Les Choses Intellectuelles Plutôt Que La Broderie
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
DÉPARTEMENT DES LETTRES ET COMMUNICATIONS Faculté des lettres et sciences humaines Université de Sherbrooke Les choses intellectuelles plutôt que la broderie : La Société d’étude et de conférences de l’entre-deux-guerres à la révolution féministe Par Fanie St-Laurent Maître ès arts (études françaises) Thèse présentée pour l’obtention du Philosophæ Doctor (études françaises) Sherbrooke Novembre 2012 1 Composition du jury Les choses intellectuelles plutôt que la broderie : La Société d’étude et de conférences de l’entre-deux-guerres à la révolution féministe Fanie St-Laurent Cette thèse a été évaluée par un jury composé des personnes suivantes : Josée Vincent, directrice de recherche, Lettres et communications, Université de Sherbrooke Louise Bienvenue, Histoire, Université de Sherbrooke Marie-Pier Luneau, Lettres et communications, Université de Sherbrooke Chantal Savoie, Département d’études littéraires, Université du Québec à Montréal 2 À Jérôme Parce que tu es là. 3 Remerciements Ma thèse est l’aboutissement de 27 années d’études commencées à la maternelle de l’école Champlain de Sherbrooke en septembre 1984. Quelle aventure! Tout au long de ce parcours, de nombreuses personnes m’ont accompagnée, m’ont questionnée, m’ont soutenue, m’ont fait rire. Je vous en saurai toujours gré. Merci! Josée Vincent Louise Bienvenue, Marie-Pier Luneau, Chantal Savoie Bibliothèque et Archives nationales du Québec Chaire de recherche du Canada en histoire du livre et de l’édition Conseil de recherches en sciences humaines du Canada Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Sherbrooke Fonds de recherches Société et culture du Québec Groupe de recherches et d’études sur le livre au Québec Jeannette Boulizon, Claude Corbo, Françoise David, Colette Delwasse, André Gladu, Aimée Hébert Warren, Louise Hébert, José Jacquin, Yvette Jeanbart, Thérèse Lecomte, Claire Martin, Esther Ling Patry, Andrée Phaneuf, Marguerite Plourde, Michelle Prat Boulizon, Marie Raymond, François et Sylvie Roberge, Anne Rochon, Louise Warren Anne-Sophie Beaudoin, Maude Dénommé-Beaudoin, Joanie Grenier, Marie-Hélène Jeannotte, Bruno Lachance, Marcel Laflamme, Maryse Pépin, Lyne Poirier, Pierrot Richard, Marie-Ève Riel, Bryan Teasdale, Joey Thibault Pierrette, Gaétan, Jean-Michel et Pierre-Alain Mon beau Jérôme Mon beau Charles-Étienne 4 Résumé Jusqu’à maintenant, peu d’études ont été consacrées à la question des regroupements de femmes dans le milieu du livre et de la culture. Pourtant, les femmes se sont souvent montrées très actives et ont posé des gestes significatifs. L’objectif général de cette thèse consiste à retracer l’évolution d’un regroupement culturel féminin, la Société d’étude et de conférences, et de comprendre son rôle dans l’histoire du livre et des femmes, des années 1930 aux années 1970. La thèse propose d’abord une réflexion sur les regroupements culturels et sur la sociabilité vue et pratiquée par les femmes, qui permet de mieux comprendre l’évolution de la Société d’étude et de conférences. Le deuxième chapitre présente les fondateurs du regroupement ainsi que la structure mise en place dans les années 1930. La suite offre une description et une analyse des principales réalisations de la Société d’étude et de conférences. L’audition de conférences, la tenue d’un concours littéraire annuel, l’octroi de bourses d’études en France, la publication d’un bulletin d’informations, l’organisation des deux premiers salons du livre à Montréal et la participation à des consultations publiques nationales sont autant de projets réalisés par les membres de la Société d’étude et de conférences. Le quatrième chapitre, consacré aux cercles d’étude, montre le succès qu’a connu la Société d’étude et de conférences à Montréal comme en région. L’analyse du fonctionnement des réunions a permis de mieux connaître les habitudes et les intérêts des membres. À cet égard, l’étude du cercle Récamier et de ses procès-verbaux fait ressortir les liens amicaux qui se tissent dans les cercles, mais qui ne sauraient surpasser l’importance accordée au partage des connaissances. Enfin, le cinquième chapitre dresse le portrait général des membres de la Société d’étude et de conférences en présentant les différents paramètres qui les caractérisent. Les parcours exceptionnels de trois membres, Annette Doré, Marie Raymond et Jeannette Boulizon, qui ont su réaliser des projets importants à la Société d’étude et de conférences de même que dans le milieu culturel québécois viennent clore cette thèse. Mots-clés : Société d’étude et de conférences, regroupements culturels, histoire des femmes, histoire du livre, sociologie de la littérature. 5 Sommaire Remerciements…………………………………………………………………………..…4 Résumé………………………………………………………………………….………….5 Sommaire……………………………………………………………………………..……6 Introduction…………………………………………………………………………..……7 Chapitre 1 : Comprendre la sociabilité au féminin……………………………………..…..29 Chapitre 2 : « Créer une atmosphère propice aux choses de l’esprit » : la fondation de la Société d’étude et de conférences…………………………………………………………51 Chapitre 3 : « Parler d’autre chose que de popote et de casseroles » : les réalisations de la Société d’étude et de conférences…………………………………………………...…….92 Chapitre 4 : Réfléchir et apprendre ensemble : les cercles de la Société d’étude et de conférences………………………………………………………………………...…….149 Chapitre 5 : Les membres de la Société d’étude et de conférences…………………..……204 Conclusion………………………………………………………………………………261 Annexes……………………………………………………………………………….…270 Bibliographie……………………………………………………………………….……344 Table des photos, figures, tableaux et annexes……………………………………...……369 Table des matières…………………………………………………………………….…372 Introduction 7 Maman, qu’est-ce que tu écris dans ton doctorat? Charles-Étienne, 3 ans, juillet 2011 Et vlan! LA question. Comment expliquer, en peu de mots, à un jeune enfant, ce qui passionne sa mère, ce qui la préoccupe tous les jours, sans trêve, depuis des années? Maman s’intéresse aux livres, mais… il y a plus que ça. – Non, je n’analyserai pas les livres de la collection « Monsieur-Madame » écrits par Roger Hargreaves qui te font tant rire… C’est plutôt l’étude des gens du livre, ceux qui les écrivent, ceux qui les vendent, mais surtout ceux et celles qui les lisent qui m’anime. Je m’intéresse en même temps aux regroupements, au fait que les gens apprennent mieux ensemble. – Non, je ne parlerai pas de ton groupe des Ouistitis de la garderie! Ce que j’aime, c’est l’histoire, celle des femmes, mais surtout de celles qu’on ne connaît pas. Bref, Maman se pose beaucoup de questions, comme toi. Je voudrais comprendre et expliquer comment et pourquoi les femmes ont eu besoin de se réunir, à un certain moment de l’histoire, pour lire, pour apprendre, pour se divertir et pour se dépasser. Être parent demande du temps, de la ténacité et beaucoup d’amour envers un « sujet » d’abord inconnu, sinon hostile. Les remises en questions sont nombreuses, mais les réussites, si petites soient-elles, suscitent des joies hors du commun. Est-ce un cliché de dire que la rédaction d’une thèse ressemble parfois à l’enfantement? Comme pour mettre un enfant au monde, je n’y connaissais pas grand-chose au départ. Mais le « sujet » m’a toujours fascinée et chaque pas en avant m’a donné le goût d’aller encore plus loin. 8 L’ampleur de la tâche à accomplir et les embûches, nombreuses sur le parcours d’une mère, m’ont en effet souvent ramenée au sujet de ma thèse. Comment une femme pouvait-elle arriver à « se cultiver », il y a 75 ou 100 ans, alors qu’il y avait tant à faire à la maison, tant de bouches à nourrir, de nez à moucher, de couches à changer, de lavage et de ménage! Ouf! À la fin de la journée, quand toute la famille était enfin endormie, nos arrière-grands-mères avaient-elles encore envie d’ouvrir un livre et de s’instruire? À une époque où le rôle de la femme se résumait souvent à tenir maison, mieux valait provenir d’un milieu privilégié si l’on s’intéressait à la littérature et à la culture. À moins de demeurer célibataire… Mieux valait aussi avoir été suffisamment longtemps à l’école pour développer le goût des choses de l’esprit. Or, pour la plupart des femmes, même l’accès aux études secondaires n’allait pas de soi alors que les études supérieures étaient tout simplement hors d’atteinte. Dans ses Mémoires, Simone de Beauvoir décrit la soif de savoir mêlée de frustration qu’une fillette pouvait ressentir à l’égard de ses compagnons : Quand il m’arrivait de passer devant le collège Stanislas, mon cœur se serrait; j’évoquais le mystère qui se célébrait derrière ces murs : une classe de garçons, et je me sentais en exil. Ils avaient pour professeurs des hommes brillants d’intelligence qui leur livraient la connaissance dans son intacte splendeur. Mes vieilles institutrices ne me la communiquaient qu’expurgée, affadie, défraîchie. On me nourrissait d’ersatz et on me retenait en cage1. Malgré des conditions pour le moins défavorables, les femmes n’en ont pas moins développé des moyens pour apprendre et, ultimement, pour se tailler une place dans l’espace public. À cet égard, les regroupements ont joué un rôle déterminant. La Société d’étude et de 1 Simone de Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée, Paris, Gallimard, coll. « Le livre de poche », 1958, p. 170. 9 conférences est l’un de ces regroupements culturels méconnus qui a permis aux femmes de sortir de leur quotidien. * Une thèse sur la Comédie humaine de Balzac ou sur les Chroniques du plateau Mont-Royal de Tremblay aurait exigé un long préambule. Les travaux sur Rastignac ou sur la Duchesse de Langeais ne manquent pas et pour prétendre à l’originalité, le chercheur doit certes faire preuve d’imagination. Ce problème ne se pose pas dans le cas de la Société d’étude et de conférences, puisque au contraire, aucune étude n’a encore été réalisée sur le sujet. En réalité, peu de travaux s’intéressent au rôle des regroupements de femmes dans l’histoire culturelle au Québec.