Projet Forêts Méditerranéennes et Développement Durable

Etude de cas

CHARTE FORESTIERE DE TERRITOIRE DU PARC NATUREL REGIONAL DU

par Sophie Bourlon

Silva Mediterranea Silva Mediterranea Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable »

ETUDE DE CAS

CHARTE FORESTIERE DE TERRITOIRE

DU PARC NATUREL REGIONAL DU LUBERON

12 avril 2005 Version Finale Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

PREAMBULE...... 5

CONTEXTE DE L’ETUDE, DESCRIPTION DU TERRITOIRE ET PRE-IDENTIFICATION DES PROBLEMATIQUES...... 7 BREVE DESCRIPTION DE L'ENVIRONNEMENT PHYSIQUE ...... 7 Le territoire du Parc naturel régional du Luberon...... 7 Un territoire dessiné selon des dimensions biogéographiques et socio-économiques...... 7 Un relief accidenté entrecoupé de larges vallées ...... 7 Un patrimoine naturel et culturel remarquable...... 8 Un patrimoine géologique protégé...... 8 Un réseau hydrographique de surface limité par le climat et la nature calcaire du sol...... 8 Un climat de type méditerranéen avec une influence de type continental...... 8 Une végétation de type méditerranéen diversifiée...... 9 Un très riche patrimoine culturel, architectural et rural ...... 9 Historique de la propriété et de l’utilisation des terres...... 12 La forêt...... 12 Une agriculture diversifiée tendant vers une déprise ...... 13 Les activités cynégétiques...... 15 Les activités touristiques...... 16 Une dynamique importante de la population et une population vieillissante ...... 17 Emploi et activité : développement du secteur tertiaire et réduction des disparités homme - femme ...... 18 Pression foncière et urbanisme, un enjeu majeur...... 18 Des activités industrielles limitées : Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE) et autres aménagements majeurs ...... 18 Caractéristiques des espaces forestiers du Luberon en quelques points...... 18 CONTEXTE INSTITUTIONNEL ...... 20 Législation ...... 20 Les parcs naturels régionaux de ...... 20 Les chartes forestières de territoire en France ...... 20 Les autres mesures réglementaires de protection et de gestion pour le territoire du parc naturel régional du Luberon...... 21 Institutions et organismes impliqués...... 21 Politiques forestières en région Provence - Alpes - Côte d’Azur ...... 21 Les acteurs de la gestion forestière du Parc naturel régional du Luberon...... 22 Le parc naturel régional du Luberon...... 22 Une structuration du territoire en communautés de communes...... 22 DESCRIPTION DU SYSTEME LOCAL DE GESTION ET D’ADMINISTRATION DES ESPACES NATURELS ET BOISES ...... 22 Contexte local en matière de gestion forestière...... 22 Un manque de projets communs motivant les propriétaires privés ...... 22 Des difficultés globalement mieux surmontées en forêt publique...... 23 Les initiatives du Parc naturel régional du Luberon pour les espaces naturels...... 23 Elaboration de la charte forestière de territoire du Luberon...... 23 Une Charte forestière pour mieux travailler ensemble ...... 23 Quels objectifs poursuivis et quelle démarche ?...... 23 Rédaction de la Charte forestière de territoire ...... 24 LE DIAGNOSTIC ET LES PROBLEMATIQUES VUS PAR LES ACTEURS...... 25 ELEMENTS METHODOLOGIQUES ET DONNEES DU DIAGNOSTIC ...... 25 Méthodologie utilisée...... 25 Revue documentaire...... 25 2 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

Statistiques officielles...... 25 Enquêtes de terrain et entretiens ...... 25 Données ...... 26 Enquêtes de terrain...... 26 MALGRE LES CONTRAINTES QU’ELLE OCCASIONNE, LA FORET RESTE ANCREE DANS L’AFFECTIF DES HABITANTS ...... 26 Une forêt assez récente, apparue suite à la déprise agricole et aux reboisements...... 26 Des usages diversifiés et des vagues de défrichement historiques ...... 26 La forêt actuelle issue des reboisements et de la déprise agro-pastorale ...... 26 Une propriété forestière qui ne rapporte pas ...... 27 Une rentabilité quasi nulle de l’exploitation forestière...... 27 Une fragilité des activités pastorales...... 28 Des usages multiples sans réelles retombées financières...... 28 L’espace boisé se révèle potentiellement dangereux ...... 29 Le feu, principal problème de la forêt...... 29 Une forêt qu’il faut entretenir ...... 29 Des propriétaires privés difficilement mobilisables...... 29 Des élus dépassés par la gestion de la forêt privée ...... 30 Des aides financières en diminution pour la protection contre les incendies ...... 30 Les habitants de ce territoire sont pourtant très attachés à leur forêt...... 30 FACE AUX NOUVEAUX ACTEURS, LES RURAUX SE MONTRENT POSSESSIFS...... 31 Les utilisateurs de la forêt ne sont plus les mêmes ...... 31 Des incompréhensions entre acteurs à l’origine de conflits...... 32 Les chasseurs sont globalement très mal perçus...... 32 Face aux utilisateurs de l’espace les propriétaires privés sont inquiets ...... 33 LE PROBLEME DES PROBLEMES...... 33 IDENTIFICATION DES PRINCIPAUX ENJEUX ...... 34 CE TERRITOIRE EST UN LIEU PROPICE AUX INITIATIVES… QUI PORTENT PARFOIS A CONFUSION .....34 Des réglementations locales...... 34 Des mesures régionales voire nationales et internationales...... 34 Des cadres notamment pour la protection contre les incendies ...... 35 Une nécessaire préservation du patrimoine mais une complexité mal perçue...... 35 LA MULTIFONCTIONNALITE PARAIT ENCORE THEORIQUE MAIS SE CONCRETISE VIA DES OPERATIONS CONCERTEES ...... 36 Une vision partielle de la place réciproque de chacun...... 36 LA DUALITE FORET PRIVEE FORET PUBLIQUE : UN MEME MILIEU, DEUX MONDES DIFFERENTS...... 38 En forêt publique : prise en compte de la multifonctionnalité dès les années 80...... 38 Une gestion remarquée ...... 39 Des habitudes de travail adoptées pour intégrer la multifonctionnalité...... 39 Des relations de coopération indispensables...... 39 La forêt privée : un espace plus complexe à gérer ...... 40 Un contexte foncier et économique difficile...... 40 Un appui technique réduit...... 40 Des approches qui s’avèrent efficaces mais nécessitent du temps d’animation ...... 40 Des politiques d'aménagement et des financements inadaptés à la gestion durable des forêts privées...... 40 Les dimensions environnementales et sociales fortes doivent être des atouts au développement ...... 41 Encore peu d’exemples de gestion dépassant les limites de la propriété ...... 42 AVANT LA MISE EN PLACE DE LA CHARTE FORESTIERE, UNE ABSENCE DE PROJET COMMUN SUR LE TERRITOIRE FORESTIER DU LUBERON ...... 42 Un potentiel pour une gestion durable et concertée à exploiter davantage ...... 42 Les acteurs semblent soucieux de se rapprocher...... 42

3 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

Une distance à rompre entre élus et équipe technique du Parc naturel régional...... 42 Des relations de coopération entre organismes qui pourraient gagner en efficacité...... 43 La charte forestière de territoire utile au rapprochement...... 43 Le changement s’avère nécessaire...... 44 DISCUSSIONS FINALES ...... 44 SCENARIOS PROSPECTIFS DE DEVELOPPEMENT...... 44 Le scénario tendanciel prévoit un avenir plutôt sombre pour de nombreux acteurs...... 45 Un manque de mobilisation à court terme ...... 45 Mais les acteurs locaux privilégient les entités naturelles aux entités artificielles ...... 45 Trois grandes orientations pour ce scénario tendanciel ...... 45 Le scénario négatif : une appropriation de la forêt par des acteurs extérieurs ...... 46 Le scénario utopique : une image un peu utopique ...... 46 Les éléments déterminants pour l’avenir...... 47 Les enjeux sont tournés vers la préservation ...... 47 Les menaces sont clairement identifiées...... 47 Les atouts sont bien réels ...... 47 Des tendances peu encourageantes ...... 48 RECOMMANDATIONS ET PROPOSITIONS D’ACTIONS ...... 48 Des exigences de qualité partagées par tous...... 48 Un programme d’action ratifié par les acteurs ...... 49 Une forêt à entretenir en domaine privé comme public...... 49 Préserver le patrimoine, les équilibres naturels et la diversité biologique...... 50 Accueillir - Eduquer, sensibiliser et former les acteurs et les usagers de la forêt...... 51 Sur quels facteurs influer en priorité ?...... 51 Préconisations concernant le problème des problèmes...... 51 Actions prioritaires dans le cadre de la charte forestière de territoire...... 52 Nécessité d’une réflexion commune et d’une évolution des modes de gestion ...... 52 Une réflexion commune...... 52 Des lieux de rencontre permettant de construire un projet commun pour la forêt et les espaces naturels...... 52 Les acteurs locaux ne s’approprient pas ce territoire dans sa globalité ...... 55 Des moyens humains et financiers nécessaires...... 56 L’évaluation, un processus à ne pas négliger...... 56 GLOSSAIRE DES SIGLES...... 58

BIBLIOGRAPHIE...... 59

ANNEXES ...... 61

Contact : Parc naturel régional du Luberon – 60 place Jean Jaurès – BP 122 – 84404 APT Cedex –  04 90 04 42 00 – [email protected] et [email protected] Photo de couverture: H. Vincent, AVECC

4 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon Préambule

L’étude de cas porte sur le territoire du parc naturel régional du Luberon où une charte forestière de territoire est expérimentée depuis avril 2002. Elle s’attachera à analyser l’utilisation de cette outil à deux niveaux : le cadre général pour l’ensemble du territoire du parc naturel régional du Luberon , et le niveau opérationnel, sur le secteur des Collines de . La « Charte forestière de territoire » est issue de la loi d’orientation forestière française de 2001 et «a légitimement vocation à structurer un projet d'aménagement et de développement durable des territoires ruraux insérant davantage les forêts dans leur environnement économique, écologique, social ou culturel »1. Comme les autres études de cas menées dans le cadre du projet Forêts méditerranéennes et développement durable, cette étude porte sur une analyse du jeu des multiples acteurs publics et privés, et le rôle du secteur forestier pour assurer le bon fonctionnement et la durabilité du système écologico-socio-économique étudié. En s’appuyant sur une série d’indicateurs disponibles, cette étude s’est attachée à évaluer localement l’impact et l’efficacité des mesures adoptées dans le cadre de la charte forestière de territoire par le Parc du Luberon. Elle présente les résultats d’entretiens et de réunions avec les acteurs locaux, pour dégager leur vision présente et future de la gestion forestière sur le territoire du parc naturel régional du Luberon et, au niveau opérationnel, sur le secteur des Collines de Durance, dans le cadre de l’expérimentation de la charte forestière de territoire. Cette étude s’attache également à préciser les effets ces actions de développement sur les divers acteurs et partenaires. Le plan de ce rapport reprend le schéma commun proposé par le Plan Bleu pour faciliter la comparaison entre les études de cas entreprises dans les différents pays, et en tirer des conclusions générales : A) documentation sur le territoire étudié B) identification des problématiques C) diagnostic du territoire établi par catégorie d’acteurs, évolutions prévues et attentes exprimées par chaque catégorie (à travers des entretiens individuels) D) identification des principaux enjeux résultant du diagnostic E) scénarios de développement durable, discussion sur les opportunités, les menaces et les priorités d'action (sur la base de nouveaux entretiens) F) rapport final.

1 Jean GLAVANY, Ministre français de l’agriculture et de la pêche, le 7 janvier 2002

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Contexte de l’étude, description du territoire et pré-identification des problématiques

2 BREVE DESCRIPTION DE L'ENVIRONNEMENT PHYSIQUE Le Parc naturel régional du Luberon (PNRL) a été créé en 1977 sur un territoire de 178 000 hectares entre () et Villeneuve (Alpes de Haute Provence) autour des reliefs des monts du Luberon. Le territoire compte aujourd’hui 71 communes adhérentes (171 000 hectares) et une population de 151 470 habitants. Situé dans l’arrière-pays méditerranéen, il est caractérisé par un relief contrasté créant une grande diversité d’habitats et de microclimats avec des richesses environnementales et culturelles remarquables. Identité du parc Région : Provence-Alpes-Côte-d’Azur Départements : Vaucluse et Alpes-de-Haute-Provence Nombre de communes : 32 en 1977, 48 en 1981, 61 en 1996, 71 en 2004 Superficie : 171 000 ha en 2004 Population : 70 000 habitants en 1977 151 000 habitants en 2004 Principales villes: Apt (Vaucluse) : 11 000 habitants Cavaillon (Vaucluse) : 25 000 habitants (Vaucluse) : 18 000 habitants Manosque (Alpes-de-Haute-Provence) : 20 000 habitants Activités économiques : Agriculture (fruits, légumes, vins, mouton, lavande), agro- alimentaire (confiserie, conditionnement, expédition), tourisme.

Le territoire du Parc naturel régional du Luberon Un territoire dessiné selon des dimensions biogéographiques et socio-économiques La délimitation du périmètre du Parc naturel régional du Luberon concilie : • une approche territoriale fondée sur des critères physiques et biogéographiques (le massif du Luberon comme axe central est/ouest - la Durance comme limite ouest, sud et est - le nord du bassin versant du comme limite nord - les communes riveraines de la moyenne et basse vallée du Largue en limite nord-est) • une approche socio-économique prenant en compte les relations existantes entre les villes- centres (Apt, Cavaillon, Manosque, Pertuis) et les communes rurales environnantes Ce périmètre intègre 76 communes, mais seulement 71 communes ont approuvé la charte constitutive du Parc et adhéré au syndicat mixte de gestion. Le « Luberon » est la somme de plusieurs pays identitaires qui, au cours de l’histoire se sont constitués autour des villes d’Apt, Cavaillon et Pertuis en Vaucluse, et de Forcalquier et Manosque dans les Alpes de Haute-Provence. Le massif du Luberon sépare et lie à la fois ces « pays ». « Chacun a son caractère, son visage, son histoire, son langage. Chacun est à la fois un monde relié et un monde à part » (Pierre MARTEL).3

Un relief accidenté entrecoupé de larges vallées Par sa situation géographique privilégiée entre Alpes et Méditerranée, des conditions de climat originales, l’opposition nord-sud de ses versants, son relief accusé, le Luberon est reconnaissable entre

2 Parc naturel régional du Luberon – Extraits du site Internet www.parcduluberon.fr 3 Extrait : Luberon – Les villages – Guide Gallimard 2000 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon tous les massifs provençaux. Le territoire du parc naturel régional du Luberon est marqué par un relief accidenté entrecoupé de larges vallées. Le principal relief est la montagne du Luberon. La rivière de l’Aiguebrun, qui traverse du nord au sud ce massif, sépare le Petit Luberon (110 m - 727 m) à l’ouest du Grand Luberon (350 m - 1125 m ) à l’est. La terminaison orientale du massif porte le nom de Luberon Oriental (280 m - 976 m). Au nord, le Luberon est bordé par les vallées du Coulon-Calavon et du Largue, où l’on distingue le bassin d’Apt, à l’Ouest, de celui de Manosque-Forcalquier, à l’est. Toujours vers le nord, les Monts de Vaucluse (200 m - 1256 m) servent de contrefort aux massifs du Ventoux et de Lure. Vers le sud, le Luberon domine le bassin de la Durance et le pays d’Aigues. de

Un patrimoine naturel et culturel remarquable Un patrimoine géologique protégé L’histoire géologique du Luberon, peut être retracée jusqu’à 160 millions d’années, est rythmée par une succession d’événements dont les seuls témoignages sont les roches, les fossiles, les failles et les plis. Ainsi, calcaires, marnes, sables et autres roches sédimentaires témoignent des mers qui sont venues balayer le territoire, des lacs et des lagunes qui l’ont occupé, ou encore de la mise en place des reliefs. Les fossiles d’animaux et de végétaux, remarquablement conservés, retracent l’évolution des climats et des paysages. Enfin, failles et plis attestent des fortes tensions et des étirements qu’a subis toute la « couverture sédimentaire » du territoire. Pour protéger ce patrimoine, une Réserve naturelle géologique a été mise en place.

Un réseau hydrographique de surface limité par le climat et la nature calcaire du sol Le climat sec et la nature calcaire du sol ne favorisent pas la présence d’eau dans le Luberon en surface. Sources, ruisseaux, rivières ne sont pourtant pas absents mais se trouvent seulement dans les plaines et les piémonts des massifs. Le réseau hydrographique local est constitué par la Durance et ses affluents, petits cours d’eau descendant du Luberon. Alimentés principalement par les pluies, ces cours d’eau fluctuent avec l’importance de celles-ci et ont donc un régime torrentiel typique des cours d’eau méditerranéens (régime pluvial). Seul l’Aiguebrun est un cours d’eau permanent. Les autres, sont semi-permanents ou temporaires, voire à écoulement exceptionnel (régime d’oued). Mais tous peuvent grossir brusquement et violemment suite aux orages. Les grand bassins versants qui concernent le territoire du Parc sont : le bassin versant du Calavon (98 753 ha), le bassin versant du sud Luberon (80 884 ha), le bassin versant du Largue (37 494 ha), le bassin versant du Lauzon (17 778 ha), le bassin versant de la Sorgue (30 132 ha).4

Un climat de type méditerranéen avec une influence de type continental Les pays du Luberon sont caractérisés par la présence de différentes nuances climatiques à l'intérieur d'un contexte général de type méditerranéen (secteurs méridional et occidental) et sub-méditerranéen (secteurs septentrional et oriental). Cependant, certaines influences de type continental se font sentir : les hivers peuvent être rudes (surtout dans la partie septentrionale de la région) et le nombre de jours de gel est localement important (surtout par rapport à la basse Provence). Une variabilité climatique importante est favorisée par le relief, avec une amplitude altimétrique de 900 m environ et le jeu des différences d'exposition.

4 Bassin versant : surface d'alimentation d'un réseau hydrographique (ensemble de cours d'eau); à l'intérieur de cette aire de collecte, les eaux de pluies se rassemblent et s'écoulent en surface ou en souterrain vers un exutoire. 8 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

On remarque un gradient d'humidité de l'ouest (plus sec) vers l'est (plus humide) et du sud au nord dans l'ensemble de la région provençale. Les zones occidentales (ex: Petit Luberon) sont particulièrement soumises au mistral, vent froid et séchant du nord-ouest, tandis que dans le pays d'Aigues son influence est atténuée.

Une végétation de type méditerranéen diversifiée Le Luberon offre un magnifique ensemble de paysages caractéristiques assurant une représentation complète des associations végétales classiques de la moyenne Provence intérieure. Il est généralement admis d'y distinguer trois zones ou étages de végétation : • L’étage méso-méditerranéen, présent depuis les basses altitudes dans la plaine, il remonte sur les versants sud globalement jusqu'à 800-900 m d'altitude. Il est bien représenté également sur le versant nord du Petit Luberon • L’étage supra-méditerranéen, situé au dessus de 800-900 m en adret et sur le versant nord du Grand Luberon • L'étage montagnard enclavé dans les parties supérieures du versant nord du Grand Luberon et au dessus de 950-1000 m sur les Monts de Vaucluse L'homme a établi d'importantes zones agricoles dans les plaines et sur les plateaux, alors que les pentes ont davantage conservé une végétation de type forestier associées à des milieux ouverts (garrigues et pelouses). Sur le territoire du parc du Luberon, au sud, dominent le pin d'Alep et le chêne vert, mêlés par endroit au chêne pubescent, alors qu'au nord le chêne pubescent est majoritaire, avec ponctuellement du hêtre à la faveur de l'altitude.

Un très riche patrimoine culturel, architectural et rural Les sites archéologiques sont nombreux témoignant de l’occupation très ancienne de certains secteurs du Luberon (sites datant du Néolithique, anciens oppidums gallo-romains…). Remontant aux Xème-XIIème siècles, le village perché est l’une des formes d’habitat les plus caractéristiques du Luberon et jouait à l’origine un rôle essentiellement défensif avec les milieux forestiers et le terroir agricole s’étendant autour. De nombreux châteaux édifiés au Moyen âge, aux vestiges plus ou moins importants, jalonnent également le paysage du Luberon, dominant les villages ou isolés et entourés de grands domaines agricoles ou forestiers. Le patrimoine rural, défini comme « l’ensemble des éléments bâtis à usage collectif n’ayant reçu aucune protection au titre des Monuments Historiques », est également très important comprend : • L’architecture agricole et industrielle (pigeonniers, moulins, fours, les aires de battage, ruchers, éoliennes, bâtiments à usage industriel, bories, cabanons) • L’architecture religieuse (chapelles, prieurés, temples, croix de chemin, oratoires) • L’architecture civile et de défense (portes de village, remparts, tours, beffrois, campaniles, halles, calades, bornes) • L’architecture de l’eau (fontaines, lavoirs, aiguiers, glacières, puits, réservoirs, mines d’eau) Les bories en particulier, bâties par empilement de pierres sans mortier, sont typiques du Luberon et avaient jadis un usage agricole ou pastoral. Il en subsiste un grand nombre (1600 bories inventoriées sur 11 communes du Parc), de formes et de dimensions diverses, disséminées dans la campagne.

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Historique de la propriété et de l’utilisation des terres La forêt

a) Des peuplements forestiers diversifiés Les espaces forestiers du parc naturel régional du Luberon sont constitués de pinèdes, de chênaies vertes et pubescentes, de cédraies, de hêtraies et de forêts alluviales (90 % environ des milieux naturels) ainsi que de milieux ouverts associés (garrigues et pelouses). Ils représentent quelques 100 000 ha, soit près de 60 % du territoire. Du point de vue de la propriété foncière, la propriété privée est extrêmement morcelée avec 18 863 propriétaires privés pour 42 798 ha selon le cadastre5. La forêt publique (domaniale et communale), qui ne couvre qu’1/3 de la surface boisée, est quant à elle gérée dans sa quasi totalité par l’ONF. Avec la déprise agricole, l’abandon des terres cultivables et la diminution de l’élevage extensif, les superficies boisées ne cessent de s’accroître. En terme d’usages et d’enjeux socio-économiques, la forêt du Parc du Luberon est très comparable au reste de la région PACA.

b) Une forêt peu rentable au plan de la production de bois La productivité est faible, la forêt est donc peu rentable à ce point de vue. Les taux de prélèvements sont très inférieurs à ceux du reste du territoire français (30 % contre 65 %) ceci est accentué par l’augmentation du taux d’accroissement biologique, le volume sur pied augmente de façon continue. Les gains sont le plus souvent inférieurs aux coûts de gestion, la valeur des produits ligneux étant faible. Quelques produits spécifiques sont cependant intéressants et exploités dans les zones les plus faciles d’accès. Il s’agit notamment, du chêne vert et du chêne pubescent (bois de chauffage) et d’industrie dans les pinèdes (papeterie de Tarascon) mais les cours des résineux s’effondrent. Les recettes de l’ONF en 1996 pour la forêt domaniale en région PACA6 étaient de l’ordre de 3 millions d’euros et les dépenses d’environ 10,7 millions d’euros. L’avantage pour les forêts publiques, réside dans le fait qu’il existe une compensation par redistribution interne au budget de l’ONF concernant les forêts domaniales et un versement compensateur pour les forêts des collectivités. A titre indicatif le tableau ci-dessous présente quelques valeurs de bois vendus : Essences Catégorie Valeur moyenne du bois vendu en 2004 Cèdre de l’Atlas 25 et + 30€/m3 Cèdre de l’Atlas 20 et - 23€/m3 Pin d’Alep 25 et + 7,5€/m3 Pin d’Alep 20 et - 6€/m3 Chêne pubescent Bois de feu 7/11€/m3 (1998) Chêne vert Bois de feu 9€/m3 Plaquettes-bois Bois de feu/ Bois énergie 21 €/T

Il faut noter que de 1995 à 2003 : • les cours se sont effondrés pour les résineux communs (exemples du pin sylvestre et du pin d'alep) passant, en prix constant, de 10 ou 12 €/ m³ à 5 €/ m³. • les cours sont restés soutenus pour le bois de feu, passant de 12 ou 13 €/ m³ à 16 €/ m³. Le marché du bois sur le plan local se résume ainsi :

5 CRPF PACA & PNR Luberon, 1999 – Forêt et gestion durable sur le territoire du Parc Naturel Régional du Luberon 6Bianco J.L., 1998 – La forêt : une chance pour la France – Rev. For. Fr. L – 6-1998, pp. 585-586. Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

- Les résineux sont essentiellement valorisés en trituration via l’usine à papier de Tarascon (Bouches-du-Rhône). - Les chênes verts et pubescents sont utilisés en bois de chauffage dont la demande est en forte progression depuis quelques années (de la part de la population locale et des potentiels de développement possibles notamment en terme de filière bois énergie). - Dans les Alpes de Haute Provence, seules trouvent preneurs les coupes de taillis de chêne offrant un volume à l’hectare important (> 50 m3) et présentant de plus des conditions d’exploitation facilitées par un accès aisé de la forêt et de la parcelle elle-même et les produits d’un diamètre suffisamment conséquent correspondant au marché actuel du bois de chauffage (cheminées ou inserts ont remplacé les poêles à bois). - Depuis cinq ans environ, le Parc naturel régional du Luberon mène une politique active en faveur du développement de la filière bois-énergie à partir de la valorisation des sous-produits forestiers. Le pari initial était que si la demande de combustible bois se développait, une offre apparaîtrait naturellement et se structurerait pour répondre aux besoins. Pour tenir ce pari audacieux, il fallait donc initier un nombre significatif de projets dans un périmètre restreint, et le Parc a profité de sa position privilégiée auprès des communes adhérentes pour les inciter à adopter ce mode alternatif de chauffage. Il a fallu franchir des étapes importantes : 1)favoriser l'émergence de projets communaux, 2)contractualiser la fourniture du combustible "plaquettes-bois" et aujourd’hui 3)encourager une production locale de combustible pour réduire les coûts (elle aurait encore plus d’impact en termes d'emplois et de valorisation forestière communale). Début 2004, ce sont sept chaufferies automatiques installées, ou en chantier, et au moins autant de projets à divers stades d’avancement qui sont recensés sur le territoire. En forêt privée, devant le coût démesuré de toute opération par rapport à la valeur du bois et le manque de choix en terme d’exploitants forestier (effectif en diminution comme celui des bûcherons qui ne sont pas remplacés), les exploitations soignées et rentables sont rares. Le facteur limitant pour l’exploitation est lié à la présence de terrains accidentés. Enfin, la production truffière est en plein essor qui se traduit par la plantation de terres agricoles, de landes et de friches.

c) Risque incendie et patrimoine naturel Le risque incendie est par endroit extrêmement élevé. Des améliorations structurales des peuplements forestiers sont effectuées localement dans les taillis de feuillus et les pineraies de pin d’Alep dans le cadre de la D.F.C.I. (Défense des Forêts Contre l’Incendie). Un important travail de prévention est mené depuis les années 1980 avec la mise en place de six PIDAF (Plans Intercommunaux de Débroussaillements et d’Aménagements forestiers) sur le territoire du Parc du Luberon. L’urbanisation en forêt avec l’important « mitage » induit est un problème majeur, que le PIG (Plan d’Intérêt Général) Feu de Forêt, initié par le Parc du Luberon, solutionne en partie dans les zones d’application. Une grande partie des forêts sont situées dans les secteurs reconnus de Valeur Biologique Majeure. Les différentes mesures de gestion prises sur le territoire du Parc intègrent cette composante majeure. Dans une région au très fort attrait touristique avec un important attachement des populations locales à leur patrimoine, la forêt joue un rôle paysager et récréatif majeur.

Une agriculture diversifiée tendant vers une déprise

a) L’agriculture Clef de voûte de l’économie locale, l’agriculture, malgré l’exode rural et les diverses mutations qu’elle a subis, a réussi à se maintenir : viticulture, arboriculture fruitière, oléiculture, céréales, cultures de lavande, plantes médicinales et aromatiques…. La solide organisation de la profession engagée par les coopératives, unions, groupements de développement agricoles a permis de restructurer la profession vers des activités de transformation

13 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon rentables. La cerise et la vigne sont les deux grandes productions qui prédominent dans le Luberon. Trois grandes zones agricoles se découpent : ?? Les massifs et contreforts où dominent l’élevage caprin (1500 chèvres de race alpine) et ovin (4 brebis du Vaucluse sur 10 sont élevées en Luberon). La renommée des fromages de chèvre fermiers et de la viande d’agneau est le résultat d’une tradition d’élevage associée à la culture de la lavande (800 hectares) et à la production de miel (7000 ruches). L’exploitation de la truffe y est également pratiquée. ?? Les coteaux où se développe la vigne d’où l’on extrait près de la moitié du raisin de table français sur 5 000 hectares et trois crus en appellations d’origine contrôlée sur 800 hectares. ?? La plaine de la Durance héritière d’un système d’irrigation où prospèrent vergers et cultures de primeurs (melon, asperge verte…) et celle du Calavon pour laquelle les faibles capacités en eau actuelle ne permettent pour le moment que des cultures légumières de saison (asperges blanches, carottes d’hiver…). La pratique de cultures en tunnel, conjuguée à la richesse des sols, est à l’origine du développement du maraîchage en plaine. Le monde agricole a su s’organiser tant par la création de gîtes ruraux que par la mise en place de « marchés paysans » ou par la vente directe, afin de profiter d’une clientèle touristique régionale en expansion. Beaucoup reste encore à faire. On assiste aujourd’hui à un vieillissement global de la population agricole. On estime à l’heure actuelle qu’environ 3000 agriculteurs exploitent 45 000 hectares (soit 1 pour 15). La moitié des agriculteurs présents au dernier recensement agricole de 1988 sur le Luberon ne seraient plus en activité aujourd’hui. La population agricole qui représentait 15 % de la population totale dans les villages en 1975, n’était plus que de 8 % en 1990. Le nombre de chefs d’exploitation a baissé de 25 % entre 1970 et 1988 et la superficie agricole a diminué de 8 800 hectares soit 14 % pour cette même période. Le taux de succession est de seulement 3 jeunes agriculteurs reprenant l’exploitation sur 10 parents exerçant. Les cultures maraîchères ont très fortement régressé en vallée de la Durance, les superficies agricoles en vergers par contre ont augmenté. Si les surfaces de raisins de table sont en sensible diminution, la production autour de la viticulture se renforce quant-à-elle avec l’émergence de trois appellations viticoles A.O.C. Côtes du Luberon, A.O.C. Côtes du Ventoux, V.D.S.Q. Côtes de Pierrevert. Face à la déprise agricole et à la pression urbaine auxquelles sont confrontées certaines zones du territoire du Luberon, l’un des éléments clés du développement agricole et du maintien des paysages sur le territoire du Parc naturel régional du Luberon est lié à la maîtrise du foncier. Le Parc naturel régional du Luberon œuvre dans ce sens, depuis plusieurs années, avec les communes au niveau des plans d’urbanisme. Aujourd’hui, les acteurs locaux, communautés de communes et profession agricole, souhaitent avoir une démarche complémentaire pour accompagner le maintien, voire l'installation, d'agriculteurs et pérenniser la vocation agricole des terres. En terme de lutte contre la propagation des incendies, le maintien des interfaces agricoles est un enjeu majeur qui a fait l’objet de mesures agri-environnementales spécifiques.

b) Les activités pastorales Le nombre d’agriculteurs ovins ne cesse de diminuer chaque année mais l’effectif global du cheptel reste encore assez stable. Sur le territoire du Parc, 42 000 têtes de bétail sont comptabilisées pour quelques 200 troupeaux. L’élevage caprin quant à lui continue à se développer (augmentation de la taille des troupeaux). Les candidats à l’installation sont pourtant nombreux mais ils renoncent devant la difficulté d’accéder au foncier (bâtis et terres). Les structures d’exploitation des éleveurs ovins sont de quatre types (volet agro-socio- économique de l’INRA) :

14 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

?? « Producteurs d’agneaux » (d’origine locale avec un cheptel croissant, une mobilité restreinte et une recherche de productivité), ?? « Nouveaux éleveurs » (d’origine extérieure, avec un cheptel important, une grande mobilité et une productivité faible), ?? « Éleveurs pastoraux locaux » (exploitation familiale, d’origine locale avec des cheptels petits ou moyens et peu de mobilité hors transhumance), ?? « Éleveurs jongleurs » (éleveurs transhumants à gros troupeaux avec une forte mobilité grâce à des bergers). Le rapprochement des acteurs par voie de contractualisation est apparu comme un moyen efficace pour en assurer la pérennité. Les contrats d’entretiens de type MAE (Mesures Agri- Environnementales) ont introduit un changement fondamental dans la pratique des éleveurs qui, sensibilisés et accompagnés, s’engagent à adapter des pratiques pastorales aux contraintes externes, devenant ainsi les partenaires reconnus des gestionnaires des milieux naturels. Aujourd’hui, les Contrats d’agriculture durable (CAD) se mettent en place avec difficultés et à cela s’ajoute des enjeux fonciers (complexité des parcellaires pour l’obtention d’accords de pâturage, prix du bâti rédibitoires pour l’installation…). Les actions menées dans le cadre de la charte forestière de territoire se base sur le retour du pâturage dans des logiques d’aménagement multi-usages intégrant le risque d’incendie, les aspects forestiers, pastoraux, cynégétiques, écologiques, paysagers, patrimoniaux et touristiques. Avant la charte forestière de territoire une opération pilote exemplaire avait été conduite sur la commune de Saint Saturnin-lès-Apt. 7.

Les activités cynégétiques Les activités cynégétiques sont importantes sur le territoire du Parc. Il est difficile de l’évaluer précisément et d’en connaître son évolution exacte. Du fait de son caractère traditionnel marqué, son poids social est particulièrement fort. Ainsi, une société de chasse locale est présente dans chaque commune du Parc dans le Vaucluse. 11 présidents (sur 44 sociétés de chasse soit 25 %) font également partie du conseil municipal de leur commune, ce qui traduit le lien étroit entre le monde de la chasse et les élus. Les chasseurs et leurs représentants, en particulier les Fédérations départementales des chasseurs, sont intégrés aux réflexions concernant la gestion des milieux naturels. En forêt domaniale, la location de chasse est fixée pour 6 ans tandis qu’en forêt communale, la durée est décidée par la commune et généralement louée à l’euro symbolique à la société de chasse locale. Cependant, la valeur potentielle de la chasse est en moyenne estimée à 3€/ha/an dans les aménagements forestiers. Les sociétés de chasse privées sont nombreuses et de « grandes chasses privées » sont organisées sur certains domaines forestiers (sur les hauts versants des Monts de Vaucluse et le plateau de Lagarde d’Apt notamment). Il existe une convention signée entre le PNRL et chaque Fédération des chasseurs pour atteindre l’objectif d’une gestion patrimoniale de la ressource cynégétique, respectueuse des équilibres naturels. Il y est notamment prévu la collaboration entre les deux parties pour la mise en valeur, voire la restauration des espaces ouverts, en recherchant les modes de gestion cohérents avec la préservation du petit gibier. De façon globale, les populations de petit gibier sont en baisse et celles de grands gibier en forte hausse. En terme de gestion multi-usages, il n’apparaît généralement pas de situation conflictuelles non négociables avec les sociétés de chasse. Pour les zones d’influence urbaines davantage de problèmes se posent (notamment en ce qui concerne la chasse au sanglier). Généralement des difficultés apparaissent liées à la cohabitation des usages (périodes de chasse), aux débroussaillements et à

7 Beylier B. (CERPAM) & REBATTET S. (URSPFS)., 2000. Gestion multi-usages et paysages à Saint Saturnin-lès-Apt.

15 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon l’ouverture des milieux, à la présence de clôtures (ressenties comme une appropriation de domaines, des entraves à la circulation)… La chasse au petit gibier présente de forte convergence avec les activités pastorales (aménagements parfois communs).

Les activités touristiques

a) Quelques chiffres concernant les séjours touristiques Plus d’un millier d’emplois sont directement liés sur le territoire du Parc aux activités touristiques. La capacité d’hébergement est en augmentation constante. Elle représentait en 1995 environ 15 000 lits, répartis en une centaine d’hôtels, une quarantaine de campings, 340 gîtes ruraux, 200 chambres d’hôtes et une trentaine d’hébergements collectifs (gîtes d’étapes et centres d’accueil). 6 000 résidences secondaires ont été recensées en 1988 (environ 18 000 lits). Au tourisme local et aux activités de loisirs des habitants du massif viennent s’ajouter d’importants flux de touristes extra départementaux (38 % des séjours et 18 % des nuitées), extra régionaux et internationaux (62 % des séjours et 82 % des nuitées). Parmi ces touristes, 25 % pratiquent des activités de plein air ou des visites de sites naturels.

b) Fréquentation en milieux naturels Les Plans Départementaux d’Itinéraires de Promenade et de Randonnée (P.D.I.P.R.) se mettent en place progressivement à l’échelle des départements : trois sentiers de Grande Randonnée (GR) balisés à l’échelle nationale, de nombreux circuits de Promenade et Randonnée (PR), des circuits de Vélo tout terrain (VTT) et plus rarement des sentiers équestres sillonnent le territoire. Le parc naturel régional joue un rôle majeur de coordination de ce réseau dont l’entretien est financé par la collectivité. Une enquête sur la randonnée menée par le PNRL a permis d’évaluer, sur six sites naturels (Mourre Nègre, gorges de Véroncle, Bastidon du Pradon, Colorado provençal, -Chantebelle et Oppedette), une fréquentation saisonnière importante : de début avril à mi-novembre, avec une forte chute en juillet et août, pour la randonnée pédestre et le VTT ; d’avril à octobre avec un pic d’été pour la randonnée équestre. Une précédente enquête réalisée de mars à novembre 1988 avait estimé la présence de : 100 000 visiteurs dans le vallon de l’Aiguebrun 45 000 visiteurs dans la forêt de cèdres de , 20 000 visiteurs aux gorges de Régalon (Craux du Petit Luberon) et 16 000 visiteurs à Oppède le Vieux (nord du Petit Luberon). Quelques chiffres récents soulignent une augmentation de la fréquentation puisque dans les gorges de Régalon, une centaine de voitures par jour ont été comptées de juin à septembre 1999 (soit environ 30 000 personnes). Dans la Foret de cèdres (Bonnieux), le nombre de visiteurs a été estimé à 60 000 pour l’année. A , dans le Colorado provençal, les entrées payantes ont permis de comptabiliser 60 000 visiteurs pour 1996-1997.

c) Potentialités d’itinéraires de randonnée naturaliste Une demande importante existe en terme d’itinéraire de randonnée naturaliste pour la découverte des richesses faunistiques et floristiques du Parc émanant de naturalistes étrangers (anglais, américains, japonais…) et potentiellement français. Certaines agences touristiques telles que Provence Grandeur Nature élaborent des séjours à thématiques spécifiques “ A la rencontre des lieux et des gens ”, permettant une découverte du patrimoine naturel et culturel, sous une forme originale.

d) Accueil de clientèle par des prestations en milieu naturel L’ONF a été à l’origine de la restauration de cabanons forestiers utilisés comme abri pour les randonneurs. Des visites guidées par des agents de l’ONF payantes sont proposées sur des sites comme la Forêt des Cèdres.

16 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

Deux « gîtes Panda » (label accordé par le WWF et la Fédération des parcs régionaux de France) sont actuellement implantés en milieu forestier sur des propriétés d’une centaine d’hectares. Aux départs des gîtes, peuvent être organisés des itinéraires de découverte naturaliste. Pour les propriétés forestières sur lesquelles sont présentes un bâtiment en état, il serait intéressant d’étudier la possibilité de conversion en structure d’hébergement et d’orienter la gestion du massif à des fins d’accueil du public. Mis en place par le CRPF, Forestour est une initiative devant permettre de concilier une diversification touristique en forêt privée tout en respectant son authenticité, par l’ouverture de gîtes, chambres d’hôte, campings, centres équestres… et ainsi d’assurer une ressource économique pour les propriétaires privés. 28 personnes inscrites au réseau Forestour domiciliées dans une commune du Parc sont susceptibles de mettre en œuvre des prestations d’accueil du public sur leur propriété. La législation actuelle (notamment le PIG réglementant l’urbanisation en forêt dans les zones à risques fort d’incendie) limite cette initiative. Il faut noter un manque important de structures d’hébergement de type refuge et abris isolées en milieu naturel destinées aux randonneurs.

Une dynamique importante de la population et une population vieillissante

a) Une dynamique de la population à l’image de la dynamique nationale Depuis le recensement de 1982, le Parc a connu un accroissement de 26 % de sa population, deux fois supérieur à la croissance régionale (13%). Pourtant la densité du parc naturel régional reste la moitié de celle de la région (territoire de campagne et de montagne), entre 1982 et 1999, elle est passée de 54 à 74 habitants au km², (125 à 142 hab./km² pour la région et 100 à 108 hab./km² pour la France). Le sud Luberon reste le plus attractif, une bande continue de Cavaillon à Villeneuve (limité au nord par le Grand Luberon) forme une zone plus dense de population, influencée par les grandes villes du Sud (Aix, Marseille) et de l’Ouest (). Le Luberon devient un espace périurbain pour ces agglomérations grâce à l’amélioration des transports qui rendent leurs zones d’emplois proches en distance-temps. C’est également la zone qui a reçu le plus de population entre 1990 et 1999. Les montagnes du nord- est qui restaient les moins peuplées ont été en croissance à plus de 2% par an. Le bassin d’Apt est la seule zone à perdre de la population (enclavement, prix du foncier, politique de logement…). Seuls St Saturnin-lès-Apt, Gargas et Villars semblent échapper à la perte de population...).

b) Une population vieillissante Le parc naturel régional se caractérise par un vieillissement de la population reflétant la tendance de la région PACA et de l’ensemble de la population française. Sur le territoire, la part des plus de 60 ans a dépassé la part des moins de 20 ans dans la population en 1999. Le nombre de personnes de plus de 60 ans a nettement augmenté depuis 1990 (+5244 personnes) et représente aujourd’hui presque 25 % de la population. Cette augmentation s’est faite géographiquement par une progression vers le nord du territoire dans les communes rurales. A l’opposé, le nombre et la part des jeunes de moins de 20 ans ont diminué. C’est le résultat de phénomènes qui s’additionnent : l’un naturel et l’autre migratoire. Le premier est une baisse de la natalité intervenue entre 1974 et 1980. Le second est dû au départ d’étudiants qui vont poursuivre leurs études en dehors du territoire du parc naturel régional. La perte s’est effectuée surtout au nord et au centre du territoire. Le « creux » des 20-25 ans est présent sur les deux pyramides des ages du parc et régionale mais il est plus accentué sur le Parc. Au contraire, la part des 35-50 ans et des 55-75 ans est plus importante dans le Luberon qu’en PACA (attraction du territoire). Ce surcroît de population a pour conséquence une part importante de jeunes de 5-15 ans (enfants des 40-60 ans) supérieure à la moyenne régionale...

17 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

Emploi et activité : développement du secteur tertiaire et réduction des disparités homme - femme Le territoire du Luberon, par son caractère rural et montagneux n’est pas a proprement parlé une zone de forte attraction économique. La majorité des emplois de la région sont drainés vers Avignon, Aix- en-Provence ou Marseille. Cependant, le nombre d’actifs sur l’ensemble du territoire a augmenté. La situation des femmes tend à se rapprocher de celle des hommes, vis à vis de l’emploi mais aussi du chômage. La dynamique économique est encore fortement marqué par le secteur agricole malgré le déclin de ce dernier. On observe la prédominance du secteur tertiaire (tourisme et services). Ce secteur est l’activité principale de plus de 80% des communes situées sur le territoire du parc.

Pression foncière et urbanisme, un enjeu majeur L’extension du bâti a longtemps été possible en zone boisée (anciens terrains agricoles recolonisés par la forêt) grâce à des documents d’urbanisme alors favorables ou inexistants. Le phénomène de construction en milieux naturel et agricole, connu sous le terme de « mitage », pose de sérieux problèmes en terme de risque d’incendies et de destruction du milieu naturel. Les mesures réglementaires prises ces dernières années permettent de mieux contrôler l’urbanisme. La présence de la zone de nature et de silence opposable aux documents d’urbanisme interdit en son sein toute construction nouvelle ou installation classée pour la protection de l’environnement, seule exception, l’installation de cabanes pastorales (abris, bergeries…) ?? Le Projet d’Intérêt Général (PIG) feux de forêts dans le massif du Luberon instauré en 1990 a permis de mettre un frein au phénomène de mitage des forêts par les habitations. Il ne concerne cependant pas les Monts de Vaucluse et le département des Alpes de Haute- Provence. Les Plans de Prévention des Risques (PPR) qui se mettent en place progressivement permettent de compléter efficacement le rôle du PIG dans les communes où il est absent ?? A l’heure actuelle, presque toutes les communes adhérentes au Parc (exceptées 7) font l’objet d’un Plan d’Occupation du Sol (POS) ou d’un Plan local d’urbanisme (PLU) opposable au tiers

Des activités industrielles limitées : Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE) et autres aménagements majeurs Le territoire du Parc connaît des activités industrielles limitées de type « Installations Classées pour la Protection de l’Environnement » (agro-industrie, carrières, stockages d’hydrocarbures,…). Depuis la mise en place du PIG entraînant un besoin d’apport d’eau sous forte pression, l’installation de réservoirs d’eau par la Société du Canal de Provence font l’objet de différents projets passant généralement en milieu naturel. Une demande d’autorisation d’installations d’éoliennes sur la commune de Murs laisse présager la possibilité de projets similaires dans les secteurs les plus exposés à l’influence du Mistral (Monts de Vaucluse et Petit Luberon notamment).

Caractéristiques des espaces forestiers du Luberon en quelques points Les espaces forestiers du parc naturel régional du Luberon sont constitués de pinèdes, de chênaies vertes et pubescentes, de cédraies, de hêtraies et de forêts alluviales (90 % environ des milieux naturels) ainsi que de milieux ouverts associés (garrigues et pelouses). Ils représentent, avec près de 100 000 ha, 60 % du territoire. Pour résumer, ils sont caractérisés par :

18 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

• un remarquable patrimoine naturel avec une grande biodiversité liée à la mosaïque de milieux ouverts et cultivés, aux différents stades forestiers, aux zones humides, aux haies, etc. 8et une réserve naturelle géologique concernant 31 communes9 • un très riche patrimoine culturel et historique (sites archéologiques datant du paléolithique au néolithique, oppida gallo-romains, patrimoine moyenâgeux, bories, aiguiers, charbonnières…) • des enjeux paysagers majeurs (élément du cadre de vie, le paysage est diversifié grâce une mosaïque de milieux agricoles, ouverts et forestiers ; il est localement très sensible, ainsi, récemment, le site des Ocres a été classé au titre de la Loi Paysage) • une agriculture diversifiée avec une diminution du nombre d’exploitations mais des superficies encore relativement stables10 • des activités pastorales encore présentes • des risques importants de feux11 • une faible valeur économique du bois aggravée par la difficulté de sa mobilisation (relief, distances de débardage) : transformation en bois de feu pour le chêne et, pour le pin, en pâte à papier, plaquettes utilisées dans les chaufferies-bois ou palettes12. Pourtant, 1000 m3 de bois mobilisés en plus représenteraient en région PACA un emploi supplémentaire. • un fort morcellement de la propriété foncière (2/3 des surfaces forestières sont privées avec, selon le cadastre, 18 863 propriétaires pour 42 798 ha classés en « bois » et seulement 38 % des propriétés font plus de 25 ha) • un déficit de gestion en domaine privé (source CRPF : la procédure d’aménagement prévue pour les propriétés forestières de plus de 25 ha, le Plan simple de gestion, n’est mise en place que pour 20 % d’entre elles) • une place importante de la chasse (il existe une société de chasse dans chacune des 70 communes du Parc avec environ 3 000 chasseurs pour la saison 2002-2003) • une fréquentation touristique croissante, liée notamment à la randonnée13 • une pression d’urbanisation forte mais maîtrisée grâce à des documents d’urbanisme cherchant tout à la fois à protéger les milieux forestiers, mais aussi à protéger les maisons contre les feux de forets. En Luberon, il a été mis en pratique cette vérité simple « La meilleure façon de protéger les maisons contre les feux de forets est de ne pas les construire en foret »14

8 Source PNRL : 1500 espèces de la flore sur les 4300 espèces françaises (Guende, 1996) ; 306 espèces de vertébrés (Gallardo, 1996) ; 16000 à 18000 espèces d’insectes sur les 35 300 espèces recensées en France (Favet, 1998) 9 28 sites fossilifères protégés et 27 communes en périmètre de protection soit environ 70 000 ha 10 Source RGA 2000–datagreste : entre 1988 et 2000, le nombre de chefs d’exploitation est passé de 2 111 à 1 488 et les superficies utilisées de 55 177 ha à 54 047 ha 11 Source Prométhée : entre 1973 et 2003, il y a eu 1 189 départs de feu et 4 736 ha ont brûlé 12 Source IFN : les taux de prélèvements, d’environ 30%, sont très inférieurs à ceux du reste du territoire français qui sont de 65 % ; les gains sont souvent inférieurs aux coûts de gestion, à titre indicatif 6 à 7 €/m3 pour le pin destiné à la trituration, 21 €/T de bois transformé en plaquettes et 9 à 10 €/stère pour le chêne 13 Source CDT Vaucluse – OT d’Avignon : près de 4 millions de touristes ont été accueillis en Vaucluse en 2002 dont 192 800 visiteurs à l’Abbaye de Sénanque ; source ONF : quelque 30 000 personnes ont fréquenté les Gorges de Régalon entre juin et septembre 1999 ; environ 15 000 véhicules ont utilisé le parking de la forêt de cèdres de Bonnieux entre le 15 mars et le 15 octobre 2002 14 Source RGP99 - INSEE : 9 454 logements ont été construits entre 1990 et 1999, soit une augmentation de 12,6 % contre 9,4 % en moyenne nationale

19 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

CONTEXTE INSTITUTIONNEL

Législation Les parcs naturels régionaux de France La France comporte de vastes territoires ruraux au patrimoine naturel et culturel remarquable. Un parc naturel régional est un territoire rural, reconnu au niveau national pour sa forte valeur patrimoniale et paysagère, qui s’organise autour d’un projet concerté de développement durable, fondé sur la protection et la valorisation de son patrimoine. Le projet de parc est élaboré dans la concertation la plus large possible entre toutes les forces vives du territoire concerné. L’accord qui se dégage entre les collectivités territoriales (Conseil(s) régional(aux), Conseil(s) général(aux), communes du territoire) et les différents partenaires, est mis en forme dans un contrat : la Charte renouvelée tous les 10 ans. Il a pour vocation de protéger et valoriser le patrimoine naturel, culturel et humain de son territoire en mettant en œuvre une politique innovante d’aménagement et de développement économique, social et culturel respectueuse de l’environnement. Dans le cadre des missions qui lui sont assignées, un parc naturel régional doit concilier : - la protection et la mise en valeur des patrimoines naturel, culturel et paysager - le développement économique et social, l’amélioration du cadre de vie et l’aménagement de son territoire - l’accueil, l’éducation et l’information du public

Les chartes forestières de territoire en France15 Issue de la loi n°2001-602 du 9 juillet 2001 dite d'orientation sur la forêt, « La charte forestière de territoire, signée pour une durée déterminée, porte sur un territoire identifié a priori comme pertinent vis-à-vis d'une ou plusieurs problématiques, selon la logique suivante : une problématique, des acteurs, un territoire, une charte. La prise en compte de l’intérêt général est assurée par la vérification, par les acteurs eux-mêmes, de la cohérence du projet au regard de la gestion durable multifonctionnelle de la forêt, par la transparence de la négociation au regard de tous les intérêts des partenaires identifiés sur le territoire et, par l’implication souhaitable des élus locaux. »16 LA CHARTE FORESTIERE DE TERRITOIRE EN QUELQUES PRINCIPES

Une charte forestière de territoire est établie pour une durée déterminée et repose sur un principe de volontariat. La charte doit concerner un territoire identifié et pertinent pour élaborer un programme d'action pluriannuel, intégrer le caractère multifonctionnel des forêts et prendre en compte la diversité des marchés des produits forestiers. La charte doit déterminer en terme de droits et de devoirs les relations entre les propriétaires et les représentants de la demande sociale et les orientations de gestion à mettre en place. La charte permet d'ancrer l'orientation en faveur de la gestion durable des forets dans une démarche de contractualisation et d'associer le monde associatif aux actions menées. Au travers des chartes, l'Etat souhaite encourager tous les acteurs territoriaux locaux, propriétaires, gestionnaires, utilisateurs, élus, représentants des milieux associatifs et socioprofessionels, à négocier les conditions de satisfaction des demandes particulières adressées à la Forêt.

15 Observatoire de la Forêt Méditerranéenne - Extraits du Site internet www.OFME.org 16 Jean GLAVANY, Ministre français de l’agriculture et de la pêche - Extrait de la circulaire du 15 février 2001 : Chartes de territoire forestier, mise en place expérimentale

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Ainsi la charte donne lieu à des conventions conclues entre d'une part, un ou des propriétaires forestiers, leurs mandataires ou leurs organisations représentatives, et d'autre part l'Etat, les collectivités territoriales, les divers opérateurs économiques, les établissements publics ou encore les associations d'usagers de la forêt ou de protection de l'environnement. Ces conventions peuvent donner lieu à des aides publiques sous réserve du respect des dispositions du code forestier, en contrepartie des services environnementaux et sociaux rendus par la forêt, lorsqu'ils induisent des contraintes particulières ou des surcoûts d'investissement ou de gestion. La charte doit aussi être en conformité avec le PDRN (Plan de Développement Rural National) et le RDR (règlement de développement rural). La charte forestière de territoire offre une grande souplesse qui permet de tenir compte de la diversité des problématiques (aménagement rural, tourisme, loisirs, environnement, production, protection) et des situations locales (bassin versant, limites administratives, ...). Elle permet également une grande diversité d'actions établies par différents partenaires concernés. Enfin, la démarche contractuelle de la charte forestière de territoire rend envisageable l'introduction d'un volet forestier dans des chartes ou des contrats territoriaux existants (charte de parcs naturels régionaux, contrat de pays, contrats d'agglomération, charte intercommunale de développement et d'aménagement, ...), ou être à l'origine d'un projet d'aménagement et de développement territorial nouveau.

Les autres mesures réglementaires de protection et de gestion pour le territoire du parc naturel régional du Luberon Cf. Annexe 1 : Mesures réglementaires de protection et de gestion sur le PNR Luberon

Institutions et organismes impliqués Politiques forestières en région Provence - Alpes - Côte d’Azur17 Orientations de la politique forestière régionale approuvées en juin 2002 : 1 - Prévenir et mettre en protection les forêts contre les incendies notamment en développant des garanties d'entretien sur les ouvrages stratégiques 2 - Intervenir efficacement après sinistres (incendies, dégâts neige, etc.) 3 - Valoriser et gérer durablement les fonctions productives et les fonctions sociales et environnementales des massifs forestiers 4 - Soutenir l'emploi, l'investissement et le transfert de technologie dans la filière forêt-bois 5 - Valoriser les produits issus de la forêt et développer les nouveaux usages du bois 6 - Améliorer la connaissance, la sensibilisation, la concertation, la diffusion d'information et la formation aux enjeux forestiers Plan stratégique de la forêt privée en région Provence-Alpes-Côte d'Azur Les organismes régionaux de la forêt privée ont élaboré en concertation un plan stratégique à 10 ans : • Orienter les pratiques sylvicoles • Aménager les territoires forestiers • Programmer les gestions • Développer les techniques • Animer les propriétaires • Soutenir les Organismes de Gestion et d'Exploitation en Commun • Préserver la biodiversité • Aider aux nouvelles orientations de gestion • Observer les évolutions pour mieux les maîtriser

17 Observatoire de la Forêt Méditerranéenne - Extraits du Site internet www.OFME.org

21 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

Les acteurs de la gestion forestière du Parc naturel régional du Luberon Cf. Annexe 2 : Organigramme des acteurs de la gestion forestière sur le PNR Luberon et Annexe 3 : Présentation du Centre régional de la propriété forestière (CRPF) Le parc naturel régional du Luberon Officiellement créé en 1977, le parc naturel régional du Luberon a vu son classement renouvelé pour 10 ans, par un décret du 28 mai 1997. 67 communes ont approuvé la Charte révisée et adhéré au syndicat mixte du parc. Quatre communes ont adhérées ultérieurement au parc naturel régional. Comme chacun des 43 parcs naturel régionaux de France, le parc du Luberon a adapté au contexte local les missions générales définies par les textes législatifs. Ainsi s'est-il particulièrement investi : • dans les problèmes d'urbanisme et d'occupation des sols, pour mieux maîtriser la pression foncière engendrée par sa notoriété • dans le conseil architectural • dans la restauration et l'entretien des rivières • dans la protection des paysages, de la faune et de la flore et la gestion forestière concertée • dans les mesures dites "agri-environnementales" qui concilient maintien de l'activité agricole et méthodes de culture permettant l'entretien et la conservation du milieu naturel • dans la protection, la réhabilitation et la mise en valeur du patrimoine culturel • dans l'action pédagogique en direction des scolaires • dans l'amélioration du cadre de vie, en particulier habitat et services à la population • dans le tourisme, l'accueil et l'information des visiteurs. En 1997, sur l’initiative du Parc naturel régional, le territoire du Luberon a été également reconnu comme Réserve de biosphère par l’UNESCO. Une structuration du territoire en communautés de communes A ce jour, il existe 7 communautés de communes dans le Parc naturel régional Luberon. Parmi les 54 communes regroupées dans ces communautés de communes, 52 adhèrent au parc naturel régional du Luberon. 75% des 71 communes adhérentes au Parc appartiennent à des communautés de communes. Une seule commune du Parc, Pertuis, adhère à une communauté d’agglomération extérieure au territoire du Luberon. Aujourd’hui, 93,2% des personnes qui habitent dans une commune adhérente au Parc, sont concernés par des communautés de communes ou d’agglomération.

DESCRIPTION DU SYSTEME LOCAL DE GESTION ET D’ADMINISTRATION DES ESPACES NATURELS ET BOISES

Contexte local en matière de gestion forestière Un manque de projets communs motivant les propriétaires privés Faute de projets communs cohérents, il y a un manque de gestion des forêts en particulier en domaine privé qui représente pourtant les 2/3 du territoire. Les propriétaires forestiers privés sont nombreux et insuffisamment sensibilisés à la gestion forestière (ils sont souvent propriétaires d’anciennes parcelles agricoles de petites superficies aujourd’hui recolonisées par la forêt). L’assistance technique pour la forêt privée est réduite avec seulement un technicien du Centre régional de la propriété forestière (CRPF) pour chaque département sur le territoire du PNRL, ainsi qu’une Coopérative forestière avec deux techniciens pour chaque département. Un outil est disponible, le Plan simple de gestion (PSG), réservé aux entités foncières de plus de 25 ha (10 ha en région PACA). De plus en plus, les propriétaires ont d’autres objectifs que la seule production de bois, comme par exemple la chasse, la dimension paysagère, le pastoralisme, l’accueil du public, la récolte de menus produits mais les revenus en découlant sont réduits. D'autres outils existent pour favoriser le regroupement et la gestion de petites parcelles qui souvent dominent dans des zones aux enjeux forts (Associations Syndicales Libres, groupements forestiers…). Comme ils étaient souvent peu adaptés, le CRPF a commencé à initier des approches de gestion par

22 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon massifs forestiers et la nouvelle loi d’orientation forestière a créé le « Plan de gestion concerté » qui n’a pour le moment pas été expérimenté mais offre d’intéressantes potentialités.

Des difficultés globalement mieux surmontées en forêt publique Les difficultés rencontrées sont identiques en forêts privées et publiques mais elles sont dans l’ensemble mieux surmontées pour ces dernières qui bénéficient de plus de moyens en personnel et en appuis financiers. Les forêts publiques du Parc (53 communales et 6 domaniales) sont gérées par l’Office national des forêts (ONF) sur la base des documents d’aménagement forestier qui prennent en compte depuis quelques années la biodiversité (notamment via le sylvopastoralisme), le risque incendie, les aspects paysagers, le contexte socio-économiques et les attentes sociales. Les options de gestion sont prises en concertation avec les autres acteurs et notamment la collectivité propriétaire pour les forêts communales. Pour le moment, peu de projets associent les forêts publiques et privées à une échelle cohérente et la réalisation d’actions reste tributaires des aides financières disponibles et des moyens d’accompagnement (animation).

Les initiatives du Parc naturel régional du Luberon pour les espaces naturels L’engagement du Parc naturel régional du Luberon est encadré par le volet forestier de sa Charte constitutive. Ces dernières années, différentes études ont été réalisées et des mesures de gestion ont été prises telles que la définition de secteurs de valeur biologique majeure, la mise en place de la procédure Natura 2000, l’utilisation des mesures agri-environnementales en faveur de la biodiversité ou face au risque d’incendie,... Ponctuellement des approches de gestion intégrant le multi-usage face à des enjeux forts (risque d’incendie, maintien de milieux ouverts, etc.) ont été initiées en mobilisant les acteurs locaux.

Elaboration de la charte forestière de territoire du Luberon Une Charte forestière pour mieux travailler ensemble Face à la diversité des enjeux, à l’hétérogénéité des espaces forestiers et à la multiplicité des acteurs, le Parc du Luberon a décidé dès 2002 d’expérimenter une charte forestière de territoire avec le souhait de construire un projet commun dans une logique de concertation forte, tant à l’échelle du territoire du Parc qu’au niveau local. Le défi était d’inventer une nouvelle façon de travailler ensemble pour une meilleure cohérence et une participation de chacun dans la gestion.

Quels objectifs poursuivis et quelle démarche ? Atteindre un niveau opérationnel sur des zones tests et fixer un cadre général pour le parc L’originalité de la démarche du Luberon passe par deux niveaux de réflexion : • L’action concrète sur des zones tests, c’est-à-dire l’animation de terrain pour cerner les demandes des acteurs locaux et appréhender les enjeux afin de mettre en place des projets de gestion concertés et réaliser des opérations (retour progressif du pâturage en procédant par des essais, travaux d’amélioration à but sylvicole, pastorale et de protection contre les incendies…) ; une fois la « viabilité » de ces projets reconnue et testée, il peut être envisagé un engagement des diverses parties au travers de conventions dans lesquelles sont inscrits des objectifs communs. • Le cadre général de la charte forestière de territoire pour l’ensemble des 71 communes adhérentes au parc, par une mise à profit des expériences de terrain en vue de mobiliser les acteurs et par une réflexion prospective afin de redéfinir la politique affichée pour les espaces naturels et forestiers ; ce cadre constituera le volet forestier de la prochaine Charte du Parc (renouvelée en 2006). Sur cette base pourront émerger de nouveaux projets ailleurs sur le territoire du Luberon, en mettant à profit les axes méthodologiques développés sur les zones tests.

23 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

Les zones tests Les zones tests retenues initialement étaient les Collines de Durance (6700 ha dont 70% de forêt privée et 8 communes concernées) et le Colorado Provençal (1000 ha dont 97% de forêt privée et 1 commune) présentant des enjeux forts (risques élevés de feu de forêt aggravés par des dégâts de neige, forte fréquentation du public, nécessité d’une meilleure cohérence de gestion,…) et une dynamique locale avec des attentes exprimées par les acteurs (dont un projet sylvo-pastoral demandé par une association de propriétaires sur les Collines de Durance). L’expérimentation sur le Colorado Provençal a été suspendu étant donné le contexte difficile et la nécessité de mettre en place, en préalable au travail d’animation, un schéma d’aménagement pour le site classé des Ocres. D’autres sites ont fait l’objet de cette expérimentation au niveau opérationnel (Piémont du Petit Luberon, communes de Vitrolles, Montfuron,…). Assurer l’animation en s’associant au CRPF Le parc du Luberon a choisi lui-même d’animer la charte forestière en s’entourant des organismes les plus impliqués sous la forme d’un comité de pilotage, (cf. Annexe 4 : Composition du comité de pilotage de la charte forestière de territoire du Luberon), tenu informé par des comptes-rendus d’activité mensuels et se réunissant aux étapes clefs (tous les 6 mois environ). Un partenariat étroit a été établi avec le CRPF, chaque structure possédant l’avantage d’une légitimité propre : respectivement auprès des élus et auprès des propriétaires privés. Ils ont assuré des mises au point fréquentes au fur et à mesure de l’avancement du projet selon le phasage suivant : 1) Comité de pilotage de mise en place 2) Analyse et localisation cartographique des enjeux sur les zones tests 3) Enquête auprès des acteurs (ONF, DDAF, principaux propriétaires, élus, sociétés de chasse, éleveurs,…) pour connaître leurs avis et éventuelles demandes : les partenaires n’ont pas été « convoqués » mais on est plutôt allé à leur rencontre 4) Répartition spatiale des enjeux déclinés en objectifs puis scénarios d’intervention (4 sites - Colline St Julien, Massif de Pertuis-Mirabeau, Massif de , Massif du Colorado Provençal - ont fait l’objet d’un diagnostic) 5) Validation intermédiaire du comité de pilotage 6) Approfondissement des scénarios sur les sites au contexte favorable (expertises complémentaires aux compétences de l’animateur : pastorales, agricoles, archéologiques,…) ; validation au sein de groupes de travail communaux 7) Etudes pré-opérationnelles des projets d’intervention (conventions partenariales, maîtres d’ouvrage, maître d’œuvre, montage financier,…). 8) Démarche prospective sur le devenir des espaces forestiers du territoire du Parc du Luberon (sous la forme d’un audit patrimonial indépendamment de l’animation de terrain) 9) Réunion du comité de pilotage 10) Rédaction de la Charte forestière de territoire pour l’ensemble du territoire du Parc 11) Signature du document final par les acteurs et décideurs locaux. Rédaction de la Charte forestière de territoire Les objectifs inscrits dans le document cadre de la Charte forestière de territoire pour l’ensemble du territoire du parc ont été formulés en mettant à profit : • le diagnostic réalisé sur la base d’un découpage en 22 unités cohérentes de gestion forestière du territoire du Parc (cf. Annexe 5 : Découpage du territoire du parc naturel régional du Luberon en 22 unités de gestion forestière). • le retour d’expérience des projets concertés entre les acteurs locaux en vue d’actions concrètes sur des secteurs-tests, par exemple, l’opération en pinède privée morcelée sur le piémont Sud du Petit Luberon - commune de Cheval Blanc, le projet sylvo-pastoral sur le massif de Grambois- Beaumont de Pertuis-Mirabeau-La Tour d’Aigues 10 ans après incendie, ou encore la restauration du massif brûlé des communes de Pierrevert-Ste Tulle-Corbières et gestion d’interface entre village et massif

24 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

• les résultats de l’audit patrimonial sur la forêt et les espaces naturels du Luberon réalisé sur la zone de mise en oeuvre de la Charte forestière.

Le diagnostic et les problématiques vus par les acteurs

ELEMENTS METHODOLOGIQUES ET DONNEES DU DIAGNOSTIC

Méthodologie utilisée Revue documentaire Les références des documents utilisés sont rassemblés dans la bibliographie p.55. L’audit patrimonial sur les « conditions et moyens d’amélioration de la qualité de la forêt et des espaces naturels du territoire du Parc naturel régional du Luberon » réalisé par Pomme STURM et Olivier MALINAUD, étudiants à l’Institut National Agronomique de Paris Grignon, pendant la période d’avril à juin 2003 a largement été mis à profit. Mené auprès de 148 acteurs (propriétaires forestiers, exploitants forestiers, gestionnaires de la forêt, des associations de développement local, d’éducation à l’environnement, de protection de la nature, des professionnels de l’élevage, du tourisme ou des loisirs, des fédérations de chasse, des pompiers, des industriels, la recherche publique et privée, les administrations et de nombreux élus, locaux, départementaux et régionaux etc.), cet audit a permis de connaître leur perception des enjeux environnementaux et de la gestion forestière quant à la situation présente de la forêt dans le PNRL, les qualités et problèmes majeurs rencontrés dans sa gestion, l’évaluation de l’action engagée, les différents avenirs imaginés et les moyens de changement pour parvenir à une situation souhaitable. Le travail de diagnostic réalisé dans le cadre de la mise en place de la charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon a également nourri ce rapport (cf. Annexe 6 : Diagnostic participatif sur les secteurs des Collines de Durance et du Colorado Provençal : Mettre la totalité des résultats ?). Les principaux acteurs forestiers des secteurs tests (élus des communes, propriétaires privés, éleveurs, présidents de sociétés de chasse, gestionnaires, associations locales…) avaient été rencontrés afin qu’ils expriment leurs attentes, leur perception des enjeux et pour les faire travailler à la réalisation d’actions concertées.

Statistiques officielles Les données statistiques disponibles ont permis d’illustrer la première partie de ce rapport.

Enquêtes de terrain et entretiens En ce qui concerne cette étude de cas sur le territoire du Parc naturel régional du Luberon, afin de compléter l’audit patrimonial, il a été choisi de rencontrer les groupes d’acteurs qui n’avaient pas été suffisamment enquêtés initialement, en l’occurrence les propriétaires privés, éleveurs et chasseurs. Le choix des personnes s’est fait parmi le comité de pilotage de la CFT qui a participé à l’élaboration de la charte forestière de territoire et parmi les groupes d’acteurs locaux qui ont expérimenté sa dimension opérationnelle (éleveurs ovins, présidents des sociétés de chasses, propriétaires). A partir de ces interviews, une synthèse de l’analyse de la performance et de la perception de l’outil « charte forestière de territoire » a été réalisée en lien avec les résultats de la démarche prospective obtenus lors de l’audit patrimonial (trois scénarios tendanciel, positif et négatif). Des recommandations fondées sur l’analyse des constatations ont ainsi pu être formulées. Les réactions recueillies ont permis de faire ressortir une vision des opportunités et des obstacles au développement durable du Luberon liés à l’utilisation de l’outil « charte forestière de territoire », de la

25 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon cohérence des objectifs multi-sectoriels et finalement des attentes des acteurs quant à l’évolution des outils et mécanismes institutionnels pour accompagner les changements souhaités.

Données Les noms des villages et des endroits visités ainsi que les références des personnes et/ou groupes interrogés on été rassemblées en annexe (cf. Annexe 7 : Liste des endroits visités et des personnes rencontrées).

Enquêtes de terrain Les entretiens individuels ont permis d’identifier, derrière les avis exprimés par les acteurs, quelles sont leurs attitudes, leurs visions des problèmes, leurs attentes, leurs craintes, leurs buts, leurs stratégies pour atteindre leurs buts, et leurs relations de conflit ou de coopération. Les résultats ont été présentés par catégorie d’acteurs en annexe (cf. Annexe 8 : Synthèse des entretiens réalisées par catégorie d’acteurs dans le cadre de l’étude de cas pour Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable »). [Les éléments apportés spécifiquement par l’étude de cas pour le projet Forêts méditerranéennes et développement durable sont précisés par des notes de bas de page].

MALGRE LES CONTRAINTES QU’ELLE OCCASIONNE, LA FORET RESTE ANCREE DANS L’AFFECTIF DES HABITANTS

Une forêt assez récente, apparue suite à la déprise agricole et aux reboisements Des usages diversifiés et des vagues de défrichement historiques L’implantation humaine dans le Luberon remonterait au paléolithique (200 000 ans av. J.C.). La forêt a été très tôt utilisée pour la chasse, la cueillette et le bois. Les premiers grands défrichements connus datent de l’époque gallo-romaine et du Moyen Age (Xème - XIIème siècles), avec l’accroissement des populations : la forêt se réduit alors au profit des cultures et de nouveaux villages. Le Grand et le Petit Luberon sont exploités dès cette époque pour alimenter en bois de chauffage de nombreuses activités industrielles (verreries, faïenceries, fours à chaux, tuileries, etc.). Le système d’exploitation ancien est alors basé sur trois activités principales : l’exploitation forestière (bois, charbon, écorces pour les tanneries, fagots pour les boulangeries, glands pour l’alimentation du bétail…), l’exploitation du sous-bois (buis pour l’engrais vert notamment) et le pastoralisme. Les épidémies des XIVème et XVème siècles et la chute démographique conduisent à un abandon des terres. Avec la Renaissance, la forêt est à nouveau défrichée sur l’ensemble des reliefs. Elle connaît sa plus grande réduction de surface de l’histoire à la fin du XVIIIème siècle, avec l’apogée du monde rural. Les milieux ouverts sont alors très fortement pâturés car les troupeaux fournissent fumier pour les cultures, laine, viande, lait et peaux. Les coupes de buis utilisées pour la litière du bétail ont contribué au façonnage des garrigues et pelouses. L’exploitation forestière intensive et le défrichement systématique des terrains pentus provoquent éboulements, crues et pénuries de bois. A cela s’ajoutent les grands incendies suivis souvent de phénomènes érosifs importants : la physionomie et les potentialités forestières du territoire sont profondément modifiées.

La forêt actuelle issue des reboisements et de la déprise agro-pastorale La tendance démographique s’inverse dès 1856 dans les campagnes. L’apparition de nouvelles techniques entraîne l’abandon des terres hautes et des cultures en terrasse au profit des sols plus profonds du Calavon et de la Durance. Avec la transformation des systèmes d’élevage, la pression

26 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon agro-pastorale diminue. La Seconde Guerre Mondiale et la crise du charbon de bois et du bois de chauffage intensifient l’exode rural : la pression sur la forêt est considérablement réduite. Figure 1 : les premiers acteurs concernés par la forêt du Parc A la fin du XIXème siècle, le constat de l’importante dégradation des massifs montagneux va motiver la mise en œuvre de la politique de Restauration des Terrains de Montagne (RTM). Les services forestiers entament alors un reboisement systématique des espaces domaniaux récemment constitués et des terrains communaux. Les crêtes sont plantées en priorité car elles permettent d’ensemencer les versants. Entre 1950 et 1990, les surfaces des pelouses des crêtes ont ainsi été réduites de moitié. Dans le même temps, les effectifs des troupeaux ont chuté. A cette époque, l’incompatibilité entre les projets des forestiers et des éleveurs rend nécessaire un zonage des activités. Figure 2 : de nouveaux acteurs concernés L’économie liée à l’exploitation du bois et au pastoralisme diminue. Le retour à la friche des terres cultivables (cultures en terrasses, vergers…) et pâturées entraîne un accroissement continuel des superficies boisées. La protection contre l’incendie devient une priorité absolue dans les années 1970-1980. Les nouveaux loisirs en milieu naturel se développent. Le Parc naturel régional du Luberon est créé en 1977, initiant une politique territoriale.

Une propriété forestière qui ne rapporte pas Une rentabilité quasi nulle de l’exploitation forestière L’exploitation forestière se résume à une filière-bois restreinte où les prélèvements sont peu importants et les débouchés sont aujourd’hui limités. Sur le plan de la production de bois, la forêt du Luberon, à l’image de celle de la région méditerranéenne française, voit une dégradation de sa rentabilité : • sa productivité est faible, les taux de prélèvements sont en conséquence inférieurs à ceux du reste du territoire français (30% contre 61%), la biomasse à l’hectare est en accroissement continuel. De nombreuses personnes notent que les arbres ne poussent pas, que cette forêt devrait plutôt être qualifiée de lande ou de garrigue etc. • son bois est de faible valeur et elle est très souvent mal desservie, les gains sont donc souvent inférieurs aux coûts de gestion et ses recettes diminuent progressivement. Les cours des bois de faible qualité qu'elle produit majoritairement (pin sylvestre et du pin d'Alep) s'affaissent année après année et les coûts d’exploitation augmentent. Seule l'exploitation des meilleurs taillis et des résineux nobles de montagne fournira, dans un proche avenir, un revenu. • son morcellement foncier ne fait que s’accentuer avec la multiplication des propriétaires privés en indivision suite à des héritages. Certains élus soulignent la difficulté qu’ils ont pour se tenir

27 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon au courant des changements de propriétaires, ils sont parfois même dans l’impossibilité de les dénombrer ! La forêt publique, gérée dans sa quasi-totalité par l’ONF, et la forêt privée sont entremêlées. Cette dernière, qui représente pourtant les 2/3 des superficies boisées, est largement sous- exploitée du fait du manque de motivation des propriétaires. • son histoire : l’exploitation du bois ne s’est jamais développée comme dans d’autres régions de France où les potentialités forestières déjà faibles se sont fortement dégradées depuis les derniers défrichements. Plusieurs acteurs ont expliqué que les gens d’ici n’ont pas de culture forestière. Il est en effet frappant de constater que dans l’ensemble, les propriétaires, comme les élus, n’envisagent pas de retirer des bénéfices de leur forêt [alors que les gestionnaires et les organismes techniques du niveau départemental et régional sont en grande partie en faveur d’une relance de la filière-bois. Les peuplements majoritairement jeunes des forêts privés, situés sur des terrains souvent cultivés dans le passé, présentent un potentiel de production non négligeable si une sylviculture régulière y est conduite.]18 L’exploitation du sous-bois a été abandonnée et les buis ne sont plus ramassés.

Une fragilité des activités pastorales Le pastoralisme s’est considérablement réduit, mais les gestionnaires forestiers, le Centre d’études et de réalisation pastorales Alpes-Méditerranée (CERPAM), le Parc naturel régional du Luberon et certaines communes ont décidé de le soutenir ces dix dernières années. Il est devenu, avec la mise en oeuvre dès 1996 des mesures agri-environnementales, un véritable outil de gestion de l’espace (restauration des milieux ouverts favorables à la biodiversité ou à la prévention des risques d’incendies) contrairement à la « prime à l’herbe » qui ne répond pas aux objectifs de gestion des milieux naturels. [Les éleveurs acceptent volontiers ce rôle de gestionnaire des milieux naturels, mais actuellement ils sont découragés par la complexité des nouveaux contrats d’agricultures durable (CAD) aux champs d’action limités par rapport aux anciens contrats et avec une approche surfacique dommageable pour le pastoralisme. Le système de primes actuel entraîne une course à l’obtention de conventions de pâturage et une flambée des prix des locations. Certains éleveurs en arrivent même à abandonner ces primes trop complexes, ce qui dévalorise et fragilise la profession. Finalement, le risque est de voir disparaître les « herbaciers » au système trop fragile (absence de structure propre, déplacement sur 4 à 6 sites en fonction de l’herbe) qui pourtant permet une exploitation viable avec des tailles de troupeaux (400 à 600 bêtes) adaptés au pâturage du Luberon et seuls les plus gros éleveurs resteront. De plus, même aux yeux de certains techniciens les systèmes de contrôles sont trop strictes, ne prenant pas en compte les réalités de terrain. Certains déplorent également un problème de coordination avec d’autres financements disponibles. Un des problèmes majeurs est également lié au foncier : morcellement de la propriété, coût du bâti et des terres rendant difficile l’installation de nouveaux éleveurs pourtant nombreux… De plus, si le loup arrive dans le Luberon, ce sera la fin du gardiennage avec des clôtures semi mobiles tel qu’il est pratiqué dans le Luberon où la tradition des « espaces libres » non clôturés est très forte.]19

Des usages multiples sans réelles retombées financières [L'écrasante majorité des propriétaires ne peut songer à la rémunération des services non marchands (accueil du public, dimension paysagère, champignons…) les collectivités étant peu motivées pour financer ce type de services. Les revenus de la chasse sont généralement insignifiants voire nuls du fait de la pression de sociétés communales peu enclines à renoncer à leurs privilèges. Les prix des locations de forêts pour un objet pastoral sont symboliques étant donné l’ancrage rural de cette activité.]20

18 Pointsouligné lors de l’étude de cas pour le projet Forêts méditerranéennes et développement durable 19 Idem 20 Point souligné lors de l’étude de cas pour le projet Forêts méditerranéennes et développement durable

28 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

L’espace boisé se révèle potentiellement dangereux Le feu, principal problème de la forêt21 Les interviews ont fait apparaître une inquiétude partagée par tous les acteurs sans exception : le risque d’incendie. En effet, la forêt du territoire du Parc naturel régional du Luberon, comme la forêt méditerranéenne en général, se révèle être d’une grande sensibilité aux incendies et présente des risques élevés de départ de feu. [Suite à la déprise agricole, la forêt a naturellement gagné sur le piémont des collines et la limite entre villages et forêt est aujourd’hui parfois peu visible. Sur certaines communes, la forte pression d’urbanisation a eu pour conséquence un « mitage » de certaines zones forestières par les habitations créant de véritables « poudrières » (cette pression d’urbanisation a été limitée sur le territoire grâce à l’existence d’un Parc naturel régional du Luberon). ]22 Ce risque très présent en période estivale rend à la forêt sensible les acteurs, comme l’évoque le maire d’une commune du Parc : « la forêt redevient une priorité actuellement, par rapport au feu ; en hiver, on l’oublie. ». La forêt ne fait généralement parler d’elle que lorsqu’elle est une menace pour elle- même ou pour les habitations. [Le SMDVF explique que le zonage suivant peut être fait en fonction des prérogatives : - débroussaillement régulièrement entretenus par le propriétaire autour des installations sur 50 m - débroussaillement le long des chemins communaux à la charge de la commune et à la charge du propriétaire pour les chemins desservant ses installations - coupure de combustible stratégique (100 à 125 m environ) financée par la collectivité - zone « tampon » en domaine privé au delà de la zone stratégique stricte (financée à 80 % au titre du PDRN) ; ne nécessitant pas de broyage sauf si pâturage (démantèlement des rémanents)]23

Une forêt qu’il faut entretenir L’ensemble des acteurs audités, qu’ils soient résidents du territoire ou de la région PACA, s’accorde sur la nécessité de son entretien, tout en laissant pour certains des zones vierges d’intervention humaine.Il faut noter que la notion de forêt « entretenue » est variable d’une catégorie d’acteurs à l’autre. Cette obligation est un fardeau pour les propriétaires car elle revient très cher : si la plupart des communes peut l’assumer avec l’aide de subventions, il n’en va pas de même des propriétaires privés pour qui l’investissement semble démesuré. L’un d’eux résume bien la situation : « ma forêt, c’est plus un embarras qu’un avantage ».

Des propriétaires privés difficilement mobilisables L’obligation morale est une motivation suffisante pour un petit nombre de propriétaires privés convaincus qu’ils n’ont d’autre choix que d’entretenir leur forêt, soit pour la protéger, soit pour protéger les habitations voisines. Mais pour la grande majorité des propriétaires, entretenir leur forêt est une utopie financière. [Un grand nombre d’entre eux ne réside pas sur ce territoire, ne sait pas où se trouve sa parcelle boisée et ne se préoccupe pas de savoir ce qu’elle devient. Ils restent passifs devant ce bien qui n’est pas leur priorité et pour lequel ils ne connaissent pas leurs obligations (plan de gestion, débroussaillements autour des habitations…). Ceux qui voudraient y faire des aménagements ne savent souvent pas à qui s’adresser. Mais l’expérience montre que les propriétaires sollicités dans le cadre de projets d’intérêt collectif acceptent d’y participer et que des travaux se réalisent puisqu’ils n’ont pas à les financer. Le bénéfice de la vente du bois, lorsqu’il existe, est reversé au maître d’ouvrage afin de couvrir

21 Dans le département du Vaucluse, la coordination entre les services concernant la problématique incendie est particulièrement exemplaire. En dehors des pompiers, plusieurs acteurs forestiers (DDAF, ONF, SMDVF,…) travaillant sur la problématique risque incendie et la prévention se sont s’exprimés. 22 Point souligné lors de l’étude de cas pour le projet Forêts méditerranéennes et développement durable 23 Idem

29 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon l’autofinancement. Le risque d’incendie est un argument fort pour les mobiliser et ils expriment parfois même des attentes précises en faveur de la diminution du risque d’incendie (« création de coupures de combustible, pâturage le plus longtemps possible, entretien des forêts voisines... »).] 24

Des élus dépassés par la gestion de la forêt privée Beaucoup d’élus montrent du doigt les propriétaires en décrivant la forêt privée comme abandonnée. Les maires confient la gestion de leur forêt à l’ONF, et font souvent appel aussi au Syndicat mixte de valorisation forestière. Par contre, ils ne savent pas comment mobiliser les privés pour qu’ils gèrent leur forêt. Pour beaucoup d’entre eux, le non entretien de la forêt privée est le premier problème à surmonter pour prévenir les risques de départ de feu. Il semble que cette attitude reflète aussi une frustration des élus face à la forêt privée qui les encercle, coupant parfois le peu de forêt communale en plusieurs parties et les bloquant lorsqu’ils veulent faire des aménagements : ils déplorent d’avoir à demander à tous les propriétaires privés une autorisation systématique. Plusieurs élus ont dit clairement qu’ils souhaiteraient davantage de moyens légaux pour gérer à la place des propriétaires la forêt privée, par droit de préemption ou par expropriation directe. [Les approches réglementaires sont pourtant discutables comme le montre l’exemple de la mise en place sans concertation d’un plan de prévention des risques d’incendie de forêt sur la commune de Grambois qui a scandalisé les propriétaires : « il n’était absolument pas adapté et imposait des contraintes absurdes ») et bloqué la démarche. De plus, ces approches réglementaires ne résolvent pas le problème de fond : si les forêts ne sont pas gérées, c’est avant tout parce qu’elles n’ont aujourd’hui aucun usage qui justifierait cet entretien.]25

Des aides financières en diminution pour la protection contre les incendies26 Selon l’ONF, « il y aurait davantage d’ouvrages de protection contre les incendies s’il y avait davantage de moyens et de garanties d’entretien ». Les pompiers et les services forestiers vu la situation actuelle s’attendent à un feu catastrophe majeur. Les crédits du Conservatoire de la Forêt Méditerranéenne (CFM) pour la protection contre les incendies sont en diminution drastique et nécessitent aujourd’hui une part d’autofinancement rédhibitoire. Pour plusieurs organismes techniques, sans financement à 100 % des opérations de mise en gestion de forêts privées morcelées pour la protection contre l’incendie, il n’y aurait pas d’implication de la commune ni des propriétaires et les projets ne pourraient aboutir. Pour certains techniciens, il faut de toute façon que les propriétaires ainsi que les communes face à l’intérêt collectif assument leur responsabilité d’entretien de leurs parcelles : selon les cas il faudrait 10 à 20 % de financement par les propriétaires en fonction de leur intérêt et de leurs possibilités financières et 10 à 20 % de financement par la commune.

Les habitants de ce territoire sont pourtant très attachés à leur forêt Les habitants du Parc naturel régional du Luberon ont sous les yeux une forêt qu’ils qualifient préférentiellement de maquis ou de lande, que leurs grands-parents n’ont pas connu, qui peut se révéler dangereuse, ne rapporte rien et même coûte à travers les impôts (coût indirect de la protection contre les incendies, taxes foncières…) ou les frais d’entretien nécessaires s’ils sont propriétaires. Malgré cela, ils montrent une volonté partagée de la protéger du fait de cet attachement commun, volontier exprimé, pour la forêt : • la première motivation est d’ordre visuel, ils ont toujours eu ce paysage là sous les yeux et ne veulent pas en changer ; ils parlent de « perle » ou « bijou » • ensuite les raisons sont plus scientifiques : la forêt est « le poumon de la région », elle prévient l’érosion des sols, les crues, elle abrite une certaine biodiversité etc.

24 Point souligné lors de l’étude de cas pour le projet Forêts méditerranéennes et développement durable 25 Idem 26 Idem

30 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon FACE AUX NOUVEAUX ACTEURS, LES RURAUX SE MONTRENT POSSESSIFS

Les utilisateurs de la forêt ne sont plus les mêmes

Figure 3 : l’ensemble des acteurs finalement concernés Depuis quelques décennies, de nombreuses activités récréatives s’intéressent Le SMDVF à cet espace naturel : Le CRPF et la coopérative randonnée pédestre, Provence Forêt équestre, vélo tout terrains (VTT), cueillette de champignons, motos etc. Cette nouvelle Le CERPAM fonction sociale de détente intéresse surtout les forêts situées en périphérie des villes. Elle répond à une demande des citadins qui ne veulent plus se contenter de parcs en ville et sont à la recherche d’espaces moins artificiels. De l’avis des élus, les randonneurs, cyclistes ou cavaliers attendent de la forêt qu’elle soit sillonnée de sentiers praticables et bien balisés. D’un autre côté, ils recherchent aussi une nature propre et le moins marquée possible par les activités humaines, sans construction ni clôture. Ces nouvelles activités multiplient les attentes de chacun relatives à la forêt : il en découle des incompatibilités apparentes qui ne semblent pas simples à concilier. Les acteurs « s’entendent bien quand ils ne se voient pas », chacun porte un regard différent sur la forêt et croit que tout le monde a le même. Toutes ces activités se pratiquent sur l’ensemble de la forêt. En résumé, l’évolution des grandes qualités de la forêt identifiées par les acteurs est la suivante :

La qualité sociale contient deux sous qualités : la qualité affective qui est stable et la qualité récréative en hausse.

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Des incompréhensions entre acteurs à l’origine de conflits Avec l’augmentation de la fréquentation en forêt, certains conflits apparaissent. Il est frappant de constater que la grande majorité des acteurs en a fait part de manière redondante lors des entretiens : la plupart des exemples comprend soit les chasseurs, soit les propriétaires. Un acteur résume la situation : « il y a un problème de cohabitation entre les différents usagers : la chasse est incompatible avec le promeneur car pour le chasseur, tout lui appartient. De plus, les gens ne respectent pas la propriété privée, ils cassent les clôtures et font peur aux bêtes ».

Les chasseurs sont globalement mal perçus Quels que soient les acteurs (maires, éleveurs, propriétaires et exploitants forestiers ou associations), la même image globale émane des chasseurs : « les chasseurs estiment que la montagne leur appartient » et souhaitent pouvoir agir à leur guise sans se soucier des interdictions. Un propriétaire estime même que « les chasseurs n’ont pas leur mot à dire quant à la gestion en domaine privé ». Le reproche le plus souvent évoqué est celui des conflits chasseurs / usagers : une citation nous semble révélatrice du malaise des promeneurs vis-à-vis des chasseurs : « il n’y a pas de conflits avec les chasseurs, car pendant la chasse les gens ont peur et ne vont pas se balader » ! Certains élus sont plus mesurés et parlent de « petites tensions au moment des battues de sangliers », il pensent que les « chasseurs sont assez corrects » ou que « tout le monde s’entend à peu près bien ». Les associations de randonnée déplorent pourtant de ne pas être averties quelques jours à l’avance de l’emplacement des battues pour qu’elles puissent imaginer un autre parcours. Là encore, les solutions semblent simples… De plus, les pratiques de chasse dérangent : les audités opposent le chasseur de petit gibier à pied avec son chien aux chasseurs de sangliers qui roulent en 4×4 et communiquent au moyen de téléphones portables. De plus, le massif du Luberon est interdit aux véhicules motorisés, mais les chasseurs profitent des laissez-passer pour circuler. Les agriculteurs qui sont souvent chasseurs se plaignent parfois des dégâts de sangliers, or ces mêmes chasseurs nourrissent et abreuvent les sangliers et relâchent du gibier… Ces méthodes ont une image très négative : les chasseurs sont d’une part perçus dans la plupart des cas comme des usagers et non des gestionnaires, d’autre part comme des « viandards » qui tirent jusqu’à 100 sangliers pour certains chasseurs en une saison et les revendent illicitement. Il faut noter que pour certains maires, les chasseurs sont malgré tout les seuls à entretenir les sentiers pendant l’année. [Pour les représentants des chasseurs interrogés par contre, sauf cas isolés il n’y a pas de conflits graves avec les autres usagers et ils considèrent qu’il y a « de la place pour tout le monde ». Ils n’expriment pas une volonté d’appropriation de l’espace ou d’exclusivité par rapport aux autres usages : les divers usagers se côtoient et se respectent. Pour l’un d’entre eux, « il faut se méfier de cette notion d’appropriation du territoire par les chasseurs car elle peut avoir un double sens : on peut y voir notamment la confrontation entre monde rural et monde néo-rural ou urbain, la chasse cristallisant le phénomène ». Les chasseurs sont souvent impliqués dans la gestion de la colline qu’ils connaissent très bien, ils sont parfois élus ou membres bénévoles des comités communaux feux de forêt (CCFF). Les exploitants forestiers, les éleveurs et les cueilleurs de champignons sont mal perçus par certains chasseurs car les engins, comme les moutons ou la fréquentation font fuir le gibier. Certains chasseurs qui sont souvent agriculteurs craignent le surpâturage et la divagation des troupeaux dans les cultures. Mais globalement ils s’accordent à dire que le pâturage est bénéfique voire même qu’il est le dernier outil disponible pour le maintien des milieux ouverts.]27 L’exemple des chasseurs révèle de manière flagrante le manque de communication des acteurs entre eux et le malaise qui en découle. En résumé, les chasseurs sont vus davantage comme des usagers que

27 Point souligné lors de l’étude de cas pour le projet Forêts méditerranéennes et développement durable

32 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon des gestionnaires, ils sont à l’origine de conflits et certaines de leurs pratiques ne sont pas du tout appréciées. Ils paraissent donc plutôt subis que véritablement souhaités sur le territoire.

Face aux utilisateurs de l’espace les propriétaires privés sont inquiets Force est de constater, notamment au travers des réunions pour la mise en place de Natura 2000 que les propriétaires forestiers privés sont déstabilisés : ils constatent que la propriété privée perd de sa signification et est de moins en moins respectée. Certains y voient une tentative d’appropriation de la nature par des organisations nationales ou internationales. Mais les mesures de protection comme Natura 2000 ne sont pas la seule cause de ce sentiment : la forêt a une image de « bien collectif » ouvert à tout le monde, où il est rarement question de la propriété privée et des libertés dont profitent les ramasseurs de champignons, VTTistes ou autres usagers. Certains propriétaires privés sont lassés de voir leurs terres traversées par des personnes qui ne semblent pas se soucier de savoir à qui elles appartiennent. S’ils ne ramassent pas les champignons ils cueillent le raisin ou les cerises, ils laissent des déchets, ne saluent jamais etc. De nombreux propriétaires ne souhaitent pas encourager la venue des gens en forêt et s’opposent à la création de nouveaux sentiers dans leur propriété. Ils ne veulent pas que la fréquentation soit organisée, comme ça a été fait dans certains secteurs du Parc et ils sont de plus en plus nombreux à clôturer leur terrain. Certains pensent néanmoins que la majorité des gens respecte la propriété privée, « ils sont courtois et discrets ». Il ajoute que la forêt doit bénéficier à tout le monde. D’autres remarquent aussi la prise de conscience des gens en faveur de l’environnement. [Les activités agricoles sont parfois également difficilement acceptées, certains propriétaires peuvent se plaindre de la présence des mouches liés à l’activité pastorale ou craignent les abeilles provenant de ruches voisines… Les outils de concertation comme la charte forestière de territoire intéressent les propriétaires pour qui ils permettent la mise en relations avec les autres acteurs, de fixer un cadre d’actions voire par exemple d’imaginer une officialisation de l’accueil du public. Le CRPF regrette qu’il n’existe pas encore de contrats entre propriétaire et collectivité pour officialiser et rémunérer l’accueil du public. L’ONF constate ponctuellement des phénomènes de sur fréquentation et que contrairement aux chasseurs, les randonneurs ne sont pas organisés et représentés, ils ne connaissant pas bien les enjeux et n’ont pas la notion de fragilité : « en quittant les contraintes de la ville les gens voient la nature comme un nouvel espace de liberté. »]28

LE PROBLEME DES PROBLEMES Au départ, la fonction principale de la forêt est la production de bois. Ces ressources reviennent aux propriétaires et gestionnaires, qui, en retour, investissent pour entretenir et renouveler la forêt. Bien sûr, d’autres usages de cet espace existent et bénéficient à l’ensemble de la société :

Peu à peu, ces nouvelles fonctions de la forêt prennent de l’ampleur aux dépends de l’exploitation du bois : la forêt est un espace multifonctionnel à part entière, les valeurs non marchandes sont davantage prises en compte par la société.

28 Point souligné lors de l’étude de cas pour le projet Forêts méditerranéennes et développement durable

33 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

Figure 5 : le problème des problèmes Progressivement, particulièrement en région méditerranéenne, la forêt n’est plus rentable avec notamment des coûts d’exploitation supérieurs à la valeur du bois sur un marché concurrentiel. Il s’ensuit un désintéressement des propriétaires pour un bien qui ne rapporte plus et bénéficie à tant d’autres usagers. La forêt n’est donc plus entretenue et s’embroussaille : elle devient très sensible à l’incendie et menace la société ; celle-ci investit en retour massivement dans le cadre de la Politique de prévention des forêts contre l’incendie. La boucle forestière du début ne tourne plus, les propriétaires n’investissent plus dans leur forêt et c’est donc la société dans son ensemble qui la prend en charge pour sa sécurité, à travers la prévention des forêts contre l’incendie.

Identification des principaux enjeux

CE TERRITOIRE EST UN LIEU PROPICE AUX INITIATIVES… QUI PORTENT PARFOIS A CONFUSION

Des réglementations locales Le territoire du Parc naturel régional du Luberon est d’une grande richesse, tant du point de vue de ses paysages que de sa biodiversité ou de son patrimoine culturel et les activités humaines y sont importantes. Pour cette raison, de nombreuses mesures de protection et de gestion ont été très tôt adoptées afin d’endiguer la construction en forêt ou pour conserver la richesse écologique du milieu. Ce sont pas moins de dix arrêtés préfectoraux qui existent sur le territoire du Parc naturel régional du Luberon visant à protéger la faune sauvage : quatre arrêtés préfectoraux de conservation de biotope, quatre autres fixant les listes de protection d’espèces et enfin deux visant à réguler la fréquentation sur les crêtes du massif du Luberon et l’usage du feu.

Des mesures régionales voire nationales et internationales S’ajoutent à cela des réglementations de niveau régional : trois listes d’espèces menacées sont actuellement établies sur toutes la Région PACA, une concernant les espèces végétales, une autre pour les oiseaux nicheurs et une enfin pour la flore menacée. Il ne faut pas non plus oublier les références réglementaires pour la protection des espèces au niveau national et international : sept arrêtés ministériels concernant diverses espèces animales ou végétales et quatre mesures internationales - la Directive Européenne Habitats Faune Flore, la Zone de Protection Spéciale (ZPS) et les Zones d’Intérêt pour la Conservation des Oiseaux (ZICO), la Convention de Berne relative à la conservation de la vie de la faune sauvage et du milieu naturel en Europe et enfin la Convention de Washington relative au commerce international des espèces de faune et de flore sauvage menacées d’extinction.

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Figure 6 : la "superposition des couches" imagée En résumé, un souci de protection remarqué à travers les nombreuses réglementations en place :

Des cadres notamment pour la protection contre les incendies Il devient difficile de s’y retrouver quand viennent s’ajouter à cela les mesures de gestion mises en place essentiellement pour la protection face aux incendies: six PIDAF (Plan Intercommunal de Débroussaillement et d’Aménagement Forestier) visant à protéger un massif (à l’origine conçus pour être portés par les élus, ils sont ici dans la réalité davantage des outils de technicien). Les SDAFI (Schémas Départementaux d’Aménagements des Forêts contre les Incendies), aujourd’hui remplacés par les PDPIF (Plans départementaux de prévention contre les incendies de forêts), associent pour leur rédaction les services forestiers et les services départementaux d’incendie et de secours afin de mieux coordonner les interventions. Le PIG (Projet d’Intérêt Général) relatif à la prise en compte des feux de forêts dans le massif du Luberon visent par une réglementation de l’urbanisation des massifs à lutter contre l’urbanisation en forêt ; [il est relayé aujourd’hui par les PPRif (Plans de Prévention des Risques incendies de forêts) sur certaines communes.]29 Il y a donc sur ce territoire une forte prise de conscience des enjeux forestiers et surtout du risque encouru en cas d’incendie. L’action menée par le Parc naturel régional du Luberon au niveau des plans d’urbanisme des communes a permis d’interdire à la construction une large surface dans chaque commune, de sensibiliser les élus au problème de la pression foncière et de limiter en particulier l’habitat diffus en forêt [il s’agit tout à la fois de protéger les milieux forestiers, mais aussi de protéger les maisons contre les feux de forêt : « la meilleure façon de protéger les maisons contre les feux de forêt est de ne pas les construire en forêt»]30.

Une nécessaire préservation du patrimoine mais une complexité mal perçue [L’outil « Parc naturel régional » apparaît souvent comme une garantie de gestion cohérente et concertée et les résultats de sa politique de développement durable sont visibles comparés aux territoires voisins : c’est le cas du paysage préservé grâce à une prise de conscience locale, des règles d’urbanisme et des conseils efficaces qui ont permis un développement harmonieux des villages.]31 Tout le monde s’accorde sur la nécessité de préserver la richesse et la diversité du milieu mais toutes ces mesures ne sont pas toujours bien perçues. La complexité du système effraie et la plupart des acteurs n’y voit que des textes qui s’empilent les uns sur les autres. Ils évoquent « la superposition des

29 Point souligné lors de l’étude de cas pour le projet Forêts méditerranéennes et développement durable 30 Idem 31 Idem

35 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon couches ». Il est alors difficile de mettre en place de nouveaux projets fédérateurs comme Natura 2000 que les gens ont accueilli avec méfiance ou comme la Charte Forestière de Territoire. Cette « superposition » renforce aussi la distance entre population locale et organismes institutionnels.

LA MULTIFONCTIONNALITE PARAIT ENCORE THEORIQUE MAIS SE CONCRETISE 32 VIA DES OPERATIONS CONCERTEES

Une vision partielle de la place réciproque de chacun Malgré l’essor des préoccupations environnementales et sociales, les acteurs qui paraissent légitimes aux yeux des personnes rencontrées restent classiques : • Pour les acteurs locaux, il s’agit de l’ONF, des communes et du SMDVF en forêt publique, des propriétaires en forêt privée • Pour les organismes départementaux et régionaux, il s’agit du PNRL, de l’ONF, du CRPF, du SMDVF et du CERPAM Les associations sportives ou environnementales, les exploitants, les éleveurs, les scientifiques etc. ne sont pas spontanément cités comme acteurs à part entière et les propriétaires forestiers privés sont souvent absents du groupe des actifs. Les chasseurs sont toujours cités, mais en tant qu’usagers et non comme gestionnaires : les acteurs qui les considèrent comme actifs parlent d’un entretien des sentiers. Si l’ONF ou le Parc naturel régional sont les partenaires incontournables pour la grande majorité des audités, ce sont ces deux organismes qui listent le plus grand nombre d’acteurs actifs souvent partenaires. Cela met en évidence le rôle central qu’ils ont acquis. Très souvent, les audités ne sont pas à même de décrire l’action des acteurs qu’ils citent comme étant actifs. Ils évoquent plus ou moins la fonction de l’organisme ou quelques actions ponctuelles dont ils ont eu connaissance, ce qui tend à limiter les occasions de coopérer. Cette tendance est encore plus marquée au niveau des acteurs locaux, souvent désemparés face à la multitude d’interlocuteurs. L’évaluation par les organismes techniques impliqués de l’opération multifonctionnelle concertée en forêt privée morcelée sur le piémont du Petit Luberon est intéressante pour illustrer le constat actuel et les évolutions souhaitables (cf. Annexe 9 : Mise en gestion d’une forêt résineuse morcelée à fort risque d’incendie - Piémont sud-ouest du Petit Luberon)33 :

Opération en forêt privée morcelée pour la protection contre l’incendie du piémont du Petit Luberon (commune de Cheval Blanc) Succès et facteurs de réussite de l’opération Difficultés rencontrées et aspects négatifs - Cette opération était très intéressante de part son - Le projet présenté initialement aux propriétaires entrée multidisciplinaire et une recherche de n’a pas du tout été retenu. Il ne répondait pas aux cohérence. Il est efficace d’initier la réflexion attentes, ne tenait pas compte des séquelles d’une localement dans la cohérence et la concertation et opération réalisée 10 ans auparavant et était trop progressivement prendre du recul pour une mieux compliqué. Le propriétaire ou les communes ne intervenir sur un plan global. pouvaient pas assumer les 20 % d’autofinancement (le problème se pose à chaque projet de ce type). Il a - Le rôle du Parc naturel régional du Luberon a été fallu négocier avec les 2 grands propriétaires en leur déterminant de part son pilotage sans forme rétrocédant les recettes de la vente du bois et en ne d’hégémonie mais au contraire en coordination et en broyant qu’une partie des surfaces. recherche de solutions communes. - Il y a eu une confusion pour les propriétaires - 99 % des propriétaires ont adhéré au projet grâce à lorsque le SMDVF a mené une opération de la force de conviction de la commune, de la sensibilisation au débroussaillement sur le secteur au coopérative Provence Forêt et du financement à

32 Point souligné lors de l’étude de cas pour le projet Forêts méditerranéennes et développement durable 33 Idem

36 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

100 %. même moment. Un brûlage a été effectué par l’ONF alors qu’une coupe de bois avait été marquée par - L’implication de la mairie par l’envoi d’un courrier Provence Forêt. aux propriétaires et l’organisation d’une réunion - La dissociation entre la phase d’exploitation publique est très importante. La discussion en amont forestière et celle du broyage et le souhait du SMDVF entre les techniciens et les élus permet de définir et de travailler en régie a eu pour conséquence des faire accepter un cadre réaliste. résultats techniques insuffisants et une perte de temps - Les travaux prévus initialement ont été en grande pour le maître d’œuvre. partie réalisés. La clé de la réussite est d’avoir accepté - L’opération a connu des difficultés lorsque le un seul interlocuteur pour toutes les phases vis à vis SMDVF a voulu prendre le pilotage. L’ONF intéressé des propriétaires (ne pas laisser faire une négociation en tant qu’observateur (protection de la forêt directe entre exploitant et propriétaire). Ceux-ci ont domaniale) a préféré se retirer. toujours eu une seule personne physique à contacter - Il était souhaitable d’impliquer l’ensemble des et ils n’ont rien vu de la lourdeur bureaucratique de communes du massif même si l’opération se limitait à l’opération. une commune. - La commune a vu se valoriser cette zone péri- - La phase d’animation s’est prolongée jusqu’au urbaine et l’action de protection contre les incendies dernier jour de travaux ; la Coopérative est largement bénéficient à d’autres usages (accueil du public, cadre déficitaire vu le temps effectivement passé pour de vie, chasse…). résoudre tous les problèmes : hétérogénéité des propriétaires, aléas climatiques, pannes des engins, périodes de fermeture de l’usine de Tarascon et, de façon non négligeable, des défauts d’engagements du deuxième maître d’ouvrage (SMDVF).

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Conclusion - Il aurait fallu un seul projet global cohérent porté par un seul maître d’ouvrage (PNRL ou commune) et une demande de financement globale (sauf pour le pastoralisme). - Il faut avoir un bilan honnête des opérations précédentes et en particulier connaître la perception des acteurs locaux à leur sujet pour être préparé à répondre à leurs remarques et inquiétudes. - Les diagnostics menés par le CRPF, le CERPAM et l’ONF sont utiles mais auraient du aboutir à la présentation d’un projet plus simple aux propriétaires et équivalent pour chacun en distinguant malgré tout le capital des grands propriétaires de celui des petits : 1 carte simplifiée avec un seul type d’intervention (ou deux si distinction de la maîtrise d’œuvre des coupes et broyage entre Provence Forêt et SMDVF) et une convention simplifiée en une seule feuille. Si l’intérêt collectif justifie le projet au départ, il faut qu’il prenne en compte les intérêts particuliers et satisfasse tout le monde. - Il faut que l’animateur connaisse bien le dossier et le terrain avant d’effectuer des visites si possible collectives ou individuelles en fonction de la qualité des relations de voisinage (s’informer auprès de la mairie) en montrant les éléments intéressants. - Il faut expliquer les types de travaux et l’objectif, en particulier lorsque l’impact visuel est important comme dans le cas du brûlage dirigé. De façon générale, il faut prévenir la commune de l’existence de plans de gestion et de la programmation de travaux en forêt privée. - L’implication de la mairie par l’envoi d’un courrier aux propriétaires et l’organisation d’une réunion publique est très importante. La discussion en amont des techniciens avec les élus permet de définir et faire accepter un cadre réaliste. - Il vaut mieux un seul maître d’ouvrage. Il faut éviter la réalisation d’autres opérations sur le même secteur au même moment qui risque de créer des confusions ou avertir les autres opérateurs pour les faire coïncider au mieux. - Il ne faut pas dissocier la phase de coupe de celle du broyage et la confier à une seule entreprise. Il est essentiel de laisser propre sans rémanent avant l’été. - Les propriétaires doivent avoir un seul interlocuteur. - Il faut bien estimer le temps d’animation auprès des propriétaires et de réunion avec les partenaires en prévoyant une marge pour palier aux aléas. - Il faut établir un calendrier précis avec des interventions claires et une répartition efficace des rôles. Il faut, dans la mesure où le bilan est positif, conserver la logique du projet d’une tranche de travaux à l’autre. - Il faut prévoir une réception de chantier avec un bilan de l’opération. - Il faut pouvoir pérenniser les opérations par un financement de la collectivité pour l’entretien au titre de l’intérêt collectif (cadre de vie, accueil du public, la chasse…), l’implication financière dans la durée des propriétaires étant exclue. Il faut tester des Plans de gestion concerté suivis et évalués par le gestionnaire (ex. : coordination du Parc naturel régional et maîtrise d’œuvre de la Coopérative).

LA DUALITE FORET PRIVEE / FORET PUBLIQUE : UN MEME MILIEU, DEUX MONDES DIFFERENTS

En forêt publique : prise en compte de la multifonctionnalité dès les années 80 [Les difficultés rencontrées sont globalement identiques en forêts privée et publique mais elles sont dans l’ensemble mieux surmontées pour ces dernières parce qu’elles bénéficient de plus de moyens en personnel et en appuis financiers.]34

34 Point souligné lors de l’étude de cas pour le projet Forêts méditerranéennes et développement durable

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Une gestion remarquée La forêt publique apparaît comme bien gérée par l’ONF aux yeux des acteurs, en particulier des maires qui ont peu de compétences en ce domaine et lui font confiance. La plupart des communes ont un plan de gestion sur quinze ans qui défini les actions à mener. Il y a une assez bonne coordination sur le terrain, entre la commune et les intervenants (ONF et SMDVF principalement). Il faut noter que pour beaucoup, surtout au niveau local, l’ONF apparaît comme le gestionnaire forestier par excellence, voire même le seul identifié.

Des habitudes de travail adoptées pour intégrer la multifonctionnalité Les changements d’orientation politiques adoptés par l’ONF à l’échelle nationale dans les années 80 semblent porter leurs fruits même si des progrès restent à faire. [Certains techniciens forestiers ont encore une vision seulement productiviste de la gestion forestière (exemple des coupes rases de pin noir pour restaurer les pelouses des crêtes du Luberon difficilement acceptées) et le chef d’équipe considère qu’il a la responsabilité de la faire évoluer au quotidien. Selon l’ONF, les approches doivent être multifonctionnelles et il faut trouver les bons compromis.]35 Par exemple, alors que le pâturage était auparavant exclu dans certains bois communaux et domaniaux, aujourd’hui des conventions pastorales sont passées entre éleveurs et communes grâce à l’animation de l’ONF, du CERPAM et du Parc naturel régional. [Le pastoralisme est utilisé comme outil de gestion : pour l’ONF, il faut trouver le niveau de contraintes permettant d’atteindre l’objectif de protection contre les incendies ou de préservation de la biodiversité qui ne décourage pas l’éleveur.]36 Parallèlement, la prise en compte de l’accueil du public est maintenant acquise par les agents qui essaient de concilier les différents usages et enjeux comme la biodiversité lors de la rédaction des plans d’aménagement en associant le Parc naturel régional du Luberon.

Des relations de coopération indispensables [Les budgets étant moins élevés que ceux des départements voisins, il y a une recherche de complémentarités pour diminuer le coût de gestion et garantir un entretien : développement du brûlage dont le coût est moindre que le broyage et utilisation du pâturage pour participer à l’entretien. Il y a une convergence des enjeux DFCI, pastoraux et de biodiversité qui permet d’utiliser en fonction des possibilités les financements spécifiques à chaque thème.]37 De plus, les relations avec le Parc naturel régional du Luberon permettent un relais pour travailler avec les autres partenaires et trouver des financements. [Sur les Collines de Durance, sans la présence de l’animateur de la charte forestière, les techniciens de l’ONF et du CERPAM ne parvenaient pas à aboutir au retour du pâturage (manque de temps et de budget pour mener la concertation nécessaire avec les acteurs).38] Mais les actions restent le plus souvent sectorisées dans chaque commune sans réel plan d’ensemble. De plus, les coupes de bois mises en vente ne trouvent pas toujours preneur, rendant difficile la réalisation des plans d’aménagement. [Pour l’ONF, il est important d’impliquer la ou les commune(s) en amont d’un projet et d’informer les autres communes du massif pour qu’elles prennent conscience que les enjeux n’ont pas de limites administratives (feu, conservation des pelouses de crêtes…). L’ONF rencontre la commune au départ de l’élaboration de son aménagement forestier pour connaître son objectif mais certains élus se plaignent de ne pas toujours être tenus informés avant la réalisation des travaux.]39

35 Point souligné lors de l’étude de cas pour le projet Forêts méditerranéennes et développement durable 36 Idem 37 Idem 38 Idem 39 Idem

39 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

La forêt privée : un espace plus complexe à gérer Un contexte foncier et économique difficile La superficie boisée privée en région méditerranéenne est très élevée comparée à la population et à la superficie de la zone par rapport à la France. La propriété forestière est très parcellisée et la gestion est très peu planifiée. Les propriétaires très nombreux pour des surfaces le plus souvent réduites sont insuffisamment sensibilisés à la gestion forestière. A cela s’ajoute la faible rentabilité économique de la forêt, qui rend compréhensible le désintéressement de beaucoup de propriétaires quant à leur bien et la régression constante du volume des travaux annuellement conduits en forêt privée. Certains d’entre eux ne savent même plus où se situe leur bois qu’ils imaginent « là haut, quelque part ». Les propriétaires actifs rencontrés sont généralement d’abord intéressés dans la gestion à proximité de leur habitation pour l’agrément paysager, pour leur autoconsommation en bois de chauffage, la protection contre l’incendie et parfois l’accueil du public.

Un appui technique réduit De plus, les organismes d’appui technique pour les propriétaires privés, tels que le CRPF et la coopérative Provence Forêt, ne sont perçus qu’au niveau global à l’échelle de la région PACA ou des départements et il ne sont quasiment jamais cités par les acteurs locaux. . En effet, avec seulement deux agents de terrain sur chaque département l’action des techniciens de la forêt privée ne peut être que très discrète. Un calcul rapide a montré que cet effectif permettait seulement une visite d’un agent tous les treize ans pour chaque propriétaire. L’enjeu est fort puisque la forêt privée représente 2/3 de la surface forestière sur le territoire du Parc naturel régional du Luberon. [Faute de projets communs cohérents, le manque de gestion est critique en domaine privé où les travaux sont peu nombreux, presque invisibles disent certains.]40

Des approches qui s’avèrent efficaces mais nécessitent du temps d’animation41 L'exemple des plans de développement de massif mis en œuvre par le CRPF à une échelle importante, ou encore celui du Parc naturel régional du Luberon dans la mise en gestion d’une pinède privée morcelée pour la protection contre les incendies (cf. Annexe 8 : Mise en gestion d’une forêt privée morcelée pour la protection contre l’incendie sur le piémont du Petit Luberon), montrent que les efforts d'animation peuvent entraîner plus de 80% des propriétaires d'un massif à effectuer une éclaircie dans leur forêt. Sur les collines de Durance où a été expérimentée la charte forestière du Luberon, les propriétaires sont très satisfaits du retour du pâturage dans un objectif d’entretien, du sérieux des éleveurs et du pilotage de l’opération (bonne préparation par la rencontre des acteurs, intégration des différents enjeux, concertation et suivi). La synergie créée par la mise en place d’un projet commun est appréciée et elle va même souvent au delà du simple contexte forestier (elle a permis par exemple par la mise en relation d’un propriétaire, d’une commune et d’une association locale de créer des jardins potagers familiaux).

Des politiques d'aménagement et des financements inadaptés à la gestion durable des forêts privées42 Les financements accordés par l’Etat dans le cadre du Plan de développement rural national (PDRN) pour la forêt méditerranéenne se sont amenuisés. Comme le révèle l'évaluation du PDRN à mi-parcours (bureau d'étude OREADE) : « Les CRPF ont perdu leurs crédits d'animation alors que les besoins liés à la dynamisation de la petite propriété forestière et à la gestion groupée des chantiers de travaux et d'exploitation existent… Le PDRN ne prévoit aucune action d'accompagnement liée à la mobilisation des bois, la création de routes, de plans de gestion concertés, de plan de massif, etc. Les professionnels dénoncent unanimement une mise en péril des acquis précédents en matière

40 Point souligné lors de l’étude de cas pour le projet Forêts méditerranéennes et développement durable 41 Idem 42 Idem

40 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon d'animation. Le PDRN a clairement été conçu au départ pour répondre à une approche de projet de filière forêt-bois. Or sur le terrain, il est avant tout perçu comme un outil répondant à une logique de guichet… Dans sa conception en tuyaux d'orgue, il ne peut et ne pourra pas correspondre à un véritable outil répondant à une logique de projet. Les conditions opérationnelles d'accès aux aides sont directement liées à un thème, à un bénéficiaire et à un ensemble de parcelles. Or les politiques forestières régionales se territorialisent de plus en plus, développent des partenariats en s'orientant davantage vers des logiques de projets intégrés touchant le développement rural dans son ensemble ». Pour les techniciens de la forêt privée, les nouveaux plans de gestion issus de la loi d’orientation forestière de 2001 sont établis dans une logique de développement durable nécessaire mais leur dimension multifonctionnelle et patrimoniale les rendent beaucoup plus complexes et longs à réaliser. Il en est de même pour les dossiers de demande de subvention du Plan de développement rural national (PDRN) entraînant une perte de temps et de gain pour les coopératives forestières. La coopérative Provence Forêt créée depuis quelques années a prouvé son utilité mais son existence reste fragile : après une période de croissance continue à ses débuts, une baisse est constatée en 2004 qui est imputée à la baisse de la vente du bois et l’augmentation du temps consacré à la rédaction des PSG et des dossiers de demande de subvention PDRN. Un des financeurs explique que, la réalisation des demandes de financements (montage des dossiers) est complexe et ne devrait pas monopoliser le temps des techniciens comme Provence Forêt qui devrait pouvoir se concentrer sur la maîtrise d’œuvre. La présence de plusieurs « guichets » complique le montage des dossiers mais permet de faciliter le contrôle. Il est essentiel donc de consacrer du temps d’ingénierie technique et financière (temps et connaissance technique) sous la forme d’un appui à la maîtrise d’ouvrage (par l’animateur de la Charte forestière de territoire par exemple) pour assurer la cohérence et le montage des dossiers. Depuis il faudrait selon lui que les crédits européens et de l’Etat soient concentrés sur l’investissement initial et que la pérennisation de la gestion, se fasse par contractualisation avec la Région ou le Conseil Général (entretien et animation).

Les dimensions environnementales et sociales fortes doivent être des atouts au développement43 La zone méditerranéenne est la plus touristique de France avec des retombées économiques conséquentes et l’importance du nombre de sites Natura 2000 exprime son extrême valeur en termes de biodiversité. De plus en plus, les propriétaires ont d’autres objectifs que la production de bois tels que la chasse, la dimension paysagère et environnementale, le pastoralisme, la récolte de menus produits, etc. mais les revenus en découlant sont réduits. Mais cette gestion multifonctionnelle nécessite une coopération avec d’autres partenaires pour des échanges de compétences techniques et une mise en cohérence. Ainsi notamment, pour le CERPAM, la notion de « sylvopastoralisme » reste difficile à concrétiser, il y a peu de travaux combinant effectivement l’objectif pastoral et sylvicole. Pour les quelques propriétaires exprimant leur souhait d’une gestion dans un souci de préservation de la biodiversité, il paraît difficile de trouver les interlocuteurs adéquats. Le CRPF cherche à aider les propriétaires à innover dans ce sens et regrette que les chartes forestières de territoire n’aient pas encore abouties à la signature de contrats entre propriétaire et collectivité qui était un des objectifs premier de cet outil. Aucune collectivité s’est déclarée à ce jour intéressée par la signature de tels contrats. Selon le CRPF, il faut faire revivre les forêts méditerranéennes par l'encouragement à tous les actes de gestion durable qui contribuent à faire sortir du bois efficacement tout en améliorant la biodiversité compromise par l’abandon de la forêt. Il s'agit aussi de diversifier les sources de revenus pour les propriétaires : - récolte de bois (bois énergie, bois d'œuvre), - sylvopastoralisme, - revenus de la gestion de la chasse, - sylviculture truffière et autres champignons, - accueil du public rémunéré,

43 Points soulignés lors de l’étude de cas pour le projet Forêts méditerranéennes et développement durable

41 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

- contrepartie à trouver dans le secteur non marchand (biodiversité, paysage, eau, air…).

Encore peu d’exemples de gestion dépassant les limites de la propriété44 Pour le moment, peu de projets associent les forêts publiques et privées à une échelle cohérente et la réalisation d’actions reste tributaires des aides financières disponibles et des moyens d’accompagnement (animation).Dans ce contexte, pour résumer, le CRPF explique que ce que peut apporter une charte forestière de territoire c’est un « projet concerté » qui encourage les acteurs à s’investir. La charte forestière de territoire a commencé à répondre de façon stratégique et opérationnelle à cet enjeu. Pour l’ONF, l’innovation de la charte forestière de territoire réside dans l’association de la forêt privée et publique à l’échelle d’un massif et même si les opérations sont réalisés uniquement en domaine privé (par exemple l’opération en Piémont du Petit Luberon), l’ONF est intéressé en tant qu’observateur car gestionnaire de forêts communales voisines.

45 AVANT LA MISE EN PLACE DE LA CHARTE FORESTIERE , UNE ABSENCE DE PROJET COMMUN SUR LE TERRITOIRE FORESTIER DU LUBERON

Un potentiel pour une gestion durable et concertée à exploiter davantage Les actions entreprises sont souvent males coordonnées entre elles. Par ailleurs, elles sont rarement planifiées sur le long terme mais plutôt ponctuelles, au coup par coup. Et surtout, elles mêlent insuffisamment l’interdisciplinarité, alors que la multifonctionnalité est un des principaux enjeux de la forêt méditerranéenne. Les acteurs dans l’ensemble connaissent les enjeux du territoire forestiers, mais la présence du Parc naturel régional les rend parfois passifs, les élus notamment se reposent sur cette structure fédératrice qui devient alors le maître d’ouvrage des projets qu’il initie. Peu de partenariats sont établis du fait que les acteurs se connaissent que peu ; la multiplicité des structures existantes ne favorisent pas ce partenariat. Pour résumer, Le potentiel Les faiblesses La forêt sollicite des compétences très diversifiées Les actions manquent d’interdisciplinarité Les acteurs perçoivent les enjeux Ils se reposent souvent sur le Parc naturel régional De nombreuses structures existent Elles restent trop cloisonnées et méconnues On peut en conclure logiquement que les acteurs gagneraient beaucoup à mieux se connaître.

Les acteurs semblent soucieux de se rapprocher Une distance à rompre entre élus et équipe technique du Parc naturel régional46 Outre les attentes et perceptions exprimées par les autres acteurs, la rencontre avec les maires des communes a montré qu’une distance s’était installée entre certains élus et l’équipe des techniciens du Parc naturel régional… alors que le rôle de cette dernière est de les aider. Comme le formulent explicitement certains maires, « le Parc ? Ils font … ils nous disent de… ». Les maires ne paraissent pas suffisamment liés aux décisions prises par l’équipe technique. L’assemblée plénière du syndicat mixte du Parc naturel régional où beaucoup de personnes sont réunies pour prendre les décisions est devenu un lieu où certains avouent « ne plus donner leur avis et attendre la fin ». D’un autre côté, il a été mis en évidence un certain immobilisme de nombre d’élus face au questions forestières, la forêt n’étant pas leur préoccupation majeure : « la forêt redevient un souci

44 Point souligné lors de l’étude de cas pour le projet Forêts méditerranéennes et développement durable 45 Idem 46 Point issu de l’audit patrimonial reformulé

42 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon actuellement, par rapport au feu ; en hiver, on l’oublie ». Les techniciens du Parc naturel régional conscients de leur manque d’écoute envers leurs ont décidé de recourir à un audit dans le cadre de la charte forestière de territoire afin de mieux connaître les attentes de chacun et d’impliquer davantage les élus. Cette démarche a été globalement très bien perçue par les intéressés qui apprécient d’être écoutés individuellement et de manière approfondie : « c’est plus facile de parler en entretien privilégié comme celui là qu’au syndicat devant 75 personnes ». Il est perceptible que les acteurs ont conscience de la nécessité de se rapprocher et de gérer ensemble le territoire. Beaucoup de personnes regrettent le peu de présence physique du Parc naturel régional sur le terrain.

Des relations de coopération entre organismes qui pourraient gagner en efficacité47 Il existe des habitudes de travail et une synergie entre l’ONF, le CERPAM et le PNRL depuis une dizaine d’années mais aussi avec la DDAF, les organismes de la forêt privée et le Conservatoire études des écosystèmes de Provence. L’un d’eux explique que la synergie dépend des personnes, de leur dynamisme, des affinités, de la capacité d’écoute et de concertation. Le Parc naturel régional du Luberon est considéré comme légitime pour la majorité des organismes dans son rôle déterminant de coordinateur des projets concertés. Certains déplorent un manque de coordination et de répartition claire des rôles voire un non respect des engagements de certains partenaires qui va au détriment des collaborations qui existent induisant un climat de méfiance. Certains chasseurs perçoivent l’intérêt de rencontres officielles avec les autres utilisateurs.

La charte forestière de territoire utile au rapprochement48 Les acteurs audités qui ont participé à l’élaboration de la charte forestière de territoire, ont exprimé un avis favorable pour cette démarche qui a permis de réunir et de faire travailler ensemble les organismes techniques et les différentes catégories d’acteurs locaux (élus, propriétaires, chasseurs…). Les actions menées dans la concertation comme le retour du pâturage ont été bien perçues par les chasseurs, alors que plusieurs d’entre eux étaient opposés à l’idée du pastoralisme (dans 50% des cas, il était impensable que les sociétés de chasse laissent se signer des conventions de pâturage). L’organisation par la négociation de la circulation sur le massif du Grand Luberon initiée par les techniciens du Parc naturel régional du Luberon avec les chasseurs est aujourd’hui acceptée alors que la mise en place du Parc naturel régional à ses débuts a eu pour eux l’effet d’un sentiment de « grignotage » du territoire et de perte de liberté. Pour la majorité, la présence d’un animateur/ médiateur semble primordiale pour faciliter la coopération. Au niveau local, un des propriétaires explique que la charte forestière a été appréciée

47 Point souligné lors de l’étude de cas pour le projet Forêts méditerranéennes et développement durable 48 Idem. Du fait de l’existence d’un Parc naturel régional, la question se pose de l’intérêt d’une charte forestière et du fait que la charte du Parc puisse à elle seule servir de cadre général à tous les autres documents et procédures. La charte du Parc sert effectivement de cadre général mais il recouvre toutes les problématiques autour de la protection du patrimoine et du développement du territoire et pas seulement la problématique forestière. La charte forestière permet d’atteindre par une réflexion plus fine un niveau d’engagement plus précis et opérationnel pour les espaces naturels et forestiers. Avant le démarrage de la charte forestière, le Parc du Luberon s’impliquait très peu dans la gestion des forêts contrairement à d’autres PNR très forestiers comme la Chartreuse ou les Bauges. Dans la charte du Parc, la forêt était placée en second objectif après le maintien des milieux ouverts alors qu’elle représente 80 % des milieux naturels. La mise en place de la charte forestière a amené une réflexion et une mobilisation des acteurs et elle a permis de reconnaître que le Parc naturel régional avait une véritable place dans le jeu d’acteurs de la gestion forestière. La charte forestière propose une entrée interdisciplinaire et de multi-usage au regard des spécificités de la forêt méditerranéenne. Elle s’intéresse avant tout aux espaces naturels mais intègre tous les usages. Le territoire forestier est imbriqué avec les zones agricoles, urbanisées, etc. Même si la problématique forestière est abordée de façon à part entière, l’enjeu est qu’elle ne soit pas dissociée du reste des missions du Parc naturel régional et donc d’optimiser la coordination. La charte forestière est intégrée dans ce sens à la charte du Parc.

43 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon par sa vision large, multi-acteurs et fonctionnelle : « enfin un pilote dans l’avion ! » . Il est nécessaire pour l’écoute d’une multiplicité d’acteurs et l’analyse d’enjeux diversifiés (multifonctionnalité de la forêt méditerranéenne) qui détermineront des projets communs et leur réalisation. Il est important de rencontrer les principaux acteurs dès le début pour qu’ils expriment leurs attentes, perçoivent clairement les projets proposés et les nourrissent. Cela est déterminant pour l’établissement d’un climat de confiance. Les opérations expérimentées montrent que l’implication de la commune est essentielle (envoi d’un courrier aux propriétaires, organisation d’une réunion publique). La discussion en amont entre les techniciens et les élus permet de définir et faire accepter un cadre réaliste. Pour plusieurs des acteurs techniques, le comité de pilotage de la charte forestière de territoire (CFT) a permis de réunir les organismes et de suivre les projets locaux. Il est utile de le pérenniser sous la forme d’une commission forêt-espaces naturels associée à des ateliers locaux.

Le changement s’avère nécessaire Aujourd’hui, la gestion de la forêt est perçue comme « légère » si l’on se reporte aux différentes interventions faites dans les massifs. Il y a des coupes de ci de là pour le bois de chauffage ou pour la papeterie de Tarascon, des troupeaux ainsi que des zones faisant l’objet d’une attention particulière comme les sites NATURA 2000. Mais globalement, il n’apparaissait pas avant la mise en place de la charte forestière de territoire, de gestion d’ensemble ni de projet commun sur des unités cohérentes. De plus, la fermeture du milieu liée à l’abandon des terres cultivées aux franges des massifs est perçue différemment selon les acteurs : ceux du niveau régional et départemental craignent plus la baisse de biodiversité et l’uniformisation des paysages à long terme, alors que les acteurs locaux voient là une augmentation du risque de départ de feu. Parallèlement, la fréquentation sur le massif semble en hausse continuelle, surtout à l’automne où randonneurs, promeneurs, cyclistes… et chasseurs se retrouvent tous ensemble, occasionnant quelques fois des conflits de personnes. Devant l’aggravation potentielle de la situation, les acteurs actifs ne semblent réellement pas en mesure d’agir efficacement et surtout de manière cohérente. C’est l’exemple frappant des pistes de défense des forêts contre l’incendie qui « servent plus aux 4x4 des chasseurs et aux motos qu’aux pompiers ». L’inquiétude que la plupart des gens rencontrés ont pour le feu, ou la multiplication des conflits d’usage dans le massif aux « périodes de pointe » n’est que des révélateurs de la difficulté de la gestion durable de la forêt face à la réalité complexe du milieu. En conclusion : jusqu’à présent la situation ne s’améliorait pas, voire se détériorait, car les acteurs n’étaient pas en mesure de répondre ensemble aux vrais enjeux. [Aujourd’hui la charte forestière de territoire propose un projet commun cohérent mais il faut la faire vivre et la rendre perceptible par les acteurs locaux.]49

Discussions finales

50 SCENARIOS PROSPECTIFS DE DEVELOPPEMENT Les scénarios issus de l’audit patrimonial sur les « conditions et moyens d’amélioration de la qualité de la forêt et des espaces naturels du territoire du Parc naturel régional du Luberon » réalisé pendant la période d’avril à juin 2003 ont été confrontés :

49 Point souligné lors de l’étude de cas pour le projet Forêts méditerranéennes et développement durable 50 Etant donné le décalage méthodologique entre l’audit patrimonial et les entretiens réalisés pour l’étude de cas FMDD, le choix a été fait de restituer de façon fidèle les scénarios issus de l’audit patrimonial

44 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

- le 18 juin 2003 aux personnes rencontrées pendant la phase d’audit des « macro-acteurs », - le 29 septembre 2003 à Cabrières d’Aigues aux personnes rencontrées pendant la phase d’audit des « micro-acteurs » - le 4 novembre 2003 au comité de pilotage de la charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon Les conclusions de cet audit ont été mises à profit et complétées par les résultats des entretiens menés dans le cadre du Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable ».

Le scénario tendanciel prévoit un avenir plutôt sombre pour de nombreux acteurs Un manque de mobilisation à court terme A part la poignée d’acteurs ayant évoqué la « période charnière », beaucoup d’autres sont en attente de changements politiques dans les années à venir. Ces nouvelles conditions seront peut être la base de l’action, envisagée dans les 10 à 20 ans. Le temps de réfléchir à une gestion durable, de monter des projets avec les lourdeurs administratives, de trouver les financements etc. Parfois, certaines personnes semblent décrire le parcours du combattant ! L’échelle forestière, le long terme, est nécessaire pour apprécier les résultats des actions entreprises. ? Force est de constater une certaine passivité de certains acteurs en attente de financements.

Mais les acteurs locaux privilégient les entités naturelles aux entités artificielles Les acteurs du niveau départemental et régional ne prennent pas réellement en compte les caractéristiques physiques du milieu : les responsables administratifs se cantonnent souvent à l’aire d’influence de leur organisme. Les forestiers et beaucoup d’acteurs locaux pensent néanmoins la gestion à l’échelle du massif forestier ou de plusieurs communes. Un autre point important, qui ressort des audits des acteurs locaux, est la volonté de dépasser les limites de la propriété : devant le manque d’entretien de la forêt privée par les propriétaires, quelques acteurs expriment un réel souhait que sa gestion soit assurée par d’autres. Pour cette raison, la charte forestière de territoire tente de conjuguer deux échelles : - Le territoire du Parc pour la cohérence d’ensemble (charte constitutive)… - Des zones plus locales où les enjeux et problématiques sont spécifiques et où l’attachement des locaux se fait davantage sentir. Trois grandes orientations pour ce scénario tendanciel La réponse à la question de l’évolution la plus probable du territoire forestier donne lieu à trois orientations principales : • La presque totalité des acteurs locaux a eu beaucoup de mal à répondre aux questions de prospective : cela montre qu’ils appréhendent difficilement la dimension temporelle, et donc, leur capacité à influencer l’avenir. Une minorité d’acteurs, des scientifiques et associations départementales notamment, se sont montrés incapables de se prononcer sur un scénario tendanciel car ils situent la forêt du Luberon dans une « période charnière », c’est-à-dire d’évolution très incertaine. Elle dépend de beaucoup de facteurs extérieurs, mais surtout des choix d’orientation qui vont être pris dans un futur immédiat. • Seule une poignée d’élus locaux se joint au groupe des acteurs départementaux et régionaux, aux responsabilités et intérêts divers, confiants dans la politique de protection des forêts contre l’incendie et l’avenir du territoire. Ils considèrent que les gens prennent conscience de l’importance de la préservation de la forêt et que cela va induire des changements positifs dans leur comportement. D’autre part, ils pensent que la politique de protection des forêts contre l’incendie, qui fait déjà ses preuves sur ce territoire, va encore s’affiner et par conséquent les risques d’incendie de grande ampleur seront réduits. Enfin, quelques communes voient une dimension positive de la hausse

45 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon de fréquentation de la forêt : cela pourrait induire un regain d’intérêt des maires pour l’entretien de la forêt qui pourraient justifier dans ce sens les dépenses. • Dans leur grande majorité cependant, les acteurs témoignent d’un certain pessimisme. Et malgré leur diversité d’intérêts privés, ils convergent dans cette projection de la situation dans le temps : la gestion forestière reste faible sans plan d’orientation général, donc sans incidence marquée sur les risques d’incendie et permet à la forêt de s’embroussailler et de gagner sur les friches agricoles. Un autre thème récurrent est celui du logement rendu de plus en plus difficile avec la pression foncière et le succès de ce territoire pour les riches étrangers. Les résidences secondaires se développent et on se dirige vers des « campagnes dortoirs ». Par définition, le scénario tendanciel reflète l’évolution la plus probable du territoire. Mais celui que nous venons de décrire est basé sur de nombreuses incertitudes conjoncturelles : évolution des marchés agricoles, fragilité du pastoralisme, avenir de l’ONF, de la papeterie de TEMBEC, etc.

Le scénario négatif : une appropriation de la forêt par des acteurs extérieurs Trois hypothèses principales peuvent être à l’origine de ce scénario presque unanime : • La Charte forestière de territoire n’est pas approuvée cela montre la difficulté des acteurs de dépasser les échelles très locales et de se positionner plus globalement ; cela peut aussi traduire un refus des élus locaux d’accepter de céder davantage de compétences au Parc naturel régional. • Une économie tournée uniquement vers le tourisme : les acteurs locaux expriment leur « raz le bol » devant les aménagements et autres politiques qui s’adressent prioritairement aux touristes et devant la multiplication des habitations transformées en résidences secondaires ; les conflits d’usages sont plus fréquents ou exacerbés. • Une pression foncière incontrôlée qui, avec cette gestion minimale de la forêt, occasionne un incendie de grande ampleur à l’échelle du massif : les conséquences affecteront essentiellement les acteurs locaux. En plus d’être une catastrophe écologique, cela signifiera la perte d’identité de ce territoire (plus de patrimoine naturel) et un effondrement de l’économie touristique.

Le scénario positif : une image un peu utopique51 Plusieurs acteurs se sont prêtés au jeu de la question mais ont toutefois précisé que ce scénario leur semblait utopique ! Les acteurs locaux ont plus de mal à l’envisager que les acteurs départementaux et régionaux qui nous ont semblé plus optimistes. Ce scénario se résume en fait à la disparition des problèmes rencontrés : les risques de départ et de propagation de feu sont maîtrisés, les activités rurales traditionnelles maintiennent une forte emprise sur le territoire, l’exploitation forestière est plus soutenue et tient compte de la multifonctionnalité de la forêt et les conflits d’usages sont amenuisés par un public sensibilisé à l’environnement qui fait preuve de plus de respect de la propriété privée et par un surcroît de présence sur le terrain d’agents de l’ONF ou de gendarmes. D’autre part, le Parc favorise les rencontres et le

51 Les acteurs audités se sont montrés incapables d’envisager un scénario tendanciel plus optimiste sans tomber dans l’utopie. Un scénario tendanciel plus objectif (que les organismes techniques perçoivent davantage) serait le suivant : « Les divers acteurs continuent de se rapprocher peu à peu, sous l’égide notamment du Parc naturel régional, catalyseur du développement durable. Il y a toujours des incendies (c’est inévitable), dont certains grands (de l’ordre de quelques centaines d’hectares), mais pas de catastrophe écologique à l’échelle du massif. Quant au scénario alternatif, il est difficilement imaginable. Les deux principales menaces ressenties par les acteurs sont, d’après l’étude, la peur du feu et les conflits avec les chasseurs. On pourrait donc envisager de bâtir des scénarios alternatifs à partir d’une rupture dans les comportements des acteurs relativement soit à la chasse soit aux incendies. La deuxième hypothèse paraît la plus intéressante d’autant plus que, concernant la chasse, même s’il faudrait parvenir à faire basculer la tendance cela reste pour le moment sans solution évidente. Les objectifs fixés dans la charte forestière et les éléments méthodologiques pour y parvenir (cf. § suivant : Recommandations et propositions d’actions) correspondent à ce scénario qui serait souhaitable sans être totalement utopique.

46 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon débat et les acteurs prennent conscience que le mode de gestion actuel n’est plus adapté : on se dirige vers une prise en charge en commun de la gestion du territoire par ses acteurs.

Les éléments déterminants pour l’avenir Les enjeux sont tournés vers la préservation

• Concilier la fréquentation de la forêt avec sa préservation

• Protéger la forêt pour préserver l’identité du territoire et le cadre de vie

• Etendre l’emprise agricole ou pastorale pour des milieux ouverts favorables à la biodiversité et à la mosaïque de paysages

• Favoriser la vie locale / l’activité touristique

Les menaces sont clairement identifiées Les principales menaces semblent difficiles à maîtriser car elles sont externes au territoire : • L’inadéquation entre les politiques publiques en matière d’environnement et la région méditerranéenne

• Le succès de ce territoire qui est fortement convoité par les touristes et les gens qui veulent s’installer Mais ces menaces, bien réelles, ne doivent pas masquer celles qui sont inhérentes aux acteurs locaux et dont ils peuvent, de ce fait, se prémunir par eux-mêmes :

• Leur manque de mobilisation pour résister activement à cette pression humaine et chercher d’autres solutions de développement économique

• Leur passivité induite par la présence rassurante du Parc qui devient non seulement l’initiateur des projets mais aussi souvent le maître d’ouvrage

Les atouts sont bien réels Beaucoup d’acteurs disent volontiers que les atouts ne manquent pas : la situation géographique favorable, la richesse écologique et la diversité de paysages en sont des exemples, avec la qualité de vie. Ces atouts paraissent banals et anodins, mais ils sont pour beaucoup à l’origine du fort attachement des acteurs locaux à leur espace naturel. D’autre part, ce territoire est un Parc naturel régional depuis 35 ans, il a ainsi de nombreux acquis, notamment au niveau de l’urbanisation en forêt très réglementée : les communes ont toutes révisé leur document d’urbanisme pour protéger les massifs de la construction. Les acteurs locaux ont l’habitude d’être sollicités par cette structure et on voit clairement cette prise de conscience des enjeux et menaces par les acteurs locaux, qui semblent, plus qu’ailleurs, vigilants et avertis par rapport à la pression foncière et au tourisme. De plus, les élus du Parc naturel régional du département des Alpes de Haute Provence, moins touchés par le phénomène des résidences secondaires et le tourisme, paraissent vouloir se prémunir des effets néfastes qu’ils ont observés dans le département du Vaucluse. Enfin, l’agriculture est encore bien présente sur ce territoire, fort atout quand on sait le rôle qu’elle est amenée à jouer pour le maintien des espaces ouverts. Il y a donc de forts atouts qui laissent entrevoir un avenir optimiste que les acteurs concernés choisissent et construisent ensemble, sur la durée.

47 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

Des tendances peu encourageantes Malgré quelques signaux positifs, comme la prise de conscience des gens en faveur de la préservation de la forêt et des nouveaux propriétaires forestiers qui semblent assez ouverts quant à l’entretien de leur parcelle, les tendances sont assez défavorables : La déprise agricole continue et le fossé entre ruraux et citadins se creuse. Certaines personnes disent voir de moins en moins de personnes actives en forêt mais de plus en plus de déchets sur le bord des routes. L’entretien de la forêt est en baisse comme en témoignent ces remarques : - « avant, le massif brûlait tous les ans et si le feu prenait, il s’arrêtait, maintenant il faut les pompiers pour l’éteindre » - « avant, la limite chêne vert / chêne blanc sur le versant nord était nette, maintenant elle l’est moins » - « De moins en moins de propriétaires savent situer leur parcelle »

RECOMMANDATIONS ET PROPOSITIONS D’ACTIONS

Des exigences de qualité partagées par tous L’audit patrimonial a permis de remarquer que les exigences des acteurs pour la qualité du territoire étaient les mêmes. Elles se déclinent en trois points principaux : • Une forêt entretenue, publique comme privée • Une plus large mosaïque de paysages agricoles et forestiers • Une forêt préservée et ouverte à tous en bonne cohabitation Ces exigences ainsi que les propositions d’actions citées par les acteurs ont servi de base à la rédaction de la Charte forestière de territoire. Son contenu (paragraphe suivant) a été largement débattu et modifié par les partenaires (organismes techniques et institutionnels, élus des communes...) avant d’être signé officiellement par leurs représentants le 29 juin 2004.

48 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

Un programme d’action ratifié par les représentants des acteurs52 Une forêt à entretenir en domaine privé comme public

 Gérer la forêt à l’échelle des massifs en dépassant les limites de la propriété :  favoriser des stratégies d’aménagement par massif concertées entre les différents partenaires  encourager la réorganisation foncière pour obtenir des territoires plus faciles à gérer et éventuellement la maîtrise foncière publique de sites à enjeux importants ou très morcelés pour lesquels les communes ou les départements ont une volonté forte de se positionner (acquisition par les collectivités et mobilisation de la Taxe départementale des espaces naturels sensibles par le Département)  encourager le travail en commun des gestionnaires publics comme privés avec les partenaires locaux sur la base de conventions  favoriser la gestion en forêt privée par le biais notamment d’une adhésion des propriétaires à des opérations groupées mettre en cohérence les différentes mesures réglementaires et de gestion

 Utiliser le pastoralisme comme outil d’entretien de la forêt et des espaces ouverts :  soutenir et développer le pâturage en forêt et dans les milieux ouverts lorsque cela s’y prête afin de satisfaire aux objectifs de sauvegarde des paysages, de prévention des incendies et de préservation de la biodiversité (diagnostics pastoraux, installation d’éleveurs, programmes d’équipements pastoraux et animation auprès des propriétaires, mesures contractuelles de type agri-environnementales) prendre les précautions nécessaires lors de la définition du cahier des charges du pâturage vis-à-vis des enjeux forestiers (en se basant sur un diagnostic précis des unités pastorales : zonage, calendrier, charge en bêtes, équipements)

 Relancer la filière bois :

 développement de la filière bois-énergie dans le sens de l’impulsion que le Parc naturel régional du Luberon a donné au niveau des opérateurs publics (lien entre production et consommation de cette source d’énergie renouvelable)

 diversifier la valorisation des peuplements résineux et feuillus vers de nouveaux débouchés (bois-énergie par la production de plaquettes et bois d’œuvre)  favoriser l’amélioration qualitative des peuplements de pins d’Alep, sylvestre et maritime et de cèdre par une sylviculture (éclaircie et élagage) sur les stations forestières présentant de bonnes potentialités  encourager les ventes groupées dans les pinèdes privées morcelées  respecter les règles de « bonne conduite » des taillis de chêne (surfaces maximales, âge d’exploitation, préservation de bosquets, précautions paysagères)  expérimenter la qualification des exploitants forestiers à la gestion durable des forêts (formation, documentation…)  encourager les débouchés locaux dans la construction (ossatures bois, aménagements intérieurs...) réfléchir, dans les situations qui l’exigent, à un schéma de desserte concerté pouvant assurer différentes fonctions

52 Objectifs de la charte forestière du Luberon dont la rédaction s’est basée sur les grands programmes d’action identifiés par les acteurs lors de l’audit patrimonial débattus et enrichis par les partenaires signataires

49 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

 Améliorer la politique de prévention des incendies de forêts :  permettre la réalisation et l’entretien des ouvrages et équipements nécessaires à la Défense forestière contre les incendies  participer à la pérennisation des coupures de combustibles ou pare-feu existants (par le pastoralisme ou le brûlage dirigé) et favoriser la création de nouvelles coupures (diagnostics techniques, négociation foncière)  favoriser le maintien des interfaces et enclaves agricoles ou leur restauration par réhabilitation de friches (notamment avec le retour des cultures traditionnelles d’oliviers ou d’amandiers en terrasses)  mener une sylviculture adaptée, de type « DFCI », des boisements dans les zones à risque fort (protection de village et interfaces de massifs : diagnostic, animation, mobilisation de bois) conserver toute la vigilance quant à la protection des forêts contre l’urbanisation et agir sur les situations existantes à risques (respect du débroussaillement obligatoire dans les zones « mitées », Plan de prévention des risques d’incendies de forêt, réduction de « poudrières »)

 Dans le cadre de l’utilisation durable des ressources naturelles, la chasse participe à la gestion écologique des territoires et assure une exploitation raisonnée des espèces chassées :  les schémas cynégétiques départementaux seront l’occasion de mettre en œuvre ces principes à une échelle cohérente d’unité de massif

Préserver le patrimoine, les équilibres naturels et la diversité biologique

 Veiller à la gestion et à la conservation des milieux et des espèces sensibles en termes de biodiversité :  préserver les écosystèmes forestiers d’intérêt majeur par des formes de protection adaptées (chênaie pubescente à houx, hêtraies sèches, forêts alluviales, écosystèmes forestiers matures, etc.)  inciter à l’éclaircie du chêne pubescent pour une évolution vers la futaie plutôt que la coupe rase sur les stations présentant de bonnes potentialités  identifier des zones de peuplements forestiers à laisser vieillir sans intervention (réserve biologique intégrale)  favoriser la maturation de peuplements forestiers choisis par une gestion adaptée  identifier les milieux ouverts intéressants nécessitant une gestion conservatoire  faire appliquer les mesures réglementaires incontournables (circulation sur les pistes, arrêtés de protection de biotope, réserve géologique, etc.) par convention avec l ’ONF, l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage et/ou la gendarmerie appliquer les règles de gestion sylvicole favorables à la biodiversité

 Préserver le patrimoine paysager et culturel :  prendre en compte l’aspect paysager lors de la réalisation de travaux (respect notamment des recommandations formulées dans les études paysagères disponibles)  préserver, voire mettre en valeur, les éléments du patrimoine rural et les traces d’activités anciennes

 Veiller à la protection des sols et à la régulation des régimes hydriques :  veiller à la protection des sols et des milieux menacés ponctuellement par la surfréquentation et notamment la pratique anarchique de la circulation de véhicules 4X4, de motos de trial et de "QUADS " appliquer les préconisations de gestion des ripisylves (forêts de berges et alluviales) en se référant pour le bassin du Calavon au Schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE) et au contrat de rivière

50 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

Accueillir - Eduquer, sensibiliser et former les acteurs et les usagers de la forêt

 Concilier les usages : favoriser la rencontre et la médiation entre les différents usagers de la forêt (convention fixant les règles de cohabitation) améliorer l’organisation de l’accueil du public et la gestion des sites sensibles par le biais en particulier de conventions de services entre propriétaire(s) et collectivité dans le cadre d’une gestion durable des massifs forestiers, les initiatives d’accueil du public portées par les collectivités ou propriétaires privés seront analysées et discutées avec les techniciens compétents au regard des enjeux en présence (en domaine privé, l’Association Forêt Réseau Tourisme – Forestour - pourra être sollicitée à cette occasion)  assurer la présence d’agents de terrain exerçant des missions d’application des réglementations et d’accès aux sites sensibles, de médiation, d’éducation, d’inventaires et de suivi ainsi que de surveillance

 Eduquer, sensibiliser et former les acteurs et les usagers de la forêt : renforcer l’éducation des scolaires et des jeunes à la forêt et ses différents enjeux construire des formations à la forêt et sa gestion durable à l’attention des différentes catégories d’acteurs (élus, guides, propriétaires, etc.) impliquer les professionnels du tourisme et des loisirs et les représentants d’usagers dans la préservation des milieux naturels et la conciliation des usages par la sensibilisation des utilisateurs en particulier le grand public (« code de bonne conduite des utilisateurs des espaces naturels » ou « charte de qualité »)

Sur quels facteurs influer en priorité ? Préconisations concernant le problème des problèmes Par rapport au problème des problèmes identifié précédemment (cf. p 35), plusieurs voies de changements on été imaginées :

Figure 7 : facteurs et préconisations d'actions Il s’agit de déplacer les financements publics vers la prévention plutôt que la réaction. Il faut refaire fonctionner la boucle de l’exploitation forestière, et cela ne sera possible qu’en injectant de l’argent pour augmenter le prix du volume de bois coupé et que les propriétaires ou exploitants s’y retrouvent financièrement. A terme, il serait ainsi possible de réduire le coût de la politique de défense des forêts contre les incendies. L’action locale vise donc à convaincre le gouvernement que la forêt méditerranéenne doit être entretenue plus activement. [Les services non-marchands (paysage, loisirs, biodiversité…) doivent pouvoir être valorisés pour justifier un entretien de l’espace forestier qu’ils intéressent.]53 Il faut également redonner leur place aux modes traditionnels d’entretien de

53 Point souligné lors de l’étude de cas pour le projet FMDD

51 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon l’espace comme le brûlage dirigé ou le pastoralisme, qui se perdent aujourd’hui. Pour parvenir à ces solutions, il faut que les acteurs réfléchissent ensemble.

Actions prioritaires dans le cadre de la charte forestière de territoire54 Les membres du comité de pilotage de la charte forestière interrogés (ces entretiens n’étaient pas représentatifs de l’ensemble des signataires) considèrent globalement que parmi les objectifs de la charte forestière, la préservation des équilibres naturels et la diversité biologique (objectif 2) est le plus difficile à appréhender. L’enjeu principal serait donc de parvenir à sensibiliser les acteurs (objectif 3) et à les mobiliser pour une gestion à l’échelle des massifs (objectif 1) ce qui permettra de limiter l’évolution de la forêt et donc de préserver la biodiversité.

Nécessité d’une réflexion commune et d’une évolution des modes de gestion Une réflexion commune55 Les acteurs locaux pour participer à la construction de l’avenir de leur forêt ne doivent pas subir la politique de l’Etat pour la forêt méditerranéenne mais l’influencer en lui soumettant un projet commun pour le territoire, accepté et porté par l’ensemble des acteurs concernés. Les actions doivent être recentrées par rapport au problème des problèmes. Il faut que les acteurs s’engagent à travailler ensemble et cela peut se faire à plusieurs niveaux : -la « Charte forestière du Luberon » comme document cadre pour l’ensemble du territoire du parc naturel régional du Luberon associé à un programme d’actions annuel - des « Conventions de massif » mises en place localement à une échelle cohérente et opérationnelle pour résoudre des difficultés de gestion ou engager les acteurs à travailler ensemble sur la base d’objectifs communs - des « Conventions de services » répondant à des demandes environnementales ou sociales (accueil du public, loisirs sportifs de pleine nature, biodiversité, pâturage, etc.), identifiant des projets concrets et contractualisant le rôle des partenaires (en particulier les propriétaires offrant des services et les demandeurs le plus souvent la collectivité)

Des lieux de rencontre permettant de construire un projet commun pour la forêt et les espaces naturels56 Dans la plupart des cas, les actions à mettre en place sont connues et il existe de nombreuses instances compétentes sur le territoire du Parc naturel régional. Pour palier au manque de lisibilité global de la charte forestière de territoire et assurer un lien entre les actions concrètes locales, l’idée est d’officialiser des lieux d’échanges et de suivi de la gestion des espaces naturels. Ils doivent permettre de mobiliser les différents acteurs pour la construction de projets communs au niveau local comme cela a été expérimenté et apprécié lors de l’élaboration de la charte forestière de territoire et assurer la cohérence à l’échelle de l’ensemble du Parc naturel régional.

Dans le cadre de la charte forestière de territoire, cette réflexion commune aurait lieu :

54 Idem 55 Cette nécessité d’une réflexion commune a été mis en évidence par l’audit patrimonial et les niveaux d’engagements (charte, conventions…) ont été proposés par le comité de pilotage lors de l’élaboration de la charte forestière. 56 Cette demande de lieux de rencontre permettant de construire un projet commun pour la forêt et les espaces naturels, sous la forme d’ateliers d’échanges et d’une commission, a émergé de l’audit patrimonial et le comité technique et financier a été proposé en complément par le comité de pilotage lors de lors de l’élaboration de la charte forestière.

52 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

- Au niveau local, au sein d’ateliers d’échanges ou « tables rondes » constitués d’échantillons représentatifs d’acteurs : des élus, des acteurs locaux (exploitants forestiers, propriétaires, éleveurs, pompiers, chasseurs, fédérations de « loisirs », associations locales pour l’environnement), des personnes qualifiées (DDAF, technicien du PNRL, ONF, SDIS, SMDVF, DIREN, CRPF, association, fédération départementale des chasseurs, CERPAM) - Pour l’ensemble du territoire du Parc naturel régional, par le biais d’une commission forêt-espaces naturels constituée d’élus des communes, de représentants techniques, institutionnels et d’usagers permettant la : discussion autour des questions relatives à la forêt et aux espaces naturels (points d’actualité, nouvelles procédures et projets divers) ; le suivi et l’évaluation de la mise en oeuvre de la charte forestière et coordination du travail des ateliers d’échanges locaux ; l’orientation de la stratégie pour la forêt et les espaces naturels du Luberon - Afin d’assurer la cohérence globale des actions engagées sur le territoire du Parc naturel régional du Luberon au titre de la charte forestière de territoire, un comité technique serait mis en place regroupant notamment l’ONF, le SMDVF, le CRPF, Provence Forêt, le CERPAM, le PNRL. Réuni au moins une fois par an, ce comité pourrait contribuer à une mutualisation et une concertation sur les projets émergents suivi par chaque organisme. L’idée est de parvenir à une vision plus claire et de rechercher davantage de synergie comme cela a déjà pu se faire sur certaines actions. Ce bilan technique serait alors transmis aux collectivités (Région, Départements) ainsi qu’aux représentants en région de l’Etat et de l’Europe afin d’assurer la cohérence entre les actions proposées et les financements mobilisables. - Une commission spécifique « financement » pourrait alors vérifier la convergence des actions proposées au titre de la charte forestière de territoire avec les objectifs et stratégies de l’Etat, de l’Europe et des collectivités (Région et Départements).

Les règles de fonctionnement de ces lieux de rencontre sont à définir en amont et à ajuster au fur et à mesure de leur mise en place pour assurer leur efficacité et éviter le risque d’essoufflement (disponibilité des techniciens, formations en amont, etc.). De plus il est important de communiquer plus largement avec les habitants autour de ces projets de territoires et des opérations locales, d’information et consulter la population (débats publics, forum Internet, presse,…).

53 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

Figure 8 : articulation entre la commission forêt-espaces naturels du Parc naturel régional du Luberon et les ateliers d’échanges locaux

54 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

Les acteurs locaux ne s’approprient pas ce territoire dans sa globalité57 L’attachement des locaux à la forêt du Parc naturel régional du Luberon évoqué précédemment est en fait plus ciblé et plus localisé. Les entretiens montrent que les personnes ont beaucoup de mal à se projeter sur l’ensemble du territoire: les élus restent confinés sur les limites communales, les propriétaires sur leurs terres etc. En fait, les acteurs sont attachés à leur cadre de vie proche, ils l’expriment souvent ainsi : « ça fait 40 ans que je la vois » ou « le paysage que j’ai sous les yeux ». Cette remarque a permis de grouper les acteurs qui avaient les mêmes attachements et de voir se dessiner ainsi des zones naturelles plus petites qui permettent de découper le territoire du Parc naturel régional du Luberon en six secteurs cohérents d’un point de vue forestier et humain: Collines de Durance, Luberon oriental, Haut Calavon-Haut Largue, Monts de Vaucluse, Petit Luberon, Grand Luberon. Pour tenir compte de l’attachement des gens à un espace forestier plus limité que celui du territoire du Parc naturel régional du Luberon il faudrait un lieu de rencontre par secteur, mais un seul organe de mise en cohérence, pour tenir compte de l’entité Parc naturel régional du Luberon.

57 La proposition d’un découpage en secteurs de gestion est issue de l’audit patrimonial en réponse au constat que les acteurs locaux ne s’approprient pas ce territoire dans sa globalité

55 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

Des moyens humains et financiers nécessaires58 La prise en compte des spécificités des forêts méditerranéennes et le développement durable des territoires nécessitent des moyens humains et financiers pour mobiliser les acteurs, assurer la concertation et la cohérence, réaliser les actions programmées, soutenir les filières et la rémunération des services non marchands, etc. Il semble donc nécessaire de : Mettre en place et pérenniser le poste d’animateur (personnel technique) qui assure les approches territoriales de type « charte forestière de territoire » et permettent la concrétisation de leurs objectifs multifonctionnels et cohérents par la concertation Associer des moyens techniques et financiers à ces projets cohérents de type « charte forestière de territoire » qui sont une garantie de gestion durable pour permettre la réalisation d’expertises techniques (diagnostics pastoraux, sylvicoles, écologiques…), l’animation opérationnelle auprès des propriétaires et la réalisation des travaux programmés Soutenir les organismes de service comme la coopérative Provence Forêt, le CERPAM… Conclure des contrats de financement (conventions de services) entre collectivité (Etat, département, commune…) et propriétaires lorsqu'ils s'engagent dans des opérations d'intérêt général (biodiversité, accueil du public, risques incendie, cadres de vie…) Revenir à des contrats de type mesures agri-environnementales avec les éleveurs pour l’entretien de l’espace mais avec davantage de souplesse (variabilité dans le temps et l’espace sur un projet global défini en concertation) et un contrôle des primes assuré par un niveau technique local associé à l’élaboration du projet Financer des opérations groupées visant les petites propriétés lorsqu'elles correspondent à celles préconisées par les approches territoriales et pérenniser les opérations via des plans de gestion concertés avec une implication financière de la collectivité locale pour l’entretien au titre des services rendus (accueil du public, cadre de vie, chasse…) Laisser une grande latitude d'adaptation des modalités d'aides pour prendre en compte la complexité des cas rencontrés dans la zone méditerranéenne Assurer une cohérence des aides avec les préconisations des documents de références (documents d’objectifs Natura 2000, Schémas régionaux de gestion sylvicole…) L’évaluation, un processus à ne pas négliger Il est apparu difficile pour un grand nombre d’acteurs d’envisager des moyens d’évaluation de la pertinence de la gestion effectuée. De plus, certains ont évoqué la contrainte de temps nécessaire qui peut s’avérer être un frein. Quelques pistes ont cependant été soulevées et beaucoup sont d’accord pour dire que l’évaluation est nécessaire à tout programme d’action afin de mieux réagir à l’évolution de la situation, surtout quand il s’agit de gestion durable du milieu naturel. Et cette évaluation sera d’autant plus justifiée si elle est faite par un autre organisme, plus objectif. [Un des acteurs suggère, pour assurer l’appropriation des projets et le suivi au niveau local, de désigner des correspondants locaux formés qui ont un rôle de "guetteur (conflit latent, nécessité de travaux…) en binôme avec un correspondant technique pérenne « multi-usage » (par exemple l’animateur de la charte forestière de territoire). Dans le cadre de la charte forestière de territoire, il est prévu de mettre en place un système de suivi-évaluation qui permette d’évaluer le degré de réalisation des objectifs fixés et l’impact des actions sur la base d’indicateurs (surface de travaux, nombre de conventions signées, surface de

58 Points soulignés lors de l’étude de cas pour le projet FMDD et notamment exprimées par le CRPF pour les propositions en italique (pour une prise en compte des spécificités méditerranéennes dans la politique forestière)

56 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon pâturage remise en valeur…) et de mesurer la satisfaction des acteurs ainsi que l’efficacité des méthodes.]59

59 Points soulignés lors de l’étude de cas pour le projet FMDD

57 ONCFS : Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage Glossaire des sigles ONF : Office National des Forêts PACA : Région Provence-Alpes-Côte d’Azur ADCCFF : Association départementale des PDIPR : Plan Départemental d’Itinéraires comités communaux de feux de forêt Pédestres et de Randonnée ADEME : Agence De l’Environnement et de la PDRN : Plan de Développement Rural National Maîtrise de l‘Energie PFCI : Protection Forestière Contre l’Incendie AFOCEL : Association Forêt Cellulose PIDAF : Plan Intercommunal (de AFP : Association Foncière Pastorale, regroupant Débroussaillement et) d’Aménagement Forestier des propriétaires dans un but pastoral PIG : Plan d’Intérêt Général (ex. PIG Feux de APB : Arrêté de Protection de Biotope Forêt sur le Vaucluse) ASL : Association syndicale libre, regroupant des PLU : Plan Local d’Urbanisme, remplaçant le propriétaires forestiers POS : Plan d’Occupation du Sol CCFF : Comité Communal Feu de Forêt PNRL : Parc Naturel Régional du Luberon CDT : Comité Départemental de Tourisme PPRif : Plan de Prévention des Risques « incendies CEEP : Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de de forêt » Provence PSG : Plan Simple de Gestion, document CFT : Charte Forestière de Territoire d’aménagement forestier obligatoire pour les CEMAGREF : Centre d’Etude du Machinisme propriétés privés de plus de 25 ha Agricole, du Génie Rural, des Eaux et Forêts 84 : Département du Vaucluse CERPAM : Centre d’Etudes et de Réalisations RN géologique : Réserve Naturelle géologique Pastorales Alpes Méditerranée SAGE : Schéma d’Aménagement et de Gestion de CPIE : Centre Permanent d’Initiation à l’Eau l’Environnement SDIS : Service Départemental d’Incendies et de CRPF : Centre Régional de la Propriété Forestière Secours CTE : Contrat Territorial d’Exploitation remplacé Secteur VBM : Secteur de Valeur Biologique par le CAD : Contrat d’Agriculture Durable Majeure CUMA : Coopérative d’Utilisation de Matériel SIG : Système d’Information Géographique Agricole SMDVF : Syndicat Mixte de Défense et de DDAF : Direction Départementale de l’Agriculture Valorisation Forestière et de la Forêt TDENS : Taxe Départementale des Espaces DDJS : Direction Départementale de la Jeunesse et Naturels des Sports 13 : Département des Bouches du Rhône DIG : Déclaration d’Intérêt Général UDVN : Union Départementale Vie et Nature DIREN : Direction Régionale de l’Environnement 04 : Département des Alpes de Haute Provence DFCI : Défense Forestière Contre l’Incendie, ZICO : Zone d’Intérêt pour la Conservation des équipements et ouvrages utiles aux pompiers lors Oiseaux d’un incendie ZNIEFF : Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique DOCOB : DOCument d’OBjectif Natura 2000 Floristique et Faunistique DRAF : Direction Régionale de l’Agriculture et de ZPS : Zone de Protection Spéciale la Forêt - SERFOB : Service Régional de la Forêt et du Bois DUP : Déclaration d’Utilité Publique EBC : Espace Boisé Classé FNADT : Fond National pour l’Aménagement et le Développement du Territoire FORESTOUR : Association Forêt Réseau Tourisme ICPE : Installation Classée pour la Protection de l’Environnement IGN : Institut Géographique National INRA : Institut National de la Recherche Agronomique LIFE : L’Instrument Financier Européen MAE : Mesure Agri-Environnementale MAAPAR : Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche et des Affaires Rurales MEDD : Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable OFME : Observatoire de la Forêt Méditerranéenne Bibliographie

Baudot, L., 1998 - Etude paysagère du Petit Luberon, ONF Beylier B. (CERPAM) & REBATTET S. (URSPFS)., 2000. Gestion multi-usages et paysages à Saint Saturnin-lès-Apt. Bec S. & Bruni R., 1992 – Votre guide en Luberon - EDISUD, Aix en Provence Lumières, PNR du Luberon Bourlon S., 2001 - Approche par unités cohérentes de gestion forestière et des milieux associés sur le territoire du Parc du Luberon - Mémoire de fin d’études FIF : ENGREF, 73 p. et annexes CEMAGREF, CERPAM, DATAR, Ministère de l’Agriculture et de la Pêche, Région PACA & MRE, 1997 - Enquête pastorale, Région PACA : Atlas et fichiers numérisés. CEMAGREF PACA, 1992 – Guide du PIDAF en région Provence Alpes Côte d’Azur, 55p. CERPAM, 1995 – Etude des Massifs des Bords de Durance : lecture pastorale de l’ensemble des secteurs du projet PIDAF. Claudez P., 1999 – Rapport d’audit concernant les conditions et les moyens d’une gestion forestière durable. Etude de cas : le Parc Naturel Régional du Luberon -– Programme LIFE Environnement “ Gestion des territoires ruraux remarquables ”- Direction de la Nature et des Paysages & Fédération Nationale des PNR de France. Collier R., 1986 – La Haute Provence monumentale et artistique Crassous C., 1997 – Prise en compte des enjeux patrimoniaux dans la gestion forestière en Languedoc- Roussillon – Stage FIF-ENGREF de 3ème année, 96 p. et Annexes. CRPF PACA & PNR Luberon, 1999 – Forêt et gestion durable sur le territoire du Parc Naturel Régional du Luberon – Programme LIFE Environnement “ Gestion des territoires ruraux remarquables ”, 11 p. et annexes. CRPF PACA, 2000 – Projet de Charte de Territoire Forestier du massif d’Annot. Dautier A.Y., 1999 – Trous de mémoires, troglodytes du Luberon et du Plateau de Vaucluse – Les Alpes de Lumière DDAF-84 & ONF-84, 1997 – Etude de l’état général des PIDAF. Dubourdieu J., 1997 – Manuel d’aménagement forestier – ONF – TEC&DOC, Lavoisier, Paris : 1997 – 243 p. Duhen, LM, 2001 – Pour gérer durablement les forêts privées – Forêt Privée n 6-2001 p. 8 Fevrier P.A. (sous la direction de), 1981 – Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France : Vaucluse, Pays d’Aigues.– Pays d’Aigues, inventaire des cantons de Pertuis et – DRAC - Ministère de la culture, Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de France. Fischesser B., 1991 – La forêt dans le paysage – CEMAGREF. Fédération Française de la Randonnée Pédestre, 1999 – Le Parc Naturel Régional du Luberon à pied – Topo-Guide PR, ref. PN01 - PNR Luberon. Geyser, 1999 - Multiusage des espaces naturels sensibles et circulation motorisée– Programme LIFE Environnement “ Gestion des territoires ruraux remarquables ” Hetier JP., 1996 – Approche écologique et paysagère – DIREN Corse, Languedoc-Roussillon, Provence – Alpes - Côte d’Azur, pp. 56-60. Houssin, M., 2001 – Etude paysagère du Grand Luberon et du Luberon oriental - ONF, PNRL INSPECTION GENERALE DE L’ADMINISTRATION n° 04-041-01, CONSEIL GENERAL DES PONTS ET CHAUSSEES n°2004-0113-01, CONSEIL GENERAL DU GENIE RURAL ET DES EAUX ET FORETS n°2085 &INSPECTION GENERALE DE L’ENVIRONNEMENT n° IGE/04/030, 2004 -La protection contre les incendies de forêt dans le sud de la France – Avis délibéré, 15p. Malinaud O. & Sturm P., 2003 - Audit patrimonial « Conditions et moyens d’amélioration de la qualité de la forêt et des espaces naturels du territoire du Parc naturel régional du Luberon »- Mémoire pour l’obtention du diplôme d’ingénieur agronome de l’INAPG, Apt/Paris, 40p. ONF-84, 1999 – Etude interfaces : communes de Gordes, Roussillon, Bonnieux, Cavaillon, Les , Cheval-Blanc, Puget, Vitrolles, Grambois – Fiches descriptives et cartes. Ollivier-Elliot P., 1997 – Luberon, Pays d’Apt, carnet d’un voyageur attentif – EDISUD, Aix en Provence PNR du Luberon, 1999 – Inventaire des cabanons de la Tour d’Aigues, Manosque et Roussillon Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

PNR du Luberon, 1997 – Inventaire des bories PNR du Luberon, 1997– Inventaire des aiguiers PNR Luberon, 2000 - Document d’objectifs intermédiaire Natura 2000 : “ Massif du Luberon ” site PR 89 PNRL, 2001 - Opération pilote sur la mise en gestion intégrée de la forêt privée en peuplements résineux, Site du piémont sud-ouest du petit Luberon – Note technique, 4 p. CRPF & PNRL, 1999 – Zone de propriété morcelée de Cheval Blanc in Forêt et gestion durable sur le territoire du Parc Naturel Régional du Luberon – Programme Life Environnement “ Gestion des territoires ruraux remarquables ” - Annexe 5 – Test pp. 22-30 Beylier B. & Garde L., 2000- Quand les éleveurs gèrent la biodiversité : L’Opération Locale Agri- Environnementale du PNR du Luberon “ Biotopes rares et sensibles ” : 5 ans de suivi des pratiques pastorales –CERPAM Parc Naturel Régional du Luberon, 2001 – Incendies de forêts – In Le Courrier du Parc Naturel Régional du Luberon : les actions de l’année 2000 – Numéro annuel 2001, pp 51-52. Parc Naturel Régional du Luberon, 2001 – Mise en place du réseau touristique départemental de randonnée – In Le Courrier du Parc Naturel Régional du Luberon : les actions de l’année 2000 – Numéro annuel 2001, 53 p. Parc Naturel Régional du Luberon, 1999 – Secteurs de Valeur biologique majeure – 118 p. Préfecture de Vaucluse, 1990 – Projet d’Intérêt Général relatif à l’occupation des sols dans les zones soumises à des risques de feux de forêt : Massif du Luberon. Préfecture de Vaucluse, DDE Vaucluse, DDAF Vaucluse et SDIS Vaucluse, 1997 – Projet d’Intérêt Général Feux de Forêt Massif du Luberon : Bilan de l’application et perspective d’évolution, 9p. Réserve Naturelle Géologique du Luberon – Plan de gestion 2000-2004 – 84p. Réserve Naturelle Géologique du Luberon – Annexes du Plan de gestion 2000-2004 Riethmuller T., 2002 - Bilan des Chartes forestières de territoire au niveau national- Mémoire de fin d’études FIF : ENGREF, 44 p. Segretain V. (CERPAM), 1993 – Aménagement et gestion des espaces naturels, Communes de Montjustin et Villemus SIVOM du Pays des Maures et du Golfe de Saint-Tropez, avril 2000 - Pays des Maures : un projet pour son territoire forestier – 33p. Varese P., 1997 – Catalogue des stations forestières des pays du Luberon – PNR Luberon, ENGREF Nancy, 80 p. Varese P., 199 ? – Etude phytoécologique et dynamique des ripisylves du Parc Naturel Régional du Luberon – PNR Luberon, ENGREF Nancy, 78 p.

60 Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable » Etude de cas : Charte forestière de territoire du Parc naturel régional du Luberon

Annexes

1. Mesures réglementaires de protection et de gestion sur le Parc naturel régional du Luberon

2. Organigramme des acteurs de la gestion forestière sur le territoire du PNR Luberon

3. Qu’est ce que le Centre Régional de la Propriété Forestière ?

4. Composition du comité de pilotage de la Charte forestière de territoire du Luberon

5. Découpage du territoire du parc naturel régional du Luberon en 22 unités de gestion forestière

6. Diagnostic participatif sur les secteurs des Collines de Durance et du Colorado Provençal

7. Liste des endroits visités et des personnes rencontrées

8. Synthèse des entretiens réalisées par catégorie d’acteurs dans le cadre de l’étude de cas pour Silva Mediterranea - Projet «Forêts méditerranéennes et développement durable »

9. Mise en gestion d’une forêt privée morcelée pour la protection contre l’incendie sur le piémont du Petit Luberon (commune de Cheval Blanc)

61 ANNEXE 1: MESURES DE GESTION ET DE PROTECTION REGLEMENTAIRES SUR LE TERRITOIRE DU PARC NATUREL REGIONAL DU LUBERON

Mesure de Conséquences Rôle Localisation protection sur la gestion forestière  Ce zonage désigne les  50 520 ha  Des conventions de gestion zones à dominante répartis sur les liées au maintien des activités naturelle, ainsi que celles massifs du pourront être passées avec les où les activités humaines Luberon, une sylviculteurs volontaires sont à l'origine partie des concernés. Secteur d'agrosystèmes dont la Monts de  Tout projet de travaux ou de Valeur flore et la faune typiques Vaucluse, d'aménagements susceptibles Biologique sont devenues rares Collines des de modifier profondément l'état Majeure ailleurs Bords de actuel des équilibres  Dans le cadre des Durance au biologiques ou de aménagements forestiers, Sud et à l'Est, compromettre leur retour (Etabli par la Charte des séries d’intérêt Vallée du rapide à un état optimal sera du PNRL) écologique particulier sont Calavon. soumis à l'avis consultatif du définies lorsque la Parc qui, in fine, ne pourra s'y protection d’éléments opposer. biologiques remarquables appelle une gestion spéciale de ces zones.  Outil de protection des  Espaces  L’usage du matériel lié à espaces homogènes inhabités du l’exploitation de la forêt est inhabités dans lesquels le massif du autorisé. milieu naturel s’est Luberon, des  Pour consacrer la vocation développé à l’abri des versants sud forestière, cynégétique, Zone de Nature agressions de l’activité des Monts de pastorale et de pleine nature de humaine, offrant ainsi des Vaucluse, des ces grands espaces quasiment et de Silence conditions satisfaisantes collines des inhabités, les évolutions des pour le développement de bords de documents d’urbanisme ne (Etabli par la Charte du PNRL) la faune et de la flore Durance au devront pas y autoriser de sauvages. Sud et à l'Est. nouvelles constructions d’habitations ni d’installations classées pour la protection de l’environnement hormis celles liées à l’exploitation de l’ocre.

Outil de protection, de  28 sites  Les coupes et autres travaux préservation et de fossilifères sylvicoles sont soumis à des Réserve valorisation du très riche répartis sur 20 limitations dans le but de Naturelle patrimoine géologique communes préserver l'intégrité des sites Géologique menacé du territoire du (399 ha, soit concernés par le périmètre de Parc au travers 167 ha sur le protection, et surtout des sites (Mise en place d'actions de département classés. par le Ministère sensibilisation, de Vaucluse de l'Environnement d'animations et 232 sur à la demande pédagogiques et d'actions celui des du PNRL) d'enrichissement de la Alpes-de- connaissance scientifique. Haute- Provence). Mesures Conséquences Rôle Localisation de protection sur la gestion forestière Site Classé  Conservation des  3 sites  Toute modification paysages et des sites classés importante doit faire l’objet pittoresques dans leur d’une autorisation spéciale. état actuel.  Unité de gestion ou  1645 ha en  Toute intervention ou non- ensemble d'unités de forêt intervention y est dirigée vers gestion faisant l'objet domaniale du un objectif de protection. La d'une gestion spéciale Petit Luberon Réserve Biologique Dirigée Réserve afin de conserver des (Site de constitue alors un lieu Biologique milieux, des biotopes, Régalon) privilégié pour la recherche et, Dirigée des espèces animales ou éventuellement, pour la végétales  Forêts de démonstration et la (Mise en place remarquables; les Saint Martin, sensibilisation du public. par arrêté Réserves Biologiques Volx et interministériel) Dirigées doivent Vachères renfermer, dans un réseau cohérent, les éléments les plus remarquables de la diversité biologique des forêts publiques.

Mesure de gestion et Date de Rôle de protection création Les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) se substituent depuis avril 2001 aux POS afin de fonder une politique locale d’aménagement tout en gardant la valeur réglementaire du POS et sa Plans Locaux vocation de gestionnaire de l’espace. A l’heure 2001 d’Urbanisme (PLU) actuelle, presque toutes les communes adhérentes au Parc font l’objet d’un tel document opposable. Pour les communes non concernées par un PLU ou une carte communale de planification, c’est le code de l’urbanisme qui s’applique. Les SCOT introduits par la loi solidarité et renouvellement urbains (SRU) ont pour objectif de faire en sorte que les élus définissent en commun la manière dont les aires urbaines doivent évoluer et de répondre à ce besoin d'articulation entre les différentes démarches de planification. Il en Schémas de Cohérence découle un projet d'aménagement et de 2001 Territoriale (SCOT) développement durable du territoire (PADD), véritable projet politique pour l'ensemble des communes regroupées dans ce but. Elaboré sur la base d'un projet solidaire, cohérent et partagé démocratiquement, le SCOT prend la forme d'un projet évolutif car porté et suivi par des instances pérennes qui permettront de l'évaluer périodiquement. Mesure de gestion et Date de Rôle de protection création Bois, forêts ou parcs à conserver, à protéger ou à créer, qu'ils soient soumis ou non au régime forestier. Espaces Boisés Classés Tout changement d'affectation, ou tout mode (EBC) d'occupation du sol de nature à compromettre la conservation, la protection ou la création des boisements est interdit. Préservation des biotopes contre toute activité leur portant atteinte: il peut donc être assorti d'interdictions. Arrêté Préfectoral Comme la réglementation porte sur le milieu et de Protection de Biotope non sur les espèces, la chasse ne peut être 1976 (APB) proscrite mais l'accès et la circulation peuvent être limités. L'APB ne constitue pas une servitude d'utilité publique dont l'inscription au POS est obligatoire. Réseau de sites représentatifs de la biodiversité Natura 2000 qui font l'objet d'inventaires d'espèces et 1992 (cf. note ci-après) d'habitats d'intérêt patrimonial élevé ainsi que d'une gestion adaptée. Orientation et planification de la gestion Plan d'Aménagement durable de la forêt en forêt publique. Forestier Analyse, objectifs fixés et programmes XIVè siècle (en forêt publique) d'intervention souhaitables pendant une durée de 10 à 25 ans. Plan de Prévention Réglementation de l'urbanisation des zones des Risques naturels boisées sensibles. prévisibles (PPR) C'est un outil juridique fort qui vient palier "Feux de forêt" l'absence de prise en compte du PIG dans des 1995 zones ou pourtant l'aléa incendie est important. Il passe par une cartographie fine de l'aléa, et a des incidences fortes en matière d'urbanisme. Démarche cohérente suscitée par des élus pour protéger un massif forestier contre l'incendie et mettre en valeur ses ressources. Le PIDAF vient enrichir les documents Plan Intercommunal d'urbanisme ou d'aménagement du territoire au de Débroussaillement sens large avec notamment la prise en compte du et d'Aménagement risque dans les POS pour éviter par exemple 1980 Forestier d'accorder un permis de construire dans les zones (PIDAF) les plus sensibles ou encore pour contraindre à effectuer les débroussaillements dans les "interfaces" entre zones résidentielles et forestières. Date de Mesures de gestion Rôle création Document planifiant la réalisation de divers travaux et coupes en forêt privée, dont les retours d'investissements sont de long terme (des aides publiques sont prévues). Plan Simple de Gestion Le PSG est obligatoire sur les unités foncières de 1963 (PSG) plus de 25 ha d'un seul tenant et facultatif pour les unités de plus de 10 ha. Son objectif est uniquement forestier au sens de la production de bois. Le PSG est validé par le CRPF. Réglementation de l'urbanisation des zones Projet d'Intérêt Général boisées sensibles: lutte contre le mitage en forêt, "Feux de forêt" amélioration des voies d'accès dans les zones 1990 (PIG) urbanisées et augmentation des capacités des (Mesure réglementaire) réseaux de défense contre les incendies. Sur un territoire d'un seul tenant, la chasse est interdite pendant au moins 6 ans sous le Réserve de Chasse contrôle des gardes de l'Office National de la 1951 et de Faune sauvage Chasse. La réserve est à l'initiative du détenteur du droit de chasse. Enonce, dans le cadre d'une stratégie concertée et globale, des priorités visant à assurer la gestion équilibrée de l'eau sur un bassin versant Schéma d'Aménagement homogène. et de Gestion des Eaux Le SAGE sert de base pour des orientations de 1997 (SAGE) gestion, devant être respectées par tous, et d'aménagement (dépollution, restauration…) pouvant conduire à des contrats de rivière. Zone d'intérêt Protection des habitats et des zones relais pour pour la Conservation des espèces d'oiseaux migrateurs. des Oiseaux Les mesures prises doivent maintenir la valeur 1981 (ZICO) écologique de la zone avec obligation de résultat (Mesure réglementaire) pour l'Etat; les seuls équipements autorisés le sont au motif de la sécurité humaine. Protection des habitats et des zones relais pour des espèces d'oiseaux migrateurs. Zone de Protection Les mesures prises doivent maintenir la valeur Spéciale écologique de la zone avec obligation de résultat 1981 (ZPS) pour l'Etat; les seuls équipements autorisés le sont (Mesure Réglementaire) au motif de la sécurité humaine. Les ZPS sont choisies parmi les ZICO. Natura 2000, contexte et procédures Les quinze Etats-membres de l'Union européenne comptent plusieurs milliers de types d'habitats naturels qui hébergent 150 espèces de mammifères, 520 d'oiseaux, 180 de reptiles et d'amphibiens, 150 de poissons, 10.000 de plantes et au moins 100.000 d'invertébrés. En dépit des progrès dans les politiques de protection de la nature des Etats-membres, les populations de nombreuses espèces ne cessent de décroître. Aujourd'hui. la moitié des espèces de mammifères et un tiers des espèces de reptiles, de poissons et d'oiseaux sont menacées. Parmi les plantes, près de 3 000 espèces sont. menacées. Cette régression spectaculaire résulte avant tout de la détérioration des habitats naturels. En quelques décennies, l'intensification de nombreuses activités humaines (agriculture, sylviculture, industrie, énergie, transport, tourisme, etc...), a entraîné la perte ou la fragmentation des milieux naturels, laissant peu de place à la vie sauvage ou la confinant sur une partie exiguë du territoire communautaire.

L’agriculture et les activités pastorales traditionnelles avaient géré, des siècles durant, des habitats semi-naturels. Leur abandon et la déprise agricole ont engendré un appauvrissement général de la biodiversité et de la variété des paysages.

Pour encourager une meilleure gestion du patrimoine naturel, la Communauté a mis en place une politique de conservation de la nature. La législation communautaire repose sur deux textes : les directives « Oiseaux » et « Habitats ». qui prévoient la sauvegarde des milieux naturels et des espèces de la faune et de la flore, notamment à travers la création d'un réseau européen de sites protégés. ANNEXE 2: ORGANIGRAMME DES ACTEURS DE LA GESTION FORESTIERE DU PARC NATUREL REGIONAL DU LUBERON

Propriétaire et gestionnaire Propriétaire Propriétaires privés Etat, communes et départements

Forêt Forêt Aide à la gestion

Centre régional pour de la publique privée propriété forestière

Coopérative forestière Provence-Forêt Gestionnaire Office national des forêts Regroupement de propriétaires Associations syndicales libres

Associations foncières pastorales Autres acteurs de la gestion forestière

Direction départementale de l'agriculture et de la forêt (DDAF) Syndicat mixte de défense et de valorisation forestière (SMDVF) Acteurs Fédération des chasseurs Conseil Général (Service environnement et service archéologie) départementaux Direction départementale des services d’incendie et de secours (SDIS) Association des comités communaux feux de forêts (CCFF) Direction départementale de la jeunesse et des sports (DDJS) Exploitants forestiers Autres acteurs Sociétés de chasse communales locaux Associations de randonnée et de protection de la nature Ecole forestière de la Bastide des Jourdans Direction régionale de l'agriculture et de la forêt (DRAF) Direction régionale de l'environnement (DIREN) Conseil Régional PACA Acteurs Observatoire de la forêt méditerranéenne (OFME) Conservatoire-études des écosystèmes de Provence (CEEP) régionaux Centre d'études et de réalisations pastorales Alpes-Méditerrannée (CERPAM) Chambre syndicale régionale des exploitants et scieurs Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), ANNEXE 3: QU’EST CE QUE LE CENTRE REGIONAL DE LA PROPRIETE FORESTIERE ?

Sa mission : la forêt privée Développer et orienter la production forestière des forêts privées en : - favorisant la création d'organismes pour la gestion des forêts et l'écoulement des produits, - mettant au point et en vulgarisant les méthodes de sylviculture adaptées à la région, - élaborant des orientations régionales et en agréant des documents individuels d’aménagement : Plans Simples de Gestion (PSG).

Une politique définie par des propriétaires élus Tous les six ans, les propriétaires forestiers de parcelles de plus de quatre hectares, soit 17000 personnes en région Provence alpes côte d’Azur, élisent huit administrateurs départementaux et leurs suppléants. Quatre administrateurs du collège régional sont élus par les présidents de syndicats départementaux de propriétaires forestiers. S’y ajoutent les membres de droit à savoir le Directeur de la Direction Régionale des l’Agriculture et de la Forêt (DRAF) et le Président de la Chambre Régionale d’Agriculture. La Loi Forestière de 1963 a instauré pour la forêt privée un principe partiel d’autogestion puisqu’elle confie aux administrateurs du CRPF l’approbation de plans individuels de gestion de forêt (PSG) et l’établissement des orientations forestières pour la forêt privée. Les administrateurs représentent l’ensemble des propriétaires dans les différentes commissions où ils siègent de droit : conseil d’administration de la Chambre d’Agriculture, diverses commissions départementales placées auprès du Préfet : réglementation de la chasse et de la faune sauvage, les sites classés, l’orientation de l’agriculture,… Les administrateurs fixent les grandes lignes de l’activité du personnel du centre dans le souci de faciliter la gestion des forêts privées.

Ses moyens : dix huit salariés La direction du CRPF est assurée par un ingénieur du Génie Rural et des Eaux et Forêts, assisté de trois ingénieurs, d’un technicien et de trois secrétaires. Un ou deux techniciens par département sont affectés aux missions de terrain (2). La tenue des comptes est assurée par un agent comptable du Trésor. Les moyens financiers du CRPF proviennent de deux sources : - une cotisation prise sur les impôts fonciers en nature de bois ( « cotisation Chambre d’Agriculture » ; la moitié des fonds collectés sont reversés aux CRPF selon une formule de péréquation au niveau national). - un complément issu du budget de l’Etat. - Des conventions pour des actions particulières sont passées avec certaines collectivités territoriales, notamment le Conseil Régional. Elles permettent de compléter l’effectif avec, actuellement, quatre techniciens contractuels et un ingénieur.

Ses réalisations - Chaque année, le Centre agrée de 60 à 80 Plans Simples de Gestion (PSG). Malgré ce rythme, la forêt privée de la région n’est aménagée que pour le cinquième de sa superficie. Aussi, la politique actuelle est de procéder à des études globales par massif, au rythme de six par an, suivies de propositions d’actions groupées auprès des propriétaires concernés. - Le Centre conduit des actions de vulgarisation technique au travers de réunions de terrain, d’installation de placettes de référence, de la publication d’un bulletin de liaison et de l’appui à l’organisation de cycles de formation des FOGEFOR (Formation à la Gestion Forestière). - Les techniciens conseillent tous les propriétaires et les aident à définir et à réaliser leurs projets de travaux ou d’interventions sylvicoles. - Son personnel soutient les actions de la coopérative Provence-Forêt qui apporte un service pour la commercialisation des coupes de bois, la rédaction de PSG (Plan Simple de Gestion) et la maîtrise d’œuvre de travaux. - Le personnel assiste également les Associations Syndicales Libres (ASL) 725001 à 725004 pour la réalisation d’investissements forestiers, l’ASL de gestion de la suberaie pour des travaux dans les Maures et l’association FORESTOUR (Forêt Réseau Tourisme) 729002, qui cherche à valoriser l’accueil dans les forêts privées. ANNEXE 4: COMPOSITION DU COMITE DE PILOTAGE DE LA CHARTE FORESTIERE DE TERRITOIRE DU LUBERON

?? CERPAM (Centre d’étude et de réalisation pastorale Alpes Méditerranée)

?? Comité départemental de la randonnée de Vaucluse

?? Conseil Général de Vaucluse – Service environnement

?? Conseil Régional – Service forêt

?? Coopérative forestière de Vaucluse

?? CRPF (Centre Régional de la Propriété Forestière)

?? DDAF de Vaucluse (Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt)

?? DIREN PACA (Direction Régionale de l’Environnement)

?? Fédération des chasseurs de Vaucluse

?? OFME (Observatoire de la Forêt Méditerranéenne)

?? ONF (Office National des Forêts)

?? PNRL (Parc Naturel Régional du Luberon)

?? SERFOB (Service Régional de la Forêt et du Bois)

?? SDIS (Services d’Incendie et de Secours)

?? Service d’archéologie du Conseil Général de Vaucluse

?? Syndicat Mixte Forestier de Vaucluse

?? Mairie de Beaumont-de-Pertuis

?? Mairie de Grambois

?? Mairie de

?? Mairie de La Tour d'Aigues

?? Mairie de Mirabeau

?? Mairie de Pertuis ANNEXE 5: DECOUPAGE DU TERRITOIRE DU PARC NATUREL REGIONAL DU LUBERON EN 22 UNITES DE GESTION FORESTIERE ANNEXE 6:DIAGNOSTIC PARTICIPATIF SUR LES SECTEURS DES COLLINES DE DURANCE ET DU COLORADO PROVENÇAL

Extraits du Rapport n°1 d’élaboration de la Charte forestière de territoire du Luberon

Résultats des enquêtes de terrain et analyse sur le massif de Grambois et la Colline St Julien (Collines de Durance )

Document de travail –Ne pas diffuser

Avril - Octobre 2002

NB : Les demandes exprimées retranscrites le plus fidèlement possible sont placées en annexe de ce rapport (excepté pour la 1ère fiche) par souhait de concision. Un certain nombre d’acteurs ont été rencontrés avec un souci de représentativité (et en particulier les acteurs clefs de la dynamique territoriale que sont les élus et les propriétaires). Sans doute il reste des attentes et points de vue non entendus que nous pourrons recueillir par la suite. Il demeure sûrement des imprécisions à corriger. A l’issue des enquêtes de terrain et de l’analyse, 5 actions se profilent, présentées ici sous forme de fiches synthétiques rassemblant les atouts, menaces, faiblesses, opportunités et les enjeux qui en découlent avec un plan d’intervention proposé. Cette organisation des données est peut être imparfaite et donc à discuter. La réunion du comité de pilotage doit permettre à des échanges et conduire vers une validations concrètes et opérationnelles des actions à mettre en oeuvre.

Site incendié de Grambois, Beaumont-de-Pertuis, Mirabeau, La Tour d’Aigues - 10 ans après et Massif de la Sarrière-Piégros

DEMANDES EXPRIMEES Elus : Maire de Grambois : Favorable à un projet sylvo-pastoral mais réticent au Maires et projet de bergerie privée (implantation prévue en zone d’aléa feu de forêt fort : conseillers PPR et PIG) et souhaite le versement d’indemnités de pâturage en communal municipaux par l’éleveur (10-20 F/ha/an). Urgence d’une piste DFCI à Piégros. Intéressé par (Commission des projets de gestion concertée entre privé et communal. Restructuration foncière en communal : rachats ou échanges des parcelles enclavées pour faciliter agricult. et forêt la gestion (jusqu’à présent les conseillers municipaux n’ont pas voulu faire cette et CCFF) dépense). Elu agricult.- forêt de Beaumont : Souhait de réaliser des projets de mise en valeur (réhabilitation de la décharge et création près du village d’un joli parcours de « détente » pédestre et à vélo… passant par la garrigue et découverte du petit patrimoine). Peu de travaux réalisés suite aux dégâts de neige. Inquiétude par rapport au risque d’incendie et favorable à l’entretien. Anciennes restanques envahies aujourd’hui par le Pin d’Alep. Nécessité de pistes DFCI supplémentaires. Le massif de la colline Ste Croix (chapelle, fréquenté par le public) est à risque. L’ensemble du conseil municipal est favorable à un projet sylvo-pastoral sur le site incendié (réunion du conseil du 7 juillet 2002). Maire de Mirabeau : Préoccupation première concernant les dégâts de neige en particulier près du village et les risques induits pour la population. Elu agricult.- forêt et CCFF de Mirabeau : Favorable au pâturage sur le massif incendié de Grambois en communal. Intérêt de la forêt : ouverture au public (nettoyer et entretenir en communal). Maire de la Tour d’Aigues : Regrette l’absence d’entretien de la forêt (raisons économiques), il est partant pour toute action en ce sens : éclaircies en interfaces (bords de routes et village,…), pâturage… Elus de la commission agricult.- forêt de la Tour d’Aigues : Importance de la régénération, il faudrait intervenir (cloisonner) avec l’accord des chasseurs (La Pinette est louée à la société de chasse). Propriétaires (la Entretien et amélioration de la forêt pour mieux la protéger contre l’incendie plupart (« tous les ans peur pendant deux mois que tout brûle »), valorisation paysagère et adhérents de sylvicole : éclaircies, traitement des bris de neige, sylvopastoralisme (installation l’Association d’un berger, travaux d’améliorations, précautions pour éviter les conflits d’usage, Syndicale Libre) organisé avec un calendrier de pâturage, souhait d’un suivi et d’efficacité dans le temps), mise en valeur d’éléments du patrimoine (cours d’eau, restanques,…), projets de plantations de vignes et oliviers (coupures de combustible). Des propriétaires mitoyens motivés, « en phase » et prêts à travailler ensemble (« une synergie locale précieuse »), intéressés par le concept de « la charte comme une coordination (un cadre), là où ils ont déjà réussi à créer une dynamique et des moyens entre plusieurs propriétaires » (projet d’achat groupé de matériel de broyage via une « CUMA agricole » avec 7 propriétaires). Certains ne veulent pas faire d’investissement « pour une forêt dont le bois n’a pas de valeur (le seul investissement utile serait un engin de débroussaillage et des moutons) », d’autres « sont en attente d’experts pouvant leur proposer des mesures et des solutions pour valoriser leur forêt et sont prêts à s’investir et contribuer financièrement si le résultat est positif au final ». L’école forestière intervient (rédaction de PSG, travaux,…) avec la satisfaction des propriétaires d’avoir un partenaire local mais avec parfois certaines limites (délais et programmes de travaux pas toujours respectés, manque de suivi…). ASL : Souhaite rechercher des partenaires, faire des groupes de travail et de réflexion pour l’évolution future de l’ASL. Attendent un soutien technique et des conseils. Qui peut assurer la maîtrise d’œuvre pour l’ASL, avec confiance, maintenant que la SCP est forcée de se retirer ? Problème de la TVA (19,6 % contre 5,5 %) bloquant la réalisation des travaux et obligeant des avances de trésorerie. Société du Canal Soutenir l’ASL qui existe depuis 14 ans (avec des programmes de travaux tous les de Provence ans depuis) et maintenir une dynamique. Projet sylvopastoral avec précautions (SCP) prises par rapport à tous les travaux faits chez les propriétaires. Interdire dans la convention de pâturage la présence des troupeaux dans les reboisements récents. CERPAM Relance du projet pastoral sur le site incendié et satisfaire les attentes des propriétaires intéressés par le sylvopastoralisme dans un projet d’ensemble. Des unités pastorales cohérentes, de tailles et de potentialité suffisante pour déplacer un troupeau. Des calendriers de pâturage à organiser. Accord (oral au moins) des propriétaires pour un premier essai avec si possible conventions de pâturage (de 1 an pour commencer). Nécessité d’une animation pour la pérennisation de la gestion pastorale Eleveurs ovins Pour l’éleveur-berger présent en permanence à Grambois : Demande de permis pour la construction d’une bergerie (urgence, avant le prochain hiver) nécessaire à son activité (projet autorisé par la DDE et les pompiers en respectant la réglementation du PIG et soutenu pas la SAFER). Souhaite réaliser des éclaircies sur son terrain. Adhésion prévue à l’ASL de Grambois. Veut garder son secteur actuellement utilisé, les relations et la satisfaction avec les propriétaires étant très bonnes (un autre éleveur ne serait pas accepté). Prévoit d’établir des conventions de pâturage avec certains propriétaires (la plupart préfèrent des accords verbaux). Projet à long terme de ferme pédagogique et de troupeau communal. Aimerait s’associer avec un autre berger (300-400 bêtes), il aurait ainsi un relais avec un soutien mutuel notamment pendant l’agnelage. Pour le pâturage dans les propriétés proches des champs et à proximité des maisons, il est indispensable que le troupeau soit petit et bien mené pour un travail soigné. Selon le berger installé, si un autre éleveur vient pâturer, il faut que ce soit un petit troupeau et si le berger échoue, cela ne pardonnera pas, aucun autre ne sera accepté ensuite. Demandes de quartiers de pâturage d’éleveurs extérieurs Technicien Donner une autre envergure aux ASL aujourd’hui. Problème de la TVA. Si en CRPF décembre 2003 les travaux ne sont pas réalisés, les subventions sont caduques. Le sylvopastoralisme implique une définition claire dès le départ de la logique de gestion et des axes financiers : but DFCI, sylviculture (phase de régénération à prévoir sans pâturage), pastoralisme prioritaire,… L’intérêt pastoral ne rejoint pas forcément l’intérêt DFCI et sylvicole. Il faut faire un choix en terme de logique de gestion. Si c’est une orientation pastorale qui est prise : est-ce que les terrains gardent leur statut forestier ? Site incendié : Débroussaillage alvéolaire à financer par le biais pastoral ou DFCI (un seul dépressage financé dans la vie du peuplement par les crédits sylvicoles). Attendre environ 10 ans que les pins atteignent 4 à 6 m pour une intervention en sylvicole. Quelle sylviculture pour le pin d’Alep après les dégâts de neige ? (Encourager des coupes ? De quelle façon ?) Pour les exploitations des bris de neige subventionnées : engagement des propriétaires de laisser la zone affectée à la production forestière (pas de pastoralisme dans la régénération). Piégros : Quelle stratégie est utile à la DFCI, quelles orientations et priorités de gestion sont définies avec les pompiers, DDAF, ONF ? Attention au renouvellement des peuplements et à l’exploitation dans les zones sensibles à l’érosion. Service Gestion en faveur de la diversité écologique et paysagère avec le maintien ou la Environnement réinstallation d’activités pastorales et agricoles. Intérêt cynégétique des milieux PNRL ouverts pour le petit gibier et création de grandes coupures de combustible efficaces. Conseil Général Des formules de type CTE pour la forêt : Il faudrait inventer en partenariat avec de Vaucluse le Conseil Régional des formules de type CTE pour aider la forêt. Incendies : Leur impact sur la biodiversité est positif s’ils ne se produisent pas de façon trop rapprochée. L’objectif serait de limiter dans l’espace les surfaces brûlées, protéger les habitations, éviter qu’ils ne se reproduisent trop souvent. Sociétés de Grambois (Président et propriétaire) : chasse Pas d’opposition par rapport au pastoralisme si cela est bien géré mais il est un (Président) peu sceptique : «échec du projet de 1992 (il vaudrait mieux employer quelqu’un pour aider à garder le troupeau que clôturer la colline »), des éleveurs puis plus rien. Faire payer le pâturage ou la chasse est une aberration. Le berger doit venir voir les chasseurs, et ne pas faire n’importe quoi. Indiquer précisément les cultures à gibier. Les moutons doivent être en liberté et non pas parqués pour racler, cela fait plus de mal que de bien. Les promeneurs et touristes sont acceptés s’ils sont respectueux ». Beaumont : Pas de réticence par rapport au pastoralisme. Une réunion à prévoir pour en parler avec les personnes concernées. Mirabeau « La Sociale Mirabelaise » : Se rapprocher du Parc à l’occasion de la mise en œuvre du plan de réintroduction du petit gibier (prévu pour 3 ans avec la Fédération). Très sceptique par rapport au mouton qui est un concurrent. Sur le replat de Coste Longue près des ruines, souhaite ouvrir un champ et mettre des clapiers pour le lapin (mais difficilement envisageable avec les seules finances de la Fédération). Pertuis (administrateur à la fédération de chasse de Vaucluse): Secteurs qui n’ont pas été pâturés : favorable au gros gibier mais pas au petit gibier avec des risques d’incendies très importants et des difficultés de pénétration. « Sur le versant de la Tour d’Aigues, il faudrait débroussailler et remettre des troupeaux. C’est un joli territoire pour toutes les espèces, avec la fermeture du milieu les insectes et le petit gibier régressent. » SDIS et DDAF Maintien de coupures pâturées et cultivées en interface avec les habitations. Débroussaillages et sylviculture DFCI. Pas de création de pistes nouvelles prévues mais entretien de l’existant. DDAF technicien : Travaux prévus en 2002 : Mise au norme de la piste Barraban BD30 et BD310 avec déviation de la piste pour rejoindre la D33 au sud du massif en évitant la propriété privée (relations conflictuelles). Installation d’une citerne DFCI (au Collet Pointu). Secteur Ouest site incendié : pastoralisme (des chèvres seraient efficaces sans nécessité de débroussaillement, maintenant autorisées par le code forestier). Importance des enjeux liés aux interfaces (risques induits et subis) : priorité des actions, cf. PPR Grambois, arguments à mettre en avant pour les propriétaires (vergers, oliveraies, vignes, urbanisation bloquée,…), des projets à préparer dès maintenant. Souhait des propriétaires des vergers brûlés en interface avec Barraban de remettre en culture les parcelles (vignes) : très grand intérêt car permettrait de participer à quasi 60 % de la grande coupure stratégique pour la mise en protection du lotissement de Grambois. Finançable dans le cadre du PPR. Etude de faisabilité à réaliser (primes à l’arrachage, droits de plantations, contraintes liées aux AOC, aides PPR (20% ?), CTE, … cf. expérience des OGAF 1990-interfaces : labours des chaumes à 5-6 m en périmètre, entretien des zones en total déprise…). Il faudrait une continuité sur toute la zone urbanisée (cf. foncier et occupation du sol) et au minimum jusqu’au grand Ravin du Thor (accès des engins) à l’Ouest (envisager la mise en défense plus loin que ce que prévoit le PPR). Blocage de l’urbanisation grâce au PPR. Problème du non respect de l’obligation de débroussailler autour des maisons. Présence marquée et parfois conflictuelle des chasseurs : refus de fermeture des pistes, création de pistes sans autorisation avec impact paysager fort (Col du Pointu, commune de Mirabeau). Brûlage dirigé : offre d’excellentes perspectives avec une augmentation prévue des surfaces traitées dans les 5 ans à venir. Permet de traiter des surfaces difficiles d’accès en réponse à différentes problématiques (DFCI, écologique, paysagère,…) à coût limité (environ 1000 F/ha, augmentation des coûts si travaux préparatifs nécessaires, notamment la mise en protection de certains arbres). Nouveau code forestier l’autorise maintenant dans un objectif DFCI en privé avec l’accord du propriétaire, s’il est réalisé par des spécialistes. Arrêté spécifique pour l’écobuage (nécessite un dépôt de dossier). Actuellement sur le Vaucluse : 2 équipes APFM de 8 personnes formées et équipées prêtes à intervenir. Les bénévoles du Comité communal feu de forêt (depuis 1995) sont d’excellents relais au niveau de la commune, très investis et bien formés. ONF Bandes débroussaillées le long des pistes DFCI et coupures de combustible 50 m de part et d’autre des pistes à entretenir par du pâturage (sans nécessité de broyage préalable). Pastoralisme à étendre en communal et privé avec des travaux de réouvertures en alvéolaires. Dépressage indispensable dans les accrus de pin d’Alep pour le favoriser, avec broyeur 1 bande sur 2 dans le sens des courbes de niveau (passage des brebis, paysager, érosion) et élagages à faire dès maintenant. Bon complément des actions de débroussaillement et brûlage dirigé (des essais à proposer dans des secteurs déjà repérés de taillis de chêne en privé et communal, possible dès l’hiver prochain). Priorité du pâturage sur l’interface de Barraban dont les vergers à réhabiliter (pâturage possible dessous). Prévoir des essais de pâturage dès l’hiver prochain après période de chasse : possible sans travaux. Des débroussaillements non réalisés dans les normes autour des maisons du lotissement de Barraban. Zone boisée avec bris de neige non dégagés : risques et impossibilité de pâturage. Coupe nécessaire prévue dans les pins (aux 3 oliviers). Nettoyage des coupes à prévoir pour permettre le pâturage. Plantations en communal : les plus anciennes sont pâturables. Régénération après incendie très importante du pin d’Alep sur Beaumont avec une meilleure fertilité que sur Grambois : cloisonnement en privé, par voie mécanique facile à ce stade et une intervention suffit. Régénération de pin d’Alep si on attend trop pour le dépressage il faudra passer en manuel donc plus coûteux et si les éclaircies ne sont pas faites assez tôt il y a une augmentation des risques de chablis. Randonneurs Détournement du GR9 à cause d’un passage en privé que le propriétaire ne (Association de souhaitait pas (St Pancrace notamment) et du désir de la Bastide-des-Jourdans d’être randonnée le traversée par des sentiers de randonnée (Gîtes, commerces,…). Projet de Mille-pattes à déviation par des chemins communaux : la Bastide-des-Jourdans, l’Ecole Pertuis) forestière, La Carabelle, Beaumont, l’Escarenne, les Pacharots (au sud de Coste Louvet, le sentier a été retrouvé et débroussaillé : dégâts de neige importants, très jolie vue sur la Clue de Mirabeau et le village). ATOUTS FAIBLESSES - 10 ans après l’incendie, reprise de la - 10 ans après l’incendie : masse combustible de végétation très importante (régénération des nouveau très inflammable (important retour du pin taillis à partir des rejets, reconstitution de la d’Alep) avec des risques accrus d’incendie garrigue avec localement le stade de pelouse - Bilan de la gestion après incendie mitigé du point encore présent). de vue pastoral, du maintien des milieux ouverts et de -Forte valeur écologique (flore thermophile et la DFCI ; nécessité aujourd’hui d’intervenir pour rapaces ; milieux ouverts) et paysagère ouvrir de nouveau le milieu et réaliser des dépressages dans le pin. - Intéressantes potentialités pastorales. Le - Echec en partie du premier essai de pâturage et pâturage actuel (en communal de Grambois limitation en superficie (vandalisme des parcs, arrêt notamment) a permis de créer une mosaïque de de l’éleveur, frein des forestiers,…). Difficultés milieux d’intérêt DFCI, paysager, pour la actuelles de l’éleveur à s’installer et asseoir son biodiversité, des potentialités pastorales et calendrier de pâturage. cynégétiques accrues. Un diagnostic pastoral - Scepticisme et réticence de certains chasseurs à déjà réalisé. l’idée du pastoralisme - Un éleveur installé (350 bêtes) bien accepté et - Des besoins d’équipements pastoraux (bergerie apprécié localement par la plupart (propriétaires, pour l’éleveur avec des blocages au niveau du permis chasseurs, …) de construire, citernes)

- Dynamisme et motivation des propriétaires - La SCP ne peut plus assurer la maîtrise regroupés en ASL (des programmes de travaux d’ouvrage déléguée (trésorerie) et la maîtrise tous les ans depuis 14 ans). Souhait de travailler d’œuvre qui jusqu’à présent satisfaisait l’ASL (sauf ensemble : « Une synergie locale précieuse ». pour les travaux de protection). - Des propriétaires et des élus favorables à - Des propriétaires qui ont individuellement fait des l’entretien du massif et en particulier au travaux et des PSG mais un manque de cohérence sylvopastoralisme d’ensemble en terme de protection des forêts - Foncier globalement peu morcelé : des contre les incendies. grosses propriétés et des forêts communales importantes en surface - Des besoins d’ouvrages DFCI aux normes dans le massif de la Sarrière-Piégros (secteur à désenclaver - Nettoyage des bris de neige prévus ou en terme de DFCI et d’exploitation forestière) ainsi réalisés sur plusieurs propriétés avec broyage des que sur Beaumont. rémanents - Souhait du propriétaire de remettre en culture - Dégâts de neige : des propriétés non traitées le verger en interface de Barraban - Faible valeur du bois mobilisé - Suivi annuel des phytovolumes (strate - Seul un dépressage est financé dans la vie du herbacée et arbustive) avec entretien régulier peuplement obligeant à attendre que les pins des ouvrages DFCI atteignent une taille optimale pour intervenir. - Quelques éléments connus du patrimoine rural bâti et archéologique (terrasses, réservoir d’eau, - Très peu fréquenté sur le plan touristique, ruines,…) et fragiles. marginal vis à vis d’autres secteur du Luberon. S’il y avait un souhait de développer l’accueil du public, il faudrait créer des points d’appel.

MENACES OPPORTUNITES - Risques d’incendies induits et subis très - La Charte forestière pouvant apporter un cadre à forts (Lotissement de Barraban, départementale, une dynamique locale entre propriétaires et une chaumes,…) ligne directrice pour leurs actions venant aider ce - Des secteurs non traités pour la protection qui existe déjà, mettre en évidence les difficultés et contre l’incendie mettant en danger des apporter des solutions. propriétés pourtant entretenues - 3 unités pastorales délimitées et diagnostiquées en - Des poudrières (pinèdes denses) : une en croisant les enjeux DFCI, sylvicole, paysager,... Un piémont à l’Ouest du Grand ravin du Thor en berger-éleveur installé à soutenir. Un éleveur du 04 interface avec des habitations, une à l’Est de intéressé par une transhumance hivernale (entre Grambois au départ d’une bande forestière mi-janvier et mi-mars) : un 1er essai possible dès cet parallèle au site incendié (massif de la Sarrière- hiver (convention de pâturage de 1 an pour Piégros) commencer) avec un troupeau de 500 brebis pour une - Changement profond des écosystèmes après durée de 1 à 1 mois 1/2. Un jeune éleveur en cours l’incendie avec un retour d’espèces très d'installation intéressé par le pâturage hivernal (voire intéressantes (fauvettes, traquets, reptiles) qui de printemps) avec un troupeau de 100 brebis (objectif tendent de nouveau à disparaître avec la à terme de 400) complété par la prise en pension fermeture du milieu. d'animaux. - Des enclaves agricoles en friche - Brûlage dirigé (proposé par l’ONF) - Conflits d’usages (barrières DFCI abîmées, - Aides financières reconduites pour le traitement des détérioration des équipements pastoraux lors du zones affectées par les bris de neige 1er essai de pâturage) - Développement d’une filière bois énergie - Urbanisation en forêt (mitage) (chaudières communales installées et des projets avec - Régénération de pin d’Alep si on attend trop l’aide du PNRL) pour le dépressage il faudra passer en - Projet d’achat groupé (7 propriétaires) d’un manuel donc plus coûteux broyeur en CUMA (concept agricole - Des travaux ou usages mettant en péril le contraignant, il faudrait inventer une formule adaptée patrimoine fragile car invisible ou méconnu à la spécificité forestière). - PPR « Feu de forêt » de Grambois recommandant toute action en forêt en faveur de la prévention des incendies - Consolidation des pistes DFCI et installation d’une citerne supplémentaire prévue fin 2002 (DDAF) - Programme de réintroduction du petit gibier sur Mirabeau par la Société de chasse (sur 3 ans) - Interface massif/village : des coteaux jardinés à (re)-créer en bordure de villages, entretenus par des jardiniers amateurs (sous la forme d’actions soutenues par « Jardiniers de France »). Un projet intéressant serait à imaginer dans le secteur des Montjoyes très en friche et irrigué (ancienne zone maraîchère) au Sud de Beaumont. Il faut pour cela une commune motivée et une association porteuse. -Tracé d’un itinéraire de randonnée Beaumont-St Sépulcre via l’Escarenne et Les Pacharots

ENJEUX

PERSPECTIVE SI RIEN N’EST ENTREPRIS IMPACT ATTENDU DES ACTIONS PROPOSEES Perte de dynamisme et isolement des  Créer un cadre aux acteurs en place et à la propriétaires, des élus, … dynamique locale existant déjà avec des Des risques d’incendies très élevés par objectifs clairement fixés (en cohérence avec endroit aggravés par les dégâts de neige la politique territoriale des communes) avec un manque d’ouvrages DFCI Permettre que les initiatives intéressantes efficaces (Interface de Barraban, massif aboutissent (achat groupé d’un broyeur) de Piégros, Beaumont,…) Bilan d’ensemble, mise en œuvre et entretien Un incendie qui ravagerait des des ouvrages et équipements DFCI propriétés pourtant gérées pour leur nécessaires, le traitement des poudrières : protection contre l’incendie parce que une coupure de combustible entretenue en certains secteurs ne sont pas entretenus interface de Barraban, le cloisonnement du Sur le site incendié, une fermeture des massif de Piégros et une piste DFCI, le milieux avec une perte de la diversité et traitement des dégâts de neige persistants, une de la richesse en espèces de la faune et sylviculture DFCI, le point sur Beaumont,… de la flore, une monotonie des paysages, Sur le massif incendié, réouverture en une perte de points de vue sur le alvéolaire pour l’obtention d’une mosaïque paysage. de milieux avec une gestion efficace Disparition des activités d’élevage en sylvopastorale suivie dans le temps colline, départ des éleveurs. (calendriers et conventions de pâturage, Disparition des cultures enclavées équipements pastoraux, bilan des (friches puis boisements) phytovolumes, améliorations sylvicoles) Détérioration et disparition du Une gestion adaptée des écosystèmes patrimoine rural remarquables Préservation et mise en valeur des éléments du patrimoine historique lors de travaux avec avis des experts Maintien d’enclaves agricoles cultivées ou pâturées Permettre la bonne coexistence des différents usages voire une synergie

PLAN D’ACTION ENVISAGE Massif incendié :

Mise en place d’un groupe de travail avec les acteurs concernés Délimitation des secteurs de pâturage potentiels, ceux d’intérêt DFCI et ceux à vocation purement forestière. Essais de pâturage dès cet hiver avec ou sans travaux préalables (convention de pâturage de 1 an pour commencer) Installation des équipements pastoraux nécessaires Travail avec la société de chasse « La Mirabelaise » sur le programme de réintroduction du petit gibier Définition des travaux à prévoir dans une 1ère phase : 1. Amélioration sylvo-pastorale Réouverture en alvéolaire mécaniquement et/ou par brûlage dirigé lorsque cela s’y prête et si accepté dans le taillis de chêne la régénération de pins (financés dans le cadre d’une opération pastorale et/ou DFCI). Hiérarchisation des priorités d’intervention. Choix des scénarii avec le groupe de travail. 2. Amélioration sylvicole d’ici 10 ans Elagages dans les bouquets de pins mis en valeur lors de l’amélioration sylvo- pastorale (dépressage financé une seule fois)

Massif de Piégros-La Sarrière :

Mise en place d’un groupe de travail avec les acteurs concernés Expertise DFCI et sylvicole pour définir les ouvrages DFCI d’intérêt pour le massif (grande coupure cultivée et pâturée, piste aux norme) et les travaux d’éclaircies et de débroussaillages nécessaires. Diagnostic pastoral si souhaitable. Diagnostics des bris de neige pour les propriétés stratégiques demandeuses et montage des dossiers. Proposition d’opérations groupées (modèles conventionnels, maître d’ouvrage, maître d’œuvre, montage financier, partenaires techniques,…) Suivi à plus ou moins long terme Colline Saint Julien – Commune de La Bastidonne

DEMANDES EXPRIMEES Elus : Restaurer et valoriser avec l’accord du propriétaire les anciennes terrasses Maire et en arcs de cercle avec amandiers et oliviers (versant nord) : mise à jour et adjointe plantation d’un nouveau verger pour l’ouverture au public Propriétaires Zone de terrasses en versant nord : 1 des propriétaires serait « ravi » d’une mise en valeur de sa propriété Versant sud : souhait de traiter la pinède abîmée suite aux intempéries de février 2001 Patrimoine Protection du site archéologique d’intérêt patrimonial majeur (et du patrimoine PNRL, DRAC de terrasses). Valeur paysagère. et serv. Archéo. SDIS Intérêt de la remise en culture d’un verger en interface du village pour la protection contre les incendies

ATOUTS FAIBLESSES - Site d’intérêt patrimonial et paysager - Site délicat d’un point de vue archéologique : majeur : site archéologique à protéger (ancien gros point d’interrogation (aucune fouille). oppidum avec traces de murs et restes d’un - Fragilité des terrasses (dégradation dans le village primitif. Protohistorique, Gallo-romain, temps, travaux de grosse ampleur, troupeau,…) Antiquité tardive, Moyen Age), terrasses (vieux - Forte sensibilité paysagère en vision lointaine verger), belvédère,… (versant Sud) et rapprochée - Proximité du village. Site fréquenté par le - Gestion en domaine privé nécessitant un mode public (chapelle en ruine confortée) de contractualisation. Gérante de la propriété - Peu morcelée dont une partie communale à versant sud apparemment difficile, à convaincre l’Est ; le propriétaire des terrasses (versant Nord) (CRPF). serait « ravis » d’une mise en valeur - Petit et Grand Réal : projet de PSG sans suite - Pas de grosses difficultés, à priori, pour la réalisation des travaux de remise en valeur

MENACES OPPORTUNITES - Interface forêt-village : risques d’incendies - Diagnostic des dégâts de neige réalisé (CRPF) induits et subis aggravés par les dégâts de en versant Sud : Exploitation des arbres abîmés neige prévue fin 2003 avec précautions pour la - Les propriétaires risquent d’entreprendre des préservation des terrasses (pas de piste travaux sans prendre les précautions d’exploitation) ; broyage des rémanents ou nécessaires par méconnaissance : coupes de bois démantèlement fin (Coop. PF). avec passage d’engins lourds, plantations, - Révision du PLU (Serv. Urbanisme PNRL) : restauration des murs… sur le site archéologique possibilité de défrichements localisés à prévoir et sensible. à argumenter (pour le non classement des - Fréquentation du public parcelles en Espace Boisé Classé). - Inventaire PNRL/DRAC des sites castrum et villages abandonnés du Moyen Age ou Haut MA : St Julien parmi les sites les plus susceptibles d’être mis en valeur (suffisamment intéressant, connu,…) - Utilisation d’un troupeau pour l’entretien ENJEUX

PERSPECTIVE SI RIEN N’EST ENTREPRIS IMPACT ATTENDU DES ACTIONS PROPOSEES Un patrimoine délaissé qui disparaît Un projet porté par la commune avec petit à petit une perspective de valorisation et de  Une dégradation irréversible du site protection du patrimoine pour le public archéologique très fragile et la mise en sécurité au vu des risques Une histoire passée progressivement d’incendie oubliée, un travail de pédagogie qui Un projet venant s’inscrire dans une n’a pas lieu logique de dynamique territoriale Des richesses situées sur une propriété (Charte du Parc du Luberon) privée dont la protection sera difficile Une mise à jour des terrasses et une à assurer et l’entretien difficile à plantation de verger qui aura un impact encourager. paysager et culturel positif en jouant le Un site aux ressources d’intérêt peu rôle de coupure de combustible « exploitées » pour le public Une vulgarisation et une sensibilisation Une forêt non entretenue et des risques permise d’incendies induits et subis entre Un traitement des bris de neige en Colline et village faveur du paysage positif et de la Des dégâts de neige récents venant diminution des risques d’incendies. aggraver la situation et dévalorisant le Des expertises poussées avant toute paysage intervention visant à considérer le plus attentivement possible le site archéologique Une forme de contractualisation entre propriétaire et commune pour assurer la pérennité de la gestion Un entretien autofinancé à moyen (voire long) terme du verger par un agriculteur et du milieu ouvert par le pâturage Un suivi du site par des spécialistes

PLAN D’ACTION ENVISAGE

Présentation de la pré-étude de faisabilité du projet de remise en valeur des terrasses en versant nord aux élus et propriétaire : - Analyse foncière précise (parcelles concernées) - Photos - Contraintes et intérêts du projet Engagement de la commune et du propriétaire (contractualisation) Localisation et définition des travaux envisagés Implication des services archéologiques. Prospection du site. Etude précise là où les travaux sont prévus (arrachages de souches, restauration des murs, plantations,…). Décider de l’intérêt de saisir l’opportunité de l’intervention suite aux dégâts de neige en versant sud pour coordonner les 2 opérations Montage et suivi du projet avec cahier des charges pour les travaux prévus Recherche de partenaires financiers, désignation des maîtres d’ouvrage (qui se chargera de l’autofinancement ?) et d’oeuvre Diagnostic pastoral avec délimitation du secteur de pâturage et recherche d’un troupeau puis conventions de pâturage avec la prise en compte de la contrainte des éléments de pierres sèches Recherche d’un agriculteur disponible et convention de mise à disposition agricole (verger) Indicateurs de suivi à moyen et long terme de l’action ANNEXE 7:LISTE DES ENDROITS VISITES ET DES PERSONNES RENCONTREES

ENDROITS VISITES

Massif de Grambois, communes de Grambois, La Tour d’Aigues, Mirabeau, Beaumont de Pertuis Massif de Pertuis-Mirabeau, communes de Pertuis, La Bastidonne, La Tour d’Aigues, Mirabeau Colline St Julien, communes de La Bastidonne Communes de Montfuron, Manosque, Pierrevert et Massif brûlé des communes de Pierrevert, Sainte Tulle et Corbières Piémont du Petit Luberon, commune de Cheval Blanc Massif des Ocres, communes de Roussillon, Gargas, Villars, Apt, Rustrel, , Gignac

LISTE DES PERSONNES RENCONTREES

Techniciens forestiers : Mr Bricault – Syndicat Mixte de Défense et de Valorisation Forestière du Vaucluse, Mme Chadoeuf– Direction départementale de l’agriculture et de la forêt 84, Avignon Mr Kmiec – Office national des forêts 84, Apt Mr Magnin– Parc naturel régional du Luberon, Apt

Techniciens et propriétaires forestiers de la forêt privée : Mr Duhen –Centre régional de la propriété forestière, Marseille Mr Panini – Coopérative Provence Forêt 84, Avignon Mr Augier, La Tour d’Aigues, La Ravelle Mr D’Ivernois, Grambois, Pradines Mme Pavy, Beaumont de Pertuis, La Pourraque

Techniciens pastoraux et éleveurs ovins : Mlle Beylier – CERPAM 84 Mr Pellegrin, Montjustin, La Grande Bastide Mr Richard, Montjustin Mr Jossier, Viens

Fédérations départementales des chasseurs et présidents de sociétés de chasse : Mr Debenest – Fédération départementale des chasseurs 84, Avignon Mr Isoard – Président de la Fédération départementale des chasseurs 04, Digne les bains Mr Benetto – Président de la société de chasse de Beaumont de Pertuis (élu et CCFF) Mr Pellegrin - Président de la société de chasse de La Tour d’Aigues LISTE DES PERSONNES RENCONTREES AU COURS DE L’AUDIT PATRIMONIAL

Macro-acteurs

Mr Bariteau – INRA Avignon 84 Mr Gaudin – Office National de la Chasse et de Mr Bernard – ONF commune de Cheval Blanc la Faune Sauvage Vaucluse (84) Mr Grulois – Directeur Station AFOCEL SUD Mlle Beylier – CERPAM 84 (Association Forêt Cellulose) Mr Bonnet – Union Départementale Vie et Mr Gevaudant – Comité Départemental du Nature (UDVN) 84 Tourisme 04 Mr Bourdenet – ONF Bouches du Rhône (13) et Mr Guay – Directeur du CRPF, Marseille 84, Avignon Mr Ingrand – ONF O4, Manosque Mr Bouvier –Conseil Régional Provence Alpes Mr Isoard – Fédération Départementale des Côte d’Azur (PACA), Marseille, élu Chasseurs 04 Mr Bricault – Syndicat Mixte de Défense et de Mr Kmiec – ONF 84 Valorisation Forestière du Vaucluse Mr Lauzon – Comité Départemental de Mme Cospen – DIREN PACA, Le Tholonet Tourisme 84 Mr Delacour – DDAF 84, Avignon Mr Legeard – CERPAM Alpes de Haute- Mr Deviller – Fédération Départementale des Provence Chasseurs 84 Mlle Marie – Conseil Général 84, Avignon Mr Dubois – Conseil Régional PACA, Marseille, Cdt Marion – SDIS 84, Cavaillon technicien Mr Ningre – Directeur du SERFOB – DRAF, Mr Elineau – Directeur Approvisionnement bois Marseille Tembec, papeterie de Tarascon Mr Panini – Coopérative Provence Forêt 84 Mr Fabre – Syndicat des Propriétaires Forestiers Mr Peeters – AFOCEL, St Clément de rivière 84 Mme Rastelli – Comité Départemental de Mr Ferré – Centre Permanent d’Initiation à Tourisme 04 (conseillère générale) l’Environnement 84, Avignon Mr Raymond – DDAF 04, Digne Mme Fiorani – Centre Permanent d’Initiation à Mme Heurtaux – DDAF 04, Digne l’Environnement 04 Manosque Mr Rigolot – INRA, Avignon Mme Gaduel – CRPF Service technique Alpes Mr Tatin – Conservatoire - études des de Haute-Provence écosystèmes de Provence (CEEP) Mr Venetier – CEMAGREF, Avignon

Micro-acteurs

Elus : Caseneuve Mr Jouve Mr DeSabran Ponteves Cereste Mme Menard (adjointe) Apt Mr Doucende Cheval Blanc Mr Mounier, Mr Barnaud (adjoint) La Bastide des Jourdans Mr Ruffinati Mr Bremond (adjoint) La Bastidonne Mr Joseph Dauphin Mr Bushing Les Mr Piquet Gargas Mr Bey, Mr Tschantre (adjoint) Beamont de Pertuis Mr Natta (adjoint) Gordes Mr Chabert Bonnieux Mrs Graille et Christol (adjoints) Mr Perello Buoux Mr Cayla, Mr Morard (adjoint) Grambois Mr Bayeux Cabrières d’Aigues Mr Favet, Mr Roche Mr Aubert (adjoint) Lacoste Mme Thomassin Cadenet Mr Delaye (adjoint) Lagarde d’Apt Mme Murat Mme Roustan Propriétaires forestiers : Mr Diagne Mr Roux Buoux, La Roche d’Espeil Manosque Mr Jean (adjoint) Mr et Mme Mees Bonnieux, les Crests Maubec Mr Valentino Mr et Mme Geindre Viens, Blaquières Ménerbes Mr Rousset Rouard, Mr Col (adjoint) Mr et Mme Lharmet Castellet, fontaine vieille Mérindol Mme Sueur Mr Bline Montfuron, les Bourdins Mirabeau Mr Juricic (adjoint) Mr Favre Bonnieux, le Gest Montfuron Mr fischer Mr Dessaud Reillanne, chemin plaine Parière La Motte d’Aigues Mr Genty Mme Rostand Mirabeau, les Auquiers Murs Mme Le Mat Mr de Villebonne Vitrolles en Luberon, ferme le Oppède Mr Boch (adjoint) Clos Oppédette Mr Vial Mr Brunet Reillanne, le Roucaou Pertuis Mr Mathis (Centre technique municipal) Peypin d’Aigues Mr Fritz Eleveurs : Pierrevert Mr Aymard, Mme Anthoine (adjointe) Mr Maurin Saint Michel l’Obsevatoire, les Puget sur Durance Mr Gregoire Craux Mr Vincenti Mr Mulot Villemus, campagne les Craux Reillanne Mr Bressand Mr Esmieu Dauphin, chemin Prayès Revest des Brousses Mme Reynaud Mr Solda La Bastide des Jourdans, le Clos, Mr Frassi Route de Forcalquier Roussillon Mr Marcou Bergerie de Berdine Saint Martin de Castillon, Rustrel Mr Rimele basses Courennes Mr Azzuro Saint Maime Mr Aiguier Exploitants forestiers : Saint Martin de Castillon Mr Carbonnel Bergerie de Berdine Saint Martin de Castillon, Saint Martin de la Brasque Mr Imbert basses Courennes Saint Martin les Eaux Mr Philip Mr Croisy Valensole, route de Digne St Michel l’Observatoire Mr Peta Mr Gervasoni Caseneuve, Saint Jean Saint Pantaléon Mme Giacomo Mr Fantini Caumont sur Durance, route de l’Isle Saint Saturnin les Apt Mr Boni Mr Elineau Tarascon, directeur Sainte Tulle Mr Philipponneau approvisionnement bois, TEMBEC Mme Barnouin Mr Macagno Pertuis, Macagno SARL Mr Pessemesse Mr Heurtin La Bastide des Jourdans, la Les Taillades Mr Bouchet Loubatière La Tour d’Aigues Mr Lovisolo Mme Triboulet Bedoin, Les Constans Vachères Mr Peloux Mme Maurizot (adjointe), Mr Associations locales : Pellegrin (relations Parc) Mr Barret Saint Michel l’Observatoire, Viens Mr Peyron association GEYSER Villars Mr Massel Mr Simonot Lauris, mas Recaute, Fédération Mr Pignoly, Mr Dorgal (adjoint) Française de Randonnée Equestre Villemus Mr Pourcin Mrs Felician et Sartore Apt, Moto Club des Villeneuve Mme Trabuchet (adjointe) Aigles Aptésiens Vitrolles en Luberon Mr Allegre Mr Castellani Les Taillades, Président du Volx Mr Domeizel Conseil des Associations du Parc Mr Curez Pertuis, association de randonnée les Mille Pattes Mr Eldin Brigade des gendarmes à cheval, Buoux ANNEXE 8:SYNTHESE DES ENTRETIENS PAR CATEGORIE D’ACTEURS POUR SILVA MEDITERRANEA - PROJET «FORETS MEDITERRANEENNES ET DEVELOPPEMENT DURABLE » Techniciens forestiers (Provence Forêt, CRPF, SMDVF, ONF, DDAF, PNRL)

Attitudes et Pour des projets d’intérêt collectifs comme par exemple la mise en gestion d’une implication forêt privée morcelée pour la protection contre l’incendie sur le piémont du Petit Luberon (commune de Cheval Blanc) la répartition des rôles peut être la suivante : Parc naturel régional du Luberon ou collectivité : maître d’ouvrage/coordination des projets concertés avec les organismes compétents et les acteurs locaux (Provence Forêt ou la commune peuvent également assurer cette maîtrise d’ouvrage). Coopérative Provence Forêt et/ou CRPF en forêt privée : expertise, maîtrise d’œuvre et animation auprès des propriétaires (exploitation du bois, travaux de broyage des rémanents et de la broussaille…). Les propriétaires délèguent leur maîtrise d’ouvrage et signent une convention pour charger Provence Forêt de vendre leur bois et réaliser les broyages des rémanents et broussailles (subventionnés par la collectivité dans un objectif de prévention des incendies ou pastoral). Office national des forêts (ONF) en forêt publique (voire forêt privée mais l’ONF ne cherche pas à faire concurrence aux techniciens de la forêt privée) : expertise, maîtrise d'œuvre pour l'encadrement de travaux ou encore la réalisation de chantier avec leurs ouvriers. Gestionnaire des forêts communales, l’ONF joue souvent un rôle de médiateur entre les acteurs sur les questions pastorales ou de biodiversité devant l’intérêt collectif. L’ONF a évolué à partir des années 70dans sa politique de gestion, passant d’une logique forestière forte à une approche globale, multifonctionnelle indispensable. Syndicat mixte de défense et de valorisation forestière du département du Vaucluse (SMDVF) : compétence pour la défense des forêts contre les incendies des communes adhérentes, maître d’ouvrage, maître d’œuvre et réalisation de chantiers de débroussaillement en régis. DDAF : implication désormais limitée au rôle d’observateur des projets et de contrôle de l’utilisation des crédits (assiste aux commissions et réalise les réceptions de chantiers). Commune : réunions publiques d’information avec invitation de tous les propriétaires concernés par courrier du Maire et mise en contact avec le technicien référent (coordonnées) pour tout détail technique.

Relations de Certains techniciens déplorent un manque de synergie (chevauchement des conflit ou de compétences de certains organismes, manque de coordination et de répartition claire coopération des rôles) voire une absence de respect des engagements initiaux de certains partenaires. La multiplicité des organismes et des intervenants rend difficile le travail de coopération (complexité de l’organisation de la gouvernance en France : Etat, Région, Départements, Pays ou Parc naturel régionaux, Communautés de communes, Communes). La synergie dépend également des personnes, de leur dynamisme, des affinités de la capacité d’écoute et de recherche de solutions communes. Il existe des habitudes de travail et une synergie entre l’ONF, le CERPAM et le PNRL depuis une dizaine d’années mais aussi le CEEP, la DDAF et la forêt privée. Un des organismes techniques du département, le SMDVF, reste dans le flou quant à ses compétences et sa place (délégation des communes en matière forestière). Les partenaires se plaignent qu’il ne communique pas sur ses actions même si d’autres organismes sont concernés,qu’il ne manifeste pas de volonté de coopération et qu’il ne construit pas de projets cohérents multidisciplinaires. Les autres techniciens déplorent cette position hégémonique qui va au détriment de la collaboration établie entre les autres partenaires et qui induit un climat de méfiance. Le comité de pilotage de la charte forestière de territoire (CFT) a permis de réunir les organismes et de suivre les projets locaux. Il est utile de le pérenniser sous la forme d’une commission forêt-espaces naturels. L’animateur de la charte forestière de territoire établit davantage de coopération. Pour les techniciens de la forêt publique (ONF), il est important d’impliquer la ou les commune(s) en amont d’un projet et d’informer les autres communes du massif pour qu’elles prennent conscience que les enjeux n’ont pas de limites administratives (feu, conservation des pelouses de crêtes…). L’ONF rencontre la commune au départ de l’élaboration de son aménagement forestier pour connaître son objectif.

Attentes et La présence d’un médiateur facilite l’écoute des différentes attentes et la pertinence de recherche de solution commune. Il faut trouver les bons compromis par exemple l’outil CFT vis en terme de pastoralisme, le niveau de contraintes permettant d’atteindre l’objectif de à vis de ces protection contre les incendies ne doit pas décourager l’éleveur. Les approches attentes doivent être multifonctionnelles. Pour l’Etat, au départ la CFT était un outil destiné surtout à mettre en lien des offres et des demandes, l’utilisation pour définir une stratégie de territoire et une dimension opérationnelle est intéressante. Il semble naturel que la CFT devienne le volet forestier de la Charte du Parc naturel régional. Ce n’est pas un outil financier mais il permet d’officialiser une stratégie de territoire et de mobiliser les acteurs.

Atouts du Succès de l’opération de mise en gestion d’une forêt privée morcelée sur Cheval territoire/ Blanc : Succès de L’opération en forêt privée morcelée sur le piémont du Petit Luberon pour la l’outil CFT et protection contre l’incendie (commune de Cheval Blanc) était très intéressante de autres mesures part son entrée multidisciplinaire et une recherche de cohérence. Il est efficace d’initier la réflexion localement dans la cohérence et la concertation et progressivement prendre du recul pour une mieux intervenir sur un plan global. Le rôle du Parc naturel régional du Luberon a été déterminant de part son pilotage sans forme d’hégémonie mais au contraire en coordination et en recherche de solutions communes. 99 % des propriétaires ont adhéré au projet grâce à la force de conviction de la commune, de la coopérative Provence Forêt et du financement à 100 %. L’implication de la mairie par l’envoi d’un courrier aux propriétaires et l’organisation d’une réunion publique est très importante. La discussion en amont entre les techniciens et les élus permet de définir et faire accepter un cadre réaliste. Les travaux prévus initialement sont en grande partie réalisée. La clé de la réussite est d’avoir accepté un seul interlocuteur pour toutes les phases vis à vis des propriétaires (ne pas laisser faire une négociation directe entre exploitant et propriétaire). Ceux-ci ont toujours eu une seule personne physique à contacter et ils n’ont rien vu de la lourdeur bureaucratique de l’opération. La commune a vu se valoriser cette zone péri-urbaine et l’action de protection contre les incendies bénéficient à d’autres usages (accueil du public, cadre de vie, chasse…). Méthode « charte forestière de territoire du Luberon » : Il est important de travailler au niveau local à la rencontre des acteurs locaux pour répondre à leurs besoins. Sur les Collines de Durance, sans la présence d’un animateur, les techniciens de l’ONF et du CERPAM ne parvenaient pas à aboutir au retour du pâturage (manque de temps et de budget pour regrouper les acteurs notamment les propriétaires et mener la concertation nécessaire). L’Etat ne pourra pas assister aux ateliers d’échanges locaux donc le maintien d’une commission annuelle permettra de réunir les organismes pour suivre les projets locaux et redéfinir au fur et à mesure la stratégie. La commission associée à des ateliers locaux seraient très positifs. Comme pour l’urbanisme, une réflexion de territoire est indispensable en amont pour prendre des décisions d’aménagement et de travaux. La CFT est une garantie de gestion cohérente et concertée pour les financeurs et un Parc naturel régional (PNR) de façon plus ancienne encore. La dynamique de territoire existe grâce à des personnes moteurs au départ. Les résultats de la politique de développement durable du PNR Luberon sont visibles comparés au développement des territoires voisins (c’est le cas du paysage préservé grâce à une prise de conscience locale, des règles d’urbanisme et des conseils efficaces qui ont permis un développement harmonieux des villages). La présence de plusieurs « guichets » complique le montage des dossiers mais permet de faciliter le contrôle. Il est essentiel donc de consacrer du temps d’ingénierie technique et financière (temps et connaissance technique) sous la forme d’un appui à la maîtrise d’ouvrage (par l’animateur de la CFT par exemple) pour assurer une cohérence et le montage des dossiers. Les budgets étant moins élevés que ceux des départements du littoral, il y a une recherche de complémentarités pour diminuer le coût de gestion et garantir un entretien : développement du brûlage dont le coût est moindre que le broyage et utilisation du pâturage pour participer à l’entretien. Il y a une convergence des enjeux DFCI, pastoraux et de biodiversité qui permet d’utiliser en fonction des possibilités les financements spécifiques à chaque thème. L’évaluation est une étape importante. Financements disponibles : - Crédits pour la forêt méditerranéenne (CFM) : destinée aux équipements et ouvrages de prévention des forêts contre les incendies « classiques » ; - Plan de développement rural national (PDRN) : Production (1ère intervention dans un peuplement de 1ère génération) ; Mesures à caractère de prévention des forêts contre les incendies : (Sylviculture à caractère PFCI) ; Pastoralisme : (équipements) ; Accueil du public en forêt communale Il est admis par le propriétaire d’organiser l’accueil du public et d’être rémunéré par la collectivité par le biais d’une convention : - Par le Conseil Général pour un site exceptionnel (ex. Site classé des Ocres) - Par la commune, pour un projet limité à un public local (le Conseil Général joue alors un rôle de facilitateur avec une « boite à outil »).

Visions des Mise en gestion d’une forêt privée morcelée sur Cheval Blanc : problèmes et Le projet présenté initialement aux propriétaires n’as pas du tout été retenu. Il ne craintes / répondait pas aux attentes, ne tenait pas compte des séquelles d’une opération Echecs et réalisée 10 ans auparavant et il était trop compliqué. Le propriétaire ou les limites de la communes ne pouvaient pas d’assumer les 20 % d’autofinancement et le problème se pose à chaque projet de cette envergure. Il a fallu négocier au cas par CFT cas avec les 2 grands propriétaires en leur rétrocédant les recettes de la vente du bois et en ne broyant qu’une partie des surfaces. Il y a eu une confusion pour les propriétaires lorsque le SMDVF a mené une opération de sensibilisation au débroussaillements obligatoires sur le secteur au même moment. Un brûlage a été effectué par l’ONF sans concertation alors qu’une coupe de bois avait été marquée par Provence Forêt. La dissociation entre la phase d’exploitation forestière et celle du broyage et le souhait du SMDVF de travailler en régis a eu pour conséquence des résultats techniques parfois insuffisant et une perte de temps pour le maître d’œuvre. L’opération a connue des difficultés lorsque le SMDVF a voulu prendre le pilotage. L’ONF qui était pourtant intéressé en tant qu’observateur vu l’enjeu de protection de la forêt domaniale a préféré se retirer. Il est intéressant d’impliquer l’ensemble des communes d’un massif même si l’opération se limite à une commune. La phase d’animation s’est prolongée jusqu’au dernier jour de travaux ; la coopérative est largement déficitaire vu le temps effectivement passé pour résoudre tous les problèmes issus de l’hétérogénéité des propriétaires, des aléas climatiques, des pannes des engins, des périodes de fermeture de l’usine de Tarascon et, de façon non négligeable, des défauts d’engagements du deuxième maître d’ouvrage (SMDVF). Protection des forêts contre l’incendie : Les crédits du Conservatoire de la Forêt Méditerranéenne (CFM) pour la protection contre les incendies sont en diminution drastique et nécessitent aujourd’hui une part d’autofinancement rédhibitoire. Il y aurait davantage d’ouvrages de protection contre les incendies s’il y avait davantage de moyens et de garanties d’entretien. La tendance actuelle prédit par les pompiers et les services forestiers est au feu catastrophe majeur. Pour certains, sans financement à 100 % des opérations de mise en gestion de forêts privées morcelées pour la protection contre l’incendie, il n’y aurait pas d’implication de la commune et des propriétaires et le projet ne pourrait pas aboutir. Pour un des organismes, il n’est pas possible de continuer dans ce mode de fonctionnement en investissant l’argent de la collectivité pour intervenir dans les pinèdes et il vaudrait mieux laisser l’évolution naturelle se faire au profit du feuillu. Il est important que les propriétaires se réapproprient la démarche et assument leur responsabilité vis à vis de l’entretien de leurs parcelles même si les propriétaires comme les communes n’ont pas les mêmes possibilités financières. Certains propriétaires ont des rancoeurs de na pas avoir pu obtenir leur certificat d’urbanisme, d’autres ne souhaitent pas de mise en valeur de leur forêt pour ne pas être « envahis » par le public. Les acquisitions foncières et le remembrement des forêts ne se pratiquent pas étant donné le prix du foncier et les conflits locaux. Chasse : La demande des chasseurs est généralement excessive. La recherche actuelle d’un compromis concernant les autorisations de circulation sur les pistes du Grand Luberon doit répondre à l’intérêt général. Il est nécessaire de prendre le temps de la négociation pour éviter les abus. Pastoralisme : La « prime à l’herbe » ne répond pas aux objectifs de gestion des milieux naturels. Les éleveurs acceptent leur rôle de gestionnaire des milieux naturels mais ils sont découragés par la complexité des contrats d’agricultures durable (CAD) et les systèmes de contrôles trop strictes ne prenant pas en compte les réalités de terrain (ils semblent aberrants aux yeux des gestionnaires des milieux naturels eux- mêmes). Etant donné la variabilité des conditions météorologiques et du milieux, l’ONF est conscient de la nécessaire flexibilité des calendriers de pâturage en suivant le travail de l’éleveur et en faisant des comptes-rendus de pâturage. Mais l’ONF n’a pas officiellement de temps pour cela. Randonneurs : Il y a ponctuellement des phénomènes de sur fréquentation. Contrairement aux chasseurs, les randonneurs ne sont pas organisés et représentés, ils ne connaissant pas bien les enjeux et n’ont pas la notion de fragilité ; en quittant les contraintes de la ville voit en la nature un nouvel espace de liberté. Financements : Depuis les années 50, la législation a donné au Conseil Général des prérogatives qui ont eu pour conséquence une perte d’implication des communes. L’autofinancement de 20 % est le facteur limitant principal à la réalisation de travaux dans les communes et chez des propriétaires qui ont peu de moyens financiers. Il faut une évolution des mentalités des communes pour qu’elles s’impliquent dans la gestion de l’espace forestier qui est le cadre de vie de leurs habitants. Elles pourraient bénéficier d’une aide du Conseil Général par contractualisation. Les financements existent mais sont mal utilisés (le SMDVF « veut tout faire » mais n’a présenté aucun dossier en 2004), il faut des projets cohérents qui ne soient pas uniquement de la prévention des forêts contre les incendies. La réalisation des demandes de financements (montage des dossiers) est complexe et ne devrait pas monopoliser le temps des techniciens comme Provence Forêt qui devrait pouvoir se concentrer sur la maîtrise d’œuvre. Les contrats d’agriculture durable (CAD) sont limités à 2 objectifs et 3 mesures plafonnées (ex. environnement + bio/ …) avec un problème de coordination avec le PDRN et une limitation des champs d’action par rapport aux anciens contrats (env. 27 K€/CAD sur 5 ans sur le 84 et investissements surfaciques dommageable pour le pastoralisme). Démocratie participative et développement durable : Le temps d’animation nécessaire pour développer la dimension développement durable n’est pas financée. La loi d’orientation forestière de 2001 propose de nouveaux outils mais il faut que la collectivité donne également des moyens (humains et financiers) pour les mettre en œuvre. Les enquêtes publiques sont difficiles à mener sur des questions d’environnement (ex. Plan de prévention des risques incendie de forêt de Grambois) : s’il n’y a pas de relais au niveau local il ne peut y avoir d’appropriation du projet. Pourtant face à la complexité technique des projets comment le particulier qui n’a pas cette connaissance technique peut-il être pertinent ? Il faut parvenir à créer une culture commune et élever le débat. Les nouveaux projets de Parc naturel régional comme celui du Ventoux n’ont pas forcément une motivation de développement durable mais sont plutôt un moyen de « vendre » le territoire

Buts et Les chartes forestières peuvent amener un progrès si la concertation est réelle et il stratégie pour faut définir les rôles de chacun dans les étapes d’un projet.. La garantie de gestion atteindre les durable dépend du suivi, des financements disponibles et de l’implication des buts acteurs sur le long terme. Il est important de faire comprendre aux gens que tout est lié. Souvent c’est à partir d’un intérêt particulier que l’on devient sensible à l’échelle de sa commune et à l’intérêt général à une échelle plus globale. Il faut réussir à faire évoluer les habitudes et mobiliser les acteurs en commençant par initier des projets cohérents à l’échelle locale. Mise en gestion d’une forêt privée morcelée sur Cheval Blanc : Il aurait fallu un seul projet global cohérent porté par un seul maître d’ouvrage (PNRL ou commune) et une demande de financement globale (sauf pour le pastoralisme avec des financements spécifiques pour les équipements pastoraux) Il faut avoir un bilan honnête des opérations précédentes et en particulier connaître la perception des acteurs locaux à leur sujet pour être préparé à répondre à leurs remarques et inquiétudes. Les diagnostics menés par le CRPF, le CERPAM et l’ONF sont utiles mais auraient du aboutir à la présentation d’un projet plus simple aux propriétaires et équivalent pour chacun en distinguant malgré tout le capital des grands propriétaires (négociation au cas par cas) de celui des petits : 1 carte simplifiée avec un seul type de travaux (ou deux si distinction de la maîtrise d’œuvre coupes et broyage entre Provence Forêt et SMDVF) et une convention simplifiée en une seule feuille. Si l’ intérêt collectif justifie le projet au départ, il faut qu’il prenne en compte les intérêts particuliers et satisfasse au mieux tout le monde au final. Il faut que l’animateur connaisse bien le dossier et le terrain avant d’effectuer des visites si possible collectives ou individuelles en fonction de la qualité des relations de voisinage (s’informer auprès de la mairie) en montrant les éléments intéressants. Il faut expliquer les types de travaux et l’objectif en particulier lorsque l’impact visuel est important comme dans le cas du brûlage dirigé. De façon générale, il faut prévenir la commune de l’existence de plans de gestion et de la programmation de travaux en forêt privée. L’implication de la mairie par l’envoi d’un courrier aux propriétaires et l’organisation d’une réunion publique est très importante. La discussion en amont des techniciens avec les élus permets de définir et faire accepter un cadre réaliste. Il vaut mieux un seul maître d’ouvrage. Il faut éviter la réalisation d’autres opérations sur le même secteur au même moment qui risque de créer des confusions (Opération de sensibilisation du SMDVF au débroussaillements obligatoires) ou avertir les autres opérateurs pour les faire coïncider au mieux (exemple brûlage de l’ONF effectué avant une coupe de bois). Il ne faut pas dissocier la phase de coupe de celle du broyage et la confier à une seule entreprise. Il est essentiel de laisser propre sans rémanents avant l’été. Les propriétaires ne doivent avoir qu’un seul interlocuteur (ne pas laisser faire une négociation directe exploitant - propriétaire). Il faut bien estimer le temps d’animation auprès des propriétaires et de réunion avec les partenaires en prévoyant une marge pour palier aux aléas. Il faut établir un calendrier précis et des interventions claires avec une répartition efficace des rôles. Il faut, dans la mesure où le bilan est positif, conserver la logique du projet d’une tranche de travaux à l’autre. Il faut prévoir une réception de chantier avec un bilan de l’opération. Il faut pouvoir pérenniser les opérations mais l’implication financière future des propriétaires étant exclue, il faut que la collectivité accepte de financer l’entretien au titre des services intéressés (accueil du public, la chasse…). Il faut tester un Plan de gestion concerté sur une zone limitée avec un suivi pour sa durée par un gestionnaire (coordination du Parc et maîtrise d’œuvre de la Coopérative) puis analyser les raisons du succès et des échecs. Financements : Il faudrait que les crédits européens et de l’Etat soient concentrés sur l’investissement initial et que la pérennisation de la gestion, se fasse par contractualisation avec la Région ou le Conseil Général (entretien et animation). Protection des forêts contre l’incendie : Il est nécessaire d’avoir une planification concertée des ouvrages et des interventions en faveur de la prévention des risques d’incendies (pistes, citernes, coupures de combustibles stratégiques…) en utilisant le brûlage comme outil d’entretien. Pour certains techniciens, il faut que les propriétaires ainsi que les communes (face à l’intérêt collectif) assument leur responsabilité d’entretien de leurs parcelles : selon les cas il faudrait 10 à 20 % de financement par les propriétaires en fonction de leur intérêt et de leurs possibilités financières et 10 à 20 % de financement par la commune devant l’intérêt collectif. Le zonage suivant peut être fait en fonction des prérogatives : - débroussaillement régulièrement entretenus par le propriétaire autour des installations sur 50 m - débroussaillement le long des chemins communaux à la charge de la commune et à la charge du propriétaire pour les chemins desservant ses installations - coupure de combustible stratégique (100 à 125 m environ) financée par la collectivité zone « tampon » en domaine privé au delà de la zone stratégique stricte (financée à 80 % PDRN) ; ne nécessitant pas de broyage sauf si pâturage (démantèlement des rémanents) La commune peut être convaincue de l’intérêt de participer financièrement à la diminution du risque d’incendie et à la valorisation des autres usages (accueil du public, cadre de vie, chasse…) en contractualisant avec le propriétaire notamment en zone péri-urbaine. Il faut encourager les acquisitions foncières et le remembrement des forêts dans les zones d’enjeu fort notamment en terme de maîtrise de l’urbanisation. Il faut encourager le maintien de coupures agricoles et de milieux ouverts entretenus. Sensibilisation et conciliation des usages : Il faut sensibiliser le public (panneau expliquant la gestion des milieux naturels, vulgarisant les plans d’aménagement) afin de lutter contre les idées reçues et la confusion entre la non-intervention et la protection de l’environnement. Il faut que les gens s’impliquent avec des connaissances de base et une capacité prospective vis à vis des interventions réalisées. Il faut avoir des moyens humains pour sensibiliser voir verbaliser. Il manque à l’échelle du département 1 ou 2 massifs sans enjeux particulier qui soit officiellement ouvert aux motos, quads… Il faut arriver à faire évoluer également une vision trop conservatrice et prendre du recul quant à la notion de protection. Les techniciens doivent davantage informer les communes des actions menées et doivent rencontrer les présidents de sociétés de chasse au moins une fois par an. Le souhait est d’amener les chasseurs vers une gestion de territoire visant un équilibre de la faune comme cela se fait ailleurs avec succès après 10 ans de travail (arrêt de la chasse, cultures à gibier, ouverture du milieux…). La cohabitation avec les enjeux écologiques se fera mieux dès lors, par exemple, que les populations de lapins seront suffisamment importantes pour que le prélèvement par le Grand Duc soit acceptable pour les chasseurs. Les chasseurs peuvent faire changer leur image et les naturalistes doivent également davantage prendre en compte le rôle des chasseurs. Certains techniciens forestiers ont encore une vision réductrice productiviste de la gestion forestière (ex. coupe à blanc de pin noir pour restaurer les pelouses de crêtes) et le chef d’équipe a la responsabilité de la faire évoluer au quotidien à l’aide d’exemple pour être en accord avec la politique de l’Etat. Il faut prendre le temps de trouver des solutions pour mener des actions en cohérence avec les objectifs globaux de préservation de la forêt et des espaces naturels (ex. quelle gestion pour le Petit Luberon aujourd’hui après l’échec du programme de réintroduction de la perdrix rouge mené depuis 15 ans ? : il faudrait persévérer et explorer de nouvelles pistes ; décider si on ouvre davantage le milieu ou si l’on maintien des zones sans intervention…). Il faudrait que l’ONF ait officiellement du temps disponible pour le suivi du pâturage financé dans le cadre de Natura 2000. Stratégie de gestion à l’échelle d’un massif : Pour préciser les choix de gestion à l’échelle d’un massif, un zonage peut être f fonction de chaque objectif (risque incendie, pastoralisme, paysager, biodiversi En mettant en évidence la superposition des complémentarités et des antagonisme permet de définir la gestion pour chaque zone en fonction des objectifs prioritaires. Il faudrait faciliter les possibilités de coupes groupées entre forêt publique et privée qui permettrait de mieux valoriser des coupes souvent petits difficiles à vendre autrement et offrirait davantage de cohérence dans les interventions. Acteurs du milieu pastoral Techniciens pastoraux et éleveurs ovins

Attitudes et Le CERPAM travaille en étroite collaboration avec les autres acteurs forestiers implication pour la réalisation de diagnostics pastoraux et la mise en lien avec les éleveurs. Il est très impliqué dans l’expérimentation et la mise en œuvre de la CFT et la gestion forestière multi-usage en général. Il cherche à adapter l’offre de pâturage à la demande des propriétaires et des gestionnaires et s’attache à prévenir les conflits avec les autres usagers. Les éleveurs ovins interrogés ont tous travaillés de façon concertée dans le cadre de la charte forestière de territoire pour la reconquête pastorale de massifs forestiers pour des quartiers d’hiver. Ce sont : - des « producteurs d’agneaux » possédant une exploitation familiale, d’origine locale avec un cheptel croissant, une recherche de productivité et une mobilité restreinte hors transhumance ; - des « nouveaux éleveurs » d’origine extérieure, avec un cheptel moyen, une grande mobilité et une productivité faible.

Relations de Une bonne synergie existe depuis une dizaine d’années entre le Parc naturel conflit ou de régional du Luberon, l’ONF et le CERPAM. La charte forestière a permis de réunir coopération et faire travailler ensemble les différentes catégories d’acteurs locaux (élus, propriétaires, chasseurs…) et les organismes techniques. Il est plus difficile de faire en sorte que les organismes travaillant sur la DFCI (SMDVF, DDAF) sortent de leur isolement. Les rôles de chacun notamment celui du SMDVF ne sont pas toujours clairs. Les forestiers ont tendance à se retirer dès lors que le pastoralisme est mis en avant mais la nouvelle génération semble plutôt bien accepter l’idée. Les éleveurs nouvellement arrivés dans un secteur souhaitent se faire une place sans s’imposer. Pour être acceptés, ils sont à l’écoute des attentes et craintes des partenaires, cherchant à travailler sérieusement en respectant leurs engagements. Dans le cadre de la charte forestière, les appréhensions exprimées au départ par certains chasseurs et agriculteurs (concurrence avec le gibier, divagation des troupeaux…) se sont dissipées grâce au travail de méditation allant même jusqu’à une coopération sur le terrain (propositions de terre à pâturer, de points d’eau à utiliser…). Les agriculteurs en place acceptent mal et même freinent l’installation de nouveaux agriculteurs. Les éleveurs constatent une augmentation de la fréquentation des massifs par un public non respectueux (quads, trial…) ou n’appréciant pas le pâturage (mouches près des habitations…). Sans la présence d’un facilitateur, il y a un manque dommageable de coopération de la part des autres acteurs.

Attentes et La charte forestière de territoire a permis d’offrir des moyens d’animation pour pertinence de faire émerger des projets, mobiliser l’ensemble des acteurs et les conduire jusqu’à l’outil CFT vis des réalisation concrètes. à vis de ces La présence d’un facilitateur est indispensable car les éleveurs n’ont pas la attentes légitimité, le temps et les moyens pour négocier directement des secteurs de pâturage et être acceptés localement. Ils n’ont pas la capacité d’intégrer les nombreux enjeux. Les nouveaux éleveurs ont besoin de soutien pour ne pas rester dans la précarité et parvenir à une activité soutenable. Atouts du Une réelle synergie est permise en unissant par l’intermédiaire d’un animateur territoire/ « facilitateur » plusieurs organismes techniques sur un même thème [projet] et Succès de impliquant les acteurs locaux. Le succès de la mobilisation des propriétaires est l’outil CFT et remarquable. autres mesures L’animateur de la charte forestière est le correspondant « multi-usage » qui manque en général dans les structures. La CFT offre un cadre de réflexion plus large et une stratégie organisée et reconnue du fait de la ratification des objectifs à plusieurs niveaux. Elle permet d’améliorer la mise en œuvre et la cohérence des schémas de prévention contre l’incendie (PIDAF) par le dialogue territorial avec les acteurs locaux (élus, propriétaires, chasseurs, éleveurs…). La CFT est fragile car reposant sur des volontés locales de travailler ensemble mais c’est ce qui fait sa force également. Le climat de confiance instauré par la concertation et la dimension humaine par la rencontre sur le terrain pour le désamorçage des conflits sont essentiels. Il est important de négocier et rédiger des conventions de pâturage en fonction d’un projet global intégrant les différents usages et enjeux. Pour les éleveurs la présence de l’animateur de la charte forestière est très utile car celui-ci : - aborde le massif et donc les secteurs de pâturage dans leur globalité et propose un projet d’ensemble, - rencontre les différents acteurs et fait le lien (entre la demande des éleveurs et l’offre des propriétaires), - fourni les coordonnées des personnes à contacter avant de se rendre sur le site permettant d’informer et de résoudre des problèmes au fur et à mesure et de prévenir les conflits (présence de collets installés par les chasseurs risquant de causer des blessures aux moutons et auraient engendré un conflit s’il n’y avait pas eu de discussion immédiate), - assure un suivi. Le PNRL apparaît comme légitime et neutre pour la résolution des difficultés, l’amélioration des conditions de pâturage en réponse aux objectifs communs (création de points, liens avec la commune, réunion de méditation en cas de conflit…). Visions des Multi-usage et financements: problèmes et Les projets issues d’une concertation de type CFT entre les acteurs locaux craintes / devraient être prioritaires (financements, moyens techniques…). La difficulté Echecs et principale est de parvenir à faire évoluer les habitudes de travail en commun pour limites de la améliorer la synergie. Depuis 2 ans, les financements disponibles manquent de lisibilité. Le CERPAM CFT déplore la perte de souplesse des financements par l’arrivée des systèmes de co- financement et un cloisonnement entre les différents thèmes (sylvicole, DFCI, pastoralisme, patrimoine…), en contradiction avec le multi-usage de la forêt méditerranéenne. La notion de « sylvopastoralisme » qui est évoquée depuis longtemps reste difficile à concrétiser. Les mentalités des forestiers évoluent doucement et il y a peu de travaux combinant l’objectif pastoral et sylvicole. Gestion forestière : Même sur le plan forestier le CERPAM perçoit les problèmes : passage de la TVA de 5,5 % à 19,6 % qui a bloqué le dynamisme des associations de propriétaires comme l’ASL de Grambois pourtant très active depuis 20 ans ; manque de valorisation du bois au niveau régional et du monopole de la papeterie de Tarascon (les menuisiers sont obligés d’importer alors qu’ils seraient près à commander à des exploitants locaux). Il semble nécessaire de valoriser les produits non marchands (paysage, accueil du public, environnement…) mais cela pose la question de « qui paye ? »). Pastoralisme On perçoit aujourd’hui la limite des systèmes de primes accordées aux éleveurs et le risque de dérives : - Il y a une course à l’obtention de conventions de pâturage et une flambée des prix des locations - Les éleveurs en arrivent à abandonner les primes trop complexes, ce qui dévalorise et fragilise la profession - Les primes à l’herbe sont trop « enfermées dans un carcan », il est scandaleux de pénaliser des éleveurs pour des changements indépendants de leur volonté et voire même nécessaires dans des logiques sylvopastorales (arrêt du pâturage pour la mise en régénération des peuplements ou la protection de reboisements…) - Les Contrats d’agriculture durable (CAD) représentent des sommes faibles et sont très contraignants. Les éleveurs acceptent leur rôle de « gestionnaire de l’espace » par le biais de contrats mais refusent d’être trop encadrés ; ils souhaitent des outils d’accompagnement techniques et un soutien indispensable de l’Etat (pas de gain par la vente de la viande …). - Les systèmes de contrôles des primes sont mal conçus. Les éleveurs sont contrôlés et sanctionnés par des inspecteurs qui n’ont pas la formation adéquate et ont des attitudes coercitives entraînant une déshumanisation des rapports. - Etant donné la faible qualité du pâturage dans les zones de garrigue en cours de restauration pour le pâturage, il y a nécessité de complémenter le troupeau, ce qui pose la question de la rentabilité du pâturage pour les éleveurs dans ces zones difficiles où l’enjeu de l’entretien est pourtant essentiel vis-à-vis du risque d’incendie. Les éleveurs expriment leur crainte de finir par se décourager et d’abandonner la zone si elle ne s’améliore pas. - Les « herbaciers » vont disparaître car trop fragiles (absence de structure propre, déplacement sur 4 à 6 sites en fonction de l’herbe) et les plus gros éleveurs resteront ; ce sont pourtant des systèmes qui permettent une exploitation viable avec des troupeaux de 400 à 600 bêtes adaptées au pâturage du Luberon - L’autofinancement des travaux ne peut être supporté par les éleveurs car disproportionné par rapport à leurs gains La crainte principale des éleveurs est le loup qui menace d’arriver dans le Luberon depuis les Alpes. La présence du loup crée un niveau de contraintes insupportable (obligation de dormir près du troupeau et de le parquer, d’avoir des chiens « Patou » non appréciés du public et du voisinage, stress permanent pour les bêtes et les bergers, 20 % d’autofinancement devant être assuré par les éleveurs pour les équipements de protection inefficaces dans la réalité…).. Si le loup arrive dans le Luberon, ce sera la fin du gardiennage avec des clôtures semi mobiles tel qu’il est pratiqué dans le Luberon où la tradition des « espaces libres » non clôturés est très forte. Les éleveurs sont souvent dans la précarité du fait de l’absence de propriété propre, des contraintes saisonnières ( sécheresses répétées des dernières années) et du manque d’eau sur les sites de pâturage… Pour eux le choix de ce métier est un « choix de vie » qui nécessite de supporter un ensemble de contraintes… Les milieux naturels sont aujourd’hui trop « sous cloche », il n’y a plus assez d’activité économique et de présence en forêt (forestiers, éleveurs…). Un des problèmes majeurs est lié au foncier : morcellement de la propriété, coût du bâti et des terres rendant difficile l’installation de nouveaux éleveurs pourtant nombreux et entraînant une spéculation foncière préjudiciable… Buts et Gestion forestière : stratégie pour Il faudrait valoriser les filières locales comme le Cèdre en faisant le lien entre les atteindre les exploitants, les scieries proches et les utilisateurs locaux. buts Il faudrait instaurer une taxe verte sur les plus-values des ventes immobilières car les personnes qui investissent dans le Luberon le font pour le cadre de vie et la garantie « Parc naturel régional », afin de valoriser les produits non marchands (paysage, accueil du public, environnement…). Il faudrait permettre les construction en forêt dans un objectif d’activité économique permettant l’entretien (forestiers, éleveurs, accueil du public…) et bloquer la possibilité de vente pour un autre usage. Pastoralisme : - Il est important d’aider les éleveurs à s’installer pour ne pas rester dans la précarité (construction de bergerie) et d’avoir des parcours stables suffisamment équipés de points d’eau. - Il faut payer l’éleveur pour l’entretien de l’espace mais avec davantage de flexibilité (variabilité dans le temps et l’espace sur un projet bien défini en concertation). Il faudrait une réorganisation de l’ensemble des primes en les adaptant à la mobilité nécessaire des troupeaux sur un projet global (calcul sur une assiette de plus large de surface déclarée avec des variations possibles de 20 ha par ex.). Revenir aux MAE avec une formulation plus souple : financements individuels bien cadrés sans être trop précis et suivis. - Encourager les éleveurs à se mécaniser pour entretenir (impossible pour les herbaciers) - Il faudrait l’autofinancement puisse être payé par la main d’oeuvre dans le cas de projet d’intérêt collectif - Vu le morcellement foncier il faudrait que dans les zones d’intérêt collectif fort notamment en terme de DFCI qu’il soit mis en place une servitude permettant de réaliser des débroussaillements et du pâturage sans nécessaire accord du propriétaire - Il faudrait que le contrôle des primes soit assuré par un niveau technique et humain local comme la DDAF qui aide à l’élaboration du projet au départ (ou PNRL) Financements : Il faudrait une enveloppe financière globale « multi-usage » lié à un programme précis en « label » CFT sous forme de contrat ou des dossiers plus faciles à établir et moins cloisonnés. Il faudrait une implication du Conseil Général pour la réalisation de travaux ou des aides. Pour le pastoralisme, il faudrait notamment suivre l’exemple du département des Bouches du Rhône qui a conservé le système de Fonds de gestion de l’espace rural national, individuel et souple, longtemps utilisé et qui avait permis la réalisation de nombreuses actions. Suivi : Pour assurer l’appropriation des projets et le suivi au niveau local, il faudrait désigner des correspondants locaux formés en binôme avec un correspondant technique stable/pérenne multi-usage (animateur CFT) : - Rôle de guetteur qui contacte le correspondant technique lorsque nécessaire (conflit latent, nécessité de travaux…) - Informateur privilégié légitime au niveau local Fédérations départementales des chasseurs et présidents de sociétés de chasse communales

Attitudes et La fédération départementale des chasseurs regroupe les sociétés de chasse et implication chasseurs du département. Elle les représente activement sur les questions stratégiques auprès des partenaires institutionnels comme le PNRL mais ne peut s’engager au nom des sociétés de chasse sur la dimension opérationnelle (mise en œuvre de la charte forestière de territoire notamment). Au niveau local, les présidents des sociétés de chasse communales sont des interlocuteurs disponibles et modérés. Ils sont généralement très impliqués dans la gestion des espaces naturels et, dans les petites communes, ils sont parfois élus ou membres des Comités communaux feux de forêt (CCFF). Les chasseurs sont le plus souvent des locaux qui connaissent très bien la colline mais il y a une forte demande provenant de l’extérieur, en particulier de la ville proche (Marseille).

Relations de Relations globales avec les autres usagers : conflit ou de Les rencontres sont peu fréquentes avec les autres usagers et gestionnaires au coopération niveau local mais les présidents de société de chasse participent volontiers aux réunions qui permettent d’instaurer un dialogue, prévenir les conflits et instaurer un climat de confiance. Sauf cas isolés, il n’y a pas de conflits graves avec les autres usagers et les représentants des chasseurs considèrent qu’il y a « de la place pour tout le monde ». Ils n’expriment pas une volonté d’appropriation de l’espace ou d’exclusivité par rapport aux autres usages contrairement à ce qu’on peut leur reprocher : les divers usagers se côtoient et se respectent. Apport de la charte forestière dans les relations de coopération : L’animation dans le cadre de la charte forestière de territoire permet de créer des liens avec une dimension contractuelle positive. Les actions menées dans la concertation (retour du pâturage, travaux d’amélioration sylvo-pastorales…) ont été bien perçues dans un secteur réputé pourtant comme étant le plus difficile du département (positions arrêtées des chasseurs). L’évènement officielle de la signature d’une charte forestière de territoire a été appréciée des représentants des Fédérations. Relation avec les randonneurs et cueilleurs de champignons : Des relations de coopération existent avec l’association départementale d’itinéraires et de randonnée sur le département des Alpes de Haute Provence mais sur le Vaucluse elles ne sont pas officialisées. Les massifs sont peu fréquentés pendant la période de chasse (si ce n’est en fin semaine) et, contrairement à la perception commune, les chasseurs se disent peu nombreux (une dizaine de chasseurs en même temps sur le terrain par commune dont 8 environ en battue), le danger est très limité et ils sont tolérants vis-à-vis des autres usages. Les randonneurs se cantonnent sur les sentiers balisés et la cueillette des champignons est réglementée. La présence de cueilleurs de champignons aurait pour effet de chasser les cervidés dans la région voisine limitant les possibilités d’atteindre le plan de chasse et engendrant ainsi des dégâts aux cultures. Rapports avec les forestiers : Il n’y a pas de rencontres officielles entre forestiers et chasseurs au niveau local et les contacts se résument parfois à des conflits liés à des enjeux écologiques, des coupes de bois trop importantes ou encore des campagnes de verbalisation. Ce sont généralement les chasseurs qui sont verbalisés et les 4*4, les Quads ou les motos circulant sans autorisation souvent hors des pistes parviennent à s’échapper. Positions vis-à-vis du pâturage: Le pâturage est bénéfique pour le maintien des milieux ouverts mais il y a des problèmes de surpâturage en montagne où les éleveurs ne respectent pas toujours les périodes de pâturage et certains chasseurs déplorent une concurrence avec le gibier. Les primes à l’hectare pour les éleveurs entraîne une course aux territoires pâturés. Il y a un souhait de maintenir les équilibres en zone ouvertes et zones refuges non intervenues pour le gibier.

Attentes et Il est important de définir un projet commun et de le mener ensemble en faisant pertinence de des bilans progressifs avec un engagement au niveau local. l’outil CFT vis Certains perçoivent l’intérêt de rencontres officielles avec les autres à vis de ces utilisateurs (réunions de conciliation), les autres n’en voient pas la nécessité. attentes Atouts du Les chasseurs ne déplorent aucun problème avec le retour du pâturage tel qu’il territoire/ a été réalisé dans le cadre de la charte forestière : le berger a respecté son Succès de engagement de parer les cultures et il n’y a pas de conflit avec les chasseurs ou de l’outil CFT et concurrence avec le gibier. La CFT a offert l’occasion de se voir et de discuter autres mesures pour mener sérieusement le travail. Il est important de rencontre les principaux acteurs dès le début pour qu’ils perçoivent clairement les projets proposés et les nourrissent. Il est important d’organiser la circulation sur le massif du Grand Luberon comme le Parc naturel régional du Luberon le propose et de discuter pour trouver un accord. Il faut permettre aux chasseurs de se rapprocher en véhicule du site de chasse et empêcher la circulation anarchique par des véhicules qui n’on pas de raison de circuler. Les comités communaux feux de forêt (équipe de 6 à 10 personnes) jouent un rôle essentiels de surveillance et sensibilisation aux risques de feu.

Visions des La mise en place du Parc naturel régional à ses débuts a eu l’effet d’un problèmes et sentiment de « grignotage » du territoire et de perte de liberté (ex. les broyages craintes / intégraux de l’ONF sur le Petit Luberon a profondément choqué : aujourd’hui il y a Echecs et une information préalable et des techniques plus progressives sous forme de limites de la débroussaillements alvéolaires notamment) Certains outils comme les Plans intercommunaux d’aménagement forestiers CFT (PIDAF) restent dans une sphère trop technique. La multiplication des mesures de gestion et de protection donne l’effet d’un « millefeuille » pas toujours bien vécu. Il demeure un manque d’ambition et de lisibilité globale pour la CFT et de lien entre les actions au niveau local. Evolution tendancielle : Il y a une diminution et un vieillissement des effectifs de chasseurs (renouvellement d’environ 2% et une perte de 3%) ; le processus va s’accélérer d’ici 15 ans (14500 aujourd’hui à 10000 soit environ 30 %). Les pratiques de chasse sont conditionnées par les milieux : avec la chute du nombre d’éleveurs, d’agriculteurs et de forestiers et la diminution de l’entretien, la tendance est à l’augmentation de la forêt et à la diminution du petit gibier au profit du grand gibier (tableau de chasse des communes aujourd’hui correspond à celui du département dans les années 1950 : 100 sangliers/an) et une diversification des espèces (cerfs, chamois, chevreuil et sangliers). Les dégâts de gibier iront en augmentant avec la nécessité d’indemnisation des agriculteurs. Cette évolution vers les milieux boisés a commencé dans les années 50 (gel des oliviers) et a été très rapide. A partir de 1975, les perdrix avaient déjà quasiment disparues. La reconquête des oliviers dans les Alpilles a eu un effet positif mais doit se cantonner aux zones mécanisables (abandon des restanques). Autrefois quand les forêts étaient entretenues, les feux étaient moins importants. Aujourd’hui, le bois n’a pas de valeur donc les propriétaires ne les entretiennent pas et les techniciens forestiers ont moins de moyens. Les organismes techniques et gestionnaires mènent des réflexions mais n’ont à priori pas les capacités physiques et financières d’aller contre cette évolution. La gestion durable dépend de l’économie et les paysages que l’ont souhaite préserver ont été modelés par l’homme. Les inquiétudes sont sérieuses pour l’avenir quant à la conservation des milieux en l’état sans que ce ne soit artificiel. Le feu participe au maintien des milieux ouverts et est un outil de gestion intéressant. Le pastoralisme peut-il se maintenir et les aides sont-elles adaptées ? On voit aussi qu’il y a un manque de volonté d’agir (sur certaines communes il y a un souhait de préservation du patrimoine mais sans débourser d’argent). La valorisation du bois est influençable à une échelle nationale voire internationale mais pas au niveau local. Les chasseurs n’acceptent pas de payer des locations en particulier en domaine publique où les prix sont élevés. Il y a une diminution des zones accessibles aux chasseurs (maisons, propriétés privées clôturées, vignes…). Il y a de plus en plus de fréquentation et généralement les usagers oublient que la terre appartient à des propriétaires privés alors que les chasseurs sont mal vus mais ils sont pourtant chez eux. Les problèmes de fréquentation majeurs se posent avec les motos trial que l’on ne peut pas contrôler. Les chasseurs expriment des craintes vis-à-vis de Natura 2000 et des contraintes que la procédure peut impliquer.

Buts et Des outils et des mesures de gestion concertés : stratégie pour Les acteurs locaux doivent pouvoir s’approprier les projets et comprendre leur atteindre les structuration. Il demeure un manque d’ambition et de lisibilité globale pour la buts Charte forestière de territoire et de lien entre les actions au niveau local. Il faut des actions structurées à l’échelle du Parc naturel régional et des animateurs pour les porter. Natura 2000 comme la CFT devraient être des outils fédérateurs et clarificateurs des nombreuses mesures réglementaires et de gestion. Les schémas d’aménagement et leurs finalités doivent être lisibles dès le départ (support cartographique vulgarisé) avec des programmes d’interventions chiffrés dans la mesure du possible. Les actions proposées doivent être réalistes (pas d’interventions systématiques mais des travaux localisés effectivement utiles pour les objectifs fixés) et les travaux doivent être faits et évalués progressivement. Il est intéressant de s’appuyer sur l’expérience des anciens. Une gestion à rentabiliser : Les milieux naturels doivent générer une économie et une communauté doit pouvoir vivre autour de ça : il y a sûrement des voeux pieux mais des solutions possibles. Des conventions de services entre la collectivité et le propriétaire pour l’entretien en vue de la protection contre les incendies et l’accueil du public serait intéressante mais il est important que les propriétaires ne se désengagent pas. De plus ces conventions concerneraient surtout les zones péri-urbaines qui représente une infime partie du territoire. Les besoins pour la chasse : Les chasseurs souhaitent un mélange de milieux ouverts et fermés favorables au gibier. Une harmonisation des jours de chasse est nécessaire à l’échelle de la région PACA dans le cadre du schéma régional de gestion cynégétique. Concernant les objectifs de la charte forestières de territoire : Par rapport aux objectifs de la charte forestière, la préservation des équilibres naturels et la diversité biologique (objectif 2) est le plus difficile à appréhender. L’enjeu principal est donc de parvenir à sensibiliser les acteurs (objectif 3) et à les mobiliser sur la gestion à l’échelle des massifs (objectif 1) ce qui permettra de limiter l’évolution forêt et donc de préserver la biodiversité. Sensibiliser les acteurs : Certains techniciens de la fédé de chasse souhaitent des rapprochements entre chasseurs et randonneurs pour communiquer : d’abord entre organismes puis au niveau local avec une formation préalable pour avoir une culture commune et une sensibilisation par groupe d’acteur puis des rencontres. Il faut apprendre à se parler et des lieux sont nécessaires pour cela. Patrimoine : On peut imaginer mettre en place des chantiers de Seniors pour intervenir sur la conservation du patrimoine. Il faudrait un statut officiel du bénévolat afin de valoriser le travail de ces volontaires qui ont du savoir-faire, du temps et un attachement au patrimoine qu’ils ont côtoyés toute leur vie. Pastoralisme : C’est le dernier outil disponible : il faut le maintenir à tout prix. Brûlage dirigé : Le feu est un moyen de gestion du milieu intéressant, à utiliser sur le territoire. Techniciens de la forêt privée et propriétaires forestiers

Attitudes et L’assistance technique pour la forêt privée est réduite avec seulement un technicien implication du Centre régional de la propriété forestière (CRPF) et de la Coopérative forestière Provence Forêt pour chaque département sur le territoire du PNRL. La coopérative Provence Forêt et/ou le CRPF conseillent les propriétaires, les aident à la rédaction des PSG, réalisent des expertises sylvicoles (types de travaux, coût…), proposent des animations foncières sur commande du propriétaire ou de la collectivité et Provence Forêt assure la maîtrise d’œuvre. Les propriétaires forestiers sont nombreux et insuffisamment sensibilisés à la gestion forestière (ils sont souvent propriétaires de petites parcelles anciennement cultivées aujourd’hui colonisées par la forêt). Ils sont globalement assez passifs vis-à-vis de la gestion de leur forêt qui n’est pas leur priorité et qui leur coûte plus qu’elle ne rapporte.

Relations de Les techniciens déplorent un manque de synergie (manque de coordination et de conflit ou de répartition claire des rôles) voire des non respects des engagements de certains coopération partenaires. Les propriétaires ont du mal a s’y retrouver face à la multiplicité des organismes et le plus souvent ils n’en connaissent même pas l’existence ! La plupart des propriétaires sollicités pour un projet d’intérêt collectif acceptent d’y participer et que des travaux se réalisent dès lors qu’ils n’ont pas à les financer. Certains propriétaires sont méfiants vis-à-vis programmes « trop forestiers » : un des propriétaires interrogés a rejeté dans le passé son plan de gestion dont le contenu uniquement forestier (reboisements après incendie) allait à l’encontre de son souhait d’entretenir par le pâturage. La charte forestière de territoire intéressent les propriétaires de part la mise en relations avec les autres acteurs, en fixant un cadre pour aider au dynamisme de l’association de propriétaires locale. Pour une des propriété, le travail avec la commune a permis de mettre en place un projet pastoral viable (avec travaux d’amélioration commun comme la création d’une citerne pastorale) et d’être le départ à d’autres actions communes (création de jardins collectifs en s’appuyant sur une association locale…). Une fois un projet initié sur un massif, les propriétaires développent naturellement des contacts directs avec les autres acteurs et en particulier le berger.

Attentes et Pour le CRPF, il faut faire revivre les forêts méditerranéennes par pertinence de l'encouragement à tous les actes de gestion durable qui contribuent à faire l’outil CFT vis sortir du bois efficacement tout en améliorant la biodiversité compromise par à vis de ces l’abandon de la forêt. Il s'agit aussi de diversifier les sources de revenus pour les attentes propriétaires : - récolte de bois(bois énergie, bois d'œuvre), - sylvopastoralisme, - revenus de la gestion de la chasse, - sylviculture truffière et autres champignons, - liège, - accueil du public rémunéré, - contrepartie à trouver dans le secteur non marchand (biodiversité, paysage, eau, air…). Dans ce contexte, ce que peut apporter une charte forestière de territoire c’est un « projet concerté » qui encourage les acteurs à s’investir. L’animation et la médiation est primordiale pour l’écoute d’une multiplicité d’acteurs et l’analyse d’enjeux diversifiés (multi-usage/multi-fonction de la forêt méditerranéenne) qui détermineront des projets communs et leur réalisation. La charte forestière est pertinente car elle est le fruit d’un travail de groupe d’acteurs au plus près des réalités de terrain et de l’opérationnel (la forte participation aux groupes de travail communaux montre que cette démarche concrète est mobilisatrice). Les propriétaires sont généralement avant tout intéressés dans la gestion à proximité de leur habitation pour l’agrément paysager, pour leur autoconsommation en bois de chauffage, la protection contre l’incendie et parfois l’accueil du public. Ils sont sensibles au sylvopastoralisme pour l’entretien à moindre coût de leur forêt. Certains propriétaires sont des agriculteurs pour lesquels la gestion de la forêt n’est pas une priorité et ils ne connaissent pas leurs obligations (plan de gestion, débroussaillements pour la protection contre l’incendie). Ils sont surtout inquiets vis-à-vis du feu et sont motivés par les actions en faveur de la diminution du risque d’incendie (création de coupures de combustible, pâturage avec une présence du troupeau le plus longtemps possible, entretien des forêts voisines...)

Atouts du Le contexte économique, social et environnemental : territoire/ La multifonctionnalité de la forêt méditerranéenne est un atout qu’il faut Succès de pouvoir promouvoir et de plus en plus, les propriétaires formulent d’autres objectifs l’outil CFT et que la production de bois tels que la chasse, la dimension paysagère, le autres mesures pastoralisme, la récolte de menus produits, etc. mais les revenus en découlant sont réduits. La superficie boisée en région méditerranéenne est en augmentation continue et les peuplements majoritairement jeunes présentent un potentiel de production non négligeable. Les arbres des générations pionnières sont de médiocre qualité, mais tel ne sera pas le cas des générations ultérieures si une sylviculture régulière y est conduite et 1000 m3 de bois mobilisés en plus représenteraient en région PACA un emploi supplémentaire. La zone méditerranéenne est la plus touristique de France avec des retombées économiques conséquentes. L’importance du nombre de sites Natura 2000 en zone méditerranéenne exprime son extrême valeur en termes de biodiversité. Des outils et des mesures de gestion qui sont utiles : Les plans de massifs réalisés par le CRPF permettent de mobiliser les petits propriétaires qui souvent dominent dans des zones aux enjeux forts et les « plans de gestion concertés » (créés par la nouvelle loi d’orientation forestière) pourront encourager le regroupement de propriétaires pour planifier la gestion d’un ensemble de parcelles de plus de 10 ha. Dans le cadre de la charte forestière du Luberon (et des différents projets concertés à l’échelle d’un massif ou d’une portion de massif), la présence d’un coordinateur est indispensable. L’implication de la commune (envoi de courriers aux propriétaires, réunions publiques) est utile pour mobiliser les propriétaires et assurer un suivi des opérations. La clé de la réussite est que les propriétaires aient un seul interlocuteur (pas de négociation directe entre exploitant et propriétaire notamment). La charte forestière du Luberon, en abordant des actions précises permet de cerner des blocages et trouver des solutions. La rencontre des acteurs sur le terrain est très souvent décisive pour l’aboutissement de projets qui semblaient voués à l’échec (ex. : un essai de pâturage pour lequel des chasseurs étaient opposés qui a trouvé une issue sur le terrain, les chasseurs finissant par guider la visite et conseiller les éleveurs). Sur les collines de Durance où a été expérimenté la charte forestière du Luberon, les propriétaires sont très satisfaits du retour du pâturage dans un objectif d’entretien, du sérieux des éleveurs et du pilotage de l’opération (bonne préparation par la rencontre des acteurs, intégration des différents enjeux, concertation et suivi). La synergie créée par la mise en place d’un projet commun est appréciée et elle va même au delà du simple contexte forestier (elle a permis par exemple par la mise en relation d’un propriétaire, d’une commune et d’une association locale de créer des jardins potagers familiaux. Le brûlage dirigé est une technique que les propriétaires ne comprennent ou n’apprécient pas toujours.

Visions des Le contexte économique, social et environnemental : problèmes et La superficie boisée privée en région méditerranéenne est très élevée comparée craintes / à la population et à la superficie de la zone par rapport à la France. Cette surface, Echecs et tout comme les volumes sur pied et l’accroissement, sont en augmentation limites de la continue alors que la récolte est limitée à seulement 30% de l'accroissement, du fait de forêts mal desservies et de peuplements majoritairement jeunes. Les risques CFT naturels (risques d’incendie et d’érosion) sont très élevés. La propriété forestière est très parcellisée, la gestion est très peu planifiée (le PSG n’est mis en place que pour 20 % des propriétés où il est obligatoire) et le volume des travaux annuellement conduits en forêt privée est en régression constante. Les conditions économiques conduisent à une rentabilité quasi nulle de l'exploitation de la majorité des forêts (les cours s'effondrent pour les résineux communs comme le pin sylvestre et du pin d'Alep et le coût des exploitations augmentent). Seule l'exploitation des meilleurs taillis et des résineux nobles de montagne fournira, dans un proche avenir, un revenu. Les revenus de la chasse sont généralement insignifiants voire nuls du fait de la pression de sociétés communales peu enclines à renoncer à leurs privilèges, les prix des locations de forêts pour un objet pastoral sont symboliques. L'écrasante majorité des propriétaires ne peut songer à la rémunération des aménités (accueil du public, dimension paysagère…) les collectivités étant peu motivées pour financer ce type de services. Des politiques d'aménagement du territoire et des milieux naturels et des financements inadaptées à la gestion durable des forêts privées : Les financements accordés par l’Etat dans le cadre du Plan de développement rural national (PDRN) pour la forêt méditerranéenne se sont amenuisés. Comme le révèle l'évaluation du PDRN à mi-parcours (bureau d'étude OREADE) : « Les CRPF ont perdu leurs crédits d'animation alors que les besoins liés à la dynamisation de la petite propriété forestière et à la gestion groupée des chantiers de travaux et d'exploitation existent… Le PDRN ne prévoit aucune action d'accompagnement liée à la mobilisation des bois, la création de routes, de plans de gestion concertés, de plan de massif, etc. Les professionnels dénoncent unanimement une mise en péril des acquis précédents en matière d'animation. Le PDRN a clairement été conçu au départ pour répondre à une approche de projet de filière forêt-bois. Or sur le terrain, il est avant tout perçu comme un outils répondant à une logique de guichet… Dans sa conception en tuyaux d'orgue, il ne peut et ne pourra pas correspondre à un véritable outil répondant à une logique de projet. Les conditions opérationnelles d'accès aux aides sont directement liées à un thème, à un bénéficiaire et à un ensemble de parcelles. Or les politiques forestières régionales se territorialisent de plus en plus, développent des partenariats en s'orientant davantage vers des logiques de projets intégrés touchant le développement rural dans son ensemble ». Pour les techniciens, les nouveaux plans de gestion issus de la loi d’orientation forestière de 2001 sont établis dans une logique de développement durable nécessaire. Leur dimension multifonctionnelle et patrimoniale les rendent donc beaucoup plus complexes et long à réaliser. Il en est de même pour les dossiers de demande de subvention du Plan de développement rural national (PDRN) pour les propriétaires individuels entraînant une perte de temps et de gain pour les coopératives forestières. La coopérative créée depuis quelques années a prouvé son utilité mais son existence reste fragile : après une période de croissance continue à ses débuts, une baisse est constatée en 2004 qui est imputée à la baisse de la vente du bois et l’augmentation du temps consacré à la rédaction des PSG et des dossiers demande de subvention PDRN. Les difficultés rencontrées dans le cadre de projets concertés : Le retour d’expérience des opérations locales montre que les propriétaires ne sont pas prêt à payer l’entretien de leur forêt (malgré des coupes la gestion reste déficitaire). Certains sont prêts à faire un effort mais seulement si les propriétaires voisins sont impliqués au même titre. Concernant l’opération de mise en gestion d’une pinède privées sur Cheval Blanc, s’il n’y avait pas eu un financement à 100 %, l’implication des propriétaires n’aurait pas été totale et le projet n’aurait pas abouti. Au mieux si l’animation est menée habilement comme sur le massif de Sainte Tulle et Corbières par exemple, jusqu’à 60 % des propriétaires peuvent accepter de participer à hauteur de 10 % pour la réalisation de travaux de restauration après incendie. Pour un des propriétaires, il ne faudrait pas subventionner les éleveurs : l’activité pastorale doit être rentable et l’entretien dans le moyen terme ne devrait plus coûter à l’Etat. D’autres propriétaires se questionnent sur l’efficacité du troupeau et trouvent que l’impact du pâturage est faible. La mise en place, sans concertation, d’un plan de prévention des risques d’incendie de forêt sur Grambois scandalise les propriétaires qui considèrent qu’il n’est absolument pas adapté et impose des contraintes absurdes (ex. : mise à distance des arbres à proximité des habitations signifiant la destruction de jardins remarquables). Les propriétaires ne supportent pas l’appropriation par les chasseurs du milieu naturel qui n’ont pas leur mot à dire au sujet de la gestion en domaine privé. Les propriétaires expriment leur crainte que la sécheresse ne s’accentue avec une aggravation des conséquences négatives pour les milieux naturels.

Buts et Le CRPF en terme de but et de stratégie reprend les constats formulés dans le stratégie pour rapport conjoint de plusieurs services de l’Etat élaboré en décembre 2003 intitulé atteindre les La protection des incendies de forêt après les feux de l'été 2003 : buts « En zone méditerranéenne, la dégradation de ces activités sylvicoles décourage les propriétaires et diminue le nombre d'acteurs. Et pourtant si l'on raisonne en gestion de la sécurité, le sylviculteur est le seul qui soit à la fois demandeur de sécurité pour la forêt et offreur de sécurité par les travaux sylvicoles qu'il peut entreprendre. Pour que la seule perspective des propriétaires forestiers ne soit pas la spéculation foncière, il faut leur offrir une information sur le rôle joué par leur forêt dans le projet global de territoire et leur proposer "un contrat" qui reconnaisse la valeur de leur activité sylvicole. L'exemple des plans de développement de massif, mis en œuvre par le CRPF PACA à une échelle importante montre que les efforts d'animation peuvent, par exemple, entraîner 80 % des propriétaires d'un massif à effectuer une éclaircie dans leur forêt. A l'image des contrats d'agriculture durable, la protection des espaces naturels a besoin de "contrats de sylviculture durable", individuels ou collectifs. Les propriétaires ou leurs représentants s'engageraient à respecter un cahier des charges, en échange d'un appui financier apporté par ceux qui en bénéficient. Il pourrait s'agir de crédits nationaux ou européens, dans la mesure ou le tourisme concerne tous ceux qui viennent profiter des territoires méditerranéens, ou bien des organismes représentant l'activité touristique locale au titre des retombées économiques du tourisme ». La nécessaire animation pour développer la dimension « développement durable » devrait être prise en charge par la collectivité. Les propriétaires interrogés souhaitent que les plans de gestion et la législation puisse intégrer d’autres objectifs que la seule production de bois en permettant par exemple le défrichement lorsque le risque d’incendie est fort ou le pâturage sans attendre 10 ans après un incendie. Certains propriétaires pensent que pour la protection contre les incendies, le propriétaire devrait être dans l’obligation d’entretenir sa forêt : l’Etat peut s‘occuper de réaliser les travaux mais le propriétaire doit payer. Certains propriétaires se disent prêts à participer au coût des travaux à hauteur de 10 à 20 % si il en va de même de l’ensemble des propriétaires voisins et si, du fait de leur implication, ils sont alors exonérés des taxes foncières. Quant au pastoralisme, un des propriétaires pense qu’il faut aider l’éleveur à mettre le pied à l’étrier (facilitateur et moyens financiers) mais ensuite il faut que l’activité puisse être rentable et que l’Etat se retire progressivement. Il suggère de revenir aux méthodes anciennes : le berger débroussaille et coupe le bois en même temps qu’il garde son troupeau en établissant un contrat de gestion de l’espace entre l’éleveur et le propriétaire ou la collectivité. Certains propriétaires souhaitent valoriser leurs propriétés de différentes manières (plantations d’oliviers et d’essences mellifères, jardins potagers collectifs…), expérimenter de nouvelles techniques plus efficaces (par exemple l’utilisation du lama pour l’entretien) et multiplier les sources de revenu possible pour entretenir la propriété à moindre coût. Dans la majorité des cas les propriétaire sont plutôt passifs. Il ne sont pas opposés à l’idée d’entretenir leur forêt mais attendent des propositions (coupes, broyages, brûlages) et ne s’engageront que si le coût est limité. Les propriétaires cherchent généralement à faire coïncider leurs intérêts personnels avec l’intérêt collectif (amélioration de points d’eau pour la consommation propre, le troupeau, la DFCI).