Mémoires 2008
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MÉMOIRES DE L‟ACADÉMIE DE NÎMES IXe SÉRIE TOME LXXXI Année 2008 . ACADÉMIE DE NIMES 16, rue Dorée NÎMES (Gard 2009 TABLE DES MATIÈRES I Ŕ SÉANCE PUBLIQUE DU 3 FÉVRIER 2008 BELLION Dominique, préfet du Gard Allocution. 7 LASSALLE Christiane, secrétaire perpétuel Compte rendu des travaux académiques de l’année 2007. 11 MARÈS Catherine, présidente : L’insertion des Pieds-noirs et des harkis dans le Gard. 17 CHALAVET Robert Le bombardement de Nîmes, le 27 mai 1944. .. .. 37 Remise du prix Forado à M. Guillaume Bocaccio par M. le Préfet du Gard II Ŕ COMMUNICATIONS DE L‟ANNÉE 2008 MATOUK Jean Sphère réelle et sphère financière en économie. .. 53 LASSALLE Victor Ce que l’art roman doit à la Maison Carrée de Nîmes. 71 MOREAU Bernard Une administration mal connue : l’Assemblée nationale. 81 FONTAINE Bernard De l’ombre à la lumière : le masque africain, œuvre d’art reconnue, à la recherche de son histoire disparue. .. .. 97 DAUDÉ Romain L’hôtel Barral d’Arènes, actuelle sous-préfecture du Gard, au Vigan. 125 JALLATTE Charly-Sam Notes sur quelques troubles rares du comportement psychique rencontrés chez des amoureux de l’écrit : la bibliofolie. 143 TEULON LARDIC Sabine La première société de concert symphonique de Montpellier (1890-1901), entrevue par ses programmes et les commentaires de la presse. 153 BENNASSAR Bartolomé L’infanticide dans l’histoire européenne au Moyen Âge et aux temps modernes. 173 SOURIOU Daniel Le compagnonnage, son histoire et son évolution, sa situation actuelle . 181 PALLIER Michèle Un académicien au Canada, Gaston Bouzanquet, 1866-1937. 191 PUECH Charles Les juridictions d’exception sous l’occupation. 207 DUFOIX Jean-Pierre. Deux chemins pour un message sous Auguste et sous Louis-Philippe. 221 LÉVY Jacques Les ambassadeurs de Holbein, ou le mystère de l’après. 243 III Ŕ MEMBRES ET AMIS DE L‟ACADÉMIE Membres honoraires. 261 Membres résidants. 263 Membres non résidants. 267 Correspondants. 269 Académies, Sociétés Savantes et Organismes Correspondants. 275 I. SÉANCE PUBLIQUE DU 3 FÉVRIER 2008 ALLOCUTION DE M. DOMINIQUE BELLION Préfet du Gard Monsieur le Maire, Monsieur le Député, Messieurs les conseillers généraux Madame la présidente, Madame le secrétaire perpétuel, Mesdames et Messieurs les membres de l’Académie de Nîmes, Une fois de plus, je m’interroge sur l’honneur qui m’est fait de présider cette séance publique annuelle. Je sais que je ne le dois pas au mérite mais plutôt à l’ancienneté. Et les petits ennuis de santé qui auraient pu pardonner mon absence se sont révélés insuffisants à interrompre une présence de plus de deux siècles. Pour un préfet, 2008 devrait être l’année du silence : la tradition tout à fait justifiée de la réserve préfectorale. « N’ayez crainte, on met aussi les traditions dans des circulaires ». Cette tradition doit au moins m’inciter à la prudence. Je ne parlerai donc pas de l’action de l’État, ni de qui que ce soit de très contemporain. L’idée m’est toutefois venue, pour échapper à toute critique, de vous parler du passé. Bien entendu, je n’ai pas comme vous les qualités qui me permettraient d’être l’historien du jour. Mais en rappelant les anniversaires que nous aurons à célébrer cette année, je voudrais en quelque sorte esquisser le portrait d’une France riche de son passé. Je n’ai pas comme disait Aragon « réinventé le passé pour mieux voir la beauté de l’avenir ». Je me suis contenté de vous rafraîchir la mémoire. 8 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE DE NÎMES La France, terre de croyances et de religions. Il y a 1300 ans, en 708, sur l’injonction de l’archange à l’évêque Aubert, était fondé un lieu de culte célébrissime, le Mont Saint Michel. Sans me prononcer sur la véracité de cette origine, il demeure aujourd’hui un monument, un site, respecté et protégé. Cinq siècles plus tard, l’Église affirmera plus encore sa puissance. En 1208 en effet, le Pape Innocent III prêchera la croisade contre les Albigeois après que le Légat Pierre de Castelnau fut assassiné près de Saint-Gilles suite à une altercation avec Raimond de Toulouse. Durant mes quatre années de préfet de l’Aude, Dieu sait si j’ai entendu parler du catharisme : « Monsieur le préfet, nous sommes des Cathares », oubliant certes que les Parfaits étaient quand même purs et tristes, s’interdisant de multiples activités ludiques ou autres, contrairement à mes interlocuteurs. Aujourd’hui, par la grâce d’un label, l’Aude est devenu « Pays Cathare », et « grâce à Dieu » les effets sur le plan touristique ne sont pas négligeables. La France c’est aussi l’Éducation : un système encore très marqué par celui auquel nous devons encore beaucoup : Napoléon 1er. C’est en 1808 – voici deux siècles que fut créée l’Université impériale avec à sa tête un grand maître – on le voit l’institution est vénérable bien que son origine soit beaucoup plus ancienne ! Et près de deux siècles plus tard fut créé l’université de Nîmes mais ceci est une autre histoire. La France n’est rien sans ses décorations et l’éducation ne faillit point à la règle. C’est en effet la même année, en 1808, que furent créées les Palmes Académiques. Cette distinction – je m’honore d’en être un récent commandeur – fut sauvée par de Gaulle lui-même de la réforme qu’il décida en 1963 en créant l’Ordre Nationale du Mérite. De Gaulle dont il faudra encore parler cette année pour le cinquantenaire de la constitution de la Ve République née le 4 octobre 1958 et toujours vivante malgré seize modifications successives. France de l’Éducation, France des Religions, France des Grands Hommes. Je viens d’évoquer de Gaulle, j’ai évoqué Napoléon 1er, et j’ai bien envie d’évoquer Napoléon III si mal connu. Zola lui-même le dira haut et fort, critiquant le portrait caricatural qu’Hugo en fit dans « les Dominique BELLON, Allocution 9 Châtiments ». Et en 2008 nous fêterons donc le bicentenaire de la naissance de Napoléon III. Gloire aussi à Zola dont, un siècle plus tard, le 4 juin 1908, on transfera les cendres au Panthéon dans une cérémonie quelque peu bousculée par des manifestations nationales et une tentative d’assassinat, sur les lieux mêmes, de Dreyfus. Voilà pour la France des Grands Hommes – sans oublier bien sur les femmes – « on ne naît pas femme, on le devient » disait Simone de Beauvoir, née en 1908, comme Merleau-Ponty, Adamov, Françoise Dolto, Jean Effel, Balthus, Cartier-Bresson, Olivier Messiaen ou Vasarely. Vous le voyez, tout ceci fait beaucoup d’anniversaires. Chacun choisira dans cette longue liste celui ou ceux qu’il veut plus particulièrement célébrer. Pour ma part, je retiendrai le 4 juin 1908 – voici un siècle paraissait « les Pieds nickelés ». Au départ Forton voulait les nommer « les pieds sales » mais les éditeurs ont su le persuader d’utiliser ce titre, emprunté à Tristan Bernard. Faut-il voir dans « les Pieds nickelés » l’esprit français ? on peut se perdre en conjectures mais il y a quand même un peu de ça. Et enfin me direz vous pourquoi ne parle t-il pas de 1968 ? J’avais 20 ans et comme le disait Nizan « Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie ». En relisant toutefois quelques écrits sur cette période et notamment ceux réalisés sur les murs, je ne peux m’empêcher d’admirer cette phrase si particulière dans son essence : « Dieu est mort disait Nietzsche ; Nietzsche est mort disait Dieu ». Je vous laisse sur cette subtile interrogation. COMPTE RENDU DES TRAVAUX DE L‟ACADÉMIE Année 2007 par Christiane LASSALLE Secrétaire perpétuel Monsieur le Préfet, Monsieur le Maire, Président de Nîmes-Métropole, Messieurs les représentants des autorités civiles, militaires et religieuses Mes chers confrères, Mesdames, Messieurs, L'année 2007 s'éloigne de nous et va s'inscrire auprès de toutes celles qui constituent notre mémoire académique. Mais avant que nous ayons définitivement tourné cette page, c'est d'elle que nous allons vous entretenir aujourd'hui. L'Académie est avant tout un rassemblement d'hommes et de femmes qui viennent lui offrir le meilleur d'eux mêmes, de leur connaissance et de leurs projets. Mais, si leur nombre est fixé par avance, ce ne sont pas toujours les mêmes visages que nous avons parmi nous : Chez les membres honoraires, nous avons à déplorer trois disparitions, celles de René Rémond, historien, membre de l'Académie française, de Jean-Marie Granier, graveur renommé, membre de l'Académie française des Beaux-Arts, et ancien professeur à l'École des Beaux-arts de Nîmes, et d'Aimé Vielzeuf, ancien enseignant et historien de la Résistance régionale ; deux correspondants : Guy Combes, et Aimé Tempier en mai dernier. 12 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE DE NÎMES La maladie et les ennuis de santé ont été aussi la cause de la démission de M. Gilles Dervieux, ancien directeur du Conservatoire de musique de Nîmes, de M. Max Gourgas, correspondant, de M. Louis Durteste, devenu membre honoraire, et je dois aussi ajouter ma propre démission de la charge de secrétaire perpétuel, devenue trop lourde pour moi. Et si je joue les prolongations, c'est que ma perpétuité m'offre une rallonge de quelques mois, avant que mon successeur puisse statutairement me succéder à cette fonction. Mais un fauteuil ne peut rester longtemps sans titulaire. Aussi avons- nous accueilli M. le professeur Pierre Marès, gynécologue, au fauteuil de M. Paul Tempier, démissionnaire, M. René Chabert, otoneurologue, venu occuper le siège de Pierre-Marie Michel, et récemment, deux nouveaux venus, M. l'abbé Bernard Fougères au fauteuil de Mgr Robert Dalverny, et M.