Le Surréalisme À Travers Joyce Mansour Peinture Et Poésie, Le Miroir Du Désir
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UNIVERSITÉ DE PARIS 1 PANTHÉON-SORBONNE U.F.R D’histoire de l’art et d’archéologie Thèse pour un doctorat de l’université Discipline : art contemporain Marie-Francine Desvaux - Mansour Le Surréalisme à travers Joyce Mansour Peinture et Poésie, le miroir du désir. Volume 1 Thèse dirigée par Monsieur le Professeur Philippe Dagen Soutenue le 5 avril 2014 Membres du jury : — Mme Françoise Vaillant — M. Daniel Fabre — M. Daniel Lançon REMERCIEMENTS A Cyrille, Alexandre et Hadrien Je remercie mon mari Cyrille Mansour qui m’a accordé toute sa confiance pour découvrir et éplucher ces documents, dont la plupart sont inédits et qui font maintenant partie de nos archives. Je remercie Philippe, le frère de mon mari, qui souvent m’a aidée à trouver des livres ou des œuvres qui me manquaient. Je remercie mes tantes, Gillian Soria, sœur de Joyce, et Lily Adès, sa belle sœur avec laquelle j’ai eu des conversations passionnantes sur son enfance et sa jeunesse. Je remercie Marie-Laure Missir qui a classé pendant plus de deux ans les quelques milliers de documents accumulés dans les boîtes à cigares de Joyce Mansour. Sans elle, je n’aurais peut-être pas lu la correspondance d’André Breton qui s’étale sur plus de dix ans, de 1955 à 1966, et qui m’a ouvert les portes du surréalisme dans sa dernière période. Je remercie Paul Lombard, qui m’a fait partager ses connaissances nourries d’un grand amour pour les poètes et les peintres du mouvement surréaliste. Je remercie Marc Kober, pour le prêt d’archives concernant le surréalisme égyptien. Je remercie Stéphanie Caron pour ses précieux témoignages. Je remercie les amis proches de Joyce Mansour qui sont devenus aussi mes amis : Margarita et Jorge Camacho qui malheureusement nous a quitté, Pierre Alechinsky, qui m’a confié pendant des mois une importante correspondance que lui a adressée Joyce Mansour ainsi que les inédits concernant leurs nombreuses collaborations. J’ai eu la joie de rencontrer Jean Benoît, autre ami très proche de Joyce Mansour. Je remercie Aube Breton-Ellouët pour les diverses autorisations qui m’ont permise d’avancer dans mon travail. Je remercie Alain Jouffroy pour avoir si bien témoigné sur le pré-vernissage de l’exposition E.R.O.S. de 1959- 1960 qui a eu lieu chez Samir et Joyce Mansour. Je remercie Micheline Phankim Koupernik pour tout ce qu’elle m’a appris sur Henri Michaux ; Gabrielle Van Zuylen, qui malheureusement nous a quittés, pour l’intérêt chaleureux de nos discussions. Toutes les deux étaient très proches de Joyce Mansour qu’elles ont fait revivre à chacune de nos rencontres. Je remercie également Alexandra Watson qui m'a aidé à mieux connaître l'éducation anglaise et l'humour de la femme, puis de la poétesse. Je remercie également Alain Joubert, Simone Jaguer, Alain Oudin et Jean-Luc Mercié, collectionneur passionné de l’œuvre de Pierre Molinier, pour les renseignements qu’ils m’ont donnés sur cette dernière période du surréalisme. Je remercie Daniel Lançon, professeur à l’université de Grenoble qui a dirigé les journées d’études sur « Joyce Mansour » les 17 et 18 novembre 2011 à l’université Stendhal ainsi que les participants à ce colloque. Ils ont su à cette occasion redonner une énergie vitale à l’œuvre de la poétesse. Enfin, j’adresse à Philippe Dagen, mon directeur de thèse, ma reconnaissance profonde et mes remerciements sincères pour le soutien indéfectible qu’il m’a témoigné dans l’élaboration de ce travail et cela, depuis des années. Avant-Propos Le mouvement surréaliste a placé la femme au centre de ses préoccupations. André Breton écrit en 1921 : « Le problème de la femme est au monde tout ce qu’il y a de merveilleux et de trouble ». Aucun mouvement, depuis le romantisme, ne lui avait accordé une pareille importance, ne l’avait inscrite de façon aussi obsessionnelle dans la création artistique, en poésie, en littérature, en sculpture ou en peinture. Les femmes qui appartiennent ou participent au mouvement surréaliste sont souvent les épouses ou les compagnes des peintres et des écrivains : Leonora Carrington, la maîtresse de Max Ernst pendant près de deux ans, Nush Éluard, Jacqueline Lamba l’épouse de Breton, Alice Rahon mariée à Wolfgang Paalen et Dorothea Tanning qui rencontre Ernst en 1922. Certaines femmes participent au mouvement indépendamment des hommes : Leonor Fini, Valentine Hugo, Meret Oppenheim dont le Déjeuner en fourrure, exposé au Musée d’Art Moderne de New York en 1937, fut considéré par les visiteurs de l’exposition comme la quintessence de l’objet surréaliste. Bien qu’elle appartienne à la dernière vague du surréalisme, Joyce Mansour fait partie de cette seconde catégorie. Née en 1928, elle passe une partie de sa jeunesse en Égypte avant son installation définitive à Paris en 1956. Ses parents, Émile et Nelly Adès, sont des juifs séfarades de nationalité britannique, membres de la haute société égyptienne. La jeune poétesse envoie à André Breton un exemplaire de son premier recueil de poèmes, Cris, publié par Pierre Seghers en décembre 1953, avec la dédicace « A M. André Breton, ces quelques « cris » en hommage ». Il lui écrit alors une première lettre datée du 1er mars 1954 lui témoignant de son admiration. Cet échange marque le début d’une longue et profonde amitié qui marquera la destinée de Joyce Mansour. Excentrique, fumeuse de gros cigares – les Montecristo numéro 3 – dès le départ son originalité impressionne et séduit les surréalistes et tout particulièrement André Breton. Jean-Jacques Lebel voit en elle « un être surréaliste par excellence ». Tel un miroir aux multiples facettes, cette jeune femme belle et rebelle aime brouiller les pistes : mondaine, épouse amoureuse, mère tendre et passionnée, elle était tout autant écrivaine scandaleuse, donnant libre voix à sa fureur érotique, à son obsession de la mort. Pour Benjamin Péret, Joyce est « l’éblouissement de notre temps ». Pierre Molinier a fixé ses traits envoûtants dans un jeu de démultiplication, un enlacement de masques d’inspiration orientale. La poétesse soulignait son regard d’un épais trait de khôl. Dans son sillage, traînait une entêtante odeur de jasmin… Elle avait le don de la beauté. On sait encore que cette femme élégante, parée des joyaux du rire et de la fantaisie verbale, fut « l’amie des derniers grands surréalistes », en particulier d’André Breton, mais aussi André Pieyre de Mandiargues et Henri Michaux. Ce que l’on ne sait pas, ou pas assez, c’est qu’elle ne se contenta pas de côtoyer les surréalistes sur les bancs des cafés ou lors de dîners mondains qu’elle donnait au milieu de ses prodigieuses collections d’objets et de tableaux : « Joyce Mansour fut l’une des plus grandes voix de la poésie surréaliste ».1 J’ai le bonheur d’être mariée au fils cadet de Joyce Mansour, Cyrille. Il m’a ouvert les portes de son univers poétique et intime. Mon intérêt pour cette femme si rare est né le jour où je suis entrée pour la première fois dans le hall de son appartement. Ce fut telle la traversée d’un miroir magique : j’ai été aussitôt accueillie par une armée de figures océaniennes dont certaines frôlaient le plafond. Les objets, les sculptures et les tableaux résonnaient entre eux avec une harmonie à la fois puissante, envoûtante et poétique. J’avais été admise dans son monde imaginaire. Quelques années plus tard, après la mort de ma belle-mère en août 1986, j’ai décidé d’écrire sur elle. Autant je connaissais la femme exceptionnelle, j’ignorais la poétesse. C’était ma façon de la faire revivre, de lui adresser un cri d’admiration, de reconnaissance et, bien sûr, d’amour. J’ai donc parcouru les archives – des milliers de documents qui ont été classés pendant plus de deux ans par Marie-Laure Missir. Ces documents sont le reflet de son œuvre et de sa réception dans les milieux littéraires, mais ils éclairaient aussi l’ultime aventure surréaliste, celle qui précède la mort d’André Breton en septembre 1966. Ces archives témoignent encore de l’amitié que la poétesse a su conserver jusqu’à la fin de sa vie avec les peintres proches du mouvement, amitiés qui ont entraîné de nombreuses collaborations plus passionnantes les unes que les autres. 1 Les hommes sans épaules, 19. Dossier : « Joyce Mansour : tubéreuse enfant du conte oriental » par Marie-Laure Missir. Cahiers littéraires, Nouvelle série, premier trimestre 2005, éditions librairie-galerie Racine. P.42 Cette femme d’une grande pudeur, comme le rappelle Marie-Laure Missir,2 ne se confiait jamais, et évitait toute question la concernant personnellement. Elle cite à cet effet un témoignage du journaliste et écrivain, Jean Chalon : « Originaire d’Égypte, Joyce Mansour ne veut pas que l’on parle de l’Égypte. Amie d’André Breton jusqu’à la mort de ce dernier, on ne doit pas parler d’André Breton. Cela réduit considérablement la conversation. Le surréalisme ? « C’est une simple façon de voir » Ses lectures ? « Je lis n’importe quoi, en vrac, je ne peux vous citer aucun titre. Je ne m’en souviens pas ». Ses rares confidences, elle exigea séance tenante, que je les barre du carnet où je les avais inscrites « Effacez, effacez plus fort, je vous en supplie ».3 D’après Cyrille, elle voulait sans cesse épaissir le mystère qui l’entourait et ne corrigeait donc jamais les fausses informations biographiques qui accompagnaient ses écrits. N’a-t-elle pas écrit : « Je suis née en 1928, au fin fond de la Grèce antique » ? Il lui arrivait de répondre : « Si je ne viens pas, je vous enverrai mon double ».4 Elle aimait semer la confusion avec humour, brouiller les apparences en souriant.