<<

L’ÉVÉNEMENT P A R I S

1995 Joanin 2003

1993 Zoccolan Thierry Pierre Verdy 1997 Dalle ZPRF Dalle En plein mois de janvier) annonce un li- Cadeau : la bande-son 1998 dans le Vercors quide, en suspension, alignant les chefs- 2002 de son mariage Le Monument. Trois ans après les expé- d’œuvre, rendu étonnamment cohérent Si « » transcendait la rimentations « country new wave » sur par la présence de bout en bout de la même séparation par ses folies colorées, « l’Im- « Chatterton » et « Ma petite entreprise/ formation. Album de l’aube, du petit ma- prudence », concomitant d’une nouvelle Connaît pas la crise », « Fantaisie mili- tin post-orgasmique, « Fantaisie » fait voir rencontre amoureuse, plonge dans un ro- taire » fait entrer Bashung au panthéon le Vercors à toute une génération prête à mantisme sombre, marqué par des cordes des grands de la chanson. Le maître pose « Sauter à l’élastique/ Voleur d’amphores/ suintantes, des nappes électro et une pré- en demi-dieu, visage livide, corps immergé Au fond des criques… ». La moisson ha- sence assez inédite du . Essayant dans les lentilles d’eau. La pochette, bituelle de récompenses se complètera de « sublimer l’échec », d’« exorciser le peaufinée jusqu’au bout (l’album de- d’une victoire des victoires du meilleur mal » et de montrer sa « volonté de croire vait sortir à Noël 1997, il attendra le album, décernée en 2005. à nouveau en l’amour possible », Bashung s’attache à ce qu’on le « disloque », qu’on le « dispatche », qu’on « l’évapore » (l’apo- La force et la tendresse calyptique « Noir de monde »). Les textes (de Jean Fauque, à l’exception d’un poème de Robert Desnos) sont davantage psalmo- diés que chantés. Sillon qu’il fi nira de creu- ser en nous offrant la bande-son de son ma- riage à la fi n de l’année. Soit un des plus christiques interprété en duo avec « Chloé [sa] femme » sur une mu- sique de Rodolphe Burger. Un goût 2008 de “Bleu pétrole” avait envie de mélodies droites, de textes clairs, moins sinueux qu’à l’accoutumée. Politesse de vieux sage ne souhaitant pas « ajouter au confus de la situation ». Pour mener à bien cet exercice à 180 degrés du précédent al- En décembre dernier, Bashung était bum, Bashung rompt avec Jean Fauque sur la scène de l’Elysée Montmartre. et s’ouvre à de nouvelles collaborations : Gérard Manset, son contemporain, pour Impressions. un « Comme un Légo ». Neuf minutes de Nicholas Ratzenboeck Nicholas complainte ardente. Avec Gaëtan Rous- ision en noir et blanc : dans l’obscurité, une silhouette chapeautée, costume sombre, sel, le Gaëtan de , Bashung Vvisage spectral derrière les lunettes noires. Prince ténébreux et bienveillant, Bashung s’invente même chanteur contestataire. s’avance. Premiers mots au public : « Je vous souhaite la force et la tendresse. » Du corps Disque d’interprète, « Bleu pétrole » n’en frêle surgit une voix immense, coulée dans la douceur. Et si le chanteur invite la mort sur reste pas moins terriblement marqué par scène, c’est pour mieux célébrer, dans un rock lyrique, la vie, sensuelle, luxuriante. « Faudra le malaxage bashungien. Et couronné… se serrer comme une forêt vierge, faudra se mêler nos lianes infi nies », chante-t-il, comme d’une légion d’honneur. un message aux vivants. Et puis la joie d’« Osez Joséphine » emporte tout, jusqu’à cette ■ Morgane Bertrand, Gurvan Le Guellec, mélancolie qui nous étreint, au détour d’un imparfait : « La pluie et la rosée, toutes ces Bernard Géniès choses avec lesquelles il était bon d’aller » (« Vénus »). Les lumières se rallument, on repart Les 2, 3, 17 et 18 mars au Grand Rex (2e), les trois premières pleins de force et de tendresse, comme au premier jour. ■ Marjolaine Jarry dates affi chent complet. Et le 14 à Longjumeau (91). Réservations : www.fnacspectacles.com.

8 I TéléObs

8809TV108_006.indd09TV108_006.indd 8 223/02/093/02/09 18:2618:26