@abbayeauxdames #fds19 #festivaldesaintes www.festivaldesaintes.org 05 4697 48 France Saintes17104 Cedex CS 30125 11 place del’Abbaye la cité musicale Abbaye auxDames,

FESTIVAL DE SAINTES 2019 Festival deSaintes 12-20 juillet2019 LE PROGRAMME 12 – 20 JUILLET 2019

2 3 CALENDRIER CALENDRIER

LES CONCERTS ONT LIEU À L’ABBAYE AUX DAMES SAUF MENTION CONTRAIRE

10 H 30 12 H 30 16 H 30 19 H 30 22 H VENDREDI 12 JUILLET 18 BENEVOLO (21 H 30) Le Concert Spirituel H. Niquet CATHÉDRALE ST-PIERRE

SAMEDI 13 JUILLET 30 BACH, BRITTEN 32 MOZART, HAYDN 34 GROUNDS, UN BIG BAND 42 MENDELSSOHN, BRAHMS, O. Gaillard Jeune Orchestre de l’Abbaye BAROQUE LISZT, STRAUSS A. Moccia C. Santon-Jeffery, L’Achéron K. God, A. Le Bozec F. Joubert-Caillet

DIMANCHE 14 JUILLET 54 MON PREMIER CONCERT 56 BACH 58 MAHLER (10 H30 ET 12 H) (13 H 30) Y. Saelens, L. Richardot C. Pertuy, S. Grelié E. Laporte, Ensemble Het Collectief, R. de Leeuw AUDITORIUM Masques, O. Fortin

LUNDI 15 JUILLET 66 COUPERIN, JACQUET 14 HAYDN, KRAUS, MOZART 68 VIVALDI, GALUPPI, 72 DEBUSSY, STRAVINSKI, DE LA GUERRE, QUENTIN, Quatuor Guermantes HÄNDEL SCHÖNBERG HERSANT ABBAYE ROYALE DE Les Arts Florissants Het Collectief Nevermind SAINT-JEAN-D’ANGÉLY P. Agnew

MARDI 16 JUILLET 76 BACH 14 HAYDN, KRAUS, MOZART 84 MENDELSSOHN, 90 MOZART, SCHUBERT Vox Luminis, L. Meunier Quatuor Guermantes BRUCKNER, BRAHMS Quatuor Van Kuijk FONDATION MARTELL Orchestre des Champs-Élysées COGNAC Collegium Vocale Gent P. Herreweghe

MERCREDI 17 JUILLET 94 BACH 14 ROSSINI, WALCKIERS 102 BEETHOVEN, SCHUMANN, 104 CANTATE VIOLINI ! Gli Angeli Genève Quatuor à vents Academia SCHUBERT Les Sonadori S. McLeod de los Afectos A. Laloum TEMPLE PROTESTANT ROYAN

JEUDI 18 JUILLET 114 FOR TWO TO PLAY 14 ROSSINI, WALCKIERS 116 MONTEVERDI, SACRÉ 126 LA BELLA STELLA P. Gallon, Y. Moulin Quatuor à vents Academia ET PROFANE Sollazzo ensemble de los Afectos Vox Luminis MUSÉE HÈBRE ROCHEFORT L. Meunier

VENDREDI 19 JUILLET 138 DE FALLA, GRANADOS, 140 MENDELSSOHN, DVOŘÁK 142 DUFAY, AGRICOLA, ISAAC 148 KAPSBERGER SAINT- SAËNS C. Juillard Graindelavoix L’Escadron volant G. Laurenceau, D. Bismuth Jeune Orchestre de l’Abbaye de la Reine N. Simon

SAMEDI 20 JUILLET 162 CONCERT FIN DE STAGE 164 BACH 174 DON QUICHOTTE 176 BRAHMS, DVOŘÁK CHANT CHORAL (13 H 30) « J’ÉTOILERAI LE VENT QUI C. Widmann, M.-E. Hecker (10 H 30 ET 12 H) Gli Angeli Genève PASSE… » Orchestre des Champs-Élysées S. Abello, F. X. Kernin S. McLeod Cie Maurice et les autres P. Herreweghe AUDITORIUM GALLIA THÉÂTRE

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NOMBRE DE CONCERTS, « D’AFTER », BAL TRAD’ EN FAMILLE « MA PLACE À 1€ » DE RÉPÉTITIONS, DE CONFÉRENCES La cour d’enceinte encadrée de ses Assistez à un concert accompagné d’un jeune SE DÉROULENT DANS L’ENCEINTE micocouliers et platanes est un lieu Le Festival de Saintes est aussi une de moins de 18 ans pour seulement 1 € de de rencontre, de restauration, d’apartés plus. Sur présentation d’un billet de concert. DE L’ABBAYE. MAIS LE FESTIVAL opportunité pour le jeune public : musicaux. d’approcher les musiciens ou de faire JOUE AUSSI LES ITINÉRANCES ET Dimanche 14 juillet / 21 h 30 / sous la voile de la musique soi-même…. Différents UNE VOILE SOUS LES ÉTOILES CHOISIT DE DONNER DES CONCERTS, Venez danser au rythme de la musique stages sont proposés : stage de chant Laissez-vous bercer par l’ambiance unique DES PROJECTIONS CINÉMA DANS sensible et enlevée de Anna Besson, choral, stage d'opéra. Retrouvez les du festival ! De la fin de matinée jusque DES LIEUX PARTENAIRES. Ludovic Rio et Lucas Henri. concerts de fin de stage dans le calendrier tard dans la nuit, le bar vous accueille (p. 9, 12). et vous propose une restauration rapide CONFÉRENCES « MISES EN OREILLE » La Fondation Jean-Luc Lagardère soutient et de qualité, avec notamment un bar Du 13 au 19 juillet / 11 h / Salle Françoise de Foix les actions de sensibilisation culturelle à salades. Cette offre est complémentaire JOURNÉE D’OUVERTURE Artistes et musicologues vous révèlent les en direction des enfants et des jeunes. de celle proposée par les restaurants Cette année le Festival de Saintes s’ouvre secrets, les particularités et les splendeurs partenaires (p. 224). rive gauche par un concert spatialisé cachées des œuvres. Vos oreilles sont STAGE JOURNALISME qui s’annonce extraordinaire ! préparées, vous pourrez encore plus Du vendredi 12 au samedi 20 juillet DÉMARCHE ÉCO-RESPONSABLE Vendredi 12 juillet / à partir de 17 h / apprécier les concerts ! De 13 à 22 ans, 3 ateliers pour découvrir 1972-2019 : 47 ans, le Festival de Saintes Place Saint Pierre Entrée libre le métier de journaliste et les médias ! s’engage à diminuer son bilan carbone et Siestes Sonores, billetterie sur place, Retrouvez leurs articles sur réduire son impact écologique notamment grand repas, procédé innovant d’écoute EXPOSITION blog.abbayeauxdames.org et rendez-vous par le choix des produits servis au bar. du concert (en extérieur). Salle capitulaire et paliers sous la voile les 16, 18 et 20 juillet à 18 h En partenariat avec les commerçants L’exposition monographique « G. Mahler : pour des émissions de radio en direct ! du centre-ville L’ABBOUTIQUE Mon temps viendra… » retrace la vie et l’œuvre Au cœur de l’Abbaye aux Dames, de Gustav Mahler, de l’enfance aux créations ATELIER DÉCOUVERTE DU SON ET RÉPÉTITIONS PUBLIQUES l’Abboutique est un lieu chaleureux posthumes. Découvrez les archives FABRICATION D’UN INSTRUMENT DE MUSIQUE Du 12 au 20 juillet de découvertes. On y trouve : de la Médiathèque Musicale Mahler. Jeudi 18 juillet de 10 h à 16 h 30 Les répétitions ouvertes à tous sont • une sélection de livres (art, culture Tarif : 8 € – droit d’accès Musicaventure Découverte de la résonance, de la vibration, aujourd’hui une véritable marque de régionale, musique et heroïc fantasy), de la propagation et du risque lié au son fabrique. Que vous soyez un fidèle • une sélection de CDs en lien avec « UN COUP DE JEUNE POUR HAYDN » et fabrication d’instruments à partir de festivalier, ou un curieux, découvrez la programmation, En septembre 2018, le Jeune Orchestre matériau de récup’ (à rapporter chez soi). chaque soir le planning du lendemain • des produits locaux, de l’Abbaye a enregistré les deux concerti De 7 à 11 ans, gratuit, sur réservation à l’Abboutique et sur notre site internet. • de nombreuses idées cadeaux (espace pour violoncelle de Haydn, sous la houlette Entrée libre (mais discrétion de rigueur !) jeunesse, artisanat d’art) de Raphaël Pidoux. L’enregistrement s'est MUSICAVENTURE • un espace détente (café, thé, jus de fruits). déroulé dans des conditions professionnelles DES EXPÉRIENCES MUSICALES À L’ABBAYE L’Abboutique est également le point de grâce aux partenaires, le label NoMadMusic Vivez une expérience sensorielle et vente des billets de concerts, de départ et le Théâtre Auditorium de Poitiers, salle connectée de l’abbaye et de la musique. des visites et de rencontre avec les artistes à l’acoustique exceptionnelle. Différentes façons d’explorer le lieu, son lors des dédicaces. Sortie de disque le 12 juillet. histoire et la musique avec un fil d’Ariane : L’intégralité des recettes est investie Une émission spéciale du blog est consacrée le plaisir. Voyages et Siestes Sonores, dans le développement des activités au JOA : le 16 juillet à partir de 18 h sous la voile. Carrousel Musical, Festival Virtuel, de l’association. Audioguide, il y en a pour tous les goûts !

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CALENDRIER SAMEDI 13 JUILLET DIMANCHE 14 JUILLET LUNDI 15 JUILLET

Sauf indication contraire, l’accès est libre pour l’ensemble de ces manifestations. 11 H / SALLE FRANÇOISE DE FOIX 10 H 30 / ABBATIALE 15 H 30/ ABBAYE ROYALE DE SAINT-JEAN- CONFÉRENCE MESSE DOMINICALE D’ANGÉLY Autour de « Grounds, un big band baroque » VISITE GUIDÉE VENDREDI 12 JUILLET par François Joubert-Caillet, directeur 10 H 30 / AUDITORIUM Entrée libre sur présentation du billet artistique de l’Achéron « MON PREMIER CONCERT » du concert de 16 h 30. En partenariat avec l’Abbaye Royale 23 H / CATHÉDRALE SAINT-PIERRE VOIX SAUVAGES, récital à l’air libre 13 H 30 / L’ABBOUTIQUE de Saint-Jean-d'Angély. DÉDICACE Clara Pertuy, chant, accordéon, percussions DÉDICACE Hervé Niquet Sophie Grelié, scénographie, mise en scène Ophélie Gaillard 16 H / GALLIA CINÉMA PROJECTION 11 H / SALLE FRANÇOISE DE FOIX 16 H / GALLIA CINÉMA Mahler, autopsie d’un génie, CONFÉRENCE PROJECTION un documentaire de Andy Sommer Autour du Chant de la Terre (relecture du chef La tourneuse de pages, un drame (2011 - 1 h 30 - Production : Bel Air Média) d’œuvre de Gustav Mahler par Schönberg) psychologique de Denis Dercourt Entrée libre par Benjamin Garzia - chef d’orchestre et avec Catherine Frot, Deborah François chercheur associé à la Médiathèque Musicale et Pascal Greggory 21 H / L’ABBOUTIQUE Mahler et Thomas Vernet, musicologue (2006 - Fiction - 1 h 25) DÉDICACE Tarifs habituels du Gallia – Tarif réduit Les Arts Florissants / Paul Agnew (5,5 €) pour les adhérents Abbaye aux 12 H / AUDITORIUM Dames et abonnés Festival « MON PREMIER CONCERT » Clara Pertuy, chant, accordéon, percussions Sophie Grelié, scénographie, mise en scène

21 H / L’ABBOUTIQUE DÉDICACE Het Collectief / Reinbert de Leeuw

21 H 30 / SOUS LA VOILE BAL TRAD’ Anna Besson, flûtes Ludovic Rio, accordéon Lucas Henri, contrebasse et guitare

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MARDI 16 JUILLET MERCREDI 17 JUILLET JEUDI 18 JUILLET VENDREDI 19 JUILLET

11 H / SALLE FRANÇOISE DE FOIX 14 H / GALLIA CINÉMA 10 H / L’ABBOUTIQUE 11 H / SALLE FRANÇOISE DE FOIX CONFÉRENCE PROJECTION ATELIER CONFÉRENCE Autour du concert du quatuor Van Kuijk Mahler, autopsie d’un génie, Découverte du son et fabrication Autour de « L’art de l’allégorie sacrée entre à propos des quatuors K421 de Mozart un documentaire de Andy Sommer d’un instrument de musique Mantoue et Venise » et La Jeune Fille et la Mort de Schubert (2011 - 1 h 30 - Production : Bel Air Média) par Bjorn Schmelzer, directeur artistique par Jean-François Reboux Entrée libre 14 H / L’ABBOUTIQUE de Graindelavoix DÉDICACE 14 H / L’ABBOUTIQUE 15 H 30/ TEMPLE PROTESTANT – ROYAN Yoann Moulin et Pierre Gallon 14 H / L’ABBOUTIQUE DÉDICACE VISITE GUIDÉE DÉDICACE Vox Luminis / Lionel Meunier Entrée libre sur présentation du billet 15 H 30/ MUSÉE HÈBRE – ROCHEFORT David Bismuth et Geneviève Laurenceau du concert de 16 h 30. VISITE GUIDÉE 15 H 30/ FONDATION MARTELL - COGNAC Entrée libre sur présentation du billet 16 H / GALLIA CINÉMA VISITE GUIDÉE 21 H / L’ABBOUTIQUE du concert de 16 h 30. PROJECTION Entrée libre sur présentation du billet DÉDICACE Mahler, un film biographique de Ken Russell du concert de 16 h 30. Adam Laloum 18 H / SOUS LA VOILE avec Robert Powell, Georgina Hale, En partenariat avec la Fondation Martell. PLATEAU RADIO PAR LES APPRENTIS Lee Montague JOURNALISTES (1974 – 1 h 55 - VOSTF) 16 H / GALLIA CINÉMA Entrée libre PROJECTION Mahler, un film biographique de Ken Russell avec Robert Powell, Georgina Hale, Lee Montague (1974 – 1 h 55 - VOSTF) Entrée libre

18 H / SOUS LA VOILE PLATEAU RADIO PAR LES APPRENTIS JOURNALISTES

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SAMEDI 20 JUILLET

10 H 30 / AUDITORIUM CONCERT DE FIN DE STAGE CHANT CHORAL Chœur d’enfants et d’adolescents Direction Sandrine Abello et François-Xavier Kernin Accompagnement Guillaume Corti et Sabine Labussière MAHLER AU FESTIVAL 12 H / AUDITORIUM CONCERT DE FIN DE STAGE CHANT CHORAL Cet été, nous vous emmenons à la découverte du compositeur Chœur d’enfants et d’adolescents Gustav Mahler autour de plusieurs propositions : Direction Sandrine Abello et François-Xavier Kernin Conférence « mise en oreilles » Accompagnement piano Guillaume Corti Dimanche 14 juillet / 11 h / Salle Françoise de Foix et Sabine Labussière Autour du Chant de la Terre (relecture du chef d’œuvre de Gustav Mahler par Schönberg) par Benjamin Garzia - chef d’orchestre et chercheur associé à la Médiathèque Musicale 16 H 30 / GALIA THÉÂTRE Mahler et Thomas Vernet, musicologue CONCERT FAMILLE Durée : 45 minutes Don Quichotte « J’étoilerai le vent qui passe… » d'après l'opéra de Massenet Exposition tout au long de l’été / Salle Capitulaire et Paliers avec les participants du Stage Opéra L’exposition monographique « G. Mahler : Mon temps viendra… » Tarifs : de 1 à 17 € retrace la vie et l’œuvre de Gustav Mahler, de l’enfance aux créations posthumes. Portraits photographiques, lettres 18 H / SOUS LA VOILE manuscrites, autographes musicaux, affiches de concerts PLATEAU RADIO PAR LES APPRENTIS et des premières exécutions… découvrez les archives JOURNALISTES de la Médiathèque Musicale Mahler. Tarif : 8 € – droit d’accès Musicaventure

Projection Lundi 15 juillet / 16 h / Gallia Cinéma Mercredi 17 juillet / 14 h / Gallia Cinéma Mahler, autopsie d’un génie, un documentaire de Andy Sommer (2011 - 1 h 30 - Production : Bel Air Média)

Mardi 16 juillet / 16 h / Gallia Cinéma Vendredi 19 juillet / 16 h / Gallia Cinéma Mahler, un film biographique de Ken Russell avec Robert Powell, Georgina Hale, Lee Montague (1974 – 1 h 55 - VOSTF)

En partenariat avec la Médiathèque Musicale Mahler et la Fondation de Royaumont.

12 TOUT / RESTE / A / FAIRE PLACE AUX JEUNES MUSICIENS ! ANIMA (EX)MUSICA BESTIAIRE UTOPIQUE

Cette année deux jeunes quatuors vous [9] LUNDI 15 JUILLET DU 7 NOVEMBRE AU 6 JANVIER 2019 emmènent à la découverte de la Région ! 16 H 30 / ABBAYE ROYALE DE SAINT-JEAN- EXPOSITION EXCEPTIONNELLE À L'ABBAYE AUX DAMES Ces concerts « hors-les-murs » sont D’ANGÉLY précédés d’une visite guidée sur Quatuor à cordes Guermantes présentation de votre billet de concert. Joseph Haydn : quatuor opus 20 n°1 Laissez-vous surprendre ! en mi bémol majeur, Hob.III : 31 Joseph Martin Kraus : quatuor opus 1 n°6 L’abbaye va à la rencontre de nouveaux en sol majeur VB 187 publics avec des suggestions Wolfgang Amadeus Mozart : Divertimento de participations adaptées. Ainsi les jeunes en fa majeur K. 138 ensembles donnent aussi des concerts à la maison d’arrêt de Saintes et dans une [13] MARDI 16 JUILLET maison d’accueil du territoire pour adultes 16 H 30 / FONDATION MARTELL – COGNAC en situation de handicap…). C’est cette Quatuor à cordes Guermantes diversité d’approches que privilégie Joseph Haydn : quatuor opus 20 n°1 l’Abbaye aux Dames. en mi bémol majeur, Hob.III : 31 Joseph Martin Kraus : quatuor opus 1 n°6 Le Club de l’Abbaye soutient les concerts en sol majeur VB 187 Place aux Jeunes Musiciens. Wolfgang Amadeus Mozart : Divertimento LE COLLECTIF TOUT RESTE À FAIRE ARRIVE À L'ABBAYE AUX DAMES, LA CITÉ MUSICALE en fa majeur K. 138 La Caisse des Dépôts soutient les concerts POUR UNE EXPOSITION DU 7 NOVEMBRE AU 6 JANVIER 2019 Place aux Jeunes Musiciens. ET UNE PERFORMANCE DU 23 AU 30 NOVEMBRE. [17] MERCREDI 17 JUILLET Le principe : à partir d’instruments de musique, construire un nouvel insecte qui sera à terme mobile 16 H 30 / TEMPLE PROTESTANT – ROYAN et sonore. Pour cette résidence, les artistes recherchent des instruments de musique hors d'usage ! Quatuor à vents Academia de los Afectos Nous avons besoin de vous afin de récolter cette matière première Gioacchino Rossini : quatuor à vents n°4 (collecte du 1er octobre au 7 novembre). (arrangé par F.Berr) Merci de prendre contact avec Nathanaëlle Jean Eugène Walckiers : quatuor à vents à [email protected] opus 48 n°4

[21] JEUDI 18 JUILLET 16 H 30 / MUSÉE HÈBRE – ROCHEFORT Quatuor à vents Academia de los Afectos Gioacchino Rossini : quatuor à vents n°4 (arrangé par F.Berr) Eugène Walckiers : quatuor à vents opus 48 n°4

14 Vendredi 12 juillet Vendredi 12 juillet Vendredi 12 juillet

21 H 30 / ABBAYE AUX DAMES

LES POLYPHONIES MONUMENTALES D’ORAZIO BENEVOLO Le Concert Spirituel

Direction Hervé Niquet

Chœur 1 Procession : Aeterna Christi numera GIROLAMO FRESCOBALDI Chœur 5 Hervé Niquet, chef principal Pierre Boudeville, chef de chœur (1583-1643) Marie-Pierre Wattiez, soprano Danaé Monnie, soprano CLAUDIO MONTEVERDI Offertoire Alice Habellion, alto Lucia Nigohossian, alto Randol Rodriguez, ténor Benoît Porcherot, ténor (1567-1643) Canzon Vigesimanona à 8 (instr.) Igor Bouin, basse Benoît Descamps, basse Cantate Domino Sophie Rebreyend, Philippe Glenton Gawain, cornet-cantus ORAZIO BENEVOLO Canguilhem, Isaure Lavergne, Arnaud Bretecher, Stéphane Muller, ORAZIO BENEVOLO Sanctus Krzysztof Lewandowski, dulciane Franck Poitrineau, saqueboute (1605-1672) François Saint-Yves, orgue Benedictus (plain Chant) Chœur 6 Messe Si Deus pro nobis Chœur 2 Manuel Simonnet, chef de chœur Kyrie ORAZIO BENEVOLO Pierre-Louis De Laporte, chef de chœur Julia Gaudin, soprano Aude Fenoy, soprano Marie Favier, alto Regna Terrae Raphaël Mas, alto Edmond Hurtrait, ténor GIOVANNI DA PALESTRINA Pascal Richardin, ténor Jérémie Arcache, basse (1525-1594) GIOVANNI DA PALESTRINA Sydney Fierro, basse Marion Mallevaes, contrebasse Beata es, Virgo Maria (instrumental) Franck Ratajczyk, contrebasse Méditation : Peccavimus Chœur 7 (Instrumental) Chœur 3 Simon Heberle, chef de chœur ORAZIO BENEVOLO Ivan Yohan, chef de chœur Gwenaëlle Clemino, soprano Alice Glaie, soprano Gloria ORAZIO BENEVOLO Christophe Baska, alto Pauline Leroy, alto Martin Candela, ténor Graduel : Et ne averta faciem tuam a Agnus Dei Gauthier Fenoy, ténor François Heraud, basse puero tuo (plain chant) Renaud Bres, basse Jean-Miguel Artistizabal, orgue Elisabeth Geiger, régale GIOVANNI DA PALESTRINA ORAZIO BENEVOLO Chœur 8 Prière : Pater Noster à 5 voix Chœur 4 Rémi Aguirre Zubiri, chef de chœur Credo Guillaume Rault, chef de chœur Armelle Marq, soprano Violaine Lechenadec, soprano Julien Freymuth, alto Sortie Damien Ferrante, alto Pierre Perny, ténor Lancelot Lamotte, ténor Rigoberto Marin Polop, basse ORAZIO BENEVOLO Renaud Bres, basse Alain Gervreau, violoncelle Tormod Dalen, violoncelle Concert capté en son binaural Magnificat à 16 voix dans le cadre de Musicaventure.

18 19 Vendredi 12 juillet Vendredi 12 juillet

Après le succès de la Messe à 40 voix de Depuis lors, il n’a eu de cesse de faire « Ce programme est le résultat de deux ren- Hervé Niquet tient à remercier pour leur Striggio, Hervé Niquet parie de nouveau sur connaître cet auteur, dont les trésors méri- contres. Tout d’abord Jean Lionnet : chercheur aide précieuse Elisabeth Geiger et Philippe la curiosité du public et poursuit, pour les 30 taient bien une résurrection. au Centre de musique baroque de Versailles, Canguilhem sans qui ce projet n’aurait pas ans du Concert Spirituel, sa conquête des Jean me confia il y a 30 ans plusieurs parti- pu voir le jour, ainsi qu’à titre posthume Jean sommets oubliés de la polyphonie. Spécificité du concert tions copiées de sa main lorsqu’il passait des Lionnet pour les transcriptions de Benevolo. Les sonorités envoûtantes et luxueuses de La spatialisation des artistes, menés chacun heures (à la Bibliothèque du Vatican) à trans- La partition du Magnificat à 16 voix d’Orazio 8 chœurs de 4 chanteurs, accompagnés par un chef de chœur, dispersés dans l’édi- crire de sa plume des manuscrits interdits Benevolo trouvée à la Bibliothèque de Trente par quinze continuistes vous transporte- fice est une configuration qu’Hervé Niquet a de sortie. Il y a une cinquantaine d’années, a été transmise à Philippe Canguilhem par ront jusqu’en Italie, le temps d’un concert, conçue en fonction de chaque lieu et de ses aucune des technologies de « copie douce » Marco Giuliani. à la découverte d’inédits de Frescobaldi, particularités acoustiques et architecturales n’existaient. Monteverdi et Benevolo, le pilier central de - faisant revivre ainsi une célèbre description Dans ces quelques 300 pages qu’il me confia, ce programme. dûe à un musicien français, violiste de Louis Ugolini, Benevolo et Lorenzani étaient en De père (pâtissier) bourguignon émigré à XIII, qui fait rêver depuis des siècles les ama- bonne place. Ces trois compositeurs étaient Rome, Orazio Benevolo fut l’un des plus teurs de musique chorale : passés par Saint-Louis-des-Français, la grands génies de la polychoralité, un com- « En une église longue et spacieuse, l’on avait paroisse des Français résidant à Rome. Et positeur prolixe, probablement auteur de mis 2 chœurs de musique. Le long de la nef, c’est à la lecture de ce kilo de partitions que l’opus le plus important de tous les compo- il y avait 8 autres chœurs, 4 d’un côté, 4 de la rencontre avec Benevolo fut un choc ! siteurs italiens. l’autre, élevés sur des échafauds, éloignés On peut imaginer que ces messes et motets Jeune garçon, il intégra la Maîtrise de Saint- de pareille distance les uns des autres, et se à 8, 16, 24 voix n’étaient qu’une démonstra- Louis des Français, et par la suite, organisa regardant tous. À chaque chœur il y avait un tion de décibels grandiloquents pour attirer tout au long de sa vie des cérémonies et litur- orgue portatif. Le maître compositeur battait les fidèles et garnir les bancs de la paroisse. gies représentant le faste de l’Art Français la principale mesure dans le premier chœur. De l’intérieur, chaque chanteur doit défendre à Rome. Il eut l’honneur de finir sa carrière À chacun des autres, il y avait un homme qui sa partie certes complexe mais, ô bonheur, comme maître de chapelle au Vatican. jetait les yeux sur cette mesure primitive, afin toujours très vocale et jubilatoire. Et l’on Hervé Niquet a découvert cet extraordinaire d’y conformer la sienne, de sorte que tous assiste subitement à un déferlement de compositeur grâce à Jean Lionnet, qui, avant les chœurs chantaient d’une même mesure. sensualité et de suavité. La complexité et d’être musicologue au Centre de Musique Le contrepoint de la musique était figuré, la science sont oubliées pour faire place à Baroque de Versailles, avait été ingénieur du rempli de beaux chants, et de quantité une générosité immense. Ce Benevolo m’a son pour le cinéaste Federico Fellini. Pendant d’agréables récits. Tantôt deux chœurs se fait le même effet qu’un français bien connu, des années Jean Lionnet eut ainsi l’accès au battaient l’un contre l’autre, puis deux autres Marc-Antoine Charpentier, sans le côté pré- Fonds musical du Vatican, duquel on ne pou- répondaient. (…) Une autre fois, ils chantaient cieusement puissant, si parisien ! Je n’ai eu de vait faire sortir aucun document. Il copia, à la trois, quatre, cinq chœurs ensemble, puis cesse, après un disque de motets à 2 chœurs main, des années durant, partie après partie, une, deux trois, quatre et cinq voix seules, enregistré il y a 20 ans, de pouvoir montrer l’œuvre de nombreux compositeurs italiens et au Gloria Patri, tous les 10 chœurs chan- que Benevolo est un de ces grands génies tombés dans l’oubli… dont celle de Benevolo, taient ensemble. Véritablement j’entendis italiens oubliés. Eh bien voilà le rêve est réa- qui était alors complètement inconnu. Voici de parfaitement beaux chants, des variétés lisé avec une équipe de musiciens galvanisés plus de 20 ans, Hervé Niquet se vit confier très recherchées, de très-agréables et dif- par une musique nous dépassant totalement. certaines partitions, et immédiatement pas- férents mouvements et des inventions très Merci Jean Lionnet et Orazio Benevolo. » sionné par ce qu’il découvrit, il fit le pari excellentes, J’avoue que je n’eus jamais un Hervé Niquet d’enregistrer, avec son Concert Spirituel, la tel ravissement. » (Lettre d’André MAUGARS, Missa Azzolina de Benevolo. violiste de Louis XIII, 1639)

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Procession Kyrie Aeterna Christi munera Kyrie eleison Seigneur, aie pitié, Æterna Christi munera Des dons, Christ, tu viens d’impartir, Christe eleison Christ, aie pitié, Et Martyrum victorias Pour leurs victoires, aux martyrs. Kyrie eleison Seigneur, aie pitié Laudes ferentes debitas Nous chantons leurs louanges dues, Lætis canamus mentibus. Intelligemment, assidus. Beata es, Virgo Maria (instrumental) Ecclesiarum principes, Princes de l’Église ici-bas, Belli triumphales duces, Ducs triomphants dans le combat, Cælestis aulæ milites Soldats du ciel, mis en péril, Gloria Et vera mundi lumina. Lumière du monde sont-ils. Gloria in excelsis Deo : Gloire soit rendue à Dieu dans les hauteurs, Et in terra pax hominibus Et sur terre paix soit donnée aux hommes Terrore victo sæculi La terreur du monde, ils ont vaincu ; Bonae voluntatis. De bonne volonté. Pœnisque spretis corporis La douleur, ils l’ont vécue ; Laudamus te. Benedicimus te. Nous te louons. Nous te bénissons. Mortis sacræ compendio Étant trépassés saintement, Adoramus te. Glorificamus te. Nous t’adorons. Nous te glorifions. Lucem beatam possident. En lumière ils sont maintenant. Gratias agimus tibi propter Nous sommes pleins de reconnaissance Magnam gloriam tuam. Pour ta grande gloire. Traduntur igni martyres Les martyrs furent dévorés Domine Deus, Rex caelestis, Seigneur Dieu, Roi du ciel, Et bestiarum dentibus, Des bêtes ou flammes dorées ; Deus Pater omnipotens. Dieu Père tout-puissant. Armata sævit ungulis Le bourreau, feulant comme un loup, Domine Fili unigenite, Seigneur Fils unique, Tortoris insani manus. Les a percés avec des clous. Jesu Christe, Domine Deus, Jésus-Christ, Seigneur Dieu, Agnus Dei, Filius Patris. Agneau de Dieu, Fils du Père. Nudata pendent viscera, Leurs membres pendent au dehors ; Qui tollis peccata mundi, Toi qui enlèves les péchés du monde, Sanguis sacratus funditur, Leur sang sur le sol jaillit fort ; Miserere nobis. Prends pitié de nous. Sed permanent immobiles. Mais par ta grâce ils restent droits, Qui tollis peccata mundi, Toi qui enlèves les péchés du monde, Vitæ perennis gratia. Dans la vie éternelle en toi. Suscipe deprecationem nostram. Reçois notre prière. Qui sedes ad dexteram Patris, Toi qui sièges à la droite du Père, Devota sanctorum fides, La foi des saints n’a pas lâché ; Miserere nobis. Prends pitié de nous. Invicta spes credentium, L’espoir des croyants n’est gâché ; Quoniam tu solus Sanctus, Car toi seul es Saint, Perfecta Christi caritas Leur amour pour toi, sans déclin, Tu solus Dominus, Toi seul es le Seigneur, Mundi triumphat principem. A bien triomphé du malin. Tu solus altissimus, Jesu Christe, Toi seul es le Très-Haut, Jésus-Christ, Cum Sancto Spiritu, in gloria Dei Patris. Uni avec l’Esprit Saint, dans la gloire de Dieu le Père. In his paterna gloria, En eux le Père se réjouit ; Amen. Amen. In his voluntas spiritus, En eux la force de l’Esprit ; Exsultat in his filius. Ô Christ, tu prends plaisir en eux, Cælum repletur gaudio. Et tous les cieux en sont heureux. Graduel Plain chant Et ne avertas faciem tuam a puero tuo, Ne détournez pas votre visage de votre serviteur : Te nunc, redemptor, quæsumus, Donc, Rédempteur, notre désir quoniam tribulor, velociter exaudi me je suis en proie aux angoisses, hâtez-vous de me secourir. Ut martyrum consortio Est d’être consorts des martyrs, Iungas precantes servulos Nous, tes serviteurs, invités, In sempiterna sæcula. Pour les siècles d’éternité. Amen. Credo Credo in unum Deum, Je crois en un seul Dieu, Patrem omnipotentem, Père tout-puissant, Cantate Domino Factorem caeli et terrae, Créateur du ciel et de la terre, Cantate Domino canticum novum, Chantez au Seigneur un nouveau cantique, Visibilium omnium et invisibilium ; Du monde visible et de l’invisible ; Cantate et benedicite nomini ejus : Chantez et bénissez son nom, Et in unum Dominum, Jesum Christum, Et en un seul Seigneur, Jésus-Christ, Quia mirabilia fecit. Parce qu’il a fait des prodiges. Filium Dei unigenitum, Fils unique de Dieu, Cantate et exultate et psallite Chantez avec joie, Et ex Patre natum Né du Père in cythara et voce psalmi : Chantez sur la harpe Ante omnia saecula, Avant le commencement des siècles, Quia mirabilia fecit. Des cantiques au Seigneur. Deum de Deo, lumen de lumine, Dieu issu de Dieu, lumière issue de la lumière, Deum verum de Deo vero, Vrai Dieu issu du vrai Dieu,

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Genitum non factum, Engendré et non créé, Regna Terrae Consubstantialem Patri, De même nature que le Père, Regna terrae, cantate Deo, psallite Domino Royaumes de la terre, chantez les louanges de Dieu ; Per quem omnia facta sunt, Par qui tout a été fait, Psallite Deo nostro Faites retentir des cantiques à la Qui propter nos homines Pour nous les hommes Qui ascendit super caelum Gloire du Seigneur : chantez en l’honneur de Dieu, Et propter nostram salutem Et pour notre salut Ad orientem Qui est monté au-dessus de tous Descendit de caelis ; Il est descendu des cieux ; Quia magnificata sunt Les cieux vers l’Orient. Et incarnatus est Il s’incarna ejus Car ses œuvres sont magnifiques De Spiritu Sancto Par l’Esprit saint Et in voluntate ejus universa sunt posita. Et dans sa volonté repose tout l’univers. Ex Maria virgine, En la Vierge Marie, Alleluia Alléluia Et homo factus est. Et il s’est fait homme Crucifixus etiam pro nobis : C’est aussi pour nous qu’il fut crucifié Sub Pontio Pilato Sous Ponce Pilate Méditation Passus et sepultus est, Qu’il souffrit et fut enseveli, Peccavimus (Instrumental) Et resurrexit tertia die Et ressuscita au troisième jour Secundum scripturas, Selon les Écritures, Et ascendit in caelum, Et il monta au ciel, Agnus Dei Sedet ad dexteram Patris, Il siège à la droite du Père, Agnus Dei, qui tollis peccata mundi : Agneau de Dieu qui enlèves les péchés du monde, Et iterum venturus est cum gloria Il doit revenir dans la gloire Miserere nobis. Prends pitié de nous. Iudicare vivos et mortuos, Pour juger les vivants et les morts, Cuius regni non erit finis ; Et son règne n’aura pas de fin ; Et in Spiritum Sanctum, Et je crois en l’Esprit saint, Prière Dominum et vivificantem, Seigneur et vivificateur, Pater Noster Qui ex Patre Filioque procedit, Qui procède du Père et du Fils, Pater noster, qui es in caelis Notre Père qui es aux cieux Qui cum Patre et Filio Et avec le Père et le Fils Sanctificetur nomen tuum Que ton nom soit sanctifié Simul adoratur et conglorificatur, Il est également adoré et glorifié, Adveniat regnum tuum Que ton règne vienne, Qui locutus est per prophetas ; Il a parlé par les prophètes ; Fiat voluntas tua Que ta volonté soit faite Et in unam sanctam catholicam Et je crois en une Église une, sainte, Sicut in caelo et in terra. Sur la terre comme au ciel. Et apostolicam Ecclesiam. Catholique et apostolique. Confiteor unum baptisma Je reconnais un seul baptême Panem nostrum quotidianum Donne-nous aujourd’hui In remissionem peccatorum ; Pour le pardon des péchés ; Da nobis hodie Notre pain de ce jour, Et expecto resurrectionem mortuorum Et j’attends la résurrection des morts Et dimitte nobis debita nostra Pardonne-nous nos offenses Et vitam venturi saeculi. Et la vie du monde à venir. Sicut et nos dimittimus Comme nous pardonnons aussi Amen. Amen. Debitoribus nostris À ceux qui nous ont offensés Et ne nos inducas in tentationem Et ne nous soumets pas à la tentation Sed libera nos a malo. Mais délivre-nous du mal. Offertoire Canzone (instrumental) Amen. Amen

Sanctus Sanctus, sanctus, sanctus, Saint, Saint, Saint, Sortie Dominus Deus Sabaoth, Est le Seigneur, Dieu des puissances célestes, Magnificat Pleni sunt caeli et terra gloria tua. Les cieux et la terre sont pleins de ta gloire. Magnificat anima mea Dominum, Mon âme glorifie le Seigneur. Osanna in excelsis. Hosanna au plus haut des cieux ! Et exultavit spiritus meus in Deo salutari meo. Et mon esprit tressaille de joie en Dieu, mon Sauveur. Quia respexit humilitatem ancillae suae : Parce qu’Il a jeté les yeux sur l’humilité de sa servante Ecce enim ex hoc beatam Et voici que désormais Benedictus - Plain Chant Me dicent omnes generationes. Toutes les générations me diront bienheureuse Benedictus qui venit in nomine Domini Quia fecit mihi magna qui potens est : Parce qu’il a réalisé pour moi de grandes choses, Benedictus qui venit in nomine Domini Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur Et sanctum nomen ejus. Lui qui est puissant et son nom est saint. Et misericordia ejus a progenie in progenies Et sa miséricorde s’étend de génération en génération timentibus eum. sur ceux qui le craignent. Fecit potentiam in brachio suo : Il déploie la force de son bras,

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dispersit superbos mente cordis sui. Il détruit les orgueilleux remplis d’eux-mêmes. Deposuit potentes de sede, Il renverse de leur trône les potentats Et exaltavit humiles. Et exalte les humbles. Esurientes implevit bonis : Il comble de biens les affamés Et divites dimisit inanes. Et renvoie à jeun les opulents. Suscepit Israel puerum suum, recordatus Il prend sous sa garde Israël, son serviteur, misericordiae suae Il se souvient de sa miséricorde selon qu’il l’avait Sicut locutus est ad patres nostros, Promise à nos pères, Abraham et semini ejus in saecula. À Abraham et à sa postérité, pour jamais. Gloria Patri et Filio et Spiritui Sancto, Gloire au Père, au Fils, au Saint-Esprit, Sicut erat in principio Comme il était au commencement, Et nunc et semper Et maintenant et pour toujours, Et in saecula saeculorum. Et pour les siècles des siècles. Amen. Amen.

STAGE JOURNALISME

Dans le cadre du Festival de Saintes, nous organisons un stage de journalisme, encadré par les professionnels du collectif Chronos & Kairos. Ce stage réunit une quinzaine de jeunes âgés de 14 à 22 ans, à l’abbaye pendant 9 jours : entre plateaux radios en direct, réalisation de vidéo reportage, et articles de presse, les jeunes sont guidés et vont à la rencontre des différents acteurs du festival. Découvrez leur travail sur blog.abbayeauxdames.org et retrouvez-les sous la voile le 16 juillet à 18h pour un plateau radio exceptionnel avec le Jeune Orchestre de l’Abbaye ! Soyez attentif, vous pourriez bien être le prochain interviewé !

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12 H 30 / ABBAYE AUX DAMES

JOHANN SEBASTIAN BACH BENJAMIN BRITTEN Pour la fin avril 1976, Mstislav Rostropovitch d’efforts sur la fin de sa vie ; sa musique res- (1685-1750) (1913-1976) passe à douze compositeurs (parmi les- pire pourtant aisance et vitalité, et ses Suites quels Luciano Berio, Henri Dutilleux, Witold constituent indubitablement l’un des piliers Suite n°1 BWV 1007 Tema Sacher (1976) Lutoslawski, Pierre Boulez…) une commande du répertoire soliste de l’instrument – dans Prélude simultanée et exceptionnelle : en l’honneur la troisième, que l’on dit la plus passionnée, Allemande des soixante-dix ans du très influent chef se décèle la diversité des influences reçues, Courante Suite n°3 opus 87 d’orchestre suisse Paul Sacher (1906-1999), comme celle de Tchaïkovski, à travers la cita- chacun devra composer une œuvre pour vio- tion de quatre thèmes populaires russes par Sarabande Introduzione : lento Marcia : allegro loncelle sur la base des notes qui forment lui adaptés. Lorsqu’il entame l’écriture de Menuet I et II son patronyme : S-A-C-H-E-R, soit mi bémol, ses propres Suites, dans les années 1720, Canto : con moto Gigue la, do, si, mi, ré. En ce dernier c’est l’occa- Bach, lui, ouvre un sentier quasi inexploré : Barcarola : lento sion de célébrer le grand mécène, qui œuvra composer pour cet instrument – certes en Dialogo : allegretto non seulement pour la musique contempo- vogue mais encore relativement secondaire, Suite n°3 BWV 1009 Fuga : andante espressivo raine, à travers les nombreuses commandes le plus souvent cantonné à la basse conti- Prélude Recitativo : fantastico et créations qu’il suscita, mais aussi l’amou- nue – une œuvre soliste d’envergure relève Allemande Moto perpetuo : presto reux de musique ancienne : à la tête d’une du défi le plus stimulant. Comment, à par- Courante Passacaglia : lento solenne grande fortune industrielle, Paul Sacher tir d’une technique monodique, donner à fonda, entre autres, la désormais fameuse entendre la polyphonie la plus complexe ? Sarabande Schola Cantorum Basiliensis, institut bâlois de La réponse sera une démonstration littéra- Bourrée I et II Ophélie Gaillard, violoncelle recherche et d’enseignement. Pour Benjamin lement magistrale, les difficultés techniques, Gigue Britten, ce sera l’une des ultimes pages, l’une la profondeur expressive et même la durée des plus brèves aussi, et dont l’intensité dra- d’exécution augmentant au fur et à mesure du matique illustre bien la dernière période cycle. Ainsi la première et la troisième Suites créatrice – il mourra en décembre de la même forment (avec la deuxième et la quatrième) année. Bien que ses œuvres lyriques soient de un premier ensemble, unifié par la récurrence loin les mieux connues (Billy Budd, The Turn d’une structure formelle stable : la succes- of the Screw, Peter Grimes…), Britten poursuit sion des mouvements habituels (allemande, l’édification d’un catalogue chambriste dès courante, sarabande, gigue) précédés d’un ses premières années de composition, comme prélude et complétés d’un mouvement sup- en atteste un premier quatuor à cordes dès plémentaire, menuets ou bourrées. À chaque 1928. Mais c’est sa rencontre amicale avec suite cependant son identité propre, consti- Rostropovitch, en 1960, lors d’un concert tuée par la tonalité qu’ont en partage tous donné par Dimitri Chostakovitch à Londres, ses mouvements. qui lui inspirera l’écriture de trois Suites pour Laure-Hélène Dufournier violoncelle, entre 1964 et 1971. Être le « qua- trième B » de l’histoire de la musique, aux côtés de Bach, Beethoven et Brahms : telle était pour lui la modeste ambition de sa mère ! Il est probable que Benjamin Britten ait envi- sagé d’imiter son fameux prédécesseur dans le genre par un cycle de six suites – mais le temps lui manqua pour l’accomplir : la com- position, disait-il, lui coûtait de plus en plus

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16 H 30 / ABBAYE AUX DAMES

WOLFGANG AMADEUS MOZART Quand Mozart (1756-1791) se lance dans la le compositeur. Donnée en première audition e (1756-1791) composition de sa 34 Symphonie, en 1780, à Vienne le 3 avril 1781, elle sera sa dernière il traverse une période difficile de son exis- œuvre composée à Salzbourg : il va enfin se Symphonie n°34 en ut majeur K338 tence : le Prince-Archevêque Colloredo le libérer du joug de Colloredo et partir vivre Allegro vivace, traite chaque jour avec plus de mépris, de sa musique sans « protecteur » officiel. Andante di molto (più tosto allegretto) comme s’il n’était qu’un simple domestique. Quinze ans plus tard, Mozart s’est déjà éteint. Finale : Allegro vivace Ce manque de reconnaissance a des consé- Son modèle, Joseph Haydn, continue quant quences à la fois sur sa production artistique à lui à composer chef-d’œuvre sur chef- (1780 est l’une des années où il compose d’œuvre. En cette année 1795, il effectue le moins) mais aussi sur sa vie de famille… son deuxième voyage à Londres, où il s’est JOSEF HAYDN C’est la commande d’un nouvel opéra par la déjà fait acclamer quelques années plus tôt. (1732-1809) cour de Munich (ce sera Idomeneo) qui lui Il offre au public de la capitale anglaise une ouvre enfin l’horizon et libère sa veine créa- série de douze nouvelles symphonies, dont Symphonie n°104 Londres trice. Cette Symphonie n°34 est tout entière cette Symphonie n°104 est la toute dernière. en ré majeur Hob.I :104 tournée vers l’avenir : musique audacieuse, Composée en quatre mouvements, elle com- Adagio - Allegro pleine d’énergie, de contrastes, elle tourne mence par quelques mesures introductives Andante la page des deux symphonies précédentes lentes, un majestueux Adagio qui semble Menuetto (parmi ses moins réussies) et ouvre la voie annoncer Mendelssohn ! Quel chemin entre Allegro Spirituoso à toute la nouvelle série de cette décennie, les symphonies gracieuses de la génération toutes plus splendides les unes que les autres. précédente et ces pages déjà porteuses d’un Dès le premier mouvement, Mozart nous véritable romantisme ! Après ce formidable Jeune Orchestre de l’Abbaye surprend : la musique mêle avec brio la portique introductif, Haydn développe une majesté, la noblesse du propos, et des épi- musique tendre et chantante. Le deuxième Violon et direction Alessandro Moccia sodes très opératiques où l’auditeur sent mouvement, noté Andante, voit dialoguer une véritable action se dérouler au fil de la les cordes et le basson sur des lignes d’une musique. Sourires, inquiétudes, éclats, ces élégance ineffable. L’épisode central viendra pages sont d’une richesse et d’une diver- perturber ce tableau trop calme, introduisant sité étonnante. Ce sens de la narration – qu’il sans crier gare une scène plus tourmentée. mettra en œuvre dans toutes ses œuvres Le Menuet (troisième mouvement) retrouve désormais, et pas uniquement dans ses opé- quelques éléments thématiques du premier ras – fait de lui un novateur exceptionnel. mouvement, tandis que le Finale laisse explo- Le second mouvement sera plus uniment ser sa joie et sa bonne humeur dans une rêveur, avec des effets d’une douceur tou- musique virevoltante qui puise aux sources chante. Après ces pages toutes d’émotion du folklore de l’Europe centrale ses thèmes et de sentiment retenu, le dernier mouve- mélodiques. Cette œuvre fut créée au King’s ment crée un contraste saisissant : pages Theatre de Londres le 4 mai 1795. débridées, elles font entendre un Mozart qui Jean-Jacques Groleau a enfin retrouvé goût à la vie et en profite pleinement. Musique brillante, nerveuse, bon- dissante, recelant quelques thèmes parmi les plus ingénieux et séduisants que l’on puisse Votre soutien est précieux pour le JOA ! Participez à l’achat d’une contrebasse du XIXe siècle imaginer, elle clôt avec fougue cette œuvre en faisant un don : remplissez le bulletin de don mis à votre disposition à l’Abboutique charnière, qui inaugure une ère nouvelle pour et découvrez vos avantages.

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19 H 30 / ABBAYE AUX DAMES

GROUNDS, UN BIG BAND BAROQUE

Chantal Santon-Jeffery , soprano Passamezzo Antico (instrumental) Tarantella napoletana (instrumental) L’Achéron CLAUDIO MONTEVERDI SIGISMONDO D’INDIA Marie Rouquié, violon (1567-1643) (1582-1629) Sarah van Oudenhove, basse de viole Lambert Colson, cornet à bouquin Si dolce e’l tormento Piangono al pianger mio Johanne Maitre, flûte à bec (Romanesca) et hautbois CIPRIANO DE RORE Rémi Lécorché, trombone (1515-1565) JEHAN CHARDAVOINE Krisztof Lewandowski, doulciane (1538-1580) Marie-Domitille Murez, harpe Anchor que col partire Miguel Henry, archiluth et cistre Une jeune fillette (La Monica) Philippe Grisvard, clavecin Yoann Moulin, orgue Bergamasca (instrumental) Pere Olivé, percussions Folies d’Espagne (instrumental) CLAUDIO MONTEVERDI Ténor de viole et direction PIERRE SANDRIN François Joubert-Caillet Lamento della Ninfa (1490-1561)

Doulce Memoire Spagnoletta (instrumental) Gaillarda napoletana (instrumental) EMILIO DE’ CAVALIERI (1550-1602) SIGISMONDO D’INDIA

O che nuovo miracolo (Aria di Vostro fui, vostro son Firenze, Ballo del Gran Duca) (Ruggiero di Napoli)

PAUSE CLAUDIO MONTEVERDI

Zefiro torna (Ciaconna)

Clavecin italien Giusti Titus prêté par le Pôle Aliénor.

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L’improvisation est un pilier de la musique. L’improvisation est ainsi partagée en deux Depuis toujours, celle-ci a été l’un des fon- pratiques : l’improvisation ex tempore sur dements principaux de l’expression musicale, une pièce de forme libre (Ricercar, Fantaisie, le moyen naturel par lequel l’Homme a pu Prélude, etc.) ou se basant sur une forme révéler directement le fond de son cœur, (danses, fugue), une basse obstinée (nom- comme le verbe sa pensée. Malgré le déve- mée ground en Angleterre), un madrigal ou un loppement de la musique écrite ces derniers cantus firmus. Un répertoire parallèle a ainsi siècles, le processus créatif des musiques prospéré pendant cette période, un foison- dites « savantes » du XVIe siècle à la fin du nement d’inventions fugaces et passagères XIXe siècle n’a pas exclu l’improvisation, bien dont peu de témoignages écrits ont survécu au contraire, celle-ci demeura l’outil même et qui n’auront charmé que les oreilles des de l’expression originale, le moyen quasiment heureux présents. Des standards sont ainsi incontournable par lequel les compositeurs apparus, des airs et des basses devenus si ont pu faire naître instinctivement mélo- connus qu’ils étaient joués partout en Europe dies, harmonies et autres inventions mises par des musiciens laissant libre cours à leur ensuite sur papier. L’improvisation, impo- imagination en improvisant avec virtuosité et sant un ancrage aiguisé dans le présent, met génie. Cette pratique témoignait alors d’une le mental au service des sens et sublime les des plus hautes excellences musicales et était limites de l’esprit, il permet au musicien de prisée par tous les musiciens, de profession dépasser ce qu’il conçoit pour atteindre ce comme de récréation. qu’il ne sait pas encore de la musique et de L’improvisation ancienne est pourtant rare- lui-même. ment entendue en concert aujourd’hui, On connaît la réputation du Kantor de Leipzig celle-ci restant encore un territoire sur lequel en la matière, celle d’un Joseph Haydn est on s’aventure peu malgré ce répertoire infini : moins notoire alors qu’il aurait passé plu- pour célébrer les 10 ans de L’Achéron, ce sieurs heures à improviser quotidiennement dernier se propose de mettre en scène un au pianoforte, pratiquant une sorte de gym- big band baroque, une équipe de musiciens nastique de la création nourrissant ainsi les représentative à l’aube du XVIIe siècle se réu- nombreuses pages qu’il composait ensuite. nissant pour improviser sur ces standards et Chopin, Brahms, etc. la liste d’illustres musi- ces grounds sur lesquels tant de composi- ciens ayant été de grands improvisateurs teurs ont écrit des œuvres célèbres autrefois est longue, et lorsqu’on se penche sur les comme aujourd’hui. répertoires renaissant et baroque, celle-ci Se concentrant sur le répertoire italien, ces devient infinie, tous les musiciens, y compris airs seront les escales d’un voyage impromptu. les anonymes n’ayant pas laissé de traces Même en respectant les codes stylistiques de écrites, improvisaient continuellement : ici cette musique, les parallélismes avec le jazz une Allemande au violon seul pour accom- sont évidents : les musiciens ont des chorus, pagner une danse, là un Passamezzo aux ils dialoguent, complices, ou se provoquent, cornets et trombones pour conduire un cor- créant des couleurs et un discours toujours tège, ici un In Nomine en consort de violes mouvants, une rhétorique instantanée. L’idée ou au virginal, etc. Du XVIe au XVIIIe siècles, du concert prend alors une tout autre allure : l’improvisation est partout, c’est l’essence chaque représentation devient unique et le naturelle du langage musical, on improvise présent, toujours plus éphémère... comme on prose. François Joubert-Caillet

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Si dolce e’l tormento Tutt’orgoglioso sta, Il en est très fier, Si dolce è’l tormento ch’in seno mi sta, Si doux est le tourment de mon cœur Che sì, che sì se’l fuggo Alors, si je montre de l’indifférence Ch’io vivo contento per cruda beltà. Que je vis comblé d’une cruelle beauté. Ancor mi pregherà ? Peut-être me suppliera-t-il encore ? Nel ciel di bellezza s’accreschi fierezza Dans le ciel de beauté la cruauté peut bien croître Se ciglio ha più sereno colei Même si ces cils sont plus calmes Et manchi pietà : che sempre qual scoglio Et la pitié manquer : tel un écueil Che’l mio non è, Que les miens, All’onda d’orgoglio mia fede sarà. Dans l’océan d’orgueil ma fidélité demeurera. Già non rinchiude in seno, Cette femme n’a pas dans le cœur, La speme fallace rivolgam’ il piè, Le fallacieux espoir peut bien me revenir Amor sì bella fè. Un amour, d’aussi belle foi. Diletto ne pace non scendano a me. Ni joie ni paix ne descendront sur moi. Ne mai sì dolci baci Il ne recevra jamais non plus E l’empia ch’adoro mi nieghi ristoro Et la cruelle que j’adore peut bien me refuser Da quella bocca havrai, D’aussi doux baisers de ces lèvres, Di buona mercè : tra doglia infinita, Un juste réconfort : ma fidélité vivra Ne più soavi. Ah taci ! Ni de plus tendres. Ah tais-toi ! Tra speme tradita vivrà la mia fè. Entre douleur infinie et espoir trahi. Taci ! Che troppo il sai. Tais-toi ! Car il en est parfaitement conscient Per foco e per gelo riposo non hò. Je ne trouve de repos ni dans le feu, ni dans le gel ; Nel porto del Cielo riposo haverò. Je connaîtrai le repos au port du Ciel Se colpo mortale con rigido strale Si une flèche acerbe m’a frappé au cœur O che nuovo miracolo Il cor m’impiagò, cangiando mia sorte D’un coup mortel je changerai mon sort O che nuovo miracolo, Ô quel nouveau miracle ! Col dardo di morte il cor sanerò. Et soignerai mon cœur avec le trait de la mort. Ecco che in Terra scendono, Voici que descendent sur terre Se fiamma d’amore già mai non sentì Si la flamme d’amour jamais sentit Celeste alto spettacolo, En un spectacle céleste, Quel riggido core ch’il cor mi rapì, Ce cœur rigide qui me déroba le cœur, Gli Dei che il Mondo accendono. Les Dieux illuminant le monde. Se nega pietate la cruda beltate La dure beauté qui enchanta l’âme Ecco Himeneo e Venere Voici Hymen et Vénus Che l’alma invaghì : ben fia che dolente, Ignore la pitié : si seulement douloureuse, Col piè la Terra hor premere. Foulant la terre de leur pied. Pentita e languente sospirimi un dì. Repentie et languissante, tu pouvais me soupirer un jour. Le quercie hor mel distillino Que les chênes distillent le miel E latte i fiumi corrino, Et que les rivières coulent de lait, D’amor l’alme sfavillino Que toutes les âmes rayonnent d’amour Anchor che col partire E gli empi vitii aborrino, Et que les impies se détournent du mal, Ancor che col partire Bien que de partir E Clio tessa l’istorie Et que Clio tisse le récit Io mi sento morire, Je me sens mourir, Di così eterne glorie. De ces gloires éternelles. Partir vorrei ogn’ hor, ogni momento : Partir j’aimerais, chaque heure, chaque instant Tant’ il piacer ch’io sento Tant de plaisir je ressens De la vita ch’acquisto nel ritorno : De la vie acquise dans le retour, Piangono al pianger mio Et cosi mill’ e mille volt’ il giorno Et ainsi mille et mille fois chaque jour, Piangono al pianger mio le fere, e i sassi Les fauves à mes pleurs par d’autres pleurs répondent, Partir da voi vorrei : Partir de vous je suis envieux A miei caldi sospir traggon sospiri. Les rocs à mes soupirs confondent leurs soupirs, Tanto son dolci gli ritorni miei. Tant mes retours sont délicieux. L’aer’ d’intorno nubiloso fassi, De nuages épais l’air se couvre à la ronde, Mosso anch’ egli à pietà de miei martiri. Et s’émeut lui aussi de trop me voir souffrir. Ovunque io volgo, ovunque giro i passi Partout, où que mon pas se pose ou se dirige, Lamento della Ninfa Par che di me si pianga, e si sospiri ; Tout semble autour de moi pleurer sur mes tourments, Amor dicea, il ciel O, Amour, dit-elle, Par che dica ciascun, mosso al mio duolo, Il semble que chacun se lamente et s’afflige : Mirando, il piè fermo. Regardant le ciel immobile. « Che fai tu qui, meschin, doglioso e solo ? » « Que fais-tu là, hélas, solitaire et dolent ? » Dove, dov’è la fè Qu’est devenue la fidélité Ch’el traditor giuro Jurée par le traître ? Miserella Malheureuse Une Jeune Fillette Fa che ritorni il mio Fais revenir mon amour Une jeune fillette de noble cœur, Amor com’ei pur fu, Comme il était, Plaisante et joliette de grand’ valeur, O tu m’ancidi, ch’io Ou tue-moi Outre son gré, on l’a rendue nonette, Non mi tormenti più. Pour que je ne souffre plus. Cela point ne lui haicte, dont vit en grand’ douleur. Miserella, ah più no, no, Malheureuse, elle ne peut plus Un soir après complie seulette estoit, Tanto gel soffrir non può. Supporter une telle indifférence. En grand mélancolie se tourmentoit, Non vo’ più ch’ei sospiri Je ne veux plus de ces soupirs Disant ainsi, douce vierge Marie Se lontan da me, S’ils ne sont éloignés de moi, Abregez moy la vie, puis que mourir je doy. No, no che i martiri Non, non car les victimes Mon pauvre cœur soupire incessamment, Più non dirammi affè. Ne peuvent plus proclamer leur fidélité. Aussi ma mort désire journellement. Perché di lui mi struggo, De m’avoir fait souffrir Qu’à mes parents ne puis mander n’escrire,

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Ma beauté fort empire, je vis en grand tourment. Vostro sui, vostro son Que ne m’a t’on donnée à mon loyal amy, Vostro fui, vostro son, e sarò vostro J’étais à vous, je suis à vous et à vous je serai, Qui tant m’a desirée aussi ay-je moy luy, Fin che vedrò quest’aria e questo cielo. Tant que je verrai ces cieux, cette voûte céleste. Toute la nuit m’y tiendroit embrassée Villi prima faran le perl’e l’ostro, Perles et pourpre commenceront à se corrompre ; Me disant sa pensée, et moy la mienne à luy. Negri et ardenti fian le nevi e’l gielo. Noire deviendra la neige et brûlant le froid glacial. A Dieu vous dy mon père, ma mère et mes parens, Che’l tempo spenga mai quest’ardor nostro Que jamais le temps ne change notre ardeur, Qui m’avez voulu faire nonnette en ce couvent, Per cangiar anni Ni parce que passent les années Ou il n’y a point de réjouissance, ò variar di pelo ; ou que blanchissent les cheveux ; Je vis en desplaisance, je n’attens que la mort. Anzi crescerà sempr’il mio bel foco, Au contraire, toujours grandira ma belle flamme La mort est fort cruelle à endurer, Quant’andrò più cangian d’etade e loco. À mesure que je changerai d’âge et de lieu. Combien qu’il faut par elle trestous passer. Encor’ est plus le grand mal que j’endure, Et la peine plus dure qu’il me faut supporter. Zefiro torna A Dieu vous dy les filles de mon pays, Zefiro torna e di soavi accenti Zéphyr est de retour ! D’accents délicieux Puis qu’en cette Abbaye me faut mourir, L’aer fa grato e’il pié discioglie a l’onde L’air est agrémenté ; déjà ses pieds agitent l’onde, En attendant de mon Dieu la sentence, E, mormoranda tra le verdi fronde, Il passe en murmurant dans les feuillages verts, Je vy en espérance d’en avoir réconfort. Fa danzar al bel suon su’l prato i fiori. Et fait danser les fleurs dans le pré à sa belle musique. Inghirlandato il crin Fillide e Clori Les cheveux parés de fleurs, Phyllis et Cloris Note temprando lor care e gioconde Chantent en accents joyeux et tout chargés d’amour ; Doulce Memoire E da monti e da valli ime e profonde Depuis les hauts sommets jusqu’aux vallées profondes Doulce mémoire en plaisir consommée, Raddoppian l’armonia gli antri canori. Les antres pleins d’échos redoublent l’harmonie. O siècle heureulx que cause tel scavoir, Sorge più vaga in ciel l’aurora, e’l sole, Voici, plus belle encore, surgir l’aurore au ciel, La fermeté de nous deux tant aymée, Sparge più luci d’or ; più puro argento Le soleil se répandre en plus de rayons d’or, Qui à nos maulx a sceut si bien pourvoir Fregia di Teti il bel ceruleo manto. Et Thétis argenter son beau manteau d’azur. Or maintenant a perdu son pouvoir, Rompant le but de ma seure espérance Servant d’exemple à tous piteux à veoir Fini le bien, le mal soudain commence. O cueur heureux, qui mect à nonchaloir La cruauté, malice et inconstance Qu’on voit souvent au féminin vouloir La méprisant ne se pourra douloir : Car la vertu croistra sa renommée, Luy despartant pour si loyal devoir Doulce mémoire en plaisir consommée.

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FELIX MENDELSSOHN FRANZ LISZT Si l’âme de l’Allemagne du XIXe siècle s’est Immense génie du piano, Franz Liszt (1811- (1809-1847) (1811-1886) incarnée dans un art, c’est assurément dans 1886) laisse lui aussi quelques beaux bouquets celui du Lied ! Après Beethoven et Schubert, de Lieder, dont certains connurent plusieurs Auf Flügeln des Gesanges opus 34 n°2 Freudvoll und Leidvoll tous les grands compositeurs à venir – et les états successifs – preuve de l’intérêt et de (arr. Eugen d'Albert) Romantiques au premier chef – trouvent là l’importance qu’il accordait à ces petits bijoux Suleika opus 34 n°4 un domaine de prédilection pour peindre si patiemment ciselés. Freudvoll und Leidvoll Bist du en quelques minutes des paysages humains (Plein de joie et de chagrin) par exemple, Der Fischerknabe absolument inouïs. très sensiblement « épuré » entre la première FANNY MENDELSSOHN Dès la fin des années 1820, Felix Mendelssohn version de 1844 / 1848 et celle de 1860, est (1805-1847) (1809-1847) et sa sœur Fanny publient leurs assurément l’une des plus belles mises en RICHARD STRAUSS premiers essais en la matière. Petit miracle musique de ce texte de Goethe si souvent Verlust opus 9 n°10 des Chansons et Mélodies opus 8 et 9, qui repris par les compositeurs de l’époque. Bist (1864-1949) voient alterner les pages de Felix et, comme du (Tu es), qui connaît le même procédé Die Nacht opus 10 n°3 ici, de Fanny, ce superbe Verlust (Perte) porte de décantation entre 1844 et 1879, est un FELIX MENDELSSOHN en germe tout le génie d’une musicienne qui pur chef-d’œuvre d’impressionnisme, avec Die Verschwiegenen opus 10 n°6 aura injustement sacrifié sa carrière à celle ses modulations qui devaient tant influencer Neue Liebe opus 19 n°4 de son frère. Les Six Lieder de l’opus 19a, Wagner ! Der Fischerknabe (L’Enfant Pêcheur) Allerseelen opus 10 n°8 composés par le seul Felix, furent publiés en fait entendre quel prodigieux narrateur Liszt Morgen opus 27 n°4 1834. Ils comportent un scherzo typique de était, passant du doux rêve de l’enfant à l’ap- JOHANNES BRAHMS l’art du jeune musicien : Neue Liebe (Nouvel pel fantastique des profondeurs du lac, qui (1833-1897) Befreit opus 39 Amour). Deux ans plus tard (1836), c’est un semblent vouloir l’engloutir comme le Roi des maître qui se fait désormais entendre : son Aulnes le fit d’un autre enfant par le passé... Immer leiser wird mein Schlummer, opus 34 comporte quelques-uns de ses Lieder Richard Strauss (1864-1949), dernier des opus 105 n°2 Kelly God, soprano les plus justement célèbres, comme le pro- romantiques exilé au siècle des modernités Liebestreu opus 3 n°1 fond et mélancolique Suleika ou encore le radicales, continue l’aventure du Lied dans Anne Le Bozec, piano miraculeux Auf Flügeln des Gesanges (Sur le sillage des grands maîtres du passé. Il faut Unbewegte laue Luft opus 57 n°8 les Ailes du chant). dire qu’il avait épousé une cantatrice, Pauline Toute sa vie durant, Johannes Brahms (1833- de Ahna... Son miraculeux recueil de jeunesse Vergebliches Ständchen opus 84 n°4 1897) fera du Lied son jardin secret. Entre les des Huit Lieder opus 10 (1885) comporte Six Chants opus 3 de 1854, dont Liebestreu les post-schumanniens Die Nacht (La Nuit), (Fidélité amoureuse) porte déjà toute la pâte Allerseelen (Toussaint) et Die Verschwiegenen sonore et émotionnelle, et Immer leiser wird (Les Discrets), tour à tour rêveurs et amusés. mein Schlummer (Mon Sommeil se fait de Morgen (Demain), chef-d’œuvre de l’opus 27 plus en plus léger) de 1886, c’est un compo- (1894), cadeau de noces à Pauline, justement, siteur tout de mélancolie et d’introspection est l’une des plus absolues réussites de tout qui se donne ici à entendre, comme d’ail- son catalogue, tandis que le poignant Befreit leurs avec le miraculeux Unbewegte laue Luft (Libéré), composé à la toute fin du XIXe siècle (Immobile et tiède est l’air) de 1871. Seule la (1898), semble dire adieu à un monde où le Vergebliches Ständchen (Sérénade inutile), lyrisme et l’émotion n’avaient pas encore tirée des Romances et Chansons opus 84 honte de s’exprimer... (1886), apportera ce ton joyeux et cette légè- Jean-Jacques Groleau reté dont Brahms était aussi capable !

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Auf Flügeln des Gesanges Und so kannst du weiter ziehen ! Et ainsi tu peux aller ton chemin ! Auf Flügeln des Gesanges, Sur les ailes de mon chant, Diene Freunden und Betrübten. Servir les amis et ceux qui sont tristes. Herzliebchen, trag ich dich fort, Bien-aimée je te transporterai, Dort wo hohe Mauern glühen, Là où les hauts murs rougeoient, Fort nach den Fluren des Ganges, Loin, vers les prairies du Gange, Find’ ich bald den Vielgeliebten. Là-bas je trouverai bientôt ma chère bien-aimée. Dort weiß ich den schönsten Ort ; Je sais là-bas le plus beau des endroits ; Ach, die wahre Herzenskunde, Ah, le vrai message de son cœur, Dort liegt ein rotblühender Garten Il y a là-bas un jardin aux fleurs rouges Liebeshauch, erfrischtes Leben Le souffle de l’amour, la vie rafraîchissante, Im stillen Mondenschein, Sous le calme clair de lune, Wird mir nur aus seinem Munde, Vient à moi seulement de sa bouche, Die Lotosblumen erwarten Les fleurs de lotus y attendent, Kann mir nur sein Athem geben. Peut m’être donné seulement par souffle. Ihr trautes Schwesterlein. Leur fidèle petite sœur.

Die Veilchen kichern und kosen, Les câlines violettes rient Verlust Und schaun nach den Sternen empor, Et regardent là-haut les étoiles, Und wüßten’s die Blumen, die kleinen, Si les petites fleurs connaissaient mes alarmes, Heimlich erzählen die Rosen Les roses en secret se racontent Wie tief verwundet mein Herz, Pour guérir mes douleurs, Sich duftende Märchen ins Ohr. À l’oreille des contes parfumés. Sie würden mit mir weinen, Chacune avec mes pleurs Zu heilen meinen Schmerz. Voudrait mêler ses larmes. Es hüpfen herbei und lauschen On voit gambader, attentives, Die frommen, klugen Gazelln, Les timides et avisées gazelles, Und wüßten’s die Nachtigallen, Si les rossignolets savaient quel mal m’oppresse, Und in der Ferne rauschen Et dans le lointain bruissent Wie ich so traurig und krank, Ces charmants oiselets, Des heilgen Stromes Well’n. Les vagues du fleuve saint. Sie ließen fröhlich erschallen De leurs plus doux couplets, Erquickenden Gesang. Berceraient ma détresse. Dort wollen wir niedersinken Nous nous étendrons Unter dem Palmenbaum, Là-bas sous les palmiers, Und wüßten sie mein Wehe, Les étoiles aussi, regardant ma misère, Und Liebe und Ruhe trinken, Et nous nous soûlerons d’amour et de repos, Die goldnen Sternelein, Sur mon affreux souci, Und träumen seligen Traum. Et rêverons des rêves bienheureux. Sie kämen aus ihrer Höhe, Aussitôt radouci, Und sprächen Trost mir ein. Verseraient leur lumière.

Suleika Die alle können’s nicht wissen, Mais de sa cruauté nul ne sait la torture, Was bedeutet die Bewegung ? Que signifie cette agitation ? Nur eine kennt meinen Schmerz ; Excepté la Beauté Bringt der Ost mir frohe Kunde ? Le vent d’est m’apporte-t-il une nouvelle joyeuse ? Sie hat ja selbst zerrissen, Dont la main m’a porté Seiner Schwingen frische Regung Le mouvement frais de son aile Zerrissen mir das Herz. L’incurable blessure. Kühlt des Herzens tiefe Wunde. Rafraîchit la blessure profonde de mon cœur.

Kosend spielt er mit dem Staube, En caressant il joue avec la poussière, Neue Liebe Jagt ihn auf in leichten Wölkchen, Il la chasse en légers petits nuages, Herz, mein Herz, was soll das geben ? Cœur, mon cœur, que va-t-il arriver ? Treibt zur sichern Rebenlaube Il conduit vers le feuillage de la vigne Was bedränget dich so sehr ? Qu’est ce qui t’oppresse tant ? Der Insecten frohes Völkchen. La peuplade heureuse des insectes. Welch ein fremdes neues Leben ! Quelle étrange et nouvelle vie ! Ich erkenne dich nicht mehr. Je ne te reconnais plus ! Lindert sanft der Sonne Glühen, Il adoucit tendrement l’incandescence du soleil, Weg ist Alles, was du liebtest, Disparu tout ce que tu aimais, Kühlt auch mir die heißen Wangen, Il rafraîchit aussi mes joues chaudes, Weg warum du dich betrübtest, Disparu ce pour quoi tu te troublais, Küßt die Reben noch im Fliehen, Il embrasse dans son vol les vignes Weg dein Fleiß und deine Ruh’ Disparus ton assiduité et ton repos, Die auf Feld und Hügel prangen. Qui brillent sur le champ et la colline. Ach wie kamst du nur dazu ! Hélas, comment en es-tu arrivé là !

Und mir bringt sein leises Flüstern Et son doux murmure m’apporte Fesselt dich die Jugendblüte, Es-tu hypnotisé par la fleur de l’âge, Von dem Freunde tausend Grüße ; Un millier de saluts de mon ami ; Diese liebliche Gestalt, Cette charmante silhouette, Eh noch diese Hügel düstern Avant même que ces collines ne s’assombrissent, Dieser Blick voll Treu’ und Güte, Ce regard plein de sincérité et de bonté, Grüßen mich wohl tausend Küsse. Mille baisers me saluent bien. Mit unendlicher Gewalt ? Avec une force infinie ? Will ich rasch mich ihr entziehen, Si je voulais vite me soustraire à elle, Mich ermannen, ihr entfliehen, Me décider à lui échapper, Führet mich im Augenblick En un instant Ach mein Weg zu ihr zurück. Hélas, mon chemin me reconduirait à elle.

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Und an diesem Zauberfädchen, Et avec ce petit fil magique, Unbewegte laue Luft Das sich nicht zerreißen läßt, Qui ne se laisse pas couper, Unbewegte laue Luft, Air calme et tiède, Hält das liebe lose Mädchen, Cette jeune fille libre et chère Tiefe Ruhe der Natur ; Profond repos de la nature. Mich so wider Willen fest ; Me tient serré à mon corps défendant, Durch die stille Gartennacht Dans la silencieuse nuit du jardin, Muß in ihrem Zauberkreise Je dois dans son cercle magique Plätschert die Fontäne nur. Seule clapote la fontaine. Leben nun auf ihre Weise. Maintenant vivre selon sa guise. Aber im Gemüte schwillt Mais mon cœur s’enfle Die Verändrung ach wie groß ! Ah, quel changement considérable ! Heißere Begierde mir, De désirs brûlants, Liebe ! Liebe ! laß mich los ! Amour, amour, lâche-moi ! Aber in der Ader quillt Mais dans mes veines coule Leben und verlangt nach Leben. La vie, une exigence de vie. Sollten nicht auch deine Brust Ta poitrine aussi, ne devrait-elle pas Immer leiser wird mein Schlummer Sehnlichere Wünsche heben ? Être soulevée de désirs ardents ? Immer leiser wird mein Schlummer, Mon sommeil est de plus en plus léger, Sollte meiner Seele Ruf L’appel de mon âme ne devrait-il pas Nur wie Schleier liegt mein Kummer Seul au-dessus de moi s’étend Nicht die deine tief durchbeben ? En toi profondément résonner ? Zitternd über mir. Le voile tremblant de mon inquiétude. Leise mit dem Ätherfuß Doucement, le pied éthéré, Oft im Traume hör’ ich dich Dans mes rêves, je t’entends souvent Säume nicht, daherzuschweben ! Ne tarde pas, flotte vers moi ! Rufen drauß vor meiner Tür : Appeler dehors devant ma porte : Komm, o komm, damit wir uns Viens, ô viens, que nous nous donnions Niemand wacht und öffnet dir, Personne n’est éveillé pour t’ouvrir, Himmlische Genüge geben ! Une satisfaction céleste. Ich erwach’ und weine bitterlich. Alors je me réveille et pleure amèrement.

Ja, ich werde sterben müssen, Oui, il me faudra mourir, Vergebliches Ständchen Eine Andre wirst du küssen, Tu en embrasseras un autre, Er : Lui : Wenn ich bleich und kalt. Quand je serai blême et froid. Guten Abend, mein Schatz, Bonsoir mon trésor, Eh’ die Maienlüfte wehn, Avant que ne soufflent les brises de mai, Guten Abend, mein Kind ! Bonsoir mon enfant ! Eh’ die Drossel singt im Wald : Avant que ne chante la grive dans la forêt : Ich komm’ aus Lieb’ zu dir, C’est l’amour qui me mène à toi, Willst du mich einmal noch sehen, Si tu veux encore une fois me voir, Ach, mach’ mir auf die Tür, Ah, ouvre-moi la porte, Komm, o komme bald ! Viens, ô viens vite ! Mach’ mir auf die Tür ! Ouvre-moi la porte !

Sie : Elle : Liebestreu Meine Tür ist verschlossen, Ma porte est fermée, O versenk’, o versenk’ dein Leid, Ô noie, noie ton chagrin, Ich laß dich nicht ein ; Je ne te ferai pas entrer ; mein Kind, in die See, in die tiefe See ! mon enfant, dans la mer, dans la mer profonde ! Mutter, die rät’ mir klug, Les conseils de ma mère m’ont rendue sage, Ein Stein wohl bleibt auf des Meeres Grund, Une pierre repose bien au fond de l’océan, Wär’st du herein mit Fug, Si tu entrais avec cette douceur, mein Leid kommt stets in die Höh’. Mon chagrin remonte toujours à la surface. Wär’s mit mir vorbei ! C’en serait fait de moi !

Und die Lieb’, die du im Herzen trägst, Et l’amour que tu portes dans ton cœur, Er : Lui : brich sie ab, brich sie ab, mein Kind ! Détruis-le, détruis-le, mon enfant ! So kalt ist die Nacht, La nuit est si froide, Ob die Blum’ auch stirbt, wenn man sie bricht, Si la fleur meurt aussi quand on la coupe, So eisig der Wind, Si glacé le vent, treue Lieb’ nicht so geschwind. L’amour fidèle n’est pas aussi prompt. Daß mir das Herz erfriert, Que cela me gèle le cœur, Mein’ Lieb’ erlöschen wird ; Et que mon amour se meurt ; Und die Treu’, und die Treu’, Et ta fidélité, ta fidélité, Öffne mir, mein Kind ! Ouvre-moi, mon enfant ! ‘s war nur ein Wort, in den Wind damit hinaus. c’est seulement un mot, que le vent l’emporte. O Mutter und splittert der Fels auch im Sturm, Oh, mère, même si le roc se fend dans la tempête, Sie : Elle : Meine Treue, die hält ihn aus. Mon amour fidèle, il résiste. Löschet dein’ Lieb’ ; Si ton amour expire, Lass’ sie löschen nur ! Laisse-le simplement s’éteindre ! Löschet sie immerzu, Et qu’il s’éteigne à jamais, Geh’ heim zu Bett, zur Ruh’ ! Rentre chez toi, va au lit et repose-toi ! Gute Nacht, mein Knab’ Bonne nuit, mon garçon !

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Freudvoll und Leidvoll Alle Lichter dieser Welt, Toutes les lumières de ce monde Freudvoll Plein de joie Alle Blumen, alle Farben Toutes les fleurs, toutes les couleurs Und leidvoll, Et plein de chagrin, Löscht sie aus und stiehlt die Garben Par elle sont éteintes et les gerbes dérobées Gedankenvoll seyn ; Être en contemplation ; Weg vom Feld. Dans les champs. Langen Saisi Und bangen Et anxieux Alles nimmt sie, was nur hold, Elle prend tout, uniquement ce qui est beau, In schwebender Pein ; Dans une douleur en suspens ; Nimmt das Silber weg des Stromes, Du fleuve elle prend l’argent Himmelhoch jauchzend Se réjouir jusqu’aux cieux Nimmt vom Kupferdach des Domes Du toit de cuivre de la cathédrale elle prend Zum Tode betrübt ; Désespérant jusqu’à la mort ; Weg das Gold. L’or. Glücklich allein Seule est heureuse Ist die Seele, die liebt. L’âme qui aime. Ausgeplündert steht der Strauch, Le buisson est là, dépouillé, Rücke näher, Seel an Seele ; Viens plus près, cœur contre cœur ; O die Nacht, mir bangt, sie stehle Ô j’ai peur que la nuit t’arrache aussi Bist du Dich mir auch. À moi. Mild wie ein Lufthauch im Mai, Douce comme un vent de mai, Rein wie die Perle im Meer, Pure comme la perle dans la mer, Klar wie der Himmel in Rom, Claire comme le ciel de Rome, Die Verschwiegenen So still wie die Mondnacht bist du. Calme comme une nuit de pleine lune, tu es. Ich habe wohl, es sei hier laut Je suis content qu’à haute voix Vor aller Welt verkündigt, Le monde entier sache Kalt wie der Gletscher der Alp, Froide comme le glacier de la montagne, Gar vielen heimlich anvertraut, Ce qui avait été confié à bon nombre, Fest wie der Felsen, der Fels von Granit, Dure comme la roche, le rocher de granit, Was du an mir gesündigt. Le mal que tu m’as fait ; Ruhig wie’s Wasser im See, Calme comme l’eau du lac, Wie Gott unergründlich bist du ! Insondable comme Dieu, tu es ! Ich sagt’s dem ganzen Blumenheer, Je l’ai dit à toute la foule des fleurs, Dem Veilchen sagt’ ich’s stille, À la violette, je l’ai dit doucement, Denn aus den Sphären des Lichts, Parce que, des sphères lumineuses, Der Rose laut und lauter der À la rose, fort, encore plus fort Denn aus den Welten der Schönheit und Liebe, Des mondes de beauté et d’amour, Großäugigen Kamille. À la camomille aux grands yeux. Denn aus den Höhen des Alls, Des immensités de l’univers, Denn aus den Tiefen des Seins kommst du ! Des profondeurs de l’âme, tu viens ! Doch hat’s dabei noch keine Not, Il n’y a donc plus lieu de s’en affliger, Bleib’ munter nur und heiter, Je suis tout simplement allègre et enjoué ; Die es gewußt, sind alle tot, Ceux qui le savent sont tous morts Der Fischerknabe Und sagen’s nicht mehr weiter. Et n’en parleront plus. Es lächelt der See, er ladet zum Bade, Le lac sourit, il invite au bain, Der Knabe schlief ein am grünen Gestade, Le garçon dort sur la rive verte, Da hört er ein Klingen, Là il entend un tintement, Allerseelen Wie Flöten so süß, Aussi doux qu’une flûte, Stell auf den Tisch die duftenden Reseden, Pose sur la table les résédas parfumés Wie Stimmen der Engel Comme les voix des anges Die letzten roten Astern trag herbei, Apporte ici les derniers asters rouges, Im Paradies. Au paradis. Und laß uns wieder von der Liebe reden, Et à nouveau parlons d’amour Wie einst im Mai. Comme jadis en mai. Und wie er erwachet in seliger Lust, Et comme il se réveille dans un bonheur joyeux, Da spielen die Wasser ihm um die Brust, Alors les eaux jouent sur sa poitrine. Gib mir die Hand, daß ich sie heimlich drücke Donne-moi la main, que je la serre secrètement Und es ruft aus den Tiefen : Et il y a un appel des profondeurs : Und wenn man’s sieht, mir ist es einerlei, Et si on le voit, cela m’est égal Lieb’ Knabe, bist mein ! Cher garçon, sois à moi ! Gib mir nur einen deiner süßen Blicke, Jette-moi seulement un de tes doux regards, Ich locke den Schläfer, J’attire le dormeur, Wie einst im Mai. Comme jadis en mai. Ich zieh ihn herein. Je l’entraîne au fond. Es blüht und duftet heut auf jedem Grabe, Aujourd’hui chaque tombe est fleurie et resplendit Ein Tag im Jahre ist ja den Toten frei, Un jour par an les morts ont quartier libre, Die Nacht Komm an mein Herz, daß ich dich wieder habe, Viens près de mon cœur, que je t’aie à nouveau Aus dem Walde tritt die Nacht, La nuit descend de la forêt, Wie einst im Mai. Comme jadis en mai. Aus den Bäumen schleicht sie leise, Légère, elle se glisse hors des arbres, Schaut sich um im weitem Kreise, Regarde l’étendue autour d’elle, Nun gib acht. Maintenant, prends garde.

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Morgen Und morgen wird die Sonne wieder scheinen, Et demain le soleil brillera encore, Und auf dem Wege, den ich gehen werde, Et sur le chemin que je prendrai, Wird uns, die Glücklichen, sie wieder einen Il nous réunira, nous les bienheureux, à nouveau Inmitten dieser sonnenatmenden Erde; Sur cette terre qui respire le soleil.

Und zu dem Strand, dem weiten, wogenblauen, Et sur la rive, vaste, aux vagues bleues, Werden wir still und langsam niedersteigen, Nous descendrons tranquillement et lentement, Stumm werden wir uns in die Augen schauen, Silencieusement nous nous regarderons dans les yeux Und auf uns sinkt des Glückes stummes Schweigen. Et le silence du bonheur descendra sur nous.

Befreit Du wirst nicht weinen. Leise, leise Tu ne pleureras pas. Doucement, doucement Wirst du lächeln : und wie zur Reise Tu souriras : et comme pour un voyage Geb’ ich dir Blick und Kuß zurück. Je te retournerai un regard et un baiser. Unsre lieben vier Wände ! Du hast sie bereitet, Nos quatre murs adorés ! tu les as préparés, Ich habe sie dir zur Welt geweitet Je les ai ouverts au monde O Glück ! Ô bonheur !

Dann wirst du heiß meine Hände fassen Et puis, brûlante, tu prendras mes mains Und wirst mir deine Seele lassen, Et tu m’abandonneras ton âme, Läßt unsern Kindern mich zurück. Et me laisseras nos enfants. Du schenktest mir dein ganzes Leben, Tu m’as fait cadeau de toute ta vie, Ich will es ihnen wiedergeben Je la leur rendrai O Glück ! Ô bonheur

Es wird sehr bald sein, wir wissen’s beide, Ce sera très bientôt, tous deux le savons, Wir haben einander befreit vom Leide ; Nous nous sommes libérés de la souffrance ; So gab ich dich der Welt zurück. Je te rends donc au monde. Dann wirst du mir nur noch im Traum erscheinen Alors tu ne m’apparaîtras plus qu’en rêve Und mich segnen und mit mir weinen Et tu me béniras et avec moi pleureras O Glück ! Ô bonheur !

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10 H 30 ET 12 H / AUDITORIUM

MON PREMIER CONCERT VOIX SAUVAGES, RÉCITAL À L’AIR LIBRE

CHANTS LITURGIQUES Clara Pertuy, mezzo-soprano, MAURICE RAVEL accordéon, percussions (1875-1937) Sophie Grelié, scénographie, mise Kaddish en scène HILDEGARD VON BINGEN (1098-1179) Clara Pertuy, artiste lyrique, nous entraîne avec ses voix multiples et inouïes sur des O aeterne Deus sentiers inédits. Voix qui chante, chuchote, rugit, susurre, grogne ou caresse… Seule, avec son tambourin et son accordéon, CHANTS TRADITIONNELS elle trace une polyphonie sauvage toute en Casca la olive (chant des Abruzzes) liberté, surprise et jubilation ! « J’ai grandi comme une plante sauvage, au La llorona (chant mexicain) milieu des musiques savantes. Aimant chan- ter pieds nus, ou dans une « jungle civilisée » Ligo (chant letton) qu’est la rue, je suis à l’instar de la panthère Bagheera : agile, douce, cruelle, fière et indé- VOIX CONTEMPORAINE pendante, mais attachée... attachée à la vie, aux êtres, aux lois de la nature et surtout à GEORGES APERGHIS la liberté. Heureuse de « courir dans la forêt » (1945- ) de caresser le sauvage et de mordre le sacré à travers mes voix. » Conversations et Récitation n°10 Clara Pertuy (extraits) KARLHEINZ STOCKHAUSEN Durée : 35 minutes (1928-2007)

Stimmung

IMPROVISATIONS

Chant Inuit (Canada) Théâtre Nô et récitation épique (Japon) Création production éclats 2019 / 2020

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13 H 30 / ABBAYE AUX DAMES

JOHANN SEBASTIAN BACH Suite n°2 en la mineur (d’après C’est l’ouverture à la française, telle que l’avait C’est là qu’il est amené à diriger, dès 1729, (1685-1750) la suite en si mineur BWV 1067) conçue Lully au seuil de ses grandes tragé- l’excellent Collegium Musicum fondé par Ouverture dies lyriques, sur la fin du XVIIe siècle, qui Telemann, pour de fréquents concerts au café Suite n°2 en do majeur BWV 1066 Rondeau lance en Europe une nouvelle mode d’écri- Zimmermann, véritable institution de la rue ture orchestrale. Du côté de l’Allemagne en Sainte-Catherine, principale artère de cette Ouverture Sarabande particulier, on se met à composer frénétique- cité de Saxe : mythique époque qui assure Courante Bourrée I et II Gavotte I et II, ment sur ce modèle tripartite : un mouvement au compositeur une notoriété nouvelle et Polonaise et Double lent en rythme pointé, un mouvement rapide stimulante, puisque populaire et profane ! À Forlane Menuet en style fugué, et enfin, reprise du mouve- cette atmosphère du café, plus ou moins suf- Menuet I et II, Badinerie ment initial mais abrégé. À cette ouverture, focante et agitée selon que l’on joue dehors Bourrée I et Bourrée II, on adjoint une série de développements ou dedans, Bach a probablement eu à cœur Passepied I et II sur le principe de la suite de danses – de là d’adapter son instrumentation, très souple l’hésitation entre les deux dénominations pos- d’une pièce à l’autre : l’éclat triomphal des Emmanuel Laporte, hautbois sibles pour les œuvres de Bach en question trompettes et timbales de la BWV 1068 siéra Ouverture n°3 en ré majeur BWV 1068 Ensemble Masques (BWV 1066-1069) : Ouvertures ou Suites pour idéalement au jeu en plein air estival – quel Ouverture orchestre – sur ses partitions autographes, contraste, d’ailleurs, entre sa claironnante Aria (air sur la corde de sol) Clavecin et direction Olivier Fortin lui-même emploie le premier terme, comme ouverture et son deuxième mouvement ! Gavotte I et II ses contemporains, par synecdoque. Et de Celui-ci, que l’on a appelé « l’air sur la corde Bourrée fait, l’ouverture en tant que telle occupe dans de sol », est un des plus fameux des quatre Gigue chaque pièce une place très conséquente, Suites, d’une tendresse méditative qui n’est plus encore par l’esprit de grandeur qu’elle lui pas sans rappeler maintes arias de cantate. imprime que par sa longueur à proprement La subtilité des hautbois de la BWV 1066, parler ; la suite de danses, quant à elle, vient quant à elle, se conçoit bien dans le confort faire contrepoids par son allant, son esprit chaleureux du salon leipzicois, par une après- de franche gaieté et de légèreté. midi d’hiver ; ici comme dans l’ensemble des Cette association des goûts avait tout pour Suites, la matière orchestrale en déploie- plaire au public de son temps, et l’on peut ment nous donne un avant-goût de ce que s’étonner que Bach ait apparemment si peu sera, un jour, la forme symphonique. Pour composé sur ce modèle, tant ses contem- la Suite BWV 1067, se fondant sur les der- porains y ont donné d’encre et de papier : nières recherches musicologiques, l’ensemble l’exemple le plus parlant étant celui de son Masques propose aujourd’hui une version ami Telemann, dont on a conservé plus de antérieure, en la mineur, dont on pense désor- cent trente suites pour orchestre, sur un mais qu’elle aurait été composée pour mettre nombre total qui devait allègrement atteindre le hautbois en avant, et non la flûte. Son der- les six cents ! Celles de Bach ne constituent nier mouvement, la fameuse « Badinerie », pas, à l’inverse de ses Concertos brande- est un véritable morceau de bravoure pour bourgeois par exemple, un cycle unifié : il le soliste, en raison de sa délicieuse vivacité semblerait qu’il les ait chacune compo- comme de sa virtuosité technique. sées ponctuellement, et leur chronologie Laure-Hélène Dufournier n’est pas fermement établie, même si l’on s’accorde à penser qu’elles datent toutes des années 1730, soit des débuts du séjour de Bach à Leipzig, où il s’installe en 1723.

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19 H 30 / ABBAYE AUX DAMES

GUSTAV MAHLER Yves Saelens, ténor En 1907, Gustav Mahler (1860-1911) vient de le cinquième – le plus uniment positif de (1860-1911) composer une immense fresque symphonique tout le cycle… De la Beauté (Li Bai) est une Lucile Richardot, mezzo-soprano avec chœurs et solistes : sa Symphonie n°8, petite saynète : des jeunes filles cueillent Das Lied von der Erde dite « des Mille ». Il n’est pas pressé de s’at- des fleurs de lotus. Elles voient soudain pas- (arr. Schönberg / Riehn) Het Collectief taquer à une neuvième symphonie, chiffre ser une troupe de jeunes gens... Les cœurs Das Trinklied vom Jammer der Erde Wibert Aerts, Liesbeth Baelus, fatidique pour nombre de ses grands devan- se troublent. Le cinquième mouvement Der Einsame im Herbst violon ciers (Beethoven, Schubert, Bruckner sont retrouve le thème de la boisson : L’Ivrogne morts avant d’avoir pu entamer une 10e sym- au printemps (Li Bai encore) rivalise avec le Von der Jugend Veronika Lenartova, alto phonie !) Il décide alors de se lancer dans une rossignol. Sa gaîté et son dialogue avec l’oi- Von der Schönheit Martijn Vink, violoncelle œuvre hors sentiers battus, sorte d’immense seau ont quelque chose à la fois d’héroïque Der Trunkene im Frühling Jonathan Focquaert, contrebasse cycle mélodique avec orchestre – symphonie et de terriblement humain. Mahler songeait-il Der Abschied Toon Fret, flûte avec voix qui n’en porterait pas le nom... Il ici à la célèbre scène de Siegfried, où Wagner Piet Van Bockstal, hautbois s’y inspire de poèmes orientaux traduits par nous montre son héros sans peur comprendre Julien Hervé, clarinettes Hans Bethge. On sait quelle influence l’art enfin le chant des oiseaux ? Le sixième et Nele Delafonteyne, clarinette extrême-oriental eut sur les artistes euro- dernier mouvement, le plus long (quasiment Pieter Nuytten, basson péens de cette époque, depuis l’Art Nouveau 30 minutes), est aussi le plus bouleversant. Bruce Richards, cor jusqu’à Debussy lui-même, qui avouait trouver Confié à la mezzo-soprano, cet Adieu mêle son inspiration dans des reproductions d’es- en réalité deux poèmes : Dans l’Attente de Thomas Dieltjens, piano tampes japonaises. Mahler n’échappa pas à l’ami de Meng Haoran et L’Adieu de l’ami de Dirk Luijmes, harmonium ce courant, et ce sont ainsi six poèmes alter- Wang Wei. Cette vaste fresque mélanco- Astrid Haring, harpe nativement de Li Bai, Qian Qi, Meng Haoran lique fait entendre l’humanité profonde de Tom De Cock, percussions et Wang Wei qu’il met ici en musique. ces poèmes en osant sans scrupule s’écar- L’œuvre qui voit ainsi le jour est un miracle ter des allusions orientalisantes auxquelles Direction Reinbert de Leeuw de beauté et d’émotion. Mahler a su trouver Mahler nous avait habitués jusqu’ici pour dans sa musique une manière très naturelle inviter une mandoline dans son orchestre de rendre justice à cette poésie orientale qui – effet saisissant garanti, où Venise et ses joue toujours entre le réel et l’onirique, entre tristes gondoles semblent rejoindre par un le commun et l’irréel. Le premier mouvement formidable raccourci de pensée l’âme de la met en musique la Chanson à boire de la dou- poésie du Japon. Le dernier mot du poème, leur de la Terre de Li Bai. Confié au ténor, le « Ewig » (Éternellement), répété sept fois, texte parle de l’ivresse, remède à toutes nos s’enfonce inexorablement dans le silence. Une peines. Mais la boisson apporte-elle vraiment page miraculeuse de beauté et d’émotion. le réconfort ? La musique semble en dou- L’œuvre sera créée six mois après le décès du ter, qui laisse entendre que la tristesse du compositeur, le 8 mai 1911 à Munich ; son ami monde ne s’efface pas si facilement. Le deu- et disciple Bruno Walter tenait la baguette. xième mouvement, Le Solitaire en automne Ce fut une autre grande figure musicale (poème de Qian Qi) est d’ailleurs un mou- de cette Vienne début de siècle, Arnold vement plein de tristesse et de mélancolie. Schönberg qui fut amené, en 1920, à trans- Le troisième mouvement, De la Jeunesse (Li crire l’œuvre pour petit orchestre (travail Bai), s’amuse à jouer des sonorités et des har- achevé seulement en 1983 par le musico- monies orientalisantes – gammes par tons, logue Rainer Riehn). Schönberg réussit le instruments aux sonorités typiques… Avec pari incroyable de restituer les sonorités ori- son côté guilleret, il est sans doute – avec ginales et l’extrême densité de la partition. Jean-Jacques Groleau

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Das Lied von der Erde Le chant de la terre Ich weine viel in meinen Einsamkeiten, Je pleure beaucoup dans ma solitude. Das Trinklied vom Jammer der Erde Chanson à boire de la douleur de la terre Der Herbst in meinen Herzen währt zu lange ; L’automne dans mon cœur dure depuis trop longtemps. Schon winkt der Wein im goldnen Pokale. Déjà le vin fait signe dans la coupe d’or, Sonne der Lieb, willst du nie mehr scheinen, Soleil de l’amour, ne veux-tu plus jamais briller Doch trinkt noch nicht, Mais ne buvez pas Um meine bittern Tränen mild aufzutrocknen ? Pour sécher tendrement mes larmes amères ? Erst sing ich euch ein Lied ! Avant que je ne vous chante une chanson ! Das Lied vom Kummer Le chant du souci Von der Jugend De la jeunesse Soll auflachend in die Seele euch klingen. Vous sonnera dans l’âme comme un rire clair. Mitten in dem kleinen Teiche Au milieu du petit étang Wenn der Kummer naht, Quand le souci approche, Steht ein Pavillon aus grünem Se dresse un pavillon de verte Liegen wüst die Gärten der Seele, Déserts sont les jardins de l’âme, Und aus weißem Porzellan. Et blanche porcelaine. Welkt hin und stirbt die Freunde, der Gesang. La joie, le chant se fanent et meurent. Dunkel ist das Lieben, ist der Tod. Sombre est la vie, sombre la mort. Wie der Rücken eines Tigers Comme le dos d’un tigre Wölbt die Brücke sich aus Jade Un pont de jade tend sa courbe Herr dieses Hauses ! Maître de cette maison ! Zu dem Pavillon hinüber. Jusqu’au pavillon. Dein Keller birgt die Fülle des goldenen Weins ! Ta cave recelle en abondance le vin doré ! Hier diese Laute nenn ich mein ! Ce luth, ici, je le déclare mien ! In dem Häuschen sitzen Freunde, Dans la petite maison, des amis, Die Laute schlagen und die Gläser leeren, Jouer du luth et vider les verres, Schön gekleidet, trinken, plaudern, Bien habillés, boivent, bavardent ; Das sind die Dinge, die zusammen passen. Voilà des choses qui vont ensemble. Manche schreiben Verse nieder. Certains écrivent des vers. Ein voller Becher Weins zur rechten Zeit Un pot plein de vin au bon moment Ist mehr wert als alle Reiche dieser Erde ! Vaut plus que tous les biens de cette terre ! Ihre seidnen Ärmel gleiten Leurs manches de soie sont Dunkel ist das Leben, ist der Tod. Sombre est la vie, sombre la mort. Rückwärts, ihre seidnen Mützen Retroussées, leurs bonnets de soie Hocken lustig tief im Nacken. Retombent gaiement sur leurs nuques. Das Firmament blaut ewig, und die Erde Le firmament, toujours, est bleu, et la terre Wird lange feststehn und aufblühn im Lenz. Restera longtemps et fleurira au printemps. Auf des kleinen Teiches stiller Sur les eaux calmes Du aber, Mensch, wie lange lebst denn du ? Mais toi, Homme, combien de temps vis-tu ? Wasserfläche zeigt sich alles Du petit étang tout se montre Nicht hundert Jahre darfst du dich ergötzen Tu n’auras même pas cent ans pour jouir Wunderlich im Spiegelbilde : Merveilleusement comme dans un miroir. An all dem morschen Tande dieser Erde ! De toutes les vanités corrompues de la terre ! Alles auf dem Kopfe stehend, Tout se tient sur la tête, Seht dort hinab ! Im Mondschein auf den Gräben Regardez là-bas ! Au clair de lune sur les tombes In dem Pavillon aus grünem Dans le pavillon de verte Hockt eine wild-gespenstische Gestalt. Est accroupie une forme, sauvage et fantomatique. Und aus weißem Porzellan. Et blanche porcelaine. Ein Aff ist’s ! Hört ihr, wie sein Heulen hinausgellt C’est un singe ! Écoutez comme son hurlement déchire In den süßen Duft des Lebens ! Le doux parfum de la vie ! Wie ein Halbmond steht die Brücke Comme une demi-lune, le pont, Umgekehrt der Bogen. Freunde, Son arche sens dessus dessous. Des amis, Jetzt nehmt den Wein ! Maintenant, prenez le vin ! Schön gekleidet, trinken, plaudern. Bien habillés, boivent, bavardent. Jetz ist es Zeit, Genossen ! Maintenant il est temps, compagnons ! Leert eure goldnen Becher zu Grund ! Videz vos coupes d’or jusqu’au fond ! Von der Schönheit De la beauté Dunkel ist das Leben, ist der Tod. Sombre est la vie, sombre la mort. Junge Mädchen pflücken Blumen, Des jeunes, filles cueillent des fleurs, Pflücken Lotosblumen an dem Uferrande. Des fleurs de lotus au bord de la rivière. Der Einsame im Herbst Le solitaire en automne Zwischen Büschen und Blättern sitzen sie, Entre buissons et feuilles elles sont assises, Herbstnebel wallen bläulich überm See ; Les brumes d’automne errent bleues sur le lac ; Sammeln Blüten in den Schoß und rufen Rassemblent des fleurs sur leurs genoux et Vom Reif bezogen stehen alle Gräser. Figés de gel se dressent tous les brins d’herbe ; Sich einander Neckerein zu. Se lancent des plaisanteries. Man meint, ein Künstler habe Staub von Jade On dirait qu’un artiste a répandu une poudre de jade Über die feinen Blüten ausgestreut. Sur les fleurs délicates. Gold’ne Sonne webt um die Gestalten, Le soleil d’or brille sur leurs corps Spiegelt sich im blanken Wasser wider, Et projette leurs reflets dans l’eau clair Der süße Duft der Blumen ist verflogen, Le doux parfum des fleurs a fui ; Sonne spiegelt ihre schlanken Glieder, Le soleil fait miroiter leurs membres frêles, Ein kalter Wind beugt ihre Stengel nieder. Un vent glacé courbe bas leurs tiges. Ihre süßen Augen wider, Leurs doux yeux. Bald werden die verwelkten goldnen Blätter Bientôt les pétales d’or fanés Und der Zephir hebt mit Schmeichelkosen Et le zéphyr qui gonfle tendrement Der Lotosblüten auf dem Wasser ziehn. Des fleurs de lotus glisseront sur l’eau. Das Gewebe Ihrer Ärmel auf, Leurs manches, Führt den Zauber Emporte la magie Mein Herz ist müde. Mein kleine Lampe Mon cœur est fatigué. Ma petite lampe Ihrer Wohlgerüche durch die Luft. De leur parfum à travers les airs. Erlosch mit Knistern, S’est éteinte dans un crépitement, Es gemahnt mich an den Schlaf. Me rappelle au sommeil. Ich komm zu dir, traute Ruhestätte ! Je viens à toi, fidèle demeure du repos ! Ja gib mir Ruh ! Ich hab Erquickung not ! Oui, donne-moi le repos ! J’ai tant besoin de réconfort !

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O sieh, was tummeln sich für schöne Knaben O voyez, qui sont ces beaux garçons Der Abschied L’adieu Dort an dem Uferrand auf mutgen Rossen, Là-bas au bord de l’eau sur leurs braves destriers ? Die Sonne scheidet hinter dem Gebirge. Le soleil plonge derrière les montagnes. Weithin glänzend, wie die Sonnenstrahlen ; Étincelants au loin, comme rayons de soleil ; In alle Täler steigt der Abend nieder Sur les vallées tombent le soir Schon zwischen dem Geäst der grünen Weiden Parmi les branches des saules verts Mit seinen Schatten, die voll Kühlung sind. Et ses ombres pleines de fraîcheur. Trabt das jungfrische Volk einher ! Les gais jeunes gens chevauchent ! Das Roß des einen wiehert fröhlich auf Le cheval de l’un d’eux hennit joyeusement, O sieh ! Wie eine Silberbarke schwebt O vois ! Comme une barque d’argent flotte Und scheut und saust dahin, Hésite et repart en flèche, Der Mond am blauen Himmelssee herauf. La lune sur la mer bleue du ciel. Über Blumen, Gräser Wanken hin die Hufe, Sur fleurs et herbes passent ses sabots. Ich spüre eines feinen Windes Wehn Je sens une tendre brise souffler Sie zerstampfen jäh im Sturm Une tempête ! Il piétine Hinter den dunklen Fichten ! Derrière les pins sombres ! Die hingesunken Blüten, Les pétales tombés. Der Bach singt voller Wohllaut durch das Dunkel. Le ruisseau chante à voix plus haute dans l’ombre, Hei ! wie flattern im Taumel seine Mähnen, Ah ! Comme sa crinière vole dans le vent Die Blumen blassen im Dämmerschein. Les fleurs pâlissent dans la lueur du crépuscule. Dampfen heiß die Nüstern ! Et un souffle brûlant sort de ses naseaux ! Die Erde atmet voll von Ruh’ und Schlaf. La terre respire pleinement dans le repos et le sommeil. Goldne Sonne webt um die Gestalten, Le soleil d’or brille sur leurs corps Alle Sehnsucht will nun träumen, Tous les désirs sont désormais changés en rêves, Spiegelt sie im blanken Wasser wider. Et projette leurs reflets dans l’eau claire. Die müden Menschen gehn heimwärts, Les gens fatigués rentrent chez eux, Um im Schlaf vergessnes Glück Pour trouver un bonheur oublié dans le sommeil Und die schönste von den Jungfraun sendet Et la plus belle des jeunes filles le suit Und Jugend neu zu lernen ! Et apprendre à nouveau la jeunesse ! Lange Blicke ihm der Sehnsucht nach. D'un long regard nostalgique. Die Vögel hocken still in ihren Zweigen. Les oiseaux sont blottis, silencieux, sur leurs branches. Ihre stolze Haltung ist nur Verstellung : Son fier maintien n’est que façade : Die Welt schläft ein... Le monde s’endort... In dem Funkeln ihrer großen Augen, Dans le feu de ses grands yeux, In dem Dunkel ihres heißen Blicks Dans la nuit de son regard brûlant Es wehet kühl im Schatten meiner Fichten. Il souffle une brise fraîche à l’ombre de mes pins. Schwingt klagend noch die Erregung ihres Herzens nach. Vibre et se plaint encore l’excitation de son cœur. Ich stehe hier und harre eines Freundes ; Je suis là, attendant mon ami ; Ich harre sein zum letzten Lebewohl. Je l’attends pour un dernier adieu. Der Trunkene im Frühling L’homme ivre au printemps Wenn nur ein Traum das Leben ist Si la vie n’est qu’un rêve, Ich sehne mich, o Freund, an deiner Seite J’ai tant envie, ami, à tes côtés Warum dann Müh und Plag ? Pourquoi alors fatigue et peine ? Die Schönheit dieses Abends zu genießen. De partager la beauté de ce soir. Ich trinke, bis ich nicht mehr kann, Je bois, jusqu’à ce que je n’en puisse plus, Wo bleibst du ? Du läßt mich lang allein ! Où es-tu ? Tu m’as laissé seul si longtemps ! Den ganzen lieben Tag. Tout au long de l’aimable jour ! Ich wandle auf und nieder mit meiner Laute J’erre ici et là, avec mon luth, Und wenn ich nicht mehr trinken kann, Et quand je ne peux plus boire Auf Wegen, die von weichem Grase schwellen. Sur des sentiers riches d’une herbe douce. Weil Kehl und Seele voll, Car corps et âme sont rassasiés, O Schönheit ! O ewigen Liebens, Lebens trunk’ne Welt ! O beauté ! O monde à jamais ivre d’amour et de vie ! So tauml’ ich bis zu meiner Tür Je titube jusqu’à ma porte Und schlafe wundervoll ! Et dors merveilleusement ! (nach Wang-Sei) (d’après Wang-Sei) Er stieg vom Pferd Il descendit de cheval Was hör ich beim Erwachen ? Qu’entends-je au réveil ? Und reichte ihm den Trunk des Abschieds dar. Et lui tendit le breuvage de l’adieu. Horch, ein Vogel singt im Baum. Écoutez, un oiseau chante dans l’arbre. Er fragte ihn, wohin er führe Il lui demanda où il irait Ich frag ihn, ob schon Frühling sei, Je lui demande si c’est déjà le printemps, Und auch warum es müßte sein. Et aussi pourquoi cela devait être. Mir ist als wie im Traum. Il me semble que je rêve. Er sprach, seine Stimme war umflort : Il parla, sa voix était voilée : Der Vogel zwitschert : ja ! der Lenz ist da, L’oiseau gazouille : Oui ! Le printemps est là, Du, mein Freund, Toi, mon ami, Sei kommen über Nacht, - Venu pendant la nuit ! Mir war auf dieser Welt das Glück nicht hold ! Sur cette terre, le bonheur ne m’a pas été donné ! Aus tiefstem Schauen lauscht ich auf, Avec une attention profonde, je l’écoute. Der Vogel singt und lacht ! L’oiseau chante et rit ! Wohin ich geh ? Ich geh, ich wandre in die Berge. Où je vais ? Je vais, j’erre dans les montagnes. Ich suche Ruhe für mein einsam Herz ! Je cherche le repos pour mon cœur solitaire. Ich fülle mir den Becher neu Je remplis mon verre à nouveau Und leer ihn bis zum Grund Et le vide jusqu’au fond Ich wandle nach der Heimat, meiner Stätte. Je vais vers mon pays, mon refuge. Und singe, bis der Mond erglänzt Et chante jusqu’à ce que la lune Ich werde niemals in die Ferne schweifen. Jamais je n’errerai plus au loin. Am schwarzen Firmament. Brille au noir firmament. Still ist mein Herz und harret seiner Stunde ! Calme est mon cœur et il attend son heure.

Und wenn ich nicht mehr singen kann, Et quand je ne peux plus chanter, Die liebe Erde allüberall Partout, la terre bien-aimée So schlaf ich wieder ein. Je m’endors à nouveau. Blüht auf im Lenz und grünt aufs neu ! Fleurit au printemps et verdit à nouveau ! Was geht mich denn der Frühling an ! Qu’ai-je à voir avec le printemps ? Allüberall und ewig Partout et éternellement, Laßt mich betrunken sein ! Laissez-moi être ivre ! Blauen licht die Fernen ! Les lointains bleuissent de lumière ! Ewig... ewig... Éternellement... éternellement...

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12 H 30 / ABBAYE AUX DAMES

FRANÇOIS COUPERIN FRANÇOIS COUPERIN En ce début de XVIIIe siècle français, c’est D’un ton à peine différent se révèle être la (1668-1733) à un cercle de privilégiés, musiciens eux- Sonate en sol mineur de son exacte contem- Sonade (extraite des Nations, mêmes, souvent, ou hôtes de choix, que se poraine, Élisabeth Jacquet de La Guerre. Sonade (extraite des Nations, 2e Ordre, L’Espagnole) réserve le répertoire de musique de chambre Traversée d’une énergie solaire, d’un allant 4e Ordre, La Piémontoise) - la « chambre », ou « camera » en italien, exubérant mais tout autant capable d’effu- PHILIPPE HERSANT désignant d’abord une pièce relativement sions tendres, elle témoigne avec éloquence neutre, mais de la sphère privée – le salon, en du génie de cette femme, dont la remarquable ELIZABETH JACQUET DE LA GUERRE (1948-) somme : on s’y repose des fastes de la cour, carrière de compositeur et de claveciniste (1665 -1729) des parades de la vie publique, et l’on y goûte fut une exception fameuse en son temps. La Harpe de David (création*) une atmosphère d’intimité restauratrice. Bien moins connu aujourd’hui est Jean- Sonate n°4a en sol mineur Un climat propice, assurément, au génie de Baptiste Quentin, pourtant violoniste de François Couperin, alors au décours de sa vie ; l’Académie Royale de musique et auteur d’une JEAN-BAPTISTE QUENTIN Nevermind en 1726, il fait paraître un recueil de sonates œuvre instrumentale assez conséquente ; à en trio sous le titre Les Nations – pour l’es- une petite génération d’écart avec ses deux (1690-1742) Louis Creac’h, violon Anna Besson, flûte sentiel ce ne sont pas des compositions prédécesseurs, il manifeste la rémanence de Concerto à 4 parties, œuvre XII Robin Pharo, viole de gambe nouvelles, puisque le maître y reprend d’an- l’extrême raffinement, de la délicate mélan- Largo Jean Rondeau, clavecin ciennes « sonades » dont les titres antérieurs colie si caractéristique de l’esprit du temps. étaient La Pucelle, La Visionnaire, L’Astrée ; En miroir de ces œuvres, la création La Harpe mais il les rebaptise (respectivement La de David de Philippe Hersant pour l’ensemble Quatuor, sonate III, œuvre XV Françoise, L’Espagnole, La Piémontoise), Nevermind viendra interroger la dimension Allegro leur en ajoute une nouvelle, L’Impériale, et « thérapeutique » de la musique, « chère aux Adagio surtout leur adjoint à chacune une suite, ou artistes de l’âge baroque », selon le composi- Première et seconde Aria « ordre », c’est-à-dire une succession de six teur : « Suivant en cela la théorie des affects, Presto à dix danses, dans un esprit parfaitement [ils] avaient la conviction que la mélodie classique. Le titre du recueil, Les Nations, peut modifier les états d’âme avec la même demeure énigmatique, comme souvent chez puissance que les drogues et qu’elle a le Couperin – on s’échinerait vainement à y pouvoir d’apaiser les passions comme de les voir une peinture de caractères, et l’on peut provoquer. » Comment revisiter aujourd’hui plutôt supposer que s’y exprime une inten- ce « langage de l’affect et de l’humeur », tion générale, celle de célébrer la fusion des qu’un Zelenka, dans sa pièce concertante styles, comme c’était déjà le cas dans Les Hypocondrie, ou un C.P.E. Bach, dans sa Goûts réunis (1724). L’influence du modèle sonate Sanguineus und Melancholicus, ont su italien, notamment dans la sonate à trois mettre en instruments ? Dans cette démarche, voix (dite « en trio » ; elle demeure ainsi, ins- Philippe Hersant, s’inspirant notamment de trumentalement, à géométrie hautement l’Apothéose de Corelli de Couperin, emploie variable), était en effet parfaitement assu- le même effectif instrumental : flûte, violon, mée par Couperin, et depuis longtemps ; ici, clavecin et viole de gambe – un instrument selon la belle formule de Pierre Citron, celui- pour lequel il a d’ailleurs déjà composé, en ci se « concentre dans le mystère nocturne 1994, son Psaume CXXX, Aus tiefer Not. et la gaîté intime » qui font le charme incom- Laure-Hélène Dufournier parable de sa musique. * commande de l'ensemble Nevermind Coproduction Abbaye aux Dames, la cité musicale

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19 H 30 / ABBAYE AUX DAMES

ANTONIO VIVALDI Antonio Vivaldi et Baldassarre Galuppi ont Au tout début de sa carrière, Handel passa e (1678-1741) (1685-1759) vécu à Venise au début du XVIII siècle. Tous son temps bien plus à Rome qu’à Venise, deux ont mené des carrières très compa- mais une forme d’exubérance et de virtuo- Kyrie RV 587 Dixit Dominus HWV 232 rables, à la fois en qualité de compositeurs sité teinte malgré tout ses œuvres de cette Kyrie Dixit Dominus d’opéras (Galuppi ayant obtenu, à l’époque, période. Le Dixit Dominus de 1707 est à Christe Virgam virtutis davantage de succès que Vivaldi) et de chefs juste titre connu comme son œuvre sacrée Kyrie Tecum principium d’ensembles de musiciens orphelins au sein la plus notoire, écrite pour un orchestre dirigé de différentes institutions caritatives de la par le violoniste virtuose et compositeur Juravit Dominus ville. Comme on le sait, Vivaldi écrivit ses Arcangelo Corelli. Le Psaume 110 a inspiré Credo RV 591 Tu es sacerdos œuvres de musique sacrée pour les jeunes de la grande musique à beaucoup de com- Credo in unum Deum Dominus, a dextris tuis filles pensionnaires de l’Ospedale della Pietà positeurs ; Galuppi n’échappe pas à la règle, Et incarnatus est Judicabit in nationibus tandis que Galuppi composait, à deux pas lui dont l’attention au texte et l’expressivité Crucifixus De torrente de là, pour l’Ospedale dei Mendicanti. En des harmonies nous rappellent sa dette à 1741, année de la mort de Vivaldi, Galuppi l’égard de Vivaldi. Notre concert s’ouvrira Et resurrexit Gloria fut invité à Londres pour superviser les pro- par le Kyrie et le Credo extrait d’une messe ductions italiennes du Kings Theatre—un écrite par Vivaldi pour une occasion qui nous BALDASSARE GALUPPI poste qui le plaça directement en concur- est aujourd’hui inconnue. Le Kyrie, le seul qui Sophie Karthäuser, soprano (1706-1785) rence avec George Frideric Handel. Celui-ci nous soit resté du compositeur, débute par assista certainement à l’une des représenta- un arrangement de son Magnificat. Comme Dixit Dominus Natasha Schnur, soprano tions dirigées par Galuppi et fut sans aucun on pouvait s’y attendre, le caractère festif du doute soulagé lorsque l’Italien, au bout de texte du Credo inspire à Vivaldi l’une de ses Dixit Dominus Eva Zaïcik, mezzo-soprano Juravit Dominus seulement 18 mois, fut rappelé à ses fonc- musiques les plus exubérantes. tions auprès de l’Ospedale. Paul Agnew Judicabit in nationibus Clément Debieuvre, ténor De torrente Gloria Patri Cyril Costanzo, basse Chœur et orchestre PAUSE des Arts Florissants

Direction Paul Agnew

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Kyrie Dixit Dominus Kyrie eleison. Christe eleison. Kyrie eleison. Seigneur, aie pitié, Christ, aie pitié. Seigneur, aie pitié Dixit Dominus Domino meo : Le Seigneur dit à mon Seigneur : Sede a dextris meis : donec ponam inimicos tuos Siège à ma droite : et je ferai de tes ennemis scabellum pedum tuorum. le marchepied de ton trône. Credo Virgam virtutis tuæ emittet Dominus ex Sion : De Sion le Seigneur te présente le sceptre de ta force : Credo in unum Deum Je crois en un seul Dieu, dominare in medio inimicorum tuorum. Domine jusqu’au cœur de l’ennemi. Patrem omnipotentem Père tout puissant, Tecum principium in die virtutis tuæ Au jour où paraît ta puissance tu es prince Factorem caeli et terrae, Créateur du ciel et de la terre, in splendoribus sanctorum : éblouissant de sainteté : Visibilium omnium et invisibilium. De l’univers visible et invisible, ex utero ante luciferum genui te. comme la rosée qui naît de l’aurore, je t’ai engendré. Et in unum Dominum Jesum Christum Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ, Juravit Dominus, et non pœnitebit eum : Le Seigneur l’a juré, et il ne le regrettera pas : Filium Die unigenitum. Le Fils unique de Dieu, Tu es sacerdos in æternum Tu es prêtre à jamais Et ex Patre natum ante omnia saecula. Né du Père, avant tous les siècles. secundum ordinem Melchisedech. selon l’ordre de Melkisedech. Deum de Deo ; Il est Dieu, né de Dieu, Dominus a dextris tuis A droite se tient le Seigneur Lumen de lumnie, Lumière, née de la lumière, confregit in die iræ suæ reges. il brise les rois au jour de sa colère. Deum verum de Deo vero. Vrai Dieu, né du vrai Dieu. Judicabit in nationibus, implebit ruinas : Il juge les nations, les cadavres s’entassent : Genitum non factum, Engendré non pas créé, conquassabit capita in terra multorum. il extermine les chefs, loin sur la terre. consubstantialem Patri ; De même nature que le Père ; De torrente in via bibet : Au torrent il s’abreuve en chemin : per quem omnia facta sunt. Et par lui tout a été fait. propterea exaltabit caput. c’est pourquoi il redresse la tête. Qui propter nos homines Pour nous les hommes, Gloria Patri et Filio Gloire au Père et au Fils Et propter nostram salutem descendit de caealis. Et pour notre salut, il descendit du ciel. et Spiritui Sancto. et au Saint Esprit. Et incarnatus est de Spiritu Sancto Par l’Esprit Saint, il a pris chair Sicut erat in principio, et nunc, et semper, Comme il était au commencement, maintenant Ex Maria Virgine, De la Vierge Marie, et in sæcula sæculorum. Amen. et toujours et dans les siècles des siècles. Amen. Et homo factus est. Et s’est fait homme. Crucifixus etiam pro nobis Crucifié pour nous sous Ponce Pilate, Sub Pontio Pilato passus, Il souffrit sa passion Et sepultus est. Et fut mis au tombeau. Et ressurexit tertia die, Il ressuscita le troisième jour, Secundum Scripturas. Conformément aux Ecritures, Et ascendit in caelum : Et il monta au ciel ; Sedet ad dexteram Patris. Il est assis à la droite du Père. Et iterum venturus est cum gloria, Il reviendra dans la gloire, Judicare vivos, et mortuos, Pour juger les vivants et les morts Cujus regni non erit finis. Et son règne n’aura pas de fin. Et in Spiritum Sanctum, Je crois en l’Esprit Saint, Dominum, et vivificantem : Qui est Seigneur et qui donne la vie ; Qui ex Patre, Filioque procedit. Il procède du Père et du Fils. Qui cum Patre, et Filio simul adoratur, et Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et conglorificatur, même gloire ; Qui locutus est per Prophetas. Il a parlé par les prophètes. Et unam, sanctam, catholicam Je crois en l’Eglise, une, sainte, Et apostolicam Ecclesiam. Catholique et apostolique. Confiteor unum baptisma Je reconnais un seul baptême In remissionem peccatorum. Pour le pardon des péchés. Et expecto ressurectionem mortuorum. J’attends la résurrection des morts, Et vitam venturi saeculi. Et la vie du monde à venir. Amen Amen

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22 H / ABBAYE AUX DAMES

CLAUDE DEBUSSY Het Collectief 1892-1917 : en l’espace de 25 ans, la musique Ramuz (1878-1947), qui raconte l’histoire d’un (1862-1918) Wibert Aerts, violon connaît une effervescence rare, pleine d’ex- soldat et... du Diable ! Nous sommes ici dans Martijn Vink, violoncelle plorations, de révolutions aussi parfois. Entre un énième avatar du mythe de Faust, le soldat le Prélude à l’Après-midi d’un faune (1892) de ayant vendu son âme au diable pour connaître Prélude à l’après midi d’un faune Toon Fret, flûte (transcription T. Mülleman) Claude Debussy, et L’Histoire du soldat (1917) l’avenir. À mi-chemin entre l’opéra de chambre Julien Hervé, clarinette d’Igor Stravinski, en passant par cette sur- et le ballet, ce petit bijou d’invention et de Thomas Dieltjens, piano prenante Symphonie de chambre n°1 (1906) causticité est la réponse du compositeur à IGOR STRAVINSKY d’Arnold Schönberg, nous avons là trois com- une époque marquée par les drames humains, (1882-1971) positeurs parmi les plus novateurs de leur aux premiers rangs desquels la Première époque, qui ont chacun exploré des terres Guerre mondiale et la Révolution russe – qui Suite de L’Histoire du soldat indéfrichées de leur art. l’a obligé à se réfugier en Suisse – mais aussi Marche du soldat Claude Debussy (1862-1918) s’est inspiré d’un la grippe espagnole, qui devait emporter tant Le violon du soldat long poème de Mallarmé, L’Après-midi d’un de millions d’innocents. C’est le grand chef Petit concert faune (1876), où le poète symboliste fran- d’orchestre suisse Ernest Ansermet qui en Tango / Valse / Ragtime çais mettait en scène un être fabuleux tout dirigea la première mondiale, à Lausanne, Danse du diable droit sorti de l’imaginaire de la Grèce antique, le 28 septembre 1918. et lui offrait quelques rêves langoureux... Entre ces deux pages, une autre œuvre mar- Debussy ne cherche pas tant ici à illustrer quante et fondatrice voit le jour : la Symphonie ARNOLD SCHÖNBERG le poème lui-même qu’à en offrir un « pré- de chambre n°1 de Schönberg (1874-1951). (1874-1951) lude », proposant à l’auditeur de le plonger Cette œuvre s’organise autour de cinq par- dans cette atmosphère où se mêlent la cha- ties directement enchaînées les unes aux Kammersymphonie n°1 opus 9 leur d’une après-midi ensoleillée et les rêves autres. Le compositeur allemand y pousse à (transcription A. Webern) érotiques du protagoniste. Avec son sublime un degré inhabituel le procédé mis au point Exposition solo de flûte traversière, avec sa narration par Wagner, qui consistait à travailler des Scherzo d’une totale fluidité, libre comme jamais la harmonies aux résolutions « impossibles », Développement musique ne semble l’avoir été auparavant, créant pour l’oreille une instabilité inattendue Adagio Debussy invente une manière nouvelle de – et, partant, un genre d’émotions musicales composer pour l’orchestre, s’émancipant des littéralement inouïes. Cette Symphonie de Finale règles et des académismes. Le 22 décembre chambre n°1 est créée à Vienne le 8 février 1894, jour de la création de cette page mira- 1907 sous la direction du compositeur. Devant culeuse, reste une date clé dans l’histoire de le succès grandissant de l’ouvrage (pourtant la musique. fort mal reçu lors de ses premières auditions Quelques vingt ans plus tard, Igor Stravinski viennoises), Webern la transcrivit en 1922 (1882-1971) a déjà apporté lui aussi sa pierre pour l’effectif du Pierrot Lunaire (version qui à l’édification d’une musique nouvelle, faite nous est ici proposée). de liberté – que l’on songe à son Oiseau de Jean-Jacques Groleau feu (1910), à Petrouchka (1911) ou surtout Le Sacre du Printemps (1913), qui devait créer une véritable émeute lors de sa création au Théâtre des Champs-Élysées. Après ces trois ballets révolutionnaires, Stravinski imagine son Histoire du Soldat et décide de mettre en musique un texte de Charles-Ferdinand

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12 H 30 / ABBAYE AUX DAMES

JOHANN SEBASTIAN BACH Dans le cadre de ses multiples activités Bach a composé le motet Der Geist hilft unser (1685-1750) à Leipzig, Bach eut à diriger des motets Schwachheit auf (L’Esprit secourt notre fai- funèbres empruntés à leur vaste répertoire, blesse) BWV 226 pour les funérailles du vieux Der Geist hilft unser Schwachheit auf et même à en composer un certain nombre, recteur de l’école Saint-Thomas. Il se com- BWV 226 sur commande. Ces motets étaient destinés à pose d’un grand morceau à double chœur, des cérémonies en l’honneur d’une personne en trois sections distinctes quoiqu’enchaî- Komm, Jesu, komm décédée, que ce soit pour les funérailles ou au nées, suivi d’un simple choral harmonisé. BWV 229 cours d’un service religieux commémoratif. Il Le texte est emprunté à l’Épître de Paul aux Jesu, meine Freude s’agit presque toujours de pièces vocales en Romains, pour la première section, et à Martin BWV 227 style de motet pour deux chœurs à quatre Luther, pour la seconde. Louant les bienfaits voix, sans partie instrumentale obligatoire. d’intercesseur de l’Esprit saint, la première Ich lasse dich nicht Le règlement de l’école Saint-Thomas pré- section culmine dans une fugue, tandis que la BWV Anh. 159 cisait qu’ « élèves et précepteurs ont à se seconde est une sorte d’acte de foi se situant trouver devant la maison mortuaire un quart musicalement dans le sillage des motets de la Singet dem Herrn ein neues Lied d’heure avant le début des funérailles, et Renaissance, et se concluant par un alléluia. BWV 225 exécuter tout de suite leur chant ». De Bach Komm, Jesu, komm (Viens, Jésus, viens !) lui-même, il reste huit motets d’attribution BWV 229 est assurément lui aussi un motet certaine, mais il est vraisemblable qu’il en funèbre, puisque l’on y entend « Mon corps Vox Luminis composa bien davantage. est las », et plus loin « Je me remets entre Zsuzsi Tóth, Victoria Cassano, De Singet dem Herrn ein neues Lied (Chantez tes mains et te dis, monde, bonne nuit ! », Stefanie True, Caroline Weynants, au Seigneur un chant nouveau) BWV 225, le ce « gute Nacht » si fréquent dans la poésie sopranos texte, imité du Psaume CL, appelle à louer allemande et qui n’est autre qu’un adieu à la Alex Chance, Daniel Elgersma, Dieu sur tous les instruments et par la danse. vie. Tout le texte est lui-même celui de deux altos S’agit-il pour autant d’un motet funèbre ? strophes d’une aria funèbre, paraphrasant Philippe Froeliger, Masashi Tsuji, Le texte même, et l’éclatante splendeur l’Évangile de Jean, due à un professeur de ténors jubilatoire de cette musique pourraient en l’école Saint-Thomas nommé Paul Thymich. faire douter. Mais le choral commenté dans Le thème est celui, récurrent, de la mort libé- Lionel Meunier, Sebastian Myrus, le deuxième des trois morceaux, lui-même ratrice des tourments de la vie d’ici-bas. Les basses paraphrase du Psaume CIII, ne laisse aucun paroles sont mises dans la bouche du mou- Bart Jacobs, orgue doute à ce sujet : « Dieu sait que nous ne rant qui sent ses forces l’abandonner, mais Miranda Ricardo Rodriguez, basse sommes que poussière, comme l’herbe du aspire à sa fin prochaine qui l’apaisera et le de viole râteau, une fleur, des feuilles mortes. Que mènera vers la vie éternelle. Toute l’œuvre le vent souffle dessus, et il n’est plus ». Ce baigne dans un émouvant climat de confiante Direction Lionel Meunier motet est le plus complexe d’écriture et le intimité. Contrairement au contrepoint qu’il plus difficile d’exécution de tous. Le début pratique dans les autres motets à double et la fin en appellent aux quatre voix, mais chœur, Bach ne ménage pas ici d’effets de la partie médiane oppose en dialogue les répons ou de polychoralité. deux chœurs, le premier énonçant le choral Le cas du motet Ich lasse dich nicht (Je ne te lais- et le second une aria polyphonique. C’est ce serai pas que tu ne m’aies béni) BWV Anh. 159 motet qu’entendit Mozart à son passage à est un peu particulier, ce qui explique que Leipzig en 1789, et au sujet duquel il se serait longtemps la paternité de Bach lui ait été écrié : « Voilà enfin une œuvre où l’on peut refusée. Très connu, le texte tiré de la Genèse apprendre quelque chose ! » est celui du récit du combat de Jacob avec

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l’ange au gué du Yabboq. À l’aube, Jacob dit à l’inconnu qu’il vient de combattre toute la nuit : « Je ne te laisserai point aller que tu ne m’aies béni ». Le motet n’en conserve que le moment où Jacob blessé implore la béné- diction divine. Il s’ouvre dans un climat de grande émotion sur un mouvement tendre- ment berceur. Le second chœur répond au premier en échos de plus en plus rappro- chés, avant le chant du choral qui apparaît en valeurs longues des sopranos sur le tissu contrapuntique des autres chanteurs. Quant au motet Jesu, meine Freude (Jésus ma joie) BWV 227, il fait exception en ce qu’il est écrit pour un seul chœur, mais de cinq voix, avec deux parties de soprano. Son titre est trompeur : il s’agit bien d’un motet funèbre, et l’on y retrouve le mythique « gute Nacht ». Les six strophes du choral sont ici intégralement traitées. Mais Bach a interpolé entre les strophes des extraits de l’Épître de Paul aux Romains. Ainsi, la méditation que chantent les paroles du cantique, sur la mort bienheureuse qui délivre des maux et des souffrances du monde pour mener à la contemplation du Christ, se voit glosée à la lumière de l’Épître de Paul réaffirmant la nature spirituelle de l’homme, créature de Dieu. Formidable construction en arche, où le morceau central, clé de voûte de l’édifice sonore – une fugue, bien entendu –, pro- clame : « Mais pour vous, vous ne vivez pas selon la chair, mais selon l’Esprit ». Le dis- positif vocal se modifie à chaque section, à trois, quatre ou cinq voix, en symétrie par rapport à la section centrale. Et donc, pour ces raisons de symétrie, le premier morceau est repris pour couronner ce chef-d’œuvre. Gilles Cantagrel

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Der Geist hilft unser Schwachheit auf, Unter deinem Schirmen Sous ta protection, Der Geist hilft unser Schwachheit auf, L’esprit vient en aide à notre faiblesse, Bin ich vor den Stürmen Je suis à l’abri des tempêtes Denn wir wissen nicht, Car nous ne savons pas Aller Feinde frei. Déchaînées par tous mes ennemis. Was wir beten sollen, Ce qu’il nous convient Laß den Satan wittern, Laisse Satan entrer en rage, Wie sich’s gebühret ; De demander dans nos prières. Laß den Feind erbittern, Laisse l’ennemi s’exaspérer, Sondern der Geist selbst vertritt uns aufs beste Mais l’esprit lui-même intercède Mir steht Jesus bei. Jésus m’assiste ! Mit unaussprechlichem Seufzen. Pour nous par des soupirs ineffables. Ob es jetzt gleich kracht und blitzt, Qu’il se mette maintenant à tonner et à faire des éclairs, Ob gleich Sünd und Hölle schrecken : Ou que le péché et l’enfer répandent leur terreur, Der aber die Herzen forschet, der weiß, Mais celui qui scrute les cœurs sait Jesus will mich decken. Jésus veut m’abriter. Was des Geistes Sinn sei ; Quelle est la pensée de l’esprit. Denn er vertritt die Heiligen nach dem, Car c’est selon Dieu Trotz dem alten Drachen, Malgré le vieux dragon, Das Gott gefället. Qu'il intercède en faveur des Saints. Trotz des Todesrachen, Malgré le gouffre béant de la mort, Trotz der Furcht dazu ! Malgré la crainte en surcroît, Du heilige Brunst, süßer Trost, O sainte ferveur, doux réconfort, Tobe, Welt, und springe, Déchaîne-toi, monde, et vole en éclats, Nun hilf uns, fröhlich und getrost Aide-nous à demeurer avec joie et confiance Ich steh hier und singe Je demeure ici et chante In deinem Dienst beständig bleiben, Constamment à ton service, In gar sichrer Ruh. Dans la tranquillité la plus assurée ! Die Trübsal uns nicht abtreiben. À ne pas nous laisser détourner de toi par l’affliction ! Gottes Macht hält mich in acht ; La puissance de Dieu me tient en garde, O Herr, durch dein Kraft uns bereit O Seigneur, prépare-nous par ta force Erd und Abgrund muss verstummen, La terre et l’abîme sont condamnés à se taire, Und stärk des Fleisches Blödigkeit, À affermir la faiblesse de la chair, Ob sie noch so brummen. Autant qu’ils puissent gronder maintenant. Daß wir hie ritterlich ringen, Afin que nous luttions vaillamment ici-bas, Durch Tod und Leben zu dir dringen. À travers la mort et la vie, pour parvenir à toi. Weg mit allen Schätzen ! Loin de moi tous les trésors, Halleluja. Alléluia ! Du bist mein Ergötzen, C'est toi, Jésus, qui es Jesu, meine Lust ! Ma délectation, mon désir. Weg ihr eitlen Ehren, Loin de moi, vains honneurs, Komm, Jesu, komm Ich mag euch nicht hören, Je ne veux rien savoir de vous, Komm, Jesu, komm, mein Leib ist müde. Viens, Jésus, viens, mon corps est las, Bleibet mir unbewusst ! Demeurez étrangers à ma conscience ! Die Kraft verschwind’t je mehr und mehr, La force me manque de plus en plus, Elend, Not, Kreuz, Schmach und Tod Quelle que soit ma souffrance, ni la misère, Ich sehne mich nach deinem Friede ; J’aspire à ta paix ; Soll mich, ob ich viel muss leiden, La détresse, la croix, ni l’humiliation et la mort Der saure Weg wird mir zu schwer ! L’amer chemin me devient trop dur ! Nicht von Jesu scheiden. Ne sauraient me séparer de Jésus.

Komm, komm, ich will mich dir ergeben. Viens, je veux me soumettre à toi, Gute Nacht, o Wesen, Bonne nuit à toi, être Du bist der rechte Weg, die Wahrheit und das Leben. Tu es le bon Chemin, la Vérité et la Vie. Das die Welt erlesen, Qui as choisi le monde ! Mir gefällst du nicht. À moi tu ne plais pas. Drum schließ ich mich in deine Hände C’est pourquoi je me remets entre tes mains Gute Nacht, ihr Sünden, Bonne nuit à nous, péchés, Und sage : Welt, zu guter Nacht ! Et te dis, monde, bonne nuit ! Bleibet weit dahinten, Restez derrière, Eilt gleich mein Lebenslauf zu Ende, Si le cours de ma vie se hâte vers son terme, Kommt nicht mehr ans Licht ! Ne paraissez plus à la lumière ! Ist doch der Geist wohl angebracht. Mon âme est néanmoins bien préparée. Gute Nacht, du Stolz und Pracht ! Bonne nuit à toi, orgueil, et à toi, luxe ! Er soll bei seinem Schöpfer schweben, Qu’elle vole auprès de son créateur, Dir sei ganz, du Lasterleben, Bonne nuit à toute entière, Weil Jesus ist und bleibt Parce que Jésus est et demeure Gute Nacht gegeben. Vie de dépravation ! Der wahre Weg zum Leben. Le véritable Chemin de la Vie. Weicht, ihr Trauergeister, Écartez-vous, esprits d’affliction, Denn mein Freudenmeister, Car voici que le maître de ma joie, Jesu, meine Freude Jesus, tritt herein. Jésus, apparaît. Jesu, meine Freude, Jésus ma joie, Denen, die Gott lieben, À ceux qui aiment Dieu Meines Herzens Weide, Délectation de mon cœur Muß auch ihr Betrüben Le chagrin aussi Jesu, mein Begier, Jésus, ma gloire ! Lauter Zucker sein. Doit être doux comme le miel. Ach wie lang, ach lange Qu’il y a longtemps, ah ! il y a longtemps Duld ich schon hier Spott und Hohn, Si j’endure ici-bas sarcasme et dérision, Ist dem Herzen bange Que mon cœur s’inquiète Dennoch bleibst du auch im Leide, Au sein de la souffrance tu n’en demeures pas moins, Und verlangt nach dir ! Et aspire à toi Jesu, meine Freude. Jésus, ma joie. Gottes Lamm, mein Bräutigam, Agneau de Dieu, mon fiancé, Außer dir soll mir auf Erden Rien ne doit sur cette terre Nichts sonst Liebers werden. M'être plus cher que toi.

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Ich lasse dich nicht, Singet dem Herrn ein neues Lied Ich lasse dich nicht, Je ne te laisserai pas, Singet dem Herrn ein neues Lied, Chantez au Seigneur un chant nouveau, Du segnest mich denn, Que tu ne m’aies béni ! die Gemeine der Heiligen sollen ihn loben. L’assemblée des saints doit le louer ! Mein Jesu, ich lasse dich nicht, Mon Jésus, je ne te laisserai pas, Israel freue sich des, der ihn gemacht hat. Qu’Israël se réjouisse de ce qu’il a fait ! Du segnest mich denn ! Que tu ne m’aies béni ! Die Kinder Zion sei’n fröhlich über ihrem Könige, Que les enfants de Sion soient joyeux pour leur roi ! Sie sollen loben seinen Namen im Reigen ; Ils doivent louer son nom par la danse, Weil du mein Gott und Vater bist, Parce que tu es mon Dieu et mon père, mit Pauken und mit Harfen sollen sie ihm spielen. Pour lui, faites sonner les timbales et les harpes ! Dein Kind wirst du verlassen nicht, Ton enfant, tu ne l’abandonneras pas, Du väterliches Herz ! Toi, cœur paternel ! Wie sich ein Vater erbarmet Comme est la tendresse d’un père Ich bin ein armer Erdenkloß, Je suis une pauvre motte de terre, Gott, nimm dich ferner unser an, Pour ses jeunes enfants, Auf Erden weiß ich keinen Trost. Sur terre je ne connais pas de réconfort. Über seine junge Kinderlein, Ainsi le Seigneur agit-il pour nous tous, So tut der Herr uns allen, Ainsi le craignons-nous en notre pureté d’enfants. Ich danke dir Christe, Gottes Sohn, Je te remercie, Christ, Fils de Dieu, So wir ihn kindlich fürchten rein. Dieu, admets-nous plus près de toi ! daß du mich solchs erkennen lan De me faire connaître de telles choses Er kennt das arm Gemächte, Il connaît la faiblesse de notre être, durch dein göttliches Wort; Par ta parole divine; Gott weiß, wir sind nur Staub, Dieu sait que nous ne sommes que poussière, verleih mir auch Beständigkeit Accorde aussi la pérennité Denn ohne dich ist nichts getan mit allen unsern Sachen. Car sans toi rien n’est résolu de tout ce qui nous occupe. zu meiner Seelen Seligkeit. A la félicité de mon âme. Gleichwie das Gras vom Rechen, Comme l’herbe du râteau, Ein Blum und fallend Laub. Une fleur, des feuilles mortes. Lob, Ehr und Preis sei dir gesagt Louange, honneur et gloire te soient attestés Der Wind nur drüber wehet, Que le vent souffle dessus, für alle dein'erzeigt Wohltat, Pour tous les bienfaits que tu as montrés ; So ist es nicht mehr da, Et il n’est plus. und bitt demütiglich, Et, je te le demande humblement, Drum sei du unser Schirm und Licht, Sois donc notre protection et notre lumière, laß mich nicht von dein'm Angesicht Ne permets pas que, de ta face, Und trügt uns unsre Hoffnung nicht, Et si notre espérance ne nous leurre pas, verstoßen werden ewiglich. Je sois chassé pour l’éternité. So wirst du’s ferner machen. Tu continueras à nous aider. Also der Mensch vergehet, Ainsi passe l’homme, Sein End, das ist ihm nah. Sa fin qui lui est proche. Wohl dem, der sich nur steif und fest Heureux qui, ferme et inflexible, Auf dich und deine Huld verlässt. ne s’en remet qu’à toi et à ta faveur.

Lobet den Herrn in seinen Taten, lobet ihn in seiner Louez le Seigneur dans ses œuvres, großen Herrlichkeit ! louez-le en toute sa grandeur ! Alles, was Odem hat, lobe den Herrn Que tout ce qui respire loue le Seigneur, Halleluja ! Alléluia !

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19 H 30 / ABBAYE AUX DAMES

FELIX MENDELSSOHN ANTON BRUCKNER Les deux motets de Mendelssohn et Brahms le 25 septembre 1869, sous la direction de (1809-1847) qui ouvrent le concert ont été parmi les pre- Bruckner. Il la remania en 1882. L’effectif signe Messe en mi mineur miers enregistrés par Philippe Herreweghe, à lui seul toute l’originalité de la recherche Mitten wir im Leben sind pour chœur mixte et vents souvent donnés en concert par la suite et brucknérienne : un chœur à huit voix accom- opus 23 n°3 Kyrie sont la quintessence de l’œuvre chorale de pagné d’un ensemble de vents. Ni soliste, Gloria leurs compositeurs. Vient ensuite la figure ni cordes, ni orgue. Très en vogue dans le Credo majeure de Bruckner illustrée par un aspect milieu cécilianiste, l’admiration pour la poly- ANTON BRUCKNER e Sanctus - Benedictus plus méconnu de son travail, et pourtant phonie du XVI siècle est encore manifeste (1824-1896) absolument indissociable du célèbre créa- ici, le Sanctus étant même emprunté à un Agnus Dei teur de symphonies. Tout d’abord les deux thème de la Missa brevis de Palestrina (Livre Æquale n°1 Aequales pour trois trombones, terme latin XIX). Pourtant, il sait mêler, à ces influences Christus factus est qui désigne un effectif d’instruments iden- archaïques, toute la modernité et l’audace Orchestre des Champs-Élysées tiques, au service d’un discours aux accents post-romantique. Le Kyrie et l’Agnus Dei Æquale n°2 le plus souvent funèbres. En effet, Bruckner constituent les deux portes de l’ouvrage, Collegium Vocale Gent rendait alors hommage à sa grand-mère offrant chacun un discours solennel en mi JOHANNES BRAHMS maternelle, décédée cette année de 1847. mineur pour revêtir l’attitude intérieure atten- Direction Philippe Herreweghe C’est la même sobriété que revêtent les voix due par le culte : humilité et espérance. Si (1833-1897) des motets. Mais ce qui caractérise sans doute ces deux pièces et le Sanctus font la part Warum ist das Licht gegeben le discours musical de ces pièces est cette belle aux voix, fortement influencées par les opus 74 n° 1 aisance avec laquelle Bruckner a su faire son musiciens renaissants, le Gloria et le Credo miel des exigences du courant dominant utilisent toutes les ressources des instru- PAUSE à l’époque dans le domaine de la musique ments. Bruckner use d’un do majeur décidé religieuse, le cécilianisme, et cet art tout de pour asseoir sa profession de foi catholique. modernité et d’audace. En 1872, Bruckner met Tout le génie de Bruckner se met au service en musique sa deuxième vision du Christus de sa foi dans le Credo : après l’intonation factus est pro nobis avec trombones et vio- grégorienne, le chœur est essentiellement lons (ad libitum), mais en donne une ultime à l’unisson, fortissimo et sûr de lui, amplifié version a cappella en 1884. Malgré (ou grâce encore par le contrepoint des vents. Mais il à) son épure, c’est l’une des œuvres les plus plonge soudain dans une méditation toute expressives et monumentales de la musique d’intériorité pour illustrer la partie centrale sacrée de Bruckner consacrée à l’incarnation et à la crucifixion. Robert Simpson, spécialiste de Bruckner, Les voix se retrouvent brutalement a capella insiste ainsi beaucoup sur l’attachement vis- en un fa majeur très paisible, adagio. Bruckner céral avec lequel le compositeur cherchait sait que le cœur de la foi des chrétiens se à faire tendre ses œuvres vers des horizons tient là. Intense suspens du discours musical, ouverts, évoquant un récurrent « processus invitant à l’intimité du cœur – et du chœur –, graduel d’apaisement, débouchant sur une mettant en lumière plus encore l’issue de la rayonnante et lumineuse sérénité ». La Messe Résurrection. en mi mineur participe elle aussi de ce chemi- D’après Hélène Décis-Lartigau nement. Composée entre août et novembre 1866, elle était destinée à la consécration de la chapelle votive de la nouvelle cathé- drale de Linz, mais elle fut créée seulement

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Mitten wir im Leben sind Warum ist das Licht gegeben Mitten wir im Leben sind Au milieu de la vie nous sommes Warum ist Licht gegeben dem Mühseligen und das Pourquoi donne-t-il la lumière à celui qui a du Mit dem Tod umfangen. Entourés par la mort. Leben den betrübten Herzen ? Warum ? tourment, et la vie à ceux qui ont l’âme amère, Wen seh’n wir, der Hülfe thu’, Qui cherchons-nous, qui puisse aider, Die des Todes warten und kommt nicht und grüben Qui attendent la mort, et elle ne vient pas, Dess’ wir Gnad’ erlangen ? Afin que nous obtenions la grâce ? Ihn wohl aus dem verborgenen ; Et qui la cherchent plus que des trésors cachés, Das bist du, Herr, alleine ! Il n’y a que toi, Seigneur. Die sich fast freuen und sind fröhlich, Ceux qui se réjouissent jusqu’à la jubilation Uns reuet unser Missethat, Nous regrettons notre méfait Daß sie das Grab bekommen. Warum ? Et exultent parce qu’ils trouvent une sépulture, Die dich, Herr, erzürnet hat. Qui t’a, Seigneur, irrité. Und dem Manne des Weg verborgen ist, Et à celui dont le chemin est caché Heiliger Herre Gott ! Saint Seigneur Dieu, Und Gott vor ihm denselben bedecket ? Warum ? Et que Dieu cerne de toutes parts ? Pourquoi ? Heiliger, starker Gott ! Saint puissant Dieu, Heiliger, barmherziger Heiland, Saint miséricordieux Sauveur, Lasset uns unser Herz samt den Händen Élevons notre cœur avec nos mains Du ewiger Gott, Toi Dieu éternel, aufheben zu Gott im Himmel. Vers Dieu dans les cieux. Lass uns nicht versinken Ne nous laisse pas sombrer In des bittern Todes Noth. Dans l’amère détresse de la mort. Siehe, wir preisen selig, die erduldet haben. Voyez, nous proclamons heureux ceux qui ont enduré. Kyrie eleison ! Kyrie eleison. Die Geduld Hiob habt ihr gehöret, Vous avez entendu parler de la patience de Job, Mitten in dem Tod anficht Au milieu de la mort nous tourmente Und das Ende des Herrn habt ihr gesehen ; Et vous avez vu l’issue que le Seigneur lui a ménagée ; Uns der Höllen Rachen. Le gouffre de l’enfer. Denn der Herr ist barmherzig und ein Erbarmer ! Car le Seigneur est plein de miséricorde et de compassion. Wer will uns aus solcher Noth Qui d’une telle détresse nous Mit Fried und Freud ich fahr dahin, C’est dans la paix et dans la joie Frei und ledig machen ? Libérera et nous délivrera ? In Gottes willen, Que je vais vers le Seigneur, Das thust du, Herr, alleine ! Tu le fais, Seigneur, toi seul. Getrost ist mir mein Herz und Sinn, Mon cœur et mon esprit sont consolés, Es jammert dein’ Barmherzigkeit Ta miséricorde a pitié Sanft und stille. Doux et tranquilles. Unser Sünd’ und grosses Leid. De notre péché et grande souffrance. Wie Gott mir verheißen hat, Comme Dieu me l’a promis, Heiliger Herre Gott ! Saint Seigneur Dieu, Der Tod ist mir Schlaf worden. La mort m’est devenue sommeil. Heiliger, starker Gott ! Saint puissant Dieu, Heiliger, barmherziger Heiland, Saint miséricordieux Sauveur, Du ewiger Gott, Toi Dieu éternel, Christus factus est Lass uns nicht verzagen Ne nous laisse pas désespérer Christus factus est pro nobis obediens Le Christ s’est fait pour nous obéissant, Vor der tiefen Höllen Glut ! Devant le feu profond de l’enfer. usque ad mortem, mortem autem crucis. Jusqu’à la mort, et à la mort sur la croix. Kyrie eleison ! Kyrie eleison. Propter quod et Deus exaltavit illum Aussi Dieu l’a-t-il exalté, Mitten in der Höllen Angst Au milieu de la peur de l’enfer Et dedit illi nomen, Et lui a-t-il donné le nom Unser Sünd’ uns treiben. Notre péché nous accable. quod est super omne nomen. Qui est au-dessus de tout nom. Wo soll’n wir denn fliehen hin, Vers où devons-nous donc fuir Da wir mögen bleiben ? Afin de souhaiter y demeurer ? Zu dir, Herr Christ alleine ! Vers toi, Seigneur Christ, toi seul. Kyrie Vergossen ist dein theures Blut, Ton précieux sang a été versé Kyrie eleison. Christe eleison. Kyrie eleison. Seigneur, aie pitié, Christ, aie pitié. Seigneur, aie pitié. Das g’nug für die Sünde thut. Qui rachète le péché. Heiliger Herre Gott ! Saint Seigneur Dieu, Heiliger, starker Gott ! Saint puissant Dieu, Gloria Heiliger, barmherziger Heiland, Saint miséricordieux Sauveur, Gloria in excelsis Deo Gloire à Dieu, au plus haut des cieux, Du ewiger Gott, Toi Dieu éternel, Et in terra pax hominibus bonae voluntatis Et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. Lass uns nicht entfallen Ne nous laisse pas échapper Laudamus Te Nous te louons, Von des rechten Glaubens Trost. À la consolation de la juste foi. Benedicimus Te Nous te bénissons, Kyrie eleison ! Kyrie eleison. Adoramus Te Nous t’adorons, Glorificamus Te Nous te glorifions, Gratias agimus tibi propter magnam gloriam tuam Nous te rendons grâce, pour ton immense gloire, Domine Deus Rex caelestis, Seigneur Dieu, Roi du ciel, Deus Pater omnipotens Dieu, le père tout-puissant. Domine Fili unigenite Jesu Christe Seigneur, Fils unique, Jésus Christ, Domine Deus Agnus Dei Filius Patris Seigneur Dieu, Agneau de Dieu,le Fils du Père. Qui tollis peccata mundi Toi qui enlèves le péché du monde, Miserere nobis Prends pitié de nous

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Qui tollis peccata mundi Toi qui enlèves les péchés du monde, suscipe deprecationem nostram Reçois notre prière ; Sanctus Qui sedes ad dexteram Patris Toi qui es assis à la droite du Père, Sanctus, Sanctus, Sanctus, Dominus Deus Sabaoth. Saint, Saint, Saint le Seigneur, Dieu de l’univers. miserere nobis Prends pitié de nous. Pleni sunt caeli et terra gloriam tua. Le ciel et la Terre sont remplis de ta gloire. Quoniam Tu solus Sanctus Car Toi seul es Saint, Hosanna in excelsis Hosanna au plus haut des cieux ! Tu solus Dominus Toi seul es Seigneur, Tu solus altissimus Jesu Christe Toi seul es le Très-Haut, Jésus Christ, cum Sancto Spiritu in gloria Dei Patris Avec le Saint-Esprit, dans la gloire de Dieu le Père. Benedictus Amen. Amen. Benedictus qui venit in nomine Domini. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Hosanna in excelsis Hosanna au plus haut des cieux ! Credo Credo in unum Deum Je crois en un seul Dieu, Patrem omnipotentem Père tout-puissant, Agnus Dei Factorem caeli et terrae, Créateur du ciel et de la terre, Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, Agneau de Dieu qui enlèves le péché du monde, Visibilium omnium et invisibilium. De l’univers visible et invisible, miserere nobis. prends pitié de nous. Et in unum Dominum Jesum Christum Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ, Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, Agneau de Dieu qui enlèves le péché du monde, Filium Die unigenitum. Le Fils unique de Dieu, miserere nobis. prends pitié de nous. Et ex Patre natum ante omnia saecula. Né du Père, avant tous les siècles. Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, Agneau de Dieu qui enlèves le péché du monde, Deum de Deo ; Il est Dieu, né de Dieu, dona nobis pacem. donne-nous la paix. Lumen de lumnie, Lumière, née de la lumière, Deum verum de Deo vero. Vrai Dieu, né du vrai Dieu. Genitum non factum, Engendré non pas créé, consubstantialem Patri ; De même nature que le Père ; per quem omnia facta sunt. Et par lui tout a été fait. Qui propter nos homines Pour nous les hommes, Et propter nostram salutem descendit de caealis. Et pour notre salut, il descendit du ciel. Et incarnatus est de Spiritu Sancto Par l’Esprit Saint, il a pris chair Ex Maria Virgine, De la Vierge Marie, Et homo factus est. Et s’est fait homme. Crucifixus etiam pro nobis Crucifié pour nous sous Ponce Pilate, Sub Pontio Pilato passus, Il souffrit sa passion Et sepultus est. Et fut mis au tombeau. Et ressurexit tertia die, Il ressuscita le troisième jour, Secundum Scripturas. Conformément aux Écritures, Et ascendit in caelum : Et il monta au ciel ; Sedet ad dexteram Patris. Il est assis à la droite du Père. Et iterum venturus est cum gloria, Il reviendra dans la gloire, Judicare vivos, et mortuos, Pour juger les vivants et les morts Cujus regni non erit finis. Et son règne n’aura pas de fin. Et in Spiritum Sanctum, Je crois en l’Esprit Saint, Dominum, et vivificantem : Qui est Seigneur et qui donne la vie ; Qui ex Patre, Filioque procedit. Il procède du Père et du Fils. Qui cum Patre, et Filio simul adoratur, et Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et conglorificatur, même gloire ; Qui locutus est per Prophetas. Il a parlé par les prophètes. Et unam, sanctam, catholicam Je crois en l’Église, une, sainte, Et apostolicam Ecclesiam. Catholique et apostolique. Confiteor unum baptisma Je reconnais un seul baptême In remissionem peccatorum. Pour le pardon des péchés. Et expecto ressurectionem mortuorum. J’attends la résurrection des morts, Et vitam venturi saeculi. Et la vie du monde à venir. Amen Amen

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22 H / ABBAYE AUX DAMES

WOLFGANG-AMADEUS MOZART De part et d’autre de l’année 1800, Mozart et Avec Franz Schubert (1797-1828), la musique (1756-1791) Schubert sont assurément les deux figures plonge de manière radicale dans cette esthé- majeures de la musique de leur époque, tique nouvelle, où l’émotion personnelle, Quatuor n°15 en ré mineur K421 assurant la synthèse d’un héritage riche et l’humeur, le « moi » osent prendre le devant Allegro diversifié, tout en l’ouvrant sur de nouveaux de la scène. Son quatuor n°14 en ré mineur, Andante horizons, vers des formes et des esthétiques dit La Jeune Fille et la Mort fait partie des Menuetto allegretto jusqu’alors ignorées. plus grands monuments musicaux qu’il ait Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) fut un laissés à la postérité. Composé en 1824, ce Allegretto ma non troppo grand pourvoyeur de musique de chambre. quatuor est doublement placé sous l’aile de Son quatuor à cordes n°15 en ré mineur fait la mort : par sa tonalité de ré mineur tout FRANZ SCHUBERT partie d’un groupe de six quatuors dédiés à d’abord, celle de la mort par excellence, mais (1797-1828) son modèle : Joseph Haydn. Nous sommes surtout parce que Schubert y réinterprète un ici en présence d’un tout jeune Mozart (jan- lied au titre prémonitoire composé sept ans Quatuor n°14 en ré mineur D 810 vier 1784) mais qui a déjà à son actif une plus tôt : La Jeune Fille et la Mort. La Jeune Fille et la Mort bonne douzaine de quatuors. Avec cette nou- L’Allegro initial s’ouvre avec une force peu Allegro velle salve, il crée un genre nouveau, riche commune – on songe à la violence du début Andante con moto en clair-obscur et en inquiétudes peu com- de la symphonie n°5 de Beethoven, avec ses munes dans ce genre d’œuvres jusqu’alors. « appels du destin »… Après la violence de ces Scherzo – allegro molto - Trio Ce quatuor en ré mineur est tout spécifique- pages faites de soubresauts, d’accents de Presto ment d’une formidable profondeur d’émotion. rage et de cris du cœur, le deuxième mouve- Sans vouloir à tout prix parler ici d’esthé- ment reprend le thème initial qui nourrissait tique romantique, force est de reconnaître le lied éponyme. En l’espace de cinq varia- Quatuor van Kuijk que des émotions nouvelles s’y donnent à tions, plus émouvantes et poignantes l’une Nicolas Van Kuijk, entendre, qui vont fouiller dans les tréfonds que l’autre, Schubert brosse un panorama des Sylvain Favre-Bulle, violon de la psyché humaine et parlent d’un « moi » émotions humaines les plus douloureuses, jusqu’alors honni. L’Allegro initial fait alterner depuis le deuil jusqu’à la révolte devant l’in- Emmanuel François, alto moments de tendresse et pensées troubles, compréhensible, l’inacceptable, en passant François Robin, violoncelle d’une mélancolie intranquille. Le deuxième par la résignation et la désolation. Le Scherzo mouvement, noté Andante con moto, tra- (3e mouvement) continue cette exploration vaille sur la tonalité – rare chez Mozart – de La morbide par une course à l’abîme où l’image bémol. L’auditeur est ici entraîné dans un véri- de l’enfer se fait jour sous des harmonies grin- table nocturne, où l’élégie la plus poignante se çantes. Le Presto final, complète le tableau : donne à entendre dans le mystère d’une nuit c’est une véritable « danse macabre », dans étoilée. Ces modulations, ces chromatismes une atmosphère proche de celle, glaçante, sont incroyables pour l’époque. Le Menuetto du Roi des Aulnes. Une œuvre géniale, triste renoue avec une bonne humeur évidente. et belle comme un Requiem qui ne dirait pas Le substrat culturel est ici très ouvertement son nom… populaire, campagnard même : rythmes de Jean-Jacques Groleau danses marqués, harmonies franches… Le quatrième et dernier mouvement est une sorte de rondo vif et aérien, où les archets vol- tigent sans que rien jamais ne semble peser.

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12 H 30 / ABBAYE AUX DAMES

JOHANN SEBASTIAN BACH Les trois cantates de ce concert, de même Elle a été entendue le dimanche précédant (1685-1750) que les trois autres du concert suivant pro- la cantate BWV 8. Le choral est exposé au Gli Angeli Genève posé par les mêmes interprètes, n’ont pas début et à la fin de l’œuvre, tandis que les Cantate BWV 99 Aleksandra Lewandowska, soprano été choisies par hasard : elles ont toutes été quatre autres numéros le paraphrasent. La Was Gott tut, das ist wohlgetan Alex Potter, alto composées et exécutées en l’espace de six cantate s’ouvre sur une allègre sinfonia en semaines de l’année 1724. Toutes relèvent d’un style de concerto italien d’où émergent très Cantate BWV 113 Thomas Hobbs, ténor Stephan MacLeod, basse même genre, celui de la cantate de choral, clairement les périodes du choral. Confiance Herr Jesu Christ, du höchstes Gut traité par Bach durant sa deuxième année en Dieu et tranquille assurance : cet affect Cantate BWV 8 Ripieno : de production à Leipzig. Ce sont des œuvres parcourt l’œuvre, récitatif de basse, aria ras- qui prennent pour support spirituel un cho- surante du ténor, récitatif de l’alto, « Dieu est Liebster Gott, wenn werd’ich sterben Anne-Kathryn Olsen, soprano ral, qui s’y trouve exprimé fragmentairement ma lumière ». Mais le duetto entre soprano Christelle Monney, alto ou entièrement. et alto rappelle les souffrances de la vie ter- Benjamin Glaubitz, ténor Ainsi, la cantate Liebster Gott, wenn werd’ ich restre, dans la tonalité désolée de si mineur, Frederik Sjollema, basse sterben ? (Dieu bien aimé, quand vais-je mou- avant que le choral final ne rappelle le récon- rir ?) BWV 8 se fonde-t-elle sur le cantique fort divin. Alexis Kossenko, traverso éponyme dont le texte et la musique sont de Plus développée que les précédentes, la Emmanuel Laporte, hautbois composition récente. La musique est due à cantate Herr Jesu Christ, du höchstes Gut Seung-Kyung Lee Blondel, hautbois Daniel Vetter, organiste de l’église St-Nicolas (Seigneur Jésus-Christ, toi, bien suprême) Olivier Picon, cor de Leipzig. Le thème spirituel développé BWV 113 compte huit numéros. Le choral Eva Saladin, violon solo par la cantate est celui d’une méditation sur éponyme est sous-titré : « un bon cantique, la mort, thème récurrent chez Bach. Il est pour le pardon des péchés », et il est chanté Alix Boivert, Stéphanie Erös, exposé en deux parties. Les trois premiers sur une belle mélodie qui remonte au XVIe Anne Millischer, Nadia Rigolet, numéros chassent la perspective tragique siècle. La prédication montre d’abord le chré- violon de la mort, puisque le Christ lui-même est tien ployant sous le poids de ses fautes et Caroline Cohen-Adad, ressuscité, et la seconde, à partir de l’air de implorant le Christ de l’en délivrer. Sûr de la Martine Schnorhk, alto basse, répond à l’appel du Christ qui prépare miséricorde divine, c’est fortifié par l’esprit Felix Knecht, Oleguer Aymami, le croyant à bien mourir. Le chœur initial est de joie qu’il pourra quitter ce monde pour violoncelle une merveilleuse sinfonia, un émouvant pay- une vie meilleure dans l’au-delà. Deux par- Michael Chanu, contrebasse sage de l’âme dans le tintement de la cloche ties, donc, illustrant une de ces antithèses des trépassés qui se poursuit dans l’air sui- qu’affectionne le compositeur. Après les deux Philippe Miqueu, basson vant, où le ténor évoque son corps qui, avec strophes de choral initiales, très intérieures – Francis Jacob, orgue l’âge, s’incline vers la terre. Les souffrances à nouveau si mineur –, l’air de basse exprime François Guerrier, clavecin persistent, dans le récitatif d’alto qui évoque les tortures intérieures du pécheur. Avec le un morceau d’une Passion. Mais avec l’air récitatif suivant s’amorce le rassérénement Direction Stephan McLeod de basse, le réconfort et la joie succèdent spirituel du réconfort, dans un merveilleux aux peines. Un récitatif de soprano enchaîne trio pour ténor et continuo. Quant à l’aria- avec la dernière strophe du choral de Vetter duetto qui précède la strophe de choral finale, pour conclure. soprano et alto se perdent en longues rou- La cantate Was Gott tut, das ist wohlgetan (Ce coulades, où les deux voix à la fois apaisées que Dieu fait, cela est bien fait) BWV 99 est par la miséricorde divine réitèrent leur repen- la première des trois que Bach a composées tir et la demande de leur pardon, avant de sur ce thème qui lui tenait à cœur, puisqu’on promettre à Dieu d’observer une vie meil- le retrouve dans d’autres cantates encore. leure et plus fidèle à sa Parole. Gilles Cantagrel

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Was Gott tut, das ist wohlgetan Coro Chœur Was Gott tut, das ist wohlgetan, Ce que Dieu fait est bien fait Es bleibt gerecht sein Wille ; Sa volonté reste juste ; Wie er fängt meine Sachen an, Quel que soit le cours de ma destinée, Will ich ihm halten stille. Je m’en tiens à lui sans mot dire. Er ist mein Gott, Il est mon Dieu Der in der Not Qui sait veiller sur mon sort Mich wohl weiß zu erhalten ; Dans le péril ; Drum laß ich ihn nur walten. Je le laisse donc agir.

Recitativo (Bass) Récitatif (Basse) Sein Wort der Wahrheit stehet fest Sa parole de vérité est inébranlable Und wird mich nicht betrügen, Et ne me trompera pas ; Weil es die Gläubigen nicht fallen noch verderben Parce qu’elle n’abandonne ni ne perd les fidèles. Läßt. Ja, weil es mich den Weg zum Leben führet, Oui, parce qu’elle me conduit sur le chemin de la vie, So faßt mein Herze sich und lässet sich begnügen Mon cœur se ressaisit et se contente An Gottes Vatertreu und Huld Du dévouement paternel et des bonnes grâces de Und hat Geduld, Dieu et montre patience Wenn mich ein Unfall rühret. Lorsque l’adversité me frappe. Gott kann mit seinen Allmachtshänden Dieu, avec ses mains toutes puissantes, Mein Unglück wenden. Peut détourner de moi mon malheur.

Aria (Tenor) Air (Ténor) Erschüttre dich nur nicht, verzagte Seele, Ne frémis donc pas, âme découragée, Wenn dir der Kreuzeskelch so bitter schmeckt ! Si le calice de la croix est si amer ! Gott ist dein weiser Arzt und Wundermann, Dieu est un médecin avisé et fait des miracles, So dir kein tödlich Gift einschenken kann, Il ne pourrait te servir de poison mortel Obgleich die Süßigkeit verborgen steckt. Même si la douceur en est cachée.

Recitativo (Alto) Récitatif (Alto) Nun, der von Ewigkeit geschloßne Bund À présent, l’alliance scellée par l’éternité Bleibt meines Glaubens Grund. Reste le fondement de ma foi. Er spricht mit Zuversicht Elle parle avec confiance Im Tod und Leben : Dans la mort et dans la vie : Gott ist mein Licht, Dieu est ma lumière, Ihm will ich mich ergeben. À lui, je veux me livrer. Und haben alle Tage Et même si tous les jours Gleich ihre eigne Plage, Ont leurs propres tourments, Doch auf das überstandne Leid, La souffrance étant surmontée, Wenn man genug geweinet, Lorsqu’on a assez pleuré, Kömmt endlich die Errettungszeit, Viendra enfin le temps de la délivrance Da Gottes treuer Sinn erscheinet. Où la fidélité de Dieu se manifestera.

Aria (Soprano, Alto) Air (Soprano, Alto) Wenn des Kreuzes Bitterkeiten Si l’amertume de la croix Mit des Fleisches Schwachheit streiten, S’attaque à la faiblesse de la chair, Ist es dennoch wohlgetan. Il en est pourtant bien ainsi. Wer das Kreuz durch falschen Wahn Celui qui, dans une vaine folie, Sich vor unerträglich schätzet, Considère la croix comme supplice intolérable, Wird auch künftig nicht ergötzet. Ne se délectera pas non plus à l’avenir.

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Choral Choral kann mich nicht länger quälen, Ne peut plus longtemps me faire souffrir, Was Gott tut, das ist wohlgetan, Ce que Dieu fait est bien fait Dieweil Gotts alle Gnad verheißt, Puisque Dieu promet toute grâce, Dabei will ich verbleiben. Je veux m’en tenir à cela. Hiernächst die Gläubigen und Frommen Et bientôt nourrira croyants et fidèles Es mag mich auf die rauhe Bahn Il se peut que le danger, la mort et la misère Mit Himmelsmanna speist, De la manne céleste, mais seulement, Not, Tod und Elend treiben, Me poussent sur la voie cruelle, Wenn wir nur mit zerknirschtem Geist Si nous nous approchons de Jésus d’un esprit contrit. So wird Gott mich Mais mon Dieu me prendra Ganz väterlich Tout paternellement Aria (Tenor) Air (ténor) In seinen Armen halten ; Dans ses bras ; Jesus nimmt die Sünder an : Jésus accueille les pécheurs : Drum laß ich ihn nur walten. C’est pourquoi je le laisse agir. Süßes Wort voll Trost und Leben ! Douce parole pleine de réconfort et de vie ! Er schenkt die wahre Seelenruh Il offre la véritable paix de l’âme Und rufet jedem tröstlich zu : Et appelle chacun de ces mots réconfortants : Herr Jesu Christ, du höchstes Gut Dein Sünd ist dir vergeben. Ton péché t’est remis ! Chor Chœur Herr Jesu Christ, du höchstes Gut, Seigneur Jésus-Christ, toi, bien suprême, Recitativ (Tenor) Récitatif (ténor) Du Brunnquell aller Gnaden, Toi, source de toutes grâces, Der Heiland nimmt die Sünder an : Le Sauveur accueille les pécheurs : Sieh doch, wie ich in meinem Mut Vois donc combien mon esprit Wie lieblich klingt das Wort in meinen Ohren ! Que ces mots sonnent aimablement à mon oreille ! Mit Schmerzen bin beladen Est traversé de douleurs Es ruft : « Kommt her zu mir, Il appelle : « Venez à moi, Und in mir hab der Pfeile viel, Et combien j’ai de flèches Die ihr mühselig und beladen, Vous qui êtes fatigués et chargés, Die im Gewissen ohne Ziel Qui dans ma conscience, sans but, Kommt her zum Brunnquell aller Gnaden, Venez ici, à la source de toute grâce, Mich armen Sünder drücken. M'oppressent, moi, pauvre pécheur. Ich hab euch mir zu Freunden auserkoren ! » Je vous ai choisis pour amis ! » Auf dieses Wort will ich zu dir À ces paroles, je veux m’avancer vers toi Choral (Alt) Choral (alto) Wie der bußfertge Zöllner treten Comme le publicain repentant, Erbarm dich mein in solcher Last, Aie pitié de moi, sous un tel fardeau, Und mit demütgem Geist Et prier, humble d’esprit : Dieweil du sie gebüßet hast Ôte-le de mon cœur, puisque tu l’as expié « Gott, sei mir gnädig ! »beten. « Dieu, sois clément envers moi ! » Am Holz mit Todesschmerzen, Sur le bois de la Croix, dans les affres de la mort, Ach, tröste meinen blöden Mut Ah ! Réconforte mon stupide courage, Auf dass ich nicht für großem Weh Afin que je ne meure pas Und mache mich durch dein vergossnes Blut Et par ton sang versé, purifie-moi In meinen Sünden untergeh, Dans les grands tourments de mes péchés, Von allen Sünden rein, Ainsi je serai désormais Noch ewiglich verzage. Ni ne désespère éternellement. So werd ich auch wie David und Manasse, Moi-aussi, comme David et Manassé Wenn ich dabei Si, toujours, Aria (Bass) Air (basse) Dich stets in Lieb und Treu Avec amour et fidélité, Fürwahr, wenn mir das kömmet ein, En vérité, quand je m’aperçois Mit meinem Glaubensarm umfasse, Je t’étreins dans les bras de ma foi, Dass ich nicht recht vor Gott gewandelt Que je ne me conduis pas bien devant Dieu Hinfort ein Kind des Himmels sein. Devenant ainsi un enfant du ciel. Und täglich wider ihn misshandelt, Et que chaque jour j’agis contre son vouloir, So quält mich Zittern, Furcht und Pein. Alors me torturent frissons, craintes et tourments. Aria duetto (Sopran, Alt) Air duetto (soprano, alto) Ich weiß, dass mir das Herz zerbräche, Je sais que mon cœur se briserait Ach Herr, mein Gott, vergib mir’s doch, Ah, Seigneur, mon Dieu, pardonne-moi Wenn mir dein Wort nicht Trost verspräche. Si ta Parole ne me promettait pas le réconfort. Womit ich deinen Zorn erreget, Ce par quoi je provoque ta colère, Zerbrich das schwere Sündenjoch, Brise le pesant joug du péché Recitativ (Bass) Récitatif (basse) Das mir der Satan auferleget, Que Satan m’impose, Jedoch dein heilsam Wort, das macht Cependant, ta Parole salutaire fait Dass sich mein Herz zufriedengebe Que mon cœur s’apaise Mit seinem süßen Singen, Par ses doux accents Und dir zum Preis und Ruhm hinfort Et que, pour ta louange et ta gloire, Dass meine Brust, Que mon sein, Nach deinem Wort Je vive selon ta Parole Der vormals lauter Angst bewusst, Auparavant conscient de son angoisse, In kindlichem Gehorsam lebe. Dans l’obéissance d’un enfant. Sich wieder kräftig kann erquicken. Peut retrouver la force. Das jammervolle Herz Le cœur empli d’affliction Choral Choral Empfindet nun nach tränenreichem Schmerz Ressent maintenant, après les larmes de la douleur, Stärk mich mit deinem Freudengeist, Fortifie-moi par ton esprit de joie, Den hellen Schein von Jesu Gnadenblicken ; Le clair éclat du regard de la grâce de Jésus ; Heil mich mit deinen Wunden, Sauve-moi par tes blessures, Sein Wort hat mir so vielen Trost gebracht, Sa Parole m’a apporté un tel réconfort Wasch mich mit deinem Todesschweiß Lave-moi de la sueur de ton agonie Dass mir das Herze wieder lacht, Que mon cœur rit à nouveau In meiner letzten Stunden ; Lorsque sera venue ma dernière heure ; Als wenn’s beginnt zu springen. Comme s’il commençait à battre. Und nimm mich einst, wenn dir’s gefällt, Et un jour, quand il te plaira, Wie wohl ist meiner Seelen ! Que mon âme se sent bien ! In wahrem Glauben von der Welt Dans la vraie foi, arrache-moi de ce monde Das zagende Gewissen Ma conscience découragée Zu deinen Auserwählten ! Pour me mener parmi tes élus !

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Liebster Gott, wenn werd’ich sterben Choral Chœur Coro Chœur Herrscher uber Tod und Leben, Souverain maître de la mort et de la vie, Liebster Gott, wenn werd ich sterben ? Dieu bien aimé, quand vais-je mourir ? Mach einmal mein Ende gut, Accorde-moi une bonne fin, Meine Zeit läuft immer hin, Mon temps s’écoule toujours Lehre mich den Geist aufgeben Apprends-moi à rendre l’âme Und des alten Adams Erben, Et les descendants du vieil Adam, Mit recht wohlgefasstem Mut. Avec un courage affermi Unter denen ich auch bin, Parmi lesquels je suis, Hilf, dass ich ein ehrlich Grab Aide-moi à avoir une honnête tombe Haben dies zum Vaterteil, Ont reçu en héritage de leur père Neben frommen Christen hab Auprès de pieux chrétiens Dass sie eine kleine Weil D’être un bref moment Und auch endlich in der Erde Et aussi qu’enfin, dans la terre, Arm und elend sein auf Erden Pauvres et malheureux sur terre Nimmermehr zuschanden werde ! Plus jamais je ne sois atteint. Und dann selber Erde werden. Et de devenir eux-mêmes de la terre.

Aria (Tenor) Aria (Ténor) Was willst du dich, mein Geist entsetzen, Que vas-tu t’épouvanter, mon esprit, Wenn meine letzte Stunde schlägt ? Quand ma dernière heure sonnera ? Mein Leib neigt täglich sich zur Erden, Mon corps s’incline chaque jour vers la terre Und da muss seine Ruhstatt werden, Qui devra être le lieu de son repos Wohin man soviel tausend trägt. Là où l’on en a porté tant de milliers.

Recitativo (Alto) Récitatif (Alto) Zwar fuhlt mein schwaches Herz Certes, mon faible cœur Furcht, Sorge, Schmerz : Ressent la crainte, les tourments, la douleur : Wo wird mein Leib die Ruhe finden ? Où mon corps trouvera-t-il le repos ? Wer wird die Seele doch Qui donc libérera vom aufgelegten Sundenjoch Et déliera mon âme du joug Befreien und entbinden ? Des péchés qui l’accablent ? Das Meine wird zerstreut, Mes biens seront dispersés, Und wohin werden meine Lieben Et où s’en iront les miens, In ihrer Traurigkeit Divisés et éloignés Zertrennt, vertrieben ? Dans leur affliction ?

Aria (Bass) Aria (Basse) Doch weichet, ihr tollen, vergeblichen Sorgen ! Dissipez-vous donc, pauvres et vains soucis ! L’ABBOUTIQUE, UN ESPACE ORIGINAL Mich rufet mein Jesus : wer sollte nicht gehn ? Mon Jésus m’appelle : qui n’y répondrait ? DE DÉCOUVERTES Nichts, was mir gefällt, Le monde ne possède Besitzt die Welt, Rien qui me plaise. Erscheine mir, seliger, fröhlicher Morgen, Apparais donc, matin bienheureux et joyeux, Nous vous accueillons tout au long de la journée, Verkläret und herrlich vor Jesus zu stehn. Pour me tenir transfiguré et splendide devant Jésus. dans ce lieu lumineux. Produits locaux (pineau, gâteaux,...), produits artisanaux (bijoux, …), jeux Recitativo (Soprano) Récitatif (Soprano) Behalte nur, o Welt, das Meine ! Conserve donc mon bien, ô monde ! destinés aux enfants pour une approche ludique de la Du nimmst ja selbst mein Fleisch und meine Gebeine, Tu prends déjà ma chair et mes ossements, musique, livres sur l’architecture régionale, le chemin So nimm auch meine Armut hin ; Accepte donc aussi ma pauvreté ; de Compostelle, les compositeurs et leurs œuvres, Genug, dass mir aus Gottes Überfluß Il me suffit que Dieu, dans l’excès de sa bonté, c’est ici et presque… nulle part ailleurs ! Das höchste Gut noch werden muß, M’accorde le bien suprême, Sans oublier des enregistrements d’artistes qui ont Genug, dass ich dort reich und selig bin. Il me suffit d’être là-haut riche et heureux. participé au Festival de Saintes notamment. Was aber ist von mir zu erben, Qu’ai-je donc d’autre à hériter Als meines Gottes Vatertreu ? Que la fidélité paternelle de mon Dieu ? Choisir l’Abboutique, c’est aussi marquer un Die wird ja alle Morgen neu Elle se renouvelle chaque matin engagement civique en faveur d’une entreprise Und kann nicht sterben. Et ne peut pas mourir. culturelle régionale au rayonnement international.

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19 H 30 / ABBAYE AUX DAMES

LUDWIG VAN BEETHOVEN La première moitié du XIXe siècle a été un met en place ici un procédé structurant assez (1770-1827) moment béni pour le piano. Ludwig van nouveau : la construction cyclique, qui permet, Beethoven (1770-1827), avec ses 32 sonates par le retour de thèmes, de formules ou de Sonate pour piano n°28 composées entre 1794 et 1823, laisse un cor- rythmes, de donner à sentir une cohérence en la majeur, opus 101 pus qui porte dans son écriture même les au sein même de l’effusion. Une œuvre pas- Allegretto, ma non troppo évolutions techniques de l’instrument, tou- sionnante, et visionnaire. Vivace alla marcia jours plus puissant, toujours plus étendu Génial pianiste lui aussi, Franz Schubert (1797- en tessiture et en affects. Avec sa sonate 1828) sait faire chanter son clavier avec une Adagio ma non troppo, con affetto n°28 (1816), qui inaugure son univers musical humanité et une sensibilité extraordinaires. Le Allegro ultime, il invente un geste poétique nouveau, 1er mouvement de son avant-dernière sonate d’une liberté inhabituelle. Beethoven s’amuse est lumineux et optimiste. Energique, puis- ROBERT SCHUMANN en effet des cadres canoniques qu’il avait lui- sante, cette page semble être la réponse de même contribué à établir par le passé, pliant Schubert à la testamentaire sonate n°32 de (1810-1856) la forme à sa seule nécessité artistique. Après Beethoven. Schubert y convie son auditeur Humoresque en si bémol majeur, une brève introduction rêveuse, le premier à un grand voyage sur les ailes du sentiment, opus 20 mouvement déploie un monde étrange, où passant par tous les états d’âmes possibles rien ne semble jamais sûr – tout comme la jusqu’à ces dernières mesures à crever le PAUSE tonalité, toujours fuyante. Le deuxième mou- cœur. Le 2e mouvement nous plonge quant vement, très marqué rythmiquement, fait à lui dans un monde de douleur. Une douleur sortir l’auditeur de ce rêve éveillé pour l’en- sereine, certes, résignée même, mais d’autant FRANZ SCHUBERT traîner dans une sorte de marche d’allure très plus poignante qu’elle est maîtrisée. Un épi- (1797-1828) schumannienne. Le 3e mouvement, très bref sode central voit s’élever une tempête d’une moment de mélancolie, semble plutôt servir violence inouïe. Après ces pages éminem- Sonate pour piano n°20 de transition vers le finale, qui s’y enchaîne ment romantiques, Schubert ménage un bref en la majeur, D 959 grâce à un long trille. Pages puissantes, elles Scherzo plein de verve et de contrastes. Le Allegro montrent un Beethoven plus affirmatif et dernier mouvement, de manière inattendue Andantino joyeux que jamais. peut-être, sera l’apothéose de la douceur et Scherzo : allegro vivace Avec son Humoresque (1839), Robert Schumann de la joie de vivre. Certes, Schubert ménage Rondo : allegretto presto reprend à son compte tous les progrès tech- çà et là quelques modulations où se font sen- niques mis au point par les facteurs et les tir l’inquiétude, la peur, mais le sentiment compositeurs de la génération précédente. d’ensemble est celui d’une confiance abso- Comme son illustre devancier, il brise ici les lue en la vie. Ces pages ne sont d’ailleurs pas Adam Laloum, piano cadres structurels académiques pour ne lais- sans rappeler le lied Im Frühling (Printemps) ser plus parler que son « humeur » – d’où que Schubert composait quelques années le titre ! En sept sections enchaînées, cette plus tôt : « Je suis assis en paix, au flanc de œuvre fait passer l’auditeur du rêve à l’amuse- la colline. Le ciel est si limpide... » Un beau ment, de la tristesse à la joie. Sous des dehors démenti à ceux qui voudraient qu’en ses der- simples et parfois enfantins, Schumann crée là nières années, Schubert n’ait écrit que des une de ses œuvres majeures, qui devait d’ail- pages portant le sceau de sa mort annoncée ! leurs influencer les générations à venir tant Jean-Jacques Groleau par sa folle inventivité mélodique que par son art d’ouvrir la forme sans jamais donner l’impression d’arbitraire. C’est que Schumann

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22 H / ABBAYE AUX DAMES

CANTATE VIOLINI !

PIERRE CERTON CIPRIANO DE RORE (1515-1572) (1515-1565) GIOVANNI BATTISTA BOVICELLI Anne Delafosse, soprano (C.1550-1594) Reviens vers moi à 7 Ancor che col partire Les Sonadori Diminutions pour basse Magnificat à 3 sur faux bourdon Béatrice Linon, soprano et falsetta PIER LUIGI DA PALESTRINA de violon ADRIAN WILLAERT (1525-1594), ADAM JARZÈBSKI Odile Edouard, alto et soprano (1490-1562) de violon Pulchra es amica mea (1590-1648) Nicolas Sansarlat, contre alto Diminutions écrites par les Sonadori O Salutaris hostia Cantate Domino à 3 voix, dessus, dans le style de Bassano de violon, flûte et tambour bassetto à la bastarda et basse Alain Gervreau, ténor de violon PIER LUIGI DA PALESTRINA d’après Vestiva hi colli Sarah Van Oudenhove, DIEGO ORTIZ Vestiva hi colli bassetto de violon (1510–1570) Diminutions de Giovanni Bassano GIULIO CACCINI Hervé Douchy, basse de violon O felice occhi mei (1558-1617) pour le canto (1551-1618) Pascale Boquet, luth Sfogava con le stelle PIER LUIGI DA PALESTRINA GIOVANNI CAMILLO MAFFEI chant et luth (DÉBUT XVI-APRÈS 1573) Deh or foss’io cal vago de la Luna PAOLO CIMA Madrigal diminué d’après Maffei Lasciar il velo Diminutions aux quatre parties (1570-1622) Ricercare improvisé sur Suzanne Sonate à 4 ung jour, luth solo THOMAS CRÉQUILLON (1505-1557) CLAUDE LEJEUNE ROLAND DE LASSUS Petite Camusette (1528-1600) (1532-1594) Suzanne un jour à 7 Suzanne un jour à 5 PIER LUIGI DA PALESTRINA Diminutions de Girolamo Bassano Vestiva hi colli Diminutions proposées par O. Edouard

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La chanson ornée entre Renaissance Le bouquet fleuri et varié de ce concert Bien sûr, il nous était impossible de ne pas De tous les instruments dits de basse conti- et Baroque est composé de différentes combinaisons mentionner Pier Luigi da Palestrina (1525- nue, le luth est certainement celui qui Les plus belles chansons polyphoniques, ainsi instrumentales et vocales. Parfois, le madri- 1594) qui est présenté ici avec un motet convient le mieux à la fois au répertoire de que quelques fameux motets et madrigaux gal, le motet ou la chanson sont restitués et deux madrigaux, Pulchra es amica mea, la Renaissance et au nouveau style baroque étaient, au XVIe siècle, utilisés comme stan- au luth, parfois avec l’ensemble de violons, motet qui a fait l’objet d’une préparation poly- développé à la fin du XVIe siècle à Florence. dards, sur lesquels les musiciens improvisaient et il fait parfois l’objet d’un subtil mélange phonique minutieuse d’Odile Edouard, dans Sfogava con le stelle, publié par Giulio Caccini de manière concertante, se répondant les uns entre la voix et les instruments ; quant aux le style de l’art ornemental développé par (1551-1618) dans ses Nuove Musiche (1601), aux autres. L’arrivée du style baroque dans ornements, les plus baroques sont confiés à Ricardo Rognoni et son fils Francesco. Ces représente une des petites merveilles d’ex- les années 1580 favorisa l’émergence d’une un ou deux instruments, ou encore à la voix deux violonistes milanais, de grande renom- pression poétique forte et agitée développées expression soliste : une des voix prenait alors soliste, alors que les diminutions polypho- mée, sont considérés, avec la publication de par les compositeurs de cette nouvelle école le dessus sur les autres, en s’ornementant de niques plus anciennes sont partagées par leurs méthodes, comme les précurseurs de baroque italienne. diminutions virtuoses, encore accompagnée tout l’ensemble. la technique violonistique italienne virtuose. parfois par d’autres instruments, parfois par Deh or foss’io cal vago de la Luna, écrit sur Nous avons choisi aussi l’accompagnement une basse continue. Reviens vers moi de Pierre Certon (1515- les paroles du Canzoniere de Pétrarque, dont du luth seul pour la diminution de Giovanni 1572), Petite Camusette de Thomas Créquillon nous avons diminué les quatre parties de Bassano pour basse (transposée au ténor de L’art de la diminution (passaggi en italien, (1505-1557), et Suzanne un jour de Claude manière polyphonique en nous inspirant du violon), sur le madrigal Ancor che col partire divisions en anglais) consiste alors à chanter Lejeune (1528-1600), sont les pièces les plus traité de Giov. Bassano (1558-1617) et de Giov. de Cyprien de Rore (1515/16 - 1565). ou jouer à l’improviste un passage de notes légèrement ornées, afin de ne pas brouiller Camillo Maffei, Vestiva hi colli, véritable tube Deux pièces instrumentales représentent rapides à la place d’une longue note, ou à leur polyphonie à 7 voix déjà très complexe. de l’époque, avec la merveilleuse diminution parfaitement ce nouveau style baroque nais- remplacer une mélodie simple par d’autres Le motet d’Adrian Willaert (1490-1562), O pour soprano de Giov. Bassano, parvenue sant : Cantate Domino, un motet à trois voix notes plus courtes et dans un assemblage Salutaris hostia, est diminué aux six parties jusqu’à nous grâce à la copie manuscrite de publié à Berlin en 1627 (sur le thème du madri- plus virtuose. de manière polyphonique (chacun son tour Friedrich Chrysander (1826-1901), dont l’édi- gal Vestiva hi colli), diminué au violon et au dans sa partie) d’après le traité de Sylvestro tion originale (publiée à Venise en 1581) est bassetto de manière concertante par le com- Entre la publication de la Fontegara de Ganassi, actif à Venise dans la première moi- aujourd’hui perdue ! De cette même copie positeur polonais Adam Jarzèbski (Warka Silvestro Ganassi à Venise en 1535, et celle tié du XVIe siècle, période pendant laquelle miraculeuse est tirée une des diminutions 1590-1648 Varsovie), la Sonate à quatre par- du Selva de varii passaggi seconso l’uso Willaert était maître de chapelle de la pres- pour violon parmi les plus connues (de Giov. ties de Giovanni Paolo Cima (Milan 1570-1622), moderno de Francesco Rognoni en 1620, tigieuse basilique St. Marc de la même ville. Bassano) sur la fameuse chanson spirituelle extraite des Concerti ecclesiastici e sonate per plus d’une dizaine de traités - ou méthodes Parmi les très rares exemples de diminu- de Roland de Lassus (1532-1594), Suzanne un instrumenti publiés à Milan en 1610, typique pour apprendre la diminution - virent le jour tions polyphoniques qui soient parvenus jour, à V voix, dont nous avons choisi de dou- de ce nouveau style baroque Instrumental. en Italie, attestant, dans leur chronologie, jusqu’à nous, nous avons choisi de mettre bler la partie de superius à la voix, générant Les ensembles de violons, en Italie du nord, d’une évolution vers un style baroque plus en valeur, avec le timbre lumineux des vio- ainsi une véritable perspective sonore met- à partir des années 1530 et jusqu’aux années agité, plus virtuose, cherchant l’exagération lons Renaissance, le magnifique exemple tant en relief la virtuosité du violon. 1580-90 qui voient s’installer le nouveau style du mouvement expressif. de Giovanni Camillo Maffei (début XVIe - baroque, avaient pour habitude d’accom- après 1573), sur le madrigal à quatre voix de pagner certains moments de la messe, les Ces méthodes, écrites par des maîtres de Francesco de Layolle, Lasciar il velo. banquets, les réceptions, les divertissements leur instrument (flûte à bec, viole de gambe, Une des fleurs de ce programme est consti- princiers, les entrées dans les villes et les chant, cornet, violon etc.) comportent pour tuée non pas d’une partie, mais de deux palais, les négociations politiques, les proces- notre plus grand bonheur, en plus des propositions - une pour basse instrumen- sions profanes et sacrées ainsi que les longues formules d’apprentissage, quelques dimi- tale et une pour soprano, extraites du Tratado heures de bal après souper. Chansons lascives nutions solistes entièrement composées, de Glosas de Diego Ortiz (c.1510-c.1570), et amoureuses, madrigaux, motets, villa- véritables perles de savoir faire instrumen- sur le madrigal O felici occhi miei. Ces deux nelles ... toutes les musiques polyphoniques tal et ornemental. diminutions sont jouées simultanément et d’origine vocale ou instrumentale étaient uti- assemblées sur support de basse continue lisées, adaptées, transformées, transposées réalisée au luth.

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avec, bien entendu, leur cortège d’improvi- O felici occhi miei sations et d’ornementations particulièrement O felici occhi miei, felici voi O mes yeux, vous êtes heureux, vous êtes heureux vous développées dans ces ensembles de profes- Che sete care al mio sol, Qui êtes chers à mon soleil Perche sembianze avete degli occhi Parce que vous ressemblez aux yeux sionnels au service de la noblesse. Che gli fur si dolci e rei. Qui leur furent à la fois si doux et si coupables Voi ben voi sete voi felici, Vous, vous êtes heureux L’origine du terme Sonadori que nous Ed io io non che per quetar vostro desio Et moi non, car pour apaiser votre désir avons choisi pour notre ensemble vient de Corr’ a mirar l’onde mi struggo poi. Je cours vers l’eau et je m’y consume. Venise, où les confraternités (Scuole Grandi) entretenaient des groupes de chanteurs et Vestiva i colli d’instrumentistes en permanence. C’est celle Vestiva i colli e le campagne intorno Alors que le printemps revêtait les collines de San Rocco qui, en 1531, fut la première à La primavera di novelli onori Et les campagnes alentour de nouveaux atours remplacer définitivement les anciens instru- E spirava soavi arabi odori, Et distillait de suaves parfums …musqués ? (« arabes ») ments (vièle, harpe et luth) par des Sonadori Cinta d’erbe, di fronde il crin adorno, Quand, ceinte d’herbes et les cheveux ornés de frondaisons nuovi (nouveaux joueurs de violons). Quando Licori, a l’apparir del giorno, Licori, au lever du jour, Cogliendo di sua man purpurei fiori, Rassemblant de sa main des fleurs pourpres Pour retrouver les sonorités suaves décrites Mi disse in guidardon di tanti ardori : Me dit en un guerredon si ardent : dans les rapports de fêtes, mais aussi suffi- A te li colgo et ecco, io te n’adorno. À toi je les offre et voilà que je t’en pare. samment puissantes pour être entendues à l’autre bout d’une salle de bal, nous avons travaillé avec plusieurs luthiers et archetiers Sfogava con le stelle à la reconstruction de nouveaux instruments un infermo d’amore Un malade d’amour s’en prenait aux étoiles sotto notturno cielo il suo dolore. sous le ciel nocturne au sujet de sa douleur. et archets. E dicea fisso in loro : Et il leur dit fixement Odile Edouard « O imagini belle de l’idol mio ch’adoro, « O belles images de l’idole que j’adore sì com’a me mostrate De même que vous me montrez, mentre così splendete En luisant de telle manière, la sua rara beltate, Sa rare beauté de même così mostraste a lei i montrez-lui mes vives ardeurs vivi ardori miei : Et rendez-la, avec votre apparence dorée la fareste col vostr’aureo sembiante (« baguette magique ») pietosa sì come me fate amante ». aussi prompte à la pitié que vous m’avez rendu amant.

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Magnificat Magnificat anima mea Dominum, Mon âme magnifie le Seigneur, Et exultavit spiritus meus in Deo salutari meo. Et mon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur. Quia respexit humilitatem ancillae suae. Car il a jeté les yeux sur l’humilité de sa servante, Ecce enim ex hoc beatam Voici que désormais toutes les générations Me dicent omnes generationes. Me célébreront. Quia fecit mihi magna qui potens est. Car il fit pour moi de grandes choses, Et sanctum nomen eius. Lui qui est puissant, Et misericordia eius in progenies Et saint est son nom et sa miséricorde s’étend d’âge et progenies timentibus eum. En âge sur ceux qui le craignent. Fecit potentiam in brachio suo. Il a déployé la puissance de son bras. Dispersit superbos Il a dispersé les orgueilleux Mente cordis sui. Pour les pensées de leur cœur. Deposuit potentes de sede, Il a renversé les puissants de leurs trônes Et exaltavit humiles. Et élevé les humbles. Esurientes implevit bonis, Il a comblé les affamés Et divites dimisit inanes. Et renvoyé les riches les mains vides. Suscepit Israël puerum suum, Il a pris soin d’Israël, son enfant Recordatus misericordiae. en se souvenant de sa miséricorde, Sicut locutus est ad patres nostros, Comme il l’avait dit à nos Pères, Abraham et semini eius in saecula À Abraham et à sa descendance jusque dans les siècles. Gloria patri et….etc Gloire au Père et…etc

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12 H 30 / ABBAYE AUX DAMES

FOR TWO TO PLAY Il est des mots qui ne se laissent pas traduire À travers l’univers poétique de Gray’s Inn, facilement, qui peut-être se refusent à une une chanson tendre, ou l’enfance presque autre langue. A Fancy paraît en faire partie. magique d’un english toy qui évoque les pre- Comment transcrire en français tout ce qu’il miers automates si précieux. Mais aussi la THOMAS TOMKINS JOHN DOWLAND convoque de nostalgie élégante et de tris- truculence toute britannique des battle, à tesse suspendue. À mi-chemin de la féerie la manière de Shakespeare où le tragique (1572-1656) (1563-1626) douce et de l’invention fantasque, il semble et la violence n’excluent pas l’humour et la A Fancy Lachrimae pavan une invitation au voyage dans l’imaginaire de légèreté. Ou les impressionnantes architec- la mélancolie. Un voyage à deux clavecins. tures contrapuntiques des In Nomine dont The Frog galliard L’instrument est emblématique de l’Angle- les proportions cachées possèdent un pou- ANTHONY HOLBORNE terre élisabethaine. La Reine jouait le virginal. voir secret. The Night Watch était-il le nom Italiens ou flamands importés du continent d’une taverne où l’on dansait maladroitement (1545-1602) PETER PHILIPS ou bien de facture insulaire, les clavecins pavans et autres galliards ? La richesse sans The Night Watch (1560-1628) et les orgues peuplent les palais de l’aris- limite et l’extravagance des fantasias et des tocratie anglaise et côtoient les Véronèse grounds gardent intact aujourd’hui encore Galliard Bonjour mon cœur et les Titien rapportés d’un voyage initia- leur éclat. Un itinéraire comme un road movie tique en Europe que tout honnête gentleman onirique. A midsummer night’s dream. ORLANDO GIBBONS FREDRIC FAIRHILL devait accomplir pour parfaire son éducation. Yoann Moulin (1583-1625) William Byrd, John Bull, Thomas Tomkins et A Ground (improvisation) tant d’autres compositeurs et joueurs de cla- In Nomine viers témoignent de cet art flamboyant et JOHN BULL perdu des virginalistes anglais. Et du plai- sir de jouer à deux. For two to play. Trop JOHN COPERARIO Fantasia (solo) peu de traces écrites nous sont parvenues (1570-1626) de ces instants joyeux et je crois nombreux où les mains se sont croisées. Et sans doute Gray’s Inn (improvisation) WILLIAM BYRD aucune de toutes leurs improvisations. Alors, à tâtons, approchons, esquissons l’air de ce The Battle WILLIAM BYRD temps révolu. (1539-1623) NICHOLAS CARLSTON My Lady Nevell’s Ground (solo) (1570-1630)

A Verse JOHN BULL (1562-1628)

English Toy Pierre Gallon et Yoann Moulin, clavecins

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19 H 30 / ABBAYE AUX DAMES

MONTEVERDI, SACRÉ ET PROFANE Les lignes musicales tant horizontales que musique sacrée est puisée de Selva Morale verticales se chevauchent et s’entremêlent. e Spirituale, une anthologie importante À la fin de la Renaissance, la polyphonie vint d’œuvres de Monteverdi composée durant à son comble dans ce qu’on a dénommé sa longue carrière à la basilique Saint-Marc CLAUDIO MONTEVERDI Vox Luminis l’Ars Perfecta. Une architecture musicale de Venise. Zsuzsi Toth, Victoria Cassano, sacrément complexe où le jeu consistait à Saint-Marc, surnommée la basilique d’Or, (1567-1643) Perrine Devillers, sopranos construire la musique à la recherche de clarté était dotée de qualités acoustiques excep- Gloria SV 258 Daniel Elgersma, Jan Kullmann, et d’équilibre. Cette logique de composition tionnelles avec deux orgues se faisant face, fut enseignée par Marc’Antonio Ingegneri à l’écrin idéal pour des œuvres spatialisées. altos Adoramus te Christe SV 289 Monteverdi lors de ses débuts à Cremone. La polychoralité était insufflée par l’intérieur Raffaele Giordani, Robert Buckland, Mais l’air du temps faisait bel et bien mine de la basilique où les voix s’alternaient d’une Alcun non mi consigli SV 169 ténors de changer : en prônant un retour à la Grèce galerie à l’autre pour remplir la totalité de l’es- Dixit Dominus II SV 264 Lionel Meunier, Sebastian Myrus, antique, la muse du chant allait se retrouver pace avec des effets de résonance, d’écho basses au service de la poésie. Le point de départ et de masse. Cette tradition vénitienne avait Vago augeletto che cantando SV 156 Tuomo Suni, Johannes Frisch, n’était dès lors plus l’harmonie, mais le texte. été portée par Adriaen Willaert, Andrea puis Beatus vir SV 268 violon Exprimer et amplifier le contenu émotion- Giovanni Gabrieli au XVIe siècle. Monteverdi Simon Linne, luth, théorbe nel, telle était la mission de la musique selon y est assigné maître de chapelle en 1613 ; la seconda prattica décrite par Claudio ayant perdu son épouse Claudia en 1608, PAUSE Sarah Ridy, harpe Monteverdi. Il adopte successivement trois puis son fils en 1632, il entre dans les ordres Bart Jacobs, orgue styles d’écriture : Le stile concertato, propre et après plus de dix ans, il sort son testa- Bel Pastor SV 168 Benoit Vanden Bemden, violone aux grandes œuvres polychorales vénitiennes ment de musique religieuse : Selva Morale e Miguel Tantos, Laura Agut, et fondé sur l’opposition entre plusieurs Spirituale. Dans cet enchevêtrement sonore Chi vol haver felice e lieto il core SV Christine Brand, Joost Swinkels, groupes de voix et d’instruments séparés ; au beau milieu de la forêt dense, une voix 162 trombone le stile rappresentativo, afin de retrouver s’élève et prend le devant. Lamento della Ninfa SV 163 une puissance émotionnelle du point de vue À l’époque de Monteverdi, les madrigaux Direction Lionel Meunier musical : intelligibilité du texte, expression étaient des pièces composées pour quatre Cruxifixus SV 259 par un seul chanteur, figuralismes ou madri- ou cinq voix, écoutées et parfois chantées Chaconne (instrumental) galismes ; le stile concitato, style agité afin par des amateurs de musique. Son premier de représenter les trois passions musicales Livre de Madrigaux fut publié à l’âge de 15 Zefiro Torna SV 25 décrites par Platon : la colère, la modération ans, le huitième est publié en 1638 à 71 ans et la supplication. et le dernier est une publication posthume. Ardo Avvampo SV 152 L’amour est depuis l’aube de l’humanité une Cette série de livres est une autobiographie source d’inspiration sans limite. Objet des musicale qui retrace l’évolution qui mène aux plus délicieux émois comme des tourments préceptes du Baroque : un réel testament de les plus terribles, l’amour, porté au Divin ou sa musique profane. à l’humain, nourrit quelques-unes des plus Monteverdi revendique une double apparte- belles pages de la musique, si prompte à nance, mais que ce soit écrit selon la prima amplifier les émotions. ou seconda prattica, la musique nous parle. La ville de Venise résonna au début du Peu s’en faut en effet pour ne pas pleurer les XVIIe siècle sous l’emprise de Monteverdi. larmes représentées par le tétracorde descen- Il s’attèle aussi bien à la musique séculière dant du Lamento della Ninfa. Il semble avoir qu’aux œuvres liturgiques ; dans ce pro- trouvé la clef d’une intensité qui imprègne gramme-ci la musique profane est tirée des et s’infiltre aux tréfonds de l'âme. derniers livres de madrigaux tandis que la Isaline Claeys

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Gloria (Selva morale e spirituale) Gloria in excelsis Deo. Gloire à Dieu au plus haut des cieux Et in terra pax hominibus bonae voluntatis. Et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. Laudamus te. Nous te louons. Benedicimus te. Nous te bénissons. Adoramus te. Nous t’adorons. Glorificamus te. Nous te glorifions. Gratias agimus tibi propter magnam gloriam tuam. Nous te rendons grâce pour ton immense gloire. Domine Deus, Rex cœlestis, Seigneur Dieu, Roi du ciel, Deus Pater omnipotens. Dieu le Père tout-puissant, Domine Fili unigenite Jesu Christe. Seigneur, Fils unique, Jésus-Christ, Domine Deus, Agnus Dei, Filius Patris. Seigneur Dieu, Agneau de Dieu, Fils du Père. Qui tollis peccata mundi, miserere nobis. Toi qui enlèves les péchés du monde, prends pitié de nous. Qui tollis peccata mundi, Toi qui enlèves les péchés du monde, Suscipe deprecationem nostram. Reçois notre prière. Qui sedes ad dexteram patris, miserere nobis. Toi qui sièges à la droite du père, prends pitié de nous. Quoniam Tu solus Sanctus, Tu solus Dominus, Car Toi seul es Saint, Toi seul es le Seigneur, Tu solus Altissimus, Jesu Christe. Toi seul es le Très-Haut, Jésus-Christ. Cum Sancto Spiritu, in gloria Dei Patris. Avec le Saint-Esprit, dans la gloire de Dieu le Père. Amen. Ainsi soit-il.

Adoramus te Christe Adoramus te, Christe, Nous t’adorons, ô Christ, Et benedicimus tibi. Et te bénissons, Quia per sanguinem Toi qui, Tuum pretiosum Par ton sang précieux, Redemisti mundum. As racheté le monde. Miserere nobis. Aie pitié de nous.

Alcun non mi consigli (Livre IX) Alcun non mi consigli, Personne ne devrait me conseiller, Se ben il cor perdei, Le jour où je perds mon cœur, Ch'abbandonai colei D'abandonner la femme de ma vie, Ch'è la mia vita, ancor che cruda e fera: Qu'elle soit cruelle ou blessante ; Che se ben vuol ch'io pera Même si elle veut que je périsse E che la speme mia ne port'il vento, Et même si mon espoir disparaît avec le vent, Non me n'adiro, no, Non, je ne me fâcherai pas, Non me ne doglio, no, Non, je ne pleurerai pas, Non me ne pento. Je ne regretterai pas.

Ben s'affatica invano Celui qui pointe mes malheurs Chi m'addita il mio male; Se fait du mal en vain ; E 'l contrastar non vale Et ça ne vaut pas la peine Che beltà, ch'è severa, De s’opposer à la beauté aussi dure qu’elle soit, Un cor diletta. D’un cœur qui aime. Sì dolce è la saetta che, Cette flèche qui remplit mon cœur Se ben brama il cor fiamma e tormento, De feu et de tourment, m’est bel et bien douce. Non me n'adiro, no. Non, je ne me fâcherai pas, Non me ne doglio, Non, je ne pleurerai pas, No, non me ne pento. Je ne me regretterai pas.

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Perché lo stral di morte Le regard mortel Beatus vir I (Selva morale e spirituale) Esce dagl'occhi belli, De ses beaux yeux Beatus vir, qui timet Dominum : Heureux l’homme qui craint le Seigneur Perché gl'aurei capelli Ses cheveux d’or sont comme une chaîne ; In mandatis eius rolet nimis. Et se plaît fort a ses préceptes. Son la cantena e quel tenace nodo Un nœud serré Potens in terra erit semen eius ; Puissante sur la terre sera sa lignée, In cui stretto mi godo, Dans lequel j’aime être accroché. Generatio rectorum benedicetur. La race des hommes droits sera bénie. E perché se le piace il mio lamento, Et parce que je jouis de ma plainte, Gloria et divitiae in domo eius ; Gloire et richesse sont en sa maison Non me n'adiro, no, Non, je ne me fâcherai pas, Et justitia eius manet in saeculum saeculi. Et sa justice demeure dans les siècles des siècles. Non me ne doglio, Non, je ne pleurerai pas, Exortum est in tenebris lumen rectis : Une lumière se lève dans les ténèbres pour les hommes No, non me ne pento. Je ne me regretterai pas. Misericors, et miserator et justus. droits, miséricordieux, compatissants et justes.

Jucundus homo qui miseretur et commodat. Heureux l’homme qui prend pitié et prête, Dixit Dominus II (Selva morale e spirituale) Disponet sermones suos in judicio : Qui règle ses propos selon le droit Dixit Dominus Domino meo : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Quia in aeternum non commovebitur. Parce que jamais il ne sera ébranlé. Sede a dextris meis : donec ponam inimicos tuos Siège à ma droite : et je ferai de tes ennemis In memoria aeterna erit justus. En mémoire éternelle sera le juste, scabellum pedum tuorum. Le marchepied de ton trône. Ab auditione mala non timebit. Il ne craindra pas d’entendre de mauvaises nouvelles. Virgam virtutis tuæ emittet Dominus ex Sion : De Sion le Seigneur te présente le sceptre de ta force : Paratum cor eius sperare in Domino ; Son cœur est ferme, dominare in medio inimicorum tuorum. Domine jusqu’au cœur de l’ennemi. Confirmatum est, cor eius : D'espérer en Dieu, son cœur est assuré, Tecum principium in die virtutis tuæ Au jour où paraît ta puissance tu es prince Non commovebitur, Il ne sera pas troublé In splendoribus sanctorum : Éblouissant de sainteté : Donec despiciat inimicos suos. Jusqu'à ce qu’il toise ses ennemis. Ex utero ante luciferum genui te. Comme la rosée qui naît de l’aurore, je t’ai engendré. Dispersit, dedit pauperibus : Il fait des largesses, il donne aux pauvres, Juravit Dominus et non poenitebit eum : Le Seigneur l’a juré, et il ne le regrettera pas : Justitia eius manct in saeculum saeculi, Sa justice demeure à jamais, Tu es sacerdos in aeternum Tu es prêtre à jamais Cornu eius exaltabitur in gloria. Son front sera exalté dans la gloire. secundum ordinem Melchisedech. Selon l’ordre de Melkisedech. Dominus a dextris tuis À droite se tient le Seigneur Peccator videbit, et irascetur ; L’impie le verra et s’irritera, confregit in die iræ suæ reges. Il brise les rois au jour de sa colère. Dentibus suis fremet et tabescet. il en grincera des dents et se décomposera, Judicabit in nationibus, implebit ruinas : Il juge les nations, les cadavres s’entassent : Desiderium peccatorum peribit. Le désir des impies aboutit au néant. conquassabit capita in terra multorum. Il extermine les chefs, loin sur la terre. De torrente in via bibet : Au torrent il s’abreuve en chemin : Gloria Patri et Filio et Spiritui Sancto sicut erat in Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, propterea exaltabit caput. C'est pourquoi il redresse la tête. principio et nunc et semper et in sæcula sæculorum. Ainsi qu’il était au commencement, maintenant Amen. et à jamais, pour les siècles des siècles. Amen.

Vago augeletto che cantando vai (Livre VIII) Vago augelletto che cantando vai, Bel oiselet qui va chantant Bel Pastor (Livre IX) Over piangendo, il tuo tempo passato, Ou pleurant tes jours passés, Bel pastor, dal cui bel guardo Beau berger dont les jolis yeux Vedendoti la notte e ‘l verno a lato En voyant la nuit et l’hiver à tes côtés, Spira foco ond’io tutt’ardo, Lancent des flammes où je me consume toute, E ‘l dí dopo le spalle e i mesi gai, Et le jour ainsi que les mois joyeux derrière tes épaules ! M'ami tu ? - Sì cor mio m’aimes-tu ? - Oui, mon cher amour ! Com’io desio ? - Si cor mio Comme je désire - Oui, mon cher amour ! Se, come i tuoi gravosi affanni sai, Si, comme tu connais tes maux pesants, Dimmi quanto ? - Tanto tanto. Dis-moi combien tu m’aimes ? - Tant et tant ! Cosí sapessi il mio simile stato, Tu connaissais mon état semblable au tien, Come che ? - Come te, pastorella tutta bella. Comme quoi ?- Comme toi, o ma belle pastourelle ! Verresti in grembo a questo sconsolato Tu viendrais dans le sein de cet inconsolé A partir seco i dolorosi guai. Pour partager avec lui les douloureuses plaintes. Questi vezzi e questo dire Ces câlineries, ces doux petits mots Non fan pago il mio desire ; Ne satisfont pas mon désir. I’ non so se le parti sarian pari, Je ne sais si les parts seraient égales ; Se tu m’ami, o mio bel foco, Si tu m’aimes, o mon bel incendie, Ché quella cui tu piangi è forse in vita, Car celle que tu pleures est peut-être en vie, Dimmi ancor, ma fuor di gioco : Dis-moi donc (mais pour de vrai) Di ch’a me Morte e ‘l ciel son tanto avari ; Tandis que la Mort et le Ciel sont tant avares pour moi. Come che ? - Come te, pastorella tutta bella. Comme quoi ? Comme toi, o ma belle pastourelle !

Ma la stagione et l’ora men gradita, Mais la saison et l’heure moins propice, Viepiù lieta udito avrei : J’aurais bien mieux aimé entendre quelque chose Col membrar de’ dolci anni Ainsi que le souvenir des douces années « t’amo al par degli occhi miei. » comme : « Je t’aime comme mes propres yeux. » Et de li amari, Et des années amères, Come rei del mio cordoglio Coupables de me faire souffrir, A parlar teco con pietà m’invita. M'invitent à te parler avec pitié. Questi lumi amar non voglio, Je ne veux pas aimer mes yeux Di mirar non sazi ancora Point encore rassasies

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La beltà che sì m’accora. De la vue de la belle qui me tue. Sí calpestando fiori Ainsi piétinant les fleurs, Come che ? Belle comme quoi ? Errava hor qua, hor là, Elle errait de ci ; de là, Come te, pastorella tutta bella. Belle comme toi, o ma belle pastourelle ! I suoi perduti amori Sur ses amours perdus Cosí piangendo va : Pleurant ainsi : Fa’ sentirmi altre parole Fais-moi entendre autre chose Se pur vuoi ch’io mi console. Si tu veux que je me console. « Amor », dicea, il ciel « Amour », disait-elle, regardant M’ami tu ? - Come la vita ? M’aimes-tu ? Oui, mon cher amour ! - Comme ta vie ? Mirando, il piè fermo, Le ciel, le pied ferme, No, che afflitta e sbigottita Non ! car toute de peine et d’effroi, « dove, dov’è la fè « où est la foi D’odio e sdegno e non d’amore, Ma vie est devenue un douloureux séjour Ch’el traditor giurò ? » Que le traître m’a jurée ? » Fatt’ albergo di dolore De haine et de dédain – et non plus de l’amour, à Per due luci, anzi due stelle cause de deux yeux comme des étoiles aussi Miserella. Pauvre d’elle ! Troppo crude, troppo belle. Come che ? méchantes que belles ! Belles comme quoi ? Come te, pastorella tutta bella. Belles comme toi, o ma belle pastourelle ! « Fa’ che ritorni il mio « Fais que revienne mon amor com’ei pur fu, Amour comme il faisait avant, Non mi dir più « come te » ; Ne me dis plus comment tu m’aimes, mais dis : O tu m’ancidi, ch’io Ou tue-moi, que je dimmi « io t’amo... io t’amo...come me ». Je t’aime. Je t’aime. Comme tu m’aimes, toi ? Non mi tormenti più. » Ne me tourmente plus. » No, ch’io stesso odio me stesso. Non ! car je me hais moi-même. Ciel ! si tu m’aimes, Deh, se m’ami dimmi espresso. dis-le vite ! Oui, mon cœur ! Miserella, ah più no, no, Pauvre d’elle, ah, elle ne peut plus, Sì cor mio - Com’io desìo - Tu m’aimes comme je le désire ? Oui, mon cœur ! Tanto gel soffrir non può. Plus, supporter une telle froideur. Dimmi quanto. Tanto tanto. Dis-moi un peu, combien ? Tellement, tellement ! Quanto quanto ? Oh, tanto tanto. Combien, combien ? Oh ! Tellement, tellement ! « Non vo’ più ch’ei sospiri « Je ne veux plus qu’il soupire Come che ? Belle comme quoi ? Se non lontan da me, S'il n’est loin de moi, Come te, pastorella tutta bella. Belle comme toi, o ma belle pastourelle ! No, no che i suoi martiri Non, non, ces souffrances Più non dirammi1 affè. Il ne me les infligera plus, je le jure.

Chi vol haver felice e lieto il core (Livre VIII) Perché di lui mi struggo, Parce que de lui je languis, Chi vol haver felice e lieto il core, Celui qui veut garder le cœur gai et léger, Tutt’orgoglioso sta, Il est plein d’orgueil, Non segua il crudo Amore, Ne suit pas l’amour cruel, Che si, che si se’l fuggo Mais si, je fuis loin de lui, Quel lusinghier che ancide, Ce flatteur qui tue, Ancor mi pregherà ? Il me suppliera à nouveau ? Quando più scherza e ride ; Quand il joue et rit ; Ma tema di beltà, di leggiadria Mais qu’il craigne de beauté, de légèreté, Se ciglio ha più sereno Si ses cils sont plus sereins L'aura fallace e ria. Son apparence trompeuse et coupable. Colei, che’l mio non è, Que ne le sont les miens, Al pregar non risponda, alla promessa Qu’il ne réponde pas à ses prières, sa promesse, Già non rinchiude in seno, Elle n’a pas en son sein, Non creda : e se s’appressa, Ne la crois pas : et s’il s’approche, Amor, sí bella fè. Amour, une aussi belle foi. Fugga pur, che baleno è quel ch’alletta ; Fuis aussi, c’est un éclair qui attire ; Né mai balena Amor, se non saetta. Il n’y a jamais d’éclair de l’amour sans flèche. Ne mai sí dolci baci Plus jamais de si doux baisers Da quella bocca havrai, Il ne recevra de cette bouche, Ne più soavi, ah taci, Ni de plus doux. Ah, tais-toi, Lamento della Ninfa (Livre VIII) Taci, che troppo il sai. » Tais-toi, il le sait trop. » Non havea Febo ancora Phébus n’avait pas apporté Recato al mondo il dí, Le jour au monde Sí tra sdegnosi pianti Ainsi parmi ses larmes dédaignées, Ch’una donzella fuora Qu'une demoiselle hors Spargea le voci al ciel ; Elle remplit de ses cris le ciel ; Del proprio albergo uscí. De sa demeure sortit. Cosí ne’ cori amanti Ainsi dans le cœur des amants Mesce amor fiamma, e gel. L'amour mêle le feu et la glace. Sul pallidetto volto Sur son visage pâle Scorgeasi il suo dolor, Sa douleur se montrait, Spesso gli venia sciolto Souvent sortait Un gran sospir dal cor. Un grand soupir de son cœur.

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Cruxifixus (Selva morale e spirituale) Crucifixus etiam pro nobis sub Pontio Pilato : Crucifié pour nous sous Ponce Pilate, Passus, et sepultus est. Il souffrit sa Passion et fut mis au tombeau.

Zefiro Torna (Livre VI) Zefiro torna, e’l bel tempo rimena, Zéphir revient, et il ramène le beau temps, E i fiori e l’erbe, sua dolce famiglia, Et les fleurs et les herbes, sa douce famille ; E garrir Progne, e pianger Filomena, Et les gazouillements de Progné, et les plaintes de E primavera candida e vermiglia. Philomèle ; et le printemps candide et vermeil.

Ridono i prati, e’l ciel si rasserena ; Les prés rient et le ciel se rassérène ; Giove s’allegra di mirar sua figlia ; Jupiter se réjouit de voir sa fille ; L’aria, e l’acqua, e la terra è d’amor piena ; L'air et l’eau, et la terre, tout est plein d’amour ; Ogni animal d’amar si riconsiglia. Tous les animaux se remettent à aimer.

Ma per me, lasso !, tornano i più gravi Mais pour moi, hélas ! reviennent plus pesants Sospiri, che del cor profondo tragge Les soupirs que tire du plus profond de mon cœur Quella ch’al ciel se ne portò le chiavi ; Celle qui en emporta les clefs au ciel.

E cantar augelletti, Et les petits oiseaux qui chantent, E fiorir piagge, Et les coteaux qui fleurissent, E’n belle donne oneste atti soavi et les belles dames honnêtes au suave maintien, Sono un deserto, e fere aspre e selvagge. Sont un désert et des bêtes cruelles et sauvages.

Ardo Avvampo (Livre VIII) Ardo, avvampo, mi struggo ! Accorrete Je brûle, je flamboie, je me consume ! Accourez Amici, vicini, all’infiammato loco ! Amis, voisins, vers le lieu enflammé ! Al ladro, al ladro ! Al tradimento ! Al foco ! Au voleur, au voleur ! Au traître ! Au feu ! Scale, accette, martelli, acqua prendete ! Prenez des échelles, des haches, des marteaux, de l’eau !

E voi torri sacrate anco tacete ? Et vous, tours sacrées, vous vous taisez encore ? Su, su, bronzi, ch’io dal gridar son roco, Allez, allez, bronzes, j’ai la voix rauque de crier, Dite il periglio altrui non lieve o poco, Dites aux autres le péril ni léger ni mince, E degl’incendi miei pietà chiedete ! Et prenez pitié de mes incendies !

Son due belli occhi il ladro, e seco amore Le voleur, ce sont deux beaux yeux, et avec eux l’amour L’incendiario che l’inique faci Est l’incendiaire qui a jeté des feux injustes Dentro la rocca m’avventò del core ! À l’intérieur de la forteresse de mon cœur.

« Ecco i rimedi omai vani e fallaci », « Maintenant les remèdes sont vains et fallacieux » Mi dice ogn’un per si beato ardore : Me dit chacun, « pour une si belle ardeur : Lascia che’l cor s’incenerisca, e taci. » Laisse le cœur se consumer et tais-toi ».

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22 H / ABBAYE AUX DAMES

LA BELLA STELLA

JOHANNES TAPISSIER JOHANNES DE FLORENTIA Sollazzo ensemble (VERS 1370-MORT AVANT 1410) (XIVE SIÈCLE) Perrine Devillers, soprano Andrew Hallock, contre-ténor Eya dulcis / Vale placens Quand’amor, canzona Vivien Simon, ténor Romain Bockler, baryton FRANCESCO DEGLI ORGANI, ANDREA DA FIRENZE Franziska Flesichanderl, psaltérion DIT “LANDINI” (MORT EN 1415) Vincent Kibildis, harpe Sophia Danilevskaia, (VERS 1335-1397) Non piu doglia ebbe dido, ballade Anna Danilevskaia, vièle à archet Adyou adyou ANONYME DU CODEX DE CHYPRE

GIOVANNI DA FIRENZE Lunne plaine / Coume le serf (FL. VERS 1350)

Per larghi prati, caccia FRANCESCO DEGLI ORGANI Conviens’ a fede BARTOLINO DA PADOVA

(1365-1405) BERNARD DE CLUNY Quel sole che nutric’al gentil fiore (XIVE SIÈCLE) Apollinis eclipsatur / Zodiacum signis FRANCESCO DEGLI ORGANI Pantheon / In omnes terram Creata fusti o vergine Maria MATTEO DA PERUGIA (FL. 1400-1416) VINCENZO DA RIMINI Gloria in excelsis Deo (XIVE SIÈCLE)

Ay schonsolato

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Articulé autour de deux chefs-d’œuvre issus musical mais également textuel et intellec- du répertoire musical du dernier Moyen- tuel. L’écoute du motet médiéval aujourd’hui Âge - les motets monumentaux Lunne est une expérience qui remet en question les pleine d’umilité et Apollinis eclipsatur, ce habitudes de l’auditeur contemporain, sou- programme propose un florilège de pièces vent recherchant la compréhension et l’oblige tardo-médiévales mentionnant les astres. à accepter une part de mystère dans ce qu’il L’Ars Nova, courant musical développé au écoute. Dans Apollinis eclipsatur/Zodiacum quatorzième siècle, prend son nom d’un signis, on assiste à une véritable conversation traité français qui, vers 1322, révolutionne entre musiciens : Bernard de Cluny s’adresse la notation musicale. Grâce aux innovations à ses compagnons musiciens, énumérant apportées par cet ouvrage, un nouveau solennellement ses plus éminents collègues. chapitre de l’histoire musicale commence. Tout à fait différent de Lunne plaine mélodi- Même si les caractéristiques de l’esthétique quement, le langage musical utilisé met en médiévale demeurent, on assiste à une exa- valeur la parole, sublimée par de somptueux cerbation de tous les paramètres : les lignes accords. Ce ne sont pas moins de quatre mélodiques fleurissent vers un style riche et textes différents qui sont combinés ici, en orné, la polyphonie s’épaissit, les rythmes un tour de force qui mène le motet médié- s’enrichissent de nouvelles formules, tan- val à son apogée. MUSICAVENTURE C’EST AUSSI REVIVRE DES dis que la rhétorique, omniprésente durant Les styles musicaux italiens et français sont tout le moyen âge, trouve en musique des très contrastés au quatorzième et quin- MOMENTS FORTS DU FESTIVAL DE SAINTES ! tournures inédites. C’est dans ce contexte zième siècles, et l’on peut déjà observer une foisonnant que le genre du motet médié- brèche esthétique qui se manifestera encore Les Siestes Sonores : val arrive à sa culmination. Compositions et encore durant les siècles suivants. Les Près du cloître, quand le soleil descend, un espace est dédié hautement ambitieuses dès leur apparition lignes mélodiques des madrigaux italiens à quelques transats pour une expérience inédite, la sieste deux siècles auparavant, les motets sont choisis ici, très ornementées et pleines d’exu- sonore. Même équipement que pour le concert spatialisé, pour la plupart porteur de plusieurs textes. bérance, tendent vers une vocalité extravertie, même enveloppement par le son 3D. Un moment qui se Ainsi, tandis que le premier cantus récite par et contrastant avec un style français plus partage, côté jardin, entre passionnés, néophytes ou avertis. exemple Lunne plaine d’umilite, le second succinct. Cependant, ces inclinaisons esthé- On peut y écouter : énonce en parallèle, Coume le serf a la clere tiques différentes n’effacent pas les nombreux • La symphonie n°6 dite Pastorale de Beethoven, fontaine. Les deux textes utilisent le même points communs entre la France et l’Italie, • Le Caïn maudit ou la mort d’Abel de Onslow, lexique, ou peuvent même raconter simul- parmi lesquels on peut compter l’omnipré- • Les Vêpres de Monteverdi, tanément deux scènes d’une même histoire. sence de l’Amour Courtois dans les textes mis • Dixit Dominus et Ode à Sainte-Cécile de Haendel, Parfois un mot est chanté au moment même en musique, ainsi qu’une fascination pour les • Echoes in time par Voces8 où, dans l’autre voix, un adjectif lui conve- astres. Ceux-ci nous accompagnent tout au Durée : 1 h nant est prononcé. D’autres fois, le texte est long de ce programme, que ce soit dans les arrangé de telle façon que les deux narrateurs motets français ou les madrigaux italiens. Le Festival Virtuel : se contredisent, comme par exemple lorsque Symboles de pouvoir, parfois, d’autres fois Installez-vous confortablement, mettez les lunettes de réalité « mort » est énoncé au même moment que de pureté ou encore de l’inaccessible, ils font virtuelle et suivez Lionel Meunier, directeur artistique et « revivre ». Certains mots sont mis en valeur, partie du monde des métaphores, si riche fondateur de l'ensemble Vox Luminis. Instant sous la voile, sciemment, tandis que d’autres, pourtant au moyen âge. répétition et concert, c’est une véritable immersion dans importants, paraissent cachés dans la poly- « E quindi uscimmo a riveder le stelle » (Puis, le Festival de Saintes ! phonie comme des secrets. L’auditeur, hier nous sortîmes revoir les étoiles) écrit Dante La captation a été réalisée en 2017. Le concert capté a eu lieu comme aujourd’hui, est en présence d’une pour conclure son Inferno. le jeudi 20 juillet dans l’abbatiale autour du programme de texture unique, un contrepoint non seulement Anna Danilevskaia Georg Friedrich Haendel : Ode à Sainte-Cécile et Dixit Dominus. Durée : 10 min / 1 place

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Eya dulcis Adyou, adyou Eya dulcis adque vernans rosa, Oh, rose douce et éclose, Adyou, adyou dous dame iolie, Adieu, adieu, douce dame jolie, Virgo placens puella formosa, Vierge plaisante, belle fille, Kar da vous se depart lo corps plorans ; Car mon corps, en pleurant, doit s’éloigner de vous ; Dei mater valde gloriosa, Glorieuse mère de Dieu ! Mes a vous las le spirt e l’arme mie ! Mais je vous laisse mon esprit et mon âme ! Spira preces voce clamorosa ! Amène mes prières vers elle, ma voix sonore ! Lontan da vous, ay las ! vivran dolant, Loin de vous, hélas, je vivrai en désespoir, Byen che loyal seran tout ma vie ! Bien que je vous serai loyal toute ma vie ! O spes nostra, multum indigemus, Oh, notre espoir, dont nous avons tant besoin, Poyr tant, ay clere stelle, vos prie Ainsi, oh claire étoile, je vous prie, Plorat Roma omnis nos rigemus ; Tout Rome pleure, nous sommes pétrifiés ; Com lermes e sospirs, tres dousemant Avec larmes et soupirs, très gentiment, « Tolle scisma ! » ad te dirigimus, « Arrêtez le schisme ! ». Nous nous adressons à toi, Che loyaute haies pour vestre amye ! Que vous restiez loyale à votre ami ! Corda laudes tibi porrigimus ! En offrant nos cœurs et prières ! Adyou, adyou… Adieu, adieu…

Nunc lilium alti regiminis, Les lis et les chefs haut-placés, Pressum telis multi gravaminis, Opprimés par les terribles épreuves, Per larghi prati Te postulat, uber subaminis, T'implorent, poitrine féconde, Per larghi prati e per gran boschi folti. À travers de larges champs et de grandes et denses forêts, Sis lilio rosa solaminis ! D'être la rose de consolation pour le lis ! Leggiadre donne e vaghe donzellette. Des femmes pleines de grâces et des belles jeunes filles, Vestite strette e coi capelli sciolti. Habillées de vêtements ajustés et les cheveux lachés, Salus nostra, nunc est mali hora, Notre salut, en ces heures mauvaises, Con archi, con turcassi e con saette. Avec des arcs, des carquois et des flèches, Populorum fletus rigant ora ; Les larmes du peuple arrosent les visages ; E con levrieri a man correan cacciando Et leurs lévriers sans laisse, chassaient, Nostris pacem periodis rora, Il est temps pour la rosée de notre paix Uccidendo e pigliando. Capturant cerfs, daims, sangliers et loups. Quod pro tuis semper clementiora ! Car tu es toujours clémente à tes semblables ! Cervi, caprioli, cinghiali e lupi. Puis elles entrèrent, seules, Entrando sole ne’ luoghi pi cupi Dans les caves les plus obscures, Per riposarsi all’ombra. Pour se reposer à l’ombre. Vale placens Vale placens peroratrix, Salut à toi, plaisant intercesseur, Salve decens imperatrix, Soit saluée, reine gracieuse, Quel sole che nutric’al gentil fiore Gaude potens imperatrix Réjouis toi, puissante reine Quel sole che nutric’al gentil fiore Ce soleil qui nourrit la belle fleur Virtutis et glorie ! Des vertus et de la gloire ! Discende talor giù per veder quello, Descend parfois afin de voir C’a llui di lui par’esser più bello ! Ce qui lui parait, grâce à lui même, plus beau ! Semper dum oras impetras, Chaque fois que tu intercèdes en faveur d’une prière, Semper cum preces perpetras Chaque fois que tu accomplis une promesse, Poi ch’al quanto seco a contemplato, Puis, une fois qu’il ait contemplé à plus soif, Polosque Deum penetras Et rends les cieux de Dieu accessibles, Riturna su e riferisc’al ly dei, Il retourne pour référer aux dieux Tue vi theorie ! Par le pouvoir de ta contemplation ! L’amirabil belleça di costei ! L’admirable beauté de la femme !

Cum Josue facis stare. Quand tu donnes ton support à Josué, Hor sol in alto ciel di tuo biltate Soleil au très haut ciel, les anges Phebum Dyanam restare, Tu fais s’arrêter Phoebus et Diane, Laudan gli angioli la somm’onestate. Louent ta beauté et ton honnêteté complète. Thiphon vales impetrare Et donnes une mission de sainteté Sacrum cum muneribus ! À Thiphon ! Creata fusti o vergine Maria Electorum est orare Les élus peuvent prier Creata fusti, Ô Vierge Marie, Tuum deo imperare, Ton autorité, avec l’aide de Dieu, O vergine Maria, tu as été créée Gloriamque pacem dare Afin de donner paix et gloire Da quel Signiore par ce Seigneur Angelis ac hominibus. Aux anges et aux Hommes. In chui e la balia ! en qui l’on trouve mérite ! Per lo pechare d’Adamo, fu rimosso À cause du péché d’Adam, Il nostro Padre chon mente bramosa notre Père à l’esprit avide Del tuo Figliuolo, che tu portasi adosso se priva du Fils que tu as porté Per ischamparti, o Madre gloriosa. pour ta salvation, ô glorieuse Mère. Vergine donna, se’ saggia e vezosa: Vierge, tu es sage et gracieuse: Aiuta ‘l pechator per chortesia. apporte ton aide au pêcheur, par pitié.

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Ay schonsolato Car sans luy je ne puis ja vivre, Car je ne puis plus vivre sans lui, Ay schonsolato ed amoroxo Troyolo, Oh Troyen inconsolable et amoureux Et avec luy estre delivre Et avec lui, je pourrais être délivrée Abandonato da la ria Brisæyda, Abandonné par la cruelle Briseïde, De tous maus je puis vraiement. De tous les maux, sûrement. Ay trista Dido, per l’engrato Eneyda ! Oh triste , par l’ingrat Énée ! A ta douce merci me livre, Je me livre à ta douce pitié, Vostro dolor nel cor me fa memoria, Votre douleur rappelle des souvenirs à mon cœur, Par qui de mort je puis revivre ; Qui peut me faire revivre à travers la mort, Tanto più forte qu’a ch’el preterito, Tellement plus forts que par le passé, Ce say je tres certainnement ! Je le sais avec certitude ! Fedel amando un solo no me fa merito. ! Je ne mérite pas de fidèle amant ! Ay ch’un dolce parlare falso, enditio, Aïe, il a laissé en mon triste hospice Si me veullies, lunne plaisant, Si tu le veux, lune plaisante, Lassato m’a nel doloros’ ospitio. Rien d’autre que des discours doux mais faux, douteux. Tres clere et fort raisplaindissant, Si claire et resplendissante, A mon grant besoing secourir, Réponds à mes grands besoins, Moi tousdis doucement metant En me mettant, avec douceur, Quand’amor En la grace du tres puissant Dans les grâces du très puissant Quand’amor gli occhi rilucenti e beli Quand par amour les yeux luisants et beaux Solail, que de cuer veul servir ! Soleil, que je veux servir avec cœur ! Ch’an d’alto foco la sembianza vera Qui ont une vraie semblance à un feu haut Volge ne’ miei si dentro arder mi fanno Se tournent vers moi, ils me font brûler d’ardeur Che per virtu d’amor vengo un di quelli Car par vertu d’amour un jour vinrent Coume le serf Spirti que son nella celeste sfera Ces esprits qui se trouvent dans les sphères célestes Coume le serf a la clere fontaine Comme le cerf désire aller à la fontaine limpide, Ch’amor e gioia igualment’ in lor hanno. Et qui contiennent à parts égales l’amour et la joie. Desire aler quant il se voit espris Quand il se voit épris De tres grant soif, desirent mes espris De très grande soif, mes esprits désirent D’aler bien tost vers la mer tres serainne ! Aller bientôt vers la très calme mer ! Non piu doglia ebbe Dido Non piu doglia ebbe Dido Didon, celle qui se donna la mort pour Énée, Pourquoy te pri, clere estoile diaine, C’est pourquoi je t’implore, étoile diaphane, Che per Enea s’ancise. N'a pas de plus grande douleur, Que sans me avoir pour mes maus en despris, Sans me mépriser pour mes maux Che udir melodie da organ divise ! Que celle d’entendre une mélodie sans polyphonie ! Ta grant luyeur me veuilles tre prochaine, Ta lueur me voulant rapprocher d’elle Da Dio prima creata Cette mélodie fût créée Par quoi trover puisse voie sertainne Afin que je puisse trouver la voie sûre, Con tutti ciel fu questa melodia. Par Dieu, aux cieux, Qui droitement a la mer ou tout pris Directement et avec joie Per darci buona rata Afin de nous donner, avec ses harmonies, Est vraiement, joieusement me ameinne ! Vers la mer qui attire tout vers elle ! Del paradiso con quest’armonia. Une bonne part de paradis. Ma sol ne l’alma pia Mais le nid de cette mélodie et du paradis Ou ma grant soif puisse de moi chasser Où je puis soulager ma grande soif Fu posto questo fido Peut seulement se trouver Et parvenir en tres joieuse vie Et atteindre une vie très heureuse Di melodia e di paradiso el nido. En une âme pieuse. En celle mer, ou jamais ne devye Dans la mer, ou celui qui sait rechercher, Qui de fin cuer s’amour sait pourchasser ! Avec un cœur vrai, sans jamais dévier !

Lunne plaine Estoille que bien puet on conparer Étoile que l’on peut bien comparer Lunne plaine d’umilite, Lune pleine d’humilité, Au fin cler jour qui trestous nous eslye, Au jour clair et raffiné, qui nous réjouit. Qui du solail as la clarte, Claire comme le soleil, Ta grant clarte ne veulles separer Je ne veux me séparer de ta grande clarté De qui la nuit fort s’illumine, Par qui la nuit fort s’illumine, De moi, ton serf, qui fort desire aler Moi, ton serf, qui désire aller Mes tenebres, par ta pite, Par pitié, détruis mes ténèbres Vers la mer qui tres douce est et mout lye, Vers la mer si douce et si belle, Destruisiés, qui fort m’ont mate, Qui m’ont brisé, En qui desir tout mon tans reparer. En laquelle je veux passer tout mon temps. Par ta clarte tres douce et fine ! Avec ta clarté, si douce et raffinée !

Et me vuellies par dous acort, Et veuille bien, par un accord qui m’est doux, Conviens’ a fede Sans avoir de mes maus recort, Sans tenir compte de mes maux, Conviens’ a fede fè, conviens’ amore Il convient de croire à la foi, il convient Avec le solail acorder, M'accorder avec le soleil, A chi ama portar donna già mia À celui qui aime de croire en l’amour, Mon droit refuge et mon droit port, Mon vrai refuge et mon vrai hâvre, Ne tanto sdengnj, tanta leggiadria Dame, mienne déjà, ne me dédaignez pas tant, Puisque la grant mal que je port, Car la grande douleur que je porte, Convien si quanto è quel del tuo splendore Il convient de me montrer une légèreté à la mesure Ne puis, sans morir, plus porter ! Ne puis, plus tolérer, sans mourir ! Dunque si sdegnoj tu’ superbi sdeny, De ta splendeur. La cholp’è tu et non è per mie vollere Ainsi, si je méprise votre mépris superbe, Ma chi poria nel cor d’amore i seny C’est bien votre faute, et ce n’est pas mon désir, Sança gratia portar d’amor ei sengnj Car qui pourrait donc porter longtemps en son cœur Lungho tempo tenere ? ! Les signes de l’amour, sans grâce ? !

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Non può l’anim’alter’ sempre coidere L’âme fière ne peut toujours garder sa volonté Pantheon Sugiett‘el suo albitrio a chi non chura Sujette à l’arbitre de celle qui l’ignore, mais la Pantheon abluitur, templum pseudo-deorum, Au tour des douze athlètes de recevoir Ma vuol dover’ c’ogni cosa misura Nécessité veut que tout soit mesuré, construitur ecclesia sanctorum, Alors un concert de louanges, Che chon disdengno sdengno fugge al core. Et que, avec dédain, le dédain s’échappe du cœur. Plus error destruitur mutavi bonorum ; Avant les martyrs, Prima Sancta Trinitas ibidem veneratur, Dont l’éclat en mérite aussi ; Gratiam divinitas ut plene largiatur, À leur suite, l’ardeur des confesseurs est honorée, Appollinis ecclipsatur Hinc laudum concinitas majestate collocatur Et que la fragrance des vierges Appollinis ecclipsatur Jamais la lumière d’Apollon Ierarchias complete post decem venerari ; Jouisse aussi de sa louange ! Nunquam lux cum peragatur Ne connaît d’éclipse, Laus sequitur Prophete Johannis tam preclari. C’est à nous qu’il revient de célébrer partout et en Signorum ministerio Puisqu’elle est diffusée Duodecim athlete tunc debent collaudari ; tous lieux leur fête. Bis sex, quibus armonica Par l’entremise des douze signes. Martirum vibratio consequenter laudatur, S’il appert que l’usage n’en est pas respecté, Fulget arte basilica De la science qui les joint Confitens flagratio vicissim decoratur, On lui substitue les honneurs Musicorum collegio Resplendit la basilique Virginum fragratio laude simul fruatur ; Rendus à ceux qui sont pécheurs. Multiformibus figuris, Des musiciens, par la conjonction Nos ubique locorum his festum celebrare Que l’on implore la tête E quo nitet J. de Muris De multiples figures : Jubemur singulorum. Si non constat servare Et les membres de cette fête, modo colorum vario, Parmi elles brille Jean de Murs Jus supplent honorum quos contigit peccare ; Et qu’ainsi nos cœurs soient purifiés Philippus de Vitriaco Par son habileté à varier Nunc caput deprecentur, istius membra festi D'une ablution céleste, acta plura vernant a quo, Les couleurs, Corda nostra laventur ; sic lavate celesti, Afin que les traîtres impies Ordine multiphario Ainsi que Philippe de Vitry, Ne nobis dominentur proditores scelesti ! Ne viennent à régner sur nous ! Noscit Henricus Helene Créateur de tant d’œuvres nouvelles ; Tonorum tenorem bene, Henricus Hellene en des formules innombrables Magnicum Dionisio Connaît bien la teneur propre à chaque ton ; In omnem terram Renaudus de Tyromonte Avec Dionysius Magni, In omnem terram exiuit sonus eorum Leur harmonie éclate sur toute la terre, Orpheico potus fonte, Voici Renaud de Tyromonte Et in fines orbis terre uerba eorum. Et leur langage jusqu’au bout du monde. Robertus de Palatio Qui s’est abreuvé à la source d’Orphée ; Actubus petulantia Robert de Palatium, Fungens gaudet poetria Affichant dans son jeu son exubérance, Gloria in excelsis Deo Wilhelmi de Mascaudio, Se réjouit de l’art poétique Gloria in excelsis Deo Gloire à Dieu, au plus haut des cieux, Egidius de Morino De Guillaume de Machaut ; Et in terra pax hominibus bonae voluntatis Et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. Baritonans cum Garino Egidius de Murino chante Laudamus Te Nous te louons, Quem cognoscat/it Suessio, D'une voix puissante avec Garin, Benedicimus Te Nous te bénissons, Arnaldus Martini, jugis Bien connu de Soissons ; Adoramus Te Nous t’adorons, Philomena, P. de Brugis, C’est Arnaldo Martini, le rossignol que rien n’arrête ; Glorificamus Te Nous te glorifions, Gaufridus de Barrolio Pierre de Bruges et Gaufrido de Barrolio Gratias agimus tibi propter magnam gloriam tuam Nous te rendons grâce, pour ton immense gloire, Vox quorum mundi climata Dont les voix pénètrent le monde en son entier Domine Deus Rex caelestis, Seigneur Dieu, Roi du ciel, Penetrat ad algamata, Et jusqu’à l’empyrée Deus Pater omnipotens Dieu, le père tout-puissant. Doxe fruantur bravio ! Puissent-ils tous savourer le prix de la gloire ! Domine Fili unigenite Jesu Christe Seigneur, Fils unique, Jésus Christ, Domine Deus Agnus Dei Filius Patris Seigneur Dieu, Agneau de Dieu,le Fils du Père. Qui tollis peccata mundi Toi qui enlèves le péché du monde, Zodiacum signis Miserere nobis Prends pitié de nous Zodiacum signis lustrantibus Aux signes illuminant le zodiaque, Qui tollis peccata mundi Toi qui enlèves les péchés du monde, Armonia/Armenici Phebi fulgentibus Irradiant l’harmonie de Phébus, suscipe deprecationem nostram Reçois notre prière ; Musicali palam sinergia Dans la synergie musicale révélée par Pythagore, Qui sedes ad dexteram Patris Toi qui es assis à la droite du Père, Pitagore Numerus ter quibus Correspond le nombre trois miserere nobis Prends pitié de nous. adequatur preradiantibus Qu’ils éclipsent par leur éclat Quoniam Tu solus Sanctus Car Toi seul es Saint, Boecii basis solercia/solertice. Grâce à l’habileté du principe de Boèce. Tu solus Dominus Toi seul es Seigneur, B. de Clugni nitens energia Dans l’éclat de sa force, B. de Clugni, Tu solus altissimus Jesu Christe Toi seul es le Très-Haut, Jésus Christ, Artis practice(m) cum theoria Recommandant la pratique de l’art avec la théorie, cum Sancto Spiritu in gloria Dei Patris Avec le Saint-Esprit, dans la gloire de Dieu le Père. Recomendans/regimendans se subdit omnibus Se soumet à l’autorité de tous Amen. Amen. Presentia (per) salutaria. par ces paroles salutaires. Musicorum tripli(ci) materia La matière du triple Notitiam dat de nominibus ! Fait connaître les noms des musiciens !

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12 H 30 / ABBAYE AUX DAMES

DE PARIS À GRENADE À l’origine, la Suite populaire espagnole fut Avec l’Introduction et Rondo Capriccioso imaginée comme un recueil de mélodies pour de Camille Saint-Saëns (1835-1921), c’est à voix et piano, sous le titre de Sept Chansons une œuvre d’emblée pensée pour le violon populaires espagnoles. Manuel de Falla (1876- que nous avons ici affaire. Le grand com- MANUEL DE FALLA 1946), compositeur né à Cadix et venu à positeur français s’y était laissé inspirer par Paris pour parfaire son art (1907-1914), s’y Pablo de Sarasate, grand virtuose du violon (1876-1946) lie d’amitié avec Ravel, Debussy et Dukas qui lui avait déjà commandé un concerto en Suite populaire espagnole notamment. C’est à la demande d’une can- 1858 – le jeune prodige espagnol n’avait alors tatrice espagnole de l’Opéra-Comique, Luisa que 15 ans ! C’est encore pour lui que Saint- Vela, que Falla se lance dans cette compo- Saëns se remet à l’ouvrage quelques années ENRIQUE GRANADOS sition en forme d’hommage aux différentes plus tard, et lui offre cette page brillantis- (1867-1916) provinces de leur pays natal. En effet, au gré sime, d’inspiration typiquement hispanisante de ces sept morceaux, le compositeur anda- (1863). Dix ans plus tard, Saint-Saëns com- Danse espagnole n°5 lou nous fait voyager du flamenco (El Pano pose un Allegro appassionato pour piano (transcription F. Kreisler) moruno – Le Tissu mauresque) jusqu’aux (1883) qui doit servir d’épreuve d’entrée au Asturies (Asturiana) en passant par l’Ara- Conservatoire. Le musicien s’y laisse aller à gon (Jota) et Murcie (Seguedilla murciana), une inspiration très chopinienne, toute d’ara- CAMILLE SAINT-SAËNS pour terminer sur trois chansons typiquement besques et de volutes délicatement ciselées. (1835-1921) andalouses (Nana, Canción et Polo). Le succès Deux ans plus tard, c’est la première de ses de cette œuvre, créée à Madrid en 1915, fut deux sonates pour violon et piano qui voit le Rondo Capriccioso tel que très vite furent publiées des adapta- jour (1885). Choisissant une structure en deux Allegro appassionato pour piano tions pour différentes formations musicales, parties dont chacune est elle-même divisée opus 70 dont la plus célèbre est assurément la trans- en deux (Allegretto agitato / Adagio puis cription pour violon et piano réalisée en 1925 Allegretto moderato / Allegro molto), Saint- Sonate n°1 en re mineur opus 75 par Falla lui-même et son ami Paul Kochanski, Saëns innove ici, et crée une œuvre dans la Allegro agitato, Adagio génial violoniste de l’entre-deux-guerres. grande tradition des grandes Sonates pour Allegretto moderato, Allegro molto Grandiose et passionnée, la Danse espagnole violon et piano de Beethoven, avec son écri- n°5 d’Enrique Granados (1867-1916) est peut- ture ample, ses changements d’atmosphère, être sa page la plus connue du grand public. sa narrativité audacieuse et infinie. Composée Geneviève Laurenceau, violon Initialement composée pour le piano seul pour le violoniste Joseph Marsick, cette – Granados était un redoutable virtuose – Sonate fut créée par lui et le compositeur David Bismuth, piano au sein d’un plus vaste ensemble de Douze au piano en octobre 1885 et connut d’em- Chansons espagnoles écrites entre 1892 et blée un grand succès, au point que Proust 1900, cette Andaluza gagne vraiment en eut l’idée d’en faire son inspiration pour la intensité et en humeur dans la transcrip- fameuse « petite phrase de Vinteuil » dans sa tion qu’en réalise le prodige du violon Recherche du temps perdu ! Paradoxe de la Fritz Kreisler : le violon y endosse toute la création artistique : Proust, qui n’aimait pas flamme du chant, parvenant à trouver des beaucoup Saint-Saëns, a donné à son œuvre accents dont le piano, malgré tous ses arti- l’immortalité littéraire ! fices, n’est simplement pas capable. D’autant Jean-Jacques Groleau que Kreisler se permet de rajouter quelques doubles notes et autres harmonies terrible- ment poignantes à l’original de Granados. Une véritable recréation !

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16 H 30 / ABBAYE AUX DAMES

FELIX MENDELSSOHN En 1838, Félix Mendelssohn (1809-1847), l’en- cohérence et une unité. (1809-1847) fant prodige du romantisme allemand, écrit à L’œuvre sera créée au Gewandhaus de Leipzig son ami le violoniste Ferdinand David (1810- par Ferdinand David sous la baguette de Concerto pour violon opus 64 1873) : « ... J’aimerais aussi écrire un concerto Niels Gade le 13 mars 1845. Trop malade, Allegro molto appassionato pour violon pour toi, l’hiver prochain ; le début Mendelssohn ne put y assister. Andante, allegretto non troppo me trotte dans la tête et ne me laisse pas Antonín Dvořák (1841-1904) reçoit en 1884 Allegro molto vivace en paix. » Il faudra huit longues années à le titre de « Membre d’honneur de la Société Mendelssohn pour mener à bien ce projet ! Philharmonique de Londres ». Pour les remer- Ce sera d’ailleurs la dernière page orches- cier de cet honneur, il leur promet une PAUSE trale du musicien, désormais très atteint par symphonie. Il se met au travail dès le mois la maladie qui ne va pas tarder à l’emporter. de décembre de cette même année ; il est ANTONÍN LEOPOLD DVOŘÁK L’œuvre, pourtant, ne laisse rien entendre des encore sous le coup de la Troisième sym- problèmes personnels de Mendelssohn : sa phonie de Brahms, qui lui a révélé tout un (1841-1904) grâce enchanteresse en fait même l’un des monde sonore nouveau. Symphonie n°7 en ré mineur opus 70 concertos pour violon les plus lumineux de Fort de cet exemple avec lequel il cherche à Allegro maestoso l’ère romantique. Composé en trois mouve- rivaliser, Dvořák achève sa symphonie n°7 en Poco adagio ments (deux rapides en encadrant un lent) mars 1885. Il y mêle des éléments de langage ce Concerto s’amuse toutefois à fondre ces typiquement slaves à une structure formelle Scherzo : Vivace - Poco meno mosso trois sections en une seule coulée fluide, absolument magistrale. Cette Septième Finale : Allegro créant des « chevilles » entre chacun pour symphonie commence sur une atmosphère donner un effet de fondu enchaîné. austère et grave, avant de connaître des déve- Mendelssohn innerve son œuvre d’un frémis- loppements tempétueux. Un thème bucolique Charlotte Juillard, violon sement et d’une passion rayonnante. Le violon (flûtes et clarinettes) surgit alors, créant de se fait d’ailleurs immédiatement entendre, surprenants effets de contraste. Le deuxième Jeune Orchestre de l’Abbaye sans l’introduction orchestrale canonique, mouvement déploie des mélodies d’une poi- ce qui renforce le sentiment d’urgence et gnante beauté, dans un incessant dialogue Direction Nicolas Simon de plaisir qui jaillit à chaque moment, même entre les pupitres. Le troisième mouvement si la tonalité de mi mineur confère à cer- fait alors entendre tour à tour une valse et taines pages une poignante mélancolie. Le puis un thème guilleret sur un rythme typi- mouvement lent central retrouve l’esprit du quement tchèque. Le quatrième et dernier Lied allemand et offre au soliste l’occasion mouvement explose alors en une musique de déployer un chant tendre et lumineux. Le d’une puissance phénoménale : pages magis- finale déploie ensuite une verve et une vir- trales et triomphantes, elles déploient des tuosité qui en disent long sur les qualités de thèmes d’une incroyable diversité, avant de son dédicataire, Ferdinand David. Une véri- s’achever en apothéose. table fanfare de cuivres ouvre d’ailleurs ces Créée à Londres le 22 avril 1885 sous la pages rutilantes, avant que le soliste ne soit direction du compositeur, cette septième amené à faire valoir tout un feu d’artifice vir- symphonie est rapidement devenue l’un de tuose. Certains traits rappellent les thèmes ses plus beaux et plus durables succès. du premier mouvement et de sa formidable Jean-Jacques Groleau cadence, Mendelssohn ayant toujours aimé à développer dans ses œuvres ce genre de Retrouvez Nicolas Simon du 27 au 29 septembre prochain au festival « Chambre et Jardin » rappels – ce qui leur confère une incroyable musique au château de Dampierre-sur-Boutonne.

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19 H 30 / ABBAYE AUX DAMES

AGRICOLA ET L’ART DE L’ALLÉGORIE SACRÉE EN ITALIE

LE CORPS DE SAINT SÉBASTIEN SOUFFRANCES LE CORPS DE MARIE MADELEINE LE CORPS INFERNAL ET DE LA VIERGE MARIE

GUILLAUME DUFAY PERE ORIOLA JOHANNES GHISELIN ALEXANDER AGRICOLA (1397-1474) (1440-1484) (1455-1511) Gaudeamus omnes O sancte Sebastiane O vos homines qui transite in pena ALEXANDER AGRICOLA pastiche des Répons du Vendredi O beate Sebastiane (Lamentation de Didon) Saint du Codex Montecassino (871) ANONYME Dulces exuviae JOHN BEDYNGHAM GASPAR VAN WEERBEKE HEINRICH ISAAC (FL.1440) (1445-1516) CONSOMMATION Morte che fay O diva stella O beate Sebastiane ALEXANDER AGRICOLA d’après O Rosa Bella JOHANNES GHISELIN, ALEXANDER (1446-1506) LE CORPS DU CHRIST GUILLAUME DUFAY AGRICOLA… HEINRICH ISAAC (1450- 1517) Vergine bella che del sol vestita Cum defecerint ligna (d’après De tous biens playne) INCARNATION JOHANNES MARTINI BARTOLOMEO TROMBONCINO (1440-1497) ALEXANDER AGRICOLA GUILLAUME DUFAY (1470-1535) Poi che t’hebi nel core (d’après la chanson Par le regart) L’eure est venue / Circumdederunt (d’après Fortuna Desperata) Vergine bella che del sol vestita me gemitus mortis Refove unice Innocentius Dammonis Graindelavoix Anne-Kathryn Olsen, Carine Tinney, sopranos Albert Riera, Andrés Miravete, Marius Peterson, ténors Arnout Malfliet, basse Anna Danilevskaia, vièle d’archet Floris de Rycker, Lukas Henning, luth Bor Zuljan, bray luth Le texte des œuvres sera disponible le soir du concert. Direction Björn Schmelzer

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Chants de dévotion en Italie et transfor- notre propos : exemple pour la contemplation de la souf- compositeurs et arrangeurs n’était pas très mations par Alexander Agricola, Johannes La fin du XVe siècle et le début XVIe ont vu france du Christ. Comme si le remplacement différente de celle des artistes-plasticiens. Ghiselin, Johannes Martini, Guillaume Dufay une prolifération de la polyphonie franco- de l’original était la garantie supplémentaire Encore une fois, prenons quelques exemples et d’autres anonymes italiens flamande dans les sources italiennes. d’un art du chant riche de sens, complexe et tirés du programme : Alexander Agricola fut une immense vedette Aujourd’hui, la majeure partie de ce répertoire à plusieurs niveaux. Guillaume Dufay, un compositeur qui a com- en son temps. Sa musique était complexe, se trouve dans des recueils de manuscrits Un chant en français ancien de Dufay était mencé sa carrière internationale en Italie, dense et bizarre, et elle a été perçue comme italiens et les premières œuvres à avoir été en mesure de fournir la recette d’un chant en s’investit dans plusieurs motets ayant Saint telle par ses contemporains. En 1536, bien imprimées (pensons à Petrucci à Venise). latin sur la naissance du Christ, nourri d’un Sébastien pour sujet. Ce Saint italien était après sa mort, Ulrich Brätel, parlant de sa Cependant, un détail nous interpelle : la majo- nouveau texte basé sur la paraphrase d’une extrêmement populaire, invoqué contre la musique, disait ceci « Seltzam Art, verkärth, rité des œuvres est présentée privée de ses strophe d’une séquence latine du IXe siècle peste, immortalisé par de nombreuses repré- auf fremd Manier » (« style exceptionnel, textes d’origine, ou plutôt sans aucun texte du poète Notker Balbulus : Refove unice. sentations au XVe siècle, celles de Mantegna, bizarre, dans une manière singulière »). On du tout. Cette situation a amené les musico- Comment était-ce possible ? Il ne faut pas uni- Antonello da Messina et Botticelli étant pro- voulut l’attirer à Naples avec 300 ducats pour logues à la conclusion que ces œuvres étaient quement attribuer la réussite de l’opération bablement les plus connues. Le premier motet un poste à la Cour, alors que Josquin en rece- destinées à une interprétation purement ins- aux qualités d’exégèse des chanteurs, rem- au programme, O Sancte Sebastiane res- vait seulement 200 de la riche ville de Ferrare trumentale. Il nous paraît de plus en plus clair plaçant les chants par un nouveau contenu. semble plutôt à un Mantegna : cérébral et et Isaac 100 à Florence. Dans ce programme, cependant que les italiens appréciaient le De fait, le remplacement du texte appor- narratif ; similaire à la pierre, monumental et la musique d’Agricola tient le rôle d’un fil cadre schématique de la polyphonie franco- tait toutes les couches antérieures de sens, grandiose ; tandis que O beate Sebastiane, rouge, mais pas au sens d’un corpus monu- flamande déshabillée de son texte d’origine influençant consciemment ou pas l’interpré- composé plus tard, évoque le saint tant aimé mental. Nous essaierons plutôt de l’aborder (et de son contexte) qu’ils ont déplacé et rem- tation de la nouvelle version. Nous avons ici dans son ambiguïté sexuelle et sa bizarre- selon son propre traitement de l’héritage placé par leurs propres versions italiennes, la Renaissance dans sa dynamique la plus rie, avec des transformations étranges et des musical et de l’entrelacer, non seulement souvent de la poésie para-liturgique associée performante et opérationnelle ! Assez étran- sauts modaux dans la manière des artistes avec d’autres pièces, mais aussi avec deux aux Laude (NDT lauda : la forme dominante gement, c’est la connaissance historique de italiens qui utilisaient l’image du martyr souf- autres modes opérationnels : l’adaptation de chant spirituel en Italie du Moyen Âge au l’interprétation qui nous incite à faire l’in- frant, attaché à un arbre, transpercé par de italienne et le « recyclage » de la polyphonie début de la Renaissance). verse et nous pousse à enlever les couches nombreuses flèches, comme prétexte pour franco-flamande, et l’articulation en musique Toutefois, on ne saurait en déduire que le de compléments musicaux, ornementations, représenter l’érotisme du corps masculin à de personnages significatifs (le Christ, Saint texte était peu important dans la polyphonie élaborations textuelles, arrangements pour l’antique. Il est intéressant de noter qu’en- Sébastien, La Vierge Marie, des corps souf- franco-flamande et qu’il s’agissait seulement aboutir à l’ur-text imaginaire d’une œuvre viron 50 ans plus tard le saint Milanais fut frants infernaux, Marie-Madeleine…), puisque d’un art mathématique auquel le texte pou- musicale. À l’époque de la Renaissance évoqué dans un motet d’un autre franco- nous les connaissons mieux aujourd’hui grâce vait être aléatoirement ajouté ou enlevé. cependant, la pratique d’ajouter, d’élaborer flamand Gaspar van Weerbeke, qui répète à des images et tableaux des maîtres italiens. Il serait plus juste de dire que les textes et d’ornementer grâce à une multiplication l’exclamation syllabique homophonique du De cette manière, le programme nous don- étaient essentiels, mais pas au sens commu- bien pensée de matériaux était prisée au nom du saint, comme dans le motet de Dufay. nera un aperçu de la virtuosité et de la vigueur nément accepté de nos jours d’une relation titre d’émulation (aemulatio), pratique néces- La première partie de ce concert propose de l’art italien à travers l’arrangement théma- définitive entre musique et texte. Le lien entre saire à la survie et la continuité des œuvres donc ainsi un parallèle musical avec la repré- tique, l’adaptation et le « bricolage » : je suis articulation musicale et texte devait être réa- musicales. Réduire les œuvres musicales à sentation italienne bien connue du corps tenté de dire la gestuelle et la dynamique lisé par les interprètes, grâce à une étude une origine de l’ordre du fantasme, comme de Saint Sébastien. Les exemples suivants par excellence de ce que nous appelons approfondie de la rhétorique. La relation on le fait très souvent aujourd’hui, aurait été permettent de mettre en évidence l’évo- aujourd’hui : Renaissance. texte musique devait se faire au moment de pour un compositeur de la Renaissance la cation par la musique d’une image quasi Donnons quelques exemples afin d’illustrer l’interprétation et sa véracité relevait du défi honte suprême. tridimensionnelle de tels corps : le Gaudeamus pour l’interprétation car elle constituait une La méthode de travail qu’utilisaient les omnes d’Agricola est une création virtuose part essentielle dans le rendu final de l’œuvre sur le plain-chant introïtus pour la fête d’un musicale. En ce sens, une chanson d’amour saint, dans le cas qui nous intéresse, Marie- originale en vieux français pouvait fournir le Madeleine. C’est un peu comme si au-dessus cadre schématique d’une lauda italienne, par du chant liturgique, soudain, émergeait

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l’image de Madeleine elle-même, sous l’appa- qui exploitent et réutilisent l’héritage de la cour français original. En décidant d’inclure rence d’une ménade mouvante, une nymphe polyphonie franco-flamande en Italie. Tous plusieurs versions d’Agricola et de ses col- en spirale, une bacchante tourmentée à la trois font appel à la technique du contrafact, lègues, nous sommes parvenus à une pièce manière des artistes italiens du XVe siècle surimpression d’un nouveau texte sur une polyphonique réellement infernale. La Lauda qui empruntaient ces figures prototypiques œuvre musicale existante. Par exemple, Poi O diva stella est un contrafact de O rosa de l’antiquité afin d’illustrer des figures fémi- che t’hebi est un poème Lauda de Francisco bella de John Bedyngham, chanson égale- nines émouvantes (Ghirlandaio, Botticelli…). d’Albizo sur un chant populaire polyphonique ment très populaire. Excepté l’intéressant italien Fortuna desperata. Cependant, au lieu arrangement italien du chant anglais original Une figure, tout aussi dansante, cette fois d’interpréter un seul arrangement de cette avec un texte italien, il existe une magni- pour incarner la Vierge Marie, est employée œuvre, nous avons choisi de combiner diffé- fique version à six voix dans les Codices de par Dufay, dans la toute première mise en rents arrangements de la main de différents Trente qui ajoute une profondeur vocale au musique d’un poème de Pétrarque : le célèbre compositeurs actifs en Italie ou présents dans chant original, comparable à un paysage fla- Vergine bella. La version de Bartolomeo les inspirations italiennes, Agricola, Martini, mand peint avec une grande profondeur de Tromboncino peut être située dans le cou- Ghiselin etc., afin que chaque strophe appa- champ, ou mieux encore, son élaboration par rant du frottole à Mantoue, un genre théâtral raisse dans son nouvel habillage et ainsi mette des artistes italiens tels Bellini ou Giorgione, et plus homophonique de la poésie vocale en lumière les différents détails affectifs du créant des visions qui ne sont pas juste des italienne aux alentours de 1500. Ceci montre chant originel et du nouveau texte. Fortuna œuvres à visée liturgique ou de représen- combien l’arrangement musical de la poé- desperata n’est donc pas le titre d’une œuvre tation fonctionnelle, mais qui, tout comme sie pouvait alors être divers et différent. Si figée ou d’une composition monumentale, leurs pendants musicaux, sont plutôt des allé- Dufay est plus varié et détaillé dans sa com- mais signifie plutôt une combinaison com- gories sacrées, auxquelles manque un sens position, la version de Tromboncino permet plexe et élastique de potentiels musicaux et clair et univoque et qui restent, cependant, aux musiciens d’improviser des diminutions polyphoniques. Tout le développement de la ouvertes à des significations et des interpré- sur les motifs les plus stéréotypés et pour Lauda est traversé de multiples versions de tations, fruits des constructions mentales du les chanteurs de presque déclamer le texte. Fortuna desperata, avec des interventions spectateur ou de l’auditeur, ou échangées Pour apprécier comment la renaissance vocales et instrumentales différentes. L’avant- par le public à l’issue du concert. de l’antiquité au sens littéral était mise en dernière version associe le texte de la Lauda Björn Schmelzer œuvre dans la polyphonie franco-flamande, avec la litanie Sancte Petre - Ora pro nobis, Traduction : Christopher Bayton comparons les deux versions de Dulce exu- telle qu’elle a été composée par Heinrich viae, la plainte de Didon dans le quatrième Isaac. Une dernière strophe conclusive en livre d’Énéide de Virgile. Ghiselin et Agricola latin est ajoutée après la Lauda, une version étaient des collègues et des amis et les deux anonyme de Fortune desperata, à couper le versions peuvent être considérées comme un souffle dans son arrangement polyphonique, dialogue. Ghiselin préfère un arrangement avec le texte, O Crux ave, spes unica, pour plutôt homophone dans un style déclama- l’adoration de la Croix. toire tandis qu’Agricola développe le texte Cum defecerint ligna est un contrafact du avec des phrases ornementales et des inter- « tube » du XVe siècle de Hayne de Ghizeghem, ventions polyphoniques. C’est un cas unique De tous biens plaine. Tout comme la lauda- de comparaison des différences d’affect de contrafact de Fortuna Desperata, le chant la plainte de Didon et de l’évocation de l’an- apparaît avec le texte en latin du livre biblique tiquité dans le même espace géo-temporel. des Proverbes. Curieusement, la musique Un dernier mot doit être consacré à trois et ses différents arrangements strophiques œuvres qui s’apparentent à des créations paraissent plus appropriés pour porter ce nouvelles, mais à la manière de musiciens texte misanthrope et moraliste que l’air de

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22 H / ABBAYE AUX DAMES

IL TEDESCO Le lieu et la date de naissance de Giovanni Ce programme est entièrement consacré à Geronimo Kapsberger demeurent un mystère. l’œuvre extrêmement variée de ce musicien Ce dont nous sommes sûrs en revanche, c’est extravagant et notamment à son unique livre que, dès son arrivée à Rome en 1605, ce fils de madrigaux de 1608. Nous découvrons ici JOHANN HIERONYMUS KAPSBERGER de gentilhomme allemand s’établit une solide une merveille de contrepoint, d’harmonie et réputation de virtuose du théorbe, on le sur- d’expressivité, servie par les poésies tantôt (1580 -1651) nommait « il tedesco della tiorba ». Sa carrière sensuelles, pastorales et galantes de Guarini, Ballo secondo (instrumental) Io rido Amanti ne connaîtra pas l’échec et il travaillera toute du Tasse et du Cavalier Marino. Comme le sa vie durant au service des plus puissantes dit Kircher, le « stylus madrigalescus » est La mia leggiadra Filli Tu che pallido familles romaines, côtoyant les musiciens les le style italien par excellence, parfaitement plus réputés et les poètes les plus en vogue. approprié à l’illustration des passions les plus Nelle guancie di rose Anima mea (instrumental) Décrit comme « superbe génie » et « digne vives : l’amour, la douleur, l’affliction. Sinfonia XIII (instrumental) Figlio dormi successeur de Monteverdi » par Athanasius À ces madrigaux, où chacune des cinq voix Kircher, grand théoricien jésuite du début du a la même importance, s’ajoutent des pièces Su l’erbe Ah Clori, anima mia XVIIe siècle, Kapsberger est malheureusement vocales plus solistes, notamment les airs Sconsolato mio core Lietti Fuggiamo quelque peu délaissé aujourd’hui malgré la ornés très expressifs et virtuoses, les villa- diversité de ses compositions vocales ou nelles, chansons populaires souvent en duos Fabricator d’inganni Corrente quinta (instrumental) instrumentales. Le rapide déclin de son ins- ou trios, et des pièces instrumentales : toc- Lunge da voi Se turbando trument de prédilection y est sûrement pour catas pour théorbe, sinfonias pour violon, quelque chose, ou peut-être son caractère viole et continuo et autres danses. hautain et insolent a eu raison de sa répu- tation, lui qui aura été accusé de vouloir Sinfonia IX (instrumental) L’Escadron volant de la Reine remplacer la musique de Palestrina par la Care lagrime mie sienne à la Chapelle Sixtine ! L’Escadron Volant de la Reine met le cap sur Ultimi miei sospiri Rome afin de vous faire découvrir la musique Chi vi mira ben mio de ce compositeur. Occhi soli d’Amor Se la doglia Passacaglia XX (instrumental)

Clavecin italien Giusti Titus prêté par le Pôle Aliénor

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Ballo secondo (Libro I de Balli Gagliarde et Correnti Per me sol varia a quattro voci) instrumental La gioia mirasi, Pour moi seul A me contraria La joie change, La pace girasi, La paix se retourne La mia leggiadra Filli (Libro I de Balli) Affanni asprissimi Contre moi, La mia leggiadra Filli Ma ravissante Phyllis Il sen circondano, Les soucis pénibles Col pianto in perle accolto Pleurant des larmes de perle Tormenti altissimi Saisissent mon esprit, Bagnava i vaghi fior del suo bel volto, Arrosait les belles fleurs de son visage gracieux, Il cor inondano. Les tourments affreux Quando il misero core, Quand son cœur malheureux Fiumicelli ... Inondent mon cœur. Sotto l’acqua trovò novello ardore, Ressentit sous les pleurs une nouvelle ardeur ; Petits ruisseaux… Meraviglia d’amor, che sotto l’onde, Prodige de l’amour, qui cache ses flammes Tra pene squallido Le sue facelle asconde. Sous les ondes. Del duolo lagnomi, Misérable dans mes peines, Tra danni pallido Je me plains de ma douleur, Di pianto bagnomi, Blême dans mes dommages Nelle guance di rose Già gl’occhi debili Je m’inonde de pleurs, Nelle guance di rose, in sen di latte, Pour des joues rosées, un sein blanc, D’orror si velano, Déjà mes yeux affaiblis Ne’ labri di rubin vive il mio core, Pour des lèvres de rubis, vit mon cœur, Già l’ombre flebili Se voilent de ténèbres, Deh, come acerbo amore, Hélas, amour sévère, Il dì mi celano. Déjà les ombres plaintives Lo pasci or di veleno ; Comment tu le nourris de poison ; Venticelli ... M’ôtent le jour. Occhi amati, occhi bramati, Yeux aimés, yeux désirés, Petits zéphyrs… Il mio languir sanate, Guérissez ma langueur, Sol cure ignobili Il mio morir mirate, Regardez-moi mourir, La mente adombrano, La tête est encombrée E se pietat’avete, il mio morir piangete. Et si vous avez pitié, pleurez ma mort. Sol pene immobili Par des soucis infâmes, Lo spirito ingombrano, L’esprit est troublé Il sol partendosi Par des peines immuables, Sinfonia 13 (Libro I di Sinfonie a quattro) instrumental La gioia invidia, Le soleil au couchant Il dì morendosi Envie la joie, La vita insidia ; Le jour mourant Su l’erbe (Libro V de Villanelle) Fiumicelli Attente à la vie ; Su l’erbe affissomi Che girando, Petits ruisseaux A l’onde volgomi, Assis sur l’herbe, Vagamente Coulant Al ciel assisomi Je me tourne vers l’onde Sussurrate Doucement, Con l’aure dolgomi, Je me tourne vers le ciel, Con gl’accenti Chuchotez Qual neve labile Je me plains aux vents, Dilettosi Par des accents Il core struggesi, Comme la neige fragile Il lamento. Délectables Qual vento instabile Mon cœur se défait, Venticelli Mes plaintes, La vita fuggesi ; Comme un vent instable Che scherzando, Petits zéphyrs Fiumicelli Ma vie s’enfuit ; Dolcemente Joueurs, Che girando, Petits ruisseaux Mormorate Murmurez Vagamente Coulant Con accenti, Doucement Sussurrate Doucement, Coi concenti Par vos mélodies, Con gl’accenti Chuchotez Dilettosi, Par vos chants Dilettosi Par des accents Amorosi, Délectables, Deh bandite Il lamento. Délectables Deh bandite, Amoureux ; Venticelli Bannissez les plaintes, Deh sopite, Bannissez, Che scherzando, Petits zéphyrs Il lamento, Apaisez Dolcemente Joueurs, Il tormento. Les plaintes Mormorate. Murmurez Les tourments. Cò i concenti Amorosi Doucement. Deh sopite Il tormento Avec des concerts amoureux Apaisez le tourment.

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Sconsolato mio core (Libro Primo Di Arie Passegiate) Lunge da voi Sconsolato mio core, Lunge da voi ben mio Loin de vous mon trésor Come gradito e lusingato sei Mon cœur inconsolable, Non hò vita ne core e non son io. Je n’ai ni vie ni cœur ni moi. Nel duro sen di lei, Comment tu es chéri et flatté Non sono oime non sono quel ch’altra volta fui Je ne suis, hélas, plus celui que je fus autrefois Come prende pietà del tuo dolore. Dans son sein implacable, Ma un ombra mesta un lagrime vuol sono. Mais une ombre triste, une larme. Rispondi, cor, rispondi ohimè d’amore, Comment elle prend pitié de ta douleur Una voce dolente ne ciò mi resta solo per vostro dono Je ne peux plus vous offrir ma voix douloureuse, Più non posso l’orgoglio Réponds, mon cœur, parle-moi d’amour, Mà resta il mal onde morir desio. Mais il ne me reste que le mal dans lequel je désire mourir. Più non posso, schernito, Je n’en peux plus de l’orgueil Negletto e mal gradito, Je ne peux plus, moqué, De la tiranna mia soffrir l’orgoglio, Délaissé et mal aimé, Sinfonia IX instrumental Non paventar, cor mio, che vedrai pia Souffrir l’orgueil de ma tyrannie, Nel tuo longo soffrir la Donna mia. N’aie pas peur, mon cœur, car tu verras, Dans ta longue souffrance, ma dame s’attendrir. Care lagrime mie Care lagrime mie, Mes larmes chéries, Fabricator d’inganni (Libro V de Villanelle) Messi dolenti di mie pene rie Messagères endeuillées de mon âpre peine, Fabricator d’inganni Poiché voi non potete Puisque vous ne pouvez pas, Ch’a fieri danni, L’ourdisseur de tromperies Far molle, ahimè, quel core, Hélas, attendrir ce cœur Arma la lingua audace, Qui arme sa langue audacieuse Che non have pietà del mio dolore, Qui n’a pas pitié de ma douleur, D’altrui la pace Aux dommages cruels, Almen per cortesia Au moins par courtoisie Mentre turbar disegna Tandis qu’il envisage, Ammorzate l’accesa fiamma mia, Éteignez ma flamme ardente, Nelle sue voglie, Parmi ses envies, O pur crescete tanto, Ou alors augmentez jusqu’à ce que Pace già non accoglie, De troubler la paix d’autrui, Ch’io mi sommerga nel mio stesso pianto. Je ne sois submergé par mes propres larmes. Ch’antica voce insegna, Ne trouve pas de paix, Che là dove la man semina spini, Car un adage ancien apprend Scalzo il piè non cammini. Que là où la main sème des épines, Ultimi miei sospiri (Libro II di Arie Passegiate) Le pied ne doit pas marcher. Ultimi miei sospiri Mes derniers soupirs Rapido il passo affretta Che mi lasciate freddo e senza vita, Qui me laissent froid et sans vie, Aspra vendetta L’âpre vengeance Contate i miei martiri Racontez mes peines Sopra maligna frode, Accélère son pas rapide A chi morir mi vede e non m’aita. À qui me voit mourir et ne m’aide pas Onde non gode Vers la tromperie maligne, Dite : “O beltà infinita, Dites-lui : « Ô beauté infinie, Della sua palma indegna, Ainsi, qui nourrit en soi Dal tuo fedel ne caccia empio martire”, De ton fidèle nous chasse une douleur impie », Chi nutre in seno Le poison de l’envie, E se questo l’è grato Et si cela lui fait plaisir Del’invidia il veleno. Ne jouit pas Giteneratto in ciel a miglior stato, Cours vite au ciel, vers un meilleur état, Ch’antica voce ... De son trophée indigne. Ma se pietà le porge il vostro dire, Mais si ton récit lui suscite de la peine, Car un adage ancien… tornate in me ed io non vorrò morire. Reviens en moi et je ne voudrai plus mourir. Nelle battaglie orrende Chi gl’altri offende, Dans les affreux combats Uopo ha maggior di scudo, Celui qui offense les autres Chi vi mira ben mio Né il braccio ignudo A davantage besoin d’un bouclier ; Chi vi mira ben mio, Ma bien aimée, celui qui vous regarde Sostien tra l’armi insegna, Comme un bras désarmé Convien che mora poi, Devra ensuite mourir, Tale empio core Ne peut porter une enseigne parmi les armes, Dunque ben mio la morte sete voi ? Donc, ma chère, êtes-vous vous-même la mort ? Non sia senza timore. Ainsi, un cœur impie E se voi sete quella, Et si vous l’êtes, la mort est si belle, Ch’antica voce ... N’est pas sans crainte. La morte è cosi bella, o bel di vita uscire, Il est si doux de quitter la vie, Car un adage ancien… Rimiratemi pur, ch’io vo’ morire. Regardez-moi donc, car je veux mourir. Dunque s’un cor feroce Con empia voce Si un cœur fier L’innocenza percuote, Frappe l’innocence Temer ben puote, D’une voix impie, Quando a nuocer s’ingegna, Il peut bien craindre, I danni sui Quand il s’arrange pour nuire, Nel precipizio altrui. Son propre dommage Ch’antica voce ... Dans l’effondrement d’autrui. Car un adage ancien...

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Occhi, soli d’Amore (Libro I di Arie Passegiate) Occhi, soli d’Amore Beaux yeux, soleils d’Amour Pietos’a’ miei martiri, Compatissants à mon martyre, Voi mi pascesti un tempo Vous m’avez autrefois nourri Di quel soave ardore De l’ardeur suave Che vien da vostri giri, Naissant de vos regards. Hor che volgete altrove Maintenant que vous vous tournez I vostri sguardi e non mi date aita, Ailleurs et que vous ne m’aidez plus, Di qual cibo sarà l’alma nudrita ? De quoi se nourrira mon âme ?

Già mi manca il vigore Déjà la vigueur me manque, Già mi comincio à languire, Déjà je me languis, Già mi sento morire Déjà je me sens mourir, Ch’amoroso digiun non soffre il core. Et mon cœur ne supporte pas l’absence de l’amour.

Luci care at amate, Lumières si chères et tellement aimées, Se’l mio morir bramate, Si vous voulez ma mort, Mirate, ecco, ch’io moro, Regardez, je me meurs, E morendo v’honoro. Et en mourant, je vous honore.

Se la doglia Se la doglia, el martire Si la douleur et le martyre Non può farmi morire, Ne peuvent pas me faire mourir, Mostrami almen Amore, Montre-moi au moins, Amour, Come di gioia, e di piacer si more. Comment on meurt de joie et de plaisir. Voi che la morte mia nell’occhi havete, Vous qui portez dans les yeux ma mort E la mia vita, sete, Tout en étant ma vie, Dite, ch’io mora, a tutte l’hore, Dites que je meure, à tout moment, Ch’io son contento poi, Ainsi je serai content, ensuite, Mille volte morir, ma in braccio à voi. De mourir mille fois, mais dans vos bras.

Passacaglia XX (Libro IV di Intavolatura di Chitarone) instrumental

Io rido Amanti Io rido, io rido Amanti Amants, je ris, je ris… Ma i miei risi son pianti : Mais mes rires sont des pleurs : Questa maga amorosa Cette tendre magicienne, Non so con qual incanti, Je ne sais pas par quels enchantements, Misero oprato ha in me A opéré en moi, malheureux, Mirabil cosa strana : Un prodige insolite : Strano mal, pianto, e riso, Un mal-être étrange, des pleurs, des rires, E ride il viso, piange il cor, Mon visage sourit tandis que mon cœur pleure, E vuol ch’ogn’hora viva piangedo, Et demande que je vive toujours en pleurant, E che ridendo io mora. Et que je meure en souriant.

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Tu, che pallido (Libro I di Arie Passegiate) Ah Clori, anima mia Tu, che pallido esangue, Toi, qui pâle et exsangue Ah Clori, anima mia, Ah Clori, mon amour, sospiroso e dolente, Soupirant et dolent, E pur tuo quiesto core, Ce cœur t’est destiné, muto, gelido, ardente, Muet, glacé, ardent, Che per te langue, e more Qui pour toi languit et se meurt, immobile qual sasso, Immobile comme une pierre, Hà pur nel tuo bel seno, Et en ta douce poitrine, sempre misero piangi, Miséreux, qui toujours pleures, cotando rara fede, Résidera toujours une si rare foi, chi sei, squallido tanto e così lasso ? Qui es-tu, si pitoyable et las ? E havrà eterna sede, Et toi mon doux amour, Qual può sì fera sorte Quel sort cruel e tu dolce mio bene, Tu ne portes pas attention, render un huom mortal tal senza morte ? Peut rendre ainsi un homme, si ce n’est la mort ? non curi le mie pene, À ma souffrance, Ahi, ch’è d’ogn’altro il mio maggior dolore, Ah, plus l’amour est grand, Un amante son io, Je suis un amant, Quant’è maggior l’amore. Plus intense est la douleur. ungi dal’Amor mio. Loin de mon Amour. Tu, s’amante non sei, Toi, si tu n’aimes pas, e non lungi non sei dal tuo desio, Et si tu n’es pas loin de ton désir, Lieti fuggiamo (Livre V de Villanelles) non miri i dolor’miei. Ne regarde pas ma souffrance. Lieti fuggiamo tra verdi piante, Fuyons, heureux, parmi les plantes verdoyantes, E s’io non moro è perchè spero un giorno Et si je ne meurs, c’est que j’espère un jour I caldi raggi del grave sol, Les rayons chauds du soleil pesant, far al mio caro ben dolce ritorno. Chez ma bien aimée être de retour. E tra gli scherzi de l’aura errante, Et parmi les jeux plaisants de la brise errante, Vaghi mandiamo le cure a vol. Envoyons, insouciants, les peines loin de nous.

Anima mea (transcription pour violon, Lui giocondo con grati accenti L’oiseau chantant, content, libro I di Motteti passeggiati) instrumental L’aria addolcisce, canoro augel, Adoucit l’air de sa voix agréable, Col suono arresta le pene ai venti, Par le son il retient les peines aux vents Et innamora co’l canto il ciel. Et rend amoureux le ciel par son chant. Figlio, dormi (libro II de Villanelles) Figlio, dormi ; dormi, figlio, Dors mon fils, dors mon fils, Fuggiamo il fiero crudel baleno, Fuyons le cruel et féroce éclat china’l ciglio, caro figlio, Ferme tes cils mon cher enfant, Del troppo grave cocente ardor, D’une trop forte et brûlante ardeur, ricciutello della mamma, Tout bouclé de sa maman, E rugiadosa, la pura auretta, Et que la brise pure et fraîche de rosée, del mio petto dolce fiamma. Douce flamme de mon cœur, Spiega tesori d’eterno April. Déplie les trésors d’un éternel Avril. Mio bambino piccinino, Mon petit enfant, dors, dors mon chéri, fà la nanna, fà la ninna, figlio, Dors, dors, mon fils, La folta selva ch’al vol risuona Le bois épais résonnant au passage ninna la nanna, ninna, nanna, Ninna la nanna, ninna, nanna, Del venticello suo lusinghier, De son souffle flatteur, amoroso mio tesoro, Mon trésor d’amour, Sol tra quell’ombre con noi ragiona, Nous parle dans l’ombre ninna la nanna, ninna, nanna, Ninna la nanna, ninna, nanna, De la sua pace, del suo piacer. De sa paix, de son plaisir. dolce e vago ricciutello, Doux et tendre tout bouclé, vezzosetto vago e bello. Mignon, joli dans ta beauté. Corrente quinta (Libro I de Balli Gagliarde Luci vaghe, luci belle, Charmants regards, jolis yeux, et Correnti) instrumental vive stelle del mio figlio, Étoiles vives de mon enfant, non più crude al sonno omai Ne soyez plus durs pour le repos, serenate i vostri rai. Apaisez vos rayons. Se turbando (extrait de le nozze de Taddeo Barberini e Anna Colonna) Pupilluccie lusinghiere, Charmantes petites prunelles, Se turbando Austro le stelle Si Notos troublant les étoiles pupillucie ritrosette, Petites prunelles timides, Fa con grandini impetrite Avec sa grêle glaciale ritrosuccie pupliette. Timides petites Prunelles. Pianger l’uve, incurvar vite, Fait pleurer le raisin et courber les vignes, Imeneo con sue facelle Iménée avec ses flammes Ecco il sonno che l’assale. Voici le sommeil donnant l’assaut. Fa di zuccari nevosi Fait pleuvoir des flocons parfumés Spiega l’ale su’l mio figlio. Ouvrant ses ailes sur mon enfant. Grandinar globi odorosi. De sucre immaculé. Dolce sonno, à te si spetta, Doux sommeil, il t’attend, Tù lo stringi, tù l’alletta. Tu le serres, tu le captives. A Ragion pompa reale, La pompe royale, Lusingatelo, ò miei canti, Flattez-le, mes chansons, Per ornar mense gioconde, Pour dresser une table festive, Mio dolcissimo ristoro, Mon très doux réconfort, Nembi d’Ibla oggi disconde, Aujourd’hui cache les nuages des monts Hybléens, Mio ricchissimo tesoro. Mon si précieux trésor.

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Su Colonna trionfale Sur une Colonne triomphale Per formare celesti favi, Pour former des ruches divines, Fanno il nido Api soavi. Les douces abeilles font leur nid.

Spiritose à mille Pétillantes par milliers Le scintille Les étincelles Da quest’onda in aria svampino ; De l’onde se dissipent dans l’air ; Lieto Amor di vino eletto Que l’Amour couronné de pampres Sparga il petto Répande sur le cœur Coronato il crin di pampino. Son vin précieux.

Bacco a l’alma insegna auguri, Bacchus dévoile à l’esprit les augures, Onde io canti, sposi amanti, Dont je chante, époux aimants, Vostre gioie ai dì futuri. Votre joie de l’avenir.

Regia sposa, il biondo crine, Épouse royale, votre chevelure blonde, Ch’è d’Amor arme, e tesoro, Trésor et arme de l’Amour, Muove invidia ai raggi d’oro Suscite la convoitise des rayons dorés du soleil E le guancie alabastrine, Et que sur le visage d’albâtre, Dove ride ostro gentile, Où sourit la belle bouche rougissante, Rose fian d’eterno aprile. Fleurissent les roses d’un éternel printemps.

Regio sposo, i vostri sguardi Époux royal, que votre regard Dove Amor apre Oriente Ne soit pas voilé d’une ombre nuisible Non contristi ombra nocente, Là où l’Amour ouvre l’Orient, Abbandoni invidia i dardi Que l’envie abandonne ses traits E di mele ebria s’inchini Et, enivrée de miel, s’incline Ai trionfi Barberini. Aux triomphes des Barberini.

Tessa in ciel nodo tenace Que la Fidélité et la Paix, les belles dames d’Iménée 8 Fede e Pace, belle dame d’Imeneo Tissent dans les cieux un nœud tenace, E stringendo in un due cori Et serrant deux cœurs pour n’en former qu’un seul, Tra gl’Amori Enchaînent dans de douces amours Dolci annodi Anna, e Taddeo. Anna et Taddeo.

Presso altri o nascono i gigli, Comme ailleurs naissent des lys, E nel letto del diletto Que le lit nuptial donne Fian per voi bel frutto i figli Des enfants comme fruits de l’amour.

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10 H 30 ET 12 H / AUDITORIUM

CHANT CHORAL

Chœur d’enfants et d’adolescents (liste arrétée au 24/05/2019) Salomé Amleida, Maélie Appourchaux, Jennifer Barton, Stella Beelen, Lucas Bessiere, Lou-Ann Renou Bressan, Pauline Bouchet, Zoé Boudaud, Manon Briand, Joséphine Certin, Arthur Chatignoux, Maude Coquet, Lucile Coudonneau, Emma Deblaise, Alyssa Decoux, Chloé Delhomme, Anna Durand-Touhami, Lilou Fleuret-Davezac, Flora Frayssou, Néréa Guilhou, Louise Guillot, Léonie Guillot, Prudence Guyot, Elvire Janaud, Marion Janaud, Chloé Jouault, Ambre Léquipé, Lila Liburski, Audrey Liscourt, Sarah Mahaud, Cyrille Mairesse, Camille Monnier, Gabriel Moreno, Pauline Moreno, Albane Ivon, Lou Lucas, Coline Owezarski-Dulat, Justin Ozou, Romy Perez, Lucile Pérou, Iéna Reboux Morlet, Roxane Reboux Morlet, Ethan Robert, Julien Tuard-Siboni, Louane Turpin, Paul-Eliott Vignon, Flora Arcangioli, Mélodie Sabouni, Pauline Bouchet, Angelina Correia, Henri Chamard, Alice Lion, Déborah Genevrey-Lopes, Audrey Liscourt, Tia Pourpoint, Cléo Marie--Oliver, Manon Pajaud, Alex Cribier, Jade Pierron, Lise Hayet, Gaspard Salembier, Julia Thorent

Guillaume Corti et Sabine Labussière, piano

Direction Sandrine Abello et François-Xavier Kernin

62 enfants amateurs de voyage dans le temps sont montés à bord de notre vaisseau spa- tio-temporel musical. Les pilotes ? Des compositeurs d'hier et d'aujourd'hui qui invitent au voyage grâce à leurs musiques. Il s’agit de Vivaldi, Saint- Saëns, Tiko, Gounod, Britten, Desnos, Aboulker, Coley, Kosma... Beat Box, cantate, comédie musicale, Ave Maria, chansons et chantefables, chœur à 2 voix et boîtes de tic-tac et autre leçon d'astronomie sont au programme de ce concert de fin de stage !

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13 H 30 / ABBAYE AUX DAMES

JOHANN SEBASTIAN BACH C’est sur l’un des plus anciens chorals de la joie, la joie du croyant racheté de ses fautes. (1685-1750) Réforme que se fonde la cantate Allein zu Soprano et alto implorent l’aide divine dans le Gli Angeli Genève dir, Herr Jesu Christ (En toi seul, Seigneur fameux duetto à l’italienne, le plus charmant Cantate BWV 33 Aleksandra Lewandowska, soprano Jésus-Christ) BWV 33. Il se chante sur une qu’ait écrit Bach. Avec le récit dramatique Allein zu dir, Herr Jesu Christ Alex Potter, alto mélodie profane due au célèbre compositeur du ténor, on revient à la souffrance du chré- Paul Hofhaimer. C’est un choral de pénitence, tien, mais l’air qui suit, au centre même de la Cantate BWV 101 Thomas Hobbs, ténor Stephan MacLeod, basse intitulé « cantique de prière au Christ, notre cantate, apporte un moment d’apaisement, Nimm von uns, Herr, du treuer Gott unique Seigneur, pour le pardon des péchés en un ravissant trio avec flûte traversière Cantate BWV 78 Ripieno : et l’accroissement de la foi et du véritable et basse continue. Souffrance et tragique, amour ». L’œuvre s’ouvre par un grand mor- à nouveau, dans le récitatif de basse évo- Jesu, der du meine Seele Anne-Kathryn Olsen, soprano ceau pour chanter l’espérance et la confiance quant le jugement dernier, qu’efface l’air qui Christelle Monney, alto en Dieu, sinfonia instrumentale d’où émergent suit, empli d’une espérance radieuse. Cet air Benjamin Glaubitz, ténor peu à peu les neuf périodes du cantique. « Je a l’allure d’un finale de concerto pour haut- Frederik Sjollema, basse crie vers toi » : c’est un appel à la miséricorde bois et cordes, à la fois par son ton presque divine du pécheur ployant sous le poids de ses enjoué et par son écriture en dialogue de la Alexis Kossenko, traverso fautes. Deux morceaux de solistes se chargent basse avec le hautbois. Emmanuel, Laporte, Seung-Kyung de l’enseignement de la cantate. D’abord, un Le puissant chœur introductif de la can- Lee Blondel, Claire Thomas, air d’alto, très longue et bouleversante aria tate Nimm von uns, Herr, du treuer Gott hautbois stylisant la démarche titubante du pécheur (Écarte de nous, Seigneur, Dieu fidèle, le Judith Pacquier, cornet accablé. Les premiers violons annoncent sévère châtiment) BWV 101 est un motet à cette intense mélopée, tandis que les autres l’ancienne, presque archaïque, animé d’une Simen Van Mechelen, Aurélie Serre, instruments ponctuent la démarche en piz- grande tension dramatique, pour évoquer les Joos Swinkels, trombone zicatos. Un second air, vigoureux duo entre menaces du châtiment qui guette le pécheur, Eva Saladin, violon solo ténor et basse, en appelle à la consolation et implorer le Créateur de lui épargner tous Alix Boivert, Stéphanie Erös, dans le caractère d’une joie grave et réso- les tourments et les fléaux terrestres. Style Anne Millischer, Nadia Rigolet, lue. Les deux hautbois s’opposent aux deux radicalement opposé, avec l’air de ténor qui violon voix masculines, dans un caractère évident suit, en style concertant à l’italienne, vail- Caroline Cohen-Adad, de solennité. lant air de détresse et de supplication, où Martine Schnorhk, alto Le dimanche suivant la cantate BWV 33, les le soliste dialogue avec le violon en de lon- fidèles de Leipzig pouvaient entendre la can- gues phrases chantournées. Au centre de Felix Knecht, Oleguer Aymami, tate Jesu, der du meine Seele (Jésus, toi qui l’œuvre, l’aria de basse est encadrée par deux violoncelle par ta mort amère) BWV 78, que le délicieux épisodes de récitatif interpolant de com- Michael Chanu, contrebasse duetto de soprano et d’alto a rendue juste- mentaires des phrases du choral. Mais l’air Philippe Miqueu, basson ment célèbre. Heureux paroissiens d’alors ! de basse lui-même est l’une des plus éton- Francis Jacob, orgue Impressionnant, le premier chœur, qui rap- nantes arias écrites par Bach, où la prière du François Guerrier, clavecin pelle le sacrifice du Christ, est énoncé comme fidèle s’oppose de façon spectaculaire à la il se doit dans le ton de la plus grande solen- colère divine. Les trois hautbois figurent les Direction Stephan McLeod nité, sur une basse obstinée, à la façon d’une flammes de l’enfer tandis que le soliste basse chaconne ou d’une passacaille. Semblable interpelle Dieu avec la plus grande vigueur, à celui du Crucifixus de la Messe en si, l’os- avant que s’élève la supplication envers la tinato chromatique descendant est l’image mansuétude paternelle, en un souple arioso. baroque par excellence d’une souffrance Quant à l’aria qui précède la strophe de choral mortelle. La construction très complexe de finale, c’est un duetto entre soprano et alto, ce chœur fait aussi entendre des motifs de avec traverso et da caccia, pour prier

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Dieu le Père par l’intercession des douleurs de son fils, le Christ. Rythme de sicilienne, sou- pirs, sanglots étouffés, discours en imitations pour chanter la mélodie du choral, longues inflexions chromatiques descendantes, gor- gées de désolation. Un arc-en-ciel de l’âme, entre confiance et affliction. Gilles Cantagrel

VOS ÉVÉNEMENTS DANS UN LIEU HISTORIQUE UNIQUE

Dans un cadre architectural unique classé Monument Historique, 7 salles modulables peuvent accueillir jusqu’à 300 personnes. Des plafonds en voûte d’arête, des décors sculptés, un escalier monumental taillé dans la pierre donnent un charme inégalé à vos événements : mariage, réunion, conférences, séminaires... « Les Chambres de l’Abbaye » permettent séjour prolongé des hôtes. Les anciennes cellules des nonnes sont devenues des chambres d’hôtel. Au cœur de l’abbaye, 33 anciennes cellules de nonnes devenues chambres d'hôtel s'ouvrent côté cour ou côté jardin et révèlent l'esprit des lieux. Sobriété mais supplément d’âme assurément. 166 Samedi 20 juillet Samedi 20 juillet

Allein zu dir, Herr Jesu Christ Meine Liebe kräftig dringen ! Mon amour s’élever puissamment vers toi ! Chor Chœur Gib, dass ich aus reinem Triebe Fais que, d’un pur mouvement Allein zu dir, Herr Jesu Christ, En toi seul, Seigneur Jésus-Christ, Als mich selbst den Nächsten liebe ; J'aime mon prochain comme moi-même ; Mein Hoffnung steht auf Erden ; Réside mon espérance sur terre ; Stören Feinde meine Ruh, Et si les ennemis troublent ma paix, Ich weiß, dass du mein Tröster bist, Je sais que tu es mon consolateur, Sende du mir Hülfe zu ! Envoie-moi ton secours ! Kein Trost mag mir sonst werden. Sans qui aucun réconfort ne peut m’advenir. Von Anbeginn ist nichts erkorn, Depuis le commencement, rien n’a existé, Choral Choral Auf Erden war kein Mensch geborn, Sur terre aucun être n’est né Ehr sei Gott in dem höchsten Thron, Dieu soit honoré sur le trône suprême, Der mir aus Nöten helfen kann. Qui puisse m’arracher à ma détresse. Dem Vater aller Güte, Le Père de toutes les bontés, Ich ruf dich an, Je crie vers toi, Und Jesu Christ, sein’m liebsten Sohn, Et Jésus-Christ, son Fils bien aimé, Zu dem ich mein Vertrauen hab. Toi en qui j’ai placé ma confiance. Der uns allzeit behüte, Qui en tout temps nous protège, Und Gott dem Heiligen Geiste, Et Dieu le Saint-Esprit, Recitativ (Bass) Récitatif (basse) Der uns sein Hülf allzeit leiste, Qui en tout temps nous assiste, Mein Gott und Richter, Mon Dieu et mon juge, Damit wir ihm gefällig sein, Pour que nous lui soyons obligés, Willt du mich aus dem Gesetze fragen, Si tu me questionnes sur les commandements, Hier in dieser Zeit Ici-bas, en ce temps So kann ich nicht, Je ne peux pas, Und folgends in der Ewigkeit. Et ensuite dans l’éternité. Weil mein Gewissen widerspricht, Parce que cela contredirait ma conscience, Auf tausend eines sagen. En dire un sur mille. An Seelenkräften arm und an der Liebe bloß, Pauvre en force spirituelle, et dénué d’amour, Nimm von uns, Herr, du treuer Gott Und meine Sünd ist schwer und übergroß ; Mes péchés sont graves et sans mesure ; Choral Choral Doch weil sie mich von Herzen reuen, Mais puisque je m’en repens du fond du cœur, Nimm von uns Herr, du treuer Gott, Écarte de nous, Seigneur, Dieu fidèle, Wirst du, mein Gott und Hort, Toi, mon Dieu et mon refuge, Die schwere Straf und grosse Not, Le sévère châtiment et la grande détresse, Durch ein Vergebungswort Par une parole de pardon, Die wir mit Sünden ohne Zahl Que par nos péchés sans nombre Mich wiederum erfreuen. Tu peux me rendre la joie. Verdienet haben allzumal. Nous avons tous mérités. Behüt für Krieg und teurer Zeit, Protège-nous de la guerre, des temps difficiles, Aria (Alt) Air (alto) Für Seuchen, Feur und grossem Leid. Des épidémies, de l’incendie et des grandes misères. Wie furchtsam wankten meine Schritte, Que mes pas étaient chancelants et craintifs, Doch Jesus hört auf meine Bitte Mais Jésus entend ma prière Aria (Tenor) Aria (ténor) Und zeigt mich seinem Vater an. Et intercède pour moi auprès de son Père. Handle nicht nach deinen Rechten N’agis pas selon ton droit Mich drückten Sündenlasten nieder, Le fardeau de mes fautes m’oppressait, mais Mit uns bösen Sündenknechten, Envers nous, vils esclaves du péché, Doch hilft mir Jesu Trostwort wieder, La parole consolatrice de Jésus m’a secouru à nouveau, Lass das Schwert der Feinde ruhn ! Fais s’apaiser le glaive de nos ennemis ! Dass er für mich genung getan. Lui qui a tant fait pour moi. Höchster, höre unser Flehen, Ô, Très-Haut, entends nos plaintes, Dass wir nicht durch sündlich Tun Pour que nos actions coupables Recitativ (Tenor) Récitatif (ténor) Wie Jerusalem vergehen ! Ne nous fassent pas périr comme Jérusalem ! Mein Gott, verwirf mich nicht, Mon Dieu, ne me repousse pas, Wiewohl ich dein Gebot noch täglich übertrete, Bien que chaque jour je transgresse, Choral und Recitativ (Sopran) Choral et récitatif (soprano) Von deinem Angesicht ! Ton commandement devant ta face ! Ach ! Herr Gott, durch die Treue dein Wird Ah ! Seigneur Dieu, grâce à ta fidélité Das kleinste ist mir schon zu halten viel zu schwer ; Le plus petit, pour moi, est déjà trop lourd à porter ; Unser Land in Frieden und Ruhe sein. Notre pays vivra dans la paix et la tranquillité. Doch, wenn ich um nichts mehr Mais si ma prière ne demande rien de plus Wenn uns ein Unglückswetter droht, Si un temps de malheur nous menace, Als Jesu Beistand bete, Que le soutien de Jésus, So rufen wir, Alors nous crions vers toi, So wird mich kein Gewissensstreit Alors il n’est pas de remords Barmherziger Gott, zu dir Dieu miséricordieux, Der Zuversicht berauben ; Qui puisse me priver de ta confiance ; In solcher Not : Dans une telle détresse : Gib mir nur aus Barmherzigkeit Donne-moi, uniquement par miséricorde Mit Trost und Rettung uns erschein ! Apparais, avec ton salut et ta consolation ! Den wahren Christenglauben ! La véritable foi chrétienne ! Du kannst dem feindlichen Zerstören Tu peux t’opposer à la destruction des ennemis So stellt er sich mit guten Früchten ein Ainsi, elle portera de bons fruits Durch deine Macht und Hilfe wehren. Par ta puissance et ton assistance. Und wird durch Liebe tätig sein. Et se manifestera par des actes d’amour. Beweis an uns deine grosse Gnad Fais-nous la preuve de ta grâce infinie et ne nous Und straf uns nicht auf frischer Tat, punis pas quand tu nous surprends en flagrant délit, Aria (Tenor, Bass) Air (ténor, basse) Wenn unsre Füsse wanken wollten Quand nos pas nous font chanceler Gott, der du die Liebe heißt, Dieu, toi qui te nommes l’amour, Und wir aus Schwachheit straucheln sollten. Et quand notre faiblesse nous fait trébucher. Ach, entzünde meinen Geist, Ah ! enflamme mon esprit, Wohn uns mit deiner Güte bei Assiste-nous de tes bienfaits Laß zu dir vor allen Dingen Laisse avant toute chose Und gib, dass wir Et donne-nous

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Nur nach dem Guten streben, De n’aspirer qu’au bien, Jesu, der du meine Seele Damit allhier Afin qu’ici-bas Coro Chœur Und auch in jenem Leben Et dans l’autre vie, Jesu, der du meine Seele Jésus, toi qui as par ton martyre Dein Zorn und Grimm fern von uns sei. Ta colère et ton courroux demeurent loin de nous. Hast durch deinen bittern Tod Arraché mon âme Aus des Teufels finstern Höhle De l’antre obscure du diable Aria (Bass) Air (basse) Und der schweren Seelennot Et sauvé vigoureusement Warum will du so zornig sein ? Pourquoi te montrer si courroucé ? Kräftiglich herausgerissen De la lourde détresse Es schlagen deines Eifers Flammen Les flammes de ton zèle Und mich solches lassen wissen Et qui me l’as fait savoir Schon über unserm Haupt zusammen. S'abattent déjà sur nos têtes. Durch dein angenehmes Wort, Par ton agréable parole, Ach, stelle doch die Strafen ein Ah, suspends tes châtiments Sei doch itzt, o Gott, mein Hort ! Sois dorénavant, ô Dieu, mon refuge ! Und trag aus väterlicher Huld Et dans ta bienveillance paternelle Mit unserm schwachen Fleisch Geduld ! Fais preuve de patience envers la faiblesse de notre chair ! Aria (Soprano, Alto) Air (Soprano, Alto) Wir eilen mit schwachen, doch emsigen Schritten, Nous accourons à pas faibles mais empressés, Choral und Recitativ (Tenor) Choral et récitatif (ténor) O Jesu, o Meister zu helfen zu dir. Ô Jésus, ô maître, pour obtenir ton aide. Die Sünd hat uns verderbet sehr. Le péché nous a profondément corrompus, Du suchest die Kranken und Irrenden treulich. Tu cherches fidèlement les malades et les égarés. So müssen auch die Frömmsten sagen Les plus pieux d’entre nous doivent le dire Ach höre, wie wir Ah, entends comme nos voix Und mit betränten Augen klagen : En gémissant, les larmes aux yeux : Die Stimme erheben, um Hülfe zu bitten ! S’élèvent pour implorer ton aide ! Der Teufel plagt uns noch viel mehr. Le démon nous tourmente encore davantage. Es sei uns dein gnädiges Antlitz erfreulich ! Que ta face clémente nous apporte la joie ! Ja, dieser böse Geist, Oui, cet esprit malin, Der schon von Anbeginn ein Mörder heißt, Qui dès l’origine était un meurtrier, Recitativo (Tenor) Récitatif (Ténor) Sucht uns um unser Heil zu bringen Cherche à nous priver de notre salut Ach ! ich bin ein Kind der Sünden, Hélas ! je suis un enfant des péchés, Und als ein Löwe zu verschlingen. Et à nous dévorer comme un lion. Ach ! ich irre weit und breit. Hélas ! je fais partout fausse route. Die Welt, auch unser Fleisch und Blut Le monde aussi, à tout moment Der Sünden Aussatz, so an mir zu finden, La lèpre du péché qui me recouvre, Uns allezeit verführen tut. Tente notre chair et notre sang. Verläßt mich nicht in dieser Sterblichkeit. Ne me quittera pas aussi longtemps que je vivrai. Wir treffen hier auf dieser schmalen Bahn Nous rencontrons ici, sur cette voie étroite Mein Wille trachtet nur nach Bösen. Mon vouloir n’aspire qu’au mal. Sehr viel Hindernis im Guten an. Tant d’obstacles au bien. Der Geist zwar spricht : ach ! wer wird mich erlösen ? L’esprit parle certes : hélas ! qui me délivrera ? Solch Elend kennst du, Herr, allein : Toi seul, Seigneur, connais une telle misère : Aber Fleisch und Blut zu zwingen Mais contraindre la chair et le sang Hilf, helfer, hilf uns Schwachen, Aide-nous, notre secours, aide-nous dans notre faiblesse, Und das Gute zu vollbringen, À accomplir le bien, Du kannst uns stärker machen ! Tu peux nous rendre plus forts ! Ist über alle meine Kraft. Est au-dessus de mes forces. Ach, lass uns dir befohlen sein. Ah, fais-nous suivre tes commandements. Will ich den Schaden nicht verhehlen, Si je veux ne pas dissimuler les fautes, So kann ich nicht, wie oft ich fehle, zählen. Je ne peux pas compter le nombre de mes manquements. Aria duetto (Sopran, Alt) Aria duetto (soprano, alto) Drum nehm ich nun der Sünden Schmerz C’est pourquoi je me sépare de la douleur Gedenk an Jesu bittern Tod ! Souviens-toi de la mort amère de Jésus ! Und Pein Et de la peine de mes péchés, Nimm, Vater, deines Sohnes Schmerzen Père, prends à cœur les souffrances de ton Fils Und meiner Sorgen Bürde, Et du fardeau de mes soucis, Und seiner Wunden Pein zu Herzen, Et les douleurs de ses blessures, So mir sonst unerträglich würde, Qui deviendraient autrement insupportables, Die sind ja für die ganze Welt Car elles sont pour le monde entier Ich liefre sie dir, Jesu, seufzend ein. Et je te les livre, Jésus, en soupirant. Die Zahlung und das Lösegeld ; Le paiement et la rançon ; Rechne nicht die Missetat, Ne me tiens pas compte de mes méfaits Erzeig auch mir zu aller Zeit, Témoigne-moi aussi, en tout temps, Die dich, Herr, erzürnet hat ! Qui sont à l’origine de ta colère, Seigneur ! Barmherzger Gott, Barmherzigkeit ! Ta miséricorde, Dieu miséricordieux ! Ich seufze stets in meiner Not : Je soupire sans cesse dans ma détresse : Aria (Tenor) Air (Ténor) Gedenk an Jesu bittern Tod ! Souviens-toi de la mort amère de Jésus ! Das Blut, so meine Schuld durchstreicht, Le sang qui radie ma faute, Macht mir das Herze wieder leicht Me rend le cœur à nouveau léger Choral Choral Und spricht mich frei. Et m’absout. Leit uns mit deiner rechten Hand Conduis-nous de ta dextre Ruft mich der Höllen Heer zum Streite, Si la légion infernale me défie au combat, Und segne unser Stadt und Land ; Bénis notre ville et notre pays ; So stehet Jesus mir zur Seite, Jésus sera à mes côtés, Gib uns allzeit dein heilges Wort, Donne-nous en tout temps ta Parole sainte, Daß ich beherzt und sieghaft sei. Afin que je sois vaillant et vainqueur. Behüt für’s Teufels List und Mord ; Protège-nous de la ruse et de la cruauté du démon ; Verleih ein selges Stündelein, Accorde-nous une dernière heure heureuse, Recitativo (Bass) Récitatif (Basse) Auf dass wir ewig beidir sein. Par laquelle nous serons auprès de toi pour l’éternité. Die Wunden, Nägel, Kron und Grab, Les plaies, les clous, la couronne et le tombeau, Die Schläge, so man dort dem Heiland gab, Les coups qui furent donnés au Sauveur, Sind ihm nunmehro Siegeszeichen Sont à présent le symbole de sa victoire

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Und können mir verneute Kräfte reichen. Et peuvent m’insuffler des forces nouvelles. Wenn ein erschreckliches Gericht Lorsqu’un tribunal effrayant Den Fluch vor die Verdammten spricht, Lancera la malédiction sur les damnés, So kehrst du ihn in Segen. Tu la transformeras en bénédiction. Mich kann kein Schmerz und keine Pein bewegen, Nulle douleur ni peine ne pourront m’émouvoir, Weil sie mein Heilandkennt ; Car mon Sauveur les connaît ; Und da dein Herz vor mich in Liebe brennt, Et puisque ton cœur brûle d’amour pour moi, So lege ich hinwieder Je dépose à tes pieds Das meine vor dich nieder. Le mien en retour.

Dies mein Herz, mit Leid vermenget, Voici mon cœur, confondu de douleur, So dein teures Blut besprenget, Aspergé de ton précieux sang, So am Kreuz vergossen ist, Que tu as versé sur la Croix, Geb ich dir, Herr Jesu Christ. Je te le donne, Seigneur Jésus-Christ.

Aria (Bass) Air (Basse) Nun du wirst mein Gewissen stillen, Tu vas apaiser à présent ma conscience, So wider mich um Rache schreit, Qui crie vengeance contre moi, Ja, deine Treue wirds erfüllen, Oui, ta fidélité va l’accomplir, Weil mir dein Wort die Hoffnung beut. Car ta parole me donne l’espérance. Wenn Christen an dich glauben, Lorsque les chrétiens croient en toi, Wird sie kein Feind in Ewigkeit Aucun ennemi ne viendra les arracher Aus deinen Händen rauben. De tes mains à jamais.

Choral Choral Herr, ich glaube, hilf mir Schwachen, Seigneur, je crois en toi, aide-moi dans ma faiblesse, Laß mich ja verzagen nicht ; Ne me laisse pas perdre courage ; Du, du kannst mich stärker machen, Toi seul peux me rendre plus fort, Wenn mich Sünd und Tod anficht. Quand le péché et la mort m’attaquent. Deiner Güte will ich trauen, Je mets ma confiance en ta bonté, Bis ich fröhlich werde schauen Jusqu’à ce que je puisse, après le combat Dich, Herr Jesu, nach dem Streit Te contempler dans la joie, Seigneur Jésus LE CARROUSEL MUSICAL In der süßen Ewigkeit. Dans les douceurs de l’éternité.

Une approche sensorielle et ludique de la musique. Abrité sous une vaste coque de miroirs argentés, un immense « Bazilik »* accueille dans son corps un instrumentarium géant, numérique et inédit. Le Carrousel Musical propose une exploration d’archets, de claviers, de harpes, d’instruments électro- acoustiques, de cordes vocales. Le tour s’achève avec la production collective d’une partition interactive. Dans un univers forain et poétique, Le Carrousel Musical est un manège extraordinaire, qui fait appel au toucher, à l’ouïe et à la vue. *en référence au basilic personnage mythique du bestiaire roman.

Durée : 10 minutes

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16 H 30 / GALLIA THÉÂTRE

DON QUICHOTTE (J'ÉTOILERAI LE VENT QUI PASSE...)

Compagnie Maurice et les autres

Direction musicale Igor Bouin

Mise en scène Jeanne Desoubeaux

Participants Stage Opéra (liste arrétée au 24/05/2019) Lola Baracand, Clémentine Bernard-Persyn, Manon Bessiere, Magdalena Cambon, Eliott Certin, Arthur Certin, Martin Lesineau, Cécile Mahieu, Luc Mahieu, Iris March, Lucie Moreno, Gaspard Ivon, Léa Parein, Noah Penaud, Valentine Penaud, Camille Penaud, Margaux Penaud, Marguerite Rey, Jérémy Tuard--Siboni, Rébecca Uteau, Margaux Acosta, Charlotte Bruneau, Augustin Stiegler, Lucia Castellano, Jeanne Wargnier, Emma Dady, Faustine Delage, Maïa Maret-Augé, Lucy Giblin, Claire Grenier, Salomé Grenier, Nino Gallet, Marie Lacombe, Arsène Bunel, Emma Bachelay- -Monnier, Louise Poully--Tarin, Maxence Rouquet Gabory, Léa Coquet, Servane Dudon, Sara Mameri

Don Quichotte (J’étoilerai le vent qui passe) est un projet d’opéra jeune public partagé entre adultes professionnels et enfants amateurs. Il s’agit ici de proposer une adaptation très libre de l’opéra de Jules Massenet : un piano, deux barytons-basses (Don Quichotte et Sancho), une pianiste et un chœur d’enfants (les brigands, la foule, rôles parlés...). Ce projet est une double tentative : la tentative de transmettre quelque chose aux enfants sous la forme de leur intégration au spectacle et la tentative d’essentialiser l’opéra, d’utiliser le moins d’éléments possible pour en raconter le plus possible. Avec ce projet nous voulons poursuivre notre recherche autour de l’opéra populaire. L’œuvre, peu connue, est le point de départ de notre travail. Don Quichotte de Jules Massenet est un opéra en cinq actes. Notre adaptation compor- tera des coupes, d’une part, des incursions dans l’imaginaire autour de Don Quichotte grâce à d’autres œuvres (Maurice Ravel, Jacques Ibert…), mais aussi la réduction d’un orchestre au piano, instrument qui constituera le seul élément scénographique du spectacle. Dans l’opéra de Jules Massenet, l’intrigue est recentrée autour du voyage initiatique que vont réaliser Don Quichotte et Sancho. Nous prenons au pied de la lettre ce voyage qui permet d’apprivoiser et d’intégrer les thèmes de l’imaginaire et de l’amitié. Comme dans un travail de création pro- fessionnelle, les enfants auront à faire à une créatrice costumière et à un créateur lumières. Cecilia Galli, costumière, fera un travail « sur mesure » à partir des gardes robes des enfants ou des adolescents. La compagnie met à disposition un certain nombre d’accessoires et de petits éléments pour compléter. Thomas Coux, créateur lumière, travaillera au plus près et au plus juste de la présence de ce groupe sur le plateau. Enfin, Jean-Christophe Lanièce, Igor Bouin, Bianca Chillemi et Isabelle Savigny seront les premiers partenaires de ces jeunes artistes. Entre conte musical, opéra jeune public et concert, la question de la forme est un enjeu de la création. La forme chantée permet le décalage, l’humour mais aussi la gravité. La présence des enfants au cœur de ce dispositif sera aussi le levier d’une forme originale et non fortuite.

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19 H 30 / ABBAYE AUX DAMES

JOHANNES BRAHMS Dvořák et Brahms font partie des composi- aux sources de la musique populaire de son (1833-1897) teurs romantiques qui surent le mieux utiliser pays – on lui doit par exemple quelques remar- les musiques folkloriques si riches et variées quables Danses slaves… Populaire, joyeuse, Double concerto en la mineur opus 102 d’Europe centrale. Johannes Brahms (1833- enlevée, telle est la sublime Symphonie Allegro 1897) s’intéresse dès son plus jeune âge à n°8 qu’il compose à l’automne 1889. Cette Andante tout ce substrat tzigane que Liszt avait déjà œuvre témoigne de l’atmosphère de bon- Vivace non troppo su mettre en valeur avec ses Rhapsodies heur dans laquelle le compositeur baignait hongroises. Cette fascination pour un fonds à ce moment-là de sa vie. musical populaire d’une complexité et d’une Le premier mouvement fait immédiatement PAUSE variété insoupçonnées l’accompagna toute sa entendre une cantilène enchanteresse, sur vie et se retrouve dans son Double concerto laquelle le compositeur s’amuse à moduler ANTONÍN LEOPOLD DVOŘÁK pour violon et violoncelle. Composée en 1887, avec souplesse. Ces pages sont pleines de cette œuvre fascinante permet à Brahms verve et de vie, même quand apparaissent (1841-1904) de mêler avec une virtuosité incroyable des des épisodes plus sombres. Après ces pages Symphonie n°8 en sol majeur opus 88 thèmes typiquement tziganes et l’héritage de joie et d’exaltation, le deuxième mouve- Allegro con brio - Un poco meno beethovénien le plus strict en matière de ment développe une musique d’une grande construction formelle. Brahms est ici au som- spiritualité. Mélodies tendres, enveloppantes, mosso - Poco meno mosso met de son art. elles sont elles aussi très contrastées, depuis Adagio - Poco più animato Dès les premières mesures de l’Allegro initial, le quasi-choral initial jusqu’aux épisodes aux Allegretto grazioso – Molto vivace le ton est donné : Brahms se veut ici rageur accents typiquement bohèmes – et qui vau- Finale : Allegro ma non troppo et tempétueux ! Après une très brève intro- dront à l’œuvre en son entier son qualificatif duction orchestrale, le violoncelle chante de « tchécoslovaque ». Le troisième mouve- seul, très vite rejoint par le violon avec lequel ment est une scène de bal. Là encore, c’est Caroline Widmann, violon il ne cessera plus de converser. Rarement le caractère populaire qui se fait jour, avec concerto pour plusieurs instruments aura des mélodies que l’on dirait tirées du folklore Marie-Elizabeth Hecker, violoncelle réussi une telle osmose entre ses parte- national. Comme toujours dans ses Scherzos, naires. Les accents magyars surgissent çà le compositeur s’ingénie à diversifier les jeux Orchestre des Champs-Élysées et là, créant des atmosphères et des couleurs rythmiques, créant des déhanchés musicaux d’un grand pittoresque. Le deuxième mou- de plus en plus surprenants – et irrésistibles ! Direction Philippe Herreweghe vement est l’une des plus pures merveilles Le quatrième et dernier mouvement est l’une du Brahms de la maturité. Pages d’une pro- des pages symphoniques les plus réussies fonde élévation spirituelle, elles sont comme de Dvořák. Là encore, c’est la vitalité – l’ap- un hymne à l’amitié... Après ces pages toutes pel des trompettes ! – qui impressionne, de douceur et de recueillement, le finale est avec des mélodies et des rythmes entraî- un splendide Allegro, énergique et lumineux. nants. Les thèmes tour à tour dansants et On y trouve même un caractère que l’on asso- élégiaques s’enchaînent et dialoguent, tan- cie rarement à Brahms : l’humour ! dis qu’une véritable bacchanale (avec un L’œuvre fut créée par ses deux comman- éclatant feu d’artifice aux cuivres) se fait ditaires, le violoniste Joseph Joachim et le soudain entendre, sorte de tornade musi- violoncelliste Robert Hausmann, le 18 octobre cale ensorcelante. 1887, à Cologne. L’œuvre fut créée à Prague le 2 février 1890 Son contemporain tchèque Antonín Dvořák sous la direction du compositeur. (1841-1904) devait lui aussi beaucoup puiser Jean-Jacques Groleau

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SOLISTES ET CHEFS SOLISTES ET CHEFS

Paul Agnew David Bismuth Igor Bouin Cyril Costanzo

Artiste de renommée internationale et Considéré par le magazine Pianiste comme Igor commence sa formation musicale a l’age Diplômé du Conservatoire Régional de Toulon pédagogue accompli, Paul Agnew est né l’un des dix pianistes français les plus doués de 9 ans au sein du Chœur Charles Brown a en 2011, la basse Cyril Costanzo se perfec- à Glasgow et reçoit sa première éducation de sa génération, David Bismuth est salué par Boulogne-Sur-Mer. Diplômé du Conservatoire tionne auprès de Luc Coadou, Guillemette musicale au sein de la chorale de la cathédrale la critique pour son jeu lumineux et profond, à Rayonnement Régional de Lille en chant, Laurens, Udo Reinemann, Yvonne Minton de Birmingham. Il intègre ensuite le Magdalen où se conjuguent science de l’architecture trombone et écriture, titulaire d’une licence et Marie-Louise Duthoit. Formé depuis ses College d’Oxford, puis devient membre du et poésie du timbre. En 2017 et 2018, deux de musicologie à l’université de Lille 3, Igor débuts à la musique d’ensemble en petit Consort of Musicke et interprète les musiques nouveaux albums viennent enrichir sa disco- intègre en 2008 la formation profession- effectif, il chante avec l’ensemble vocal Les de la Renaissance italienne et anglaise. En graphie : le premier pour piano seul, consacré nelle du chœur d’adulte de la Maîtrise de Voix animées, dirigé par Luc Coadou, avec 1992, alors que s’achève la tournée triom- à « Beethoven et ses maîtres ». Le second, Notre-Dame de Paris puis en 2011 il rentre au qui il parcourt de nombreux répertoires de phale d’Atys, Paul Agnew est auditionné par « Paris 1900 » en duo avec la violoniste Conservatoire National Supérieur de Musique la Renaissance à nos jours. En 2013, il intègre William Christie. La rencontre sera fructueuse. Geneviève Laurenceau. David Bismuth a fait et de Danse de Paris, d'ou il sort diplômé en Le Jardin des Voix, l’Académie pour jeunes Il devient alors l’interprète privilégié des ses débuts avec orchestre à la Philharmonie 2016 avec une mention Très Bien. Son éclec- chanteurs des Arts Florissants, avec qui il rôles de haute-contre du répertoire baroque de Paris. Ces dernières saisons, il s’est pro- tisme et son aisance scénique l’amènent a part en tournée internationale (New York, français aux côtés de William Christie et se duit avec plusieurs orchestres français sous la se produire en soliste dans de nombreuses Moscou, Amsterdam, Madrid, Salle Pleyel...) produit également sous la direction de chefs direction de chefs renommés. Il a également productions. Il participe également a des sous la baguette de William Christie et Paul tels que , Ton Koopman… En participé à de nombreux festivals en France productions en musique de chambre avec Agnew. Il se produit depuis régulièrement 2007, la carrière de Paul Agnew prend une comme à l’international. Chambriste recher- des ensembles prestigieux. C’est au sein de avec cet ensemble, qu’il rejoint pour de nom- nouvelle dimension. Il commence en effet ché, il partage la scène avec d’autres artistes la maîtrise de Notre Dame de Paris qu’il crée breux programmes de concert : l’intégrale à assurer la direction musicale de certains et s’associe pour des concerts lectures. avec deux collegues maitrisiens le Trio Musica des madrigaux de Monteverdi puis la trilo- projets des Arts Florissants. Son premier Accordant une place de choix à la musique Humana, trio vocal specialise dans la musique gie Cremona, Mantova et Venezia dirigée par programme en tant que chef invité est dédié française, la discographie de David Bismuth de la Renaissance avec lequel il participe à de Paul Agnew ; les Grands motets de Rameau aux Vêpres de Vivaldi. Dès 2013, Paul Agnew est aujourd’hui riche de nombreux enregistre- nombreux concerts en France et à l’étranger. et Mondonville (dir.William Christie) ; les devient directeur musical adjoint des Arts ments. Initialement formé au Conservatoire Igor est également chef de chœur, il obtient Motets de Bach (dir. Paul Agnew) ; le Selva Florissants. Il a depuis lors dirigé l’Ensemble de Nice, David Bismuth a intégré dès l’âge en 2010 un DEM de direction de chœur et Morale e Spirituale de Monteverdi (dir. William dans la reprise du ballet Doux Mensonges à de 14 ans le CNSMD de Paris. Il s’est ensuite dirige de nombreux ensembles comme le Christie). Il participe également aux produc- l’Opéra de Paris. perfectionné avec Monique Deschaussées, CMUL, la maîtrise de Saint-Christophe de tions scéniques de la comédie-ballet Monsieur Paul Agnew est aussi codirecteur du Jardin héritière d’Alfred Cortot, et avec Maria João Javel, le chœur universitaire de Panthéon de Pourceaugnac de Molière et Lully (dir. des Voix, l’Académie des Arts Florissants pour Pires, une rencontre qui l’a beaucoup enrichi Assas, la maîtrise Saint-Etienne de Chalons- William Christie) en tournée de 2016 à 2018 les jeunes chanteurs. Cet intérêt pour la for- et inspiré. Les deux artistes ont eu depuis l’oc- en-Champagne ou encore Chœur en Scène. Il et de L’Orfeo de Monteverdi (dir. Paul Agnew) mation de nouvelles générations de musiciens casion de se produire à 4 mains et à 2 . participe à la création musicale de plusieurs en 2017 et 2018. Plus récemment, on a pu l’a amené à diriger à de nombreuses reprises David Bismuth a été son assistant durant plu- spectacles pour la compagnie La Femme l’entendre dans le programme La Nuit de l’Orchestre Baroque Français des Jeunes ainsi sieurs années à la Chapelle Musicale Reine et l’Homme debout ainsi que pour la com- Noël dirigé par Paul Agnew avec Les Arts que The European Union Baroque Orchestra. Elisabeth en Belgique, dont il reste artiste pagnie Mond’en scène. Il est également Florissants dans la grande salle Pierre Boulez associé. Par ailleurs, il donne de nombreuses directeur musical sur trois projets d’opéras de la Philharmonie de Paris. master-classes chaque année, notamment de la compagnie Maurice et les Autres, dont en Russie, dans le cadre des « Educational l’un programmé au Festival de Saintes : Don Centers for Musicians ». Quichotte d'après Massenet.

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SOLISTES ET CHEFS SOLISTES ET CHEFS

Reinbert de Leeuw Clément Debieuvre Jeanne Desoubeaux Olivier Fortin

Reinbert de Leeuw jouit d’une reconnais- Né en 1992, le ténor/haute-contre Clément Née en 1992, Jeanne Desoubeaux se forme Olivier Fortin commence le clavecin à l’âge sance mondiale dans l’univers de la musique Debieuvre est diplômé du Centre de Musique à la musique (clavecin et solfège), à la danse de huit ans. Deux ans plus tard, il est admis moderne et contemporaine. Musicien natif Baroque de Versailles. En 2016, il est lauréat (classique et contemporaine) et au théâtre au Conservatoire de Québec, dans la classe d’Amsterdam, il est actif en tant que chef de la Fondation Royaumont pour la formation pendant une dizaine d’années à Caen. Après d’Anatole Gagnon. Il obtient son Prix en 1995. d’orchestre, compositeur et pianiste. Il a « opéra baroque français ». On a pu l’entendre une hypokhâgne-khâgne option théâtre à Il continue sa formation avec André Laberge, dirigé des orchestres renommés aux Pays- dans les rôles d’Arnalta (Monteverdi) dirigé Paris, elle intègre la Sorbonne Nouvelle où et obtient une maîtrise d’interprétation à Bas, en Europe, aux États-Unis, au Japon et par J.C Spinosi, ou encore de Lycaste et du elle validera son master d’études théâtrales l’Université de Montréal avec Réjean Poirier. en Australie. Ses enregistrements en tant que Deuxième Grec (Lully et Molière) avec le en 2016. Elle se forme comme comédienne Puis il vient en Europe, travailler avec Pierre pianiste ont reçu des prix tels que le Dutch Concert Spirituel d’H. Niquet. Comme soliste, au Conservatoire du Centre de Paris et à la Hantaï à Paris, et avec Bob van Asperen Edison, le Premio della critica discografica il chante en concert le Requiem de Jean Gilles mise en scène. En 2015 elle fonde la com- à Amsterdam. En 1997, il est finaliste au Italiana, le Grand Prix de la Hungarian Liszt au festival Misteria Paschalia à Cracovie sous pagnie musicale Maurice et les autres et y Concours International Bach de Montréal. Society, le Diapason d’Or ou encore l’Edison la direction de S. Sempé, puis dans la Passion fait ses premières mises en scène : L’Enfant Avec Karoline Leblanc, Il obtient un second Œuvre Prize en 2008. En 2017, est paru un cof- selon Saint Marc de Bach à Lausanne sous la et les Sortilèges de Ravel, Didon et Enée de Prix du Concours d’Orgues en Duo au Festival fret reprenant l’intégrale de la musique pour direction d’I. Jedlin. Purcell, Don Quichotte (j’étoilerai le vent qui de Musique Ancienne de Bruges. En 1998, il ensemble et chœur de György Kurtág, enre- Il donne également un récital Britten à l’audi- passe) d’après Massenet, toutes sous la direc- fonde et dirige Masques, un ensemble de six gistrée avec le Asko / Schönberg Ensemble. torium du musée d’Orsay suite à une master tion musicale d’Igor Bouin et Ce qu’on attend instrumentistes spécialisé dans la musique Reinbert de Leeuw s’est vu attribuer nombre classe avec Ian Bostridge à Royaumont de moi d’après Vincent Guédon, accompa- des XVIIe et XVIIIe siècle. Rapidement recon- de prix prestigieux et nommer Docteur et participe à la tournée européenne de gnée musicalement de Martial Pauliat et nue, cette formation est récompensée par le Honoris Causa de l’Université d’Utrecht et la 22e Académie d’Ambronay dirigée par Jérémie Arcache. Comme comédienne, elle concours Early Music America Competitions, Professeur à l’Université de Leyde. En 2016, Paul Agnew, où il interprète le rôle d’Enée a joué au théâtre sous la direction de Bernard puis enregistrée et diffusée par la Société l'université catholique de Leuven l’a éga- dans Didon (Desmarest). En 2018, il fait ses Sobel, d’Hugo Roux, de Myriam Marzouki et Radio Canada. lement nommé Docteur Honoris Causa en débuts avec l’Ensemble Pygmalion dirigé de Valérian Guillaume. Comme assistante Olivier Fortin se produit dans le monde entier, reconnaissance de son investissement dans par R. Pichon dans le programme Enfers à la mise en scène, elle travaille avec Hugo avec Masques mais aussi avec le Capriccio la transmission des musiques des XXe et aux côtés de S. Degout, en tant que Premier Roux, Jean de Pange et Jean-Pierre Baro. Stravagante, Tafelmusik, Chanticleer, Les XXIe siècle à un vaste public. En 2008, il a Parque. Il chante aussi dans L’Europe galante Aujourd’hui, elle se consacre essentiellement Violons du Roy, L’Akademie für Alte Musik été élevé au rang de Chevalier de l’Ordre du de Campra au Musikfestspiel de Potsdam à la mise en scène d’opéras, de concerts et de Berlin, et avec des solistes comme Skip Lion néerlandais. En novembre 2018, il a reçu Sans-souci et lors des Summer Festivities of théâtre musical. Dernièrement, elle a réalisé Sempé et Pierre Hantaï. Il est invité par de le Prince Bernhard Fondation des mains de la Early Music de Prague, ainsi que le Te Deum une mise en espace de La Finta Giardiniera nombreux festivals, comme la Roque d’Anthé- Reine Máxima des Pays-Bas. Parmi ses arran- de Charpentier au Festival de Beaune avec de Mozart avec le JOA sous la direction de ron, Aldeburgh, La Folle Journée de Nantes, gements et compositions plébiscités figurent le Concert Spirituel d’H. Niquet. Au cours de Laurence Equilbey à l’Abbaye aux Dames de mais aussi par la Cité de la Musique, le Centre Im Wunderschönen Monat Mai, un cycle basé la saison 2018-2019, on le retrouve en tant Saintes. Elle travaillera prochainement avec Musical Baroque de Versailles. À partir de sur des lieder de Schubert et Schumann, que soliste dans La Descente d’Orphée aux les Traversées Baroques, l’Opéra de Dijon, 2004, il enseigne le clavecin et la musique ainsi qu’une œuvre pour grand orchestre, Enfers avec l’Ensemble Correspondances, l’ensemble Aedes et le compositeur Vincent de chambre au Conservatoire de Musique de Der nächtliche Wanderer, dont la création Jephté au MUPA de Budapest, la Messe à Bouchot. En 2018-2019, elle est metteure en Québec. Sa discographie est déjà riche de mondiale a eu lieu à Amsterdam, et la créa- quatre chœurs de Charpentier à l’Audito- scène en résidence à l’Académie de l’Opéra près d’une vingtaine d’enregistrements pro- tion américaine, à Miami en avril 2017, par le rium de Radio France ainsi que le Te Deum National de Paris. duits par des labels spécialisés. New World Symphony. de Charpentier à Anvers. Il sera le Prince Charmant dans La Forêt Bleue avec l’Atelier Lyrique de Tourcoing, Lycaste et un berger dans Les Amants magnifiques à l’Opéra de Limoges, ainsi que le Génie dans Semiramis avec Les Ombres.

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Ophélie Gaillard Pierre Gallon

Un esprit d’une curiosité insatiable, le goût Pierre Gallon grandit dans un foyer débor- du risque, un appétit immodéré pour tout dant d’instruments en tous genres, un terrain le répertoire du violoncelle concertant de jeu sans limites. À dix ans, le clavecin sans frontières ni querelles de chapelle, s’impose à lui comme le moyen d’expres- voici sans doute ce qui distingue très tôt sion le plus évident. Bibiane Lapointe et cette brillante interprète franco-helvétique. Thierry Maeder le conduisent aux portes Élue « Révélation soliste instrumental » aux du Conservatoire National Supérieur de Victoires de la Musique Classique 2003, elle Musique de Paris et de ses classes de musique se produit depuis en récital aussi bien en Asie ancienne, conduites par Olivier Baumont et qu’en Europe et est l’invitée des orchestres Blandine Rannou. Il en sort en 2010 avec deux les plus prestigieux comme l’Orchestre Premier Prix et les plus hautes distinctions. Philharmonique de Monte-Carlo, l’Orchestre Durant ses années d’études, ses rencontres National de Lorraine, le Royal Philharmonic avec Blandine Verlet, Elisabeth Joyé et Pierre Orchestra, le Czech National Symphony Hantaï sont autant d’épiphanies esthétiques Orchestra ou le New Japan Philharmonic. qui modèlent profondément son approche de Elle est aussi l’interprète privilégiée de com- l’instrument. Pour Pierre Gallon, la musique positeurs actuels, directrice artistique du est d’abord une aventure collective : celle Pulcinella Orchestra avec lequel elle explore qui le mène aujourd’hui encore à s’investir les répertoires des XVIIe et XVIIIe siècles sur au sein d’ensembles de renom. Mais cette instruments historiques et enregistre pour aventure emprunte d’autres chemins tout Aparté plusieurs intégrales récompensées aussi captivants lorsque Pierre explore l’im- par la presse internationale : Bach, Britten, mense répertoire soliste du clavecin depuis Schumann, Fauré, Chopin, Brahms, CPE Bach, la Renaissance jusqu’à nos jours. En 2014, Strauss, ainsi que des albums thématiques son premier enregistrement solo consacré à qui ont conquis un très large public, Dreams, Pierre Attaingnant fait l’unanimité auprès de Alvorada et Exils. Un double album consacré la critique. Pierre est invité à jouer en récital à Boccherini enregistré à la tête du Pulcinella par de nombreux festivals. Il enregistre un Orchestra avec la complicité de Sandrine Piau deuxième disque à l’Abbaye de Royaumont, paraît au printemps 2019. Pédagogue recher- célébrant cette fois la musique de Joseph chée, elle est professeur à la Haute École de Haydn sorti début 2018. Pierre aime éga- Musique de Genève depuis 2014 et est régu- lement multiplier les expériences avec ses lièrement invitée pour des master-classes et amis claviéristes et se produit ainsi à deux comme membre du jury de grands concours clavecins avec Bertrand Cuiller ou en « bande internationaux (ARD de Münich, Concours de de clavecins » avec Yoann Moulin et Freddy Genève…). Ophélie Gaillard joue un violoncelle Eichelberger. de Francesco Goffriller 1737 généreusement prêté par le CIC.

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Kelly God Marie-Elisabeth Hecker

Née aux Pays-Bas en 1975, la soprano Kelly interprété notamment sur scène la Maréchale Un succès sans pareil au Concours God a étudié le chant auprès de Mya Besselink (Der Rosenkavalier), Liù (Turandot), Elisabeth Rostropovitch de Paris en 2005 marque pour au Conservatoire de Maastricht, où elle obtient (Tannhäuser), Gutrune (Götterdämmerung), la jeune violoncelliste Marie-Elisabeth Hecker brillamment les prix de concert et d’opéra. Freia (Rheingold), la Comtesse (Le Nozze le début d’une carrière internationale. Elle Kelly God a bénéficié de nombreuses master- di Figaro), Ellen Orford (Peter Grimes), remporte non seulement le premier prix mais classes d’interprétation du lied, notamment Giorgetta (Tabarro), Katarina Ismailova également deux prix spéciaux. Elle devient auprès d’Elly Ameling, Semjon Skigin et (Lady Macbeth de Mzensk), Jenufa, Tosca dès lors une des solistes et chambristes les Rudolf Janssen. Elle a gagné de nombreux et Sieglinde (Die Walküre). plus demandées de la jeune génération, prix, tels que le concours Erna Spoorenberg À l’occasion du jubilée célébrant le 50e anni- reconnue pour la profondeur de son jeu et pour l’oratorio, le prix d’opéra Henriette- versaire du Nationaal Ballet Amsterdam, Kelly son affinité naturelle avec le violoncelle. Née Hustinx de Maastricht et le célèbre concours God a chanté les Quatre derniers lieders de en 1987 à Zwickau, Marie-Elisabeth Hecker du Belvédère à Vienne. En dehors des salles Richard Strauss (dans une chorégraphie de commence l’étude du violoncelle à l’âge de d’opéra, la soprano s’est produite réguliè- Rudi van Dantzig). C’est un grand succès que 5 ans. Elle participe à des master-classes rement avec les principaux orchestres des Kelly God a chanté le rôle d’Amelia dans Un avec de grands maîtres et remporte à l’âge Pays (Holland Symfonia, Noord Nederlands Ballo in Maschera et de Sieglinde dans Die de 12 ans le concours « Jugend musiziert » Orkest, Limburgs Symfonie Orkest, Brabants Walküre au Nationale Reisopera à Enschede en Allemagne puis le prix spécial en 2001 au Orkest et Gelders Orkest, notamment dans le en 2010. Elle débute à l’Opéra National de concours de Dotzau. En 2009 elle est lauréate Requiem de Verdi, l’oratorio La Création de Paris dans le rôle de Gerhilde (Die Walküre) de la Fondation Borletti-Buitoni. Elle reçoit Haydn, la 9e Symphonie et la Missa Solemnis en 2013. également le soutien de l’Académie Kronberg. de Beethoven. Plus récemment, on a pu entendre Kelly Elle se produit régulièrement avec de grands Elle reçut l’un de ses premiers grand succès God à Hanovre dans le rôle de Agathe (Der orchestres, de grands chefs, en récital avec dans le rôle de Magda Sorell dans The Consul Freischütz), Gertraud dans Der Traumgörge le pianiste Martin Helmchen en Europe et à de Menotti. Déjà pendant ses études, Kelly et la saison passée sa première Isolde, rôle l’international, et avec ses partenaires cham- God fut invitée par le Stadttheater Giessen qu’elle a repris la Monnaie de Bruxelles. bristes dans diverses constellations. Au cours dans le rôle de Micaëla (Carmen de Bizet) et de la saison 2018-2019, elle joue en trio avec par la Ville de Salvador de Bahia au Brésil, M. Helmchen et A. Weithaas à Amsterdam. dans le rôle d’Agathe du Freischütz. Le Theater Elle participe en mai 2019 à une semaine de Erfut l’engage pour la saison 2002/2003, où musique de chambre à l’Auditorium du Louvre elle se fait particulièrement remarquer dans à Paris et retourne à l’Orchestre National de les rôles de Adriana Lecouvreur, Donna Anna Belgique et à l’Orchestre Philharmonique dans Don Giovanni, Hanna Glawari dans Die Pannon. Elle a enregistré 3 CDs pour le label Lustige Witwe, Maria Stuarda dans l’opéra Alpha. Depuis août 2017, elle enseigne à la du même nom, la Kurfürstin Marie dans Der Hochschule für Musik Carl Maria von Weber Vogelhändler, Amazily dans Fernando Cortez, de Dresde. En collaboration avec Music Road Cook dans Waiting for the Barbarians et la Rwanda, Marie-Elisabeth Hecker soutient des Maréchale dans Der Rosenkavalier. Au Festival projets musicaux dans des écoles du Rwanda. d’Erfurt, elle incarne Maria dans le Friedenstag de Strauss et Nedda dans I Pagliacci. Depuis la saison 2006/2007, Kelly God est engagée en tant que jeune soprano dra- matique au Staatsoper Hannover, où elle a

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Philippe Herreweghe François Joubert-Caillet Charlotte Juillard

Philippe Herreweghe est né à Gand. Dans Classics et Pentatone. Les incontournables Après des études de flûte à bec, de piano Charlotte Juillard débute le violon au conser- sa ville natale, il mène de front des études de cette discographie sont entre autres les et de contrebasse, Francois Joubert-Caillet vatoire de Montpellier, puis au CNSM de Paris universitaires et une formation musicale au Lagrime di San Pietro de Lassus, la Passion s’est formé à la viole de gambe à la Schola où elle intègre la classe d’Olivier Charlier. Elle conservatoire dans la classe de piano de selon saint Matthieu de Bach, l’intégrale des Cantorum Basiliensis auprès de Paolo poursuit ses études en cycle de perfection- Marcel Gazelle. À cette époque, il commence symphonies de Beethoven et Schumann, des Pandolfo, avec lequel il étudie également nement pour être l’élève du violoncelliste à diriger et en 1970, il fonde le Collegium symphonies de Bruckner et la Symphonie les improvisations anciennes, ainsi qu’avec Marc Coppey. En octobre 2009, elle fonde Vocale Gent. Nikolaus Harnoncourt et Gustav de Psaumes de Stravinsky. En 2010, Philippe Rudolf Lutz. Il a remporté le 1er Prix et le le quatuor à cordes Zaide avec trois autres Leonhardt sont attirés par son approche Herreweghe fonde son propre label (PHI) Prix du Public du Concours International de jeunes musiciennes. Le quatuor enregistre exceptionnelle de la musique et l’invitent afin de pouvoir construire en toute liberté Musique de Chambre de Bruges. Il a joué avec plusieurs disques et se produit dans des alors à collaborer à l’enregistrement intégral artistique un catalogue riche et varié. Depuis de nombreux ensembles tels que Les Talens salles comme la Philharmonie de Berlin, le des cantates de Bach. sa création, plusieurs enregistrements ont Lyriques, Le Concert d’Astrée, La Fenice, La Wigmore Hall et le Barbican a Londres, le Très vite, l’approche vivante, authentique et déjà vu le jour. Chapelle Rhenane, Les Siècles, La Cappella Musikverein et le Konzerthaus a Vienne, la rhétorique utilisée par Philippe Herreweghe Grâce à sa vision et son engagement artis- Mediterranea, Scherzi Musicali, Ensemble Philharmonie de Cologne, le NEC a Boston, dans la musique vocale est partout appré- tique, Philippe Herreweghe a reçu plusieurs Clematis, Ensemble Mare Nostrum, Forma le Théâtre des Champs-Élysées, le Théâtre ciée et en 1977, il fonde à Paris l’ensemble La distinctions. En 1990, la presse musicale euro- Antiqua, La Cetra, Orchestre de Chambre de la Ville ou la Philharmonie de Paris, la Chapelle Royale, spécialisé dans l’interpréta- péenne l’a nommé « Personnalité musicale de de Genève… avec lesquels il enregistre fondation Gulbenkian a Lisbonne, lors de tion de la musique française du Grand Siècle. l’année ». Avec le Collegium Vocale Gent, il pour les labels Ricercar, Harmonia Mundi, tournées allant de Chine en Colombie, du De 1982 à 2002, Philippe Herreweghe est est élu en 1993 « Ambassadeur culturel de Ambronay, K617, ZigZag Territoires, Arcana, sud de l’Italie jusqu’au nord de la Suède et directeur artistique des Académies Musicales Flandre ». Une année plus tard, il se voit attri- Winter & Winter, Aparte, Glossa, Sony, Naïve. dans des festivals comme Beethovenfest a de Saintes. Durant cette période, il crée dif- buer l’ordre d’Officier des Arts et Lettres, et Francois Joubert-Caillet dirige L’Achéron Bonn, Lockenhaus en Autriche, Westcork en férents ensembles avec lesquels il désire en 1997, il est nommé Doctor honoris causa avec lequel il se produit sur de nombreuses Irlande, la Folle Journée de Nantes, le festival donner une interprétation juste et solide d’un à la Katholieke Universiteit Leuven. En 2003, scènes européennes dans diverses forma- Britten a Aldeburgh. Depuis 2014, Charlotte répertoire qui s’étend de la renaissance à la il reçoit en France le titre de Chevalier de tions, notamment le consort de violes de Juillard occupe le poste de supersoliste à musique contemporaine. Ainsi voient le jour la Légion d’Honneur. En 2010, la ville de gambe. Les albums de L’Acheron, The Fruit l’orchestre philharmonique de Strasbourg au l’Ensemble Vocal Européen et l’Orchestre Leipzig attribue à Philippe Herreweghe la of Love et les Ludi Musici de Samuel Scheidt sein duquel elle retrouve le répertoire sym- des Champs-Élysées, fondé en 1991 dans Bach-Medaille, pour son travail réalisé en sont parus chez Ricercar, pour qui Francois phonique ainsi que celui de l’opéra. Avide de le but de remettre en valeur les répertoires tant qu’interprète de l’œuvre de Bach. En Joubert-Caillet a également enregistré un diversité et du plaisir de pratiquer la musique romantiques et préromantiques interprétés 2015, la ville de Saintes lui remet la distinc- CD en duo avec Wieland Kuijken, Le Nymphe de chambre en électron libre, elle quitte le sur instruments d’époque. tion honorifique de citoyen d’honneur, et il di Rheno de Johannes Schenck. Depuis l’au- quatuor fin 2017. Elle est également violon Toujours à la recherche de nouveaux défis reçoit en 2017 un doctorat honorifique à l’Uni- tomne 2014, il a entrepris l’enregistrement de solo invité à l’orchestre de chambre de Paris, musicaux, Philippe Herreweghe est depuis versité de Gand. l’intégrale des Pièces de viole de Marin Marais à l’orchestre Aurora à Londres et à l’Orchestre quelques temps très actif dans le grand pour Ricercar. Ce projet titanesque a vu le des Champs-Élysées. répertoire symphonique, de Beethoven jour en février 2016 avec la sortie d’un premier à Gustav Mahler. Il est un chef invité très disque de Pièces favorites du compositeur et demandé auprès d’orchestres comme le le 1er Livre est paru en 2017 (Diapason d’Or Concertgebouworkest Amsterdam ou et Choc de Classica). Le Deuxième Livre des le Gewandhausorchester de Leipzig et le Pièces de Viole paraîtra à l’automne 2019. Clevenand Orchestra. Avec ces ensembles, Philippe Herreweghe s’est construit au cours des années une très large discographie auprès des labels Harmonia Mundi France, Virgin

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Sophie Karthäuser Adam Laloum

La soprano Sophie Karthäuser est recon- Adam Laloum a reçu une reconnaissance nue comme une des meilleures interprètes internationale en remportant le 1er Prix du du répertoire mozartien, depuis sa première prestigieux concours Clara Haskil et a dès Pamina sous la direction de R. Jacobs à La lors rejoint la classe hambourgeoise d’Evgeni Monnaie de Bruxelles jusqu’aux nombreux Koroliov, Prix Clara Haskil 1977. Adam com- autres rôles incarnés depuis. Elle remporte mence le piano à l’âge de 10 ans. Il poursuit de grands succès dans les rôles de La Calisto ses études musicales au Conservatoire de à La Monnaie (dir. René Jacobs), Agathe (Der Toulouse avant d’intégrer le Conservatoire Freischütz) à l’Opéra Comique de Paris (dir. National Supérieur de Musique de Paris en John Eliot Gardiner) Asteria à Bruxelles et 2002 dans la classe de Michel Béroff. Il obtient Amsterdam (dir. ), Héro son diplôme de formation supérieure de piano à La Monnaie et pour ses débuts au Festival en juin 2006 et poursuit un cycle de per- de Glyndebourne 2016. Elle est invitée à se fectionnement au Conservatoire National produire avec des ensembles prestigieux tels Supérieur Musique et Danse de Lyon dans la que le Wiener Philharmoniker, la Staatskapelle classe de Géry Moutier. Il participe à l’Aca- de Dresde, le Gewandhaus Leipzig, le Mahler démie Maurice Ravel en septembre 2007 et Chamber Orchestra, le Concentus Musicus aborde le grand répertoire avec Jean-Claude Wien, le Freiburger Barockorchester, l’Aka- Pennetier. Il y remporte le Prix Maurice Ravel demie für Alte Musik, Les Arts Florissants, qui lui permet de se produire en musique de l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège et chambre à Saint-Jean-de-Luz lors du festival l'Orchestre National de Belgique sous la direc- de Printemps. Après un 1er disque « Brahms » tion musicale de N. Harnoncourt, V. Jurowski, salué par la critique pour le Label Mirare, le L. Langrée, I. Metzmacher et C. Rousset. suivant sort en 2013 et est consacré à deux Également appréciée pour son interpréta- œuvres de Schumann : la Grande Humoresque tion du Lied, elle se produit régulièrement et la Sonate n°1, opus 11. Cet enregistre- à la Philharmonie de Berlin et de Cologne, ment reçoit un Diapason d’or de l’année, le au Wigmore Hall de Londres ou encore au Grand Prix de l’Académie Charles Cros, ff de Carnegie Hall New York. Parmi ses engage- Télérama, et en Allemagne la plus haute dis- ments de la saison 2018/19, citons Pamina tinction du magazine Fono Forum. Musicien à La Monnaie, les Leçons de Ténèbres de de chambre passionné, Adam fonde en paral- Delalande à Gdansk, Londres et Paris, Elias lèle à sa carrière de soliste, un trio avec piano, de Mendelssohn-Bartholdy au Musikverein de le Trio les Esprits avec ses partenaires la vio- Vienne, des airs de Mozart à Evian, Bruxelles loniste Mi-Sa Yang et le violoncelliste Victor et Eisenstadt, Le Nozze di Figaro à Granada, Julien-Laferrière. En 2017, il remporte les une tournée avec Les Arts Florissants ainsi Victoires de la Musique dans la catégorie que des récitals à Namur, Cracovie, Anvers « Instrumentiste de l’Année ». et Londres. Sa discographie importante com- prend des intégrales d’opéra ainsi que des enregistrements solo, dont un récital de Debussy (Harmonia Mundi).

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Emmanuel Laporte Geneviève Laurenceau Anne Le Bozec Stephan MacLeod

Emmanuel Laporte a entrepris ses études de Genevieve Laurenceau découvre le violon Titulaire des premiers prix de piano, musique Stephan Macleod est genevois. Il a étudié hautbois à Nantes, puis s’est perfectionné au à l’âge de 3 ans, elle est considérée comme de chambre et accompagnement vocal au le chant dans sa ville natale, à Cologne et Conservatoire de Boulogne-Billancourt puis l’une des plus brillantes représentantes CNSMDP ainsi que du Konzertexamen de enfin à Lausanne avec Gary Magby. Sa car- au CNSM de Paris auprès de maîtres tels de cet instrument. Ses maîtres Wolfgang Lied à Karlsruhe, Anne Le Bozec a étu- rière de concertiste a commencé en 1992 par qu’Yves Poucel, Jacques Tys, Frédéric Tardy Marschner, Zakhar Bron, puis Jean-Jacques dié avec Theodor Paraskivesco, Anne une fructueuse collaboration avec Reinhard et David Walter pour le hautbois moderne, Kantorow, façonneront une artiste aux mul- Grappotte, Hartmut Höll, Dietrich Fischer- Goebel et Musica Antiqua Köln. Depuis, il Marcel Ponseele et Michel Henry pour les tiples facettes. Des l’age de 9 ans, elle se Dieskau. Elle est lauréate de nombreux chante régulièrement avec , hautbois anciens. Il est ressorti de cette insti- produit avec l’orchestre philharmonique de concours internationaux, et boursière des Philippe Herreweghe, , Sigiswald tution avec les diplômes de hautbois moderne, Strasbourg. Suivent des succes internationaux fondations Yamaha, Kunststiftung Baden- Kuijken, Michel Corboz, Daniel Harding, hautbois baroque, musique de chambre, har- et un 1er Grand Prix au Concours International Württemberg et Bleustein-Blanchet pour Konrad Junghänel (Cantus Cölln), Jos Van monie et contrepoint. Il a également reçu les de Novossibirsk. Elle est invitée à se produire la Vocation. Elle partage la musique avec Immerseel (Anima Aeterna), Masaaki Suzuki conseils des maîtres Maurice Bourgue, Jean- en soliste de grands orchestres francais et M. Mauillon, S. Devieilhe, I. Druet, F. Masset, (Bach Collegium Japan), Christophe Coin, Louis Capezzali et Hans-Jörg Schellenberger. internationaux, sous la direction de chefs tels S. Im, A. Brahim-Djelloul, P. Huttenlocher, D. Philippe Pierlot (Ricercar Consort), Stephen Depuis 2006 il a pris part à d’innombrables que Francois Xavier Roth, Michel Plasson, Henry, C. Dubois, X. Sabata, K. Vourc’h, A. Stubbs (Tragicomedia), Helmuth Rilling, concerts et enregistrements en qualité de Walter Weller... Croyant profondément aux Meunier, S. Tilly, N. Dautricourt, le quatuor Frieder Bernius ou Jesus Lopez-Cobos, ainsi premier hautbois ou soliste au sein des plus valeurs essentielles de l’art, de la culture et Akilone, et bien d’autres, sur les grandes qu’avec le Huelgas Ensemble dont il a été fameux ensembles de musique historique- de la musique, elle est passionnée par les scènes internationales comme dans les lieux première basse pendant cinq ans. ment informés, dont Les Musiciens du Louvre rencontres : c’est ainsi qu’est ne son dernier les plus intimes. Parmi ses nombreux disques Plus de soixante-quinze CDs, dont de nom- (M.Minkowski), L’Orchestre des Champs- spectacle « le sacre des oiseaux », imagine dédiés au Lied et à la musique de chambre breux primés par la critique, documentent Élysées (P.Herreweghe), Café Zimmermann avec les chanteurs d’oiseaux J. Rasse et J. figurent l’intégrale des sonates pour violon- son travail. Il dirige de plus en plus en Suisse (P. Valetti et C.Frisch), Ricercar Consort (P. Boucault. Elle est chargee des masterclasses celle et piano de Beethoven avec A. Meunier, et à l’étranger. Il est depuis 2013 professeur Pierlot), Gli Angeli Genève (S. MacLeod), de violon a l’ « Academie musicale Philippe un hommage à Shakespeare avec la mezzo- de chant à la Haute École de Musique de Concerto Copenhagen, Drottninholm Theater Jaroussky » depuis sa fondation en 2017. Elle soprano I. Druet et cinq enregistrements Lausanne. Orchestra, Les Nouveaux Caractères (S. d’Hé- travaille regulierement avec des composi- comportant de nombreux inédits dans la Il a créé en 2005 l’ensemble Gli Angeli Genève. rin et C.Mutel), Harmonie Universelle (F.Deuter teurs tels que Benjamin Attahir, Karol Beffa, collection des Musiciens et la Grande Guerre et M.Waisman), Il Convito (M.Gratton), Les Bruno Mantovani, Thierry Escaich ou Philippe avec M. Mauillon, F. Masset et A. Meunier. Fin Ambassadeurs (A.Kossenko), Le Caravansérail Hersant, qui lui dedient des œuvres. Apres 2018 paraissent deux disques de musique de (B. Cuiller), Il Pomo d’Oro, Pulcinella un Diapason d’Or obtenu pour son dernier chambre consacrés aux sonates pour violon (O.Gaillard), (C.Rousset), enregistrement dedie au compositeur Alberic et piano de Schmitt, Roussel et Prévost avec L’Ensemble Pygmalion (R. Pichon), ou encore Magnard, elle a sorti un album de sonates H. Collerette, ainsi qu’aux œuvres pour violon- Philidor. Avec ces ensembles, il a été amené francaises avec le pianiste David Bismuth, celle et piano de Fauré, Koechlin et Schmitt à jouer dans les salles les plus prestigieuses paru sous le label naïve. En 2011, elle est elue avec A. Meunier. Professeur d’accompagne- du monde, au sein des plus grands festi- par le magazine musical ResMusica « artiste ment vocal au CNSM de Paris, elle a dirigé vals, et couvre un répertoire sur instruments de l’annee ». Elle est directrice artistique du pendant 5 ans l’unique classe allemande de anciens allant de Lully à Stravinsky. En 2014 Festival de Musique d’Obernai, fonde sous mélodie française, à Karlsruhe. Elle enseigne il est professeur de hautbois baroque dans son impulsion en 2009. Elle joue le violon en master-class de par le monde entier. Elle la célèbre Académie Internationale Haendel « Shéhérazade » de Charles Coquet. est la directrice artistique des Fêtes Musicales de Karlsruhe en Allemagne et a donné de l’Aubrac et des Stèles Sonores à Huelgoat. des classes de maître en Argentine et en Colombie.

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Lionel Meunier Alessandro Moccia Yoann Moulin Hervé Niquet

Lionel Meunier est musicien et chanteur, fon- Alessandro Moccia est né en Sardaigne. Après Yoann Moulin commence son apprentissage Tout à la fois claveciniste, organiste, pianiste, dateur et directeur artistique de Vox Luminis, l’obtention de son diplôme au Conservatoire de la musique avec Robert Weddle au sein de chanteur, compositeur, chef de chœur et chef ensemble vocal de musique ancienne créé Verdi de Milan, dans la classe de Felice la Maîtrise de Caen. Il y découvre le clavecin d’orchestre, Hervé Niquet est l’une des per- en 2004. Cusano, il se perfectionne auprès de Salvatore qu’il étudie avec Bibiane Lapointe et Thierry sonnalités musicales les plus inventives de Passionné de musique depuis son plus jeune Accardo et de Pavel Vernikov. Maeder et poursuit, après un passage à l’aca- ces dernières années, reconnu notamment âge, son éducation musicale débute avec Depuis 1992, il est le violon solo de l’Orchestre démie de Villecroze avec Ilton Wjuniski, ses comme un spécialiste éminent du répertoire le solfège, la flûte à bec et la trompette. des Champs-Élysées, sous la direction de études au Conservatoire National Supérieur français de l’ère baroque à Claude Debussy. Il poursuit ensuite ses études à l’Institut Philippe Herreweghe. Avec cet orchestre, de Musique et de Danse de Paris dans les Postulant qu’il n’y a qu’une musique française Supérieur de Musique et de Pédagogie de il s’est produit dans un répertoire allant de classes d’Olivier Baumont, Kenneth Weiss et sans aucune rupture tout au long des siècles, Namur où il obtient sa licence en flûte à bec Mozart à Mahler, dans les salles européennes Blandine Rannou. À cette même époque, il Hervé Niquet dirige les grands orchestres avec grande distinction. Il y reçut l’ensei- et extra-européennes les plus prestigieuses, s’initie au clavicorde grâce à Étienne Baillot, internationaux avec lesquels il explore les gnement de Tatiana Babut du Marès et de et il a à son actif une vingtaine d’enregistre- à l’orgue en autodidacte, à l’improvisation répertoires du XIXe siècle et du début du XXe et fréquenta les master-classes ments pour la maison de disque Harmonia aux côtés de Freddy Eichelberger et pro- siècle. Son esprit pionnier dans la redécou- de Jean Tubéry. Mundi. Il est aussi régulièrement invité par fite de l’enseignement de Pierre Hantaï, Skip verte des œuvres de cette période l’amène Il choisit alors de privilégier les études Semyon Bychkov comme violon solo de l’or- Sempé, Blandine Verlet et Élisabeth Joyé. à participer à la création du Palazzetto Bru vocales dans la classe de Rita Dams et de chestre de la West Deutsche Rundfunk de Il joue depuis en récital et en musique de Zane – Centre de musique romantique fran- Peter Kooij au Conservatoire Royal de La Cologne et par Daniel Harding avec le Mahler chambre dans différentes saisons et festivals. çaise à Venise en 2009 avec lequel il mène Haye. Simultanément, il débute une carrière Chamber Orchestra. Il accompagne aussi plusieurs ensembles tels à bien de nombreux projets. de concertiste et très vite sa renommée de Parallèlement à son activité de violon solo, que les Arts Florissants, le Concert Spirituel, Il collabore avec des metteurs en scène aux soliste s’impose et il rejoint de prestigieux il donne de nombreux concerts de musique L’Achéron ... Vient de paraître en octobre esthétiques aussi diverses que Mariame ensembles, comme le Collegium Vocale de chambre et en soliste. Comme soliste, il dernier son second disque sous le label Clément, Georges Lavaudant, Gilles et Gent, le Chœur Mondial des Jeunes, Arsys s’est produit dans des salles de renommée Ricercar. Dédié à Samuel Scheidt et Heinrich Corinne Benizio (alias Shirley et Dino), Bourgogne, Amsterdam Baroque Choir, internationale comme le Théâtre des Champs- Scheidemann, il sera le premier opus d’une Joachim Schloemer, Christoph Marthaler, Favoriti de la Fenice ou Cappella Pratensis. Élysées, le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, collection consacrée à la musique baroque Romeo Castellucci ou Christian Schiaretti. Il a été sollicité par de nombreux ensembles le Coliseu de Porto, le Concertgebouw d’Ams- allemande pour clavier. Son premier enre- Hervé Niquet est directeur musical du Chœur européens comme coach, dirigeant ou direc- terdam et le Vredenburg Muziekcenter gistrement en tant que soliste consacré à de la Radio flamande et premier chef invité teur artistique. Son approche passionnée d’Utrecht. Girolamo Frescobaldi, chaleureusement du Brussels Philharmonic. En 2018, avec le du répertoire ancien et a cappella, jointe à Passionné de pédagogie, il a été en 1996 accueilli par la critique et récompensé de disque Visions, Hervé Niquet et Véronique la compréhension et au respect des chan- un des fondateurs du Jeune Orchestre de 5 diapasons, est paru chez L’Encelade. Il Gens ont reçu de nombreuses récompenses teurs, lui ont permis d’atteindre les plus l'Abbaye (JOA). Depuis 2004, il donne des participe aussi à plusieurs disques réguliè- (élu Recording of the year 2018 par ICMA hauts standards. Par ailleurs, il est membre master classes au Japon à l’Académie de rement distingués pour les labels Alpha et et Best Recording – solo recital 2018 par les du jury de nombreux festivals et concours Musique française de Kyoto. Ambronnay dont Au Sainct Nau avec l’en- International Opera Awards). En 2019, il reçoit internationaux. semble Clément Janequin et les Ludi Musici le Prix d’honneur du « Preis der Deutschen Également soucieux de pédagogie, Lionel de Samuel Scheidt gravés avec l’Achéron. Schallplattenkritik » pour la qualité et le foi- et Vox Luminis donnent régulièrement des Enfin, Freddy Eichelberger, Pierre Gallon sonnement de ses enregistrements. master-classes, ainsi que des conférences et Yoann Moulin ont récemment fondé Une Hervé Niquet est Chevalier de l’Ordre National sur le répertoire baroque et de la fin de la Bande de Clavecins, un consort de claviers du Mérite et Commandeur des Arts et des Renaissance. anciens réunis autour de la musique de la Lettres. En 2013, Lionel Meunier a obtenu le titre de Renaissance écrite et improvisée. Namurois de l’Année pour la culture.

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SOLISTES ET CHEFS

Clara Pertuy Lucile Richardot

Née en 1988, Clara Pertuy débute le piano à 5 Apres une enfance aux Petits Chanteurs à la ans. Elle obtient son DEM au CRR de Nancy, Croix de Lorraine d’Epinal, ses « humanités » entre à la Haute École de musique de Genève en hypokhagne et khagne classiques et une et parachève ses études pianistiques avec première vie de journaliste, elle commence un Diplôme national supérieur professionnel ses études au conservatoire du Ve arron- de musicien, un Diplôme d’État d’enseigne- dissement de Paris. Diplômée en 2008 de ment, ainsi qu’une licence de musicologie au la Maîtrise de Notre-Dame de Paris puis du PESMD Bordeaux-Aquitaine. Dès l’âge de 14 CRR de Paris en musique ancienne en 2011, ans, elle prend des cours de chants et chante elle fonde l’année suivante son ensemble, dans des chœurs, suit des formations de Tictactus, avec deux amis theorbistes. Elle comédienne et conteuse, et se produit très chante régulièrement avec les Solistes XXI, vite sur scène dans des domaines tels que le Correspondances, Pygmalion, Sequenza 9.3 théâtre et le conte musical, le jazz, l’impro- et avec les Arts Florissants pour l’intégrale visation, et les polyphonies traditionnelles des madrigaux de Monteverdi dirigée par P. du monde. Elle obtient son DEM de chant Agnew. Elle donne également des récitals lyrique en 2017 à Bordeaux dans la classe avec J.L. Ho et D. Chevallier. Elle rejoint dès de S. Coste avant de se perfectionner avec 2007 le Poème Harmonique pour Cadmus L. Sarrazin. Sa prédilection pour la musique et Hermione, de Lully. En 2009, elle crée le ancienne l’amène à travailler avec C. Lefiliâtre, rôle de la 1re Tante dans Yvonne, Princesse S. Fuget, J.C. Candau et F. Tavernier-Vellas de Bourgogne. Sous l’égide du violoniste pour la musique polyphonique et sacrée. En Olivier Briand, elle propose en 2016 un réci- 2018, elle a chanté en soliste dans ce réper- tal de cantates de Vivaldi et de Caldara. Elle toire pour des Concerts Mécénart, lors du est aussi la 3e Grace dans L’Orfeo de Rossi Festival de Blaye, ou encore au concert de restauré par R. Pichon et Pygmalion. 2017 a Noël des Petits Chanteurs de Bordeaux sous été placée sous un double patronage italien la direction d’A. Duffaure. Elle a collaboré de maîtres de l’opéra pour le rôle de Lisea en soliste avec des compositeurs comme dans l’opéra Arsilda de Vivaldi, puis avec le C. Havel ou F. Ledroit ; Pour ce dernier, elle Monteverdi Choir pour sa tournée mondiale a créé et enregistré en Allemagne le rôle des trois opéras de Monteverdi. Elle enre- de la récitante-contralto dans sa Passion gistre son premier disque solo chez Harmonia selon Saint Jean, avec R. Reimer à la tête Mundi Perpetual Night en 2018 avec la com- de l’orchestre philharmonique de Rhénanie. plicité de S. Daucé. Aux horizons 2019/20/21, Devenue artiste associée à la compagnie se profilent le rôle d’Amastre dans le Éclats, elle incarnera le rôle de Bagheera de Haendel à l’Opéra de Rouen et au Théâtre dans l’opéra Jungle de S. Guignard et du des Champs-Élysées sous la direction d’En- compositeur J.C Feldhandler au cours de la rico Onofri, ou encore celui de Geneviève dans saison 2019/20, à l’Opéra de Bordeaux et de plusieurs productions de Pelléas et Mélisande Limoges. Elle chantera en soliste des œuvres de Debussy… entre autres récitals, oratorios de Kate Moore au Théâtre de Dortmund avec et reprises de productions d’opéra ! Elle est l’orchestre philharmonique pour le deuxième régulièrement invitée au Festival de Saintes. volet du Ballet Die Göttliche Komödie de Xin Peng Wang : Purgatorio.

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SOLISTES ET CHEFS SOLISTES ET CHEFS

Yves Saelens Chantal Santon-Jeffery Natacha Schnur Nicolas Simon

Après des études à Bruxelles et au Julliard Appréciée pour sa « voix chaude et souple, La soprano allemande Natasha Schnur a étu- Violoniste de formation, Nicolas Simon choi- Opera Center de New York, Yves Saelens magnifiquement soutenue » (Le Monde) et sa dié à l’Université de Musique Karlsruhe auprès sit rapidement de se consacrer à la direction aborde rapidement un vaste répertoire le présence scénique, Chantal Santon Jeffery de Donald Litaker et à la Yale University d’orchestre. Ce « passeur », comme le décrit menant de la musique baroque au réper- incarne de nombreux rôles à l’opéra, de Mozart auprès de James Taylor. Au cours de ses justement le critique Alain Cochard, qui toire contemporain. Parmi les nombreux rôles à la création contemporaine en passant par études elle participe avec succès à plusieurs cherche dans la musique la rencontre et le qu’il interprète, citons Bajazet (), Wagner, Britten, Haydn, Hervé, Boismortier, projets de l’université, comme par exemple lien qui unit musiciens, compositeurs et audi- le rôle-titre d’Idomeneo, Ferrando (Cosi fan Campra, Rameau, Gassman ou Purcell. Invitée à la représentation de la Trauerode BWV 198 toires, incarne une nouvelle génération de tutte), Titus (la Clemenza di Tito), Tamino par de prestigieux orchestres elle se pro- et du Magnificat BWV 243 de J. S. Bach et chefs d’orchestre français. (Zauberflöte), (Alceste), Gérald duit dans les plus grandes salles de concert. du Deutsches Requiem de J. Brahms, sous Motivé par une curiosité insatiable, Il fonde (Lakmé), Faust (Damnation de Faust), David Récemment, citons : la Messe pour le sacre de la direction des chefs d’orchestre Masaaki en 2008, un ensemble novateur et ambi- (Die Meistersinger) Alwa (Lulu), Le tambour Napoléon Ier de Méhul avec François-Xavier Suzuki, David Hill et Nicholas McGegan. Avec tieux doté d’une douzaine de musiciens, la Major (Wozzeck) Stewa (Jenufa), Tikhon Roth à Bonn, Laon et Versailles, Carmen de le pianiste Markus Hadulla, elle donne des Symphonie de Poche, qui place les arran- (Katia Kabanova) Male Chorus (Rape of Bizet au Théâtre des Champs-Élysées avec concerts dans le cadre de la série littéraire gements du répertoire orchestral au cœur Lucretia), Ferdinand (The Tempest de Thomas l’ONF dirigé par Simone Young, le Temple de et musicale « wort+ton ». En 2017 elle a fait de son projet, facilitant ainsi l’accès à la Adès), Le Père (Le Pavillon d’Or), Il Matto la Gloire de Rameau à San Francisco avec ses débuts au Lincoln Center de New York musique classique et en offrant une inter- (La Strada de Van Hove) Festus (Legende Nicholas McGegan, Lakmé de Delibes avec en participant à la création mondiale de This prétation renouvelée. La sortie du premier de Wagemans). Il chante dans de nombreux le Münchner Rundfunkorchester dirigé par Love Between Us de Reena Esmail. Elle chante enregistrement de l’ensemble, Eh bien dansez théâtres et festival en Europe, L’Opéra de Laurent Campellone, les reprises du King régulièrement avec le Vocal ensemble Rastatt maintenant !, en octobre 2017 est largement Flandre, de Liège, de la Monnaie, Monte Arthur de Purcell et de Don Quichotte chez la et le RIAS Kammerchor. Natasha Schnur est salué par la critique. Nicolas Simon dirige Carlo, Montpellier, le Liceu de Barcelone, Duchesse par le tandem Hervé Niquet/Gilles une des six lauréats de la 8e édition du Jardin régulièrement l’Orchestre de l’Opéra National l’Opéra de Leipzig, Amsterdam, Avignon, et Corinne Benizio ainsi que des Chevaliers des Voix, l’académie pour jeunes chanteurs de Lorraine, l’Orchestre de Chambre de Paris, Tours, Frankfort, L’Opéra National du Rhin, de la Table Ronde de Hervé à l’Athénée et à des Arts Florissants dirigé par William Christie l’Orchestre de l’Opéra de Rouen, l’Orchestre le Festival d’Aix-en-Provence, le Festival de l’opéra de Limoges. Son nouveau récital d’ex- et Paul Agnew. Avec eux, elle participe en Les Siècles, l’Orchestre de Poitou-Charentes, Radio France et de Montpellier, sous la direc- traits d’opéras d’Alessandro Stradella, donné 2017 au programme An English Garden créé l’Orchestre National de Lille, l’Orchestre de tions de chefs tels que Serge Baudo, Helmut avec le Galilei Consort de Benjamin Chénier, au festival Dans les Jardins de William Christie Bayonne Côte Basque. Rilling, Sigiswald Kuijken, Marc Minkowski, sera prochainement enregistré pour le label puis donné en tournée internationale à la Il a également été apprécié à l’Orchestre René Jacobs, Christoph Rousset, Peter Alpha. Son importante discographie com- Philharmonie de Paris, au Barbican Centre de National de France, l’Orchestre Lamoureux, Schreier… Il se produit régulièrement en réci- prend de nombreuses œuvres du répertoire Londres ou encore à l’Auditorio Nacional de l’Orchestre de Picardie, l’Orchestre d’Au- tal de mélodies et en concert avec les grands français mais aussi Purcell, JC Bach, Rovetta, Musica de Madrid. La saison dernière, elle a vergne, l’Orchestre Régional de Cannes oratorios de Bach, Mozart, Haydn, Schumann, Mozart, Kraus, Haydn… chanté également les Motets de Bach sous PACA ; et à l’étranger, au London Symphony Haendel, Beethoven, Britten… Parmi ses la direction de Paul Agnew. Orchestra, le SWR Sinfonieorchester Baden- projets, le rôle de Bajazet (Tamerlano) à Baden und Freiburg, à l’Orchestre des jeunes Frankfort, la Trilogie Mozart Da Ponte et de Palestine et à l’orchestre baroque de Valzacchi (Rosenkavalier) à la Monnaie. Durban, en Afrique du Sud. Convaincu par la dimension élévatrice et structurante de la pratique musicale, il dirige également deux orchestres Démos à Soissons et Saint-Quentin. Depuis 2014, il est co-directeur artistique du festival Musique en Ré, sur l’île de Ré.

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Carolin Widmann Eva Zaïcik

Née à Munich, Carolin Widman est formée par Élue « Révélation lyrique » des Victoires de Igor Ozim à Cologne, Michèle Auclair à Boston la Musique Classique 2018 et lauréate cette et David Takeno à Londres. En tant que soliste, même année de deux prestigieux concours elle est dirigée par Sir Roger Norrington, internationaux, la jeune mezzo-soprano Eva Sylvain Cambreling, Heinz Holliger, Riccardo Zaïcik est l’une des artistes lyriques les plus Chailly, Sir Simon Rattle, Vladimir Jurowski et en vue de sa génération. En 2016, elle est par Esa-Pekka Salonen. Elle collabore avec nommée « Révélation Lyrique » de l’ADAMI des compositeurs tels que Pierre Boulez, Peter et obtient un Master de chant au CNSMD de Eötvös, Erkki-Sven Tüür, Wolfgang Rihm, Paris. Remarquée pour son timbre mordoré, sa Salvatore Sciarrino et Rebecca Saunders, qui voix longue et sa présence scénique, membre écrivent plusieurs œuvres spécialement pour du 8e édition du « Jardin des Voix » des Arts elle. Depuis octobre 2006, elle est professeur Florissants – William Christie, elle se voit de violon à l’École supérieure de musique rapidement offrir les rôles de Dido Dido( and et de théâtre Felix Mendelssohn Bartholdy Aeneas de Purcell) à l’Opéra de Rouen puis de Leipzig. En 2012, elle prend en charge à l’Opera Royal de Versailles, la Messaggiera l’organisation de la Sommerliche Musiktage (L’Orfeo de Monteverdi) à l’Opéra de Dijon, Hitzacker, le plus ancien festival de musique Lybie (Phaéton de Lully) à l’Opera de Perm de chambre d’Allemagne. et à l’Opera Royal de Versailles avec le Au Mozartwoche de Salzbourg en 2009, Poème Harmonique, Caliste dans l’opéra- Carolin Widmann joue la musique de chambre ballet Les Amants Magnifiques de Lully en de Boulez avec son frère et le pianiste Hideki tournée française avec le Concert Spirituel, Nagano. Elle attire l’attention avec sa collabo- ou encore la 3e Dame (Die Zauberflöte) à ration dans Gefaltet, un concert chorégraphié l’Opéra de Limoges, Dijon et Caen avec organisé par Sasha Waltz et Mark André, avec les Talens Lyriques. Elle chante les parties lequel l’Internationale Stiftung Mozarteum d’alto du Requiem de Mozart en tournée ouvre sa Mozartwoche de 2012. européenne avec l’Orchestre des Champs- TRANSNATIONAL GIVING EUROPE Élysées (direction P. Herreweghe) ainsi qu’en « ENABLING PHILANTHROPY ACROSS EUROPE » France avec Insula Orchestra (direction L. Equilbey). Elle retrouve Justin Taylor et son L’Abbaye aux Dames rejoint le réseau Transnational Giving Consort en récital autour de plusieurs pro- Europe (TGE). grammes baroques dont l’un est paru chez Soutenez le Festival de Saintes et le projet culturel de l’Abbaye Alpha (Venez chère Ombre). Elle incarne par aux Dames, la cité musicale, tout en bénéficiant des avantages ailleurs la Speranza (L’Orfeo de Monteverdi) fiscaux prévus dans votre pays de résidence. avec I Gemelli (direction E. Gonzalez Toro et T. Dunford) au Théâtre des Champs-Élysées, The Abbaye aux Dames joins the Transnational Giving Europe Sélyzette (Ariane et Barbe-Bleue de Dukas) network (TGE). au Théâtre du Capitole de Toulouse. Enfin elle Support the Festival de Saintes and the cultural project of the sera Carmen, dans La Tragédie de Carmen Abbaye aux Dames, la cité musicale while benefiting from the au Théâtre Impérial de Compiègne. tax legislation of your country of residence. Elle vient de remporter le second prix Reine Une question ? Contactez votre service mécénat / A question ? Elisabeth de Belgique. Please contact us !

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Cie Maurice et les autres Collegium Vocale Gent Ensemble Masques

Créée en 2015 sous l’impulsion d’Igor Le Collegium Vocale Gent fut créé en 1970 à Collegium Vocale Gent Formé d’un noyau de 6 instrumentistes spé- Bouin, chanteur et chef de chœur, Martial l’initiative de Philippe Herreweghe. L’ensemble Bobbie Blommesteijn, Sylvie De Pauw, Gunhild cialisés en musique baroque, l’Ensemble Pauliat, chanteur et claveciniste, et Jeanne était à l’époque l’un des premiers à vouloir Lang-Alsvik, Magdalena Podkościelna, Elisabeth Masques est reconnu pour son expressivité, Desoubeaux, metteure en scène et comé- étendre les nouveaux principes d’interpré- Rapp, Annelies Brants, Stanislava Mihalcová, Mette l’éloquence et la profondeur de ses inter- dienne, la compagnie Maurice et les autres tation de la musique baroque à la musique Rooseboom, Charlotte Schoeters, Janina Staub, prétations. Il tire son nom des « masques » sopranos se consacre aujourd’hui essentiellement à la vocale. Cette approche authentique, met- de l’Angleterre élisabéthaine – spectacles création de spectacles musicaux. Soucieuse tant l’accent sur le texte et la rhétorique, a Montserrat Bertral, Carla Babelegoto,Ursula Ebner, où se mariaient poésie, musique, danse et Karolina Hartman, Marlen Herzog, Gudrun Köllner, de créer des spectacles dans un esprit de permis au Collegium Vocale Gent d’obte- théâtre. Réputé tant pour son expressivité Cécile Pilorger, Sandra Raoulx, Beth Taylor, Sylvia troupe pour un public varié et de proposer nir en quelques années une reconnaissance van der Vinne, altos et sa vitalité que pour son intégrité et sa des opéras courts dont les livrets sont théâ- internationale. Le chœur est invité par des précision, l’Ensemble Masques incarne plei- Malcolm Bennett, Peter di Toro, Johannes tralement intéressants, la compagnie crée salles de concert et des festivals musicaux nement la multiplicité de l’esprit du baroque. Gaubitz, Thomas Köll, Oliver Kringel, Vincent en 2015 et 2016 L’Enfant et les Sortilèges prestigieux en Europe, aux États-Unis, en Lesage, Chris Lombard, Dan Martin, João Sebastião, Réunis autour du claveciniste Olivier Fortin, de Ravel et Didon et Enée de Purcell. En Russie, en Amérique du Sud, au Japon, à Rene Veen, ténors les membres formant le noyau de l’ensemble 2017, elle devient résidente à la Maison Maria Hong Kong et en Australie. Pour la réalisa- Erks Jan Dekker, Nikolaus Fluck, Philipp Kaven, mènent chacun des carrières de solistes et Casarès et rejoint ainsi le dispositif « Jeunes tion de ses projets, le Collegium Vocale Gent Eddie Mofokeng, Marek Opaska, Kai Rouven Seeger, d’interprètes au sein de prestigieux ensembles Pousses ». Grâce à ce tremplin, la compagnie collabore avec divers ensembles tournés Giacoma Serra, Martin Schicktanz, Peter Strömberg, internationaux de musique ancienne. Depuis peut montrer son travail autour de Ce qu’on vers l’interprétation historiquement informée Robert van der Vinne, basses sa création, l’Ensemble Masques a délibéré- attend de moi de Vincent Guédon. Avec ce comme l’Orchestre des Champs-Élysées, le ment choisi d’explorer différents répertoires spectacle, elle réalise son premier projet de Freiburger Barock Orcherster ou l’Akade- des XVIIe et XVIIIe siècles et non de se can- théâtre musical créé en 2018 au Gallia Théâtre mie für Alte Musik Berlin. Il a également fait tonner à un style ou à un genre. Elle a ainsi de Saintes. Il se présente comme témoin de la appel à des orchestres symphoniques renom- conduit l’Ensemble à aborder de façon appro- volonté artistique et politique de la compa- més : le Rotterdams Filharmonisch Orkest, le fondie la musique germanique du XVIIe siècle, gnie : rendre le théâtre musical et la musique Budapest Festival Orchestra et le Koninklijk à révéler l’universalisme et l’humanisme de théâtrale. C’est aussi le premier spectacle de Concertgebouworkest. Sous la direction de Telemann, à s’intéresser au parcours ini- la compagnie qui s’appuie sur des textes non- Philippe Herreweghe, le Collegium Vocale tiatique du « Grand Tour », tant de choix théâtraux d’un auteur contemporain. Lauréate Gent s’est construit une riche discographie de artistiques sous-tendus par un goût pour du dispositif Création en cours en 2017, elle plus de 80 enregistrements, principalement les échanges, les mélanges, les emprunts et commence à créer le projet Don Quichotte édités par les labels Harmonia Mundi France, la mixité, comme en témoigne d’ailleurs la (j’étoilerai le vent qui passe), opéra jeune Virgin Classics, ainsi que sous le label PHI créé variété de nationalité des musiciens qui le public participatif d’après l’opéra de Massenet par Philippe Herreweghe et Outhere Music. composent. avec des élèves. Ce projet permet à la com- Depuis 2017 l’ensemble organise son propre L’ensemble Masques a enregistré des albums pagnie de continuer sa recherche autour de festival d’été en Toscane, Italie : Collegium pour les labels ALPHA, ATMA, Dorien et l’opéra populaire et à développer son travail Vocale Crete Senesi. Analekta. avec un public amateur. Le projet, définitive- Deux prochains projets discographiques ment créé au festival de Saintes, partira en paraitront en 2019. tournée en 2019/2020. Mécénat Musical Société Générale est le mécène principal de l’Ensemble Masques

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Gli Angeli Genève Graindelavoix Het Collectief Jeune Orchestre de l’Abbaye

Gli Angeli Genève a été fondé en 2005 par Établi à Anvers, Graindelavoix est un Het Collectief est un ensemble de musi- Vingt-cinq ans après la création du festi- Stephan MacLeod. Il s’agit d’une formation à ensemble multidisciplinaire qui nourrit une ciens chambristes fondé en 1998 à Bruxelles. val, la nécessité de transmission du savoir géométrie variable se destinant aux musiques véritable fascination pour la voix et la généa- Composé d’un noyau dur de cinq musiciens, s’est imposée. Impulsé par l’Orchestre des de chambre vocales et instrumentales des logie des répertoires vocaux. Fondé au début le groupe s’est forgé un son d’ensemble ins- Champs-Élysées et par Philippe Herreweghe, XVIIe et XVIIIe siècles. Il est composé de musi- du XXIe siècle par Bjorn Schmelzer, anthro- tantanément reconnaissable, caractérisé par le Jeune Orchestre de l’Abbaye a accueilli ses ciens qui mènent des carrières de solistes et pologue et ethnomusicologue, Graindelavoix un mélange inhabituel d’instruments à vent premiers étudiants en 1996. de musiciens de chambre dans le domaine de enchaine rapidement les représentations (flûte et clarinette), de cordes (violon et vio- Vingt ans plus tard, cette formation, unique la musique baroque, mais qui ont tous la par- publiques. Le premier enregistrement a lieu loncelle) et de piano. en Europe, dont la renommée grandit d’an- ticularité de ne pas être exclusivement actifs en 2006 et propulse immédiatement l’en- Dans son répertoire, Het Collectief remonte née en année, permet à de jeunes musiciens dans ce domaine bien précis : ils ne font pas semble sur la scène internationale. Avec lui, aux sources du modernisme, c’est-à-dire la en fin d’études ou début de carrière d’abor- que de la musique ancienne. Leur éclectisme Schmelzer a développé une sorte de musi- Seconde École de Vienne. S’appuyant sur der l’interprétation du répertoire classique est garant de la fraîcheur de leur enthou- cologie affective : chaque performance est cette base solide, Het Collectief explore les et romantique sur instruments d’époque. siasme et de la sincérité de leur recherche. une activation des forces et des affects vir- œuvres significatives du vingtième siècle, Fort de ses collaborations avec des chefs L’ensemble se produit à Genève dans le tuels que l’on retrouve dans les vestiges qui sans fuir les courants expérimentaux tout prestigieux, le JOA attire des musiciens venus cadre de son Intégrale des Cantates de Bach nous ont été transmis. Une partition est une récents. En outre, le groupe se singularise du monde entier pour se former à l’interpré- et de concerts annuels au Victoria Hall, et partie indissociable d’une image musicale en par ses crossovers entre musique contem- tation du répertoire classique et romantique depuis septembre 2017 dans une nouvelle mouvement qui n’existe jamais à elle seule. poraine et traditionnelle et ses adaptations sur instruments anciens. Ces jeunes talents Intégrale, dédiée aux Symphonies de Haydn. Graindelavoix tente d’en proposer une lec- de musique ancienne. se retrouvent plusieurs semaines par an en Parallèlement, il est toujours plus sollicité ture et s’efforce à chaque fois de trouver une Het Collectief se produit très régulièrement résidence à l’abbaye. par des salles et festivals parmi les plus nouvelle manière de transporter le public. en Belgique et s’est fait acclamer lors de pro- La formation est complétée par des concerts prestigieux d’Europe et du monde pour y Lors des exécutions, l’hétérogénéité des ductions aux Pays-Bas, en France, en Suisse, dont certains sont donnés dans le cadre du donner Bach, mais aussi Tallis, Schein, Schütz, interprètes n’est en rien gommée, mais au en Allemagne, en Autriche, en Slovaquie, au Festival de Saintes. Ils offrent ainsi à ces Buxtehude, Rosenmüller, Mozart, etc. C’est contraire renforcée. Royaume-Uni, en Pologne, en Espagne, à jeunes musiciens une véritable expérience ainsi que ces dernières saisons, Gli Angeli Parmi les nombreux prix remportés, l’en- Malte, à Chypre, en Lituanie, en Lettonie, en de la scène. Genève a été en résidence à Utrecht ou semble a obtenu le très convoité Edison Ukraine et en Amérique du Sud (au Pérou et Ils sont encadrés par de grands chefs d’or- aux Thüringer Bachwochen, et s’est produit Award, ainsi que diverses récompenses au Brésil) et en Asie (à Hong Kong). chestre tels que Philippe Herreweghe, Hervé également à Barcelone, Nürnberg, Bremen, décernées par des magazines de musique Niquet, Laurence Equilbey ou encore Marc Stuttgart, Bruxelles, Milan, Wroclaw, Paris, internationaux. L’ensemble a collaboré avec Minkowski, ce qui favorise leur insertion Saintes, Vancouver ou encore La Haye. la compagnie de danse Rosas d’Anne Teresa professionnelle. L’ensemble a fait en 2017 ses débuts au Grand De Keersmaeker. Il mène régulièrement des Théâtre de Genève. projets multimédias et interdisciplinaires, et Crédit Agricole CIB mécène principal du Jeune En 2019, Gli Angeli Genève se rend notam- a présenté en 2014 à Maastricht une installa- Orchestre de l’Abbaye aux Dames. ment aux Festivals de Saintes et d’Utrecht et tion sonore contemporaine en collaboration Les grands mécènes et partenaires du JOA : sera en tournée avec la Passion selon Saint avec deux impro-musiciens. l’Europe s’engage en Nouvelle-Aquitaine avec Matthieu de Bach. le FSE, Union Européenne, Ministère de la Culture et de la Communication, Région Nouvelle-Aquitaine, Depuis 2015, Graindelavoix est en résidence à la Département Charente-Maritime, Ville de Saintes, Gli Angeli Genève est subventionné par la Ville de Fondation Royaumont, où il présente ses créations Fondation Université de Poitiers, Les Bouchages Genève et par la République et Canton de Genève. et organise des masterclasses. Il est subventionné Delage, Pôle Aliénor, Université de Poitiers, EFNYO. par la Communauté flamande. Ce projet est cofinancé par le Fonds social européen dans le cadre du programme opérationnel national « Emploi et Inclusion » 2014-2020.

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ENSEMBLES

Jeune Orchestre de l'Abbaye Programme du 19 juillet Programme du 13 juillet Nicolas Simon, direction Alessandro Moccia, direction artistique et Charlotte Juillard, violon solo premier violon Amaryllis Billet, premier violon Joanna Aksnowicz, Laura Alexander, Camélia Diana Vanessa Aguirre Bravo, Eléonore Aubel, Bichard, Angèle Bonnin-Guet, Laurie Bourgeois, Angèle Bonnin-Guet, Sophie Bouteille, Alban Cellier, Cécile Daspet, Madeleine De Thibault Bretecher, Alice Carbonnaux, Boysson, Hannelore De Vuyst, Chloé Jullian, Maria Del Mar Castano Duque, Madeleine De Juhyun Lee, Alex Prats, Guillermo Alberto Salas Boysson, Maria Fernandez Torras, Juhyun Lee, Suarez, violon Leïla Lisiack, Christophe Mourault, Alix Gauthier, Eleanor Legault, Maialen Loth, Daniela Andrea Nupan Itaz, Alex Prats, Ana Perez Pousada, Corinne Ramond-Jarczyk, Guillermo Alberto Salas Suarez, violon Cecile Ross, alto Marion Jegou, Eleanor Legault, Elianne Ardts, Mathilde Mugot, Hélène Richaud, Corinne Ramond-Jarczyk, Ana Perez Pousada, Jorge Velez Ortiz, Nicolas Verhoeven, violoncelle Jeanne-Marie Raffner, Cecile Ross, Muriel Soulié, alto Federica Jose Are, Théotime Coste, Mylène Sarazin, Eva Tribolles, contrebasse Albéric Boullenois, Mathilde Mugot, Nicola Paoli, Raphael Stefanica, Lena Torre, Jorge Velez Clémence Bourgeois, Samuel Casale, flûte Ortiz, violoncelle Federico Forla, Karolina Szymanik, hautbois Federica Jose Are, Emeline Bouillier, Isaline Joan Calabuig, Sandra Perez Romero, clarinette Leloup, Nohora Munoz Ortiz, Eva Tribolles, contrebasse Arnaud Conde, Antoni Llofriu, basson Sebastijan Bereta, Clémence Bourgeois, flûte Nina Daigremont, Cyril Vittecoq, cor Claudia Anichini, Clara Espinosa, hautbois Remi Lecomte, Jean-Baptiste Nicolas, trompette Joan Calabuig, Sandra Perez Romero, clarinette Théo Quinio, timbales Antoni Llofriu, Diane Mugot, basson Nina Daigremont, Hippolyte De Villele, Vicent Serra Primo, Cyril Vittecoq, cor Olivier Mourault, Baptiste Prou, trompette Quentin Longepe, Nain Reina, Thibault Sigonney, trombone Théo Quinio, timbales

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L’Achéron L’Escadron volant de la Reine Le Concert Spirituel

Dans la mythologie grecque, l’Achéron est L’Escadron Volant de la Reine désigne les L'Escadron volant de la Reine À 30 ans, Le Concert Spirituel est aujourd’hui le fleuve que traverse Orphée pour secourir dames de compagnie recrutées par Catherine Eugénie Lefebvre, Caroline Arnaud, sopranos l’un des plus prestigieux ensembles baroques Eurydice des Enfers. Comme son nom de Médicis. Par leur présence et leur conver- français, invité chaque année au Théâtre des Damien Ferrante, alto l’inspire, L’Achéron veut ouvrir une voie entre sation, elles étaient chargées de pacifier les Champs-Élysées à Paris, la Philharmonie de deux mondes opposés : celui des vivants et relations humaines au sein des cours euro- François Joron, ténor Paris et au Château de Versailles, ainsi que des défunts, le passé et le présent, l’idéal péennes. Ce nom évoque une organisation Renaud Bres, basse dans les plus grandes salles internationales, et la réalité. Fondé en 2009 par Francois non hiérarchisée alliant rigueur et fantaisie, Josèphe Cottet, violon comme le Concertgebouw d’Amsterdam, le Joubert-Caillet, L’Achéron est constitué d’une deux qualités qui tiennent à cœur aux musi- Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, l’Opéra Antoine Touche, dessus et basse de viole jeune génération de musiciens aux origines ciens de l’ensemble dans le travail musical. de Tokyo, le Barbican, le Wigmore Hall ou le variées formés dans les plus grandes écoles Premier Prix et Prix du public du Concours Thibaut Roussel, théorbe et guitare baroque Royal Albert Hall de Londres. de musique ancienne, et ayant pour certains international du Val de Loire en 2015 et lauréat Caroline Lieby, harpe triple À l’origine de projets ambitieux et originaux d’autres facettes artistiques. Du théâtre à la de l’International Young Artists Presentation Clément Geoffroy, clavecin et orgue depuis sa fondation en 1987 par Hervé Niquet, facture d’instrument, l’éventail des passions 2013 d’Anvers, l’Escadron Volant de la Reine l’ensemble s’est spécialisé dans l’interpré- se croise. L’Achéron désire renforcer les liens est créé à l’initiative du violoncelliste Antoine tation de la musique sacrée française, se entre les musiciens et le public en rendant Touche. Tous issus des Conservatoires supé- consacrant parallèlement à la redécouverte les musiques anciennes accessibles en se rieurs européens, les musiciens sont liés par d’un patrimoine lyrique injustement tombé plongeant dans l’instrumentarium coloré et une profonde amitié et c’est naturellement dans l’oubli. les pratiques musicales de la Renaissance qu’ils se rassemblent en janvier 2012. Largement récompensé pour ses productions et du Baroque. Tentant de peindre avec la L’Escadron compte sur les divers talents qui et enregistrements - Edison Award, Echo palette la plus riche ces musiques si vivantes, le composent et, partageant une énergie Klassik Award, et Grand Prix de l’Académie la traversée que L’Achéron propose est commune, l’ensemble se démarque par l’ab- Charles Cros, Le Concert Spirituel enregistre temporelle et sensible. La formation première sence de directeur artistique. Cette démarche, exclusivement chez Alpha Classics. Sont déjà de L’Achéron est le consort de violes de mûrement réfléchie, permet à chaque membre parus en DVD Don Quichotte chez la Duchesse gambe : depuis 2013, le luthier Arnaud Giral de s’impliquer dans la réflexion musicale et (collection Château de Versailles), et en CD accompagne l’ensemble en construisant l’organisation des projets. Désireux de faire Gloria & Magnificat de Vivaldi, Requiem(s) de un consort typiquement anglais. Cinq découvrir des œuvres méconnues des XVIIe et Cherubini et Plantade, Persée (version 1770) instruments ont d’ores et déjà vu le jour, XVIIIe siècles, ils concentrent particulièrement de Lully, Le Messie de Haendel et la Missa Si donnant à ce consort une profondeur et une leurs recherches sur la musique italienne. Deus pro nobis de Benevolo. richesse harmonique unique. L’orchestre de L’ensemble s’est produit dans différents fes- concertspirituel.com L’Achéron se développe également, ouvrant tivals : un Automne à Limur (Vannes), Festival ainsi la démarche de l’ensemble à d’autres de Pâques (Deauville), les Jeudis Musicaux de Le Concert Spirituel est subventionné par le Ministère répertoires, tout en gardant son identité la Chapelle Royale (Versailles), le Festival de de la Culture et la Ville de Paris. « chambriste ». L’Achéron est invité à se Ribeauvillé, Saint-Michel en Thiérache, Bach Le Concert Spirituel remercie les mécènes de son produire dans divers festivals et saisons en Combrailles… fonds de dotation, ainsi que les mécènes individuels musicales en Europe. L’Achéron enregistre de son « Carré des Muses ». Le Concert Spirituel bénéficie du soutien de ses Grands Mécènes : L’Escadron Volant de la Reine est en résidence à pour le label Ricercar - Outhere. Mécénat Musical Société Générale et la Fondation la Fondation Singer-Polignac depuis 2012. Bru. Projet soutenu par la Région Grand Est, la DRAC Grand Est, la Spedidam et la Ville de Nancy. Coproduction Festival d'Ambronay, Festival Musical de Namur, Festival de Saintes, Festival Sinfonia en Périgord, Oude Muziek Utrecht, Arsenal de Metz.

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Les Arts Florissants Les Sonadori Nevermind

Fondés en 1979 par William Christie, Les Les Arts Florissants Cet ensemble de six violons de tailles dif- Nevermind est un jeune groupe de quatre Arts Florissants sont l’un des ensembles Paul Agnew, direction artistique férentes, propose un univers sonore large musiciens et amis qui se rencontrent au de musique baroque les plus reconnus au et lumineux unique dans le monde musical Conservatoire National Supérieur de Musique Sophie Karthäuser, Natasha Schnur, soprano monde. Fidèles à l’interprétation sur instru- actuel, fruit d’une collaboration avec quatre et de Danse de Paris. L’amour pour la musique ments anciens, Les Arts Florissants ont joué Eva Zaïcik, mezzo-soprano luthiers et deux archetiers spécialisés et du ancienne et l’influence des musiques jazz et un rôle pionnier dans la redécouverte et la Clément Debieuvre, ténor doctorat en art d’Alain Gervreau, obtenu avec traditionnelles poussent Anna Besson (flûte e diffusion de la musique européenne des XVII Cyril Costanzo, basse les félicitations du jury en novembre 2014. traverso), Louis Creac’h (violon baroque), et XVIIIe siècles. Sous la direction de William Il redonne vie « en mouvement » à la pra- Robin Pharo (viole de gambe) et Jean Marie-Frédérique Girod, Cécile Granger, Violaine e Christie et de Paul Agnew, ce sont ainsi plus Le Chenadec, Natasha Schnur, Maud Gnidzaz, tique des bandes de violons du XVI siècle : Rondeau (clavecin) à se réunir et former un de 100 concerts et représentations qu’ils Juliette Perret, Leila Zlassi, soprano concerts, bals, processions avec des musiques ensemble dont la virtuosité n’a d’égale que la proposent chaque année en France et dans profanes ou sacrées. fougue et l’amour de la belle musique. C’est Brian Cummings, Alice Gregorio, le monde. Les Arts Florissants sont impli- Bruno Le Levreur, mezzo-soprano Les Sonadori ont déjà été invités par les festi- donc tout naturellement et avec un plaisir qués dans la formation des jeunes artistes vals : Musiques et Mémoire, Pontoise, Toulouse indéniable que Nevermind s’est créé afin de Clément Debieuvre, Jean-Yves Ravoux, et proposent également des actions d’ou- les orgues, Mons 2015, Arques-la-Bataille, faire partager la musique que l’ensemble Bastien Rimondi, ténor verture aux nouveaux publics. Toujours dans Rencontres musicales de Vezelay, Musicales aime et défend à un public le plus large et une même volonté de rendre le répertoire Laurent Collobert, Cyril Costanzo, Simon Dubois, en Auxois, Sablé sur Sarthe ; ainsi que dans varié possible, transcendant le répertoire Christophe Gautier, Julien Neyer, basse baroque accessible au plus grand nombre, les saisons de l’ACMA de Genève, l’ADMA de pour quatuor (flûte, violon, viole de gambe et l’ensemble a constitué au fil des ans un patri- Tami Troman, Catherine Girard, Myriam Gevers, Fribourg, l’église de la Chapelle Bruxelles, La clavecin) des XVIIe et XVIIIe siècles. Les nom- Christophe Robert, Liv Heym, Sophie Gevers- moine discographique et vidéo riche de plus Courroie, l’Arsenal de Metz. breux concerts donnés par l’ensemble n’ont Demoures, Michèle Sauvé, violon d’une centaine de titres, parmi lesquels figure Les musiciens, éminents spécialistes, dont fait que renforcer leur conviction : l’amitié qui leur propre collection en collaboration avec Galina Zinchenko, Samantha Montgomery, trois enseignent dans un conservatoire supé- se dégage de ces quatre musiciens transparaît Lucia Peralta, alto Harmonia Mundi. rieur européen, animent des ateliers pratiques avec fougue et réel plaisir du jeu, le tout porté L’ensemble est en résidence depuis 2015 à Elena Andreyev, Damien Launay, Alix Verzier, d’initiation à l’improvisation (conservatoires par une complicité frappante. Nevermind la Philharmonie de Paris. En 2012, le festival violoncelle d’Ambronay, Metz et Avignon), ainsi que des défend l’idée d’une musique transmise grâce Dans les Jardins de William Christie est lancé Jonathan Cable, contrebasse conférences et rencontres avec le public. au don de soi et dont la magie ne peut opérer dans le village de Thiré, en partenariat avec Marie Van Rhijn, orgue Ils sont en préparation d’une création autour sans la complicité du public… Cette compli- le Conseil Départemental de la Vendée. Un du peintre Pieter Bruegel l’ancien, dans cité naît avec la chose la plus naturelle du ancrage qui s’est encore renforcé en 2017, le cadre d’une recherche soutenue par le monde : le sourire. En 2014, Nevermind est avec plusieurs événements marquants : l’ins- Conservatoire royal flamand de Bruxelles. lauréat du Concours international de musique tallation du Jardin des Voix à Thiré, la création de chambre Van Wassenaer, à Utrecht, où il d’un Festival de Printemps sous la direction Les Sonadori ont reçu le soutien du Département remporte le 3e prix ainsi que le Prix spécial de Paul Agnew et l’obtention du label « Centre de la Côte d’or, de la Spedidam, de l’Adami, de la du Festival d’Utrecht qui lui offre une tour- Cité de la voix à Vezelay, et du département de Culturel de Rencontre » au projet des Arts née en 2016. recherche du Conservatoire flamand de Bruxelles Florissants en Vendée. Janvier 2018 a vu la (K.C.B.). naissance de la Fondation William Christie L’ensemble Nevermind a été en résidence à – Les Arts Florissants. l’Abbaye aux Dames, la cité musicale en 2016 et 2017. Les Arts Florissants sont soutenus par le Ministère de la Culture et de la Communication, le Département de la Vendée et la Région Pays de la Loire. Depuis 2015 ils sont accueillis en résidence à la Philharmonie de Paris. La Selz Foundation, American Friends of Les Arts Florissants et Crédit Agricole Corporate & Investment Bank sont Grands Mécènes.

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ENSEMBLES ENSEMBLES

Orchestre des Champs-Élysées Quatuor à vents Academia de los Quatuor Guermantes Afectos Depuis sa création en 1991, à l’initiative com- Orchestre des Champs-Élysées Le quatuor Guermantes s’est formé en 2010 mune d’Alain Durel et de Philippe Herreweghe, Programme du 16 juillet Academia de los Afectos est un ensemble à l’initiative de la violoniste Josépha Jégard l’Orchestre des Champs-Élysées se consacre Emmanuel Laporte, Taka Kitazato, hautbois qui s’est formé en 2014 grâce à la com- et de la violoncelliste Olivia Gutherz suite à à l’interprétation sur instruments d’époque leur rencontre à la Hochschule für Musik und Nicola Boud, Daniele Latini, clarinette plicité de quatre amis étudiant ensemble du répertoire allant de Haydn à Debussy. au Conservatoire Royal de La Haye (Pays- Tanz de Cologne en Allemagne ; leur pre- Julien Debordes, Jean-Louis Fiat, basson L’Orchestre des Champs-Élysées a été plu- Bas). Ces jeunes musiciens ont créé avec mier concert a eu lieu à la Philharmonie. Elles sieurs années en résidence au Théâtre des Antoine Dreyfuss, Jean-Emmanuel Prou, Rozanne enthousiasme ce quatuor afin de partager souhaitèrent poursuivre leur recherche musi- Champs-Élysées, au Palais des Beaux-Arts Descheemaeker, Frank Clarysse, cor les émotions avec le public, en les invitant à cale avec la violoniste Julia Boyer et l’altiste de Bruxelles et s’est produit dans la plupart Alain De Rudder, Steven Verhaert, trompette découvrir la musique ancienne sur un réper- Jean-Marc Haddad. Ces quatre musiciens des grandes salles de concert : Musikverein Harry Ries, Guy Hanssen, Bart Vroomen, trombone toire des XVIIIe et XIXe siècles. L’ensemble se consacrent principalement à la période de Vienne, Concertgebouw d’Amsterdam, a reçu un coaching important venant d’ex- classique et romantique, attirés par la riche Barbican Centre de Londres, Philharmonies perts comme Eric Hoeprich, Donna Agrell, palette sonore que proposent l’interpréta- de Munich, de Berlin et de Cologne, Alte Programme du 20 juillet Wilbert Hazelzet, Kate Clark ou Frank de tion et le timbre des instruments d’époque, Oper de Francfort, Gewandhaus de Leipzig, Alessandro Moccia, Philippe Jegoux, Roberto Bruin. Le groupe s’est déjà produit de et l’écriture musicale à la fois savante et natu- Lincoln Center de New York, Parco della Anedda, Conrado Carlotta, Ilaria Cusano, Asim nombreuses fois dans différents festi- relle. Le quatuor a également pour objectif Delibegovic, Virginie Descharmes, Julia Didier*, Musica à Rome, etc. Il s’est également pro- vals comme le Bach Festival, Puerto de la de promouvoir le mouvement « Sturm und Martin Reimann, Bénédicte Trotereau, violon 1 duit au Japon, en Corée, en Chine et en Cruz (Tenerife, Espagne), Ciclo de Jóvenes Drang », par le biais de compositeurs peu Australie. Il est placé sous la direction de Corrado Masoni, Solenne Guilbert, Isabelle Claudet, Intérpretes (Grande Canarie, Espagne), connus mais tout aussi importants à l’élabo- Hadrien Delmotte*, Thérèse Kipfer, Marion Philippe Herreweghe, mais plusieurs chefs Utrecht Early Music Festival (Pays-Bas), en ration de ce courant, tels que Joseph Martin Larigaudrie, Corrado Lepore, Enrico Tedde, ont été invités à le diriger, parmi lesquels Kraus (1756-1792) et Hyacinthe Jadin (1776- Sebastian Van Vucht, violon 2 concerts privés à Oxborough (Angleterre) Daniel Harding, Christian Zacharias, Louis et au MAFestival Brugge (Belgique). Tous 1800), en regard à l’interprétation d’œuvres Langrée, Heinz Holliger, Christophe Coin et Jean-Philippe Vasseur, Catherine Puig, Agathe majeures du quatuor à cordes de Haydn et Blondel, Laurent Bruni, Alix Gauthier*, Delphine les membres travaillent avec les groupes les René Jacobs. Mozart. « Les aspects musicaux contrastés de Grimbert, Benoît Weeger, alto plus remarquables de la scène européenne L’Orchestre des Champs-Élysées développe de la musique ancienne. ce courant sont désormais assez bien définis : une relation privilégiée et exclusive avec le Ageet Zweistra, Andrea Pettinau, Michel Boulanger, prédominance du mode mineur, change- Vincent Malgrange, Marion Oudin*, Harm-Jan Collegium Vocale Gent avec lequel il enre- Schwitters, violoncelle ment fréquent de tonalités et de thématique, gistre les plus grandes œuvres du répertoire. modulations inusitées dans les tons éloignés, Axel Bouchaux, Joe Carver, Damien Guffroy, Il a été l’un des premiers ensembles à fonder modifications soudaines et violentes de dyna- Massimo Tore, Mylène Sarrazin*, contrebasse sa propre « école » de formation en collabo- mique, et, par-dessus tout, dramatisation ration avec l’Abbaye aux Dames de Saintes, Alexis Kossenko, Amélie Michel, flûte constante du discours musical. » — Kraus le JOA (Jeune Orchestre de l’Abbaye). Emmanuel Laporte, Taka Kitazato, hautbois - Phrases extraites du Etwas von und über Nicola Boud, Daniele Latini, clarinette Musik fürs Jahr 1777. Le quatuor s’est pro- L’Orchestre des Champs-Élysées, en résidence en duit à Paris, à Cologne (Allemagne), à Zwolle Julien Debordes, Jean-Louis Fiat, basson Nouvelle-Aquitaine, est subventionné par le (Pays-Bas), au château de Montfrin (Gard), Ministère de la Culture et par la Région Nouvelle- Antoine Dreyfuss, Jean-Emmanuel Prou, Rozanne ainsi qu’au Musée des Beaux-arts de Nîmes. Aquitaine. Descheemaeker, Frank Clarysse, cor Alain De Rudder, Steven Verhaert, trompette Harry Ries, Guy Hanssen, Bart Vroomen, trombone Marc Girardot, tuba Marie-Ange Petit, timbales

* musiciens du Jeune Orchestre de l’Abbaye

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ENSEMBLES ENSEMBLES

Quatuor Van Kuijk Sollazzo ensemble Vox Luminis

Fondé en 2012 à Paris, le Quatuor Van Kuijk L’ensemble Sollazzo a été fondé à Bâle en Fondé par Lionel Meunier, l’ensemble Vox accumule les récompenses depuis quelques 2014 et rassemble des musiciens ayant une Luminis voit le jour en 2004, à l’occasion années, contribuant ainsi à sa notoriété gran- passion pour les répertoires de la fin du Moyen d’un concert donné à Namur, en Belgique. Il dissante. Elu « Rising Stars » pour la saison Âge et de la Renaissance. L’ensemble est se définit dès le départ comme un groupe à 2017-2018 par le réseau ECHO qui réunit dirigé par la vièliste Anna Danilevskaia et s’en- géométrie variable composé de voix solistes, les plus grandes salles de concerts euro- richit des différents milieux musicaux dans d’un continuo et d’instrumentistes addition- péennes, le quatuor a remporté en 2015 lesquels ses membres ont évolué : alors que nels selon les besoins. Fort de la stabilité et de le Premier Prix du « Wigmore Hall String certains sont issus de familles de musiciens la cohésion de son effectif depuis sa création, Quartet Competition » assorti des prix spécialisés en musique ancienne, d’autres l’ensemble impressionne et séduit, tant par Haydn et Beethoven, et a été « BBC New ont trouvé leur vocation à travers la musique la personnalité soliste qui émane de chaque Generation Artists » de 2015 à 2017. En classique, folklorique, le théâtre ou même le timbre, que par la cohésion dans l’équilibre et 2013, le Quatuor Van Kuijk a remporté les music-hall. l’homogénéité des voix qui se fondent en une Premier Prix et Prix du Public au Concours Les membres de Sollazzo ont étudié dans des couleur commune. L’ensemble se consacre international de Trondheim en Norvège. Il institutions renommées pour leur spécialisa- essentiellement au répertoire italien et alle- est également « Lauréat HSBC » du festival tion en musique ancienne où les programmes mand du XVIe au XVIIIe siècle. En 2013, Vox d’Aix-en-Provence. leur ont permis d’étudier diverses façons Luminis donne une cinquantaine de concerts Très présent sur les grandes scènes interna- d’aborder le répertoire médiéval. Ils ont et fait ses débuts au prestigieux Wigmore Hall tionales, le Quatuor Van Kuijk est invité à se ainsi bénéficié d’un flux constant d’idées de Londres ainsi qu’à l’Oratoire du Louvre produire dans les lieux les plus prestigieux. et d’influences, avant de trouver un chemin de Paris. L’ensemble a donné ses premiers Pour ALPHA Classics, le quatuor a enregis- autonome pour la poursuite de leur travail concerts aux U.S.A en 2014 et s’est pro- tré un album consacré à Mozart, un disque ensemble. duit notamment en France, Allemagne. Vox consacré à la musique française et un autre En 2014, Sollazzo a été sélectionné pour Luminis compte aujourd’hui treize enregistre- disque de Schubert disponible depuis l’au- le programme « eeemerging » (soutenu par ments, récompensés par de nombreux prix tomne 2018. Creative Europe). Grâce à cela, ils ont eu dont le prestigieux Gramophone Recording of Le Quatuor Van Kuijk a étudié au Conservatoire l’opportunité de se concentrer sur un tra- the Year 2012, pour les Musikalische Exequien de Paris dans la classe du Quatuor Ysaye et vail entièrement musical lors de plusieurs de Schutz. Les derniers sortis chez Alpha suivi les cours de Günter Pichler à l’Escuela résidences artistiques intensives à travers Classics sont les Abendmusiken de Buxtehude Superior de Musica Reina Sofia de Madrid l’Europe. et King Arthur de Purcell. Vox Luminis obtient avec le soutien de l’Institut International de En 2015, Sollazzo a remporté le York Early le fameux BBC Music Magazine AWARD 2018 Musique de Chambre de Madrid. De 2014 à Music International Young Artists Prize, a été dans la catégorie « Choral Award Winner » 2019, il aura été quatuor résident Pro Quartet. récompensé par le public du même concours suite au disque Luther et la musique de la Parallèlement, il suit les masterclasses des avec le Friends of York Early Music Festival Réforme et KLARA les élit « ensemble de quatuors Berg, Hagen et Artemis et parti- Prize et a également remporté le Cambridge l’année ». cipe à de nombreuses académies. Early Music Prize. Le premier enregistrement de Sollazzo, Parle Vox Luminis reçoit le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de la Ville de Namur et de Mécénat Musical Société Générale est le qui veut, paru en 2017 sous le label Linn Namur Confluent Culture et est reconnu par les principal mécène du Quatuor Van Kuijk. Records, a reçu de nombreuses distinctions. tournées Arts et Vie. Le Quatuor van Kuijk est également soutenu par la SPEDIDAM et par les cordes Pirastro. Depuis 2018, Sollazzo est Ensemble Associé du CCR d’Ambronay.

214 215 Équipe & partenaires LE FESTIVAL DE SAINTES 2019

Direction artistique : Stephan Maciejewski L’ÉQUIPE DE L’ABBAYE AUX DAMES LES BLOGUEURS DU FESTIVAL ET DU FESTIVAL DE SAINTES Direction de la rédaction et de la Eden Bernard publication : Stephan Maciejewski Étienne Bouche, Lauréat Lagardère Audrey Allafort, technicien* Laure Mathoulin, chargée de mécénat Charte graphique : Uli Meisenheimer Calista Cathalan Noémie Arnault, hôtesse d’accueil Lola Montémont, hôtesse d’accueil Conception graphique : Léa Parvéry Adrien Chauvin, intervenant Francoise Arsicaud, cuisinière* Titouan Pabeau, stagiaire médiation Baptiste Cordeau Laurent Audineau, technicien* Léa Parvéry, graphiste interne Impression : imprimerie IRO, La Rochelle Nicolas Dupuis, intervenant Rémy Babiaud, accordeur orgue et clavecin Marysia Pepe, Revenue manager / Achevé d’imprimer à La Rochelle en juin 2019 Margot Douteau Clémentine Bacca, chargée de communication Coordinatrice Hôtel et Salles sur les presses de l’imprimerie IRO. Pauline Fleury Clara Barbesolle, hôtesse d’accueil Odile Pradem-Faure, directrice générale Impression respectueuse de l’environnement Camille Gaveau Charly Battaglia, hôte ventes boutique Catherine Puig, directrice du JOA (papier sans chlore et sans azurant Clara Giraud Chloé Blanchard, responsable des ventes Christophe Renaud, régisseur général optique / encres végétales). Tilan Guillon Sarah Bois, chargée de production du JOA / Master Tom Rocher, technicien* Marie Lacombe Bruno Bonnefon, technicien* Frédéric Saint-Pol, directeur adjoint Abbaye aux Dames, la cité musicale Léo Lamarre Dominique Bourasseau, technicien* Karine Ségui, assistante commerciale 11 place de l’Abbaye Thomas Leconte Marie-France Bruneau, responsable Julien Soleau, assistant marketing CS 30 125 Pierre Libin de l’accueil et communication 17104 Saintes cedex Léonor Lumineau, Lauréat Lagardère Yannick Chassignol, technicien* Christelle Violette, assistante de direction T 33 (0)5 46 97 48 48 Ines Marrec Cécile Chemin, attachée de production et mécénat [email protected] Élona Mignonneau Lindsay Chodaton, stagiaire production Antoine Zenoni, chargé de développement www.abbayeauxdames.org Sibylle Moreau Pierre Courthès, technicien / gardien auxiliaire Licences d’entrepreneur de spectacles Camille Pannetier Marie Dorémus, cuisinière* * festival n°130594, 130595 et 130597 Efthymios Pavlidis, intervenant Florian Dubray, technicien* Remi Renaud Didier Duvillard, technicien* Léa Surmely Corinne Duzon, gouvernante Malo Tessier Thomas Elsendoorn, technicien* Léa Violette Widgie François, gardien principal Jean-Pierre Fourchault, agent d’entretien / gardien auxiliaire Samuel Galhaut, technicien* Muriel Gili, cuisinière* Marie-Alice Graff, stagiaire mécénat Mickael Grivet, technicien* Jacky Charneau, depuis plus de trente ans, Gilles Guénard, dompteur de « Bazilik » est à l'écoute des artistes et de tous leurs Arnaud Houpert, ingénieur du son (U Fly)* besoins techniques. Il veille aussi au confort Crédits Photographiques : Marjorie Jalladot, secrétaire générale des festivaliers et à tous les p 13 Mahler par Emil Orlik Nathanaëlle Jean, chargée de sensibilisation détails qui font la réussite p. 16 Lucie Favriou culturelle d'un concert. Pour des p 27, 64, 119, 136, 163, 166, 173 Sébastien Laval Delphine Lambérioux, assistante comptable p 28, 52, 112, 129, 160 Léa Parvéry raisons de santé, il quitte p 55 Éclats Lenny Lucas, technicien* cette année ses fonctions. p 74, 92, 216 Marion Bertin Stephan Maciejewski, directeur artistique Qu'il soit mille fois remercié p 175 Hélène Bougy Nathalie Mangematin, chef comptable pour son implication. p 178, 201 Michel Garnier

218 219 LES BÉNÉVOLES DU FESTIVAL LE CONSEIL D’ADMINISTRATION LE COMITÉ D’HONNEUR

Chantal Bachour Josyane Lucazeau Philippe Herreweghe, chef d’orchestre, Delphine Barreaud David Mackain Collège des membres associés créateur et animateur du Collegium Vocale Isabelle Barret Adrienne Martin Gent et de l’Orchestre des Champs-Élysées Annie Millot haut fonctionnaire Bruno Bencherab Jean-Yves Hocher, personnalité qualifiée, Jean-Paul Cluzel, Gilles Miroudot jardinier en chef du parc Michel Bertrand président Alain Baraton, Gilles Moreau de Versailles, journaliste, écrivain Laurence Besson Pascal Duc, représentant Nathalie Nierveze professeur honoraire Monique Boisniche de l’Office de Tourisme Pierre Brunel, Titouan Pabeau de littérature comparée à la Sorbonne, Laurent Boisseau Père Alfred Ki, représentant de la Paroisse Marie-Odile Parisot écrivain et musicologue Patricia Boissonneau Rose-Marie Van Lerberghe, représentante Xavier Pasteau conseiller maître honoraire Jean-François Bossuet de l’Orchestre des Champs-Élysées Olivier Cazenave, François Pellegrin à la Cour des comptes Isabelle Burignat Héric Mesnage, membre fondateur, trésorier Annick Pellegrin archéologue Isabelle Cartier Brigitte Roche, représentante de Jean Chapelot, Martine Pochet Lindsay Chodaton l’association Belle Rive Madeleine Chapsal, écrivain et romancière Chantal Puyravauld théologien et écrivain, Odyle Cousset Birgitta Arts, personnalité qualifiée Claude Dagens, Françoise Rocher membre de l’Académie française Louise Daguet Jean-Pierre Cazelle, personnalité qualifiée Didier Dembreville Danièle Sassi Claire Gibault, chef d’orchestre, ancienne Marion Denoual Carolyn Sittig députée européenne Marie-Hélène Desprat Emma Terville Représentants du Collège Jean-Claude Guillebaud, éditeur, journaliste, Géraldine Duane Simone Terville des membres adhérents écrivain Jeff Ducdodon Marie-Claire Tessier Anne-Marie Guillemard, sociologue française, Sarah Duffaud Gabrielle Thierry Philippe Terville, vice-président professeur émérite à l’Université Paris Joséphine Dung Nathalie Trijeau Aline Carrillo Descartes Martine Dupre Jean-Louis Valere Martine Jouannet Josyane Savigneau, journaliste au Monde, Hortense Durot Emmanuelle Vallet Gilles Merlet écrivain Marie-José Durot Jean-Michel Van Uffelen Annie Millot, vice-présidente Richard Texier, sculpteur, président Lauren Easum Anne Marie Van Uffelen Gilles Miroudot du Prix des Mouettes Christelle Fanseu Janine Veron Jean-François Reboux Marie Fauvel Edouard Wismeyer Martine Franiatte Françoise Zambeaux Michel Franiatte Laurence Frey Jean-François Funck Barnabé Geufroi Ugo Gianotti Franck Giraud Emmanuel Grelois Jean-Paul Guirard Anne Jivoult Pierre-Jean Larmignat Yohann Lefevre Françoise Leroy

220 221 LES PARTENAIRES

Partenaires institutionnels Partenaires opérationnels Médias

Union européenne Buss Classique mais pas has been Fonds Social Européen Centre Social Belle Rive ConcertClassic.com Creative Europe Cercle des hôteliers de Saintes France 3 Ministère de la Culture et de la Communication et de la Saintonge France Bleu Direction Régionale des Affaires Culturelles Cercle des restaurateurs de Saintes France Musique Nouvelle-Aquitaine Coconut Music La Terrasse Région Nouvelle-Aquitaine Collège René Caillé RCF Conseil Départemental de la Charente-Maritime Conservatoires de Cognac, Angoulême, Resmusica Ville de Saintes Poitiers et Saintes Sud-Ouest Université de Poitiers Espace culturel Leclerc Station Ausone Pôle Aliénor Fondation Martell Télérama EFNYO Galeries Lafayette Toute la culture Erasmus + Gallia Théâtre-Cinéma Leader Librairie Mollat Bordeaux Membre de France Festivals, Fédération Office de Tourisme de Saintes française des festivals internationaux de Le Jeune Orchestre de l’Abbaye est partenaire du et de la Saintonge musique, Réseau Européen de Musique projet MusXchange dans le cadre du programme Opéra National de Bordeaux Ancienne. européen Europe Créative. Ce projet a été financé Paroisse Saint-Pallais Membre du réseau des centres culturels avec le soutien de la Commission européenne. Cette publication n’engage que son auteur et la Saintes City Shop de rencontre. Commission n’est pas responsable de l’usage qui Théâtre Auditorium de Poitiers pourrait être fait des informations qui y sont Villes de Royan, Rochefort, Saint-Jean- contenues. Le JOA est cofinancé par le Fonds social d'Angély européen dans le cadre du programme opérationnel national « Emploi et Inclusion » 2014-2020. Le « Stage Chant Choral » est un projet qui Avec le soutien de l’ADAMI et la SPEDIDAM associe l’Abbaye aux Dames, la cité musicale, le L’Adami, société des artistes-interprètes, gère et conservatoire municipal de musique et de danse développe leurs droits en France et dans le monde de la ville de Saintes et l’Éducation Nationale. pour une plus juste rémunération de leur talent. La Fondation Jean-Luc Lagardère accompagne Elle les accompagne également avec ses aides l’Abbaye aux Dames dans la mise en place de son aux projets artistiques. dispositif de sensibilisation culturelle. Depuis 1989, La SPEDIDAM est une société de perception la Fondation Jean-Luc Lagardère soutient et et de distribution qui gère les droits des artistes encourage le parcours de jeunes talents, en interprètes en matière d’enregistrement, France et à l’international. Elle développe de de diffusion et de réutilisation des prestations nombreux programmes afin de promouvoir la enregistrées. diversité culturelle et de favoriser la réussite. La Fondation Jean-Luc Lagardère est ainsi un acteur pleinement engagé dans les domaines de la culture, de l’éducation et de la solidarité.

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Restaurants partenaires à Saintes

La restauration sous la voile du festival est complémentaire d’une offre de menus proposée par les restaurateurs saintais.

Les Saveurs de l’Abbaye Le Procopio 1 Place Saint Pallais - 05 46 94 17 91 5 Rue de la Comédie - 05 46 74 31 91 Au Jardin Public L’Épicerie 24 Rue Gautier - 05 46 96 98 87 4 Rue Urbain Loyer - 05 46 92 23 46 Le Rive Droite Le Comptoir des Utopies 72 Avenue Gambetta - 09 50 43 59 25 4 Rue Saint-Michel - 09 86 76 29 02 Sukhothai La Cave passe à table 113 Avenue Gambetta - 05 46 91 88 08 27 Rue Saint-Michel - 05 46 74 05 01 Le Parvis Au Bistrot des Halles 12 bis Quai de l’Yser - 05 46 97 78 12 15 Rue Saint-Pierre - 05 46 93 14 87 La Trattoria Le Relais Bois Saint-Georges 15 Rue de la Poste - 05 46 93 10 35 132 Cours Genet - 05 46 93 50 99 Le Grand Comptoir du Cours 4 Cours National - 05 46 74 17 96 Le Point Central 63 Cours National - 05 46 93 19 64 Le Clos des Cours 2 Place du Théâtre - 05 46 74 62 62 Entracte 3 Place du Théâtre - 05 46 74 47 53 Punjab 9 Rue Victor Hugo - 05 46 93 49 48 Crêperie Victor Hugo 20 Rue Victor Hugo - 05 46 93 66 51

224 LES MÉCÈNES

Les grands mécènes Les membres du Club de l’Abbaye

M. et Mme Dugué M. et Mme Dumas Mme Fabaron Mme Garnier M. Gicquel M. et Mme Isnard M. Jackson M. et Mme Labouesse Mme Lamouroux M. Laplaine M. et Mme Lasternas M. Le Mapihan M. et Mme Lucie Adelaide Club Soroptimist de Cognac M. et Mme Moritz Jean-Yves Hocher Conseil M. et Mme Muller M. Dao M. et Mme Normand de la Tranchade M. Bizet et Mme Lucet M. Pouliguen M. Machon M. et Mme Reboux Atoll Qualité Mme Renu Blanchard Musique M. et Mme Robaszynski Cabinet Debrut Mme Romain Centre E.Leclerc SAM M. et Mme Rosenberg Crédit Agricole Saintes Mme Rouch Duran SAS du Vieux Chêne M. et Mme Simeon Hôtel des Messageries M. Tardy Imprimerie IRO M. et Mme Terville Le Marigny M. et Mme Tréard Pépinières de Corme Royal M. et Mme Villemur Profession Opticien M. et Mme Woodrow SARL Forever Traiteur Piaud et Taillac

M. et Mme Barriere M. et Mme Bertout M. et Mme Betbeder M. et Mme Bois M. et Mme Brusciano M. et Mme Chabert M. et Mme Debrut Mme Delorme Blaizot Mme Desgroppes

226 227 Donateurs

L'Abbaye aux Dames, la cité musicale M. Bernard Duhot, Mme Marie-Christine Marella, M. Philippe Terville, remercie les nombreux donateurs, M. Eric Dupraz, M. et Mme Philippe et Martine Mathoulin, Mme Françoise Touchard, y compris anonymes, qui ont contribué Mme Hélène Duran, M. Noah Mayer, Mme Annie Tricoire, à l'enregistrement du 1er disque Mme Jaana Ep, M. Guust Meijers, Mme Pierrette Vanneaud, du Jeune Orchestre de l'Abbaye Mme Catherine Fauchet, Mme Marie France Menechal, Mme Monique Varieras, et à l'acquisition d'une contrebasse M. Pascal Faure, M. Dominique Mercier, Mme Marie-Odile Wattremez Mourcou romantique. M. Dominique Fouché, Mme Annie Millot, Liste à jour au 22 mai 2019. Mme Claude Fouché, M. Gilles Miroudot, M. Eric Gadras, M. Patrick Moullinaud, M. Christophe Alberola, M. Nicolas Gambier, Mme Françoise Mourlaas, Mme Annie Alleau, M. Jean-Marc Gautier, M. et Mme Marguerite Nagiel, M. François Xavier Anscutter, M. Jean-Michel Germain, M. Jean-Philippe Nibaudeau, M. et Mme Guy Audigier, Mme Catherine Gicquel, Mme Anne Paillé, M. Rémy Babiaud, M. Alexandre Gilles, M. Thomas Pardoux, Mme Annie Baracand, Mme Marie Madeleine Girard, M Georges Parrot, M. et Mme Raphaël Barbet-Massin, M. Guy Gireaud, M. Fabrice Parvéry, M. Michel Bard, M. Gilles Guenard, Mme Françoise Pauly Callot, Mme Delphine Barreaud, Mme Clémence Guibout, Mle Jacqueline Perrocheau, Mme Karine Bel, Mme Anne-Marie Guillemard, M. Henri Peyrat, M. Nicolas Bertin, Mme Mauricette Heidet, M. Tran Tien Phan, Mme Geneviève Blais, Mme Anne Herve, Mme Jeanine Pierre Charles, M. Gilles Blanc, M. Auguste Hidié, Mme Odile Pradem-Faure, M. Olivier Boiffard, M. Jean-Yves Hocher, Mme Myriam Puig, M. Laurent Boisseau, M. Alexandre Huchon, Mme Nina Raffoux, M. Christian Bonijol, M. Jean-Luc Jacq, M. Philippe Ravon, M. Jean Bouscasse, M. Guy Jourdain, Mme Janine Ricklin, M. Antonio Calero, M. Constantin Kazanski, M. Francis Robazynski, M. Jackie Calleau, M. et Mme Rolf et Marylène Kobisch, M. Bruno Roger, Mme Jane Cattan, M. et Mme Bernard Labouesse, Mme Charlotte Romain, M. François Cavayé, Mme Michèle Lahournere, M. et Mme Gilles et Evelyne Rosenberg, Mme Christine Chabanne, M. Jean-Pierre Laparre, Mme Paule Roussel, M. Georges Coat, Mme Bernadette Laplaige, Mme Paule Salmon, Mme Josette Coudere, M. Jean Rémy Laplaine, Mme Dominique Serre, Mme Juliette Daurel, M. Claude Laroche, M. René Sig, M. Christian Delage, Mme Catherine Latriche, M. Eric Sigalas, M. Jean-François Deney, Mme Anne Lefrancois, M. Christian Simon, M. et Mme Laurent et Virginie Denis, M. et Mme Nicole et Daniel Lepouzé, Mme Jacqueline Simonneau, Mme Françoise Dion, M. Olivier Lesur, M. et Mme Marc Sorin, M. Alain Diot, M. Julien Maurice Louin, Mme Océane Stalin, Mme Marie-Cécile Diu-Tarteaut, M. Jean-Philippe Machon, M. et Mme Philippe et Janine Surin, Mme Marie Ducournau, Mme Aurélie Marboeuf, Mme Viviane Talon Danglot,

228 229 Hélène Grimaud PLUS DE 100 PROGRAMMES 750 ARTISTES Carl Craig Opéra, danse, symphonique, musique de Anna Netrebko Angelin Preljocaj chambre, jazz, jeune public … Jonas Kaufmann William Forsythe Rolando Villazón Mozart Ballets Alexander Ekman Le Nozze di Figaro Marc Minkowski Cendrillon ONBA, Don Giovanni Raphael Pichon La Sylphide Ballet et Così fan tutte Philippe Herreweghe L’Esprit du Piano Chœur Paul Daniel Off enbach 10e édition de l’Opéra National Les Contes Ciné-Notes Grigory Sokolov de Bordeaux d’Hoff mann 3e édition Ivo Pogorelich … … 200 000 PLACES A LA VENTE ABONNEZ-VOUS DÈS MAINTENANT Tous les spectacles en vente à partir du 24 juin

Création graphique : Marion Maisonnave d’après un dessin de Lou-Andréa Lassalle, Opéra National de Bordeaux- Nos de licences : 1-1073174 ; DOS201137810 - Juin 2019 QUAND VOUS N’ÊTES PAS EN FESTIVAL DÉCOUVREZ NOTRE SÉLECTION

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