Evaluation Intégrée de l’Environnement de la Région TAZA--

2015 Avenir Environnemental de la Région PLAN D’ACTIONS P.4

« … Pour ce qui est du Maroc, nous avons créé, dès les années quatre-vingt dix du siècle passé, un observatoire national de l’environnement qui a pour mission de faire le suivi de la situation écologique de notre pays. Actuellement, nous sommes en passe de mettre sur pied des observatoires régionaux pour aider les collectivités locales à programmer leurs propres projets à partir de données environnementales précises et fiables. Cette action devrait également conforter «le concept d’environnement de proximité»… »

Extrait de la Lettre Royale, 3ème Congrès des Ministres de l’Environnement des pays de l’OCI, Octobre 2008

« …Nous appelons le Gouvernement à élaborer un projet de Charte nationale globale de l’environnement, permettant la sauvegarde des espaces, des réserves et des ressources naturelles, dans le cadre du processus de développement durable… »

Extrait du Discours du Trône, juillet 2009

« … Aussi, engageons-Nous le gouvernement à donner corps aux grandes orientations issues du dialogue élargi visant l’élaboration d’une Charte nationale pour la protection de l’environnement et le développement durable, dans un plan d’actions intégré ayant des objectifs précis et réalisables dans tous les secteurs d’activité. Parallèlement, Nous exhortons le gouvernement à formaliser ce plan dans un projet de loi-cadre, dont nous voulons qu’il constitue une véritable référence pour les politiques publiques de notre pays en la matière… »

Extrait du Discours du Trône, juillet 2010 SA MAJESTÉ LE ROI MOHAMMED VI, que Dieu l´assiste

Rapport sur L΄AVENIR ENVIRONNEMENTAL DE LA RÉGION / PLAN D’ACTION

P.5 TABLE DE MATIÈRE PRÉAMBULE 7 INTRODUCTION 8

PRINCIPAUX DÉTERMINANTS QUI PARTICIPENT AUX CHANGEMENTS DE L’ENVIRONNEMENT DE LA REGION DE TAZA-AL HOCEIMA-TAOUNATE 10 1.1. Déterminants sociaux 13 1.2. Déterminants économiques 14 CHAPITRE 1 1.3. Déterminants liés aux risques naturels 16 1.4. Déterminants politiques et de gouvernance 16

PRINCIPAUX ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX 18 2.1. Eau 19 2.2. Sol 24

CHAPITRE 2 2.3. Forêts et biodiversité 28 2.4. Littoral 30 2.5. Risques naturels 32

AVENIR DE L’ENVIRONNEMENT DE LA REGION DE TAZA-AL HOCEIMA-TAOUNATE 36 3.1. Principaux scenarii 36 3.1.1 Comparaison des scénarii 41

CHAPITRE 3 3.2. Avenir de l’environnement selon le scénario tendanciel 42 3.2.1 Avenir des ressources en eau 42 3.2.2 Avenir du sol et de la biodiversité : un territoire dénudé exposé à une érosion hydrique intense 47 3.2.3 Avenir de la forêt et de la biodiversité : un patrimoine naturel régional en péril 51 3.2.4 Avenir du littoral et du milieu marin : des mutations rapides dans le temps 52 3.2.5 Avenir des risques naturels 57 3.3. Classification et hierarchisation des facteurs de pressions sur l’environnement 60

PLAN D’ACTIONS VERS UN SYSTEME DE GESTION DURABLE DE L’ENVIRONNEMENT 64 AXE 1 : Lutte contre la dégradation des sols 67 AXE 2 : Sauvegarde de la biodiversité 69

CHAPITRE 4 AXE 3 : Gestion intégrée des ressources en eaux 71 AXE 4 : Gestion intégrée des zones côtières 72 AXE 5 : Meilleure gestion des risques majeurs 74 AXE 6 : Mise à niveau des secteurs environnementaux 75 AXE 7 : Maîtrise de la pollution atmospherique 76 ACTIONS TRANSVERSES 77

CONCLUSION 80 ANNEXES 83 PRÉAMBULE

Depuis sa participation au Sommet de la Terre a sur une nouvelle approche territoriale de l’action Rio De Janeiro en 1992, Johannesburg en 2002 et environnementale et de partenariat actif avec tous les RIO +20 en juin 2012, le Maroc n’a cesse d’œuvrer acteurs locaux publics, privés et société civile. Suite pour concilier les concepts de préservation de a cette approche, des conventions cadres ont été l’environnement et du développement durable et leur signées devant Sa Majesté le Roi 14 avril 2009, pour donner un contenu effectif à travers les différents la réalisation de projets intégrés dans les domaines projets structurants qu’il réalise. Cette volontée s’est de l’environnement. traduite au départ, par des actions visant aussi bien la consolidation du cadre politique, institutionnel C’est dans ce cadre, que s’inscrit la présente et juridique d’intervention, que la mobilisation et le étude qui présente l’évaluation environnementale renforcement des capacités des intervenants et des intégrée de la Région de Taza - Al Hoceima - différentes composantes de la société. Taounate, ayant comme objectifs, l’identification des enjeux environnementaux et la définition Les nouveaux défis que le Maroc souhaite relever des priorités d’action pour minimiser les impacts sur le plan environnemental visent : environnementaux liés aux politiques sectorielles et aux activités humains. • a renforcer les acquis et a mettre en œuvre les actions nécessaires, capables d’infléchir les Le présent rapport correspond au Plan d’Actions tendances de dégradation de l’environnement ; Environnemental de la Région Taza - Al Hoceima - Taounate. Il est le fruit d’un processus de consultation • a l’amélioration du cadre de vie du citoyen, tout en et de concertation continu avec les acteurs locaux tenant compte des impératifs du développement qui a impliqué les représentants des institutions économique liés aux conditionnalités de gouvernementales, les élus, le secteur privé, la mondialisation et aux spécificités nationales et société civile, les institutions de recherche, des régionales. communautés locales et les médias.

Le Département de l’Environnement a entrepris Ce plan d’actions pour la protection de l’environnement une démarche environnementale de proximité au niveau de la Région Taza - Al Hoceima - Taounate, fondée sur la régionalisation qui a pour objectifs définit une liste d’actions tangibles et perceptibles l’identification des atouts, des contraintes et des à l’échelle régionale et locale de manière à réunir problèmes écologiques a l’échelle de toutes les l’ensemble des facteurs et des conditions favorables régions du Maroc, en intégrant leur dynamique à une prospérité économique et industrielle dans socio-économique, leurs priorités d’action et les une approche de développement durable. ressources disponibles. Cette démarche s’appuie P.8

INTRODUCTION

Depuis plus d’une dizaine d’année, le Maroc se trouve La combinaison de l’ensemble de ces variables dans une phase de « transition environnementale» a eu pour conséquence des changements concomitante à celle de sa « transition démographique, environnementaux qui laissent apparaître des sociale et économique ». signes de dégradation plus au moins forts, parfois irréversibles. Cette dégradation peut-être liés à une Les enjeux et défis qui se présentent au Maroc, de absence de politiques sectorielles, à un retard dans même que la nature et l’étendue des problèmes leur mise en œuvre et/ou à des carences en matière environnementaux rencontrés montrent clairement de coordination, de gouvernance, d’évaluation et de que la dégradation des ressources naturelles du pays, contrôle. notamment celles des ressources non renouvelables, a atteint un niveau alarmant dans certaines zones Ainsi, sur la base de l’évaluation environnementale vulnérables, compromettant ainsi une partie des intégrée réalisée, il en ressort que les principaux acquis économiques et sociaux, et limitant les enjeux environnementaux identifiés au niveau de la conditions de vie et de bien-être des générations région sont liés essentiellement à : actuelles et futures. • La surexploitation des ressources halieutiques ; La dynamique de développement fondée sur • La dégradation des milieux naturels par les rejets la planification décentralisée, de même que des eaux usées et les déchets solides; l’intensification de l’exploitation des ressources naturelles ont certes permis d’améliorer la qualité • La perte en sol à cause de l’érosion hydrique ; de vie des citoyens. Elles ont néanmoins entrainé • La déforestation. des déséquilibres écologiques qui menacent Outre ces enjeux, d’autres risques accentués par le développement durable et la pérennité des les changements climatiques, notamment les ressources. La Région Taza - Al Hoceima - Taounate risques d’inondations et les feux de forêts, causent est particulièrement concernée par ces tendances des pertes en terme de vie humaine. Les pertes de dégradation liées au développement de la région. peuvent être également économiques en freinant le Ainsi, plusieurs variables agissant de façon directe développement de la région et en mettant en péril les ou indirecte sur l’environnement ont été analysées. Il investissements en infrastructures et superstructures. s’agit de variables sociales, économiques, politiques, naturelles ou encore des variables liées au mode de La maîtrise de ces enjeux requière la mobilisation gouvernance. de l’ensemble des acteurs et des citoyens, dans la mise en place de bonnes pratiques et d’actions qui répondent aux objectifs stratégiques de durabilité environnementale. Ainsi, sur la base du Rapport sur l’Etat de plans et des programmes pour la conservation et l’Environnement de la Région Taza - Al Hoceima l’utilisation durable des ressources naturelles. - Taounate, une liste d’actions de conservation et Hormis les textes juridiques qui régissent le domaine d’utilisation durable des ressources naturelles a été de l’environnement, ce plan est aussi établi en définie en concertation étroite avec les membres du conformité avec les Objectifs du Millénaire pour le réseau de l’OREDD. Ces actions aussi bien d’ordre développement (OMD), notamment les actions de curatives que palliatives permettront le renforcement lutte contre la pauvreté et l’habitat insalubre, ainsi que et l’amendement des programmes de mise à niveau l’objectif N°7 qui est celui d’assurer un environnement environnementale déjà engagés par les pouvoirs durable en intégrant les principes du développement publics. Ces actions visent la protection des milieux durable dans les politiques sectorielles et les naturels, l’amélioration du cadre social, tout en étant programmes nationaux. en cohérence avec la vision de développement économique et sociale sur les plans locale et En proposant ce plan d’actions, nous visons comme nationale. objectifs : Ce plan d’actions a tiré ses fondements du cadre légal • La maîtrise des pressions sur l’environnement ; Marocain et de la nouvelle Constitution notamment • Le rattrapage du retard accusé au niveau de certains l’article 31 qui stipule que l’État, les établissements programmes de mise à niveau environnementale; publics, et les collectivités territoriales doivent œuvrer à la mobilisation de tous les moyens à leur • La conservation des écosystèmes riches et disposition pour faciliter l’égal accès des citoyennes diversifiés ; et des citoyens aux conditions leur permettant de • L’amélioration de la gouvernance environnementale jouir des droits diverses ,dont celui de vivre dans un et l’intégration de la préservation de l’environnement environnement sain. En effet, la nouvelle constitution au cœur des politiques sectorielles ; et la charte de l’environnement et du développement • La proposition d’indicateurs prioritaires permettant durable récemment approuvée, obligent toutes les le suivi de l’état de l’environnement. parties prenantes à développer des stratégies, des

Rapport sur L΄AVENIR ENVIRONNEMENTAL DE LA RÉGION / PLAN D’ACTION

P.9

Chapitre 1

PRINCIPAUX DÉTERMINANTS QUI PARTICIPENT AUX CHANGEMENTS DE L’ENVIRONNEMENT DE LA REGION DE TAZA-AL HOCEIMA-TAOUNATE PRINCIPAUX DÉTERMINANTS

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1. PRINCIPAUX DÉTERMINANTS QUI PARTICIPENT AUX CHANGEMENTS DE L’ENVIRONNEMENT DE LA REGION DE TAZA-AL HOCEIMA-TAOUNATE

Plusieurs facteurs qui agissent directement • Des facteurs économiques déterminés par les ou indirectement sur l’environnement ont été actions économiques ; mesurés et analysés dans le but d’évaluer l’état de • Des facteurs politiques déterminés par les l’environnement dans la Région Taza-Al Hoceima- politiques sectorielles et la gouvernance ; Taounate (TAT). Il s’agit : • Des facteurs de risques naturels déterminés par • Des facteurs sociaux qui sont principalement les les composantes physiques de la Région. évolutions des modes de vie des populations et la pauvreté ;

Tableau 1 Synthèse des principaux indicateurs socio-économiques de la Région THT

Superficie 23 548 Km² Située au nord du Maroc, limitée par: • la Méditerranée au nord ; Situation • les provinces de Chefchaouen et Sidi Kacem à l’ouest ; • la Wilaya de Fès et la province de Boulemane au sud ; • la Wilaya d’Oujda et la province de Nador à l’est. Découpage administratif 4 Provinces, 14 cercles, 15 communes urbaines et 118 communes rurales. globalement de type méditerranéen sauf dans certaines zones rifaines où le climat est Climat montagnard. Population La région compte 1 807 036 habitants soit 5,34% de la population nationale.

• La Région est marquée par son caractère rural Habitat et urbanisation • Le taux d’urbanisation régional est de 24% contre 55%au niveau national.

• La Superficie Agricole Utile (SAU) est de 834 040 ha • La Superficie Agricole Utile Irriguée (SAUI) est de 45 806 ha Agriculture • Le système d’irrigation dominant est le gravitaire (90%), suivi du goutte à goutte (8%) et de l’aspersion (2%). Peu développée avec un parc industriel constitué en 2012 de 212 établissements Industrie employant 6312 de personnes dont 48% sont concentrés dans la province de Taza et 29% dans la province de Guercif.. • La Région est classée dixième sur le plan national en termes d’activité touristique avec une participation d’à peine 1,71% des établissements touristiques à l’échelle Tourisme nationale. • Le nombre de nuitées régionales est de 50 000, soit 3,3% des nuitées enregistrées au niveau national. • La Province d’Al Hoceima abrite : - Le port d’Al Hoceima qui compte 132 unités de pêche côtière et 631 barques de pêche. - Le port de Cala Iris. Pèche - Sept sites de pêche artisanale (Torrès, Badès, Taoussarte, Tikket, Boussekour, Inouaren et Adouze). • Prédominance de la pêcherie sardinière en termes de débarquement et d’emploi. • Production destinée majoritairement à la consommation régionale. Secteur à fort potentiel économique qui n’est pas suffisamment exploité.

RAPPORT SUR L΄AVENIR ENVIRONNEMENTAL DE LA RÉGION / PLAN D’ACTION Chapitre 1

• Ressources géologiques diversifiées. • 134 carrières qui représentent 7% du total des carrières du pays. Carrières • 55% des carrières sont situées dans la Province de Taza, 22% dans la Province d’Al Hoceima, 17 dans la Province de Guercif et le reste dans la Province de Taounate. • Le port d’Al Hoceima bénéficie actuellement de travaux d’agrandissement pour développer les capacités d’accueil. Il dispose d’une ligne de transport des voyageurs depuis 2003 qui relie Al Hoceima à l’Europe et il assure le passage du trafic des marchandises. • L’aéroport Acharif Al Idrisi est doté d’une superficie de 18 000 m2 et d’une capacité Transport annuelle de 300 000 voyageurs qui n’est actuellement exploitée qu’à hauteur de 6%. . • Le réseau routier régional est d’une longueur de 3689 Km dont 2141 Km de routes provinciales, 867 Km de routes régionales et 681 Km de routes nationales. Le parc automobile représente 1,8 % du parc national. Le nombre de véhicules est passé de 35 000 en 2002 à 40 427 en 2007.

1.1. Déterminants sociaux Selon le dernier recensement général de la Population et de l’Habitat, la Région compte 1807036 habitants (en 2014), soit plus de 5,34% de la population marocaine, avec un taux d’accroissement moyen de l’ordre de 0,01% (inférieur à celui enregistré à l’échelle du pays 1,25%). La répartition de la population entre les provinces met en évidence un écart en termes de nombre d’habitants entre d’un côté les deux provinces de Taounate et de Taza, et de l’autre, Al Hoceima et Guercif. Un écart qui montre notamment la faible densité de population à Guercif (Province crée en 2009). Le nombre des ménages a augmenté de 33,14% à TAT, en passant de 267 481 en 1994 à 356 119 en 2014. Parallèlement, la répartition de la population par milieu de résidence met l’accent sur sa forte ruralité puisque en 2014, 28,9% seulement des habitants sont urbains. D’une province à l’autre, la structure de la population par âge dessine une pyramide presque parfaite grâce à la prédominance de la tranche d’âge comprise entre 15 ans et 59 ans. Prédominance donc de la tranche d’âge de population active affectée malheureusement par la pauvreté. En effet, seulement 53% de cette population est en situation d’activité professionnelle (2004). Le taux d’activité en milieu urbain reflète une situation de précarité plus prononcée avec à peine 45% d’actifs

P.13 PRINCIPAUX DÉTERMINANTS

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qui travaillent, contre 70% en milieu rural. Malgré le 1.2. Déterminants économiques taux d’activité plus élevé en milieu rural, l’exode rural d’une population en recherche de changement de Le PIB régional est de 25 040 millions de dirhams en mode de vie, est un phénomène en augmentation 2012, ce qui ne représente que 3% du PIB national. Ce dans la Région. Cette situation impacte fortement PIB régional est marqué par une prédominance de l’état de l’environnement en raison de l’insuffisance l’agriculture comme première activité économique, des infrastructures sociales et économiques dans face à un tissu industriel très faible et des secteurs de les zones d’immigration qui sont les centres urbains tourisme et de pêche peu développés. Malgré le fait et leurs périphéries. que l’agriculture soit la première activité économique de la Région de part sa contribution à hauteur de Dialectiquement, l’exode rural est un des phénomènes 30% du PIB régional (en 2007), elle ne traduit pas socio-économiques qui influencent l’habitat et une situation de prospérité de ce secteur. En effet, l’urbanisation de multiples manières. Dans la Région sa contribution au PIB régional n’a augmenté que Taza-Al Hoceima-Taounate où le taux d’urbanisation de 1,14% entre 2004 et 2007, ce qui la classe en reste faible comparé au taux national (58%), malgré termes d’évolution, loin derrière des secteurs à faible une croissance soutenue (ce taux a quasiment contribution en PIB, comme l’éducation, la santé et doublé entre 1982 et 2004), l’exode rural contribue l’action sociale (5,74% d’augmentation entre 2004 et à l’émergence de nouveaux centres urbains et à la 2007) ou le transport (4,51% d’augmentation pendant prolifération des zones d’habitat non réglementaires. la même période). Cette agriculture à prédominance Les conséquences de telles mutations sociétales bour (94% de la SAU) est orientée majoritairement sont désastreuses pour l’environnement si elles ne vers la céréaliculture, les légumineuses, les fourrages, sont pas maitrisées. les cultures maraîchères, ainsi que l’arboriculture et Dans la Région, le taux de scolarisation était de 69% les cultures industrielles. Notons néanmoins que la en 2010, contre 80% à l’échelle du pays. C’est à Taza- Région est à forte vocation d’élevage en comptant Guercif que ce taux est le plus élevé avec 73,6 %, un cheptel de 1 859 000 têtes, (en 2015) dont les contre 72,4% à Al Hoceima et 61,4% à Taounate. Face ovins constituent prés de 68%. à ce faible taux régional, ce n’est guère surprenant de Face à l’évolution lente que connaît le secteur agricole, constater que l’analphabétisme affecte encore plus le Plan Maroc Vert, dans sa déclinaison régionale de 54,8% de la population régionale. Cette dernière, consacrée à la Région TAT prévoit la promotion et le caractérisée par une ruralité imposante, abrite plus soutien au développement des filières de production d’analphabètes au sein de ses communes rurales céréalière, d’agrumes et arboriculture fruitière. La (62,1%), comparé à celles situées en milieu urbain déclinaison régionale du Plan Maroc Vert prévoit (32,9%). Si l’analphabétisme et le manque d’éducation également la valorisation de certains produits de sont des phénomènes qui entretiennent la pauvreté terroir, ainsi que la promotion de certaines filières de la population en limitant par exemple son accès de production animale comme le lait, les viandes, à des métiers plus valorisés, ils peuvent aussi avoir l’apiculture et le fromage de chèvre. un impact sur l’environnement et sa durabilité. Les autres indicateurs sociaux qui relèvent du domaine Si la notion de durabilité économique est prise médical et infrastructures sanitaires sont aussi en considération dans la déclinaison régionale alarmants que ceux qui concernent l’éducation. du Plan Maroc Vert, avec le pilier 2 qui vise la lutte La capacité litière des hôpitaux de la Région est à contre la pauvreté des agriculteurs, la durabilité peine de 859 lits, tandis que l’encadrement médical environnementale, le secteur de l’agriculture moyen est de 1 médecin pour 5799 habitants. Enfin, est considérée comme étant un secteur qui en le taux de mortalité maternelle, qui est un indicateur général génère des impacts négatifs sur l’état de social de taille, est très élevé dans tout le pays en le l’environnement. classant même à l’échelle de l’Afrique septentrionale, juste derrière la Mauritanie. Ce taux était de l’ordre de 227 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2009.

RAPPORT SUR L΄AVENIR ENVIRONNEMENTAL DE LA RÉGION / PLAN D’ACTION Chapitre 1

Toutefois, au niveau de la région, la pollution d’origine La surexploitation des ressources naturelles est chimique liée à l’utilisation des engrais et des une problématique qui découle dans la Région pesticides demeure très faible. La pression majeure TAT, également de l’industrie extractive. Avec 132 issue de l’activité de l’agriculture est la consommation carrières, la Région compte 7% du total national des de la ressource en eau à des fins d’irrigation. carrières. Les matériaux extraits sont principalement les gravettes et les tous venants. L’extraction de Ainsi, l’agriculture n’est pas le secteur économique ces matériaux dans les carrières, ainsi que l’activité le plus générateur de pollution et de dégradation minière sont essentielles au développement de l’environnement dans la région TAT. C’est plutôt économique notamment en ce qui concerne la pêche qui est par ailleurs, parmi les activités l’industrie et la production des matériaux de économiques qui contribuent significativement construction. Néanmoins, les modes d’exploitation au développement économique de la Région. Ce des carrières et des mines, ainsi que le non respect secteur connaît une évolution favorable puisqu’il a des cahiers de charges environnementaux par les réalisé une croissance moyenne annuelle de 8% entre exploitants, induisent des conséquences néfastes 1998 et 2007. Etant donné les fortes potentialités sur plusieurs composantes de l’environnement maritimes non exploitées, le Département de la comme l’eau, le sol, l’air etc. Pêche Maritime (DPM), s’est lancé dans des projets de grande envergure pour promouvoir ce secteur. Enfin, le secteur économique du tourisme contribue Les objectifs à atteindre à travers ces projets sont le à son tour à la dégradation de l’environnement. Et ce, désenclavement des sites de pêche, l’amélioration malgré une croissance en berne de ce secteur qui des conditions de pêche pour les pêcheurs, la création n’exploite pas suffisamment les richesses naturelles, d’activités touristiques/sportives nouvelles comme culturelles et historiques dont il dispose. Le tourisme la plongée sous-marine, ainsi que la lutte contre les engendre notamment une surexploitation des pratiques de pêche abusives, de nature à mettre en ressources en eau (indicateur qui se calcule en péril la biodiversité marine. Les mesures prises dans fonction de la consommation journalière par litre le cadre de ces projets ne tiennent pas suffisamment d’eau et par touriste). Il contribue également à compte des pressions générées par le secteur de augmenter les quantités de déchets liquides et la pêche sur l’environnement. Superposées aux solides. pratiques et activités préexistantes relatives à la Conscient de cette situation, l’Etat, dans le cadre de la pêche, elles peuvent être à l’origine de dégradations Vision 2020 du tourisme, prévoit un développement environnementales ayant comme sources les touristique respectueux de l’environnement. Les déversements d’origine accidentelle des produits plans d’actions de cette vision, dans leur déclinaison chimiques, pollution des plages et destruction des régionale destinée à la région TAT, promeuvent fonds marins, etc. En outre, la dégradation la plus en plus du perfectionnement du produit et du palpable du secteur de la pêche sur l’environnement soutien aux investissements et commercialisation, reste la surexploitation des ressources halieutiques. la durabilité du secteur ainsi que la préservation de Les débarquements en produits de la pêche ont l’environnement touristique et des infrastructures. diminué pratiquement de moitié entre 2005 et 2013 pour le même effort de pêche.

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1.3. Déterminants liés aux risques naturels 1.4. Déterminants politiques et de La Région Taza-Al Hoceima-Taounate se gouvernance caractérise par une grande diversité géologique Le Maroc a pris une nouvelle direction, en se et géomorphologique et par la prédominance tournant vers un développement respectueux de d’espaces montagneux et escarpés. Plusieurs l’environnement et en affirmant sa détermination auteurs ont mis l’accent sur la situation alarmante à ériger la protection de l’environnement au cœur (1) de déforestation dans toute la zone rifaine . Les de ses priorités. En effet, depuis 1992, différentes relations entre la déforestation et la dynamique de initiatives ont été prises : l’érosion des sols sont scientifiquement établis et s’expliquent notamment par le rôle protecteur de la • La création du Département de l’Environnement forêt contre les précipitations et les vents. Toutes ces avec un statut de sous secrétariat d’Etat. Ce circonstances aggravantes sont malheureusement cadre institutionnel n’a cessé de rencontrer avec présentes dans la Région. En plus du facteur d’altitude l’augmentation de ses attributions et prérogatives et des paysages arpentés, la Région se caractérise d’une part, mais également avec la création par une pluviométrie irrégulière qui survient souvent de nouvelles institutions comme le Conseil sous forme d’épisodes de pluies torrentielles qui National de l’Environnement, les observatoires accentuent le phénomène d’érosion pluviale. (l’Observatoire National de l’Environnement, les Les épisodes de précipitations intenses sont aussi Observatoires Régionaux de l’Environnement à l’origine d’inondations qui affectent souvent la et du Développement Durable), l’Agence de Région TAT. Ce phénomène récurrent est aggravé Développement des Energies Renouvelables et par l’urbanisation qui n’y est pas toujours planifiée. de l’Efficacité Energétique, etc. Cette situation amplifie la vulnérabilité des milieux • Le renforcement du cadre légal, par plusieurs lois urbains vis-à-vis du phénomène. et règlements qui permettent d’accompagner les actions des différents acteurs responsables Un autre risque naturel est le risque sismique. En effet, de la gestion de l’environnement. Ces outils TAT se trouve dans une zone d’instabilité sismique juridiques ont institué un ensemble de principes affectée par la récurrence de plusieurs tremblements fondamentaux de développement durable de terre dont le dernier, date de l’année 2004. Afin (pollueur/payeur, responsabilité, prévention…), et de réduire la gravité des impacts des séismes sur la mise en place des normes à observer pour une les populations et les infrastructures, un règlement gestion environnementale viable. de construction parasismique (RPS), a été approuvé par le décret 2-02-177 (02 février 2002). Ce même • Le renforcement des instruments économiques règlement, stipule dans sa version de 2008 que la et financiers, avec la création de fonds nationaux sécurité du public, la continuité des services de base (fond national de l’environnement, fond national ainsi que les biens matériels doivent être assurés. de dépollution industrielle, fond d’assainissement liquide et dépuration des eaux usées, le fond de développement énergétique…), mais également de nouveaux mécanismes de coopération (subventions, conventions, partenariat publics / privés qui visent à la protection des ressources et des milieux. • Le renforcement de l’action de sensibilisation et de communication. La participation des citoyens à la préservation de l’environnement est une condition nécessaire pour généraliser les actes éco-citoyen. Enfin, le soutien du dynamisme de la société civile fait partie également des initiatives prises par l’Etat dans le domaine de la préservation de l’environnement.

(1) : F.Zaïm, 1984 –Contribution à l’étude de l’érosion dans le .- Publications de la société maghrébine de génie civil, pp. 64-70.

RAPPORT SUR L΄AVENIR ENVIRONNEMENTAL DE LA RÉGION / PLAN D’ACTION Chapitre 1

Malgré ces efforts, l’état de l’environnement dans la Région reste sujet à certaines dégradations des ressources et écosystèmes suite aux nuisances qui résultent de certains risques naturels, des activités anthropiques et de politiques non conformes aux normes de la gestion et de la préservation environnementale. Cet état de fait se trouve aussi accentué par les retards accusés par certains programmes de mise à niveau environnementale, à l’absence de décrets d’application, et à un manque de cohérence entre les textes de loi qui régissent certaines composantes environnementales. Certains domaines échappent encore aux régulations juridiques ou restent insuffisamment réglementés comme celui de l’utilisation des engrais et des pesticides, le sol, et le littoral. De même, la multiplication des intervenants publics, semi-publics et privés qui représentent d’une manière directe ou indirecte des institutions de gestion, de coordination ou de consultation en matière d’environnement, présente à la fois des avantages et des inconvénients. En termes d’avantages, cette pluralité d’acteurs permet une certaine spécialisation sectorielle dans le mangement environnemental (eau, forêt, aménagement de l’espace…) et surtout une vision macro-économique qui répond à la pluridisciplinarité du champ d’action. En effet, la diversité des actions anthropiques appelle à une diversité des moyens et par conséquent, à une variété de gestionnaires. Cette position transversale et « multi-actionnaire » rencontre aussi des obstacles qui se manifestent par une dispersion des efforts, un manque de cohérence et une insuffisance du système de gouvernance actuel.

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Chapitre 2

PRINCIPAUX ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX PRINCIPAUX ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX

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2. PRINCIPAUX ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX

Ce chapitre informe sur les problèmes environnementaux principaux qui affectent l’état des milieux naturels et met l’accent sur les enjeux majeurs qui découlent de ces dégradations. La gravité de ces enjeux est amplifiée par le manque de décrets d’application et par l’insuffisance des contrôles qui contribue à entretenir l’exploitation anarchique des ressources. De même, l’absence d’indicateurs d’évaluation intégrée dans les politiques sectorielles renforce l’inefficacité de toute action politique dont la perspective est la protection et la préservation de l’environnement.

Tableau 2 Principales problématiques environnementales de la Région Taza - Al Hoceima – Taounate

Domaine Enjeux environnementales • Pollution par les rejets des eaux usées ménagères • Les aménagements littoraux Littoral • Pollution par les rejets des eaux usées industrielles • Les aménagements balnéaires • La surexploitation des ressources halieutiques • La pollution industrielle, notamment par les margines issues des huileries • Les rejets des eaux usées domestiques au niveau des centres ruraux situés en Eau amont des ressources sensibles • La consommation non rationnelle des eaux d’irrigation suite à l’utilisation des systèmes d’irrigation peu efficients • Erosion du sol

Facteurs directs • Perte des terres fertiles à cause de l’érosion hydrique Sol • Dégradation de la qualité des sols par des installations classées : décharge, carrière, industries Forêt et • Déforestation biodiversité • Menace des zones écologiquement sensibles par des activités anthropiques • Risque sismique Risques • Risque d’inondation • Croissance démographique • Urbanisation anarchique Déterminants • Pauvreté sociaux • Sensibilisation et éducation • Analphabétisme • Gouvernance Déterminants • Cadre institutionnel Facteurs indirects politiques • Cadre législatif

RAPPORT SUR L΄AVENIR ENVIRONNEMENTAL DE LA RÉGION / PLAN D’ACTION Chapitre 2

2.1. EAU : une ressource abondante mais menacée La Région de Taza-Al Hoceima-Taounate est parmi les sol. De ce fait, les nappes d’eau souterraines ont des Régions les plus arrosées du Royaume. Globalement, réserves en eau limitée. les précipitations moyennes annuelles sont de Pour ce qui est des ressources de surface, elles l’ordre de 440 mm et augmentent avec l’altitude. Les sont matérialisées par les grands oueds (Ouargha, potentialités en eaux de surface sont conséquentes Inaouen, Moulouya, Ghiss et Nekkor). Ces oueds grâce aux caractéristiques topographiques, constituent le bassin côtier méditerranéen, le bassin climatiques et géologiques de la Région. En revanche, de Sebou, et le bassin de Moulouya dont les apports l’imperméabilité des terrains amplifie l’intensité du moyens annuels sont récapitulés ci-dessous. ruissellement et limite l’infiltration des eaux dans le

Tableau 3 Les apports annuels moyens en eau des bassins versants de la Région TAT

Bassin versant Apport annuel moyen en Mm3 Bassin côtier méditerranéen 3605 Bassin de Sebou 2355 Bassin de Moulouya 28 Total 5988

En ce qui concerne les ressources souterraines, elles la Région Taza-Al Hoceima-Taounate, 215 Mm3 d’eau se constituent de quatre unités hydrogéologiques par an, dont 90% en irrigation gravitaire, 8% en goute principales qui sont la nappe de Rhis-Nekkor, la à goute et 2% en aspersion. nappe de Taza, la nappe du couloir Fès-Taza et la Dans la déclinaison régionale du Plan Maroc Vert nappe du bassin de Guercif. destinée à la promotion de l’agriculture dans la Région Les ressources en eau dans la Région sont TAT, les efforts seront tournés vers une amélioration régularisées par les barrages Al Wahda, Idriss 1er, de la production arboriculture fruitière, des viandes Asfalou, Sahla, , Bab Louta, Med Ben bovines, ovines et caprines, ainsi que de la production AbdelKrim El Khattabi et Joumoua. Ces barrages du lait et de ses dérivés.