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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

École Supérieure Polytechnique d’Antananarivo UFR Sciences Economiques et de Gestion de Bordeaux

MEMOIRE DE MASTER

OPTION : « ÉTUDES D’IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX »

En co-diplômation entre L’Université d’Antananarivo et l’Université de Bordeaux

Intitulé :

CONTRIBUTION AU DIAGNOSTIC SOCIO-ENVIRONNEMENTAL DE BASSINS VERSANTS

Cas DE BEANANTSINDRA ET DE (Région Sofia)

Présenté le 02 Octobre 2015 par Mademoiselle RATIANARIJAONA Mendrika

MASTER EIE: 2014-2015

MASTER EIE 2014 - 2015

École Supérieure Polytechnique d’Antananarivo UFR Sciences Economiques et de Gestion de Bordeaux MEMOIRE DE MASTER OPTION : « ÉTUDES D’IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX »

En co-diplômation entre L’Université d’Antananarivo et l’Université de Bordeaux

Intitulé :

CONTRIBUTION AU DIAGNOSTIC SOCIO-ENVIRONNEMENTAL DE BASSINS VERSANTS

Cas DE BEANANTSINDRA ET DE BEANDRAREZONA (Région Sofia)

Présenté le 02 Octobre 2015 par Mademoiselle RATIANARIJAOANA Mendrika

Devant le jury composé de :

Président : - Monsieur ANDRIANARY Philippe Antoine Professeur Titulaire

Examinateurs : - Madame Sylvie FERRARI Professeur - Monsieur RABETSIAHINY Maître de Conférences - Monsieur RAKOTOMALALA Minoson Professeur Titulaire

Encadreur pédagogique : Professeur RASOLOFOHARINORO, Professeur Titulaire Encadreurs professionnels : Georges SERPANTIE, Agronome, chercheur à l’IRD (UMR-GRED) Fano ANDRIAMAHEFAZAFY, Economiste, chercheur C3EDM, Aurélie Vogel, Chargée de Projet de Développement et Gestion des Ressources Naturelles, GRET Remerciements

Avant de commencer nous souhaitons adresser un remerciement aux personnes qui nous ont aidé à la réalisation de ce mémoire : - Les autorités des deux Universités Bordeaux et Antananarivo pour avoir facilité le bon fonctionnement de la formation, et avoir su gardé la co-diplômation. o Monsieur Le Professeur Manuel TUNON DE LARA, Président de l’Université de Bordeaux o Monsieur Le Professeur Panja RAMANOELINA, Président de l’Université d’Antananarivo o Monsieur Le Professeur Philippe Antoine ANDRIANARY, Directeur de l’École Supérieure Polytechnique d’Antananarivo - Les deux responsables de formation o Madame Le Professeur Sylvie FERRARI, de l’Université de Bordeaux o Monsieur Le Docteur RABETSIAHINY, de l’Université d’Antananarivo

- Les Enseignants qui sont intervenus dans la formation, en particulièrement le Professeur Minoson RAKOTOMALALA d’avoir encadré durant toute l’année.

- Le Professeur RASOLOFOHARINORO lors de la rédaction, pour ses conseils et sa disponibilité et ses encouragements.

Un grand merci et toute reconnaissance à Georges SERPANTIE, Fano ANDRIAMAHEFAZAFY de nous avoir guidé, conseillé, encouragé, pendant les descentes sur terrain et tout au long du stage. Pour leur franchise envers notre travail.

Une pensée particulière à Thomas pour notre travail en commun, que ce soit sur le terrain que dans les traitements des données. Merci.

Un grand merci à toute l’équipe rHYviere II pour leur soutien pendant le stage : descente sur terrain et traitement des données

Merci Aurélie pour ton aide et ton soutien dans les travaux que nous avons effectué

Sans oublier les parents, la famille, les amis d’avoir été présent à chaque moment tout au long de l’année. Un grand merci pour leur soutien.

MERCI !!!! Liste des photos PHOTO 1 : PLAINE RIZICOLE BEANANTSINDRA ...... 27 PHOTO 2 : PLAINE RIZICOLE BEANDRAREZONA ...... 30 PHOTO 3 : PSEUDO-STEPPE ...... 31 PHOTO 4 : BROUSSE ERICOÏDE ...... 32 PHOTO 5 : TOURBIERE ...... 33 PHOTO 6 : PRAIRIE ...... 34 PHOTO 7 : PRAIRIE ARBUSTIVE ...... 35 PHOTO 8 : FORET DE FOND DE VALLON ...... 35 PHOTO 9 : FOUGERES ...... 36 PHOTO 10 : RECRU FORESTIER...... 37 PHOTO 11 : GRAND MASSIF FORESTIER ...... 37 PHOTO 12 : CULTURE D’ARACHIDE ...... 52 PHOTO 13 : REPIQUAGE DU VARY JEBY ...... 55 PHOTO 14 : JARDIN BOCAGER ...... 56 PHOTO 15 : CULTURE DE HARICOT A BEANANTSINDRA ...... 58 PHOTO 16 : HARICOT DANS FORET CONVERTIE...... 58 PHOTO 17 : LAVAKA A BEANANTSINDRA...... 70 PHOTO 18 : ANTEVAM-BE BEANDRAREZONA ...... 71 PHOTO 19 : LAVAKA A BEANDRAREZONA ...... 71

Table des figures FIGURE 1 : LOCALISATION DES DEUX ZONES D’ETUDES (ANDRIEU, 2015) ...... 11 FIGURE 2 : BILAN CLIMATIQUE (SERPANTIE, DONNEES NON PUBLIEES) ...... 12 FIGURE 3 : PEDOLOGIE BEANANTSINDRA (ANDRIEU, 2015) ...... 13 FIGURE 4 : PEDOLOGIE DE BEANDRAREZONA (ANDRIEU,2015) ...... 14 FIGURE 5 : PENTE BEANANTSINDRA (ANDRIEU, 2015) ...... 15 FIGURE 6: RELIEF BEANANTSINDRA (ANDRIEU, 2015) ...... 15 FIGURE 7 : PENTE BEANDRAREZONA (ANDRIEU, 2015) ...... 16 FIGURE 8 : RELIEF BEANDRAREZONA (ANDRIEU, 2015) ...... 16 FIGURE 9 : RESEAU HYDROLOGIQUE BEANANTSINDRA (ANDRIEU, 2015) ...... 18 FIGURE 10 : RESEAU HYDROLOGIQUE BEANDRAREZONA (ANDRIEU, 2015) ...... 18 FIGURE 11 : POINTS TRANSECTS BEANANTSINDRA (ANDRIEU, 2015) ...... 23 FIGURE 12 : POINTS TRANSECTS BEANDRAREZONA (ANDRIEU, 2015) ...... 23 FIGURE 13 : TERROIR AGRICOLE BEANANTSINDRA (ANDRIEU, 2015) ...... 27 FIGURE 14 : TERROIR AGRICOLE BEANDRAREZONA (ANDRIEU, 2015) ...... 29 FIGURE 15 : STEPPE ET PSEUDO-STEPPE EN FONCTION DES PENTES ET DES ALTITUDES ...... 33 FIGURE 16 : VOI BEANDRAREZONA (ANDRIEU, 2015) ...... 45 FIGURE 17 : CULTURE D’ARACHIDE BEANDRAREZONA (ANDRIEU, 2015) ...... 51 FIGURE 18 : ELOIGNEMENT DU VILLAGE PAR RAPPORT AU TEMPS ENTRE DEUX FEUX A BEANANTSINDRA ...... 61 FIGURE 19 : ELOIGNEMENT DU VILLAGE PAR RAPPORT AUX TEMPS ENTRE DEUX FEUX ...... 61 FIGURE 20 : CANAL A L’EXUTOIRE DE BEANDRAREZONA (ANDRIEU, 2015) ...... 65 FIGURE 21 : INDICE D’EROSION DE CHAQUE MILIEU...... 66 FIGURE 22 : LAVAKA BEANANTSINDRA ...... 70 FIGURE 23 : LES LAVAKA DE BEANDRAREZONA ...... 72 FIGURE 24 : INDICE D’EROSION DES MILIEUX ...... 74

i Tables des tableaux TABLEAU 1 : NOMBRE DE NETTOIEMENT ...... 40 TABLEAU 2 : ASSOCIATIONS VILLAGEOISES ...... 42 TABLEAU 3 : ASSOCIATIONS MISE EN PLACE PAR L’ETAT ...... 43 TABLEAU 4 : LES VOI ET LEUR CONTRAT ...... 45 TABLEAU 5 : CALENDRIER AGRICOLE...... 47 TABLEAU 6 : CALENDRIER DES ELEVAGES ...... 48 TABLEAU 7 : ITINERAIRE TECHNIQUE DU HARICOT ...... 57 TABLEAU 8 : CLASSE STRUCTURELLE ...... 63 TABLEAU 9 : MOYENNE DES CLASSES ...... 64 TABLEAU 10 : CLASSE STRUCTURELLE ET STRATEGIE ...... 64 TABLEAU 11 : ROLES DES MILIEUX VIS-A-VIS DE LEUR EVOLUTION ...... 73 TABLEAU 12 : RELATION ENTRE MILIEUX, USAGE, PRATIQUE ET EROSION ...... 75 TABLEAU 13 : APPRECIATIONS DES PRATIQUES ...... 77 TABLEAU 14 : LES INDICATEURS DE STRATEGIE PAR CLASSE ...... 80

ii

Liste des abréviations ADER : Agence de Développement de l’Electrification Rurale

HIMO : Haute Intensité de Main d’Oeuvre

FFEM : Fonds Français pour l’Environnement Mondial

IRD : Institut de Recherche pour le Développement

C3EDM : Centre d’Economie et d’Ethique pour l’Environnement et le Développement de

NAP : Nouvelle Aire protégée

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

MECIE : Mise En Compatibilité des Investissements avec l’Environnement

PREE : Programme d’Engagement Environnemental pH : Potentiel Hydrogène

NDVI : Normalized Difference Vegetation Index

MNT : Modèle Numérique de Terrain

AUE : Association des Usagers de l’Eau

PUPIRV : Projet d’Urgence pour la Préservation des Infrastructures et la Réduction de la Vulnérabilité

VNA : Vomieran’Ny Ala

TPF : The Peregrine Fund

VOI : Vondron’Olona Ifotony

KMDT : Komity Miaro amin’ny Doro-Tanety

SRTM : Shuttle Radar Topography Mission rHYviere : Réseau Hydroélectrique Villageois,énergie et respect de l’environnemet

UR : Unité de Résident

PAM : Programme Alimentaire Mondial

iii INTRODUCTION D’après le PNUD, en 2013, Madagascar fait partie des pays à faible développement humain. Cela se vérifie surtout en milieu rural où 83% de la population vit avec moins de 1,25$PPA (Parité de Pouvoir d’Achat). Toujours en milieu rural 95,2% des ménages vivent sans accès à l’électricité. La production est assurée par des centrales thermiques à diesel pour la plupart ayant un coût de production élevée notamment à cause du prix du pétrole mondial. Seules les hydrocentrales électriques telles que celle d’Andekaleka ou de Ranomafana produisent de l’électricité à partir d’une énergie renouvelable. Cependant, leur production ne couvre pas les besoins du pays. Les agences gouvernementales malgaches encouragent la création de centrales hydroélectriques répondant à un besoin de développement socioéconomique. Mais la question de la durabilité de cette énergie se pose, en raison des modifications toujours possibles du régime d’eau, qu’elles soient naturelles ou provoquées par l’homme, ou en raison des impacts locaux des projets eux-mêmes (impacts sociaux et environnementaux)

Le programme Rhyviere II

Dans cette optique, le GRET, une ONG française de développement œuvrant depuis 38 ans à Madagascar, mène des projets d’hydro électrification rurale dans un souci de durabilité, tel que le projet rHYvière 1 commencé en 2008).Le projet Rhyviere II en est la suite. Ce dernier est financé en majorité par l’Union Européenne. La création de microcentrales hydro-électriques concerne trois régions de Madagascar : la falaise en zone tanala (Tolongoina), où un dispositif pilote pour renforcer la durabilité est déjà en place et en phase de suivi, et la zone cotière (Foulpointe, Sahasinaka). La nouvelle phase concerne les Hautes terres centrales en pays betsileo (2 bassins), et la région Sofia (2 bassins) au Nord Dans le cadre rHYvière II, le GRET a obtenu un appui du Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM ) pour conduire des actions complémentaires intégrant le volet socio-environnemental. En intégrant le volet socio-environnemental au domaine énergétique, le projet rechercher une double forme de durabilité : pérennité de la ressource en eau et absence de conflits d’appropriation de la ressource.

Les objectifs du projet du GRET se décomposent donc en quatre points :

 accroitre l’accès à l’électricité pour la population rurale,  grâce aux Energies Renouvelables,

1  développer les activités économiques  intégrer les enjeux environnementaux à la démarche d’accès à l’énergie

Le programme rhyviere II est lancé depuis le début de l’année 2015, il s’étend sur 4 ans. La construction des microcentrales se feraient au cours de la deuxième et la troisième année. Pendant la première année, en vue d’apporter des informations sur le thème « durabilité et pérennité de la ressource en eau », l’IRD et le C3EDM interviennent à travers une recherche d’accompagnement. Celle-ci vise à contribuer à la réalisation d’un diagnostic socio-environnemental en menant une recherche orientée sur :

- l’évolution des états biophysiques du milieu et leurs conséquences potentielles, négatives ou positives en matière de régulation hydrique. - La caractérisation des pratiques des acteurs en général et plus particulièrement celles qui contribuent/limitent/intensifient les processus de changements d’état biophysiques et leur évolution - identifier les déterminants de ces pratiques et leurs évolutions dans le temps

Mon étude se concentre sur les 2 bassins versants dans le Nord de Madagascar dans la région Sofia, dans le District de Bealanana dans deux communes : Communes d’ et de Beandrarezona. Dans la première le barrage hydro-électrique potentiel se situerait sur la cascade de la rivière Nanilezana qui s’appelle Andriamanjavona. Et le second serait sur la grande cascade de la Beandrarezona que l’on appelle Ambodiriana. L’équipe environnementale de Rhyviere II doit mener un « Diagnostic socio-environnemental des deux bassins versants ». Le programme de recherche d’accompagnement doit donc y contribuer par des investigations scientifiques. Cela afin de pouvoir aider les acteurs du projet Rhyviere II dans la prise de décision en vue d’une installation durable de la microcentrale. Plusieurs dispositifs de recherche ont été mis en place pour déterminer au mieux les enjeux environnementaux, ainsi que les risques naturels ou ceux liés aux pratiques agraires des usagers des bassins.

Contexte juridique de l’étude

L’eau fait partie des ressources naturelles de Madagascar. Elle est utilisée pour différentes fins. Des textes juridiques existent dans le pays afin de gérer, régulariser l’utilisation de la ressource en eau. Dans un projet comme la nôtre, ces différents textes doivent être pris en compte avant de pouvoir passer à la réalisation des travaux. Le projet Rhyviere II va se faire

2 dans deux bassins versants de Madagascar. La rivière principale de chaque bassin versant ainsi que tous les cours d’eau qui l’alimentent sont concernés.

 Le Décret MECIE (Mise en compatibilité des Investissements avec l’Environnement)

Dans l’annexe I du décret MECIE, il est stipulé que toute installation hydroélectrique de plus de 150 MW est soumise à une Etude d’Impact Environnemental (EIE) avant la mise en place de l’installation. Dans l’Annexe II de présent Décret, il est mentionné que toute installation hydroélectrique d'une puissance comprise entre 50 et 150 MW doit être soumise à un Programme d’Engagement Environnemental (PREE). En l’occurrence, la puissance installée de ces microcentrales est en cours d’étude mais ne dépassera en principe pas 2MW. Il n’y aura donc pas d’obligation en matière de PREE , la démarche du projet de mettre en place un volet durabilité environnementale et sociale est donc volontaire.

 Code de l’eau

La Loi n° 98-029 du 20 janvier 1999 portant Code de l’Eau, Titre II, Chapitre II, dans son Article 24 affirme que « Pour la protection des rivières, lacs, étangs, tout plan et cours d'eau, eaux souterraines, il est interdit de jeter ou disposer dans les bassins versants des matières insalubres ou objets quelconques qui seraient susceptibles d'entraîner une dégradation quantitative et qualitative des caractéristiques de la ressource en eau. Constitue un bassin versant toute surface délimitée topographiquement et géologiquement, drainée par un ou plusieurs cours d'eau. Le bassin versant est une unité hydrologique et hydrogéologique qui a été décrite et utilisée comme unité physio-biologique, socio-économique et politique pour la planification et l'aménagement des ressources naturelles ». La qualité et la quantité de l’eau sont des paramètres à considérer dans tous projets touchant à cette ressource. De ce point de vue le projet Rhyviere II a opté d’abord pour une étude environnementale avant de se mettre à la construction proprement dit

L’article 25 de ce même code de l’eau affirme que : « Conformément aux dispositions de la politique forestière, le rôle éminemment protecteur d'un couvert forestier, ou tout au moins celui d'un couvert herbacé dense sur les bassins, ainsi que la protection contre l'érosion, l'envasement et l'ensablement des infrastructures hydroélectriques et des périmètres irrigués en aval, revêtent un intérêt public et feront l'objet des mesures de concertation spécifiques, afin de maintenir les normes de qualité des eaux, de régulariser les régimes hydrologiques et d'empêcher les graves inondations. » Ayant conscience que l’état des couverts végétaux oa

3 des impacts sur l’eau, l’étude s’est concentrée sur l’état du bassin ainsi que toutes les ressources qui s’y trouvent notamment, la forêt, les pâturages et les sols.

 Réforme sur le secteur de l’énergie électrique à Madagascar

D’après la loi I N° 98-032portant sur la réforme du Secteur de l’Électricité à Madagascar, le monopole de la production de l’électricité par l’entité étatique Jiro sy Rano Malagasy (JIRAMA) n’est plus adaptée à la situation politique et économique du pays. « Un seul intervenant n’est plus suffisante pour assurer l’efficacité et le plein essor d’un secteur qui constitue l’un des facteurs essentiels du développement économique et social de Madagascar. » Le secteur de l’énergie électrique est donc ouvert à des intervenants privés. Le gouvernement malgache a mis en place cette réforme dans un souci d’efficacité et de la qualité des services offerts aux usagers de l’électricité. Cette réforme a pour but d’ouvrir à de nouveaux opérateurs la possibilité d’intervenir au sein du secteur afin, d’une part, de relayer l’Etat malgache dans le financement de l’infrastructure électrique du pays et, d’autre part, de promouvoir l’efficacité et la qualité du service offertes aux usagers par le jeu de la concurrence.(loi I N°98-032 sur la réforme du secteur de l’Electricité)

Agence de Développement de l’Electrification Rurale (ADER)

L’ADER est un organisme d’Etat, créé le 15 février 2000. La convention entre l’Agence et le gouvernement malgache a été signée le 11 mai 2000. La signature de cette convention confirme l’enthousiasme étatique dans la promotion de l’électrification rurale et le développement que ça pourrait apporter à un endroit enclavé loin de la Grande Ile. Le GRET dans l’exécution de ce projet d’électrification rurale est en partenariat avec l’ADER. Non seulement le projet a pour but d’apporter la lumière aux villageois concernés mais surtout un outil de développement des territoires. L’appui de l’ADER démontre l’implication de l’Etat dans la réalisation de ce projet.

IRD et C3EDM

L’Institut de Recherche pour le Développement ou IRD est un institut de recherche français. Ses programmes de recherche sont orientés vers le Développement des pays du Sud. Dans le projet, l’IRD travaille pour le volet socio-environnemental de rHYviere II avec le Centre d’Economie et d’Ethique pour l’Environnement et le Développement ou C3EDM rattaché au Département Economie de l’Université d’Antananarivo. Pour la réalisation du stage, l’IRD et le C3EDM ont cherché à constituer un binôme franco-malgache ayant des spécialisations différentes. Ils effectuent chacun un stage de 6 mois dont 2 mois de terrain. Le stagiaire

4 français avait pu commencer son stage 1 mois à Montpellier pour la préparation de la descente sur le terrain. Tous ces choix ont été faits dans un souci de coopération du travail et de complémentarité des approches.

Notre méthodologie se base sur une approche hybride. Faire participer les paysans, dans la réalisation des études sur terrain dans les transects et dans les techniques agricoles. Notre étude considère que les paysans ont des savoirs à nous transmettre, ils connaissent mieux le terrain. Notre fiche transect reflète bien cette méthode.

Etat de l’Art sur les Relations homme-environnement et durabilité

Dans ses politiques économiques et rurales, Madagascar préconise un développement durable. Raison pour laquelle, la création des générateurs d’électricité renouvelable en milieu rural est encouragée. Dans le pays, la discussion sur les causes de la destruction de l’environnement restent encore d’actualité. Nombreuses ont été les recherches sur ce sujet, abordant les différents types de causes, sociales, politiques et économiques.

Causes sociales, démographiques et politiques

Le souci de l’environnement a été institutionnalisé dans les années 1970 dans les pays occidentaux confrontés aux externalités négatives de la croissance économique et démographique (destruction des habitats naturels, pollution des eaux et de l’air, émissions de gaz à effet de serre, dégradation de la qualité alimentaire des produits agricoles…). D’après le rapport Meadows en 1972, la croissance démographique en particulier mène à des effets néfastes sur l’environnement. Ce rapport reproduisait ainsi la doctrine de Malthus « si les freins préventifs (recul de l’âge au mariage, mise au monde des enfants uniquement si l’on a les moyens de les élever…) ne sont pas assurés par les individus, ce sont les freins répressifs (famines, guerres, épidémies,…) qui le feront pour eux (Malthus, 1798). D’un autre côté, Boserup, dans son ouvrage fondateur de 1965 stipulait que la croissance démographique motive aussi l’adoption d’un nouveau système agraire plus performant pour nourrir la population grandissante grâce à une offre accrue sur le marché du travail (intensification du système d’usage des terres). C’est la théorie de la « pression créatrice ». Une bonne interprétation des relations homme-environnement devrait donc prendre en compte ces deux mécanismes qui peuvent fonctionner de manière simultanée (Serpantié et al, 2014) : l’homme en se multipliant, génère des problèmes mais aussi peut trouver des solutions.

5 Pour le cas de Madagascar, dans l’époque pré-coloniale, la situation a souvent été interprétée de la façon de Malthus (Campbell, 1991). Les techniques agricoles rudimentaires auraient limité la capacité d’accroitre la production de sorte que la croissance de la population en a été fortement limitée et que la densité de la population aurait atteint ses « limites naturelles » lorsque les freins répressifs malthusiens seraient entrés en action. Il y aurait donc eu un équilibre entre la population et les ressources à une époque ancienne.

Campbell propose aussi un autre facteur, le facteur politique. Le choix politique de l’Etat Merina d’aménager les terres pour l’irrigation et d’organiser la production (riz et tubercules) a eu un impact sur la disponibilité alimentaire, menant à la croissance démographique de sa propre population. Mais dans un second temps, l’intensification du fanompoana (c’est-à-dire des corvées dues à l’Etat sans contrepartie) ont causé par la suite un affaiblissement de la main d’œuvre disponible, une désorganisation de l’économie agricole conduisant au ralentissement démographique. Par la suite en période coloniale Madagascar fut confronté à un certain sous-peuplement. Par conséquent l’administration coloniale a cherché à favoriser les migrations de travail entre régions plus ou moins densément peuplées. Mais même avec une faible densité de la population, cela n’empêchait pas l’exploitation mécanisée des ressources naturelles de la Grande île. D’après Jarosz (1993), entre 1895 et 1925, a eu lieu une régression notable de la forêt primaire malgache par l’exploitation forestière ou la mise en place de plantations. Pour l’administration étatique coloniale, le tavy ouagriculture itinérante posaient le problème principal. Après l’indépendance, l’accroissement de la population est devenu de plus en plus important et c’est à partir de 1980, que le lien causal entre croissance de la population et déforestation apparait de façon plus nette (cas du corridor Ranomafana- Andringitra, Serpantié et Toillier, 2007).

Causes économiques

Les histoires de la politique agricole et fiscale merina et de la déforestation malgache illustrent bien la complexité du rapport homme-environnement où l’on doit prendre en compte de multiples facteurs simultanément : démographiques, politiques, économiques, mais aussi représentations des problèmes chez les décideurs. La pauvreté fait partie du quotidien de la population malgache. Madagascar, affiche un taux de pauvreté de 70% (Razafindravonona et al, 2001). La plupart des pauvres sont installés en zone rurale. Ils dépendent de l’agriculture pour leur survie au quotidien (Dorosh et al, 1998 ; Minten et Zeller, 2000 ; UPDR-FAO- CIRAD, 2001). Dans son analyse des Enquêtes Périodiques auprès des Ménages en 2001,

6 Minten et Ralison en 2001 prouvent l’existence d’une relation forte entre la pauvreté rurale et la perception de dégradation de l’environnement. Les conclusions de leur étude commune montrent que les ménages se trouvant dans le quintile le plus pauvre (21% sur bas-fonds et 19% sur tanety) ont évoqué plus souvent une dégradation prononcée. Tandis que les plus riches ne trouvent pas de changement dans leur exploitation. Le taux de déforestation est partiellement élevé à cause de la pratique du tavy, qui permet de conquérir de nouvelles terres et de produire à coûts réduits. Cette pratique liée à la pauvreté a détruit en une vingtaine d’année la quasi-totalité de la forêt sèche des Mikea dans le Sud-Ouest (Blanc-Pamard et al, 2005) puisque les autorités responsables n’ont pas bien tenu leur rôle dans sa surveillance Avec l’importance des « pressions » occasionnées par les paysans pauvres sur les ressources naturelles dont ils dépendent souvent, la pauvreté a été mise en exergue dans les causes à combattre pour protéger ou restaurer l’environnement.

Causes culturelles

L’ignorance paysanne ou des traditions néfastes sont souvent mises en cause par les promoteurs de la conservation de la biodiversité, autour des aires protégées, et l’éducation environnementale fait donc partie des actions préconisées et menées par ces derniers (Sarrasin, 2013). Mais cette vision est contredite par la Convention pour la Diversité biologique, qui a cherché au contraire à mettre en avant et valoriser les « savoirs locaux » sur la biodiversité, donc a cherché à reconnaitre aux populations locales des savoirs environnementaux. Le tavy fait partie des pratiques identitaires des sociétés agricoles malgaches, et elles cherchent souvent à en limiter les effets néfastes potentiels sur les sols (Serpantié et al, sous presse). Le tavy est relativement bien adapté aux milieux pluvieux et accidentés (pas de labour, cultures temporaires, gestion du paysage). Ces mêmes milieux sont en revanche peu propices aux pratiques agricoles que l’on trouve sur les Hautes terres, comme les terrasses, le labour, la culture permanente et l’élevage pastoral : risques d’érosion, risques de glissement de terrain, inondations, adventices exubérantes, mauvaises conditions d’élevage donc peu de fumier). Tavy et agroforesterie sont donc les pratiques les plus adaptées à ces milieux et les deux sont bien connues des paysans de l’Est. Mais la seconde a une faible production vivrière, les espaces irrigables sont rares, raison pour laquelle le tavy reste difficile à abandonner pour de nombreux paysans (Serpantié, sous presse). Réduire le tavy au profit de la riziculture irriguée, de l’agroforesterie, du jardinage, du petit élevage, qui sont les solutions les plus préconisées, rencontrent d’abord des contraintes de type économique (accès au marché, aux intrants, aux terres irrigables etc).

7 Bilan

Le caractère complexe des causes de la dégradation environnementale milite pour une approche interdisciplinaire et la prise en compte des savoirs locaux même si de nouvelles connaissances restent requises ainsi qu’un cadre institutionnel favorable. Mais la dimension économique reste une des dimensions clés de la protection environnementale. L’économie interfère avec le social (pouvoirs, inégalités, action collective…). De nouveaux instruments pour l’environnement à Madagascar ont mis l’accent sur les dimensions institutionnelles et économiques : la gestion communautaire des forêts, les « paiements pour services environnementaux » (Andriamahefazafy et al, 2012). On peut aussi ranger les services aux agriculteurs dans les actions économiques qui favoriseront des changements de pratiques en faveur d’une protection de l’environnement.

Etat de l’art sur eau et couverture végétale

Impact du couvert végétal sur la ressource en eau

Des études montrent qu’une forêt est une pompe à eau. Elle a une évapotranspiration plus importante qu’un pâturage bien plus encore qu’un sol nu. En comparant tous les couverts végétaux, l’arbre consomme beaucoup d’eau. Comparé à d’autre couvert végétal, des milieux moins boisés, la forêt consomme plus d’eau mais à trois conditions (Andréassian, 2002) :

 Existence d’une saison sèche avec un déficit hydrique.  Existence d’une période de surplus hydrique permettant de recharger le sol en eau.  Le sol prospectable doit être assez épais pour qu’il y ait une différence d’enracinements entre ligneux et herbacées, augmentant alors le volume d’eau potentiellement absorbable. Impacts du couvert végétal sur les phénomènes d’érosion

Grâce à la présence des racines et d’une litière, une couverture végétale a une capacité de retenir le sol. Peu importe la couverture quand il y a une litière, l’érosion est faible même en saison de pluie. Un pâturage extensif joue donc aussi un bon rôle de rétention des sols. Toutefois il est juste de dire que la forêt est le couvert le plus efficace pour empêcher les sédiments de passer dans l’eau (Chomitz et Kumari, 1998)

Importance de la pente dans le phénomène d’érosion

8 La charge en sable de l’eau et donc l’érosion à proximité de la rivière est le plus important danger pour l’installation de la microcentrale. Un endroit en pente est plus fragile face à l’érosion. La quantité de sédiment emporté est plus grand avec un transport rapide (Chomitz et Kumari, 1998).

Objectifs de l’étude

En vue d’identifier collectivement les contraintes et leviers possibles d’un développement agricole respectant l’environnement, une compréhension préalable des dynamiques sociales et agraires des populations rurales de l’Ankaizina et leurs conséquences sur les ressources disponibles aideront les acteurs du projet dans la réalisation du Diagnostic Socio-environnemental des deux bassins.

L’objectif de cette étude est donc de comprendre le lien entre l’évolution des pratiques agraires et l’état des bassins versants, en analysant l’état actuel de la zone et ses causes (naturelles et humaines) pour s’intéresser ensuite aux tendances évolutives. Il s’agit de comprendre les interactions qui existent entre les pratiques de la population rurale de l’Ankaizina et les ressources du milieu. Une approche comparée de sites différents permettra de mieux appréhender les facteurs constants et spécifiques

Afin de guider notre démarche, quelques hypothèses sont avancées :

La première est basée sur le rôle important joué par les conditions écologiques et sociales locales et les héritages historiques (savoirs, traditions, paysages, aménagements, peuplements…)..

La deuxième est que le système agraire est diversifié et évolue vite : il est conditionné par les évènements se déroulant dans la zone (actions de développement, options de politique, filières agricoles), les rapports sociaux (rapports de travail, pratiques foncières, rapports de marché etc), la diversité socio-économique (types d’exploitations,inégalités), le cadre économique (prix des intrants, des produits) et les innovations locales.

La dernière hypothèse table sur l’existence de deux types de milieux, d’organisations et de pratiques en interaction avec les ressources en eau du bassin objet du projet rHYvière : certains sont propices à un environnement stabilisé voire restauré dans certaines caractéristiques (par exemple les terrasses, les agro-forêts, les institutions de régulation) d’autres induisent des risques pour les ressources en eau (par exemple les lavaka, certains

9 types de feux, certaines stratégies individuelles ou organisations sectorielles comme les projets miniers).

La démarche opérationnelle suivante a été choisie avec une comparaison des deux sites à chaque étape. On se concentrera sur :

- la compréhension du fonctionnement agraire et notamment du rapport homme- environnement, dans lequel nous chercherons à comprendre le cadre de vie général de la population (écologique et institutionnel) afin de connaitre le fondement de la société de l’Ankaizina (le système agraire régional, les tendances environnementales, le contexte économique) et les pratiques actuelles sur les modalités d’accès aux ressources - les dynamiques des différentes composantes des systèmes agraires : une occasion pour nous de comprendre le système de subsistance de la population (livelihoods) dans l’objectif de connaitre les choix stratégiques, afin de déterminer leur impact sur les ressources notamment l’eau - et enfin aux conséquences potentielles des pratiques sur les ressources en terres et en eaux des bassins versants en vue d’encourager celles qui sont bénéfiques et minimiser les pratiques à risques.

Cette étude adoptera ainsi un plan à trois parties suivantes : la présentation de la méthodologie en première partie, les résultats avec ses interprétations en deuxième partie, une troisième partie avec la discussion et les recommandations.

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Partie I: PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE et METHODOLOGIE

I. Présentation des zones d’etudes Deux zones d’étude ont été ciblés dans le cadre du projet d’hydro-électrification dans la région Sofia, de Madagascar, dans le district de Bealanana: Le bassin versant de la Nanilezana dans la commune d’Ambatosia, fokontany de Beanantsindra au Sud de Bealanana et le bassin versant de la Beandrarezona dans la commune de Beandrarezona tout au Nord. Chaque bassin versant a respectivement une superficie de 91 km² et 177 km². Ci-dessous deux figures montrant la localisation des zones d’étude. Elles se trouvent autour de la vaste plaine d’Ankaiziana du district

Figure 1 : Localisation des deux zones d’études (Andrieu, 2015)

I.1 Climat Le climat, de la région est de type sub-tropical semi-humide. Il est caractérisé par deux saisons :

- La saison chaude et humide : c’est-à-dire la saison de pluie ou encore « Asara » dure pendant cinq mois de Novembre à Avril - La saison fraiche et sèche : marquée aussi par la fréquence des grands vents. Elle dure pendant sept mois de Mai en Octobre.

11 I.1.1 Température La température moyenne de la ville de Bealanana est de 19,7°C, avec un minimal moyen de 13,4°C et un maximal moyen de 26°C (Serpantié, données non publiées). La station météo se trouve à a enregistré

I.1.2 Précipitation D’après Serpantié, les précipitations moyennes annuelles est de 1333mm. Les graphiques ci- dessous montrent un bilan climatique de Bealanana

Figure 2 : Bilan climatique Bealanana (Serpantié, données non publiées)

D’après le bilan climatique, nous pouvons constater que la saison sèche se trouve entre le mois de mai et le mois de novembre. La précipitation

I.2 Pédologie et géologie Une carte pédologique de l’Ankaizina au 1/50 000ème montre que Beandrarezona est constituée au Sud de sol jaune sur gneiss de type Beangezoka et un sol brun-rouge de type Ambalabe. Sur le long des rivières ce sont des sols hydromorphes de marais. Le sol jaune de la région de Bealanana est acide (pH=5,7-6), ce sol contient très peu de matière organique. Dans le Nord, il y a le sol jaune de type Ambalapaka à blocs d’alumine. Ce sol à pH acide possède une forte teneur en matière organique (15%). A Beanantsindra, le village se trouve sur du sol hydromorphe de marais comme le sol à Beandrarezona 1 et 2. A l’Est, le bassin versant est constitué de granite et à l’Ouest de la charnockite. Comme sol, l’Est du bassin est constitué de sol ferrallitique reouge sur granite- syénite alors qu’à l’Ouest il y a le sol beige sur charnockite.

12 Vu la constitution pédologique des deux bassins, sauf la petite tache de sol basaltique à Beandrarezona, les sols des deux bassins sont pauvres. Les fonds de vallons avec des sols tourbeux plus riches en matières organiques ne figurent pas sur les cartes. Les sols sous les couverts forestiers aussi sont des sols riches en matières organiques.

Figure 3 : Pédologie Beanantsindra (Andrieu, 2015)

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Figure 4 : Pédologie de Beandrarezona (Andrieu,2015) I.3 Relief  Beanantsindra

Les deux cartes 5 et 6 montrent les les reliefs du bassin versant de Beanantsindra. La partie Est du bassin se trouve être la zone la plus pentue, constitué par des collines avec des pentes entre 20°et 30°. Cette partie se trouve entre 1200 et 1650m d’altitude avec un point culminant se trouvant à son Extrême Est.La zone Ouest du bassin se trouve à 1400m d’altitude, elle est constituée par un vaste plateau. C’est la zone à pente faible du bassin.

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Figure 5 : Pente Beanantsindra (Andrieu, 2015)

Figure 6: Relief Beanantsindra (Andrieu, 2015)

15  Beandrarezona

Le point culminant du bassin versant de Beandrarezona se trouve à 2000m d’altitude dans le Nord du bassin. D’après la carte des pentes, le bassin versant de la Beandrarezona n’est pas très pentu, elle est constituée par des collines plus petites que celle de Beanantsindra, contient comme l’autre bassin des endroits à faible pente et des endroits plus pentus.

Figure 7 : Pente Beandrarezona (Andrieu, 2015)

Figure 8 : Relief Beandrarezona (Andrieu, 2015)

16 I.4 Hydrologie Concernant l’hydrologie, l’étude prend en compte deux rivières principales : La Nanilezana et la Beandrarezona.

La Nanilezana est la rivière principale de Beanantsindra. Sa cascade porte le nom d’Andriamanjavona. Nombreux sont les petits affluents se jetant dans la rivière du Sud vers le Nord. D’après les paysans, la rivière reste transparente pendant la saison sèche et elle se colore pendant la saison de pluie.

Pour le moment les données sur cette rivière ne sont pas encore disponibles. L’équipe environnement de rHYviere a commencé à faire les premiers relevés des paramètres de hauteur et de qualité cette année.

La Beandrarezona a comme cascade principale Ambodiriana. Les deux rivières principales du bassin sont la Beandrarezona et son affluent principal Antenaranao.. Andranomavo constitue le troisième cours d’eau du bassin, il est très chargé en sable que ce soit en saison sèche ouen saison humide, signe que l’érosion y est ici indépendant de la pluie, l’eau est sale dès sa source, dans le grand Lavaka

Une fois arrivée dans la plaine, la rivière se jette dans le marais d’Ankotrobaka au Nord de la Digue de Bealanana. Il est constitué d’une série d’étangs et de marais étagés communiquant entre eux en saison de pluie (Danloux, 1975). Le bassins versant de la rivière produit une lame d’eau interannuelle de 985mm.

Des données de 1973 et de 1983 compilées par Chaperon dans sa monographie (Chaperon et al.,1993) sont disponibles. Le calcul des débits mensuels s’est fait entre 4 dates au minimum jusqu’à 6 dates entre ces deux années.

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Figure 10 : Réseau hydrologique Beandrarezona (Andrieu, Figure 9 : Réseau hydrologique Beanantsindra (Andrieu, 2015) 2015)

I.5 Milieu humain La majeure partie de la population du district de Bealanana appartient l’ethnie tsimihety s’y ajoutent les Sihanaka, les Sakalava et les Merina. Le district compte 150 848 habitants. Il a un taux de croissance moyen de 3%, (INSTAT, 2015), 15 hab/km² en 2001

I.5.1 Beanantsindra Le Fokontany de Beanantsindra se trouve dans la Commune d’Ambatosia. Elle était jadis occupée par les Sakalava issus de la grande famille des Antefanivana. Les Tsimihety en provenance de sont venus s’y installés vers 1800, ils étaient en quête de pâturage pour les bovidés, et aussi de terres de culture.1 Vers l’année 1850, les Sihanaka en provenance du Lac Alaotra sont arrivés pour les même raisons. A partir de ce moment, des accords sur les partages des terres ont été établis entre les 2 ethnies : Tsimihety et Sihanaka.

Le fokontany de Beanantsindra est composé d’un village et 5 hameaux : Beanantsindra le village, Antsiraka, Antafiambe, Miakamioriky, Antsirabenimanga, Antsinjomanga. Le lignage tsimihety se trouve dans le village de Beanantsindra. Les autres hameaux sont occupés par des Sihanaka qui se composent de 3 lignages : Maromena, Marolahy, Andranolava.

1 PCD Ambatosia-2002

18 Le recensement fait au niveau de la Commune d’Ambatosia en 2001 donne une population de 872 habitants pour FKT Beanantsindra. En 2007, l’INSTAT y a recensé 932 habitants. Lors de notre entretien en avril 2015, le Chef du Fokontany a estimé la population à 1 565 habitants. Ainsi, le croît moyen depuis 2001 de la population est de 4,2%, révélant une migration vers ce village. Tous les habitants de la région sont des agriculteurs, seulement 2 personnes font d’autre activité en plus de l’agriculture : le commerce et la menuiserie. Dans la Commune d’Ambatosia, le jeudi est considéré comme jour fady (tabou, interdit). Aucune activité agricole ne devrait être faite, et c’est le jour du marché hebdomadaire. Les Tsimihety ont aussi quelques fady culinaires, tels que la consommation de la viande de porc. C’est systématiquement respecté puisque pendant notre séjour au village, nous n’avons pas pu manger de viande de porc parc que les paysans disent que c’est fady

I.5.2 Beandrarezona Historiquement, un homme, qui s’appelait Tsimapiaka en provenance de Mandritsara, est le premier arrivé dans la Commune de Beandrarezona, en 1886, accompagné de ses deux fils. Ce sont des Tsimihety en quête de terres cultivables. D’autres personnes, comme des Sakalava et des Betsimisaraka, sont venus à leur tour. C’est à partir de là que la Commune de Beandrarezona s’est formée, constituée en majorité par les Tsimihety. Elle est composée de 12 Fokontany. Les habitants de 3 Fokontany sont usagers du bassin : Beandrarezona I, Beandrarezona II, Ambalapaka, habités en majorité par le lignage Tsimihety. D’après le recensement fait par l’INSTAT en décembre 2007, la population totale de Beandrarezona est estimée à 14 934 habitants, dont 6 977 des hommes et 7 957 des femmes. Lors de notre entretien, le Maire a estimé la population à 17 000 habitants en 2013. Ce qui nous donne un croit moyen de 2,2% La majorité de ces habitants vivent de l’agriculture, cependant il ne faut pas négliger les autres activités génératrices de revenus complémentaires comme les activités de marchand, le bucheronnage, et la menuiserie.

Dans la Commune de Beandrarezona aussi, le jeudi est considéré comme jour fady, mais des gens travaillent quand même dans leur champs. Par contre le jour du marché est le samedi, jour auquel la majorité de gens de la commune ne travaille pas mais ils vont au marché. Les Tsimihety ont aussi des fady culinaires à Beandrarezona, telle la consommation de la viande de porc et des anguilles (une personne que nous avons rencontré nous a dit qu’ils

19 ne mangent pas d’anguille c’est fady). Nous n’avons pas la preuve que ce fady est systématiquement respécté.

20 II. Méthodologie

II.1 Approche Dans la réalisation de cette étude nous avons utilisés une approche participative active. Elle consiste à impliquer toute les personnes concernées dans l’étude elle-même. Elle a pour but de mobiliser les savoirs, d’avoir les idées et les perceptions des personnes concernées dans la réalisation du projet. A cet effet, nous sommes descendus sur terrain, pour poser les questions aux locaux, nous avons vécus auprès d’eux, nous leur avons demandé leur avis sur toutes variables concernées par le Projet.

C’est aussi une approche hybride qui prend en compte les savoirs paysans, raison pour laquelle nous avons décidé de rester dans chaque zone d’étude pendant un temps déterminé, pour vivre avec la population locale, pour connaitre leur activité de tous les jours. Pendant la réalisation des transects nous avons décidé de mettre deux champs dans nos fiches une réservée aux étudiants descendus sur terrain, un autre pour les paysans afin de pouvoir comparer les connaissances locales et les connaissances scientifiques

II.2 Méthodes utilisés Quatre méthodes ont été utilisées pour collecter les données et les informations:

 Travaux bibliographiques  Inventaire par Cartographie et télédétection  Prospection écologique  Diagnostic agraire (au niveau exploitation et par thème en focus group)

II.2.1 Travaux bibliographiques Il s’agit de travaux consistant à recueillir toutes les informations déjà sur la zone d’étude

II.2.2 Inventaire par Cartographie et Télédétection  Document de télédétection

Notre binôme français à Montpellier a fait des cartes de la couverture du sol par télédétection des deux bassins à partir d’images Landsat 8 de mai 2014 (début de saison sèche). Landsat est un programme développé par l’agence spatiale américaine la NASA. Cela a permis de calculer les indices de végétation normalisés Normalized Difference Vegetation Index ou NDVI et un indice de brillance.Les changements des couverts végétaux ont été détectés par superposition des canaux rouge et proche infrarouge des données Landsat 4 de juin 1987 et de

21 Landsat 8 de mai 2014. Les itinéraires pour les transects de terrain ont été établis grâce à ses images satellite.

 Modèle Numérique de terrain (MNT)

Nous avons utilisé cet outil (images SRTM) pour cartographier relief et pentes.

II.2.3 Prospection écologique Le transect sert à identifier les différents milieux représentatifs du bassin et leurs usages. Pour ce faire, il est important que ce type de milieu s’étende au moins sur 1 ha pour qu’il soit représentatif du milieu et serve de vérité terrain aux classifications des images satellite. Chaque inventaire de vérification nécessite la présence d’un guide paysan afin de pouvoir confronter les connaissances des agents de terrain et celles des locaux, ainsi que l’évolution du milieu à travers les dire des paysans. Il a aussi comme but de connaître les pratiques qui s’y font pour essayer d’expliquer les changements qui s’opèrent. Aussi les fiches comportent 2 colonnes, une pour l’étudiant, et une pour le guide. Lors de ces transects 90 fiches ont été complétées. Ces fiches ont comme rubriques principales : le relief, sol dominant et ses indices d’érosion, couverture dominante, usages dominants et secondaires, feux, activités minières. Un exemple de se trouve en annexe III

Après avoir identifié les différents milieux et leurs usages, il faut comprendre les systèmes de production qui sous-tendent les usages et autres pratiques observées. Par conséquent, la méthode qui suit est consituée par les enquêtes sur les exploitations agricoles.

 GPS

Lors des transects nous avons utilisé un GPS, pour relever les points exacts et les restituer sur carte. Tous les points GPS pris sur les deux zones se trouvent en annexe I

 Clisimètre

Cet outil a été utilisé pour connaitre les pentes d’inclinaison d’un terrain lors des transcets. Il donne la mesure exacte de la pente.

 Boussole

Elle est utilisée lors des transects pour identifier les expositions d’une pente donnée. et pour s’orienter.

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Figure 11 : points transects Beanantsindra (Andrieu, 2015)

Figure 12 : Points Transects Beandrarezona (Andrieu, 2015)

Tous les points se trouvant sur les deux cartes représentent les points transects que nous avons effectués. Les points rouges représentent les points transects les plus éloignés du village ensuite les jaunes et à la fin, les points blancs sont les plus près du village.

23 II.2.4 Méthodes de diagnostic agraire Dans le but de comprendre le Développement agricole, la méthode du diagnostic agraire a été utilisée. Elle évolue autour du concept de système agraire. D’après Mazoyer en 1987, il s’agit d’« un mode d’exploitation du milieu historiquement constitué et durable, un système de forces de production (un système technique) adapté aux conditions bioclimatiques d’un espace donné et répondant aux conditions et besoins sociaux du moment ».

Cette méthode est utile dans notre étude puisque la majorité des acteurs économiques sont des agriculteurs dans des communautés rurales. Ces derniers impactent l’état de leurs ressources naturelles par leurs pratiques. Dans ce sens, nous considérons donc, que les changements qui s’opèrent sur les bassins versants sont dus à des phénomènes naturels et aux pratiques de ces agriculteurs.

Un diagnostic agraire a deux entrées d’analyse (Jouve, 1992) : une analyse interne, en se focalisant sur les perceptions internes au système, et une analyse externe qui « évalue les performances ou l’efficacité des pratiques par rapport à un objectif, généralement lié à un point de vue disciplinaire particulier. Si l’on se préoccupe de la protection de l’environnement on s’attachera à juger de l’impact de ces pratiques sur la conservation et le renouvellement des ressources naturelles… »

A partir de là, nous avons établis les guides d’entretiens d’enquêtes thématiques ainsi que les « enquêtes Exploitation agricole ».

 Enquête auprès des paysans

Les pratiques paysannes ont des impacts positifs ou négatifs sur les bassins versants et l’eau. Les enquêtes exploitations sont nécessaires pour comprendre les raisons de ces pratiques. Elles ont établies afin d’aider à la compréhension du système de production. Il y a un volet environnemental, social, économique, et surtout le principal sur les techniques agricoles, en particulier celles des usagers du bassin. Pour Beanantsindra, 16 enquêtes ont été effectuées et pour Beandrarezona, il y en a 19. En tout nous avons enquêté 35 chefs d’exploitation. Notre échantillon est représentatif de la population réelle au sein de chaque zone d’étude. Ils ont été choisis à partir des paramètres clés de nos enquêtes : la taille de l’exploitation, l’âge du chef d’exploitation, les activités effectuées. Les fiches d’enquêtes exploitations sont composées de deux rubriques principales : Famille, environnement et capitaux, et puis, Historique, évolution, contrainte, opportunité et perspective. Nous avons

24 surtout mis les points sur le livelihoods et les pratiques de la population locale Un exemple de cette fiche se trouve en annexe.

 Entretiens auprès des autorités locales

Nous avons commencé nos entretiens par celui des autorités locales, à commencer par le Chef de la Direction Régionale de l’Environnement et de la Forêt (DREF) à Antsohihy à qui nous avons parlé du Projet et aussi à qui nous avons demandé les différents acteurs qui ont déjà opéré sur les bassins. Après nous sommes passés au Service Environnement avec lequel nous avons beaucoup échangé par la suite. Nous leur avons demandé leur action sur notre zone d’étude leur stratégie et plan d’action.

Après le DREF nous sommes passés chez le Chef de District de Bealanana pour présenter le Projet et expliquer notre présence sur les lieux. Puis au Maire de chaque commune et au chef fokontany pour avoir une idée précise de l’historique et de l’organisation sociale au sein de chaque village, les projets de développement au village,…

 Focus group

Le focus group est la méthode que nous avons utilisée lors des enquêtes à thèmes. La réunion est composée de 4 à 10 personnes maximum. Chaque guide d’entretien dépend de chaque thème traité. Pendant la réalisation de ce focus group, nous avons complété une fiche de présence. A Beanantsindra, nous avons fait un focus group avec toutes les associations du village pour comprendre leur raison d’existence et leur action, et un autre focus group avec les chefs d’exploitation entre 30 et 40 ans pour comprendre leur activité agricole. A Beandrarezona, nous avons effectué, un focus group avec les membres des 3 VOI et avec les notables d’Ambalapaka. Les guides d’entretien se trouvent en annexe.

Telles sont les méthodes utilisées pour la réalisation des études au près des deux bassins, en gros, nous avons une prospection écologique et des enquêtes auprès des ménages. Nous allons maintenant passer aux résultats des études qui va comporter trois grandes parties dont le fonctionnement agraire en général, le système économique dans les deux zones d’étude et l’analyse détaillée des différentes composantes agraires et à la fin l’analyse des interactions entre les différents milieux et l’activité agricole des habitants des deux bassins versants.

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Partie II : RESULTATS

I. Fonctionnement général agraire

I.1 Le terroir agricole Les deux sites ne se diffèrent pas concernant l’organisation du terroir en général, ils ont à la fois une grande plaine rizicole près du village et des jardins bocagers tout autour au bord de la rivière et en piémont des collines. Bien que situé à 1000m, le système d’utilisation des terres est très différent d’autres régions des Hautes Terres.

Figure 13 : Terroir agricole Beanantsindra (Andrieu, 2015)

Photo 1 : Plaine rizicole Beanantsindra

27 Les cinq hameaux du fokontany et le village de Beanantsindra se trouvent tous au bord de la Nanilezana (carte n° 13). Le vieux paysan, que nous avons consulté concernant l’historique du village nous a dit qu’avant, à la place des plaines rizicoles, il y avait des grandes surfaces de papyrus, zozoro, où vivaient des espèces animales comme les caïmans. Les premiers arrivants au village ont commencé à drainer ces prairies de papyrus pour les transformer en rizières. Ce processus s’est poursuivi jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de terres à drainer dans la plaine. Une partie des zones inondables est quand même utilisé en tant que rizière à semis direct, les autres sont laissées à l’abandon.

Gafilo, un cyclone de 2004, qui a fait des ravages dans toute l’île, a causé une grande inondation dans tout le village de Beanantsindra. D’après un vieux paysans, le village entier fut englouti sous l’eau pendant plusieurs jours, les bœufs, les vont volailles se sont fait emporter par l’eau. Le cyclone a causé des maladies qui faisaient toussés les enfants d’après les paysans (ils ne savent pas de quelle maladies s’agit-il)

Il existe d’un côté une zone inondable (fig 14), une partie et utilisée comme rizière en semis direct. Ce qui n’est pas utilisée est abandonné. D’un autre côté, une zone mal drainée. Chaque ménage dans le Fokontany possède au moins une parcelle dans cette plaine. Concernant le village il se situe sur des endroits surélevés, des zones non inondables avec autour des jardins bocagers. Un jardin est constitué d’arbres fruitiers (bananier, oranger, jacquier, quelque canne à sucre,…) sur les bords avec à l’intérieur une parcelle d’ail ou de haricot.

Concernant le canal d’irrigation, les paysans disent qu’après le passage du cyclone Gafilo en mars 2004, leur ancien canal d’irrigation fut détruit, cela posait beaucoup de problème pour l’irrigation de leur rizière. Le projet PUPIRV est arrivé au village pour la réhabilitation du barrage hydro agricole et les canaux d’irrigation, livré en 2014. En même temps, ils ont mis en place une Association des Usagers de l’Eau (AUE) pour surveiller et gérer les prises d’eau du canal. Les usagers du canal constatent une amélioration de leur production grâce à la réhabilitation de ce canal. Ce dernier irrigue les rizières et les cultures d’ail autour

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Figure 14 : Terroir agricole Beandrarezona (Andrieu, 2015)

Beandrarezona est une commune, seuls trois de ces Fokontany sont usagers du bassin versant Beandrarezona 1 et 2, Ambalapaka. Comme à Beanantsindra, le village est entouré de petits jardins bocagers avec les mêmes arbres fruitiers.

A Beandrarezona, les plaines rizicoles se situent aussi sur des anciens champs de papyrus drainés par les habitants. Dans la plaine rizicole, nous pouvons voir des jardins bocagers, le paysan qui nous a guidé pendant les transects dans la plaine nous a dit que sur les endroits surélevés ils préfèrent mettre des cultures de haricots avec des arbres fruitiers autour plutôt que d’en faire une rizière. En 2007 la Beandrarezona a été déviée de sa trajectoire d’origine vers le Nord parce qu’elle passait à travers la plaine rizicole et elle inondait des rizières. Cet endiguement s’est fait sous l’impulsion du PAM, aidé par le FFTS. Le travail a été réalisé par la population elle-même en HIMO. Ils effectuent cette même tâche chaque année autour de la fête nationale (26 juin). Cette année, ils ont demandé une aide financière au niveau de l’Etat mais, aucune réponse ne leur a encore été donnée. Mais un canal venant de la rivière a été quand même construit pour irrigué la plaine. (en rose sur la carte). Ce dernier pose un problème parce qu’il inonde une partie des rizières, cette situation cause des problèmes au sein de la société. Un paysan guide nous a dit qu’ils ont essayé de boucher ce canal plusieurs fois mais ça n’a jamais abouti puisque des gens le débouchent à chaque fois. D’après les paysans à chaque fois qu’une tentative de boucher le canal se fait, il y a toujours des vols d’eau. La plaine rizicole peut se diviser en deux, une partie bien irriguée en saison de pluie et une autre inondée à cause de ce canal. D’où les conflits sur l’eau. Aucune AUE n’est présente au village.

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Photo 2 : Plaine rizicole Beandrarezona

I.2 Le climat Les paysans ont constaté du changement au niveau de la durée de ces deux saisons ces 20 dernières années : la pluie n’arrive maintenant qu’en décembre alors qu’avant elle arrivait en novembre. La saison pluvieuse est de plus en plus en retard. Ils ont constaté une diminution de la durée de la saison de pluie. Cette année, d’après eux, il a trop plu, et par conséquent leur culture de haricot en saison de pluie n’a pas été productive. Tous les paysans enquêtés ont parlés de ce problème que ce soit pour les parcelles sur les bassins que sur les parcelles dans les jardins.

La température a augmenté d’après les paysans, pour eux la preuve se trouve dans leur activité agricole : Avant, ils ne pouvaient pas faire du vary jeby (riz de contre-saison) parce qu’il faisait trop froid en juillet pour le repiquage, maintenant c’est devenu possible. Dans nos enquêtes ils disent que la culture de haricot ne pouvait pas se faire en saison sèche parce qu’il faisait trop froid par contre maintenant beaucoup de ménages en font. Une personne enquêtée a parlé de l’existence de givre avant. Ils disent qu’avant le froid du mois de juin-juillet était insupportable, contrairement à maintenant.

Le graphique 1 de Serpantié (non publié), sur le bilan climatique de Bealanana montre une similarité par rapport aux affirmations des paysans concernant la réalité ancienne de la fin de la saison sèche fin octobre. Malheureusement, il n’existe pas de données climatologiques pour documenter la période actuelle, alors que ce serait crucial. Cette tendance au retard de début de saison humide déclarée par les paysans se vérifie ailleurs sur les Hautes Terres.

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I.3 Les milieux se trouvant sur les deux bassins versants

I.3.1 Pseudo-steppe, un milieu pour le pâturage

Photo 3 : Pseudo-steppe

Elle est constituée majoritairement d’une Poaceae en touffe, kofafa ou Aristida rufescens. C’est le milieu majoritaire du bassin. Les paysans leur donne le nom de kijana, terre agro- pastorale, qu’ils se partagent entre lignages et où ils envoient leur bœufs pâturer généralement de février en mai. Avant la première république, ils disent qu’ils les brûlaient tous les 2 ou 3 ans à Beanantsindra et chaque année à Beandrarezona autour du mois d’Octobre-Novembre. D’après eux le feu est utile pour améliorer le pâturage. Maintenant, ils disent que c’est interdit depuis la première république et ils n’en pratiquent plus, mais les feux récents sont les œuvres des gens de passage, des voleurs de boeufs dahalo, ou des jeunes inconscients qui jettent leur mégots de cigarette non éteints dans la pseudo-steppe. Ces paysans trouvent que la pseudo- steppe est sur de la terre infertile dit tany tsy manjary raha. Seul, l’Aristida et l’eucalyptus peuvent s’y développer. Ce type de milieu leur sert exclusivement de pâturage pour les bœufs, aucun autre usage n’est possible pour eux. Les bœufs mangent surtout les jeunes pousses, c’est pourquoi le feu était pratiqué.

D’après nos observations, ce milieu se trouve sur du sol ferrallitique. Sur 22 observations, ce genre de milieu a en moyenne un taux de sol nu de 34% variant de 5 à 60% les milieux peu couvrant se trouvent au niveau des chemins de bœufs près du village. Les deux bassins en sont largement couverts que ce soit sur des pentes faibles ou sur le plateau comme ce que nous pouvons trouver sur le bassin de la Nanilezana, ils représentent tous les milieux herbacés

31 hors marécages en altitude inférieure à 1200m. Au-dessus Philipia sp. dit anjavidy et d’autres types de prairie apparaissent.

I.3.2 Brousse éricoïde, un milieu sans usage

Photo 4 : Brousse éricoïde

Plusieurs Ericaceae anjavidy ou Philipia sp. poussent sur ce type de milieu. Il n’est destiné à aucun usage pour les paysans des deux bassins. Ils ne les utilisent pas non plus. Ce milieu est juste un lieu de passage pour les bœufs ils n’y pâturent pas parce que ces derniers ne mangent pas le Philipia. Lequel pousse sur la même terre que l’Aristida, sur de la terre infertile dit tany tsy manjary raha. Concernant les feux, les paysans n’ont aucun intérêt de brûler ce milieu parce qu’ils ne les utilisent pas mais leur explication sur le feu est pareille que celle pour la pseudo-steppe : feu des gens de passages, des voleurs de bœufs, ou encore par inattention.

Il est le deuxième milieu le plus rencontré du bassin de la Nanilezana. Dans celui de Beandrarezona, il y en a beaucoup moins. Il présente en moyenne 68% de sol nu, raison pour laquelle on pourrait parler de steppe, mais c’est dû au feu car certaines brousses sont denses. Il brûle également tous les 2 ou 3ans. Mais comme une touffe d’anjavidy met beaucoup plus de temps à se régénérer après le passage du feu, une grande surface de sol nu rouge reste visible pendant quelques années.

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Figure 15 : Steppe et pseudo-steppe en fonction des pentes et des altitudes

Les points rouges représentent la brousse à éricacée tandis que la pseudo-steppe est représentée par les points noirs. La fig 15 montre très clairement que la répartition respective de la brousse éricoïde à anjavidy et de la pseudo-steppe est déterminée précisément par l’altitude et la pente : à moins de 1200m, il n’y a que de la pseudo-steppe ; entre 1200 et 1300, anjavidy occupe seulement les plus fortes pentes >25°. Entre 1300 et 1500, anjavidy occupe toutes les pentes >15°. Au-dessus de 1500, la pseudo-steppe disparait au profit de la brousse éricoïde, sauf sur des milieux parfaitement horizontaux. Ce déterminisme renvoie aux caractères pédo-climatiques du terrain et aux optimums écologiques des espèces. Selon les paysans, il n’y a pas de changements dans les milieux occupés par l’une ou l’autre formation

I.3.3 Tourbière, un milieu assez rare

Photo 5 : Tourbière

Hosihosy ou Honahona,(terre qui bouge) pour les paysans, ce milieu de prairies humides n’a aucun usage pour eux en général. Les femmes viennent parfois y récolter les papyrus ou

33 Cyperus prolifer pour en faire des nattes pour la maison ou des chapeaux à usage personnel. Les paysans affirment que leurs bœufs pâturent juste autour de ces tourbières parce que les herbes y sont plus tendres. Ils appellent la tourbe tany mainty, terre noire.

Dans les fonds de vallon lorsqu’il n’y a pas de petites superficies de forêt, il y a des prairies humides. Le milieu ne présente pas de sol nu, taux 0%. Elles sont constituées d’un grand nombre d’espèces dont la plus répandue est Cyperus prolifer. La forêt ne s’y installe pas lorsque le milieu est saturé en eau. Dès que le milieu est pentu, l’existence d’une tourbière est exclue. L’altitude ne joue pas dans l’existence d’une tourbière. Pendant nos transects nous avons rencontré des tourbières au niveau du village mais aussi sur le plâteau de Beanantsindra

I.3.4 Prairie, milieu plus riche

Photo 6 : Prairie

Aussi utilisé comme pâturage, d’après les paysans les herbes poussant dessus dont Hyparrhenia rufa dit fantaka, ou fantaka mangelina, sont meilleures pour les bœufs comparés à la pseudo-steppe. L’Hypparhenia est un indicateur de la fertilité du sol pour les paysans. Cette espèce pousse sur de la terre fertile dit tany manjary raha ou terre noire dit tany mainty.

C’est un milieu plus diversifié en espèces, la praire se trouve sur du sol plus fertile. Elle est plus riche en Hypparhenia rufa dit Fantaka, ou Fantaka Mangelina, avec un pourcentage de sol nu moyen de 5%. Elle se situe généralement sur les pentes humides du bassin. C’est un milieu favorable au pâturage puisqu’il est riche en espèces avec des feuilles plus tendre que sur la pseudo-steppe. Quand la prairie est plus humide, avec un sol plus riche une autre espèce comme l’Hypparhenia cymbaria apparait. Cette dernière est plus rare sur le bassin.

34 I.3.5 Prairie arbustive, milieu sans usage Constituée d’arbuste tel que des goyaviers avec Aristida comme couverture herbacée.Les paysans donnent le nom de hiaka à ce type de milieu. Ils ne le destinent pas à un usage précis mais parfois, il y a des bœufs qui y passent pour manger quelques goyaves. C’est juste un endroit pour le passage de bœufs.

Photo 7 : Prairie arbustive

I.3.6 Forêt naturelle de fond de vallon

Photo 8 : forêt de fond de vallon

Ces milieux sont appelé ati-ala signifiant « dans la forêt ». Les paysans les utilisent pour la récolte de bois de chauffe et de bois de construction. C’est un lieu de passage de bœuf en général mais les paysans disent que des bœufs y restent pendant quelques heures pour un repos ou pour se mettre à l’abri des grands vents et des grandes pluies, mais aussi pour se

35 mettre à l’ombre quand le soleil est au zénith. Ce type de milieu est souvent converti en terre de culture.

Se trouvant pour la majorité dans les fonds de vallon, d’après les observations, ce type de milieu est diversifié en espèces. D’après les paysans, des espèces de lémuriens et de caméléons s’y trouveraient. Nous n’en avons pas vu, nous ne connaissons pas de quelles espèces de lémuriens ils parlent, une enquête plus approfondie est nécessaire pour en savoir plus.

I.3.7 Milieux colonisés par des fougères, sans usages paysans

Photo 9 : Fougères

Les couverts de fougère Pteridium aquilinum,dit hosotro se trouvent en auréole autour d’une forêt. Et d’après les paysans, elles ont pris la place d’une ancienne forêt. Nous sommes passés à un endroit où des fougères de 2 mètres de hauteur et d’un seul tenant s’y trouvent. Notre guide a affirmé que ces fougères ont pris la place d’une grande forêt quand il était encore jeune, il n’était pas capable de nous dire la date exacte. Ces endroits n’ont pas d’usages pour les paysans, ils n’utilisent pas les fougères

36 I.3.8 Recru forestier, un milieu pionnier d’une nouvelle forêt, victime de conversion

Photo 10 : Recru forestier

C’est un milieu constitué par Trema orientalis dit angezoka et Solanum mauritianum, le ranimbony. Les paysans affirment que ces espèces apparaissent un an après le passage du feu dans une forêt brûlée. Ils prennent la place d’une ancienne forêt comme les fougères. Lors des transects sur le bassin de Beandrarezona, un paysan nous affirme que le Solanum mauritianum adore le feu, il pousse rapidement après le passage d’un feu, ils peuvent atteindre 3 à 4 mètres de hauteur en 2 ou 3 ans. Ils s’étonnent même de la repousse rapide de ces espèces. D’après eux ces espèces poussent sur du tany mainty terre noire, il n’existe pas de traces d’érosion apparentes dans ce genre de milieu.

I.3.9 Grand massif forestier, un milieu presque inexploré, sans activité humaine

Photo 11 : Grand massif forestier

37 Les paysans ne différencient pas le nom du grand massif forestier qui couvre le Nord du bassin de la Beandrarezona des petites forêts de fonds de vallon. Ils les appellent tous ati-ala. La forêt la plus connue se nomme Bemoko « plein de moustiques ». D’après les paysans, la forêt regorge d’espèces de bois dur pour la construction, mais aussi de miel, fandrama, et de bilahy, une écorce de bois qui leur sert dans la fabrication du betsa (jus de canne à sucre fermenté). Il n’y a pas de récoltes de bois de chauffe parce que c’est trop loin du village. Notre observation sur le terrain confirme l’absence de récolte du bois mort, nous avons vu beaucoup de bois pourris non récoltés sur place.

Le grand massif forestier se trouve dans la partie montagneuse Nord du bassin de Beandrarezona, celui de Beanantsindra n’en dispose pas. Il recouvre les fonds de vallon et les collines. Il se trouve loin du village (une journée de marche). Ces forêts sont vieilles et composées d’arbre avec de grand diamètre surtout en altitude élevée (à partir de 1300 mètres).

I.3.10 Forêt plantée Dans les deux bassins versants, des forêts plantées existent. Elles sont en majorité constituées d’eucalyptus. Les paysans croient qu’ils donnent de l’eau raison pour laquelle ils les plantent. D’après eux, les eucalyptus se développent sur les sols infertiles de philipia et de pseudo- steppe. Ils récoltent aussi les troncs d’eucalyptus pour en faire des bois de chauffe et pour les bois de construction.

Photo 12 : Forêt d’eucalyptus

I.4 Les règles autour de l’exploitation des milieux Il existe des règles internes et des règles externes régissant la vie des habitants dans une communauté. Dans cette étude, deux sortes de populations sont présentes.

38 Beanantsindra et Beandrarezona se trouvent dans le même district de Bealanana. Ils sont régis par une même règle externe. Du point de vue de l’environnement, ils sont sous la juridiction du Chef cantonnement de Bealanana, lui-même sous la juridiction de la DREF Antsohihy à son tour sous la direction de la Région Sofia qui est sous la direction du ministère chargé de l’environnement. Les agriculteurs tiennent une place importante dans la gestion des ressources naturelles. Ils sont en contact direct avec le milieu.

I.4.1 Les permis Dans leur activité agricole, les paysans utilisent le feu. D’après la loi en vigueur dans leur territoire, les agriculteurs doivent demander une permission au chef cantonnement avant de mettre en route un feu en général, mais des cas particuliers se présentent quand même. Les différents feux les plus fréquents sont :

- Feu utilisé pour enlever les mauvaises herbes - Feu pour le charbonnage (payant) - Feu pour la conversion d’une forêt secondaire en terre de culture : le Nettoiement pour le DREF ou encore le fira-savoka en malgache

Le VNA

Au début, le VNA et le KMDT ne formait qu’une seule association, mais par souci d’efficacité les paysans eux-mêmes ont demandé à les séparer d’après leur dire, d’après le Chef cantonnement, le membre du VNA n’est pas très apprécié de tous. Une demande qui leur a été accordée par le responsable du DREF. Le VNA n’est présent qu’à Beandrarezona

Le VNA est constituée d’une seule personne qui a été désignée, selon lui ce sont des gens qui sont venus pour apprendre aux gens du village comment faire du compost qui l’a désigné de « protecteur de l’environnement ». Son rôle de VNA a été officialisé en 2007. Cette personne a comme obligation de surveiller, contrôler la forêt de l’Etat : toute forêt hors VOI. Toute la forêt d’une VOI appartient à la VOI et elle la gère selon son plan de zonage contractualisé (transfert de gestion). Le VNA a le droit d’appliquer des sanctions à tout individu surpris en train d’enfreindre une règle dans la forêt domaniale. Il a pour obligation de rapporter au chef cantonnement toute activité dans la forêt étatique. D’après les paysans, cette association limitée à une personne n’est pas très efficace, ils parlent d’abus de pouvoir. Ils le reprochent de voler leur terre. Pendant nos transects deux de nos guides se sont plaints du VNA, un guide s’est fait volé sa terre. Et l’autre nous a montré une parcelle de terre appartenant au VNA où

39 nous avons pu constater un feu qui s’est échappé. D’après le guide il n’y a pas eu de poursuite parce que c’est le Sojabe (le maître) qui l’a fait.

A cet effet le VNA un employé communal, représentant du Chef cantonnement à Bealanana, qui donne l’autorisation au village pour le Nettoiement nous a dit le tarif de l’autorisation variant de 20 000 Ar pour ½ ha à 60 000 Ar pour 2 ha, le maximum accepté. La totalité de la somme revient au VNA parce que d’après lui, il n’est pas rémunéré par l’Etat et l’argent lui sert de salaire.

Le Chef cantonnement de Bealanana doit en être avisé. Un permis doit, être délivré pour de telle pratique. Par contre, les détails de procédure se diffèrent dans les deux localités pour les feux de culture et de conversion. Ces derniers vont être exposés dans les lois internes.

Sur les deux bassins la pratique qui se fait le plus est le nettoiement. Ce dernier a des impacts sur la qualité de l’eau. A Beandrarezona, l’existence d’une procédure payante pour la demande de permis est d’après le responsable « une désincitation à la pratique du nettoiement » quitte à savoir si cette technique marche comme il se doit. A Beanantsindra, nous n’avons pas eu une confirmation de l’existence d’une telle procédure. Il n’existe pas de données exactes par commune mais pendant nos enquêtes sur terrain nous avons quand même pu récolter quelques données au sein du Cantonnement de Bealanana.

Tableau 1 : Nombre de nettoiement

Date Nombre de nettoiements autorisés 2011 87 2013 104 2014 153 Source : Cantonnement Bealanana

D’après le chef cantonnement, l’augmentation se situe surtout du côté de Beandrarezona. Cette augmentation est due à la sévérité de la loi envers cette pratique. En conséquence, les gens sont incités de demander une autorisation avant de faire du nettoiement au lieu de le faire illégalement. Les usagers qui ont pratiqué du nettoiement sans permis ont donc décidé d’en demander d’où l’augmentation.

I.4.2 Les interdictions Des interdictions sont présentes au niveau du district de Bealanana.

40 - Il est interdit de faire du Défrichement : d’après le DREF, c’est la conversion d’une forêt primaire en terre de culture ou encore le tavy ; - Il est interdit de pratiquer le feu de pâturage

D’après les locaux, ces règles sur l’utilisation des ressources naturelles sur les deux zones d'étude sont devenues de plus en plus strictes. La population a peur mais cela ne les empêche pas pour autant de faire du Nettoiement permis ou pas.

I.4.3 Répartition du pouvoir de décision Tout ce qui se passe dans le Fokontany est la responsabilité de son Chef. Comme dans toutes les communautés rurales malgaches, les vieux sont très respectés. Toutes décisions au sein du Fokontany doivent être prises après consultation des vieux ou des Ray aman-dReny.

Beandrarezona est une commune. Le représentant étatique sur place est donc le Maire. Comme elle est divisée en plusieurs fokontany, ces derniers ont chacun leur Chef respectif. Cependant, les vieux considérés comme sages sont toujours consultés. Au sein de la commune il existe même une association des vieux du village s’appelant SOJABE ou Doyen qui se réunit quand une décision doit-être prise au sein de la commune.

I.4.4 Organisation sur le partage des terres Les deux localités ont les mêmes systèmes de partage de terre.

Les rizières, les terres de cultures sèches ainsi que les kijana se transmettent par héritage de génération en génération. Mais le bétail bovin ne fait pas l’objet d’héritage, en raison de la diminution de l’effectif. Seuls les fils héritent, car les filles sont censées disposer de l’héritage de leur futur mari. Ce n’est pas un héritage égalitaire, en général, l’aîné reçoit le plus de terre en héritage. A l’âge de 20 ans environ, les jeunes hommes demandent la main d’une fille et se marient. Les parents du jeune homme donnent un bœuf aux parents de la jeune fille pour leur montrer d’abord leur richesse, mais aussi leur reconnaissance envers les parents de la jeune fille. Après le mariage, les mariés reçoivent en héritage une ou des parcelles de terre venant des parents du jeune homme. Elles peuvent être déjà cultivées ou en jachère.

Les rizières, les terres de cultures ainsi que le kijana se transmettent par héritage de génération en génération. Par contre donner un bœuf en héritage est devenu de moins en moins fréquent à cause de la diminution du cheptel.

41 Les héritages se transmettent par les fils. Les filles une fois mariée, reçoivent les héritages avec leur mari. Elles jouissent quand même de cet héritage avec leurs maris.

Les bassins versants de la Nanilezana et de la Beandrarezona possède de ressources naturelles, en premier lieu la forêt. A Beanantsindra, une petite forêt de fond de vallon appartient généralement à un lignage entier. Cependant son accès par d’autre personnes hors du lignage n’est pas interdit. Si c’est pour récolter des bois de chauffe, ou pâturage, pas besoin de demander la permission au propriétaire. Mais si c’est pour récolter des bois de constructions, la personne concernée doit aller demander la permission au propriétaire, la demande se fait oralement. Pareil pour les kijana, les bœufs de tout le monde peuvent pâturer sur tous les kijana du bassin, à condition qu’il ait l’autorisation de son propriétaire. Et généralement c’est toujours permis.

A Beandrarezona, le grand massif forestier appartient à 3 VOI ou COBA. Chaque VOI possède un territoire bien déterminé. L’accès à ces zones nécessite une autorisation écrite venant du chef de la VOI concernée. Une explication plus détaillée des zones des VOI seront données un peu plus bas. Mais tout accès à un territoire appartenant à une VOI nécessite l’autorisation de leur chef.

La question du feu reste délicate que ce soit à Beanantsindra qu’à Beandrarezona. Nous n’avons pas eu de détail précis sur les différents feux existants au village. D’après les paysans, ce sont toujours des feux accidentels.

I.4.5 Organisations sociales existantes dans la commune de Beandrarezona et le fokontany de Beanantsindra Dans les deux localités, il existe à la fois, d’association traditionnelles et des associations mises en place par l’Etat.

Tableau 2 : Associations villageoises

Associations Beanantsindra Beandrarezona

Ressemblance entre FKT Association de femmes Lever des fonds pour acheter des ustensiles de cuisine Beanantsindra et pour lesfêtes du village Commune Beandrarezona Différence SOJABE (Doyen) Association d’homme de Beandrarezona plus de 40 ans qu’ils appellent les « sages » pour les décisions importantes au sein du village

42 Tableau 3 : Associations mise en place par l’Etat

Associations Beanantsindra Beandrarezona Différences SOJABE (Doyen) Association d’homme de Beandrarezona plus de 40 ans qu’ils appellent les « sages » pour les décisions importantes au sein du village VOI (Vondron’Olona Communauté de Base, il Ifotony) en existe 3 : Zalahibe, A Beandrarezona Marofotsy An-tranobe, Tsifohazina, gestion de la forêt au Nord du bassin AUE (Association des Gestion du barrage Usagers de l’Eau) à hydro-agricole de Beantsindra Association pour le Créé avec l’AUE pour reboisement protéger la zone au- A Beanantsindra dessus du barrage hydro- agricole Ressemblances KMDT (Komity Miady Lutte contre les feux de brousses amin’ny Doro-tanety

Du fait de son caractère de chef lieu de commune,Beandrarezona a une organisation sociale plus riche en associations qu’a Beanantsindra, simple village. Mais ce que nous pouvons remarquer c’est l’intérêt que toutes ces organisations ont pour l’environnement, notamment l’eau. Pourtant, malgré l’existence d’une Associations des Usagers de l’Eau à Beanantsindra, La Gestion Sociale de l’Eau (GSE) ne fonctionne pas comme il se doit. D’après un responsable du projet PUPIRV l’AUE de Beanantsindra n’est pas efficace. Elle n’arrive à contrôler les prises d’eau illégales (24 de prévues, 200 en réalité). La police des eaux et le DINA qu’elle est censée faire respecter est totalement inefficace, toujours d’après le responsable du PUPIRV.

A Beandrarezona, il n’existe pas encore d’AUE et pourtant ils existent au moins deux canaux et des conflits sur l’eau.

Concernant les autres associations, VOI, KMDT, Association pour le reboisement, elles ont toutes un intérêt environnemental. Leurs actions ont des impacts indirects sur l’eau puisqu’elles contribuent toutes, à la protection de la couverture du sol qu’elle soit forêt ou pseudo-steppe ou prairie et donc à la lutte contre l’érosion de ce fait, à la conservation de la qualité de l’eau.

Les VOI : Zalahibe, Tsifohazina,Marofotsy Antranobe

43 Les trois VOI de Beandrarezona ont été mis en place à l’initiative même des paysans, ils ont payé eux-mêmes, tous les frais nécessaires pour arriver à la signature du contrat de gestion GCF Gestion Contractualisé de la Forêt) avec la DREF entre 2011 et 2012. Chaque contrat a une durée de 3 ans, il est renouvelable après évaluation par la DREF. Zalahibe, la première qui s’est mise en place a été sous l’impulsion d’une personne du village voyageant souvent à Antsohihy et qui a appris l’existence des VOI là-bas.

Chaque VOI correspond à un lignage. Pour le VOI Zalahibe, le premier qui s’est mis en place, et le VOI Tsifohazina, ils portent le nom de leur chef de lignage respectif. VOI Marofotsy An-tranobe par contre, est le nom du lignage lui -même. Les ressources naturelles à gérer par les communautés sont constituées en majorité de forêt. Lors de notre entretien avec l’un des chefs des VOI, il a affirmé que cette gestion transférée leur a permis de protéger leur terre, puisque désormais tous ceux qui veulent entrer dans leur territoire ont besoin de demander un permis venant du chef de la VOI. Ainsi nous mêmespendant un transect dans la forêt nous avons fait une demande d’autorisation d’entrer dans la forêt de Bemoko (plein de moustique) une partie appartenant à la VOI Marofotsy antranobe et une autre à a VOI Tsifohazina. D’après leur président il n’existe pas encore de limite exacte entre la forêt des 2 VOI. La VOI est une façon pour eux de contrôler leusr propriétés appartenant à leurs ancêtres, des propriétés qu’ils ont reçues en héritage et qu’ils légueront à leurs enfants. Les surfaces gérées par chaque VOI sont réparties en quatre zones à savoir, une zone protégée exclusive, une zone pour les droits d’usage, une zone pour les activités agro-pastorale, une zone pour le reboisement, Nous n’avons pas encore obtenus les délimitations précises de chaque zone du VOI.

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Figure 16 : VOI Beandrarezona (Andrieu, 2015)

Tableau 4 : les VOI et leur contrat

Nom du lignage Nom du VOI Date de signature Type de contrat du contrat Zalahibe Zalahibe 2012 GCF Tsifohazina Tsifohazina 2013 GCF Marofotsy Marofotsy Antranobe 2013 GCF Antranobe (race familiale)

Le KMDT

Crée en 2005 à Beanantsindra, l’association est constituée de quatre personnes, désignée par la population pour un mandat de 5 ans renouvelables, qui ont chacune leur zone d’intervention. D’après un paysan, l’association a été créée pendant le passage du Chef de Région au village et qui a remarqué le passage d’un récent feu sur les collines près du village. Dans le bassin de la Nanilezana, chaque membre de la KMDT est affecté à une zone bien définie, nous n’avons pas pu avoir un plan exact de ce zonage. A chaque fois qu’un feu se présente dans leur zone, ils ont pour rôle de mobiliser toute la population pour éteindre ce feu. Ils ont pour obligation de faire un rapport au chef cantonnement au sujet des feux qui se

45 présentent dans leur zone : d’où le feu venait, qui était le responsable ; quels en sont les dégâts. Les membres n’ont pas de nombre de feux exacts qu’ils ont pu éteindre. Ils n’ont pas de statistique.

A Beandrarezona, elle n’est constituée que d’une seule personne désignée par le directeur de la DREF. Il fait le même travail que les KMDT de Beanantsindra : Mobiliser la population pour éteindre les feux, faire des rapports écrits au chef cantonnement lorsqu’un feu de brousse s’est présenté au village. A Beandrarezona, le KMDT n’est en place que depuis un an. Il n’a encore fait aucun rapport au Chef cantonnement. Ce dernier affirme que ces deux associations sont bien en place aux villages et les deux personnes membre ont

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II. Un système économique autour du riz, bœufs, culture commerciale, pêche, artisanat, petit élevage Les habitants de cette région sont tous presque des agriculteurs et des éleveurs. Leur revenu prncipal viens donc de leurs activités agricoles mêmes si d’autres activités viennent s’y ajouter elles ne sont que complémentaire

II.1 Calendrier du travail agricole et rapports de production  Calendrier agricole

Les habitants de chaque zone sont tous des Agriculteurs. Leur travail quotidien tourne autour des travaux agricoles et de l’élevage. Cependant chaque activité dépend des saisons. Les agriculteurs s’organisent selon les saisons.

Nous allons présenter ici le calendrier de travail pour les cultures de la population de Beanantsindra et de Beandrarezona qui résume la répartition du temps de travail pour la population dans chaque localité.

En général, le calendrier de travail des paysans de Beanantsindra se présente comme suit :

S pour Semis d’une pépinière, R pour repiquage, Ré pour récolte

Tableau 5 : Calendrier agricole

J F M A M J JUI A S O N D Riz S R Ré Vary jeby Riz R Ré S Vary tano Haricot Ré S Ré S Ail S Ré Arachide Ré S

Pour les haricots, les paysans disent qu’ils attendent aussi la première tombée de la pluie avant de les semer. Pour la deuxième culture de haricot de fin de saison, ils comptent quand même sur les dernières pluies. D’après eux, les haricots n’aiment ni trop de pluie, ni le froid, raison pour laquelle, ils les cultivent pendant la transition entre la saison humide et la saison sèche.

47 Les paysans de Beandrarezona, ne cultivent pas de l’ail à grande échelle, dans un petit jardin dans la cours de leur maison. Ce type de culture s’exploite à Beanantsindra, spécialement à Miakamioriky un des 5 hameaux constituants le Fokontany. Ils les vendent pas d’autoconsommation.

Pour l’Arachide, seul un ménage enquêté à Beanantsindra en cultive, par contre à Beandrarezona elle est très répandue. D’après les paysans, l’arachide ne se développe pas bien sur de la terre humide, elle préfère les terres sèches tany mandany tena. Raison pour laquelle, les paysans ne les plantent jamais sur de la terre d’une forêt convertie.

Tableau 6 : Calendrier des élevages

Animaux Activité J F M A M J JUI A S O N D Boeufs Travail des X X X X X X X X X X rizières (au village) Kijana X X X X Volailles Au village X X X X X X X X X X X Kijana

Que ce soit à Beandrarezona ou à Beanantsindra, les bœufs se déplacent entre deux lieux, au village et dans les kijana ou les pâturages pour pâturer. En vrai, les bœufs se déplacent selon les besoins de leurs propriétaires. Les bœufs font partie des forces de travail des agriculteurs dans les deux bassins.

D’après les propriétaires tout leurs troupeaux restent au village en saison humide parce que premièrement, les grands mâles sont utilisés pour le travail des rizières, pour tirer la herse et la charrue pendant la préparation des terres avant le repiquage et deuxièmement, parce que les herbes là-haut sur les bassins ne sont plus très bonnes pour les bœufs en cette période de l’année.

 Rapport d’exploitation de travail

En général, les exploitaions agricoles à Beanantsindra et à Beandrarezona sont des exploitations familiales. Mais cela ne les empêchent pas d’avoir des salariés de temps en temps. Les chefs d’exploitation emploient des salariés surtout pour le repiquage et récolte de riz. Mais ils obtiennent de l’aide venant de leur famille respective.

Concernant les salariés pendant le repiquage, ce sont des femmes à la recherche du travail, soit elles sont du village lui-même, soit elles viennent d’autre endroit comme Mandritsara.

48 Pendant les travaux des rizières les propriétaires les aident quand-même, et en plus de leur salaire, ils leur donnent à manger.

Pour l’entraide familiale, il n’y pas de salaire, mais les propriétaires des champs donnent à manger à toute la famille.

A Beandrarezona, quand les boeufs sont au kijana, soit ils sont gardés par les membres de la famille des propriétaires soit, par des salariés qu’ils appellent tsimanaja (pas honorable). D’après les paysans, ces gens sont pour la plupart des migrants venant de Mandritsara ou des localités proche de la commune mais pas de la commune elle-même. En guise de salaire, les tsimanaja reçoivent un bœuf par an. Les tsimanaja, viennent au village que pour l’estive. Avant d’aller au kijana, les propriétaires de bœufs, leur donne des vivres vatsy qui leur suffiront jusqu’à la fin de l’estive.

Quand les travaux des rizières sont finis, les bœufs sont envoyés sur les kijana en « estive ». Cependant ce n’est pas le cas de tout le monde. Ce sont surtout ceux qui ont un troupeau d’une dizaine de bête.

II.2 Le riz, principalement de saison humide (vary tano) Le rendement moyen des rizières de la région tournent autour de 2,25 t/ha. Nous sommes en présence de riz « extensif », comparé au riz à Fianarantsoa qui est de 4t/ha sur les rizières à bonne maitrise d’eau ( Serpantié 2013). Ils n’utilisent ni engrais ni, fumier de bœufs. D’après eux leur terre est encore fertile. Comme aménagement ils ont des canaux d’irrigation autour des rizières.

Leur production est constituée majoritairement de riz de saison humide récolté en mois d’avril. Elle est destinée principalement à l’autoconsommation. En cas d’urgence les gens vendent leur riz. La vente se fait sur place par les agriculteurs eux-mêmes sous forme de paddy. Pour Beanantsindra, la demande vient des collecteurs venant sur place, soit de Bealanana soit d’Ampandrana. Pour Bendrarezona ils viennent de Bealanana mais aussi des collecteurs qui sont sur place, car il s’agit d’un chef lieu de commune.

Le prix reste un variable stratégique pour le riz dans cette région de Madagascar. Les producteurs n’ont pas le pouvoir de négociation. Ce dernier appartient aux collecteurs. Ils fixent les prix à leur avantage, mais selon le marché aussi. Ils les fixent autour 1050 Ar le kilos, en saison sèche. En, saison de pluie ce prix augmente jusqu’à 500 ar le kapoka soit 1750 Ar le kilos, puisque la quantité offerte diminue. Les paysans ont mentionné presque à

49 l’unanimité que les contraintes au développement de leur activité rizicole est le prix. Le revenu monétaire par ménage est difficile à déterminer en une seule enquête car les ménages ne vendent pas régulièrement

Avec l’augmentation de la population, une augmentation des productions ou un achat de riz est nécessaire pour subvenir aux besoins de chaque personne. A cette fin, les paysans ont trois options, soit ils créent de nouvelles rizières, soit ils intensifient leur production, soit ils achètent sur le marché. La moins coûteuse en temps et en argent pour eux est de drainer des tourbières et aménager une rizière.

II.3 Le Haricot, production à revenu considérable pour les paysans, et l’eau La culture de haricot est la principale activité génératrice de revenu pour la population dans les deux bassins. Avec un prix moyen 2500 Ar le kilo, cela nous amène à un revenu moyen par ménage de 150 000 Ar environ par an par saison de culture. Si le ménage cultive du haricot en deux saisons, le montant est doublé. La demande de haricot vient des collecteurs de Bealanana en majorité.

A partir de 2000, le prix du haricot n’a cessé d’augmenter d’après les paysans. Il devient donc très intéressant de s’investir dans le marché et donc d’en cultiver encore plus. Là encore le problème de manque de terre se pose. Pour y remédier, les jeunes chefs d’exploitation désireux d’augmenter leur superficie de haricot optent pour la défriche soit d’une vieille forêt ati-ala, soit d’une forêt secondaire, savoka (nettoiement

II.4 L’Ail et l’oignon, des productions A Beandrarezona, seulement 2 enquêtes sur 19 en mentionnent. Par contre à Beanantsindra c’est leur troisième culture 16 paysans sur les 17 enquêtés. Ils sont près du marché d’ail qui se trouve à Ampandrana, une raison probable de leur choix par rapport à celui de Beandrarezona.

Le prix de l’ail est très variable, il varie de 700 ar à 5000ar le kilo. Cette variation a comme explication, la saison et le marché. Il atteint son maximum du mois d’octobre au mois d’avril, ce qui montre une saisonnalité du marché. Mais il peut arriver que pendant une année il n’y a pas d’augmentation du prix, Tout comme il est possible que du jour au lendemain le prix de l’ail augmente ou baisse, ce qui montre une instabilité de ce marché. Une forte demande fait augmenter les prix. D’après des transporteurs, il est quand même très difficile de trouver des débouchés fixes pour l’ail.

50 La culture d’oignon existait à Beanantsindra mais à cause d’une maladie qui est apparue l’année dernière qui a fait en sorte que, les paysans ont arrêté d’en cultiver. Pourtant, toujours selon les paysans, il est plus facile d’avoir des débouchés pour les oignons comparés à l’ail.

C’est une nouvelle façon de compléter le système de production traditionnelle centrée sur la riziculture et de l’élevage bovin qui sont en déclin, un changement de stratégie est en train de s’opérer. Au lieu d’investir dans l’élevage de bœufs, connus comme signe de richesse, mais devenue aléatoire, ils préfèrent investir dans la culture de rente pour gagner plus d’argent plus rapidement. La culture d’ail et d’oignon existait déjà aux villages du temps des ancêtres mais c’est depuis les 30 dernières années qu’ils se sont concentrées sur elles à cause de l’augmentation du prix de celles-ci. Néanmoins, sur la figure, la superficie des bons sols est petite, ce paramètre peut être limitant pour l’expansion de cette culture.

II.5 L’Arachide, une nouvelle culture commerciale A Beanantsindra, seul un ménage enquêté cultive de l’arachide. Dans la commune de Beandrarezona il a existé depuis 1992. Elle s’est vulgarisée grâce à l’augmentation de son prix. Un paysan questionné a montré un choix clair entre investir dans une culture d’arachide ou dans un élevage de bœufs, il a choisi la première option parce qu’elle rapporte plus que la deuxième, que ce soit en temps ou en argent à long terme.

Figure 17 : Culture d’arachide Beandrarezona (Andrieu, 2015)

A Beandrarezona, cette culture se pratique sur le bassin, sur du sol brun-rouge sur basalte dit tany mandany tena (terre qui se perd toute seule). Elle se pratique sur les collines ayant une

51 pente inférieure à 30°. Elles sont couvertes par ces cultures du sommet au pied. Les paysans ne les plantent jamais sur les terres de forêts parce que « le sol y est trop fertile ». Pendant nos transects, nous avons vu des petits champs d’arachide sur des sommets de collines (Sol ferrallitique sur gneiss). Vu le prix élevé de l’arachide, les jeunes se tournent vers cette culture mais ils n’ont pas besoin de défricher.

Photo 13 : culture d’arachide II.6 L’Elevage bovin Si un chef d’exploitation a les moyens, il investira en premier dans l’achat d’un bœuf, signe de richesse et de prestige dans la région. Selon les enquêtes effectuées, les ménages de Beandrarezona en possèdent plus que celui de Beanantsindra, On trouve un troupeau de 200 bœufs contre un troupeau de 100 parmis les paysans enquêtés. Toutefois, chaque ménage a mentionné une diminution de son cheptel à cause des dahalo, voleurs de bœufs. Ce vol les incite aussi à vendre leurs troupeaux pour raison de sécurité. Du côté économique, les bœufs leur servent à thésauriser c’est un capital sur pieds. Ils ne les consomment pas. Ils vendent surtout les vieux bœufs et en rachètent un jeune à des chefs d’exploitation déjà âgé parce que ça fait partie de ses sources de revenus. Le marché des bovidés se trouve à Bealanana : Tsenan’ny Kamisy be ou le marché du grand jeudi.

52 III. Analyse détaillée des composantes du système agraire et des forces d’évolution Les différentes composantes du système agraire comprennent les exploitations agricoles toutes les techniques utilisées pour chaque culture et chaque élevage. Elles sont différentes d’une société à une autre. Les impacts ne sont pas pareils parce qu’ils dépendent à la fois de la pratique et du milieu récepteur.

III.1 Pratiques, usages, savoirs

III.1.1 Des pratiques ancestrales conservées et des pratiques récentes dans les rizières La connaissance des techniques agricoles vient en majorité de leurs ancêtres. Cependant pour le repiquage, d’après les paysans de Beanantsindra, à ine époque indeterminée une personne qui voyageait beaucoup a rencontré des riziculteurs de Marovoay pratiquant le repiquage a amené la technique au village..

Pour les rizières, les habitants font deux sortes de riz : une culture de riz de Saison humide le Vary Tano et une culture de riz de Saison sèche Vary Jeby qui est apparue depuis que les paysans ont ressentis une augmentation de la température.

La plupart des riziculteurs des deux bassins font du repiquage, il ne reste plus que quelques- uns qui pratiquent encore le semis direct parce que leur parcelle est facilement inondable. Il y a donc eu un changement de technique. Faire du semis direct à l’avance leur permet d’éviter l’inondation de leur rizière. La tige de riz aura une taille assez grande quand les eaux commenceront à monter.

Les parcelles des rizières ont une surface moyenne de 1ha et ½, elles vont de 0,5ha à 5ha. Elles sont divisées en casiers de quelques ares (photo 14)

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Photo 14 : Rizière Beandrarezona

Photo 15 : Rizières Beanantsindra

Pour ceux qui pratiquent du semis direct, ils labourent la terre un mois à l’avance avec la charrue, pour laisser les mauvaises herbes se sécher. Une fois qua les herbes sont sèches, ils sèment, ils n’ont pas besoin d’entretenir la rizière jusqu’à sa récolte.

Pour ceux qui pratiquent le repiquage, une préparation des terres est utile. Cette préparation se fait comme suit :

54 1. Labour de la terre avec la charrue : un mois avant de repiquer, ils labourent la rizière avec la charrue pour enlever les mauvaises herbes 2. Entrée d’eau : Une fois labouré, ils font entrer l’eau juste avant de repiquer 3. Hersage : pour mettre les terres au même niveau 4. Repiquage dans le boue liquide

Photo 16 : Repiquage du vary Jeby

Les habitants de Beanantsindra ne font plus de piétinage de bœufs depuis les séries de vol en 2000 puisque d’après eux ils n’ont plus assez de bœufs pour en faire, contrairement à ceux de Beandrarezona qui en pratiquent encore.

Dans les deux villages, ils ne mettent pas de fumier dans les rizières, ils disent que leur terre est encore assez fertile et ils n’ont pas besoin d’en mettre.

La procédure est la même que ce soit pour le vary tano que pour le vary jeby. Cependant, à Beanantsindra, ils ne sont pas beaucoup à faire du Jeby d’après eux ils ont arrêté car « la terre est fatiguée et elle ne produit plus très bien ». Leurs affirmations sont donc, contradictoires. Les paysans disent que pour que la terre reste fertile, elle a besoin de repos donc, après la culture de vary tano, ils ne mettent plus rien sur les rizières. Ce n’est plus un problème cilmat mais c’est devenu un problème de fertilité du sol. A Beandrarezona, les paysans ne parlent pas de cette fatigue du sol pour le jeby, ils parlent plutôt du manque d’eau ou du manque de temps.

AGAKHAN, un organisme œuvrant pour l’amélioration de la riziculture malgache est venu dans la commune d’Ambatosia, et aussi à Beandrarezona pour dispenser quelques formations

55 aux riziculteurs. D’après des agents de Agakhan, ces formations se concentrent sur ce qu’ils appellent les « 5 thèmes porteurs » : la préparation du sol, la sélection des semences, le repiquage de jeunes plants et repiquage en ligne, le sarclage, gestion de l’eau. Mais d’après les paysans ils n’ont pas assez de temps pour appliquer ce qu’ils ont appris : un exemple qui revenait toujours était le repiquage en ligne, les paysans affirment que cette technique produit un rendement assez élevé mais ça leur demande trop de temps.

III.1.2 Un jardin bocager typique de la région

Photo 17 : Jardin bocager

Chaque ménage possède son jardin bocager, autour il existe des arbres fruitiers constitués de bananier, de jacquiers, d’oranger,s … à l’intérieur, il existe une parcelle mesurant environ 10m à 15m de long avec 1m de large d’ail ou de haricot ou les deux mises côtes à côte à Beanantsindra. Les parcelles de haricot ne sont pas irriguées, d’après les paysans, l’eau de pluie suffit. Par contre l’ail a besoin d’irrigation. Il existe des canaux d’irrigation tout autour des cultures d’ail et aussi entre les planches. Ce canal vient est lié à la Nanilezana et vient du barrage hydro agricole rénové.

Plus haut, nous avons vu ces différentes cultures dans leur apport économique sur la vie de la population des deux bassins et les impacts que les besoins économiques de chacun ont sur leur choix de pratiques. A Beanantsindra, les cultures présentes dans ces jardins sont les cultures de haricot et d’ail. En premier nous allons voir les techniques pour les cultures de haricots après nous passerons à la culture d’ail. A Beandrarezona, il y a des cultures de haricot.

56 Même si dans les deux bassins, les paysans cultivent du haricot, ils n’ont pas les mêmes techniques.

 Culture de haricot sur jardin

Tableau 7 : Itinéraire technique du haricot

Beanantsindra Beandrarezona 1. Enlever les herbes avec la 1. Enlever les mauvaises herbes charrue ou l’angady avec la charrue ou l’angady 2. Labourer et Construire des 2. Planter les haricots planches 3. Application de l’insecticide 3. Mettre le fumier de bœufs 4. Planter les haricots 5. Paillage 6. Arrosage 7. Application de l’insecticide

A Beanantsindra, les paysans cultivent le plus intensivement des deux bassins parce qu’ils utilisent de l’engrais pour leur production contrairement à ceux de Beandrarezona, avec une production moyenne de 200 kilos environ à Beanantsindra contre 100 kilos environ à Beandrarezona. Aucune évolution ne s’est produite concernant les pratiques sur le haricot.

Les paysans de Beandrarezona, ne façonnent pas de planche ni ne mettent de pailles pour leur culture de haricot. D’après eux, il n’y a pas d’explication à cela, ils ne font qu’imiter les pratiques de leurs ancêtres. Ils n’irriguent pas non plus leur culture de haricot, ils disent que l’eau de pluie suffit. Même la culture de haricot en saison sèche n’a pas besoin d’irrigation parce qu’ils les cultivent pendant qu’il reste encore quelques pluies.

D’après les paysans, l’utilisation des pailles de riz et des planches sont des pratiques qui ont toujours existé à Beanantsindra. Et à Beandrarezona, ils n’ont jamais utilisés de paille de riz ni de planche pour leur culutre. Les paysans n’ont aucune explication concernant cette différence de technique entre les deux localités. Cela fait partie des particularismes locaux

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Photo 18 : Culture de haricot à Beanantsindra

 Culture de haricot sur forêt convertie

Photo 19 : Haricot dans forêt convertie

Cultiver du haricot dans une forêt convertie se fait parce que dans les jardins la terre ne suffit plus. Les terres des forêts sont plus fertiles.

La différence se situe au niveau de la technique pour enlever la couverture végétale sur le sol avant de cultiver. Pour pouvoir cultiver du haricot dans une forêt il faut d’abord la convertir en terre de culture en enlevant les arbres qui poussent dessus. Le feu est nécessaire dans cette pratique. Ainsi donc les étapes suivies avant de cultiver du haricot :

1. Construire un pare-feu autour du futur champs 2. Couper les arbres dans la forêt avec la hache 3. Mettre les troncs tout autour du futur champs 4. Attendre quelque jour pour que les troncs d’arbre coupés sèchent

58 5. Dès que c’est assez secs, ils reviennent pour y mettre le feu.

Quand le champs est prêt, ils commencent les étapes citées plus haut pour la culture de haricot.

III.1.3 L’Ail spécifique à Beanantsindra sur jardin La pratique de la culture d’ail n’est pas différente de celle du haricot. Mais, les paysans ne font pas de défriches (nettoiement) pour faire de l’ail.

1. Enlever les herbes avec la charrue 2. Construire des planches : ils construisent des planches avec l’angady 3. Mettre le fumier de bœufs 4. Planter l’ail 5. Paillage : les paysans utilisent les pailles de riz de leur rizières 6. Arrosage : ils utilisent un seau d’eau et une petite assiette ; ils arrosent d’abord tous les jours pendant une semaine, 3 fois pendant la deuxième semaine et une fois par semaine en générale. Mais cette fréquence d’arrosage dépend du développement des pousses d’ail. 7. Application de l’insecticide une fois dès la première pousse, et au cas où il y a des insectes sur les plants Les pailles dans les cultures de haricot et d’ail ont des rôles particuliers, elles limitent les adventices, elles empêchent la terre de sécher trop vite, elles gardent l’humidité du sol parce que d’après les paysans, l’ail et le haricot n’ont pas besoin de beaucoup d’eau pour bien se développer, mais ils ont besoin d’humidité.

III.1.4 L’Arachide, troisième culture de Beandrarezona L’arachide est une culture spécifique à Beandrarezona. Elle se fait sur toute une colline.

1. Enlever les mauvaises herbes en labourant avec la charrue, si non avec du feu si elles sont trop grandes. Avant de mettre le feu, ils construisent d’abord un pare feu, puis les paysans coupent les herbes avec une faucille, ils les mettent au milieu du champs puis ils brûlent. 2. Construire les canaux de drainage au-dessus et sur les côtés 3. Planter les graines d’arachide un par un 4. Lorsque les adventices apparaissent ils les enlèvent

59 D’après un paysan, il est mieux d’alterner d’un an la culture d’arachide avec une jachère de un an. Après un an de repos, la terre sera de nouveau bonne. Ils n’éprouvent pas le besoin de mettre ni de pesticide, ni d’engrais chimiques, ni de fumiers de bœufs dans cette culture.

III.1.5 Elevage bovin Les bœufs font partie des richesses de la population de Beanantsindra et de Beandrarezona. Ils prennent soins de leur bête parce qu’elles font partis de leur force de travail. Des sacrifices n’esxistent pas dans les deux villages mais pendant la fête de l’indépendance, à Beanantsindra, un propriétaire de bœufs tu une bête sur la place du village et il vend la viande aux gens. A Beandrarezona, nous n’en avons pas entendu parlé. Ils font de l’élevage extensif, les paysans envoient leur troupeau pâturer dans leur kijana lorsqu’ils n’en ont plus besoin aux rizières. A Beanantsindra, le fumier est utilisés dans les cultures de haricot et d’ail. Par contre à Beandrarezona, ils les utilisent dans les petits jardins à brèdes sinon les paysans le laissent dans le parc à bœufs. Des fois les paysans parlent de l’infertilité du sol, ils disent qu’ils ont besoin de mettre du fumier mais qu’ils n’ont pas le temps. Ils sont occupés par d’autre activités. Ils ne vendent pas leur fumier, ils les laissent dans leur parc à bœuf mais si une personne veut en avoir, ils en donnent tout simplement.

Les paysans de Beanantsindra ont constaté une baisse du nombre d’ animaux : 100 contre 700 avant 2000. Comme explication, les paysans parlent en premier des voleurs de bœufs mais que ce problème s’est arrêté vers les années 2000.

En second lieu, Dans les deux villages, les paysans disent que les terres viennent à manquer au village et ils sont obligés de cultiver sur leur kijana respectifs, d’où le manque de terre pour les pâturages l’explication de la diminution du nombre est aussi la diminution des surfaces pour les pâturages, au profit des terres de culture, ils sont obligés de vendre leurs bœufs.

L’élevage bovin est la première source des feux de pâturage. Pour les habitants des bassins, ces feux sont désormais toujours accidentels, ils n’en pratiquent plus.

III.1.1 Utilisation du feu Le feu se trouve être un outil utilisé pour les cultures et l’élevage dans les deux bassins. Il est utilisé pour nettoyer les champs quand il y a trop de hautes herbes, défricher, fertiliser du sol (défriche-brûlis), feu de pâturage.

La question du feu reste toujours très délicate. Lors de notre passage à Beanantsindra, les paysans sont très méfiants concernant le feu. Ils ne veulent pas en parler, ni montrer comment

60 ils font. Selon eux les règles sur les feux deviennent de plus en plus sévères et strictes. Des histoires d’arrestation ont déjà eu lieu à Beanantsindra à cause des feux, d’après un paysan il ne se rappelle pas de la date mais il a dit que la personne concernée est déjà morte. A Beandrarezona, les gens en parlent plus facilement. Nous avons étudié la relation entre les feux et l’éloignement du village. A chaque fiche transect, nous parlons du feu, nous demandons la fréquence. C’est à partir de ces informations que nous avons pu sortir les données suivantes.

Figure 18 : Eloignement du village par rapport au temps entre deux feux à Beanantsindra

Figure 19 : Eloignement du village par rapport aux temps entre deux feux

Les graphiques 3 et 4 montrent que plus l’endroit est éloigné, moins le feu est fréquent.

D’après nos enquêtes, le feu de pâturage est mis par les propriétaires du kijana eux-mêmes Cependant, d’après les paysans l’éloignement n’est pas un facteur parce qu’un propriétaire ne

61 brûle que sa propriété. Si un membre d’un lignage possède un kijana éloigné il ira brûler son pâturage quand il le voudra. Les paysans nous ont montré comment ils faisaient brûler un pâturage ils prenaient du fumier de bœufs déjà sec, ils les mettent en file de manière à ce qu’ils forment une mèche de 2mètres de longs dans le pâturage à brûler. Ils mettaient le feu à la mèche puis ils rentrent au village. Le feu progresse doucement au sein de la mèche, il peut mettre 2heures avant d’atteindre le pâturage.

III.2 Diversité et Types d’exploitations familiales Pour expliquer le type d’exploitation familiale est son évolution au sein des deux bassins, nous avons tout d’abord choisit des indicateurs de structure (c'est-à-dire les variables qui ne relèvent pas d’un choix stratégique ou tactique) que nous avons utilisés pour arriver à classer les exploitants agricoles en 3 classes. Ces dernières sont obtenues à partir de l’Analyse multivariée des données obtenues sur le terrain.

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III.2.1 Trois classes structurelles bien distinctes

Tableau 8 : Classe structurelle

Classe structurelle Description structure

Migrants et petits-moyens exploitants sans bœufs (ou 1 presque), jeunes et âge moyen, peu de capitaux

Petits-moyens exploitants, peu de bœufs, capitaux moyens, 2 jeunes et âge moyen

Grands exploitant, agés, grands troupeaux, capitaux 3 importants

 Classe 1

Les trois classes sont donc mentionnées dans les tableaux ci-dessous. La classe 1 constitue donc les plus jeunes exploitations rencontrées au sein des deux bassins. Ce sont des migrants. Ils viennent de commencer leur activité puisqu’ils viennent d’arriver au village. Ils n’ont pas eu de terre ni de bœufs en héritage, peu importe leur âge. En général, ils attendent d’avoir assez d’argent pour vivre avant d’acheter leur premier bœuf. Ils sont venus au village soit, parce qu’ils ont entendus que la terre y est assez fertile et qu’il est plus facile de gagner d’argent. Il existe beaucoup plus de migrants à Beandrarezona qu’à Beanantsindra.

 Classe 2

Cette classe est formée par les jeunes exploitants autochtones du village. Ils viennent de se marier, pour la plupart ils n’ont pas encore d’enfants. Ils ont eu un peu de terre de leur parent en pré-héritage. Leur première rizière, première terre de culture sont des pré-héritages.Ils essaient d’épargner autant que possible pour pouvoir acheter leur premier bœuf. S’ils ont des parents assez riches, ils reçoivent en héritage un bœuf, sinon ils s’occupent des troupeaux de leur parent.

63  Classe 3

Elle regroupe les plus grandes exploitations des zones d’étude. Leurs chef sont tous des personnes âgées de plus de 40 ans et leur exploitation ont environ 20 ans d’âge. Ils ont déjà eu assez de temps pour épargner d’où un troupeau assez important. Par conséquent, ils peuvent se permettre de vivre de la vente de leurs bœufs. Ils ne cherchent plus à élargir leur terre de culture et ils donnent ce qu’ils ont en pré-héritage et ils n’en gardent qu’une partie pour leur autoconsommation.

Tableau 9 : moyenne des classes

Classes Production moyenne Rendement moyen Nombre par Unité de de bœufs résidence moyen Riz Haricot (kg) Riz(t/ha) Haricot (kg/ha) (kg) 1 458 40,28 1,9 225,8 0,4 2 570 25,32 2,70 123,70 1 3 920 32,49 2,24 155,08 7,5

Dans ce tableau, nous avons choisi 3 paramètres à tenir en compte : le riz, le haricot, et le nombre de bœufs. Le choix s’explique par le fait que ces 3 paramètres sont les plus stables au niveau des 2 bassins. Concernant l’ail et l’arachide, les paysans n’ont pas encore une idée exacte de leur production. Ils ne les comptent pas toujours.

Selon les variables structurelles donc, nous avons pu sortir trois classes bien distinctes. En fait, chaque classe structurelle est formée chacune par un ensemble de stratégies :

III.2.2 Des choix stratégiques impactant sur la qualité de l’eau Nous avons vu plus haut que les ménages dans les deux bassins peuvent-être classés en 3

Le tableau suivant résume les classes avec les différentes stratégies y afférentes. Lorsque les ménages choisissent leur activité, ils les font en fonction de leur besoin économique.

Tableau 10 : Classe structurelle et stratégie

Classe Description structure Classe Description stratégie structurelle de stratégi e 1 Migrants et petits-moyens Z Stratégie tsimihety (riziculture et élevage exploitants sans bœufs (ou bovin)de base sur laquelle se rajoute les autres presque), âge jeune et A Intensification par maraichage sur terres moyen, peu de capitaux achetées

64 B Intensification par maraichage sur terres leur appartenant (conversion) C Double activité et maraichage sur terres achetés 2 Petits-moyens exploitants, A Intensification par maraichage sur terres peu de bœufs, capitaux achetées moyens, âge jeune et moyen B Intensification par maraichage sur terres leur appartenant (conversion ou culture de contre saison sur rizières) C Double activité et maraichage sur terres achetées 3 Grands exploitant, A Intensification par maraichage sur terres personnes âgées, grands achetées troupeaux, capitaux B Intensification par maraîchage sur terres leur importants appartenant (conversion ou culture de contre saison sur rizières) C Double activité et maraîchage sur terres achetées D Augmentation du capital bovin et rizicole comme source de revenu principale

La stratégie tsimihety de base Z :riziculture et élevage bovin, n’est plus suffisant pour satisfaire les besoins de la population dans le bassin versant de Beandrarezona et de Beanantsindra. Par conséquent, ils sont amenés à trouver d’autre stratégie.

Dans la classe 1 ils choisissent de faire une autre activité autre qu’agricole, donc, la stratégie C. C’est une autre alternative pour gagner plus d’argent. Comme cette classe n’a pas encore les moyens pour s’acheter des terres prêtes à être cultivées, soit les paysans sont amenés à convertir des terres sur les bassins en terre de culture, la stratégie B. Soit, ils intensifient leur culture afin de produire plus pour plus de revenu.

Dans la classe 2, ils peuvent opter pour cultiver du riz de contre- saison parce qu’ils ont reçus des rizières en pré-héritage contrairement à celle de la classe 1 qui ne peut pratiquer que des conversions en terre de culture. Les rizières appartiennent aux autochtones, pour en avoir, la classe 1 doivent en créer.

Pour la classe 3, les chefs d’exploitation âgés se concentrent sur le bon fonctionnement de leur élevage. C’est leur source de revenu principal, stratégie D. Ils investissent dans l’achat et la vente de son troupeau. Tout de même, ils gardent leur jeune mâle pour travailler leur rizière parce qu’ils investissent beaucoup aussi dans leur rizières

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Partie III : INTERACTIONS AVEC LES RESSOURCES DU BASSIN ET L’EAU

I. L’eau une ressource nécessaire pour la production agricole A Beanantsindra, la Nanilezana est la rivière principale du bassin versant. Elle a comme cascade, Andriamanjavona. En amont de celle-ci, nous n’avons pas observé ni entendu d’usage agricole de l’eau, nous n’avons pas trouvé en amont de celle-ci, d’activité principale touchant directement la rivière mis à part la pêche. Les paysans pêchent principalement des poissons qu’ils appellent salampia et fibata, des anguilles amalona. D’après les paysans, la rivière abrite des anguilles géantes amalom-be, qui tuent. Ils ne s’y baignent pas à cause de ça. Selon un paysan, il fut un temps (il ne sait pas précisement quand) les anguilles se trouvaient aussi à l’aval de la cascade mais ce n’est plus le cas maintenant

En aval de la future centrale en revanche, il existe des canaux traditionnels ainsi qu’un barrage hydro-agricole qui puise l’eau de la rivière pour irriguer les rizières ainsi que les cultures d’ail dans la plaine. Comme la microcentrale restituera l’eau en amont des premières prise elle n’aura aucun impact.

La Beandrarezona est la rivière du deuxième bassin versant. En amont de sa cascade Ambodiriana, un des affluents de la rivière prend sa source dans un gros lavaka se trouvant dans le bassin. A cause de cela, Andranomavo (eau jaune) est toujours jaune parce qu’elle est toujours chargée en sable et en sédiments toute l’année, même en l’absence de pluie. Pendant la saison sèche, elle a moins d’eau mais avec du sable. En saison de pluie, d’après les paysans l’eau monte et la quantité de sable dans la rivière aussi augmente. Andranomavo contribue donc toute l’année à la dégradation de la qualité de la Beandrarezona.

Dans le bief du barrage prévu, il existe déjà un barrage traditionnel et une prise d’eau vers un canal qui irrigue des cultures de haricots et de riz.

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Figure 20 : Canal à l’exutoire de Beandrarezona (Andrieu, 2015)

Ce canal existe depuis 60 ans, il a été créé par un lignage et lui appartient toujours. Il irrigue des rizières et quelques champs de culture notamment du haricot autour du village, il ne sera pas un problème pour la microcentrale potentielle si sa prise d’eau est installée plus bas au niveau de la cascade elle-même. Mais tout dépend de la localisation exacte, et du débit nécessaire à la centrale. La cascade est couverte par une végétation spéciale et elle est visitée par des oiseaux particuliers. Il convient aussi de prévoir un débit minimal pour l’écosystème.

65 II. Evolution des différents milieux du bassin et érosion La figure ci-dessous montre les indices d’érosion sur chaque milieu. Il nous aidera dans la détermination des impacts qu’à les milieux sur l’eau.

Figure 21 : Indice d’érosion de chaque milieu

Les traits foncés sur la figure indique les valeurs médianes de chaque indice d’érosion.tandisque les points rouges sont les moyennes.

II.1.1 Pseudo-steppe Ce milieu ne présente aucune trace d’érosion quand il se trouve sur une pente faible. Sur des pentes beaucoup plus forte, des petites rigoles ou lola, des petites marches s’y trouvent mais en faible quantité d’où l’indice d’érosion sur le graphique ci-dessus, elle affiche un indice égal à 1 de. Nous avons aussi pu remarquer des traces de sédimentation de sable au pied des touffes mais vraiment très peu. Sur les pseudo-steppe à fort taux de sol nu, les traces d’érosion sont plus importantes. Plus de sédimentation se trouve aux pieds des touffes existantes.

Depuis les 20 dernières années, les paysans ont remarqué l’arrivée d’une autre espèce le Hyparrhenia cymbaria dit fantaka poussant sur du sol plus fertile selon leur discours. D’après eux, c’est la conséquence de l’augmentation de la température ressentie depuis les 15 ou 20 dernières années. Les paysans affirment que cette nouvelle espèce est meilleure comme pâturage comparé à l’Aristida. Elle contribue à améliorer le recouvrement.

II.1.2 Brousse éricoïde La pseudo-steppe cède la place à la brousse éricoïde en altitude plus élevée (au -dessus de 1200m) et sur les fortes pentes. Elle présente plus de rigoles et une érosion en marches d’escalier comparée à la pseudo-steppe, sur le graphique elle présente une indice d’érosion égale à 2. Rarement une trace de sédimentation se trouve sur les pieds des touffes, il faut

66 chercher la sédimentation plus loin (parfois en bordure des petites forêts des creux du terrain). Ce sont deux indices de fortes érosions

Il y a la présence de sol nu rouge visible de loin pendant quelques années, un peuplement de Philippia met du temps à tout recouvrir après le passage du feu. Et, en cas de feu répétitif le sol nu met de plus en plus de temps se recouvrir, le risque d’une érosion importante augmente. Les paysans n’ont aucun intérêt à bruler du Phillipia, ce sont toujours les feux de pâturage voisin qui les atteignent. Il y a donc un manque de maîtrise de feu autour des pâturges mis à feu intentionnellement.

D’après les paysans, philipia n’évoluent pas, ils repoussent exactement au même endroit, ils ne colonisent pas les pseudo-steppe se trouvant autour d’eux.

II.1.3 Tourbière Ces milieux présentent des sédimentations, assez importantes parfois. Ils présentent un important dépôt de sédiment surtout lorsqu’ils se trouvent en aval d’une colline à Aristida ou à Philipia. Aucune forme d’érosion ne s’y trouve.

Le milieu n’est jamais brûlé, il reste stable sauf s’il y a drainage puis conversion en rizière comme c’est souvent le cas le bord de la rivière. Elle diminue en nombre et en surface sur les bassins, d’après les paysans à cause du drainage pour en faire des rizières mais aussi pour irriguer des cultures en aval. Pourtant ces tourbières servent à la fois au dépôt de sédiment mais aussi de pare-feu naturel. Comme ces endroits sont humides, quand un feu se présente sur une colline ayant des tourbières à leur pied, le feu ne peut plus passer de cette colline à une autre. D’où son rôle de pare-feu.

II.1.4 Prairie Aucun signe d’érosion n’apparaît sur ce milieu. Ses espèces poussent de façon continue. D’après les paysans, l’Hypparhenia rufa devient de plus en plus fréquent sur les deux bassins : celui de Beanantsindra et de Beandrarezona. Ils pensent que ce phénomène est lié à l’augmentation de la température qui fait en sorte que le sol est plus fertile et donc plus favorable à cette espèce d’herbe. L’apparition d’Hypparhenia sur une pseudo-steppe est un signe d’amélioration de la fertilité du sol pour les paysans

D’autre espèce existe aussi sur ce milieu comme Imperata cylindrica dit manevika. Pour les paysans, cette plante sert d’indicateur de passage de feu parce que d’après eux, un mois après un feu, Imperata fleurit et donne une fleur blanche. A Beanantsindra nous n’avons pas vu

67 d’Imperata fleurir mais à Beandrarezona nous en avons vu, avec des traces de feu récentes autour, confirmant l’information. Nous avons déjà évoqué plus haut le rôle possible du bétail.

II.1.5 Prairie arbustive Ce type de milieu n’est présent qu’en petite surface sur les deux bassins comparé à la surface couverte par la pseudo-steppe. Il ne présente aucun signe d’érosion mais des sédimentations sont présentes au pied des goyaviers et des touffes d’Aristida.

A Beandrarezona, des fois ces prairies arbustives sont des jachères de cultures d’haricot ou d’arachide. Et d’après les paysans, leur propriétaires les ont abandonnés soit parce qu’ils ont trouvé de meilleures terres ailleurs soit, parce qu’ils n’ont plus le temps pour s’en occuper, et pour y cultiver. La mise en culture favoriserait alors les ligneux.

 Evolution Pas d’évolution, c’est un milieu stable. Ces prairies arbustives ne sont pas exploitées, mis à part pour cueillir les goyaves. Lors de nos transects nous avons vu des bœufs qui passaient dans ces prairies arbustives ils mangeaient aussi des goyaves.

II.1.6 Forêt de fond de vallon Une forêt située en aval d’une colline érodée représente une couche de sédimentation importante aux pieds des arbres la constituant, donc une fonction contribuant à la qualité de l’eau. Comme les sédiments sont retenus dans les forêts, ils n’arrivent pas dans l’eau, La topographie en creux aide les sédiments d’en haut à rester sur place.

 Evolution

En majorité, les paysans affirment un recul des forêts de bas fond à cause des feux de brousse qui les grignotent petit à petit, Ils ne parlent pas de conversions parce qu’ils savent que c’est interdit, aors que les feux de brousse viennent de loin. Notre observation sur terrain confirme ces dires puisque des arbres morts brûlés se trouvent encore sur la périphérie d’une surface forestière vivante marquant le passage du feu. Mais nous avons pu remarquer aussi le recul de ses forêts par les conversions en terre de culture de haricot surtout.

II.1.7 Milieu colonisé par des fougères Aucune évolution perçue par les paysans, la superficie est constante. Or si la présence de fougère marque un ancien passage de feu, il devrait y avoir plus de fougères puisque les forêts brûlent sur leurs bords. Mais cela reste à prouver à partir d’une étude antérieure. Selon les

68 paysans, les fougères n’évoluent pas, elles ne changent pas, elles demeurent pareilles, aucune autres espèces les envahissent. Des signes de sédimentations s’y trouvent à leur pied. D’après le graphique, ce milieu ne présente aucune signe d’érosion. Nous avons trouvé des sédimentations au pied de ces fougères.

II.1.8 Recru forestier Le Chef cantonnement de Bealanana donne le nom de forêt secondaire à ce type de milieu. Il est souvent converti en terre de culture par le nettoiement. Néanmoins, ce genre de milieu n’est présent qu’en petite surface sur les deux bassins sur les fonds de vallon comme des petites forêts «naturelles ». Milieu en régression à cause de sa conversion en terre de culture, pourtant, il représente à son tour, un important dépôt de sédiment surtout quand il se trouve en aval d’une colline érodée.

II.1.9 Grand massif forestier Nous n’avons vu aucune forme d’érosion à l’intérieur de la forêt (difficile d’accès), pas de glissement de terrain, elle présente une litière très importante 5 cm, composée de feuilles mortes en majorité. A l’intérieur de ces forêts, des fougères de 2à 3 mètre de hauteur attestent l’existence de feux ayant parcouru le sous-bois. Selon le dire des paysans, des espèces animales comme les lémuriens ainsi que les sangliers vivent dans cette forêt.

Milieu plutôt stable, sauf en cas de feu accidentel, comme ce qui s’est passé en 2013, année d’une grande sècheresse ou Paika à Beandrarezona, lors du grand feu qui a ravagé une énorme superficie de forêt nous ne sommes pas rendu sur place,mais nous l’ constaté avons de loin. Ils se situent dans la forêt de Bemoko

II.1.10 Forêt plantée Les forêts plantées se trouvent souvent en altitude. Souvent l’euclyprus produit du sol nu. Donc pas de risque pour l’eau. Mais l’eucalyptus pompe l’eau souterraine. Cela pourrait donc avoir des conséquences sur la ressource en eau.

 Evolution

Milieu en expansion, d’après les paysans une regénératio naturelle à partir des grains d’eucalypus s’observe. Nos observations confrment cette information. Des jeunes plants se trouvent au pied des grands arbres.

69 II.1.11 Les lavaka Chaque bassin possède des lavaka,terme signifiant littéralement « trou » et désignant des excavations à flanc de colline en forme d’amphithéâtres oblongues à bords abruptes de dimension souvent décamétrique (Mietton, 1998),sur leur surface. Ils se différencient par leur taille, leur nombre, et leur stade d’évolution actif ou inactif. Le lavaka est une forme d’érosion spécifique de Madagascar. Il en existe moins à Beanantsindra qu’à Beandrarezona.

 Beanantsindra

Photo 20 : Lavaka à Beanantsindra

Figure 22 : Lavaka Beanantsindra

Les lavaka actifs connus sont amassés près de l’exutoire du bassin versant. Pendant les transects, nous avons pu suivre un de ses lavaka et à son aval, un fond de vallon constitué par une tourbière (prairie humide) s’y trouve, une couche de sol meuble s’y trouve qui résulte

70 surement d’une importante sédimentation. Sans ses tourbières, les sédiments vont tout de suite se jeter dans la rivière.On peut parler d’une fonction écologique de sédimentation de ces tourbières.

 Beandrarezona

Photo 21 : Antevam-be Beandrarezona

Photo 22 : Lavaka à Beandrarezona 1 actif et 1 colonisé

A Beandrarezona, plusieurs lavaka se trouvent, parfois de taille impressionnante. La population les appelle tevana. Particulièrement un gros lavaka à l’Ouest se trouve être un potentiel source de dépôt de sédiment dans la rivière. C’est celui qui alimente Andranomavo en sable en toute saison la rivière. Un paysan possédant des rizières au bord de la rivière s’est

71 plaint de l’ensablement de sa rizière surtout en saison de pluie. Il a construit des canaux autour de ses rizières pour drainer l’eau afin qu’elle n’emmène pas le sable jusque dans les rizières. D’après ce même paysan, le lit d’Andranomavo s’est agrandi surtout depuis 2012, après des pluies importantes qui ont amené beaucoup de sable venant des collines avec des grands troncs d’arbre. Signe de glissement de terrains sur des zones boisées.

Figure 23 : Les Lavaka de Beandrarezona

72 Tableau 11 : Rôles des milieux vis-à-vis de leur évolution

Milieux milieu Rôles Culture Positif avec les bonnes pratiques Forêt de fond de vallon Positif Milieux à fougères Positif Prairie Positif Prairie arbustive Positif Pseudo-steppe Positif à Négatif dépend de la densité Brousse à éricacée Très Négatif Recru forestier Positif Lavaka actif Très Négatif Forêt plantée Négatif ( apparition de sol nu) Grand massif forestier Positif

D’après le tableau récapitulatif, trois milieux contre neuf jouent des rôles négatifs sur les bassins. Le bilan est plutôt positif donc si on considère ce décompte mais il n’y a pas que ces paramètres. La Pseudo-steppe,représente la majorité des milieux de chaque bassin versant suivie par la brousse éricoïde. Les milieux jouant le rôle négatif se trouvent donc sur presque toute la surface de chaque bassin. D’où le questionnement sur les limites des milieux jouant des rôles positifs. La question à se poser est de savoir les limites des rôles tampons des autres milieux.

Les milieux sont utilisés par l’homme pour son activité de survie. Ces usages des milieux ont des impacts sur leur état. Son usage peut faire en sorte de changer son rôle positif en négatif ou inversement. D’où la nécessité d’analyser particulièrement les usages des milieux par la population de chaque bassin ainsi que les pratiques qui accompagnent ces usages.

73 III. Les usages et les pratiques dans les différents milieux du bassin, impact sur l’eau Même si la population des deux bassins ne possède pas de foyer sur chaque bassin, chaque milieu présente un usage particulier. Notre étude se base toujours sur la qualité de l’eau pour la durabilité des futures infrastructures. Ainsi il est nécessaire de voire la relation entre ces différents usages et l’érosion sur chaque milieu. La figure 24 a comme rôle de mettre en exergue cette relation en utilisant les données que nous avons recueillies pendant les transects effetcués.

Figure 24 : Indice d’érosion des milieux

III.1.1 Analyse des usages et pratiques Ce graphique montre que l’essentiel des indices d’érosion est observé sur des terrains soumis aux usages pastoraux. Il convient désormais d’étudier quelles pratiques accroissent ou réduisent le risque érosif

Pour commencer, nous allons résumer dans un tableau les différents milieux sur les bassins, les usages qui s’y font dessus ainsi que les pratiques associées à ses usages.

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Tableau 12 : Relation entre milieux, usage, pratique et érosion

Milieux Usages Pratiques Appelation Indice Beanantsindra Indice Beandrarezona Indice Beanantsindra Beandrarezona d’érosion médian médian médian d’érosion d’érosion Culture 0 Culture de 0 Culture de 0 Labour Labour haricot haricot Planche Utilisation Culture d’ail Culture Terrasse d’insecticide d’Arachide paillage Canal de drainage Utilisation d’intrant : fumier et insecticide Canal de drainage Forêt de 0 Foresterie 0 Foresterie 0 Récolte de Récolte de bois de fond de Foresterie et Foresterie et bois de chauffe et de bois vallon pâturage pâturage chauffe et de de construction bois de Lieu de repos des construction bœufs Lieu de repos des bœufs Milieux 0 Aucun usage 0 Aucun usage 0 - - avec des fougères Prairie 0 Pâturage 1 Pâturage 1 Feu de Feu de pâturage pâturage tous chaque année les 2 à 3 ans Prairie 0 arbustive Tourbière 0 Aucun usage 0 Aucun usage 0 - - Pseudo- 1 Pâturage 1 Pâturage 1 Feu de Feu de pâturage steppe Passage de 1 Passage de 1 pâturage bœufs boeufs Brousse à 2 Passage de 1 Aucun usage 0 - - éricacée boeufs Grand 0 - - Foresterie et 0 Bucheronnage massif pâturage forestier

Il est nécessaire de préciser que ce tableau un résumé général de ce qui se fait souvent sur chaque bassin.

III.1.2 Interprétation du tableau  Culture de plaines et de collines

Les deux indices médians d’érosion sont nuls, à première vue les pratiques sont donc positives pour le bassin. Mais, différents en les deux bassins. D’après ces résultats l’aménagement de canal de collature joue un rôle important dans la lutte contre l’érosion en collectant l’eau de ruissellement vers un exutoire. Mais jusqu’à quelle limite ? Ce qui n’est pas défini dans ce tableau c’est la quantité de sol retenu grâce à l’utilisation de ces techniques. Il faut notamment envisager de l’érosion sur les exutoires des canaux, en saison des pluies

75 Les pratiques supplémentaires observées à Beanantsindra sur les cultures font-elles une différence ? Vu les chiffres la réponse est « non ». D’après les paysans de Beanantsindra, les autres pratiques sont plutôt destinées à améliorer la qualité du produit et non pas à la protection du sol contre l’érosion car il s’agit de culture de plaines.

Ces pratiques sont donc à priori favorables au maintien de la qualité de l’eau dans les deux bassins. Mais il convient d’étudier mieux le cas des exutoires des canaux de collature et le cas de pratiques d’aménagement de nouvelles rizières et cultures de haricots sur les vallons que peuvent parcourir des crues.

 Foresterie

Concernant la foresterie : la récolte artisanale de bois de chauffe, la récolte de bois de construction, le bûcheronnage existent. Quel que soit le bassin, cela n’a aucun impact sur l’érosion. A Beandrarezona les bûcherons n’exploitent pas une grande superficie de forêts mais une exploitation pied par pied.

Ces pratiques ne sont donc pas à première vue néfastes pour la qualité de l’eau dans les deux bassins. La question se pose sur leur évolution. Les paysans affirment que la forêt recule surtout à cause des feux qui la grignotent petit à petit et que les autres pratiques ne sont pas concernés. Par contre pour le bucheronnage se faisant à Beandrarezona, une demande faite par le VOI Zalahibe pour une exploitation commerciale de leur forêt est en cours d’examen par le DREF. Si cette demande leur est accordée, une analyse approfondie des impacts est nécessaire. Pour le moment les pratiques ne représentent pas un danger pour la qualité de l’eau.

 Elevage pastorale

Le feu se pratique qui se fait sur les pseudo-steppes qui sont utilisées comme pâturage et aussi passage de bœufs. Le milieu en lui-même présente un indice d’érosion égal à 2, et pour les usages de ce milieu chacun possède un indice d’érosion égal à 1. Mettre le feu à ce type de milieu le rend encore plus fragile car le feu favorise l’apparition de sol nu qui rend le milieu vulnérable. Dans cet angle, le feu de pâturage n’est pas une bonne pratique sur ce type de milieu. Ce n’est le feu en tant que tel qui est mauvais mais sa fréquence et son manque de maîtrise, dans une zone à milieux très fragiles (brousses éricoïdes).

Résumons ces interprétations dans un tableau récapitulatif des pratiques.

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Tableau 13 : Appréciations des pratiques

Pratiques Appréciations Canal de drainage Bonne, vérifier les exutoires Paillage, terrasse, planche Bonne Feu de pâturage Mauvaise sur pseudo-steppe voisine de brousse éricoïde Bucheronnage Aucun impact significatif Récolte de bois de chauffe et de bois de Aucun impact significatif construction

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IV. Impacts socio-économique sur l’eau

IV.1 Institution Les institutions ont des impacts sur l’activité de chaque famille vivant dans les deux villages. D’après les perceptions recueillies, ces règles que ce soient internes ou externes sont devenues de plus en plus stricte en général. Les gens ont de plus en plus peur d’en parler, mais cela ne signifie pas que les mauvaises pratiques ont reculé.

La question sur le feu est plus particulière, les paysans disent que malgré la sévérité des règles concernant cette pratique ils remarquent une augmentation du nombre de feu de brousse qui arrivent à atteindre les forêts. Soit la cause est naturelle (renforcement de sécheresse ou de vent), soit la pression des mauvaises pratiques augmente.

Pourtant les feux de pâturage ont des conséquences sur l’érosion et donc l’eau. La sévérité des règles depuis la première république et des autorités n’empêchent pas l’existence du feu de pâturage.

IV.2 Exploitation selon les classes structurelles

IV.2.1 Classe 1 La classe 1, prend la première place en production de haricot avec une production moyenne par UR de 40 kilos environ .Les nouveaux arrivants au village préfèrent commencer leur exploitation en cultivant du haricot. Ils n’ont presque pas de bœufs. Ils se concentrent dans la culture de haricot, où l’argent est plus facile d’après leur dire.

Cette classe est composée des derniers arrivés au village ainsi que les jeunes, mais il n’empêche que leur pratique a des impacts sur la rivière. Comme ils sont des nouveaux venus au village, ils ont achetés des terres pour en faire leur capital foncier. Souvent, il n’existe pas de terre de haricot tout prêt à vendre. Par conséquent, ils sont obligés défricher. Ils font du Nettoiement. Ce qui peut réduire la capacité de sédimentation des végétations denses de vallon.

IV.2.2 Classe 2 D’après le tableau, cette classe se place en 2ème position dans la production de riz mais possède les rizières les productives avec un rendement de 2,70t/ha. Concernant le haricot,

78 elles possèdent des terres assez fertiles puisqu’elle se trouve en deuxième position concernant le rendement. Mais la production en elle-même est faible par rapport aux deux classes, 25 kg.

Ce sont des jeunes chefs d’exploitation autochtone, ils viennent de commencer leur exploitation mais ils reprennent parfois des terres déjà cultivées. Ils commencent à s’investir dans la production de haricot.

IV.2.3 Classe 3 D’après ce tableau, la classe 3 produit le plus de riz, avec de riz par UR 458 kg elle se place en deuxième position concernant la production de haricot mais elle dépasse largement les deux classes en terme de nombre de bœufs.

Comme ils ont habité au village depuis longtemps, qu’ils dépendent plus du pâturage leurs pratiques pastorales ont surement des impacts sur les bassins et notamment sur l’eau.

1) Ici dans les variables structurelles, le nombre de bœufs de cette classe les obligent à les envoyer pâturer sur les kijana. Qui dit kijana dit pâturage sur la pseudo-steppe, par déduction ils ont besoins de la repousse de jeunes herbes pour la qualité de nourritures de leur cheptel. Et donc, pratique de feu de pâturage 2) par leur nombre de bœufs ils sont à l’origine du surpiétinement sur les passages de bœufs. Feu de pâturage et sur piétinement vu l’indice d’érosion de ces usages sont deux importantes sources d’impacts de la dégradation de la qualité de l’eau. Cette classe a comme source de revenus principale la vente de bœufs.

En tant que notables et ayant un pouvoir économique, ils peuvent avoir un rôle important dans les pratiques de feu actuelles et dans une réflexion collective sur les régulations environnementales possibles.

IV.3 Des Stratégies ayant des impacts différents sur l’eau Pour avoir, une idée plus précise des impacts de ces différentes stratégies sur l’eau, nous allons analyser le tableau 14 qui mesure la fréquence de chaque stratégie de production au sein des classes de structure

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Tableau 14 : les Indicateurs de stratégie par classe

Moyenne du Classe 1 Classe 2 Classe3 nombre de : Achat de terre pour 36% 55% 55% culture Stratégie 86% 91% 82% commerciale Conversion de forêt 43% 55% 45% Conversion récente 21% 9% 0% Activités non 43% 27% 8% agricole Travail salarié 29% 0% 27% Culture saison 71% 64% 82% sèche

IV.3.1 Classe 1 La classe 1 est surtout marquée par la stratégie de faire d’autre activité non agricole. Cette stratégie est surtout choisie par les migrants 43% contre 27% et 8%. Vu leur statut de nouvel arrivant, ils n’ont pas de terre cultivable, c’est plus facile pour eux de travailler comme commerçant, bucheron, ou menuisier.

Concernant la stratégie d’opter pour la culture de rente ou non, il n’existe pas de grande différence entre les trois classes par contre au niveau des conversions récentes, cette classe en font beaucoup plus que les autres 21% contre 9% et 0%. Une explication possible pourrait être leur manque d’argent pour acheter des terres déjà prêtes à l’emploi.

IV.3.2 Classe 2 Choix porté sur les cultures de rente (ail, haricot, arachide), les jeunes autochtones de cette classe comptent gagner le plus d’argent possible pour l’achat de PPN et aussi pour un peu d’épargne. Le haricot, l’ail et les arachides leur rapportent beaucoup plus que la culture de riz ou l’élevage. Par conséquent, ils essaient d’avoir le plus de terre sur le bassin pour cultiver ces cultures de rente. Ce choix de stratégie peut avoir des impacts sur l’eau et sa qualité. Il peut favoriser l’érosion, il peut fragiliser la terre contre l’érosion.

La stratégie de maraîchage se tourne vers la culture de haricot, d’ail et d’arachide. Pour le haricot les itinéraires techniques n’ont pas d’impact notable sur la qualité de l’eau. L’impact se situe dans la conversion des forêts de fond de vallon en terre de culture, puisque ces forêts présentent des sédimentations. Concernant l’arachide, comme nous avons, cette culture se fait sur une colline avec une pente<30° sur de la terre volcanique. D’après les paysans, cette terre

80 s’érode raison pour laquelle ils mettent des canaux d’irrigation autour et au-dessus de la parcelle.

IV.3.3 Classe 3 Elle a comme stratégie de toujours augmenter le nombre de son troupeau. Plus de bœufs encore pour plus d’argent. Une stratégie ayant des impacts spécialement sur les pâturages, usages fragiles face à l’érosion. Cette stratégie a des impacts sur l’eau et la rivière.

L’impact qu’à l’élevage bovin sur l’eau se trouve au niveau des pâturages. Les feux de pâturage sont utilisés pour favoriser la repousse de nouvelles herbes meilleures pour les bœufs d’après les paysans. Pourtant, cette pratique favorise l’apparition de sol nu au niveau des brousses éricoïdes qui repoussent trop lentement. Il fragilise donc le milieu face à l’érosion. L’érosion a des impacts sur la qualité de l’eau. Les feux de pâturages sont interdits depuis la première république par la loi d’après les paysans puisque celui-ci détruit la qualité du sol. Et que d’après eux, des responsables de la DREF leur ont dit que brûler 1 ha de pâturage provoquera l’ensablement de 1 ha de rizière. En prenant l’hypothèse que l’Aristida des pseudo-steppe se fait colonisé Hyparrhenia, un nouveau scénario est à venir. Ce dernier est meilleur comme pâturage, les paysans les trouvent plus tendre. Il pourrait donc être moins nécessaire de brûler.

81

Partie IV : DISCUSSION

I. Discussions sur les pistes de recherches La méthodologie de départ prévoyait de chercher deux sous bassins différents dans le bassin de la Nanilezana pour comparer le rôle des couvertures végétales par rapport à l’érosion. Nous avions des conditions de sélection de ces deux sous bassins : il fallait qu’ils soient près du village, ils aient une surface d’au moins 1 ha pour qu’ils soient représentatifs. Pendant nos transects nous n’avons pas pu identifier ses deux sous-bassins qui répondent à tous les critères

Comme l’eau est le principal élément de l’étude, nous aurions dû faire une étude spéciale hydrologie. La première partie du travail de terrain devait être destiné à faire des analyses simples du système hydrologiques des bassins versants. Nous devions mettre en place des dispositifs expérimentaux de mesure de qualité et de quantité d’eau sur des sous bassins à couverts végétaux différents. De cette façon, nous aurions pu identifier les impacts des couverts différents sur la fragilité des sols par rapport à l’eau surtout en saison de pluie. A défaut de signature de la convention entre IRD et GRET, les fonds n’ont pu être débloqués pour la réalisation d’une telle étude. De plus, nous avons été sur place pendant la saison sèche et nous n’avons pas pu avoir une idée précise de l’état de chaque rivière et chaque cours d’eau en saison de pluie. Enfin, les données hydrologiques de la rivière (suivi rhyviere) n’étaient pas encore disponible. L’étude hydrologique fut donc laissé de côté et reste donc à faire.

Comme recommandation, nous proposons donc en premier lieu de faire tout ce qui était prévu au début, afin de renforcer le diagnostic c’est-à-dire, faire de l’hydrologie.

Un autre point à voir ce sont les lavaka. Une étude plus approfondie sur les lavaka de Beanantsindra est conseillée parce qu’il est clair qu’il existe des prairies humides en aval de ces lavaka retenant les sédiments mais nous ne connaissons pas si cette caractéristique reste intacte lors des grandes saisons de pluie. Est-ce que tous les sédiments qui partent du lavaka sont retenus par ce milieu ? La période ne nous a pas permis d’établir une étude appropriée à cette fin. Toujours concernant les lavaka, les paysans nous ont dit que ce n’est la saison de grande pluie qui produit le lavaka mais une période de crachin qui dure pendant quelque jour. D’après eux c’est surtout en mois de février parce qu’ils crachinent beaucoup et que les lavaka s’agrandissent. Ce constat mérite un suivi de près afin de pouvoir prendre les mesures adaptées. Des enquêtes pus approfondies sur les lavaka doivent être faites pour connaitre les phénomènes qui les tuent d’après les paysans.

II. Mesures proposées

II.1 Mesures d’atténuations des impacts négatifs Sources d’impact Impacts Mesures Défriche des forêts Recul des forêts se Création d’autre secondaires et trouvant près de activité génératrice de primaires pour la l’exutoire pourtant lieu revenus à base de culture de Haricot de dépôt important de produit renouvelable pour augmenter les sédiment de la forêt revenus Augmentation du prix de permis pour désinciter Proposition d’endroit moins risqué pour le défrichement Feu de pâturage Augmentation du taux Feux de pâturage de sol nu tolérés dans certaines conditions ( précocité, pare-feu, contrôle)

Pare- feu préventif sur zone à brousse Feu de forêt de fond Recul des forêts se Pare-feu préventif sur de vallon trouvant près de zone stratégique l’exutoire pourtant lieu de dépôt important de sédiments Feu de forêt Recul du grand massif Sensibilisation pour la accidentel forestier prudence lors de l’utilisation des feux de cuisson dans la forêt, ou feu pour éloigner les moustiques Sur piétinement Erosion Changer de temps en temps le lieu de passage des bœufs Port de sable et de Dégradation de la Mettre un décanteur sédiment venant des qualité de l’eau devant la turbine affluents en saison de pluie

II.2 Mesures d’optimisation des impacts positifs Sources d’impact Impacts Mesures Existence de VOI Empêche la surexploitation Encouragement des VOI en de la forêt se trouvant en les donnant des formations amont de la cascade de temps en temps sur le

82 Diminution du feu de forêt suivi de ses ressources Existence du VNA Meilleur contrôle de Encouragement du membre l’exploitation de la forêt de du VNA avec création d’un l’Etat fond géré par un collectif pour payer et contrôler le VNA Canal de drainage des Empêche la terre de se faire Encouragement mais cultures en pente emporter par l’eau de surveillance et traitement des ruissellement exutoires des canaux

II.3 Mesures spécifiques autour du « lavaka » D’après les études faites plus haut, des mesures spécifiques concernant les lavaka doivent se faire vu leur impact majeur sur la qualité de l’eau.

Source d’impacts Impact Mesures Le gros lavaka de Important port de sédiment Mettre un décanteur de plus Beandrarezona par Andranomavo pour bien enlever le sable

Etudier des mesures de restauration par génie écologique Les rigoles sur le bassin Transformation en « lavaka » Faire des suivis spécifiques s des indices de piétinement autour de ces rigoles pour qu’ils ne se tranforment pas en lavaka

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III. Base d’un Plan de Gestion Environnemental du Projet (PGEP) Le PGEP présenté ci-dessus, n’est qu’une base pour l’établissement d’un vrai. Un plan de telle envergure ne peut être formulé unilatéralement. Nous n’avons pas mis des coûts estimatifs dans ce travail mais des conditions de faisabilités.

Impacts Mesures Application Suivi Indicateur Moyen de Environnemen techniques Sociales Economiques Objectivement vérification tales Vérifiable (IOV) Recul des Création Responsable socio- Les animateurs Nombre de Recensement forêts se d’autre activité économique du environnementa nouvelles activités des activités trouvant à génératrice de Projet ux sur place créées l’exutoire revenus comme l’artisanat, ou apiculture Augmentation Le VNA Le VNA Nombre de Le livre de du prix de demande de permis rapport des permis pour activités du désinciter VNA Proposition d’endroit moins risqué pour le défrichement Recul des Subvention à Responsable des Nombre de prairie Descente sur tourbières se ceux qui activités agraires au humide drainée terrain trouvant près intensifient sein du projet de l’exutoire, leur rizière pourtant lieu de dépôt important de sédiment

84

Augmentation Feux de L’équipe Animateur Fréquence du feu Rapport du du taux de sol pâturage environnementale environnemental sur les pseudo- KMDT au nu tolérés dans du projet sur place steppes, et les village certaines superficies brûlées conditions ( précocité, pare-feu, contrôle)

Pare- feu préventif sur zone à brousse Erosion à changer de Animateur Animateur Indice de Descente sur cause du temps en environnemental environnemental surpâturage au terrain surpiétinement temps le lieu sur place sur place niveau des passages de passage de bœufs des bœufs Dégradation Mettre un L’équipe technique L’équipe Quantité de sable Inspection du de la qualité décanteur du délégataire technique du retenu barrage de l’eau devant la choisi par le Projet délégataire turbine choisi par le Projet Recul du Pare-feu Equipe Animateur Nombre de feu Rapport du grand massif préventif sur environnemental du environnemental accidentel recensé KMDT forestier zone Projet sur place stratégique Pas de Encouragem Toute l’équipe du Le chef Recul forestier Descente sur surexploitatio ent des VOI projet cantonnement terrain n de la forêt et du membre de VNA dans leur tâche

85

Mesures Coûts Ariary

Création d’autre activité Déjà prévu par le génératrice de revenus comme Gret l’artisanat ou apiculture Augmentation du prix de permis 0 pour désinciter Proposition d’endroit moins risqué pour le défrichement Subvention à ceux qui intensifient leur rizière Feux de pâturage tolérés dans 0 certaines conditions (précocité, pare-feu, contrôle)

Pare- feu préventif sur zone à 400 000 brousse Pare-feu préventif sur zone 400 000 stratégique Décanteur Déjà prévu par le Gret

Encouragement des VOI et du 200 000/ mois membre de VNA dans leur tâche pour chaque association

86 CONCLUSION

Le Fokontany de Beanantsindra et la commune de Beandrarezona font partie des bénéficiaires de l’électrification rurale dans le projet rHYvière II. Cette étude contribue à l’identification des différents paramètres déterminants dans la réalisation du projet. Notre contribution dans le « diagnostic socio-environnemental » guide la prise de décision dans l’exécution du projet.

Dans la première partie du document nous avons présenté les zones d’étude avec la méthodologie appliquée pendant les études. Dans la deuxième partie, les différents résultats montrant les différents impacts identifiés avec les différents facteurs sont mis en exergues pour pouvoir passer à la troisième partie : la discussion, dans le but d’identifier les pistes de travail.

Les résultats obtenus viennent confirmer les trois hypothèses mentionnées dans l’introduction :

Le premier résultat de notre diagnostic nous a permis de comprendre le fonctionnement agraire en général de la population de chaque bassin, leur perception des évolutions de chaque milieu, leur explication des différents phénomènes, les institutions sur place. Tous ses paramètres ont un rôle à jouer dans les pratiques agraires des populations de chaque bassin. Ils influencent les décisions ainsi que les manières d’agir de chaque paysan. Le deuxième résultat se concentre sur la situation socio-économique des usagers des bassins. La situation socio- économique est un paramètre important dans les choix des pratiques au sein d’une communauté. A cet effet, nous avons pu constater qu’à vouloir améliorer sa situation économique, l’homme est amené à transformer le milieu dans lequel il vit, et que cette transformation a des impacts, positifs ou négatifs, sur la qualité de l’eau. Ces transformations sont évolutives, elles dépendent des moyens disponibles, des innovations sur place, du contexte social, des besoins de chaque agent économique. Jusque-là, l’analyse a toujours été globale, mais dans le troisième résultat, nous sommes entrés dans les détails.

En analysant l’évolution de chaque milieu avec toutes nos données disponibles, nous avons pu identifier que la pseudo-steppe (à condition d’être dégradée par des feux fréquents) et surtout la brousse éricoïde sont les milieux jouant un rôle négatif sur les bassins, ce sont les milieux ayant des indices d’érosion supérieure à 0. La problématique du Lavaka est essentielle surtout dans la commune de Beandrarezona.

87 Les usages que les paysans ont choisis pour ces milieux compliquent encore la situation parce qu’ils fragilisent encore ses milieux face à l’érosion. Il se trouve aussi que les pratiques liées à chaque usage, peuvent être soit une pratique soit une bonne pratique : sur une pseudo-steppe utilisée pour les pâturages de bœuf, pratiquer fréquemment le feu intensifie l’érosion du sol et par conséquent, la dégradation de la qualité de l’eau. Pour avoir une typologie de paysans de chaque bassin, nous avons fait une Analyse des Composantes Multivariée (ACM). Trois classes structurelles sont sorties, la plus riche est celle qui regroupe les chefs d’exploitation déjà âgés. Les impacts des activités de chaque classe sur la qualité de l’eau sont différents parce que leurs stratégies sont différentes. Le choix stratégique dépend des besoins de chaque mais surtout des ressources monétaires disponibles.

Après avoir analysé tous les impacts notables, des propositions de mesures ressortent, elles sont résumées dans la troisième partie, elles servent de base d’aide pour les décideurs du Projet rHYvière dans l’exécution des travaux. Ces mesures concernent surtout le feu de pâturage et les conversions.Ce ne sont que des propositions pour que les techniciens puissent avoir une idée sur les dangers potentiels auxquels la future centrale est exposée.

Toutes les informations recueillies auprès des acteurs locaux, toutes les données que nous avons pu récolter ont pu mettre en évidence, l’existence d’interactions possibles entre les activités des usagers et l’eau. Les paysans ont des bonnes pratiques pour prévenir l’érosion dans leur parcelle mais qui peuvent avoir des impacts à une autre échelle. Les quelles doivent être conservées. Par contre, les pratiques et usages à risque doivent être améliorés ou sinon, ces risques devraient être atténués.

Même si nous avons déjà effectué une longue étude sur le terrain, il nous manque toujours des informations nécessaires, qu’il faut récupérer pour améliorer le diagnostic et pour prendre les mesures adaptées à chaque situation. Dans la partie discussion, nous avons évoqué ces informations qui manquaient comme la question sur l’eau. Faute de moyen nous n’avons pas pu approfondir le sujet. Les études qui vont suivre amélioreront nos résultats et contribueront encore plus à la durabilité des infrastructures.

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Unité de coordination des projets environnementaux, 2015. Elaboration du plan de gestion environnementale et de sauvegarde sociale consolidé du complexe d’aires protégées Ambohimirahavavy Marivorahona. WWF, MRPA, TPF.

v

ANNEXES

Annexe I : Les points GPS

vi

vii Annexe II : Pédologie des deux bassins

viii

ix

Annexe III : Fiche transect

Lieu Transect Itinéraire gps Point Date N GPS Long Lat Alt Lieu dit

Observateurs Relief/Position/Facette Pente moyenne (°) exposée vers Formes de la surface Sols dominants/ xture type et épaisseur litière % sol nu état surf (croûtes….)

Indic. érosion en nappe Indic. érosion linéaire Indic. glissement terrain Indic. sédimentation Couverture dominante %strate herbacée (sur 1 are) hauteur strate herbacée (cm) physionomie (touffes, gazon…) stade dominant espèce dominante Strate arborée (%) Hauteur strate arborée

Strate arbustive (%) Hauteur strate arbustive

espèce lign dominante Usage dominant si culture : esp dominante cycle (instal-recolte) espèces associées ligneux associés indicateurs de travail sol taille moyenne parcelles aménagements Pâture/saison principale qualité

x indic piétinement (%) indicateurs surpatur si foresterie : ress. domin. ressources secondaires indicateurs surexploit indic de conversion indic d'expansion si feux : saison principale fréquence sur 5 ans origine rôle Autre Usage antérieur Usage minier

xi Annexe IV : Fiche transect complétée sur terrain

xii

Annexe V : Enquête exploitation agricole Nom du chef d’exploitation : Statut :

âge :

Commune/fkt/village/hameau :

1. Famille, environnement, capital Nombres Nombres Dont scolarisés ? d’Actifs inactifs Hommes adultes Femmes adultes Jeunes Enfants Consommation journalière en riz en kapoks:

Consommation pendant soudure : mois soudure :

Origine (immigrant/autochtone) : ancêtre :

Age de l’exploitation :

Capital matériel et bâti:

Matériel/bâti Usage Location/Prêt/Achat Date de construction a qui ?

Accès au crédit : y a-t-il des crédits (intrants, ampagne autre, quel projet), pbs d’accès ?

Capital travail supplémentaire :

Avez-vous besoin de faire appel à des travailleurs extérieurs ?

Période Type de travail et Salariés et salaire Entraide culture

Capital social :

Organisation (villageoise, productive, filière, environnement… ?) Rôle de cette organisation, objectifs, règles ? Evolution pourquoi ?

Capital cognitif : (origine des compétences : apprentissage local formations, accès à projets)

xiii Environnement (répondre au dos) Evolution du climat, de l’eau, des sols, des ressources végétales et contraintes/opportunités ressenties :

xiv

Activités agricoles

Cycle (mois Date Rendement et problèmes Système de quantité Manuel Date (déficits d’eau, Superficie Culture plantation – Irrigation, intrants Vente/ Origine /mécanisé quantité inondation, (ha, (local, mois de périodes et (engrais, autoconsommation ? Facette et tenure + de ensablements, femmes, SRI,SRA) récolte) consommation pesticides, Si vente, à qui ? ou ? Aménage fumure érosion, etc) (%) Durée d’eau herbicides, px ments organique fertilité, culture/dur. semences) maladies, jachère coûts mauvaises herbes etc) Tanimbary Vallée saison des pluies

Tanimbary Contre saison

Tanimbary bassin versant

Tanimboly vallée

Tanimboly Tanety (en bas)

xiv

Tanimboly Tampotanety (en haut)

Kijana

Evolution du nombre et des Fonctions et produits Renouvellement Problèmes, pratiques Organisation (W, fumiers, (Reproduction/Achat) contraintes ? Elevage : Nombre travail Alimentation Autoconsommation, si achat, cette année, (vol, mort, maladie, espèce sacrifices, Vente a qui, ou, âge animal, où, prix ? marché de revente, px ?) nombre de naissances? alimentation…)

Bœufs

Vaches et petits

Cochons

xv

Où Quand Pourquoi Par où ils passent Nourriture/qualité de Qui s’en occupe A qui appartient la terre la nourriture

Poules

Canards

Oies

Autres

Déplacement des animaux

xvi

Utilisation du feu ?

Ou ? Quand ? Pourquoi ?

Quelles pressions extérieures par rapport à son utilisation ?

xvii Autres Tenure, activités saisons qui surface mode revenu Où, techniques, gestion Foresterie

Minières Orpaillage

Artisanat

Commerce

Travail salarié

Autre

Calendrier des pointes de travaux: J F M A M J Jl A S O N D

2. Historique, évolution, contraintes, opportunités, perspectives grands changements et date ? (abandon apparition d’une production, diminution des rendements, intensification, agrandissement ?)

Les besoins vivriers sont ils satisfaits ? Les besoins monétaires sont-ils satisfaits ?

Contraintes pour le bon fonctionnement de l’exploitation ? (accès au marché, prix des intrants, prix des produits, sécurité…) Nouvelles opportunités, innovations, changements positifs pour l’évolution de l’exploitation ? Stratégies pour palier aux contraintes ou pour profiter d’opportunités ? Projets et perspectives ? Quels enjeux pour l’électrification ? Quelles questions il nous pose ?

xviii Annexe VI : Enquête exploitation complétée sur terrain

xix

xx

xxi

xxii

xxiii

xxiv

Contenu LISTE DES PHOTOS ...... I TABLE DES FIGURES ...... I TABLES DES TABLEAUX ...... II LISTE DES ABREVIATIONS ...... III INTRODUCTION...... 1 PARTIE I: PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE ET METHODOLOGIE ...... 10 I. PRESENTATION DES ZONES D’ETUDES ...... 11 I.1 Climat ...... 11 I.1.1 Température ...... 12 I.1.2 Précipitation ...... 12 I.2 Pédologie et géologie ...... 12 I.3 Relief ...... 14 I.4 Hydrologie ...... 17 I.5 Milieu humain ...... 18 I.5.1 Beanantsindra ...... 18 I.5.2 Beandrarezona ...... 19 II. METHODOLOGIE ...... 21 II.1 Approche ...... 21 II.2 Méthodes utilisés ...... 21 II.2.1 Travaux bibliographiques ...... 21 II.2.2 Inventaire par Cartographie et Télédétection ...... 21 II.2.3 Prospection écologique ...... 22 II.2.4 Méthodes de diagnostic agraire ...... 24 PARTIE II : RESULTATS ...... 11 I. FONCTIONNEMENT GENERAL AGRAIRE...... 27 I.1 Le terroir agricole ...... 27 I.2 Le climat ...... 30 I.3 Les milieux se trouvant sur les deux bassins versants ...... 31 I.3.1 Pseudo-steppe, un milieu pour le pâturage ...... 31

xxv I.3.2 Brousse éricoïde, un milieu sans usage ...... 32 I.3.3 Tourbière, un milieu assez rare ...... 33 I.3.4 Prairie, milieu plus riche ...... 34 I.3.5 Prairie arbustive, milieu sans usage ...... 35 I.3.6 Forêt naturelle de fond de vallon ...... 35 I.3.7 Milieux colonisés par des fougères, sans usages paysans ...... 36 I.3.8 Recru forestier, un milieu pionnier d’une nouvelle forêt, victime de conversion ...... 37 I.3.9 Grand massif forestier, un milieu presque inexploré, sans activité humaine ...... 37 I.3.10 Forêt plantée ...... 38 I.4 Les règles autour de l’exploitation des milieux ...... 38 I.4.1 Les permis ...... 39 I.4.2 Les interdictions ...... 40 I.4.3 Répartition du pouvoir de décision ...... 41 I.4.4 Organisation sur le partage des terres ...... 41 I.4.5 Organisations sociales existantes dans la commune de Beandrarezona et le fokontany de Beanantsindra ...... 42 II. UN SYSTEME ECONOMIQUE AUTOUR DU RIZ, BŒUFS, CULTURE COMMERCIALE, PECHE, ARTISANAT, PETIT ELEVAGE, ...... 47 II.1 Calendrier du travail agricole et rapports de production ...... 47 II.2 Le riz, principalement de saison humide (vary tano) ...... 49 II.3 Le Haricot, production à revenu considérable pour les paysans, et l’eau ...... 50 II.4 L’Ail et l’oignon, des productions ...... 50 II.5 L’Arachide, une nouvelle culture commerciale ...... 51 II.6 L’Elevage bovin ...... 52 III. ANALYSE DETAILLEE DES COMPOSANTES DU SYSTEME AGRAIRE ET DES FORCES D’EVOLUTION ...... 53 III.1 Pratiques, usages, savoirs ...... 53 III.1.1 Des pratiques ancestrales conservées et des pratiques récentes dans les rizières ...... 53 III.1.2 Un jardin bocager typique de la région ...... 56 III.1.3 L’Ail spécifique à Beanantsindra sur jardin ...... 59 III.1.4 L’Arachide, troisième culture de Beandrarezona ...... 59 III.1.5 Elevage bovin ...... 60 III.1.1 Utilisation du feu ...... 60 III.2 Diversité et Types d’exploitations familiales ...... 62 III.2.1 Trois classes structurelles bien distinctes ...... 63

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III.2.2 Des choix stratégiques impactant sur la qualité de l’eau ...... 64 PARTIE III : INTERACTIONS AVEC LES RESSOURCES DU BASSIN ET L’EAU ...... 27 I. L’EAU UNE RESSOURCE NECESSAIRE POUR LA PRODUCTION AGRICOLE ...... 64 II. EVOLUTION DES DIFFERENTS MILIEUX DU BASSIN ET EROSION ...... 66 II.1.1 Pseudo-steppe ...... 66 II.1.2 Brousse éricoïde ...... 66 II.1.3 Tourbière ...... 67 II.1.4 Prairie ...... 67 II.1.5 Prairie arbustive ...... 68 II.1.6 Forêt de fond de vallon ...... 68 II.1.7 Milieu colonisé par des fougères ...... 68 II.1.8 Recru forestier ...... 69 II.1.9 Grand massif forestier ...... 69 II.1.10 Forêt plantée ...... 69 II.1.11 Les lavaka ...... 70 III. LES USAGES ET LES PRATIQUES DANS LES DIFFERENTS MILIEUX DU BASSIN, IMPACT SUR L’EAU 74 III.1.1 Analyse des usages et pratiques ...... 74 III.1.2 Interprétation du tableau ...... 75 IV. IMPACTS SOCIO-ECONOMIQUE SUR L’EAU ...... 78 IV.1 Institution ...... 78 IV.2 Exploitation selon les classes structurelles ...... 78 IV.2.1 Classe 1 ...... 78 IV.2.2 Classe 2 ...... 78 IV.2.3 Classe 3 ...... 79 IV.3 Des Stratégies ayant des impacts différents sur l’eau ...... 79 IV.3.1 Classe 1 ...... 80 IV.3.2 Classe 2 ...... 80 IV.3.3 Classe 3 ...... 81 PARTIE IV : DISCUSSION ...... 64 I. DISCUSSIONS SUR LES PISTES DE RECHERCHES ...... 81 II. MESURES PROPOSEES ...... 82 II.1 Mesures d’atténuations des impacts négatifs ...... 82 II.2 Mesures d’optimisation des impacts positifs ...... 82 II.3 Mesures spécifiques autour du « lavaka » ...... 83

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III. BASE D’UN PLAN DE GESTION ENVIRONNEMENTAL DU PROJET (PGEP) ...... 84 REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE ...... IV ANNEXES...... VI Annexe I : Les points GPS ...... vi Annexe II : Pédologie des deux bassins ...... viii Annexe III : Fiche transect...... x Annexe IV : Fiche transect complétée sur terrain ...... xii

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Auteur : RATIANARIJAONA Mendrika Mail : [email protected] Tél : 033 29 068 61 Titre : Contribution au diagnostic socio-environnemental de bassins versants : Cas de Beanantsindra et de Beandrarezona (Région Sofia) Nombre de page : 84 Nombre de figures : 24 Nombre de tableaux : 14 Nombre de photos : 19 RESUME

Le Gret, après le projet rhyvière I, poursuit son projet d’électrification rurale avec le projet rhyvière II d’une durée de 4 ans. Beanantsindra et Beandrarezona, un fokontany et une commune qui se situent dans la Région Sofia, district de Bealanana font parties des zones rurales bénéficiaires de la future hydroélectricité. Ce projet est mis en place dans un souci de développement des localités concernées pour une amélioration de la qualité de vie ses populations. Afin de s’assurer de la durabilité des infrastructures, le Gret fait appel à l’IRD et au C3EDM pour mener un diagnostic socio-environnemental des deux bassins versants. Ce diagnostic passe par les savoirs et pratiques locaux mais aussi par des connaissances scientifiques dans le domaine, pour pouvoir dégager des propositions pertinentes dans la réalisation du projet, en accord avec les deux milieux concernés. Mots clés : Madagascar, Erosion, hydro électrification rurale, qualité de l’eau, impacts sur l’eau, Projet rHYviere II, Exploitation agricole, Développement Durable, durabilité, Bealanana, Région Sofia, Beanantsindra, Beandrarezona ABSTRACT

Following rhyviere phase I, GRET continues its rural electrification project with rhyviere phase II for four years. The hydroloectricity project aims to improve the well-being of populations in the fokontany of Benanantsindraand the Commune of Beandrarezona. These two location, both in the Sofia Region are amongst the project beneficiaries. In ordre to ascertain the durability of the infrastructures, GRET commissions IRD and C3EDM for social and environnemental diagnostic study of the two watersheds involved in the project. The study integrates local knowledge and practice with scientific knowledge on related fields to draw some recommendations Encadreur Pédagogique : Pr RASOLOFOHARINORO Mail : [email protected] Téléphone : 033 11 664 63 Encadreurs Professionnels : Georges SERPANTIE, Fano ANDRIAMAHEFAZAFY, Aurélie Vogel