POLITICAL CHRONICLES OF THE AFRICAN GREAT LAKES REGION 2020 CHRONIQUES POLITIQUES DE L’AFRIQUE DES GRANDS LACS 2020

Edited by | Sous la direction de F. Reyntjens

Great Lakes of Africa Centre | Centre pour l’Afrique des grands lacs Lange Sint Annastraat 7 2000 Antwerp | Anvers - Belgium | Belgique Tel: +32 3 265 57 70 Web: www.uantwerpen.be/glac

The Great Lakes of Africa Centre is part of the Institute of Development Policy, University of Antwerp

Le Centre pour l’Afrique des Grands Lacs fait partie de l’Institut de politique du développement, Université d’Anvers great lakes of africa centre • centre pour l’afrique des grand lacs

POLITICAL CHRONICLES OF THE AFRICAN GREAT LAKES REGION 2020 CHRONIQUES POLITIQUES DE L’AFRIQUE DES GRANDS LACS 2020

Edited by | sous la direction de F. Reyntjens The Chronicles are a peer reviewed publication. Les Chroniques sont une publication à comité de lecture.

Lay-out and cover | Mise en page et couverture: Joëlle Dhondt

© 2021 Uitgeverij UPA (University Press Antwerp) UPA is een imprint van ASP nv (Academic and Scientific Publishers nv) Keizerslaan 34 1000 Brussel Tel. + 32 (0)2 289 26 50 Fax + 32 (0)2 289 26 59 e-mail: [email protected] www.aspeditions.be

ISBN 978 90 5718 972 2

La dénomination GPRC (Guaranteed Peer Reviewed Content) est développée par l’institution flamande Boek.be. Elle est attribuée aux publications conformes aux standards académiques de la VABB (Vlaams Academisch Bibliografisch Bestand). The Authors | Les Auteurs v

THE AUTHORS | LES AUTEURS

Ivan teaching assistant and PhD candidate, Institute of ASHABA Development Policy (IOB), University of Antwerp, [email protected] Ithiel BATUMIKE assistant à l’Université de Kaziba, chercheur associé MIHIGO au Centre EFGPC de Université catholique de Bukavu et énarque, cadre au Secrétariat général chargé des retraités et rentiers au Ministère de la Fonction publique en RDC, [email protected] Réginas assistant d’enseignement et chercheur doctoral, Institut NDAYIRAGIJE de Politique du Développement (IOB), Université d’Anvers, [email protected] Aymar professeur assistant à l’Université de Mons, chercheur NYENYEZI BISOKA à l’Université de Gand et à l’Institut Supérieur de Développement Rural en RDC, [email protected] Filip emeritus professor, Institute of Development Policy REYNTJENS (IOB), University of Antwerp, [email protected] Karolina NEST Postdoctoral Research Associate, Centre for WERNER Transitional Justice and Post-Conflict Reconstruction, University of Western Ontario; Senior Fellow, Norman Paterson School of International Affairs, Carleton University, [email protected]

7

THE AUTHORS | LES AUTEURS

BURUNDI Réginas Ndayiragije

1. INTRODUCTION 9 2. POLITIQUE INTÉRIEURE 9 2.1. Contexte 9 2.2. Élections de 2020 : quand du jamais vu flirte avec du déjà vu 11 2.3. Désignation des candidats présidents : compétition versus plébiscite 12 2.4. Performances électorales, mise en contexte et leçons à tirer 15 2.5. Période postélectorale et mise en place des nouveaux animateurs des institutions 19 2.6. Gouvernance : le style Ndayishimiye et ses priorités 22 3. DROITS DE L’HOMME ET SÉCURITÉ 25 4. DIPLOMATIE 28 5. JUSTICE (TRANSITIONNELLE) 29 5.1. Contexte 29 5.2. Évolutions en 2020 29 6. ÉCONOMIE : DEUX TENDANCES FORTES 31 7. CONCLUSION 32

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO Aymar Nyenyezi Bisoka et Ithiel Batumike Mihigo

1. INTRODUCTION 35 2. TEMPÊTE AU SEIN DE LA MAJORITÉ PARLEMENTAIRE 37 2.1. Mémorable « procès 100 jours » 37 2.2. Controverse autour de l’état d’urgence 41 2.3. Déchéance du Premier Vice-Président de l’Assemblée Nationale 42 3. RUPTURE DE LA COALITION GOUVERNEMENTALE 43 3.1. Confrontations politiques au sein d’une coalition 44 3.2. Manœuvres politico-juridiques de la reconfiguration de la majorité parlementaire 47 3.3. Soutien international à Tshisekedi malgré tout 49 4. NOUVELLE MAJORITÉ, NOUVEAUX DÉFIS 51 4.1. Défis sécuritaires 51 4.2. Défis sanitaires 53 4.3. Défis par rapport à l’État de droit 54 5. ENJEUX DES RÉFORMES ÉLECTORALES 56 5.1. Quelques réformes électorales phares 56 5.2. Obstacles à l’adoption de réformes électorales crédibles 58 6. CONCLUSION 59 8

RWANDA Filip Reyntjens

1. INTRODUCTION 61 2. POLITICAL GOVERNANCE 61 3. SOCIO-ECONOMIC GOVERNANCE 67 4. JUSTICE 70 5. HUMAN RIGHTS 73 6. REGIONAL RELATIONS 78 7. RWANDA AND THE WORLD 81 8. CONCLUSION 84

UGANDA Ivan Ashaba and Karolina Werner

1. INTRODUCTION 87 2. COVID-19 AND ITS HANDLING 87 3. THE ELECTION 90 3.1. The Incumbent 93 3.2. The Opposition 96 3.3. Violence 102 4. EVERYDAY GOVERNANCE AND SECURITY RESHUFFLES 105 5. FREEDOM OF EXPRESSION 110 6. CONCLUSION 113

BOOK REVIEWS - COMPTES RENDUS 115

ANNEXE 1 – INSTITUTIONS AU 1. PRÉSIDENCE ET GOUVERNEMENT 135 2. GOUVERNEURS 137 3. APPAREIL JUDICIAIRE 137 4. SERVICES DE SÉCURITÉ : FORCES DE DÉFENSE NATIONALE (FDN), POLICE NATIONALE DU BURUNDI (PNB) ET SERVICE NATIONAL DE RENSEIGNEMENTS (SNR) 138 5. CORPS DIPLOMATIQUE 138

ANNEXE 2 – INSTITUTIONS AU RWANDA 1. PRÉSIDENCE ET GOUVERNEMENT 141 2. GOUVERNEURS 144 3. APPAREIL JUDICIAIRE 144 4. FORCES RWANDAISES DE DÉFENSE (FRD) 144 5. CORPS DIPLOMATIQUE 145

BURUNDI

Réginas Ndayiragije

1. INTRODUCTION Ce chapitre sur le Burundi présente les principaux développements, entre autres, politiques, sécuritaires, diplomatiques et économiques ayant jalonné l’année 2020. Ces développements ne peuvent être bien appréhendés qu’une fois placés dans un environnement mondial dominé par la pandémie de CO- VID-19, d’une part, et, d’autre part, dans un contexte national profondément marqué par le décès inopiné du président Pierre Nkurunziza le 8 juin 2020 notamment, mais surtout par le renouvellement des animateurs des institu- tions politiques du pays à la suite des élections communales, législatives et présidentielles du 20 mai 2020 ainsi que des élections sénatoriales du 20 juil- let 2020. Le plan du présent chapitre se décline de la manière suivante : la deu- xième section est consacrée aux aspects liés à la politique intérieure. Plus spécifiquement, elle présente le contexte dans lequel les élections de 2020 se sont déroulées, le processus de désignation des candidats, les performances – et leur mise en perspective – des compétiteurs, la période postélectorale et une tentative de lecture du style de gouvernance du nouveau président de la République, Évariste Ndayishimiye. Alors que la troisième section s’intéresse à l’évolution des droits de l’homme et du contexte sécuritaire, la quatrième section discute du (re)positionnement diplomatique du Burundi, qui est une conséquence du renouvellement des institutions dirigeantes du pays. La cin- quième section, quant à elle, se penche sur les aspects relatifs à la justice, en mettant un accent particulier sur la composante de la justice transitionnelle. Une sixième section aborde la situation économique. Enfin, une note conclu- sive tente d’explorer sommairement ce que les récentes évolutions pourraient signifier pour l’avenir.

2. POLITIQUE INTÉRIEURE

2.1. Contexte La politique burundaise a été essentiellement dominée par les élections générales de mai 2020, le quatrième rendez-vous électoral après l’accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi. Ces élections étaient scrutées à la loupe et attendues avec appréhension, tant par les Burundais que par les observateurs étrangers : tout le monde avait en tête les troubles consé- 10 Political Chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Burundi 11 Chroniques Politiques de l’Afrique des Grands Lacs 2020 cutifs aux élections chaotiques de 2015.1 Pourtant, le contexte de 2020 diffé- patriotisme célébrée un jour du mois de juillet8 – curieusement le mois habi- rait de celui de 2015 sur un aspect fondamental : le président sortant, Pierre tuel de la célébration de la fête de l’indépendance, principale fête politique de Nkurunziza, n’était pas sur la ligne de départ, ce qui augurait théoriquement l’année. une élection moins conflictuelle.2 Étrangement, l’intention de Nkurunziza de ne pas se représenter, à maintes 2.2. Élections de 2020 : quand du jamais vu flirte avec du déjà vu reprises réaffirmée, n’a pas pu insuffler la sérénité que l’on aurait pu espérer, Les élections de 2020 présentent au moins trois particularités inté- 3 tant ceux qui croyaient en la sincérité de sa promesse étaient rares. Jusqu’à la ressantes. Outre le fait que le président sortant ne s’est pas représenté, les dernière minute, des observateurs spéculaient sur le risque d’un éventuel re- autorités burundaises ont réussi, en parfaite cohérence avec la rhétorique 4 virement. Même une fois sa sincérité établie, certains minimisaient la portée souverainiste/nationaliste en vogue depuis la crise de 2015, à organiser des réelle son retrait de la présidence : ils lui prêtaient l’intention de vouloir tout élections exclusivement financées par des fonds mobilisés à l’interne, certes à 5 contrôler afin de demeurer incontournable. Il s’avère en effet que les actes – travers des méthodes décriées par des organisations de défense des droits de comme la rhétorique ‒ pouvaient conforter une telle suspicion. la personne humaine telles que Human Rights Watch et l’International Crisis Premièrement, aussitôt désigné, le candidat du parti au pouvoir CNDD- Group.9 Quoi qu’il en soit, ce pari gagné relève d’un exploit, tant les élections FDD, le général à la retraite Évariste Ndayishimiye, fut présenté comme le antérieures n’avaient été rendues possibles que par la « générosité » de parte- Samuragwa, l’héritier. Ceci en soi annihilait tout espoir d’un scrutin ouvert naires étrangers, essentiellement occidentaux, avec toutes les conditionnalités qui, par nature, n’exclut aucun cas de figure, y compris la défaite pour le parti et les risques inhérents à cette dépendance. Enfin, les élections se sont tenues au pouvoir. alors que la pandémie de COVID-19 faisait rage à l’échelle planétaire, rendant Deuxièmement, la machine législative a été mise en branle pour fournir quasiment impossible toute observation indépendante étrangère. des gages à Nkurunziza que son retrait de la présidence ne serait pas syno- En ce qui concerne l’aspect « déjà vu », à l’instar des trois dernières nyme de « mort politique ». C’est dans cette logique qu’une loi le consacrant consultations électorales, le suspens quant à l’identité du parti qui allait sortir 6 « Guide Suprême du Patriotisme au Burundi » a été promulguée en date du gagnant était presque inexistant. Le CNDD-FDD partait, en réalité, en position 20 mars 2020. Érigeant Pierre Nkurunziza en « référence idéale en matière de largement favorable. Disposant non seulement de structures fonctionnelles patriotisme, de cohésion sociale et de sagesse nationale », la loi lui donnait, et hyperactives sur tout le territoire burundais,10 mais aussi, et surtout, d’un à ce titre, le privilège d’être consulté sur des questions relatives à « la sau- réseau d’administratifs qui lui est complètement acquis, d’une commission vegarde de l’Indépendance nationale, à la consolidation du Patriotisme et à électorale dont les accointances avec lui relèvent d’un secret de polichinelle 7 l’Unité nationale » . Clairement, ce rôle devrait lui garantir un statut politique et d’une Cour constitutionnelle dont la loyauté ne lui a jamais fait défaut,11 plus ou moins égal à celui dont bénéficie le président en fonction. De fait, le CNDD-FDD était à l’abri de la surprise. Dans cette configuration, la seule c’est à lui que revenait la présidence des cérémonies marquant la journée du grande inconnue était finalement les noms des personnes sur qui le parti allait jeter son dévolu. C’est dans ce contexte que, pour les présidentielles, tous les 1 Par exemple, Nina Wilén avait titré son analyse « Burundi on the brink again? Identifying regards étaient rivés vers le Boulevard des Nations unies, siège de la perma- risks before the 2020 elections? » L’entièreté de son analyse peut être consultée ici : https:// nence du CNDD-FDD, si bien qu’il était quasiment certain que le candidat du www.egmontinstitute.be/burundi-on-the-brink-again-identifying-risks-before-the-2020- CNDD-FDD allait devenir le prochain président de la République12. elections/. 2 ISS, « Burundi : Vers une alternance dans la continuité ? », Rapport sur l’Afrique centrale 16, avril 2020. 8 Ibidem, article 3. 3 « Burundi : contre les sceptiques, le président Pierre Nkurunziza réaffirme ne pas être 9 Voir par exemple : ICG, « A First Step toward Reform: Ending Burundi’s Forced candidat en 2020 », Jeune Afrique, 21 décembre 2019. Contribution System », Briefing on 153, Bruxelles/Nairobi, 8 avril 2020 ; HRW, « ‘We Let 4 NIKIZA, E., et KABURAHE, A., « Opinion – Le candidat “mystère” », Iwacu, Our Children Go Hungry to Pay’. Abuses Related to the 2020 Election Levy in Burundi », 23 janvier 2020. décembre 2019. Le rapport de HRW est disponible sur : https://www.hrw.org/sites/default/files/ 5 ISS, op. cit., p.15. report_pdf/burundi1219_web_0.pdf, consulté le 28 octobre 2020. 6 Voir loi no 1/06 du 10 mars 2020 portant Instauration et Octroi du Statut de Guide 10 NDAYIRAGIJE, R., « Burundi », In Reyntjens, F. (éd.), Chroniques politiques de l’Afrique Suprême du Patriotisme au Burundi au Président Pierre Nkurunziza. Ladite loi est disponible des Grands Lacs 2019, Antwerpen, University Press Antwerp, 2020, p. 16. sur https://www.assemblee.bi/IMG/pdf/n%C2%B0_6_10_mars_2020.pdf, site visité le 11 ISS, op. cit., p. 8. 25 novembre 2020. 12 PROCOLAM, M., « Présidentielle au Burundi : Le plus important, ce ne sont pas les 7 Ibidem, article 2. élections, mais ce qu’il va se passer ensuite », Jeune Afrique, 20 mai 2020. Il suffit aussi de 12 Political Chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Burundi 13 Chroniques Politiques de l’Afrique des Grands Lacs 2020 2.3. Désignation des candidats présidents : compétition versus sique.17 plébiscite L’ascension d’Évariste Ndayishimiye – présenté à la fois comme un homme de dialogue18 et un homme du sérail par la plupart des médias19 – au 2.3.1. CNDD-FDD : une compétition interne loin des radars ? sein du CNDD-FDD n’a pas été fulgurante au début de l’exercice du pouvoir par le parti, comme aurait pu le prédire le rôle central qu’il a joué pendant le Fidèle à sa légendaire culture du secret, le CNDD-FDD aura préservé maquis. Par exemple, son expérience gouvernementale fut de courte durée jusqu’au bout le suspense quant à la personne que le parti allait présenter puisqu’il s’est contenté ensuite d’un poste plutôt moins juteux, celui de chef comme candidat à l’élection présidentielle. Entre-temps, la machine à rumeur de cabinet chargé des questions militaires, jusqu’en avril 2014. Alors que la tournait à plein régime, au point que certains y voyaient la preuve qu’il ne fronde contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza battait son plein, il fallait peut-être pas tourner la page Nkurunziza de sitôt. fait les frais d’une recomposition voulue par Nkurunziza pour concilier deux La nature ayant horreur du vide, des spéculations, les unes plus fan- camps opposés au sein du puissant cercle des généraux du CNDD-FDD : Ado- taisistes que les autres dominaient les discussions. Cependant, quelques noms lphe Nshimirimana et Alain-Guillaume Bunyoni d’une part et, d’autre part, revenaient sans cesse, dont celui de l’épouse de Nkurunziza, Denise Bucu- treize autres généraux qui s’estimaient marginalisés au profit des premiers.20 mi.13 Une telle candidature était, néanmoins, invraisemblable. Non seulement C’est ainsi qu’il a hérité de la direction d’une société sans réel enjeu financier, Denise Bucumi Nkurunziza n’est pas encartée au CNDD-FDD, mais, par ail- la Société Burundaise de Gestion des Entrepôts et Assistance des Avions en leurs, il semblait improbable que Nkurunziza puisse l’imposer à ses généraux Escale (SOBUGEA). Sa relative traversée du désert prendra fin à l’occasion qui ont l’habitude d’évaluer la légitimité de tout militant du CNDD-FDD de de la redistribution des cartes intervenue à la suite du coup d’État manqué manière générale et, a fortiori, de tout prétendant à la fonction présidentielle du 13 mai 2015. Au début du troisième mandat de Nkurunziza, il hérite d’un à l’aune des galons gagnés sur le champ de bataille14. Finalement, c’est le poste plutôt prestigieux de chef du cabinet civil du président de la République. congrès du 26 janvier 2020 qui a mis fin aux spéculations. Après une croisade C’est ce court passage à la présidence qui deviendra déterminant pour la suite religieuse de trois jours, la candidature du général à la retraite Évariste Ndayi- de sa carrière. Un an plus tard, il est nommé secrétaire général du CNDD- shimiye est sortie du chapeau. FDD. Le choix de Ndayishimiye n’était pas surprenant pour qui connaît À ce titre, face à Nkurunziza devenu visiblement méfiant et n’ef- l’histoire du CNDD-FDD. Commandant « légendaire » du temps du maquis, fectuant plus de missions à l’étranger depuis la tentative de putsch raté – la c’est l’homme derrière le combat d’Ibuga, en province Makamba, considéré phase exécutoire du putsch fut lancée alors que Nkurunziza était en mission comme l’une des batailles qui auraient convaincu les plus durs du régime en Tanzanie –, Ndayishimiye était devenu l’émissaire de Nkurunziza auprès militaire de l’époque que le CNDD-FDD était un mouvement armé à prendre de certains chefs d’État.21 Pour affiner sa stature d’homme d’État et de ré- très au sérieux.15 Il est aussi connu pour avoir été le porte-parole du Conseil seaux, il s’était adonné à une intense activité diplomatique pour le compte National des Patriotes, CNP, l’organe qui a pris les choses en main après la du parti au pouvoir.22 Sur le plan interne, Ndayishimiye, profitant de sa fonc- destitution de Ndayikengurukiye. En sa qualité de président du CNP à l’issue tion de secrétaire général du parti au pouvoir, sillonnait toutes les provinces, du congrès du 17 au 26 janvier 200216 et président du troisième congrès du rencontrant les cadres locaux du parti et distribuant des aides aux personnes parti tenu à Gitega du 7 au 8 août 2004, il a joué un rôle central dans la conver- sion du CNDD-FDD d’un groupe politico-militaire en un parti politique clas- 17 Ibidem, p.250. 18 https://www.dw.com/fr/au-burundi-Évariste-ndayishimiye-inspire-espoirs-et- voir le nombre de lettres de félicitations qui lui ont été envoyées par d’autres partis au pouvoir regrets/a-52166985, visité le 26 décembre 2020. en Afrique, les organisations de la société civile burundaise, les autres partis politiques et 19 http://www.slateafrique.com/1040409/burundi-ndayishimiye-un-homme-du-serail-plus- surtout les rencontres avec les diplomates accrédités à , pour se rendre compte que ouvert-que-son-mentor, visité le 28 juillet 2020. la désignation du candidat du CNDD-FDD ressemblait presque à l’intronisation. 20 http://www.girijambo.info/2016/09/05/partie-3-comment-les-officiers-generaux-ex- 13 ISS, op. cit., p. 5. fdd-et-le-snr-sont-entres-dans-la-danse-du-3eme-mandat-les-cartes-sous-tables/,visité le 14 Idem, p. 5. 30 juillet 2020. 15 BURIHABWA NTAGAHORAZO, Z., Continuity and contingency’: The CNDD-FDD 21 Voir par exemple https://twitter.com/CnddFdd/status/1065592609417117696, visité le and its transformation from rebel movement to governing political party in Burundi, Thèse de 25 juillet 2020. doctorat, Université d’Anvers, 2017, p. 229. 22 Voir par exemple https://twitter.com/CnddFdd/status/1030794640713281536, visité le 25 16 Ibidem, p. 250. juillet 2020. 14 Political Chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Burundi 15 Chroniques Politiques de l’Afrique des Grands Lacs 2020 dans le besoin23. Parallèlement à cela, son épouse Angeline Ndayubaha avait Amizero y’abarundi, a présenté Rwasa lui-même. Le Front pour la démocratie lancé et dirigeait une organisation de femmes ex-combattantes et de femmes au Burundi (Frodebu), quant à lui, a préféré aligner Léonce Ngendakumana d’ex-combattants, l’association Femmes Intwari. après un processus de compétition interne entre lui et Nahimana Pierre Claver, Bien que tout semble indiquer que Nkurunziza avait préparé Ndayi- l’actuel président du parti. Comme à son habitude, l’Union pour le progrès shimiye à lui succéder24, certaines sources insinuent qu’il l’aurait choisi mal- national (Uprona), l’ancien parti-État, a présenté le premier vice-président en gré lui.25 Il semblerait que Nkurunziza lui aurait préféré Pascal Nyabenda, fonction, Gaston Sindimwo. Le FNL a présenté son président, Jacques Bi- alors président de l’Assemblée nationale.26 Cependant, le plan de Nkurunziza girimana. Un autre candidat de taille, du moins sur le papier, était Domitien d’adouber Nyabenda se serait heurté à la ferme opposition du cercle des géné- Ndayizeye, ancien animateur de la transition de 2001 à 2005 en qualité de raux.27 Outre le fait étonnant qu’il ne s’est pas retrouvé sur la liste des députés, vice-président (novembre 2001- avril 2003) et président de la République la suite des évènements conforte l’hypothèse d’une histoire de rivalité entre (mai 2003-aout 2005). Ndayizeye a été présenté par une coalition de petits Ndayishimiye et Nyabenda. En effet, alors que, pendant toute la campagne, partis politiques dénommée Kira Burundi. Le candidat inattendu – sa candida- Nkurunziza s’est montré élogieux à l’endroit de Nyabenda, l’homme provi- ture n’a finalement pas duré – était Anicet Niyonkuru, l’un des anciens leaders dentiel du parti au cours de la crise de 201528, c’est curieusement un Nyaben- politiques du Conseil National pour la Restauration de l’accord d’Arusha pour da marginalisé et honni qui se présentera aux élections sénatoriales. Il a dû la paix et la réconciliation au Burundi (CNARED) rentré d’exil à quelques s’incliner devant un candidat du CNL aux élections sénatoriales à Bubanza, mois des élections. Jérémie Ngendakumana, ancien président du CNDD-FDD la province dont il avait été gouverneur de février 2006 à octobre 2010. Un (de février 2007 à mars 2015) avait tenté de rentrer pour se présenter, mais fait d’autant plus étonnant que le parti CNDD-FDD disposait d’une majorité l’ambassade du Burundi en Ouganda lui a dénié un laissez-passer qui lui au- confortable au sein du collège électoral. rait permis d’entrer légalement au Burundi.30 Il semblerait que c’est à lui que Pour conclure, l’existence d’une concurrence entre Ndayishimiye et la coalition Kira Burundi voulait initialement faire appel31, probablement pour Nyabenda ne veut pas dire que le premier a été imposé à Nkurunziza contre mettre à profit sa connaissance intime de la machine CNDD-FDD. son gré. Fin stratège qu’il était et connaissant mieux que quiconque les dyna- miques internes du CNDD-FDD, il aurait eu plusieurs cordes à son arc, soit une option idéale (Nyabenda) et une option alternative (Ndayishimiye).29 2.4. Performances électorales, mise en contexte et leçons à tirer 2.3.2. Autres candidats : plus de plébiscite que de compétition A priori, au regard de la stature et de l’expérience politique des candidats en lice – un ancien président de la République, un ancien président de l’As- Pour ce qui est des partis politiques de l’opposition, peu de surprises semblée nationale, un premier vice-président de la République en fonction, un furent au rendez-vous. Le Congrès national pour la liberté (CNL), parti nou- secrétaire général d’un parti au pouvoir, et un ancien chef rebelle et premier vellement crée par Agathon Rwasa sur les ruines de la coalition indépendante vice-président du Parlement en fonction –, tous les ingrédients étaient réunis pour obtenir théoriquement un scrutin serré. Pourtant, la candidature simul- 23 https://twitter.com/ambrusburundi/status/1049972980082765828, visité le 25 juillet 2020. tanée aux élections législatives de certains des candidats aux élections prési- 24 Sa désignation comme secrétaire général du parti alors qu’il était général de l’armée ne dentielles en dit long sur l’auto-évaluation de ceux-ci quant à leurs chances ressemble pas à une ascension de carrière telle qu’on l’attend. Par ailleurs, les missions que de remporter la présidence. Le tableau ci-dessous présente les candidats à la Nkurunziza lui a confiées, à certaines occasions, auprès de ses homologues sont autant d’indices présidence et leurs performances électorales. qui montrent que Nkurunziza voulait lui renvoyer l’ascenseur après qu’il se soit éclipsé au profit de Nkurunziza, alors que beaucoup voyaient en lui le successeur de Ndayikengurukiye quand ce dernier fut évincé de la direction du mouvement (voir à ce sujet BURIHABWA NTAGAHORAZO, Z., op. cit, p. 239). 25 ISS, op. cit, p. 5. 26 ISS, op. cit., p. 5. 27 BELAUD, C., « Évariste Ndayishimiye, Burundi President-elect Facing Tightrope Act », 17 mai 2020, disponible sur https://www.barrons.com/news/hand-picked-successor-walks- tightrope-in-burundi-poll-01589769905, visité le 18 novembre 2020. 30 MANIRAKIZA, F., « Jérémie Ngendakumana, persona non grata au Burundi ? », Iwacu, 28 https://www.youtube.com/watch?v=nX15ygTaljQ, visité le 28 août 2020. 24 février 2020. 29 Entretien privé avec un ancien ministre du dernier Gouvernement de Nkurunziza, 31 MISAGO, J., « Élections 2020 : un candidat potentiel de la coalition Kira-Burundi empêché 19 avril 2020. de rentrer ? », Iwacu, 25 février 2020. 16 Political Chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Burundi 17 Chroniques Politiques de l’Afrique des Grands Lacs 2020 Tableau : Scores obtenus par les différents candidats à la présidence base et groupes de front (des cellules du parti dans toutes les structures po- litiques, administratives, paraétatiques), il est aussi évident qu’il a bénéficié d’un concours coordonné et déterminant des institutions de défense et de sé- Scores Suffrages obtenus en curité, du système judiciaire, de la CENI et de l’administration. Par exemple, Candidats Casquette politique obtenus valeur absolue en % pendant toute la campagne, une très grande pression a été exercée sur les candidats de l’opposition – plus particulièrement du CNL – qui étaient visés Évariste Ndayishimiye CNDD-FDD 3 082 210 68,7 par des violences gouvernementales, des intimidations et des exécutions ex- trajudiciaires.33 Contrairement à l’Ouganda, pays membre de la Communauté Agathon Rwasa CNL 1 084 788 24,18 de l’Afrique de l’Est au même titre que le Burundi, le Burundi n’avait imposé Gaston Sindimwo UPRONA 73 353 1,63 aucune restriction liée à la COVID-19 – faisant ainsi préjuger de la bonne Domitien Ndayizeye KIRA BURUNDI 24 470 0,54 volonté du Gouvernement burundais à organiser des élections véritablement pluralistes. Pourtant, la veille et le jour des élections, une campagne de rafles Léonce Ngendakumana FRODEBU 21 232 0,47 dirigée contre les observateurs du CNL a été lancée dans plusieurs locali- tés. Plus de deux cents observateurs du CNL auraient été arrêtés.34 De même, Dieudonné Nahimana INDÉPENDANT 18 709 0,41 visiblement dans le but de déstabiliser ce parti, certains des candidats aux Francis Rohero INDÉPENDANT 6 942 0,19 élections législatives se sont vus retirés des listes électorales sur demande du parquet.35 Source : Arrêt RCCB no 387 du 4 juin 2020 Une autre surprise aura été l’entorse aux règles de listes bloquées36, finale- ment corrigée par la Cour constitutionnelle. Toutes ces irrégularités semblent En ce qui concerne les élections législatives, le CNDD-FDD a raflé la mise avoir été préméditées. Le financement des élections par des fonds internes en remportant 86 sièges sur les 123 prévus, suivi par le CNL avec 32 sièges serait en fait une stratégie savamment pensée pour minimiser l’exigence d’un et l’Uprona avec 2 sièges.32 Trois Batwa cooptés complètent la liste. Le Sénat scrutin équitable.37 La pandémie de COVID-19 semble aussi avoir joué un n’a pas non plus échappé à l’escarcelle du CNDD-FDD puisque seulement rôle déterminant : alors que le pays ne traitait pas la pandémie comme un pro- deux sièges à Bubanza et Bururi ont été concédés au CNL et à l’Uprona. Une blème et n’avait jusque-là arrêté aucune mesure préventive, le Gouvernement fois encore, le CNL et l’Uprona n’ont pas gagné parce qu’ils disposaient de la a, dans une note verbale « rappelé » à la Communauté de l’Afrique de l’Est majorité des membres des collèges électoraux. Dans le cas de Bubanza, cette qui avait exprimé l’intention de déployer une mission indépendante d’obser- victoire découle de dynamiques internes au CNDD-FDD : le parti, ou plutôt vation, qu’ une mesure de confinement obligatoire de quatorze jours s’impo- son leadership, avait probablement des comptes à régler avec Nyabenda Pas- saient à ses observateurs.38 Ironiquement, s’ils avaient été déployés le jour de cal, ancien président du CNDD-FDD et président de l’Assemblée nationale. la notification de la directive, ils n’auraient été opérationnels que trois jours Par ailleurs, il est fort possible que le siège concédé à l’Uprona soit le résultat après les élections. Ce faisant, le pouvoir burundais aura trouvé une excuse des stratagèmes destinés à marginaliser le CNL, parti arrivé en tête à Bururi. légitime pour organiser des élections à huis clos. En contrepartie du siège de sénateur à Bururi, l’Uprona a aidé le CNDD- La CENI n’est pas non plus étrangère aux performances exceptionnelles FDD pour faire en sorte qu’aucun des administrateurs des trois communes de du CNDD-FDD. Dans le meilleur des cas, la CENI manquait de capacités Bujumbura mairie ne soit du CNL, bien que ce dernier était numériquement pour gérer le processus électoral ; dans le pire des cas, elle a utilisé son pou- majoritaire. voir pour rendre le processus moins transparent. Par exemple, un voile de La victoire écrasante du CNDD-FDD à tous les niveaux mérite cependant d’être mise en perspective. S’il est vrai que le CNDD-FDD doit sa victoire 33 NANTULYA, P., Post-Nkurunziza Burundi: The rise of Generals, Africa Center for essentiellement à une savante stratégie consistant à quadriller chaque colline Strategic Studies, June 22, 2020, p. 1. du Burundi à travers ses fameux « Inama nshingiro », c’est-à-dire cellule de 34 Ibidem. 35 CDH, op. cit., p. 8. 32 Voir Cour constitutionnelle, Arrêt RCCB 388 du 4 juin 2020, Bujumbura, p. 13. 36 KABURAHE, A., « La CENI contre la Constitution ? », Iwacu, 27 mai 2020. Arrêt disponible sur : https://medialibrary.uantwerpen.be/oldcontent/container49546/ 37 NANTULYA, P., op. cit., p. 1. files/Burundi/Constitution/RCCB388.pdf?_ga=2.182391847.1436336936.1611930242- 38 https://www.hrw.org/fr/news/2020/05/14/un-orage-se-prepare-au-burundi, site consulté le 1958893439.1575965417. 18 septembre 2020. 18 Political Chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Burundi 19 Chroniques Politiques de l’Afrique des Grands Lacs 2020 mystère persiste quant aux raisons pour lesquelles le dépouillement à évident que – moins d’un miracle - la dynamique d’extinction est irréversible. Bujumbura, circonscription plutôt moins favorable au CNDD-FDD, a pris La troisième leçon est que le dédoublement des partis politiques de l’oppo- plus de temps qu’ailleurs. Dans les provinces aussi, les résultats n’ont parfois sition, stratégie utilisée par le régime CNDD-FDD depuis qu’il est en place, pas été communiqués progressivement aux partis politiques, bureau de vote semble ne pas fonctionner. La résilience de la mouvance de Rwasa, et ce en par bureau de vote, faisant planer le doute quant à la fiabilité des résultats dépit de toutes les tracasseries et violences vécues au quotidien, et les piètres proclamés. performances des partis dits ‘nyakuri’, traduisent la capacité des burundais à C’est dans ce contexte que les résultats des élections ont été contes- distinguer la copie de l’originale et leur attachement à un système politique tés par le CNL. Dans sa requête adressée à la Cour constitutionnelle, Aga- multipolaire. thon Rwasa a fustigé « plusieurs graves irrégularités dues essentiellement au manque de liberté des électeurs, au manque d’impartialité et d’indépendance 2.5. Période postélectorale et mise en place des nouveaux de la CENI et de ses démembrements, au bourrage des urnes et aux votes animateurs des institutions 39 répétitifs généralisés » . Certaines de ces irrégularités ont aussi été relevées Avec la victoire du candidat du CNDD-FDD porté à bout de bras par par la mission d’observation de la Conférence Épiscopale du Burundi (CEB), Pierre Nkurunziza, le président sortant, tout semblait promettre une transition mais la Cour constitutionnelle les a balayées d’un revers de la main. sans heurts. Les Burundais se préparaient, en effet, à vivre, pour la première En réalité, la contestation des résultats n’était pas aisée : les résul- fois de leur histoire, l’expérience d’un transfert de pouvoir civilisé d’un pré- tats provisoires proclamés par la CENI – la base principale sur laquelle toute sident élu sortant à un président élu entrant. Cependant, le destin en a décidé contestation devrait être fondée – étaient « un brouillon ». Ces résultats pro- autrement : le président sortant, Pierre Nkurunziza, est décédé le 8 juin, soit visoires seront d’ailleurs retirés du site de la CENI en date du 29 mai 2020 et quatre jours après la confirmation par la Cour constitutionnelle de l’élection déclarés comme ne faisant pas foi, et ce après le délai règlementaire de saisine de son successeur. de la Cour constitutionnelle. Le motif de retrait de ces résultats était qu’ils Son décès a soulevé une question fondamentale : celle de la transition « ne pouvaient être publiés parce qu’ils n’avaient pas été contrôlés, n’avaient durant la période entre ce décès et la date d’entrée en fonction du nouveau 40 pas été visés par les membres du bureau de la CENI » , un argument peu président élu.41 Deux opinions s’opposaient : l’une estimant que le président convaincant, car ce sont ces mêmes résultats qui avaient été communiqués du Parlement devait assurer l’intérim42 et l’autre penchant plutôt pour avancer aux candidats et aux autres partenaires du processus électoral par Pierre Cla- la prestation de serment du président élu. ver Kazihise, président de la CENI, au cours de la séance de proclamation Pour trancher la question, le Gouvernement a demandé à la Cour constitu- provisoire des résultats à laquelle ont participé les grands ténors de la classe tionnelle (1) de constater la vacance du poste de président de la République, et politique burundaise, les concurrents aux élections, et les diplomates accrédi- (2) d’indiquer les modalités de pourvoi de ce poste.43 Finalement, constatant tés à Bujumbura. que « la volonté du constituant était de combler le vide du pouvoir entre la Les élections de 2020 auront mis en évidence deux réalités. D’une mort du président en exercice et l’entrée en fonction du président de la Ré- part, les Burundais dans leur majorité font confiance – il n’est pas clair si c’est publique élu… et que l’intérimaire n’est pas désigné pour terminer le mandat par pragmatisme, résignation ou conviction – aux partis politiques associés à en cours, mais pour organiser les élections d’un nouveau président… »,44 la la lutte armée, le CNDD-FDD et le CNL. À eux seuls, ils mobilisent 92,9 % Cour a jugé que « l’intérim n’est pas nécessaire » et a ordonné de procéder le de votes exprimés. D’autre part, la perte de vitesse des partis traditionnels, l’Uprona et le Frodebu, semble confirmer une reconfiguration – déjà prévi- 41 https://www.dw.com/fr/lincertitude-au-burundi-apr%C3%A8s-la-mort-de-pierre- sible depuis les élections de 2010 – du paysage politique burundais. Si le parti nkurunziza/a-53779321, consulté le 18 septembre 2020. Uprona a pu tirer son épingle du jeu avec un député élu en mairie de Bujumbu- 42 https://www.lepoint.fr/monde/stupeur-et-inquietude-au-burundi-apres-la-mort-du- ra et un autre coopté à Muramvya, ainsi qu’un siège de sénateur à Bururi, il est president-nkurunziza-10-06-2020-2379315_24.php#, consulté le 19 septembre 2020. 43 https://medialibrary.uantwerpen.be/oldcontent/container49546/files/Burundi/Constitution/ RCCB393.pdf?_ga=2.62644844.1169453464.1610118895-1915035927.1570630940, consulté 39 https://www.dw.com/fr/pr%C3%A9sidentielle-au-burundi-agathon-rwasa- le 14 décembre 2020. d%C3%A9nonce-des-irr%C3%A9gularit%C3%A9s/a-53529501, site consulté le 18 septembre 44 Cour constitutionnelle, Arrêt RCCB 393 du 12 juin 2020, p.3. Arrêt disponible : https:// 2020. medialibrary.uantwerpen.be/oldcontent/container49546/files/Burundi/Constitution/RCCB393. 40 CROS, M.-F., « Burundi : la Commission électorale retire ses résultats, trop peu crédibles », pdf?_ga=2.121966987.1436336936.1611930242-1958893439.1575965417, visité le 28 La Libre Afrique, 29 mai 2020. décembre 2020. 20 Political Chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Burundi 21 Chroniques Politiques de l’Afrique des Grands Lacs 2020 plus rapidement possible à la prestation de serment du président élu, Évariste On note également que le duo Ndayishimiye-Bunyoni a reconduit cinq Ndayishimiye.45 Ce qui fut fait le 18 juin 2020. ministres du dernier Gouvernement Nkurunziza : Deo Guide Rurema (Agri- Les premières décisions de Ndayishimiye, notamment les premières no- culture), Thadée Ndikumana (Santé), Domitien Ndihokubwayo (Finances), minations, ont prouvé à quel point le nouveau président entendait marcher Gaspard Banyinkimbona (Éducation nationale) et Ezéchiel Nibigira (Affaires dans les pas de son prédécesseur.46 La primature, un poste qui n’avait pas est-africaines & Jeunesse). Au niveau de la stratégie, le couple de l’exécutif existé depuis plus de 20 ans et une innovation introduite par la Constitution a aussi reproduit la pratique initiée par Nkurunziza au plus fort de la crise de du 7 juin 2018, est revenue à un homme du sérail et d’expérience, Alain-Guil- 2015, consistant à confier le ministère de la Défense à un civil, membre ou laume Bunyoni, le général le plus gradé du Burundi au moment de la nomi- proche du CNDD-FDD. nation. S’agissant de l’administration provinciale, sur les dix-huit provinces, cinq Alain-Guillaume Bunyoni est un acteur majeur du Burundi post-Arusha. ont été confiées à des militaires et policiers, dont deux appartenaient à l’an- Deux fois ministre de la Sécurité publique, il a aussi été, tour à tour, chef cienne Force de défense nationale (FDN). Il s’agit des provinces de Bujumbu- du cabinet civil du président de la République, directeur général de la police ra mairie, Kayanza, Bururi, Cibitoke et Mwaro. Ceci semble répondre à une nationale et secrétaire permanent du Conseil national de sécurité. À travers double logique : une logique de préservation du régime et une logique sécuri- cette nomination, outre que le président aurait voulu s’entourer d’un homme taire. Les provinces ayant été confiées à des hommes en uniforme sont soit des de poigne et d’expérience, une certaine opinion pense que le président n’avait provinces frontalières avec le Rwanda et/ou la RDC – des provinces ayant, pas beaucoup de choix. Il semble que c’était là le prix de l’unité du parti après dans un passé récent, été les cibles de groupes armés – soit des provinces dans le décès de Nkurunziza, qui était le véritable trait d’union entre les différents lesquelles le parti au pouvoir a été battu (Bujumbura mairie et Bururi) ou a eu courants du parti et le régulateur des ambitions des uns et des autres. 47 de la peine à s’imposer (Mwaro). Quant à la vice-présidence, elle a été confiée à Prosper Bazombanza, an- Au-delà de ces calculs stratégiques, la nomination de militaires à des cien premier vice-président de la République de février 2014 à août 2015 et postes à responsabilités risque de devenir la nouvelle norme. Non seulement gouverneur de la province de Mwaro entre juin 2002 et septembre 2005. Au les officiers issus du CNDD-FDD commencent à se rapprocher inexorable- moment de sa nomination, il était, depuis décembre 2017, le secrétaire général ment de la retraite, avec la misère qui l’accompagne dans le contexte burun- de l’Agence de Régulation et de Contrôle des Assurances (ARCA). dais où l’allocation de pension n’est pas indexée au coût réel de la vie, mais Le Gouvernement mis en place le 28 juin 2020 diffère fondamentale- la plupart des officiers de la première heure du CNDD-FDD ont également ment des gouvernements précédents sur plusieurs critères. Il se démarque, acquis des grades élevés dans les corps de défense et de sécurité. Ceci a accru entre autres, par son caractère restreint. Alors que le Gouvernement précédent le nombre de prétendants aux postes stratégiques dans ces corps, alors que comptait 21 membres, le Gouvernement Bunyoni comprend 15 membres. l’offre ne peut suivre le même rythme. Pour éviter un mécontentement qui ris- En termes d’équilibre régional/provincial, à l’exception de la province de querait d’entamer la cohésion interne, il ne lui reste que l’option de les caser Karuzi, le bastion du CNDD-FDD qui a eu droit à deux portefeuilles (l’Édu- dans des postes politiques. cation et les Affaires étrangères), les autres provinces ont chacune un ministre. En ce qui concerne le pouvoir législatif, la présidence de la chambre basse Enfin, s’il est vrai que le parti arrivé second aux dernières élections n’a du Parlement a été confiée à Gélase Ndabirabe, ancien officier du CNDD- pas été associé à l’exécutif, le Gouvernement reste globalement inclusif dans FDD et un parlementaire à la grande longévité. Il a été sénateur (2010-2015) la mesure où un tiers des membres est composé d’individus qui ne sont pas et député (2015-2020) élu en province Kayanza, dans le nord du pays. La officiellement associés au CNDD-FDD : deux membres de la société civile, direction du Sénat est assurée par Emmanuel Sinzohagera, ancien membre de deux magistrats de carrière et un président d’un petit parti politique, PIE- la direction nationale du parti et sénateur élu en province de Bujumbura rural. BU. L’histoire retiendra par ailleurs que c’est sous la présidence d’Évariste Que ce soit à la chambre basse comme à la chambre haute du Parlement, Ndayishimiye qu’une personnalité de l’ethnie Twa, une femme de surcroît, il est intéressant de noter que la deuxième force du Parlement, le CNL de Imelde Sabushimike, obtient pour la première fois la gestion d’un portefeuille Rwasa, n’a pas été représentée. Cette situation serait due à l’intransigeance ministériel. de son leader ; Rwasa aurait voulu représenter lui-même son parti au bureau de l’Assemblée nationale, alors que le CNDD-FDD exigeait que ce soit une 48 45 Ibidem, p. 4. femme tutsie . Ce bras de fer a finalement profité à l’Uprona qui a obtenu un 46 IDHB, Mainmise sur l’avenir du Burundi, décembre 2020, p. 20. 47 Ibidem, p. 21. 48 MISAGO, J., « Élection du bureau de l’Assemblée nationale : la 2e force politique du pays 22 Political Chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Burundi 23 Chroniques Politiques de l’Afrique des Grands Lacs 2020 poste de deuxième vice-président du Parlement, en la personne de son pré- CNDD-FDD.51 sident, Abel Gashatsi. Le capital sympathie qui lui a été crédité, surtout par la société civile52, Les débuts du pouvoir de Ndayishimiye sont aussi caractérisés par n’était pas forcément à son avantage. Le revers de la médaille étant le risque un certain renouvellement de la classe dirigeante. Les anciennes figures em- de l’exposer à la méfiance de certains de ses partenaires au sein du système. blématiques du parti qui avaient occupé une place de premier rang depuis un Tout le combat de Ndayishimiye, on le comprenait à travers les ambiguïtés de certain temps se sont vues reléguées au second plan au profit de personnes son discours d’investiture, était de confirmer son profil d’homme de dialogue, moins connues, mais qui disposent d’une assise locale évidente pour résider tout en rassurant la principale base de soutien du régime, c’est-à-dire la puis- sur les collines/villages du fin fond du pays. Par exemple, les personnalités sante ligue des jeunes et l’appareil sécuritaire de l’État, dont certains membres telles que Bénigne Rurahinda (épouse de feu Adolphe Nshimirimana), Jéré- parmi les plus en vue sont régulièrement épinglés par les rapports des orga- mie Kekenwa, Gabriel Ntisezerana, Mo-Mamo Karerwa, le très redouté Jean nisations de défense des droits de l’homme. Dans cet exercice pour le moins Baptiste Nzigamasabo (surnomé Gihahe), Alexis Barekebavuge, Mwidogo compliqué, l’on sentait d’un côté un président qui avait à cœur de rassurer les Persille, la plupart des gouverneurs sortants, les dirigeants du parti aux ni- exilés et les réfugiés qu’il invitait à regagner le pays pour le reconstruire et veaux provincial et national, la plupart des responsables provinciaux du parti qui souhaitait promouvoir une culture des droits de l’homme et de dialogue et la plupart des ministres ne se retrouvent pas parmi les députés et sénateurs. permanent – promettant au passage un État qui se soucie de ses enfants tel L’entourage immédiat de Ndayishimiye est quant à lui composé essen- un père de famille.53 Mais d’un autre côté, il se métamorphosait, stigmatisant tiellement des figures des derniers gouvernements Nkurunziza, par exemple les marionnettes des pouvoirs étrangers, les « ibito bitabwa iwabo », pour l’ancienne ministre de la Justice qui est devenue son chef de cabinet adjoint, reprendre sa propre formule, c’est-à-dire les enfants prodigues que la famille l’ancien ministre de l’Intérieur et l’ancienne ministre de la Jeunesse, respec- se doit malgré tout d’accepter.54 Le discours de Ndayishimiye a, semble-t-il, tivement chef de bureau chargé des questions juridiques et de gouvernance rassuré certains réfugiés en Tanzanie et au Rwanda.55 Dès le 26 juillet 2020, et du bureau politique et socioculturel. Par ailleurs, d’autres membres de la soit quelques jours après son investiture, des centaines de réfugiés du camp garde rapprochée de Nkurunziza ont été maintenus, jusqu’à l’heure où nous de Mahama, au Rwanda, adressaient une pétition au président burundais afin écrivons ces lignes, à leurs fonctions. Tel est le cas pour Gabriel Nizigama, qu’il facilite leur retour au pays.56 le chef de cabinet civil, Willy Nyamitwe, le porte-parole du président et son adjoint, ainsi que le chef du protocole d’État. 2.6.4. Rupture et continuité Afin de joindre le geste à la parole, aussitôt élu, Ndayishimiye a initié une 2.6. Gouvernance : le style Ndayishimiye et ses priorités série de consultations avec les leaders politiques – il avait promis dans son discours d’investiture que le travail et le dialogue permanent iraient toujours 2.6.3. L’homme et son discours : une ambiguïté stratégique de pair. En recevant les anciens présidents, Domitien Ndayizeye et Sylvestre 57 Ndayishimiye a, en réalité, hérité d’un pays profondément polarisé à l’in- Ntibantunganya , il a dévoilé une image à laquelle les Burundais n’avaient terne et marginalisé à l’échelle régionale et internationale.49 Cependant, lors 51 de sa désignation par le congrès du CNDD-FDD le 26 janvier 2020, il par- STUBBS, T., et ABBOTT, P., « Burundi elections: what’s at stake and what to expect », The Conversation, 30 avril 2020. tait avec un a priori plutôt favorable étant donné que la plupart des analystes 52 Voir par exemple : https://www.youtube.com/watch?v=d0wXMlNh36s, consulté le le présentaient comme le plus modéré du parti.50 La prudence restait néan- 30 décembre 2020. moins de mise ; on s’imaginait qu’il s’emploierait à renforcer l’hégémonie du 53 https://www.youtube.com/watch?v=qxxlQ7h0uAI, consulté le 18 décembre 2020. 54 Ibidem. 55 BULONZA, E., « “Nous avons fui le 3e mandat, la crise politique n’est pas là”, le message des réfugiés burundais à Évariste Ndahishimiye », Le nouvel Afrik.com, le 5 août 2020. écartée », Iwacu, 17 août 2020. Disponible sur https://www.afrik.com/nous-avons-fui-le-3e-mandat-la-crise-politique-n-est- 49 GUICHAOUA, A., « Nkurunziza left a troubling legacy: Burundi’s new leader has much pas-la-le-message-des-refugies-burundais-a-Évariste-ndahishimiye, consulté le 25 août 2020. to mend », The Conversation, 18 juin 2020. Disponible sur : https://theconversation.com/ 56 KWIZERA, E., « Une lettre des réfugiés de Mahama implore la miséricorde du président nkurunziza-left-a-troubling-legacy-burundis-new-leader-has-much-to-mend-140972, consulté Ndayishimiye ? », Iwacu, 4 août 2020. Disponible sur : https://www.iwacu-burundi.org/une- le 20 juin 2020. lettre-des-refugies-de-mahama-implore-la-misericorde-du-president-ndayishimiye/, consulté 50 https://www.voaafrique.com/a/Évariste-ndayishimiye-le-nouveau-visage-du- le 8 août 2020. r%C3%A9gime-burundais/5261653.html, visité le 30 mars 2020. 57 https://twitter.com/NtareHouse/status/1287736625053794304, consulté le 28 décembre 24 Political Chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Burundi 25 Chroniques Politiques de l’Afrique des Grands Lacs 2020 pas été habitués depuis de nombreuses années. tratives où les quotas de genre ne sont pas exigés par la Constitution, telles De même, le pays a renoué le dialogue avec l’Église catholique, avec que les administrations provinciales et collinaires : les femmes y occuperaient laquelle les relations s’étaient progressivement distendues durant les années entre 12 et 18 % des postes.60 Nkurunziza. S’il y a un réel changement d’approche au niveau des relations entre le pouvoir politique et l’Église catholique, il y a aussi une certaine conti- 2.6.5. Réformes administratives nuité en ce sens que la confusion entre religion et État, devenue prégnante de- Alors que le rapport entre les gouverneurs de province et les administra- 58 puis l’accession du CNDD-FDD au pouvoir , demeure intacte. Des croisades tions communales n’était pas clair, une nouvelle réglementation a clarifié et auxquelles participent tous les dignitaires se tiennent avec la régularité d’an- renforcé le pouvoir des gouverneurs. Un décret portant organisation du fonc- tan et Ndayishimiye fait le tour des différentes paroisses du pays pratiquement tionnement de l’administration provinciale confie au gouverneur le pouvoir tous les dimanches. de tutelle sur les communes. En outre, le cabinet du gouverneur se dote d’un Par ailleurs, la pratique des conférences publiques, durant lesquelles chef de cabinet et d’un conseil provincial composé de deux représentants par les journalistes et les citoyens ordinaires posent des questions au président de commune. la République a été maintenue : en l’espace de six mois, Ndayishimiye s’est Dans un contexte où la primature est occupée par une personnalité présen- prêté à l’exercice à deux reprises déjà – les 25 septembre et 30 décembre 2020. tée comme ayant le génie d’élargir ses pouvoirs61, on sent aussi le besoin du Ces conférences publiques sont même plus formalisées : un département dé- président de ne pas voir la présidence devenir une coquille vide à la suite des dié aux émissions publiques est désormais prévu par le décret qui réorganise innovations instaurées par la Constitution du 7 juin 2018 instituant le poste de 59 les services de la présidence. Premier ministre. L’une de ses premières initiatives fut la révision du décret Tandis que le Gouvernement précédent entretenait une logique de no 100/141 du 25 août 2008 qui organise les services de la présidence. Au déni par rapport à la menace que représentait la pandémie de COVID-19, terme de la nouvelle révision, le secrétariat général d’État relève de la prési- Ndayishimiye a mis en œuvre, dès les premiers jours de son mandat, une cam- dence de la République, tout comme l’Inspection Générale de l’État (IGE), le pagne dénommée « Ndakira, sinanduza kandi sinandura », c’est-à-dire « Je Burundi Backborn (sic) System (BBS), la Banque de la République, l’Agence guéris, je ne contamine personne et je suis à l’abri du virus ». Cette campagne de Contrôle des Télécommunications (ARCT) et l’Agence de Promotion des incluait, entre autres stratégies, un dépistage massif, des soins gratuits et la Investissements.62 En faisant en sorte que le secrétariat général du Gouver- fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes. Cette stratégie face nement devienne le secrétariat général d’État et en s’assurant qu’il relève de à la COVID-19 a visiblement fonctionné : elle aura permis de maitriser la pre- la présidence – à l’instar des technostructures œuvrant dans le domaine de la mière vague de la pandémie et, ainsi, d’épargner les institutions hospitalières lutte contre la corruption et de la politique monétaire –, le décret met claire- d’une pression qu’elles n’avaient pas les capacités matérielles de supporter. ment en évidence la volonté du président de ne pas se dessaisir des dossiers Enfin, les premiers signaux envoyés par le président Ndayishimiye importants, y compris les affaires gouvernementales. Le souci de ne rien lais- ne semblent pas laisser entrevoir une « démasculinisation » des postes stra- ser lui échapper est peut-être aussi à l’origine du cumul des fonctions de se- tégiques de responsabilité. En effet, la Cour constitutionnelle ne compte plus crétaire général du parti au pouvoir et de président de la République, et ce au qu’une femme sur sept, la même situation est constatée au niveau des chefs de bout de six mois à la présidence. bureau à la primature (un sur sept seulement est une femme) et seul un bureau spécialisé sur 5 à la présidence a été confié à une femme. La prédominance 3. DROITS DE L’HOMME ET SÉCURITÉ de la gent masculine serait tout aussi nette au niveau des instances adminis- On ne peut évoquer la situation des droits de l’homme ayant prévalu en 2020 sans faire le distinguo entre deux phases : l’avant et l’après-élection. 2020. 58 VANDEGINSTE, S., « Burundi », in MEHLER, A., MELBER, H., et VAN WALRAVEN (eds.), Africa Yearbook, Vol 13, 2016. Disponible sur http://dx.doi.org/10.1163/1872-9037_ 60 CDH, Rapport de la Commission d’enquête sur le Burundi, 2020, p. 11. Ledit rapport est ayb_ayb2016_COM_0030. disponible sur https://undocs.org/fr/A/HRC/45/32, consulté le 29 décembre 2020. 59 Voir article 57 du Décret no 100/141 du 25 août 2008 portant réorganisation des services 61 IDHB, op. cit., p. 26. de la présidence de la République du Burundi. Le décret est disponible sur : https://www. 62 Voir article 62 du décret no 100/063 du 22 septembre 2020 portant révision du décret no presidence.gov.bi/wp-content/uploads/2020/10/Decret-portant-Reorganisation-des-services- 100/141 du 25 août 2008 portant réorganisation des services de la présidence de la République de-la-Presidence.pdf. du Burundi. Le décret est disponible sur https://www.presidence.gov.bi/wp-content/ uploads/2020/10/Decret-portant-Reorganisation-des-services-de-la-Presidence.pdf. 26 Political Chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Burundi 27 Chroniques Politiques de l’Afrique des Grands Lacs 2020 En effet, la plupart des violations documentées sont liées aux élections de transmission de Pontien Gaciyubwenge (ministre de la Défense de 2010 à mai 2020. 2015), en détention préventive depuis 2015, est détenu arbitrairement.70 Selon Human Rights Watch, « pendant toute la période préélectorale, Toutefois, il s’avère que l’après-élection a connu une relative em- des membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir, des responsables de bellie en ce qui concerne les droits de l’homme.71 Les disparitions forcées l’administration et des membres des forces de sécurité de l’État se sont rendus suivies généralement de la découverte de cadavres dans des endroits reculés responsables d’abus généralisés dans une impunité quasi totale. Les meurtres, sont de moins en moins fréquentes. Au sein des autorités locales et Imbone- les disparitions forcées, les arrestations arbitraires, les passages à tabac, les rakure, certaines personnes qui se rendent coupables de violation des droits de extorsions et les intimidations, notamment à l’encontre des personnes perçues l’homme sont sanctionnées.72 comme étant opposées au parti au pouvoir, ont persisté ».63 Plus de 420 mili- De même, des incidents sécuritaires emportant des vies humaines ont été tants du parti de Agathon Rwasa, le CNL, auraient été emprisonnés.64 rapportés. Entre le 19 et le 23 février 2020, des groupes armés ont opéré dans Par ailleurs, en février 2020, lors d’un épisode qui a été considéré Bujumbura rural. Leur confrontation avec les forces de défense et de sécurité comme « une offensive contre la liberté d’expression à quelques mois des a fait plusieurs victimes, dont 22 parmi les éléments du groupe armé et 2 poli- élections prévues pour cette année dans le pays »65 ou « un nouvel avertisse- ciers, alors que 6 des éléments armés ont été capturés.73 De fin août à mi-sep- ment pour les derniers journalistes burundais tentant de faire leur travail »66, tembre, des incursions ont été rapportées dans le Sud du pays à Rumonge, quatre journalistes du journal Iwacu – Christine Kamikazi, Agnès Ndirubu- Bururi et sur une partie de Bujumbura rural. Ces attaques ont été revendiquées sa, Égide Harerimana et Térence Mpozenzi – ont été condamnés à une peine par le groupe rebelle Red Tabara.74 Red Tabara faisait état d’un bilan de près principale de deux ans et demi de prison ferme assortie d’une amende d’un de 28 militaires tués et 40 blessés du côté des Forces de Défense et de Sécurité million de francs burundais, soit environ cinq cents euros, pour avoir tenté (FDS) et près d’une vingtaine de rebelles tués.75 Ce bilan est à prendre avec de se rendre sur un site où, la veille, des combats auraient opposé un groupe des pincettes, tant la communication sur les victimes ennemies est toujours un d’hommes armés à des forces régulières.67 Après les avoir initialement incul- enjeu de communication pour les belligérants. pés pour complicité à l’atteinte de la sécurité intérieure, un crime passible de Ces attaques sont intervenues au moment où le parti au pouvoir, le 25 ans de prison ferme, le tribunal a finalement retenu la « tentative impos- CNDD-FDD, sous l’impulsion du chef de l’État, semblait s’être engagé dans sible de complicité d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État ».68 En marge des une logique visant à discipliner davantage sa ligue des jeunes.76 Il est possible fêtes de Nouvel An, les quatre journalistes ont finalement pu bénéficier de la que ces attaques – survenues juste après que le mot d’ordre de modération a grâce présidentielle.69 été relayé aux Imbonerakure à la base – aient été menées dans le but de pous- Une autre violation courante des droits de l’homme est la détention ser le régime à l’erreur et de saper le début de sympathie que la communauté arbitraire. Le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire internationale commençait à lui témoigner. Ceci est d’autant plus plausible a adopté un avis selon lequel Alexis Sebahene, militaire et ancien agent de que, partout où les attaques ont été rapportées, les jeunes Imbonerakure ou les autorités à la base étaient des cibles privilégiées.77

63 https://www.hrw.org/fr/world-report/2021/country-chapters/377285, consulté le 29 décembre 2020. 70 CDH/GROUPE DE TRAVAIL SUR LA DÉTENTION ARBITRAIRE, Avis no 25/2020 64 MBAZUMUTIMA, A., « Plus 423 militants du CNL emprisonnés au cours de cette période concernant Alexis Sebahene (Burundi), 1er mai 2020, opinion disponible sur https://www.ohchr. électorale », Iwacu, 28 mai 2020. Disponible sur https://www.iwacu-burundi.org/plus-423- org/Documents/Issues/Detention/Opinions/Session87/A_HRC_WGAD__2020_25_Advance_ militants-du-cnl-emprisonnes-au-cours-de-cette-periode-electorale/, consulté le 30 mai 2020. Edited_Version.pdf, consulté le 29 décembre 2020. 65 https://www.hrw.org/fr/news/2020/02/04/burundi-des-journalistes-condamnes-lissue-dun- 71 IDHB, op.cit., pp. 47-48. proces-entache-dirregularites, consulté le 29 décembre 2020. 72 Voir à ce sujet : https://www.rfi.fr/fr/afrique/20200721-burundi-arrestation-officiels- 66 https://www.fidh.org/fr/themes/defenseurs-des-droits-humains/burundi-quatre- commune-kayogoro-rancons-travailleurs-saisonniers, site visité le 18 septembre 2020 ; journalistes-lourdement-condamnes-pour-avoir-tente-de, consulté le 29 décembre 2020. MISAGO, J., « Kayogoro : 10 jeunes présumés Imbonerakure et le chef de zone Bigina 67 https://www.hrw.org/fr/news/2020/02/04/burundi-des-journalistes-condamnes-lissue-dun- arrêtés », Iwacu, 18 juillet 2020. proces-entache-dirregularites, consulté le 29 décembre 2020. 73 IDHB, op. cit, p. 48. 68 https://medialibrary.uantwerpen.be/files/4739/f9431b78-7f7f-4124-b0f4-d63127ab1a4c. 74 Idem, pp. 54-56. pdf?_ga=2.72112915.1436336936.1611930242-1958893439.1575965417, visité le 75 https://afrique.lalibre.be/54110/burundi-les-rebelles-de-red-tabara-revendiquent-une- 30 décembre 2020. serie-dattaques-ayant-40-victimes/. 69 https://www.presidence.gov.bi/2020/12/24/les-journalistes-diwacu-gracies-par-le- 76 IDHB, op. cit., pp. 48-49. president-de-la-republique/, consulté le 29 décembre 2020. 77 Idem, p. 56-57. 28 Political Chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Burundi 29 Chroniques Politiques de l’Afrique des Grands Lacs 2020 ment. S’il est vrai que Paul Kagame, le président rwandais, avait clairement exprimé, à l’occasion d’une conférence de presse, son souhait de normaliser ses liens avec le Burundi81, le Burundi avait rétorqué – dans un discours en 4. DIPLOMATIE toute vraisemblance destiné au Rwanda – que le Burundi voulait engager de Dans une large mesure, le volet diplomatique a été marqué par le chan- bonnes relations avec tout le monde, mais pas avec les hypocrites qui veulent 82 gement de cap insufflé par Ndayishimiye depuis le début de son mandat. Par lui tendre des pièges. exemple, les ambassadeurs européens qui avaient été boudés par le pouvoir 5. JUSTICE (TRANSITIONNELLE) Nkurunziza sont désormais redevenus les habitués au palais présidentiel.78 Au-delà de la simple forme, on perçoit une volonté de changer les choses. Sur le site du Gouvernement, on apprend que « [le] Burundi et l’Union eu- 5.1. Contexte ropéenne ont renoué le dialogue au plus haut niveau ce lundi 7 décembre, La Commission Vérité et Réconciliation (CVR), la pièce maitresse du par une audience que le Chef de l’État Évariste Ndayishimiye a accordée, au mécanisme de la justice transitionnelle au Burundi, mène son travail dans un Palais Ntare Rushatsi, au Représentant de l’Union européenne au Burundi en environnement qui ne lui est pas favorable, tant la méfiance de la part d’une compagnie des ambassadeurs des pays membres de l’Union européenne ayant partie de la population – les opposants au régime du CNDD-FDD et une partie leur résidence à Bujumbura, faisant renaître l’espoir de la normalisation des de la société civile83 notamment – est à son comble. relations entre le Burundi et l’Union européenne après cinq ans de mésentente Une certaine opinion, puisant peut-être sa méfiance dans le fait que cer- sur un certain nombre de points ». Les chefs de mission de l’UE, abondant tains des commissaires – dont le président de la CVR et ancien président de la dans le même sens, reconnaissent « un climat de confiance retrouvé, de res- CENI – ont, dans un passé récent, joué un rôle clé dans les élections passées, pect mutuel, de dialogue politique et de partage des valeurs [qui] se tradui- a considéré que le travail de la CVR s’inscrivait dans un objectif plus élec- ra le plus rapidement possible, sur base d’engagements réciproques, par une toraliste que de réconciliation.84 D’après ce point de vue, les recherches sont normalisation graduelle et complète des relations entre le Burundi et l’Union orientées vers les victimes hutu constituant la majorité des électeurs. La CVR 79 européenne ». se défend face à des accusations insistantes d’être biaisée.85 Cette reprise du dialogue procède d’une évaluation positive de l’évolution de la situation par plusieurs partenaires qui ont, en conséquence, commencé à 5.2. Évolutions en 2020 prendre des mesures politiques fortes. À titre d’illustration, le Conseil de sé- curité a retiré le Burundi de son agenda politique. Cette mesure a été qualifiée L’année 2020 a vu l’amplification des activités de la Commission. d’historique et de grande victoire pour le Burundi par le ministère des Affaires Durant le premier trimestre de 2020, le gros du travail concernait essentielle- étrangères et de la Coopération au développement. La Francophonie a aussi ment la période 1972, avec notamment l’excavation des restes de 7348 vic- times à Karuzi, de 1951 victimes près de la station IRAZ à Giheta (Gitega) et levé, fin 2020, les sanctions qui étaient en vigueur contre le Burundi. 86 Une dynamique de détente semble aussi engagée au niveau des relations de 901 victimes à Nyabunyovu (Giheta). Les recherches se sont notamment avec le Rwanda, pays avec lequel le Burundi entretient des relations diplo- matiques tumultueuses depuis 2015. En effet, des consultations d’importance 81 Idem. 82 MANIRAKIZA, M., « Jeu de passe-passe entre Gitega et Kigali », Iwacu, 12 septembre 2020. diplomatique mineure entre leurs services respectifs de renseignement mili- Disponible sur https://iwacu.global.ssl.fastly.net/jeu-de-passe-passe-entre-gitega-et-kigali/. taires, en date du 26 août 2020, ont débouché sur une rencontre de haut niveau 83 Voir par exemple https://www.dw.com/fr/https-wwwdwcom-fr-burundi-le-pouvoir- entre les ministres des Affaires étrangères au poste frontière de Nemba, le accus%C3%A9-dinstrumentaliser-le-massacre-des-hutus-a-52541859/a-52541859, visité le 20 octobre 2020. L’initiative de la réunion aurait été prise par le Burundi80, 15 septembre 2020. 84 alors que personne ne s’attendait à un tel retournement de situation si rapide- Voir à ce sujet : RUGIRIRIZA, E., « Burundi : les exhumations de la Commission vérité prises dans le jeu électoral », Justice.info, 3 avril 2020 ; https://www.dw.com/fr/https- wwwdwcom-fr-burundi-le-pouvoir-accus%C3%A9-dinstrumentaliser-le-massacre-des-hutus- 78 http://abpinfos.com/le-chef-de-letat-a-recu-en-audiences-les-eveques-et-des-diplomates. a-52541859/a-52541859, site visité le 15 septembre 2020. 79 https://twitter.com/NtareHouse/status/1346310364133281792/photo/1. 85 RUGIRIRIZA, E., op. cit. 80 KAZE, K., « Rwanda-Burundi : l’espoir de normalisation de retour », Jeune Afrique, 86 CVR, Rapport d’étape exercice 2020, Bujumbura, décembre 2020, p. 38. Rapport 22 octobre 2020. Disponible sur https://www.jeuneafrique.com/1061153/politique/rwanda- disponible sur https://medialibrary.uantwerpen.be/files/4739/a41f625a-ea27-468e-8f08- burundi-lespoir-de-normalisation-de-retour/, visité le 1er novembre 2020. 65c968f55372.pdf?_ga=2.185081257.1436336936.1611930242-1958893439.1575965417, 30 Political Chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Burundi 31 Chroniques Politiques de l’Afrique des Grands Lacs 2020 focalisées sur les provinces du centre du Burundi (Gitega et Karuzi), mais date de naissance de Buyoya est inexacte, l’une des indications du rôle de l’un aussi du Sud du pays comme Rumonge et Makamba. des accusés, Alfred Nkurunziza, est qu’il aurait été gratifié d’un poste minis- Le dossier lié à l’assassinat de Melchior Ndadaye – premier président tériel sous Ntibantunganya pour pouvoir poursuivre le coup d’État amorcé démocratiquement élu le 1er juin 1993 et assassiné le 21 octobre 1993 – a aussi en 1993, alors qu’en réalité, l’intéressé n’a jamais été ministre de la Défense connu un nouveau développement, mais en dehors des mécanismes de la jus- sous Ntibantunganya, mais plutôt sous Buyoya II. Il faut toutefois reconnaître tice transitionnelle. Le 19 octobre 2020, la chambre judiciaire de la Cour su- que le travail du ministère public n’était pas aisé, car, dans l’hypothèse où les prême a rendu son verdict en première instance. Sur les vingt prévenus, seize accusés se seraient effectivement rendus coupables des faits leur reprochés, ils ont été condamnés, dont treize par contumace, y compris l’ancien président ont eu amplement le temps d’effacer les preuves de culpabilité au regard des Pierre Buyoya, pour crimes d’attentat contre le chef de l’État, d’attentat contre fonctions qu’ils ont eu à assumer. l’autorité de l’État et d’attentat tendant à porter massacre et dévastation. Ils ont écopé d’une servitude pénale à perpétuité, assortie d’une condamnation 6. ÉCONOMIE : DEUX TENDANCES FORTES à payer, in solidum, à titre de dédommagement moral et matériel, plus de Sur le chapitre économique, deux tendances fortes se dégagent. La pre- 102 milliards de francs burundais. Trois autres prévenus ont été condamnés à mière se rapporte à la persistance des effets de la crise politique de 2015, qui vingt ans de prison pour complicité d’attentat contre le chef de l’État, compli- s’est trop vite muée également en une crise économique.90 S’il y a un domaine cité d’attentat contre l’autorité de l’État et complicité d’attentat tendant à por- spécifique qui résume, à lui seul, les dommages causés par la crise de 2015, ter massacre et dévastation. Un prévenu, l’ancien Premier ministre sous Nti- c’est sans nul doute la gestion des devises, visiblement devenue un véritable 87 bantunganya, Antoine Nduwayo, a été relaxé. Parmi les accusés se trouvent casse-tête pour le Gouvernement. Tout a été tenté : l’encaissement des trans- 6 civils, tous d’anciens dignitaires de l’ancien parti unique Uprona. ferts internationaux en monnaie locale, l’exigence de faire payer tous les biens Dans une déclaration du 19 octobre 2020, les accusés ont parlé d’un et services au Burundi en monnaie locale91, l’hébergement des comptes de « forfait […] trahissant l’intention du Gouvernement d’exproprier les anciens toute personne morale à la banque centrale92, l’instruction d’aligner les taux dirigeants de tous les biens en vue de se les approprier […] visant à frapper les de change des bureaux de change à celui de la banque centrale, et enfin, la fer- 88 esprits ». Ils parleront par ailleurs de procès purement politique, qui viole les meture des bureaux de change.93 Cette dernière mesure – très radicale, il faut principes d’un procès équitable, l’accord d’Arusha pour la paix et la réconci- le reconnaître – était en fait prévisible, tant la mise en œuvre de l’injonction 89 liation, et les principes et les procédures qui fondent le droit burundais. La donnée aux propriétaires des bureaux de change d’appliquer le taux officiel première conséquence de ce procès a été la démission de Pierre Buyoya, alors était difficile à mettre en œuvre. représentant de l’Union africaine au Mali et au Sahel, promettant au passage La deuxième tendance forte de l’année 2020 est le choc lié à la crise sani- de faire appel de son jugement devant les juridictions burundaises et interna- taire mondiale causée par la COVID-19 sur une économie déjà fragilisée par tionales. les soubresauts politiques de 2015 et les faiblesses intrinsèques de la structure En raison de son décès, le 17 décembre 2020, des suites de la CO- économique burundaise, une économie largement dépendante de l’exporta- VID-19, il n’aura pas eu l’occasion de se défendre. Dans tous les cas, sa mort tion des matières premières non finies. A priori, on pourrait penser qu’une est un gâchis pour tous ceux qui auraient aimé en savoir davantage sur la économie aussi introvertie que celle du Burundi serait moins vulnérable aux tragédie d’octobre 1993. Le jugement rendu laisse un goût d’inachevé : la chocs mondiaux.94 En effet, « la somme des importations et exportations rap- motivation du jugement est superficielle, avare en détails et preuves et parfois lacunaire sur certains faits pourtant facilement vérifiables. Par exemple, la 90 https://www.voaafrique.com/a/burundi-la-fermeture-des-bureaux-de-change-suscite- l-inqui%C3%A9tude/5305598.html#:~:text=La%20Banque%20centrale%20du%20 visité le 30 décembre 2020. Burundi,leur%20marge%20sur%20chaque%20op%C3%A9ration, visité le 30 décembre 2020. 87 https://medialibrary.uantwerpen.be/files/4739/f9431b78-7f7f-4124-b0f4-d63127ab1a4c. 91 KABURAHE, A., « Il est désormais interdit de retirer des devises à la banque », Iwacu, pdf?_ga=2.159043514.1483258732.1610356755-1958893439.1575965417, consulté le 3/10/2015. Disponible sur https://www.iwacu-burundi.org/urgent-il-est-desormais-interdit-de- 29 décembre 2020. retirer-des-devises-a-la-banque/, consulté le 25 novembre 2020. 88 https://medialibrary.uantwerpen.be/files/4739/7e89ba69-49c5-494f-8458-12e77fa97d06. 92 BRB, Réglementation des changes, art. 13. pdf?_ga=2.10378677.1436336936.1611930242-1958893439.1575965417, visité le 93 https://www.voaafrique.com/a/burundi-la-fermeture-des-bureaux-de-change-suscite- 30 décembre 2020. l-inqui%C3%A9tude/5305598.html#:~:text=La%20Banque%20centrale%20du%20 89 Ibid. Burundi,leur%20marge%20sur%20chaque%20op%C3%A9ration, visité le 30 décembre 2020. 94 CURDES & UNICEF, Analyse rapide de l’impact socio-économique de la pandémie de 32 Political Chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Burundi 33 Chroniques Politiques de l’Afrique des Grands Lacs 2020 portées au produit intérieur brut (PIB) s’élève à 38 % (en 2018), soit 2 % en présager que le nouveau régime est en train de tenter le modèle qui assure la deçà du seuil minimal de 40 % »95, et l’apport de la diaspora est trois fois longévité de certains régimes africains, comme en Guinée équatoriale, l’un inférieur à la moyenne d’autres pays en voie de développement.96 Mais, là où des deux premiers pays auxquels le président Ndayishimiye a réservé ses vi- le bât blesse, c’est que les importations du Burundi concernent des denrées sites d’État. Ce modèle de gouvernance serait basé sur la cooptation, la mise alimentaires, ce qui signifie que la dépendance se fait sentir là où cela affecte en place de règles institutionnelles prohibitives, la répression et l’activisme tous les consommateurs.97 international permettant aux pouvoirs despotiques de gagner en légitimité in- ternationale, tout en s’assurant que les règles de jeu démocratique sont vé- 7. CONCLUSION rouillées.100 La présente chronique politique a présenté les tendances fortes – entre autres sur les plans politique, économique et diplomatique – de l’année 2020. Anvers, janvier 2021 Comme d’aucuns s’en doutaient, dans le contexte d’une nouvelle Constitution qui consacre désormais un jeu politique à somme nulle98, le parti CNDD-FDD a émergé plus fort qu’il ne l’était auparavant : il contrôle sans partage tous les rouages de l’État. Les effets de cette nouvelle configuration politique se feront certainement sentir intensément lors des échéances électorales à venir. L’op- position, incarnée dorénavant par le CNL d’Agathon Rwasa, aura du mal à survivre – du moins financièrement parlant. En effet, le Burundi ne disposant pas d’un cadre de financement des partis politiques, moins un parti est présent dans les institutions qui dirigent, et surtout qui gèrent les ressources déjà limi- tées de l’État, plus la mobilisation des moyens permettant de faire (sur)vivre un appareil politique devient difficile. Cependant, tout en excluant le principal concurrent, à savoir le CNL, le CNDD-FDD continue à coopter certaines élites qui acceptent d’entrer dans les rangs : le Gouvernement contient, par exemple, un membre d’un petit parti, PIEBU, deux acteurs de la société civile et des membres de la magistrature. Les nominations des hauts cadres au niveau des ministères semblent aussi s’inscrire dans cette logique, car certaines figures actives, à un moment ou un autre, dans l’opposition ont été cooptées. C’est le cas notamment d’Anicet Niyongabo (ancien de CNARED) et Adolphe Banyikwa (ancien lieutenant de Rwasa), respectivement nommés secrétaire permanent au ministère de la Communication et assistant du ministre au ministère du Travail. Tout ceci, couplé à la volonté d’ouverture envers toutes les voix qui comptent au Bu- rundi (partis politiques, Églises, anciens présidents de la République, etc.) et sur le Burundi (UE, Nations unies) et de verrouillage des règles de jeu99 laisse

COVID-19 sur l’enfance au Burundi, Bujumbura, mai 2020, p. 4. 95 Op.cit., p. 4. 96 Ibid. 97 Ibid. 98 VANDEGINSTE, S., « Opinion – Apaiser et, ensuite, gouverner ensemble », Iwacu, 15 mai 2020. polichinelle. 99 La Cour constitutionnelle est désormais dirigée par le duo Valentin Bagorikunda et 100 SA, A.L. et SANCHES, R.E., « The politics of autocratic survival in Equatorial Guinea: Emmanuel Ntahomvukiye, respectivement ancien procureur de la République et ministre Co-optation, restrictive institutional rules, repression, and international projection », African de la Défense, deux personnalités dont la proximité avec le parti au pouvoir est un secret de Affairs, volume 120, numéro 478, 2021, p. 78.

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Aymar Nyenyezi Bisoka et Ithiel Batumike Mihigo

1. INTRODUCTION En début 2020, la Chronique politique de la RDC concluait son analyse politique de la transition déclenchée à l’issue des élections congolaises de 2018 avec ces mots : « Il est de plus en plus plausible qu’une cassure au sein de cette majorité [composée de groupes politiques des présidents Félix Tshisekedi et Joseph Kabila] permettra de sceller définitivement l’alternance. Les altercations quotidiennes entre les institutions étatiques et les notables du FCC semblent sug- gérer que le temps de la rupture est assez proche ».1 Et finalement, cette rupture annoncée a eu lieu en 2020. Cette chronique propose de comprendre l’actualité politique de la RDC en 2020 à travers le processus qui a mené vers cette rupture et les défis qui at- tendent l’Union Sacrée de la Nation (USN), la nouvelle majorité parlementaire en composition. En effet, dans son premier discours sur l’état de la Nation, le Président Tshisekedi avait décrété 2020 « l’année de l’action ». Cette année devait donc être, selon ses propres mots, l’année du combat contre la pauvreté, de la renaissance et de la justice pour tous. Mais c’était sans compter avec l’ir- ruption de la Covid-19, qui est venue perturber les prévisions de croissance de nombreux États au monde.2 La RDC n’a pas été épargnée. Alors que le budget 2020 était revu à la hausse contrairement aux recommandations du FMI3, la Covid-19 a empêché tout espoir de sa réalisation. L’année s’est ainsi clôturée avec un déficit budgétaire de 451 millions USD.4 Les actions sociales annoncées en grande pompe par la Présidence de la République n’ont donc pas vraiment vu leur exécution être amorcée. A la place, 2020 est devenue une année de l’action politique durant laquelle la situation exceptionnelle créée par la Covid-19 a per- mis au Président Tshisekedi de prendre l’ascendant sur son principal partenaire politique, Joseph Kabila. En effet, sans avoir nécessairement la loi de son côté mais avec le soutien d’une partie de la population et d’une partie de la communauté internationale ain-

1 NYENYEZI, A., « RDC » in REYNTJENS F. (dir), Chroniques politiques de l’Afrique des Grands lacs 2019, Anvers, University Press Antwerp, 2020, pp. 48-49. 2 Selon la banque mondiale, la Covid-19 a aggravé l’extrême pauvreté dans le monde : https:// www.dw.com/fr/la-covid-19-a-aggrav%C3%A9-lextr%C3%AAme-pauvret%C3%A9-selon- la-banque-mondiale/a-55203093, visité le 10 janvier 2021. 3 https://www.lesoir.be/282928/article/2020-02-26/rdc-inquietudes-du-fmi-qui-juge-realiste- de-revoir-le-budget-la-baisse, visité le 9 janvier 2021. 4 https://zoom-eco.net/a-la-une/rdc-un-deficit-budgetaire-de-444-millions-usd-enregistre-a- fin-2020/, visité le 9 janvier 2021. 36 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 RD Congo 37 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 si que la faveur du contexte sanitaire, Tshisekedi a réussi à dépouiller lentement (4) Le troisième point revient sur les défis majeurs qui attendent la nouvelle mais sûrement le camp de son prédécesseur de tous les leviers de pouvoirs. Cette majorité, notamment les défis (i) sécuritaires, (ii) sanitaires, (iii) de l’État de mise à l’écart du FCC a été rendue possible notamment par les mêmes stratégies droit. (5). Enfin, le quatrième point étudie brièvement les questions relatives aux politiques et juridiques qu’utilisait ce dernier durant son règne. Le Président réformes électorales qui caractérisent et continueront à caractériser les débats congolais a commencé cette rupture par une sorte de nettoyage de sa propre cour. politiques en RDC pour les prochaines années. (6) Une brève conclusion revient C’est d’abord Vital Kamerhe, son directeur de cabinet et principal allié, qui a été sur quelques caractéristiques du nouveau pouvoir en RDC – deux années après frappé. Son arrestation le 8 avril 2020 a eu pour conséquence directe de renforcer son avènement – eu égard au développement qui précède. le camp des partisans de la rupture de la coalition FCC-CACH au sein-même du camp du Président Tshisekedi. Ne lisant pas les signes des temps, le FCC s’est 2. TEMPÊTE AU SEIN DE LA MAJORITÉ d’ailleurs approprié cette arrestation pour témoigner de son attachement à l’État PARLEMENTAIRE de droit, selon ses termes. C’était en ignorant que l’entourage du Président de L’issue des élections qui ont eu lieu en RDC en 2018 a encore une fois la République venait de perdre une pièce maitresse dans la médiation face aux démontré la volonté, pour le président sortant Kabila, de conserver un contrôle conflits entre les deux camps politiques en coalition. Qui plus est, la situation sur le paysage politique du pays.5 L’élection de Félix Tshisekedi a été remise en exceptionnelle due à la Covid-19 a contribué, sensiblement, à la modification des cause par divers acteurs politiques et sociaux dénonçant un certain deal conclu rapports de forces dans ces duels politiques. C’est au cours de cette période d’état avec Kabila pour accéder au pouvoir. Cette remise en cause était accentuée d’urgence proclamé pour lutter contre la Covid-19 que le Président a pu poser notamment par l’inquiétude sur sa capacité à arracher son indépendance vis- des actes pour se défaire de son partenaire, accroître ses marges de manœuvre à-vis de son prédécesseur dans ce contexte.6 Aujourd’hui, le président Félix et s’émanciper carrément de lui. Tshisekedi semble s’être émancipé de son partenaire politique contrairement Cette chronique politique de la RDC revient sur ces différents événements à tous les pronostics. Sous ce point, nous revenons sur le processus qui, en ainsi que sur les dividendes politiques remportés par le Président Tshisekedi amont, a mené vers cette rupture ; un processus fait de sophistication juridique dans la lutte pour le contrôle total du pouvoir. Pour comprendre le processus et de machination politique autour de trois points (1) le procès 100 jours ; (2) la vers la rupture entre Tshisekedi et Kabila et formuler les termes dans lesquels se proclamation de l’état d’urgence et (3) la déchéance du premier vice-président posent les nouveaux défis de l’USN, nous proposons une analyse politique et ses de l’Assemblée nationale. bases juridiques de justification et d’action, sans lesquelles il est impossible de comprendre ce processus, ses discours et les rationalités qui sous-tendent celles- 2.1. Mémorable « procès 100 jours » ci. Nous montrons ainsi comment, en RDC, le droit, les institutions juridiques L’arrestation de Vital Kamerhe dans le cadre des enquêtes judiciaires sur et les stratégies politiques s’articulent pour accroître ou préserver le pouvoir. la gestion du programme des 100 jours du Chef de l’État est le point de départ En dehors de l’introduction (1), nous organisons cette réflexion autour des de toutes les agitations politiques qui ont conduit à la rupture de la coalition cinq points suivants : (2) Le premier point concerne la tempête au sein de la ma- FCC-CACH. Tout commence le 2 mars 2019, lors du lancement du programme jorité parlementaire. Celle-ci (i) commence avec le très médiatisé « procès 100 d’urgence des cent premiers jours du Chef de l’État. Celui-ci comportait de jours » que le pouvoir a brandi comme l’exemple de rupture avec les pratiques nombreux volets, allant des infrastructures routières et scolaires, en passant de l’ancien régime, (ii) se consolide avec la proclamation de l’état d’urgence et par l’amélioration de la desserte électrique et en eau jusqu’à la mise en œuvre (iii) atteint son pic avec la déchéance du premier vice-président de l’Assemblée de la gratuité de l’enseignement primaire.7 Ce programme des 100 jours a été nationale. (3) Le deuxième point revient sur les stratégies dans la rupture effective placé sous la supervision directe du Cabinet du Président de la République. Le au sein de la majorité parlementaire, d’abord entre la coalition FCC-CACH et ensuite la mise en place de la coalition USN qui va entamer une dislocation du FCC. D’une part, ces stratégies vont se concentrer (i) sur le contrôle du processus 5 Mission d’experts électoraux du Centre Carter, Les élections présidentielles, parlementaire de réforme de la CENI et des nominations au niveau de la Cour constitutionnelle et provinciales harmonisées de 2018 République démocratique du Congo, 2019, inédit, p.78. 6 et d’autre part (ii) sur le contrôle des autres institutions telles que le Bureau de ENGLEBERT, P., NGOY KIMPULWA, B., L’État en morceaux : la politique au Congo au prisme du découpage territorial, Bruxelles/Paris : Musée Royal d’Afrique Centrale/ l’Assemblée nationale, celui du Sénat et la Primature. (iii) Entre-temps, la recher- L’Harmattan, 2021. che et l’accroissement du soutien international et sous-régional pour s’assurer 7 https://7sur7.cd/rdc-voici-le-programme-durgence-des-100-premiers-jours-du-president- une légitimité au niveau interne est restée une préoccupation qui a fini par payer. tshisekedi-finance-sur-fonds-propres-a-hauteur-de-300-millions-document/, visité le 5 janvier 2021. 38 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 RD Congo 39 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 Gouvernement en place, censé expédier les affaires courantes, a été écarté de la seconds sur l’évolution de différents marchés qui leuront confiés. gestion de ce programme. A travers un communiqué de la présidence de la Répu- C’est donc à juste titre que le parquet s’est tourné vers les gestionnaires de ce blique8, le Gouvernement était totalement neutralisé par l’interdiction d’engager programme. L’affaire va créer un tollé lorsque le parquet de Matete va adresser le décaissement des fonds sans se référer à la Présidence, ceci en contradiction une première invitation à Vital Kamerhe (VK), Directeur de Cabinet du Chef de avec la Constitution9 et plusieurs lois.10 l’État et de surcroit coordonnateur de ce programme. Suite à une erreur de date Ainsi, le programme 100 jours a commencé dès 2019 sous l’entière super- contenue dans l’invitation, celui-ci ne se présentera que sur deuxième invitation vision de la Présidence. Mais au fur et à mesure que la mise en œuvre du pro- régularisant cette erreur. Invité à fournir des informations, VK sera placé sous gramme patinait, des soupçons de corruption et de détournements ont commencé mandat d’arrêt provisoire à l’issue d’une audition de plus de cinq heures. Une à l’entourer, au regard notamment du non-respect des délais annoncés pour la détention acclamée par une certaine opinion, dont les militants de l’UDPS, y réalisation de diverses infrastructures, particulièrement les sauts-de-mouton à voyant la fin du règne des intouchables et la restauration d’une justice réellement Kinshasa et les maisons préfabriquées. Face à la montée de la clameur publique indépendante.13 Pendant ce temps, l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) et quant à l’exécution défaillante de ce programme, le Gouvernement a alors décidé, une autre opinion criaient à une humiliation de Kamerhe et à un complot visant lors d’un Conseil des Ministres, d’instruire au parquet l’ouverture d’enquêtes à l’écarter de la course pour l’élection présidentielle de 2023.14 judiciaires pour établir la lumière sur ce dossier. Dans le cadre de ces enquêtes, Arrêté dans la première quinzaine du mois d’avril, VK va solliciter, à plu- le Directeur général de la Raw Bank, les Directeurs Généraux de l’Office de sieurs reprises, une liberté provisoire mais sans succès15. Son procès débutera au routes, de l’Office de voiries et drainage, du Fonds national d’entretien routier mois de mai et sera totalement retransmis sur la chaîne nationale à sa demande.16 ainsi que les différents titulaires11 de marchés publics pour la réalisation de ces Le 20 juin 2020, il sera reconnu coupable de tous les chefs d’accusation portés travaux ont été arrêtés. D’une part, ces « interpellations intervenues avec une contre lui par le Ministère public.17 Cette condamnation a été accueillie favo- célérité à la fois surprenante et spectaculaire dans des dossiers aussi techniques rablement par ceux qui croient en la volonté du Président de la République de exigeant des compétences exceptionnelles et beaucoup de temps ne pouvaient combattre la corruption en RDC.18 Elle serait une leçon pour tout gestionnaire qu’étonner tout observateur ».12 D’autre part, méthodologiquement, beaucoup de la chose publique. Désormais, selon la Présidence de la république, il faudra d’observateurs se sont étonnés de la précipitation dans l’interpellation des chefs s’assurer que toutes les actions se conforment à la loi et qu’elles sont exécu- d’entreprises avant l’audition des collaborateurs du Président de la République tées suivant les procédures qu’elle prévoit. Même lorsque l’ordre émane de la qui ont attribué et géré ces marchés. Car les premiers sont censés répondre aux hiérarchie, il faut toujours s’assurer d’avoir la loi de son côté. Car, malgré le

8 https://www.radiookapi.net/2019/01/27/actualite/politique/rdc-felix-tshisekedi-suspend-les- recrutements-et-mises-en-place. 13 https://www.politico.cd/la-rdc-a-la-une/2020/04/09/entre-justice-et-politique-larrestation-de- 9 C’est au Gouvernement de conduire la politique de la Nation définie en concertation avec le kamerhe-divise-en-rdc.html/57299/, visité le 4 janvier 2021. Président de la République. C’est lui qui dispose d’un Programme qu’il soumet à l’Assemblée 14 https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/07/14/affaire-vital-kamerhe-anticorruption-et- Nationale pour approbation (Voir les articles 90 et 91 de la Constitution du 18 février 2006). reglements-de-compte-a-la-tete-de-la-rdc_6046144_3212.html, visité le 20 décembre 2020. Cette limitation des pouvoirs d’un gouvernement fin mandat suite à une nouvelle législature 15 Les arguments de VK en appel pour être placé en liberté provisoire n’ont pas été retenus est certes conforme à la théorie d’expédition des affaires courantes. Cependant, son exclusion par les juges. Alors qu’il évoquait l’absence d’une peine privative de liberté pour les faits mis dans la gestion de ce programme semble être justifiée par les relations tendues entre le Président à sa charge et même l’inexistence de la peine contre ces faits, « les juges se sont concentrés à de la République et le Premier Ministre d’alors, Bruno Tshibala, un ancien de l’Union pour évoquer des indices sérieux de culpabilité, sans les prouver. Ils sont allés jusqu’à évoquer des la démocratie et le progrès social (UDPS) qui avait rejoint le camp Kabila en 2017 contre raisons de sécurité publique sans démontrer en quoi la liberté provisoire de Kamerhe pouvait la volonté de son parti. En outre, le nouveau président Tshisekedi voulait guider seul ce y porter atteinte ». Voir : MAGADJU, P., « Lorsque le juge cherche les motifs de détention en programme, espérant démontrer ce qu’il était capable de faire contrairement à son prédécesseur dehors de la loi et ne se prononce pas sur les motifs d’appel. Note sous Ordonnance n° 42/2020 en peu de temps et avec peu des moyens. « Dès son élection, le Président Tshisekedi s’est lancé du 15 avril 2020 du Tribunal de grande instance de Kinshasa Matete statuant sur la demande de dans une campagne de séduction où il a été question de se positionner en tant que nouveau mise en liberté provisoire en appel », Cahiers du CERDHO, juillet 2020. leader au service de la population. Son programme, pensé et mis en œuvre de manière parfois 16 Au cours de ce procès, le Juge-Président de cette juridiction décédera dans des circonstances hâtive, montre cet engouement à faire la différence ». Voir : NYENYEZI, A., op. cit., p. 54. suspectes. Après modification de la composition, les débats seront rouverts et la procédure 10 https://blogs.mediapart.fr/blaise-pascal-zirim-migabo/blog/030320/programme-des-100- suivra son cours normal : voir : https://www.jeuneafrique.com/988815/societe/proces-kamerhe- jours-un-long-chapelet-de-violations-de-la-loi, visité le 12 décembre 2020. en-rdc-deces-du-president-du-tribunal-raphael-yanyi/, visité le 10 janvier 2021. 11 Samy Jammal pour les maisons préfabriquées, David Blatner de SAFRICAS pour les sauts- 17 Voir Jugement rendu sous RP 26 931 en date du 20 juin 2020 par le Tribunal de Grande de-mouton et Modeste Makabuza de SOCOC pour les voiries urbaines de Goma et Bukavu. Instance de Kinshasa/Gombe et publié au journal officiel de la RDC en date du 07 juillet 2020. 12 https://blogs.mediapart.fr/blaise-pascal-zirim-migabo/blog/030320/programme-des-100- 18 https://desc-wondo.org/vital-kamerhe-condamne-lutte-contre-la-corruption-en-angola-et-au- jours-un-long-chapelet-de-violations-de-la-loi, visité le 10 janvier 2021. congo-maka-angola/, visité le 11 décembre 2020. 40 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 RD Congo 41 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 fait que VK ait clamé, à plusieurs reprises lors du procès, que toutes ses actions est le premier en plus de dix-huit ans contre une personnalité haut placée au cœur étaient posées sur instruction du Président de la République, les juges n’ont pas du pouvoir au pays, mais aussi parce qu’il a ouvert les hostilités, au sein de la cherché à savoir l’implication ou non de ce dernier.19 majorité parlementaire, qui ont conduit à son explosion. Nous revenons ci-des- Ainsi, le « procès 100 jours » n’a pas permis de comprendre le degré d’im- sous sur ces hostilités qui se sont manifestées dans la controverse autour de l’état plication du Chef de l’État dans l’exécution de son programme ainsi que ses d’urgence et la déchéance du premier vice-président de l’Assemblée nationale. responsabilités.20 Mais au-delà des questions de fond proprement liées à l’affaire, ce procès a tout d’abord étalé au grand jour les faiblesses du Cabinet du Président 2.2. Controverse autour de l’état d’urgence de la République et ses nombreux dysfonctionnements. En effet, il a été révélé Depuis 2006, la RDC n’avait pas encore expérimenté une situation excep- que certains conseillers ne reconnaissaient pas l’autorité de leur directeur de tionnelle susceptible de la plonger dans l’état d’urgence. En effet, pour être cabinet. Ces « électrons libres de la Présidence » engageaient celle-ci dans plu- proclamé, l’état d’urgence suppose l’existence de circonstances graves menaçant sieurs dossiers à l’extérieur sans l’aval du Directeur de cabinet ou du Président de manière immédiate l’indépendance ou l’intégrité du territoire national ou 21 de la République. En outre, ce procès est venu mettre à nu la composition provoquant l’interruption du fonctionnement régulier des institutions. Celles-ci quasi-homogène du cabinet du Président de la République du point de vue des ne peuvent être appréciées que par le seul Président de la République, garant origines tribales. En effet, les juges ont plusieurs fois mentionné que tous ceux de l’intégrité territoriale et du bon fonctionnement des institutions. A la suite qui avaient témoigné en faveur de Kamerhe étaient originaires du même territoire de l’apparition de la pandémie de Covid-19 en RDC, le Président de la Répu- et parti politique que lui. Et en y regardant de plus près, on a remarqué qu’il blique a rendu publique, après consultation de Présidents de deux Chambres en était de même pour les témoins à charge (du Ministère public et de la partie du Parlement et du Premier Ministre, l’ordonnance n°20/014 du 24 mars 2020 civile) qui, eux aussi, étaient du camp présidentiel. La plupart des membres du portant proclamation de l’état d’urgence sanitaire pour faire face à l’épidémie. cabinet du Président de la République nommés par celui-ci étaient originaires Le fonctionnement régulier des institutions était interrompu par la suspension des mêmes région (Kasaï) et tribu (luba) que lui-même. Il en est de même pour des activités parlementaires dès le jour même de la cérémonie inaugurale de la les membres de ce cabinet issus du quota réservé à son allié Vital Kamerhe. Ils session ordinaire de mars 2020.22 De même, la visioconférence avait été adoptée sont principalement du Kivu et de la tribu shi. Ces deux régions et tribus se sont comme cadre pour la tenue des réunions hebdomadaires du Conseil des Ministres. affrontées lors de ce procès. Cependant, le FCC a fort contesté la proclamation de l’état d’urgence. A En réalité, Vital Kamerhe était devenu un allié encombrant, paraissant parfois travers le Président du Sénat, il a révélé que la procédure telle qu’instituée par la comme « l’autre Président de la République ». Cette position irritait de nom- Constitution n’avait pas été respectée – en se fondant sur l’article 119 point 2 de la breuses personnes auxquelles il faisait ombrage dans l’entourage du Chef de Constitution qui prévoit que le Congrès se réunit notamment pour l’autorisation l’État, avec sa volonté de tout contrôler, écartant parfois ceux qui ont la maîtrise de la proclamation de l’état d’urgence.23 En réalité, le FCC avait déjà compris de la base de l’UDPS dans certains dossiers. Ainsi, face à une gestion douteuse que la proclamation de l’état d’urgence dans une situation de cohabitation des du programme 100 jours, à une clameur publique hostile et à des exigences de majorités présidentielle et parlementaire allait avoir pour effet d’accroître les rupture posées par les partenaires bi et multilatéraux dont les États-Unis, le sort pouvoirs du Président de la République au détriment de toutes les autres insti- de Kamerhe était scellé et le Chef de l’État semblait ne plus avoir d’autre choix tutions24, une situation qui l’affaiblirait. C’est ce qui s’est produit au cours de que de se débarrasser d’un allié certes important mais en tout cas très encombrant. la période de l’état d’urgence où le Président de la République est notamment Finalement, ce procès demeurera historique en RDC, non seulement parce qu’il intervenu dans le domaine de la loi en créant une agence de lutte contre la cor- 19 Cette position est justifiée notamment par le fait que d’un côté, la responsabilité pénale est individuelle et, de l’autre, l’article 28 de la Constitution prévoit que « Nul n’est censé exécuter 22 https://www.7sur7.cd/2020/03/16/rdc-coronavirus-les-prochaines-plenieres-au-senat-ne-se- un ordre manifestement illégal ». tiendront-que-lorsquil-ny-aura, visité le 03 décembre 2020. 20 Le tribunal avait l’obligation de répondre aux différentes insistances de VK sur le fait qu’il 23 Le Congrès annoncé par le Président du sénat a été soupçonné d’être un piège tendu au agissait toujours sur instruction du Chef de l’État comme celles-ci faisaient partie des arguments Président de la République pour engager sa destitution pour violation de la Constitution. Cette de sa défense. annonce a engagé le pays dans une confrontation directe entre le Président de la République et le 21 D’ailleurs, un scandale impliquant l’ancien coordinateur des services personnels du Chef de Parlement. Ce dernier a même été empêché de se réunir par le Vice-Premier Ministre, Ministre l’État, Dieudonné Lobo, au sujet d’une affaire des 2,5 millions USD perçus par celui-ci à l’insu de l’Intérieur issu des rangs du Président de la République, en application de l’interdiction de de sa hiérarchie avait déjà fait tache d’huile en 2019, révélant un sérieux problème du respect tout rassemblement de plus de vingt personnes. de la hiérarchie. Voir : https://www.radiookapi.net/2019/12/02/actualite/justice/rdc-dieudonne- 24 KALUBA DIBWA, D., La Justice constitutionnelle en République Démocratique du Congo, lobo-proche-de-felix-tshisekedi-transfere-la-prison-pour, visité le 15 mars 2021. Academia L’Harmattan, 2013, p. 387. 42 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 RD Congo 43 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 ruption alors que l’Assemblée Nationale se penchait déjà sur une proposition dure de flagrance discutable. Cette violation des immunités parlementaires du de loi dans ce sens.25 Il est certes vrai que les risques d’abus du Président de la Député Mamba a exacerbé l’animosité des députés nationaux contre Jean-Marc République durant cette période sont limités par la soumission au contrôle de la Kabund, accusé d’influencer la justice. Ainsi, l’Assemblée Nationale est passée Cour constitutionnelle des ordonnances intervenues au cours de cette période. à l’examen de la pétition malgré son boycott de la plénière où il devait fournir Et c’est à l’occasion de ce contrôle que la Cour constitutionnelle, à travers son ses moyens de défense. arrêt R. Const. 1200, a décidé de la régularité de l’ordonnance du Chef de l’État. Déchu, il a saisi la Cour constitutionnelle pour faire annuler la résolution Elle a rappelé que celui-ci n’avait besoin d’aucune autorisation pour proclamer de l’Assemblée nationale pour non-respect des droits de la défense. La Cour a l’état d’urgence. tranché en sa défaveur. N’ayant plus rien à sauvegarder, il s’est officiellement Face à une formulation prêtant à diverses interprétations contradictoires, activé pour le divorce entre sa famille politique et celle de l’ancien Président, le Président Tshisekedi ne pouvait qu’opter pour une procédure simple qui lui Joseph Kabila.27 Comme nous l’avons annoncé, cette rupture était d’une part le permettait d’atteindre ses fins. Or, la procédure consistant à consulter les Pré- souhait d’une large partie de l’opinion publique qui souhaitait que le Président sidents des chambres parlementaires et le Premier Ministre est plus simple que Tshisekedi se libère du FCC et, d’autre part, plusieurs officines internationales celle consistant à avoir une autorisation du congrès à travers un vote de plus de s’attendaient à ce que Tshisekedi se débarrasse de Kabila et de sa majorité pour 600 élus dont la majorité ne lui était pas acquise. Il pouvait donc s’imaginer ne prétendre à quelque autonomie.28 Le comité de suivi de l’accord FCC-CACH pas pouvoir obtenir ladite autorisation, même si par la suite les deux chambres a été incapable d’apaiser les tensions et surtout d’aplanir les divergences entre du Parlement ont eu à autoriser, séparément, plusieurs prorogations de cet état les deux camps à cause notamment du radicalisme de certains de ses membres. d’urgence. Ainsi, le Président de la République a remporté cette bataille politique L’exclusion de ceux-ci, dans l’objectif d’apporter une sérénité dans le traitement qui lui a ouvert la brèche vers le contrôle du Congrès. Mais cela devait tout des dossiers problématiques, n’a pas rétabli la confiance suite à l’obstination d’abord passer par un conflit au sein de l’Assemblée nationale, où l’appui de la de chacune des parties à camper sur ses prétentions. Dès lors, le pays risquait décision du Chef de l’État sur l’état d’urgence par le député Jean Marc Kabund de s’enliser dans un blocage institutionnel. La recherche de solutions à la crise a valu à ce dernier une sanction qui a précipité le divorce FCC-CACH. FCC-CACH a conduit le Président de la République à chercher d’autres soutiens nécessaires à lui rassurer une rupture ordonnée avec le FCC. 2.3. Déchéance du Premier Vice-Président de l’Assemblée Finalement, à la récurrence de conflits au sein de la coalition FCC-CACH est Nationale venue ainsi s’ajouter l’absence de compromis entre les deux partenaires au sujet Au cours d’une émission radiodiffusée de Top Congo FM, Jean Marc Ka- du partage des responsabilités au niveau de la territoriale et de la diplomatie. De bund, Président intérimaire du parti présidentiel UDPS et Premier Vice-Président plus, le FCC ne voulait pas cautionner la nomination des juges constitutionnels de l’Assemblée Nationale , avait défendu, en réaction aux propos du Président comme nous allons le voir ci-dessous. La rupture étant devenue inévitable, le du Sénat, la régularité de la proclamation de l’état d’urgence par le Chef de Président de la République a jugé bon de se chercher une nouvelle majorité qui l’État. Dans ses arguments, il avait notamment évoqué qu’avec un budget de 7 lui est acquise. Sous le point qui suit, nous revenons sur les manœuvres politiques millions de USD le Congrès envisagé était extrêmement onéreux.26 Cette allé- et juridiques concrètes qui ont rendu possible cette rupture. gation qualifiée de mensongère par les parlementaires lui a valu une demande 3. RUPTURE DE LA COALITION GOUVERNEMENTALE d’explication de la part du député du Mouvement de Libération du Congo (MLC) Jean-Jacques Mamba. Face au refus de réagir à sa demande, celui-ci a initié une La rupture FCC-CACH est issue d’une lutte faite de stratégies politiques et pétition de destitution qui a recueilli les signatures nécessaires. Pour discréditer juridiques dans lesquelles le président Tshisekedi a utilisé les mêmes recettes la pétition le visant, Kabund a fait pression sur certains signataires pour qu’ils que le régime Kabila pour venir à bout de son désormais ex allié : le FCC. (1) renient leur appui à cette initiative. Ces manœuvres ont conduit à l’arrestation Tout d’abord, il a été question de s’assurer le contrôle du processus de renou- du pétitionnaire et sa présentation devant la Cour de cassation dans une procé- vellement des membres de la CENI et des nominations au niveau de la Cour constitutionnelle. (2) Ensuite s’en est suivi le contrôle des autres institutions 25 http://congoresearchgroup.org/impact-de-la-crise-de-covid-19-sur-le-processus-democratique- telles que le Bureau de l’Assemblée nationale, celui du Sénat et la Primature, en-rdc/lang=fr, visité le 02 décembre 2020. 26 https://www.politico.cd/encontinu/2020/04/12/kabund-affirme-que-le-congres-coutera-7- 27 https://www.politico.cd/encontinu/2021/01/10/le-juridisme-du-fcc-face-au-pragmatisme-du- millions-de-usd-non-seulement-que-je-ne-serai-pas-a-ce-congres-mais-je-ne-pense-que-ca- cach-par-emile-bongeli.html/74871/, visité le 10 janvier 2021. sera-convoque.html/57575/, visité le 9 décembre 2020. 28 NYENYEZI, A., op. cit., p. 55 44 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 RD Congo 45 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 tous issus du FCC. Mais toutes ces manœuvres sont venues avec des défis juri- Les conflits entre le FCC et le CACH étaient aussi pour la plupart foca- diques susceptibles de faire naître de grands conflits politiques. (3) Finalement, lisés sur les enjeux électoraux de 2023. Alors qu’à l’UDPS on ne s’empêchait de le président Tshisekedi a aussi profité d’un soutien international et sous-régional répéter la volonté de se maintenir au pouvoir « jusqu’à l’éternité »31, plusieurs non-négligeable pour s’assurer une légitimité au niveau interne. ministres du FCC excellaient aussi dans les annonces du retour de Kabila sur la scène politique en 2023.32 C’est ainsi que les deux camps se sont livrés des 3.1. Confrontations politiques au sein d’une coalition combats principalement pour s’assurer le contrôle des organes chargés de la Les résultats des scrutins du 30 décembre 2018 ont partagé le pouvoir d’État gestion des élections, la CENI et la Cour constitutionnelle. Ainsi, pendant que le entre deux camps politiques longtemps opposés. Alors qu’au sommet de l’État, FCC s’opposait à des réformes électorales, l’UDPS semblait par contre soutenir le candidat soutenu par le Cap pour le Changement (CACH) de l’opposition ces initiatives. Le Président de la République a d’ailleurs reçu le groupe des 13 avait été proclamé élu, au niveau des législatives provinciales et nationales le personnalités (G13) réfléchissant sur les réformes électorales au début de leurs Front Commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila raflait la quasi-totalité consultations comme à la fin, leur témoignant tout son soutien. En refusant de des sièges au sein de l’Assemblée nationale et d’au moins 24 assemblées pro- nommer le Président de la CENI désigné par la majorité des confessions reli- vinciales sur 26. Ainsi, contrairement aux législatures de 2006 et 2011 où la gieuses et entériné par l’Assemblée nationale, il a lancé un signal fort de rupture majorité parlementaire était acquise au Président de la République, la situation avec ses alliés du FCC. issue des élections de 2018 a placé le pays dans une situation de cohabitation. Au-delà de cette confrontation pour le contrôle de la CENI, la lutte s’est axée Dans le souci de consolider la stabilité du pays, le Président de la République au niveau de la Cour constitutionnelle avec la nomination de trois nouveaux juges Félix Tshisekedi, leader du CACH, et son prédécesseur Joseph Kabila, leader constitutionnels. Alors que le Premier Ministre était en mission à Lubumbashi, le du FCC, ont résolu de travailler ensemble dans une coalition gouvernementale Président de la République les a nommés avec le contreseing du Vice-Premier Mi- FCC-CACH. Cependant, la récurrence des conflits au sein de cette coalition a nistre, Ministre de l’Intérieur. Le FCC n’a pas tardé à protester en invoquant une fini par révéler les manœuvres de deux alliés qui en théorie souhaitaient travail- violation de la Constitution et une usurpation des pouvoirs du Premier Ministre. ler ensemble mais qui, dans la réalité, visaient leurs propres intérêts respectifs. Celui-ci, empêché de s’exprimer sur ce sujet sur la chaîne nationale, a diffusé Avec cette « cohabitation déguisée », le pays a passé deux bonnes années dans à travers les réseaux sociaux un communiqué exprimant sa désapprobation et les confrontations politiques : du gel de l’exécution des ordonnances nommant sollicitant, en vain, une audience d’harmonisation avec le Chef de l’État. Il est les nouveaux mandataires dans les entreprises publiques, en passant par les me- vrai que la Cour constitutionnelle était devenue incomplète depuis la surprenante naces de dissolution-destitution, le rejet de l’entérinement de la désignation du démission de son Président, ce qui avait perturbé son fonctionnement. Il fallait Président de la CENI et des lois Minaku-Sakata, jusqu’à la controverse autour donc pourvoir à son remplacement. Cependant, la nomination de deux autres du contreseing des ordonnances pourtant mises en place au sein de l’armée et juges constitutionnels à la Cour de cassation et leur remplacement, sans tirage de la justice. au sort, par deux nouveaux juges alors que leurs mandats courraient jusqu’au Il convient de noter que dans toutes ces confrontations, la grande diver- mois d’avril 2021, a été vue par ceux-ci comme une violation de la Constitution, gence entre le CACH et le FCC était liée aux manœuvres de chacun de maintenir de la loi organique de la Cour et le statut particulier de ses membres. Ce qui les et/ou conserver le pouvoir. Car, bien que le Président et son camp aient souvent a poussés à refuser leur nouvelle affectation. pointé du doigt le FCC comme source du blocage de la mise en œuvre de son Après plusieurs tractations infructueuses au sein de la coalition, le Chef de programme, la réalité était plus nuancée. Par exemple, la mesure phare du pro- l’État a opté pour un passage en force et ce malgré la requête des élus du FCC gramme du Président demeure la gratuité de l’enseignement en dépit des cas en interprétation par la Cour Constitutionnelle de l’article 158 de la Consti- de détournements signalés. Or, sa mise en œuvre était pilotée par un Ministre tution, relatif à la composition et la durée du mandat des membres de la Cour issu des rangs du FCC. Il est certes vrai que certains nostalgiques du FCC se constitutionnelle. Du point de vue stratégique, le Président n’avait d’autre choix comportaient comme si Kabila était toujours Président29 mais dans la globalité manque-dexperience-dans-la, visité le 2 février 2021. ceux-ci se sont mis à l’œuvre, profitant de leur expérience de la gestion de la 31 https://www.election-net.com/nous-sommes-au-pouvoir-jusqua-leternite-jm-kabund/, 30 chose publique. visité le 10 janvier 2021. 32 https://cas-info.ca/2020/09/claude-nyamugabo-joseph-kabila-va-retourner-au-pouvoir-et- 29 https://actualite.cd/index.php/2020/01/23/affaire-200-millions-eu-shadary-menace-de- nous-y-travaillons/, visité le 2 décembre 2020. https://www.rtbf.be/info/monde/detail_rdc-aucun- paralyser-le-pays-si-quelque-chose-de-mal, visité le 2 décembre 2020. obstacle-au-retour-de-kabila-comme-president-en-2023-clament-ses-partisans?id=10350222, 30 https://deskeco.com/2021/01/25/lan-2-de-felix-tshisekedi-vidiye-tshimanga-reconnait-le- visité le 2 décembre 2020. 46 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 RD Congo 47 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 que de dépêcher le Premier Ministre en mission afin que l’intérim assuré par rétabli la logique constitutionnelle. Car, en nommant le Premier Ministre en 2019 son Ministre lui facilite la tâche de contrôler la Cour constitutionnelle. Car il sans avoir préalablement et obligatoirement désigné un informateur comme le semble que depuis plusieurs mois, le Premier Ministre refusait de contresigner préconise la Constitution, le Président de la République avait été induit en erreur ces ordonnances de nomination à la Cour. Le contrôle de la Cour lui était d’une par le FCC. En effet, le FCC craignait, à tort ou à raison, que l’informateur ne impérieuse nécessité pour se mettre à l’abri des menaces de destitution proférées soit une astuce pour le Président de la République de se livrer au débauchage de régulièrement à son égard par les caciques du FCC, en réaction à une possibilité ses députés nationaux. Le Président de la République s’était donc contenté des de dissolution de l’Assemblée nationale.33 Cependant, il faut noter que cette contacts formels conclus à travers l’accord de coalition FCC-CACH en dehors menace était devenue peu réelle après la nomination d’un Procureur Général du cadre constitutionnel, et ce contrairement à son annonce de la nomination d’un près la Cour constitutionnelle de l’obédience du Président Tshisekedi. Car, c’est informateur lors de sa conférence de presse en Namibie.36 Finalement, comme ce dernier qui opte ou non, suivant les plaintes et dénonciations, pour le déclen- nous le montrons dans le point qui suit, cette fin de la coalition FCC-CASH a chement de l’action publique dans les actes d’instruction et des poursuites contre permis de mettre à nu la manière dont les stratégies politico-juridiques en vue le Président de la République.34 de l’accroissement du pouvoir de divers camps politiques se mettent en place et C’est dans ce contexte qu’il a organisé une cérémonie de prestation de s’articulent en RDC. serment des trois nouveaux juges constitutionnels, malgré les avis contraires des Présidents des deux chambres du Parlement. Celle-ci a été boycottée par le FCC 3.2. Manœuvres politico-juridiques de la reconfiguration de la qui affirmait en même temps qu’il ne serait plus lié par les décisions rendues par majorité parlementaire une Cour à composition irrégulière. Ce boycott a poussé le Chef de l’État à sus- Les duels entre le FCC et le Président Tshisekedi se sont soldés en faveur pendre toutes les réunions du Conseil des ministres. Et à annoncer, le 23 octobre de ce dernier. D’une part, il a réussi notamment à faire tomber le Bureau de 2020, dans une courte adresse à la nation, des consultations des forces vives les l’Assemblée nationale, celui du Sénat et le Premier Ministre tous issus du FCC. plus représentatives de la nation en vue de constituer la coalition USN. Après D’autre part, la mise en place de nouveaux bureaux de l’Assemblée nationale plus d’un mois de consultations, le Président de la République a, dans son adresse et du Sénat suivant le ticket validé par celui-ci et l’identification d’une nouvelle à la nation du 6 décembre 2020, présenté les conclusions de ces consultations. majorité acquise à sa cause permettent de conclure que, désormais, le Président Constatant l’effritement de la majorité parlementaire, il a annoncé la rupture de Tshisekedi dispose d’un pouvoir discrétionnaire dans la désignation des anima- la coalition FCC-CACH et la nomination d’un informateur pour identifier une teurs des autres institutions de la République. Il en est de même pour les gou- nouvelle majorité. vernorats qui sont passés presque tous à l’USN, à l’exception de la province du La déchéance du Bureau Mabunda de l’Assemblée nationale, intervenue Tanganyika dirigée par Zoé Kabila, petit frère de l’ex-Président Joseph Kabila.37 quelques jours après son adresse, a été considérée comme la preuve de l’effri- Certes, la démarche du Président Tshisekedi a permis de confirmer qu’il était tement de cette majorité et la fin effective de la coalition FCC-CACH. Fort de pleinement devenu le seul chef en RDC, contredisant ainsi ceux qui pensaient ce retournement de situation en sa faveur, le Chef de l’État a tenté en vain de qu’il n’était qu’un simple Président protocolaire, un pantin, un placebo, une dissuader le Premier Ministre de démissionner afin de lui faciliter la tâche de marionnette de Kabila. Le silence de ce dernier face à la débâcle de sa famille po- nommer un informateur. Mais face au refus de ce dernier, le Président de la Répu- litique et son retranchement dans sa ferme de Lubumbashi, d’où il a tenté en vain blique a opté pour le passage en force. Le 31 décembre 2020, il a nommé Bahati de recoller les morceaux de sa famille politique, laissent penser que le Président Luwebo informateur. Cette nomination aurait dû attendre que le Premier Ministre Tshisekedi a, sans conteste, pris de l’ascendant sur lui et que désormais il dispose soit obligé de démissionner par une motion de censure qui a d’ailleurs fini par de toutes les marges de manœuvre souhaitées pour appliquer son programme de 35 l’emporter le 28 janvier 2021. Cependant, la nomination de l’informateur a gouvernance. Cependant, les adhésions massives à l’USN pourraient poser deux problèmes juridiques susceptibles de provoquer des conflits politiques en RDC. 33 https://congosynthese.com/a-la-menace-de-la-dissolution-de-lassemblee-nationale-jeanine- mabunda-brandit-la-menace-de-haute-trahison/, visité le 10 janvier 2021. 34 Articles 100 et 101 de la loi organique n°13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et tshisekedi-le-gouvernement-tombe/ visité le 15 mars 2021. fonctionnement de la Cour constitutionnelle, JORDC, Numéro spécial 7, juin 2018. Aussi, c’est 36 https://www.mediacongo.net/article-actualite- 48305_nomination_d_un_informateur_denis_ pour cela que beaucoup d’observateurs ont estimé que le contrôle de cette haute juridiction par mukwege_dans_le_viseur_de_felix_tshisekedi.html, visité le 10 décembre 2020. le Président de la République était lié aux enjeux électoraux de 2023 et à la quête de plus de 37 Mais cette province est aussi sur le point de basculer à l’USN puisque 20 députés provinciaux marges de manœuvre politique de la nouvelle coalition. sur les 25 de son assemblée provinciale ont récemment adhéré à l’USN et préparent une motion 35 https://actu7.cd/2021/01/29/sylvestre-ilunga-remet-finalement-sa-demission-a-felix- de défiance. 48 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 RD Congo 49 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 Le premier problème concerne le mandat des parlementaires face à leurs la législature ».39 Cette décision qui interprète la disposition constitutionnelle partis politiques. En effet, jusqu’à la fin de l’année 2020, l’USN enregistrait prévue à l’article 101 crée non seulement un conflit avec l’article 110 (sur le fait de nombreuses adhésions de députés dans ses rangs sans que leurs partis et/ que le mandat qu’exerce un député soit un mandat du parti) mais surtout, et c’est ou regroupements politiques aient également changé de camp formellement et le deuxième problème, on aura des députés d’une même formation politique à la sans contestation. Selon le Président Tshisekedi, l’USN n’est pas un parti ni un fois dans la majorité (adhésion individuelle dans un groupe parlementaire) et dans regroupement politique mais juste une large coalition gouvernementale en vue l’opposition (via un parti qui n’est pas membre du même groupe parlementaire). de faire avancer le pays. Il est constitué d’un ensemble d’élus parlementaires Mais qu’à cela ne tienne, l’USN a pris forme. Le FCC a été dépossédé de indépendants de leurs partis et/ou regroupements politiques ayant participé aux sa majorité parlementaire par ses propres méthodes relatives à la machination élections de 2018. Il est en effet vrai que le mandat parlementaire est non impératif politico-juridique. Le Président Tshisekedi a réussi à convaincre les plus réti- vis-à-vis des électeurs et des partis. Cela signifie que les élus sont libres dans l’ex- cents à le rejoindre sans états d’âme. L’USN reçoit et intègre les partis de tous pression de leurs opinions et votes. Après, à part les indépendants, les élus ne sont bords comme le FCC le faisait à sa création. Les mêmes qui ont été avec Kabila pas des électrons libres. Ils dépendent de partis et/ou regroupements politiques pendant dix-huit ans rejoignent aujourd’hui l’USN pour leur survie politique.40 sur les listes desquels ils ont été élus. Par conséquent, le mandat parlementaire Dans le point qui suit, nous revenons sur quelques défis qui attendent cette nou- appartient non pas à l’élu mais au parti. C’est ainsi qu’en cas de départ délibéré velle majorité en RDC. du député national de son parti politique durant la législature, il est réputé avoir renoncé à son mandat parlementaire ou à la suppléance obtenus dans le cadre 3.3. Soutien international à Tshisekedi malgré tout 38 dudit parti politique. Ainsi, les partis politiques qui n’appartiennent pas à la Pour comprendre le succès politique actuel de Thsisekedi face au FCC, coalition de l’USN peuvent demander la déchéance de leurs membres qui ont il faut comprendre comment un certain soutien international dont il a joui a adhéré à cette coalition. convaincu les adhérents au FCC de sa capacité à en découdre avec Kabila. Ce Le deuxième problème concerne la requalification de la majorité parlemen- soutien a été très important pour les rassurer par rapport à leur pari pour l’USN. taire face aux verrous institués aux articles 26 et 54 du Règlement intérieur de Le principal soutien concerne l’implication de l’ambassadeur américain en RDC. l’Assemblée Nationale. L’alinéa 3 de l’article 26 prévoit que : « Au début de La stratégie américaine pour la RDC a été basée sur la théorie selon laquelle il chaque législature, les partis et regroupements politiques déposent au Bureau valait parfois mieux « aller à l’encontre de la démocratie dans l’espoir affiché provisoire de l’Assemblée nationale une déclaration d’appartenance à la ma- de la renforcer ». Ainsi, la diplomatie américaine a fait le pari de légitimer et jorité ou à l’opposition politique dûment signée par chacun d’eux ». En outre, de renforcer le président Félix Tshisekedi malgré les doutes qu’elle a toujours les alinéas 4, 5, 6, 7 et 8 de l’article 54 disposent que « Un député ne peut faire sur sa réelle élection en 2018, pour autant qu’il puisse constituer un allié à la partie que d’un seul groupe parlementaire. Il exerce ce droit une fois au cours reconstruction de la RDC. « Le changement, c’est Tshisekedi. Notre stratégie de la législature. Un député qui quitte son groupe parlementaire perd le droit de consiste à supporter une nouvelle vision qui promeut la lutte contre l’impunité, s’affilier à un autre groupe, il devient non-inscrit. Il en est ainsi du député qui la corruption et valorise la démocratie et les droits de l’homme »41, a expliqué est exclu de son parti. Le député qui n’appartient à aucun groupe parlementaire l’ambassadeur des États-Unis en RDC, Mike Hammer. est appelé non-inscrit. Chaque député est membre du groupe parlementaire au- Non seulement les États-Unis ont repris une coopération bilatérale avec quel appartient le parti politique dans le cadre duquel il a été élu. Les groupes l’armée congolaise en s’appuyant notamment sur la MONUSCO – à travers parlementaires sont constitués pour la durée de la législature ». Ces dispositions la formation de soldats, la fourniture de renseignements, d’équipements et de traduisent, en effet, la crainte qu’éprouvait le FCC de perdre sa majorité parle- casernes –, mais ils ont aussi appuyé l’effort diplomatique de Félix Tshisekedi mentaire dans un contexte où la transhumance politique est un phénomène fré- visant à faciliter le dialogue avec ses homologues de la région des Grands Lacs. quent. La Cour constitutionnelle a fait sauter ces verrous en décidant que « bien Vers la fin de l’année 2020, il y avait déjà une quasi-certitude que le gouvernement qu’approuvées par arrêt R. Const 891, les dispositions des articles 26 et 54 du de Joe Biden allait poursuivre cette position des USA en RDC. Il faut se rappeler règlement intérieur ne sont pas à entendre comme interdisant aux députés, au vu de la circonstance nouvelle […] de faire une nouvelle déclaration d’adhésion à 39 Arrêt rendu en date du 15 janvier 2021 par la Cour constitutionnelle sous R. Const. 1453. un groupe parlementaire ou coalition majoritaire de leur choix, d’autant que la 40 https://www.politico.cd/encontinu/2021/01/08/matata-craint-que-lunion-sacree-ne-soit-une- circonstance visée est assimilée à […] celle d’un bureau provisoire au début de jumelle-du-fcc.html/74795/., visité le 9 février 2021. 41 https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/11/02/en-rdc-le-pari-risque-de-la-diplomatie- 38 Article 110 de la Constitution de la République démocratique du Congo du 18 février 2006 americaine_6058239_3212.html, visité le 10 février 2021. 50 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 RD Congo 51 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 que le soutien des USA en RDC a souvent été considéré comme idéologique « l’accroissement de la capacité opérationnelle de la brigade d’intervention de et politique plus qu’économique face à la Chine dont l’influence en RDC a été la MONUSCO ». Le président Tshisekedi essaie de montrer à la communauté croissante sous le régime de Kabila. internationale qu’il peut incarner une voie pour la solution face aux problèmes Du côté de l’Union européenne et de ses États membres, la tendance a semblé majeurs de la RDC aujourd’hui dont (a) les dizaines de groupes armés qui mena- beaucoup moins pragmatique dès l’élection contestée de Félix Tshisekedi. La cent la sécurité des civils à l’est du pays – et qui auraient été à la base de la mort coopération avec la RDC s’est poursuivie dans une ambiance très ambiguë entre de « 2 127 civils tués » dans les deux seules provinces du Kivu au cours de ses d’une part, la méfiance quant au processus électoral et à la mainmise de Kabila vingt premiers mois ; (b) la pauvreté qui touche les 72 % des congolais vivent sur les institutions et d’autre part, l’opportunité de changement réel que pouvait avec moins de 1,9 dollar par jour, sur une population de 80 millions d’habitants46; représenter l’avènement de Tshisekedi.42 On a vu ensuite l’UE s’aligner derrière (c) les millions de personnes, « parmi lesquelles des déplacés internes, qui ont les USA, même aux moments les plus troubles de la transition, pour soutenir besoin d’une assistance humanitaire urgente ». Ce sont là quelques défis qui « l’ambitieux programme de réformes annoncées à l’issue des consultations attendent l’actuelle majorité congolaise et sur lesquels nous revenons plus en politiques menés par le Chef de l’État congolais ».43 détail dans le point suivant. Sur le plan sous-régional, le président congolais a poursuivi la recherche de soutien qu’il a commencée dès le début de son mandat. Alors qu’au départ 4. NOUVELLE MAJORITÉ, NOUVEAUX DÉFIS il a essayé de chercher le soutien dela quasi-totalité des pays de la région, les La nouvelle majorité au pouvoir en RDC doit encore se consolider. Personne efforts se sont concentrés ces derniers mois autour de l’Angola, du Rwanda et ne connait encore les stratégies qui seront utilisées par l’actuel régime pour y du Congo. Les relations avec des pays comme l’Ouganda, le Burundi ou encore parvenir. En tout cas, on sait qu’il y a une culture de transhumance politique à la Tanzanie, avec lesquels il a tenté un rapprochement et des actions concrètes laquelle le régime de Kabila a dû faire face à travers plusieurs stratégies politiques pour sa sécurité, se sont refroidies petit à petit, principalement à cause de sa et juridiques. Il sera intéressant de voir encore une fois la manière dont l’actuel proximité avec le Rwanda. Celui-ci continue à jouer un rôle important au niveau pouvoir va se les approprier. Mais au-delà de ces manœuvres pour conserver sécuritaire à l’est du pays, à en croire la présence de son armée qui a été signalée le pouvoir, plusieurs défis attendent encore le président Félix Tshisekedi et sa dans « l’est du territoire congolais au moins entre fin 2019 et octobre 2020, en nouvelle majorité, (1) qu’ils soient d’ordre sécuritaire, (2) sanitaire ou qu’ils dépit des dénégations de Kigali », selon le dernier rapport des experts de l’ONU relèvent (3) de l’État de droit. sur la RDC.44 Aussi, en tant que puissance militaire sous régionale, l’Angola reste un allié régional déterminant à l’ouest du pays pour le Président Tshisekedi du 4.1. Défis sécuritaires point de vue militaire.45 La saga politique très médiatisée FCC-CACH a plus ou moins réussi à Pour convaincre ses interlocuteurs internationaux, Félix Tshisekedi a jus- cacher à l’opinion publique que l’année 2020 aura été cauchemardesque pour que-là réussi à capitaliser sur sa nouveauté dans la classe politique congolaise beaucoup de populations de l’Est sur le plan sécuritaire. Premièrement, du Ka- et sa volonté à vouloir déboulonner le clan Kabila qui a dirigé le pays dix-huit tanga à Beni, en passant par Minembwe jusqu’en Ituri, il y a eu des incursions années durant. Comme cela a été le cas lors de son discours à la 75ème session de forces rebelles nationales et étrangères qui ont continué à terroriser les popu- de l’Assemblée générale de l’ONU, Félix Tshisekedi ne cesse de rappeler le lations civiles souvent dans la passivité la plus totale des autorités. Les Bakata caractère préoccupant de la situation sécuritaire dans la partie orientale du pays Katanga ont terrorisé la Ville de Lubumbashi.47 La même scène s’est reproduite et de demander à la communauté internationale à la fois le soutien pour pacifier à Bunia où les éléments de la CODECO sont venus libérer leurs collègues in- le pays et des sanctions pour toutes « les sources d’approvisionnement et d’appui carcérés à la prison de cette ville.48 Pour se retirer, ceux-ci ont exigé des fonds aux groupes armés ». Il ne cesse pas non plus de tendre la main à l’ONU pour et des vivres auprès des autorités qui n’ont pas défailli face à cette requête. La situation catastrophique de Beni n’a guère connu d’amélioration en dépit des 42 https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/01/22/rdc-l-union-europeenne-se-resout-a- reconnaitre-l-election-de-felix-tshisekedi_5412977_3212.html visité le 10 décembre 2020. 43 https://actualite.cd/2020/12/12/soutien-total-de-lue-aux-reformes-annoncees-par-felix- 46 https://www.lepoint.fr/afrique/la-republique-democratique-du-congo-a-la-croisee-des- tshisekedi-lissue-des, visité le 5 janvier 2021. chemins-12-12-2020-2405482_3826.php, visité le 13 février 2021. 44 https://www.rtbf.be/info/monde/detail_l-armee-rwandaise-etait-presente-en-rdc-courant- 47 https://actualite.cd/index.php/2020/09/27/incursion-bakata-katanga-lubumbashi-le- 2020-selon-les-experts-de-l-onu?id=10666954, visité le 15 mars 2021. depute-national-nanou-memba-denonce-des-tueries, visité le 5 décembre 2020. 45 https://congovirtuel.com/information/langola-en-sauvetage-militaire-de-tshisekedi-dans- 48 https://actualite.cd/2020/09/04/rdc-des-dizaines-de-miliciens-codeco-font-irruption-bunia, son-bras-de-fer-avec-kabila-jj-wondo/, visité le 12 mars 2021 visité le 4 décembre 2020. 52 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 RD Congo 53 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 efforts déployés sur le terrain par l’armée pour combattre les ADF qui continuent sable suivant le calendrier établi d’un commun accord avec le Gouvernement ». à tuer la population à la machette. Aujourd’hui, beaucoup d’organisations de la Visiblement, le régime actuel mise beaucoup sur la sécurisation de l’est de la société civile congolaise dénoncent la promesse non tenue du Président de la RDC pour sa légitimité et semble donner des signaux positifs pour travailler République d’installer le quartier général avancé de l’armée à Beni pour pouvoir avec la MONUSCO. Mais il pourrait aussi s’en passer si celle-ci ne s’avère pas suivre de près l’évolution de la situation. vraiment efficace. Les conflits inter-ethniques à Fizi, Mwenga et Uvira entre les Banyamulenge d’une part, et d’autre part, les Bembe et Fuliru se polarisent autour du statut de 4.2. Défis sanitaires commune rurale octroyé à Minembwe. Cette décision est perçue comme une Sur le plan sanitaire, la Covid-19 a entrainé de nombreuses pertes en vies initiative visant à accorder une entité aux Banyamulenge, difficilement acceptés humaines auprès des personnalités du monde politique et des milieux nantis. par leurs voisins bembe et fuliru comme étant originaires de la région. Chacune Parmi les mesures arrêtées pour faire face à la Covid-19, il y a lieu de citer le de ces communautés s’est constituée des milices d’autodéfense. Ce qui crée couvre-feu, la fermeture des écoles et universités, la fermeture des églises, l’in- des affrontements récurrents entrainant tueries, viols et pillages. L’installation terdiction de rassemblements de plus de 20 personnes, la proclamation de l’état des autorités de cette commune par les autorités provinciales, sous la supervi- d’urgence, le confinement du pays en isolant Kinshasa du reste du pays et du sion du Ministre national de la décentralisation, Azarias Ruberwa, a soulevé monde sauf pour les cargos, etc. Ces mesures ont eu une incidence négative sur de nombreuses vagues d’indignation et de protestations. Cette décision a été l’économie du pays et sur le vécu quotidien de la population. Pour remédier tant suspendue par le Président de la République qui a, en même temps, annoncé la soit peu aux difficultés engendrées par ces mesures, le Gouvernement a décidé de création d’une commission pour déterminer les limites de cette entité territoriale la prise en charge globale des malades, la suppression de l’impôt professionnel 49 accusée d’empiétement sur des entités voisines. Cette commission promise sur les rémunérations des agents publics de l’État durant trois mois, de la taxe n’est toujours pas installée. sur la valeur ajoutée sur tous les produits alimentaires, la gratuité de l’eau et de Entre-temps, la nouvelle majorité au pouvoir hérite des débats sans fin autour l’électricité, etc. du rôle et de l’efficacité de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour Ces mesures ont été considérées par beaucoup comme étant déconnectées la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) quant à la des réalités du pays et prises dans le souci de reproduire le modèle de gestion des e pacification de l’est de la RDC. En effet, lors de la 8778 séance du Conseil de pays occidentaux. A cet effet, la gestion de la Covid-19 en RDC n’a pas vraiment Sécurité de l’ONU le 7 décembre 2020, la Représentante spéciale du Secrétaire matérialisé son programme multisectoriel d’urgence et d’atténuation des impacts général en RDC revenait sur la stratégie d’un retrait « graduel et responsable » de la pandémie. En effet, plusieurs hôpitaux choisis pour soigner les personnes de la MONUSCO afin de pouvoir « réussir sa sortie ». La stratégie tourne autour atteintes de la Covid-19 accusent encore des arriérés de paiement et ont fini de trois axes : un retrait progressif, une concentration dans des zones plus sen- par refuser de continuer de recevoir les malades. L’Impôt Professionnel sur la sibles, un retrait conditionné par une pacification réelle et une responsabilisation Rémunération a été rétabli juste un mois après la suspension de sa perception à du gouvernement congolais. En effet, pour la Cheffe de la MONUSCO, il sera la demande du FMI. De même, la qualité et la fréquence de la desserte en eau et question de retirer la Mission des Kasaï d’ici à juin 2021 et du Tanganyika d’ici en électricité ont baissé durant la période de confinement. Dans les villes où le à juin 2022, « si la stabilisation s’est enracinée ». Elle veut aussi « une consoli- confinement a été décrété, seules les communes nanties ont été concernées. Tel dation progressive de la présence de la Mission dans les trois provinces les plus est par exemple le cas de la commune de la Gombe à Kinshasa et la commune touchées par la violence : le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et l’Ituri ». Mais pour la d’Ibanda à Bukavu, considérées comme l’épicentre des contaminations. Ces MONUSCO, cette stratégie dépendra de la capacité du Gouvernement congolais décisions ont renforcé l’idée selon laquelle la Covid-19 n’existe pas pour certains et de son armée à assurer la sécurité du territoire et de ses populations. et pour d’autres, elle est « une maladie des riches ». Ainsi, les habitants de zones Du côté congolais, la stratégie consiste à accroître la pression sur la MO- reculées se sont opposés farouchement au respect strict des mesures décrétées NUSCO afin qu’elle puisse renforcer ses capacités offensives, notamment celle pour lutter contre la Covid-19. Les altercations entre les éléments de la police et de sa brigade d’intervention afin de pouvoir « réussir sa mission première, à les habitants ne portant pas de masques ou dépassant le nombre des personnes savoir la protection des civils, ainsi que pour réussir sa sortie progressive respon- autorisé dans les transports en commun ont fait également quelques victimes. De même, les protestations se sont élevées contre la fermeture des écoles et 49 https://www.lepoint.fr/monde/rdc-minembwe-l-enclave-tutsi-des-hauts-plateaux-qui- l’imposition du couvre-feu. En effet, comment autoriser le déroulement de toutes enflamme-les-ressentiments-anti-rwanda-11-10-2020-2395815_24.php, visité le 3 décembre les autres activités (églises, bars, restaurants, transports en commun, réunions 2020. 54 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 RD Congo 55 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 politiques, commerces, etc.) à l’exception uniquement des écoles ? Avec une En d’autres termes, le Président de la République est crédité de bonne foi année scolaire et académique 2019-2020 presque bâclée suite à la Covid-19, par une partie de la population pour changer les choses. Cette population ne se beaucoup de voix se sont élevées contre cette mesure pour l’année 2020-2021 soucie guère du respect des règles dans la démarche du président pour arracher et ont appelé à la réouverture des écoles. En outre, beaucoup ont vu dans le les leviers du pouvoir à l’ancien régime. Ce qui lui importe, c’est la mise en couvre-feu instauré vers la fin de l’année 2020 une mesure davantage sécuritaire, œuvre du programme en sa faveur et le développement du pays. Cette fixation dictée par la situation politique du moment, plutôt qu’une mesure visant à lutter de la population plus sur les résultats que sur les procédures la pousse à tolérer contre la Covid-19. et/ou relativiser des violations de la loi pourtant fort dénoncées dans le régime Dans le cadre de la gestion de cette pandémie, le Gouvernement a débloqué sortant. Ainsi, de plus en plus, beaucoup d’associations de défense des droits un montant d’environ 25 millions de dollars. L’utilisation de ces fonds aurait de l’homme jadis engagées contre les abus sous le règne du Président Kabila ne donné lieu à des détournements massifs dénoncés d’abord par le Vice-Ministre cessent de s’illustrer par le silence lorsqu’elles ne justifient pas la violation de de la Santé, et ensuite par l’Inspection générale des Finances. Celle-ci a saisi la loi commise par le nouveau pouvoir. le Parquet près la Cour de cassation pour poursuivre le Ministre de la santé.50 Or, dans son analyse de la situation des droits de l’homme en 2020 en RDC, Mais la demande d’autorisation des poursuites sollicitée par le parquet à l’As- l’ONG internationale Human Rights Watch constate que la situation des droits semblée Nationale n’a jamais été examinée. Le Ministre de la Santé a profité humains en RDC s’est dégradée en 2020 sous la présidence de Félix Tshisekedi, de cette passivité pour se dédouaner en faisant porter la responsabilité des actes après une première année de mandat marquée par des avancées. Selon elle, « les qui lui sont reprochés à certains membres de son cabinet, qui ont par ailleurs été autorités congolaises ont réprimé des manifestants pacifiques, des journalistes arrêtés.51 Ce dossier sanitaire s’ajoute à d’autres dossiers qui pèsent sur l’actu- et des personnalités politiques, tout en utilisant les mesures de l’état d’urgence elle majorité et où on a du mal à apercevoir une stratégie réaliste et adaptée au imposé de façon temporaire en raison de la pandémie de Covid-19 comme pré- contexte de la RDC. texte pour endiguer les mouvements de contestation ».54 Plusieurs organisations questionnent le non-respect des lois et l’instrumentalisation de la justice dans 4.3. Défis par rapport à l’État de droit plusieurs affaires dont le « procès 100 jours » 55 ; la déchéance de Kabund du 56 57 Pour comprendre les évolutions politiques en RDC, « il est indiqué de pou- bureau de l’Assemblée nationale ; l’arrestation du Ministre de la Justice ; 58 voir comprendre la manière dont les règles officielles cohabitent avec les pra- les décisions entérinant la déchéance des Gouverneurs de province ; l’affaire tiques stratégiques et comment l’interaction entre les deux produits de nouvelles relative à la corruption des agents de l’agence de lutte et de prévention contre la 59 pratiques politiques quotidiennes ».52 C’est dans cette perspective qu’il convient corruption au sein d’Access Bank ; la libération de certains prisonniers arrêtés de comprendre l’action du Président Tshisekedi dans le processus qui l’a mené et condamnés pour corruption et détournements de fonds publics dans le cadre à se défaire de son allié encombrant. Or, une telle approche pose des questions 54 sérieuses quant au respect de l’État de droit par la nouvelle majorité. En effet, https://www.hrw.org/fr/world-report/2021/country-chapters/377287, visité le 15 mars 2021. 55 https://cas-info.ca/2020/06/condamnation-de-kamerhe-la-cenco-emet-encore-des-reserves- sachant qu’il n’avait pas de majorité au Parlement à ses débuts, et que du point de sur-le-caractere-serieux-du-verdict/, visité le 01 décembre 2020. Voir aussi : https://7sur7. 53 vue de textes juridiques en vigueur il n’avait que peu de marge de manœuvre , cd/2021/01/13/rdc-hrw-emet-des-doutes-sur-les-veritables-motifs-des-poursuites-contre- le Président s’est octroyé un pouvoir de fait en modifiant à son avantage les kamerhe. rapports de force par le contrôle effectif des leviers importants du pouvoir. Face 56 Le Conseil d’État sur saisine de Kabund a empêché l’Assemblée nationale de se réunir au mépris de l’inviolabilité de son siège ; Jean-Jacques Mamba a été arrêté et déféré par le parquet à toutes les lois constituant des obstacles, il semble avoir trouvé la solution dans près la Cour de cassation dans une procédure de flagrance très discutable et en dehors de toute l’adage « le salut du peuple est la loi suprême ». autorisation de l’Assemblée nationale. 57 Celui-ci avait transmis à l’insu du Conseil des Ministres les avis du Gouvernement sur les 50 https://cas-info.ca/2020/09/gestion-de-fonds-de-la-covid-19-la-cour-de-cassation-demande- propositions de loi Minaku et Sakata sur les réformes de la justice et a fait les frais de cette a-lassemblee-nationale-dautoriser-les-poursuites-contre-eteni-longondo/, visité le 10 janvier manipulation de la justice. Arrêté sans que le Premier Ministre ne soit informé conformément à 2021. la loi, celui-ci a été par la suite été contraint de démissionner. 51 https://actu7.cd/2020/09/26/detournements-fonds-covid-19-eteni-longondo-livre-deux-de- 58 La décision de la Cour constitutionnelle en défaveur du Gouverneur de la province de Kongo ses-collaborateurs-a-la-justice-pour-se-soustraire-aux-enquetes-de-ligf/, visité le 2 décembre central est restée lettre morte. En effet, les Gouverneurs de province déchus trouvent refuge 2020. aujourd’hui à l’USN pour bénéficier de la protection du Président de la République. 52 NYENYEZI, A., op. cit., p. 43. 59 Aucune personne de cette agence n’a été sanctionnée par le Président de la République, un 53 https://www.politico.cd/encontinu/2021/01/10/le-juridisme-du-fcc-face-au-pragmatisme-du- organisme qui dépend pourtant de lui. Au contraire, son directeur général qui avait été interpellé cach-par-emile-bongeli.html/74871/, visité le 10 janvier 2021. et placé en détention a été libéré le lendemain. 56 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 RD Congo 57 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 des procès 100 jours. Des problèmes se posent aussi par rapport à la gestion des de représentativité.60 Il faut toutefois reconnaître qu’aucun mode de scrutin n’est finances publiques au niveau de la Présidence de la République. Celle-ci est intrinsèquement parfait ou imparfait. Le succès de tout mode de scrutin découle régulièrement citée dans les dépassements de crédits budgétaires qui lui sont des garanties de transparence et d’intégrité fournies par le cadre institutionnel alloués, contredisant ainsi le slogan de son parti : « Le peuple d’abord ». de gestion des élections. C’est ainsi que la proposition de loi de Lutundula sur A tous ces défis s’ajoutent ceux relatifs aux réformes électorales dont les la CENI introduit une composition paritaire entre les trois composantes existan- enjeux caractérisent et continueront à caractériser les débats politiques en RDC tes et une série de sanctions contre les animateurs de cette institution en cas de pour les prochaines années. Nous y revenons brièvement ci-dessous. manquements à leurs missions. Ces innovations renforceraient l’indépendance de la CENI et l’intégrité du processus électoral. 5. ENJEUX DES RÉFORMES ÉLECTORALES Toutes ces réformes visent à « construire un système électoral réellement Après le contrôle de la majorité par le Président de la République, la question démocratique, stable, reposant sur des règles essentielles susceptibles de rassurer de réformes électorales en vue des échéances de 2023 constitue actuellement - et tous les acteurs, rationaliser la décentralisation, en la rendant plus efficace, réa- pour les prochaines années d’ailleurs – le point central de l’actualité politique liste et compatible avec les moyens de l’État, empêcher la corruption électorale en RDC. En effet, en dépit du fait que les élections de 2018 ont permis au pays et assurer plus de représentativité et une plus grande légitimité des élus en vue 61 de vivre sa première alternance pacifique, celles-ci ont révélé beaucoup de dys- d’une meilleure adhésion populaire à l’action des institutions ». Ces proposi- fonctionnements. Ceux-ci ont conduit à de nombreuses propositions de réformes tions viennent de la CENI, des missions d’observation électorale et d’acteurs électorales. Il est pratiquement impossible d’analyser dans cette partie toute politiques de diverses familles politiques, plus particulièrement ceux regroupés cette panoplie de réformes électorales proposées et qui sont déjà aujourd’hui à au sein du G13. Il semble donc se dégager une convergence des forces politiques la base de plusieurs controverses. Nous en passerons en revue quelques-unes et sociales sur la nécessité d’opérer les réformes électorales avant les élections avec leurs justifications avant d’aborder les difficultés entourant leur adoption de 2023. Pour autant, les approches diffèrent et l’initiative du G13 a révélé ces et mise en œuvre. dissensions. Alors que presque toutes les forces politiques et sociales ont accepté de recevoir le G13 dans le cadre de ses consultations et adhéré à ses propositions, 5.1. Quelques réformes électorales phares le FCC lui a réservé une fin de non-recevoir, renvoyant le débat sur les réformes électorales dans les institutions de la République.62 Plusieurs propositions de réformes électorales ont déjà été formulées par Cette position du FCC l’a fragilisé en renforçant les soupçons de prise en différents acteurs politiques et de la société civile en RDC. Elles ont trait aux otage par lui du prochain processus électoral. Ce d’autant plus que le Président de modes de scrutin, de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), la République avait reçu le G13 dans ses consultations et adhéré aux conclusions à réduction du nombre d’entités territoriales décentralisées (ETD) concernées de ces consultations. Le système électoral en vigueur dans son ensemble était par les élections locales, à la production du fichier électoral, à la nationalité, etc. favorable au FCC. Fort de sa majorité parlementaire, il bloquait toute tentative Premièrement, il a été proposé de redéfinir les règles relatives au fichier de perturber ses calculs électoraux de 2023. Par contre, les réformes électorales électoral en vue d’intégrer les aspects relatifs aux données démographiques qui étaient pour le Président Tshisekedi une occasion d’intensifier ses actions pour seront récoltées à l’issue du recensement général de la population. Ce processus de recensement permettra également de trancher définitivement certains problè- 60 Il s’agit d’un pourcentage de suffrage valablement exprimé déterminé par une norme mes de citoyenneté et faciliter ainsi l’option de la double nationalité congolaise juridique que chaque liste (parti et/ou regroupement politique) ou candidat indépendant doit tant réclamée. Deuxièmement, il se dégage un problème des moyens adéquats atteindre pour être admis à la répartition des sièges. Voir Exposé des motifs de la loi n°17/013 pour l’organisation des élections locales dans toutes les 732 ETD concernées du 24 décembre 2017 modifiant et complétant la loi n°06/006 du 09 mars 2006. LeG13 au niveau de la RDC, l’installation et la viabilisation des organes issus de ces propose que le seuil légal de représentativité soit remplacé par une condition de recevabilité des candidatures au prorata des 60% des sièges en compétition. Concrètement, chaque parti élections. Ramener la décentralisation au niveau des seuls territoires, villes et politique devra aligner les candidats correspondants à 60% des sièges mis en compétition sous communes de Kinshasa comme en 1998 parait, pour beaucoup, une solution de peine de rejet de ses candidatures. Il propose aussi un système de parrainage pour les élections rechange efficace. Troisièmement, enfin, les modes de scrutins occupent l’es- de Gouverneurs et de sénateurs exigeant de candidats à ces deux scrutins à recueillir d’abord le sentiel des débats sur ces réformes électorales avec, d’abord, un plaidoyer pour soutien des électeurs (députés provinciaux) avant tout dépôt de candidature. 61 le retour à l’élection présidentielle à deux tours. Ensuite, il est suggéré pour les Proposition de loi portant modifiant et complétant la loi n°06/006 du 9 mars 2006, déposée par le G13 à l’Assemblée Nationale en date du 17 septembre 2020. élections législatives le scrutin majoritaire simple en lieu et place du seuil légal 62 On peut d’ailleurs se demander si à l’avenir le FCC gardera la même position, maintenant qu’il ne contrôle plus ces institutions. 58 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 RD Congo 59 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 la quête de plus de marge de manœuvre dans la gouvernance du pays en 2023. Cela est d’autant plus vrai que certaines propositions de réformes électorales Cette divergence d’intérêts peut être à la base de difficultés pour l’adoption de créent parfois plus de problèmes qu’elles n’en résolvent. C’est le cas du parrai- réformes électorales consensuelles, crédibles et durables. nage évoqué en ce qui concerne les élections des gouverneurs et des sénateurs. Il y a lieu de noter que le parrainage des candidats par les citoyens est de loin 5.2. Obstacles à l’adoption de réformes électorales crédibles meilleur que le parrainage des candidats par les élus, comme le suggère le G13. Les rapports de force étant désormais inversés au niveau du Parlement, Ce parrainage du candidat par les élus qui sont en plus appelés à l’élire une fois on peut se demander si les calculs politiques des deux protagonistes n’ont pas sa candidature reçue accroitra la corruption que ce système est censé atténuer. également connu des mutations. Le Président de la République, ayant aujourd’hui En effet, les élus pourront solliciter d’abord des avantages en échange de leurs le contrôle du Parlement, serait-il toujours favorable aux réformes électorales ? parrainages et ensuite, pour le vote proprement dit. Ce système consacrerait donc Quel intérêt aurait-il d’œuvrer, par exemple, pour la mise en place d’une CENI une corruption à double échelle. avec représentation paritaire de la majorité, de l’opposition et de la société civile, 6. CONCLUSION tandis que la loi actuelle lui donne l’avantage de désigner plus de membres que chacune de deux autres composantes, accroissant ainsi ses chances de contrôler L’année 2020 a été importante dans la mesure où elle est la continuité de ce le processus électoral de 2023 ? Un éventuel désintéressement de sa part face à qui a été considéré comme une occasion d’alternance politique en RDC à l’issue ces réformes n’étonnerait donc personne. Il pourrait justifier cela par le retard des élections de 2018 et la prise de pouvoir de Félix Tshisekedi en 2019. En effet, que la mise en place des animateurs de la CENI a pris avec le risque de conduire alors que l’avènement de ce dernier à la tête du pays a été considérée par beau- à un glissement de son mandat. coup comme une continuité déguisée du régime Kabila, la rupture FCC-CACH D’où le refus du Président Tshisekedi de confier la direction de l’Assem- intervenue en 2020 semble avoir sonné le glas de l’avènement d’un véritable blée nationale au camp de Katumbi63, au motif de prévenir une nouvelle série nouveau régime en RDC. de bras de fer. Ceci est déjà un signal par rapport aux inquiétudes de la nouvelle L’analyse des événements qui ont conduit vers cette rupture montre déjà une majorité quant aux réformes proposées. En effet, le camp Katumbi justifiait certaine couleur que revêt ce nouveau régime. Premièrement, l’actuel régime au son adhésion à l’USN de la nation par un cahier des charges mettant un accent pouvoir utilise une forme de légitimation pragmatique qui consiste à faire accep- particulier sur les réformes électorales capables de crédibiliser le processus ter son pouvoir et à justifier ses décisions sur base du bien global que celles-ci électoral de 2023. Il sollicitait dès lors la direction de l’Assemblée nationale supposent pour la population congolaise et que le régime précédent n’a pas pu pour veiller à l’adoption de ces réformes. Que les réformes électorales soient procurer. Il y a lieu de constater que Félix Tshisekedi a réussi à convaincre une engagées ou pas, il est à noter qu’elles ne pourraient plus se dérouler sans ou bonne partie des citoyens congolais et des partenaires internationaux de cette contre la volonté et/ou les intérêts du camp Tshisekedi. Ainsi, le pays risquerait bonne foi. Mais si pour les premiers, il faut avant tout accorder une chance au d’être pris dans le piège de « réformer pour gagner »64, occultant au passage les nouveau régime pour espérer changer ses conditions des vies, pour les seconds objectifs de moralisation de la vie publique et de renforcement des mesures de le bien des Congolais devrait passer par le déboulonnement du régime de Kabila. transparence des élections que poursuivent les réformes proposées. Deuxièmement, le nouveau régime en RDC a beaucoup appris d’un aspect Il est dès lors difficile de dégager un consensus autour des réformes élec- essentiel de la stratégie de gouvernance de l’ancien régime. Il s’agit, d’abord, torales. Par exemple, du fait des nombreux critères à prendre en compte (repré- du processus par lequel Kabila a verrouillé juridiquement les possibilités pour sentation, proximité entre élus et électeurs, gouvernabilité, etc.) pour l’adoption les élus de quitter à la fois leurs partis et/ou regroupements politiques sans ris- de tel ou tel mode de scrutin, il est difficile de susciter l’approbation générale. quer de perdre leurs mandats parlementaires. Il s’agit, ensuite, du contrôle de Une telle réforme électorale donne souvent lieu à des négociations difficiles la Cour constitutionnelle dont la maitrise assure l’irrévocabilité des décisions entre les partis qui cherchent à constituer ensemble une alliance électorale.65 politiques ayant des conséquences juridiques. Après deux années de coalition avec son partenaire, le président Tshisekedi a compris qu’il n’était pas possible 63 Il s’agit d’un groupe politique dirigé par Moïse Katumbi Chapwe, un riche homme d’affaires de « déboulonner » le clan Kabila sans coup de force, quitte à enfreindre la loi. Il et homme politique congolais et président de la plateforme électorale « Ensemble pour le changement ». Ancien gouverneur du Katanga (entre février 2007 et septembre 2015), il a été a aussi compris que cette manœuvre serait un préalable à la dissolution du FCC un important dignitaire du régime de Kabila, avant de rejoindre l’opposition politique en 2015. dont les membres voulaient la sécurisation de leurs mandats parlementaires avant 64 JEAN-BENOIT, P., Changer pour gagner ? Les réformes électorales en Belgique, Bruxelles, d’envisager toute possibilité de discussion avec le nouveau régime. édition de l’Université de Bruxelles, 2007. Troisièmement, on sait que, dès le départ, le régime de Tshisekedi a été 65 HAMON, F., TROPER, M., Droit constitutionnel, Paris, LGDJ, 2012, 33ème édition, p.181. 60 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 conscient de la nécessité de renforcer ses liens et d’avoir le soutien de ses voisins et de la communauté internationale, plus largement, pour pouvoir atteindre ses objectifs. Mais cette diplomatie a semblé au départ très éparpillée et très peu ciblée par rapport aux critères de pertinence et d’efficacité (les acteurs les plus pertinents et à même d’avoir une plus-value par rapport à des objectifs bien dé- terminés). On a finalement vu un changement, celui de se recentrer sur quelques partenaires clés, quitte à accepter des brouilles avec certains autres. Ainsi, au niveau sous-régional, le penchant pour l’Angola et le Rwanda est très efficace au niveau sécuritaire et au niveau de la dissuasion interne, même s’il n’a pas laissé les puissances régionales comme l’Ouganda et la Tanzanie indifférentes. Il en est de même du rapprochement fort avec les USA face aux intérêts chinois et libanais. Quatrièmement, après plus de deux ans au pouvoir, le nouveau régime conti- nue à utiliser un discours qui tend toujours à considérer que le régime précédent serait à la base des problèmes que rencontre le pays aujourd’hui. Il est vrai qu’après dix-huit années d’un régime qui a été fort critiqué sur son action plus globalement, il faut beaucoup de temps pour réparer ce qu’il faut et entamer un nouveau décollage. Mais cela ne devrait pas servir de prétexte pour cacher des manquements actuels, notamment en termes de bonne gouvernance et d’État de droit. Dans les mois et les années à venir, il sera intéressant de voir les limites de la permissivité d’une partie de la population et des partenaires internationaux quant aux exigences du respect de ces deux principes. Ceci est surtout capital lorsqu’il sera question d’envisager le démarrage du processus électoral de 2023.

Louvain-la-Neuve et Kinshasa, mars 2021 RWANDA

Filip Reyntjens

1. INTRODUCTION Over the last 12 months, the RPF’s dominance has, if anything, tended towards further consolidation. In contravention of article 62 of the constitu- tion, the party now holds 73 per cent of cabinet positions. It also occupies 84 per cent of all functions listed in Annex 2 of these Chronicles. In ethnic terms, Tutsi occupy 60 per cent of cabinet positions and 75 per cent of all listed functions. The predominance of returned refugees, at the expense of genocide survivors, is striking. These figures have remained relatively stable over the last ten years. The political opposition, civil society and the media continue to be in- timidated, both inside the country and abroad. While massacres committed by the RPF were well documented, they have escaped judicial condemnation. However, current attempts to revive the 2010 UN Mapping Report on crimes perpetrated in the DRC are seen as a threat in Kigali. Regional relations have remained poor, particularly with Uganda and Bu- rundi, and these conflicts continue to paralyse the East African Community. In addition, Rwanda keeps interfering in the DRC, under the form of both military operations and the exploitation of natural resources. 2. POLITICAL GOVERNANCE Changes in the cabinet tend to be frequent in Rwanda, and the early months of 2020 were no exception. They occurred both as a result of a major reshuffle and the removal of individual ministers. On 6 February, the Minis- ter of State for Constitutional and Legal Affairs Evode Uwizeyimana and his colleague in charge of Primary and Secondary Education Isaac Munyakazi resigned. The former had aggressively refused to undergo security procedures when entering a building a few days earlier, while the latter was alleged to have been involved in national exam fraud and doctoring school rankings in 2019.1 Uwizeyimana’s demise appears also to have been caused by his public attacks on the Catholic Church hierarchy, women, journalists and cabinet col- leagues, which had led in the past to hostile comments against him in social media. Before joining the cabinet in 2016, he had been a staunch critic of the

1 “Two ministers resign from Rwandan Cabinet”, The New Times (Kigali), 7 February 2020. 62 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Rwanda 63 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 regime while living in exile in Canada, until his return to Rwanda in 2014.2 A collective memory”.8 During the exchange between the two, Rugira added an week after these departures, on 14 February Health Minister Diane Gashumba ominous reference to what happened to Victoire Ingabire in 2010: “A certain also resigned. According to a tweet from the Prime Minister’s office, this fol- lady said something similar at the genocide memorial when she returned from lowed “a series of habitual gross errors and repeated leadership failures on the exile. She wanted everyone to have a chance to mourn their own”. Nduhun- part of the Minister”.3 A couple of days later, President Kagame made clear girehe’s last reaction read: “This is the time for mourning, not for petty de- what these “failures” were. During the National Leadership Retreat (Umwih- bates and intimidation. Goodbye”. While he paid the price for appearing to erero) he accused Gashumba of lying to him about the availability of testing contradict the official narrative on the genocide and its victims, this incident kits for Covid-19, and he hinted that more ministers could be “on their way shows the sensitive nature of the issue of “truth” in today’s Rwanda.9 out”. Kagame specifically pointed to Defence Minister Major General Albert This was not the end, as another spectacular sacking followed later the Musasira and Minister of Internal Security General Patrick Nyamvumba.4 same month. On 27 April, Kagame removed General Patrick Nyamvumba Just days later, Kagame made a major reshuffle involving the entry into from the post of Minister of Internal Security “owing to matters of accounta- the cabinet or the moving to other portfolios of a dozen Ministers and Minis- bility under investigation”. Appointed only in November 2019, Nyamvumba ters of State.5 Some of these changes had been made necessary by the resig- was criticised by Kagame during the National Leadership Retreat in February, nations/dismissals mentioned earlier. Her appointment as the new Minister of and his was probably the briefest ministerial career in the country’s history. Cabinet Affairs confirmed the rise of Ines Mpambara, who had been the chief Before he became a Minister, Nyamvumba was the RDF Chief of Defence of staff in the President’s office since 2009. Having operated in the centre of Staff. The way in which a top army officer was treated suggests tensions in power, she was sometimes called “the real Prime Minister” and had trodden the military establishment, although their nature and severity remain unclear. on many toes. Behind closed doors, officials expressed “admiration and loath- After the reshuffles, the RPF made no attempt to hide its near monopoly ing, in equal measure”.6 in the cabinet. As was the case in the past, the government’s composition con- Surprisingly, only weeks after this shakeup, two other members of the travenes article 62 of the constitution which stipulates that a party cannot have cabinet were shown the door, and both these sackings were revealing. On 9 more than 50 per cent of cabinet members. However, out of a total of 31 mem- April Minister of State Olivier Nduhungirehe was removed from office “for bers, the RPF holds 22 positions10, with the PSD having two and the PL one; consistently acting based on personal opinions over Government policies”. five members have no official party affiliation, and the affiliation of one other While he was known to be very vocal, including on social media, one tweet could not be identified. A more covert way of controlling the government, that too many seems to have sealed his fate. On 7 April, the first day of the geno- has also been in use for many years, is that if a minister is not a Tutsi of the cide remembrance period, he argued that politicians who were killed during RPF, the permanent secretary is (with just one exception) a Tutsi of the RPF, the genocide should also be remembered.7 This caused strong reactions on thus offering a way of controlling members considered “less reliable”. While Twitter, including from Lonzen Rugira, an opinion maker who regularly pub- they constitute under 15 per cent of the country’s population, Tutsi occupy lishes in The New Times. He wrote that the commemoration “is not to remem- 60 per cent of cabinet positions.11 In terms of both party political and ethnic ber politicians” and that “personal circumstances cannot be used to undermine affiliation, these figures have remained relatively stable over the last decade.12

8 The uproar may be due to the fact that mentioning “politicians” in the context of the early 2 On the incidents preceding Uwizeyimana’s resignation see “Evode Uwizeyimana: The 1990s could be seen as a reference to Hutu politicians, which would explain the recollection of Eloquent Constitutional Lawyer Who Called President Kagame’s Government ‘Clique of Victoire Ingabire’s arrest. Armed Gangs’”, The Chronicles (Kigali), 7 February 2020. 9 However, later in the year Nduhungirehe was appointed ambassador to The Netherlands. 3 “Health Minister Dr Gashumba resigns”, The New Times, 14 February 2020. 10 Not counting the CEOs of the Rwanda Development Board and the Rwanda Mines, Petroleum 4 “Rwandan President Kagame hints at firing more ministers”, The East African, 18 February and Gas Board who are members of the cabinet. They are both RPF. 2020. 11 The composition of institutions can be found in Annex 2. Adding up all office holders in 5 “President Kagame Makes Major Cabinet Shakeup”, KTPress (Kigali), 26 February 2020; this annex who could be identified, the statistics are as follows: RPF 80/95 (84 per cent); Tutsi “Kagame reshuffle cabinet, overhauls Health and Education Ministries”, The New Times, 27 75/100 (75 per cent). Of the latter, 59 are former refugees (78 per cent of Tutsi), showing February 2020. marginalization of Tutsi genocide survivors. 6 “The Meteoric Rise of Ines Mpampara (sic), New Minister for Cabinet Affairs”, The 12 DE ROECK, M., REYNTJENS, F., VANDEGINSTE, S., VERPOORTEN, M., “Special Chronicles, 27 February 2020. data feature. Institutions in Burundi and Rwanda: A 20-year data overview (1995-2016)”, in 7 “Kagame drops vocal minister for defying government stance”, The East African, 10 April REYNTJENS, F., VANDEGINSTE, S., VERPOORTEN, M. (Eds.), L’Afrique des grands lacs. 2020. Annuaire 2015-2016, Antwerp, UPA, 2016, pp. 44-45. 64 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Rwanda 65 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 As seen during the Umwiherero in February, President Kagame likes to space. One must supplant the other”.20 The “one” is obviously that of the RPF. keep the country’s leaders on their toes. At the occasion of the signing of the “Fighting the ideology of genocide” is a central part of this campaign, inter performance contracts (imihigo) with local authorities, he insisted that Rwan- alia by bolstering the effectiveness of the National Commission for the Fight dans expect more of them, and that they should step up efforts, correct past against Genocide (CNLG), including abroad, by giving it “an organisational mistakes and deliver.13 Districts are ranked according to their achievements in structure that enables it to be somewhat aggressive abroad through working meeting imihigo targets.14 The consequences can be very real for local lead- with Rwandan embassies and other organisations with similar responsibili- ers. In January, 14 cell executive secretaries in Bugesera district were forced ties”.21 Some foreign writers contribute to the dissemination of the RPF’s dis- to sign a letter of resignation, although some of them doubted that the reason course.22 Noting that, domestically, “genocide ideology cases are on the rise”, had anything to do with their performance.15 However, not all are evenly af- parliament advocated more efforts in fighting genocide denial and trivialisa- fected, for instance on the issue of corruption. In October, the Ombudsman tion, including in the schools where “there are those who have not yet accept- openly complained: “People taking big bribes are not easy to capture. They ed to tell the truth”.23 As a consequence, “the young find themselves on the have money, are powerful, very sophisticated in how they conduct their ac- wrong side of history” because some teachers “have a different understanding tivities, and have protection networks”.16 Coming from a high state official and later a misrepresentation of the events from the past”, while “there are still appointed by the President, this shows a commitment to tackle the problem. parents who continue to plant the seeds of divisionism”.24 However, The Chronicles wondered why udufi duto (small fish) are caught The dangers inherent in this defensive and aggressive stance became but ibifi binini (big fish) are left alone, and added that “the question of who clear when a speech delivered in November 2019 to a Tutsi audience25 by is responsible never gets answered – leaving President Paul Kagame and his General James Kabarebe, former Defence Minister and current defence and team blaming the other”.17 The Auditor General’s 2018-2019 report showed security advisor in the President’s office, became public at the end of January an “unimaginable wastage of taxpayers’ money” at all levels, from local dis- 2020. In a “us v. them” vein, he warned against Hutu refugees, announcing tricts to the Senate, but The Chronicles claimed that these practices generally “two opposing generations. On the one side, there is you, genocide survivors, remained unaddressed.18 There may be a link with the phenomenon of aid cap- who have the country, on the other there are those who have stabilised them- ture by ruling elites. A World Bank study of 22 most aid-dependent countries, selves and possess economic power (in the countries where they have settled). including Rwanda, showed that aid disbursements coincide with significant (…) Some are even here, inside the country, and they are really irreducible. increases in deposits held in offshore financial centres (haven deposits).19 (…) But we have the country, we have the army, we have the power and the In a context where it has increasingly been challenged in domestic and in- might”.26 This sort of discourse sets up one group against another in contra- ternational opinion, the regime continued to aggressively protect its discourse. vention of the legislation outlawing divisionism and the official government For instance, Rwandans are “invited” to march on the right track laid out by de-ethnicisation project. the RPF. Revealingly, “the two visions for society – the old and the new ‒ be- The internal opposition has continued to face grave difficulties. Inside ing diametrically opposed means that they cannot coexist in the same political Rwanda, there are only two opposition parties, one recognised, the other not. After Victoire Ingabire left the FDU-Inkingi to set up a new party, DAL- 13 “Stop justifying mediocrity, Kagame tells leaders”, The New Times, 30 October 2020. 14 This is expressed in very precise (and quite surreal in their detail) percentages, ranging from 20 “Rwanda’s liberation and Ingabire’s incompatible vision for society”, The New Times, 6 July 84 per cent for Nyaruguru district to 51.2 per cent for Karongi district (“PM Nigirente sheds 2020. light on 2019-2020 Imihigo performance”, The New Times, 30 October 2020). 21 “Why government wants to reform anti-Genocide body”, The New Times, 21 July 2020. 15 “14 Bugesera District Officials Summoned to Meeting and Given ‘resignation letters’”, The 22 “Linda Melvern’s new book exposes patterns of Genocide denial”, The New Times, 27 Chronicles, 23 January 2020. February 2020. See MELVERN, L., Intent to Deceive. Denying the Genocide of the Tutsi, 16 “Ombudsman Says: Corrupt ‘Big Fish’ are Sophisticated, Have Protection Networks and London-New York, Verso, 2020. In 2017, she and eight others received the Igihango National Lots of Cash”, The Chronicles, 31 October 2020. Order of Outstanding Friendship medal from President Kagame “in recognition of their 17 “Rwanda’s Corrupt: Its Men, Young and only ‘Small Fish’”, The Chronicles, 1 May 2020. exemplary service to the nation in various capacities”. I have reviewed this book in African Also see “Rwanda: la liste des hautes personnalités les plus corrompues enfin dévoilée”,Echos Affairs, Vol. 120, No. 478, 2021, pp. 144-145. d’Afrique, 30 June 2020. 23 “Lawmakers urge greater efforts to tame genocide ideology”, The New Times, 17 October 18 “Enemies of Progress: The People Wasting Our Taxes”, The Chronicles, 24 May 2020. 2020. 19 ANDERSEN, J.J., JOHANNESEN, N., RIJKERS, B., Elite Capture of Foreign Aid. 24 “Survivors concerned over genocide fugitives – report”, The New Times, 4 November 2020. Evidence from Offshore Bank Accounts, World Bank Group, Policy Research Working Paper 25 The Association des étudiants et élèves rescapés du génocide (AERG). 9150, February 2020. 26 Translation from a video recording of the speech in Kinyarwanda. 66 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Rwanda 67 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 FA-Umurinzi, in November 2019, it remained unregistered like its predeces- well as their families staying inside the country. The form referred to “families sor. In February, DALFA-Umurinzi published a report that aimed to assess whose members have gone to foreign countries (…) and who have joined op- the degree of implementation of Rwanda Vision 2020 and concluded that the position organisations against the state” and asked to “report these situations, government would not fulfil its ambitions. The report insisted that “there can if they exist in your district, using the following tables”.31 be no sustainable development without democracy”, and therefore proposed Concluding on political governance, all international rankings converge four “pillars of democracy” that nevertheless remained vague.27 The operation to paint a sombre image. The V-Dem Democracy Report places Rwanda 138th of the party continued to be hindered by harassment. Ingabire was regularly out of a total of 179; the country is ranked “not free”, with a score of 22/100, called in by the Rwanda Investigations Bureau (RIB), where she was kept by Freedom House; Polity IV calls it a “closed anocracy”; its rank on the for hours at a time. In June, her house was searched by the RIB, officially Economist World Democracy Index is 129 out of 151 with the label “authori- because of suspicion of involvement with “terrorist groups”. Party members tarian regime”; and the country ranks 96th out of 137 with the label “hard-line were arrested, charged and sentenced for “subversion” (see below in the sec- autocracy” in the Bertelsmann Transformation Index Democracy Report. tion on justice). The Democratic Green Party of Rwanda (DGPR) is the only opposition party represented in parliament by its president, Frank Habineza, 3. SOCIO-ECONOMIC GOVERNANCE and its secretary general, Jean Claude Ntezimana. Habineza was described as The contrast between poor political governance and ambitious socio-eco- “soldiering alone like an orphan”. According to The Chronicles, as the only nomic policies has been striking for many years, and 2020 has been no dif- MP criticising government policies, he is considered “unpatriotic” by his fel- ferent. A brief glance at developments during the year shows vision and am- low MPs, and he was summoned by the parliamentary disciplinary committee bition. In January, the Infrastructure Minister unveiled a plan to develop a to tone down his “urusaku” (noise). However, after some lawmakers reported 35-hectare Sports Hub in the Remera neighbourhood of Kigali. This develop- Habineza to the RPF Secretariat, it reportedly told them that they should see ment, which would conform to international standards, is planned to include his efforts as a challenge to them, and that he was actually helping to keep the an aquatic centre, the extension of the existing Amahoro stadium, a hotel, a 28 government on its toes. shopping mall, and an upgrading to 18 holes of the golf course.32 In March, Surveillance, control and monitoring possible dissent extends well be- American billionaire Howard Buffet, who first announced an ambitious plan yond Rwanda’s borders. Previous political chronicles have detailed intimida- to invest in the country’s agricultural development in 2015, pledged to estab- 29 tion, kidnapping and violence abroad. In November, the BBC showed leaked lish Africa’s largest centre for agriculture research and extension in Bugesera. footage of an “oath” ceremony at the Rwandan High Commission in London. The stated aim is to modernise the sector and improve smallholder farmers’ Such events, designed to instil fear and obedience among Rwandans abroad, livelihoods.33 In May, the cabinet approved a draft law establishing the Rwan- appear to be frequent. Often under duress, participants pledge loyalty to the da Space Agency (RSA), which was expected to be operational by July.34 The RPF, stating: “If I betray you or stray from the RPF’s plans and intentions, RPF also showed again that it is a learning organisation when Rwanda signed I would be betraying all Rwandans and must be punished by hanging” and a seven-year agreement with South African QA Venue Solutions to manage promising “to fight the enemies of Rwanda, wherever they may be”. The High the 10,000 seat multipurpose Kigali Arena, opened in August 2019, as “it had Commission didn’t even deny this had happened, and stated that members of emerged that few if any local companies had experience managing facilities the diaspora use its conference room for a variety of cultural events and that like Kigali Arena”.35 Following the example of other African countries, the participation in an RPF loyalty pledge was legal. The BBC found out that the government decided in October to enter the cannabis growing industry for Rwandan government not only threatened members of the diaspora seen as medical use expected to make billions of dollars. While noting the govern- disloyal, but also punished such people by targeting their relatives living in ment’s tough stance on the production and use of cannabis, social media sug- Rwanda.30 In a similar vein, in October there was a leak of forms that the gov- ernment distributed to local authorities to register people who left Rwanda, as 31 Translated from a document titled “Abaturage bagiye Uganda”, with subtitles “Ababiye Uganda” and “Imiryango ifite abantu bagiye mu bihugu by’iburayi n’ahandi muriAfurika”. 27 DALFA-Umurinzi, “Rwanda Vision 2020 development programme scrutiny”, February 32 “Government to develop a sports hub in Remera”, The New Times, 30 January 2020. 2020. 33 “American billionaire to build Africa’s largest agriculture research centre in Rwanda”, The 28 “Green Party’s Frank Habineza: The ‘Orphan’ in Parliament”, The Chronicles, 19 October New Times, 12 March 2020. 2020. 34 “Rwanda Space Agency to be operational in July”, The New Times, 21 May 2020. 29 The case of Paul Rusesabagina will be discussed later. 35 “South African company secures contract to manage Kigali Arena”, The New Times, 8 30 “The loyalty oath keeping Rwandans abroad in check”, BBC News, 18 November 2020. October 2020. 68 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Rwanda 69 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 gested that licensing its extensive production for medicinal use should come tion were more openly debated in the national media.41 with its legalisation in the country.36 Ambitions to promote the role of Kigali Other policies also ran into problems. The much-lauded Mutuelle de santé as a financial hub were confirmed by the appointment of former Credit Suisse health insurance has been struggling with funding gaps for years, and at the CEO Tidjane Thiam37 as chair of Rwanda Finance Ltd, a public company end of 2019 ran a deficit of RWF 14.5 billion, which was almost half of its tasked with finding financing from non-traditional sources38, and by the an- budget. Less than a month before the 30 June deadline, only 18 per cent of nouncement that Kenyan banker James Mwangi would build Kigali Financial subscribers had managed to pay their fees.42 The government therefore de- Towers in the context of developing the Kigali International Financial Centre cided to fine defaulters, meaning that those who cannot afford to paywill (KIFC).39 Throughout the year, the way in which the country dealt with the have to pay even more.43 The land sharing scheme put in place in the early Covid-19 pandemic was very much “first world”, efficient and heavy-handed 2000s ran into increasing trouble as it provoked bitter and silent resistance. at the time, in line with the way the regime tends to tackle problems. By the Cases of people contesting the scheme’s outcomes before the courts were on end of 2020, Rwanda was the only country on the African continent whose the rise, and some contestations developed ethnic undertones. Bribery, local travellers were not banned from entering the EU. politics and old land claims by former chiefs contributed to situations that While the government’s vision and ambition must be acknowledged, were explosive in certain places.44 Over the year, investigative journalism by implementation doesn’t always follow. Chemouni and Dye have shown the The Chronicles unearthed several instances where ambitious infrastructure limitations of policies using the example of electricity production. What they projects failed to materialise, leading to considerable loss of public funds. In call a flawed system that has created a system poorly attuned to the country’s Karongi district, Western Province, of the 384 houses promised in the form of energy demand profile and that is prohibitively costly, was caused by the bu- a “model village”, only eleven had been built almost ten years after the start reaucracy’s relative weakness vis-a-vis a small group of RPF officials and the of construction work. Almost everything that could go wrong, did go wrong, presidency. Adaptation towards more realistic policies remains ad hoc and and the Danish architect resigned and left the country, writing on her blog erratic, and it is hampered by officials’ fear of speaking out. Issues observed that “it was not politically possible to continue our collaboration” with the in the electricity sector can be seen in other fields such as education.40 Clearly Rwandan authorities.45 A 50 km road project in the Northern province was there is a link between authoritarianism in politics and socio-economic devel- marred by arbitrary evaluations of expropriation compensation, corruption opment. Likewise, the Green Revolution which aimed to radically transform and poor construction work.46 Ten years after its construction, a badly devised the rural landscape failed to produce the intended results, and even caused waste management facility in the Eastern province was abandoned.47 Overall, severe side effects, particularly for smallholder farmers. However, here again the 2018-2019 national audit report submitted to parliament by the Auditor the RPF proved to be a learning organisation. Mounting grassroots resistance General listed a total of 65 contracts valued at 113 million USD as either led to a decrease in rigidity with which agricultural policy restrictions were delayed or abandoned. The autonomy and freedom of the Auditor General in imposed, and policymakers started to engage with contestation. For instance, documenting governance shortcomings must of course be noted, and it is in multi-cropping increasingly re-emerged as the rule rather than as the excep- line with Kagame’s aforementioned ambition to keep the country’s leaders tion, and problems related to food security, crop failure and food price infla- on their toes. A final point on economic development worth noting is the long-stand-

41 ANSOMS, A., “The End of the New Green Revolution in Rwanda?”, ROAPE Blog, 11 36 “Rwanda Enters Lucrative Billion-Dollar Cannabis Industry”, The Chronicles, 13 October February 2020. 2020. 42 “Only 18 per cent have paid Mutuelle de Santé premiums”, The New Times, 5 June 2020. 37 Ivorian national Thiam resigned from Credit Suisse in February as a consequence of a scandal 43 “Mutuelle de Santé defaulters to be fined”, The New Times, 30 July 2020. caused by him authorising massive spying on some of the bank’s executives. 44 “Ethnic Undertones, Bribery, Courts are Reversing RPF Land Sharing Scheme”, The 38 “Ex-Credit Suisse CEO Tidjane Thiam Gets Influential Role in Rwanda”,The Chronicles, 12 Chronicles, 12 January 2020; “Family of Powerful Colonial Chief Blocks Land Compensation November 2020; “Ex-Credit Suisse boss appointed Rwanda Finance Limited board chair”, The Program in Southern Rwanda”, The Chronicles, 13 October 2020. New Times, 12 November 2020. 45 “Daylight Robbery: Local Government Ministry Planned for 384 Houses Model Village in 39 “Kenya’s Banking Tycoon Mwangi to build Kigali Financial Towers”, The New Times, 19 Karongi, Only 11 Houses Built”, The Chronicles, 23 February 2020. November 2020. 46 “Exposed: The RTDA Extortion and Bribery Syndicate in AfDB-funded Road Project”, The 40 CHEMOUNI, B., DYE, B.J., The contradictions of an aspiring developmental state : energy Chronicles, 17 June 2020. boom and bureaucratic independence in Rwanda, FutureDams Working Paper 008, February 47 “Confusion in East Rwanda Over Costly Waste Management Project Idle for 10 Years”, The 2020. Chronicles, 30 July 2020. 70 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Rwanda 71 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 ing issue of the illegal transfer of Congolese mineral resources to Rwanda. committed by his Mouvement rwandais pour le changement démocratique The Canadian NGO Impact documented the export from Rwanda to Dubai of (MRCD) and its military wing the Front de libération nationale (FLN)52, be- almost 600 kg of gold from January to May 2016. The report noted that the fore the Kicukiro Primary Court. He pleaded not guilty and was refused bail. documented paucity of domestic gold production shows that the vast majority As Rusesabagina is a well-known opposition figure, a Belgian citizen of this gold is not of Rwandan origin, and found that customs authorities in and a US resident who received several awards including the US Presidential Rwanda (and Uganda) are either not completing due diligence or are ignor- Medal of Freedom from the hands of President George W. Bush, his arrest ing suspect documentation. Some companies are phantom trading entities that raised international concern and condemnation. The debate inside and outside exist only in Rwandan transit documents. In addition to artificially increas- Rwanda was polluted by the conflation of three distinct issues: his real role as ing Rwanda’s GDP and fiscal revenue, these practices lead to massive losses “saviour of Tutsi” at the Hotel des Mille Collines in 199453, the legality of his for the Congolese treasury, money laundering, income for armed groups in arrest, and his involvement in violent acts causing loss of life committed by the DRC and human rights abuse.48 The UN Group of Experts on the DRC the MRCD/FLN in 2018. With regard to the latter, in a December 2018 video found that, in addition to gold, other minerals (such as coltan and wolfram- on YouTube Rusesabagina pledged “unreserved support” for the FLN, which ite) continued to be exported illegally to Rwanda, from where they found had claimed responsibility for several attacks in the Southwest of the country. their way onto the world market.49 Under these circumstances, it is ironic that Despite this apparent admission of guilt, Amnesty International and Human some of Congo’s neighbours (including Rwanda) blamed “mafia networks” Rights Watch raised fair trial concerns.54 Human Rights Watch denounced a for the illicit exploitation and trade of natural resources, and vowed to “jointly statement made on 6 September by President Kagame to the effect that Rus- fight them”.50 esabagina was guilty before any judicial process55 and recalled its documen- tation of systematic patterns of torture, enforced disappearances, illegal and 4. JUSTICE arbitrary detention, and unfair trials.56 By far the most spectacular case brought before Rwandan courts was that Besides the case in Rwanda, Rusesabagina’s international lawyers of Paul Rusesabagina, a prominent opposition figure living in exile and a cen- launched other procedures. Claiming that he was subjected to enforced disap- tral character of the award-winning Hollywood film Hotel Rwanda. He flew pearance, extraordinarily rendered from Dubai, not promptly brought before a from the US to Dubai, where he boarded a private jet that took him to Kigali. court, held incommunicado, denied his right to the presumption of innocence, On 31 August, he was paraded before the media by the RIB. As he would not and at risk of torture or other cruel, inhuman or degrading treatment, two in- have gone to Rwanda of his own volition, questions were immediately raised ternational lawyers asked the UN Special Rapporteur on Torture to investigate about the circumstances of his arrest. Although the RIB first said it was the result of an international warrant, this was denied by the UAE, and it soon be- 52 came clear that he had been tricked into boarding the plane that he apparently Their spokesperson Callixte Nsabimana was arrested in 2019 after being transferred from the Comoros under unclear circumstances reminiscent of Rusesabagina’s transfer from Dubai. He thought was bound for Bujumbura. It seems he was invited there for a speak- is on trial on charges similar to those laid against Rusesabagina. ing tour by a Burundian pastor acting as a Rwandan agent. This was implicitly 53 Immediately after his arrest and years earlier, after Rusesabagina had fallen out with the admitted by President Kagame who said: “It’s like you’re calling a number Rwandan regime, witnesses came forward to claim that his hero status was a fiction. A case (…) and you find you have dialled a wrong number – that’s how it happened. in point is Senator Odette Nyiramilimo who made such statements (“Senator Nyiramirimo 51 exposes the fictions behind the Rusesabagina myth”, Virunga Post, 17 September 2020), There was no kidnap. It was actually flawless”. On 13 September, Ruse- while in the past she had spoken very highly of Rusesabagina as a saviour of Tutsi in the hotel sabagina was charged with 13 counts linked to terrorist activities, allegedly (GOUREVITCH, P., We wish to inform you that tomorrow we will be killed with our families, New York, Farrar Straus and Giroux, 1998). 48 IMPACT, The Intermediaries. Traders Who Threaten the Democratic Republic of Congo’s 54 Amnesty International, “Rwanda…”, op. cit.; Human Rights Watch, “Rwanda: Rusesabagina Efforts for Conflict-Free Gold, September 2020. Was Forcibly Disappeared. Violations of Prominent Critic’s Rights Raise Fair Trial Concerns”, 49 United Nations, Security Council, Midterm report of the Group of Experts on the Democratic 10 September 2020. Republic of the Congo, S/2019/974, 20 December 2019. 55 Kagame repeated his accusations that were in contravention of the principle of the separation 50 “Congo’s Neighbours Blame ‘Mafia Networks’ for Illegal Exploitation of its Minerals”, The of powers, see e.g. “Rusesabagina will have his day in court: Kagame”, The New Times, 21 Chronicles, 7 October 2020. December 2020; “President Kagame on Rusesabagina: Those Who Defend Him Know Nothing 51 “Rwanda Hints It Tricked ‘Hotel Rwanda’ Dissident Into Coming Home”, The New York About His Past”, KTPress, 22 December 2020. Times, 6 September 2020; Amnesty International, “Rwanda: Paul Rusesabagina must be 56 An excellent summary of the facts of the case is offered in “How the Hero of ‘Hotel Rwanda’ guaranteed a fair trial”, 14 September 2020. Fell Into a Vengeful Strongman’s Trap”, The New York Times, 18 September 2020. 72 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Rwanda 73 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 the situation.57 In October, the Rusesabagina legal team filed a petition to the the International Residual Mechanism for Criminal Tribunals (IRMCT) Chief East African Court of Justice (EACJ), claiming that his arrest and detention Prosecutor thanked French law enforcement agencies and services from sev- violated the Community’s treaty. His lawyers also filed a federal lawsuit in eral countries, as well as Europol and Interpol. This late arrest raised obvious the US against GainJet Aviation, the Greek charter company that took him questions about protections Kabuga would have benefitted from during his to Kigali, and Constantin Niyomwungere, the Burundian pastor who set him long period of successful hiding.61 On 21 October, an IRMCT judge ordered up on behalf of the RIB. Rusesabagina’s family sought statutory and punitive Kabuga’s transfer to The Hague, where he appeared before the court on 11 damages under the Torture Victim Protection Act, the Alien Tort Statute and November. He pleaded not guilty. While it is not yet clear whether the case on international law, in addition to alleging civil conspiracy, fraud, false impris- the merits will take place in The Hague or Arusha, it is set to become a com- onment and intentional infliction of severe emotional distress.58 plex and possibly lengthy trial.62 Some less publicised court cases will now be briefly discussed. In January, One case in third countries deserves mention. On 3 July, the investigating six members of opposition party FDU-Inkingi were convicted and sentenced chamber of the Paris Court of Appeal upheld the 21 December 2018 decision to between 7 and 12 years in jail by the High Court for armed rebellion. Four of the investigating judges Herbaut and Poux, dismissing, for lack of suffi- suspects were acquitted for lack of evidence. Another terror case involving 32 cient evidence, the case regarding the 1994 missile attack against the plane suspects allegedly linked to the Rwanda National Congress (RNC) is ongoing of President Juvénal Habyarimana. Although the civil parties announced a at the Military High Court. Some of the accused were active servicemen in cassation appeal, this decision means the abandonment of proceedings against the RDF at the time of their arrest in 2019. After the Court of Appeal upheld nine suspects close to President Kagame. This outcome means that this was the conviction of Colonel Tom Byagamba and retired Brigadier General Frank a crime without known perpetrators. The decision does not conclude that the Rusagara in December 2019, though reducing their sentence to 15 years59, RPF is innocent of this crime, but rules out the possibility of establishing its they took their case to the EACJ. They argue that their continued detention culpability before an assize court, despite a great deal of evidence pointing in is unlawful and challenge their holding in solitary confinement as contrary this direction.63 to the EAC treaty and Rwandan law. In September, the Court of Appeal con- firmed the life sentence of Léon Mugesera for publicly inciting ethnic hatred 5. HUMAN RIGHTS and persecution, as well as his acquittal in first instance for preparing and International reporting on the human rights situation continued to observe planning the genocide and conspiracy in genocide. On 27 November, the Af- major problems. The executive summary of the US State Department’s most rican Court on Human and Peoples’ Rights condemned Rwanda for the “cruel, recent annual world review summarized them as follows: “Significant human inhumane and degrading treatment” of Mugesera while in jail and ordered it rights issues included: unlawful or arbitrary killings by state security forces; to pay a compensation of RWF 25 million (around USD 25,000). Stating that forced disappearance by state security forces; torture by state security forces; Mugesera’s petition was on the conditions of his detention, the court however arbitrary detention by state security forces; political prisoners; arbitrary or 60 refused to order his release or the dismissal of his life sentence. unlawful interference with privacy; the worst forms of restrictions on free At the level of international justice, the most significant development was expression, press, and the internet, including threats of violence against jour- the arrest, on 16 May in a Paris suburb, of Félicien Kabuga, often referred to nalists, censorship, website blocking, and criminal libel and slander laws; as the “funder of the genocide”. Indicted by the ICTR in 1997 on seven counts substantial interference with the rights of peaceful assembly and freedom of in relation to the genocide, he had escaped arrest ever since. In a communiqué,

61 “Rwanda: retour sur la cavale sous protection de Félicien Kabuga”, Jeune Afrique, 16 May 57 Perseus Strategies, Letter to Dr. Nils Melzer, Special Rapporteur on Torture, 7 September 2020. 2020. 62 GUICHAOUA, A., “Rwanda: What’s at stake in the Kabuga trial”, Justiceinfo.net, 1 October 58 CONRAD, D., “Jailed ‘Hotel Rwanda’ Hero Sues Over Arrest in US Court”, Courthouse 2020. For instance, it will be hard for the prosecution to show that the importation of machetes News Service, 14 December 2020. by Kabuga had a link to the genocide (GUICHAOUA, A., “Y a-t-il eu importation de machettes 59 Human Rights Watch considered their conviction a violation of their right to free speech and en vue de préparer le génocide des Tutsis au Rwanda?”, The Conversation, 30 August 2020; for challenged the use of unreliable evidence in their trial (Human Rights Watch, “Rwanda: Free more details see TISSOT, R., “Les importations de machettes comme preuve de la planification Speech Convictions Upheld”, 13 January 2020). du genocide contre les Tutsi? La place du Rapport Galand-Chossudovsky dans l’écriture de 60 “Le Rwanda condamné pour traitement cruel et inhumain”, La Presse (Montréal), 27 l’histoire du Rwanda”, 21 October 2020, online https://tissotrparis.wixsite.com/rwandapccm). November 2020; “African Court Orders Rwanda to Compensate Genocide Convict Leon 63 See REYNTJENS, F., The RPF did it. A fresh look at the 1994 plane attack that ignited Mugesera $25,000”, The Chronicles, 28 November 2020. genocide in Rwanda, IOB Working Paper 2020.05, October 2020. 74 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Rwanda 75 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 association, such as overly restrictive nongovernmental organization (NGO) of Rwanda appears to have insisted on a credible enquiry, and this was the laws; and restrictions on political participation; criminal violence against end of the case.70 women and girls, which the government took insufficient action to prevent or A recurring issue is the treatment of people who, under a 2017 law, exhibit prosecute”.64 Over the years, organisations such as Amnesty International and “deviant behaviour”, including street children, street vendors, sex workers, Human Rights Watch have voiced similar concerns. homeless people and beggars. For many years, Gikondo Transit Centre in Ki- Probably the most dramatic instance of abuse was the death in a police gali has served as an unofficial detention facility where they are arbitrarily cell of popular gospel musician Kizito Mihigo. His woes had started in 2014, detained. According to a new report by Human Rights Watch, in addition to when he recorded a song, Igisobanuro cy’Urupfu (the meaning of death), ask- their unjustified detention, the children are underfed, regularly beaten, and ing to remember all victims of the violence in 1994, and thus seen as chal- held in overcrowded and unhygienic rooms, without judicial oversight or due lenging the official RPF narrative.65 He was arrested and charged with con- process.71 The UN Committee on the Rights of the Child confirmed the sub- spiracy to commit murder, complicity in a terrorist act and conspiracy against stance of the report, and expressed concern about “the practice of rounding the government. In February 2015, he was sentenced to ten years in prison, up street children and holding them arbitrarily in transit centres” as well as but received a presidential pardon in September 2018. On 14 February 2020, about “the high number of children engaged in worst forms of child labour the RIB announced that he had been arrested, allegedly because he was at- and hazardous work”.72 tempting to illegally cross the border with Burundi, where it was claimed he The media are still not free. In the Reporters Without Borders 2020 World intended “to join anti-Rwanda terror groups”.66 Three days later, the police an- Press Freedom Index, Rwanda is ranked 155th out of a total of 180. Article nounced that he had committed suicide in his Remera station prison cell. The 19 and Access Now noted serious challenges to media freedom, including official explanation was met with disbelief, and Human Rights Watch, Amnes- criminal defamation and insult provisions, broad surveillance powers, and on- ty International and the Commonwealth Human Rights Initiative demanded a line and offline attacks against journalists.73 In April, several journalists and prompt, thorough and independent investigation into the cause of his death, bloggers who reported on rapes by security forces and the impact of Cov- which a commentator called “the latest in a long list of dissidents to die under id-19 directives on vulnerable populations were arrested. The Rwanda Media mysterious circumstances after tangling with Rwandan President Paul Kag- Commission (RMC) stated that the detained journalists were not arrested in ame”.67 Calls for a full investigation were echoed by two of Rwanda’s major relation to their work and that online bloggers are not journalists and “are not allies, through the U.S. Assistant Secretary of State for African Affairs and the Africa Director of the British Foreign Office. Nothing of the kind happened. After voices close to the regime tried to sanitise the “suicide” thesis68, on 26 February the National Public Prosecution Authority issued a statement which concluded, based on a post-mortem, witness statements and an investigation on the scene, that “Mr Kizito Mihigo’s death resulted from suicide by hanging 70 On 17 August, dozens of Tutsi genocide survivors living abroad issued a statement inspired and further finds no basis for criminal charges”.69 No international partner by the Kizito Mihigo case and other instances of survivor victimisation. They claimed to “have been a specific target of killings and persecution throughout the years by different security services of the current Rwandan government”. On Kizito Mihigo’s death more concretely, they 64 United States Department of State, 2019 Country Reports on Human Rights Practices, March stated: “Various eyewitnesses later refuted suicide as a possible cause of death, including a 2020, entry on Rwanda. YouTube reporter who, after seeing Mr. Mihigo’s dead body, described seeing gashes on his 65 This was confirmed by a paper close to the RPF: the song “in which he came close to straying face clearly caused by sharp objects rather than suicide by hanging as reported. The blogger has into the genocide deniers’ perversely tendentious theory of double genocide” (“Death of A been incarcerated since without charge”. Fallen Singing Angel, The Terrible End of Kizito Mihigo”, KTPress, 22 February 2020). 71 Human Rights Watch, “As Long as We Live on the Streets, They will Beat Us”. Rwanda’s 66 “Disgraced singer Kizito Mihigo arrested”, The New Times, 14 February 2020. Abusive Detention of Children, 27 January 2020, 31 pp. 67 YORK, G., “Rwandan celebrity singer Kizito Mihigo found dead in police cell, latest in 72 UN Committee on the Rights of the Child, “Experts of the Committee on the Rights of mysterious deaths of dissidents”, The Globe and Mail, 17 February 2020. the Child hail progress in Rwanda, but express concern about street and refugee children and 68 For instance “Kizito Mihigo had shown signs of depression, investigators say”, The New worst forms of child labour”, 28 January 2020; Also see Human Rights Watch, “Rwanda: UN Times, 18 February 2020; “Kizito Mihigo went from bringing joy to being used”, The New Body Targets Abuse of Street Children”, 14 February 2020; “Bribery, Lashes, Death and TVET Times, 28 February 2020; “Kizito Mihigo: Manipulated in life and death”, The New Times, 1 Skills: Stories from Rwanda’s Delinquent Rehabilitation Centers”, The Chronicles, 4 August March 2020. 2020. 69 National Public Prosecution Authority, “Statement on Investigative Report on the Death of 73 Article 19 and Access Now, “Joint submission to the Universal Periodic Review of Rwanda Mr Kizito Mihigo”, 26 February 2020. by Article 19 and Access Now”, 9 July 2020. 76 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Rwanda 77 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 authorised to interview the population”.74 In December, the RMC launched perpetrators nameless. This Mapping Report by the office of the United Na- an application system for registering YouTube channels, which it however tions High Commissioner for Human Rights describes no fewer than 617 war suspended on 29 December “to have more consultation to streamline this ser- crimes and crimes against humanity and perhaps even crimes of genocide”. vice”. The critical blogger and genocide survivor Aimable Uzaramba Karasira While it also points an accusing finger to other parties, the report is particular- was dismissed as a lecturer at the University of Rwanda for, among other ly severe for the Rwandan army. When, ten years after its publication, Muk- reasons, the “expression of attitudes and opinions through controversial pub- wege again tried to put it on the table, this caused considerable nervousness lic statements”. The Chronicles remains the only news outlet operating more in Kigali. In May, Mukwege said the time had come to “unearth the Mapping or less independently inside the country, but this has come at a price. On 9 Report”, and he reiterated his plea ever more loudly. July, the journal announced the suspension of publication without giving a After President Tshisekedi picked up the idea to establish a transition- reason, while at the end of the month its Managing Director, Dr Christopher al justice mechanism to deal with past crimes in August, the theme gained Kayumba, was sentenced to one year in prison for causing a disturbance at traction. Sensing the danger, the Rwandan regime set out to discredit both Kigali International Airport. However, the paper reappeared in August, and it Mukwege and the Mapping Report.77 General Kabarebe78, former Rwandan resumed its critical writing. While there seems to be more space to criticise Defence Minister and current senior advisor in Kagame’s office, denounced aspects of public policies, even in the official The New Times, this generally Mukwege on state television, and he became the target of attacks on social relates to low and intermediate levels of government, and basic RPF tenets are media and received death threats.79 Several diplomats, as well as UN High not challenged. Issues considered “delicate” are not addressed. For instance, Commissioner for Human Rights Michelle Bachelet came out in support of The Chronicles didn’t even mention the death of Kizito Mihigo.75 Even inter- Mukwege and asked for his protection. In September, the European Parlia- national media are discouraged from covering stories not to the government’s ment voted a resolution in support of the creation of an international criminal liking. In February, a Congolese journalist working at BBC Africa in Dakar tribunal for the DRC and asked EU member states with a seat in the UN Secu- was fired for “serious misconduct” after an interview with Franco-Cameroo- rity Council to take initiatives in that direction. For their part, Congolese civil nian author Charles Onana, a vocal critic of the RPF who sometimes flirts society organisations issued statements and held demonstrations in support with genocide denial. His letter of dismissal said the broadcaster had received of the recommendations of the Mapping Report, a plea encouraged by the a complaint about the interview from the Rwandan government accusing the Congolese Minister for Human Rights. Rwandan opposition groups abroad BBC of being “unfair, biased and inaccurate” and reserving the right to “take followed suit, as did the UN Human Rights Council. Likewise, UN General sanctions” against it.76 Secretary António Guterres encouraged the Congolese government to “adopt Like in previous years, the RPF continued to get caught up by its past a national strategy of transitional justice”.80 In an important speech on 6 De- human rights record. In his Nobel Lecture delivered in Oslo on 10 December cember, Tshisekedi announced as part of his programme “to obtain support, 2018, Congolese Peace Prize laureate Dr. Denis Mukwege made reference to the so-called Mapping Report, a major indictment of human rights abuses in 77 See for instance “Double genocide conspiracy in the DRC (Part One): When Mukwege meets the DRC between 1993 and 2003. He said it “is gathering mold in an office Fayulu”, The New Times, 12 August 2020; “Double genocide conspiracy in the DRC (Part II): made up report, made up victims”, The New Times, 14 August 2020; “Debunking Lies: Did drawer in New York. It was drafted following a professional investigation Gen. Kabarebe Threaten Nobel Prize Co-Laureate Dr. Mukwege?”, KTPress, 21 August 2020; into war crimes and human rights violations perpetrated in Congo. This inves- “Dr Mukwege, Icône créé par l’Occident pour servir les intérêts des impérialistes”, Igihe, 25 tigation explicitly names the victims, the places and the dates, but leaves the August 2020; “Mukwege and Co fear the truth more than they fear Kabarebe”, The New Times, 1 September 2020; “Mukwege is Jussie Smollet”, The New Times, 6 September 2020; “Double genocide conspiracy in the DRC: Why has Dr. Denis Mukwege gone silent?”, The New Times, 74 Human Rights Watch, “Rwanda: Lockdown Arrests, Abuses Surge”, 24 April 2020. The 21 November 2020. Chronicles published a list of arrested or “disappeared” media people “after they fell on the 78 Kabarebe was the commander of the Rwandan troops that committed atrocities in the DRC, wrong side of government’s preferred version of social media content” (“It Was a Threat, Now and he might be one of the main suspects to be charged in case an international tribunal is set it’s Policy: Rwanda Government Comes Down Hard on Social Media ‘Lies’”, The Chronicles, up. 16 April 2020). 79 Physicians for Human Rights, “Congo-Kinshasa: PHR Statement on Intimidation and Threats 75 Except by retweeting a statement on this affair by the UK Foreign and Commonwealth Office against Dr. Denis Mukwege, Human Rights Defender and Nobel Peace Prize Co-Laureate”, on its Twitter handle. New York, 17 August 2020. 76 Reporters Without Borders, “BBC Africa’s ‘disproportionate and dangerous’ dismissal of 80 “L’ONU encourage Tshisekedi dans sa décision de mettre en place une commission nationale a journalist”, 13 February 2020; “RDC-Rwanda: BBC Afrique dans la tourmente suite au de justice transitionnelle et la création d’un fonds en faveur des victimes de crimes graves”, licenciement d’un journaliste congolais”, 16 February 2020. Actualité.cd, 13 October 2020. 78 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Rwanda 79 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 from the international community and the United Nations in particular, for the tionals of each country, the regime press in Kigali accused Uganda of “brazen initiative to put in place an international criminal tribunal and mixed special- misinformation”, the telling of “outright lies” and “deliberately misleading”: ised courts in the DRC”. “There’s nothing coming from Uganda that suggests this crisis is coming to This is obviously a dangerous development for the Rwandan regime, and an end any time soon”.85 Similar claims were made in the days and weeks it understands this very well. After the RPF had secured impunity for its crimes after the meeting.86 In June, at the occasion of an ad hoc commission meeting in Rwanda after the closure of the ICTR where, despite overwhelming evi- between the two countries, Rwandan Foreign Minister Biruta made clear that dence, none of its perpetrators were prosecuted81, it could now face justice for the main bones of contention had not disappeared, claiming that “the harass- international crimes, including possibly genocide, committed in the DRC. The ment and persecution of Rwandan nationals in Uganda continue to grow” and judicial determination of such crimes would be a major blow to the image of denouncing “the activities carried out by Rwandan rebel groups on Ugan- morality the RPF has been carefully projecting and protecting during the last dan territory”.87 Ugandan online media close to the intelligence establishment quarter century.82 Nevertheless, Mukwege’s international visibility and sup- were not outdone. When Kenyan intelligence services intercepted two trailers port may have convinced the regime to cease its media campaign against him. with firearms heading for Kampala, this was claimed to be an operation ini- tiated by Rwanda’s defence intelligence “with the aim of waging war against 6. REGIONAL RELATIONS the government of Uganda”. The objective was said to “logistically support Although conflicts between Rwanda and its neighbours have become opposition in Uganda during the next year’s election by making Kampala very 88 less acute over the last year, the International Crisis Group warned about the ungovernable”. The same outlet claimed that several millions of dollars had potential side effects of Congolese President Tshisekedi considering inviting been transported from Rwanda into Uganda “to help opposition politicians in 89 Rwandan, Ugandan and Burundian troops into the DRC to fight groups they Uganda to overthrow the NRM ruling government”. respectively oppose, while at the same time they are accused of backing in- Relations remained similarly frosty with Burundi. While denying alle- surgents there. This could escalate support for allied militias while targeting gations from Congolese opposition leaders and civil society organisations enemies. As in the past, new proxy warfare could further destabilize eastern that Rwandan troops were operating in eastern DRC, Kagame instead ac- DRC and even lead to new regional security crises.83 cused Burundi of having deployed forces there. At the same time, Burundi 90 Although the risk of all-out war between the two countries has abated, accused Rwanda of backing Burundian rebels in South Kivu. Just days lat- relations between Rwanda and Uganda are still far from cordial, and there er, Rwandan and Burundian troops exchanged fire at Lake Rweru on their 91 remains a great deal of verbal hostility. For instance, at the annual Diplomats’ common border. Despite a meeting of both countries’ military intelligence 92 Luncheon in Kigali on 29 January, Kagame devoted two-thirds of his speech chiefs intended to restore confidence in August , later developments showed to Uganda which he again accused of “associating with these (anti-Rwandan) little improvement in relations. In September, Burundi refused to participate groups you have been giving support to in order to destabilise our country”.84 85 “Uganda-Rwanda crisis far from over”, The New Times, 10 February 2020. Just days before the third quadripartite (DRC, Angola, Uganda and Rwanda) 86 Among many hostile reactions: “Museveni still lying about the root cause of the Uganda- summit resolved on 21 February that Uganda and Rwanda would release na- Rwanda crisis”, The New Times, 24 February 2020; “As if issuing passports to RNC terrorist wasn’t bad enough for business, Museveni stages Kabale rally to blame the victim”, The New 81 CRUVELLIER, T., Court of Remorse. Inside the International Criminal Tribunal for Times, 25 February 2020; “Is Museveni serious on normalizing relations with Rwanda?”, The Rwanda, Madison WI, The University of Wisconsin Press, 2010; Also see REVER, J., In Praise New Times, 4 March 2020; “Exclusive: New details show how Ugandan authorities nurtured of Blood. The Crimes of the Rwandan Patriotic Front, Toronto, Random House Canada, 2018. marriage of convenience between RNC and FDLR”, The New Times, 20 March 2020. 82 Another major claim of the RPF’s narrative was definitively debunked, the one that over a 87 “Anti-Rwanda terrorist groups still operating in Uganda, Biruta says”, The New Times, 5 million Tutsi were killed during the genocide. In a forum “Calculating mortality in the Rwandan June 2020. genocide” published in the Journal of Genocide Research (vol. 22, issue 1, 2020, pp. 77-141), 88 “Guns Seized in Kenya Enroute to Uganda Linked to Rwanda”, Command1Post, 24 the authors – independently from one another ‒ arrived at casualty counts in the range of 500- November 2020. 600,000, obviously still a huge toll but about half the official figure. Also see REYDAMS, 89 “Rwanda Positions Self as Base for Anti Kampala Elements Ahead of 2021 Elections”, L., “’More than a million’: the politics of accounting for the dead of the Rwandan genocide”, Command1Post, 24 November 2020. Review of African Political Economy, published online 27 July 2020. 90 “Kagame: Burundi Troops Operating in DRC’s South Kivu Province”, The Chronicles, 27 83 International Crisis Group, Averting Proxy Wars in the Eastern DR Congo and Great Lakes, April 2020. Nairobi-Brussels, 23 January 2020. 91 “Rwandan, Burundian soldiers exchange gunfire at Lake Rweru”, The New Times, 10 May 84 “Stop Giving Support to Groups Destabilizing our Country, Automatically the Borders Will 2020. Open”, The Chronicles, 30 January 2020. 92 “Rwanda, Burundi move to restore security ties”, The New Times, 27 August 2020. 80 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Rwanda 81 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 in a quadripartite summit organized by Congolese President Tshisekedi to dis- creating an unpredictable geopolitical landscape. Rivalries often play out in cuss regional security, saying it preferred bilateral talks.93 A strange incident the DRC, where the government continues to struggle to reconstruct a weak occurred at the end of September, when 19 combatants claiming to be part state, including by gaining territorial control. This leaves space for neighbour- of Red Tabara, a Burundian armed group, were intercepted by the Rwandan ing countries’ armies and rebel groups, as well as a large number of Congolese army close to the border with Burundi. Burundi in vain asked that they be non-state armed groups. Rwanda, Uganda and Burundi accuse each other of extradited, while it had in the past accused Rwanda of supporting Red Tabara. supporting insurgents across their borders and proxies on Congolese soil. In Relations with the DRC were ambiguous and sometimes contradictory. such a context, “President Tshisekedi’s push for the three neighbours to send On the one hand, together with his Angolan counterpart Lourenço, Tshisekedi troops to root out rebels from the DRC is a high-stake gambit (…) height- attempted to promote better relations between Rwanda and Uganda and to ening risks that neighbours use armed intervention in the DRC to reinforce jointly address regional security threats. On the other, Tshisekedi’s rapproche- their own proxies at the expense of their rivals’”98, a development that would ment with Kagame was met with considerable distrust domestically. Political further weaken rather than strengthen the Congolese state. One victim of the and civil society groups suspected Tshisekedi of allowing Rwandan troops regional wrangling, and particularly the uneasy triangle Uganda-Rwanda-Bu- to operate on Congolese soil, thus fuelling the fear of the country’s “Balka- rundi, is the East African Community. No Heads of State summit has taken nisation”, a fear explicitly relayed by the Archbishop of Kinshasa Cardinal place since February 2019, and several have been postponed ever since. In Ambongo Besungu.94 Despite Kagame’s repeated denials, the UN Group of light of this virtual standstill, the lack of initiative of two founding countries Experts found that elements of the Rwanda Defence Force were indeed pres- without direct stakes in the conflicts, Kenya and Tanzania, is surprising. ent and conducted operations in North Kivu from late 2019 to early October 2020 in violation of the sanctions regime.95 Lack of transparency on these 7. RWANDA AND THE WORLD activities by both the Congolese and the Rwandan governments further en- As has been the case for many years, Rwanda remains at the centre of 96 couraged speculation. much heated debate in France. This is in large part due to a conceptual con- The delicate nature of bilateral relations became clear again when in Au- flation of two issues only found there: the role played by France before and gust the Rwandan ambassador in Kinshasa, Vincent Karega, posted a tweet in during the genocide and the evaluation of current day political governance in which he seemed to deny a massacre the Rwandan army allegedly committed Rwanda. Simply put, those criticising the RPF defend the “honour of France”, in Kasika in 1998. Although he deleted it, the reactions were furious. Civil while those criticising France’s role defend the RPF. In this very polarised society organisations called the tweet denialist and an insult to the Congolese landscape where two clear “camps” oppose each other, it seems impossible nation and the memory of the victims. They called for Karega’s expulsion and to criticise or to defend both France and the RPF. In addition, both “camps” again relayed Dr. Mukwege’s plea to follow up on the 2010 Mapping Report refuse to engage in any meaningful debate, meeting as they do in their own (see supra). Opposition politician Martin Fayulu, the real winner of the 2018 bubbles where they preach to the converted. This again became obvious when 97 presidential election , followed suit. Several anti-Karega demonstrations sub- a conference99 was organised in the premises of the French Senate on 9 March sequently took place in the streets of Kinshasa, but the ambassador stayed on. 2020. The programme included some speakers critical of the RPF and accused For many years, alliances in the region have been constantly shifting, thus of genocide denial in the past, and Rwandan and French groups close to Ki- gali launched a campaign to have the event cancelled.100 It took place without 93 “Burundi Refuses to Participate in Goma Quadripartite Summit”, The Chronicles, 12 incident, but this episode again showed how both camps remained in their September 2020. 94 “Catholic Church Suggests There’s Project to Cut Off Eastern Congo from DRC”, The Chronicles, 4 January 2020. A Rwandan reaction to such claims can be found in “There is 98 International Crisis Group, Averting Proxy Wars…, op. cit., p. 11. a hand in DR Congo affairs; not Rwanda and not that invisible”, The New Times, 28 January 99 “L’Afrique des Grands Lacs. 60 ans de tragique instabilité”. 2020. 100 Among many attempts, see GISAGARA, R., “Génocide des Tutsi au Rwanda: des 95 United Nations, Security Council, Midterm report of the Group of Experts on the Democratic négationnistes s’invitent au Sénat français”, Jeune Afrique, 4 March 2020; “Rwandans in Republic of the Congo, S/2020/1283, 23 December 2020. France protest against conference welcoming genocide deniers”, The New Times, 4 March 96 “Militaires rwandais en RDC [1/2]: Kigali mène-t-elle une guerre secrète?”, RFI, 23 April 2020; “Au Sénat, un colloque sur le génocide des Tutsi provoque la colère de la communauté 2020; “Militaires rwandais en RDC [2/2]: Quelles preuves?”, RFI, 24 April 2020. rwandaise”, Le Monde, 9 March 2020. Other hostile reactions appeared after the event, see 97 BERWOUTS, K., REYNTJENS, F., The Democratic Republic of Congo: The Great Electoral e.g. “Légitimer le négationnisme pour disculper l’Etat français”, Billets d’Afrique (Survie), 7 Robbery (and how and why Kabila got away with it), Brussels, Egmont Institute, Africa Policy April 2020; DUPAQUIER, J.-F., “9 mars 2020 au Sénat, le cluster raciste et négationniste du Brief, No. 25, 19 April 2019. génocide des Tutsi du Rwanda”, Afrikarabia, 28 June 2020. 82 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Rwanda 83 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 trenches without even the beginnings of a dialogue. as on previous occasions, the logic of the “camps” prevailed, and the angry The next fight erupted soon after. On 5 April, the commission established exchanges on the book addressed little or nothing of substance, again showing by President Macron in 2019 to study the archives on France’s role in Rwanda the deep impasse the “debate” on Rwanda in France finds itself in. published its interim report.101 A few sentences were enough to cause suspi- In Belgium, the polarisation around Rwanda reached parliament, where cion on the commission’s true intentions. Survie, an association fighting “la it was decided in June to set up a commission to study the country’s colonial Françafrique” for many years and sympathetic to the Kigali regime, reacted past. When the composition of a panel of experts meant to assist the MPs in immediately. The interim report “already discreetly absolves French authori- their work was made public in August, Rwanda invited itself on the scene. ties of certain accusations”, the commission commits “an ignominious distor- One of the invited experts was Rwandan lawyer Laure Uwase, a member of tion of the facts”, and “the policy deployed by France is diametrically opposed the association Jambo, known for its critical position toward the Kigali re- to the soft presentation adhered to by the commission”.102 Another RPF sup- gime. As usual under these circumstances, she was labelled a genocide de- porter suggested that secret military documents that could embarrass France nier, and pressure to exclude her started.109 It should however be added that had disappeared.103 While the commission’s less than transparent functioning Uwase has no particular expertise justifying her inclusion in the panel, and doesn’t help, reactions like these, formulated before the publication of the full that party political manoeuvring by Flemish Christian Democrats may have report slated for April 2021, indicate that attempts are being made to influence played a role in her selection.110 The chairman of the Rwandan Senate sent a its work, and that conclusions that don’t fully adhere to a “camp’s” position letter of protest to the speaker of the Belgian House of Representatives, and will be considered untrue. In other words, the report is likely to be rejected by complained that the answer he received demonstrated a “colonial mindset”.111 one side or the other, and probably by both.104 Nothing was heard from Burundi and the DRC, two other countries included A third fight occurred on the occasion of the publication of the French in the commission’s brief. translation of Canadian journalist Judi Rever’s book In Praise of Blood. The Finally, a position taken by two of Rwanda’s international allies, the US Crimes of the Rwandan Patriotic Front.105 Although a petition was launched and the UK, caused considerable concern in Kigali, as it seemed to call into to prevent publication106, the book appeared in mid-September. Hostile de- question the RPF’s genocide narrative. In April, when the UN General As- bates for107 and against108 continued afterwards. Strong pressure and the threat sembly was to routinely adopt a draft resolution entitled “International Day of disturbances caused the city of Bayeux to withdraw Rever’s invitation to of Reflection on the 1994 Genocide against the Tutsi in Rwanda”, both coun- the ceremony of the Bayeux-Calvados Award for war correspondents. Just tries issued an Explanation of Position (EoP) in similar wording. The US was “concerned that changes made to the text (…) narrow the focus of the reso- lution to the Genocide against the Tutsi in Rwanda, and fail to fully capture 101 Commission de recherche sur les archives françaises relatives au Rwanda et au génocide des Tutsi (1990-1994), “Note intermédiaire remise au Président de la République”, 5 April 2020. the magnitude of the violence that was committed against other groups. Many 102 Survie, “Note d’étape de la commission Duclert sur la France au Rwanda. La grande lessive Hutu and others were also killed during the genocide”. The UK’s EoP stat- a commencé”, 7 April 2020. ed that “we disagree with the framing of the genocide purely as the ‘1994 103 DUPAQUIER, J.-F., “Paris-Kigali: des documents secrets manquent à l’appel”, Afrikarabia, genocide against the Tutsi’ (…) We believe that Hutus and others who were 8 April 2020. 104 An interesting analysis of the stakes surrounding this saga can be found in DUPUIS, S., “En killed should also be recognised”. These EOPs came close to the words spo- attendant le rapport de la Commission Duclert, le procès fait à la France”, Fondation Jean Jaurès, ken by opponent Victoire Ingabire upon her return to Rwanda in 2010 that 14 December 2020. A sequel occurred in November, when a member of the commission, Julie were considered denialist and led to her conviction to a long prison sentence. d’Andurain, was led to resign after a campaign against her because of what she wrote about the The regime reacted with outrage. In a letter to the UN Secretary-General dated genocide and the French Opération Turquoise in 2018. It is true that her presentation in terms 28 April 2020, Rwanda’s Permanent Representative wrote that the EoPs “dis- of “massacres between Hutu and Tutsi” was unfortunate and historically wrong. 105 REVER, J., Rwanda. L’éloge du sang, Paris, Max Milo, 2020. This book is reviewed in the book review section later in this volume. 109 “Anger as Genocide Denier is Included in Belgian Commission to Examine Colonial Past”, 106 “Génocide contre les Tutsis: Max Milo ne doit pas publier un ouvrage négationniste”, KTPress, 7 August 2020; “Outrage as genocide denier is chosen expert on Belgian colonial role Libération, 15 August 2020; “Genocide survivors petition French publishing house over toxic in Rwanda”, The New Times, 8 August 2020; “Parliament raises concern over genocide denier book”, The New Times, 21 August 2020. named on Belgian probe commission”, The New Times, 10 August 2020. 107 For instance “’L’Eloge du sang’: le livre de Judi Rever qui montre toute l’horreur du 110 It is unclear why the commission made that choice, knowing (or needing to know) that this génocide au Rwanda”, Marianne, 18 September 2020. would be seen as a provocation in Kigali. 108 For instance “Négationnisme – Le génocide à l’envers de Judi Rever”, Billets d’Afrique 111 “Rwanda Senate President Complains of ‘Colonial Disrespect’ from Speaker of Belgian (Survie), 8 November 2020. Parliament”, The Chronicles, 31 October 2020. 84 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Rwanda 85 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 torted these very historical facts and ignored the Security Council resolutions are sustainable. Based on recent events in Ethiopia, he argues that the case for and the International Criminal Tribunal for Rwanda jurisprudence to which authoritarian development falls apart, and that authoritarian politics can even they are both [US and UK] bound. (…) Rather than advancing reconcilia- have devastating development consequences.114 tion, the explanations of position (…) bring ambiguity that feeds the resurgent Looking at Rwanda through a predominantly ethnic lens must of course genocide denial movement”. Rwandan media echoed these concerns.112 An be avoided, but in light of the country’s history it is impossible not to see the apparently unrelated incident showed how important policing its narrative is dangers of strong Tutsi dominance in the institutions. Although the regime for the regime. After, for calendar reasons, Belgium held an event in Camp practices a policy of de-emphasising ethnicity, the reality is that Rwandans do Kigali in memory of ten Belgian peacekeepers killed there in 1994 on 6 April take ethnic belonging into account. Ethnocratic rule by a minority causes re- instead of the “official” start of the genocide the next day, two Belgian dip- sentment that, together with other factors, fuels structural violence. Already in lomats were expelled. This choice of the “wrong” date was seen as an act 2008, the US embassy in Kigali saw this problem well: “While the Rwandan denying the genocide against the Tutsi, more so since 6 April “is the same date government (GOR) presents itself as a champion of national unity and equal Rwandan exiles, genocide sympathisers and some implicated in the genocide opportunity, de-emphasizing ethnic identity and ostensibly opening positions commemorate”.113 throughout society to those of skill and merit, political authority in the coun- try does not yet reflect this ideal. Ethnic identity is still keenly felt and lived, 8. CONCLUSION and ordinary Rwandans are well aware of who holds the levers of power. The All in all, 2020 was a routine year. Political trials, reshuffles in the state long-term stability of Rwanda depends upon a government and ruling party 115 apparatus and public warnings about subversion suggest some internal threats that eventually shares real authority with the majority population”. Twelve and possible fragmentation, but the RPF’s dominance was hardly challenged years later, if anything the situation has further deteriorated, as the statistics inside the country. The RPF continued to tightly police its narrative, although given earlier in this chronicle show. The reality is that the ethnic amnesia it tended to lose traction internationally, which is a development the regime is imposed by the RPF mainly serves to hide ethnocratic rule, reminiscent of clearly concerned about. Domestically, the problem with this narrative is that Burundi during the Bagaza years. it is not shared by many Rwandans, who rather see it as a weapon of oppres- While Rwanda is not exceptional in this respect, the strong gap between sion. For instance, the gap between the official victim status and the suffering the small urban elite and the rest of the country adds to this structural violence. of Hutu was dramatically exposed by the death in police custody of Kizito The existence of “two Rwandas” is apparent every day in the RPF’s daily Mihigo, himself a Tutsi genocide survivor. The New Times, which addresses issues similar to those found in European Overall, governance shows a mixed picture, displaying qualities like newspapers. It is replete with first world themes and concerns, miles apart 116 resilience, vision and ambition, but also darker traits like authoritarianism, from the world in which 80 per cent of Rwandans live. This divide was paternalism and aggressive assertiveness. Other characteristics, such as patri- reflected clearly in a decree on “Enhanced Covid19 Prevention Measures”, otism, nationalism and anti-ethnism, lead to diverging appreciations depend- which was a copy and paste of directives issued in high income countries with ing on their use. These contradictions are more generally expressed in the developed economies that are however not necessarily appropriate throughout confrontation between flawed political governance and efficient technocratic the entire country and imposed a great deal of hardship and even violence on governance, a spread discussed in this and previous chronicles. Nic Chee- ordinary people. seman has identified a major question facing authoritarian development in International tolerance for the regime has been waning during the last few Africa, namely whether the economic gains achieved under repressive rule years. The RPF is understandably concerned by the critical stance expressed by countries like the US and the UK on Rwanda’s human rights record and 112 “US, UK Want Review of ‘1994 Genocide Against the Tutsi’ Appellation”, The Chronicles, the RPF’s narrative, as well as growing international support for the reanima- 26 May 2020; “Understanding UK-US ‘Explanations of Positions (EOPs)’ on the 1994 tion of the DRC Mapping Report. However, this need not result in concrete Genocide”, The Chronicles, 27 May 2020; “The designation ‘Genocide perpetrated against the Tutsi’ has become ‘Jus Cogens’ of international law”, The New Times, 3 June 2020; “The 114 CHEESEMAN, N., “The Conflict in Ethiopia Calls Into Question Authoritarian Aid”, Genocide against the Tutsi is that and nothing but”, The New Times, 5 June 2020. Carnegie Europe, 22 December 2020. 113 “Editorial: What was behind the recalled diplomats’ gesture?”, The New Times, 3 June 115 US Embassy, “Ethnicity in Rwanda – Who governs the country?”, Kigali, 5 August 2008 2020. Also see “Rwanda: deux diplomates belges jugés indésirables par Kigali ont regagné (https://wikileaks.org/plusd/cables/08KIGALI525_a.html). Bruxelles”, Le Soir, 1 June 2020; “Belgium Recalled Diplomats – Rwanda Says”, KTPress, 2 116 It must be said that The Chronicles do regularly enquire into issues affecting ordinary people, June 2020; “Rwanda clarifies recall of two Belgian diplomats”,The New Times, 2 June 2020 often sending reporters to faraway hills. 86 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 measures, for instance under the form of sanctions, as shown by the lacklustre reactions to Kizito Mihigo’s suspect death in police custody. The reason is banal, namely that “there is no alternative”. The risks now seen in destabilis- ing Kagame are the consequence of decades of tolerance for his rule, with all the dangers this entails. The idea may well be that it is too late to act now and that, despite some apprehension, one must hope for the best. That said, what may threaten the regime is not so much the international community or rebel groups operating in the DRC, Burundi or Uganda, but internal fragmentation.

Antwerp, January 2021 UGANDA

Ivan Ashaba and Karolina Werner

1. INTRODUCTION This chronicle revisits the major events in Uganda in 2020, reaching into the early weeks of January 2021 to include coverage of the tense presidential election. COVID-19 and its handling as well as the presidential and parliamentary elections are discussed in detail. Politics interplayed with the handling of the pandemic as exemplified by the banning of political activities in some districts and cities seen as opposition strongholds. The emergence of the National Unity Platform (NUP) as the opposition party with the largest number of seats in parliament, taking the place of the Forum for Democratic Change (FDC), is perhaps the main highlight on the Ugandan political scene. Four-time presidential candidate and veteran opposition leader Kizza Besigye did not run in 2021, insisting on mobilising for the so-called Plan B. According to official results, incumbent Yoweri Museveni won his sixth term, inan election marred by allegations of irregularities. The singer-turned-opposition leader Robert Kyagulanyi Ssentamu, also known as Bobi Wine, defeated the incumbent Yoweri Museveni in the central region and some parts of Busoga in the east. Finally, two retired army generals once seen as potentially strong rivals to Museveni, Mugisha Muntu and Henry Tumukunde, each failed to reach one percent of the vote. 2. COVID-19 AND ITS HANDLING President Museveni delivered his first national address on the COVID-19 pandemic in March 2020, before Uganda reported its first case.1 Throughout the year he became a regular television figure with his updates on how the pandemic was evolving and the new measures adopted to contain the spread. During the president’s first address, he closed all educational institutions, suspended communal prayers, banned political and cultural gatherings, discouraged extravagant Ugandan-style weddings while encouraging so- called “scientific” ceremonies, and suspended discos, cinemas, concerts, bars and music shows. “The next frontline of fighting the virus is to stop the merry- making ─ the discos, the dances, bars, sports, music shows, cinemas and concerts. These are very dangerous gathering points with the virus around.

1 Address on the Coronavirus (COVID 19) guidelines on avoiding the pandemic, 18 March 2020. https://yowerikmuseveni.com/address-corona-virus-covid-19-guidelines-avoiding- pandemic. 88 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Uganda 89 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 […] All these are suspended for a month”2, Museveni told the nation. The that many vulnerable households did not benefit from the food distribution president also closed the international airport and other entry points except and there was no equitable distribution in terms of gender. That report noted for cargo trucks. In the measures that followed, the president stopped all that poor information management by local councils hindered distribution public transport. Private vehicles were at first allowed to continue with only and cited poor accountability for the items distributed.8 Opposition figures three people per vehicle but later were banned as the president argued that such as Kampala’s mayor accused the government of sidelining them in food owners had turned into taxi operators and were charging exorbitant amounts. distribution efforts. Francis Zaake, an opposition lawmaker and NUP youth The president went on to close shopping malls, arcades, and hardware shops leader, was brutalized by the police for distributing food to constituents.9 A that attract multiple people looking for non-food items. Only food stores, comparative study of Uganda and Zimbabwe shows that in opposition areas agricultural product stores, pharmacies, and veterinary shops were authorised repression by the government intensified, with public measures not really to remain open.3 The presidential addresses were always concluded by a designed in the interest of public health.10 reading of the list of donations from companies, civil society organizations Finally, an important issue in the government’s handling of the (CSOs) and individuals offering to assist the government’s response to the pandemic was accountability for loans and donations received from pandemic. Uganda was home to one of the most stringent lockdowns on the international groups such as the World Bank, foreign governments, continent.4 individuals, CSOs and corporate organizations. A report by the Budget In a country with no safety nets, the measures by government to control Monitoring and Accountability Unit of the Ministry of Finance, Planning and the pandemic had a big impact on businesses that were categorized as “non- Economic Development shows that by July 2020 the Ugandan authorities essential” and had to be closed. Those in the informal economy were also hit had received coronavirus-related budget support from the World Bank, the hard by the pandemic, with little government relief in the form of cash payments Islamic Development Bank, the Global Fund to Fight AIDS, Tuberculosis or support towards vulnerable groups.5 According to a 2018 International and Malaria, and the global vaccine alliance known as GAVI.11 Notably, in Labor Organization (ILO) report, informal employment (including and June 2020 the World Bank provided $300 million to meet fiscal gaps, combat excluding agriculture) contributes a significant part of all employment in the coronavirus, protect vulnerable groups, and support economic recovery.12 Uganda.6 The severe lockdown was harshest on the most vulnerable. An Interestingly, shortly before receiving the money, the government dedicated a attempt at food distribution was rolled out in the districts of Kampala, Wakiso similar amount to classified expenditure.13 The International Monetary Fund and Mukono. The government set up an inter-agency taskforce to handle relief (IMF) approved a loan worth $491.5 million to help Uganda’s economy deal food distribution in the wider Kampala metropolitan area. This task force with the impact of the coronavirus.14 Despite the tremendous sums of money comprised district officials, resident district commissioners, the army and received from abroad, the government appeared to struggle to implement local council authorities. The president barred politicians from distributing even the most basic programs. A proposal to distribute free face masks to the food, threatening those who did with charges of attempted murder. In the poorest Ugandans failed to meet expectations15, renewing corruption concerns end, relief efforts became highly politicized as the NRM party monopolized 8 control of the COVID-19 response.7 A Ministry of Finance report concluded “COVID-19 Interventions Report. Financial Year 2019/20”, Budget Monitoring and Accountability Unit, Ministry of Finance, Planning and Economic Development, October 2020. 9 HUMAN RIGHTS WATCH., “Uganda: Opposition Leader Reported Tortured by Police. 2 STATE HOUSE OF UGANDA, “Guidelines on avoiding the corona virus pandemic”, 18 Pandemic Restrictions No Excuse for Abuse”, 28 April 2020. https://www.hrw.org/ March 2020. news/2020/04/28/uganda-opposition-leader-reported-tortured-police. 3 “Museveni imposes 14-day COVID-19 lockdown”, The Observer, 30 March 2020. 10 GRASSE, D., PAVLIK, M., MATFESS, H., CURTICE, T., “Autocratic governments are 4 LIRRI, E., “How Uganda’s Tough Approach to Covid-19 Is Hurting Its Citizens,” The using coronavirus as a pretext to clamp down on opponents”, Washington Post, 31 July 2020. Telegraph, 26 August 2020. 11 Ministry of Finance, Planning and Economic Development, op. cit. 5 YOUNG, G., “Lockdowns’ effects are political. Restrictions on the poor always are”,African 12 THE WORLD BANK, “Uganda: World Bank Provides $300 Million to Close COVID-19 Arguments, 20 April 2020. Financing Gap and Support Economy Recover”, 29 June 2020. https://www.worldbank.org/en/ 6 INTERNATIONAL LABOUR ORGANIZATION, Women and men in the Informal Economy: news/press-release/2020/06/29/uganda-world-bank-provides-300-million-to-close-covid-19- A Statistical Picture, Third edition, Geneva, International Labour Organization, 2018. financing-gap-and-support-economy-recover. https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---dgreports/---dcomm/documents/publication/ 13 TITECA, K., REUSS, A., “Museveni and the West. Relationship Status: It’s Complicated,” wcms_626831.pdf. African Arguments, 7 January 2021. 7 MACDONALD, A., AWOR, A., “Food distribution and corona-politics in Uganda: the view 14 “IMF approves $491.5 mln loan for Uganda to limit coronavirus impact”, Reuters, 6 May 2020. from Kampala”, LSE Blogs, 15 June 2020. https://blogs.lse.ac.uk/africaatlse/2020/06/15/food- 15 MUGERWA, Y., “Uganda: Why We Don’t Have Government Masks”, Daily Monitor, 3 June distribution-coronapolitics-uganda-lockdown-elections-kampala/. 2020. 90 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Uganda 91 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 in a country where officials routinely steal from government coffers without all cases citing coronavirus risks.23 Opposition leaders and critics argued that facing consequences. Many Ugandans still cite the mask fiasco as an example these rules were applied selectively, as the opposition saw their access to radio of why the government cannot be relied on to deliver on some of the more and TV stations limited while the incumbent’s ability to campaign under the ambitious pandemic-related relief projects, including a proposal to distribute guise of performing his duties was unaffected.24 thousands of free portable radios to aid learning in villages across the country. The election was not only a race for the presidential office but also for a Uganda parliament declined the approval of a supplementary expenditure parliamentary majority. The opposition hoped to garner as many parliamentary request to purchase 9 million radios that were meant to facilitate long distance seats as possible to ensure that the NRM is unable to pass laws through learning of children under lockdown.16 A budget committee of parliament parliament with impunity, as they have in the recent past with the removal of established that the purchase of radios by government was not a wise decision. age limits on the presidency. Winning parliamentary seats is a difficult task Specifically, it cited operational challenges in the implementation of radio for the opposition because the NRM is well positioned with representatives assisted learning.17 running for positions across Uganda. The opposition, with smaller networks and limited funds, often struggle to nominate candidates. There is also a 3. THE ELECTION prohibitive nomination fee for each candidate (Shs3 million or over US$800), which the NRM covers for their nominees.25 Despite these difficulties, this Uganda has never had a peaceful transition of power and there have been election featured many fewer unopposed NRM candidates than the last, and many irregularities found in past elections, but the 2020-21 election season was NUP claimed an impressive number of seats - at least 61 - despite being less especially violent. The election, or what Nic Cheeseman has called “a staged than a year old.26 event to try to legitimate Museveni’s presidency and the ruling party”18, drew While independent observers such as the European Union (EU) would criticism from across the world, including some strongly worded statements typically be expected to observe and report on how free and fair the elections from Western policymakers and organizations.19 It was marred by increasing are, the EU did not send an observer mission to Uganda in 2021 due to violence, arrests, kidnappings, and severe limitations on freedom of expression. the government’s failure to implement any of the past recommendations As in other authoritarian countries, coronavirus restrictions were used to justify made by EU observer missions (some since 2005). There have been some various excesses, including the use of lethal force, by the government.20 The reports suggesting other factors also contributed to this decision, including government securitized the election and created exceptionalities in order to the lack of a formal invitation from the Ugandan government and logistical justify violence against the opposition, as it engaged in a seemingly liberal complications associated with COVID-19.27 The government officially process.21 Following President Museveni’s “scientific wedding” decree, the refuted the accusation that it had not invited the EU to observe and later Electoral Commission called for all candidates to campaign “scientifically”– declined the EU offer to send a small team of electoral experts to Uganda.28 primarily online and through other media channels, later allowing limited Regionally, the Intergovernmental Authority on Development (IGAD) and gatherings to a maximum of 200 people.22 In December the Commission the East African Community (EAC) deployed observer missions to Uganda. suspended campaign meetings in several districts as well as the capital, in

16 PARLIAMENT OF THE REPUBLIC OF UGANDA, Education ministry’s request for radio 23 “Uganda: ‘Deteriorating’ Human Rights Situation in Run-up to Elections next Week”, UN money rejected, 3 March 2021. https://www.parliament.go.ug/news/4872/education-ministrys- News, 8 January 2021, https://news.un.org/en/story/2021/01/1081662; THE ELECTORAL request-radio-money-rejected. COMMISSION OF UGANDA, “Press Statement: Suspension of General Election Campaign 17 Ibidem. Meetings in Specified Areas of the Country”, Kampala, 26 December 2020. 18 WHEELDON, T., “Uganda Prepares to Vote in General Election Marred by Repression”, 24 AFP, “Uganda Wraps up Violent and Chaotic Election Campaign”, Daily Monitor, 8 January France24, 12 January 2021. 2021. 19 MUTYABA, M., “Uganda: How Donors Can Go beyond ‘Strongly-Worded Statements’”, 25 ATHUMANI, H., “Ugandan Parliamentary Candidates Say Nomination Fee Too High”, African Arguments, 13 January 2021. VOA, 12 October 2020. 20 ROTH, K., “How Authoritarians Are Exploiting the Covid-19 Crisis to Grab Power”, The 26 KAMOGA, J., “Will Bobi Wine Party Hurt NRM after Winning Court Case?”, The East New York Review of Books, 31 March 2020. African, 29 October 2020. 21 BIGO, D., “Security and Immigration: Toward a Critique of the Governmentality Issue,” 27 “2021 Election: European Union Will Not Deploy Observers”, Daily Monitor, 19 June 2020. Alternatives 27, 2002, pp. 63–92; TRIPP, A. M., Museveni’s Uganda: Paradoxes of Power in a 28 BORRELL, J., “Uganda: Statement by High Representative Josep Borrell on the Upcoming Hybrid Regime, Boulder, CO, Lynne Rienner, 2010. General Elections”, European Union External Action Service, Brussels, 12 January 2021; 22 MUMBERE, D., “Inside Uganda’s Proposed ‘Scientific Election’”, Africanews, 24 June MUFUMBA, I., “Inside Uganda, EU Standoff over Election Observers”, Daily Monitor, 29 2020. November 2020. 92 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Uganda 93 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 While the US sought accreditation for an observer mission, two days before days before the election to call on people to turn out to vote, to observe, and to the election the US ambassador released a statement noting that the Electoral protect their vote. This was a rallying call for much of the campaign season, Commission had not granted them the majority of the requested accreditations with the opposition calling for voters to register and vote in large numbers35 and they were thus unable to proceed.29 In December the government moved and to remain and observe the counting of votes as is their constitutional right to freeze the accounts of non-governmental organizations involved in election according to the Presidential Elections Act, 2005.36 observation and polling, such as the NGO Forum and the Women’s Network, under allegations of espionage and funding terrorism.30 A number of civil 3.1. The Incumbent society organizations, including National Elections Watch Uganda, also did The 76-year-old President Yoweri Kaguta Museveni, who faced ten 31 not receive or hear back from the Commission regarding their accreditation. opposition candidates, was once known for proclaiming that the problem in Furthermore, on election day police raided an NGO election observer centre Africa is one of leaders who overstay their welcome.37 In 2021 he stood for in Kampala and arrested the accredited observers present. These actions raised his sixth term in office as NRM party presidential nominee. He entered the 32 concerns and outrage from various human rights organizations. As such, the race after changing the constitution twice, once to scrap term limits in 2005 election had a limited number of observer missions, at a time when concerns and once to lift age limits in 2017, despite opposition in parliament and the over the validity of the process were already high. general population.38 As expected, all access to social media was blocked on January 12. Following some of the most stringent COVID-19 restrictions on the Ostensibly, President Museveni explained that this was in response to how continent and calls for “scientific” events where only the main stakeholders some government-run profiles on Facebook were shut down by the social are present, Museveni implemented a “scientific” campaign. Instead of media company, and the shutdown was thus “unfortunate” but “unavoidable.” holding rallies, he held “scientific” meetings with NRM leaders in each Facebook in turn noted that the profiles were disabled for manipulating public district, directing them to spread the NRM gospel to the voters.39 By likening 33 opinion around the election. An unprecedented and complete blackout on the the NRM leaders to priests spreading the gospel, he positioned the NRM as a eve of election day followed. Before the blackout, videos of rows of military religion, all the while speaking out against sectarianism and tribalism, which vehicles and security forces marching down streets were circulated on social he has long criticized as being responsible for conflict and divisions in the media, in an ominous indication of things to come. country. He has also increasingly used references to homosexuality negatively, A week before the elections the Electoral Commission announced that claiming that it is a deviancy, inciting hate and violence against the already voters would not be allowed to witness the counting of votes due to coronavirus vulnerable LGBTQ+ community.40 The use of anti-gay sentiment to gain 34 precautions. In direct opposition to this, three presidential candidates, Patrick political capital before elections is not new for Museveni, who signed into Amuriat, Robert Kyagulanyi, and Mugisha Muntu, along with long-time opposition leader Kizza Besigye, came together in a press conference two 35 Just under 18 million people registered to vote, up from just over 15 million in the 2016 election according to statistics by the Ugandan Electoral Commission (see ec.or.ug for more 29 OTTO, A., “US Embassy, British High Commission Seek Accreditation to Observe details). Elections”, URN, 8 December 2020. 36 According to the Act voters and observers can “stand or sit at least twenty metres away from 30 DRAKU, F., “Government Accuses 2 NGOs of funding terrorism”, Daily Monitor, 13 the table” (section 31.4) observing the election and vote counting. December 2020. 37 MUSEVENI, Y. K., What Is Africa’s Problem?, ed. Elizabeth Kanyogonya, University of 31 US Embassy in Uganda, “Statement by U.S. Ambassador Natalie E. Brown on Cancellation Minnesota Press, 2000. of U.S. Diplomatic Observer Mission of Uganda’s Elections”, 13 January 2021, https:// 38 ASHABA, I., WERNER, K., “Uganda”, in Political Chronicles of the African Great Lakes ug.usembassy.gov/statement-by-u-s-ambassador-natalie-e-brown-on-cancellation-of-u-s- Region 2019, Antwerp, University Press Antwerp, 2020, pp. 83–104; Afrobarometer, “Most diplomatic-observer-mission-of-ugandas-elections/; “NGO Bureau suspends operations of Ugandans Favour Proposed Reforms to Improve Election and Parliament, New Afrobarometer National Election Watch Uganda”, The Independent, 20 October 2020. Survey Shows”, Kampala, 28 April 2017; “The Economist Explains - Why Uganda’s Politics 32 HUMAN RIGHTS WATCH, “Uganda: Elections Marred by Violence”, 21 January 2021; Are Failing Its People”, The Economist, 3 October 2017; TAYLOR, L., “In Uganda, Bobi Wine “Over 20 poll observers arrested on election day”, Daily Monitor, 16 January 2021. Sparked a Movement. Its Supporters Want a Revolution”, World Politics Review, 25 August 33 MWAKIDEU, C., “′Uganda Election Feels like a War′: Human Rights Lawyer”, DW, 13 2020. January 2021; DAHIR, A. L., “Uganda Blocks Facebook Ahead of Contentious Election”, The 39 “Maintain Spirit of Service to the People - President Museveni”, Uganda Media Centre, 14 New York Times, 13 January 2021. November 2020. 34 “Voters Will Not Be Allowed to Witness Vote Counting – Electoral Commission”, Kampala 40 “Museveni: I will accept election results”, CNN, 12 January 2021, https://www.cnn.com/ Dispatch, 6 January 2021. videos/tv/2021/01/12/amanpour-uganda-president-yoweri-museveni-election-bobi-wine.cnn. 94 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Uganda 95 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 law the Anti-Homosexuality Bill in 2014, ahead of elections in early 2016.41 Parliament were to blame for the failures. He noted that it was up to everyone While accusing the opposition, especially Kyagulanyi, of being misguided in various communities to vote for the “right” people who could budget and and supported by unidentified foreign actors and homosexuals, Museveni help distribute government revenues to their communities, not representatives touted his unique experience and wisdom as leader of Uganda.42 Considering who would fight the president in parliament.48 He also suggested in campaign that he has been president for 35 years, it is difficult to deny that there indeed speeches that voting for him in large numbers would increase the likelihood is no one in the country with the experience he has accumulated as head of of getting good jobs for people from a given region.49 state. He argued that he was seeking another term not for the job, but because President Museveni started the electoral race from a significant position of his mission remained incomplete.43 According to Museveni, following years power. The NRM continues to be popular in the countryside where the majority of peace and development thanks to his wise decisions, the government is now of Ugandans live. Vokes and Wilkins argue that the NRM itself is “owned” in a position to do anything it wants using the money it has accumulated from by Museveni and cannot be separated from his personality. The party is first an expanding tax base.44 and foremost an ideational concept that provides people with the promise of The president also reasoned that it was the duty of Ugandans to vote for local and participatory politics, development, and peace, rather than actually the NRM because the party delivered development and peace to the country.45 delivering on these values.50 The long standing of the party also means that Many of these arguments were made not during campaign speeches but rather they are able to organize more effectively in rural areas where the opposition while attending to his duties as head of state, in this case at a public appearance struggles to identify representatives.51 Furthermore, as the incumbent, he has for the reconstruction and upgrading of roads in Mityana Municipality.46 a built-in advantage.52 He is able to move around freely, without concern for In fact, Museveni made an increasing number of public appearances at the his security. He also has the media and government funds at his disposal. His opening of roads and bridges, touring a sugar factory in Amuru and other ability to campaign is not hindered by strict limitations set by the Electoral developments in the last weeks of 2020, emphasizing completed or upcoming Commission as he is able to refer to his achievements and promises even government-sponsored projects. Days before the election he also ordered the while attending or hosting events seemingly unrelated to the election. Finally, release of all impounded boda bodas (motorcycle taxis) in Kampala because many stand to gain from supporting Museveni as his patronage networks have he was ostensibly concerned about how the owners were surviving. After been nurtured over many years. many years of delay he approved an increased government pay out of war Acknowledging that young people are an important demographic – 76% debt claims in compensation for livestock in the Acholi, Lango and Teso of the population is under 30 – throughout his campaign the president held sub-regions (areas which include historically low support for the NRM) and special meetings with NRM youth leaders and engaged more broadly in released over 100 Rwenzururu soldiers from prison (also an area where he has social media, actively responding to comments.53 In advance of the election historically struggled to secure the majority of votes), among other activities conveniently timed to shore up support ahead of voting.47 48 NSUBUGA, M., “Museveni Blames Govt Failures on ‘Useless’ MPs”, Daily Monitor, 7 In response to requests from local leaders challenging him on failing to January 2021; “President Museveni Tells Kasese Residents Not to Vote Opposition MPs”, The deliver on previous campaign promises, Museveni suggested that Members of Independent, 16 December 2020. 49 “About the jobs for the Bamasaba (people from Bugisu region), I will be looking out and whenever there are some good jobs and there are good Bamasaba, I will be putting them 41 TAMALE, S., “Homosexuality is not un-African”, AlJazeera, 26 April 2014. there. That is not a problem. If the Bamasaba vote 90%, the encouragement will be greater”, 42 HILSUM, L., “‘Agent of foreign interests’: Museveni lashes out at Uganda election rival”, Official NRM account @NRMOnline, 25 November 2020, https://twitter.com/nrmonline/ The Guardian, 11 January 2021. status/1331543824728993795. 43 KAZIBWE, K., “I Am a Man on a Mission to Liberate This Country- Museveni”, Nile Post, 50 VOKES, R., WILKINS, S., “Party, Patronage and Coercion in the NRM’S 2016 Re-Election 24 November 2020. in Uganda: Imposed or Embedded?”, Journal of Eastern African Studies, vol. 10, no. 4, 2016, 44 “Museveni Preaches the Story of NRM Ideology to Bugisu”, National Resistance Movement, pp. 581–600. 24 November 2020, https://www.nrm.ug/news/museveni-preaches-story-nrm-ideology-bugisu. 51 TAYLOR, L., op. cit. 45 KAZIBWE, K., “Supporting NRM Is a Duty Ugandans Must Fulfill - Museveni”, Nile Post, 52 CHEESEMAN, N., “African Elections as Vehicles for Change”, Journal of Democracy, vol. 7 January 2021. 21, no. 4, 2010, pp. 139–53. 46 Ibidem. 53 LUGAAJU, G., “Hero? I’m Now on Instagram! Museveni Switch to Cool Platform Excites 47 BAGALA, A., “Museveni Orders Police to Release Boda Bodas”, Daily Monitor, 11 January Bazzukulu”, PML Daily, 18 September 2020; BULUBA, A. B., “How Museveni Strategically 2021; “About 132 Rwenzoruru Kingdom Royal Guards Released”, Kasese Guide Radio, 9 Neutralised Toxic Opposition Attacks on Social Media”, Watchdog Uganda, November January 2021; MATOVU, M., “Lango: Museveni Pledges Shs150b to Compensate People Who 2020; KAZIBWE, K., “Museveni Says His New Love for Social Media Has Won Him More Lost Animals during NRA War”, Nile Post, 12 November 2020. Supporters”, Nile Post, 9 September 2020; UBOS, “National Census Main Report (2014)”, 20 96 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Uganda 97 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 he launched an application called Mzee Nalo showcasing developments the candidates prepared for the official nomination process in November. and achievements under the NRM.54 In his 2021-2026 manifesto, entitled Kyagulanyi, along with other nominees and campaign members, was arrested “Securing Your Future”, he notes that he wants to consolidate the gains the and threatened, locked out of venues, and assaulted. In February he petitioned NRM has made and focus on reaching middle-income status as a country. The the Electoral Commission to intervene after the police continually prevented almost 300-page document broadly outlines how the party plans to achieve him from holding consultative meetings.58 He also faced police raids on his these priorities. Its length is partially due to the fact that it has several sections offices, where his campaign alleged that nomination documents were stolen which refer back to historical circumstances to explain how Uganda has by the security forces.59 benefited from NRM leadership. This is a common occurrence, as Museveni Throughout his campaign, which was livestreamed on social media often reminds Ugandans of his role as a liberation fighter and the historical almost continuously, he could be seen sleeping in his car on the road between challenges the country faced at the time, to emphasize why it is important to stops, because security forces either barricaded roads or denied access to vote for him, as someone who has delivered them from the pre-1986 violence hotels or violently pulled him out of his car and arrested him for no obvious and has the experience to preserve relative stability.55 Even in his campaign reason, sometimes mid-interview.60 His campaign staff were killed, injured, or song “Ekigoma” the video shows some images of the past before moving on to arrested in large numbers. Following the killing of his driver, Yasin Kawuma showcasing various locations in Uganda which feature recent developments. in 2018 and the death of Ziggy Wine in 201961, this year Francis Zaake, the The song compares Museveni favorably against the late Idi Amin and Milton leader of People Power’s youth wing, was detained and badly beaten, and Obote. Indeed, a military ethos has largely dominated Ugandan politics, as Kyagulanyi’s bodyguard, Francis Senteza Kalibala, was killed by security fear of the military and the tactic of reminding citizens of the horrors of war, forces.62 His close friend and fellow artist Nubian Li, as well as his personal through discourse and actions, seems an effective manipulation.56 As some bodyguard Eddie Mutwe, remain in jail along with many other supporters.63 Ugandans are fond of saying, at least thanks to Museveni they can now sleep Most of the arrests were defended by authorities as justified by the fact through the night. that Kyagulanyi broke COVID-related protocols, or Standard Operating Procedures (SOPs), and thus endangered the health and lives of Ugandans. 3.2. The Opposition But critics pointed out that the SOPs were enforced unequally and that NRM supporters were never violently dispersed when they gathered in large numbers. 3.2.1. The main contender: Bobi Wine Finally, in November the lethal violence employed by the government became international news as protests and riots began following the news of another Robert Kyagulanyi Ssentamu, also known by his stage name Bobi Wine, arrest of Kyagulanyi. Protestors lit fires and tore down NRM campaign posters was the main contender against President Museveni in the 2021 elections. As first in Kampala and then in other major town and cities. Security forces and noted in last year’s chronicle, Kyagulanyi has risen to international fame, not police responded with tear gas, rubber bullets, and live ammunition, killing 57 only as a musician but as a formidable opposition leader. While the hope over 50 people.64 was once again that in this election the opposition would unite and choose one candidate, giving the person a more realistic chance of winning, this did 58 not come to pass. Kyagulanyi was one of 11 nominees for the highest political “Frustrated by Police, Bobi Seeks EC Help”, Daily Monitor, 24 February 2020; ASHABA, I., WERNER, K., op. cit. office in Uganda. 59 ATHUMANI, H., “Ugandan Police Raid Opposition Party Offices, Take Election-Related This year saw many obstacles put in front of the opposition as each of Documents”, VOA, 14 October 2020. 60 HAYDEN, S., “Uganda’s Revolution Will Be Livestreamed”, Vice, 11 January 2021. March 2014, https://www.ubos.org/wp-content/uploads/publications/03_20182014_National_ 61 “Bobi Wine Driver Kawuma Shot Dead in Arua”, The Observer, 13 August 2018; ASHABA, Census_Main_Report.pdf. I., WERNER, K., op. cit. 54 LUGAAJU, G., “Museveni Launches App to Showcase His Achievements”, PML Daily, 29 62 HUMAN RIGHTS WATCH, “Uganda: Opposition Leader Reported Tortured by Police”, 28 September 2020. April 2020; “Uganda’s Bobi Wine Says Bodyguard Killed by Police Who Deny Charge; Three 55 REUSS, A., TITECA, K., “When revolutionaries grow old: the Museveni babies and the slow Reporters Hurt”, Reuters, 27 December 2020. death of the liberation”, Third World Quarterly, vol. 38, no. 10, 2017, pp. 2347-2366 63 “126 Bobi Wine Supporters to Be Charged with Assault of Police Officers, Incitement”,Daily 56 KAGORO, J., “The Military Ethos in the Politics of Post-1986 Uganda”, Social Sciences Monitor, 4 January 2021. Directory, vol. 2, no. 2, 2013, pp. 31–46; CHEESEMAN, N., “The Rise of Africa’s ‘Old Men’ 64 EPSTEIN, H., “In Uganda, Another Museveni Crackdown”, The New York Review of Books, and How to Stop It”, The Africa Report, 17 September 2020. 25 November 2020; “Deadly Protests in Uganda after Bobi Wine Arrested Again”, Al Jazeera, 57 ASHABA, I., WERNER, K., op. cit. 18 November 2020. 98 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Uganda 99 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 There were also several legal hurdles to cross. Kyagulanyi’s People Power he famously stumbled when asked about fiscal policy.72 His reply suggested Movement faced the difficulty of not being a registered political party. There that not only did he not have plans how to address fiscal issues, but likely did was uncertainty around its status and lack of a unifying symbol, especially not understand what fiscal policy was. A discussion in the media and online for parliamentary elections.65 Politicians could claim membership in the ensued on his fitness to take on the job of head of state. This year, questions movement but had to campaign under a registered party or as independents, about his foreign policy seemed to result in similar discussions.73 Yet it could so allegiance was divided. Furthermore, Kyagulanyi was aware that the be argued that his rather general reply to the question, including harmonizing government would make it very difficult, if not impossible, for him to register relationships across East Africa and ensuring that the nations work together, a party. In July, however, Kyagulanyi surprised everyone when he announced was not very different from the generalities proffered by other candidates in that he had secretly acquired a previously registered party. The National the election.74 Unity, Reconciliation and Development Party had originally been registered In his nomination speech he addressed several priorities which he hoped in 2004 and was defunct until Kyagulanyi took leadership, renaming it to the his government would focus on as part of his party’s manifesto theme “A New National Unity Platform (NUP).66 Following the announcement, Kyagulanyi Uganda”. This included improving the welfare of members of the security along with several other NUP leaders and the Electoral Commission were forces, increasing access to affordable and quality healthcare and education for sued by alleged former party members over ownership of the party. These all, creating more jobs, and investing in agriculture, science and technology, charges were dismissed by the court.67 including in schools and innovation hubs, as well as access to clean water and Although Museveni has long spoken of national unity as a priority, electricity. Uganda is an extremely divided country. The fragmentation, more often Despite the crowds of followers, at the end of the day, none of this was than not along ethnic lines, is largely a result of colonialism and continued likely to make a difference. Most experts agreed that Museveni would not government manipulation.68 The Buganda kingdom (from which Uganda give up power, and analysts and opposition candidates, including Kyagulanyi derives its name) is one of the most influential cultural institutions in the himself, said that they expected the election results to be rigged in Museveni’s country, although they feel largely excluded from the national political scene. favour. The president’s hold on institutions, and the military in particular, Buganda’s kabaka (king) inspires deep loyalty from his subjects and therefore is all encompassing. Tensions remain high as Kyagulanyi refuses to accept has significant sway over them. Likely in an effort to present himself as a the results of an election he calls fraudulent, spurring accusations by the national figure rather than as the omubanda wa kabaka, or “the [Buganda] government that he wants to incite an insurrection.75 Museveni, in turn, king’s hustler” he has been known for in the past, Kyagulanyi has tried to has resorted to the use of increased intimidation and extreme force to keep rise above these divisions.69 Like Museveni, he spoke of peace and unity. His order.76 The heavy security deployment during and following the elections is a songs feature languages from across the country.70 In his nomination speech testimony to this. Museveni also continues to accuse Kyagulanyi of sabotaging he listed several ethnic groups in the country that he said he would represent Uganda’s development for which he is fighting, in an eerie semblance of as president of all Ugandans. Still, some Ugandans perceived his rise to power imperial narratives about the colonial system being implemented for the as equivalent to the rise of Buganda, which is already viewed as too powerful purpose of developing the country.77 Meanwhile, voices against how and by by many.71 what means this development is currently being achieved are also increasing, This is not the only thing Kyagulanyi had to change opinions on. In 2019 72 ASHABA, I., WERNER, K., op. cit. 73 BAKER, A., op. cit.; BROADWAY, S., “I Only Have Eyes for Bobi Wine”, Africa is a 65 “How Bobi Wine, NUP Deal Was Negotiated”, Daily Monitor, 23 July 2020. Country, 20 December 2019. 66 BAKER, A., “Uganda’s Reggae Star Politician Bobi Wine Wants a Revolution”, Time, 74 KATUSIIME, I., “Uganda’s Presidential Hopefuls Have No Clear Foreign Policy Plans”, The Kampala, 19 November 2020; BROADWAY, S., “Small Changes”, Africa is a Country, 3 East African, 20 November 2020. December 2020. 75 BAKER, A., op. cit.; PEISNER, D., “Uganda’s ‘Ghetto President’: How Bobi Wine went from 67 KAMOGA, J., op. cit.; KIGONGO, J., “Court Orders Kibalama to Pay Bobi Wine Costs”, Dancehall Grooves to Revolutionary Politics”, Rolling Stone, 25 April 2020; BROADWAY, S., Daily Monitor, 21 October 2020. “Uganda’s People Power in the Age of COVID-19”, Africa Is a Country, 20 April 2020. 68 WERNER, K., “From Inclusive Governance to Peace: Exploring African Governance 76 ATHUMANI, H., “Uganda’s President Museveni Nominated for Another Term”, VOA, 2 Systems”, PhD diss, Wilfrid Laurier University, 2019. November 2020. 69 TAYLOR, L., op. cit. 77 KAZIBWE, K., “Bobi Wine Is a Saboteur of Uganda’s Development - Museveni”, Nile Post, 70 ASHABA, I., WERNER, K., op. cit.; TAYLOR, L., op. cit. 10 December 2020; LUGARD, F.D., The Dual Mandate in British Tropical Africa, Edinburgh 71 TAYLOR, L., op. cit.; WERNER, K., op. cit. and London, William Blackwood and Sons, 1922. 100 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Uganda 101 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 with Kyagulanyi and others calling on Western donors, especially the United in parliament. States, to suspend support to the regime as it deploys funds primarily for Henry Tumukunde, a retired lieutenant general who served as an patronage and its security apparatus. 78 intelligence chief and security minister in the Museveni era, did not fare much Bobi Wine may not have become president, but his singular success in better. He believed he was the candidate Museveni was most afraid of because drawing the world’s attention to what he says is a dictatorial, brutal regime in of his deep security experience. Tumukunde, who has family ties with the Uganda has done serious damage to Museveni’s prestige abroad. The Ugandan president, still faces treason charges stemming from his public comments leader is now on a path of belligerence towards the international community, about how a foreign government could help remove Museveni from power. He including major development partners such as the US and EU. is widely seen as a crafty figure who in the past has fallen out with Museveni only to return and serve him. After opposing the removal of term limits in 3.2.2. Other opposition candidates 2005 as an army representative in parliament, he was arrested and prosecuted President Museveni faced nine other challengers. Three of them are in the military court on charges of spreading harmful propaganda, abuse of worth noting, mainly because of their poor performance in the elections: office, and military misconduct. Following eight years of trial, he was given a Patrick Oboi Amuriat, as well as retired generals Mugisha Muntu and Henry “severe reprimand” by the military court martial in 2013. He was promoted to 84 Tumukunde. Their campaigns failed to take off amid the rise of Kyagulanyi, a higher rank and retired from the army in 2015. He then openly campaigned who was always tipped to consolidate the opposition vote. for Museveni’s re-election in 2016, “canvassing local opinion on a wide range Mugisha Muntu once served as army commander and fell out with of issues and handing out money to soften the ground for the president and, 85 Museveni while serving as Uganda’s representative to the East African when necessary, sabotaging opposition candidates’ rallies”. Tumukunde’s Legislative Assembly.79 As one of Uganda’s longest serving army chiefs, reward was to be appointed security minister, but he did not last in the job. Muntu was known for his integrity in an institution that had many corruption When, in February 2020, he wrote to electoral authorities seeking clearance 86 scandals.80 He joined the opposition Forum for Democratic Change (FDC) to consult with the electorate about his presidential bid , the state withdrew 87 and rose to become the party’s president between 2012 and 2017. Facing his military guards. A month later he was arrested on charges of treason 88 a power struggle with Amuriat, Muntu left the FDC and started his own and illegal possession of firearms. According to the police, Tumukunde’s Alliance for National Transformation (ANT) party. Muntu argued that there arrest followed a series of radio and television interviews that fostered hatred, had emerged two views about the future of the FDC, one of defiance and one glorified violence and called upon a neighbouring country to support him in 89 of building party structures.81 Muntu, who favoured building party structures, removing Museveni. For his presidential campaign, he formed a pressure in a departing letter to the FDC criticized the “culture of individualism” in group called “Kisoboka” (it is possible) after failing to start a political 90 the country and said the real task was building a party with “structures that party. Despite his efforts, Tumukunde received only 51,392 votes nationally, 91 are stronger than individuals”.82 In the 2021 elections, Muntu ran a campaign representing 0.5 percent. based on respect for human rights and zero tolerance for corruption. According Patrick Oboi Amuriat, despite the backing of his established FDC party, to official results, he obtained less than 70,000 votes nationally, representing came a distant third in the elections. With veteran opposition leader Kizza less than one percent of the total vote.83 His party failed to win a single seat Press%20Publishing%20of%20Final%20Results%20of%20Presidential%20Elections%20

78 2021_0.pdf ATHUMANI, H., BEARAK, M., “Uganda’s Election Will Be Decided by Its Young People”, 84 KASASIRA, R., “Speculation as army recalls Lt Gen Tumukunde’s guards”, Daily Monitor, The Washington Post, 8 January 2021; EPSTEIN, H., op. cit.; SMITH, J., “Opinion | Ugandan 26 February 2020. Opposition Leader Bobi Wine Survives an Attack. The U.S. Should Take a Stand”, The 85 GOLOOBA-MUTEBI, F., HICKEY, S., “The master of institutional multiplicity? The shifting Washington Post, 2 December 2020; TITECA, K., REUSS, A., op. cit.. politics of regime survival, state-building and democratisation in Museveni’s Uganda”, Journal 79 KHISA, M., “Managing elite defection in Museveni’s Uganda: the 2016 elections of Eastern African Studies, vol. 10, no. 4, 2016, p. 608. in perspective”, Journal of Eastern African Studies, vol. 10, no. 4, 2016, pp. 729-748. 86 TUMUKUNDE, H., Re: Presidential Aspirant Aspirations, 28 February 2020. 80 TANGRI, R., MWENDA, A. M., “Elite corruption and politics in Uganda”, 87 KASASIRA, R., op. cit.; KAAYA, S.K., MUKASA, R.S., “Tumukunde moves to oust Commonwealth & Comparative Politics, vol. 46, no. 2, 2008, pp. 177-194. Museveni, The Observer, 4 March 2020. 81 MUNTU, M., Why We Have Left and Why We Should Hope, 25 September 2018. 88 “Lt Gen Tumukunde arrested on treason charges – Police”, The Independent, 13 March 2020. 82 Ibid. 89 Ibid. 83 THE ELECTORAL COMMISSION OF UGANDA, Publishing of the Final Results for 90 “Tumukunde to run as independent”, Daily Monitor, 11 August 2020. Presidential Elections 2021, 28 January 2021. https://www.ec.or.ug/sites/default/files/press/ 91 The Electoral Commission of Uganda, op. cit. 102 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Uganda 103 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 Besigye announcing that he would not run again, most analysts noted that a rally and was detained at Nalufenya police station in neighbouring Jinja.96 Amuriat had big shoes to fill. Having lost the four previous elections, Besigye Protests broke out in different cities as rioters demanded his release. Yet, there announced that he had lost faith in voting as a means for change. He announced also seemed to be cases of hooliganism taking advantage of the fragile situation. that he would focus on what he called Plan B92, never really explaining what Closed Circuit Television (CCTV) images that emerged in the aftermath of the this plan was even though it was assumed it entailed some form of defiance. riots showed people undressing women dressed in yellow (ruling NRM party In the end, Besigye failed to rally his support base for Amuriat. For example, colour) and attacks on buses plying the western Uganda route (seen as the northern Uganda, a region where Besigye had obtained many votes in past birthplace of the incumbent). There were also other acts of looting, vandalism elections, voted strongly for Museveni. The central region, where the FDC and robbery by individuals taking advantage of the demonstrations.97 Despite previously performed well in parliamentary and local council elections, voted the deaths of over 50 people, the police force denied using excessive force overwhelmingly for Kyagulanyi’s NUP. Amuriat ran a barefoot campaign, in but rather emphasised that it was dealing with a volatile society. In response protest after he was picked up on nomination day at FDC party headquarters to those attacking NRM supporters during the November unrest, Museveni and taken to the nomination grounds without shoes.93 A believer in defiance, he promised the attackers that they would ‘lose appetite for violence.’98 was on the receiving end of police brutality during the entire election season. In arresting Kyagulanyi, police accused him of violating the Electoral He was arrested, charged in court and teargassed several times by police who Commission’s guidelines aimed at containing the spread of COVID-19. accused him of flouting COVID-19 campaign guidelines. Amuriat obtained Human rights organisations have been critical of the use of COVID-19 337,589 votes, representing 3.26 percent of the total vote.94 preventive guidelines to curtail dissenting voices. Amnesty International, These three opposition candidates represented different styles and for example, observed that COVID-19 regulations in Uganda had become approaches, and at least one of them, Muntu, is universally described as a ‘weaponised and disproportionately applied.’99 The use of ambiguous laws has good man. However, only one candidate was bound to consolidate the anti- also been the case in the past to unlevel the political playing field especially Museveni vote, and in these elections it was Kyagulanyi. during elections. For example, the Public Order Management Act (POMA) in the 2016 elections as well as a preventive arrest law with roots from the 3.3. Violence colonial era. Opposition candidate Kiiza Besigye was prevented from leaving As already noted, the election season was marked by unprecedented levels his house for over one month following the 2016 elections. Police argued that of violence ahead of voting, and various threats made by government officials they were mandated to restrict the movement of a person if they thought they 100 against the opposition and its followers. This violence is not new as Museveni were a threat to public order. has always employed carrots and sticks in his 34-year rule. He has mastered Following the November riots, security Minister Gen. Elly Tumwine the art of employing a wide range of measures to frustrate the opposition appeared to have set the standard when he suggested that police could kill without much escalation.95 Throughout the campaign period, the ruling NRM with impunity, arguing that the “police has a right to shoot you and kill you if party continued to hold gatherings unhindered by the police, including large you reach a certain level of violence. Can I repeat? Police has a right or any 101 gatherings in churches and other places organized by government ministers. security agency if you reach a certain level, they have a right”. Coming after On the other side, opposition rallies were frequently broken up, sometimes dozens of people had been killed by the security forces for protesting against with deadly force. The violence appeared to intensify as polling day drew the jailing of Kyagulanyi, Tumwine’s comments had a chilling effect on a closer, with Kyagulanyi regularly in the news as the victim of police brutality 96 “Bobi Wine arrest sparks off protests in Kampala, Masaka, Hoima”, The Observer, 18 when he tried to campaign in central Uganda, his stronghold. November 2020. Major protests broke out on November 18 and 19 following Kausalya’s 97 BWIRE, J., “Bobi Wine protests: Police say death toll is now seven”, Daily Monitor, 19 arrest. He was arrested in the eastern Uganda district of Luuka while addressing November 2020. 98 “Troops move to quell protests over Bobi Wine arrest, 16 killed”, Reuters, 19 November 2020. 92 “Inside Besigye’s Plan B move”, Daily Monitor, 24 August 2020. 99 AMNESTY INTERNATIONAL, “Uganda: Stop Killings and Human Rights Violations 93 MUKHAYE, D., “Police pick FDC’s Amuriat, deliver him at nomination centre bare feet”, Ahead of Election Day”, 14 December 2020, https://www.amnesty.org/en/latest/news/2020/12/ Daily Monitor, 3 November 2020. uganda-stop-killings-and-human-rights-violations-ahead-of-election-day. 94 The Electoral Commission of Uganda, op. cit. 100 “Uganda’s Besigye House Arrest Reaches 40th Day,” VOA, 29 March 2016. 95 TITECA, K., REUSS, A., “How Museveni mastered violence to win elections in Uganda”, 101 “Gen Tumwine; Police has a right to kill if attacked”, The Independent, 20 November 2020; African Arguments, 19 November 2020. “Bobi Wine protests; Shoot to kill defended by Uganda minister”, BBC, 20 November 2020. 104 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Uganda 105 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 country already on edge from the ubiquitous presence of soldiers patrolling the 4. EVERYDAY GOVERNANCE AND SECURITY streets of Kampala and other urban centres. Police chief Ochola told reporters RESHUFFLES days ahead of voting that rioters would “regret why their mothers gave birth As reported in last year’s chronicle and the earlier section on elections, to them”.102 Other officials also uttered warnings to protesters, and President various development projects continued to be launched in 2020 with President Museveni himself, speaking at a political rally in the north-eastern town of Museveni in attendance. These launches happened throughout the campaign Kotido, warned people against protesting, saying they would be “crushed”.103 season, even as the EC suspended campaign meetings in specified areas that In response to the ongoing terror, Kyagulanyi, with the backing of US- health experts termed as “high, sustained and diffuse transmission districts/ based lawyer Bruce Afran, petitioned the ICC to investigate serious rights areas” due to non-compliance with the newly implemented SOPs in light of abuses perpetrated by the security forces.104 The petition specifically cited COVID-19.108 Despite this, President Museveni officiated at the launch of Museveni and Tumwine, focusing most of its evidence on civilian killings several projects two days after the EC ban. In Mukono, one of the districts during the November riots. However, there is little the international court under the EC ban, the president commissioned a 189-megawatt hydropower may do as the example of the Kasese killings demonstrated. The court had sub-station meant to supply power to run an industrial park in the area. Just received complaints and requests to investigate the killings that followed a like other projects we highlighted in the last chronicle, this hydropower station 2016 security personnel raid on the Rwenzururu kingdom offices. The court is financed through a loan from the Exim Bank of China at an estimated concluded that the killings did not amount to crimes against humanity or cost of $100m.109 A 50-megawatt substation funded by UMEME Uganda genocide.105 Limited was commissioned in Mbale. In early January, just one week before Although polling day itself was widely reported to be peaceful, the the presidential elections, the president opened Isimba bridge connecting internet blackout likely allowed instances of violence to go unreported. At the districts of Kayunga and Kamuli. This bridge is part of the Isimba the time of writing this chronicle, Kyagulanyi has accused the security forces Hydroelectric Power Station project, which is funded by both the government of waylaying his polling agents and beating or detaining them in an effort to and a loan of $482.5m from the EXIM Bank of China.110 In Wakiso, the suppress the collection of evidence of voting irregularities as he headed to president signed off construction works for the Kira-Kasangati-Matugga road court to challenge the election outcome. In the meantime, the NUP party has and later spoke to party leaders and flag bearers in the district.111 In total, said several of its members, including some of the presidential candidate’s the president commissioned five roads during the last days of the campaign associates, are missing, the victims of kidnappings perpetrated by the security season with only two complete112 and the other three still to be constructed. forces before and after the elections. Abductions appear to be continuing as The timing of these events was questioned by the opposition, at a time when global media takes note.106 Museveni in his address to the country acknowledged their campaigns were suspended due to the ban. that the missing individuals were in the hands of security agencies following Several other projects were launched by the president during the the deadly November riots. He instructed security agencies to make the names campaign season, further raising questions on the source of funds and Uganda’s public so as to end the talk of disappearances.107 growing debt burden. The government recently took over the management of public markets and four modern markets were constructed at an estimated cost

102 “You will regret why your mother produced you – IGP to rioters”, The Independent, 8 January 2021; “Whoever causes trouble will regret why they’re born – IGP Ochola”, Daily 108 THE ELECTORAL COMMISSION OF UGANDA, Suspension of General Election Monitor, 8 January 2021. Campaign Meetings in Specified Areas of the Country, 26 December 2020. https://www.ec.or. 103 AMNESTY INTERNATIONAL, op. cit. ug/sites/default/files/press/Press%20Statement%20on%20Suspension%20of%20General%20 104 “Bobi Wine asks ICC to investigate Museveni over human rights abuses”, The East African, Election%20Campaign%20Meetings%20in%20Specified%20Areas.pdf. 8 January 2021; DAHIR, A.L., “Uganda Opposition Candidate, Citing Abuses, Petitions 109 KAHUNGU, M.T., “EC treated me like Kyagulanyi on campaigns ban – Museveni”, Daily international Court”, The New York Times, 8 January 2021. Monitor, 29 December 2020. 105 KIGGUNDU, E., “ICC lets Museveni off the hook over Kasese killings”, Nile Post, 16 110 MUFUMBA, I., “Who funded projects Museveni launched during campaigns?”, Daily December 2020. Monitor, 24 January 2021. 106 MUHUMUZA, R., “Tensions rise in Uganda over abductions during Elections”, Associated 111 KAZIBWE, K., “Museveni flags off construction works for Kira-Kasangati-Matugga Road”, Press, 5 February 2021; “Uganda: Unease after Alleged Election Abductions”, DW, 10 February Nile Post, 30 December 2020. 2021. 112 STATE HOUSE OF UGANDA, Multi-billion projects commissioned in the Rwenzori, 107 KAZIBWE, K., “They are not missing; security has them – says Museveni on kidnapped 15 December 2020. https://statehouse.go.ug/media/news/2020/12/15/multi-billion-projects- Ugandans”, Nile Post, 13 February 2021. commissioned-rwenzori. 106 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Uganda 107 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 of $22.8m. The African Development Bank loaned the Ugandan government NRM party. These task forces played a wide range of roles, from intimidation $93.73m under the Markets and Agricultural Trade Improvement Programme to the distribution of cash and ruling party paraphernalia.121 Although the Project II.113 The president also commissioned Kayunga and Yumbe General president has in the past pushed for various programs aimed at job creation and Hospitals as well as a fruit factory in Yumbe. In launching these projects, the boosting Small and Medium Enterprises (SMEs), the rollout of the Emyooga president was flanked by ministers, religious and district political leaders who initiative close to the 2021 general elections was very conveniently timed, re-affirmed their support for the president and the NRM party in the general with opposition leaders highlighting this in the media.122 In the discussion of elections.114 All the projects described above were funded by the government government programmes and how they are used to tilt the political playing and loans from the African Development Bank, Islamic Development Bank field, it is also worth re-emphasising the blurred lines between state money and Exim Bank of China.115 Since 2013, Museveni has been pushing for and the ruling NRM party’s money. A recent report on pre-campaign financing infrastructure upgrades through loans mainly from China and other lenders, in for the 2021 elections by the Alliance for Campaign Finance Monitoring part guaranteed by the anticipated income from oil reserves.116 further highlights this. For example, it reported heavy expenditure on vehicles Another project launched was the ‘Emyooga’ programme, through which for NRM LCV chairpersons, motorcycles for Sub County chairpersons and money was given to different Savings and Credit Cooperative Societies bicycles for NRM LCI chairpersons for voter mobilization.123 (SACCOS) in the country. Although this project was launched in August In the security forces, the president made some changes that again led 2020, disbursement of the money started closer to election time. Emyooga analysts to question the timing of the reshuffles a few weeks ahead of polling is a presidential initiative on job and wealth creation in the different districts day. Following the November 18 and 19 clashes in which over fifty people of Uganda and is being carried out by the Microfinance Support Centre Ltd. died, the president appointed Maj. Gen. Paul Lokech as deputy Inspector The programme, which operates at constituency level, targets 18 clusters of General of Police to replace Maj. Gen Muzeyi Sabiiti, who was sent back to low-income groups that include taxi operators, boda-boda (motorcycle taxi) Army General Headquarters for redeployment.124 The reshuffle was interpreted riders, women entrepreneurs, veterans, people with disabilities, journalists, as the president’s rebuke of the police and a renewal of his stated displeasure mechanics, tailors, fishermen, salon operators, performing artists, carpenters, with the institution that is now effectively led by army officers. In a message welders, youth leaders, produce dealers and elected leaders, among others.117 that announced the removal of Sabiiti Muzeyi and other changes, the president Development projects in Uganda have a history of being used for political reminded the police of their duty to defend citizens against lawlessness, support. Cash distribution and donations based on allegiances have become threats to life and property.125 As noted earlier, the riots had followed the arrest common in every election cycle in Uganda’s electoral battlegrounds.118 The of presidential candidate Kyagulanyi, who was accused of not observing Ugandan cabinet has in the recent past endorsed Museveni’s donation budgets. campaign rules to prevent the spread of COVID-19. Lokech, the newly The president’s welfare fund is used to deliver financial pledges to a wide range appointed Deputy IGP, is a former commander of Ugandan peacekeeping of groups.119 In addition to these monetary incentives, the Museveni regime troops under the African Union Mission in Somalia (AMISOM).126 Between also employs soft tools of power during electoral campaigns.120 Soft power 2011 and 2012 Lokech led operations to capture strategic areas in the Somali in the 2011 elections included the huge amounts of money splashed around capital of Mogadishu.127 He is popularly referred to as the “Lion of Mogadishu” in opposition strongholds. In the 2016 elections, the president established “multiple campaign task forces” alongside other task forces established by his 121 Ibid. 122 SAMILU, B., “ANT’s Ssenkubuge Queries ‘Emyooga’ Initiative Timing, Says It Might Get Politicized”, ChimpReports, 21 October 2020; KAMURUNGI, E., “Govt pumps shs260b into 113 MUFUMBA, I., op. cit. Sacco initiative”, Daily Monitor, 18 October 2020. 114 STATE HOUSE OF UGANDA, “Yumbe fruit factory, referral hospital commissioned”, 10 123 ALLIANCE FOR CAMPAIGN FINANCE MONITORING (ACFIM), “Pre-Campaign January 2021. https://statehouse.go.ug/media/news/2021/01/10/yumbe-fruit-factory-referral- Spending for Uganda Elections 2021. Ballot Paper or Bank Note?”, https://drive.google.com/ hospital-commissioned. file/d/1C2i2PxvjZ3M1kWrl2U5eVJsWzxqhzi1r/view 115 Ibid. 124 Sabiiti Muzeyi was recently appointed as General Manager of Luwero Industries, a 116 VOKES, R., “Primaries, patronage, and political personalities in South-western Uganda”, subsidiary of National Enterprises Corporation (NEC). The industries manufacture defence/ Journal of Eastern African Studies, vol. 10, no. 4, 2016, pp. 660-676. military hardware. 117 “51 SACCOS receive Emyooga funds in Katakwi”, The Independent, 29 November 2020. 125 “Why Museveni moved top army, police chiefs”, Daily Monitor, 17 December 2020. 118 YOUNG, G., op. cit. 126 APUULI, K. P., “Uganda in Regional and International Peace Keeping Operations”, The 119 “Cabinet endorses Museveni’s donation budget”, Daily Monitor, 29 January 2019. Round Table, 106, no. 5, 2017, pp. 505-515. 120 GOLOOBA-MUTEBI, F., HICKEY, S., op.cit. 127 BURGESS, S. F., “Has the US Military in The Horn of Africa been a Force that Embraces 108 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Uganda 109 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 for his military prowess in taking on the Islamic extremist group Al Shabaab the president commissioned alongside the headquarters included a dormitory and has recently served another tour of deployment to Mogadishu in 2017 and gun shades, a shoot house and a tyre house for live ammunition.133 The and 2018. Under him, AMISOM offensives led to the capture of the national force is said to be the “best-trained, best-equipped and best-paid” of all units stadium and exerted pressure on Al Shabaab strongholds in Mogadishu.128 in Uganda’s military.134 Before this appointment, Lokech was on special assignment in South Sudan Maj. Gen. James Birungi was removed as Commandant of SFC after to monitor the assembling, screening, demobilization and integration of the serving in the position for less than two years and posted to South Sudan South Sudanese armed forces on behalf of the guarantors of the country’s to replace Lokech on the special assignment of overseeing compliance with peace process.129 Although Lokech has demonstrated leadership and command South Sudan’s peace pact. In other changes announced by the Chief of the qualities, the deployment of a battle-hardened general to the police force UPDF, Gen. David Muhoozi instituted a seven-man committee to examine consolidates the militarisation of the police force as two recent former police and streamline the operations of the Fisheries Protection Unit (FPU) on all bosses, Katumba Wamala and Kale Kayihura, were both military generals. major water bodies in Uganda.135 The FPU was established by the president Following the November riots, the president deployed a Commando Unit that in 2016 to curb illegal fishing on Uganda’s water bodies. There have been had fought Al-Shabaab as well as the Allied Democratic Forces (ADF). These allegations of extortion and high handedness during army operations. The were also assisted by intelligence agencies like the Chieftaincy of Military military’s conduct on Uganda’s water bodies was hotly debated in parliament. Intelligence (CMI).130 Alleged acts of mistreatment led to a directive by the parliamentary speaker In the same radio message that announced the police reshuffle, the for the FPU to halt its activities on water bodies.136 president also made some changes in the army by re-appointing his son, Lt. The army organised refresher training for Local Defence Units Gen. Muhoozi Kainerugaba, as Commandant of the Special Forces Command force. The officers are popularly known as LDUs. The notorious LDUs have (SFC). Kainerugaba joined the army in 1999 and rose fast through the ranks. traditionally operated in legal confusion relating to whether they fall under He is also a senior presidential adviser on special operations, a position he will the police or the army. Another auxiliary force that is vague, fluid and poorly retain in addition to leading the SFC. The status of Kainerugaba has always defined is the Crime Preventers.137 The reputation of LDUs has been largely been a talking point in Ugandan circles because of a persistent theory, known negative. They are “not held in high regard for their discipline. The general as the “Muhoozi Project”, that he is the president’s favoured successor. Some perception is that their knowledge of the law is weak, and that they are analysts believe that appointing the first son back to the SFC on the eve of sometimes trigger-happy and commit human rights abuses”.138 Over the years elections underscored the urgent security needs at hand. Since its inception, there have been many calls to disband the force. The president himself has the SFC has grown significantly in size, influence and capability. The role noted that some actions of the LDUs tarnish the image of the armed forces, the of the force has extended to guarding the country’s vital installations, taking NRM party and the country.139 The LDUs were again in the spotlight during part in foreign deployments and assisting sister forces in containing political enforcement of COVID-19 SOPs as the Ugandan public accused them of unrest.131 Apart from the SFC being in charge of the president’s security detail, using excessive force, beating, shooting and killing civilians. For example, it also is equipped with the army’s most advanced military hardware and in April 2020 the military court of the 1st Infantry Division convicted seven specialised branches such as the air force, marines, paratroopers and artillery LDUs for beating citizens during the enforcement of presidential directives brigades.132 A look at the newly commissioned SFC Headquarters in Entebbe is 133 another illustration of the position of the force compared to the national armed OFFICE OF THE DEFENSE SPOKESPERSON, “H.E. President YK Museveni Commissions SFC Headquarters, 6 November 2020. forces, the Uganda People’s Defence Force (UPDF). Other SFC projects that 134 TANGRI, R., MWENDA, A. M., “President Museveni and the politics of presidential tenure in Uganda”, Journal of Contemporary African Studies, vol. 28, no. 1, 2010, pp. 31-49. Strategic Knowledge and Perspective in Countering Violent Extremism and Assisting with 135 OFFICE OF THE DEFENSE SPOKESPERSON, “UPDF Evaluates Operations of Fisheries Sustainable Development?”, U.S Air War College, 2013, pp. 1-37. Protection Unit”, 14 December 2020. 128 BURGESS, S., “A lost cause recouped: Peace enforcement and state-building in 136 “Parliament halts UPDF Fisheries operations”, Daily Monitor, 19 December 2019; Somalia”, Contemporary Security Policy, vol. 34, no. 2, 2013, pp. 302-323. “Parliament halts UPDF fisheries operations”,The Independent, 19 December 2019. 129 KATO, J., “What you should know about new Deputy IGP Maj Gen Paul Lokech”, Uganda 137 TAPSCOTT, R., “Where the wild things are not. Crime preventers and the 2016 Ugandan Radio Network, 16 December 2020. elections”, Journal of Eastern African Studies, 10, no. 4, 2016, pp. 693-712. 130 President Museveni’s Address on Security Concerns, 13 February 2021. 138 BAKER, B. “Multi-choice policing in Uganda”, Policing and Society, vol. 15, no. 1, 2005, 131 REUSS, A., TITECA, K., op. cit.. pp. 19-41. 132 “Why Museveni moved top army, police chiefs”, Daily Monitor, 17 December 2020. 139 BAGALA, A., “How LDUs have lost public confidence”,Daily Monitor, 7 December 2020. 110 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Uganda 111 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 on COVID-19. Court sentenced six of the accused to two months in jail and deported some already in the country with press credentials.146 In addition to handed a six-month jail term to the seventh LDU.140 Despite this, the army the public notice the Uganda Communications Commission (UCC) issued in continues to dismiss calls to disband the outfit, insisting that it is a strategic 2018 regarding the requirement that anyone who posts information online, auxiliary force and part of the army reserves.141 But in July 2020, the LDUs including blogs and social media platforms, acquire a license147, Ugandan were withdrawn from active operations and taken for refresher training. This state authorities continued to issue similar notices throughout the year which training targeted “all the personnel of the 10 Battalions of the LDUs operating have not only restricted the work of the media in various ways but also made it in Kampala Metropolitan Policing (KMP) Area”.142 difficult for many to meet the deadlines.148 This included a notice by the UCC in July announcing a requirement that radio broadcasters (from whom most 5. FREEDOM OF EXPRESSION Ugandans continue to receive their news) submit new license applications by the end of the month.149 In December, the Uganda Media Council announced Continuing the trend from last year, the Ugandan government has that it had cancelled all media accreditation and directed foreign and domestic increasingly limited freedom of expression. Not only has this restricted the journalists to re-apply by the end of the month. Police issued statements saying flow of information and increased censorship, but it has happened at a time that journalists without the new accreditation would not be able to cover when the majority of campaigning was relegated to media platforms due to events related to the elections.150 This forced journalists from various parts of COVID-19. This severely limited opposition campaigns, as official media Uganda to return from the campaign trail to Kampala in order to re-register. channels were reportedly gagged and restricted from showing their content, The announcement was met with an outcry from media and human rights leaving only social media, including YouTube channels, as a way to reach organizations, while the Human Rights Network for Journalists - Uganda, the their followers, even as Museveni gave regular broadcasts. East African Media Institute, and the Centre for Public Interest Law filed a This year was marked by unprecedented levels of restriction and violence temporary injunction against the Council with the Constitutional Court.151 against both international and domestic media, and ongoing intimidation and In December the UCC sought to have Google turn off 14 YouTube violence against journalists, especially those covering opposition events.143 In January, four journalists were arrested while trying to cover a planned public event by Kyagulanyi in Wakiso.144 Later that month, security forces held 146 “CBC News Journalists Deported from Uganda, despite Having Press Credentials”, CBC journalists and barred them from covering other events, or forcibly deleted News, 30 November 2020. 147 AMNESTY INTERNATIONAL, “Uganda: Government to License Online Posts in Fresh pictures and video of opposition events from their cameras. In response to Assault on Freedom of Expression”, 9 September 2020, https://www.amnesty.org/en/latest/ allegations that the police were attacking journalists who were displaying news/2020/09/uganda-government-to-license-online-posts-in-fresh-assault-on-freedom-of- their press credentials, police chief Martin Okoth Ochola refused to apologize, expression/; UGANDA COMMUNICATION COMMISSION, “Reminder To Providers Of stating at a press conference that the journalists were being beaten for their Online Data Communication And Broadcasting Services To Obtain Authorisation – UCC: Uganda Communications Commission”, Uganda Communication Commission Public own safety, to stop them from going where their lives would be at risk, and Notice, 8 September 2020, https://www.ucc.co.ug/reminder-to-providers-of-online-data- 145 that the police would continue to use force. communication-and-broadcasting-services-to-obtain-authorisation/. Ugandan authorities issued several public notices restricting the media, 148 GONZALEZ, N., “Uganda’s Forthcoming Elections Put Journalists under Threat”, denied visas to foreign journalists wanting to cover the elections, and even International Press Institute Newsroom, 10 September 2020. 149 UGANDA COMMUNICATIONS COMMISSION, “Revised Radio Licensing Framework Explained -All Radio Broadcasters in Uganda Are Required to Submit Fresh Applications for Radio Broadcasting Licenses by July 31, 2020”, 25 July 2020, https://uccinfo.blog/2020/07/25/ 140 OFFICE OF THE DEFENCE SPOKESPERSON, “UPDF Court Convicts 7 LDUs Over revised-radio-licensing-framework-explained-all-radio-broadcasters-in-uganda-are-required- Beating”, 14 April 2020. to-submit-fresh-applications-for-radio-broadcasting-licenses-by-july-31-2020/. 141 NANGONZI, Y., “Army: Why LDUs are off the streets”, The Observer, 22 July 2020. 150 AMNESTY INTERNATIONAL, “Uganda: Stop Killings”, op. cit. 142 OFFICE OF THE DEFENCE SPOKESPERSON, “Refresher Training of Local Defence 151 HUMAN RIGHTS NETWORK FOR JOURNALISTS-UGANDA, “Human Rights Personnel Starts in Kakiri”, 20 July 2020. Network for Journalists-Uganda and 2 others File Case against Attorney General over Media 143 DRAKU, F., “Journalists Paying the Price”, Daily Monitor, 20 November 2020. Council Registration of Journalists”, 5 January 2020, https://www.hrnjuganda.org/human- 144 COMMITTEE TO PROTECT JOURNALISTS, “Ugandan Police Harass and Detain rights-network-for-journalists-uganda-and-2others-file-case-against-attorney-general-over- Journalists Covering Opposition Politician Bobi Wine”, 14 January 2020, https://cpj. media-council-registration-of-journalists/; MEDIA FREEDOM COALITION, “Statement org/2020/01/ugandan-police-harass-and-detain-journalists-cover/. by the Media Freedom Coalition on the Situation in Uganda”, 8 January 2021, https://www. 145 “Uganda’s Police Chief: Beating of Reporters for Their Own Good”, Reuters, 8 January international.gc.ca/world-monde/issues_development-enjeux_developpement/human_rights- 2021. droits_homme/2021-01-08-media_freedom-liberte_medias.aspx?lang=eng. 112 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Uganda 113 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 channels (mostly accounts showing footage of opposition rallies, including violence and promoting sectarianism through his writing. In both cases he the account BobiWine2021 created by the presidential candidate himself)152, reported that he had been tortured, and while he has been released on bond, which, according to the authorities, misrepresented information in a way as a condition of this bond he is required to check in every week at a Special that misled the public and, allegedly, fanned violence, compromised national Investigations Unit police station 240 kilometres away from his home. He security, and sabotaged the economy.153 The reference to economic sabotage also believes that his family is under constant surveillance.158 seems to refer specifically to Kyagulanyi, whom Museveni has previously called a “saboteur” and enemy of development.154 The UCC has blamed these channels for the November protests which resulted in over 50 deaths and 6. CONCLUSION many more injured. Google refused to turn the channels off, arguing that it Despite a large increase in voter registration compared to the last election, would need a court order and a thorough review beforehand. Considering the officials now report that voter turnout, at 57%, was the lowest it has ever been.159 inability of the opposition to campaign freely due to COVID-19 restrictions President Museveni was declared the winner by the Electoral Commission and the limitations they faced in accessing official media channels, shutting with 58% of the vote, while Kyagulanyi is credited with just under 35%, with down these established social media accounts would have affected their ability little information on how these results were tallied.160 Kyagulanyi’s property to reach thousands of people, at least until new channels could be created and was surrounded by security forces on polling day and remained under tight shared. security, supposedly for his own protection.161 Journalists and diplomats are In other restrictions to freedom of expression, Nicholas Opiyo, a well- being denied access to his home. Reports have come out that Francis Zaake known human rights lawyer and LGBTQ+ activist, founder of Chapter Four has once again been arrested.162 155 Uganda, was arrested in December under charges of money laundering. While voting itself appeared peaceful, arrests, violence, kidnappings, and He represented both Stella Nyanzi and Kyagulanyi following their arrests. other irregularities continue to be reported as communications are restored. Opiyo’s arrest was largely seen as politically motivated, and the allegations The internet blackout helped keep violence hidden in some places and those were denied by his office. Prior to his arrest he was involved in the defence of election observers who were allowed into the country have questioned the various non-governmental organizations which saw their assets frozen by the election’s validity and transparency.163 Now, perhaps more than ever, there is a government prior to the election under charges of financing terrorism. These pervasive feeling that the country is on a precipice, its future delicately linked organizations had been active in promoting participation in the elections with that of the long-time president who refuses to say when he will retire. 156 of women and young people. He was released on bail 8 days after being How much longer Museveni can remain at the helm is a common, urgent 157 detained, following a hearing observed by diplomats from various missions. question. Will he even be able to serve out his current term? Or will he resign Writer and activist Kakwenza Rukirabashaija, who has authored the novel the presidency midway through, as some say, in favour of the vice president The Greedy Barbarian, which criticizes the Ugandan regime and explores or a chosen successor he will soon announce? the high levels of corruption within the military, was also arrested. He recently published a second book entitled Banana Republic: Where Writing Is 158 “PEN International — Day of the Imprisoned Writer 2020: Take Action For”, PEN Treasonous, which details his experiences of torture while in detention for the International, 9 November 2020, https://pen-international.org/news/day-of-the-imprisoned- first time in April. He was detained again in September on charges of inciting writer-2020-take-action-for-kakwenza-rukirabashaija; AMNESTY INTERNATIONAL, “Uganda: Activist Arrested for Criticising the President: Kakwenza Rukirabashaija”, 20 April 152 KAFEERO, S., “Uganda Asks Google Shut Anti-Government YouTube Channels Ahead 2020, https://www.amnesty.org/en/documents/afr59/2158/2020/en/. Election”, Quartz Africa, 16 December 2020. 159 AKINWOTU, E., “Uganda’s President in Decisive Election Win as Bobi Wine Alleges 153 BWIRE, J., “Government Wants Google to Close 14 Ugandan YouTube Channels”, Daily Fraud”, The Guardian, 16 January 2021; “Uganda Says President Wins 6th Term as Vote- Monitor, 15 December 2020. Rigging Alleged”, AP News, 16 January 2021. 154 KAZIBWE, K., “Bobi Wine Is a Saboteur”, op. cit.; ASHABA, I., WERNER, K., op. cit. 160 CHAPPELL, B., “Uganda Election: President Yoweri Museveni Declared Winner As Bobi 155 OKIROR, S.,“Uganda Charges Leading Lawyer for LGBT Rights with Money Laundering”, Wine Alleges Fraud”, NPR, 16 January 2021. The Guardian, 24 December 2020. 161 SPARKS, J., “Uganda: Are Armed Government Troops Using Intimidation Tactics?”, Sky 156 OHCHR, “Uganda: UN Experts Gravely Concerned by Election Clampdown”, United News, 15 January 2021. Nations Human Rights Office of the High Commissioner, 29 December 2020, https://www. 162 TUMWESIGYE, J., “MP Zaake Arrested as Bobi Wine Can’t Leave His Home”, NTV ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=26632&LangID=E. Uganda, 16 January 2021. 157 “Uganda Human Rights Lawyer, Nicholas Opiyo Granted Bail”, Africanews, 31 December 163 DAHIR, A.L., “Uganda’s Leader of 35 Years Is Re-Elected Amid Accusations of Vote- 2020. Rigging”, The New York Times, 16 January 2021. 114 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 It seems more likely that the rise of Bobi Wine is forcing the ruling party to genuinely think about life after Museveni, who has never groomed a credible successor. To stave off the threat of revolution which threatens the massive wealth accumulated by regime loyalists over three decades, Museveni will have to go sooner rather than later. As for Kyagulanyi, the question regime strategists must be pondering is how to contain him. He is now too big, and too dangerous, to be simply eliminated. He cannot even be arrested without risking street protests. That is not to say he does not face serious risks, but the regime, which has demonstrated great survival instincts over the years, must find a way to deal with him. As Museveni embarks on possibly his last term, it also remains to be seen how Kampala will deal with Western partners, particularly the new US administration. In his post-election victory speech Museveni again lashed out at foreigners he accused of meddling in the country’s domestic politics. First, he accused one country in the region of meddling and warned that country, presumed to be neighbouring Rwanda, to stop.164 Museveni then turned to Western governments, calling them the biggest meddlers and vowing that foreign interference would not be tolerated. It was the surest sign yet of Museveni’s cooling ties with partners who, by their actions and inactions, have helped keep him in power. If Museveni’s cold war with his erstwhile allies in the West proves to be firm and long-lasting, it may mark the beginning of the end of his long rule. In the meantime, Museveni will do what he does best: legitimize oppression by manipulating the narrative, use carrots to distract, and some very big sticks to keep people in line for as long as he can, and perhaps, plan for a successor he can stomach.165

Antwerp and Oakville, February 2021

164 Although the president did not mention the said country in his speech, Uganda and Rwanda relations have recently been frosty. See ASHABA, I, WERNER, K., op. cit.. 165 WERNER, K., “Opinion – Can Museveni Keep Uganda from Boiling Over?”, E-International Relations, 2 February 2021. BOOK REVIEWS - COMPTES RENDUS

Ndayicariye, Pierre-Claver, Burundi 2015: Chronique d’un complot annoncé, COMPRESS.dsl, 2020, 264 pages

Pierre-Claver Ndayicariye’s memoir, or testimony—to use the author’s words—on the 2015 crisis that befell Burundi is a must-read for anyone in- terested in understanding the country’s current political predicament. His is an impassioned, invaluable account narrated with a great sense of urgency by an individual who occupied a privileged position as an observer and an actor of Burundian politics in his role as president of the country’s Independent National Electoral Commission (CENI) from 2009 to 2018. In this capacity, Pierre-Claver Ndayicariye oversaw two highly controversial electoral cycles in the years 2010 and 2015. Of these, the first saw Burundi’s main opposi- tion parties boycott the elections, alleging widespread fraud orchestrated by the ruling CNDD-FDD party of President Pierre Nkurunziza. The boycott, in hindsight regretted by many in the opposition, paved the way for the CNDD- FDD’s near-hegemonic control of all levels of government. The second, in 2015, engulfed Burundi in a full-fledged political, economic, security and humanitarian crisis when influential segments of society (critics within the ruling party, opposition parties, civil society organizations and prominent me- dia personalities) fiercely opposed incumbent President Nkurunziza’s bid for another term in office, leading to street protests in the capital of Bujumbura, an attempted coup, as well as pockets of armed resistance, the fallout from which is far from a resolved affair today. Competition for power is seldom pretty, and often fierce. Burundi is no exception. What is at stake in Burundi, however, is much more than a struggle for power; it is a struggle over what constitutes truth about the country— its history, politics, society, and ultimately its identity as a sovereign state. Radically opposed notions of truth, which the country has failed to reconcile since independence, were once again sharpened in the context of 2015. Those opposed to Nkurunziza’s renewed candidacy saw themselves as defenders of the country’s hard-earned democracy that emerged from the civil war and was anchored in the Arusha peace accord of 2000. To them, the “forcing” of the elections amidst a crisis and Nkurunziza’s continued presidency served as the ultimate proof that the CNDD-FDD had taken the country hostage and was hell-bent on dominating all spheres of life, whatever the cost. For the govern- ment, the hostage-takers were those opposed to the “third” term, which they used as a pretext for regime change. The very first lines of Pierre-Claver Ndayicariye’s book leave little doubt as to the author’s side in this tragically divided narrative of what transpired 116 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Book reviews | comptes rendus 117 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 during the long and fragile months between April and December 2015, stop the electoral process (p. 3), the ultimate aim of which was a constitutional months framed by the announcement of Nkurunziza’s candidacy on 25 April void that would usher in a transitional government (p. 3), stripping Burundi and the fateful events of the night of 11 December, when the Burundian army of its sovereignty. National actors—opposition politicians, civil society rep- squashed the last serious attempt by opponents-turned-rebels to take over the resentatives, and media professionals alike—functioned as the local vehicles country to date. The author opens with a word of thanks to the Burundian through which this complot was to be realized. While there is little doubt that population and to its defense and security services, stating that “the good tri- many local and international actors shared the same view of 2015, and had umphed over the bad” in the face of “threats to national unity”, where “the convergent interests, some ignoble, in painting a picture of a comprehensive right ideas gained the upper hand over complots” (p. vii).1 These sentiments complot, the author perhaps gives too much credit to the ability of all these are repeated throughout the book. disjointed actors to cooperate over time in an elaborate scheme. By framing The book is organized into various chapters zooming in on separate national political actors as mere agents of international interests, he also de- themes, such as the role of the UN in Burundi (portrayed largely as self-serv- nies them agency and delegitimizes their political views. Those of them who ing), relations between Burundi and Europe (“a difficult marriage”), the future went into exile did so purely due to their “individual tastes and calculations” of the media and civil society (destined to fade if they continue to behave as and “diabolical sympathies” (p. 36). political actors), or the role of the Catholic clergy in the context of the 2015 In his seething account, the author spares almost no one, using a tone that crisis (disappointing in light of their questioning of the Constitutional Court’s is at times humorous, often derogatory. He ridicules a variety of opposition validation of Nkurunziza’s candidacy). The author’s argument is nonetheless parties (FRODEBU, UPRONA, FNL) for their endless internal animosities, narrated kaleidoscopically, with each chapter offering fragments of his mem- to which he ascribes their splintering (a phenomenon that came to be known ories and experiences of actual events through which he came to realize that a as nyakurisation). Many individuals are attacked personally, including Parfait conspiracy of “planetary” proportions was afoot in Burundi. Thus, rather than Onanga-Anyanga, the UN’s special representative in Burundi during much of treating separate chapters, I will provide an overview of the author’s central the key period covered by the book (p. 45). The author repeatedly insinuates argument. that Onanga portrayed Burundi as needing assistance because he wanted to As the title of the book suggests, the author’s view is that 2015 was a stay in his job (p. 57). He accuses him of inventing the concept of a “political conspiracy against Burundi’s democracy and very sovereignty. This “complot actor”, referring to politicians who found themselves without an officially rec- to end all complots” (p. 93) had “planetary proportions” (p. x, 3) in that it was ognized party due to nyakurisation, and included them in the UN-facilitated internationally orchestrated by “networks interested in financial gain” (p. 220) political dialogue under the guise of “inclusive politics” (p. 14, 55, 106). On in order to sow instability not just in Burundi but in the whole Great Lakes multiple occasions, the author also targets Patrick Spirlet, the EU ambassador region in order to reconfigure its geopolitics to serve Western interests, which in Burundi, casting him as the ultimate messenger of the coming apocalypse. is to exploit its natural wealth and economic potential for its own needs (p. 97, An entire section of the book is devoted to Antwerp-based academic Stef Van- 141). If the scheme has failed, it is only thanks to the fact that friends in the deginste, whom the author sees as an excellent analyst, but he suggests that East African Community realized it targeted them all (p. 107), as well as due Professor Vandeginste may also have had a hidden agenda as an advisor to EU to the wisdom of Burundians and the readiness of its security forces. In this authorities (p. 125). scheme, institutions of the international community such as the EU, the UN In the author’s diatribe against a wide variety of actors, both national or the AU and their diplomats and bureaucrats collude as “servants” of these and international, one exception stands out: the ruling CNDD-FDD party. powerful international networks (p. 49, 108). Furthermore, as announced Ndayicariye shows an unqualified admiration for the late President Nkurunzi- in the title of the book, this conspiracy, for which the “third term” provided za, whose oath of office on 20 August 2015 he describes as the only medal he but a pretext (p. 141), was planned, “announced” from as far back as 2010. needs (p. 2), and as a moment when he could finally sleep like after a success- Ndayicariye goes to great lengths to point out the signs of the alleged plan to ful romantic night (p. 66). When cited, statements by former CNDD-FDD for- eign minister Laurent Kavakure and other CNDD-FDD cadres are typically framed in positive light. While mocking the internal divisions within all other 1 All quotes in this text are my own translations from the French original. As with all translation, they are not always literal translations of the author’s words, but expressions that to the best parties, those within the CNDD-FDD—which were no less significant in both of my belief most accurately capture the tone and essence of his words. Thus, in this example, 2007 and 2015—are glossed over entirely. On one occasion only does the au- “right ideas” is my own rendering of the author’s “convictions positives”, rather than “positive thor hint at a critique of the conduct of the CNDD-FDD in the context of 2015, convictions,” which would make little sense to the English reader. 118 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Book reviews | comptes rendus 119 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 and this is when he says that just as Louis Michel (former minister of foreign ganizations, the president of CENI and currently of the country’s Truth and affairs of Belgium) spoke “too often and badly” about Burundi, so did the Reconciliation Commission. Therein lies the book’s greatest importance for CNDD-FDD in return (p. 97). Otherwise, if there is any discernible critique anyone who wishes to understand Burundi. The author’s disappointment with of the ruling party made at all, it is done in generalized terms when discussing the political class and its myopia is explicit. His pain and love for his country the failings of Burundian political elites, such as when he emphatically warns are unquestionable, as is his desire for the past to finally pass. But this may not about the fear of a loss of power among politicians, affecting “those who were be possible as long as the past is narrated through the prism of a conspiracy of excluded yesterday and those who are discriminated against today” (p. 115). the forces of evil against the forces of good, in black and white colours rather Although “the CNDD-FDD, for the time being, seems to be the one political than as containing many shades of gray—messy and uncomfortable though force with reach across the whole country” (p. 193), elsewhere he reminds po- this may be. litical parties that all of them “will face their death one day” (p. 183). Perhaps a critique of CNDD-FDD is one of the book’s non-dits, or unsaid things so Andrea Filipi often hailed as a hallmark of Burundian rhetoric, for which one must look all [email protected] too carefully between the lines. As he writes, “On the shores of Tanganyika, one has to know how to listen, for what is not said is often louder than what is said” (p. 150). It is regrettable that much of the tone and content of the book centers on conjectures with the aim to show an international conspiracy, and much in it often feels like a settling of scores. Indeed, many of the author’s reflec- tions, observations and critiques are worthy of serious consideration and pose a whole range of legitimate questions. This includes a well-founded critique of the continued manipulations by former colonial powers (and by the West more broadly) of the Global South, and the collusion of local elites therein— critiques raised by many commentators in other contexts, without resorting to allegations of a well-coordinated complot. The author is also correct to question the inability of some political leaders to accept that their time has passed and their lack of vision for society. Finally, he rightly points the finger at the international community’s double standards, where a “third term” of one president is met with a far greater outcry than that of some of his homo- logues: “Don’t let me be misunderstood. I am against leaders who want to stay in power forever. I believe, however, that the harassment of Bujumbura was excessive” (p. 135). The book is not just a powerful insight into the author’s mind but perhaps more so into the mind of an entire generation, one which is so deeply scarred by the country’s tragic history of colonial as well as independence-era vio- lence and discrimination that its healing has proven to be ever so difficult: “How can you expect a miracle of democracy in countries tormented by co- lonialism, traumatized by vicious battles of interests, and suffocated by ethnic divisions?” (p. 153). Pierre-Claver Ndayicariye, a Hutu born in 1960, has wit- nessed and no doubt personally suffered many of the injustices committed in Burundi’s contemporary history. His career has spanned many walks of life, including those of a journalist, diplomat and even minister (in the government of Pierre Buyoya), a private entrepreneur and consultant for international or- 120 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Book reviews | comptes rendus 121 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 REVER, Judi, Rwanda. L’éloge du sang, Paris, Max Milo, Alors que Rever a été violemment prise à partie par des voix qui d’habi- 2020, 475 pages tude sympathisent, tant au Rwanda qu’à l’étranger, avec le régime rwandais, les faits qu’elle relate n’ont jusqu’à présent pas été contestés ou contredits Le Rwanda est un sujet controversé qui suscite, en France en particulier, de façon crédible. Pourtant, s’ils étaient faux il aurait été facile de le démon- des échanges parfois virulents entre « camps » opposés. Ce fut encore le cas trer, tant ils sont décrits en détail. Ces faits constituent au moins des crimes à l’occasion de la parution en anglais du livre de Judi Rever, In Praise of contre l’humanité et/ou des crimes de guerre qui étaient du ressort du TPIR, Blood. The Crimes of the Rwandan Patriotic Front.2 Le caractère envenimé mais dont les suspects n’ont pas été poursuivis. Rever se pose la question des du débat se révéla à nouveau lorsque Fayard, cédant aux pressions, décida en raisons de l’impunité dont a bénéficié le FPR. Elle y voit la main de la com- 2019 de ne pas publier la traduction française du livre, en dépit de la signature munauté internationale et en particulier des Etats-Unis et le Royaume-Uni. du contrat. La petite maison Max Milo prit alors le risque de sortir l’ouvrage, La qualification de ces faits comme génocide par Rever a été fortement malgré des tentatives aussi fortes pour en empêcher la publication. contestée. Elle a même été accusée de négationnisme, alors qu’elle reconnaît Prévisible, la polémique reste étonnante. En effet, de nombreuses publi- explicitement le génocide des Tutsi, « tués, d’abord et surtout, en raison de leur cations –ouvrages scientifiques, rapports de l’ONU et d’ONG, récits dans la ethnicité » (p. 298). A notre connaissance, le livre original n’a pas fait l’objet presse‒ avaient déjà fait état des crimes commis par le Front patriotique rwan- de comptes rendus académiques, mais quelques chercheurs se sont exprimés dais (FPR) et son armée (Armée patriotique rwandaise-APR) pendant et après à son propos. Ainsi Claudine Vidal rappelle que l’existence de crimes commis le génocide des Tutsi en 1994, au Rwanda et en République démocratique du par le FPR est documentée depuis longtemps. Cependant elle reproche à Re- Congo.3 Il reste que ce qui rend cet ouvrage différent des autres publications ver de ne pas s’en tenir à l’investigation, mais de formuler un réquisitoire au sur les crimes commis par le FPR se trouve dans la précision et la nature dé- sens juridique du terme. Il ne lui paraît pas nécessaire d’affirmer l’existence taillée des récits ainsi que dans le nombre et la qualité des sources. En outre, d’un génocide pour justifier des enquêtes sur les « massacres de Rwandais Rever affirme que le FPR s’est rendu coupable d’un génocide contre les Hutu hutus » par le FPR.5 De même, Scott Straus estime que la qualification de gé- et souscrit ainsi à la thèse dite du double génocide. Nous reviendrons plus loin nocide ne convient pas pour décrire les crimes commis par le FPR contre des sur ce dernier point. civils hutu au Rwanda. En termes de sciences sociales (mais pas juridiques), Des dizaines de massacres commis par le FPR sont décrits en détail, avec il les définit comme « violence de masse catégorique : une violence à large leur mode d’opération, l’identité des auteurs, la nature des victimes et une échelle, répétée et systématique visant une population civile spécifique (les estimation de leur nombre. Le récit de ces faits est basé sur un grand nombre Hutu rwandais) ». En revanche, les massacres de réfugiés hutu par l’APR au de sources, parmi lesquelles de nombreux témoins oculaires et des documents Zaïre/Congo « pourraient mériter la qualification de ‘génocide’ ».6 inédits du bureau du procureur du Tribunal pénal international pour le Rwan- Il faut rappeler ici les termes de la convention de 1948 sur le crime de da (TPIR). Ces témoins sont pour la plupart des anciens militaires de l’APR génocide. Il s’agit d’un certain nombre d’actes « commis dans l’intention de qui en majorité restent anonymes pour leur sécurité et celle de leurs proches. détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou reli- Les documents confidentiels proviennent essentiellement du travail d’une gieux, comme tel ». Le fardeau de la preuve est donc considérable : non seule- « équipe enquêtes spéciales » mise en place par le procureur du TPIR pour ment faut-il prouver l’intention de détruire un groupe, mais également que ce enquêter sur les crimes du FPR, tandis que le gros du travail de son bureau groupe est visé en tant que tel, en l’occurrence parce qu’il est hutu. Deux in- était axé sur le génocide des Tutsi. Contrairement à la version originale, celle dications vont dans ce sens. D’abord, le livre relate une douzaine d’incidents en français publie sur 120 pages un échantillon de ces documents.4 où des militaires du FPR, parfois aidés par des civils tutsi, séparent les Hutu et les Tutsi, après quoi les Hutu sont tués et les Tutsi mis en sécurité. Les récits 2 Toronto, Penguin Random House Canada, 2018. des massacres de Hutu à Byumba et plus tard à Giti, où aucun Tutsi n’avait été 3 Pour un aperçu, voir le chapitre « Les droits humains, un bilan terrible » dans REYNTJENS, tué pendant le génocide, sont particulièrement accablants. Ensuite, plusieurs F., Rwanda. Gouverner après le génocide, Paris, Les Belles Lettres, 2014, pp. 125-152. sources de Rever affirment que les ordres étaient de tuer un maximum de 4 Signalons que parmi ces documents se trouvent quatre témoignages d’anciens du FPR. Même si ces documents sont anonymisés, le parcours qu’ils décrivent et les faits qu’ils relatent rendent probablement leur identification facile. Dépendant d’où ils se trouvent, ils doivent être 5 VIDAL, C., « Rwanda: Judi Rever et la recherche à tout prix d’un deuxième génocide », The considérés comme en danger. Une trentaine d’autres documents a par la suite été publiée par Conversation, 6 juin 2018. le Mail & Guardian (https://mg.co.za/africa/2020-11-29-exclusive-top-secret-testimonies- 6 STRAUS, S., « The Limits of a Genocide Lens: Violence Against Rwandans in the 1990 », implicate-rwandas-president-in-war-crimes/). Journal of Genocide Research, Vol. 21, no. 4, 2019, pp. 504-524. 122 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Book reviews | comptes rendus 123 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 Hutu. Il est question de « trier » les ennemis, souvent explicitement désignés Malgré ces imperfections, le livre de Rever est important parce qu’il met comme étant les Hutu, et de « faire le ménage ». à mal de façon convaincante une image partiale et même fausse du Rwanda L’accusation selon laquelle le FPR aurait commis un génocide est évi- post-1990. Il montre que le pays n’a pas seulement connu un génocide contre demment très grave et ne saurait être considérée comme acquise en l’absence la minorité tutsi, mais que, de son côté, le FPR a commis des crimes de masse d’une détermination judiciaire. La commission d’autres crimes qui relevaient contre les Hutu, crimes qui peuvent être qualifiés de crimes de guerre ou de la compétence du TPIR ne fait pourtant pas de doute, mais aucune des contre l’humanité, voire d’actes de génocide. Même si ces faits étaient connus « cibles de poursuite » identifiées par le Bureau du procureur du TPIR ne fut depuis longtemps en termes généraux, le livre de Rever invite à une relecture inquiétée. Puisque après la clôture des travaux du TPIR, des poursuites judi- de l’histoire du Rwanda durant ce dernier quart de siècle. ciaires sont hautement improbables, sauf peut-être pour les crimes commis au Congo, l’intérêt du livre de Rever est donc d’avoir exposé les faits de façon Filip Reyntjens détaillée devant la « Cour de l’histoire ». [email protected] Cela dit, le livre comporte également des faiblesses. Sans être exhaustif nous en relevons quatre. Primo, Rever utilise un langage par trop conspira- tionniste et parfois inutilement spectaculaire, ainsi lorsqu’elle compare les lieux d’incinération de victimes aux fours crématoires de l’Allemagne nazie. Secundo, le bilan du nombre de victimes hutu qu’elle avance est hasardeux, basé qu’il est sur des données anecdotiques et des extrapolations aléatoires. Tertio, la version française du livre comporte un chapitre additionnel (« Le génocide des Tutsis de Bisesero », p. 167-177) qui reprend un article publié dans Marianne.7 Rever y affirme que ce massacre très médiatisé a été organisé par le FPR. Or le massacre de Bisesero a fait l’objet de nombreuses informa- tions, notamment dans des procès au TPIR, et cette accusation à l’encontre du FPR n’a jamais été formulée ni même suggérée.8 Quarto, même si en général elle est de bonne facture, la traduction française est défaillante à certains en- droits. Cela pose problème lorsque le sens est modifié sur des points cruciaux. Deux exemples sur la même page 147 illustrent le problème : « The inter- national community has long viewed Tutsi civilians primarily as victims » devient « Les civils tutsis furent longtemps considérés comme des victimes par la communauté internationale », ainsi abandonnant la nuance de la version anglaise (primarily) et se transformant en une phrase indéfendable ; « Tutsi civilians betrayed and killed their Hutu neighbors » est traduit comme « les civils tutsi ont eux aussi trahi et tué leurs voisins hutus », ainsi suggérant qu’il s’agit de tous les civils tutsi, alors que la traduction adéquate aurait été « des civils tutsi ». Il y a d’autres cas. Une relecture attentive et plus consciente du sens précis des mots aurait évité des malentendus sur des thèmes importants et très délicats.

7 REVER, J., « Rwanda: révélations sur les massacres de Bisesero », Marianne, 21 décembre 2019. 8 Cependant, publié après la rédaction de ce compte-rendu, le rapport de la « Commission Duclert » fait allusion à quelques reprises à des infiltrations du FPR dans la zone de Bisesero (Commission de recherche sur les archives françaises relatives au Rwanda et au génocide des Tutsi, La France, le Rwanda et le génocide des Tutsi (1990-1994), Paris, 26 mars 2021, pp. 505-509). 124 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Book reviews | comptes rendus 125 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 PODUR, Justin, America’s Wars on Democracy in Rwanda and the interactions between Africans and Westerners that generate an opinion paral- DR Congo, Palgrave Mac Millan, Switzerland, 2020, 404 pages lel or even contradictory to that of the media and Africanists. Podur goes even further, believing that there is a tendency among Africanists to manipulate This book opens with the fantasy that in 2020, Patrice Lumumba, still historical facts and insult African leaders. He detects such a propensity to alive, would celebrate his 95th birthday. The father of Congolese nationa- insult, for example, in the work of Michela Wrong, Jason Stearns and Romeo lism would be enjoying a well-deserved retirement, which was only to be the Dallaire. The first two criticized Laurent Désiré Kabila’s physical appearance happy ending of a career as former Prime Minister, President of the Republic in terms of “big heads” and a “funny chubby face”, while the third presented and Secretary General of the United Nations. The dream of a unified and in- “violence in Rwanda as a local art form” (p. 55). dependent DRC that he had called for would have been realized, and it is with Beyond the polemics, Podur analyses several historical events in the DRC a calmer spirit that this Lumumba would no doubt have retired from (inter) and Rwanda, highlighting the role played by European colonizers, as well as national public life. by the USA, in their occurrence. Among these events is the role played by the This fictional description of what the DRC could have become under Lu- secession of Katanga, fuelled by France, Portugal, Belgium, the United States mumba’s leadership is the starting point chosen by Podur to write this book and the United Nations. A secession that Lumumba unsuccessfully wanted to full of historical information, and pertinent criticisms of Western colonialism prevent. But once Lumumba was assassinated, the idea of unity in the DRC in Africa. If Podur chooses fiction to describe the political trajectory that Lu- that he supported was paradoxically encouraged by the same Western powers. mumba would have offered his country, it is in order to question the writings However, the continuation of the post-Lumumba revolutionary nationa- of Africanists who have always doubted Lumumba’s ability to realize his list struggle in Katanga and Stanleyville did not bear fruit, despite the invol- plans for unity and prosperity in an Africa torn apart by war and corruption. vement of Che Guevara. The neo-colonial mercenaries, the Western military Although writing about Africa, Podur presents himself from the outset as not and Mobutu’s army used massive violence, burning houses, raping women being among the Africanist experts who are pessimistic about the future of the (“which they considered a sexual buffet”, p. 101), destroying crops, so that continent. the villagers had absolutely nothing left to eat. The frustration of the villagers The rest of the book is not fictional but based on a review of a diverse thus deprived the revolutionary nationalists of their popular base, which could literature, extensively quoted, reinterpreted and then criticized by the author. have helped them to fight their opponents better. The Congolese rebellion (the The writers criticized in the book will not necessarily agree with this reinter- term used by Podur), which can also be described as an instance of revolu- pretation. The literature on which Podur relies is all the more important to tionary nationalism, was finally defeated, despite the resistance of Guevara. deconstruct, as it constitutes one of the sources of information in which the According to Jean Claude Marlair, a Belgian officer, quoted by Podur on page “Europeans and North Americans who govern the Congo through mining cor- 106, the “rebellion” caused more than 200,000 deaths on the Congolese side, porations, smuggling operations, international financial institutions, NGOs, compared with 300 combatants killed on the side of the Western forces. United Nations operations, and foreign aid programs” (p. 20) forge their ima- The work of the Western powers in the DRC and Rwanda, but also in ginations about themselves and about Africa. For example, their writings have Burundi, was not limited to repression, but also involved choosing the dic- often portrayed the Tutsi of Rwanda as aristocrats, while the Hutu are presen- tators with whom they were to collaborate. Following Mobutu in the DRC, ted as skilful farmers. As for the Luba of Kasai, the Belgian racist taxonomy the choice of Westerners fell on Paul Kagame. For example, they accompan- placed them on the pedestal of the great workers of the Congo (p. 32), as ied Mobutu in his process of repression against the rebels and facilitated his opposed to other ethnic groups. The entrenchment of this social taxonomy of access to the World Bank and the IMF, thus encouraging him to plunder his ethnic groups not only fuelled future conflicts within this region, but was also country, since they were fully aware of the mismanagement that prevailed exacerbated by a refusal of the former colonizer to develop education within in Congo under his leadership. Part of this mismanagement had its roots in his former colonies. This refusal later served as a subterfuge for Belgium, Mobutu’s Bakajika law, which required all European companies to establish when it opposed independence, on the pretext that its colonies were not pre- headquarters in Congo, at the risk of having their assets confiscated. Having pared for it (p. 34). acquired the management of certain extractive companies such as the Union According to Podur, Western Africanists, as well as the Western media, Minière du Haut Katanga (p. 152), the autocrat set up an economy of preda- play a central role in the fabrication of public opinion on Africa. However, tion which ruined the DRC, placing it under the dependence of the Bretton Podur does not mention the friendships, student-teacher contacts or conjugal Woods institutions. Poor economic performance, coupled with an accumulati- 126 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Book reviews | comptes rendus 127 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 on of debt, has not obliterated Western support for the DRC dictator. likely to be attributed both to Podur and to the authors he criticises. Moreover, Western support for the dictators did not fail Paul Kagame either. This murderous violence, which is one of the fundamental characteristics of “fetis- support was provided from the outset through the logistical, geographical and hist states”2, is not only the prerogative of Paul Kagame. It is inherent in the geopolitical support provided to Kagame by Yoweri Museveni. After reneging global history of contemporary societies, in which heads of state, although on the promise he made to Juvénal Habyarimana in October 1990 that he guilty of crimes, have often enjoyed surprising immunity in the concert of na- would stop the Rwandan Patriotic Front (RPF) offensive, Museveni instead tions. Furthermore, the existence of murderous violence on a global scale does set out to help the RPF destabilize his regime. After being trained by the Ame- not exonerate the regimes of the DRC and Rwanda of the political disasters ricans in the US and by Museveni, according to Podur Kagame embarked on caused in the great lakes region. a merciless war against Habyarimana’s regime, in a context favourable to him, in which “his US sponsors, and Dallaire (the UN forces Commander) had all Denis Augustin Samnick decided by this point that the RPF had to come to power by force of arms” (p. [email protected] 187). Podur also claims that Kagame orchestrated the massacre of hundreds of thousands of Rwandans both in Rwanda and in the refugee camps in eastern DRC. It is apparent from Podur’s analysis that the Rwandan genocide cannot be made intelligible in all its historical aspects without taking into account the pre- and post-genocide massacres committed by Paul Kagame and his American bosses. In the unconditional support he received from the Americans, Kagame would always turn to Washington whenever he was in difficulty, especially militarily (p. 345). This recourse was, for example, observable during the war that pitted him against his former ally Kabila in 1998. When his soldiers led by Kaberebe were losing against the armies of the DRC, Zimbabwe and Angola who were siding with Kabila, the Americans are claimed by Podur to have exerted enormous pressure on these countries to renounce the battle. This res- pite granted to Kagame gave him the opportunity to return to war, coalescing with Uganda, to better dominate their opponents, and install an economy of plunder of Congolese resources estimated today at several billion dollars. This economy of plunder is not always highlighted in some Africanist writings, which prefer to present the Rwandan leader as a statesman who rebuilt his country after the war, despite the lack of democracy that prevails there. Podur’s book has the merit of having engaged in a major review of the scientific work published on Congo and Rwanda since independence. Such an analytical undertaking is necessary in an Africanist universe in which several works overlap, contradict and criticise each other, without always giving the opportunity to those foreign to the Africanist universe to give their points of view. It is against the background of this kind of external analyses that Africa- nist writers review their scientific and political positionalities towards Africa. However, Podur fails to take into account the reality of the non-existence of “Africanism as an epistemic community”.1 The qualification of Africanist is

1 ATENGA, T, “ L’Africanisme dans les sciences de l’information et de la communication : 2 EBOUSSI BOULAGA, F, les conférences nationales souveraines en Afrique, une affaire de l’utopie (?) d’une communauté épistémique ”, Histoire de la recherche contemporaine, à suivre, Paris, Khartala, 1993. Tome VIII, n°2, 2019, pp. 200-207. 128 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Book reviews | comptes rendus 129 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 Guy AUNDU MASTANZA, Les violences urbaines en RD Congo : bien que pertinente du point de vue de la violation des droits fondamentaux que faire ?, Académia l’Harmattan, Louvain la Neuve, 2020, 211 pages de libre circulation des citadins, n’est en rien comparable aux violences des gangs des « koulounas » telle qu’analysées par Alidor Tshibanda Mbombo. Les neuf chapitres qui structurent ce livre collectif supervisé par Guy Selon lui, la particularité des Koulounas est que la violence structure leurs Aundu Mastanza sont à la fois des réflexions diachroniques, des interrogati- rapports au monde et à la société. Ils recrutent leurs membres en faisant usa- ons critiques et des propositions concrètes, visant à comprendre et résoudre ge de la contrainte physique, provoquent des bagarres dans des lieux publics les problèmes publics générés par la violence urbaine en RDC. Bien que la et sèment la confusion afin de s’emparer illicitement des biens des citoyens. composition exclusivement masculine des auteurs se construit à rebours des La violence contre les gangs rivaux appartenant à d’autres quartiers est aus- problématiques de parité, de féminisme ou d’intersectionnalité, elle met ce- si au cœur de leurs conduites groupales. Ils nourrissent en permanence des pendant en lumière une analyse transversale des logiques, des moteurs, des rancœurs (ou rando) contre leurs congénères qui vivent dans d’autres cités causes, des acteurs et des déclinaisons de la violence urbaine en RDC. populaires. Ces cités populaires sont caractérisées par le chômage, l’oisiveté, En procédant dans un premier temps à une conceptualisation de la vio- la pauvreté, et d’autres formes de précarité sociale. Dans ces lieux populaires, lence, Mastanza pense qu’elle n’est pas éloignée de « la logique politique, car la violence ne provoque pas seulement des victimes. Elle génère aussi des elle a pour quintessence la domination sur autrui, afin de l’amener à perdre attractions, des suivismes et des adhésions au sein de la jeunesse. C’est ce qui son jugement autonome et à agir d’une manière déterminée » (p. 18). Cet fait dire à Tshibanda Mbombo que le koulouna « est perçu comme un modèle, exercice de domination sur autrui a d’abord été alimenté par la colonisation, attire d’autres jeunes à adhérer à son gang parfois pour s’affirmer dans leur avant de devenir un élément bâtisseur des rapports de forces sociopolitiques, quartier. Par cette adhésion, l’opportunité leur est donnée de prouver à ceux économiques et militaires. Mastanza pense que la violence urbaine en RDC (amis et adversaires) qui les sous-estimaient, qu’ils sont virils, forts, capables est à la fois « structuro-systémique et psycho-symbolique » (p. 18). D’après d’exploits » (p. 74). lui, elle est une forme de résistance à la répression de l’Etat. Dans une RDC Les gangs de Koulouna ont donc leurs propres pédagogies, leurs mécanis- où les mésusages militaires de la violence contre les opposants et les cadets mes spécifiques de recrutement, ainsi que leurs hiérarchies. Cette organisation sociaux sont permanents, les citadins ont appris à user de représailles contre sociale anomique pourrait se réguler, d’après Tshibanda Mbombo, au travers les militaires et les administrateurs véreux, transformant ainsi « le chasseur d’ une « prise en charge socio-psychologique », qui doit passer par « la reso- en proie » dans la « contre-violence populaire » (p. 35). Toutefois, cette cont- cialisation au moyen de l’apprentissage d’un métier ». Il renchérit en disant re-violence populaire, bien qu’elle soit appréhendée dans l’ouvrage comme que « les jeunes initiés à la violence devraient être désintoxiqués en étant mode de résistance, ne contribue pas encore à « sortir de la grande nuit »1 socialisés aux valeurs de paix » (p. 82). Bien que louable, cette solution ne héritée du joug colonial. Elle transforme les citadins et les victimes d’hier en se fonde pas sur les motivations des Koulounas, mais se donne à lire comme bourreaux d’aujourd’hui, et continue bon gré, mal gré, d’alimenter la violence une réflexion propre de l’auteur. Une enquête sur le terrain des Koulounas, politique et systémique issue de la colonisation. appuyée par des entretiens approfondis, telle qu’entreprise l’an dernier par Dans cette perpétuation du système colonial, certains citadins sont ac- Liwérant et Kiengé-Kiengé2, aurait pu fournir des données de terrain, mettant cusés à tort d’être « complices de l’incapacité de l’État congolais à bien gou- en exergue les pistes de solution envisagées par les Koulounas eux-mêmes et verner ou à bien gérer effectivement la chose publique » (p. 50). Les citadins sur eux-mêmes. ainsi accusés se retrouvent contraints quotidiennement d’accepter la gêne du Toutefois, les Koulounas ne sont pas les seuls groupes de jeunes à pro- « shayeur ou marchand ambulant, coopérant ou débrouillard, commissionnai- duire la violence en RDC. Dans la ville de Kisangani, des bandes de jeunes re ou fournisseur de service, chargeur de véhicule, porteur de bagages… », que s’affrontent le plus souvent pendant les deuils, les funérailles et les levées de Kitukumbi Lumumba-Kasongo, appelle génériquement « salaire de la rue ». corps dans les morgues. Ces groupes se disputent les places dans les cérémo- D’après lui, ces activités d’apparence banale sont éminemment politiques et nies mortuaires, ils s’accusent mutuellement de provocations, de chansons sociales. Elles sont symptomatiques de la présence d’individus, qui au nom de obscènes pendant les deuils, mais aussi d’escroqueries et de rivalités. La po- la recherche de leurs pitances quotidiennes, se permettent de violer le droit des lice n’intervient pas toujours lors de ces confrontations de bandes. D’après autres citadins à circuler librement dans les rues. Cette perspective d’analyse, Mwamba Ngwabi et Fundi Assumani, « les interventions de la police varient

1 MBEMBE, A., Sortir de la grande nuit. Essai sur l’Afrique décolonisée, Paris, La 2 LIWERANT, S. et KIENGE-KIENGE, R., Puzzle de sorties de la violence urbaine à Découverte, 2010. Kinhasa (RD Congo), Louvain la Neuve, Académia l’Harmattan, 2019. 130 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2020 Book reviews | comptes rendus 131 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2020 entre l’inaction, le déploiement policier, la médiation, et comportent très rare- des citadins. Il le dit en ces termes: « Soumis à l’impératif de sécuriser au ment des enquêtes et des détentions judiciaires » (p. 106). préalable l’État, ou plutôt le régime au pouvoir, les forces de sécurité publique Ces interventions de la police sont encore plus difficiles dans la nuit à débordées ne savent garantir individuellement la sécurité à tous les privés qui Kinshasa, d’après Didier Pidika Mukawa. Les quartiers de la Gombé sont le voudraient face aux menaces potentielles » (p.192). présentées comme « des refuges pour les Koulounas ». Dans ces différents Ces neuf chapitres, bien que différents en termes de perspectives d’ana- espaces, la nuit est un moment privilégié de production de l’insécurité (p. lyse, ont ceci de commun qu’ils offrent une conceptualisation de la violence 122). C’est la raison pour laquelle Pidika Mukawa pense qu’il faut une combi- qui se fonde sur la vie sociopolitique urbaine spécifique à la RDC. Ils inscri- naison entre l’éclairage public et la présence de policiers dans les quartiers de vent leurs analyses dans la longue histoire de la répression sociopolitique au Kinshasa pendant la nuit, afin de lutter contre la violence des Koulounas. « À Congo, et font ainsi du recours à l’histoire un préalable indispensable pour côté de l’implantation des postes lumineux, il faut mettre en place une police l’intelligibilité contemporaine de la violence dans ce pays d’Afrique centrale. de proximité, non pas attentiste mais vraiment dissuasive et proactive. Grâce Toutefois, ces neuf chapitres qui se superposent les uns sur les autres sans à l’éclairage public, la police pourrait renforcer son efficacité dans la traque thématiques fédératrices, sans clarification à priori ou à postériori de leurs des délinquants et criminels » (p. 130). contradictions, ne s’inscrivent pas tous dans le paradigme de la violence. Par Toutefois, Justin Beya Mulumba rappelle au chapitre 6 de l’ouvrage que ailleurs, la compréhension plurielle et transversale proposée dans cet ouvrage la police, aussi bien dans ses opérations de sensibilisation que de répression, aurait mieux cerné la spécificité congolaise en la mettant en perspective avec n’a pas réussi à mettre un terme au phénomène des Koulounas à Kinshasa. les dynamiques globales de la violence en Afrique et dans le monde. Les vio- D’après lui, « les violences urbaines à Kinshasa seraient causées par la fra- lences protéiformes de la RDC ne sont en effet qu’un échantillon des atrocités gilisation des normes sociales, induite par le modernisme, et encouragée par qui foisonnent à l’échelle de la planète. l’inefficacité ou l’inaction des institutions chargées de l’ordre public etdu contrôle social des jeunes » (p. 136). Bokakandani Masomi-Ngambo analyse la violence politique sous l’angle Denis Augustin Samnick de l’instrumentalisation des Koulounas, à la fois par le pouvoir et par l’op- [email protected] position. Il existe donc en RDC une violence pour l’accès, le maintien, l’in- fluence, l’existence et la présence dans les cénacles du pouvoir. Cette violence s’est historiquement construite au travers de la répression des manifestations sociales, qui ont à leur tour engendré des rebellions sous Mobutu, comme sous Kabila. La violence se donne à voir comme la conséquence d’une « in- tolérance politique » (p.155), d’une « diabolisation de l’adversaire politique » et d’une répression militaire et policière frustrante et dégradante. S’il propose la professionnalisation et l’amélioration des conditions de vie des policiers comme solution à la violence dont ils sont les auteurs, c’est surtout parce que « la police recrute au sein de ses effectifs des personnes qui ne savent ni lire ni écrire, parmi lesquelles il y a des délinquants notoires et criminels de gangs dits Koulouna » (p. 160). Francis Mapanze Mangole va au-delà de la police pour situer les causes de la violence à plusieurs niveaux. D’après lui, « les violences résultent aussi de la faiblesse générale de l’économie. La mauvaise gestion du secteur public et la détérioration des conditions sociales, notamment des jeunes dans les vil- les, ont affaibli l’État dans ses capacités à pourvoir aux besoins élémentaires du peuple et à assurer sa sécurité » (p. 174). Toutefois, en filigrane, le travail de Patrice Mukulu Nduku met en exer- gue une propension de l’Etat à sécuriser le système gouvernant au détriment

ANNEXES 135

ANNEXE 1 – INSTITUTIONS AU BURUNDI (Situation décembre 2020)

1. PRÉSIDENCE ET GOUVERNEMENT

prénom et nom fonction adhésion politique, ethnie, région d’origine

Evariste Président de la République CNDD-FDD, Hutu, Ndayishimiye Gitega

Prosper Bazombanza Vice-Président Uprona, Tutsi, Mwaro

Alain Guillaume Premier Ministre Ex-FDD, Hutu, Rutana Bunyoni

Gervais Ndirakobuca Ministre de la Sécurité publique, Ex-FDD, Hutu, Cibitoke Intérieur et Développement local

Jeanine Nibizi Ministre de la Justice Hutu, Gitega

Tribert Mutabazi Ministre de la Défense Nationale et CNDD-FDD, Tutsi, des Anciens combattants Kirundo

Albert Shingiro Ministre des Affaires étrangères CNDD-FDD, Hutu, et de la Coopération au Karuzi Développement Imelde Sabushimike Ministre de la Solidarité nationale, Société civile des Affaires sociales, des Droits de (UNIPROBA), Twa, la personne humaine et du Genre Mwaro Déo Guide Rurema Ministre de l’Environnement, de CNDD-FDD, Hutu, l’Agriculture et de l’Élevage Kayanza

Domine Ministre de la Fonction publique, Hutu, Bururi Banyankimbona Travail et Emploi

Domitien Ndihokubyo Ministre des Finances, du Budget CNDD-FDD, Hutu, Ngozi et de la Planification économique 136 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2019 Annexe 1 – Institutions au Burundi 137 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2019

Ezéchiel Nibigira Ministre chargé des Affaires de CNDD-FDD, Hutu, 2. GOUVERNEURS la Communauté Est-Africaine, de Bujumbura rural la Jeunesse, des Sports et de la province prénom et nom adhésion politique, Culture appartenance ethnique Gaspard Ministre de l’Éducation nationale CNDD-FDD, Hutu, Bujumbura Mairie Jimmy Hatungimana Ex-FDD, Hutu Banyankimba et de la Recherche scientifique Karuzi Bujumbura rural Désiré Nsengiyumva CNDD-FDD, Hutu

Immaculée Ministre du Commerce, du CNDD-FDD, Tutsi, Bubanza Cléophas Nizigiyimana CNDD-FDD, Hutu Ndabaneza Transport, de l’Industrie et du Bubanza Bururi Léonidas Bandenzamaso Ex-FAB, Tutsi Tourisme Thaddée Ndikumana Ministre de la Santé publique et de CNDD-FDD, Hutu, Cankuzo Boniface Banyiyezako CNDD-FDD, Hutu la Lutte contre le VIH-SIDA Muramvya Cibitoke Kareme Bizoza Ex-FDD, Hutu Deogratias Ministre des Infrastructures, PIEBU, Tutsi, Rutana Gitega Venant Manirambona CNDD-FDD, Hutu Nsanganiyumwami Équipement et Logements sociaux Karusi Calinie Mbarushimana CNDD-FDD, Hutu Marie Chantal Ministre de la Communication, des Société civile, Association Kayanza Rémy Cishahayo Ex-FDD, Hutu Nijimbere Technologies de l’information et des Guides du Burundi des Médias (AGB), Tutsi, Cankuzo Kirundo Albert Hatungimana CNDD-FDD, Hutu Ibrahim Uwizeyimana Ministre de l’Hydraulique, de CNDD-FDD, Tutsi, l’Énergie et des Mines Muyinga Makamba Francoise Ngozirazana CNDD-FDD, Hutu Muramvya Diomède Nzambimana CNDD-FDD, Hutu Prosper Secrétaire général et porte-parole Frodebu (?), Hutu, Ntahorwamiye du gouvernement Makamba Muyinga Jean Claude Barutwanayo CNDD-FDD, Hutu

Jean Marie Ministre du Commerce, de CNDD-FDD, Tutsi, Mwaro Gaspard Gasanzwe Ex-FAB,Tutsi NIYOKINDI l’Industrie et du Tourisme Mwaro Ngozi Epipode Baranyikwa CNDD-FDD, Hutu

Thaddée Ministre de la Santé publique et de CNDD-FDD, Hutu, Rumonge Consolate Ntungane CNDD-FDD, Hutu NDIKUMANA la Lutte contre le VIH-SIDA Muramvya Rutana Olivier Nibitanga CNDD-FDD, Hutu Jean Bosco Ministre des Transports, des CNDD-FDD, Tutsi, Ruyigi Emerencienne Tabu CNDD-FDD, Hutu NTUNZWENIANA Travaux publics, de l’Equipement Kirundo et de l’Aménagement du territoire 3. APPAREIL JUDICIAIRE Serges Ministre de la Communication et Amizero-Rwasa, Tutsi, NDAYIRAGIJE des Médias Bururi institution nom du président ethnie et région d’origine

Côme MANIRAKIZA Ministre de l’Hydraulique, de CNDD-FDD, Hutu, l’Energie et des Mines Bubanza Cour suprême Emmanuel Gateretse Hutu, Kayanza, Cour Prosper Secrétaire général et porte-parole Frodebu (?), Hutu, constitutionnelle Valentin Bagorikunda Hutu, Bubanza NTAHORWAMIYE du gouvernement Makamba Cour des comptes Elysé Ndaye Hutu, Muramvya Parquet général de Sylvestre Nyandwi Hutu, Bujumbura la République 138 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2019 Annexe 1 – Institutions au Burundi 139 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2019

Cours d’appel Genève Rénovat Tabu Hutu, Cibitoke Kampala Epiphanie Kabushemeye Ntamwana Hutu, Kirundo Nadine Nsabimana Tutsi, Bujumbura rural Kinshasa Vacant Jean Damascene Sindayizeruka Hutu, Bujumbura La Haye Gamaliel Nkurunziza Tutsi, Ngozi Jeanne Harerimana Tutsi, Mwaro Le Caire Vacant Makamba Pascaline Habonimana Hutu, Makamba Londres Vacant Gitega Fulgence Ruberintwali Hutu, Gitega Lusaka Pascal Ruhomvyumworo CNDD-FDD, Hutu, Karuzi Ngozi Daphrose Buganyira Hutu, Ngozi Mogadishu Joseph Nkurunziza CNDD-FDD, Hutu, Kirundo Bururi Dieudonné Niyungeko Tutsi, Bururi Moscou Edouard Bizimana CNDD-FDD, Hutu, Gitega Kenya Vacant 4. SERVICES DE SÉCURITÉ : FORCES DE DÉFENSE New Delhi Stella Budiriganya Tutsi, Mwaro NATIONALE (FDN), POLICE NATIONALE DU New York Vacant BURUNDI (PNB) ET SERVICE NATIONAL DE Paris Ernest Niyokindi CNDD-FDD, Hutu, RENSEIGNEMENTS (SNR) Cankuzo Pékin Issa Ntambuka Hutu, Cibitoke institution prénom et nom adhésion politique, Pretoria Vacant ethnie, Rabat Vacant région d’origine Rome Espérance Ndayizeye CNDD-FDD, Hutu, Gitega Chef d’État-major Prime Niyongabo ex-FDD, Hutu, Washington Vacant général FDN Muramvya Chef d’État-major Joseph Ndayishimiye ex-FAB, Tutsi, Bururi général adjoint FDN Inspecteur général Melchiade Ruceke ex-FAB, Tutsi, Mwaro PNB Inspecteur général Christophe Manirambona ex-FDD, Hutu, Cibitoke adjoint PNB Administrateur Ildéphonse Habarurema ex-FDD, Hutu, Muyinga, général SNR Administrateur Albert Bisaganya ex-FAB, Tutsi général adjoint SNR

5. CORPS DIPLOMATIQUE lieu d’ prénom et nom adhésion politique, ethnie, accréditation région d’origine Addis Abeba Joel Nkurabagaya Hutu, Ruyigi Ankara Gérard Bikebako Ntahorwaroye Hutu, Bujumbura Berlin Vacant Bruxelles Thérence Ntahiraja CNDD-FDD, Hutu, Makamba Dar-Es-Salaam Gervais Abayebo CNDD-FDD, Hutu, Bujumbura

141

ANNEXE 2 – INSTITUTIONS AU RWANDA (Situation décembre 2020)

1. PRÉSIDENCE ET GOUVERNEMENT1 Prénom et nom Fonction adhésion politique, ethnie, région d’origine Général Major Paul Président de la République FPR, Tutsi, ex-réfugié KAGAME

Judith UWIZEYE Ministre à la Présidence NP, Hutu, Cyangugu

Alphonsine MIREMBE Secrétaire permanent FPR, Tutsi, ex-réfugiée Edouard NGIRENTE Premier Ministre NP, Hutu, Kigali-Rural

Evariste RUGIGANA Directeur de Cabinet FPR, Tutsi, ex-réfugié Inès MPAMBARA Ministre à la Primature FPR, Tutsi, ex-réfugiée chargée des Affaires du Conseil des Ministres

Doreen KAGARAMA Secrétaire permanent FPR, Tutsi, ex-réfugiée Jeannette BAYISENGE Ministre du Genre et de la FPR, Hutu, Promotion de la Famille Kigali-Ville.

Assumpta INGABIRE Secrétaire permanent FPR, Tutsi, Butare Vincent BIRUTA Ministre des Affaires PSD, Tutsi, Etrangères et de la Coopéra- Kigali-Ville tion Internationale

Clémentine MUKEKA Secrétaire permanent FPR, Hutu, Gitarama Anastase SHYAKA Ministre de l’Administration FPR, Hutu, Byumba Locale

Samuel DUSENGIYUMVA Secrétaire permanent FPR, Tutsi, Gitarama Johnston BUSINGYE Ministre de la Justice FPR, Tutsi, ex-réfugié

Théophile MBONERA Secrétaire permanent FPR, Hutu, Ruhengeri Marie Solange KAYISIRE Ministre de la Gestion des FPR, Tutsi, ex-réfugiée Urgences

Olivier KAYUMBA Secrétaire permanent FPR, Tutsi, ex-réfugié

1 NP signifie sans affiliation politique officielle. Nous avons maintenu la référence aux anciennes préfectures en raison de l’absence de signification historique des actuelles provinces. 142 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2019 Annexe 2 - Institutions au Rwanda 143 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2019

Général Major Albert Ministre de la Défense NP, Hutu?, Gisenyi Rosemary MBABAZI Ministre de la Jeunesse et de FPR, Tutsi, ex-réfugiée MURASIRA la Culture

Lt-Colonel Innocent Secrétaire permanent FPR, Tutsi, ex-réfugié Emmanuel BIGENIMANA Secrétaire permanent FPR, Hutu, Gisenyi GASHUGI Ignacienne NYIRARU- Secrétaire d’État au PL, Tutsi, Gikongoro Claver GATETE Ministre des Infrastructures FPR, Tutsi, ex-réfugié KUNDO ministère de l’Adminis- tration locale chargé des Patricia UWASE Secrétaire permanent FPR, Tutsi, ex-réfugiée affaires sociales Géraldine MUKESHIMA- Ministre de l’Agriculture et FPR, Tutsi, ex-réfugiée Solina Secrétaire d’Etat au FPR, Hutu, Gitarama NA de l’Elevage NYIRAHABIMANA ministère de la Justice chargé de la Constitution et Claude MUSABYIMANA Secrétaire permanent PSD, Hutu, Ruhengeri des autres lois Jeanne d’Arc MUJAWA- Ministre de l’Environne- FPR, Hutu, Ruhengeri Gaspard TWAGIRAYEZU Secrétaire d’État au MARIYA ment ministère de l’Éducation chargé des écoles primaires Patrick KARERA Secrétaire permanent FPR, Tutsi, ex-réfugié et secondaires Fanfan RWANYINDO Ministre de la Fonction NP, Tutsi, ex-réfugiée Claudette IRERE Secrétaire d’État au FPR, Tutsi, ex-réfugiée KAYIRANGWA Publique et du Travail ministère de l’Éducation chargé de la Technologie et Gaspard MUSONERA Secrétaire permanent FPR, Tutsi, Kigali de l’Enseignement Tech- Rural nique et Professionnel Uzziel NDAGIJIMANA Ministre des Finances et de FPR, Hutu, Gitarama Edouard BAMPORIKI Secrétaire d’Etat chargé de FPR, Hutu, Cyangugu la Planification Economique la Jeunesse et de la culture Lt Colonel MPUNGA Secrétaire d’Etat au FPR, Tutsi, ex-refugié Soraya HAKUZIYARE- Ministre du Commerce, de NP, Hutu, Gitarama Tharcisse Ministère de la Santé chargé MYE l’Industrie de la santé publique et des soins de santé primaires Michel SEBERA Secrétaire permanent FPR, Tutsi, ex-réfugié Claudine UWERA Secrétaire d’Etat au FPR, Tutsi, ex-réfugiée Valentine UWAMARIYA Ministre de l’Education FPR, Hutu, Cyangugu ministère des Finances et de la Planification économique Samuel MULINDWA Secrétaire permanent FPR, Tutsi, ex-réfugié chargée de la planification Aurore Mimosa MUNYAN- Ministre des Sports FPR, Tutsi, ex-réfugiée économique GAJU Richard TUSHABE Secrétaire d’Etat au FPR, Tutsi, ex-réfugié ministère des Finances et de Didier SHEMA MABOKO Secrétaire permanent FPR, Hutu, Kiga- la Planification économique li-Ville chargé des Finances Pub- Daniel NGAMIJE Ministre de la Santé FPR, Tutsi, ex-réfugié liques Manassé NSHUTI Secrétaire d’Etat au FPR, Tutsi, ex-réfugié Zacharie IYAMUREMYE Secrétaire permanent ministère des Affaires Paula INGABIRE Ministre des Technologies FPR, Tutsi, ex-réfugiée Etrangères, chargé de la de l’Information, de la Communauté de l’Afrique Communication et de l’In- de l’Est novation Jean Chrysostome Secrétaire d’Etat au PSD, Hutu, Gikongoro NGABITSINZE ministère de l’Agriculture et Yves IRADUKUNDA Secrétaire permanent FPR, Hutu, Gitarama de l’Elevage Clare AKAMANZI CEO of RDB FPR, Tutsi, ex-réfugiée Francis GATARE CEO of Rwanda Mines, FPR, Tutsi, ex-refugié Petroleum and Gas Board 144 Political chronicles of the African Great Lakes Region 2019 Annexe 2 - Institutions au Rwanda 145 Chroniques politiques de l’Afrique des grands lacs 2019 2. GOUVERNEURS 5. CORPS DIPLOMATIQUE

Province prénom et nom adhésion politique, ethnie, lieu prénom et nom adhésion politique, région d’origine d’accréditation ethnie, Province de l’Est Fred MUFURUKYE FPR, Tutsi, ex-réfugié région d’origine Province du Nord Jean-Marie Vianney FPR, Hutu, Byumba Abuja Stanislas KAMANZI PSD, Hutu, Byumba GATABAZI Abu Dhabi Emmanuel HATEGEKA FPR, Tutsi, Butare Province de l’Ouest Alphonse FPR, Tutsi, Butare Addis-Abeba Hope TUMUKUNDE FPR, Tutsi, ex-réfugié MUNYENTWARI Accra Aissa KIRABO KACYIRA FPR, Tutsi, ex-réfugiée Province du Sud Alice KAYITESI FPR, Tutsi, Gitarama Ankara Fidelis MIRONKO FPR, Tutsi, ex-réfugié Mairie de Kigali Pudence RUBINGISA FPR, Tutsi, ex-réfugié Berlin César IGOR FPR, Tutsi, ex-réfugié Brazzaville Théoneste MUTSINDASHYAKA FPR, Tutsi, Kigali-Ville Bruxelles Dieudonné SEBASHONGORE FPR, Tutsi, ex-réfugié 3. APPAREIL JUDICIAIRE Bujumbura Vacant cour / tribunal nom du président ethnie et région d’origine Dakar Jean-Pierre KARABARANGA FPR, Tutsi, Butare Cour Suprême Faustin NTEZIRYAYO Hutu, Gitarama Dar es Salam Général-Major Charles FPR, Tutsi, ex-réfugié (Président) KARAMBA Cour Suprême (Vice- Marie Thérèse Tutsi, Kigali-Ville Genève Marie Chantal RWAKAZINA FPR, Tutsi, ex-réfugiée présidente) MUKAMULISA Harare James MUSONI FPR, Tutsi, ex-réfugié Cour d’Appel Aimé KALIMUNDA Tutsi, ex-réfugié Kampala Colonel Joseph RUTABANA FPR, Tutsi, ex-réfugié MUYOBOKE Khartoum Colonel MUNYANEZA FPR, Tutsi, ex-réfugié Haute Cour Xavier NDAHAYO Hutu, Byumba MUZUNGU Procureur Général de la Aimable Tutsi, ex-réfugié Kinshasa Vincent KAREGA FPR, Tutsi, ex-réfugié République HAVUGIYAREMYE La Haye Olivier NDUHUNGIREHE PSD, Hutu, Butare Rwanda Investigation Colonel Jeannot RUHUNGA FPR, Tutsi, ex-réfugié Le Caire Alfred KALISA FPR, Tutsi, ex-réfugié Bureau (RIB) Londres Yamina KARITANYI FPR, Tutsi, ex-réfugiée Luanda Wellars GASAMAGERA FPR, Tutsi, Gitarama Lusaka Amandin RUGIRA FPR, Hutu, Cyangugu 4. FORCES RWANDAISES DE DÉFENSE (FRD) Maputo Claude NIKOBISANZWE FPR, Tutsi, ex-réfugié Moscou Lieutenant Général MUSHYO FPR, Tutsi, ex-réfugié Institution prénom et nom adhésion politique, KAMANZI ethnie, Nairobi Richard MASOZERA FPR, Tutsi, ex-réfugié région d’origine New Delhi Jacqueline MUKANGIRA FPR, Tutsi, ex-réfugiée Commandant en chef Général-Major Paul FPR, Tutsi, ex-réfugié New York Valentine RUGWABIZA FPR, Tutsi, ex-réfugiée KAGAME Ottawa Prosper HIGIRO PL, Tutsi, Kibungo Chef d’État-major Général Jean Bosco FPR, Tutsi, ex-réfugié général KAZURA Paris François Xavier NGARAMBE FPR, Tutsi, Gitarama Chef d’État-major de Lieutenant-Général Jean FPR, Tutsi, ex-réfugié Pékin James KIMONYO PSD, Tutsi, ex-réfugié l’armée de terre Jacques MUPENZI Pretoria Eugene SEGORE KAYIHURA FPR, Tutsi, ex-réfugié Chef d’État-major de Général-Major Emmanuel FPR, Tutsi, ex-réfugié Qatar François NKULIKIYIMFURA FPR, Tutsi, ex-réfugié l’armée de l’air BAYINGANA Rabat Zaina NYIRAMATAMA PDI, Hutu, Gitarama Chef d’Etat-major de Général Fred IBINGIRA FPR, Tutsi, ex-réfugié Seoul Yasmin AMRI SUED FPR, Hutu, Ruhengeri l’armée de réserve Singapour Jean de Dieu UWIHANGANYE NP, Tutsi, Byumba Stockholm Christine NKURIKIYINKA FPR, Hutu, Gitarama Tel-Aviv Vacant Tokyo Ernest RWAMUCYO FPR, Tutsi, ex-réfugié Washington Mathilde MUKANTABANA FPR, Tutsi, ex-réfugiée

Filip Reyntjens is emeritus professor of law and politics at the Institute of Development Policy (IOB), University of Antwerp. Filip Reyntjens est professeur émérite à l’Institut de politique du développement (IOB) de l’Université d’Anvers.

Continuing the tradition of L’Afrique des grands lacs. Annuaire, this companion volume to Conjonctures de l’Afrique centrale (Paris, L’Harmattan) offers a survey of political developments in Burundi, the Democratic Republic of Congo, Rwanda and Uganda over the course of 2020. In two of these four countries, presidential elections were held. While the actual vote only took place in January 2021 in Uganda, this chronicle addresses the run-up and the polls. According to the official results, incumbent president Yoweri Museveni won his sixth term with 58% of the vote, in an election marred by intimidation of the opposition, violence and allegations of irregularities. Coronavirus restrictions were used by the government to justify various excesses, including the use of lethal force. Nevertheless, the singer-turned-opposition leader Robert Kyagulanyi Ssentamu, better known as Bobi Wine, won 35% of the vote, defeating Museveni in the central region and some parts of Busoga in the east. In Burundi, incumbent president Pierre Nkurunziza was barred from running for a new term, and he died unexpectedly in June 2020 after his anointed successor Évariste Ndayishimiye was elected in May with almost 69% of the vote. His closest competitor, Agathon Rwasa, obtained 24%. The ruling CNDD-FDD party secured large victories in the municipal and parliamentary polls. The DRC has been the scene of hitherto successful endeavours by President Tshisekedi to break his predecessor Kabila’s continued control of parliament and the provincial institutions. By putting into place the Union Sacrée de la Nation (USN), which benefitted from a great deal of opportunistic floor-crossing, he caused the dislocation of Kabila’s FCC. Rwanda remains a harsh ethnocratic dictatorship, which is facing increasing international criticism. However, the biggest threat to the regime is not the disapproval of the international community or the activity of rebel groups operating in the DRC, Burundi and Uganda, but the risk of internal fragmentation.

Continuant la tradition de L’Afrique des grands lacs. Annuaire, ce volume qui accompagne Conjonctures de l’Afrique centrale (Paris, L’Harmattan), présente un aperçu de l’évolution politique au Burundi, en République démocratique du Congo, au Rwanda et en Ouganda au cours de l’année 2020. Des élections présidentielles ont eu lieu dans deux pays. Alors qu’elles ont été organisées en Ouganda en janvier 2021, cette chronique étudie la campagne et les opérations électorales. D’après les résultats officiels, le président sortant Yoweri Museveni s’assura de son sixième mandat avec 58% des votes dans une élection marquée par l’intimidation de l’opposition, des violences et d’accusations d’irrégularités. Les restrictions liées au virus Covid-19 furent utilisées par le gouvernement pour justifier les excès, y compris l’utilisation de la force mortelle. Malgré cela, le chanteur devenu opposant Robert Kyagulanyi Ssentamu, mieux connu comme Bobbi Wine, obtint 35% et battit Museveni dans la région centrale et des parties du Busoga à l’est. Au Burundi, le président sortant Pierre Nkurunziza n’était pas rééligible et mourut inopinément en juin 2020 après l’élection en mai de son successeur Évariste Ndayishimiye avec près de 69% des votes. Son concurrent le plus proche Agathon Rwasa obtint 24%. Le parti au pouvoir CNDD-FDD s’assura de larges victoires aux élections municipales et parlementaires. La RDC a été la scène de tentatives provisoirement couronnées de succès par le président Tshisekedi de briser le contrôle de son prédécesseur Kabila du parlement et des institutions provinciales. Par la mise en place de son Union Sacrée de la Nation (USN), qui a bénéficié du ralliement par de nombreux transfuges opportunistes, il réussit à disloquer le FCC de Kabila. Le Rwanda continue à être une dure dictature ethnocratique qui est cependant confrontée à de plus en plus de critique internationale. Ce qui pourrait menacer le régime ne sont pourtant pas la communauté internationale ou des groupes rebelles opérant en RDC, au Burundi ou en Ouganda, mais les risques de fragmentation interne.

ISBN: 978 90 5718 972 2