Charles De Lasteyrie Du Saillant (1877 – 1936)
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CHARLES DE LASTEYRIE DU SAILLANT (1877 – 1936) Répertoire numérique détaillé Inventaire réalisé par Aurore Cartier, Archiviste-paléographe 2011 1 2 Biographie sommaire Fils du Comte Robert de Lasteyrie, membre de l'Institut, Charles de Lasteyrie est né le 27 août 1877. Il fait ses études secondaires à l'école Bossuet avant de rejoindre le lycée Louis le Grand puis l'École des Chartes où il entre au mois de novembre 1885 comme sixième d'une promotion dont était le plus jeune. Il en sort en 1899 également sixième après avoir soutenue une thèse sur l'abbaye de Saint-Martial de Limoges. Ayant ainsi satisfait au désir de son père, il s'oriente par la suite vers l'Inspection des finances à laquelle il est reçu en 1902. En 1909, il en donne pourtant sa démission et se tourne vers les milieux d'affaires et industriels. Il entre notamment dans divers conseils d'administration d’établissements bancaires et industriels. Apprécieé pour ses compétences et la sûreté de son jugement, il est ainsi chargé en 1912 par le Président Charles-Roux d'aller étudier à Alexandrie la situation de la Land Bank d'Egypte dont il relève les finances avant d'en être nommé président. En mars 1914, Charles de Lasteyrie effectue son service militaire au sein du 12e région du corps d'armée, comme sous-lieutenant d'infanterie des services spéciaux du territoire. La mobilisation générale du 3 août l’affecte officiellement à ce poste où il officie au sein de la Commission départementale d'évaluation des réquisitions instituée à Tulle en Corrèze. Le décembre 1914, en raison de ses connaissances de la première région repliée sur la 12e, il demande son affectation à l’État-major de la région du Nord à Boulogne-sur-Mer où il exerce alors comme officier de liaison entre les différents Etats major alliés. En septembre 1915, il est envoyé à Folkestone auprès du commandant Wallner délégué du grand QG pour une affaire intéressant le renseignement. Grâce à ses qualités, il est chargé avec le commandant Bardé du service de renseignement, travaillant en étroite collaboration avec le service de la censure, dont il assure même la direction en l'absence du commandant. Ces fonctions dans le renseignement et d'espionnage l'amènent à circuler sur le territoire mais aussi à l'étranger. Le 17 septembre 1915, il est ainsi envoyé en mission auprès de l'armée belge puis en Angleterre. Le 10 novembre, Denis Cochin alors ministre d'État aux affaires étrangères chargé du blocus dans le 5e cabinet Briand (29 octobre 1915 – 12 décembre 1916), l'appelle auprès de lui comme chef de cabinet. C'est à ce titre qu'en novembre 1915, il l'accompagne en Grèce lorsque les nouvelles d'Orient aggravent les inquiétudes du gouvernement français sur cette région ainsi qu'en Italie où il accomplissait une mission en Europe orientale. En mai-juin 1916, Lasteyrie, toujours lieutenant de réserve, est autorisé à se rendre à Londres comme chef de Cabinet du Ministre d’État, Denys Cochin. Le 7 janvier 1917 il reçoit un congé sans solde de la l’État major de la région du Nord pour être officiellement détaché comme chef de cabinet de Denys Cochin, alors sous-secrétaire d’État au Ministère des affaires étrangères en charge du blocus depuis décembre 1916. En mars 1917, Denis Cochin confie à Charles de Lasteyrie la direction des affaires financières du blocus. Dans le cadre de cette nouvelle fonction et grâce à son passage à l'Inspection, Charles de Lasteyrie est chargé, partiellement sous tutelle du ministère des finances, de plusieurs missions financières importantes avec le titre de « délégué financier du gouvernement français ». Il est ainsi amené à réaliser deux missions financières en Suisse ou en Espagne avec pour objectif la négociation de plusieurs emprunts français. Cochin quitte ses fonctions le 2 août 1917 et est remplacé le 17 août par Albert Métin tandis que Charles de Lasteyrie, en mission en Espagne, conserve son poste de directeur financier. Le 22 août 1917, il est totalement mis à disposition du ministère des affaires étrangères par le Ministère de la guerre dont il était toujours dépendant. Le 5 janvier 1918, le Ministre des Finances le désigne comme délégué financier rattaché au service 3 financier de l'Ambassade de France dirigé par Barrail pour conclure un accord financier avec le gouvernement espagnol. Le 25 janvier 1918, il est également désigné comme un des représentants du gouvernement français au secrétariat général du Conseil interalliés des achats de guerre et des finances tout en poursuivant ses missions sur les questions intéressants les rapports financiers de la France avec notamment la Suisse, l'Espagne, les pays scandinaves et d'autres pays alliés ou neutres. Une mission qui l'a d'ailleurs conduit à recevoir l'insigne de Grand-Croix d'Isabelle la Catholique en juin 1918. Dès le lendemain de l'armistice, Charles de Lasteyrie est rappelé d'Espagne par le Ministre des Finances pour être envoyé en qualité de plénipotentiaire aux Conférence de Spa où à côté du Maréchal Foch et dans les divers comités de « dix » puis des « quatre ». Il prend ainsi une part active aux renouvellements de l'armistice et à la préparation du Traité de Versailles, un travail récompensé par l'obtention de la Croix de chevalier de Légion d'honneur le 16 novembre 1919. A cette date, Charles de Lasteyrie est également élu député de la Corrèze sur la « liste républicaine de défense sociale » comme l'avait précédemment été son père Robert de Lasteyrie également pour la Corrèze et son grand-père Ferdinand de Lasteyrie pour Paris. Son parcours et sa formation le prédisposaient à la gestion des finances, des qualités qu'il put exercer au sein de la Commission financière au sein de laquelle il fut nommé rapporteur général du budget. Grâce au travail effectué au sein de la commission, le 15 janvier 1922 au moment de la formation du Cabinet Poincaré, celui-ci décide de lui confier le portefeuille des Finances. Il partage sa conviction que la clé des difficultés financières de la France se trouve entre les mains de l'Allemagne et que celle-ci doit payer. Dans l'attente des versements allemands, seul l'emprunt est alors à même de financer la reconstruction des régions dévastées, le gouvernement estimant qu'il ne convenait pas de demander un effort supplémentaire aux contribuables français. Sur le plan du budget ordinaire, en admettant que celui-ci puisse être équilibré par l'impôt, Lasteyrie professe alors qu'il pourrait l'être, sinon dès 1922, du moins dans un proche avenir par le seul accroissement du produit des impôts existants à condition d'obtenir un peu plus de rigueur dans leur établissement et leur recouvrement. Cette doctrine est cependant rudement mise à l'épreuve par la crise monétaire, qui, inquiétante dès l'automne 1922, met durement en péril lé franc au cours de l'hiver 1923 par la suspension complète des paiements allemands. Pour 1923, Lasteyrie prend le parti de présenter au parlement un budget ordinaire en déficit de 4 milliards mais le projet déposé en mai 1922 n'est voté définitivement qu'en juin 1923 ce qui l'oblige cette année-là - comme déjà en 1922 – à recourir à de nombreux douzièmes provisoires. Cependant, dès 1922, le Trésor éprouve quelques difficultés à se procurer les ressources indispensables et, après avoir légèrement diminué au milieu de l'été le taux d'intérêt des bons du Trésor, le ministre des Finances est de nouveau contraint de le relever au début de l'automne. A la fin de l'année, incapable de rembourser deux milliards à la Banque de France en application des dispositions prises en 1920, il est contraint de passer une nouvelle convention avec celle-ci pour réduire le remboursement à 1 milliard. Toutefois, il parvient tout de même dans le courant de l'année à rembourser une partie des dettes extérieures de la France. Dans cette situation difficile Lasteyrie sent qu'il lui faut au moins conserver l'intégralité des recettes de l’État et s'efforcer d'alléger les charges publiques. S'il s'oppose avec vigueur et succès, en mars 1922, à un allègement de l'impôt sur les salaires réclamé par les socialistes, il ne peut empêcher la majorité gouvernementale d'alléger l'impôt sur les bénéfices des exploitations agricoles. Pour tenter de réduire les dépenses de l’État, il comprime alors l'effectif des fonctionnaires, sans leur supprimer pourtant le bénéfice de l'indemnité de cherté de vie. Il charge une commission de dresser la liste des économies possibles et une autre d'étudier la réforme des monopoles de l’État. Il entreprend de doter les Postes d'un budget conçu « selon une formule industrielle » et envisage de réorganiser les arsenaux et même l'armée. Pour alléger la charge des dommages de guerre, sans oser aller aussi loin qu'il l'avait formulé en tant que député, il songe à modifier les conditions d'indemnisation des sinistrés. Il s'efforce en outre de limiter le montant 4 des emprunts émis pour la reconstruction et s'emploie d'autre part à liquider les comptes spéciaux du Trésor. Par ailleurs, il cherche à rendre plus efficace l'administration des Finances en la dotant de moyens statistiques, puis en réorganisant la direction de la comptabilité publique. Enfin, pour accroître le rendement de l'impôt sur le revenu, il estime nécessaire de renforcer le contrôle des déclarations, et tout spécialement celles des possesseurs de revenus mobiliers. Il propose ainsi d'instituer à cette fin un « bordereau de coupons » mais devant l'hostilité de la majorité il renonce vite à cette mesure et la combattra même lorsqu'en 1923 la commission des finances proposera à son tour la création d'un « carnet de coupons ».