Aline Dell'orto Carvalho
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ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES SOCIALES Aline dell’Orto Carvalho EN NOIR ET BLANC : LA REPRÉSENTATION DES NOIRS DANS LE DESSIN D’HUMOUR AU XIXE SIÈCLE. BRÉSIL, FRANCE, ANGLETERRE ET PORTUGAL. Mémoire présenté à la mention Histoire et Civilisations de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales pour obtention du diplôme de Master 2 Directeur : Christophe Prochasson Rapporteur : Claudia Damasceno Paris Mai 2013 TABLE DE MATIÈRES Remerciements ..............................................................................................................3 Introduction .................................................................................................................. 4 Chapitre 1 – Un premier pas ......................................................................................18 Chapitre 2 – Les allers-retours de la presse ................................................................60 Chapitre 3 – Les échanges La Guerre Civil Américaine vue d’Europe .....................................................87 Les voyages de Raphael Bordallo Pinheiro ...................................................119 Conclusion ................................................................................................................ 140 Tableau de sources ...................................................................................................145 Bibliographie............................................................................................................. 156 2 REMERCIEMENTS Dans ce moment charnière de conclusion d’un travail, je tiens à faire quelques remerciements aux personnes et institutions sans lesquelles l’accomplissement de ce projet n’aurait pas été possible. Je remercie le Ministère des Affaires Étrangères français pour la Bourse Eiffel, qui m’a offert la possibilité de me consacrer entièrement à ce Master. En outre, j’aimerais adresser de chaleureux remerciements à mes tuteurs, madame Myriam Cottias, qui m’a accompagné dans la première année de Master, avec des conseils précieux pour démarrer le travail et monsieur Christophe Prochasson, pour avoir dirigé ma deuxième année en m’ouvrant les yeux sur de nouvelles questions. Outre les professeurs qui ont officiellement et très gentiment accompagné mon travail, je tiens également à mentionner ici ceux qui m’ont parallèlement écoutée, conseillée, lue, dirigée : monsieur Jean Hébrard, qui, comme moi, s’intéresse simultanément au domaine de la culture et à celui de l’esclavage ; monsieur Jean- Frédéric Schaub, qui comprend si bien les difficultés de ma recherche ; madame Claudia Damasceno, qui dans la perspective d’une codirection de thèse a très gentiment démarré plus tôt sa direction et monsieur Ilmar Rohloff de Mattos, ancien professeur de la PUC-Rio et toujours si attentif. Cette liste n’est certainement pas exhaustive et je pourrais la prolonger à travers de longs paragraphes, mais je m’arrêterai ici et garderai dans l’esprit tous les autres noms qui ont été fondamentaux pour l’avancement de mon travail. 3 INTRODUCTION La recherche que nous avons initiée dans le Master et à laquelle nous avons l’intention de donner suite dans le Doctorat porte sur la production et la diffusion des dessins satiriques et humoristiques de presse au XIXe siècle en France, au Brésil, au Portugal et en Angleterre. Pour la mener, le sujet de la représentation des Africains et de leurs descendants semble être une très bonne porte d’entrée, dans la mesure où il a mobilisé et rapproché les opinions dans les quatre espaces choisis. Nous ne proposons néanmoins pas de faire une analyse comparative, forcément facteur d’isolement, de ces formes de représentation ; mais plutôt de suivre la méthodologie des transferts culturels. Dans notre cas, ce choix implique l’effort de repérer les modérateurs ayant collaboré à la construction d’une vision stéréotypée et raciste des Noirs qui est, dans une certaine mesure, proche dans les pays de l’Occident mis en avant ici. Nous ferons pourtant également l’effort de prendre toujours en compte l’existence de particularités strictement locales. LA CARICATURE COMME OBJET DE RECHERCHE Le choix du mot « caricature » est volontaire et réfléchi, puisqu’il rend la lecture plus claire. Pourtant, il faut être conscient que ce que nous abordons ici dépasse de beaucoup la caricature en elle-même. Selon Guillaume Doizy 1 , la caricature est utilisée comme un nom générique pour nommer une multiplicité de formes du graphisme comique. Les expressions alternatives, telles que « image satirique » et « dessin de presse » peuvent aussi servir de nomenclature générique, mais leurs spécificités, comme celles de la caricature, ne parviennent pas à définir l’ensemble de l’humour graphique. Toutes les images d’humour ne sont pas satiriques, souvent elles ne portent pas une critique politique ou sociale, mais visent tout simplement le rire. Et, en même temps, l’expression « dessin de presse » ne rend pas compte de toute la production parallèle à la production périodique. En tenant compte de l’impossibilité, jusqu’à présent, d’utiliser un nom qui englobe le tout, nous 1 Guillaume DOIZY. (2008) Une petite histoire du dessin de presse. [en ligne]. In: BPI, Quel avenir pour le dessin de presse. Beaubourg, 26 septembre 2008. Disponible sur : <http://www.caricaturesetcaricature.com/article-29525063.html> [Consulté le 22 janvier 2013] 4 utiliserons de façon plus ou moins générale ces trois termes, soulignant, au besoin, les nuances entre eux. Dans l’année 2011, l’historienne de l’art Ségolène Le Men a dirigé un livre issu du colloque Caricature bilan et recherches, dans lequel dix-huit chercheurs de nationalités différentes se sont rassemblés pour faire, comme l’indique le titre, un bilan de leurs recherches sur la caricature. Le plus intéressant de ce travail, du point de vue historiographique, est la conclusion écrite par le spécialiste du dessin d’humour, Michel Melot. Il commence son commentaire en soulignant l’importance de cet ouvrage, qui, selon lui, marque « un pas dans l’historiographie de la caricature. »2 Ce pas auquel l’auteur fait référence est la place occupée désormais par la caricature dans le monde académique. Depuis Thomas Wright, Jules Champfleury, John Grand-Carteret, tous les historiens qui s’intéressaient à cet objet s’engageaient dans un véritable combat. Cette tendance a survécu jusqu’à très récemment. Dans sa très récente monographie sur « la Poire », dessin de Daumier et Philipon, l’historien Fabrice Erre3 ressent encore le besoin d’affirmer la légitimité de son objet face à la marginalité à laquelle il a été relégué au long de son histoire. Selon lui, les préjugés d’auteurs du XIXe siècle, comme Thomas Amyot, demeurent présents dans le milieu académique du XXIe. Pour Melot pourtant la fin de ce mépris de l’historiographie pour la caricature est démontrée par la publication de L’Art de la caricature, où se fait comprendre sa conciliation avec le monde académique et avec l’art. « L’historien de l’art peut désormais travailler sur la caricature sans être taxé d’anticonformisme. »4 Puisque l’objet du livre est la relation entre la caricature et l’art, Michel Melot insiste sur son usage sur le terrain historiographique, mais nous nous proposons de suivre une approche plutôt sociale de la caricature. Une méthodologie de l’approche sociale de la caricature fut proposée en 1967 par l’historien nord-américain Lawrence Streicher dans l’article On a Theory of Political Caricature 5 publié dans la revue Comparatives Studies in Society and 2 Ségolène LE MEN (dir.). L’Art de la caricature. Paris : Presses Universitaires de Paris Ouest, 2011. p. 323. 3 Fabrice ERRE. Le règne de la Poire. Caricatures de l'esprit bourgeois de Louis-Philippe à nos jours. Seyssel : Champ Vallon, 2011. 4 Ségolène LE MEN. op. cit. p. 328. 5 Lawrence H. STREICHER. « On a Theory of Political Caricature », Comparatives Studies in Society and History, vol. 9, n˚ 04, jul. 1967, pp. 427-445. 5 History de l’Université de Cambridge. Dans ce texte, l’auteur critique une autre approche, qui n’est pas celle des historiens de l’art, mais qui prend la caricature comme simple inventaire des événements d’une époque. Nous voulons nous éloigner aussi de cette façon de l’aborder. Une alternative à ces deux démarches est proposée par Raphaël Rosenberg dans son chapitre du livre de Ségolène Le Men. En outre d’être un inventaire des faits, la caricature est un commentaire, puisqu’elle est l’art du remaniement original d’idées qui doivent être suffisamment répandues pour que le public puisse les comprendre. Le lecteur/spectateur doit connaître l’idée pour reconnaître la façon dont cette idée a été ‘surchargée’ (d’après le sens étymologique de l’italien ‘caricare’ duquel provient le mot ‘caricature’). La caricature permet de comprendre les idées et les points de vue répandus dans certains endroits à une certaine époque. Elle est une source précieuse de l’opinion publique sur des questions de politique, mais aussi sur celles relatives aux arts.6 Selon lui, donc, elle permet également de connaître les sujets qui furent objet de l’intérêt de l’opinion publique ainsi que les idées et avis partagés par une communauté. Ceci représente déjà un pas en avant dans ce champ d’études. D’un côté, notre recherche se connecte à cette proposition : les dessins produits sur les Noirs sont un remaniement de l’actualité et des idées racistes, ce qui nous permet d’accéder aux formes de contact que le grand public avait avec ces personnages, ainsi qu’aux idées qu’il nourrissait envers eux. En même temps,