Réserve de la Pierreuse Château-d'Oex

Inventaire et recherche dans le domaine de la protection de la nature

Centre de conservation de la faune et de la nature Roland Hochstrasser Ch. du Marquisat 1 Septembre 2002 1025 St-Sulpice

Réserve de la Pierreuse, Inventaire et recherche dans le domaine de la protection de la nature

Plan

1. Introduction 1.1 La Pierreuse, réserve vaudoise 1.2 L'inventaire 1.3 Les buts de ce dossier

A. Notes techniques

2. L'inventaire 2.1 Buts 2.2 Technologie 2.3 Structure 2.4 Etat de l'inventaire au 30-06-2002 2.5 Limites de l'inventaire 2.6 Développement futur

B. La Pierreuse et le Pays-d'Enhaut: survol des domaines retenus dans l’inventaire

3. Situation géologique et topographique 4. Situation climatique 5. La flore 6. La faune 7. L'économie de la région 7.1 L'agriculture 7.2 Le tourisme 7.3 Les autres branches 8. Les études sur l'homme et le milieu naturel au Pays-d'Enhaut 8.1 Le rôle du programme de l'Unesco Man and Biosphere (MAB) 8.2 Une réserve de biosphère au Pays-d'Enhaut 9. Les conflits potentiels avec le milieu naturel 9.1 Le régime hydrologique des cours d'eau et la qualité de l'eau 9.2 Routes 9.3 Chemin de fer Montreux- Oberland bernois 9.4 Agriculture 9.5 Installations touristiques 9.6 Armée

C. Des propositions pour la conservation de la nature au Pays-d'Enhaut

10. Bilan et propositions de travail 10.1 Bilan 10.2 Propositions de travail: Agriculture et forêts 10.3 Propositions de travail: Aménagement du territoire et politique régionale 10.4 Propositions de travail: Botanique 10.5 Propositions de travail: Faune 10.6 Propositions de travail: Gestion et communication 10.7 Propositions de travail: Tourisme 10.8 Propositions de travail: Changements climatiques 11. Conclusion 12. Sources 13. Annexes 14. Remerciements

1 Réserve de la Pierreuse, Inventaire et recherche dans le domaine de la protection de la nature

"Nos plus beaux sites naturels encore intacts, ou presque, se font très rares. Ils doivent être défendus. La préservation de la nature est un problème qui se rattache directement à la survie de l'humanité. Seule la menace atomique, hélas! le dépasse en gravité." (Henchoz L.-M, 1958)

1. Introduction

1.1 La Pierreuse, réserve vaudoise "En 1945 Aurèle Sandoz fit cadeau de l'Alpe La Pierreuse à la commune de Château- d'Oex – à la condition qu'elle devienne le noyau d'une grande réserve naturelle. Le canton de Vaud suivit le mouvement et apporta à la réserve la partie cantonale de la haute montagne." (Barkhausen, Geiser, 1998). Aujourd'hui, la Pierreuse est une grande réserve alpestre qui est placée sous la sauvegarde de Pro Natura depuis le 6 janvier 1958. Le site est représentatif des Alpes calcaires, tant du point de vue des conditions écologiques que des facettes de paysages, de la faune et de la flore. Ces spécificités ont donné lieu à une littérature abondante relative à ces sujets (Hainard, 1984). Le Pays-d'Enhaut est en outre l'objet d'un grand nombre d'études dans le cadre du projet MAB qui ont permis une prise de conscience déjà aux années '80 de la problématique homme-nature.

La réserve de la Pierreuse sauvegarde des paysages agricoles traditionnels et les espèces végétales et animales qui leur sont liés. Elle permet d'offrir aux forêts de la région les conditions idéales pour conserver ou restaurer leurs valeurs naturelles spécifiques (Morier-Genoud, 1996). Grâce à ces zones protégées, on empêche que les écosystèmes régionaux soient sacrifiés pour la promotion touristique ou immobilière et elles encouragent les activités agricoles respectueuses de l'environnement. "Les objectifs de la protection de la nature au Pays-d'Enhaut ne se limitent pas à intervenir dans le cadre de la réserve naturelle de la Pierreuse, mais à soulever le problème général du devenir de la nature sur l'ensemble du district." (Girard, 1988). En ce sens, la réserve représente un réservoir important pour tout le district.

Depuis 60 ans, la Pierreuse est un espace qui suscite un vaste débat régional sur la mise en place et la gestion de réserves naturelles, notamment dans les domaines qui se trouvent en conflit avec la valeur naturelle des milieux protégés (agriculture et tourisme principalement). En ce sens, un des principaux défi pour la commission de la Pierreuse est l'information auprès de la communauté locale. Dans le domaine touristique, la réserve peut par exemple devenir un argument qui permet à la station de se distinguer par rapport à la concurrence. Souvent perçue comme statique et anti-économique, la protection de la nature veut aujourd'hui mieux véhiculer ses bienfaits.

1.2 L'inventaire Dans le cadre de cet inventaire nous allons cataloguer des documents qui considèrent le milieu naturel de la Pierreuse et du Pays-d’Enhaut dans différentes perspectives : la géologie, la faune, la flore, le paysage, l'agriculture, le tourisme ou encore l’évolution de l’aménagement et de la perception du territoire.

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La mise en place de cet inventaire donne l'occasion de vérifier l'actualité des informations contenues dans ces monographies. En effet, une bonne partie de la bibliographie date des années '70, voir des années '60. Depuis, des modifications d'ordre naturel et anthropique sont survenues, rendant certaines études désuètes. Dans le domaine de la botanique on peut citer par exemple l'avancée de la forêt qui tend à s'installer progressivement dans les espaces qui sont abandonnés par l'agriculture. "L'étude de la végétation de la Pierreuse est tout à la fois très intéressante et délicate. En effet, les formations rencontrées couvrent généralement de petites surfaces et sont en pleine évolution." (Hainard, 1984). Girard et Stucky (1986) estiment cette avancée à quelque 15 ha par an sur l'ensemble du Pays-d'Enhaut. En ce qui concerne l'agriculture, il s'agit d'une activité qui a vécu ces dernières décennies une réorganisation importante, tant au niveau des techniques utilisées, que des surfaces exploitées. Un autre facteur important est le développement du tourisme, en particulier la différenciation des activités de loisirs dans l'espace alpin, qui a entraîné des modifications importantes dans la perception et dans l'utilisation des milieux naturels.

1.3 Les buts de ce dossier Le but de ce dossier est tout d'abord d'expliquer et de justifier les éléments qui composent la base de données. Il offre en outre l'occasion de formuler une synthèse de trois mois de recherches bibliographiques sur la Pierreuse, notamment dans une prospective de développements futurs. Il s'agit aussi de déterminer quelles questions sont les plus fréquentes dans les propositions de travail et de définir donc la direction à donner aux recherches futures.

A. Notes techniques

2. L'inventaire

2.1 Buts Les buts de cet inventaire sur la réserve de la Pierreuse est de constituer un état de lieu des connaissances dans différents domaines de recherche: la botanique, l'aménagement du territoire, la gestion de l'environnement, la sauvegarde du paysage. Les fiches constituant la base de données donnent un aperçu de chaque travail, en indiquant le niveau scientifique, la structure du document, les buts et l'état du travail. Il offre en outre la possibilité de formuler de propositions de travail qui permettront de mieux définir l'orientation des recherches à venir. Cet inventaire pourrait aussi devenir un instrument de travail dans le cadre du projet de Réserve de la Biosphère, projet qui est actuellement en phase d'étude.

2.2 Technologie L'inventaire est constitué par un fichier FileMaker Pro 5, une application qui permet la création de bases de données flexibles, faciles à gérer et à tenir à jour.

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2.3 Structure Les informations sont accessibles sous forme de différents modèles:

‡ La structure de l'inventaire

Le modèle "fiches" (Annexe 13.1) est le modèle de base, celui qui nous permet d'entrer toutes les informations relatives à un document. Les deux autres modèles servent à faciliter l'accès et la classification des informations. En particulier, le modèle "impression" (Annexe 13.2) est construit pour faciliter l'impression des données principales d'une fiche. Le modèle "tableau" (Annexe 13.3) sert à présenter les données en listes que nous pouvons facilement trier en fonction de nos besoins.

Chaque fiche est composée par les informations suivantes:

Ù Auteur(s) : Auteurs du document Ù Titre : Titre du document Ù Editeur(s) / Institut : Editeur ou institut responsable de l'édition du document Ù Lieu : Lieu d'édition Ù Date d'édition : Date d'édition Ù Pages : Nombre de pages du document Ù Fiche : Numéro généré automatiquement qui nous indique le numéro de la fiche. Ù Entrée : Date à laquelle le document a été classé dans l'inventaire, format jj-mm- aaaa. Ù Dépôt : Institution ou bibliothèque où on peut consulter le document: ° ADPE : Association pour le développement du Pays-d'Enhaut ° Archives ville : Archives de la ville de Lausanne ° BCU-Riponne : Bibliothèque universitaire de la Riponne ° BCU-Dorigny : Bibliothèque universitaire de Dorigny ° Bibliothèque Biologie : Bibliothèque la section de biologie, UNIL ° BPE : Bibliothèque du Pays-d'Enhaut ° BST : Bibliothèque des Sciences de la Terre, UNIL ° Musée PE : Musée du Vieux Pays-d'Enhaut ° Pro natura VD : Pro Natura, section Vaud ° SFFN : Centre de conservation de la faune et de la nature ° UNIL-IGUL : Institut de géographie de l'Université de Lausanne, UNIL ° Autre : La liste se met à jour automatiquement à chaque nouvelle entrée.

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Ù Cadre spatial : Région sur laquelle porte le travail: ° Pierreuse ° Pays-d'Enhaut ° Vaud ° Suisse ° Autre Ù Domaine: ° Botanique ° Faune ° Géologie ° Histoire-Traditions ° Tourisme ° Agriculture-Forêt ° Aménagement -Politique régionale ° Paysage ° Sociologie ° Méthodologie ° Interdisciplinaire Ù Type de document : ° Ouvrage publié ° Etude non publiée ° Article ° Vidéo ° Doc. électronique ° Cartographie Ù Niveau scientifique : Cette rubrique permet d'obtenir des informations sur le niveau scientifique du document. Ù Structure : Sous cette rubrique on retrouve la table de matières du document Ù Buts : Cette rubrique explique les buts du document Ù Etat : L'état du document rend compte de l'actualité et de la qualité des informations données par le document Ù Propositions de travail : Cette rubrique propose un certain nombre de questions en relation au document qui pourraient être développées par la suite Ù Matériel à disposition : Matériel à disposition dans le document: L'option "Données originelles" signifie que le document dispose de données propres à lui et qui ne proviennent pas d'une autre étude. L'option "Cartographie" signifie que le travail présente une cartographie relative au sujet traité. Enfin, l'option "Bibliographie" est cochée si le travail propose une bibliographie sur le sujet considéré. Ù Notes : Sous cette rubrique on trouve des informations variées relatives à l'ouvrage.

Les boutons "Fiche précédente", "Fiche suivante", "Tableau" et "Impression" permettent de sélectionner une fiche ou un modèle déterminé. Le bouton "Notice" permet d'accéder à une notice qui explique en quelque mot les différents champs qui composent la fiche. En ce qui concerne la recherche par mot clef, le bouton "Recherche" permet de passer en modalité de recherche. Pour des informations plus complètes sur la manipulation des fiches, il faut se référer à l'aide de l'application ou à l'aide disponible depuis l'URL www.filemaker.com.

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2.4 Etat de l'inventaire au 30-06-2002 La mise en place de cet inventaire a débuté le 2 avril 2002. Après trois mois de recherche, l'inventaire compte 144 fiches.

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Cadre spatial Fiches Le cadre spatial du document est le plus souvent le Pays- Pays-d'Enhaut 83 d’Enhaut, notamment grâce aux travaux du programme de Pierreuse 30 recherche MAB-Pays-d’Enhaut. 30 fiches ont un cadre Autre 21 spatial lié prioritairement ou exclusivement à la réserve de Vaud 7 la Pierreuse et 21 fiches sont en relation avec un autre cadre Suisse 3 spatial, souvent lié à une étude spécifique.

La plupart des documents recensés sont des ouvrages publiés (73 fiches). Les études non publiés sont au nombre 42, s’agissant le plus souvent d’études de bureaux ou de travaux de diplôme. On trouve aussi 22 fiches relatives à des articles et 6 fiches correspondantes à des documents cartographiques.

Domaine Fiches En ce qui concerne les domaines, la plupart des fiches Interdisciplinaire 36 décrivent des documents interdisciplinaires. Aménagement 21 L’aménagement du territoire et la politique de Agriculture 17 développement régionale sont traités par 21 documents. Faune 14 Notons enfin que les travaux portant sur la faune sont Histoire 14 nombreux, notamment grâce aux études de Manuel F. sur Tourisme 12 les oiseaux de la région. Botanique 8 Méthodologie 8 Géologie 7 Sociologie 4 Paysage 3

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2.5 Limites de l'inventaire La conception et le développement de l'inventaire se basent sur un mandat de trois mois. Pour cette raison, un certain nombre de choix ont été fait pour gérer le projet en fonction du temps à disposition. En ce sens, il y a de sources d'informations qui n'ont pas systématiquement été retenues dans la base de données: il s'agit principalement des articles parus sur les journaux locaux ou régionaux, des rapports et de documents des gardes-chasse.

Une partie importante du temps a été consacrée à la recherche de la "littérature grise", c'est-à-dire des travaux de diplôme et de recherche qui ne figurent pas sur les catalogues des bibliothèques cantonales. Dans ce cas aussi, j'ai du limiter ma recherche au cadre vaudois, laissant tomber les instituts universitaires des autres cantons romands.

2.6 Développement futur La question principale qui concerne le développement futur de cet inventaire est de voir qui va s’occuper de sa mise à jour. En ce sens, il y a 3 organisations qui sont concernées par cette question : le Centre de conservation de la faune et de la nature, le responsable de la réserve Philippe Morier-Genoud et l’Association pour le développement du Pays-d'Enhaut.

B. La Pierreuse et le Pays-d'Enhaut: survol des domaines retenus dans l’inventaire

3. Situation géologique et topographique

La Pierreuse se situe dans la nappe des Préalpes médianes que la nappe de la brèche vient recouvrir sur les pentes de la Videman. Les sommets sont rocheux calcaires ou calcaires dolomitiques. Les fonds sont formés principalement de moraines et d'éboulis. Le relief qui en résulte est donc assez irrégulier.

On trouve aussi des formations plus localisées telles que les Flysch schisto-gréseux fins et imperméables qui se trouvent au Col de Base. Les Marnes se trouvent au Col de la Videman et sont relativement imperméables. Ces roches contiennent des schistes, des calcaires et des argiles. Les roches gypsifères ou magnésiques résultent de l'évaporation d'une mer peu profonde et sont très salées. Enfin, les Calcaires très karstiques se caractérisent par une grande porosité et une forte perméabilité (Hainard, 1984).

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‡ Coupe géologique Gummfluh-Gérignoz d'après Recordon E. et Jaccard F.

La Gummfluh, Coumatta, les Rochers des Rayes sont de formations rocheuses calcaires relativement dures du Malm (Jurassique supérieur). Le Rubli, le Rocher Plat et le Rocher du Midi sont constitués par des formations rocheuses de calcaire et de dolomie du Trias moyen (Trias). En ce qui concerne les cols entre ces sommets, le Col de Jable, le Col de Base, le Chêneau Rouge sont constitués par des roches plus tendres du Crétacé (Beaud P., Manuel F., Beaud E., 1995).

‡ Coupe topographique Château-d'Oex - La Braye (Bridel L., 1970)

Le relief est fortement lié à la variété de la lithologie de la région. Mais l'aspect plus visible est l'action de l'érosion fluviale et des glaciers. En particulier, l'action des glaciers se manifeste à plusieurs échelles, donnant lieu à de larges vallées en forme de U, des collines, des roches moutonnées et de nombreuses moraines.

Références dans ce domaine: • Lieberherr B., Bueche M., Wagner A., Système écologique et conflits d'affectations dans les régions de montagne: recherche méthodologique, 1980 • Lombard A., Atlas géologique de la Suisse, notice explicative et feuille 1265 Les Mosses, 1975 • Lonfat F., Géologie de la partie centrale des Rochers de Château-d'Oex (Rübli-Gummfluh), 1965

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4. Situation climatique

La région du Pays-d'Enhaut est sous l'influence simultanée du climat atlantique et du climat continental. Les précipitations y sont relativement pauvres et les températures relativement douces. Les températures et l’insolation importante déterminent un enneigement parfois insuffisant qui pose un problème de gestion pendant la saison hivernale. En raison de sa situation topographique, les conditions climatiques de la Pierreuse sont différentes de celles du Pays-d'Enhaut (Hainard, 1984).

En ce qui concerne les régimes des cours d’eau de la région, ils sont de type nival alpin. La plupart des ruisseaux de la région présentent le profil classique du torrent de montagne, avec un bassin de réception, un canal d'écoulement et un cône de déjection. Les débordements se produisent le plus souvent dans cette partie terminale du cours. Le réseau hydrographique est caractérisé par un drainage radial bien hiérarchisé.

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‡ Débits de la Sarine pour 2001 en m3/s (Château d'en Bas)1

Le cours d’eau principal de la région est la Sarine. La direction principale des écoulements est Est-Ouest. Comme on peut le voir sur le diagramme du débit, les débits plus importants se trouvent entre avril et juillet. Le cours de la Sarine a une valeur naturelle élevée notamment grâce à l’absence de travaux importants d’endiguement ou de correction. La correction du cours se limite à la zone à l'aval du Pont Turrian, à proximité de la route cantonale Château-d'Oex – La Lécherette.

Références dans ce domaine: • Primault M. B., Étude méso-climatique du Canton de Vaud, Lausanne, 1972

1 Source des données: http://www.bwg.admin.ch

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Bases de données: < Gesreau, base de données qui intègre toutes les données liées directement au réseau hydrographique des eaux vaudoises, Service des eaux, sols et assainissement du Canton Vaud

5. La flore

Les massifs du Pays-d'Enhaut abritent des pelouses d’une grande diversité floristique. Cette richesse dépend de plusieurs facteurs complémentaires: ° La situation topographique des versants: pentes, ensoleillement, climat. ° La situation géologique: les affleurements de roches tendres tels que marne, ou calcaire marneux sont fréquents, bien des sols sont profonds et riches en éléments fins, pourvus donc d’une bonne réserve hydrique. ° La situation géographique: le Pays-d’Enhaut est au carrefour des Alpes austro- occidentales et des Alpes centrales. Plusieurs espèces des Alpes du sud y trouvent leur dernier bastion, précisément sur les versants ensoleillés. ° Le paysage anthropique: l’influence de l’homme sur la végétation est importante, notamment par le défrichement des pentes. Ces pelouses constituent une réserve importante en espèces végétales, abritant à leur tour une biocénose riche.

Dans ce cadre, la Pierreuse fournit un échantillon d'une grande amplitude altitudinale et d'un terrain caractérisé par une géomorphologie bouleversé. L'homme y a depuis longtemps élevé du bétail puis abandonné les pâturages. Cet abandon provoque un changement spécifique et lent de la composition floristique des prairies, dictée par les conditions écologiques locales. En ce sens, l'étude de la végétation de la Pierreuse s'avère intéressant et délicat. En effet, les formations couvrent généralement de petites surfaces et sont en pleine évolution. Les espèces rares qui ne supportent pas la fauche sont avantagées par la mise à ban total, comme par exemple le chardon bleu (Eryngium alpinum L.). Les grandes ombellifères tel que le Laserpitium latifolium L., Laserpitim siber L., Peucedanum austriacum, sont aussi favorisées par l'abandon des pâturages, de même que les orchidées, comme par exemple Anacamptis tanayensis.

Années Bois et massifs boisés soumis au Bois et massifs boisés non soumis au régime forestier régime forestier 1900 5056 ha 192 ha 1940-50 5424 ha 272 ha 1964-69 5536 ha 304 ha 1980 5728 ha 272 ha ‡ Evolution des surfaces boisées du Pays-d'Enhaut de 1900 à 1980 (Gétaz D., 1981)

L’abandon progressif de l’exploitation agricole permet ainsi une expansion des surfaces boisées. La végétation climacique de la Pierreuse est une forêt mélangée de feuillus et d'épicéas. Au cours des siècles, l’économie forestière a favorisé l'épicéa, mais l’intervention de l'homme est aujourd'hui très faible, permettant ainsi le rétablissement de la végétation climacique. Dans le secteur de la Pierreuse, la hêtraie à sapin occupe les zones à baisse altitude, relayée plus haut par la pessière subalpine.

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Etage Altitude Essence dominante Végétation climatique Montagnard inférieur < 900 m Hêtre Hêtraie pure Montagnard supérieur 900-1400 m Hêtre et sapin Hêtraie-sapinière Subalpin 1400-1900 m Epicéa et sapin Sapinière- pessière Alpin > 1900 m Pas d'arbres Pelouses alpines ‡ Les différents étages de la végétation (Clot, 1997)

Références dans ce domaine: • Clot F., Hainard P., Michel C., La végétation du Pays-d'Enhaut et de la place de tir du Petit Hongrin, 1997 • Von Wyl A., Troxler J., Effets des pistes de ski sur l'exploitation agricole, en particulier sur la végétation, 1984

6. La faune

Les principales espèces de gibier que compte la réserve naturelle sont les chamois, les bouquetins, les chevreuils, les cerfs, les marmottes et les lièvres. Le bouquetin a été réintroduit dans la région en 1955. Depuis lors, la population a augmenté progressivement atteignant aujourd'hui une colonie d'environ 150 individus. Les chamois forment une colonie importante comportant entre 200 et 300 individus selon les années. Les marmottes se concentrent surtout dans la région du Col de Base et forment une colonie d'environ 50-80 individus. En ce qui concerne les chevreuils, ils sont rarement observés dans la réserve.

Parmi les oiseaux observés dans le Pays-d'Enhaut, on trouve 78 espèces (Girard, 1988) parmi lesquelles le grand-tétras, le tétras Lyre, l'aigle royal et la gélinotte. Les amphibiens et les reptiles sont des groupes mal connus et dont on ne dispose que de données éparses.

Références dans ce domaine: • Beaud P., Manuel F., Beaud E., Les oiseaux du Pays-d'Enhaut, Atlas des oiseaux nicheurs, 1995 • Dunand I., Gestion de la population de bouquetins de la réserve de la Pierreuse, 2001 • Econat, Evaluation des districts francs fédéraux, District franc de La Pierreuse - Gummfluh (VD), 1986

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7. L'économie de la région

L'économie du Pays-d'Enhaut est caractérisée par un tissu d'entreprises indépendantes qui exploitent souvent les matières premières de la région: l'herbe, le bois, le paysage, la neige. En 1991, la répartition des emplois par branche d'activité était:

Branche Nombre d’emplois Pourcentage Agriculture et forêt 338 17% Construction et artisanat 480 23% Tourisme et transport 420 21% Commerce et réparation 304 15% Banques et assurances 133 7% Enseignement, santé, administration 355 17% ‡ Répartition des emplois par branche au Pays-d'Enhaut (Office Fédéral de la Statistique, 1991)

7.1 L'agriculture La situation de l'agriculture damounaise est relativement bonne par rapport à celle des autres régions alpines et par rapport au contexte difficile de l'agriculture suisse. "L'agriculture du Pays-d'Enhaut, considérée comme un élément stable de la vie régionale fait preuve d'un grand dynamisme. Parmi les principaux facteurs de changement figurent: la mécanisation, la modernisation de bâtiments et du réseau de chemin, le progrès zootechnique." (Direction MAB, 1985)

Malgré ce dynamisme, les emplois dans cette branche en 1980 étaient 329, 10 ans après ils étaient tombés à 253, avec une perte nette de 76 emplois. Les raisons sont à rechercher dans le manque de relève: "Certaines exploitations de petite taille, tenues par des agriculteurs âgés qui, souvent, n'ont pas de successeur, sont vouées à la disparition. De même, l'avenir des grandes exploitations dites modernistes peut être sujet à caution lorsque les moyens financiers mis en œuvre ne sont rentabilisés que de justesse et ceci grâce à l'aide de la Confédération." (Fracheboud J.-F., Tanner R., 1982, p. 148).

Dans leur ensemble, les 226 fermes permettent d'entretenir 8500 hectares de prairies et pâturages, composante essentielle du paysage de la région (Lieberherr-Gardiol F., Stucki E. W., 1987). En ce qui concerne l'exploitation agricole sur le territoire de la réserve de la Pierreuse, elle est limitée et extensive. Environ 1000 hectares de pâturages se trouvent sur le territoire de la réserve: les zones d'altitude ont été abandonnées par les moutons pour permettre le retour de la faune et de la flore sauvage. Les parties basses de la réserve ont été laissées aux vaches dans la tradition d'une agriculture extensive. L'exploitant signe en ce sens une convention spécifique avec Pro Natura.

7.2 Le tourisme Le tourisme est une activité qui offre 256 emplois en 1991, répartis en 43 établissements de la restauration et de l'hébergement. Une partie considérable de ces emplois reste dépendante du personnel extérieur à la région. Les effets induits de cette activité sont très importants sur la construction et les autres services.

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Pays-d'Enhaut Aletsch Grindelwald Davos Communes Rossinière, Ried-Mörel, Grindelwald Davos Rougemont, Greich, Château-d'Oex Goppisberg, Betten Surface 18'608 ha 6'738 ha 25'417 ha 17'130 ha Altitude 833-2540 m 720-2893 m 734-4100 m 1480-3131 m Habitants 4'516 3'247 3'550 10'480 Structure du 42% (I) 22% (II) 69% (I) 12% (II) 38% (I) 20% (II) 8% (I) 22% (II) marché du 37% (III) 19% (III) 42% (III) 70% (III) travail en 1950 Structure du 22% (I) 21% (II) 14% (I) 22% (II) 11% (I) 21% (II) 4% (I) 19% (II) marché du 57% (III) 64% (III) 68% (III) 77% (III) travail en 1980 Part du tourisme 35% 80% 90% 80-90% dans le marché du travail Saison Hiver>Eté Hiver>>Eté Hiver>Eté Lits hôtellerie 700 1600 2400 7500 Lits para- 6000 12000 7000 13000 hôtellerie Nuitées 0.6 mio 1.2 mio 1 mio 2.3 mio

Hébergement Para-hôtellerie Para-hôtellerie>> Para-hôtellerie>> Para-hôtellerie> >>> Hôtellerie Hôtellerie Hôtellerie Hôtellerie Population En baisse En hausse En hausse En hausse Problèmes de Intégration du Intégration de Coexistence à Prévention du coexistence tourisme dans l'agriculture dans long terme des déclin ultérieur agriculture- une région le développement deux économies de l'agriculture tourisme typiquement touristique locale rurale Typologie Périphérie agro- Centre „------‰ régionale touristique touristique ‡ Comparaison des régions-test du MAB suisse (Sur la base de Messerli, 1987 et Price M. F., 1995)

En 1995, le Pays-d'Enhaut compte environ 1'000 lits en hôtellerie et environ 5'000- 6'000 lits dans la para-hôtellerie. Au niveau des infrastructures de sports et divertissement, la région compte sur les différentes remontées mécaniques, une piscine, une patinoire, des courts de tennis, plus de 230 km de sentiers pédestres entretenus,…

La promotion touristique de la région privilégie beaucoup le paysage de la région, établissant ainsi une forte synergie avec l'agriculture locale. Les Offices du Tourisme locaux exploitent aussi l'identité régionale et culturelle en offrant par exemple des sentiers thématiques qui exploitent la renommée des produits traditionnels typiques de la région. A Château-d'Oex, le programme "Sentiers du Fromage d'alpage" a été mis sur pied par les producteurs, permettant ainsi de faire connaître les fromages de la région aux visiteurs. A Rougemont, "La Ronde des Alpages" permet chaque semaine des visiter un alpage et de découvrir la fabrication du fromage d'alpage de l'Etivaz. Au Pays-d'Enhaut les touristes "apprécient tout particulièrement l'aspect rural

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traditionnel de la région. (...) On peut dès lors en déduire que la région n'est pas à proprement parler un espace touristique, puisque le tourisme doit y rester une activité secondaire, sans quoi son attrait rural traditionnel disparaîtrait" (Auchlin P., Vietti-Violi P., 1983)

La Pierreuse est un lieu d'excursion connu. Les principaux circuits pédestres de la réserve sont donc bien parcourus, sans que la pression sur le milieu naturel soit extrêmement forte. Le reste de la réserve est peu concerné par le tourisme pédestre. "La situation pourrait toutefois changer assez rapidement si la région faisait l'objet d'une promotion active sur le plan touristique (par exemple pour rentabiliser en été le fonctionnement déficitaire du télécabine de La Braye). Les nouvelles facilités d'accès sont à éviter à tout prix." (Econat, 1986)

7.3 Les autres branches Le secteur secondaire est dominé par l'industrie du bâtiment et du génie civil avec 313 emplois. L'industrie du bois et du meuble compte 125 emplois. Les entreprises sont généralement de petite taille et à connotation artisanale. En 1991, le nombre moyen d'employés s'élevait à 6,4 personnes par entreprise. En ce qui concerne les services non-touristiques, ce secteur compte 910 emplois en 1991, enregistrant une forte hausse des effectifs. Cette évolution très positive garantit des services de qualité à la population résidante et aux entreprises locales.

Références dans ce domaine: • Lieberherr-Gardiol F., Stucki E. W., Sur nos monts quand la nature… Le Pays-d'Enhaut tourné vers l'avenir, 1987 • Rosat S., Les mutations socio-économiques de trois vallées périphériques du Pays- d'Enhaut, 1985

Bases de données: < Les données à jour sur l'économie de la région sont fournies par l'Office Fédéral de la Statistique (www.statistique.admin.ch) et par le Service cantonal de recherche et d'information statistiques (www.scris.vd.ch).

8. Les études sur l'homme et le milieu naturel au Pays-d'Enhaut

8.1 Le rôle du programme de l'Unesco Man and Biosphere (MAB)

Le programme de l'Unesco Man and Biosphere (MAB) – Pays-d'Enhaut prend son départ en octobre 1979, après une période de préparation et de démarches de 3 ans. Les travaux sur les terrains se déroulent entre 1979 et 1984. Les années suivantes sont consacrées à la rédaction des synthèses thématiques et du rapport final.

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‡ Représentation schématique d'un système régional (Messerli B. et P., 1978)

Grâce à ce projet, au cours des années '80 la recherche et les publications scientifiques concernant le Pays-d'Enhaut a été très abondante. Le but des recherches est de mieux appréhender la relation entre les activités humaines et l'environnement, notamment dans le cadre de la transition entre un système agricole-pastoral et un système articulé d'activités industrielles et touristiques. La connaissance des écosystèmes de montagne et des relations entretenues avec l'homme, permet d'établir des plans d'aménagements pour une gestion durable de l'espace montagnard, tant du point de vue naturel, économique, que récréatif En ce qui concerne la Suisse, le Fond National de la Recherche Scientifique a réalisé toute une série d'études sur quatre régions alpines qui ont été retenues en tant qu'échantillon des recherches. Les régions d'Aletsch, de Davos, de Grindelwald et du Pays-d'Enhaut ont été l'objet des recherches. S'appuyant sur une approche multidisciplinaire, les chercheurs ont mis en évidence les relations entre l'écosystème naturel, les activités économiques et la gestion du territoire (Messerli B. et P., 1978). Les domaines étudiés sont principalement l'agriculture, le tourisme et l'écosystème naturel.

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‡ Le sous-système "milieu naturel" dans le programme MAB (Fracheboud J.-F., 1984)

Dans le cadre des recherches du MAB-6, l'expérience faite au Pays-d'Enhaut présente un certain nombre de caractères spécifiques. Il s'agit en particulier de l'interaction entre les scientifiques et la population locale. Pour aider la communication entre ces deux communautés, une association fut crée permettant le partage des connaissances et la définition d'un projet de développement commun. (Price M. F., 1995). Globalement, les recherches du MAB-6 en Suisse représentent un des ensembles les plus importants dans le cadre européen. (Price M. F., 1995)

8.2 Une réserve de biosphère au Pays-d'Enhaut Au total, il y a actuellement 409 réserves de biosphère reparties en 94 états. En Suisse, le Parc National fait partie de ce programme de l'Unesco depuis 1979 et l'Entlebuch depuis 2001.2 La réserve de biosphère implique trois fonctions qui la distinguent des zones de protection de la nature: conserver la biodiversité, inciter un développement socio-économique en accord avec la valeur naturelle du milieu et encourager la recherche et l'information dans ces domaines.3

En 2001, l'Association pour le développement du Pays-d'Enhaut a publié l'étude de faisabilité d'une réserve de biosphère au Pays-d'Enahut. "Ainsi, ce projet pourrait donner un élan, non seulement au secteur touristique, mais aussi au secteur agricole (vente des produits et prestations bénéficiant de paiements directs) à l'exploitation forestière (valorisation du bois de construction et d'énergie) et aux arts et métiers (valorisation des savoir-faire locaux), avec leurs effets induits sur les commerces et autres services." (Girard D., Margot F., 2001). L'aspect plus intéressant en relation à ce projet de réserve de biosphère est la continuité. En effet, le Pays-d'Enhaut a été au cours des années '80 le cadre privilégié d'études MAB. Dans le prolongement du projet MAB, le Pays-d’Enhaut pourrait ainsi devenir un « laboratoire » de la déprise agricole et forestière dans les Préalpes nord-occidentales.

2 Pour plus d'informations: http://www.unesco.org 3 Phillips A., Biosphere Reserves and Protected Areas: What is the Difference?, Biosphere Reserves: Myth or Reality?, IUCN, Unesco, Gland, 1998

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En Suisse, on trouve déjà le cas d'une région qui a été retenue dans le cadre des recherches MAB-6 et qui a développé un projet de valorisation territoriale dans le cadre des programmes Unesco: il s'agit de la région Jungfrau-Aletsch-Bietschhorn, qui fait partie du Patrimoine mondial depuis 2001. En Allemagne aussi, les études développées dans le cadre du MAB-6, constituent aujourd'hui une base scientifique importante pour le projet du Parc National du Berchtesdaden. (Price M. F., 1995).

Le projet est à ses débuts et il est confronté à un certain nombre d'obstacles. Il s'agit tout d'abord d'affirmer la valeur naturelle et culturelle de la région. Selon l'instrument d'évaluation proposé par le WSL/FNP4, le Pays-d'Enhaut représente une région ayant une qualité paysagère faible, une qualité faunistique moyenne, et une qualité floristique faible. Le dossier proposé par Girard D. et Margot F. (2001) conteste cette classification en affirmant qu'elle ne représente pas les spécificités du Pays-d'Enhaut.5

Pour surmonter ces difficultés il s'agit tout d'abord de mettre en valeur les recherches effectuées et d'encourager de nouvelles études qui pourront compléter les informations sur la région. "Actions à mener dans le cadre du projet : Rassembler et rechercher les différents éléments statistiques et scientifiques existants: mettre en valeur ces éléments et mieux convaincre et argumenter la représentativité et la spécificité de la région" (Girard D., Margot F., 2001). En ce sens, la création de l'inventaire sur la Pierreuse peut représenter un premier pas dans cette direction.

Références dans ce domaine: • Gentizon C., Evaluation des réserves naturelles Suisses, Le cas des Grangettes et de la Pierreuse, 2002 • Girard D., Margot F., Réserve de biosphère - Pays-d'Enhaut, Etude de faisabilité, 2001 • Price M. F., Mountain Research in Europe, An overview on MAB Research from the Pyrenees to Siberia, 1995

9. Les conflits potentiels avec le milieu naturel

9.1 Le régime hydrologique des cours d'eau et la qualité de l'eau La région de la Pierreuse et de l'Etivaz sont en présence d'un certain nombre de conflits déterminés par des installations qui exploitent les ressources en eau.

En 1899, la Société électrique Vevey-Montreux vends à la commune de Lausanne un tiers des droits de propriété pour les sources de l'Etivaz, correspondant à un débit de 10'000 l/min. Les sources sont captées dans le vallon de la Torneresse et dans celui de

4 http://www.wsl.ch/land/products/biosphaere 5 En effet, l'analyse proposé par WSL ne tient pas compte des facteurs culturels faute de données homogènes. Seul les facteurs socio-économiques, de la faune, de la flore, et du paysage ont été retenus. Malheureusement la méthode statistique utilisée n'est pas explicite: s'il s'agit d'une analyse typologique (ou en cluster) le résultats obtenus sont relativement peu descriptif, étant donné le nombre de variables retenues (plus de 100). Une ACP peut par contre résumer les informations avec une perte d'informations acceptable. Un autre problème spécifique à cette méthodologie concerne l'effet de surface. En effet, le maillage spatial retenu par l'analyse WSL est des régions MS – Mobilité Spatiale.

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l'Eau Froide. L'eau est ensuite amenée par la conduite forcée de Sonzier (Recordon E., 2000). Les eaux du Pays-d'Enhaut fournissent actuellement 14'500 l/min à la ville de Lausanne, soit environ 17 % de ses besoins.6

En ce qui concerne les sources de la Pierreuse, elles font partie intégrante du réseau d'eau de la commune de Château-d'Oex. La Confrérie des eaux de Château-d'Oex est propriétaire de quinze sources, avec un débit total qui peut atteindre 18'000 litres/minute. A partir de la Gète, 5 km de conduite amènent l'eau au village en passant par le réservoir de 600 m3 de Rantez. L'eau qui ne sert pas à l'approvisionnement en eau potable est transformée en hydroélectricité dans la centrale de la Pontia à Gérignoz7. La réserve de la Pierreuse est donc concernée directement par la production hydroélectrique et les infrastructures qui la supportent (pilon électriques, routes et téléphériques d'accès aux installations, ...).

‡ Influences sur le débit des aménagements hydriques (Office Fédéral de Topographie, Wabern; Atlas Hydrologique de la Suisse, 1990)

6 Source: www.lausanne.ch 7 Une production de 6'000 kW par jour refoulé dans le réseau EEF.

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L'aménagement de l'Hongrin-Léman exploite lui aussi les eaux de la Torneresse et de l'Eau Froide de l'Etivaz, avec un apport annuel respectivement de 15.5 millions de m3 et de 7.3 millions de m3. La prise d'eau de la Torneresse se trouve chez les Henchoz à 1280 m d'altitude et débouche dans le vallon de l'Eau-Froide de l'Etivaz entre Tommes et les Maulatreys, où se trouve la deuxième prise d'eau. Les sources qui approvisionnent la ville de Lausanne sont captées séparément (Recordon E., 2000).

Les cours d'eau du Pays-d'Enhaut traversent des terrains instables, particulièrement sensibles à l'érosion durant les hautes eaux. Depuis le siècle passé, des ouvrages protègent les installations qui se trouvent à contact avec la dynamique fluviale, notamment les ponts et les voies de communication. L'exploitation des graviers et la création du lac de retenue de Rossinière ont aussi un impact important sur le milieu fluvial. Globalement on peut donc déterminer un certain nombre de modifications morphologiques et hydrologiques. "Pour l'époque récente on peut supposer avec beaucoup de vraisemblance que les espèces qui recherchent les graviers ont tendance à disparaître ou, en tout cas, à diminuer en nombre, alors que celles que les plans d'eau attirent s'arrêtent maintenant plus volontiers à Rossinière." (Bridel L., Ryter D., 1982)

En ce qui concerne la qualité de l'eau, on est en présence d'un certain nombre de problèmes locaux. Il s'agit en particulier de l'utilisation des engrais ou des pesticides, de la présence de fosses à purin (Girard 1986 et 1988).

9.2 Routes

Les infrastructures qui supportent les routes cantonales telles que les ponts, les murs, les ouvrages de protection sont importants, déterminant ainsi un impact important sur le paysage de la région.

Le réseau de chemins d'améliorations foncières (AF) a une grande importance dans l'exploitation d'un alpage. A l'exception des parcours peu fréquentés et en faible pente, il est courant de recourir à un revêtement d'asphalte ou de béton qui garantit la durabilité du chemin. Les pouvoirs publics peuvent subventionner les travaux de construction, mais ils ne participent pas aux frais d'entretien (Vaignières G., 1980). En ce qui concerne les routes sur le territoire de la réserve, elles sont pour la plupart non-goudronnées, sauf sur une distance de 500 mètres.

Le réseau routier de la région compte aussi des chemins construits et entretenus par la Société des forces motrices de l'Hongrin

9.3 Chemin de fer Montreux- Oberland bernois Le 16 avril 1898, l'assemblée fédérale a accordé la concession pour la construction d'un chemin de fer à traction électrique de Montreux à Montbovon, suivie par une deuxième concession du 22 décembre 1899 pour le tronçon Montbovon- Zweisimmen. La construction du MOB commence en avril 1900 et termine en 1912, reliant ainsi Montreux et La Lenk grâce à 75 km de voie, 62 ponts d'une longueur totale de 1219 m et 20 tunnels et galeries d'une longueur totale de 4778 m (Recordon E., 2000). L'impact sur le paysage est donc important.

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9.4 Agriculture L'impact sur la flore d'un élevage extensif est très limité et dépend à la fois des conditions naturelles, de la fumure, du mode d'exploitation et de l'entretien du pâturage. Les impacts principaux sont du côté des voies d'accès aux alpages. Si le chemin carrossable se révèle techniquement ou économiquement trop exigent, on peut recourir à un transporteur aérien par câbles. Plusieurs téléphériques de ce genre ont été installés au Pays-d'Enhaut, notamment dans la vallée de l'Etivaz. L'impact sur le paysage et sur les milieux naturels d'un tel ouvrage est inférieur par rapport aux chemins alpestres.

Comme on l’a vu au point 9.1, l'agriculture peut déterminer des problèmes locaux dans la qualité de l'eau. Il s'agit en particulier de problèmes déterminés par les engrais et les pesticides, les fosses à purin.

9.5 Installations touristiques Les sports d'hiver Au cours des années '90, on assiste au remplacement et à l'amélioration des installations anciennes, multipliant la capacité de transport. Les installations de remontée ont un impact important sur le paysage, en particulier les pylônes de support, les stations de départ et d'arrivée, les places de stationnement, l'aménagement des pistes, ou encore les dispositifs anti-avalanches.

Le faible enneigement incite les stations de ski à entreprendre de travaux pour assurer un déroulement normal de la saison, en équipant les pistes de canons à neige. Cette solution technique implique un certain nombre de mesures d'accompagnement telles que le nivellement des pistes et la création d'infrastructures pour le support en eau et énergie.8 "Grâce à l'enneigement artificiel du bas de nos pistes au moyen de 24 canons à neige de la dernière génération, vous profitez de conditions optimales durant toute la saison." (Téléphérique Rougemont Videmanette S.A9).

En ce qui concerne le ski sauvage, il est un élément de dérangement important pour le tétras, le chamois et autres espèces alpines. Il est en outre à l'origine d'un certain nombre de dégâts sur la forêt d'arolles et de mélèzes.10 La zone de la Pierreuse est peu concernée par ce problème, vu les dangers d'avalanches. Les pressions se limitent à la région de La Braye et dans une moindre mesure au fond de la Vallée de l'Etivaz, en particulier le long de la descente depuis le col d'Isenau (Econat, 1986).

8 Département fédéral de l'intérieur, Modifications du paysage en faveur de la pratique du ski, OCFIM, Berne, 1991 9 http://www.videmanette.ch 10 Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage, Le ski hors-piste, Problèmes et actions , OCFIM, Berne, 1987

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Sports d'eau vive Les descentes en rafting concernent souvent les tronçons les mieux conservés des rivières. Le paysage alluvial est caractérisé par une morphologie dynamique et une végétation variée. Ce milieu très fragile offre refuge à une faune qui est sensible à ce type de dérangements.

Sports aériens Les nouvelles pratiques touristiques liées aux sports aériens tel que le parapente ou le delta déterminent un certain impact sur l'environnement. Pour cette raison une convention a été signe avec entre les milieux de conservation de la nature et les sociétés qui donnent la possibilité de pratiquer ces disciplines.

Le VTT Le VTT est un nouveau sport à la mode depuis une décennie. Les conflits en relation avec cette activité sportive sont nombreux, en particulier avec les promeneurs, les agriculteurs et la protection de la nature. Pour ce dernier, il faut signaler que les roues à crampons arrachent la couverture végétale et détermine une accentuation du phénomène d'érosion du sol.

Chemins pédestres Augmentation de la fréquentation des chemins pédestres engendre des nuisances au niveau du dérangement de la faune et de la pollution. Les chamois et les bouquetins sont chassé des terrains découverts vers la forêt. "Mais la forêt où ils se réfugient offre à bon nombre d'animaux une nourriture moins appropriée que les prairies de montagne. Et la forêt pâtit elle aussi de cette situation: plus les animaux y séjournent longtemps, plus ils occasionnent de dégâts aux jeunes arbres par leurs morsures" (OFEFP, 1996)

9.6 Armée Le conflit principal lié aux activités militaires est donné par la localisation des places de tir, situées dans des régions où le gibier est abondant (Girard, 1986). Elles sont en outre en conflit avec l'exploitation touristique du territoire. En ce qui concerne la place de tir de la Videman – sur Combe, elle n'est plus utilisée aujourd'hui. Mais la présence de cette place d'armes a joué un rôle important dans l'aménagement du territoire de la région "D'autre part, si le vallon des Ciernes-Picat, par endroits soumis aux avalanches, n'offre que des perspectives réduites, les territoires sis entre les Monts Chevreuils et le lac de l'Hongrin permettraient d'étendre à la fois les champs de ski et les quartiers de maisons de vacances. Malheureusement, la présence d'une gigantesque place d'armes laisse mal augurer de l'attrait des lieux, même si les tirs durent que quelques mois par an, au printemps et en automne" (Bridel L., 1970, p. 126) En ce qui concerne la place d'armes du Petit Hongrin, on est en présence encore aujourd'hui d'un certain nombre de conflits avec la protection des milieux naturels. La Place de tir a une surface de 3000 ha de propriété de la Confédération et s'étend sur 4 communes: Corbeyrier, Château-d’Oex, Villeneuve et Ormont-Dessous. Elle est occupée 25-40 semaines par année et dispose d'infrastructures importantes: cantonnements divers pour 5 compagnies, une route centrale bétonnée sur toute la longueur, terrasses de tir, cibles automatiques diverses pour chars et infanterie,… Dans la place de tir sont comprises des zones sous protection: les bas-marais des Grandes

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Charbonnières, des Anteinettes d’en Haut, de Tourbière à l’ouest de La Lécherette, de Gros Pâquier et les haut-marais de Tourbière à l’est de La Lécherette et de La Barme.11

C. Des propositions pour la conservation de la nature au Pays-d'Enhaut

10. Bilan et propositions de travail

10.1 Bilan Les études menées dans le cadre du projet de recherche MAB ont une grande importance dans la prise de conscience des relations entre nature, activités économiques et aménagement du territoire. Dans une certaine mesure, cette connaissance n'a pas été mise en valeur par la suite. En effet, les rapports MAB ont été déposés dans les magasins des bibliothèques cantonales et les recherches dans les domaines peu étudiés ont été rarissimes. Même au niveau de travail de diplôme, les travaux sont très peu nombreux, fait étrange si nous considérons que la Pierreuse constitue une des réserves plus importantes de la Suisse Romande.

Certains domaines ont été bien étudiés, en particulier la botanique et la géologie de la région. D'autres domaines sont par contre peu considérés, tel que l'étude des bouquetins et d'autres mammifères, des insectes, ou l'impact de l'exploitation des ressources en eau de la région. On pourrait aussi mieux exploiter les recherches menées dans le projet MAB-Pays-d'Enhaut, par exemple en étudiant les influences des mesures de protection au Pays-d'Enhaut sur le milieu naturel, la forêt, sur l'économie ou sur les orientations politiques de la région. On pourrait ainsi mieux définir les particularités naturelles et humaines du Pays-d'Enhaut. Pour essayer de remplir ce vide, une solution serait de proposer ces sujets comme travaux de diplôme pour les étudiants des universités romandes.

Ces problèmes ne se rencontrent pas seulement au niveau de travaux scientifiques, mais aussi au niveau de vulgarisation. En particulier, les organisations locales comme la bibliothèque du Pays-d'Enhaut ou le Musée du Vieux Pays-d'Enhaut n'ont aucune documentation relative à la réserve naturelle ni une note historique sur une réserve dont le but est aussi de préserver les valeurs anthropiques et culturelles du paysage.

11 Pour d'autres informations: www.pronatura-vaud.ch, www.admin.ch/brp

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10.2 Propositions de travail: Agriculture et forêts

° "Sans ses paysans, que deviendraient les Alpes? Un parc national sans beaucoup d'intérêt, voué de plus à une dégradation rapide." (Quartier C., 1980, p.216). Le modèle de développement pour l'agriculture du Pays-d'Enhaut. Convergences d'intérêt et conflits avec la protection de la nature et le tourisme. ° "Pour une politique agraire, il est donc déterminant de savoir quels objectifs l'on entend privilégier. Veut-on une agriculture productive, rentable, faite d'unités viables? C'est en quelque sorte la voie suivie jusqu'ici. Veut-on une agriculture respectueuse des règles écologiques (...) sans provoquer des surproductions?" (Rapport MAB 9, 1985, p. 87) Le développement des synergies entre agriculture de montagne, tourisme doux et milieu naturel. Cette région compte de bons exemples d'intégration entre agriculture et tourisme, comme par exemple les "sentiers du fromage". Bilan et prospectives de ces initiatives. ° Évolution de l'économie forestière au Pays-d'Enhaut et prospectives pour le marché du bois.

10.3 Propositions de travail: Aménagement du territoire et politique régionale

° Le régime hydrologique des cours d'eau et la qualité de l'eau: conséquences sur le milieu naturel de l'exploitation des ressources en eau. ° Impact des réserves sur l'économie régionale. Bilan intermédiaire de la politique de protection de la nature dans le Pays-d'Enhaut. ° "A première vue, quand on regarde le nombre de projets non réalisés du programme, l'effet de ce dernier sur le développement de la région peut sembler très faible, voire inexistant. Pourtant, la visite sur le terrain, indispensable pour mieux comprendre les problèmes, permet de découvrir des dimensions qui ne sont pas contenues dans la masse de rapports plus ou moins indigestes à la lecture. Ainsi, nous avons découvert sur place que l'essentiel des mérites de ce programme ne se traduit pas dans les statistiques." (Fino D., 1988). Comment résoudre cette difficulté d'appréciation statistique des programmes de développement? ° Quel est l'état de la question concernant la réserve de biosphère au Pays-d'Enhaut? Quel est l'impact sur l'économie, le tourisme et sur l'agriculture d'une réserve de biosphère? Quelle a été l'expérience des autres réserves de biosphère suisses?

10.4 Propositions de travail: Botanique

° Étudier l'évolution de la végétation dans les milieux les plus dynamiques tels que les anciens pâturages à l'abandon, les plaines alluviales ou les éboulis. Impact de cette évolution sur le paysage. ° Impact du ski hors piste sur le milieu naturel. Impact sur le paysage et sur le milieu naturel de l'enneigement artificiel.

10.5 Propositions de travail: Faune

° Impact sur les espèces sensibles (ongulés en particulier) des sports en plein air. Impact des autres activités sportives comme le VTT. Comment concilier valeur ludique et valeur naturelle du milieu? ° Présence de bioindicateurs et leur relation avec la gestion forestière.

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° La gestion de la colonie de bouquetins en relation avec l'absence de prédateurs. Déterminer les aspects comportementaux et une carte d'ensemble. ° Les auteurs recommandent des études faunistiques dans le cadre de travail de diplôme en biologie, notamment sur les sujets peu considérés jusqu'à maintenant: insectes, amphibiens et les reptiles.

10.6 Propositions de travail: Gestion et communication

° "Nos réserves vaudoises qui sont de dimensions fort modestes demandent avant tout un aménagement de leur périphérie. Comment la faune, pour ne citer qu'un exemple, pourrait-elle se maintenir dans un site naturel, même protégé, si ce dernier est entouré de régions trop perturbées par l'homme? La vigilance la plus stricte s'impose donc." (Manuel F., 1966) Projets futurs pour élargir la réserve, en particulier du versant de Rougemont, point faible de l'ensemble. ° "En conclusion, disons que tous nos prochains efforts tendront à réduire la disparité des statuts de la réserve. C'est nécessaire, car cette disparité rend difficile l'application des conceptions de la Ligue et du règlement de la réserve" (LSPN, 1963). Quel est l'état de cette question? ° L'impact des zones protégées sur l'économie régionale. Comment évaluer la perte économique liée à la réserve naturelle? Comment considérer la valeur écologique dans le domaine économique? ° Quels moyens d'information adopter pour la Pierreuse? Comment communiquer les bienfaits de la protection de la nature dans la région? Comment améliorer l'information sur la Pierreuse auprès de la population et des visiteurs?

10.7 Propositions de travail: Tourisme

° "A chaque activité correspondent des nuisances et des problèmes particuliers: dynamitage des rochers sur les pistes de ski, équipement des parois pour l'assurage des grimpeurs, abattage d'arbres dans une gorge sauvage pour un parcours de canyoning, destruction de prairies maigres pour la création d'un golf ou encore dégâts aux forêts et dérangement de la faune sauvage par le ski hors-piste ou le parapente" (Manuel de protection de la nature en Suisse, Pro Natura, 1997). Impacts des sports d'hivers et des installations sportives. ° "Les ronflements des moteurs, les odeurs d'essence s'uniraient aux boîtes de conserves, papiers, et autres détritus dans un effort conjugué de banalisation. Déjà, les touristes amenés là en jeep ont commencé à paver de boîtes de conserves éventrées le fond du Gour de la Plane; la limpidité de l'eau laisse tout loisir de les contempler." (L.M.H., Journal de Château-d'Oex, 24.05.1955). Comment sensibiliser le visiteur occasionnel d'une réserve naturelle? ° "Je pense qu'il n'est pas exagéré de dire que l'exploitation du télécabine Rougemont- Videmanette est une catastrophe pour la réserve. Chaque jour de beau temps, c'est une invasion de gens qui crient, youtzent, cueillent des fleurs en masse. J'ai entendu jouer du cor des Alpes, j'ai assisté, muet, à la cueillette des edelweiss au Rocher Plat, j'ai subi les postes de radio à transistors. Ca va nous changer les chamois! A mon sens, il n'y a qu'un seul remède: la canalisation des humains." (François Manuel, Rapport d'activité de la commission vaudoise pour la Protection de la Nature pour l'année 1960, Bull. Soc. Vaud. Sciences Naturelles, 1961). La problématique de la surveillance de la réserve concerne en particulier la sensibilisation du visiteur sur les milieux naturels qu'il traverse. En ce sens, l'expérience du projet "Expo.02 Ranger" pourrait être utile pour évaluer

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l'importance d'une campagne de sensibilisation. On pourrait aussi considérer l'éventualité d'affecter un civiliste pendant la haute saison touristique à cette tache. ° Le balisage est "à renforcer avec des panneaux explicatifs sur les buts de la réserve naturelle et du district franc. En particulier la Videmanette. L'interdiction des chiens doit être indiquée au départ des chemins: Gérignoz, Videmanette" (Econat, 1986, p. 23) La distribution morcelée de la réserve crée en ce sens de problèmes de signalisation. ° Évolution des flux et des profils des visiteurs de la réserve. Conformité de ces flux avec les buts de protection de la nature. "Le visiteur consommerait la nature au même titre que n'importe quel autre bien. Il serait de même intéressant d'étudier les aspects pédagogiques des zones protégées. Permettent-elles une meilleure compréhension du milieu naturel et par là-même l'établissement d'un rapport plus équitable entre l'homme et la nature? Ou ne sont-elles qu'un musée, vestige d'un passé où la nature était libre de toute influence humaine? Les études futures nous apporteront peut-être quelques réponses à ces questions." (Gétaz D., Virchaux J.-L., Walz T., 1983). ° "L'avenir de Château-d'Oex ne peut se concevoir aujourd'hui que par une collaboration avec Gstaad et avec les Mosses, en souhaitant que l'aménagement des rives du charmant lac de l'Hongrin s'avère possible" (Bridel L. , 1970, p.126). Évolution future de la politique de promotion touristique en fonction des changements de la demande touristique. Quelles seront les conséquences sur la réserve de la Pierreuse? ° Est-ce que les Offices du tourisme concernés ont tenu en considération les études de l'Unité d'Enseignement et de Recherche en Tourisme (UERT) de l'Université de Lausanne?

10.8 Propositions de travail: Changements climatiques

Secteur Probabilité Implications d'occurrence Limite inférieure de la neige +300 à forte Préalpes et Jura: tourisme, surtout +500 m moyenne celui hivernal Durée de l'enneigement –20% à –40% Régime hydrologique: plus moyenne Environnement, ressources en eau d'écoulements hivernaux Systèmes aquifères faible Ressources en eau, Sécheresse moyenne approvisionnement, agriculture Tempêtes estivales-grêle moyenne Bâtiments, biens, économies agricole Tempêtes hivernales faible et forestière Forêts Modification de la productivité - non adaptées à leur milieu: 25-30% moyenne agricole, augmentation des fonctions plus 5-30% futurs incertaine protectrices - Accroissement de la biomasse faible - Limite supérieure +100 à +300 m ‡ Vu d'ensemble des impacts des changements climatiques pour la Suisse selon le Rapport final PNR 31 (horizon 2030-2050)

Milieu naturel Les effets des changements climatiques sur le milieu naturel et sur la végétation en particulier. Les surfaces forestières peu naturelles sont les plus sensibles aux modifications des conditions environnementales: en effet, elles ont une capacité d'adaptation inférieure à celle des forêts proches des conditions naturelles. Aux conditions climatiques actuelles, 25-30% de tous les points de l'inventaire forestier

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national sont loin des conditions naturelles. Avec un réchauffement de 2˘C, les surfaces forestières qui ne sont pas adaptées à leur milieu pourront augmenter de 5 à 30 %, impliquant une sensibilité plus marquée aux maladies.

Agriculture Impact sur l'agriculture du Pays-d'Enhaut de la politique agricole suisse et mondiale, à la lumière des changements climatiques définis par le Programme de recherche nationale 31 (Bader S., Kunz P., 1998).

Tourisme Un réchauffement de 0.6 à 1˘C d'ici 2030-2050, aura comme conséquence une élévation de la limite de la neige de 100 m et une réduction de la durée d'enneigement de 20% à 40%. Les domaines skiables situés entre 800 et 1500 m seront particulièrement touchés. En ce qui concerne les Alpes vaudoises et fribourgeoises, on compte au total 19 domaines skiables. Aujourd'hui, le nombre de domaines qui peuvent compter sur un enneigement statistiquement assuré est de 16 (84% du total). A l'avenir, l'enneigement sera assuré seulement dans 7 domaines si on prend en considération un réchauffement de 2˘C.

‡ Station hivernales menacées avec un rehaussement de 3˘C (Messerli P., Tourismusentwicklung in einer unsicheren Umwelt, Orientierungspunkte zur Entwicklung angemesseren Strategien, Die Volkswirtschaft, n.ro 12, 1990)

Les stations du Pays-d'Enhaut se trouvent dans ce cadre de figure: selon la typologie présentée par Messerli (1990), les stations de la région seraient menacées par un manque d'enneigement. L'offre touristique d'hiver pourra ainsi se réduire fortement pour laisser place à une offre alternative. Mais quelles alternatives adopter? Quelles stratégies définir pour le développement touristique à long terme?

11. Conclusion

La conception et le développement d'un inventaire sur la Pierreuse ont donné la possibilité d'établir un état de lieu des connaissances scientifiques de la région. Elle a aussi permis de mettre en évidence les lacunes dans certains domaines. L'ensemble des recherches atteste l'importance des collectivités publiques, en particulier du canton,

26 Réserve de la Pierreuse, Inventaire et recherche dans le domaine de la protection de la nature

dans l'évolution et le développement de la région du Pays-d'Enhaut. Elles ont joué aussi un rôle essentiel dans le processus de constitution de la réserve de la Pierreuse, permettant ainsi de préserver un site écologiquement sous pression.

12. Sources

12.1 Ouvrages généraux • Bader S., Kunz P., Climat et risques naturels, La Suisse en mouvement, Rapport final PNR 31, Hochschulverlag Zürich, Georg Genève, 1998 • Collectif, Guide du naturaliste dans les Alpes, Delachaux et Niestlé, Lausanne 1989 • Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage, L'environnement en Suisse, OFEFP, Berne, 1997 • Pro Natura, Manuel de protection de la nature en Suisse, Delachaux et Niestlé, Lausanne, 1997 • Pro Natura, Guide des milieux naturels de Suisse, Ecologie, Menaces, Espèces caractéristiques, Delachaux et Niestlé, Lausanne, 1998 • Spreafico M., Weingartner R., Leibundgut C., Atlas Hydrologique de la Suisse, Berne, Service Hydrologique et Géologique National, 1992 • Touyre P., Le monde secret du sol, De la roche-mère à l'humus, Delachaux et Niestlé, Lausanne, 2001

12.2 Internet < www.pronatura-vaud.ch - Infos minimalistes sur la réserve de la Pierreuse accompagnées de quelques photos < www.botanique.vd.ch - Musée et Jardins Botaniques Cantonaux < www.unesco.org/mab - Documentation sur les projets Man and Biosphere < home.datacomm.ch/rcorti/schede - Infos sur la flore alpine < www.geoplanet.vd.ch - Données géographiques sur le canton < www.wsl.ch - Swiss web flora < www.cjb.unige.ch/rsf - Centre du réseau suisse de floristique < www.cps-skew.ch - Commission suisse pour la conservation des plantes sauvage < www.patrimoine-vd.ch - Association pour le patrimoine naturel et culturel du canton de Vaud < http://www.admin.ch/brp/deutsch/index.html – Office fédéral de l'aménagement du territoire

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13. Annexes

13.1 Le modèle pour les fiches

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13.2 Le modèle pour l'impression

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13.3 Le modèle pour une présentation sous forme de tableau

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13.4 Adresses utiles

• Centre de conservation de la faune et de la nature, Ch. du Marquisat 1, 1025 St- Sulpice, 021/694.82.60 • Responsable de la réserve: Philippe Morier-Genoud, 1836 Rossinière, 026/924.57.23 • Association pour le développement du Pays-d'Enhaut, Margot F., La Ray, 1660 Château-d'Oex, 026/9247280, www.pays-denhaut.ch • Musée du Vieux Pays-d'Enhaut, les Bossons, 1837 Château-d'Oex, 026/9246914 • Services Romand de vulgarisation agricole (SRVA), av. des Jordils 1, 1006 Lausanne, Tel 021 619 44 00. En particulier: Evelyne Marendaz Guignet, 21/619.44.57, Protection des eaux- environnement • Bibliothèque la section de biologie, UNIL, Bâtiment de Biologie, 1015 Lausanne • Bibliothèque Sciences de la Terre, BFSH-2, 1015 Lausanne • Institut de Géographie de l'Université de Lausanne (IGUL), BFSH II, 1015 • Musée et parc botanique (MUBO), av. de Cour 14bis, 1007 Lausanne • Musée cantonal de Zoologie, pl. de la Riponne 6, 1000 Lausanne 17 • Bibliothèque du Pays-d'Enhaut, rte. Villa d'Oex, 1837 Château-d'Oex • Institut d'économie rurale, IER-Antenne romande, GR-Ecublens, 1015 Lausanne, 021 693 57 11 [email protected] • Service des eaux, sols et assainissement, 10 rue du Valentin, 1014 Lausanne, 021 316 75 00, [email protected] • OT, la Place, 1837 Château-d'Oex, 026/9242525, www.château-doex.ch • OT Rougemont, www.rougemont.ch • Téléphérique Rougemont Videmanette S.A http://www.videmanette.ch • Télé-Château-d'Oex SA www.telechateaudoex.ch • Archives de la ville de Lausanne, Maupas 47, case postale, 1000 Lausanne 9, www.lausanne.ch/archives , 021/624.43.55 • WWF VD, Quai Maria-Belgia 8, CP, 1800 Vevey, 021/923.67.97

14. Remerciements

Je remercie toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation de ce travail. Je remercie en particulier Mons. Philippe Morier-Genoud, Mons. François Margot et Mons. Philippe Gmür pour la disponibilité et les précieux conseils qu’ils ont su me donner.

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