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24 images

Les noces barbares Robocop Pierre Lisi and Linda Soucy

Number 36, 1987

URI: https://id.erudit.org/iderudit/22197ac

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Publisher(s) 24/30 I/S

ISSN 0707-9389 (print) 1923-5097 (digital)

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Cite this review Lisi, P. & Soucy, L. (1987). Review of [Les noces barbares / Robocop]. 24 images, (36), 66–66.

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This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ LES NOCES BARBARES Pierre Lisi n 1982, elle adapte Le lit de Domini­ d'amour. Les mots ne semblent alors pas que Rolin et son film remporte le prix importants pour elle. Elle se sert du cinéma Cravens en plus d'être mis en nomina­ comme d'un média privilégié pour traduire tion pour le César du meilleur film ces flots d'émotions par de simples gestes, étranger. Elle revient en 1984 avec regards, touchers et surtout de longs silen­ Les noces barbares, EDust, tiré d'Au coeur de ce pays de J.M. ces contemplatifs. Les images du petit Coetzee et obtient rien de moins que le Ludo, qui grince inlassablement des dents depuis sa naissance. Des acteurs hors pair Lion d'argent au Festival de Venise. Marion (ce qui servira d'ailleurs intelligemment viennent donner vie et consistance à ces Hansel récidive en s'attaquant à un prix d'ellipse pour le faire vieillir), qui crache personnages d'approche difficile. Marianne Goncourt, Les noces barbares de Yann dans le bol que boira sa mère, qui pose ses Basler se fond dans la peau de Nicole et la Quéffélec. L'histoire oedipienne de Ludo, lèvres sur son rouge à lèvres ou qui se rend aussi vulnérable et incomprise que enfant issu d'un viol, que sa mère, hantée cogne la tête contre le mur), deviennent des Ludo, ce qui n'était pas évident pour cette par le souvenir, déteste et qui fera tout pour symboles qui recréent le désarroi profond mère de prime abord égoïste et marâtre. retrouver ce lien maternel qui lui a tant qui éloigne ces êtres. C'est d'abord à ce Mais c'est Thierry Fremont qui fascine le manqué. Si la relation est à l'inverse de niveau que le film marque ses distances par plus. Habité (pour ne pas dire envahi) par celle qu'on retrouvait dans Dust où Magda, rapport au roman. Marion Hansel a de plus son personnage, il campe un Ludo au natu­ vieille fille en manque d'amour, n'en pouvait élagué certaines parties (comme celle de rel si désarmant que ce premier emploi au plus de voir son père s'attacher davantage l'asile), supprimé certains personnages cinéma laisse présager une très grande à la nouvelle servante, les préoccupations pour accentuer les présences de Nicole et carrière. D et la manière de filmer n'en demeurent pas Ludo, mais aussi de Tatav, Micho et la direc­ moins les mêmes. C'est avec sensibilité trice de l'asile et a décidé que le récit de LES NOCES BARBARES que la réalisatrice dépeint ces êtres piégés Blegique 1986. Ré. et scé: Marion Hansel, d'après dans l'engrenage de l'incommunicabilité et Ludo serait construit en flash-back, excel­ le roman de Yann Queffelec. Ph : W. Van Den Ende. en perpétuelle quête de compréhension et lente initiative qui met l'accent sur les affres Int: Marianne Basler, Thierry Fremont, Yves Coton. émotives inaltérables subies par Ludo 100 minutes, couleur. Dist : Prima Film.

obocop est le premier film intégrale­ les instigateurs de la désorganisation et de ROBOCOP ment américain de . la destruction du monde — et de la révolu­ Ce Néerlandais qui, depuis la mise en tion technique. Chez Verhoeven, le parte­ nomination pour l'Oscar du meilleur naire obligé de la S-F c'est le présent. Le Verhoeven aura film étranger de et futur, très près de nous, émane d'une vision R historique, il est l'inéluctable prolongement Turkish Delight, deux de ses films précé­ sauvegardé l'essentiel dents, ne taisait plus son désir de tourner de la société actuelle. La télévision et les outre-Atlantique. images électroniques sont des monstres omniprésents qui ont pour fonction de pro­ De ce cinéaste prolifique, iconoclaste, on grammer insidieusement les consciences. connaît peut-être davantage ici, le Qua­ Linda Soucv trième homme, un film aux accents «bu- En amputant la tête d'un flic trop héroïque, nueliens» dont la stylisation très travaillée qu'ils ont par un complot envoyé à la bou­ tranchait sur sa production antérieure. cherie, les industriels, maîtres de Detroit, créent un super-flic-robot-programmé,à cer­ Bien que Robocop soit une production veau humain. Mais inévitablement, une dominée par des impératifs commerciaux, faille vient gêner le programme, l'androïde Verhoeven n'y a rien perdu de sa rage de retrouve des parcelles de mémoire, se met filmer. Comme si le ressort de son désir à agir de lui-même, et décide de se venger. avait quelque chose d'une lutte à finir av>c Il faut souligner que ce visage humain, le cinématographe. Robocop est une greffé sur un corps machine est une illusion machine infernale qui allie le film d'action à tout à fait réussie. Lorsque Murphy/Robo- la science-fiction et emprunte à l'iconogra­ cop enlève le casque qui protège sa tête phie des «comic books» pour adultes. Oeu­ humaine, le film bascule dans une étran- vre narrative, au style puissant, dont le récit geté émouvante, proche de l'hallucination. procède d'une accumulation de scènes violentes, le film est parcouru par une fureur Robocop est également un film-fable que démente, saturé jusqu'à l'hypertrophie par le cinéaste a nourri de ses obsessions : la le spectacle de la violence. C'est par le peur du corps mutilé dont était trop-plein, le parti-pris de l'excès que le traversé; le thème de la difficile quête de soi cinéaste dénie les effets spectaculaires de dans un monde chaotique et implacable, son entreprise et impose une vision du thème moteur de tous ses films. monde, un regard. À mi-parcours du film, Malgré plusieurs concessions inhérentes à les massacres, les explosions, les voitures l'entreprise — le film est tout de même une qui volent en éclats, donnés comme autant machine fascinante dont on ne peut retirer de signes d'une lutte implacable, empreinte qu'un plaiser un peu pervers —, Verhoeven de sadisme, ne font plus frissonner; ils aura passé la double épreuve de la traver­ apparaissent plutôt comme la représenta­ sée de l'Atlantique et de la superproduc­ tion emblématique d'un monde miné par tion-effets-spéciaux en sauvegardant l'es­ l'auto-destruction. sentiel. Le film est une radiographie, certes ROBOCOP Oeuvre de dérision, cynique jusqu'à outran­ un peu boursouflée, des tares de la société États-Unis 1987. Ré: Paul Verhoeven. Scé: Edward ce, le film prend le risque de la critique, industrielle et technologique. Il est, de plus, Neumeier et Michael Miner. Ph : . Mus : un antidote aux S-F des Spielberg, Lucas, Basil Poledouris. Int: Daniel O'Herlithy, Ronny Cox, acerbe, caustique, du pouvoir —les indus­ Kurtwood Smith, Miguel Ferrer. 103 minutes, couleur. triels opèrent dans le plus grand chaos, ne et autres Don Quichotte de Vamerican 66 Dist: Orion. sont mus que par la soif de profits, et sont dream.D