Le Bourbonnais : De La Préhistoire À Nos Jours
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Le Bourbonnais : de la Préhistoire à nos jours La période préhistorique D'importants gisements de fossiles ont été mis à jour dans le département de l'Allier : plantes, animaux ou restes humains : I) Ère Primaire Dans les environs de Commentry et Buxières les Mines, des sites datant de 290 millions d'années ont permis de mettre à jour quantité d'animaux et de plantes préhistoriques, bien plus anciens que les dinosaures (requins préhistoriques, libellules géantes, amphibiens géants...). Cette région était à ce moment-là recouverte de grandes étendues d'eau. II) Ère Tertiaire Les régions de St Gérand le Puy et de Gannat ont livré beaucoup de fossiles datant notamment du Miocène (23 millions d'années). A cette époque la plaine de la Limagne était une zone tropicale recouverte d'un grand lac. La plus belle découverte fut un squelette de rhinocéros très complet, mais on a aussi retrouvé des restes de palmiers, de crocodiles, d'ibis ou de perroquets par exemple. Ces restes et d'autres sont conservés au musée paléontologique de Gannat. III) Ère quaternaire Bien que le Bourbonnais ne semble pas avoir été le siège d'un important foyer de peuplement préhistorique, de nombreux restes paléolithiques et néolithiques ont toutefois été mis à jour un peu partout dans le département de l'Allier, mais les trouvailles sont le plus souvent éparses. Nous mentionnerons cependant deux sites d'importance. a) Châtelperron A Châtelperron, près de Jaligny, on a découvert en 1848 lors de la construction d'une voie ferrée, dans une grotte, dite "Grotte des Fées" un site datant de la période de transition entre le paléolithique moyen et le paléolithique supérieur, soit aux environs de 35 000 ans avant J-C. De nombreux ossements, outils et objets divers (par exemple une défense de mammouth) ont été mis à jour, suite aux fouilles réalisées dans les années 1950. Le site correspond à la fin de la dernière glaciation, et aux dernières réalisations des Néandertaliens avant leur remplacement par les hommes de Cro-Magnon. Une partie des découvertes est encore visible sur place, dans un petit musée. Le reste est exposé dans plusieurs musées (British Muséum, musée de Philadelphie (USA), musée des antiquités nationales à St Germain en Laye, musée Anne de Beaujeu à Moulins). Ce site d'une grande valeur a été unanimement reconnu au plan international, si bien que les experts parlent de "Castelperronien" ou "d'homme de Châtelperron" pour désigner cette période (située donc entre les périodes du Moustérien et de l'Aurignacien). Les principales caractéristiques de cette période sont le débitage des lames de pierre et leur spécialisation (en grattoirs, burins etc..), principalement la "pointe de Châtelperron", ainsi que les premiers éléments de parure (pendentifs en os, ivoire...) et le développement d'outils en os. b) Glozel Voici sans doute l'un des sites archéologiques français qui fut à l'origine d'une des plus grandes controverses scientifiques du XXème siècle. En 1924, à Glozel, petit village de la Montagne Bourbonnaise, un jeune paysan, Émile Fradin, découvre un grand nombre d'objets enfouis en labourant son champ. Le docteur Morlet, un médecin exerçant à Vichy, commence les fouilles et attire l'attention du monde scientifique. Car les découvertes s'avèrent exceptionnelles : il y a de très nombreux vases et des poteries, dont des idoles bisexuées totalement inconnues jusque-là, un grand nombre d'objets décorés en os ou en pierre, mais surtout, des tablettes d'argile recouvertes d'inscriptions qui forment indubitablement une écriture. Or les théories en cours veulent que l'écriture soit apparue en Mésopotamie, bien après la date estimée du site de Glozel. Le fait que l'écriture pourrait être apparue en Europe occidentale bouleverse toutes les certitudes, et beaucoup sont très attachés à "leur" certitude. C'est pourquoi un grand nombre de sommités scientifiques entreprend de discréditer le site, de manière totalement injuste et partiale. La France scientifique se divise entre ceux qu'on appellera les "glozéliens" et les "anti-glozéliens". La plupart des détracteurs de Glozel n'ont d'ailleurs jamais mis les pieds sur le site. Pis, ceux qui l'ont fait, se sont parfois comportés de façon incroyable, introduisant à la hâte des faux grossiers pour ensuite faire accuser Fradin. Celui-ci sera d'ailleurs traîné devant les tribunaux, ainsi que Morlet. Mais leur innocence et leur bonne foi finissent par être reconnues, aucune preuve n'ayant pu être apportée contre eux. De plus ils avaient reçu le soutien sans réserve de plusieurs grands spécialistes (qui eux, avaient assisté aux fouilles et examiné les objets sérieusement). Les médias, attisés par le fait que de nombreuses personnalités en cure à Vichy venaient visiter le site, n'ont certes pas contribué à calmer les tensions, mais ont tout de même offert une gigantesque tribune à ce petit coin de Bourbonnais. Depuis, les esprits se sont apaisés. Le Bourbonnais : de la préhistoire à nos jours – 2011 – Page 1 Une nouvelle campagne de fouilles est lancée en 1983 par le ministère de la Culture, un rapport est rédigé mais curieusement jamais publié. De nos jours les analyses des objets continuent dans plusieurs pays, avec des moyens modernes (thermoluminescence, carbone 14...). Ces méthodes attestent le fait que la plupart des objets sont authentiques, mais il semblerait que plusieurs époques cohabitent, principalement le Moyen Age et l'Antiquité (âge du fer). Certains os ont même été datés de 17000 ans. La diversité des époques présentes sur un même site constitue, avec les inscriptions, le principal mystère de Glozel En attendant, l'essentiel des trouvailles reste bien tranquillement dans le mini musée attenant à la maison des Fradin, jusqu'à ce que le mystère s'éclaircisse. Émile Fradin, décédé en 2010, à l'âge de 103 ans ne connaîtra pas l'épilogue de cette histoire. Plus de 3000 objets ont été découverts à Glozel et sont exposés : objets en céramique (tablettes - le plus souvent recouvertes d'inscriptions -, idoles sexuées, urnes à visages, vases, empreintes de mains...), en os (aiguilles, harpons, os gravés d'inscriptions, de dessins d'animaux...), et en pierre (haches, galets gravés...). La période gallo-romaine L'actuel territoire du Bourbonnais était occupé dans l'Antiquité, par trois puissants peuples Gaulois rivaux : les Bituriges Cubi, les Arvernes et les Eduens. Carte des principaux peuples gaulois dans l'Allier peu avant la conquête romaine. D'autres peuples étaient soumis aux précédents, notamment les Boïens. Les Boïens sont arrivés tardivement dans la région, après avoir accompagné les Helvètes qui déferlaient sur la Gaule. Ils furent battus par Jules César en 58 avant J-C, mais si les Helvètes repartirent chez eux, les Boïens restèrent, sous la tutelle des Eduens (rappelons que ce sont les Eduens qui avaient appelé les Romains à l'aide). En effet Jules César avait admiré l'esprit combatif des Boïens et leur permis de rester. Il les installa entre les cours de la Loire et de l'Allier, afin de surveiller les Bituriges et les Arvernes. La capitale des Boïens, Gorgobina, fut détruite par la suite et son emplacement n'a pas pu être déterminé avec précision. L'hypothèse la plus répandue la place aux environs de St Pierre le Moûtier, au sud de la Nièvre, entre Moulins et Nevers. Selon la tradition populaire, les Boïens passent pour être les ancêtres des Bourbonnais. Quelques années plus tard, la région fut le théâtre de nombreuses batailles entre les Romains et les troupes coalisées de Vercingétorix. Les Romains purent s'appuyer sur leurs alliés Eduens et maintenant Boïens, et compter sur le soutien tacite des Bituriges qui redoutaient la puissance arverne. Après la défaite de Vercingétorix à Alésia, la Gaule fut pacifiée et l'organisation romaine put vraiment commencer. Le Bourbonnais, de part sa position centrale, fut traversé par d'importantes voies romaines, et le transport fluvial se développa également. Le territoire fut divisé en trois "civitates" (cités) qui recoupaient à peu près les limites des peuplades gauloises. La cité des Eduens fut rattachée à la Gaule Lyonnaise, alors que les cités Biturige et Arverne dépendaient de l'Aquitaine. L'artisanat se développa, notamment la poterie, et trois principaux centres urbains s'affirmèrent : il s'agissait de Néris-les-Bains (Neria), Bourbon-l'Archambault (Borvo) et Vichy (Aquae Calidae). On peut remarquer qu'il s'agit de trois stations thermales, très prisées des Romains. Les trois villes furent dotées de thermes luxueux, mais seule Néris peut s'enorgueillir d'avoir été une véritable cité romaine, avec ses établissements de loisir, ses nombreux temples et son architecture "moderne". Avec l'empereur Constantin, le christianisme se répandit rapidement dans tout l'empire romain à partir du IVème siècle. Quelques saints ont plus particulièrement marqué l'histoire du Bourbonnais : St Pourçain, St Patrocle, St Gilbert (le saint patron du Bourbonnais), St Menoux, St Martin bien sûr et aussi St Mayeul et St Odilon qui vinrent plus tard... La décadence de l'empire romain permit l'invasion de tribus germaniques, et la région fut occupée par les Wisigoths (zones biturige et arverne) et les Burgondes (zone éduenne). Les troubles ne cessèrent qu'avec l'unification de la Gaule, devenue la France, par Clovis et ses successeurs. Le Bourbonnais : de la préhistoire à nos jours – 2011 – Page 2 Les périodes Mérovingienne et Carolingienne Les Francs repoussent les Wisigoths jusqu'aux Pyrénées en 507, puis battent les Burgondes en 534. Les successeurs de Clovis, les "rois fainéants", laissent le pouvoir aux maires du palais, Charles Martel puis Pépin le Bref. Celui-ci dépose le dernier roi mérovingien et prend sa place. A cette époque, le Bourbonnais n'existait toujours pas en tant que tel, et était divisé en trois zones : les viguiers (sortes de divisions judiciaires) de Néris, Chantelle et Bourbon dépendaient du comté de Bourges, ceux de Gannat, Vichy, Deneuvre et Escurolles du comté d'Auvergne et celui d'Yzeure du comté d'Autun.