ACTESDU COLLOQUE DE LAVOUTE-CHILHAC des 10, 11 et 12 Mai 2000 Mxia HILLEBWDT- Etre soumis ii Saint Pierre : formes de dependances dans le canulaire de

Etre soumis a Saint Pierre : Formes de dependances dans le cartulaire de Sauxillanges

Maria HILLEBRANDT

Quand le pretre Rotbertus, fils d'Hector et de Rainguis, donna Une partie de Ses possessions aux saints Patrons du monastkre de Sauxillanges et ii l'abbe Odilon, le scribe de I'acte nota qu'il s'agis- sait d'un nimisiir~L.. crirti omnibris qrie ad ipsunz niansrinz respicere videnru~;videlicet crrrli cartipis er virieis, plntis er ortis, sel-vis er aricillis et onlrzibris corlsailglii~ieiseorlirlz qrli riari sri~itvel qrii nasci- triri siuit ab Iiodienia die er deiriceps srib jrigo dor~ziriationiseonirtz sint I. par 13, tous les se~viet aricillae qui appartenaient au niansiis et leur progeniture furent mis SOUS « le joug de la domination » des nouveaux proprietaires du niansris. Rotbertus voulait que cette donation servit au salut des firnes de Ses parents et de son nepos, nomme Eustorgius. De son CM,celui-ci, dans Une autre charte for- mulee d'une facon similaire, donnait egalement au monastkre auvergnat un llialislrs provenant de la succession de Ses parents, et y ajoutait le transfert d'un selvlis de la meme facon que Rotbertus : Dorio etia~ridontiliiciir~i nonii~ie qiii vocatrlr Wastaldis, qiii ipsiinz nianslirtz i~icolit,crir~z onuzi proge- nie sria, rit onini tenipore nib jrigo ser-vitriris illorrini sit, et tanz ipsi qlii ~liodoslrrir vivi qrianz illi qui nascitrrri sririt. Le senlris donii~iicrisnomme Wastaldis qui habitait le ~~iarisllsfut mis SOUS « le joug de la servitude » de ceux qui, desormais, seraient les nouveaux propriktaires '. Un troisikme acte du cartulaire de Sauxillanges nous apprend que ce Rotbertus itait un decanirs A~~~erilensisecclesiae et qu'en contrepartie du prediiun donne ii ce monastkre et du dorlrinz ~ieporisslii, il ktait admis par l'ab- be Odilon dans la societas et lafiaterrritas des moines pour participer ornr~ibrisbonis. En plus, on lui accordait aussi crrrli caritate... er c11r111101i0re et rei7ereiltia la possibilite de devenir moine ou d'etre enterd ~II1i0st1-0 loco si ille senior donirirrs Rotber-tris le souhaitait 3. Ces trois actes, inscrits 5 la suite l'un de l'autre dans la meme partie du cartulaire de Sauxillanges, sont interessants 5 plusieurs points de vue. Quand on regarde le dernier document, on peut se demander si I'offre de I'abbe Odilon ii Rotbertus de I'accueillir avec sa parente dans la com- munaute des moines a ete faite avec I'intention de constituer Une sorte d'exemple. Car on ne voulait pas seulement recompenser le don de biens materiels par un contre-don spirituel fourni par les moines ;on croyait aussi que le tnnsfert des sel-vi et aricillae de la domination laique ii celle de saint Pierre etait Une sorte d'affranchissement ". Qui etait donc Rotbertus, ce pretre et doyen, auquel l'abbe Odilon accordait ce qui etait au Moyen Age le pri\rilkge le plus precieux qu'un monastkre pOt offrir ii un laic ? D'aprks les auteurs

1 - Carrirlaim de Sal~riIInrtges,Cd. H. DOSIOL,Clennont-Ferrand, Paris, 1864 (desorniais Sai~ravec le iiumero de I'acte). Sai~r406. p. 3 14. 2 - Sni~r403, P. 313 : On y donne donririicirs avec Une lettre capitale ; il ne s'agit pourtant pas d'un nom de penonne, iiiais d'un temle pour disigiier << uu esclave seigneurial qui cultivait le doinaine » (senvrs doniiriiciis) ; cf. G. FOURSIER,« L'esclavage en Bsse aux epoques inerovirigienne ct carolingienne D, dans Caliicrs d'liis- roim, t. 6, 1961, p. 361-375, ici p. 372. 3 - Sai~r407, p. 3 15-3 16. 4 - On mu\.e de lelles indications dans les clia-ies de I'abbaye de Cluny de In preniicre moitit5 du Xie siecle : Recircil des clrc~rres(ie ~'cJl>l>asc dc Cliaiy, Cd. A. BEWARDet A. BRUEL,6 vol., Paris, 1876-1903 (disorniais BB avec le nuniero de Chane) ;par eseniple, BB 2220 : ...irr sendtirrerrr liriiii reddarit /l~IIiilii,lii~i soli Deo er saricro Perro. Er irr isra li/jcra,io vcl c~llnriofin~laetsrnbilis ... ;pour une 6valuritioii critique de cette forniule lib~rafio-cloriatio,... /... Actes du Colloque de Lavoute-Chilhac - mai 2000 - ODILONDE MERC(EUR,1'Auvergne et Cluny de la Gallia Christiarza, il y avait dans le chapitre cathedral de Clermont, au xre siecle, un decailus nommk Rotbertus, apparentk vraisemblablement ii Eustorge, le fondateur du monastkre de Saint- Flour. I1 est skduisant de supposer cette parentk, car celle-ci pourrait bien expliquer le geste et les intentions d'Odilon d'honorer, avec Rotbertus, sa famille et le nepos Eustorgius, la famille fonda- trice de Saint-Flour, un monastkre qu'odilon contribue knergiquement ii rattacher dkfinitivement 2 Cluny. Pourtant, il n'y avait pas de liens de parente entre Rotbertus, le doyen du chapitre de Clermont, et les fondateurs de Saint-Flour 5. Rotbertus appartenait ii un groupe de personnes qui, au tournant du xie siecle, dans la rkgion au sud de Clermont, apparaissaient comme des bienfaiteurs importants de Sauxillanges. Les moines de ce monastkre faisaient explicitement confirmer l'accord de Ces seniores ej~~sdertzregioizis 2 1a donation de Rotbertus dans une co~li~enientiaet avec des fideiussores, ce qui laisse supposer, qu'il s'agissait d'une donation bien importante pour Sauxillanges 6. A partir de Ces trois documents, nous voulons d'abord faire ressortir les particularites des textes provenant de Sauxillanges, afin d'essayer d'expliquer pourquoi des termes comme senri ou ailcillae n'apparaissent que dans quelques rares documents. Ensuite, nous ticherons de traiter le developpement de la terminologie concernant la population servile lors des transformations sociales des xe et xte siecles, pour aborder enfin l'une des questions cle de I'kvolution de la proprikti fonciere et du fonctionnement de la seigneurie, 5 savoir si les moines, en tant que proprietaires, compte tenu de tant de changements, ont developpe des conceptions concernant les hommes qui travaillaient leurs terres et foumissaient I'essentiel de I'approvisionnement de la communautt? monastique.

Des trois chartes prkcedemment cites, celle d'Eustorgius est unique d'une certaine facon : c'est l'un des rares actes du cartulaire de Sauxillanges ii mentionner le nom et le Statut du dependant faisant, avec les terres, l'objet de la donation au monastere, l'esclave seigneurial nomme tvastaldis '. Car dans ce car- tulaire, comme en gineral dans les sources ecclesiastiques, les descriptions d'alleux cedes en don (ou en precüire) demeurent plut6t vagues ; 1es designations des dependants ne sont pas sufisantes pour

. . ./. . .cf. D. BAKTHELEMY,« Le servage et ses rites », drins ID., La nrrrfarion de I'nn rnil a-1-elle err Iierr ? Sen.age et cl~evalerierlri~is lri Frcince des Xe et XI" sikcles, Paris, 1997, P. 93- 17 1 (= deuxi2me version de ID.. « Qu'est-ce que le servage, en au x19iecle », dans ReiTireIiistorirlue, 1. 287, 1992, p. 233-284). ici p. 124-125. Une autre formule qui mkriterait d'etre discutde dans ce contexte est celle de I'afffranchissement ou de la manumission ;cf. Par exemple BB 3339 : Iioiriirierii qiterirh~ri,Rnriiiitlfiri~i lioriiiiie. IlIPP sen.iriiri prorenfunr. ab Iiac clie et deirice,>s facio liberiini riexlrqire totiirs servitirtis aDsolirtitin, priricipi apostolonrni Cl~iriiacerisisc~ricceriobii trab iri elonri- riiitni ; cf. aussi BB 3306, et la formule similaire dans BB 3307 ;cf. ibid.. p. 128 : '< Les serfs de saint Pierre ric sont Pas plus affranchis que les autres », et sa critique de I'interprilation de ces fomules comnie afffranchisseriient « des libres en Service des dglises » (p. 127). 5 - Grilliri Cliristicina, iri provi~lcirrscccicsirlsticrrs clistribrrta, vol. 2. Paris. 1720 (kimpr. Fmborough, 1970). col. 31 1 ; CH. LAURANSON-ROSAZ,L'Auvergiie et ses iticirges (Velfly,~Ei.aiidari) di l'IIIt air sf si?clc~.&fit, ehl mori~lcarrriqiie ?, Le Puy-en-Velay, 1987, p. 145, p. 366-367 ;Srrra 406 : Rotbertus cite les noms de ses parcnts, Hcctor et Rainguis. 6 - Salix 406. I1 s'agit des fideles qui constituaient l'entourage de la famille comrrile de Clemont, et sunout ]es du Crest, CH. LAURANSON-ROSAZ,L'Aiivergiie et scs ntarges..., note 5. p. 103, p. 153-155. C1Ctait preciseiiien\ avec ces Seigneurs que les moines de Sauxillanges avaient plusieurs conflits au cours du onzikme sikcle, G. FOU~IER, Le ~~elti>lerneritrural eri Bnsse Acrvergiie diirarlr ie harrt nroyeri cigc (« Publicri~ionsde Iri facultc des lcttrcs et scicnccs humaines de Clermont-Ferrand », deuxikme Serie, 12). Paris. 1962. p. 106-108. 7 - Sril1.r 405. Miuia HILLEBRANDT- ~tre soumis 2 Saint Pierre : formes de dipendances dans le cartulaire de Sauxillanges savoir s'ils restaient comme esclaves dans la maison de leur maitre, s'ils vivaient comme esclaves sur la terre qu'ils travaillaient (sen~icasati) ou s'il s'agissait de paysans libres, de colons 8. C'est un prob- leme que l'on peut eventuellement elucider par un recours au contexte historique general. La plus grande partie des documents du cartulaire de Sauxillanges concerne Une periode oh les anciennes formes « de I'exploitation des grands domaines en faire-valoir direct par des troupes serviles >> etaient en train de disparaitre 9. Avec prks d'un millier d'actes, le cartulaire de Sauxillanges est la source ecrite la plus importante pour I'histoire de 1'Auvergne des X", XI' et xlie sikcles ; il est, de plus, Une des sources principales pour les debuts de la congrkgation clunisienne, le monastere ayant ete, des le depart, soumis i I'au- torite des abbes de Cluny. L'original, confectionne probablement la fin du XII~siecle, est mal- heureusement perdu. Sont pourtant conserves deux copies completes du xvrie siecle, dont I'une est i la base de I'edition faite par Henry DoniolIo qui n'a pas pris en cornpte la seconde copie et qui a egalement omis de reproduire les variantes des pikces copiees deux ou plusieurs fois dans le cartu- laire 'I. Comme de plus, la plupart des documents ne sont pas dates, Doniol les a publies dans l'or- dre oii ils se trouvaient dans le manuscrit, sans y ajouter Une table chronologique. Le lecteur doit par consequent se contenter des indices indirects trouves dans les documents, comme par exemple les references aux abbes et leur abbatiat. Mais des rkferences aux abbis comme Maieul (9491954-994)' Odilon (9921994-1019) ou Hugues (1049-1109) n'aident en general pas beaucoup, en raison de la tres longue durie de leur abbatiat (plus de 50 ans). C'est pourquoi les auteurs qui ont utilise ce car- tulaire pour des itudes sur 1'Auvergne se sont appuyes plut6t sur les noms des prieurs et le temps qu'ils tenaient ofice pour etablir des references chronologiques 12. I1 manque donc une idition critique du cartulaire qui tienne cornpte de toutes les copies connues. Neanmoins, meme dans l'edition de Doniol, on peut distinguer les grandes lignes de la constmction du cartulaire et les criteres d'aprks lesquels ont ete disposees les differentes pieces. On y voit vite les similitudes dans la structure des cartulaires de Sauxillanges et de Cluny. Tous deux commencent avec une partie contenant des pieces du temps de la fondation des deux monastkres, suivie par des

8 - D. BARTHELEMY,« Le senva_ceet ses rites B, note 4, p. 114. 9 - Crr. LAUMSOS-Rosa « L'Auvegne D, dans M. ZI~I~IER~~ANNdir., Les sociktis nikridionales airtour de I'ait mil. Rfpe~oiredes soit~eser docrmrerits coninie~itis,Paris, 1992, p. 13-54, ici p. 25. 10 - Sairv, p. 1-3 : publie d'apks la copie d9Etienne Baluze, Paris, B.N.F., ms. lat. 5 454. H. STEIN,Bibliographie ghiirale des cartitlaires frangais oir relatifs ii I'liisroire de Fraiice (G Manuels de bibliognphie historique », 4), Paris, 1907, no. 3627, P. 497498. Certains difauts de I'idition s'expliquent par le fait que Doniol n'a pas pris en considention les variantes de la deuxienle copie : Paris, Arcliives nationales, ms. LL 1 014. Cf. pour 1a critique de cette ddition G. FOIJRXIER,Lc ~>eiipleniertt..., note 6, p. 63-64 ;Ctr. LAURANSON-ROSAZ,« L'Auvergne W, note 9, p. I8 ;J.-P. Ctt~srnoset CH. H~RILIER,« Sur un des plus anciens textes en occitan d'Auvegne : un bref de cens, passe inapequ, du monastere de Sauxillanges », dans Leiigas. Revire de sociolir~gitistiqrte,t. 43, 1998, P. 7-36, ici P. 7. I I - Ce sont plutOt des criteres subjectifs qui ont guide Doniol dans le choix de la version « la plus correcte » pour son edition, cf. Sai~r375 et 174. Pmiles nres cas oii les deux versions ont iti publiies, Sar~r475et 701. Par contre, dans un certriin nonibre de cas, Doniol n'a pas vu qu'il s'agissait d'une double redaction de la mEme opintion juridique :Sairr 280 et 780. 12 - Je les ni souvent rcprises dans nia propre itude. Les rdfirences clironologiques dans cette dtude s'entendent donc seulement conime Une oricntation approximative. Pour les datations d'aprss les piriodes oii les prieurs exeqaient leur fonction, jVnisui\vi lqement liste des prieurs que Giles Constrible donne dans son idition des lettres de Picrrc le Venenble :G. C~~~ABLE,Tlie Letters of Pcter rlie Veiieralile, 2 VO~.(« Harvard Historical Studies B, 78). Qmbrjd_ce/hf3ss., 1g67,l. 2, P. 299-301. Pour les fagoris differentes de ddterminer quand les prieurs exergaient leur office, cf. J.-P. Cii~sinoset Ci{. HERILIER,« Sur un des plus aiiciens textes... », note 10, p. 29, n. S. Actes du Colioque de Lavoute-Chilhac - mai 2000 - ODILONDE MERCEUR,1'Auvergne et Ciuny blocs de documents organises d'apres les abbes de Cluny 13. Le manuscrit d5EtienneBaluze, que Doniol a pris pour base de son kdition, montre assez clairement le principe de cette organisation : ce sont surtout des blocs contenant les chartes des abbks Maieul et Odilon qui se suivent en alternance dans le manuscrit. I1 semble qu'il y ait eu encore, eu egard ii l'ordre des documents, un second critere important : beaucoup plus clairement que dans le cartulaire de Cluny, on peut discerner des suites de chartes qui, apparemment, ont et6 regroupees selon des critkres topographiques. C'est peut-6tre pourquoi il y a tant de documents copies en deux exemplaires IJ. I1 est igalement possible qu'a la fin du xrie siecle quand le cartulaire fut composk, les archives du monastkre de Sauxillanges aient subi dkji plusieurs reorganisations, pour lesquelles on avait copie les originaux. Et chaque fois, les copistes de Sauxillanges auraient, comme on le voit aussi dans le cas des chartes de Cluny, remanik les textes et en meme temps la terminologie, suivant les coutumes et usages juridiques du moment 15. I1 y a des indications montrant que la facon de rediger les docurnents avait change et qui expli- querait mieux les particularites des textes qu'une evolution dans la pratique juridique ou dans la ges- tion des affaires. Pour revenir aux trois documents en question, il est remarquable que les deux dona- tions effectuees par le doyen Rotbertus et par Eustorgius sont prksentees dans des formulaires bien similaires - qu'on pourrait eventuellement expliquer soit par le fait qu'elles ont eu lieu presque dans le meme temps, soit par la meme localisation du bien foncier, soit encore par la parentk des dona- teurs. Les deux actes sont complktks par le troisikrne, la Promesse de contre-don par l'abbi Odilon, d'une facon qui, du point de vue des moines, se presente comme l'idial d'un contre-don. La charte de Rotbertus comporte, en outre, une seconde partie, la coiii~eriie~lticz,entre les seiliores ejus- clerll rrgio~li.~et les moines, qui a pour but d'assurer les possessions ii Saint-Sandoux donnies par Rotbertus 1°. Parmi ces seiliores se trouvaient aussi les seigneurs du Crest, dont le chateau etait situe dans la proximiti de ces terres I'. Ce groupe de laics importants, d'une part, et le m6me groupe de rnoines, d'autre part, interviennent une nouvelle fois pour confirmer la donation effectuee par Eustorgius, le nel~os

13 - Srr1r.x 13, 14 ; pour le cartulaire de ce type provenant de Cluny, les deux parties disignies « A » et « B D, cf. M. HII.I.EBRANDT,« Les cartulaires de I'abbaye de Cluny D, dans r\letrroires de In sociheporir I'histoire hrclroit et des iri,stitirtioii,sdes micieri.s pays I>orrrgiiignorts,coiritois er rorrinrids, t. 50. 1993, p. 7-18. H. ATSXIAet J. VEZIN. « Gestion de la mimoire cja I'ipoque de Saint Hugues (1039-1 109) : Ia genese paliographique et codicologique du plus ancien cartulaire de I'abbaye de Cluny D, dans Histoire er nrchives, t. 7. 2000, p. 5-29. 14 - cf. les deux versions d'un seul acte juridique, ddities dans S~IILI-475et 701 :cf. Ia note 67. Comme exeiiiple pour une telle structure d'un cartulriire cf. W. DAVIES,« The composition of ihe Redon cmulq ». dans Frnnciri, t. 17.1, 1990, p. 69-90. 15 - A. BKUEL,« Note sur In transcription des actes privds dans les cartulaires antirieurement au xiiCsiecle ,,, dans Bibliot/i?clue de f'~colefies charles, t. 36, 1875, P. 4l5-.156. Cf. par exemple un acte dont les donateurs sont origi- naires de I'Auvergne, mais qui a iti confectionni pour Cluny : ßß 2 910 (datd probablement en 1036). Dans cette charte, Wido de la famille des seigneurs de Thiers, cida une vigne en . Cette vigne itait aupamvant Une Partie de la Cour d'Huillaux (crin. Le Dojon, an: Lapalisse) qui se trouvait h Une distrince d'environ 50 krn au sud-ouest. Cette Cour avait ddjcja 616 donnee B Cluny, en 955, par la gnnd-mere de \irido. Ermengardis (Bß825). h3ais Ia vigne dtait des- tinie « a rigulariser la situation des esclaves » et fut, Vers 1036. I'objet de 1a donation de \\5do. Cette ctime est con- servie comme original et aussi comme copie du cartulairc de Cluny ; les difErences concement ausSi les prirties oh sont mentionnis les esclaves. Dans I'acte original, canctirisi par Une multitude de bubarisnies. on dit : et oc est virie(i qlre iliecr ciilici, nonzirie Errrieiijrrrd clnbit clrl irnirrn senvirm,noniirie Jorlri. cji~ifrtiteirj~lerrieru....norc 6. p. 596-597. Pour des infor- mations suppldmentaires sur cette famille cf. note 4. Mmia HILLEBRANDT- ~tre soumis ii Saint Pierre : formes de dipendances dans le cartulaire de Sauxillanges de Rotbertus, et transcrite dans le formulaire dit de « Robert D. Au scriptorium de Sauxillanges, on n'a pas ajoute cette seconde partie ii la suite de la donation elle-meme. On a redige en revanche un texte separe qui se trouve ailleurs dans le cartulaire et oil donatio et corzver~ientiasont etroitement likes ; et le nom de l'esclave seigneurial ne figure plus avec le nlarlszw situe ii Saint-Sandoux, donne par Eustorgius. On enumkre simplement les mesures juridiques prises par les moines pour garantir I'accord, et on cite aussi les noms de tous les participants qui avaient donne leur consentement h la co~li)enie~ltiaIs. Les corre- spondances quant au contenu de cette charte avec l'autre version de la charte d'Eustorgius permettent de penser qu'il y avait un seul acte juridique h la base des deux chartes. Le document contenant 1a cor~i~sli- erltin pour la donation d'Eustorgius devrait donc etre consideree comme la seconde partie d'un seul acte, comme dans le cas de Rotbertus, oil tout se trouve dans un seul document. Mais si on avait inscrit seule- ment la version de la dorintio-corr~~erlie~~tiadans le cartulaire de Sauxillanges, nous n'aurions probable- ment pas l'information qu'il y avait aussi un esclave vivant sur le rllarlslrs d'Eustorgius h Saint-Sandoux. Le traitement juridique des deux donations de Rotbertus et d'Eustorgius se faisait, me semble-t- il, sur deux niveaux ou plut6t dans deux traditions de I'ecrit, dont I'une etait monastique, et c'est i celle-ci qu'appartient aussi le document de l'abbe Odilon l9 ; la formule citee au depart, avec laque- lle les senli er a~icillaefurent transferes SOUS la domination des moines, aurait donc Ses origines h Cluny meme, oii l'on trouve cette formule assez souvent dans les chartes de la premikre moitie du xre sikcle ?O. L'autre serait Une tradition locale, qui correspondait ii la realitk administrative quotidi- enne de 1'Auvergne centrale du xie sikcle. La deuxikme version de la charte d'Eustorgius contient, au lieu de la formule du transfert de I'esclave seigneurial, les accords sur les redevances dues au monastkre sur lesquels les moines s'etaient entendus avec les seniores regiorzis ". Au cours du xie sikcle, on peut observer que Ces deux niveaux se melent progressivement, comme on l'a constate aussi pour d'autres regions de la France 22. Les documents contiennent surtout ce qui apparaissait important aux moines '3. A cette epoque les chartes sont ainsi remplies de formules et de clauses concues dans le scriptorium par les moines eux-memes ; en sont une indication, les con- tre-dons d'avantages spirituels que les moines accordent aux laics et qui au cours du XI' sikcle devi- ennent de plus en plus souvent un element constitutif des chartes ". La riponse ii la question posee en preliminaire, pourquoi dans le cartulaire de Sauxillanges les cliartes ne donnent que peu de renseignements - et plut6t vagues - sur la population servile, est donc

I S - Sai~r261. 19 - Sar~i-405.406 (preniikre prirtie) et 407. 20 - cf. ci-dessus. note 4. 21 - Smi-261. La COII~~CII~CII~;~etait un accord icrit qui noniialement difinissait les obligations respectives des deux par- ties ;Cli. ~u~~sos-Ros~ .< L'1.\u\.ergnc », note 9, P. 29-30. I1 y avait dans la faniille du Crest une sorte de tra- dition d'une co~li.cllieririn,ou se kpitaient les eliments de la donation, de Ia position desfideirrssorcs et de Ia dif- inition exacte des obligations. cf. aussi Snifl377. 27 - 0.GUYOTJWSSIS, PCIII,~;"scril~tonrrii. Le niytlie de I'anarcliie docuiiientaire dans la France du Nord (*-premikre moitii du sß siecle) », dans 0.GUYOTJ~NXIN, L. MORELLE et M. PARISSEdir., Prntiqircs rfc I'Ecrit docrr~iic~itnirr ntc sf si2clc (Bibliotli2qrre de I'ECOIC dcs cliartes, t. 155), Paris, 1997, p. 1 1-44. 23 - D. Bri~~iirkm~~.« Le semage et ses rites », note 4, P. 122. 24 -Je cite ici sculement les actes ou les nioines dc Sauxillanges, reprdseiitds par I'abbi ou le prieur, jouent un rde actif dans l*wmid*ri\.rin[ap spiritucls. P~squetous Ics prieurs citis teiiaicnt office dans Ia deuxikiiie nioiti6 du xre sie- cle ou au debut du siß :SfllLi- 330 :le pneur Eustacliius ;S(III.\- 335 : le prieur Oddo ;sai~r 556 : le prieur Steplianus ; S~IIL~570 : le DficurGenldus ;Sni~r 654 : II'abbi Hugues ct le prieur Bertrannus ;.Y~ILV 682 ;SCIILI 742 : le prieur Bennnnus ;SnlLr 775 ;saiL\- 801 : I'abbC Hugues ;S(ur.i- 844 ;S(~ri.i- 9 13 : le prieur Bernardus ;Saia 9 15 : le pricur Hunikrtus. Actes du Colloque de Lavoute-Chilhac - mai 2000 - ODILONDE MERCEUR,l9Auvergne et Cluny trks complexe et suppose, entre autre que l'on prenne en consideration les differentes phases de la confection, de la conservation et de la tradition des chartes.

La rarete des references aux esclaves ou aux serfs n'est pas propre au seul cartulaire de Sauxillanges. Comme l'ont constate les spkcialistes de l'histoire auvergnate, c'est Une caracteris- tique de toute la tradition diplomatique de 1'Auvergne 25. En 1961 dejh, dans Une etude detaillee, Gabriel Fournier a analyse toutes Ces references, y comprises celles du cartulaire de Sauxillanges, et, ii l'aide de la terminologie, a fait une &bauchede « I'6volution de la condition servile » du IXe au xre sikcle 26. Meme si les refkrences sont peu nombreuses, je voudrais, sur la base de l'article de G. Fournier, mettre une nouvelle fois en lumikre le problkme de la tradition de l'ecrit, dejh men- tionnee, et la signification de certains termes d'aprks le contexte d'une charte. Ce n'est pas ici l'endroit de reprendre la question du remplacement de I'esclavage, dans Ses formes differentes, par le servage et donc celle d'une « nouvelle forme de dependance », qui a 6te discutee en connexion avec la thkse d'une « mutation feodale de l'an mil » ". Comme l'a dit Dominique Barthklemy en se referant ii Adalbkron de Laon, i1 est plut6t secondaire d'attendre des termes Une description exacte du Statut juridique des dependants et de leur condition servile que de voir que « le fait meme d'appartenir h un ensemble domanial, d'y demeurer en y tenant de la terre et en y subissant quelques contraintes et prelevements de la part de I'alleutier noble ou ecclesiastique favorise l'imputation d'une servitude » 2g. Dans la discussion du problkme de la dependance, il s'agit de prendre en considkration toute la complexite de la terminologie utilisee pour dksigner les hommes qui vivaient et travaillaient sur les domaines ruraux et qui rendaient des services aux maitres, c'est-h-dire surtout aux moines de Sauxillanges, dont ils assuraient I'appro- visionnement. Les non-libres, qu'on appelait nzancipia, set-vi, ancillae, etaient au xe sikcle une « partie inteprante des grands domaines de l'aristocratie auvergnate et suivaient le sort de Ces terres » 29. Mais les quelquei rkferences dans le cartulaire de Sauxillanges ne disent rien sur la nature des liens qui rattachaient Ces esclaves ii leurs maitres ou h la terre 30. Normalement on y trouve, dans une Sorte de fomule, Une

25 - G. Fournier, « L'esclavage ... », note 2, p. 373-374. Ch. LAURANSOS-ROSAZ,L'Airivergtie et ses nrnrges ..., note 5, p. 390-396 ;cf. le tableau p. 393-394. Pour les rkfkrences dans le cririulaire de Sauxillanges cf. Ia priface de Doniol, S~I~X,p. 24-28. Les chartes de Cluny, par contre, y sont tres riches, cf. D. BARTHELE\IY.« Le senfageet ses rites ». note 4, passirw. 26 - G. FOURNIER,« L'esclavage ... », note 2, p. 361. 27 - Un rksum6 de la discussion de ces demikres annees cf. A. VEXHW, « AIedieval socioeconomic historiognphy in \iratern Europe : towards an integrated approach », dms Joiin~nlofAledievn1 Histop. I. 23. 1997, p. 89-101, ici P. 97-98. 28 - D, BARTHELEMY,« Le servage et Ses rites », note 4, p. 15.1 ; C. CAROZZI,« Adalberon de kon et les scnli ».dans Hisfoire ef sociktk. Mklanges offerfs2 Georges Dflby, vol. 2 :LE terinttcier. lefid2le er le ciio~ert,Aix-en-Provence, 1992, P. 159-166, ici p. 163 : « il n'y a rien d'itonnant 5 ce que semrs, au contnirc de ~~tottci~iiu~treste specialise, ait PU voir s'ktendre son champ semantique jusqu'a d6signer tous ceux qui servent, sans connotation e~cla\~agiste». 29 - G. FOURNIER,« L'esclavage.. . », note 2, p. 367. Pour le developpement de 1a terminologie dans les diverses rigions de la France cf. D. BARTHELEMY,«. Le servage et Ses ntes », note 4. p. 11 1-1 14. 30 - Seulement huit des 200 ii 250 documents du canulaire, qu'on peut dater rivant I'nn 1000 (Cti. LAUR,\NSOS-Ros~z, « L'Auvergne D, note 9, p. 16), contiennent les termes en question (seni. nncillne) :SCII'~ 61, 146, 340,405,406. 428, 696, 808. Les sources diplomatiques de la rigion sont 6galement pauvrcs, cf. ibid.. note 5, p. 390 et note 286. Maria HILLEBRANDT- Ewe soumis ii Saint Pierre : formes de dipendances dans le cartulaire de Sauxillanges

enumeration du contenu de ce domaine, les hommes inclus ; par exemple villam qire dicitiir Crizilorzirs, clnrz rrra~lsiser appslda~iis,car~ipis er virzeis, praris et oirtizibus adjacerztiis, cilrlt sen)is et a~~cillis,qlri nu~icslrrlr vel i~zantea nascitirri slrrzt 3'. Ce genre de fonnule se trouve dans des chartes de la premikre moitie du xesikcle, comme par exemple dans celles de la famille des comtes d'Auvergne 32. Elles se rat- tachent dans la plupart des cas i des unites de culture relativement plus grandes, qu'on designe, par exemple, du terme villa 331ß'l.C'est aussi le cas de cette villa Crizilorzirs, d'une villa i Grezin qui apparte- nait 5 1a fin du rXe siecle aux proprietes comtales et qui faisait egalement partie de la dotation du monastkre 2 son implantation ? Ou de la villa de Chargnat, ou Guillaume le Pieux, duc d'Aquitaine et comte d'Auvergne, donnait un manse avec la famille d'esclaves qui l'occupait 35. Ce manse appartenait aux possessions de Sauxillanges, quand le monastere avec le domaine comtal fut transfere i Cluny 36. Les autres chartes, dans lesquelles se trouvent les termes sen~iet ancillae, ont 6te negociees dans la seconde moitie du xe sikcle ou dans les premieres decennies du XIe. I1 ne serait pas surprenant que Ces termes aient ete employes avec des intentions precises. I1 semble, en effet, que dans les six pikces, ou ils figurent, on puisse entrevoir une Sorte de tradition scripturale : quels que soient leurs liens de parente, les donateurs utilisent des forrnulaires similaires pour des situations semblables. Le premier cas est celui d'un groupe de frkres qui dans deux chartes accompagnent le transfert d'une villa de la formule clrrrz sen~iser arzcillis 37. 11s etaient soutenus par leur nepos, nomm6 Desiderius, qui assumait aussi la fonction de scribe d'un des actes. C'est probablement le moine de Sauxillanges du meme nom qui travaillait comme scribe 38. Le dewüeme exemple de l'utilisation commune d'un meme formulaire par des donateurs apparentes se trouve dans les deux chartes du pStre Rotbertus et de son riepos Eustorgius, citks pr&edemment. Dans ce cas, la formule clult senris er micillis est liee i un morceau de terre qu'on designe comme ~~ia~zsia39.

31 - Sai~\-428,ridigee en 948. G. FOURNIER,« L'esclavage ... », iiote 2, p. 367-368, n. 34. 32 - Sai~r13. Cf. la carte « des domaines du demier comte guilliemide d'Auvergne, Acfred D, CH. LAURANSON-ROSAZ, LSAiri.ergrieer ses niarges..., note 5, p. 316. Des formules similaires se trouvent aussi dans les actes par lesquels les comtes dotriient le chapitre de Saint-Julien A Brioude, cf. G. FOURNIER,« L'esclavage ... », note 2, p. 367-368, n. 34. 33 - CH. LAURANSOX-ROSGL9Airi.ergrie er ses niarges..., note 5, p. 322 (carte) avec la localisation des fisc. Pour le terme itilla cf. G. FOUFWIER,Le peirplenierir ..., note 6, p. 232-240. 34 - Grezin, com. le Broc, Cant. et m. ; situi ii environ 15 km au sud-ouest de Sauxillanges ; G. FOURNIER,Le peirpler~terir..., note 6, p. 490. Pour les donations faites i Grizin par les comtes d'Auvegne, ibid., p. 309-310. 35 - Sai~r146 : senvrri meirni rioniirie Eideboldiuri, cirrti iIsore sirn et irfniitibirs suis, citrrt rtiariso sicperiiu dicto cedo. G. FOUFWIER,« L'esclavage ... P, note 2, p. 372. 36 - G. FOUWIER,Le peiiple~t~~t~r..., note 6, p. 490-495. Le monastere fonde par Acfred, le comte d'Auvergne, ii Sauxillanges a dtd transf61-6 A Cluny Vers 950, ibid., p. 563 ; Pa~~stiirkir~iderl896-1046, ed. H. ZI~I~~ER~~ANN,t. 2 : 996-1046 (« Veröffentlichungen der Historischen Kommission der Österreichischen Akademie der \\rissenschaften H, 4). Iirien, 1985, n0 130, p. 229-231 (= JL 3 648). Pour les circonstances du transfert ii Cluny cf. les notes explicatives dans : Pal~srregesreri911-1024, 6d. H. ZI~~~~ER~~ANN(« J. F. Böhnier, Regesta Impeni, 11. Siichsische Zeit, funfte Abteilung B), Wien-Köln-Gnz, 1969, no 238, p. 91, et no 241, p. 92. 37 - Sarrr 61 : hlaymnnus cida au temps de I'abb6 Maieul ilillani qire dicitur Bccedatti ... cirni rtiartsis roris, cicrrt senlis er a~icillis,CIIIII praiis er si1i.i~; I'endmit se trouvait aux alentours de Genestines, com. ~t.-Etienne-sur-~sson,Cant. Sauxillanges, ou son fkre, le pr6~6tnomme Eustorgius, fidele du comte Guy, a tnnsfiri entre 979 et 986 la irilla qire dicirrrr Gerlesririas... cimi rriarisis roris et a~~l~eriditiisroris, crrni servis er artcillis, Saiu- 340. Les deux donateurs appmiennent au menie gmupe de personnes, cf. Sai~r61,340, 173.59 1. 38 - Les rneilleurrs informations sur le gmupe des parents se trouvent dans Saiu- 173. Desiderius cipparait comme scribe dans Sai~r61. Ia chme de hlaymnus. et dans Sai~r340, la charte d'Eustorgius, comme tinloin. Pourvu du titre /el.ira, Desidenus es[ aussi mentionne comnie scribe dans des chartes du temps de MaYeul et des premieres annees de I'abbatiat d'odilon :Sam 261,387,408,413,514,757. 39 - Sai~r406 (et 405). Actes du Colloque de Lavofite-Chilhac - mai 2000 - ODILONDE MERCEUR,1'Auvergne et Cluny

Dans un troisikme cas, apparaissent de nouveaux les membres d'une famille comme acteurs principaux, et pricisdment dans deux chartes d'affranchissement qui sont exuemement rares dans ce cartulaire jO. Dans une version plus courte, Poncius et Ses frkres diclarent cider leur droits sur deux esclaves (servi)"I. Dans un deuxieme document, plus long et plus detailli, ils rdpetent cette action pour deux autres ser-vi. Comme on l'attend d'un acte d'affranchissement, le formulaire de ce document contient l'adjonction sur la libe- ratio : Irt ab Izodier~zadie sitzt ipsi liberi... a jrrgo ser-vitr~tisnostrne "'. Les deux actes ont ktk ndgocies probablement ii la meme dpoque, Vers la fin du xe ou au dibut du xre sikcle. Malheureusement, nous n'avons aucun moyen de savoir si les diffkrences entre les deux textes rdsultent de conditions parti- culieres lors de la confection des documents au scriptorium monastique, ou si elles sont dues 5 l'ktat des archives monastiques au moment de la compilation du cartulaire ou encore si elles sont le fruit d'une intervention des copistes, Les deux chartes ne disent pas si les senli etaient attachks h Une terre ou s'ils appartenaient au groupe des servi non casati, par exemple au groupe des domestiques j3. La plupart des documents rddigds au cours de la deuxikme moitid du xe et la premikre moitik du XI" sikcle mentionne les personnes ou meme donne leurs noms sans les dksigner comme senvrs ou aizcilla 44. I1 s'agit en gendral d'unites de culture plus petites, comme cette i~illamentionnke ci-dessus, et on les disigne normalement avec les termes nlmlsiis ou npperihria J5. Dans le cartulaire de Sauxillanges, dans la plupart des cas, on cite seulement une personne avec une de Ces unites de terre (r~~nrzsiis/nppe~idnriar~~qlierlz NN cxcolit ;libi NN ninriet) "6. On en a tird la conclusion que Ces exploita- tions avaient des dimensions plus petites, car il s'agissait d'unitks qui « correspondaient 2 I'exploita- tion d'une famille paysanne » j7.Le sort de Ces hommes dkpendait de la terre qu'ils habitaient ; la terre 6tait transfkree avec la ~nain-d'ccuvrenicessaire pour son exploitation et sa mise en valeur.

40 - I1 s'ugit des frercs Ponci~is,Girius et Bernardus ; leur pkre Genesius est mentionni dans Sni1.r 696. Poncius cite le iio111 de son fils Arbertus dans Sarix 808. 4 1 - Srrrr.~696 : Gri/~ir.ior/iirrrrrfecit Ponciris, filiirs Geriesii, erfrntres ejiis, cle servis Snricti Pf211-iBeninrdo et Rorberto, ct doriatio LILIIIII~ rlurlr~~~er~irit/)rirte~~r srinr~i Srlricto Petro de sen9is illis ... ; pour la datation cf. G. FOURNIER,

C L'esclavage ... D, note 2, p. 369 42 - S(i11.r808 :. . .ego Porici~isctfilii siijefrc~reriiierts Girius... doriariiiis... servos nostros, qiri jlrre pnretituni riobis heredi- tarie ob~leiier?iiit,Gtrriz1)errrmi er Rignl(lrrni ,... rrt ab hodierr~nclie sirit ipsi liberi. etfilii eonrrli sii.efilicre i.el orririis pnr- eritelri conirri, rr jlrgo servitiitis riosrrcie. Scir~r808 est publii et traduit dans CH. LAUR~\~'SON-ROSAZ,« L'Auvergne D, note 9, p. 40-4 1 : « L'un des derniers affranchissementsd'esclaves en Auvergne >,. Dans le cas de la ii.erpitio dans Srii~r 696 il s'agit probablement aussi d'un acte d'affranchissement, cf. A. GOL~ROS.« Liber und liben(is in Südfmnkreichs Praxis und Statutenrecht (12. und 13. Jh.) », dans J. FRIEDdir., Die oberrclliiridisclie Freilieit iloni 10. 14. Jalirliiiriclert (« Vorträge und Forschungen », 39). Sigmxingen. 1991. p. 197-203, ici p. 200. Une interpktation de Ia charte quelque peu differente est donnie Par CH.LAUIWNSOS-ROSI\Z, « Les mauvaises coutunies d'Auvergne (fin XC- XIc sikcle) », dans Aizncrles clil Midi, t. 102, 1990. p. 557-586, ici p. 580. Pour les dificultis d'identifier une foniiule comme un affranchissement, cf. D. BAKTHELELIY,« Le servage et ses ntes », note 4, P. 123-129. 43 - L'observation de Fournier pour qui la documentation icrite de I'Auvergne mentionne seulcnient quelques rares affnn- chissements d'esclaves est d'une certaine facon corroborie prir le fait qu'il ne se trouve. dans les fomiules des cliartes d'Eustorgius et de Rotbertus mentionnies ci-dessus (Sai~r405et 406). riucune 6firence i In librrtilio, G. FOU~IER, « L'escIavage.. . D, note 2, p. 374 ; dans les chartes de Clun): en revanche, elle se trouve Ssez souvent ; note 4. 44 - De temps en temps, on utilise le mot lionio pour un dipendant d'une terre : S~IL~125.465. Au de Ilonlo p~v- priris cf. D. BARTHELEMY,« Le servage et Ses rites », note 4, p. 91, 112 ct 116. 45 - Gabriel Fournier, que je suis ici, explique Ces termes en ditail : G. FOCRSIER.Lepclll~~erllellr.... notc 6, P. 301-327 : « cl-iap. I11 : Les itablissements agricoles : domaines et villa,-es M. 46 - Srilrx 68, 173, 365, 367,431,438,476. 47 - G. FOURNIER,« ia propriiti foncikre en BLLSS~Auvegne awi ipoques nkro\ingiennc.et mlingiennc >,.drins Bltl(crirl/lis~olirllle er scientfi1tie rle 1 ilui~ergrie,t. 77, 1957, p. 25-34, ici p. 31. D. Banhelemy expnm b dout~sur la pssibiliti dc dauin.du nombre des personnes mentionnies la superficiedes terres, cf. D. Btwnm~s.,' Lc SC~;L_~er scs "tcs >,, notc 4, 160. h4da HILLEBRANDT- ~tre soumis h Saint Pierre : formes de dipendances dans le cartulaire de Sauxillanges

Au cours du XI^ sikcle, les moines concretisaient de plus en plus Ces obligations en stipulant ce que les exploitants devaient produire 5 telle saison ou dans l'annee comme redevances ". En meme temps, il semblait moins important de differencier les exploitants et leur terre. Au lieu des expres- sions telle que :qlreiii e~colir,rlbi I~abirarou [lbi riinriet on n'utilisait presque plus que le verbe feilere ". Ce developpement etait accompagne d'une rkduction progressive de la taille des unites de culture, un fait explique dans la litterature, entre autre, par la poussee dkmographique 50. Tandis que le terme rllailslrs disparaissait progressivement, on utilisait maintenant, & cotk du terme nppendaria, les mots aice, i~iar~sioou olca, pour dksigner les differentes terres et leurs dimensions 51. Les redevances annuelles fixes, que les moines de Sauxillanges exigeaient de leurs paysans, pou- vaient varier considkrablement. C'est-&-dire que, d'une meme unit6 de culture, ils pouvaient reclamer des redevances en argent, en grain et en betail 52. Les redevances en forme de corvkes n'ex- istaient presque plus 53. I1 semble que, comme consequence de ce developpement, la plus grande par- tie des terres du monastkre fut desormais donnee plut6t SOUS forme de tenure pour laquelle, dans la plupart des cas, le tenancier ne payait plus Ses redevances en grain ou en betail, mais en argent 54. Parmi Ces « tenanciers B, on comptait non seulement les paysans dependants, mais aussi les pro- priktaires de terres qui, en tant qu'auteurs, avaient laissk leurs biens au monastkre pour un cens annuel, sous condition d'un usufruit viager 55.

48 - G. FOURSIER,Le ~>eitplenieru..., note 6, p. 256. 49 - Expressions comme ijiarisits qireni A'h'fe~ier ou al)penriclria qiram NN reliet dans :Soi~i- 125,309,317,400,465,475 (701). 5 16,559.638. 50 - G. FOURSIER,a La propriEt6 fonciere... W, note 47, oii se trouve un bon risumi du diveloppement en Auvegne. 51 - Sam- 404 (~rtarisiories),5 16 (aice), 559 (al>l~eri~larin,aizc, iririea), 638 (al)~~eridaria,aize). Pour I'explication de ces termes cf. G. FOU~~IER,Le petrl>lerrrerir ..., note 6, p. 272-283. R. FOSSIER,« Du manse Ü la censive : Picardie, IXe- XIIICsiecle », dans J.-h1. DU\~OSQUECet E. THOENdir., Peasarirs arid To~r~rumenirt hciedieinl Eitrupe. Strtdia in liori- ore111 Adrianri \'erliirlsr, Geiit, 1995, p. 445-461, ici p. 453 : le mot niartsits n'est mentionni que nrement dans la piriode entre 1050 et 1 100. 52 - Par exemple Sai~r519 (riu remps de I'ribbi Odilon) ou Saits 638. 53 - G. Fou~siur,« La pmpriite fonciere... D, note 47, p. 3 1. 54 - G. FOURSIER,« L3 propridte foncikre... », note 47, p. 34 : « D'une manikre ginirale le recul de l'esclavage ri oblisC tous les propri6taire.s 2 abandonner le faire-valoir direct et Ü recourir au cliasement de paysaiis sur leurs terres, di\?isdes,dans leur presque totrilit6, en nianses et autres unitis de culture. et qui, sous I'effet d'une aug- iiientation de 1a population, ne cesserent de se niorceler et de s'ariienuiser. » Pour la discussion du problerne de srivoir si les esclrives des ~nndsdoniaines carolingiens « se sont transform6s en paysans en se faisant doter d'une tenure N, cf. Y. AIORI.\IOT~, « Autour du grand doiiiaine caroliiigien : aperCu critique des reclierclies recrntes sur l'histoirc mnle du Iiaut hIoyen Äge (1987-1992) », dans A. VERHULSTet Y. ~~ORI~IOTOdir., ~coriorrticritmle er ~COI~OIII~Citrl>airie air ~llo~eri&C. Geiit -Fukuoka, 1994, p. 25-79, ici p. 50. A. VERHULST, « decline of sla\.er). arid tlie economic espansion of the early iiiiddle ages ». dans Post arid Preserit, t. 133, 1991. pp. 195-203, ici P. 202. 55 - Par ese~iipleSoi~r 43s. 5 16.5 19. Actes du Colloque de Lavoiite-Chilhac - mai 2000 - ODILONDE MERCEUR,1'Auvergne et Cluny

Les chartes ne disent pas clairement si les redevances au monastkre sont dues par des proprie- taires libres ou par des exploitants dkpendants. De facon generale, le groupe de ceux qui devaient rendre un sewitiutn au monastkre, s'agrandit de plus en plus au cours du xre sikcle 56. Les avantages spirituels que les laics espkraient acqukrir des moines au moment d'une donation, restaient au xie sie- cle, un facteur essentiel pour la continuite de ces rapports sociaux. On peut supposer, par conskquent, que la situation du monastere, en tant que proprietaire puissant, itait kgalement importante pour les donateurs, qui pouvaient en attendre une protection plus efficace, de leurs biens et « la sauvegarde des populations rurales » 57. AU temps de I'abbe Odilon, c'est-h-dire dans les trois premikres dkcennies du xre sikcle, les maitres laissaient le soin de surveiller les terres 5 des ministkriaux comme, par exemples, des vicaires 58. Dans cette phase, l'initiative du monastkre comme seigneur ecclksiastique se limitait il la regularisation et i la reconnaissance des usurpations ainsi qu'ii Une rkorganisation assez modeste des patrimoines fonciers. Dans une deuxieme phase, qui com- mence probablement Vers 1060 et se poursuit jusque dans les deux premikres decennies du xrie siecle, le monastere se comportait activement en grand proprietaire en realisant une vaste rkorganisation de ses terres 59. Les conditions de ces activitks se retrouvaient aussi dans la situation juridique du monastkre qui, appartenant il la congrkgation clunisienne, pouvait s'appuyer sur les privilkges que Cluny avait obtenus de la papaute surtout et qui le protegeaient dans sa position dominante 60. Pour illustrer la facon dont Ces deux phases sont refletees dans les sources textuelles, on peut citer l'extrait du cartulaire du prieurk de Lavoiite-Chilhac, que Gabriel Fournier a publik ; il se com- pose de dix pieces concernant Saint-Martin-des Aloches et la grange d'Efiat, c'est-ii-dire neuf chartes et un censier. Parmi les chartes, se trouvent celles qui racontent l'histoire de ce petit prieure, les chartes de sa fondation quand s'installkrent les moines de la Voute aux Aloches 61. Tandis que les possessions des bienfaiteurs laiques, documentees par les chartes, sont constituies de parcelles de dimensions plus vastes, les terres dans le censier sont morcelies en tenures plus petites, acquittant chacune une fraction de I'ancien cens. Ces censiers ne peuvent pas etre compares aux polyptyques de I'epoque carolingienne. 11s don- nent des listes de tenanciers et de tenures avec leurs redevances, et ils ne concernent qu'une partie des possessions du monastkre. Huit documents dans le cartulaire de Sauxillanges sont comptes parmi

56 - Sur les difficultks de tirer des chartes des conclusions sur les conditions sous lesquelles les terres furent donnies au monastere, cf. G. FOURNIER,Lepeliplenierir ..., note 6, p. 257-258. Le mot sen.iriiutr est utilisi ici dans le Sens Iarge de servitude ; j'ai dPji mentionne ci-dessus (n. 28) au sujet du rnot semiis et de son utilisation Par Adalbkron de Laon, qu'on peut le trouver appliqui « h toute forme de senke, rernpli par n'irnpone quelle categone sociale, dans n'importe quelle situation D, C. CAROZI,« Adalberon de Laon ... ». note 28, p. 163 (et p. 166, n. 38). 57 - G. FOURNIER,« La propriitk foncikre ... D, note 47, p. 34. 58 - CH. LAURANSON-ROSAZ,L'Aiivergne er ses nlnrges .... note 5, p. 31 1-312. Pour les vicriires cf. ci-desSous le texte aux notes 80-82. 59 - Pour cette periode, on suppose gkneralement que ]es propriitaircs du so1 en Fnnce au sud de la Loire, dcilenaient plus actifs, cf. D. BARTHELEMY,L'ordre seigrieurial. XIC-XIIrsiecle (« Nou\.elle histoire de Ia Fnncc medi6i1alc», 3), Paris, 1990, p. 89-103. 60 - D. MEHU,« Les cercles de la domination clunisienne », dans A~irralesde Bol,qoglie,t. 72.2000, p. 337 h 396. 61 - G. FOURNIER,« Cartulaire de Saint-Manin-des-Aloches. Extnit d'un cartulaire du pneuri de Ia Voutc-Cliilliac >„ dans Revlic d'Auver~ne,t. 65, 1951, P. 85-98, ici nO 32 (P. 92-93) : le tnnsfen de I'eglisc de Saint-blanin-dcs- Aloches avec les terres y appartenant h La Voiite ;n0 39 (p. 96-98) : la donation de la ,.;llß d?~ff?~t. Maria HIUEBRANDT- ktre soumis ii SaintaPierre: formes de dkpendances dans le cartulaire de Sauxillanges les censiers ou les brefs de cens ;les termes ii utiliser sont parfois controverses pour Ces documents qui dans leur forme et leur contenu ressemblent plutot ii des chartes-censiers ou h des listes de rede- vances 62. Ce sont des documents assez courts, d'un caractere souvent fragmentaire, sans type uni- forme et sans indication chronologique. I1 y manquent aussi des priambules qui auraient pu ren- seigner sur les motifs ou la cause de l'enquete 63. Comme documents de gestion quotidienne, ils ont ete souvent ecrits SOUS forme de listes « ne comportant que des phrases averbales » 6-1 ; h cause de l'usage de la langue vulgaire, quelques-uns comptent parmi les plus anciens exemples de l'occitan comme langue &rite, ainsi que l'a montr6 recemment Jean-Pierre Chambon dans plusieurs etudes detaillees 65. On a essaye de copier les brefs de cens dans le livre d'un cartulaire ii tote des chartes, qui restaient la base legale indispensable comme « titres juridiques sur lesquels sont fondis les droits du seigneur » 66 Le bref de figurant dans le cartulaire de Sauxillanges et le cas de Saint- Martin-des-Aloches, hgment du cartulaire disparu de la Vofite-Chilhac, sont les deux seuls exemples de mode d'arrangement, ou le bref de cens et les chartes sont presentees comme un ensemble 67. En integrant le bref de cens dans le corps de la charte, elle-meme inseree dans le cartulaire, les moines semblaient vouloir donner h ce document administratif « Une valeur juridique renforcee » 68. Meme si l'edition de Doniol ne permet pas de voir ii quelle etape de la fabrication du cartulaire les brefs de cens ont 6te integres, on peut supposer qu'ils etaient conserves avec les chartes aux archives du monastere de Sauxillanges et qu'on les regardait comme connexes. On peut en trouver une indica- tion dans l'ordre des chartes d'aprks des critkres topographiques, qui, du point de vue d'une meilleure administration du temporel, pouvait offrir des avantages sur les seuls criteres chronologiques. L'insertion des brefs de cens dans le cartulaire en faisait non seulement un « instru- ment du controle seigneurial » mais elle permettait aussi « de relever les droits, d'origine publique le plus souvent, que le maitre pretend exiger des assujettis, qu'ils se traduisent par des sewices ou par des prestations D 69. Ces brefs de cens ont ete probablement crees par la necessite de trouver une forme ecrite plus appropriee que celle des chartes pour la gestion seigneuriale aux xie et XII~siecles. Aucun de Ces documents ne donne de renseignements sur le Statut juridique des tenanciers. Les terres d'une resewe domaniale y manquent presque entierement. A tote des noms des tenanciers et de la valeur de leurs redevances, ils contiennent seulement quelques informations supplkmentaires, comme I'indication topographique ou la date d'echeance pour les prestations. 11s etaient ainsi « faciles 5 comger et 5 refaire » 70 , un aspect qui - meme si on ne posskde plus qu'un petit nom-

62 - R. Fossrur, Poljpyqires er cerzsiers («Typologie des sources du moyen age occidental », 28). Turnhout, 1978, p. 40. 63 - R. FOSSIER,Poljpyq~res er cerisicrs. note 62, p. 38. 64 - J.-P. C~IA\(BONet PH. OLIVIER,« L'histoire linguistique de I'Auvergne et du Velay : notes pour Une synthese provi- soire », dans Trararrr de lirigrrisriqire er de pltilologie, t. 38, Strasbourg-Nancy 2000, p. 83-153, ici p. 107. 65 - Ce sont les brefs de cens Sai~r11, 695 et 951, cf. J.-P. CIIA~IDONet CH. HERILIER,« Sur un des plus cinciens textes. .. », note 10. p. 22 ;aussi :G. FOURNIER,L-epeirplente~it ..., note 6, p. 271. 66 - G. FOURYIER,N Cartulaire de Saint-hlartin... », note 61, p. 87. 67 - Saiu 695 (bref de Chidnc), 697, 698, 699, 700, 701 (In donation de I'iglise de Cliidrac par Etienne, l*eveque d'Auxerre ;Une au~copie « rnodifiee » de cet cicte se trouvc ailleurs dans le cartulaire :Salu 475). 68 - R. FOSSIER,poljpyqrrcs er ce~zsiers,note 62, p. 39 ;G. FOURNIER,« Cartulaire de Saint-Martin... B, note 61, p. 86-87. 69 - R. FOSSIER,Poljpyqires er ccrrriers. note 62, p, 37 ;ST. MOLITOR,Das Traditionsbuch. Zur Forschungsgeschichte einer Q~elle~gattungund zu einen1 Beispiel aus Südwestdeutschland », dans A~rihivfiirDiplontatik, t. 36, 1990, P. 63-92 ici P. 90-97. 70 - G. FOURSIER,« Cartulairc de Saint-hlartin... », note 6 1, p. 87. Actes du Colloque de Lavofite-Chilhac - mai 2000 - ODILONDE MERCEUR,1'Auvergne et Cluny bre de Ces brefs - ktait kvidemment important quand les moines devaient restructurer leurs pro- prietks pour pouvoir lever partout un cens uniforme 7'. Un exemple de l'uniformite du cens est le cens global en chknevis perqu sur les tenanciers dans le petit district de l'ancienne paroisse de Sauxillanges 72. A Chidrac, 2 proximite d'Issoire dans la vallee de la Couze Pavin, chaque ten- ancier devait un cens en grains 73. Sur un autre terroir, qui appartenait probablement 5 la paroisse meme du monastkre de Sauxillanges, les redevances sur des vignes furent perques egalement par un cens fixe 7f Et h Bournoncle, sur les terres plus eloignees du monastere, les tenanciers etaient obligks de payer individuellement un cens en argent et en nature ii chaque echeance ; il s'agissait d'un cens global identique pour tous les tenanciers, echelonne d'apres la taille de la terre 75. La plupart des rlza~zsiou appeildariae mentionnks dans 1es brefs de cens sont lies au nom d'un seul occupant 76, mais sur quelques-unes des tenures 2 cens on avait aussi commence de repartir les charges sur plusieurs personnes 77. Ce processus de morcellement progressif des terres en tenures de dimensions encore plus petites se poursuivit jusqu'au xrle sikcle 7s. Aucun texte ne nous renseigne sur les raisons de I'enquete de l'etablissement d'un bref de cens. On peut supposer que c'etait parfois pour clarifier ou liquider Une querelle. Apparemment, il y avait des conflits avec l'officier installk dans les vicairies d'abord comme supplkant du comte, sur Une aire territoriale precise 79. Dans le contexte des grands change- ments sociaux et politiques qui eurent lieu aussi en Auvergne, dans le tournant du xe au x1'sie- cle '",les compktences originelles de ce viguier furent progressivement limitees pour se reduire au r6le d'alleutier ou d'intendant du chiitelain et son territoire, la vital-ia, n'etait qu'une compensation 8'. Au cours de ce processus d'usurpation par les seigneurs laiques et eccl6siastiques du pouvoir auparavant public il y eut naturellement des conflits dans les affaires domaniales concernant le controle des exploitants et leurs redevances. C'est quand on dut clari- fier les competences entre le vicnriils et les moines de Sauxillanges, qu'il y eut plusieurs de Ces brefs de cens. Ainsi, dans les trois premieres dicennies du xle siecle, lors d'un accord entre les

7 1 - G. FOURNIER,Le ~>c~rpletnent ..., note 6, y parle d'un « allotissement systimatique de la terre B, p. 256,258,270, 281. 72 - Sruis I I ; ce bref a 6ti « dicouvert » rdcemment par J.-P. CHA~~BOSet CH. HERILIER,« Sur un des plus anciens textes. .. D, note 10. 73 - Srilrs 695 ; cf. G. FOURNIER,Le peliplernerir ..., note 6, p. 315. 74 - S~LLIX957 ; quant ii l'identification des noms de lieux, cf. J.-P. Cfixsi~os, Sur la date, la localisation et le lexique d'un document partiellement ridig6 en ancien occitan d'Auvergne : le censier des vignes i pan de fmits du canu- laire de Sauxillanges D, dans Lengas. Revue de sociolii~girisriqire,t. 43. 1998, p. 39-50, ici P. 41. 75 - Sarlx 95 1. 76 - Par exemple, Saux 941 ; cf. G. FOURNIER,Le perrplei~~ent.... note 6, p. 254 ; ou SOIL~695 pour Chidnc, cf. G. FOURNIER,« La seigneurie en Basse-Auvergne aux XIe et xiie sikcles, d'aprks les censiers du crirtulaire de Sauxillanges », dans M&langesd'liistoire dil i~ioyenNge &dies ci In ni611ioirede Loiris Hnll)frelJ,Pans, 1951, P. 239- 245, ici p. 240. 77 - Scii~x804 (bref du territoire du vicaire Remigius) et Sai~r957 : G. FOURSIER.LL?peirl~Ie~~~~~r.... note 6, p. 255, 258, 267, 299 ; J.-P. C~IAMBON,« Sur la date,. . .D, note 74. 78 - G. FOURNIER,« Cartulaire de Saint-Martin ... », note 61, p. 88 ; G. FOURNIER.~pe~rpl~~~~~~~t..., note 6, p. 280. 79 - R. FOSSIER,E~~jÜizce de I'Europe, Xe-XIIe siecle, VO~.1 : L'liomnie et so11 esp~ce.Pans, deuxigme edition, 1989, p. 377 : au xe sikcle, il y avait 35 vigueries en Auvergne. 80 - R. FOSSIER,Ei$cznce ..., note 79, surtout chap. 2 : L'ericellirle~~ie~ii.p. 288-122. 81 - R. FOSSIER,EtlfCItice ..., note 79, p. 382, 395 ;CH. LAURANSOS-ROSGL'Aii~~e~rie er ses nrrirges..., note 5, p. 405- 407 ; G. FOURN~ER,Le pe~rplenieilr ..., note 6, P. 389 : « En Basse Auvergne le mot i.icnrin dispamt du Iangage des chartes Vers le milieu du XI' siecle D. Maria HILLEBRANDT- Etre soumis 5 Saint Pierre : formes de dipendances dans le cartulaire de Sauxillanges moines et les seigneurs d'Usson, ceux-ci abandonnkrent les ~izalaeco~zsuetudilzes qu'ils avaient revendiquees sur les terres du monastere 82. C'est probablement i ce moment qu'on a produit le bref de cens definissant les redevances des exploitants pour ce territoire qui appartenait au ~ili~ristei-iliiiidu vicaire Remigius s3. Dans un autre bref de cens, celui d9Egliseneuve-des-liards, les redevances dues au vicaire sont indiqukes ii part 84. Ce document fait probablement partie d'un accord que les moines de Sauxillanges avaient fait avec le vicaire Achard et son fils Pierre et pour lequel ils faisaient jurer Pierre le serment de fidelite au centre de leur pouvoir, c'est-h- dire ili capitiilo 85. C'etait probablement Maurice, seigneur de Montboissier (et le pkre de Pierre, futur Venerable abbe de Cluny) qui avait mis Ces rkglements en branle, aprks avoir renonc6 aux droits sur l'eglise d'Egliseneuve s6. Une fois reglees les querelles, les moines pouvaient s'implanter, comme ils le firent i ~gliseneuve,ou ils etablirent un petit centre administratif. De tels centres etaient plus proches des domaines et de leurs exploitants que ne l'etait le monastkre, ce qui facilitait la surveillance et l'approvisionnement du couvent. Ces tiiches faisaient toutes partie des exteriora du monastkre et c'etait normalement le prieur qui devait s'en charger. Mais avec l'agrandissement du patrimoine foncier et la complexite croissante des reseaux de relations sociales avec les laics, les moines Etaient forces d'assigner bon nombre de tiiches exterieures au monastkre ii de nouveaux officiers. On peut suivre ce processus en detail dans les coutumiers de Cluny du xre siecle : il s'observe de la meme facon et pour la meme pkriode dans les chartes de Sauxillanges 87. I1 semble qu'au milieu du xie sikcle s'effectuait dans les deux monasteres Une rkorganisation des offices pour permettre entre autre Une separation plus claire des affaires interieures et exterieures. I1 s'agissait surtout des offices les plus eleves dans la hierarchie : ceux du prieur et du doyen. Dans cette phase de reorganisation, il convient d'interpreter avec grande precaution, les titres d'office qui designent les moines dans les chartes. On ne peut donc pas savoir si Albertus, mentionne dans les chartes citees precedemment de Rotbertus et d'Eustorgius et figurant comme temoin parmi les moines avec le titre de decaliiis, avait toujours la meme fonction de veiller sur la discipline interieure de Ses confrkres ou s'il assumait dkjii des responsabilites pour le domaine exterieur du monastkre 8s. Les moines avaient en tout cas termine l'implantation de Ces changements dans les trois demikres decennies du XI" siecle. Le moine adjoint du prieur, chargk des affaires interieures, etait maintenant design6 dans les chartes de Sauxillanges, comme dans les coutumiers clunisiens,

82 - Sai~r781 ;G. FOU~IER,i.epeirplertierit ..., note 6, p. 389 ; CH.LAURANSON-ROSAZ, « Les mauvaises coutumes... », note 42, P. 581 ; pour le temtoire foncier sur lequel les seigneurs d'Usson rignaient, cf. CH.LAURANSON-ROSAZ, L21rvergrie et ses rtiarges..., note 5. p. 114, p. 149. 83 - Sairr 801 ;pour la viguierie d'Usson, cf. G. FOURNIER,Le perr~~le~~teiit ..., note 6, p. 389 ;pour l'endroit Por~i~~iairol dans le bref de cens qui teste inidentifii, ibid., P. 253 et 653. 83 - Sai~r9-11 :G. FOURXIER,« La seigneurie ... B, note 76, p. 240-241. 85 - Sai~r789,790,791 ;G. FOURSIER,JR pe~rplei~ier~t..., note 6, p. 254,269. 86 - Sai~r663 ;;ans Sai~r784, on ripprend que I'iglise a iti construite SOUS le m2me prieur, Bertrannus, qui avait con- clu Iri cortvertie~~tiaavec hlaunce de hlontboissier ; dans Srrilx 790, Maurice donne son accord au compromis entre le vicaire d'~~liseneuveet les moines. 87 - AI. HILLEBR,W~T,« Le doyen 5 Cluny. Quelques remarques sur sa terminologie et son histoire », dans Anriales de Boirrgogrie, I. 72,2000. p. 397 5 429. 88 - Aldeben~slAlben~s: Sai~r 403,406. 635 ; Sni~r264, icrit probablement Vers 1063-65, cf. G. FOURNIER,i.e peil- ple~~te~it..., note 6, p. 106. n. 55. Actes du Colloque de Lavoute-Chilhac - mai 2000 - ODILONDE MERCEUR,1'Auvergne et Cluny par le titre de prior claustrensis 89. Le terme decatzus, ainsi devenu << disponible B, fut alors attribuk au moine chargk d'une partie des responsabilitks exterieures du prieur : & savoir l'administration des biens fonciers du monastkre, regroupes autour de plusieurs petits centres et que, dksormais, on appelait presque toujours obedieiztiae 90. C'est il ce stade du dkveloppement, au moment de l'installation d'un doyen dans son obedietttia, qu'on a rkdigk quelques-uns des brefs de cens pour rkgler les obligations des exploitants 91. Dans les coutumiers de Cluny datant de la fin du XI"sikcle, quand les moines ont pris l'habitude de consigner leurs revenus, on voit le prieur faire le tour des obedieiltiae aprks les rkcoltes pour dkterminer la facon dont seront distribuks les revenus ; et comme il devait en faire rapport au chambrier du monastkre, en particulier, il est plausible qu'il prenait des notes il cette fin, des listes de l'immkdiat communicatif D, telles qu'elles sont encore conservkes pour le doyennk clunisien de Montberthoud 92. Faute de datation de la plupart des documents, une certaine prudence s'impose avant de tirer des conclusions. On constate cependant une distinction typique, & Sauxillanges, entre le titre de decattrls et la formule inoizachus qui obedieiltiat~zde ... tenebar. Le terme et cette expression paraissent avoir kt6 bien distinguks : un moine a pu etre qualifik par I'un et l'autre, mais jamais par l'un et l'autre pour le meme lieu. Le mot decartus semble avoir ktk rkservk pour les obedietlriae fondkes sur des possessions remontant au xe sikcle 93. La formule nioi~aclrllsqlri obedieiltiain de ... teilebar fut attribuke, en revanche, pour les obedietltiae dont les terres avaient 6tk acquises au xre sikcle. Et pour- tant, la fonction est toujours celle d'un doyen 94.

89 - Saux 689,697 : Hugo prior de clalrsrro ; Salix 801 :Geraldus prior de clausrro ;Sai~r 802 (datt! 1 114) : Hucbertus ; Sallx 9 10 : Poncius ; Satix 965 : Gervasius priore clarisfrali. 90 - Par exemple : Bertrunriiis, nioriachus et decanirs de Buniiuicirlo (Saiu 667) ; Geraldirs Lotigdosirs, decarius de Abirltlcico (Suux 485) ; Petrirs decanlis loci S. Hylarii (Saiu 561) ; Pernis nionacliirs qiri obedietitiarii de Abultiaco rerlebat (Sailx 895) ; Petnis Ernetlo qui tuiic obedieritiani de Vareriis reriebar (Saiu 595) ; lVido decariirs Carrlidcetisis (SUUX 633). Pour le terme obedierlcia et ses nombreuses significations cf. CH. LAURANSON-ROSAZ, L'Aiivergne ei ses marges ..., note 5, p. 358-365. 91 - Par exemple, a Chidrac oh au debut du Xie sikcle, l'ev6que Etienne de Clermont avait donne I't!glise 3 Sauxillanges, Saicx 475 et 701 ; cf. le bref de cens Saiix 695. A Boumoncle, entre ]es annkes 1078 et 1095, le doyen Rigaldus avec le prieur de Sauxillanges pouvait rkgler le conflit avec un vicaire. Saiu 678 ; cf. le bref de cens SalLr 95 1. 92 - J.-P. CHAMBONet CH. HERILIER,<< Sur un des plus anciens textes ... B, note 10, p. 9. Pour les documents de gestion economique a Cluny cf. G. DUBY, Le budget de I'abbaye de Cluny entre 1080 et 1155. Economie domaniale et kconomie monetaire D, dans Atznales E.S.C., t. 7, 1952, p. 155-171, repns dans ID., Honrrries er srrrrcrirres dir rttoyeii age, Paris, 1973, p. 6 1-86, ici P. 61-62. 93 - Ainsi a , cant. St-Germain-Lembron, arr. Issoire. &P. Puy-&-Dorne (Sau 13) ; G. FOURNIER,LC perlple- mellt ..., note 6, p. 624-625 ; decatzus : Rotbertus (Sau- 334). Chargnat, com. Saint-Remy-de-Chargnat, cant. Sauxiiianges, an: Issoire, dkp. PUY-de-Dhme(Salf-x 13) ; ibid-, P. 491 ; decariirs : Wido (Sai~r633). Bournoncle, com. et can. Brioude, dep. Haute-Leire (Sallx 82) ; decalliis : Rigaldus (Sar~r909) ; Bertnnnus (SarLr 667). St- Alyre, com. et cant. Veyre-Monton, arr. C~ermont.dep. PUY-de-Dome(Saiu 235) ; ibid., p. 618 ;decalllrs : Petms (Saux 564) ; Iterius (Saux 479, 567) ; Stephanus (Sa1f-x557, 558) ; \Villelmus (Sai~r556, 917). Bonnac, com. Massiac, an: Saint-Flour, ddp. Cantal (Sfl1f-x16) ; decanlis : Genldus Longdosus (SarLr485). Le pape Gregoirc V confirmait, en 998, ces proprietis pour I'abbe Odilon dans la Iiste des terres appmenant 3 Sauxillanges, Papsturkunden..., t. 2, note 36, nO351, pp. 682-686. ici p. 684. 94 - Par exemple : Auzat-sous-Chalus, Cant. St-Germain-hmbron, arr. Issoire, dkp. Puy-de- Dome (sailx326, 331, 332) ; G. FOURN~ER,Le peuplement ..., note 6, P. 625. , can. Sauxillanges, an: Issoin: (SaiLr870) ; ;b;d., P. 463. Singles, cant. , an: Issoire (Sa1f-x912) ;ibid., P. 452. Chidnc, can. ChUmpeix,an: Issoire (SaiLr700). Liotoing, cant. Blesle, arr. Brioude, dep. Haute-Loire (Sai~r662. 667 et 674) ; ;b;d., 391-392. Varennes-sur- Usson, can. Sauxillanges, arr. Issoire (Sfliix 594. 595) : ibid., P. 461462. Confimation de Ces endroits dans je pri- vilkge du pape Urbain 11, en 1095, Saux 472. Maria HILLEBRANDT- Etre soumis a Saint Pierre : formes de dependances dans le cartulaire de Sauxillanges

Cette differenciation est probablement la consequence de la creation d'autres unites economiques au cours du xF sikle et, donc du processus decrit ci-dessus 95. Les domaines des obedientiae constituees des le xe siecle etaient pour la plupart plus eloignes du monastere que ceux du xle siecle, de sorte qu'un moine s'y etablissait cornme deca~lrrs96. En revanche, son confrkre responsable des domaines agricoles situes prks du monastkre, ktait probablement subordonnk aux directives des officiers du monastere comme par exemple 2 celles du doyen, responsable des environs immediats du monastere 97. A Sauxillanges, l'administration du temporel, en effet, semble avoir ete tres bien organisee. Les chartes de Sauxillanges mentionnent 3 la fin du xie siede plus de vingt-cinq centres oii les moines assumaient une telle tache. Dans Ces endroits 3 l'exterieur du monastere, les doyens surveillaient les reglements de conflit qui ont kte determines avec les laics, ils controlaient les redevances qui ktaient 2 foumir de leur terres, ils s'occupaient des dependants de ces terres en dispensant 2 leurs enfants, par exemple, une education au monastere ".

Nos sources ne font pas nettement ressortir au sein de la population vivant autour du monastere de Sauxillanges la distinction entre libres et non-libres. Elles mettent plutot en evidence des relations de dependance definies de fagons diverses et se traduisent en differents services (sewitiiln~): un sys- teme de redevances et de prestations progressivement differenciees au cours du xie sikcle sous l'in- fluence de nombreux facteurs comme la poussee demographique, le rassemblement des terroirs et des hommes et la mise en place des seigneuries, qui demandaient aux seigneurs des efforts de con- tr6le croissants. Ainsi, les moines Sauxillanges se sont-ils efforces d'adapter la gestion de leur pat- rimoine comme le montrent les sources de la pratique quotidienne telles que les chartes et les brefs de cens. Avec le decanrrs, le monastere peut desormais assurer plus efficacement la gestion du tem- porel et la surveillance des exploitants pour un meilleur profit.

Je tiens ii remercier H. Becker de ses bons conseils et de la traduction en francais, et M. Petitjean (Centre Georges Chevrier, Universite de Bourgogne) d'avoir bien voulu relire mon texte.

95 - G. FOURNIER,Le peirplenierit.. ., note 6, p. 46 1. 96 - Les remarques de D. Poeck 2 propos de I'office de decarnu a Sauxillanges manquent de diffirenciation et, par con- sQuent, n'ont px hucoup de valeur, POECK(Dietrich), Cliiiliace~isisEcclesia (« Münstersche Mittelalter- Schriften », 71). hlünchen, 1998, p. 141 n. 628. 97 - Iteriirs, Celsiriie~isilrnidecariirs :Sai~r478.697 (d'environ 1096) ;Wido : Sam 590 ;Rigaldits Celsi~liacerisiseccle- siae decanirs :SaiLr 593. En outre, il semble que certains doyens soient respectivement chxges de l'administration d'un doyenni puis d'un autre, voire de plusieurs en meme temps. Une indication s'y trouve dans le cas des obedi- eritiae situees tout P& I'une de I'autre. oh les moines charges de l'administration portent le meme (prt.5) nom. Par exemple, Benrruinus ii Bournoncle (com. et Cant. Brioude, dep. Haute-Loire) (Sau 667 : decanits) et a Leotoing (cmt. Blesle, arr. Brioude) (Sar~r670 :rrroriac/iirs qiri trrrrc teriebat il~sailtobedieritiailz). 98 - Parexemple, 2 Eotoing, oh le moine Bennnnus riglait un conflit en pricisant les redevances de Ia terre concernie (Sor~r670) ;ou 5 St-Alyre, eil le doyen de ce lieu intewenait pour recuperer Une terre du monastere (Saiu 557). lllustntion dms la du doyen ii un villicits d'assurer I'iducation de son enfant :Saiu 885 ;cf. aussi Salu, P. 7-9. Actes du Colloque de LavoGte-Chilhac - mai 2000 - ODILONDE MERCCEUR,1'Auvergne et Cluny

Nos sources ne font pas nettement ressortir au sein de la population vivant autour du monastere de Sauxillanges la dis- tinction entre libres et - non-libres. Elles mettent plutot en evidence des relations de dependance difinies de facons diver- ses et se traduisent en diffkrents services (sen~itilun): un systeme de redevances et de prestations progressivement dif- firenciies au cours du XI" sikcle sous l'influence de nombreux facteurs comme la poussee dimographique, le rassem- blement des terroirs et des hommes et la mise en place des seigneuries, qui demandaient aux seigneurs des efforts de controle croissants. Ainsi, les moines Sauxillanges se sont-ils efforces d'adapter la gestion de leur patrimoine comme le montrent les sources de la pratique quotidienne telles que les chartes et les brefs de cens. Avec le decanus, le monaste- re peut desormais assurer plus efficacement la gestion du temporel et la surveillance des exploitants pour un meilleur profit.

SUMMARY

Our sources do not clearly bring out the distinction between free and non-free in the population living around the monastery of Sauxillanges. Instead they highlight relationships of dependency defined in diverse ways and are shown by various services (set.vitium): a system of dues and benefits gndually differentiated dunng the 1lth century under the influence of many factors such as the population increase, the assembling of land and people and the setting up of lord's domains, which required increased efforts on the part of the lords to keep under control. So, the Sauxillanges monks tried hard to adapt the administration of their heritage as shown by the sources on daily pnctice such as the charters and the rent lists. With the decanzrs (dean), the monastery could henceforth ensure more efficient management of worldly mat- ters and supervision of the farmers to better advantage.

ZUSAMMENFASSUNG

Unsere Quellen des Klosters Sauxillanges erlauben für die auf dem Besitz des Klosters lebenden keine Unterscheidung zwischen Freien und Unfreien. Es geht vielmehr um unterschiedlich definierte Abhängigkeitsverhältnisse, die als zu erbringende Leistungen (sewitiwn) faßbar werden: diese wurden im Laufe des 11. Jahrhunderts unter dem Einfluß ver- schiedener Faktoren (z. B. Bevölkerungswachstum, Reorganisation des Landbesitzes und seiner Bewohner sowie Entstehen lokaler Grundherrschaften mit Banngewalt) immer weiter ausdifferenziert und erforderten vonseiten der Grundherren einen höheren Aufwand der Kontrolle. Auch die Mönche von Sauxillanges sahen sich dazu veranlaßt, die Verwaltung ihrer Güter den neuen Entwicklungen anzupassen, wie es die Quellen der täglichen Praxis, die Urkunden und Abgabenverzeichnisse (Zinslisten) verdeutlichen. Mit der Einrichtung des Amts des Dekans schufen sie sich die Möglichkeit, die Verwaltung effektiver durchzuführen und die Leistungen deqenigen, die ihre Ländereien bearbeiteten, besser zu kontrollieren.

SINTESI

Le fonti in nostro possesso non mettono chiwamente in luce la distinzione esistente, in seno alla popolmione ehe gnv- itava intorno al monastero di Sauxillanges, tra uomini liberi e non liberi. Esse mettono, piuttosto, in evidenza rapporti di dipendenza diversamente caratterizzati in funzione del tipo di sen7izio(servitium) prestato : un sistema di benefici feu- dali e di prestazioni che si differenziano, via via, nel corso dell'xrO sec010 in seguito al19influenzridi numerosi fattori - quali la spinta demografica, la riunione delle e delle popolazioni e l'instaurazione delle signone -ehe nchiedevano, da Parte dei feudatari, un controllo sempre pih Stretto. In tale COnteStO, i monaci del monastero di Sauxillanges hanno cercato di adattare alla nuova situazione la gestione del lor0 patrimonio, come si deduce drille fonti quotidiane, quali le carte e le liste di censo. Grazie al decanus, il ~onasteropuo' gestire in modo pih efficace i beni secolan, ganntendo una migliore sorveglianza dei coltivatori nell'ottica di un maggiore profitto. Tables

Prkface .Marcel PACAUD...... 5 Du Val d'Allier 5 la Planke - Christian LAURANSON-ROSAZ...... 11 Resumk ...... 1 Histoire du prieurk Sainte-Croix - Jean VIGIER...... 33 Rksume ...... 46 Le monächisme au temps d'Odilon - Michel PARISSE...... 49 Rksumk ...... 59 Odilon de Mercaeur et 1'Eglise clunisienne - Dominique IOGNA-PRAT...... 61 Rksumk ...... 71 Odilon, sainte et hagiographe - Monique GOULET...... 73 Rksumk ...... 81 Les Merceur - Martin DE I?W.MOND...... 83 Rksumk ...... 116 Odilon et la paix de Dieu - Valerie ORTU UNI ER et Jacques PERICARD...... 117 Resume ...... -133 L'egiise Saint Odilon de Cluny - Didier MEHU...... 135 Resumk ...... 155 L'ancienne eglise pnorale de Saint Croix - Arme COURTILLE...... 157 Resume ...... 172 Les reliques de Lavoute - Edina BOZOKY...... 175 Resume ...... 191 Les coutumes ciunisiennes au temps d'Odilon - Suzan BOYNTON...... 193 Resume ...... 202 YAutel reliquaire de Sainte Marie de 1'Aventin 3 Rome - Stefano RICCIONI...... 205 Resume ...... 219 Culte et images d'Odilon de Mercaeur dans le diockse de saint-Flour - Joel FOUILHERON...... 221 Resume ...... 262 Etre libre en Auvergne au Moyen Age - Maria HILLEBRANDT...... 263 ~esume...... 278 La linguistique et sociologique en Auvergne au temps d'odilon - Jean Pierre CHAMBON...... 279 Resume ...... -289 Cluny et le diocese de Clermont - Arlette MAQUET...... 291 ~e~~me...... 311 Table des cartes et iliustrations ...... 313 Achevi d'imprimer en rnai 2002 sous les presses d'egnf & Madrid (Espagne)