mes questions, j’y ai associé mon intérêt pour l’analyse du développement social.

Ce fut pour moi une expérience à la fois enrichissante et surtout plaisante de réaliser cette recherche auprès de populations de natures variées. Et bien que j’ai pu rencontrer certaines contraintes pour mener à bien mes études, j’ose qualifier cette aventure comme figurant parmi les meilleures que j’ai pu vivre. Les rencontres, les observations, les discussions et l’apprentissage que j’ai pu bénéficier au cours de cette expérience m’a rendu meilleure et a beaucoup amélioré ma faculté d’insertion. SOMMAIRE

PARTIE INTRODUCTIVE

PARTIE I : PRESENTATION DU TERRAIN D’ETUDE ET APPROCHE THEORIQUE

Chapitre I ETATS DES LIEUX ET PRESENTATION DU TERRAIN

Chapitre II MORONDAVA, UNE COMMUNE RICHE EN RESSOURCE

Chapitre III APPAREILLAGES THEORIQUES

PARTIE II QUINTESSENCE DE LA MIGRATION, ENTRE ADAPTATION CULTURELLE AMBIVALENTE ET MAINMISE DU TISSU SOCIO-ECONOMIQUE

Chapitre I CIRCUITS, PÔLES ET PARAMETRES DES MIGRATIONS AU SEIN DE LA COMMUNE

Chapitre II LE DÉVELOPPEMENT LOCAL QUI IMPLIQUE LES MIGRANTS

PARTIE III ENJEUX PLURIELS DE LA MIGRATION ET ANALYSE PROSPECTIVE

Chapitre I CULTURES ET MIGRATIONS

Chapitre II SUGGESTIONS

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

TABLE DES MATIERES

LISTE DES TABLEAUX

LISTE DES FIGURES

LISTE DES GRAPHES

RESUME

CURRICULUM VITAE

1

PARTIE INTRODUCTIVE

Généralités sur la migration et le changement social

Le concept de migration évoque un mouvement, une action. Une volonté concrète de quitter un lieu donné pour aller vers un autre : un point de destination. Décision souvent motivée, suivie par l’acte manifeste du départ d’un lieu de vie vers une ville ou une région, la migration n’est aucunement statique. Elle suppose un déplacement. Et c’est sur ce dynamisme spatio-temporel que s’érige en tant que matrice toute notion migratoire.

A échelles multiples, pratiquée individuellement ou en groupes, la migration n’a eu de cesse de susciter un intérêt monstre. Concept-clé pour le paléontologue dans sa quête insatiable de reconstruire l’immense casse-tête de l’évolution de l’homme, fer de lance du démographe à l’affût de tout déplacement de population, la migration est une des cellules souches de toute étude à caractère social.

Mariée à l’Histoire, la migration a foulé avec elle les règnes du temps. Car des premiers hommes jusqu’à nos jours, la migration est toujours au cœur de l’actualité. De l’Homo Erectus (statué premier migrant) jusqu’aux campagnes de promotion pour la libre circulation des personnes et des biens, une chose est indéniable. La migration n’a jamais pu s’empêcher de véhiculer avec elle un vent de changement. Nul ne peut confirmer qu’un phénomène migratoire n’ait été d'aucun effet. A moindre ou à large mesure, toute migration implose sur presque toutes les facettes de la vie sociale. L’élément étranger qu’est le migrant à l’égard de la communauté d’accueil bouleverse un tant soit peu l’agencement de celle-ci. Tout comme il est vital pour le migrant d’adopter des mesures drastiques d’adaptation face aux contraintes de son nouveau cadre de vie. Des impacts tout aussi réciproques. Mais par « vent de changement » que voulons-nous réellement soulever ?

Belle interrogation certes, car la simple invocation du terme changement social déverse et défraie une panoplie complète d’auteurs et de théories. Et ce ne sont pas les avis qui manquent. Certains tiennent compte de l’économie ou des conflits pour servir de facteur explicatif à ce changement social. D’autres en profitent pour rectifier que ce serait plutôt du ressort de l’idéologie ou des valeurs, de l’activisme individuel et bien d’autres encore. Une litanie que nous ressasserons un peu plus bas si nécessité il y a. Dans la présente étude, la

2 visée durkheimienne adoptant la démographie comme facteur explicatif du changement social est la plus adéquate. Survolée brièvement, sa thèse postule qu’avec l’accroissement de la population, un développement de la Division du Travail s’opère. Intensifié, ce processus à long terme provoque une mutation de la société que Durkheim qualifie de modernité. Cette théorie est certes plausible, mais elle n’est pas exclusive. D’autres facteurs doivent être jonglés avec la démographie dans ce labyrinthe de réponses que requiert le changement social. Car dans le phénomène démographique, l’accroissement du nombre de population n’est pas uniquement dû aux naissances. Les flux migratoires y contribuent aussi. Dans le cas précis de Morondava, terrain où va se dérouler notre étude, des flots de migrants ont été constatés depuis quelques décennies. Venant des quatre coins de la Grande Ile, la majorité est tout de même originaire des Hautes Terres centrales de Madagascar. Peut-être est-ce dû à la proximité de Morondava, ce sont plus les Merina et les Betsileo qui sont en grand nombre. Commençant à s’y installer au début des années 70, ces derniers comptent pour la plupart à y élire définitivement domicile. Actifs, dynamiques et présents dans bon nombre de secteurs, l’activisme de ces migrants nous a germé à l’esprit le questionnement suivant qui fait tout aussi office de

 Problématique :

Dans quelle mesure ces migrants contribuent-ils au développement local de la Commune de Morondava ? Voire même au regard de la région ? Sont-ils ainsi des agents de changement ? Sommes-nous en présence d’une minorité agissante (terme que nous empruntons à Guy ROCHER) ? Nous nous évertuerons hargneusement et dans la mesure du possible d’y répondre au cours des développements qui vont suivre. Nous y veillerons particulièrement.

 Hypothèses avancées :

En comparaison avec le train de vie des natifs, ces migrants vivent plutôt bien. Ils vivent même mieux si l’on peut dire. Une floraison facilitée par une intégration assez réussie au sein de la communauté. A vue d'œil, on peut supposer que ces migrants contribuent au développement de Morondava :

Sur le plan économique : Au niveau microéconomique concernant la satisfaction des besoins primaires et secondaires précisément sur le plan commercial, un changement énorme s’est opéré. Monopolisé auparavant par les « karana » qui déterminaient les prix à leur guise ;

3 l’arrivée de ces migrants a augmenté l’offre par de nouveaux produits à prix compétitifs. Diminuant ainsi les prix et rendant abordables ces produits. Favorisant les ménages qui ont pu en bénéficier. Changeant ainsi le paysage du commerce communal déserté par les « karana » et repris par les migrants.

Au niveau de l’anthropologie économique 1(Substantiviste) : Suite à la dynamique des échanges existants dans le marché, il est fort probable que la circulation monétaire y joue un rôle très important. La vitesse de circulation de la monnaie (accompagnée par des circulations de biens, de services et même de personnes) ou bien le rythme auquel la monnaie change de main rend l’économie de la commune beaucoup plus forte. Puisque ces migrants accumulent de l’argent de par leurs activités commerciales ils peuvent investir dans des domaines autres que le commerce. Comme dans le transport par exemple.

Sur le plan socioculturel : Une nette amélioration des conditions de santé de la population est tangible. De nombreux cabinets médicaux ont vu le jour avec de nouvelles techniques de traitement et de soin. Un état de santé amélioré garantissant plus de performance à la population. Optimisant ces chances de devenir plus actif sur le plan du développement. Tout comme le secteur du transport, que ce soit pour les zones régionales ou urbaines, il est détenu par ces « mpiavy ». Ils assurent la ligne Morondava- Antananarivo et Antananarivo- Morondava en acheminant la commune en produits (PPN, légumes, produits chinois…). Leur arrivée a aussi aménagé le circuit urbain des transports par l’apparition des lignes de cars ou bus urbains. Ces migrants participent également dans le volet éducationnel de la Commune. Des migrants à la retraite créent des écoles privées et peuvent ainsi offrir à la population des programmes scolaires innovants. Il se pourrait aussi que des migrants pour bien s’intégrer s’efforcent d’apprendre les us et les coutumes de la région surtout ceux qui sont les plus courants dans la vie quotidienne tel que le dialecte régional. Tout cela peut créer un environnement calme entre migrants et autochtones. L’accueil est quelque peu chaleureux

1 C’est un champ de discipline anthropologique qui étudie, les dispositifs mis en œuvre par les sociétés humaines afin de produire et échanger les biens matériels nécessaires à leur consommation et à leur reproduction en tant que groupe. L’anthropologie met en évidence la diversité des modèles économiques et leur rôle dans le fonctionnement de toute société humaine. L’importance des échanges et de la compétition qu’ils peuvent induire selon F Boas à travers ses études sur le Potlatch. Trois écoles se partagent le champ d’investigation de l’anthropologie économique se basant sur des définitions différentes de ce qu’est l’économie. Les formalistes où l’économie est définie comme « la science qui étudie le comportement humain comme une relation entre des fins et des moyens rares.. » C’est le type de l’économie de marché et de la libre concurrence. Les substantivistes donnent une définition plus large de l’économie : « C’est la science qui s’intéresse à l’ensemble des rapports sociaux quels qu’ils soient, qui règlent dans chaque type de société la production et la répartition des biens matériels. Les rapports « économique »sont encastrés dans d’autres types de rapports. Les grandes figures de ce mouvement sont, Karl Polanyi, dans sa réflexion sur le système capitaliste, influencé par la pensée de Max Weber. Les substantivistes se concentrent sur la circulation et la distribution des biens.la troisième pensée de Karl Marx tente d’expliquer le pourquoi et le comment des variétés de modèles économique, mais aussi leurs rôles et fonction dans les sociétés. (Source : Wikipédia, l’encyclopédie libre, article sur l’anthropologie économique)

4 puisque certains des autochtones nous ont pris pour des « mpiavy ». Laissant ainsi sous- entendre que la présence des migrants est loin de déplaire aux autochtones. Ce qui est bien plus qu’enrichissant pour apporter de la teneur à nos recherches. Il a été nécessaire d’ajouter des exemples précis à ces hypothèses pour appuyer la teneur de nos affirmations.

 Objectifs, choix du terrain, et motifs du choix du thème :

Pour éclaircir au mieux notre analyse, un bref survol de la situation à Morondava est à dresser. De nos origines maternelles, nous côtoyions cette région depuis notre tendre enfance. De par nos multiples passages là-bas, nous avons pu constater, au fil des années, une recrudescence du nombre de migrants qui viennent s’y installer : Merina et Betsileo en majorité. Fortement dynamique, surtout dans le secteur du commerce, leur fulgurante ascension semble clouer sèchement le niveau de vie des autochtones. Des natifs qui d’apparence semblent se résigner à perpétrer les anciennes pratiques : la pêche artisanale et la culture vivrière.

Si comme problématique nous nous sommes demandé jusqu’à quelles mesures ces migrants contribuaient-ils au développement local de leur commune, notre étude a tout aussi pour objectifs de savoir :

Du côté des migrants : Les facteurs qui les poussent à migrer vers la commune. Délimiter aussi s’ils ont de meilleures raisons pour y rester. Les difficultés rencontrées concernant leur intégration avec la communauté d’accueil.

Du côté des autochtones : comment se comportent les natifs du Menabe envers les migrants pour produire ce fort taux de mobilité. La présence de ces « mpiavy » nommons-les ainsi, présente-t-il des intérêts quelconques pour les autochtones .

Ces objectifs coïncident à merveille avec le choix de notre thème. Motivé par ce constat flagrant, puis amplifié par la pré-enquête et ses premiers résultats comment contester le penchant que nous a suscité le thème. En quoi la migration a-t-elle été au centre de nos préoccupations ce coup-ci ? Nous aurions pu la reléguer au même niveau que tous les paramètres en jeu dans toute étude de dynamisme sociétal. Et non ! La migration nous passionne en ce que les mutations socioculturelles, politiques ou économiques qu’elle a tendance à engendrer sont plus que repérables. Mais aussi, de déceler les apports positifs et les aspects négatifs de celle-ci vis-à-vis de la communauté. Tout ceci pour refléter et relater les intérêts que portent notre étude et les motifs précis qui nous ont poussés à nous arrêter sur le

5 choix du thème. Notre micro-population s’élève donc à 80 individus, dans trois fokontany, dont Morondava Centre 40 enquêtés, Namahora et Tsakoameloky 20 interviewés chacun.

 Méthodologie

Les Méthode

- La méthode dialectique

La dialectique est la plus complète, la plus riche et semble-il, la plus achevée des méthodes conduisant à l’explication en sociologie. Elle part de la constatation très simple des contradictions qui nous entourent. Elle est d’abord une attitude vis-à-vis de l’objet : empirique et déductive, elle commande par là une certaine façon de recueillir des données concrètes. Elle représente ensuite une tentative d’explication des faits sociaux. La méthode dialectique ne saisit pas abstraitement des éléments abstraits obtenus par l’analyse. Elle veut les considérer en tant qu’éléments concrets ayant une existence concrète. Comment y parvenir ? Chaque phénomène concret observable enveloppe quelque chose d’essentiel. L’essentiel comme tel, c’est ce qui caractérise, ce qui doit expliquer et seul expliquer le phénomène.

Cette méthode a été adoptée dans cette étude afin de nous éclaircir sur la situation des groupes ethniques Merina, Betsileo, et Sakalava résidants dans la commune. Les Merina y sont-ils vraiment leaders ? Les sakalava n’aiment-ils pas vivre en ville avec la modernité ? Sinon pourquoi les migrants des hautes terres dominent t-ils la ville de Morondava ?

- La méthode comparative

Cette méthode tend à systématiser une tendance naturelle de notre esprit. Le mouvement spontané qui nous pousse à comparer ce que nous voyons. Elle ne dispose pas de procédure particulière. Elle est utilisée par toutes les sciences sociales : Psychologie, sociologie, science politique, ethnologie s’appuient sur des comparaisons aussi bien pour des études vastes que pour une étude de secteurs particuliers, pour une étude qualitative que pour une observation quantitative. La méthode comparative, trouve sa place à tous les niveaux de la recherche, elle fait partie de l’observation et peut aussi suggérer des hypothèses.

Ici, les mêmes questions se répètent. Le pourquoi et le comment de la situation contradictoire dans la commune.

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Les pôles théoriques

- Le fonctionnalisme

Dont les auteurs principaux sont B Malinowski (1884-1942) et A. R Radcliffe Brown (1881-1955). Le travail de B Malinowski consiste à étudier les institutions (économiques, politiques, juridiques) ainsi que les relations que celles-ci entretiennent avec le système culturel global dans lequel elles sont insérées. Pour l’auteur, chaque institution existe seulement parce qu’elle est rempli de fonction spécifique elle-même adaptée à un besoin spécifique. L’auteur est à l’origine d’une méthode ethnographique spécifique qui privilégie le travail de terrain. Il faut partager durablement l’existence d’une population afin de pouvoir observer les phénomènes de la vie quotidienne y compris les plus anodins, et ainsi comprendre progressivement les interactions qui existent entre les phénomènes observés.

Puisque notre sujet touche à la migration et le développement, il nous sera utile de faire référence à cette approche fonctionnaliste. Chaque individu dans une société doit avoir une part de responsabilité pour faire marcher les institutions, cette responsabilité s’affirme dans les fonctions et rôles attribués à chacun. Parlant de dynamisme des migrants revient à dire parler de leur action.

- Le structuralisme

Une approche proposée par C. Lévis Strauss, pour lui, c’est en constituant des typologies à partir des pratiques sociales observées dans chaque société que l’anthropologue parvient, derrière la multitude des coutumes, rites et autres mythes, à rendre compte de ces « structures élémentaires » . C Levis Strauss voit dans les règles de la parenté l’une des expressions de ces structures élémentaires ; pour lui, la prohibition de l’inceste n’a pas un fondement biologique mais un fondement social : elle exprime la nécessité de choisir son conjoint à l’extérieur du groupe de parenté afin de pouvoir constituer de nouvelles formes de lien social.

Tous les individus, membres de la commune sont considérés comme des éléments qui vont assurer le bon fonctionnement des institutions qui sont chacune en interdépendance. Les rôles des migrants dans la marche des différents secteurs seront donc beaucoup développer.

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Les techniques

- Démarches et déroulement de l’enquête sur le terrain

1- La pré-enquête

S’éveille toujours une curiosité particulière lorsqu’il est question de la région du Menabe. Riche en potentiels et forte de ses ressources, de cuisants paradoxes subsistent tout de même. Dans nos précédents travaux, mémoire de Licence entre autre, l’occasion s’était déjà présentée pour nous de choisir cette région comme terrain d’étude. Sur un sujet d’étude bien différent certes mais une pressante constatation a fait germer l’actuelle continuité du choix de la ville de Morondava comme lieu de recherche. Et c’est d’ailleurs lors desdites investigations que l’évidence d’une forte présence de migrants au sein de la population de la ville a mis sur pied le présent ouvrage. Bon nombre des enquêtés ne sont nullement pas originaires de la Région. Questionnant quelques uns au passage pour clarifier l’énigme, l’étude sembla alléchante. De ce survol simple et quasi banal s’amplifia l’intérêt de soumettre le sujet à un approfondissement plus poussé.

Suivant les directives de l’encadreur, des recherches documentaires furent entreprises. La bibliographie en fait état. D’ouvrages en ouvrages et de sites en sites, notre objet d’étude commença à s’édifier. Le vif étant de cerner sur quoi va porter le cœur du sujet. Il est bien facile de s’arrêter sur un thème. Le plus dur réside dans la capacité à en faire un sujet plausible et pertinent. Quel autre meilleur moyen d’y parvenir que de descendre sur le terrain même ? D’où l’amorce d’une pré-enquête : Le choix de la commune de Morondava comme terrain de recherche est principalement motivé par son caractère cosmopolite. Par rapport aux autres (…), elle porte la spécificité d’abriter une diversité particulière au sein de sa population. Ce qui ne serait pas nuisible à la nécessite de nos analyses. Sa grande étendue a toutefois contraint nos élans à sectionner puis choisir des portions de la commune. Comptant en tout 18 Fokontany, les 03 sélectionnés ont été spécifiquement retenus de par la forte concentration de migrants en leur sein. A l’exemple de Morondava Centre, grand axe de communication. Olobe et chef fokontany sont souvent perçus comme les premiers responsables dans ce genre de cas. Des rendez-vous ont ainsi été réservés à l’avance en attendant le questionnaire définitif. De la pré-enquête s’est dégagée des réalités qui ont permises de se faire quelques petites idées sur le contenu du questionnaire. De simples suppositions ont été quelques peu appuyées. Jouant sur les paramètres et les variables

8 possibles, un questionnaire de 17 questions vit le jour. Questionnaire voulant vérifier les hypothèses de recherches retenues.

2- L’enquête

Questionnaire en main, les premiers entretiens s’effectuèrent. Les trois premiers enquêtés furent les 03 chefs fokontany des 03 quartiers d’enquêtes. Pourquoi eux ? La crise de 2009 ferma les portes de la commune c’est-à dire la Mairie, et seuls quelques fokontany restèrent fonctionnels. A cela s’ajoute, les anciens chefs fokontany furent évincés et de nouveaux furent nommés. Nouvellement en poste, ces derniers ne savaient pas mieux que leurs prédécesseurs les rouages et informations nécessaires à notre étude. D’où la contrainte pour nous d’aller à la recherche des anciens chefs fokontany. Il est plus qu’important de spécifier que tous ces chefs fokontany sont des migrants des hautes terres centrales précisément d’Antananarivo. Aucun d’eux ne vient de la Région. Nous y reviendrons ultérieurement. Le contact avec ces informateurs facilita aussi l’approche des autres enquêtés. Membres de leurs quartiers ou des fokontany respectifs, ces autorités nous présentèrent à eux. Ce qui causa une plus grande ouverture des enquêtés à répondre à nos questionnements. Tsakoameloky est à l’entrée de Morondava. Aux portes de la Commune, ce quartier abrite 2230 habitants en 2007,Vingt personnes ont été questionnés au sein du fokontany. Ce même chiffre a été retenu quant au second quartier Namahora dont les habitants s’élèvent à 3734 habitants en 2007.Dû à son étendue, le nombre d’enquêtés a été doublé pour le cas du fokontany de Morondava Centre. L’effectif de la population de ce dernier est de 1700 seulement en 2008 dont 900 des migrants des hautes terres centrales. Ce faible effectif de la population de Morondava centre s’explique selon le chef fokontany par le fait que depuis 2005, les nouveaux migrants qui sont dans le commerce ambulant ne viennent pas s’inscrire au bureau du fokontany alors qu’ils habitent vraiment dans le quartier. Dans ce qui suit nous allons citer dans un tableau les listes des enquêtés dans la commune selon les trois quartiers mentionnés ci-dessus, le nombre de nos enquêtés s’élève à 80 individus en tout.

- Les échantillons d’enquêtes dans la commune

Notre technique d’échantillonnage se rapproche beaucoup plus de l’échantillonnage aréolaire dans la mesure où les choix portent sur les proximités spatiales des lieux d’enquête. Le point de départ est une carte géographique de la commune de Morondava. On a ici comme aire utilisé, les circonscriptions administratives par fokontany. Mais elle peut être aussi qualifiée

9 d’échantillonnage stratifiée en ce sens que nous avons essayé, en s’appuyant sur les classifications des anciens chefs de quartiers, de prendre en compte les différentes catégories socioprofessionnelles.

La population ici est divisée en strates. Chaque strate constitue un sous-ensemble dont on extrait un échantillon. L’échantillon est tiré au hasard pour chaque strate.

1- Fokontany Tsakoameloky

On a fait exprès de mentionner dans cette étude les identités des enquêtés pour montrer, de leur âge et de leur nom qu’il s’agisse bien des jeunes en pleines activités venant des hautes terres. Le fokontany de Tsakoameloky se trouve à l’entrée de la commune, à première vue elle contient bon nombre de migrants ce qui nous a permis de tenir sa sélection dans notre analyse. On a enquêté, au hasard 20 migrants venant de la haute terre dont la majeure partie sont des jeunes âgés entre 20 et 40 ans.

Tableau1 : Liste des enquêtés du Fokontany Tsakoameloky

AGE ORIGINE PROFESSION FOKONTANY 31 Antananarivo Docteur Tsakoameloky 37 Antananarivo Professeur Tsakoameloky 24 Antananarivo Commerçant Tsakoameloky 30 Commerçant Tsakoameloky 53 Antananarivo Ingénieur et chef Tsakoameloky fokontany 34 Antsirabe Epi-Bar Tsakoameloky 22 Antananarivo Etudiant Tsakoameloky 34 Antananarivo Professeur Tsakoameloky 35 Antananarivo Commerçant Tsakoameloky 22 Fianarantsoa Boucher Tsakoameloky 36 Antananarivo Commerçant Tsakoameloky 28 Antananarivo Commerçant Tsakoameloky 37 Antananarivo Commerçant Tsakoameloky 29 Antsirabe Transporteur Tsakoameloky 37 Fianarantsoa Commerçant Tsakoameloky 45 Fianarantsoa Collecteur Tsakoameloky 29 Antsirabe Agriculteur Tsakoameloky 21 Antsirabe Commerçant Tsakoameloky 19 Fanadiana Etudiante Tsakoameloky 28 Fandriana Commerçant Tsakoameloky Source : Enquêtes personnelles 2009

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Graphe 1 : Représentation des tranches d’âge des enquêtés de Tsakoameloky

Source : Enquêtes personnelles 2009

Comme on le constate, l’âge de la majorité de la population de notre étude se situe dans l’intervalle de 20 à 40 ans. Effectivement, leur effectif s’élève jusqu’à 18 individus. Ce qui veut dire que, 90% sont tous des jeunes actifs et dynamiques, en âge de travailler et en âge de rechercher la stabilité sur le plan professionnel. Deux seulement sont ceux qui dépassent le 40 ans, ou 10%. En effet, l’un d’eux n’est autre que le chef Fokontany lui-même, loin d’être inactif d’après ce que j’ai constaté pendant l’entretien. Et l’autre qui a 45 ans est collecteur : le travail d’un collecteur consiste à collecter des produits agricoles y compris le riz dans un magasin de stock, pour pouvoir par la suite les vendre. Souvent les acheteurs viennent de loin, d’Antananarivo ou d’Antsirabe et aussi de Fianarantsoa, l’achat se fait de tonnes en tonnes. Parmi les 18, 2 seulement sont étudiants, le reste travaille ; encore parmi les 18, Neuf sont commerçants et trois dans les administrations, les trois autres dans la boucherie, dans le transport et épi-Bar. Mais ce dernier peut être classé comme commerçant. Ce sont donc des jeunes dont la plupart sont des commerçants.

2- Fokontany Namahora

Ce deuxième fokontany se trouve au milieu de la commune, à première vue on constate dans le bazar beaucoup de migrants qui travaillent dans le commerce mais la réalité se découvre par l’enquête de chacun d’eux. Ici, on a comme précédemment enquêté 20 migrants au hasard,

11 tout en tenant compte des paramètres socioéconomiques des enquêtés et dont la plupart sont aussi des jeunes de 20 à 40 ans, voici l’identité de chacun d’eux

Tableau 2 : Liste des enquêtés du Fokontany Namahora

AGE ORIGINE PROFESSION FOKONTANY 33 Antananarivo Commerçant Namahora 41 Fianarantsoa Couturière Namahora 38 Antananarivo Commerçant Namahora 46 Antananarivo Commerçant Namahora 40 Antananarivo Commerçant Namahora 41 Antsirabe Commerçant Namahora 53 Ambatolampy Chauffeur Namahora 18 Antananarivo Etudiant Namahora 21 Antananarivo Etudiant Namahora 30 Antananarivo Commerçant Namahora 28 Antananarivo Commerçant Namahora 27 Agriculteur Namahora 22 Imady Commerçant Namahora 51 Ambatolampy Mécanicien Namahora 39 Ambatolampy Commerçant Namahora 32 Fianarantsoa Commerçant Namahora 25 Antsirabe Institutrice Namahora 38 Antsirabe Couturière Namahora 37 Fianarantsoa Couturier Namahora 24 Antsirabe Commerçant Namahora Source : enquêtes personnelles 2009

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Graphe 2 : Représentation des tranches d’âge des enquêtés de Namahora

Source : enquêtes personnelles 2009

3- Fokontany Morondava Centre

Morondava centre n’est pas le centre de la commune, elle se trouve à l’extrémité sud se limitant par la mer. Dans ce fokontany les commerces ambulants y sont aussi très dominants. De par la présence des épiceries, grossistes, pavillons. Force est de souligner que c’est dans ce dernier fokontany que les karana d’origine pakistanaise ont habité et ont monopolisé le commerce bien avant l’arrivée massive des migrants des Hautes terres centrales. Les enquêtés sont au nombre de 40 individus pris au hasard, en raison de son étendue plus vaste par rapport aux deux autres fokontany ci-dessus. A ceci s’ajoute aussi la forte concentration des « mpihavy » jeunes dont la majorité est entre 20 à 40 ans.

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Tableau3 : Liste des enquêtés du Fokontany de Morondava Centre

AGE ORIGINE PROFESSION FOKONTANY 52 Antananarivo Chef-fokontany Morondava centre 54 Antananarivo Commerçant Morondava centre 49 Betafo Chauffeur Morondava centre 31 Fianarantsoa Commerçant Morondava centre 63 Fianarantsoa Menuisier Morondava centre 36 Antananarivo Chômeur Morondava centre 38 Fianarantsoa Agriculteur Morondava centre 36 Antananarivo Collecteur Morondava centre 30 Antananarivo Commerçant Morondava centre 43 Antsirabe Commerçant Morondava centre 29 Ambositra Commerçant Morondava centre 39 Tsarazaza Commerçant Morondava centre 30 Ambatomainty Chauffeur Morondava centre 27 Fanadiana Maçon Morondava centre 58 Fandriana Commerçant Morondava centre 27 Antsirabe Commerçant Morondava centre 27 Fanadiana Boucher Morondava centre 33 Antsirabe Commerçant Morondava centre 38 Antsirabe Commerçant Morondava centre 56 Antsirabe Commerçant Morondava centre 24 Antsirabe Chauffeur Morondava centre 27 Antananarivo Charpentier Morondava centre 32 Antsirabe Etudiante Morondava centre 36 Antsirabe Couturière Morondava centre 23 Fianarantsoa Couturier Morondava centre 33 Antananarivo Couturier Morondava centre 17 Fianarantsoa Etudiante Morondava centre 21 Fandriana Etudiant Morondava centre 29 Fianarantsoa Agriculteur Morondava centre 50 Antananarivo Commerçant Morondava centre 51 Fianarantsoa Commerçant Morondava centre 52 Antananarivo Professeur Morondava centre 25 Antananarivo Greffier Morondava centre 29 Antananarivo Docteur Morondava centre 44 Antsirabe Police Morondava centre 27 Nosy be Gérant d’hotel Morondava centre 47 Antananarivo Commerçant Morondava centre 37 Antsirabe Couturière Morondava centre 39 Antsirabe Professeur Morondava centre 34 Antananarivo Gardien Morondava centre Source : Enquêtes personnelles 2009

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Graphe3 : Représentation des tranches d’âge des enquêtés de Morondava Centre

Source : Enquêtes personnelles 2009

Parmi les 40 enquêtés, il y à 12 individus voire 30% qui dépassent le 40 ans ,27 ou 67,5% sont ceux qui se trouvent dans l’intervalle de 20 à 40 ans. Le nombre des commerçants n’a pas atteint la moitié des enquêtés puisqu’ils ne sont qu’au nombre de 14. On a rencontré un seul chômeur, et deux étudiants. Le reste est dans couturière, charpentier, et boucherie.

 DEFINITION DE QUELQUES CONCEPTS-CLES

Immigration : L’immigration se définit comme une entrée de personne étrangère dans un pays. Ces personnes y viennent pour y séjourner ou s’y installer. Elle vient du Latin « MIGRATIO » signifiant « passage d’un lieu à l’autre ».

Migration : la migration n’est autre que le déplacement d’une population.

Émigré/émigration : l’émigré est la personne qui a quitté une région où il se trouvait pour une autre région, un autre État dans le but d’y vivre durablement. Le mot émigrant par contre c’est celui qui quitte l’endroit où il se trouve au moment où il le fait. L’émigration peut être due à plusieurs facteurs tels que l’économique, le politique, le religieux voire même le climatique.

L’accroissement naturel et l’accroissement d’une population : L’accroissement naturel est la différence entre le nombre des naissances et le nombre des décès. Par contre, l’accroissement d’une population varie sous l’effet de quatre facteurs, dont la natalité, la mortalité, l’émigration et l’immigration. La totalité de la population au cours d’une période est

15 donc égale à la natalité en soustraction de la mortalité additionnée à l’immigration moins l’émigration.

L’accroissement de la population et développement: A. SAUVY affirme : « croitre ou vieillir, il faut choisir ». Il pense que le vieillissement de la population est une menace pour le développement, il est donc pour la croissance de la population, c’est une source de dynamisme économique et d’ouverture au changement. Selon aussi E. BOSERUP avec le terme «pression créatrice », pour elle la croissance de la population contraint à la recherche de gain de productivité et de rendements. Loin d’être un obstacle à la croissance économique et au développement, la croissance démographique aurait donc un effet stimulant. Les projections démographiques et économiques tendent à corroborer l’idée d’une corrélation positive entre croissance démographique et essor économique. (Source : Aide mémoire de Science sociale 3e édition page 53)

Épargne : Revenu des ménages, après impôts et consommation.

Investissement : Achats de bien d’équipement, de stocks, de structures, y compris les achats de logements neufs par les ménages.

 Plan

Notre plan se divise en trois parties dont la première s’intitule, présentation du terrain d’étude et approche théorique, dans cette partie sera détaillée les états des lieux de la commune suivie des ses particularités en richesses naturelles pour aboutir aux appareillages théoriques.

Dans la seconde partie, nous verrons comme titre : quintessence de la migration entre adaptation culturelle ambivalente mainmise du tissu socio-économique , en vue de quoi il sera question de savoir : les circuits, les pôles et les paramètres des situations migratoires de notre zone d’étude ; puis de connaitre aussi les genres de développement où les migrants Merina et Betsileo sont impliqués.

Notre recherche se termine par la discussion des enjeux pluriels de la migration et analyse prospectives . Cette dernière partie contient deux chapitre dont la dualité entre culture et migration, suivie des suggestions.

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PARTIE I :

PRESENTATION DU TERRAIN D’ETUDE ET APPROCHE THEORIQUE

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Il importe, dès les préludes de cette analyse, d’effectuer quelques éclaircissements sur les concepts et thématiques qui y seront posés. Le cours de nos développements en aura fort besoin. Et ceci, dans un souci de compréhension, mais également pour une meilleure appréhension de la teneur du sujet. De cette manière, nous serions non seulement en mesure d’y percevoir un peu plus clairement sur quoi allons-nous nous pencher ; mais surtout pour que des égarements inutiles aux élans de nos réflexions soient évités. En venir aux faits réels est notre ultime projet. Pour ce faire, l’adoption de la présente démarche justifiera l’ensemble. Il est de coutume et plus que préférable d’amorcer nos réflexions en dressant au premier abord l’état de notre terrain d’étude. D’où une monographie ample et bien fournie des sous-régions et de la Commune urbaine de Morondava garnira le premier volet de la première partie de notre analyse. C’est à cela que répond le premier chapitre : Etats des lieux et présentation du terrain (Chapitre1). Suivie de l’opportunité que la commune possède (Chapitre2) .Mais l’on ne s’y résignera pas. L’ultime objet de cette analyse n’est autre que d’apporter, au moyen d’un appareillage théorique de qualité, la mise en œuvre d’une approche méthodologique efficace. Ce que nous tacherons donc dans un second temps d’étaler et d’en justifier l’utilité (Chapitre 3).

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Chapitre I

ETATS DES LIEUX ET PRESENTATION DU TERRAIN

Rien ne laisse l’opportunité d’une contestation si c’est à propos de la diversité du peuple malgache et de la richesse que cela offre. Fresque vivante d’une population à très grande variété, mais unifiée tout à la fois, notre île regorge en son sein toute une mosaïque de communautés tribales et ethniques dont la cohésion sociale est rendue possible malgré une différence que l’on prône : une diversité unifiant. Cette brève illustration peut se concevoir dans le tableau très mélangé qu’incarne à elle seule la Commune urbaine de Morondava.

Nous verrons en temps voulu cet aspect cosmopolite de la population qui la compose. Mais pour commencer notre analyse, nous nous pencherons au préalable sur le paysage administratif de la région et de la Commune (Section 1) pour mieux centrer, temporellement, notre terrain d’étude. Pour ensuite décortiquer l’aspect démographique et les trais caractéristiques de la population composant la Commune urbaine de Morondava ainsi que les activités économiques qui font de cette partie de l’Ile un véritable grenier d’opportunités économiques (Section 2). Et en dernier ressort, l’on s’efforcera d’éluder tout ce qui tourne autour de l’historique de l’immigration dans le Menabe tout en étudiant le cas des « Karana » et autres groupes ethniques malgaches qui y sont présentes.

Section 1 : Paysage administratif et découpage territorial 1. La région en survol

Région sablonneuse, à la merci des aléas climatiques par la vulnérabilité de sa position géographique, Morondava est sise à l’extrême Nord de l’ex-province de Toliara. Petit village de pêcheurs avant 1897, Nosimiondriky de son vrai nom servait de résidence d’été aux rois Sakalava de Mahabo. Morondava fut au cours de la période coloniale, une escale prisée des caboteurs français. Devenu un chef lieu de cercle de l’Administration coloniale, sous le commandement du capitaine AUDEOUD, l’attrait de ce nouveau statut engendra une véritable mutation de Morondava. D’incessantes vagues de migrations fit d’elle une ville de destination cosmopolite. Source : Monographie de Morondava 2008

Depuis le morcellement de Madagascar en régions, par souci de faciliter la gouvernance, les découpages administratifs suivants délimitent clairement notre zone d’étude. Portion de l’ancienne province de Toliara, la région de Menabe est constituée de 05 districts

19 dont Manja, Belo sur Tsiribihina, Mahabo, et Morondava. L’étendue du district de Morondava couvre une superficie de 5 529 km² : limité au Nord par le district de Belo sur Tsiribihina, au Sud par celui de Manja, à l’Est par le district de Mahabo et à l’Ouest par le canal de Mozambique. D’où sa situation géographique : situé sur la côte centre ouest de Madagascar. Découpé plus finement, le district qui nous intéresse est celui de Morondava. D’une population d’environ 121 481 (recensement 2007), l’organisation administrative du district a mis sur pied 05 communes qui sont illustrées au sein de ce tableau ci-dessous :

Tableau 4 : Répartition de la population par commune.

DISTRICT COMMUNE POPULATION TOTALE Morondava Commune urbaine de 121 481 Morondava 37 852 17 491 17 002 9 241 Source : Bureau du district (recensement 2007)

Resserrant de plus en plus l’étau pour arriver à notre zone privilégiée d’étude qui n’est autre que la commune urbaine de Morondava.

2. La commune urbaine de Morondava  Voies d’accès et transport terrestre

Cette partie de l’île a toujours été le territoire des Sakalava et des peuples de la mer que sont les Vezo. Mais par ses innombrables potentialités, cette ville a su, au cours des années, attirée de nouveaux arrivants. La relative pression démographique sur Morondava s’explique par le fait qu’il est le seul grand centre urbain avec un développement important des activités agro-industrielles, artisanales, portuaires et de pêche. Rendant ainsi sa population quasiment cosmopolite. D’une superficie de 38 km², la commune urbaine de Morondava est limitée à l’Est par la commune rurale de Bemanonga à 8km d’elle sur la route nationale 35. A 90km par l’autre commune de Belo sur mer et à 24km par celle d’Analaiva. Et puis bien sûr à l’ouest par le canal de Mozambique. (Tableau Fokontany). La commune en question rencontre des problèmes en matière d’échanges commerciaux surtout pendant la saison des pluies, en raison du mauvais état des routes secondaires. Ce qui par conséquent empêche les

20 produits de circuler. Contraignant les commerçants à les écouler à bas prix, ainsi les paysans rencontrent d’énormes pertes. L’accès à la Commune semble être toutefois permis pendant les saisons sèches. Comme toutes les villes, on y trouve de grandes constructions souvent ce sont des bâtiments publics ou privés, des logements administratifs y sont aussi présents mais leur vétusté est d’une réalité dégradation alarmante. Des réhabilitations et de nouvelles constructions ne seraient pas vues d’un mauvais œil. Certains bâtiments datent de la période coloniale. Chef lieu de district et chef lieu de région à la fois, la ville de Morondava est un point stratégique incontournable.

Les graphiques suivants montrent les densités du réseau de routes nationales et routes secondaires dans la région.

Graphe 4: Densité du réseau de routes Nationales

Source : PRD Région Menabe 2008

Série 1 : étendue territoire km² de route

Série 2 : population par habitant pour 1km de route

1 : Morondava, 2 : Belo, 3 :Mahabo, 4 :Manja, 5 : Miandrivazo

Graphe 5 : Densité du réseau de routes secondaires

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Source : PRD Région du Menabe 2008

 Les autres transports existants

A part les transports terrestres, il existe des moyens de transport fluvial, maritime, et aérien. Le désenclavement de la commune est facilité par l’omniprésence des transports terrestres. Moyen permettant d’atténuer les enclavements internes de la région. Le transport fluvial est très utilisé sur les trois principales voies navigables que sont : le Manambolo, la Mangoky et la Tsiribihina. Quant au transport maritime, il est d’une importance capitale pour les échanges commerciaux avec les autres régions, provinces et ceux de l’étranger. Le transport maritime joue un rôle capital pour les échanges de marchandises avec les régions limitrophes. Il permet d’établir un grand nombre d’échanges internes et des liaisons permanentes, d’acheminer de gros mouvements de marchandises comme les produits pétroliers, les produits de première nécessité, ainsi que les biens d’équipements et les matériaux de construction. La région ne possède que le port de Morondava qui est un port de cabotage de classe principale. Il détient un rôle important pour les échanges interrégionaux avec le reste de la province de Toliara, voire avec la province de Majunga. Secondé par le point d’accostage d’Andranompasy, le port est d’une importance stratégique aussi bien pour les échanges extérieurs (exportation et importation) ; que pour les échanges commerciaux intérieurs. En ce qui concerne le point d’accostage, celle-ci permet d’expédier des produits tels que le bois d’œuvre vers Toliara, le pois de cap vers Morombe. Permet également de recevoir des produits de premières nécessités et des hydrocarbures en provenance de Morombe. En transport aérien la Commune dispose des vols à la fois commerciaux

22 (touristiques) et sociaux. Le transport aérien assure un rôle de premier plan, en suppléant aux carences manifestes du transport terrestre en mouvement de touristes, de missionnaires et de personnes. Des vols réguliers d’Air Madagascar relient Morondava à Antananarivo et Toliara. Il y a des vols hebdomadaires vers , Miandrivazo, Belo Tsiribihina, Morombe ainsi que vers Manja. La région dispose d’un seul aéroport à piste bitumée, celui de Morondava, qui peut accueillir un Boeing 737

Tableau5 : La commune compte 18 Fokontany dont :

FOKONTANY LOCALISATION Morondava centre Chef lieu de la commune Avaradrova 500m au Nord Andabatoara 300m au Nord-est Nosy Kely 1km au Sud-ouest Betania 1km 200 au Sud-ouest avec portuaire Sans fil 300m au Nord Andakabe 100m au Sud Namahora Sud 2km à l’Est Namahora Nord 3km au Nord-est Ambalanomby 2km au Nord-est Ampasy 2km au Sud Bemokijy 2km 100 au Sud-est Tsimahavaobe 4km Nord-est Tsimahavaokely 5km Nord-est Ankisirasira Sud 2km au Sud Ankisirasira Nord 2km 100 au Nord-est Tanambao 1km 300 au Sud Tsakoameloky 2km 400 au Nord –est Source : Plan communal de développement ou PCD de la Commune Urbaine de Morondava 2008

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Section 2 : Situation démographique

1. Les données sur la Population  Les valeurs brutes de la population

Un décompte fait par l’INSTAT en 2003 a dégagé les chiffres suivants : la population résidente au sein de la commune Urbaine de Morondava était au nombre de 64 609 habitants. Ainsi pour une superficie de 38 km², l’on observe 1,985 habitant par m² comme densité démographique. Premier centre commercial de la région, Morondava est le centre d’accueil rêvé mais aussi la destination privilégiée des migrants. En provenance des communes avoisinantes et des régions environnantes (Vakinankaratra surtout) ou lointaines (ceux des hautes terres, du Betsileo ou du Sud Est), ces migrants d’après encore cette étude de l’INSTAT constitue une tranche non-négligeable de la population active de la commune. Plus de la moitié de la population, Ces « mpihavy » sont de plus en plus actifs.

L’accroissement de la population est évalué dans l’analyse qu’illustrent les 2 tableaux suivants : la première esquisse l’étude comparative des cinq dernières années tandis que la seconde s’efforce de projeter par rapport au taux moyen de croissance les quatre prochaines années. Tableau 6 : Etude comparative des quatre années passées

N° COMMUNE POPULATION TMC 2003 2004 2005 2006 1 Morondava 64609 66418 68227 70036 1,8 Source : PCD Commune Urbaine Morondava 2008

Par ce tableau, il nous est possible de déduire un accroissement quelque peu constant de la population. Numériquement, l’on est en droit de croire qu’année après année, une hausse d’un nombre équivalent à 2000 personnes est constatable, donnant un taux moyen de croissance de 1,8%. Bien sûr ce tableau a été dressé en fonction de la croissance naturelle par le nombre des naissances et des décès déclarés.

Tableau 7 : Projection d’évolution de la population pour les quatre années à venir

POPULATION N° Commune TCM 2005 2006 2007 2008 2009 1 Morondava 1,8 68227 70036 71845 73654 75463 Source : PCD Commune Urbaine de Morondava 2008

24 Ce dernier tableau n’est toutefois qu’une estimation. Puisque les derniers recensements datant d’avril 2007, dénombrent un accroissement assez vertigineux de la population. Selon les chiffres du Ministère de l’intérieur, en 2007 la population de Morondava était au nombre de 121 481 habitants. Vertigineuse dira-t-on ! Car de 68 227 en 2005, comment a-t-elle pu doubler à ce point ? Si l’on suit les avis du Maire et en se basant sur les chiffres du PCD, l’assez faible taux de croissance de la population et la forte potentialité économique sont favorables à la mise en œuvre de la politique de réduction de la pauvreté. Certes oui, car si l’on croit les chiffres 39,6° / de la population est urbaine. Le reste est considéré comme une population rurale, des agriculteurs dans leur majorité. On entend ici par zone urbaine les villes, villages, quartiers qui comptent plus de 1000 habitants. Et dans les milieux ruraux les habitants sont en majeure partie des agriculteurs.

 Caractéristiques qualitatives et quantitatives des diverses facettes de la population

Une approche genre de la population de la commune fait état d’un décompte plus élevé des femmes par rapport aux hommes. Elles sont bien plus nombreuses et surtout celles qui ont entre 05 à 19 ans. Le tableau suivant l’illustre bien.

Tableau8 : répartition par classe d’âge et par sexe

CLASSE HOMMES FEMMES TOTAL D’AGE Nombre % Nombre % Nombre % 0-4 12257 18,68 15321 17,50 27578 18 5-19 20909 31,85 34246 39,10 55155 36 20-59 26045 39,67 30641 35,00 56686 37 60et+ 6434 9,80 7353 8,40 13788 9 TOTAL 65645 100 87561 100 153207 100 Source : PCD Commune Urbaine de Morondava

De 0 à 4 ans le nombre des hommes dépassent un tout petit peu celui des femmes. Mais on trouve que la différence entre le pourcentage des deux est beaucoup plus significatif à partir de l’âge de 5 ans jusqu’à 19 ans, les femmes comptent plus de 8% par rapport aux hommes et vis versa entre l’âge de 20 à 59 ans on compte plus de 4% d’hommes. Mais en fin de compte, le nombre des hommes ne dépasse celui des femmes à partir de 60ans et plus, que de 1,5 %.

25 Pour les spécialistes de la démographie, la mise en œuvre d’une planification serait faisable dans cette situation. Du moins la tranche active de la population, elle, est bel et bien constante. Des ressources humaines nécessaires et des bras bien menus pour travailler la terre. Car la tranche d’âge masculine d’entre 5 ans à 59 ans compte en majorité plus de 70% de la population masculine. Une aubaine que devrait profiter la commune par l’intensification de toutes les activités et potentialités développables.

Insérer dans un même et seul tableau, le genre et l’âge peuvent tout aussi nous faire dire que la population de la commune a tout de même une population à majorité jeune. De plus, le pourcentage des enfants de moins de 4 ans est de 18%. Ainsi il est plus élevé que ceux appartenant à la tranche d’âge des 60 ans et plus. Une forte baisse se dessine aussi à partir de 60 ans. L’espérance de vie étant ainsi assez faible car n’est que d’environ 60 ans.

2. Historique de l’immigration dans le Menabe

 Immigration « Karana » Source : Sophie BLANCHY, « Les Communautés commerçantes d’origine indiennes à Madagascar »

Le terme karana est généralement péjoratif et parfois agressif à Madagascar, il désigne « un autre » différent et suspect. Le terme karana peut désigner une réalité originale. Celle d’un groupe social et culturel complexe, venant du Nord Ouest de l’nde, résidant à Madagascar et au sens strict de religion musulmane. Mais le mot karana employé de façon plus extensive, inclut aussi les Banians. Les karana peuvent êtres shiites ou sunnites, les premiers minoritaires et très unis tandis que les seconds sont majoritaires.

 Les indiens et le commerce

Les indiens de Madagascar font partie prenante de l’histoire de la région Océan Indien et de ses échanges commerciaux. La communauté karana à Madagascar n’a cessé d’augmenter, en effet, les karana y monopolisaient le commerce. Leur commerce consiste à vendre des produits agricoles dans les villes ; Ces produits agricoles sont transportés par charrette de la brousse. Et de la ville, ils achètent des produits de premières nécessités pour les vendre en brousses. Au 20 ème siècle, le commerce de la communauté indienne à Madagascar se caractérise par une circulation intense par boutres en pirogue ou à pied, et par la méthode de bakchich ou du cadeau donné aux autorités locales, on fait commerce de tout selon le marché de la demande. L’or est très recherché comme terme de l’échange car il y a une forte demande d’or en Inde.

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 Le commerce par boutre

Les karana viennent en général y charger des bœufs et du riz pour Mayotte et les Comores. Ils amènent de l’Inde des marchandises précieuses. Enfin, ils font sur toute la côte le petit cabotage entre les points commerçants.

 Les indiens à Morondava

Dans l’annuaire pour 1893, parmi une liste de 45 étrangers résidants à Morondava, sont indiqués les noms de 23 commerçants indiens. L’annuaire précise : « plusieurs commerçants indiens de Morondava ont des postes à Mahabo et font le commerce à l’intérieur ». Mahabo se trouve à 50mn et 45 km de Morondava.

 L’immigration Betsileo, Merina, Antesaka, Bara, Antandroy et Vezo dans le Menace dans le passé

Source : Migrations intérieures à Madagascar Deschamps. H 1959 : p179

Vers 1820, le capital de Menabe était encore à Mahabo, la région était sous l’ordre du roi Ramitraho (du fleuve Mangoky, à celui du Tsiribihina), et est composée essentiellement de Sakalava.

Le Menabe était composé de sept districts, ces sept districts se répartissent dans deux zones voisines ; Les unes sur les côtes et les autres à l’intérieurs. Morondava se trouve parmi les premières où les Sakalava y étaient encore très concentrés, et que des Antesaka commençaient déjà à s’y installer. Mais la zone intérieure recevait déjà aussi beaucoup de migrants telles les ethnies citées ci-dessus.

Vers 1870, les Antesaka y compris les Antemoro appelés aussi « Korao » par les Sakalava, se trouvaient dans la région. Leur arrivé dans ce lieu s’explique par le fait qu’ils ont hérité des connaissances en « sikidy » (géomancie) et en « odi » (amulettes) par les Arabes venus dans le Sud-Est de Madagascar. De ces connaissances, cette population du Sud-Est a été privilégiée par certains rois de Madagascar dont le roi Toera (vers 1860) de Menabe de l’époque. Mais leur forte immigration dans la région date de 1910 à 1930 où ils y sont venus pour travailler dans les sociétés européennes d’exploitations de tabac dans le betsiriry ou « vallée permotriasiatique » de Miandrivazo jusqu’au Tsiribihina. Conservateurs, ils font en sorte de retourner chez eux de peur de ne pas mourir ailleurs car ils ne peuvent être enterrés définitivement que dans les kibori en Sud-Est.

27 L’arrivé des Betsileo a eu lieu vers 1895, à commencer par le Tsiribihina et se propageant dans les endroits bons pour la culture de riz. Ce sont des charpentiers et maçons aussi. Leur politique d’intégration était simple : Epouser les femmes Sakalava pour avoir des terres. Comme les autochtones Sakalava, ils se mettaient à pratiquer la culture de vol de bœufs et se disent même être Sakalava.

Les Merina étaient déjà des commerçants et artisans, ce sont aussi des commandeurs dans les exploitations européennes de Miandrivazo. Ils étaient attirés par le centre de la région c’est- àdire à Mahabo..Leur installation date de 1820 à l’époque du roi Radama I.

Les Antandroy n’y sont venus dans la région que dans les années 30, même s’ils possédaient quelques villages, cela n’empêche leur habitude de passer d’un lieu à l’autre. Ils s’emploient temporairement comme gardien, domestique ouvriers ou pour une campagne de culture (Maïs, arachides, pois du cap).

Les Bara y sont venus dans les années 20.

Bref, l’immigration dans le Menabe dans le passé était soit stagnante, faible ou même décroissante. Les groupes d’ethnies mentionnées dans cette partie ont comme point commun dans leur motivation de migrer vers le Menabe : la recherche d’emploi. La région était un endroit d’exploitation non seulement pour les européens mais aussi pour les Karana. En effet, ces étrangers possédaient des sociétés d’exploitation de palétuviers, de tabac… qui demandaient des mains d’œuvre disponibles. Pourtant les Sakalava ne travaillent pas, la majorité vivent dans la forêt et se nourrissent de tubercules puis c’est une population traditionnaliste empêchée par de nombreux tabous.

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Tableau 9 : Les effectifs des migrants dans le Menabe dans le passé

Groupes Sakalava, Antesaka, Bara Betsileo Merina Antanosy d’ethnies Vezo et autres sud- et est et Mahafaly Districts Tanala sur la côte Morondava 12900 2600 300 1900 600 3300 Belo 19500 11300 2200 3000 600 1700 Antsalova 8200 5600 1800 1600 400 500 Maintirano 9000 6300 2000 500 400 300 Total 49600 25800 6300 700 2000 5800 Source : Migrations intérieures à Madagascar Deschamps. H 1959 : p179

En face des 49600 indigènes, les immigrés sont donc (avec divers groupes mineurs) un peu plus de 48000, soit près de la moitié de la population. Le district de Morondava était encore peuplé de Vezo sur la côte. La ville comportait un tiers de vezo, un quart de Sakalava, un cinquième de Betsileo, le reste étant formé surtout de Mahafaly-Antandroy, d’antesaka, de Merina et de Comoriens. On trouve sur la basse Morondava une majorité de Sakalava, avec quelques villages Antandroy ou Betsileo. Tous ces district de la Côte-Ouest sont faiblement peuplés : Morondava 7 au km2 (Tirer dans la même source)

3. Situation actuelle de la migration à Morondava

A l’affût de nouvelles ressources financières et séduit par les potentialités que réservent la commune, les flux de migrations sont devenus à Morondava chose courante. Ce qui colorie sa population en un véritable arc-en-ciel d’ethnies à multiples couleurs culturelles. Comme nous avons vus dans la partie ci-dessus l’ethnie autochtone est constituée par les Sakalava, quelques Vezo y ont aussi été présents depuis des siècles vu la proximité de la mer et l’attrait que cela suscite à leur nature maritime. Originaires d’autres régions de l’île, la Commune compte également des makoa, des Antanosy de Taolagnaro, des Mahafaly, des Sihanaka, des Tagnalagna mais aussi et surtout ceux des Hautes terres centrales comme les Merina, les Betsileo, et ceux du Vakinakaratra voisin. Ce ne sont pas les motifs et motivations de la migration qui manquent, commerce, agriculture, travaux dans les usines, travaux saisonniers. Depuis le 19 e siècle, des Indo-pakistanais y ont aussi élient domicile. Ces derniers, comme dans la majeure partie de l’île, sont plus axés et orientés vers le secteur du

29 commerce tel la joaillerie, les électroménagers, ou comme gros fournisseurs de PPN ou d’autres articles divers. Mais cet ordre des choses va subir quelques changements. Changements que nous soulèveront tout prochainement ! Cette présence indo-pakistanaise a brassé la population par la venue au monde de plusieurs métisses. Ce mélange avec la population autochtone a tout aussi facilité leur intégration et leur insertion. Les migrations les plus récentes d’étrangers sont actuellement venues de l’Occident. Certains Européens s’y sont installés. La plupart cherchant refuges pour leurs vieux jours. A part les retraités en quête de soleil et de plage à sable fin, quelques uns investissent dans l’hôtellerie et le tourisme.

Il ne nous sera pas hâtif d’affirmer que ce melting pot que Morondava arbore est un plus qu’il est nécessaire d’user pour le développement de la Commune voire même de la région. Sauf que ce sont les migrants qui savent plus mettre à leur profit les potentialités de la région que les autochtones, qui dans ce cas-là non seulement subissent mais sont réduits à la pauvreté. Le tableau suivant montre bien la répartition des principaux groupes d’ethnie présents dans la commune.

Tableau10 : Les principaux groupes d’ethnies résidants dans la commune Urbaine de Morondava

GROUPES ETHNIQUES ACTIVITES HISTORIQUES FORMES D’INTEGRATION ET DE CONTRIBUTION AU DEVELOPPEMENT Sont les tompon-tany, se subdivisent en Sakalava Vezo et Sakalava Masikoro, Les Sakalava Elevage extensif et contemplatif deviennent de plus en plus des agro de bovin éleveurs, tout en gardant leur tradition dans le culte des zébus Habitent la zone littorale, en contact constant avec l’extérieur, cette population souvent métissée s’intègre plus facilement Les Vezo 2 Pêche maritime à l’économie du marché (produits marins, collecte de miel et de tubercules) Les Masikoro Polyculture sèche, élevage Continuent leurs activités dans les zones

2 Groupes ethniques malgache venant du sud, qui se divisent selon la région en vezom-potaka ou masikoro, vezo sarà et autres appellations. Les premières peuvent vivre dans les villages au milieu de tous tandis que les deuxièmes se déplacent souvent selon la situation de la pèche sur les côtes sud de Madagascar

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intérieures du Menabe : cultures sur baiboho 3 et de décrues cultures pluviales Bovin sur brulis (hatsaka) Groupe islamisé, ils détiennent, avec les indo-pakistanais depuis longtemps le Les Antalaotse Commerce commerce en pays Sakalava Peu nombreux, mais très unis, sont majoritaires dans le sud du district de Manja, (Ankiliabo). En plus de la Les Antesaka et les Riziculture riziculture, ils travaillent comme Antemoro métayers des masikoro sur les baiboho du fleuve Mangoky pour les cultures sèches. Utilisent leurs connaissances en sorabe pour guérir et résoudre les problèmes des gens Sont majoritaires dans le district de Mahabo, et en 3 e position (après les Antesaka et les Sakalava) dans le district de Belo sur Tsiribihina et de Miandrivazo, Les Betsileo Riziculture en plus de la riziculture, ils diversifient leurs activités en polyculture sèche, élevage domestique et salariat agricole S’installent sur les zones orientales du Menabe, avec une plus forte concentration Agriculture itinérante poly- dans le sud et le centre du district de Les Antandroy élevage de ruminants Mahabo (, beronono), deviennent de plus en plus, comme les Sakalava, des agro- éleveurs tout en gardant leur tradition dans le culte des zébus Se concentrent en zone urbaine, Miandrivazo, Mahabo, Morondava travaillent pour la plupart dans le commerce (épicerie, bar, boutique de rue, restauration, vente de produits chinois, de légumes, boucherie et de fripperies,…..), la Les Merina Riziculture, commerce collecte des produits locaux, le transport, la profession administrative. Les agriculteurs

3 Baiboho : C’est un champs dont le sol est sablonneux, il sert à cultiver des maîs, manioc,patates et ou des fruits aussi comme les papayes, les tamarins, les mangues

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sont minoritaires et se trouvent essentiellement dans les districts de Miandrivazo et de Manja Source : PRD Menabe 2008

Comme nous venons de voir, une bonne douzaine de groupes ethniques cités ci-dessus sont présents dans la commune de Morondava actuellement suite à l’ancienne vague d’immigration que la région a reçue, par l’inexistence de source disponible sur l’effectif des migrants actuels, on ne peut pas faire une comparaison des pourcentages de l’évolution de la migration passée et aujourd’hui dans la commune. Le rôle des migrants a été déterminant dans l’histoire du développement agricole de la région de Menabe. Les migrations historiques les plus importantes sont celles des Antesaka (Korao), des Betsileo (Antanandro), et des Bara. Vers les années 1960, on a déjà enregistré un taux de migrants de 55% pour le district de Morondava. Environ 49% pour Belo sur Tsiribihina, ce dernier est le théâtre d’une immigration incessante, attirée par les vastes et fertiles plaines alluviales de la Tsiribihina. Miandrivazo continue de recevoir une importante migration saisonnière de main d’œuvre agricole (2500 personnes par an) œuvrant dans les cultures de haricot, de tabac, et aussi la pêche en eau douce. Il a été nécessaire de faire un bref aperçu de l’évolution de la situation migratoire dans la région, voire la commune puisque cela peut nous mener à comparer l’ancienne et l’actuelle motivation des sujets concernés à la migration dans la commune en question. Ces données pourraient nous être utiles pour expliquer le pourquoi de la persistance des flux massifs des mouvements migratoires de notre population d’étude. Afin de mieux connaitre le terrain en question, nous allons continuer donc à découvrir les potentialités économiques qui fassent partie de l’attraction que possède la commune urbaine de Morondava.

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Chapitre II

MORONDAVA, UNE COMMUNE RICHE EN RESSOURCE

Section 1 : Les potentialités économiques

1 L’agriculture  Le riz

L’accès à la commune est du moins faisable. La route est praticable toute l’année sans toutefois être en bon état, déjà difficile en saison sèche, la saison des pluies, elle, est loin de faciliter l’accès. Mais il n’y a tout de même pas de fermeture annuelle comme dans certains régions de Madagascar (Daraina et autres). Comme dans la majeure partie des activités économiques exercées à Madagascar, l’agriculture pointe en pôle position. A caractère vivrière principalement, la culture dominante est celle du riz. La plupart des agriculteurs la cultive pour ne pas dire tous ! Les quelques chiffres en notre possession démontrent que l’étendue des surfaces cultivées en riz s’élèvent à 6000 ha. Les surfaces cultivables sont à perte de vue, la région ne souffre pas en tout cas de pénurie de riz puisque Morondava est compté parmi les greniers de Madagascar en matière agricole. Trois modes de cultures sont appliquées à l’agriculture : irriguée, associée et en jachère. Ces cinq quartiers limitrophes de la commune sont les actifs en matière de production de riz : Bemokijy, Ampasy, Tsimahavao be, Tsimahavao kely, Tsakoameloky, Mais comme toute culture, les parasites viennent aussi sans y être invités tels les poux de riz, les maladies bactériennes, les insectes terricoles et bien sûr la puériculariose .

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Fig 1 : La forme de rizières à Morondava

Source : enquêtes personnelles

Graphe 6 : Type et superficie en hectare des périmètres rizicoles

Source : Génie rurale Morondava 2008

1 : Grands périmètres irrigués, 2 : petites périmètres communaux, 3 : micro périmètres accessibles.

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 Les diverses ressources naturelles

Il existe aussi des milieux naturels diversifiés qui sont favorables aux différents types d’activités telles que l’agriculture dont la culture vivrière et rente industrielle. L’élevage, la pêche, et l’exploitation forestière. Les autres principales cultures vivrières sont : le manioc, le maïs, et la patate douce. Elle constitue après le riz, les denrées alimentaires de base de la majeure partie de la population celle-ci reste de loin, en terme de superficie cultivé l’activité principale de la commune. Les légumineuses sèches pointent aussi en tête de liste telle l’arachide, le vohem ou « lojy » mais aussi et surtout le poids du cap qui couvre environ les 2000 ha. Ces derniers faisant parties des cultures de rentes, ajoutées avec les cannes à sucre, le tabac, ne représentent respectivement que 7% et 10%.

 La végétation

Une des ressources non-négligeables à tenir en compte concerne aussi la végétation. Cette partie de l’île de Madagascar est la plus fertile. Parfois l’on a tendance à croire que la partie Est est la plus fertile ou le fort taux de pluviométrie mais cette hypothèse ne s’avère pas du tout justifiée. C’est plus la partie ouest de l’île qui est la plus favorable à la culture et à l’élevage. Et pourtant, comme paradoxalement, cette région si l’on se confie aux statistiques officiels, est la partie la moins peuplée de Madagascar. Ainsi la richesse forestière de Morondava couvre une superficie de 172 753 ha. Des espaces couverts de palissandre ou magnary comme le nomme la population, ce sont des arbres qui servent à fabriquer des meubles, de katrafay qui sont des arbres utiliser pour les bains des femmes après accouchement, il les aide à retrouver la force musculaire, d’arofy qui sont des arbres aussi mais il sert à construire des portail ou des maisons en bois tout comme les anakaraka, et bien d’autres encore. Des arbres fruitiers couvrent aussi la commune comme les reniala ou baobabs, les cocotiers, les kily ou arbres tamariniers pour la fabrication de charbons, les jujubiers, les manguiers, les bananiers, les papayers, les orangers, les ravinala les gévies. D’autres plantes existent aussi dans la commune comme les plantes médicinales, les vahona, les pervenches, les ricins, les farehitra…..

2 Aubaines et activités économiques  L’élevage

En parallèle à l’agriculture se place comme toujours l’élevage qui essentiellement est de nature bovine. Cette région est tout comme la partie ouest et sud de Madagascar réputée

35 pour l’immensité des cheptels bovins, mais l’élevage bovin n’est pas la seule activité de ces vaillants pasteurs, il y a aussi l’élevage porcin, ovin, caprin.

Graphe 7: Répartition d’élevage par type de cheptel

Source : Annuaire statistique agricole

4- : Bovin, 2 : Porcin, 3 : Ovin : 4 : Caprin  La pêche

La pêche fait aussi partie des activités exercées par la population au sein de la commune. La proximité de la mer et la culture maritime ancrée chez les peuples autochtones Sakalava et Vezo, approvisionnent la ville en produits halieutiques frais et diversifiés. Les « mpiandriaky » vivent en masse de cette activité et n’en font qu’à une échelle résolument vivrière. Le secteur est caractérisé par une variabilité des pêcheries et une diversité des produits. La commune urbaine de Morondava est dotée d’une grande richesse en variabilité des pêcheries, et d’une grande diversité en matière de ressources halieutiques. Les résidents de la Commune pratique non seulement les pêches traditionnelles et artisanales mais aussi et surtout industrielle

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Tableau 11 : Typologie des pêcheries et des ressources halieutiques

Types de pêches Opérateurs Produits et destination principale

Pêche Pêcheurs résidants, Tilapia en majorité, autres : carpes, lacustre pêcheurs non résidants en fibata, gogo, produits frais, Pêche campement salés/séchés, fumés, traditionnelle Marchés intérieurs

Pêcheur sédentaire du Crevettes, crabes et autres destinés Pêche littoral dont les Vezo, pour le marché d’exportation via maritime pêcheurs, agriculteurs en les collecteurs, exportateurs de provenance de zone produits marins, poisson marin intérieurs frais, salés, séchés, fumés destiné pour le marché intérieur Chalutiers/ collecteurs, SOPEMO, Pêcherie de Crevettes destinées pour Pêche Pêche Menabe l’exportation, autres produits artisanale maritime Collecteurs : d’exportation : crabes, holothurie, SICOCEAN, poissons et requins SOEXPROMA

Pêche Pêche AQUAMEN/pêche, Crevettes destinées pour industrielle maritime pêcherie de Menabe, l’exportation, autres produits SOPEMO d’exportation : crabes, holothurie, aquaculture AQUAMEN /aquaculture poissons, et requins Source : ONG Kiriokereo (Développement et Vie rurale) 2008

La pêche traditionnelle joue un rôle économique indéniable à deux niveaux : ravitaillement des marchés intérieures (local, extérieurs à la commune) en poissons d’eaux douces, et approvisionnement des collecteurs et sociétés d’exportation en produits de mer. La pêche industrielle utilise des moyens d’exploitation modernes et plus sophistiqués pour être conforme aux normes européennes : bateaux usines, chalutiers, congélateurs, logistiques à terre. Trois sociétés travaillent dans ce type de pêcherie AQUAMEN pêche, pêcherie de Menabe, et la SOPEMO.

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 L’Industrie

Le secteur industriel n’est pas des moindres dans la commune. Un des motifs qui favorise la venue des migrants est aussi l’opportunité de travailler dans des usines. Selon nos données, trois usines sont présentes au sein de la commune. La SUCOMA, une usine de sucrerie et distillerie est une firme chinoise, sise à Analaiva Morondava. Elle a pris le 31 octobre 1997 l’entreprise d’Etat SIRANALA en location gérance. La SUCOMA vise une production annuelle de 4000 tonnes de sucre blanc destiné au marché intérieur. La production est passée de 6100 tonnes de sucres en 1995 (SIRANALA) à 3260 tonnes de sucre en 1998 (SUCUMA). Le GSM de son nom Groupe Salins de Morondava focalise son activité sur l’extraction du sel de mer jusqu’à sa transformation. La SICA par contre a comme activité principale, la fabrication d’huile alimentaire à partir d’arachide et de graines de coton. La production arachidière a diminué d’année en année. L’huile importée coûte moins chère que celle fabriquée sur place. Actuellement, l’usine ne produit annuellement que 50 tonnes d’huile d’arachide. Elle a d’autres activités comme la fabrication de savons de ménage, la collecte et l’exportation agricole telles que le poids du cap, les haricots et les lentilles.

D’autres entreprises contribuent à l’économie de la commune, comme la SODEPA qui est une société de développement et d’exportation de produits animaliers. Elle est en voie de privatisation. Dans le cadre de la production artisanale, les fabrications locales sont la menuiserie en bois vu l’abondance d’arbres et surtout le palissandre qui sous les mains d’un bon artisan se mue en meubles et pièces exquises de décoration intérieure. Certains de ces artisans étendent leur marché bien au dehors de la ville, en dehors de la région même. La CYPRION en est l’exemple d’entreprise franche de transformation de bois. Ils existent aussi des petites unités de transformation qui dominent telles que les décortiqueries et les métiers du bois. Les premiers sont au nombre de 30 et les seconds se divisent en cinq branches dont certains sont des constructeurs de bateau, des menuiseries pour la fabrication de meuble, mais également des scieries, une petite unité de fabrication de pirogue en fibre de verre (entreprise DUTIL) et un centre de fabrication de boutre à voile au collège technique.

Sur le plan agro-alimentaire, le FEL Menabe est un groupement professionnel d’association de femmes visant à accroitre la production et la transformation de fruits et légumes dans la région du Menabe. Créée en Novembre 1998, il a trouvé son épanouissement depuis 1999 en travaillant avec le projet SAF Co. Le groupement se spécialise dans la production de confitures et de gelées de tout genre : ananas, papaye, goyave, tomate, tamarin,

38 jujube, banane, orange. Le réseau FEL Menabe est composé de cinq groupements à Morondava. Les entreprises SEBEMER, SALIMEN produisent du sel marin, le FOFAFA pour la provenderie, le FILONGOA dans la production de tabac à chiquer, la société commerciale MAROMILA est aussi une industrie de tabac.

La sculpture prend aussi de jour en jour de l’ampleur. Les travaux sur métaux précieux font aussi la renommé de Morondava. Non seulement sur la qualité de la matière mais aussi sur le professionnalisme et l’habileté de ces joaillers. « Tefy karana » comme on a tendance à dire. La broderie et la couture embellissent aussi le secteur textile. Une minutie que la patience et l’agilité de ces brodeuses paient chères mais qui valent réellement leur prix.

Nous avons tenté d’observer à la loupe une longue liste des activités économiques présentes dans la commune. Mais si l’on en croit les chiffres officiels proposés, classés par ordre d’importance la brochette de ces activités, c’est au commerce que la palme d’or est décernée.

 Le commerce

De toutes les activités, c’est le commerce qui caracole en tête des occupations privilégiées. Ainsi étrangers comme Malgaches, la plupart trouve leurs aisances dans l’exercice du commerce. Vente de marchandises générales (gros comme détails), produits pharmaceutiques ou débit de boissons alcoolisées comme hygiéniques, bijouteries et marchands ambulants arpentent les rues et recoins de la ville, patentés ou informels, la commune commence à avoir un peu de mal à les recenser. Les marchés hebdomadaires animent tout aussi les marchands et la populace mais donnent aussi du travail aux services de voirie. Au cours de la semaine, quatre jours sont officiellement instituées jours de marché auprès des quatre fokontany suivant : le bazar be du centre ville, celui du Namahora sud, Tsimahavaokely et Tsakoameloky.

Le monopole des échoppes et boutiques a depuis fort longtemps été détenu par les « karana ». Ils fixaient à leur guise le prix de bon nombre de produits. Ils disposèrent d’une marge importante des recettes financières de par leurs activités. Des allumettes aux électroménagers en passant par les bijouteries, l’allée principale de la ville de Morondava peignait un paysage de magasin « karana ». Ce décor fut même adopté comme naturel durant plusieurs décennies d’autant plus qu’ils vivaient auprès d’eux depuis le 19 e siècle. Mais une refonte s’opéra et muta ce paysage ancien de la ville de Morondava. La concurrence des produits chinois à très bas prix vendus par de nouveaux « mpihavy » les Merina et les Betsileo, fit chanceler

39 l’hégémonie « karana » sur le secteur du commerce. Favorables pour la population locale et diversifiée, ces nouveaux commerçants mirent à mal la manne des marchands « karana ». Défiant toute concurrence, ces derniers s’imposèrent à pas de géant sur les divers marchés. Et firent déserter les « karana ». Actuellement, bon nombre d’entre eux ont migré à leur tour vers d’autres régions. Certains se sont contentés du commerce de bijoux. Les anciennes échoppes furent cédées aux nouveaux mpihavy qui actuellement repeignent à leur tour l’ancien décor de la ville.

 Les atouts touristiques

Malgré les mauvais états des infrastructures routières, la commune urbaine de Morondava regorge de potentialités touristiques liées à son paysage, son histoire et la richesse de sa biodiversité. Figurant parmi les destinations les plus conseillées par bon nombre d’agences de tourisme, Morondava comptent actuellement 31 hôtels et restaurants en terme d’infrastructures d’accueil. De différents standing, ces structures d’accueil délivrent et servent de catalyseurs aux potentiels les potentiels éco touristiques de la ville. Mais comment cacher ce qui est visible à première vue. Nous mentirons à nous même si nous ne citons pas que Morondava est aussi un des théâtres d’une des plus exécrables formes de tourisme à Madagascar : le tourisme sexuel. C’est une destination touristique très prisée. Beaucoup de places peuvent attirer la curiosité des touristes. Au Nord de Morondava se trouve l’allée des baobabs 19km, spectaculaire peuplement de baobabs appelés localement « Reniala » situé au début de la piste de Belo sur Tsiribihina : les baobabs amoureux. A partir de Belo sur Mer, un charmant village de pêcheur et constructeur de goélettes, est accessible par voie terrestre (80km) mais surtout maritime (2h de traversée à partir de Morondava). Sa belle plage invite au farniente, tandis que son lagon attire véliplanchistes et amateurs de plongées, d’autant qu’il sert de refuge aux tortues marines. Les communes voisines présentent aussi de nombreux sites, des sources thermales. Ces milieux naturellement bons attirent des touristes. Le tourisme sexuel est un fléau dont la lutte ne semble être que théorique mais douteux quant à la pratique. La réserve spéciale d’Andranomena, la forêt de Kirindy au Nord et son parc national au sud, les sites balnéaires de belo sur mer et ses îlots ou aussi Betania, le parc privé du Menabe ou les plages de Nosikely. Et cette liste déjà longue est loin d’être exhaustive.

Toutes ces ressources citées ne sont que ceux visibles et ne constituent qu’une portion de ce que cette région, cette commune recèle vraiment. C’est dans l’exploitation et la bonne gestion

40 de ces ressources que devraient œuvrer les responsables de la Commune, de la région et pourquoi pas de l’Etat.

Section 2 : Domaine socioculturel

1. Le secteur socio-éducatif Dans cette rubrique, nous allons aborder le thème de l’éducation, de la santé mais aussi et surtout les aboutissements de ce mélange social existant à Morondava. Comment s’opère la cohabitation entre ces gens d’origines diversifiées.

Démarrons donc sur les chapeaux de roue avec ces trois tableaux. Souvent l’illustration numérique est plus conciliante et convaincante que beaucoup de mots.

 Tableau 12 : Taux brut de scolarisation

DESIGNATION PRESCOLAIRE Niveau I Niveau II Niveau III PBC PRV PBC PRV PBC PRV PBC PRV Etablissements fonctionnels 93 25 07 09 01 04 Effectifs élèves- Commune 5614 3025 1752 1980 527 782 Nombre d’enseignants 156 160 69 37 40 43 Enseignants non fonctionnaires 160 37 43 Source : PCD Morondava 2008

 Tableau13 : Niveau d’instruction BEPCE

BEPCE INSCRIT PRESENT ADMIS FILLE GARCON % Année 2005 874 853 444 231 213 52,5 Année 2006 882 862 454 51,47 Année 2007 1111 1093 461 207 254 42,18 Source PCD Morondava 2008

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 Tableau 14 : Niveau d’instruction baccalauréat

BACC INSCRIT PRESENT ADMIS FILLE GARCON % Année 2004 339 158 46,61 Année 2005 671 329 49,03 Année 2006 371 243 65,5 Source : PCD Morondava 2008

A première vue force est de constater que ce ne sont pas les établissements scolaires qui manqueraient à Morondava. Au nombre de 139 sont ceux qui sont fonctionnels dont 101 sont publiques et 38 sont privées. Pourtant par rapport au nombre grandissant de la population qui est de l’ordre de 121 481, ce nombre suffit-il ?

 Tableau15 : Indicateurs de performances des écoles, dont ceux des écoles publiques dans la commune de Morondava. Les chiffres en parenthèses représentent les écoles privées dans la commune.

MORONDAVA Niveau I Niveau II Niveau III Taux de redoublement 11 (12) 26 (36) 30 (31) Nombre d’élèves pour un enseignant 38(46) 27 (35) Taux d’élèves dans le public % 85 63 98 Effectifs des élèves (indice 100, niveau I) 100 18 2 Source : CISCO Morondava 2004-2005

42 L’effectif des élèves qui y suivent leur scolarisation est présentée dans le tableau ci- dessous. Le taux de déperdition scolaire à changement de niveau est très élevé. Il chute fortement à 18 au niveau II, et baisse de nouveau à 2 au niveau III.

Graphe 8: Le taux de déperdition scolaire à changement de niveau

Source : CISCO Morondava 2004-2005

Le tableau 10 nous renvoie un plus grand nombre d’élèves (niveau I) dans le secteur et d’après le tableau le nombre de ceux qui atteignent le niveau secondaire est très faible. Bien sûr, il est rare de voir un fort taux de fréquentation au secondaire. Non seulement bon nombre sont découragés et abandonnent volontairement l’école pour s’adonner à des activités qu’ils ou leurs parents trouvent plus lucratives ; mais certains aussi se voient contraint de par les difficultés financières de leurs parents et sont convaincus que l’essentiel dans l’enseignement n’est pas de poursuivre de longues études associées à une perte de temps mais juste de savoir lire et écrire. Qu’ainsi après quelques initiations, ils retirent leurs enfants de l’école après qu’ils aient su compter.

Concernant le BEPC sur 874 inscrits dont 853 sont présents, près de la moitié sont admis. Un taux tout de même insatisfaisant car il n’excède jamais les 55%. Aucune hausse n’a été constatée. Ce qui du moins est réjouissant c’est la hausse du taux de scolarisation des filles. Parfois certaines cultures à Madagascar optent plus pour la scolarisation des garçons.

Comment ne pas maximiser l’évidence de la chute numérique des admis en BEPC qui parviennent au baccalauréat. Ce qui est du moins réjouissant c’est que s’il y a perte

43 d’apprenants en cours de route, il est tout de même remédiable. Quant au taux de réussite, il est toutefois faible. N’atteignant pas toujours les 50%. Pourquoi avons-nous démarré en si grandes pompes en usant de ces 3 tableaux respectifs. Et bien ainsi il nous sera plus aisé et facile d’aborder non seulement le niveau d’instruction de la population mais aussi de déduire le taux d’analphabétisme de la population.

Tableaux 16 : le niveau d’instruction

ALPHABETISATION : FEMMES DE 15 – ALPHABETISATION : HOMMES DE 15 – 49 ans : région Menace 49 ans : Région Menabe

Niveau 19,8% 19% secondaire et plus

Peut lire la 25% 19% phrase entière

Peut lire une 7,7% 16,5% partie de la phrase

Ne peut pas lire 47, 2% 45,2%

Autre marqueur 0,3% 0%

EDS, 2008 : 69 - 70

Au niveau secondaire, la proportion des femmes et des hommes instruits sont plus ou moins similaires. Le pourcentage des femmes pouvant lire une phrase entière dépasse celui des hommes de 6%. Cela prouve que les femmes sont plus aptes en éducation par rapport aux hommes à Morondava. Mais en ce qui concerne le taux d’analphabétisme les femmes sont beaucoup plus nombreuses par rapport aux hommes, parce qu’il ne reste que 3% seulement pour ne pas atteindre la moitié de la population.

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2. Le secteur sanitaire En ce qui concerne le service de la santé de cette commune, on a jugé que son illustration en tableau serait beaucoup plus intéressante.

 Tableau 17 : Formation sanitaire

DISTRICT Formations Sanitaire dont FS privées Effectif personnel public dont CHD2 Namahora CHD2 CHD1 CSB2 CSB1 Médecins Paramédicaux Morondava 1 14(6) 9 22(8) 64(34) Région 2 3 61 32 64 160 entière Source : PRD Menabe

 Tableau 18: L’indicateur d’accès de la population aux formations sanitaires de qualité

District CSB2 sans Accès aux CSBs Ratio de couverture médecin sanitaire Taux Taux de °population Population Population d’utilisation réalisation à moins de pour un pour un des CSBs prescription 5km des CSB médecin médicale CSBs Morondava 2 41 68 60 7350 6964 Région 23 34 82 46 6788 12878 entière Source : PRD de Menabe 2008

Comme le montre ce tableau, il existe 2 CSB2 sans médecins à Morondava. Le taux d’utilisation des CSBs est de 41% pour la commune. L’habitude à des recours aux tradi- praticiens n’est pas à écarter pour expliquer le manque de fréquentation des CSBs.

 En termes de protection mère-enfant

En ce qui concerne la protection de la mère et de l’enfant, le tableau suivant en est la meilleure illustration.

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Tableau 19 : Indicateurs de protection de la mère et de l’enfant

Protection de la mère Protection de l’enfant District Taux de Taux% Taux de malnutrition Taux % de couverture d’accouchement des enfants moins de vaccination contraceptive dans CSB 3ans DTCHp B3 Morondava 12 7 17 85 Région entière 10 13 16 82 Source : PRD Menabe 2008

Un des faits très saillants de la région est le très faible taux d’accouchement assisté dans les centres hospitaliers : 7% environs des mères ciblées dans la commune. Ces mères ont l’habitude d’accoucher avec l’assistance des matrones villageoises.

 Les pathologies dominantes dans la commune

Les pathologies dominantes courantes à Morondava sont la fièvre (suspicion de paludisme) : 25% les IRA (17,85%), les maladies diarrhéiques (7,16%), les infections cutanées (4,89%), les dysenteries (3,7%), les IST (2,91%). La bilharziose y est par contre une maladie très courante, elle est d’environ 25%

 Accès à l’eau potable de la commune

Tableau 20 : Inventaire des points d’eau potable et population servie en 2009 .

Inventaire des points d’eau(PE) et population Inventaire JIRAMA en 2009 servie population % servie en eau potable PE PE PE Population Eau Puits Ensemble Inventoriés fonctionnels Equipés ° servie courante en pompe Morondava 257 222 116 54 40 53 93 Région 421 314 249 59 25 47 72 entière Source : PRD Menabe 2008

46 Des projets programmes publics et privés voient le jour au sein de la Commune. Dont en voici quelques-uns. L’adduction d’eau potable dans la commune est nombreuse grâce aux actions des intervenants suivants : ceux de la Banque Mondiale par le biais du FID, de la SEECALINE, L’ANAE. L’Eglise dont ECAR, FJKM, FLM, JIRAMA, COMMUNES. Les initiatives privées comme des fonds villageois et des conventions particulières et enfin des divers projets et programmes, le SAHA (coopération Suisse), JICA (Coopération japonaise), ACDI (coopération canadienne)

Roi de Menabe ainsi que sa fille Rasalimo avec le roi Merina RadamaI vers 1820 qu’on connaisse tous. (Source : PRD de la région de Menabe 2008)

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Chapitre III

APPAREILLAGES THEORIQUES

Comme pour chaque étude, il est nécessaire de recentrer l’agencement de l’analyse dans un cadre théorique adéquat. Il est donc de mise de présenter au sein de ce volet les diverses théories concernant la migration. Il sera alors question des thèses économiques, sociales mais aussi politiques. Les théories qui vont être citées ci-après sont, tirées dans « Le rôle des facteurs culturels dans les théories des migrations » dont l’auteur n’est autre que Ambrosetti Elena. Puis renforcées par des documentations sur internet comme dans : www.erudit.org/livre/aidelf/2008/001490co.pdf

Section 1: Les théories économiques des migrations Il est plus que courant d’accorder comme premier motif de migration l’aspect économique et /ou matériel. En proie à de meilleurs salaires ou à un contrat de travail juteux, les gens migrent. L’on a tendance à soutenir ce discours. Parfois l’on plaide même fortement que tout migrant est forcément poussé, dans sa quête, par l’espoir d’améliorer son bien être. Une portion de ce que l’on affirme est indéniable. Tâchons toutefois, au cours des développements qui vont suivre d’élucider sur quoi se fonde ces affirmations.

 Les analyses économiques classiques de la migration

Ce n’est pas en nombre que manquent les auteurs qui se sont consacrés à l’étude du phénomène migratoire. Comme nous l’avons ultérieurement signifié, l’aspect économique va énormément influer sur les réflexions des différents chercheurs qui vont être cités. Surtout en tant qu’économistes, ils s’acharneront à accorder au paramètre financier sa ténacité en tant que déterminant principal de la migration. Et c’est en cela que dès l'abord deux points importants sont à soulever. Des similitudes imposantes qui ne peuvent être ignorées.

-De RAVENSTEIN à SINGER , aucune des lignes de réflexions de ces auteurs classiques n’ont omis d’arguer sur la prédominance obligatoire d’un gain espéré comme justification de la migration. Tous soutiennent que le principal déclic de toute intention migratoire est l’appât de gain. Citons l’exemple de Ravenstein. Il souligne dans sa septième loi, que l’ultime raison de ces flux migratoires n’est autre que l’envie de l’homme d’améliorer son statut sur le plan

48 matériel. Premier auteur ayant essayé d’axiomatiser le phénomène migratoire, Ravenstein tire ainsi sa révérence sur cette même quête de profit qui motive un migrant. Et accorde à l’aspect économique le primat.

- ARTHUR LEWIS (1915-1991). Ouvrant les vannes de nos repères théoriques par ces quelques lignes qu’Arthur LEWIS énonce pour étaler sa thèse : « les migrations internationales, comme les migrations internes, sont provoquées par des différences géographiques entre l’offre et la demande de travail. Les pays richement dotés en travail est relativement au capital ont un salaire d’équilibre bas, alors que les pays où le travail est rare relativement au capital ont un salaire de marché élevé. Le différentiel de salaire qui en résulte provoque le déplacement de travailleurs du pays à bas salaires vers le pays à hauts salaires ».

Les écrits développés par LEWIS sur le concept de migration illustrent et mettent en exergue aussi l’existence d’une dualité entre secteurs : d’un le secteur traditionnel et de l’autre le secteur moderne. Surnommées théories de la croissance traditionnelle, adaptables et spécifiques aux économies des pays en développement, présente la coexistence de deux impératifs. Le premier, tournant autour de l’agriculture et des activités informelles, créent un surplus de main d’œuvre. Une abondance de bras près à travailler qui met à jour une possible offre illimitée de travail qui n’est pourtant pas assouvie. Problèmes que vient supplanter un second secteur quantifié de « moderne » fonctionnant sur le mode capitaliste qui tente d’absorber et s’efforce d’attirer cette manne gâchée vers lui en usant comme subterfuge d’une rémunération un peu plus élevée que ceux proposés par l’ordre traditionnel. Un profit qui permet de financer l’investissement. C’est l’attrait de ce second secteur qui provoque la migration et tire les ficelles de l’économie. La délocalisation de cette main d’œuvre abondante est ainsi la pierre angulaire qui fait tournée cette machine économique, un véritable « réservoir » pour l’industrie si l’on reprend le terme. Car une accumulation de capitaux refinance l’expansion.

-Vers les années 70, HARRIS et TODARO, suivent ces mêmes traces. Tout en améliorant leurs analyses. Ils partent du fait, qu’au préalable, un décompte minutieux entre avantages et désavantages de la migration est initié par le migrant. Evaluant de la sorte de fond en comble les coûts et les bénéfices de son départ. Il tient ainsi en compte d’un profit probable. Ainsi il solde ce calcul de rentabilité par un choix à la fois rationnel et motivé . Œuvrant au sein d’une économie duale, où secteur agricole et secteur industriel jouent le jeu, Harris et Todaro souligne que la décision de migrer est fonction du « différentiel de rémunération » qui s’opère

49 entre ces secteurs. En clair, ils exposent que le premier secteur étant abondamment doté de main d’œuvre, l’attrait du capital que leur proposent le secteur industriel les poussent à migrer .Ce différentiel que ces auteurs soulèvent n’est autre que la primauté que détient l’espoir d’un gain ou d’un profit économique dans toute migration.

SINGER et Co. mirent à mal les thèses de ses prédécesseurs. S’intéressant plus particulièrement au phénomène de l’exode rural, Singer frappe fort en dénonçant la migration comme étant un démembrement de l’exploitation pesante du centre sur périphérie . Ce coup dur fit chanceler les autres thèses qui soutenaient que la migration était d’un effet positif pour les secteurs d’une économie à deux vapeurs.

 L’individualité de la migration

La commune conviction d’un aspect individuel de la décision de migrer est aussi un second point de ralliement entre ces auteurs classiques. Persuadés du caractère personnel de cet acte, ils s’en convainc en énumérant à quel point tout migrant y est poussés par simple certitude personnelle. De la constatation de sa situation, piteuse ou avantageuse selon ses propres aspirations, le souci de l’améliorer est toujours au centre du choix migratoire. Certes une once de profit sommeille sans réserve dans les confins de tout être humain. Et c’est ce dont s’efforce d’optimiser le candidat à la migration. Avis appuyé par Harris et Todaro lorsqu’ils énoncent la notion de « choix rationnel » et « personnel » comme morphème.

 Les théories économiques néoclassiques

Initié par Arthur LEWIS en 1954 puis repris par HARRIS et TODARO vers les années 70, les thèses économiques néoclassiques ont pour maître mot le caractère individuel et unipersonnel du choix migratoire. Ils jurent sur l’unique impératif que l’Homme est un être rationnel et y atteste sa décision de migrer sur ce dernier. Ils misent également sur la recherche d’un gain économique comme facteur déterminant de la migration pour le migrant.

Section 2 : Les théories sociologiques des migrations

Concernant la décision de migrer l’on a toujours tendance à se limiter uniquement sur les facteurs économiques, tant sur le plan national qu’international. Mais des chercheurs spécialistes en migration ont essayé de dépasser cette situation. D’autres facteurs sont explicatifs sur la décision de migrer : par exemple le vieillissement qui demande une meilleure condition climatique et un environnement plus calme. La fuite à des situations

50 dangereuses dans la société d’origine, les conflits familiaux et toutes les formes de discrimination du lieu de départ.

 L’Ecole de Chicago : Théorie des réseaux sociaux (Massey, Alarcon, Durand)

La famille et les réseaux des migrants dans le lieu de destination jouent un rôle plus important aussi. Il s’agit des aides données par les anciens migrants (famille ou amies, lien d’origine) aux nouveaux venus pendant la période d’adaptation. Ici la migration est considérée comme dépendante du facteur relationnel et interpersonnel. Selon MASSEY(1988), les réseaux migratoires sont définis comme « ensembles de liens interpersonnels qui raccordent les migrants, les migrants précédents et les non migrants des zones d’origine et de destination, à travers les liens de parenté, d’amitié et d’affinités d’origine ». En outre, à travers les liens de solidarité entre migrants, un flux migratoire peut se perpétuer même en l’absence des facteurs qui l’ont initialement provoqué.

De nombreux migrants partent en effet parce qu’ils savent qu’ils trouveront des connaissances qui vont les soutenir et les guider à leur arrivée dans le nouveau contexte. Sans l’appui de ces personnes auxquelles ils sont liés, ils ne se risqueraient peut-être pas à partir vers une autre société. Le réseau est le moyen de réduire un tant soit peu les risques liés aux incertitudes de l’avenir. Les réseaux constituent une forme de capital social. Un capital qui permet aux migrants une mobilité importante dans l’espace. Granoveter (Nord américain) et Bott (anthropologue) distingue entre deux types de liens qui existent dans les réseaux :

-Les « strong ties 4 », des liens de parenté très étroits qui impliquent davantage des devoirs de réciprocité et plus de pression normative.

-Les « weak ties » des simples connaissances par rapport auxquelles les liens de solidarité sont moins forts

Les migrants qui ont seulement des weak ties prennent plus de risques que ceux disposant de strong ties. Les premiers seraient plus entreprenants et novateurs que les seconds. Les réseaux sont le principal moyen de reproduction et d’amplification de la migration, car ils tendent à s’élargir et se densifier : Chaque nouveau départ est une nouvelle ressource pour ceux qui veulent partir plus tard.

4 strong ties : peut-être en analogie avec le mot « fihavanana » en malgache

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 La transition démographique

La variable démographique est utilisée par beaucoup d’organismes internationaux. Il y a transition démographique quand il ya à la fois :

-La diminution de la mortalité

-Pas de diminution de la natalité

-Cela mène à une situation où la population est très jeune et ou l’économie ne fournit pas assez de travail. Les jeunes vont chercher du travail mais malheureusement, il y a dans la plupart des cas en décalage entre la croissance de la population et la croissance économique. C’est pour chercher un travail qui explique pourquoi on quitte son pays.

 Les théories néo-classiques

Cette théorie comporte des éléments économiques : Il n’y a pas assez de postes de travail dans le pays de départ. Cette théorie a une dimension macro sociale, ou structurelle, et une dimension microsociale, ou de décision individuelle.

D’un point de vue macro social : Les migrations sont dues à une inégalité dans la distribution du travail et du capital au niveau international ou entre les régions dans un pays. Les migrations seraient l’expression de cette inégalité et servent à équilibrer la balance. Dans les régions d’émigration, on a beaucoup de travailleurs et peu d’emplois, tandis que les régions d’immigrations sont caractérisées par beaucoup de capital (donc emplois) et peu de travailleurs. Au niveau interne, cela explique l’exode rural, où les habitants des zones rurales vont alimenter en main d’œuvre les villes. Ces théories néo-classiques insistent beaucoup sur le déséquilibre du revenu moyen par habitant. Le résultat final de cette situation, c’est à terme un meilleur équilibre à l’intérieur d’un pays, et entre les différentes régions du monde.

Du point de vue microsocial, les acteurs décident librement et rationnellement d’émigrer : ils pèsent les coûts, les risques et les bénéfices. Ils partent pour améliorer leur revenu. Ils calculent leurs chances de trouver un emploi. En sociologie, les travaux qui s’en rapprochent le plus sont ceux de Raymond Boudon et l’individualisme méthodologique. Ceci dit, Boudon souligne qu’une décision qui peut paraître rationnelle au niveau microsocial peut avoir des effets pervers au niveau macro social. Par exemple dans les migrations de la campagne vers les villes, si chaque campagnard décide de partir, il se retrouve en concurrence accrue avec les autres immigrants, et cela par exemple crée des bidonvilles.

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 Théories de la nouvelle économie

Certains théoriciens ont décidé d’élargir et de complexifier la vision que l’on a de la migration, via la théorie de la nouvelle économie. Est-ce que les migrants décident de façon individuelle ? La réponse est non, en effet les individus font parties d’une famille, d’un groupe social. La décision est donc collective : C’est la famille qui décide, car elle serait bien plus rationnelle qu’un individu. On introduit également la notion de privation relative, et de groupes de référence : La famille va se comparer à des groupes de références qui sont importants pour elle (voisins , autres membres de la famille, la communauté...) . S’il y a des inégalités importantes entre sa situation et celles des groupes de références, cela donne un sentiment de privation relative, et à une frustration. Pour compenser ce sentiment, la famille décide d’envoyer quelqu’un à l’étranger par exemple, pour recevoir un revenu plus important. Le but n’est donc finalement pas de réduire les inégalités par rapport au groupe de référence qui se trouve dans l’environnement immédiat de la famille. Plus les inégalités internes au pays de départ sont importantes, plus le sentiment de privation relative sera important, et ainsi, on sera plus motivé à envoyer quelqu’un à l’étranger pour diminuer ce sentiment et les inégalités internes.

 Théorie de l’investissement familial

La migration est une stratégie rationnelle, mais destinée à maximiser les risques. La migration est une forme d’assurance sociale en somme, dans les pays où justement la protection sociale en somme, est peu développée. En outre, l’augmentation du revenu se fait par comparaison à un groupe de référence. Plus les inégalités dans ce groupe sont fortes, plus la famille aura un sentiment de privation relative et plus l’incitation à l’émigration sera forte. C’est donc une solution au manque de revenu par rapport au groupe de référence : l’émigration d’au moins un membre de la famille sert à réduire l’écart.

 Apport de cette théorie par rapport à la théorie néoclassique

Le fait que la décision soit collective. Il peut y avoir des pressions indirectes de certains membres de la famille cela dit. La décision du groupe est rationnelle dans le sens où le groupe cherche à améliorer sa condition socio-économique. Mais cette amélioration se fait par comparaison avec des voisins. L’importance de l’interdépendance entre ceux qui restent eux ceux qui partent ont l’obligation d’aider ceux qui restent. Cette théorie explique surtout les migrations temporaires, de personnes seules. En Afrique, on trouve les Soninké qui à la base

53 partaient à l’étranger pour vendre leur récolte. Durant la colonisation, ils furent embauchés comme marin en direction de la France. Ils gagnèrent de l’argent qu’ils investirent dans leur région d’origine. Outre la richesse, ils gagnèrent en prestige. En effet, un fait important à noter est que l’envoi d’argent est autant une assurance sociale qu’une fonction de prestige. Beaucoup de l’argent envoyé par exemple par les Soninké restés en France sont dépensés pour des cadeaux qui permettent d’obtenir un rang élevé au sein du clan ou du village. Il y a ici une logique du statut social plus que du statut économique.

 Critique de cette théorie

Les mêmes que pour la théorie néoclassique, cette théorie n’explique pas le choix quant au lieu de destination. Pourquoi certains lieux sont choisis et pas d’autres ? En outre, c’est une théorie de petite portée qui ne s’applique qu’à un nombre limité de situation. Elle n’explique pas la migration de toute une famille par exemple.

Une approche par la demande : Les théories du marché du travail segmenté.

Cette théorie tente de s’intéresser à ce qui se passe dans les pays d’accueil. La migration serait surtout liée à un facteur d’appel : la commune en question fait appel indirectement à des migrants vue que les Sakalava autochtones n’ont d’autres spécialités que dans la pêche, l’agriculture et l’élevage. Les autres migrants, eux aussi ont leurs propres spécialités, ils sont donc là pour compléter les manque. Ainsi à chaque ethnie, chaque spécialité, par exemple les Merina dans le commerce et administrations, les Vezo dans la pêche, les Antandroy dans l’élevage et gardien …..Dans ce cas, il n’y a pas de concurrence entre les travailleurs locaux et les migrants. Le seul cas possible serait la concurrence entre les migrants eux-mêmes car ils ont les mêmes spécialités alors qu’ils commencent à être nombreux.

 Théories de la démographie et de l’épargne.

Modigliani, prix Nobel 1985, et Bromberg relient l’épargne au cycle de vie de l’individu. Ils supposent que l’individu cherche à maximiser l’utilité de sa consommation future. Contrairement à Friedman, pour lui la période de maximisation de l’utilité est infinie et donc, que l’individu n’épargne pas seulement pour lui-même. L’individu répartit sa consommation au cours du temps et accumule une richesse qu’il consommera au cours de sa retraite.

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 Théorie malthusienne

L’ouvrage de Malthus, essai sur le principe de population (1798). Selon Malthus, la population croît selon une progression géométrique (double tous les vingt cinq ans) tandis que les subsistances croissent selon une progression arithmétique. Dès lors, soit la population accepte volontairement de limiter sa croissance (c’est la morale restreint aux abstentions du mariage) soit la population sera détruite par la guerre, la famine, peste. Aider les pauvres revient à encourager la croissance démographique et à terme sa destruction.

 Théorie historico-institutionnelle des migrations

Les migrations résultent de facteurs socio-historiques de grande ampleur. L’introduction du capitalisme dans les régions périphériques aurait eu ainsi pour effet de créer une population mobile disposée à émigrer. Il irait de même de la salarisation d’un nombre croissant de paysans. Dès lors, les destinations de ces travailleurs ne résulteraient pas de calculs économiques d’individus rationnels mais des biens historiquement tissés entre métropoles et semi-colonies. Ce que l’on a dépeint au cours de ces précédents développements, révèle en somme le cadre de notre étude qui n’est autre que la Commune urbaine de Morondava. L’on y a aperçu, surtout en étalant de long en large les potentialités de celle-ci, la richesse de toute une région, le dynamisme de tout un milieu qui avec ou malgré lui attise les envies et pousse à la migration. En étalant ainsi Morondava dans sa splendeur mais aussi dans ses aspects ternes, l’on est à mesure, dès à présent, de se faire une petite idée de ce qu’il en est des motifs de migration ; mais aussi de constater quelles en sont les vraies réalités. Et même si cela n’est pas encore de l’ordre de l’abordable, puisqu’il en sera question ultérieurement, il nous est déjà possible de s’en faire une petite idée.

La pertinence et l’intérêt de notre analyse se dévoile aussi dans le volet théorique et méthodologique que l’on a essayé de construire tout au long du second chapitre de la première partie. Les diverses orientations et théories des auteurs que nous avons soigneusement choisies témoignent de l’intérêt monstre et multidimensionnel du phénomène migratoire. Et qu’importe le domaine pris en compte : politique, économique, ou socioculturel. Ce qui est sur du moins c’est qu’au cours des développements ultérieurs, nous en saurions beaucoup plus.

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PARTIE II

QUINTESSENCE DE LA MIGRATION, ENTRE ADAPTATION CULTURELLE AMBIVALENTE ET MAINMISE DU TISSU SOCIO-ECONOMIQUE

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Dans le volet suivant, au menu sera servi le corps même de l’analyse. Comme son nom l’indique et ce que le titre en témoigne, il sera ici question de présenter l’agencement et le cours même des étapes de notre recherche sur terrain bien entendu. L’opportunité d’élucider surtout quand il est question de migration interne l’intégration des émigrants. Ces derniers arriveront-ils à s’intégrer dans une communauté autre que les siennes ? Y a t- il des problèmes d’adaptation avec ce milieu ethnique nouveau ? Aussi il est important de savoir si ces migrants contribuent au développement de la région d’accueil. Quels sont les motifs de leur migration ? Est-ce une migration spontanée ou organisée ? Nombreux seront les questions à se poser dont le but serait de connaitre au mieux la manière de vivre de ces migrants pour savoir ensuite leur dynamique quotidienne tant sur le plan économique, socioculturel que politique. Existe t-il des spécialisations dans la division du travail au sein de la commune comme Durkheim le décrit quand il y a croissance de la densité démographique ? L’on tachera ainsi, dans la mesure du possible, de répondre à toutes ces questions dans le présent volet tout en ne s’écartant pas de l’objectif visé. Nous allons voir les circuits, les pôles et paramètres des migrations au sein de la Commune (Chap.1). Un tracé clair des va-et- vient des itinéraires de migrations. Nous nous avancerons par la suite vers une analyse du développement local qui implique les migrants (chap.2), en nous penchant un peu plus sur le volet culturel de la division du travail. Puis nous verrons par la suite les implications de ces migrants au développement. En quatrième chapitre seront détaillés les résultats de notre analyse.

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CHAPITRE I

CIRCUITS, PÔLES ET PARAMETRES DES MIGRATIONS AU SEIN DE LA COMMUNE

Une chose est sûre, dès l’ébauche de cette modeste et première production scientifique. , c’est à d’autres qu’il serait utile d’apprendre à quoi rime la migration et non à la Commune urbaine de Morondava. Habituée malgré elle à les recueillir et cela depuis des centenaires. Ses maisons les hébergent. Ses allées sont envahies par ces migrants. Ses bureaux administratifs, ses écoles voient passées année après année leurs enfants,…toute l’étendue de la Commune est quasiment dominée par leur présence. S’il avait été possible, aux moyens de statistiques fiables, nous aurions dressé une esquisse approximative de leurs décomptes par rapport à la population autochtone ou tompo-tany

Mais dans les recensements, se fier aux réponses données et à leur véracité serait assez téméraire surtout lorsqu’ils ne sont pas faits par des organismes spécifiquement habilités. Ce qui nous amène à nous demander ce qui cause cet engouement, cet attrait pour la Commune urbaine de Morondava. De la sorte nous verrons en tout premier lieu les raisons qui poussent ces candidats à la migration de choisir Morondava comme lieu d’implantation (Section 1). Puis nous œuvrerons à décortiquer les circuits et les embranchements de leurs flux (Section 2). Pour enfin nous fixer à déterminer les divers axes et centres d’activités que ces derniers affectionnent (Section 3).

Section 1 : Facteurs d’attraction et motivation d’implantation des migrants

1. Pôle d’attraction pour le tourisme culturel. Toute la communauté malgache possède des particularités culturelles qu’on ne peut pas négliger. Avant de s’installer dans un lieu quelconque à Madagascar, il faut savoir d’abord les « fady » ou tabous du milieu, et savoir aussi l’histoire de la région où l’on veut habiter. Ainsi donc, la région de notre étude est riche en culture, « le fitampoha » qui attire beaucoup de monde, intellectuels étrangers ou malgaches qui veulent enrichir leurs recherche en sciences sociales ou dans d’autres domaine comme l’histoire.des simples touristes curieux de savoir ce que c’set que le Fitampoha. En effet des sites funéraires Sakalava/vezo se trouvent à Morondava : Outre les difficultés d’accès, de nombreux tabous (fady) protègent les sites funéraires sakalava et vezo. Tombeaux de Mangily Nord est accessible uniquement en saison

58 sèche en raison de la zone marécageuse. Tombeaux d’Ambato sur mer et de Kivalo Nord mais l’accès n’est possible qu’en pirogue seulement. Kivalo est un village du célèbre sculpteur Rasidiny. Le tombeau de Lovobe Sud n’est accessible qu’en pirogue.

A Belo sur Tsiribihina, une bourgade se trouve sur l’estuaire de la Tsiribihina, elle abrite le sanctuaire où sont conservées les reliques des anciens rois du Menabe. Ces reliques, ou « dady » (ongle de l’auriculaire, os occipital, canines de la mâchoire supérieure, prélevé sur le défunt), font l’objet d’une vénération particulière. Jadis elles légitimaient le pouvoir de leur détenteur. Le rituel du bain ou « Fitampoha », organisé tous les 5ans et qui dure une semaine permet aux participants de revivre l’histoire Sakalava. Les offrandes et sacrifices faits à cette occasion sont destinés à garantir la protection des ancêtres royaux et la prospérité du Menabe. Les tombeaux royaux de Tsianihy Est de Belo sur Tsiribihina renferment le corps du roi ainsi que ceux des princes Pierre et Georges Kamamy. Le roi Toera fut tué avec ses guerriers en Août 1897 au cours de l’attaque du village royal d’ par les troupes françaises du commandant Gérard, qui voulait obtenir la rédition des sakalava du Menabe.

Mahabo : La nécropole royale de Maneva à abrite le tombeau du roi Andriandahifotsy. La ville de Mahabo est un ancien village royal de Tsimanongarivo, roi Sakalava du début du XVIIIe siècle.

Manja : le village de bengy (chèvre) se situe à 70 km environ de Morondava, C’est un village historique, car c’est là que vient s’installer Andriamandazoala, fils d’un roi Mahafaly et qui fonda la dynastie des Maroseranana. Tous les souverains des deux grands royaumes Sakalava (Menabe et Boina) en sont issus.

Il a été nécessaire de partager la connaissance de l’histoire du royaume des Sakalava de Menabe pour démontrer que déjà à l’époque, le royaume de Menabe avait une relation solide avec les autres royaumes existant à Madagascar dont Antananarivo. L’histoire de Ramitraho et sa fille Rasalimo que nous connaissons tous.

Une évidence saute aux yeux dès l’abord. Qui ne se douterait pas que l’ultime facteur d’attraction à la source de leur déplacement n’est autre que la vaste étendue de terres qu’il y a dans cette région ouest de l’Ile. La région du Menabe est réputée pour la grande fertilité de ses terres qui, malgré cela, restent toujours non exploitées. Ainsi tout migrant friand d’un petit lopin de terres exploitable ne se privera pas de trouver à Morondava son nouvel eldorado,

59 quitte à abandonner et à laisser derrière lui ville d’origine, familles et proches. Cette manne foncière est plus qu’un motif de migration.

L’abondance d’espace favorise aussi la quiétude de l’atmosphère qui règne dans la commune. Car même si l’effectif des migrants augmente en nombres, et cela de façon fulgurante, les autochtones ne ressentent pas qu’ils les envahissent. Vu que ce n’est pas l’espace qui manque. Tout un chacun peut se mouvoir à sa guise et entreprendre selon ses possibilités. Ce qui fait que la vaste étendue de l’espace et des terres n’est pas seulement un facteur d’attraction mais elle est aussi et encore une raison et un facteur facilitant l’intégration et l’implantation de ces migrants. Facilitateur de leur implantation dans l’ordre où aucun conflit de cet ordre ne survient presque jamais. C’est à quelques détails près analogues à la ruée vers l’or dans l’Ouest américain. Tout le monde peut y fonder son propre affaire. Trouver sa propre voie et faire son bout de chemin.

2. Betsileo et Merina des populations sujettes à la migration

 Cas des Betsileo

Déjà dans les années trente, 27% des Betsileo vivaient de manière permanente en dehors de leur province d’origine. D’après une analyse tirée dans la recherche d’Ando Rakotonarivo DEA de l’année 2005 de L’Institution Catholique de Madagascar, la migration betsileo s’explique par l’absence des activités économiques dans la région. Une cause souvent répétée par ses interviewés, les jeunes qui sont en âge de travailler sont obligés de quitter le lieu pour s’implanter ailleurs, dans un endroit où les activités seraient rentables. En effet, dans la commune de Sandrandahy exemple pris des cas betsileo, on constate une réalité un peu contradictoire, d’abord l’activité principale est l’agriculture alors que celle-ci rencontre des problèmes divers. Non seulement les plateaux sont accidentés, mais aussi et surtout que le sol est infertile.

Les rizières sont étroites dont 5% seulement sont cultivables. La commune est isolée économiquement, il n’y a pas une seule industrie implantée, pas de sites touristiques ni richesses minières. La production agricole est trop faible pour assurer la subsistance de la population toute entière. A tout cela s’ajoute l’accroissement naturel de la population. Comme le disait le célèbre démographe Thomas Robert Malthus que la population augmente suivant une progression géométrique alors que la production suit une progression arithmétique, ce qui

60 entraine un déséquilibre. La solution pour l’homme serait de continuer à conquérir des espaces encore disponibles, fertiles est vivables ce qui est le cas de Morondava.

D’autres causes poussent la plupart de la population betsileo à migrer. Dans cette partie de l’île, la pression sociale y est encore trop forte. Toutes les familles pour garder un certain rang social s’efforcent de se montrer riches, les signes de richesses se manifestent par la possession de bovidés, grande maison, postes de radio à la mode ainsi que l’organisation périodique des cérémonies d’exhumation. Tout cela se présente de manière à ce qu’on ne perde pas la face dans la communauté. Ces devoirs sociaux se manifestent de façon concurrentielle entre les familles, il faut à tout pris répondre à l’attente de la communauté. Par conséquent, pour ceux qui ne peuvent pas accomplir ces devoirs. La décision de migrer serait une solution, cette situation correspond parfaitement à la théorie de la nouvelle économie. A l’extérieur au moins, ils peuvent vivre normalement sans pression et s’ils réussissent dans leurs activités, ils retournent chez eux avec fierté sinon ils envoient de l’argent pour participer à ces devoirs sociaux. L’éducation aussi fait partie de la cause, mais les jeunes étudiants migrent d’abord vers des grandes villes comme à Tananarive et à Tuléar, mais le retour chez eux après avoir terminé leurs études n’est pas évident, ces jeunes préfèrent chercher du travail là où ils peuvent gagner leur vie.

Fig2 : Les migrants vendeurs de pains et de jus à Morondava centre

Source : http://.madadecouverte.com/morondavaSource : Enquêtes personnelles 2009

 Cas des Merina

La politique du Roi Andrianampoinimerina à dominer toutes les régions de l’île a été poursuivie par son fils Radama I. A l’époque, la dispersion merina a été plus visible, plus de

61 la moitié de la grande île ont été mise sous l’administration merina. Ainsi l’histoire de la conquête de Radama I des terres Sakalava commença vers 1820 à peu près dix ans après la mort de son père. Des attaques à plusieurs reprises ont été menées par des soldats merina pour conquérir le Menabe, mais en vain, le Roi Ramitraho restait introuvable. Ce qui poussa le Roi d’Antananarivo lui-même à descendre vers le Menabe et il a rencontré non pas le roi mais sa fille Rasalimo dont il a épousé après. Le roi revenait à Antananarivo et a laissé 1000 soldats pour la garde de sa nouvelle épouse. A la fin de l’histoire, malgré les efforts de Radama I à conquérir le Menabe, Ramitraho continuait de refuser. Mais ce qu’il faut souligner c’est que le roi Sakalava de l’époque n’a jamais pu renvoyer vers Antananarivo les troupes et soldats merina déjà sur place, plus précisément à Vonizongo.

Pendant la période coloniale, les administrations françaises continuaient les ordres des choses déjà existants dans le pays. Elles ont renforcé la mobilité de la population malgache par le recrutement des fonctionnaires dont la majeure partie était des merinas. Ces derniers furent envoyés dans tous les recoins de l’île pour administrer. Selon Hubert Deschamps « La migration intérieure malgache est considérée pendant cette période par une par d’individualisme et des groupements ethniques. Dans cette migration intérieure, on remarque une forte mobilité merina ».

Aujourd’hui cette migration est consolidée d’abord par des causes démographiques dont les grandes villes comme Antananarivo est la première victime. On constate que la capitale malgache est asphyxiée actuellement, des populations venant de près ou de loin de la capitale s’installe à Antananarivo espérant aussi d’y trouver de meilleures conditions de vie. Cela provoque une saturation dans les affaires parce l’activité de l’un devient celle de l’autre, la concurrence devient plus grande et cela n’est plus bénéfique parce que les commerçants par exemple seraient obligés de baisser les prix. Alors il faut trouver des endroits où la concurrence n’est pas encore trop forte et que le marché n’est pas encore saturé. L’entrée des produits chinois dans le pays provoque des migrations que ce soit saisonnière ou autres ainsi des populations des hautes terres centrales pour écouler plus vite leur marché vont en côtes comme le cas de Morondava, là-bas le prix est encore élevé c’est beaucoup plus bénéfique qu’ici à Antananarivo. Force est aussi de souligner que l’arrivée au pouvoir du président Marc Ravalomanana en 2002 a contribué à cette migration des merina dans le Menabe.

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Fig 3 et 4 Exemples de migrants vendeurs de produits importés et de téléphonies mobiles

Source : Enquêtes personnelles 2009

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Section 2 : Circuits des mouvements migratoires

FIANARANTSOA ANTANANARIVO

BETSILEO MERINA

ANTSIRABE

MIANDRIVAZO

ANKILIZATO

Manamby MAHABO

Dabara

Tanandava

ANKILIVALO

: Déplacement des migrants BEMANONGA

Antsakoameloky

Avaradrova Andabatoara Tsimahavaokely Tsimahavaobe Bemokijy Tanambao

MORONDAVA Betania

AnkisirasiraNord Ankisirasira sud Morondava Centre Sans fil Ampasy

Ambalanomby Namahora Nord Namahora sud Andakabe Nosy kely

64 Cette représentation démontre comment s’effectue généralement les mouvements migratoires des mpihavy sur Morondava. Dans un premier temps, ces derniers partent de leurs régions d’origine, en l’occurrence les hautes terres centrales malgaches. Arrivés sur la région Menabe, ils commencent à s’installer peu à peu depuis Miandrivazo jusqu’à Morondava, en recherchant les lieux qui pourraient le plus correspondre à leurs attentes et besoins. En général, c’est sur Morondava que la majorité des migrants décident d’élire domicile pour s’y installer complètement.

Leurs mouvements vont par la suite varier en fonction des secteurs d’activités dans lesquels ils se trouvent. Pour les commerçants par exemple, les déplacements font partie du quotidien. Ils partent d’un endroit environnant à un autre selon les jours de marché. Les mercredis, pour Bemanonga et Ankilivalo ; les vendredis, Analaiva et Ankiliabo ; et les samedis, pour Mahabo, à environ 45 kilomètres de Morondava. Les transporteurs, eux, suivent également ce même circuit car le transport et le commerce sont des activités interdépendantes sur Morondava.

Fig5: La rue principale montrant le circuit des transports à Morondava centre

Source : Enquêtes personnelles 2009

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Section 3 : Pôles d’activités et paramètres REGION DE DEPART Personne(s) Contribution Cotisations Appeler de bénéficiaire(s) : des membres des membres nouveau x le(s) migrant(s) de la famille de la famille membres de la famille Investissements :

Ventes des biens de la famille, endettements

Investir des transferts

A louer, taxi ville, taxi régional Achat des biens mobiliers : ex : automobiles Devoirs dans les régions de départ : ex : famadihana, payements des Ecole dettes privée Capital et bénéfice

Commerce REGION D’ACCUEIL

Cabinet Eglise médical Achat des biens Transport immobiliers : Investisse Maison, rizière ments

66 Les migrations des originaires des Hautes-terres malgaches est motivée par différents éléments. En général, la migration est favorisée par la recherche d’activités et de profits économiques. Pour des questions de prestige social, ou tout simplement pour gagner sa vie, des politiques dans le processus de migration sont organisées dans la région d’origine dont (Antananarivo et Fianarantsoa) pour le départ vers la région d’accueil, tel Morondava. Le but serait de promouvoir une activité économique sur les lieux, et ainsi, de pouvoir, par la suite accueillir d’autres membres de sa famille et de son groupe. Quelles que soient les raisons de leur départ, (dans le schéma ci-dessus, le départ est dû à la contribution des membres de la famille) l’émigrant agira toujours de façon à ce qu’il aide à son tour, les autres membres de sa famille ou de son groupe. Il s’agira donc d’une question de redevance envers le groupe qui leur a permis de fructifier leurs activités, et ainsi de suite.

Ces migrants vont alors s’investir dans le domaine du commerce, du transport, et dans les autres domaines économiques. Dans un premier temps, ils s’impliquent dans le marché des légumes, des Produits de Première Nécessité ou dans les épiceries. Ils s’investissent par la suite dans un commerce à plus grande étendue, dans les ventes en gros et dans le transport. Mais au fur et à mesure que les migrants arrivent, une ère de concurrence plane sur les lieux, ce qui a pour effet de placer certains des migrants dans la faillite. Cependant, seule une minorité fait face à ce genre de situation. La majorité gagne toujours en bénéfice par rapport aux activités économiques effectuées.

Il importe également de souligner que bien que certains d’entre eux soient restés sur Morondava depuis des décennies, ils participent toujours activement et régulièrement aux évènements réalisés dans leurs régions d’origine par le biais de participations financières.

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Chapitre II

LE DÉVELOPPEMENT LOCAL QUI IMPLIQUE LES MIGRANTS

Dans presque toutes les recherches en migration, les auteurs ont tendance à dégager les apports des émigrés dans le milieu d’origine et c’est bien le cas parce que ces émigrés investis beaucoup plus dans leur région d’origine que dans les régions d’accueil. Nous verrons donc au cours de cette étude, si ces migrants investissent plus aussi dans leur région d’origine. D’après les enquêtes faites auprès d’eux, ils affirment leur participation au développement de la commune en question dans presque tous les domaines. Mais ce qu’ils ne nient pas n’ont plus c’est leur part de responsabilité dans leur région de provenance concernant les devoirs, et les obligations comme le « famadihana », le « vali-babena »4. Leur investissement en affaire reste à savoir. On ne peut pas dire que ces mpihavy est en tête pour le développement de la commune de notre étude, mais ils ne sont pas loin de l’être. Pour le prouver, durant les enquêtes, on a pu remarquer que les élus en place de chef fokontany dans la commune, sont presque tous des mpihavy et en majorité des merina. En tant que élus donc, ces chefs fokontany sont impliqués, grâce à leur place, aux projets de développement. Les Betsileo de leur côté emmènent des savoirs faire en matière de culture et autres activités.

Section 1: Le développement socio-éducatif 1. Adduction d’eaux potables

Dans tous les projets de développement, il faut dire que ces mpihavy sont toujours impliqués, de plus ce sont des leaders assimilables aux leaders charismatiques dont parle Weber. Par exemple pour l’irrigation des cultures, les betsileo sont spécialistes et ont apporté une nouvelle technique et organisation. Ces transferts inter-ethniques et inter-régionaux de compétences dans le but serait d’améliorer les rendements en production de riz donne à la commune sa place parmi les premiers producteurs de riz de Madagascar. Avec les appuis des ONG bien sûr, ces émigrés ont participé dans l’installation de puits dans des villages éloignés. Puis la mis en place des points d’eau, dans les fokontany. Il y a donc au niveau de la commune une amélioration nette de l’accès à l’eau potable et de sa gestion rationnelle. Par conséquent, l’impact serait positif sur l’hygiène de la population.

4 Nicolas RAZAFINDRATSIMBA (2007 :94).

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2. Création de nouvelles écoles

D’après la directrice de l’école « les moineaux » à Namahora, de nouveaux modes d’éducation plus adaptée sont offerts aux élèves, sans compter les efforts déployés pour l’amélioration de l’éducation. Sur ce plan, les merina sont beaucoup plus nombreux. Dans les lycées, CEG, on a rencontré des professeurs qui viennent de la capitale de Madagascar. Et ils éduquent aussi dans les collèges privés et lycées privés, dont Saint Paul, Saint Gabriel……

3. La santé

On manque de résultat bien précis sur le plan de la santé, mais on peut affirmer qu’il n’existe pas de pénurie de personnel médical. A l’hôpital Namahora par exemple, ce ne sont pas les médecins ou les infirmier(e)s qui manquent. . Il est à noter aussi que parmi ces docteurs, il y en a qui possèdent un cabinet médical dans leur domicile et sont équipés d’appareils plus modernisés pour soigner les malades.

Section 2 : Le développement d’investissement économique, relatif à l’expansion du commerce, du transport D’abord ces émigrés emmènent avec eux leur savoir-faire. Ils deviennent des exemples sur le plan du travail. Impliqués dans la création des associations villageoises, dans la réalisation des différents projets de développement, Ils ont depuis quelques années, mobilisés des financements sur des projets divers : microprojets villageois, atelier de valorisation de produits locaux. Catalyseurs de dynamisme sur le plan du commerce et du transport, ces migrants n’hésitent pas à investir dans des affaires, puisqu’ils sont là pour cela, ils sont censés réussir et n’ont pas le droit d’échouer. Ainsi, leurs investissements finissent souvent par se prospérer. Dans le commerce et le transport, ils investissent beaucoup parce ce que dans ces domaines, le capital investi revient plus vite puis ils peuvent réinvestir de nouveau.

Le développement de la commune peut-être dû en grande partie à l’initiative de ces migrants potentiels, dans leur capacité à catalyser des dynamiques locales et dans leur volonté à s’intégrer. Actuellement, la migration de ces populations des hautes terres doit faire face à de profondes mutations dont le vieillissement des anciennes générations de migrants, remplacées par l’émergence de nouvelles générations (commerçants dans les commerces

69 ambulants, artisans, des cadres dans l’administration…). Puis des masculinisations des migrants. Les anciens migrants se plaignent de la situation actuelle où l’arrivée en vague des nouveaux migrants menace leurs activités il y a trop de concurrences et ils sont même obligés de changer d’activité parce que les pertes sont toutefois considérables. Une des femmes enquêtées, toute en se plaignant disait qu’avant elle était dans la vente de légumes. Mais avec l’arrivé de nouveaux migrants qui entrent dans la même activité, elle tombait en faillite et a été obligée de vendre des « mofogasy et ramanonaka » : ce sont des sortes de gâteux traditionnels dont les composantes sont les suivantes : farine de riz blanc, huile, le premier est sucré, le second est salé ; le tout est cuit dans un moule traditionnel et avec du feu de bois

Fig6: Quelques migrants vendeurs de légumes à Namahora

Source : Enquêtes personnelles 2009

70

CHAPITRE III

FAIBLESSES ET FORCES DE LA MIGRATION DES MERINA ET DES BETSILEO DANS LE MENABE

Cette quatrième partie s’évertuera de déterminer aux moyens des questionnaires appropriés les avis recueillis auprès de ces migrants enquêtés. On a dû partager les avis de ces populations par genre et selon les paramètres rattachés à la question. Ici on a divisé en trois tableaux les grandes questions se rapportant aux hypothèses. La première se rapporte à la difficulté d’intégration des émigrés, celle-ci se divise en plusieurs paramètres dont la difficulté sur l’origine, sur le parler régional, les us et coutumes, l’insécurité ainsi que la difficulté d’intégration dans les activités. La deuxième question concerne les efforts d’intégration des migrants, elle se divise en sous questionnaires tels les essais d’intégration dans des associations, dans les activités puis dans les us et coutumes des Sakalava. La troisième qui est la plus utile de toutes est basée sur la contribution de ces migrants au développement de la commune. Cette dernière aussi se subdivise en quatre domaines dont le domaine économique, social, culturel et politique. Enfin on a rajouté des questions sur les motifs et durée de leurs migrations pour avoir des résultats beaucoup plus riches.

Section 1: Tableau 21: Intégration des migrants Merina et Betsileo dans la Commune

Difficulté Origine Parler Us et Insécurité Activités d’intégration régional coutumes Genre F 11% ont des 28% déclarent 32% 3% Les 26% E difficultés. avoir des confirment. affirment. démontrent les M Raisons : problèmes. Raisons : la Raisons : Raisons : les M Indifférence Raisons : peur existence autochtones se E et propos mauvaise d’oublier et des voleurs sentent S racistes des interprétation de perdre dans leurs toujours voisins quand la son identité quartiers. exploités sakalava ou phrase est mal culturelle, même si ce autres comprise on reste soi n’est pas le même. cas. (ex : au

71

(langue, marché) habillement) H 27% ont des 19% 22% 8% 24% confirme O difficultés. confirment. justifient les répondent leur problème. M Raisons : Raisons : Raisons que Raison : M Leur réussite communication par : Leur l’insécurité exclusion pour E provoque difficile avec résistance à se les migrants S des effets les autochtones l’adaptation manifeste ayant des négatifs sur ou autres au des seulement activités moins leur quotidien. Cela traditions par le vol rentables. voisinage provoque des sakalava. dans leur Jalousie pour (jalousie, disputes des Ceci est quartier. La ceux qui complexe,..). fois. considéré violence réussissent. La Ainsi comme un n’existe pas communication l’origine manque de devient serait un respect aux ironique dans prétexte de valeurs les milieux de conflit culturelles travail Source : enquêtes personnelles 2009

Il est utopique de croire que c’est chose aisée de rester soi-même dans une région qui n’est pas la sienne. Les problèmes de voisinages existent toujours surtout quand les groupes soient de différentes ethnies, la cohabitation serait quelque fois un peu difficile. Il y a les mauvaises interprétations des phrases considérées comme des ironies, les 11% des femmes enquêtés disant avoir été victimes sur leur origine est un cas normal dans une situation de migration parce que ce pourcentage n’atteint même pas les quarts des interviewés mais en ce qui concerne le cas des hommes interviewés, il faut admettre que le chiffre est quand même significatif même s’il n’atteint pas la moitié des enquêtés.

En effet les hommes de notre population d’étude sont fréquemment rencontrés à l’extérieur du foyer comparativement aux femmes. Les hommes ne restent pas souvent à la maison comme les femmes, ils travaillent en ville dans les administrations, au marché. L’amélioration des conditions de vie de sa famille dépend donc de leurs efforts, dans la plupart des cas, leur condition de vie s’améliore en si peu de temps les voisins en voyant cela ne sont pas contents alors ils cherchent des prétextes aboutissant aux conflits divers ;ainsi

72 l’origine en est une, les migrants des hautes terres seraient donc considérés comme habiles et exploitants .En ce qui concerne le parler régional, 28% des femmes parmi les enquêtés ont affirmé avoir des problèmes de compréhension et d’intercompréhension. En effet l’utilisation da la langue d’origine dans la vie courante c’est-à-dire partout peut-être interprétée comme un signe d’attachement à sa région d’origine aussi bien pour le migrant lui-même que pour les autochtones.

Ces derniers interprètent cette situation comme non seulement un manque de considération de leur culture mais aussi l’inexistence de volonté à s’intégrer. En se comportant ainsi le migrant ne fait qu’appuyer sa différence, sur le sujet le migrant aura toujours l’occasion de manifester son attachement à son origine dans le cadre familial ou dans les associations d’origine ethnique, par exemple il n’y a pas de mal à apprendre aux enfants la langue de sa propre origine au foyer. Ici les femmes sont beaucoup plus nombreuses que les hommes parce que les femmes autochtones n’osent pas attaquer les hommes migrants, leurs victimes seraient les femmes migrants tout en utilisant des phrases pleines d’ironies, par exemple « mahia homa » pour désigner les femmes merina de petite taille et mince. Mahia signifie mince et homa signifie gourmande, les femmes merina même en mangeant beaucoup de nourritures restent toujours minces alors que la plupart des femmes autochtones ont de grandes tailles et sont grosses, les femmes sakalava utilisent ce terme pour faire la différence ; prenant un autre exemple : « ampela malama loha » : D’abord, pour désigner aussi une femme merina dont les cheveux sont lisses. Cette phrase a aussi un sens péjoratif, c’est pour dire que ce sont des gens astucieux, rusés auxquels on ne doit pas faire confiance. En fait c’est pour parler du caractère, cela se passe dans les rues, au marché ou dans les taxis collectifs, surtout quand les femmes ne sont pas accompagnées par leurs conjoints. Il est à noter d’après les enquêtes faites auprès des migrants que ce sont surtout les descendants des colons qui utilisent souvent ces termes.

Les difficultés de s’intégrer ne s’expriment pas seulement que par l’origine ou le parler régional, elles s’expriment aussi et surtout par les différences des us et coutumes, effectivement les femmes autochtones à un moment de la journée trouve une occasion de mettre un lambahoany même si ce sont des femmes qui suivent la mode ce qui n’est jamais le cas chez les femmes des hautes terres centrales, ces dernières même avec une température à 32°c mettent souvent un pantalon jean et portent rarement un lambahoany. Prenant un autre exemple de différence : « le mihiratsy » les autochtones hommes ou femmes ont l’habitude de mihiratsy, il peut signifier se bavarder, c’est pour se montrer sa sympathie envers les autres,

73 cela peut prendre des heures en fin de la journée surtout quand le soleil commence a se coucher et que la température diminue. On va chez les voisin(e)s juste pour parler de tout et de rien. Ce qui n’est pas dans les habitudes des migrants des hautes terres centrales, ils pensent plutôt comme les capitalistes « le temps c’est de l’argent ». Ces différences se manifestent au niveau de l’individu dans ses façons de penser de sentir et d’établir la communication mis à par les différences de croyances, de valeurs de normes et de modes de vie du groupe auquel on appartient. On sait que les problèmes des relations interculturelles se nourrissent d’images erronées, de stéréotypes, de préjugés, (des préjugés comme quoi les populations venants des hautes terres sont malignes, parce que c’est rare, voir même impossible que leurs affaires ne marchent pas) en fonction de l’histoire existant entre les races.

La reconnaissance et le respect de l’autre est indispensable, il faut un climat d’acceptation et de confiance pour qu’il y ait une intégration réussite. 32% des femmes enquêtées affirment qu’elles rencontrent des problèmes sur le sujet, elles disent qu’elles n’ont pas envie d’apprendre les us et les coutumes sakalava pour exprimer leur attachement à leur origine et aussi la peur de perdre leur identité culturelle. Par conséquent, elles sont un peu marginalisées au quotidien puisqu’il n’y a ni échange ni compréhension. Les hommes enquêtés sont moins 10% des femmes, effectivement les hommes n’y prêtent pas trop attention à apprendre ou ne pas apprendre les us et coutumes de la terre d’accueil, pour eux le but c’est de bien intégrer quelques soient les moyens pour y parvenir, ils tiennent compte de sa situation qu’ils sont des migrants, et les migrants doivent adopter un certain comportement comme la sympathie envers tout le monde, ne pas se renfermer, il faut être sociable, ouvert, pour être bien accueillis ainsi les affaires marchent bien et la migration est réussie.

Les 22% des hommes avouant leurs difficultés disent qu’ils leur manquent un peu de volonté à apprendre. Pourtant cela est très important pour les autochtones. Durant des évènements culturels comme les exhumations, les funérailles, les circoncisions, il faut que tous les voisinages participent pour montrer leurs solidarités et la participation n’est pas seulement la présence, il faut s’habiller conformément aux évènements et aux pratiques vestimentaires locales pour les femmes, porter un « lambahoany » ou « salova », il y a des tâches à faire « mandisa café », « mandisa vary », « miketriky » ainsi que servir tout le monde, la tâche se divise par groupe de femmes. Le reste serait pour les hommes et si dans ces évènements, les migrants ne participent pas c’est vraiment inacceptable cela ne ferait que perturber leur vie et au retour si ces « mpihavy » auront des problèmes, personne ne viendra à

74 leur secours. Le pourcentage de l’insécurité n’est pas significatif, voire 3% pour les femmes enquêtées et 8% pour les hommes ce n’est pas vraiment parce qu’ils ou elles sont des migrants. L’insécurité touche tout le monde dans chaque quartier, migrant ou autochtone. Par la suite dans leurs activités journalières ces « mpihavy » dont 26% femmes et 24% hommes ont des problèmes. Ils ou elles sont maltraité(e)s à cause de leur habilité au marché. Leurs réussites provoquent des jalousies aux voisins, leurs échecs sont sources de leur exclusion. En général donc, on peut conclure sur ce tableau que ni le problème d’origine, ni le parler régional, ni les us et coutumes, ni l’insécurité et activité n’a atteint la moitié dans le pourcentage que ce soit pour les hommes que ce soit pour les femmes.

Tableau 22 : Essai d’intégration des émigrés

Essai d’intégration Association Activité Us et coutumes Genre F 24% des femmes enquêtées Parlant d’activités, 63% des 13% sont les femmes qui ont E confirment leur volonté de femmes affirment avoir fait pris la peine de d’apprendre M s’intégrer dans la commune tant d’effort pour parvenir à les us et les coutumes des M par la voix des associations. s’intégrer grâce à leurs autochtones .Exemple : E Sauf associations ethniques activités. « Il faut rester en misikina lamba hoany ou S pour ne pas se distinguer. A contact avec le milieu. Cela manao salova quand un Tsakoameloky une leur permet de mieux évènement se présente association des femmes du connaitre les façons de vivre (circoncision, fokontany dont la présidente des natifs » exhumation…. « mandisa (parmi les enquêtés) est kafé, mandisa vary » pour d’origine Merina visent à participer à des tâches des aider les enfants des classes femmes. défavorisées sur le plan éducatif. H Sur les hommes interviewés 67% déclarent qu’ils ont Seuls les 2% des hommes O 31% disent être membre obtenu des résultats positifs enquêtés ont pris des M d’une association que ce soit sur leur effort à s’introduire initiatives de réussir leur M politique sociale, grâce à la sympathie et à la migration par des us et E économique ou culturelle, sociabilité envers les clients coutumes des sakalava. S et même ethnique. pour les commerçants, charpentier, boucher, couturier. Les autres dans les administrations essaient de tenir des relations amicales avec tout le monde. Source : enquêtes personnelles 2009

75 Les émigrés ont des occasions pour montrer à son entourage leur volonté de s’intégrer socialement, soit par des associations (politiques, économiques, sociales ou culturelles) ; soit dans leur milieu de travail (au marché, dans les bureaux administratifs..), soit par l’adaptation aux coutumes (porter un lambahoany), se communiquer avec les autochtones même si ce n’est que pour saluer son voisin (e) « akory nareo ao e » de la terre d’accueil. Leur présence dans la commune prouve déjà qu’ils ont leur volonté de s’y installer et par conséquent de s’intégrer. Ainsi il faut apprendre et adapter aux conditions qui s’y trouvent. Fréquenter des associations serait idéal pour se faire vite des amis et être au courant de toutes sortes de situation dans son quartier. 24% des femmes affirment qu’elles se sont vite intégrées grâce à leurs accès à des associations, associations des femmes de leur quartier ayant comme but d’aider les enfants défavorisés du quartier sur le plan éducatif.

Ces femmes disent qu’il n’était pas utile d’entrer dans une association de type ethnique parce que cela pourrait causer des ennuis et incite les gens à vous exclure. Elles se disent être des ménabéennes, on vit à la façon des ménabéens. 31% pour les hommes, ces derniers par contre sont membres de plusieurs associations, politique, économique et ou social. Ils pensent que c’est de ces associations que leur intégration soit réussie.

Les milieux de travail aussi seraient un moyen de s’intégrer. La sympathie et les efforts dans la communication avec les autres sont très importants. La communication n’est pas forcément verbale, elle peut être par des gestes ou par des imitations aux façons de se comporter ou de s’habiller, on montre sa volonté de s’intégrer. Plus de la moitié des femmes enquêtées ajoutent que c’est grâce à leurs activités qu’elles se sont fait accepté par le milieu, pareil pour les hommes qui s’élevant à 67%, avouent leurs efforts sur ce plan, pour les commerçants la sympathie avec les clients sont l’une des techniques utilisées, ils sont bien accueillis.

L’intégration par les us et les coutumes est très faible, pour les femmes, elles n’ont atteint que 13% et pour les hommes le chiffe reste très faible voire 2% seulement, les raisons sont déjà expliquées ci-dessus.

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Section 2: Tableau 23 : Contribution des migrants des hautes terres centrales au développement de la commune

1.1 Tableau 23-1 : Contribution dans le domaine de l’économie

Développement Aménagement du Epargne Investissement économiques territoire Genre F Sur ce plan, aucunes 34% des femmes 66% déclarent leur E des femmes enquêtés enquêtées confirment investissement comme M n’ont affirmé leur avoir des comptes l’achat des biens M contribution, pour eux épargnes. Il est à noter matériels et E c’est le devoir de que ces femmes y immobiliers (voiture, S l’Etat, on a constaté habitaient plus de 25 maison et bien d’autres pourtant de nouvelles ans et se disent ne plus encore dont constructions (église, être des « mpihavy » l’expansion de leur hôpitaux privés, écoles mais « tompo-tany ».Il activité. Il y en qui sont privées….) dont les ne devrait pas avoir de en même temps dans le propriétaires sont ces mpihavy à Madagascar commerce et dans le migrants eux- mêmes. transport urbain. H 17% des hommes dont 29% des hommes qui 44% pensent qu’ils ont O les 3 Chefs fokontany viennent de la haute fait beaucoup M avec des ONG et l’Etat terre affirment avoir d’investissements. Par M ont institué des des comptes épargnes exemple, à leur arrivée E changements au niveau ou comptes bancaire. il en a qui était dans la S de leur fokontany. vente de légume Etablissement des actuellement ils sont Points d’eau, des dans la vente de PPN toilettes publiques, ou grossiste. ainsi que la Beaucoup d’entre eux reconstruction des sont des propriétaires bazars. de la maison où ils habitent. Source : enquêtes personnelles 2009

La question est ici de savoir si ces migrants contribuent au développement de la commune. Dans ce cas en a enregistré sur le plan de l’aménagement du territoire que sur les

77 100% des femmes de notre étude, aucune n’a affirmé leur souci sur la question, c’est le devoir de l’Etat voire de la mairie, selon leurs avis l’infrastructure routière de Morondava reste mauvais parce que c’est avantageux pour certains qui ne souhaitent pas recevoir des nouveaux venus. Mais sans le savoir, elles participent quand même au développement de l’aménagement du territoire parce qu’il y en a qui possède une école privée « les moineaux » à Namahora Nord, il y en a qui ont ouvert un cabinet médical. Tout cela a apporté des changements sur le paysage de la commune. Par contre 17% des hommes de cette étude ont affirmé avoir apporté quelques changements dans la région. Par exemple les trois chefs fokontany dont Tsakoameloka, Namahora et Morondava centre avec l’appui de l’Etat ainsi que les projets avec des ONG ont résolu les problèmes en eau de quelques quartiers avec l’établissement des points d’eau, puis la reconstruction des bazars tout en y mettant de nouvelles configurations sur le marché.

Concernant l’épargne, on avoue qu’il a été un peu difficile d’obtenir le résultat suivant, 34% des femmes enquêtées ont dit avoir des comptes épargnes dont les raisons sont, l’assurance de leur vie future et ou en cas de besoins imprévus. Les raisons sont étroitement liées à l’accomplissement des devoirs familiaux, on a remarqué pendant les enquêtes que ces femmes y sont plus de 20 ans et que leur vie paraissait stable elles ont toutes des activités bien rémunérées. 29% Des hommes par contre ont des comptes épargnes les raisons sont similaires à celles des femmes puisque la plupart sont des conjoints et vivent sous le même toit.

66% des femmes ont fait des investissements par l’achat des biens matériels et immobiliers (voiture, maison et bien d’autres encore pour l’expansion de leurs activités) c’est donc un investissement privé, mais même privé, il aura des conséquences positives sur la population. Les voitures pour assurer les transports urbains, des maisons à louer, des restaurants. Il y en a qui sont en même temps dans le commerce et dans le transport urbain.

44% des hommes pensent qu’ils ont fait beaucoup d’investissements. Par exemple, à leur arrivée il y en a qui était dans la vente de légume, actuellement ils sont dans la vente de PPN ou grossiste. Beaucoup d’entre eux sont des propriétaires de la maison où ils habitent. Les investissements sont aussi donc privés mais la plupart sont au profit de toute la population. D’ou la dimension sociétale des actions des mpihavy

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1.2 Tableau 23-2 : Contribution sur le plan social

Développement Education Sport Santé social Genre F Elles sont au nombre 19% des femmes Sur ce point 21% E de 27% celles qui enquêtées se disent sont celles qui M affirment avoir être membre d’une participent au M contribué au équipe sportive développement E développement sur le régionale sanitaire à S plan éducatif que ce Morondava (Docteur, soit direct ou indirect dans les ONG...) H 49% des hommes Les 38% des 13%des hommes O enquêtés y hommes enquêtés apportent leur M contribuent affirment contribuer contribution sur ce M directement ou au développement sujet E indirectement. sportif de la S (professeur, directeur commune. d’école privée ou publique, Association…) Source : Enquêtes personnelles 2009

Elles sont au nombre de 27% celles qui affirment avoir contribué au développement sur le plan éducatif que ce soit de manière direct ou indirect.49% des hommes enquêtés y contribuent directement ou indirectement. (Professeur, directeur d’école privée ou publique, Association…)

19% des femmes enquêtées se disent être membre d’une équipe sportive régionale Les 38% des hommes enquêtés affirment contribuer au développement sportif de la commune. Sur cette question, 21% sont celles qui participent au développement sanitaire à Morondava (Docteur, dans les ONG...) .13%des hommes apportent leur contribution sur ce sujet.

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1.3 Tableau 23-3 : Contribution sur le plan culturel

Développement Modes Us et coutumes Religion culturel vestimentaires Genre F Parmi les enquêtées 18% de celles qui 42% des femmes ont E 40% ont déclaré sont enquêtées ne dit qu’elles ont M avoir apporté des parlent que leur beaucoup apporté M apports de contribution dans ce dans ce domaine E modernisation sur le domaine s’exprime S mode vestimentaire par le fait qu’elles respectent les traditions des « tompo-tany » H 37% sont ceux qui 5% des hommes y 58% sont les O disent pouvoir prêtent attention hommes affirmant M participer aux avoir beaucoup y M changements de participé E mode dans cette S commune grâce à leur commerce Source : Enquêtes personnelles 2009

Parmi les enquêtées 40% ont déclaré avoir apporté des apports de occidentalisation sur le mode vestimentaire. 37% sont ceux qui disent pouvoir participer aux changements de mode dans cette commune grâce à leur commerce

18% de celles qui sont enquêtées ne parlent que de leur contribution dans ce domaine et cela est lié au fait qu’elles respectent les traditions des « tompo-tany » 5% des hommes y prêtent attention.

42% des femmes ont dit qu’elles ont beaucoup apporté dans ce domaine.58% sont les hommes affirment avoir y contribuer.

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1.4 Tableau 23-4 : Contribution sur le plan politique

Développement politique Association politique Liberté de s’exprimer Genre F Aucunes des femmes Toutes ont affirmé qu’elles E migrants enquêtées n’ont sont quand même libres M affirmé qu’elles sont d’exprimer leur avis quand il M membres d’une association y a discussion dans les rues, E politique, cela n’a vraiment bazar ou n’importe quel lieu S pas d’intérêt pour eux. public H 26% des hommes enquêtés Les 64% disent que les O sont membres d’une Sakalava de Menabe sont M association politique (TIM, pacifique, et qu’on n’a M MFM …..) et affirment avoir jamais constaté une E contribué au développement quelconque confrontation sur S politique de la commune ce sujet il y a liberté d’expression politique Source : Enquêtes personnelles 2009

Aucunes des femmes migrants enquêtées n’ont affirmé qu’elles sont membres d’une association politique, cela n’a vraiment pas d’intérêt pour eux. 26% des hommes enquêtés sont membres d’une association politique (TIM, MFM …..) et affirment avoir contribué au développement politique de la commune. Toutes ont affirmé qu’elles sont quand même libres d’exprimer leur avis quand il y a discussion dans les rues, bazar ou n’importe quel lieu public.

Les 64% disent que les Sakalava de Menabe sont pacifiques, et qu’on n’a jamais constaté une quelconque friction sur ce sujet il y a liberté d’expression politique.

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Tableau 24 : Motifs et durée de la migration

Motifs de la migration Spontanés Organisés Genre F 17% des femmes disent venir Parmi les femmes de la haute E dans la commune sans avoir terre enquêtées 83% sont M préparé d’avance leur celles qui ont dit organiser M migration (affectation, travail leur migration E saisonnier transformer en S travaille permanent…) H 18% des hommes affirment 82% des hommes ont dit que O que leur migration n’a pas leur migration a été organisée M été préparée (il y en a qui ont d’avance. M suivi leur famille soit pour E passer les vacances d’abord, S soit par une affectation de leur conjoint(e) Source : Enquêtes personnelles 2009

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Partie III ENJEUX PLURIELS DE LA MIGRATION ET ANALYSE PROSPECTIVE

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C’est ici que tout se joue : l’épilogue de notre analyse. Et c’est dans ce dernier volet que l’on fournira toutes discussions, éventuelles suggestions et analyses prospectives singularisant notre étude. Il sera alors question dans le premier chapitre de peindre sur la dualité migration et développement par rapport aux états des lieux de la migration des Merina et Betsileo sur Morondava pour finir sur d’éventuelles suggestions en fonction des réalités existantes.

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CHAPITRE I

CULTURES ET MIGRATIONS

Cosmopolite et très animée, la commune de Morondava est une de ces plates-formes évocatrices de la mixité du peuplement de Madagascar. Attractive depuis belle lurette, cette région peint un paysage démographique parsemé de plusieurs tribus. Des sakalava autochtones aux Antemoro et autres, Morondava peut être fier de sa diversité culturelle.

Nous analyserons à travers ce chapitre le revers culturel par rapport à la division du travail à travers l’examen de la nuance de la population en termes d’origine, et la division du travail proprement dite. Nous aborderons par la suite les questions sur l’intensité et la portée de la migration sur le développement local à travers l’analyse des points sociaux et économiques.

Section 1 : Les volets culturels de la division de travail 1. La diversité de la population

D’un point de vue général, on peut dire que la population de Morondava est représentative de plusieurs tribus malgaches. Allant des Sakalava jusqu’aux Karana (Indiens), en passant par les Antemoro, les Merina et les Betsileo, cette localité abrite des peuples issus de plusieurs autres régions. Bien entendu, cette diversité au niveau de la composition de la population rime avec une différence au niveau de la culture et du mode de vie.

Cependant, comme nous l’avons mentionné plus haut, la population originaire de Morondava, c'est-à-dire les Sakalava autochtones, s’est retirée pour se réfugier dans les périphéries de la ville. C’est ce qu’ils appellent « manarak’aloka », littéralement, suivre l’ombre. Si il y a une dizaine d’années, ce sont les Karana qui ont dominé la ville, à l’heure actuelle, ce sont plus les Betsileo et les Merina qui détiennent la majorité, tant au niveau de la composition de la population, au niveau de l’économie, qu’au niveau de la politique. La population de Morondava ville n’est en grande partie composée que de mpiavy (étrangers), et minoritairement de Sakalava autochtones. Les axes stratégiques de la ville, comme Tsakoameloky, Morondava Centre ou encore Namahora ne sont en général occupés que par des mpiavy. La venue de ces derniers, ainsi que leur installation sur les lieux ont d’ailleurs engendré plusieurs changements et quelques améliorations sur le plan social, culturel, économique et politique.

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2. La division du travail

A première vue, on peut déjà dire que la diversité au niveau de la population est clairement visible dans le cadre de l’organisation du travail : à chaque foko correspond un secteur d’activité économique.

Le commerce et le transport sont les activités économiques les plus pratiquées et les plus rentables à Morondava. N’ayant pas eu accès à des produits importés, et même nationaux dans le temps, avec la venue des mpiavy, la ville de Morondava a accès à divers produits sans que la population ait à se déplacer. En général, ce sont les Merina qui dominent le domaine du commerce et du transport.

Il en est de même pour l’élevage et l’agriculture. Bien que Morondava dispose d’une terre particulièrement fertile, et d’un cadre favorable à l’élevage, la population Sakalava qui y siège n’arrive pas à exploiter tout seul, les richesses naturelles disponibles. Ce n’est qu’avec l’installation des Betsileo sur les lieux que l’agriculture et l’élevage a pu connaitre un grand développement. Ces secteurs d’activités sont alors sous la domination des Betsileo.

Force est de souligner qu’auparavant, ce sont les Karana qui ont dominé le domaine du commerce. Mais depuis le début de l’année 2000, avec l’arrivée des autres groupes ethniques malgaches, ces derniers se sont retirés du domaine du commerce pour céder leur place aux Merina et Betsileo. Seul, le domaine de la Bijouterie reste leur domaine d’activité jusqu’à aujourd’hui. La pêche par contre revient aux Vezo, qui ont depuis toujours, été les principaux acteurs dans ce domaine.

Section 2 : La migration et le développement En considérant les faits mentionnés précédemment, on ne peut nier que la migration des populations issues des différentes régions malgaches a grandement contribué au développement local de Morondava, Mais seuls les cas des foko Merina et Betsileo qui nous concerne dans cette analyse. Leur contribution au développement se manifeste donc aussi bien sur le plan socioculturel qu’économique.

1. Sur le plan socioculturel

Le développement social de la ville de Morondava a été marqué par l’amélioration des conditions au niveau de l’éducation. En effet, auparavant, pour pouvoir scolariser leurs enfants, les parents doivent les transférer vers les villes pour s’instruire étant donné le nombre

86 insuffisant des écoles publiques et la mauvaise qualité de l’éducation dans ces dernières. La migration de la population Merina sur Morondava est un des principaux facteurs du développement de l’éducation sur les lieux. Aujourd’hui, de nombreuses écoles privées sont présentes sur les lieux. Les retraités d’Antananarivo viennent s’installer dans la ville de Morondava, et nombreux d’entre eux ont choisi de s’investir dans les écoles privées, fait qui leur est bénéfique autant qu’à la population. Comme nous l’avons mentionné dans la partie précédente, une association en relation avec une association suisse a permis à une quarantaine d’enfants défavorisés issus d’Antsakoameloky de bénéficier d’une scolarité et d’une instruction comme il se doit.

On peut en dire autant du domaine de la santé. Les habitants de la ville étant de plus en plus sceptiques par rapport aux soins effectués dans les centres de santé de base préfèrent de loin consulter des médecins privés. Avant l’explosion de la migration, en 2000, il a fallu que les locaux atteints d’une telle ou telle maladie viennent en ville pour bénéficier des soins nécessaires. A l’heure actuelle, quelques cabinets privés ouvrent leurs portent sur la ville de Morondava et évitent à la population locale de se déplacer vers le centre ville pour se soigner.

Au niveau culturel, le développement a surtout été marqué par l’ouverture d’esprit dont témoigne la population par rapport au modernisme. Cela se traduit d’un côté par l’accès à une tendance vestimentaire plus modernisée et à un mode de vie moins traditionnaliste. La migration des mpiavy sur Morondava a été accompagnée d’un certain dynamisme, ce qui a grandement influencé les locaux au développement.

Toutefois, force est de souligner que les Sakalava autochtones sont de moins en moins nombreux par rapport aux autres tribus composants la population de Morondava. Ce sont surtout les Antemoro, les Antesaka, les Antandroy qui dominent en tant que population locale. Viennent par la suite les Merina et les Betsileo qui représentent le reste de la population. Les Sakalava authentiques et de souche sont minoritaires en ville et ne bénéficient pas du développement de celui-ci. Les avantages de ce développement sont majoritairement attribués aux mpiavy.

2. Sur le plan économique

Le développement de la ville de Morondava s’est surtout manifesté par un dynamisme économique. Le commerce et les activités micro-économiques sont d’ailleurs les raisons principales qui ont conduit les mpiavy à venir s’installer à Morondava. Figurant parmi les

87 premiers greniers de Madagascar, Morondava a connu une nette amélioration au niveau des techniques de culture avec la venue des Betsileo sur les lieux et l’exploitation de ces derniers des terres disponibles. Cette révolution de l’agriculture a alors permis une bien meilleure production. Et si la plupart des produits n’étaient pas accessibles par tous dans le temps, presque tous les produits rencontrés dans les grandes villes sont désormais à la portée de la localité de Morondava.

La migration a également laissé ses traces dans le domaine du transport. Le déplacement se faisait en charrette, et en taxi-ville auparavant, jusqu’à ce que les mpiavy mettent en place des lignes de bus reliant Morondava et l’ensemble des lieux avoisinants. Le transport à Morondava a plus tard connu une envergure nationale, avec des coopératives nationales reliant Morondava et les grandes villes malgaches. Il est cependant à souligner que la totalité de ces coopératives appartient aux Merina et Betsileo. Cette amélioration au niveau du transport favorise alors la circulation des biens et des personnes et le commerce dans toute la ville.

En quelques mots, les mpiavy, notamment les Merina et Betsileo, à leur arrivée, s’infiltrent d’abord dans la vente de petits articles ou dans l’ouverture de petits hôtels- restaurants. Ils étendent par la suite leur commerce vers l’ouverture de grossistes et en même temps, ils investissent progressivement dans le transport. A vue d’œil, un important flux monétaire peut être observé sur Morondava, en termes économiques.

Toutefois, peut-on parler de réel développement local, si les profits reviennent plus aux migrants plutôt qu’à la localité ? Bien sûr, il y a développement, ou plutôt amélioration des conditions de vie, des conditions sociales et des conditions économiques de la ville. Cependant, la localité, c'est-à-dire les Sakalava d’origine n’ont aucun accès aux ressources disponibles, ni aux activités présentes. En retrait dans les zones arriérées, ils sont totalement exclus des bénéfices de cette croissance économique en centre-ville. Aussi, il est à souligner que les bénéfices apportés par ce dynamisme économique reviennent plus aux régions d’origine des mpiavy plutôt qu’à la ville de Morondava en soi. En effet, si les Antemoro, les Antesaka et les Vezo ne pensent plus revenir dans leurs régions d’origines qu’à leur vieillissement, les Merina et Betsileo, eux, procèdent à des rapatriements de profits, ce qui revient à faire profiter d’autres régions des ressources présentes et exploitées sur une autre région.

88

CHAPITRE II

SUGGESTIONS

Après avoir étudié de plus près les réalités existantes sur Morondava, nous avons pu relever les détails sur la réelle nature de la migration des Merina et Betsileo dans cette zone, aussi bien en termes de motivation que de choix d’installation. Nous avons également pu déceler tous les éléments et changements qui ont été favorisé par cette vague de migration. Ce prochain chapitre nous renseignera sur l’état des lieux de la migration dans le passé et à l’heure actuelle. Il exposera toutes les difficultés auxquelles la localité doit faire face pour ensuite suggérer d’éventuelles solutions, en adéquation aux problèmes locaux.

Section 1 : Etat des lieux de la migration

Jusqu’en 2000, bien avant la crise politique malgache, les Sakalava autochtones dominaient encore la zone de Morondava. Ils se sont peu à peu retirés, surtout à partir de 2002, lors de l’arrivée en masse et accélérée des mpiavy Merina et Betsileo sur les lieux.

A l’heure actuelle, ce sont les migrants qui gèrent et dominent la ville de Morondava. Or, l’exode est avant tout justifié par la recherche de ressources et de profits des migrants. Ils font d’abord en sorte de trouver des profits pour leurs propres personnes, pour leurs familles, et pour leurs lieux d’origine. Le développement de la ville où ils s’installent passe en dernier des priorités. Cet état de fait est visible au niveau de la vie en général de la population de Morondava. Les merina et Betsileo rapatrient et thésaurisent leurs profits, et seule une partie infime de ces profits reviennent à la ville de Morondava. Les infrastructures, les biens, les devises et valeurs monétaires sont majoritairement renvoyés vers Antananarivo et Fianarantsoa. Ce qui fait que Morondava demeure juste un terrain d’exploitation pour les migrants, mais que tous les bénéfices tirés de ce terrain sont attribués à d’autres régions malgaches.

En termes de migrations proprement dite, Morondava ne cesse d’afficher une croissance migratoire de plus en plus accélérée. Le développement de cette ville reste pourtant dérisoire puisqu’aucune politique sociale ou économique ne soutient un dispositif qui vise un développement humain et durable.

89

Section 2 : Les éventuelles suggestions

Actuellement, la migration contribue à un développement à court terme et non durable. Etant donné que toutes les activités effectuées par les migrants sont à caractères informels, pour instaurer un développement à plus long terme, formaliser ces activités économiques représenterait une solution plus radicale. De cette manière en effet, une redevance sera attribuée à la caisse locale, ce qui va permettre à la ville de pouvoir bénéficier de certains avantages des exploitations économiques faites sur les lieux.

Un dispositif de sensibilisation devrait également être élaboré et mis en place. Ce dernier devra alors être composé d’une promotion de l’éducation civique de la localité, de manière à ce que celle-ci puisse prendre conscience de l’importance du développement autant social qu’économique, et ce, de façon durable. Il prendra également en compte un processus de décentralisation du pouvoir politique, et une sensibilisation de l’ensemble de la population cosmopolite pour un réel développement local.

Le mode de fonctionnement des migrants dépend d’un milieu à un autre. Phénomène présent sur Morondava depuis des décennies, la migration dans cette région présente des revers particuliers. Cette dernière partie nous a renseignée sur les états des lieux des réalités existantes sur Morondava toujours en termes de migration. Elle nous a permis de voir comment les migrants s’organisent, en fonction de leurs secteurs d’activités ; comment ils vivent et quels sont leurs modes de fonctionnement. Elle nous a également permis d’avoir une meilleure appréhension des réalités locales, les changements provoqués par la migration ainsi que les problèmes auxquels doivent faire face les locaux. A ces problèmes correspondent des possibilités de solution, présentées également dans cette partie.

90

CONCLUSION

La migration est un phénomène en perpétuelle évolution. A l’heure actuelle, elle s’amplifie de plus en plus, tout en favorisant une grande dynamique sociale et des changements qui varient en fonction de divers faits sociaux. C’est d’ailleurs en ce sens que nous avons porté nos études. Nous nous sommes penchés sur un cas particulier, celui de la migration au sein de la ville de Morondava. Nous avons pu constater que la migration de plusieurs peuples issus de différentes régions malgaches a bouleversé non seulement le mode de vie de la population de cette ville, elle a totalement été le principal facteur de changement du cadre de vie au niveau de cette communauté.

En tenant compte des diverses théories soulevées par certains auteurs, nous pouvons dire que la dualité changements sociaux et migration rime aussi bien avec des fonds économiques, culturels, idéologiques, individuels et sociaux. Nous nous basant sur la constellation conceptuelle et théorique relatives au changement social, et en nous nous appesantissant un peu plus sur la théorie durkheimienne associant la démographie au changement social, nous avons pu constater que la variation démographique ou plutôt la croissance démographique, associée à d’autres éléments sociaux engendre diverses branches du changement social, tant culturel, économique, sociale que politique.

La communauté de Morondava, au cours de ces dernières décennies a connu une grande mutation, surtout sur le plan socio-économique, avec l’explosion de la migration sur les lieux. Bien que les migrants soient originaires de presque toutes les régions malgaches, il est quand même à souligner que la majorité de ceux-ci viennent des Hautes-Terres malgaches à savoir les Merina et les Betsileo. Et à l’opposé de certains migrants comme les Antesaka ou les Antemoro, ces derniers sont les premiers à s’intégrer dans presque la totalité des secteurs économiques et sociaux.

Aussi, pour répondre à notre problématique qui se concentre sur la nature et l’étendue de la relation entre la migration sur Morondava et le développement de celui-ci, pouvons- nous dire qu’effectivement, des changements et améliorations sont observés sur les lieux depuis l’amplification du phénomène de migration. Par rapport au passé, Morondava a évolué, mais par rapport à ce que ces migrants gagnent et bénéficient, le développement dans cette

91 Commune devrait être beaucoup plus consistant et tangible qu’on ne vient de découvrir puisqu’on ne peut confirmer qu’il s’agisse bien de développement, du moins de développement durable, puisque les améliorations favorisées par la venue des migrants sur les lieux ne demeurent que sur le court terme.

Bien entendu, sur le plan socio-économique, nombreux sont les changements. Allant de la scolarisation et de l’instruction des enfants locaux jusqu’au développement du commerce, de l’agriculture et du transport, en passant par l’évolution des conditions sanitaires, la migration des originaires des Hautes-Terres de Madagascar n’a cessé d’apporter des changements que l’on peut qualifier de positifs au sein de la ville de Morondava. Nous pouvons donc dire que les migrants sont les principaux agents de ce changement.

Toutefois, contrairement à ce que l’on pourrait observer dans la majorité des régions, le phénomène de migration au sein de Morondava se dynamise de plus en plus, au point que les locaux, c'est-à-dire les Sakalava autochtones eux-mêmes soient moins nombreux comparés aux migrants. Nous avons même soulevé que ces derniers se sont pour la plupart retirés vers des zones avoisinantes et en périphérie de la ville pour céder leurs places aux groupes ethniques migrants. Ce qui nous amène à dire que, à l’opposé des phénomènes de migrations observés ailleurs, les migrants de Morondava ne représentent plus une minorité. Oui, ces derniers agissent grandement dans le changement social, mais on ne peut guère affirmer que c’est une minorité agissante, puisqu’à l’heure actuelle, les migrants, plus particulièrement les originaires des Hautes Terres, représentent à eux seuls dans la ville, plus de la moitié de la population de Morondava.

Ainsi, nous pouvons confirmer les hypothèses selon lesquels les migrants contribuent au développement de Morondava. Economiquement parlant, ils ont pu déstabiliser le monopole des Karana des secteurs économiques, surtout commerciaux ; ce qui a permis l’accès de tous à des produits à la fois diversifiés et abordables. En termes de santé, la population bénéficie également de conditions sanitaires nettement améliorées avec l’accès à des soins adéquats, favorisé par l’ouverture de plusieurs cabinets médicaux privés. Il en est de même pour l’instruction, qui elle, s’est améliorée avec la poussée en nombre des écoles privées. L’amélioration des conditions de vie des autochtones, causée par l’arrivée des migrants est d’autant plus appréciée par ces locaux.

Cependant, en termes de développement, malgré le fait que la migration ait été un des plus grands facteurs du changement social, voire du progrès sur Morondava, ce

92 développement local n’a qu’un caractère spontané et non durable. Avec le rapatriement des profits effectués par les migrants, les valeurs, les devises, les biens et les bénéfices rapportés par les activités effectuées à Morondava ne reviennent qu’en partie à cette localité. Le développement issu de la migration ne reste donc que sur le stade micro-économique et à court terme. Mais en tenant compte de l’intégration dont bénéficient déjà les migrants au sein de la communauté, ainsi que de la diversité de la composante de la population locale, quels seraient les dispositifs à mettre en place, pour faire de cette migration un élément de développement durable de la localité à part entière et à portée macro – économique ?

93

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages généraux

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95 28- Jean Michel Lebigre « Milieux et sociétés dans le Sud-Ouest de Madagascar » Press Univ de Bordeaux 29- http://.madadecouverte.com/morondava 30- http://.routard.com/hotel 31- http://journees_uniteco.site.ined.fr/fr/colloque_developpements_recent_en_economie_de_la_fam ille/ 32- http://www.courrierinternational.com/article/2009/11/19/demographie-le-grand-tabou 33- Pascal,B économie et société/1 Max Weber. P.bruneau4iscali.fr cours de Mr Pesqueux : UV C1 34- Philippe Steiner, « Le marché selon la sociologie économique », Revue europpéenne des sciences sociales : http://ress.revues.org/326;DOI:10.4000/ress.326 35- « Qu’est-ce que le développement durable », Bibliothèque pédagogique Agir pour la planète, Expédition 48 ° Nord- premier tour du monde à la force humaine, www.jeangabrielala.com

Dictionnaires de spécialités

36- Gilles FERREOL, Philippe CAUCHE, Jean- Marie DUPREZ, Nicole GADREY, Michel SIMON ; « Dictionnaire de Sociologie », édition Armand Colin, 130-135P 37- Madeleine, G. (2001). Méthodes des Sciences Sociales . Paris : Dalloz 38- Raymond, B. François, B. (2004). Dictionnaire critique de la sociologie. Paris : Quadrige PUF

96

TABLE DES MATIERES

PARTIE INTRODUCTIVE 1

PARTIE I : PRESENTATION DU TERRAIN D’ETUDE ET APPROCHE THEORIQUE 16

Chapitre I ETATS DES LIEUX ET PRESENTATION DU TERRAIN 18 Section 1 : Paysage administratif et découpage territorial 18 1. La région en survol 18 2. La commune urbaine de Morondava 19  Voies d’accès et transport terrestre 19  Les autres transports existants 21 Section 2 : Situation démographique 23 1. Les données sur la Population 23 2. Historique de l’immigration dans le Menabe 25  Les indiens et le commerce 25  Le commerce par boutre 26  Les indiens à Morondava 26  L’immigration Betsileo, Merina, Antesaka, Bara, Antandroy et Vezo dans le Menace dans le passé 26 3. Situation actuelle de la migration à Morondava 28

Chapitre II MORONDAVA, UNE COMMUNE RICHE EN RESSOURCE 32

Section 1 : Les potentialités économiques 32 1 L’agriculture 32 2 Aubaines et activités économiques 34

Section 2 : Domaine socioculturel 40 1. Le secteur socio-éducatif 40 2. Le secteur sanitaire 44

Chapitre III APPAREILLAGES THEORIQUES 47

Section 1: Les théories économiques des migrations 47  Les analyses économiques classiques de la migration 47  L’individualité de la migration 49  Les théories économiques néoclassiques 49

Section 2 : Les théories sociologiques des migrations 49  L’Ecole de Chicago : Théorie des réseaux sociaux (Massey, Alarcon, Durand) 50  La transition démographique 51  Les théories néo-classiques 51  Théories de la nouvelle économie 52  Théorie de l’investissement familial 52

97  Apport de cette théorie par rapport à la théorie néoclassique 52  Critique de cette théorie 53  Théories de la démographie et de l’épargne. 53  Théorie malthusienne 54  Théorie historico-institutionnelle des migrations 54

PARTIE II QUINTESSENCE DE LA MIGRATION, ENTRE ADAPTATION CULTURELLE AMBIVALENTE ET MAINMISE DU TISSU SOCIO-ECONOMIQUE 55

Chapitre I CIRCUITS, PÔLES ET PARAMETRES DES MIGRATIONS AU SEIN DE LA COMMUNE 57

Section 1 : Facteurs d’attraction et motivation d’implantation des migrants 57 1. Pôle d’attraction pour le tourisme culturel. 57 2. Betsileo et Merina des populations sujettes à la migration 59  Cas des Betsileo 59  Cas des Merina 60

Section 2 : Circuits des mouvements migratoires 63

Section 3 : Pôles d’activités et paramètres 65

Chapitre II LE DÉVELOPPEMENT LOCAL QUI IMPLIQUE LES MIGRANTS 67

Section 1: Le développement socio-éducatif 67 1. Adduction d’eaux potables 67 2. Création de nouvelles écoles 68 3. La santé 68

Section 2 : Le développement d’investissement économique, relatif à l’expansion du commerce, du transport 68

PARTIE III ENJEUX PLURIELS DE LA MIGRATION ET ANALYSE PROSPECTIVE 82

Chapitre I CULTURES ET MIGRATIONS 84

Section 1 : Les volets culturels de la division de travail 84 1. La diversité de la population 84 2. La division du travail 85

Section 2 : La migration et le développement 85 1. Sur le plan socioculturel 85 2. Sur le plan économique 86

Chapitre II SUGGESTIONS 88

98 Section 1 : Etat des lieux de la migration 88

Section 2 : Les éventuelles suggestions 89

CONCLUSION 90

BIBLIOGRAPHIE 93

Annexes

Les questionnaires d’enquête :

1. Quel âge avez-vous ?

[20-25] [40-45] [25-30] [45-50] [30-35] [50-55] [35-40] [55-60]

2. Dans quel quartier habitez- vous?

- Morondava centre - Tsakoameloky - Namahora

3. Quelle est votre région d’origine ?

- Antananarivo - Ambatolampy - Fianarantsoa - Fandriana - Antsirabe - Betafo - Autres - Ambositra 4. Quelle activité exercez-vous ?

-Professeur -Commerçant - Transporteur -Agriculteur - Mécanicien -Charpentier - Dans les administrations

5. Est-ce que vous êtes membre d’une association ?

-Religieuse -Sportive -Politique

-culturelle -Autres

6. Quel est le motif de votre migration ?

-Affectation -recherche d’emploi -tourisme

-Autres

7. Avez-vous eu des difficultés en arrivant ici ?

-Dialecte - Us et coutumes -insécurité

-Climat

8. est-ce que vous êtes propriétaire ou locataire de la maison où vous habitez ?

-Locataire -propriétaire

9. A votre avis, les migrants contribuent-ils au développement de la commune ?

-oui -Non

10. Si oui dans quels domaines ?

11. Est-ce que vous faites des épargnes ? Si oui, ici ou ailleurs ? si non, quelles sont les raisons ?

-Thésauriser -envoyer dans votre région d’origine - Autre

12. Combien de temps est-ce que vous habitez ici ?

-1, 2, 3, 4,5,………………………25 et plus

13. Pour ceux qui y vivaient plus de 10 ans : Est-ce vous constatez une dégradation ou un développement dans votre quartier ? et de Morondava en général ?

-Dégradation -Développement

14. Quels facteurs se rattachent au développement ?

-La politique économique de l’Etat - Les migrants

- La population entière -Autres

15. Les migrants des hautes terres centrales participent-ils à ce développement ?

-Oui -Non

16. Si oui dans quel domaine ?

-Politique -Economique -Social -Culturel

17. A votre avis, quels sont les facteurs qui poussent les migrants à venir vivre à Morondava ?

18. Les Sakalava autochtones sont-ils accueillants ou pas ?

19. A votre avis, faut-il limiter la venue de ces migrants ? -OUI -NON

20. Pourquoi ?

Liste des enquêtés :

AGE ORIGINE PROFESSION FOKONTANY 31 Antananarivo Docteur Tsakoameloky 37 Antananarivo Professeur Tsakoameloky 24 Antananarivo Commerçant Tsakoameloky 30 Antsirabe Commerçant Tsakoameloky 53 Antananarivo Ingénieur et chef Tsakoameloky fokontany 34 Antsirabe Epi-Bar Tsakoameloky 22 Antananarivo Etudiant Tsakoameloky 34 Antananarivo Professeur Tsakoameloky 35 Antananarivo Commerçant Tsakoameloky 22 Fianarantsoa Boucher Tsakoameloky 36 Antananarivo Commerçant Tsakoameloky 28 Antananarivo Commerçant Tsakoameloky 37 Antananarivo Commerçant Tsakoameloky 29 Antsirabe Transporteur Tsakoameloky 37 Fianarantsoa Commerçant Tsakoameloky 45 Fianarantsoa Collecteur Tsakoameloky 29 Antsirabe Agriculteur Tsakoameloky 21 Antsirabe Commerçant Tsakoameloky 19 Fanadiana Etudiante Tsakoameloky 28 Fandriana Commerçant Tsakoameloky Source : Enquêtes personnelles 2009

AGE ORIGINE PROFESSION FOKONTANY 33 Antananarivo Commerçant Namahora 41 Fianarantsoa Couturière Namahora 38 Antananarivo Commerçant Namahora 46 Antananarivo Commerçant Namahora 40 Antananarivo Commerçant Namahora 41 Antsirabe Commerçant Namahora 53 Ambatolampy Chauffeur Namahora 18 Antananarivo Etudiant Namahora 21 Antananarivo Etudiant Namahora 30 Antananarivo Commerçant Namahora 28 Antananarivo Commerçant Namahora 27 Ambositra Agriculteur Namahora 22 Imady Commerçant Namahora 51 Ambatolampy Mécanicien Namahora 39 Ambatolampy Commerçant Namahora 32 Fianarantsoa Commerçant Namahora 25 Antsirabe Institutrice Namahora 38 Antsirabe Couturière Namahora 37 Fianarantsoa Couturier Namahora 24 Antsirabe Commerçant Namahora Source : enquêtes personnelles 2009 Tableau XVIII : Liste des enquêtés du Fokontany de Morondava Centre

AGE ORIGINE PROFESSION FOKONTANY 52 Antananarivo Chef-fokontany Morondava centre 54 Antananarivo Commerçant Morondava centre 49 Betafo Chauffeur Morondava centre 31 Fianarantsoa Commerçant Morondava centre 63 Fianarantsoa Menuisier Morondava centre 36 Antananarivo Chômeur Morondava centre 38 Fianarantsoa Agriculteur Morondava centre 36 Antananarivo Collecteur Morondava centre 30 Antananarivo Commerçant Morondava centre 43 Antsirabe Commerçant Morondava centre 29 Ambositra Commerçant Morondava centre 39 Tsarazaza Commerçant Morondava centre 30 Ambatomainty Chauffeur Morondava centre 27 Fanadiana Maçon Morondava centre 58 Fandriana Commerçant Morondava centre 27 Antsirabe Commerçant Morondava centre 27 Fanadiana Boucher Morondava centre 33 Antsirabe Commerçant Morondava centre 38 Antsirabe Commerçant Morondava centre 56 Antsirabe Commerçant Morondava centre 24 Antsirabe Chauffeur Morondava centre 27 Antananarivo Charpentier Morondava centre 32 Antsirabe Etudiante Morondava centre 36 Antsirabe Couturière Morondava centre 23 Fianarantsoa Couturier Morondava centre 33 Antananarivo Couturier Morondava centre 17 Fianarantsoa Etudiante Morondava centre 21 Fandriana Etudiant Morondava centre 29 Fianarantsoa Agriculteur Morondava centre 50 Antananarivo Commerçant Morondava centre 51 Fianarantsoa Commerçant Morondava centre 52 Antananarivo Professeur Morondava centre 25 Antananarivo Greffier Morondava centre 29 Antananarivo Docteur Morondava centre 44 Antsirabe Police Morondava centre 27 Nosy be Gérant d’hotel Morondava centre 47 Antananarivo Commerçant Morondava centre 37 Antsirabe Couturière Morondava centre 39 Antsirabe Professeur Morondava centre 34 Antananarivo Gardien Morondava centre Source : Enquêtes personnelles2009

Liste des tableaux :

Tableau1 : Liste des enquêtés du Fokontany Tsakoameloky P9

Tableau 2 : Liste des enquêtés du Fokontany Namahora p11

Tableau3 : Liste des enquêtés du Fokontany de Morondava Centre p12

Tableau 4 : Répartition de la population par commune p19

Tableau5 : La commune compte 18 Fokontany p22

Tableau 6 : Etude comparative des quatre années passées p23

Tableau 7 : Projection d’évolution de la population pour les quatre années à venir p23

Tableau8 : Répartition par classe d’âge et par sexe p24

Tableau 9 : Les effectifs des migrants dans le Menabe dans le passé p28

Tableau10 : Les principaux groupes d’ethnies résidants dans la commune Urbaine de Morondava p29

Tableau 11 : Typologie des pêcheries et des ressources halieutiques p36

Tableau 12 : Taux brut de scolarisation p40

Tableau13 : Niveau d’instruction BEPCp41

Tableau 14 : Niveau d’instruction baccalauréat p41

Tableau15 : Indicateurs de performances des écoles, dont ceux des écoles publiques dans la commune de Morondava. Les chiffres en parenthèses représentent les écoles privées dans la commune. P42

Tableaux 16 : Le niveau d’instruction p44

Tableau 17 : Formation sanitaire p45

Tableau 18 : L’indicateur d’accès de la population aux formations sanitaires de qualité p45

Tableau 19 : Indicateurs de protection de la mère et de l’enfant p46

Tableau 20 : Inventaire des points d’eau potable et population servie en 2009 p46 Tableau 21 : Intégration des migrants Merina et Betsileo dans la Commune p71

Tableau 22 : Essai d’intégration des émigrés p75

Tableau 23 : Contribution des migrants des hautes terres centrales au développement de la commune p77

Tableau 23-1 : Contribution dans le domaine de l’économie p77

Tableau 23-2 : Contribution sur le plan social p79

Tableau 23-3 : Contribution sur le plan culturel p80

Tableau 23-4 : Contribution sur le plan politique p81

Tableau 24 : Motifs et durée de la migration p82

Liste des figures :

Fig1 : La forme de rizières à Morondava p33

Fig2 : Les migrants vendeurs de pains et de jus à Morondava centre p61

Fig3 et 4 : Exemples de migrants vendeurs de produits importés p63

Fig5 : La rue principale montrant le circuit des transports à Morondava centre p65

Fig6 : Quelques migrants vendeurs de légumes à Namahora p70

Liste des graphes :

Graphe 1 : Représentation des tranches d’âge des enquêtés de Tsakoameloky p10

Graphe 2 : Représentation des tranches d’âge des enquêtés de Namahora p12

Graphe3 : Représentation des tranches d’âge des enquêtés de Morondava Centre p14

Graphe 4: Densité du réseau de routes Nationales p20

Graphe 5 : Densité du réseau de routes secondaires p21

Graphe 6 : Type et superficie en hectare des périmètres rizicoles p33

Graphe 7: Répartition d’élevage par type de cheptel p35

Graphe 8: Le taux de déperdition scolaire à changement de niveau p42

LISTE DES ABREVIATIONS :

- APD : Aide Publique au Développement

- CEG : Collège d’Enseignement Général

- CIPD : Conférence International sur la population et le Développement

- CSB : Centre de Santé de Base

- EPP : Ecole Primaire Publique

- FID : Fond d’Intervention pour le Développement

- FMI : Fonds Monétaire International

- IDH : Indicateurs de Développement Humain

- IST : Infections Sexuellement Transmissibles

- MST : Maladies Sexuellement Transmissible

- OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

- OMS : Organisation Mondiale de la Santé

- ONG : Organismes Non-Gouvernementales

- ONU : Organisation des Nations Unies

- PCD : Plan Communal de Développement

- PRD : Plan Régional de Développement

- PSDR : Plan Stratégique de Développement Rural

- UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture

- VIH/SIDA : Virus de l’Immunodéficience Humaine-Syndrome d’Immunodéficience Acquise

RESUME

Cette recherche qui s’est orientée dans le cadre de la migration et du développement au niveau de la commune de Morondava montre que l’afflux de la migration des originaires des Hautes Terres Centrales malgache engendre une amélioration concrète du Développement local. Cette vague de migration a également conduit le retirement des sakalava vers des zones enclavées. Il en est de même pour les karana, qui, auparavant étaient les dominants sur le plan économique dans cette localité. En général, aucune forme de discrimination ne s’observe dans le quotidien des locaux vis-à-vis des migrants.

Le développement de la commune ne peut toutefois être considéré comme effectif. Il est plutôt dérisoire dans la mesure où les activités économiques ne sont pas formalisées. La majeure partie des revenus sont donc ramenés vers les régions d’origine des migrants et seule, une petite partie revient à la localité.

Ainsi, l’arrivée des migrants au sein de la commune de Morondava a apporté de nombreux changements au niveau de ce dernier, en particulier par rapport au développement de celui-ci.