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G eneviève de Brabant

Oérap bouffe Nouvelle production D iRECTION musicale Décors G eneVIÈVE A rTHUR Chœur de en trois actes Coproduction Opéra C laude R ifail Adjarpasic Sandrine Buendia M arie Remazeilles, l’Opéra national Livret de Hector national de Lorraine Schnitzler Costumes Doganr Ulysse Timoteo de Lorraine Crémieux, Étienne et Opéra Orchestre C hristophe R émy Mathieu (en alternance) Tréfeu et Adolphe national Montpellier Mise en scène Orchestre Ouvrard B rIGITTE Mimi symphonique et Jaime Occitanie Pyrénées- C arlos Wagner I nna Jeskova Méditerranée L uMIÈRES C lémence Tilquin lyrique de Nancy Créé au Théâtre F abrice Kebour I sOLINE Juju des Bouffes-Parisiens Ouvrage chanté Julie Stancer le 19 novembre 1859 en français, surtitré C horÉGRAPHE et D iana Higbee assistant mise en scène Soifr y M A aRIE- némone Adaptation de Carlos Durée de l’ouvrage : Tom Baert V alérie Barbier Co c nFÉren e “Une heure avant” Wagner et Benjamin 2 h + entracte Eric Huchet A sSISTANT mise en scène J oJO Jean-Sébastien Baraban Prins basée sur Benjamin Prins C harLES Martel les versions de 1859 et Boris Grappe Joanna Hinde (entrée libre sur présentation du billet 1867 D’après l’édition A sSISTANT costumes une heure avant chaque représentation) V aNDERPROUT Lulu critique de Jean- R omain Vigier le bourgmestre Lucy Strevens Christophe Keck OEK–Boosey & Hawkes Raphaël Brémard Coco Réc ital “Une heure avec” – Bote & Bock, Berlin R éGIE gÉNÉRALE Narcisse Barbara R émy Mathieu V éronique Kespi V irgile Frannais Wysokinska 28cm dé e bre 2016 à 18h30 Rgieeé d scène Gloo L iLI C lotilde Lenfant Jean- Marc Bihour Jue Zhang 27, 29, 30 décembre 2016 à 20h C hEFS de chant Ptoui er Solange Fober, F rançois Piolino 1 janvier 2017 à 17h Vincent Royer Grabuge 3 janvier 2017 à 20h* P hilippe Ermelier E xposition Une exposition d’images, illustrant la figure de Geneviève de Brabant dans la culture populaire, se tient * En partenariat avec Accès Culture, la représentation au Foyer du public sur l’ensemble du 3 janvier 2017 sera adaptée en audiodescription. des dates. R emerciements à Martine Sadion, conservatrice en chef du Musée de l’image d’Épinal, pour son aide précieuse.

Les photos et les vidéos sont strictement interdites pendant toute la durée du spectacle. Merci de votre compréhension. sommaire

Jacques Offenbach 6 L’histoire 9 L’œuvre 12 Échos de la scène 16 Un temps, un lieu, un genre 22 Musique et « Société » 26 Contre-danse 29 Échos des origines 33 Souvenir d’enfance : la lanterne magique 42 Les malheurs de Geneviève de Brabant 44 Livret 53

Biographies 85 L’équipe de l’Opéra et de l’Orchestre 96 Nos prochains rendez-vous 98

Toutes les photographies en double-page de ce programme sont des images de la production de Geneviève de Brabant. © Marc Ginot

Page de gauche : Jacques Offenbach © Sirot,

4 5 Cette veine créatrice ne tarira plus et l’on retien- JQUSAC E OFFENBACH dra parmi ses œuvres les plus jouées : Orphée (1819-1880) aux Enfers (1858), La Belle Hélène (1864) qui lui vaut une reconnaissance dans le monde entier et marque sa première collaboration avec les libret- Né à , il reçoit dans sa propre famille une formation de tistes Meilhac et Halévy. Suivront Barbe-Bleue violoniste et de violoncelliste. En 1833, il suit son père à Paris et La Vie parisienne (1866), La Grande-Duchesse et entre au conservatoire, puis on le retrouve musicien dans de Gérolstein (1867), La Périchole (1868), Les Bri- l’orchestre de l’Opéra Comique. gands (1869). Son œuvre impressionnera Johann Strauss fils qui sera considéré comme le père de xcellent violoncelliste, il fait l’admiration d’ et de l’opérette viennoise. EFranz Liszt qui ont l’occasion de jouer avec lui à Paris et à Cologne, La position d’Offenbach reste celle d’un observa- puis il aura aussi comme partenaires Josef Joachim et Félix Mendelssohn. teur impitoyable de la société de son temps et, si En 1850, il est engagé comme chef d’orchestre à la Comédie Française où il sa carrière commence sous le Second Empire et sera aussi sollicité pour écrire des musiques de scène pour Le Barbier de Séville se termine sous la Troisième République, c’est et Le Mariage de Figaro de Beaumarchais (1852). le même regard « décapant » qui s’applique. Du Parallèlement à sa carrière de compositeur dramatique commencée dans la point de vue de l’écriture musicale, il se servira confidentialité en 1839, il connaît son premier véritable grand succès en 1855 de son immense culture musicale et de sa vir- aux Bouffes Parisiens avec Oyayaye ou la Reine des îles, une « anthropophagie tuosité d’écriture pour mettre tous les styles, musicale ». Suivront et , toujours aux Bouffes toutes les formes musicales au service du rire Parisiens, théâtre dont il prend la direction jusqu’en 1862. et de la légèreté. Ce démantèlement d’un genre considéré comme Ci-contre : le théâtre « noble » apparaît encore aujourd’hui comme un des Bouffes Parisiens. signe de génie et de modernité. Page de droite : affiches pour trois des opérettes Jusqu’à sa mort en 1880, il n’aura cessé de compo- d’Offenbach ser pour ce genre soi-disant « léger » qui compte Barbe-Bleue, de E. Delay, 1866. aujourd’hui plus de cent trente œuvres signées © source Gallica, Bibliothèque de sa plume. Il laisse inachevé cet « opéra fantas- nationale de La Grande-Duchesse de tique » que sont Les Contes d’Hoffmann. Gérolstein, illustration de Jules Chéret, 1869. © Médiathèque de Chaumont , illustration de Jules Chéret, 1869. © source Gallica, Bibliothèque nationale de France

6 Geneviève de Brabant 7 auo t ur des œuvres L’ histoire

Les personnages Sifroy, duc de Curaçao Geneviève de Brabant, épouse de Sifroy Golo, conseiller du duc Vanderprout, bourgmestre Drogan, jeune pâtissier, page de Geneviève Charles Martel Grabuge, militaire Pitou, militaire Le bon ermite du ravin Isoline de Hainant, épouse abandonnée par Golo Brigitte, suivante de Geneviève Arthur, enfant loué

Acte 1 1er tableau. La place principale de Curaçao (Brabant) Entrée triomphale du duc Sifroy dans la ville de Curaçao où l’accueillent le bourgmestre Vanderprout, des notables, mais aussi sexologues et conseillers conjugaux qui s’inquiètent de l’absence d’héritier après un an de mariage avec Geneviève de Brabant, et rappellent qu’il ne lui reste plus qu’un an sinon il devra rendre sa couronne. Drogan, un jeune pâtissier secrètement amoureux de Geneviève, propose au duc un remède imparable, un pâté « aphrodisiaque » qui n’a rien de particulier mais qui doit permettre au jeune homme d’être engagé comme page auprès de sa bien-aimée. Tout cela n’est pas du goût de Golo, le conseiller du duc, qui fait tout pour éloigner le duc de ses devoirs conjugaux U n souvenir de Geneviève de Brabant à la Gaité, croquis à la plume de Edmond Morin, 1875. et espère ainsi avoir la couronne au bout des deux ans. De retour du festin, © source Gallica, Bibliothèque nationale de France l’état d’euphorie du duc semble prouver que le pâté a néanmoins fait son effet.

2e tableau. Les bains du palais L’humeur de Geneviève est maussade et les récits de ses amies n’ont aucun effet sur elle. Même la sérénade du tout nouveau page Drogan la laisse

8 Geneviève de Brabant 9 auo t ur des œuvres indifférente. Lorsqu’arrive Sifroy, tous sont congédiés car il veut être enfin Acte 3 seul avec son épouse. Même la stratégie de Golo qui voudrait les séparer en 6e tableau. Une caverne en pan coupé prétextant une lettre urgente de Charles Martel échoue. Cependant le couple Réfugiées depuis trois jours dans la forêt, Geneviève et Brigitte ont devra interrompre ce qu’il avait entrepris à cause des éternuements soudains apprivoisé une biche et font la rencontre d’Isoline de Hainant, l’ex-épouse de de Geneviève et de l’indisposition croissante de Sifroy. Golo, qui leur raconte sa triste histoire. Pour retenir son infâme mari, elle avait eu l’idée de louer un enfant, Arthur, 3e tableau. La chambre à coucher de Sifroy et de lui faire croire qu’il était son fils. Le stratagème se retourna contre elle Au fond de son lit, Sifroy soigne un gros rhume et une indigestion quand et Golo les abandonna tous les deux. Golo vient lui annoncer que sa femme le trompe avec Drogan. La décision Geneviève demande à Isoline de lui sous-louer l’enfant pour résoudre ses est sans appel, il faut les exécuter tous les deux. Alors qu’il cherche en vain problèmes de progéniture lorsqu’arrive Drogan qui vient les sauver. Mais le sommeil, Sifroy est cette fois de nouveau interrompu par Charles Martel tous doivent se cacher car voilà que débarquent Vanderprout, Golo et les deux en personne qui lui demande de le suivre en Palestine pour combattre les militaires qui sont à la recherche de Geneviève. Sarrazins. Le royaume restera aux mains de Golo et, avant de partir, Sifroy a Suivent Sifroy, Charles Martel et leurs chevaliers, le visage couvert de ma- le temps de répudier sa femme qui n’en croit pas ses oreilles et tente désespé- quillages guerriers qui les rendent méconnaissables. rément de ramener son époux à la raison. Mais Sifroy doit partir, elle restera Seule Geneviève reconnaît son époux qui, passé la surprise de la voir encore sous la garde de Golo qui décidera de son sort. vivante, finit par admettre la vérité. Vanderprout se range de nouveau dans le camp du duc et ensemble ils vont tenter d’arrêter Golo qui est sur le point Acte 2 de se faire couronner duc. 4e tableau. Un ravin dans la forêt Dans la forêt, Pitou et Grabuge cherchent un moyen pour éliminer 7e tableau. La place principale de Curaçao Geneviève. On apprend au même moment que Golo et Vanderprout ont trahi Au moment d’être couronné Golo demande si, dans l’assemblée, se trouve Sifroy et proclamé que celui-ci avait péri en Palestine. Et, pour en avoir le cœur quelqu’un capable de rivaliser en intelligence, loyauté et force physique. net, ils rendent visite au bon ermite du ravin qui leur annonce que Sifroy se C’est alors qu’apparaît Sifroy et Drogan déguisés en ermite et qui dénoncent trouve en réalité à Saint-Tropez chez son ami Charles Martel. L’ermite leur l’imposteur. Golo se trouve tout à coup face à toutes ses victimes : Geneviève, propose une vision. Isoline, Arthur, Brigitte. On fait un triomphe à Geneviève qui réussit à se défaire de Drogan et à Sifroy qui accepte Arthur comme son nouveau fils. 5e tableau. Un château à Saint-Tropez On aperçoit Sifroy et les autres chevaliers qui font ripaille dans le château de Charles Martel. Le voyage vers la Palestine a été stoppé par un orage à Nanterre et les chevaliers, ainsi que leurs femmes restées chez elles, s’adonnent maintenant aux plaisirs de la chair. Malgré la mise en garde de Vanderprout qui lui rappelle que Sifroy est encore en vie, Golo décide néan- moins d’épouser Geneviève afin d’obtenir le duché. Les deux hommes partent dans la forêt en quête de Geneviève.

10 Geneviève de Brabant 11 auo t ur des œuvres L’œ uvre

La partition est en préparation chez l’éditeur et déjà le « Théâtre des Menus Plaisirs. Geneviève de Brabant. Opéra-bouffe, critique musical du Ménestrel manifeste son enthousiasme : musique de J. Offenbach », « C’est ici le théâtre des invraisemblances ; ailleurs, on les dé- affiche de Jules Chéret, 1868. © source Gallica, Bibliothèque nationale de France guise ; ici, on les déroule au grand jour, on les affiche, on en tire gloire et, pour mieux les faire ressortir, on les exagère, puisqu’on Il existe trois versions de cet est le premier à s’en moquer ; on parfume la rose, on greffe le opéra-bouffe. La première (en non-sens sur l’anachronisme. […] Ici nous foulons la terre des deux actes et sept tableaux) est enchantements ; voici derechef des mélodies coquètes et prime- créée le 19 novembre 1859 au sautières, des motifs pleins d’entrain, de l’esprit jusqu’au bout théâtre des Bouffes-Parisiens des chanterelles, et des polkas, et des rondes, et des chansons à et obtient peu de succès auprès nourrir tout le carnaval. […] Geneviève se chantera, Geneviève se du public. Par contre les airs et dansera, Geneviève fera les délices de nos salons, de nos salles les danses extraits de Geneviève de danse… et de nos vaudevillistes. Demandez à ces derniers de Brabant (quadrilles, polkas) si Monsieur Offenbach n’a pas révolutionné la Clé du Caveau. » font le bonheur des habitués de J. Lovy, in Le Ménestrel, « Semaine théâtrale », 27 novembre 1859. la saison des bals de l’Opéra. [La Clé du caveau est le recueil de tous les timbres du vaudeville] La seconde version fait suite à l’immense succès de La Vie parisienne et de La Grande-Duchesse de Gérolstein. Acclamée cette fois par le public, elle est près avoir revisité la mythologie avec son Orphée aux Enfers un an créée au théâtre des Menus-Plaisirs le 26 décembre 1867. Elle comprend trois Aplus tôt, Offenbach trouve son inspiration dans la vie des saints, actes et neuf tableaux. Elle connaîtra 126 représentations et s’en suivra une dans une légende médiévale qui raconte la vie de Marie de Brabant accusée tournée en province puis à l’étranger. à tort d’adultère par son époux, Louis II de Bavière, qui la fit exécuter en jan- En 1875, alors qu’Offenbach est directeur du théâtre de la Gaîté, il propose vier 1256. Le personnage entre vite dans la légende, et son histoire connaît l’œuvre sous la forme d’un opéra féerie et le public assiste à une superpro- un regain d’intérêt en Allemagne au cours du xviie siècle, puis dans le reste duction en cinq actes et quatorze tableaux réunissant près de cinq cents de l’Europe et dans le monde jusque dans la première moitié du xxe siècle. La acteurs sur scène. littérature, le théâtre parlé, le théâtre de marionnettes s’emparent du thème Dans la seconde version, Offenbach conserve quelques tubes tels que les et l’opéra apportera sa contribution à cet engouement avec la Genoveva de « Couplets de la poule », le « Grand final du départ en Palestine » ou encore Schumann composée en 1850 – mais qui ne remportera pas un grand succès. le « Quatuor de chasse ». Il en ajoute d’autres parmi lesquels les « Couplets Sans que l’Église n’ait jamais prouvé son existence, encore moins érigé le per- des deux hommes d’armes » qu’Offenbach dirigera aux États-Unis en version sonnage au statut de bienheureuse, son aura sera bien celui d’une sainte. En pour brass band et qui deviendront l’hymne des marines américains. 1899, Erik Satie s’empare du thème pour composer un Cantique en l’honneur La version de Nancy est surtout basée sur la seconde version, même si elle de sainte Geneviève pour voix, chœur et orchestre. emprunte quelques passages à la première.

12 Geneviève de Brabant 13 auo t ur des œuvres 14 Geneviève de Brabant 15 auo t ur des œuvres afin d’évacuer ce problème de succession au trône ! Ainsi, le final est davantage É chos de la scène en cohérence avec le début de l’œuvre. Et tout le début de l’opéra n’est qu’une parenthèse gigantesque qui dégénère en délire absolu comme aller combattre les Sarrazins ou habiter dans une grotte avec une biche ! On comprend donc Q uestion de versions bien pourquoi Geneviève va être couronnée car elle a produit un héritier. Lorsqu’en tant que metteur en scène, on vous offre un projet comme Geneviève de Brabant, vous êtes confronté à un challenge de taille. Il y a trop de Du moyen-âge choix ! Trois versions très différentes. Trois versions fascinantes qui débordent Nous évoluerons dans une ambiance contemporaine, avec des pavillons du génie et de l’esprit de Jacques Offenbach et de ses librettistes. de banlieue où les habitants s’épient mutuellement pour savoir ce que le voisin Le choix a été longuement réfléchi et finalement j’ai décidé de créer une version entreprend dans son jardin. L’un y a installé une petite biche en porcelaine, combinant les numéros les plus réjouissants des deux premières versions. l’autre un petit étang, ce qui rend horriblement jaloux le troisième ! Et tout à Mais – surprise ! – la trame varie radicalement selon les versions, et cela a coup survient l’anachronisme parfait : Charles Martel annonce qu’il prendra le donc également signifié de devoir refaçonner l’intrigue et le dialogue. Je parie train de 8 h 30 pour aller combattre les Sarrazins en Palestine ! Nous essayons que cette liberté peut déplaire à certains puristes. Mais, Offenbach était un donc de prendre l’idée de la folie et la folie à l’extrême. homme de théâtre, et il était connu pour son habileté à adapter et à retravailler ses œuvres selon les exigences matérielles et humaines, selon la distribution Diges d alo ues et le lieu de la représentation. D’où le nombre, et souvent l’amoncellement, Nous avons beaucoup changé le texte car l’humour de nos jours s’est de versions de ses opérettes, même des plus célèbres. beaucoup transformé. Il s’agissait d’adapter le texte à un rythme plus contem- La version de Geneviève de Brabant que nous présentons aujourd’hui est mon porain sans tomber dans des blagues interprétation (ou ma contribution) très personnelle de la pièce. Une trans- anecdotiques sur la politique actuelle. position de la légende médiévale de Geneviève dans l’univers contemporain, Néanmoins, il est important de gar- l’occasion de jouer avec les anachronismes offerts par Offenbach. Un com- der l’humour, l’anachronisme, mentaire cinglant et plein d’esprit sur la société moderne, revêtu des oripeaux l’exagération et l’absurdité du du conte médiéval. langage d’Offenbach. C’est un travail que nous avions déjà R teconsti uer un fil rouge, fait avec mon assistant Ben- une unité entre les numéros jamin Prins dans La Vie pari- Notre idée a été de prendre le thème – central pour l’œuvre – de la sienne que nous avons présenté progéniture. En effet, le couple Sifroy et Geneviève est un couple qui a une à l’Opéra de Nancy. vie sociale, mais où il ne se passe rien sous la couverture. Cependant ils sont obsédés de donner un héritier au trône. Dans la version de 1859, Isoline, qui est la femme de Golo, fait un chantage émotionnel à son mari en lui montrant un enfant dont elle prétend qu’il est son fils. Ceci est un pieux mensonge car en fait, elle a loué l’enfant ! Je trouve cette idée absolument formidable de la part Croquis de costumes de Christophe Ouvrard d’Offenbach, et c’est là que nous avons glissé une petite invention « maison » pour Sifroy.

16 Geneviève de Brabant 17 auo t ur des œuvres D e l’improvisation des chanteurs ouvrages au xixe siècle. Et le metteur en scène contemporain a un peu honte Je la souhaite ! Mais à condition que la ligne que nous donnons reste de mettre en scène un simple divertissement car il veut toujours la profon- d’une absolue clarté pour que les petits jeux improvisés soient totalement cohé- deur des choses qui font sens. Moi j’ai voulu me moquer gentiment de ces rents avec elle. Donc pas de blagues sur François Hollande et Angela Merkel ! classes moyennes très concentrées sur elles-mêmes ! Tout cela nous invite à Quant à l’idée d’aller combattre les Sarrazins, Offenbach s’en moque (comme relativiser nos petites arrogances d’enfants gâtés. C’est ce que j’ai essayé de de tout le reste !), et nous nous inventons le prétexte d’en faire une turque- montrer, sur un mode léger ! rie autour du thème de l’orientalisme. Nous avons bien une burka comme déguisement, mais nous y faisons référence de manière légère et nonchalante. De es r lations entre les sexes Les hommes que nous montre Offenbach confondent leur ambition Légèreté et optimisme sous le Second Empire avec leur libido ! Pour Sifroy, la chose la plus importante, c’est d’être habillé Faire la fête, se perdre dans la folie et les plaisirs, on ressent beaucoup pour l’occasion. Il n’épouse Geneviève que pour le surplus d’image qu’elle cela dans les opérettes d’Offenbach. Un conflit que ressent très fort le metteur lui apporte. Personne ne croit à leur relation « amoureuse ». Leur mariage en scène d’aujourd’hui, qui doit toujours se demander ce qu’il veut réellement est juste le prétexte de faire de belles photos pour Paris Match ! La princesse raconter. Mais ce n’est pas une comédie musicale, et ce n’est pas non plus Diana nous a beaucoup inspiré pour imaginer le personnage de Geneviève. « Au théâtre ce soir ». Peut-être que la télévision, dans toute sa dimension de Pour Rastignac-Golo, c’est la même chose : quand il se déclare amoureux de divertissement de masse léger, joyeux, a pris la fonction que remplissaient ces Geneviève, c’est juste pour satisfaire sa soif d’ascension sociale, je ne le crois pas du tout amoureux de Geneviève. Le seul qui est vraiment amoureux de Geneviève, c’est l’adolescent Drogan : un véritable Chérubin celui-là !

Fa ire rire, faire pleurer Au début de ma carrière, j’étais un metteur en scène aimant beaucoup les choses sérieuses, et quand Valérie Chevalier m’a proposé pour Nancy une zarzuela d’après une nouvelle de Jules Verne, Les Neveux du Capitaine Grant, elle m’a demandé : « Carlos, penses-tu être en mesure de faire rire ? ». Après, nous avons fait La Vie parisienne d’Offenbach et je ne savais pas que je pren- drais autant de plaisir à faire rire !

Enchanter le quotidien Je garde en moi la parole d’un des caricaturistes de Charlie Hebdo qui avait dit en substance : « Si on ne peut plus rire de tout, alors on ne peut plus être sérieux sur rien non plus. » Parler sérieusement de certains thèmes implique aussi de pouvoir en rire. Si rire est interdit, alors Page de gauche : croquis de costumes on ne peut plus parler objectivement car on est restreint de Christophe Ouvrard dans notre liberté. Et je trouve essentiel de pouvoir par- pour Drogan et Geneviève. ler métaphoriquement de ce sujet de la conquête de la

18 Geneviève de Brabant 19 auo t ur des œuvres Palestine de la manière la plus légère et la plus frivole possible. En sortant de l’Opéra, on pourra toujours revenir sur ce thème entre amis, et en parler sur le mode sérieux. Mais laissons cette place essentielle à la joie et la légèreté, sinon on perd ses repères.

Ci om que et répétition En fait la comédie est une discipline. Bien sûr qu’au moment où on joue ces passages comiques, il faut une certaine légèreté, une spontanéité, mais la comédie est bien plus disciplinée que la tragédie. On sait que de très grands comiques comme mes idoles Dean Martin et Jerry Lewis dans les années 1950 (on peut toujours trouver leurs sketches sur Internet) répétaient leurs gags avec un sérieux absolu jusqu’à ce qu’ils trouvent le rythme exact. Et parfois ils déviaient de leur canevas de base alors que la caméra tournait où qu’ils étaient devant un public. Mais cela n’était possible que parce que leur structure, répétée des dizaines de fois, était aussi rigide et limpide qu’une chorégraphie. C’est exactement l’expérience que j’ai faite avec La Vie parisienne, et que je vais faire avec Geneviève de Brabant. Même si pendant les répétitions, on ne rigole pas forcément tout le temps !

Entretien donné par Carlos Wagner à Benjamin François le 19 janvier 2016 et publié dans le programme de salle de l’Opéra national de Montpellier.

20 Geneviève de Brabant 21 auo t ur des œuvres our asseoir un pouvoir qui lui est conféré grâce à l’alliance de forces Un temps, un lieu, Pcontradictoires, et faire oublier un coup d’état qui résonne comme un péché originel, Napoléon III n’aura de cesse de mettre en place des moyens un genre de diversion et de contrôle de l’opinion publique. C’est ainsi qu’il fait entrer la France dans l’ère industrielle et le capitalisme. Il développe le crédit et la finance, lance des travaux de modernisation dans tout le pays qui se couvre d’usines, « Cet étranger n’est pas seulement un homme de talent et un de chemins de fers et transforme, sous l’égide d’Haussmann, le visage de la artiste distingué. Il est le créateur d’un genre particulier de spec- capitale pour en faire une ville plus belle, plus saine, mais aussi plus sûre. Les tacle qui, pour ne satisfaire qu’à certains besoins de la classe grandes artères éclairée de la population parisienne, n’en est pas moins une sont plus difficiles véritable conquête de l’art musical. C’est donc grâce à son talent à bloquer en cas et à son mérite personnels qu’un progrès réel se sera manifesté de soulèvements dans tout ce qui touche de plus près aux délicatesses de goût de populaires et elles la partie la plus éclairée et la plus civilisée de la population. » permettent en N ote du préfet de police de la Seine jointe au dossier de demande même temps un de naturalisation française qui sera promulguée par Napoléon III accès plus rapide le 10 janvier 1860. des forces mili- taires en cas de « L’opéra-bouffe est le produit corrompu d’une époque corrom- besoin. Quant à pue ; mais la musique d’Offenbach est une musique propre et la politique colo­ saine. Ses mélodies, toutes simples qu’elles soient, sont toujours niale de la France, pleines de fraîcheur et d’une inspiration authentique. » elle propulse le A lfred Einstein, La Musique romantique (1959), trad. J. Delalande, pays au rang des p. 343, collection Tel Gallimard, Paris, 1984. premiers em- pires coloniaux « Offenbach, ce satyre si spirituel et si capricieux, qui reste fidèle de l’époque. à la grande tradition musicale et qui offre à quiconque a autre chose que des oreilles une véritable délivrance, après trop de musiciens sentimentaux et en somme dégénérés du romantisme La Ménagerie impériale : composée des allemand. » ruminants, amphibies, F. Nietzsche carnivores, et autres budgétivores qui ont dévoré la France pendant 20 ans, caricatures de Paul Hadol, publié en 1870. Source Gallica, Bibliothèque nationale de France

22 Geneviève de Brabant 23 auo t ur des œuvres Pour arriver à ses fins, il faut aussi cultiver la superficialité en promouvant « Les Amours secrètes les spectacles, les fêtes, tous ces divertissements qui peuvent apparaître au- de Napoléon III par Pierre Vesinier, jourd’hui comme autant de fuites en avant dont l’opéra-bouffe va se faire le collaborateur miroir. Le genre répond parfaitement à la devise du pouvoir, cultive la lumière d’Eugène Sue... : la 1re livraison est et la joie, l’éblouissement et la griserie. À cela s’ajoute l’euphorie économique gratuite... », affiche en écho à l’« Enrichissez-vous » lancé aux Français par Guizot avec ses fastes, de 1880-1886. Source Gallica, Bibliothèque ses ostentations mais aussi l’extrême misère dans laquelle sombrent toujours nationale de France plus les laissés-pour-compte du miracle économique. Loin d’être insensible à ce qui se passe à quelques pas des Grands Boulevards, à ce qui se trame dans les coulisses du pouvoir, Offenbach choisit le prisme de la fête pour parler de son temps en sachant que sous ses habits de bouffon du roi, il est ce paraton- nerre indispensable à la stabilité de l’édifice politique et social. cales renouvelées En 1856, lorsqu’il lance un concours pour enrichir le répertoire des Bouffes- de l’ancien opéra- Parisiens, Offenbach publie un véritable « manifeste » dans lequel il définit comique, dans la ce genre qu’il défendra toute sa vie et qui fera de lui un déçu du romantisme. farce qu’il a pro- Les débuts, malgré les contraintes imposées par une administration des duit le théâtre de spectacles draconienne, scellent les lois du genre et en définissent la véritable Cimarosa et des nature. Au sentimentalisme des musiciens romantiques dénoncé par Nietzsche, premiers maîtres Offenbach opposera un éclat de rire dans lequel il faut lire un regard aussi italiens, qu’il a lucide qu’acerbe non seulement sur les travers du monde qui l’entoure, mais rencontré son sur ceux qui sont encore les nôtres aujourd’hui. succès : non seu- C’est ainsi qu’une croisade peut se transformer en voyage avec Charles Martel lement il entend chez les demi-mondaines parisiennes (ou tropéziennes). À côté de cette pro- y persévérer, mais fonde décadence morale qui sévit au plus haut niveau de la société française il veut creuser ce (Napoléon III par sa vie dissolue pouvant être considéré un des chefs de file filon inépuisable de la vieille gaîté française. Il n’a d’autre ambition que celle du mouvement), c’est une tout autre logique qui s’exerce quand on condamne de faire court, et si l’on y veut réfléchir un instant, ce n’est pas là une ambition en 1857 Baudelaire et Flaubert pour avoir dénoncé, dans Les Fleurs du mal et médiocre. Dans un opéra qui dure à peine trois quarts d’heure, qui ne peut Madame Bovary, les mêmes choses mais sur un autre ton. Et c’est ce même mettre en scène que quatre personnages, et qui n’utilise qu’un orchestre de public issu des classes cultivées de la société française qui dans un cas rit et trente musiciens au plus, il faut avoir des idées et de la mélodie argent comp- dans l’autre fustige. tant. Notez encore qu’avec cet orchestre exigu – ce dont se sont contentés « Le Théâtre des Bouffes-Parisiens va essayer de ressusciter le genre primitif et Cimarosa et Mozart – il est fort difficile de cacher les fautes et l’inexpérience vrai. Son titre même lui en fait un devoir. Il s’est appliqué jusqu’à présent à y que dissimule un orchestre de quatre-vingts musiciens. » rester fidèle ; mais il ne croit pas que là doivent se borner ses efforts. Sans pré- À partir de 1858, il pourra aller jusqu’à donner des ouvrages en deux actes tention aucune, tout en restant dans sa sphère modeste et limitée, il croit pouvoir sans limitation quant au nombre de tableaux ou de personnages. rendre de grands services à l’art et aux artistes. C’est dans les esquisses musi-

24 Geneviève de Brabant 25 auo t ur des œuvres Muiu s q e et « Société »

e bal fut ouvert. On avait utilisé l’estrade des tableaux vivants, Jacques Offenbach, en y plaçant un petit orchestre, où les cuivres dominaient ; et les caricature de Thomas. «L Collection Jean-Christophe Keck bugles, les à pistons, jetaient leurs notes claires dans la forêt idéale, aux arbres bleus. Ce fut d’abord un quadrille : Ah ! il a des bottes, il a des bottes, Bastien ! qui faisait alors les délices des bastringues. Ces dames dansèrent. Les polkas, les valses, les , alternèrent avec les quadrilles. Le large balancement des couples allait et venait, emplissait la longue galerie, sautant sous le jouet des cuivres, se balançant au bercement des violons. Les costumes, ce flot de femmes de tous les pays et de toutes les époques, roulait, avec un fourmillement, une bigarrure d’étoffes vives. Le rythme, après avoir mêlé et emporté les couleurs, dans un tohu-bohu cadencé, ramenait brusquement, à certains coups d’archet, la même tunique de satin rose, le même corsage bande d’hommes de velours bleu, à côté du même habit noir. Puis un autre coup d’archet, une comme il faut, sonnerie des cornets à pistons, poussaient les couples, les faisaient voyager à dont les bras ten- la file autour du salon, avec des mouvements balancés de nacelle s’en allant dus exprimaient à la dérive, sous un souffle de vent qui a brisé l’amarre. Et toujours, sans fin, la seule crainte pendant des heures. Parfois, entre deux danses, une dame s’approchait d’une d’arriver trop tard fenêtre, étouffant, respirant un peu d’air glacé ; un couple se reposait sur et de trouver les une causeuse du petit salon bouton d’or, ou descendait dans la serre, faisant plats vides. Un vieux monsieur se fâcha parce qu’il n’y avait pas de bordeaux, doucement le tour des allées. Sous les berceaux de lianes, au fond de l’ombre et que le champagne, assurait-il, l’empêchait de dormir. tiède, où arrivaient les forte des cornets à pistons, dans les quadrilles d’Ohé ! — Doucement, messieurs, doucement, disait Baptiste de sa voix grave. Il y les p’tits agneaux et de J’ai un pied qui r’mue, des jupes dont on ne voyait que en aura pour tout le monde. le bord, avaient des rires languissants. Mais on ne l’écoutait pas. La salle à manger était pleine, et les habits noirs Quand on ouvrit la porte de la salle à manger, transformée en buffet, avec des inquiets se haussaient à la porte. Devant les dressoirs, des groupes station- dressoirs contre les murs et une longue table au milieu, chargée de viandes naient, mangeant vite, se serrant. Beaucoup avalaient sans boire, n’ayant pu froides, ce fut une poussée, un écrasement. Un grand bel homme, qui avait eu mettre la main sur un verre. D’autres, au contraire, buvaient, en courant la timidité de garder son chapeau à la main, fut si violemment collé contre le inutilement après un morceau de pain. mur, que le malheureux chapeau creva avec une plainte sourde. Cela fit rire. — Écoutez, dit M. Hupel de la Noue, que les Mignon et Charrier, las de On se ruait sur les pâtisseries et les volailles truffées, en s’enfonçant les coudes mythologie, avaient entraîné au buffet, nous n’aurons rien si nous ne faisons dans les côtes, brutalement. C’était un pillage, les mains se rencontraient au pas cause commune… C’est bien pis aux Tuileries, et j’y ai acquis quelque milieu des viandes, et les laquais ne savaient à qui répondre, au milieu de cette expérience… Chargez-vous du vin, je me charge de la viande.

26 Geneviève de Brabant 27 auo t ur des œuvres Le préfet guettait un gigot. Il allongea la main, au bon moment, dans une éclaircie d’épaules, et l’emporta tranquillement, après s’être bourré les poches Contre-danse de petits pains. Les entrepreneurs revinrent de leur côté, Mignon avec une bouteille, Charrier avec deux bouteilles de champagne ; mais ils n’avaient pu trouver que deux verres ; ils dirent que ça ne faisait rien, qu’ils boiraient dans « Fière, autant qu’un vivant, de sa noble stature le même. Et ces messieurs soupèrent sur le coin d’une jardinière, au fond de Avec son gros bouquet, son mouchoir et ses gants la pièce. Ils ne retirèrent pas même leurs gants, mettant les tranches toutes Elle a la nonchalance et la désinvolture détachées du gigot dans leur pain, gardant les bouteilles sous leur bras. Et, D’une coquette maigre aux airs extravagants. debout, ils causaient, la bouche pleine, écartant leur menton de leur gilet, Vit-on jamais au bal une taille plus mince ? pour que le jus tombât sur le tapis. Sa robe exagérée, en sa royale ampleur, Charrier, ayant fini son vin avant son pain, demanda à un domestique s’il ne S’écroule abondamment sur un pied sec que pince pourrait avoir un verre de champagne. Un soulier pomponné, joli comme une fleur. — Il faut attendre, monsieur ! répondit avec colère le domestique effaré, perdant La ruche qui se joue au bord des clavicules, la tête, oubliant qu’il n’était pas à l’office. On a déjà bu trois cents bouteilles. Comme un ruisseau lascif qui se frotte au rocher, Cependant, on entendait les voix de l’orchestre qui grandissaient, par souffles Défend pudiquement des lazzi ridicules brusques. On dansait la polka des Baisers, célèbre dans les bals publics, et Les funèbres appas qu’elle tient à cacher. dont chaque danseur devait marquer le rythme en embrassant sa danseuse. Ses yeux profonds sont faits de vide et de ténèbres, Mme d’Espanet parut à la porte de la salle à manger, rouge, un peu décoiffée, Et son crâne, de fleurs artistement coiffé, traînant, avec une lassitude charmante, sa grande robe d’argent. On s’écartait Oscille mollement sur ses frêles vertèbres. à peine, elle était obligée d’insister du coude pour s’ouvrir un passage. Elle fit Ô charme d’un néant follement attifé. le tour de la table, hésitante, une moue aux lèvres. Puis elle vint droit à M. Hu- pel de la Noue, qui avait fini et qui s’essuyait la bouche avec son mouchoir. » Aucuns t’appelleront une caricature, Qui ne comprennent pas, amants ivres de chair, Émile Zola, La Curée, Chapitre 6, 1871. L’élégance sans nom de l’humaine armature. Tu réponds, grand squelette, à mon goût le plus cher ! Viens-tu troubler, avec ta puissante grimace, La fête de la Vie ? ou quelque vieux désir, Éperonnant encor ta vivante carcasse, Te pousse-t-il, crédule, au sabbat du Plaisir ? Au chant des violons, aux flammes des bougies, Espères-tu chasser ton cauchemar moqueur, Et viens-tu demander au torrent des orgies De rafraîchir l’enfer allumé dans ton cœur ? Inépuisable puits de sottise et de fautes ! De l’antique douleur éternel alambic !

28 Geneviève de Brabant 29 auo t ur des œuvres À travers le treillis recourbé de tes côtes Je vois, errant encor, l’insatiable aspic.

Pour dire vrai, je crains que ta coquetterie Ne trouve pas un prix digne de ses efforts Qui, de ces cœurs mortels, entend la raillerie ? Les charmes de l’horreur n’enivrent que les forts !

Le gouffre de tes yeux, plein d’horribles pensées, La Mort qui danse, Félicien Rops, Exhale le vertige, et les danseurs prudents vers 1865. Ne contempleront pas sans d’amères nausées Le sourire éternel de tes trente-deux dents.

Pourtant, qui n’a serré dans ses bras un squelette, Et qui ne s’est nourri des choses du tombeau ? Qu’importe le parfum, l’habit ou la toilette ? Qui fait le dégoûté montre qu’il se croit beau.

Bayadère sans nez, irrésistible gouge, Dis donc à ces danseurs qui font les offusqués : Fiers mignons, malgré l’art des poudres et du rouge Vous sentez tous la mort ! Ô squelettes musqués,

Antinoüs flétris, dandys à face glabre, Cadavres vernissés, lovelaces chenus, Le branle universel de la danse macabre Vous entraîne en des lieux qui ne sont pas connus ! Et souvent, comme toi, se parfumant de myrrhe, Des quais froids de la Seine aux bords brûlants du Gange, Mêle son ironie à ton insanité ! » Le troupeau mortel saute et se pâme, sans voir Dans un trou du plafond la trompette de l’Ange , Les Fleurs du mal, Sinistrement béante ainsi qu’un tromblon noir. Danse macabre (poème à Ernest Christophe) in Tableaux parisiens, Paris, 1857. En tout climat, sous tout soleil, la Mort t’admire En tes contorsions, risible Humanité

30 Geneviève de Brabant 31 auo t ur des œuvres É chos des origines

« Approchez-vous, honorable assistance Pour entendre réciter en ce lieu L’innocence reconnue et patience De Geneviève, très aimée de Dieu ; Étant comtesse De grand’noblesse Née du Brabant était assurément

Geneviève fut nommée au baptême ; Ses père et mère l’aimaient tendrement ; La solitude prenait d’elle-même, Donnant son cœur au Seigneur tout-puissant Son grand mérite Fit la suite Dès dix-huit ans fut mariée richement.

En peu de temps s’éleva grande guerre ; Son mari, seigneur du Palatinat, Fut obligé, pour son honneur et gloire, De quitter la comtesse en cet état, Étant enceinte D’un mois sans feinte, Fait ses adieux, ayant les larmes aux yeux.

Il a laissé son aimable comtesse Entre les mains d’un méchant intendant, Qui la voulut séduire par finesse Et l’honneur lui ravir subtilement ; Page de gauche : Sainte Geneviève Mais cette dame de Brabant, gravure Pleine de charme sur bois, 67 × 43,3 cm, vers 1830. Montbéliard, N’y voulut consentir aucunement. Deckherr.

32 Geneviève de Brabant 33 auo t ur des œuvres Ce malheureux accusa sa maîtresse Et sans remise D’avoir pêché avec son cuisinier ; Je suis soumise Le serviteur fit mourir par adresse, À votre volonté présentement.” Et la comtesse fit emprisonner ; Chose assurée La regardant, l’un dit : “Qu’allons nous faire ? Est accouchée Quoi ! un massacre ! je n’en ferai rien ; Dans la prison d’un beau petit garçon. Faire mourir notre aimable maîtresse ! Le temps finit toute cette grand guerre. Peut-être un jour nous fera-t-elle du bien ? Et le seigneur revint en son pays ; Sauvez-vous dame Golo s’en fut au-devant de son maître Pleine de charme Jusqu’à Strasbourg accomplit son envie ; Dans ces forêts ; qu’on ne vous voie jamais”. Ce téméraire Celui qui a fait grâce à sa maîtresse Lui fit accroire Dit : “Je sais bien comment tromper Golo : Que sa femme adultère avait commis. La langue d’un chien nous faut, par finesse Prendre et porter à ce cruel bourreau Étant troublé de chagrin dans son âme, Ce traître infâme Il ordonna à Golo, ce tyran, Dedans son âme, D’aller au plus tôt faire tuer sa dame Dira : C’est celle de Geneviève au tombeau”. Et massacrer son petit innocent, Ce méchant traître Au fond d’un bois, dedans une carrière, Quittant son maître, Geneviève demeura pauvrement, Va, d’un grand cœur, exercer sa fureur. Étant sans pain, sans feu et sans lumière, Ni compagnie que son cher enfant ; Ce bourreau de Geneviève, si tendre, Tous les oiseaux chantent et la réjouissent, La dépouilla de ses habillements ; L’accoutumant à leur aimable chant ; De vieux haillons la fit vêtir, et prendre Les bêtes farouches Par deux valets fort rudes et très puissants Près d’elle se couchent L’ont emmenée Divertissant elle et son cher enfant. Bien désolée Dans la forêt avec son cher enfant. Voilà son mari qui est en grand-peine Dans son château, consolé par Golo ; Geneviève, approchant du supplice, Ce n’est que jeux, que festins qu’on lui mène, Dit à ses deux valets, tout en pleurant : Mais ces plaisirs sont très-mal à propos ; “Si vous voulez me rendre un grand service Car dans son âme Faites-moi mourir avant mon cher enfant, Sa chère dame,

34 Geneviève de Brabant 35 auo t ur des œuvres Ce châtelain pleure avec grand chagrin. Qui a voulu me séduire par contrainte, Et puis me faire mourir vilainement ; Jésus-Christ a découvert l’innocence De rage félonne De Geneviève, par sa grand bonté : Dit à deux hommes Chassant dans la forêt, en diligence, De me tuer moi et mon cher enfant.” Le comte des chasseurs s’est écarté Après la biche Le comte, ému, reconnaissant sa femme Qui est nourrice Dedans ce lieu, la regarda en pleurant : De son enfant, qu’elle allaitait souvent. “Quoi ! est-ce vous, Geneviève, chère dame ? Pour qui je pleure il y a si longtemps ? La pauvre biche se sauve au plus vite Mon Dieu ! Quelle grâce, Dedans la grotte auprès de l’innocent ; Dans cette place, Le comte, faisant aussitôt la poursuite De retrouver ma très-chère moitié ! Pour l’attirer de ces lieux promptement, Vit la figure Ah ! que de joie ! Au son de la trompette D’une créature Voici venir la chasse et les chasseurs, Qui était auprès de son cher enfant Qui reconnurent le comte, je proteste Apercevant dans cette grotte obscure À ses côtés et sa femme et son cœur, Cette femme couverte de cheveux, L’enfant, la biche, Lui demanda : “Qui êtes-vous créature ? Les chiens chérissent ; Que faites-vous dans ces lieux ténébreux ? Les serviteurs rendent grâce au Seigneur. Ma chère amie Tous les oiseaux et les bêtes sauvages Je vous en prie Regrettent Geneviève par leur chant, Dites-moi, s’il vous plaît, votre nom. Pleurent et gémissent par leurs doux ramages En chantant tous d’un ton fort languissant, – Geneviève, c’est mon nom d’assurance, Pleurant la perte Née du Brabant, où sont tous mes parents ; Et la retraite Un grand seigneur m’épousa, sans doutance, De Geneviève et de son cher enfant. Dans son pays m’emmena promptement ; Je suis comtesse Ce grand seigneur, pour punir l’insolence De grand’ noblesse ; Et la perfidie du traître Golo, Mais mon mari fait de moi grand’mépris. Le fit juger, par très-juste sentence, D’être écorché tout vif par un bourreau. Il m’a laissée étant d’un mois enceinte, À la voirie Entre les mains d’un méchant intendant, L’on certifie

36 Geneviève de Brabant 37 auo t ur des œuvres Que son corps y a été jeté par morceaux. Du ciel alors sortit une lumière Comme un rayon d’un soleil tout nouveau Fort peu de temps notre illustre princesse Dont la clarté dura la nuit entière, Resta vivante avec son cher mari, Rien n’a paru au monde de plus beau : Malgré ses chères et tendres caresses, Les pauvres et les riches, Elle ne pensait qu’au Seigneur Jésus-Christ ; Jusqu’à la biche, Dans sa chère âme Tout a suivi Geneviève au tombeau. Remplie de flamme Elle priait Dieu tant le jour que la nuit. Pour conserver à jamais l’innocence De Geneviève accusée par Golo Elle ne pouvait manger que des racines La pauvre biche veut par sa souffrance Dont elle s’était nourrie dans les bois : La prouver par un miracle nouveau Ce qui fait que son mari se chagrine, Puisqu’elle est morte, Offrant toujours des vœux au Roi des rois. Quoiqu’on lui porte, Qu’il s’intéresse Sans boire ni manger sur le tombeau. » De sa princesse Qui suivait si austèrement ses lois. Texte anonyme du xiie siècle sur Geneviève de Brabant

“Puissant seigneur, par amour je vous prie Et puisqu’aujourd’hui il nous faut quitter, Que mon cher fils, ma douce compagnie, Tienne toujours place à votre côté ; Que la souffrance De son enfance Fasse preuve de ma fidélité.”

Geneviève, à ce moment, rendit l’âme Au Roi des rois, le Sauveur tout-puissant. Benoni, de tout son cœur et son âme, Poussant des cris terribles et languissants Se jetant par terre Lui et son père Se lamentant, pleurant amèrement.

38 Geneviève de Brabant 39 auo t ur des œuvres Geneviève de Brabant, taille-douce, 22 × 32 cm, vers 1760. Paris, Basset.

40 Geneviève de Brabant 41 auo t ur des œuvres distinguais le cheval de Golo qui continuait à s’avancer sur les rideaux de la Se ouv nir d’enfance : fenêtre, se bombant de leurs plis, descendant dans leurs fentes. Le corps de Golo lui-même, d’une essence aussi surnaturelle que celui de sa monture, la lanterne magique s’arrangeait de tout obstacle matériel, de tout objet gênant qu’il rencontrait en le prenant comme ossature et en se le rendant intérieur, fût-ce le bouton de la porte sur lequel s’adaptait aussitôt et surnageait invinciblement sa robe Combray, tous les jours dès la fin de l’après-midi, longtemps rouge ou sa figure pâle toujours aussi noble et aussi mélancolique, mais qui «À avant le moment où il faudrait me mettre au lit et rester, ne laissait paraître aucun trouble de cette transvertébration. Certes je leur sans dormir, loin de ma mère et de ma grand-mère, ma chambre à coucher trouvais du charme à ces brillantes projections qui semblaient émaner d’un redevenait le point fixe et douloureux de mes préoccupations. On avait bien passé mérovingien et promenaient autour de moi des reflets d’histoire si inventé, pour me distraire les soirs où on me trouvait l’air trop malheureux, anciens. Mais je ne peux dire quel malaise me causait pourtant cette intru - de me donner une lanterne magique, dont, en attendant l’heure du dîner, on sion du mystère et de la beauté dans une chambre que j’avais fini par rem- coiffait ma lampe ; et, à l’instar des premiers architectes et maîtres verriers de plir de mon moi au point de ne pas faire plus attention à elle qu’à lui-même. l’âge gothique, elle substituait à l’opacité des murs d’impalpables irisations, L’influence anesthésiante de l’habitude ayant cessé, je me mettais à penser, de surnaturelles apparitions multicolores, où des légendes étaient dépeintes à sentir, choses si tristes. Ce bouton de la porte de ma chambre, qui différait comme dans un vitrail vacillant et momentané. Mais ma tristesse n’en était pour moi de tous les autres boutons de port du monde en ceci qu’il semblait qu’accrue, parce que rien que le changement d’éclairage détruisait l’habitude ouvrir tout seul, sans que j’eusse besoin de le tourner, tant le maniement que j’avais de ma chambre et grâce à quoi, sauf le supplice du coucher, elle m’en était devenu inconscient, le voilà qui servait maintenant de corps astral m’était devenue supportable. Maintenant je ne la reconnaissais plus et j’y étais à Golo. Et dès qu’on sonnait le dîner, j’avais hâte de courir à la salle à manger inquiet, comme dans une chambre d’hôtel ou de “chalet”, où je fusse arrivé où la grosse lampe de la suspension, ignorante de Golo et de Barbe-Bleue, pour la première fois en descendant de chemin de fer. Au pas saccadé de son et qui connaissait mes parents et le bœuf à la casserole, donnait sa lumière cheval, Golo, plein d’un affreux dessein, sortait de la petite forêt triangulaire de tous les soirs ; et de tomber dans les bras de maman que les malheurs qui veloutait d’un vert sombre la pente d’une colline, et s’avançait en tressau- de Geneviève de Brabant me rendaient plus chère, tandis que les crimes de tant vers le château de la pauvre Geneviève de Brabant. Ce château était coupé Golo me faisaient examiner ma propre conscience avec plus de scrupules. » selon une ligne courbe qui n’était autre que la limite d’un des ovales de verre ménagés dans le châssis qu’on glissait entre les coulisses de la lanterne. Ce Marcel Proust, Du côté de chez Swann, GF Flammarion, Paris, 1987, p. 101-103. n’était qu’un pan de château et il avait devant lui une lande où rêvait Gene- viève qui portait une ceinture bleue. Le château et la lande étaient jaunes et je n’avais pas attendu de les voir pour connaître leur couleur car, avant les verres du châssis, la sonorité mordorée du nom de Brabant me l’avait montrée avec évidence. Golo s’arrêtait un instant pour écouter avec tristesse le boniment lu à haute voix par ma grand-tante et qu’il avait l’air de comprendre parfaitement, conformant son attitude, avec une docilité qui n’excluait pas une certaine majesté, aux indications du texte ; puis il s’éloignait du même pas saccadé. Et rien ne pouvait arrêter sa lente chevauchée. Si on bougeait la lanterne, je

42 Geneviève de Brabant 43 auo t ur des œuvres ou Jésuite, on voit que la légende de Geneviève est affaire de religieux, ce qui Les malheurs de sera essentiel dans sa diffusion, son succès populaire et son glissement de Geneviève vers sainte Geneviève. Geneviève de Brabant Bien que très emphatique et foisonnante, c’est la version du père Cériziers, en français, qui fait connaître au monde2 l’histoire et les malheurs de Geneviève de Brabant. Mais c’est alors un récit savant et référencé, écrit à l’intention des élites. « Les auteurs de cette folie, Nous sommes en 730. Geneviève, fille d’un prince de Brabant, épouse le comte À l’instant même m’écrit-on, palatin Sifroy. Mais après deux ans, le « tambour des Sarrasins trouble leur Les auteurs de cette folie bonheur » et Sifroy part guerroyer avec Charles Martel au nord des Pyrénées On les mène à Charenton. » afin de contenir l’avancée des envahisseurs. Et l’absence de Sifroy sera la cause de tous les malheurs de la jeune femme : Golo, à qui Sifroy a confié sa insi finit l’opérette bouffe en un acte Croquefer ou les derniers des femme, s’éprend d’elle, est bien sûr repoussé et pour cacher son acte sacri- Apaladins que les librettistes Adolphe Jaime et Étienne Tréfeu ont lège, accuse Geneviève d’avoir une relation adultère avec un cuisinier de sa concoctée avec Jacques Offenbach en 1857, deux ans avant Geneviève de Brabant. maison, Drogan, qu’il fait tuer. La « petite créature » que Geneviève attend Et quand on sait qu’un asile de fous est à Charenton, cela laisse présager de ne fait rien pour calmer les soupçons de Sifroy, qui, fou de jalousie et abusé la joyeuse impertinence et de la volonté de ces librettistes de nous entraîner par Golo, condamne à mort la mère et Benoni, son enfant. dans leurs élucubrations iconoclastes. Mais si Croquefer se moque des cheva- Emmenés dans une forêt pour y être tués mais épargnés par deux serviteurs liers et de leurs princesses, sanctifiés dans cette époque où le néogothique est compatissants, ils doivent désormais survivre dans cet environnement hos- de mode, c’est à un autre monument de la littérature populaire que les deux tile : fort heureusement, le Seigneur envoie une biche pour allaiter Benoni. écrivains et le musicien « s’attaquent » en 1859 : la légende de Geneviève de Geneviève survit d’herbes, de racines et de baies dans une grotte que Cériziers Brabant, connue, aimée et vénérée de tous. voit comme une « école de vertu, une lice de pénitence et un temple de sain- teté »… Cinq années et maintes apparitions après – celle d’un ange gardien L a légende qui apporte une croix dont le Christ parle à Geneviève, celle de Marie, reine L’histoire de Geneviève de Brabant et de ses malheurs aurait été des anges –, la venue d’un loup qui offre la peau d’une brebis pour couvrir « inventée » en 1472 par Matthias Emmich, théologien et moine du couvent « la Sainte », Geneviève, que les privations ont transformée en « corps tout de de Bopard, sur le Rhin, d’après des faits réels. C’est du moins ce que défend terre », a remplacé dans son cœur l’amour de Sifroy par celui du Christ, son Émile de la Bédollière, juriste et écrivain parisien qui traduit du latin le texte désormais « aimable époux »… de Matthias Emmich et l’édite en 1841 accompagné de gravures de Philippe- Pendant ce temps au château, Sifroy qui s’est abîmé dans une vie de plai- Auguste Jeanron1. De la Bédollière juge que la légende originale est bien pré- sirs et de débauches, est pris de remords et Golo apeuré s’enfuit. Mais, lors férable à toutes les paraphrases modernes. Et parmi elles, L’innocence reconnue d’une chasse, Sifroy, poursuivant la biche de Benoni jusqu’à une caverne, voit ou la vie de Geneviève de Brabant du Jésuite René Cériziers, parue en 1647 qu’il « quelque chose qui ressemble assez à une femme […], n’ayant point d’autre juge « hérissée d’anachronismes, et enflée d’amplifications ridicules ». Moine vêtement qu’une longue et épaisse chevelure qui couvrait tout son corps ». « Extase et ravissement », Geneviève, reconnue et qui « refleurit » à la vue de 1. Une des gravures représentant les deux paysans épargnant Geneviève dans la forêt pourrait avoir servi de modèles aux deux fameux hommes d’armes d’Offenbach. 2. L’œuvre est très tôt traduite dans de multiples langues.

44 Geneviève de Brabant 45 auo t ur des œuvres son cher Sifroy, est ramenée au château en gloire. Malgré les supplications de la jeune femme, Golo l’infâme traître est écartelé par quatre bœufs et mangé par les corbeaux… Cependant, Geneviève affaiblie, appelée par Dieu à un autre destin, doit commencer au ciel « une éternité de plaisirs ». Elle meurt et la biche se laisse dépérir sur son cercueil. Sifroy, inconsolable, construit une chapelle et quelques ermitages autour de la grotte où il enterre les reliques de son épouse, et en compagnie de son fils Benoni, se retire du monde pour mener une vie d’er - mite sur la tombe de « la glorieuse âme, sainte et incomparable Geneviève »…

P ropagande Le grand succès de la version de René Cériziers – Geneviève serait jugée aujourd’hui passive et résignée – est dû à sa parfaite adéquation à une propagande religieuse. Le Jésuite, bras armé de la Réforme catholique suite au Concile de Trente conclu en 1563, fait de Geneviève une sainte : son his- toire suscite une exaltation mystique, une émotion propre à la dévotion qui soutient la propagation de la foi catholique face à la rigueur des Protestants. Geneviève par son « innocence reconnue » est proche de Suzanne, salie par les Vieillards de la Bible. Par son exil dans une grotte, les longs cheveux qui la recouvrent, elle se confond avec Marie-Madeleine pénitente à la Sainte-Baume. Son amour maternel la rapproche de la Vierge Marie… La jeune femme gâtée qu’elle est au début de l’histoire apprend l’amour de Dieu, devient une sainte par son dévouement, sa soumission et son martyr. Les aventures édifiantes qui lui arrivent, les apparitions de l’Ange gardien ou de la Vierge, le Christ qui la réclame auprès de lui après sa réhabilitation, ne sont que la mise en « image » de cette volonté de l’Église de se forger de nouveaux thèmes de dévotion, proches des croyants.

Une héroïne populaire L’histoire de Geneviève sanctifiée par Cériziers se propage très vite. Le père Durand l’adapte dans ses fameux Cantiques de l’âme dévote en 1678, chantés dans toutes Page de droite : les églises. Dans la France entière, les petits livrets de la Sainte Geneviève Bibliothèque bleue de colportage diffusent l’histoire en la de Brabant, gravure sur bois, 64 × 41,6 cm, simplifiant – le récit oublie souvent les multiples appari- 1837. Épinal, Pellerin.

46 Geneviève de Brabant 47 auo t ur des œuvres tions et la fin édifiante de Sifroy et Bénoni – et les images en feuille volante, diffusées dans les foires et par les colporteurs, fixent l’iconographie de la sainte. Au xviiie siècle, tous les centres imagiers, Paris en tête, mais aussi Caen, Le Mans, Rouen, Toulouse… puis au xixe, Nancy, Metz, Montbéliard et Épinal produisent des images, oscillant entre l’appellation Geneviève ou sainte Gene- viève selon leurs convictions. En compagnie des autres histoires édifiantes d’amours malheureuses qu’aime l’imagerie, Pyrame et Thisbé, Adélaïde et Ferdinand, Paul et Virginie, l’histoire de Geneviève devient un best-seller. Les imagiers préfèrent surtout représenter l’abandon de Geneviève dans la forêt, la biche allaitant l’enfant, et les retrouvailles des époux. Dans les images du xixe siècle, toujours le même cantique en vingt-neuf strophes que l’on chante sur l’air Que devant, raconte son histoire. Quand on sait que cet air est celui des Peuples et Zéphyrs de l’opéra Atys de Lully, Que devant vous tout s’abaisse et tout tremble, composé en 1676 pour Louis XIV, on peut juger de la porosité étonnante entre œuvres savantes et populaires, comme le montre bien la diffusion de l’histoire de Geneviève. Vers 1800, Geneviève de Brabant est connue de tous. À Paris, les auteurs Histoire de sainte Geneviève de Brabant, gravure sur bois, 43,8 × 64,6 cm, vers 1838. Nancy, Hinzelin. de théâtre font de son histoire tragédies et mélodrames. Des spectacles de marionnettes ambulants racontent ses malheurs. On la chante à l’opéra3 ou par son cantique « qu’on psalmodie à toutes les fêtes patronales »4, on trouve Le s parodies ses images sur tous les murs en compagnie de celles de Napoléon, du Juif S’emparer des personnages des opéras ou des pièces à la mode pour errant et du Christ. Son désarroi séduit, son dévouement sert de modèle aux les moquer ou en détourner les aventures, est un exercice qu’ont toujours épouses, sa dévotion sans faille inspire les croyants. prisé les auteurs et compositeurs des théâtres des foires ou des boulevards. Cependant, dès 1830, la dévotion autour de sainte Geneviève de Brabant, si elle En 1840, Duvert, Lauzanne et Saintine proposent ainsi La nouvelle Geneviève reste vivante dans les provinces, n’est plus de mode à Paris. Non seulement de Brabant, drame , bouffonnerie de la vie intime, en deux actes, pièce les thèmes de la religion populaire sont jugés par les intellectuels parisiens à la fois parlée et chantée. L’argument est pour le moins loufoque. Geneviève, comme naïfs et désuets, mais l’imagerie elle-même est vue comme un arti- ancienne danseuse de corde et diseuse de bonne aventure, a épousé Geoffroy, sanat archaïque, comme « d’effroyables images tachées de rouge et de bleu » marchand de pelleterie à Paris. Mais son mari, parti chercher des peaux au ainsi que l’écrit Balzac5. Sainte Geneviève de Brabant redevient Geneviève et Kamtchatka a disparu depuis deux ans ! Pendant ce temps, Geneviève doit peut alors être parodiée. résister aux assauts amoureux de deux commis, M. Ri(golo) et M. Cocatrix6. Au retour de son mari – bloqué huit mois dans une caverne par des ours ! – Rigolo accuse Geneviève d’adultère… Mais fort heureusement, tout finit pour 3. Robert Schumann fait jouer en 1850 à Leipzig son seul opéra, Genoveva, sans grand succès. le mieux, Geneviève est disculpée. 4. E. de la Bedollière, 1841. 5. Honoré de Balzac, Les Chouans, 1829. 6. Bête imaginaire à tête de coq et corps de serpent.

48 Geneviève de Brabant 49 auo t ur des œuvres D essins de Draner pour les costumes de Geneviève de Brabant, opéra-bouffe de Jacques Offenbach, 1867. Ci-dessus : costumes de Gourdon (Sifroy) et Daniel Bac (Golo) ; page de droite : costumes de Lesage (Charles Martel) et Lignel (Narcisse). Source Gallica, Bibliothèque nationale de France Ml il e références Sifroy marié à Geneviève n’arrive pas à avoir d’enfant et son trône est On voit que lorsqu’Offenbach et ses deux premiers librettistes décident de menacé. Tout cela par la faute de Golo, nouveau « saint Éloi » qui veut prendre sa moquer la légende de Geneviève, ils ne sont pas les premiers ! place et assomme le Duc, nouveau « Dagobert »8, de tâches qui l’empêchent de Après le succès d’Orphée aux enfers en 1858 dont l’humour iconoclaste n’a pas faire son « devoir ». Drogan, le cuisinier de la légende soupçonné injustement, toujours été très bien accueilli par les critiques, Offenbach s’attaque donc au devient un jeune pâtissier « chérubin » (en référence à Mozart, rôle d’ailleurs monument populaire qu’est la légende de Geneviève : en 1859, Geneviève de interprété par une femme) qui veut guérir Sifroy avec un pâté magique (une Brabant, présenté aux Bouffes-Parisiens, n’a que deux actes. L’opéra-bouffon est pièce comique très connue se nomme La farce du pâté d’oie)… Bien sûr, Golo accueilli avec un succès d’estime mais sans vraiment rencontrer le triomphe accuse Geneviève de tromper le Duc avec Drogan et elle est répudiée. Des attendu. En décembre 1867, Offenbach décide de reprendre la partition. Pour personnages à peine esquissés dans la légende, apparaissent : Charles Martel cet opéra-bouffe, il garde les meilleurs airs mais s’adjoint un autre librettiste, vient chercher Sifroy pour l’emmener en croisade au départ de la « gare du Hector Crémieux, qui refond complètement l’argument, rajoute un acte, des chemin de fer du nord de ce temps-là » mais, au lieu de partir, se cache avec lui personnages… L’histoire se déroule désormais à Curaçao7 et l’air national des dans son château d’Asnières ! Les deux chasseurs qui épargnent Geneviève se Curaçoïens est « Vermouth, bitter et curaçao »… Le ton est donné ! On retrouve transforment en hommes d’armes, Pitou9 et Grabuge, vraiment stupides (« Tue les personnages de la légende, dont les rôles structurent encore l’histoire, mais leurs aventures sont pour le moins improbables. 8. Vers 630, le roi franc Dagobert avait comme conseiller saint Eloi. Tous les deux sont devenus au xviiie siècle, les héros d’une chanson populaire peu respectueuse de la 7. À la fois île des petites Antilles, néerlandaise, en référence au Brabant, et liqueur dignité du roi et de ses successeurs d’ailleurs ! à la mode à Paris ! 9. Gros chien, équivalent de Matou pour le chat.

50 Geneviève de Brabant 51 auo t ur des œuvres moi et je te tue après »). Leur air « Protéger le repos des villes, courir sus aux mauvais garçons » sera un immense succès. Isoline, la femme abandonnée de Golo, absente de la légende, se révèle l’alliée d’une mièvre Geneviève dont l’air de bravoure est « Quand on possède une biche, il faut l’aimer, la servir »… Dans une fête que donne Charles Martel au château d’Asnières, dansent et chantent Narcisse le poète de Sifroy (Ovide), Don Quichotte (Cervantès), Saladin (le grand conquérant de Jérusalem face aux croisés), Renaud et ses trois frères (une image populaire célèbre représente Les quatre Fils Aymon), livret Griselis (la patiente et soumise Griselidis apparait chez Perrault et dans de multiples opéras), Armide (héroïne du Tasse échappée des opéras de Lully Geneviève de brabant ou de Glück) et Bradamante (héroïne de l’Arioste et de l’Orlando furioso)… Et Jacques Offenbach bien sûr, dans cet opéra joyeux, tout finit bien pour Geneviève réhabilitée. Les subtiles et iconoclastes références au monde qui entoure et nourrit Offen- bach et ses librettistes sont quelquefois difficilement perceptibles aujourd’hui. Toutefois, même si l’on ne peut comprendre toutes les subtilités du livret, il reste que Geneviève de Brabant dépeint un monde enthousiaste d’heureuse et frénétique folie et cela, nous y sommes toujours sensibles.

Paris, après Offenbach, ne pourra plus voir l’édifiante légende de la même manière ! Mais Geneviève n’en a pas fini d’être malmenée : en 1899, Erik Satie, alors pianiste de cabaret, compose sur la légende une pièce de marionnettes d’ombres chinoises10. Se succèdent divers airs : le chœur du 1er acte chante « Nous sommes la foule compacte qu’on met toujours au premier acte » ! Et Geneviève, à l’acte 2 se lamente : « Que c’est donc cruel de mourir en pleine vie, […] voir faucher sa jeunesse, c’est nuisible à la santé… » ! Mais elle ne mourra pas, comme dans l’opéra d’Offenbach. Paradoxalement, la belle et sage Geneviève de Brabant vit toujours grâce à leurs malicieuses parodies.

Martine Sadion, Musée de l’image, Épinal.

10. Retrouvée après sa mort en 1926 et jouée en mai de la même année.

52 Geneviève de Brabant 53 GOLO GOLO GOLO A CTe I Je vivrai si je veux ! Oui, et la loi est formelle… Hum, jusqu’à ses derniers moments ! Scène I GRABUGE Mais, je le jure par ce portefeuille, Embrassons-nous, bourgmestre, Brigitte, Vanderprout, Pitou, Vive Vanderprout ! après lui le Brabant trouvera toujours (ils s’embrassent) Grabuge, Chœur et que Dieu nous garde ! PITOU un maître ! BRIGITTE Vive Vanderprout ! VANDERPROUT (étonné, l’interrompt) VANDERPROUT Comment, pas de bal ? Mais alors, TOUS Pour le grand conseiller intime Que Dieu nous garde ! qu’est-ce que vous manigancez Vive Vanderprout ! du duc Sifroy, vous prenez les choses GOLO là-dedans depuis trois jours ? avec… euh… philosophie ? Au revoir !… Je vais au-devant du duc, VANDERPROUT Scène II GOLO (avec ironie) mon maître ! Comment ? Vous, la voisine de madame Les mêmes, Golo Avec qui ? VANDERPROUT Geneviève, vous ne savez pas ça ? GOLO (à Pitou) VANDERPROUT Seigneur Golo, au revoir ! Nous faisons de la politique ! Eh ! Pourquoi ne crient-ils pas encore Philosophie. (Claquement digito-bucal, puis pschitt. CHŒUR vive Golo ? Golo sort.) GOLO Ouais ouais… PITOU Dites-moi : en tant que bourgmestre Scène IV VANDERPROUT Oui ! Pourquoi ne crient-ils pas encore… vous touchez combien ? Vanderprout, Grabuge et Pitou C’est l’ordre du seigneur Golo. (Grabuge le frappe pour le faire taire.) VANDERPROUT (Claquement digito-bucal. Golo apparaît.) VANDERPROUT VANDERPROUT Oh, vous savez je travaille au bien-être Ah ! Dame, c’est qu’ils ne sont pas Ou je suis un bourgmestre idiot, ou TOUS de mes concitoyens, et il n’y a pas Oh ! Golo Golo ! contents, parce que… ce Golo roule les plus noirs projets dans plus grande récompense que de savoir son portefeuille… Il faut le ménager ! GOLO GRABUGE que l’intérêt public de la commune… Mais que faire, messieurs, que faire Oufti, voilà le seigneur Golo ! Parce que ? GOLO (interrompu) pour modifier l’état des choses ? PITOU (répétant mécaniquement) Scène III C ombie n ? PITOU Oufti, voilà le seigneur Golo. Vanderprout et Golo VANDERPROUT Quel état des choses ? Euh, c’est qui Golo ? Quinze mille, chauffé, éclairé, blanchi. (Grabuge tape) GOLO GRABUGE (indiquant entre ses jambes) Belle journée pour la fête du duc, GOLO (complice) Notre duc, voyons ! VANDERPROUT (aux fonctionnaires) notre maître ! Ah, blanchi ?! Le grand conseiller intime du PITOU duc Sifroy… VANDERPROUT VANDERPROUT Eu h ? Un homme très fort en géographie… Belle journée, oui, Transparent ! VANDERPROUT mais mauvaise année ! On dit que tous les jours à son déjeuner GOLO J’ai tout essayé : j’ai convoqué il refait trois fois la carte ! GOLO Et vous tenez à votre place ? des conseillers conjugaux, Ah oui ? Pas de pommes ? des scientifiques, des sexologues, GRABUGE VANDERPROUT des apothicaires, des acupuncteurs, Vive Golo ! VANDERPROUT Comme à l’honneur. Si, des pommes… ta mère, la sorcière de Nancy, PITOU Mais le duc pas d’enfant, et pas d’enfant GOLO des thérapeutes tantriques qui nous Vive Golo ! pas de succession, pas de succession, Et vous serez fidèle au duc ? ont montré toutes les positions du TOUS (avec indifférence) pas de couronne, et pas de couronne… VANDERPROUT (avec force) Kama Sutra, même la deux cent Vive Golo ! pas de couronne. Jusqu’à ses derniers moments. quatre-vingt-dix-huit !

54 Geneviève de Brabant 55 l ivret GRABUGE et PITOU Scène V PITOU TOUS Même la deux cent Les mêmes, Drogan et le Chœur Ici ! Moi ! Moi ! Moi… Vive M. le bourgmestre ! (Tous les hommes regardent quatre-vingt-dix-huit ?! VANDERPROUT DROGAN (paraissant) entre les jambes de Pitou.) PITOU (en voix basse à Grabuge) Qui sait, monsieur le bourgmestre ? Allons, messieurs, courez à la salle du C’est laquelle la deux cent PITOU festin… Mettez ce hors-d’œuvre devant TOUS quatre-vingt-dix-huit ? Euh… En fait, euh, non rien ! l’assiette de notre gracieux souverain… Drogan l’apprenti charcutier-traiteur ! (Grabuge chuchote dans l’oreille de Pitou. (Il fait machine arrière en réalisant et que le ciel protège le Brabant !… Pitou fait des grimaces bizarres en écoutant VANDERPROUT qu’il s’est blâmé.) PITOU GRABUGE et les DEUX MARGINAUX Grabuge.) On pédale dans la choucroute ! VANDERPROUT (l’interrompant, à part) Que le Ciel protège le Brabant ! GRABUGE VANDERPROUT Si j’osais l’entamer. DROGAN C ompr i s ? Envoie la sauce ! (haut) Et que veux-tu pour ta récompense ? Ah Drogan, pour un apprenti PITOU PITOU charcutier-traiteur, c’est futé quand DROGAN Euh, non ! Envoie la sauce ! on pense que je leur ai servi un pâté qui (Grabuge le frappe) Puis-je tout demander ? GRABUGE n’est pas du tout magique, c’est un pâté VANDERPROUT Ô pâté merveilleux ! VANDERPROUT tout bête. J’ai trop hâte ! Oh Geneviève ! Oui ! Et j’ai promis une récompense Tout ! Je vais vivre auprès d’elle, je vais la voir, PITOU à celui qui m’apportera la solution. DROGAN la sentir, la toucher, lui faire des petits Ô pâté merveilleux ! PITOU Alors je voudrais être valet pâtés, lui faire… VANDERPROUT Et qu’est-ce qu’il a le duc ? de madame Geneviève ! Oh non, je n’oserai jamais ! Ô pâté putatif ! (Grabuge fait un geste de bite molle VANDERPROUT LE PEUPLE (accourant) avec son petit doigt.) PITOU Toi ! ?! Vive le duc Sifroy ! He i n ? Ô pâté putatif ! Ohhhhh ! Il a dit putatif ! DROGAN (mendiant) GRABUGE Ça fait vingt centimes dans la tirelire GRABUGE Elle est si belle ! L’air national ! à gros mots. Combien y’en a qu’a dit Il ne peut plus… ! putatif ? Y’en a un, deux, quatre, treize, VANDERPROUT PITOU PITOU vingt-deux. Lui là, vous, vous avez dit Toi, valet de madame Geneviève ? La curaçoïenne ! Peut plus quoi ? putatif ? Allez hop, dans la tirelire à gros Un petit charcutier, valet ? Et qui n’a GRABUGE (Grabuge et Vanderprout chuchotent dans mots. Ça va me faire six quarante. Je vais même pas son Certificat d’Aptitude V’la l’ duc ! l’oreille de Pitou. Pitou fait des grimaces Professionnelle ? Un pauvre adolescent enfin pouvoir m’acheter la réplique PITOU bizarres en écoutant Grabuge et Vanderprout) imberbe, tu crois pouvoir être au service miniature de la locomotive Fleischmann V’la l’ duc ! GRABUGE et VANDERPROUT de notre souveraine Geneviève, toi qui série C651 pour mon chemin de fer ! (Drogan s’esquive et se mêle à la foule.) C ompr i s ? fais deux têtes de moins qu’elle, qui VANDERPROUT sens le boudin à cent mètres à la ronde, PITOU Mais, dis-moi, petit, es-tu bien sûr Scène VI toi avec tes mains d’égorgeur de porcin ? Euh non ! que ce pâté va guérir notre duc ? Geneviève, Sifroy, Golo, Narcisse, Brigitte, (Grabuge et Vanderprout le frappent) DROGAN DROGAN Vanderprout, Chœur GRABUGE (à Vanderprout) Eh bien ? Si quelqu’un a le même problème de… SIFROy Et alors vous avez trouvé quelqu’un ? virilité, je vous en prie, qu’il en fasse VANDERPROUT Assez, c’est assez, toujours le même VANDERPROUT le premier l’épreuve… Eh bien soit. air national ! J’adore les épinards, mais Personne ! Pays de mangeurs de frites (il regarde autour) DROGAN si on me donnait des épinards tous mayonnaise. Pas une idée ! a lor s ? Vive M. le bourgmestre ! les jours…

56 Geneviève de Brabant 57 l ivret VANDERPROUT SIFROY SIFROY SIFROY Prince, vous voilà de retour pour Bien ! Tu me plais, toi, Progéniture ? La prolongation de ma Assez ! Je ne supporte plus votre grand discours ! parce que tu es franchement bête. progéniture… Mais c’est mal écrit, ça. cette musique ! (bas) SIFROY C’est lourd, n’est-ce pas Narcisse ? VANDERPROUT Et pis t’es pas beau non plus. Oh, c’est presqu’un alexandrin ! NARCISSE Prince, tout ce que vous entreprenez (regard blessé de Narcisse) Bravo, c’est qu’il est presque doué ! Oui, moi là je mettrais plutôt pour le bonheur de vos vassaux vous Ah ah ah ! Mais je t’adore ! Attendez… Narcisse… Où donc est prolifécond… réussit… tout, excepté une seule chose… Viens, t’auras ton gâteau. mon poète ? Tiens, d’ailleurs, Golo, et nous venons vous supplier, prince, de (tout à coup très formel) SIFROY (à Narcisse) comment dit-on poète ? ne pas perdre espoir ! Daignez accepter Golo, mon fidèle Golo, Bon, On s’en fout. Passons : Dit-on pouêt ou dit-on poite ? en attendant, comme l’expression de as-tu ma harangue ? (lisant) GOLO j’ai voulu, cette année, vous donner une nos vœux les plus chers, ce magnifique GOLO (lui donnant un papier) On dit poite, monsieur. marque particulière de mon affection : cadeau : alors voyez-vous on n’a pas fait Harangue. les choses à moitié c’est une layette rose SIFROY j’ai accepté le festin que vous m’offrez, SIFROY d’un côté, si c’est une fille, et On dit poite ? heureux de vous annoncer à tous, Lunettes. (il siffle en retournant la layette) (confus) Soit ! Narcisse ! Narcisse ! Cor… coram quoi ? Je comprends rien, GOLO (à Narcisse) bleue de l’autre si c’est un garçon ! NARCISSE Qu’est-ce qu’il y a écrit là ? GRABUGE Narcisse ! Narcisse ! Lunettes. SIFROY NARCISSE (lisant avec difficultés) Voilà madame Geneviève ! SIFROY Co… coram… rum… po… PITOU Mais c’est toi, imbécile. Scalpel. GOLO (interloqué) GOLO Voilà madame Geneviève ! NARCISSE Coram populo. C’est du grec ! Ah oui ! Me voici près de vous S c a l … ? CHŒUR Coram populo. Voilà madame Geneviève ! pour vous servir, Seigneur… SIFROY SIFROY (en levant les yeux au ciel) SIFROY SIFROY Ha ha ! (je t’ai bien eu) Ah d’accord ! Tu comprends pas le grec, Madame Geneviève, vous avez entendu A ss e z ! et bah tiens t’es puni. Fini les gâteaux. So ifr y (à Narcisse) ces braves gens… Dites-leur qu’on fera NARCISSE (continuant) Bon bref, quelque chose pour eux. Sans souci je vous voue Va coucher, toi. (il lit) (il lui donne un biscuit) (au peuple, lisant) (au peuple) le plus sincère honneur. j’ai accepté le festin que vous m’offrez ! Peuple du Brabant, bah, ils sont où ? VANDERPOUT (avec la plus grande attention) SIFROY Acclamations… VANDERPROUT (tous occupés sous le balcon Chut ! Attention ! Elle va parler ! Assez !… Il faut, Narcisse, que tu GOLO (bas) avec le cadeau pour Sifroy) GENEVIÈVE (sans savoir quoi dire) me changes les paroles de ce chœur Acclamations, c’est le peuple. On est là ! Euh… bah… euh… d’entrée : vermouth, mirabelle, curaçao ! SIFROY (répétant, sans comprendre) SIFROY (gênée, elle rit) Toujours les mêmes liqueurs, ça affadit. Acclamations, c’est le peuple. Ah ! C’est toujours avec une nouvelle joie SIFROY NARCISSE que je vois arriver le jour de ma fête, et GRABUGE Mouais. Allez ranger cela (inventant ses vers en cherchant des rimes) je m’associe de tout mon cœur aux vœux Vive Sifroy ! En huit jours, mon seigneur, dans votre commode… pendant que J’en vais écrire un autre, que vous formez pour la prolongation de PITOU je prendrai part au festin, Et vous aurez… un chœur ma pro… de ma pro… Vive Sifroy ! car c’est un dîner d’hommes… Vraiment… digne… du vôtre ! GOLO TOUS (sans enthousiasme) LE CHŒUR (Tous applaudissent.) Progéniture. Vive Sifroy ! O u a i s !

58 Geneviève de Brabant 59 l ivret 60 Geneviève de Brabant 61 l ivret SIFROY lui prendre un éblouissement ! Scène IX un clown, tu l’as fait pleurer ; les frères N’est-ce pas, bourgmestre ? GOLO Brigitte, Geneviève, Baigneuses siamois qui t’ont joué tout Chopin à quatre mains, un soupir de dédain, VANDERPROUT Quant à madame Geneviève, GENEVIÈVE non, vraiment, là, il faut que tu fasses Absolument. D’autant plus que Drogan j’avais rêvé son appui, son amour… Mon Dieu !… vous a préparé ce merveilleux pâté. elle a repoussé mes criminels (elle baille) un effort. C’est un pâté qui rend ferme ! et respectueux hommages… (Pause. Geneviève ne réagit pas). BRIGITTE Irma, prends ton hautbois. SIFROY (familièrement) Mais je réussirai bien un jour Ah ! Si je pouvais ramener le sourire IRMA Allons-y, j’ai une faim de chien… à la séduire : écoute Narcisse, sur tes lèvres… Aidez-moi mes chéries, elle tombera bientôt sous le charme Tout de suite ! GENEVIÈVE tâchez de chasser sa tristesse. de ces vers ! DROGAN (sur le thème de la sérénade) Sifroy, doucement avec le cholestérol. HERMANCE GOLO La la la la la ! SIFROY Voulez-vous que je lui montre les photos Alors ? Vous qui êtes poète, (reconduisant sa femme, sans l’écouter) de nos dernières vacances en Corse ? GENEVIÈVE vous trouvez ça comment ? Chut taisez-vous ! Un homme chante ! Oui, chère amie, je ne mangerai TOUTES (très enthousiastes) que de la salade et du salsifis cru ! NARCISSE (sans cacher son mépris) Oh oui ! UNE BAIGNEUSE (Geneviève rentre avec ses demoiselles Tout n’est pas… mais c’est intéressant. (choquée par l’entrée de l’homme) PÂQUERETTE d’honneur.) Oui, oui, en creusant, on peut même Je me sens violée dans mon intimité ! Et on pourrait lui organiser Allez à table ! y trouver de bonnes choses. une soirée Tupperware ? LE PEUPLE Vous pouvez être fier. Scène X TOUTES À table, à table! GOLO Les mêmes et Drogan Oh oui ! (Tous, sauf Golo et Narcisse, sortent.) Quels sont ces cris ? TOUTES (improvisé) IRMA Oh, Geneviève qu’est-ce que tu chantes Scène VII Scène VIII Je lui jouerais du hautbois. bien ! J’adore. Waouh, c’est super ce que Golo, Narcisse Golo, Vanderprout, Sifroy, Chœur hommes TOUTES tu fais ! Bah, tu vois quand tu veux ! Mais Ah non !! GOLO VANDERPROUT (rayonnant, la serviette au cou) Je… je… je crois que je vais pleurer… (Geneviève ouvre la bouche) Narcisse, deux obstacles gênent Victoire ! victoire ! (Elles pleurent toutes.) GENEVIÈVE (baillant) LES HOMMES (au lointain) mon ambition… GOLO Je meurs d’ennui. Cococococococo ! Pour ce qui est du duc, je l’entretiens Qu’avez-vous donc, bourgmestre ? dans un doux état d’abrutissement, BRIGITTE VANDERPROUT je lui fais passer ses jours et ses nuits à Vraiment Geneviève… Scène XI Il en a mangé !… donner des signatures ou à apprendre fais un petit effort ! Bon allez les filles, Les mêmes et Sifroy, Golo, Chœur GOLO ces harangues qu’il récite si bien. on sort le grand jeu. GENEVIÈVE Qui ? quoi ? Et c’est ainsi que doucement porté GENEVIÈVE Ah ! Mon Dieu, quelle barbe, c’est par le flot, je poursuis mon plan VANDERPROUT Laissez tomber ! Tous vos jeux, mon époux ! Mes amies restez là, politique qui se résume en ces mots Il en a mangé ! Ils en ont mangé ! tous vos chants, ça ne vaut pas Brigitte, ne me quitte pas… fort simples : monter, monter toujours, Nous en avons tous mangé, un homme qui vous… SIFROY (entrant) me cramponner, souffler un brin, il n’en reste plus ! (sous-entendu « désire ») Halte ! Où est donc mon… et monter encore jusqu’au sommet ! GOLO BRIGITTE (l’interrompant) (il bute sur le mot poète) NARCISSE (à part) Mais qu’est-ce qu’ils ont mangé ? Bon écoute, on se décarcasse et toi mon pouèpouè, mon p… p… oh c’est Pourvu qu’en cet instant il n’aille pas tu fais la fine bouche. On a fait venir trop dur j’y arriverai jamais : Narcisse !

62 Geneviève de Brabant 63 l ivret Narcisse ! Oh quelle inquiétude, pour toi je sacrifierais toutes GOLO GOLO où peut-il être ? Narcisse ! les perruques du monde. Eh bien, non, je n’oserai jamais Oui, prince ! Qu’est-ce qu’ils m’ont donc donné ? (à Geneviève) vous dire ça comme ça… SIFROY (il saute) Touche mes habits, ils sont en soie, Ah ! La poésie relève tout… Tu m’espionnais donc ! J’ai l’impression d’avoir mâché de la ces habits te déplaisent ? Narcisse, dis à ton duc ce que tu sais. poésie et avalé le flambeau de Cupidon ! Non, non mais ils te gênent. GOLO NARCISSE (de sous la couette) Il a osé pénétrer… J’éprouve d’étranges hallucinations, Tiens regarde : (il ouvre sa braguette) Vous ne le regretterez pas ? mon sang prend dans mes veines pour toi, je sacrifie tous mes habits. SIFROY SIFROY le de Pégase. Ah ! Le cochon, il m’espionnait ! GENEVIÈVE (préfère qu’il reste habillé) Parlez donc, vous m’épouvantez ! Je vois des horizons pleins de… de… Non mais ça va pas ou quoi ? Hmmmm, ce n’est pas pour me (il perd le fil) NARCISSE (il sort la tête de la couette, déplaire. Et alors qu’est-ce que tu as vu ? SIFROY Vénus effeuille sur ma tête la rose déclamant) Ça t’a plus ? Raconte, raconte… C’est pas bientôt fini ? qui lui sert de calotte. Nous sommes tous soumis, grands, Vous voyez bien que j’ai à causer GOLO (il saute) petits, gros et minces, avec ma femme ! Sire ! Drogan ! Il a osé pénétrer chez elle Où est Geneviève ? Où est ma femme ? À ce sort ici-bas ! sous votre manteau et votre toque. Et le barde qui veille à la porte GENEVIÈVE Scène XII des princes, SIFROY (choqué) Seigneur, me voici. Sifroy puis Golo, Narcisse Ne les en défend pas ! Ma toque ?! SIFROY SIFROY (assis dans son lit, agitant la cuillère SIFROY (debout, furieux, (confus) Ma toque ? C’est elle ! C’est elle ! dans sa tasse) interrompant Narcisse) (bêtement) Et alors ? (il frétille) Je suis fixé… c’est une indigestion. Une mandoline ! Une guitare ! Qu’on Des détails ! vite… GOLO (Golo entre violemment.) m’habille en troubadour. C’est ainsi NARCISSE Et alors… qu’est-ce qu’il vous faut que le plus tendre des amants… le plus GOLO Dans la brise marine en voyant encore ? tendre des amants… le plus tendre Seigneur, seigneur ! le chevreuil qui broutait des épines… SIFROY (il se gifle) SIFROY (d’une voix dolente) SIFROY (exaspéré) Jour de Dieu ! Ces choses-là n’arrivent Mais ça va pas, non ? Où est mon pouêt Ah ! C’est toi, mon ami, En prose ! qu’à moi !… Quel remède, Golo ? pouêt ? Narcisse ! Narcisse ! Golo ! mon fidèle conseiller… GOLO GOLO (à Golo) GOLO (l’interrompant) Le traître est un traiteur… Un seul… La mort. Qu’il m’invente des mots qui dépeignent Prince, r’habillez-vous… ma flamme ou je lui fais couper la tête… SIFROY SIFROY SIFROY et je la dépose à tes pieds comme preuve Cromment ? Qur’est-ce qrue tu dis ? Un suicide ? Jamais ! Impossible, mon ami… de mon affection : Geneviève. D rog a n ! GOLO (à part) Je n’ai plus de jambes… GENEVIÈVE NARCISSE Ça n’a pas l’air de prendre… GOLO Un marmiton, Si f roy ! SIFROY Mon duc… Votre femme… Dit-on… SIFROY Avaler des cachets, ah ça, moi je suis SIFROY Si chaud. Approche. Sens ma perruque. GOLO contre tout ce qui est chimique, Ma femme ?… quoi ma femme ? Elle est pleine de parfum ! Au moment où vous avez quitté d’ailleurs, je ne prends que de Ce parfum t’incommode-t-il ? GOLO brusquement madame Geneviève… l’homéopathie. Et sauter d’un pont ?… Non, non, mais il te gêne, ça me suffit. Voulez-vous savoir la vérité ? je l’ai vu. mon dieu Narcisse ! J’aurai jamais Tiens regarde : SIFROY SIFROY le courage. Tu pourras me pousser, dis ? (il jette sa perruque) Un peu, oui. Tu m’espionnais ? Ou bien un coup de revolver

64 Geneviève de Brabant 65 l ivret dans la cervelle ? Ouh la non ! De un : V’lan!.. Scène XIV SIFROY (Il arrose le perturbateur.) Vite, qu’on s’habille ! Revêtissez j’ai les tympans fragiles. Et de deux : Entrent Narcisse, Grabuge et Pitou, vos armures… Allons ! Chaud, chaud ! t’imagine la grosse tâche sur le Kilim ? CHŒUR puis progressivement Vanderprout, Golo, Le voilà!... Allez, hue cocotte. GOLO (exaspéré) « Silence ! » « On veut dormir » Brigitte et le Chœur (Charles Martel arrive, tout le monde s’incline.) Je veux dire la mort des coupables ! « C’est pas bientôt fini, oui ? » NARCISSE SIFROY (tout à coup très soulagé) CHARLES MARTEL Qu’y a-t-il ? Qu’est-il arrivé ? Scène XV Ah, bah j‘préfère ! Mordiable, fesse-Matthieu, SIFROY Les mêmes et Charles Martel (sadique) qu’est-ce que c’est ! Tu le demandes, mais Charles Martel ! Qu’elle meure avec son traiteur. CHARLES MARTEL SIFROY NARCISSE Quelle est la canaille qui m’a versé… GOLO Ne faites pas attention ! C’est de l’eau. Charles Martel ? Golo y’a pas Qu’il se nomme, ou je démolis Tope là ! CHARLES MARTEL (menaçant) de concierge dans ce palais ? la maison de fond en comble ! SIFROY (lui frappant dans la main) (Grabuge et Pitou entrent.) Tu ne sais pas à qui tu parles ! SIFROY (avec grandeur) Tope là. Et maintenant laisse-moi SIFROlD GRABUGE Seigneur… la canaille, c’est moi. me recoucher… je sens que je suis Non, j’avoue franchement, je ne vous Qu’est-ce qu’i’ s’passe ? plus calme ! Quand on a arrangé NARCISSE connais pas encore assez pour ça. PITOU toutes ses petites affaires, on peut aller Je confirme. Oui qu’est-ce qu’i’ s’passe ? se coucher. Je vais me coucher. CHARLES MARTEL CHARLES MARTEL Tout le monde va se coucher ! Eh bien ! Qui que tu sois, ouvre, NARCISSE Toi ! Pisse-froid ! Bisou ! Bonsoir ! et reconnais Charles Martel ! Tu le demandes mais Charles Martel ? SIFROY (Il chantonne) SIFROY PITOU Non, Sifroy. « Après le pâté c’est bien bon le thé » Hein ? Quoi ? Charles Martel ?!? Charles Martel ? Charles Martel, né vers CHARLES MARTEL (lui tient la main) (Golo et Narcisse sortent.) CHARLES MARTEL 690 et mort le 16 ou le 22 octobre 741 à Enchanté, vous allez bien ? Ouvriras-tu, par les saintes entrailles Quierzy-sur-Oise, maire du palais de 717 (Sifroy serre la main de la statue) Scène XIII du Christ ? à 741 et souverain de facto du royaume Eu h ? Sifroy, Charles Martel (dehors) des Francs, fils de Pépin de Herstal, (Il se place derrière la statue. SIFROY SIFROY grand-père maternel de Charlemagne, Dès maintenant Charles Martel est la statue Ah ! Mon Dieu ! Charles Martel ! bougée par le chanteur). (On frappe trois fois à la porte, Sifroy maire du Palais d’Austrasie, contrôlant Charles Martel, né vers 690 et mort se redresse soudainement, et écoute.) les royaumes de Neustrie et de Bon, je viens te chercher pour C’est marrant j’entends plus rien !… le 16 ou le 22 octobre 741 à Quierzy-sur- Bourgogne… t’emmener, toi et tes hommes, en (Il se recouche, on frappe trois fois, Oise, maire du palais de 717 à 741 (Grabuge tape Pitou) Palestine à la démolition des Sarrasins ! il se redresse de nouveau). et souverain de facto du royaume SIFROY SIFROY C’est quelqu’un qui se trompe. des Francs, fils de Pépin de Herstal… Et en plus je lui ai flanqué mon pot À la démolition des Sarrasins ? Allons ! Allons ! Redormons. CHARLES MARTEL sur la tête ! Là tout de suite ? (On frappe sans discontinuer.) La ferme ! Et ouvre-la ! SIFROY Oh ! C’est trop fort. CHŒUR, GRABUGE PITOU et NARCISSE Mais monsieur Martel, (Il saute en bas de son lit, il est en caleçon SIFROY « Oh mais c’est pas bientôt fini ! » et passe un pet-en-l’air.) Oui, grand prince ! « Vous voyez pas qu’on est en train de vous arrivez au mauvais moment. Oh c’est pas bientôt fini ? Oser Attendez une seconde, j’enfile dormir ! » « C’est quoi ça ? » PITOU me réveiller, moi, Sifroy ! Attends !… un cuissard et je suis à vous. « On est où là ? » Ah oui, vous arrivez au mauvais (Il prend son pot à l’eau, ouvre la fenêtre, (Il se pend aux sonnettes.) (Ils continuent ainsi jusqu’à la réplique moment. les coups à la porte cessent) Holà ! Narcisse ! Il faut ouvrir ! de Charles Martel.) (Grabuge le tape sur le casque.)

66 Geneviève de Brabant 67 l ivret 68 Geneviève de Brabant 69 l ivret SIFROY GOLO PITOU (riant) Mais puisque vous êtes là… un conseil, Seigneur… ! ACTe II Je ris parce que c’est rigolo Golo prince. Si vous aviez en même temps SIFROY Scène 1 alors je ris… Golo… une femme qui vous trompe Voici les insignes de ma force… Pitou et Grabuge GRABUGE (l’interrompant) et un pâté qui n’est pas passé, la toque antique et la clef de la salle GRABUGE Tant que vous vous appellerez Pitou, qu’est-ce que vous feriez ? du trésor ... Pitou ! Halte ! (silence, puis Pitou pleure) CHARLES MARTEL faudra pas venir se fiche du nom des GOLO (à part) PITOU autres… Je reprends, nous l’attendons en Un pâté, quel pâté ? Enfin, je les tiens donc !… Ça z’y est. Je ne comprends rien. vue d’une entreprise philanthropique, SIFROY GRABUGe SIFROY il s’agit de faire passer le goût du pain Au cas où la facture d’électricité À droite alignement. à une particulière qui ne mange C’est pourtant clair : une femme qui me arrive pendant que je me tue PITOU que de la brioche… trompe, une indigestion qui me retient, pour la cause chrétienne, tu paies et je Ça z’y est. et une croisade à l’aube ! te rembourse quand je reviens ! PITOU Tu ferais quoi, toi, à ma place ? Si je reviens. GRABUGE Il faut tuer Madame Geneviève ? Ho ! ho ! Portez armes… serrez les fessiers. GRABUGE NARCISSE GOLO (avec fausse affabilité) Dans cette impasse, chacun son tour Courage ! PITOU Il paraît que c’est une femme criminelle. nul ne dépasse au prochain jour. Ça z’y est. PITOU (effrayé) SIFROY CHARLES MARTEL En attendant mon retour, GRABUGE Ohh ! O ! Assez ! Je commande ici, je suis tu commanderas ici… Eh bien ! Va te promener, sais-tu ! GRABUGE le maître ! Vassaux et serviteurs, valets, Pourquoi que vous vous faites toujours GOLO PITOU (chantant encore) gens de corvée et braves chevaliers, Oui, Seigneur !… Lebewohl Vergissmenicht… « oh oh » comme ça ? vous qui m’écoutez !… Pour servir PITOU des projets qu’il est inutile que CHARLES MARTEL GRABUGE Dame ! Sergent, détruire une femme. vous connaissiez… apprenez que Allons ! Est-ce que ce n’est pas fini, Qu’est-ce que vous faites là ? les deux grenouilles de bénitier ? C’est une faible créature… je vous ai tous choisis pour mourir PITOU GRABUGE avec moi. SIFROY Je serre les fessiers, sergent Grabuge. (Consternation générale.) Pardon… héros colossal, Raison de plus. GRABUGE Nous filons en Palestine une dernière recommandation. PITOU Pourquoi que vous serrez les fessiers ? par le train de huit heures cinq. (à Golo) Mais elle sera sans défense. Vous pensez bien que nous ne sommes Les poubelles c’est le jeudi. Et au fait : TOUS pas venus ici uniquement pour serrer GRABUGE En Palestine ! qu’as-tu fait du traître-traiteur ? les fessiers et prendre le frais ! Eh bien, Pitou, tout l’art de la guerre CHARLES MARTEL GOLO est là ! Frapper quand on est le plus fort, PITOU En route ! Il s’est échappé !… recevoir les coups quand on est le plus mais nous le rattraperons. Non, sergent, d’autant qu’il y fait faible… SIFROY une chaleur hydropicale. (Pitou pleure) Prince !… une minute. GRABUGE Ça te la coupe… CHARLES MARTEL Nous sommes ici pour attendre PITOU Trois secondes !… Monsieur le conseiller Golo… Oui, ça me la coupe !… SIFROY (Pitou rit) (inconsolable) G olo !… Pourquoi que vous riez, Pitou ? Il ne faut pas la tuer, il… ne… faut… pas…

70 Geneviève de Brabant 71 l ivret la… tuer… on pourrait pas plutôt GOLO GOLO que tu me dises ce qu’est devenu la noyer ? Assez… tenez-vous à l’écart… Sûr ? Oui, parce que les dépêches qui le duc Sifroy… parti il y a cinq mois GRABUGE cernez le bois, toute la forêt à vous deux, me l’annoncent, c’est moi qui les fais ! pour la Palestine ! et dans un instant je vous donnerai Tiens… c’est une idée… VANDERPROUT L’ERMITE mes dernières instructions. avec une bonne pierre. C’est bien ce que je dis ! Hii ! h ! h ! A l le z ! PITOU GOLO GOLO Et de l’eau. PITOU Et voilà pourquoi je vous ai amené Il est gai, c’est bon signe. Par file à droite en avant, marche !… dans ce ravin… Ici demeure un sorcier ! GRABUGE L’ERMITE Surtout de l’eau ! GRABUGE VANDERPROUT Comment, toi, un vieux de la vieille, Comment ! C’est lui qui commande (claquement digito-bucal) Un sorcier ? tu as cru au canular de la Palestine ? à présent ? Pitou, vous ferez huit jours GRABUGE GOLO de salle de police. VANDERPROUT Voilà le signal de M. le conseiller Golo… Notre Providence, à nous autres Qu’est-ce qui dit ? Attention, Pitou… rompez les fessiers. PITOU (en sortant) hommes d’État ! Quand nous voulons L’ERMITE Ça z’y est ! éclaircir un fait pour embrouiller PITOU Le duc et Charles Martel, (Ils disparaissent.) une situation, nous venons consulter Ça z’y est. ils sont chez Brigitte ! le bon ermite. GRABUGE Scène III GOLO Droite, fixe, alignement. VANDERPROUT Golo, Vanderprout Mais où est-il ?… Chez Brigitte ?… C’est impossible, PITOU sorcier de carton… tu mens, il ment, GOLO Ça z’y est. GOLO mais il ment. Et vous, bourgmestre ? Regarde et écoute. GRABUGE (à Golo) (le regardant) Ah çà ! (Il met le pied sur la pédale, on entend L’ERMITE Sauriez-vous me donner M’expliquerez-vous cet air piteux ? un bruit de ressort à engrenage, le dessus du Insensé ! Tu doutes de ma puissance… le mot de passe ? Auriez-vous regret d’avoir embrassé tronc d’arbre s’ouvre comme les couvercles Eh bien, regarde !… GOLO (en dehors) ma cause ? des boîtes à diable, il en sort brusquement Confiance et trahison. un ermite de baromètre.) VANDERPROUT Scène V GRABUGE Mon Dieu, seigneur Golo… Scène IV Les mêmes et Charles Martel, Sifroy, C’est lui ! Narcisse, Isoline, Chœur je voudrais juste être sûr… Les mêmes et l’Ermite (criant) (L’Ermite remue les yeux, la tête, GOLO Absinthe et curaçao ! (Le bon ermite s’agite un instant comme et étend sa baguette vers le fond du théâtre, (Top musique) De quoi ? par un mouvement mécanique, et chante qui s’ouvre et laisse voir une salle de festin d’une voix de fausset.) VANDERPROUT splendidement éclairée.) Scène II Du succès de votre entreprise, VANDERPROUT CHARLES MARTEL Les mêmes, Golo, Vanderprout ne craignez-vous pas que Sifroy Mais c’est un nain ! En avant… la ronde des infidèles ! revienne ? GOLO GOLO TOUS Rien de nouveau touchant les fugitifs ?… GOLO Ermite, bon Ermite ! Bravo !… Bravo !… GRABUGE Le duc ne reviendra pas, L’ERMITE (d’une voix aiguë) (La vision disparaît.) Rien de nouveau ; mais nous avons il est mort en Palestine. Que me veux-tu ? VANDERPROUT battu la forêt et nous sommes sortis VANDERPROUT GOLO Oh la la ! Il est vivant et bien vivant… triomphants de cette lutte. En êtes-vous bien sûr ? Je veux, puissant sorcier, et il va revenir.

72 Geneviève de Brabant 73 l ivret GOLO (se précipitant vers l’Ermite) Les gendarmes n’ont rien vu ! GENEVIÈVE GENEVIÈVE Je suis confondu !… Maudit sorcier !… GOLO Et quand on pense que si, un jour, Mais qui es-tu ? GOLO Ce sont des incapables ! Elle est dans on écrit mon histoire lamentable, on ISOLINE Oiseau de malheur ! ce bois. Cherchons-la nous-mêmes ! dira que c’est elle qui me nourrissait… Qui je suis… Regarde-moi. Rentre dans ta coquille. (Ils sortent.) BRIGITTE GENEVIÈVE (Il pousse l’Ermite par les épaules, et le fait VANDERPROUT Allons, madame, à la besogne… Tu es jolie ! rentrer dans la boîte qui se referme.) les biches, voyez-vous, ça demande Mon Dieu, où cet homme m’entraîne-t- BRIGITTE à être dorloté ! Scène VI il ? J’ai un pied dans le crime. Mouais, je vois pas ce qu’elle lui trouve. GENEVIÈVE Golo et Vanderprout ISOLINE Scène VII Bééé bééé... Je suis… la femme légitime VANDERPROUT Geneviève et Brigitte (Elles nourrissent la biche en porcelaine. Qu’allez-vous faire maintenant ? Elles cassent la biche. Brigitte et elle recollent de l’infâme Golo, Isoline de Hainant. GENEVIÈVE (caressant la biche) la biche.) GENEVIÈVE GOLO (après un moment d’accablement Ils veulent me noyer ? Non mais je rêve ! et de réflexion) Toi ? Déjà quand je reste une heure dans GENEVIÈVE Attends, voici mon plan. Le duc m’avait Oh les vilains, les barbares, biche, ô ma le bain, j’ai la peau toute fripée, alors là, ISOLINE dit en partant : puisque Geneviève biche. On se dit tout hein ? Je te raconte noyée, je vais ressembler à Geneviève Cela t’étonne ? est une farceuse, fais-lui mordre tous mes chagrins et tu me réponds de Fontenay ! Oh ! Les méchants, qui ont GENEVIÈVE la poussière ! fait peur à ma pauvre petite biche… « Béééé, bééééé, bééééé ». On pleure Non… Continue. VANDERPROUT ensemble, comme deux biches… Ne crains rien, va… ils ne viendront pas ISOLINE Quel drôle de châtiment ! Et après ? Ô mon Dieu… qui donc viendra te chercher ici… Ah ! C’est toi, Brigitte ? Cet homme ! Il m’abandonna ! m’arracher d’ici !… GOLO BRIGITTE (apportant des marrons glacés Je voulus faire valoir mes droits sacrés Eh bien !… au lieu de la tuer, je lui épouse et de la nourriture pour la biche) Scène VIII d’épouse, mais à la cour de Sifroy, sa femme, je dévoile au Brabant son ordre Voilà notre dîner… des châtaignes. mon mariage était nul. Alors j’écris cruel… signé de lui seul… et, mari de la Les mêmes et Isoline GENEVIÈVE les lettres les plus tendres, duchesse… je me fais reconnaître duc. Encore des châtaignes, ISOLINE (déguisée en chasseur) (chanté) pas de réponses, tu imagines. Moi ! VANDERPROUT j’en peux plus des châtaignes. GENEVIÈVE Mais puisqu’il vit ! Quel châtiment, les châtaignes. GENEVIÈVE Le monstre ! GOLO BRIGITTE Qui, toi ? ISOLINE On l’ignore ! Et puis des bourgeons en plus ISOLINE Au plus profond du désespoir, je lui écris VANDERPROUT pour bichette ! Oui, moi, une femme qui n’a pas cessé une dernière lettre en lui avouant Vous avez un rude aplomb, vous… GENEVIÈVE de veiller sur ton sort. Ne te souviens-tu que j’étais mère. Il mordit. Il demanda Et d’autant plus rude que vous êtes Oh Brigitte, que je m’embête… plus du chevalier qui a pris ta défense ? aussitôt à ce que je le rejoignisse, marié, m’a-t-on dit ! Depuis trois mois, dans cette grotte avec GENEVIÈVE (évidemment ne se rappelle plus) moi et son fils bien aimé. GOLO une biche pour seule compagnie. C’était euh… Mon embarras fut cruel ! Pour être mère, il ne me manquait plus qu’un enfant. Vous l’avez vue de vos propres yeux, BRIGITTE ISOLINE Isoline, ma femme, est infidèle ! La compagnie d’une biche ! Je ne sais pas Moi-même ! Et aujourd’hui que j’ai GENEVIÈVE VANDERPROUT si ça plairait à un homme, mais, pour retrouvé ta trace… je viens te dire : deux Comment as-tu fait ? Mais elle, madame Geneviève, une femme, ça ne suffit vraiment pas. points, ouvrez les guillemets, courage, ISOLINE où allez-vous la retrouver ? Enfin, donnons-lui son repas… plus de chagrins, fermez les guillemets. Ma foi ! J’en ai loué un !

74 Geneviève de Brabant 75 l ivret 76 Geneviève de Brabant 77 l ivret GENEVIÈVE GENEVIÈVE (à Arthur) ISOLINE Alors ça ! Oh ! Pauvre enfant ! Dis-moi, Mon petit ami, donne-moi une baise ! Aujourd’hui, nous frappons mon petit ami, quel âge as-tu ? ISOLINE ARTHUR un grand coup… Oui ça se fait ! Aux Galeries Lafayette, ARTHUR Berk ! Je veux m’en aller tout de suite… GENEVIÈVE (ou Printemps ?) tu trouves tout, c’est Tu m’embêtes ! je veux aller à la maison. Écoutez… il est temps… génial ! Et nous nous précipitâmes dans ISOLINE (Il crie, même jeu.) parce que là, vraiment, ses bras ! Au début c’était merveilleux, Quel amour ! ISOLINE j’ai besoin de changer de cadre. il était fier d’avoir un fils, mais au bout (Brigitte, Geneviève et Isoline sortent GENEVIÈVE Silence ! Ce doit être Golo ! ? de quelques heures, il désenchanta en emportant la biche.) et nous rejeta, il nous abandonna. Il est mal élevé ! GENEVIÈVE ISOLINE C’est lui ! C’est Golo ! GENEVIÈVE et BRIGITTE Scène XI Ce sont les pruneaux. Ty pique ! ISOLINE Drogan, Grabuge, Pitou et Vanderprout ARTHUR Come Arthur ! Viens Arthur ! ISOLINE He must not see us. Il ne doit pas Et me voilà seule, mère célibataire sans Je veux m’en aller. Scène XII nous voir, sinon tout sera perdu. maison, sans pension, sans illusion (Il crie. Puis il hurle. Il beugle encore. Il ne s’arrête pas de hurler. Isoline lui crie Les mêmes et Golo avec mon pauvre enfant sur la route et GENEVIÈVE de s’arrêter “Shut up ! shut up ! Nanny !” GRABUGE un sac de pruneaux qu’il nous donna Attends, attends, c’est pas Golo, Finalement, elle lui met un marron glacé Halte ! Sauriez-vous me dire pour seule nourriture. Tu vas voir si (elle renifle) dans la bouche, il se tait aussitôt et mange le mot de passe ? cet homme a des entrailles ! le marron glacé.) ça sent la quiche, ça doit être Drogan. Mais qu’est-ce qu’il fait ici ? GOLO (d’une voix étouffée par la combinaison) (Elle appelle au fond.) GENEVIÈVE (prenant Isoline à coté) Confiance et trahison. Arthur ! Come here ! Arthur ! Écoute Isoline, tu me dis tout de suite Oh good boy ! Il est bilingue. si c’est possible ou pas, mais j’ai Scène X GRABUGE un service à te demander. Les mêmes et Drogan C’est pas ça du tout. Scène IX ISOLINE ISOLINE PITOU Les mêmes et Arthur Dis-moi. D rog a n ! C’est pas ça du tout. ISOLINE GENEVIÈVE DROGAN GOLO (répète, mais n’est toujours pas Tiens le voilà, cet enfant chéri ! Est-ce que je pourrais sous-louer ton fils, Geneviève, je viens pour vous sauver. intelligible) GENEVIÈVE j’ai une idée là pour mon problème GENEVIÈVE Confiance et trahison. Mais comme il est grand ! de progéniture avec Sifroy… Genre, ça fait trente ans qu’on s’ennuie GRABUGE ISOLINE ISOLINE dans cette grotte avec une biche pour V’la qu’ils ont reconfiguré Oui, c’était les soldes, il y en avait plus Écoute, je dois relire les conditions seule compagnie, et là il y a tout le le mot de passe. dans ma taille, alors j’ai pris le modèle monde qui déboule en cinq minutes. du contrat, mais si ça ne me fait pas PITOU en vitrine. Cher amour, dis bonjour perdre la garantie, je ne vois aucun DROGAN à la dame ! Vla qu’ils ont reconfiguré inconvénient. C’est quoi ton idée ? Mais c’est pour vous sauver ! le mot de passe. ARTHUR (Geneviève chuchote dans l’oreille d’Isoline.) GENEVIÈVE (Vanderprout le tape.) J’veux pas ! ISOLINE Oui bah, ça aurait été intelligent GOLO (sort de sa capuche, ISOLINE Ah mais bien sûr, c’est une idée d’échelonner vos visites. d’une voix parfaitement distincte) Pourquoi ça mon bébé ? de génie ! Je te le sous-loue, tope ! DROGAN Confiance et trah… ARTHUR GENEVIÈVE Mais c’est pour vous sauver !! (excédé) J’ai mal au ventre. Tope. Ah ! La chasse vient par ici ! A h !

78 Geneviève de Brabant 79 l ivret VANDERPROUT, GRABUGE ET PITOU CHARLES MARTEL PITOU et, si vous êtes froid, Oh, c’est Golo ! En effet, il est bon que vos vassaux Qu’est-ce que c’est que ces olibrius-là ?… c’est que vous êtes mort !… ignorent tout de notre campagne VANDERPROUT C’est quoi un olibrius là ? buissonnière. SIFROY Golo ! Est-ce que vous l’avez trouvée ? GRABUGE Ma i s !… SIFROY GOLO (à Pitou) Chut. Mes vassaux ! J’ai l’impression que GRABUGE Bredouille ! Rien ! Je la trouve (à Martel) Qu’est-ce que tu as, chou ? c’était hier ! Seigneur, je vous promets Et si vous êtes mort, nulle part !… C’est déplorable !… (à Sifroy) Où sont vos papiers ? dès notre retour une fête digne votre place n’est pas ici. et vous, Vanderprout ? Ils n’en ont pas ! de votre grandeur. PITOU PITOU VANDERPROUT Elle est dans le mausolée de vos ancêtres. Chut. Où sont vos papiers ? Pas un moineau, pas un lapin. Scène XIV Ils n’en ont pas ! VANDERPROUT GOLO Les mêmes et Vandeprout, Grabuge, Adressez-vous au gardien. VANDERPROUT Et vous, Pitou ? Pitou, Drogan Je vais vous faire empoigner ! PITOU PITOU CHARLES MARTEL Il y a une sonnette. SIFROY (avant que Pitou puisse répéter) Une branche dans l’œil, Voici justement trois p’tits chasseurs Arrêtez ! Arrêtez, arrêtez, SIFROY c’est tout ce que j’ai vu… par ici ! arrêtez, arrêtez. Mort ? Mais si je suis mort… comment GOLO SIFROY (à Vanderprout) je fais pour appuyer sur la sonnette ? Et vous Grabuge ? Tiens ! C’est mon bourgmestre et Mais vous ne me reconnaissez Y’a personne qui me reconnaît ici ! les deux abrutis de la garde. Vous allez GRABUGE donc pas ?… C’est moi, Sifroy ! voir la joie de ces braves hommes Et ma culotte déchirée, Votre duc bien-aimé… Scène XV en me reconnaissant… Et, vous savez… Les mêmes et Geneviève, puis Brigitte, mauvaise ouverture ! rien de préparé !… ce sera spontané !… PITOU Drogan, Isoline GOLO Hé ! Camarade ! C’est un fou ! Donnez-lui trois sous. GENEVIÈVE (avec nonchalance) En effet… il me semble que je vois là-bas VANDERPROUT SIFRO Y et CHARLES MARTEL Personne, dis-tu ? Si !… moi, Geneviève ! remuer quelque chose ! Taisez-vous donc, imbécile. Trois sous ! TOUS GRABUGE et PITOU SIFROY PITOU Geneviève ! A l lon s -y ! Vous voyez ! Rien de préparé… Mais passez votre chemin. GOLO (s’avançant) GRABUGE PITOU Non, non, vous êtes trop maladroits… Mon ami, pourriez-vous avoir Voyons, mon bon ami… Suivez bien Geneviève ! Tirons chacun de notre côté… la gentillesse de m’indiquer, mon raisonnement… Sifroy, notre duc GENEVIÈVE (un regard irrité vers Pitou) et n’oubliez pas qu’à deux heures s’il vous plaît, le chemin de Curaçao. bien-aimé, si j’ose m’exprimer ainsi, Oui, Geneviève, trois quarts s’ouvre la séance, où je dois VANDERPROUT est mort en Palestine. (à tous) recevoir définitivement de vos mains Mais est-il embêtant, cet animal-là ! SIFROY ta femme, innocente et persécutée, la toque palatine… Soyez exacts !… PITOU Mor t ?… qui reconnaît en toi son époux et (en s’adressant à tous) Il a fait filer le lapin. PITOU votre maître. Scène XIII VANDERPROUT Poussière que je vous dis… VANDERPROUT Sifroy et Charles Martel Voulez-vous me foutre le camp, les dépêches sont là !… Diantre ! Ça pourrait bien être lui… SIFROY vagabonds… ou je vous fais arrêter. VANDERPROUT SIFROY Maquillés comme des guerriers, GRABUGE Donc, si vous n’êtes pas mort, Allons bon ! Méconnu des vivants et c’était une bonne idée, hein ? Qu’est-ce que c’est que ces olibrius-là ?… vous ne pouvez pas être Sifroy, reconnu seulement par feu mon épouse…

80 Geneviève de Brabant 81 l ivret PITOU DROGAN car à deux heures trois quarts VANDERPROUT Fe u ! Vous faut-il une preuve ? pour la demie, l’infâme Golo Vive Golo ! SIFROY TOUS doit ceindre définitivement la toque TOUS (sans enthousiasme) Oh ! Ma tête, mon Dieu !… Ah ! Oui, une preuve ! que vous lui avez confiée… Vive Golo ! Suis-je réellement mort ?… DROGAN SIFROY VANDERPROUT Mais quand, mais où ? Tenez ! Ma toque ma toque, à deux heures trois Merci ! Chez les Sarrasins ? Je n’y suis pas allé… (Il crache par terre en levant la main.) quarts pour la demie, est-ce possible ? GOLO (bas à Vanderprout) Bourgmestre, pincez-moi ! ISOLINE Eh bien, quand vous voudrez. A ïe ! GRABUGE et PITOU Ça, c’est une preuve ! C’est la vérité vraie. VANDERPROUT (regardant autour) GENEVIÈVE VANDERPROUT Est-ce qu’ils n’arrivent pas ? Vous vous êtes lâché, Vanderprout. TOUS Oui, ça, c’est une belle preuve ! C’est moi qui devais l’aider (à part) BRIGITTE dans cette exécrable cérémonie. Cette position est fatigante, Mais regardez-la, Sire… Elle est vivante, VANDERPROUT (à Drogan) je ne pourrai pas la tenir longtemps… SIFROY mal habillée, mais bien vivante ! Elle est bien bonne ! (choqué) Toi ? GOLO SIFROY (effrayé) DROGAN (dolent) misérable ! Abrégez donc, abrégez. Sauvée par moi des mains Elle bouge, elle est vivante. VANDERPROUT VANDERPROUT de l’infâme Golo. (Charles Martel l’écrase du pied.) Moi, misérable ! Vous étiez mort, J’abrégerai si je veux. GRABUGE PITOU j’avais juré à Golo… Vous êtes vivant, GOLO Là, elle est morte. Nous avons été Drogan ? L’apprenti charcutier-traiteur ? je vous jure à vous, je n’ai qu’une parole, Ah ! Traître ! chargés par le dit Golo de l’expédier, SIFROY je la lui retire et je vous la donne. Tu me payeras ce que tu me fais souffrir. (Pitou pleurniche) Drogan ! Mais lui aussi a été occis ! de l’étrangler… CHARLES MARTEL VANDERPROUT DROGAN (Pitou pleurniche, se fait taper par Isoline) C’est bien, ça… À Curaçao ! Deux heures trois quarts, ma foi, Occish ? O ! Que non. tant pis ! PITOU (sans pleurnicher) TOUS (aux bourgeois) ISOLINE Et de la noyer ! À Curaçao ! C’est donc sur la tête du plus digne Ah ah ah ! GRABUGE DROGAN que je vais asseoir définitivement SIFROY Nous pouvons le confirmer C’est ça, vous, partez devant… cette toque… J’y comprends rien ! mieux que quiconque. gagnez du temps, traînez la cérémonie CHŒUR (réagit) jusqu’à mon signal, j’ai mon idée. DROGAN PITOU Hein quoi ? Sur la tête de Golo ? N’essayez pas de comprendre avec C’est qui conque ? VANDERPROUT La toque de Sifroy ? Hein ? votre seule intelligence ; il vous suffit Comptez sur moi, ce n’est pas SIFROY GOLO de savoir que Golo est un traître… Le misérable ! Oh ! Ma Geneviève ! la première fois que je trahis. Au nom de la ville de Curaçao, veuve de ISOLINE C’est pas moi, c’est Golo son bien-aimé suzerain, le duc Sifroy. Et que madame Geneviève Scène XVI qui t’a condamnée à mort ! CHŒUR est innocente et pure… Vanderprout, Golo, Chœur Moi, je te pardonne… Ouh !! ! Ouh ! SIFROY VANDERPROUT VANDERPROUT GOLO Geneviève, innocente et pure ? Oh la la ! Mais si vous voulez rentrer Vive Golo ! C’est convenu et je l’accepte, GENEVIÈVE dans votre bonne ville de Curaçao, LE CHŒUR parce que je m’en crois le plus digne. Mais oui, mon ami. vous n’avez plus de temps à perdre… Hein ? Quoi ? (plus haut)

82 Geneviève de Brabant 83 l ivret S’il y a pourtant dans la société Qui picorait du pain dur… quelqu’un qui croit pouvoir me rendre SIFROY des points pour l’intelligence, la loyauté Attends une seconde, d’abord et la force physique, qu’il se présente ! j’étais mort, maintenant j’ai un fils. (Il fait un geste de lutteur.) Le pâté lorrain a donc fait effet ? Personne ne dit mot… DROGAN (très vite aussi) SIFROY (paraissant par le fond du dais Eh oui ! J’ai bien mérité ma récompense : et se plaçant sous la toque) devenir le valet de madame et satisfaire Si ! Moi ! Présent ! Sifroy ! toutes ses envies. TOUS (jubilant) GENEVIÈVE Si f roy ! On ne t’a jamais dit que c’était GOLO un gros pêché, quand on était mariée, b iographies Lui, Sifroy… sus au félon !… de penser à un autre qu’à son époux ? Messires… c’est un imposteur ! DROGAN SIFROY Qui est-ce qui a dit ça ? Un imposteur ! GENEVIÈVE (Son de trompette du Quatuor de chasse) Je n’en sais rien. VANDERPROUT C’est le signal. TOUS sauf ARTHUR (Drogan paraît en ermite.) Ah ah ah ! GENEVIÈVE Scène XVII Arthur, sois gentil… fais une risette. Les mêmes et Sifroy, puis Drogan, Brigitte, ARTHUR (beuglant) Geneviève, Grabuge, Pitou, Isoline, Arthur Hii ! h ! h ! GOLO GENEVIÈVE (avec un clin d’œil vers Isoline) L’Ermite du ravin ! Quel amour ! Eh bien rions ! TOUS SIFROY (à Arthur) L’Ermite du ravin ? Je te donnerai un sucre d’orge. DROGAN ARTHUR L’imposteur, le voici. J’aime mieux du bifteck. (Il désigne Golo.) SIFROY Voyez plutôt, vous autres. Je t’en promets avec de la sauce (Il fait un geste, et les victimes de Golo paraissent sous le dais.) Béarnaise. SIFROY ARTHUR Mais dites Geneviève, ce fils… Non ! Avec des frites mayonnaise ! GENEVIÈVE (l’interrompt très vite) GENEVIÈVE As-tu donc oublié déjà le joli couplet Voilà un vrai héritier du Brabant ! que voilà… Écoute encore… écoute ça… TOUS Une poule sur un mur, Ah ah ah ah !

84 Geneviève de Brabant 85 bgahio r p ies Clau de Schnitzler répertoire un concert au Festival d’Edimbourg avec le et de Bizet en 2011, La Vie parisienne d’Offen- l’Opéra de Francfort. Il travaille régulièrement avec direction musicale Scottish Chamber Orchestra, qui a reçu les louanges bach et Les Neveux du capitaine Grant en 2009, et Il le metteur en scène allemand David Hermann pour Né à Strasbourg, Claude Schnitz- de la critique internationale. Parmi ses engagements Medico dei Pazzi de Battistelli en 2014, en première les décors de Iolanta et L’Italienne à Alger à l’Opéra ler fait ses études musicales au à venir, on peut citer La Bohème et Tosca à Cologne. mondiale. national de Lorraine, Die lustigen Weiber von Windsor conservatoire de cette ville À Nancy, il a dirigé Tosca, La Périchole, Wiener Blut, à l’Opéra de Lausanne (en coproduction avec l’Opéra (orgue, clavecin, direction d’or- et Carmen. Rfi ail Ajdarpasic royal de Wallonie-Liège) qui a obtenu le prix de l’Eu- chestre et écriture). Il complète décors rope francophone par la critique française comme ensuite son cursus de chef d’or- Carlos Wagner Rifail Ajdarpasic étudie la scé­ meilleure production en 2014-2015. Il a récemment chestre au Mozarteum de Salz- mise en scène nographie à l’École supérieure créé les décors pour L’Italienne à Alger à l’Opéra de bourg, tout en donnant de nombreux récitals d’orgue Né à Caracas, c’est ensuite à des arts et médias (ZKM) de Marseille, en coproduction avec l’Opéra d’Avignon, en France et à l’étranger. C’est à l’Opéra du Rhin, où il Londres que Carlos Wagner étu- Karlsruhe. En étroite collabora- Carmen à l’Opéra de Saint-Gall en Suisse, dans la mise entre comme chef de chant, que va die à la Guildhall School of Music tion avec sa partenaire Ariane en scène de l’Italien Nicola Berloffa, et pour la pre- trouver le berceau privilégié où épanouir son talent. and Drama. Isabell Unfried, il réalise à par- mière mondiale du ballet Chicago 1930 à Munich dans Il a en effet la chance de participer à l’âge d’or d’une Il est d’abord acteur pour le tir de 2003 et pendant plusieurs la chorégraphie de l’Autrichien Karl Alfred Schreiner. maison sur laquelle veille un tandem d’exception : théâtre et le cinéma. Pour L’En- années, les décors pour les projets internationaux Parmi ses projets figurent Rigoletto à l’Opéra de Franc- Jean-Pierre Ponnelle, qui y réalise certaines de ses glish National à Londres, du prestigieux metteur en scène espagnol Calixto fort et la création de l’opéra contemporain Crusades plus belles mises en scène, et Alain Lombard à la il écrit les traductions chantées de Mefistofele de Bieito, marquant ainsi profondément l’esthétique de à l’Opéra de Freiburg. direction musicale. Comme assistant de ce dernier, Boïto et celles de Tristan und Isolde. C’est après un son approche directe de la mise en scène. Entre autres il travaille ensuite avec l’Orchestre philharmonique atelier, dirigé par Ruth Berghaus, et auquel il parti- des projets primés comme Il Trovatore et La Traviata Ci hr stophe de Strasbourg. Après une collaboration régulière avec cipe à Berlin, qu’il décide de se consacrer à la mise de Verdi à l’Opéra de Hanovre, dans le cadre Ouvrard l’Opéra de Paris, il prend la direction de l’Orchestre en scène d’opéra. Il travaille très vite pour les plus du Festival d’Edimbourg, King Lear au forum culturel costumes de la Ville de Rennes et cumule cette fonction avec grandes scènes européennes et internationales : Royal de Barcelone en 2004 (prix du meilleur décor en 2004), Diplômé de l’école supérieure celle de chef permanent de l’Opéra du Rhin. Puis il Opera House de Londres, Teatro de Barcelone, Don Carlos à l’Opéra de Bâle en Suisse et The Rake’s d’art dramatique du Théâtre est nommé à la tête de l’Orchestre de Bretagne, qu’il Aalto Theater à Essen, Gärtnerplatz Theater à Munich, Progress à l’Opéra de Bologne en Italie. Avec le metteur national de Strasbourg, Chris- élève à un niveau musical remarquable. Deutsche Oper am Rhein et Deutsche Oper Leipzig, en scène Francisco Negrin, il crée les décors entre tophe Ouvrard signe ses pre- Se produisant à la tête des principaux orchestres Vlaamse Opera, National Opera of South Korea ou autres Temistocle de Johann Christian Bach à l’Opéra miers décors et costumes dès français dans le répertoire tant traditionnel que encore pour le Festival des Arts au Connecticut ; mais de Leipzig (coproduction avec l’Opéra de Toulouse, 1999 auprès des metteurs en contemporain, il dirige aussi Siegfried et Le Crépus- aussi pour les scènes lyriques françaises : Opéra na- et sous la direction musicale de Christophe Rousset scène Stéphane Braunschweig, Yannis Kokkos et cule des dieux à l’Opéra de Marseille. Invité dans de tional de Bordeaux, Opéra national de Montpellier, avec les Talens Lyriques), L’Arbore di Diana de Martin y Lukas Hemleb. Depuis, il crée de nombreux décors nombreuses grandes maisons (Liceu de Barcelone, Angers Opéra, Opéra national de Lorraine. Il Soler (coproduction de l’Opéra de Madrid et du Liceu et costumes au théâtre pour des metteurs en scène Fenice de Venise, la Monnaie de Bruxelles), il colla- organise également avec succès de grands spectacles, de Barcelone, présenté aussi à l’Opéra national de comme Laurent Gutmann, Jean-Claude Gallotta, bore par ailleurs régulièrement avec l’Opéra de Leip- donnés en dehors du cadre de la scène classique, no- Montpellier), Una cosa rara à l’Opéra de Valencia et Jean-René Lemoine, Guy-Pierre Couleau, Bérénice zig. Il s’y voit bientôt confier le répertoire français tamment à la cathédrale de Saint Gallen en Suisse. récemment Thaïs à l’Opéra de Bonn. Collet ou encore Jacques Osinski qu’il accompagne (Carmen, Manon, Roméo et Juliette…), ainsi qu’un Lac Il met en scène Eugène Onéguine de Tchaïkovski ; Il collabore régulièrement depuis 2007 avec Car- pendant six années à la tête du centre dramatique des Cygnes à la tête de l’Orchestre du Gewandhaus. Macbeth de Verdi, Lohengrin de Wagner, Werther de los Wagner et a créé pour lui les décors de Un Ballo national des Alpes – Grenoble. Il reçoit un accueil chaleureux à Vienne, où sa Fiancée Massenet, Le Grand Macabre de Ligeti, La Damnation in Maschera à Bordeaux, Les Neveux du capitaine À l’opéra, on a pu découvrir son travail sur de nom- vendue et sa Chauve-Souris, données au Volksoper, de Faust de Berlioz, Le Duc d’Albe de Donizetti, Il Bar- Grant, La Vie parisienne et Carmen à l’Opéra natio- breuses scènes lyriques françaises. Il travaille ainsi sont si favorablement appréciées que le Staatsoper le biere di Siviglia de Rossini, La Chute de la maison Usher nal de Lorraine, La Chute de la maison Usher de Philip à plusieurs reprises à l’Opéra de Paris (citons notam- réclame à son tour pour Roméo et Juliette de Gounod, de Philip Glass, Carmen de Bizet, La Vie parisienne Glass à Munich, Der fliegende Holländer et Macbeth ment le spectacle Lumières de M. Dupleix au Palais à l’occasion des débuts de Rolando Villazon. Salué d’Offenbach, de Mozart, The Rake’s Pro- à l’Opéra de Kiel, Lohengrin à l’Opéra de Coburg (en Garnier ou encore Iphigénie en Tauride de Gluck avec par le public comme par la presse, qui parle d’un chef gress de Stravinsky, La Bohème de Puccini, Salome de coproduction avec l’Opéra de Rennes et l’Opéra de l’Atelier Lyrique), à l’Opéra Comique (Le Carnaval et dans la lignée française de Pierre Monteux, il est im- Strauss, Powder her face de Ades, The Rape of Lucretia Rouen), La Damnation de Faust et I due Foscari pour la Folie de Destouches, L’Histoire du soldat de Stra- médiatement engagé pour la reprise de l’œuvre mais de Britten, La Cabeza del Bautista de Palomar. le festival d’été de Saint-Gall en Suisse, Madama But- vinsky, El amor brujo de De Falla), à l’Opéra de Metz aussi, au fil des saisons, pour La Bohème, Les Contes Parmi ses projets, citons Der Freischütz de Weber à terflyà l’Opéra de Klagenfurt. En 2011, la production (Vanessa de Barber), au Théâtre de l’Athénée (The d’Hoffmann, L’Elixir d’amour, Manon, Madama Butter- Münster, Lotario de Händel à Göttingen et Berne, Sieg- d’opéra contemporain Gegen die Wand à l’Opéra de Consul de Menotti), au Capitole de Toulouse (Iolanta fly et Carmen. Il a aujourd’hui de nombreux projets fried de Wagner à Oviedo, Le Duc d’Albe de Donizetti à Stuttgart, où il a créé les décors, a obtenu la plus de Tchaïkovski), au Festival d’Aix-en-Provence (Didon avec l’Opéra de Cologne. Claude Schnitzler cultive en Anvers, Carmen de Bizet à Bonn et la zarzuela Cecilia prestigieuse distinction allemande des arts scéniques, et Énée de Purcell), au Théâtre du Châtelet (Le Ver- parallèle un talent reconnu pour la musique légère, Valdes à Madrid. « Der Faust » meilleure production dans sa catégo- fügbar aux Enfers de G. Tillion) ou encore au Théâtre notamment française, dont il sert comme personne À Nancy, Carlos Wagner a mis en scène Une Tragédie rie en 2011. Avec le metteur en scène allemand Hans des Champs-Élysées (Le Petit Ramoneur de Britten, les partitions parfois si délicates. Il a consacré à ce florentineen 2006, The Rake’s Progress de Stravinsky Neuenfels, il a créé en 2013 les décors pour Œdipe à Tancrède de Rossini).

86 Geneviève de Brabant 87 bgahio r p ies Fabrice Kebour T om Baert L’organisation délicate (Journée nationale des droits colas Simon, dans la mise en scène d’Édouard Signolet lumières chorégraphe et assistant de la femme, au Sénat), Cruda Sorte e disinvoltura à l’Opéra de Reims, Lauretta dans Gianni Schicchi de Avec plus de deux cents créa- à la mise en scène (médiation jeune public autour de Rossini, au Théâtre Puccini sous la direction musicale d’Emmanuel Olivier tions à son actif, Fabrice Kebour Né à Dendermonde (Belgique), il du Châtelet), Orlando : une musicographie… De ces et la mise en scène de Benoît Lambert. est reconnu comme l’un des étudie la danse à la Royal Ballet projets naît une collaboration régulière avec la met- créateurs lumière les plus pro- School à Anvers et le théâtre à teuse en scène Emmanuelle Cordoliani. Sur scène, elle R émy Mathieu lifiques de sa génération. Sa l’Academy for Drama à Beveren, interprète les rôles de Abner dans Athalie de Moreau, Drogan, ténor carrière débute à New York où en Belgique. Après l’obtention la deuxième dame dans Die Zauberflöte de Mozart, Né à Nice, Rémy Mathieu devient il remporte le concours de la de son diplôme, il est membre Giannetta dans L’Elisir d’amore de Donizetti, Marcel- membre du chœur des Petits United Scenic Artist et embrasse l’opportunité d’as- du Royal Ballet des Flandres, et est aussitôt enga- lina dans Le Nozze di Figaro de Mozart, la Bergère/la chanteurs de Monaco à l’âge de sister, pendant deux ans, les créateurs lumière les gé comme soliste par les théâtres de Bremerhaven, Pastourelle/la Chauve-souris/la Chouette dans L’En- sept ans où il reste pour onze ans. plus réputés des scènes mythiques de Broadway et Nuremberg et Hanovre. fant et les Sortilèges de Ravel à la Salle Pleyel, Écho Il a fait ses études au Conserva- Off Broadway. Depuis 1991, ses créations prennent vie Depuis 2002, il a travaillé comme danseur, choré- dans Écho et Narcisse de Gluck à la Cité de la Musique. toire de Nice puis au Conser- sur les scènes internationales les plus prestigieuses : graphe et acteur, pour plusieurs compagnies en Pour la saison 2013, elle a intégré la première Aca- vatoire national supérieur de la Comédie-Française, l’Opéra national de Paris, le Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Autriche démie de l’Opéra Comique à Paris, ce qui l’amène à musique de Lyon dans la classe Wiener Staatsoper, le , le Teatro et en Suisse. En 2005, avec Ursula Ledergerber, il participer à de nombreux récitals autour de la mélo- de Françoise Pollet et Hélène Lucas. Dans le cadre du alla Scala, le Théâtre Mariinsky, le Théâtre royal de la a créé à Zurich la compagnie URTO. Leur travail die française, de l’opérette, de l’opéra-comique, et programme d’échange ERASMUS, il intègre la classe Monnaie. Il éclaire les mises en scène de Giorgio Bar- autour du spectacle Incident with a Table a obte- à jouer le rôle-titre de de Pauline Viardot de Francesco Araiza à Stuttgart. Il a été membre du berio Corsetti à la Comédie-Française (Un Chapeau nu le deuxième prix au « Premio Förderpreis » en à Paris, Reims et Quimper sous la direction musicale Studio de l’Opéra de Lyon. Au cours de son cursus, de paille d’Italie), au Théâtre Mariinsky (Don Carlo) et Suisse en 2005. Toujours pour URTO, il participe de Mireille Delunsch et la mise en scène de Thierry il a participé à de nombreuses master-classes avec au Teatro alla Scala (Macbeth et Turandot). Il signe les aux productions de Friday Fishday, The Urgency of Thieû Niang. Elle a également interprété le rôle-titre Alain Garichot, Christan Himmler, Udo Reinemann, lumières de David Pountney depuis de nombreuses the Color Red et Colourblind qu’il donne en Belgique, féminin dans Romeo & Julia, spectacle lyrique théâ- Françoise Leroux, Rosemary Joshua, Jean Paul Fou- années, et collabore également avec Hélène Vincent, en Suisse, en Allemagne et aux Pays-Bas. tral sur une musique qui intègre des réminiscences chécourt ou encore Thomas Moser. Il a fait ses pre- Terry Hands, Dirk Tanghe, Jean-Louis Martinoty, Pa- Il a déjà travaillé en tant que chorégraphe auprès des opéras de Gounod, Bellini, Bernstein et Rota, aux miers pas comme soliste avec l’Ensemble Justinana trice Leconte, Yoshi Oida. de Carlos Wagner pour plusieurs productions Pays-Bas. La saison 2014 a été ponctuée par sa prise dans Renard de Stravinsky (Coq). Il se produit par Résolument éclectique, il signe les lumières des céré- d’opéra données à l’Opéra des Flandres, au Royal de rôle de Méphisto dans Le Petit Faust de Hervé au la suite dans West Side Story de Bernstein avec les monies olympiques d’ouverture et de clôture des jeux Opera (Londres), mais aussi pour les Opéras à Leip- Théâtre Déjazet avec les Frivolités parisiennes, sous la Solistes de Bernard Tétu dans le rôle de Tony. Il par- asiatiques de Doha, et explore le genre de la comé- zig, Wiesbaden, Koblenz, Zomeropera ou encore direction musicale de Julien Leroy et la mise en scène ticipe à de nombreux concerts autour des Passions die musicale avec des productions dans le monde Bordeaux et Nantes. Pour le Zomeropera d’Alden de Rémi Préchac, mais également l’enregistrement de et des Cantates de Bach avec les ensembles Musica entier dont les mythiques productions de Cameron Biesen, il a mis en scène en 2013 et 2015, deux opé- Lauretta dans le film-opéra Gianni Schicchi de Puccini et Les Surprises. Mackintosh Les Misérables et Miss Saigon dont il fut ras pour enfants : The curse of Rigi et Carmencita, aux Pays-Bas. Pour la saison 2015, elle participe à Parmi ses projets récents et futurs à l’Opéra de Lyon, l’éclairagiste associé de 1992 à 1996. Impliqué dans adaptations des opéras Rigoletto et Carmen. Il la création La Jeune Fille sans mains sous la direc- on peut citer entre autres Moustique dans La Petite les échanges interprofessionnels, il cofonde, en 2009, enseigne le ballet classique, et dirige des ateliers tion musicale de David Walter et la mise en scène Renarde rusée de Janáček, le Premier personnage/ l’Union des créateurs lumière dont il assure la prési- enseignant les techniques de la danse, comme : d’Emmanuelle Cordoliani à l’Opéra de Dijon. Elle est Premier surveillant dans Claude de Thierry Escaich dence jusqu’en 2012. improvisation, Lindy Hop et Blues. Colombine et l’Opéra dans La Guerre des théâtres, et Robert Badinter (mises en scène d’ et Fabrice Kebour est salué par la profession à de spectacle musical avec des marionnettes à l’Opéra dirigé par Jérémie Rhorer), Monostatos dans Die nombreuses occasions : en 2011, la Quadriennale de S andrine Buendia Comique. Elle a le privilège de chanter à la Philhar- Zauberflöte de Mozart, le Premier Commissaire dans Prague – l’événement international le plus renommé Geneviève, monie lors du concert annuel de l’Orchestre national Dialogues des Carmélites de Poulenc, The Tender Land pour le design des arts vivants – l’invite à exposer Formée au Conservatoire natio- d’Ile-de-France « Chantons avec l’Orchestre ». Depuis de Copland, Eduardo dans La Cambiale di Matrimonio son travail lors de la rétrospective « Light Steaks » nal supérieur de musique et de ce début d’année 2016, elle a joué le rôle de Totte dans de Rossini. Il fait ses débuts à La Monnaie à Bruxelles dédiée aux créateurs ayant marqué leur génération. danse de Paris, la soprano San- Yes de Maurice Yvain sous la mise en jeu de Christophe dans le rôle de Laerte du Hamlet d’, Les Molières applaudissent ses réalisations en le nom- drine Buendia obtient, en 2012, le Mirambeau, au Café de la Danse. Elle participe à la sous la direction de et la mise en mant à trois reprises pour le prix du meilleur créateur premier prix à l’unanimité du jury. création de Marc-Olivier Dupin Les Mystères de l’écu- scène d’Olivier Py, Aufide dans Moise et Pharaon de lumière, pour Camille C (2005), Baby Doll (2009) et Elle participe à de nombreux reuil bleu à Compiègne où elle chante les rôles d’Adèle Rossini à Marseille, Max dans d’Offenbach Pluie d’Enfer (2011). Puis viennent les Wales Theatre festivals autour de la musique et d’Al Sirbec, et elle incarne Rosina du Barbiere di (Festival Montpellier Radio France), le Comte Albert Awards qui le nomment, en 2015, pour Moses in Egypt baroque : Vous avez dit baroque ? sous la direction Siviglia sous la direction de Guy Condette et la mise dans Die tote Stadt à Nantes, Roland dans Les Cheva- au Welsh National Opera. de Sigiswald Kuijken au Théâtre du Châtelet ; Concert en scène de Sandro Pasqualetto au Théâtre de Douai. liers de la table ronde (Opéras de Bordeaux, Nantes, À Nancy, il a travaillé sur Carmen en 2001, L’Italienne baroque au festival Specs’n’arts artist management & Ses prochains projets : La Jeune Fille sans mains à Massy, Toulon), Laerte dans Hamlet et Piquillo dans à Alger et René l’énervé en 2012, Il Medico dei Pazzi promotions à Athènes. Elle aime aussi prendre part à Saint-Étienne, le rôle-titre dans Le Petit Duc de Lecocq La Périchole à Marseille, Kekikako dans Ba-Ta-Clan en 2014 et Armide en 2015. des spectacles atypiques mêlant texte et musique : avec les Frivolités parisiennes sous la direction de Ni- (Festival Montpellier Radio France) ; Ferrando dans

88 Geneviève de Brabant 89 bgahio r p ies CosÌ et Siebel dans Faust en Avignon et à Massy, Mes- lui permet de chanter sous la baguette de John Nelson, de Figaro), Fiordiligi (Così fan tutte), Bastienne (Bastien É ric Huchet sagero dans Aida, Giuseppe dans Traviata (Chorégies Alexander Lazarev, James Loughran, Wolfgang Rihm, et Bastienne), Arminda (La Finta Giardiniera). Elle était Sifroy, ténor d’Orange). Y ves Abel, Jonathan Darlington ou Emmanuel Krivine. la gagnante du vote des téléspectateurs pour l’émis- Premier prix à l’unanimité au CNR À Nancy, il a interprété le Comte Albert dans Die tote Récemment, on a pu l’entendre dans La Fille de Ma- sion d’Eve Ruggieri Jeunes talents Musiques au Cœur de Paris en 1992, Éric Huchet ob- Stadt. dame Angot à Liège, L’Elixir d’amour à Bregenz, Poppea pour une œuvre du répertoire Mozart, et a obtenu la tient, la même année, la bourse e Nerone et Idoménée à Montpellier ; Gianni Schicchi et bourse 2006. de la Fondation pour la vocation Cl émence Tilquin CosÌ fan tutte avec Jean-Claude Malgoire ; L’Italiana in Curieuse de tous les répertoires, Diana Higbee chante Marcel Bleustein-Blanchet qui lui Brigitte, soprano Algeri (Elvira), La Vie parisienne et Carmen en Avignon, sa première Frasquita à l’Opéra de Toulon, Mme Gobi- permet de poursuivre ses études Après des études de violoncelle Le Médecin malgré lui de Gounod à Genève. neau, Monica dans Le Medium de Menotti. Elle chante à la Hochschule für Musik de et de chant au conservatoire Parmi ses projets, citons Proserpine de Saint-Saëns aussi Musetta (La Bohème), Amour (Orphée et Eury- Vienne dans la classe de Walter Berry (lied et orato- de Genève couronnées par un à Munich et Versailles, La Cambiale di Matrimonio au dice), Gretel (Hänsel et Gretel), et dans le répertoire rio). Il entame dès lors une carrière lyrique et inter- diplôme de soliste ainsi que le Théâtre des Champs-Élysées… baroque Zélide (La Guirlande de Rameau), Galatée prète notamment Laios (Œdipe de Georges Enesco), prix de la ville de Genève, elle (Acis et Galatée), Josabeth (Athalia) qui a été filmé Belmonte (Die Entführung aus dem Serail) au châ- commence une double carrière Dgiana Hi bee pour France 2 et Mezzo TV, Atalanta (Serse), Aréthuze teau de Schönbrunn à Vienne, à Massy et en concert qui l’emmène à travers toute Isoline, soprano (Actéon). Diana Higbee est invitée par les Opéras de à Grenoble, le Peintre (Lulu d’Alban Berg) à Vienne l’Europe et au Japon. Lauréate des prestigieuses Diana Higbee, soprano française, Montpellier, Toulon, Rouen, Rennes, Massy, Besançon, et à l’Opéra du Rhin, Almaviva (Il Barbiere di Siviglia) fondations Leenaards et Mosetti et conseillée par est née d’un père néo-zélandais Clermont-Ferrand, Marseille, Dijon, au Musikverein de à Rouen et Duisbourg, Beppe (I Pagliacci), Jacquino Eda Moser, Teresa Berganza, Jean-Paul Fouchécourt, et d’une mère américaine. Ses Vienne, à Oslo, à la Stadthalle de Bayreuth, au Mar- (Fidelio) à l’Opéra de Nice, le Chevalier de la Force Haken Hagegard à Oslo et Sue MacCulloch à Londres, origines et sa nationalité fran- gräfliches Opernhaus, au Komische Oper de Berlin, au (Dialogues des Carmélites) à l’Opéra de Vichy, Ferran- Clémence Tilquin décide de se consacrer exclusive- çaise lui ont permis de suivre Kammeroper de Vienne, au Circulo de Bellas Artes à do (Così fan tutte) au festival de Loches, Pollicino de ment au chant. Elle aborde avec beaucoup d’aisance une formation musicale variée Madrid, à la Fondation Gulbenkian et aux Festivals Henze au Châtelet, Monostatos (Die Zauberflöte) à des répertoires très différents. Si elle excelle dans les et un chemin professionnel inter- d’Aix-en-Provence, Lourdes, Ambronay, Chartres et l’Opéra Angers-Nantes, La Favorite à l’Opéra de Zurich, opéras baroques et classiques tels que Le Couronne- national. Elle est lauréate du GOLD Award du Hills­ Utrecht. Elle travaille avec des chefs comme Giuliano Jeanne d’Arc au bûcher au Festival de Montpellier, un ment de Poppée (Poppea) de Monteverdi, Il Sansone dale College. Elle obtient un master de musique de Carella, Pascal Verrot, Paul McCreesh, Nicolaus Rich- Juif (Salome) à l’Opéra de Paris, Dubartas (Colombe de (Dalila) de Bonaventura Aliotti, Orphée et Eurydice la Manhattan School of Music où elle a étudié auprès ter, Kenneth Weiss, Dominique Daigremont, Domi- Damase), Escartefigue Marius( ) à l’Opéra de Marseille (Amour) de Gluck, Orlando Paladino (Angelica) de de Ted Puffer et Monica Harte, puis se perfectionne nique Trottein, Benjamin Pionnier, Bernhard Klebel, et en Avignon, Mahagonny à l’Opéra de Nancy (Andrea Haydn, Die Zauberflöte (Papagena) et Bastien et Bas- avec Christa Ludwig, Viorica Cortez et Olivier Reboul. Pierre-Michel Durand, Philippe Barbey-Lallia. Elle est Chenier) et Melot (Tristan und Isolde) à Angers-Nantes tienne (Bastienne) de Mozart ; elle est également très Elle chante la Femme dans Le Pauvre Matelot et Yvonne invitée au Festival d’Annecy en 2013 pour le Requiem Opéra et à l’Opéra de Dijon, Truffaldino L’Amour( des sollicitée dans le répertoire français : citons notam- dans Venus in Africa au Kammeroper de Vienne. Elle de Brahms dirigé par Patrick Marco avec le Chœur Trois Oranges) à l’Opéra de Dijon, le Duc et le Capitaine ment L’Enfant et les Sortilèges de Ravel avec lequel chante également Giulietta dans I Capuleti e i Mon- Accentus, la Maîtrise de Paris et au piano Claire-Ma- (Faust de Fénelon), Sylvester von Schaumberg (Mathis elle fait ses débuts au festival d’Aix-en-Provence, le tecchi, Lucy dans Le Téléphone de Menotti, à Paris le rie Leguay (captation pour Medici TV). Diana Higbee le Peintre) et Heinrich der Schreiber (Tannhäuser) à rôle-titre de Cendrillon de Frank Martin (enregistré par rôle-titre dans la première mondiale Emily Dickinson de a participé à de nombreux enregistrements parmi l’Opéra de Paris, La Chartreuse de Parme à l’Opéra de la Radio Suisse Romande), mais aussi dans un registre Martin Besançon et Thaïs pour le centenaire de Mas- lesquels Les Leçons de Ténèbres de Couperin, Requiem Marseille et Bardolfo (Falstaff) à Angers-Nantes Opéra plus léger Orphée aux Enfers (Eurydice) d’Offenbach senet. Elle est aussi Rosalinda dans La Chauve-Souris Vauban de Enguerrand-Friedrich Lühl, Requiem et et à Rennes. Le répertoire d’Éric Huchet s’étend égale- et (Clairette). Enfin citons en tournée à travers la France, Marie Madeleine (Mas- Exultate Jubilate de Mozart, Athalia de Haendel, Hän- ment à l’opéra comique et à l’opérette. Il travaille avec ses prestations remarquées dans L’Elixir d’amour (Adi- senet) et ensuite Mélisande dans Pelléas et Mélisande sel et Gretel. Jérôme Savary dans La Périchole d’Offenbach qu’il joue na), Les Vêpres siciliennes (Ninetta), Gianni Schicchi (Debussy) qu’elle incarne avec succès à l’Opéra des Ses projets récents incluent Pelléas et Mélisande plus de 150 fois au Théâtre national de Chaillot et à (Lauretta) ainsi que dans L’Amour des trois oranges Flandres, à Rotterdam, au Concertgebouw de Bruges, en Suède avec l’ensemble Oxalys sous la direction l’Opéra-Comique, et chante dans La Vie parisienne (Ninette) et Le Tour d’Écrou de Britten… rôle qu’elle reprend à l’Opéra de Bergen en Norvège. de Marit Strindlund ; le compositeur Olivier Calmel ou La Mascotte. Il participe également à toutes les En concert, outre la Messe en ut opus 86 et Opferlied Spécialiste du répertoire mozartien, elle interprète crée pour elle un cycle de mélodies pour soprano et productions Offenbach du tandem Marc Minkowski/ opus 121b de Beethoven interprétés avec grand suc- notamment le Requiem, des Cantates, ou encore le rôle orchestre « La Belle Agamice » sur le texte de Pierre- Laurent Pelly : Aristée et Pluton (Orphée aux Enfers) à cès au Victoria Hall de Genève, on a pu l’applaudir de Donna Anna dans Don Giovanni, incarné plusieurs Henri Loÿs, Le Roi David de Honegger au Palais Om- Genève et à Lyon, Achille (La Belle Hélène) au Châtelet, dans le Magnificat de Bach, La Petite Messe solennelle fois, d’abord au Festival de Lacoste mis en scène par nisport de Paris Bercy, le Stabat Mater de Poulenc, Spalanzani (Les Contes d’Hoffmann) à Lausanne et le de Rossini, Carmina Burana de Orff, le Requiem de Jean-François Vinciguerra avec des costumes créés par le Requiem de Mozart, le Stabat Mater de Pergolesi. Prince Paul (La Grande-Duchesse de Gérolstein) au Châ- Fauré, L’Oratorio de Noël de Saint-Saëns, la cinquième Pierre Cardin, puis au Festival d’Antibes ainsi qu’aux Après Micaëla dans Carmen de Bizet au Théâtre de telet. Il interprète le rôle d’Ouf 1er dans L’Étoile de Cha- Bachianas brasileiras de Villa-Lobos, lunaire Journées lyriques de Chartres et à l’Opéra de Dijon, mis Vanemuine de Tartu en Estonie en septembre 2015, la brier à l’Opéra Angers-Nantes, au Luxembourg, Ajax I de Schönberg, la Misa Criola de Ramirez, le Gloria de en scène par Jean-Yves Ruf, enregistré ensuite en DVD soprano Diana Higbee chante Isoline dans Geneviève (La Belle Hélène) au Capitole de Toulouse et à Marseille, Poulenc. Applaudie sur de nombreuses scènes euro- avec le Chamber Orchestra of Europe en 2014. Outre de Brabant d’Offenbach à l’Opéra de Montpellier en les Valets (Les Contes d’Hoffmann) au Grand Théâtre péennes comme Genève, Bergen, Liège, Amsterdam, Donna Anna, elle s’illustre dans les rôles suivants : mars 2016, sous la direction de Claude Schnitzler et de Genève, à Monte Carlo et à Paris, Alfred (Die Fleder- Aix-en-Provence ou Montpellier, son parcours musical Pamina (La Flûte enchantée), la Comtesse (Les Noces dans la mise en scène de Carlos Wagner. maus) à l’Opéra de Bordeaux, à l’Opéra de Liège et à

90 Geneviève de Brabant 91 bgahio r p ies l’Opéra de Tours, Falsacappa (Les Brigands) à l’Opéra (La Veuve joyeuse) à l’Opéra-Comique, Melot (Tristan flûte enchantée de Peter Brook (Molière du spectacle mise en scène) et Cécile Romieu (piano). Avec leur de Bordeaux, au Grand Théâtre du Luxembourg, à und Isolde) à la Ruhrtriennale, aux Opéras de Bonn et musical 2010) et incarne Tibia dans Les Caprices de spectacle Chabada, il joue à la Péniche Opéra, à la Bi- l’Opéra de Toulon et à l’Opéra-Comique. À l’Opéra de de Darmstadt, Bobinet (La Vie parisienne) à l’Opéra Marianne en tournée française avec le Centre français bliothèque nationale François Mitterrand, au Théâtre Paris, il incarne les rôles du Comte Elemer (Arabella), de Lyon, Don Giovanni à Koblenz et Clermont-Ferrand, de promotion lyrique. À l’Opéra, il interprète les rôles de Chartres… À vingt-cinq ans, il devient artiste ly- Truffaldino L’Amour( des Trois Oranges), Normanno Frédéric (Lakmé) à Rennes, Lausanne et Saint-Étienne. de Pedrillo dans L’Enlèvement au Sérail de Mozart, Mo- rique stagiaire aux Jeunes Voix du Rhin. À l’Opéra na- (Lucia di Lammermoor) et Spoletta (Tosca) ; au Festival Il prend part à de nombreuses créations mondiales, nostatos et Tamino dans La Flûte enchantée de Mozart, tional du Rhin, il chante auprès de chefs d’orchestre et de Salzbourg, il interprète plusieurs rôles dont le Pro- telles que Wasser d’Arnulf Herrmann à la Biennale Bastien dans Bastien et Bastienne de Mozart, Basilio de metteurs en scène prestigieux comme Emmanuelle fesseur d’Art dans la création de Charlotte Salomon de de Münich, La Lettre des Sables de Christian Lauba à et Don Curzio dans Les Noces de Figaro de Mozart, le Haïm, Rinaldo Alessandrini, David McVicar ou encore Marc-Antoine Dalbavie. Parallèlement, il se produit en l’Opéra de Bordeaux, alors qu’en 2012 la presse alle- Remendado dans Carmen de Bizet, les quatre Valets Achim Freyer. Puis il est pensionnaire du CNIPAL de concert et en récital. Il a été invité en tant que soliste mande salue son interprétation du rôle-titre des Dia- dans Les Contes d’Hoffmannd’Offenbach, Goro dans Marseille, où il travaille en master-classes avec Mady par de nombreux orchestres : Orchestre national de logues de Barabbas de Salinen à l’Opéra de Frankfurt. Madama Butterfly de Puccini, Gastone dans La Tra- Mesplé, Yvonne Minton et Tom Krause. Durant ces Mexico, Orchestre national Bordeaux-Aquitaine, Les Il s’est produit au concert avec Les Arts Florissants viata de Verdi, Normanno dans Lucia di Lammermoor deux saisons, il tient les rôles de Jupiter dans Orphée Musiciens du Louvre (dir. Marc Minkowski), Orchestre ou dans des lieux tels que le de Donizetti ou encore le Fou dans Wozzeck de Berg. aux Enfers d’Offenbach et de Mercutio dans Roméo de Paris (dir. Semyon Bychkov), Orchestre national Barbican Center de Londres, le Musikverein de Vienne, Parallèlement, il se frotte à l’univers de l’opérette et et Juliette de Gounod, deux productions données à d’Ile-de-France, Orchestre philharmonique de Radio le Théâtre des Champs-Élysées à Paris ou encore le de la comédie musicale : Camille de Coutançon dans l’Opéra de Marseille. Il est alors engagé pour chanter France (dir. Eliahu Inbal et John Nelson). Il a également Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Il a collaboré avec La Veuve joyeuse de Lehar, Pâris dans La Belle Hélène Toinet dans Un de la Canebière de Scotto à l’Opéra fait des apparitions remarquées au festival Masse- des chefs tels que Jesus Lopez-Cobos, Alain Altino- d’Offenbach, le Soldat Fritz dans La Grande-Duchesse de Toulon (reprise à l’Opéra d’Avignon en 2010) puis net à Saint-Étienne et au festival d’Édimbourg. Plus glu, Kirill Petrenko, Alberto Zedda, Marc Minkowski, de Gérolstein d’Offenbach, Carlos de Medina dans La Claude Aviland dans Ô mon bel inconnu de Hahn à récemment, il interprète le rôle du Premier Homme William Christie, Christophe Rousset, Dan Ettinger ou Belle de Cadix de Lopez, Ardimedon dans Phi-Phi de l’Opéra de Rennes (reprise à l’Opéra de Metz) ou en- d’armes (Die Zauberflöte) à l’Opéra de Paris, celui de encore Friedemann Layer, ainsi qu’avec des metteurs Christiné, Orphée dans Orphée aux Enfers, le Prince core Le Médecin dans l’opéra contemporain d’Isabelle Cantarelli (Le Pré aux Clercs) à l’Opéra-Comique, à la en scène comme Willy Decker, Achim Freyer, Laurent Casimir dans La Princesse de Trebizonde d’Offenbach, Aboulker, Jeremy Fisher (coproduction des Opéras Fondation Gulbekian de Lisbonne et au Festival de Pelly, Jean-François Sivadier, Jérôme Savary, Moshe Flores dans L’Auberge du Cheval-Blanc de Benatzky, de Lyon et de Rennes). À l’Opéra d’Avignon, Virgile Wexford, ainsi que Torquemada (L’Heure espagnole) Leiser et Patrice Caurier. Leopold dans Valses de Vienne de Strauss, Gustave Frannais chante Gustave de Pottenstein dans Le Pays à Angers-Nantes Opéra. Il chante également le rôle Ses productions récentes et futures : Lescaut (Manon) dans Pomme d’Api d’Offenbach, Babylas dans Monsieur du Sourire de Lehar puis Benoît et Alcindoro dans La d’Altoum (Turandot) à l’Opéra national de Montpellier à Lausanne, Puck (La Grande-Duchesse de Gérols- Choufleuri d’Offenbach, le Roi Bobèche dans Barbe- Bohème de Puccini. À l’Opéra de Massy, on l’entend ainsi que celui de Peter Quint (The Turn of the Screw) à tein) à Genève, Killian (Der Freischütz) à Limoges, ainsi Bleue d’Offenbach, Anselmo dans L’Homme de la dans les rôles de Marullo (Rigoletto de Verdi) et de l’Opéra de Bordeaux. Parmi ses projets, la production que sa prise de rôle en Wozzeck à Dijon, et plusieurs Mancha de Leigh, Freddy dans My Fair Lady de Loewe. Y amadori (Madama Butterfly de Puccini). de Dialogues des Carmélites à l’Opéra de Saint-Étienne, rôles dans Juliette de Martinů à Francfort, Truck (Le Les ensembles Arianna, Les Éléments et La Rêveuse En récital, il se produit notamment à l’Opéra- le rôle de Mocenigo (version de concert de La Reine de Roi Carotte) à Lyon, Sganarelle (Le Médecin malgré font appel à lui pour des oratorios et récitals qui lui Comique dans un programme de romances françaises Chypre) sous la direction d’Hervé Niquet au Théâtre lui) à Genève, ses débuts à l’opéra de Paris avec le permettent de chanter le répertoire baroque qu’il du XVIIIe siècle, à Toulouse, lors d’un concert en l’hon- des Champs-Élysées et celui de Spalanzani (Les Contes rôle de Marquis d’Obigny dans La Traviata, Dancaïre apprécie : le Magnificatde Bach, le Requiem de Mozart, neur de Mady Mesplé, où il interprète, en sa présence, d’Hoffmann) à l’Opéra de Monte Carlo. dans Carmen. le Messie de Haendel, The Fairy Queen de Purcell, Mon- L’Horizon chimérique, ou encore à l’Opéra de Bordeaux, À Nancy, il a interprété Mahagonny dans Andrea Che- sieur de Pourceaugnac de Molière. où il chante des airs de Rossini, Donizetti, R. Strauss, nier, Ouf 1er dans L’Étoile de Chabrier et Alfred dans Ra phaël Brémard Parmi ses projets : la reprise de My Fair Lady de Loewe Lehar, Millöcker… Dans le répertoire mozartien, il . Vanderprout à Marseille, Loustot dans Véronique de Messager à chante Guglielmo dans CosÌ fan tutte à l’Opéra de le bourgmestre, ténor l’Odéon de Marseille, Sancho Pança dans L’Homme de Saint-Étienne. De novembre 2010 à novembre 2013, Boris Grappe Amateur et chanteur de rock, Ra- la Mancha de Leigh et Spoleta dans Tosca de Puccini à Virgile Frannais est Papageno dans la production du Charles Martel, phaël Brémard se destinait à une Tours, Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach (quatre Va- Théâtre des Bouffes du Nord, Une Flûte enchantée baryton-basse carrière de technicien forestier lets à Metz, Spalanzani et Nathanaël à Saint-Étienne). de Mozart, mise en scène de Peter Brook. Durant Formé au CNSM de Lyon auprès quand il rencontre Marie-Paule les deux mois des représentations parisiennes, le de Margreet Honig et à la Hoch­ Nounou qui l’initie au chant ly- V irgile Frannais spectacle joue à guichets fermés et remporte le Mo- schule für Musik de Vienne rique. Il se forme auprès d’elle et Narcisse, baryton lière du meilleur spectacle musical 2011. La tournée auprès de Walter Moore. Boris de Gilles Ragon avant d’intégrer le CNIPAL à Marseille, Virgile Frannais débute ses études emmène Une Flûte enchantée dans de nombreuses Grappe a construit son répertoire de 2004 à 2006, où il reçoit les conseils de Mady Mes- de chant à Orléans auprès de Mar- villes françaises et internationales dont Montpellier, en troupe au Nationaltheater de plé, Yvonne Minton, Tom Krause et David Syrus. tine Midoux. Il entre en 2001 au Caen, Lyon, , Rome, Londres, Madrid, Budapest, Mannheim, où il incarne entre autres Don Giovanni, Sa carrière prend très vite son essor sur les plus Conservatoire national supérieur Saint-Pétersbourg, New York, Rio de Janeiro, Buenos le Comte Almaviva, Guglielmo, Papageno, Figaro grandes scènes françaises et à l’étranger (Bayreuth de musique et de danse de Paris Aires, Mexico, Hong Kong, Séoul, Tokyo, pour un total (Le Barbier de Séville), Harlekin, Donner, Schaunard, avec le Forum franco-allemand des jeunes artistes, le dans la classe de Michèle Le Bris. avoisinant les trois cents représentations. Lors des Falke, Albert, etc. Il a chanté Moralès (Carmen) au Festival de Spoleto, le Glyndebourne Touring Opera Durant ses études, il co-fonde le deux dernières saisons, il tient les rôles de Raoul de Théâtre du Châtelet et au San Carlo de Naples, Danilo etc.). Il se produit en tournée mondiale dans Une trio des Lyriques FMR avec Martine Midoux (chant, Gardefeu dans La Vie parisienne d’Offenbach à l’Opéra

92 Geneviève de Brabant 93 bgahio r p ies de Toulon et du Dancaïre dans Carmen de Bizet avec bourne. Il collabore ainsi avec de nombreux metteurs ther de Massenet pour ses débuts à Covent Garden. Massenet, L’Homme de la Mancha et Guillaume Tell à La Fabrique Opéra Val-de-Loire. Puis, l’Opéra de en scène, tels Robert Carsen, Graham Vick, Laurent Ses futurs engagements comprennent L’Enfant et les Monte-Carlo, Faust, Jenůfa, Le Barbier de Séville, My Saint-Étienne l’accueille à nouveau pour la création Pelly, Olivier Py, Jean-François Sivadier, Mariame Clé- Sortilèges de Ravel à Monte Carlo, L’Heure espagnole Fair Lady, Le Dernier Jour d’un condamné, Mireille et contemporaine Patoussalafoi ! de Matteo Franceschini. ment, Patrice Caurier et Moshe Leiser, Robert Wilson, de Ravel avec le Boston Symphony, Trompe la Mort La Belle Hélène en Avignon, Dialogues des Carmélites à Il sera Marco dans Gianni Schicchi de Puccini dans la Jean-Louis Martinotti, Frencesca Zambello, Günter de Luca Francesconi à l’Opéra de Paris, Ariadne auf Toulon, Cléopâtre à Marseille, Béatrice et Bénédict au nouvelle production de la Co[opéra]tive, en tournée Krämer, , etc., et chante sous la Naxos de Strauss et Madama Butterfly de Puccini au Festival Berlioz–La Côte-Saint-André avec l’Orchestre au printemps 2017. baguette de , Yvan Fischer, Pinchas festival de Glyndebourne, Dialogues des Carmélites Les Siècles dirigé par François-Xavier Roth, La Vie Steinberg, Bernhard Kontarsky, Lawrence Foster, Jé- de Poulenc au Théâtre des Champs-Élysées, Carmen parisienne à l’Opéra de Nice, La Bohème à Reims, La Jean-Marc Bihour rémie Rhorer, Charles Dutoit, Jeffrey Tate, Kazushi de Bizet à Covent Garden. Périchole aux Folies Lyriques à Montpellier puis au Golo, comédien Ono, Philippe Jordan ou Esa-Pekka Salonen. Parmi À Nancy, on a pu l’entendre dans L’Enfant et les Sorti- Festival de Saint-Céré, My Fair Lady à Metz et Massy, Jean-Marc Bihour débute comme les rôles qu’il a abordés, citons Don Basilio dans Les lèges, Turandot, et Les Mamelles de Tirésias (version Geneviève de Brabant à Montpellier. comédien en 1985 auprès de Noces de Figaro de Mozart, Goro dans Madama Butter- de concert). Parmi ses projets, citons Faust en Avignon, Manon Jérôme Deschamps et Macha flyde Puccini, Caius dans Falstaff de Verdi, Pang dans et Les Contes d’Hoffmann à Monte-Carlo, Le Dernier Makeïeff dans La Veillée, Les Pe- Turandot de Puccini, Monsieur Triquet dans Eugène Pi h lippe Ermelier Jour d’un condamné, My Fair Lady et Faust à Marseille. tits Pas, C’est dimanche, Lapin- Onéguine de Tchaïkovski, sans oublier le Novice de Grabuge, baryton Chasseur, Les Frères Zénith, C’est Billy Budd de Britten, dans lequel il s’est tout par- Après une formation tout à la magnifique… ticulièrement illustré à Bastille. Grâce à sa parfaite fois éclectique et complète des Il participe également à des opéras : L’Enlèvement au maîtrise de l’allemand, François Piolino est très à cours de Jean-Laurent Cochet à Sérail de Mozart, Les Brigands d’Offenbach, L’Étoile l’aise dans des rôles tels que les Juifs dans Salome l’École Boulle, Philippe Ermelier de Chabrier, et plus récemment en 2014 Barbe-Bleue de Strauss, M.Taupe dans Capriccio de Strauss, Sca- travaille sa voix avec Jean-Marie d’Offenbach pour l’Opéra de Lorraine. ramuccio dans Ariane à Naxos de Strauss, Valzacchi Siougos et Suzy Sach, ce qui le Depuis 2002, avec le Théâtre régional des Pays de dans Le Chevalier à la rose de Strauss ou Monostatos mène au CNIPAL, où il rencontre Loire de Patrick Pelloquet, il joue Molière, Labiche, dans La Flûte enchantée de Mozart, un de ses rôles Rita Streich puis à l’école de chant de l’Opéra de Paris Feydeau. Il collabore avec Patrice Thibaud à la mise de prédilection, qu’il a chanté plus de quatre-vingt dans la classe de Michel Sénéchal. en scène des spectacles Fair-Play en 2012 et Franito fois, dans le monde entier. Le répertoire français lui Son vaste répertoire s’étend du baroque (Énée dans en décembre 2015 au Théâtre de Nîmes. permet de s’exprimer dans sa langue maternelle : le Didon et Énée de Purcell, Phinée dans la Jephté de Il joue à l’automne 2016 dans Farces et Attrapes, un Remendado dans Carmen de Bizet, Guillot de Morfon- Monteclair…) au grand répertoire d’opéra, qu’il conte musical de Jeanne Plante. taine dans Manon de Massenet, Schmidt dans Werther s’agisse du vérisme (le Sacristain dans Tosca, Mathieu de Massenet, les quatre Valets des Contes d’Hoffmann dans André Chénier) ou du répertoire français (Laërte F rançois Piolino d’Offenbach, Torquemada dans L’Heure espagnole de dans Mignon, l’Officier espagnol dans Cyrano de Ber- Pitou, ténor Ravel ou l’Aumônier des Dialogues des Carmélites de gerac d’Alfano, le Geôlier dans Dialogues des Carmé- Après avoir terminé ses études de Poulenc ; mais il affectionne tout particulièrement lites, Johann dans Werther…). Rossini est aussi très chant au Conservatoire de Lau- les trois rôles de ténor de L’Enfant et les Sortilèges de présent avec des rôles comme Haly dans L’Italienne sanne et à la Guildhall School de Ravel (la Théière, l’Arithmétique et la Rainette) qu’il à Alger, Le Barbier de Séville, Tobia Mill dans La Cam- Londres, François Piolino, ténor chante sur les scènes les plus prestigieuses et sous biale di Matrimonio… Son grand talent de comédien, suisse né à Bâle, obtient un pre- la baguette des plus grands chefs. son imagination et sa liberté en scène le poussent mier prix au Conservatoire natio- Récemment, on a pu l’entendre dans L’Enlèvement très vite à aborder le répertoire de l’opérette et de nal supérieur de Paris. Il travaille au Sérail de Mozart au Théâtre des Champs-Élysées la comédie musicale. Sa mise en scène de Phiphi lui sa voix depuis de nombreuses années avec le ténor et à Nantes, Salome de Strauss, Carmen de Bizet, La vaut une invitation au Théâtre du Tambour royal à parisien Guy Fletcher. Veuve joyeuse de Lehar, L’Enfant et les Sortilèges de Paris où il est ensuite très régulièrement invité. Les Une première carrière dans la musique baroque, prin- Ravel à Paris, Lyon, Rome, Glyndebourne, Londres, rôles de son répertoire sont très nombreux qui vont cipalement avec William Christie et les Arts Floris- Stockholm, à la Philharmonie de Paris et à l’audito- d’Offenbach (Jupiter, le Général Boum, Agamemnon) sants, lui permet d’acquérir de solides bases pour rium de Radio France, Munich, Cologne, Stuttgart, à Varney (Brissac dans Les Mousquetaires au couvent), aborder la suite de son parcours, qui s’oriente tout Lausanne et Genève, La Flûte enchantée de Mozart à Lehar (Popoff, Gustav…), Weill (Tiger Brown de L’Opé- naturellement vers l’opéra. Spécialisé dans les rôles l’Opéra de Paris, Eugène Onéguine de Tchaïkovski à ra de Quat’sous) et jusqu’aux désormais « classiques » de caractère, il sillonne la France et l’Europe, se pro- Glyndebourne, Dialogues des Carmélites de Poulenc que sont Cats (Mathusalem), Les Misérables (Javert), duisant sur les plus grandes scènes : Bastille, Garnier, au Théâtre des Champs-Élysées, Capriccio de Strauss sans oublier les œuvres de son ami Jacques Duparc, Châtelet, Théâtre des Champs-Élysées, Lyon, Nancy, à Lyon, L’Étoile de Chabrier à Amsterdam, Madama Charrette et Clémenceau. Strasbourg, Aix-en-Provence, Genève, Opéra royal Butterflyde Puccini à Lille et Luxembourg, Chérubin de Récemment, il a chanté dans La Fille de Madame de Wallonie, Staatsoper Berlin, Amsterdam, Glynde- Massenet à Montpellier, L’Étoile de Chabrier et Wer- Angot à l’Opéra royal de Wallonie, La Navarraise de

94 Geneviève de Brabant 95 bgahio r p ies L’ éQUipe de l’Opéra et de l’Orchestre

D iRECTEUR Ce ntre de Pianistes chefs de chant P ersonnel électriciens Oh rc estre ALTOS CLARINETTES Laurent Spielmann formation Solange Fober technique Laurent Galiay symphonique Aolt solo C lARINETTE solo D iRECTEUR musical Thierry Garin Daniel Hamang Paul Fenton Philippe Moinet Rani Calderon des apprentis Vincent Royer D iRECTEUR technique Alexis Koch et lyrique A lto co-sOLISTE C lARINETTES directrice Hervé Vincent de Nancy D iRECTEUR de Artistes des chœurs Sébastien Koch Patricia Midoux Noémie Lapierre, l’administration artistique Anne-Laure Exbrayat S oPRANI R éGISSEUR technique Chef accessoiriste régisseuse générale Alto second soliste petite clarinette solo Claude Cortese Cargéeh de la Dania Di Nova Bernard Picard David Joly Hélia Christu Benjamin Boura Yannick Herpin, coordination pédagogique clarinette basse solo Administratrice Patricia Garnier Secrétaire technique A cCESSOIRISTE régisseur technique Atosl du rang et de la communication Joanna Hinde Michèle Gentile Alice Daoudal Delphine Ledroit Isabelle Lelimouzin Hervé Laurent Sylvain Durantel BASSONS Inna Jeskova B aSSON solo Rsponsablese de projet – Régisseur son Garçon d’orchestre Dominique Guimas Line Ragot bureau d’études Sylvie Villedary P ersonnel Bruno Malléa Sylvain Léonard Béatrice Lee Communication Barbara Wysokinska Sébastien Carlier Catherine Mirgain B aSSONS et relations administratif Soon Cheon Yu Lucie Rizzo technicienne son B ibLIOTHÉCAIRE Nicolas Tacchi, responsable administrative Odyl Abid-Chartier Marko Meles VIOLONCELLES publiques Alti Gestionnaire stock décors V iOLONCELLES solos co-soliste et financière Valérie Barbier Pascal Leclair C hEF habilleuse V iolONS Serge de Goloubinow, Directrice Marine Aussedat Pierre Fourcade Élisabeth Lanore Asseya Merabet V iOLON supersoliste contrebasson solo Marie Sauvannet R eSPONSABLE de l’atelier Laurent Causse n. n. assistante Aline Martin décors de la Ville de Nancy Habilleuses C hARGÉE du développement V iOLONCELLE co-soliste CORS Amandine De Cosas Julie Stancer Nicolas Joly Corinne Aubry V iOLONS Solos Cro solo des publics Elena Frikha Christine Bianco Audrey Boulery responsable de la gestion Anja Stegmeier adjointe Aurore Toussaint Marc Loviconi du personnel Lucy Strevens Maria Skryabina V iOLONCELLE second soliste chargé de communication Bérangère Brochard C hef de l’aTELIER couture C oRS Évelyne Hazotte Jue Zhang V iOLON second soliste Isabelle Le Boulanger Vincent Thouvenot décorateurs Valérie Simon Pierre Riffault, chargée de production T éNORS Jean-Marie Baudour V iOLONCELLES du rang co-soliste R eSPONSABLE billetterie Claire Flachat A dJOINTE chef d’atelier Mélodie De Keukelaere Bertrand Cardiet Cefs h d’aTTAQUE Laurent Boulard Franck Leroy Noémie De Freitas Benjamin Hodot Nelli Vermel APPRENTIe cfa Xiao Lun Chen des seconds violons Sylviane Crepey Eric Tardieu Bénédicte Kraemer C oUTURIÈRES François Oechslin Locationnaire Aline Bourguignon Jean Marc Duval Magali Misiak Catherine Delon-Pierre Sylvie Vouillemin Sandrine Arbona n. n. TROMPETTES A sSISTANT de direction Ill Ju Lee Tifanie Putz CONTREBASSES T rOMPETTE solo Claudine Blanchet Contrebasse solo Vincent Thouvenot Ronald Lyndaker Julien Starck Julie Coyer Cef h d’aTTAQUE des seconds François Lachaux S ervice Ju In Yoon violons second soliste Hélène Van Acker R éGISSEURS comptables Chef machiniste Sandrine Fousse Philippe Houillon T rOMPETTES pédagogique Magalie Beck Lee Taesung Daniel Poirson Clémentine Gaulier Contrebasse co-soliste n. n., co-soliste R eSPONSABLE, dramaturge Basses V iOLONS du rang Sophie Laurens Virginie Diebold Sus o -cHEFS machinistes Marie Masson Fabrice Wigishoff, Carmelo Agnello Annabelle Salmon Alain Blenner Rémy Chopinez Contrebasse second co-soliste Daniel Bouillon R eSPONSABLE du service Benoît Froissart soliste Cargésh de mission Cargéh de l’accueil Benjamin Colin sécurité incendie et éducation nationale Jean-Luc Didier Sonia Gasmi Violaine Manfrin du public Marco Gemini maintenance du bâtiment T rOMBONE solo M aCHINISTES Philippe Girodon Marie-Renée Légée Fabienne Wiemert Michaël Kraft Patrick Bezon Contrebasses du rang Andrea Calcagno Jean-Sébastien David Richards Jean Adolphe Misa Hasegawa Fanny Bereau responsable Accueil A gENT de maintenance T rOMBONES Baraban Tony Charrière du bâtiment Marie Lambert Vassili Touliankine Lionel Bahuaud Christophe Sagnier Lionel Lutz, co-soliste assistant pédagogique Xavier Szymczak Bruno Lataille Jean-Claude Cherrier Hortense Maldant- A ccUEIL Frédéric Léonard FLûTES Thomas Bousquié, François Martinez Aentsg de sécurité incendie Savary Felût solo Marie-Claude Cunin choristes Sébastien Pierre Anne-Laure Martin basse solo V oLONTÉ service civique Jean-Luc Grosjean supplémentaires Vincent Joux Gaspar Hoyos Aolt Éric Venck Thierry Schneider Jeanne Maurin TIMBALES ET PERCUSSIONS Léo Zanne Pascal Kasidis Feslût T imBALIER solo Sigrid Blanpain apprenti machiniste Philippe Valério Bertrand Menut Pauline De Visites Corentin Guillot Geneviève Monségur Marcel Artzer André Claude P ersonnel basse Patrick Jacques Larochelambert, Olivier Charmet Chef électricien Marie-Christine co-soliste Percussions Anne Mc Laughlin artistique Personnel d’entretien Muhlmeyer Matteo Bonanni Pierre Guérin Olivier Béguin Olivier Sauvage, régisseuse générale Franck Natan piccolo solo HARPE Véronique Kespi Sus o -cHEFS électriciens Marie Louise Colin Michel Eckert François-Xavier Parison Harpe solo Stéphanie Schalck Emmanuel Samson HA UTBOIS Irène Trémureau Cefh des chœurs Jean-Claude Jacques H aUTBOIS solo Merion Powell L’Opéra remercie Pierre Colombain Mu sICIENS apprenti électricien l’ensemble des ateliers supplémentaires régisseur des chœurs Thibault Denis H aUTBOIS menuiserie, métallerie et trompette Thibaut Laplace Aurélien Pouzet- Marc Condolucci peinture/tapisserie. Robert, co-soliste cor Florine Hardouin, Claire Kalisky solo

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À l’Opéra national de Lorraine Àal la s l e Poirel Co ec nFÉr n es « Une heure avant… » Concert de l’Orchestre Il Matrimonio Le s samedis de symphonique et segreto Des’lices d’Opéra lyrique de Nancy O péra national de Lorraine, Domenico Cimarosa À l’Opéra comme au Foyer du public 31 janvier 2017 à 20 h Théâtre, le masque Gi ershw n entrée libre sur présentation du billet 2 février 2017 à 20 h démasque. Concerto pour piano 5 février 2017 à 15 h À 19 heures, 14 heures ou 16 heures Petite forme théâtrale en fa (selon l’horaire de la représentation) 7, 9 février 2017 à 20 h autour du masque et de D iRECTION musicale l’intrigue avec Peggy Dias, Zavaro Sascha Goetzel comédienne aux mille Flashes Cette saison nous vous proposons, pour chacune À l’issue de Mise en scène visages… A dams la conférence, C ordula Däuper de nos productions lyriques, une rencontre de trente Samedi 7 janvier 2017 The Chairman Dances, le bar du Foyer Orchestre symphonique à 10 h 30, Foyer du minutes, une heure avant chaque représentation. du public sera public, Opéra Foxtrot pour orchestre et lyrique de Nancy ouvert, l’occasion S travinsky Ouvertes à tous, ces rencontres vous offrent P rODUCTION Opernhaus Zürich L’Oiseau de feu, de se retrouver Ouvrage chanté en italien, la possibilité de vous familiariser davantage autour d’un verre suite de 1919 surtitré Coc n ert avant le début Durée de l’ouvrage : avec l’ouvrage auquel vous allez assister, d’entrer 2 h 30 + entracte Apéritif 12, 13 janvier 2017 du spectacle. S amedi 25 février à 20 h 30 dans l’intimité du compositeur, de connaître le contexte Récital 2017 à 11 h D iRECTION de l’œuvre, ses influences, l’accueil reçu lors de “Une heure avec…” Julien Masmondet R iccardo Novaro sa création… Panoi 4 février 2017 à 18 h 30 T homas Enhco Coéec nf r n e “Une heure avant…” Ml aster-c asse M ichèle Ledroit de Thomas Enhco (entrée libre sur présentation du billet une heure avant chaque en partenariat avec représentation) le Conservatoire régional du Grand Nancy ve ndredi 13 janvier 2017 de 9h à 16h, Auditorium du Conservatoire Entrée libre, dans la limite des places disponibles

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