La formation à distance au : Enjeux et perspectives

UNIVERSITE DE ROUEN

UFR de Sociologie, de Psychologie et de Sciences de l’Education

Laboratoire CIVIIC

Discipline : Sciences de l’Education

THÈSE

Pour obtenir le grade de docteur de l’Université de Rouen

Présentée et soutenue publiquement par :

OBONO MBA Anasthasie (épouse ESSONO MVÉ)

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LA FORMATION À DISTANCE AU GABON. ENJEUX ET PERSPECTIVES

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Directeur de thèse

Jacques WALLET, Professeur des universités, Université de Rouen

16 mai 2008

Jury

Membres

Alain Jaillet, Professeur des universités, Université Louis Pasteur de Strasbourg 1, Ambroise Edou Minko, Directeur Général, Ecole Normale Supérieure de Georges-Louis Baron, Professeur des universités, Université Paris V

1 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Remerciements Cette thèse est le résultat de l’engagement de plusieurs personnes qui ont décidé de m’accompagner résolument dans cet exaltant parcours. Arrivée aujourd’hui à la fin de cette aventure, je voudrais profiter de cet espace pour remercier, en tâchant de n’oublier personne, les différents maillons qui ont contribué à la réussite et au bon déroulement de ces travaux.

Je dois mes premiers remerciements à Georges Louis Baron, Professeur de sciences de l'éducation à l’Université René Descartes - Paris 5, directeur de mon mémoire de DEA. Il a été la première personne, en répondant positivement, en 2001, à mon courriel lui demandant de diriger mon mémoire, à me faire croire que je pouvais migrer vers une culture de chercheur. Je voudrais aussi remercier Jean Houssaye, Directeur du laboratoire Centre Interdisciplinaire sur les valeurs, les idées, les identités et les compétences en éducation et en formation (CIVIIC) de l’UFR Sociologie, Psychologie et Sciences de l’éducation de l’Université de Rouen et aux membres dudit laboratoire pour m’avoir accueilli pour mes recherches.

Je voudrais également rendre un hommage mérité à l’École Normale Supérieure de Libreville en l’occurrence à Monsieur Ambroise Edou Minko, Directeur Général de cette institution, Madame Marie Rose Ova, Directrice des Études, Monsieur Guindo Boureima, Responsable du laboratoire de psychopédagogie (LAPPED), Monsieur Sambo Da Silva, Monsieur Nzé Galedi, Madame Olga Zémo, Madame Yvette Moussounda, Madame Colette Mekui, Monsieur Agbaje, Monsieur Guy Engozogho.

Merci à mon mari Joseph Essono Mvé pour son affection, pour les rêves partagés et pour tout ce qui ne s’écrit pas ici mais qui s’adjoint à son action. Merci à mes enfants, Reine Stella Oye Moto, Ivanoff Sidney Mba Moto, Josèphe Laetitia Ada Essono, Ulrich Wilfried Ossene Essono, Grâce Priscilla Nsa Essono, Louise Prunella Cheyronne Bindang Essono, à ma petite fille Amanda Falhone Obono Mba, mon petit fils Axcel Aimé Essono, dont le soutien inaltérable et l’infatigable amour me portaient alors que,

2 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives parfois, je ne me supportais plus et allais abandonner. Toujours présents pour m’encourager malgré la distance, je tiens particulièrement à remercier mon grand frère Alexis Moto Mba ainsi que mon cousin Faustin Mintsa Zué pour leur présence affective, leurs encouragements, leur éclairage que j’ai pu trouver, même lorsque toutes les autres lumières étaient éteintes. Merci à mes parents, feu Thomas Mba Moto et feue Clémentine Ada Ondo, pour leur support affectif et la confiance qu’ils ont su m’accorder à réussir sur des routes inexplorées. La liste ne sera pas complète si j’omettais celui qui est un peu à l’origine de cet œuvre, mon ami Dieudonné Obiang Ayemfegue, pour m’avoir permis de défricher plus grand que nature en m’inscrivant, en 1994, en année de maîtrise d’Histoire à l’Université de Poitiers.

Une aventure humaine ! Ces quelques années de "dur labeur" ont été l’occasion de belles rencontres avec lesquelles j’ai partagé des moments de liesse et de doute. Papa Youga Dieng, Raymond Awokou Kokou, Zeng Obame, Bernard Metogo Owono, Innocent Ouedraogo, Roger Obame, Didier Ndong Obiang, Marie Thérèse Nguéma (épouse Landon) ……Merci à tous.

Enfin, je tiens à exprimer ici mes sincères remerciements à Jacques Wallet, Professeur des universités à l'Université de Rouen, département des Sciences de l'éducation, pour avoir accepter de diriger cette recherche au sein du laboratoire CIVIIC, pari osé et risqué. Certes, il nous aurait fallu un peu de temps avant d’arriver à nous comprendre, mais aujourd’hui, Monsieur Wallet, comme je me plais à l’appeler, je vous remercie pour votre généreuse contribution. Je ne compte plus le temps que vous m’avez donné à m’expliquer encore et encore tel ou tel concept. Votre façon de me retourner vers moi-même, de me remettre la maîtrise de ma recherche, de me laisser prendre des décisions et faire des choix, m’a toujours surpris, dérouté et m’a finalement fortifié. Votre enseignement en est un d’autonomie, d’humilité et de rigueur. J’ai appris, dans ma relation et mon travail avec vous, à développer une rigueur mieux ajustée aux pratiques actuelles de la recherche et une plus grande conscience de mes limites. Vos interventions m’ont toujours semblé teintées d’une affection sans borne, non seulement pour moi, mais aussi pour le genre humain.

3 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

C itations

"C eux qui osent l’ignorent la

plupart du temps. Oser est un "Il vaut mieux être dans le verbe à l’usage des témoins ; le dernier wagon que de ne pas héros ne dira jamais : « je vais monter du tout dans le train" oser l’affronter », c’est l’observateur qui le constatera " Abdoulaye Wade Pierre Bellemare

Ceci est une dédicace .

AAA AAA

Celui qui m’a inculqué le sens de la Celle qui a su déceler à temps la relation causale entre la vie en me rappelant que la volonté fait toujours les grands hommes... persévérance dans mes études et mon épanouissement personnel. C’est de lui que j’ai hérité d’un bien précieux : la persévérance et l’amour Celle qui a tout sacrifié pour du travail. m’aider à réaliser "Notre rê ve

commun" : la réussite de mes études.

Mon père, Ma mère, feu Thomas Mba Moto feue Clémentine Ada Ondo

4 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Résumé

L’attention croissante portée aux technologies numériques, présentées aujourd’hui à la fois comme un "facteur" (par l’outillage), une "contrainte" (par leur caractère inéluctable) et une "opportunité" de développement, oblige nombre d’institutions d’enseignement et de formation à mieux répondre aux attentes des populations, en leur offrant des dispositifs de formation adaptés à cette nouvelle donne et intégrant les nouvelles possibilités de transmission des connaissances. Le Gabon, malgré les nombreux atouts dont il dispose, figure parmi les rares pays d’Afrique qui hésitent encore à adopter la formation à distance (FAD) comme mode privilégié d'enseignement et l'utilisation des TIC dans ce mode d'enseignement. L’un des reproches le plus souvent fait au système éducatif gabonais est de ne pas pouvoir répondre aux demandes venant du marché du travail. Un monde du travail qui connaît également la même désillusion car, un regard systémique sur les modalités de formation en vigueur permet de constater qu’il n’y a pas, à l’heure actuelle, de politique nationale clairement définie en matière de formation permanente des travailleurs et le pays ne semble pas jusque là disposer de ressources ou de volonté politique nécessaires pour atteindre cet objectif. Cette situation est porteuse d’un risque de marginalisation certain au niveau international. La présente recherche de thèse formule le projet de mieux comprendre la situation de la FAD au Gabon et d’en proposer des pistes pour que ce mode de formation y prenne son essor et devienne une des clés du renouveau économique du pays.

5 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Abstract The growing attention to digital technology presented today as a "factor" (for equipment), a "constraint" (by their inevitability), and an "opportunity" for development, has forced many educational and training institutions to better meet the expectations of the people, by offering them training arrangements adapted to incorporating new methods of knowledge transmission. Gabon, despite the many advantages available to ICT is among the few countries in Africa that are still reluctant to adopt long distance learning (FAD) as a preferred mode of teaching and the use of ICT in this mode of teaching. Forty eight years after the independence (1960), one of the criticism mostly made in said educational system is not to be able to answer the coming demands some labour market. A world of the work which also knows the same disappointment because, a systematic glance on the modalities of formation(training) current allows to notice that there is, at the moment, no national politics(policy) clearly defined in continuing education of the workers and the country does not seem to arrange resources or political will necessities there to reach(affect) this objective. This situation carries a certain risk of marginalization at the international level. This formula thesis research project helps to better understand the situation of FAD in Gabon and proposes ways to ensure that this type of training will really take off and become key to the country's economic revival.

6 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

INTRODUCTION GÉNÉRALE

Notre siècle connaît l’essor d’une des plus prodigieuses étapes de l’histoire de l’humanité. Une révolution scientifique et technique dont il faut apprécier l’importance et qui reste fondée sur une nouvelle étape de la connaissance du monde par l’homme : la maîtrise et la reproduction artificielle des processus de direction, de commande et de l’information qui les représente. Cette révolution est si considérable, disent les spécialistes, qu'elle est comparable aux deux autres, qui ont profondément marqué l'histoire humaine et ont amené de véritables bonds de civilisations, à savoir l'avènement de l'alphabet et de l'imprimerie. Pour Manuel Castells (1998, pp. 53-54), « c’est la technologie de l’information qui est à cette révolution ce que les nouvelles sources d’énergie ont été aux révolutions industrielles successives de la machine à vapeur et l’électricité, puis aux carburants fossiles, et mieux à l’énergie » 1. En effet, en permettant de coder tout type d’information sous forme binaire de 1 et de 0, le numérique a dématérialisé l’information, tout en multipliant les possibilités de ses traitements. En permettant l’accès à distance, via des ordinateurs connectés entre eux, les réseaux ont ensuite délocalisé l’information, faisant voler en éclats la notion de support, de lieu de conservation et de stockage des informations numériques. Aujourd’hui, nous sommes de ceux qui partagent résolument l’idée que cette révolution, a déjà eu un effet, et va certainement continuer à en avoir sur la façon dont les gens vivent, apprennent, travaillent ou l'idée qu'ils ont de leur travail, un peu partout dans le monde.

Derrière cette opinion personnelle se dessine une autre conviction : la prise de conscience de cette révolution est obligatoire, et aucune administration, aucun corps de métier, aucune institution ne peut plus en faire l’économie. Les potentialités de la double révolution du numérique et des réseaux sont désormais prises au sérieux par la quasi totalité des secteurs des sociétés contemporaines. L’heure n’est plus aux joutes entre les partisans de la révolution numérique et leurs détracteurs. Les interrogations sur la pertinence et l’utilité des technologies numériques et de réseau ont laissé la place aux

1 Castells Manuel (1998). La société en réseaux , Paris, Fayard.

7 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives questionnements sur la manière d’organiser le monde avec ces technologies. La particularité de cette double révolution est de générer la révolution de la communication, qui s'étend à toutes les régions du globe, donnant naissance à une société mondiale de l'information 2 (souvent qualifiée de "société informationnelle" vu le rôle qu’y joue l’information) qui, aujourd’hui, est en train de devenir une véritable société fondée sur le savoir et les qualifications (knowledge society).

Au cours des dix dernières années, ces nouvelles technologies de l’information et de la communication (que dans la suite du texte, nous abrégerons en «nouvelles technologies», « TIC» ou « TICE 3 » ont, avec un rythme timide mais régulier, gagné les pays au sud du Sahara et, aujourd’hui, le secteur est en passe de devenir un véritable enjeu de développement social, économique et culturel pour ces pays. Mais, contrairement à ce à quoi on pouvait s’attendre, cette diffusion des nouvelles technologies et la mondialisation qui l’a générée sont l’objet de fortes inquiétudes dans la sous région. Les exemples des "grands" pays industrialisés sont d’ailleurs là pour susciter ce sentiment d’inquiétude. En Europe, par exemple, le cours d’accroissement du chômage est en relation étroite avec la restructuration des entreprises pour adapter celles-ci aux exigences de la mondialisation. Selon la Commission européenne, qui s'appuie sur les rapports 4 de sa Fondation pour l'amélioration des conditions de vie et de travail (Eurofound), les délocalisations représentent entre 7 à 8% de l'ensemble des restructurations qui touchent les pays de l'UE. «Les effets de la mondialisation peuvent être d'autant plus durement ressentis que les bénéfices en sont diffus, difficilement perceptibles alors que ses effets négatifs sont visibles, immédiats et entraînent des drames humains», explique Fernando Vásquez, le chef adjoint de l'Unité Restructuration de la Commission européenne.

2 Manuel Castells préfère le terme « société informationnelle » à celui de « société de l’information » (il fait ainsi la comparaison avec la différence entre « industrie » et « industriel »). Selon lui, si la connaissance et l’information sont des éléments décisifs dans tous les modes de développement, alors le terme "informationnel" caractérise une forme particulière d’organisation sociale, dans laquelle la création, le traitement et la transmission de l’information deviennent les sources premières de la productivité et du pouvoir, en raison des nouvelles conditions technologiques apparaissant dans cette période historique-ci. 3 TICE est l'acronyme de technologies de l'information et de la communication pour l'éducation. Ce sigle recouvre les projets et les actions visant à introduire les nouvelles technologies dans le cadre de l'enseignement. 4 European Restructuring Monitor (ERM), publication trimestrielle de la Fondation européenne pour l'amélioration des conditions de vie et de travail (Eurofound). «Restructurations et emploi dans l'UE. Concepts, mesures et preuves».

8 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

En Afrique subsaharienne, la restructuration des entreprises du secteur public et parapublic, qui a entraîné la fermeture de certains établissements d’une part, le gel des recrutements dans la fonction publique de chaque Etat et les mesures d’allègement des effectifs d’autre part, a engendré une forte montée du chômage dans la plupart des pays. C’est ici, l’occasion de reprendre le titre de Michel Husson (2001) " la mondialisation capitaliste contre l’emploi ". Pour l’auteur, plutôt qu’à la convergence des performances productives postulée par le dogme néolibéral, les règles du jeu induites par la mondialisation conduisent en pratique à un effet d’éviction. Il écrit :

« Les producteurs moins compétitifs, non rentables, voient la nécessité sociale de leur travail niée au nom d’une norme située hors de leur portée. En résultent chômage et sous-emploi dans tous les secteurs qui ne réussissent pas à se hisser aux normes mondiales »5.

En fait, de nouvelles compétences sont requises par les entreprises, quelle que soit leur taille, engendrant de nouveaux besoins de formation en termes de niveau, de contenu et de qualité. L'aptitude de ces entreprises à répondre avec succès aux défis des confrontations économiques mondiales est ainsi désormais étroitement liée à la compétence et à l'adaptabilité de leurs salariés et donc à la capacité des systèmes de formation professionnelle, initiale et continue à évoluer en pleine adéquation avec leurs besoins de qualifications. Ainsi la gestion des compétences est au cœur de nouvelles conditions de productivité. Dans ce contexte, l'idée-force est qu’une société fondée sur la connaissance ne peut se concevoir sans une main-d'œuvre qualifiée et des citoyens ayant un niveau élevé de formation.

Cette idée ressort dans l’analyse présentée par le rapport de la Banque mondiale (2000) : « Les économies africaines devront compter non plus sur leurs ressources naturelles, mais sur la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée pour mettre fin à l’érosion de leur

5 Husson Michel (2001). La mondialisation capitaliste contre l’emploi, Le monde diplomatique, Archives 2001, Document téléchargeable à l’adresse : http://www.monde- diplomatique.fr/2001/09/HUSSON/15623 (consulté le 29 juillet 2007).

9 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives part des échanges internationaux et faire reculer la pauvreté »6. Education et formation sont donc plus que jamais essentielles. Pour cette raison, elles occupent aujourd'hui une place centrale pour relever le double défi auquel sont confrontés tous les pays, celui de la mondialisation à visage humain, qui veut concilier compétitivité sur les marchés mondiaux et garantie à tous les citoyens de l'accès à un emploi décent et de la pleine participation à la vie économique et sociale 7. Cette situation a cependant des répercussions différentes selon les pays. Dans les pays en développement comme le Gabon, les changements liés à la mondialisation ont entraîné l’apparition de nouveaux emplois, exigeant des compétences nouvelles et rendu de nombreux travailleurs et surtout les demandeurs d’emploi plus vulnérables. Ainsi, conscient de l’enjeu de la formation professionnelle sur le devenir de ses travailleurs désormais enclins à évoluer dans une économie ouverte à la concurrence, le gouvernement gabonais cherche, depuis quelques années, des alternatives pour se donner les moyens d'affronter ces défis, en mettant sur pied un ensemble d’interventions publiques. Ces interventions visent d’une part à favoriser une qualification accrue de la main d’œuvre jeune en vue d’accéder si possible à un marché du travail caractéristique d’une économie du savoir. Elles visent d’autre part à stimuler une re-qualification constante de la main-d’œuvre.

En effet, afin de rester compétitifs, les entreprises et l’Etat gabonais ont mis en place des programmes de formations avec des formateurs internes ou avec des organismes spécialisés. Cependant, de l’aveu de plusieurs spécialistes avisés et des médias, le marché gabonais de la formation professionnelle a déjà atteint ses limites. Ce système traditionnel avec ses nombreuses dépenses stériles et autres dérives financières, est devenu complexe (lourd et coûteux), voire obsolète au fil du temps et ne répond plus, ni à l’ampleur de la demande, ni à l’individualisation croissante des besoins en matière d’apprentissage et de savoir. Certains évoquent même la notion d'échec du système par son incapacité à former des travailleurs compétents. Or, l’expérience démontre à

6 Banque mondiale (2000). L’Afrique peut-elle revendiquer sa place dans le XXI ème siècle ? Résumé analytique téléchargeable à l’adresse : http://www.info.worldbank.org/etools/docs/library/94251/Sene_0303/Se_0303/africa_overview_fr.pdf (consulté le 4 octobre 2007). 7 Fourcade Bernard (2002). Mondialisation, compétitivité et développement des compétences, Document téléchargeable à l’adresse : http://www.univ-tlse1.fr/LIRHE/publications/notes/368-02.pdf (consulté le 29 juillet 2007).

10 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives l’évidence que l'avenir d'un pays passe nécessairement par la formation professionnelle des salariés. Corroboré par les littératures foisonnantes les plus autorisées, ce constat établit nettement que l’une des principales causes du sous développement des pays d’Afrique subsaharienne réside dans l’inadéquation entre la formation et l’emploi. Le Gabon n’échappe pas à cette réalité. Nous pouvons même, sans extrapolation, aller jusqu’à dire que plus qu’ailleurs, ce problème se pose au Gabon avec acuité. Le paradoxe est que, d’une part, il existe des entreprises en quête de compétences nécessaires pour leur développement et leur productivité et, d’autre part, chaque année, des centaines de jeunes diplômés sont versés sur le marché du travail sans pour autant trouver d’emploi. Ce phénomène s’explique en partie par le fait que les centres de formation professionnelle, chargés de les former, jouissent d'une réputation moins flatteuse auprès des entrepreneurs et des pouvoirs publics. Ces derniers leur reprochent un contenu des enseignements trop théorique et une formation pratique inadaptée aux besoins du marché du travail, trop souvent à cause d'une insuffisance chronique de moyens techniques mis à la disposition des apprenants. Hormis cette insuffisance, une autre carence et non des moindres dudit système de formation, réside dans le fait que, une fois leur scolarité terminée, à moins d’être embauchés dans une grande entreprise, les travailleurs ont rarement la possibilité de se perfectionner. Face à ce tableau relativement sombre du système de formation en place, l’Etat gabonais et les entreprises ont la lourde responsabilité de chercher les voies et moyens pour pallier les déficiences dudit système. Or, plusieurs recherches ont démontré ou tendent à confirmer que la formation à distance (FAD) s’impose comme une réponse adéquate pour relever de tels défis. Certains auteurs, à l’instar de Marie Lefebvre (1998) citée par Mamady Camara (2002) 8, avancent même que ce type de formation possède le potentiel pour fournir l’élan nécessaire à tout gouvernement, organisation privée ou individu désireux de remédier aux problèmes relevant du dysfonctionnement du système éducatif et de formation, que ce soit de façon directe ou indirecte. C’est dans cette même veine qu’Adelina Guastavi (2002) écrit ceci : « La formation à distance est à la fois considérée comme un outil de formation personnel, un agent efficace d’aménagement du territoire et un instrument de rénovation de la

8 Mamady Camara (2002). Politique de formation à distance – accessibilité, efficacité et développement en Guinée : une approche théorique . Article téléaccessible à l’adresse : http://cqfd.teluq.uquebec.ca/Mamady_Camara.pdf (consulté le 29 juillet 2007).

11 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives formation et de développement des pays en développement qui pourront profiter de cette modalité de formation pour démocratiser et rendre accessible à un plus grand nombre de citoyens, d’accéder au «savoir, grâce aux économies d’échelle offertes par cette approche »9.

01 – Question de départ Selon Quivy et Campenhoudt (1998) 10 , la meilleure manière d’entamer un travail de recherche en sciences sociales – y compris les sciences de l’éducation – consiste à énoncer le projet sous la forme d’une question de départ. Par cette question, le chercheur veut exprimer le plus exactement possible, ce qu’il cherche à savoir, à élucider, à mieux comprendre. La question de départ sert alors de fil conducteur à la recherche. Les mêmes auteurs déclarent que pour remplir correctement sa fonction, la question de départ doit présenter des qualités de clarté, de faisabilité et de pertinence. La clarté signifie que les questions doivent être précises, concises et univoques, la faisabilité réfère au réalisme de la question et la pertinence signifie traiter d’une vraie question, aborder l’étude de ce qui existe, avoir l’intention de compréhension des phénomènes étudiés.

Dans notre recherche, nous cherchons à répondre à la question principale suivante : Quelle est la nature du processus qui conduit le Gabon à freiner l’adoption de la FAD et encore plus à en restreindre le mode de déploiement ? Autour de cette question centrale qui sera d’ailleurs le fil conducteur du développement de notre recherche, gravitent des questions complémentaires auxquelles nous chercherons à répondre : Quel regard les travailleurs gabonais portent-ils sur la FAD ? Quels sont les secteurs économiques gabonais concernés par ce mode de formation ? Quels métiers ? Quel niveau de qualification ? Dans quelle mesure une formation à distance pour la formation continue des enseignants du secondaire peut-elle être pertinente et faisable au Gabon? Voilà autant de questions qui nous préoccupent et auxquelles nous allons essayer d’apporter des éléments de réponse tout au long de ce travail.

9 Guastavi Adelina (2002) . Pour un développement durable et humain : collaboration et partenariat en formation à distance, Article téléchargeable à l’adresse : http//cqfd.teluq.uquebec.ca/Guastavi.pdf, (consulté le 28 juillet 2007). 10 Quivy R./Campenhoudt L. (1995). Manuel de recherche en sciences sociales, Dunod Paris.

12 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

02 - Objectifs et importance de la recherche Il est évident que le nombre de travaux déjà effectués sur la formation à distance en Amérique et en Europe est déjà assez important pour que la liste bibliographique puisse occuper un gros volume. Toutefois, si dans les pays développés, les recherches à ce sujet ont depuis fort longtemps suscité l’intérêt de plusieurs auteurs et chercheurs dont en particulier – Jacques Wallet (2006), Daniel Peraya (2005), Christian Depover (2004), Louise Marchand (2004), Viviane Glikman (2002), Jacques Perriault (1996), Geneviève Jacquinot-Delaunay (1993) …, et continuent à être actualisées au fur et à mesure que la FAD se développe, il faut cependant reconnaître qu’en Afrique subsaharienne francophone en général, ces recherches relèvent encore d’un domaine très peu défriché, et qu’au Gabon en particulier, on note une absence quasi-totale d’écrits sur le sujet. Nous avons conscience que le domaine est large et que les éléments que nous allons présenter ne seront qu’une piste pour des recherches ultérieures en la matière. Cette étude attire néanmoins l’attention sur les silences de la littérature et s’inscrit dans le cadre de la création d’une banque permanente de données concernant les principaux aspects de l’intégration de la FAD dans le système éducatif gabonais.

L’objectif premier de cette recherche n’est donc pas ici, pour nous, de prédire de façon précise ou déterministe l’avenir de la FAD au Gabon, ce qui serait d’ailleurs illusoire dans le contexte gabonais où l’improvisation et le changement sont devenus la norme. Il s’agit plutôt de tenter, dans une démarche rigoureuse, de dresser un premier inventaire non exhaustif des informations qui constitueront la base de toute planification et mise en œuvre de programmes ou de projets de formation à distance au Gabon. Cette recherche se fixe également comme objectif, d’adapter un modèle organisationnel de programme de formation à distance pratique et réalisable dans le contexte gabonais à partir des besoins du public cible qui n’est autre que les enseignants en exercice. Nous espérons en outre que cette étude contribuera à clarifier les idées des autorités administratives gabonaises sur les enjeux de ce mode de formation, qu’elle permettra d’orienter les choix de ces dernières dans ce secteur important de la formation, mais jusque là négligé et, qu’elle devrait les aider à identifier les moyens d’en assurer la meilleure efficacité au moindre coût. Car, comme l’a indiqué le rapport de la Division de l’enseignement supérieur de

13 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives l’Unesco (1997) sur l’enseignement ouvert et à distance : « Le succès du lancement de l’enseignement ouvert et à distance sur une base nationale passe par une direction éclairée et forte. L’histoire montre que c’est là un facteur nécessaire encore que non suffisant. Un soutien gouvernemental de haut niveau est capital… »11 . Les propos de Louis Martin Onguene Essono (2004) 12 vont dans le même sens quand il déclare que : « la première condition du progrès d’un projet de FAD est l’affirmation et la concrétisation tant administrative que financière d’une volonté politique des gouvernements ». Poursuivant son idée, l’auteur ajoute qu’ « Il s’agit de prendre des décisions courageuses et des actes significatifs relevant de la seule volonté des Etats, responsables, en majorité, de la formation et de l’Éducation ». Le même auteur réplique en citant Jean Valérien : « La volonté politique constitue le meilleur garant du succès de la mise en œuvre de la formation à distance. La formation en général et la formation à distance en particulier sont devenus un marché que l’Etat doit réguler »..

03 - Motivations pour la recherche Sans vouloir trop s’attarder sur les aspects personnels, peut-être est-il utile pour le lecteur de replacer dans son contexte, la recherche qui est ici présentée. Ce travail a été motivé, d’une part, par notre trajectoire de formation académique et, d’autre part, par la place et le rôle-clé que nous sommes appelée à jouer au sein de l’Ecole Normale Supérieure de Libreville (ENS). En effet, c’est au cours de nos études supérieures (second cycle) que nous avons commencé à aborder le monde de l’informatique, du multimédia et de l’Internet. Ceci grâce à l’obtention d’une bourse (belge) octroyée en 1996, auprès de l’Administration Générale de la Coopération au Développement (AGCD). L’aide et l’appui que nous ont apporté l’AUF (bourse AUF pour la formation D.U.TICE 13 2000) et l’Unesco (bourse Keizo Obuchi, DEA 2001) nous ont ensuite permis de nous engager

11 Unesco (1997). L’enseignement ouvert et à distance. Perspectives et considérations politiques. Document téléchargeable à l’adresse : http://unesdoc.unesco.org/images/0011/001107/110752Fo.pdf (consulté le 28 juillet 2007). 12 Onguene Essono Louis Martin (2003). La formation à distance en Afrique francophone à l’heure des TIC. Bilan, perspectives et interrogations, Article téléchargeable à l’adresse : http://www.africanti.org/IMG/colloque/colloque2003/Communications/ESSONO4.pdf (consulté le 10 janvier 2008). 13 Le D.U. TICE deviendra en 2001 le DESS UTICEF puis le master du même nom en 2004. Ce diplôme est en partie financé sous la forme de bourses par l’Agence universitaire de la Francophonie. Voir [en ligne] : http://uticef.u-strasbg.fr

14 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives résolument dans une voie de recherche spécifiquement orientée vers les technologies appliquées à l’enseignement et à la formation. Au cours de ces études, l’idée s’est rapidement dégagée que la formation à distance pouvait être une alternative et une solution pédagogiques socialement équitables à certaines des difficultés rencontrées par le système de formation professionnelle national, surtout en ce qui concerne la formation continue des enseignants en exercice. Il était donc intéressant, en tant que formatrice des formateurs, que nous tentions de mieux comprendre pourquoi, au moment où les autres pays africains se bousculent devant les portes de la FAD, pour en faire leur cheval de bataille, le Gabon est resté jusqu’aujourd’hui indifférent vis-à-vis de ce mode de formation. Or, d’après le répertoire Thot des institutions à distance d’Afrique 14 , en 2005, près de 114 institutions publiques et privées fournissaient des services d’enseignement à distance de niveau tertiaire en Afrique. L’exemple du Cameroun voisin est d’ailleurs édifiant en la matière car, depuis 2001, par arrêté ministériel (n° 0003/Minesup/DDES), le Ministère camerounais de l’Enseignement supérieur a mis sur pied sa première formation à distance, en créant au sein de la Faculté d'Agriculture de l'Université de Dschang, un régime d'études destiné à la formation à distance en sciences agricoles 15 . Selon le ministère de l`Enseignement supérieur, pour l`année académique 2006-2007, environ 2.863 étudiants avaient suivi une formation à distance au Cameroun 16 .

De plus, ayant personnellement obtenu un diplôme à distance (DESSUTICEF) non reconnu par la fonction publique gabonaise (nous n’avons pas été reclassée après la formation car, jusqu’à aujourd’hui, aucun texte ne prévoit la prise en compte de diplômes proposés à distance), nous sommes soucieuse de comprendre l’attitude affichée par les autorités administratives gabonaises vis-à-vis de ce type de formation.

Par ailleurs, enseignante à l’Ecole Normale supérieure de Libreville, notre ambition est d’aider l’institution à réaliser son projet de devenir à terme, un institut pionnier de

14 Lamontagne Denys (2005). Le répertoire des institutions de formation à distance d'Afrique, Téléchargeable à l’adresse : http://www.thot.cursus.edu/rubrique.asp?no=17499, consulté le 26 juillet 2007. 15 Onguene Essono Louis-Martin (2001). Le Cameroun ouvre sa première faculté d'enseignement à distance, Article paru dans Thot/Cursus du 16-4-2001. Téléchargeable à l’adresse : http://www.thot.cursus.edu/rubrique.asp?no=12233, consulté le 26 juillet 2007. 16 Inter Press Service. Formation à distance, Article téléchargeable à l’adresse : http://www.bonaberi.com/article.php?aid=2946 (consulté le 13 janvier 2008)

15 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives formation à distance au Gabon. Une des conséquences de notre recherche, que l’on pourrait qualifier d’exploratoire, sera donc de proposer à l’ENS un projet qui, grâce aux techniques de la formation à distance, permettra au plus grand nombre possible d’enseignants en exercice, d’accéder à une formation continue de qualité.

04 – Structure de l’étude Nous partons de l’idée (en fait du constat) qu’il existe de facto un problème au sein du système éducatif et de formation gabonais. Situation qui fait en sorte que la FAD soit presque "ignorée" des travailleurs et surtout des autorités administratives gabonaises. Afin de mener à bien cette étude, nous l’avons divisé en quatre parties :

Nous nous sommes donc d’abord attachée à comprendre ce qui rend possible cet état de chose, partant de l’idée que la connaissance des ces éléments était essentielle à la compréhension de la situation réelle. Une fois le problème connu et décrypté, c’est-à-dire une fois que nous savons comment et pourquoi existe cette indifférence envers la FAD, alors il faut se demander dans quel cadre évolue ce système. C’est pourquoi dans la première partie, consacrée à la présentation du contexte et du problème, nous allons, dans le premier chapitre, fournir des éléments pour une analyse succincte du contexte socioéconomique, politique et infrastructurel du Gabon. Dans le deuxième chapitre, nous présenterons la situation éducative du pays. Le troisième chapitre sera consacré à l’analyse des facteurs susceptibles de favoriser ou de freiner le développement de la FAD au Gabon. Enfin, dans le quatrième et dernier chapitre de cette partie, nous aborderons la problématique qui a motivé notre démarche de recherche et présenterons les hypothèses qui y découlent.

Nous nous emploierons, dans la deuxième partie, cela au regard de la problématique retenue, à conceptualiser la formation à distance. Pour ce faire, nous allons commencer, dans un premier chapitre, par définir la FAD. Ensuite, nous allons essayer de cerner les enjeux et les caractéristiques inhérentes à ce type de formation. La troisième section de ce chapitre va situer la recherche par rapport à l’état actuel de la pratique de la formation à distance dans le monde en général, en Afrique subsaharienne et plus particulièrement au Gabon. Enfin, la méthodologie de recherche adoptée sera décrite dans le deuxième

16 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives chapitre. D’abord, nous ferons part de la démarche méthodologique adoptée. Ensuite, nous décrirons notre échantillon, nous fournirons une description de l’instrumentation que nous avons utilisée, de la mise à l’essai de l’instrument et du cadre général de la cueillette des données.

La troisième partie sera l’occasion d’envisager l’analyse des résultats de l’étude. Nous y dégagerons les représentations que mobilisent les travailleurs et les responsables administratifs à propos de la FAD et de son développement, ainsi que les différentes attitudes qui se manifestent. C’est dans cette partie que nous allons également procéder à la vérification de nos hypothèses de recherche.

Enfin, à travers la quatrième partie, notre intention est de tracer un modèle de programme de formation continue à distance pour la formation des enseignants. Ce modèle sera fondé sur les besoins des enseignants du secondaire en exercice et sur la réalité du contexte éducatif gabonais. Pour cela, nous allons commencer par présenter, dans le premier chapitre, le fonctionnement actuel de la formation des enseignants. C'est dans ce chapitre que seront présentés certains fondements justifiant la formation continue des enseignants en exercice ainsi que les problèmes relatifs à la formation continue actuelle. Dans le 2 ème chapitre, seront présentés certains fondements justifiants le choix d’un projet de FAD intégrant les TIC. Le troisième chapitre que nous avons voulu expressément long, va quant à lui, proposer les modalités et moyens à utiliser pour offrir un programme de formation continue aux enseignants en exercice. Une conclusion générale va enfin présenter le produit de cette étude et les pistes de recherche à explorer.

Il nous faut terminer ce propos introductif par l’indication de quelques-uns des principes méthodologiques retenus pour la présentation de ce travail. Il faut reconnaître que le sujet n’est pas simple, et des connaissances techniques ou spécifiques peuvent faciliter une bonne compréhension de certains développements. C’est toute la difficulté des enjeux de la société de l’Information, qui se situent à la convergence de problématiques politiques, technologiques, sociales, culturelles, scientifiques et économiques. Une grande importance est attachée aux schémas et représentations, qui cherchent à synthétiser un

17 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives propos et en donner une vision graphique articulant les différents éléments décelés. Cette perspective s’accorde avec la démarche systémique modélisatrice 17 proposée par Jean Louis Le Moigne (1990) 18 qui stipule qu’un bon schéma est souvent un outil permettant de cerner correctement l’essentiel des éléments entrant en jeu dans la situation examinée.

Comme pour beaucoup d’autres travaux avant celui-ci, et dans plusieurs autres domaines, il y aurait tant de chose à dire que, le défi est de choisir quoi ne pas dire. La recherche nous ayant conduit à présenter un nombre relativement élevé, à la fois, de réflexions parallèles et de documents techniques, nous avons eu recours assez fréquemment aux annexes, dans lesquelles les lecteurs pourront trouver des compléments d’informations.

Ce propos introductif nous amène à présent à entrer dans le vif du sujet de cette première partie, soit le contexte général et la problématique de la recherche.

17 Dans tous les domaines scientifiques, la démarche systémique modélisatrice est un processus technique qui permet de représenter, dans un but de connaissance et d’action, un objet ou une situation, ou un évènement. 18 Le Moigne Jean-Louis (1990). La modélisation des systèmes complexes , Bordas (Dunod).

18 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

PREMIÈRE PARTIE : CONTEXTE GÉNÉRAL ET PROBLÉMATIQUE DE LA RECHERCHE

19 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

CHAPITRE I : GÉNÉRALITES SUR LE GABON

Avant de poursuivre notre réflexion, il est indispensable de présenter plus spécifiquement le Gabon, pays sur lequel portent nos recherches. Suite à une présentation générale et quelques données statistiques, nous développerons différentes caractéristiques liées aux contextes sociopolitique, économique, et des télécommunications gabonais. Ce faisant, nous espérons apporter quelques indicateurs généraux aux lecteurs de cette recherche afin qu’ils puissent situer le sujet de cette thèse.

I – LE CONTEXTE HISTORIQUE

L’histoire ancienne du pays demeure mal connue et l’on sait très peu de choses sur ses premiers habitants. Cependant, les traces d’occupation préhistorique autour de Libreville sont incontestables, même si l’absence d’ossements qui ne se conservent pas en terrain humide, ne permet pas de définir avec certitude leur date et origine 19 . En effet, alors qu’il était couramment admis, jusque dans les années 1960, que les forêts gabonaises n’avaient jamais été habitées, grâce aux fouilles, la découverte de vestiges datant du Paléolithique et du Néolithique, a révélé que le territoire de l’actuel Gabon avait eu une occupation très ancienne, bien avant les Pygmées dont l’arrivée ne remonte qu’à 5000 ans avant J.C. Puis, venus probablement du Nord de l’Afrique issus d’un petit noyau dont on ne connaît pratiquement rien, chassés de la zone sahélienne vers 5000 ans avant J. C., où ils devaient fuir les arabes qui voulaient de force les convertir à l’islam, les peuples de langues bantou arrivèrent au Gabon vers le 12 ème siècle. Ils s’y fixèrent et finirent par former le peuple gabonais que l’on connaît aujourd’hui 20 .

Découvert en 1472 par des navigateurs portugais Lopez Gonzalvez, Fernan Vaz et Diégo Cam, le Gabon tire son nom de Gabao (Caban en Français), exprimant ainsi l’aspect

19 Xavier Cadet (2005). Histoire des Fang, Peuple Gabonais . Thèse présentée pour l’obtention du diplôme de Doctorat d’Histoire Université de Lille 3 – Charles de Gaulle. U.F.R. d’Histoire. Centre de Recherche de l’Histoire de l’Europe du Nord-Ouest, Téléchargeable à l’adresse : http://documents.univ- lille3.fr/files/pub/www/recherche/theses/CADET_XAVIER/html/these_body.html#th.vii.20, Consulté le 12 janvier 2008. 20 Idem

20 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives inaccessible de ses côtes, encapuchonnées d’un épais manteau de forêt, d’apparence hostile et impraticable. Pendant 400 ans environ, le Gabon a servit de comptoir pour le commerce d’ivoire, de miel, de cire, d’huile de palme et surtout d’esclaves 21 . En effet c’est au début du XVI ème siècle, que les jésuites, suivant les marins, s’intéressent aux populations locales pour les faire travailler dans leurs plantations d’orangers, de cocotiers, de bananiers ou de manioc, ils recrutent pour cela environ 30.000 esclaves 22 . C’est un peu plus tard que les Portugais, suivis par des Espagnols, des Hollandais puis des Français et des Anglais s’intéressent au commerce des esclaves qui leur fait défaut dans leurs plantations d’Amérique. Cette traite eût pour conséquences le dépeuplement des populations côtières et la mauvaise habitude de vivre du troc de bétail humain contre la nourriture et la pacotille qui leur étaient offertes en échange. Ce n’est qu’à partir de 1793 que viendra de , avec la révolution, une timide prise de conscience des ravages et de l’inhumanité de l’esclavage. Mais il a fallu attendre l’année 1900 pour que l’interdiction de la traite soit effective.

En 1880, le Gabon était avec son voisin le Moyen-Congo un État membre de la communauté française, appartenant au grand territoire appelé Congo Français qui regroupaient : le Gabon, le Moyen-Congo (République du Congo), l’Oubangui Chari (actuel Centrafrique) et le Tchad. En 1882, Libreville est la capitale du Congo français (actuels Congo et Gabon) dont Savorgnan de Brazza est commissaire général. Dès 1910, les territoires du Congo Français se réunirent en une colonie unique connue sous le nom d’Afrique Equatoriale Française (AEF), avec pour capitale Brazzaville. En 1911, le Nord du pays est cédé aux Allemands et récupéré en 1914. Ce n’est qu’en 1946 que l’on parle du Gabon en tant que colonie de l’AEF avec ses limites bien définies, ses neuf (9) régions actuelles et son propre budget 23 . Ainsi, comme les autres colonies d’AEF, le pays passe par les phases de "territoire de l’Union française" (1956) de "République dans la Communauté" (1958) et "d’État indépendant" (1960). En effet, dès 1958, le Général De Gaulle crée la Communauté Française qui autorisa la création d’Etat autonome dans les colonies, et la République gabonaise fut proclamée le 29 novembre 1958, avec comme

21 Meyo Bibang F. (1999). Le Gabon - Le Monde, Manuel d’histoire du primaire, Coll. Hatier. 22 Idem. 23 Ibid.

21 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Premier Ministre Léon M’Ba, nommé le 19 février 1959. Le 17 août 1960, l’indépendance du pays fut proclamée et le 20 novembre de la même année, le Gabon est admis à siéger à l’ONU. Elu Président de la République Gabonaise le 12 février 1961, Léon M’Ba le restera jusqu’à sa mort en 1967. À partir de 1967, la vie politique est dominée par le président Albert Bernard Bongo (devenu El Hadj en 1973, depuis 2004, Omar Bongo a ajouté à son nom celui de son père, Ondimba) et par un parti unique, le Parti démocratique gabonais (PDG). L'exploitation du bois et un riche sous- sol, dont d'intéressantes ressources pétrolières, permettent au Gabon de développer son économie. A la fin des années 1980, la chute du cours du pétrole plongea le pays dans une grave crise économique dont il n'est toujours pas sorti. Le mécontentement populaire né des difficultés économiques et de la mainmise du parti unique sur le pouvoir, provoquèrent la tenue d’une Conférence Nationale (1990) qui aboutit à la restauration du multipartisme.

II – LE CONTEXTE GÉOGRAPHIQUE ET CLIMATIQUE

Situé sur la côte occidentale du continent (dans le golfe de Guinée), de part et d'autre de l'Equateur, le Gabon a une superficie de 267.667 km2, soit environ la moitié de la France. Avec Libreville comme capitale, le territoire gabonais jouit d’une excellente position sur le continent africain bénéficiant d'une façade maritime de 800 km (Océan Atlantique, à l'ouest). Le reste du territoire est bordé au Nord par la Guinée Équatoriale et le Cameroun, au Sud et à l'Est par le Congo. Le Gabon est un pays accidenté qui repose sur le vieux socle érodé de l'Afrique. La topographie du pays est particulièrement rugueuse, sauf dans la partie occidentale ou l'on trouve des plaines sédimentaires et des marécages. Les Monts de Cristal, le massif du Chaillu et d’Achango, les monts Iboundji et Mayumbé sont autant d’obstacles tapissés de forêt qui, s’ils ne dépassent pas 1000 mètres d’altitude, font en sorte que le système routier devienne d'un accès difficile et quasiment impraticable à certains endroits durant la saison des pluies. Il faut atteindre le sud-est et les collines avoisinant Franceville pour retrouver un paysage aux formes douces et apaisantes. Son territoire occupe en majeure partie le bassin du fleuve Ogooué (1170 km). La côte, rectiligne et bordée de lagunes, est entaillée au nord par de profondes rias

22 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

(estuaire du Gabon). Plus au sud, la presqu'île du cap Lopez s'avance en pointe sur l'océan.

Le Gabon a un climat équatorial favorable à la grande forêt, et le régime de fortes précipitations donne un climat chaud et humide (entre 1.500 et 3.000 mm de pluies annuelles) avec une courte saison sèche. La température moyenne est de 26°C. Il existe de nombreux cours d'eau (le fleuve principal est l'Ogooué), rarement navigables et n'offrant pas de moyens de communication naturels à un pays qui en manque cruellement en raison du caractère tourmenté du relief et de l'importance d'un massif forestier difficilement pénétrable. Le pays est recouvert sur près de 85% de son territoire par la grande forêt équatoriale où l’on trouve de grands arbres comme l’acajou, l’okoumé (fabrication des contre-plaqués), etc.

III – LE CONTEXTE DÉMOGRAPHIQUE

Selon le recensement général de la population et de l’habitat de 2003, le Gabon comptait 1.517.685 habitants environ 24 , ce qui correspond à une densité moyenne de 4,7 hab./km². Le pays est faiblement peuplé et ce caractère marque fortement sa situation économique et sociale. La population est relativement jeune, car les moins de 15 ans représentent plus de 40% de la population totale. Toutefois, si le Gabon fait partie des pays les moins peuplés d’Afrique, il ne s’agit pas d’une population homogène, on compte environ 50 ethnies dont les principales sont les Fang (25% de la population), les Bapunu, les Batété, les Myéné et les Okandé, parfois classés d’après leur appartenance linguistique, parfois d’après leur localisation géographique (le Woleu-Ntem est la seule province homogène,

24 Chiffres revus par la Cour constitutionnelle et entérinés par le Conseil des Ministres du 17 mars 2005 mais contestés par plusieurs ONG et autres organismes. L’analyse de la situation, faite par Pierre Mamboundou (principal opposant gabonais) révèle que les résultats préliminaires du bureau central du recensement, placé sous la tutelle de la Direction Générale de la Statistique et des Etudes Economiques, situent la population gabonaise à 1.269.000 (un million deux soixante neuf mille). D’après lui, ces résultats respectent le taux d’accroissement annuel de l’ordre de 2.5% défini lors du recensement général de la population gabonaise et de l’habitat en 1993 alors que ceux décrétés par la Cour Constitutionnelle, arrêtent la population gabonaise à 1.517.685 (un million cinq cent dix sept mille six cent quatre vingt cinq) avec un taux d’accr0oissement de 4.9%, taux jamais égalé par les pays africains ayant une forte démographie tels que le Sénégal, le Burkina Faso. Conférence de presse de Pierre Mamboundou, 9 octobre 2005. Téléchargeable à l’adresse : http://lupg.free.fr/html/conference1.htm (consulté le 29 juillet 2007).

23 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives entièrement composée de Fang). En effet, réparties en 6 groupes principaux, on dénombre : le groupe Fang (Betsi, Ntoumou, Nzaman...), qui vivent dans le Woleu- Ntem, l'Estuaire, le Moyen-Ogooué et l'Ogooué-Ivindo ; le groupe Bakota (Mahongoue, Ndambomo, Shamaye, Shake...), au nord et à l'est du pays ; le groupe Mbede (Batéké, Bakaningui, Bahoumbou...) à l'est et au sud-Est; le groupe Okandé (Simba, Mitsogo, Bapuvi...) au centre du pays ; le groupe Myéné (Mpongwe, Oroungou, Galoa, Nkomi...) dans la partie nord de l'Ogooué-Maritime et l'Estuaire ; le groupe Mérié (Bapounou, Babwisi, Bakunyi...) au centre et au sud du pays. Du fait de son peuplement, la population gabonaise est également caractérisée par une densité extrêmement faible et variable passant des régions entières où personne n’habite (Monts Mayumbé, forêt des Abeilles, Monts de Cristal, marécages du delta de l’Ogooué) à d’autres plus urbanisées à l’instar des grandes agglomérations comme Libreville (420.000 hab.), Port-Gentil (79.225 hab.), les zones de Franceville (31.183 hab.) et d’Oyem (22.404 hab.). Cette situation est confirmée par la forte progression de la population urbaine. En effet, la proportion de la population gabonaise qui vit dans les villes est passée de 73% en 1993 à 80% en 2003. La représentation spatiale de la population laisse ainsi apparaître des zones rurales dépeuplées (20%) au profit des villes (80%) (voir annexe 9). Ces déséquilibres créent de graves insuffisances économiques car de larges zones sont inexploitées faute d'une population suffisante pour les habiter.

Depuis le boom économique des années 70-80, le Gabon a connu une immigration importante en provenance d'autres pays africains (Congo, Nigeria, Mali, Sénégal, Bénin, Cameroun, Guinée Equatoriale...). Aujourd’hui, le pays accueille plusieurs dizaines de milliers d'étrangers (environ 100.000) parmi lesquels on compte les personnes relevant de la compétence du HCR. Les cadres des entreprises pétrolières ou minières sont européens, notamment français.

24 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

IV – LA SITUATION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE

Le Gabon est connu comme étant l’un des pays les plus riches d’Afrique subsaharienne. Sa faible population explique que le pays, jouissant d’une rente minière, ait un revenu par habitant parmi les plus élevés de l’Afrique noire. En effet, depuis 1970, le Gabon a longtemps disposé d’appréciables richesses naturelles (pétrole, manganèse, uranium et bois tropicaux, notamment) qui, jusqu’à présent, lui ont garanti des ressources suffisantes pour se hisser dans la tranche supérieure des États à revenu intermédiaire (8,5 millions de dollars 2006) 25 . Cette forte expansion financière avait permis, entre autres, d’attirer les travailleurs et les capitaux étrangers d’Afrique, d’Europe, d’Amérique et d’Asie, de distribuer des revenus élevés au regard des critères africains et de créer de multiples entreprises publiques subventionnées grâce à la manne pétrolière. Mais, le déclin de la production pétrolière depuis 1997 26 a marqué l’entrée du pays dans un cycle de croissance instable même s’il représente encore 42% du Produit intérieur brut et plus de 65% des recettes de l’Etat. De 18,5 millions de tonnes en 1997, la production de brut est tombée à 11,9 Mt en 2006, soit son plus bas niveau historique 27 . Aujourd’hui, le pays occupe le 31 ème rang mondial des pays producteurs de pétroles, et le 5 ème producteur de l’Afrique Subsaharienne, derrière le Nigeria, la Guinée Équatoriale, l’Angola et le Congo. L’avenir du pétrole au Gabon dépend maintenant des recherches effectuées en ultra-profond marin par Total-Fina-Elf et la société australienne BHP.

Jusqu’en 1965, l’exploitation forestière fut le premier secteur commercial et, pendant quatre décennies, les bois tropicaux constituaient la seule ressource exploitable. Aujourd’hui encore, le bois représente une ressource essentielle pour l’économie gabonaise. La forêt exploitable couvre 76% du pays, avec un accroissement annuel de 3 à

25 France diplomatie. Présentation du Gabon, Téléchargeable à l’adresse : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo_833/gabon_347/presentation-du-gabon_887/donnees- generales_1643.html (consulté le 5 janvier 2007) 26 Le fléchissement de la production pétrolière s’explique par l’épuisement des grands champs arrivés à maturité, alors qu’aucune découverte notable, qui permettrait une relance sérieuse de la production, n’a encore été faite. 27 Document Cadre de Partenariat France-Gabon - DCP - (2006-2010). Article téléchargeable à l’adresse : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/article-imprim.php3?id_article=26798 (consulté le 5 janvier 2007)

25 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

5 millions m 3. Ce secteur est d’ailleurs le premier employeur privé et le 2 ème employeur après la fonction publique. Le potentiel de progression de la filière présente un intérêt tout particulier dans la perspective de baisse de la production pétrolière, même si elle ne pourra que participer modestement au défi de « l’après-pétrole » 28 . Cependant, ce secteur connaît régulièrement des difficultés dues aux variations de la demande internationale. En terme de participation au commerce extérieur, le bois représente 9,1% des exportations gabonaises en 2006, il se place donc loin derrière le pétrole mais devant le manganèse 29 . Les réserves de bois renferment entre autres des essences telles que l’Okoumé 30 , le Sapelli ou l’Ozigo qui sont très recherchées. La grande évolution dans l’industrie du bois au Gabon tient à l’adoption d’un nouveau Code Forestier qui fixe, outre les règles de gestion durable du capital forestier, l’obligation pour les exploitants à disposer d’une usine de transformation. La SNBG – Société Nationale des Bois du Gabon, a perdu officiellement le monopole d’Etat d’exportation en grumes d’Okoumé et d’Ozigo, (essence voisine) le 1 er janvier 2006, par décision gouvernementale, ce, en conformité avec un des objectifs assignés par le FMI. Six mois plus tard, le gouvernement fixait des quotas d’exportation pour 22 exploitations forestières (au total 1 281 200 m3/an) et pour la SNBG (60 000m3/mois) les obligeant à transformer localement une partie de leur production en vue de l’industrialisation de la filière bois 31 .

Le secteur minier, dont la contribution au PIB est encore limitée (2,5 %), constitue une source de diversification pour l’économie gabonaise. Il représente la troisième source de recettes d'exportation du Gabon. La production d'uranium ayant cessé en 1999 avec l'épuisement des réserves, les deux principaux minerais exploités restent le manganèse et le fer 32 (Tchibanga, Mékambo, Bélinga). Les réserves de manganèse sont évaluées à près

28 Biwaou Danielle (2007). La filière bois au Gabon . Document téléchargeable à l’adresse : www.legabon.org/articles_pdf/filiere_bois_minefi_mai_2007.pdf (consulté le 5 janvier 2007) 29 Idem. 30 L'okoumé, essence dont les qualités sont inégalées pour l’industrie du déroulage (production de contreplaqué), représente plus du quart de la ressource (110 millions m3). La Guinée Equatoriale et le Congo-Brazzaville sont les deux seuls autres pays produisant cette essence en Afrique centrale. 31 Biwaou Danielle (op. cit.) 32 Le gisement de fer de Bélinga, situé au nord-est du Gabon et découvert en 1895, est l’un des derniers grands gisements de fer inexploités de la planète avec sa teneur en fer de 64% et ses réserves estimées à un milliard de tonnes.

26 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives de 200 millions de tonnes, ce qui représente le quatrième gisement mondial. Pour autant, le minerai ne pèse que pour 4% dans les exportations du pays. En 2002, ce minerai représentait 2,3% des exportations du Gabon. D'autres minerais présents en quantité ne sont pas encore exploités de manière industrielle. Il s’agit du phosphate, de l’or, du diamant et du niobium (indispensable aux industries des TIC).

A la différence de nombreux pays africains, le secteur de l'agriculture reste relativement peu développé au Gabon. Il s’agit essentiellement d’une agriculture de subsistance, n’arrivant pas à couvrir les besoins de la population. A coté des cultures vivrières auto- consommées (manioc, arachide, tomate, maïs…), il existe quelques cultures industrielles en déclin à l’instar du café et du cacao. Sa contribution au PIB avoisine les 5% au cours des dernières années. Les terres cultivées représentent moins de 8% de la superficie totale du pays. Cette crise s’explique par le désintérêt des populations qui trouvent des activités plus rémunératrices par l’afflux de ressources liées au pétrole et aux autres productions primaires. Un effort de relance de l’agriculture a été entrepris, mais il donne encore des résultats faibles (85% des produits alimentaires courant sont importés). Toutefois, la réouverture de l’Ecole Nationale des Cadres Ruraux d’Oyem, fermée depuis plus d’une décennie, pour des raisons de gestion ; l’annonce par le gouvernement de l’ouverture d’un Institut Agricole dans la même ville (Oyem), sous tendent la volonté du gouvernement à développer ce secteur.

Le secteur industriel, produisant essentiellement pour le marché local, contribue quant à lui 11% au PIB. Enfin, le secteur tertiaire (services) représente 24% du PIB du fait de l'importance du secteur public. Depuis plusieurs années, le pays traverse une crise économique liée au ralentissement de sa production pétrolière, aux évolutions erratiques des cours des matières premières et à des contraintes financières croissantes.

Ouvert sur le marché mondial, le Gabon connaît des problèmes socio-économiques fortement marquées par la dévaluation du franc CFA intervenue en 1994 et les fluctuations des prix des matières premières sur le marché international. Ces difficultés se traduisent par une baisse tendancielle des ressources budgétaires qui ne peut être, dans

27 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives l’avenir, sans incidences sur le système d’éducation et de formation. Car, c’est d’ailleurs presque une évidence, la faiblesse des fonds qui seront alloués au système éducatif gabonais et surtout, la faible efficacité des ressources investies vont inexorablement entraîner la dégradation dudit système. Ces difficultés économiques ont en même temps des répercussions sur d’autres secteurs, notamment au niveau social. Le coût de vie continue à augmenter, obligeant ainsi la majorité de la population à vivre dans des conditions difficiles et précaires. Bien qu’il n'existe pas de statistique réellement fiable sur le chômage au Gabon, l’enquête gabonaise pour l'évaluation et le suivi de la pauvreté (EGEP) de 2005 33 , commandée par la Banque mondiale, fait part d’un taux de chômage de 16,14% touchant majoritairement les femmes et les jeunes. Une nette amélioration tout de même, par rapport aux années précédentes. En 2004 par exemple, l’OCDE faisait état d’un taux de chômage s’élevant à plus de 20%. Notons toutefois que les déséquilibres du marché du travail sont particulièrement accentués en milieu urbain où le taux de chômage dépasse les 19%. Chômage issu pour partie du « dégraissage » des entreprises et de la fonction publique et pour partie de l'arrivée sur le marché du travail de nouveaux demandeurs d'emploi que le secteur moderne est de plus en plus incapable de satisfaire. En effet, alors que celui-ci procurait en début de décennie des emplois à un tiers de la population active, sans aucun chômage apparent, il ne peut maintenant en offrir qu'à un cinquième au maximum, soit nettement moins que le secteur informel. Pour y faire face, le gouvernement a mis en place un Plan d'urgence pour l'emploi et la formation professionnelle. Celui-ci s'est concrétisé par l'adoption du « Pacte National pour l'Emploi », conclu entre le Gouvernement et les Organisations Professionnelles des employeurs et des travailleurs, en vue de favoriser l'insertion ou la réinsertion économique des demandeurs d'emplois.

Enfin, un endettement lourd à des conditions peu favorables, handicape le pays car son statut de (seul et dernier) pays d’Afrique francophone à revenu intermédiaire de la tranche supérieure (PRI/TS) contribue à limiter les prêts à taux concessionnels et l’aide publique au développement (APD) dont il pourrait bénéficier de la part des bailleurs de

33 EGEP. Enquête gabonaise pour l'évaluation et le suivi de la pauvreté , Téléchargeable à l’adresse : http://www.stat-gabon.ga/Home/Index1.htm (consulté le 3 janvier 2007).

28 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives fonds, ne lui donnant accès qu'à des rééchelonnements en Club de Paris. Le Gabon est ainsi confronté à un paradoxe financier : s’étant endetté pour accélérer son développement à une période où il jouissait de ressources importantes, il peine aujourd’hui à rembourser cette dette extérieure, tout en étant trop riche pour être éligible aux allègements privilégiés consentis par la Banque mondiale et le FMI aux pays pauvres très endettés (dans le cadre de « l’initiative PPTE »). Dès lors, le Gabon ne peut bénéficier que de dispositifs d’appoints, beaucoup moins avantageux et qui imposent des efforts d’assainissement plus pénibles à supporter.

La dette gabonaise s'élevait en février 2007 à 2,5 milliards de dollars, dont 1,1 milliard envers la France 34 . Cet endettement est devenu toutefois plus soutenable avec l'augmentation du PIB en liaison avec la flambée du cours du pétrole. Depuis 2003, l’amélioration de la conjoncture couplée à un effort de rationalisation des finances publiques a permis l’engagement de négociations avec le FMI. Dans un communiqué rendu public le lundi 7 mai 2007 par son n°3, M. Murilo Portugal, le Fonds monétaire international (FMI), annonçait avoir accordé un prêt de 117,3 millions de dollars au Gabon, pour soutenir le programme économique de ce pays 35 . L’action du FMI qui va s’étendre sur 3 ans, vise à soutenir le programme économique et ses trois piliers que sont : la consolidation des finances publiques, le renforcement de la gestion financière du pays et la baisse des obstacles structurels à la croissance du secteur privé hors pétrolier.

Toutefois, en dépit du déclin de sa production pétrolière, la combinaison d’une faible population et de l’énorme rente tirée de l’exploitation des formidables ressources naturelles du sol et du sous sol permet au pays d’avoir un revenu par habitant élevé (3995 dollars américains), soit cinq fois le revenu moyen en Afrique estimé à 795 dollars 36 . Néanmoins, malgré cette apparente richesse, le Gabon n’est pas sur la trajectoire de l’IDH des pays à revenus intermédiaires, mais plutôt sur celle des pays à faible revenu

34 Wikipedia. L’économie du Gabon, Téléchargeable à l’adresse : http://fr.wikipedia.org/wiki/Économie_du_Gabon (consulté le 28 juillet 2007). 35 Gaboneco.com. Le FMI donne un coup de pouce au Gabon, Article téléchargeable à l’adresse : http://www.gaboneco.com (consulté le 28 juillet 2007). 36 Miazenza Aimé Dieudonné (2006). Le Gabon, Téléchargeable à l’adresse : http://www.cesbc.org/gabon/gabon.htm (consulté le 26 octobre 2007).

29 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives car, projetant une image de pauvreté qui se traduit par des indicateurs sociaux étonnamment bas. Le rapport 2007-2008 commandé par le PNUD fait cependant progresser le pays de la 124 ème place (2006) à la 119 ème , soit 5 points gagné en l’espace d’une année au classement mondial sur l’indice de développement humain (IDH) 2007- 2008 37 . Le Gabon se place ainsi au 8 ème rang africain en terme d'IDH, derrière respectivement, les Seychelles, la Libye, l'Île Maurice, la Tunisie, le Cap-Vert, l'Algérie et l'Egypte. Selon le même rapport, Cette nette amélioration est la conséquence d'une part de l'augmentation significative de l’espérance de vie de deux ans (56,2 ans) contre 54 ans en 2006. Le taux d’alphabétisation des adultes s’est également nettement amélioré +13%, le taux de scolarisation a à son tour observé la même tendance +0,4% et le revenu par habitant s’est accru de 5%. A propos du niveau d’éducation le rapport relève que 84% des Gabonais âgés de plus de 15 ans savent lire et écrire, et 74 % des jeunes sont scolarisés. C’est le taux le plus élevé en Afrique centrale et parmi les plus importants d’Afrique, précise le rapport. Malgré ce léger mieux, le décalage entre IDH et PIB/habitant en PPA, récurrent au Gabon depuis plusieurs années, met en évidence des problèmes de bonne gouvernance. La redistribution de la richesse est particulièrement inégale puisque 62% de la population vit sous le seuil de pauvreté. « Avec un revenu avoisinant annuellement les 3 millions de FCFA par habitant, plus de la moitié des Gabonais vivent avec un peu moins de 1000 FCFA par jour », indique l’EGEP 38 . Les résultats de ladite enquête confirment non seulement le caractère urbain de la pauvreté gabonaise, mais également la persistance des inégalités verticales. En effet, avec une incidence de la pauvreté d'environ 30%, le milieu urbain qui abrite 80% de la population gabonaise compte près de 75% des pauvres tandis que le milieu rural avec 20% de la population et une incidence de pauvreté d'environ 45% compte un peu plus de 25% des pauvres (PNUD, 2006) 39 .

Le tableau suivant donne un aperçu du classement du Gabon selon l’indice de développement humain (IDH).

37 PNUD. Rapport sur le développement humain 2007-2008. Téléchargeable à l’adresse : http://www.undp.org/en/media/hdr_20072008_fr_indictables.pdf(consulté le 28 juillet 2007) 38 Enquête gabonaise pour l'évaluation et le suivi de la pauvreté (EGEP) 2005 (op. cit.) 39 PNUD (2006). Gabon. Département des Politiques et des Stratégies, Téléchargeable à l’adresse : http://mirror.undp.org/gabon/publications/profil_jan_06.pdf, (consulté le 28 juillet 2007)

30 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Tableau 1 : Indicateur de développement humain dans le bassin du Congo

Rang en 2003 Rang en 2004 IDH en 2003 IDH en 2004 IDH 2005 Pays sur 177 pays sur 177 Guinée Equatoriale 121 120 0,655 0,653 0,642 Gabon 123 124 0,635 0,633 0,677 São Tome e Principe 126 127 0,604 0,607 0,654 Congo Brazzaville 142 140 0,512 0,520 0,548 Cameroun 146 144 0,497 0,506 0,532 Rwanda 159 158 0,450 0,450 0,452 Angola 160 161 0,445 0,439 0,446 RD Congo 167 167 0,385 0,391 0,411 Burundi 169 169 0,378 0,384 0,413 Centrafrique 171 172 0,355 0,353 0,384 Source : PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 2005, pp. 237-238; Rapport mondial sur le développement humain 2006, pp. 285-286. Rapport mondial sur le développement humain 2007-2008.

V – LA SITUATION POLITIQUE

République de type présidentiel (le pays a adopté sa première Constitution le 21 février 1961), le pays devint indépendant le 17 août 1960 et, en 1961 Léon Mba, fut élu président de la République indépendante. En 1964 il fut déposé par un coup d'état (perpétré par Jean-Hilaire Aubame) puis rapidement rétabli par l'armée française. A sa mort en 1967, son successeur, Albert Bernard Bongo instaura dès 1968, le monopartisme avec la création du Parti démocratique gabonais (PDG). À partir de ce moment et pour une vingtaine d'années, les activités de l'opposition furent cantonnées à l'étranger. En 1990, devant le mécontentement populaire né des difficultés économiques (la chute du cours du pétrole) et de la mainmise d'un parti unique sur le pouvoir, le président Bongo a dû accepter l'ouverture politique par la tenue d’une Conférence Nationale. Le changement le plus notable depuis cette démocratisation fut le retour multipartisme. Toutefois, l'opposition, morcelée, n’est jamais parvenue à s'imposer car, depuis 1990, toutes les élections sont gagnées par le PDG (même si elles sont toujours contestées par

31 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives l'opposition). Jusqu’aujourd’hui, la situation ne semble pas favorable à une alternance, aux deux élections présidentielles qui se sont succédées après la Conférence nationale, le favori est toujours Omar Bongo Ondimba. Toutefois, en comparaison à d’autres pays d’Afrique, le pays jouit d’un climat politique assez stable qui lui vaut aujourd’hui d’être classé 13 ème sur le palmarès africain de performance politique, économique et sociale 40 . Le Gabon dispose aussi d’une presse multiple et dynamique constituées de journaux, radios et télévisions. Cette presse publique et privée favorise la circulation d’une information plurielle parmi la population et atteste aussi d’une certaine assise du pouvoir démocratique.

VI - LE CONTEXTE DES TÉLÉCOMMUNICATIONS

« Le numérique est en train de créer un homme nouveau dans une civilisation nouvelle, la société de l’information, dans laquelle n’entre pas qui veut comme dans les premiers temps de l’humanité. Cette fois, il faut payer pour utiliser des équipements coûteux et complexes, ou rester isolé. Le Nord possède à la fois les équipements et les ressources pour payer l’accès et l’utilisation. Le Sud, dans sa grande majorité, reste exclu de fait de l’information… Paradoxe et ironie que le continent qui a inventé l’écriture soit, à la fin d’un processus qu’il a lancé, exclu du savoir universel »41 , déclarait le Président du Sénégal Abdoulaye Wade à la table ronde de Genève (17-28 février 2003) préparatoire au sommet mondial sur la société de l’information. L’Afrique connaît effectivement un retard important sur le reste du monde en matière de technologies numériques. Parmi les causes de ce retard, certains citent celles liées à l’organisation territoriale, à la politique coloniale, à la peur et au peu d’intérêt à répondre aux besoins de financement et d’expertise qu’exige ce secteur, à l’agressivité industrielle et commerciale des opérateurs

40 Gaboneco.com. Le Gabon au 13 ème rang sur le palmarès africain de performance politique, économique et sociale , Article téléchargeable à l’adresse : http://www.gaboneco.com/show_article.php?IDActu=1159 - 9 mai 2007, (consulté le 28 juillet 2007). 41 Discours du président Abdoulaye Wade. Téléchargeable à l’adresse : http://www.dsf-fsn.org/fr/03a- fr.htm (consulté le 26 octobre 2007).

32 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives transnationaux de télécommunications, à la crise de la dette des années 1980 en Afrique, etc. Dans cette recherche des causes, P.C. Akendengue 42 va plus loin lorsqu’il écrit :

« Bien qu'il ne faille pas faire de place à un pessimisme excessif, l'environnement psychologique qui régente nos politiques n'est pas favorable à l'appropriation des nouvelles technologies. La colonisation a fait subir une éclipse identitaire à l'Afrique, qui doute encore de sa culture. Une certaine coopération continue de dire : "vous êtes jeunes, nous allons vous aider à vous développer", sans laisser de place à un véritable partenariat. L'Afrique doit alors de nouveau s'atteler à des locomotives qui ne sont pas africaines. Ces politiques ne font qu'augmenter le nombre des exclus de ces nouvelles technologies, notamment la classe paysanne qui forme la majorité de nos populations. 43 »

Ces technologies numériques servant à présenter et transmettre des informations et connaissances sont ce que nous avons baptisé plus haut les technologies de l'information et de la communication (TIC). Le fossé entre ceux qui utilisent les potentialités de ces TIC pour leurs besoins personnels ou professionnels et ceux qui ne sont pas en état de les exploiter faute de pouvoir accéder aux équipements ou faute de compétences, est généralement qualifié de "fracture numérique", la traduction de l’expression américaine "Digital Divide". L’OCDE en a donné la définition suivante : « le terme se réfère aux disparités entre individus, foyers, entreprises et aires géographiques aux différents niveaux socio-économiques en termes d’accès aux TIC et d’utilisation de l’Internet pour une large variété d’activités »44 . C'est en Afrique que ce fossé est le plus marqué. La fracture est encore plus importante dans les campagnes, où la majorité des habitants, à la différence de leurs homologues urbains, n'ont ni routes, ni lignes téléphoniques ni électricité. Les propos d’Hamadoun Touré, Secrétaire général de l'Union internationale des télécommunications (UIT), suffisent pour démontrer le véritable "gouffre" qui sépare

42 Akendengue Renyambie Pierre Claver est un artiste musicien gabonais de renommée internationale, il occupe actuellement, en 2008, la fonction de Conseiller du Président de la République aux Affaires Culturelles. 43 Akendengue P. C. Culture et NTIC : éclipse identitaire ou projet authentiquement africain ? Article téléchargeable à l’adresse : http://www.anais.org (consulté le 26 octobre 2007). 44 OCDE (2001) : Understanding the Digital Divide. Paris: OCDE.

33 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives les pays d’Afrique des pays développés : « En 2004, près de la moitié des 800.000 villages dans le monde dépourvus de toute connexion aux TIC et représentant une population d'un milliard d'habitants se trouvaient en Afrique, selon des statistiques de l'UIT. La même année, l'Afrique ne représentait que 3,7% des abonnés au téléphone, qu'il soit fixe ou mobile. Elle comptait 22 millions d'utilisateurs de l'Internet, pour un taux de pénétration d'à peine 3%. En Europe, ce taux est 11 fois plus élevé . L’accès à l’Internet concerne quant à lui un africain sur 90, alors que la moyenne mondiale se situe à 1 sur 10. Pour la téléphonie mobile, "le taux de croissance était de près de 70% ces trois dernières années" en Afrique, dont "la part de marché est montée en décembre 2005 à 8% pour le téléphone mobile et fixe 45 ». A titre de comparaison, en Europe et en Amérique du Nord, une personne sur 3 possède un ordinateur personnel 46 .

Abordant le sujet dans sa note introductive au recueil d'études comparées sur la Formation à distance en Afrique Subsaharienne francophone, Jacques Wallet (2007)47 relève et révèle la nuance autour de cette notion de "fracture numérique". Selon l’auteur : « l’image de la "fracture numérique "n’est confirmée que si on la relie aux autres fractures du développement inégal (santé, éducation, développement économique) ». Alors que, poursuit l’auteur, « isolée, la référence à la notion de "fracture numérique" devient parfois un argument empreint de duplicité lorsqu'il est utilisé par les opérateurs de télécommunications, dans le seul but d’accélérer la course à des marchés d’équipement ». L’auteur avance à ce propos « qu’il y a autant de fracture entre zones rurales et urbaines d’un même pays ou entre classes sociales. Il en est parfois de même dans l’éducation. On a un peu ce sentiment autour de ce qui gravite dans le suivi des travaux du SMSI (Sommet Mondial de la Société de l’Information) ou les questions d’équipement vampirisent souvent le débat, alors qu’un concept comme celui de « solidarité numérique » défendu par la francophonie nous semble plus opératoire »48 .

45 Hamadoun T. Interview accordée à l’AFP, mars 2007. 46 Ploye F. (2005). Télécommunications, la révolution est en march e, In Jeune Afrique, L’Intelligent, Etat de l’Afrique en 2004, Hors-série n° 6, Paris, 2005, p. 110-111. 47 Wallet J. (2007). Formation à distance en Afrique Sub-Saharienne francophone, Etudes comparées - Etudes ADEA - RESAFAD – UNESCO > 2004 / 2007, Guidon J. Wallet J. (dir.), Téléchargeable à l’adresse : http://www.edusud.org/adea/publi8adea_format_web_5_decembre.pdf. (consulté le 4 février 2008). 48 Wallet J. (op. cit).

34 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Lors de son intervention au congrès de l’AIPU, Jacques Wallet (2005) 49 , fait état des discours "caricaturaux" observables autour de la notion de « fracture numérique ». Il évoque ainsi les discours des plus "pessimistes" qui, selon lui, soutiennent qu’Internet ne "marchera" jamais en Afrique car il est trop coûteux. Ce type de discours relève de ce que l’auteur qualifie de " pessimisme absolu " avec sa variante le " pessimisme idéologique " lorsque Internet est décrit comme une forme du néo-colonialisme culturel et économique. D’après lui, le pessimisme absolu consiste par exemple à affirmer que l’Internet va accroître les coûts de l’éducation déjà inacceptables pour la plupart des pays ou, comme l’avait avancé Quéau (2000), cité par l’auteur, qu’" Une heure de connexion à Internet coûte un mois de salaire de professeur d'université dans certains pays africains ". Sur ce point précis, nous sommes d’avis avec l’auteur que ces propos restent discutables sur le terrain car, les possibilités de connexion à Internet sont, dans la plupart des cas, gratuites ou à faible coût, surtout dans les administrations ou certaines institutions d’enseignement supérieur. En prenant le seul exemple de l’ENS que nous connaissons le mieux, la connexion reste gratuite pour les enseignants. Les étudiants doivent quant à eux, payer une modique somme lors de leur inscription en début d’année (environ 5000 francs CFA ou 7,62 euros). De plus, avec la profusion des cybercafés 50 , les coûts sont devenus de plus en plus abordables surtout dans les grandes villes comme Libreville où certains cybercafés affichent des prix allant de 400 francs à 500 francs CFA l’heure, (c'est-à-dire environ 0,76 euro), ce qui multiplie les possibilités de connexions à Internet.

D’après Jacques Wallet (op. cit.), un autre type de discours existe, venant cette fois des plus "optimistes", il s’agit de : - l’optimisme béat : Internet se diffuse très rapidement intégrant l’Afrique à la toile mondiale - Peut-être pour la première fois de son histoire, l’Afrique Noire n’est pas

49 Wallet J. (2005). La coopération inter-universitaire à l’heure d’Internet , XXII ème Congrès de l'AIPU, L'enseignement supérieur du XXI eme siècle : de nouveaux défis à relever, Genève/Suisse 50 Les cybercafés sont des lieux publics où des ordinateurs connectés à Internet sont mis à la disposition des clients contre une rémunération forfaitaire. Bien qu'étant censés être dévolus à cet usage unique, certains cybercafés (au Gabon par exemple) deviennent des lieux de rencontres conviviaux avec restauration rapide et boissons (et pas forcément du café), prisés de la jeunesse estudiantine. Souvent l'accès aux messageries et chat – avec microphone et casque - est très courant. Certains permettent également de jouer à des jeux en réseau, ce sont des salles de jeux en réseau et d'accès Internet.

35 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives isolée du reste du monde, avec comme référence le modèle brésilien où, administrations, entreprises et classes moyennes ont adopté Internet massivement pour résoudre une partie des difficultés quotidiennes (déplacements, accès à l’information, etc.). - l’optimisme raisonné repose sur le constat que le saut technologique lié à Internet est synonyme de progrès économiques, structurels (notamment dans l’aménagement du territoire) et socioculturels.

L’Unesco parle quant à elle d’une « fracture numérique aux multiples visages » (Unesco, 2005, p. 30) 51 . Ainsi, plusieurs facteurs influent sur ce que l’on nomme communément la fracture numérique, à savoir : les ressources économiques, la géographie, l’âge, le sexe, la langue, l’éducation et l’origine sociale, l’emploi et l’intégrité physique. Ces différents éléments revêtent plus ou moins d’importance en fonction des régions du monde. Le Gabon fait partie des pays d’Afrique subsaharienne francophone les plus avancés en matière de technologies de l’information et de la communication. Qu’en est-il exactement ?

6.1 - Attitudes et engagements des pouvoirs politiques face aux TIC Le Gabon a fait des progrès importants en matière de télécommunications au cours de ces dernières années. En effet, depuis les recommandations de Bamako 2000, le Gouvernement gabonais, aidé en cela de plusieurs organismes internationaux comme le PNUD et le projet Information et Communication pour le développement (ICD), est arrivé à l'Internet à travers plusieurs actions importantes et complémentaires. Les principales sont : - Le lancement, en octobre 1996, du projet national SDNP/RDD 52 (Réseau de Développement Durable), après signature par le Gouvernement et le PNUD ainsi qu'avec les autres partenaires que sont le Canada et la France, d'accords de financement. Ce projet devait permettre à la fois l'accès à l'information disponible à l'extérieur via les

51 Unesco (2005). Vers les sociétés du savoir . Rapport mondial de l’Unesco, Unesco, Paris. 52 SDNP/RDD (partenaires, PNUD, Canada et la France) est un projet qui a pour but de favoriser l'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication, notamment Internet, dans le but d'accroître la collaboration entre les différents acteurs et opérateurs du développement humain durable.

36 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives connexions internationales et la disponibilité à l'échelle nationale d'un réseau de partenaires.

- L'installation d'une connexion internationale Internet par l'opérateur national, l'Office des Postes et Télécommunications (actuellement en voie de privatisation) et son inauguration officielle par le Président de la République, son excellence El Hadj Omar Bongo en 1998.

De ces actions, figurant parmi tant d’autres, il ressort que les plus hautes autorités du pays ont un réel intérêt pour les TIC. C’est pour aller dans ce sens que le gouvernement a rebaptisé le Ministère des Télécommunications, Ministère de la Communication, de la Poste, des télécommunications et des Nouvelles Technologies. Ainsi, confronté aux doutes, aux contraintes économiques et financières, aux priorités des populations, le Gabon, a introduit à un rythme vertigineux, les outils relatifs à l'utilisation de l'Internet sur l'ensemble de son territoire, ainsi que le relève Louis Martin Essono (op. cit.). En effet, suite à un accord avec TeleGlobe 53 pour un accès de 45 Mbps, le Gabon dispose de la plus large bande passante d’Afrique. Plusieurs sociétés se partagent actuellement le marché gabonais de l’Internet, les principales sont :

- Gabon Telecom (Inet) compte 6.500 clients en RTC (Réseau Téléphonique Commuté), et environ 800 clients XDSL 54 . Grâce au câble sous-marin WASC/SAT3, Gabon Télécom dispose désormais d’une capacité de connexion internationale estimée à 155 Mbs. La société projette de faire du Gabon le hub 55 régional en matière de télécommunications pour l’Afrique centrale.

53 Téléglobe est un fournisseur de services internationaux de voix, d'itinérance sans-fil et de données/IP. Téléglobe est le propiétaire-exploitant d'un réseau de télécommunications internationales. 54 Les technologies XDSL transmettent des données à hauts débits sur la boucle locale en cuivre du réseau téléphonique traditionnel. La transmission jusqu'à l'abonné s'effectue dans des bandes de fréquences élevées, inutilisées par les services téléphoniques. Définition téléchargeable à l’URL : http://www.alaide.com/dico.php?q=DSL (consulté le 29 juillet 2007). 55 Hub : En général, un concentrateur (en anglais, hub - cette traduction est souvent utilisée en français, mais c'est un anglicisme) est le nœud central d'un réseau informatique. Il s'agit d'un dispositif électronique servant de commutateur réseau, et permettant de créer un réseau informatique local de type Ethernet. Définition téléchargeable à l’adresse : http://fr.wikipedia.org/wiki/Hub_(informatique), consulté le 9 octobre 2007.

37 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

- Solsi (Services online et systèmes informatiques) (http://www.solsi.ga/) lancé en 2000, est la filiale à 50% du groupe gabonais Sogafric. Il compte environ 800 clients en RTC et HSDL et possède depuis 2003 une liaison satellitaire. Il propose des services de conception et d’hébergement de sites web, de commerce électronique et dispose d’un portail d’information et de messagerie (www.assala.com).

- Internet Gabon (http://www.internetgabon.com/) lancé en 1996 est le premier FAI privé. Il compte plus de 1.000 abonnés dont 15% en HDSL et dispose depuis 2002 de liaisons satellitaires directes en dérogation du monopole de Gabon Telecom. Il propose aussi des solutions VoIP 56 et GPS 57 .

Le pays compte aujourd’hui 60.000 internautes soit environ 5% de la population ; 13 000 abonnés RTC 350 abonnés haut Débit (HD); 800 abonnés ADSL ; 25 000 micro- ordinateurs en service 58 . Les grandes villes du pays abritent toutes désormais des cybercafés (210 cybercafés). D’après une étude réalisée par l'Agence de régulation des télécommunications (ARTEL) du 24 avril au 30 juin 2006, Libreville, la capitale gabonaise, compte à elle seule 89 cybercafés et 2 790 cabines téléphoniques. La même étude révèle que, sur les 2 790 cabines téléphoniques recensées, celles qui fonctionnent avec des lignes de téléphone fixe ne sont que 391 contre 2 399 cabines à base de téléphone portable (GSM). Car, malgré des coûts assez élevés pratiqués par (Libertis, Celtel et Moov), les trois opérateurs de la téléphonie mobile ont réussi en quelques années à supplanter la suprématie de Gabon Telecom sur le marché du téléphone publique Gabon Télécom a considérablement perdu le marché des cabines téléphoniques dont il avait le monopole jusqu'à la fin des années 90. Et pourtant concernant le rapport

56 Méthode pour l'envoi de voix sur un réseau local étendu ou Internet à l'aide de paquets TCP/IP. Définition téléchargeable à l’adresse : http://www.alaide.com/dico.php?q=VoIP&x=14&y=9 (consulté le 29 juillet 2007). 57 Système de positionnement par satellite. Réservé tout d’abord aux militaires, il est devenu d’utilisation fréquente dans le domaine civil. L’aviation, la navigation, et la compétition sportive ont été les premiers utilisateurs de ce matériel d’abord très coûteux. La position terrestre latitude/longitude est calculée grâce à différents satellites qui émettent des signaux radios vers la terre. L’utilisateur peut enregistrer des positions (latitude/longitude), tracer un parcours, se choisir une destination (aller), naviguer (obtenir direction et vitesse). Définition téléchargeable à l’adresse : http://www.alaide.com/dico.php?q=GPS&x=15&y=9, (consulté le 29 juillet 2007). 58 legabon.org (2006). Etat des lieux des télécommunications. Article téléchargeable à l’adresse : http://www.legabon.org/invest.php?Id=2&Sousrub=1, (consulté le 4 octobre 2007).

38 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives qualité/prix, Gabon Telecom offre le meilleur confort. Un problème de marketing justifierait la perte progressive par Gabon Telecom de ce marché. La société exige une importante caution avant l'exploitation à des fins commerciales d'une ligne de téléphone. Ceci n'est pas le cas pour les cabines téléphoniques à base du GSM.

Afin d'assurer une utilisation optimale de ces outils, le Gouvernement accélère et multiplie des stages d'initiation et de perfectionnement destinés aux hauts cadres, aux responsables des télécentres et aux chercheurs. Ces formations s'effectuent presque chaque mois. Les stages vont de la simple initiation à l’informatique, à la formation de webmestres, en vue d'élaborer une stratégie nationale de l'information et de la communication. Outre des points d'accès privés, le Gabon voit aussi fleurir, dans tous les domaines d'activité, des services à distance. C'est ainsi que le Centre multimédia des Nations Unies (le PNUD), la Direction Générale des Archives Nationales, la Bibliothèque Nationale et la Documentation Gabonaise peuvent offrir au public gabonais, contre paiement, des services à distance. Les consultations peuvent donc s'opérer à domicile ou dans les institutions déjà connectées à Internet.

Les investissements dans les infrastructures pour le développement de l’Internet témoignent des gros efforts consentis par le pays sur le dossier des autoroutes de l’information : Nœud Internet, câble sous marin, libéralisation des télécommunications par la présence de trois opérateurs GSM (Moov, Celtel, Libertis)…Mais, s’il est vrai que le gouvernement gabonais a créé des infrastructures d’accueil favorables au développement des TIC, il n’en demeure pas moins qu’aucune politique concrète de l’Internet n’a été défini à ce jour. La multitude de micro projets nés avec l’initiative SNDP/RDD (Sustainable Development Networking Program)/(Réseau de Développement Durable) 59 , du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) n’ont pu survivre. C’est le cas de l’espace cyber mis sur pied pour la promotion des TIC auprès du grand public, par le Ministère des télécommunications, sous l’assistance technique du PNUD. Aujourd’hui, ce cyber n’est plus opérationnel. De la

59 L'initiative SDNP du système des nations unies, constitue un cadre de référence, pour tout organisme travaillant pour un meilleur accès à l'information dans les pays en voie de développement.

39 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives même façon, en 2001, l’hôtel de ville de Libreville, sous l’assistance technique de la mission française de coopération, a mis à disposition du grand public, le cyber Hermes aujourd’hui également non fonctionnel. Toujours dans la ferveur du RDD, le Ministère de l’éducation avait lancé le projet Futur Kids, devant promouvoir les TIC dans les lycées et collèges. Aujourd’hui, il ne reste aucun vestige de cette action. Le ministère du commerce en est resté au stade de l’idée, aucune action concrète n’a jamais vu le jour en matière du commerce électronique. Seul, le projet du ministère de l’enseignement supérieur, réalisé sous l’assistance technique de la mission canadienne semble tenir la route : le projet campus numérique.

Un des faits marquants de ce plan d’action est jusque là, sans aucun doute, la consigne donnée en faveur des acteurs impliqués dans la promotion des TIC. En ce sens, le gouvernement gabonais avait décidé, en 2005, de l'exonération totale des droits et taxes de douane sur l'importation du matériel informatique destiné aux écoles.

6.2 - Infrastructures et politique des télécommunications D'importantes mutations liées à l'évolution des technologies et à la libération progressive du marché ont marqué le secteur des télécommunications depuis les sept dernières années. Selon le cabinet spécialisé britannique Informa Telecoms & Media, le Gabon se situerait au 3 ème rang en Afrique subsaharienne en terme de taux de pénétration (plus de 35%), derrière l'Afrique du Sud et le Botswana, mais au 1 er rang des pays francophones. L’UIT (Union internationale des télécommunications), qui est une institution spécialisée des Nations Unies pour les technologies de l’information et de la communication, confirme la même assertion. L’indice d’accès numérique 60 au Gabon est évalué, selon les experts de l’Union internationale des télécommunications (UIT), à 0,34, soit un niveau moyen dans le classement universel des pays francophones pour les TIC

En effet, dans le cadre du développement de son réseau de télécommunications, Gabon Télécom, opérateur national de la téléphonie filaire (unique opérateur) et de

60 L’indice d’accès numérique (IAN) mesure la capacité globale des individus d’un territoire donné à accéder et à utiliser les technologies de l’information et de la communication (TIC).

40 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives télécommunication, est devenu co-propriétaire du câble à fibres optiques reliant de manière directe l’Europe, l’Afrique, l’Océan Indien et l’Asie, dénommé SAT- 3/WASC/SAFE (West African Submarine Cable). Il s’agit d’un câble d’une longueur totale de 28.800 km, qui relie d’une part le Portugal à l’Afrique du Sud sur 15300 km avec des points d’atterrissement dans plusieurs villes de la côte atlantique dont Libreville, et d’autre part, l’Afrique du Sud à la Malaisie sur 13500 km. Rappelons que la largeur de la bande passante d'un pays indique la quantité d'informations qui peut circuler rapidement de ce pays à un autre (en exemple, vers fin 2000, l'essentiel de la connexion à Internet liait les États-Unis (USA) à l'Europe (56 giga octets par seconde) et, dans une moindre mesure les USA à la région Asie-Pacifique (18 go). Le Gabon dispose actuellement d’une bande passante d’environ 50 Mbit/s). Cette avancée technologique constitue une importante opportunité pour le développement des télécommunications en Afrique telles que l’Internet à haut débit ou encore la téléphonie. Un document paru sur Internet précise que « le système, d'une capacité technique de 120 Gbits/s pourra acheminer 5,8 millions de conversations téléphoniques simultanées ou bien transférer le contenu de 35 DVD par seconde 61 ». Ceci offre aux clients des accès larges bandes avec une qualité technique inégalée vers de nouveaux marchés.

La figure suivante représente le câble sous-marin, long de 28.000 km, passant par la côte gabonaise et reliant l'Afrique à l'Europe et l'Asie.

61 Système submersible de câble de SAT-3/WASC/SAFE, Document téléchargeable à l’adresse : http://www.safe-sat3.co.za/SystemInformation/SystemInformation.asp

41 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Figure 1 : Le réseau des câbles reliant l’Afrique à l’Europe et l’Asie

Source : Alcatel

Ce nouveau support signifie pour le Gabon un accès à une large bande passante (débit du "tuyau" par lequel transitent les informations), indispensable pour l'Internet à haut débit. Désormais, le pays peut non seulement s’affranchir de la dépendance exclusive du support satellitaire pour les communications internationales, mais également accroître les échanges inter-Etats africains ainsi que le reste du monde, réduire substantiellement les tarifs eu égard au coût de maintenance du câble, et disposer d’une voie d’intégration des TIC, de l’Internet, de transfert de données à haut débit. Mais, comme l’explique Brian Cheesman (2005), chef de projet au sein de la commission e-Africa du Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique) : « Théoriquement, le câble aurait dû avoir un impact majeur. Mais le problème est qu'il n'y pas eu de réduction significative des coûts de connexion; le système appartient à un groupe d'opérateurs qui dictent leurs

42 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives prix ». Ainsi, quatre ans après son inauguration, si tous les spécialistes admettent que SAT-3/WASC/SAFE a marqué un tournant, l'intégration reste embryonnaire car les possibilités offertes par le câble sont encore très largement sous-exploitées (seulement pour la téléphonie vocale). Pour le moment, Libreville et ses environs immédiats semblent les plus favorisés par l’existence de ce câble, les travaux entrepris par Gabon Télécom depuis quelques années vont certainement permettre au reste du pays de profiter également de cette technologie.

6.2.1- La téléphonie fixe Le tableau suivant donne un aperçu de l’évolution de la téléphonie fixe :

Tableau 2 : Lignes téléphoniques principales en service

Année Lignes téléphoniques Changement principales en service 2003 39000 2004 38400 -1,54 % 2005 38400 0,00 % 2006 39100 1,82 % Source : CIA World Factbook - Version de Décembre 2006

Le tableau 2 traduit la faible expansion de la téléphonie fixe au Gabon. En effet, alors qu’en 2006, les pays comme le Sénégal, le Burkina Faso, le Cameroun, pour ne citer que ceux là, comptent respectivement 266000, 97400, 99400 lignes principales en service, le Gabon n’en comptabilise qu’à peine 39100 lignes . A notre avis, les principales raisons qui expliquent cette situation sont multiples : la mauvaise couverture nationale, la lenteur administrative pour obtenir une ligne, le coût très élevé de la tarification ; d’où la tendance effrénée à l’utilisation de la téléphonie mobile. Signalons que la réduction des dotations budgétaires pour les consommations téléphoniques de l'État (27% des facturations en 2001) avait amené dès 2003, Gabon Télécom, à réduire les accès (possibilité d'appels internationaux ou d'appels vers de téléphones portables) de la plupart des postes téléphoniques de l'Administration. Ceci pour éviter une aggravation du taux de

43 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives recouvrement sur l'Administration. En moins de 10 ans, selon les spécialistes du domaine, le nombre de personnes ayant délaissé le téléphone fixe au profit du mobile a presque doublé. La téléphonie mobile reste ainsi le moyen de communication le plus répandu actuellement au Gabon. Depuis le rachat de 51% de l’entreprise par Maroc Télécom, des mesures de relance ont été prises par la nouvelle équipe. Un article paru dans le site « jeuneafrique.com » fait ainsi état de la baisse des tarifs (85%) sur les appels à partir d’un téléphone fixe vers l’international. Selon la nouvelle tarification, le coût d’un appel vers l’Afrique sera facturé 250 F CFA (hors taxes). En direction de l’Europe et du Moyen-Orient, le tarif sera de 280 F CFA (HT). Les communications vers l’Amérique et l’Océanie coûteront, elles, 320 F CFA la minute. Dans l’ancienne grille des tarifs, les appels du téléphone fixe vers l’international variaient entre 1 900 et 2 500 F CFA (TTC) selon la destination 62 .

6.2.2 - La téléphonie mobile La tendance est différente pour la téléphonie mobile, d'après Informa Telecoms & Media, au 30 septembre 2006, le nombre d'abonnés au GSM au Gabon s'élevait, à 716 000 personnes. Ce qui, en faisant un rapport avec le nombre d'habitants (environ 1,5 million), donne le ratio d'un habitant sur deux possédant un téléphone portable 63 . Artel Gabon qui, de son côté, avait fait une estimation approximative, déclare que les trois opérateurs mobiles (Libertis, Celtel, Moov) se partageraient un marché de 647.000 abonnés actifs en 2007 avec une couverture géographique de près de 85% du territoire 64 . D’importantes mutations liées à l’évolution des technologies et la libéralisation progressive du marché ont en effet marqué le secteur des télécommunications depuis les six dernières années : la scission en 2001 de l’OPT en Gabon Poste et Gabon Télécom ; le développement rapide depuis 1999-2000 de trois opérateurs de téléphonie mobile : Libertis (filiale de Gabon Télécom), Moov Gabon (filiale de ETISALAT Emirates Télécommunications Corporation) et Celtel Gabon (filiale de Mobile Télécommunications Company (MTC).

62 Jeuneafrique.com. Gabon Télécom baisse ses prix . Article téléchargeable à l’adresse : http://www.jeuneafrique.com/jeune_afrique/article_jeune_afrique.asp?art_cle=LIN10067gabonxirpse0 (consulté le 29 juillet 2007). 63 Artel Gabon. Le secteur des télécommunications au Gabon. Téléchargeable à l’adresse : http://www.artel.ga/infos-plus-secteur.htm#sommaire (consulté le 4 octobre 2007). 64 Artel Gabon (op. cit.)

44 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Depuis la levée du monopole de Gabon Télécom sur les communications internationales, les opérateurs mobiles se sont dotés de plates formes spécifiques permettant d’offrir à leurs abonnés un accès direct à des tarifs très concurrentiels (les frais reliés aux appels locaux sont sensiblement les mêmes chez tous les fournisseurs, soit de 250 FCFA la minute (aucun frais chargé pour la réception des appels). Au mois de mai 2006 par exemple, Télécel a lancé un tarif unique à 190 francs CFA TTC/mn (offre « Unik ») pour les appels locaux sur les téléphones fixes et en direction des autres.

Le tableau suivant nous présente l’évolution du marché de la téléphonie mobile.

Tableau 3 : Evolution du marché global de la téléphonie mobile

Années/ 2000-2001 2002 2003 2004 2005 2006 Opérateurs Libertis 30000 122000 155000 200000 242000 250000

Celtel 90000 107000 145000 230000 370000 500000

Moov 50000 60000 53000 41000 35000 40000

Total 170000 289000 353000 471000 647000 790000

Source : Artel Gabon

Le monde des télécommunications ne se limite pas à la téléphonie et à l’Internet. Les médias, radios et télévisions, jouent également un grand rôle et connaissent un essor important au Gabon. En effet, depuis le Commissariat à l'Information au sortir de l'indépendance, en passant par le ministère de l'Information pendant la période du parti unique et la rupture politique née de l'avènement du multipartisme issu de la conférence nationale, l'on constate qu'au plan institutionnel, le processus communicationnel évolue dans le temps au Gabon. De même que, pour coller à la nouvelle donne de la mondialisation, le Gabon s’est arrimé institutionnellement (en 2006) avec la mise en place d'un ministère de la communication, de la poste et des nouvelles technologies de l'information. En effet, depuis 1992, le conseil National de la Communication (CNC),

45 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives organe constitutionnel à caractère consultatif, fait office d’autorité morale. L’Agence gabonaise de Presse est chargée de la collecte et de la diffusion de l’information. La presse écrite locale s’exprime en français. L’Union est le premier quotidien gabonais. Depuis 1990 (année de la tenue de la Conférence Nationale), un certain nombre d’hebdomadaires et autres périodiques, propriétés pour la plupart des partis politiques de l’Opposition ont vu le jour. Cependant, face au coûts prohibitifs des services d’édition, l’existence de ces journaux ne dure que le temps des campagnes électorales.

Le secteur télévisuel ne demeure pas en reste. Depuis quelques années, les gabonais ont accès à la télévision à péage. Différents bouquets permettent, moyennant l’acquisition d’une antenne, d’un décodeur et d’un abonnement mensuel, la réception de chaînes étrangères provenant d’Europe, du Proche-Orient ou des USA. La télévision publique gabonaise comprend quant à elle deux chaînes (RTG1&RTG2), dont la réception est possible dans la majorité des régions du pays. Le pays dispose également de deux chaînes de radiodiffusion (publiques), d’une radio à vocation internationale, Africa N° 1, et de diverses radios FM commerciales ou associatives (Black FM, Mandarine, Top FM, Radio Emergence, Radio Sainte Marie, etc.), ainsi que de quatre chaînes de télévision privées (Télé-Africa, TV+, RTN, Chaîne 5). Par ailleurs, le principal quotidien national, certaines chaînes de radio et la télévision sont accessibles maintenant via le Web. Cet aspect dénote la convergence des différents outils liés aux télécommunications, dont le développement est très important au Gabon. Comme la plupart des pays de la sous- région, le Gabon utilise le système Secam K’. Cependant, il a continuellement fait des efforts pour améliorer la qualité de la radiocommunication. L’article de Mikeni Dienguiesse paru dans le journal Union 65 révèle que depuis la tenue à Genève en Suisse (du 10 au 28 mai 2004) de la première session régionale des radiocommunications, initiée par l’Union internationale des télécommunications (UIT), le Gabon envisage le passage de Pal B en VHF (très haute fréquence) et de Pal G en UHF (ultra-haute fréquence). Ceci pour tenir compte des évolutions technologiques du moment, notamment la numérisation, aux fins d’élaborer des plans analogiques (VHF et UHF)

65 Journal Union Plus du 22 novembre 2006. Le Gabon vise la numérisation analogique , p. 4.

46 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives dans le cadre des assignations existantes ou en projet. Cela conduira automatiquement à l’abandon définitif du système Secam K’ encore en vigueur.

Le tableau suivant donne une idée de la situation prévisionnelle des grands médias.

Tableau 4 : Situation prévisionnelle des grands médias

2007 2009 Radio télévision VHF (très haute fréquence Pal G en UHF VHF (très haute fréquence Pal G en (ultra-haute fréquence). UHF (ultra-haute fréquence). Lignes Raccordement de toutes les villes Téléphonie en zone rurale téléphoniques moyennes du pays Téléphone Couverture nationale 85% Couverture nationale 100% Cellulaire Internet Réduction des prix grâce au câble sous- Accès dans toutes les villes marin à fibre optique moyennes du pays

6. 2.3 - Services et équipements Selon une étude récente d'ARTEL, le Gabon compterait environ 25 000 micro- ordinateurs, soit 1 pour 50 habitants. Une quinzaine de sociétés, de tailles variables, assurent la distribution d'équipements informatiques et de consommables tout en assurant pour la plupart une gamme complète de services : conseil, installation, maintenance et service après vente. Le matériel provient en grande partie de la France. Certaines sociétés font du développement de logiciels spécifiques mais cette activité reste encore assez marginale, la majorité travaille avec des partenaires éditeurs pour les logiciels. Il faut noter cependant que le coût des équipements est de loin le premier frein au développement du secteur car, malgré le niveau de revenu des travailleurs gabonais très largement supérieur à celui des pays voisins, l’ordinateur le moins cher, qui coûte environ 650000 francs CFA (environ 1000 euro), n’est pourtant pas à la portée du smicard ordinaire ni du même du fonctionnaire moyen. Les autres freins tiennent aux faiblesses du réseau de télécommunications : faiblesses du réseau de téléphonie fixe : les zones rurales ne sont presque pas desservies, la qualité des liaisons en milieu urbain est

47 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives souvent encore faible, accès longtemps réduit à l'international : les connexions internationales dont Gabon Télécom avait jusque début 2003 le total monopole étaient très insuffisantes ; leur "banalisation" conjuguée à la mise en service du câble SAT3 ont permis de lever partiellement ces freins. Les dysfonctionnements que connaît la SEEG (coupures intempestives et autres délestages de courant et d'eau) pénalisent et démotivent énormément les usagers et les acteurs des technologies de l’information et de la communication.

ÉLÉMENTS DE SYNTHÈSE

Ce chapitre qui s’achève a présenté le Gabon à travers ses caractéristiques physiques, démographiques, politiques, économiques et financières. On en retient que le Gabon, est un pays situé à l'ouest de l’Afrique Centrale, sur l'équateur, divisé en 9 provinces, dirigées par un gouverneur, elles-mêmes subdivisées en départements dépendant d'un de l’autorité d’un préfet et, parfois, en districts, dépendant d'un sous-préfet. A chacune de ses structures administratives correspond une structure de l’éducation. Faiblement peuplé, le pays a d’énormes potentialités économiques (pour la plupart non exploitées). Il exporte du manganèse, du pétrole, du fer, du bois et bien d'autres produits de son sol et son sous-sol depuis longtemps. On mesure, à ce bref aperçu, à quel point les ressources du pays dépendent des cours mondiaux des matières premières. Les revenus pétroliers, devenus importants à partir des années 1970, n'ont que très partiellement servi à moderniser le pays et à diversifier son économie. En fait, la population ne profite que peu des richesses du Gabon, si bien que le niveau de vie de beaucoup de Gabonais demeure fort médiocre, en dépit d'un PNB par habitant relativement élevé. Anciennement impliqué dans le commerce triangulaire, puis colonie française, le Gabon est indépendant depuis 1960.

Un bref aperçu de la situation des TIC au Gabon révèle que leur paysage sur le pays a changé de manière spectaculaire depuis la dernière décennie, celle des années 1990. En effet, la mise en service d’un câble sous-marin en fibre optique a favorisé une nette amélioration au niveau de la bande passante internationale et l’apparition de l’ADSL en

48 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

2003. L’ADSL a permis une diminution des coûts et une amélioration de la qualité de la connexion. De nombreux cybercafés ont vu le jour depuis ce moment-là, contribuant à une plus large diffusion de l’Internet au sein de la population. Le secteur des télécommunications a également connu des changements significatifs au cours de ces dernières années. Ces changements sont intervenus sur trois fronts. Il y a eu les changements de politique, les innovations institutionnelles, ainsi que les changements techniques et opérationnels, tout ces changements ayant eu pour catalyseurs les nouveaux régimes de libéralisation et de privatisation. On assiste à une augmentation substantielle du taux d’expansion et de modernisation des réseaux (terrestres) de ligne fixe, associée à une explosion des réseaux mobiles et des services de télécommunications par satellite. Pour une population de 1,5 million d'habitants, le Gabon compte en 2006 plus de 790.000 abonnés pour les trois opérateurs de la téléphonie mobile GSM. En ce qui concerne le téléphone fixe, le Gabon a été le premier au niveau de la sous région à avoir des centraux téléphoniques numériques. Mais, malgré cette volonté de promotion de l’utilisation des TIC, beaucoup reste à faire pour permettre à la majorité des familles gabonaises d’accéder à ces nouvelles technologies. On constate, malgré les efforts déployés par Gabon Télécom, que les capacités nationales restent encore faibles et mal reparties : 45.000 abonnés à une ligne fixe en 2005 soit une télédensité fixe de 2,86%. Cette faible densité s’explique par les lourdeurs administratives et le coût élevé d’obtention des lignes téléphoniques. Ce qui a favorise l’expansion depuis ces deux dernières années du téléphone mobile. Selon une étude récente d'ARTEL, le Gabon compterait environ 25 000 micro-ordinateurs, soit 1 pour 50 habitants. Il n’y a pas encore d’entreprise de fabrication des équipements et/ou des matériels informatiques. Un nombre infime d’unités d’assemblage des ordinateurs personnels sont installées à Libreville et Port- Gentil et le marché de l’occasion est peu développé.

Par rapport à l’objectif visé par notre étude, nous jugeons à présent nécessaire de chercher à comprendre les facteurs explicatifs du dysfonctionnement du système éducatif et de formation gabonais. C’est ce qui va faire l’objet du chapitre suivant.

49 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

CHAPITRE II : LA SITUATION ÉDUCATIVE GABONAISE

« Si le prochain siècle doit véritablement être le siècle de l’Afrique, marqué par le progrès social et économique du peuple africain, le siècle de la paix et du développement durables en Afrique, alors le succès de ce projet est tributaire de celui de nos systèmes d’enseignement. Parce que nulle part au monde le développement n’est survenu sans un système d’enseignement fonctionnant bien, sans un enseignement primaire universel et de haut calibre, sans un secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche efficace, et sans égalité des chances en éducation . 66 »

Ces propos d’espoir, tenus par le président Thabo Mbeki lors du discours inaugural de la "Conférence sur l’éducation pour la renaissance africaine au 21 eme siècle" de Johannesburg, traduisent la place et le rôle central que doit occuper l’éducation pour permettre aux Africains de participer aux opportunités qu’offre l’économie mondialisée du 21 ème siècle et d’en tirer un meilleur parti. L’importance de l’éducation a déjà fait l’objet de plusieurs écrits qui, aujourd’hui encore, soulignent son rôle dans les perspectives de développement de l’Afrique. Ainsi, dans toute l’œuvre de Joseph Ki- Zerbo (2003), s’il y a une chose qui apparaît avec évidence, c’est bien la nécessité causale entre école et développement. Pour lui, « l’école est le cœur du développement et toute autre perception du développement en dehors de cette compréhension, serait une méprise 67 ». Cette position semble avoir été comprise par les dirigeant africains qui, dès les années 1960, ont marqué de grandes avancées dans le domaine de l'éducation par un accroissement des investissements dans le secteur. A cette époque et d’une manière générale, les économistes considéraient déjà le capital humain comme un intrant décisif de la production économique des pays ; dans cette logique, ils pensaient que la qualification de la main d’œuvre devait influer sur la productivité. Lange écrit ceci à ce sujet : « à l’opposé des gouvernements coloniaux qui pensaient l’école en terme de coût,

66 Thabo Mbeki (1999). Allocution d’ouverture à la Conférence sur l’éducation pour la renaissance africaine au 21 eme siècle. Johannesburg, Afrique du Sud. 67 KI-ZERBO Joseph (2003 ). A quand l’Afrique ? Entretien avec René Holenstein. Editions de l’Aube.

50 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives les dirigeants africains posèrent comme postulat qu’elle était source de richesses économiques »68 . Depuis lors, les recherches ont progressé, et de nos jours, il est largement admis que l’éducation est un investissement économiquement rentable et un facteur de développement incontestable. Quarante sept ans après ces investissements, le bilan s’avère toujours sombre dans la plupart de ces pays. Le Gabon ne fait pas exception. Conscient du rôle essentiel de l’éducation dans l’épanouissement de l’être humain, l’État gabonais avait promulgué, le 9 août 1966, la loi 16/66 portant Organisation générale de l’enseignement dans la République du Gabon qui stipule que « l’enseignement doit assurer la formation physique, intellectuelle, morale et civique du futur citoyen. Il doit contribuer à l’unité nationale et à la cohésion sociale, grâce à une information et une documentation réciproque avec tous les autres corps de l’État ».

Cependant, malgré les efforts fournis par le gouvernement, le pays connaît une désillusion en ce qui concerne l’adaptation des enseignants aux innovations et l’amélioration de la qualité de l’enseignement. Les défis à relever sont énormes et multiples. Devant cette situation préoccupante, beaucoup d’écrits mettent en cause le dysfonctionnement du système éducatif 69 . Ils lui reprochent son faible rendement, son inefficacité et le faible niveau de qualification des enseignants. Qu’en est-il exactement ?

I – HISTORIQUE ET ÉVOLUTION DU SYSTÈME ÉDUCATIF GABONAIS

L’école telle qu’on la connaît aujourd’hui a vu le jour au Gabon avec l’arrivée des premiers missionnaires (catholiques et protestants). En en effet, Dès le 22 juin 1842, les missionnaires américains de l’église presbytérienne de Boston : les révérends Wilson et Griswold arrivent au Gabon et décident de fonder une mission sur la rive droite, près du village de Glass, sur le site de Baraka qui tire son nom de la présence d’un ancien

68 Lange, M-F. (1995). Crise économique et recomposition du champ scolaire: l’Ecole africaine en questions , Fonds documentaire ORSTOM. 69 l’IIDRIS (accessible à l’adresse : http://www.med.univ-rennes1.fr/iidris) défini le système éducatif comme étant des structures, des modes de fonctionnement et des services assurant la formation et le développement intellectuel d'un être humain. Le système éducatif comprend ainsi tout ce qui contribue à la maturation d’une personne : la famille, l’école, les médias, la lecture, les relations professionnelles et amicales.

51 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives barracon 70 d’esclaves portugais. Dès le 16 juillet de la même année, ils ouvrent une école, accueillent les enfants des dignitaires locaux et leur enseignent l’anglais 71 . Le 28 septembre 1844 marque l’arrivée au Gabon de trois missionnaires du Sacré-Cœur de Marie, dont le R. P. J.R Bessieux 72 . Ils fondent la mission Sainte Marie, derrière le Fort d’Aumale, qui dépend alors du Vicariat des deux Guinées. Trois mois plus tard, conformément à la règle de sa congrégation, J R. Bessieux ouvre à son tour une école de confession catholique. Dans une de ses lettres adressées à la congrégation du Saint- Esprit, datant du mois de mai 1845, on peut lire : « Il suffit qu'un bateau pointe à l'horizon pour que mes élèves s'échappent, préférant quelque temps se consacrer au commerce plutôt qu'à mes leçons…maintenant je leur fais école quand ils viennent »73 . Il aurait fallu attendre l’année 1907, pour assister à l'ouverture de la première "école officielle" mise en place pour fournir au régime colonial des auxiliaires de l’administration. Ceux-ci se retrouvaient dans la société gabonaise (française) au sommet de la hiérarchie sociale et exerçaient des fonctions valorisées et reconnues publiquement importantes à cause d’une part, des revenus relativement substantiels qu’elles procuraient aux personnes concernées, et d’autre part, des différentes formes de privilèges, de prestige et autres avantages dont elles bénéficiaient. En un mot ces personnes rejoignaient le rang des élites dans la société. Ainsi, dès sa création, le système éducatif gabonais était mal adapté. Car, alors que le pays est essentiellement rural, l’état d’esprit qui prévaut au cours du processus de scolarisation est la désaffection à l’égard du travail manuel et de la terre. L’objectif du système colonial, former des "administrateurs" ou des fonctionnaires, a fait image au sein des populations. Celles-ci ont tendance à considérer l’école comme une entreprise à fabriquer les fonctionnaires. Cette idée est restée

70 Barracon : Petite cabane où les portugais entreposaient leurs esclaves. 71 Xavier Cadet (op. cit.) 72 La Congrégation du Sacré Cœur de Marie, qui fusionne en 1848 avec celle du Saint Esprit, est fondée en 1840 par Libermann. Son acte de foi est d’évangéliser les "Noirs" et préparer à l’affranchissement les esclaves. L’œuvre de la congrégation ne se contente pas seulement d’évangéliser, elle ambitionne de former en instruisant et d’enseigner un métier. La tête (l’instruction), les mains (les arts et les métiers), le cœur (les vertus) doivent être développés d’un même élan. Il revient aux missionnaires de montrer l’exemple en travaillant sans relâche. Libermann engage les missionnaires au respect des populations locales : "Faites vous nègres avec les nègres pour les former comme ils doivent l’être, non à la façon de l’Europe, mais en leur laissant ce qui leur est propre" (Lettre datée du 19 novembre 1847, adressée par Libermann à la communauté de et Gabon, B. de Vaulx, Histoire des missions catholiques, p. 386). 73 Lettre de Jean Rémy Bessieux à Libermann. Disponible à la Bibliothèque spiritaine de Chevilly-Larue (Val de Marne).

52 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives longtemps dans l’esprit des populations. Aussi, longtemps encore après l’indépendance, continue-t-on à penser que la véritable promotion sociale provient de la rupture avec le travail manuel. L’administration scolaire elle-même, à sa façon, a contribué à faire la promotion de cette vision, notamment par les orientations vers l’enseignement technique et professionnel qui restent perçues comme la sanction d’un échec dans le cheminement scolaire des élèves.

A son accès à l’indépendance en 1960, le Gabon, à l’instar des autres anciennes colonies françaises, signe des accords de coopération économique, militaire et culturelle avec la France. Mais, tout comme le droit, le système éducatif gabonais de l’époque est calqué sur un ancien modèle français. En effet, « Héritier », le Gabon connaîtra la même évolution avec, à chaque fois, un pan de retard sur la France. Les finalités de l’éducation ont ainsi été au début, celles du système français des années 1960. A savoir la transmission de connaissances d’abord générales, puis spécialisées, qui confèrent à l’élève une culture de type académique, mais dans le cas du Gabon, sans référence aucune au patrimoine culturel national. Toutefois, comme tout système, le système scolaire gabonais est régulé par une loi d’orientation et de fonctionnement votée à l’Assemblé nationale, c’est la loi 16/66 du 9 août 1966 portant organisation générale de l’enseignement au Gabon. Cette loi stipule que : « l’enseignement doit assurer la formation physique, intellectuelle, morale et civique du futur citoyen. Il doit contribuer à l’unité nationale et à la cohérence sociale, grâce à une information et une documentation réciproque avec tous les autres corps de l’État ». Elle proclame ainsi la priorité de l’éducation dans un pays jeune et qui manque cruellement de cadres nationaux, le droit à l’éducation pour tous les enfants, et institue un enseignement obligatoire de 6 à 16 ans dans le primaire et le secondaire.

II – BREF APERÇU DES STRATÉGIES ET POLITIQUES EN MATIÈRE D’ÉDUCATION AU GABON

Appelée le "quartier latin de l'Afrique" dans les années 1980 à cause de son taux élevé de scolarisation, la République gabonaise a toujours réservé une place de choix à

53 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives l'instruction. En effet, dès 1961, le gouvernement avait mis en place, un plan de scolarisation à 100%. Cette politique sera renforcée par les dispositions de la loi 16/66 du 9 août 1966 portant organisation générale de l’enseignement en la république gabonaise. Dans un rapport de l’OCDE (2004), on peut lire ceci : « En matière d’éducation, le Gabon est l’un des rares pays du continent à proposer un enseignement de masse (en 1999, le taux brut de scolarisation atteignait 152 pour cent dans le primaire), gratuit et caractérisé par une scolarisation équivalente des filles et des garçons, au moins jusque dans le secondaire »74 . Aussi, trouve t-on une école dans chaque village de plus de 50 enfants en âge scolarisable et pour une distance de 2 km (distance moyenne entre le domicile et l’école primaire située à proximité). Rares sont les villages du Gabon qui ne disposent pas d'une école primaire. Les collèges d'enseignement secondaire et les lycées couvrent la quasi-totalité du territoire national (dans les grandes et moyennes villes). L’effort accompli en particulier pendant le demi siècle dernier, se poursuit. Le taux actuel de scolarisation des 6-24 ans présenté dans le tableau ci-après le manifeste :

Tableau 5 : Taux de scolarisation des 6-24 ans (%)

Hommes Femmes

6-15 ans 94 93

16-20 ans 69 61

21-24 ans 40 31

Source : Enquête démographique et santé Gabon 2000, Ministère de la planification, juin 2001

Pays à forte tradition centralisée qui a construit et consolidé son identité au travers d'une école chargée de former les futurs citoyens, le Gabon conserve un système d'enseignement placé sous le contrôle dominant de l’État. Ce dernier garde des attributions fondamentales dans la définition et la mise en œuvre de la politique éducative, des programmes nationaux d’enseignement. Il assure le recrutement, la formation et la rémunération des enseignants et apporte des aides financières diverses

74 BAfD/OCDE 2004. Gabon. Perspectives économiques en Afrique, Téléchargeable à l’adresse : http://www.oecd.org/dataoecd/31/52/32552696.pdf (consulté le 22 octobre 2007).

54 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives aux élèves, sous forme de bourses. Mais, de plus en plus, des institutions privées s'occupent de l'éducation, au côté de l'Etat. Seul, l'enseignement supérieur représenté par les trois universités (Université Omar Bongo Ondimba (UOB, Libreville), Université des Sciences de la santé (USS, Libreville), Université des Sciences et Techniques de Masuku (USTM, Franceville), (trois autres universités sont en projet de construction à Oyem dans le Nord du pays, à Mouila (Sud) et à Port Gentil (Capitale économique du pays), les Instituts et grandes Ecoles, demeure le monopole de l'Etat. Jusque là, un seul ministère, divisé en deux départements ministériels, gérait le système éducatif gabonais : le Ministère de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur (MENES). Depuis la formation du gouvernement issu des législatives de 2006, les deux départements qui formaient le MENES se sont de nouveau séparés en deux ministères : le Ministre de l'Education nationale, de l'Instruction civique, chargé de l'Education populaire et celui de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Les deux ministères ont pour tâche de définir une politique éducative efficace, visant à assurer à toutes les parties engagées : gouvernement, enseignants, élèves, parents d'élèves, une réelle intégration, un partenariat et un succès efficient.

III - LE SYSTÈME D’ÉDUCATION

L’éducation, étymologiquement venant du mot latin "ex-ducere" (guider, conduire hors), est définit comme l'action de développer un ensemble de connaissances et de valeurs morales physiques, intellectuelles, scientifiques... considérées comme essentielles pour atteindre le niveau de culture souhaitée. L'éducation permet de transmettre d'une génération à l'autre la culture nécessaire au développement de la personnalité et à l'intégration sociale de l'individu 75 . C’est en somme, la transmission des valeurs de civilisation à l’être (valeurs morales, spirituelles, cognitives, comportementales). Elle commence avant la naissance et s’achève après la mort. Le système éducatif gabonais est entièrement calqué sur celui de la France dans ses modes de fonctionnement, de formation et d’administration, ce qui permet de valider des diplômes gabonais afin de

75 Définition fournit par le lexique de la politique "Toupictionnaire". Accessible à l’adresse : http://www.toupie.org/Dictionnaire/Education.htm (Consulté le 25 janvier 2008).

55 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives continuer éventuellement des études en France. Trois types d’éducation coexistent et contribuent à la formation des gabonais :

3.1 - L’éducation formelle Il s’agit d’activités éducatives structurées dans le cadre des systèmes scolaires et universitaires. Elles se traduisent par des programmes d’études planifiées par un ou plusieurs enseignants et mènent généralement à une reconnaissance officielle des acquis. On y distingue plusieurs niveaux et types d’enseignement : l’éducation préscolaire, l’enseignement élémentaire, l’enseignement moyen et secondaire général, l’enseignement technique et professionnel et l’enseignement supérieur. A chacun de ces niveaux, on retrouve à côté de l’enseignement public, un enseignement privé qui s’est beaucoup diversifié et développé ces dernières années. De même, l’éducation spéciale occupe une place de plus en plus importante dans le système. Même si sa présence est plus marquée dans l’enseignement élémentaire, les orientations sont à un développement du secteur qui permet la prise en charge adéquate d’une catégorie de la population scolarisable, jusqu’ici marginalisée. La loi n° 19/95 du 13 février 1995, portant protection des personnes handicapées, prévoit la prise en charge par l'Etat des enfants déficients et inadaptés. C’est le cas de l’école des enfants sourds-muets, située à Nzeng- Ayong (un quartier périphérique de Libreville). On note également l’existence de la fondation "Horizon Nouveau" qui prend en charge les déficients mentaux et malvoyants.

3.2 - L’éducation non formelle Par "Education non formelle", nous faisons référence à tout apprentissage se déroulant en dehors des institutions d'éducation formelle dans des structures alternatives. Il s’agit d’activités structurées ayant des objectifs éducatifs clairement annoncés, se situant le plus souvent en dehors des systèmes scolaires et universitaires et ne menant pas à une reconnaissance officielle validée par ceux-ci. L’éducation non formelle fait partie intégrante de la notion d’éducation permanente qui permet aux jeunes et aux adultes d’acquérir et d’entretenir les compétences, les aptitudes et les dispositions nécessaires pour s’adapter à un environnement en mutation constante. C’est la transmission de valeurs (rites, us, et coutumes) à l’enfant dès le bas âge. Il grandit alors dans le cercle

56 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives familial en suivant des modèles qui lui sont dictés par ses parents. L’école traditionnelle est caractérisée par l’oralité par laquelle se transmettent les connaissances. Elle peut résulter d’une initiative individuelle et prendre la forme de diverses activités d’apprentissage menées en dehors du système éducatif formel (formation professionnelle, alphabétisation…).

3.3 - L’éducation informelle C’est l’ensemble des connaissances acquises par l’expérience de la vie quotidienne. Il s’agit d’un processus se poursuivant tout au long de la vie permettant d’acquérir des comportements, des valeurs, des compétences et des connaissances, en dehors d’un dispositif structuré, à partir d’expériences quotidiennes, d’influences éducatives et d’autres ressources de son environnement. Notre définition rejoint celle donnée par l’Index international et dictionnaire de la réadaptation et de l'intégration sociale (IIDRIS) : « Apprendre à la maison ou dans un autre cadre non institutionnel, comme apprendre l'artisanat ou d'autres savoir-faire avec des parents ou d'autres membres de la famille ou écolage à domicile »76 . La télévision, les voyages, la lecture par exemple sont ainsi considérés comme des vecteurs d’éducation informelle, sauf s’ils sont utilisés comme supports dans un espace éducatif structuré. Notons qu’il est coutume d’entendre dire qu’en Afrique, l’enfant est la propriété de tout le monde, le Gabon n’échappe pas à cette réalité typiquement africaine. En effet, l’éducation de l’enfant n’est pas l’affaire exclusive de la famille directe de celui-ci, mais l’affaire de toute la communauté dans laquelle l’enfant vit et grandit. Les voisins, les amis, même les inconnus sont responsables de l’éducation de l’enfant. Le but de cette éducation est d’initier l’enfant aux règles de la société.

IV - STRUCTURE GÉNÉRALE DU SYSTÈME ÉDUCATIF GABONAIS

L’organisation de l’enseignement au Gabon présente de forte similitude avec celle existante en France. En effet, le système scolaire gabonais comprend quatre ordre d’enseignement hiérarchisés et composés de différents cycles fixés selon l'âge des

76 IIDRIS accessible à l’adresse : http://www.med.univ-rennes1.fr/iidris (consulté le 25 janvier 2008).

57 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives enseignés et le type de formation recherchée : il existe l’enseignement primaire, le secondaire (général et technique) et le supérieur. La durée de ces différents cycles et de leurs subdivisions est fixée par décret. En principe, la scolarité est obligatoire de 6 à 9 ans. La scolarité du primaire dure six années, celle du premier cycle du secondaire quatre années, trois années pour le second cycle du secondaire et sept années pour le supérieur. Il importe cependant de noter qu’en ce qui concerne la question de l’accès à l’éducation, il apparaît qu’en dépit de la loi instituant l’obligation scolaire jusqu’à l’âge de 16 ans, bon nombre d’enfants quittent l’école prématurément (leur nombre est estimé actuellement à plus de cent mille individus). L’obligation scolaire à laquelle on fait référence ici n’est donc qu’une prescription qui ne suit pas le caractère impératif suggéré par le terme "obligation" eu égard aux déperditions qui touchent cette tranche d’âge.

Actuellement, au vu de l’ensemble des données disponibles, brièvement rappelées ci- dessus, le système éducatif gabonais est structuré selon le modèle d’organisation présentée ci-dessous.

58 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Figure 2 : Le système éducatif gabonais en terme de cycles

Baccalauréat

Concours d’entrée en sixième + Certificat d’études primaires et élémentaires (CEPE)

Source : Rapport de la Mission d’expertise.Propositions en vue de l’élaboration d’un Schéma directeur du secteur éducatif gabonais, téléchargeable à l’adresse : http://www.labogabon.net/infos/schemadirecteur/schemadirecteur.htm

*Les aires des différentes zones indiquent la masse d’élèves concernés par chacun des niveaux. Les âges indiqués correspondent aux âges moyens des élèves.

59 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

L’allure du schéma rend saillant le caractère problématique du système éducatif gabonais. La base de la figure, qui représente le cycle préscolaire, apparaît très réduite, avec au dessus une zone plus massive représentant le cycle primaire, zone qui se réduit progressivement et de façon nette jusqu’au cycle supérieur.

Voyons à présent, dans les détails, l’articulation entre les différents cycles.

4.1 - L’enseignement préscolaire (3 ans) : L’enseignement préscolaire est quasiment inexistant au Gabon. Les obstacles à son développement spécifiquement, au-delà des problèmes communs à l’ensemble des niveaux, sont les suivants : disparités de niveaux de qualification des enseignants, insuffisance des infrastructures, manque d’harmonisation fonctionnelle entre les jardins (qui relèvent du Ministère des Affaires sociales) et les écoles maternelles, implication insuffisante des associations des parents d’élèves. Il accueille les enfants de 3 à 5 ans, n'ayant pas encore atteint l'âge de l'enseignement primaire. La loi 10/84 du 30 juillet 1984 porte définition et organisation générale de ce niveau d’enseignement et le décret du 10 février 1987 en fixe les modalités d’application. Il importe de noter que la maternelle n'est pas obligatoire et que son développement reste encore marginal car, fréquentée par une grande minorité d’enfants. Son fonctionnement ressemble énormément à celui des maternelles françaises, c'est-à-dire en ateliers. Par contre, étant donné que les enfants en sont souvent à leur première année d'école, les programmes gabonais visent plutôt l’assistance de jeunes enfants, de manière à garantir leur équilibre physique et moral, et de favoriser le développement de leurs différentes aptitudes psychomotrices intellectuelles et sociales. Plus globalement, l’expansion de ce niveau nécessite une réflexion multi-ministérielle puisqu’il est au croisement des prérogatives du ministère de l’Education nationale, des Affaires sociales, des ONG ou d’organismes privés souvent à caractère religieux. Quoi qu’il en soit, notons que, vu l’obligation actuelle du Gabon de trouver des solutions aux nombreux problèmes que rencontre son système éducatif, ce niveau d’enseignement n’est pas certainement pas le plus prioritaire.

Le tableau suivant fournit des données sur cet ordre d’enseignement :

60 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Tableau 6 : Effectif des élèves, enseignants par sexe et infrastructures 2004-2005 du pré primaire public

Nombre Effectifs des Salles de Ratios Provinces d’écoles Effectifs des élèves enseignants classe élèves/salle G F T H F T Estuaire 72 1971 1919 3890 14 130 144 89 43.70 Haut-Ogooué 25 398 398 796 7 20 27 55 14.47 Moyen-Ogooué 6 97 92 189 7 4 11 10 9.2 Ngounié 10 145 164 309 50 9 14 17 9.64 Nyanga 8 62 66 128 6 7 13 13 9.85 Ogooué-Ivindo 7 141 173 .314 3 6 9 13 24.15 Ogooué-Lolo 5 118 124 .242 3 8 11 9 26.89 Ogooué-Maritime 11 303 207 510 11 11 22 24 21.25 Woleu-Ntem 14 288 321 609 3 16 19 17 35.82 Total 158 3523 3464 6987 59 205 270 247 28.29 Pourcentage % 50,42 49,57 21,57 75,92 Source : DPPI 77

77 DPPI : Direction de la planification et de la programmation des investissements du ministère de l'Education national

61 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

4.2 - Le cycle primaire. Il accueille les enfants de 6 à 12/13 ans et est sanctionné par le Certificat d’Etudes Primaires et le Concours d’entrée en 6 ème qui donne accès à l’enseignement secondaire. Jusque là, la première année (cours préparatoire) était répartie sur deux ans pour compenser le fait que très peu d'enfants fréquentent une maternelle et que le français est pour la plupart d'entre eux une seconde langue. Depuis la rentrée scolaire de septembre 2005, une réforme de taille s’est opérée à ce niveau de l’enseignement, avec notamment la diminution de la durée de six à cinq ans et la disparition des classes de Cours Préparatoire 1 ère et 2 ème année, Cours Elémentaire 1 ère et 2ème année, et de Cours Moyens 1ère et 2 ème année. Ces changements ont créé un véritable chamboulement dans un cursus qui ressemble à s’y méprendre au système anglais. Inédit en zone francophone, le nouveau système, en vigueur dans le primaire pour une période expérimentale de trois ans avant de s’imposer, s’opère actuellement en symbiose avec l’ancien. Au terme de chaque année, les élèves qui n'obtiennent pas une note moyenne générale de 5 sur 10 surtout dans les matières principales comme le français et les mathématiques sont tenus de redoubler l'année et il n'est pas rare qu'un élève triple une classe. Ce qui a pour conséquence le fait que l'âge moyen des élèves d'une classe soit toujours supérieur à l'âge réglementaire ; on peut ainsi trouver des enfants de 9, voire 10 ans en première année du primaire. Après le cycle moyen, l'enfant passe le Certificat d'études primaires. C'est un examen très traditionnel axé sur la mémorisation et l'imitation, attestant qu'il a fini l'école primaire. Pour accéder au secondaire, il doit en plus réussir le concours d'entrée en sixième, non moins traditionnel. La situation se présente ainsi comme si l'unique objectif de l'enseignement primaire gabonais était de préparer au secondaire, sans tenir compte du taux de déperdition. Certains enseignants de CM interrogés à ce sujet se plaignent du fait que tout leur temps d'enseignement est occupé par la préparation à ces deux examens et réclament une refonte de leur contenu et de la forme d'évaluation. Le tableau suivant fournit des données sur ce niveau d’enseignement.

62 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Tableau 7 : Effectif des élèves par sexe et infrastructures du primaire

Nombre Effectifs des élèves Effectifs des enseignants Salles de classe Ratio élèves/ Ratio Ordre d’écoles enseignants élèves/ G F T H F T Bon état Mauvais T d’enseignement classe état Public 755 94606 90520 185126 2477 1849 4326 3432 395 3827 43 48 Privé confessionnel 320 25910 24309 50219 720 663 1383 1197 214 1411 36 36 Total 1075 120516 114829 235345 3197 2512 5709 4629 609 5238 41 45 Privé laïc 389 20699 20728 41427 794 1127 1921 1003 96 1099 22 38 Total ensemble du Gabon 1464 141215 135557 276772 3991 3639 7630 5632 705 6337 36 44 Pourcentage 51,02 48,97 52,30 47,69 88,87 11,12 Source : DPPI

63 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Comme l’indique le tableau 7, les effectifs globaux de l’enseignement primaire sont suffisamment importants, il faut néanmoins souligner à cet égard que ces effectifs se sont accrus de manière significative depuis le lancement du Plan de développement de l’enseignement primaire. D'après les statistiques de l'Education nationale (2002), la population scolaire gabonaise augmente chaque année de 1,6%. A ce rythme, on comprend que les structures d’accueil soient rapidement saturées. Si au début des années 1990, le gouvernement avait construit en un temps record les 52 écoles appelées les écoles "Ngoua Ngou", cet élan s’est vite estompé, au regard de la saturation des salles classes et de la hausse vertigineuse des effectifs qui ne cesse de bousculer les statistiques chaque année. Il ressort ainsi clairement du tableau 7 que les ratios élèves/maîtres (36) et élèves/classes (44) sont élevés car, si l’on constate ces dernières années un très net effort en faveur du recrutement des enseignants, notamment du point de vue de leur niveau d’admission, qui s’est sensiblement élevé, et de l’amélioration de leur formation au sein des écoles normales d’instituteurs, leur insuffisance numérique est toujours un problème d’actualité. Ces ratios ne reflètent cependant pas la réalité car la disparité géographique rend très mal compte de l’empan des effectifs par classe. Ainsi, dans les grands centres urbains (Libreville, Port Gentil, Oyem et Franceville) où la demande scolaire des parents est très forte (conséquence de l’exode rural qui entraîne avec lui le surpeuplement des structures d’accueil), ces ratios dépassent les 100 élèves pour un enseignant voire plus. Le système de la double vacation appelé encore système "Turn Over" 78 (ou système de double flux) a été mis en place pour essayer de pallier, tant soit peu à cette carence, mais il reste dérisoire.

En observant ce tableau, on note également l’absence d’enseignants expatriés dans cet ordre d’enseignement. L’enseignement primaire est en effet le seul niveau où "la gabonisation" de l’enseignement a été jusque là effective. Soulignons toutefois qu’en dépit des efforts entrepris en la matière par le Gouvernement depuis 1996, le déficit en personnels enseignants du primaire persiste jusqu’aujourd’hui. Le tableau met également en évidence la part importante occupée par les filles dans la scolarisation au niveau du

78 Turn Over. Système où un même instituteur, dans une même classe, fait cours le matin à un groupe d’élèves, l’après-midi à un second groupe. On économise à la fois le salaire d’un enseignant et la construction d’une salle de classe.

64 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives primaire. D’après l’OCDE (2004), le Gabon est l’un des rares pays du continent à proposer un enseignement de masse (en 1999, le taux brut de scolarisation atteignait 152 pour cent dans le primaire), gratuit et caractérisé par une scolarisation équivalente des filles et des garçons, au moins jusque dans le secondaire 79 . En effet, si en 1960, les filles ne représentaient qu'un peu plus du tiers des effectifs scolaires, de nos jours, elles représentent près de 50% (49% en 2005).

4.3 – Le cycle secondaire Il est constitué d'un cycle court de 4 ans (premier degré), qui va de la sixième en troisième, et est sanctionné par le Brevet d'Étude du Premier Cycle (BEPC) ; un cycle long (second degré) qui commence en seconde et conduit en 7 ans au Baccalauréat. C’est au niveau de la classe de seconde que les élèves sont confrontés à leur premier choix de cours selon les notes qu'ils ont obtenues. Les options concernent surtout les séries littéraires, scientifiques et technologiques. I1 comporte un enseignement général et un enseignement technique, entre lesquels existent des passerelles permettant d'éventuelles réorientations. A l'issue de ce cycle, les élèves accèdent à l'enseignement supérieur. L’enseignement général est un enseignement de transition. Cela signifie qu’il ne prépare pas directement à une profession, mais forme l’esprit et donne des connaissances générales nécessaires pour poursuivre des études supérieures plus ou moins longues, universitaires ou non-universitaires. Par contre, l’enseignement technique se distingue de l’enseignement général par l’aspect plus concret de ses options à caractère technique (options groupées spécialisées dans divers domaines) mais il reste très proche de l’enseignement général par une formation commune identique. En effet, partie intégrante du ministère en charge de la Formation Professionnelle, de l'Enseignement technique, de la Réinsertion, Chargé de l'Insertion professionnelle des Jeunes, l'enseignement technique et professionnel (réparti dans onze établissements), constitue la principale structure de formation du sous-secteur. Il délivre une formation initiale organisée en niveaux selon un "Enseignement technique court", conduisant aux CAP et BEP, et un « Enseignement technique long », préparant aux baccalauréats techniques et professionnels et au BT.

79 OCDE (2004). Le Gabon . Perspectives économiques en Afrique . Téléchargeable à l’adresse : http://www.oecd.org/dataoecd/31/52/32552696.pdf (consulté le 27 janvier 2008).

65 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Selon le Document de Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté (DSCP), l’enseignement général regroupe 92% des jeunes, 8% seulement sont dans l’enseignement technique et la formation professionnelle. Les pouvoirs publics, notamment le ministère de la Formation professionnelle et de l’Enseignement technique, s’attellent à réduire ce déséquilibre. Ces dernières années, en même temps qu’une adaptation du système gabonais d’enseignement technique et de formation professionnelle, des actions de sensibilisation, de valorisation et de promotion de la formation professionnelle ont été entreprises. Le ministre en charge de la Formation Professionnelle, le Pr. Pierre André Kombila, l’avait expliqué, d’une certaine manière, face aux médias lors de la dernière rentrée académique : « Il faut rehausser l’image de marque de la formation professionnelle et l’enseignement technique qui souffre malheureusement du statut dévalorisé du travail manuel auquel la formation est encore assimilée. Beaucoup de parents d’élèves conçoivent encore très mal l’orientation vers l’enseignement technique. Par ailleurs, s’agissant du volet réinsertion et insertion professionnelle des Jeunes, des mesures concrètes sont en cours d’élaboration en vue de permettre aux exclus des entreprises une meilleure reconversion dans la vie active. Aussi, la mise en place d’un cadre d’intervention opérationnelle permettra d’identifier les besoins de différents types de publics cibles et établir des priorités d’intervention », avait-il déclaré.

Contrairement au Québec où le baccalauréat est un diplôme obtenu à l'université, le Bac est comme dans le système français, le diplôme qui sanctionne la fin du cycle secondaire pour les Gabonais.

Le tableau ci-après donne une image de ce niveau d’enseignement.

66 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Tableau 8 : Enseignement du Second Degré : Effectif des Elèves, Enseignants par sexe et Infrastructures 2004- 2005

Ressources humaines Infrastructures Bâtiments Salles deSalles Effectifs élèves Enseignants classe spécialisées Ordre Gabonais Etrangers G F T H F T H F T Ensemble

Public 54924 57166 112090 1857 357 2214 611 77 688 2902 226 1540 104 Confessionnel 13145 13682 26827 403 47 450 226 27 253 703 116 380 308 Laïc 6780 7057 13837 472 100 572 500 73 573 1145 76 548 30 Total 74849 78905 153754 2732 504 3236 1337 177 1514 4750 458 2468 442 (Source : DPPI, Ministère de l’Education national)

67 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Le tableau 8 révèle un phénomène récurrent dans la plupart des systèmes éducatifs des pays d’Afrique subsaharienne ayant adopté le plan Education pour Tous (EPT) 80 : les effectifs de ce cycle d’enseignement représentent à peine la moitié de ceux du cycle précédent et, rapportés à la quantité de population scolarisable de la même tranche d’âge, ils paraissent bien dérisoires. De fait, et malgré de très gros efforts effectués depuis une dizaine d’années, le système d’éducation primaire ne permet pas d’alimenter l’enseignement secondaire dans des conditions optimales. Cette situation s’explique en partie par le fait que l'accès au secondaire est conditionné par la réussite au concours national d’entrée en 6 ème organisé par le ministère de l’Education nationale, véritable goulot d’étranglement inutile et coûteux socialement. La sélection au concours d’entrée en 6 ème est en effet caractérisée par un faible taux d’admission qui, lui-même, dépend des capacités réduites d’accueil au niveau de l’enseignement secondaire. L’étude menée par le ministère de l’Education nationale 81 , en 1999, montre que sur une cohorte de 1000 élèves inscrits en cours préparatoire première année, 229 élèves seulement arrivent en classes de 6 ème . Le rapport du CST de Saint Denis 82 qui va dans le même sens révèle qu’en 2004, le taux de transition du primaire au secondaire était inférieur à 40% et celui du premier cycle au second cycle du secondaire était de l'ordre de 45%. Ainsi, précise le rapport, dans le primaire, sur 1000 élèves entrant au CP1, 19 seulement arrivent au CM2 sans redoubler- 31 en redoublant une fois et 39 en redoublant deux fois ; dans le secondaire, sur 1000 élèves admis en classe de 6 ème , 5 obtiennent le baccalauréat sept années plus tard sans redoubler, 12 l'auront après un redoublement, 161 l’auront au terme de deux redoublements et 11 après trois redoublements. Ce que l’on peut également déduire en regardant ce tableau est le fait que, contrairement à l’enseignement primaire où la totalité des enseignants est d’origine gabonaise, le secondaire est le premier ordre d’enseignement où l’on rencontre des enseignants étrangers. Ce tableau révèle également le fait que les filles sont plus scolarisées que les garçons dans ce niveau d’enseignement. Mais, avec 4750 enseignants du secondaire, on comprend très vite que le second degré

80 Le Gabon a posé des objectifs d’éducation pour tous suivant un plan d’action nationale en 2002. Ce plan d’action est inspiré du texte fondateur de l’UNESCO sur l’éducation pour tous. 81 Ministère de l’Education nationale. L’état du système éducatif gabonais. Libreville, n°1, mars 1999. 82 Rapport de CST de Saint Denis. Actions de formation avec le Gabon, Relations internationales. Téléchargeable à l’adresse : www.creteil.iufm.fr/.../vitrine-des-savoir-faire/partenariats/gabon (consulté le 10 janvier 2008)

68 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives correspond à un obstacle difficilement contournable : pas assez d’établissements scolaires, pas assez de classes, pas assez d’enseignants. Les ratios élèves/enseignants et élèves/classes paraissent anormalement élevés, malgré l’assistance accrue des bailleurs de fonds en matière d’aide au développement. A l'issue de ce cycle, les élèves accèdent à l'enseignement supérieur.

4.4 - L’enseignement supérieur. L'enseignement supérieur gabonais, auquel participent trois universités et plusieurs grandes écoles nationales, est caractérisé par la prédominance du système public. A ce titre, il souffre des mêmes maux que les autres niveaux, à savoir manque de budget et de personnel. A ce propos, le ministre gabonais de l'enseignement supérieur, Albert Ondo Ossa, dans une émission réalisée au mois d’avril 2007 sur les antennes de la télévision nationale (RTG 1), accusait l'Etat d'affecter une portion congrue à la recherche, il déclarait ceci : « 100 millions de FCFA c'est largement dérisoire par rapport aux résultats attendus des recherches universitaires »,

Par ailleurs, une trop forte majorité d’étudiants est inscrite dans des filières littéraires alors qu’il n’existe pas de débouchés suffisants sur le marché de l’emploi. Ce tassement rapide des besoins en cadres supérieurs des filières littéraires, juridiques ou économiques, dû à une croissance presque exponentielle des effectifs étudiants, contraste aujourd’hui avec la pénurie observée au niveau des filières scientifiques et techniques.

N’ayant pas pu disposer de données récentes, nous allons présenter, dans le tableau suivant, les différentes filières et les effectifs des étudiants de 2000 à 2003.

69 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Tableau 9 : Evolution des effectifs étudiants de 2000 à 2003

Année 2000-2001 Année 2002 -2003 Etablissements Nombre % Nombre % Accroissement du total du total d’inscrits d’inscrits Faculté des Lettres et des Sciences Humaines (FLSH) 3760 41,45 4099 40,68 9,02% Faculté de Droit et Sciences Économiques 1644 18,13 2029 20,14 23,42% Université Omar Bongo (UOB) 5404 59,58 6128 60,82 13,40% Université des Sciences de la Santé (USS), Faculté de Médecine 1021 11,26 983 9,76 -3,72% Ecole Polytechnique de Masuku (EPM) 332 3,66 201 1,99 -39,46% Faculté des Sciences 626 6,90 618 6,13 -1,28% Institut National Supérieur d’Agronomie et de Biotechnologies (INSAB) 0 0,00 112 1,11 Université des Sciences et Techniques de Masuku (USTM) 958 10,56 931 9,23 -2,82% Ecole Nationale des Eaux et Forêts (ENEF) 60 0,66 86 0,85 43,33% Ecole Normale Supérieure (ENS) 399 4,40 907 9,00 127,32% Ecole Normale Supérieure de l’Enseignement Technique (ENSET) 220 2,43 195 1,94 -11,36% Ecole Nationale Supérieure de Secrétariat (ENSS) 317 3,49 243 2,41 -23,34% Institut >National des Sciences de Gestion (INSG) 429 4,73 299 2,97 -30,30% Institut Supérieur de Technologie (IST) 262 2,89 304 3,02 16,03% Grandes Ecoles 1687 18,60 2034 20,19 20,57% Totaux 9070 100,00 10076 100,00 11,09% Source : Ministère de Enseignement supérieur 2004

70 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

L’offre de formation est assez complète, sauf qu’il a toujours été reproché aux universités gabonaises de ne pas répondre aux besoins du marché de l’emploi et de conserver un enseignement très théorique. On y trouve, en effet, l'ensemble des grandes filières classiques débouchant, en principe, sur une maîtrise (bac+4) ainsi que des filières techniques longues (5 ans) et des filières techniques courtes (3 ans). Celles-ci sont, par ailleurs, complétées par des préparations aux métiers de l'enseignement. Les filières classiques couvrent en effet l'ensemble des champs disciplinaires : Droit, Sciences économiques, Gestion, Lettres et Langues (anglais et espagnol), Sciences humaines, Sciences de la vie et de la terre, Physique, Chimie, Mathématiques, et Médecine. A l'exception de la maîtrise en sciences de gestion, toutes ces formations sont ouvertes sans autres conditions que la possession du baccalauréat (même les études de médecine). Les filières techniques longues donnent accès au titre d'ingénieur. Le recrutement s'y fait sur concours. Elles sont orientées vers trois secteurs : le génie civil, le génie électro – mécanique et le génie agricole. Elles sont rassemblées, pour les deux premières, dans l'Ecole Polytechnique qui est une des composantes de l'USTM et la dernière constitue l'unique formation longue de l'ENSAB. Les formations techniques courtes (techniciens supérieurs) sont tournées aussi bien vers le secteur secondaire que vers le secteur tertiaire. Concernant ce dernier secteur, figurent les trois BTS (comptabilité - gestion, action commerciale et commerce international) organisés par l'INSG, les trois Diplômes Universitaires de Technologie (gestion des entreprises et des administrations, technique de commercialisation, informatique) organisés par l'IST, et les formations au secrétariat organisées par l'ENSS. Concernant le secteur secondaire, figurent, outre une formation de sages-femmes et de techniciens supérieur en biologie médicale à l'USS, les filières de techniciens supérieurs en génie civil, en génie électromécanique et en génie agricole de l'USTM. Enfin, il faut ajouter, bien que l'école dépende du ministère des eaux et forêts, le diplôme d'ingénieur des techniques (technicien supérieur) des eaux et forêts auquel prépare l'Ecole Nationale des Eaux et Forêts (ENEF). Les préparations aux métiers de l'enseignement (professorat des écoles, professorat des collèges, professorat de l'enseignement secondaire, conseiller pédagogique, conseiller d'orientation, inspecteur pédagogique, etc.) sont effectuées à l'ENS sauf pour ce qui concerne l'enseignement technique. Pour ce dernier, la préparation s'effectue à l'ENSET.

71 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Afin de palier au problème récurrent de sureffectif et de fuite de cerveaux observés dans les universités gabonaises, le gouvernement avait décidé de la création de trois nouvelles universités dans le pays, précisément à Mouila (sud) ; Port Gentil (sud ouest) et Oyem (nord) 83 : L'Université de Mouila comprendra les établissements publics à caractère scientifique, culturel, technologique et professionnel, notamment l'Institut Supérieur des Métiers de l'Hôtellerie et du Tourisme (ISMHT) ; l'Institut Supérieur des Arts, des Métiers et du Patrimoine (ISAMP) ; l'Ecole d'Architecture et d'Urbanisme (EAU) et des Grandes Ecoles et des laboratoires précise le même communiqué. A Oyem, le gouvernement placera un établissement public d'enseignement supérieur à caractère scientifique, technologique, culturel et professionnel, doté de la personnalité juridique et de l'autonomie de gestion financière, indique ledit communiqué. L'Université de Port- Gentil, quant à elle, regroupera des établissements ayant vocation à coller à l'importante activité économique et industrielle développé dans la cité pétrolière, à savoir : l'Institut Supérieur du pétrole et de chimie (ISPCH) ; l'Institut National des Sciences de Gestion (INSG) ; de l'Ecole Supérieur de Commerce (ESC) et des grandes écoles et les laboratoires. Afin de justifier le bien fondé de cette décision, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, le Pr Albert Ondo Ossa, s’était exprimé en ces termes, lors d’un entretien accordé à Gabonews : « Le Gabon dépense 42 Milliards pour scolariser ses étudiants à l'extérieur dans des filières coûteuses, mais hélas, souvent dans des universités de seconde zone... Au lieu de dépenser ces 42 milliards et les mettre à l'extérieur, le gouvernement a souhaité effectivement retenir ces étudiants au Gabon en créant de nouvelles filières qui sont des filières qui portent et en ouvrant de nouvelles universités »84 . Les figures suivantes nous donnent un aperçu de la structure générale du système éducatif gabonais :

83 Journal Union Plus du 22 mars 2007. Communiqué final du conseil des ministres du 21 mars 2007. 84 Interview du Ministre Albert ONDO OSSA accordé à Gabonews. Téléchargeable à l’adresse : http://www.gabonews.ga/actualite/actualites_2007.php?Article=513

72 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Figure 3 : Ancien organigramme jusqu’en 2005

Grandes Ecoles Universités 1er cycle - 2 ème cycle (Concours) 3ème cycle (généralement à l’étranger)

Baccalauréat

Terminale

Première Certificat Seconde Brevet d’Etudes d’Aptitudes du Premier Cycle Professionnelles Troisième (BEPC) (CAP) Quatrième

Cinquième Sixième

Enseignement Technique Concours d’entrée Enseignement en 6ème Général

Cours moyen 2 ième année

Cours moyen 1 ère année

Enseignement primaire Cours élémentaire 2 ème année

Cours élémentaire 1 ère année

Cours préparatoire 2 ème année

Cours préparatoire 1 ère année

Grande section

Moyenne section Education préscolaire Petite section

73 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Figure 4 : Nouvel organigramme depuis la rentrée 2005-2006 (en phase d’expérimentation pour une période de trois ans ) Grandes Écoles Universités 1er cycle - 2ème cycle 3ème cycle (généralement à l’étranger) (Concours)

Baccalauréat

Terminale

Première

Seconde Certificat

d’Aptitudes Troisième Brevet d’Etudes Professionnelles du Premier Cycle (CAP) Quatrième (BEPC)

Cinquième Sixième

Enseignement Technique Concours d’entrée en Enseignement ème 6 Général

Admis du CM1 + redoublants de Certificat d’Etudes l’ancien CM2 Primaires et Elémentaires Admis de l’ancien CE2 + (CEPE) redoublants de l’ancien CM1

Admis de l’ancien CE1 Enseignement primaire +redoublants de l’ancien CE2

Admis de l’ancien CP2 + redoublants de l’ancien CE1 Nouveaux élèves issus de la maternelle + redoublants + admis à l’ancien CP1

Grande section Moyenne section Education préscolaire

Petite section

74 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Les organigrammes ci-dessus présentés révèlent que le système scolaire gabonais présente une inégalité de départ entre les enfants, depuis l’âge de 3 ans. En effet, seule une minorité d’enfants entre au pré-primaire (les rares écoles maternelles publiques sont le plus souvent saturées). La plupart des écoles maternelles sont privées. Par conséquent, seuls les enfants issus de familles aisées y accèdent et vont directement en cour préparatoire deuxième année dès l’âge de cinq (5) ans. Tandis que les autres, n’ayant pas bénéficié de cette éducation, entrent normalement en première année du cours préparatoire à l’âge de six (6) ans. Les premiers prennent ainsi une avance certaine sur les autres par l’âge, la manipulation de la langue d’enseignement (le Français) et les acquis antérieurs.

Une étude de la pyramide scolaire du système montre également la sélection rigoureuse existant de façon régulière de la première année de l’enseignement primaire à l’année terminale du 2 nd degré. Cela entraîne évidemment des déperditions énormes dès la 1 ère année du primaire, au cours du premier cycle du 2 nd degré, lors du passage en seconde et au niveau du baccalauréat (Les deux zones rouges des organigrammes représentent les niveaux les plus sélectifs du système).

La réglementation relative à la scolarité fixe les conditions d’âge comme il suit :

Tableau 10 : Age des apprenants et durée d'études aux différents niveaux d'enseignement

Niveaux Préscolaire Primaire Secondaire Supérieur d'enseignement Age des apprenants 3-5 6-12 13-19 18 + Durée d'études 2 ≥ 6 ≥ 7 1 à 3 cycles

Ce tableau peut se lire de la manière suivante : Enseignement préscolaire : L’enfant y est admis à partir de l’âge de 3 ans. Il en sort après 2 ans soit à l’âge de 5 ans.

75 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Enseignement primaire : L’âge d’admission est de 6 ans, l’âge de sortie de 12 ans. Cet âge peut être prolongé jusqu’à 14, 15, voire 16 ans (à cause des redoublements)

Enseignement secondaire : De 13 à 19 ans, l’enfant évolue dans cet ordre d’enseignement du premier cycle au second cycle. De même, à cause des redoublements, il est possible de trouver des élèves âgés de plus de 20 ans au secondaire.

Enseignement supérieur : A partir de 20 ans, après le baccalauréat de l’enseignement secondaire, on peut s’inscrire dans les trois universités du pays (Université Omar Bongo, Université des Sciences de la Santé, Université des Sciences et Techniques de Masuku) ; l’âge de sortie est théoriquement fixé à 24 ans ou à 26 selon les filières et dans les conditions normales de travail.

L’amélioration d’un système éducatif exige une remise en question des stratégies d’investissement et de structures de coût. Qu’en est-il des dépenses publiques d’éducation au Gabon ?

V – LES DÉPENSES PUBLIQUES D’ÉDUCATION DE L’ÉTAT

Par définition, la dépense publique d'éducation représente toutes les dépenses effectuées, sur le territoire national, par l'ensemble des agents économiques, administrations publiques centrales et locales, entreprises et ménages, pour les activités d'éducation : activités d'enseignement scolaire et extra-scolaire de tous niveaux, activités visant à organiser le système éducatif (administration générale, orientation, documentation pédagogique et recherche sur l'éducation), activités destinées à favoriser la fréquentation scolaire (cantines et internats, médecine scolaire, transports) et les dépenses demandées par les institutions (fournitures, livres, habillement) 85 .

85 Définition de l’INSEE (2006). Téléchargeable à l’adresse : http://www.insee.fr/fr/nom_def_met/definitions/html/depense-interieure-education.htm (consulté le 28 juillet 2007).

76 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Il n’est pas excessif de parler d’un paradoxe gabonais en matière de dépense en éducation. Avec un PIB par habitant avoisinant les 5 000 US$ (PNUD, 2004), le Gabon est considéré comme un pays à revenu intermédiaire et se situe au septième rang des pays d’Afrique après la Guinée équatoriale, Maurice, l’Afrique du Sud, le Botswana, la Namibie et la Tunisie. Cependant, malgré cette richesse relative, le pays fait partie des Etats qui dépensent le moins pour l’éducation. Sa part de budget consacrée à l’Education reste nettement inférieure comparativement aux autres pays à revenus équivalents. A titre de comparaison, le Botswana, pays à revenu équivalent, dépense plus de 9,3% du PIB pour l’éducation. Dans un rapport de l’AEDEV 86 sur les dépenses militaires, Charlène De Vargas (2006) précise que le Gabon fait partie des pays qui privilégient les dépenses militaires au détriment des dépenses sociales, on peut lire ceci : « bien que les dépenses militaires aient diminuées au cours des dernières années à cause de la crise de la dette, elles ont augmenté en Guinée, en Inde, en Malaisie, au Sri Lanka, au Gabon, au Soudan, en Ouganda et au Zaïre où le secteur de la santé et de l’éducation sont complètement délaissés pour économiser et dédier plus d’argent au secteur militaire ».

Le tableau ci-après vient en appui à cette assertion.

86 L'Association e-Développement (AEDEV) a pour objectif d'encourager l'usage des technologies de l'information et de la communication dans les pays du Sud et de les mettre au service du développement durable.

77 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Tableau 11 : Dotation budgétaire Education nationale 2000-2007

Budget de fonctionnement Education Nationale Budget d’Investissement Année Budget général de Dotation totale (y Dotation sans solde Solde permanente Education nationale l’Etat compris la solde) 2000 1.760949000000 67.016000000 7650000000 49366000000 9176000000

2001 1.356662000000 58.990355000 9400355000 49590000000 8880000000

2002 1.323608000000 58.201999000 8597999000 49604000000 9258000000

2003 1.377465000000 63.544437000 9001580000 54542857000 10670000000

2004 1.499174000000 60.076909000 9525379000 50542857000 5500000000

2005 1.334098000000 62.029802000 9682821000 52346981000 8000000000

2006 1.629892000000 68.007901496 12723087496 55284814000 9800000000

2007 1.605887000000 69.261199496 13976385496 55284814000 11347000000

Source : Ministère des Finances - Direction du Budget (2007)

78 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

En regardant ce tableau 11 de près, nous nous rendons compte que la part des dépenses publiques consacrées à l'éducation (tous niveaux confondus) est peu élevée, même si les résultats obtenus sont loin d’être négligeables, ainsi qu’en témoignent les données ci- dessous :

Tableau 12 : Niveau d’instruction de la population âgée de 6 ans et plus (en %)

Aucun Primaire Collège Lycée Supérieur ND

Femmes 17,2 47,6 24,4 6,6 2,3 0,9

Hommes 12,0 44,2 24,7 11,1 6,1 1,9

Source : Enquête démographique et santé Gabon 2000, Ministère de la planification, juin 2001

A travers ces chiffres, nous constatons que 83% des femmes et 88% des hommes ont reçu au moins une instruction primaire. Il importe cependant de souligner que l’État reste le principal bailleur du système éducatif gabonais. La participation des collectivités locales est faible (villages, municipalités, cantons, préfectures). Cependant, en vue de renforcer et développer les structures d'accueil, et remédier aux problèmes des effectifs pléthoriques, le budget de l'État bénéficie de temps en temps de la contribution importante des partenaires techniques et financiers, dans le cadre de la coopération bi et multilatérale par des financements extérieurs provenant des bailleurs de fonds tels que : la Banque Africaine de Développement (BAD), la Banque Islamique de Développement (BID) ; l'Union Européenne (EU) et l'Agence Française de Développement (AFD). Il est important de signaler que, considéré comme le seul pays de l’Afrique subsaharienne à revenu intermédiaire, le Gabon ne bénéficie pas de financements concessionnels accordés par les institutions de Bretton Woods, la Banque Africaine de Développement (BAD) et d’autres bailleurs de fonds. Les cinq principaux types d’aide reçus par le Gabon sont : la coopération technique autonome, la coopération technique liée à des projets, l’aide aux projets d’investissement, l’appui budgétaire ou à la balance des paiements, l’assistance et les secours d’urgence. L’aide publique dont bénéficie le Gabon provient essentiellement de trois sources : les sources bilatérales, les sources multilatérales et les Organisations Non Gouvernementales (ONG).

79 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Notons également que le personnel de l'éducation fait partie du corps des fonctionnaires de l'État et est géré, financièrement par le Ministère de l'Économie et des Finances et techniquement par le Ministère de l'Éducation nationale. A tous les niveaux du réseau scolaire, les frais de personnel sont couverts par l'État suivant la grille unique des salaires de la Fonction publique, sauf pour l'Université dont le personnel a bénéficié de révisions de statut avec augmentation des barèmes indiciaires. Le Gabon compte actuellement 5399 enseignants du primaire pour 5976 du secondaire (30 lycées et 80 collèges). Il convient de souligner qu'en dehors du budget, des sommes importantes, pouvant atteindre jusqu'à 10% du budget initial, peuvent être débloquées pour les actions d'urgence. Ce genre d'initiatives est laissé à la discrétion tant des autorités centrales que locales.

VI - LA SITUATION ACTUELLE

Une littérature amplement abondante est consacrée à la problématique de l’éducation au Gabon. Actuellement reconnue en crise par plusieurs spécialistes du domaine qui s’intéressent à la situation éducative du pays, l’école gabonaise est, aujourd’hui, plus que jamais, située au cœur d’intenses débats. Tout récemment, précisément au début du mois d’août 2006 (du 1 er au 3), s’est tenu à Libreville le premier Conseil national de l'enseignement primaire et secondaire (CNEPS) 87 au cours duquel, les professionnels de l'enseignement ont analysé les principales causes de l'échec scolaire et préparer la contre- offensive pour "mettre fin" à la décadence observée depuis plusieurs années. Mais pourquoi toute cette agitation ? Quelle est exactement la situation de l’école gabonaise ?

6.1 – Un panorama pédagogique préoccupant Depuis quelques années, le taux d’échec scolaire, suscite de vives inquiétudes au sein de la société gabonaise. Aussi, des recherches et des études d’interventions expérimentales ont été entreprises dans le but de mieux comprendre le phénomène et mieux intervenir auprès des élèves à risque. D’ailleurs, l’un des principes directeurs de la réforme en cours

87 InfosPlusgabon. Le ministère de l’Education nationale organise le premier conseil de l’enseignement primaire et secondaire , Article téléchargeable à l’adresse : http://www.infosplusgabon.com/article.php3?id_article=532 (consulté le 19 octobre 2007).

80 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives est justement de donner les moyens de réussir à tous les élèves et par conséquent de réduire les taux d’échec et le nombre de redoublements. En effet, le système et les structures d'éducation gabonais, qui comptaient parmi les plus avancés en Afrique Centrale Francophone n'ont cessé de se dégrader au fil des quinze dernières années. Un diagnostic a été posé et un certain nombre de solutions ont été proposées entre autres, les Etats généraux de l'éducation de 1983, les Etats généraux du Bac et du BEPC de 1998. Le Conseil national de l'enseignement primaire et secondaire dont le thème était : « réhabiliter le système éducatif national et ouvrir la voie vers l'excellence » fut encore une fois l’occasion de poser le diagnostic et de rechercher des solutions aux problèmes qui minent le système éducatif gabonais. Ce, à la suite des résultats catastrophiques enregistrés lors des derniers examens du Brevet d'études du premier cycle (BEPC) et du baccalauréat. En effet, de nombreuses réflexions ont déjà permis de faire un état des lieux de cette préoccupante situation. Ces problèmes sont essentiellement : l’absence d’une vision globale, c’est-à-dire une politique cohérente, les mauvais rendements enregistrés depuis près de deux décennies, la mauvaise qualité de l’éducation et son manque de pertinence. L’étude réalisée par Anne-Michèle Fortmann (2002) résume en gros la situation éducative du Gabon, on peut lire ceci : « Les enseignants ne sont pas toujours bien formés et compétents. Ce problème est accentué par le nombre d'enfants par classe, qui peut aller jusqu'à cent, et le manque de matériel scolaire…Les bancs, les tables, l'espace, les tableaux et les livres font défaut pour enseigner. Ainsi, dans certaines écoles, les enfants vont en classe en alternant les groupes ou s'assoient par terre pour suivre les cours. Le gouvernement gabonais prévoit des réformes en la matière. Mais, malheureusement, le Gabon est en crise économique depuis la chute des prix du pétrole et la fin de l’exploitation de l'uranium. Il prévoit relancer son économie par la vente du bois qui recouvre 85% de son territoire. D'ici là, l'éducation n'est pas une priorité pour le gouvernement gabonais »88 .

88 Fortmann Anne-Michèle (2002). L’éducation dans le monde, Gabon , Téléchargeable à l’adresse : http://www.paindepice.org/fr/education/gabon.html#gabon (consulté le 28 juillet 2007).

81 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

L'enseignement technique et la formation professionnelle au sein des établissements publics reflètent en les amplifiant les problèmes du système éducatif gabonais dans son ensemble. Les données actuelles sur le chômage (plus de 20% selon l’OCDE) 89 , et plus particulièrement sur le chômage des jeunes, sont révélatrices d'une détérioration importante et d'une grave inadaptation du sous-secteur. Ce système peine en effet à produire des offres de formation répondant aux attentes des entreprises et ce, tant sur le plan qualitatif (médiocrité de l’enseignement dispensé) que sur le plan quantitatif (insuffisance et vétusté des infrastructures d’accueil). Le dénuement en moyens matériels et didactiques, l'obsolescence des équipements, le manque de matière d’œuvre, le non- recyclage des formateurs, l'absence de concertation avec les employeurs, entraînent une formation plus théorique que pratique, coupée des besoins réels de l'économie et des exigences du marché de l'emploi; d'où un rendement externe très faible, la plupart des formés se retrouvant au chômage, qui ajoute à la frustration des élèves et de leur famille, à la démobilisation des enseignants, à la dévalorisation de ce sous-secteur auprès des employeurs et en finale un coût élevé sans contre partie pour la nation. Cette situation, outre qu'elle marginalise une part de plus en plus importante de la population et contrarie de ce fait le processus de "gabonisation", fait courir le risque d'une sérieuse entrave à la politique de redressement économique, faute de produire des ressources humaines adaptées aux besoins avec pour corollaire la nécessité de devoir faire appel à de la main d’œuvre étrangère plus qualifiée et ce au détriment des emplois nationaux.

Ainsi, six ans après le Forum de Dakar (2000) sur l’Education Pour Tous (EPT) 90 , alors que l’on devait s’attendre à une amélioration de la situation de l’éducation dans un proche avenir, l’analyse des progrès accomplis montre que le Gabon éprouve de sérieuses difficultés à se rapprocher des objectifs fixés. En effet, le Rapport sur le suivi de l’éducation pour tous lancé lors d’une conférence de presse (Londres, novembre 2002) 91 ,

89 OCDE. Le Gabon, Téléchargeable à l’adresse : http://www.oecd.org/dataoecd/27/10/36795838.pdf. (consulté le 28 juillet 2007). 90 Le forum mondial sur l’éducation s’était tenu à Dakar (Sénégal) du 26 au 28 avril 2000, sous l’égide de l’Unesco. 91 Unesco (2002). L'éducation pour tous risque de rester hors de portée pour plus de 70 pays. Communiqué de presse, Londres 2002. Téléchargeable à l’adresse : http://www.unesco.org/bpi/fre/unescopresse/2002/02-93f.shtml (consulté le 19 octobre 2007).

82 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives montre que le Gabon fait partie des pays risquant de ne pas parvenir à l'éducation primaire pour tous (EPU) en 2015, et ce, malgré les efforts consentis par le gouvernement dans ce domaine. De nombreux défis devront encore être relevés. Parmi les défis, nous avons :

6.1.1 – Les effectifs pléthoriques Des chercheurs avertis ont su mettre en lumière les lacunes ainsi que les défis auxquels l’école gabonaise est appelée à faire face, au nombre desquels figure le phénomène des effectifs pléthoriques. Tous s’accordent à reconnaître que les conditions de travail en milieu scolaire gabonais sont extrêmement défavorables. Pour beaucoup d’enseignants et d’élèves gabonais, le cadre de travail ne correspond pas aux normes de la pédagogie moderne. Par exemple, il n’est pas rare de trouver des salles de classe dépourvues d’auxiliaires pédagogiques, tels les planches murales, la carte du monde, les instruments de mesures, les livres (surtout les livres de mathématiques, de sciences, de physique, de chimie…) sont généralement également rares. A toutes ces difficultés viennent se greffer l’épineux problème des effectifs pléthoriques.

La crise observée dans le système éducatif est effectivement surtout caractérisée par la flambée des effectifs, conséquence de la forte demande éducative au secondaire découlant de l’urbanisation rapide, du succès relatif de la sensibilisation des parents pour la scolarisation de tous les enfants et du développement continu de l'enseignement de base, priorité éducative actuelle de la Banque mondiale, du FMI et de l'Etat gabonais. Depuis le Congrès mondial sur l’Education pour Tous tenu à Jomtien (Thaïlande) en 1990, le Gabon s’est beaucoup mobilisé en faveur de l’Education de base. L'option Education Pour Tous s'est traduite par une accélération sans précédent de la scolarisation dans le primaire. Cependant, les efforts faits au niveau du primaire ne se sont pas répercutés dans le niveau secondaire où la plupart des enfants abandonnent, faute de place. Par conséquent, le Gabon fait partie des pays où le nombre d'élèves par enseignant au secondaire reste encore très élevé, en moyenne, 60 à 80 élèves par enseignant, ce qui laisse mal augurer la qualité de l’éducation. Une telle moyenne signifie que des classes de cent élèves ne sont pas rares, surtout dans des grandes villes comme Libreville, Port-

83 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Gentil, Oyem et Franceville (voir en annexe 16, le tableau des effectifs scolaires 2006- 2007). A titre de comparaison, les pays industrialisés de l'organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), présentent une moyenne de 16 élèves par enseignant. Dans d'autres pays, les moyennes sont encore plus basses : le Danemark compte 10,6 élèves par enseignant, la Hongrie 10,9, l'Italie 11,3, le Luxembourg 12,5 et la Norvège 12,6. Cette situation produit indubitablement des incidences négatives sur l’efficacité du système éducatif gabonais. Dans de telles conditions les remarques de Mamady Camara (op. cit.) sont très à propos quand il dit que " lorsqu’un enseignant se retrouve avec une classe de plus de 50 à 60 enfants, il devient très difficile de faire fonctionner une telle classe dans les normes pédagogiques et de faire participer chaque élève à la construction du savoir… "

Les ratios élèves/classe et élèves/enseignants sont présentés dans le tableau suivant :

Tableau 13 : Ratios élèves/classe - élèves/Enseignants

Ordre Public Confessionnel Laïc Ensemble

Elèves/classe 73 élèves 71 élèves 25 élèves 62 élèves Elèves/Enseignants 39 élèves 38 élèves 12 élèves 32 élèves

Source : DPPI, Ministère de l’Education nationale

6.1.2 - Des performances faibles Nous l’avons énoncé plus haut, le Gabon figure parmi les pays d'Afrique au sud du Sahara dont le taux de scolarisation est parmi les plus élevés, avoisinant les 100%. Pourcentage au demeurant éloquent, mais qui, au regard du taux d'échec (50 % en première année du primaire, 30 % en seconde année auxquels il faut adjoindre les exclusions et les abandons enregistrés en cours de scolarité), apparaît fort peu flatteur. En effet, s’il est aujourd’hui au Gabon un phénomène inquiétant, c’est bien celui de l’échec

84 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives scolaire. L’échec scolaire qui, d’après Jacques Janvier Rop's Okoué Edou 92 , est le plus souvent mesuré par un écart à la norme ( retards scolaires, redoublements, non accès ou abandon aux études supérieures ...) pouvant conduire à l'illettrisme ( ne pas savoir lire et écrire ) et à l'absence de diplômes.

Depuis un certain nombre d’années, l’échec scolaire continue de constituer un handicap majeur pour le système éducatif gabonais Ce phénomène prend des proportions de plus en pus alarmantes à travers le pays et a une incidence directe sur l’efficacité interne du système. Selon le rapport de l’Institut de Recherche sur l’Economie de l’Education (1999) 93 , il existe très peu de pays dans le monde où le taux de redoublement dans le primaire est aussi élevé que celui observé au Gabon. Le même rapport fait état d’un taux moyen de redoublement dans l’enseignement primaire de l’ordre de 40%, alors que les chiffres sont respectivement de 7 et de 24% pour la moyenne des pays africains francophones et anglophones. Le Bilan commun des agences des Nations Unies au Gabon 94 révèle qu’il faut en général deux années à un élève moyen pour passer en classe supérieure. Des informations sur le rendement scolaire au Gabon, nous sont également fournies par l’Agence gabonaise de presse (AGP). D’après lui, aucune solution n’a encore été trouvée jusqu’à présent au problème crucial de l’échec scolaire qui se traduit par un taux important de redoublements et d’abandons scolaires, surtout dans le cycle primaire. Selon les statistiques du ministère de l’Education nationale, le taux de transition du primaire au secondaire est inférieur à 40% et celui du premier cycle au second cycle du secondaire est de l’ordre de 45%. Ainsi donc, dans le primaire, sur 1000 élèves entrant au CP1, 19 seulement arrivent au CM2 sans redoubler, 31 redoublent une fois et 39 en redoublent deux fois. Dans le secondaire, sur 1000 élèves admis en classe de 6 ème , 5 obtiennent le baccalauréat sept années plus tard sans redoubler, 12 l’auront après un

92 Okoué Edou Janvier Rop’s (2006). Pour un avenir meilleur au Gabon , Article téléchargeable à l’adresse : http://www.blogg.org/blog-47245-date-2006-08-15.html, consulté le 15 octobre 2007. 93 Rapport de l’Institut de Recherche sur l’Économie de l’Education, CNRS et Université de Bourgogne, octobre 1999. Rapport réalisé à la demande et sur financement du Ministère français des Affaires Etrangères pour le compte du Ministère de l’Éducation National gabonais. 94 Bilan commun des agences des Nations Unies au Gabon, téléchargeable à l’adresse : http://www.globalwebco.net/bdp/droitshumains98.htm (consulté le 19 octobre 2007).

85 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives redoublement, 161 l’auront au terme de deux redoublements et 11 après trois redoublements 95 .

Parmi les causes d’abandon scolaire, nous pouvons citer entres autres, le concours très sélectif d’entrée en 6 ème (seulement 9000 élèves admis sur 30.000 inscrits en 1998, soit un échec de 70%), les effectifs pléthoriques dans les classes, le manque de suivi des enseignants, etc. Des propos alarmistes corroborés par l’AGP qui écrit ceci : « En d’autres termes, sont en cause dans les échecs scolaires, la démission de l’Etat et des parents, la délinquance juvénile et sénile, la pauvreté et la précarité. Tout autant que la baisse vertigineuse du niveau des enseignants et des enseignés observée depuis près de vingt ans. Si l’on y ajoute les problèmes d’adaptation des élèves aux programmes de l’Institut pédagogique national (IPN), la crise des valeurs, l’apport négatif de la télévision et les loisirs pervers, on obtient un cocktail détonant de tous les ingrédients à l’origine de la déliquescence de notre système éducatif »96 . Cette situation est une préoccupation réelle pour le Gouvernement dans la mesure où redoublements et abandons scolaires absorbent une grande partie des efforts budgétaires consacrés à l'Education (élévation des coûts de formation, baisse de la qualité de l'enseignement...). Ainsi, le coût de fonctionnement pour l’Etat de l’année/élève dans l’enseignement public, calculé à partir des données budgétaires 1999, atteint près de 120.000 FCFA, ce qui est élevé par rapport aux autres pays de la sous région.

D’une manière générale, les résultats aux examens sont de plus en plus médiocres. Faisant allusion aux résultats de l’année 2004-2005, Monsieur Albert Ondo Ossa, alors Ministre gabonais de l'Education nationale et de l’Enseignement Supérieur, dans son discours d’ouverture du Conseil de l’enseignement primaire et secondaire (CNPS), avait parlé de " désastre national " pour désigner autant les résultats de la session 2006 des examens (35,13% d'admis au baccalauréat, 16,92% au BEPC), que l'état du secteur éducatif au Gabon. En effet, lors de la session habituelle du Bac, en juillet 2006, à peine 8,63% d’élèves étaient admis au premier tour dans l'enseignement général pour à peine

95 Agence gabonaise de presse. Les échecs scolaires, gangrène de notre système éducatif , Téléchargeable à l’adresse : http://www.agpgabon.ga/show_dossier.php? (consulté le 19 octobre 2007). 96 Agence gabonaise de presse (op. cit.)

86 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

4,39% dans le technique. Pour l’année 2007, par exemple, le taux de réussite au baccalauréat dans l’enseignement général est de 37,27% contre 37,66% en 2006. Quelques fluctuations sont, par contre, observées pour le Brevet d'études du premier cycle (BEPC). Le taux de réussite de la session 2007 s'élève à 23,40% contre 16,92% en 2006. D’après le quotidien l'Union Plus du 08 Octobre 2007 97 , les résultats au BEPC ont été plus que lamentables dans certaines localités du pays. Sur soixante-dix sept candidats présentés par le collège Pascal Nzé de Cocobeatch, par exemplaire, deux seulement ont décroché leur parchemin, soit un taux de 2,60%. Même situation catastrophique au CES Daniel Kosse de Booué où quatre élèves seulement ont été admis sur cent quarante sept présentés. Des exemples de ce genre sont nombreux à travers le territoire national. L’exemple du BEPC illustre bien le malaise qui existe au sein du système. Cet examen qui du reste, n’est pas un concours, mais permet d’évaluer les capacités de l’élève à assimiler les connaissances et compétences dispensées durant le 1 er cycle. Compte tenu des redoublements importants dans le cycle et du fait que plus de 25% des candidats sont des redoublants de la classe de 3 ème , le taux de réussite de 16,92% est anormalement bas. Ce taux laisse prévaloir deux hypothèses : ou bien l’examen n’est pas valide, c’est-à-dire qu’il ne mesure pas les compétences attendues des élèves à l’issue du premier cycle (conforme à son objectif) ou encore, le niveau atteint par les élèves est bas. Le même constat d’échec est également observé dans l’enseignement supérieur où, à l’Université Omar Bongo, sur les 1.518 inscrits en première année de la FDSE (Faculté de droit et de sciences économiques) en 2003, 107 seulement, soit 7%, ont été reçus aux examens de fin d'année 98 .

6.2 - La situation des enseignants gabonais Cité par M. L. Badji (2003) 99 dans le quotidien Le Soleil (édition de septembre 2003), le rapport de l’Unesco, fruit d’une synthèse d’études menées dans près de 40 pays en Afrique au Sud du Sahara et présenté à l’occasion d’un atelier sur " le renforcement des

97 Quotidien Union Plus du 8/10/2007. Une école à deux vitesses , Article téléchargeable à l’adresse : http://www.internetgabon.com/m-actualite.htm (consulté le 14 octobre 2007) 98 Jeuneafrique.com. Problèmes de l'enseignement supérieur. Article paru le 17/02/2004, téléchargeable à l’adresse : http://www.jeuneafrique.com (consulté le 21 octobre 2007). 99 Badji M.L. (2003). Maigres salaires, formation insuffisante : En Afrique Subsaharienne, on devient enseignant faute de mieux . Article du quotidien Le Soleil, édition du 12 septembre 2003.

87 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives capacités dans les institutions en Afrique sub-saharienne" révèle ceci : « le métier d’enseignant est généralement choisi, faute de mieux. Selon l’auteur, "Démotivation ", " sous qualification ", " insuffisance de rémunération ", " doute et anxiété " sont autant de termes dramatiques qui se dégagent dudit rapport pour traduire la situation des enseignants en Afrique Subsaharienne ». Les enseignants gabonais n’échappent pas à cette réalité car, en plus de la nécessité de leur formation continue, ils manquent de motivation et de conviction dans l’exercice de leur métier. Le contexte éducatif gabonais reste en effet caractérisé par une fonction enseignante en perte d’image sociale, une absence structurelle de recyclages pour enseignants et formateurs et une baisse de la qualité de l’enseignement dispensé. A ce propos, l'expert gabonais en éducation, Samuel Ngoua Ngou a suggéré à l'ouverture du CNPS, la création d'un indice qualité pour évaluer les enseignants. Pour Samuel Ngoua Ngou, le travail de l'enseignant doit être évalué car, une bonne partie des échecs scolaires est imputable aux enseignants qui ne sont pas souvent à la hauteur de leurs tâches. Cette crise affecte, à n’en point douter, l’enseignement supérieur qui a fini par mettre sur le marché du travail, des agents et cadres incapables de concourir à la croissance des entreprises et celle du pays. Elle se traduit également par la précarité et la dégradation sans égale des conditions de travail des enseignants, le désengagement des enseignants qualifiés, la diminution sensible d’élèves de bon niveau, etc. Les conséquences de cette crise se traduisent souvent par des programmes scolaires non bouclés, les résultats aux examens et concours officiels catastrophiques, la multiplication des grèves dans l’Education nationale. En effet, depuis 1990, les grèves sont en nette augmentation et l’on enregistre en moyenne au moins trois grèves nationales par an. Généralement, les élèves sont les principales victimes de ces grèves à répétition.

ÉLÉMENTS DE SYNTHÈSE

La démocratisation de l'enseignement scolaire, engagée au Gabon, au cours des deux dernières décennies, est un incontestable succès. Les années 1990 ont en effet permis à l’école gabonaise de voir s’améliorer certains indicateurs de performance. Aujourd’hui, le pays a un taux de scolarisation avoisinant les 100%, le plaçant à un niveau d’éducation

88 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives parmi les plus élevés de l’Afrique subsaharienne. Toutefois, pour réelles qu’elles soient, ces évolutions positives ne doivent pas être interprétées comme des signes de l’inutilité d’envisager des progrès. Nous l’avons vu plus haut, l'appareil éducatif gabonais n'a pas encore su surmonter le problème de l'échec scolaire qui se traduit par un taux de redoublements et d'abandons important et ce, dans tous les niveaux d’enseignement. Une étude menée en avril 2001 par le Ministère gabonais de l’Education Nationale avait révélé que dans le primaire, en dépit d’un fort taux d’accès à l’école, le pays connaît un des taux de survie scolaire les plus faibles d’Afrique Noire, de même que le taux de redoublement constitue une réelle préoccupation. Six ans après, la situation demeure inchangée, d’où la tenue du Premier conseil national de l'enseignement primaire et secondaire en 2006, énième cadre de réflexion devant apporter des réponses à toutes les question susceptibles d’améliorer le système éducatif national. En effet, pour son redressement, le système éducatif gabonais, déliquescent, a besoin de se doter d’outils de pilotage et de personnes à même de les utiliser. En amont de la nécessaire extension de la couverture scolaire, à travers la construction de nouvelles salles de classes voire l’édification de nouveaux établissements scolaires et du recrutement de nouveaux enseignants pour y donner cours, il faut donc axer l’appui extérieur sur la formation du capital humain au niveau administratif, en planification, la gestion des ressources humaines et gestion financière, afin de consolider le fonctionnement du système. Parallèlement, un effort tout particulier devra être consenti pour améliorer la gestion du corps enseignant, pierre angulaire de tout système éducatif.

A travers les chapitres 1 et 2 nous avons pu avoir une idée sur les généralités du Gabon et comprendre le fonctionnement de son système éducatif. Ce tour d’horizon était nécessaire, il nous a aidé à repérer ce qui, au Gabon, peut concourir au succès de la FAD ou, au contraire, faire obstacle à son développement. L’analyse de ces facteurs va faire l’objet du chapitre suivant.

89 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

CHAPITRE III : FACTEURS FAVORABLES ET/OU DÉFAVORABLES AU DÉVELOPPEMENT DE LA FAD AU GABON

Les chapitres précédents nous ont permis de déceler un grand nombre d’éléments susceptibles d’affecter ou de favoriser le bon fonctionnement de la FAD au Gabon. Il serait donc dès à présent possible de les analyser. Pour cela, nous allons diviser ce chapitre en deux parties : la première partie sera consacrée à l’analyse des éléments susceptible de faire obstacle au développement de ce type de formation. La deuxième partie tentera quant à elle d’examiner les différents facteurs favorables au développement de la FAD dans le pays.

I – PROBLÈMES ET CONTRAINTES SUSCEPTIBLES DE CONSTITUER UN OBSTACLE AU DÉVELOPPEMENT DE LA FAD AU GABON

Les difficultés de plusieurs natures entravent le développement de la FAD dans la plupart des pays africains, le Gabon ne fait pas exception. Ces contraintes ont été listées à maintes occasions par des chercheurs, à l’instar de Louis Martin Onguene Essono (2003) 100 , intéressés par le développement de la FAD en Afrique. Déjà, en 1995, le rapport final du séminaire sous-régional sur l’éducation à distance de Yaoundé 101 faisait état de ces problèmes qui, aujourd’hui encore, se pérennisent sans qu’on y cherche réellement des solutions. Il n’est cependant pas possible de les présenter ici en détail, et c’est pourquoi nous n’avons retenu que quatre domaines :

100 Onguene Essono Louis Martin (2003). La formation à distance en Afrique francophone à l’heure des TIC. Bilan, perspectives et interrogations (op. cit.) 101 Unesco (1995). Séminaire sous-régional sur l’éducation à distance, Yaoundé. Rapport final. Priorité Afrique. Téléchargeable à l’adresse : http://unesdoc.unesco.org/images/0011/001124/112428F.pdf. (consulté le 13 janvier 2008).

90 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

1.1 – Les contraintes liées aux publics visés D’avis avec les acteurs comme Mugridge (1992), Keast (1997), Evans et Nation (1996), cités par William Saint (1999) 102 nous disons que le principal obstacle à surmonter pour mettre en place des programmes d’enseignement à distance au sein d’institutions existantes est l’attitude des personnes concernées et la résistance institutionnelle. Ainsi, parmi les obstacles à prévoir dans la mise en oeuvre d’une stratégie de formation à distance au Gabon, il y a d’abord la crédibilité de ce mode d’enseignement par rapport à l’école « présentielle ». En effet, lors de notre enquête, nous a fait constaté que le concept et les fondements pédagogiques de l'apprentissage à distance ne font pas encore l'unanimité dans l'opinion publique gabonaise (se référer dans la suite du travail, à la section consacrée aux préjugés entretenus par les gabonais vis-à-vis de la FAD). Il y a également une sorte de méfiance à l'égard de pratiques tout à fait contraires à l'expérience commune de l'ambiance d'apprentissage de la majorité des gens. Il faut également noter, comme le souligne Louis Martin Onguene Essono 103 , que : « l’insertion des Tic pour la FAD est perçue comme une nouvelle farce occidentale de provoquer un exode des fonds. L’achat des ordinateurs et des installations connexes semble encore quelquefois une manière subtile de l’occident à asservir technologiquement l’Afrique. Qui dépendrait alors continuellement des fournisseurs, qui vendraient à prix élevés ces outils nécessairement indispensables ». Enfin, il ne faut pas oublier, nous l’avions signalé dans notre étude ADEA 104 , qu’une partie de la population gabonaise « bloque » encore à l’idée d’utiliser les nouvelles technologies. Un constat qui risque d’exclure une partie des salariés de ce type d’apprentissage. Or, une séance de FAD efficace, surtout dans sa forme actuelle (à l’ère du numérique), implique que l’on maîtrise déjà parfaitement l’outil informatique.

102 Saint W. (1999). Enseignement tertiaire à distance et technologie en Afrique subsaharienne . Groupe de travail sur l’Enseignement Supérieur de l’ADEA, Banque Mondiale, Washington. 103 Onguene Essono Louis Martin (op. cit.). 104 Obono Mba Anasthasie (2005). Usages et bonnes pratiques des technologies et des documents de communication dans l’enseignement a distance et l’apprentissage libre, (plus particulièrement pour la formation continue des enseignants). Cas du Gabon. In Enseignement à distance et apprentissage libre et perfectionnement des enseignants et formateurs pour des stratégies nationales globales et intégrées, Paris, ADEA 2005, disponible sur le site : http://www.resafad.asso.fr/adea (consulté le 20 décembre 2007)

91 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Un autre obstacle, qui du reste n’est pas des moindres, concerne la mentalité peu autonome de l’apprenant gabonais qui a tendance à attendre beaucoup plus de ses formateurs que de lui-même. En général, si l’apprenant gabonais a des compétences dans le domaine de l’assimilation et la mémorisation, il semble moins autonome dans l’élaboration du savoir. Les enseignants leurs reprochent souvent leur manque d’initiative et leur dépendance trop grande à l’égard des cours magistraux, souvent pratiqués dans une conception obsolète du cours, où le professeur ne fait que transmettre linéairement un savoir. A la décharge des étudiants, il faut avouer, comme le souligne Claudine Legorgne Tahiri 105 , que le manque de documentation, le nombre élevé des étudiants pour un seul professeur en présentiel, et la rigidité des professeurs ont encouragé "le par coeur", la conformité stricte au cours et l’absence de discussions critiques chez la plupart des étudiants africains. Or, l’autonomie est la principale caractéristique dans l’EAD. Il est par exemple attendu des apprenants la recherche d’informations pour bâtir leur savoir, des rencontres avec le tuteur, des prises de décision suite à l’autoévaluation…

Il faut également noter le poids très pesant des sollicitations sociales qui peuvent ne pas favoriser l’affirmation de l’autonomie durant le processus d’apprentissage chez le salarié gabonais en formation à distance. Il ne sera pas toujours facile à celui-ci, en séance de formation, de trouver le temps de s’isoler pour étudier sur son lieu professionnel ou à son domicile (en général, abritant une grande famille). Va-t-il, par exemple, afficher un mot sur sa porte indiquant qu’il est occupé, « prière de ne pas déranger, merci ! » ? Une telle attitude reste inconcevable dans le milieu africain en général et gabonais en particulier. Cela pourrait donner lieux à des interprétations qui, à la longue, finiront par démotiver l’apprenant et freiner toute espèce d’ambition. Il s’agit donc de changer tout un état d’esprit, à la fois du coté du salarié, de son entourage familial, mais aussi de l’entreprise qui voit parfois d’un mauvais œil le salarié présent physiquement se consacrer à une activité autre que son travail.

105 Leborgne Tahiri Claudine (2002). Universités et nouvelles technologies en Afrique de l'Ouest francophone. Passé, présent et avenir , Dakar, Unesco, p. 204.

92 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

De plus, le marasme social et économique fait que la formation professionnelle ne soit pas une priorité dans la mentalité des gabonais. Pour certains, la vie quotidienne est si chère et les besoins les plus immédiats si pressants (les problèmes de santé, les difficultés financières, les situations de précarité ou l’apathie qui découle souvent des situations de chômage) qu’il faut éviter de s’aventurer dans la reprise d’une formation. Les souvenirs d’école ne favorisent pas non plus le retour vers une formation. Il est donc probable qu’il n’y ait pas beaucoup de travailleurs qui s’intéressent à la FAD. Or, de l'avis le plus répandu, la FAD n’est rentable que lorsqu’elle s’adresse à un public numériquement nombreux. Jean Lepeltier, PDG d'Envol5 106 , déclare à ce propos qu' « en dessous d'un certain nombre d'utilisateurs, le coût d'une formation via les nouvelles technologies n'est pas inférieur à celui d'une formation traditionnelle. C'est dans la phase de démultiplication que l'écart se creuse. ». En effet, l’ingénierie d’un dispositif de EAD est complexe et donc chère. L’amortissement d’une telle charge n’est possible qu’à condition de viser un très large public. Or, le public gabonais des formations est déjà restreint au départ, non seulement par la faiblesse du peuplement du pays, mais aussi par le fait que les entreprises, pour former leurs salariés, se recentrent pour la plupart sur leur cœur de métier. Certaines entreprises considèrent en effet que l’offre de formations proposées sous forme de FAD répond à des problématiques générales, alors que leurs besoins portent sur des formations très pointues. Développer et maintenir les compétences de leurs salariés revient donc à construire pour eux des dispositifs de plus en plus spécifiques.

Enfin, un dernier obstacle lié au public visé, pouvant provenir cette fois de l’exiguïté du territoire et de son faible peuplement, est également à prendre en compte. Nous l’avons vu plus haut, le territoire national est globalement sous-peuplé et inégalement occupé (environ 5 habitants au Km²). Ainsi, comme ailleurs en Afrique, avec le jeu des migrations, la population est surtout concentrée à Libreville, la capitale gabonaise et dans les autres grandes villes du pays, à l’instar de Port Gentil, Oyem, Franceville… Il est à noter à ce propos qu’une certaine résignation s'est en quelque sorte installée, fondée sur

106 Envol 5 est une filiale du groupe Schneider Electric. Son activité principale est la conception sur mesure de mix-formations (présentiel/e-learning) dans les domaines de la vente et du marketing.

93 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives l'idée que les zones rurales sont progressivement vouées à se vider au profit des villes et à devenir des zones abandonnées, ce mouvement étant inexorable. De plus, il est aujourd'hui démontré que la "nouvelle économie", loin d'aboutir à une homogénéisation de l'espace géographique, ne fait qu'intensifier les phénomènes de métropolisation. Les logiques dominantes dans lesquelles évolue l'espace rural gabonais aujourd'hui ne sont que faiblement remises en question par les technologies de l'information. L’intérieur du pays est ainsi mal desservi en ce qui a trait aux télécommunications. Les grandes distances entre zones habitées et la faible densité de la population sont ainsi les deux facteurs qui expliquent les difficultés liées à l’accès à un réseau à large bande pour l’utilisation d’applications à grand débit d’information (sites Web, vidéoconférences, formation à distance, télémédecine, commerce électronique, etc.). Or, un dispositif de formation à distance qui pourrait être mise en place au Gabon intéresserait en priorité les travailleurs affectés dans les zones enclavées de l’intérieur du pays. Bien que Gabon Télécom propose depuis quelques années des offres de branchement, la disponibilité du service haute vitesse/haute capacité est exceptionnelle dans la plupart des régions. Néanmoins, des projets visant à moderniser les infrastructures existantes ou à en déployer de nouvelles sont en cours d’élaboration. Ils devraient permettre l’accès à des réseaux à large bande (haute vitesse/haute capacité) à toutes les régions.

Il n’est donc pas évident, dans ces conditions, que les apprenants et leur entourage (amis et parents) acceptent à première vue cette nouvelle stratégie comme moyen de formation au même titre que les institutions classiques. Pour atténuer les effets de cette situation, il faudra envisager un travail de sensibilisation des apprenants et de leurs parents mais aussi le soutient de l’État gabonais et des partenaires au développement, afin de faire de l’institution d’enseignement à distance, une institution forte et crédible. La quête de cette crédibilité passe aussi par la compétence des formateurs à former des apprenants compétitifs sur le marché du travail.

D’autres obstacles, cette fois liées aux problèmes économiques et structurels peuvent également être un frein à l’adoption de la FAD au Gabon.

94 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

1.2 – Obstacles liés aux problèmes économiques et structurels Dans la mouvance internationale du développement des TIC, et plus particulièrement des efforts réalisés en marge du Sommet Mondial sur la Société de l’Information (SMSI), le Gabon s’est employé activement à élaborer des stratégies nationales en matière de TIC. Les diverses initiatives prises par le gouvernement cherchent à généraliser l'accès aux TIC à tous les citoyens gabonais. C'est dans ce cadre que les pouvoirs publics ont libéralisé le secteur des télécommunications à travers diverses réformes. Cependant, malgré les efforts fournis, la fracture numérique la plus essentielle reste encore celle de l’accès à ces TIC. Plusieurs villes et autres zones enclavées - le cas des villes comme Pana, Iboundji, Minvoul, la zone des lacs… pour ne citer que celles là - essentiellement rurales, sont de véritables déserts téléphoniques. La téléphonie fixe rurale demeure en effet peu développée et l’Internet se trouve encore être l’apanage des citadins aisés de grandes villes du pays. Sans entrer dans des détails techniques chacun sait -ou doit savoir- qu'à l’heure actuelle, Internet ne peut se passer du réseau téléphonique car c'est le support de son accès à l'utilisateur, même si quelques solutions par radio ou satellite sont des alternatives émergentes mais d'un coût d'utilisation nettement supérieur et donc hors de portée de la plupart des populations. Une des contraintes et non des moindres, se retrouve également au niveau des suspensions intermittentes des liaisons spécialisées pour défaut de paiement. Le fait que le développement de l’Internet soit au Gabon une initiative pratiquement commerciale, repousse les couches marginalisées de la population, qui croient d’avance que l’accès ne leur est pas permis. D’autre part l’orientation élitiste de l’éducation et de la société en générale supporte l’idée que la technologie est réservée a ceux qui ont un certain niveau d’éducation.

Malgré les baisses successives opérées sur les tarifs de location des liaisons spécialisées, leurs coûts restent extrêmement élevés en regard de la piètre qualité du service fourni (coupure à répétition de la liaison internationale, débit réel ne correspondant pas au débit théoriquement commercialisé, liaison instables, etc.). Pour se faire une idée du prix de la connectivité, se référer à (l’annexe 15). Le régime fiscal en vigueur continue à traiter les produits des TIC, presque exclusivement importés, comme des articles de luxe, ce qui les rend d’autant plus chers, empêchant ainsi à la majorité des gens de les acquérir.

95 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Jusqu’aujourd’hui, en dehors de l’exonération des droits et taxes de douanes sur l’importation du matériel informatique destiné aux établissements d’enseignement et de formation, aucune mesure n’a été prise pour alléger les mesures fiscales de taxation des produits et des services informatiques, par conséquent l’achat d’un ordinateur individuel est presque impossible pour un simple cadre ou fonctionnaire. Ainsi, selon la qualité du matériel, l’ordinateur le moins cher coûte environ 700000 francs CFA (1067,14 euros), (9 fois le SMIG Gabon) 107 . En somme, l’accès individuel aux TIC se trouve entravé par plusieurs facteurs parmi lesquels, les coûts de l’ordinateur, de la connexion à Internet, et par les conditions d’accès au téléphone. Rares sont aujourd’hui les gabonais qui ont accès à la téléphonie fixe et à Internet en dehors des lieux publics d’accès que sont les cybercafés qui, du reste, sont peu nombreux et mal répartis à travers le pays. Cette assertion est confortée par les résultats de l'enquête menée antérieurement par Martial Pépin Makanga Bala (2003) 108 , enquête au cours de laquelle il avait été démontré qu’il existe un inégal déploiement régional des cybercafés dans le pays.

Nous allons présenter dans le tableau suivant la répartition des cybercafés à l’intérieur du pays.

107 Le salaire minimum gabonais, bloqué à 44.000 francs CFA (67 euros) depuis 1985, avait pratiquement doublé pour passer à 80.000 FCFA (122 euros) en octobre 2006 108 Makanga Bala Martial Pépin (2003). NTIC et territoires au Gabon : l’exemple des cybercafés et de la téléphonie mobile, Article téléchargeable à l’adresse : http://www.gdri-netsuds.org/IMG/pdf/Martial.pdf (consulté le 9 août 2007)

96 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Tableau 14 : Les cybercafés à l’intérieur du Gabon Villes Nombre de Précision sur l’accès Internet cybercafés Port-gentil 4 Franceville 3 Oyem 1 Mouila 1 Lambaréné 1 Koulamoutou 1 Moanda 1 Gamba 1 Accès Internet privé lié à Shell Gabon Le reste du pays Pas de cybercafés Source : Martial Pépin Makanga Bala (enquêtes de terrain, avril 2003).

Voyons à présent la croissance de ces établissements à Libreville.

Tableau 15 : La croissance des cybercafés à Libreville Année Nombre de cybercafés 1995 1 1998 2 2001 19 2003 120 2006 89 Source : Martial Pépin Makanga Bala (enquête de terrain, avril 2003) complétée par les résultats de l’enquête réalisée par l’ARTEL (2006)

Ces chiffres restent cependant approximatifs car n’ayant pas intégré plusieurs catégories d’accès Internet privés. Ils ne comprennent pas par exemple, les espaces de connexions à Internet situés dans les établissements secondaires publics (Lycée Léon MBA), conventionnels (Lycée Français) et privés (Ecole des hautes études canadiennes

97 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives internationales). Ceux des espaces situés hypothétiquement dans les entreprises privées, parapubliques ou publiques, n’ont pas été non plus pris en compte. Dans l’ensemble néanmoins, à Libreville comme à l’intérieur du pays, ce sont des statistiques assez proches de la réalité traduisant la complexité de l’insertion du Gabon dans l’espace mondialisé : dynamiques socio-territoriales réelles, extraversion des flux et inégalités spatiales dans la répartition des infrastructures, faible visibilité de la politique publique dans le domaine des TIC…

Il importe de signaler que le développement des TIC au Gabon se trouve également obéré par plusieurs autres obstacles dont la défectuosité du système d’approvisionnement en électricité. Le Gabon a un réseau de distribution d’électricité restreint dont la pénétration en milieu rural est à peine entamée, et les coupures de courant intervenant pendant de nombreuses heures sont la norme habituelle, même dans la capitale Libreville. Car, malgré la privatisation de la SEEG 109 en 1997, le pays traverse une grave crise énergétique marquée par des délestages journaliers. Ces délestages sont la conséquence directe du déficit de l’offre de l’énergie dont souffre le pays depuis quelques années, faute d’avoir anticipé la demande (dont la croissance était pourtant prévisible à cause des facteurs tels que la poussée démographique et l’exode rural). Ce déficit conduit donc la société nationale d’électricité à rationaliser la distribution. Résultat, des quartiers entiers de la Libreville se retrouvent privés d’électricité durant des heures et presque quotidiennement pour certains d’entre eux. Mais ce rationnement de l’énergie électrique ne se limite pas à la seule ville de Libreville : il touche également les villes de l’intérieur du pays. Or, c’est d’ailleurs une évidence, les TIC ne peuvent pas se développer sans l’électricité qui est, à notre avis, la première infrastructure indispensable à leur implantation. De plus, pour qu’un pays puisse faire efficacement fonctionner un système d’EAD, il doit disposer d’une bonne infrastructure de communication. Au Gabon, l’acheminement du courrier se fait par avion, par voie terrestre et par voie fluviale. L’état du réseau des voies de communication est donc déterminant pour la mise en œuvre du programme FAD. Or, comme le révèle un article publié par la revue des alternatives

109 La SEEG, filiale du Groupe Veolia Eau, a pour mission d’assurer la production, le transport et la distribution de l’énergie électrique et de l’eau potable sur l’ensemble du territoire gabonais.

98 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives africaines "Afrique XX1" 110 , le Gabon dispose d’un réseau de voies de communications terrestres et fluviales parmi le plus pauvre d’Afrique. En effet, de Libreville, ne part qu’une seule route goudronnée vers Lambaréné à quelques 300 km. La seconde ville du pays, Port Gentil n’est reliée à Libreville par aucune piste. Selon les statistiques gouvernementales, le pays compte en 2006, 9170 km de routes, dont 936 km seulement sont bitumées, la majorité étant revêtues de gravier ou non classées, c'est-à-dire qu’elles sont pour la plupart, considérablement dégradés, rendant la circulation automobile très difficile. En effet, les grumiers ne cessent de défoncer les misérables pistes qui jalonnent le pays et qui deviennent pour la plupart impraticables dès la saison des pluies. Vu le relief, l’érosion des pluies, la densité de la forêt et la traversée des fleuves, le pays connaît des difficultés au niveau du réseau routier. Il n’existe aucune route reliant les deux grandes villes du pays, Libreville et Port-Gentil. Le moyen le plus facile de transport dans le pays demeure l’avion (à quelques exceptions). Le réseau aérien est bien développé avec ses 09 aéroports dont 01 international (à Libreville) et 08 nationaux dans les chefs-lieux de provinces, le Gabon est desservi par plusieurs compagnies aériennes dont certaines sont spécialisées en long parcours, et d’autres dans les vols régionaux et/ou domestiques. Par contre il n’existe qu’une seule ligne de chemin de fer dans le pays au départ de Libreville traversant tout le pays jusqu’à Franceville : le Transgabonais inauguré en 1986. Long de 650 km, son tracé suit la diagonale nord-ouest / sud-est. Il transporte des minerais (manganèse de Moanda et uranium de Mounana), des grumes des industries forestières et des passagers. Le réseau fluvial et maritime, offre quelques possibilités au départ de Libreville, Port-Gentil et Lambaréné. Cet état de chose explique les lenteurs et les retards du courrier notamment dans les zones rurales.

Autre fait inquiétant et surtout déplorable, les installations de Gabon Télécom sont menacées depuis quelques temps par des coupeurs de câble qui les coupent pour vendre ou exploiter ce matériau. Le journal Union du 11 septembre 2007, rapporte qu’un réseau de saboteurs des lignes téléphoniques de Gabon Télécom sévit à Libreville et Owendo

110 Afrique XX1. L’exploitation forestière au Gabon, un siècle de non développement . Article téléchargeable à l’adresse : http:// www.afrique21.org/spip.php?article90 - 47k (consulté le 29 juillet 2007).

99 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives depuis plusieurs mois. Bilan : plus d'un kilomètre de câble téléphonique sectionné, une dizaine de quartiers touchés, près de 1000 abonnées déconnectés et des millions de francs de dégâts. « Cela fait déjà plusieurs mois. Il était donc important pour nous, d'informer les populations de Libreville et d'Owendo, qu'il y a des groupes de personnes lesquels se font passer pour des agents de Gabon Télecom- qui coupent les câbles pour les vendre ou exploiter ce matériau. Nous appelons tout le monde à la vigilance », avait expliqué au journal, le directeur de la communication institutionnelle et des relations publiques de Gabon Télécom, François Epouta. A l'heure où Gabon Télécom se lance dans une campagne de réduction de ses tarifs téléphoniques et d'accès à Internet, ce sabotage vient mettre à mal ses efforts de fidélisation vis-à-vis de sa clientèle.

Des obstacles, cette fois liées aux problèmes administratifs et organisationnels peuvent également être une entrave, un frein à l’adoption de la FAD au Gabon.

1.3 - Problèmes administratifs et organisationnels Bien que très peu de nations africaines possèdent une politique formellement articulée pour guider l’enseignement à distance, l’existence d’une stratégie publiquement acceptée dans ce domaine est un préalable essentiel à la définition des priorités, à la mobilisation des ressources et au lancement de toute initiative de quelque envergure (William Saint, 1999). Dans le cas du Gabon, l’absence de la reconnaissance endogène et officielle des diplômes de formation à distance au sein du pays constitue un frein au développement de ce type de formation. En effet, pour le ministère de l’Enseignement supérieur, responsable de l'équivalence des diplômes au Gabon, l’étudiant en quête d’équivalence de diplôme doit présenter un dossier contenant plusieurs éléments, à savoir, entre autres : le relevés de notes, le diplôme, la validation de stage, les matières et la masse horaire... En dehors de ces documents, il faut également présenter un document attestant que le demandeur de l'équivalence a résidé au moins deux ans de façon permanente dans le pays où il a préparé ce diplôme. Or, à priori, un diplôme FAD ne remplit pas tous ces critères. D’autres contraintes, liées aux ressources humaines sont également à prendre en compte.

100 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

1.4 - Contraintes liées aux ressources humaines C’est une évidence, les dispositifs de FAD et les programmes qui font appel aux TIC nécessitent des compétences spécialisées. Il est donc incontestable que l'intégration des TIC dans les dispositifs pédagogiques requiert, et crée de nouvelles compétences dont, bien évidemment, celles issues du champ de la conduite de projet (responsable de formation, ingénierie pédagogique, scénariste, veilleur), de la formation (formateurs, experts de contenus) et des technologies (infographiste, développeur, webmaster, administrateur de plate-forme de FOAD, responsable informatique et réseau) et qui constituent le triptyque nécessaire à la conception du dispositif. Or, à notre avis, le Gabon ne dispose pas encore de compétences techniques indispensables au développement efficace de ce type de formation, d’autant plus que ces techniques sont à la fois importées et toujours en évolution constante. De l’avis de plusieurs spécialistes du domaine, la mise en œuvre de dispositif de formation ouverte et à distance conduit à spécifier les sous- systèmes opérationnels qui interagissent pour produire le service final : la formation.

Avec Didier Paquelin (2002), nous en distinguerons cinq : - système administratif : gestion des dossiers, rémunération, diplôme, facturation - système technique : définition, conception et gestion du dispositif technologique ; - système ressources : identification, conception, développement et gestion des ressources éducatives ; - système pédagogique : accueil, positionnement, élaboration des parcours, évaluation, régulation ; - système commercial : veille par rapport aux offres, prospection et communication de l’offre 111 .

Les responsables des systèmes de FAD doivent ainsi gérer tous ces éléments et veiller à ce que chaque apprenant reçoive tout le soutien dont il a besoin pour étudier. D’autre part, la gestion de programmes de FAD implique souvent des décisions critiques en ce

111 Paquelin Didier (2002). Les ressources humaines à la mise en oeuvre de la FOAD . Actes de l'université d'été - La formation continue ouverte et à distance, Direction générale de l'Enseignement scolaire, Téléchargeable à l’adresse : http://www.eduscol.education.fr/D0126/acte_foad6.htm (consulté le 28 janvier 2008)

101 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives qui concerne le coût de la création d’un cours, le choix de la technologie à utiliser pour dispenser ce cours et le calcul du nombre minimum des inscriptions nécessaires pour atteindre le « seuil de rentabilité ». Ces décisions demandent des compétences en matière d’évaluation des coûts et de planification qui sont rarement requises des administrateurs des programmes conventionnels 112 . On peut d’ores et déjà comprendre que monter et mettre en oeuvre un module ou un dispositif de FAD ne peut plus être l’apanage du seul formateur. De plus, les questions conceptuelles entravent également l’intégration de la FAD. En effet, la présence de l’expertise locale relative aux TIC ne pose pas de problèmes réels. En revanche, les contenus pédagogiques constituent un obstacle qui obère l’évolution endogène de la FAD, le risque étant grand de reprendre des cours préparés ailleurs et de les imposer à un public inadapté, mais désireux d’information scientifique 113 .

Ceci étant, ces blocages au développement de la FAD au Gabon ne semblent pas insurmontables, d’autant plus qu’il existe parallèlement des atouts favorables à l’adoption de ce type de dispositif.

II – ATOUTS AU DÉVELOPPEMENT DE LA FAD Le Gabon dispose également d’atouts non négligeables au développement de la FAD. Un des principaux atouts reste l’attitude adoptée depuis quelques années par les pouvoirs politiques et leurs engagements face aux TIC.

2.1 - Attitude et engagements des pouvoirs politiques face aux TIC Le Gabon a fait des progrès importants en matière de télécommunications au cours de ces dernières années. En effet, depuis les recommandations de Bamako 2000, le Gouvernement gabonais, aidé en cela de plusieurs organismes internationaux comme le PNUD et le projet Information et Communication pour le développement (ICD), est

112 Murphy Paud Anzalone S., Bosch A., Moulton J. (2002). Améliorer les possibilités d’apprentissage en Afrique, l’enseignement à distance et les technologies de l’information et de la communication au service de l’apprentissage , Rapport téléchargeable à l’adresse : http://benin.crifpe.ca/kouawo/sr/textes/texte_001.pdf (consulté le 28 janvier 2008) 113 Onguene Essono L. M. (op. cit.)

102 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives arrivé à l'Internet à travers plusieurs actions importantes et complémentaires. Les principales sont :

- Le lancement, en octobre 1996, du projet national SDNP/RDD (Réseau de Développement Durable), après signature par le Gouvernement et le PNUD ainsi qu'avec les autres partenaires que sont le Canada et la France, d'accords de financement. Ce projet devait permettre à la fois l'accès à l'information disponible à l'extérieur via les connexions internationales et la disponibilité à l'échelle nationale d'un réseau de partenaires.

- L'installation d'une connexion internationale Internet par l'opérateur national, l'Office des Postes et Télécommunications (actuellement en voie de privatisation) et son inauguration officielle par le Président de la République, son excellence El Hadj Omar Bongo en 1998.

De ces actions, figurant parmi tant d’autres, il ressort que les plus hautes autorités du pays ont un réel intérêt pour les TIC. C’est pour aller dans ce sens que le gouvernement a rebaptisé le Ministère des Télécommunications, Ministère de la Communication, de la Poste, des télécommunications et des Nouvelles Technologies. Ainsi, confronté aux doutes, aux contraintes économiques et financières, aux priorités des populations, le Gabon, a introduit à un rythme vertigineux, les outils relatifs à l'utilisation de l'Internet sur l'ensemble de son territoire, ainsi que le relève Louis Martin Essono (op. cit.). En effet, suite à un accord avec TeleGlobe pour un accès de 45 Mbps, le Gabon dispose de la plus large bande passante d’Afrique. Trois sociétés fournissent l’accès à Internet (FAI) au Gabon. Ainsi, en plus de Gabon télécom, deux autres sociétés se partagent le marché :

- Gabon Telecom (Inet) compte 6.500 clients en RTC (Réseau Téléphonique Commuté), et environ 800 clients XDSL 114 . Grâce au câble sous-marin WASC/SAT3, Gabon Télécom dispose désormais d’une capacité de connexion internationale estimée à 155

114 Les technologies XDSL transmettent des données à hauts débits sur la boucle locale en cuivre du réseau téléphonique traditionnel. La transmission jusqu'à l'abonné s'effectue dans des bandes de fréquences élevées, inutilisées par les services téléphoniques. Définition téléchargeable à l’URL : http://www.alaide.com/dico.php?q=DSL (consulté le 29 juillet 2007).

103 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Mbs. La société projette de faire du Gabon le hub 115 régional en matière de télécommunications pour l’Afrique centrale.

- Solsi (Services online et systèmes informatiques) (http://www.solsi.ga/) lancé en 2000, est la filiale à 50% du groupe gabonais Sogafric. Il compte environ 800 clients en RTC et HSDL et possède depuis 2003 une liaison satellitaire. Il propose des services de conception et d’hébergement de sites web, de commerce électronique et dispose d’un portail d’information et de messagerie (www.assala.com).

- Internet Gabon (http://www.internetgabon.com/) lancé en 1996 est le premier FAI privé. Il compte plus de 1.000 abonnés dont 15% en HDSL et dispose depuis 2002 de liaisons satellitaires directes en dérogation du monopole de Gabon Telecom. Il propose aussi des solutions VoIP et GPS 116 .

Lors du Sommet mondial sur la Société de l'information de Tunis (2005), le Gabon a été présenté comme le leader régional en matière de développement d'infrastructures informatiques. En d'autres termes, le pays est appelé à devenir la plaque tournante de l'Afrique sub-saharienne en matière de télécommunication. Ainsi, sur une population estimée à 1.520.911 millions d'habitants, le Gabon affiche une télédensité fixe de 2,8% pour un taux de pénétration (téléphone mobile) de 40% 117 . Le taux de pénétration de l'Internet est également des plus élevés par rapport à ses voisins – 19 pour mille, contre 4 pour mille dans le cas du Cameroun par exemple. Ceci signifie que 6% environ de la population gabonaise surfe sur le Web, le pourcentage le plus élevé de l'Afrique sub-

115 Hub : En général, un concentrateur (en anglais, hub - cette traduction est souvent utilisée en français, mais c'est un anglicisme) est le nœud central d'un réseau informatique. Il s'agit d'un dispositif électronique servant de commutateur réseau, et permettant de créer un réseau informatique local de type Ethernet. Définition téléchargeable à l’adresse : http://fr.wikipedia.org/wiki/Hub_(informatique), consulté le 9 octobre 2007. 116 Système de positionnement par satellite. Réservé tout d’abord aux militaires, il est devenu d’utilisation fréquente dans le domaine civil. L’aviation, la navigation, et la compétition sportive ont été les premiers utilisateurs de ce matériel d’abord très coûteux. La position terrestre latitude/longitude est calculée grâce à différents satellites qui émettent des signaux radios vers la terre. L’utilisateur peut enregistrer des positions (latitude/longitude), tracer un parcours, se choisir une destination (aller), naviguer (obtenir direction et vitesse). Définition téléchargeable à l’adresse : http://www.alaide.com/dico.php?q=GPS&x=15&y=9, (consulté le 29 juillet 2007). 117 Annuaire des télécommunications en Afrique et au Moyen Orient, 1 ère édition.

104 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives saharienne. Les grandes villes du pays abritent toutes désormais des cybercafés (210 cybercafés). D’après l’étude réalisée par l'Agence de régulation des télécommunications (ARTEL) du 24 avril au 30 juin 2006, Libreville, la capitale gabonaise, compte à elle seule 89 cybercafés et 2 790 cabines téléphoniques. La même étude révèle que, sur les 2 790 cabines téléphoniques recensées, celles qui fonctionnent avec des lignes de téléphone fixe ne sont que 391 contre 2 399 cabines à base de téléphone portable (GSM). Car, malgré des coûts assez élevés pratiqués par les trois opérateurs de la téléphonie mobile (Libertis, Celtel et Moov), Gabon Télécom a considérablement perdu le marché des cabines téléphoniques dont il avait le monopole jusqu'à la fin des années 90. Et pourtant, concernant le rapport qualité/prix, Gabon Telecom offre le meilleur confort. Un problème de marketing justifierait certainement la perte progressive par Gabon Telecom de ce marché. La société exige une importante caution avant l'exploitation à des fins commerciales d'une ligne de téléphone (voir annexe 15). Ceci n'est pas le cas pour les cabines téléphoniques à base du GSM.

Afin d'assurer une utilisation optimale de ces outils, le Gouvernement accélère et multiplie des stages d'initiation et de perfectionnement destinés aux hauts cadres, aux responsables des télécentres et aux chercheurs. Ces formations s'effectuent presque chaque mois. Les stages vont de la simple initiation à l’informatique, à la formation de webmestres, en vue d'élaborer une stratégie nationale de l'information et de la communication. Outre des points d'accès privés, le Gabon voit aussi fleurir, dans tous les domaines d'activité, des services à distance. C'est ainsi que le Centre multimédia des Nations Unies (le PNUD), la Direction Générale des Archives Nationales, la Bibliothèque Nationale et la Documentation Gabonaise peuvent offrir au public gabonais, contre paiement, des services à distance (commande de documents primaires et articles scientifiques). Les consultations peuvent donc s'opérer à domicile ou dans les institutions déjà connectées à Internet.

Les investissements dans les infrastructures pour le développement de l’Internet témoignent des gros efforts consentis par le pays sur le dossier des autoroutes de l’information : Nœud Internet, câble sous marin, libéralisation des télécommunications

105 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives par la présence de trois opérateurs GSM (Moov, Celtel, Libertis)…Mais, s’il est vrai que le gouvernement gabonais a créé des infrastructures d’accueil favorables au développement des TIC, il n’en demeure pas moins qu’aucune politique concrète de l’Internet n’a été défini à ce jour. La multitude de micro projets nés avec l’initiative SNDP/RDD (Sustainable Development Networking Program)/(Réseau de Développement Durable) 118 , du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) n’ont pu survivre. C’est le cas de l’espace cyber mis sur pied pour la promotion des TIC auprès du grand public, par le Ministère des télécommunications, sous l’assistance technique du PNUD. Aujourd’hui, ce cyber n’est plus opérationnel. De la même façon, en 2001, l’hôtel de ville de Libreville, sous l’assistance technique de la mission française de coopération, a mis à disposition du grand public, le cyber Hermes aujourd’hui également non fonctionnel. Toujours dans la ferveur du RDD, le Ministère de l’éducation avait lancé le projet Futur Kids, devant promouvoir les TIC dans les lycées et collèges. Aujourd’hui, il ne reste aucun vestige de cette action. Le ministère du commerce en est resté au stade de l’idée, aucune action concrète n’a jamais vu le jour en matière du commerce électronique. Seul, le projet du ministère de l’enseignement supérieur, réalisé sous l’assistance technique de la mission canadienne semble tenir la route : le projet campus numérique.

Un des faits marquants de ce plan d’action est jusque là, sans aucun doute, la consigne donnée en faveur des acteurs impliqués dans la promotion des TIC. En ce sens, le gouvernement gabonais avait décidé, en 2005, de l'exonération totale des droits et taxes de douane sur l'importation du matériel informatique destiné aux écoles. Cette mesure, encore en vigueur aujourd’hui, a permis l’équipement en matériel informatique de plusieurs établissements d’enseignement et de formation.

Parmi les nombreux autres atouts, et non des moindres dont dispose le Gabon, nous n’oublierons pas d’évoquer la nouvelle chance qu’ont désormais tous les pays africains depuis la mise sur orbite de transfert géostationnaire (le vendredi 21 novembre 207) du

118 L'initiative SDNP du système des nations unies, constitue un cadre de référence, pour tout organisme travaillant pour un meilleur accès à l'information dans les pays en voie de développement.

106 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives premier satellite de télécommunications panafricain Rascom-QAF-1119 par la fusée Ariane-5GS (générique standard). En effet, la circonstance prometteuse est venue de Kourou en Guyane française où, par une dépêche de l’AFP 120 , l’on avait appris la nouvelle. D’après les spécialistes du domaine, ce satellite (prévu pour une durée de 15 ans) fournira sur l’ensemble du continent, des services fixes de très grande qualité à de faibles coûts pour la voix, les données, les télécommunications, l’accès Internet à très haut débit, ainsi que la vidéo, la télévision et la radiodiffusion sonore. Ceci, aussi bien dans les zones urbaines que rurales. Par cette acquisition, les pays africains pourront ainsi rattraper quelque peu la fracture numérique qui les sépare des pays occidentaux. L’intérêt de cette nouvelle acquisition, selon les spécialistes, va au-delà des équipements. Le plus grand bénéfice tenant certainement dans la marge d’économie que les pays africains vont désormais réaliser sur les frais de télécommunication. Les rapports affirment que l’investissement de 200 milliards de francs CFA va permettre au continent d’économiser 250 milliards, auparavant payés annuellement aux opérateurs étrangers. Cet argent comptait pour les frais occasionnés par le passage du trafic interafricain par des centres de transit européens et américains 121 . Pour le Gabon qui est déjà connecté au câble sous- marin, cette nouvelle donne aura certainement un effet dopant pour le développement de la FAD.

L’autre fait marquant est la mise sur satellite de la RTG 1 depuis le mois de novembre 2007. « Les émissions de radio et de télévision de la RTG 1 sont désormais disponibles

119 Rascom-QAF-1 (Regional African Satellite Communication Organization) Lancé par une fusée européenne ARIANE le 22 décembre dernier, ce satellite avait été victime d’une fuite au niveau du système de pressurisation du réservoir de carburant alors qu’il n’avait pas encore été propulsé vers sa position définitive à 36 000 km d’altitude. Selon un article publié le 04/02/2008 par RFI, il a donc fallu tout le savoir-faire des ingénieurs de Thalès pour parvenir, en 4 semaines, à le remonter progressivement à l’aide des moteurs secondaires habituellement utilisés pour affiner le positionnement du satellite une fois à poste. Conséquence de ce sauvetage : initialement prévu pour durer 15 ans, RASCOM ne vivra qu’à peine plus de 2 ans. 120 Agence France-Presse (AFP). Une fusée Ariane a placé en orbite le premier satellite panafricain. Article téléchargeable à l’adresse : http://www.avmaroc.com/pdf/fusee-ariane-place-actualite-a113423-d.pdf (consulté le 27 décembre 2007). 121 Okole Serges Olivier (2007). Télécommunications : l’Afrique désormais sur orbite. Article téléchargeable à l’adresse : http://www.cameroononline.org/index.php?module=shortnews&func=redir&url_id=8320 (consulté le 22 décembre 2007).

107 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives sur le satellite NSS7 placé à 22°ouest et qui diffuse notamment les bouquets de Canal Sat Horizons », rapporte le Journal L’Union Plus du 23 novembre 2007.

La présence du Campus numérique à Libreville (CNFL), la capitale du pays, représente également un facteur non négligeable pouvant favoriser le développement de la FAD dans le pays. A travers les services offerts par cette institution, entre autres, partager les ressources, permettre les échanges, offrir des formations sur mesure et à distance répondant aux besoins du public gabonais, la formule semble particulièrement adaptée au terrain gabonais et rien ne semble empêcher les universités locales de s’emparer du modèle. En effet, le Campus numérique de Libreville est la seule structure offrant aux gabonais, la possibilité de suivre des formations à distance. Notons toutefois que jusque là, seuls les résidants de Libreville ont la possibilité de suivre les formations offertes par cette structure qui va d’ailleurs faire l’objet d’une étude de cas dans la section suivante.

2.2 – Une étude de cas : le Campus Numérique de Libreville et la FAD «Faire de la recherche de haut niveau tout en restant chez soi » : c'est la devise que l’Agence universitaire de la francophonie (AUF, une des structures de l'Organisation internationale de la Francophonie) essaie, depuis quelques années, de mettre en oeuvre à travers la création de ses campus numériques. En effet, parmi les projets d’éducation virtuelle et d’utilisation des nouvelles technologies dans l’enseignement supérieur, il y a, depuis quelques années, celui de l’AUF, intitulé aujourd’hui Campus numérique francophone. Les formations à distance en sont une des actions phares depuis quelques temps. Pierre-Jean Loiret (2004), qui est administrateur délégué du programme « TIC et appropriation des savoirs » au sein de ladite Agence (AUF), déclare à ce propos : « Nous faisons de la formation à distance depuis 1992 même si à l’époque, c’était des cassettes vidéo… »122 . Les objectifs de cette opportunité sont de permettre à un public africain en particulier et aux pays du Sud en général de pouvoir se former et décrocher des diplômes dans des universités qui ne sont pas à leur portée sur le plan géographique. Pour permettre la réalisation de ces objectifs, l’AUF a créé des infrastructures, les « Campus

122 Loiret Pierre Jean (2004). Plus de formation à distance pour les africains . Interview réalisée par Falila Gbadamassi pour Afrika.com. Téléchargeable à l’adresse : http://www.afrik.com/article7268.html (consulté le 21 août 2007).

108 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives numériques francophones », qui offrent la possibilité de déployer des projets de formations à distance et d'information scientifique, en s'attachant à former des formateurs. Didier Oillo (2003), administrateur du programme Technologies de l’information et de la communication et appropriation des savoirs, de l’AUF, nous fournit quelques précisions sur le terme "campus numérique" : « On pourrait se demander ce que la juxtaposition de ces deux termes, qui sont séparés par plusieurs siècles, apporte comme signification. A côté du campus traditionnel, celui des bâtiments, des places, des rues, de la bibliothèque, des amphis, il existe une autre forme de lieu pour les enseignants et les étudiants, un lieu qu’on découvre peu à peu dans toutes les régions du monde. Les technologies ne pouvaient laisser pour compte le milieu universitaire… Concrètement il s’agit d’un lieu physique où on accède à la technologie de l’information et de la communication, ordinateurs, internet. Il s’agit aussi d’autre chose, d’un lieu virtuel accessible par Internet où l’on peut apprendre, enseigner, se retrouver au sein de forums, trouver de la documentation. Un lieu qui, il y a encore peu de temps, aurait été considéré comme magique, irréel »123 .

Ainsi, chaque année, l’AUF attribue des allocations d’études à distance aux meilleurs candidats sélectionnés, selon les critères définis par l’organisme. Grâce à ces allocations, une importante partie des frais pédagogiques et d’inscription est ainsi prise en charge (une part reste a la charge de l’apprenant), mais toute personne désireuse de se former à distance peut bénéficier d’un prix préférentiel accordé par les Universités diplômantes à l’AUF. Pour l’année 2007-2008 par exemple, près de 700 allocations d’études à distance sont proposées ainsi que de nouvelles formations.

C’est dans ce contexte qu’a été mis en place le Campus Numérique Francophone de Libreville (CNFL). Logé au coeur de l'Université Omar Bongo (UOB), dans un bâtiment de 300 m 2 entièrement remis à neuf. Le campus numérique francophone de Libreville fait

123 Oillo Didier (2003). Un Campus numérique francophone . Interview téléchargeable à l’adresse : http://www.vn.refer.org/vietnam/article.php3?id_article=141 (consulté le 21 août 2007).

109 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives suite au système francophone d'édition et de diffusion du réseau électronique francophone pour l'enseignement supérieur et la recherche (Syfed-Refer) (hébergé jusqu’en 2001 par l’Ecole Normale Supérieure de Libreville). Financé à 85% par la France et à 13% par le Canada, et pour le reste par l'UOB et l'AUF, il est opérationnel depuis 2003, le troisième du genre dans l'espace francophone d'Afrique subsaharienne, après ceux de Dakar (Sénégal) et de Yaoundé (Cameroun) spécialisés respectivement dans les domaines de la formation et du droit. Le CNFL est surtout spécialisé sur l'environnement, une cause nationale au Gabon. Ouvert en priorité aux chercheurs et aux enseignants, des étudiants et même des professionnels gabonais peuvent accéder, grâce à cette structure, à des filières de formations et donc à des diplômes qui n’existent pas dans le système éducatif gabonais. Ainsi, moyennant un modique abonnement 124 - environ un cinquième du coût pratiqué par les fournisseurs d’accès commerciaux – les utilisateurs peuvent disposer d’une connexion sécurisée à large bande passante, leur permettant de consulter leur courrier, surfer sur le web par des liaisons spécialisées (donc plus rapides). Outre ce "désenclavement numérique", le CNFL contribue également à ce que l’on peut appeler le "désenclavement scientifique" des gabonais. Car, il favorise d'une part, leur accès aux ressources informationnelles mondiales à travers les banques de données et les systèmes d'information internationaux (interrogation de bases de données, commande de documents primaires et articles scientifiques…) et, d'autre part, il incite les enseignants et chercheurs gabonais à valoriser leurs résultats de recherche qu’ils peuvent publier dans les revues électroniques soutenues par l'Agence universitaire de la Francophonie 125 à l’instar de : http://revues.refer.org ou sur le site des cours en ligne : http://www.coursenligne.refer.org. De nombreux autres services ayant trait au renforcement des capacités humaines dans le cadre des formations sont également offerts par ladite structure, il s’agit par exemple des formations de formateurs aux TIC (formation Transfer, www.transfer-tic.org); des formation aux technologies de l'information et aux logiciels libres (initiation à Internet, production de contenus, etc.) et, depuis quelques années, formations ouvertes et à distance (http://www.foad.refer.org).

124 Abonnement d’un an : 40 000 FCFA ; Abonnement de six mois : 25 000 FCFA ; Abonnement de trois mois : 12 500 FCFA ; Abonnement mensuel : 5 000 FCFA. 125 A ce jour 21 revues électroniques scientifiques francophones en accès libre ont été créées, ou sont en cours de création, grâce au soutien de l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF).

110 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Le CNFL offre, surtout, la possibilité de suivre des enseignements en ligne tout en restant sur place. Connecté à l’Internet via un réseau local virtuel (VLAN) 100 Base T qui dessert près 60 ordinateurs, le CNFL est doté d’une liaison spécialisée possédant un débit de 512 Kbps. Le cœur de cet équipement informatique est constitué par une batterie de 2 serveurs fonctionnant tant sous Windows NT que sous Linux. Ceux-ci hébergent la messagerie électronique, divers sites Web, etc.

2.2.1 - Présentation du dispositif de formation à distance Les multiples activités du CNFL tournent autour des formations et des services énoncés plus haut. Les formations proposées débouchent sur des diplômes universitaires (licence, master et doctorat). Elles sont développées au sein des universités membres de l’AUF à travers le monde et font l’objet d’appels à candidature pour chaque année universitaire. Ces formations se déclinent en formations qualifiantes présentielles, formations diplômantes à distance, formation de formateurs, formations à l’Internet et à la bureautique et outils d’autoformation. Les domaines de formation proposés vont des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) aux Sciences de la vie et de la terre en passant par le droit et l’économie (droits fondamentaux, commerce et vente, éthique des droits de l’homme, droit international, etc…), les sciences de l’éducation, sciences fondamentales et bien d’autres. Les cours sont dispensés entièrement en ligne mais les examens se déroulent de manière classique, en salle surveillée. Signalons que les apprenants peuvent suivre la totalité de leurs cursus de formation au CNFL.

2.2.2 – Les formations offertes Depuis 2001, divers programmes ont été proposés, parmi lesquels le Diplôme Universitaire en Technologies de l'Information et de la communication pour l'Enseignement (DUTICE), lancé pour la première fois en 2000 et devenu un an après (en 2001) par habilitation ministérielle, un DESS national (France), connu aujourd’hui sous l’appellation de Master UTICEF "Utilisation des Technologies de l'Information et de la communication pour l'Enseignement et la Formation". Cursus d’une année débouchant sur un diplôme de 3 eme cycle et délivré par l’Université française Louis Pasteur de Strasbourg, en 2007, 5 enseignants gabonais ont déjà bénéficié de cette formation.

111 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Divers autres programmes sont offerts par le CNFL, permettant aux gabonais d’accéder à des diplômes supérieurs. Ainsi, depuis 2003, 11 fonctionnaires gabonais ont déjà bénéficié des formations suivantes : DU Méthodes statistiques en santé (2) ; Master pro Droit international comparé de l’environnement (2) ; DU Evolution de la qualité de l’environnement (2) ; Master pro Statistiques et économétrie (2) ; Master pro E.MIAGE option Systèmes d’information multimédia (1) ; Licence Sciences de l’information documentaire (2). Les organismes dispensateurs de ces différentes formations sont : les Universités de Limoges, de Bordeaux 2, de Versailles St Quentin, l’Université de Toulouse I, l’Université de Picardie Jules Vernes, l’EBAD Sénégal, l’Université de Marne-la-Vallée.

De même, les formations suivantes : Licence Commerce et vente (1) ; Master pro Expertise et ingénierie des systèmes d’information en santé (1) ; Master pro Conception et gestion des projets numériques territoriaux (1) ont été suivies par 3 employés venant des ONG et Organismes Internationaux. Il s’agit des employés de la Commission Européenne, de l’ONG Conseil Africain d’Actions Concertées (CAFAC) et du Bureau Régional de l’Afrique Centrale (BRAC).

Par ailleurs, au courant de l’année académique 2006-2007, une quinzaine d’employés, venant pour la plupart de grandes entreprises gabonaises, à l’instar de : Gras Savoye, les Cliniques Privées, etc., ont pu être formés dans les programmes suivants : Licence Commerce et vente (2) ; Master pro Marketing-commerce, spécialité ingénierie du commerce et de la distribution (1) ; DU Droits Fondamentaux (2) ; DU Méthodes en recherche clinique (1) ; DU Méthodes et pratiques en épidémiologie (1) ; Master pro Ingénierie du système de santé (2) ; Licence pro Analyste concepteur des systèmes d’information (1) ; Master Pro E-Services (1) ; DESU TIC et Développement (1) ; Master pro VCIEL (1). Ces formations ont été dispensées par les universités de Montpellier, de Nantes, de Bordeaux 2, de Nice Sophia Antipolis, l’IAI Cameroun, l’Université de Limoges et les Universités de Lyon 1 et 2 .

112 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Si l’on peut constater, à travers ces données, que le nombre de diplômes proposés par l’intermédiaire de l’AUF a régulièrement progressé depuis 2001, le nombre de candidatures et d’allocataires gabonais ne semble pas cependant avoir suivi la même évolution. En 2007, 35 lauréats (dont 27 allocataires de l'AUF et 8 à titre payants et bénéficiant des tarifs préférentiels), ont obtenu leurs diplômes en suivant des formations à distance via le CNFL. Certes, énoncé ainsi, le nombre d’étudiants formés peut paraître conséquent. A notre avis, six ans après le lancement du premier appel à candidature, 35 candidats représentent un nombre presque insignifiant, en tout cas, pas assez par rapport aux besoins de formation des gabonais. Au Burkina Faso par exemple, en 2004-2005, 88 apprenants ont suivi une formation à distance à partir de Ouagadougou et de Bobo. Sur cet effectif, 51 ont obtenu leurs diplômes (Santé, économie, droit…) 126 . Le CNFL est donc de nos jours encore loin de proposer le dispositif nécessaire pour prendre en charge la formation d’une population importante. Mais, comme nous l’avons suggéré plus haut, cette structure peut servir de modèle aux institutions locales de formation, ce qui aura certainement pour conséquence la propension de la culture de FAD au Gabon.

Pour clore ce chapitre, nous tenterons de donner un aspect visuel à notre analyse afin de faciliter sa compréhension. Ainsi, sans prétendre à l’exhaustivité, nous avons synthétisé sous la forme d’un tableau les différents éléments susceptibles de constituer des freins ou des leviers potentiels au développement de la FAD au Gabon.

126 Diallo A. (2006). Formation à distance. La toile se tisse au Burkina . Article téléchargeable à l’adresse : www.evenement-bf.net/pages/ntic_90.htm (consulté le 25 décembre 2007)

113 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Figure 5 : Freins et leviers au développement de la FAD au Gabon.

Freins Domaine Leviers - Le statut de second rang accordé à la FAD Public dynamique et facilement adaptable - Le manque de formation à l’utilisation des outils technologiques - Le manque d’autonomie dans l’élaboration des savoirs - Public restreint et environnement non adaptés aux études à Public cible distance - Le manque de sensibilisation sur le potentiel réel de la FAD dans les prestations de services d’éducation en faveur des masses. - Présence du câble sous marin SAT-3

- Privatisation de Gabon Télécom

- L’offre Internet est encourageante (3 fournisseurs Infrastructures d’accès à Internet ) - Intérieur du pays mal desservi en TIC et coûts d’accès encore technologiques élevés… - Libéralisation du marché de la téléphonie - Insuffisance des cybercafés - Existence de plusieurs chaînes de radiodiffusion et de - Téléphonie fixe peu développée (presque inexistante à l’intérieur du pays). télévision (mise sur satellite de la RTG1) - Internet quasi inexistant dans plusieurs localités du pays - Prolifération progressive des cybercafés à l’intérieur - Coupures intempestives de courant du pays - Mise sur orbite du satellite Rascom-QAF-1 - Le manque criard de savoir-faire technique, pédagogique en Ressources Meilleure perception de la FAD par les enseignants matières de FAD humaines - Le manque de moyens financiers - Absence de décisions endogènes vis-à-vis de la FAD - Exonération des droits et taxes de douane sur - Absence de reconnaissance de diplômes issus de la FAD Autorités l'importation des matériels destinés à l'enseignement politiques

114 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

ÉLÉMENTS DE SYNTHÈSE

De nombreux facteurs positifs incitent à penser que la situation de la FAD au Gabon devrait évoluer très favorablement à court et moyen terme. Quatre de ces facteurs paraissent particulièrement descriptifs et méritent d’être soulignés : la récente prise de conscience qui se manifeste de la part des autorités politiques et éducatives sur les enjeux de la société de l’information et sur les potentialités que représentent les TIC pour l’éducation et la formation ; la progression rapide de l’accès à Internet dans le pays ; les récentes initiatives importantes prises au plus haut niveau pour la mise en œuvre de projets majeurs intégrant cette nouvelle donne ; la mise sur orbite du satellite panafricain Rascom-QAF-1.

Cependant, malgré l’évidence de ces facteurs encourageants, on ne doit pas minimiser un certain nombre de freins au développement optimal de la FAD qui restent encore à lever. L’un des principaux obstacles est le manque de sensibilisation du public gabonais sur les opportunités que peut leur offrir ce type de formation. La politique tarifaire pratiquée en matière de télécommunication, est également une des tares qui minent le succès de la formation à distance au Gabon, même si des efforts ont été faits ces derniers temps sur la baisse des coûts des appels téléphoniques et la connexion à Internet. D’autres difficultés, toutes aussi pénalisantes sont au moins aussi cruciales : la non reconnaissance par l’Etat des diplômes issus de la FAD ; les coûts trop élevés du matériel informatique et l’insuffisance des infrastructures téléphoniques et des équipements de transmission de haut niveau à l’intérieur du pays.

Ceci nous amène à énoncer plus précisément la problématique qui a guidé notre recherche et d’en expliciter son intérêt scientifique.

115 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

CHAPITRE IV: PROBLÉMATIQUE ET HYPOTHÈSES DE LA RECHERCHE

I - PROBLÉMATIQUE

Toute situation de recherche impose la construction d’une problématique en fonction du contexte, des objectifs de la recherche et sans doute de la posture du chercheur. Le terme problématique vient du grec "problêma", un dérivé de "pro" qui signifie "devant", et de "ballein", qui signifie "jeter". Bialais Marie-Christine (2002), citant le CEPEC de Lyon, donne la définition suivante du terme : « La problématique est une question que se pose le grand public ou la communauté scientifique. Elle appelle un ensemble de questions partielles qu'il faut se poser. La problématique ne débouche pas sur une réponse immédiate, ni sur une réponse limitée à "oui "ou "non". Elle doit mettre en jeu une argumentation. Elle exprime une situation qui fait problème incitant à la formulation d'hypothèses. L'objectif du travail de recherche sera de valider ou d'invalider les hypothèses »127 . La définition du terme par le Web est plus explicite et concise : « ensemble des questions qu'un chercheur se pose sur les objets ou phénomènes qu'il a choisi d'étudier et des réponses hypothétiques qu'il va mettre à l'épreuve d'une vérification méthodique 128 ». Cette définition est retouchée par Jean Paul Jeannin (2003) qui pense, quant à lui, que la problématique est surtout le projet de traitement de la question, il écrit : « La problématique est un construit de l’ensemble des réponses aux questions que l’on doit se poser à partir de l’énoncé de base de la situation problème, en vue de proposer une réponse provisoire (“l’Hypothèse”), qui sera infirmée ou confirmée par “l’Observation” ou “Expérimentation” (soit la vérification de la validité de la proposition, avec un outil d’investigation : “Questionnaire” - “Entretiens” ou autres...) »129 . En bref, pour certains auteurs, la problématique est la manière d’argumenter et de poser la question, pour d’autres, elle est plutôt le projet de traitement

127 Bialais Marie-Christine (2002). Le questionnement du sujet : de la recherche documentaire à la construction du savoir. CEPEC Lyon : IUFM, mémoire. 128 Définition téléchargeable à l’adresse : http://www.mcxapc.org/static.php (consulté le 28 juillet) 129 Jeannin J. P. (2003). La problématique . Contribution à SOS Réseau. Téléchargeable à l’adresse : www.sosreseaux.com/sos_etudiants_problematique.php - 21k (consulté le 28 juillet 2007).

116 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives de la question. Quoi qu’il en soit, toute problématique se termine par une question, et l’hypothèse constitue la réponse (provisoire), à cette question.

Pour construire la problématique de notre recherche, nous nous référons à nouveau à la méthodologie proposée par Quivy et Campenhoudt (op. cit.). Pour cela, nous allons commencer par décrire les différents aspects du problème. Après cette opération, nous comptons faire la synthèse des situations identifiées pour concevoir la problématique de notre recherche. Ce sera aussi l’occasion d’exposer les préjugés à l’égard de la FAD que nous avons recueillis auprès des enquêtés.

1.1 – Situation relative au changement de paradigme économique Le phénomène le plus marquant de notre époque est sans conteste la globalisation de l'économie et, ainsi que nous l’avons souligné dans notre introduction, l'avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Aujourd’hui, il est plus que jamais manifeste que ce phénomène, à l’œuvre depuis une quinzaine d’années 130 , a étendu son influence sur toute la planète et est à l’origine des profonds changements et des bouleversements sociaux et économiques qui marquent fortement les sociétés contemporaines. A ce propos, Joël de Rosnay (1999) parle de « nouvel espace-temps », « un cybermonde » où durée et distance sont contractées, avec la modification fondamentale des règles politiques, économiques et industrielles qui en découlent 131 . Philippe Quéau (1997) 132 , directeur de la Division de l'Information et de l'Informatique de l'Unesco, intervenant au Congrès de Locarno en avril 1997, évoquait également les importantes modifications des sociétés contemporaines engendrées par l'avènement de la société de l'information. Il présentait notamment le phénomène du court-circuit comme étant la mise en contact immédiat, ou presque immédiat, de points du globe jusqu'alors séparés par des distances géographiques considérables, désormais réduites à rien (le

130 Le chroniqueur du New York Times, Thomas Friedman, conçoit la mondialisation comme le système international ayant succédé au système de la guerre froide après la chute du mur de Berlin, en 1989. Selon lui, le symbole du système de la guerre froide est le mur de Berlin, alors que celui du système mondialisé est le World Wide Web. L'année 1989 correspond aussi à l'invention du WWW par Tim Berners-Lee. 131 De Rosnay Joël (1999). Révolution dans la communication. Stratégies pour le cybermonde , Manière de voir n° 46, Le Monde diplomatique, août-septembre 1999. 132 Quéau Philippe (1997). L’Université de l’Universel , Congrès de Locarno, Suisse, 30 avril - 2 mai 1997. Téléchargeable à l’adresse : http://nicol.club.fr/ciret/locarno/loca5c3.htm (consulté le 28 juillet 2007).

117 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives temps réel des NTIC) ou à presque rien (le coût décroissant des transports de personnes ou de marchandises). Ce phénomène se traduit selon lui de trois manières :

- La "glocalisation" (contraction du local et du global), est un court circuit géographique et territorial, du fait de la délocalisation et de la mondialisation 133 ou plutôt des mondialisations, celle des marchés, celle des capitaux, celle des informations, mais aussi celle de la pollution (ozone, nucléaire) et plus grave encore, celle de la déculturation.

- La "désintermédiation" qui se traduit par l'éviction des intermédiaires de toutes sortes, rendus inutiles par les nouvelles technologies de distribution de biens ou de services immatériels. Une perte de pouvoir de taxation sur ces flux immatériels par les Etats- nations en résulte.

- La "dérégulation", qui reflète la démission de la politique régulatrice devant les lois du marché.

La principale conséquence de ces changements technologiques est l’émergence de nouveaux déterminants de compétitivité : alors qu’il y a quelques années la disponibilité d’une matière première naturelle et d’une main-d’œuvre peu chère étaient des facteurs d’attraction des investissements industriels, l’utilisation des nouvelles technologies a modifié les exigences de la compétition internationale qui nécessite aujourd’hui la disponibilité d’une gamme variée de savoir-faire opérationnel, technique et managérial, la capacité de maîtriser l’usage et d’améliorer des technologies sophistiquées, la maîtrise des réseaux d’informations, la capacité de prospection des marchés extérieurs, la maîtrise des circuits de distribution à l’échelle internationale, etc. En somme, le savoir et les habilités intellectuelles sont devenus, au même titre que les autres ressources, financières et naturelles, des éléments décisifs dans le développement social et économique ainsi que dans la compétition des marchés.

133 Le terme « mondialisation » décrit l’accroissement des mouvements de biens, de services, de main- d’œuvre, de technologie et de capital à l’échelle internationale. Bien que la mondialisation ne soit pas un nouveau phénomène, son rythme a augmenté grâce à la venue des nouvelles technologies, particulièrement dans le domaine des télécommunications. Définition téléchargeable à l’adresse : http://canadianeconomy.gc.ca/francais/economy/globalization.html (consulté le 28 juillet 2007).

118 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Une publication conjointe de l’Unesco et de l’OIT 134 révèle que ces évolutions sont à la fois des opportunités et des défis pour les entreprises, les travailleurs et les États. Voici ce qu’on peut lire dans ladite publication : « Pour les entreprises, le renforcement de la concurrence a accru le nombre des gagnants et des perdants. Pour les États, la mondialisation a à la fois accru le développement national et les inconvénients déjà existants en exacerbant les différences entre les avantages relatifs entre États. Pour certains travailleurs, ces évolutions se sont traduites par des opportunités de carrière ou par le succès dans une activité de travailleur indépendant et une amélioration de leurs niveaux de vie et de leur bien-être. Mais pour d’autres travailleurs, elles sont synonymes de précarité de l’emploi ou de chômage, d’abaissement de niveau de vie et de pauvreté ».

De toute évidence, ce formidable "bouleversement" est à l’origine des bénéfices économiques rapides dans certains pays, tout en provoquant la stagnation dans bon nombre de pays les plus démunis. Boutros Boutros-Ghali (1994), alors Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, dans un rapport adressé au Comité préparatoire du Sommet mondial pour le développement social, a décrit ce phénomène comme une sorte de darwinisme social dans lequel seuls survivent les plus aptes. En effet, ceux qui ont tiré le plus grand profit de la mondialisation sont les pays industrialisés dont l'infrastructure, les institutions et le système éducatif sont développés, ainsi que les pays à revenu intermédiaire qui ont ouvert l'économie (Nayan Chanda, 2005) 135 . Les pays les plus pauvres (la situation de la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne), quant à eux, n'ont pas avancé, certains d’entre eux affichent même une régression. C’est le cas du Gabon, l'expérience montre que le système actuel a mis le pays durement à l'épreuve sur tous les plans :

Il y a quelques années, la disponibilité des matières premières naturelles et d’une main- d’œuvre bon marché faisait du Gabon une zone d’attraction pour de nombreux investisseurs étrangers. De grandes compagnies pétrolières (Shell, Total, …) et

134 Unesco & OIT, Enseignement et formation techniques et professionnels pour le vingt et unième sièc le, Recommandations, 2002, p. 56. 135 Nayan Chanda (2005). Qu'est-ce que la mondialisation ? Article téléchargeable à l’adresse : http://yaleglobal.yale.edu/about/essay_fr.jsp (consulté le 28 juillet 2007).

119 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives d’exploitation minière (Comilog, Comuf…) s’y sont implantées et y ont investi, faisant du pays l’un des Etats les plus prospères de l’Afrique Centrale. Mais, avec l’évolution de l'économie mondiale vers des biens immatériels, les avantages que peuvent procurer une main d’œuvre et des matières premières abondantes et bon marché ne suffisent plus à assurer le développement du pays. La nouvelle donne exige que désormais, seuls les pays qui possèdent, aux yeux des sociétés multinationales, une main-d’œuvre dynamique : c’est à dire ayant reçu une formation adaptée à leurs besoins, soient ceux dans lesquels la production sera désormais susceptible d’être relocalisée. C’est dans ce sens qu’Ignacio Ramonet (2002) écrit : « La nouvelle richesse des nations reposera de plus en plus, au cours de ce XXI ème siècle, sur la matière grise, le savoir, la recherche, la capacité à innover et non plus sur la production de matières premières. On peut même affirmer, à cet égard, que les trois facteurs traditionnels de la puissance - taille du territoire, importance démographique, richesse en matières premières - ne constituent plus des atouts enviables et sont même devenus, paradoxalement, de lourds handicaps à l’ère postindustrielle »136 . Dans la même veine, David N. Wilson (2001) écrit ceci : « A l’ère de l’information, les entreprises sont organisées autour du flux de l’information et non plus autour de la circulation des choses…et sont tributaires des travailleurs du savoir, qui constituent l’essentiel de leur main-d’œuvre, et non plus des travailleurs manuels ou de personnels de service qui exécutent des tâches simples et très répétitives » 137 .

Ainsi, suite à ces bouleversements survenus dans l’économie mondiale, le Gabon qui dépend encore largement de l’exportation de ses ressources naturelles, s’est vu mis de côté et a aujourd’hui du mal à sortir de la crise qu’il traverse depuis environ une quinzaine d’années.

En effet, malgré la mise en œuvre du programme d'ajustement structurel (PAS) conçu pour favoriser l'ouverture du pays aux marchés mondiaux, tous les indicateurs permettent de constater que le Gabon n’a pas encore réussi à intégrer efficacement "l'économie

136 Ramonet Ignacio (2002). Guerres du XXI eme siècle : Peurs et menaces nouvelles, Extrait téléchargeable à l’adresse : http://www.monde-diplomatique.fr/livre/guerresXXIsiecle (consulté le 28 juillet 2007). 137 Wilson D. N. (2001). Réformer l’enseignement et la formation techniques et professionnelles (EFTP) au bénéfice d’un monde du travail en mutation, In Perspectives, vol. XXXI, n° 1, mars 2001, p. 34.

120 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives mondiale". La diminution de la part détenue par l’Etat aux chapitres du commerce mondial, de l'investissement et de la technologie de l'information est un des signes évidents de la faiblesse de son intégration. Le pays se trouve ainsi face au défi d’avoir à négocier et à réussir son insertion dans cette nouvelle société mondiale. Pour cela, il a un choix entre deux possibilités : soit ignorer le phénomène, ce qui ne le fera pas disparaître pour autant, soit y participer pour construire son avenir et décider de son orientation.

Notons au passage que depuis quelques années, les applications des nouvelles technologies sont en train d’affecter progressivement la quasi-totalité des secteurs professionnels du pays (l’industrie, l’agriculture, les services et les infrastructures …). Si cette allure est maintenue, il est certain que, d’ici quinze ans, en empruntant une expression chère à David. Wilson (op. cit.) 138 , la majorité des salariés gabonais travailleront dans un environnement mécatronique 139 , en se servant de machines électriques de haute précision, de plus en plus commandées au moyen de programmes informatiques complexes. Il suffit de faire le tour des différents services pour s’en rendre compte. Il est cependant évident que l’usage croissant des technologies numériques et des réseaux de communication accompagne et amplifie une profonde mutation du rapport au savoir. En abordant le sujet sur la mutation des systèmes de reconnaissance des savoirs, voici ce qu’en dit Pierre Levy (1997) : « Depuis la fin des années 60, les êtres humains ont commencé à expérimenter une relation avec les connaissances et les savoir-faire inconnus de leurs ancêtres. En effet, avant cette période, les compétences acquises au cours de la jeunesse étaient généralement encore en usage à la fin de la vie active. Ces compétences étaient même transmises quasiment à l’identique aux jeunes et aux apprentis. A l’échelle d’une vie humaine, la plus grande partie des savoir-faire utiles étaient pérennes. Or de nos jours, la situation a radicalement changé puisque c’est désormais la majorité des savoirs acquis au début d’une carrière qui seront obsolètes à

138 Wilson D. N. (op. cit.) 139 La Mécatronique est un néologisme qui caractérise l'utilisation simultanée et en étroite symbiose des techniques du Génie Mécanique, de l'électronique, de l'automatisme et de la micro-informatique pour envisager de nouvelles façons de concevoir et de produire, créer de nouveaux produits plus performants et de nouvelles machines. Définition téléchargeable à l’adresse : http://www.insa-strasbourg.fr/mecatronique (consulté le 28 juillet 2007).

121 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives la fin d’un parcours professionnel, voire avant …» 140 . Il semble donc certain que la capacité du Gabon à participer activement à la nouvelle économie mondiale et à résoudre les nombreux problèmes socio-économiques auxquels il est confronté dépend largement des capacités intellectuelles et des qualifications technologiques et scientifiques de sa main-d’œuvre. Or, la nécessité de maîtriser les nouvelles technologies exige désormais que les travailleurs aient un niveau d’instruction plus élevé et suivent des stages de formation permanente. A ce propos, voici ce qu’on peut lire dans un message conjoint de l’Unesco et de l’OIT (2002) : « afin de suivre le rythme qu’impliquent les changements économiques, sociaux et technologiques, partout les hommes se doivent de développer leurs connaissances et leurs compétences, de façon permanente, pour vivre et travailler en bonne intelligence avec la Société du savoir »141 . C'est dans la même veine que la NGA (1998) note ceci : « pour réussir dans la nouvelle économie, les travailleurs doivent être prêts à perfectionner leur qualifications et à s’engager à s’instruire tout au long de la vie…De plus en plus, les travailleurs vont avoir besoin d’acquérir de nouvelles qualifications et vont devoir être prêts à se réinventer en permanence »142 . De nombreuses études ont également révélé que les entreprises peuvent plus facilement adopter un nouveau mode de fonctionnement économique et renforcer leur productivité lorsque le personnel possède les qualifications et compétences appropriées, que seule une bonne formation, riche et diversifiée, permet d’obtenir (BIT, 2000). Pour cela, Cécilia Braslavsky (2001) mentionne que ceux qui ne possèdent pas ces compétences se verront condamnés à mener une vie de pauvreté extrême 143 . C’est également pour abonder dans ce sens que David N. Wilson (op. cit.) écrit: « les travailleurs de l’ère de l’information devraient occuper le haut de l’échelle car les compétences dans les technologies sont toujours plus demandées »144 . Homer-Dixon, cité par David N. Wilson (op. cit.) oppose ces travailleurs appelés les " analystes du monde " aux travailleurs du bas de l’échelle, qu’il dénomme " livreurs de pizzas ". Un des nouveaux défis pour l’éducation et la

140 Levy P. (1997). Éducation et formation : Nouvelles technologies et intelligence collective , In Perspectives, Vol. XXVII, n°2. 141 Unesco & OIT (op. cit.) 142 National Governors’ Association. Center for Best Practices. 1998. Remanining vibrant in the new economy : state policies for the twenty-first century [rester dynamique dans les politiques des États vis-à- vis de la nouvelle économie]. Washington, D.C., NGA. 143 Braslavsky Cécilia (2001 ). L’éducation de base au XXI ème siècle et les enjeux pour l’enseignement secondaire , In Perspectives, vol. XXXI, n° 1, mars 2001, Editorial. 144 Wilson David N. (op. cit.).

122 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives formation professionnelle est alors que le haut niveau de compétences n’est pas exigé que pour une élite, mais aussi pour population active en général. Qu’en est-il de la formation de ressources humaines ?

1.2 - Situation relative à la formation des ressources humaines Un des éléments communs à toutes les théories et à tous les modèles de développement est le rôle primordial attribué à la formation des ressources humaines. En effet, des pays sans ressources naturelles comme le Japon, la Corée du Sud, Taiwan, Singapour, ont montré qu'un pays pouvait se développer uniquement en investissant massivement dans l'éducation et la formation. C’est pourquoi, la plupart des conférences tenues sous les auspices des Nations Unis au cours des dernières années du XX ème siècle et celles de ce début du siècle, ont été centrées sur la formation des ressources humaines des pays les moins avancés (PMA), dont la plupart sont en Afrique. C’est ainsi que, lors de la Conférence de Maastricht sur l’Afrique en 1990, Quett Masire, président du Botswana (1990-1998), cherchant à attirer l’attention sur l’importance des ressources humaines, s’était exprimé en ces termes : « Dans beaucoup de pays africains, comme dans le mien, le plus grand facteur limitatif de la capacité de maintenir le développement national est une pénurie en ressources humaines qualifiées et motivées. Cette limitation des ressources humaines constitue, bien entendu, la contrainte principale du processus de transformation à long terme qui est absolument indispensable dans de nombreux pays africains »145 . La Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés a été, en particulier, l’occasion d’une reconnaissance universelle de l’importance de la formation des ressources humaines. En effet, lors de la tenue de ladite conférence, les chefs des Institutions du système (Nations Unies) ont mis l’accent, dans leurs interventions, sur la nécessité de développer en priorité et d’urgence, les ressources humaines des pays les moins avancés. Au cours de ces assises, Hiroshi Nakajima, alors Directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) déclarait ceci : “[…] Il est fondamental d’investir dans les ressources humaines pour développer les capacités nationales d’amélioration des services… La biennale sur l’éducation en Afrique, tenue à Libreville

145 Quett Masire : Extrait du discours prononcé lors de la Conférence de Maastricht sur l’Afrique, 2-4 juillet 1990.

123 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives en mars 2007, avait été encore une fois, l’occasion au président Omar Bongo Ondimba de se prononcer sur l’importance que revêt la formation des ressources humaines pour le développement du Gabon. Dans son discours, il déclarait qu’il n’y avait « de richesse que d’hommes » et que le continent africain devait « compter avant tout sur sa capacité à former et à mobiliser ses femmes et ses hommes…Ce sont eux qui auront à œuvrer plus tard à l’édification et à la grandeur des nations africaines afin que demain soit meilleur qu’aujourd’hui ». De même, la deuxième rencontre du développement de l’ingénierie de la formation des chambres de commerce africaines, qui s’était tenue à Bamako (Mali) en 2005, avait été l’occasion pour les participants de confirmer la nécessité de développer les ressources humaines. Au cours de cette rencontre, les délégués venus d’Afrique de l’Ouest, du Centre et de l’Est avaient échangé sur divers sujets ayant trait à la formation professionnelle, à l’offre en termes de ressources humaines qualifiées qui permettront, à terme, d’adapter les besoins du marché de l’emploi aux demandes des entreprises africaines. Profitant de cette rencontre, le président de la CCIM (Chambre de commerce et d’industrie du Mali), Jeamille Bittar, déclarait ceci : « la formation de ressources humaines qualifiées répondant aux besoins de l’économie de nos Etats est un des défis majeurs que les chambres consulaires doivent relever ».

Toutes ces déclarations prouvent à suffisance que de plus en plus de dirigeants et autres responsables africains sont conscients de l’importance que revêt l’investissement dans les ressources humaines pour leur développement économique. Un fait cependant, ainsi que l’avait souligné El Campéo (La Gazette de Douala n° 183 du 30 juillet 1977), « L’école aujourd’hui, ce n’est pas pour instruire ». Cette déclaration, qui exprime bien un triste constat, s’identifie parfaitement au contexte gabonais. En effet, l’erreur commise par le Gabon a été de négliger presque complètement la formation professionnelle. Son système éducatif, comme d’ailleurs celui de la plupart des autres pays africains francophones, visait avant tout la formation générale destinée à former une petite élite pour faire fonctionner la bureaucratie et le secteur moderne de l’économie, tout en négligeant la formation des ressources humaines susceptibles de valoriser les productions essentielles au bien-être de la majorité de la population. Les propos du Gouverneur général de l’Afrique Occidentale Française R. Antonetti, cité par C. Oliviéri, sont précis à ce sujet.

124 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Il rappelait sans ambages en 1928 : « le but de l’enseignement […] est de former des collaborateurs indigènes dont nous avons besoin dans l’œuvre de la colonisation, dont la direction seule incombe aux Européens »146 . Ainsi, calqué sur le modèle éducatif français sans tenir compte des spécificités qui sont les siennes, mais en obéissant, nous semble-t- il, à une politique définie, le système éducatif gabonais n’en a retenu que la partie la moins fonctionnelle si l’on considère le développement du pays. Il n’existait pas davantage de système homogène d’évaluation qui aurait permis de mesurer les normes individuelles et nationales. Cette situation a été, et reste jusqu’aujourd’hui à l’origine d’une inadéquation majeure entre les "produits" du système éducatif et les besoins des individus et du pays, tant aujourd’hui que pour l’avenir.

Les nombreux dysfonctionnements du système font ainsi ressortir d’étranges paradoxes : l’exemple le plus frappant étant les jeunes diplômés de l’enseignement technique et professionnel qui sont à la recherche d’emplois tandis que les entreprises sont à la recherche de qualifications. En particulier, lors de l’exploitation des hydrocarbures, les compagnies pétrolières ont fait appel à une main-d’œuvre qualifiée à cause du manque de qualification des nationaux. Ainsi, les investissements dans ce secteur vital qui constituaient le plus grand espoir pour résorber le chômage, n’ont profité essentiellement qu’aux étrangers. Le système mis en place a surtout formé une masse de diplômés à profils de plus en plus déconnectés des besoins de la société, n’ayant pas la formation correspondante au marché de l’emploi, et mal préparés à l’auto emploi. Cette situation a été, et reste jusqu’aujourd’hui à l’origine du manque criard de cadres nationaux à la tête de grandes entreprises. La structure de l’emploi dans le secteur productif fait ainsi apparaître que les "étrangers" occupent encore majoritairement des emplois de cadres particulièrement dans les secteurs vitaux de l’économie comme la recherche et l’industrie pétrolières, l’industrie du bois et d’autres secteurs requérant des compétences scientifiques et techniques de haut niveau (ONE, 1998) 147 . Cette situation est assez préoccupante car, tout se passe comme si l’offre et la demande évoluaient de façon

146 Oliviéri C. (1991). Plurilinguisme et enseignement : l’exemple africain, In Vers le plurilinguisme ? (Coord. par D Coste et J. Hébrard), Le Français dans le monde/Recherches et Applications, Tunis, Hachette. 147 Office nationale de l’emploi. Résultats de l’enquête dans la structure de l’emploi des entreprises du secteur moderne du 11 octobre au 15 décembre 1996, Libreville, document 03, janvier 1998.

125 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives parallèle, sans jamais se rencontrer. Cette situation serait moins dramatique aujourd’hui s’il existait une politique de formation continue institutionnalisée et bien structurée.

1.3 – Situation relative à la formation continue traditionnelle des travailleurs gabonais L’acquisition et la mise à jour de savoirs et savoir-faire constituent des enjeux importants dans le domaine du travail. Ces savoirs et savoir-faire doivent en effet évoluer rapidement pour répondre aux évolutions du travail et des technologies. La formation continue est une des réponses à cet enjeu. C’est pourquoi, dès les années 1970, plusieurs spécialistes dans le domaine des changements ont avancé que l'avenir d'un pays passe nécessairement par la formation professionnelle des salariés. Celle-ci leur apparaissait comme un moyen de développement économique, de progrès social, d'assurance contre la sclérose et l'inadaptation de l'individu à son travail. Aujourd’hui, ce postulat de base est plus que largement accepté. L’accélération technologique, la mondialisation de l'économie et un état de "crise" durable obligent à adopter de nouvelles stratégies. La diversité des formations et des pratiques s’accentuant, la formation professionnelle continue devient un élément important de ces stratégies.

Si l’on tient compte de la façon dont la formation professionnelle continue est réalisée actuellement au Gabon, on ne peut s’empêcher de parler, encore une fois, de crise. Pourtant, vers les années 1970, de grandes ambitions avaient été retenues par les gouvernants pour la création des centres de formation que compte le pays. Mais, lorsqu’on examine le système éducatif et de formation professionnelle actuelle, il ressort qu’il existe quelques dysfonctionnements. En effet, un regard systémique sur les modalités de formation en vigueur permet de constater qu’il n’y a pas, à l’heure actuelle, de politique nationale clairement définie en matière de formation permanente des travailleurs et le pays ne semble pas jusque là disposer de ressources ou de volonté politique nécessaires pour atteindre cet objectif. La seconde insuffisance qui peut être notée est que le système actuel de formation apparaît cloisonné, peu lisible et complexe. De fait, l’accès à la formation continue demeure inégal. Bien souvent, le projet de se former est le propre des personnes déjà formées ou de celles qui travaillent dans les

126 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives grandes organisations ou de grandes entreprises. On peut ainsi mesurer des écarts considérables dans la capacité à accéder à la formation selon la taille de l’entreprise, le niveau de formation de la personne ou sa situation professionnelle. Même s’il existe dans certaines institutions universitaires, des services de formation continue, ils sont malheureusement encore loin d’être généralisés car, très spécifiques et ne concernant qu’une certaine catégorie de travailleurs. De plus, un diagnostic partagé montre que le système actuel de formation conduit à un partage de compétences entre les institutions responsables plutôt qu’à l’exercice d’une compétence partagée. De ce fait, ce système de formation n’est pas en mesure de répondre aux enjeux de la formation tout au long de la vie et aux attentes de l’économie en matière d’élévation du niveau de qualification des ressources en main-d’œuvre, indispensable à la croissance du pays et aux capacités de mutations des entreprises. Un tel retard ne peut être de bon augure dans un monde où la compétitivité des entreprises et des nations dépend de plus en plus de la polyvalence et de la capacité perpétuelle d'adaptation de la main-d’œuvre aux évolutions technologiques et à la multiplication des concurrents. Il importe également de noter qu’au Gabon, la formation continue n’est pas obligatoire ni systématiquement diplômante. Par conséquent, elle n’est pas souvent prise en compte dans le plan de carrière des travailleurs gabonais, c’est ce qui explique en partie le désintéressement de certaines personnes pour ce genre de formation car, celui qui se forme espère, par un perfectionnement, trouver sa valorisation professionnelle. Le plus souvent, cette formation s’effectue à partir de la demande soit d’un individu, soit d’un département, soit encore d’une communauté de travailleurs ayant des problèmes communs. Pour pallier les déficiences du système de formation publique et pour leurs besoins spécifiques, certaines grandes entreprises ont créé des centres de formation intégrés qui, à l’instar de bon nombre de banques, offrent de la formation continue ou des relèvements de niveau à leurs ouvriers qualifiés, ainsi que le fait la SEEG, avec son célèbre Centre des métiers Jean Violas situé à Owendo, qui forme également des techniciens supérieurs et des agents de maîtrise. On signalera également dans cette catégorie que d’autres grandes entreprises financent la formation de leurs agents à l’étranger. On en voudra pour exemple la compagnie de téléphonie mobile Celtel Gabon qui, en mars 2007, a envoyé un certain

127 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives nombre de ses cadres en formation à l’université Wits Business School en Afrique du Sud.

Par ailleurs, telle qu’elle se pratique aujourd’hui, on pourrait la qualifier d’extrêmement scolarisée car, elle utilise les mêmes méthodes que la formation initiale, c’est à dire les ateliers, les colloques, les séminaires, etc. Toutefois, ce mode de formation traditionnelle encore en vogue, qui consiste à faire intervenir une équipe de travail de spécialistes en réunissant apprenants et formateurs en une seule unité de temps, de lieu et d’espace, ne répond plus ni à l’ampleur de la demande, ni à l’individualisation croissante des besoins en matière de formation et de savoir. Dans ce contexte, il n’est pas rare de voir des stagiaires venir des provinces ou départements, parfois très éloignés pour suivre un stage à Libreville ou dans un autre chef lieu de province. Ainsi, pendant une ou deux semaines, voire un mois ou plus (selon la durée de la formation), ils deviennent des " élèves ". Car, même si on les traite comme des adultes, l’ensemble des horaires, des lieux, des curricula sont organisés dans la logique des formateurs, les formés ayant à s’extraire de leur réalité quotidienne, à quitter leurs lieux de travail pour venir en formation. Cette formule est, semble-t-il, inévitable à l’heure actuelle. Cependant, les enseignants que nous avons rencontrés lors de notre enquête, ont tendance, par leurs déclarations, à mettre en cause cette formule qui présente selon eux, plusieurs aspects négatifs et plusieurs limites :

- La durée des stages est généralement trop courte par rapport aux activités programmées. - L’encadrement reste classique et peu efficace, car il est basé sur la présentation des contenus sans transfert ni contextualisation. - Un nombre élevé de travailleurs ne peut être libéré de leur fonction pour une formation continue… - Le déplacement des travailleurs sur les lieux de formation se fait non sans effort en terme de coût et de temps …

1.4 - Problématique propre à la recherche Quarante huit ans après l’indépendance (1960), l’un des reproches le plus souvent fait au système éducatif gabonais est de ne pas pouvoir répondre aux demandes venant du

128 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives marché du travail. La formation reste insuffisante et inadaptée, surtout dans les campagnes, largement sous-équipées. Ainsi, le niveau de chômage élevé des jeunes qui sortent des instituts techniques est perçu comme une bombe à retardement potentielle, car la formation, lorsqu’elle existe, n’offre pas de débouchés certains. Ce qui explique le fait que la majorité des grandes entreprises soient jusque là toujours dirigées par des "étrangers", bien que nous ne disposions pas de données exactes sur leur nombre (aucune étude n’ayant été menée à ce jour, du moins à notre connaissance, dans ce domaine). En effet, même si la conscience politique et les compétences techniques des salariés gabonais se sont améliorées par rapport à ce qu’elles étaient dans les années 70, il reste que, dans l’ensemble, le pays manque encore de travailleurs qualifiés. L’enseignement préparatoire aux études professionnelles et l’enseignement technique sont insuffisants et les établissements d’enseignement supérieur capables de fournir aux travailleurs la base de savoir et d’information nécessaire se heurtent actuellement à tant de problèmes d’accès, de financement, de qualité, d’efficacité interne et externe, qu’ils ne sont pas à la hauteur du défi posé. Par conséquent, l’écart entre la demande de compétence et la disponibilité de travailleurs qualifiés ne cesse de s’agrandir. Cet état de fait, souvent dénoncé par le patronat et les syndicats des travailleurs, fait l'objet de multiples rencontres, rapports et discours depuis plus d'une dizaine d'années. Pour réduire ce handicap, les autorités administratives s’attèlent à multiplier des initiatives pour donner une meilleure formation à l’ensemble de la population gabonaise. En effet, les efforts consentis pour augmenter la chance d’accès à une formation de qualité, tant au niveau du secteur public que celui du privé, témoignent de l’engagement et de la détermination sans cesse croissants qui ont toujours animé les décideurs en matière de formation dans le pays. Aussi, conscient des enjeux que représentent la formation de ses ressources humaines, le Gabon s’emploie-t-il, depuis un certain nombre d’années, à envoyer les salariés suivre des formations complémentaires ou des stages de recyclage dans les pays du Nord en général et plus particulièrement en France. Cependant, ceci ne se fait pas sans contraintes, que ce soit au niveau des stagiaires qu’au niveau du gouvernement gabonais :

En ce qui concerne les salariés admis en stage, ces derniers rencontrent dans la majorité des cas, beaucoup de difficultés que l'on a tendance à sous estimer ou même à ignorer,

129 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives alors qu'elles peuvent grandement affecter le déroulement du stage. Quelques-unes, à notre avis, majeures, méritent d'être soulignées. Le premier niveau de difficulté est à rechercher dans la précarité des ressources financières car, malgré l’allocation de la prime de change octroyée aux stagiaires qui sortent de la zone CFA, bon nombre de d’entre eux sont confrontés à l’insuffisance de leurs revenus par rapport au niveau de vie en vigueur dans les pays d’accueil (la dévaluation du franc CFA en 1994 y étant de beaucoup dans cette situation). En France par exemple, jusqu’en 2007, les étudiants gabonais se sont vus interdits d’exercer des "petits boulots" de plus de 20 heures par semaine qui leur permettaient de survivre pendant leurs études. En plus de cela, les bourses offertes par les différents organismes sont devenues difficiles à obtenir, la sélection étant devenue de plus en plus rigoureuse 148 . On ne pourrait passer sous silence les difficultés liées à l’obtention des visas 149 .

Un autre niveau de difficulté, et non des moindres, porte sur l’adaptation à une société de consommation ou l’individualisme prend le pas sur la solidarité africaine, cela malgré la présence des associations créées par certaines communautés africaines présentes dans la plupart des pays du Nord. Déjà, pour commencer, il faut vite résoudre le problème de logement, car la majorité des bailleurs exigent un garant pour faire louer leur appartement, cela sans compter avec le problème de méfiance et de xénophobie que certaines personnes affichent encore vis-à-vis des "gens de couleur". A cela s’ajoute inexorablement les contraintes climatiques, le plus souvent source d’échec pour la majorité des stagiaires.

148 Le quota annuel fixé pour le Gabon est le plus souvent insignifiant, ne dépassant pas dans la plupart des cas le nombre de deux boursiers. Prenons pour cela, l’exemple de la bourse de recherche Keizo Obuchi offerte par l’Unesco en 2001. Suite à l’appel d’offre de bourses lancé par l’organisme, seule notre candidature avait été retenue. C’est également le cas des bourses qu’offraient l’AGCD (coopération belge), en 1998, nous étions également la seule candidate ayant pu bénéficier de ladite bourse. 149 Au consulat de France au Gabon, l’obtention du visa se fait de plus en plus après mille tribulations et autres tracasseries administratives. Le dossier à constituer est généralement difficile à compléter car il est demandé de fournir des pièces qui, dans la plupart des cas, sont difficiles à obtenir, comme le certificat d’hébergement, l’attestation de prise en charge, etc., ce qui décourage certaines personnes. Il faut également penser à prendre un rendez-vous via un numéro de téléphone surtaxé, ce qui coûte déjà cher aux usagers…). De plus, il faut prévoir près de 100000 CFA pour contracter une assurance couvrant les frais médicaux et de rapatriement et 64.940 francs CFA pour les visas long séjour et 35000 francs CFA pour des visas court séjour.

130 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Concernant le gouvernement, nous pouvons avancer aujourd’hui sans se tromper que les contraintes financières imposées par la crise économique persistante ne permettent plus à l’Etat d’atteindre efficacement les objectifs qu’il s’était fixé concernant la formation de ses ressources humaines hors du pays. En effet, l’Etat semble ne plus être en mesure de supporter les dépenses qu’engendre la mise en stage des salariés hors zone CFA (rappelons qu’une prime de change est octroyée aux stagiaires depuis la dévaluation survenue en 1993). Ceci se vérifie par les nombreuses mesures prises, en vue de diminuer le nombre de salariés devant aller suivre des stages dans les pays occidentaux. Depuis trois ans, il est demandé aux personnes inscrites dans des établissements chers (plus de 3000 euros) de payer la moitié des frais d’inscription, l’autre moitié étant bien entendue pris en charge par l’Etat. Selon la Direction Générale de l'Informatique (DGI), chargée de la gestion des bourses des étudiants et stagiaires gabonais, l’Etat dépensent en moyenne 250.000 euros par an pour la formation et le perfectionnement des travailleurs dans les pays du Nord. Ce qui revient cher à l’Etat qui gagnerait en formant sur place ses ressources humaines.

Le tableau ci-après illustre l’évolution des dépenses consenties par l’Etat de 2000 à 2007.

131 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Tableau 16 : Prime de change octroyée par l’Etat gabonais aux fonctionnaires (tous secteurs confondus) admis en stage hors zone CFA

Années 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 Effectifs des salariés admis en stage 549 497 493 548 628 643 704 744

Dépenses 3054337196 2711298662 2659568426 2941621516 3159888478 3551303275 3962359294 4500586630 Source : Direction de la solde

132 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Au moment où les ressources financières de l’Etat vont s’amenuisant et que le système éducatif actuel prouve son inaptitude à fournir une contribution concrète à la satisfaction des besoins des populations et aux objectifs du développement autonome et autocentré, la révision de la politique éducative gabonaise devient urgente et relève d’une incontestable nécessité. Il est donc nécessaire de choisir une voie compatible avec les contraintes de ressources et qui néanmoins répond aux conditions d'efficacité de la formation. Bien qu'il soit trop tôt pour envisager la solution appropriée qui répondrait définitivement et efficacement aux besoins en formation continue des travailleurs en exercice, il est cependant possible de penser à une autre alternative : le recours à la formation à distance. L’importance du rôle que peut jouer la FAD dans l’organisation de l’éducation et de la formation de nombre de pays africains, a d’ailleurs été expressément reconnue par les nombreux colloques et séminaires inscrits dans la trajectoire partie de la Conférence mondiale sur l’éducation pour tous (Jomtien, Thaïlande 1990). En effet, organisé par l’Unesco, la première réunion pan-africaine consacrée à l’éducation à distance, s’est tenue à Arusha (Tanzanie) du 24 au 28 septembre 1990. Ce Séminaire régional qui constituait d’ailleurs l’une des premières applications de Jomtien avait pour objectif premier d’examiner d’un œil critique le parti que les pays d’Afrique pourraient tirer de la coopération dans l’application des technologies de communication tant traditionnelles que modernes à l’éducation à distance aux niveaux sous-régional et régional. De l’avis de tous ceux qui ont suivi les travaux, ce séminaire ouvrait à l’éducation à distance en Afrique des perspectives nouvelles. On retiendra qu’au cours dudit séminaire, trois recommandations clés ont été faites pour le développement de la FAD en Afrique : - " L’échange de données d’information et de résultats de la recherche sur les ressources et les approches ; - la formation des cadres et spécialistes nécessaires à la bonne marche des systèmes d’enseignement à distance ; - la préparation et la production en Afrique m^me de matériels éducatifs ancrés dans les milieux socioculturels africains, coordonnées avec les programmes d’études scolaires et adaptés aux groupes de population visés et aux besoins de développement ".

133 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

En fait, comme le soulignait John B. Kaboré (op. cit.) à l’occasion de l’ouverture dudit séminaire : « quand on a pris la mesure de l’importance que peut revêtir l’éducation à distance, pour répondre à la véritable famine d’éducation et de formation qui grandit partout de façon vertigineuse, on ne peut s’étonner de la voir se développer et progresser dans le monde entier ». En ce qui concerne l’Afrique, poursuit l’orateur, « Les informations réunies lors de la préparation de notre rencontre montrent l’extension que prennent les programmes, les systèmes et les projets déjà mis en œuvre, ou en cours de préparation, qui concernent l’éducation à distance à tous les niveaux, et dans des domaines très divers ». De même, enseignement à distance et autoroutes de l’information ont été à l’ordre du jour du sommet des chefs d’état francophone, qui a eu lieu à Cotonou en décembre 1995. Sept ans après, plus précisément en avril 2002, se tenait à Yaoundé au Cameroun le premier séminaire sur la formation à distance. Ce séminaire devait permettre aux spécialistes de l’éducation, de mettre en commun leurs savoirs pour présenter les nouvelles connaissances et aptitudes qu’impose la FAD dont les applications sont multiples.

Une chose est certaine, l’intérêt porté de manière suivie par les pays africains à la FAD, a dû influencer les gouvernements nationaux dans la révision de leur politique de l’éducation à distance. Un nombre croissant d’États ont ainsi adopté des politiques nationales de FAD dans leurs documents d’orientation concernant l’éducation et la formation. Il est à espérer que cet engouement des gouvernements et autres acteurs pour ce type de cursus conduira dans un avenir proche à une meilleure coordination des pratiques et à l’avènement de politiques nationales globales dans le domaine. Si l’on se focalise sur le niveau tertiaire, il est en effet possible d’inventorier différents initiateurs de projets et prestataires de services en matière d’e-formation en Afrique subsaharienne francophone. Il s’agit principalement :

- D’institutions nationales : généralement des universités ou des écoles supérieures dispensant des enseignements bimodaux, présentiels et virtuels (jusque là, l’enseignement secondaire n’est pas encore touché par ce type de pratique). C’est le cas de l’EBAD (École de Bibliothécaires, Archivistes et Documentalistes) au Sénégal, du CNTEMAD

134 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

(Centre national de Télé-Enseignement de Madagascar) à Madagascar, de l’Institut National pour la Formation et la Recherche en Education du Bénin, de l’Université de Dschang au Cameroun….

- De programmes conduits en partenariat avec l’aide bilatérale, comme par exemple le programme CAERENAD (Centre application, d'étude et de ressources en apprentissage à distance) initié par la Coopération canadienne et l’INADES-Formation (Institut Africain pour le Développement Economique et Social- Centre Africain de Formation).

- D’institutions internationales comme l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) ou l’Université virtuelle Africaine (UVA) travaillant en partenariat avec des universités du Nord et du Sud.

L’Afrique anglophone est de loin la plus pertinente, connaissant depuis longtemps la culture de la formation à distance : la Tanzanie, le Zimbabwe et le Botswana possèdent des établissements de formation supérieure à distance mis sur pied récemment. L'Afrique du Sud, qui offre des cours par correspondance dans toute la sous-région, semble la plus expérimentée. L'Université de Namibie offre une formation à distance conjuguée à des cours sur le campus.

Cependant, malgré l’existence d’un contexte particulièrement favorable pour le développement de l’enseignement à distance, le Gabon semble être resté en marge de l’engouement manifesté par les autres pays africains vis-à-vis de ce type de formation et fait partie des pays d’Afrique identifiés par le Séminaire d’Arusha (1990) et les séminaires sous-régionaux qui l’ont suivi comme n’ayant pas de politique d’éducation à distance. Il existe bien quelques raisons pour expliquer cette situation même si, en aucun cas, elles ne la justifient. A travers la pré-enquête que nous avons menée à Libreville, pendant les vacances d’été 2005, nous nous sommes rendue compte que les salariés gabonais entretenaient des préjugés profondément enracinés vis-à-vis de la FAD. Nous en avons relevé, voici quelques uns :

135 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

II - QUELQUES PRÉJUGES COURANTS A L’ÉGARD DE LA FAD

Les premiers préjugés, essentiellement défavorables, proviennent des sceptiques à l'égard des méthodes d'enseignement à distance. L’opinion courante gabonaise persiste en effet à propager l'idée selon laquelle, la formation à distance reste une formation de la "deuxième chance", réservée aux recalés du système normal d’apprentissage et aux personnes qui n’ont pas la chance de profiter de la formation traditionnellement assurée par des établissements d’enseignement normal. Certes, si l’on s’en tient à l’histoire de la FAD, on a d’abord voulu faire de ce système d’enseignement un moyen " pour apporter l’école " à ceux qui ne pouvaient y aller. Sans renier cette vocation sociale, cette fonction de la FAD est devenue depuis très minoritaire. Avec l’avènement de l’apprentissage en ligne, ce mode de formation semble retrouver ses lettres de noblesse et suscite un intérêt grandissant dans les milieux de l’éducation et de la formation et ce, dans les pays en voie de développement comme dans les pays développés. C’est ainsi que, dès 1998, Michel Moreau, dans un entretien accordé à Fanchon Pradalier-Roy, parle du changement radical de la FAD dans sa nature comme dans sa fonction, il déclare : « Les choses ont changé. Ce n’est plus seulement une formation de recours ou de substitution à la formation traditionnelle, elle s’est aussi imposée progressivement comme un mode normal et complémentaire d’apprentissage pour tous, et plus particulièrement pour les adultes en activ ités »150 . Abondant dans le même sens, V. Glikman (2002) 151 souligne que la FAD se présente désormais, dans une perspective volontariste, comme susceptible non seulement de constituer une alternative satisfaisante à l’enseignement traditionnel et d’apporter une réponse efficace à l’ampleur des problèmes et à la diversité des situations de formation d’adultes, mais aussi de renouveler la pédagogie, d’engendrer de nouveaux rapports au savoir et, plus largement, de concourir à la transformation du système éducatif dans son ensemble. Il n’est donc pas étonnant que des pays africains, pourtant devenus réticents envers des modèles d’enseignement et de formation exportés par des pays occidentaux vers des pays du sud (nous pensons aux projets de formation à distance avortés en Côte d’Ivoire, au Congo…) aient adopté massivement ce mode de formation.

150 Moreau Michel (1998). La mutation en cours vue du CNED , Propos recueillis par Fanchon Pradalier- Roy, In Apprendre à distance, Le Monde de l’Education de la Culture et de la Formation, Hors-série. 151 Glikman Viviane (2002). Des cours par correspondance au "e-learning ", Education et formation, PUF.

136 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

L’intérêt soudain porté de manière suivie par de nombreux pays africains vis-à-vis de la FAD témoigne de la confiance qu’ils ont en ce mode de formation. En effet, au cours de ces dix dernières années, un nombre croissant d’États ont adopté des politiques nationales de FAD dans leurs documents d’orientation concernant l’éducation et la formation. En témoigne la création de nouveaux établissements bimodaux et des centres d’enseignement à distance à travers l’Afrique. Plusieurs d’entre eux ont déjà donné des preuves visibles de qualité et d'efficacité. L’Université d’Afrique du Sud (UNISA) qui offre des cours par correspondance dans toute la sous-région, semble la plus expérimentée et reste à la pointe de l’éducation à distance en Afrique. Elle a ouvert la voie à l’éducation à des milliers de personnes. A titre d’exemple, au cours de l’année 2000, l’UNISA comptait plus de 111.000 inscrits 152 . Sous un format semblable, la création du Centre National de Télé-enseignement de Madagascar (CNTEMAD) a démontré la validité de ce type d'organisation, suivie de près par de nombreuses autres structures dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne. Selon les estimations, il existe des institutions d’apprentissage à distance dans 34 pays africains, et la portée de ces institutions ne cesse de s’étendre. A l’avant-garde des efforts déployés dans ce domaine, en dehors de l’Afrique du Sud, se trouvent des pays tels que, le Kenya, le Malawi, la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe. Ces pays offrent des programmes innovateurs d’éducation à distance depuis des décennies 153 .

Nombreux encore sont les gabonais qui restent convaincus que la formation à distance n’est pas "pas crédible". Les traces de ces perceptions dépassées sont perçues à travers certaines questions et autres déclarations. Pour Monsieur A. N. B., cadre à la SNBG 154 : « la qualité des enseignements offerts et la validité des certifications délivrées ne sont pas toujours avérées » ; « le fait que la formation à distance soit payante la rend encore davantage non crédible car les diplômes peuvent être facilement monnayés ». Madame M. J., secrétaire à la SEEG, que nous avons rencontrée, nous a posé les questions suivantes : « comment peut-on avoir confiance à un système qui se passe

152 Unesco (2003). Éducation à distance pour l’Afrique. Vol.5 No 4 Décembre 2003. 153 Idem. 154 Société Nationale des Bois du Gabon (SNBG) a le monopole de la commercialisation de l’Okoumé et de l’Ozigo et collecte les taxes à l’exportation pour le gouvernement.

137 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives d’enseignants ? » ; « Quel est le moyen dont disposent les enseignants pour s’assurer que les devoirs sont effectivement faits par leurs étudiants et non par de tierces personnes ? ». Il s’agit là évidemment d’un faux débat. Dans l’émergence d’un super marché mondial de formation en ligne, la concurrence pour la recherche de clientèles nouvelles est de plus en plus acharnée entre les établissements concernés. Sur cette base, le meilleur moyen de rester dans la compétition est de miser sur un enseignement de qualité. Chacun s’efforce ainsi à s’approprier la meilleure renommée par la fiabilité de ses prestations et la reconnaissance des diplômes octroyés. Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue que, dans la majorité des cas, les institutions qui dispensent et développent la formation à distance sont mandatées par leur ministère de l’Éducation respectif. Par conséquent, les diplômes qu’elles proposent ont la même valeur académique que les diplômes classiques. Cette assertion est confirmée par Pierre jean Loiret (2004) pour qui « Les cyber-diplômes délivrés à l'issue des formations ont la même valeur académique que les diplômes classiques et la majeure partie est reconnue par l'Etat »155 .

Nombreux encore sont ceux qui restent convaincus que la FAD est une formule qui ne convient pas au gabonais. Lors d’un entretien avec S. J. P., ouvrier à la société GABIMP (Société gabonaise d’imprimerie) nous avons enregistré les déclarations suivantes : « Alors que le Gabon a été jusqu’ici dans l’incapacité de résoudre les problèmes de son système éducatif et de formation - reconnu pour être l’un des plus désastreux d’Afrique subsaharienne – comment peut-il résoudre les problèmes supplémentaires que pourra engendrer la formation à distance ? »156 . Il s’agit encore une fois d’un faux problème car, la formation à distance, loin d’être en inadéquation avec le système éducatif et de formation officielle, peut justement contribuer à accroître sa capacité et sa rentabilité. En effet, le potentiel principal que détient cette forme de formation est d’atteindre des groupes cibles victimes d’un accès limité aux formes classiques d’enseignement et de formation. « Elle permet de soutenir et de renforcer la qualité et la pertinence des

155 Interview accordée par Loiret Pierre Jean (2004) à Andréa Haug. Téléchargeable à l’adresse : http:// www.arborescience.com/site/index/index?id_article=637 (consulté le 16 janvier 2008) 156 Discours du Président Omar Bongo Ondimba lors de la cérémonie d’ouverture de la biennale sur l’éducation en Afrique. Téléchargeable à l’adresse : www.adeanet.org/biennial-2006/doc/eng/C%E9r%E9monie%20ouverture%2027.03.06%20fr.doc (consulté le 16 janvier 2008)

138 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives structures éducatives existantes, afin de veiller à ce que les établissements d’enseignement et les programmes éducatifs soient en rapport avec les réseaux et les ressources en information qui se font jour et de promouvoir l’innovation et les perspectives pour l’apprentissage tout au long de la vie », peut-on lire dans un document publié par l’Unesco (2003). O. M. Y., employé à l’Education nationale, que nous avons également interviewé, nous a laissé entendre ceci : « Le Gabon est un petit pays qui n’a pas besoin de formation à distance pour former ses citoyens, d’ailleurs je ne vois pas de travailleurs gabonais se priver de "bons moments" dans les bars et autres débits de boisson pour se consacrer aux études à distance ». Là encore, il s’agit d’un faux débat car, contrairement à l’enseignement traditionnel, la formation à distance fait fie des frontières géographiques, bannit les contraintes physiques et de temps. C’est une modalité souple qui permet de planifier son temps d’étude en fonction de son organisation personnelle, ainsi il est possible d’étudier chez soi, selon son propre emploi du temps, sans rien changer à ses habitudes.

Un autre préjugé, cette fois favorable, vient de certains zélateurs optimistes qui croient, quant à eux, à l’universalisation de la formation, c’est-à-dire l’accès du plus grand nombre à la formation. Pour ces derniers, la FAD est une opportunité d’apprentissage offerte à toutes les personnes qui désirent apprendre. Ainsi, tous les gabonais, tout niveau confondu, qui n’ont pas eu la chance de poursuivre leurs études, soit à cause des contraintes économiques, soit à cause des échecs scolaires, pourraient bénéficier d’une formation professionnalisante grâce à cette nouvelle forme de formation. Cela sous- entend également que tous les nombreux salariés non qualifiés, en quête d’avancement et d’un meilleur salaire, quel que soit leur secteur d’activité, vont devoir profiter de cette opportunité pour mettre à niveau leurs qualifications. Or, comme le note une étude publiée par le Commonwealth of learning, organisation intergouvernementale basée au Canada, ce genre de formation ne concerne jusqu’à présent que des publics « salariés, urbains, bien éduqués et aisés ». En effet, selon les cas, et souvent dans des proportions qui varient avec le statut des établissements et la nature des formations dispensées, les frais d’inscription payés par les apprenants sont souvent très élevés et la plupart du temps hors de portée de la majorité des travailleurs gabonais à faibles revenus. Prenons à titre

139 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives d’exemple le cas du CNED qui propose des prix rarement inférieurs à 500 euros. Les frais d’inscription proposés par Educatel dépasseraient même largement 1500 euros (équivalent à environ 1.000.000 F CFA). Beaucoup de travailleurs gabonais, même s’ils sont intéressés par les offres de formation de ces institutions, peuvent ne pas s’y engager par manque de moyens. Voici d’ailleurs ce qu’en pense Louis Martin Onguene Essono (2003) : « Notre besoin en formation en ligne est utile. Il n’est pas urgent. Parce que la FAD reste le privilège de rares élèves riches des villes et non le partage commun d’un droit universel. Quel sauvetteur (vendeur à la sauvette), quel agent de bureau, quel chômeur (personne sans emploi et sans ressources) peut prétendre à une FAD dans nos pays ? »157 .

Un certain nombre d’hypothèses ont été émises afin d'essayer de donner une explication à l'origine de ce problème.

III – HYPOTHÈSES SOUS JACENTES DE DÉLIMITATION DE NOTRE RECHERCHE

A l’instar de Carl Gustav Hempel (1996) nous considérons l’hypothèse comme « tout énoncé qui est soumis à la vérification, peu importe s’il vise à décrire un fait ou un évènement particulier, ou à exprimer une loi générale ou toute autre proposition plus complexe » 158 ,. Cela signifie que seul un énoncé dont on peut déduire des implications vérifiables empiriquement est une hypothèse. Abondant dans le même sens, Michel Beaud (1990) considère que : « l'hypothèse est une proposition de réponses aux questions que l'on se pose à propos de l'objet de recherche formulé en des termes tels que l'observation et l' analyse puissent fournir une réponse »159 . L'hypothèse est donc une réponse anticipée aux interrogations suscitées par les questions de recherche.

157 Onguene Essono Louis-Martin (2003). E-formation en Afrique : quels besoins ? En a-t-on besoin ? Article, Thot cursus 14 octobre 2003. 158 Hempel, C. (1996). Eléments d’épistémologie , Paris, Armand Colin, 1996. 159 Beaud Michel (1990). L'art de la thèse : comment préparer et rédiger une thèse de doctorat, un mémoire de D.E.A. ou de maîtrise ou tout autre travail universitaire. Paris : La Découverte.

140 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Ainsi, en fonction de nos questions de recherche relatives à l’ensemble des secteurs économiques et à partir de nos recherches documentaires, nous nous sommes proposés deux hypothèses de recherche qui feront l'objet de vérification. Il s'agit de : - La première hypothèse qui pose l'existence d'un lien entre la forte présence de travailleurs étrangers dans le marché du travail gabonais et le désintérêt des employeurs vis-à-vis de la FAD. En effet, ainsi que nous l’avons vu plus haut, compte tenu de sa richesse nationale, due à la manne pétrolière, le Gabon est, depuis le début des années soixante-dix, l’une des destinations majeures de l’émigration africaine. Compte tenu de cette situation, nous présupposons que ce serait sciemment que les autorités administratives gabonaises refusent d’adopter la FAD, de peur de se voir offrir des formations aux travailleurs immigrés.

De cette première hypothèse, découlerait deux sous-hypothèses :

La première sous-hypothèse a trait à l’existence d’un lien entre l’attitude adoptée par le gouvernement envers la FAD et les institutions financières internationales qui, depuis quelques années, exigent la baisse de la masse salariale 160 . Car, il est clair qu’en offrant l’accès à la formation à un grand nombre de salariés (étrangers comme nationaux), l’Etat doit conséquemment s’attendre à l’augmentation de la masse salariale. Or, le Gabon a tout intérêt à ne pas s’éloigner des conditionnalités des bailleurs 161 qui lui imposent des mesures restrictives (révision de la masse salariale, réduction du train de vie de l’Etat …).

La deuxième sous-hypothèse tend à étayer l'idée selon laquelle les cadres administratifs et autres chefs de services gabonais sont conscients des enjeux de la FAD, mais ils restent malheureusement complices d’un malthusianisme exacerbé en matière de formation. Ainsi, derrière l’indifférence affichée envers la FAD, se cacherait l’idée qu’il ne faut pas

160 À la suite des crises financières survenues dans les années quatre-vingt-dix, les pays industrialisés puissants, membres du FMI et de la Banque mondiale, ont confié à ces institutions la mission de mettre en œuvre des réformes structurelles profondes et énergiques dans les économies de tous les membres dans le but (entre autres) de remédier aux insuffisances des systèmes financiers intérieurs, de stimuler la croissance et de réduire la pauvreté (FMI, 1998). 161 L’épuisement temporaire des réserves et la chute du prix du baril ont contraint le pays à traiter avec le Fonds monétaire international (FMI) en signant le 22 décembre 1986 un programme d’ajustement structurel qui lui impose, entre autres conditionnalités, la réduction de la masse salariale.

141 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives distribuer trop largement des compétences tant qu’il y a des emplois peu qualifiés. En effet, au Gabon comme dans beaucoup d’autres pays africains, confisquer le savoir est une pratique courante qui se traduit par l’évitement dans les rapports entre les "chefs" et les subalternes. Cette attitude est perpétuée pour marquer la distance hiérarchique, l’autorité. Un ingénieur de la SOGARA 162 ou de la SEEG 163 , tout comme un fonctionnaire de catégorie A1 n’aimerait pas qu’il soit un jour rattrapé ou distancé par l’ouvrier chargé des installations électriques ou de la maintenance à qui il est habitué à donner des ordres. Le mieux serait qu’il reste son subalterne à vie.

La deuxième hypothèse indique quant à elle, qu’il existe une relation entre le faible niveau d’implication du gouvernement au développement de la FAD et le désintérêt des salariés gabonais vis-à-vis de ce mode de formation. Nous présupposons que les salariés gabonais sont peu nombreux à effectuer la FAD, parce qu’ils sont conscients qu'il n’existe pas de texte régissant la formation à distance au Gabon, et que, conséquemment, les efforts de perfectionnement qu’ils peuvent fournir en vue du relèvement de leur niveau de vie ne seront guère pris en compte.

ÉLÉMENTS DE SYNTHÈSE

Tout au long de ce chapitre, nous avons voulu expliquer que, malgré les efforts déployés par le Gabon pour adapter le système de formation à la société et à l'économie de la connaissance, les réformes entreprises ne sont pas à la hauteur des enjeux et leur rythme actuel ne permettra pas au pays d'atteindre les objectifs qu’il s'est fixés. La formation à distance se présente dans ce cas comme la solution clé de l’évolution professionnelle. Or, ce type de formation reste encore marginalisé au Gabon.

162 La raffinerie de la Sogara (Société Gabonaise de Raffinage), située au Cap Lopez, dans la banlieue de Port-Gentil, fut créée en 1967. Elle est contrôlée à 24,9% par l'état gabonais, 10% par des investisseurs privés, le reste étant contrôlé par Total. 163 La production et la distribution d'électricité au Gabon est assurée par la SEEG (Société d'Énergie et d'Eau du Gabon), qui détient le monopole de la distribution (payante) de l'eau au Gabon, est une filiale du groupe Veolia Waters, chef de file mondial du traitement de l'eau. La SEEG a été privatisée et reprise en 1997 par la société Vivendi.

142 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

De cette problématique, découle deux hypothèses. Point n'est besoin de rappeler avec Manheim et Rich 164 que l'hypothèse est un énoncé déclaratif précisant une relation anticipée et plausible entre des phénomènes observés ou imaginés. Comme première hypothèse, nous disons qu’il existe un lien entre la forte présence de travailleurs étrangers dans le marché du travail gabonais et le désintérêt des employeurs vis-à-vis de la FAD. Comme l'autre face du Janus, notre deuxième hypothèse stipule que les employés gabonais sont désintéressés par la FAD par ce qu’ils risquent de ne pas être reclassés après leur stage de formation.

Ce chapitre nous a permis de soumettre les hypothèses que notre recherche tentera de vérifier plus tard. Nous pouvons maintenant aborder la deuxième partie de notre travail, soit le cadre conceptuel et méthodologique de notre étude.

164 Mannheim, J. B., Rich, R. C. (1986) Empirical Political Analysis: Research Methods in Political Science. Second edition. New York and London: Longman.

143 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

DEUXIÈME PARTIE : CADRE CONCEPTUEL ET MÉTHODOLOGIQUE

144 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

CHAPITRE I : LA FORMATION À DISTANCE : DÉFINITION ET ÉVOLUTION

Dans le débat actuel sur la mondialisation, les termes : FAD, EAD, FOAD, e-learning, e- formation, sont des notions "à la mode", actuellement les plus usitées pour désigner le type de formation qui, aujourd’hui, semble le mieux convenir à des adultes qui, en cours d’emploi, veulent se perfectionner. Pour aborder la notion de formation à distance, il est nécessaire de se demander que recouvre la notion ? Quand et comment émerge-t-elle, quelle est sa genèse ? C’est alors seulement que l’on pourra se demander quels sont les enjeux d’une telle action et comment l’adopter.

Aussi, dans le souci d’être le plus productif possible par rapport à la thématique qui nous intéresse dans notre étude, allons-nous diviser ce chapitre en trois parties : A travers la première partie du chapitre, notre intention est de fournir quelques éléments pour mieux comprendre la FAD. La deuxième partie va déterminer les caractéristiques spécifiques et les enjeux inhérents à ce type de formation. Il sera question dans la troisième partie, de faire l'état des lieux de la situation de la formation à distance, en Afrique subsaharienne francophone. Nous nous appesantirons plus particulièrement sur la réalité de ce type de formation au Gabon.

I - DE QUOI PARLE T’ON ?

On assiste à l’apparition de nouveaux besoins dans la formation et l’enseignement : d’une part ces besoins se manifestent dans trois directions : les personnes, les lieux et les moments ; Denis et Leclercq (1995) simplifient en désignant les trois directions par : « tous, tout le temps, partout »165 ; d’autre part, les apprenants ont de plus en plus besoin d’un apprentissage centré sur eux-mêmes, ils demandent que leur vision soit prise en compte. L'une des réponses à l'émergence des nouveaux besoins de formation est l’enseignement à distance (EAD) appelée aussi formation à distance (FAD), formation ouverte et à distance (FOAD), téléformation, e-formation, e-learning. Dans la littérature

165 Denis, B., Leclercq, D. (1995). Apprentissage et multimédia , Actes de la Journée d’information sur le multimédia. Presses Universitaires de Namur.

145 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives scientifique actuelle, les deux notions d’enseignement et de formation à distance sont souvent utilisées indistinctement même si les termes « enseignement » et « formation » renvoient à des acceptions qui peuvent être légèrement différentes. L’enseignement à distance a sans doute été, jusqu’à récemment, la formule la plus couramment employée pour désigner une situation éducative dans laquelle la transmission des connaissances et les activités d’apprentissage se situent en dehors de la relation directe en face-à-face (ou dite "en présentiel") entre l’enseignant et l’apprenant. Au Gabon par exemple, le terme employé jusqu’aujourd’hui pour désigner ce mode d’enseignement reste "l’enseignement par correspondance". Cette notion d’enseignement est également encore fréquemment utilisée par les opérateurs de la formation à distance, par les textes officiels sur ce thème et par certaines instances ministérielles. On la rencontre par exemple, dans le nom du CNED (Centre national d’enseignement à distance), elle est également présente au niveau des formations supérieures, dans les Centres de télé-enseignement universitaires (l’expression télé-enseignement étant synonyme d’enseignement à distance). Néanmoins, certains auteurs préfèrent employer l’expression "formation à distance" trouvant la formule moins réductrice car elle englobe les deux termes du processus éducatif, celui de "l’enseignement à distance" (le pôle émetteur) et celui de "l’apprentissage à distance" (le pôle récepteur). En général, le terme "formation à distance" est souvent employé en se référant à la formation continue et le terme "enseignement à distance" est appliqué à la formation initiale. Pour notre part, et surtout pour des raisons de protocole et de simplification, nous ne différencierons pas les deux termes EAD et FAD tout au long de ce travail, sachant surtout qu’il n’existe pas de telles déclinaisons sur le terrain des applications pratiques gabonaises : ce sont les mêmes services administratifs qui mettent en place ces deux systèmes.

La FAD est devenue une réalité qui fait partie du quotidien en matière de formation et d'éducation contemporaine. Depuis les premiers cours par correspondance, dans les années 1840 à Londres, jusqu'au « e-learning » ou « e-formation », ce type de formation ne cesse de se développer. Elle figure dans les programmes d'enseignement et de formation de plusieurs pays tels que le Canada, les États-unis, l'Angleterre, l'Allemagne, le Japon, la Chine et bien d'autres. Elle est devenue une composante essentielle de la

146 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives plupart des systèmes éducatifs. Louise Bourdages et Claudine Delmotte (2001) associent cette situation aux particularités sociales actuelles : « le développement de l’utilisation des technologies jumelé à des caractéristiques sociales complexes amènent une croissance importante de la formation à distance […] 166 ». Les éléments susceptibles de bien représenter cette complexité sont : l’accroissement du nombre d’étudiants qui exercent une profession, l’accroissement du nombre de professionnels qui poursuivent une formation, la hausse des besoins pour résoudre les obstacles de la distance entre le domicile, le lieu du travail et le lieu de formation, la modification de la structure familiale et des rôles de chacun, l’augmentation de la mobilité des travailleurs, les besoins croissants de main d’oeuvre qualifiée.

Ce que l’on peut dire aujourd'hui sans se tromper, c’est que peu d’auteurs se lancent dans l’exercice difficile qui consiste à proposer une définition de la FAD. En effet, comme tout concept nouveau, il existe un grand débat autour de la définition de l’enseignement à distance qui, ainsi que le soulignent Flaubert Boyome Sop et al. (2001) 167 , plus il s’affirme, plus il devient difficile à définir. Cette situation explique le fait que l’on trouve aujourd’hui, autant de définitions du concept qu’il y a d’auteurs pour en traiter : Jacques Wallet (2005), (Peraya 2005) Viviane Glikman (2002), Louis Martin Onguene Essono (2002), pour ne citer que ceux là. Nous pensons que ceci est révélateur de l’amalgame qui est fait entre toutes les pratiques et les usages en e-formation et ce qui relèverait réellement de la FAD. Ceci doit d’ailleurs nous rendre vigilants face à des études qui prétendent relever de la FAD mais sont réellement axées sur la FOAD et sur toutes les pratiques de e-formation en général (centre de ressources, formation mixte présentiel et distance, enseignement assisté par ordinateur, formation en présentiel s’appuyant sur des ressources multimédia et des LMS etc.).

166 Bourdages L., Delmotte C. (2001). La persistance aux études universitaires à distance, Journal of Distance Education/Revue de l'enseignement à distance (2001), Téléchargeable à l’adresse : http://www.cade.athabascau.ca/vol16.2/bourdages-delmotte.html (consulté le 8 octobre 2007). 167 Boyom Sop Flaubert - Essome Muna Lebrun (2001). Campus virtuel : exploit technologique ? Mais pour quelle pédagogie par quel pédagogue ? Colloque Initiatives 2001, « Ethiques et nouvelles technologies » 25 et 26 septembre 2001, Beyrouth, Liban.

147 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Keegan (1996) justifie la nécessité d’arriver à une définition consensuelle de la FAD en ces termes : « The need to clarify terminology in this field is urgent. No progress can be made in formulating the theoretical underpinnings of an area of educational endeavour or in developing guides to good practice if there is no agreement on the area of education under discussion. 168 ».

Ainsi, des définitions plus ou moins analogues sont fournies par différents auteurs. Nous en présentons sept, données à des périodes différentes espacées de plus de vingt ans. Nous avons fait expressément ce choix pour vérifier la relativité de ces différentes définitions.

1.1 – Quelques définitions Dans le chapitre « Des politiques gouvernementales » du livre publié sous la direction de Mugridge et Kaufman (1986) 169 , Ellis définit la formation à distance comme un appendice du processus éducatif dont les trois caractéristiques fondamentales sont : l’utilisation de matériels didactiques médiatisés soigneusement élaborés ; la rétroaction de l’information sur les apprenants ; l’absence ou un minimum de recours à l’interaction face-à-face de l’enseignant et de l’apprenant. L’auteur enchaîne automatiquement en relevant qu’on ne saurait y ranger la création des centres universitaires éloignés ou la pratique qui consiste à envoyer des enseignants donner des cours dans les régions reculées, même si elles aident à surmonter l’obstacle que l’éloignement oppose à l’action éducative. Pour abonder dans ce sens, Brown-McLean et Joanne Morris (1999) précisent ceci : « certains établissements d’enseignement choisissent d’envoyer des professeurs à des sites hors campus pour offrir des cours à une population étudiante isolée sur le plan géographique. Ces méthodes d’enseignement ne sont habituellement pas comptées comme de la formation à distance puisqu’elles ne font que reproduire dans un lieu

168 Keegan, D., (1996). Foundations of Distance Education. Third Edition. Routledge Studies in Distance Education, Croom Helm, Londres, Angleterre. 169 Mugridge Ian, Kaufman D. (dir. publ.) (1986.). Distance education in Canada , Londres, Croom Helm.

148 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

éloigné les méthodes d’enseignement en salle de classe »170 . Cette définition, rejoint celles données par un autre auteur, à l’instar de Perraton (1993), pour qui l’enseignement à distance est un processus pédagogique dont une proportion significative de l’enseignement est assurée par une personne éloignée de l’apprenant dans le temps et/ou dans l’espace 171 .

La façon dont Greville Rumble (1986) procède pour définir l’enseignement à distance est peut être la plus intéressante. Dans son ouvrage portant sur la planification et la gestion de l’enseignement à distance où il examine les problèmes et les éléments qui interviennent dans la mise en place et la gestion de télé-enseignement, l’auteur commence par examiner l’emploi du terme "distance" qui, selon lui, sous-entend la "distance transactionnelle" englobant à la fois le dialogue et la structure dans le processus éducatif. Après cette première étape, l’auteur préconise la prise en compte des pratiques, des systèmes et des projets variés existant dans ce domaine. Pour lui, l’élément que ces systèmes ont tous en commun est « la séparation dans l’espace et dans le temps des activités d’enseignement et d’apprentissage, l’enseignement reposant généralement sur une combinaison de matériels didactiques structurés et le recours à des intermédiaires (assistants, conseillers, animateurs) pour aider les apprenants à se servir desdits matériels » 172 . Cette démarche apparaît effectivement nécessaire en ce qu’elle permet de comprendre et de mesurer qu’il ne suffit pas d’apprendre seul en dehors d’un établissement d’enseignement pour être en formation à distance, cela voudrait dire en d’autres termes qu’il ne s’agit pas seulement de prendre en compte la distance géographique entre l’enseignant et l’enseigné mais de considérer que la FAD implique également un lien avec une institution éducative. Ce lien s’incarne comme le souligne Viviane Glikman (2002, p. 14), dans une inscription en début de parcours, par une mise à disposition de ressources éducatives spécifiques, des échanges avec une administration et

170 Brown-McLean, C., et J. Morris. (1999). Formation à distance : établir des ponts pour répondre aux besoins de formation des éducatrices de la petite enfance , In Échanges sur la recherche au Canada : À l’appui des enfants et des familles, vol. 3. 171 Perraton H. (1993). National developments and international cooperation in distance education in Commonwealth Afric , In Harry K., John M., Keegan D. : Distance education: New perspectives. Londres et New York: Routledge. 172 Rumble G. (1986). The planning and management of distance education , Londres, Croom Helm.

149 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives des enseignants, et une évaluation des acquis au fur et à mesure du programme et/ou en fin de cursus.

Flaubert Boyom Sop et al. (op. cit.) déterminent à leur tour, de façon plus précise, ce type d’enseignement : « l’enseignement à distance peut désigner un ensemble varié de cours et de programmes qui sont dispensés de manière à ce que l’étudiant puisse étudier chez lui ou à un endroit situé hors du campus en temps réel ou non ».

My M'hammed Drissi et al. (2006) en donnent une définition similaire : « La formation à distance (FAD) est l'ensemble des dispositifs et des modèles d'organisation qui ont pour but de fournir un enseignement ou un apprentissage à des individus qui sont distants de l'organisme prestataire de service. Ce mode de formation requiert des technologies spéciales de formation, de conception de cours, et des moyens de communication reposant sur une technologie électronique ou autre »173 .

Ainsi que nous venons de le voir, plusieurs définitions de la formation à distance ont été données, mais une des plus "pointues" reste encore celle de France Henri et Anthony Kaye (1985). Cette définition exprime en six points les caractéristiques de la formation à distance : - le professeur et l’étudiant sont désormais éloignés, - l’institution assume une place prépondérante au cœur même de l’acte pédagogique, - les médias sont souvent utilisés dans une approche intégrée, - la communication bidirectionnelle fait partie des attributs de la formation à distance, - les rencontres sont aussi possibles, - la pratique de la formation emprunte aux procédés industriels ou quasi-industriels.

173 My M'hammed Drissi et al. (2006). La formation à distance un système complexe et compliqué . (Du triangle au tétraèdre pédagogique), Téléchargeable à l’adresse : http://www.epi.asso.fr/revue/articles/a0411a.htm, (consulté le 8 octobre 2007).

150 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Après avoir examiné des définitions proposées par plusieurs spécialistes de la FAD, il nous paraît nécessaire d’en donner une ici, non pas pour délégitimer les autres mais plutôt pour servir de balise au lecteur. Selon nous, la FAD est : « un enseignement qui diffère de l’enseignement traditionnel (appelé encore enseignement en présentiel ou enseignement face à face) par une séparation physique entre l’enseignant et l’apprenant, et qui permet à l'apprenant de se former en utilisant toutes les ressources pédagogiques, didactiques et technologiques qui sont mises à sa disposition ». Cette définition n’a aucunement la prétention de rallier tous les chercheurs mais a tout de même le mérite d’établir clairement ce que nous avons en tête lorsque nous parlons de FAD.

Plusieurs spécialistes du domaine s’accordent à dire que si pendant longtemps, le terme de formation à distance a prévalu, il ne se conçoit plus aujourd'hui sans le concept d'"ouvert", tout aussi essentiel. En effet, le terme FOAD, aujourd'hui utilisé par l'enseignement dans son ensemble, vient du monde professionnel, celui de la formation permanente : le terme "ouvert" devait répondre à la réalité professionnelle et à la diversité des publics. Cette notion est issue de celle de "Opening learning" des anglo-saxons qui ont été les premiers à appliquer de façon formalisée l'enseignement à distance dans un cadre universitaire. Seize ans après l’approche qu’en a fait la Commission Européenne 174 , il reste très difficile en France d’avoir de la notion de formation ouverte et à distance (FOAD) une acception partagée par le plus grand nombre. En 2001 la DGEFP (Délégation Générale à l'Emploi et à la Formation Professionnelle) a donné dans une circulaire la définition à laquelle se réfèrent les professionnels. La FOAD y est définie comme « Un dispositif souple de formation organisé en fonction de besoins individuels ou collectifs (individus, entreprises, territoires). Elle comporte des apprentissages individualisés et l’accès à des ressources et compétences locales ou à distance. Elle n’est pas exécutée nécessairement sous le contrôle permanent d’un formateur »175 . En fait, il s’agit de la traduction et de l’adaptation par le gouvernement français du terme anglais

174 Dans le document issu d’un groupe de travail intercommunautaire qu’on peut retrouver sous la référence : « Commission européenne (1991) - Apprentissage ouvert et à distance dans la communauté européenne - Memorandum Com 91-388. – Bruxelles / Luxembourg ». 175 Circulaire DGEFP n°2001/22 du 20 juillet 2001 relative aux formations ouvertes et/ou à distance « FOAD » : définition, obligations des prestataires, imputabilité des dépenses sur l’obligation de participation des employeurs

151 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

«open and distance learning », traduit d’abord par « apprentissage ouvert et à distance ». Toutefois, comme le révèle un document rédigé par Karine Ouin-Saunier (2005) 176 , la Communauté Européenne n’utilise pas la notion de FOAD mais celle du e-learning (plus large car elle prend en compte aussi l’autoformation sur logiciel qui, elle, n’est pas imputable).

En effet, la notion de e-learning (terme anglophone pour e-formation) s'insère dans le cadre des formations dites "à distance". En 1994, l’EAD a connu un développement marquant grâce à la création du Web par Berners-Lee (2000) 177 . En effet, l’EAD est de plus en plus synonyme de l’apprentissage en ligne, ce qui signifie plus un changement de paradigme qu’un changement de nom. En une dizaine d’années seulement, le domaine de l’apprentissage en ligne a progressé au point où la plupart des établissements d’enseignement et de formation offrent une forme ou une autre d’études en ligne. Pascal Debordes (2006) , directeur des activités "Grand déploiement de formation" chez Cegos confirme l'intérêt croissant des entreprises et des salariés pour le e-learning, il déclare ceci : « Le e-learning est utilisé par un salarié sur trois dans les grandes entreprises et connaît depuis deux ans une véritable reprise… Une bonne nouvelle après quelques années de grisaille et de vache maigre en partie due à l'éclatement de la bulle internet. A ce moment-là, l'e-learning reposait essentiellement sur une grille d'entrée technologique et bénéficiait d'une certaine manière d'un effet de mode. Beaucoup d'entreprises ont été séduites par l'attractivité technologique. Le soufflet est donc retombé avec la crise du web. Mais ce creux dans le développement de l'activité a permis au marché du e-learning de devenir plus mature 178 ».

176 Ouin-Saunier Karine (2005). Etat des lieux de la FOAD , Article téléchargeable à l’adresse : http://www.actualites.cariflr.fr/echoscarif/EchosduCARIFN_1_11.pdf (consulté le 8 octobre 2007) 177 "Unlike so many of the inventions that have moved the world, this one truly was the work of one man... the World Wide Web is Berners-Lee's alone. He designed it. He loosed it on the world. And he more than anyone else has fought to keep it open, non-proprietary, and free... It's hard to overstate the impact of the global system he created. It's almost Gutenbergian. He took a powerful communications system that only the élite could use and turned it into a mass medium", Time Magazine : http://www.w3.org/People/Berners- Lee/Weaving/Overview.html (consulté le 13 janvier 2008). 178 Debordes Pascal (2006). L’e-learning . Enquête réalisée par l'Observatoire Cegos, Téléchargeable à l’adresse : http://www.ujjef.com/index.php?idRubrique=9&Action=LireArticle&idArticle=2071 (consulté le 8 octobre 2007.

152 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Cependant, si la e-formation concerne pour une large part les grandes entreprises, sa pratique reste un phénomène récent et sa définition est encore assez approximative. Brandon Hall spécialiste américain de la e-formation cité par Walid Kassem et al. (2004) 179 donne une définition traduite et adaptée du terme : « La e-formation c'est un programme de formation qui est accessible via un navigateur Internet comme Netscape Navigator, à travers Internet or un intranet. En utilisant le Web, ou le web d'un intranet pour la formation, on fait référence par définition à l'environnement visuel et interactif propre à Internet ». La commission européenne propose une définition très large qui rejoint tout à fait la conception que nous nous faisons du e-learning : « l’e-learning est l’utilisation des nouvelles technologies multimédias de l’Internet pour améliorer la qualité de l’apprentissage en facilitant d’une part l’accès à des ressources et à des services, d’autre part les échanges et la collaboration à distance »180 .

Le e-learning résulte donc de l'association de contenus interactifs et multimédia, de supports de distribution (PC, internet, intranet, extranet), d'un ensemble d'outils logiciels qui permettent la gestion d'une formation en ligne et d'outils de création de formations interactives. En effet, la e-formation renferme de multiples outils, elle s´appuie sur les réseaux électroniques et les nouvelles technologies du multimédia et de l´Internet pour améliorer la qualité de l´éducation et de la formation à travers l´accès à distance à des ressources et des services, ainsi qu´à des collaborations et des échanges. Aujourd’hui le terme FOAD est employé couramment dans les environnements publics de formation, alors que les termes e-learning ou e-formation s’emploient plutôt dans l’environnement des entreprises.

Une grande partie des institutions se proclamant de l’enseignement à distance revêt les caractéristiques définies par France Henri et Anthony Kaye (op. cit.). Toutefois, d’autres types d’enseignement à distance ne disposent pas de l’ensemble de ces critères, car

179 Walid Kassem, Ahmad Mounajed, Nadia Saadoun, Etat de l’Art du E-Learning , DU Modèles de l’Economie Numérique, Informatique – Economie – Management – Droit, Université Panthéon6Assas, Paris II, 3ème promotion - 2003/2004 180 Commission européenne (2000). Communication de la Commission e-learning– Penser l’éducation de demain. Luxembourg: Office des publications officielles des Communautés européennes. (COM (2000) 318 final).

153 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives l’utilisation de technique médiatique n’est pas déterminante lorsqu’il s’agit de cours par correspondance. Ce qu’il faut surtout retenir de ces définitions ainsi esquissées c’est que, bien qu’elles soient relatives comme nous l’avons souligné plus haut, la première tendance qui se dégage à travers elles sous-tend la possibilité, à chacun, d’être acteur de sa propre formation. Cette modalité de formation reposerait ainsi sur la capacité du formé à s’investir de façon autonome dans l’appropriation de la formation et sur des outils qui développent cette capacité.

Toujours à travers ces définitions, une autre tendance se démarque, c’est la certitude que, bien que l’enseignant et l’étudiant se trouvent éloignés l’un de l’autre, l’enseignement à distance met en place une relation d’échange grâce aux médias utilisés comme véhicule de dialogue. Cela veut dire en d’autres termes que la formation à distance ne peut pas se faire sans qu’il y ait un recours aux dispositifs technologiques. A ce propos, Daniel Peraya (op. cit.) écrit ceci : « La formation à distance parce qu’elle dissocie dans le temps et dans l’espace le processus d’enseignement/apprentissage apparaît d’emblée comme une formation en différé et, en conséquence, elle doit nécessairement se concevoir et être mise en œuvre comme une formation médiatisée. Autrement dit, toute formation à distance recourt nécessairement à des artefacts techniques, à des dispositifs médiatiques anciens ou nouveaux, analogiques ou numériques : livres ou manuels imprimés et illustrés, radiodiffusion, enregistrements sonores sur cassettes, émissions de télévision en direct ou magnétoscopées, technologies de l’information et de la communication 181 ».

Cependant, même si la séparation physique entre les acteurs est une caractéristique qui reste fondamentale de la FAD, ce type de formation a connu néanmoins une évolution marquante depuis ces premières expériences, principalement en ce qui concerne les

181 Peraya Daniel (2005). La formation à distance : un dispositif de formation et de communication médiatisées. Une approche des processus de médiatisation et de médiation . TICE et développement, Numéro 01, 9 novembre 2005. Téléaccessible à l’adresse : http://www.revue- tice.info/document.php?id=520 (consulté le 12 novembre 2007).

154 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives modalités d’organisation et de communication entre enseignants et apprenants. Il est d’usage d’envisager cette évolution selon une approche centrée sur le développement des supports techniques de formation : de l’imprimé au WEB en passant par l’audiovisuel et le multimédia. Selon Garrison (1993) et Bates (1995), depuis le tout début, la FAD a connu un processus de médiatisation croissante. Le terme médiatisation se référant à une application systématique de divers médias dans le développement de cours modulaires et diffusés à distance, ce qui a pour résultat un niveau variable de substitution médiatique du professeur auprès de ses étudiants. Nous nous inspirons des différents auteurs tels que Nipper (1989) cité par Daniel Peraya (2005.), Power (2002), (Quintin & Lusalusa 2004), pour retracer succinctement l’évolution de l’enseignement à distance en trois générations à travers lesquelles il a toujours été question de médiatisation 182 et de médiation technologique :

1.2 – Les grandes phases de développement du concept de formation à distance rapportées au contexte du Gabon Le développement de la FAD connaît essentiellement trois périodes selon Glikman (op. cit.) :

1.2.1 - La première génération : l’enseignement par correspondance (imprimé et textes pédagogiques) Comme F. Duchesne 183 aime à le rappeler, tout service de cours par correspondance est en somme : « une imprimerie couplée à un bureau de poste ». Il s’agit d’une situation où l'étudiant s'autoforme depuis son domicile, à partir des supports servant de guides d’apprentissage qui sont acheminés par la poste. L’accompagnement se réalise essentiellement à distance via l’envoi de courrier : supports de cours, travaux à réaliser, corrigés des devoirs. Ce soutien de l’activité de l’étudiant se voit dans certains cas complété d’une assistance fournie par des centres de formation délocalisés. L’écrit

182 Selon Michael Power (2002), le terme médiatisation se réfère à une application systématique de divers médias dans le développement de cours modulaires et diffusés à distance, ce qui a pour résultat un niveau variable de substitution médiatique du professeur auprès de ses étudiants. Générations d’enseignement à distance, technologies éducatives et médiatisation de l’enseignement supérieur. Revue de l’éducation à distance, printemps 2002, vol. 17, no 2, p. 63. 183 Inspecteur à l’Enseignement à distance de la Communauté française de Belgique

155 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives constitue néanmoins le support privilégié de cette modalité d’enseignement. Le cours par correspondance offre certains avantages, dont notamment le fait qu'il met l'apprenant en présence d'un média universel à coût réduit. Mais pour que la correspondance soit efficace, il faut que le système postal soit fiable et rapide. Au Gabon, la réalité est celle d’un service postal lent et peu respectueux de la confidentialité et de l’intégrité des documents et des colis. Ce triste constat va de pair avec les pertes induites et non chiffrées que plus d’une personne a malheureusement déjà eu l’occasion d’expérimenter. Toussaint Nguema Mbeng, un instituteur que nous avons rencontré lors de nos investigations et qui, en 1975, avait suivi des cours par correspondance, raconte : « Moyennant cinq mille francs CFA par mois , d es documents nous parvenaient par la poste, mais avec beaucoup de retard, ils contenaient des cours et des renseignements sur la façon d’atteindre les objectifs fixés par lesdits cours. Des examens réguliers ou terminaux sanctionnaient les progrès effectués par les étudiants… C’était passionnant au début mais, au fil du temps, la passion cédait le pas au découragement car, le plus souvent, nous n’avions pas la suite de nos travaux. De plus, il fallait avoir de l’argent disponible pour renvoyer les devoirs pour la correction 184 ». Cette forme d’enseignement, toujours en vogue, est pratiquée au Gabon depuis les années 1970. Les premiers apprenants à distance s’inscrivaient surtout à titre individuel dans des établissements comme le CNED. La plupart pour préparer le concours d’entrée au Centre de Formation de Instituteurs (CFI).

1.2.2 - L'enseignement à distance de seconde génération Au Gabon, la formation à distance de deuxième génération se caractérise, comme partout ailleurs, par l'introduction d'une plus grande variété de médias : l'enseignement sous forme de documents, est délivré à l'aide de divers supports (papier, radio, télévision, cassette audio ou vidéo, ordinateur, didacticiel), parfois associés à des émissions de radio ou de télévision. Ainsi que le précisent Jean-Claude Marot et Anne Darnige (1996) , cette deuxième génération de la FAD vient corriger les déficiences des cours par correspondance en mettant en place une assistance aux apprenants isolés au moyen de

184 Nguema Mbeng T., un instituteur ayant suivi des cours par correspondance afin d’entrer au Centre de formation des instituteurs (CFI). Aujourd’hui, il exerce comme surveillant au Lycée Oyono Abagha de Bitam.

156 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives tuteurs et d'un réseau de centres de ressources régionaux (sorte de bibliothèques). La radio est sans conteste, le moyen de formation à distance le plus répandu. Ce média peut être utilisée comme moyen de communication de masse, car elle peut s'adresser à un vaste public dispersé. La radio permet en outre l'élaboration et la conception de programmes éducatifs dans des conditions plus simples et moins coûteuses que celles offertes par la télévision. L’utilisation de la radio comme média éducatif avait déjà été expérimentée par le défunt CIFFAD de l’ACCT dans les pays de l’Afrique sub- saharienne. Cette forme d’enseignement, souhaitée dans les colonnes de Thot, constitue une éducation de masse appréciable. Tout récemment encore, plus précisément en 2005, dans le souci d’améliorer la formation continue des enseignants déjà affectés dans les écoles maliennes, le Mali a reçu de l’USAID 185 une aide financière pour réaliser la FIER 186 . Il s’agit d’un espace de formation pédagogique initiale et continue qui utilise la radio et les TIC pour la création de modules de formation radiophonique et numérique de qualité. Les responsables de la DEN (Division de l’Enseignement Normal) et le personnel du programme FIER ont ainsi crée trois séries d’émissions radiophoniques qui permettent aux enseignants et aux encadreurs d’assimiler les techniques pédagogiques axées sur les élèves et indispensables à la réussite du programme de reformes du Ministère en cours. Mais la radio a cependant des limites : le manque d'éléments visuels peut favoriser l'inattention, ce qui implique le déploiement d'un grand effort en vue de garantir les conditions d'une participation active des apprenants.

Au Gabon, la radio scolaire a été au début des indépendances, le média qui a su offrir au monde gabonais de l’éducation un cadre de renforcement des connaissances pédagogiques. A ce propos, François Bika Bi-Ngoua (2004) 187 souligne que, dès 1966, pour la réalisation de ses activités de recherche et d'animation pédagogique, il avait été installé à l’IPN (Institut Pédagogique National), un studio d’enregistrement du son,

185 USAID : L’Agence des Etats-Unis pour le Développement International (USAID) est l’agence principale du Gouvernement américain chargée de développement économique et de l’assistance humanitaire aux peuples du monde entier. 186 FIER : Formation Interactive des Enseignants par la Radio 187 Bika Bi-Ngoua François (2004). La formation à distance au Gabon . Contribution à l’Atelier de partage des expériences de projets d’enseignement à distance pour la formation des enseignants dans les pays francophones de la CEDEAO et de la CEMAC, Article téléchargeable à l’adresse : http://www.edusud.org/IMG/pdf/agabon.pdf (consulté le 29 juillet 2007).

157 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives disposant d’un tourne-disques, d’un magnétophone de studio, de quelques micros et d’un magnétophone de reportage. Mais, quatre ans plus tard, après le départ du conseiller pédagogique chargé de l’animation, faute d’entretien, le dispositif n’était plus utilisable et le matériel était estimé irrécupérable. Selon l’auteur, cette situation avait conduit à deux années d’interruption de la production au cours desquelles un accord est passé entre le Ministère de l’Education nationale et la Radio/Télévision Gabonaise pour enregistrer les documents dans les studios de la chaîne de la radio nationale. Cette autorisation étant acquise de 1985 en 1989, les pédagogues de l’IPN, particulièrement ceux du premier degré, après une large concertation avec certains inspecteurs et directeurs d’école, s’étaient organisés en groupe de travail pour créer et rédiger des émissions qui après leur enregistrement étaient immédiatement mises en forme par les techniciens de radio Gabon avant leur diffusion qui intervenait les mercredis de 18h30 à 19h00. D’après l’auteur, cet horaire était favorable à l’écoute pour les enseignants, certains élèves et quelques parents attentifs aux problèmes d’éducation. Saint Thomas Leckogo Eckunda, le Directeur de l’IPN (2006), déclare qu’à l’époque de sa création, la radio scolaire visait les objectifs suivants : - apporter un appui pédagogique aux enseignants dans toutes les disciplines ; - assurer leur formation continue et permanente dans la perspective d’un relèvement de leur niveau professionnel ; - servir de soutien et de véhicule aux actions d’alphabétisation des adultes et à l’animation des activités scolaires ; -servir à la généralisation de l’apprentissage avec l’appui sonore.

Dès 1999, les objectifs de la radio scolaire subirent des ajustements pour adapter les émissions aux réalités du moment. Certaines émissions devenues caduques ont été abandonnées. En fait, le projet avait été relayé par Radio Emergence qui, grâce à l'aide du gouvernement canadien et le soutien de l'Unesco, tente de répondre aux besoins d'information et de formation de la part des élèves principalement, mais aussi des enseignants et des groupes intervenants dans le domaine de l'éducation. Radio Emergence poursuit en effet plusieurs objectifs :

158 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

- Intégrer et exploiter le potentiel éducatif d'un média comme la radio à l'intérieur du système ; - Concevoir des émissions d'éducation en matière de population qui permettront d'apporter des solutions éducatives aux nombreux problèmes de la population jeune et écolière (échecs scolaires, problèmes familiaux, etc.) ; - Améliorer la qualité de la communication entre les enseignants et leurs élèves ; - Donner la parole aux groupes de la société civile, associations et ONG s'occupant des problèmes éducatifs ; - Promouvoir le développement de la personne de chacun des élèves, amener les jeunes à construire leur savoir, les conduire ainsi à prendre une place active dans la société et les amener à être des citoyens responsables dans une société libre.

D’après le Journal chrétien du 22/09/2007, Radio Émergence traverse une énorme crise due à la détérioration d’une partie de son matériel de diffusion et de production. Le journal précise qu’il s’agit entre autre d’un émetteur, de deux ordinateurs et d’une table de mixage qui seraient endommagés depuis plusieurs mois et que actuellement les émissions ne sont assurées que grâce à un émetteur loué au près d’un particulier à un montant mensuel de cent cinquante mille francs CFA.

La télévision est également un moyen d'enseignement, de formation et de perfectionnement de plus en plus utilisé. Ce moyen de formation n’a pas encore été expérimenté au Gabon, du moins à notre connaissance. Sinon, dans la plupart des cas, la télévision est combinée à d'autres moyens tels que l'imprimé, l'illustration, la cassette ou le téléphone. L'utilisation de la télévision éducative se fait selon différents modes : en différé ou en direct, ce qui implique des fonctions pédagogiques distinctes :

- La télévision à large diffusion offre comme premier avantage la possibilité de toucher les gens là où ils se trouvent, en diffusant le même enseignement à tous et au même moment. Ce média rend également possible la présentation de contenus techniques. Mais ce mode de formation a aussi des inconvénients dont, en premier lieu, son caractère

159 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives impersonnel ; l'étudiant, qui est soumis à un rythme qu'il ne peut interrompre, risque d'adopter une attitude passive.

- La télévision éducative diffusée par câble en mode direct et interactif offre de son côté de larges perspectives ; elle permet des échanges à distance entre l'enseignant et l'étudiant, la diffusion se fait en circuit fermé ou en circuit ouvert. Ce moyen, permet de toucher dans des conditions d'interactivité, un grand nombre de personnes. Il y a, en plus de la bi-directionnalité, la possibilité d'intervenir pour vérifier l'efficacité pédagogique. Cependant, en raison des coûts élevés de la production télévisée et des équipements, ce moyen de formation à distance ne peut être généralisé. A la fin des années 1980, les systèmes d’enseignement ont commencé à utiliser les nouvelles technologies de l’information et de la communication dans le processus d’apprentissage.

1.2.3 - L'enseignement à distance de troisième génération : le téléapprentissage (audioconférence, conférences audiographiques, vidéoconférence, télévision interactive) Cette génération marque le passage du plurimédia individuel au modèle télématique. La troisième génération est, si l’on emprunte les expressions de Taylor et Swannel (1997), celle du "télélearning" et du "Flexible Learning Model". Selon les deux auteurs, la formation à distance de troisième génération utilisant les technologies de l’information et de la communication revêt deux formes majeures :

- La première forme, celle du "télélearning" correspond à la naissance de la micro- informatique puis de la télématique. L’utilisation pédagogique de l’ordinateur est améliorée par la connexion de l’informatique aux réseaux, et notamment à Internet pour le grand public, dans les années 1990. L’apparition des Navigateurs (Netscape, Explorer) et du langage HTML permet de développer des documents hypertextes gérant ainsi à la fois le texte, l’image, le son et la vidéo, et par conséquent les divers types de support cités dans les générations précédentes (imprimé, cassette audio et vidéo, radio et télévision) sont numérisés et diffusés également sur le world wide web (WWW). De plus les moyens de communication sur le web permettent de communiquer entre les différents acteurs en

160 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives formation (étudiants/professeurs et étudiants entre eux) en temps réel (synchrone) ou pas (asynchrone) grâce aux forums, messagerie électroniques, bavardoir (chats), visio et audio conférence.

- Le dernier modèle, celui du "Flexible Learning Model", est celui du multimédia interactif, de la communication médiatisée par ordinateur (CMO) et des cours basés sur un accès aux ressources d’Internet. Ce modèle correspond à une forme d’EAD largement pratiquée à l’heure actuelle. Elle se caractérise essentiellement par la combinaison et l’intégration de différents moyens de communication et d’information sur un support unique, au format numérique ainsi que par l’utilisation des réseaux télématiques. Dans ce type d’enseignement, de nouveaux outils appelés plates-formes de formations sont utilisés. Ce sont des logiciels regroupant les outils nécessaires aux trois principaux utilisateurs - enseignant, étudiant, coordonnateur - d’un dispositif qui a pour finalité l’apprentissage à distance en fonction d’un style pédagogique.

La formation à distance de troisième génération utilisant les technologies de l’information et de la communication semble encore quasiment absente en Afrique subsaharienne. Quelques rares expérimentations sont faites ça et là. Dans les pays comme le Sénégal et le Bénin, la vidéoconférence est par exemple utilisée pour des sessions de formation, et de nouvelles formes de formations à distance, entièrement électroniques, sont expérimentées. C’est par exemple le cas du Diplôme Supérieur Spécialisé en Documentation, délivré par l’Université Cheick Anta Diop à Dakar.

Dans un entretien au site Grioo.com en avril 2003, Jacques Bonjawo (2003) 188 précise que « l’UVA dispense des cours sur vidéocassettes, sur le web ou sur Cd-rom ; on peut aussi participer à des sessions interactives utilisant des possibilités synchrones (communication directe avec un instructeur lointain via les chat rooms ou vidéo

188 Jacques Bonjawo est d’origine camerounaise, naturalisé américain. Certains journalistes l’ont surnommé le « Bill Gates » africain. Il est aujourd’hui (juillet 2007) l’un des responsables de Microsoft Afrique (notamment des « Académies » Microsoft pour le développement) après avoir été, à Seattle au siège de Microsoft, l’un des « senior manager » de la firme. Il est l’auteur d’un livre intitulé « Internet, une chance pour l’Afrique » publié en 2002 chez Khartala

161 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives conférence) ou asynchrones (communication via e-mail par exemple) 189 ». Le Gabon, bien que disposant de la fibre optique, n’a pas encore d’équipement (salle de vidéoconférence…) pouvant lui offrir l’opportunité d’expérimenter ce type d’enseignement.

Notons toutefois que la catégorisation telle que nous venons de présenter demande à être nuancée. Car, ainsi que le suggère Jean Jacques Quintin (2005) 190 , le terme génération utilisé abondamment dans la littérature pour retracer les modèles de FAD, pourrait laisser croire que les pratiques actuelles utilisent majoritairement le modèle fondé sur la télématique, délaissant les autres formes d’organisation issues des générations précédentes, alors que c’est loin d’être le cas. On trouve en effet des systèmes de formation à distance qui se basent encore exclusivement sur l’imprimé. Jacques Perriault (1996) rappelle à cet effet, en prenant l’exemple de l’Open University que « ce média reste sans doute encore le plus usité au niveau mondial »191 . Pour Jean Jacques Quintin (op. cit.), il semble plus opportun de considérer ces dites générations comme étant des modèles d’organisation toujours plus présentes sur le terrain de la formation à distance.

II – CARACTÉRISTIQUES ET ENJEUX DE LA FORMATION À DISTANCE

Les activités de formation à distance requièrent la mise en œuvre de moyens humains, de supports pédagogiques et de matériels technologiques dont la nature et l’importance varient en fonction du domaine de formation, du public bénéficiaire, des méthodes pédagogiques et des objectifs poursuivis. Il faut, au départ, noter que le matériel pédagogique employé en FAD contient toute la matière du cours et peut prendre plusieurs formes. La forme la plus courante est l’imprimé, mais les établissements d’enseignement utilisent de plus en plus d’autres médias (conjointement avec les imprimés) comme les enregistrements audio et vidéo, les supports multimédias et les pages web. Concernant les

189 Grioo.com. Interview de Jacques Bonjawo, avril 2003. Téléchargeable à l’adresse : http://www.grioo.com/info239.html. En ligne, consulté le 26 septembre 2007. 190 Quintin Jean-Jacques (2005). Effet des modalités de tutorat et de scénarisation dans un dispositif de formation à distance. Mémoire de DEA en Sciences de l’Education, Université de Mons-Hainaut, Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education 191 Perriault Jacques (1996). La communication du savoir à distance : Autoroutes de l'information et télé- savoirs , Paris : L'Harmattan.

162 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives modes de diffusion employés en FAD, ils sont tout aussi nombreux. Il y a, entre autres, la poste, la radio, le câble et les satellites. On peut également avoir recours à diverses formules en ce qui concerne l’évaluation. Celle-ci peut se faire, comme le souligne Martine Mottet (2006) 192 , de façon individuelle ou en équipe, à distance ou sous surveillance. Comme l’utilisation d’Internet ne cesse de croître, le recours aux plateformes de formation à distance est de plus en plus commun en FAD. Celles-ci sont des environnements graphiques accessibles en ligne qui permettent aux étudiants d’avoir accès à l’ensemble des informations relatives à leurs cours. De plus, tout comme l’enseignement traditionnel, la FAD est dispensée dans des institutions relevant du secteur public mais aussi du secteur privé.

Par souci de clarification, nous considérons avec Christian Depover et al. (2003), que la conception de l’enseignement à distance s’appuie sur les composantes suivantes : « - un ensemble de matériels et de ressources principalement destinés à l’auto-apprentissage diffusés par voie postale ou électronique et recourant à différents médias (papier, Cd-Rom, cassettes audio ou vidéo, cours en ligne…) ; - un système de communication à distance, le plus souvent asynchrone permettant aussi bien l’accès à l’information et aux supports de cours que l’interaction avec les enseignants et les autres apprenants ou la communication avec l’institution pour la gestion des inscriptions par exemple; - un scénario d’apprentissage cohérent proposant des activités aux apprenants en fonction d’objectifs à atteindre et de compétences à acquérir ; - une équipe d’encadrement (enseignants, tuteurs, correcteurs…) dont la mission est d’accompagner les apprenants tout au long de leur processus d’apprentissage ; - des apprenants, physiquement éloignés de l’institution et de l’équipe d’encadrement (mais qui peuvent éventuellement les rencontrer

192 Mottet Martine (2006). Notes de cours PPA6015 – Méthodes d’enseignement et TIC . Distribuées le 16 mars 2006.

163 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

ponctuellement), avec des caractéristiques propres qui visent à obtenir un diplôme ou à perfectionner leurs compétences et leurs savoir-faire ; - une institution qui gère les inscriptions, diffuse les ressources et les supports de cours, gère leur qualité et valide les formations dispensées »193 .

Notons toutefois que depuis quelques années, en raison de la mobilité croissante des individus et leur moindre disponibilité physique, la FAD est entrain de se réactualiser dans un contexte différent lié à de nouvelles pratiques pédagogiques ainsi qu’au développement de nouveaux outils reposant sur les nouvelles possibilités qu’offrent les ressources informatiques. En effet, le fait que le téléphone mobile et le lecteur MP3/MP4 soient devenus des objets communs, que l’on peut mettre dans la poche et transporter toujours avec soi, a fait que ces instruments deviennent de nouveaux outils pour apprendre. Conséquemment, avec cette évolution est apparu, à côté du e-learning, de nouveaux termes derrière lesquelles se profilent les nouvelles tendances de l’apprentissage en ligne : m-learning (mobile-learning) 194 et p-leraning (pervasive- learning). Lors de la conférence du iLearning Forum 2007 à Paris, Alain Derycke, de l’Université des Sciences et Technologies de Lille, a tenu à préciser toutefois que le m- learning ne vient pas supplanter le e-learning. Mettant en avant le concept de nomadisme dans l’apprentissage, le conférencier a souligné qu’il s’agit plutôt d’un élargissement des possibilités du e-learning. Néanmoins, il estime que ces deux formes d'apprentissage n'ont pas les mêmes fonctions, le e-learning étant plus institutionnalisé et s'inscrivant dans une durée, alors que le m-learning est plus spontané et n'a pas vocation à durer. « Avec le m-learning se développent des applications spécifiques à la plate-forme d’utilisation (chat, système de QCM…) », indiquait-il.

193 Depover Christian, De Lièvre Bruno, Winckel Fabienne (2005). L’enseignement à distance en mutation : diagnostic et perspectives en communauté française de Belgique, Article téléchargeable à l’adresse : http://www.enseignement.be/@librairie/documents/ressources/092/synthese/article2003.pdf (consulté le 30 janvier 2008). 194 Le "m-Learning", un acronyme pour « Mobile learning », comme l’est le "e-Learning" pour « Electronic learning », concerne l’ensemble des techniques d’apprentissage qui utilisent les outils dits "mobiles" que sont les Pocket digital assistant PDAs (Pocket PC, Palmtop, etc), les lecteurs de fichiers MP3, MP4, de podcast, etc., ainsi que les appareils de téléphonie mobile avancés. Vu Do Quynh (2007). m-Learning. N° spécial de la revue IRRODL

164 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Les chercheurs de l'Etablissement Fraunhofer des circuits et des systèmes de technologies de communication (ESK) travaillent actuellement sur un système généralisant l'apprentissage en ligne (E-learning) aux appareils mobiles. D’après Romain Collignon (2008) 195 , ce système peut gérer sans difficulté les différents contenus, comme le SMS, le MMS, la messagerie instantanée et le flux vidéo. A ce propos, l’auteur précise que pour recevoir les exercices sur son téléphone portable, un logiciel particulier est nécessaire, ce qui pose parfois des difficultés puisque chaque logiciel est fonction du modèle. En effet, l'utilisateur doit en premier lieu chercher lui-même sur Internet le logiciel approprié à son terminal et ensuite le configurer. L’auteur avance toutefois que, grâce à cette nouvelle "station service" développée par les chercheurs de l'ESK Fraunhofer, cette recherche sera à l'avenir inutile. « L'utilisateur doit poser son téléphone portable à côté d'une borne PC, qui choisira automatiquement le logiciel d'apprentissage adapté et le chargera via Bluetooth ou infra rouge sur le téléphone », précise l’auteur.

Une chose est sûre cependant, même si les réseaux d’enseignement à distance public et privé diffèrent sur certains points, les avantages de la FAD mis de l’avant par ceux-ci pour recruter leur clientèle sont essentiellement les mêmes. Le développement de la FAD présente ainsi plusieurs enjeux (nous ne prenons pas en compte ici les enjeux financiers et les enjeux de positionnement stratégique dans ce secteur économique ou de rééquilibrage par rapport à l’Amérique du Nord ou à d’autre régions du monde).

- Un contenu de formation adapté aux niveaux, aux attentes et aux objectifs des participants La FAD introduit une rupture totale avec le système classique construit autour d'un plan de formation relativement statique et affecté d'un temps précis et mesurable. Ici, le contenu pédagogique s'adapte à l'élève, à ses besoins, à ses lacunes et à ses difficultés et non l'inverse où l'élève doit s'adapter obligatoirement au cours. C'est d'ailleurs l'une des principales différences avec la formation traditionnelle. En fait, au vu des besoins émergents, les systèmes de face à face pédagogique traditionnels (un formateur dans une

195 Collignon Romain (2008). E-Learning : nomade et ludique,Article té éléchargeable à l’adresse : http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/52735.htm, consulté le 18 janvier 2008.

165 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives salle avec ses stagiaires) ne répondent plus pour la plupart, aux demandes de personnalisation de la formation. Philippe Gil (2000) rappelle en effet que « le présentiel peut être inadapté lorsque les acquis et les besoins des apprenants regroupés sont très disparates. Le formateur doit toujours recadrer son enseignement sur la demande moyenne émanant du groupe afin de ne pas trop dériver vers les besoins spécifiques de l’un ou de l’autre des apprenants »196 . Grâce à un diagnostic précis de ses compétences en amont de la formation, chaque apprenant peut se voir proposer différents cursus et parcours. L'époque où le formateur s'appesantissait sur des notions déjà acquises est révolue. Dans ce mode de formation, chacun peut construire son parcours en choisissant des modules ou des pans de formation selon les connaissances spécifiques qui l’intéressent. Ainsi, suivant ses acquis et ses besoins, chaque apprenant choisit son cursus ou un module et télécharge les éléments correspondant à partir du site de l’organisme de formation.

C’est ce que Muriel Bessioud Janoir (2003) désigne par "apprentissage par opportunité", quand elle écrit ceci : « En offrant la possibilité à l’apprenant de cibler précisément la formation en allant directement explorer les thèmes qui l’intéresse chaque fois qu’il le souhaite ou qu’il ressent le besoin sans être contraint de suivre l’intégralité d’un module de formation, le e-learning introduit également la notion d’apprentissage par opportunité… 197 »

A travers les forums, les chats et autres moyens d’échange de messages "synchrones" 198 , ou "asynchrones" 199 l’apprenant peut obtenir de l’aide non seulement du tuteur chargé de son encadrement, mais aussi de ses pairs, souvent solidaires et disponibles. Pour abonder dans ce sens, Muriel Bessioud Janoir (op. cit.) écrit : « Un apprenant ayant un niveau de connaissances inférieur à celui de l’ensemble du groupe, pourra quand même y intégrer.

196 Gil Philippe (2000 ). @-formation-NTIC et Reengineering de la formation professionnelle , Dunod, Paris. 197 Bessioud Muriel Janoir (2006). Comment intégrer le e-learning à un dispositif de formation professionnelle continue ? Mémoire réalisé dans le cadre d’un 2 eme cycle suivi à l’ESSEC Management Education en marketing / développement commercial (formation continue). 198 Synchrone : Modalités d’échange d’informations en direct (exemple : téléphone, visioconférence, visiophonie, audiophonie, etc.). 199 Asynchrone : Qualité d'une communication ou d'un échange au cours desquels l'émission et la réception se font en temps différé (exemple : forum, messagerie...). Cette qualité est à opposer à synchrone.

166 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Il sera peut être moins actif dans les forums et les chats mais bénéficiera d’un échange personnalisé via le tutorat 200 ».

Les cours sont souvent organisés par modules et enrichis de commentaires de formateurs, professionnels et un tuteur suit la progression de chaque stagiaire. L’apprenant peut donc suivre une formation adaptée (même très courte) à son projet professionnel, certaines formations sont gratuites 201 . L'EAD permet de gérer l’évolution personnelle de l’apprenant et de garantir son employabilité sur du long terme.

2.2 - Une formation à son rythme en fonction de ses disponibilités A l’aide des différents outils que propose la technologie Internet, il est possible à l’apprenant de travailler en fonction de ses disponibilités. En effet, en situation de FAD, les rythmes d’apprentissage peuvent être pris en compte et entraînent des progressions différenciées. Sandra Bellier (2001), citée par Muriel Janoir (op. cit.), revendique cette liberté d’action quand elle écrit : « Que le lent puisse aller lentement et le rapide plus vite. Que l’intensité des formations diffère dans le temps. Que les contacts avec le tuteur soient très fréquents pour l’un et rares pour l’autre. Bref, que la manière et à la vitesse à laquelle se déroule une formation soit une affaire négociée avec chacun en fonction se son emploi du temps, de sa disponibilité, de son envie d’approfondir ou d’accélérer. L’éclatement des unités de temps et de lieu permet à toutes les particularités individuelles de s’exprimer 202 ».

200 Selon le glossaire FIPFOD, le tutorat est une déclinaison particulière de l'accompagnement. C'est l'action d'associer, pour une période donnée, une personne confirmée (divers degrés sont envisageables) du domaine de compétence et une personne débutante du même domaine. Par exemple, sans nécessairement lui transmettre des savoirs, un tuteur aide, accompagne, etc. l'apprenant dans ses propres " découvertes " et apprentissages. Un tutorat n'implique pas nécessairement une relation individuelle (entre un tuteur et un apprenant) : il peut concerner également un petit groupe. Accessible à l’adresse : http://askonce.grenet.fr/webgreco/documents/glossaire%20FIPFOD.pdf (consulté le 29 juillet 2007). 201 Exemples de formations en ligne gratuites : - Memoclic (Formations informatiques gratuites : word, excel...) accessible à l’adresse : http://www.memoclic.com; - Foad Spirit (l'objetif de ce site est d'accompagner les apprentissages, les révisions, les préparations d'examens ou de concours...) accessible à l’adresse : http://www.foad-spirit.net (consulté le 29 juillet 2007). 202 Bessioud Muriel Janoir (op. cit.)

167 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

L’on sait, notamment grâce aux travaux de Bernice Mc Arthur cités par Isabelle Galy et Patrice Magnard (2003) 203 , que tous les individus n’ont pas la même manière d’apprendre. Certains sont plus réceptifs à l’expérience, d’autres aux concepts. Certains ont besoin d’observer. D’autres ont besoin d’un cadre scolaire. Par conséquent, les apprenants n’ont pas tous les mêmes besoins en parcours de formation. Or, en mode présentiel, le cours est dispensé avec la même vitesse d’apprentissage à tous les apprenants. Du coup, certains apprenants s’ennuient alors que d’autres estiment que cela va trop vite pour eux. Là encore la FAD peut apporter une réponse en modulant les cursus selon les besoins propres à chaque apprenant. C’est dans cette optique que Sandra Bellier (op. cit.) met l’accent sur l’importance du rythme pour la motivation de l’apprenant, voici ce qu’elle en dit : « En salle, il est souvent un problème : trop lents pour les uns trop rapides pour les autres, il permet de passer à côté du conflit par ennui ou par décrochage. En formation à distance, le rythme est entièrement maîtrisé par l’individu et du coup, il lui est beaucoup plus difficile de s’échapper d’une consigne dérangeante. C’est par l’absence de limitation du temps d’apprentissage que le travail pédagogique peut/doit un jour se dérouler. »

2.3 – Une chance de se former sur place Combien d’apprenants renoncent à se lancer dans les études qui les motivent soit parce qu’ils doivent déménager, parfois à des centaines de kilomètres de chez eux, soit parce qu’ils n’ont pas le budget correspondant ? Grâce à la FAD, les apprenants peuvent avoir accès à l’offre de formation des établissements prestigieux situés à travers le monde. Le processus de formation par Internet permet de réduire le temps de présentiel et donc d’obtenir une réduction des temps de déplacements, d’hébergement et des coûts de désorganisation dus à l’absence du salarié. La FAD n’impose donc pas à l’apprenant de se déconnecter de son lieu de travail, mais lui permet au contraire de coupler en temps réel son besoin de formation avec ses objectifs professionnels. C’est pour abonder dans ce sens que Muriel Janoir (op. cit.) parle de la fin du temps bloqué, voici ce qu’elle écrit :

203 Galy Isabelle et Magnard Patrice (2003), le e-learning ou e-formation , Rapport du Club Sénat, 26 février 2003, Téléchargeable à l’adresse : http://www.onlineformapro.com/espaces/formateur/eforma/Rapport_e_formation_en_ligne.pdf (consulté le 12 octobre 2007).

168 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

« l’e-learning permet de se former en permanence sans s’extraire du cadre du travail. Il marque ainsi la fin des périodes bloquées. L’e-formation n’impose plus à l’apprenant d’immobiliser un temps de formation conséquent… » Claudine Leborgne Tahiri (2002, p. 200), confirme également les bienfaits de ce type de formation sur l’opportunité offerte aux apprenants de se former sur place : « L’apprenant n’a plus besoin d’aller dans un pays étranger (pas de dépaysement, de papiers administratifs, de variation climatique, d’adaptation à un nouveau contexte culturel, une autre langue »204 Si on se réfère au contexte gabonais, pour se déplacer vers les IDA (Inspection Délégué d’Académie) où ils peuvent suivre leur formation continue, les enseignants en exercice affectés à l’intérieur du pays sont souvent confrontés à de multiples désagréments : mauvais état des routes, rareté et cherté des moyens de transport, difficultés pour le logement, accidents de la route, perte de temps, indemnité de déplacement sous évaluée et souvent payée en retard, etc. Eviter tous ces désagréments est un atout "phare" de cette nouvelle mode de formation. En effet, l'évolution apportée par la FAD est de permettre d'entrer dans l'ère du "libre accès", en se formant quand on veut et où on veut et à son propre rythme. Elle ouvre sur la formation "sur-mesure", permettant de se former en juste à temps et juste assez, tout en favorisant la mise en place d'un parcours fortement individualisé. En fait, ce nouveau type d'apprentissage abolit les règles du théâtre classique en s'affranchissant de la fameuse unité de temps, de lieu et d'action. L’apprenant a la possibilité de programmer plus facilement sa formation dans son agenda, de mieux concilier le temps consacré à la formation avec les exigences de son activité professionnelle et de réduire ses indisponibilités. Pour abonder dans ce sens, Louise Marchand (2004) écrit : « Les apprenants adultes qui suivent des cours à distance manquent de temps. Ils travaillent, ont des enfants et des parents dont ils doivent prendre soin; ce sont des citoyens qui ont un rôle à jouer dans la vie de la communauté. Le temps, plutôt que la distance, semble être le problème majeur quand ils poursuivent des études. L’apprentissage en ligne devient un moyen utile de suivre des cours dans la chaleur de son foyer, sans devoir payer une aide familiale ou chercher un stationnement près de l’université. »205 Il suffit

204 Leborgne-Tahiri C. (op. cit.). 205 Marchand Louise (2004). L’encadrement. Téléchargeable à l’adresse : http://www.dlcmcgrawhill.ca/cheneliere_didactique/pratique_apprentissage/telechargement/1443- RD_chap06_p78-79.pdf (consulté le 28 juillet 2007).

169 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives de se connecter sur le site via une connexion internet. C’est d’ailleurs l’atout "phare" de la formation à distance : la majorité des stagiaires sont attirés par ce mode de formation pour son aspect pratique. Il permet de gérer son temps à sa convenance et de se former malgré des contraintes professionnelles ou géographiques.

2.4 - Une évaluation en temps réel de l'acquisition des connaissances La pédagogie en ligne est souvent conçue pour un accès facile et interactif : aux cours classiques en ligne, se rajoutent des exercices pratiques, des vidéos, forums de discussion... La FAD offre à l’apprenant la possibilité de s’auto-évaluer 206 . En effet, au fil de sa formation, l'apprenant peut, soit par lui-même soit avec l’assistance d’un tuteur, évaluer à chaque moment son degré de maîtrise des nouveaux savoir-faire. Par de nombreux tests en ligne et par des exercices complémentaires, l’apprenant a la possibilité, de renforcer ses acquis, son niveau de performance et juger de ce qu’il doit réviser et ce qu’il a assimilé. Le participant et l'entreprise peuvent alors mesurer directement la performance effective de la formation dispensée. Dans le cadre d'une formation tutorée, on peut envisager une très forte réactivité, faire évoluer le contenu de la formation ou modifier les méthodes pédagogiques pour favoriser l'acquisition des connaissances. Cependant, comme tient à le relever Claudine Leborgne Tahiri (op. cit.), la notion d’auto- évaluation est tout à fait nouvelle pour les apprenants africains. Voici ce qu’en dit l’auteur : « Routiniers du bachotage, des épreuves sur table sanctionnées par une note qui pèsera dans l’avenir de leurs résultats définitifs, cette autogestion de sa progression n’est ni dans leurs habitudes ni dans leurs pensées. L’auto-évaluation est un nouvel esprit à expliciter et à inculquer aux étudiants ». Ce sera une occasion pour les étudiants de changer leur méthode d’apprentissage.

Ainsi du fait de son ouverture (c’est notamment le cas des Open University), de sa flexibilité en termes de temps, de place, de méthode d’apprentissage, l’enseignement à distance attire une population assez hétérogène dans les pays développés. Ce public assez

206 Auto-évaluation : Évaluation par l'apprenant de ses progrès, généralement effectuée au moyen d'un questionnaire qu'il remplit seul.

170 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives large va souvent du simple consommateur (désireux de perfectionner sa culture générale) à celui de l’investisseur en capital humain.

2.5 - Une approche pédagogique innovante Au plan pédagogique, la FAD ne se traduit pas systématiquement par la diffusion d’un cours théorique. En s'appuyant sur des ressources multimédia, la FAD favorise une (r)évolution des méthodes pédagogiques. Le fait que l’apprenant reçoive de l’aide (réponses à ses questions, conseils, remarques) de ses pairs ou de son tuteur est un facteur positif pour la qualité de son travail. Serge Agostinelli, cité par Muriel Janoir-Bessioud (op. cit.), confirme l’importance de la synergie des compétences engendrée par le regroupement virtuel d’apprenants distants : « l’usage des Groupwares tend à rendre le travail plus « intellectuel » centré sur un échange de connaissances, un travail réellement collectif. La possibilité donnée aux acteurs de travailler en commun dans un espace où ils communiquent par oral, par vidéo et par écrit leur laissent un champ d’action plus large pour la confrontation des informations, les échanges négociées et, in fine, pour la communication des connaissances. »

En effet, avec l’intégration des ressources multimédia, l’enseignement et les contenus sont nettement améliorés grâce à des mises à jour fréquentes et à la possibilité pour l’apprenant de dialoguer avec son tuteur ainsi qu’avec ses pairs. Beaucoup moins passif que dans une formation présentielle, l'apprenant est directement mis en situation, garantissant l'efficacité de la formation. Plus ludiques, les simulations, les tests d'auto- évaluation, l'échange de messages "synchrones" ou "asynchrones" créent une interactivité, qui place l'apprenant au cœur de la formation. A ce propos, Henry Samier cité par Muriel Janoir-Bessioud (op. cit.) écrit : « la formation est une construction permanente des savoirs personnels ou collectifs, à travers le jeu de différentes interactions entre des groupes de personnes…On assiste à une horizontalisation du savoir au détriment de la technique de l’entonnoir ou la connaissance partait du haut (professeur) pour être diffusé vers le bas (les apprenants). »

171 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

2.6 - Un moyen de démultiplier et de déployer facilement la formation A l'heure où le travail en réseau se développe, où les entreprises intensifient leur présence à l'international, on peut penser que la FAD est une solution efficace pour former rapidement un nombre important de salariés. Au Gabon, les budgets pour l’éducation et la formation vont stagnant depuis quelques années (voir chapitre sur les dépenses), alors qu’un plus grand nombre de personnes souhaitent être formées. Paradoxalement, tandis que les fonds diminuent, le gouvernement exige des standards plus élevés et des cours en plus grande adéquation avec la vie professionnelle. La FAD est donc mieux indiquée pour former plus rapidement et davantage de salariés une fois les outils développés et mis en place. Pour abonder dans ce sens, Viviane Glikman (2001) écrit :

« L’essor du Web, associé à l'internationalisation des systèmes de télécommunications, favorise en effet largement la globalisation de l'offre de formation : accessibles de toute la planète par téléphone fixe ou mobile, les produits éducatifs deviennent exportables dans le monde entier, pour le plus grand profit de leurs fabricants et éditeurs. Un même cours, piloté et géré par un organisme de formation (ou plusieurs d'entre eux regroupés dans des consortiums), accompagné de documents pédagogiques et d'une évaluation en ligne et offrant diverses possibilités de communication à distance, peut ainsi atteindre un public de plusieurs milliers (ou dizaines de milliers) de personnes, complètement dispersé géographiquement, totalement hétérogène aux plans sociologique et culturel 207 »

2.7 - Une réduction des coûts L’argument économique est aussi souvent avancé lorsqu’il s’agit de vanter les mérites de la formation à distance. D’aucun prétendent qu’à terme une FAD deviendrait beaucoup plus avantageuse qu’un enseignement présentiel. Ce rapport coût/efficacité reste cependant discutable car au départ, une formation à distance supportée par les TIC coûte plus cher qu’une formation traditionnelle, dans la mesure où de gros investissements sont

207 Glikman Viviane (2001). La "E-formation" entre globalisation des produits et pluralité des services, Colloque "2001 Bogues - Globalisme et pluralisme" (Montréal, avril 2001), Téléchargeable à l’adresse : http://www.er.uqam.ca/nobel/gricis/actes/bogues/Glikman.pdf (consulté le 12 octobre 2007).

172 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

à consentir pour l’équipement technologique (construction de bâtiments mis à part). Il est dès lors difficile de démarrer un tel programme, car il faut disposer de ressources humaines et matérielles stables, de l’équipement technique adéquat et des contenus de cours à mettre en ligne. Il se peut que, sur le long terme, une FAD devienne plus avantageuse, lorsqu’il ne reste que de la maintenance et une mise à jour des cours à effectuer. Il est encore difficile actuellement de chiffrer avec précision après combien de temps une formation à distance devient rentable et les économies réalisées, car les dispositifs sont trop récents en Afrique. Il semble en effet qu’il faille une période de cinq ans pour rentabiliser une installation basée sur les NTIC (Leborgne-Tahiri, 2004) 208 . Néanmoins, selon les études les plus optimistes actuellement menées, la FAD offre davantage de rentabilité avec une réduction des coûts de formation estimée entre 40 et 60%. L'un des intérêts est que la formation s'effectue sur place ou de manière nomade, éliminant ainsi 30% du coût global représenté par l'annulation des frais d'hébergement et de transport inhérents à la plupart des formations présentielles. Le reste de l'économie résulte de l'avantage pour l'entreprise de ne plus avoir à pâtir de l'absence de ses salariés. Il semblerait que cette baisse compense largement la hausse du prix d’une heure de formation en ligne par rapport à une heure de cours en présentiel. Les seuls investissements à la charge des prescripteurs, outre le prix de la formation elle-même, se limitent à un ordinateur opérationnel et une connexion à internet. Tout peut ensuite être téléchargé (supports de cours, vidéos, exercices, conférences...). Le plus souvent, ces prix sont inclus dans le prix de la formation. Certains organismes prennent même le prix de la connexion à leurs frais. Un exemple : M. Cardoso, responsable de la formation à l’informatique chez Renault, estime que « un cours sur Internet revient à 23 francs de l’heure, contre 80 à 175 francs pour une formation classique ». D’autres grands groupes ayant testé le e-learning tels que Etam ou Cisco, mettent également en exergue les économies qu’ils ont réalisées, et si l’on en croit l’étude réalisée par Arthur Andersen 209 , 72% des entreprises sont unanimes sur la question. Le tableau suivant, inspiré de celui

208 Leborgne Tahiri Claudine (op. cit.) 209 Andersen Arthur (2000). L’irrésistible ascension du e-learning, Article téléchargeable à l’adresse : http://www.arthurandersen.fr, consulté le 4 août 2007

173 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives présenté par Mahmoud Baklouti (2003) 210 donne une idée du coût estimatif comparé d'une formation présentielle classique et d'une e-formation pour 30 personnes qui se déplaceraient par exemple de trois provinces du Gabon (Woleu Ntem, Nyanga et Ngounié), pour aller suivre une formation de10 jours à Libreville.

Tableau 17 : Coût estimatif (en francs CFA) comparé d'une formation présentielle classique et d'une FAD

Formation classique FAD Déplacement par voie terrestre (30 personnes) (aller-retour) 1.200. 000 0 Hôtel et repas (30 x 10j) (repas midi et soir) 2.100.000 0 Taxi pour se rendre au lieu de formation et autres frais 300000 0 Location de salle (10j) 300000 0 Formateur à plein temps (10 jours à 5000 CFA/h)* 400000 0 Tuteur à temps partiel (2 h/j x 10j x 10000 CFA/h) 0 200000 Manuel de stage (30 x 1000 CFA) 30000 0 Réseau bande passante 0 70000 Location PC /amortissement 0 100000 Total 4330000 370000 Total par apprenant 144333 12333 *Une journée de formation est équivalente à 8 heures de formation

Les données fournit par le tableau 17 montrent que la FAD semble présenter de nombreux avantages pour l'entreprise et pour les salariés. En effet, les frais de transports ou d'hébergements des stagiaires qui grèvent considérablement les budgets sont supprimés. De même, les frais liés à la prestation du formateur sont moindres ou lissés, tout comme les frais de déplacement. Le temps d'apprentissage personnel est également réduit. Ainsi, en se consacrant uniquement aux points qu'il souhaite approfondir,

210 Mahmoud Baklouti (2003 ). E-learning : Présentation, aspects, enjeux et avenir . Mémoire présenté pour l’obtention du diplôme de mastère spécialisé en management de l’ingénierie, Université de Sfax pour le sud, En ligne, Téléchargeable à l’adresse : http://www.procomptable.com/papier_recherche/mmbf.htm, consulté le 4 octobre 2007.

174 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives l'apprenant se forme plus rapidement. Le coût de son indisponibilité est donc fortement réduit. De plus, ses nouvelles compétences favoriseront sa contribution aux résultats de l'entreprise.

Toutefois, si les avantages véhiculés par la FAD semblent significatifs, on ne peut taire certaines difficultés et enjeux liés à ce type de pratique. Plusieurs des avantages cités plus haut peuvent en effet représenter des inconvénients pour certaines personnes. Ainsi, travailler à la maison demande beaucoup d’autonomie, de motivation et de discipline, notamment en raison des nombreuses distractions (téléphone, télévision, tâches ménagères, …). Cela entraîne, comme le dit (Saucier, 2002) 211 , un taux d’abandon de l’ordre de 15 à 20%. De plus, certaines personnes ne conçoivent pas que l’on puisse apprendre chez soi et par soi-même, tandis que d’autres craignent que la FAD amène «une rationalisation et une dépersonnalisation de l’enseignement» (Lapalme, 2003) 212 . Par ailleurs, le nombre d’accès à Internet est relativement faible encore surtout dans les pays en voie de développement, la qualité des contenus pédagogiques et les formules tutorées ne permettent pas toujours d’éviter que certains salariés abandonnent leurs processus de formation en cours de route. D’autre part, certains reprochent à la FAD de venir gruger la clientèle des établissements scolaires mais selon nous, elle permet surtout à des gens qui n’iraient pas à l’école autrement de suivre une formation scolaire. Il devient ainsi possible de former les populations d’employés qui sont habituellement exclus des plans de formation de l’entreprise, comme les CDD, les intérimaires ou les vacataires extérieurs. D’autres lacunes existent encore dont certaines sont évoquées par Objectif 2010 213 : « - le sentiment d’isolement (pour éviter cela, il est très important, selon nous, d’intégrer le plus possible un aspect humain à l’enseignement à distance en favorisant au maximum les échanges interpersonnels entre les enseignants et

211 Saucier, Robert (2002). Échecs et maths. Profil des résultats scolaires à distance 1995-2001 , En ligne à l’adresse : http://www.sofad.qc.ca/pdf/echecs_et_maths.pdf. mai 2002, Consulté le 16 mars 2007. 212 Lapalme Marie-Êve (2003). Portrait de l’université virtuelle renouvelée et de ses enjeux pédagogiques, École des hautes études commerciales de Montréal, 2003. 213 Le nouveau projet académique OBJECTIF 2010 se donne pour objectif général d'élever le niveau de qualification des jeunes aquitains en accueillant, formant et accompagnant chaque élève pour une insertion sociale et professionnelle réussie, et de participer au développement économique, social et culturel de l'Aquitaine.

175 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

les apprenants, mais aussi entre ces derniers. D’où aussi l’intérêt des regroupements et du mode présentiel alternés avec la formation à distance) - les pré-requis sur les TIC pour éviter la démotivation et les différences de niveau d’équipement et d’accès à Internet des participants, notamment pour le haut débit (les formations commencent en général par des remises à niveau « techniques ») - les difficultés à maîtriser une méthode de travail inconnue (on ne doit pas « lâcher » quelqu’un dans un cycle à distance sans encadrement) - la difficulté pour certains publics à travailler seuls et d’avoir la capacité à organiser son temps - la conception des ressources (temps extrêmement long lors d’approches réellement interactives. On parle souvent de cinquante heures de préparation pour une heure d'utilisation pour un module FOAD soigné) - le problème du recrutement et de la formation des « e-tuteurs » - les questions budgétaires liées aux infrastructures, à la conception et à l’animation de la formation à distance (8 campus numériques sur 10 déclarent avoir des problèmes de financement de leur projet) 214 »

Bien qu’il soit difficile de mesurer l’ampleur de ce phénomène à l’échelle mondiale, on peut toutefois signaler que la croissance de l’apprentissage en ligne est fulgurante. Quelle est la situation actuelle de ce type de formation ?

III - APERÇU DE LA SITUATION ACTUELLE DE LA FAD

3.1 – Situation de la FAD au niveau international Au fil des années, un certain nombre de facteurs ont profondément modifié l’image de la FAD, qui apparaît aujourd’hui comme un moyen adapté et efficace d’éducation et de formation d’adultes. L'essor vertigineux des technologies de l'information et des communications (TIC) a eu pour effet de renforcer et de diversifier davantage les

214 Le Projet Objectif 2010. La formation ouverte et à distance. Téléchargeable à l’adresse : http://www.formation.ac-bordeaux.fr/formation/fo_foad_ava.html (consulté le 20 janvier 2008)

176 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives modalités de prestation des programmes de ce type de formation, si bien qu’aujourd'hui, tout le monde s’accorde à dire que l’heure est à l’internationalisation de l’éducation. Pour désigner cette nouvelle "face" que porte désormais la FAD, Peter Drucker 215 , parle de la "Webucation" (terme francisé en webéducation ) qui, selon lui, serait le nouvel eldorado de l'Internet et l'enseignement à distance, son moteur de croissance. En effet, la FAD fondée sur une utilisation des TIC est le mode de transmission des connaissances le plus moderne qui soit. Il s’est développé très vite ces dernières années, visant d’emblée un public mondial, comme l’a bien démontré le Salon mondial du marché de l’éducation (World Education Market) dont la session s’est tenue à Vancouver (Canada) du 24 au 27 mai 2000.

Dans son intervention lors de la Conférence sur l’e-learning tenue à Bruxelles en mai 2005, Fabrizio Cardinali, de Giunti Interactive Labs (Italie), a qualifié le développement de l’e-learning à la fin des années 1990 de « grande vague », et celui du début de ce siècle de « tsunami ». En effet, depuis 1994, l’EAD a connu un développement marquant grâce à Tim Berners-Lee, co-inventeur avec Robert Cailliau du World Wide Web. En dix ans seulement, le domaine de l’apprentissage en ligne a progressé au point où la plupart des collèges et universités au Canada offrent une forme ou une autre d’études en ligne. Selon les estimations des analystes de l’IDC (firme mondiale d’analystes et de consultants sur les TIC), le marché de l’apprentissage en ligne des entreprises d’Amérique du Nord était de l’ordre de 15 milliards de dollars en 2004 et la croissance annuelle du marché global de l’apprentissage en ligne était de 69%. Aux Etats-Unis par exemple, selon le site http://www.elearners.com/colleges/index.asp3, en 2004 ou 2005, il existerait 904 programmes, 406 disciplines, 6 199 cours et 108 universités en ligne. D'après une récente enquête réalisée en partenariat entre The College Board et le Sloan Consortium 216 (la plus importante association d'établissements utilisant les formations en ligne), le E-learning connaît un succès grandissant aux Etats-Unis. A la rentrée 2005-2006, 3.2 millions d'étudiants s'étaient inscrits à au moins un cours en ligne auprès d'un établissement

215 Peter Drucker (2000). Webucation, Article téléchargeable à l’adresse : http://www.forbes.com/forbesglobal/00/0515/0310092a.htm (consulté le 12 janvier 2008). 216 Pour télécharger l'étude " Making the Grade : online Education in the United States, 2006 " http://www.sloan-c.org/publications/survey/index.asp (consulté le 1er févier 2008)

177 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives sanctionnant ses formations par un diplôme. Et ce nombre a doublé en 3 ans ! Cette enquête, réalisée sur plus de 2.200 universités américaines, montre que 6 directeurs de programme sur 10 estiment que le E-learning est un élément clef à inclure dans les stratégies de long terme des établissements d'enseignement supérieur. Aujourd'hui, pratiquement toutes les universités de 15.000 étudiants et plus offrent quelques cours en ligne (dont 2/3 proposent des programmes complets, contre un sur six pour plus petits établissements - de 1.500 étudiants ou moins). Les Community Colleges s'impliquant particulièrement dans ce style de pédagogie, ces dernières proportions pourraient rapidement changer, et cela malgré quelques appréhensions du fait de l'autodiscipline nécessaire pour réussir à suivre ces formations. Depuis quelques années, de grands pôles américains d’enseignement en ligne se sont constitués, comme la firme Apollo Group qui a racheté en 1995 la Western International University et possède l’université de Phoenix, une des plus grandes universités du pays. Les grands campus américains se sont également dotés d’une puissante force de frappe en s’alliant parfois avec des britanniques. Standford, Yale, Princeton, et Oxford (Royaume Uni) ont associé leurs ressources pédagogiques pour créer une Alliance universitaire sur Internet. Cinq universités (Stanford, Columbia, Chicago, Carnegie Mellon et la London School of Economics) se sont alliées à l’entreprise Unext.com pour proposer les formations en ligne. Au Canada, le marché de l’apprentissage en ligne était estimé à 145 millions de dollars en 2000 et, selon IDC Canada, les dépenses dans ce secteur devraient atteindre 1,5 milliards de dollars en 2006. Il existe au Canada quelques grands établissements provinciaux au niveau du secondaire comme au niveau universitaire, de même que des services de télévision éducative. On trouve par exemple des universités spécialisées dans l’enseignement à distance au Québec, en Alberta et en Colombie-Britannique. Des modèles de consortiums se sont également multipliés dans de nombreuses provinces. D’après Brandon Hall, un spécialiste reconnu du domaine, en 2006, les dépenses engagées pour l’apprentissage en ligne le seront majoritairement par les entreprises et les établissements d’enseignement postsecondaire.

Au sein de la Communauté Européenne, l’enseignement à distance existe depuis longtemps, à travers de multiples structures. Mais, la fragmentation de l’espace

178 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives universitaire européen ne facilite pas la réplique face à l’offensive des offreurs d’éducation américains. En effet, la diversité culturelle, l’éventail des langues utilisées, les différences en matière de traditions éducatives ont fait de l’enseignement l’affaire de chaque pays, et il existe encore peu d’exemples en Europe de prestations internationales d’éducation à distance qui soient menées à bien. L’étude sur le marché européen du e- learning pour la Commission européenne, menée par Jane Massy, entre novembre 2003 et janvier 2004, nous le confirme, en voici les conclusions :

« - Il n'y a pas de marché européen du e-learning mais des segments, où le e- learning est en déploiement, qui peuvent vaguement être liés entre eux. - Le "marché" européen s'élèverait à moins de 5 millards d'euros (produits technologiques, contenus et services). - Les segments du marché du e-learning ne connaîtront pas de décollage dans un futur immédiat. - Les activités commerciales sur le champ de la formation en entreprise pour le e- learning, secteurs public et privé confondus se montent à moins de 4 milliards d'euros en 2003. - Les activités de e-leaning dans l'enseignement supérieur sont évaluées à 150 millions d'euros. - Les échanges commerciaux transfrontaliers du secteur sont inexistants. - Les évaluations en ligne progressent sous le coup de directives politiques et stimulent les ventes de services ou de technologies. - Il faudrait repenser les politiques de financement, notamment en direction de l'enseignement supérieur car la "faible qualité" des réalisations représente une barrière à la croissance et à l'adoption de programmes e-learning. - Les opportunités commerciales du e-learning se situent majoritairement en Asie en raison des économies d'échelle réalisables sur ce continent étendu et peu en Europe.

179 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

- La majorité des entreprises de technologies du e-learning sont de très petites unités . 217 »

Malgré ce tableau peu élogieux, des efforts en matière d’intégration politique et économique font aujourd’hui évoluer la situation. Ces dernières années, l’Union européenne n’a cessé de multiplier les éléments d’éducation à distance dans ses programmes éducatifs et elle a expressément inclus l’enseignement ouverte et à distance dans le Traité de Maastricht. En Europe centrale et orientale, l’éducation à distance est considérée comme un moyen important de soutenir le processus de transformation vers des sociétés démocratiques et axées sur le marché. Depuis la deuxième moitié des années 1980, plusieurs réseaux régionaux ont vu le jour dont le Réseau européen d’enseignement à distance et du e-learning (EDEN), l’Association européenne des universités d’enseignement à distance (EADTU) et l’International Council for Distance Education (ICDE). Ces réseaux participent à la promotion et la mise en œuvre des projets collaboratifs dans de multiples secteurs et à différents niveaux. L’ESC Toulouse a ainsi créé une formation aéronautique-espace, suivi aujourd’hui par des étudiants de treize nationalités à Toulouse, à Singapour et aux Etats-Unis, avec tutorat à distance. Des initiatives importantes de développement de formations en ligne se multiplient et des établissements prestigieux ont été créés dans différents pays européens, notamment au Royaume Uni avec en particulier. L’Open University et l'University for Industry (UfI), en Espagne l’Université nationale d’enseignement à distance (UNED) et l’Université ouverte de Catalogne (UoC), en Allemagne avec la Fernuniversität ainsi que l’Université ouverte des Pays-Bas et l’Université ouverte du Portugal. Les formations à distance en France sont présentes sous différents organismes : l’AUF ou agence universitaire de la francophonie, le CNED ou centre national d’enseignement à distance, CURSUS qui est un répertoire international de formation, Formasup, programme numérique de campus universitaire et Telesup qui le complète. Algora-Formation et Thot sont davantage liés aux enseignants et à la logistique.

217 Massy Jane (2003). Etude sur le marché européen du e-learning pour la Commission européenne , consultable à l’adresse : http://www.ec.europa.eu/education/programmes/elearning/doc/studies/market_study_en.pdf, (consulté le 22 octobre 2007).

180 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

En Australie, le programme national australien d’éducation et de formations flexibles est un plan stratégique sur cinq ans auquel sont affectés 22,4 Millions € par an. À cela s’ajoutent les participations des différentes provinces qui ont leurs propres financements dans ce domaine. Sur l’ensemble des étudiants des universités australiennes, 14% (soient 95.300) reçoivent une éducation à distance. L’accréditation et la qualification sont accordées aux établissements par un organisme national.

En Nouvelle-Zélande, le gouvernement a créé un comité de pilotage pour le e-learning. Ce comité, composé de neuf experts, donne des avis au gouvernement quant aux actions à mettre en œuvre pour faciliter, développer et coordonner l’enseignement à distance.

L’Amérique latine compte plus d’un million d’étudiants à distance au niveau tertiaire (Banque Mondiale, 1998b) et l’Asie près de 3,5 millions dont près de 1,4 millions pour la chine. En Inde par exemple, près de 25 % des étudiants ont accès à une telle formation. La Indira Gandhi Open University rejoint déjà à elle seule 1,5 million d'étudiants. Le gouvernement indien désire même augmenter, au cours des prochaines années, ce pourcentage afin qu'il atteigne 40 %.

Cependant, bien que cela puisse paraître paradoxal, la FAD n'est pas un fait récent en Afrique. L’University of South Africa (UNISA) (http://www.unisa.ac.za) est devenue une université par correspondance à part entière en 1946. Aujourd'hui, elle compte plus ou moins 250 000 étudiants. Depuis lors, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc et l’ensemble des pays anglophones ont développé des plates-formes endogènes de formation à distance. Qu’en est-il de l’Afrique subsaharienne francophone ?

3.2 – La FAD en Afrique subsaharienne francophone La structure sociogéographique du continent africain permet de distinguer le Maghreb (Afrique nordsaharienne) de l’Afrique subsaharienne (ASS), qui se subdivise en trois

181 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives groupes de pays : l’ASS francophone (ASSF), l’ASS lusophone, et l’ASS anglophone 218 . Contrairement aux Etats Unis et à l’Europe séduits très tôt par l’idée de recourir à la FAD pour offrir une forme différente d’enseignement extrascolaire et ouverte aux enfants et aux adultes, les pays francophones d’Afrique subsaharienne sont parmi les derniers à expérimenter cette formule. Un état des lieux de l’enseignement à distance et apprentissage libre en Afrique Subsaharienne, publié en 2001 par le Réseau Africain de Formation à Distance (RESAFAD), montre que l’enseignement à distance au sens large s’est déployé en Afrique Subsaharienne dès les années 70, inspiré du modèle européen 219 . Il faut noter qu’en dépit de la percée de l’Internet, le développement de la FAD n’a pas encore atteint une envergure comparable à celle qu’elle connaît en Afrique anglophone. En effet, l’enseignement à distance au niveau post-secondaire a une longue histoire en Afrique anglophone, le premier programme remontant à 1873 avec la création de l’Université du Cap de Bonne-Espérance ( University of the Cape of Good Hope) , devenue l’UNISA (University of South Africa), en Afrique du Sud. Cette université, l’une des 11 méga-universités du monde, accueille aujourd’hui, d’après Ulysse Bergeron (2006) 220 , plus ou moins 250000 étudiants inscrits à des formations diplômantes et produit 10 000 diplômés par an. Le Botswana, la Tanzanie et le Zimbabwe ont également créé des établissements d’enseignement supérieur totalement dédiés à l’éducation à distance. La Zimbabwe Open University compte déjà près de 10 000 inscrits qui se répartissent entre neuf programmes et elle vient de créer un programme de maîtrise en éducation pour les enseignants en exercice. Le Ghana et la Namibie ont officiellement fait d’un enseignement bimodal leur politique nationale (enseignement présentiel et à distance).

Ce retard trouve probablement son explication dans le fait qu’au lendemain de leur accession à l’indépendance, la plupart de ces pays sont surtout préoccupés par le

218 Jessen M. (1999). L’Afrique subsaharienne , In M. Tawfik, G. Bartagnon et Y. Courrier (dir.), Rapport mondial sur la communication et l’information 1999-2000 (p. 201-221), Paris : UNESCO, Disponible à l’adresse : http://www.unesco.org/webworld/wcir/fr/report.html (consulté le 20 janvier 2008). 219 Valérien J., Guidon J., Wallet J., Burnswic E. (2002). Enseignement à distance et apprentissage libre en Afrique Subsaharienne, Etat des lieux dans les pays francophones fin 2001 , rapport publié par le RESAFAD pour l’Association pour le Développement de l’Education en Afrique (ADEA), Paris. 220 Ulysse Bergeron (2006). Universités - La formation à distance permet d'assurer l'éducation dans les pays en voie de développement , Article téléchargeable à l’adresse : http://www.ledevoir.com/2006/05/20/109507.html - 47k (consulté le 14 juillet 2007).

182 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives développement de leur système éducatif confronté à différents problèmes tel que le manque de formateurs qualifiés, la croissance de l’enseignement élémentaire, le manque d’établissement d’enseignement supérieur,…. Et, comme le précise le rapport publié par le Groupe de travail de l’ADEA « la FAD n’était pas à l’ordre du jour »221 . En effet, rares sont les quelques personnes qui suivaient des cours individuels par correspondance délivrés par des opérateurs américains ou européens. Ce nombre reste d’ailleurs inconnu de nos jours bien que cette pratique existe encore et se développe de plus en plus. Pour Jacques Guidon et al. (2001), auteurs d’une étude réalisée pour l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA), de nombreux facteurs expliquent cette situation : « les formations institutionnelles francophones sont souvent gratuites, et les frais ne sont pas couverts. La francophonie ne dispose pas d’une structure susceptible de proposer ses propres diplômes. Les technologies véhiculent une nouvelle manière de penser, qui bouscule des valeurs culturelles. L’utilisation sans précautions de systèmes et de documents venus du Nord entraîne des blocages, ou reste inefficace. L’offre non francophone, plus souvent d’origine privée, est beaucoup mieux diffusée, présentée, objet d’un meilleur marketing. Infrastructures, équipements, espace à desservir, validation, publics, gestion du temps, complémentarité distance-présentiel, sont autant de chantiers ouverts 222 ». Aujourd’hui encore, ce mode d’enseignement ne suscite qu’un faible intérêt.

Plusieurs observateurs, à l’instar d’Anand R. Rumajogee (2003) 223 , s’accordent à dire que l’histoire de la FAD dans les pays francophones d’Afrique subsaharienne est surtout caractérisée par une alternance de projets pilotes suivis de rupture et de récession. Dans certains pays, elle a débuté avec les cours par correspondance dans les années 1960. Dans d’autres, la radio scolaire et la télévision éducative ont été expérimentées vers les années 1970. De nombreux projets novateurs avaient été lancés, certains ont pu faire long feu. La plupart, par manque de moyens financiers et autres ressources, ne furent pas plus tôt

221 Valérien, Guidon, Wallet, Burnswic (op. cit). 222 Guidon J. et al. (2001). Enseignement à distance et apprentissage libre en Afrique subsaharienne. Paris, ADEA, 2001, disponible sur le site : http://www.adeanet.org/wgdeol/publications/enseign_distance_12092002.pdf. (Consulté le 27 septembre 2007). 223 Rumajogee Anand R. (2003). Le statut de l’enseignement à distance et de l’apprentissage libre dans les pays francophones de l’Afrique subsaharienne. L’usage des réseaux pour l’éducation en Afrique. Actes des rencontres RESAFAD-TICE, 2003.

183 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives créées qu’elles durent cesser leur activité . A l’image du CNED, on assista à la création d’un certain nombre de centres d’enseignement qui ont élargi l’accès au premier cycle du secondaire grâce non seulement à la radio, mais aussi et surtout à des cours par correspondance. Ces centres devaient servir à la fois de centres d’information, de documentation, de direction des études et d’orientation. Si ces centres n’étaient pas particulièrement efficaces (ils proposaient en effet ce qui était considéré comme une méthode pédagogique plus médiocre, conduite avec des ressources minimales pour les enfants qui avaient les moins bons résultats à la fin du cycle primaire), ils n’en apportaient pas moins, pour un coût par élève modeste, une instruction à des enfants qui, autrement, en auraient sans doute été privés (Unesco, 2001).

D’après une étude thématique publiée par l’Unesco (2001), certains projets de téléenseignement et de technologie sont entrés en vigueur en Afrique dès 1962. Au Mali par exemple, l’Institut pédagogique national mit sur pied un service de télé-enseignement pour réaliser la formation continue des enseignants. C’est dans la même année qu’INADES-formation expérimente à son tour un projet de téléenseignement en Côte d’Ivoire sur l’éducation de base et non formelle pour adultes. D’après Kokou Awokou (2007), au cours des vacances d’été 1968, un programme d’enseignement à distance animé par la Coopération française fut de nouveau mis en place en Côte d’Ivoire, destiné cette fois aux élèves des classes terminales suite à l’échec massif enregistré cette année au baccalauréat durant la session de juin : c’est l’opération "Télé-Bac" qui rencontre un grand succès 224 .

Dans d’autres pays, la radio scolaire et la télévision éducative ont été expérimentées depuis les années 1970. Cette décennie va correspondre à une période où la communauté pense que la diffusion des connaissances, grâce à la radio et à la télévision, va permettre une généralisation rapide de l’enseignement. Plusieurs pays, toutes catégories de revenus confondues se dotèrent ainsi de service de radio télédiffusion éducative pour améliorer la

224 Awokou Kokou (2007). Enseignement télévisuel et radio éducation en Afrique occidentale francophone de 1960 à 1980, un bilan contrasté , Article téléchargeable à l’adresse : http://www.adjectif.net/spip/spip.php?article13, (consultée le 27 septembre 2007).

184 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives qualité de l’éducation scolaire et pour ouvrir l’enseignement à des publics extérieurs. En Côte d’Ivoire par exemple, l’entreprise la plus ambitieuse de recours à la FAD est mise sur pied. En effet, lancé en 1971, le Programme d’Enseignement Télévisuel ou PETV avait pour objectif d’accroître la qualité de l’éducation de base et élargir l’accès à un grand nombre d’élèves. Toujours d’après ce rapport, le taux de scolarisation connu un bond spectaculaire qui se produit en moins de 5 ans passant de 20% à 80%) En 1975, 235000 écoliers étaient scolarisés dans ce cadre (Unesco, 2001) et, pour la seule année 1976 un plan de formation des maîtres va concerner près de 2000 élèves-maîtres. Mais, pour des raisons économiques et sociales, la Côte d’Ivoire y mit un terme en 1981. Car même si selon les prévisions à long terme, les coûts par élève devaient finalement tomber à un niveau bas par rapport au système d’enseignement général, les coûts revenant à l’Etat ivoirien atteignirent des sommes que celui était incapable d’assumer. A propos de cette expérience qualifiée par certains de désastreux, voici ce qu’on peut lire dans un rapport de la Banque mondiale : « Si les études d’évaluation faisaient apparaître des résultats positifs, le projet a pourtant sombré sans laissé de trace et, d’après les éducateurs, on n’avait jamais autant gaspillé, y compris si on tient compte des financements bancaires, dans des programmes télévisés aussi médiocres et inopérants. Le projet faussa les attitudes vis-à-vis de l’éducation à distance parmi les organisations d’aide internationale au développement et les bailleurs de fonds »225 .

C’est dans la même période, en 1970, que l’Université Marien Ngouabi du Congo mit également en place un service de formation à distance par correspondance aux niveaux Deug, Licence et Maîtrise. Cette expérience s’était révélée efficace puisque l’apprentissage s’en trouvait amélioré. Cependant, pour des raisons presque analogues à celles de la Côte d’Ivoire, et surtout à cause des méthodes d’enseignement dépassées et souvent de mauvaise qualité, le service dû s’arrêter dix ans plus tard, en 1990.

225 Hawkridge D. (1987). General operational review of distance education, Washington, D. C., Education and Training Department, Banque mondiale (Polycopié.)

185 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

De cette revue succincte de la situation de l’EAD se dégagent certaines caractéristiques qui sont particulières à l’éducation en Afrique Subsaharienne francophone. Djenabou Baldé (2004) 226 , en citant Jean Valérien et al. (op. cit.), en note cinq : - La prédominance des contenus importés par rapport aux contenus nationaux : les contenus de formation endogènes africains se retrouvent uniquement dans les formations dispensées par le CNTEMAD, l’INADES, l’ISPEC qui ont été conçues sur place. La majorité des opérateurs ont recours à des contenus importés provenant essentiellement du Nord. - L’importance de l’intervention des agences d’aide et des coopérations : encore une fois, seul le CNTEMAD a été conçu au départ sans aucune aide extérieure par une équipe nationale avec des contenus nationaux. La plupart des autres programmes repose sur une initiative venant de partenaires extérieurs nombreux et variés (coopérations bilatérales, multilatérales francophones, Banque mondiale, …) apportant, au-delà de l’idée, appui technique et financement. Nombre de ces formations ont un caractère sous-régional, ce qui pourrait peut être expliquer l’importance de l’intervention extérieure. Il faut par contre noter la contrepartie négative de cet apport qui réside dans la non pérennité des projets ; en effet, dès que le financement extérieur s’arrête, les projets aussi, le plus souvent prennent fin. - La montée en puissance récente de l’utilisation des TIC et de l’Internet : les applications de TIC sont plus nombreuses en matière de développement, de production et d’économie, de culture et de société, que dans le domaine de l’éducation et de la formation. Et l’offre de formation à distance apporte une démonstration, s’il en était besoin, qu’en matière de TIC comme dans toutes les activités humaines, l’éducation ne constitue pas un moteur de l’innovation. En effet, le guide du Web africain www.Mbolo.com recense fin 2001, 4500 sites africains. Les services marchands y tiennent le haut du pavé (entreprises, publicité, culture et société, e-commerce, etc.), et l’éducation reste le parent pauvre.

226 Djenabou Baldé (2004). Enseignement à distance : stratégie alternative d'amélioration de l'accès à l'enseignement supérieur en République de Guinée . (Thèse de Doctorat en éducation, Université de Versailles Saint-Quentin, France, p. 54.

186 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

- L’absence de banques de données et de programmes africains francophones : le faible développement de la formation à distance et l’important recours à des contenus étrangers expliquent l’absence de banques de programmes et de banques de données relatives à des contenus africains francophones. - L’absence d’implication des enseignants chercheurs : cette absence de recherche est manifeste dans toutes les bibliographies déjà publiées. En effet, en dehors de rapports d’experts, bien peu de chercheurs africains se sont penchés sur l’enseignement à distance.

Cette revue brève de la formation à distance en Afrique Francophone va nous permettre d’examiner la situation de la FAD au Gabon.

3.3 - La situation de la formation à distance au Gabon : acquis et perspectives Le Gabon est certainement le premier pays d'Afrique centrale à offrir des cours nationaux sur le net, grâce à la mise en réseau, en février 2000, de l’Université des Sciences et Techniques de Masuku qui, en temps réel, véhiculerait vers le laboratoire sismologique d'Albuquerque au Nouveau Mexique (USA), les données sismiques recueillies au Gabon. Louis Martin Onguene Essono (2000) 227 avance à ce propos que : « La République du Gabon s'entoure de toutes les structures technologiques pour insérer les TIC dans les mœurs et appliquer ainsi les recommandations de Bamako 2000 » L’auteur souligne cependant que « …Mais, la formation à distance reste le parent pauvre de cette révolution technologique qui pourrait sauver la jeunesse de l'analphabétisme ». La formation à distance reste en effet, si l’on emprunte l’expression de l’auteur, le "parent pauvre" de la révolution technologique qui s’opère dans le pays depuis quelques années. Jusqu’aujourd’hui, ce type de formation n’a pas encore fait son entrée dans le système éducatif gabonais. Par conséquent, aucune structure éducative ne dispose de plate forme dédiée à la formation à distance aussi bien dans le public que dans le privé. Précisons à l’occasion qu’en dehors du secteur éducatif qui, nous l’avons vu, a quand même fait l’objet d’expériences en FAD (même si elles n’étaient pas concluantes), aucun autre secteur d’activité n’a encore à proprement parlé expérimenté un projet de FAD. Mais à

227 Onguene Essono Louis Martin (2000). Le Gabon a les atouts pour piloter la formation à distance en Afrique Centrale, mais... Article paru dans Thot.

187 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives travers des structures comme le Campus numérique francophone, des étudiants, des professeurs et même des professionnels gabonais ont accès à la formation à distance et peuvent accéder à des filières de formation et donc à des diplômes qui n’existent pas dans le système éducatif gabonais. Ainsi, en matière de FAD en fonction de ses intérêts et de ses moyens, chacun y donne du sien.

Il importe de retenir, nous en avions fait état dans notre mémoire de DEA (2002) 228 , que le système éducatif gabonais n’avait pas connu d’expérience en tant que telle en matière de technologie éducative, à l’instar des autres pays d’Afrique francophone (la Côte d’Ivoire, le Togo…). Néanmoins, durant les années 80, une émission éducative " Etes- vous crac ou super crac " destinée aux jeunes apprenants, avait pour but de les familiariser avec les mathématiques et la langue française. Aujourd’hui, les rares émissions pédagogiques qui sont enregistrées à la radio et à la télévision sont souvent de courte durée (10 à 15 minutes), c'est le cas de l'émission " English. on. T-V", diffusée par la radio télévision gabonaise (RTG chaîne 1). Ainsi, mis à part quelques initiatives privées isolées et quelques projets récents, la plupart des projets en matière de FAD initiés au Gabon n’ont jamais vu le jour et, ceux qui ont démarré ont aussitôt effondré. C’est le cas de la radio scolaire expérimentée pour la première fois à la rentrée scolaire 1966-1967. Ce projet qui avait pourtant eu l’aval du gouvernement et probablement des bailleurs de fonds (vu l’équipement et les moyens alloués au projet) a dû s’arrêter quelques années plus tard. François Bika Bi-Ngoua 229 précise que, pour la réalisation de ses activités de recherche et d'animation pédagogique, il avait été installé à l’IPN (Institut Pédagogique National) un studio d’enregistrement du son, disposant d’un tourne-disques, d’un magnétophone de studio, de quelques micros et d’un magnétophone de reportage. L’étude précise également qu’un conseiller pédagogique ayant suivi la formation à St Cloud de 1963 à 1964 et passé une année au CRDP de Toulouse, était chargé de l’animation de ce dispositif. La même étude précise que la maintenance de l’équipement

228 Obono Mba Anasthasie (2002). Les technologies de l'information et de la communication dans l'enseignement secondaire. Nouvelles menaces d'exclusion ou nouvelles chances pour les systèmes éducatifs des pays d'Afrique subsaharienne. Cas du Sénégal et du Gabon. Mémoire de DEA, Sciences de L'éducation, Académie de Paris, Université René Descartes Paris 5 (Sorbonne), Faculté des Sciences Humaines et Sociales. 229 Bika Bi-Ngoua François (op. cit.)

188 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

était également assurée par un technicien coopérant de 1968 à 1978. En 1982, l’IPN pris encore une fois, l’initiative de former les enseignants à distance, en organisant, cette fois, des cours par correspondance, dont les objectifs principaux étaient de former massivement les enseignants du 1 er degré et accroître leur niveau de professionnalisation. Ce projet fut à son tour interrompu en 1988. En 1991, l’IPN prit part à l’"Ecole Francophone d’été" à laquelle participaient également les Instituts Pédagogiques Nationaux (IPN) du Mali, et de Guinée, des équipes nationales et universités du Burundi, Cameroun, Congo, Niger, Sénégal…et même certains départements ministériels comme ceux de Centrafrique et du Togo. Ce programme qui visait à la création ou au développement d’institutions nationales de formation à distance dans ces différents pays sera malheureusement arrêté en 1993 lorsque l’Agence cessa son financement. En 1996, suite à la signature d'un accord-cadre entre le Ministère de l’éducation nationale et l’ACCT, un nouveau programme de formation des agents du système éducatif gabonais fut initié. Ce dispositif destiné aux enseignants de français, avait pour objectif le recyclage des enseignants du secondaire en cours d’emploi dont le niveau académique dépassait la plupart du temps le baccalauréat et dont la formation professionnelle s’était faite le plus souvent “ sur le tas ”. En somme, le résultat de ce type d'actions nationales conduites jusqu’à présent reste modeste. La principale raison, nous nous le disons, serait de ne pas suffisamment associer dès le départ l'ensemble des acteurs sur le terrain pour renforcer le sentiment d’implication et de complémentarité. Le plus souvent, ces actions ont souvent été perçues comme venant en concurrence avec des dispositifs existant localement.

Dans le cadre de la coopération entre le Gabon et le Canada, l’Université Laval avait mis en place à l’ENS (dans les années 2000), un programme de Maîtrise en didactique des disciplines qui s’est matérialisé par l’inscription de 37 étudiants (enseignants permanents et vacataires de l’ENS et ceux du secondaire) à la faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval dans différentes disciplines. Les enseignements étaient assurés par les professeurs de Laval, à raison de deux sessions par an. Entre les sessions, les étudiants restaient en contact permanent avec leurs professeurs, grâce à Internet en effectuant des

189 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives travaux qu’ils expédiaient en fichier joint à leurs enseignants. Ce programme a dû s’arrêter en 2004.

ÉLÉMENTS DE SYNTHÈSE

Ainsi, nous avons eu l’occasion de voir que d’une manière générale la FAD ou l’EAD remonte au XIX ème siècle avec l’enseignement de la sténographie par correspondance au Royaume-Uni. Depuis, il connaît un véritable succès à travers les trois générations d’enseignement à distance. Dans certains pays tels que le Canada et les Etats-Unis, environ la moitié de leurs universités déclare avoir une activité d’enseignement à distance, et sont devenus exportateurs des services de formation par Internet vers, le plus souvent, les pays en voie de développement. L’Afrique n’est pas restée en marge de ce mouvement. Pour preuve, l'Université d'Afrique du Sud (UNISA), fondée en en 1873, est l'une des plus importantes universités par correspondance du monde. Les pays francophones comme le Bénin, la Guinée et le Burkina Faso se sont consacrés à des activités de formation des enseignants du primaire et du secondaire ou de formation professionnelle de courte durée. Jusque là, seuls le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, l’Île Maurice, le Sénégal et Madagascar offrent des programmes d’enseignement supérieur en collaboration avec des universités étrangères. Il conviendrait toutefois de noter parmi les expériences africaines, la prédominance des contenus importés par rapport aux contenus nationaux, l’importance de l’intervention des agences d’aide et des coopérations, la montée en puissance récente de l’utilisation des TIC et de l’Internet. Au Gabon, l’EAD remonte à 1966 avec la radio scolaire. Depuis, plusieurs projets ont été initiés mais la plupart ont avorté. Le dernier, initié par l’Université Laval, n’a formé qu’une seule promotion d’étudiants. Au plan national, il n’existe aucun dispositif spécifique entièrement dédié à la FAD. Certes, le campus numérique de Libreville propose des formations à distance, mais il ne joue jusque là qu’un rôle de plate-forme technologique. Son rôle se limite à faire la promotion des formations proposées par l’AUF et éventuellement à mettre des locaux et/ou des équipements informatiques à la disposition des étudiants sélectionnés.

190 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

En somme, ce qu’il faut retenir est que ce type de formation recourt à différents moyens de communication allant des documents imprimés aux outils de l’Internet, en passant par la radio, la télévision, les cassettes audio et vidéo, le téléphone ou le fax. Ainsi, la notion de formation à distance comprend aussi bien les cours par correspondance que le e- learning (apprentissages en ligne par le biais de l’Internet). Si ce mode d’enseignement s’est adapté à l’évolution des moyens de communication au cours des ans, il demeure toutefois souvent basé sur des media comme le support papier, la presse ou la radiodiffusion. Actuellement, sont adjointes à ces techniques les facilités issues de l’Internet, comme le courrier électronique, les forums de discussion, les plates-formes virtuelles de formation, etc. Selon Glikman (op. cit.), « les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), qui font appel à l’informatique, aux multimédias et aux réseaux, jouent un rôle croissant dans ce cadre, mais des supports plus anciens perdurent. Ce sont tout d’abord l’imprimé, mais aussi la radio, la télévision, les cassettes sonores et vidéo, le téléphone, le fax… Certains de ces supports permettent de diffuser la formation, d’autres d’établir une communication simultanée, aussi appelée synchrone ou différée, dite aussi asynchrone » La formation à distance via l’Internet est vieille seulement d’une dizaine d’année, le premier cours d’enseignement supérieur sur le Web ayant eu lieu en 1995 aux Etats-Unis (Bates, 2002) 230 .

A fin d’apporter une réponse aux différents éléments de la problématique dégagée plus haut et à chercher à remplir nos objectifs de recherche, il nous faut maintenant présenter l’approche méthodologique adoptée. C’est ce qui va faire l’objet du chapitre suivant.

230 Bates T. (2002). La cyberformation dans l’enseignement supérieur : développement de stratégies nationales , UNESCO : Institut international de planification de l’éducation, Paris.

191 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

CHAPITRE II : MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

Toute recherche utilise une démarche méthodologique appropriée. Par "méthodologie" nous entendons les moyens de découvrir les méthodes, les systèmes et les règles applicables à la conduite d’une recherche. Le précis de terminologie du Web en donne une définition analogue : « Ensemble des techniques, méthodes et procédures adoptées en terminologie pour arriver au but d'une recherche 231 ». Afin de donner plus d’éclaircissement au terme, Boaventura José Aleixo (2005, p. 87) 232 fournit une définition beaucoup plus détaillée du terme : « un ensemble d’opérations systématiques et rationnellement enchaînées afin de relier avec consistance : (l’intention, le but et l’objectif de la recherche ; la manière de poser le problème ; les techniques de construction du matériel et de leur validation ; les techniques de traitement transformant les données en résultats ; les procédures d’interprétation des résultats et de leur vérification ; la justification de différents choix), pour répondre aux critères formels et opérationnels auxquels elles doivent s’astreindre pour se voir accorder la crédibilité recherchée ».

La méthodologie choisie ayant grandement contribué aux résultats de notre travail, il paraît important de lui consacrer une place substantielle pour bien l’expliciter. Il s’agit donc dans les chapitres suivants de présenter et justifier les méthodes utilisées pour la recherche empirique, d’exposer les difficultés rencontrées, de décrire précisément la manière dont s’est déroulée la récolte des données sur le terrain, puis leur traitement, de spécifier le public ayant constitué notre échantillon et finalement de faire une incursion au niveau de la validation des données prises en considération. Dans la première partie, nous décrivons sans s’attarder sur les détails, le déroulement de l’enquête. C’est l’occasion pour nous de présenter les apports théoriques qui nous ont aidé à construire nos outils de recherche. Nous nous attarderons à démontrer de quelle manière nous en

231 Précis de terminologie : Méthodologie de recherche , Téléchargeable à l’adresse : http://www.bureaudelatraduction.gc.ca/pwgsc_internet/fr/publications/gratuit_free/man_termino/glossair e_f.htm (consulté le 28 juillet 2007). 232 Boaventura José Aleixo (2005). Analyse du processus de mise en place d’un dispositif de formation à distance : le cas de l’Université pédagogique du Mozambique . Thèse de Doctorat. Sciences de l’éducation. Technologie de l’éducation. Université Paris VIII Saint-Denis.

192 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives avons fait usage lors de la réalisation de notre enquête de terrain. La deuxième partie est consacrée à la présentation et à la justification des techniques utilisées auprès de cette population, à savoir : l’entretien, le questionnaire et le journal de bord. La troisième partie enfin précise l'échantillon 233 et la population cible 234 consultées.

I – CONTEXTE DE LA RECHERCHE

1.1 - Les conditions de la recherche Notre recherche, dont le but consiste à mettre en lumière le phénomène qui explique le désintéressement de la FAD par les travailleurs gabonais ne s’est pas faite sans difficultés. Tout au long de nos investigations, nous avons croisé quelques empêchements et obstacles tant au niveau de la pré-enquête qu’à celui de l’enquête proprement parler.

En effet, afin de faciliter la compréhension des significations que les gens attachent à la FAD, nous nous sommes immergée dans le cadre de notre recherche. C’est ainsi que nous avons fait plusieurs séjours à Libreville. Le premier séjour, qui allait du mois de juillet au mois de septembre 2005, était surtout consacré à une étude exploratoire réalisée auprès de 10 dirigeants des PME, 5 responsables de très petites entreprises, quinze employés d’une très grande entreprise et de dix fonctionnaires. Cette étude empirique fut un préalable nécessaire à l'élaboration de la méthodologie. Par cette première démarche, nous avons réalisé que l’approche qualitative était appropriée pour le type de recherche que nous voulions faire. Nous avons ainsi répondu à notre désir de mettre au point, à travers cette étude exploratoire, une méthodologie appropriée et acceptable par les répondants.

Ne voulant pas laisser assez de marge entre l’étude exploratoire et l’enquête proprement dite, nous avons commencé notre enquête au premier trimestre de l’année académique 2005-2006. Elle s’est déroulée de décembre 2005 au mois d’avril 2006. L’idéal aurait été de faire une enquête couvrant tout le territoire. Mais, compte tenu des critères d'accessibilité (routes impraticables è cause des grandes pluies enregistrées pendant les

233 L’échantillon est une partie choisie d'une population 234 La population cible est l'ensemble de tous les objets que l'on étudie

193 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives mois de févriers et mars de cette année, il faut aussi noter la cherté des avions…), du temps dont nous disposions pour la recherche sur le terrain et de nos ressources financières, nous nous sommes résolue à limiter notre champ empirique à Libreville, la capitale gabonaise. Ce choix se justifie également par la spécificité même de libreville. Pour une population totale estimée à 1.424.906 habitants (estimation 2006), Libreville compte à elle seule près de 370.000 habitants. La bonne connaissance que nous avons de la ville nous a permis d'aller directement dans les entreprises, les différents services publics et les établissements scolaires pour administrer nos instruments aux publics cibles. Cependant, étant donné le fait que nous avions commencé notre enquête au lendemain de l’élection présidentielle 2006 (c’est connu, beaucoup de travailleurs gabonais, surtout ceux du secteur public ont tendance à s’absenter pendant et après une élection de cette envergure) et, à cause des fêtes de Noël et du nouvel an (le Gabon est un pays laïque mais à prédominance chrétienne), le début de notre période d’enquête avait été perturbée par de nombreux jours fériés et de "ponts" 235 .

Suivant les conseils de notre directeur de thèse pour qui, une enquête réalisée auprès des enseignants affectés à l’intérieur du pays aurait été beaucoup plus significative pour comprendre la situation de la FAD au Gabon, nous avons décidé, de diriger notre enquête auprès de cette population. Ainsi, profitant d’un voyage qui nous a été offert sur Libreville, au mois de février 2007, nous avons réussi à envoyer le questionnaire dans cinq provinces du pays.

1.2 – Pourquoi une enquête ? L’enquête est une méthode descriptive visant à obtenir une information de nature privée en interrogeant des personnes 236 . Selon R. Mucchielli, une recherche s’applique d’une manière générale, à une réalité particulière, c’est-à-dire, à « la psychologie d’un groupe social, ses comportements, ses goûts, ses opinions, ses besoins, ses attentes...ses manières

235 Un pont peut-être défini comme le chômage d'un ou deux jour(s) ouvrable(s) entre un jour férié et un jour de repos hebdomadaire, ou un jour précédent les congés annuels. 236 Lamoureux Andrée (1995). Recherche et méthodologie en sciences humaines , Editions Etudes Vivantes, Bibliothèque nationale du Québec, p. 76.

194 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives de vivre, de travailler... les changements et les influences auxquelles il est sensible 237 ». A ce propos, Pierre Bourdieu et Jean Claude Passeron (1970, p. 21), déclarent que : « l’enquête doit appréhender l’identité sociale des individus – origine sociale, position sociale, diplôme, situation familiale notamment – pour établir un rapport de causalité entre pratique étudiée et le milieu social 238 ».

Théoriquement, l’enquête, selon Claude Javeau (1990) repose sur les grands axes suivants : « il est préférable, pour étudier un problème précis, d’interroger les personnes que ce problème concerne : il y a présomption d’implication dans ce problème et de compétence pour en discuter chez ces personnes - On peut recueillir (par conséquent) des informations intéressantes et significatives auprès de ces personnes. Si les questions sont appropriées, elles en saisissent le sens et y répondent. - Les personnes concernées peuvent être représentées par un échantillon que l’on aura constitué en fonction de caractéristiques précises et de la distribution statistique ; c’est la méthode des quotas - Après le traitement informatique des réponses obtenues et la mise en évidence de tendances majoritaires, on peut obtenir les représentations de l’échantillon à l’égard du problème posé . 239 »

Plus ambiguë que d’autres méthodes telles que l’expérimentation et l’observation, l’enquête dans le domaine psychosociologique s’appuie sur l’interrogation. Rodolphe Ghiglione et Benjamin Matalon (1978) déclarent à ce propos qu’« on est obligé de recourir à l’interrogation pour saisir des phénomènes tels que les attitudes, les opinions,

237 Mucchielli R. (1989) : Le Questionnaire dans l’enquête psychosociale, Paris, ESF, 9 eme Edition. 238 Bourdieu P., Passeron J.- C. (1970). La reproduction . Éléments pour une théorie du système d'enseignement. Paris, Éditions de Minuit, p. 70 239 Javeau C. (1990). L’Enquête par questionnaire . Edition de l’Université de Bruxelles. Éditions d'organisation.

195 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives les préférences, les représentations, etc., qui ne sont pratiquement accessibles que par le langage, et qui ne s’exprime spontanément que rarement 240 ».

1.3 - Déroulement de l’enquête sur le terrain Réaliser une enquête auprès d’un public non habitué à ce genre d’activité n’est pas chose aisée. Pour certains, la méfiance et la suspicion étaient de mise. Il fallait donc compter avec les humeurs des uns et des autres. Toutefois, nous avons pu relever un détail important au niveau de l’accueil qui nous était réservé selon qu’on était en présence des fonctionnaires ou des travailleurs du secteur privé.

En effet, les employés du secteur public (fonctionnaires) semblaient être beaucoup plus enthousiastes et prompts à nous répondre. Nous pouvons même dire que certains étaient contents d'avoir quelqu'un qui était disposé à les écouter "longuement" et "passivement". Pour quelques-uns, c'était également une occasion de sortir ce qu'ils n'avaient pas osé dire jusque là. Par contre, l’accueil que nous avait réservé les salariés du privé était beaucoup plus circonspect, on aurait dit qu’ils étaient plus sceptiques et méfiants, peut être par peur de représailles. Cette difficulté provenait surtout des responsables administratifs. La plupart du temps, nous étions éconduite par ces derniers. Certaines refusant carrément de nous mettre en contact avec les employés. D’autres, quand ils nous accordaient cette chance, nous présentaient des agents qui semblaient avoir été choisis par ces derniers. Beaucoup ont répondu à notre demande si tard, que nous avons dû trouver d'autres moyens pour obtenir les renseignements que nous dont nous avions besoin. Il a été, par exemple, prévu d'avoir une entrevue avec quelques employés de l’Usine Sigalli 241 , nous avons pour cela obtenu l’accord du chef de personnel. Mais, à notre grande surprise, le jour du rendez-vous, ce dernier nous a fait comprendre qu’il avait oublié de nous signifier qu’il était formellement interdit aux employés de son entreprise d’être interviewé par des personnes étrangères au service. Fort heureusement, ce genre de blocage n'était pas incontournable.

240 Ghiglione R., Matalon B. (1978). Les Enquêtes Sociologiques : Théories et pratiques, Armand Colin, Paris. 241 Sigalli (Société Industrielle gabonaise de laiterie librevilloise), Société anonyme, créée en 1988, elle assure la production des produits laitiers, des glaces et des jus de fruits.

196 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

A chaque fois que nous nous trouvions devant une telle situation, nous cherchions à nous passer de l’introduction des "chefs" et contacter seul les répondants par l’échantillonnage de proche en proche appelé encore échantillonnage en boule de neige 242 . C’est ainsi que, dans certaines entreprises privées, nous avons utilisé quelques informateurs clés qui nous dirigeaient ensuite vers d'autres personnes susceptibles de répondre (amis, collègues de travail). Cette méthode, qui dépend dans une très large mesure de la bonne volonté et de la confiance entre les personnes interrogées et les enquêteurs, s’est avérée utile car, grâce à elle nous avons pu obtenir une couverture assez bonne du sous-groupe de travailleurs.

II - ORIENTATION DE LA RECHERCHE

Nous ne pouvons pas prétendre donner une étiquette à notre démarche. La démarche scientifique en elle-même n'a pas qu'une dimension d'objectivité et de rigueur méthodologique; elle conjugue souvent, de façon paradoxale, rationalité, intuition, créativité et valeurs, autant de facteurs peu enclins à l'amalgame. De même, nous évitons de considérer notre recherche comme un champ clos, ce qui aurait été une erreur, car les apports de multiples courants et positions théoriques nous ont été d’un précieux concours, compte tenu de la qualité des informations que nous avons sollicitées. Nous pensons entre autres à la sociologie, la psychologie, les théories de la communication, l’économie, la technologie, etc. Il ne s’agit ni de la précision (voir la rigueur), ni même des connaissances de spécialistes desdites sciences, mais de l’utilisation de leurs réflexions afin, tout simplement de pouvoir espérer avoir une bonne vue d’ensemble de l’idée que les travailleurs gabonais ont sur la FAD. Considérons par exemple l’apport de la sociologie (études des faits sociaux). Bien que l’objet d’étude soit ici spécifique, il ne paraît pas souhaitable de prendre en compte une sociologie quantitative. Cette dernière a bien sûr l’avantage de proposer "au regard" un grand nombre de données (datas) mais possède en revanche l’inconvénient de ne révéler en rien le sens profond d’un problème.

242 L'échantillonnage en boule de neige consiste à demander aux informateurs principaux d'indiquer d'autres informateurs potentiels. Dans les petites collectivités, cela peut être très efficace parce que la plupart des gens sont censés être en contact les uns avec les autres. Guide canadien d'évaluation des incidences sur la santé Volume 3 : L'équipe multidisciplinaire. Accessible à l’adresse : http://www.hc-sc.gc.ca/ewh- semt/pubs/eval/handbook-guide/vol_3/social-sociales-2_f.html (consulté le 28 juillet 2007).

197 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Il convient plutôt de faire appel à une sociologie susceptible de tenir compte du caractère total des activités humaines : une sociologie de la "totalité" car nous savons que les systèmes humains ou sociaux sont complexes. Pour comprendre les phénomènes qui y sont reliés, il faut recourir à une vision holistique 243 . Une telle vision permet non seulement d’arriver à des descriptions détaillées des situations et des événements, mais aussi d’acquérir une connaissance approfondie du comportement des acteurs qui y évoluent, des sentiments qu’ils éprouvent ainsi que des interactions qui les lient. Nous avons ainsi pu aborder notre champ d’investigation de l’intérieur, démarche caractéristique à toute recherche interprétative. D’ailleurs, la plupart des chercheurs s’inscrivant dans un paradigme interprétatif recourent à des données de nature qualitative (mots, textes, objets, gestes, etc.). L’approche interprétative part en effet du postulat qu’on « ne peut pas avoir de meilleure porte d’entrée sur les réalités humaines et les pratiques sociales, qu’à travers les interprétations que les humains construisent 244 ».

À la lumière de ces quelques constats, l’approche qualitative s’est révélée tout à fait appropriée dans le cadre de notre étude. En effet, seule cette approche pouvait nous permettre d’atteindre l’objectif visé par la présente recherche, soit de comprendre le phénomène entourant le manque d’intérêt des travailleurs gabonais vis-à-vis de la FAD. Déjà, depuis quelques années, le monde de l’éducation porte un certain intérêt à ce type de recherche. De plus en plus de doctorants font appel aux méthodes qualitatives pour explorer un phénomène ou bien confirmer certaines hypothèses. Il en va de même pour les publications et communications dans les colloques. Certains déclarent qu’il y a dans la conduite des recherches actuelles, du moins pour la majorité d’entre elles, un aspect naturel et une simplicité qui siéent bien au goût du temps. Dans le cadre du congrès annuel de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS), Alex Mucchielli soulignait fort à propos que : « Les méthodes qualitatives voient s'ouvrir devant elles un nouveau domaine de valorisation car elles peuvent se positionner au cœur des méthodologies dites "constructivistes" des sciences humaines et sociales. […] (elles) apparaissent tout à fait

243 Holistique : désigne la manière de considérer globalement une totalité au lieu de la considérer comme un assemblage de parties. Le postulat est que le tout a des propriétés irréductibles à la somme des propriétés de ses parties. Définition téléchargeable à l’adresse : www.mcxapc.org/static.php (consulté le 28 juillet 2007). 244 Lessard-Hébert M., Goyette G. et Boutin G. (1997). La recherche qualitative: fondements et pratiques, Montréal, Editions Nouvelles AMS.

198 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives pertinentes pour répondre aux différentes exigences du constructivisme scientifique en sciences humaines et sociales, notamment parce que ces méthodes peuvent être utilisées soit pour construire des “contextes scientifiques” d'analyse, soit pour décrire les processus d'interprétation nécessaires pour comprendre les phénomènes sociaux à l'intérieur des contextes construits et formuler, in fine, les significations “en couche” que l'on peut attacher à ces phénomènes »245 .

Notre option pour une approche qualitative se justifie enfin par le fait que nous nous intéressons à une problématique relativement peu abordée dans la littérature actuelle. L’objectif est d’apporter un éclairage nouveau et approfondi sur une problématique nouvelle susceptible d’intéresser la communauté tant scientifique que générale. Creswell (1998) 246 souligne à propos que le choix d’une étude qualitative est souvent issu du besoin d’explorer et de décrire le vécu des individus dans leur milieu de vie. Tel qu’énoncé également par Miles & Huberman (2003, p. 28), souvent les données qualitatives constituent « la meilleure stratégie de découverte et d’exploration d’un nouveau domaine 247 ». Cet enjeu d'appréciation de la nouveauté du domaine nous apparaît justement être le cas de la FAD au Gabon.

III - LES TECHNIQUES DE CUEILLETTE DE DONNEES OU INSTRUMENTS DE MESURE

Cette étape de la recherche consiste à choisir parmi un éventail de techniques celle qui serait la plus convenable pour la collecte des données. Des doutes, nous en avons eu au départ sur la pertinence de telle ou telle technique à employer car les techniques de cueillette de données sont nombreuses. Angers (1992) les définit comme un " ensemble de

245 Mucchielli Alex (2005). Les méthodes qualitatives . Congrès de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS), Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). 246 Creswell John W. (1998). Qualitative Inquiry and Research Design. Choosing Among Five Traditions , Thousand Oaks, London Delhi : Sage Publications. Inc. 247 Milles Matthew, Huberman Michael (2003). Analyse des données qualitatives , Paris : Deboeck University, 2 e édition.

199 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives processus et d'instruments d'investigation utilisés méthodiquement "248 .Une citation de Rami cité par Mustapha Derouich (1999) situe le contexte sur le choix à réaliser :

« Le choix d'une ou de certaines de ces techniques devrait obéir à des critères inhérents aux objectifs et aux limites de l’étude, à la spécificité du terrain de recherche, aux caractéristiques et à l'étendue des groupes impliqués et aux contraintes temporelles, financières, matérielles et géographiques auxquels le chercheur bute 249 . »

Cependant, étant donné le fait qu’une méthode quelle qu’elle soit met toujours en évidence certains aspects de la réalité étudiée, tout en dissimulant d’autres, il nous a paru inévitable et intéressant de faire appel à plusieurs outils d’investigation. Nous nous référons ainsi aux recommandations de plusieurs auteurs tels que Lionel-H. Groulx, Mucchielli, Péladeau, Mercier…, qui soutiennent que la complémentarité ou l'intégration des méthodes est devenue nécessaire pour réussir à comprendre les phénomènes sociaux caractérisés par leur complexité, variation et indétermination. Certains, à l’instar de Normand Péladeau et Céline Mercier (1993), vont plus loin dans ce pluralisme méthodologique et proposent ou suggèrent la « contamination des démarches, l'influence réciproque des méthodes »250 . On cherche ici une interdépendance entre les méthodes pour multiplier ou contraster les points de vue et maximiser la comparabilité. Certains ont ainsi défini de nouveaux concepts méthodologiques pour rendre effectif ou opérationnel ce pluralisme méthodologique. N. Denzin (l989) a ainsi proposé la triangulation (notion inspirée par les navigateurs qui font le point) qui, par la mise en comparaison de données obtenues par deux ou plusieurs méthodologies différentes (de type habituellement qualitatif et quantitatif) et indépendantes, permet d'augmenter la puissance de

248 Angers M. (1992). Initiation pratique à la méthodologie des sciences humaines, Montréal, Centre éducatif et Culturel Inc. 249 Mustapha Derouich (1999). Pertinence et faisabilité d'un programme de formation à distance pour la formation continue des enseignants du secondaire en exercice. Cas du Maroc . Thèse présentée à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval pour l'obtention du grade de Philosophiae Doctor (Ph. D. Programme de technologie éducative. Département de didactique, de psychopédagogie et de technologie éducative. Faculté des sciences de l'éducation. Université Laval Québec. En ligne téléchargeable à l’adresse : http://www.collectionscanada.ca-obj-s4-f2-dsk1-tape7-PQDD_007/NQ39347.pdf (consulté le 20 septembre 2007). 250 Péladeau, N. et Mercier, C. (1993). Approches qualitatives et quantitatives en évaluation de programme , Sociologie et sociétés, vol. 25, no 2.

200 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives l'interprétation. Il écrit : « Les faiblesses d'une méthode sont souvent la force d'une autre, en combinant méthodes, observations on peut atteindre le meilleur de chaque, tout en dépassant leurs déficiences particulières 251 ». Péladeau Normand et Céline Mercier (op.cit.) donnent une définition similaire, ils écrivent : « La triangulation peut être conçue comme une modalité particulière de plusieurs méthodes où l'objectif recherché est d'accroître la vraisemblance des conclusions d'une étude par l’obtention des résultats convergents obtenus par des méthodes différentes 252 .» Le gain escompté s'apprécie, selon les auteurs précités, en termes de robustesse méthodologique.

Selon Patricia Coutelle (2005), plusieurs types de triangulation peuvent être mis en œuvre : « Triangulation des données : tente de mettre en relief l’originalité et l’envergure des points de vue recueillis grâce à l’élargissement de l’échantillonnage théorique faisant ressortir de nouvelles facettes du phénomène étudié - Triangulation méthodologique : consiste à recourir à plusieurs techniques de données afin d’obtenir des formes d’expression et de discours variés. - Triangulation des chercheurs : implique plusieurs chercheurs qui pourront comparer leurs observations et leurs interprétations - Triangulation théorique : prévoit que l’interprétation des données se fera à partir de plusieurs cadres théoriques .253 »

Le principe de triangulation auquel nous nous sommes référée, ne visait pas à faire disparaître la subjectivité de la recherche, mais à multiplier les sources de données afin d'accéder à la situation à travers le plus grand nombre d'aspects possibles. Pour ce faire et cela pour mener à bien notre recherche, nous avons choisi de recourir à l'utilisation du questionnaire, des entretiens et du journal de bord appelé aussi "cahier de route". Ainsi, nous devions obtenir des éclairages complémentaires permettant d’acquérir une

251 Denzin N. (1989). The Research Act . Englewood Cliffs, Prentice Hall. 252 Péladeau Normand et Mercier Céline (op. cit.) 253 Coutelle Patricia (2005). Introduction aux méthodes qualitatives en Sciences de Gestion . Cours du CEFAG – séminaire d’études qualitatives, Accessible à l’adresse : http://cermat.iae.univ- tours.fr/IMG/pdf/_05-124_PCoutelle.pdf (consulté le 29 juillet 2007).

201 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives connaissance plus juste et plus neutre du phénomène à l’étude. Nous explicitons ci-après les méthodes de recueil des informations que nous avons choisies.

3.1 - Recueil de données par questionnaire Un questionnaire est une liste de questions adressées à un ensemble de répondants dans le but de rassembler des opinions ou des suggestions ou d'apporter une validation qualitative ou quantitative à des hypothèses émises254 . Définit par Andrée Lamoureux(1995) comme étant un outil de collecte de données qui sert à recueillir le témoignage écrit de personnes, le questionnaire est un des instruments les plus couramment utilisés pour la collecte des données en sciences humaines. Pour Irène Amélie Congo (2000), « le questionnaire est constitué d’une série de questions qui intéressent le chercheur et auxquelles une population cible doit répondre. Les questions forment un ensemble cohérent et vont dans le sens des hypothèses que l’on veut vérifier 255 ». C’est pour abonder dans ce sens que R. Quivy et L. Van Campenhoudt (op. cit.) écrivent que : « l’enquête par questionnaire consiste à poser à un ensemble de répondants, le plus souvent représentatif d’une population, une série de questions relatives à leur situation sociale, professionnelle ou familiale, à leurs opinions, à leur attitude à l ’égard d’options ou d’enjeux humains et sociaux, à leurs attentes, à leur niveau de connaissance ou de conscience d’un événement ou d’un problème, ou encore sur tout autre point qui intéresse les chercheurs. 256 »

3.1.1 - Justification de l'utilisation du questionnaire De manière générale, le questionnaire est très approprié lorsqu'il est nécessaire d'interroger un grand nombre de personnes. Il s’appliquerait ainsi lorsqu’on cherche à déterminer les conduites d’une population sur un fait donné, quand on voudrait par exemple, expliquer l’existence de stéréotypes ou de préjugés vis-à-vis de telle

254 Définition donnée par le site Wall-On-Line : l'e-gouvernement wallon, Accessible à l’adresse : http://egov.wallonie.be/boite_outils_methodes/pa030301.htm (consulté le 29 juillet 2007). 255 Congo Irène Amélie (2000). Informatique et développement au Burkina : étude des représentations , Thèse pour obtenir le grade de Docteur, Institut de psychologie, Laboratoire d’Etude et d’Analyse de la Cognition et des Modèles. Université Lumière Lyon II. 256 Quivy R., Van Campenhoudt Luc (op.cit.)

202 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives composante de la société puisque le questionnaire peut porter sur un ou plusieurs objets : l’identification, les comportements déclarés, les opinions déclarées et les attitudes.

En effet, adressé à l’ensemble des travailleurs en exercice, il nous fallait un outil économique et rapide, pour permettre la participation d’un plus grand nombre de répondants. Blais, cité par Mustapha Derouich (op. cit.), précise à ce sujet que pour un public d'une telle ampleur, le questionnaire constitue un raccourci commode permettant d'épargner des énergies. " C'est la technique à privilégier si on a à s'adresser à quelques centaines de personnes " écrit Angers (1992; p.155). De plus, le questionnaire assure l’anonymat, donc favorise une plus grande franchise de la part des répondants. En effet, à la différence de l’entretien qui met en présence le chercheur et l’enquêté (en dehors de l’entretien par téléphone), le questionnaire écrit collecte le maximum d’informations et donne la liberté aux répondants. Nous avions justement besoin de réponses émises en dehors de tout conformisme et de toute influence, c’est à dire des informations émises à partir de la vision personnelle du sujet. Par ailleurs, le questionnaire prévoit un mode de réponses identiques pour tous les participants, ce qui assure une meilleure comparaison des données obtenues. Il permet de faire préciser la signification des éléments grâce aux classements de ceux-ci et à l’application d’une analyse dite de similitude. Similitude en ce sens que cette méthode est susceptible de mettre à nu dans un univers d’opinions, des paquets d’items fortement reliés entre eux. Une des qualités du questionnaire est également de rassembler des questions bien formulées de façon à faciliter la compréhension de l’enquêté. Pour cela, la formulation et la morphosyntaxe doivent apparaître claires pour tous les répondants du questionnaire, du moins au plus érudit du groupe auquel il s’adresse.

3.1.2 - Elaboration et validation du questionnaire Les domaines identifiés dans cette étude ont été pris en compte dans l'élaboration des présents questionnaires. Par ailleurs, leur présentation a été élaborée à partir de Nadeau (1988) et Javeau (1990). La validation desdits questionnaires s'est faite en plusieurs étapes :

203 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

La première étape s’est faite auprès de notre directeur de recherche à qui nous avons soumis nos questionnaires. Le but de cette première validation était de nous assurer de la formulation des questions, de la cohérence interne desdites questions, et de la présentation générale. Ses observations constructives nous ont été utiles, l'instrument obtenu à I'issue de cette démarche a été soumis à notre échantillon pour une mise à l’essai.

En effet, afin de les rendre fiables et exploitables et surtout pour s'assurer de leur clarté et de leur compréhension par les répondants, nous sommes passée à la deuxième étape de notre procédure qui consistait à la mise à l'essai des questionnaires. Une importance capitale a été accordée à cette opération, étant donné l'originalité même du questionnaire et de son utilisation dans le contexte gabonais. Cette mise à l'essai a été effectuée au début du mois de décembre, plus précisément entre le 7 et 14 décembre. Nous avons choisi un échantillon de cinq responsables administratifs (3 du public 2 du privé), douze employés (6 du public et 4 du privé) et 8 enseignants du secondaire. Ces personnes avaient toute latitude pour émettre des critiques et des suggestions sur les questions, identifier les passages et les mots qui nécessitaient un éclaircissement ou une explication. Il leur était également possible de dire quelle question devrait être retenue ou rejetée, laquelle était mal formulée ou incompréhensible. Chaque observateur a ainsi émis des critiques écrites sur le questionnaire. Une étude des commentaires a été faite et des corrections ont été apportées. Une rencontre individuelle a eu lieu avec chaque membre de ce groupe. II s'agissait d'une discussion d'environ 15 ou vingt minutes permettant de vérifier que leurs consignes ont toutes été bien comprises et prises en compte dans la révision du questionnaire. Le but de cette seconde validation était d'évaluer le questionnaire quant au fond et à la forme et aussi de nous assurer qu'il était accessible à tous dans la formulation des questions, la précision des directives. Après la mise à l'essai du questionnaire et les ajustements apportés, il était prêt a l'administration.

3.1.3 – Présentation des questionnaires Rappelons que l’objectif de notre enquête était de mieux comprendre la situation de la FAD au Gabon, c’est à dire de dégager les éléments constitutifs des représentations qui

204 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives spécifient les différents acteurs vis-à-vis de ce type de formation, à savoir les employés et les responsables administratifs. Nous avons renoncé à l’administration indirecte à cause des contraintes liées au temps. Nous avons donc adopté un mode d’administration de type direct, en prenant le soin de remettre le questionnaire à main propre aux répondants. Par ce procédé, nous cherchions à garantir la fidélité de son remplissage car, selon Gilbert Nguema Endamne (2003) : « le questionnaire ne présente aucune garantie de remplissage par celui auquel il est destiné, un individu peut toujours le remplir en lieu et place d’un autre »257 . A toutes les personnes interrogées, le but du questionnaire a été clairement défini.

Toutefois, afin de mieux cerner l’opinion de tous les travailleurs, nous avons jugé nécessaire de préparer deux questionnaires : Le premier était adressé aux employés (tout secteur confondu), le deuxième était spécialement conçu pour les enseignants du secondaire. Ce deuxième questionnaire se justifie par le fait que nous avons l’intention, après notre thèse, de contribuer à la mise en oeuvre d’un projet de FAD l’Ecole Normale Supérieure de Libreville. Il nous fallait donc connaître non seulement l’opinion des enseignants vis-à-vis de la FAD, mais également leurs besoins de formation.

Le questionnaire adressé aux employés est composé de trois parties (voir annexe). La première partie doit fournir des renseignements généraux sur les enquêtés. Deux types de variables : sociodémographiques et socioprofessionnelles ont servi à décrire l’échantillon et vérifier s’il est représentatif. Les variables sociodémographiques sont déterminées par des questions se rapportant au sexe et à l’âge des répondants. Les variables socioprofessionnelles sont quant à eux déterminées par des questions se rapportant au niveau d’étude, le dernier diplôme obtenu, l’année d’obtention, le statut du travailleur, le poste occupé, l’ancienneté à ce poste. La deuxième partie est composée seulement de deux questions qui nous ont permis de connaître la politique de formation de l’entreprise ou le département auquel était rattaché le travailleur. La troisième partie enfin est composée de 16 questions sur la formation à distance, elle englobe les attitudes et les

257 Nguema Endamne Gilbert (2003). Orientation scolaire au sortir de la classe de troisième de l’enseignement secondaire public au Gabon . Thèse soutenue à l’Université des Sciences et Technologies de Lille. Faculté des sciences économiques et sociales.

205 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives opinions positives ou négatives, les attentes, les craintes et les espoirs vis-à-vis de la formation à distance. Pour déterminer les raisons qui pourraient amener les employés à entreprendre une formation à distance, il nous fallait nous faire une idée des avantages que les intéressés espèrent retirer. A cet effet, nous avons inclus dans notre questionnaire une question assez développée dont nous reproduisons le texte intégral ci après :

Quels avantages espérez-vous retirer en entreprenant une formation à distance ? 1. Avancement automatique 2. Rémunération plus élevée 3. Sentiment de sécurité plus grand 4. Possibilités de faire un travail plus intéressant 5. Avoir un diplôme supérieur 6. Autres motifs

Le deuxième questionnaire spécialement consacré aux enseignants est également composé de trois parties : - La première partie, constituée de 10 questions, sert à obtenir des renseignements généraux sur les répondants. Trois types de variables permettent d'obtenir des renseignements personnels sur les répondants : - les variables sociodémographiques : sexe, âge, état civil, lieu d’affectation. - les variables socioprofessionnelles : diplôme le plus élevé, statut professionnel, expérience dans l'enseignement, fonction actuelle, grade, secteur d'enseignement. - les items relatifs à 1'équipement en matériel audiovisuel, informatique et technologique.

- La deuxième partie, doit fournir des informations sur la façon dont se déroule la formation continue des enseignants. Pour cela nous avons prévu 6 questions.

La troisième partie, constituée d'une banque de 31 énoncés de compétence et habiletés, doit servir à recueillir des informations sur les besoins de formation continue des répondants. Le sujet opère un choix basé sur une échelle de jugement. Cette échelle est constituée de quatre (4) unités allant de «Je maîtrise» à «Je ne maîtrise pas du tout» en

206 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives passant par «Je maîtrise partiellement». Toutefois, la suggestion «Je ne comprends pas l’énoncé», est ajoutée à cette échelle pour offrir la possibilité au répondant de dire s’il a compris l’énoncé ou pas. L'absence d'un point central oblige le répondant à prendre une position entre les valeurs supérieures et les valeurs inférieures de l'échelle (Essadiki, cité par Mustapha Derouich, op. cit.). On distingue les items suivants : A - Compétences relatives à la matière enseignée et aux méthodes pédagogiques B - Compétences technopédagogiques - Utilisation des moyens audiovisuels - Utilisation d’Internet et de la messagerie C - Savoirs didactique et méthodologique

3 - La quatrième partie contient des questions relatives à la formation à distance. Cette partie englobe les attitudes (positives/négatives) les espoirs, les craintes, les attentes des enseignants envers la FAD.

- Le type de questions Nous avons opté pour trois types de questions pour l’élaboration de nos questionnaires. Il s’agit : - Des questions fermées qui sont, selon Rami (1990) cité par Mustapha Derouich (op. cit.), les plus simples, puisque les réponses sont déterminées à l'avance. En effet, les questions fermées sont la plupart du temps des questions à choix multiples où le sujet choisit sa réponse dans un ensemble fini de propositions. Elles sont pour cela beaucoup plus faciles à comprendre et à répondre pour les individus. De plus, ce type de questions permet, non seulement un traitement standard laissant moins de place à une variation d'interprétation subjective, il se prête en plus facilement au dépouillement statistique. On distingue : les questions fermées duales (oui/non, d'accord/pas d'accord), en check-list (choix parmi une liste non ordonnée), en échelle (liste graduée permettant une comparaison), en entonnoir (la réponse oui mène à un lot de questions différent de la réponse non ce qui permet d'avoir des réponses précises à des questions complexes).

207 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

- Les questions ouvertes : Comme leur nom l’indique ce type de question laissent à l’interrogé un grand choix de réponses. En effet, les répondants prennent sans contrainte position par rapport aux problèmes posés, expliquent, et justifient, ce qui permet de recueillir des opinions très personnelles pour les questions délicates. Ces questions demandent davantage de réflexion chez les personnes interrogées car leurs représentations ne se fondent pas à partir d’un corpus établi comme dans le cas des questions fermées où l’on propose des choix de réponses. La difficulté pour l'enquêteur est de noter intégralement ce que l'enquêté dit. La seconde difficulté de la question ouverte est le recodage des réponses données, qui nécessite la construction de catégories de réponses afin d'effectuer des statistiques. Une question ouverte a été ajoutée à la fin de chaque questionnaire, pour donner au répondant l'opportunité d'ajouter des informations qu'il pouvait juger nécessaires. Il s’agit par exemple de la question 25 du 1 er questionnaire : Quel jugement personnel portez-vous sur votre avenir personnel et sur l’avenir de la FAD au Gabon ?

Toutefois, certaines questions ouvertes présentes dans les trois questionnaires étaient dérivées des questions fermées. Par exemple, question n° 17 du questionnaire 1 : Etes vous disposé(e) à effectuer une formation à distance si l’opportunité vous était offerte ? Oui……………………….Non Si oui, pourquoi ? …………………. Si non, pourquoi ?

Quant à la formulation des questions, notre objectif était de les rendre claires (nous avons tenu à ce que les questions soient simples afin d’être compréhensibles par tous) ; précises (non ambiguës) non inductives (nous avons tenu à ce que les questions ne contiennent pas de réponse afin de favoriser des réponses authentiques) et courtes.

Notre objectif étant de comprendre l’attitude des salariés vis-à-vis de la FAD, il nous est apparu illogique de nous limiter à l'utilisation des seuls questionnaires. Ceux-ci nous paraissaient trop froids et impersonnels pour traiter d’une question aussi complexe que la représentation sociale, puisque c’est bien de cela qu’il s’agit présentement. Aussi, en vue

208 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives de recueillir des "fragments de pensées" concernant la façon dont les salariés gabonais conçoivent la FAD, nous fallait-il également certaines informations auprès des responsables administratifs. Informations auxquelles nous ne pouvions accéder qu’à travers un discours structuré. L'entretien nous a semblé être la méthode la plus appropriée pour atteindre cet objectif.

3.2 - Recueil de données par entretien 3.2.1 - Justification du choix de l'entretien semi directif Nous voulions laisser libre cours à la pensée et aux réflexions des enquêtés, et être le moins restrictif possible. Il fallait que tous aient à la fois le temps et la place pour répondre. De plus, il nous fallait disposer de la possibilité d'intervenir quand une réponse nous semblait incomplète ou imprécise. Notre choix s'est donc porté sur l'entretien semi directif, qui, tout en étant orienté vers les points qui nous intéressaient pour notre travail, offrait aux enquêtés une plus grande possibilité d'expression. Cependant, nous étions consciente que ce choix était pour nous générateur de problèmes : il fallait, avec les enseignants par exemple, éviter un biais lié au fait que nous sommes nous même de la profession (ce qui pouvait les pousser dans un entretien très technique), et pour le reste des travailleurs, trouver un mode d'expression adapté malgré nos lacunes en psychologie.

3.2.2 - Description de la procédure Nous avons visé la sélection d’une quatre vingtaine de sujets. En un premier temps, 60 sujets ont été sollicités ; 10 ayant refusé de participer à l’entretien. Nous avons donc conduit 50 entretiens d’une durée moyenne de soixante à quatre vingt dix minutes (le plus court étant de soixante minutes, le plus long d’environ quatre vingt dix minutes). Ces entretiens se sont déroulés une semaine après le questionnaire.

3.2.3 - Protocole, conditions de passation des entretiens Un guide d’entretien (voir annexe 4) nous a servi de support pour nous adresser, cette fois, aux employeurs et autres responsables administratifs, chargés d’appliquer la politique de formation. L’ objectif des entretiens était de faire ressortir leur perception de la FAD, leurs projets, leur investissement en termes d’innovation et leurs attentes. Plutôt

209 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives que d’organiser des "brain storming" qui valorisent l’expression des mêmes leaders, il a été choisi de procéder à des entretiens face à face de type semi directif, davantage susceptibles de refléter le sentiment des interviewés sur le sujet. Une introduction de quelques minutes était effectuée, impliquant tout d’abord une brève présentation du chercheur que nous étions. Puis il convenait d'expliquer le pourquoi de cette thèse et le choix du thème de recherche. Ceci permettait d’établir un climat de confiance pour que les interviewés puissent s'exprimer en toute liberté et surtout en toute authenticité. Elle permettait également d’expliquer enfin le déroulement de l’entretien, en demandant l’autorisation d’enregistrer tout en précisant l’anonymat des réponses. Cette démarche de recherche avait été bien accueillie par les interviewés vu l’enthousiasme que les uns et les autres manifestaient pour répondre à nos questions. Ce temps de présentation avait une importance bien plus grande lors de la rencontre avec les responsables administratifs du secteur privé. En effet, ils étaient en face d'une personne étrangère, qui peut être par curiosité, cherchait à savoir comment fonctionne leur entreprise. Il fallait leur faire comprendre qu'il ne s'agissait pas de les espionner ni les juger, et qu'il s'agissait à terme d'aider leurs employés, et peut-être eux-mêmes, en essayant par ce travail de recherche de rendre le rôle de la FAD plus conforme à leur attente.

En dépit de ces quelques précautions, nous étions consciente du fait que, pour réussir nos interviews, le respect d'un certain nombre de conditions pratiques était nécessaire. Pour cela, nous avons prévu l’utilisation d’un dictaphone car il nous semblait totalement impossible de mener ces entretiens en se limitant à la seule prise de notes. Ce qui rendrait d’ailleurs la relation impossible. Cela nous évitait aussi de passer beaucoup de temps à écrire pendant que nos interlocuteurs s'exprimaient. Tous les entretiens étaient donc enregistrés à l'aide d'un dictaphone (ayant pour avantage d'être petit et de se faire facilement oublier), après accord des sujets interrogés. Nous pouvions alors réécouter et retranscrire ces entretiens par la suite en étant totalement fidèle à ce qui avait été dit et sans rien omettre.

Afin d’avoir la certitude ne pas être déranger en plein entretien, nous demandions à nos interlocuteurs de choisir l’endroit qui leur semblait propice pour le bon déroulement de la

210 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives séance car, c’est une évidence, la relation est quelque chose de subtil qui se construit peu à peu, elle est aussi très fragile et peut être anéantie par le moindre dérangement. Nous avons, à plusieurs reprises, fait l'expérience de relations gâchées par une visite imprévue. En complément des questionnaires et des entretiens réalisés, il nous a semblé pertinent de tenir un journal de bord afin de contrôler la fiabilité de notre recherche et augmenter sa crédibilité.

3.3 - Le journal de bord Une recherche telle que celle que nous avons menée demande à ce que soit tenu un journal de bord consignant régulièrement des réflexions personnelles concernant divers aspects de la recherche, notre intégration dans le milieu ainsi que nos réactions personnelles aux situations. Anne Laperrière (1992), citée par Colette Baribeau (2004) 258 précise que les notes de terrain assurent la validité des données, car elles donnent accès aux données elles-mêmes. En outre, le processus permet de prendre conscience de ses perceptions personnelles et de contrôler les effets produits. Selon Colette Baribeau, le journal de bord est « constitué de traces écrites, laissées par un chercheur, dont le contenu concerne la narration d’événements (au sens très large; les événements peuvent concerner des idées, des émotions, des pensées, des décisions, des faits, des citations ou des extraits de lecture, des descriptions de choses vues ou de paroles entendues) contextualisés (le temps, les personnes, les lieux, l’argumentation) dont le but est de se souvenir des événements, d’établir un dialogue entre les données et le chercheur à la fois comme observateur et comme analyste, de se regarder soi-même comme un autre. »

Notre journal de bord (voir annexe) a été exploité beaucoup plus comme l’histoire méthodologique de notre recherche (déroulement chronologique) qu’en terme de données recueillies pour être analysées. Il a surtout servi à noter les idées sur lesquelles il était intéressant de revenir en vue de les soumettre au répondant, une fois son propos achevé. Il permettait également de retenir un certain nombre d'éléments relatifs à la situation

258 Baribeau Colette (2005). Le journal de bord du chercheur . Article téléchargeable à l’adresse : http://www.recherche-qualitative.qc.ca/ISSN%20revis%8E/CBaribeau%20HS2-issn.pdf (consulté le 28 janvier 2008).

211 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives d'entretien, au contexte matériel et subjectif dans lequel et par rapport auquel le répondant s'exprimait. Dans cet esprit, il nous a surtout servi de support à l’analyse et s’est avéré très utile lors de la présentation et de la discussion des résultats. Il s’agit donc, selon nous, de précautions pour assurer à la fois la validité interne et externe des données recueillies. Car, grâce à lui, nous pouvions parvenir à objectiver la subjectivité afin d’éviter que celle-ci nuise à la nécessaire position en retrait du chercheur que nous étions. Il a ainsi servi en quelque sorte d’exutoire dans la gestion des affects.

ÉLÉMENTS DE SYNTHÈSE

Pour conclure ce chapitre concernant la méthodologie de la recherche, rappelons que la population cible est formée par l'ensemble des salariés gabonais (tous secteurs et nationalités compris). Des entretiens menés auprès des responsables administratifs et deux questionnaires adressés aux employés et aux enseignants du secondaire en exercice, sont des instruments de la cueillette de données qui ont permis de recueillir les avis et les opinions de ces salariés vis-à-vis des la FAD. La taille de l'échantillon des salariés contactés est de 347. L’effectif des enseignants enquêtés est de 168, celui des responsables administratifs interviewés est évalué à 50, tandis que celui du reste des salariés est de 109.

Cette recherche s’est déroulée en plusieurs phases : l’étude exploratoire, que nous avions commencée au mois de juillet, avait duré 2 mois jusqu’en septembre 2005. Pendant environ 4 mois, plus précisément de décembre 2005 au mois d’avril 2006, nous nous sommes consacrée à l’enquête proprement dite. Afin de compléter notre enquête, nous avons passé un mois de plus sur le terrain. Ce qui donne un total de 6 mois de recherche.

Pour une meilleure compréhension de la façon dont nous avons procédé pour réaliser cette étude, nous allons récapituler dans le schéma ci-après, la méthodologie utilisée :

212 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Figure 6 : Schéma récapitulatif de la méthodologie utilisée

Pré enquête

Questionnaires

Questionnaire 1 (adressé aux Questionnaire 2 (adressé aux salariés) enseignants)

Entretiens (Cadres administratifs et autres responsables de formation)

Journal de bord

Ayant présenté les démarches méthodologiques adoptées pour réaliser notre recherche, nous allons à présent, dans la partie qui va suivre, présenter les résultats de l’enquête que nous avons menée auprès de ces salariés.

213 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

TROISIÈME PARTIE : PRÉSENTATION ET DISCUSSION DES RÉSULTATS DE LA RECHERCHE DE TERRAIN

214 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Dans la partie précédente, nous avons présenté le cadre conceptuel et méthodologique de notre recherche. Cette seconde partie traite de la recherche de terrain qui représente une part très importante et centrale dans ce travail. Fort des considérations théoriques développées aux chapitres précédents, nous pouvons maintenant restituer les résultats de notre enquête et développer notre analyse. Le parcours suivant conduit effectivement à aborder un aspect tout à fait essentiel de cette étude, il s’agit de l’exposition et l’interprétation des résultats de l’enquête que nous avons menée auprès des salariés gabonais. Résultas sans lesquels nous ne pouvions connaître les raisons profondes qui expliquent le faible intérêt des travailleurs gabonais vis-à-vis de la FAD. Nous souhaitons d’abord commencer par l’exposition, dans un premier chapitre, des résultats des entretiens menés auprès des dirigeants et gestionnaires des entreprises privées et publiques. Ensuite, dans un deuxième chapitre, nous allons présenter les résultats de l’enquêté menée auprès de l’ensemble des travailleurs gabonais, à l’exception des enseignants du secondaire général car, au troisième chapitre, nous choisi de présenter les résultats de l’enquête menée auprès de ces derniers. Enfin, le quatrième chapitre sera quant à lui, consacré à la vérification des hypothèses.

215 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

CHAPITRE I : ANALYSE DES ENTRETIENS

Ce chapitre est consacré aux analyses directement reliées à la première hypothèse avancée dans le cadre de notre recherche. Rappelons que notre objectif, lors des entretiens que nous avons menés auprès des responsables administratifs, était de vérifier que ces derniers sont conscients des enjeux de la FAD pour le perfectionnement de leurs salariés. Pour nous, si jusqu’à présent ils sont réticents à adopter cette formule, c’est tout simplement par crainte de former les étrangers qui, aujourd’hui, sont de plus en plus nombreux dans leurs entreprises.

Pour cette première population, les entretiens privilégiaient la logique maïeutique, c'est à dire qu'ils avaient pour but de permettre aux interviewés de s'exprimer aussi complètement et personnellement que possible. Le questionnaire comportait ainsi des questions ouvertes permettant une discussion très libre et facilitant l’échange. Il se voulait plutôt une trame et un fil conducteur, l’objectif étant de rechercher dans la représentation des dirigeants, des éléments permettant de confirmer ou d’infirmer notre hypothèse.

Nous avons ainsi pu réaliser 50 entretiens, relativement longs (en moyenne 60 à 90 minutes), auprès de trois ensembles distincts d’interviewés. Le premier ensemble se composait de directeurs généraux, le deuxième de directeurs de ressources humaines, le troisième était quant à lui, constitué de responsables de formation. Nous n’avons dû élaborer qu’un seul guide d’entretiens, étant donné le fait que, pour nous, les trois ensembles d’interviewés représentaient la sous population de décideurs et gestionnaires d'entreprises publiques et privées, chargés d’appliquer la politique de formation.

Nous avons commencé par une série d’entretiens exploratoires qui nous ont permis d’affiner et de préciser notre guide en lui intégrant de nouveaux aspects et en changeant et ou en éliminant un certain nombre de thèmes et de questions non pertinentes. L’objectif était de susciter des réactions et de provoquer le débat sur la problématique et l’hypothèse à vérifier. Nous voulions surtout de faire ressortir leur perception de la FAD

216 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives et du dispositif actuel de formation, leurs projets, leur investissement en termes d’innovation, leur attente régionale voire internationale. Le protocole d’entretien est ainsi organisé en trois thèmes correspondant aux objectifs annoncés : - Opinions sur la FAD - Perception du dispositif actuel de formation - Projets en termes d’adoption de la FAD

Nous avons opté pour une analyse globale des entretiens. Nous tenterons de donner aussi souvent que possible la restitution de la parole des enquêtés, afin de mesurer les représentations qu’en ont les acteurs. Bien que nos entretiens, tout comme nos questionnaires, étaient liés à des hypothèses, nous avons souhaité introduire des questions transverses afin de recueillir la représentation des uns et des autres sur l’ensemble de la problématique. Plus en détail nous avons interrogé 23 directeurs généraux, 19 directeurs des ressources humaines, 8 responsables de formation. La taille des départements et entreprises dirigés par les répondants varie de moins de 50 à plus de 300 salariés.

Nous avons fait une classification des répondants selon leurs fonctions, que nous proposons dans le tableau ci-dessous :

Tableau 18 : Fonctions des interviewés

Fonctions Nombre Directeur des ressources humaines 23 Directeur général 19 Responsable de formation 8 Total 50

La répartition des interviewés pour chaque secteur est indiquée dans le tableau ci-après :

217 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Tableau 19 : Répartition des interviewés par secteur

Secteur Effectif Secteur public 27 Secteur privé 23 Total 50

I – OPINIONS SUR LA FAD

Toutes les réponses données ont été répertoriées et classés dans des catégories, afin d’en dégager les éléments forts du contenu des représentations. Ces catégories, plus exhaustives, sont réparties à l’intérieur de catégories plus vastes dénommées champ social, champ économique et technique, champ politique.

1.1 - Le champ social Idéologie dominante : La FAD est pensée comme une chance offerte aux salariés d’accéder à une formation de qualité.

Q1. Pouvez-vous nous indiquer ce qu'évoque pour vous l’expression "formation à distance "

Cette première question avait pour objectif d’analyser comment les responsables se positionnaient sur la question de la FAD. Il apparaît évident dans les réponses, que les interviewés connaissent bien cette technique de formation sans l’avoir expérimentée, du moins, pour la majorité d’entre eux. Nous avions même relevé que les répondants avaient tendance à sacraliser cette technique de formation. Cette sacralisation réside dans le fait que cette population la définit comme une "aubaine" offerte aux salariés qui veulent améliorer leur situation professionnelle et qui doivent répondre aux challenges permanents qu'ils auront à relever durant leur carrière professionnelle. Dans tous les cas, la FAD est légitimée par les difficultés et l’inefficience auxquelles est confrontée le système de formation en vigueur dans le pays.

218 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

« Le concept n'est plus à présenter. Il existe au Gabon depuis plusieurs décennies, même si la formule a du mal à "percer". Il répond aux demandes précises de la part d'adultes qui ne veulent pas baisser les bras. La formation à distance permet à tous ceux et à toutes celles qui n'ont pas su ou pu saisir la première chance de la formation première, de "rebondir" pour véritablement entrer dans la vie professionnelle valorisante »

« Il est vrai qu’au Gabon, la formation à distance n'est pas, jusqu'à ce jour, un outil de formation utilisé au même titre que les autres formes de formation. Néanmoins, elle est connue comme étant la seule technique de formation qui, grâce à l'utilisation de différents moyens de communication, a la particularité de pouvoir aller vers les apprenants sans attendre que ces derniers se déplacent sur le lieu de la formation et se réunissent dans des salles pour recevoir, en face à face, des formations de la part des enseignants »

Q2. Quels sont pour vous, les aspects positifs inhérents à ce type de formation ?

Il y a une belle unanimité de l’ensemble des dirigeants interrogés, pour dire que, l’ouverture de la formation professionnelle à de nouvelles modalités de formation et à l’usage des technologies de l’information et de la communication, ouvre un champ très étendu pour des initiatives novatrices, en vue d’une meilleure adaptation de la formation, aux besoins des salariés et aux exigences de la vie professionnelle.

« La mondialisation et les efforts toujours accrus de la compétitivité qu’elle déclenche nécessitent - pour un nombre croissant de personnes - une évolution de plus en plus rapide de leurs qualifications . Grâce à la formation à distance, plusieurs gabonais pourront avoir accès à des formations techniques pointues, qu’ils ne peuvent avoir sur place»

La FAD, pour cette population enquêtée, est une autre façon de se former ouvrant les portes de la modernité, du bien-être social et humain.

219 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

« La FAD permet de concilier la formation et l’ensemble des contraintes professionnelles ou personnelle »

«La FAD va surtout contribuer au développement des entreprises de notre pays qui devraient y trouver un intérêt pour la souplesse d'utilisation, la qualité des enseignements, dès l'instant où les programmes de formation proposés seront plus étoffés et plus affinés »

« En offrant à un plus grand nombre de salariés la possibilité de se perfectionner. La FAD est un outil très intéressant pour ces salariés car il va leur permettre de se replonger dans les études de façon très souple, car le dispositif est fait pour s'adapter totalement à la capacité de chaque personne. La FAD concourt ainsi à l’épanouissement de l’être humain dans son milieu professionnel»

« Le système gabonais de formation continue a souvent eu tendance à profiter prioritairement aux personnes déjà les plus formées. Seule la FAD a la particularité de permettre aux salariés d'accéder en grand nombre, sans distinction de catégorie, à une gamme diversifiée de filières de formation professionnelle continue »

« C'est une alternative qui devra vivifier l'espoir des travailleurs, en leur redonnant confiance en eux, car répondant à leurs besoins de formation continue, ou de mise à niveau »

Q3. Quels en sont les aspects négatifs ?

Nos interviewés semblent ne pas vouloir mettre en avant les aspects négatifs de la FAD, d’autant plus qu’ils n’en ont pas les preuves. Néanmoins, ils tiennent à en énoncer, mais de manière impersonnelle. Ce sont des critiques venants des autres, de certaines personnes qui rejettent la formule. Ils s’expriment de la façon suivante :

220 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

« Il parait que la FAD nécessite une parfaite autonomie des stagiaires. Or, force est de reconnaître que certaines personnes ne parviennent pas à se former si elles ne sont pas en contact direct avec leur formateur. Il faut alors prévoir les blocages psychologiques des stagiaire s » « Il semble que le suivi administratif induit par un tel dispositif de formation est relativement lourd à mettre en œuvre »

« Il paraît que si la réduction des coûts de formation induite par la mise en œuvre d'un tel dispositif est de 50% environ, l'investissement pédagogique réalisé en amont est en revanche très important »

« Certaines personnes disent que la FAD exige des apprenants une bonne maîtrise des outils de communication, ce qui demande une formation supplémentaire et sous-entend des dépenses supplémentaires en dehors de la formation elle même »

D’une manière plus large, la possibilité offerte aux salariés d’accéder à des formations de qualité est mise en avant comme facteur d’épanouissement professionnel et personnel. Pour cette population d’enquêtés, grâce à la FAD, les salariés gabonais pourront bénéficier de formations de qualité offertes par les grandes universités de renom, facteur essentiel pour le développement durable du pays.

1.2 – Le champ économique et technique Idéologie dominante. La FAD est pensée comme une solution essentielle pour permettre aux employés d’être plus productifs et opérationnels dans leur service respectif.

Q5. D’aucuns estiment que la FAD est la réponse technique et stratégique la mieux adaptée pour former les salariés en exercice. Quel est votre avis sur le sujet ?

221 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Pour cette population d’enquêtés, la FAD est une nouvelle voie de perfectionnement des salariés. De façon récurrente, tous évoquent une nouvelle façon d’organiser la formation qui est rationnelle et d’une efficacité pratique.

« La FAD va permettre aux salariés d'améliorer leur qualification professionnelle, de perfectionner la connaissance de leur métier, voire d'élargir leur champ d'activité. De plus, elle va leur offrir l’avantage de concilier les besoins de formation et les objectifs professionnels »

« Toute entreprise qui souhaite développer ses activités au sein d'un marché en constante mutation doit être en mesure de faciliter l'adaptation de ses salariés aux nouvelles données économiques, technologiques et sociales de leur fonction »

« La FAD est la réponse technique et stratégique la mieux adaptée pour former les salariés en exercice. L'organisation du travail actuelle pose à l'employeur et au salarié des problèmes organisationnels pour se former. La formation à distance est un moyen qui devrait connaître une belle croissance car elle permettra aux salariés de pouvoir par exemple utiliser de manière souple leurs droits de se perfectionner hors du temps de travail »

« Dans un contexte qui privilégie la concurrence, il devient vital pour l'entreprise d'avoir recours à la formation à distance de ses salariés » ;

Le discours des sujets s’articule autour de la fonction idéologique d’efficacité pratique de la FAD, qui est un remède à tous les problèmes d’organisation au niveau de l’administration. Ainsi, Les salariés qui désirent faire carrière, mais ne peuvent pas se permettre de s’absenter pour se rendre dans une institution traditionnelle, trouveront en la FAD, un moyen de se former, à leur convenance.

« Il est possible de gagner un temps de déplacement précieux ainsi que les frais correspondants »

222 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

« L'entreprise n'aura plus à se préoccuper des problèmes de remplacements qui accompagnent souvent une période de formation traditionnelle »

1.3 - Le champ politique

Idéologie dominante : Toute décision venant du gouvernement et ayant trait à l’adoption de la FAD sera salutaire.

Q6. Nous voudrions savoir si vous attendez quelque chose des pouvoirs publics et quoi ?

A travers les discours, il apparaît que nos enquêtés sont tous convaincus que le sort de la FAD dépend du positionnement de l’Etat vis-à-vis de ce type de formation. Cette conviction peut d’ailleurs se vérifier dans la plupart des pays en voie de développement d’Afrique subsaharienne, où l’Etat est toujours impliqué et omniprésent dans les grandes décisions et autres orientations d’éducation et de formation.

« La FAD ne pourra être adopté qu’avec une volonté politique déterminée, que si les personnes ayant les compétences nécessaires assument collectivement la responsabilité de l’élaboration de stratégies et de leur application et si les ressources financières nécessaires sont mises à disposition »

« L’adoption de la FAD par l’Etat sera salutaire car elle va offrir au plus grand nombre, sinon à tous les salariés, la chance d’avoir, de plein droit, accès à des formations pointues grâce auxquelles la prospérité des entreprises sera assurée ».

Les entretiens font ainsi ressortir un fort besoin d’une politique globale à mettre en place en concertation avec les différents acteurs de terrain, (groupe de pilotage nécessaire) pour des projets à long terme s’appuyant sur un plan simple, mesurable, atteignable, réaliste et coordonné dans le temps. Ce plan concentrerait ses efforts sur une élévation globale du niveau de la population en termes d’accès à des formations de haut niveau.

223 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

II - PERCEPTION DU DISPOSITIF ACTUEL DE FORMATION PROFESSIONNELLE

Q7. Pourriez vous nous parler de l'offre de formation au Gabon?

Les responsables interrogés apparaissent très critiques par rapport à l’offre de formation professionnelle en vigueur au Gabon. Cette offre leur paraît insuffisante quantitativement et qualitativement, compte tenu des besoins du marché global. Globalement, Ils estiment qu’avec l’arrivée des nouvelles technologies, la formation est aujourd’hui principalement tournée vers la bureautique, qui correspond à la demande essentielle, et peu encore vers les nouvelles technologies.

« Au Gabon, nous avons encore ce qu’on appelle « la formation en surface ». Il n’y a vraiment pas de formation spécialisée qui tient la route».

« C’est encore une formation fouillis qui va dans tous les sens ».

« On manque de compétences dans les domaines plus pointus »

« Manque de maîtrise, pas de confiance »

Q8. Cette offre est-elle reconnue de qualité et adapté aux besoins locaux ?

« Pas vraiment. On ne leur apprend pas à être acteurs de contenus, l’offre de formation apparaît ainsi insuffisante quantitativement et qualitativement, compte tenu des besoins du marché global »

« Il convient d’avoir une "approche métier", c’est-à-dire former l’utilisateur à l’outil intégré dans une fonction en rapport avec un métier »

224 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

« On fait de la formation pour de la formation »

Q9. Avez-vous par exemple, des besoins de formation aux TIC ?

Le besoin de formations exprimé concerne : la bureautique, Internet, la maintenance et service après vente matériel, l'administration et la sécurité des réseaux.

« Les entreprises ont besoin d’informaticiens en maintenance, SAV et administration réseau et le Gabon n’en forme pas assez. De plus, la formation n’est pas assez pratique dans le domaine des TIC »

« Il existe encore aujourd’hui des formations Word, Excel, PowerPoint… d’une durée de deux semaines voire plus, et cela à temps plein, c’est une aberration »

« Il faudrait fédérer les formations autour d’intérêts qui concernent directement les professionnels afin qu’ils puissent voir des résultats immédiats et concrets »

Q10. Etes vous satisfait des modalités de formation de vos salariés ?

La majorité des organismes de formation sont eux-mêmes sous-équipés et ne disposent pas de compétences dans les domaines des TIC (formation des formateurs) leur permettant de relever les défis. De nombreux organismes n'ont pas encore bien intégré l'importance des enjeux liés aux TIC, en tant qu’objet de la formation mais également en tant qu'outil.

« Le marché de la formation est un marché dans lequel petites et grosses entreprises trouvent leur place, "tout et n’importe quoi aussi !", avec des "opportunistes" voire des "charlatans" ».

« Tout le monde s’y met et veut sa part de gâteau. C’est aussi un "marché très concurrentiel et mal structuré"

225 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Q11. D’où viennent, selon vous, les blocages au développement de la FAD ?

A travers les prises de paroles des uns et des autres, il ressort qu’il y a des peurs induisant des blocages relevant du domaine culturel :

« Nous ne sommes pas au Gabon dans une culture de formation à distance ».

Du côté technique, les interviewés parlent surtout de compétences encore insuffisantes.

« La FAD d’aujourd’hui nécessite des compétences techniques, informatiques et pédagogiques ainsi qu’un travail en équipe pluridisciplinaire. Le Gabon ne dispose pas encore de ces compétences »

« Pour le moment, seules les formations présentielles sont réalisées, il y a un manque d’information et de sensibilisation des chefs d’entreprises sur ce domaine. Ce serait une bonne chose si la FAD est adoptée au Gabon ».

III - PROJETS EN TERMES D’ADOPTION DE LA FAD

Q12. Etes-vous disposé(e) à recommander une FAD à vos employés si l’opportunité vous en était offerte ?

Une de nos principales questions était de savoir si nos interviewés étaient disposés à recommander la FAD à leurs employés. Déjà, la détermination apparaît dans les expressions des sujets, marquant la volonté de voir changer la situation. On voit bien à travers leurs discours qu’ils sont entièrement acquis à la cause de la FAD et sont prêts à en recommander à leurs employés.

« Avec la mondialisation, tous les salariés doivent être prêts à se former tout au long de la vie. La FAD est justement la formule qui peut les aider à atteindre cet objectif »

226 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

« Les nouvelles technologies sont devenues une réalité incontournable. Le premier effet produit par ces nouvelles technologies est d’accélérer l’obsolescence des qualifications. Tous les secteurs qui tiennent à s'adapter aux innovations technologiques ont tout intérêt à adopter la formule de FAD »

ÉLÉMENTS DE SYNTHÈSE

Les résultats des entretiens font apparaître quelques points intéressants à souligner en termes de tendances. Pour la majorité des répondants, la valeur ajoutée principale de la FAD réside principalement dans la flexibilité qu’elle permet (souplesse et adaptation aux besoins), assez largement devant l’efficacité. En somme, l’ensemble des répondants envisage les perspectives de la FAD de façon plutôt cohérente. Ils semblent envisager son développement sur une échelle très significative, mais progressive aussi. A leurs yeux ce développement ne semble pas se caractériser par une logique de substitution intégrale aux modalités classiques, mais par une logique de mixité ou d’intégration progressive.

La formation à distance des salariés répondra donc bien à un besoin. Pourtant les avis concernant la modalité « à distance » sont encore partagés, non pas du seul fait de difficultés pratiques, mais plutôt du fait même de la conception de cette modalité de formation : les nouveaux produits de formation devront apporter plus qu’une formation à distance par courrier postal, pour exploiter pleinement la richesse des possibilités que procure l’usage d’un ordinateur et de la connexion à Internet et ainsi compenser les réticences très nettement perceptibles au travers des résultats de cette enquête. Notons au passage que la formation continue à distance par Internet est quelque chose de nouveau pour la plupart d'entre eux, si plus de la moitié est disposée à suivre une telle formation, le résultat sera plutôt encourageant.

L’analyse des entretiens nous a apporté une richesse et une précision plus grandes dans les informations recueillies auprès des cadres administratifs vis-à-vis de la FAD. Nous allons à présent chercher à compléter ces résultats par l’analyse du questionnaire adressé aux salariés.

227 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

CHAPITRE II : PRÉSENTATION ET DISCUSSION DES RÉSULTATS DU QUESTIONNAIRE ADRESSÉ AUX EMPLOYÉS

Avant de proposer quelques éléments d’analyse issus de cette enquête, il convient de souligner, que les ensembles de répondants ne peuvent être considérés comme représentatifs d’un point de vue statistique. En effet, 109 réponses nous sont parvenues par courrier, ce qui représente 43,6% de la population globale visée. Malgré ce taux de réponse de 43,6%, ce qui est très respectable pour une enquête postale, la population et les réponses obtenues étaient trop peu nombreuses pour que les résultats soient significatifs. On ne peut donc pas conclure que les résultats s'appliquent à tous les travailleurs gabonais. De plus, les résultats sont probablement erronés car beaucoup n'ont pas tous retourné leur questionnaire. Nous croyons que ceux qui n'ont pas répondu au questionnaire n'y accordent pas le même intérêt que ceux qui y ont répondu. Nous nous disons par exemple que les personnes qui ont renseigné l’enquête ont peut-être une opinion plus arrêtée au sujet des questions traitées que ceux qui n'ont pas répondu. Un fait à relever cependant, malgré la longueur du questionnaire (24 questions), les répondants ont pris la peine de nous laisser 109 commentaires, ce qui révèle un réel besoin d'exprimer leur opinion.

I - PRÉSENTATION ET ANALYSE DES CARACTÉRISTIQUES SOCIODÉMOGRAPHIQUES

Le groupe de répondants est composé d’une proportion un peu plus forte de travailleurs de nationalité gabonaise 68,8%, les étrangers représentent tout de même 31,2% de l’échantillon. Le tableau suivant indique leur répartition selon la nationalité.

228 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Tableau 20 : Répartition des personnes ayant répondu selon leur nationalité

Nationalité Nombre % Gabonais 75 68,8 Expatriés 34 31,2 Total 109 100

Ces chiffres traduisent la problématique de la présence massive des étrangers au Gabon. En effet, le Gabon est considéré, à tort ou à raison, comme « un des rares États de l’espace francophone africain où la population étrangère est la plus forte eu égard à la population totale » 259 . Cette vocation de terre d’immigration est confirmée par le dernier recensement démographique exploitable (2003), qui a évalué officiellement les étrangers vivant dans le pays à un peu plus de trois cent mille immigrants, pour une population globale estimée à 1.520.911 personnes (recensement de 2003, chiffres revus par la Cour constitutionnelle et entérinés par le Conseil des Ministres du 17 mars 2005) – soit une proportion d’immigrés de 19,7%, pour la plupart d’origine africaine. En effet, si la récession économique et la politique de « gabonisation » des postes dans l’administration publique (éducative et médicale) ont mis un terme, dès la seconde moitié de la décennie 1980, au recours systématique aux « travailleurs-hôtes », elles n’ont pas pour autant fait perdre au pays sa vocation de terre d’immigration. Aujourd’hui encore, en dépit d’un contexte économique de plus en plus dégradé et sur fond de remous sociopolitiques, grâce à ses énormes ressources naturelles, le Gabon est toujours considéré comme un eldorado en Afrique subsaharienne et reste une destination prisée par des milliers de migrants.

Le tableau suivant indique la répartition des répondants selon le sexe.

259 Nzagou-Mougodjo (1982). La place des étrangers au Gabon , Thèse Doctorat Droit public, Université de Poitiers.

229 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Tableau 21 : Répartition sexuée des salariés

Sexe Nombre % Masculin 61 56 Féminin 48 44 Total 109 100

Nous avons un échantillon hommes/femmes conforme au paysage actuel de l’emploi au Gabon où on parle de plus en plus de rééquilibrage des sexes sur le marché du travail. En effet, nous remarquons, à travers ce tableau, que la prédominance des hommes existe à peine (56%), 44% des femmes occupent un emploi salarié. Cette situation n’a pas toujours été ainsi (rappelons au passage que les femmes sont plus nombreuses que les hommes avec un rapport de masculinité de 97 hommes pour 100 femmes). Il y a quelques années, la Gabonaise n’avait aucun intérêt pour le travail et encore moins pour les petits métiers. Une attitude favorisée, il est vrai, par l’Etat providence qui a longtemps régi le Gabon pendant la période faste du boom pétrolier. Le déclin de cette ressource, le brassage des cultures et autres exigences du Fonds monétaire internationale (FMI), pour une réduction drastique du train de vie de l’Etat, ont bouleversé petit à petit les comportements. Dorénavant, les Gabonaises qui représentent plus de la moitié de population totale du pays, participent largement à la vie économique gabonaise. Leur arrivée massive sur le marché du travail coïncide avec la généralisation de la contraception, une meilleure scolarité, mais aussi, et surtout, la volonté des intéressées elles-mêmes d’acquérir une autonomie financière, après des décennies de politique familiale qui les incitait à demeurer au foyer.

La répartition des salariés en fonction de leur âge est présentée dans le tableau suivant :

230 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Tableau 22 : Répartition selon l’âge des répondants

Age Nombre % Moins de 20 ans 18 16,5 20-30 ans 35 32,1 31-40 ans 29 26,6 41-50 ans 18 16,5 51-60 ans 9 8,3 Total 109 100

Figure 7 : Répartition selon l’âge des répondants

35,0 32,1 30,0 26,6

25,0

20,0 16,5 16,5

15,0

Répondants 10,0 8,3

5,0 0,0 moins de 20-30 30-40 40-50 50-60 20 ans ans ans ans ans

Age

Ces chiffres sont assez proches de la répartition nationale car, le Gabon se caractérise par une population jeune. Le tableau suivant nous donne la répartition des répondants selon l’ancienneté dans leur emploi. Outre les informations relatives à l’âge, l’enquête permettait de disposer d’informations sur l’ancienneté des répondants.

231 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Tableau 23 : Répartition des répondants selon l’ancienneté

Ancienneté Nombre % moins d'un an 18 16,5 1 à 5 ans 18 16,5 5 à 10 ans 27 24,8 10 à 15 ans 21 19,3 15 à 20 ans 13 11,9 20 à 30 ans 8 7,3 30 ans et plus 4 3,7 Total 109 100

Figure 8 : Répartition des répondants selon l’ancienneté

30,0 24,8 25,0

19,3 20,0 16,5 16,5 15,0 11,9 Répondants 10,0 7,3

5,0 3,7

0,0 moins 1 à 5 5 à 10 10 à 15 15 à 20 20 à 30 ans d'un an ans ans ans ans 30 ans et plus Ancienneté

La fluidité relative du marché de l’emploi, notamment au cours des premières années d’activité, se traduit par l’ancienneté des salariés chez leur employeur : 33% des salariés sont employés depuis moins de 5 ans. La majorité des répondants, plus exactement, 44% des

232 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives salariés, ont une ancienneté comprise entre 5 et 15 ans. 23% sont employés depuis plus de 15 ans.

II – CARACTÉRISTIQUES PROFESSIONNELLES DES EMPLOYÉS

Voyons à présent quelle est la répartition de cette population selon le diplôme.

Tableau 24 : Répartition de la population interrogée selon le diplôme

Diplôme Effectifs % Sans diplôme 21 18,3 BEPC 28 25,7 BAC 27 24,8 BAC+2 20 18,3 BAC+3 et + 13 12,8 Total 109 100

Figure 9 : Répartition de la population interrogée selon le diplôme

35,0 33,0

30,0

25,0 22,9

20,0 17,4 14,7 15,0 11,9 Répondants 10,0

5,0

0,0 Sans BEPC BAC BAC+2 BAC +3 diplôme et + Diplômes

Les chiffres ci-dessus présentés montrent que les employés ayant renseigné notre questionnaire sont, dans leur grande majorité titulaires de diplômes. Seuls, 18,3% d’entre eux travaillent sans diplôme, les titulaires du Brevet sont les plus nombreux (25,7%),

233 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives suivis des bacheliers (24,8%). Certains salariés, parmi cette population, sont détenteurs de diplômes d’études supérieures (31,1%). Cette catégorie recouvre deux composantes distinctes : (18,3%) ont un niveau Bac + deux ans. Les titulaires de diplômes universitaires de haut niveau (DESS, DEA, Doctorat) sont les moins représentés, 12,8%.

Le tableau ci-après donne un aperçu de la répartition des répondants selon leur profession.

Tableau 25 : Répartition des répondants selon la profession

Profession ou groupe professionnel Nombre % Mécaniciens 3 2,8 Techniciens (spécialité non spécifié) 5 4,6 Techniciens du bâtiment 3 2,8 Electriciens 4 3,7 Employés de bureau 10 9,2 Agents de banque 27 24,8 Postiers 6 5,5 Plombiers 9 8,3 Infirmiers 8 7,3 Médecin 1 0,9 Chauffeurs 6 5,5 Economistes 6 5,5 Magistrats 3 2,8 Greffiers 4 3,7 Ingénieurs Informaticiens 8 7,3 Divers 5 4,6 Non spécifié 1 0,9 Total 109 100

234 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Si l'intérêt pour la recherche se manifeste, entre autres, par la réponse à un questionnaire qui y est exclusivement consacré, nous pouvons avancer qu'un peu plus du quart des employés de banques se sont sentis directement concernés par l’enquête. Leur répartition par rapport à la population globale visée et leurs réponses nous éclairent sur la façon dont cet intérêt se distribuait au moment de l'enquête. En effet, le groupe le plus nombreux, 27 personnes en tout, soit 24,8%, est constitué par ces derniers, ensuite vient les agents de bureau (9,2%). Les plombiers (8,3%), les infirmiers (7,3%) et les informaticiens (7,3%), les chauffeurs (5,5%) et les économistes (5,5%) sont les groupes qui ont tout de même tenu à répondre, même s’ils ne sont pas représentatifs par rapport au nombre sollicité. Le reste n’a peut être pas trouvé d’intérêt à répondre au questionnaire, si bien qu’on se retrouve avec des pourcentages en dessous de 5%.

III – ORGANISATION DE LA FORMATION CONTINUE DES EMPLOYÉS

Nous avons voulu savoir le nombre de stages perfectionnement auxquels les enquêtés ont participé depuis le début de leur carrière. Le tableau ci-après renseigne sur ce nombre.

Tableau 26 : Nombre de stages de formation continue suivis

Nombre de stages Effectifs % 0 stage 66 60,6 1 à 3 stages 30 27,5 4 stages et + 13 11,9 Total 109 100

Le tableau 26 illustre qu'une très vaste proportion des travailleurs - près de 60,6 % - ont indiqué n’avoir jamais bénéficié d’une action de formation continue quelconque, cela depuis le début de leur carrière, tandis que les autres (39,4%) ont suivi au moins un stage en formation continue.

235 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Le tableau suivant, nous donne un aperçu du lieu de formation habituel des 43 salariés qui disent avoir participé, au cours de leur carrière, à des stages de perfectionnement.

Tableau 27 : Lieu de formation des salariés

Effectif % Niveau local 26 60,5 Etranger (hors du pays) 17 39,5 Total 43 100

Les chiffres du tableau 27 peuvent surprendre car, bien que la part des employés formés au Gabon soit relativement plus élevée (60,5%), nous constatons que les travailleurs gabonais sont encore nombreux à se former à l’étranger (39,5%). Ce qui revient cher à l’Etat, nous l’avons vu plus haut, l’Etat dépense des milliards chaque année pour envoyer des employés suivre des formation à l’étranger.

Le tableau ci-après apporte un certain nombre d’informations chiffrées sur l’organisation de la formation des salariés formés sur place (au Gabon).

Tableau 28 : Organisation de la formation continue

Effectifs % Formation avec un formateur interne 6 23,1 Formation avec un formateur externe 15 57,7 Echanges entre collègues 5 19,2 Total 26 100

Les chiffres du tableau 28 démontrent que la majorité des employés suivent des formations continues intra-entreprise qui regroupent les salariés d'une même entreprise avec un formateur externe (57,7%). Les travailleurs formés avec un formateur salarié interne ne représentent que 23,1%. Tandis que 19,2% des salariés disent s’être formés grâce aux échanges entre collègues. Les échanges répétés, les discussions approfondies

236 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives entre collègues sur des programmes favorisent effectivement le développement de la normalisation et des méthodes de qualité.

Le tableau ci-après renseigne sur les méthodes employées par les travailleurs qui déclarent n’avoir jamais suivi de formation continue pour mettre à jour leurs connaissances techniques.

Tableau 29 : Mise à jour des connaissances techniques

Effectifs % Lecture 26 39,4 Information sur Internet 6 9,1 Autres 34 51,5 Total 66 100

Alors que la mise à jour des connaissances et des compétences professionnelles est devenue indispensable pour faire face aux nouvelles exigences de l’économie et du marché du travail, les chiffres du tableau ci-contre montrent que 39,4% des salariés déclarant n’avoir jamais suivi de stage de formation continue, mettent à niveau leurs connaissances grâce à la seule lecture. Seulement 9,1% ont recours à Internet pour se perfectionner. Le reste, soit 51,5%, le fait peut être par d’autres moyens (sur le tas, échanges entre collègues…)

IV – LA PRATIQUE DE LA FORMATION À DISTANCE

Nous étions par ailleurs curieuse de savoir combien de travailleurs avaient déjà effectué une FAD. Pour cela, nous leur avons posé la question sur leur connaissance de cette technique de formation.

Le tableau suivant nous renseigne sur cette question.

237 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Tableau 30 : Connaissance de la formation à distance

Effectifs % Oui 46 42 Non 63 58 Total 109 100

Les résultats démontrent que 58% des personnes interrogées disent n’avoir jamais entendu parler de la FAD, du moins, avant cette étude. Alors que les 42% autres admettent qu'elles connaissaient l’existence de ce type de formation.

Le tableau ci-après donne la proportion des travailleurs ayant déjà effectué ce type de formation

Tableau 31 : Répartition des employés ayant déjà effectué ou non une formation à distance

Effectif % Oui 19 25,7 Non 90 74,3 Total 109 100

Nous leur avions ensuite posé la question sur leur intention de participer ou non à une FAD. Leurs réponses sont répertoriées dans le tableau suivant :

Tableau 32 : Salariés favorables ou non à suivre une FAD

Effectifs % Oui 70 64,2 Non 34 31,2 Je ne sais pas 5 4,6

238 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

En regardant le tableau 32, nous apprenons que près de deux tiers des gens interrogés sont d’accord pour suivre une formation à distance. Seulement 31% ne partagent pas cet avis. Par contre, 5% semblent hésitant à donner leur avis sur leur éventuelle participation à ce type de formation.

Par ailleurs, nous avons voulu savoir si les enquêtés ayant répondu par l’affirmative trouvaient que leur condition de vie convenait aux exigences d’une FAD. Le tableau suivant donne un aperçu des réponses à cette question.

Tableau 33 : Cadre de vie favorable à une FAD ?

Effectifs % Oui 17 24,3 Non 53 75,7 Total 70 100

En commentant ce tableau 33, nous apprenons que 75,7% des enquêtés, trouvent que leur condition de vie ne cadre pas avec ce genre de formation. Une chose est certaine, le travail à domicile est difficilement réalisable au Gabon. L’expérience vécue lors de la formation à distance DESS UTICEF nous amène aujourd’hui à confirmer cette assertion. D’une part, la majorités des habitations ne sont pas conçues pour ménager des places permettant de travailler dans de bonnes conditions de confort (bruit, éclairage…) et, d’autre part, la vie sociale en famille n’est pas favorable à l’isolement. Aussi, ne sont-ils que 24,3% à déclarer que leur condition de vie se prête à ce mode de formation. Ces données peuvent donner lieu à des interprétations. Car, malgré le fait que la majorité des répondants (75,7%) sont conscients que leur condition de vie ne cadre pas avec les exigences d’une FAD et qu’il faut nécessairement un cadre d’étude et de vie propice pour mener à bien un tel projet, ils sont tout de même prêts à suivre ce mode de formation. Nous pouvons donc raisonnablement déduire que ces employés sont prêts à faire des sacrifices et que la puissance de motivation des avantages attendus doit l’emporter.

239 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Examinons maintenant les réponses à la question 23, intitulée : Laquelle des considérations suivantes pourrait, à l’avenir, vous inciter à effectuer une FAD ?

On peut évaluer l’influence de chaque facteur en additionnant les choix. Le seul fait de désigner expressément un avantage attendu prouve que celui-ci peut contribuer à entraîner une décision. Les pourcentages sont donc, dans ce cas, naturellement calculés en fonction de l’ensemble des choix, puisque les diverses options peuvent, là aussi, être choisies à volonté. En fait, la question était formulée de façon à inviter le répondant à signaler tout autre facteur qui pourrait influencer sur sa décision.

Le tableau suivant analyse les réponses à cette question. Tableau 34 : Avantages escomptés

Facteurs (plusieurs choix sont possibles ) Nombre de choix % de choix Avancement rapide 7 6,2 Rémunération plus élevée 6 5,3 Sentiment de sécurité plus grand 10 8,8 Possibilités de faire un travail plus intéressant 38 33,6 Désir d’avoir un diplôme supérieur 47 41,6 Autres motifs 5 4,4 Total 113 100

Le fait le plus frappant dans ces chiffres est l’importance des écarts qui les séparent. La dispersion ressort de façon particulièrement nette d’une comparaison entre le pourcentage le plus élevé et le plus faible (41,6%...4,4). Ainsi, la recherche de diplômes élevés peut être, chez les répondants, un facteur de motivation déterminant pour effectuer une FAD (41,6%). En deuxième position, vient la possibilité d’avoir un travail plus intéressant (33,6%). Ces pourcentages relativement proches, sont cependant suivis d’une chute brusque, ce qui met en évidence une évaluation précise de l’importance de chacun des avantages. Les autres motifs sont, à notre avis, jugés beaucoup moins importants. Il

240 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives apparaît ainsi que ces facteurs ne peuvent jouer qu’un rôle moindre, dans la décision que peuvent prendre les répondants, d’entreprendre un jour une FAD.

Toutefois, il semble révélateur qu’à peine un quart des personnes interrogées aient considéré un grade supérieur obtenu à l’issu d’une formation faite à distance comme étant un moyen d’obtenir un avancement plus rapide ou un espoir d’une rémunération plus élevée. En effet, si 41,6% disent que l’obtention d’un diplôme supérieur est le principal facteur qui pourrait les amener à suivre une formation à distance, seuls 6,2% de cette population pense qu’ils pourront avoir un avancement rapide, 5,3% avancent qu’ils viseront l’espoir d’une rémunération plus élevée. Il faudrait élucider davantage les raisons sur lesquelles se fonde cette opinion : nous pouvons supposer qu’elle est liée au fait souligné plus haut, concernant la non reconnaissance de diplômes obtenus à l’issu d’une formation à distance.

ÉLÉMENTS DE SYNTHÈSE

La lecture transversale des réponses aux questionnaires fait apparaître quelques points intéressants à souligner en termes de tendances. Pour la majorité des répondants, la valeur ajoutée principale de la FAD réside principalement dans la flexibilité qu’elle permet (souplesse et adaptation aux besoins), assez largement devant l’efficacité. Enfin l’ensemble des répondants envisage les perspectives de la FAD de façon plutôt cohérente. Ils semblent envisager son développement sur une échelle très significative, mais progressive aussi. A leurs yeux ce développement ne semble pas se caractériser par une logique de substitution intégrale aux modalités classiques, mais par une logique de mixité ou d’intégration progressive.

La formation à distance des salariés répondra donc bien à un besoin. Pourtant les avis concernant la modalité « à distance » sont encore partagés, non pas du seul fait de difficultés pratiques, mais plutôt du fait même de la conception de cette modalité de formation : les nouveaux produits de formation devront apporter plus qu’une formation à distance par courrier postal, pour exploiter pleinement la richesse des possibilités que

241 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives procure l’usage d’un ordinateur et de la connexion à Internet et ainsi compenser les réticences très nettement perceptibles au travers des résultats de cette enquête. Notons au passage que la formation continue à distance par Internet est quelque chose de nouveau pour la plupart d'entre eux, si plus de la moitié est disposée à suivre une telle formation, le résultat sera plutôt encourageant.

242 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

CHAPITRE III : PRÉSENTATION ET INTERPRÉTATIONS DES RÉSULTATS DU QUESTIONNAIRE ADRESSÉ AUX ENSEIGNANTS DU SECONDAIRE GÉNÉRAL EN EXERCICE

Dans cette partie de notre recherche, les données du questionnaire adressé aux enseignants du secondaire sont présentées et discutées. Afin d’effectuer l’analyse des données, nous avons eu recours à l’utilisation du logiciel Excel. Dans ce programme, les différentes questions ont été encodées comme des variables distinctes. Un ensemble de méthodes ont été utilisées pour faciliter l'interprétation des résultats : données statistiques, tableaux, etc. Afin de mieux expliciter les conclusions de notre enquête, ces résultats ont été classés selon les thèmes choisis, à savoir : - les caractéristiques des répondants ; - Le fonctionnement actuel de la formation continue des enseignants - les besoins de formation continue des enseignants ; - les avis et opinions sur la formation à distance.

Au 20 avril 2007, notre enquête était bouclée et nous disposions de 186 réponses. Sur ce total de réponses recensées, nous en avons finalement retenu 168 jugées exploitables, 18 n’ayant pas été conservées, car jugées trop incomplètes (pas de réponses à plusieurs questions). Parmi les 168 réponses prises en compte, 105 provenaient des enseignants en poste à Libreville (62,5%) et 63 avaient été fournies par des enseignants affectés à l’intérieur du pays (37,5%), dont on trouve ci-dessous quelques éléments statistiques concernant leur répartition. Cette enquête ne saurait avoir le degré de précision d’un sondage représentatif à l’échelle nationale ; elle permet néanmoins de dégager un certain nombre de tendances significatives. En considérant les questionnaires non retenues, nous situons le taux de participation à 74,4%, soit 186 répondants sur les 250 enseignants sollicités. Ce taux particulièrement élevé est un bon indicateur de l’intérêt que les enseignants portent à la FAD. Autre élément illustrant l’aspiration des enseignants à s’exprimer : 52,6% des répondants ont utilisé la possibilité offerte en fin de questionnaire afin de formuler un commentaire à propos de la situation de la FAD et de son avenir au Gabon. Au sein de cet échantillon nous n’avons pas retenu les personnes travaillant à titre

243 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives de vacataires et celles se déclarant inactives. Il serait utile de commencer par examiner les caractéristiques sociodémographiques des répondants.

I - CARACTÉRISTIQUES SOCIODÉMOGRAPHIQUE DES RÉPONDANTS

Tableau 35 : Répartition selon la nationalité

Nationalité Nombre % Gabonais 118 70 Etrangers 50 30 Total 168 100

Figure 10 : Répartition selon la nationalité

30%

Gabonais Etrangers

70%

Ce que nous pouvons retenir des pourcentages ci-dessus présentés, est le fait qu’ils reflètent fidèlement le processus de "gabonisation de l’enseignement" en marche au Gabon depuis bientôt une décennie. En effet, le Gabon est connu comme faisant partie des pays africains qui, pour pallier la pénurie criarde des enseignants qu’ils subissent depuis plusieurs années maintenant, se sont orientés massivement vers l’engagement d’enseignants contractuels. Le milieu des années 1970 avait été particulièrement la

244 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives période de recrutement massif de ces derniers, suite au "boom pétrolier" que venait de connaître le pays. En fait, la flambée du cours du pétrole, dont le Gabon était jusque-là un modeste producteur, déversa sur le pays une telle pluie de devises que son budget s’en trouva quintuplé. L’euphorie économique née de cette situation incita naturellement les autorités gabonaises à recruter les enseignants. Au niveau africain, les grands bénéficiaires de ces « contrats expatriés » ont été les ressortissants des pays d’Afrique occidentale : c’est au Bénin, au Togo et, dans une moindre mesure, en Guinée et en ex- Haute Volta (actuellement Burkina Faso) que furent recrutés les plus gros contingents. Cette politique de recrutement des enseignants contractuels avait particulièrement connu une nette accélération entre 1975 et 1980. Jusque dans les années 1990, l’enseignement secondaire gabonais était composé majoritairement d’enseignants contractuels étrangers. Le souci de remédier à cette forte présence des étrangers dans le secteur de l’éducation avait finalement incité le gouvernement à engager une politique de nationalisation du secteur. On parle désormais de la "gabonisation" des postes. Toutefois, le pourcentage de 30% d’étrangers, même s’il semble relativement faible, révèle tout de même que le corps professoral est encore constitué d’une bonne frange d’expatriés. Le document fournit par la DPPI (voir page 67) confirme cette assertion. Sur les 4750 enseignants que compte le pays, 1514 seraient des étrangers. Les tentatives du gouvernement de renverser cette tendance ne semblent pas donner les résultats escomptés et le manque d'enseignants dans les matières scientifiques est plus frappant, confit le responsable du service recrutement du Ministère de l’Education nationale 260 . En 2007, le déficit dans les établissements secondaires est encore estimé à environ 545 enseignants, toutes les matières confondues. Pour combler ce déficit, le gouvernement s'était proposé de recruter 250 enseignants du second cycle, de nationalité étrangère. Mais, ce projet avait fait place, à la rentrée scolaire 2007-2008, à un mouvement de contestation de la part des deux principaux syndicats des enseignants, à savoir : l`Union Syndicale des Enseignants du Gabon (USEG) et le Syndicat de l`Education Nationale (SENA). « Nous demandons l’annulation de la décision de recruter 250 enseignants du secondaire en provenance de la République Centrafricaine et leur remplacement par des enseignants gabonais recrutés en urgence sur 3 mois dans les universités et grandes écoles de la place et bénéficiant d’une

260 Ministère de l’Éducation nationale, Direction des recrutements.

245 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives bonification indiciaire dès leur intégration ou engagement »261 , ont proposé les dirigeants des syndicats sus-cités.

Les renseignements sur la nationalité des enseignants enquêtés nous amènent à nous intéresser à leur sexe.

Tableau 36 : Répartition selon le sexe

Sexe Nombre % Masculin 127 76 Féminin 41 24 Total 168 100

Comme attendu, le tableau 36 révèle la situation d’inégalité qui prévaut dans l’enseignement secondaire général gabonais. En effet, la population ayant répondu à notre questionnaire est majoritairement masculine (76%), les femmes ne représentent que 24%. Ces chiffres pourraient être considérés comme fidèles, car assez proches des chiffres nationaux. En effet, suivant les données fournies par la Direction des statistiques du Ministère de l’Education nationale (voir tableau 5), sur un nombre total d’enseignants du secondaire estimé à 4750 (tout ordre confondu), 681 sont de sexe féminin, soit un pourcentage de 13,7%. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette inégale représentation du genre féminin dans l’enseignement secondaire, mais le handicap majeur de départ demeure le fait que beaucoup de filles n’arrivent pas au terme de l’enseignement secondaire et n’obtiennent pas de qualifications pour enseigner. Et ce, malgré des énormes progrès indubitablement accomplis par ces dernières dans la participation aux programmes d’enseignement supérieur au cours des quelques dernières décennies. Cette situation n’est évidemment pas le fait de la situation «mal-développement» que vit l'Afrique subsaharienne en général et le Gabon en particulier, elle se rencontre à des degrés divers sur la plupart des pays sous-développés au niveau planétaire. Au Niger par exemple, en enseignement secondaire et technique, 16 des 119 professeurs sont des

261 Gaboneco.com. L’USEG s’oppose au recrutement des enseignants centrafricains . Article téléchargeable à l’adresse : http://www.gaboneco.com/show_article.php?IDActu=2423 (consulté le 30 janvier 2008).

246 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives femmes 262 . « Il est courant que moins de 25% des instituteurs soient des femmes. Dans les régions rurales et isolées, il y a généralement encore moins de femmes enseignantes : seulement 15% au Cambodge, par exemple. Au Népal, 40% des écoles primaires n’ont toujours aucune femme enseignante », peut-on lire dans un document produit par Kit d’Action 263 .

Voyons à présent quel est l’âge de nos répondants.

Tableau 37 : Répartition selon l’âge

Age Nombre % 20 ans et moins 0 0,0 21-30 28 16,6 31-40 56 33,3 41-50 74 44,0 51-60 10 6,0 Total 168 100

262 Abdourhamane Salamattou. La situation des droits de la femme au Niger , Document téléchargeable à l’adresse : http://www.cifedhop.org/publications/perspectives/vuesdafrique1/salamatou (consulté le 28 juillet 2007). 263 Kit d’Action. Pourquoi une campagne sur l’accès à l’éducation des filles ? Droit à l’éducation - droit sans discrimination pour aller plus loin, Document téléchargeable à l’adresse : http:// www.declicsolidarite.org/data/File/fiches-Aide_Action.pdf (consulté le 28 juillet 2007).

247 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Figure 11 : Répartition par tranche d’âge

50,0 44,0 45,0 40,0 33,3 35,0 30,0 25,0

pondants 20,0 16,7 Ré 15,0 10,0 6,0 5,0 0,0 0,0 20 ans et 21-30 31-40 41-50 51-60 moins Tranche d'âge

Retenons de ces résultats que la moyenne d’âge de notre échantillon se situe autour de 36 ans et que l’ensemble des âges varie de 21 ans à plus de 50 ans avec une forte concentration dans les tranches d’âge entre 41 et 50 ans soit un peu plus de 44% de la population. Les enseignants âgés de moins de 30 ans et ceux se situant dans la tranche d’âge supérieure à 50 ans sont minoritaires et ne représentent respectivement que 16,7% et 6 % de l'échantillon. Ces chiffres sont encore une fois, assez proches de la répartition nationale. En effet, en tenant compte que l’ENS a commencé à fournir le marché des enseignants du secondaire à partir de 1971 (date de sa création) et que la période la plus féconde de cette institution se situe vers la fin des années 1980, il est normal que la majorité des enseignants impliqués dans notre échantillon soient âgés entre (40 ans et 50 ans). Cette situation pourra également s’expliquer par le fait que beaucoup de jeunes gabonais semblent aujourd’hui se désintéresser à la fonction enseignante qui, de l’avis de nombreux observateurs avisés, n’est plus aussi attractive qu’elle l’avait été, il y a environ

248 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

20 ans. Depuis quelques années effectivement, on remarque une perte, voire une absence de vocation pour l’enseignement au niveau de la jeunesse gabonaise. Le rapport de L’OECD (Organisation de coopération et de développement économiques) met en évidence la crise qui prévaut dans l’enseignement au Gabon : « depuis le milieu des années 90, les autorités éprouvent des difficultés à embaucher de nouveaux enseignants en raison de salaires estimés trop faibles et d’une réticence à s’installer en zones rurales. Les conséquences sont à la fois un vieillissement de la population enseignante et un encombrement des classes, certains effectifs à Libreville atteignant 100 élèves »264 souligne ledit rapport. De plus, selon le même rapport : « la formation des professeurs est insuffisante tandis que le niveau très bas des rémunérations débouche sur un fort absentéisme professoral, voire sur des abandons et refus de postes en zone rurale (liés à la rareté et au coût élevé des logements, ainsi qu’au refus de partir dans des zones rurales enclavées). Au-delà des difficultés financières, la faible cohérence des politiques scolaires, la mauvaise gestion des carrières du corps enseignant et un élitisme qui aboutit à négliger les enseignements intermédiaires (notamment la formation professionnelle) expliquent en partie la situation difficile dans laquelle se trouve le système éducatif gabonais »265 . Aussi, à défaut d’aller à l’extérieur, les jeunes diplômés se dirigent-ils vers des projets et autres métiers beaucoup plus lucratifs, plus enthousiasmants et facile d’accès. Ceux qui, malgré tout, s’engagent dans l’enseignement, finissent par se "lancer dans la politique" pour améliorer leur situation matérielle. Pourtant, vers les années 1980, le gouvernement avait pris plusieurs mesures incitatives dans le but de valoriser la fonction enseignante et d’y attirer les jeunes gabonais (révision du statut des enseignants, accès libre (sans concours) des jeunes bacheliers dans les instituts de formation des enseignants, introduction de quelques avantages matériels (indemnité de logement, indemnité d’éloignement (pour ceux qui étaient affectés dans des zones assez reculées), …). Beaucoup de jeunes diplômés sont ainsi devenus enseignants à la suite de ces mesures, comblant ainsi le déficit en enseignants prégnant à l’époque. Mais, depuis la réforme de 1990, les jeunes diplômés sont de moins en moins nombreux à embrasser la carrière de l’enseignement. Plusieurs

264 Rapport de l’OECD. Perspectives économiques en Afrique 2004-2005 : Gabon , Rapport téléchargeable à l’adresse : http://www.oecd.org/dataoecd/31/52/32552696.pdf (consulté le 29 juillet 2007). 265 Idem.

249 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives raisons semblent être à l’origine de cette situation, entre autres, l’instauration du concours d’entrée à l’ENS (pour les étudiants titulaires d’une licence ou d’une maîtrise) et de deux années préparatoires pour les bacheliers. Pour beaucoup de bacheliers, l’examen qu’ils doivent subir à l’issue des deux années préparatoires est décourageant et dépourvu de sens dans la mesure où ils ont été admis à l’ENS sur concours.

Voyons à présent comment se présente l'état matrimonial de nos enquêtés.

Il faut préciser que, dans le cadre de notre enquête, ont été considérés en "union" tous les hommes et femmes mariés de façon formelle ou non, ainsi que ceux vivant en union consensuelle. Selon cette définition, on constate que la grande majorité des enseignants (68%) étaient en union au moment de l'enquête et qu’à l'inverse, seulement 21% étaient célibataires. Les pourcentages des divorcés et des veufs sont négligeables et ne représentent respectivement que 7% et 4%.

Tableau 38 : Distribution de l’échantillon selon l’état civil

Etat civil Effectif % Marié (es) 115 68,5 Célibataires 36 21,4 Divorcé (es) 11 6,5 Veuf (ves) 6 3,6 Total 168 100

250 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Figure 12 : Distribution de l’échantillon selon l’état civil

3,6% 6,5%

21,4% marié célibataire divorcé veuf 68,5%

Les chiffres ci-dessus présentés sont très significatifs. Quand on sait combien de fois le célibat est critiqué, soupçonné et attaqué dans la culture africaine, on comprend aisément pourquoi la majorité des enseignants ont répondu avoir un conjoint de fait. Cette situation pourrait ainsi s’expliquer en partie par le fait que, pour une certaine opinion commune gabonaise, un homme ne peut être respecté s’il est célibataire. La position de confiance et d’influence que l’enseignant occupe auprès de ses apprenants et même au sein de la société fait en sorte que l’on attende à bon droit de lui qu’il soit marié et père d’une nombreuse famille. D’ailleurs, dans presque toutes les sociétés du monde, l’enseignant est considéré comme étant un modèle dont l'élève a tout intérêt à s'inspirer, sinon à imiter, en vue de modeler sa personnalité. Ainsi, consciemment ou même inconsciemment, beaucoup d’enseignants se marient, le plus souvent pour préserver leur respectabilité tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la classe.

Après avoir étudier les caractéristiques sociodémographiques de nos répondants, dans la section suivante, nous allons passer à la section consacrée à l’étude de leurs caractéristiques socioprofessionnelles.

251 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

II – CARACTÉRISTIQUES SOCIOPROFESSIONNELLES DES RÉPONDANTS

Tableau 39 : Répartition selon le diplôme

Diplômes Nombre % CAPCEG 48 28,6 CAPES 75 44,7 DESS 12 7,1 DEA 9 5,3 Doctorat 4 2,4 Autres (Maîtrise, Licence, DEUG… 20 11,9 Total 168 100

Figure 13 : Répartition selon le diplôme

50 44,7 45 40 35 28,6 30 25 20 Répondants 15 11,9 7,1 10 5,3 5 2,4 0 Capceg Capes DESS DEA Doctorat Autres Diplômes

Comme on peut le voir d’après le graphique ci-dessus présenté, le diplôme le plus répandu est le CAPES avec un pourcentage (44,7%). Soulignons au passage que,

252 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives contrairement en France où le CAPES est un concours d’entrée à l’IUFM 266 , au Gabon, c’est le diplôme requis pour enseigner dans le second cycle du secondaire, obtenu après une maîtrise plus un an de formation pédagogique. Ensuite vient le CAPCEG (28,6%), (considéré comme la base minimale exigée pour un enseignant du secondaire). Le DEA (5,3%), le DESS (7,1%) et les autres diplômes (Maîtrise, Licence, DEUG (diplôme des études universitaires générales) (11,9%), sont très faiblement représentés. Cependant, cas plutôt rare dans le secondaire, on trouve des enseignants titulaires de doctorats dans notre échantillon (2,4%). Ces chiffres traduisent la tendance à l'augmentation du niveau de formation académique requis pour accéder à la fonction enseignante observée au Gabon, depuis un certain temps, surtout au cours des deux dernières décennies. Il faut noter cependant que ce phénomène n'est pas propre au Gabon, il s'observe aussi dans la plupart des pays africains voire même dans les pays développés. Or, pour plusieurs auteurs, cette tendance est en contradiction avec les résultats de nombreuses études menées sur la question. Ainsi, Mingat, A. et B. Suchaut (2000) 267 ne sont pas les seuls à dire qu’il n'est pas nécessaire pour la qualité de l'école (les apprentissages effectifs des élèves) de recruter des enseignants de niveau supérieur car, précisent les auteurs, plusieurs études ont prouvé que les effets de la formation académique sur les acquisitions scolaires se sont révélés modérés, voire inexistants. Pour les mêmes auteurs, la formation continue constitue une voie plus prometteuse que celle de la formation initiale. « Cela ne signifie certainement pas que la formation académique est inutile », renchérissent-ils, « mais plutôt que les niveaux de formation présents dans les systèmes éducatifs − en général du 1er cycle secondaire à l'université − génèrent finalement assez peu de différences dans les acquisitions des élèves ».

Dans un document rédigé pour le Congrès de l’Association des Africanistes d’Allemagne (Francfort, juillet 2006), Alain Patrick Nkengne Nkengne (2006), aborde le problème dans les mêmes termes, il écrit ceci : « Le niveau académique n'apparaît pas comme une variable déterminante du processus d'apprentissage. Nos résultats sont bien loin des idées reçues sur le lien entre diplôme académique et qualité de l'enseignement, et cela

266 IUFM : Institut universitaire de formation de maîtres 267 Mingat, A. et B. Suchaut (2000). Les systèmes éducatifs africains : une analyse économique comparative. De Boeck Université.

253 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives devrait susciter une réflexion sur les critères de recrutement des enseignants qui accordent une part trop importante aux diplômes académiques . 268 » L’étude du niveau académique de nos enquêtés nous amène à nous intéresser à leur statut professionnel.

Tableau 40 : Distribution des répondants selon le statut professionnel

Statut Nombre % Fonctionnaires 110 65 Contractuels expatriés 50 30 Contractuels gabonais 8 5 Total 168 100

Figure 14 : Distribution de l’échantillon selon le statut professionnel

Contractuels gabonais 5%

contractuels étrangers 30%

fonctionnaires 65%

268 Nkengne Nkengne A. P. (2006). Quels moyens pour combler le manque d’enseignants dans le primaire en Afrique? Des éléments de réponse à partir des résultats du PASEC. Document téléchargeable à l’adresse :http://www.vad-ev.de/2006/download/01frankfurt2006/012cfp/panel19- nkengne.pdf#search=%22Jean-Marc%20Bernard%20enseignants%20contractuels%22 (consulté le 28 juillet 2007).

254 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Nous pouvons observer que les enseignants impliqués dans notre étude sont majoritairement des fonctionnaires de l’Etat. Leur nombre s'élève à 110, ce qui donne un pourcentage de 65%. Toutefois, les résultats permettent de déduire que les contractuels 269 expatriés sont encore assez représentatifs dans ce niveau d’enseignement au Gabon (30%). En effet, ainsi que nous l’avons souligné plus haut, malgré les efforts entrepris par le gouvernement pour "gaboniser" le corps enseignant, il reste encore une frange non négligeable d’expatriés dans l’enseignement secondaire (ce qui n’est pas le cas de l’enseignement primaire qui est à 100% aux mains d’enseignants gabonais). Signalons cependant que le problème de recrutement d’agents contractuels n’est pas l’apanage du seul gouvernement gabonais. En s’engageant sur la voie de l’éducation pour tous, plusieurs pays d’Afrique subsaharienne ont également été amenés (pour la plupart d’entre eux, en suivant les instructions de la Banque Mondiale), au cours de la dernière décennie, à mettre sur pied une politique de recrutement d’enseignants contractuels. Le Mali est par exemple l’un des pays qui ont eu recours à cette mesure. En 1992, le gouvernement malien avait fait appel pour la première fois à des maîtres contractuels pour répondre à la demande croissante de scolarisation primaire. Ces maîtres étaient pour la plupart de jeunes diplômés dans des disciplines variées auxquels on offrait une formation pédagogique de trois mois. Depuis, la tendance à l’embauche d’enseignants contractuels s’est accentuée : entre 1998 et 2002, les contractuels représentaient 86% des effectifs de l’enseignement fondamental public recrutés au Mali 270 . Le Niger est également l’un des pays qui ont eu recours à cette mesure. En 1998, le gouvernement nigérien a instauré une politique de recrutement d’enseignants contractuels pour lui permettre d’embaucher massivement de nouveaux enseignants au cycle de base I (première à sixième année). Les maîtres ainsi recrutés – qu’on appelait à l’origine « volontaires de l’éducation » – étaient de jeunes diplômés sans emploi qui ne possédaient pas nécessairement de formation en enseignement, mais qui avaient choisi de se mettre à la disposition du Ministère de

269 L’enseignant contractuel est une personne engagée de façon temporaire, pour exécuter un travail donné. La durée de l'engagement est généralement déterminée au moment de la signature du contrat. Le terme contractuel est davantage associé à la durée du contrat qu'à sa nature. 270 Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la CONFEMEN (PASEC). Les enseignants contractuels et la qualité de l’enseignement de base au Niger. Quel bilan ? Téléchargeable à l’adresse : http://www.confemen.org/IMG/pdf/plaquette_Niger_2004-2.pdf (consulté le 29 juillet 2007).

255 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives l’Education de base et de l’Alphabétisation pour dispenser des cours dans les écoles du pays 271 . C’est également le cas du Sénégal et bien d’autres encore.

Une révélation cependant, il existerait parmi les enseignants qui ont renseignés le questionnaire, un nombre non négligeable de contractuels gabonais (7%). C’est souvent le cas des professeurs gabonais recrutés sous contrats par l’Etat, mais ayant déjà dépassé l’âge limite de 35 ans, requis pour entrer dans la fonction publique gabonaise (c’est ce qui arrive aux étudiants qui entreprennent de longues études après un certain âge). Tous les professeurs de notre échantillon, détenteurs de doctorats, sont dans ce cas. Cette situation explique en partie le fait que, beaucoup de jeunes étudiants, pour éviter de "tomber dans le coup" optent pour des études de courte durée, préférant les reprendre quelques années après, surtout après leur titularisation. Ceci nous amène à nous intéresser à l’ancienneté de nos répondants.

Tableau 41 : Distribution de l’échantillon selon l’ancienneté dans l’enseignement

Ancienneté Effectif % Moins de 10 ans 45 26,8 11-20 ans 58 34,5 21-30 ans 60 35,7 31-40 ans 5 3,0 Total 168 100

271 Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la CONFEMEN (PASEC). Les enseignants contractuels et la qualité de l’enseignement fondamental public au Mali. Quels enseignements ? Téléchargeable à l’adresse : http://www.confemen.org/IMG/pdf/plaquette_Mali_2004-2.pdf (consulté le 28 juillet 2007).

256 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Figure 15 : Distribution de l’échantillon selon l’ancienneté dans l’enseignement

40,0 34,5 35,7 35,0 30,0 26,8 25,0 20,0 15,0 Répondants 10,0 5,0 3,0 0,0 moins de 11-20 ans 21-30 ans 31-40 ans 10 ans Ancienneté

La distribution des répondants selon leur ancienneté dans l’enseignement reflète leur âge, c'est-à-dire que les enseignants plus âgés se retrouvent en proportion plus importante dans l’enseignement depuis une longue période que les enseignants plus jeunes. En fait, nous remarquons, en observant le tableau ci-dessus présenté, qu’il y a une concentration des répondants correspondant à l’ancienneté 21-30 ans, avec 60 répondants, soit 35,7% de l'ensemble des enquêtés. Suivi de l'ancienneté 11-20 ans avec 58 répondants, soit un pourcentage équivalent à 34,5. Par contre 26,8% des répondants totalisent moins de 10 ans de service. En revanche, le pourcentage chute brusquement quand l'ancienneté dépasse 30 ans, puisqu’on ne trouve qu’un pourcentage de 3,0% dans cette catégorie. Ces chiffres sont également assez proches de la répartition nationale et viennent corroborer les résultats du tableau 37, correspondant à la distribution de l’échantillon selon l’âge : la majorité des enquêtés sont devenus enseignants dans les années 1980, période où l’ENS était encore d’accès facile. Depuis le milieu des années 90, les autorités éprouvent des difficultés à embaucher de nouveaux enseignants en raison de salaires estimés trop faibles et d’une réticence à s’installer en zones rurales. Les conséquences sont à la fois un

257 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives vieillissement de la population enseignante et un encombrement des classes, certains établissements à Libreville atteignant des effectifs de 100 élèves par classe, voire plus 272 !

Tableau 42 : Distribution de l’échantillon selon la discipline

Disciplines Effectifs % Français 47 28,0 Physique Chimie 21 12,5 Histoire-géographie 30 17,9 Anglais 19 11,3 Mathématiques 11 6,5 SVT 21 12,5 Autres disciplines 19 11,3

Figure 16 : Distribution de l’échantillon selon la discipline

30,0 28,0

25,0

20,0 17,9

15,0 12,5 12,5 11,3 11,3 10,0 6,5

Répondants Répondants 5,0

0,0 Français Physique Histoire Anglais Maths SVT Autres (Philo. chimie géo Sport, Espagnol…

Disciplines

272 Etudes de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques. Téléchargeable à l’adresse : http://www.OCDE.org (consulté le 29 juillet 2007).

258 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

On peut noter immédiatement la place prise par les enseignants de "français" dans les réponses à cette enquête (28,0%). Nous nous disons que c’est probablement parce qu’ils avaient déjà eu auparavant, pour la plupart d’entre eux, à suivre une FAD à un moment donné de leur carrière. En effet, en 1996 l’ACCT (dont la dénomination a été remplacée par celle d’AIF) avait initié un programme de formation des agents du système éducatif gabonais, plus particulièrement la formation des enseignants de français du secondaire dont le niveau académique dépassait la plupart du temps le baccalauréat et dont la formation professionnelle s’était faite le plus souvent “ sur le tas ” (Jean Valérien et al) (2002) 273 . Mais, comme ont tenu à le souligner les auteurs précités, au cours du biennum 2000/2001, ce projet pris fin, l’Agence ayant décidé de réorienter sa politique en abandonnant son implication dans la formation des enseignants et en supprimant les actions de terrain pour ne privilégier que les approches visant l’analyse, l’élaboration et l’appui aux plans nationaux de formation à distance. La part prise par les enseignants des autres disciplines telles que "Histoire-Géographie" (17,9), les "Sciences de la vie et de la terre" (12,5%), la "Physique Chimie" (12,5%) et l’anglais (11,3%) est également à noter.

III - ÉQUIPEMENT PERSONNEL EN MATÉRIEL AUDIOVISUEL, INFORMATIQUE ET TECHNOLOGIQUE DES ENSEIGNANTS

Un bon équipement est un facteur clé du développement des TICE, que ce soit en terme de matériel (ordinateurs, vidéo-projecteurs…), en terme de câblage et de connexion hauts débits (à l’Internet, au réseau Intranet), en terme de logiciels, ou en terme de fichiers constituant des outils pédagogiques prêts à être utilisés. C’est fort de cette réalité que nous avons voulu connaître l’équipement personnel des enquêtés en matériel audiovisuel, informatique et technologique. Pour cela, nous leur avions posé la question n° 10 qui s’intitulait ainsi : « Êtes-vous en possession du matériel suivant… ? »

Les réponses à cette question ont donné les résultats suivants :

273 Valérien J., Guidon J. Wallet J., Brunswic E. (2001), (sous la dir de). Enseignement à distance et apprentissage libre en Afrique subsaharienne : état des lieux dans les pays francophones, ADEA, Paris.

259 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Tableau 43 : Équipement personnel en matériel audiovisuel, informatique et technologique

Equipement Effectif % Radio 160 95,2 Magnétoscope 46 27,4 Télévision 144 85,7 Antenne parabolique 30 17,9 Numériseur 8 4,8 Caméra vidéo 15 8,9 Téléphone portable 153 91,1 Téléphone fixe 29 17,3 Micro-ordinateur 19 11,3 Fax 3 1,8 CD-ROM 17 10,1

Figure 17 : Équipement personnel en matériel audiovisuel, informatique et technologique

95,2 91,1 85,7 Répondants 27,4

17,9 17,3 8,9 11,3 10,1 4,8 1,8

e n r o o eu e ur io si s M x e d i ri fi fax ra v GS inat lé mé ra vidé d D Rom té é C m or nu a magnétoscop c

antenne parabolique Equipement

260 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Nous pouvons déduire, en regardant les chiffres ci-dessus présentés, que les enseignants ayant répondu à l’enquête présentent certaines caractéristiques qui peuvent être les suivantes :

3.1 - Des enseignants disposant en quasi-totalité de matériel audiovisuel Les chiffres montrent effectivement que l’audiovisuel est important chez les enseignants impliqués dans notre échantillon. En effet, les enseignants enquêtés disposent en quasi- totalité de radios (95,2%) et de postes téléviseurs (85,7%). On remarque par contre qu’une minorité d’entre eux possèdent les accessoires audiovisuels comme le magnétoscope (27,4%), l’antenne parabolique (17,9%), la caméra vidéo (8,9%). Ce faible pourcentage est peut-être dû au coût prohibitif de ce matériel. « Les antennes paraboliques et leur système de décodage sont très coûteux, et ont une faible pénétration. Il existe trois vendeurs de paraboles à Libreville qui assemblent et vendent un matériel en provenance des Etats Unis. L’un d’eux indique qu’une antenne avec démodulateur coûte 1,2 millions de FCFA, le marché est donc très étroit 274 », peut-on lire dans un rapport de l’OCDE.

3.2 - De rares enseignants possédant du matériel informatique Le taux d’équipement personnel des enseignants contraste avec celui de l’audiovisuel. En effet, malgré les efforts fournis par certaines sociétés pour vulgariser l’outil informatique auprès des consommateurs gabonais, rares sont les enseignants qui disposent de matériel informatique ou d’une ligne internet. L’exemple de Gabon TELECOM est édifiant en la matière, ayant introduit dans son offre commerciale, le Pack Internet 275 . Généralement, l'acquisition dudit Pack se fait sur acceptation, par la banque (BICIG, UGB ou BGFIBANK) , du dossier de crédit bancaire constitué par le demandeur. La période de remboursement se situe entre 12 et 24 mois avec une mensualité minimum, hors crédit, de l'ordre de 28 000 à 35000 francs CFA 276 (le pack le moins cher coûte ainsi près de 700.000 francs CFA), ce qui revient cher au fonctionnaire moyen. Notons au passage

274 Rapport de l’OCDE 2006. Perspectives économiques en Afrique . Téléchargeable à l’adresse : http://www.oecd.org/dataoecd/27/10/36795838.pdf (consulté le 28 juillet 2007). 275 Généralement, un pack résidentiel se compose des éléments ci-après : Un ordinateur multimédia un écran 17, un onduleur et une imprimante couleur. 276 L'Offre Ogooué Multimédia, Accessible à l’adresse : http://www.gabontelecom.ga/2_offre_ogooue_multimedia.htm (consulté le 28 juillet 2007)

261 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives qu’au Gabon, le fonctionnaire de catégorie supérieur A1 de classe unique et de 4ème échelon bénéficie d'une valeur indiciaire fixée à 1.465, ce qui lui donne un salaire de base de 702.625 FCFA soit 1071,14 euros. La valeur indiciaire d'un agent de catégorie inférieure C2, de grade normal, de 3 ème classe et de 1 er échelon est de 40, ce qui lui permet de gagner un salaire de base de 97.000 FCFA, soit 147,88 euros. En somme la grille indiciaire gabonaise pour les salaires de base varie de 35 à 1.465, soit du salaire le plus bas, 94.875 FCFA au plus élevé, soit 702.625 FCFA (voir en annexe, le tableau indicatif des grilles de salaires mensuels). Ainsi, d’après l’enquête, seuls 19 enseignants possèdent un micro-ordinateur (11,3%). Parmi eux, un seul déclare pouvoir se connecter à Internet depuis son domicile, (10,1%) possèdent des CD-rom, à peine 4,8% disposent d’un scanner. En France, que ce soit à Free, Alice, France Télécom…un particulier s’abonnera à Internet à haut débit pour environ 30 euros par mois (équivalent à 20000 CFA) et bénéficiera pour le même prix de près de 100 chaînes de télévision et de la téléphonie illimitée vers les postes fixes. Au Gabon, non seulement, près de 90% des enseignants déclarent ne pas être connectés, mais, selon les prix pratiqués par les différentes sociétés fournisseurs d’accès à Internet (voir annexe 15), s’abonner à Internet, revient à un Français 5 fois moins cher qu’un gabonais avec le bénéfice d’un débit 10 fois supérieur. Soulignons toutefois que le faible taux d’équipement personnel des enseignants ne permet guère de tirer de conclusion, mais semble assez significatif en lui- même de la faible connaissance des apports de l’informatique en général et de l'ordinateur en particulier dans l'enseignement secondaire. Ces chiffres doivent cependant interpeller les autorités éducatives gabonaises car, actuellement, dans presque tous les systèmes éducatifs du monde, une des priorités de la politique éducative est le développement de l’usage des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans l’enseignement.

3.3 - Des enseignants possédant en quasi totalité des téléphones mobiles Ce qui frappe le plus dans les chiffres indiquant le taux de possession des téléphones par les enseignants, ce sont les écarts énormes qui les séparent. La dispersion ressort de façon particulièrement nette d’une comparaison entre le pourcentage le plus élevé (91,1% pour les téléphones mobiles) et le plus faible (17,3% pour les téléphones fixes), ce qui met en

262 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

évidence une évaluation précise de l’inégalité d’accès aux moyens de communications modernes. Malgré les efforts consentis par Gabon Télécom (opérateur principal des télécommunications) pour améliorer la qualité de ses services, la téléphonie (fixe) reste encore très chère et d'accès très limité, particulièrement hors des centres urbains. Il faut noter que les conditions de l'offre sur ce marché sont telles que l'obtention d'une ligne téléphonique est assujettie non seulement à des frais d'abonnement assez élevés (les frais d’abonnement s’élèvent à 9.450 FCFA par mois. Les frais de mise à disposition de ligne s’élèvent à 54.450 FCFA), mais aussi à un délai d'attente relativement long (correspondant à l'étude du dossier), pouvant durer plusieurs mois, voire une année ou même au delà. Cette situation a favorisé l’éclosion du téléphone « mobile ». Ainsi, pour la fin de l’année 2006, le taux de pénétration était évalué à 53% pour la téléphonie mobile et à 2% pour la téléphonie fixe 277 . Depuis février 2007, Maroc Telecom a pris le contrôle de Gabon Telecom, en entrant dans le capital de l’opérateur historique gabonais à hauteur de 51% 278 .

En effet, depuis 2001, la téléphonie mobile a impulsé une dynamique nouvelle à l’activité des télécommunications. Celle-ci connaît une forte croissance en dépit des difficultés relevées en matière d’extension du réseau national. Le nombre d’abonnés du téléphone fixe est tombé de 38.415 en 2003 à 33.431 en 2004, soit un recul de 13%. Le dynamisme des opérateurs de la téléphonie mobile (politique promotionnelle, couverture des villes de l’intérieur du pays, etc.) s’est traduit par une augmentation du nombre des abonnés : 455.871 en 2004 contre 377.357 en 2003 279 . Les Gabonais adhèrent très facilement à ce mode de communication car il est beaucoup plus facile d’obtenir une ligne de téléphone cellulaire qu’une ligne de téléphone fixe, même si les coûts sont beaucoup plus élevés. En effet, le prix des téléphones cellulaires varie énormément, le prix minimum se situant autour de 50 000 FCFA. Une fois le téléphone cellulaire en main, il faut s’abonner chez l’un des opérateurs (Libertis, Celtel, Moov) en s’acquittant d’une somme allant de 3000 à

277 Article paru sur le site http ://www.boursier.com/vals/FR/maroc-telecom-s-installe-au-gabon-news- 221578.htm (consulté le 28 juillet 2007). 278 Saïd Aït-Hatrit (2007). Maroc Télécom à la conquête du Gabon. Article téléchargeable à l’adresse : http://www.afrik.com/article11200.html 279 Rapport de l’OCDE 2006 (op. cit.)

263 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

5000 FCFA hors promotion. Il faut ensuite acheter les cartes de recharges (prix minimum 1000 francs).

IV - PRESENTATION ET ANALYSE DES BESOINS DE PERFECTIONNEMENT DES ENSEIGNANTS

De nos jours, tout le monde s’accorde à reconnaître que l'enseignement à des élèves est très différent de ce qu'il était il y a vingt ans. Les élèves, les familles et la société ont des attentes beaucoup plus élevées. Partout dans le monde, et bien entendu au Gabon, le contexte de travail des enseignants a changé. Changement par l'accumulation de réformes, dont les dernières ont pris une orientation marquée, et par les transformations sociétales et culturelles. En effet, non seulement les élèves doivent en savoir plus que jamais pour réussir, leur diversité est en outre sans précédent, tant culturellement que sur le plan de leurs aptitudes d'apprentissage.

Vu les nouveaux défis en éducation, un consensus grandissant s'est établi autour du fait que le perfectionnement professionnel continu des enseignants vise à renforcer tous les aspects d'un bon enseignement, et ce, pendant toute la carrière. Legendre (1993) définit le perfectionnement enseignant comme : « de la formation suite à une formation initiale d’un enseignant. Elle a pour but de lui permettre d’approfondir un domaine de connaissances ou d’améliorer l’emploi de méthodes ou de techniques pédagogiques 280 ». La mise en œuvre de nouvelles pratiques pédagogiques (recourant aux TIC) incite donc les enseignants à revoir leur rôle et leurs méthodes. Partant de ce fait, l'objectif principal de cette étape consiste à déceler et analyser les besoins de perfectionnement des enquêtés afin de les mettre en priorité, pour pouvoir formuler les recommandations nécessaires à l'élaboration d'un programme de formation continue à distance des enseignants gabonais du secondaire.

280 Legendre, R. (1993). Dictionnaire actuel de l’éducation (2eme édition). Montréal : Guérin.

264 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Les compétences 281 requises à la mise en œuvre d’une activité d’apprentissage se déclinent, selon nous, à trois niveaux : une maîtrise acceptable de la matière enseignée et des méthodes pédagogiques qui y découlent, une bonne maîtrise des compétences technologiques, liées à l’emploi des TIC, et des compétences qui concernent les savoirs didactiques et méthodologiques. Cette catégorisation a pour but de faire prendre conscience de la diversité des compétences à acquérir et qui sont nécessaires à l’exercice de la profession enseignante. Nous les avons classées en trois rubriques : Rubrique 1 : Spécialité et méthodes pédagogiques (de A1 à A10) ; Rubrique 2 : Technologie éducative (B1 à B13). Cette rubrique a été divisée en deux sous-sections : utilisation des moyens audiovisuels (B1 à B6) et utilisation d’Internet et de la messagerie (B7 à B13) ; Rubrique 3 : Savoirs didactiques et méthodologiques (C1 à C8).

Rubrique 1 : Spécialités et méthodes pédagogiques Nous considérons que les compétences pédagogiques sont indispensables à une gestion efficace des élèves et de la classe. Ces compétences pédagogiques ne sont autres que l'ensemble des compétences professionnelles qui permettent à l'enseignant de communiquer correctement avec les élèves, à planifier et organiser efficacement les cours, à gérer efficacement la classe, à développer et appliquer un riche répertoire de stratégies d'enseignement et évaluer correctement les résultats de l'apprentissage. Pour cela, elles doivent être parfaitement maîtrisées par les enseignants. Le tableau suivant nous montre le degré de maîtrise des compétences des enquêtés relatives à la matière enseignée et aux méthodes pédagogiques.

Afin de mieux procéder à l’analyse des besoins de formation des enseignants, nous allons surtout nous intéresser aux items pour lesquels ces derniers semblent éprouver des lacunes, afin que le projet que l’on envisage mettre en place puisse les prendre en compte dans son programme de formation. Pour cela, nous allons mettre dans le sous-groupe de

281 La compétence est un ensemble stabilisé de savoirs et de savoir faire, de conduites types, de procédures standards, de types de raisonnement que l'on peut mettre en oeuvre sans apprentissage nouveau et qui sédimentent et structurent les acquis de l'histoire professionnelle : elles permettent l'anticipation des phénomènes, l'implicite dans les instructions, la variabilité dans la tâche. Montmollin M. (1986). La compétence (chap. IV), in : L'intelligence de la tâche : éléments d'ergonomie cognitive.- Berne (Suisse) : Peter Lang.

265 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

"non compétents" ceux qui déclarent maîtriser partiellement les compétences et ceux qui disent ne rien maîtriser du tout. Dans ce groupe de "non compétents" nous avons mis également ceux disent ne pas avoir compris les questions car, nous nous disons que la manière dont les items sont présentés fait en sorte que toutes les personnes qui estiment avoir des compétences sur tel ou tel autre item puisse se retrouver facilement.

Le tableau de compétence qui suit met en évidence le degré de maîtrise des compétences relatives à la matière enseignée et aux méthodes pédagogiques.

266 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Tableau 44 : Degré de maîtrise des compétences relatives à la matière enseignée et aux méthodes pédagogiques

Niveau de maîtrise/Compétences Maîtrise Maîtrise Ne m aîtrise rienNe comprends partiellement du tout pas l’énoncé 1. Faire des publications dans les revues et les livres scientifiques 8,3% 16,7% 72,0% 3,0%

2. Etre capable de construire les instruments d’évaluation 70,2% 22,0% 7,7% 0,0%

3. Définir les objectifs pédagogiques 76,2% 14,9% 8,9% 0,0% 4. Créer des situations d’apprentissage 49,4% 33,3% 17,3% 0,0% 5. Maîtriser les modes d’évaluation 58,3% 37,5% 4,2% 0,0% 6. Appliquer les nouvelles politiques éducatives 8,9% 60,1% 28,6% 2,4% 7. Préparer un cours 81,5% 16,7% 1,8% 0,0% 8. Etre capable de diversifier les méthodes d’enseignement 69,0% 28,0% 3,0% 0,0% 9. Connaître la méthodologie de la recherche 42,9% 45,2% 11,9% 0,0% 10. Motiver efficacement les élèves durant la leçon 71,4 % 26,2% 2,4% 0,0%

267 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Comme on pouvait s’y attendre (il est très rare, voire impossible de lire un article écrit et publié par un enseignant du secondaire), aussi l’item 1 : « Faire des publications dans les revues et les livres scientifiques » n’enregistre t-il que 8,3% des "compétents", contre 72,0% qui déclarent ne pas du tout maîtriser cette compétence, et 16,7% qui avouent la maîtriser partiellement. Une interprétation parcimonieuse voudrait que ces derniers soient comptabilisés dans la colonne de ceux qui ne maîtrisent rien du tout. De même, étant donné que 3,0% des répondants estiment ne pas comprendre la question qui leur a été posée, nous nous disons qu’ils auraient pu la comprendre s’ils avaient la maîtrise de cette compétence, nous pouvons également les comptabiliser dans ledit groupe (de ceux qui ne pas cette compétence). Cela donne finalement 91,7% de "non compétents".

A l’item 5 : "Maîtriser les modes d’évaluation", la population est répartie en deux sous- populations approximativement égales. Si nous considérons que les 37,5% qui déclarent maîtriser partiellement cette compétence ont quand même des lacunes qu’il faut combler, nous estimons alors que le nombre de "compétents" est de 58,3% et que le nombre de "non compétents" s’élève à 41,7%.

A l’item 6 : "Appliquer les nouvelles politiques éducatives", nous constatons que seulement 8,9% de l’échantillon déclarent être à même d’appliquer les nouvelles politiques éducatives, contre 60,1% qui estiment maîtriser partiellement cette compétence, et 28,6% qui disent ne rien maîtriser du tout. A côté de ces derniers, nous retrouvons ceux qui déclarent ne pas avoir compris la question (2,4%). Ce qui donne un nombre significatif de "non compétents" estimé au total à 91,1.

A l’item 9 : "Connaître la méthodologie de la recherche", bien que (42,9%) des répondants aient déclaré maîtriser cette compétence, nous remarquons tout de même un nombre significatif de ceux qui avouent le contraire : 45,2% maîtrisent partiellement cette compétence, et 11,9 déclarent ne rien maîtriser du tout. Cela donne un pourcentage de 57,1%, ce qui est quand même assez significatif.

268 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Rubrique 2 : Technologies éducatives Section 1 : Compétences technopédagogiques relatives à l’utilisation des moyens audiovisuels

Tableau 45 : Niveau de maîtrise des compétences technopédagogiques relatives à l’utilisation des moyens audiovisuels

Niveau de maîtrise/ Maîtrise Maîtrise Ne maîtrise rienNe comprends Compétences partiellement du tout pas l’énoncé 1. Connaître les effets spécifiques 14,3% 40,5% 45,2% 0,0% des médias sur l'apprentissage 2. Connaître les nouvelles 4,8% 22,0% 70,8% 2,4% technologies appliquées au domaine éducatif 3. Réaliser des imprimés adaptés 23,2% 27,4% 49,4% 0,0% aux besoins de l'enseignement 4. Filmer des séquences 0,0% 18,5% 81,5% 0,0% d'enseignement ou des productions des élèves avec une caméra photo 5. traiter des images numériques 0,0% 13,7% 86,3% 0,0% pour les insérer dans une présentation ou un texte 6. Capable de scanner des images 0,6% 10,1% 89,3% 0,0% pour les avoir en format numérique

269 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Le tableau 45 montre que la quasi-totalité des enseignants semblent avoir des lacunes dans l’utilisation du matériel audiovisuel, ce qui pose le problème de la formation à cette compétence dans la mesure où il est admis que ce matériel est utile dans les situations d’enseignement. L’affirmation de quelques compétences aux items 1 et 3 n’exclut pas le fait que l’on trouve des items enregistrant des pourcentages chutant jusqu’à 0,0%. C’est le cas des items 4 : « Filmer des séquences d'enseignement ou des productions des élèves avec une caméra photo » et 5 : « traiter des images numériques pour les insérer dans une présentation ou un texte ». Les items 2 : « Connaître les nouvelles technologies appliquées au domaine éducatif » et 6 : « Capable de scanner des images pour les avoir en format numérique », obtiennent des pourcentages assez faibles. Dans l’ordre respectif ils enregistrent : 4,5% de "compétents" pour 95,2 de "non compétents" et 0,6% de "compétents" pour 99,4% de "non compétents".

Section 2 : Compétences technopédagogiques directement liées à l’usage d’Internet et de la messagerie

Nous avons choisi de placer dans cette section les compétences technopédagogiques qui se rapportent essentiellement à l’usage d’Internet et de la messagerie.

Le tableau suivant nous présente le niveau de maîtrise de ces compétences.

270 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Tableau 46 : Niveau de maîtrise des compétences technopédagogiques relatives à l’utilisation d’Internet et de la messagerie

Niveau de maîtrise/ Maîtrise Maîtrise Ne maîtrise Ne comprends Compétences partiellement rien du tout pas l’énoncé 1. Utiliser la messagerie électronique 2,4% 8,3% 89,3 0,0%

2. Mettre les cours en ligne 0,6% 1,8% 97,6% 0,0% 3. Utiliser différentes méthodes de 0,0% 0,0% 98,2% 1,8% recherche sur Internet 4. Organiser une séquence 0,0% 0,0% 97,0% 3,0% d’enseignement qui intègre des sites Web et la recherche d’information sur Internet 5. Réaliser une page Web au moyen 0,0% 0,6% 95,2% 4,2% d’un système simplifié de création de pages 6. Utiliser une plate-forme 0,0% 0,0% 96,4% 3,6% collaborative pour partager des ressources et communiquer à distance 7. Joindre un fichier à un mail et ouvrir 2,4% 0,6% 97,0% 0,0% une pièce jointe (en format doc ou pdf) dans un mail que je reçois

271 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

D’après le tableau 46, les compétences technopédagogiques relatives à l’utilisation d’Internet et de la messagerie semblent être également massivement non acquises par la quasi-totalité des enseignants. En dehors de l’item 1 qui présente un pourcentage, du reste très faible, de 2,4% des enquêtés affirmant savoir utiliser la messagerie électronique (c’est à dire, lire, écrire envoyer un message par courrier électronique), seulement 8,3% disent la maîtriser partiellement, alors qu’une grande majorité des professeurs déclarent le contraire (89,3%). Déjà, l’item 7 : « Joindre un fichier à un mail et ouvrir une pièce jointe (en format doc ou pdf) dans un mail que je reçois » viens nuancer ces proportions déjà presque insignifiantes car, malgré que le fait que l’on trouve, comme nous l’avons vu plus haut, quelques enseignants ayant des compétences dans l’utilisation de la messagerie électronique (2,4), seulement (1,2%.) disent savoir joindre un fichier à un mail et ouvrir une pièce jointe (en format doc ou pdf) dans un mail, pour 98,2 de "non compétents". Le reste des items affichent des pourcentages chutant jusqu’à 0,0% de "compétents". C’est le cas des items 3, 4 et 6. La technique de mise en ligne de cours et la réalisation de page Web semblent également complètement non acquise par la majorité des répondants. Seulement 0,6% déclarent maîtriser cette compétence alors que 99,4% affirment ne pas disposer de compétence à cette technique.

Examinons maintenant, dans le tableau suivant, les compétences que les répondants déclarent détenir concernant les savoirs didactiques et méthodologiques.

272 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Rubrique 3 : Savoirs didactiques et méthodologiques Tableau 47 : Niveau de maîtrise des compétences technopédagogiques relatives à l’utilisation des savoirs didactiques et méthodologiques

Niveau de maîtrise/ Maîtrise Maîtrise Ne maî trise Ne comprends Compétences partiellement rien du tout pas l’énoncé

1. Connaître les ressources documentaires accessibles aux étudiants et connaître les outils Internet qui permettent de les 0,0% 0,0% 100,0% 0,0% exploiter 2. Eveiller suffisamment les élèves à une lecture critique de 20,8% 61,3% 17,9% 0,0% l’information véhiculée par les médias 3. Connaître les possibilités qu’offrent les TIC dans ma 0,0% 0,0% 100,0% 0,0% discipline 4. Maîtriser suffisamment les outils logiciels les plus courants pour se sentir à l’aise avec leur utilisation et augmenter la 4,8% 20,8% 71,4% 0,0 % productivité (Word, Excel, PowerPoint, Logiciel de courrier électronique, navigateur Web) 5. Varier les formes d’enseignement en utilisant les TIC (travail 0,0% 0,0% 100,0% 0,0% de projet, travail de groupe, ateliers, etc.) 6. Trouver des idées et des informations sur l’intégration des TIC 0,0% 0,0% 100,0% 0,0% dans l’enseignement 7. Créer et documenter des séquences pédagogiques intégrant les 0,0% 0,0% 100,0% 0,0% TIC (des scénarios pédagogiques) 8. Connaître les langages de programmation 0,0% 0,0% 100,0% 0,0%

273 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

On remarque le nombre important de ceux qui disent n’avoir aucune compétence dans l’utilisation des savoirs didactiques et méthodologiques. En effet, à travers le tableau 40, nous remarquons ce qui suit :

La compétence 1 : « Connaître les ressources documentaires accessibles aux étudiants et étudiantes du programme et connaître les outils Internet qui permettent de les exploiter » n’est dite acquise, même partiellement, par aucun répondant. Elle est ainsi non acquise par 97,0% des répondants, 3,0% semblent même ne pas savoir de quoi il s’agit, déclarant ne pas avoir compris la question.

La compétence 2 : «Eveiller suffisamment les élèves à une lecture critique de l’information véhiculée par les médias » est par contre déclarée acquise par un assez grand nombre de répondants car, on enregistre 20,8% de "compétents" 61,3% qui déclarent la maîtriser partiellement pour 17,9% qui avouent n’avoir aucune compétence dans cette technique d’éducation.

La compétence 4 : « Maîtriser suffisamment les outils logiciels les plus courants pour se sentir à l’aise avec leur utilisation et augmenter la productivité (Word, Excel, PowerPoint, Logiciel de courrier électronique, navigateur Web) » est à son tour dite maîtrisée par seulement 4,8% des répondants, maîtrisée partiellement par 20,8%, pour 71,4% qui avouent n’avoir aucune compétence dans cette technique.

Par contre, les compétences 3 : « Connaître les possibilités qu’offrent les TIC dans ma discipline » semble, si nous pouvons le dire ainsi, être totalement ignorée par l’ensemble des répondants. 100% des répondants déclarent ne pas du tout la maîtriser. C’est également le cas des compétences 5 : « Varier les formes d’enseignement en utilisant les TIC (travail de projet, travail de groupe, ateliers, etc.) » ; 6 : « Trouver des idées et des informations sur l’intégration des TIC dans l’enseignement » ; 7 : « Créer et documenter des séquences pédagogiques intégrant les TIC (des scénarios pédagogiques) » et la compétence 8 : « Connaître les langages de programmation », qui semblent n’être maîtrisées par aucun répondant.

274 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

V – PERCEPTION DE LA POLITIQUE ACTUELLE DE FORMATION CONTINUE DES ENSEIGNANTS

Nous avons voulu savoir le niveau de participation des répondants à la formation continue, pour cela nous leur avions posé la question 11 qui s’intitulait ainsi : « Avez– vous déjà participé au stage de perfectionnement pédagogique depuis le début de votre carrière ? ». Le tableau suivant récapitule les réponses à cette question.

Tableau 48 : Participation à la formation continue

Effectifs % Oui 65 38,7 Non 103 61,3 Total 168 100

Les chiffres contenus dans le tableau 48 illustrent l’absence de politique en matière de formation continue des enseignants. En effet, il n’est pas exagéré de dire, en regardant ces chiffres, que la formation continuée des enseignants, qui devrait perpétuellement être au cœur des réformes du système éducatif gabonais, ne bénéficie pas suffisamment, aujourd’hui, de l’attention qu’elle mérite. Il est évidemment troublant de constater que 61,3% des répondants disent n’avoir jamais participé à un stage de formation continue, pour seulement 38,7% des enseignants interrogés qui affirment en avoir suivi au moins une! C’est presque une aberration, dans un monde où la juste transmission d'un savoir disciplinaire à des élèves ne suffit plus et se heurte de plus en plus à des contextes dans lesquels l'enseignant doit changer de posture, de compétences et de représentations. Ainsi que l’admettent plusieurs spécialistes du domaine, la formation continue offre au corps enseignant l’occasion d’approfondir ou de compléter sa formation de base. Elle vise notamment à l’actualisation et au renouvellement des connaissances scientifiques, professionnelles et pédagogiques. C’est pourquoi, dans certains pays, on ne devient pas enseignant simplement parce qu'on a un diplôme. A côté d'une formation pédagogique, il

275 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives y a d'autres exigences académiques et professionnelles (formation continue à raison de quelques crédits tous les 3 ans, participation aux ateliers de formation, aux séminaires de recyclage, aux cours à l'université…).

A travers la question 12, nous voulions connaître la fréquence de stage de ceux qui avaient déclaré en avoir participé. Le tableau suivant nous renseigne sur cette question.

Tableau 49 : Fréquence de stage

Fréquence Effectifs % 1-2 fois 32 49,2 2-3 fois 19 29,2 3-4 fois 9 13,9 5 fois et plus 5 7,7 Total 65 100

Figure 18 : Fréquence de stage

8 % 14 % 1 à 2 fois 49 2 à 3 fois % 3 à 4 fois 5 fois et plus

29 %

276 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Les chiffres présentés dans le tableau ci-contre montrent à suffisance que les enseignants gabonais participent rarement aux stages de perfectionnement. Certes, les enseignants oeuvrant dans les lycées et collèges du Gabon sont des professionnels. À ce titre, ils jouissent d'une formation initiale de qualité qu'ils ont en général acquise préalablement à leur embauche dans l’enseignement. Autonomes et responsables, ils doivent cependant veiller à mettre constamment à jour, tant du point de vue disciplinaire que du point de vue pédagogique, cette formation nécessaire à l'enseignement. Car, de cette formation dépend la production et la reproduction du processus éducatif. De plus, la tâche éducative globale à laquelle ils sont conviés les incite à accorder une part significative de leur énergie au perfectionnement inné à la fonction d'enseignement, c'est-à-dire à leur propre croissance intérieure, leur créativité, leur connaissance de la société et de ses enjeux éducatifs.

A la question 13, qui s’intitulait ainsi : « Si non, qu’est ce qui, selon vous, justifie cette situation ? ». Les répondants, dans leur grande majorité, ont tenu à dénoncer l’absence d’une politique consistante de formation continue des enseignants en cours d’emploi et la faiblesse du niveau de planification.

La question 14 avait pour but de renseigner sur les lieux où sont réalisés les stages auxquels participent les enseignants. Le tableau suivant donne la réponse à cette question.

Tableau 50 : Lieux de stage

Lieu Effectifs % Niveau local 42 64,6 A l’étranger 23 35,4 Total 65 100

Les chiffres du tableau 50 révèlent que la majorité des enseignants se perfectionnent sur place (64,6%). Toutefois, nous constatons que tout comme le reste des travailleurs, les enseignants sont encore nombreux à aller se perfectionner à l’étranger. Ce qui, nous l’avions souligné plus haut, revient cher à l’Etat.

277 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

En vue d’examiner l’opinion des enseignants sur l’organisation des stages. Nous leur avions posé la question 15 suivante : « Etes-vous satisfaits de l’organisation des stages? »

Les réponses à cette question laissent entrevoir que l’organisation actuelle de la formation continue ne convient qu’à 4,2% de l’échantillon. Par contre, 32,5% des enseignants interrogés trouvent qu’il y a beaucoup "de leçons" en peu de temps, obligatoires pour tous, ce qui ne permet pas l’approfondissement des connaissances et ne sert pas les besoins réelles du personnel enseignant. Pour 41,3% de l’échantillon, les sites fixes de formation (à Libreville et dans les chefs lieux de région) créent des problèmes aux enseignants qui habitent loin des centres urbains. Ainsi, malgré la taille réduite du pays, les distances à parcourir pour se rendre aux activités de formation continue joueraient un rôle par rapport à l’intention où à la pratique de stage. Les 22,0% restant trouvent que le contenu et la qualité des formations offertes ne correspondent pas, dans la plupart des cas à leurs attentes.

Se doutant bien qu’il y ait parmi les non-participants aux activités de formation continue, des répondants ayant des raisons de s’abstenir d’y participer, nous leur avions posé la question 16 suivante : Pourquoi ne participez-vous pas à des activités de formation continue ?

Cette question était supposée recueillir les raisons de s’abstenir de participer à des activités de formation continue. Malheureusement, le taux absolu de réponse est demeuré relativement faible. En effet, (ceux ayant déclaré n’avoir jamais participé à une formation continue)il n’y a que 43 qui ont répondu. Bien que nous ne disposions pas d’explication précise à cet égard, il est possible que les répondants aient jugé que la question portait uniquement sur les raisons de s’abstenir d’activités de perfectionnement en général.

278 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Tableau 51 : Répartition de l’échantillon par raisons pour s’abstenir

Enoncés Effectifs % Horaire 31 30,1 Problèmes personnels de santé 2 1,9 Responsabilités familiales 20 19,4 Pas nécessaire de me perfectionner 5 4,9 Activités non transférables 2 1,9 Engagements professionnels 13 12,6 Activités de formation non compatibles 5 4,9 La distance entre le lieu de formation et mon 25 24,3 lieu d’affectation est trop importante Total 103 100

Le tableau 51 montre bien que les répondants considèrent que les dimensions organisationnelles des activités sont l’argument principal pour s’abstenir. Certaines raisons évoquées relèvent de l’organisme responsable des activités de formation (IPN), d’autres relèvent plus de la responsabilité personnelle des enseignants, comme les contraintes familiales. Ainsi, l’énoncé « L’horaire ou la période où les activités de formation sont offertes ne me conviennent pas » est de loin l’argument le plus avancé (30,1%). La deuxième raison principale évoquée est l’énoncé : « La distance entre le lieu de formation et mon lieu d’affection est trop importante » 24,3%. Une autre raison principale évoquée est l’énoncé : « J’ai des responsabilités familiales » (22,3%). L’autre raison pour s’abstenir est l’argument d’une partie des enseignants qui jugent leurs engagements professionnels suffisants pour ne pas être en mesure de participer à des activités de formation continue (12,6%).

A côté de ces facteurs qui relèvent plus des dimensions organisationnelles, il y en a encore deux qui sont en relation avec la formation continue en soi. Il s’agit des deux énoncés : « Je crains que les activités de formation continue ne soient pas transférables dans ma pratique professionnelle » et « Les activités de formation offertes ne répondent

279 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives pas à mes besoins et à mon expérience ». Les autres énoncés représentent des raisons moins déterminantes. Nous les avons classés par ordre de fréquence : « Je ne trouve pas nécessaire d’améliorer ma formation actuellement »(4,9%) « J’ai des problèmes personnelles de santé et autres »

Le moment constitue la pierre angulaire de la non-participation. Beaucoup d’enseignants ont mentionné que l’horaire et la période des activités sont des inconvénients majeurs. Il est donc logique que nous cherchions à connaître leurs avis et opinions sur la formation à distance.

VI – AVIS ET OPINIONS SUR LA FORMATION À DISTANCE

La troisième partie du questionnaire comportait une série de questions à travers lesquelles nous avons essayé de savoir ce que les enseignants pensent exactement de la FAD. La plupart des questions étaient ouvertes. Les répondants étaient souvent invités à répondre par "oui" ou "non" et de justifier leur choix par un commentaire. Ils ont ainsi pu exprimer leur opinion sur les avantages qu’ils peuvent personnellement retirer de ce genre de formation. C’était également pour eux l’occasion de formuler des critiques et faire quelques suggestions.

La première question de cette partie du questionnaire se présentait ainsi : Avez-vous déjà entendu parlé de la FAD ? Les réponses des enseignants à cette question sont répertoriées dans le tableau suivant :

Tableau 52 : Connaissance de la FAD par les enseignants

Effectifs % Oui 160 95 Non 8 5 Total 168 100

280 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Contrairement aux autres salariés sondés, qui ne sont que 42% à connaître l’existence de la FAD, la quasi-totalité des professeurs sondés avouent être au courant de l’existence de ce type de formation (95%). Seulement 5% de cette population déclarent le contraire. Ce pourcentage semble honnête, mais sans plus car, de nos jours, ce type de formation a pris tellement d’importance dans le milieu de l’éducation et de la formation, qu’il est presque impossible de l’ignorer. L’ouvrage publié par l’Unesco révèle d’ailleurs à ce propos que la FAD est l’un des moyens de formation des millions de nouveaux enseignants qui seront nécessaires pour la réalisation de l’éducation pour tous d’ici à 2015.

La question n° 2 qui s’intitulait : « avez-vous déjà effectué une formation à distance ? » avait pour réponse les données contenues dans le tableau suivant :

Tableau 53 : Enseignants ayant déjà effectué une FAD

Effectifs % Oui 18 10,7 Non 150 89,3 Total 168 100

Si 95% des enseignants sondés affirment connaître l’existence de la FAD, seulement 11% de cette population déclarent en avoir effectué. Ce pourcentage n’a rien de surprenant car, il ne fait que confirmer ce que nous soupçonnions depuis le début de nos investigations : les enseignants gabonais sont rares à effectuer des formations à distance.

Le tableau 54 donne une idée des professeurs qui ont effectué la FAD selon les disciplines.

281 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Tableau 54 : FAD effectuée selon les disciplines

Discipline Effectifs % Français 18 10,7 Physique Chimie 0 0% Histoire-Géographie 0 0% Anglais 0 0% Maths 0 0% SVT 0 0% Autres 0 0%

Le tableau 54 ne fait que confirmer ce que nous soupçonnions, seuls quelques professeurs de français (10,7%) déclarent avoir effectué l’EAD au cours de leur carrière. Nous pensons qu’il s’agit des enseignants ayant participé au programme de formation des agents du système éducatif initié par l’ACCT en 1996.

La question 3 avait pour but de comprendre les intentions des enseignants vis-à-vis de la FAD. En fait, étant donné que nous avons l’intention de mettre sur pied un projet de formation à distance à l’endroit des enseignants du secondaire, nous avons voulu qu’ils s’expriment sur ce sujet, afin de connaître leur volonté de faire ou refaire (pour ceux qui l’avaient déjà fait) une formation à distance.

Le tableau 55 montre la répartition des réponses à cette question. Tableau 55 : Enseignants prêts ou non à effectuer une FAD

Opinion/ Oui Non Total Age Effectifs % Effectifs % 21-30 28 17% 0 0% 17% 31-40 35 21% 21 12% 33% 41-50 44 26% 30 18% 44% + 50 0 0% 10 6% 7% Total 107 64% 61 36% 100%

282 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Ce tableau, établi à partir des réponses des enseignants sur leur intention de suivre ou non une FAD, nous permet de constater que ces derniers sont très majoritairement favorables à ce type de formation (64%). Toutefois, nous remarquons que, s’ils sont nombreux à se dire intéressés, 36% de cette population disent ne pas être disposé à suivre ce type de formation. On peut donc supposer que c’est peut être la nouveauté du dispositif qui soulève quelques craintes. Une analyse plus serrée fait néanmoins apparaître quelques différences : sur un total de 28 jeunes enseignants âgés entre 21 et 30 ans et ayant participé à notre enquête, tous sont d’accord pour en effectuer une. Dans la catégorie des professeurs âgés entre 31 et 40 ans, 35 enseignants sur les 56 enquêtés se prononcent positivement sur le besoin d’en faire. Cependant, contrairement à ce que nous pensions, les enseignants âgés entre 41 et 50 ans sont également nombreux à éprouver le besoin d’entreprendre des études à distance car, sur les 74 sondés, 30 donc 18% seulement semblent ne pas sentir le besoin de participer à ce genre de formation. Evidemment, cela va de soi, les dix enseignants près de la retraite déclarent ne pas avoir besoin d’entreprendre ce genre formation.

Pour avoir une idée des motifs ou contre motifs des candidats à la participation à la FAD, nous devions examiner les 168 réponses données aux sous-questions « Si oui, pourquoi ? », « Si non, pourquoi ? ». Ces commentaires ont été regroupés selon les thèmes qui en émergeaient et les diverses informations ont ensuite été classées. Il fallait tout d’abord, nous faire une idée des raisons qui inciteraient les 107 enquêtés, se disant prêts à entreprendre une telle formation. Voici le classement obtenu :

- En première position, l’absence de déplacements physiques. En effet, 31% des répondants se disant prêts à entreprendre une FAD estiment que cette raison est le premier facteur qui pourrait les inciter à entreprendre ce genre de formation. A travers cette déclaration, nous comprenons que les enseignants veulent bien suivre les formations et autres stages de perfectionnement organisés par l’ENS et l’IPN (même s’ils sont rares). Mais, s’ils ne le font pas souvent, c’est peut être parce qu’ils redoutent les tracasseries et autres désagréments causés par les voyages, la plupart du temps longs, coûteux, des fois périlleux. Comme pour soutenir cet avis, l’évaluation des campus numériques français,

283 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives réalisée en 2003 282 avait révélé que c’est l’aspect pratique des formations qui séduit. Selon cette étude en effet, la majorité des stagiaires ont choisi ce mode de formation pour gérer leur temps à leur convenance (60 % des réponses) mais aussi par contrainte professionnelle ou géographique (respectivement 57 % et 48 %).

- Ensuite, vient le désir d’avoir un diplôme supérieur reconnu au niveau international (23%). La pression exercée par l’opinion générale selon laquelle, on ne saurait se satisfaire d’une instruction initiale, s’est donc faite sentir ici. De plus, ce désir peut être interprété comme une interrogation sur les diplômes locaux.

- En troisième position, vient le désir de disposer de la flexibilité du temps d’études (20%). Nous nous doutons bien que les enseignants en exercice soient des fois débordés par leur travail, une formation flexible et souple pourra par exemple leur offrir des parcours à la carte. En effet, à travers ce système de formation, les stagiaires peuvent « picorer » des modules selon les connaissances spécifiques qu’ils souhaitent acquérir et, en fonction de leurs acquis, et donc de leurs besoins, ils pourront passer au module suivant s’ils estiment leurs acquis suffisants.

- Puis vient le besoin de disposer de la possibilité d’acquérir des connaissances permettant d’exercer d’autres activités (16%). Nous nous disons que les enseignants sont conscients qu’une telle formation peut être une opportunité pour eux d’acquérir plus de connaissances, susceptibles de leur ouvrir de nouveaux horizons professionnels. Ce qui confirme le sentiment de désintérêt pour la fonction enseignante, évoqué plus haut.

- En dernière position, on trouve "la chance d’apprendre ce qui ne peut être enseigné par les institutions de formation actuelles (ENS, IPN)" qui semble être un facteur moins puissant (7%). Il en va de même de l’attrait de la formule à distance, dont il est encore moins tenu compte (3%).

282 Document de synthèse du rapport final. Evaluation de l’opération « campus numériques », Téléchargeable à l’adresse : http://www.educnet.education.fr/superieur/CN-evaluation.htm (consulté le 28 janvier 2008).

284 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

De leur côté, les 61 répondants ayant affirmé ne pas vouloir effectuer une FAD, ont également avancé des contre motifs que nous avons regroupés et classés par ordre d’importance :

- L’incertitude de reconnaissance du diplôme est le facteur qui paraît le plus décourageant pour les répondants (67,2%). En effet, jusqu’à présent, au Gabon, aucun texte de loi ne prévoit la prise en compte de diplôme obtenu à l’issu d’une formation effectuée dans des centres de formation à distance ou par correspondance. Aussi, est-il difficile pour le Ministère de la fonction publique de valider ce genre de diplôme. Déjà, la validation d'un diplôme étranger non reconnu par l'Etat gabonais relève du parcours de combattant. Il transite par le passage devant une Commission Nationale, qui fait du Ministre de l'Enseignement Supérieur le président de cette commission, assisté des représentants du Premier Ministère. S'y ajoutent aussi les représentants des Ministères de la Fonction Publique, de l'Education Nationale, des Finances et du Ministère du Travail.

- Les conflits avec d’autres obligations. Même si la FAD se présente comme un système de formation assez et souple et flexible, 16,4% des répondants "non motivés "trouvent que leurs nombreuses obligations (familiales, professionnelles…) peuvent enfreindre à la bonne marche des études qu’ils peuvent entreprendre à distance.

- Difficultés financières. 11,5% des répondants font allusion aux difficultés financières. Ce groupe est, à notre avis, constitué d’enseignants qui souhaiteraient que ce genre de formation soit gratuit. Ce qui fait resurgir le débat concernant la gratuité des contenus éducatifs en ligne provenant du secteur public éducatif. Un tel débat s’est instauré, à partir d’interventions diffusées sur la liste Temps-réels et sur la liste Admiroutes. Jean- Paul Baquiast (2001) 283 nous en livre le contenu :

Ainsi, pour certains, les contenus en ligne doivent être gratuits : Voici leur point de vue :

283 Baquiast Jean-Paul (2001). L'enseignement à distance public doit-il être gratuit ou payant ? Document téléchargeable à l’adresse : http://admiroutes.asso.fr/action/theme/educ/gratuite.htm (consulté le 30 janvier 2008).

285 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

« Les administrations, en ce domaine comme dans beaucoup d’autres, doivent respecter leurs missions de service public : faciliter à un coût aussi faible que possible l’accès du plus grand nombre aux produits de leur activité. Comme l’inégalité d’accès à la culture et à la connaissance est malheureusement une composante des sociétés actuelles, il est du devoir des administrations de mettre gratuitement à la disposition de ceux ne pouvant pas se les procurer sur le marché les ouvrages, cours, thèses, références qu’elles produisent. Ceci intéresse d’abord les établissements d’enseignements proprement dits, depuis le primaire jusqu’au supérieur. Mais toutes les autres structures publiques, par exemple les bibliothèques, devraient poursuivre les mêmes objectifs. Cette gratuité se ferait à un coût très faible, compte-tenu des facilités offertes aujourd’hui par l’Internet. Par ailleurs, l’esprit pionner de celui-ci : donner sans attendre nécessairement de rémunération, serait ainsi revivifié. »

Pour d’autres, par contre, la gratuité d’accès aux contenus pédagogiques aurait un triple inconvénient :

« déstabiliser les entreprises privées pratiquant le e-learning, entreprises de plus en plus nombreuses comme l’on sait - prêter le flanc à des attaques devant l’OMC au motif de distorsion de concurrence dans le domaine des services (l’enseignement comme la santé, sous la pression irrésistible du secteur marchand, étant de plus en plus considéré comme devant être un domaine de libre-concurrence) – et finalement décourager les structures publiques elles-mêmes d’investir en matière de télé-enseignement et même d’enseignement, l’impossibilité de rémunérer ces investissements décourageant la recherche et la production. On fait valoir sur ce dernier point que, contrairement à l’illusion selon laquelle la mise en ligne se fait à un coût marginal, il y aura des coûts considérables, tant en personnel qu’en logistique, à assumer pour offrir une offre pédagogique de qualité face aux investisseurs privés. »

286 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

- Appréhension liée à l’utilisation des nouveaux outils utilisés par les systèmes actuels de FAD. 4,9% des répondants craignent de ne pas pouvoir être en mesure d’utiliser les outils technologiques. L'évolution, progressive là encore, ne peut être facilitée que par de l'information et surtout de la formation continue.

La question n° 5 de cette partie de l’enquête demandait aux professeurs de s’exprimer par rapport à leur disponibilité (conditions de vie) à suivre une formation à distance. Le tableau ci-après montre la distribution des réponses à cette question.

287 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Tableau 56 : Conditions de vie favorables à une FAD

Conditions de vie/Opinion Nombre % Oui 113 67 Non 47 28 Je ne sais pas 8 5

Ils sont ainsi 67% à déclarer que leurs conditions de vie sont favorables à des études à distance. Alors que la proportion des enseignants qui soutiennent le contraire est de 28% ; cette proportion passe à 5% pour les professeurs qui hésitent à se prononcer, ne sachant peut-être pas quelles sont les conditions à remplir pour mener à bien ce genre de formation.

A la question n° 6 : « avez-vous accès à une connexion Internet ? » les réponses sont présentées dans le tableau suivant :

Tableau 57 : Possibilité d’accès à une connexion Internet

Accès à une connexion Internet / Effectifs % Opinion Oui 115 68,5 Non 53 31,5 Total 168 100

Il ressort clairement du tableau 57 que le pourcentage de répondants ayant déclaré avoir accès à une connexion Internet est nettement plus élevé que celui de ceux qui déclarent ne pas avoir la possibilité d’y accéder. Rappelons qu’il n’existe pas, comme nous l’avons souligné plus haut, d’espace informatique avec une connexion Internet dans les lycées et collèges. En confirmant qu’ils ont accès à Internet, les enseignants font allusion aux cybercafés où les tarifs oscillent entre 500 CFA (soit 76 centimes d’euros) et 1000 CFA (soit 1,5 euros) par heure de connexion. Selon une étude réalisée du 24 avril au 30 juin 2004 par l'Agence de régulation des télécommunications (ARTEL), la capitale gabonaise

288 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives compte, à elle seule, environ 89 cybercafés. Etant donné le fait que notre enquête avait été dirigée auprès des enseignants de Libreville et de l’intérieur du pays, nous pouvons dire les 31,5% qui déclarent ne pas avoir accès à une connexion Internet sont ceux qui sont affectés dans des zones non encore couvertes par Internet de l’intérieur du pays, ou encore ceux qui, jusqu’aujourd’hui se désintéressent à l’outil Internet.

Ensuite, nous avons voulu connaître les principaux lieux de connexion de ceux qui ont déclaré pouvoir facilement se connecter. Nous leur avions posé la question suivante : « Si oui, avez-vous un lieu de connexion défini ? ».

Dans le tableau ci-après, nous allons présenter la distribution des réponses à cette question.

Tableau 58 : Lieux de connexion

Effectifs % Lycée/Collège 8 7 Domicile 1 1 Cybercafé 94 82 Dans les bureaux des amis 12 10 Total 115 100

289 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Figure 19 : Lieu de connexion des répondants

7% 10% 1%

Lycées/Collèges Domicile

Cybercafé Chez des amis

82%

On remarque, en regardant le tableau et le graphique ci-contre, que 82% des enquêtés disent pouvoir se connecter dans les cybercafés. Cela ne fait que confirmer ce que nous avions déjà relevé lors de notre recherche pour l’obtention du DEA 284 , étude ayant montré que les salles informatiques présentes dans les lycées n’étaient pas utilisées par les enseignants.

A la question n° 7 (et dernière de notre questionnaire) : Quel jugement personnel portez- vous sur votre avenir professionnel et sur l’avenir de la FAD au Gabon ?

Contrairement à ce que nous pensions, les répondants sont à une forte majorité optimistes quant à l’avenir de la FAD au Gabon. Pour certains, la FAD est un passage obligé pour le système éducatif gabonais s’il veut sortir de la crise dans laquelle il s’est englué. A ce propos, voici ce qu’a écrit un répondant :

284 Obono Mba Anasthasie (op. cit.)

290 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

« Le Gabon a intérêt à adopter la FAD s’il veut avoir des enseignants compétents et motivés, capables de préparer les élèves à devenir des citoyens de l'avenir, qui seront en mesure de se tailler une place dans un monde qui semble se transformer de mois en mois à la suite des progrès technologiques, de la mondialisation ».

« C’est la conjoncture du moment qui l’impose, le Gabon n’a pas de choix, il doit adopter la FAD de peur de se voir marginaliser », écrit un autre répondant.

« Si le Gabon ne le fait, son système éducatif, ne se relèvera jamais d’une situation de crise », renchérit un autre.

Toutefois, si les enquêtés ont, dans leur grande majorité, porté un jugement favorable sur l’avenir de la FAD au Gabon, et s’ils semblent avoir compris les avantages qu’il y a pour eux de participer à ce type de formation, cela ne les empêche pas de déceler un certain nombre de facteurs qui, selon eux, peuvent porter entrave à la bonne marche de ce type de formation au Gabon. La grande majorité des enquêtés estiment ainsi que la formation à distance ne peut pas se développer au Gabon tant que les dirigeants politiques ne sont pas encore décidés de la promouvoir. « Le travail de sensibilisation doit être fait en amont. Même si les enseignants, dans leur grande majorité sont disposés à effectuer des formations à distance y trouvant l’opportunité de se perfectionner et peut être de changer de métier, le fait que la formation ne soit pas reconnue par les autorités publiques est un frein de taille pour décourager les bonnes intentions », a commenté un répondant. Sur ce point précis concernant l’avenir de l’EAD au Gabon, nous estimons important de souligner la différence de discours des enseignants ouest africains et gabonais. En effet, contrairement aux enseignants gabonais pour qui l’EAD ne peut se développer sans l’implication de l’Etat, l’enquête menée par Pierre Jean Loiret (2007) 285 auprès des enseignants ouest africains fait ressortir que la grande majorité de ces enseignants fait davantage confiance dans les capacités de leadership de certains d’entre eux et dans la

285 Loiret Pierre Jean (2007 ). L’enseignement à distance et le supérieur en Afrique de l’ouest : une université façonnée de l’extérieur ou renouvelée de l’intérieur ? Thèse en sciences de l’éducation, soutenue à l’Université de Rouen, Laboratoire Civiic, Téléchargeable à l’adresse : http://tel.archives- ouvertes.fr/docs/00/19/29/21/PDF/These_PJLoiret_28nov07.pdf (consulté le 5 janvier 2008).

291 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives volonté de leurs établissements que dans le pouvoir de l’Etat. En effet, selon l’auteur, ils sont 84% à penser que pour développer l’EAD, il faut davantage compter sur des individus et des équipes motivés que sur leur établissement ou leur Etat. Nous sommes de cet avis, car nous restons persuadée, avec Pierre Jean Loiret que « l’innovation dans le système éducatif appartient essentiellement, à des individus particulièrement motivés qui réussissent, puisque l’établissement et l’Etat ne peuvent le faire, à convaincre une coopération de financer un projet. Dans le meilleur des cas, cela donne l’expérience menée avec succès à l’EBAD de Dakar ou le déploiement d’un projet de formation à distance permet la refondation de l’établissement tout entier »286 . Ainsi, comme Claude Lishou cité par Pierre Jean Loiret (op. cit.), nous pensons que : « l’Etat pourrait donner une impulsion de départ, notamment en faisant en sorte de donner aux établissements universitaires la bande passante nécessaire pour développer les usages Internet, y compris l’EAD, dans de bonnes conditions . »

ÉLÉMENTS DE SYNTHÈSE

Notre étude a permis de faire un certain nombre de constatations intéressantes. L’affectation des enseignants dans des régions éloignées les unes des autres, ne facilite pas l’organisation de leur formation continue. De plus, le nombre variable et souvent réduit des enseignants stagiaires et des formateurs rend difficile l’harmonisation et la promotion de la formation. L’utilisation de méthodes pédagogiques liées aux nouvelles technologies de l’information et de la communication est un des moyens de répondre à la dispersion et au nombre réduit des formateurs. Les principales conclusions qui peuvent être tirées de la présentation des caractéristiques démographiques et socioprofessionnelles des répondants se résument à cinq constats : 1 - La répartition hommes/femmes est complètement déséquilibrée. Cette population à prédominance masculine (70,2%) est dans sa grande majorité mariée (68%). 2 - La population des répondants est vieillissante, la plus grande concentration d'âge se trouve autour de 41-50 ans, avec 44%.

286 Loiret Pierre Jean (op. cit.).

292 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

3 - Quant à la répartition de l'échantillon selon le diplôme, les titulaires de CAPES représentent à eux seuls le pourcentage de 45%. Ajoutons à ce pourcentage celui des détenteurs de CAPCEG 29% (considérés comme enseignants du premier cycle du secondaire). Le résultat est de 74% des enquêtés ayant reçu une formation pédagogique pour enseigner effectivement dans le secondaire. Cela sous-entend que le reste des enseignants, même s’ils sont titulaires de hauts diplômes n’ont pas nécessairement une formation pédagogique adéquate pour pouvoir enseigner dans le secondaire. 4 - En ce qui concerne l'ancienneté, la majorité de notre échantillon est concentré entre 21 et 30 ans d’expérience professionnelle.

A travers cette étude, nous avons également compris que, dans leur grande majorité, la plupart des enseignants ne sont pas recyclés après leur formation initiale. En effet, sur les 168 enquêtés, 65 seulement d’entre eux reconnaissent avoir suivi des formations et autres séminaires de perfectionnement pédagogique depuis le début de leur carrière dans l’enseignement. Le fait le plus étonnant est qu’on ne trouve que 16 enseignants affectés à l’intérieur du pays ayant suivi de stage de perfectionnement.

Autres faits révélés par l’enquête, un ensemble de compétences reste non acquises par la grande majorité des les enseignants. En fait, en dehors de quelques compétences relatives à la matière enseignée et aux méthodes pédagogiques qui semblent relativement mieux maîtriser par les répondants, les compétences technopédagogiques et les savoirs didactiques sont les domaines pour lesquels tous éprouvent un grand besoin de formation continue. Ce qui se profile à travers ces résultats est que le système éducatif gabonais, à l’instar sans doute de la plupart des systèmes éducatifs africains, ne s’inscrit pas dans une optique d’appropriation de nouvelles méthodes pédagogiques. La conséquence majeure de ce fait, est que les élèves sont amenés à cumuler des déficits pédagogiques importants, ce qui est de nature à expliquer la configuration générale des rendements.

Enfin, l’analyse du jeu complexe des motivations et contre motivations a permis d’établir que les mobiles qui peuvent inciter à entreprendre des études à distance sont puissants et fondés sur des besoins psychiques profonds de l’homme. Ce sont surtout les difficultés

293 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives d’ordre exogène qui peuvent freiner cet engouement. Il va sans dire que la seule volonté des enseignants pour effectuer des formations à distance, malgré qu’elle soit un facteur important, n’est pas suffisante. L’Etat doit prendre des décisions courageuses et poser des actes significatifs. Cela voudrait tout simplement dire que l’Etat doit adopter ce mode de formation et l’intégrer dans le cursus de formation pour que les choses avancent. C’est dans ce sens que Jean Valérien peut écrire ceci : « La volonté politique constitue le meilleur garant du succès de la mise en oeuvre de la FAD. La formation en général et la formation à distance en particulier sont devenues un marché que l’Etat doit réguler » Du point de vue de la formation, les enseignants semblent avoir besoin d’une formation qui leur permette d'acquérir des ressources et aussi savoir comment intégrer les TIC dans leur classe.

En ce qui concerne l’équipement et l’utilisation informatique, nous pouvons dire que les enquêtés sont totalement sous équipés en matériel informatique et que leur connaissance de l'outil est également insuffisante.

En terminant ce chapitre, nous nous rendons compte des biais et limites de notre enquête. Tout d’abord, nous n’avons pas pu évaluer l'équipement informatique des établissements scolaires, c'est-à-dire les lycées et collèges à travers le pays. Sinon, nous savons que la plupart des lycées et surtout les collèges sont non équipés, par conséquent, l'accessibilité de ce matériel n'est pas toujours aisée. Notons cependant que, même si les établissements étaient bien équipés, et l'accès au matériel facilité, si les enseignants se posent toujours la question de savoir comment intégrer les TIC, la situation actuelle ne changera pas très vite. Par ailleurs, l'intérêt de cette intégration n'est pas évident pour certains enseignants. Ceci implique très nettement la nécessité d'une formation : il ne sert à rien de donner des moyens si on ne sait pas quoi en faire.

Nous sommes également consciente qu’il ne s’agit que de déclarations des répondants, notre enquête n’ayant pas été orientée vers la vérification de certaines pratiques.

294 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Enfin, cette enquête ne concernait que le secteur éducatif. De plus, nous avons concentré notre recherche sur les enseignants du secondaire sans prendre en compte les autres ordres d’enseignement comme l’enseignement supérieur, aujourd’hui de plus en plus interpellé par l’EAD. Pour cette raison, nous ne pouvons considérer que cette étude est représentative des enseignants de tout le pays. Toutefois, jusqu'à ce qu'une autre étude couvre un échantillon plus représentatif de l'ensemble du pays, nos résultats donnent la meilleure description (et la plus exhaustive) de la situation réalisée à ce jour.

Arrivée à cette étape de notre étude, il nous est à présent possible de passer à la vérification des hypothèses que nous avons émises plus haut. Ceci va faire l’objet du prochain chapitre.

295 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

CHAPITRE IV - VÉRIFICATION DES HYPOTHÈSES

Avant d’amorcer ce chapitre consacré à la vérification de nos hypothèses de recherche, il serait pertinent de rappeler brièvement l’objectif de notre recherche. Le but de notre recherche, rappelons-le, est d’examiner la correspondance qui pourrait exister entre la non adoption de la FAD par le gouvernement gabonais et l’indifférence affichée par les salariés vis-à-vis de ce type de formation. Dans les chapitres précédents, nous avons été amenée dans un premier temps, à situer notre étude dans le contexte auquel elle se rattache. Après, nous avons fait une revue de la littérature relative au domaine de notre recherche. Par la suite, nous avons décrit la démarche méthodologique retenue. Finalement, nous avons présenté les résultats de notre recherche. Dans le présent chapitre, il s’agit pour nous de procéder à la vérification de nos hypothèses de recherche. Ainsi, ce chapitre sera divisé en deux sections suivies d’une synthèse. Dans la première section, nous ferons part des résultats des analyses qui visaient à vérifier les liens qui existent entre la forte présence de travailleurs étrangers dans le marché du travail gabonais et le désintérêt des employeurs vis-à-vis de la FAD. Dans la deuxième section, nous exposerons les résultats des analyses qui visaient à savoir s’il existe une relation entre le faible niveau d’implication du gouvernement au développement de la FAD et le désintérêt des travailleurs gabonais vis-à-vis de ce mode de formation.

I - RAPPEL DES HYPOTHÈSES

Rappelons que l’hypothèse 1 peut se lire de la façon suivante : « Le Gabon est, depuis le début des années soixante-dix, l’une des destinations majeures de l’émigration africaine. Compte tenu de cette situation, nous présupposons que ce serait sciemment que les autorités administratives gabonaises refusent d’adopter la FAD, de peur de se voir offrir des formations aux travailleurs immigrés . »

Cette hypothèse est subdivisée en deux sous-hypothèses (H1a) et (H1b) :

296 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

La première sous-hypothèse (H1a) a trait à l’existence d’un lien entre l’attitude adoptée par le gouvernement envers la FAD, et les recommandations des bailleurs de fonds qui lui exige la baisse de la masse salariale. La deuxième sous-hypothèse tente, quant à lui, de vérifier le lien entre la non adoption de la FAD par les autorités gabonaises et l’existence d’un esprit de malthusianisme de la part des cadres administratifs, esprit qui ferait en sorte que ces derniers ne veuillent pas que les ouvriers subalternes et les sous employés bénéficient des formations et deviennent un jour cadres comme eux.

La deuxième hypothèse se lit comme suit : « Il existe une relation entre le faible niveau d’implication du gouvernement au développement de la FAD et le désintérêt des travailleurs gabonais vis-à-vis de ce mode de formation. Nous présupposons que les travailleurs gabonais effectuent de moins en moins la FAD, parce qu’ils sont conscients qu'il n’existe pas de texte régissant la formation à distance au Gabon et que, par conséquent, les efforts de perfectionnement qu’ils peuvent fournir en vue du relèvement de leur niveau de vie ne seront guère pris en compte ».

II – SYNTHÈSE DES RÉSULTATS

2.1 – Discussion de la première hypothèse En résumé, les résultats que nous avons obtenus lors des entretiens avec les employeurs et les cadres administratifs ne permettent pas de confirmer l’hypothèse 1 qui prédit que ce serait sciemment que le gouvernement refuse d’adopter la FAD, de peur de former les étrangers. Certes, contrairement à ce que nous pensions au départ, les entretiens nous ont révélé clairement que les interviewés, dans leur grande majorité, connaissent la FAD (ce qui n’est pas le cas de leurs employés). Mais nous avons également décelé à travers les réponses de nos interlocuteurs qu’ils sont même prêts à en recommander à leurs employés si l’occasion se présentait. Mais, rien ne laisse entre temps supposer une quelconque opposition, venant de cette population, contre la mise en formation de leurs employés, qu’ils soient gabonais ou étrangers. Au contraire, beaucoup d’entre eux souhaitent que ces derniers reçoivent des formations de qualité pour le développement de leurs entreprises. Aussi, beaucoup regrettent-ils le fait qu’il n’y ait pas, à proprement

297 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives parler, de politique nationale de formation à distance au Gabon. Cette attitude défaitiste de la part des dirigeants, confirme ce que nous avons souligné plus haut, concernant la toute puissance et le quasi monopole de l’Etat dans la prise de décisions sur les orientations de l’éducation et de la formation. Or, il est clair que tout ne doit pas venir de l’Etat. Bien sûr, un système national de formation doit être soutenu par une série de mesures politiques institutionnelles qui lui assurent l’efficacité et la durabilité. Mais la volonté politique ne peut pas, à elle seule, lever ce défi qui interpelle toute la société. Ainsi, de façon à améliorer le fonctionnement du système, il est nécessaire de garder à l’esprit, l’idée selon laquelle, il ne suffit pas que le gouvernement fixe des normes, pour qu’elles soient réellement appliquées, et qu’il peut exister au niveau local, une certaine souplesse quant à leur mise en œuvre et leur application.

Par ailleurs, nous avons également voulu vérifier s’il existe un lien entre la non adoption de la FAD par le gouvernement et une certaine crainte à s’éloigner des instructions des bailleurs de fonds. Nous n’avons noté aucune relation entre ces deux facteurs. Par conséquent, la sous-hypothèse H1 n’est pas confirmée.

De même, n’ayant pas non plus décelé de relation entre la non adoption de la FAD et un quelconque comportement malthusien de la part des interviewés, nous pouvons dire que la sous-hypothèse H2 est également non confirmée.

2.2 – Discussion de la deuxième hypothèse L’hypothèse 2 qui prédisait qu’il existe une relation entre le faible niveau d’implication du gouvernement au développement de la FAD et le désintérêt des travailleurs gabonais vis-à-vis de ce mode de formation, a été confirmée. Pour avoir une idée des contre motifs des candidats à la participation à la FAD, nous devions examiner les réponses données à la sous-question (21) de la question 19 intitulé ainsi : Êtes-vous disposé(e) à suivre une FAD si l’opportunité vous était offerte ? Si non pourquoi ? Les 61 répondants ayant déclaré ne pas vouloir effectuer une FAD, ont avancé des contre motifs que nous avons classé par ordre d’importance :

298 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

L’incertitude de reconnaissance du diplôme est le facteur qui paraît le plus décourageant pour les répondants (67,2%). 16,4% des répondants "non motivés" trouvent que leurs nombreuses obligations (familiales, professionnelles…) peuvent enfreindre à la bonne marche des études qu’ils peuvent entreprendre à distance. 11,5% des répondants font allusion aux difficultés financières qui pourraient les empêcher de suivre une formation à distance. Tandis que 4,9% des répondants craignent de ne pas pouvoir être en mesure d’utiliser les outils technologiques.

La vérification des hypothèses émises était une étape importante de notre recherche. Arrivée au terme de cette étape, nous pouvons maintenant aborder la quatrième partie de notre recherche consacrée à l’étude de la pertinence et de la faisabilité d'un projet de programme de formation à distance des enseignants gabonais du secondaire.

299 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

QUATRIÈME PARTIE : PERTINENCE ET FAISABILITÉ D’UN PROGRAMME DE FORMATION CONTINUE À DISTANCE POUR LES ENSEIGNANTS DU SECONDAIRE AU GABON

300 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Pour démarrer cette partie de notre travail, nous allons nous référer aux travaux de l’Atelier Régional sur l’Enseignement Secondaire qui s’était tenu à l’Ile Maurice du 3 au 6 décembre 2001, atelier ayant recommandé de trouver des stratégies susceptibles d’améliorer la formation des enseignants en exercice. En effet, en vue d’explorer en profondeur le sous-système d’enseignement secondaire en Afrique, un des sujets proposés traitant de "la réforme de l’enseignement secondaire et la formation des enseignants ", avait fait ressortir ceci : « Il convient de trouver les stratégies les meilleures et les plus rentables, qui vont être utiles pour assurer la formation et l’appui pédagogiques en permanence en faveur d’un grand nombre d’enseignants répartis dans les zones rurales et reculées, sans les tenir à l’écart de l’enseignement pendant une période de longue durée… Par ailleurs, les enseignants aussi ont besoin de recyclage pour s’adapter à l’utilisation des nouvelles technologies et pour assurer un apprentissage tout au long de la vie à l’intention des élèves. Ainsi, pour améliorer l’enseignement, les professeurs du troisième millénaire devraient être mieux formés et motivés. La formation pédagogique de nouvelles recrues doit être un processus continu, un processus de recyclage permanent, maintenir les connaissances à jour et offrir des possibilités d’acquisition continue de nouvelles compétences... » . Ces phrases semblent avoir été écrites pour justifier le bien fondé de cette partie de notre travail.

Ainsi, le but principal de cette partie de la recherche, est d'étudier la pertinence 287 et la faisabilité 288 d'un projet de programme de formation à distance, concernant la formation continue des professeurs du secondaire général en exercice au Gabon. Une telle analyse devrait conduire à la proposition du contenu d'un programme 289 de perfectionnement dans le cadre d'une situation de formation à distance.

287 Pertinence : Degré de lien significatif entre les résultats obtenus et les besoins à satisfaire ou entre les objectifs poursuivis et les besoins à satisfaire (Legendre, 1993). 288 Faisabilité: Caractère de ce qui est réalisable, compte tenu des ressources humaines, matérielles, pédagogiques, techniques, etc. (Legendre, 1993). 289 Un programme est "un ensemble cohérent et organise d'objectifs, d'activités et de ressources justifiés sur la base de besoins manifestés, anticipés ou souhaités par un groupe social ou par une communauté donnée, et qui vise l'atteinte de résultats." (Nadeau, 1996)

301 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Trois chapitres composent cette partie : le premier va présenter le fonctionnement actuel de la formation des enseignants du secondaire général. Le deuxième chapitre va quant à lui, présenter certains fondements justifiant notre choix pour un dispositif FAD intégrant les TIC. Enfin, le troisième chapitre va aborder les stratégies à envisager ainsi que le cadre théorique et méthodologique des actions à mener.

302 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

CHAPITRE I : LE FONCTIONNEMENT ACTUEL DE LA FORMATION DES ENSEIGNANTS DU SECONDAIRE GÉNÉRAL

On n’insistera jamais assez sur l’importance de la formation des enseignants, et en particulier de celle des enseignants du secondaire. Un rapport de l’OCDE sur l’offre et la demande d’enseignants précise que « la qualité des enseignants est un élément essentiel dans le processus d’apprentissage » et que « l’amélioration des systèmes scolaires passe par le recrutement et la fidélisation de bons enseignants » (OCDE, 2002 p. 8) 290 .

Notre choix pour l’enseignement secondaire se justifie par le fait que cet ordre d’enseignement, qui connaît d’ailleurs un regain d’attention ces dernières années, constitue généralement une étape charnière dans la structure des systèmes éducatifs. Cette étape se situe pour les jeunes à une période de transition où ils doivent prendre des décisions et faire des choix importants qui ont un impact crucial sur leur vie personnelle, et leurs orientations scolaires et professionnelles futures. Les participants à la Réunion internationale d’experts sur l’enseignement secondaire général au 21 ème siècle, organisée en mai 2001 par l’UNESCO à Beijing (République populaire de Chine), avaient déjà reconnu la nécessité d’accorder à cet ordre d’enseignement un haut degré de priorité et de redéfinir les objectifs et fonctions de cet ordre d’enseignement pour le 21 ème siècle. Qu’en est-il de la formation des enseignants chargés de préparer les jeunes gabonais à s’assumer dans leur contexte socio-économique ?

En raison de l’importance qu’elle revêt pour l’avenir de la formation des enseignants au Gabon, il est nécessaire d’examiner la structure actuelle de formation. Ce chapitre comporte essentiellement deux sections : Il s’agira dans la première section de faire l’état des lieux du fonctionnement actuel de la formation des enseignants du secondaire général. La deuxième va quand à elle, tenter de montrer l’importance que revêt la formation continue des enseignants.

290 OCDE (2002). Teacher Demand and Supply: Improving Teaching Quality and Addressing Teacher Shortages. OECD Education Working Papers n°1, Téléchargeable à l’adresse : http://www.oecd.org/, consulté le 7 août 2007.

303 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

I - LA FORMATION DES ENSEIGNANTS

Pilier du système éducatif, la formation des enseignants fait l'objet, dans bien des pays, d'une attention particulière, parce qu'elle est la clef d'un système qui se complexifie, avec les exigences d'un contexte qui évolue vite et rend de plus en plus nécessaire une préparation à la nouvelle économie du savoir. Au Gabon, cette formation, énoncée comme " priorité nationale ", est considérée par beaucoup d’acteurs du système éducatif comme le meilleur moyen pour assurer la qualité de l’enseignement dispensé. Pour cela, sur requête du gouvernement, l’École normale supérieure de Libreville (ENS) fut créée en 1971. Placée sous double tutelle des ministères de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation technologique, l’ENS est chargée de la formation initiale et continue des formateurs du second degré et encadreurs pédagogiques des premier et second degrés.

1.1 - la formation initiale Seul opérateur gabonais habilité à former des professeurs du secondaire général, l’ENS a mis en place des réformes de profondeur concernant le cursus de formation de ses étudiants : formation pédagogique et didactique, formation professionnelle pratique... Ainsi, depuis 2002, elle forme également les conseillers d’orientation, les professeurs adjoints d’école et les professeurs adjoints d’école normale. En 2004, l’institution a eu à former (occasionnellement) des inspecteurs pédagogiques du Second degré général qui, après deux ans de formation, avaient obtenu le CAISG (Certificat d'Aptitude à l'Inspectorat du Second degré général).

L’ouverture des cycles se fait toujours sur la base des besoins en formation définis et exprimés par le ministère de l’Éducation nationale qui fixe les quotas aux concours d’entrée, organise le concours interne et arrête la liste des candidats retenus, crée les départements, pourvoit, dans certains cas, aux besoins d’encadrement subséquents par le détachement en demi-services ou comme permanents, de certains cadres spécialisés de l’éducation nationale. Les recrutements se font sur concours, soit par voie interne (concours réservés aux agents de l’Education nationale, justifiant d’un certain nombre d’années d’ancienneté), soit par voie externe (étudiants titulaires du Bac, BAC+2 et plus).

304 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Ces deux voies existent pour tous les cursus menant au Certificat d'Aptitude au Professorat de Collège (CAPC) et au Certificat d'Aptitude au Professorat de l'Enseignement secondaire (CAPES), sauf en Anglais, Espagnol et Sciences naturelles (seuls des concours internes étant organisés dans ces trois disciplines). Pour les Formateurs du premier degré, les Encadreurs pédagogiques et les Agents de la Vie scolaire, les recrutements ont lieu également uniquement par voie interne (sauf en ce qui concerne les Conseillers d'Orientation, pour lesquels la voie externe est également ouverte).

Deux années préparatoires (qui ne sont pas considérées comme faisant partie de la scolarité au sens strict), accessibles sur concours aux détenteurs du baccalauréat, sont organisées au bénéfice des étudiants désireux de suivre la formation conduisant au Certificat d'Aptitude au Professorat de Collège (CAPC). Au terme de ces deux années (qui ne sont pas sanctionnées par la délivrance d’un diplôme), les étudiants sont autorisés à subir les épreuves du concours d’entrée à l’ENS, au même titre que les titulaires du DEUG ou du DUES, dans les filières suivantes : - Français (classes de Lettres supérieures ), - de Mathématiques et de Sciences physiques (classes de Mathématiques et Sciences physiques , MPS).

L’ENS accueille actuellement près de 1200 étudiants. Dans le souci d’accroître sa qualité de formation de formateurs, des travailleurs de l’ère de l’information, l’ENS s’est résolument engagée, depuis 1999, à s’équiper en matériel informatique et infrastructures de communication, ce qui la place aujourd’hui parmi les institutions d’enseignement supérieur gabonais les mieux équipées. Cette politique est poursuivie chaque année, par le renouvellement du parc informatique, (58 ordinateurs dont 15 à usages administratifs) et d’appareils et surtout le raccordement au réseau Internet des deux salles de cours d’informatique. L’ENS dispose actuellement de deux lignes spécialisées, une laissée par le Campus numérique lors de son déménagement vers l’Université Omar Bongo et l’autre acquise par l’école, il y a environ cinq ans. Il faut toutefois noter que seulement une partie de ce parc informatique est constituée de matériel récent.

305 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

L’ENS a aussi la mission de faire la recherche fondamentale et appliquée à l’éducation. Cette activité se déroule au sein des laboratoires et s’impose à tous les enseignants, leur carrière étant liée aux inscriptions sur les listes d’aptitude du CAMES. Des laboratoires de recherche existent ainsi au sein de l’institution, il s’agit des trois suivants:

- Le laboratoire de psychopédagogie (LAPPED) de l’UFR de sciences de l’éducation. Les principaux axes de recherche portent, en évaluation, sur la représentation et la pratique de l’évaluation en milieu scolaire ; en guidance, éducation spécialisée et orientation, sur l’état des besoins en matière d’enseignements spécialisés ; en technologies éducatives, sur les représentations des élèves et enseignants face à l’intégration de l’informatique à l’école et sur la formation des enseignants et stratégies innovantes.

- Le groupe de recherche en sciences humaines et sociales (le GRESHS), les équipes de recherche se consacrent principalement aux travaux allant dans la continuité de leur formation et à la didactique des disciplines. On y travaille sur les formes et évolution de la sociabilité ; les migrations et la sexualité africaines ; les conflictualités africaines contemporaines ; la géographie du Gabon et le développement durable.

- Au laboratoire pluridisciplinaire des Sciences (LAPLUS), les travaux sont axés sur les argiles, les semi-conducteurs et sur le bois.

Les annexes (10, 11, 12, 13) donnent un aperçu de l’organisation de la formation initiale des enseignants.

Nous avons fait, à travers ces quelques lignes, le tour d’horizon du fonctionnement de la formation initiale des enseignants. Au Gabon, la formation continue des enseignants, comme d’ailleurs partout dans le monde, est l’objet d’un questionnement quotidien. Examinons maintenant comment se déroule ce type de formation.

306 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

1.2 - La formation continue Pierre Jean Loiret le souligne dans sa thèse : « la formation continue est essentiellement développée dans les pays occidentaux par les entreprises qui ont besoin de former leur personnel, cadre qui ne s’applique pas encore à l’Afrique…En Afrique la démarche de formation continue semble davantage être une démarche personnelle de ceux qui ont envie et besoin de progresser, plus qu’une volonté de formation prise en compte par un employeur, public ou privé» 291 . Le Gabon n’échappe pas à cette réalité, et cela se vérifie dans pratiquement tous les secteurs, surtout ceux relevant du service public. La formation professionnelle continue en est effectivement à ses débuts. Elle est actuellement prise en charge par l’ Agence nationale de Formation Professionnelle et de Perfectionnement (ANFPP) et par l’ Association pour la Formation continue (AFC). L’ANFPP dispose de sept centres répartis sur l’ensemble du territoire (à terme, il devrait y avoir neuf centres, un par province) et s’occupe notamment de l’insertion professionnelle des jeunes en organisant des stages de qualification de 18 mois. Le financement de la formation continue devrait normalement être assuré par une taxe prévue dans la loi 9-2001, mais les entreprises refusent de payer cette taxe si elles ne sont pas directement associées à la gestion des fonds collectés. Il semble que la mise en place de commissions mixtes dans lesquelles seraient représentés les différents partenaires de la formation professionnelle, commissions prévues par la loi sus-visée, ne soit pas effective, ce qui justifierait le blocage des entreprises 292 . Étant donné que la formation continue des enseignants est un domaine relativement jeune par rapport à la formation initiale, les enseignants qui se perfectionnent le font le plus souvent jusque là selon leurs besoins et à leur propre initiative.

Aujourd’hui, la littérature donne un éventail de dénominations pour désigner la formation suivie par un enseignant en exercice. En anglais, on ne fait pas de distinction notable entre formation continue, éducation des adultes, éducation permanente et éducation

291 Loiret P. J. (op. cit.). 292 Jacques Ginestié, Olivier Balonzi, Raymond-Paul Kohowalla, Clémence Medjia (2005). Une éducation générale pour tous, une orientation professionnelle pour chacun . Propositions en vue de l’élaboration d’un Schéma directeur du secteur éducatif gabonais, Etude téléchargeable à l’adresse : http:// www.labogabon.net/infos/schemadirecteur/schemadirecteur.htm (consulté le 2 février 2008).

307 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives récurrente 293 . En français, on parle surtout de perfectionnement, de perfectionnement professionnel, de perfectionnement continu, de formation continue, de formation en cours de service, de formation permanente, formation en cours d'exercice, de recyclage. La formation continue des enseignants a ainsi pour synonyme, perfectionnement des enseignants.

Depuis sa création en 1971, l’Ecole Normale Supérieure de Libreville a toujours accordé un intérêt particulier à la formation continue qui, dans un domaine en perpétuelle mutation, permet aux enseignants en exercice, de mettre à jour leurs connaissances et leurs compétences, mais aussi de s'adapter aux nouvelles exigences de leur profession et aux conditions d'exercice de leur métier. C'est ainsi qu'elle offre des ateliers de formation et des séminaires de perfectionnement et de recyclage dans des domaines très variés. Ceci dans le but d'assurer le développement d'un corps professoral compétent, capable de prendre la responsabilité des interventions théoriques et pratiques que nécessitent les programmes mis en place, dans les différents domaines. Il faut toutefois avouer que l’institution, très largement occupée par le pilotage de la formation initiale (nombreux changements de type de formations, augmentation des flux liée au renouvellement générationnel) peine à donner des réponses complètes aux demandes spécifiques du " développement professionnel " inscrit dans les textes successifs sur la formation continue. Dans l'état actuel, les stages de perfectionnement et autres séminaires organisés par l’établissement apportent aux participants de grandes satisfactions, mais trop peu de ces enseignants peuvent chaque année y participer car jusqu’aujourd’hui, ces formations n’ont toujours concerné que les seuls enseignants de Libreville et des villes avoisinantes. Les enseignants affectés dans le reste des provinces du pays, n’ont droit qu’aux épisodiques sessions de perfectionnement organisées par l’IPN, dans les chefs lieux de provinces. Globalement, tous les deux ou trois ans (voire plus), un enseignant sur trois participe à une action de formation continue, en dehors des conférences pédagogiques, désormais transformées en animations pédagogiques. Ces dernières années, les contraintes budgétaires ont amené la suppression d'importants moyens de crédits, ramenant parfois la formation à sa plus simple expression. Il n’est évidemment pas

293 Legendre R (1993). Dictionnaire actuel de l’éducation (2 ème édition). Montréal : Guérin.

308 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives nécessaire, à ce niveau, de faire beaucoup d’efforts d’imagination pour comprendre qu’à l’allure où vont les choses, les enseignants affectés dans des zones reculées et, de surcroît, des lieux enclavés comme Pana, Minvoul, Ovan, Iboundji... courent le risque de terminer leur carrière professionnelle sans avoir participé à un seul stage de perfectionnement ( au Gabon, il n’est pas rare de rencontrer des enseignants qui finissent toute leur carrière, affectés dans un même établissement de l’intérieur du pays. Ceux qui ont la chance d’être mutés et affectés à Libreville ou dans d’autres grandes villes du pays doivent des fois soudoyer les autorités administratives chargées des affections du personnel pour être maintenus dans leur lieu d’affectation ). Les résultats de l’enquête que nous avons menée auprès des enseignants affectés en provinces (63) nous confortent dans cette idée car, 45 d’entre eux, soit 71,4% de la population enquêtée, déclarent n’avoir assisté à aucun stage de perfectionnement depuis le début de leur carrière professionnelle. Cette situation est, on ne peut plus inquiétante dans un monde où la philosophie de tout système éducatif est en train d’évoluer rapidement vers un processus d’éducation permanente des enseignants.

Aujourd’hui, l’un des principaux problèmes auxquels est confronté le système éducatif gabonais est assurément l’absence d’un plan de formation continue qui consiste, pour l’essentiel (du moins pour ce qui est fait sur place) à l’encadrement pédagogique par les enseignants de l’ENS, les inspecteurs et les conseillers pédagogiques. Or, les statistiques relèvent une insuffisance criarde du personnel d’encadrement. En effet, en 2005, les ratios sont d’environ un inspecteur pour 510 enseignants et un conseiller pédagogique pour 283 enseignants. De l’avis général, le déficit enregistré au niveau du personnel d’encadrement pédagogique est l’une des causes du disfonctionnement du système éducatif gabonais.

Si l’on tient compte de la façon dont la formation continue est organisée auprès des enseignants, on ne peut s’empêcher de parler encore une fois de crise. La modalité actuelle d’organisation se caractérise par la possibilité pour les enseignants en exercice d’assister aux rares séminaires et autres rencontres visant à leur perfectionnement pédagogique. En d’autres termes, nous sommes dans une situation où les professeurs qui

309 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives désirent se perfectionner sont obligés de se rendre à Libreville, la capitale du pays, plus précisément à l’ENS ou l’IPN ou à la rigueur, dans les centres de perfectionnement pédagogique (CPP) régionaux pour suivre des cours ou des ateliers. L’inconvénient est que ces professeurs, qui deviennent " élèves " pendant une ou deux semaines, voire un mois (selon la durée de la formation), sont obligés de s’extraire de leur réalité quotidienne, en quittant leur établissement pour venir en formation rejoindre d’autres enseignants venus d’autres établissements. Et, même si on les traite comme des adultes, l’ensemble des horaires, des lieux, des curricula sont organisés dans la logique des formateurs. Le problème prend une ampleur beaucoup plus grande, puisque les enseignants ne peuvent pas tous être libérés en pleine activité pour aller suivre une formation continue dans un CPP, fusse-t-il rapproché. Par ailleurs, les expériences de recyclages des enseignants pendant les vacances, restent insuffisantes, inefficaces et surtout mal vu par ces derniers, qui trouvent qu’ils devraient rester libres de tout engagement académique pendant ces périodes.

Par ailleurs les trois centres de perfectionnement pédagogique (Libreville, Oyem et Mouila), créés pour pallier l’insuffisance quantitative du personnel d’encadrement, sont confrontés à certaines difficultés objectives, telles que la rareté de regroupement liée à l’éloignement des centres et la modicité des moyens financiers, la routine dans le choix des thèmes de formation. Il faut également signaler le problème lié à l’insuffisance de la documentation pédagogique et l’insuffisance de l’encadrement pédagogique (limite objective de l’auto formation). A tout cela, s’ajoute le manque de stratégie d’identification des besoins de formation des enseignants, le plus souvent déterminés au niveau central.

Un fait paradoxal à signaler cependant, la majorité des encadreurs sont spécialement cantonnés à Libreville (la capitale gabonaise). Par conséquent, leur activité est quasi insignifiante. Ils leur manquent généralement de fonds pour assurer leur transport, donner des incitations et susciter des motivations tant au niveau des lycées et collèges de l’intérieur du pays qu’au niveau des inspections. En effet, l’état des routes (très délabrés pour la plupart), l’insuffisance de voitures de liaisons (les Inspecteurs Délégués

310 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives d’Académie en font leurs voitures personnelles), le manque de moyens (frais de missions, carburant, etc.) rendent l’opération presque impossible. Il est déjà rare que ces superviseurs se rendent dans les établissements facilement accessibles que sont les lycées et collèges de Libreville, quand on sait que la majorité des enseignants se trouvent à l’intérieur du pays, il est aisé de deviner les conditions dans les lesquelles évoluent les enseignants gabonais.

La figure ci-après récapitule les problèmes relatifs à la formation continue telle qu’elle se pratique actuellement au Gabon.

Figure 20 : Problèmes de la formation continue traditionnelle

Très coûteuse et difficilement réalisable

Nombre élevé d’enseignants à recycler

Insuffisance de formateurs Problèmes de la formule

actuelle de formation continue Centres de formation des enseignants insuffisants et mal répartis à travers le pays

Impossibilité de libérer tous les enseignants pour une formation continue

311 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

II – IMPORTANCE DE LA FORMATION CONTINUE DES ENSEIGNANTS

Dans l’exercice de toute profession, la formation continue constitue la voie empruntée par des personnes qui ont à cœur d’améliorer constamment leur pratique et qui éprouvent le besoin d’acquérir d’autres compétences pour s’adapter à une nouvelle réalité. La profession d’enseignant n’échappe pas à cette réalité. L’exercice du métier d’enseignant nécessite en effet des compétences trop variées, trop compliquées à construire pour être totalement acquises dans le cadre de la formation initiale. C’est fort de cette assertion que Jacques Delors a écrit : « Le monde dans son ensemble évolue aujourd’hui si rapidement que les enseignants, comme les membres de la plupart des autres professions, doivent désormais admettre que leur formation initial ne suffira pas pour le restant de leur vie : il leur faudra, tout au long de leur existence, actualiser et perfectionner leurs connaissances et leurs techniques… »294 . Cette phrase, extraite du rapport à l’Unesco de la Commission internationale sur l’éducation pour le XXI ème siècle, vaut son pesant d’or dans un monde où la formation continue des enseignants est de plus en plus reconnue comme un devoir. C’est ce qui explique le fait que l’on trouve dans certains pays européens par exemple, des enseignants soumis à l'obligation professionnelle d'actualiser régulièrement leurs connaissances. Dans d’autres, la formation continue est obligatoire de facto, étant donné qu'aucune promotion ne peut être accordée aux enseignants qui n'ont pas participé à de telles activités.

La définition que le ministère de l’Éducation du Québec (MEQ, 1999, p.11), donne au terme montre que ce type de formation concerne tout les enseignants sans exception, et non seulement la catégorie d’enseignants qui se tiennent bon an mal an à la fine pointe de l’innovation pédagogique, en voici le contenu: « l’ensemble des actions et des activités dans lesquelles les enseignantes et les enseignants en exercice s’engagent de façon individuelle et collective en vue de mettre à jour et d’enrichir leur pratique

294 Delors, J (1996). L’Éducation. Un trésor est caché dedans , Rapport à l'Unesco, Editions Odile Jacob, Paris.

312 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives professionnelle 295 ». L’éthique même de la profession enseignante recommande l’engagement dans une formation perpétuelle. En effet de par leur fonction en perpétuelle évolution, les enseignants sont les adultes les plus concernés par la formation continue. « Ce serait un contresens flagrant pour un enseignant de ne pas apprendre constamment. Il est inutile d’essayer d’intéresser les apprenants si l’on n’est pas nous-mêmes en marche », rappelle Paul Francoeur (1999) 296 .

Luce Brossard (1999) confirme la nécessité inéluctable de la formation continue pour les enseignants s’ils veulent exercer leur profession avec la plus grande efficacité possible, voici ce qu’elle en dit :

« Avec la mise en œuvre d’un nouveau curriculum fondé sur une conception de l’apprentissage qui ne correspond pas au paradigme le plus répandu, le milieu de l’enseignement entre dans une ère de transformation qui exigera des modifications importantes des pratiques en matières d’enseignement, d’organisation et de gestion . »297

C’est également dans cette même ordre d’idées que Mustapha Derouich (1999) 298 précise qu’il est évident que du moment de l’entrée dans le métier, aux différents temps de la carrière, les besoins des enseignants en termes de réflexions, d’échanges, de mise à jour des connaissances sont divers et multiples ; les changements de programmes, l’adoption de nouvelles théories éducatives et approches pédagogiques, mais aussi les parcours individuels ou les changements institutionnels constituent autant de facteurs incitant à la formation en permanence. Plusieurs textes officiels et articles soulignent également le caractère incontournable de la formation continue pour les enseignants.

295 Ministère de l’Education du Québec (MEQ). Orientations pour la formation continue du personnel enseignant. Choisir plutôt que subir le changement , Québec, 1999, 20 p. 296 Francoeur Paul (1999). La formation continue. Vision d’enseignants et d’enseignantes , Vie pédagogique, Document téléchargeable à l’adresse : http://www.viepedagogique.gouv.qc.ca/numeros/113/vp113_16-20.pdf (consulté le 29 juillet 2007). 297 Brossard Luce (1999). La formation continue. Une voie vers l’apprentissage continu , Article téléchargeable à l’adresse : http://www.viepédagogique.gouv.qc.ca/numeros/113/vp113_9.pdf (consulté le 24 octobre 2007). 298 Mustapha Derouich (op. cit.).

313 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

C’est le cas de l’article émanant du congrès d’études du SNUIPP (2002). Il met en relief les raisons affichées de la demande de formation continue des enseignants : « L’évolution des programmes mais également les nombreux problèmes qui sont aujourd’hui posés à l’école et aux enseignants : scolarisation des enfants en situation de handicap, relations avec les familles, travail en équipe, évaluations... Confrontés aux évolutions permanentes des savoirs et de la société, la nécessité de " souffler " un peu, de se ressourcer pour mieux affronter la complexité du métier est bien présente. Mais au-delà la profession enseignante a besoin de lieux de confrontation, d’échanges, afin de pouvoir conduire une analyse critique de ses propres pratiques. L’expertise professionnelle acquise au long de sa carrière doit être mieux prise en compte et être au cœur de la formation continue. La demande de formation a donc toutes les raisons d’être forte. 299 »

Les textes officiels français relatifs à la formation continue indiquent également l’importance et la spécificité de ce type de formation, on peut lire : « La formation initiale ne peut prendre en compte toutes les spécificités du poste où un nouveau maître recevra sa première affectation. La formation continue doit lui assurer une adaptation aux aspects les plus concrets de la pratique du métier dans un contexte donné. Il doit en être de même pour les maîtres dont la mutation entraîne des changements importants dans les conditions d'exercice du métier ; - La formation continue est un outil privilégié pour faciliter et développer le travail en équipe ; elle est un vecteur de diffusion des initiatives, des expérimentations et des résultats des recherches. Elle doit permettre la réactualisation et l'extension permanentes des connaissances et des savoir- faire des maîtres au cours de leur carrière, ainsi que leur approfondissement en fonction des priorités retenues pour la politique éducative et des besoins

299 Congrès d’études du SNUIPP (2002). La formation continue : l’école en manque, Téléchargeable à l’adresse : http://www.snuipp.fr/rubrique406.html (consulté le 29 juillet 2007).

314 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

individuels. Pour certains maîtres, elle doit constituer une aide afin de surmonter les difficultés qu'aurait pu révéler la pratique du métier. »

C’est dans la même veine que le rapport final des Etats Généraux de 1996 (Québec) souligne ceci : « Le perfectionnement au fil de la carrière est devenu une exigence en quelque sorte inhérente à la profession et à son évolution. Dans des fonctions de transmission des savoirs, de relation d'aide et de soutien à l'apprentissage, on doit continuellement développer ses compétences personnelles, remettre en question ses interventions et recourir à des expertises externes. C'est à ce prix qu'on doit soutenir l'autonomie professionnelle. Que ce soit par une mise à jour des pratiques ou par une réflexion ou des discussions avec des collègues, le parcours professionnel doit être constamment enrichi pour y gagner en efficacité. 300 »

Tous ces textes et exemples illustrent bien l’attention dont bénéficie actuellement la question de la formation continue des enseignants. Cela dit, nous constatons que les enseignants gabonais n’ont pas d’autres choix que de prendre conscience que la formation continue n’est rien d’autre que l’évolution normale de la situation qui fait que le monde de l’éducation devrait, de toute façon, se ressourcer constamment pour rester en énergie dans cette profession pleine de défis. En d’autres termes, s’ils veulent jouer leur rôle, entre autres, s’adapter aux changements de leur univers professionnel, compléter leur formation, mettre à jour leur savoir et leur savoir-faire, se préparer à la réalisation et à l’appropriation des différentes réformes éducatives, les enseignants gabonais devront adopter au plus vite une culture de formation continue. Ceci nous amène à avancer sans hésitation que l’amélioration de l’efficacité de l’éducation dans les pays en voie de développement, comme le Gabon, revient à faire de la formation continue des enseignants leur cheval de bataille. Dans ce sens nous rejoignons Hallak (1990) cité par Hassane-Tinga Dizé (1999) quand il précise ceci :

300 Rapport final des Etats Généraux de 1996. Téléchargeable à l’URL : http://www.csdgs.qc.ca/reforme/FormCont.htm (consulté le 29 juillet 2007).

315 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

« La formation des enseignants ne peut plus se limiter à l’heure actuelle à un cours de deux ou trois années avant l’entrée en fonction. Comme pour toute autre profession, la formation en cours de service est un élément important de la professionnalisation et est devenue obligatoire dans certains pays 301 .»

ÉLÉMENTS DE SYNTHÈSE

Comme dans les autres secteurs de formation, le système de formation des enseignants gabonais n’a pas connu une articulation qui intègre la formation initiale, la formation à distance ou la formation continue de façon à procurer, tout au long de la vie professionnelle, des moments de recyclage structurés et planifiés. De plus, l’affectation des enseignants dans des régions éloignées les unes des autres, ne facilite pas l’organisation de leur formation continue. Par ailleurs, le nombre variable et souvent réduit des enseignants stagiaires et des formateurs rend difficile l’harmonisation et la promotion de ce type de formation. L’utilisation de méthodes pédagogiques liées aux nouvelles technologies de l’information et de la communication est un des moyens de répondre à la dispersion et au nombre réduit des formateurs car, l’analyse de la situation actuelle de la formation des enseignants gabonais montre que le fonctionnement actuel de la formation, en mode « présentiel » 302 , ne permet pas de satisfaire la demande actuelle de formation des enseignants qui croît chaque année. En effet, quantitativement, les capacités actuelles de l’ENS sont restées les mêmes, que celles prévues initialement pour un encadrement efficient d’effectifs et de filières bien moins nombreux et, avec les années, leur qualité s’est notablement détériorée. La demande actuelle dépasse nettement ces capacités. Il est évident que le système actuel ne parviendra pas à y faire face dans un proche avenir si des dispositions ne sont pas envisagées. Il devient ainsi indispensable d’apporter des innovations dans la conception et l’organisation des activités de formation

301 Hassane-Tinga, Dizé (1999). Les différences perceptuelles entre les enseignants et les supérieurs hiérarchiques du premier degré de la Communauté urbaine de Niamey sur les besoins de formation continue des enseignants, Thèse, Ottawa : National Library of Canada, Téléchargeable à l’adresse : http://www.collectionscanada.ca/obj/s4/f2/dsk2/ftp03/NQ36775.pdf (consulté le 29 juillet 2007). 302 Le présentiel est un terme utilisé en formation pour désigner le moment où les personnes qui suivent une formation sont réunies dans un même lieu avec leur formateur. On parle aussi de face-à-face pédagogique.

316 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives en proposant des stratégies complémentaires comme la formation à distance. Le chapitre suivant propose de justifier le bien fondé du choix d’un projet FAD intégrant les TIC au Gabon.

317 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

CHAPITRE II : FONDEMENTS JUSTIFIANT LE CHOIX D’UN PROJET FAD INTÉGRANT LES TIC

Ce chapitre tente de définir les éléments justifiant la mise sur pied d’un projet de FAD dans le contexte de la formation des enseignants gabonais du secondaire en exercice. Notre propos se déroulera ici en deux temps : nous souhaitons d’abord proposer dans un premier temps l’analyse des éléments justifiant le choix d’une mise en place de ce type de projet. Dans un deuxième temps, nous allons tenter de justifier le bien fondé de notre choix porté sur un dispositif intégrant les TIC.

I – POURQUOI UN PROJET DE FORMATION À DISTANCE ?

Le Gabon fait actuellement face à une double épreuve : celle de l’inefficacité de son système éducatif, mais également trouver des solutions pour satisfaire les besoins de formation continue de ses enseignants. Pour cela, une vision plus large s’impose afin d’aller au-delà du système classique de formation, tout en s’appuyant sur ce qu’il y a de meilleur dans la pratique actuelle. l’UNESCO (1997) l’a d’ailleurs reconnu, l’objectif de la formation pour tous (enfants, adolescents, adultes) ne pourrait être atteint uniquement en appliquant les schémas éducatifs traditionnels. Ainsi, comme dans beaucoup de pays du continent africain, les enseignants assistent aux activités de formation continue dans leur temps libre. Ils ne sont toutefois pas remplacés si les activités ont lieu pendant les heures de classe. A ce moment, le coup est en fait porté par les élèves et leurs familles, vu qu’ils sont privés d’une partie du temps scolaire (OCDE, 1998) 303 . Or, dans son acception classique, la FAD se justifie par la nécessité d’atteindre tous les apprenants, sans qu’ils aient besoin de se déplacer et cela quel que soit leur lieu d’affectation, en leur offrant une formation adéquate susceptible d’accroître l’assurance et les compétences de ces derniers. On assiste ainsi à une convergence d'éléments d’où émerge le nouveau paradigme de la

303 OCDE (1998). L’école à la page : formation continue et perfectionnement professionnel des enseignants , Paris : Editions de l’OCDE.

318 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives formation scolaire préconisé par Haddad et Draxler (2002) 304 et présenté dans le tableau ci-après.

Tableau 59 : Le nouveau paradigme de la formation scolaire

De A Un bâtiment scolaire Une infrastructure de connaissances (écoles, laboratoires, radio, télévision, musées sur Internet ...) Des salles de classe Apprenants individuels Un enseignant (communicateur de Un enseignant (tuteur et facilitateur) connaissances) Une série de manuels et quelques Des documents multimédias (imprimés, audio, vidéo, aides audiovisuelles numériques...)

En expliquant plus en détail ce paradigme, Haddad et Draxler (op. cit.) notent que l’éducation ne sera plus localisée à un endroit mais deviendra une activité : une activité d’enseignement et d’apprentissage.

L’importance du recours à la formation à distance pour des systèmes éducatifs africains en crise fait l’objet dans biens des assises à une attention particulière. Si l’on se réfère aux différents arguments développés en faveur du déploiement de ce genre de pratique dans les régions d’Afrique subsaharienne, beaucoup témoignent des avantages qu’il engendre. D’autres sont cependant plus nuancés et montrent les difficultés et les limites liées à l’implantation de ce type de formations dans les pays du Sud.

La 8 ème Conférence des ministres de l'Education des Etats membres africains (MINEDAF VIII) 305 , a été ainsi l’occasion pour Gajaraj Dhanarajan responsable du Commonwealth of

304 Haddad W. D., Draxler A. (2002), Technologies for Education, Paris, Unesco et Academy for Educational Development. 305 Commonwealth of Learning (CoL). 8ème Conférence des ministres de l'Education des Etats membres africains (MINEDAF VIII Dar es Salaam – Tanzanie 2-4 décembre 2002 et Academy for Educational Development.

319 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Learning (CoL), d’inviter vivement les conférenciers à utiliser l'enseignement à distance comme un moyen de renforcer les opportunités d'éducation sur le continent : « L'enseignement à distance pourrait aider à résoudre les problèmes de la pénurie d'enseignants et d'accès à l'éducation en Afrique... L'enseignement à distance, peut être utilisé pour promouvoir la formation des enseignants sur un continent où plus de 70% d'entre eux ont grand besoin d'être formés…Immédiatement après l'indépendance, nos gouvernements dans leur rêve ambitieux d'éradication de l'analphabétisme, ont recruté du personnel pour s'occuper des classes élargies, sans formation de base », a-t-il tenu à rappeler. C’est dans la même optique que, dans son discours prononcé à Dakar le 17 septembre 2004, lors de la clôture de l'atelier de partage des expériences d'enseignement à distance pour la formation des enseignants dans les pays francophones de la CEDEAO et de la CEMAC, le Président du Conseil Exécutif de l’Unesco déclarait :

« Dans la plupart des pays africains, on a observé ces dernières années un déficit d'enseignants par rapport à la pression des effectifs enrôlés. Les systèmes éducatifs ont été confrontés à une inadéquation structurelle des schémas classiques de recrutement et de formation des enseignants. De plus, les formations classiques d'enseignants en présentiel ont parfois atteint leurs limites en raison de la massification des auditeurs. Les programmes et instituts de formation doivent s'ouvrir à l'utilisation de nouvelles approches pédagogiques. Les applications de l'enseignement à distance à la formation des enseignants reste une grande opportunité 306 ».

Dans la campagne visant l’éradication de la pauvreté et le développement durable de l’Afrique, le NEPAD reconnaît qu’une question fondamentale est le développement des ressources humaines du continent. Ainsi, intervenant en faveur de l’enseignement à

305 Commonwealth of Learning (CoL). 8ème Conférence des ministres de l'Education des Etats membres africains (MINEDAF VIII Dar es Salaam – Tanzanie 2-4 décembre 2002 306 Discours de Hans Heinrich Wrede, Président du Conseil Exécutif de l'UNESCO, (2004). Téléchargeable à l’adresse : http://www.dakar.unesco.org/news/fr04/040917_wrede_odl.shtml (consulté le 29 juillet 2007).

320 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives distance pour le compte du NEPAD, le Professeur Mzobanzi Mzobz Mboya (2005) 307 déclarait ceci : « L’ancien modèle d’apprentissage au moyen de contact direct avec le professeur ne suffit plus …Il nous faut plusieurs modèles de formation et l’enseignement à distance donne la solution pour la formation des enseignants »308 . Le programme d’action du NEPAD est en effet basé sur l’hypothèse que, en raison des ressources limitées, l'expertise et l'infrastructure dans l’application de l'enseignement à distance et de la demande énorme de la formation des enseignants sur le continent, comme sujet d’urgence, la collaboration organisée et systématique et le partage des ressources sont vus comme d’importantes stratégies qui pourraient aider à la formation et au recyclage professionnel des enseignants, particulièrement dans les pays qui sont dans un grand besoin.

Abondant dans le même sens, la BAD déclare que les modèles classiques d’éducation ne « suffisent plus », il faut donc introduire de nouvelles méthodes, voici qu’elle écrit :

« La formation des enseignants grâce aux modèles et canaux conventionnels doit être revue et modifiée afin d’y intégrer les modèles de formation initiale et de perfectionnement libre, à distance et électronique plus performants et plus durables. Par conséquent, la formation rigoureuse d’enseignants compétents et en nombre suffisant est une condition essentielle à l’amélioration des performances des enseignants, ainsi qu’au relèvement de la qualité de l’éducation et à la meilleure réalisation des objectifs socio- politiques. Cela suppose, entre autres, l’utilisation des TIC modernes dans la formation des enseignants. Il va sans dire que les TIC ont le potentiel nécessaire pour favoriser l’accès à une éducation et à une formation peu

307 Le Professeur Mzobanzi Mzobz Mboya est responsable du domaine prioritaire de l’éducation et de la formation et de la mise en œuvre des différents projets identifiés par le NEPAD en Afrique. 308 Mzobanzi Mzobz Mboya (2005 ). L’engagement du NEPAD à assurer l’instruction dans le continent. Document téléchargeable à l’adresse : http://www.nepad.org/2005/fr/newsletterdisplay.php?ax=display&id=99, consulté le 7 octobre 2007.

321 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

coûteuses, fiables, déterminées par la demande, pertinentes et adaptées dans tous nos pays et à des conditions plus flexibles 309 ».

L’intervention du Président de la République du Sénégal, Maître Abdoulaye Wade, au deuxième comité préparatoire du Sommet mondial sur la société de l'information, allait également dans le même sens : « Dans le domaine de l'éducation, nous pouvons, nous, pays du Sud, saisir les fantastiques opportunités que procure l'enseignement à distance. Les initiatives de digitalisation des contenus de curriculum telles que celle récemment initiée par le MIT sont une invite historique à la table du partage du savoir. Il nous incombe, nous dirigeants du Sud, de comprendre les enjeux du moment et d'être réactifs »310 .

Toutefois, si les mérites de la formation à distance sont souvent vantés, Jacques Wallet (op. cit.) estime quant à lui qu’il serait illusoire pour les systèmes d’éducation et de formation africains, de considérer la FAD comme un remède miracle ou une formule magique ouvrant la porte à un système dans lequel tous les idéaux se réaliseront. A ce propos, voici ce qu’il a écrit : « L’enseignement à distance ne vient donc pas « au secours des universités défaillantes »: il n’est dans l’état actuel des choses qu’une solution ponctuelle et très partielle, avec en outre des taux d’abandon importants (un étudiant sur deux en moyenne), et surtout un positionnement variable au sein de la complexité africaine relative au système de bourses en vigueur dans l’enseignement supérieur 311 ».

Yves Ardourel (2001) préfère mettre en garde contre toute propension à généraliser l’enseignement à distance à toute formation. Voici ce qu’il en pense :

309 Banque Africaine de Développement (2004). Projet d’appui à l’Université virtuelle Africaine – rapport d’évaluation, Tunis, p. 11. 310 Intervention de son Excellence Maître Abdoulaye Wade, Président de la République du Sénégal, Deuxième Comité Préparatoire au Sommet Mondial de la Société de l'Information, Sommet mondial sur la société de l'information, UIT, Genève, 17-2-2003. Téléchargeable à l’adresse : http://www.unige.ch/iued/wsis/DEVDOT/00631.htm (consulté le 29 juillet 2007). 311 Wallet J. (2005). La place des nouvelles technologies dans les systèmes éducatifs sub-sahariens. In Enseignement à distance et apprentissage libre, et perfectionnement des enseignants et formateurs pour des stratégies nationales globales et intégrées , Disponible sur le site http://www.resafad.asso.fr/adea (consulté le 20 octobre 2007).

322 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

« Le cadre et les étapes pour mener à bien un projet cinématographique sont connus, pourtant la qualité d'un film dépendra des forces d'invention et de créativité qui animeront le projet. De même, pour réussir la conception d'un dispositif de formation à distance, la connaissance de modèles ne peut suffire. On peut s'appuyer sur eux pour penser l'harmonisation et l'articulation des contraintes spécifiques, mais sans une part de réflexion inventive, la formation à distance risque de devenir stérile. Les modèles en formation à distance sont ainsi des pièges si les concepteurs les envisagent comme des solutions toutes faites. Une vigilance est donc à mettre en œuvre, pour que les dimensions humaines et créatives soient intégrées dans la démarche de conception et de réalisation de ces modalités de formation » 312 .

Mettre en place une formation à distance nécessite donc de s’entourer de précautions. C’est ce qui fait dire à plusieurs spécialistes du domaine à l’instar de Viviane Glikman (2002) 313 , qu’une réflexion préalable à tout projet de FAD permet de juger de son opportunité en comparant les apports d’une FAD par rapport à une formation en présentiel. Le tableau ci-après, élaboré par l’auteur et adapté par nos soins au contexte gabonais, présente les apports de la formation à distance comparés à une formation en présentiel.

312 Ardourel Y (2001). La formation à distance, entre pièges et espérances. Les Actes de l’An@é2001. In site de l’association nationale des acteurs de l’école, Téléchargeable à l’adresse : http://www.acteurs- ecoles.org/EDITIONS/ACTES%202001/42.htm (consulté le 29 juillet 2007). 313 Glikman V (2002). Des cours par correspondance au "e-learning" (op. cit).

323 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Tableau 60 : Comparaison entre la formation à distance et la formation en présentiel

Formation en présentiel Formation à distance

- Programme strict souvent non Adaptation et individualisation des contenus, des outils, des individualisable, identique pour tous les rythmes d’apprentissage, des parcours de formation

apprenants d’une même session. Pédagogie - Parcours de formation pré-tracés - Contact direct avec les autres stagiaires Isolement, absence de confrontation avec d’autres stagiaires et

et l’enseignant. d’autres expériences - Travail en groupe possible Risque d’abandon accru lié, en particulier : Soutien entraide et motivation - aux difficultés d’échanges - manque d’autonomie dans l’élaboration du savoir - au manque de maîtrise d’outils pédagogique - à l’isolement du stagiaire - Période fixe bloquée pour la formation. Aménagement de tranches horaires au sein de son emploi du - Risque d’incompatibilité d’emploi du temps

temps Pratique - Lieu de travail non compatible avec des contraintes Lieu fixé et parfois éloigné professionnelles ou familiales. - Nécessaires adaptation et maîtrise des modes et outils d’apprentissage Coût Elevé (déplacement, logement, …) Faible à condition que le public soit nombreux

324 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

A travers ce tableau 60, on voit que les deux modes de formation se répondent pour un critère donné (pédagogie, pratique, coût) ce qui apparaît comme inconvénient pour l’un étant présenté comme avantage pour l’autre. C’est sans doute pourquoi, plus qu’un phénomène de mode, la formation à distance est devenue une modalité de formation capable de répondre au besoin croissant de formation. Le constat que l’on peut également faire en regardant ce tableau est que les apports de la FAD sont nombreux et les inconvénients limités : il subsiste toutefois des risques qu’il faut intégrer dès la conception du projet. En particulier, l’isolement de l’apprenant, caractéristique de la FAD, peut (et doit) être compensé par une pédagogie interactive fondée sur la communication. Le tutorat et les techniques d’information et de communication permettent de restituer virtuellement un groupe ou de compenser son absence.

II – POURQUOI UN DISPOSITIF INTÉGRANT LES TIC ?

« Sautons à pieds joints dans la modernité grâce à la captation du savoir sur Internet, c'est une chance exceptionnelle pour l'Afrique ... L'Afrique irait mieux si elle était correctement équipée en ordinateurs et avait accès à plus d'informations (car) l'effet des technologies de l'information sur la croissance est évident », avait estimé le président sénégalais Abdoulaye Wade devant la presse, à l’occasion du Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) de Tunis. Ainsi, dans la recherche et dans le discours, il est établi que la société, le monde du travail et les milieux de la formation sont désormais interpellés par les possibilités toujours plus nombreuses offertes par les TIC. De nombreux spécialistes du domaine, à l’instar de Christian Depover (2005), s’accordent à dire cependant qu’une intégration réussie de ces technologies en éducation a pour point de départ non pas la technologie mais les enseignants. Voici ce qu’il en dit : « A côté de la volonté de préparer les jeunes à leur insertion dans un milieu professionnel où les technologies occuperont une place grandissante, d’autres effets bénéfiques sont également recherchés. Il s’agit de s’appuyer sur les technologies pour faire naître chez les jeunes des compétences que l’école n’a pas ou a rarement l’occasion d’exercer. De telles ambitions exigent non

325 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

seulement de disposer d’un matériel informatique adapté mais surtout de pouvoir s’appuyer sur un personnel enseignant formé et prêt à tirer parti des TIC pour modifier ses approches pédagogiques 314 ».

Insistant sur la nécessité d’une intégration pédagogique réussie des TIC dans la pratique des enseignants, l’auteur poursuit en déclarant ceci :

« En matière d’usage des technologies comme dans tout contexte pédagogique, le facteur humain constitue la variable essentielle qui conditionnera dans une très large mesure les résultats observés. Rien ne sert de disposer d’un matériel sophistiqué en grand nombre si on ne peut pas compter sur un personnel formé à en tirer parti ».

Abondant dans le même sens, André Mvesso (2006) 315 avance à ce propos que : « la maîtrise des TIC est aujourd’hui une nécessité, et la fracture numérique qui est à la fois culturelle, technologique et générationnelle doit être comblée notamment par les enseignants. Car l’on peut à juste titre et sans exagération parler par analogie d’une fracture pédagogique qui séparera ceux des enseignants qui n’auront pas réussi à dompter la nouvelle "sirène" et ceux qui, l’ayant domptée, continueront de jouer leur noble rôle de formateur ».

Lors du colloque AFIRSE 2003, nous avions également eu l’occasion de relever l’importance d’une intégration réussie des TIC dans la formation des enseignants : « Les TIC représentent pour les enseignants un moyen d’améliorer leur formation tant initial

314 Depover Christian (2005). Les TIC ont-elles leur place en milieu scolaire africain ? TICE et développement, Numéro 01, 9 novembre 2005. Téléchargeable à l’adresse : http://www.revue- tice.info/document.php?id=522 (consulté le 7 janvier 2008) 315 Mvesso André (2006). Les TIC dans l’éducation : un enjeu pédagogique, une dynamique de formation : le cas du projet sur l’intégration pédagogique des TIC de l’IIRCA et de l’école normale supérieure de Yaoundé, TICE et développement, Numéro 02. Article téléchargeable à l’adresse : http://www.revue- tice.info/document.php?id=679 (consulté le 19 octobre 2007).

326 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives que continue, tout comme ils sont un outil que ces derniers peuvent employer pour améliorer leur enseignement » 316 .

En présentant l’état des lieux des institutions camerounaises chargées de la formation des enseignants dans un contexte particulièrement dominé par l’émergence des TIC, Salomon Tchameni Ngamo (2007) soulignait également la nécessité de l’adoption par les pays africains d’une politique de formation des enseignants intégrant les TIC. Voici ce qu’il en dit : « Bon nombre de pays africains misent sur la révolution technologique pour rattraper leur retard dans les domaines agricole et industriel. Ce beau rêve caressé par plusieurs personnes se transformera rapidement en de simples illusions si à la base les enseignants, dans le cadre de leur formation, ne sont pas initiés à l’utilisation des TIC, considérées comme de véritables moteurs ou mieux, des catalyseurs de la croissance des pays africains 317 ». L’auteur considère que les outils technologiques offrent d’énormes possibilités d’apprentissage et facilitent dans une certaine mesure l’acquisition des connaissances auxquelles on ne pourrait accéder sans eux. Il écrit ceci : « les TIC servent effectivement de leviers au développement des pays d’Afrique, une définition d'une politique de formation qui intègre la formation aux TIC des « mécaniciens de l’éducation » que sont les enseignants est hautement souhaitable. Ainsi, les enseignants qui bénéficieraient d’une formation aux TIC posséderaient de nouvelles compétences et de nouveaux savoirs leur permettant de faciliter le processus d’apprentissage et d’acquisition des connaissances aux élèves. Par ailleurs, l’accès aux ressources Internet permettrait de favoriser les échanges d’expériences entre les enseignants tant au niveau national qu’internation al ».

M. Lebrun (2005) tient également à souligner l’importance que revêt la formation des enseignants aux TIC quand il affirme que : « former les enseignants aux TIC c'est d'abord leur donner un environnement favorable à l'apprentissage d'un usage réfléchi

316 Obono Mba Anasthasie (2003). La formation des enseignants à l’ère des nouvelles technologies . Actes du Congrès Afirse "Former les enseignants et les éducateurs une priorité pour l'enseignement supérieur". UNSECO, 29, 30 et 31 mai 2003 à Paris. 317 Tchameni Ngamo Salomon (2007). TIC et formation des enseignants au Cameroun, In Karsenti T., Garry R.-P., Bechoux J., Tchameni Ngamo S. (2007) (dir.), La formation des enseignants dans la francophonie : diversités, défis et stratégies d'action, Montréal : AUF, Téléchargeable à l’adresse : http://www.rifeff.org/livre-RIFEFFvf2.pdf (consulté le 3 février 2008).

327 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives des TIC dans le cadre de leurs enseignements . Former les enseignants aux TIC, c’est d’abord former pédagogiquement les enseignants 318 .

C’est dans ce même ordre d’idées que Cynthia Guttman (2003) écrit ce sui suit :

« La technologie est un outil, et comme tous les outils, elle ne peut donner les meilleurs résultats que si son utilisateur a reçu une formation adéquate…Les TIC ont des répercussions sérieuses aussi bien sur l’amélioration des méthodes de formation des enseignants que, plus largement, sur la certitude qu’ils seront en mesure d’endosser les nouveaux rôles requis pour l’éducation des sociétés du savoir »319 .

On peut donc s’attendre à ce que, s’étant perfectionnés avec les TIC, les enseignants les utilisent à bon escient dans l’exercice de leur métier.

Les possibilités qu’offrent ces technologies pour l’enseignement et l’apprentissage semblent plus que jamais reconnues. De l’avis de plusieurs observateurs, beaucoup des progrès en matière d’éducation en Afrique peuvent et doivent venir de l’utilisation de ces technologies. La recension de différents raisonnements, opinions et commentaires provenant de grands forums internationaux, de représentants de médias spécialisés et d’auteurs ou chercheurs s’intéressant à la question nous édifie sur le sujet.

2.1 – Textes et discours autour des TIC

2.1.1 - Les grands forums internationaux Au sommet des chefs d'État et de gouvernement tenu en décembre 1995 à Cotonou, le premier à affronter le cyberespace, une résolution sur la société de l'information avait été

318 Lebrun M. (2005). Quand les technologies propulsent la pédagogie de l'apprentissage et la formation pédagogique des enseignants , Accessible à l’adresse : http://www.ipm.ulc.ac.be/articlesetsupportsIPM/Formation.PDF (consulté le 7 janvier 2008) 319 Guttman Cynthia (2003). L’éducation dans et pour la société de l’information , Publications de l’Unesco pour le Sommet mondial sur la société de l’information, Téléchargeable à l’adresse : http://www.cndwebzine.hcp.ma/IMG/pdf/L_education_dans_et_pour_la_societe_de_l_information.pdf (consulté le 7 janvier 2008)

328 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives prise, invitant les pays francophones à prendre conscience des enjeux économiques et culturels de cette nouvelle société et à unir leurs efforts pour tirer parti des nouvelles technologies. Depuis, dans les rencontres politiques nationales et continentales qui réunissent régulièrement les décideurs au plus haut niveau, le recours aux TIC y apparaît comme un sujet central abordé de façon quasi systématique. Ainsi, lors de son intervention au premier Forum sous-régional sur les meilleures pratiques dans le domaine des TIC pour le développement, organisé par Microsoft Afrique à Ouagadougou (2007), le Président Cheick Modibo Diarra 320 déclarait ceci :

« Les TIC font partie intégrante des infrastructures qui peuvent en effet permettre à l’Afrique d’accélérer sa croissance économique. En permettant aux experts des pays africains concernés d’échanger leurs expériences en termes de solutions technologiques implémentées avec succès et en donnant l’opportunité aux décideurs politiques d’adopter une feuille de route orienté vers l’action, de façon concertée avec les partenaires techniques et financiers comme Microsoft, le NEPAD, la Banque Africaine de Développement, l’UNECA, la Fondation de renforcement des capacités africaines, ce Forum stimulera la pénétration des TIC sur le continent et contribuera ainsi à accroître le développement économique afin d’atteindre plus rapidement les Objectifs du Millénaire pour le Développement . »

A l’occasion des mêmes assises, le président béninois, Thomas Yayi Boni qui, depuis son élection en avril 2006, ne cesse d’affirmer sa volonté de faire de l'utilisation des TIC un outil privilégié de développement, s’était exprimé en ces termes :

"C’est une initiative salutaire. Je pense que c’est un sujet suffisamment sérieux pour qu’on se contente d’en parler au lieu de poser des actes concrets. Mais encore faudrait-il qu’ensemble nous sachions ce qu’il faudra

320 Cheick Modibo Diarra est Président de Microsoft Afrique. Responsable de la Fondation Pathfinder, l’astrophysicien est l’initiateur de l’université numérique francophone mondiale. Il a comme mission de promouvoir les relations avec les gouvernements et les acteurs clés sur l’ensemble du continent en vue de comprendre le potentiel et le développement des nouvelles technologies de l’information.

329 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

faire parce que chacun à ses pratiques dans ce domaine-là. Nous avons raté la révolution industrielle, il est possible que nous rattrapions le retard accusé si nous nous mettons à jour dans le domaine des TIC. Nous attendons beaucoup des actes du forum, qui gagneraient à être ventilés partout sur le continent . "

Le discours prononcé par le Président de la République fédérale du Nigeria, Olesegun Obasanjo 321 , lors du Forum mondial sur l’éducation de Dakar, allait également dans le même sens :

« Le développement et les progrès internes de l’Afrique resteront limités tant que l’ignorance prévaudra comme résultat d’une éducation inadéquate. Tant qu’un certain niveau d’éducation ne sera pas atteint à l’intérieur de l’Afrique, nous ne pourrons pas songer à faire partie du monde du XXI ème siècle, guidé par la connaissance, conscient de l’importance de l’information, contrôlé par la haute technologie et économique compétitif…Il est tout à fait normal que, dans ces circonstances, l’éducation puisse apparaître un luxe dans la liste des priorités de développement national de beaucoup de pays ».

Le XI ème sommet de la francophonie tenu à Bucarest (28 au 29 septembre 2006), et dont le thème portait sur " Les technologies de l’information dans l’éducation ", avait été une fois encore, l’occasion pour les décideurs et autres chefs d’Etats présents, de se prononcer sur l’importance de l’intégration de ces technologies dans les systèmes éducatifs. Ainsi, s’exprimant aux assises de la presse francophone le Secrétaire général de la Francophonie, Mr Abdou Diouf, déclarait : « la question de l’éducation constitue sans doute le plus grand défi auquel nous sommes confrontés. La modernisation et la dynamisation de nos systèmes éducatifs, notamment grâce aux technologies de l’information détermine notre avenir, celui de notre jeunesse, celui de nos démocraties,

321 Discours prononcé par Olesegun Obasanjo, Président de la République fédérale du Nigeria, au Forum mondial sur l’éducation « l’Éducation pour l’Afrique au XXI ème siècle », Dakar 26-28 avril 2000.

330 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives celui de nos économies, celui de nos cultures. C’est un défi gigantesque, difficile, mais absolument vital . 322 »

De la même façon, l’extrait du discours de politique générale, prononcé le 1er août 2001 par le Premier Ministre sénégalais, Mame Madior Boye devant l’Assemblée Nationale, nous éclaire sur l’importance accordée à l’intégration des nouvelles technologies dans les systèmes de formation. On peut lire ceci :

« Les infrastructures et les formations dispensées, doivent, à l’heure de la mondialisation, être pensées et réalisées pour permettre l’émancipation et l’épanouissement intégral de l’homme. Or, l’émancipation et l’épanouissement de celui-ci, supposent, à l’orée du 3e millénaire, une capacité d’adaptation et de maîtrise des révolutions technologiques actuelles…. L’avènement des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) a introduit des bouleversements dans nos activités quotidiennes et nous imposent de nouvelles responsabilités comme l’exigence de bonne gouvernance, la transparence dans les relations entre l’exécutif et le législatif, la modernisation des structures de gestion et de gouvernement »323 .

Bien que convaincu des avantages que peuvent procurer ces technologies, le NEPAD 324 reste cependant prudent face aux TIC. Dans le document préparé par Matthew Chetty (CSIR) pour la Conférence ministérielle du NEPAD sur la Science et la Technologie du Développement, on peut lire ce qui suit :

322 Extrait du discours prononcé par le Secrétaire général de la Francophonie à l’occasion de la séance de clôture des 38emes Assises de la presse francophone, le 24 septembre 2006 à Bucarest. Disponible à l’adresse : http:// www.francophonie.org/doc/dernieres/Discours_sg_2006_07_01bis.pdf (consulté le 28 décembre 2007) 323 Extrait du discours de politique générale prononcé par le Premier Ministre, Mame Madior Boye, devant l’Assemblée nationale le 1er août 2001. Téléchargeable à l’adresse : http://www.osiris.sn (consulté le 26 décembre 2007). 324 Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) est une vision et un cadre stratégique pour la Renaissance de l'Afrique

331 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

« Il y a encore une insuffisance quant à la nature du lien de causalité entre l’accès aux ITC et le Produit Intérieur Brut par habitant et c’est vraie que les ITC peuvent être la cause, une conséquence et une manifestation pour la croissance économique. Il est cependant nécessaire de rester prudent à la tentation que les ITC (informations et technologies de communications) sont une panacée pour les problèmes des pays en voie de développement. Il est beaucoup plus prudent de réaliser que les ITC ne sont que des pièces ; et aucune pièce de technologies isolée ne peut résoudre le problème de pauvreté qui a de multiples causes et qui est complexe et multidimensionnelle… Dans tous les cas, si ces ITC sont bien appliquées avec un point de focalisation spécifique, elles peuvent offrir beaucoup d’opportunité pour la réduction des inégalités socio-économiques et supporter une création durable des biens locaux 325 ».

Voyons à présent ce qu’en rapportent les médias et les autres sources d’information.

2.1.2 - Les médias En Afrique, malgré le faible taux de pénétration des TIC, une idée tendant à les présenter comme un levier de développement s’est progressivement implantée. Ainsi, la presse écrite africaine, tant généraliste que spécialisée, ne tarit pas d’éloges sur les avantages des TIC pour l'apprentissage et l'enseignement. Déjà, en 2000, on retrouvait dans les dépliants publicitaires du campus numérique de Libreville des titres révélateurs comme : «Vous êtes désormais maître de votre formation grâce aux TICE » ; « Décidez où ? Quand ? Et comment vous voulez vous former grâce aux TIC » etc. Le 20 mars de la même année, le journal Union titrait en première page « Les nouvelles technologies, une nouvelle chance pour nos systèmes éducatifs »326 . De même, à travers le déploiement d’Internet, qui est l’une des figures de proue du progrès technologique, il est annoncé le rattrapage de l’Occident et donc le comblement du retard des pays les moins avancés.

325 Chetty M. (2005). Information et technologies de communication pour le développement de l’Afrique, Conférence ministérielle du NEPAD sur la Science et la technologie du développement. Document téléchargeable à l’adresse : http://www.nepad.org/2005/fr/documents/57.pdf (consulté le 29 juillet 2007). 326 Journal l’Union, quotidien gabonais du 20 mars 2000.

332 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Ainsi, à la une du journal "Misamu" 327 du mercredi 12 mai 2003, on pouvait lire ceci : « La vulgarisation des technologies de l’information et de la communication est un rendez-vous avec l’histoire que l’Afrique ne doit pas rater si elle veut rattraper l’occident ». Le Rapport mondial sur le développement humain 2001 328 abonde dans le même sens, quand il souligne ceci : « à l’ère des réseaux, tout pays qui ne parvient pas à utiliser efficacement la technologie risque fort de voir son niveau de développement reculer et de se retrouver en marge de l’économie mondiale ».

2.1.3 - Les acquis de la recherche Parmi les nombreux écrits autour des usages des TIC et de leur implication en terme de compétitivité, nous avons construit un cadre réflexif pour montrer les opportunités mais aussi les limites de ces technologies.

Ainsi, sous la signature de Craig Blurton 329 , le Rapport mondial sur la communication et l’information a produit en 2000 un article intitulé « Nouvelles directions dans l’enseignement ». Cet article constitue une excellente synthèse des impacts des nouvelles technologies dans l’éducation. On y indique que grâce à leur aptitude à intégrer les supports multiples, leur interactivité, leur flexibilité et leur connectivité, les nouvelles TIC numériques sont à l’origine des changements remarquables partout dans le monde de l’éducation, il convient de ne pas sous estimer les pressions en faveur de changement institutionnels que ces évolutions peuvent induire.

Plus emphatique est le commentaire de Tracy Lynn Laquey (1994) 330 qui, dans son avant propos du livre intitulé " Sésame pour Internet, initiation au réseau planétaire ", affirme ceci : « Internet peut rétrécir le monde et ramener directement dans votre ordinateur du

327 Misamu, journal indépendant gabonais suspendu en septembre 2003. Quatre ans après cette mesure de suspension provisoire, Misamu a été autorisé à paraître de nouveau en novembre 2007. 328 PNUD. Rapport mondial sur le développement humain 2001, Document téléaccessible à l’adresse : http://www.undp.org/hdr2001/french/ (consulté le 29 juillet 2007). 329 Blurton Craig (2000). Nouvelles directions dans l’enseignemen t, Rapport mondial sur la communication et l’information. 330 Laquey T. L. (1994). Sésame pour Internet, initiation au réseau planétaire, France et francophonie, Nouveaux horizons, Paris, Editions Addison-Wesley France.

333 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives savoir, des expériences et des informations sur pratiquement tous les sujets imaginables . »

C’est dans la même veine que Raymond Awokou Kokou (2007), en faisant dans sa thèse un commentaire sur l’impact des nouvelles technologies dans l’éducation, avait écrit ceci :

« Les TIC permettent d’élargir la palette des instruments pédagogiques et de produire des supports didactiques de qualité. Elles offrent plus de potentialités que la radio et la télévision. Elles permettent une amélioration des contenus des enseignements (meilleure mise en forme des données, association de l’écrit, du son et de l’image, etc.). A travers Internet, elles permettent de résoudre les problèmes de distance, une synchronisation des activités et une interactivité plus grandes. Les TIC constituent une véritable avancée technologique qui pourrait contribuer à résoudre certains problèmes dans l’enseignement et la formation en Afrique »331 .

Lors du Forum international sur le thème " Francophonie, Développement et Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication ", Souleymane Seck, ancien recteur de l’Université Senghor d’Alexandrie, abondait dans le même sens lorsqu’il déclarait : « s’il est illusoire de penser que les NTIC peuvent aider les pays pauvres à progresser au même rythme que le Nord, je suis de ceux qui sont cependant convaincus qu’elles aident à améliorer la situation, même si l’écart demeure ». Abordant le sujet sous le même angle, dans un article de la Revue électronique internationale, publiée par l'Université de Yaoundé 1 (Cameroun), Thierry Karsenti (2006) déclarait ceci :

« L’intégration des TIC en Afrique est tout autant inévitable ; en particulier dans le domaine de l’éducation, et ce, afin de favoriser l’accès à l’information de même que la réussite éducative des étudiants universitaires, rehausser le professionnalisme du personnel enseignant, encourager le leadership des

331 Awokou Kokou R. (op. cit.)

334 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

gestionnaires, favoriser la collaboration entre l’université et le milieu, voire les collaborations Sud-Sud et Nord- Sud. Les TIC sont de puissants outils à potentiel cognitif qui offrent de multiples solutions pour contrer plusieurs problèmes actuels de l’éducation en Afrique. L’Afrique se doit aussi de former des hauts spécialistes universitaires dans le domaine des TIC et de l’éducation. 332 »

L'opinion de Jacques Wallet. (2006), qui s’intéresse depuis plusieurs années aux usages des technologies pour l’éducation en Afrique subsaharienne, est beaucoup plus nuancée. Dans la note en vue de son habilitation à diriger les recherches, l’auteur s’interroge en ces termes : « Est-il décent de proposer des technologies coûteuses à des pays où manquent, dans de nombreux écoles et collèges les tables qui accueillent les écoliers…ma réponse est affirmative, mais il convient en préalable de lever une ambiguïté. Il ne s’agit pas dans mon esprit, de proposer d’équiper les élèves…Il s’agit en revanche, de voir comment les TIC peuvent jouer un rôle pour contribuer à la formation des cadres du système éducatif, particulièrement dans des dispositifs de formation à distance 333 ».

Il met ainsi en garde contre la propension à faire des TIC une solution magique à la "crise scolaire et universitaire" en Afrique. Lors de sa conférence à l’Université de Limoges 334 , l’auteur avait tenu à relever les limites de ces nouvelles technologies qui, selon lui, ne sont pas une panacée aux problèmes auxquels est confrontée l'Afrique en matière d'éducation. Son avis rejoint ainsi celui de Isaacs Shafika 335 qui, lors d’un entretien

332 Karsenti Thierry (2006). Comment favoriser la réussite des étudiants d’Afrique dans les formations ouvertes et à distance (FOAD) : principes pédagogiques, TICE et développement. Recherche sur les TICE dans les pays francophones du sud. N° 2. 333 Wallet Jacques (2001). Au risque de passer des TIC… Habilitation à diriger les recherches, soutenue à l’Université de Rouen. 334 Wallet Jacques (2006 ). Les TIC pour l’éducation et la formation ente le Nord et le Sud . Conférence, Université de Limoges, 19 octobre 2006. Disponible à l’adresse : http://www.unilim.fr/sceduc/article.php3?idarticle=419 (consulté le 29 juillet 2007). 335 Directrice générale de SchoolNet Africa, organisation non gouvernementale (ONG) africaine qui utilise les technologies de l'information et de la communication (TIC) dans les écoles pour améliorer la qualité, l'accessibilité et l'efficacité de l'éducation.

335 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives accordé à Lisa Waldick 336 , sur la transformation de l'éducation en Afrique, déclarait : « Certains partisans des TIC les considèrent comme la panacée. Autrement dit, ils y voient un outil qui permettra de résoudre la crise de l'éducation en Afrique, mais les technologies ne sont pas des solutions en elles-mêmes. En fait, ce sont des mécanismes habilitants… ». C’est dans ce même ordre d’idée que Viviane Glikman, lors d’un entretien avec Bruno Devauchelle, pour le compte du Café pédagogique, avait déclaré ceci : « Il faut cesser d’investir les technologies de l’information et de la communication du pouvoir magique de transformer, par leur seule existence, des modes de connaissances et des rapports à la formation dont elles ne sont que des instruments parmi d’autres »337 .

En effet, pour Jacques Wallet (op. cit.), les seules TIC ne peuvent résoudre des problèmes structurels que connaissent les universités africaines, tels que la baisse du niveau des enseignants, les effectifs d’étudiants dans certaines filières, le problème de sous encadrement… L’auteur précise que les technologies peuvent surtout jouer un rôle dans l'amélioration de l'éducation, car elles peuvent en améliorer la gestion, notamment en renforçant les possibilités d'enseignement et d'apprentissage et, ce qui est très important, en contribuant à la formation et au développement professionnel des enseignants. En abordant la question lors du colloque sur le développement durable de Ouagadougou, Jean Valérien et Jacques Wallet (2004) avaient tenu à préciser ce que les technologies permettent vraiment, voici ce qu’ils déclarent : « La demande de formation de formateurs et de personnes ressources peut être mieux abordée. Les possibilités de travail distant et inter-pays en réseaux peuvent être décuplées au service de projets rassemblant des apprenants souvent insérés dans un projet professionnel ou motivés par une entrée rapide dans la vie active »338 .

336 Waldick Lisa est rédactrice à la Division des communications du CRDI et éditrice du magazine Explore. 337 Glikman Viviane. Les solutions mixtes, avenir des FOAD . Entretien accordé au Café Pédagogique. Téléchargeable à l’adresse : http://www.cafepedagogique.org/disci/article/29.php, consulté le 5 janvier 2007 338 Valérien J., Wallet J. (2004). A quelles conditions un projet intégrant les TIC dans l’éducation peut-il être considéré comme au service du « développement durable » ? Dans Actes du Colloque Développement durable : leçons et perspectives. Téléchargeable à l’adresse : http://www. francophonie- durable.org/sommaire.html (consulté le 30 janvier 2008).

336 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Pour les auteurs, l’accès facilité à la documentation doit être mis en avant. Sur ce sujet, l’exemple a été pris sur le Sénégal qui, sur exam.sn, avait mis en ligne les annales et les corrigés, sans passer par le support papier. Ce que Jacques Wallet, lors de l’interview accordé au quotidien Le Soleil en 2002, avait qualifié de "saut technologique" (car ils ne sont pas passés par le papier), et de "saut identitaire" ( car c'est un site qu'ils ont créé eux même). Un second exemple pris par les auteurs précités est celui du réseau des Ecoles Normales d’instituteurs du Burkina Faso qui ont créé ensemble un site portail pour faciliter la mise en commun du patrimoine documentaire. Le troisième exemple est, selon les mêmes auteurs, observable dans les universités : « les étudiants africains ont dorénavant (pas tous encore cependant) accès à la recherche documentaire sur Internet. Compte tenu de l’absence de dotation en livres des départements ou des laboratoires et de l’impossibilité économique d’une acquisition individuelle, c’est un progrès considérable ».

La Conférence de Limoges fut ainsi, une des occasions pour J. Wallet (op. cit.), d’évoquer les problèmes que peuvent engendrer les TIC dans la formation à distance. Il s’agit par exemple : - de la confusion entre le e-learning et l'introduction des TICE dans la pédagogie (l'enseignement à distance, sans formateurs, n'est pas la même chose que l'usage des TICE, le formateur est présent), - de certaines collaborations nord-sud évoluant à sens unique (le savoir est au nord, et le sud reste le consommateur passif qui n'a rien à offrir) - du dispositif qui tue les cadres locaux : au sud, ils peuvent se passer de l'enseignant local puisqu'il y a une formation à distance.

La conviction de l’auteur à ce propos est que les technologies ne remplacent pas l’enseignant. « Elles sont un outil formidable de documentation. Et dans le domaine de la formation à distance, il faut séparer l’accès aux contenus, de l’accès à des dispositifs qui permettent aux étudiants d’avoir une certification après une évaluation », estime-t-il dans l’interview accordé à Sadibou Marone du journal le Soleil (2002) 339 .

339 Wallet Jacques, Interview accordée au journal Le Soleil, (2002).

337 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

La généralisation de l’utilisation de ces TIC dans bon nombre de secteurs d’activité continue de nourrir, ces vingt dernières années, des espoirs et parfois des fantasmes :

Ainsi, dans le rapport du PNUD (2001), il est écrit ceci « Les technologies de l’information et de la communication peuvent fournir un accès rapide et peu coûteux à l’information dans pratiquement tous les domaines de l’activité humaine. De l’apprentissage à distance en Turquie au télédiagnostic médical en Gambie en passant par la diffusion des cours des céréales en Inde, Internet fait tomber les barrières géographiques, accroît l’efficience des marchés, crée des opportunités de revenu et favorise la participation à l’échelon local. 340 ». De plus, les milieux de l’éducation, de façon générale, soulignent l’importance de préparer les adultes aux nouvelles technologies des communications. Selon la Déclaration de Hambourg sur l’éducation des adultes « le développement des nouvelles technologies de l’informatique et des communications est porteur de risques nouveaux d’exclusion sociale et professionnelle pour les groupes d’individus et même les entreprises qui ne sont pas en mesure de s’adapter à ce contexte. L’un des rôles de l’éducation des adultes devrait donc à l’avenir consister à limiter ces risques d’exclusion, de manière à ce que la société de l’informatique ne perde pas de vue l’être humain »341 . L’enseignement à distance intégrant ces technologies est, de ce fait, présenté comme un gage de qualité, un levier stratégique parmi d’autres, constituant une alternative crédible et une opportunité pour améliorer la qualité de l’éducation.

Cependant, ainsi que tient particulièrement à le souligner François Ossama 342 , il faut reconnaître que l’introduction des TIC dans le système éducatif constitue une problématique complexe, et par conséquent, les stratégies et les méthodologies pour les

340 PNUD. Rapport Mondial sur le développement humain (2001). Mettre les nouvelles technologies au service du développement humain , Paris, DeBoeck Université 2001 p. 2. 341 La Déclaration de Hambourg sur l’éducation des adultes. Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture. Cinquième conférence internationale sur l’éducation des adultes, Hambourg, 14-18 juillet 1997. 342 Ossama François. Impact des TIC dans le système éducatif : Enjeux socioéconomiques et pédagogiques du e-learning , Article téléchargeable à l’adresse : http://www.riddac.org/ossamafrançois/tic_education.pdf (consulté le 15 janvier 2008).

338 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives implanter de manière effective dans le processus d’apprentissage doivent être efficaces et réalistes ; tenir compte de l’environnement économique, social et culturel, en évitant des transpositions hâtives des modèles expérimentées dans d’autres contextes. En effet, peu de pays africains disposent d'une base solide sur laquelle ils peuvent établir leurs interventions en matières de TIC et d'enseignement. Dans le cas du Gabon où, nous l’avons vu plus haut, les freins et les blocages au développement de la FAD sont plus nombreux que les leviers, n’est-il pas utopique de parler de FAD ? Comment fournir dans ce cas une formation en ligne ? Quelle technologie choisir ? Pour autant ces questions ne constituent pas des blocages immuables, elles ne sont pas sans réponse, car des approches originales pourraient être trouvées pour les résorber.

2.2 – Le choix des technologies En général, les deux logiques qui sous-tendent l’intégration des TIC dans l’éducation et la formation sont d’ordre pédagogique et socioéconomique. Au niveau pédagogique, Bates (2002) 343 reconnaît l’intérêt et l’utilité d’Internet à plusieurs niveaux tels que l’accès universel à des ressources éducatives hors cadre institutionnel ; une meilleure interaction entre les étudiants ; la possibilités pour ceux-ci d’accéder en tout temps à une quantité significative de ressources didactiques recommandées ; le développement d’un large éventail d’applications éducatives grâce au multimédia ; des liens interprofessionnels, interdisciplinaires, interculturels et internationaux au service de la recherche et des apprentissages collaboratifs ; la création relativement bon marcher de matériel didactique et le regroupement de celui-ci au sein d’un seul portail ; un coût technologique assez faible pour les enseignants.

Au plan social et économique, l’introduction des technologies numériques dans l’enseignement répond à l’exigence de former une main d’œuvre capable de s’intégrer dans la nouvelle organisation dont la productivité et la compétitivité deviennent étroitement liées à l’aptitude à tirer parti des systèmes d’information. L’employabilité du 21 ème siècle devient ainsi conditionnée par la littératie numérique qui désigne l’ensemble des compétences permettant non seulement d’utiliser et de manier avec aisance l’outil

343 Bates T. (op. cit.)

339 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives informatique, mais aussi de gérer de l’information (navigation, appréciation de la fiabilité et de la pertinence, intégration dans les processus décisionnels…) 344 . De plus, c’est presque devenu une évidence incontournable, dans la plupart des professions d’aujourd’hui, pour demeurer compétitif, il convient d’actualiser régulièrement ses connaissances et compétences. Or, l’utilisation d’outils technologiques et multimédias améliore la recherche d’informations, son organisation, son traitement et sa mise en application. Il est dès lors important pour l’apprenant de maîtriser l’usage de ces techniques. A ce propos, Bates (op. cit.) écrit ceci : « Ainsi, les industries nouvelles axées sur le savoir ont besoin, non seulement d’employés dotés de compétences techniques de haut niveau et de connaissances récentes et actualisées, mais aussi d’employés en situation d’apprentissage permanent, de façon à donner à leurs entreprises les moyens d’une compétitivité efficace »345 .

Cependant, comme on pouvait s’y attendre, l’accumulation d’évidences relatives à l’utilisation des TIC a raffermit chez plusieurs, la position désormais classique de Raymond Awokou Kokou (2007) 346 qui, dans sa thèse, semble avoir conclu au "retour" des "anciennes technologies". L’auteur paraît effectivement perplexe devant "le mirage" créé par les TIC. Ce mirage, écrit-il, aurait agi au point « d’amener les décideurs des pays de l’espace francophone de l’Afrique de l’Ouest à abandonner la radio et la télévision dans les programmes de FAD » (Awokou, 2007, p. 275). Ainsi, pour justifier un éventuel retour à l’utilisation de la radio et de la télévision, l’auteur évoque l’accessibilité et l’efficacité de ces médias qui, selon lui, ont fait leur preuve. Voici ce qu’il en dit : Les africains disposent de plus de radio et ou de télévision que d’ordinateurs. Certaines statistiques signalent un taux de 10% pour les ordinateurs contre un taux de 90% pour la radio et ou la télévision. Donc l’ambition une radio ou une télévision pour chaque élève est plus réaliste que l’ambition un ordinateur pour chaque élève. Actuellement au Togo, le prix d’un microordinateur permet d’acquérir 200 postes radio ou 20 postes téléviseurs couleur ». L’auteur semble également soutenir que radio et télévision seraient des

344 Ossama François (op. cit.). 345 Bates T. (op. cit.) 346 Awokou Kokou R. (2007). De l’utilisation des médias et des TIC dans l’éducation de 1960 à 2006 : le cas du Togo, Thèse en sciences de l’éducation, Université de Rouen (laboratoire CIVIIC).

340 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives instruments à la fois plus éthiques et plus rentables de diffusion des savoirs et de formations, au contraire des TIC, parce qu’ils permettraient de toucher la masse, ce que selon lui, ne peut pas faire Internet en Afrique. « Pour le moment dans certains pays de l’Afrique de l’ouest francophone, l’utilisation des TIC dans l’enseignement n’est que limitée compte tenu des coûts qu’elles induisent… Il serait illusoire de penser à une utilisation massive des TIC dans l’enseignement compte tenu des problèmes de formation et de coûts qu’elles posent »347 , écrit Awokou.

Une chose est sûre, dans la plupart des pays africains, la formation à distance demeure principalement de première ou de deuxième génération, c'est-à-dire effectuée en solo et reposant principalement sur l’utilisation de la voie postale, associée la plupart du temps à d’autres supports de communication tels que la radiodiffusion, les cassettes sonores, les vidéocassettes, les émissions de télévision, les diapositives et les nécessaires d’expérimentation. Partout cependant, on intègre de plus en plus l'apprentissage en ligne au téléapprentissage et à l'apprentissage mixte, qui font tous deux appel à la technologie numérique, mais qui, en général, sont chacun conçus pour des publics et des besoins différents. En effet, s’il est vrai qu’il y a un foisonnement de matériel didactique sur le marché, dans la pratique, l’utilisation effective des ces supports est, de nos jours, de plus en plus délaissée au profit des TIC. Plusieurs raisons expliquent que ces divers moyens techniques soient aujourd’hui peu utilisés, et de manière marginale :

Premièrement, lorsqu’ils sont disponibles, ces technologies ne sont pas souvent accompagnées de programmes de très grande qualité. Car, ainsi que l’affirme Anthony Kaye (1988) : « L’élaboration, la production et la diffusion de matériels didactiques pour l’enseignement à distance exigent des moyens appropriés (crédits, personnel qualifié, équipement et matériel techniques) si l’on veut exploiter pleinement le potentiel des différents médias » 348 . L’auteur précise que : « Les matériels doivent être adaptés à la situation de l’étudiant qui apprend à distance et de très grande qualité, car il est probable qu’ils seront utilisés par un grand nombre d’étudiants et serviront de modèles,

347 Awokou Kokou R. (op. cit.) 348 Kaye Anthony (1988). L’enseignement à distance : un état de la question , In Perspectives, vol. XVIII, n° 1, p. 45.

341 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives dans un pays donné, pour les matériels didactiques dans une discipline particulière ». Si nous prenons le seul exemple de la production télévisuelle, il est certain que réunir les équipes nécessaires pour l’élaboration de matériels de bonne qualité est une œuvre qui requiert la disponibilité d’une main d’œuvre compétente. A notre connaissance, le Gabon ne dispose pas, à l’heure actuelle, de moyens nécessaires pour y parvenir.

Deuxièmement, c’est connu, la maintenance de matériel a toujours été le point faible des gabonais (entretien non fiable des appareils, délais de réparation longs...), ce qui est de nature à bloquer le processus d’une formation entamée. Ceci s’est vérifié encore une fois dans le cas des 30 ordinateurs offerts par l’Université Laval (Canada) à l’ENS en 1999. Les pannes successives enregistrées par ces appareils n’ont jamais été réparées. Aujourd’hui ces appareils sont tous devenus inutilisables.

Pour notre part, nous sommes convaincue qu’il serait insensé d’utiliser les médias pour la seule raison qu’ils sont disponibles. Le critère principal doit être non pas leur disponibilité ou leur accessibilité, mais les possibilités qu’ils offrent sur le plan didactique, leur efficacité pédagogique. Nous nous disons que le Gabon dispose d’atouts indéniables qu’il doit absolument exploiter s’il veut sortir de la situation de crise dans laquelle il se trouve engluer depuis plusieurs décennies . « Sautons à pieds joints dans la modernité grâce à la captation du savoir sur Internet, c'est une chance exceptionnelle pour l'Afrique », avait lancé le président sénégalais Abdoulaye Wade au Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI). Nous pensons qu'il est grand temps pour le Gabon de prendre le taureau par les cornes et de tout mettre en oeuvre pour sortir le pays de la léthargie dans laquelle il se trouve actuellement et de l'orienter sur la voie de l'action et de l'utilité pratique. Il s’agit plus concrètement de prendre des mesures adéquates et opportunes pour exploiter les avantages qui lui sont actuellement offerts. Ceci passe par l’exploitation de la fibre optique pour réaliser des expériences de formation par les TIC. Nous l’avons vu plus haut, le câble sous marin a coûté très cher à l’Etat gabonais qui a dû contracter des prêts auprès de la BGFI bank (4 630 571516 francs Cfa), de la BEI (le capital et les intérêts chiffrés à 5 448 959 972 francs Cfa). La Citybank a également perçu au titre du remboursement de la dette, la somme cumulée de 3 942 548 046 francs CFA.

342 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Logiquement, l’énorme potentiel mobilisé par SAT-3 devra entraîner l’émergence de nouvelle télé services (à côté des télécommunications). C’est ce qui permettra la généralisation du télé-enseignement, de la téléformation, de la télémédecine, de la e- culture, du e-gouvernement…

En effet, grâce à l’énorme potentiel mobilisé par ce câble et les travaux d’envergure dans le domaine des télécommunications réalisés par Gabon Télécom depuis sa privatisation, le Gabon peut désormais se permettre d’expérimenter des projets de FAD intégrant les TIC. La mise sur orbite du satellite Rascom-QAF-1 est également une opportunité de plus à exploiter pour tenter de nouvelles possibilités pédagogiques qu’offrent les TIC. Car, c’est presque devenu une évidence, aucune action d'ampleur ne peut être organisée sans de bonnes communications et le satellite vient en appoint des moyens classiques pour assurer une capacité globale, grâce notamment à sa capacité de desservir les régions les plus enclavées sans qu'il soit nécessaire d'installer une infrastructure lourde. Ce sera vraisemblablement un saut de dimension que va exécuter le Gabon, saut qui sera non seulement technologique mais également pédagogique.

En plus de cela, il faut considérer que la tendance actuelle est aux campus virtuels qui, de plus en plus, semblent s'imposer comme étant le dispositif technologique, pédagogique et communicationnel le plus utilisé. Notre choix pour l’utilisation des TIC se justifie également par le fait que de nos jours, tout le monde s’accorde à dire que le métier d'enseignant nécessite d'être en phase avec le développement des technologies et des compétences associées, ce qui implique une formation appropriée et réactualisée des enseignants pour des enseignements adaptés et pour le bénéfice des élèves 349 . Ainsi formés, les enseignants pourraient, au sein de leur institution scolaire et à tous les niveaux, sensibiliser et contribuer au recyclage et à la formation TIC de leurs collègues afin que ces derniers puissent bénéficier à leur tour des diverses fonctionnalités de ces nouveaux outils de démocratisation de l’accès au savoir 350

349 Rapport de faisabilité du projet "Enseigner pour le Futur 2", janvier 2006. Téléchargeable à l’adresse : http://www.educnet.education.fr/chrgt/rapport-faisabilite-EF2-31jan06.pdf (consulté le 29 juillet 2007). 350 Lebrun, M. (2004). La formation des enseignants aux TIC : allier pédagogique et innovation . Revue internationale des technologies en pédagogie universitaire, Volume 1, numéro 1.

343 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Par ailleurs, des signes d'espoir apparaissent ici et là pour faciliter l'acquisition du matériel informatique, notamment pour ce qui est du coût. Rappelons qu’en 2005, le gouvernement gabonais avait décidé de l'exonération totale des droits et taxes de douane sur l'importation du matériel informatique destiné aux écoles 351 . Cette décision du gouvernement visait à permettre aux enseignants et aux écoles d'acquérir du matériel informatique à moindre coût. Une autre raison d'espérer vient du Media Laboratory du MIT (Massachusetts Institute of Technology) aux États-Unis où des portables pour écoliers de pays émergents ont été mis au point dans le cadre d’un projet pour l’organisation OLPC (One Laptop Per Child, un portable par enfant). En effet, c’est lors du SMSI (Sommet Mondial sur la Société de l'Information) à Tunis, que le prototype de l’ordinateur de 100 dollars 352 initialement appelé "MIT PC", ou « 100$ laptop », avait été présenté aux participants. Rebaptisé "Children's Machine 1" (CM1) et, depuis 2006 "XO" 353 , le projet One Laptop Per Child reste un espoir pour les enfants des pays pauvres en général, et des jeunes gabonais en particulier, même si son prix a quelque peu été revu à la hausse. Rappelons que le prix de ce portable s'est quelque peu éloigné des 100 dollars du projet initial puisqu'il faut désormais compter environ 200 dollars par pièce 354 pour l’acquérir. Néanmoins, malgré cette légère hausse, le PC portable XO reste l’ordinateur le moins cher pour les pays émergents.

Notons toutefois que, malgré l’appui du Secrétaire Général des Nations unies de l’époque (Koffi Annan), le projet ne fait pas l’unanimité des pays cibles. En effet, depuis son apparition, l’ordinateur XO a été beaucoup critiqué et continue à être l’objet de vifs débats. Certains contestent l’argument qui vante les bienfaits de la possession personnelle d'un ordinateur chez des enfants. Aussi, dès 2006, le ministre indien des ressources

351 Journal Union plus du 12/03/2005). Le matériel informatique exonéré des taxes douanières. 352 C'est-à-dire environ 50.000 francs CFA environ, alors que les prix pratiqués au Gabon tournent autour de 700000 francs CFA. 353 Le PC portable que l’association One Laptop per Child veut promouvoir dans les pays pauvres, a déjà changé de nom à deux reprises. Ce PC qui avait été baptisé 2B1 : The Children’s Machine en août 2006, s’appelle désormais XO. Le design de ce PC a également évolué depuis la présentation des premiers prototypes lors du SMSI. Le générateur de courant à manivelle qui doit rendre ce PC totalement autonome a laissé la place à un générateur manuel à câble. 354 Depuis octobre 2007, le prix des ordinateurs a été révisé et fixé désormais à 200 dollars (100000 F CFA).

344 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives humaines (HRD : Human Resource Development) s'était-il déclaré contre l'idée d'un PC à 100 dollars pour les enfants pauvres. Constatant que les pays développés sont loin de généraliser l’usage des portables chez les jeunes de 6 à 12 ans, il s’était étonné que le MIT ne mène pas ce type d’expérience aux Etats-Unis355 . Aussi, dans une déclaration fracassante, refusait-il que l’Inde soit l’objet d’expérimentations sur des enfants, voici sa déclaration : « l'Inde ne doit pas s'autoriser à être utilisée pour des expériences sur les enfants dans ce domaine 356 ». À en croire l’article de Bruno Cormier publié sur le forum du site pcinpact.com 357 et se faisant l'écho d'une information émanant de la très officielle NAN « News Agency of Nigeria », les bêta-testeurs nigérians auraient détourné l'utilisation du XO de sa vocation première et plusieurs images à caractère pornographique enregistrées sur divers sites peu fréquentables à cet âge, ont été retrouvées dans certaines machines. Cet incident a servi d'argument, et d’argument de poids, aux opposants à ce projet "philanthropique" pour mieux le décrédibiliser. Comme si cela ne suffisait pas, les choses ne semblent pas s’arranger au Nigeria pour OLPC. Un article de Marc Rees du jeudi 03 janvier 2008, publié sur le forum du site Pcinpact.com 358 rapporte que Lancor, acronyme de Lagos Analysis Corporation, société nigériane également installée dans le Massachusetts, aurait entamer des poursuites judiciaires à l'encontre de la Fondation OLPC pour violation de brevet, lui exigeant des dommages et intérêts substantiels et une injonction d'interdiction de fabrication et de vente du portable XO. Selon l'accusateur, le clavier multilingue du XO utiliserait un procédé protégé par brevet déposé par ses soins. Marc Rees (op. cit.) précise que l’affaire est, en janvier 2008, actuellement en cours au Nigeria et pourrait ainsi jouer les troubles-fêtes dans le développement du projet charitable.

Plusieurs pays en voie de développement dénoncent en effet le caractère controversé de cet XO. « Un outil tape à l'oeil » (fancy tools), « pédagogiquement douteux », dont l’Inde

355 Renaud Pascal (2007). L’ordinateur à cent dollars, vedette du marché de l’aide , Hémisphères N°32, Téléchargeable à l’adresse : http://www.hemispheres.be/spip.php?article348 (consulté le 24 janvier 2008). 356 Akshaya Mukul (2006). HRD rubbishes MIT's laptop scheme for kids . The Times Of India du 3 juillet 2006, Téléchargeable à l’adresse : http://timesofindia.indiatimes.com/articleshow/msid-1698603,curpg- 1.cms (consulté le 24 janvier 2008). 357 Cormier Bruno (2007). OLPC : du porno au Nigeria, 350 dollars pour le grand public , Article téléchargeable à l’adresse : http //www.pcinpact.com (consulté le 26 décembre 2007) 358 Rees Marc (2008). Lancor réclame 20 millions de dollars à la fondation OLPC , Article téléchargeable à l’adresse : http //www.pcinpact.com (consulté le 25 janvier 2008)

345 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives n’a moins besoin que de « classes et de professeurs », note un article de l'Expansion.com 359 . Le pays avait alors justifié son refus en expliquant que le projet n'était pas assez abouti : « Nous estimons que l'idée du professeur Negroponte n'est pas suffisamment mure pour être prise au sérieux, et aucun grand pays ne montre d'ailleurs d'enthousiasme. Même en Amérique, il n'y a pas beaucoup de confiance dans le projet » 360 . L’article précité fait état d’un rapport détaillé d'un membre du cabinet du Ministère indien de l’Éducation ayant testé l'ordinateur portable dans le Massachusetts. D’après ledit rapport, le matériel et les logiciels fonctionnant sous Linux en seraient encore à un stade trop peu développé. La connexion à distance ne marcherait pas à coup sûr à une distance de trois kilomètres, comme c'était pourtant annoncé. Et les portables ne pourraient pas être améliorés sans changer la carte-mère, ce qui entraînerait des dépenses d'environ 40% supplémentaires. Enfin, quelques coûts cachés, comme la batterie, feraient monter la facture réelle à près de 200 dollars par modèle (le prix de base étant en fait, dans un premier temps, de 140 dollars).

Ainsi, beaucoup pensent comme le fondateur et président de l'organisation caritative "Room to Read", John Wood, qu’équiper les élèves n’est pas forcément la meilleure politique pour un pays en développement. Voici ce qu’il déclare : « …il est certain que nous investirons davantage à l'avenir dans les technologies. Mais, et c'est un énorme "mais", comment les enfants pourraient-ils utiliser un ordinateur s'ils ne savent ni lire ni écrire? Installer les enfants devant un ordinateur avant qu'ils aient des bases suffisantes en lecture et en écriture reviendrait à mettre la charrue avant les bœufs 361 ». Des propos qui rejoignent dans le fond ceux du ministre thaïlandais de l’Education, Wijit Srisaarn, qui avait qualifié le XO de «jouet», reprenant à son compte la boutade de Craig Barrett, le président d’Intel : «Les gens veulent des vrais ordinateurs, pas des gadgets», avait-t-il proclamé en décembre 2005. Pour justifier la rétractation de la Thaïlande suite à sa promesse de commande de 5 à 7 millions de PC auprès du projet OLPC, Wijit Srisaarn

359 L’Expansion.com. L'Inde snobe le PC à 100 dollars . Téléchargeable à l’adresse : http://www.lexpansion.com/economie/actualite-high-tech/l-inde-snobe-le-pc-a-100-dollars_116035.html 360 L’Expansion.com (op. cit.) 361 Interview exclusive de John Wood accordée à Marcus Balogh, Téléchargeable à l’adresse : http://emagazine.credit- suisse.com/index.cfm?fuseaction=OpenArticle&aoid=184173&lang=FR&coid=127229 (consulté le 4 janvier 2008).

346 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives soutenait qu’il vaut mieux se concentrer sur l’éducation traditionnelle plutôt que d’enseigner l’utilisation de nouvelles technologies dans les écoles.

D’autres, par contre, trouvent que le projet représente un espoir pour des milliers d’élèves qui, par manque de ressources financières ne peuvent se procurer un ordinateur. Pour ces "optimistes", les avantages de cet ordinateur sur l'éducation sont indéniables, ne serait-ce qu'au niveau de la familiarisation à l'informatique. Le Secrétaire général des Nations Unies de l’époque, Koffi Annan, avait d’ailleurs salué l’initiative qu’il n’avait pas hésité de qualifier d’" invention rare ", voici ce qu’il avait déclaré à Tunis, lors de la manifestation du 16 novembre 2005, organisée pour attirer l’attention de la presse sur la campagne « Un enfant, un ordinateur » :

« Il y a des inventions qui sont en avance sur leur temps. Il y en a d’autres qui sont profondément de leur temps. D’autres encore paraissent si évidentes et naturelles qu’une fois qu’on en a entendu parler, on se demande pourquoi il a fallu si longtemps pour en arriver là. Rares sont celles dont on peut dire les trois à la fois. Eh bien, c’est exactement ce dont Nicholas Negroponte, son équipe de renommée mondiale au MIT Media Lab et leurs partenaires nous ont fait cadeau. L’ordinateur portatif à 100 dollars ouvre bien des horizons. C’est un exploit technique remarquable, une machine capable de faire presque tout ce que font les plus grosses, celles qui sont plus chères. C’est aussi la promesse de grands pas en avant sur le chemin du développement économique et social 362 .

Autant d’atouts visant à inciter les enseignants à disposer de matériel informatique et encourager le recours aux outils de formation à distance fondés sur les TIC. Il n’est toutefois pas exclu qu’on adjoigne aux technologies numériques des canaux de communication classiques comme la radio. En effet, des TIC telles que les communications par satellite ou par fibre optique de grande capacité et l’Internet, sont en train de donner naissance à une révolution dans l’apprentissage à distance et ouvert, qui

362 Nations Unies (2005). A Tunis, le Secrétaire Général exhorte la communauté internationale à soutenir la campagne «un enfant, un ordinateur» , Article téléchargeable à l’adresse : http://www.un.org (consulté le 26 décembre 2007)

347 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives propose des choix nouveaux et plus souples. La radio communautaire 363 , par exemple, est un mode de communication extrêmement puissant, dont les possibilités ont été encore multipliées par les nouvelles technologies, comme le portable, les stations émettant sur la FM pour un prix raisonnable, et les systèmes de radio numérique par satellite. Nous avons vu, lors de notre enquête, que les enseignants ciblés disposaient en quasi-totalité de radios (95,2%) et de postes téléviseurs (85,7%). Actuellement, au Gabon, avec les avancées technologiques dans le champ de la communication et l'information, la radio rurale se numérise progressivement tout en restant incontestablement le moyen de communication de masse le plus pénétrant, accessible, abordable et flexible pour les gabonais. A ce propos, Chryzostome Lisasi (2007) 364 rapporte que le paysage radiophonique du Gabon est actuellement composé de près de 50 stations, dont la majorité (environ 30) fonctionne en FM. On compte, souligne l’auteur, deux radios d'État, près d'une dizaine de radios religieuses, une dizaine de radios communautaires et également près d’une dizaine de radios privées. Selon Lamine N’Daw (2002), l’installation de centre radios communautaires en zone rurale joue un triple rôle : - ils permettent de relayer par voie des ondes les contenus web et des messages électroniques, inaccessibles au plus grand nombre. - Ils jouent un rôle dans la formation - Ils permettent d’associer Internet à l’oralité dans les pays de tradition orale ou l’analphabétisme reste très important 365 .

Il importe aussi d’envisager l’utilisation de la téléphonie cellulaire. L’enquête menée auprès des enseignants révèle que 91,1% d’entre eux sont en possession d’un téléphone mobile. Cet outil pourra être utile pour le bon fonctionnement du dispositif (mise en ligne

363 Leslie Bastien et Balagny Matthias définissent la radio communautaire comme étant est un organisme de communication indépendant, à but non lucratif, à propriété collective, géré et soutenu par des gens d’une communauté donnée. Elle est un outil de communication et d’animation qui a pour but d’offrir des émissions de qualité répondant aux besoins d’information, de culture, d’éducation, de développement et de divertissement de la communauté dont elle est issue. Définition téléchargeable à l’adresse : http://www.a360.org/article.php3?id_article=83 (consulté le 17 janvier 2008) 364 Lisasi Chryzostome (2007). Le paysage audiovisuel gabonais : radios et télévisions au Gabon. Article téléchargeable à l’adresse : http://gaboneco.com/show_internet2010.php?IDActu=1727 (consulté le 7 janvier 2007) 365 N'Daw Lamine (2002). Réduction de la fracture numérique Nord/Sud (projet de mémo) . Article téléchargeable à l’adresse : http://www.temps-reels.net/article1194.html (consulté le 28 janvier 2008).

348 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives automatique d'émissions de radios locales, de la presse, possibilité de rediffuser par E- mails des messages envoyés par téléphonie mobile…). Selon des données anecdotiques provenant d’Afrique du Sud, les possibilités de la téléphonie cellulaire comme moyen de communication adapté aux programmes d’enseignement à distance et, dans bien des cas, la portée du système d’envoi de messages courts (SMS) sont vraisemblablement beaucoup plus grandes que celles du courrier électronique 366 .

Par ailleurs, même si les TIC offrent des applications pédagogiques importantes, la valeur des solutions basées sur l’imprimé ne devrait pas être négligée, pour des raisons tant didactiques que pratiques. William Saint (op. cit.) note à ce propos qu’il a été démontré que l’enseignement basé sur une combinaison de médias peut avoir une influence considérable sur l’apprentissage en comparaison des méthodes ne faisant appel qu’à un seul média. De nombreuses expériences en Asie, en Afrique et en Amérique Latine montrent d’ailleurs la pertinence de la combinaison de différents médias (téléphone mobile, radio, Internet, etc.), en particulier dans les zones rurales ou les infrastructures filaires n’arrivent pas. La Banque mondiale estime à cet effet que les cours offerts à distance et en mode " face à face " par l’utilisation de techniques de média traditionnelles doivent être assimilées à celles plus modernes (Internet, vidéoconférence) et ce, pour atteindre les populations plus éloignées. « La plupart des expériences de FAD utilisent comme support de diffusion le réseau Internet, ce qui limite l’origine géographique des apprenants aux zones urbaines » 367 . Cette approche, souligne le rapport , « si elle peut être tolérée dans les phases pilotes de projet, devra être complétée par l’adoption d’autres technologies de diffusion tels que la radio numérique, les CD-ROM qui sont susceptibles de toucher les zones défavorisées »368 . Sept pays africains ont expérimenté ou diffusent encore des programmes d’Enseignement Interactif par Radio (ERI) ; dans quatre d’entre eux au moins – l’Afrique du Sud, le Cap vert, la Guinée et le Lesotho – ces

366 Neil Butcher (2004). L’infrastructure technologique et l’utilisation des TIC dans le secteur de l’éducation en Afrique : Vue générale , Téléaccessible à l’adresse : http://www.adeanet.org/publications/docs/ICT_fre.pdf (consulté le 2 février 2008) 367 Actes de l’atelier Unesco-AUF (2004). Enseignement à distance pour la formation des enseignants dans les pays francophones africains. Séminaire 14-16 septembre 2004 Dakar – Sénégal. 368 Idem.

349 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives programmes couvrent l’ensemble du territoire 369 . Le projet FIER (formation interactive des enseignants par la radio) au Mali en est un exemple patent de réussite. Il s'agit en effet d'un espace de formation pédagogique initiale et continue des enseignants qui utilisent la radio et les TIC pour la création de modules de formation radiophonique et numérique de qualité.

ÉLÉMENTS DE SYNTHÈSE

En guise de conclusion, nous soulignons que les TIC apparaissent pour les pays africains comme une "clef" leur ouvrant le chemin vers le développement. Au Gabon, le « terreau » favorable à un développement rapide de ces technologies existe et l’« avance » du pays dans ce domaine est réelle sur le reste de l’Afrique Centrale. Un certain nombre de mesures ont ainsi été prises au niveau central pour conforter et faciliter le développement de ces technologies. En témoigne, parmi tant d’autres actes posés par l’Etat, la connexion du pays au câble sous-marin SAT3/WASC/SAFE à fibre optique. Cependant, il est clair qu’en matière de développement, il est de plus en plus admis que la technologie ne décide pas de tout. Il existe certes, des apports irréfutables liés à l’avancée technologique, mais le plus important semble être la manière dont le pays va se réapproprier cette technologie par rapport à son environnement politique, économique, social, mental et culturel. Or, nous l’avons vu plus haut, malgré des expériences de plus en plus positives enregistrées ces dernières années en Afrique en général, et en Afrique subsaharienne francophone en particulier, l’EAD et les TIC ne sont encore que marginalement mis au service de la réalisation des objectifs globaux du secteur de l’éducation et de la formation au Gabon. Parce que ce type de formation est relativement efficace par rapport à son coût et qu’il peut permettre de former rapidement un plus grand nombre d’enseignants, et aussi parce que le nouveau paradigme de formation pédagogique attache beaucoup d’importance à ce que les enseignants mènent de front activités d’apprentissage et d’enseignement, notre souhait serait que le Gabon envisage ce type de formation. Les décideurs ont donc à faire des choix, même s’ils ne sont pas

369 Actes de l’atelier Unesco-AUF (op. cit.).

350 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives toujours maître des enjeux. En effet, vu l’intérêt grandissant que portent les responsables administratifs gabonais vis-à-vis des TIC, le moment est venu, nous le souhaitons vivement, de prendre des décisions stratégiques pour que ces technologies soient pleinement exploitées. Ceci passe par leur utilisation dans la formation à distance de la population gabonaise.

Il faut pouvoir dire que dans le contexte socio-économique gabonais, l’intégration des TIC dans l’éducation et la formation à large échelle, relève tout simplement d’une gageure. Une fois que cela est posé, il sera possible de s’engager sereinement dans une action systématique. L'actuel débat autour des TIC nous fait espérer que l'État accorde plus d'attention au dossier de la formation à distance, qu'il se décide enfin de se doter de politiques cohérentes en la matière pour intégrer la formation à distance, sous toutes ses facettes, dans un discours mobilisateur, dans des actions concrètes pour en faire un outil à part entière dans les dispositifs de son développement culturel, social et économique et surtout qu'il se décide à donner les moyens de cette politique. Un usage raisonné des TIC dans l’éducation et dans la formation requiert cependant un certain nombre d’éléments incontournables. Comment s’organiser alors pour mettre en place un programme de FAD ?

351 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

CHAPITRE III : MODALITÉS ET MOYENS À UTILISER POUR OFFRIR UN PROGRAMME DE FORMATION CONTINUE À DISTANCE AUX ENSEIGNANTS GABONAIS EN EXERCICE

A travers le monde, les autorités prônent de plus en plus le recours à une formation ouverte et à distance qui vient compléter les structures éducatives traditionnelles en vue de satisfaire des besoins éducatifs et de formation qui, en ce début de 21 ème siècle, apparaissent ou évoluent. Le discours prononcé par Blaise Compaoré à la cérémonie d’ouverture du Sommet de Bucarest 370 illustre parfaitement les attentes nombreuses des autorités et les espoirs canalisés des dirigeants à l’égard de la FAD. « Le thème de ce XI ème Sommet "Les Technologies de l’Information et de la Communication dans l’Éducation " nous interpelle sur l’urgence des réformes des systèmes éducatifs en vue de valoriser l’investissement humain. L’adéquation entre la formation et l’emploi passe par des innovations pédagogiques et didactiques. L’éducation étant la clé de voûte du développement, l’intégration du multimédia dans les programmes d’enseignement favorise une diversification des sources de connaissances et de formation adaptées aux nouveaux emplois. Dans les pays du Sud où le déficit en personnel enseignant, en infrastructures scolaires et universitaires constitue une préoccupation majeure, l’enseignement à distance devient une solution intéressante ». Ainsi, par de tels discours prometteurs et par la presse africaine dans son ensemble, l’on apprend les mérites de ce type de formation, vantée et présentée comme une aubaine pour les systèmes éducatifs africains. Cependant, s’il est vrai que tous ces discours donnent la nette impression que ce mode de formation est un début de réponse aux problèmes que rencontrent les systèmes éducatifs africains, ils ne nous renseignent malheureusement pas sur la démarche à adopter pour mettre ce type de formation en place. C’est ce que nous allons tenter de faire dans cette partie de notre travail qui, nous le souhaitons vivement, permettra à l’Etat comme aux travailleurs gabonais, de disposer d’informations, certes non exhaustives, mais qui se veulent suffisamment complètes sur cette question pour que,

370 Discours de Blaise Compaoré, Président du Faso au sommet de Bucarest. Téléchargeable à l’adresse : http://bucarest.francophonie.org/IMG/pdf/Discours_Faso_XIeSommet.pdf (consulté le 27 janvier 2008).

352 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives dans l’attente d’un référentiel qualité parfaitement adapté au contexte, qui reste, quant à lui, à créer, ils s’entourent déjà d’un maximum de précautions.

Dans ce chapitre, nous tenterons de présenter les stratégies à envisager ainsi que le cadre théorique et méthodologique des actions à mener pour mettre sur pied un projet qui prendrait en compte la formation continue des enseignants du secondaire. La première partie de ce chapitre sera consacrée à la présentation du futur projet. Dans la deuxième partie, nous tenterons de décrire les modalités d’organisation dudit projet. La troisième partie traitera de la mise en œuvre du projet, la quatrième partie va à son tour analyser le rôle que devront jouer les différentes institutions coopérantes et, enfin la cinquième partie va exposer les conditions d’une offre de FAD pérenne.

I - PRÉSENTATION DU PROJET DE FORMATION À DISTANCE ENVISAGÉ

1.1 – Contexte et origine du projet Le contexte géographique du pays (Le Gabon est un pays accidenté qui repose sur le vieux socle érodé de l'Afrique) nécessite de disposer d’outil permettant de s’abstraire des distances et de limiter les déplacements, compliqués et coûteux. Le contexte social du pays a également joué sur le choix du contenu de la formation. Nous l’avons vu plus haut, la très forte demande en enseignants des années 1970, avait contraint le gouvernement gabonais à recruter massivement les enseignants du secondaire (étrangers et nationaux) et à les envoyer en classe, la plupart sans formation pédagogique, cela pour parer au plus pressé. Les informations recueillies au cours de la présente étude, nous révèlent que beaucoup d’entre eux (les nouveaux comme ceux en poste depuis une longue période), sont demandeurs de compléments de formation, notamment pour une mise à jour de leurs connaissances et l’adaptation aux nouveaux programmes. Alors que la société du savoir prend son envol, ce retard appelle à des actions. Mais l’insuffisance des moyens, notamment financiers et logistiques, freine l’encadrement et la formation de proximité des enseignants.

Or, au même moment, dans la recherche et dans le discours, il est établi que la société, le monde du travail et les milieux de la formation sont désormais interpellés par les

353 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives possibilités toujours plus nombreuses offertes par les TIC. Le seul investissement dans ces technologies est présenté comme un moyen pour « améliorer la qualité de l’apprentissage, développer l’enseignement à distance et élargir l’accès aux différents réseaux internationaux et aux ressources en ligne »371 . L’enseignement à distance intégrant ces technologies est, de ce fait, présenté comme un gage de qualité, un levier stratégique parmi d’autres, constituant une alternative crédible et une opportunité pour améliorer la qualité de l’éducation. Ce à quoi, à l’ENS, on semble convaincu. Cela justifie le fait que, depuis quelques années, afin de rester au diapason de la technologie et surtout, dans une optique de modernisation de la formation continue des enseignants, l’ENS tente de trouver un juste équilibre entre le maintien de certains aspects traditionnels qui ont fait la richesse de sa mission qui est celle de former les formateurs depuis des décennies et la mise à la disposition des apprenants des nouvelles possibilités qu’offrent les technologies.

Depuis la rentrée académique 2005-2006, l’ENS est justement penchée sur un projet très ambitieux de formation à distance des enseignants de l’intérieur du pays. « A la fin de la formation, l'ENS délivrera un certificat reconnu par le Ministère de l’Education nationale », avait annoncé l’ancien Directeur général (2003-2004), Mr Jean Paulin Affane Nguema, lors de l’entretien qu’il nous avait accordé en 2004. Ainsi, à l’origine du projet, il y a l’intention de l’ENS de mettre en place un outil de formation à distance destiné à pallier les problèmes inhérents à la formation des enseignants affectés à l’intérieur du pays.

Pour notre part, titulaire d’un DESS Utilisation des Technologies de l'Information et de la Communication dans l'Enseignement et la Formation (DESSUTICEF, ULP Strasbourg) et du Diplôme d’Études Supérieures en Informatique Appliquée aux Sciences de l’Éducation (DESIASE, ULB, Bruxelles) et, de surcroît, enseignante et chef de département "Nouvelles technologies pour l’enseignement" à l’ENS, notre intention est de concevoir un projet pilote, destiné à assister l’institution pour qu’elle puisse atteindre

371 Unesco (2003). Développements récents et perspectives de l’enseignement supérieur en Afrique subsaharienne, au 21 ème siècle. Paris, p. 19.

354 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives son objectif. Il s’agira pour l’ENS d’utiliser au mieux, la « pédagogie numérique » pour intégrer un nouveau public et en particulier, de proposer une partie des enseignements, en ligne sur Internet dans un cadre de « blended e-learning ». Rappelons que le nombre d’étudiants en formation initiale à l'ENS va certainement doubler d’ici 2015 (de 1200 à environ 2000) et que le nombre d’enseignants du secondaire en exercice, actuellement estimé à 4750, devra également à son tour quasiment doubler. Dans ce contexte, il est pertinent de demander comment ont peut arriver, dans la société gabonaise, à susciter la créativité d’une organisation de formation à distance des enseignants ? Comment peut-on faire en sorte que cette organisation assure une innovation continue des pratiques de formation, alors que tout y semble stable au niveau organisationnel. Il va falloir trouver une partie de la réponse à cette situation problème. Cette préoccupation justifie notre intention de mettre sur pied un projet qui pourrait être communément connu sous l’appellation de « CEFODEGS » ( Centre de formation à distance des enseignants gabonais du secondaire ). Nous proposons une expérimentation dudit projet dans la section suivante.

1.2 – Objectifs et enjeux du projet Projet expérimental (à notre avis le premier de ce genre dans le pays), le CEFODEGS va consister essentiellement à assister l’ENS et l’IPN à développer un programme et une infrastructure technologique de production et d’enseignement par les TIC, au bénéfice de la formation continue d’enseignants dans les sites d’apprentissage des 8 provinces rurales. Il s’agira, nous l’avons déjà relevé, d’améliorer la formation continue des enseignants au Gabon et la rendre plus accessible grâce à des technologies Internet. Le mode d’enseignement que le projet va chercher à promouvoir devrait ainsi permettre à l'ENS de répondre à un triple défi. Il s’agit pour elle de faire face à l’accroissement du nombre de stagiaires, de pallier le manque de formateurs et de faciliter l’accès à la formation continue des populations enseignantes éloignées.

355 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Ce projet va d'ailleurs s'inscrire dans le programme du Réseau régional d'information et communication pour l'Afrique (RINAF) 372 qui, depuis 2002, a mis dans ses priorités le développement de la formation et de l'éducation à distance en tant que facteur déterminant dans l'amélioration fondamentale de l'accessibilité et la qualité des systèmes éducatifs africains. Le Gabon, qui fait partie du réseau, va devoir expérimenter des formes d'enseignement (et de formation) à distance, développer des systèmes d'information et de formation aux TIC et par extension, réduire la marginalisation de populations enseignantes enclavées.

En priorité, ce projet s’adressera principalement aux enseignants du secondaire en exercice, quelle que soit leur discipline et qui sont novices dans l'utilisation des technologies d'apprentissage. Ce sera une occasion offerte aux professeurs de collèges, quelle que soit leur situation géographique, d’avoir la possibilité de préparer le concours interne de CAPES. Les professeurs de lycée y trouveront également la possibilité de s’adapter, tout au long de leur carrière, à l’évolution des connaissances et des programmes. A terme (et dans l’absolu), on pourra envisager d’ouvrir ce projet aux étudiants candidats aux concours externes (entrée à l’ENS, CAPES) désireux de suivre à distance une formation adaptée à leur situation, en particulier à ceux qui ne peuvent pas intégrer une préparation traditionnelle pour des raisons professionnelles ou personnelles. Les compétences visées seront à la fois techniques et pédagogiques. Il s'agira de développer dans un environnement approprié à la fois des compétences générales liées à l'exercice du métier d'enseignant et des compétences spécifiques liées à l'intégration des TICE dans sa pratique.

Ce projet visera plus précisément à : - faire acquérir de nouveaux savoir-faire sur les spécialités enseignées ; - développer un système flexible et moderne d’éducation à distance basé sur

372 Le Réseau Régional de la Société de l’Information pour l’Afrique (RINAF) a été créé en 1992 (appelé en ce moment Réseau Informatique Régional pour l’Afrique) comme cadre de l’Unesco pour appuyer la coopération africaine dans le secteur des réseaux informatiques académiques et publiques. Le projet du RINAF intitulé Académie virtuelle multimédia a pour objet de faire mieux comprendre le passage des médias imprimés aux services en ligne, d’effectuer des recherches sur la conception d’informations accessibles à tous, d’identifier des moyens puissants et peu coûteux d’accès au Web et d’instituer un nouveau diplôme universitaire en multimédia.

356 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

l’utilisation des TIC - développer un modèle de formation continue des enseignants du secondaire, accessible dans leur environnement immédiat de travail ; - développer les compétences des cadres administratifs et pédagogiques responsables de la formation continue des enseignants et de leur encadrement ; - tester de nouvelles approches de formation continue à travers l'éducation à distance. - formuler des recommandations pour une politique nationale en matière de formation des enseignants.

En termes quantitatifs, l’objectif est de faire bénéficier, par an, environ 300 personnes de ce dispositif, soit 900 personnes sur 3 ans.

Nous allons récapituler les principaux objectifs visés par le projet dans le schéma suivant :

357 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Figure 21 : Les objectifs visés par le projet

- Développer un modèle de formation continue des enseignants du secondaire, accessible dans leur environnement immédiat de travail - Faire acquérir de nouveaux savoir- faire sur les spécialités enseignées ; - Développer un système flexible et moderne d’éducation à distance

basé sur l’utilisation des TIC Objectifs visés par le CEFODEGS - Développer les compétences des cadres administratifs et pédagogiques responsables de la formation continue des enseignants et de leur encadrement ; - Tester de nouvelles approches de formation continue à travers l'éducation à distance. - Formuler des recommandations pour une politique nationale en matière de formation des enseignants.

Un tel dispositif sera à coup sûr crédité de nombreux avantages parmi lesquels : - l’affranchissement des contraintes d’éloignement des centres de formation, c’est à dire l’accessibilité à la formation d’un nombre élevé de professeurs dispersés sur l’ensemble du territoire national ne pouvant bénéficier d’une formation en présentiel rendue difficile pour des raisons logistiques ; - la souplesse, la crédibilité, la possibilité de se former à son rythme ;

358 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

- le coût réduit, la rentabilité d’un système de formation à distance pérennisée ; - la création de conditions favorables au travail en équipe, et les possibilités d'applications des réalisations en classe - la nécessité d’introduire une formation à distance dans le système éducatif gabonais, principalement au Ministère de l’Education nationale (MEN), afin de créer un modèle pouvant servir d’autres actions de formation continue ; - la possibilité de mutualiser les compétences et les productions d’équipes décentralisées d’encadreurs pédagogiques ; - la création de conditions favorables au travail en équipe, et les possibilités d'applications des réalisations en classe - la mise en place d’une gestion décentralisée de la formation des personnels de l’éducation…

Les avantages de la création d’un tel centre seront également incontestables pour les acteurs et les établissements impliqués dans le projet :

1.2.1 - Avantages pour les institutions coopérantes Comme c'est le cas pour de nombreux consortiums, les membres du projet seront appelés à être très différents les uns des autres. Certaines organisations existent depuis fort longtemps et ont une grande expérience de la formation, tandis que d'autres sont relativement récentes. Elles vont opérer dans - et à cheval - sur des systèmes nationaux très différents et auront chacune une spécialité propre. Cette diversité même sera à l'origine des nombreux avantages qu'offre l'appartenance au projet, comme : - des contacts dans tout le pays qui peuvent permettre d'obtenir des informations et d'entrer en relation avec d'autres personnes et organisations d'autres pays; - la possibilité d'échanger des idées et de partager des expériences avec d'autres personnes ou institutions qui travaillent dans le même domaine; - une équipe de spécialistes ayant de grandes compétences dans le domaine de la formation et du perfectionnement et de la mise en valeur de moyens de formation; - la possibilité d'échanger des moyens et du matériel didactique et de formation;

359 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

- l'assistance et le soutien d'autres membres pour élaborer et mettre en œuvre certaines activités; - la mise en place de partenariats bilatéraux et multilatéraux pour déposer des demandes de subvention, lancer des appels d'offre et répondre à des appels d'offre

L’ENS, en tant que commanditaire et responsable de projet, va pouvoir renforcer son rôle d’innovateur et ses fonctions d’expertise en formation. Un tel projet permet de répondre aux souhaits du ministère de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur non seulement par l’appui sur un réseau local d’experts et de relais, mais aussi par la mise en place d’actions intégrant les TICE pour la promotion des nouvelles technologies dans l’enseignement et la formation des enseignants.

1.2.2 - Intérêt pour les formateurs L’objectif de toute institution ou de tout groupement est de dépasser le stade de l’initiative individuelle pour s’engager dans une politique institutionnelle où chaque enseignant doit prendre la part qui lui revient dans le développement des nouveaux outils de formation et d’apprentissage. Les formateurs vont ainsi acquérir une expérience de la formation en ligne qui pourra s’intégrer dans tous les processus de formation initiale et continue. Il est important de savoir que le développement d’une formation à distance modifie les conditions d’enseigner et qu’il faudra aux enseignants d’apprendre à maîtriser ce nouveau contexte. Un enseignement de qualité à distance requiert l’emploi d’un nouveau scénario pédagogique, d’un nouveau découpage des interventions, de créations d’outils qui permettront à l’apprenant à distance de s’auto évaluer en permanence ou d’être évalué par son tuteur pédagogique. Pour ce faire les enseignants ne pourront plus travailler seuls ; compte tenu de leur collaboration avec les enseignants de disciplines complémentaires, ils auront besoin que s’effectuent des transferts de compétences, des échanges d’expériences. Leur implication dans un modèle innovant de formation leur donnera en plus le statut d’experts. De plus, cela leur permettra d’intervenir dans la création d’un réseau de formateurs, mais aussi d’être des relais lors des sessions de formations d’enseignants. Ils pourront également promouvoir la formation en ligne et l’utilisation des nouvelles technologies en cours et la politique de formation de l’ENS. Ils

360 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives vont pour cela, inévitablement, donner une dimension gabonaise à leurs enseignements et à la formation qui y sera associée en créant des modules proposés aux apprenants et intégrés dans leur parcours de formation. S’appuyant sur leurs travaux de recherche pour créer les modules, les enseignants formateurs vont valoriser les problématiques de recherche de leur laboratoire ou composante au plan gabonais. La mutualisation va donc permettre d’optimiser les moyens et surtout l’investissement humain. Elle évite de réinventer ce qui a déjà fait l’objet d’un développement par ailleurs. Les collaborations initiées entre enseignants d’institutions partenaires pourront à terme déboucher sur des projets de recherche innovants et contribuer enfin à renforcer les coopérations interdisciplinaires.

1.2.3 - Intérêt pour les stagiaires Les avantages seront multiples pour les enseignants stagiaires qui vont suivre la formation. Combien d’enseignants gabonais renoncent à assister aux séminaires de mise à niveau organisés habituellement dans les chefs lieux de province (Inspection délégué d’académie), soit parce qu’ils doivent parfois, parcourir de longues distances pour s’y rendre, soit encore parce qu’ils n’ont pas le budget correspondant ? Les professeurs des collèges et lycées sont présents sur tout le territoire gabonais et ils doivent parfois se déplacer dans d'autres régions pour suivre leur formation. Le plus souvent, ils sont confrontés à de multiples désagréments : mauvais état des routes, rareté et cherté des moyens de transport, difficultés pour trouver où se loger, accidents de la route, perte de temps, indemnité de déplacement sous évaluée et souvent payée en retard, etc. Eviter tous ces désagréments sera un atout "phare" pour le futur projet. Avec la mise en place de cette formation mixte, les professeurs se déplaceront certes encore pour de rares regroupements épisodiques, mais dans une moindre mesure. Proposer une formation mixte mêlant des regroupements en présentiel et des séances de formation en ligne tutorées, répondrait à la problématique de réduire les journées de déplacements, les coûts de désorganisation dus à l’absence de l’enseignant et de proposer une formation plus individualisée adaptée aux besoins de la personne. Grâce à la possibilité de modularisation de son dispositif pédagogique, la formation envisagée n’imposera pas à l’enseignant de se déconnecter de son lieu de travail, mais lui permettra au contraire de

361 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives coupler en temps réel son besoin de formation avec ses objectifs professionnels. En fait, ce nouveau type de formation abolit les règles du théâtre classique en s'affranchissant de la fameuse unité de temps, de lieu et d'action. Pour abonder dans ce sens, Louise Marchand (2004) écrit : « Les apprenants adultes qui suivent des cours à distance manquent de temps. Ils travaillent, ont des enfants et des parents dont ils doivent prendre soin; ce sont des citoyens qui ont un rôle à jouer dans la vie de la communauté. Le temps, plutôt que la distance, semble être le problème majeur quand ils poursuivent des études. L’apprentissage en ligne devient un moyen utile de suivre des cours dans la chaleur de son foyer, sans devoir payer une aide familiale… »373 .

Le programme de formation devrait apporter une réponse aux besoins qualitatifs et quantitatifs de formation et contribuer à la requalification du personnel enseignant dans les domaines techniques ou instrumentaux, académiques, et enfin dans le domaine professionnel :

- Sur le plan technique, le programme va permettre aux enseignants-stagiaires d’acquérir de nouveaux savoir-faire sur les spécialités enseignées ; il leur assurera conséquemment des compétences de base au niveau de la manipulation des outils de recherche, de communication et de travail collaboratif.

- Sur le plan académique, grâce à ce projet, les enseignants-stagiaires auront la possibilité de développer la maîtrise des disciplines enseignées (les langues, les maths, les sciences…). Le projet permettra également de développer de nouvelles formes d’enseignement et de formation qui prennent en compte les avantages d’Internet et du multimédia (e-learning).

- Sur le plan professionnel, il s’agit d’un projet mobilisateur appeler à créer une dynamique dans le cadre enseignant et appelant à une transformation presque radicale du métier. Partant d’une nouvelle définition du métier d’éducateur, ce programme de

373 Marchand Louise, Loisier Jean (2004). L’encadrement. In Pratiques d'apprentissage en ligne. Montréal (Québec) : Chenelière éd.

362 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives formation entend participer à développer les compétences pédagogiques et didactiques relatives aux différents rôles de l’éducateur. Celui-ci devra être formé, pas nécessairement en informatique, mais dans son activité nouvelle d’apprentissage, puisqu’il est appelé à passer du rôle d’expert transmettant des savoirs, à celui de facilitateur ou d’accompagnateur. C’est dans cet ordre d’idées que Richard Faeber (2002) stipule que l’enseignant devrait être au préalable disposé à changer de rôle : « …de pur formateur à un animateur de groupe … »374 .

Un autre atout, et non des moindres, est de permettre aux enseignants d’apprendre dans leur contexte immédiat, celui où habituellement les apprentissages devront être utilisés, facilitant ainsi l'intégration des savoirs scientifiques aux savoirs pratiques. Les enseignants vont également bénéficier d’une formation pédagogique adaptée qui leur permettra d’intervenir dans les classes avec efficacité. Ils y trouveront le moyen de compléter leur formation initiale par des cours non enseignés dans leur institution de formation. Eventuellement, il leur sera offert la possibilité de conférer au diplôme qui leur sera délivré, une dimension d’excellence, attestée par un « label CEFODEGS » associé à leur diplôme.

II – MODALITÉS DU FONCTIONNEMENT DU PROJET

2.1 - Organisation du projet Dans le contexte actuel de forte compétition internationale, une meilleure visibilité, et donc une plus grande attractivité des établissements d’enseignement et de formation, passe nécessairement par l’acquisition d’une certaine taille critique. Aussi, de plus en plus d’institutions de formation à distance se penchent-ils vers une organisation coopérative ou en réseau, cherchant ainsi à regrouper leurs forces pour une plus grande complémentarité dans l’accomplissement de leurs missions. Monique Commandré (2001) déclare à ce propos que : « C’est désormais une évidence en ce qui concerne la formation à distance, si les cours par correspondance reposaient sur une organisation

374 Faeber Richard (2002). La formation à distance. UV.1 . Téléchargeable à l’URL : http://dessuticef- cours.u-strasbg.fr, consulté le 5 octobre 2007.

363 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives centralisée ; puis si dans les années 1970-1980 ce type de formation privilégiait les décentralisations, la FAD telle qu’elle est conçue de nos jours, tend de plus en plus vers de nouveaux modes d’organisation, coopératifs ou en réseau »375 .

2.1.1 - Que dire sur la notion de coopération ? De l’avis de plusieurs chercheurs, à l’instar de Saubesty (2002), il n’existe pas de consensus sur une définition ou sur une conceptualisation précise de la coopération 376 . Etymologiquement, le terme vient de l’association de la racine "operare" et du suffixe "co", c'est-à-dire travailler ensemble, conjointement. On peut préciser cette notion de travail en commun avec la définition de Marx (1967) qui définit la coopération comme plusieurs individus travaillent ensemble de façon planifiée dans le même processus de travail, ou dans des processus distincts, mais liés entre eux.

La coopération est, alors, une action ayant pour but la réalisation d’un travail commun dans le but d’un gain ou d’un bénéfice mutuel (Smith et Caroll 1995, citée par Saubesty op. cit.)

Ainsi, la notion de coopération renvoie à une expression très commune du langage courant : « l’union fait la force ». De l’avis de spécialistes avisés, il est prouvé que les avantages d'une solution de coopération bénéficient à n'importe quelle institution ou entreprise car, l’organisation et l’union rendent un certain nombre d’acteurs plus forts pour entreprendre des projets qu’ils n’auraient pu réaliser seuls.

2.1.2 – La notion de réseau Dans un contexte mondial marqué par un rythme d’évolution qui ne cesse de s’accélérer, un environnement de plus en plus turbulent, le rapprochement ou la collaboration sous forme de réseau semble être la solution stratégique adoptée par un nombre croissant

375 Commandré Monique (2001). La notion de formation ouverte et ses hypothèses de développement, Centre d’études et de recherches sur l’information et la communication, Montpellier III, Document téléchargeable à l’adresse : http://recherche.univ-montp3.fr/ceric/theses/th-commandre.pdf (consulté le 29 juillet 2007). 376 Saubesty C. (2002). Dynamique de la construction de coopérations transversales . Application au cas de coopérations pour l'amélioration du confort des voyageurs à la SNCF, Actes du colloque de l’AIMS, Paris.

364 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives d’entreprises. Cette forme d’organisation présente la particularité de préserver l’interdépendance des participants tout en autorisant leur participation à des projets plus importants. Le réseau d’entreprises apparaît donc comme la forme organisationnelle combinant souplesse, flexibilité, richesse et dynamisme.

Pour Dussuc (2000), le réseau est un ensemble d’organisations ou d’individus engagés réciproquement dans les transactions récurrentes régulées selon un mode de coordination ni strictement marchand, ni strictement hiérarchique. On peut donc, envisager les différents réseaux comme des structures transactionnelles, c’est à dire qui rassemblent des entreprises capitalistiquement indépendantes au sein d’une même chaîne de valeur, chacune étant spécialisée spécifiquement sur une tache. A ceci on peut ajouter le partage de responsabilités, de risques et de profits 377 .

Nous définissons donc, avec Achelhi et al. (2004) 378 un réseau coopératif comme « un ensemble de chaînes partenariales unies par une relation d’échange dynamique organisée, à plus ou moins long terme et par le sentiment d’appartenance à une entité collective, de moyens financiers, techniques et/ou humains ».

Dans le cas de notre futur projet, plusieurs raisons militent ainsi en faveur du développement d’un modèle de réseau coopératif. La principale raison, évidente, a trait au souci de réalisme car, même si l’ENS a des possibilités d’exercer une réelle autonomie d’action, compte tenu des effectifs susceptibles d’être inscrits à la formation (le nombre étant difficile à évaluer à ce stade), on mesure bien que, sur beaucoup de sujets, elle peut ressentir des limites pour engager un certain nombre d’actions et de projets qui doivent être entrepris à plusieurs. Le réalisme invite donc à considérer que le champ de l’institution, entité isolée, est dans plusieurs hypothèses limité. On peut ainsi avoir tout intérêt, que certaines formations (thématiques, disciplinaires transversales…), dépassent le champ d’un seul établissement pour croiser des expériences et aboutir autant que

377 Dussuc B. (2000 ). Une vision processuelle des réseaux d’entreprises , Actes du colloque de l’AIMS à Montpellier. 378 Achelhi H., Truchot P. et Aoussat A. (2004). Les critères de réussites ou d’échecs d’un réseau coopératif : application au Ci2p, Actes de la XV ème Conférence Internationale de Management Stratégique, Annecy / Genève 13-16 Juin 2006

365 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives possible à des synergies. C’est pourquoi, le CEFODEGS incitera les institutions membres à développer ensemble des initiatives, pour, à la fois, accélérer la production des contenus et, créer les meilleures conditions d’organisations qui apportent à l’étudiant le soutien indispensable à sa réussite (tutorat essentiellement). Il s’agit en somme pour des institutions qui devront formaliser leur volonté de coopération, de conjuguer leurs efforts et leurs compétences en vue d’éviter la duplication et de mieux utiliser les ressources disponibles.

Cette nouvelle organisation permettra aux établissements de fédérer localement les principales activités d’enseignement et de formation pour ainsi renforcer leur attractivité. Ainsi rassemblées, les institutions concernées disposeront d’un nouvel espace pour la mise en place et la consolidation de leur offre de formation. Toutefois, les constats des diverses expériences conduisent à l'idée que, sur tout le territoire national, la structuration recherchée ne pourra prendre une forme unique : les établissements d’enseignement supérieur et autres institutions non universitaires impliquées, n'ont pas vocation à s'intégrer dans les mêmes schémas. Néanmoins, cette intégration dans un ensemble plus large garderait, dans tous les cas, les objectifs universitaires fondateurs : offrir un espace de formation, cohérent et de qualité, ainsi que de recherche et d'innovation, le plus pluridisciplinaire possible, avec un certain nombre de domaines d'excellence. L’ensemble ainsi créé dotera le paysage universitaire gabonais d’une politique de site et d’une masse critique indispensables aujourd’hui pour gagner en visibilité et pour demeurer compétitif dans un contexte de concurrence africaine et internationale croissante.

2.2 – Structure et organisation institutionnelle Par expérience, il semble difficile, voire impossible, de réaliser un projet de FAD, en dehors du schéma bien connu de conduite de projet. En cela, nous rejoignons l’idée de Muriel Janoir Bessioud (op.cit.) qui déclare ceci : « Le succès d’une e-formation réside dans la capacité de l’entreprise à suivre une démarche de projets : définition des rôles, agencement des tâches, outillages des modalités retenues en seront les ingrédients majeurs ». Or, le bon fonctionnement du modèle qui repose sur la fragmentation des tâches entre les membres de l'équipe, passe par la mise sur pied d’une "équipe projet".

366 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Cette équipe, qui serait certainement constituée d'experts de contenu, d'experts de processus, d'experts de médias, de technologues de l'éducation, d'experts en animation, etc., serait appelée à jouer un rôle de pivot dès les premiers mois de l’exercice, et, ensuite tout au long du processus. Cependant, comme pour tout projet, pour que la formation envisagée soit un succès et apporte autant aux institutions partenaires, aux formateurs, aux responsables du projet et aux stagiaires, les rôles de chacun devront être clairement définis. Chacun ayant une importance capitale dans la réussite de cette formation.

Ainsi, pour piloter le projet, il ne sera pas prévu de donner une personnalité morale au consortium, mais de créer plusieurs instances de coordination :

2.2.1 - Le comité de direction Au niveau politique, un comité de direction, composé des présidents ou directeurs des établissements membres fondateurs du consortium ou leurs représentants mandatés. Cette équipe sera mis en place pour assurer la conduite de la collaboration, et pour s'occuper de l'organisation et de la mise en oeuvre du dispositif de formation (cahier des charges, budget, planification des taches, respect des échéances...). Le guide juridique de Campus numérique nous éclaire sur le rôle que devra jouer ce comité, on peut lire ceci: « Le comité de direction est investi des pouvoirs les plus étendus pour déterminer et arrêter les grandes orientations de la politique du Consortium. Il se prononce notamment sur tout projet ou toute proposition que le Comité de pilotage lui soumet. Il approuve le rapport d’activité du Comité de pilotage. À cette fin, il peut lui enjoindre de s’expliquer sur toute question relevant de son activité, et de produire tout document en sa possession utile à l’exercice de ce contrôle »379 . De plus, ce comité se chargera d’informer et défendre le projet, afin d’obtenir des financements. Il en sera ainsi le relais financier dans la mesure où il va gérer les fonds qui seront attribués au projet et fera des demandes de financement à divers organismes. Cette équipe aura également à jouer le rôle de diffuseur auprès des enseignants, des responsables éducatifs, des gestionnaires des centres de ressources régionales et des ministères. Pour la réussite du projet, il importera de pouvoir

379 Le guide juridique du campus numérique est téléchargeable à l’adresse : http://www.educnet.education.fr/chrgt/juricampus.pdf, (consulté le 21 octobre 2007).

367 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives rapidement capitaliser les expériences. Pour ce faire, le comité de direction devra demander au comité de pilotage de réfléchir à la mise en place de procédures d’évaluation et de faisabilité qui soient à la fois fiables et transparentes et qui puissent se faire dans des délais suffisamment courts pour ne pas décourager des porteurs de projet.

2.2.2 - L’équipe technique et de validation ou comité de pilotage La cheville ouvrière de l’ensemble du projet sera le comité de pilotage disposant des compétences nécessaires à la formation à distance. Son rôle et sa composition devront être clairement définis. Cette équipe pourrait être composée de deux membres de chaque institution et d’experts du domaine de la FAD. Cette équipe, sous la conduite d’un coordonnateur (chef de projet), aura comme fonction essentielle, celle de garantir la coopération parmi les partenaires impliqués dans le projet, de guider la mise en oeuvre du programme défini par le comité de direction et d’en assurer un bon suivi (définition des critères, chronogramme de mise en œuvre, formation des enseignants tuteurs). Il assurera la cohérence de l'ensemble, et pilotera le suivi et l'évaluation du projet et de ses impacts. En principe, toute décision concernant le lieu, les temps, les participants, le contenu de la formation, les modalités d’exécution du projet et son suivi relèveront de la responsabilité de ce comité qui devra les approuver. Le comité de pilotage devra servir de courroie de transmission entre le comité de direction et l’équipe de conception et de réalisation des modules appelé encore le comité scientifique et pédagogique.

2.2.3 - L’équipe de conception et de réalisation des modules ou comité scientifique et pédagogique Cette équipe serait quant à elle, le garant du contenu scientifique de la formation. En effet, chargée de valider les contenus académiques des produits sur la base du cahier des charges et de la maquette, cette équipe sera composée obligatoirement d’au moins deux membres permanents, tous titulaires d’un doctorat, à savoir : une personnalité du secteur de la formation professionnelle à distance, une personnalité du secteur des TIC ayant une double expérience d’enseignement et de réalisation. Ce comité inclura également les membres du corps enseignant issus des institutions avec lesquelles une convention de partenariat sera nouée, en fonction des cours enseignés. Il importe de noter que ce comité

368 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives n’aura pas seulement un rôle pédagogique. L’administratif (admission, inscription), les enseignements (gestion, organisation, programme) et le diplôme (contrôle des connaissances, obtention finale) seront également placés sous la responsabilité dudit comité.

Après avoir défini toutes ces modalités, il faudrait penser à la formation des ressources humaines.

2.3 - Formation des différents acteurs impliqués La formation à distance est un mode d'apprentissage en pleine évolution. Il est donc naturel que les savoir-faire liés à ce type d'enseignement soient en train de se structurer. Aussi, serait-il normal que toutes les ressources humaines qui interviennent dans le processus de formation (tuteurs, concepteurs de modules et autres professionnels) puissent bénéficier de programmes de perfectionnement. Cette formation pourrait être organisée par l’ENS et l’IPN, en invitant des experts en formation à distance pour former le personnel sur place.

La formation concernera en premier lieu les membres de l’équipe de la cellule de gestion et de coordination, ils seront formés à la gestion de la FAD et initiés à la bureautique et à l’utilisation de la messagerie électronique. Ensuite, se sera au tour des membres du comité scientifique d’être formés à la conception et la réalisation de modules car, ainsi que le souligne Michel Tétart, responsable de l'animation des Ateliers de Pédagogie Personnalisée au sein d'Algora, il n’est pas facile pour un enseignant habitué à former des stagiaires en salle (présentiel), de se retrouver derrière un écran à animer des cours pour des apprenants à distance. "Ce n'est pas un professeur classique qui conçoit un cours et le dispense à un groupe, puis en vérifie l'acquis " décrit-il " C'est avant tout un formateur qui organise un ensemble de ressources pédagogiques sur des supports écrits et électroniques, tout en s'appuyant sur différentes compétences ." Il faudrait enfin passer à la formation des tuteurs qui animeront les forums pour faciliter l’apprentissage collaboratif par les pairs. Cette formation, qui va se décomposer d’un séminaire et de deux ou trois ateliers, aura pour but de donner des outils et une méthodologie aux tuteurs

369 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives et de favoriser les échanges de pratiques entre participants. Ils seront ainsi formés à réaliser des interventions individuelles de soutien à la motivation durant la période où les abandons sont élevés, soit avant la remise du premier devoir. Les gestionnaires des centres de ressources régionaux, chargés de la coordination des activités FAD au niveau régional et de l’évaluation des activités, bénéficieront également d’une formation qui portera essentiellement sur la gestion de FAD au niveau des centres de ressources et sur l’utilisation de l’outil information.

III – LA MISE EN ŒUVRE DU PROJET

Tous les spécialistes du domaine s’accordent à dire que la mise en oeuvre d'un dispositif de formation à distance est un projet à long terme qui représente un investissement important.

3.1 – Déroulement de la formation

3.1.1 – Les activités préparatoires à la formation La faisabilité d’une telle opération nécessite un cadre précis dont on doit garantir la mise en œuvre avant d’engager les nombreuses personnes susceptibles d’être mobilisées à un titre ou à un autre dans l’opération. Pour une phase de démarrage réussie, il faudrait commencer par réaliser un audit des infrastructures au niveau national, c'est-à-dire, s’assurer que les enseignants disposent de l’équipement dont ils auront besoin pour leur formation. Car, on ne peut demander à des enseignants de s’impliquer de manière pérenne dans les TIC et plus encore dans un projet de cette envergure sans leur fournir les outils nécessaires incluant une connexion de qualité à Internet dans leurs lieux de travail (ou à proximité), voire dans leurs domiciles (pour ceux qui peuvent supporter les coûts). Une stratégie d'utilisation des ordinateurs de seconde main peut être envisagé. Mais, dans le contexte gabonais où l'appui technique est susceptible d'être rare en zone rurale, cette stratégie a peu de chance de réussir à moins qu'une stratégie concomitante ne soit mise en place pour développer des compétences locales d'appui technique. Les ordinateurs de seconde main pourront toutefois être utilisés pour les besoins de démonstration et la dispense de cours de saisie, mais il faut des mécanismes en place

370 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives pour les tester avant qu'ils ne soient distribués dans les différents centres, et pour que les installations de remise à neuf et d'amélioration soient facilement disponibles. Toutefois, par expérience, nous savons que les ordinateurs de seconde main ne sont pas toujours rentables à cause des coûts de maintien élevés et des durées de vie plus courtes. De plus, la plupart des pannes techniques et des problèmes de connectivité rencontrés lors des formations de ce genre sont souvent imputées au fait qu'on utilise des ordinateurs vieux et lents. Ceci pourrait être exacerbé par le fait que les utilisateurs seront pour la plupart novices dans l'utilisation des ordinateurs. Aussi, au regard des problèmes techniques que l’on pourra rencontrer dans l'utilisation des vieux ordinateurs, nous suggérons l’achat d’ordinateurs plus rapides et plus neufs pour accéder à Internet et pour télécharger les informations. Ceci aiderait aussi à diminuer les montants des factures de téléphone.

Dans le contexte qui est celui de l'exploration des moyens pour améliorer l'accès des apprenants aux TIC, les lycées et collèges sont perçus comme des entités qui couvrent de nombreuses communautés. Il est donc impératif de les équiper en matériel informatique et une connexion à Internet et surtout passer à la création d’autres lieux d’accès public à Internet 380 dans des zones nécessiteuses comme le font déjà de nombreux pays. En effet, ayant compris que les habitants des collectivités rurales n'obtiendraient jamais un accès Internet individuel comme ceux des régions urbaines, plusieurs pays africains (le Bénin, le Sénégal, le Cameroun, le Burkina Faso…) ont mis l'accent sur l'utilisation des TIC dans le cadre d'aménagements qui permettraient le partage d'un accès disponible dans un espace public commun. Le modèle le plus courant est le télécentre communautaire polyvalent (TCP)381 , qui a fait son apparition dans maintes régions rurales, souvent grâce au soutien des organismes internationaux. Au Cameroun par exemple, 23 télécentres communautaires polyvalents ont été réalisés et sont aujourd’hui fonctionnels, permettant à la population à revenus moyens d’avoir accès à la formation et à l’usage de la micro-

380 Un lieu d’accès public à Internet est un lieu ouvert à tous les publics qui propose à chacun d’accéder, à un coût adapté, à Internet et au multimédia (outils, techniques, contenus…) et de bénéficier d’un accompagnement aux TIC. Ce lieu est un lieu d’accueil fixe, parfois mobile (Cyber-bus). Raccordé à haut débit à Internet, il nécessite la médiation d’un animateur. 381 Le Télécentre Communautaire Polyvalent (TCP) est une infrastructure commune dispensatrice des services de télécommunications, informatiques, audiovisuels et Internet à partir d'un terminal ou des terminaux mis à la disposition d'une communauté afin de lui permettre de communiquer à un prix abordable.

371 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives informatique en général et à l’Internet en particulier 382 . Le Gabon, se démarque encore une fois des autres pays d’Afrique subsaharienne par son hésitation à s’engager dans la vulgarisation des TCP. Rappelons qu’il y a plus de 209 cybercafés au Gabon, mais à ce jour, du moins à notre connaissance, depuis la fermeture d’Hermès (centre multimédia gratuit pour la jeunesse gabonaise à l’initiative de la municipalité de Libreville), il n'existe aucun télécentre dévoué à rendre la technologie accessible aux communautés, et à servir d'outil de changement social. De même, aucune information n'est disponible concernant les projets locaux ou financés localement. Sinon, d’après Frédéric Bouckat, Chef d’Agence de Gabon Télécom que nous avons rencontré lors de nos investigations, le gouvernement envisage mettre en place un plan d'établissement des télécentres à travers le pays, mais ils sont toujours aujourd’hui à l'étape de conception. Le bon déroulement du projet dépend ainsi plus que jamais de la volonté du gouvernement, des ONG et des organismes internationaux pour appuyer l’accès abordable aux TIC dans les communautés défavorisées et enclavées du pays.

En ce qui concerne la connectivité, le projet va explorer dans les détails les différentes options techniques disponibles et à prix abordables pour les centres afin qu'ils puissent opérer des choix avisés par rapport à la connectivité. Tant la connectivité sans fil que celle avec fil pourront être expérimentées. Des mesures incitatives devront être prises parallèlement par l’État pour réguler le développement du dispositif. L’État devrait par exemple négocier un « accès Internet illimité étudiant-stagiaire » avec les fournisseurs d’accès et chercher à faciliter l’acquisition (à titre personnel), la location, le prêt de matériel informatique à tout étudiant ou tout simplement lui donner accès à un matériel informatique. Une négociation nationale avec les fournisseurs de services de connexion à Internet devrait, par exemple faire tomber le coût des abonnements illimités, liaison incluse, à environ 70.000 francs CFA (106,71 euros) par an.

La mise en place du comité FAD, l’appropriation du dispositif FAD par les différents acteurs, la production des premiers documents que sont le cahier des charges et les

382 Interview accordée à Camnews.info par Bello Bouba Maïgari, Ministre d’Etat, ministre des Postes et Télécommunications du Cameroun. Téléchargeable à l’adresse : http://www.camnews.info/news.php?go=fullnews&newsid=1460 (consulté le 13 janvier 2008)

372 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives premiers modules, le guide du tuteur, la formation des tuteurs, vont également constituer les activités-clés de cette première phase. L’information et la sensibilisation des IDA régionaux, des tuteurs et de tous les professeurs concernés seront également un préalable indispensable au succès du système.

3.1.2 - Phase de mise à niveau en TIC Cette étape se justifie par le fait que, lors de nos investigations, nous nous sommes aperçue que la majorité des enseignants impliqués ne possédaient aucun pré-requis sur l’utilisation des outils bureautiques et du Web. Cette étape sera donc destinée d’une part à vérifier l’aptitude des candidats à recevoir une formation intégrant les TIC et d’autre part, à leur apporter les compléments de connaissances nécessaires pour accéder directement à la formation. La formation modulaire de mise à niveau (12h maximum en présentiel) qui leur sera proposée va ainsi permettre d’avoir un public de niveau homogène en TIC lors du démarrage de la formation. Cette phase va se situer entre le mois de juillet et novembre 2008 (un mois avant le début de la formation envisagée pour le mois de décembre 2008). Il s’agit en réalité d’une introduction des enseignants dans la "cyberculture". Avec André Mvesso (op. cit.), nous disons qu’un enseignant a beau être détenteur à la fois, de connaissances stables et solides, et d’un "know how" éprouvé grâce à l’expérience et de longues études, s’il n’est pas capable de traiter l’information disponible et séductrice que l’élève a glanée dans le cybercafé du coin, il ne peut être regardé comme un maître parce que justement ne " maîtrisant " pas cet instrument qui, pourtant, n’est pas le savoir même, mais est une puissante médiation entre les individus et les informations et savoirs élaborés ou non.

3.1.3 – Déroulement de la formation proprement dite La FAD n’excluant pas des séquences pédagogiques en présentiel, les enseignants utilisateurs des modules seront appuyés dans leur tâche par des tuteurs à travers des visites sur le terrain et des regroupements qui vont intervenir à des périodes précises et permettront aux formés de partager leurs expériences, leur pratique de la classe…La formation envisagée sera ainsi de type hybride, c’est à dire, s’intégrant dans un dispositif complet associant apprentissage à distance et regroupement(s), dont les modalités seront

373 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives définies en fonction des candidatures. Elle se déroulera sur une période équivalente à 2 ans pleins, soit l’équivalent de 916 heures. La première session va débuter par une période intensive de 80 heures (10 jours au total) de regroupement présentiel. Le programme de ce regroupement va consister essentiellement en de micro-modules de démonstration par des simulations de situations d'enseignement à distance, en vue de la familiarisation avec les outils et méthodes d’enseignement à distance qui seront utilisés et la mise en évidence de leurs caractéristiques. Ce sera également l’occasion de permettre la rencontre des stagiaires, la présentation du cadre théorique de la formation, la mise en place du travail collaboratif avec négociation des échéanciers, la présentation des moyens de communication sur la plate-forme.

A la suite de cette période, les professeurs stagiaires retourneront dans leur lieu d’affectation pour démarrer au plus tôt la formation et éviter ainsi tout déracinement. Ainsi, depuis les TCP qui auront auparavant été créés, les étudiants vont pouvoir réaliser leur formation à proximité de leur domicile ou de leur lieu de travail. Les 400 heures à distance seront organisées sous formes de séminaires virtuels. Ils y recevront un enseignement à distance sur les disciplines fondamentales, dans l’ordre des UV avec des rencontres synchrones d’une heure la séance. Afin de répondre au besoin de modularité en fonction des profils des apprenants, la formation sera composée d’un « tronc commun » et de « modules spécifiques ». Cette partie sera axée sur des réalisations individuelles et d'autres collaboratives pour assimiler le contenu pédagogique et atteindre les objectifs fixés par les modules. Pendant la formation, le contrôle continu sera assuré en support technique. L’apprenant aura à développer progressivement ses connaissances tout au long du suivi de chaque module, à son rythme, tout en respectant les consignes et les travaux demandés. Pour chaque matière les apprenants seront regroupés en équipes de 20 sous la conduite d’un professeur-tuteur qui les accompagnera dans leur parcours, répondra à leurs questions et corrigera leurs devoirs. Ils vont communiquer entre eux sur les forums, par courriel, etc… Les situations de guidance se dérouleront essentiellement en mode synchrone, avec usage de l’asynchrone entre les sessions permettant de donner aux stagiaires des consignes relatives à l’organisation de leur travail et à la réalisation de tâches spécifiques. Les tuteurs vont donner des rendez-vous ponctuels pour pouvoir

374 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives communiquer en temps réel avec les apprenants concernés et vérifier l’état d’avancement des tâches. Toutes ces activités seront consignées dans le calendrier contrôlé et validé par les tuteurs. Le second présentiel (24 heures) en milieu de formation, c'est-à-dire à la fin de la première année de formation, permettra d’établir un bilan partiel, une réorientation si nécessaire des axes de formation.

La deuxième année, sera beaucoup plus courte (300 heures). Les enseignements de cette année seront centrés sur l’approfondissement des connaissances acquises en première année. Il s’agira dans cette année, pendant 294 heures, de favoriser l’insertion en classe du stagiaire, doté des nouvelles connaissances acquises. L'élaboration d'un projet par étudiant, qui sera le support du stage, sera volontairement importante. Une dernière période de regroupement (16 heures) sera prévue pour les derniers contrôles de connaissances et les recommandations finales.

3.2 - Approche pédagogique Dans cette section, nous présentons l’architecture du dispositif d’apprentissage et le contenu du programme pédagogique puis, nous verrons la description des acteurs clés de ce dispositif pédagogique.

3.2.1. Architecture du système de formation Le projet va s’inspirer de méthodes utilisées dans d’autres projets FAD déjà réalisés en Afrique voire dans le reste du monde, et sera basé sur l’expérience obtenue par les participations à d’autres projets. Le dispositif technique sur lequel reposera la formation est la plate forme FORSE 383 . La convention de partenariat signée en 2003, entre l’ENS de Libreville et l’Université de Rouen devait permettre aux deux institutions de coopérer dans le domaine de l'enseignement et de la recherche, ainsi que dans le domaine d’échange d'étudiants et d'enseignants. Ce sera une bonne occasion pour revivifier cette

383 FORSE : (Formation à distance en Sciences de l’Éducation) est issu d’un partenariat entre les universités de Lyon 2 et Rouen avec le CNED (Centre National d’Éducation à Distance). Labellisée "campus numérique français", cette plateforme de e-formation permet d’obtenir les diplômes suivants : Licence, sciences des sociétés et de leur environnement, mention sciences de l’éducation ; Master 1, sciences des sociétés et de leur environnement, mention sciences et pratiques d’éducation et de formation ; Master 2 professionnel (ingénierie et conseil en formation) ; Master 2 recherche internationale francophone (MARDIF). La plateforme de formation FORSE est accessible en ligne : http://www.sciencedu.org

375 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives convention qui jusqu’alors, tarde à se concrétiser. L’intérêt original de FORSE, comparé à d’autres plate-formes présentes sur le marché, réside dans ses capacités à permettre la mise à disposition des cours par les professeurs, mais aussi l'apprentissage tutoré en petits groupes, la communication entre pairs, l’organisation du temps, le partage de documents et la prise de décision collective. A cette fin, elle pourra ainsi être utilisée à la fois comme complément pédagogique pour les étudiants en présence et comme base de l'enseignement à distance pour les enseignants stagiaires. Son utilisation lors des échanges de travaux (enseignants, élèves) devrait en particulier permettre une familiarisation avec les différents outils de communication (forum avec arborescence, messagerie électronique intégrée et contextualisée (mail), causerie synchrone multicanal (chat), discussion asynchrone (forum) …) et les possibilités d’archivage des différents types de fichiers associés. Le choix porté sur FORSE se justifie également par le fait que, parmi les plates formes existantes, FORSE est la plate forme que nous maîtrisons mieux (suite à l’accord obtenu auprès des administrateurs de la dite plate forme, nous avons eu droit à une semaine d’exploration, ce qui nous a permis de mieux comprendre ses fonctionnalités). Les moyens techniques de la plate forme permettront d'offrir à chacun la même qualité d'accès à la formation. Tous les huit centres bénéficieront ainsi d'un dispositif technique commun : moyens de communication, équipements informatiques et logiciels spécifiques à l'enseignement à distance seront mis à disposition des stagiaires, pour offrir à tous la même qualité d'accès à la formation. En direction des enseignants, la communication passera par les relais d’information classiques du ministère de l’Education nationale. Une politique de communication sera ainsi mise en place en direction des inspections provinciales. Les bailleurs de fonds et la presse auront également un rôle à jouer. Ainsi, les enseignants affectés dans des zones éloignées seront au courant de la formation. Dans un avenir immédiat, en attendant une distribution équitable des services électroniques dans tout le pays, la distribution de modules sous forme imprimée ou sur disquettes pourrait être envisagée, tout en continuant d’utiliser l’interactivité du Web et du courrier électronique pour le soutien pédagogique et les échanges avec et entre les participants. Le schéma ci-après présente le calendrier prévisionnel du projet.

376 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Figure 22 : Calendrier prévisionnel du projet

Phase 1 Phase 2 Phase 3 Analyses des Elaboration du besoins de projet de formation Expérimentation et formation des et préparation de consolidation du enseignants l'expérimentation dispositif de formation

Etablissement des bases Description des Analyse des conditions administratives, systèmes locaux de de mise en oeuvre budgétaires, logistiques formation et de du projet qualification

Expérimentation du projet de formation Expérimentation Construction du du projet de site Analyse des conditions formation de mise en oeuvre dans Séminaire national les 9 régions de lancement

Enquête auprès des bénéficiaires (pour Préparation et mise Réalisation des évaluation de en oeuvre de outils pédagogiques l'expérimentation) l'expérimentation et techniques dont finalisation et Bilan de opérationnalisation l'expérimentation du site comme support didactique Consolidation du dispositif et formalisation du CEFODEGS Lancement de l'expérimentation Séminaire national Valorisation de la démarche et diffusion des résultats

377 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

3.2.2 - Les acteurs du projet En général, les plates-formes ont été conçues dans le but de servir les besoins des acteurs d’un dispositif de téléformation, notamment le formateur, le créateur de cours, le tuteur, l’administrateur, l’administrateur technique et l’apprenant. Ainsi, une plate-forme offre la possibilité de définir un dispositif de formation et s’articule autour des fonctionnalités suivantes : - la création de cours et de plans de formation (création de parcours-type, de programmes de cours ; édition de tests) - la gestion des documents pédagogiques : classification, indexation, administration des matériaux pédagogiques ; - la gestion administrative de la formation (scolarité) : inscription dans la plate-forme, dans une formation ; gestion de données administratives de la formation, scolarité ; - l’organisation du tutorat : constitution des groupes d'apprentissage ; choix des enseignants, des groupes d’étudiants et de leurs accès, de types de contenus, de modes de communication, de types de tests ; création et modification de parcours de formation individualisés ; changements ou ajouts de contenus et d’activités d’un cours, gestion d'agenda, planification des parcours de formation ; communication avec les apprenants ou entre eux par messagerie et forum ; suivi des activités d'apprenants sur la plate-forme (temps passé en ligne dans les notes de cours, dialogues, travaux déposés sur la plate- forme…) ; organisation des activités de tutorat en temps réel, synchrones ; - l’évaluation : gestion et administration des évaluations ; - l’apprentissage : consultation à distance de contenus pédagogiques, communication entre formateurs et apprenants et entre apprenants, individualisation des apprentissages, télétutorat, possibilité de rendre des travaux.

Paquette (2002) 384 identifie cinq acteurs et rôles génériques dans un dispositif de téléformation. Nous les présentons dans le tableau suivant :

384 Paquette, G. (2002). L’ingénierie pédagogique. Pour construire l’apprentissage en réseau , Québec, Presses de l’Université du Québec.

378 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Tableau 61 : Les acteurs en téléformation et certains de leurs rôles, tiré de (Paquette, 2002) Acteur Rôle principal Rôles secondaires

Gérer son scénario et ses activités d’apprentissage. Explorer les sources d’informations. Apprenant Transformer les Résoudre des problèmes informations en Réaliser des projets. connaissances Réaliser des activités servant à son évaluation. Autoévaluer ses activités. Interagir sur le plan social avec d’autres apprenants. Débattre un sujet lors des télédiscussions. Communiquer et échanger des informations. Rendre Présenter des informations. disponibles les Clarifier le contenu en réponse à des questions. Présentateur informations pour Gérer des médias donnant de l’information. l’apprentissage Analyser et évaluer le contenu des documents. Analyser le contenu de la démarche d’un autre acteur. Analyser les besoins de formation. Modéliser les connaissances à des fins pédagogiques. Construire des scénarios pédagogiques. Concepteur Construire, Rédiger les devis de systèmes d’apprentissage. adapter et Simuler et valider un devis. maintenir un Concevoir des matériels pédagogiques. système Mettre à l’essai un événement d’apprentissage. d’apprentissage Concevoir un plan de réalisation du système. Décrire les processus de diffusion du système d’apprentissage. Concevoir la mise en place du système d’apprentissage. Réaliser les diagnostics de l’apprentissage. Evaluer les travaux de l’apprenant. Formateur Faciliter Motiver et orienter les apprenants. l’apprentissage Animer des équipes ou un groupe sur le plan Assister les apprenants dans l’utilisation des matériels et pédagogique des ressources. Agir comme conseiller pédagogique. Planifier le déroulement des activités. Diagnostiquer le déroulement des événements d’apprentissage. Décider de modifier le déroulement des événements. Gestionnaire Gérer les acteurs Diriger les opérations de diffusion. et les événements Organiser des équipes ou des groupes. Affecter des formateurs et des ressources à des groupes. Organiser la mise à l’essai du système d’apprentissage. Gérer l’évaluation des apprentissages. Gérer l’évaluation du système d’apprentissage. Administrer le réseau de communication.

379 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Rappelons que nous nous situons dans le contexte de dispositifs de formation avec accompagnement pédagogique et non dans celui de dispositifs qui reposeraient entièrement sur l’accès libre des utilisateurs et l’autoformation. Ainsi, pour chaque matière, les apprenants seront regroupés en équipes de 15 (ou au plus 20) stagiaires sous la conduite d’un professeur-tuteur qui les accompagnera dans leur parcours, répondra à leurs questions et va corriger leurs devoirs. Il ne sera pas impliqué dans la formation, mais aura un regard extérieur et une vue globale des travaux, ce qui lui permettra de faire des bilans et des relances à tous, de réguler les travaux de l'ensemble des participants. En somme, pour le bon déroulement de la formation, les formateurs devront : - constituer les groupes de travail ; - accompagner les stagiaires et les inciter au travail collaboratif en réagissant rapidement aux nouvelles pistes qu'ils proposent, en les encourageant à communiquer le fruit de leur travail, sans attendre un produit fini ; - améliorer les conditions de la communication entre stagiaires et entre tuteurs et stagiaires, les aider à mettre leurs travaux sur la plate-forme ; - être les garants de la mémoire du travail commun élaboré (gestion du forum).

Les stagiaires impliqués dans le projet devront avoir accès à un équipement informatique pour réussir à participer à ce travail. Pour cela, nous comptons sur l’aide du gouvernement pour la pérennisation de sa politique d’équipement informatique et de connexion de tous les établissements d’enseignement secondaire du pays. Les stagiaires s’engageront ainsi à se connecter régulièrement sur la plate-forme et à respecter un certain nombre de contraintes : - respecter les calendriers décidés en présentiel ; - s’obliger à lire les courriels régulièrement - rendre les devoirs dans les délais impartis… - envoyer régulièrement les synthèses des travaux afin de collaborer au travail commun.

Les auteurs seront quant à eux en charge de créer du matériel pédagogique destiné aux enseignants. Mais ce rôle pourra être également endossé par les enseignants

380 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives ponctuellement pour remédier à une situation donnée, par exemple dans l’optique de la préparation d’un examen, créer du contenu complémentaire pour enrichir le support existant. Les administrateurs auront à leur tour pour rôle, entre autres d’installer le/les applicatifs de la plate-forme, d’assurer la maintenance, la gestion des accès au système.

3.3 - Programme indicatif de formation À partir des résultats du questionnaire adressé aux enseignants, les premières constatations ont confirmé plusieurs sujets de préoccupation qui, nous nous le disons, sont loin d’être propres aux seuls enseignants qui ont répondu à l’enquête, mais concernent la quasi totalité des enseignants gabonais. En effet, la maîtrise personnelle minimale des outils liés aux technologies d'information et de communication et de leurs différents champs d'application semble non acquise par la quasi totalité des enseignants : connaissances et compétences manipulatoires élémentaires des différents équipements informatiques, audiovisuels, multimédia (isolés ou connectés aux réseaux)…Ces constatations et leurs conséquences seront prises en compte dans le projet qui s'efforcera de mettre au point une conception globale de formation financièrement viable et valable dans le temps. Le projet s’efforcera également de créer des programmes d'enseignement de haute qualité, adaptés aux besoins des enseignants participants; et de développer l'infrastructure annexe pour faciliter le travail en réseau des établissements impliqués dans la formation. Le à titre indicatif, le programme sera le suivant :

1 - Formation pédagogique A – Evaluation - Fonctions, qualités et modalités de l’évaluation - Questions, barèmes de notation, correction - Evaluation des apprentissages, évaluation des enseignements, évaluation des programmes B – Exploitation des sources et ressources pour son cours - Apports des TIC - Accès aux sources et ressources - Internet et ses exploitations et usages pédagogiques

381 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

C – Elaboration de supports de cours - Elaboration de transparents efficaces - Mieux comprendre et utiliser Microsoft PowerPoint pour ses présentations - Mise en ligne de cours en appui à un enseignement présentiel ou à distance

2 - Formation aux TIC pour l’enseignement A - Alphabétisation informatique 1 - Comprendre l’architecture d’un ordinateur et le descriptif de produit informatique - Vocabulaire informatique de base - Architecture, composantes et fonctionnement d’un ordinateur - Comprendre les caractéristiques annoncées d’un produit - Pouvoir effectuer les choix de base pour l’achat d’un PC, de périphériques ou de logiciels 2 – Effectuer les opérations de base - au sein du système d’exploitation (Windows…) - dans les applications particulières (exemple : explorateur Windows…) 3 – Comprendre les notions et le vocabulaire de base nécessaire - au travail en réseau - à la découverte d’Internet

B – Usages et outils 1 - Maîtriser les fonctions de base des logiciels standards (traitement de texte, tableur …) en vue de : -améliorer sa productivité - produire des supports à l’enseignement - traiter des tâches administratives 2 - Concevoir, animer et réaliser une présentation assistée par ordinateur 3 - Maîtriser un logiciel de communication pour : - Echanger du courrier électronique - Participer à des échanges au sein de groupes virtuels - Maîtriser un logiciel de recherche d’information pour :

382 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

- exploiter les ressources Web (Internet explorer, Navigateur Netscape y compris les moteurs de recherche : altavista, yahoo, google… - exploiter les bases de données (bibliothèques virtuelles…)

L’implication des établissements publics d'enseignement supérieur et plusieurs autres organismes sera déterminante pour renforcer et élargir l'offre de formation à distance au plan national et pour donner au Gabon une place éminente aux plans africain et international. Quelles seront les institutions coopérantes ?

IV - LES INSTITUTIONS COOPÉRANTES

De manière générale, les partenariats avec un certain nombre de parties prenantes sont un critère important de réussite de ce type de projet. Ils pourront prendre différentes formes, à la fois en termes d'appui financier et d'appui non financier, celui-ci à travers des contributions en nature. Le projet CEFODEGS va donc nécessairement s'appuyer sur des alliances mettant en interaction des partenaires provenant d'horizons très diversifiés, à savoir : des responsables de formation, mais aussi des spécialistes de questions techniques tels que des programmeurs, des analystes informaticiens ou des spécialistes des télécommunications. La coopération sera ainsi établie entre plusieurs institutions. Nous allons examiner en détail ce que représentent ces institutions tout en essayant de justifier le choix porté sur elles.

4.1 – Les institutions gabonaises

4.1.1 - L’Ecole Normale Supérieure de Libreville (ENS) L'implication de l'ENS dans le projet sera un atout capital dans la coopération envisagée. La qualité de son corps professoral dans tous les domaines et surtout dans les sciences de l’éducation, son expertise en matière de formation des enseignants, ses infrastructures, sont autant d’atouts susceptibles de concourir à la réussite du futur projet. Toutefois, cette implication exigerait de l’institution de modifier sa structure organisationnelle. Ainsi, tout en continuant sa fonction comme institution de formation des enseignants sur campus, elle formerait à distance des enseignants en exercice.

383 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

4.1.2 - L’Institut Pédagogique National (IPN) L’IPN devrait être un partenaire à part entière dans le futur projet de formation à distance pour la formation continue des enseignants du secondaire en exercice. En effet, établissement public localisé à Libreville (capitale), l’IPN est une entité administrative relevant de la Direction Générale des Enseignements et de la pédagogie (Ministère de l’Education nationale). L'expérience de l’institution dans la conception des cours en formation continue et ses ressources matérielles seraient un atout dans la coopération envisagée. Il pourra ainsi s'occuper de la production du matériel écrit et coopérer avec l’ENS dans la planification, la mise en œuvre et l’évaluation du projet.

4.1.3 - L'Institut Africain d'Informatique (IAI) Créé en 1971 à Fort-Lamy, actuel N'djamena (Tchad), par la conférence des chefs d'Etat et gouvernements de l’ex organisation commune africaine et malgache (OCAM), l’IAI est un établissement régional placé sous la tutelle de onze pays du continent noir (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, République Centrafricaine, Congo, Côte d'Ivoire, Gabon, Niger, Sénégal, Tchad, Togo) et dont le siège se trouve à Libreville. Cet institut a pour missions, la formation, le perfectionnement, la recherche, le conseil, l'information, la documentation et la communication dans les domaines des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Malgré les difficultés qui constituent actuellement un frein à son développement, la position de l'IAI comme pôle d'excellence dans le domaine des TIC serait un atout considérable dans la mise en œuvre et la maintenance du dispositif de formation.

4.1.4 - Les Inspections Déléguées d’Académies et les Centres de perfectionnement pédagogique Présentes dans les neufs provinces du pays, les Inspections Déléguées d’Académies (IDA) ont pour vocation d'observer et d'apprécier en permanence, à tous les niveaux, l'organisation et le fonctionnement du système éducatif. Les IDA serviront de relais entre le Ministère de l’Education nationale et les circonscriptions scolaires (au Gabon, chaque département dispose d’une circonscription scolaire).

384 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

La mission des Centres de perfectionnement pédagogique, comme structure du Ministère de l'Education Nationale, est de renforcer - conformément à la politique éducative nationale - le développement du système national de la formation continue des enseignants. Bien qu’actuellement insuffisants (3) vu le nombre d’enseignants à former (un projet de création d’autres centres est en cours), ces centres pourraient contribuer à la réussite du projet.

4.1.5 - Les CDI Chaque lycée gabonais dispose d’un Centre de Documentation et d'Information (C.D.I) mis à la disposition des élèves et des enseignants. D’après le rapport de la mission réalisée à Libreville par Gaspard Mbemba (2003) 385 sur les institutions de formation des enseignants en Afrique subsaharienne, un projet de connexion à l’Internet de tous les CDI est en cours dans l’ensemble des 25 établissements du secondaire du pays. Ces structures pourraient servir de centres de ressources.

4.1.6 - Gabon Télécom/La Poste La dislocation en 2001 de l'ex-office des postes et télécommunications (OPT) a donné naissance à Gabon Poste (devenue la Poste) et Gabon Télécom. Gabon Télécom est l’opérateur national de la téléphonie filaire et de télécommunications. Il est également fournisseur principal du réseau Internet, notamment toute l’offre à haut débit. Privatisé depuis avril 2007 (le gouvernement gabonais a cédé 51% des parts à Maroc Telecom, filiale à 51% du groupe français Vivendi), Gabon Telecom entreprend d’importants travaux qui lui permettent aujourd’hui de renforcer son offre de services en matière de téléphonie rurale et d’Internet haut débit. Autant d’atouts pour avoir une véritable politique de FAD articulée autour des technologies de l’information et de la communication.

La Poste, est une entreprise publique créée par le gouvernement pour remplacer Gabon Poste, issue elle-même de la scission au début des années 2000 de l'ex-Office des postes

385 Mbemba Gaspard (2003). Les institutions de formation des enseignants en Afrique subsaharienne : Comment contribuer à l’amélioration de leurs capacités , Unesco, Rapport téléchargeable à l’adresse : http://www.unesdoc.unesco.org/images/0014/001454/145497f.pdf (consulté le 20 novembre 2007)

385 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives et télécommunications en deux entités (Gabon Télécom et Gabon Poste) mais liquidée en décembre 2005 par l'État pour cause de déficit chronique. Outre ses activités de collecte, La Poste est chargée de l’acheminement et la distribution de produits postaux (boîtes postales), tout en assurant, via sa filiale "EMS Delta+", un service de courrier express au niveau national et international. Elle a également mis en place depuis quelques années un service de portage de courrier en ville, assuré par " Distri-Contact " (levée de boîte postale, collecte et distribution de plis). Depuis le début de l’année 2007, l’entreprise est entrain de sortir de son rôle traditionnel de gestion du courrier pour devenir une sorte de banque populaire internationale. En cas de panne d’Internet et autres désagréments pouvant survenir au cours de la formation, les contenus de formation (séries de cours imprimés..) seront envoyés par courrier postal.

4.2 – Les institutions étrangères Pour commencer, nous comptons prendre appui sur des établissements qui ont déjà fait leur preuve et ont une longue expérience dans la pratique de la FAD. Nous l’avons rappelé plus haut, la convention de partenariat signé entre l’ENS et l’Université de Rouen fait de cette université la principale institution coopérante étrangère qui sera sollicitée. En effet, l’Université de Rouen est engagée dans la FAD par son Centre de Télé-enseignement (CTEUR) et par des actions conduites dans plusieurs UFR, en particulier Médecine, Psychologie, Sociologie, Sciences de l’Education. Nous pourrons également solliciter des institutions d’enseignement par correspondance et à distance comme l’Université d’Afrique du Sud (UNISA), l’Université Virtuelle Africaine (UVA) grâce à sa nouvelle orientation dans le domaine de la formation des enseignants et la National Open University du Nigeria (NOUN) qui ont un potentiel immense de collaborer avec les Ministères de l'Éducation africains en faveur de la formation et du développement des enseignants.

Les résultats envisagés à l’issue du projet seront quant à eux définis comme suit :

Tableau 62 : Résultats envisagés :

386 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Axes Résultats Indicateurs - Mesure des échanges sur la plate- forme : Pédagogique Mise en oeuvre d’innovations - Au sein de la communauté des pédagogiques. apprenants. - Entre formateurs et apprenants. Mise en place d’un dispositif de formation Mise en lignes des ressources Organisationnel de type mixte (présentiel / distant) appelé « formatives et logistiques en place. Blended formation». Mise en place d'une plate-forme de e- Plate-forme FORSE installée et Technologique formation. opérationnelle. Communication des actions du service à Mesure des nouvelles demandes de Stratégique travers le réseau. formations - Fédération des services exerçant des - Échanges de pratiques côté Politique missions analogues autour du dispositif. formateur au niveau national. - Appropriation de la FAD par les - Amélioration du rendement interne professeurs. et externe du système éducatif. - Amélioration du rendement interne et externe du système éducatif.

La figure suivante donne une idée du modèle envisagé pour le programme de formation continue :

387 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Figure 23 : Visualisation du modèle

Système éducatif gabonais

Analyse des besoins des Etude de faisabilité enseignants

Médias Modalités

Imprimés Réseau coopératif TIC ENS

IPN

Priorisation des besoins IAI

IDA

CDI

Gabon Télécom/ La Poste

Conception de programme en tenant compte de l’analyse des besoins et de l’étude de faisabilité

Mise en œuvre du programme

Exploitation du programme pour la formation continue des enseignants gabonais en exercice

388 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Nous l’avons vu tout au long de ce travail, l’apprentissage tout au long de la vie, destiné à permettre aux travailleurs de mettre à jour leurs connaissances et de maintenir leur compétitivité dans des économies en évolution rapide, revêt aujourd’hui une importance sociale et économique fondamentale. Un meilleur accès à cet apprentissage permanent est donc important au niveau du développement personnel et professionnel de chaque individu. C’est dans cette optique que nous proposons ci-après, en nous référant aux travaux réalisés par Christian Depover et al. (2004), un plan d’action à mener afin de développer au Gabon une offre de formation à distance cohérente et pérenne.

V – PISTES D’ACTION PROPOSÉES POUR UN DÉVELOPPEMENT DE LA FAD AU GABON

En général, la réussite d’un projet FAD passe par la prise en compte d’un certain nombre d’actions. Avec Christian Depover et al. (op. cit.), nous nous accordons pour dire que la première stratégie à mettre en place, consiste à introduire l’EAD progressivement dans les différents types d’enseignement de façon à être accepté par les enseignants et par le public visé. En effet, la mise en œuvre des programmes est, nous semble-t-il, d’autant plus complexe que ceux qui y travaillent ont souvent des comportements acquis dans l’enseignement traditionnel, donc à priori peu adaptés à l’enseignement à distance. Il s’agit plus précisément d’adopter une approche progressive mais systématique pour l’introduction de cours et de programmes à distance. Le caractère généralement novateur de ces programmes est un aspect dont il faut tenir compte pour leur planification si l’on veut définir avec une relative précision les structures, les fonctions et les procédures. Pour Armando Villarroel (1988), les structures qui doivent être planifiées commencent sur le plan didactique par la conception des matériels d’auto-apprentissage, passent par la motivation et la formation des tuteurs, aboutissent aux étudiants qui doivent tirer parti des possibilités qui leur sont offerts et acquérir les stratégies cognitives propres à l’enseignement à distance. « Tout cela implique nécessairement un changement de mentalité ; celui-ci s’opère peu à peu, à mesure que les maîtres venus de l’enseignement traditionnels et les étudiants qui débutent dans ce système en intériorisent les

389 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives mécanismes, et aussi grâce aux efforts fournis par les institutions qui dispensent ce type d’enseignement 386 », précise l’auteur. Abondant dans le même sens, William Saint (op. cit.) précise que l’enseignement à distance nécessite un changement de culture universitaire important, il écrit : « Dans son état entièrement développé, l’enseignement à distance nécessite un changement de culture universitaire important : d’une tradition universitaire, de recherche, d’orientation disciplinaire, de liberté académique, d’autonomie du corps enseignant, de collégialité et d’indépendance à une nouvelle culture caractérisée par une mission institutionnelle, le travail d’équipe, l’interdisciplinarité et des approches de résolution de problèmes, de résolution de conflits, de gestion et de responsabilité ». Dans ce contexte, il serait intéressant que les établissements concernés réfléchissent à une stratégie institutionnelle propre en la matière et adoptent un processus intégré de planification. Un projet d’établissement clair, unifiant les énergies et planifiant des pistes concrètes de développement peut contribuer à introduire avec succès certaines formes d’enseignement à distance 387 . Les planificateurs devront surmonter un obstacle supplémentaire, essentiellement en raison de la complexité de ce mode d’enseignement, dont le fonctionnement comporte de nombreux points critiques et oblige ainsi à tenir compte des relations d’interdépendance entre les différents processus et à respecter des programmations dont le calendrier est souvent assez rigide. L’interaction des processus et le respect des délais sont ainsi deux aspects qui paraissent primordiaux.

La seconde stratégie consiste à prendre des mesures pour encourager les membres du corps enseignant à s’engager dans le développement des cours à distance utilisant les nouvelles technologies. Pour Christian Depover et al. (op. cit.), l’introduction de l’EAD constitue une innovation qui demande une préparation des acteurs par la formation aux compétences techniques et pédagogiques requises, la sensibilisation à la réelle plus-value pédagogique de l’EAD et la clarification des bénéfices personnels que les enseignants peuvent retirer de cette innovation (relation avec les étudiants, dynamique de travail en équipe enseignante…). Ces mesures devront être orientées vers des actions visant à

386 Villarroel Armando (1988). La planification des projets d’enseignement à distance. In Perspectives, vol. XVIII, n° 1, Unesco. 387 Depover Christian et al. (op. cit.)

390 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives soutenir les enseignants pour surmonter d’éventuels problèmes techniques et les difficultés de conception didactique. De plus, l'EAD est perçu comme une activité qui nécessite notamment un allongement du temps de préparation (supérieur au temps nécessaire pour un enseignement classique). Cela nécessite également de suivre le projet de mise à distance. Le temps consacré à la mise à distance des cours viendrait ainsi naturellement s’ajouter aux tâches traditionnelles déjà importantes des enseignants, à tel point qu’il il leur serait finalement difficile de maintenir à long terme leur investissement dans l’apprentissage à distance tout en continuant à s’acquitter de leur activité traditionnelle d’enseignement ou de recherche. D’après Sparkes (1984) cité par Greville Rumble (op. cit.), s’il faut entre une heure et dix heures de travail pour préparer une heure d’enseignement en petit groupe et de deux à dix heures pour un cours magistral d’une heure, il faut entre trois et dix heures pour mettre au point une heure d’enseignement vidéo dirigé, de cinquante à cent heures pour rédiger un texte didactique qui occupera l’apprenant pendant une heure et un minimum de cent heures pour mettre sur pied une émission télévisée de soixante minutes de qualité radiophonique, de deux cent heures pour l’équivalent d’une heure d’apprentissage assisté par ordinateur. Il conviendrait donc que des mesures soient prises afin de libérer les enseignants d’une partie de leurs tâches de manière à ce que le travail de conception requis ne vienne pas s’ajouter à un horaire déjà rempli. Dans la même optique, il serait intéressant que les heures réalisées à l’amélioration de la pédagogie adoptée ainsi que les heures exécutées lors d’un enseignement à distance puissent être prises en compte dans la carrière des enseignants.

Par ailleurs, l’engagement dans la FAD, comme d’ailleurs dans l’enseignement en général doit être rapidement mieux pris en compte dans la carrière, le statut et la rémunération du personnel enseignant et technique, si l’on veut éviter l’échec du projet. Il paraît donc nécessaire de prévoir pour ce projet un corpus réglementaire qui définisse officiellement tant les domaines d’intervention du projet que les conditions de partenariat ainsi que les droits et devoirs des institutions dispensatrices d’enseignement à distance vis à vis des étudiants inscrits et réciproquement. Une instance de recours en cas de contestation devra aussi être prévue. A ce sujet, Depover et al. (op.cit.) précisent que

391 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives c’est une condition incontournable pour assurer la compétitivité et la pérennité de ce genre de projet. De plus, de même qu’il existe la prime d’incitation à la recherche qui permet à des enseignants-chercheurs gabonais de se consacrer principalement à la recherche, il faut mettre en place l’équivalent pour motiver le personnel impliqué dans le projet, en l’abondant si possible par des sources de financement diversifiées (financements de l’Etat ou des organismes internationaux, revenus du projet, …).

Notons également le fait que le développement d’une formation à distance demande des ressources financières et humaines importantes. Cela s’explique, comme tient à le souligner William Saint (op. cit.), par le fait que les communications avec un corps estudiantin dispersé géographiquement sont plus onéreuses et demandent plus de temps qu’en salle de cours, et que les erreurs sont plus difficiles à corriger. Afin d’inciter les établissements à consacrer des ressources au développement de pratiques d’EAD, il serait intéressant d’encourager les synergies entre eux afin qu’un partage des coûts soit possible. En effet, étant donné le temps et les frais nécessaires au développement de bons matériels d’enseignement, l’intérêt pour les institutions de formation gabonaises de travailler ensemble à la production de ces matériels, éventuellement en association avec une institution expérimentée située hors de la région, est évident. En travaillant ensemble, les institutions peuvent réunir des ressources limitées et créer des économies d’échelle qui permettent d’entreprendre ensemble des activités qui n’auraient pu être réalisées séparément. Selon William Saint (op. cit.), les domaines de coopération les plus courants sont le partage des matériels d’enseignement, le développement de nouveaux cours, la formation des professeurs et des gestionnaires, l’évaluation des programmes, l’expérimentation de l’utilisation des technologies, le partage d’expériences sur les questions de politique communes, l’élargissement de l’accès aux apprenants par la reconnaissance des unités de valeur. Cependant, ainsi que le soulignent Christian Depover et al. (op. cit.), la mise sur pied de partenariats est parfois freinée par la concurrence qui existe entre les différents établissements. Il serait donc opportun que des mesures soient prises afin de limiter les freins aux collaborations. A cet égard, des efforts particuliers devraient être faits par le gouvernement afin d’encourager les institutions d’enseignement et les enseignants à développer des cours à distance utilisant les

392 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives nouvelles technologies dans un contexte de partenariat. L’instauration de mesures proactives afin de promouvoir la réalisation de formations à distance au travers de partenariats permettrait un développement plus efficace de l’offre de formation à distance. Afin d’illustrer nos propositions, nous pensons qu’il serait intéressant que les Ministères compétents lancent des appels à projets. En France par exemple, afin d’encourager les collaborations entre différentes institutions et l’intégration des pratiques d’enseignement à distance dans l’offre de formation, l'appel à projets " campus numériques français ", initié en 2000, a été un succès pour les établissements de l'enseignement supérieur qui se sont mobilisés. L’opération avait permis d'apporter un soutien à des projets présentés par des établissements regroupés en consortiums ouverts à des partenaires de l'international et du monde de l'entreprise. A travers cette opération, l'enseignement supérieur français a pu relever un triple défi : intégrer les technologies de l'information et de la communication pour rénover les enseignements, développer une offre de formation ouverte et à distance pour s'engager dans la formation tout au long de la vie, renforcer les atouts de l'offre de formation française sur le marché international. Cette logique de regroupement se justifie par la nécessité de partager les efforts à fournir, de garantir une exigence de qualité élevée, de mutualiser les résultats obtenus et de leur donner une plus grande visibilité. Ce type d’action pourrait permettre un développement cohérent et pertinent de l’enseignement à distance au Gabon.

Notre suggestion est qu’un comité national de formation, dont feraient partie les différentes institutions impliquées, soit mis en place. Ce comité sera chargé de préparer un cadre et un plan d’action qui seront entérinés par le Gouvernement et qui exprimeront la politique nationale du Gabon en matière d’enseignement à distance. Ce comité national pourrait déboucher sur des assises nationales d’enseignement et de formation à distance qui sensibiliseront l’opinion publique et prépareront l’annonce du contenu et des orientations retenues pour la politique nationale du Gabon en matière d’enseignement et formation à distance.

393 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

CONCLUSION GÉNÉRALE ET PERSPECTIVES

Le travail de recherche qui s’achève, nous a permis, de mieux comprendre, d’une part, le fonctionnement du système éducatif et de formation gabonais et, d’autre part, de fonder un raisonnement en faveur de la FAD en tant que stratégie d’amélioration du système de formation des travailleurs gabonais. Nous allons maintenant présenter les conclusions auxquelles nous avons abouti. Conclusions qui feront également état de pistes possibles de recherche.

Le souci d’attirer l’attention sur le contexte particulier de notre étude nous a amené à étudier son environnement au travers d’une approche historique, sociographique, économique, politique et éducatif. Il ressort que le Gabon, indépendant depuis 1960, reste un pays fortement dépendant de l’extérieur avec d’énormes potentialités économiques, inexploitées pour la plupart. Il apparaît de plus, que l’accessibilité et l’inefficacité sont quelques-unes des difficultés auxquelles le système éducatif et de formation gabonais est aujourd’hui confronté.

Afin de connaître les avis et opinions des travailleurs gabonais vis-à-vis de la FAD, nous avons élaboré deux questionnaires : le premier était destiné aux salariés (tous secteurs confondus, sauf enseignement) et le deuxième s’adressait aux enseignants. Des entretiens ont également été réalisés auprès des cadres administratifs. A l'aide de ces instruments de mesure, nous avons pu explorer les perceptions de besoins de formation continue des enseignants. Les instruments utilisés ont également permis de connaître les caractéristiques socioprofessionnelles des répondants. Il ressort indubitablement qu’un consensus se dégage autour de la FAD. Celui-ci est en effet perçu, comme une stratégie susceptible d’apporter le savoir et le savoir- faire à la majorité des citoyens exclus dans la plupart des cas du système de formation traditionnelle.

Une chose est certaine, le Gabon est un pays demandeur en matière d’éducation et de formation. Les autorités administratives gabonaises sont en outre convaincues que seule

394 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives une éducation de qualité ouvre les portes de la modernité, du bien-être social et humain. C’est ainsi que, par exemple, pour résoudre le problème récurrent de sureffectif et de fuite de cerveaux observés dans les universités gabonaises, le gouvernement a décidé de la création de trois nouvelles universités dans le pays, précisément à Mouila (sud), Port Gentil (sud ouest) et Oyem (nord). Or, nous restons convaincue que la solution idoine pour une résolution efficiente des problèmes récurrents de l'Université gabonaise ne réside pas dans la création de nouvelles universités. L’objectif de la FAD est justement de pallier le genre de carences observées dans l’université gabonaise, notamment les problèmes de sureffectif et l’absence de certaines formations.

Notre recherche a par ailleurs permis de constater qu’à l’heure actuelle, la formation continue ne fait pas partie de la culture des enseignants et du milieu scolaire gabonais et que les efforts fournis dans ce domaine souffrent d’un sérieux manque d’organisation et de coordination, ce qui n’aide pas à l’implantation de cette culture. Pourtant, les besoins sont criants. La réussite du processus de modernisation du système éducatif gabonais repose donc sur un plan ambitieux de formation des enseignants, que ceux-ci enseignent dans le premier ou dans le second degré, dans les filières générales ou dans les filières professionnelles, dans le public ou le privé, dans des structures qui dépendent du Ministère de l’Éducation Nationale ou d’autres Ministères (Formation professionnelle, Eaux et Forêts, etc.). Étant donné que cette formation doit désormais répondre aux besoins accrus de développement professionnel et d’adaptation à de nouveaux contextes de travail et de nouvelles formes de rapport aux savoirs, il est nécessaire de faire évoluer les contenus et les modalités de formation. Le développement de dispositifs de FAD devient donc une nécessité et, peut être, pour les autorités éducatives gabonaises une opportunité à saisir. Afin d’être plus concrète par rapport à notre suggestion d’adoption de la FAD, il nous est apparu opportun d’élaborer une proposition de création d’un centre de formation continuée à distance des enseignants du secondaire. Le projet CEFODEGS vise tout à la fois la construction d’un dispositif innovant de formation continue des enseignants et l’appropriation du dispositif par les différents acteurs (institutions et personnels de ces institutions) pour son déploiement dans les académies régionales. Il s’agit d’un centre qui prenne en compte le contexte socio-économique gabonais. Somme

395 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives toute, la mise sur pied d’un tel centre de formation est un outil fort intéressant pour accroître l’accessibilité à la formation continue tout en répondant aux besoins des enseignants, par la résolution des contraintes qu’ils expérimentent dans l’exercice de leur fonction. De plus, ce centre peut résoudre une partie des difficultés liées à la disponibilité de formateurs qualifiés dans certains secteurs. Fait non négligeable, il peut contribuer à rehausser la qualité du support et de l’encadrement et contribuer à desservir des publics disséminés à travers le pays, ce qui ne serait pas possible ou trop coûteux dans une structure traditionnelle. Sur le terrain, la mise en oeuvre d’un tel projet doit trouver des acteurs ayant la formation, la volonté et la capacité d’intervenir en ce sens. Nous avons également souligné la nécessité d’une co-construction du dispositif, impliquant les différents acteurs, dans une approche situant le dispositif comme lieu et objet de négociations au sein d’un réseau coopératif. La phase à venir d’un déploiement dans les académies nous permettra d’évaluer l’impact et l’appropriation du dispositif par les acteurs impliqués et in fine d’analyser les effets sur les institutions

Notre recherche a également révélé l’absence de télécentres communautaires polyvalents (TCP) dans le pays. La solution serait d’encourager l’accès public aux TIC dans les bibliothèques, les lycées et collèges, les universités… Les entreprises, qui représentent une cible importante pour la FAD, devront également mettre sur pied des programmes de formation continue qui intégreraient l’aménagement des espaces d’accès à Internet.

En terminant la rédaction de notre thèse, nous nous rendons compte des limites de notre travail. Tout d’abord, nous avons vu plus haut que, depuis 2003, date de son inauguration, le campus numérique de Libreville (CNFL) a contribué à la formation à distance de plusieurs apprenants dans des domaines variés (Droit, Médecine, TIC, etc.). Notre étude aurait été plus fructueuse si elle avait abordé la question du devenir de ces nouveaux diplômés. C'est-à-dire, vérifier si leur situation (prise en compte des diplômes obtenu à distance) a évolué favorablement entre 2001 année où nous avons eu le DESSUTICEF et aujourd’hui. Ceci pour vérifier auprès de ces personnes, s’il y a eu une évolution entre l’année où nous avons eu notre DESS et aujourd’hui.

396 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Une autre limite que nous entrevoyons se rapporte aux temps employés dans la conjugaison de certains verbes. Nous nous sommes régulièrement fourvoyée en faisant la confusion tout au long de l’étude entre le futur et le conditionnel.

Ensuite, la troisième limite se rapporte au fait que nous nous sommes intéressée exclusivement aux enseignants du secondaire. Ce choix ne nous autorise pas à étendre nos interprétations et nos conclusions à l’ensemble des enseignants gabonais. En effet, nous supposons que les problématiques et les pratiques spécifiques à chaque niveau d’enseignement, de même que la diversité quant aux formations initiales et continues, quant aux moyens engagés, aux structures scolaires, sont des facteurs susceptibles d’agir sur les attitudes des enseignants au sujet de la FAD.

Enfin, la dernière limite de notre étude se rapporte à la procédure d’enquête que nous avons choisie : l’utilisation d’un questionnaire. Malgré les précautions d’usage (anonymat, items et formulation de ceux-ci), il nous est difficile de déterminer si les réponses obtenues correspondent bien aux perceptions des enseignants et des employeurs enquêtés. Comme nous ne pouvons exclure, en effet, que le concept de FAD utilisant les TIC, n’ait eu quelque incidence sur l’orientation de nos résultats, nous considérons que ces derniers doivent être pris avec une certaine prudence.

Pour terminer, les perspectives qu’ouvre ce travail de recherche sont multiples. Tout d’abord, nous pensons que des études similaires pourraient par exemple s'intéresser à un échantillon plus large. Une étude de besoins et de faisabilité d'un système de formation à distance universitaire au Gabon pourrait par exemple résoudre des problèmes complexes que connaît ce niveau d’enseignement. En outre, les réticences et les oppositions exprimées par une partie de notre échantillon vis-à-vis de la FAD démontrent qu’un important travail sur les représentations doit encore être mené auprès de la population gabonaise. Effort sans lequel ce type de formation ne pourra acquérir la place que lui confère les récentes recherches axées sur la formation tout au long de la vie.

397 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Le questionnaire que nous avons administré aux enseignants du secondaire dans le cadre de cette thèse, en dépit de quelques imperfections, reste également un outil que l’on pourra utiliser dans toute recherche ayant pour but d’analyser les besoins de formation des enseignants. Son analyse et son amélioration peuvent constituer, un thème de recherche en matière d’utilisation des TIC dans l’enseignement et la formation.

Par ailleurs, et cet aspect est en filigrane tout au long de la recherche, l’un des enjeux les plus importants que notre travail souhaite mettre en avant concerne toute la question de la formation à la maîtrise TIC. Il faut reconnaître que l’intrusion de ces technologies touche désormais l’ensemble de la population : retirer de l’argent, acheter un titre de transport, etc., de nombreux actes de la vie quotidienne nous amènent à nous confronter aux écrans. Cela entraîne de facto des apprentissages à l’utilisation de certains outils. Car c’est bien une meilleure maîtrise de ces outils qui peut réellement conduire à un accroissement du rôle, de la qualité et de l’importance des TIC dans les processus de transmission et d’apprentissage des savoirs. L’acquisition d’une culture informatique en cours doit se poursuivre, et il semble que l’avenir probable ira dans ce sens. De fait, dans 10 ou 15 ans, les étudiants entrant aujourd’hui en première année dans les universités, et qui seront quelques années plus tard en exercice, maîtriseront l’informatique et les réseaux comme des outils naturels ayant pour eux toujours existé. Il y a là un défi majeur qu’il nous faut expressément relever : nous croyons qu’il est temps que l’enseignement relatif à l’utilisation de l’informatique sorte de quelques travaux dirigés optionnels et aléatoires pour devenir un enseignement obligatoire, pensé et échelonné tout au long du cursus scolaire. C’est à ces conditions seulement, nous le croyons, que cette génération apportera un sens à sa maîtrise des technologies, qui est quant à elle inévitable.

Ces perspectives de recherches ne sauraient être exhaustives ni prescriptives. En effet, si comme le prétend Hegel 388 , la science est un oiseau de nuit qui essaie de comprendre le jour alors qu'il se retire, nous pouvons être convaincue qu'elles ne peuvent que s'enrichir, même de leur disparition, réapparaissant alors sous un autre jour, sous une autre lumière.

388 Hegel G.W.F. (1981). Science de la logique , Vol. 2, Paris, Aubier.

398 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Annexe 1 : Tableau récapitulatif de l’offre de formation à distance en Afrique subsaharienne

Formations Bn BK Bur Caf Cam CI Gab Gui Gui Mad Mi Ma Ile Ng Sen Tch Tog Eq Mau. Univ. FAD * Univ. mixte * * * * * * INADES * * * * * * ISPEC * * * * * * * * * * * * C. France * * * * * * * * * C. Canada * * * * * * * * C. Suisse * C. Belgique * C. Espagne AUF * * * * * * * * * * UVA * * * * * * CEP * * * CNUCED * * * SISCO * * * Source: Actes des rencontres RESAFAD-TICE. L’usage des réseaux pour l’éducation en Afrique.

La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Annexe 2 : Données/informations importantes du pays

Superficie : 267 677 km 2 Population : 1424906 habitants (2006) Densité 5.32 h/km2 Taux d’accroissement de la population : 2,2% PNB (2004) 5 060 millions $USD PNB par habitant (2004) 3 685$USD Croissance du PIB (2004) 1.20% Budget de l’Etat (2008): 1798,1 milliards de FCFA Espérance de vie (2008) 56,2 ans Taux de natalité (2006) 36.16‰ Indice de fécondité (2006) 4.74 enfants/femme Taux de mortalité (2006) 12.25‰ Taux de mortalité infantile (2006) 54.51‰ Taux d'alphabétisation (2003) 71.00% Taux net de scolarisation au primaire (2005): 92,44% Rendement interne du système éducatif : Faible Principales ressources du pays : Pétrole, manganèse, fer, diamant, bois, café, cacao Monnaie convertisseur Franc CFA (1 Euro=656 FCFA) Indice de développement humain (IDH) 0,637 (rang : 119/177) Code internet du pays .ga

Villes principales Aires urbaines Taux d'urbanisation 83.64 % Libreville (capitale) 684 794 Port-Gentil 120 638 Masuku (ex-Franceville) 43 948

Secteurs d'activités Agriculture 8.05 % Industries 62.14 % Services 29.81 %

Religions : Animistes, Catholiques et Musulmans Devise Nationale : Union – Travail – Justice Langue officielle Français

400 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Annexe 3 : Tableau indicatif des grilles de salaires (mensuels)

Fourchettes de rémunérations mensuelles brutes : (personnel local uniquement, en FCFA, hors avantages en nature) Fourchettes de rémunérations par secteurs (en FCFA) Type de Fonctions types ou niveau hiérarchique Agriculture personnel Industrie Services BTP Minier Pétrolier /Agroalimentaire Cadres Directeur (DRH, DAF, DFC, DT, DC, DM, 489.278 à 449.700 à 479.658 à 553.850 à 966.210 à 511.326 Dirigeants DI, etc.) 533.374 562.100 594.658 611.890 1.287.210 Cadres Chef de Service, de Département, 356.990 à 358.800 à 380.283 à 457.566 à 534.898 à 407.976 Moyens Responsable 461.718 449.700 479.658 507.142 763.710 Cadres Ingénieur, Chef de Produit, Chargé études, 257.774 à 280.500 à 284.672 à 376.461 à 378.318 à 290.846 Débutants Auditeur, etc. 323.918 358.800 334.008 436.019 471.598 Hautes T.S., Contremaître, Analyste Progr., 178.551 à 218.613 à 257.435 à 287.764 à 190.158 212.900 Maîtrises Secrétaire Direction, Infirmier Chef 201.765 252.298 356.944 360.453 Agents de Informaticien, Technicien, Secrétaire, 149.533 à 146.727 à 174.693 à 206.751 à 155.336 182.800 Maîtrises Comptable, etc. 161.140 186.186 235.180 239.881 Employés Magasinier, Laborantin, Caissier, Opérateur 97.931 à 123.600 à 105.312 à 157.584 à 161.533 à 100.791 Qualifiés Informatique, etc. 103.651 144.000 127.645 172.291 196.261 Chauffeur, Aide Comptable, Coursier, Aide 91.865 à 109.800 à 94.075 à 129.219 à 139.501 à Employés 94.291 soignant, 93.772 115.500 98.232 142.876 154.016 Ouvriers Opérateurs qualifiés production, Ouvriers 88.052 à 102.600 à 90.985 à 112.080 à 115.385 à 87.791 Qualifiés qualifiés maintenance... 90.652 105.300 94.075 125.248 126.757 85.972 à 98.500 à 86.500 à 106.060 à 106.464 à Ouvriers Ouvriers spécialisés 85.538 87.358 102.600 90.405 110.139 115.385

Sources : Conventions collectives par secteur, Inspection Générale du Travail, CPG.

401 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Annexe 4 : La grille d’entretien

Entretien (50 à 80 mn) Entrée en matière (10 mn)

THEME 1 : Perception du dispositif actuel de formation ( 15 mn) Q1. Pourriez vous nous parler de votre perception de l'appareil de formation au Gabon ? Q2. Que représente pour vous la formation professionnelle continue de vos salariés ? Q3. Etes vous satisfait des modalités de formation de vos salariés ?

- Perception de l'offre de formation Q4. Pouvez vous nous parler de l'offre de formation au Gabon? Q5. Est elle adaptée aux besoins locaux ? Q6. Doit-elle se contenter de répondre aux besoins locaux ? Q6. Est-elle reconnue de qualité ?

THEME 2 : Opinions vis-à-vis de la FAD ( 15 mn) Q7. Pouvez-vous nous indiquer ce qu'évoque pour vous l’expression "formation à distance " ou "e-formation " ? Q8. Quels sont pour vous, les aspects positifs inhérents à ce type de formation ? Q9. Quels en sont les aspects négatifs ? Q10. D’aucuns estiment que la FAD est la réponse technique et stratégique la mieux adaptée pour former les salariés en exercice. Quel est votre avis sur le sujet ?

THEME 3 : Investissement en matière d'innovation ( 15mn) Q11. Dans un contexte international où l'on parle de globalisation de la formation, de formation ouverte et à distance, de personnalisation de l'offre de formation tout au long de la vie... Le Gabon vous semble-t-il "dans le coup" ? Q12. Décelez vous dans votre milieu des réticences et de quelle nature ? Technique – culturelle – idéologique - économique Q13. Vous même avez-vous investi en matière d'innovation, avez-vous des projets ?

402 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Q14. Etes-vous disposé(e) à recommander une FAD à vos employés si l’opportunité vous en était offerte ?

THEME 4 : Attente vis-à-vis des pouvoirs publics ( 15mn) Q15. Pouvez vous nous parlez des obstacles au développement de la FAD dans votre secteur ? Q16. Enfin nous voudrions savoir si vous attendez quelque chose des pouvoirs publics et quoi ?

Conclusion Pour conclure pouvez-vous nous proposer une idée novatrice dont la mise en oeuvre permettrait d'aider le Gabon à se positionner sur le marché de la FAD au niveau régional ou international ?

Nous vous remercions.

403 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Annexe 5 : Carte du Gabon

404 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Annexe 6 : Lettre d’accompagnement

Cher(e) collègue

Dans le cadre d'une recherche doctorale sur les enjeux de la formation à distance au Gabon, nous avons décidé de considérer l'analyse de la pertinence et de la faisabilité d'un projet de programme de formation continue à distance des enseignants comme dernière étape de cette recherche.

Nous nous adressons à vous parce que vous êtes des spécialistes du domaine et avez les compétences nécessaires pour en parler. Persuadée que vous comprenez l'importance que doit désormais avoir la recherche en éducation dans notre système éducatif, nous tenons à vous remercier très sincèrement, pour votre franche collaboration, qui est pour nous d'une grande utilité pour la conception d'un programme de formation à distance et pour mener à bien cette recherche dont les résultats serviront à des fins purement scientifiques et professionnelles.

Étant consciente que la réponse à ce questionnaire exigera de vous temps et énergie, votre collaboration s'avère essentielle pour réaliser cette étape, I'anonymat des réponses est assuré . Nous vous remercions de votre précieuse collaboration et veuillez agréer, cher(e) collègue, nos sentiments les meilleurs.

N.B. Nous vous prions de bien vouloir vous assurer d'avoir répondu à toutes les questions et de le retourner à l'administration de votre établissement. Nous reviendrons le chercher dans une semaine.

MERCI.

OBONO MBA Anasthasie épouse Essono Mvé Enseignante à l'École Normale Supérieure de Libreville Doctorante à l’Université de Rouen

405 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Annexe 7 : Questionnaire adressé aux employés

I – Informations générales 1. Sexe : Masculin Féminin 2. Dans quelle tranche d’âge vous situez-vous ? 10-20 ans 41-50 ans 21-30 ans 51-60 ans 31-40 ans plus de 60 ans 3. Votre niveau d’étude : Primaire < Bac Bac Bac+2 > Bac +2 4. Votre dernier diplôme obtenu ?…………………………………………………….. 5. En quelle année l’avez-vous obtenu ? ………….. 6. Votre statut : Salarié Profession libérale/Indépendant Autres ( à préciser)……………………………………………………………… 7. Votre profession ……………………………………………………………….. 8. Quelle poste occupez-vous ? …………………………………………………………… 9. Votre ancienneté à ce poste -10 ans 31-40 ans 11-20 ans Plus de 40 ans 21-30 ans

II - Politique de formation de votre département/entreprise 10. Pour vous, se former permet avant tout : (hiérarchiser les réponses de 1 à 4, du plus important au moins important ) De progresser dans sa carrière personnelle De se reconvertir D'enrichir ses compétences D'accéder à un emploi

406 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

11. Estimez-vous être bien informé(e) sur l'offre de formation? Oui, tout à fait Plutôt oui Plutôt non Non, Pas du tout 12. Dans le cadre d'une formation professionnelle en lien avec votre activité, vous préférez que cette formation se déroule Plutôt sur votre lieu du travail Plutôt à domicile Autre (à préciser)………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………. 13. Par qui est réalisé le choix de la formation ? Les chefs de département/service La Direction des ressources humaines La Direstion générale Le Conseil d’administration Autres (Préciser)……………………………………………………………………… 14 . Qui est concerné par les formations organisées par le département/entreprise ? Les cadres (Agents de catégorie A) Les ouvriers qualifiés (Agents de catégorie B) Les manœuvres (Agents de catégorie C) 15. La formation dans votre entreprise s’organise avec ?: - un formateur interne ? Oui Non - un centre de formation intégré ? Oui Non - une structure interne de conception de contenus de formation Oui Non - des prestataires externes de formation Oui Non - un centre de formation à distance Oui Non

407 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

III – LA FAD ET VOUS 16. Avez-vous déjà entendu parler de la FAD ? Oui Non 17. En avez-vous déjà effectué ? Oui Non (Si, non passez à la question n° 16) 18. Dans l’affirmative, dans quel cadre l’avez-vous effectué ? Cadre individuel Cadre professionnel Autre (à préciser)…………………………………………………………………… 19. Depuis où était-elle organisée ? A l’étranger Au niveau national Autre (à préciser) ………………………………………………………………… 20 . quels changements avez-vous obtenu à l’issue de cette formation ? Votre avancement a été plus rapide Votre rémunération est plus élevée Votre sentiment de sécurité est désormais plus grand Vos possibilités de faire un travail intéressant sont plus grandes Votre position sociale est plus élevée Autres (à préciser)…………………………………………………………… 21. Êtes-vous disposé(e) à en refaire une si l’opportunité vous était offerte ? Oui Non - Si oui, pourquoi ?………………………………………………………………………. ……………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………… -Si non, pourquoi ?………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………

408 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

(A ceux qui n’ont jamais effectué une FAD) 22. Vos conditions de vie sont–elles favorables aux études à distance ? Oui Non 23. Laquelle des considérations suivantes pourrait-elle vous inciter à effectuer une FAD Le poste que vous occupez est en principe destiné à un diplômé Vous avez l’impression d’être gêné dans votre travail par l’insuffisance de vos connaissances techniques. Cela vous permettra de trouver ailleurs un emploi intéressant Vous ne voulez pas vous laisser distancer par des amis qui ont un grade universitaire Vous ne voulez pas être inférieur à votre conjoint(e) qui a un grade supérieur Vous jouirez d’un grand prestige dans votre communauté, votre famille, ou votre milieu social. 24. Quel jugement personnel portez-vous sur votre avenir professionnel et sur l’avenir de la FAD au Gabon ?...... ……………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………… Merci d’avoir rempli ce questionnaire. Nous vous sommes reconnaissante de la peine que vous avez prise.

409 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Annexe 8 : Questionnaire adressé aux enseignants du secondaire

Prière de lire attentivement les directives au début de chacune des parties du questionnaire. Adresse de votre établissement : Statut : Privé Public Ville :

I – Informations générales Pour répondre, vous pouvez tout simplement cocher la réponse de votre choix. 1. Sexe : Masculin Féminin 2. Nationalité : Gabonaise Etrangère 3. Etat civil : Marié (e) Célibataire Veuf (ve) Divorcé(e) 4. Dans quelle tranche d’âge vous situez-vous ? 10-20 ans 41-50 ans 21-30 ans 51-60 ans 31-40 ans 5. Votre diplôme le plus élevé : Baccalauréat DEA CAPCEG DESS CAPES Doctorat Autre (à préciser)…………………………. 6. Votre statut professionnel : Fonctionnaire salarié(e) Enseignant vacataire Contractuel (le) salarié(e) Autres (à préciser) ……… 7 Votre ancienneté dans l’enseignement Moins de 10 ans 31-40 ans 21-30 ans 11-20 ans Plus de 40 ans 8. Votre statut actuel Professeur de lycée Professeur de collège

410 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Autre (à spécifier) ...... …… 9. Votre discipline d'enseignement Français Anglais Physique et chimie Mathématiques Histoire et géographie Autres (à préciser) ………… 10. Êtes-vous en possession du matériel suivant ? Radio Caméra vidéo Magnétoscope Téléphone Télévision Micro-ordinateur Antenne parabolique Fax Numériseur (scanner) CD-ROM

II - Politique de formation 11. Avez–vous déjà participé au stage de perfectionnement pédagogique depuis le début de votre carrière ? Oui Non 12- Si oui, combien de fois ? …………. 13- Si non, qu’est ce qui, selon vous, justifie cette situation ?...... ……………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………… 14. A ceux qui ont répondu oui, à quel endroit avez-vous effectué vos stages ? Au niveau local A l’étranger 15. Etes-vous satisfaits de l’organisation des stages? Oui Non 16. (A ceux qui n’ont jamais assisté au stage de perfectionnement) Pourquoi ne participez-vous pas à des activités de formation continue ? Veuillez classer au moins cinq énoncés en commençant par le plus important, auquel vous accordez la valeur 1. Je ne participe pas à des activités de formation continue parce que : L’horaire ou la période où les activités de formation sont offertes ne me conviennent pas

411 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Les activités de formation offertes ne répondent pas à mes besoins et à mon expérience Mes engagements professionnels sont suffisants en ce moment Je crains que les activités de formation continue ne soient pas transférables dans ma pratique professionnelle J’ai des responsabilités familiales J’ai des problèmes personnelles de santé et autres Je ne trouve pas nécessaire d’améliorer ma formation actuellement La distance entre le lieu de formation et mon lieu d’affection est trop importante Autres………………………………………………………………………………

III – Formation à distance 389 Pour cette partie, vous ne cocherez que la réponse de votre choix, vous allez également répondre à certaines questions ouvertes. 17. Avez-vous déjà entendu parler de la Formation à distance ? Oui Non 18. En avez-vous déjà effectué ? Oui Non 19. Êtes-vous disposé(e) à en (re)faire si l’opportunité vous était offerte ? Oui Non 20. Si oui, pourquoi ?………………………………………………………………………. ……………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………… 21. Si non, pourquoi ?……………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………… 22. Si l'on vous offre une formation distance pour votre propre formation continue, quels sont les objectifs que vous aimeriez atteindre? Avoir une meilleure place dans la société

389 La formation à distance s’adresse aux personnes qui souhaitent atteindre un niveau d’études, préparer un diplôme ou approfondir des connaissances dans le domaine de leur choix.

412 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Acquérir des connaissances permettant d'exercer d'autres activités Avoir un diplôme supérieur Avoir la possibilité de passer des concours pour améliorer la situation administrative 23. Vos conditions de vie sont-elles favorables aux études à distance ? Oui Non 24. Avez-vous accès à une connexion Internet ? Oui Non 25. Si oui, avez-vous un lieu défini ? Bureau Domicile Autre (à préciser)…………………… 26. Quel jugement personnel portez-vous sur votre avenir professionnel et sur l’avenir de la formation à distance au Gabon ?……………………………………………………….. ……………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………

IV – Besoins de formation continue

Pour répondre à la seconde partie du questionnaire, placez une croix dans la case qui correspond à votre niveau de maîtrise des compétences ci-dessous énumérées.

A- Compétences relatives à la matière enseignée et aux méthodes pédagogiques

Je maîtriseJe maîtrise Je partiellement ne Je maîtrise tout pasdu ne Je comprends pas l’énoncé A1 - Faire des publications dans les revues et les livres scientifiques A2 - Etre capable de construire divers instruments d'évaluation des apprentissages (examens, devoirs, etc.) A3 - Définir les objectifs pédagogiques A4 - Créer des situations d’apprentissage A5 - maîtriser les modes d’évaluation formative (pour favoriser

413 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives l’évolution positive de l’étudiant) et d’évaluation certificative (faire le point avec objectivité et rigueur sur la maîtrise des objectifs annoncés) A6 - Appliquer les nouvelles politiques éducatives A7 - Préparer un cours A8 - Etre capable de diversifier mes méthodes d'enseignement A9 - Connaître la méthodologie de recherche A10- Motiver efficacement les élèves durant la leçon B- Compétences technopédagogiques 1. Utilisation des moyens audiovisuels B1 - Connaître les effets spécifiques des médias sur l'apprentissage B2 - Connaître les nouvelles technologies appliquées au domaine

éducatif (ordinateur, par exemple) B3 - Réaliser des imprimés adaptés aux besoins de I’enseignement B4 - filmer des séquences d’enseignement ou des productions de mes

élèves avec une caméra numérique B5 - traiter des images numériques pour les insérer dans une présentation ou un texte (réduction de la taille, etc) B6 - scanner des images pour les avoir en format numérique 2 - Utilisation d’Internet et de la messagerie B7 - utiliser la messagerie électronique avec mes élèves B8 - Mettre mes cours en ligne B9 - utiliser différentes méthodes de recherche sur Internet (recherche plein texte, image, par mots clés, etc.) B10 - organiser une séquence d’enseignement qui intègre des sites

Web et la recherche d’information sur Internet B11 - réaliser une page Web au moyen d’un système simplifié de création de pages B12 - utiliser une plateforme collaborative (par exemple Educanet 2) pour partager des ressources et communiquer à distance (forums, etc.) B13 - joindre un fichier à un message mail et ouvrir une pièce jointe

414 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

(en format doc ou pdf) dans un mail que je reçois C - Savoirs didactique et méthodologique C1 - Connaître l’ensemble des ressources documentaires accessibles aux étudiantes et étudiants de mon programme et les outils Internet qui permettent de les exploiter C2 - éveiller les élèves à une lecture critique de l’information véhiculée par les médias C3 - connaître les possibilités qu’offrent les TIC dans ma discipline C4 - Maîtriser suffisamment les outils logiciels les plus courants pour me sentir à l’aise avec leur utilisation et augmenter ma productivité

(Word, Excel, PowerPoint, logiciel de courrier électronique, navigateur Web) C5 - varier les formes d’enseignement en utilisant les TIC (travail par projet, travail de groupe, ateliers, etc.) C6 -trouver des idées et des informations sur l’intégration des TIC dans l’enseignement (portails pour enseignants…) C7- créer et documenter des séquences pédagogiques intégrant les TIC (des «scénarios pédagogiques 390 »), c’est-à-dire sélectionner des points du plan d’études, cibler l'approche pédagogique appropriée et identifier les outils informatiques pertinents (cédérom, ressources Internet, ...) C8 - connaître les langages de programmation

390 Un scénario pédagogique consiste en la réalisation d'une séquence d'enseignement dans laquelle l'accent est mis sur l'application et l'utilisation pratique des TIC avec les élèves.

415 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Annexes 9 : Population des villes principales

Oyem

Makokou Libreville

Lambaréné Port Gentil

Koulamoutou

Franceville Mouila

Tchibanga

Source recensement 2003 Légende :

416 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Annexe 10 : Formation initiale des enseignants (concours par voie externe) :

Conditions à remplir pour Durée de Cycles Option(s) Sanction de la formation concourir formation Professeur adjoint de l'Enseignement Bac. + 2 ou 3 ans : CAPC (Certificat d'Aptitude 2 ans Plusieurs secondaire DEUG, DUES ou Licence au Professorat de Collège ) CAPES (Certificat Professeur de l'Enseignement Bac. + 4 ou 5 ans : 2 ans Plusieurs d'Aptitude au Professorat de secondaire Maîtrise ou DEA l'Enseignement secondaire) Maths, Sciences Préparation au concours Physiques d'entrée à l'ENS en cycle de Années préparatoires Baccalauréat 2 ans (MSP) Professeur adjoint du Lettres Secondaire. supérieures {Français}

417 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Annexe 11 : Perfectionnement des enseignants (concours par voie interne) :

Conditions à remplir Durée de Cycles Option(s) Sanction de la formation pour concourir formation Professeur de CAPES (Certificat d'Aptitude au CAPC + 5 ans d'expérience l'Enseignement 2 ans Plusieurs Professorat de l'Enseignement professionnelle secondaire secondaire ) Diplôme d'Instituteur + 7 CAPEN* (Certificat d'Aptitude au Enseignement ans d'expérience 3 ans Professorat de l'Enseignement Professeur adjoint normal professionnelle. normal ) de l'Enseignement Diplôme d'Instituteur + 7 CAPC (Certificat d'Aptitude au secondaire ans d'expérience 3 ans Plusieurs Professorat de professionnelle Collège ) Diplôme d'Instituteur + 5 CAPP* (Certificat d'Aptitude au Professeur adjoint ans d'expérience 2 ans Plusieurs Professorat du d'Ecole professionnelle Primaire) En projet, CAPEP* (Certificat d'Aptitude au Professeur de CAPP + 5 ans d'expérience 2 ans Plusieurs Professorat de l'Enseignement l’Enseignement professionnelle primaire ) primaire

* Appellation non encore officielle.

418 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Annexe 12 : Formation des Encadreurs pédagogiques (concours par voie interne) :

Conditions à remplir Durée de Cycles Option(s) Sanction de la formation pour concourir formation Conseillers CCPEP (Certificat de Diplôme d'Instituteur + pédagogiques du Conseiller pédagogique 7 ans d'expérience 3 ans Unique Primaire et Pré- pour l'Enseignement professionnelle primaire primaire ) Inspecteurs CCPEP + 5 ans CAIP (Certificat pédagogiques du d'expérience 2 ans Unique d'Aptitude à l'Inspectorat Primaire professionnelle du Primaire ) CCPSG (Certificat de Conseillers CAPES + 7 ans Conseiller pédagogique pédagogiques du expérience 2 ans Plusieurs du Second degré Secondaire professionnelle général ) Inspecteur CAISG* (Certificat CCPSG + 5 ans pédagogique du d'Aptitude à expérience 2 ans Plusieurs Second degré l'Inspectorat du Second professionnelle général degré général )

* Appellation encore non officielle

419 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Annexe 13 : Formation des Agents de la vie scolaire (concours par voies interne et externe) :

Conditions à remplir Durée de Sanction de la Cycles Option(s) pour concourir formation formation Attachés Diplôme d'Instituteur + CAGS* ( Certificat d’Education et de 7 ans d'expérience 2 ans Unique d'Aptitude à la Gestion Planification professionnelle scolaire ) Maîtrise de Psychologie ou Sociologie, ou DEA CCOES* ( Certificat de Conseillers (voie externe) Conseiller d'Orientation 2 ans Unique d'Orientation Licence de Psychologie de l'Enseignement ou Sociologie + 5 ans secondaire ) d'exp. prof. (voie interne)

·Appellation encore non officielle.

420 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Annexe 14 : Cursus et programmes à l’ENS

A - Filière des Sciences de l’Education : A.1 - Le Département Didactique Il forme : - en trois ans, des Conseillers pédagogiques (du premier degré, candidats internes), - en deux ans, des Inspecteurs pédagogiques (du premier degré, candidats internes), - en deux ans, des Professeurs adjoints d’école (du premier degré, candidats internes).

A.2 - Le Département Guidance et Enseignement spécialisé Ce département forme : - en deux ans, des Attachés d’Education et de Planification (du premier degré), - en deux ans, des Conseillers d’Orientation (du second degré, candidats internes et externes), - en deux ans, des Conseillers et Inspecteurs pédagogiques (du second degré, candidats internes), - en trois ans, des Professeurs adjoints de l’Enseignement normal (professeurs dans les écoles normales d’instituteurs, candidats internes).

Notons que les Départements de Psychopédagogie et de Technologies nouvelles sont des départements « transversaux », qui accueillent les élèves d’autres départements, auxquels ils dispensent des enseignements spécifiques de Psychologie, Sociologie et Pédagogie, pour le premier et des cours d’Informatique appliquée à l’Education, pour le second.

B - Filière des Sciences humaines et sociales : B1. Le Département Economie, Gestion et Documentation Il propose des préparations en deux ans : - au professorat de Sciences et Techniques tertiaires (STT, CAPES, candidats externes), - au professorat de Sciences économiques et sociales (SES, CAPES, candidats internes et externes), - au CAPES de Documentaliste (gestionnaire des bibliothèques et enseignants d’informatique du second degré, candidats internes et externes).

421 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

B.2 - Le département Histoire–Géographie Ce département propose des préparations en deux ans : - au Certificat d’Aptitude au Professorat de Collège d’Histoire et Géographie (CAPC, candidats externes), - au Certificat d’Aptitude au Professorat de l’Enseignement secondaire d’Histoire & Géographie (CAPES, candidats internes et externes).

Notons qu’en première année, les élèves titulaires d’un diplôme (DEUG, licence) d’Histoire ou de Géographie suivent des enseignements « croisés » : deux classes distinctes sont organisées, avec enseignements renforcés de Géographie pour les « historiens » et inversement.

B.3 - Le Département Philosophie Il propose une préparation en deux ans au Certificat d’Aptitude au Professorat de l’Enseignement secondaire (CAPES).

C - Filière des Lettres, Langues et Arts C.1 - Le Département Anglais et Education artistique propose des préparations en deux ans : - au Certificat d’Aptitude au Professorat de Collège (CAPC, candidats externes), - au Certificat d’Aptitude au Professorat de l’Enseignement secondaire (CAPES, candidats internes et externes).

C.2 - La section Education artistique (qui dépend du Département d’Anglais) propose des préparations : - en trois ans, au Certificat d’Aptitude au Professorat de Collège (CAPC, candidats internes), - en deux ans, Certificat d’Aptitude au Professorat de l’Enseignement secondaire (CAPES, candidats internes).

422 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

C.3 - Le Département Espagnol propose des préparations en deux ans : - au Certificat d’Aptitude au Professorat de Collège (CAPC, candidats externes), - au Certificat d’Aptitude au Professorat de l’Enseignement secondaire (CAPES, candidats internes et externes).

C.4 - Le Département Français propose des préparations : - en trois ans, au Certificat d’Aptitude au Professorat de Collège (CAPC, candidats internes), - en deux ans, au Certificat d’Aptitude au Professorat de Collège (CAPC, candidats externes), - en deux ans, au Certificat d’Aptitude au Professorat de l’Enseignement secondaire (CAPES, candidats internes et externes).

D - Filière des Sciences D.1 - Le Département Mathématiques - Informatique propose des préparations : - en trois ans, au Certificat d’Aptitude au Professorat de Collège de Mathématiques (CAPC, candidats internes), - en deux ans, au Certificat d’Aptitude au Professorat de Collège de Mathématiques (CAPC, candidats externes), - en deux ans au Certificat d’Aptitude au Professorat de l’Enseignement secondaire de Mathématiques (CAPES, candidats internes et externes).

D.2 - Le Département Sciences naturelles propose des préparations en deux ans : - au Certificat d’Aptitude au Professorat de Collège de Sciences naturelles (CAPC candidats externes uniquement), - au Certificat d’Aptitude au Professorat de l’Enseignement secondaire de Sciences naturelles (CAPES, candidats internes et externes).

D.3 - Le Département Sciences physiques propose des préparations : - en trois ans, au Certificat d’Aptitude au Professorat de Collège de Sciences physiques (CAPC, candidats internes),

423 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

- en deux ans, au Certificat d’Aptitude au Professorat de Collège de Sciences physiques (CAPC, candidats externes), - en deux ans, au Certificat d’Aptitude au Professorat de l’Enseignement secondaire de Sciences physiques (CAPES, candidats internes et externes).

424 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Annexe 15 : Prix des abonnements Internet en FCFA (TTC)

Société Niveau de Prix de Frais de mise en service service l’abonnement GABON TELECOM ADSL Résidentiel 64 /128Kbs 59.000 FCFA /mois 59.000 FCFA (si ligne existante)

88.500 FCFA (ligne non existante) 128/256 82.600 FCFA /mois 59.000 FCFA (si ligne existante) Kbs 88.500 FCFA (ligne non existante) 256/512 112.100 FCFA/mois 59.000 FCFA (si ligne existante) Kbs 88.500 FCFA (ligne non existant) ADSL Professionnel 256/512 354.000 FCFA/mois 177.000 FCFA (si ligne existante) Kbs 206.500 FCFA (ligne non existante 256/1024K 531.000 FCFA/mois 177.000 FCFA (si ligne existante) bs 206.500 FCFA (ligne non existante) 256/2048 826.000 FCFA/mois 177.000 FCFA (si ligne existante) Kbs 206.500 FCFA (ligne non existante) Service ADSL 171.100 FCFA/mois 177.000 FCFA (si ligne existante) Profession libérale 206.500 FCFA (ligne non existante) Service GHSDSL 256 Kbs 1.032.500 265.500 FCFA (si ligne existante) FCFA/mois 295.000 FCFA (ligne non existante) 512 Kbs 1.380.600 265.500 FCFA (si ligne existante) FCFA/mois 295.000 FCFA (ligne non existant) 1024 Kbs 1.656.720 265.500 FCFA (si ligne existante) FCFA/mois 295.000 FCFA (ligne non existante) 2048 Kbs 1.987.120 265.500 FCFA (si ligne existante) FCFA/mois 295.000 FCFA (ligne non existante) INTERNETGABON Liaison VSAT Bande 128/512 236.000 FCFA/mois 2.217.704 FCFA Ku-DVB Kbs (1 utilisateur) 128/512 401.956 FCFA/mois 2.217.704 FCFA Kbs (2 à 9 utilisateurs)

425 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

SOLSI Liaison BLR Résidentiel 64Kbs) 177.000 413.000 FCFA Professionnel FCFA/trimestre 128Kbs (1 177.000 FCFA/mois 472.000 FCFA poste) 128Kbs (2 295.000 FCFA/mois 708.000 FCFA à 3 postes) 128Kbs (4 354.000 FCFA/mois 708.000 FCFA à 5 postes) 128Kbs (6 531.000 FCFA/mois 708.000 FCFA à 10 postes) ELECTRONITEC Liaison BLR Résidentiel (128Kbs) 35.000 FCFA/mois De 175.000 à 530.000 FCFA (selon que la distance par rapport au point d’accès varie de 4 à 20 Km). Mobile (128Kbs) 65.000 FCFA/mois De 175.000 à 530.000 FCFA (selon que la distance par rapport au point d’accès varie de 4 à 20 Km). Artisan (256Kbs) 45.000 FCFA/mois De 175.000 à 530.000 FCFA (selon que la distance par rapport au point d’accès varie de 4 à 20 Km) PME/PMI (256Kbs) 55.000 FCFA/mois De 175.000 à 530.000 FCFA (selon que la distance par rapport au point d’accès varie de 4 à 20 Km) Source : Gabon Telecom, Internet Gabon, Solsi et Electronitec, 2006

426 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Annexe 16 : Tableau des effectifs scolaires 2006-2007

427 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

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Waldick Lisa est rédactrice à la Division des communications du CRDI et éditrice du magazine Explore.

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447 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

LISTE DES ANNEXES

Annexe 1 : Tableau récapitulatif de l’offre de formation à distance en Afrique subsaharienne .. 3999 Annexe 2 : Données/informations importantes du pays ...... 401 Annexe 4 : La grille d’entretien ...... 4022 Annexe 5 : Carte du Gabon ...... 4044 Annexe 6 : Lettre d’accompagnement ...... 4055 Annexe 7 : Questionnaire adressé aux employés ...... 4066 Annexe 8 : Questionnaire adressé aux enseignants du secondaire ...... 4099 Annexes 9 : Population des villes principales ...... 4166 Annexe 10 : Formation initiale des enseignants (concours par voie externe) : ...... 4177 Annexe 11 : Perfectionnement des enseignants (concours par voie interne) : ...... 4188 Annexe 12 : Formation des Encadreurs pédagogiques (concours par voie interne) : ...... 419 Annexe 13 : Formation des Agents de la vie scolaire (concours par voies interne et externe) : ... 420 Annexe 14 : Cursus et programmes à l’ENS ...... 421 Annexe 15 : Prix des abonnements Internet en FCFA (TTC) ...... 425 Annexe 16 : Tableau des effectifs scolaires 2006-2007 ...... 4277

448 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Indicateur de développement humain dans le bassin du Congo ...... 31

Tableau 2 : Lignes téléphoniques principales en service ...... 43

Tableau 3 : Evolution du marché global de la téléphonie mobile ...... 45

Tableau 4 : Situation prévisionnelle des grands médias ...... 47

Tableau 5 : Taux de scolarisation des 6-24 ans (%) ...... 54

Tableau 6 : Effectif des élèves, enseignants par sexe et infrastructures 2004-2005 du pré primaire public ...... 61

Tableau 7 : Effectif des élèves par sexe et infrastructures du primaire ...... 63

Tableau 8 : Enseignement du Second Degré : Effectif des Elèves, Enseignants par sexe et Infrastructures 2004-2005 ...... 67

Tableau 9 : Evolution des effectifs étudiants de 2000 à 2003 ...... 70

Tableau 10 : Age des apprenants et durée d'études aux différents niveaux d'enseignement 75

Tableau 11 : Dotation budgétaire Education nationale 2000-2007 ...... 78

Tableau 12 : Niveau d’instruction de la population âgée de 6 ans et plus (en %) ...... 79

Tableau 13 : Ratios élèves/classe - élèves/Enseignants ...... 84

Tableau 14 : Les cybercafés à l’intérieur du Gabon ...... 97

Tableau 15 : La croissance des cybercafés à Libreville ...... 97

Tableau 16 : Prime de change octroyée par l’Etat gabonais aux fonctionnaires (tous secteurs confondus) admis en stage hors zone CFA ...... 132

Tableau 17 : Coût estimatif (en francs CFA) comparé d'une formation présentielle classique et d'une FAD ...... 174

Tableau 18 : Fonctions des interviewés ...... 217

Tableau 19 : Répartition des interviewés par secteur ...... 218

Tableau 20 : Répartition des personnes ayant répondu selon leur nationalité ...... 229

449 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Tableau 21 : Répartition sexuée des salariés ...... 230

Tableau 22 : Répartition selon l’âge des répondants ...... 231

Tableau 23 : Répartition des répondants selon l’ancienneté ...... 232

Tableau 24 : Répartition de la population interrogée selon le diplôme ...... 233

Tableau 25 : Répartition des répondants selon la profession ...... 234

Tableau 26 : Nombre de stages de formation continue suivis ...... 235

Tableau 27 : Lieu de formation des salariés ...... 236

Tableau 28 : Organisation de la formation continue ...... 236

Tableau 29 : Mise à jour des connaissances techniques ...... 237

Tableau 30 : Connaissance de la formation à distance ...... 238

Tableau 31 : Répartition des employés ayant déjà effectué ou non une formation à distance ...... 238

Tableau 32 : Salariés favorables ou non à suivre une FAD ...... 238

Tableau 33 : Cadre de vie favorable à une FAD ? ...... 239

Tableau 34 : Avantages escomptés ...... 240

Tableau 35 : Répartition selon la nationalité ...... 244

Tableau 36 : Répartition selon le sexe ...... 246

Tableau 37 : Répartition selon l’âge ...... 247

Tableau 38 : Distribution de l’échantillon selon l’état civil ...... 250

Tableau 39 : Répartition selon le diplôme ...... 252

Tableau 40 : Distribution des répondants selon le statut professionnel ...... 254

Tableau 41 : Distribution de l’échantillon selon l’ancienneté dans l’enseignement ...... 256

Tableau 42 : Distribution de l’échantillon selon la discipline ...... 258

Tableau 43 : Équipement personnel en matériel audiovisuel, informatique et technologique ...... 260

450 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

Tableau 44 : Degré de maîtrise des compétences relatives à la matière enseignée et aux méthodes pédagogiques ...... 267

Tableau 45 : Niveau de maîtrise des compétences technopédagogiques relatives à l’utilisation des moyens audiovisuels ...... 269

Tableau 46 : Niveau de maîtrise des compétences technopédagogiques relatives à l’utilisation d’Internet et de la messagerie ...... 271

Tableau 47 : Niveau de maîtrise des compétences technopédagogiques relatives à l’utilisation des savoirs didactiques et méthodologiques ...... 273

Tableau 48 : Participation à la formation continue ...... 275

Tableau 49 : Fréquence de stage ...... 276

Tableau 50 : Lieux de stage ...... 277

Tableau 51 : Répartition de l’échantillon par raisons pour s’abstenir ...... 279

Tableau 52 : Connaissance de la FAD par les enseignants ...... 280

Tableau 53 : Enseignants ayant déjà effectué une FAD ...... 281

Tableau 54 : FAD effectuée selon les disciplines ...... 282

Tableau 55 : Enseignants prêts ou non à effectuer une FAD ...... 282

Tableau 56 : Conditions de vie favorables à une FAD ...... 288

Tableau 57 : Possibilité d’accès à une connexion Internet ...... 288

Tableau 58 : Lieux de connexion ...... 289

Tableau 59 : Le nouveau paradigme de la formation scolaire ...... 319

Tableau 60 : Comparaison entre la formation à distance et la formation en présentiel ..... 324

Tableau 61 : Les acteurs en téléformation et certains de leurs rôles, tiré de (Paquette, 2002) ...... 379

Tableau 62 : Résultats envisagés : ...... 386

451 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

LISTE DES FIGURES Figure 1 : Le réseau des câbles reliant l’Afrique à l’Europe et l’Asie ...... 422

Figure 2 : Le système éducatif gabonais en terme de cycles ...... 599

Figure 3 : Ancien organigramme jusqu’en 2005 ...... 73

Figure 4 : Nouvel organigramme depuis la rentrée 2005-2006 ( en phase d’expérimentation pour une période de trois ans ) ...... 74

Figure 5 : Freins et leviers au développement de la FAD au Gabon...... 114

Figure 6 : Schéma récapitulatif de la méthodologie utilisée ...... 213

Figure 7 : Répartition selon l’âge des répondants ...... 2311

Figure 8 : Répartition des répondants selon l’ancienneté ...... 232

Figure 9 : Répartition de la population interrogée selon le diplôme ...... 233

Figure 10 : Répartition selon la nationalité……………………………………………………...244

Figure 11 : Répartition par tranche d’âge…………………………………………………….....248

Figure 12 : Distribution de l’échantillon selon l’état civil……………………………………....251

Figure 13 : Répartition selon le diplôme ……………………………………...... 252

Figure 14 : Distribution de l’échantillon selon le statut professionnel…………………………..254

Figure 15 : Distribution de l’échantillon selon selon l’ancienneté dans l’enseignement………..257

Figure 16 : Distribution de l’échantillon selon la discipline………………………………...... 258

Figure 17 : Équipement personnel en matériel audiovisuel, informatique et technologique …...260

Figure 18 : Fréquence de stage …………………………………………………………………..276

Figure 19 : Lieu de connexion des répondants……………………………………………...…...290

Figure 20 : Problèmes de la formation continue traditionnelle…………………………………...311

Figure 21 : Les objectifs visés par le projet………………………………………………………358

Figure 22 : Calendrier prévisionnel du projet………………………………………………….....377 Figure 23 : Visualisation du modèle…………………………………………………………...... 388

452 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

LISTE DES ACRONYMES ACCT : Agence de Coopération Culturelle et Technique ADEA : Association pour le développement de l’éducation en Afrique ADEA : Association pour le Développement de l’Education en Afrique ADSL : Asymmetric digital subscriber line AFNOR : Agence Française de Normalisation AGCD : Administration Générale de la Coopération au Développement AEF : Afrique équatoriale française AIF : Agence Intergouvernemental de la Francophonie AUF : Agence universitaire de la francophonie AUF : Agence Universitaire de la francophonie AUPELF : Association des Universités Partiellement ou Entièrement de Langue BEPC : Brevet d’Etudes du Premier Cycle CAERENAD : Centre d’Application, d’Etude et de Ressources en Apprentissage A Distance CEPE : Certificat d’Etudes Primaires Elémentaires CPP : Centre de perfectionnement pédagogique CFA : communauté financière africaine CIVIIC : Centre Interdisciplinaire sur les valeurs, les idées, les identités et les compétences en éducation et en formation CNTEMAD : Centre National de Télé – Enseignement de MAdagascar CONFEMEN: Conférence des ministres de l’éducation nationale DEA : Diplôme d’Etudes Approfondies DEN : Division de l’Enseignement Normal DESS : Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées DPPI : Direction de la planification et de la programmation des investissements EAD : Enseignement à distance ECS : European communication satellite ENS : Ecole Normale Supérieure EPT : Education Pour Tous FAD : Formation à distance FIER : Formation Interactive des Enseignants par la Radio

453 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

FMI : Fonds monétaire international FOAD : Formations ouvertes et à distance GABIMP : Gabonaise d’imprimerie IDA : Inspection Déléguée d’Académie IPN : Institut Pédagogique National MEN : Ministère de l’Education Nationale MESRS : Ministère de l’Enseignement Supérieur et de Recherche Scientifique NEPAD : Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique ONG : Organisation non gouvernementale ONU : Organisation des nations-unies OTS : Orbital Test Satellite PAS : Programme d’ajustement structurel PIB : Produit intérieur brut PNB : Produit national brut PNUD : Programme des Nations Unies pour le développement RESAFAD : Réseau africain francophone de formation à distante RESAFAD : Réseau Africain pour la Formation A Distance RINAF : Réseau régional informatique pour l’Afrique SNBG : Société nationale des bois du Gabon SIGALLI : Société industrielle gabonaise de laiterie librevilloise SYFED : Système Francophone d’Edition et de Diffusion TELUQ : Télé Université du Québec TIC / TICE : Technologies de l’information et de la Communication / Technologies de l’information et de la Communication pour l’Education TIC : Technologies de l’information et de la communication TICE : Technologies de l’information et de la communication pour l’éducation UNECA: United Nations Economic Commission for Africa UNESCO : Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture UNISA : Université d’Afrique du Sud UTICEF : Utilisation des TIC dans l’Enseignement et la Formation UVA : Université virtuelle africaine

454 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

TABLE DES MATIÈRES

Remerciements ...... 2 Résumé ...... 5 Abstract ...... 6

Introduction générale ...... 7 01 – Question de départ ...... 12 02 - Objectifs et importance de la recherche ...... 13 03 - Motivations pour la recherche ...... 14 04 – Structure de l’étude ...... 16

PREMIÈRE PARTIE : CONTEXTE GÉNÉRAL ET PROBLÉMATIQUE DE LA RECHERCHE ...... 19

Chapitre I : Généralites sur le Gabon ...... 20 I – Le contexte historique ...... 20 II – Le contexte géographique et climatique ...... 22 III – Le contexte démographique ...... 23 IV – La situation économique et financière ...... 25 V – La situation politique ...... 31 VI - Le contexte des télécommunications ...... 32 6.1 - Attitudes et engagements des pouvoirs politiques face aux TIC ...... 36 6.2 - Infrastructures et politique des télécommunications ...... 40 6.2.1- La téléphonie fixe ...... 43 6.2.2 - La téléphonie mobile ...... 44 6. 2.3 - Services et équipements ...... 47 Éléments de synthèse ...... 48

Chapitre II : La situation éducative gabonaise ...... 50 I – Historique et évolution du système éducatif gabonais ...... 51 II – Bref aperçu des stratégies et politiques en matière d’éducation au Gabon ...... 53 III - Le système d’éducation ...... 55 3.1 - L’éducation formelle ...... 56 3.2 - L’éducation non formelle ...... 56 3.3 - L’éducation informelle ...... 57 IV - Structure générale du système éducatif gabonais ...... 57 4.1 - L’enseignement préscolaire (3 ans) : ...... 60 4.2 - Le cycle primaire...... 62

455 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

4.3 – Le cycle secondaire ...... 65 4.4 - L’enseignement supérieur...... 69 V – Les dépenses publiques d’éducation de l’État ...... 76 VI- La situation actuelle ...... 80 6.1 – Un panorama pédagogique préoccupant ...... 80 6.1.1 – Les effectifs pléthoriques ...... 83 6.1.2 - Des performances faibles ...... 84 6.2 - La situation des enseignants gabonais ...... 87 Éléments de synthèse ...... 88

Chapitre III : Facteurs favorables et/ou défavorables au développement de la FAD au Gabon ...... 90 I – Problèmes et contraintes susceptibles de constituer un obstacle au développement de la FAD au Gabon ...... 90 1.1 – Les contraintes liées aux publics visés ...... 91 1.2 – Obstacles liés aux problèmes économiques et structurels ...... 95 1.3 - Problèmes administratifs et organisationnels ...... 100 1.4 - Contraintes liées aux ressources humaines ...... 101 II – Atouts au développement de la FAD ...... 102 2.1 - Attitude et engagements des pouvoirs politiques face aux TIC ...... 102 2.2 – Une étude de cas : le Campus Numérique de Libreville et la FAD ...... 108 2.2.1 - Présentation du dispositif de formation à distance ...... 111 2.2.2 – Les formations offertes ...... 111 Éléments de synthèse ...... 115

Chapitre IV: Problématique et hypothèses de la recherche ...... 116 I- Problématique ...... 116 1.1 – Situation relative au changement de paradigme économique ...... 117 1.2 - Situation relative à la formation des ressources humaines ...... 123 1.3 – Situation relative à la formation continue traditionnelle des travailleurs gabonais ...... 126 1.4 - Problématique propre à la recherche ...... 128 II - Quelques préjuges courants a l’égard de la FAD ...... 136 III – Hypothèses sous jacentes de délimitation de notre recherche ...... 140 Éléments de synthèse ...... 142

DEUXIÈME PARTIE : CADRE CONCEPTUEL ET MÉTHODOLOGIQUE ...... 144

Chapitre I : La formation à distance : définition et évolution ...... 145 I - De quoi parle t’on ? ...... 145 1.1 – Quelques définitions ...... 148

456 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

1.2 – Les grandes phases de développement du concept de formation à distance rapportées au contexte du Gabon ...... 155 1.2.1 - La première génération : l’enseignement par correspondance (imprimé et textes pédagogiques) ...... 155 1.2.2 - L'enseignement à distance de seconde génération ...... 156 1.2.3 - L'enseignement à distance de troisième génération : le téléapprentissage (audioconférence, conférences audiographiques, vidéoconférence, télévision interactive) . 160 II – Caractéristiques et enjeux de la formation à distance ...... 162 III - Aperçu de la situation actuelle de la FAD ...... 176 3.1 – Situation de la FAD au niveau international ...... 176 3.2 – La FAD en Afrique subsaharienne francophone ...... 181 3.3 - La situation de la formation à distance au Gabon : acquis et perspectives ...... 187 Éléments de synthèse ...... 190

Chapitre II : Méthodologie de la recherche ...... 192 I – Contexte de la recherche ...... 193 1.1 - Les conditions de la recherche ...... 193 1.2 – Pourquoi une enquête ? ...... 194 1.3 - Déroulement de l’enquête sur le terrain ...... 196 II - Orientation de la recherche ...... 197 III - Les techniques de cueillette de donnees ou instruments de mesure ...... 199 3.1 - Recueil de données par questionnaire ...... 202 3.1.1 - Justification de l'utilisation du questionnaire ...... 202 3.1.2 - Elaboration et validation du questionnaire ...... 203 3.1.3 – Présentation des questionnaires ...... 204 - Le type de questions ...... 207 3.2 - Recueil de données par entretien ...... 209 3.2.1 - Justification du choix de l'entretien semi directif ...... 209 3.2.2 - Description de la procédure ...... 209 3.2.3 - Protocole, conditions de passation des entretiens ...... 209 3.3 - Le journal de bord ...... 211 Éléments de synthèse ...... 212

TROISIÈME PARTIE : PRÉSENTATION ET DISCUSSION DES RÉSULTATS DE LA RECHERCHE DE TERRAIN ...... 214

Chapitre I : Analyse des entretiens ...... 216 I – Opinions sur la FAD ...... 218 1.1 - Le champ social ...... 218 1.2 – Le champ économique et technique ...... 221 1.3 - Le champ politique ...... 223

457 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

II - Perception du dispositif actuel de formation professionnelle ...... 224 III - Projets en termes d’adoption de la FAD ...... 226 Éléments de synthèse ...... 227

Chapitre II : Présentation et discussion des résultats du questionnaire adressé aux employés ...... 228 I - Présentation et analyse des caractéristiques sociodémographiques ...... 228 II – Caractéristiques professionnelles des employéS ...... 233 III – Organisation de la formation continue des employés ...... 235 Éléments de synthèse ...... 241

Chapitre III : Présentation et interprétations des résultats du questionnaire adressé aux enseignants du secondaire général en exercice ...... 243 I - Caractéristiques sociodémographique des répondants ...... 244 II – Caractéristiques socioprofessionnelles des répondants ...... 252 III - Équipement personnel en matériel audiovisuel, informatique et technologique des enseignants ...... 259 3.1 - Des enseignants disposant en quasi-totalité de matériel audiovisuel ...... 261 3.2 - De rares enseignants possédant du matériel informatique ...... 261 3.3 - Des enseignants possédant en quasi totalité des téléphones mobiles ...... 262 IV - Présentation et analyse des besoins de perfectionnement des enseignants ...... 264 Rubrique 1 : Spécialités et méthodes pédagogiques ...... 265 Rubrique 2 : Technologies éducatives ...... 269 Rubrique 3 : Savoirs didactiques et méthodologiques ...... 273 V – Perception de la politique actuelle de formation continue des enseignants ...... 275 VI – Avis et opinions sur la formation à distance ...... 280 Éléments de synthèse ...... 292

Chapitre IV - Vérification des hypothèses ...... 296 I - Rappel des hypothèses ...... 296 II – Synthèse des résultats ...... 297 2.1 – Discussion de la première hypothèse ...... 297 2.2 – Discussion de la deuxième hypothèse ...... 298

458 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

QUATRIÈME PARTIE : PERTINENCE ET FAISABILITÉ D’UN PROGRAMME DE FORMATION CONTINUE À DISTANCE POUR LES ENSEIGNANTS DU SECONDAIRE AU GABON ...... 300

Chapitre I : Le fonctionnement actuel de la formation des enseignants du secondaire général ...... 303 I - La formation des enseignants ...... 304 1.1 - la formation initiale ...... 304 1.2 - La formation continue ...... 307 II – Importance de la formation continue des enseignants ...... 312 Éléments de synthèse ...... 316

Chapitre II : Fondements justifiant le choix d’un projet FAD intégrant les TIC ...... 318 I – Pourquoi un projet de formation à distance ? ...... 318 II – Pourquoi un dispositif intégrant les TIC ? ...... 325 2.1 – Textes et discours autour des TIC ...... 328 2.1.1 - Les grands forums internationaux ...... 328 2.1.2 - Les médias ...... 332 2.1.3 - Les acquis de la recherche ...... 333 2.2 – Le choix des technologies ...... 339 Éléments de synthèse ...... 350

Chapitre III : Modalités et moyens à utiliser pour offrir un programme de formation continue à distance aux enseignants gabonais en exercice ...... 352 I - Présentation du projet de formation à distance envisagé ...... 353 1.1 – Contexte et origine du projet ...... 353 1.2 – Objectifs et enjeux du projet ...... 355 1.2.1 - Avantages pour les institutions coopérantes ...... 359 1.2.2 - Intérêt pour les formateurs ...... 360 1.2.3 - Intérêt pour les stagiaires ...... 361 II – Modalités du fonctionnement du projet ...... 363 2.1 - Organisation du projet ...... 363 2.1.1 - Que dire sur la notion de coopération ? ...... 364 2.1.2 – La notion de réseau ...... 364 2.2 – Structure et organisation institutionnelle ...... 366 2.2.1 - Le comité de direction ...... 367 2.2.2 - L’équipe technique et de validation ou comité de pilotage ...... 368 2.2.3 - L’équipe de conception et de réalisation des modules ou comité scientifique et pédagogique ...... 368 2.3 - Formation des différents acteurs impliqués ...... 369 III – La mise en œuvre du projet ...... 370 3.1 – Déroulement de la formation ...... 370

459 La formation à distance au Gabon : Enjeux et perspectives

3.1.1 – Les activités préparatoires à la formation ...... 370 3.1.2 - Phase de mise à niveau en TIC ...... 373 3.1.3 – Déroulement de la formation proprement dite ...... 373 3.2 - Approche pédagogique ...... 375 3.2.1. Architecture du système de formation ...... 375 3.2.2 - Les acteurs du projet ...... 378 3.3 - Programme indicatif de formation ...... 381 IV - Les institutions coopérantes ...... 383 4.1 – Les institutions gabonaises ...... 383 4.1.1 - L’Ecole Normale Supérieure de Libreville (ENS) ...... 383 4.1.2 - L’Institut Pédagogique National (IPN) ...... 384 4.1.3 - L'Institut Africain d'Informatique (IAI) ...... 384 4.1.4 - Les Inspections Déléguées d’Académies et les Centres de perfectionnement pédagogique ...... 384 4.1.5 - Les CDI ...... 385 4.1.6 - Gabon Télécom/La Poste ...... 385 4.2 – Les institutions étrangères ...... 386 V – Pistes d’action proposées pour un développement de la FAD au Gabon ...... 389

Conclusion générale et perspectives ...... 394 Références bibliographiques ...... 428 Liste des annexes ...... 448 Liste des tableaux ...... 449 Liste des figures ...... 452 Liste des acronymes ...... 453

460