Colloque International Tenu À La Fondation Signer- Polignc Et En Sorbonne, Les 14 Et 15 Mars 2003, Dir
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L’ALLOCUTION D’ALLA MANILOVA, VICE-MINISTRE DE LA CULTURE DE LA FEDERATION DE RUSSIE J’ai le plaisir de saluer les participants du colloque « Pierre le Grand et l’Europe intellectuelle ». Des manifestations scientifiques et culturelles d’une telle envergure ne sont pas fréquentes et elles sont d’autant plus importantes pour le développement de la coopération culturelle internationale. J’avoue que je ne m’attendais pas à ce qu’une conférence consacrée au tsar russe réunisse une audience aussi importante et représentative. Pierre Ier fut une personnalité historique d’exception, qui a unifié la Russie. Il voyageait sans cesse à travers le pays, fondait des villes et des sites industriels, des ports et des forteresses, des palais et des parcs, il érigea une nouvelle capitale – Saint-Pétersbourg. Il offre un bel exemple d’un homme d’état éclairé. Sur l’initiative de Pierre Ier, la Russie se dota d’une Académie des sciences, des premières institutions d’enseignement, des bibliothèques et des musées. De nouvelles directions artistiques y purent également se développer. Enfin, Pierre Ier obtint pour la Russie la reconnaissance de l’autorité d’une grande puissance de la part des pays occidentaux. Avec une impétuosité prodigieuse à l’échelle du temps historique, il jeta le pont entre la Russie et la civilisation européenne. Au début du XXIe siècle, la composante humaine, civilisatrice de l’action de Pierre Ier acquiert une signification déterminante car il s’agit du choix d’un nouveau modèle socioculturel du pays. Une tendance caractéristique : l’intérêt pour l’œuvre de Pierre le Grand croît toujours aux temps des grandes réformes. Durant les deux dernières décennies, le pays vit des bouleversements comparables avec ceux de l’époque pétrovienne. Le thème de ce colloque est donc d’une actualité brulante. En 2010, l’Institut Pierre le Grand a inauguré ses travaux à Saint-Pétersbourg. Sa tâche première consiste à étudier et à rendre public l’héritage de Pierre le Grand. L’étude et la préservation de cet héritage contribuent à préserver l’intégrité du tissu culturel national, à mieux connaître l’histoire de nos villes et donc, l’histoire de notre pays. Je me réjouis du fait que le programme pétrovien a été soutenu par les plus grandes institutions culturelles de Russie – l’Hermitage, le musée-réserve « Peterhof », la Kunstkamera, la Bibliothèque de l’Académie des sciences et beaucoup d’autres. Il a également trouvé un vif écho auprès des villes et des régions de Russie. Le programme pétrovien a été rejoint par les villes européennes liées avec le nom du tsar russe – Vienne, Londres, Amsterdam, Paris. Nous sommes très honorés de collaborer avec l’Université de la Sorbonne et la Fondation Singer-Polignac. Je souhaite au colloque bon travail. 1 L’ALLOCUTION D'OUVERTURE Alexandre Kobak Pierre le Grand est le premier monarque russe qui commence à voyager en dehors de son pays. Il visite à plusieurs reprises l’Allemagne et la Pologne, va faire une cure aux eaux de Karlsbad. Mais parmi ses nombreux voyages en Europe il y en a deux qui se distinguent de tous les autres. Tout d’abord, c’était son départ incognito dans la suite de la Grande Ambassade en 1697-1698. Ensuite, son voyage en qualité de monarque, puissant et extravagant, en 1716-1717. Dans l’histoire on les connaît toujours comme « premier » et « deuxième» voyages de Pierre Ier. Et même si les deux voyages étaient causés par des motifs diplomatiques et militaires, ils sont surtout connus comme une occasion d’approcher les nouvelles connaissances et d’effectuer leur transfert vers la Russie. Cependant, chacun de ces deux voyages de Pierre Ier avait ses particularités. Au cours du premier voyage Pierre Ier apprend les métiers de construction navale et d’artillerie, recrute des marins et des spécialistes de génie maritime, achète armements et matériaux pour la construction de la marine de guerre, c’est-à-dire, en premier lieu, effectue le transfert des connaissances plutôt techniques (même si ce n’était pas tout). Le deuxième voyage du point de vue d’« apprentissage» était très différent. Tout en continuant de s’intéresser au progrès technique Pierre I prête une attention particulière aux arts (peinture, architecture, parcs paysagers) et aux sciences (observatoires, Académie des Sciences). Tout ce qui n’était qu’une ébauche pendant le premier voyage devient essentiel au cours du second. La liste des priorités dans le choix des pays à visiter par le Tsar change aussi. A la fin du XVIIe siècle c’étaient, en premier lieu, la Hollande et l’Angleterre. Pour le deuxième voyage il y avait également la Hollande mais aussi – et surtout – la France. Ce choix signifie, d’une part, que le monde n’est plus le même après 20 ans et que, d’autre part, les intérêts du Tsar ont évolué. Dans sa vie privée il était sans prétentions et n’aimait pas le luxe. Mais à cette époque-là l’issue de la Grande Guerre du Nord étant déjà décidée, le Tsar commence à réfléchir au titre d’Empereur et dorénavant son transfert des connaissances vise plutôt le futur Empire que la Moscovie d’antan. Les 45 exposés que vous allez entendre en 3 jours au cours de deux colloques seront consacrés à ces aspects-là. Ces deux manifestations sont réunies dans le cadre d’un seul grand thème « Pierre le Grand et l’Europe des sciences et des arts : circulation, réseaux, transfert et adaptation des connaissances (1689-1727)». En tant que le directeur de l’Institut Pierre le Grand qui dès le début a soutenu – aussi bien moralement que par assistance matérielle – l’idée de l’organisation de ce grand événement, je voudrais dire quelques mots sur ce nouvel organisme. L’Institut Pierre le Grand est un établissement scientifique et civilisateur. Il fait des recherches et mène une activité éditoriale, établit le corpus des monuments de l’époque de Pierre le Grand en Russie et en Europe et organise tous les ans, le 9 juin (le jour de la naissance de Pierre le Grand) les congrès internationaux des « villes pétroviennes ». Je considère comme un grand honneur notre participation à la préparation de ce genre de « Lectures pétroviennes » à Paris. Mon rôle à l’ouverture de cet événement consiste aussi à exprimer, au nom des deux comités – scientifique et d’organisation – notre reconnaissance aux personnes et aux organismes sans lesquels ces deux colloques n’auraient pas eu lieu. Tout d’abord, j’exprime notre profonde reconnaissance à la fondation Singer-Polignac et au Centre « Identités, Cultures, Territoires » de l’Université Paris-VII qui vont accueillir, respectivement, le premier et le dexième colloques. 2 Nous remercions Francine-Dominique Liechtenhan qui a initié cet événement et a dirigé sa préparation. C’est son Association « Les Français dans la vie intellectuelle de la Russie aux XVIIe – XXe siècles» qui a assuré le financement essentiel du projet tandis que le Centre Roland Mousnier de Université Paris-Sorbonne nous a beaucoup aidé dans le travail d’organisation. Nous aimerions également exprimer notre reconnaissance au LABEX TransfertS pour son soutien et son assistance financière et logistique. Une reconnaissance particulière à Dmitri et Irina Gouzévitch qui ont assuré le contenu intellectuel des deux manifestations et à qui appartient l’idée du deuxième colloque. Ils ont supporté tout le poids de l’organisation en respectant les contraintes d’une disaine d’organismes français et russes et en trouvant des sources de financement là où cela semblait impossible, surtout à l’époque d’une crise économique. Notre salut profond à Sonia Colpart et, en sa personne, à la Maison des Sciences de l’Homme, qui s’est occupée des invitations et des visas ainsi que de l’hébergement et des finances. Il est nécessaire de remercier Liliane Pérez, directrice du Centre « Identités, Cultures, Territoires » de l’Université Paris-VII, Xavier Labat Saint-Vincent du Centre Roland Mousnier, Annabelle Milville et Sophie Legrain de LABEX TransfertS. Sans leur aide on n’aurait jamais pu résoudre certains problèmes. Un remerciement particulier à Julie Kornienko-Dupont qui a effectué un énorme travail de rédaction et de traduction de l’ensemble de textes. Un autre remerciement particulier aux organismes russes qui ont financé les frais de transport et d’hôtel de leurs chercheurs ; sans leur apport il nous aurait été beaucoup plus difficile de résoudre certains problèmes financiers. Il s’agit notamment du Musée « Cathédrale Saint-Isaac », du Musée-Réserve d’Etat de Gatchina, de l’Université de Saratov. Des remerciements particuliers au Musée de l’Ermitage et à son directeur-adjoint Guéorguy Vilinbakhov ainsi qu’au directeur scientifique de l’Institut Pierre le Grand l’illustre professeur Evguény Anissimov. Ils sont tous les deux membres du comité scientifique des deux colloques. Pour conclure, un peu de symbolique. Vous avez devant vous deux tableaux représentant deux événements qui ne sont séparés que d’une journée. Le 10 mai 1717 Louis XV visite Pierre Ier. Le 11 mai Pierre Ier visite Louis XV. Ces deux tableaux reflètent de façon symbolique tout ce qui sera dit pendant les trois jours de colloques. D’une part, c’est la Russie qui embrasse la culture européenne (mais en même temps elle la tient dans ses bras ce qui est une dérogation aux lois de la politesse - c’est à vous d’en juger). D’autre part, elle s’incline devant l’Europe en lui manifestant son respect mais en même temps en la préparant à l’interruption d’un nouveau géant. Ecoutons comment tout cela s’est passé... Merci. 3 LES RELATIONS DE LA RUSSIE PÉTROVIENNE AVEC L’EUROPE DES SCIENCES ET DES ARTS e DANS LE PREMIER TIERS DU XVIII SIÈCLE Evgueni Anisimov Dans le cadre de cette intervention, je voudrais attirer l’attention sur les problèmes généraux des relations de Pierre avec l’Europe Occidentale, ainsi que sur l’influence du monde européen sur les réformes en Russie.