1104 W Mission Regionale (1962-1985)
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1104 W MISSION REGIONALE (1962-1985) Répertoire numérique détaillé établi par Aline BERNHARD sous la direction de Christine HEIDER Archiviste de la Région Alsace 2004-2005 1 INTRODUCTION Historique de la mission régionale Dès les lendemains de la Libération, les responsables ministériels prennent conscience des inconvénients liés à l’extrême centralisation française et des déséquilibres qu’elle entraîne. Des préoccupations du même ordre apparaissent également au niveau local. Des " comités d’expansion " se développent de manière spontanée dans les régions (Bretagne, Alsace, Lorraine, Languedoc, Roussillon). Ces comités mettent en avant les problèmes liés aux transports, aux équipements collectifs, à l’éducation et à la formation. Ils réunissent des universitaires, des élus, des responsables économiques et syndicaux, réclament une répartition plus équitable des équipements publics et des investissements industriels. L’Alsace fut, avec la Bretagne, l’une des pionnières de ce mouvement. C’est à cette époque que furent créés le comité d’action pour le progrès économique et social du Haut-Rhin (CAHR) et le comité d’expansion du Bas-Rhin (CEBR), l’actuelle ADIRA. Prenant le relais de ces initiatives privées, le gouvernement Mendès-France, par un décret de décembre 1954, accorde aux comités d’expansion un statut quasi officiel mais consultatif. Un décret du 30 juin 1955 délimite 21 circonscriptions d’action régionale (1). Cette mesure est complétée par toute une série de décrets que fait publier Pierre Pflimlin, ministre de l’Economie et des Finances dans le gouvernement d’Edgar Faure. Ces décrets prescrivent la préparation de programmes d’action régionale, instituent un système de primes d’équipement destiné à favoriser l’industrialisation de la France sous-développée de l’Ouest et du Centre. Le premier programme d’action régional paru au journal officiel était breton. Il fut bientôt suivi par celui de l’Alsace et des autres régions. En 1960, le tracé des 22 régions de programme est confirmé, en 1963 est créée et rattachée directement au premier ministre la Direction de l’Aménagement du territoire (DATAR). Cette première esquisse d’organisation régionale a un but uniquement économique. Des mesures sont prises en 1964 pour en préciser les cadres administratifs. Le décret du 14 mars 1964 institue les préfets de région, relais entre le pouvoir central et le département. Le préfet de région, assisté d’une " mission régionale ", met en œuvre la politique du gouvernement relative au développement économique de la circonscription. Chargé de préparer la tranche régionale du plan et d’en suivre l’exécution, le préfet bénéficie des avis de la conférence administrative régionale, sorte de collège des hauts fonctionnaires, et de ceux de la CODER (commission de développement économique régionale). Les CODER, qui se substituent aux comités d’expansion, sont placés sous la présidence du préfet de région. Ils se composent pour un quart de maires et conseillers généraux, pour moitié de socioprofessionnels, et pour un dernier quart de " personnalités qualifiées " désignées par le premier ministre. Convoquées par le préfet qui fixe l’ordre du jour, les CODER sont cantonnées dans un rôle consultatif. La crise de 1968 va accélérer le cours d’une évolution jusque là fort prudente. Le général de Gaulle est convaincu que l’effort multiséculaire de centralisation qui a marqué l’histoire de notre pays ne s’impose plus et que sa puissance économique se développera 1 Leur nombre s’élèvera à 22 après l’adjonction de la Corse, auparavant rattachée à la région Provence-Alpes- Côte-d’Azur. 2 désormais dans un cadre régional. La crise de mai-juin 1968 ne fait que le renforcer dans sa conviction. Cette réflexion débouche sur l’aventure du référendum d’avril 1969. Ce référendum mixe régionalisation, participation et réforme du Sénat. La région deviendrait une collectivité territoriale dotée de larges pouvoirs. Le conseil régional réunirait, à côté des élus, une représentation des milieux socio-professionnels. Mais c’est surtout le projet de réforme du Sénat qui cristallise les oppositions et qui suscite l’opposition véhémente d’une bonne partie de la classe politique. Comme pour le conseil régional, le projet prévoyait, à côté des élus, une représentation des acteurs économiques et sociaux. Le résultat du référendum pèsera durablement sur le destin de la Région que les gouvernements successifs ne se résoudront à promouvoir qu’avec circonspection. La loi que fait voter le président Georges Pompidou en juillet 1972 installe la région dans un statut mineur d’établissement public. L’établissement public régional (EPR) se compose de deux assemblées : un conseil régional composé d’une représentation au second degré des parlementaires, des conseils généraux et des principales agglomérations (1), un conseil économique et social où siègent les représentants socioprofessionnels de la région. L’EPR a des attributions réduites, surtout consultatives. Il demeure sous la tutelle préfectorale (l’exécutif est assuré par le préfet) et ses ressources sont limitées. Promulguée le 5 juillet 1972, la loi devait entrer en vigueur le 1er janvier 1973. Sa véritable application ne commencera que pour l’exercice budgétaire 1974. Les deux assemblées (conseil régional et conseil économique et social) ont siégé pour la première fois en décembre 1973. Cependant, la réforme de 1972 ne fait en réalité de la région qu’un organe-relais de l’action de l’Etat. Mais il y aura une évolution progressive. Les élus régionaux sont souvent d’importantes personnalités politiques, qui apportent à leur mandat régional une autorité politique imprévue. On assiste à une extension progressive des pouvoirs des EPR. En 1977, ils sont autorisés à accorder des primes à la création d’entreprises industrielles (2). L’accroissement des budgets régionaux témoigne de cette montée en puissance. De nombreuses réflexions et prises de position se développent dans les milieux politiques et intellectuels, tous globalement favorables à la décentralisation. En 1975, Valéry Giscard d’Estaing confie à Olivier Guichard une mission de réflexion sur la réforme des institutions, qu’il juge mal adaptées aux transformations profondes que connaît la société française. Le volumineux rapport " Vivre ensemble " sera publié un an plus tard. Beaucoup de réformes proposées par le rapport seront mises en œuvre par la gauche au début des années 1980. Certaines de ces propositions feront l’objet d’un projet de loi (projet Bonnet), qui sera discuté au Sénat en 1979-1980, mais n’aura pas le temps d’être adopté avant les présidentielles de 1981. La loi du 2 mars 1982 et les textes qui ont suivi ont renforcé le rôle des régions. La région est élevée au rang de collectivité territoriale de plein exercice et le pouvoir exécutif est transféré au président du conseil régional. Toutefois, le statut d’établissement public a été maintenu jusqu’à la première réunion des conseils régionaux élus au suffrage universel. Ces élections, prévues d’abord en 1985, n’eurent finalement lieu qu’en mars 1986. 1 Le conseil régional est composé pour moitié des députés et sénateurs élus dans la région, 30 % de représentants des collectivités locales, 20 % de représentants des agglomérations désignés en leur sein par les conseils municipaux ou les conseils des communautés. 2 Décret n° 77-850 du 27 juillet 1977. 3 L’entrée en vigueur des lois sur la décentralisation marque aussi la fin de la mission régionale. Créée en 1964 en même temps que le préfet de région, la mission régionale était une structure légère, dont le rôle était fait d’impulsion, de réflexion et de coordination. Elle réunissait, sous l’autorité d’un chef de mission (souvent un sous-préfet) des chargés de mission venus de tous les grands corps de l’Etat. Au fur et à mesure de l’évolution du fait régional, les missions ont vu leur consistance s’étoffer. A partir de 1973, la mission régionale est amenée à exercer un double rôle : elle constitue à la fois un échelon de l’administration de l’Etat et l’exécutif de l’EPR. Début 1975, en Alsace, la mission régionale proprement dite se composait de quatre hauts fonctionnaires à temps complet, dont le chef de mission et trois chargés de mission. A ces quatre agents s’ajoutaient trois hauts fonctionnaires à temps partiel. En outre, le délégué régional à la formation professionnelle continue pouvait être considéré comme un chargé de mission pour les questions de formation et d’emploi. Les services de la mission régionale, chargés d’assister ces hauts fonctionnaires, se composaient de 27 agents en 1975, dont 11 agents d’Etat, 13 agents du département (contractuels, vacataires) et 3 agents recrutés au titre de l’EPR (un chargé d’études et deux secrétaires). En ce qui concernait le fonctionnement des assemblées régionales, le chef de la mission régionale était assisté du service des assemblées départementales et régionales qui assurait le secrétariat des assemblées plénières du conseil régional, du comité économique et social ainsi que du conseil général du Bas-Rhin. Après 1982, la région se voit conférer une autonomie de fonctionnement, puisqu’elle peut désormais créer ses services et recruter librement du personnel, ce qui n’était pas le cas antérieurement. Les services de l’ancienne " mission régionale " ont fait l’objet en juin 1982 d’un partage entre l’Etat et la région en fonction de leurs attributions respectives. Les fonctionnaires restés sous la tutelle de l’Etat ont formé le noyau du SGAR (secrétariat général pour les affaires régionales), créé par décret du 10 mai 1982. En Alsace, ce service présente la particularité d’être également compétent en matière de coopération transfrontalière, ce qui lui vaut d’être le seul SGARE (secrétariat général pour les affaires régionales et européennes) de France. Constitution du fonds L’ensemble du fonds a été confié aux Archives départementales du Bas-Rhin en application de la convention signée le 23 août 1984 entre le préfet Christian Dablanc et le président du conseil régional d’Alsace Marcel Rudloff.