La Bourboule, Fille De Murat-Le-Quaire. Naissance D'une
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'AUVERGNE.^ FILLE DE MURAT-LE-QUAIRE LA BOURBOULE E. G.'ROUX ' FILLE DE MURAT-LE-QUAIRE LA BOURBOULE Naissance d'une commune Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays, y compris l'U.R.S.S. © Editions Volcans 1975 AVANT-PROPOS CJ 'EST la naissance d'une communauté que nous allons essayer de relater avec ses espoirs et ses ambitions, ses réussites et ses échecs. Apparue au sein d'une autre communauté l'enfantement en fut nécessairement difficile, semé de confrontations géné- ratrices d'amertume et de jalousie, semé aussi d'écueils et d'embûches par la faute des hommes ou des circonstances et quelquefois de la nature elle-même. Au début il a fallu tout faire avec rien, ou pas grand-chose, pour l'excellente raison que la mère de cette Bourboule que nous allons voir apparaître était elle-même bien déshéritée, pauvre commune de la montagne d'Auvergne, sans ressources bien définies en dehors de ses bois et de quelques prairies. Il y avait cependant l'eau... cette eau minérale, richesse encore mal connue, peu exploitée en ce XIXe siècle mal remis des nombreuses secousses politiques qui avaient bouleversé le pays entier. Si elle a été au début une pomme de discorde entre la mère et la fille cette richesse nouvelle, potentielle, va être le ciment de la nouvelle communauté, le catalyseur. Tout va se faire pour elle et par elle, ses sources et ses puits devenant le deus ex machina de cette réalisation portée à bout de bras par la foi de quelques hommes. A LA BOURBOULE 1 Pauvres baigneurs j'vais essayer En peu de mots d'vous expliquer Comment le temps s'écoule A La Bourboule 2 Nous avons trois établissements Mabru, Choussy et puis le grand Où les baigneurs viennent en foule A La Bourboule 3 J'ai vu des gens très distingués Qui s'fourraient des p'tits tubes dans le nez Pour se récurer A La Bourboule 4 Il y a la pulvérisation Qui est une bien sale opération Du nez, de partout l'eau vous coule A La Bourboule 5 Vous attendez pour prendre votre bain Vous êtes à moitié crevés de faim Tout tourne autour de vous, tout croule A La Bourboule 6 Vous d'mandez une douche tempérée Vous en sortez plus que brûlé Vous ressemblez à une vraie moule A La Bourboule 7 Et puis il y a deux Casinos Où tous les soirs on se fait très beau Pour voir passer les petites poules A La Bourboule 8 Vous allez entendre Adeilhac Et vous voyez le beau Lestrac Qui se pavane, fume 'et roucoule A La Bourboule 9 Quand vous allez jouer aux p'tits chevaux Voilà le numéro qu'il vous faut Vous dit le patron, allez ça roule A La Bourboule 10 Ce qui manque le moins c'est les médecins y en a partout, dans tous les coins y a de quoi empoisonner la foule A La Bourboule 11 Les prix des hôtels sont très doux Quand on en sort on n'a plus le sou C'est épatant c'qu'il vous en coule A La Bourboule 12 Le plus drôle c'est les ascenseurs Il n'y a plus d'eau nous dit le chasseur Et pourtant y' en a trop qui coule A La Bourboule 13 Coquille l' pédicure est très fort Sans douleur il extirpe, les cors C'est à vous en faire perdr' la boule A La Bourboule 14 Le plus amusant de la journée C'est d'aller voir le guignol lyonnais Où Balandras attire la foule A La Bourboule 15 Il y a une belle photographie Aussi bien installée qu'à Paris Chez Malivert on va en foule A La Bourboule 16 Nous avons aussi le peintre Simon Qui fait les portraits à l'huile, au crayon Des baigneurs il réussit la boule A La Bourboule 17 Je dirais bien le nom de l'auteur Un homme d'esprit, mais quel malheur Il est devenu maboule A La Bourboule 18 Messieurs, Mesdames, je regrette beaucoup Mais ça me fait vraiment mal dans le cou Excusez-moi car j'ai affaire A Choussy-Perrière Extrait de la « Revue de La Bourboule » des années 30, œuvre de Jean Boucheix. PRÉSENTATION HISTORIQUE « L'Auvergne est plus un secret qu'une province », a dit Alexandre Vialatte, et c'est peut-être ce qui explique un passé assez mal connu. Si elle est un secret, l'histoire de la Haute vallée de la Dordogne est aussi une énigme jusqu'au début du XIIe siècle. Historiquement, La Bourboule est fille de Murat-le-Quaire et, si l'enfant a grandi plus vite que la mère, elle doit cependant à la « vieille dame » qui la regarde d'en haut une reconnaissance bien méritée, pour lui avoir permis de voler de ses propres ailes il y a cent ans déjà. Il est impossible de séparer l'histoire du vieux village arverne de celle de la station thermale moderne, aussi c'est par celle de Murat-le-Quaire que, remontant le cours des temps jusqu'aux jours sombres du Moyen Age, nous commencerons ce récit. A ce moment-là, Mura tus Al tus Supra Cayres, avait déjà son château, perché sur l'éperon escarpé que nous connaissons, avec, lovées à ses pieds, les demeures des premiers habitants du hameau. Si à cette époque existait déjà Cayres, le quartier de Quaire actuel à La Bourboule, et quelques feux dans le fond de la vallée, rien ne laissait prévoir la naissance de la future Bourboule, et encore moins sa rapide ascension. Certainement les Romains avaient connu ces lieux et peut-être même avaient-ils découvert les sources au pied de la Roche des Fées, si voisine de ce Mont-Dore dont ils avaient assuré l'avenir, semble-t-il, en faisant une grande station thermale. La découverte, en 1820, d'une fosse d'origine gallo-romaine, en sapins mal équarris, semble le confirmer et comme on retrouve une fosse analogue à celle-ci au Mont-Dore au moment de la fondation des thermes romains, on peut presque affirmer que les Gaulois, juste avant l'invasion romaine, connaissaient déjà nos sources. LES TEMPS OBSCURS D E tout cela, il ne faut cependant pas déduire que la région était inhabitée avant l'an 1000. LA PREHISTOIRE Dans son excellente histoire de l'Auvergne, Georges Manry, à qui je vais me référer bien souvent pendant ce récit, remonte aussi loin que faire se peut dans la nuit des temps et nous apprend que l'époque paléolithique la plus proche, l'âge du renne, a vu une population humaine en Auvergne, mal connue quant à ses origines et à ses caractères, civi- lisation bien fruste, lentement balayée d'ailleurs par celle, mésolithique, venant du sud et coïncidant avec un changement brusque des conditions climatiques du pays, passant de l'ère post-glaciaire au climat actuel de l'Europe. C'est là sans doute que se placent les dernières éruptions volcaniques de la chaine des Puys, entre le huitième et le septième millénaire et Georges Manry pense que les hommes ont assisté à ce « terrifiant spectacle du puy de Dôme brusquement surgi du sol, comme le séjour d'une divinité ». Selon certains auteurs cependant une éruption plus récente aurait eu lieu au mont Cineyre vers le deuxième millénaire avant J.-C. Les haches, pointes de flèches, les poteries grossières, découvertes tout près de chez nous à Gelles ou dans la vallée de Chaudefour, tendent à prouver la présence humaine, même clairsemée, dans notre région à l'époque néolithique. Comment étaient ces hommes ? De stature élevée, dolichocéphales, ils apportaient cette nouvelle technique de la pierre polie venue sans doute du Proche-Orient. Ils étaient agriculteurs, à l'encontre des hommes du paléolithique exclusivement chasseurs, et ils affectionnaient les lieux naturellement protégés, peu accessibles, ce qui laisse à penser que peut- être ils ont hanté nos plateaux qui ne sont pas toujours faciles à aborder. Les mégalithes trouvés en Auvergne (à Saint-Nectaire ou dans le Cantal), sont les témoins de cette époque. Peu à peu, nous dit Manry, cette civilisation cède le pas à celle de populations venues du Bassin méditerranéen, les Ligures, puis, venant d'Europe centrale, les Celtes, ces Celtes qui sont nos pères, et commence alors une nouvelle période ». ARVERNES ET GAULOIS... Ces hommes rudes, certains même venant du lointain Caucase, comme la tribu d'Amrha (les Vaillants), appellent leur nouvelle patrie Ar-Ver (le haut Pays). De l'union de ces deux vocables celtes va surgir celui d'Arverne. Ces Arvernes occupaient beaucoup plus que l'Auvergne et sans doute étaient-ils clairsemés dans le pays montagneux, mais il n'est pas exclu que notre vallée de la haute Dordogne, protégée des vents du nord, peu accessible, les ait attirés. Nos ancêtres étaient alors chasseurs et éleveurs, si l'on s'en rapporte au géographe et grand voyageur grec Posidonios d'Apanée qui villégiatura longtemps en pays arverne et à qui les festins auvergnats devaient laisser un souvenir impérissable : orgies de viandes diverses, sangliers, élans, bouquetins, et même l'ours (car il y en avait à ce moment-là), toutes rôties à la broche ou bouillies, grillées sur du charbon de bois et le tout fortement arrosé d'une sorte de bière faite de froment ou de miel, sans doute déjà l'hydromel. Tout cela était servi, paraît-il fort proprement, sur des plats de bronze ou de terre, mais dégusté avec de bien mauvaises manières, un peu barbares, les convives mordant à belles dents dans leurs proies à la manière des lions, ainsi que le rapporte Posidonios.