Continents Manuscrits, 1 | 2014 Le Double Destin Des Archives Jean Sénac 2
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Continents manuscrits Génétique des textes littéraires – Afrique, Caraïbe, diaspora 1 | 2014 Manuscrits francophones du sud : un état des lieux Le double destin des archives Jean Sénac Hamid Nacer-Khodja Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/coma/221 DOI : 10.4000/coma.221 ISSN : 2275-1742 Éditeur Institut des textes & manuscrits modernes (ITEM) Référence électronique Hamid Nacer-Khodja, « Le double destin des archives Jean Sénac », Continents manuscrits [En ligne], 1 | 2014, mis en ligne le 22 avril 2014, consulté le 23 septembre 2019. URL : http:// journals.openedition.org/coma/221 ; DOI : 10.4000/coma.221 Ce document a été généré automatiquement le 23 septembre 2019. Continents manuscrits – Génétique des textes littéraires – Afrique, Caraîbe, dispora est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International. Le double destin des archives Jean Sénac 1 Le double destin des archives Jean Sénac Hamid Nacer-Khodja 1 La constitution du fonds d’archives Jean Sénac (1926-1973) a pour genèse un don du concerné établi par testament olographe en date du 2 mai 1973. Sénac a stipulé : Mes manuscrits et documents appartiennent à l’Algérie et devront être déposés à la Bibliothèque nationale d’Alger (avec, si possible, des copies à la bibliothèque Jacques-Doucet à Paris). Que Mireille de Maisonseul veuille bien s’occuper de la mise en ordre de mes affaires ici et en France (des « papiers » existent chez « moi » à Châtillon, chez Jacques Miel, chez mes amis Oumcikous – très important –, chez Maisonseul. Regrouper le tout). 2 Il convient d’expliciter cette disposition qui n’a été que partiellement exécutée, aboutissant de fait à l’éclatement du patrimoine archivistique de Sénac et à sa constitution en deux fonds distincts : un fonds Jean Sénac déposé à la bibliothèque municipale de Marseille et un autre – plus important quantitativement – remis à la Bibliothèque nationale d’Algérie (en abrégé, BNA). Le fonds Jean Sénac de la bibliothèque municipale de Marseille 3 Ce fonds résulte des « papiers » et documents de Sénac qui étaient conservés en France. Il provient de la localité et des personnes mentionnées dans le testament, à savoir : la maison de Sénac sise à Châtillon-en-Diois (Drôme), acquise en 1959, Jacques Miel, son fils adoptif depuis 1956, résidant à Saint-Sébastien (Isère), et enfin Kossa et Pierre Oumcikous, un couple d’amis yougoslaves connu à Paris en 1952 et demeurant à Gentilly (région parisienne). Après une tentative de cession au profit de la bibliothèque Jacques-Doucet – qui a opposé une fin de non-recevoir sans la moindre explication –, Jacques Miel, en tant qu’héritier universel et exécuteur testamentaire, a collecté la totalité des écrits et l’a remise le 5 décembre 1981 à titre de dépôt définitif aux Archives de la ville de Marseille, fonds littéraires, sous la cote 36 II. Jean de Maisonseul – membre Continents manuscrits, 1 | 2014 Le double destin des archives Jean Sénac 2 du comité littéraire institué par Sénac dans son testament et ayant rempli une fonction primordiale dans cette opération – souligne la seule condition du dépositaire : Les Archives de la ville de Marseille s’engagent à dresser photocopie du présent dépôt à la Bibliothèque nationale d’Alger et à lui envoyer gratuitement photocopie des documents qu’elle pourrait demander en vue de leur consultation à Alger1. 4 Dans ce cadre, cette institution a organisé une importante exposition du 24 septembre au 24 octobre 1983, avec élaboration d’un somptueux catalogue (Poésie au Sud, Jean Sénac et la nouvelle poésie algérienne d’expression française, 1983), précédée de la Rencontre internationale sur Jean Sénac les 22‑24 septembre 1983. À cela s’ajoute la publication par d’autres éditeurs d’importants inédits issus du fonds : Journal Alger janvier-juillet 1954 suivi de Les Leçons d’Edgar (Pézenas, Le Haut Quartier, 1983) ; « Heures de mon adolescence –Notes de la 19e année – 1945 » in Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, Assassinat d’un poète (Marseille, éd. du Quai Jeanne Laffitte, 1983). On mentionnera enfin l'article d’Arnaud Ramière de Fortanier, « Les fonds littéraires aux Archives » in Poésie au Sud, Jean Sénac et la nouvelle poésie algérienne d'expression française (Marseille, Archives de la ville, 1983), qui fait allusion au fonds Sénac p. 145. Toutes ces activités ont été largement rapportées et accentuées par la majorité des médias français, voire internationaux (Algérie, Maroc, États-Unis) et sont à l’origine de l’émergence de la gloire posthume de Sénac. Le fonds Jean Sénac des Archives de la ville de Marseille a été transféré en 1992 à la bibliothèque municipale de la même ville. Il fait désormais partie des fonds littéraires méditerranéens ou fonds spéciaux formés initialement des archives de Gabriel Audisio, et surtout de l’important legs des Cahiers du Sud (lequel renferme un mini « dossier Jean Sénac »). Il comprend et concerne principalement les deux périodes de la vie de Sénac en France, soit : Première période : septembre 1950-septembre 1952 5 Elle correspond au premier séjour de Sénac à Paris. Les pièces les plus intéressantes sont des tapuscrits de divers recueils poétiques de jeunesse, dont certains ont été publiés du vivant de Sénac2 ou à titre posthume3. À cela s’ajoutent des photocopies de poèmes ou de lettres de la mère de Sénac antérieurs à 1950 et provenant du fonds Maisonseul d’Alger avant sa remise à la BNA. Deuxième période : septembre 1954-octobre 1962 6 C’est la période la plus féconde du fait de la guerre d’Algérie suivie des premiers mois de l’Indépendance, lorsque Sénac vécut en France, à l’exception de deux voyages en Espagne (été 1958 et 1959). Elle comprend : • Des manuscrits autographes, tapuscrits et épreuves des ouvrages édités : Le Soleil sous les armes (1957), Poésie (1959), Matinale de mon peuple (1959), Le Torrent de Baïn (1962) et Les Désordres (poèmes des années 1953‑1956 publiés en 1972), avec diverses combinaisons. • Des manuscrits dactylographiés achevés et demeurés inédits, principalement deux pièces de théâtre : Le Soleil interdit (1958) et Les Grotesques (1959). • De nombreux articles littéraires, politiques et artistiques (ébauchés ou achevés), d’aucuns ayant été repris dans des ouvrages posthumes : Pour une terre possible (op.cit.) et Visages d’Algérie – Regards sur l’art (Paris-Alger, Paris-Méditerranée-Edif 2000, 2002). • Des correspondances reçues d’Albert Camus et de René Char, d’éditeurs (Gallimard et Subervie), de revues (Esprit, Cahiers du Sud, Simoun), d’écrivains algériens (Mohammed Dib, Continents manuscrits, 1 | 2014 Le double destin des archives Jean Sénac 3 Kateb Yacine), d’artistes-peintres (Jean Dubuffet, Abdallah Benanteur, Georges Ladrey), de jeunes poètes de l’Algérie indépendante lors des séjours de Sénac en France (Youcef Sebti), etc. • Le dossier de la revue Terrasses (1953-1954). • Une liasse de documents administratifs variés de Sénac et de sa famille. • Des photographies de Sénac (à tous âges) et de sa famille. • Des journaux intimes et carnets, avec des photocopies en agrandissement de ces derniers. 7 Enfin, des documents ultérieurs à cette période historique ont été déposés en 1983 et proviennent de Jacques Miel, Robert Llorens, Jean-Pierre Péroncel-Hugoz et Nathalie Garrigues-Jossé : • De Jacques Miel, les recueils poétiques : Le Mythe du sperme-Méditerranée (1967, dactylographié), Alchimies (lettres à l’adolescent) (1971, autographe), Marches d’Hélios (1967‑1973, photocopie), ainsi que des correspondances de Sénac reçues et/ou envoyées dans le cadre de et avec l’Union des écrivains algériens (1965‑1967). • De Robert Llorens, un des plus anciens amis de Sénac, connu en 1947 au sanatorium de Rivet (aujourd’hui Meftah), Algérie : correspondances reçues 1954‑1968. • Jean-Pierre Péroncel-Hugoz : documents et correspondances relatives à la mort de Sénac ainsi qu’une lettre de René Char et une autre de Jean Daniel, toutes deux de l’année 1983. • De Nathalie Garrigues-Jossé, une amie de Sénac connue à Alger en 1963 : correspondances reçues de Sénac l’année 1973. 8 Il va sans dire que le fonds de Sénac de Marseille a été classé et inventorié (partiellement !) à deux reprises : par les Archives de la ville, qui en ont publié une nomenclature des principales pièces dans le catalogue déjà cité4, puis par la bibliothèque municipale dans une liste disponible de dix-huit pages5. Toutes ces actions demeurent insuffisantes puisqu’elles n’ont pas traité le fonds par pièces, et donc ne signalent pas quelques documents importants (rencontre de Sénac avec Henry Miller en 1959 à Châtillon-en-Diois ou correspondances reçues de Georges Mounin en 1961, par exemple). Le fonds Sénac de la Bibliothèque nationale d’Algérie 9 Au préalable, il y a lieu de signaler que le don de Jean Sénac a été accepté officiellement par le ministère de l’Information et de la Culture – tutelle de la BNA – par lettre no 212 du 13 janvier 1976 (correspondance adressée à Maître Zerrouk Kaddour, notaire à Alger, à qui a été confiée la gestion de la succession Sénac par Mireille et Jean de Maisonseul, dont on ne louera jamais assez les efforts pour la constitution du fonds Jean Sénac de la Bibliothèque nationale d’Algérie). Cette même correspondance invite Jacques Miel « à prendre de nouveau contact avec le directeur de la Bibliothèque nationale afin d’étudier avec lui les modalités pratiques de dépôts des “papiers”, documents et manuscrits non encore déposés ». 10 Le fonds Jean Sénac a été entreposé dans des caisses faute de locaux disponibles à l’ancien siège de la BNA du boulevard Frantz-Fanon. Il a fait l’objet d’un transfert à partir de 1996 au nouveau bâtiment de l’institution, sis au quartier Hamma, pour y être conservé dans une chambre froide des manuscrits répondant aux normes internationales modernes de conservation. Ce fonds a été formé à partir de deux sources : Continents manuscrits, 1 | 2014 Le double destin des archives Jean Sénac 4 Le fonds dit « fonds Alger Maisonseul » (FAM) 11 Ce fonds était entreposé chez Jean de Maisonseul, résidant alors à Alger.