Revue D'histoire De L'enfance « Irrégulière », 18
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Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière » Le Temps de l'histoire 18 | 2016 Le psychiatre, l’enfant et l’État Enjeux d’une spécialité en construction, 1900-1950 Samuel Boussion et Jean-Christophe Coffin (dir.) Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/rhei/3864 DOI : 10.4000/rhei.3864 ISSN : 1777-540X Éditeur Presses universitaires de Rennes Édition imprimée Date de publication : 30 novembre 2016 ISBN : 978-2-7535-5175-6 ISSN : 1287-2431 Référence électronique Samuel Boussion et Jean-Christophe Coffin (dir.), Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière », 18 | 2016, « Le psychiatre, l’enfant et l’État » [En ligne], mis en ligne le 30 novembre 2018, consulté le 24 septembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/rhei/3864 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rhei. 3864 Ce document a été généré automatiquement le 24 septembre 2020. © PUR 1 Ce volume est consacré au Congrès international de psychiatrie infantile qui s’est tenu à Paris en 1937 au cours de l’exposition internationale. Premier du genre, il est organisé notamment par Georges Heuyer dont l’importance dans le domaine de l’enfance pendant l’entre deux guerres est désormais un fait admis. Ce sera l’occasion de faire le point sur ce personnage aux multiples activités et d’évoquer la documentation qu’il a laissée. Qui dit congrès international dit aussi circulations, échanges entre les participants, enjeux de connaissance et rapports de pouvoir. C’est tout cela que s’efforce d’aborder ce numéro en faisant une large place à différents représentants de plusieurs des pays présents. C’est ainsi que la psychiatrie de l’enfant et son institutionnalisation sera explorée à partir des situations allemande, belge, britannique, italienne, française et suisse… Enfin, ce sera aussi l’occasion d’appréhender les savoirs psychiatriques sur l’enfant en amont comme en aval afin de mieux saisir l’importance de ce congrès, au-delà du fait d’avoir été le premier du genre. Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière », 18 | 2016 2 SOMMAIRE Hommages Le droit pénal et les âges de la vie Pascale Quincy-Lefebvre Des coupables aux victimes, l’archéologie de l’identité du mineur délinquant au XIXe siècle Jean-Claude Vimont Dossier Introduction Samuel Boussion et Jean-Christophe Coffin Enjeux scientifiques et politiques d’un congrès Le premier congrès international de Psychiatrie infantile (Paris, 1937), ou le baptême d’une spécialité ambitieuse Samuel Boussion La psychiatrie de l’enfant en France, une affaire de l’État ? Jean-Christophe Coffin De l’étude de la relation postulée entre dissociation familiale et délinquance juvénile à la rencontre avec Georges Heuyer et ses archives : fragments d’autobiographie sociologique Nadine Lefaucheur The twofold politics of psychiatry: Ernst Rüdin and the German delegation at the International Congress of Child Psychiatry in Paris, 1937 Volker Roelcke Des psychiatres en circulation British Child Guidance Practitioners at the Paris Conference: Their Ideas and Therapeutic Methods John Stewart Des psychiatres et des enfants : une histoire belge autour du congrès de 1937 Benoît Majerus et Veerle Massin Entre psychiatrie et anthropologie criminelle. Les Italiens au congrès de Psychiatrie infantile de Paris Elisabetta Benetti Des médecins suisses au congrès de Psychiatrie infantile : l’hypothèse de l’hygiène mentale Martine Ruchat Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière », 18 | 2016 3 “A reason behind every action”. The early years of Swedish Child Psychiatry, 1930-1945 Karin Zetterqvist Nelson La guidance du docteur Healy : modulation de la psychiatrie infantile ? Guillaume Périssol Le champ de la psychiatrie de l’enfant Les premiers moments de la psychanalyse de l’enfant en France dans les années 1920 et 1930 Annick Ohayon Face à la question sociale, la réponse médicale De la psychiatrisation des écoliers et des jeunes délinquants Mathias Gardet Patient Dossiers and Clinical Practice in 1950s French Child Psychiatry Susan Gross Solomon Varia « Sauver l’enfant dévoyé » : la Société pour la protection des mineurs d’Athènes après la guerre Efi Avdela et Dimitra Vassiliadou Compte rendus d'ouvrages et actualité bibliographique Comptes rendus Empire’s Children. Child Emigration, Welfare, and the Decline of the British World, 1869-1967 Laurent Besse Les éducateurs spécialisés : naissance d’une profession Sophie Victorien L’œuvre de secours aux enfants et les populations juives au xxe siècle Dominique Dessertine Vagabondes : les écoles de préservation pour jeunes filles de Cadillac, Doullens et Clermont Jean-Jacques Yvorel L’actualité bibliographique L’actualité bibliographique Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière », 18 | 2016 4 Hommages Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière », 18 | 2016 5 Le droit pénal et les âges de la vie Pascale Quincy-Lefebvre NOTE DE L’ÉDITEUR Pascale Quincy-Lefebvre, historienne, maîtresse de conférences à l’université d’Angers, spécialiste de l’histoire de la protection de l’enfance et de la jeunesse au XXe siècle, était une des collaboratrices de la première heure de la Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière » (rhei). C’est d’abord comme auteure, dès le second numéro publié en 1999 et consacré aux violences à enfants qu’elle entre en contact avec notre revue. Elle contribuera aussi au Panorama de la recherche sur l’histoire de la justice qui a fait l’objet d’un numéro hors-série en 2001. Elle accepte également d’évaluer des articles soumis à la revue. Suite logique de ce compagnonnage, Pascale entre au comité de rédaction en 2008. Très assidue aux réunions, elle multiplie par ailleurs les articles et les comptes rendus. Nous pouvons lire son ultime contribution à la rhei, consacrée à la place de l’opinion dans les transformations de la justice des mineurs, dans le numéro qui précède la présente livraison. Le texte que nous publions ici en forme d’hommage est consacré à un autre chantier ouvert par Pascale : la construction sociale des âges de la vie. C’est en fait le chapitre introductif d’un rapport jamais publié consacré à l’histoire du seul internat approprié (institution réservée aux mineurs d’âge scolaire) géré directement par l’Éducation surveillée. 1 L’enfance n’est pas qu’une séquence biologique ; sa place dans les âges de la vie lui est étroitement assignée par l'ensemble des conditions sociales et découle de mutations culturelles. À bien des égards, elle est une vision relativiste portée par les idées des adultes. À l’époque moderne, l’idée est plus particulièrement travaillée par des pédagogues. À partir du XIXe, des hommes de sciences et les légistes apportent des contributions essentielles. Avec l’entrée dans la modernité, l’État, après avoir concurrencé, supplante les anciens dispositifs – l’Église et les sacrements – dans le rôle du principal gestionnaire des étapes de la vie. La rationalité des modernes et la bureaucratisation des modes de régulation accentuent la conception comptable de la vie dans bien des domaines et une police des âges se précise. Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière », 18 | 2016 6 2 Les objectifs, les logiques, les conditions qui ont favorisé l’âge comme séparateur et support du gouvernement des hommes ont suscité des travaux mais le temps d’une « histoire des âges, de 1789 à nos jours, comme objet indirect et comme instrument de politique publique1 » reste encore à faire. Il est néanmoins remarquable de voir la place acquise par ces problématiques de chaque côté de l’Atlantique2. Le philosophe Marcel Gauchet pouvait encore, il y a peu, regretter la frilosité des sciences humaines à s’emparer du concept de l’âge3. Le constat n’est plus exact alors que les interrogations sont nombreuses sur « la dés-institutionnalisation des âges » qu’entraîne la remise en cause d’une conception statutaire des âges de la vie. Des étapes ont perdu leur pouvoir de scansion collective et les rapports entre générations se redéfinissent. Les sociologues, les historiens mais également les philosophes et les psychologues sont sur le front4. Le droit est directement concerné. La définition des catégories d’âge est un enjeu pour un modèle de justice. L’approche juridique de la jeunesse est en pleine transformation. Alors qu’est posée la question d’un nouveau modèle de justice pour les mineurs, le débat s’organise autour des notions et seuils de responsabilité dans une société où le sujet de droit s’efface devant « un moi renforcé5 ». 3 Jusqu’à ces dernières décennies, la modernité s’est appuyée sur des outils simples comme l’âge calendaire pour gouverner. Les savoirs (statistiques, médecine ou psychologie) ont été mobilisés pour légitimer des seuils. Comme le rappelle la politiste Annick Percheron, le travail du droit a consisté, pour une bonne part, à formaliser les relations entre les générations en fixant des seuils d’âge pour les différents droits et devoirs de chacun6. À sa manière, le droit pénal a été un réceptacle mais également un facteur de changement social dans l’ordonnancement de l’existence humaine. Par l’introduction de seuils légaux de minorité, le juridique a produit des relations de pouvoir entre générations. Principalement au travers de la conception moderne de la minorité, il a contribué à diffuser dans le corps social des représentations nouvelles de l’enfance et de la jeunesse. Les différentes étapes de l’histoire du Code pénal peuvent alors être lues comme de possibles buttes-témoins d’un rapport entre les âges révélant un mode de gestion des âges à des époques différentes. La mise en relation de ces indices invite à questionner les objectifs, les logiques qui président à l’élaboration d’un droit pénal des mineurs dans une société portée par l’idéal libéral, c’est-à-dire une logique de régulation des hommes qui, dans bien des domaines, signifie un art de la séparation : public/privé mais également enfant/adulte7.