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BNP-Société Générale, Tage Et Un Inconvénient

BNP-Société Générale, Tage Et Un Inconvénient

LeMonde Job: WMQ0810--0001-0 WAS LMQ0810-1 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 11:14 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 03Fap: 100 No: 0522 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE DES LIVRES

LE MONDE DES POCHES VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 HISTOIRE Quatre essais de Jacques Le Goff sur saint François d’Assise et une biographie de Jacques Dalarun JEAN ROUAUD sur sa fervente disciple : Le Feuilleton de Pierre Lepape ROBERT BOBER MICHAËL CUNNINGHAM JAMES SALTER Claire de Rimini page II page III page IV page V page VII Vagabondebbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb du monde

En quatre cents lettres A l’image de cette courte mis- sive, la plupart des lettres adres- a Hannah Arendt, sées par Hannah à Heinrich (il en échelonnées sur reste deux cents), au cours de leurs quarante ans, trente-neuf années de vie commune, jettent une lumière l’histoire d’un couple inattendue sur sa « véritable » per- sonnalité, plus complexe et plus célèbre : la philosophe vulnérable qu’on ne le croit géné- ralement. Ceux qui se moquent du Hannah Arendt « misérable petit tas de secrets » auquel nous sommes supposés (1906-1975) et son nous réduire diront que cette lu- mière n’est d’aucun secours pour second mari, Heinrich aborder les œuvres publiées, et qu’il vaut mieux relire celles-ci que Blücher (1899-1970) des lettres personnelles, ou même que l’exhaustive biographie d’Arendt rédigée par l’une de ses anciennes élèves, Elisabeth Young- Bruehl, et aujourd’hui rééditée. On LOTTE KÖHLER LOTTE peut en disconvenir : il faut tout Hannah Arendt et Heinrich Blücher à New York en 1950 lire, l’œuvre et les lettres, et la bio- graphie. Car, chez Arendt comme cilement. Hannah ne l’oubliera ja- connaître nettement sa dette en- dont le travail sur Eichmann vient CORRESPONDANCE chez la plupart des philosophes, mais, d’ailleurs ; et lui, apparem- vers Arendt, à répandre en France également d’être réédité. (1936-1968) surtout ceux pour lesquels philo- ment, ne se remettra jamais de le concept de « totalitarisme », qui Reste, enfin, ce qui échappe au de Hannah Arendt sophie et politique ne font qu’un, il leur séparation. Bien sûr, Heinrich n’est d’ailleurs pas ce qu’elle a in- temps, à l’histoire et à la politique : et Heinrich Blücher. C ’est un mercredi est tout simplement impossible de sait tout, dès le début. Mais il as- venté de plus convaincant). Et Hei- l’amour. Les lettres de Heinrich et Edition préparée par Lotte Köhler, Robert Bober, d’août 1945, dans un petit village tracer une ligne de démarcation sume. degger ? Ce « menteur invétéré», Hannah en sont pleines, et ce n’est et traduite de l’allemand du New Hampshire perdu au fond étanche entre passions « privées » Parce qu’il aime, Heinrich, qui dont les livres ne cessent de la fas- pas un amour banal. Il ne s’agit pas par Anne-Sophie Astrup, des bois. Hanover (dont le nom et engagements « publics ». est plutôt sédentaire, laisse égale- ciner, elle le qualifie aussi, avec le seulement, on s’en doute, du lan- Calmann-Lévy, 600 p., doit lui rappeler celui de sa ville Cela dit, le rôle de Blücher ne se ment Hannah voyager à sa guise. temps, d’« Allemand en culottes gage chiffré de la tendresse («ma 250 F (38,11 ¤). natale, Hanovre) est l’endroit où réduit pas au cliché de l’homme Or Hannah a, littéralement, la courtes ». petite Schnupper », « mon Stups », (En librairie le 14 octobre.) Hannah Arendt passe, cette an- mûr qui s’emploierait à « rassu- bougeotte. D’avoir dû par deux Quant à l’histoire du monde, on « baisers et petite claque », etc.), née-là, ses vacances – un endroit si rer » sa jeune épouse. Il faut même fois s’exiler (une première fois ne la résume pas – pas plus qu’on mais de tout autre chose. «Ces im- ૽ Calmann-Lévy réédite en même calme que « même les chiens ne se reconnaître que les lettres de Hein- d’Allemagne en 1933, une seconde ne pourrait résumer, ici, les réac- béciles, qui croient que la fidélité, temps deux ouvrages devenus in- donnent pas la peine d’aboyer ». Le rich à Hannah (à peu près le même fois de France en 1940) ne lui a pas tions contrastées qu’elle suscite c’est la vie qui s’arrête (...), non seu- trouvables, une biographie, Hannah soir tombe. Après avoir lu, à la bi- nombre) ne sont pas, intel- chez les Blücher, grands lecteurs lement ils y perdent la vie commune, Arendt, d’Elisabeth Young-Bruehl, bliothèque du prestigieux collège lectuellement, les moins in- de journaux et observateurs atten- ils y perdent la vie en général. Si ce traduite de l’anglais (Etats-Unis) par local, quelques pages de Péguy et téressantes. Blücher (qui fi- Christian Delacampagne tifs de l’actualité. Pour le procès n’était pas si dangereux, on devrait Joël Roman et Etienne Tassin, de Bloy – auteur qu’elle juge par- nit sa vie comme professeur Eichmann, Hannah se fait elle- quand même raconter un jour au (700 p., 180 F [27,44 ¤] en librairie le faitement «répugnant»–, Hannah à Bard College, où Arendt et lui suffi. Il faut sans cesse que «la va- même journaliste : cela donne son monde en quoi consiste vraiment un 14 octobre), ainsi que le travail de regagne sa chambre pour écrire à sont enterrés) n’a pas écrit de gabonde du monde » refasse ses livre le plus percutant : Eichmann à mariage... » Après avoir lu cette sur le procès Eich- Heinrich Blücher, son second mari. livres. Il ne s’en est pas moins for- valises, qu’elle aille voir ailleurs. Jérusalem (1963). Un livre déclaration d’Arendt, il serait peut- mann, Le Procès de Jérusalem : juger Elle lui parle de la bombe ato- gé, au fil d’une vie riche en péri- Après le succès américain des Ori- qu’éclairent, ici, ses réactions à être temps de revenir à sa thèse de Adolf Eichmann (416 p., 150 F [22,86]). mique qui vient de s’abattre sur le péties, une philosophie politique gines du totalitarisme (1951), les in- chaud depuis Tel-Aviv – et que doctorat (1929). Celle-ci portait, Japon (« quel dangereux jouet entre cohérente et solide : dès les an- vitations pleuvent. Elle les accepte complètent utilement les docu- après tout, sur « le concept ૽ Lire également la chronique de les mains de ces bouffons qui gou- nées 30, l’ancien spartakiste qu’il toutes, avec frénésie, passant dès ments réunis par Léon Poliakov, d’amour chez Augustin ». -Pol Droit page VI vernent le monde ! »), de l’Alle- était avait rompu avec le commu- lors la moitié de son temps à sau- magne, de la Palestine, de l’avenir nisme, sans pour autant abandon- ter d’un bateau dans un avion, du catholicisme – mais aussi d’elle- ner ses convictions antibour- d’une salle de conférences à une même. De ses appréhensions. De geoises, ni cesser de lire Marx. Dire autre, et d’une chambre d’hôtel au l’inquiétude secrète qui la dévore qu’il exerça une influence sur la châlet de Karl Jaspers, son ancien James Salter... chaque fois que, pour une raison formation des idées de Hannah se- professeur. Heinrich supporte, ou pour une autre, elle doit se sé- rait trop ou trop peu. La vérité est stoïque – ou peut-être a-t-il be- parer de cet homme qui est tout qu’il est rare de voir deux penseurs soin, lui aussi, de moments de soli- pour elle, et pour qui elle est tout. de cette trempe – et qui ne sont tude. Quoi qu’il en soit, ces multi- Les autres ne devinent rien de pas ensemble que pour des raisons ples périodes de séparation nous cette « faiblesse ». Femme de tête, « platoniques » – entretenir entre valent des lettres merveilleuses. femme énergique, Hannah cache eux un dialogue si constant, si éle- Des lettres au travers desquelles bien son jeu. Qui savait, avant de vé, si totalement dépourvu de nous sont offerts à la fois l’écho lire cette lettre, qu’elle avait dû se complaisance. Les époux Blücher ? d’un demi-siècle d’histoire, ainsi battre toute sa vie contre elle- Une sorte de « monarchie bicé- qu’un regard percutant sur les plus même, contre une secrète fêlure phale », comme disait, fort juste- grandes figures intellectuelles de qui allait bien au-delà du simple ment, leur ami Randall Jarrell. l’époque. manque de confiance en soi ? Et Rien, pourtant, ne les prédestine Les époux Blücher ont quelques pourtant : « Cette obsession, ac- l’un à l’autre, lorsqu’ils se ren- amis qu’ils adorent – en premier quise dès l’enfance, de faire pour contrent pour la première fois, à lieu « Benji » (Walter Benjamin), tout le monde, sauf pour toi, comme , en 1936. Elle est juive, pas lui. Jaspers, Hermann Broch et, plus si tout allait bien, me coûte la ma- Elle vient d’un milieu bourgeois, il tard, l’écrivaine américaine Mary jeure partie de mes forces. » L’aveu est fils de prolétaires. En plus, ils McCarthy – mais ne se font guère est grave. Il éclaire une part de la sont mariés, chacun de leur côté d’illusion sur leurs contemporains. vie de celle qui reste, à juste titre, (les deux divorces suivis d’un re- Hannah déteste Adorno et «la la femme la plus illustre de la phi- mariage ne traîneront pas). Enfin, bande à Horkheimer », se méfie de losophie occidentale – cette singu- sur la vie sentimentale – agitée – Kojève, trouve que Koyré vieillit lière « famille » composée, pour d’Hannah, plane l’ombre de son vite, et n’a que des mots ironiques a Sélection «poches» l’essentiel, de mâles réactionnaires ancien amant : Martin Heidegger pour le jeune Raymond Aron (le-

www.lemonde.fr 55e ANNÉE – No 17013 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

Essais nucléaires : Lycéens : pourquoi la fièvre revient les Etats-Unis b Les lycéens manifestaient, jeudi, dans toute la France, comme en octobre 1998 b Ils réclament ne ratifieront pas des classes moins chargées, plus de professeurs, des emplois du temps mieux organisés et une vie scolaire plus démocratique b Le plan d’urgence promis l’an dernier n’a été qu’en partie appliqué le traité DES DIZAINES de milliers de ly- recrutés. L’objectif de baisser les céens devaient défiler dans toute la effectifs des terminales – les France, jeudi 7 octobre, à l’appel classes doivent désormais être li- d’interdiction de leurs deux principales organisa- mitées à 35 élèves – a été globale- UNE CENTAINE de pays sont tions, la Fédération indépendante ment atteint, même si des dispari- réunis à Vienne (Autriche) depuis et démocratique lycéenne (FIDL) tés subsistent. En revanche, le plan

mercredi 6 octobre, à l’initiative et l’Union nationale des lycéens pluriannuel de baisse des effectifs STR-AFP de l’ONU, pour débattre de la rati- (UNL). Comme en octobre 1998, en seconde et en première n’a pas ENQUÊTE fication du traité d’interdiction les élèves demandent plus de pro- été engagé. complète des essais nucléaires fesseurs, des classes moins char- En matière de rénovation des (CTBT), signé à New York le gées, des emplois du temps mieux établissements, Claude Allègre Au Maroc, 24 septembre 1996. Pour entrer en organisés et une participation plus renvoie les lycéens vers les régions, vigueur, ce traité doit être ratifié active à la vie des établissements. qui sont responsables du finance- l’espoir par 44 Etats nommément dési- Une coordination rassemblant les ment de ces opérations. Enfin, les gnés. La France et la Grande-Bre- représentants de la FIDL et l’UNL nouveaux droits promis aux ly- tagne l’ont déjà fait. Le président ainsi que des délégués de province céens tardent à prendre corps. 1. « Roi des pauvres » Bill Clinton y est ouvertement fa- devrait se réunir, samedi 9 et di- « Faute d’avoir résolument progres- Le roi Mohammed VI du Maroc, qui pro- vorable. Mais il se heurte à l’oppo- manche 10 octobre, à Paris, afin de sé sur le dossier de la vie lycéenne, le noncera, vendredi, son premier grand sition de la majorité républicaine rédiger une plate-forme de reven- ministre prive les élèves des outils au Sénat. Washington ne ratifiera dications. qui leur auraient permis de faire en- discours officiel, bénéficie d’un préjugé donc pas le traité à Vienne. Mos- Le plan d’urgence annoncé par le tendre leur voix au sein de chaque favorable. L’opposition et les islamistes cou et Pékin non plus. L’accord ministre de l’éducation nationale, établissement », estiment l’UNL et espèrent de nouveaux signes de la libéra- CTBT est désormais dans l’im- Claude Allègre, aux lendemains du plusieurs syndicats d’enseignants lisation du régime, et les milieux d’affaires passe. Le Monde publie la carte mouvement d’octobre 1998, n’a été (SE-FEN, FEN, SGEN-CFDT, un règlement du conflit du Sahara oc- des puissances nucléaires et des que partiellement respecté : sur les FAEN), dans une lettre adressée au pays à risques, potentiellement 14 000 emplois supplémentaires ministre de l’éducation. cidental. Dans le premier des trois volets possesseurs de cette arme. prévus, environ la moitié – 1 500 de son reportage, Danielle Rouard ra- surveillants, 5 000 emplois jeunes Lire page 10 conte comment le prince héritier Sidi Mo- Lire page 2 et 1 000 lecteurs étrangers – ont été et notre éditorial page 18 hammed écoutait les plus pauvres. p. 17 Londres : le train « Magic Maggie » et Augusto Pinochet, « seul prisonnier politique du Royaume-Uni » LONDRES petit sac à main en croco noir verni, lady That- dant, la plaidoirie passionnée de Lady Thatcher de la mort de notre correspondant cher sourit tendrement. La baronne adore les se développe. Rien de nouveau sur le fond : Un fantôme a fait son apparition sous les feux de la rampe. Le dos est un peu plus voûté, « Sans l’assistance précieuse du président Pino- LE BILAN de la catastrophe feux de l’actualité, mardi 5 octobre à Blackpool, la paupière un peu plus lourde et la démarche chet, nous aurions perdu beaucoup plus de a ferroviaire, qui s’est produite au congrès annuel du Parti conservateur britan- moins assurée mais, à soixante-quatorze ans 250 soldats dans la guerre des Falklands » (Ma- mardi 5 octobre près de la gare de nique. Un fantôme, mais pas un ectoplasme. bientôt, « l’icône politique du siècle », comme louines), puisque l’intéressé avait placé ses ra- Paddington, à Londres, pourrait dé- Un fantôme en grande forme, fougueux, volu- s’émerveille un jeune « tory » enamouré, est dars de manière à prévenir les forces britan- passer cent morts. Les corps de bile, véhément, mordant, celui de la baronne encore vive. Mardi, elle trônait sur le podium niques des attaques imminentes de l’armée vingt-huit personnes ont été retirés Margaret Thatcher. L’ancien premier ministre du congrès. Mercredi, elle a attiré 600 specta- argentine. En bref, l’ancien dictateur est quasi- des carcasses de wagons, mais deux boycottait les congrès « tories » depuis son teurs enthousiastes dans un cinéma du coin ment un héros et c’est pour exprimer sa colère voitures ont été entièrement incen- éviction du pouvoir par ses propres amis, il y a pour défendre son grand ami, son vieux « contre l’injuste traitement que nous lui réser- diées. Le premier ministre britan- neuf ans. La voici revenue sur le devant de la complice, son cher allié d’antan, le général Au- vons » que « Magic Maggie » est là, au côté du scène et le pauvre William Hague qui dirige ce gusto Duarte Pinochet, « seul et unique prison- fils du prisonnier. nique, Tony Blair, a invité ses conci- GONÇALVES INÈS toyens à « se préparer au pire ». Il a qui reste de l’ancien « grand parti de gouverne- nier politique du Royaume-Uni ». « La manière dont il a été arrêté chez nous est FADO indiqué que le gouvernement britan- ment » se demande, avec les commentateurs Belle journée pour l’ancien dictateur chilien digne d’un Etat policier et s’apparente à un kid- nique étudie les moyens de re- politiques locaux, si la vieille dame n’est pas en que ce 6 octobre 1999. Dans l’après-midi, le napping judiciaire ! », s’écrie la baronne. La lé- prendre le contrôle administratif du train d’effectuer un come-back inattendu. Quel- juge du tribunal de Bow Street – un ami de gislation qui a permis cette interpellation « est Décès d’Amalia réseau privatisé, afin d’assurer une ques propos bien sentis, mardi, sur ce continent Maggie – a fait droit à sa requête. L’octogénaire une loi de lynchage international » concoctée meilleure sécurité. La presse britan- européen « qui ne nous a apporté, à nous Bri- souffreteux, qui a subi deux attaques car- par les « gauchistes » du monde entier qui ne Rodrigues nique met en cause la manière dont tanniques, que des ennuis depuis un demi- diaques mineures ces dernières semaines, n’au- pardonnent pas au héros, « qui a vaincu le « Puisque la mort existe, la vie est ab- des franchises d’exploitation ont été siècle », et la voici qui refait la « une » des jour- ra pas à se présenter vendredi pour entendre le communisme chez lui, et qui veulent se venger ». surde », disait Amalia Rodrigues. La naux, qui vole la vedette à ses pâlichons succes- verdict sur la validité de la demande d’extra- Quant au gouvernement Blair, qui permet tout accordées à des sociétés privées par- chanteuse portugaise avait épousé le fois sans expérience du transport sur seurs et attire à nouveau des foules éthérées. dition présentée par l’Espagne, qui veut le ju- cela, c’est simple, « il discrédite et déshonore le rail. « Et maintenant, la merveilleuse Magic Mag- ger. Les appels seront déposés par ses avocats pays ». vague à l’âme du fado, ce genre musi- gie!», claironnait le Monsieur Loyal du chapi- dans la minute qui suivra et la saga continuera cal importé du Brésil. Elle est morte le teau de Blackpool. Inévitable tailleur bleu roi, sûrement encore pendant des mois. En atten- Lire page 3 Patrice Claude 6 octobre à l’âge de 79 ans. p. 31 L’apôtre Haro sur les Nations unies

LES NATIONS UNIES sont en dum, qui s’est déroulé en présence des OGM passe de reperdre au Timor-Oriental d’observateurs de l’ONU, certes, le regain de crédit que leur avaient mais sans la moindre protection in- valu au Kosovo la bonne tenue de ternationale, alors que les miliciens leurs troupes et le comportement pro-indonésiens, appuyés en sous- exemplaire de Bernard Kouchner. main par l’armée, avaient abondam- André Glucksmann et Bernard-Hen- ment donné à la télévision les ri Lévy ne sont pas les seuls à esti- preuves de leur savoir-faire. Loin de mer qu’elles ne sont plus, selon l’un, pouvoir venir en aide aux victimes LINGFEI qu’un « monument du passé », selon de la terreur, les Nations unies n’ont l’autre, qu’elles ont « fait leur eu d’autre ressource que de retirer STYLES temps ». l’essentiel de leurs personnels. Le référendum qui a déclenché en Depuis lors, elles ont obtenu l’ac- Brasier ROBERT SHAPIRO septembre des violences qu’elles ont cord unanime du Conseil de sécurité été incapables de juguler n’a-t-il pas et même celui de l’Indonésie pour EN DÉCIDANT de renoncer à la été décidé à leur initiative, sans envoyer une force d’urgence sous de couleurs vente de semences stérilisées par qu’elles aient pris la moindre pré- commandement australien, qui a Paris a retrouvé son atmosphère de ca- modification génétique, Robert Sha- caution ? Il est vrai qu’il avait fait trouvé une capitale en ruine et pra- pitale de la mode. Du matin au soir, les piro, président de Monsanto, re- l’objet d’un accord avec Djakarta et tiquement vidée de sa population, et défilés de prêt-à-porter se succèdent et nonce provisoirement à son ambi- Lisbonne. Mais l’évolution de la si- ne s’avance que très précautionneu- se mettent au diapason de l’optimisme tion démesurée de nourrir la tuation sur place depuis que la « ré- sement dans un arrière-pays où les planète. Il y a quinze ans, Monsanto volution des œillets » a mis fin en miliciens la soumettent à une véri- ambiant. Rose, bleu curaçao, jaune avait tout misé sur la recherche de 1974 à la domination portugaise au- table guérilla. Dès à présent, on a fluo pour Emanuel Ungaro ; méta- plantes « high-tech ». rait dû suffire à les convaincre du pé- toutes les raisons de se demander si, phores sportives d’Alexander ril impliqué par sa mise en œuvre. avec les modestes effectifs dont elle McQueen pour Givenchy ; nymphettes Lire page 20 L’Indonésie n’avait eu en effet de dispose, elle sera en mesure de faire opalines de Rei Kawakubo pour cesse de soumettre l’ex-colonie, face à la situation. Comme des Garçons (photo)... p. 28 Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, dont l’indépendance avait été pro- En un sens pourtant, l’ONU a 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; clamée en novembre 1975, Amnesty remporté sur le plan politique un Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, international estimant à quelque succès exceptionnel, dans la mesure International ...... 2 Aujourd’hui ...... 27 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 200 000 le nombre des victimes où ni Moscou ni Pékin – apparem- France ...... 6 Emploi/annonces ...... 29 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; d’une politique de rattachement ment raccommodé, après l’affaire du Société...... 10 Météorologie...... 30 Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. ignorant les injonctions du Conseil bombardement de son ambassade à Régions ...... 14 Jeux ...... 30 de sécurité. Belgrade, avec Washington – n’a usé Carnet...... 16 Culture ...... 31 L’action du Vatican et du gouver- de son veto. Horizons ...... 17 Guide culturel...... 35 nement portugais, l’attribution du Entreprises ...... 20 Kiosque...... 36 prix Nobel de la paix à l’évêque de André Fontaine Communication ...... 22 Abonnements...... 36 Timor ont fini par éveiller l’attention Tableau de bord...... 24 Radio-Télévision...... 37 du monde extérieur. D’où le référen- Lire la suite page 18 LeMonde Job: WMQ0810--0002-0 WAS LMQ0810-2 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 11:17 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 03Fap: 100 No: 0523 Lcp: 700 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999

NUCLÉAIRE Plus de cent pays nir trois ans plus tard. b L’ENTRÉE à potentiel nucléaire. Aujourd’hui et Pékin, qui l’ont signé, ne l’ont pas majoritaires, s’y refusent, pour des discutent à Vienne de la ratification en vigueur du CTBT exige sa ratifica- seuls 21 pays l’ont fait b LA FRANCE ratifié. b LA LOI AMÉRICAINE exige raisons de fond mais aussi électo- du traité d’interdiction complète des tion par 44 Etats nommément dési- et la Grande-Bretagne sont les une majorité des deux tiers au Sénat rales. b DE NOMBREUX pays re- essais nucléaires (CTBT), signé le gnés, qui incluent les puissances nu- seules puissances nucléaires à avoir pour que les Etats-Unis ratifient le fusent la ratification, critiquant un 24 mars 1996, et qui devait interve- cléaires et les pays dits « du seuil », ratifié le traité. Washington, Moscou CTBT. Les républicains, qui y sont traité favorable aux pays « nantis ». Le traité d’interdiction complète des essais nucléaires est dans l’impasse La conférence internationale de Vienne, réunie par l’ONU depuis mercredi 6 octobre, constatera le refus américain d’entériner le CTBT. M. Clinton, qui y est favorable, se heurte à l’opposition républicaine. Une centaine de pays exhortent les Etats-Unis, la Russie, la Chine et Israël à ratifier d’urgence le traité TROIS ANS APRÈS l’ouverture, reproduire des explosions nu- le 24 septembre 1996, des négocia- Les 44 Etats dont la ratification est nécessaire pour la mise en œuvre du traité cléaires en laboratoires, ne peut tions sur le CTBT (Comprehensive pas davantage remplacer l’expéri-  PAYS QUI  Nuclear Test Ban Treaty) – le traité PAYS QUI ONT mentation en vraie grandeur pour ONT SIGNÉ ET SIGNÉ MAIS PAS d’interdiction complète des essais les pays nucléaires « émergents ». RATIFIÉ LE TRAITÉ RATIFIÉ LE TRAITÉ nucléaires – puis sa signature et sa La simulation leur semble une solu- AFRIQUE DU SUD ALGÉRIE ratification par 49 Etats, c’est au- tion de pays nantis, qui pratique- ALLEMAGNE BANGLADESH jourd’hui l’impasse. Une impasse ARGENTINE CHILI raient la ségrégation nucléaire. Elle matérialisée, entre autres, par l’at- AUSTRALIE CHINE permet de renouveler à grand prix titude du Sénat américain. L’entrée AUTRICHE Corée COLOMBIE les explosifs existants, quand ils de- en vigueur du traité était, en effet, BELGIQUE du ÉGYPTE vront être remplacés au bout d’une subordonnée à l’acceptation, à son BRÉSIL Nord ÉTATS-UNIS vingtaine d’années. De ce fait, elle troisième anniversaire, de toutes BULGARIE INDONÉSIE n’est pas contraire à l’esprit du ses contraintes par 44 Etats, nom- CANADA IRAN CTBT. Elle est, en revanche, un pari mément désignés. Il s’agit des puis- ESPAGNE ISRAËL sur l’inconnu pour un pays qui, ve- Pakistan FINLANDE MEXIQUE  sances nucléaires et de ceux qu’on nant d’accéder au stade nucléaire, suspecte d’avoir une capacité à le FRANCE RÉP. DÉM. DU CONGO estime avoir encore besoin de vrais devenir – on les appelle les Etats HONGRIE ROUMANIE essais pour perfectionner ses ITALIE Inde RUSSIE « du seuil » – parce qu’ils ont, par armes. JAPON TURQUIE exemple, des réacteurs civils leur

NORVÈGE UKRAINE permettant de maîtriser la techno- PAYS-BAS VIETNAM MAUVAIS EXEMPLE logie militaire. Le rôle moteur de ce PÉROU Le CTBT a été un exercice diplo-

sous-groupe d’Etats figure en clair POLOGNE PAYS QUI matique de haut vol, dans lequel la dans l’une des clauses du traité CORÉE DU SUD Les Etats-Unis, la Russie et la Chine ont signé, mais pas ratifié, le CTBT*. N'ONT PAS SIGNÉ France a déployé beaucoup d’éner- (l’article 14). Or, si 41 des Etats ROYAUME-UNI Parmi les autres détenteurs de l'arme nucléaire, l'Afrique du Sud a ratifié LE TRAITÉ gie, puisque nombre de ses propo- concernés par la clause ont signé à SLOVAQUIE le traité, Israël l'a signé mais pas ratifié, l'Inde et le Pakistan refusent de CORÉE DU NORD sitions auront été finalement rete- ce jour le CTBT, 21 seulement l’ont SUÈDE signer à ce jour. Parmi les Etats jugés « dangereux », l'Iran a signé sans INDE nues. Mais son exécution place SUISSE

PAKISTAN ratifié. Donc le traité en question, ratifier, la Corée du Nord refuse de signer. L'Irak ne figure pas parmi les aujourd’hui ses signataires devant faute des ratifications nécessaires, 44 Etats dont la ratification est exigée. leurs responsabilités, notamment à

n’est pas, à la date prévue, l’instru- * Traité d'interdiction complète des essais nucléaires propos du caractère « intrusif » des ment universel que l’ONU avait démantelé son usine d’uranium en- l’être. Car l’efficacité du CTBT n’est tion après coup, basé sur l’aptitude tinguer des tremblements de terre. inspections que le traité instaure imaginé. richi de Pierrelatte, son usine de pas garantie. Et, avec elle, la crédi- à détecter des explosions nu- Ce système de vérification requiert, sur le terrain. En donnant le mau- plutonium militaire de Marcoule et bilité d’un recours à la simulation cléaires kilotonniques et à les iden- selon le traité, quelque 381 stations vais exemple, soit qu’ils n’aient pas SINGULARITÉ FRANÇAISE en fermant ses sites d’expérimenta- pour se substituer aux essais. tifier avec certitude, dans un envi- d’observation, réparties sur toute ratifié à ce jour le traité, comme les La situation actuelle est très tions dans le Pacifique. Aucun autre Le traité affronte encore plu- ronnement séismique ou la planète. Mais celles-ci sont assi- Etats-Unis, la Chine ou la Russie, contrastée. L’Inde et le Pakistan, pays au monde n’est dans une si- sieurs critiques. Il pêche, en parti- hydroacoustique international ne milées à autant de postes d’espion- soit qu’ils ne l’aient pas même si- qui ont, l’an dernier, procédé à une tuation aussi irréversible. culier, par son système de vérifica- permettant pas toujours de les dis- nage par les pays qui n’en veulent gné, comme l’Inde et le Pakistan, série impressionnante d’essais, En fait, la dynamique imprimée pas. De même, un centre interna- les Etats réfractaires risquent de re- sont avec la Corée du Nord les trois en 1996 par l’adoption du traité est tional de données, à Vienne, est lancer la prolifération. Car le traité seuls Etats nommés à n’avoir enrayée. Momentanément ou du- La conférence de Vienne presse les retardataires prévu pour exploiter, quasiment en n’a de sens que s’il débouche sur même pas signé le CTBT. Les Etats- rablement, si, d’ici là, les diplo- temps réel, les analyses recueillies. une autre étape, qui passe par l’en- Unis, la Chine et la Russie, pour mates de quelque cent pays réunis A Vienne, où s’est ouverte, mercredi 6 octobre, la CTBT, qui Mais les services de renseignement gagement immédiat et la conclu- s’en tenir à des détenteurs majeurs à Vienne depuis le mercredi 6 octo- s’achèvera vendredi 8, des intervenants d’une centaine de pays occidentaux concèdent qu’ils ne sion rapide de négociations sur une de la dissuasion, mais aussi Israël, bre ne trouvent pas le moyen, présents ont formellement invité notamment la Chine, la Rus- sont pas, avec leurs moyens ac- convention internationale – appe- l’Iran ou l’Algérie, ont signé le traité comme il a été prévu, de se pronon- sie, Israël et les Etats-Unis à ratifier ce texte. Ces pays sont sur tuels, capables de contrôler des ex- lée « cut-off » – interdisant la pro- mais ne l’ont pas ratifié. En re- cer par consensus sur des mesures la liste des 44 Etats dont la ratification est indispensable pour périences de faible énergie. Et des duction de matières fissiles à des vanche, la Grande-Bretagne et la conformes au droit international, l’entrée en vigueur du traité. Les participants à la conférence inspections sur place ne sont pas la fins militaires. L’idée avait été lan- France se sont mises en règle sur les qui auraient pour effet d’accélèrer ont aussi invité l’Inde, la Corée du Nord (absentes à Vienne) et panacée, comme l’a démontré l’ap- cée, en 1993, par Bill Clinton, qui deux plans. Avec, dans le cas de Pa- le processus global de ratification. le Pakistan (présent comme observateur) à signer. titude de l’Irak, en son temps, à dis- peine tant, aujourd’hui, à ris, une singularité : elle s’est inter- Mais, pour y parvenir, il conviendra L’entrée en vigueur du CTBT est une nécessité, ont-ils fait va- simuler ses activités nucléaires, convaincre le Sénat d’adopter le dite tout retour en arrière – sauf à de lever bien des réticences, de la loir, avant avril 2000, date à laquelle est convoquée une confé- biologiques ou chimiques. CTBT. se lancer dans des simulations coû- part des puissances nucléaires rence chargée d’examiner le sort du traité de non-prolifération La simulation, c’est-à-dire la ca- teuses et compliquées – en ayant comme chez celles qui aspirent à (TNP). pacité scientifique et technique à Jacques Isnard

Six années de négociations

b Dès le début des années 60, de tirs à Mururoa et à Fangataufa sera Campagne présidentielle oblige, les républicains bloquent la ratification américaine nombreux pays réclament la arrêtée à la sixième WASHINGTON préélectoral dans lequel vit déjà indiens et pakistanais, aux Chinois ture administration », sous-enten- conclusion d’un traité d’interdiction expérimentation, en février 1996. de notre correspondant Washington – à un an de l’élection ou aux Russes ou à ceux qui vou- du républicaine. complète des essais nucléaires. Le b La France signe, le 25 mars Ce n’est pas sous la présidence présidentielle – le débat sur ce tex- draient devenir des puissances nu- Certains républicains ne sont pas traité d’interdiction partielle des 1996, le traité de Rarotonga, qui de Bill Clinton que les Etats-Unis te, tout comme sur la politique cléaires. Ce serait une erreur. »«Ce seulement opposés à une ratifica- essais nucléaires (PTBT) de 1963 établit une zone dénucléarisée dans ratifieront le traité sur l’interdic- étrangère américaine dans son en- traité renforce également notre ca- tion aujourd’hui : ils contestent n’autorise que les seules explosions le Pacifique, puis, le 11 avril, le traité tion des essais nucléaires. La Mai- semble, se trouve comme pris en pacité de vérifier si les autres pays l’idée même d’une interdiction dé- souterraines. de Pelindaba, qui instaure une zone son Blanche n’a pas été en mesure otage par des considérations de sont engagés dans des activités dou- finitive des essais qui, selon eux, b En novembre 1993, la 44e dénucléarisée en Afrique et dans de rassembler autour de ce texte la politique intérieure. On vient de le teuses », a-t-il aussi expliqué. « Si le nuirait à l’efficacité future de la dis- Assemblée générale des Nations l’océan Indien. majorité des deux tiers des séna- voir avec le vote, mercredi 6 octo- Sénat le repousse, nous courrons un suasion américaine. C’est un des unies confie à la Conférence du b Le CTBT est ouvert à la teurs, nécessaire à sa ratification. bre, d’un budget des affaires étran- risque encore plus grand d’un déve- arguments avancés par Henry Kis- désarmement (CD) à Genève le signature à New York le Le Sénat est, en effet, divisé sur des gères taillé sur mesure pour que le loppement des arsenaux nucléaires singer, Brent Scowcroft, ancien mandat ferme de négocier un traité 24 septembre 1996 et signé le bases partisanes, et seulement une président y oppose son veto, avec et de la dissémination de ces armes conseiller pour les affaires de sé- d’interdiction complète des essais même jour par les cinq puissances poignée de républicains semblent par exemple la suppression des dans des régions explosives, à des di- curité des présidents Ford et Bush, nucléaires (CTBT). Les négociations nucléaires (Chine, Etats-Unis, prêts à rejoindre les 45 démo- crédits prévus pour l’application de rigeants dangereux, voire à des ter- ainsi que l’un des chefs de la CIA s’ouvrent en janvier 1994. France, Grande-Bretagne, Russie). crates, alors qu’il faudrait 67 voix. l’accord israélo-palestinien de Wye roristes. » sous Bill Clinton, John Deutsch, qui b Le 13 juin 1995, le président b Le 6 avril 1998, la France est, Mercredi soir, les deux camps Plantation. contestent la validité des simula- Chirac annonce la reprise des essais avec la Grande-Bretagne, le étaient à la recherche d’un Après avoir ignoré pendant plus DISCUSSIONS À MOSCOU tions de tir sur ordinateur aux- nucléaires français. Prévue pour premier Etat doté de l’arme compromis qui leur permettrait de de deux ans ce traité, déposé de- L’administration – qui a reçu le quelles le Pentagone consacre huit essais au départ, la série des nucléaire à ratifier le CTBT. sauver la face. Dans le contexte vant la Chambre haute par Bill soutien de 32 Prix Nobel et des res- 4,5 milliards de dollars par an. «On Clinton après qu’il l’eut signé en ponsables militaires – insiste sur le ne dispose pas de preuves scienti- 1996, les républicains ont soudain fait que le traité gèlerait la situa- fiques, ont-ils écrit mercredi dans le annoncé, il y a une semaine, l’ou- tion au bénéfice des Etats-Unis en Washington Post, que, sur le long verture d’un débat express, qui de- institutionnalisant la supériorité de terme, les États-Unis puissent garan- vait se conclure par un vote le leur arsenal nucléaire. Il rendrait tir leur arsenal nucléaire sans procé- 12 octobre. Au lieu des longues au- en outre possible un renforcement der à des essais. (...) Il serait malavi- ditions dont la commission des af- des contrôles internationaux. En sé d’entraver aujourd’hui le choix faires étrangères est coutumière, même temps, le secrétaire à l’éner- d’un futur président sur les meilleurs surtout quand il s’agit pour son gie s’est rendu à Moscou pour dis- moyens de poursuivre notre politique président, l’ultra-conservateur cuter de la mise en place d’un de non-prolifération tout en mainte- Jesse Helms, de contrer M. Clinton, contrôle des essais russes en Nou- nant l’efficacité et la crédibilité de les sénateurs ne disposent que de velle-Zemble. Mais les explications notre dissuasion nucléaire. » quelques jours pour débattre de ce du président et de son secrétaire à Il faut dire que l’incapacité ma- sujet brûlant. La Maison Blanche a la défense, le républicain William nifeste de la CIA à surveiller de ma- été prise par surprise par le chef de Cohen, se sont heurtées à un mur. nière fiable les essais nucléaires à la majorité républicaine, Trent Les républicains contestent l’op- l’étranger est un argument de Lott, un de ses adversaires les plus portunité de voter un tel texte, poids pour les adversaires du trai- déterminés. A un moment où le alors que ce sont pourtant eux qui té. Les services secrets américains débat budgétaire fait rage – et où, ont choisi la date du débat et que n’avaient pas su prévoir les essais une fois de plus, la maestria ma- c’est le président Bush qui avait dé- nucléaires auxquels ont procédé nœuvrière du président a mis en cidé, en 1992, de geler ses essais l’an dernier l’Inde et le Pakistan. Et difficulté le Grand Old Party –, nucléaires. Le porte-parole de ils viennent de reconnaître qu’ils M. Lott a cherché à détourner l’at- Trent Lott a déclaré que « désarmer n’avaient pas les moyens de s’assu- tention sur le terrain diplomatique unilatéralement à un moment où la rer que les Russes respectaient et de sécurité. Corée du Nord développe son pro- leurs engagements en ce qui Le CTBT tient en effet à cœur au gramme nucléaire et la Chine, par concerne les tests de faible intensi- président, qui ne manque pas d’ar- des moyens douteux, progresse dans té, étant incapables de faire la dif- guments. « En refusant de ratifier ce son programme, est d’autant moins férence avec certitude entre les ex- traité, nous envoyons ce message : opportun que ce traité est mal plosions conventionnelles et nous n’allons plus faire d’essais, conçu. Si l’administration a choisi nucléaires et les mouvements sis- mais vous avez le feu vert pour en de ne pas procéder à des essais nu- miques. faire. Je ne pense pas que nous de- cléaires, c’est son droit. Mais nous ne vrions donner un feu vert à nos amis voulons pas lier les mains d’une fu- Patrice de Beer LeMonde Job: WMQ0810--0003-0 WAS LMQ0810-3 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 11:07 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 03Fap: 100 No: 0524 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 / 3 Colère contre les exploitants La police bloque 5 000 manifestants à Belgrade BELGRADE. La police anti-émeutes a bloqué mercredi à Belgrade après la catastrophe ferroviaire de Londres quelque 5 000 personnes qui manifestaient contre le président yougo- slave Slobodan Milosevic. Parti de la place de la République sous une forte pluie, le cortège a été arrêté sur une rue au bout de 200 mètres par Le bilan humain de l’accident pourrait dépasser la centaine de morts une douzaine de policiers anti-émeutes, munis de casques et de bou- cliers, qui ont intimé aux manifestants l’ordre de prendre un autre itiné- L’accident survenu mardi 5 octobre pourrait se ment se poursuivaient jeudi avec difficulté. Il sus- étatique étroit et une révision des conditions raire. Aucun incident n’a été constaté. Les manifestants répondaient à révéler beaucoup plus meurtrier qu’on l’avait cite déjà une vive polémique en Angleterre, où le dans lesquelles les franchises ont été accordées l’appel de l’Alliance pour des changements (SZP), une coalition qui d’abord pensé, alors que les travaux de dégage- rail a été privatisé. Beaucoup exigent un contrôle aux sociétés d’exploitation du chemin de fer. mène depuis deux semaines une campagne de manifestations quoti- diennes à Belgrade et dans d’autres villes de Serbie pour la démission LONDRES puis la seconde guerre mondiale. pendante sur la sécurité propre- compagnie, 18 pour telle autre, de M. Milosevic et de son régime mais la participation aux manifesta- de notre correspondant Tony Blair, qui s’est discrètement ment dite du système. Niant que la etc. – et placent ces chiffres en re- tions à Belgrade a fortement chuté depuis quelques jours. – (AFP.) Saura-t-on jamais avec certitude rendu mercredi au chevet de survi- privatisation et le morcellement gard des investissements, souvent combien de personnes sont vants à l’hôpital Saint Mary de du réseau opéré par les conserva- limités, opérés par les mêmes. mortes brûlées vives, mardi matin Londres, a invité le pays à « se pré- teurs dans les années 90 – puis Beaucoup d’éditorialistes récla- Israël menace l’Autriche d’une 5 octobre, près de la gare de Pad- parer au pire ». D’une voix sourde, laissé en l’état par les travaillistes – ment, sinon la renationalisation, dington, à Londres ? Vingt-huit ca- le premier ministre a promis que ait pu jouer un rôle non négli- au moins un bouleversement des davres avaient officiellement été toute la lumière serait faite sur les geable dans l’apparente dégrada- conditions dans lesquelles les fran- rupture des relations diplomatiques retirés des carcasses des deux circonstances et les raisons, éven- tion de la sécurité du réseau, chises d’exploitation ont été accor- trains en cause mercredi soir. Mais, tuellement financières, et donc po- M. Prescott a indiqué que, au-delà dées un peu à la légère, y compris VIENNE. « Si des éléments néo-nazis sont associés au gouvernement en tandis que les travaux de dégage- litiques, de la catastrophe. «Le des raisons financières qui ont mo- à des sociétés sans aucune expé- Autriche, Israël réévaluera ses relations avec Vienne », a averti le ministre ment se poursuivaient avec diffi- gouvernement et tous ceux qui tivé le refus par les compagnies rience du transport sur rail. « Ils israélien des affaires étrangères, David Levy, qui répondait mercredi culté jeudi matin, deux wagons au gèrent nos chemins de fer, a-t-il privées de doter tous les trains du tuent pour économiser de l’argent », 6 octobre, de la tribune de la Knesset, à la question d’un député sur la moins, probablement remplis de ajouté, feront tout ce qui est néces- meilleur système de sécurité exis- écrivait ainsi à propos desdites so- percée du parti populiste de Jörg Haider lors des élections législatives passagers et partiellement liqué- saire pour assurer les hauts niveaux tant (ATP), le délai de dix ans pré- ciétés privées, dans un article du autrichiennes. Le ministre n’exclut pas une rupture des relations diplo- fiés par des températures d’incen- de sécurité que le public est en droit vu pour équiper toutes les lignes Guardian de mercredi, Louise matiques. « Cela aussi, c’est une possibilité », a-t-il dit à la radio. En at- die ayant atteint les 1 000 degrés d’attendre. » M. Blair a laissé en- du pays lui avait paru trop long. Le Christian, avocate de passagers tendant la publication du résultat définitif des élections, le 12 octobre, centigrades, restaient à traiter. tendre que le coût ne devait plus système de sécurité, moins efficace blessés dans d’autres accidents fer- le président autrichien, Thomas Klestil, a entamé des consultations sur être un facteur, quand la sécurité mais six fois moins cher, présente- roviaires. la formation du gouvernement avec les quatre partis représentés dans « SE PRÉPARER AU PIRE » publique est en jeu et le gouverne- ment en vigueur sur certaines L’ASLEF, le principal syndicat le nouveau parlement, dont le FPÖ de M. Haider, qui s’est déclaré prêt Beaucoup plus lourd qu’initiale- ment travaille à des solutions juri- lignes, devrait être en principe des conducteurs de trains, a pour à participer à une coalition. – (AFP, Reuters.) ment anticipé, le bilan humain de diques qui lui permettrait de re- étendu à l’ensemble du réseau d’ici sa part, donné une semaine à ses la catastrophe, évalué par la police prendre aux vingt-six compagnies à 2004. différents employeurs pour s’en- DÉPÊCHE sur la base des réclamations trans- privées qui se le partagent le gager de manière ferme à équiper a SUISSE : enquêteurs américains et suisses ont officialisé mercredi mises par les familles et les amis, contrôle, au moins administratif, PROFITS FARAMINEUX rapidement tous les trains du sys- 6 octobre leur coopération dans le cadre du scandale de blanchiment inquiets et certains d’avoir vu pa- du réseau ferroviaire national. La Une bonne partie des médias, tème de protection ATP. « Faute de présumé d’argent russe via la Bank of New York, selon le magistrat rents ou relations s’embarquer à renationalisation n’est pas – pas depuis mardi soir, insiste cepen- quoi, a prévenu son secrétaire gé- suisse Laurent Kasper-Ansermet. Une première réunion entre les ser- bord d’un des deux convois, pour- encore ? – à l’ordre du jour. dant lourdement sur les profits néral, Mick Rix, nous ferons voter vices du magistrat genevois et les enquêteurs américains a eu mieu rait finalement dépasser les John Prescott, vice-premier mi- parfois faramineux enregistrés par nos mandants sur un mot d’ordre de mercredi, au lendemain des premières inculpations dans le cadre de 100 morts, faisant de cet accident nistre en charge des transports, a plusieurs des sociétés privées pro- grève générale. » cette enquête, la plus vaste de son genre selon Interpol. Aux termes ferroviaire le plus grave jamais en- ordonné de son côté, mercredi, priétaires de ligne ou de tronçon d’une nouvelle loi suisse, plusieurs établissements ont annoncé le mois registré en Grande-Bretagne de- l’ouverture d’une enquête indé- de ligne – 24 kilomètres pour telle Patrice Claude dernier avoir gelé 26 millions de francs suisses en relation présumée avec le Russiagate. La Tchétchénie est coupée en deux par les forces russes Les inondations en Amérique centrale MOSCOU l’idée d’une « zone tampon », « nettoyée » des que pour 5 000 personnes. A ce jour, seul le correspondance terroristes et loyale à Moscou. « Nous allons Haut Commissariat de l’ONU aux réfugiés ont fait des centaines de victimes Les forces armées russes ont continué, jeudi dans ces territoires réinstaller des organes de (HCR), a pu, à partir de Stavropol (sud de la 7 octobre, à bombarder le territoire tchétchène commandement militaire et de police, rouvrir les Russie), acheminer un convoi de 80 tonnes MEXICO. Pluies diluviennes et inondations ont provoqué la mort de et ont annoncé un renforcement de leurs posi- écoles et les hôpitaux (...) Les gens vont recevoir d’aide de première nécessité, alors que le centaines de personnes ces derniers jours en Amérique centrale et au tions dans tout le tiers nord du pays. De leur leurs salaires et leurs retraites », affirmait-il. Il Comité international de la Croix rouge (CICR) Mexique, où la situation reste préoccupante alors qu’une amélioration côté, les autorités tchétchènes ont affirmé que nommait le vice-premier ministre, Valentina et l’organisation Médecins du monde étudient des conditions météorologiques offre, depuis lundi 4 octobre, un répit leurs forces s’étaient repliées de ces territoires Matvienko à la tête d’une commission gouver- les moyens d’être présents sur le terrain. L’op- aux autres pays de la région. Les fortes pluies qui se sont abattues sur le pour des « raisons tactiques ». Selon Grozny, nementale pour la « réhabilitation sociale » des timisme de Valentina Matvienko a été mis à Mexique ont fait, ces dernières heures, une centaine de morts. Sur le 48 personnes, dont 28 réfugiés, sont mortes, territoires libérés. mal par un « incident » rapporté par le corres- reste de l’Amérique centrale, le bilan provisoire faisait état, mercredi, mercredi, dans les bombardements, alors que pondant local de l’AFP en Tchétchénie. Celui-ci d’au moins 70 morts en deux semaines d’intempéries. En Amérique l’Ingouchie voisine, au bord de l’asphyxie, NI AIDE EXTÉRIEURE, NI MÉDIATION a raconté comment un bus de réfugiés, à qui centrale, les pluies et les inondations des deux dernières semaines – les croule littéralement sous l’afflux de Mme Matvienko s’est rendue, mercredi, en In- les militaires russes avaient donné l’assurance plus importantes depuis le passage de l’ouragan Mitch qui avait fait 150 000 personnes déplacées. gouchie, pour évaluer les besoins des réfugiés qu’ils pouvaient rentrer en toute sécurité chez 26 000 morts et disparus fin octobre 1998 – ont entraîné des dégâts esti- Se refusant toujours à employer les termes tchétchènes. Prise à partie par des femmes du eux, avait été touché par des tirs de chars, alors més à plusieurs dizaines de millions de dollars et l’évacuation de plus de guerre ou d’intervention terrestre, Igor Ser- camp de Sounja, situé à proximité de la fron- qu’il franchissait le fleuve Terek. Vingt-huit de 50 000 personnes. – (AFP.) gueev, le ministre de la défense russe, a expli- tière avec l’Ingouchie, elle a assuré que la vie personnes, essentiellement des femmes et des qué qu’« un intense travail se poursuivait pour allait se normaliser dans les régions du nord, enfants, ont été tuées. établir une zone de sécurité » dans les deux ré- occupées par l’armée russe, et que les gens Le commissaire européen aux affaires inter- gions nord. Il n’excluait pas que, « selon les cir- pourraient revenir dans leurs maisons. Elle a nationales, Chris Patten, de passage à Moscou constances », les troupes russes puissent fran- également promis que ceux qui ont des parents ce jeudi, a annoncé qu’il allait « manifester ses chir la barrière naturelle du fleuve Terek, qui se ou des amis en Russie seraient autorisés à fran- préoccupations quant à la situation des civils » trouve à une trentaine de kilomètres de Groz- chir les frontières, pour l’instant totalement en Tchétchénie et transmettre une offre de ny. verrouillées. « bons offices » du Conseil de l’Europe et de Depuis la base militaire de Mozdok (Ossétie Rappelant que les autorités russes venaient l’Union européenne. Mais la Russie a aussitôt du Nord), Anatoli Kvachnine, le chef de l’état- de débloquer l’équivalent de 7,2 millions de rejeté l’idée d’une médiation internationale : major russe, précisait que « la première étape dollars pour les réfugiés, Valentina Matvienko « Une médiation entre le pouvoir central et un de l’opération sera considérée comme achevée a estimé que la Russie pouvait se passer d’aide sujet de la fédération de Russie est quelque chose (...) quand tous les organes du pouvoir auront humanitaire extérieure. Présent à ses côtés, d’inconcevable », a déclaré le vice-ministre des commencé à fonctionner à l’intérieur de cette Rouslan Aouchev, le président ingouche, avait Affaires étrangères Evgueni Goussarov. zone de sécurité ». Mardi 5 octobre, Vladimir pourtant, quelques heures auparavant, affirmé Poutine, le premier ministre, avait détaillé que les réserves de nourriture ne suffisaient Agathe Duparc Gerhard Schröder chahuté par les syndicalistes de la métallurgie

HAMBOURG allemands qui avaient soutenu le Kohl », estime Thomas Walbier, politique. Il ne commettra pas l’er- de notre envoyé spécial SPD pendant la campagne électo- délégué de Düsseldorf et partisan reur de mettre des milliers de gens C’est sous les sifflets que le rale. Le virage de rigueur budgé- déclaré de M. Schröder. Car même dans la rue, même si cela ne serait chancelier allemand Gerhard taire pris par le chancelier après la ceux qui soutiennent le plan de pas difficile vu l’humeur actuelle », Schröder a été accueilli mercredi démission d’Oskar Lafontaine M. Schröder estiment que le far- poursuit M. Staadt. 6 octobre à Hambourg au congrès passe mal auprès des militants. deau est mal réparti. Ils réclament Le syndicat de la métallurgie du syndicat de la métallurgie IG- « Intellectuellement, les syndica- l’introduction symbolique de l’im- doit aussi veiller à avoir des reven- Metall, premier syndicat allemand, listes penchent pour la politique pôt sur la fortune. « Je peux accep- dications qui rencontrent l’assenti- fort de ses 2,7 millions de économique d’Oskar Lafontaine. Il y ter l’objectif d’économie affiché par ment de la population, pour ne membres. De jeunes militants sont a une énorme déception qu’il soit le gouvernement. Mais il faut que les pas être marginalisé dans le débat montés sur la tribune, brandissant parti sans défendre ses idées », ana- riches paient aussi. L’introduction politique. Il ne peut pas se retirer des banderoles en faveur de l’ins- lyse Dieter Staadt, rédacteur du d’un prélèvement sur la fortune est du pacte pour l’emploi de Gerhard tauration d’une taxe sur les entre- mensuel du syndicat. une question d’équité. Les cama- Schröder, censé permettre de lut- prises qui ne forment pas d’ap- « Avec le retournement de l’opi- rades en parlent beaucoup dans ter contre le chômage, qui réunit l’entreprise », affirme Walter Fa- gouvernement et partenaires so- bian, délégué de Hanovre et sala- ciaux. Le chancelier a mis en garde Joschka Fischer menace d’imposer par la loi la sortie du nucléaire rié de Volkswagen. l’IG Metall contre une attitude non constructive. « Le pacte pour l’em- Chef de file des Verts dans le gouvernement, le ministre des af- « QUESTION DE TACTIQUE » ploi ne marchera pas sans les syndi- faires étrangères Joschka Fischer menace les producteurs d’électri- Face au gouvernement, « l’IG cats. Il ne marchera pas non plus cité d’imposer l’abandon du nucléaire civil par la voie législative s’ils Metall devrait mettre plus de pres- avec des menaces et des ultima- font preuve de mauvaise volonté pour parvenir à une solution négo- sion », déplore Andreas Braune, tums », a-t-il prévenu. Après avoir ciée sur la fermeture progressive des centrales. « Nous régirons la délégué de Cologne. Mais le syndi- combattu sans vraiment s’imposer sortie par le biais législatif s’il est impossible de parvenir à un consen- cat doit veiller à la doser prudem- pour la semaine de 32 heures, sus », déclare le vice-chancelier dans une interview publiée jeudi ment pour ne pas ouvrir la voie l’IG Metall milite actuellement 7 octobre par l’hebdomadaire Stern. Il y aura « de toute façon » un aux chrétiens-démocrates, comme pour la retraite à 60 ans. Un projet abandon de l’énergie nucléaire, « et ce dans un avenir proche », af- l’avait fait la gauche du SPD en dont Gerhard Schröder a prévenu firme-t-il, estimant qu’il n’y avait pas de divergences sur ce point au creusant la tombe de Helmut qu’il n’était pas possible de le fi- sein de la coalition entre sociaux-démocrates et Verts. – (AFP.) Schmidt au début des années 80. nancer. « Je n’attends pas de vous « Nous voulons une autre politique, que vous approuviez toutes les déci- mais pas d’autre gouvernement », sions que nous prenons », a lancé prentis. Une vieille revendication nion publique, Gerhard Schröder assure Dieter Staadt. Pas question aux militants le chancelier, qui de l’IG Metall figurant au pro- s’est mis à mener une politique en de compliquer la tâche du gouver- s’est efforcé pendant trois quarts gramme du Parti social-démocrate faveur de l’industrie mais pas en fa- nement à sept mois des élections d’heure de démontrer le côté so- (SPD) mais que M. Schröder a re- veur des gens », déplore Andreas décisives de Rhénanie du Nord- cial de la politique qu’il mène de- fusé d’appliquer. Braune, délégué de l’IG Metall ori- Westphalie, bastion industriel du puis un an et de défendre son plan Une jeune femme a offert au ginaire de Düsseldorf. « Il n’y a pas SPD et de l’IG Metall, qui pour- de rigueur budgétaire : « J’attends chancelier une flèche rouge, pour de doute qu’il faut faire des écono- raient sonner le glas du gouverne- de vous une solidarité critique », a-t qu’il se souvienne « d’où il ve- mies. Au moins, le gouvernement ment Schröder si elles devaient il conclu sous les applaudisse- nait ». Un an après l’arrivée de la s’attaque réellement au problème. être perdues. Le syndicat « ne fera ments polis des six cents délégués. gauche au pouvoir, la désillusion En revanche, dans la mise en œuvre, rien qui pourrait aider les conserva- est grande parmi les syndicalistes il ne fait pas mieux que celui de teurs. C’est une question de tactique Arnaud Leparmentier LeMonde Job: WMQ0810--0004-0 WAS LMQ0810-4 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 11:28 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 03Fap: 100 No: 0525 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 INTERNATIONAL Les nationalistes hindous remportent une fragile victoire aux législatives Le premier ministre sortant Atal Bihari Vajpayee semble assuré de conduire le nouveau gouvernement indien. Mais il pourrait avoir du mal à diriger une coalition disparate où certains partis régionaux se taillent la part du lion Selon les résultats provisoires, l’Alliance 537 sièges décomptés. La victoire annon- propre parti et ses alliés aux intérêts diver- sous de la barre des 120 sièges. Alors que tions locales. Les deux partis nationaux, le démocratique nationale, une coalition de cée de l’Alliance est moins nette que pré- gents. Principal parti d’opposition, le les électeurs veulent avant tout sortir de BJP et le Congrès, ont soit stagné, soit ré- 24 partis conduite par le parti nationaliste vue. La marge de manœuvre du premier Congrès, conduit par Sonia Gandhi, héri- leur misère (plus de 350 millions d’Indiens gressé, laissant à peu près la moitié des hindou BJP, a remporté les troisièmes élec- ministre semble faible pour former un gou- tière de la dynastie Nehru-Gandhi, essuie vivent en dessous du seuil de la pauvreté sièges parlementaires à des partis régio- tions législatives en trois ans avec 292 des vernement qui satisfasse à la fois son une défaite historique, descendant en des- absolue), ils ont privilégié leurs préoccupa- naux, des partis de castes ou de gauche.

NEW DELHI la moitié de ses sièges. De même au même pu se faire élire dans une cir- des basses castes, le BSP (Bahujan de notre correspondante Bihar, Laloo Prasad Yadav, l’un des conscription où sa personnalité au- Samaj Party) a doublé son score. Dès le milieu d’après-midi, mer- seuls politiciens emprisonnés pour rait dû jouer. Les électeurs ont M. Vajpayee aura besoin mainte- credi 6 octobre, le siège des natio- des affaires de corruption, a vu son comme d’habitude privilégié leurs nant de toutes ses qualités de négo- nalistes hindous du BJP, le Parti du parti battu dans de nombreuses cir- préoccupations locales ignorant les ciateur pour former un gouverne- peuple indien, résonnait des cen- conscriptions, lui-même n’étant pas enjeux nationaux. Le décalage entre ment qui satisfasse à la fois son taines de pétards tirés par des mili- assuré de la victoire. le discours des politiciens quels propre parti et ses alliés, dont les in- tants en liesse qui fêtaient les vic- Traditionnellement parti du nord qu’ils soient et les attentes des élec- térêts sont divergents. C’est toute- toires de leurs candidats à travers de l’Inde, le BJP a été paradoxale- teurs qui veulent avant tout sortir fois autour de sa personnalité ras- l’Inde. Conduite par le BJP, l’Alliance ment sauvé par ses alliances au sud, de leur misère (plus de 350 millions surante que s’est constituée la démocratique nationale (NDA), qui ont compensé ses pertes sévère d’Indiens vivent sous le seuil de la NDA. Et après trois élections en coalition de 24 partis, a remporté en Uttar-Pradesh, où il est passé de pauvreté absolue) s’est vérifié tout trois ans, les récalcitrants hésiteront les troisièmes élections législatives 57 sièges à 31. La victoire la plus au long de la campagne. Le BJP en a sans doute avant de provoquer une en trois ans, s’assurant 292 des nette et peut-être la plus significa- fait les frais en Uttar-Pradesh et au nouvelle crise. La moitié des dépu- 537 sièges décomptés. Le Parlement tive est celle du ministre en chef Pendjab, le Congrès au Rajasthan et tés élus sont nouveaux et pèseront comptant 545 sièges, la majorité ab- de l’Andhra-Pradesh, M. Chandra- solue y est de 273 sièges. Les élec- baibu Naidu, dont le parti passe de tions ont été repoussées à la fin 12 sièges à 29. Violences et faible participation au Cachemire d’octobre dans six circonscriptions. M. Naidu, qui a imposé, depuis Annoncée par tous les sondages, quatre ans qu’il dirige cet Etat de Tenues à peine deux mois après la fin des combats indo-pakista- la victoire de la NDA est toutefois 85 millions d’habitants, des mesures nais sur les hauteurs de Kargil, les élections au Cachemire ont été moins nette que prévu. Le premier impopulaires de redressement marquées par une très faible participation et une violence accrue. ministre sortant, M. Atal Bihari Vaj- économique, a su convaincre du L’appel au boycottage lancé par tous les mouvements séparatistes et payee, qui va de nouveau conduire bien-fondé de ces décisions. Le les groupes de guérilla n’explique toutefois qu’en partie l’abstention le gouvernement, pourrait avoir du message des électeurs, qui s’est vé- des électeurs qui ont aussi voulu montrer au gouvernement local de mal à conduire un attelage dispa- se présentait pour la première fois mans de cet Etat ont partagé leurs rifié dans plusieurs régions, est M. Farouk Abdullah, accusé de corruption et de négligence, leur dé- rate, au sein duquel la part du lion au Parlement, a remporté les deux votes. L’exclusion de l’homme fort clair : ils veulent des responsables fiance. Si la Conférence nationale, au pouvoir, remporte quatre des revient à certains partis régionaux. sièges qu’elle contestait (comme la du Maharasthra (Bombay), M. Sha- qui gouvernent pour améliorer sièges du Cachemire, les autres revenant au BJP, chacun a ses doutes Les nationalistes hindous, qui se Constitution le permet) l’un au sud rad Pawar, qui avait mis en doute la leurs conditions de vie et accroître sur la régularité des opérations de vote, qui se sont déroulées sous présentaient pour la première fois du pays et l’autre au nord, sa marge capacité de Mme Sonia Gandhi, les opportunités économiques ou haute surveillance policière et alors que la plupart des indépendan- sur un programme commun ex- de victoire est faible et son succès d’origine italienne, à diriger l’Inde a sociales. tistes avaient été mis en prison ou en résidence surveillée. La leçon cluant leurs objectifs contestés, peut être largement attribué à sa coûté très cher au Congrès, laminé ne pourra être ignorée par New Delhi, alors que la question du Ca- avaient même cédé plusieurs sièges fille Priyanka, rentrée avec vigueur dans cet Etat où il avait connu sa LE PRIX DES OIGNONS chemire, au centre du conflit avec le Pakistan, est quelque peu reve- à leurs alliés. Si le BJP n’améliore dans l’arène. plus grande victoire en 1998. Même Le territoire de Delhi, qui envoie nue sur la scène internationale. – (Corresp.) donc pas son score personnel, puis- si ce n’est que discrètement, il est sept députés au Parlement, illustre qu’il se contente de garder les MME GANDHI CONTESTÉE certain que d’autres dirigeants du parfaitement cette demande. Alors 181 sièges qu’il avait dans la législa- La défaite du Congrès pourrait Congrès vont partager les craintes que le BJP avait été balayé à la suite le Rashtriya Janata Dal au Bihar. donc de tout leur poids pour faire ture précédente, il dirigera le gou- avoir de sérieuses conséquences de M. Pawar et déjà M. Rajesh Pilot, de l’augmentation des prix des oi- Cette volonté explique pour une durer leur législature. La marge de vernement grâce à la victoire de ces pour Mme Gandhi. Déjà au sein du l’une des personnalités du parti, a gnons lors des élections à l’assem- part que contrairement aux ana- manœuvre du premier ministre est alliés. parti, les accusations pleuvent. fait savoir qu’il briguait le titre de blée locale en novembre 1998, il re- lyses qui prévoyaient un renforce- toutefois faible et ces élections ont Principal parti d’opposition, L’appel à la dynastie ne suffit pas chef de l’opposition parlementaire. vient en force cette fois remportant ment des deux partis nationaux, le prouvé une fois de plus que l’Inde conduit depuis un an par Sonia pour ranimer un parti qui n’a pas Les deux principaux alliés du les sept sièges, le Congrès qui as- BJP et le Congrès, ceux-ci ont soit était condamnée aux coalitions, Gandhi, héritière de la dynastie réussi à retrouver le vote des basses Congrès, connus tous les deux par sure le gouvernement du territoire, stagné soit régressé, laissant à peu avec tous les dangers potentiels Nehru-Gandhi, le Congrès connaît castes et qui n’a pas non plus totale- la corruption de leurs chefs, ont n’ayant pas réussi à améliorer les près la moitié des sièges parlemen- qu’elles font courir à un pays tiraillé une défaite historique puisque qu’il ment récupéré les voix des minori- d’autre part été sévèrement battus. services à Delhi. Candidat vedette taires à des partis régionaux, des entre la volonté centralisatrice des descend en dessous de la barre des tés. Le Congrès fait certes son re- Responsable de la chute du gouver- du Congrès à Delhi, l’ancien mi- partis de castes ou aux partis de grands partis et la demande de plus 120 sièges. Il en avait 141 dans la lé- tour en Uttar-Pradesh, l’Etat le plus nement Vajpayee en avril dernier, nistre des finances et artisan des ré- gauche qui conservent à peu près de fédéralisme des régions. gislature précédente. Le parti a re- peuplé de l’Inde (170 millions d’ha- Mme Jayalalitha, actrice reconvertie formes économiques de 1991, leurs bastions dans le Bengale oc- connu sa défaite. Si Mme Gandhi, qui bitants), mais les 12 % de musul- en politique au Tamil Nadu, a perdu M. Manmohan Singh, n’a pas cidental et au Kérala. Représentant Françoise Chipaux L’Equateur ne peut plus rembourser sa dette extérieure Pékin sévit contre les missionnaires à la frontière nord-coréenne LIMA doit faire face à une terrible crise économique. En 1999, SÉOUL activités antigouvernementales chinoise fait régulièrement des de notre correspondante la chute de son PIB ne sera pas inférieure à 7 %. Et son de notre envoyé spécial menées à l’intérieur de la Corée du descentes dans leurs lieux de re- Devant un tableau couvert de flèches et de chiffres, taux d’inflation de 70 % reste le plus élevé du continent. Retombée de la paranoïa des au- Nord par des immigrants de la fuge et réexpédient les migrants de le président Jamil Mahuad a tenu à rassurer les Equato- En quatorze mois, le président Mahuad a frôlé le torités chinoises à l’égard de la faim retournés dans leur pays avec la faim dans leur pays (6 300 en riens : « Tout est contrôlé et calculé », depuis que l’Equa- naufrage à deux reprises, en mars puis en juillet. Les sa- secte Falun Gong, qui se traduit en des appuis du côté chinois de la 1998). La Chine niant l’existence du teur a fait défaut sur le remboursement de sa dette ex- laires des fonctionnaires n’avaient pas été versés et les une méfiance généralisée des acti- frontière. problème, aucune organisation des térieure, le 1er octobre. La dette commerciale de Quito subventions aux produits de première nécessité suppri- vités religieuses, ou pression de L’arrestation des missionnaires Nations unies n’est présente dans s’élève à 16 milliards de dollars dont six en « bons Bra- mées, parce que la ministre des finances de l’époque, Pyongyang ? Pékin a en tout cas sud-coréens crée une tension entre la région frontalière. Seules y tra- dy », gagés sur le Trésor des Etats-Unis. Les détenteurs Mme Armijo, la « dame de fer » de l’Equateur, très lancé depuis l’été une vaste opéra- Pékin et Séoul. Au début de sep- vaillent des organisations non gou- privés de ces bons ont refusé de renégocier l’échéan- proche du FMI, avait décidé de payer ponctuellement tion de police contre les mission- tembre, l’ambassadeur chinois en vernementales, essentiellement cier, malgré les demandes de l’Equateur, ce qui a les intérêts sur les bons Brady. naires sud-coréens qui aident les Corée, Wu Dawei, a critiqué ce sud-coréennes. conduit à la suspension des remboursements. réfugiés nord-coréens dans les qu’il nomme le « néo-intervention- Les missionnaires protestants Depuis la crise financière latino-américaine du début DISPOSITIF AMÉRICAIN deux provinces chinoises de Jilin et nisme » de Séoul et de la commu- sud-coréens y sont particulière- des années 80, aucun pays n’avait osé emprunter cette La renégociation de la dette est nécessaire à la survie Liaoning jouxtant la frontière avec nauté internationale à propos des ment actifs (Le Monde du 19 juin). voie. Certes, le gouvernement a pris toutes ses précau- politique de M. Mahuad, et la communauté financière la République populaire démocra- réfugiés nord-coréens en Chine. Plus d’une centaine seraient pré- tions pour éviter la saisie de ses avoirs par ses créan- internationale soutient son régime à bout de bras. Le tique de Corée (RPDC). Dans ces Pressé de préciser ce qu’il entend sents le long de la frontière ainsi ciers, en mettant ses réserves monétaires à l’abri dans Fonds monétaire international a signé, la semaine der- régions ainsi que dans l’autre pro- par « néo-interventionnisme », que dans les deux provinces de Ji- des institutions adéquates. Mais le gouvernement n’a nière, un accord préliminaire qui permettrait au pays vince du Nord-Est, Heilongjiang, M. Wu a répondu : « Une politique lin et Liaoning. Ils aident les réfu- pas perdu espoir de parvenir à un accord négocié et se l’obtention d’un prêt de 1,3 milliard de dollars, au mo- vivent deux millions de Chinois qui fait passer les droits de l’homme giés et les évangélisent en prenant montre optimiste. Le ministre des finances, Alfredo ment où l’arrêt des remboursements venait d’être an- d’origine coréenne. En août, la po- avant la souveraineté des Etats. » appui sur les pasteurs de la région, Arizaga, est catégorique : « Les créanciers ne remettent noncé. L’Equateur est aussi un élément important du lice a détenu pendant vingt jours souvent sino-coréens. La majorité pas en cause la nécessité pour l’Equateur de réduire le dispositif de Washington dans la région. Quito a accep- deux pasteurs et un homme d’af- RÉFUGIÉS NIÉS des migrants retournent en RPDC, poids de sa dette. Mais ils craignent de créer un précédent té qu’une base américaine soit installée dans le port de faires sud-coréens, arrêtés au Pour les autorités chinoises, la mais d’autres restent en Chine : ils funeste pour d’autres pays, et ils n’accepteraient pas que Manta afin de contrôler le va-et-vient, à la frontière co- cours d’une « rafle » qui a frappé question des réfugiés nord-coréens sont alors pris en charge par des le Venezuela, le Mexique ou le Brésil suivent le même che- lombienne, des trafiquants de drogue et de la guérilla. soixante personnes à Changchun. est un problème bilatéral ; elles réseaux religieux qui les ache- min. » Le risque de voir d’autres pays emboîter le pas à Séoul a protesté auprès des au- sous-estiment largement le minent à l’intérieur du pays. Les L’Equateur tente de sauver les apparences : ce n’est l’Equateur n’est pas négligeable. La majorité des pays torités chinoises, qui n’ont pas nombre, qui serait de 3 000, de ces grandes villes de Changchun ou de pas un pied de nez anticapitaliste, à la manière d’Alan latino-américains ont mal refinancé leur dette. Le Péru- donné de raison à ces arrestations réfugiés, qui ne sont à leurs yeux Shenyang sont les bases arrières de Garcia, président social-démocrate du Pérou, qui décla- vien Oscar Ugarteche, consultant international, rap- sinon que ces personnes étaient que des immigrants illégaux... Se- ces réseaux. L’un des missionnaires ra en 1986 qu’il ne débourserait pas plus du dixième de pelle : « Entre 1980 et 1990, la dette de l’Amérique latine coupables d’ « activités mission- lon des sources sur place, on es- détenus est connu comme un mili- ses recettes d’exportation pour rembourser ses est passée de 205 milliards de dollars à 441 milliards, naires illégales ». En avril, Pyon- time entre 100 000 et 300 000 le tant en faveur des droits de créances. M. Mahuad est un libéral bon teint, qui entre- alors que le service de la dette a représenté 375 milliards gayng avait dénoncé les « menées nombre des Coréens du Nord qui l’homme et dépend d’un temple tient de bonnes relations avec les institutions finan- de dollars. Cette dette a grandi à cause de la capitalisa- subversives de soi-disant mission- vont et viennent dans la région protestant de Changchun qui aide cières internationales et les Etats-Unis. Mais son pays tion des intérêts. » naires sud-coréens » à la frontière frontalière (en moyenne, 150 à 200 les réfugiés nord-coréens. ne peut plus consacrer plus de la moitié de ses recettes chinoise. Les services de renseigne- franchissent chaque jour clandes- d’exportation au remboursement de sa dette alors qu’il Nicole Bonnet ments chinois s’inquiéteraient des tinement la frontière). La police Philippe Pons LeMonde Job: WMQ0810--0005-0 WAS LMQ0810-5 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 10:30 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 03Fap: 100 No: 0526 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 / 5 Le roi de Jordanie maintient sa politique Plus de 500 membres du GIA se sont rendus depuis la mi-juillet de fermeté contre le mouvement Hamas ALGER. Cinq cent trente-et-un membres du Groupe islamique armé (GIA) se sont livrés aux autorités algériennes depuis la promulgation, le 13 juillet, de la loi sur la « concorde civile », a-t-on annoncé mercredi 6 oc- tobre. La plupart de ces « repentis » se sont livrés dans les départements Les bureaux jordaniens de l’organisation palestinienne resteront fermés « définitivement » du centre du pays. Le chiffre de 531 s’ajoute aux 463 éléments de la pha- lange El Mout (la mort) qui s’étaient rendus avant la promulgation de la Le roi Abdallah, qui recevait mercredi 6 octobre tique de fermeté contre la branche du Hamas cependant pas que l’affaire prenne une dimen- loi, en juin. La plupart de ces repentis ont été « exonérés de toute poursuite la presse étrangère, dont Le Monde, avant un palestinien installée en Jordanie allait être main- sion nationale dans un pays sensible au discours pénale », alors qu’une faible proportion a été mise « sous probation », en voyage aux Etats-Unis, a indiqué que la poli- tenue. Les autorités jordaniennes ne souhaitent du Hamas contre le processus de paix. attendant que les autorités décident de les poursuivre devant les tribunaux ou de les remettre en liberté. – (AFP.) AMMAN Ghosheh, ont à leur tour été inter- commentaires et autant d’interro- listes à l’égard d’un processus de de notre envoyé spécial pellés à l’aéroport d’Amman alors gations. Même si les autorités fai- paix jugé trop favorable aux thèses DÉPÊCHES Officiellement, l’affaire est de la que, entourés de quatre gardes du saient mine de n’en rien savoir, le israéliennes, se sont d’ailleurs im- a ANGOLA : Jonas Savimbi, le chef du mouvement rebelle Unita seule responsabilité de la justice et corps, ils revenaient de Téhéran. Ils Hamas, depuis longtemps, avait médiatement mobilisés pour de- (Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola), engagé dans du gouvernement, qui n’agissent ont aussitôt été placés en détention. presque pignon sur rue dans la capi- mander que les autorités relâchent une lutte pour le pouvoir avec les autorités de Luanda depuis 1975, a pro- que selon les règles du droit. Mais Un troisième dirigeant islamiste qui tale jordanienne. La défaite de Be- les emprisonnés. posé une trêve au gouvernement, rapporte l’agence portugaise de presse ce serait oublier qu’en Jordanie un se trouvait avec eux, Moussa Abou nyamin Nétanyahou – « un homme Depuis, le débat, bien que feutré, Lusa. M. Savimbi a fait cette proposition dans une lettre au président an- tremblement de terre concerne Marzouk, doit à sa seule nationalité dont nous n’attendions rien », rap- n’a guère cessé. Pour les partisans golais Jose Eduardo dos Santos datée du 27 septembre. Jonas Savimbi y avant tout le souverain, et la ferme- yéménite d’avoir été aussitôt expul- pelle aujourd’hui le roi Abdallah – a les plus zélés du régime, Hamas écrit qu’un armistice constitue « la première condition au règlement de la ture, à la fin du mois d’août, des bu- sé. Deux autres dirigeants de l’orga- sans nul doute hâté la décision des était sur le point de déclencher en crise actuelle en Angola ». – (Reuters.) reaux du mouvement islamiste Ha- nisation islamiste, Mohammad autorités jordaniennes d’agir contre Jordanie une guerre civile ; pour a CÔTE D’IVOIRE : Jean Brou Kouakou, le ministre de la justice, a an- mas, suivie, trois semaines plus tard, Nazzal et Ezzat al-Rouchok, ont l’organisation islamiste. l’opposition, au contraire, le gou- noncé mercredi 6 octobre l’annulation du certificat de nationalité ivoi- de l’arrestation de ses dirigeants, quant à eux jugé préférable de dis- vernement a cédé à un diktat des rienne de l’ancien premier ministre, Alassane Dramane Ouattara. Pré- constitue l’équivalent d’un tremble- paraître. ÉVITER LES PASSIONS Etats-Unis et d’Israël en jetant en sident du Rassemblement des républicains (RDR), M. Ouattara, candidat à ment de terre. « Les bureaux du Ha- Khaled Mechaal avait déjà dé- Le Hamas, dont la volonté de prison les adversaires d’une poli- la présidentielle d’octobre 2000, voit sa nationalité ivoirienne contestée mas resteront fermés définitive- frayé la chronique lorsque, en sep- faire capoter, par attentats ou tout tique complaisante à l’égard des sio- par le gouvernement et les partisans du président Henri Konan Bédié. ment », a donc tenu à répéter une tembre 1977, il avait miraculeuse- autre moyen, un processus de paix nistes. Faute de pouvoir prouver son « ivoirité », M. Ouattara sera exclu de la nouvelle fois le souverain qui, le ment échappé à une tentative jugé nuisible à la cause palesti- Les autorités chercheraient à course à la présidence. – (AFP, Reuters.) 6 octobre, recevait à Amman, la d’assassinat perpétrée par le Mos- nienne et à l’islam, avait fini par se présent à calmer le jeu et, si pos- a IRAK : l’Église chaldéenne a indiqué mercredi 6 octobre que le presse étrangère, dont Le Monde. sad israélien, dont deux agents heurter directement aux choix poli- sible, à éviter un procès susceptible nonce apostolique à Bagdad doit renconter prochainement le chef de la Fin août, la police de la capitale avaient été interpellés par les Jorda- tiques du nouveau roi. de créer de nouvelles passions. Se- diplomatie irakienne en vue de la visite que le pape Jean Paul II pourrait jordanienne avait perquisitionné et niens. En « réparation », le roi Hus- La décision de frapper a été ren- lon de bonnes sources, les empri- effectuer en Irak, début décembre. Mardi, le journal des évêques italiens, fermé cinq locaux où les membres sein avait exigé, et obtenu, de Be- forcée par la conviction des autori- sonnés pourraient être rapidement Avvenire, faisait état d’un message adressé par le Vatican au président ira- du Hamas opéraient sous couver- nyamin Nétanyahou, alors premier tés que l’organisation intégriste élargis s’ils renonçaient à toute acti- kien, Saddam Hussein, pour lui annoncer une « pause » dans la prépara- ture commerciale. Quinze per- ministre, la libération de Cheikh Ah- avait entrepris de noyauter les vité politique en Jordanie et accep- tion du voyage du pape qui souhaite se rendre à Ur, ville natale du pa- sonnes avaient été interpellées au med Yassine, fondateur et leader Frères musulmans, fort influents en taient de quitter discrètement le triarche Abraham. – (AFP.) cours de l’opération, durant laquelle spirituel du Hamas détenu dans les Jordanie et jusque-là considérés pays, vraisemblablement pour la Sy- a TURQUIE : la Cour de cassation turque a reporté au 21 octobre l’exa- trois armes de poing et de nom- prisons israéliennes. comme des alliés de la maison rie. Jusqu’à présent, le Hamas a re- men du recours en appel du chef rebelle kurde Abdullah Öcalan, condam- breux documents avaient été saisis. C’est dire que le brutal change- royale. Les Frères musulmans, qui fusé de s’engager aussi clairement. né, le 29 juin, à la peine capitale par pendaison. Ce report avait été réclamé Le 22 septembre, deux dirigeants du ment de cap opéré par le gouverne- expriment assez bien la méfiance par les avocats d’Öcalan afin d’avoir plus de temps pour préparer la dé- Hamas, Khaled Mechaal et Ibrahim ment jordanien a suscité bien des des milieux populaires et nationa- Georges Marion fense de leur client. – (Reuters. ) La France propose son aide au Proche-Orient LES CHOSES BOUGENT au El Cheikh, Israël et l’Autorité pales- Proche-Orient depuis qu’Ehoud tinienne se sont engagés à conclure Barak est premier ministre d’Israël, au plus tard le 15 février 2000 un et la France entend réajuster sa di- accord-cadre pour ces pourpar- plomatie dans la région en fonc- lers ; et M. Barak a annoncé qu’un tion d’un processus de paix qui peu moins de cinq mois plus tard, semble avoir de sérieuses chances le 7 juillet, l’armée israélienne se d’aboutir. C’est à cette sorte de sera retirée de la « zone de sécuri- « projection mentale » que Paris se té » qu’elle occupe au Liban sud. livre depuis quelques mois, non Ces deux dates-butoirs font office qu’il se sente pousser des ailes, de balises pour la diplomatie fran- mais qu’il estime devoir et pouvoir çaise qui veut croire en la sincérité être « utile » s’il anticipe l’avenir. des contractants, bien que les re- En clair, il ne s’agit plus de récla- tards aient été jusqu’à maintenant mer urbi et orbi un rôle dans le rè- la règle. glement du conflit entre Israël et « L’urgence, affirme-t-on au ses voisins arabes, mais de cher- Quai d’Orsay, est soulignée par cher à voir comment contribuer toutes les parties d’autant que la Sy- concrètement et efficacement à rie et la Palestine sont dans une faire avancer le dialogue entre les période de pré-transition [les prési- parties concernées et à stabiliser la dents Hafez El Assad et Yasser Ara- paix une fois qu’elle aura été fat n’étant pas au mieux de leur conclue. L’objectif, insiste-t-on au forme] et que l’échéance de l’élec- Quai d’Orsay, est de parvenir à un tion présidentielle se rapproche iné- Proche-Orient en paix et « non de luctablement aux Etats-Unis », les- savoir si on a joué le rôle numéro un, quels ont été jusqu’à maintenant ou deux, ou trois pour cela ». les principaux, sinon les seuls «fa- La visite que le ministre des af- cilitateurs » du processus de paix. faires étrangères, Hubert Védrine a commencé en Israël, mercredi DES IDÉES « TRÈS POINTUES » 6 octobre, se situe dans cette pers- Paris affirme ne pas « sous-esti- pective. L’accession au pouvoir de mer » pour autant la difficulté du M. Barak, la conjoncture régionale chemin qui reste encore à parcou- et américaine et aussi une vision rir pour parvenir à la paix. L’appli- plus réaliste des choses et de ses cation des accords déjà conclus est propres capacités sont à l’origine laborieuse. Israël et la Syrie du nouveau souffle et de la nou- semblent avoir entamé une négo- velle orientation de la diplomatie ciation indirecte par l’intermédiaire française. Après Israël et les terri- des Etats-Unis, mais c’est à peu toires palestiniens, M. Védrine doit près tout ce que l’on sait sur le vo- se rendre en Syrie et au Liban dans let israélo-syrien, dont est entière- les prochaines semaines. ment tributaire la paix entre l’Etat Le premier ministre israélien, qui hébreu et le Liban. A Paris, on af- a effectué une visite officielle à Pa- firme avoir des idées « très pré- ris les 22 et 23 septembre, semble cises » et « très pointues » à suggé- avoir convaincu le président de la rer sur les différents aspects des République Jacques Chirac et le problèmes. premier ministre Lionel Jospin de La démarche, qui doit être forte sa détermination à parvenir à la d’une « très grande part de valeur paix avec les voisins de son pays. ajoutée », souligne-t-on au minis- Bien qu’il ne tolère aucune ingé- tère des affaires étrangères, sup- rence ni médiation – même pas pose néanmoins que les parties in- américaine – dans la négociation téressées l’acceptent. Les parties proprement dite, M. Barak, assure- arabes ont toujours affirmé sou- t-on à Paris, est ouvert aux dis- haiter de leurs vœux une contribu- cussions et aux idées et mesure le tion européenne, singulièrement bon usage qu’il peut faire des rela- française, mais les Etats-Unis de- tions privilégiées que la France en- meurent en réalité leur premier tretient avec les pays arabes, la Sy- choix. Israël est hostile à toute in- rie et le Liban en particulier. tervention politique de l’UE et Washington, à tort ou à raison, a UNE CONTRIBUTION ÉVENTUELLE toujours suspecté les Quinze – et Sur le volet israélo-palestinien, surtout Paris – de chercher à lui et en attendant que soient appli- faire de la concurrence. Les Quinze quées toutes les clauses de l’accord eux-mêmes ne sont pas tous sur la de Charm El Cheikh, la France se même longueur d’onde. Les « am- prépare à apporter son éventuelle bitions » de Paris étant désormais contribution au progrès des négo- mieux cadrées, et plus modestes, il ciations sur le statut définitif des n’est pas exclu que l’administration territoires palestiniens ; négocia- américaine, de plus en plus absor- tions qui touchent à des sujets ex- bée par l’échéance présidentielle, trêmement difficiles, dont il a été trouve dans une diplomatie fran- question lors de la visite que le pré- çaise qui n’est pas – ou plus – anta- sident Yasser Arafat a effectuée à goniste, un relais pour faire avan- Paris dans la foulée de celle de cer les choses au Proche-Orient. M. Barak. En vertu de l’accord de Charm Mouna Naïm LeMonde Job: WMQ0810--0006-0 WAS LMQ0810-6 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 10:27 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0527 Lcp: 700 CMYK

6 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999

MONDIALISATION Les orga- nisation mondiale du commerce faire en sorte que l’Europe ait une at- » de l’OMC est prévue du 12 Commission européenne, sur la base nisations agricoles, concernées au (OMC), ont pris position dans un do- titude « offensive » face aux Etats- au 19 octobre ; son temps fort se si- d’un rapport de Béatrice Marre (PS), premier chef par les négociations qui cument publié mercredi 6 octobre Unis. b UNE SEMAINE de mobilisa- tuera, en France, le 15 octobre. b LES qui estime que l’OMC, organe de ré- s’ouvriront fin novembre à Seattle par les chambres d’agriculture. Elles tion internationale des associations DÉPUTÉS débattront des positions gulation, doit remplir davantage (Etats-Unis) dans le cadre de l’Orga- demandent au gouvernement de et syndicats pour un « contrôle ci- qu’ils souhaitent voir défendre par la cette fonction. Les agriculteurs plaident pour l’« offensive » face aux Etats-Unis La préparation des négociations de Seattle, dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce, mobilise les professions agricoles, qui proposent une « stratégie » française et européenne. Le débat sur l’OMC prend forme, aussi, dans les syndicats et à l’Assemblée nationale MÊME si les préoccupations in- d’une réunion de son bureau, mer- clare son porte-parole, François tiers par des marchandises des pays le document de l’APCA relève que, garde, droits tarifaires, contin- ternes (mise en place des contrats credi 6 octobre, un document qui Dufour, sur la maîtrise, plus néces- riches et réduit à zéro le droit à la depuis la précédente négociation, gents d’importation) est « vital », territoriaux d’exploitation, éco- fixe la position de la majorité des saire que jamais, de la production souveraineté alimentaire des pays qui avait abouti à l’accord de Mar- que les aides à l’exportation ne taxe, rapports avec la distribution) milieux professionnels pour la né- en Europe, et sur le caractère perni- en voie de développement. » rakech, en 1994, l’Union euro- peuvent « être supprimées » unila- restent pour lui des sujets majeurs, gociation. Bien qu’il émane d’éta- cieux des subventions à l’exporta- Intitulé « Pour une stratégie of- péenne « a scrupuleusement res- téralement par l’Europe – elles le monde agricole a désormais les blissements publics consulaires, ce tion, qui encouragent le dumping, fensive », afin de « valoriser les pecté tous ses engagements sont essentielles pour les débou- yeux fixés sur la réunion de Seattle rapport reflète les principales favorisent l’envahissement des pays atouts » de l’agriculture française, commerciaux et ses obligations ». chés de volailles, de porcs et de cé- qui, fin novembre, ouvrira le cycle orientations du syndicat majori- « Ce n’est pas le cas de tous les pays, réales – et qu’il faudra négocier des négociations commerciales taire, la Fédération nationale des précise Jean-Claude Sabin, vice- produit par produit, sans oublier multilatérales. Chaque organisa- syndicats d’exploitants agricoles Semaine d’action internationale du 12 au 19 octobre président de l’APCA, chargé des la prise en compte « des impératifs tion professionnelle fourbit ses (FNSEA), dont plusieurs dirigeants relations économiques internatio- concernant la santé des consomma- armes et ses mises en garde. Pour siègent au bureau de l’APCA, et de A deux mois du cycle de négociations commerciales qui doit s’ou- nales, notamment des Etats-Unis. » teurs et la protection de l’environne- l’Europe – et, notamment, pour la son aile jeune, le Centre national vrir fin novembre à Seattle, aux Etats-Unis, la campagne de mobili- ment ». Certains produits, comme France –, premier importateur et des jeunes agriculteurs (CNJA). Le sation « anti-OMC » entre dans sa phase active. Du 12 au 19 octobre, RENCONTRE « FRONTALE » les fruits et légumes, sont dans un deuxième exportateur mondial de président de la FNSEA, Luc une semaine internationale de protestation est organisée sur tous Par leur système d’aides dit de marché totalement libre ; donc, les produits agroalimentaires, une li- Guyau, présentera officiellement les continents, à l’appel des quelque mille trois cents associations, « loan deficiency payments », qui mécanismes actuels de protection béralisation plus poussée des le point de vue de son organisa- organisations non gouvernementales et syndicats qui se sont pro- permet aux agriculteurs, notam- sont un « seuil » minimum à ne échanges représente un enjeu fa- tion le 10 novembre. noncés en faveur d’un « contrôle citoyen » de l’Organisation mon- ment aux producteurs de soja et pas franchir. Quant à la viande bo- vorable majeur à condition que La Confédération paysanne – en diale du commerce. En Amérique latine, les associations d’une di- de maïs, de produire en dessous vine, c’est la branche la plus « fra- soient maintenus – voire, dans cer- pointe, cet été, du combat contre zaine de pays se sont coordonnées pour multiplier les initiatives du prix de revient, donc d’exporter gile », vu la différence de prix tains secteurs, renforcés – les mé- l’« impérialisme alimentaire » amé- contre la « paupérisation ». En France, où pas moins de quarante- facilement, Washington contribue – dans un rapport de un à deux, canismes de régulation et de sou- ricain –, qui n’a pas été associée à cinq syndicats et associations ont signé l’appel de la Coordination à déprimer les prix mondiaux, ex- voire trois – entre la France et l’Ar- tien communautaires. la rédaction du document de l’AP- pour le contrôle citoyen de l’OMC, une journée d’action est prévue, pliquent les auteurs du rapport. gentine. Première à « tirer », l’Assemblée CA, s’apprête à publier un mani- le 15 octobre, avec, à Paris, la formation d’une chaîne humaine entre « Nous, Européens, n’avons pas à Cette vision de l’APCA recouvre permanente des chambres d’agri- feste qui devrait être diffusé en les tours Elf et Total à la Défense. Par ailleurs, une manifestation na- battre notre coulpe. Par l’accord de la position du conseil des ministres culture (APCA) a adopté, lors plusieurs langues. « Il insistera, dé- tionale est prévue le 27 novembre dans la capitale. Berlin du 29 mars réformant la PAC, européens de l’agriculture, qui, le l’Europe a même fait par anticipa- 27 septembre, a déclaré « néces- tion des concessions supplémen- saire d’adopter une approche offen- taires par des décisions radicales : sive ». Elle rejoint aussi l’analyse réduction des prix garantis, baisse de Béatrice Marre, députée (PS) de des aides à l’export, réorientation l’Oise (lire ci-dessous). Les milieux vers le développement rural », agricoles attendent de Lionel Jos- ajoute M. Sabin, qui prédit une pin, qui devrait présider, le 21 oc- rencontre « frontale » Europe/ tobre, une « table ronde », qu’il Etats-Unis. explique ce qu’il entend, pour sa L’APCA précise cependant que part, par attitude « offensive ». le principe de la préférence communautaire (clause de sauve- François Grosrichard Les députés attendent de l’OMC qu’elle renforce la régulation

L’ASSEMBLÉE NATIONALE de- tional a aggravé l’écart entre pays vrait bientôt organiser un débat riches et pays pauvres, et que le public sur le contenu des négocia- Sud, « condamné à la pauvreté, de- tions qui seront lancées dans le vient l’otage du plus fort, les Etats- cadre de l’Organisation mondiale Unis ». Elle juge que l’Union euro- du commerce (OMC), à Seattle, péenne doit favoriser l’insertion du aux Etats-Unis, du 30 novembre au Sud dans l’économie mondiale, 3 décembre. La discussion portera non seulement « pour une raison sur le mandat que la France, au élémentaire de solidarité », mais sein du conseil des affaires géné- aussi « dans son intérêt » : il s’agit rales de l’Union européenne, en- de mettre fin à une situation bipo- tend confier à la Commission, qui laire où les deux grandes puis- mènera ces négociations pour le sances que sont les Etats-Unis et compte des Quinze. La position de l’Union européenne « ne peuvent l’Assemblée, qui fera l’objet d’un que s’affronter », et de favoriser vote, a déjà été formalisée dans l’émergence d’un monde « multipo- une résolution – texte non contrai- laire ». gnant – adoptée le 30 septembre par la délégation de l’Assemblée OBJECTIFS SOCIAUX nationale pour l’Union européenne La députée de l’Oise propose que et, le 6 octobre, par la commission l’Union européenne, « forte de sa de la production et des échanges. puissance économique et de son Cette résolution s’appuie elle- rayonnement », joue un rôle mo- même sur un rapport de Béatrice teur pour promouvoir « un modèle Marre (PS, Oise), intitulé « De la de civilisation qui respecte les diffé- mondialisation subie au dévelop- rences économiques, sociales et pement contrôlé ». Mme Marre culturelles, qui pose des exigences considère qu’un système commer- aussi fondamentales que le principe cial international est nécessaire, de précaution, garantissant la sé- seule « l’élaboration d’une régle- curité sanitaire et alimentaire, et se mentation, dans un cadre accepté fixe pour objectifs le développement par tous, permettant de faire de la li- durable et le respect des droits de berté des échanges un facteur de l’homme ». progrès ». Alors que des associa- Mme Marre approuve vigoureuse- tions réclament un moratoire des ment le principe d’une liaison entre négociations, en soutenant que les commerce et normes fondamen- multinationales font la loi à l’OMC tales du travail, afin de « lutter (Le Monde du 25 septembre), contre les pires formes de l’exploita- Mme Marre estime que « l’opinion tion » : elle estime que l’Union eu- publique confond souvent mondiali- ropéenne devra convaincre les sation et OMC » et que « l’OMC pays en voie de développement, n’est pas la cause de la mondialisa- qui y sont opposés, du bien-fondé tion ». Elle juge que le « véritable de cette approche sociale nouvelle. remède à [une] légitime frayeur » Elle souhaite aussi que la négocia- n’est pas « moins d’OMC ou pas tion du millénaire obtienne une d’OMC », mais « plus de règles et de meilleure intégration des règles en- meilleures règles ». Lionel Jospin vironnementales, une meilleure avait déclaré, devant les parlemen- harmonisation du droit de la taires du PS réunis à Strasbourg, le concurrence et une réglementation 27 septembre, que « la mondialisa- des investissements. tion ne rend pas les Etats impuis- La délégation européenne et la sants ». Il avait ajouté que « l’Etat commission de la production ont doit se doter de nouveaux instru- adopté ce texte à l’unanimité ments de régulation, adaptés à la moins deux abstentions, celles de réalité du capitalisme d’au- députés souverainistes de droite. A jourd’hui ». droite comme à gauche, toutefois, Mme Marre estime toutefois que certains parlementaires déplorent l’OMC doit se réformer : « La pre- que la Commission européenne mière priorité est sans conteste le dé- soit chargée de négocier au nom veloppement des pays du Sud, pour des Etats. Ils envisagent de soule- permettre à la plus grande partie de ver, lors du débat, la question du l’humanité de sortir de la pauvreté et « contrôle démocratique » des né- de bénéficier d’un partage équitable gociations. des richesse », explique-t-elle. Elle constate que le commerce interna- Rafaële Rivais LeMonde Job: WMQ0810--0007-0 WAS LMQ0810-7 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 11:04 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0528 Lcp: 700 CMYK

FRANCE LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 / 7

Jacques Chirac met en garde le gouvernement Les propos d’Alain Juppé sur le respect du « dialogue social » au sujet de l’immigration Le PS ironise sur le rôle d’opposant du chef de l’Etat gênent les députés RPR La présentation en conseil des ministres, mercre- financier des 35 heures, a permis au chef de au dispositif prévu par le gouvernement, di 6 octobre, du projet de loi sur le financement l’Etat d’intervenir dans ce débat. Après le refus M. Chirac a souhaité que « les partenaires so- de la Sécurité sociale, qui contient le dispositif catégorique opposé par les partenaires sociaux ciaux soient écoutés et entendus ». Le groupe confirme son opposition au PACS HEUREUSEMENT que Jacques social, aux côtés des organisations qué de se « féliciter » des comptes financement de la Sécurité sociale, LA REPENTANCE n’est pas de prochent le choix du moment et le Chirac veille. L’opposition à un des syndicales – le Medef, certes, mais de la Sécurité sociale et du succès le groupe gaulliste s’est montré saison. Lors de la réunion du fait, une fois de plus, d’avoir agi en projets-phares du gouvernement, aussi la CFDT et FO – contre un de la démarche « entreprise en discret. Chacun l’admet, les dépu- groupe RPR de l’Assemblée natio- solitaire, sans prévenir personne. la seconde loi sur les 35 heures, gouvernement auquel il est repro- 1997 », en rappelant quelques tés RPR ont « la tête ailleurs », ob- nale, mercredi 6 octobre, Jean- « Les types ne comprennent plus, je s’est fait entendre, mercredi 6 oc- ché d’imposer sans discuter, voilà chiffres : 54 milliards de francs de nubilés par la campagne pour la Louis Debré a vérifié auprès de sa me fais engueuler dans mes réu- tobre, depuis le palais de l’Elysée. une posture qui sied au chef de déficit en... 1996, contre 4 milliards présidence du mouvement. base que celle-ci n’a pas d’états nions », témoigne François Fillon, Comme l’habitude en est désor- l’Etat. Au lendemain de la mani- en 1999. Finalement, seule l’UDF a joué d’âme sur les trois sujets suivants : candidat à la présidence du RPR. mais acquise, c’est à l’occasion du festation organisée par le patronat Matignon avait également pris son rôle d’opposant. L’interpella- les 35 heures, le pacte civil de soli- « On a donné l’impression de faire conseil des ministres que le chef – analysée avec beaucoup d’inté- soin d’assurer le relais parlemen- tion de Mme Aubry sur la « sincéri- darité (PACS) et l’immigration. Le machine arrière sur le PACS ; sur les de l’Etat est intervenu pour mar- rêt par l’Elysée –, le débat sur les taire. L’après-midi, à l’Assemblée té » des comptes qu’elle proposait, matin même, Le Parisien avait pu- 35 heures, on est inaudible, on n’en- quer sa différence avec le gouver- 35 heures offre à M. Chirac une nationale, ces mêmes chiffres ont a valu au député Jean-Luc Préel blié un entretien avec le député de tend que Seillière ; et là, les déclara- nement. S’exprimant après Mar- occasion d’opposer, une fois de été rappelés par le député socia- (Vendée) le soutien affiché d’Alain l’Eure, dans lequel celui-ci prenait tions de Juppé ajoutent à la caco- tine Aubry, la ministre de l’emploi plus, l’« autoritarisme » prêté au liste Alfred Recours (Eure), à l’oc- Juppé, venu le saluer à son banc, nettement ses distances avec Alain phonie, alors que ça n’engage que et de la solidarité, qui venait de gouvernement à la vision plus casion d’une question parfaite- après s’être montré particulière- Juppé sur la politique d’immigra- lui », ajoute Pierre Lellouche, dé- présenter le projet de loi de finan- souple de la société, dont le chef ment convenue adressée à la ment agacé des réponses de la mi- tion (Le Monde du 7 octobre). puté de Paris. cement de la Sécurité sociale, de l’Etat fait un argument-clé de sa ministre de l’emploi et de la soli- nistre. Au même moment, dans « Afin que nos militants ne perdent Sur le PACS, deux députés, Ber- M. Chirac a fait part de ses future campagne. darité. A droite, en revanche, l’or- une autre enceinte parlementaire, pas leurs repères, j’ai estimé de mon nard Accoyer (Haute-Savoie) et « préoccupations » sur ce texte. ganisation s’est avérée plutôt dé- Denis Kessler, vice-président du devoir de m’exprimer à la suite de Jacques Masdeu-Arus (Yvelines), Une « préoccupation » institu- faillante. Jean-Marc Ayrault, Medef, prenait lui aussi le relais certaines déclarations », a ironisé ont tenu à préciser que, dans son tionnelle, d’abord, concernant le « Je souhaite président du groupe PS, s’est em- des propos présidentiels. Entendu M. Debré en l’absence de M. Jup- discours de Lyon, devant les financement prévu des 35 heures, pressé de le relever, en ironisant par la commission des affaires so- pé, qu’il avait préalablement dis- jeunes RPR, Nicolas Sarkozy avait dont « ni le montant ni les modali- que les partenaires sur l’« habitude » du chef de l’Etat ciales du Sénat, il assurait que «si suadé de participer à la réunion du confirmé son hostilité au projet de tés ne figurent dans le projet de « de remplacer l’opposition parle- le gouvernement persiste à vouloir groupe. loi. Le secrétaire général avait, en loi », ce qui, a souligné M. Chirac sociaux mentaire, qui fait preuve de beau- siphoner les fonds des organismes Au poste stratégique qu’il oc- effet, simplement regretté que la « ne paraît pas conforme aux coup de faiblesse et d’un manque de protection sociale pour financer cupe, le président du groupe RPR communauté homosexuelle ait pu compétences que la Constitution re- soient écoutés d’imagination ». Si Bernard Ac- la réduction du temps de travail, le a pris la mesure de la colère qu’a parfois « être blessée ». A l’excep- connaît au Parlement ». Une coyer (RPR, Haute-Savoie) a en ef- Medef partirait des organismes pa- déclenchée l’entretien accordé par tion de Roselyne Bachelot, le « préoccupation » politique, en- et entendus » fet relayé les mises en garde pré- ritaires ». l’ancien premier ministre au groupe RPR a réaffirmé son oppo- suite : « Le principe même de ces sidentielles en jugeant, dans un Monde du 1er octobre sur l’immi- sition au texte sur le PACS. prélèvements a été rejeté par les ac- communiqué, « irrecevable » et Gérard Courtois gration. Même les députés qui teurs de notre démocratie sociale Lionel Jospin ne s’y est pas « inacceptable » le projet de loi de et Pascale Robert-Diard partagent son analyse lui re- Jean-Louis Saux (...). Cette évolution risque de mettre trompé, qui avait anticipé l’inter- en cause le paritarisme, qui est l’un vention présidentielle et préparé la des piliers de notre vie sociale. Je risposte. Intervenant longuement souhaite pour ma part, a insisté au début du conseil, le premier mi- M. Chirac, que le dialogue social nistre a affirmé que « le gouverne- puisse jouer pleinement son rôle et ment veut se donner le temps de né- que les partenaires sociaux soient gocier avec les partenaires sociaux. écoutés et entendus. » Le projet de loi sera, bien entendu, C’est bien évidemment cette complété et précisé, au cours de la deuxième phrase qui importe à discussion parlementaire ». Juste M. Chirac. « Garant » du dialogue avant, M. Jospin n’avait pas man- 35 heures : la discussion progresse en coulisse L’AMBIANCE était trop molle. cord sur les 35 heures, ou, à dé- Dans la soirée, mercredi 6 octobre, faut, avoir « engagé sérieusement » Martine Aubry a réveillé la poi- et « loyalement » des négociations. gnée de députés qui somnolaient L’essentiel, en réalité, se joue en un peu, après six heures de dis- dehors de l’hémicycle. Peu avant cussion générale sur les 35 heures. l’heure du dîner, Alain Vidalies « J’ai cru percevoir un certain ma- (PS, Landes) a discuté en aparté laise dans l’opposition, contrainte avec la ministre au sujet du SMIC, de reconnaître que la réduction du avant d’ébaucher, à table, un nou- temps de travail crée des emplois, ce veau compromis avec Gaëtan qui explique l’incohérence de ses Gorce (PS, Nièvre), rapporteur du propos », a commencé la ministre projet, et Yves Rome (PS, Oise), un de l’emploi et de la solidarité, en des gardiens de l’« équilibre » du promettant plus : « Vous allez voir texte. Maxime Gremetz (PCF, la réduction du chômage dans les Somme) a, lui aussi, multiplié les mois qui viennent. » « Vos chiffres discussions privées. Après avoir eu sont bidons ! », s’est énervé Domi- gain de cause, le matin en nique Dord (DL, Savoie), relayé commission, sur une définition par ses collègues. « Vous êtes mal plus précise du régime des as- élevés ! Si ma grand-mère vous en- treintes, le porte-parole du groupe tendait... », a raillé Mme Aubry, communiste se réjouissait, dans la avant de répondre, pour le plus soirée, d’avoir obtenu un début de grand plaisir de la gauche, aux cri- promesse que les aides de l’Etat tiques matinales du chef de l’Etat : aux entreprises seraient liées à un « Comme le président de la Répu- objectif symbolique d’emploi, à blique nous l’a rappelé, nous défaut d’une obligation quantifiée sommes tous attachés au parita- d’embauches. « Si c’est un chiffre risme et au dialogue social (...). qui embête le gouvernement, je ne Pour financer les 35 heures, il aurait suis pas obtus. Mais devra figurer le été sans doute plus simple de faire principe suivant : pas d’aides sans appel aux contribuables comme objectif de créations d’emplois ins- vous l’avez fait avec la ristourne crit dans les accords 35 heures », a- Juppé. » t-il confié dans les couloirs. M. Gremetz est aussi optimiste « UN ÉQUILIBRE SUBTIL » sur la création d’une commission Ces petites claques distribuées, de contrôle nationale de l’utilisa- Mme Aubry a pu, ensuite, répondre tion des fonds publics pour l’em- tranquillement à la majorité, tout ploi, sa troisième grosse revendi- en bornant ses attentes, au nom cation, qui fait l’objet d’un examen d’« un équilibre subtil » : « Garder « attentif » du gouvernement. Dès le texte tout en l’enrichissant, c’est mercredi matin, sur LCI, le pre- ma devise pour le reste du débat. » mier secrétaire du PS, François La moisson a pourtant été maigre. Hollande, a d’ailleurs répété : «Si Au sujet du SMIC, Mme Aubry s’est le texte est amélioré, je ne vois pas contentée d’indiquer qu’il faudra comment le PCF ne pourrait pas [le] « trouver une solution » pour les voter. » nouvelles entreprises, « sans qu’il y Quant à l’opposition, il se trou- ait d’effets pervers ». Aux socia- vait moins d’une dizaine de dépu- listes, comme Gérard Fuchs tés en séance, mercredi soir, pour (Seine-Maritime), qui réclament écouter Thierry Mariani (RPR) dé- avec insistance la reconnaissance fendre – sans succès – la motion d’un SMIC mensuel – inexistant de renvoi du texte en commission. aujourd’hui puisque seule la no- Le député du Vaucluse a insisté sur tion du SMIC horaire prévaut –, la l’« incroyable complexité » du tex- ministre a expliqué qu’elle avait te, en passant au crible tout le dis- « toujours combattu » cette reven- positif. « Je plains ceux qui devront dication « réclamée depuis vingt- l’appliquer, tout particulièrement cinq ans par le CNPF », car elle in- les petites entreprises qui n’ont pas tégrerait « toutes les primes d’an- une armée de juristes à leur disposi- cienneté, assuidité ou autres ». Elle tion », a-t-il souligné. En prenant a toutefois donné son feu vert à soin de ne pas citer à l’appui le l’amendement « Michelin » Medef, mais... le secrétaire général d’Odile Saugues (Puy-de-Dôme). de FO, Marc Blondel. Désormais, toute entreprise qui compte déposer un plan social de- Clarisse Fabre vra au préalable avoir signé un ac- et Isabelle Mandraud LeMonde Job: WMQ0810--0008-0 WAS LMQ0810-8 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 11:04 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0529 Lcp: 700 CMYK

8 / LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 FRANCE

La controverse fiscale à gauche s’élargit La CGT reste à l’écart aux droits de succession sur les entreprises de la manifestation Le débat sur les stock-options divise aussi le PS et la majorité « plurielle » du 16 octobre Le débat fiscal dans la majorité devient de plus portant sur l’épargne salariale, le président de la stock-options. Le rapporteur général du budget, en plus animé. Alors que François Hollande sou- commission des finances, Augustin Bonrepaux Didier Migaud (PS), prône un allègement des haite repousser au printemps 2000 toute réforme (PS), veut alourdir rapidement la taxation des droits de succession sur les entreprises. La centrale met en avant l’autonomie syndicale LE DÉBAT FISCAL autour des breux dirigeants socialistes et, Les dirigeants des autres un autre amendement visant à al- LA CGT, qui réunissait, jeudi nistes] de [leur] liberté d’action », stock-options n’en finit pas de même, par le ministre de l’écono- composantes de la majorité sont, léger les droits de succession sur 7 octobre, dans la matinée, son selon les termes de Pierre Blotin, faire des vagues dans la majorité mie et des finances : « Les salariés eux, encore plus réservés. « Nous les entreprises. Son dispositif vise bureau confédéral, puis sa numéro deux du PCF. Marie- « plurielle ». Critiques dans le qui travaillent dans une entreprise sommes défavorables à l’instaura- à instaurer un abattement de 50 % commission exécutive, devait déci- George Buffet, ministre de la jeu- camp des communistes et celui doivent pouvoir bénéficier de son tion d’une sorte de capitalisme po- sur la base imposable, à la condi- der de ne pas se joindre à la ma- nesse et des sports, approuve « to- des Verts, interrogations dans les succès au-delà de leurs propres sa- pulaire où tout le monde aurait sa tion que les héritiers s’engagent à nifestation pour l’emploi organi- talement », dans Le Parisien de jeu- rangs socialistes... la controverse laires et être davantage partie pre- part des bénéfices de l’entreprise à conserver leurs actions pendant au sée le 16 octobreà l’initiative du di, la manifestation du 16 et prend de l’ampleur, sans que l’on nante aux décisions », explique Do- terme », a indiqué, mercredi, Yves moins huit ans. Le groupe socia- PCF. La position adoptée par la di- explique que si, ministre, elle ne sente émerger, à gauche, une doc- minique Strauss-Kahn dans Le Cochet, député (Verts) du Val- liste devrait arrêter sa position sur rection confédérale est, en effet, peut y participer, « ce n’est pas une trine commune. Plus que cela : la Nouvel Observateur (daté 7-13 oc- d’Oise, avant de demander que ne cet amendement, ainsi que sur celle de la « non-participation manif’contre le gouvernement, mais polémique risque maintenant de tobre). soient pas oubliés « les exclus, les tous les autres, le 12 octobre. bienveillante », déjà esquissée par exactement l’inverse : il s’agit de rebondir sur un autre sujet, celui Pourtant, une question fait dé- chômeurs, et les cinq, six ou sept Cette suggestion était, à l’ori- Bernard Thibault, le 3 octobre, au l’aider ». Dans Le Monde du 7 oc- des droits de succession sur les en- bat au PS. Faut-il renvoyer toutes millions de personnes qui, elles, ne gine, un des chevaux de bataille de « Grand Jury RTL-Le Monde-LCI ». tobre, Sami Naïr, vice-président du treprises. ces réformes « à la loi sur l’épargne sont pas salariées et qui n’auront Jacques Chirac. Lors de la cam- Le secrétaire général avait alors MDC, a développé la même thèse Dans un entretien au Monde du salariale prévue pour le premier se- pas du tout de stock-options ». « Sur pagne présidentielle de 1995, le expliqué que la CGT ne peut « être à l’encontre de « ceux qui craignent 7 octobre, François Hollande a mestre 2000 », comme le souhaite l’épargne salariale, on n’est pas fer- chef de l’Etat avait proposé un al- qu’intéressée » par les mots d’ordre de participer à cette manifestation pourtant cherché à définir une po- M. Hollande ? Le président de la mé à tout, mais on ne voudrait pas lègement voisin, en assurant d’une initiative centrée sur l’em- sous prétexte qu’elle peut apparaître sition de conciliation. Se pronon- commission des finances de l’As- recréer des fonds de pension sous un qu’une fiscalité trop lourde avait ploi, contre les licenciements et le comme une critique du gouverne- çant en faveur d’« une remise en semblée, Augustin Bonrepaux autre nom », a, de son côté, décla- pour effet d’accélérer la dispari- primat des critères financiers dans ment ». cause [des] avantages fiscaux » des (PS), est, pour sa part, décidé à al- ré le président de la commission tion d’entreprises. A l’époque, les la gestion des entreprises, mais stock-options, d’« une extension à ler plus vite. Il a présenté devant de la production, André Lajoinie socialistes, et aussi les balladu- que, pour autant, elle ne souhaite «LE MOUVEMENT SOCIAL PIÉTINE» l’ensemble du personnel et une to- son groupe un amendement au (PCF). riens, avaient vivement critiqué ce pas être partie prenante d’un dé- Pour la Ligue communiste révo- tale transparence » de ce méca- projet de loi de finances pour 2000 projet. Alain Juppé avait pourtant bat entre « partis politiques de la lutionnaire et pour Lutte ouvrière, nisme de rémunération, il a plaidé tendant à relever de «30% à JACQUES CHIRAC, DÉJÀ décidé de mettre cette réforme en majorité gouvernementale ». qui se sont associées, dès le dé- pour la mise en œuvre d’un projet 40%»(c’est-à-dire de 40 % à 50 % Cette cacophonie risque d’être application, mais elle avait été Dans l’entourage de M. Thi- part, à l’initiative du PCF, en plus large d’épargne salariale, re- avec les prélèvements sociaux) la renforcée par une autre proposi- censurée par le Conseil constitu- bault, on soulignait, ces derniers comptant bien s’affirmer comme posant sur « un mécanisme per- taxation des plus-values sur les tion. Le rapporteur général du tionnel (Le Monde du 2 janvier jours, que la CGT est aujourd’hui des acteurs incontournables dans mettant aux salariés de détenir col- stock-options. Cela risque de faire budget, Didier Migaud (PS), vient 1996), pour rupture d’égalité des assez à l’aise dans sa démarche l’espace situé à la gauche du PS, la lectivement une part du capital de débat : initialement, le ministre en effet d’informer ses camarades contribuables devant l’impôt. syndicale, qui exclut qu’elle s’ins- non-participation syndicale est leur société ». Cette position est vi- des finances souhaitait en effet socialistes de la commission des fi- crive dans les dosages internes au également une déception. L’initia- siblement partagée par de nom- abaisser cette taxation à 25 %. nances qu’il souhaitait défendre Laurent Mauduit gouvernement. Le projet de réso- tive du 16 octobre a jeté le trouble lution soumis à l’exécutif collégial du côté des associations, soumises reprend cette argumentation. «Le à fortes sollicitations. Ainsi, Agir contenu de cette manifestation nous ensemble contre le chômage intéresse », insiste la CGT, tout en (AC !), qui, dans un premier temps, soulignant « la nécessité pour le avait annoncé qu’il n’y participe- syndicalisme de réaffirmer son auto- rait pas, a nuancé sa position. Se- nomie d’analyse et de prise de déci- lon Claire Villiers, une de ses sion ». « C’est pourquoi (...)la na- porte-parole, « AC ! ne lance pas ture politique de cette initiative d’appel national à la manifestation, conduit la CGT à ne pas se joindre mais [laisse] la liberté aux collectifs aux organisations appelant à cette locaux d’appeler ». Jean-Claude manifestation », indique le texte, Amara, un des responsables de en précisant que « chaque salarié, Droits devant ! !, souligne qu’il a chaque citoyen est à même d’appré- eu « pas moins de quatre fois Pierre cier l’intérêt et la portée d’une telle Blotin au téléphone », le dirigeant manifestation ». communiste tentant de le Pour la CGT, il s’agit de ne pas convaincre d’appeler au défilé. froisser le PCF et de ne pas créer « Je comprends que cette initia- trop de troubles pour une partie tive pose problème aux syndicats et des cégétistes également militants aux associations », explique Alain communistes. Même bienveillante, Krivine, porte-parole de la LCR, cette non-participation de la CGT mais estime-t-il, « le mouvement affaiblit, en effet, l’initiative du social piétine ». « Il n’y a pas de dy- PCF, qui ne pourra compter sur le namique. Si on ne dégage pas un soutien officiel d’aucune organisa- chouïa de perspective politique, il va tion syndicale. C’est un coup dur se scléroser », affirme le dirigeant pour Robert Hue, qui, ayant dû re- trotskiste. La LCR et LO, qui ont tarder son congrès – et lui-même donné de très fermes consignes de renvoyé en correctionnelle pour le mobilisation à l’ensemble de leurs financement de son parti –, tente sections, entendent aussi faire de de nouveau de présenter celui-ci cette manifestation un tremplin. comme le débouché naturel des Le PCF, avec lequel elles manifes- mouvements sociaux. Anticipant teront, risque en effet de se re- sur les réticences syndicales, le trouver dans une position très dé- PCF affiche comme principal motif licate. Si les députés communistes de satisfaction le fait que la ma- devaient s’abtenir, lors du vote so- nifestation du 16 octobre ras- lennel sur le projet de seconde loi semble « trois acteurs sur quatre de sur les 35 heures, le 19 octobre, la gauche plurielle », autrement dit trois jours après le défilé, les deux le PCF, les Verts – divisés à ce su- formations d’extrême gauche se- jet – et le MDC. raient en mesure de dénoncer le La ligne officielle, Place du Colo- double jeu du PCF et de capter le nel-Fabien, reste que cette mani- mécontentement des manifes- festation n’est pas dirigée « contre tants. le gouvernement », mais que le fait d’« être pleinement au gouverne- Alain Beuve-Méry ment ne prive pas [les commu- et Caroline Monnot LeMonde Job: WMQ0810--0009-0 WAS LMQ0810-9 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 10:30 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0530 Lcp: 700 CMYK

FRANCE LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 / 9

Les populations des DOM attendent de l’Etat Regain de tension de nouveaux moyens de développement économique sur le front social Un avant-projet de loi d’orientation devrait être présenté en novembre en Martinique Un avant-projet de loi d’orientation pour l’outre- prévoit de faire aux Antilles fin octobre. Un son- de l’océan Indien montre que l’attente de nou- mer devrait être présenté aux assemblées locales dage commandé par le secrétariat d’Etat aux veaux moyens de développement économique y en novembre, après le voyage que Lionel Jospin DOM-TOM dans les départements d’Amérique et prime celle d’une évolution du statut. Le Medef local se résout à négocier À QUELQUES semaines du calédonien ou polynésien, et 6 % coût de la vie qui est plus élevé 20 milliards (3,02 milliards d’euros) FORT-DE-FRANCE principales zones d’activité indus- voyage que doit entreprendre le seulement pour l’indépendance. qu’en métropole. en provenance de l’Union euro- de notre correspondant trielle et commerciale de la péri- premier ministre Lionel Jospin, fin Une majorité d’habitants des Pour autant, le gouvernement péenne. Dans l’attente des arbi- La « grève générale » reconduc- phérie de Fort-de-France. De octobre, aux Antilles, le secrétariat DOM (61 %) se déclarent aussi fa- n’a pas de recette magique en ma- trages de l’Hôtel Matignon, les ser- tible, organisée depuis le 5 octo- brefs affrontements avec les gen- d’Etat à l’outre-mer vient de rendre vorables au maintien de deux as- tière de développement écono- vices de l’outre-mer réfléchissent bre par trois des plus influentes darmes mobiles se sont produits publique une enquête sur l’état de semblées, conseil général et conseil mique. « On observe actuellement, aussi au remplacement de la loi organisations syndicales martini- dans la matinée de mercredi. La l’opinion dans les quatre départe- régional, tandis que 35 % sou- en métropole, un recul du chômage, Pons sur la défiscalisation, qui a été quaises et un syndicat d’employés tension est remontée, dans ments d’outre-mer (la Guadeloupe, haitent une assemblée unique. une reprise sensible de l’activité, prorogée jusqu’en 2002. Alors que de banque afin de protester l’après-midi, à la suite de l’inter- la Guyane, la Martinique et la Réu- 76 % des personnes interrogées es- mais, outre-mer, cela n’est pas sen- les capacités d’emprunts sont ré- contre « les exactions patronales » pellation de deux grévistes par nion). Une première leçon s’en dé- timent que « l’Etat est indispensable sible, sauf pour la consommation, duites, une partie de l’épargne des – utilisation de milices privées sur des gendarmes. Après des tracta- gage : les « domiens » attendent en relève M. Queyranne. Globalement, DOM continue d’être transférée en les piquets de grève, licenciement tions entre les autorités et l’inter- majorité (50 %) de la future loi la tendance pour le chômage conti- métropole. Comment est-il pos- pour faute de délégués syndicaux, syndicale, la libération des gré- d’orientation sur l’outre-mer Le gouvernement nue d’être à la hausse. Cela tient sible de réguler ce flux ? De même, menaces de saisie de leurs biens vistes a finalement été obtenue qu’elle apporte d’abord de nou- principalement à la démographie : peut-on réduire l’avantage fiscal proférées à l’encontre de certains en fin d’après-midi, entraînant veaux moyens pour le développe- pourrait étendre 35 % des “domiens” ont moins de consenti aux assujettis à l’impôt sur grévistes –, devrait déboucher sur une levée progressive des bar- ment économique plutôt qu’une vingt ans, contre 25 % en métropole. le revenu – qui représente pour la reprise du dialogue dans deux rages. réforme du statut (13 %), réclamée la politique Cela tient aussi au fait que l’écono- l’Etat un manque à gagner de 1 mil- entreprises affectées par un arrêt Mardi, un défilé d’un peu moins principalement par les élus de mie productive est plus fragile. » liard de francs (152 millions d’eu- de travail depuis quatre mois, le d’un millier de personnes dans les Guyane et de Martinique. Ils at- d’exonération des Le gouvernement pourrait ros) – en contrepartie d’un investis- concessionnaire Toyota et l’entre- rues de Fort-de-France avait per- tendent aussi des mesures contre étendre la politique d’exonération sement local ? prise familiale de distribution Ro- mis à l’intersyndicale de mesurer l’insécurité (19 %), notamment en charges pour les PME des charges pour les petites et Annoncé il y a un an, le projet de ger Albert. La préfecture, où a été la relative indifférence de la po- Guyane (29 %) et à la Guadeloupe moyennes entreprises, engagée par loi d’orientation sur l’outre-mer fi- reçue une délégation de l’inter- pulation pour deux conflits so- (27 %). la loi Perben de 1994. L’un des le- gure au catalogue des réformes syndicale, mercredi 6 octobre, est ciaux isolés, mais aussi sa capaci- La réponse apportée par un pour garantir les libertés », et 74 % viers traditionnels du développe- énumérées le 27 septembre, à en effet parvenue à convaincre les té de perturber l’activité échantillon représentatif de 2 415 que « l’intervention de l’Etat est né- ment passe aussi, outre-mer, par la Strasbourg, par M. Jospin. Dès le dirigeants locaux du Medef de économique. La difficulté d’éta- personnes, interrogées par l’institut cessaire, car les élus locaux ne rem- commande publique. Le secrétariat mois de novembre, si le calendrier participer à un tour de table sur blir un dialogue social permanent Ipsos du 5 au 20 juillet, va donc plissent pas suffisamment leur rôle ». d’Etat à l’outre-mer évalue celle-ci est respecté, un avant-projet sera les conditions de résolution de est à l’arrière-plan de la nette dé- dans le sens souhaité par le gou- En revanche, une majorité (63 % en à 30 milliards de francs (4,57 mil- soumis aux assemblées locales in- ces deux conflits. gradation du climat social obser- vernement, lequel, en accord avec moyenne et jusqu’à 69 % à la Gua- liards d’euros) pour la période téressées. Afin de montrer sa détermina- vée ces derniers mois. le président de la République, n’en- deloupe) juge que « l’Etat ne joue 2000-2006, couverte par les pro- tion, l’intersyndicale a bloqué, tend pas sortir du cadre de l’ar- pas suffisamment son rôle en ma- chains contrats de plan, dont Jean-Louis Saux mardi et mercredi, les accès aux Jean-Marc Party ticle 73 de la Constitution, consacré tière d’ordre public » et, dans une au régime législatif et à l’organisa- proportion un peu moindre (59 %), tion administrative des départe- qu’il « préserve trop les intérêts de la ments d’outre-mer. « Il y a un réel métropole ». attachement à la départementalisa- Sur la question délicate des sur- tion, voulue en 1946 par Aimé Cé- rémunérations dont bénéficient les saire et Gaston Monnerville », ob- agents de la fonction publique, serve avec satisfaction Jean-Jack l’évolution des mentalités est sen- Queyranne, secrétaire d’Etat à sible : 50 % des personnes interro- l’outre-mer, tout en admettant que gées en accepteraient la suppres- les élus locaux puissent, à l’avenir, sion progressive, à condition que exercer davantage de responsabili- les crédits ainsi épargnés soient in- tés. Selon l’enquête d’Ipsos, 79 % vestis pour créer des emplois dans des personnes interrogées se pro- les DOM. Toutefois, la réduction de noncent pour le statut actuel, avec l’impôt sur le revenu pratiquée ou sans amélioration, 13 % pour un dans les DOM paraît « justifiée » à statut d’autonomie de type néo- 56 % d’entre elles, en raison du

RPR : Jean Tiberi rend public son soutien à Jean-Paul Delevoye JEAN TIBERI a officiellement apporté, mercredi 6 octobre, un soutien « sans ambiguïté » à la candidature de Jean-Paul Delevoye à la présidence du RPR. Mais il l’a fait en tant que député et maire de Paris, et non en tant que secrétaire départemental de la fédéra- tion gaulliste, lui évitant ainsi d’afficher ses divisions. La députée Nicole Catala, présidente du comité départemental, soutient en effet François Fillon, proche, comme elle, de Philippe Séguin. M. Delevoye « n’a pas été mêlé aux querelles des uns et des autres, il a l’objectivité, la distance, la hauteur de vue pour assurer l’union », a déclaré M. Tiberi devant 200 militants parisiens. Evoquant les « campagnes mensongères et injustes » menées contre lui-même, M. Tiberi a indiqué qu’il ne voyait « pas en quoi » son soutien pourrait être un « handicap » pour M. Delevoye. Hubert Haenel (RPR) élu président de la délégation du Sénat pour l’UE SÉNATEUR du Haut-Rhin, Hubert Haenel (RPR) a été élu, mer- credi 6 octobre, président de la délégation du Sénat pour l’Union européenne, en remplacement de Michel Barnier, nommé commissaire européen. M. Haenel a été élu au second tour de scrutin avec 20 voix, contre 9 à Marie-Madeleine Dieulangard (PS, Loire-Atlantique) et 2 à Danielle Bidard-Reydet (PCF, Seine-Saint- Denis). Denis Badré (Union centriste, Hauts-de-Seine), qui avait obtenu 8 voix au premier tour – contre 14 à M. Haenel –, s’est reti- ré au second tour. M. Haenel, cinquante-sept ans, rapporteur spé- cial du budget de la justice au Sénat depuis 1977, maire de Lapou- troie (Bas-Rhin), est premier vice-président du conseil régional d’Alsace.

DÉPÊCHES a IMMIGRATION : le président du RPF, Charles Pasqua, a criti- qué, mercredi 6 octobre sur LCI, les propos tenus par Alain Juppé sur l’immigration dans son entretien au Monde du 1er octobre. Tout en se « réjouissant » que l’ancien premier ministre « se rende compte d’un certain nombre de choses », M. Pasqua a déclaré qu’on « ne peut pas dire qu’il faut accepter le regroupement familial d’une manière définitive [car] tous les problèmes pour la France viennent de là ». a DÉCENTRALISATION : Lionel Jospin a reçu, mercredi 6 octo- bre, les trois présidents des principales associations d’élus locaux (maires, départements et régions) venus plaider pour un « acte II de la décentralisation ». Le premier ministre a reconnu qu’une nouvelle « étape » était nécessaire. Il a confirmé qu’un groupe de réflexion, dont il annoncera prochainement la composition, serait chargé de faire des propositions dans le courant de l’année 2000. a BUDGET : les recettes fiscales du budget général de l’Etat ont augmenté de 75,2 milliards de francs (11,46 milliards d’euros) sur les huit premiers mois de l’année par rapport à la même période de 1998, selon les chiffres transmis mercredi 6 octobre par le ministère des finances. Cette hausse de 8,1 % reste nettement supérieure à ce que prévoit la loi de finances pour l’ensemble de l’année (+ 5,7 %). Les dé- penses ont augmenté de 3,3 % par rapport à la même période de 1998, au-delà des prévisions de la loi de finances initiale (+ 2,4 % sur l’année). LeMonde Job: WMQ0810--0010-0 WAS LMQ0810-10 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 10:31 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0531 Lcp: 700 CMYK

10 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999

LYCÉES Des manifestations de ly- nationale lycéenne (UNL). Ils de- b LOUBNA ET EBTISSEM, deux des nérale de la FIDL. b LA DROITE RE- sur les Enjeux éducatifs pour les vingt céens devaient avoir lieu, jeudi 7 octo- mandent plus de professeurs, des lo- porte-parole des manifestations de VIENT sur le terrain du débat sur ans à venir. Démocratie libérale a pré- bre, dans toute la France à l’appel de caux adaptés, des emplois du temps 1998, participent au mouvement. l’éducation. France moderne, l’asso- senté, samedi 2 octobre, « Dix choix la Fédération indépendante et démo- mieux faits et des mesures sur la dé- L’une est devenue permanente de ciation d’Alain Juppé, organise les 8 et pour faire bouger l’école ». (Lire aussi cratique lycéenne (FIDL) et de l’Union mocratisation de la vie lycéenne. SOS-Racisme, l’autre est secrétaire gé- 9 octobre des entretiens, à Bordeaux, notre éditorial page 18.) Une journée décisive pour l’avenir du mouvement lycéen Des dizaines de milliers d’élèves devaient manifester jeudi dans toute la France à l’appel de la FIDL et l’UNL. Comme en octobre 1998, ils demandent plus de professeurs, des classes moins chargées, des emplois du temps mieux faits et une vraie participation à la vie des établissements C’EST leur deuxième journée De son côté, l’Union nationale fallacieuses ». Les revendications teurs et aux chefs d’établisse- d’horaires et de programmes, devenu un passage obligé, sans nationale de mobilisation en l’es- lycéenne (UNL), associée aux syn- de 1999 s’inscrivent dans le droit- ment. soutien individualisé en seconde, résoudre pour autant les contra- pace d’une semaine : jeudi 7 octo- dicats d’enseignants (SE-FEN, fil de celles d’octobre 1998, ainsi Le plan d’urgence adopté en oc- développement des cours en pe- dictions qui traversent les reven- bre, les élèves des lycées généraux FEN, SGEN-CFDT, FAEN) et aux résumées par la FIDL : « changer tobre 1998 prévoyait le recrute- tits groupes), n’ont pas encore pu dications lycéennes depuis dix et professionnels devaient, un peu parents d’élèves de la FCPE, en- les emplois du temps lycéens ; de ment de 14 000 adultes. Le minis- se faire sentir puisqu’ils sont en- ans. Les lycéens savent d’expé- partout dans le pays, descendre tend « traduire le mécontentement nouveaux droits ; de nouvelles ma- tère a, ces jours derniers, présenté trés en vigueur début septembre. rience que les démonstrations de dans la rue pour réclamer de meil- lycéen en actes forts ». Dans une nières de travailler ; des moyens un bilan chiffré : la moitié des Les nouveautés introduites ont masse sont suivies d’effets mais leures conditions de travail. lettre commune envoyée au mi- supplémentaires ». Bien qu’un cer- 3 000 surveillants et des même eu tendance à compliquer ne veulent plus entendre parler de Pour la Fédération indépen- nistre, ces organisations se pro- tain nombre de lycéens re- 10 000 emplois-jeunes promis la confection des emplois du « plan lycée » annoncé à coups de dante et démocratique lycéenne noncent en faveur d’« une évolu- connaissent un progrès en ma- l’année dernière ainsi que la tota- temps des élèves, contribuant à milliards. Ils exigent des réponses (FIDL), il s’agit d’une « journée- tion démocratique du lycée ». tière de moyens, notamment dans lité des 1 000 lecteurs étrangers attiser la grogne des lycéens sur concrètes dont rien ne garantit test ». Les assemblées générales Selon eux, « les efforts consentis en les lycées généraux, plusieurs mil- ont été embauchés. En revanche, ce point. Pour la FIDL, une nou- préparatoires, qui devaient, mardi matière d’allègement des horaires liers d’enseignants manquaient à sur les 1 000 appelés du velle organisation du travail au ly- 5 octobre, établir lycée par lycée et des effectifs passent inaperçus l’appel cette année encore, don- contingent prévus dans le plan, cée demeure pourtant un levier de Un service d’ordre des cahiers de doléances, n’ont parce qu’ils sont limités et que l’ob- nant l’impression d’une rentrée seuls 140 ont été recrutés. De plus, changement incontournable. pas attiré les foules. Venu à point jectif final n’a pas été clairement scolaire fort éloignée de l’objectif l’ouverture de listes complémen- renforcé nommé, un questionnaire lancé énoncé ». « Chacun, ajoutent- du « zéro défaut » affiché par le taires a permis l’embauche d’en- PASSAGE OBLIGÉ avant le mouvement par l’organi- elles, doit être convaincu que notre ministre de l’éducation dès 1998. seignants dans les disciplines défi- Les classes surchargées consti- Deux cents adultes devaient sation lycéenne et tiré à système éducatif a pour mission citaires (Le Monde du tuent à coup sûr l’autre grande encadrer, jeudi 7 octobre, la ma- 40 000 exemplaires sera dépouillé d’accueillir tous les jeunes. » QUELQUES « ALÉAS » 30 septembre). Enfin, courant déception des lycéens à cette ren- nifestation parisienne des ly- ce week-end : ce sera l’occasion Ne souhaitant pas être en reste, Mercredi 6 octobre, Claude Al- septembre, les recteurs ont été trée. Si les classes de terminale céens, qui partira à 14 heures de de présenter une synthèse natio- les collectifs anti-Allègre, en som- lègre a de nouveau affirmé devant autorisés à recruter quelque sont pour la plupart limitées à la place d’Italie pour rejoindre nale des revendications, et, éven- meil depuis la rentrée, affirment l’Assemblée nationale que « tous 6 000 enseignants vacataires. 35 élèves, comme Claude Allègre République. Ce service d’ordre a tuellement, de donner une base que le « malaise profond » des ly- les engagements pris l’an dernier Les effets de la réforme du ly- l’avait promis, le plan pluriannuel été fourni par les syndicats plus solide au mouvement qui a céens est lié « au manque de pour les lycées avaient été tenus ». cée, dont certains éléments de baisse des effectifs en seconde d’enseignants (FSU, UNSA, débuté le 13 septembre dans le moyens, au nouveau lycée light, à S’il reconnaît quelques « aléas », il étaient censés répondre aux de- et en première n’a, lui, toujours CFDT, CGT, FO) et d’étudiants sud de la France. la méthode Allègre, aux promesses renvoie leur règlement aux rec- mandes des lycéens (allègements pas été engagé. En seconde, 75 % (UNEF-ID) ainsi que par SOS- des classes comptent plus de Racisme. 31 élèves. C’est encore le cas pour La Fédération indépendante 41 % des classes de première. et démocratique lycéenne Autre sujet d’incompréhension (FIDL), qui a pris en charge l’or- La foi intacte de Loubna et Ebtissem, les porte-parole du « mouv » de 1998 entre les lycéens et le ministère : ganisation du défilé, assure A L’AUTOMNE 1998, lors du mouvement ly- première, raisonnable et terre à terre, passe jours là. » Aujourd’hui secrétaire générale de la question des locaux et des équi- « avoir pris les dispositions pour céen, Loubna était sortie de son anonymat de par des « cahiers de doléances ». « Il faut poin- la FIDL, elle estime que les jeunes se sont « ra- pements des établissements, dont que tout se passe bien ». militante à la Fédération indépendante et dé- ter les problèmes établissement par établisse- dicalisés ». « Ils ont connu le mouvement de l’an l’amélioration a été promise l’an « Consciente des risques de vio- mocratique lycéenne (FIDL) de Dijon pour re- ment et obtenir des réponses concrètes. Les dernier, ils ne se laisseront pas avoir une dernier. La Rue de Grenelle en- lence qui seraient le fait de layer la parole des lycéens en colère. Ces quel- jeunes en ont marre des promesses à 4 milliards deuxième fois par de grandes annonces. » So- courage les lycéens à se tourner groupes organisés », elle a néan- ques semaines pendant lesquelles, avec qui ne changent rien. » La seconde est plus ra- lennelle, elle demande « au service public vers les régions, responsables du moins demandé à la préfecture quelques autres lycéennes, elle a incarné le dicale : « Le lycée a besoin d’une révolution sco- d’éducation nationale de tenir ses promesses ». financement de ces moyens, mais de police de mettre en place les « mouv » ont changé sa vie. Depuis, elle a laire. On ne peut pas continuer avec ces journées Politique, elle pointe les risques « d’un lycée à soumises à des délais incompres- dispositifs nécessaires en « démissionné » de sa première sciences et de dix heures, qui nous empêchent de faire autre deux vitesses » : « Les lycéens veulent des vrais sibles pour le lancement de chan- amont, dans les gares de RER, et techniques du tertiaire, passé son bac de fran- chose que d’aller en cours. Il faut changer les profs formés, pas des maîtres auxiliaires, des as- tiers. dès le matin sur la place d’Italie. çais en candidate libre, loué une chambre à rythmes scolaires . » sistantes sociales ou des emplois-jeunes. » Re- Parallèlement, les nouveaux Paris et intégré l’équipe de permanents de vendicative, elle rappelle les points oubliés du droits promis aux lycéens, notam- SOS-Racisme. A cette rentrée, elle s’est ins- « ON NOUS PROMET LE ZÉRO DÉFAUT » plan d’urgence Allègre de 1998 : les droits des ment la création d’un conseil de la qu’elles dissiperont leur malaise, crite au Centre national d’enseignement à dis- Pour elle, l’existence d’un mouvement deux lycéens et la réforme des emplois du temps. vie lycéenne dans chaque établis- plus largement lié aux rapports tance en terminale littéraire. années de suite suffit à démontrer que le ma- Ebtissem s’échauffe en pensant au discours sement, tardent à prendre corps complexes qu’ils entretiennent Sa passion pour le militantisme est intacte. laise est profond. Et la présence massive des de Claude Allègre. « Quand il nous dit : retour- (Le Monde du 6 octobre). « Faute avec le travail et le sens de leurs « Exprimer une rage autrement qu’en brûlant lycéens professionnels, cette année, paraît lo- nez en classe, soyez patients, les choses vont d’avoir résolument progressé sur le études. Faute de pouvoir l’expri- des voitures et se rendre compte que tu peux être gique à cette ancienne élève de BEP. « Aux s’améliorer, nous, on lui répond : on n’a pas la dossier de la vie lycéenne, le mi- mer, ils se mobilisent au nom de la écoutée, c’est fort, poursuit-elle. J’ai reçu plein yeux de ces lycéens, l’école constitue la dernière patience d’attendre. » Cette tentative de nistre prive les élèves des outils qui solidarité tout en espérant être de courrier de gens qui me félicitaient de re- chance pour sortir de la misère sociale. C’est « pourrissement » va se heurter, elle en est per- leur auraient permis de faire en- mieux traités, individuellement, présenter une jeunesse dynamique et conscien- normal qu’ils soient inquiets. » C’est d’ailleurs à suadée, « à un mouvement plus fort que l’an tendre leur voix au sein de chaque par les adultes qui les encadrent. cieuse. » Les « gens » donc l’ont entendue, leurs côtés qu’elle se tient cette année ; pas dernier et qui, cette année, ne sera pas cassé par établissement, analysent l’UNL et Poussés par ces exigences multi- mais pas le ministère. « 156 000 lycéens dans la derrière les micros. les vacances de Toussaint ». D’ici là, elle aura les organisations qui la sou- formes, ils n’ont toujours pas reçu rue la semaine dernière, c’est un mouv, Aussi présente que Loubna devant les camé- abandonné son mandat au secrétariat général tiennent dans leur lettre à Claude de réponse politique à même de constate-t-elle. C’est bien la preuve qu’on n’a ras l’an dernier, Ebtissem, bachelière depuis de la FID, et abordé sa nouvelle vie : étudiante Allègre. Il n’est donc pas surpre- les satisfaire. pas été vraiment pris au sérieux. » juin, conserve, elle aussi, l’impression d’avoir en histoire à l’université Paris-VIII. nant qu’ils cherchent d’autres voies Méfiante et résolue à « ne pas se faire été flouée en 1998. « On nous promet le zéro dé- pour se faire entendre. » Nathalie Guibert avoir », Loubna hésite entre deux voies. La faut depuis deux ans et les problèmes sont tou- S. L. B Descendre dans la rue est ainsi et Stéphanie Le Bars La droite revient avec prudence dans le débat sur l’école ALORS qu’en octobre 1998 Alain seignement supérieur au sein de professionnel au profit des ré- Madelin déclarait qu’il fallait sou- l’Europe, formation tout au long gions. tenir les lycéens, mais aussi créer de la vie. Il y aura beaucoup de Mais l’intérêt de la manifestation un comité en faveur de Claude Al- questions – « L’autonomie des éta- de DL ne résidait pas tant dans lègre, l’opposition s’est, jusqu’à blissements est-elle susceptible de cette énumération peu surpre- présent, abstenue de souffler sur renforcer les inégalités ou de les at- nante que dans un visible change- les braises du nouveau mouve- ténuer ? », « Comment reconnaître ment de stratégie politique. ment de grogne dans les lycées. le mérite enseignant ? », « Faut-il Comme par miracle, l’ancien mi- Très occupée à préparer son retour régionaliser la formation profession- nistre de l’éducation François Bay- dans le débat éducatif, si possible nelle?» – mais « pas de solutions rou, accusé quinze jours aupara- sans déballage agressif de ses di- toutes bouclées », insiste Jean-Mi- vant d’« immobilisme » par Alain vergences, elle fait aussi preuve de chel Dubernard, député RPR du Madelin (Le Monde du 25 sep- la prudence que lui impose depuis Rhône et membre du groupe de tembre), est devenu dans la deux ans la personnalité du mi- réflexion de France moderne. bouche de M. Goasguen, porte-pa- nistre de l’éducation, appréciée « Nous ne voulons surtout pas nous role de DL, « celui qui connaissait le d’une partie de ses troupes. précipiter, comme font tous les partis mieux le système éducatif et qui Pour autant, la droite semble dé- de gauche ou de droite, ajoute avait le mieux compris que les ap- cidée à réinvestir les sujets de so- M. Dubernard. D’ailleurs, l’éduca- proches politiques classiques étaient ciété, et notamment l’éducation. tion n’est pas de gauche ou de dépassées ». France moderne, l’association droite, mais républicaine. » Après avoir assuré que « la pen- d’Alain Juppé fondée au lendemain sée éducative de gauche [était] ta- des législatives de 1997, organise « FRACTURE CULTURELLE » rie », M. Goasguen a défini les les « Entretiens de Bordeaux », Alain Juppé devrait parler de étapes qui devraient conduire la vendredi 8 et samedi 9 octobre, « fracture culturelle » à l’école, de droite vers une alternance crédible afin de « faire le point des enjeux partage de la connaissance et d’ac- en matière d’éducation. « Aucun éducatifs pour les vingt ans à ve- cès au savoir, mais sans délivrer de consensus artificiel n’est possible, nir ». Son groupe de travail « édu- propositions. Elles feront l’objet nous devons tout mettre sur la table cation » a, dit-on, « beaucoup tra- du deuxième « cahier de France sans tabous », a-t-il déclaré. Plus vaillé, consulté et rencontré » depuis moderne » dans quelques mois, question, comme la semaine pré- un an ; selon les promoteurs du après celui déjà paru sur l’intégra- cédente, de stigmatiser le RPR et colloque, une quarantaine d’audi- tion et l’immigration (Le Monde du l’UDF « passés du mammouth à tions discrètes – de l’écrivain Alain 1er octobre). Cromagnon », puisqu’il faudra en- Finkielkraut à l’ancien dirigeant de De son côté, la formation suite « discuter au sein de l’opposi- la Fédération syndicale unitaire d’Alain Madelin, Démocratie libé- tion » avant de prendre des déci- (FSU), Michel Deschamps – a rale (DL), avait, dès le 2 octobre, sions politiques. Reprenant l’idée « permis de dégager ce que pour- présenté ses « 10 choix pour faire d’un référendum – un mot qui raient être les tendances et les évolu- bouger l’école ». Les libéraux n’apparaît pas dans le programme tions » du système éducatif. prônent notamment l’autonomie des « entretiens de Bordeaux » – Sept débats auront lieu, avec de des établissements scolaires et uni- avancée par le candidat Jacques nombreuses personnalités issues versitaires, la suppression progres- Chirac en 1995, M. Goasguen a du monde syndical, universitaire, sive de la carte scolaire, la création conclu qu’en cas de résistance à la administratif ou de la société ci- d’un chèque-éducation artistique réforme il s’agirait d’« une mesure vile : programmes scolaires, égalité et culturelle, la revalorisation du ultime sur laquelle il ne faudra pas des chances, rôle des profs, ensei- mérite dans la notation des ensei- reculer ». gnement professionnel, insertion gnants, la décentralisation totale professionnelle des étudiants, en- de l’enseignement technique et Béatrice Gurrey LeMonde Job: WMQ0810--0011-0 WAS LMQ0810-11 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 10:47 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0532 Lcp: 700 CMYK

SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 / 11

Institués il y a un an, les tests dans les armées Le juge Bruguière a décidé révèlent les carences scolaires des jeunes d’instruire une plainte Un sur dix éprouve des difficultés à lire et comprendre un document de la vie courante contre le colonel Kadhafi Le ministère de la défense célébrera, samedi a succédé au service national. La batterie de tests en évidence leurs carences scolaires : près de 4 % 9 octobre, la première année d’existence de la auxquels ont été soumis 427000 jeunes hommes, d’entre eux ne sont pas ainsi en état de lire, journée d’appel de préparation à la défense qui entre le 3 octobre 1998 et le 26 juin 1999, a mis d’écrire correctement ou de tenir un compte. Le dossier du DC 10 d’UTA est rouvert

UN JEUNE FRANÇAIS sur dix une révélation. Sur les LE JUGE d’instruction parisien traités ratifiés par la France une éprouve des difficultés, plus ou 427 000 jeunes hommes qui ont déjà Jean-Louis Bruguière a donné quelconque immunité des chefs moins importantes, mais réelles, à participé à la JAPD, 9,7 % se satisfaction aux familles des 170 d’Etat en exercice qui les soustrairait lire et à comprendre un document montrent incapables de lire et de victimes de l’attentat perpétré aux poursuites pénales dont ils pour- de la vie de tous les jours, par comprendre des documents de la contre un DC 10 d’UTA, le raient faire l’objet », a estimé exemple un programme de télévi- vie de tous les jours, par exemple un 19 septembre 1989, au-dessus du M. Bruguière. Le magistrat se sion. C’est ce qu’a permis de décou- programme de télévision. Parmi désert du Ténéré (Niger). Contre place ainsi dans une situation pa- vrir la journée d’appel de prépara- eux, 3,9 % ne sont pas en état de lire, l’avis du parquet, le magistrat radoxale : il se dispose à reprendre tion à la défense (JAPD) qui, depuis d’écrire correctement, et notam- antiterroriste a décidé, mercredi sa propre instruction pour mettre un an, remplace le service national. ment de tenir de simples comptes 6 octobre, d’instruire la plainte en cause une personnalité que ses Samedi 9 octobre, pour commé- pour « complicité d’homicide vo- poursuites avaient épargnée, en morer cette création, le ministère de lontaire » déposée contre le co- s’appuyant pourtant sur des faits la défense a invité, sur les quelque A ces jeunes en grave lonel Mouammar Kadhafi par qu’il avait lui-même découverts et deux cent cinquante sites, militaires l’association SOS-Attentats et la consignés dans son dossier avant et civils, en France où la JAPD est difficulté, il est sœur de l’une des victimes (Le le procès des auteurs de l’attentat. organisée, des élus nationaux et lo- Monde du 4 août). Menée par le caux et, systématiquement, les proposé de prendre même juge Bruguière, l’enquête AUCUNE GARANTIE maires que les armées entendent sur l’attentat n’avait pas mis en « En vérité, explique Me Szpiner, sensibiliser à l’obligation qui leur est contact avec les cause le chef de l’Etat libyen, la question de la mise en cause du faite, désormais, de recenser gar- mais elle avait conduit à la colonel Kadhafi s’était déjà posée il çons et filles dès l’âge de seize ans. organismes chargés condamnation par contumace, y a longtemps. Mais une telle mise Entre le 3 octobre 1998 et le le 10 mars, par la cour d’assises en cause n’était apparue opportune 26 juin 1999, pas moins de de la lutte contre spéciale de Paris, des six ressor- pour personne. Aujourd’hui, les cir- 427 000 jeunes hommes, âgés de tissants libyens accusés d’avoir constances ont changé. » L’avocat seize à dix-huit ans, sont passés par l’exclusion organisé l’acte terroriste, parmi des victimes précise d’abord que là. Les sessions ont repris le 4 sep- lesquels Abdallah Senoussi, les faits mis en avant dans la tembre, une fois la période des va- beau-frère du colonel Kadhafi, plainte contre le leader libyen cances estivales achevée. Les jeunes même chez ceux qui avoueront ac- aujourd’hui présenté comme le « ont été découverts presque à la fin femmes, elles, commenceront à se compagner, couramment, leurs pa- numéro deux du régime de Tri- de l’enquête », citant notamment joindre à la JAPD le samedi 8 avril rents maraîchers qui exposent leurs poli. « La logique voudrait main- la falsification du certificat de dé- 2000, mais elles doivent avoir été re- sances et de leurs aptitudes, ils sont manœuvres ou à des journées produits sur des marchés. tenant qu’un mandat d’arrêt in- cès de l’un des accusés, au prix censées, à seize ans, depuis janvier 96 % à affirmer qu’ils ont mieux « portes ouvertes » en unités mili- A ces jeunes en grave difficulté, ternational soit délivré », a d’une coordination des adminis- 1999. compris les problèmes de la défense taires. qui ont souvent quitté prématuré- déclaré, mercredi, l’avocat de trations libyennes, et la « promo- A la surprise générale, 90 % des de la France et 83 % à se déclarer sa- Outre cette journée de contact ment le cycle normal de leur forma- SOS-Attentats, Me Francis Szpi- tion exceptionnelle au grade de lieu- jeunes Français convoqués ont ré- tisfaits. avec les armées, la JAPD est l’occa- tion, il est proposé – mais ils sont ner. tenant-colonel » dans l’armée pondu présents. Sans qu’on ait à en- Mais le plus inattendu est que 25 sion – la dernière, sans doute, avant libres de refuser – de prendre Dans son ordonnance, le juge libyenne attribuée, après l’atten- voyer les gendarmes à leurs à 30 % d’entre eux, selon les ses- les aléas de la vie active – d’évaluer contact avec les organismes chargés Bruguière a en effet écarté les tat, à deux des futurs condamnés. trousses. Les 10 % restants ne rece- sions, expriment le désir d’un l’apprentissage de la langue fran- de la lutte contre l’exclusion. En un objections soulevées par le par- Surtout, il explique que la lettre vront pas de certificat de participa- deuxième rendez-vous avec les ar- çaise chez les moins de dix-huit ans. an, 4 521 jeunes l’ont accepté. Soit quet de Paris, qui s’était fondé adressée en 1996 au président tion : ils ont pris le risque – c’est ce mées après la JAPD. Ce sont a priori Ainsi, les jeunes sont soumis à une 1,06 % des convoqués. Ce qui est sur le « droit coutumier » pour Chirac par le colonel Kadhafi, dans que la loi prévoit pour sanctionner des jeunes qui sont volontaires pour batterie de tests en ce sens : des peu, regrettent les personnels qui invoquer une impossibilité d’en- laquelle ce dernier s’engageait à ce les absents – de ne pas pouvoir se un contrat d’engagement ou qui épreuves très pratiques, face aux- encadrent la JAPD. A croire, confie gager des poursuites contre un que son pays « s’acquitte de ses présenter à un concours ou à un s’intéressent, sans pour autant en quelles les ruses de ceux qui vou- un officier supérieur, que la majorité chef de l’Etat dans l’exercice de obligations » dans l’hypothèse examen dépendant de l’Etat, à faire le métier d’une vie, à des pré- draient simuler une quelconque ca- de ceux qui en auraient le plus be- ses fonctions, hormis dans le cas d’une condamnation par contu- commencer par les épreuves du parations militaires ou à des activi- rence, comme du temps où c’était le soin renâclent à sortir de leur situa- d’accusations de « crimes contre mace de ses ressortissants par la simple permis de conduire. Appelés tés dans la réserve. En fin de jour- moyen d’échapper au service mili- tion d’échec. l’humanité » (Le Monde du 4 sep- justice française, avait fait appa- à dire ce qu’ils ont pensé de cette née, on leur remettra de quoi taire, ne sont plus de mise. tembre). « Il ne résulte d’aucune raître le leader libyen comme «le journée de tests de leurs connais- participer, s’ils le souhaitent, à des Ces évaluations ont débouché sur Jacques Isnard disposition du code de procédure garant de l’application des décisions pénale, du code pénal ou de à venir ». Aussi les parties civiles conventions internationales ou n’avaient-elles pas estimé utile de l’attaquer personnellement. Le Dans les Ardennes, classe sauvage contre désertification rurale juge et le parquet semblaient alors SOS-Attentats a refusé sur la même longueur d’ondes. BULSON (Ardennes) avant la rentrée. Boycott des élections euro- unique, mais pour le maintien d’une structure « Aujourd’hui, assure Me Szpiner, de notre envoyée spéciale péennes, lâcher de couleuvres devant la pré- éducative dans le village », rappelle le maire de répartir l’indemnisation force est de constater que M. Ka- C’est une histoire comme il en existe à fecture, barbecue de solidarité, les actions se qui n’en peut plus de cette administration dhafi n’est plus garant de quoi que chaque rentrée scolaire. Celle d’un petit vil- sont multipliées depuis cette journée méprisante « qui ne répond pas et qui ne se « Nous voulons la justice, pas ce soit. » lage ardennais de cent cinq habitants qui se « noire » du 3 juin, date à laquelle les pa- déplace pas ». l’aumône », a déclaré au Monde la A ce jour, nul ne sait en effet bat pour la survie de son école communale. rents ont appris que la classe unique ferme- Pourtant, une circulaire de décembre 1998 présidente de SOS-Attentats, quel sort a été réservé, à Tripoli, Celle de parents d’élèves et d’un maire qui rait en septembre. consacrée à « l’avenir du système éducatif en Françoise Rudetzki, après l’an- aux six condamnés de l’affaire du buttent sur le mur impersonnel de l’adminis- milieu rural » indique clairement que nonce de la décision du juge Bru- DC 10. Hormis le transfert, par le tration. Celle d’un monde rural pour qui « PAS D’ÉCLIPSE SCOLAIRE » « chaque école à classe unique doit faire l’ob- guière, précisant que 200 per- gouvernement libyen, de quelque l’école reste le dernier rempart à la désertifi- Selon l’inspection académique, les écoliers jet d’un réexamen de sa situation dans le sonnes s’étaient jointes à la 208 millions de francs destinés, en cation. Mais cette histoire-là est exemplaire devront se rendre à Haraucourt, un village cadre d’une démarche dynamique et négo- plainte déposée par l’association. vertu de l’arrêt de la cour d’assises, par sa durée et par la détermination de ses distant de quatre kilomètres. Mais lorsque le ciée ». Sur les 208 millions versés par la à l’indemnisation des victimes, protagonistes. Un mois après la rentrée, Bul- sous-préfet emprunte la route qui relie les Marie-Anne Isler-Beguin, députée euro- Libye au titre de l’indemnisation celles-ci considèrent qu’aucune son n’a pas baissé les bras. deux communes, il se rend à l’évidence : ce péenne (Verts), s’est déplacée à Bulson et a des victimes, 120 millions de garantie n’a été donnée à la France Comme tous les élèves de France, les dix trajet, notamment en hiver, n’est pas raison- écouté pendant toute une journée les do- francs seulement restent à répar- sur l’application des peines pro- écoliers de Bulson vont chaque jour à l’école nable. Qu’à cela ne tienne, les enfants iront à léances des parents d’élèves et des élus. tir entre les familles des 170 morts noncées. Pire : dans un entretien et suivent le programme scolaire. A une dif- l’école de Noyers-Pont-Maugis, à six kilo- « C’est une situation ubuesque qui va à l’en- du DC 10 d’UTA – le reste étant publié par Le Figaro du 20 août, le férence près : ce n’est pas un maître qui leur mètres. « Non », répondent les habitants et contre de tout ce que l’on peut lire et écouter destiné à Air France et au fonds colonel Kadhafi a contesté la res- fait la classe, mais des parents d’élèves ou un le maire de Bulson. « Après l’éclipse solaire, il sur l’aménagement du territoire et la revitali- de garantie des victimes du terro- ponsabilité de son pays dans l’at- enseignant à la retraite qui, à tour de rôle, n’y aura pas d’éclipse scolaire », écrivent-ils. sation du monde rural », regrette-t-elle. risme. Les avocats respectifs des tentat de 1989, insistant sur sa vo- assurent les cours en fonction de leurs Les effectifs sont les mêmes que l’année pré- Convaincue de la justesse du combat mené familles et de l’association ont re- lonté d’apaisement avec la France. compétences. cédente, l’école dispose de tout l’équipement par les Bulsonnais, la députée a écrit le 1er oc- fusé de faire transiter ces fonds Si ce désir de « tourner la page » La classe sauvage est bien rodée et ac- nécessaire et Thelonne, la commune voisine, tobre à Lionel Jospin. Dans son courrier, par leurs comptes professionnels est partagé par les autorités fran- cueille même des intervenants extérieurs : a donné son accord pour se mettre en réseau Mme Isler-Beguin estime que « le cynisme au- afin d’en assurer la distribution, çaises, l’initiative de SOS-Attentats un poète, un dessinateur, un étudiant en avec Bulson. quel doit faire face la population de Bulson ne comme le leur avait demandé le et la décision du juge Bruguière – sport-études pour la gymnastique. « L’ensei- L’idée des villageois est simple : Thelonne peut que les encourager à persévérer dans leur ministère des affaires étrangères. dont le parquet devrait interjeter gnement est bon, les enfants marchent bien. sera l’année prochaine en sureffectif. Plutôt action » et demande au premier ministre «la « Nous ne voulons pas cautionner appel – pourraient perturber la ré- On est même parvenu à se procurer les carnets que de construire un préfabriqué, Bulson mise en place d’un comité de médiation ». une négociation dont nous ignorons conciliation annoncée. d’évaluation », explique fièrement une mère. pourrait accueillir les 4-7 ans et Thelonne les les termes », a expliqué Me Francis La révolte des Bulsonnais a débuté bien 8-10 ans. « On ne se bat pas pour la classe Sandrine Blanchard Szpiner. Hervé Gattegno LeMonde Job: WMQ0810--0012-0 WAS LMQ0810-12 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 12:00 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0533 Lcp: 700 CMYK

12 / LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 ¼ SOCIÉTÉ Les écologistes parisiens cherchent à obtenir Le FLNC-Canal historique dénonce le « préalable » de Lionel Jospin l’audition de Jacques Chirac par le juge Valat LE FLNC-CANAL HISTORIQUE a qualifié, mercredi 6 octobre, au cours d’une conférence de presse clandestine, de « provocation inutile et irrespon- sable » le « préalable » de renonciation à la violence posé par Lionel Jospin e avant toute évolution statutaire en Corse. A cette occasion, la principale orga- De nouveaux témoignages ont été transmis dans l’affaire des faux électeurs du 3 arrondissement nisation clandestine insulaire a revendiqué deux attentats perpétrés dans la nuit du 26 au 27 septembre contre la gendarmerie et les locaux d’EDF à Pro- Partie civile dans l’affaire des faux électeurs du bre au juge d’instruction parisien Jean-Paul Valat Paris et Guy Legris, ancien responsable RPR de la priano (Corse-du-Sud), ainsi qu’une tentative contre les douanes. 3e arrondissement de Paris, le militant écologiste une demande d’actes visant à ce qu’il entende Ville et actuel directeur général du Crédit munici- Faisant référence à une « initiative majeure » annoncée par le groupe clandes- Pierre-Alain Brossault a adressé mercredi 6 octo- Jacques Chirac en sa qualité d’ancien maire de pal parisien. tin avant l’été et interprétée alors comme la possibilité d’une trêve, le FLNC- Canal historique se dit « toujours prêt » à prendre une telle initiative « à tout LE MILITANT écologiste Pierre- requête. En cas de refus du juge ris. Résidant dans les Yvelines, il M. Legris s’est refusé à tout com- moment (...) dès l’instant où l’Etat français aura commencé à faire sa part de Alain Brossault, partie civile dans d’instruction, la partie civile peut était pourtant inscrit sur les listes mentaire. Dans sa demande chemin et que nous serons assurés de sa volonté de contribuer à créer les condi- l’affaire des faux électeurs du 3e ar- faire appel de cette décision de- électorales du 3e arrondissement d’actes, M. Brossault estime qu’il tions d’une issue pacifique et réellement démocratique au problème corse ». rondissement de Paris, a demandé, vant le président de la chambre de Paris. « Aux environs du second serait utile pour « la manifestation « Pour l’heure (...) le fait pour nos agresseurs de prétendre nous imposer un préa- mercedi 6 octobre, au juge d’ins- d’accusation. semestre 1988, il y a eu un pot d’of- de la vérité » que le juge Valat en- lable constitue une provocation inutile et irresponsable », poursuit le texte. truction parisien Jean-Paul Valat M. Brossault fournit des extraits fert par la section du RPR de la mai- tende Jacques Chirac, supérieur d’entendre Jacques Chirac, en sa de témoignages recueillis par les rie de Paris (...) où étaient invités hiérarchique de M. Legris à qualité d’ancien maire de Paris, et gendarmes chargés de l’enquête. une majorité d’employés de la Mai- l’époque des faits. La condamnation du cégétiste Guy Legris, ancien responsable Ainsi, Michel Theuillon, employé, à rie de Paris et des gens du RPR. Au Le juge Jean-Paul Valat devrait, RPR pour la ville de Paris. M. Bros- l’époque, à la direction de l’eau et cours du pot, M. Legris a fait un dis- par ailleurs, recevoir, jeudi 7 octo- sault motive sa démarche par l’ac- de la propreté de la Ville de Paris cours au cours duquel il nous a dit bre, une demande similaire dépo- Michel Beurier confirmée en appel cumulation d’éléments à charge aurait déclaré : « Je suis adhérent qu’en tant qu’employé de la Mairie sée par une autre partie civile réunis par les enquêteurs depuis au RPR et suite à une réunion du de Paris, il nous était loisible de nous constituée dans ce dossier. Yves LA COUR D’APPEL de (Puy-de-Dôme) a confirmé, mercredi 6 octo- l’ouverture, en 1989, d’une infor- bureau du RPR de la Ville de Paris, inscrire sur les listes électorales de la Contassot, maire adjoint de la mai- bre, la peine de deux mois de prison avec sursis et 3 000 francs 5457,35 ¤) mation judiciaire pour « ma- j’ai été amené à m’inscrire sur les capitale. » rie du 3e , également porte-parole d’amende infligée le 22 mars par le tribunal correctionnel de Clermont-Fer- nœuvres frauduleuses tentant de listes du 3e alors que je résidais à Su- des Verts-Paris nous a effet indi- rand à Michel Beurier, secrétaire de l’union départementale CGT, pour son porter atteinte à la sincérité d’un resnes. (...) Au cours d’une réunion à « OPÉRATION VÉRITÉ » qué, mercredi 6 octobre, qu’il allait implication dans un incident au cours duquel un policier avait été blessé (Le scrutin et/ou inscriptions ou radia- la permanence, rue Louis-Philippe, M. Legris est aujourd’hui direc- demander au juge l’audition de Monde du 24 mars). Une bousculade s’était produite, le 21 août 1998 lors de la tions indues sur une liste électorale à Paris 4e, M. Mazoyer Yannick, un teur général du Crédit municipal MM. Chirac et Tiberi. M. Contas- comparution d’un jeune sans-papiers devant le tribunal administratif de et complicité(s) » confiée à un pre- des responsables de la section RPR, parisien. Cet ancien commissaire sot et Pierre Montacié, ancien se- Clermont-Ferrand, entre des syndicalistes venus soutenir le jeune homme et mier juge d’instruction à Amiens, m’a demandé de récupérer les des Renseignements généraux crétaire de la section socialiste du les deux policiers de l’escorte. Le sans-papiers en avait profité pour prendre la Brice Raymondeaud-Castanet. cartes d’adhérents des chauffeurs de était à l’époque numéro deux du 3e arrondissement de Paris avaient fuite. « Il résulte surabondamment du la propreté d’Issy-les-Moulineaux. parti néo-gaulliste à Paris. Décrit dénoncé, mardi 5 octobre, un sys- Le policier blessé avait dénoncé Michel Beurier comme l’homme qui l’avait dossier de la procédure et ce, depuis, Ceci avait pour but d’inscrire ces comme un proche de l’actuel maire tème de fraude électorale organisé empoigné et lui avait tordu le bras. Le cégétiste, poursuivi pour « violence sur au moins 1993, peut-on lire dans la gens sur les listes de la mairie du 3e. de Paris, Jean Tiberi, il fut nommé, à la Mairie de Paris en 1988 et 1989, un agent de la force publique » mais aussi pour « aide au séjour irrégulier d’un demande d’actes transmise au (... ) J’ai appris que celui-ci agissait en 1984, à l’inspection générale de (Le Monde du 7 octobre). Bertrand étranger », a toujours nié avoir agressé le fonctionnaire. A l’issue du délibéré, juge, qu’un système frauduleux sur les ordres de M. Legris, qui est la ville. Son service fut épinglé, au Delanöé, président du groupe so- il a annoncé un pourvoi en cassation. d’inscriptions électorales fictives a chef de la section, président du RPR mois d’octobre 1990, par des jour- cialiste du Conseil de Paris, a de- été organisé en vue des élections du personnel de la Ville de Paris. » nalistes du Canard enchaîné qui mandé, mercredi 6 octobre, au DÉPÊCHES municipales parisiennes de mars La demande d’audition de découvrirent que des membres de préfet de veiller « à ce que la procé- a SEXISME : le collectif « Les Chiennes de garde » a dénoncé mercredi 1989, afin de conserver au profit de M. Chirac et de M. Legris s’appuie l’inspection générale avaient placé dure de révision des listes, actuelle- 6 octobre dans une lettre ouverte au Medef les propos « sexistes » tenus par la majorité municipale de l’époque également sur les déclarations de sur écoutes « sauvages » un fonc- ment en cours, donne lieu à un opé- un chef d’entreprise à l’égard de la ministre de l’emploi, Martine Aubry, qui l’ensemble des arrondissements de Jean-Claude Bourges, qui était, au tionnaire de la Ville. Interrogé par ration vérité. » avaient été rapportés dans un article du Monde daté du 6 octobre. Un chef la capitale. » Le magistrat dispose moment des faits, inspecteur de Le Monde, jeudi 7 octobre, sur les d’entreprise, Jean-Paul Luce, qui se rendait à une réunion contre les 35 heures d’un mois pour répondre à cette sécurité au cabinet du maire de Pa- affirmations de M. Brossault, Jacques Follorou à bord d’un train affrété par le Medef, avait déclaré : « Le problème, c’est Mar- tine Aubry. Cette dame est dogmatique. C’est une frustrée. Comme dirait Bi- geard, il faudrait lui envoyer un parachutiste ». Le collectif demande au pré- sident du Medef, Ernest-Antoine Seillière, « d’exprimer publiquement son désaccord » avec ces déclarations et d’inscrire « la lutte contre le sexisme au Les « saucissonneurs » repéraient leurs victimes dans le « Who’s who » programme de la prochaine assemblée générale du Medef ». LE « SAUCISSONNAGE » va-t-il sonneurs », en l’occurrence contre contre une vieille dame qui rentrait sonneurs » essayaient ainsi de a JUSTICE : Yves Chemarin, ancien directeur du Syndicat national des passer de mode ? La brigade de ré- le parfumeur Jean-Paul Guerlain, chez elle, dans le XVIe arrondisse- connaître leur environnement fa- associations de parents d’enfants inadaptés (SNAPEI), a été condamné, pression du banditisme (BRB) de la l’ancien ministre Lionel Stoléru, ment, après avoir assisté au Grand milial et d’évaluer le butin poten- mercredi 6 octobre, à trois ans de prison avec sursis pour « abus de biens so- préfecture de police de Paris vient, l’écrivain Paul-Loup Sulitzer, Prix de l’Arc de triomphe, à Long- tiel. ciaux » et « abus de confiance » par le tribunal correctionnel de Pontoise (Val- en tout cas, de porter un rude coup l’épouse de Charles Aznavour ou champ. Une bague appartenant à Cagoulés, gantés, ils passaient d’Oise). Il devra rembourser 3,8 millions de francs (580 000 ¤) au Snapei, par- à la coopération desdits « saucis- encore celle de l’ancien PDG du la victime – d’une valeur estimée à ensuite à l’action, frappant les vic- tie civile, qui estimait à 11,7 millions de francs (1,78 million d’euros) le mon- sonneurs » en arrêtant, en Seine- Club Méditerranée, Serge Trigano. 1 million de francs (152 450 ¤) – ain- times à coups de poing. L’une de tant des détournements entre 1991 et 1996. Il lui était notamment reproché Saint-Denis, huit hommes suspec- D’autres bandes, à Paris comme en si que divers bijoux, une arme, des leurs rares erreurs restera un appel d’avoir réglé sur les fonds de l’association des travaux dans sa résidence, des tés de pratiquer ce type d’agression banlieue, ont adopté un mode opé- ustensiles de cambriolage, des téléphonique au domicile de l’am- banquets, des notes d’hôtel et de voyages lointains. à domicile. En un peu plus d’un an, ratoire comparable : désignation montres de valeur et 200 000 francs bassadeur de Monaco, agressé le a BANDITISME : trois hommes soupçonnés d’avoir procédé à un règle- du 8 septembre 1998 au dimanche de la victime, repérage des lieux, (30 490 ¤) en liquide, ont été saisis 8 mars. C’est cet appel qui a permis ment de comptes dans le milieu des machines à sous ont été mis en examen 3 octobre 1999, ils auraient malme- attaque violente et, donc, « saucis- aux domiciles des suspects. aux policiers de la BRB de remon- jeudi 30 septembre par un juge d’instruction de Draguignan (Var) après avoir né et ligoté au moins cinq per- sonnage ». Pour la seule année ter jusqu’à une cabine télépho- été identifiés et interpellés par la brigade criminelle du SRPJ de Marseille. sonnes fortunées, pour leur voler 1998, une quinzaine de cas ont été PRÉPARATION RIGOUREUSE nique de Seine-Saint-Denis fré- Serge Nalin et Chaouki Bouskaya, déjà mis en examen en juin et écroués sous la menace argent, bijoux et signalés dans la capitale. La bande était bien organisée. quemment utilisée par un membre pour l’assassinat en octobre 1997 d’un truand marseillais, sont à présent mis cartes de crédit. Parmi leurs vic- Voilà cinq mois que la BRB en- Elle disposait d’un véhicule de sur- de la bande. Le juge d’instruction en cause pour les assassinats de Charly Lecouls et Sauveur Manzo, en sep- times, l’ambassadeur de Monaco à quêtait sur « l’équipe » en ques- veillance, à la manière des policiers en charge du dossier, Jean-Baptiste tembre 1998 à Ollières. Paris et plusieurs vieilles dames du tion, composée de malfaiteurs en « planque ». La plupart des opé- Parlos, essaie désormais de savoir XVIe arrondissement. d’expérience, âgés de vingt-trois à rations, qui ne mobilisaient pas né- quelles agressions peuvent leur A ce stade de l’enquête, rien ne quarante-quatre ans, déjà connus cessairement l’intégralité du être imputées, à Paris mais aussi prouve cependant que ce groupe pour des faits de vol avec violence. groupe, étaient préparées avec ri- dans les Hauts-de-Seine. En atten- soit responsable de toutes les Ils ont été arrêtés, lundi 4 octobre, gueur, sous la conduite d’un cer- dant, ils ont été mis en examen agressions imputées à des « saucis- au lendemain d’une agression tain Hakim. Les futures victimes, pour « vols en bande organisée, as- de préférence des femmes âgées, sociation de malfaiteurs et recel ag- étaient suivies et identifiées ; elles gravé », ce qui pourrait les faisaient même l’objet d’une re- conduire devant une cour d’assises. cherche dans le Who’s who, l’an- nuaire des célébrités. Les « saucis- Philippe Broussard LeMonde Job: WMQ0810--0014-0 WAS LMQ0810-14 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 08:20 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0535 Lcp: 700 CMYK

14 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999

DÉPÊCHES a CHERBOURG : cinq des six communes de la communauté ur- Toulon congestionnée par l’automobile baine de Cherbourg (Cherbourg, Equeurdreville-Hainneville, Octe- ville, La Glacerie et Tourlaville) or- La réalisation d’un tunnel, censé améliorer la circulation, a été repoussée en raison de problèmes techniques et financiers. ganiseront, le 7 novembre, un ré- férendum en vue de leur fusion. En attendant l’ouverture d’une ligne de tramway, la ville est asphyxiée par le flux de 150 000 véhicules par jour Réunies en communauté urbaine depuis 1970, ces municipalités, à TOULON marche à pied (27,1 %), les trans- Un ou deux tubes de 3 kilomètres confier la gestion à un partenaire dominante socialiste, envisagent de notre correspondant ports collectifs n’atteignant que privé. Aussi, il est probable que de s’unir depuis au moins vingt Coincée entre la mer et le mont 6,4 %. Pour tenter de réduire le Le Gros C l’Etat reviendra au projet initial ans. Conflits et querelles intestines ervea Faron Faron, Toulon est un véritable flux d’automobiles – dont le u N 8 Mont des deux « tubes », le financement ont toujours fait capoter le projet. goulet d’étranglement qui a tou- nombre a augmenté de 50 % en La Valette de la seconde partie de la traver- Les 90 000 habitants devront donc jours eu du mal à trouver des solu- dix ans –, dès le début des an- sée devrait être intégré dans le dire s’ils sont favorables ou non au tions à ses problèmes de circula- nées 70, on évoquait la traversée TOULON contrat de plan 2000-2006. Mais rapprochement de leurs cités. Mais tion et de stationnement. Une de Toulon en sous-sol et un tram- Ollioules les études techniques, la relance les élus ayant choisi d’organiser un A 57 situation rendue encore plus diffi- way, avec l’espoir qu’un transport A 50 La Garde des marchés et des procédures, référendum d’initiative locale, ce- cile depuis que la ville est compri- en commun à la fois plus rapide, Voie ferrée exigeront trois ans de délai sup- lui-ci n’aura qu’une valeur consul- Sanary- D 559 mée entre deux autoroutes, l’A 57 plus confortable et aux horaires 9 plémentaire : le second « tube » tative. En désaccord avec la date sur-Mer 5 PETITE RADE 5 Le Pradet qui assure la liaison avec Mar- fiables contrebalancerait la ten- D ne serait réalisé qu’aux alentours choisie, Querqueville s’apprête à seille, et l’A 50 permettant de ral- dance. La Seyne de 2010. faire cavalier seul.– (Corresp.) lier Nice. Tout le trafic s’effectue En octobre 1991 était lancée Le tunnel Le futur tramway, dont le réseau a LA CIOTAT : la Semidep de La Six-Fours- en construction majoritairement par deux grandes l’idée d’un tunnel, composé de les-Plages est lié à celui de la traversée sou- Ciotat (Société d’économie mixte artères, le boulevard de Stras- deux « tubes » de 11 mètres de St-Mandrier Cap de Carqueiranne terraine, n’est pas soumis à de pa- de développement économique et bourg et l’avenue de la Répu- diamètre et de 3 kilomètres de reils aléas économiques. Son tracé portuaire) et le groupe Bouygues blique, qui ont en commun d’être long, afin de faciliter la traversée (30 kilomètres) a reçu l’aval des Offshore ont signé une convention embouteillées à toutes heures du de la ville, asphyxiée par le flux de huit communes concernées, qui permettant à la société de réaliser, jour. 150 000 véhicules par jour. Le coût l’ont intégré dans leur plan d’oc- entre septembre 1999 et juin 2001, Tram Néanmoins, les résidents du de cet équipement était estimé à 2 km Cap Sicié way cupation des sols. Le Syndicat in- des caissons destinés à l’extension grand Toulon continuent de privi- 1,43 milliard de francs (0,22 mil- tercommunal des transports en du port de La Condamine à Mona- légier la voiture individuelle. Dans liard d’euros). À la suite d’un ef- A 50 commun de l’agglomération tou- co (Le Monde du 20 juin). Ces ou- PROJET DE TRAMWAY A 57 une étude du mois de septembre, fondrement en mars 1996, son prix 1er TRONÇON lonnaise (Sitcat), qui gère le dos- vrages en béton armé, dont cer- l’Insee révèle que, si les 360 000 doublait et le chantier était bloqué 2e TRONÇON PORT sier, s’apprête à lancer la déclara- tains atteindront 85 mètres de habitants de l’agglomération tou- durant plus d’un an. tion d’utilité publique pour un long, seront construits dans les lonnaise réalisent 1 260 000 dépla- Le conseil régional de Povence- début de chantier en 2002 et une fonds de cale sèche. Le groupe- cements par jour, la voiture do- Alpes-Côte d’Azur, le conseil gé- pour les deux premiers, et de est programmée pour novembre mise en service en 2004. L’inves- ment industriel estime que mine largement avec 62,7 % des néral du Var et la ville de Toulon, 22,5 % pour la dernière, ont alors 2000, mais suggérait d’abandon- tissement (3,43 milliards de francs, 400 000 heures de travail seront modes de transport devant la cofinanceurs à hauteur de 27,5 % estimé que l’Etat était insuffisam- ner le second et d’aménager celui soit 0,52 milliard d’euros) est fi- nécessaires avec un effectif en ment impliqué (22,5 %) et déci- en cours de finition en le scindant nancé par l’Etat, les communes, la période de pointe de 200 per- daient de marquer le pas. D’autant dans le sens de la hauteur. Cette région, le département, le Sitcat et sonnes, dont un quart à un tiers Incohérence municipale que les travaux de confortement adaptation permettrait une cir- les concessionnaires du réseau. devrait être embauché localement. et de remise en état du premier culation en double sens, dont se- Mais le tramway pourrait avoir – (Corresp. rég.) La confuse situation politique municipale (Le Monde daté 26- « tube » étaient évalués à 491 mil- raient tout de même exclus les vé- des effets pervers sur la circula- a CORRÈZE : confronté à l’accé- 27 septembre) n’arrange pas la conduite des dossiers. Le 5 sep- lions de francs (74,85 millionshicules de plus de 2 mètres de tion. Car l’emprise de sa voie ré- lération du vieillissement de sa tembre, Jean-Marie Le Chevallier, maire (ex-FN) de Toulon, annon- d’euros), et ceux du second haut. Mais le coût ne serait alors servée en surface (3,10 mètres de population, le département de la çait qu’il accordait un délai de survie de dix ans au marché de gros « tube » à 1,4 milliard de francs que de 500 millions de francs large) augmentera les embouteil- Corrèze a décidé la création de de Sainte-Musse. Or ce site doit accueillir la gare des tramways. En (0,21 milliard d’euros). (76,22 millions d’euros). lages que ne pourra pas absorber plus de cent emplois d’aides médi- compensation, M. Le Chevallier préconisait un terrain proche, mais Un compromis était trouvé, aux le tunnel à un seul tube : seule- co-psychologiques afin de s’oc- déjà choisi pour construire le nouvel hôpital. Mais le tracé du tram- termes duquel 900 millions de DÉLAI SUPPLÉMENTAIRE ment 30 000 véhicules pourront cuper des personnes âgées. En way a reçu l’aval des huit communes concernées et plus de cent mil- francs (137,2 millions d’euros), Ce recul de l’Etat a provoqué l’emprunter par jour au lieu de 2000, les plus de 75 ans devraient lions de francs (15,24 millions d’euros) ont été investis en acquisi- dont 400 (60,98 millions d’euros) une vive réaction du président du 60 000. Le trafic automobile en représenter 11,5 % de la population tions foncières. pour l’achèvement du premier conseil général, du maire (ex-FN) surface serait alors de 155 000 vé- du département. Le conseil géné- Le président du Syndicat des transports en commun de l’agglomé- « tube », seraient inscrits au de Toulon, Jean-Marie Le Cheval- hicules quotidiens. On en revien- ral a donc décidé de financer, dans ration toulonnaise (Sitcat), Didier Gestat de Garambé, second ad- contrat de plan Etat-région (1994- lier et d’une majorité de son drait à la situation d’étouffement chaque établissement d’accueil joint et membre du MNR, le mouvement de Bruno Mégret, a eu 1999). En juillet, l’Etat faisait sa- conseil municipal. Car, pour bou- actuelle. D’évidence, Toulon n’est pour personnes âgées, l’embauche beau jeu de rappeler que le 2 janvier 1999, le maire « a fait voter par voir qu’il investirait sa quote-part cler ce projet, ces trois collectivités pas encore sortie du tunnel. d’aides médico-psychologiques son conseil municipal – et après enquête publique – la réservation du dans l’achèvement du premier qui ont largement financé le tun- (AMP), pour un coût de 180 000 F site de Sainte-Musse au profit du Sitcat. » – (Corresp.) « tube » dont la mise en service nel ne peuvent envisager d’en José Lenzini par emploi créé. LeMonde Job: WMQ0810--0016-0 WAS LMQ0810-16 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 10:14 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0537 Lcp: 700 CMYK

16 / LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 CARNET

DISPARITIONS NOMINATIONS mus : médecin général, le médecin- chef Michel Aubert, nommé méde- DÉFENSE cin-chef de l’hôpital d’instruction des Le conseil des ministres du mercredi armées Laveran, à Marseille ; vétéri- André Delmas Eric Kahane 6 octobre a approuvé les promotions naire biologiste général, le médecin et nominations suivantes dans les ar- biologiste-chef René Luigi, nommé mées : inspecteur technique des services vété- Un maître de l’anatomie Adaptateur et traducteur de Harold Pinter b Terre. – Sont élevés au rang et à rinaires et biologiques des armées. l’appellation de général de corps d’ar- b Armement. – Sont promus : in- AVEC la disparition, survenue de mammifères. Son cours de neu- PENDANT plus de trente ans, le ductions – sous-titrages et dou- mée, les généraux de division Patrick génieur général de première classe, les samedi 2 octobre à Paris, du pro- ro-anatomie fonctionnelle lui aura nom d’Eric Kahane a été associé à blages – de films de , Henry, André d’Anselme, Jean- ingénieurs généraux de deuxième fesseur André Delmas, l’anatomie en outre permis de devenir un pro- celui de Harold Pinter dont il était Stanley Kubrick, Robert Altman, Claude Lafourcade et Jean Blanchet. classe Pierre Deguest, Jean Montli- française perd l’un de ses plus cé- moteur de l’enseignement des «l’infaillible » traducteur et adapta- Sidney Pollack et la série des Monty Sont promus général de brigade, les bert, Yves de Longueville et Louis- lèbres représentants. Né le 1er sep- neurosciences ; il aura, durant teur. Il est mort, à Paris, après une Python pour la télévision. Il avait colonels Alain Raevel et Bernard Fé- Alain Roche ; ingénieur général de tembre 1910 à Montpellier (Hé- trente ans, de 1949 à 1979, formé hospitalisation d’un mois, dans la même traduit – en anglais – Zazie ron. deuxième classe, les ingénieurs en chef rault), fils d’un professeur de des générations de médecins et de nuit du 4 au 5 octobre. Il avait dans le métro, de Raymond Que- Est nommé attaché de défense à Jacques Lebreton, François Bihan, médecine, André Delmas est inter- chercheurs. Intitulé Voies et centres soixante-treize ans. neau. Pour son ami le photographe l’ambassade française à Berlin, le gé- Jean-Paul Kehren, Gilles Bessero, ne des hôpitaux de Montpellier nerveux. Initiation à la neurologie Son père, Jack Kahane, Anglais Jeanloup Sieff, il était « l’oncle Eric néral de brigade Alain Lefèvre. José d’Antin Tournier de Vaillac et avant d’être nommé en 1945 pro- (Editions Masson), son traité installé en France, était éditeur, comme il s’était lui-même autobapti- b Air. – Est élevé au rang et à l’ap- Francis Gillon. fesseur agrégé d’anatomie. Ses d’anatomie est devenu un clas- comme devait l’être, aussi, le frère sé. Je me souviens des coups de télé- pellation de général de corps aérien, le Sont nommés : directeur des sys- nombreux travaux ont contribué à sique utilisé dans toutes les fa- aîné, Maurice Girodias, pour qui phone passés pour savoir lequel général de division aérienne Bertrand tèmes de forces et de la prospective, renouveler profondément une dis- cultés de médecine du monde. Eric Kahane sera le traducteur de d’entre nous avait terminé le premier Dumont. l’ingénieur général de première classe cipline dont on pensait qu’elle De plus, à une époque qui voyait Lolita, de Nabokov, ou du Festin nu, la dernière grille de mots croisés de Est promu général de division aé- Jean-Yves Leloup ; chef du service avait atteint son apogée avec Poi- naître la chirurgie stéréotaxique, de William Burroughs. Jeune Scipion dans L’Observateur, des rienne, le général de brigade aérienne des programmes de missiles tactiques rier et Rouvière. Initiateur de l’ana- un ouvrage écrit en collaboration homme, il avait couru le monde et parties de boules sur sa terrasse, de Jean-François Louvion. de la direction des systèmes d’armes, tomie fonctionnelle, le professeur avec Bernard Pertuiset (Topométrie les sept mers avant de faire du jour- sa chatte noir, Gata, de Pinter et Na- Est nommé adjoint au sous-chef l’ingénieur général de première classe Delmas a su intégrer les structures cranio-encéphalique) a constitué nalisme puis de la traduction et de bokov qu’il nous fit découvrir, de par- d’état-major « relations internatio- Yves Duhil. anatomiques humaines, jusque-là une référence mondiale. Profes- devenir l’un des grands spécialistes ties de campagne et de rires, de son nales » à l’état-major de l’armée de observées sur le cadavre, dans une seur à la faculté de médecine de du théâtre anglo-américain : il tra- frère, de calembours épouvantables, l’air, le général de brigade aérienne dynamique du corps vivant, forme Paris, qu’il avait contribué à réor- duira la majorité des pièces de Pin- de chèques en bois que nous échan- Jean-Patrick Gaviard. JOURNAL OFFICIEL et fonction étant pour lui indisso- ganiser, il a reçu et formé, dans son ter (L’Amant, La Collection, L’Anni- gions lorsque nous étions fauchés... » b Marine. – Est promu contre-ami- ciables. Il a ainsi ouvert la voie à laboratoire, plusieurs générations versaire, Le Gardien, Le Retour...) Et, refusant de parler d’Eric Ka- ral, le capitaine de vaisseau Michel Au Journal officiel du samedi l’anatomie clinique. d’anatomistes et de chirurgiens mais aussi Le Locataire, de Joe Or- hane à l’imparfait, Jeanloup Sieff Brière. 2 octobre sont publiés : Ses travaux sur la colonne verté- auxquels s’est jointe une élite ton, Mort d’un commis voyageur, ajoute : « Je me souviens qu’avec Sont nommés chargés de mission b Sénatoriale : un décret convo- brale font autorité, tant dans le do- d’universitaires et de praticiens de d’Arthur Miller, ou L’Esclave et Le l’oncle Eric on s’amuse, d’ailleurs je auprès du chef d’état-major de la ma- quant les électeurs sénatoriaux du maine anthropologique (avec la différents pays. Le professeur Del- Métro, de LeRoi Jones. me sens un peu cafardeux, je vais lui rine, les contre-amiraux Benoît Le département de la Savoie dimanche mesure des « indices vertébraux ») mas aura largement contribué à la Du théâtre de Pinter, il avait dit téléphoner pour qu’il m’invite à dî- Masne de Chermont et Jean-Marc 14 novembre, dans le but de rem- que dans celui de l’anatomie fonc- promotion internationale de la au Monde (12 octobre 1966) qu’il ner, il fait si bien la cuisine. » Calais. placer Michel Barnier, devenu tionnelle (statique rachidienne, science médicale française. Ses était fait « de sous-entendus, de ma- b Gendarmerie. – Sont promus : commissaire européen. charnière lombo-sacrée) et dans étudiants garderont le souvenir de lentendus, de pas-entendus du tout. Martine Silber général de division, le général de bri- b ONU : un décret fixant la leurs prolongements à la médecine ce brillant pédagogue à la vaste (...) L’essentiel n’est pas dans les mots gade Jean-François Lefèvre ; général composition de la délégation fran- du sport. Pionnier de l’anatomie culture humaniste. qui s’échangent mais dans les si- a AMALIA RODRIGUES, chan- de brigade, le colonel Denis Maca- çaise à la 54e session de l’Assemblée quantitative il a pu, via l’anatomie lences, dans la façon de parler à teuse portugaise, est morte mercre- gno, nommé commandant la gendar- générale des Nations unies. Hubert évolutive et comparée, établir une Professeur contretemps ». di 6 octobre à Lisbonne, à l’âge de merie d’outre-mer. Védrine, ministre des affaires étran- nouvelle classification des espèces Emmanuel A. Cabanis Il a signé aussi plus de 250 tra- soixante-dix-neuf ans (lire p. 31). b Service de santé. – Sont pro- gères, en est le président.

AU CARNET DU « MONDE » – Huguette Berthet, née Bonneval, – Le vendredi 1er octobre 1999, – Ginette Bourgeois, Stages Conférences son épouse, sa sœur, Naissances Pierre-Daniel, Marie-Claude, Frédéric Reizea DOUBINSKY, Denise Mottuel, ATELIERS D’ÉCRITURE – Peter Schunck, professeur à et Françoise, née RUBINSTEIN, sa belle-sœur, Elisabeth Bing l’université de Mayence, parlera de son Erick et Laurence LAJARGE, ses enfants, Serge, Christian, Béatrice, Bernard, Week-ends de sensibilisation. ouvrage : Charles de Gaulle, Ein Leben Arnaud, Charlotte, Alexis et Thomas Isabelle, Sandrine et Sotiris, s’est éteinte dans sa quatre-vingt- Roland, Programme 1999-2000 sur simple appel : für Frankreichs Grösse, au cours de la ont la joie d’annoncer la naissance de ses petits-enfants, treizième année. ses neveux et nièce, 01-40-51-79-10 conférence www.club-internet./frperso/atecbing Charles de Gaulle et les Allemands. Emma, Les familles Mottuel, Rivieccio, Philip Révision d’un préjugé. Benjamin, son arrière-petite-fille, De la part de et Delaye, Et toute sa famille, ont la douleur de faire part du décès de le 6 octobre 1999, à Angers. Laurence Doubinsky, Inscriptions Le lundi 11 octobre 1999, à l’Ecole font part du décès de sa belle-fille, militaire, amphithéâtre de Bourcet, René MOTTUEL, e Sébastien, Emmanuel, Mathilde ancien déporté – L’IHEAL (université de la Sorbonne 21, place Joffre, Paris-7 . André BERTHET, et Lucile, à Buchenwald et Mauthausen, Nouvelle-Paris-III) propose un DEA ancien président-directeur général « étude des sociétés latino-américaines ». Inscriptions avant le 11 octobre, à Anniversaires de naissance ses petits-enfants, commandeur de la Légion d’honneur, cofondateur de La Vie des métiers, croix de guerre 1939-1945, Ouvert aux étudiants titulaires d’une 12 heures. – Bon anniversaire, Pour vous Madame, Et ses neveux et nièces. médaillé de la Résistance, maîtrise dans une discipline en sciences Fondation Charles-de-Gaulle, président fondateur sociales, la clôture des inscriptions Téléphone : 01-44-18-66-80. Papi Louis. du Centre national des métiers, Nous rappelons le souvenir de son survenu le 3 octobre 1999, dans sa quatre- intervient le 8 octobre 1999. président du Syndicat national mari, vingt-treizième année. Institut des hautes études de l’Amé- De la part de de la presse périodique de province, rique latine, – A l’invitation du Bné-Brith Ben- vice-président L’inhumation aura lieu au cimetière 28, rue Saint-Guillaume, Gourion, Maurice-Ruben Hayoun traitera Florent, Pauline, Bastien, Dorian, Ines, de la Fédération nationale Jacques DOUBINSKY, Antoine, nouveau de la Guillotière à Lyon, le 75007 Paris. du thème suivant : Abraham Ibn Ezra de la presse française, Tél. : 01-44-39-86-65. tes petits-enfants. décédé le 18 février 1959, vendredi 8 octobre, à 16 heures. et l’exégèse biblique juive et chrétienne chevalier de la Légion d’honneur, de son temps. Mairie du 16e arrondissement, salle des le 6 octobre 1999, dans sa quatre-vingt- et de son fils, Nous nous réunirons au temple protestant, 3, quai Victor-Augagneur, à ISTH mariages, 71, avenue Henri-Martin, quatorzième année. e Mariages 14 h 30. Enseignement supérieur privé Paris-16 . Le jeudi 14 octobre 1999, Claude DOUBINSKY, à 20 heures. 158, rue de la Pompe, Cet avis tient lieu de faire-part. PRÉPARER SCIENCES-PO Renseignements et inscriptions, Clélie ASTER 75016 Paris. décédé le 11 avril 1998. Entrée directe en deuxième année tél. : 01-40-82-26-33. et 29, rue de Bellevue, Mme G. Bourgeois, 92100 Boulogne. 22, rue Marceau, 6, chemin Ginestière, Session semestrielle du 18 octobre au Luca AROASIO 29 février. 37000 Tours. 06520 Magagnosc. Prospective et stratégie me Préparation complète ou par modules. des organisations ont eu le bonheur de s’unir le mercredi M D. Mottuel, Options : Droit, Histoire, Economie. 6 octobre 1999, à Paris. – Le conseil d’administration, 187, avenue Division-Leclerc, Les cours de troisième cycle, Les membres et amis du Club 92290 Châtenay-Malabry. Taux de réussite 1999 exceptionnel. 23, rue Le Regrattier, Convictions – Mme Sylvie Yanzi, conférences et séminaires de doctorat de la Chaire de Prospective du e ont la tristesse de faire part de la Paris-4 . sa sœur, 2, rue de Rémusat, CNAM reprennent le 11 octobre 1999. disparition de – Mme Simone Pesqueux, Ses neveux, nièces, 75016 Paris. Programme de l’année 1999-2000 : la son épouse, Tél. : 01-42-24-10-72. prospective et ses méthodes, la José BIDEGAIN, Et proches, Yvon et Jean Pesqueux, ont la tristesse de faire part du décès de planification par scénarios, le Décès administrateur, ses enfants, management stratégique, les grandes ancien président d’Echanges et Projets Benjamin, Lise, Etienne, Tristan, me Colloques tendances du futur, l’évaluation et la – M. et M Jean-Louis de Renaucourt, (1981-1986). M. Eric KAHANE, Amandine et Clémentine, me prospective technologique. M. et M Marc Aujames, ses petits-enfants, Aux frontières du salariat : Renseignements : 01-40-27-25-30, ont la douleur de faire part du décès de Convictions, survenu le 5 octobre 1999, dans sa ont la douleur de faire part du décès de autonomie ou précarité ? mail : [email protected], 4, place de Valois, soixante-quatorzième année. 13 octobre 1999, 9 h 30-18 heures, à web : http://www.cnam.fr/lips/ Mlle Edith AUJAMES, 75001 Paris. Guy PESQUEUX, Paris-X Nanterre, bât. K. Avec Gérard Dumenil, Luc Boltanski, Eve (Le Monde du 7 octobre.) L’incinération aura lieu le lundi survenu accidentellement le 2 octobre 11 octobre, à 13 heures, au funérarium survenu le 6 octobre 1999, dans sa Chiapello, J.P. Durand, Jean Lojkine, RENCONTRES SUR L’ACTUALITÉ 1999. du Père-Lachaise. soixante-dix-huitième année. Béatrice Appay, P.-M. Menger, Thomas LATINO-AMÉRICAINE Coutrot. – A Rome, le 1er octobre 1999, Une bénédiction suivie de l’inhumation Le Saussay, 26, Cet avis tient lieu de faire-part. Organisé par Actuel Marx - CNRS, La première rencontre mensuelle http://www.u-paris10.fr/ActuelMarx/ dans le caveau familial sera donnée 28120 Montigny-le-Chartif. autour de l’actualité latino-américaine au cimetière du Père-Lachaise, le Fabrizio DE VECCHIS Rue de la Terrière, animée par Axel Gylden, journaliste vendredi 8 octobre, à 16 heures. 27240 Avrilly. au Point, aura lieu le lundi nous a quittés. LES (DES)SAISISSEMENTS 11 octobre 1999, à 18 heures. Thème – Le président, Youri, DU POLITIQUE 11, rue Yvon-Villarceau, principal : La Colombie et les Etats- Les cendres seront déposées dans le Et les membres de la commission de la SCENES ET FICTIONS 75116 Paris. Avis de messe Unis, à l’Institut des hautes études de caveau de famille, samedi 9 octobre, Société des auteurs et compositeurs l’Amérique latine, amphithéâtre, BP 26, à 12 heures, au cimetière Verano dramatiques Colloque transdisciplinaire ARAPS, 1er étage, 28, rue Saint-Guillaume, 84810 Aubignan. (Rome). font part de leur profonde tristesse après Pierre GAMBET, Paris, du 21 au 24 octobre 1999, hôtel de Paris-7e.//www.iheal.univ-paris.fr la disparition de leur sociétaire et ami, Massa, Société des gens de lettres, 38, rue mariste, du Faubourg-Saint-Jacques, Paris-14e. Eric KAHANE. est décédé le 29 septembre 1999, à Vaulx- Le 21 octobre, 16 h 30 : Accueil. Débats en-Velin, où ses obsèques ont eu lieu. 17 heures : Ouverture. – L’écrivain Mario Rigoni Stern sera Au sommaire Ils adressent à sa famille et à ses Conférences René Kaës, René Major. proches l’expression de leurs sentiments Les Pères maristes et sa famille présenté par ses traducteurs Claude Le 22 octobre, 9 h 30 : Frontières, Ambroise, Marie-Hélène Angelini et affectueux. invitent tous ses amis à une célébration à limites, territoires. 14h30: Langue du numéro sa mémoire le mardi 26 octobre, à Monique Baccelli. et politique. Institut culturel italien, 50, rue SACD, 19 heures, en la chapelle Notre-Dame- Le 23 octobre, 9 h 30 : Corps et per- de Varenne, Paris-7e , mercredi d’octobre des-Anges, 102 bis, rue de Vaugirard, sonnes. 14h30: Institutionnalisations 11 bis, rue Ballu, Paris-6e. 13 octobre 1999, 18 h 30. 75009 Paris. de la transgression. Le 24 octobre, 9 h 30 : La honte. (Lire ci-dessus.) 14h30: Idéaux, idéologies, politiques. Cours Conclusions. Soutenances de thèse

Renseignements, inscriptions : me – Enseignant donne cours de maths, ARAPS, – M Danielle Milhaud-Cappe e a soutenu son doctorat de philosophie : La société française physique, chimie, de la 6 à maths spé. 8, rue de Bièvre, Tous les jours M. Ouaksel, 01-45-41-54-51. « Education et guérison selon Freud », 75005 Paris. à Paris-IV - Sorbonne, salle des Permanences et transformations dans le Tél. : 01-43-25-28-90. de la France à l’aube Actes, le 24 septembre 1999. « Carnet du Monde » Fax : 01-56-24-07-57. Le jury, composé de MM. le Recteur d’un nouveau millénaire Bertrand Saint-Sernin ; le professeur NAISSANCES, Bernard Bourgeois qui en assurait la ANNIVERSAIRES, présidence ; Mmes le professeur Jacqueline Carroy et le professeur Anne MARIAGES, Fagot-Largeault, lui a décerné la mention Très Honorable avec félicitations du FIANÇAILLES jury. Cinquante ans de communisme en Chine 520 F TTC - 79,27 ¤ 10 lignes Cinquante ans après la victoire des communistes, le pays s’éveillera-t-il enfin 62 F TTC - 9,45 ¤ à la démocratie toute ligne suppl. Nos abonnés et nos action- Chez votre ట naires, bénéficiant d’une marchand 01.42.17.39.80 réduction sur les insertions de journaux Fax : 01.42.17.21.36 du « Carnet du Monde », Plus : 18 F - 2,74 ¤ Les lignes en capitales grasses sont priés de bien vouloir LES CLÉS DE L’INFO sont facturées sur la base de deux lignes. Les lignes en blanc sont nous communiquer leur 4 pages pour décoder l’actualité obligatoires et facturées. numéro de référence. LeMonde Job: WMQ0810--0017-0 WAS LMQ0810-17 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 10:16 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0538 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 / 17 HORIZONS ENQUÊTE « Le roi des pauvres » Salé, qu’un étroit Ahmed. Il y a tant à faire dans le bras d’oued sé- Au moment où quartier. » Ahmed se dit « hostile pare de Rabat, le aux extrêmes. Nous, musulmans, prince héritier Si- il prononce croyons en l’islam tolérant, et au di Mohammed nouveau roi. Il est jeune, comme avait une villa. son premier nous, il connaît nos problèmes ».Aï- Deux mois après cha acquiesce calmement. « Le roi A son accession au grand discours veut l’égalité entre la femme et trône, la vie de la l’homme. Il l’a dit dans ses premières rue continue, immuable. Un vieil officiel, déclarations. Il veut appliquer le Co- homme aux pieds nus donne un ran, dont les lois sont claires, mais coup de pagaie à sa barque bourrée le nouveau roi rarement respectées. » Ahmed : «Il de passagers et quitte la berge de la a aussi parlé de justice. Il va lutter capitale en direction de la rive du Maroc, contre la corruption. Il a de quoi net- proche. Le court voyage lui rap- toyer. » porte un dirham, l’équivalent de 60 Mohammed VI, centimes, par personne. De l’aube E jeune homme a refusé de au crépuscule, dans l’odeur de ma- trente-six ans, participer au « sit-in des di- rée stagnante, une foule pressée de L plômés et ingénieurs d’Etat » MILOUD OURRANA/STUDIO ATLAL MILOUD vendeurs ambulants, de ménagères focalise tous qui a campé devant le Parlement à et d’employés fait ce trajet. A la Rabat pendant presque un an. « Ils on espère en notre nouveau roi. Il vit justice et santé : les chantiers sont Mohammed VI, enfant. médina de Salé, les prix sont bas. les espoirs attendent de l’Etat un emploi hors des fastes du Palais, dans sa villa nombreux. Dans les PME de Salé, qui Cette cité jadis fameuse grâce à ses conforme à leur titre. Mais ce n’est d’avant. Il refuse une escorte trop sous-traitent pour les groupes étran- Avant on ne fonctionnait que par ru- corsaires intrépides, qui fut même de son peuple. pas à l’Etat de leur octroyer ce droit ! voyante. Il a même demandé un au- gers de la confection, les conditions meur. A la rédaction, on fait passer un temps une République, offre si Ils doivent mettre la main à la pâte. dit sur les coûts de fonctionnement de travail restent moyenâgeuses. plus facilement un reportage qui peu d’emplois qu’elle est devenue Dans une série Depuis l’avènement de Moham- des palais de la royauté. » Ahmed Même si dans l’usine principale, qui montre la gravité des problèmes. dortoir pour la capitale. A quai, les med VI, ils sont encore plus nom- veut y croire. « Peut-être rêvons- appartient à un trust britannique, les L’hebdomadaire Le Journal, créé il y mendiants sautent sur le chaland. en trois volets, breux à camper. Le pouvoir les laisse nous. Il faut bien rêver pour vivre machines sont modernes. En ville a un an, critique à l’égard du Palais, Et ce dernier donne volontiers sa faire. Libéralisation ? », s’interroge n’est-ce pas ? même, nous n’arrivons pas à nous envisage de devenir quotidien. En pièce, « ainsi que le Coran nous l’en- des banlieues Ahmed. Ahmed a participé à la journée débarrasser de la tuberculose »,pré- dépit des tracasseries passées du seigne ». Le voici à l’Hôtel de ville, où il « anticorruption » organisée le cise encore Béchir. L’infatigable Boss »... L’épouse de Chérif coupe Préfecture déshéritée comme le populaires vient réclamer que la benne à or- 6 janvier chaque année par Trans- conseiller municipal peut se réjouir la tirade : « Non, moi je dis "le sont les trois quarts du territoire dures passe plus souvent à Sidi parency-Maroc. Assidon Sion, un de quelques succès. Le chômage Père". » Sans broncher, le jeune marocain, hors les centres indus- de Rabat Moussa. Dans le patio, le guichet des fondateurs de cette ONG, n’est pas ici le pire du royaume, cer- homme reprend : « Ces tracasseries triels et les villes impériales, Salé est pour l’état-civil est pris d’assaut. évoque les difficultés de son taines sociétés ayant fait le pari de incessantes sous Hassan II l’ont obli- un fief profondément croyant. Plus jusqu’à « Quel mépris ! On veut du respect », combat. « L’administration a tou- Salé. Un concessionnaire de Fiat y gé à être imprimé en France par Li- de la moitié de la population a s’énerve une veuve qui attend de- jours refusé d’enregistrer notre asso- emploie une centaine d’ouvriers bération. » Chérif ne veut pas être moins de vingt-cinq ans, et ne la frontière puis le matin. L’employé ne ciation. Nous luttons contre les pots- qualifiés : « Le marché est moins fa- nommément cité. Les interlo- trouve pas d’emploi. Chaque ven- communique avec les quéman- de-vin dans les dépenses publiques, vorable qu’à Rabat. Mais nous nous cuteurs rencontrés dans ce voyage dredi, jour saint, Sidi Mohammed algérienne, deurs que par une petite lucarne et aussi contre le racket pratiqué développons. » La municipalité ap- ont d’ailleurs demandé l’anonymat. recevait dans sa villa estropiés et Danielle trouée dans le mur. Alors on fait la pour tous les services. Ce racket au- porte son aide, à sa façon : une ex- Cette garantie donnée, ils ont libre- miséreux patientant en file intermi- queue, tout en tentant sa chance. près des particuliers reste ignoré des position de modèles s’installe ces ment parlé. « Ça n’aurait pas été le nable. « Mon voisin a obtenu une al- Rouard Un autre responsable traverse-t-il autorités. » Ahmed, opinant du jours-ci sur une grande place de Sa- cas il y a deux mois seulement », sou- location pour son fils handicapé », le patio ? On se dirige vers lui, la chef : « Ici, il vaut mieux apporter lé, mise à disposition. « La misère lignent-ils. témoigne un musicien sur le pas de a pris main à la poche, geste éloquent... son aiguille et son fil si on veut être n’est pas une fatalité », commente son échoppe. « Mon jeune frère, di- « L’enveloppe. Pour obtenir plus vite opéré à l’hôpital ! » Béchir. plômé de la fac de droit, a eu enfin la mesure l’extrait d’état civil dont on a besoin. Béchir, conseiller municipal à Sa- « On espère son agrément de taxi, après trois ans L’enveloppe pour avoir un rendez- lé-Médina, exprime lui aussi « l’es- EUX heures de voiture, et de galère, grâce à l’intervention prin- de cette vous au tribunal. L’enveloppe pour poir du changement qui, pour l’im- c’est Casablanca, la capi- en notre nouveau cière », ajoute son collègue. Ils at- mense majorité, est une nouveauté. D inscrire son enfant à l’école pu- tale économique du Ma- tendent l’éventuel client qui les attente blique », explique Ahmed. « Alors En trente-huit années de pouvoir ab- roc. Elle a ses chômeurs, ses bidon- roi. Il vit hors louera pour un mariage, avec toute solu, on s’était ratatiné dans la déses- villes. Elle a aussi sa jeunesse dorée la troupe. Un autre chanteur sort ESPAGNE pérance ». Hier militant marxiste, il qui rêve de modernité, en dégus- des fastes du palais, religieusement de sa poche une a survécu à la répression féroce qui tant des cocktails dans un des bars lettre signée de la main du nouveau e r r a n é e réduisit les rangs de cette opposi- branchés. Sept jours après la mort i t dans sa villa d’avant. é d roi. « Je lui avais envoyé une lettre de Océan Tanger M tion. Il est devenu croyant et prati- d’Hassan II, alors que le deuil offi- Mellila condoléances. Il m’a personnelle- Atlantique quant. Il tient une pharmacie dans ciel continuait, ces bars furent pris R Il refuse une escorte ment répondu. » i f la médina. La petite officine ne dé- d’assaut parce qu’ils servaient à

Kenitra Divisé depuis novembre 1998 en Salé semplit pas. A soigner souvent gra- nouveau de l’alcool. A La Bodega, trop voyante » plusieurs communes pour des rai- Fès tis, elle ne rapporte guère. «L’un sur l’avenue Mohammed V, un soir RABAT s a sons de sécurité et d’afflux rural, l arrive avec une lettre d’une associa- de septembre, Cherif et sa femme, Casablanca Meknès t Hauts Salé respire, Salé attend : « Mo- A Plateaux tion proche des islamistes de Yassine, journalistes à la télévision, A la Bourse de Casablanca, l’une Safi e n hammed VI est un grand espoir. Il est M o y qui nous demande de l’aider parce la prennent un verre. « Depuis deux des plus importantes du continent proche de nous. On l’appelle "le Roi MAROC Bouârfa famille est totalement démunie. mois, notre roi a multiplié les signes. africain, ouverte à quatorze socié- des pauvres". Il va s’en prendre au Marrakech L’autre sort d’une consultation tout Il a clamé sa totale confiance dans le tés de Bourse, l’heure est aussi à s Essaouira la chômage. Bien sûr, comme il l’a dit At aussi gratuite, assurée par un méde- premier ministre, qui peut-être va l’optimisme. Après une tendance à ut dans son premier discours, il n’a pas s Ha cin du même réseau. Nous sommes avoir les coudées plus franches que la baisse début juillet, qui faisait ou de baguette magique. » C’est sans Agadir S également sollicités par des groupes sous Hassan II. Ce gouvernement ne suite à un remarquable boom pen- s a doute ici que Mohammed VI, fort tl de quartier non confessionnels », ra- peut plus jouer de faux-semblant : le dant des années, la hausse se fait A n t i - A de cette proximité plus grande râa conte Béchir. roi est encore plus social, plus pro- sentir à nouveau. « Dans les huit D qu’ailleurs dans le royaume, in- Sidi Ifni De fait, à défaut d’une vie forte gressiste. Le roi a confirmé l’indemni- jours qui ont suivi le décès d’Has- carne au mieux « l’espoir du chan- de partis, tenus sous la férule sation des familles de disparus. Et san II, nous avons regagné six gement ». ALGÉRIE d’Hassan II, à Salé comme ailleurs, même annoncé celle des victimes de points », affirme le directeur des co- Ce n’est pas faute d’autres pré- le milieu associatif prospère. «La "détention arbitraire" : c’est la pre- tations. « C’est un bonheur, si l’on sences, fortes elles aussi. Ainsi dans société civile s’est prise en main. Et mière fois qu’il reconnaît cette réali- ose dire, que le roi soit mort un ven- SAHARA une villa reculée, vit Abdessalam 100 km c’est elle qui porte l’espoir placé en té. Il a créé le poste de porte-parole dredi. Les gens étaient chez eux pour Yassine, chef du parti islamiste le OCCIDENTAL Mohammed VI. Pauvreté, chômage, du Palais. Glasnost à la marocaine. le week-end. Cela a évité les phéno- plus radical, en résidence surveillée mènes collectifs, les manifestations, depuis sa sortie de prison. Au le risque de révolution », commente conseil municipal de Salé-Medina, ce dirigeant. « La transition s’est la commune mère, un seul des faite en douceur. Hassan II avait bien trente membres se réclame de l’is- préparé sa succession. Le nouveau

lamisme. Ce conseil de coalition se  roi a su prendre les rênes, et marquer démène comme il peut, sans sa présence. » grande aide nationale, pour tirer la Ce soulagement est général. Les ville de la décrépitude. milieux d’affaires pouvaient redou- Le long de la corniche, quelques ter l’émeute. Le peuple a eu peur centaines de mètres ont été net- d’un coup d’Etat « à la Oufkir, toyés récemment par la muncipali- comme dans le passé », se sou- té. Au-delà, en bordure des bidon- viennent Béchir et Chérif. Aucun de villes de Sidi Moussa, s’entassent ces scénarios-catastrophes ne s’est des montagnes de détritus qui em- produit. « L’espoir de changement pestent. Tout au bout, s’étale un gi- est à la hauteur de ce soulagement. gantesque tas. « On l’appelle "la dé- Notre monarchie à la marocaine charge des USA", parce que de vient de montrer qu’elle sait assurer l’autre côté de l’Atlantique il y a les la stabilité des institutions du pays. Le Etats-Unis », plaisante Ahmed, roi est mort, vive le roi. » On veut ou- vingt-trois ans, moniteur dans une blier les émeutes de la faim à Fès en école maternelle privée du quartier. 1990 puis à Casablanca l’année sui- « Bon nombre de jeunes Marocains vante. Le pouvoir vient de vendre rêvent d’un visa américain. Ils dé- une licence GSM de téléphonie posent un dossier pour participer à la portable à une société portugaise "loterie". Avec un peu de chance, le pour un prix record de onze mil- mien sera retenu, après tirage au liards de dirhams. Le fort excédent sort. » « Pour la France, précise un de recettes publiques qui s’en dé- copain d’Ahmed, c’est imposssible gage va être en grande partie affec- sans piston ». té aux investissements pour la can- Ahmed, lui, s’est trouvé un sacer- didature à l’organisation de la doce. Avec Aïcha, sa collègue qui Coupe du monde de football en porte le foulard, il tient le jardin 2006. C’est ce que vient d’annoncer d’enfants que fréquentent une cin- Mohammed VI en personne. quantaine de gamins. Les familles paient entre 20 et 30 dirhams par Danielle Rouard mois, les orphelins rien. A ce tarif, la propriétaire de la maison ne peut PROCHAIN ARTICLE : rémunérer les deux jeunes gens que le Commandeur 400 dirhams chacun par mois. BRUNO HADJIH des croyants « C’est mieux que de traîner, insiste Dans un quartier défavorisé de Rabat. LeMonde Job: WMQ0810--0018-0 WAS LMQ0810-18 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 10:54 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0539 Lcp: 700 CMYK

18 / LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 HORIZONS-ANALYSES 0 123 Turbulences en Côte d’Ivoire 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F QUE SE PASSE-T-IL donc en douzaine ont toujours une certaine détériorée. La stature et la réputa- faire part de ses inquiétudes. Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 Côte d’Ivoire ? Le pays de feu Félix représentativité, et quatre une tion de M. Ouattara, à tort ou à rai- M. Ouattara s’est entouré d’une Internet : http : //www.lemonde.fr Houphouët-Boigny, présenté de- réelle influence. son, inquiétaient M. Bédié et les équipe d’avocats incluant puis son accession à l’indépen- A la mort de Félix Houphouët- barons du Parti démocratique de Me Jacques Vergès et qui pourrait ÉDITORIAL dance en 1960 comme un modèle Boigny, en décembre 1993, le pré- Côte d’Ivoire (PDCI, issu de l’an- compter bientôt sur Vernon Jor- de stabilité politique, frémit. A un sident de l’Assemblée nationale lui cien parti unique) qui lui ont fait de dan, un avocat afro-américain, an de la présidentielle de l’an 2000, a succédé à la tête de l’Etat, confor- mauvais procès, mettant notam- proche du président Bill Clinton. Il La leçon des lycéens l’ébullition n’est pas loin. mément à la Constitution. Henri ment en doute sa nationalité ivoi- a profité de son séjour aux Etats- Félix Houphouët-Boigny s’était Konan Bédié est ainsi devenu le rienne, et qui ont modifié le code Unis où il assistait à la réunion an- UELLE que soit baisse des effectifs par classe, battu de son vivant pour maintenir deuxième président de la Côte électoral, introduisant de nouvelles nuelle du FMI pour rencontrer un l’ampleur de la mo- l’embauche de personnels sup- l’unité de la nation ivoirienne, une d’Ivoire, un pays alors en phase règles du jeu dans la course à la pré- grand nombre de personnalités bilisation à laquelle plémentaires tardent à entrer tâche difficile dans un pays où quel- avec son époque, doté d’une presse sidence. américaines. De son côté, le pré- Q devait donner lieu dans les faits. que quatre-vingts ethnies coha- libre et d’un bilan honorable en L’opposition politique crédible sident Bédié était reçu à Paris par la journée nationale Toutefois, au-delà de ces ré- bitent, chacune avec son dialecte, matière de respect des droits de s’est alors décidée à boycotter Jacques Chirac. Le chemin menant d’action des lycéens, jeudi 7 oc- clamations précises, qui où l’islam descendant du Nord s’est l’homme. Le dernier premier mi- l’élection présidentielle du 22 dé- à la présidence ivoirienne passe tobre, les manifestations que touchent aux difficultés de leur progressivement imposé au chris- nistre de Félix Houphouët-Boigny cembre 1995. M. Bédié a été élu, aussi par Washington et Paris, deux ceux-ci organisent depuis plu- vie quotidienne, c’est un malaise tianisme et à l’animisme. Il avait – le seul jamais nommé par le Vieux avec plus de 95 % des voix, un score capitales amies qui s’inquiètent de sieurs semaines ont déjà atteint diffus que donne à voir la rébel- fait le choix de l’ouverture sur l’Oc- au cours de son « règne » –, Alas- anachronique digne de l’époque du voir la situation se détériorer en leur but : elles ont révélé, ou lion tranquille de ces jeunes cident et de liens forts avec l’an- sane Dramane Ouattara, avait bien parti unique. Le scrutin, boycotté Côte d’Ivoire, considérée comme confirmé, l’existence d’un fort gens saisis par l’inquiétude. Un cienne métropole. Il avait fait le tenté de jouer sa carte, mais avait par le Rassemblement des républi- un pôle de stabilité et de dévelop- sentiment de révolte, qui s’ex- malaise qui n’est pas sans rap- choix de la langue française comme été rapidement « convaincu » par cains (RDR) d’Alassane Ouattara et pement dans la région. prime, entre défi et désenchan- port avec leurs interrogations l’un des dénominateurs communs ses amis français que son heure le Front patriotique ivoirien (FPI) A Washington, M. Ouattara a de tement, par l’affirmation répétée souvent angoissées sur leur ave- nécessaires aux Ivoiriens ; celui n’était pas encore venue et qu’il de Laurent Gbagbo, avait été pré- bonnes relations dans les cercles de revendications pressantes et nir : même si le chômage est en aussi de ne pas constituer d’armée était impératif de respecter la cédé de violents troubles. proches de la Maison Blanche, au par une solide méfiance à recul, le phénomène est trop forte et de s’en remettre à la France Constitution à la lettre. Alassane Dramane Ouattara sein du Black Caucus du Congrès, l’égard des promesses des auto- récent pour que la peur de ne pour la protection de son pays. avait alors décidé de rester dans chez les républicains comme chez rités scolaires. pas trouver d’emploi ou de n’ob- Le Vieux Sage avait assis la répu- BOYCOTTAGE son « exil » à Washington, où il les démocrates. M. Bédié n’est pas On objectera que la révolte de tenir que des emplois précaires tation de la Côte d’Ivoire sur une Successeur constitutionnel du pantouflait au poste de directeur en reste, qui compte sur l’appui de ces adolescents en colère est ait disparu des esprits. stabilité politique et économique chef de l’Etat, Henri Konan Bédié a général adjoint du Fonds moné- l’ancien sous-secrétaire d’Etat aux bien de leur âge et qu’au demeu- Un malaise qui semble aussi reconnue de tous. Après trente ans achevé le mandat de son prédéces- taire international depuis 1994, en affaires africaines, Herman Cohen, rant ils ne constituent qu’une lié à la conscience des injustices de parti unique, il avait, au premier seur avant de se présenter, lui- attendant de pouvoir reprendre sa « son » lobbyiste officiel à Was- minorité de la population ly- et des discriminations dont le semestre 1990, inauguré le multi- même, au suffrage de ses conci- place dans le jeu politique ivoirien. hington. céenne. Mais on aurait tort de ne système scolaire est le lieu. Ce partisme. Une soixantaine de for- toyens en 1995. A un an de l’élection présidentielle A Paris, Henri Konan Bédié est un pas prendre au sérieux les exi- n’est pas un hasard si les élèves mations avaient vu le jour dont une La situation politique s’était déjà d’octobre 2000, il a décidé que le ami de Michel Dupuch, le « Mon- gences dont leur mouvement est des lycées professionnels ont moment était venu. Démission- sieur Afrique » de l’Elysée, un an- porteur. Plutôt que de considérer joué, en 1999 comme en 1998, un nant du FMI, il est rentré en Côte cien ambassadeur en Côte d’Ivoire, celui-ci avec une condescen- rôle-clé dans le mouvement. «Le d’Ivoire en juillet et s’est fait élire tandis que M. Ouattara est proche dance amusée, ou agacée, il faut lycée professionnel, disait le so- président du RDR le 1er août, lors de plusieurs ministres socialistes et tenter d’en comprendre le sens. ciologue Bernard Charlot dans Les gens par Kerleroux d’un congrès extraordinaire du bien introduit dans le monde des Les demandes formulées par Le Monde du 30 septembre, c’est parti, juste avant d’annoncer sa affaires. les manifestants sont d’abord le monde des autres. » Un monde candidature à la prochaine élection d’ordre matériel : plus de locaux, qui se sent méprisé, exclu, mar- présidentielle. POLÉMIQUE SUR L’« IVOIRITÉ » plus de profs, des classes moins ginalisé. Un monde dont la de- Cette candidature est une décla- Mais, à Paris comme à Washing- chargées, des emplois du temps mande de reconnaissance et de ration de guerre pour les faucons ton, on se garde bien de prendre mieux aménagés, bref de meil- solidarité a été perçue par le du PDCI, qui lancent leur presse à position en faveur de l’un ou de leures conditions de travail au reste de la population lycéenne. l’assaut de la réputation d’Alassane l’autre. En France, le Quai d’Orsay lycée. A ces revendications, on le Le débat sur l’éducation a pris Dramane Ouattara. L’ancien pre- comme l’Elysée considèrent que la sait, Claude Allègre a répondu il en France une telle ampleur mier ministre, fouillé au corps lors polémique sur l’« ivoirité » de y a un an par un plan d’urgence. qu’il est normal que les lycéens de son retour de Washington, dont M. Ouattara ne grandit pas ceux Pour diverses raisons, ce plan veuillent en prendre leur part. les bagages ont été ouverts et les qui l’ont lancée. La Côte d’Ivoire est n’a été appliqué que d’une ma- Ils le font à leur manière, spon- papiers scrupuleusement exami- peuplée à 35 % de personnes d’ori- nière incomplète. Quand le mi- tanée, impatiente. Une société nés, est accusé de n’être pas un vé- gine étrangère, notamment de Bur- nistre affirme que « toutes les qui ne cesse de mettre l’accent ritable Ivoirien. Sa nationalité est kinabés et de Guinéens qui, jus- promesses ont été tenues », les sur l’importance de l’école ne mise en doute, une fois de plus. On qu’en 1995 et la réforme du code jeunes manifestants sont donc doit pas s’étonner que, par une lui reproche une ascendance burki- électoral, étaient autant d’électeurs en droit de lui répliquer que la sorte d’effet en retour, les princi- nabé et d’avoir exhibé deux cartes potentiels. Ils pèseront de tout leur démocratie lycéenne, la rénova- paux intéressés demandent, d’identité ivoirienne d’origine frau- poids dans la campagne électorale tion des établissements, la avec insistance, à être entendus. duleuse. L’objectif des extrémistes d’un éventuel candidat musulman, de la mouvance présidentielle se comme M. Ouattara. Ce clivage re- clarifie : il faut au plus tôt et par ligieux paraît d’autant plus impor- 0123 est édité par la SA LE MONDE Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani n’importe quel moyen anéantir tant qu’il se double d’un clivage ré- Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; l’ambition de M. Ouattara, avant gional et que les partis politiques Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint même que le Conseil constitution- ont des assises ethniques indé- Directeur de la rédaction : Edwy Plenel nel ne soit saisi du problème et se niables. Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau Directeur artistique : Dominique Roynette prononce sur sa candidature. Placer l’« ivoirité » au centre du Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment Le pouvoir décide, le 22 sep- débat politique et au cœur d’une Rédacteurs en chef : tembre, l’ouverture d’une enquête campagne électorale, plus d’un an Alain Frachon, Erik Izraelewicz (Editoriaux et analyses) ; Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; judiciaire à son encontre pour avant l’organisation du scrutin, Michel Kajman (Débats) ; Eric Fottorino (Enquêtes) ; « faux commis dans des documents ouvre la boîte de Pandore dans un Eric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Franck Nouchi (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; administratifs, usage de faux et pays où les ressentiments entre Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) Rédacteur en chef technique : Eric Azan complicité ». Entre-temps, des réu- communautés sont exacerbés par Médiateur : Robert Solé nions publiques auxquelles il devait la précarité grandissante des participer ont dû être annulées, sa couches défavorisées de la popula- Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; mère octogénaire a été interrogée tion. Les incidents sont nombreux partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre par la police pendant plusieurs qui mettent aux prises des Ivoiriens Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président heures et il a rencontré le président et des immigrés, mais aussi des

Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), Bédié, le 18 septembre, au cours Ivoiriens d’origine ethnique diffé- André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) d’une audience mouvementée rente, faisant craindre l’apparition

Le Monde est édité par la SA Le Monde mais stérile. Les amis occidentaux d’une violence xénophobe in- Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. de M. Ouattara se sont publique- connue jusqu’à présent en Côte Capital social : 1 003 500 F. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, ment souciés de sa sécurité. Le pré- d’Ivoire. Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, sident du FMI, Michel Camdessus, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations. a écrit à Henri Konan Bédié pour lui Frédéric Fritscher

ILYA50 ANS, DANS 0123 Le président américain s’enten- droit d’en user, les risques de pa- vouer les Nations unies sinon à Haro sur les dit sans peine avec sir Winston et ralysie augmenteraient d’autant. l’impuissance complète, du avec Staline sur la nécessité de La seule décision courageuse se- moins à une lenteur de réflexes Une opération chirurgicale télévisée l’unanimité de ces membres per- rait la suppression du veto. hors de proportion avec les tragé- Nations unies ! manents pour toute action contre dies qu’elles sont censées non LA SECTION de télévison éduca- opérée. Puis les schémas – malheu- une violation de la Charte, étant LENTEUR DES RÉACTIONS seulement guérir mais prévenir. tive de la radiodiffusion française a reusement un peu pâles – des Suite de la première page entendu que le veto ainsi institué A ceux qui verraient là une in- réalisé ce matin une émission dont temps opératoires successifs. On ne pourrait être invoqué par celui supportable atteinte au « rang » André Fontaine l’intérêt est considérable. Pour la vit ensuite paraître le champ opéra- Mais il est évident qu’il y a à ce- d’entre eux qui s’en rendrait lui- qu’occupent ses détenteurs, il est première fois au monde, tous les toire, les chirurgiens inciser la la une contrepartie au moins ta- même coupable. Appliquée, au aisé de rappeler que ce rang se détails d’une intervention chirurgi- peau, pincer les vaisseaux qui sai- cite : personne ne va s’aviser d’al- début, au détriment de la France trouve consacré par le traité de PRÉCISIONS cale, effectuée dans le secret, pour- gnaient, découvrir progressivement ler leur chercher des poux dans la et de la Grande-Bretagne, pour non-prolifération, qui reconnaît rait-on dire, d’une salle d’opéra- la hanche à réséquer, la tête fémo- tête à propos de la Tchétchénie les affaires du Levant, cette dis- aux seuls actuels membres per- ARTE tion, ont été rendus visibles à rale, et la remplacer par une tête dans un cas, du Tibet dans position est tombée en désuétude manents du Conseil le droit de Après l’article consacré à La Sept plusieurs centaines d’assistants. prothéique qu’ils fixèrent dans le l’autre. Dieu sait pourtant s’il y aussitôt que l’URSS s’est trouvée posséder des armes nucléaires. Arte (Le Monde du 29 septembre), La chose se passait à l’Hôpital col fémoral, selon leur technique aurait à dire là-dessus. Et c’est là mise en cause. Mais ce n’est pas Quant à l’absence de force per- dans lequel nous faisions état des ré- des enfants malades. Deux chirur- personnelle. qu’on en arrive aux deux princi- le seul aspect de cette disposition manente, elle est une des raisons ticences du partenaire allemand giens, les docteurs Jean et Robert Tous les détails furent non seule- paux points faibles de l’organisa- qui a été ignoré en pratique : la principales de la lenteur des réac- d’Arte à entrer dans le holding Judet, opéraient une malade at- ment visibles, mais d’une très tion internationale : l’abus du ve- lecture de l’article 27 de la Charte tions à toute violation de la France Télévision, Jobst Plog tient à teinte d’une lésion à la hanche, aux grande netteté grâce à la haute dé- to, l’absence de force qui lui est consacré ne laisse au- Charte : il faut prendre le temps préciser : « C’est la chaîne Arte, dont fins de réséquer l’articulation ma- finition employée (819 lignes) qui permanente. cun doute quant à la nécessité, de réunir et d’amener à pied je suis le président, qui s’inquiète, et lade et de la reconstituer au moyen est, comme on sait, le nouveau pour que soit adoptée une déci- d’œuvre les troupes nécessaires non le partenaire allemand. Les deux d’une pièce de prothèse en résine standard français. Cette séance FILLE DE ROOSEVELT sion du Conseil de sécurité autre pour intervenir. Là aussi, il existe expertises juridiques ont été comman- acrylique. Le docteur Fèvre, profes- marque une date dans l’enseigne- L’ONU est la fille de Roosevelt, que sur la procédure, de réunir la une forte dérive par rapport au dées par l’ensemble du comité de gé- seur de clinique chirurgicale infan- ment médical et spécialement dans qui avait conclu de la faillite de la totalité des voix des membres texte de la Charte, et notamment rance, composé de deux représentants tile, dans le service de qui se passait l’enseignement de la technique Société des Nations qu’il fallait permanents ; l’abstention, dans à ses articles 43 à 47, qui pré- français et de deux représentants alle- cette transmission télévisée, com- opératoire. confier aux principales puis- ces conditions, équivaut à un ve- voient entre autres le maintien à mands ». « Un président français à la mentait l’opération. sances de l’après-guerre, pro- to. A présent, l’abstention est ad- la disposition du Conseil des tête d’Arte n’aurait pas agi différem- Il présenta d’abord les radiogra- André Lemaire mues au rang de « shérifs », la mise pour telle, ce qui, en de forces armées « nécessaires au ment », conclut-il. phies de la hanche qui allait être (8 octobre 1949.) responsabilité de maintenir nombreuses occasions, a sans au- maintien de la paix » et la créa- l’ordre dans ce qu’on n’appelait cun doute facilité l’adoption de tion d’un comité d’état-major CHINE pas encore le « village plané- résolutions contraignantes. « responsable de la direction stra- Contrairement à ce que nous 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS taire ». Dans son esprit, ces puis- Ce n’est pas assez pour empê- tégique » de ces forces. La avons écrit (Le Monde du 2 octo- Télématique : 3615 code LEMONDE sances étaient les Etats-Unis, la cher le Conseil, trop souvent, moindre des choses, si l’on pré- bre) dans notre compte-rendu du Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC Grande-Bretagne, l’URSS et, d’être paralysé par le veto. Une tend pouvoir répondre rapide- cinquantenaire de la République ou 08-36-29-04-56 peut-être en raison de son faible réforme est donc nécessaire. De- ment à des crises comme celles populaire de Chine, la présence du Le Monde sur CD-ROM : 01-44-88-46-60 pour Mme Tchang Kaï-chek, la puis des années, on discute d’un du Kosovo ou du Timor-Oriental, portrait de Sun Yat-sen sur la place Index et microfilms du Monde : 01-42-17-29-33 Chine. Churchill le convainquit possible élargissement du ne serait-elle pas de réactiver, ou Tiananmen lors de la célébration non sans peine d’y ajouter la nombre des sièges permanents : plutôt, pour dire plus simple- du 1er octobre n’est pas inédite. La Le Monde sur CompuServe : GO LEMONDE France. Et c’est ainsi que furent outre que ce débat, vu le nombre ment, d’appliquer ces disposi- figure du fondateur de la Répu- Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr attribués à ces cinq pays des de candidats, a peu de chances tions ? S’y refuser, comme vou- blique chinoise (1911) est en fait à Paris et en province : 08-36-68-03-78 sièges permanents au sein du d’aboutir, il va de soi que, si les loir à tout prix maintenir le droit systématiquement associée aux Conseil de sécurité à créer. heureux élus obtenaient aussi le de veto des cinq « grands », c’est cérémonies de la fête nationale. LeMonde Job: WMQ0810--0019-0 WAS LMQ0810-19 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 08:20 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0540 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 / 19 La troisième gauche n’existe pas par Alain Bergounioux et Gérard Gouzes E lexique politique fran- nisation importante à gauche ne cette approche était qu’elle suréva- syndicats), qui souhaitent cette mité. On l’a bien vu lors du pas- européenne a pris avec retard le çais vient de s’enrichir suffit donc pas pour parler de troi- luait la capacité de l’Etat à réguler transformation. Il s’agit donc de les sage de 40 à 39 heures en 1981- tournant qu’a constitué l’émer- L d’une nouvelle expres- sième gauche. les comportements économiques associer aux choix opérés. Ce point 1982, une évolution décrétée d’en gence de l’enjeu environnemental sion : « troisième L’affirmation de l’enjeu environ- et sociaux. Or les Français ne sont de vue implique aussi de diversifier haut, uniforme, sans négociation dans les années 70. Mais elle l’a gauche ». Daniel Cohn-Bendit en- nemental ne l’autorise pas davan- pas des sujets passifs de l’action les niveaux de décision. Cela signi- ni, de ce fait, prise en compte des pris avec netteté dans la décennie tend sans doute par là que le temps tage. Il y a évidemment là un phé- publique. fie qu’il faut décentraliser chaque situations locales. Du coup, il n’a suivante. Ce thème a sa place na- est venu pour une autre gauche, nomène majeur et durable. Au demeurant, même animé des fois que possible (à défaut de dé- pas permis une création notable turelle à gauche. Contre la pente différente du Parti socialiste et du Certains travaux de sciences so- meilleures intentions du monde, mocratie directe, c’est le moyen d’emplois et a entravé la pour- du capitalisme, il s’agit bien ici Parti communiste, qui aurait voca- ciales montrent que la satisfaction l’Etat est loin de mener une action de rapprocher la décision du ci- suite de la réduction vers les aussi d’orienter l’évolution écono- tion à les remplacer dans un avenir de besoins fondamentaux permis 35 heures, reprise aujourd’hui, mique et sociale dans l’intérêt du plus ou moins lointain. Mais, à la par le développement économique justement, dans des conditions plus grand nombre, et notam- réflexion, cette innovation ne nous pousse à la formulation de nou- L’idée présente un intérêt tactique qui laissent une grande place à la ment des plus défavorisés, qui paraît pas pertinente, car elle pro- velles exigences, en particulier sur négociation. peuvent encore moins se protéger cède d’un contresens sur ce qu’a la qualité de l’environnement. Les pour ceux qui l’ont mise en avant, mais elle Le traitement de l’enjeu envi- des dégâts environnementaux. été le débat dans la gauche fran- études récentes font du combat ronnemental n’échappe pas à Contre un marché qui ne pense çaise et sur ce qu’est la deuxième écologique un enjeu on ne peut n’a pas un fondement conceptuel solide cette alternative de méthode. qu’au court terme, indépendam- gauche, que l’on connaît, elle, de- plus primordial quand elles Dans ce domaine aussi, ou bien ment des coûts de tous ordres puis une trentaine d’années. tendent à établir que le modèle on prétend tout régler de Paris à qu’il fait supporter aux autres, il Il ne s’agit évidemment pas ici de productiviste compromet la santé, parfaitement efficace. Comme toyen), et qu’il convient aussi de coups de lois et de décrets, ou faut intégrer à l’évolution écono- prétendre nier l’existence d’un troi- voire l’espérance de vie, des ci- toutes les grandes organisations, et transférer le traitement des pro- bien on multiplie les moyens d’ac- mique et sociale des objectifs de sième pôle dans la majorité plu- toyens, à cause de ses consé- plus qu’elles, compte tenu de sa blèmes qui le méritent au niveau tion, en suscitant des concerta- long terme, et l’orienter vers un rielle. A côté des Partis socialiste et quences sur ce qu’ils respirent ou taille hors du commun, il est européen. tions avec les associations, en dis- développement durable. communiste, les Verts se sont clai- mangent. souvent affligé de dysfonctionne- Les partisans de cette nouvelle suadant les pollueurs (écotaxes) De ce point de vue, l’action que rement imposés comme troisième Cependant, la distinction entre ments, qui creusent le fossé entre forme de l’action politique ne plutôt qu’en instituant des inter- mène Dominique Voynet au gou- force politique. Les voix recueillies les deux premières gauches n’était les (bonnes) intentions initiales, les nient évidemment pas l’utilité de dictions multiples, donc difficiles à vernement est une composante par la liste emmenée par Daniel pas non plus articulée à une oppo- modalités de l’action et les résul- l’intervention directe de l’Etat, ce faire respecter, sauf, évidemment, essentielle d’une politique mo- Cohn-Bendit le 13 juin ne font que sition entre des objectifs poli- tats obtenus. Les évolutions ré- qui serait absurde. Mais ils affir- pour les cas graves, en incitant derne de progrès social adaptée à confirmer ce qu’on savait déjà, tiques. En fait, elle porte sur une centes n’ont fait qu’accroître ces li- ment la nécessité de s’appuyer pour orienter les comportements la société du XXIe siècle. Elle par-delà les fluctuations caractéris- tout autre chose : la méthode utili- mites de l’action publique : la aussi sur d’autres forces sociales au lieu de se contenter de régle- montre aussi que la thématique tiques de cette forme de vote. sée pour parvenir à la transforma- mondialisation accroît la et politiques. C’est bien là que menter... En l’occurrence, l’action écologiste a bien sa place au sein Mais le constat d’une frontière tion sociale. Le débat ne concerne contrainte économique extérieure, s’est trouvé historiquement le cri- de la ministre de l’environnement de la gauche en général. L’idée entre les deux premières gauches pas tant les fins poursuivies que les et la mobilité des comportements tère de démarcation entre les montre clairement où vont ses d’une « troisième gauche » pré- n’avait pas pour fonction de re- moyens à mettre en œuvre. sociaux progresse manifestement. deux premières gauches. préférences. Et le projet, à la fois sente un intérêt tactique pour doubler celui de l’existence de Car la gauche a longtemps cru, Face à ces réalités, un certain Loin d’être une opposition sur européen et décentralisateur, de ceux qui l’ont mise en avant, mais deux organisations politiques sé- en France, que seule l’intervention nombre d’acteurs politiques se ré- les objectifs ou le degré souhai- Daniel Cohn-Bendit aussi. elle n’a pas un fondement concep- parées depuis le Congrès de Tours. publique permettait de lutter clamant souvent de l’action de table de transformation sociale, le Mais le terme que nous contes- tuel solide. Sinon, elle n’aurait pas mérité le contre les inégalités. L’Etat devait Pierre Mendès France et de Michel débat porte donc essentiellement tons a cependant un mérite : re- succès qui fut le sien... Au s’adjuger la production (nationali- Rocard, qui affirmaient dès les an- sur les moyens. Du reste, les pro- connaître explicitement que les contraire, l’intérêt de cette distinc- sation), durcir la planification et, nées 60 l’intérêt du levier que jets d’apparence parfois plus vo- Verts appartiennent à la gauche Alain Bergounioux est se- tion est qu’elle passait au sein plus largement, user de l’outil lé- constituait la société civile pour lontaristes de la première gauche, (troisième ou pas), alors que cer- crétaire national du Parti socia- même des organisations – essen- gislatif et réglementaire pour obte- permettre les transformations so- se heurtant aux réalités écono- tains d’entre eux refusaient na- liste. tiellement du Parti socialiste. nir les évolutions souhaitables de ciales nécessaires. Car les forces miques et sociales, ont débouché guère ce qualificatif. La social-dé- Gérard Gouzes est député L’émergence d’une nouvelle orga- la société. Mais le problème de sont nombreuses (associations, souvent in fine sur un résultat li- mocratie française comme (PS) de Lot-et-Garonne.

Quatre, elles sont quatre par Laurent Bouvet

EL qu’il s’est récem- complexe, si l’on veut pleinement marché. » Il s’agit concrètement politique avec leurs homologues cial ». Elle s’étend des confins du Or Lionel Jospin a besoin des ment engagé autour de prendre part au siècle qui s’ouvre. d’une démarche politique marquée de droite, tout en partageant Parti communiste et des Verts aux quatre gauches pour gagner l’élec- T la « troisième gauche », Les partisans de ce néo-réfor- à la fois par la réaffirmation de va- avec eux des inquiétudes formations trotskistes, en passant tion présidentielle, même face à le débat masque en misme se recrutent essentiellement leurs profondément ancrées dans communes quant à l’avenir de la par la figure emblématique de une droite en lambeaux. Ce qui im- grande partie les recompositions à parmi les héritiers de la « deuxième l’imaginaire de la gauche – du République et de la souveraineté Pierre Bourdieu, par des plique que dans les mois et les an- l’œuvre dans la gauche française. gauche » historique, incarnée par « pacte républicain » au volonta- nationale. Jean-Pierre Chevène- telles que Vacarme ou Pétition, et, nées qui viennent, le projet de so- En effet, l’extrapolation politique Michel Rocard ou Jacques Delors, risme en matière d’emploi – et par ment et le Mouvement des ci- surtout, à travers le réseau associa- ciété qu’il va élaborer – en partie d’une « troisième gauche », qui se éprise à la fois de réalisme écono- une pratique pragmatique, notam- toyens incarnent, avec, à leurs tif et syndical qui forme le noyau par son action à la tête du gouver- différencierait des « première » et mique et de justice sociale. On y ment dans le domaine économique, côtés, des intellectuels, dont Ré- dur du « mouvement social » : SUD, nement, et en partie par ses propo- « deuxième » du nom, laisse de côté trouve pêle-mêle, par exemple et à comme en témoignent aussi bien gis Debray, des clubs, comme la FSU, associations de défense des sitions à plus long terme – soit ca- une analyse plus fine des déplace- des degrés divers, l’ancienne Fonda- les privatisations que l’acceptation Fondation Marc-Bloch – à l’ap- sans-papiers, pour le logement, pable de satisfaire, ne serait-ce que ments de frontières qui agitent la tion Saint-Simon, la CFDT, la d’une large « flexibilité » dans le pellation contestée – et des pu- pour l’emploi... symboliquement, les aspirations gauche française depuis une dizaine Esprit, l’hebdomadaire Le Nouvel cadre des lois sur les 35 heures. blications telles que, Marianne Campant sur des positions de de ces différentes gauches, alors d’années. Des déplacements in- Observateur. Les positions qu’elle L’environnement mondial est, là ou Le Monde diplomatique, l’es- gauche classiques, héritées du mar- qu’elles sont souvent antagonistes. fluencés par un certain nombre défend sont celles, notamment, des aussi, pris en compte, mais l’idée sentiel de ce courant opposé à la xisme et de la théorie critique, cette La conduite de la majorité plurielle d’événements et de dates, jalons dirigeants de l’économie française d’adaptation aux « contraintes » est construction européenne ac- gauche de la gauche se bat contre a montré, jusqu’ici, que le premier dont on peut dresser une liste ra- tuelle et marqué par un fort anti- les avancées du libéralisme sous ministre possédait une certaine pide : le bicentenaire de la Révolu- américanisme (qu’il s’agisse des toutes ses formes et dans toutes ses virtuosité en la matière grâce à son tion de 1789 et la chute du mur de Chacune des familles de la gauche négociations commerciales ou conséquences. sens aigu du rapport de forces. Berlin en 1989, la guerre du Golfe en des interventions militaires). L’originalité de la situation Mais pour franchir un pas de 1990-1991, le débat sur le traité de est représentée dans la majorité plurielle Les postures critiques adop- contemporaine de la gauche fran- plus – aussi bien électoral que face Maastricht en 1992, la fin du mitter- tées par Jean-Pierre Chevène- çaise est que chacune de ses fa- à l’histoire... ne serait-ce que celle randisme et son cortège d’affaires, et au gouvernement. L’avantage tient ment quant à l’action gouverne- milles est représentée dans la majo- de la gauche –, il lui faudra déve- le mouvement social de 1995, le dé- mentale, de la construction rité plurielle et au gouvernement, lopper d’autres capacités, en parti- bat des sans-papiers, le traité au contrôle politique exercé européenne à la guerre du Koso- même si certaines composantes le culier celle du visionnaire. Surtout d’Amsterdam et la guerre du Koso- vo et, encore récemment, à pro- sont de manière marginale. Cette si- s’il entend proposer un modèle de vo plus récemment. par Lionel Jospin. L’inconvénient est lié pos de l’arbitrage rendu dans le tuation présente à la fois un avan- société alternatif à celui qui nous Plutôt qu’une « troisième dossier BNP-Société générale, tage et un inconvénient. L’avantage est de plus en plus imposé gauche » aux contours mal définis, au risque de brouillage, voire de paralysie constituent la limite de l’ancrage tient au contrôle politique exercé aujourd’hui à force de mondialisa- présente essentiellement dans la de ce courant dans la « majorité par Lionel Jospin sur une vaste por- tion : celui d’une société de tête de ceux qui voudraient en être plurielle ». tion de la gauche, atout précieux marché. tour à tour les théoriciens et les au contact avec la concurrence actualisée par un ambitieux travail à Enfin, une quatrième famille pour les échéances à venir. L’in- porte-parole, une observation ra- étrangère. Il s’agit de la « famille » la fois rhétorique et pratique sur le de la gauche française peut être convénient est lié au risque de pide de la vie politique française ré- de la gauche française la plus rôle de la volonté politique. La force identifiée comme « radicale », au brouillage, voire de paralysie, de Laurent Bouvet est maître vèle l’existence de quatre gauches. proche de la « troisième voie » prô- du jospinisme, et sans doute une sens propre du terme. C’est celle l’action du premier ministre face à de conférences en science politique Une première gauche, la plus née par Tony Blair au Royaume-Uni bonne partie de son avenir, vient de qui s’autoproclame, particulière- des sujets susceptibles de fâcher à l’université Lille-II et à l’IEP de proche du centre de l’échiquier poli- et soutenue en Europe par de nom- ce travail. En fait, de la combinaison ment depuis 1995, « vraie une ou plusieurs des composantes Paris, rédacteur en chef de tique, que l’on peut qualifier de breux sociaux-démocrates, notam- entre l’élaboration en marchant gauche » ou « mouvement so- de la gauche plurielle. « La Revue socialiste ». « sociale-libérale ». Elle se caracté- ment par Gerhard Schröder. C’est d’un corps de doctrine socialiste rise par sa volonté de « réformer » la ce courant néo-réformiste qui est moderne et une habileté parti- société française afin de l’adapter couramment accusé par d’autres fa- culière à transformer la contrainte aux changements à l’œuvre dans le milles, à gauche, de véhiculer la systémique que représente la négo- monde contemporain. Aux yeux des « pensée unique ». Bref, de trahir ciation permanente au sein de la tenants de ce « néo-réformisme », au profit du libéralisme. « majorité plurielle » en avantage pour reprendre l’expression du poli- La deuxième famille identifiable politique : le contrôle d’un vaste es- tologue britannique Donald Sas- dans la gauche française contempo- pace à gauche et au centre-gauche soon, la mondialisation de l’écono- raine est celle qu’Henri Weber a ré- de l’échiquier politique dont une co- mie, l’explosion des nouvelles cemment appelée « néo-keyné- hésion minimale est la condition technologies liées à la révolution sienne », mais qui peut aussi être sine qua non de l’existence de ses numérique, ou encore la construc- qualifiée de « socialiste moderne ». Il composantes. tion d’une Europe toujours plus in- s’agit de la déclinaison par le Parti La troisième famille de la gauche tégrée, ne constituent pas des me- socialiste et le gouvernement de la française regroupe les « nationaux- naces pour la France. Il s’agit plutôt doxa jospinienne : « Oui à l’écono- républicains ». Ceux, du moins, qui de chances qu’il faut saisir, sans mie de marché, non à la société de refusent encore la compromission

AU COURRIER DU « MONDE » le sol autant de nitrates qu’un maïs ? méthodes que vous décrivez ? Le sys- Tout dépend de la façon dont on le tème de vente directe de la famille Su- L’AVENIR travaille. Il reconnaît qu’il « n’a pas pu bra, aussi efficace puisse-t-il être dans DES CAMPAGNES convaincre sur le plan économique » . son cas particulier, est-il à même de Vous a-t-il expliqué que la généralisa- fournir tout le marché français en fro- Dans vos reportages « Paysans au- tion de ses méthodes conduirait à une mage de chèvre ? trement », vous présentez quelques réduction importante de la produc- Toutes les personnes qui té- cas d’agriculteurs qui constituent se- tion laitière et du nombre d’agri- moignent dans cette page du Monde lon vous « l’avenir des campagnes culteurs de son département (avec sont parfaitement estimables. Leurs françaises » (Le Monde du 23 sep- toutes les conséquences écono- choix sont respectables. Et la vision tembre). miques et humaines que cela sup- idéalisée que vous en présentez ré- Mais comment Yves Lejeune peut- pose) ? Mais il est vrai que, comme pond très bien à l’une des fonctions il prétendre retirer un revenu de vous le dites dans votre article, André de l’agriculture dans notre pays : le 250 000 à 300 000 F cette année d’un Pochon a tendance à exagérer. besoin de racines, d’authenticité. élevage de vingt-cinq truies (plus D’une façon générale, pensez-vous Mais la fonction de base de l’agri- quelques légumes) ? (...) Et André Po- sérieusement que l’agriculture pour- culture reste de nourrir la population. chon vous a-t-il expliqué que le trèfle rait répondre aux besoins de soixante Maurice Guéguen blanc qu’il préconise peut laisser dans millions de Français en appliquant les Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) LeMonde Job: WMQ0810--0020-0 WAS LMQ0810-20 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 10:47 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0541 Lcp: 700 CMYK

20 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999

BIOTECHNOLOGIES En an- fait marche arrière sur son ambition la recherche de plantes « high tech », des marchés mondiaux. En 1999, plus craintes des consommateurs face à la nonçant lundi 4 octobre (Le Monde démesurée de nourrir la planète. b IL génétiquement modifiées, plus résis- de la moitié des cultures de soja et « nourriture de Frankenstein », celle du 6 octobre) sa décision de renoncer Y A QUINZE ANS, Monsanto, qui tantes, plus productives et plus nour- 38 % de celles du maïs aux Etats-Unis des agriculteurs de devenir dépen- à la vente de semences stérilisées par était alors le quatrième groupe rissantes. b EN 1997, la multinatio- étaient génétiquement modifiées. dants de leur fournisseur et la réac- modification génétique, Monsanto chimique américain, a tout misé sur nale est partie avec succès à l’assaut b MAIS MONSANTO a négligé les tion négative de la Bourse. L’arrogance de Monsanto a mis à mal son rêve de nourrir la planète Il y a quinze ans, le groupe américain a tout misé sur le développement de plantes génétiquement modifiées, plus résistantes ou plus productives. Mais celui qui voulait être « le Microsoft de l’alimentaire » est considéré aujourd’hui comme un « apprenti sorcier » TOUT A COMMENCÉ comme ans seront encore nécessaires avant Monsanto craint que les « far- En 1998, tandis que les premiers « Terminator », qui vise à stériliser drik Verfaillie, directeur général de dans un rêve. En 1984, Monsanto, que les énormes investissements mers » ne resèment leur culture, bateaux gorgés de soja transgé- les graines et que Monsanto a ra- Monsanto. « La première chose à numéro quatre de la chimie améri- consentis par le groupe dans les l’année suivante, bénéficiant ainsi nique sont bloqués dans les ports cheté récemment avec Delta Pine faire est de reconnaître les inquié- caine, inaugure en grande pompe le biotechnologies ne commencent à sans payer des fruits de sa re- européens, le lobby du soja améri- Land, semble donner raison à ses tudes du public à propos des risques Centre des sciences de la vie de porter leurs fruits. Mais la vision de cherche. Il craint également que les cain (Americain Soybean Associa- détracteurs. Monsanto a beau invo- éventuels », souligne le 22 sep- Robert Shapiro, président du agriculteurs n’utilisent, au lieu de tion) dépense 1,5 million de dollars quer l’intérêt technique de cette dé- tembre, le PDG de DuPont de Ne- RÉCIT groupe et instigateur de son virage son désherbant, toutes les copies pour une « campagne d’informa- couverte – pour développer, par mours, Chad Holliday. Quant à No- Les amis d’hier vers les biotechnologies, va devenir moins chères qui inondent désor- tion » en faveur des OGM, ciblée exemple, la production des fruits vartis, il considère avoir cédé réalité. mais le marché. Alors, l’entreprise sur l’industrie de l’agroalimentaire, sans pépins – « Terminator » n’en « légitimement » aux préoccupa- se détournent de peur En 1997, Monsanto est fin prêt. de Saint-Louis exige qu’ils signent principalement en Allemagne. Il reste pas moins le meilleur moyen tions des consommateurs en sup- d’être à leur tour Son arsenal commercial aussi. Pour un contrat, s’engageant ni à rese- n’est plus question pour les produc- d’empêcher définitivement les agri- primant les ingrédients OGM des discrédités pouvoir commodément vacciner les mer leurs cultures, ni à utiliser teurs de soja américains qui four- culteurs de resemer une partie de aliments pour bébé vendus sous sa plantes cultivées, il vient d’acquérir d’autres marques d’herbicide. Des nissent 48 % du soja mondial et ex- leur récolte. La contestation marque Gerber. les semenciers américains Holden’s pénalités exhorbitantes et des pro- portent 40 % de leur production gronde. Les opposants aux OGM En réalité, peu d’experts re- Chesterfield Village, dans la ban- Foundation Seed, Asgrow, Agrace- cès menacent tout contrevenant au vers l’Europe de revenir en arrière. détruisent des parcelles d’essais. mettent en cause l’intérêt potentiel lieue huppée de Saint-Louis. Deux tus et Dekalb, ce qui lui donne des contrat. Monsanto a même imagi- En Angleterre et en France, où se L’Europe se dote d’un moratoire de ces nouvelles technologies. La cent cinquante laboratoires et positions très importantes en maïs, né, la première année, d’inspecter prépare la tenue de la première qui n’autorise pas la vente de se- Fondation Rockfeller, à laquelle Ro- vingt-six serres consacrent son soja et coton, les trois cultures pendant trois ans les champs et les conférence citoyenne sur l’avenir mences transgéniques avant au bert Shapiro a fait part, lundi 4 oc- nouveau virage dans les biotechno- phares aux Etats-Unis. Les « far- hangars des agriculteurs, ce qui a des OGM, Monsanto investit moins un an. tobre, de sa décision de ne pas logies agricoles, après près d’un mers » vont s’enticher très vite de provoqué un tollé général. Cette 25 millions de francs dans une cam- commercialiser le gène « Termina- siècle au service de la chimie. ces « super plantes », capables de clause a été retirée... pagne massive de publicité. «69% LES INVESTISSEURS BOUDENT tor », est connue pour ses préoc- Quatre ans plus tard, dans l’une des résister un certain temps aux mé- des Français se méfient des biotech- Or, après avoir vendu sa chimie cupations vis-à-vis des pays en dé- serres qui couvrent le toit, et d’où faits des insectes et à la concur- CONVAINCRE À COUP DE DOLLARS nologies, 63 % déclarent ne pas sa- et échoué dans ses tentatives pour veloppement. Cette fondation l’on peut voir le fleuve Missouri, se rence des mauvaises herbes. Si Vis-à-vis des consommateurs, voir ce que c’est. Heureusement, 91 % trouver un partenaire avec Ameri- soutient les progrès de la biotech- cachent de premières plantes Monsanto n’est pas le seul dans la Monsanto n’y a pas été non plus de savent lire », annonce le premier en- can Home Products en 1998 et Du- nologie pour augmenter le rende- « high tech ». Monsanto vient de course aux plantes transgéniques, il main morte. Dès l’annonce de cart. Pont de Nemours en 1999, Monsan- ment des récoltes et introduire des donner naissance à un soja tolérant sera le premier à les installer dans le l’existence de premières plantes Sur le plan commercial, de l’autre to n’est plus qu’une sorte de éléments nutritifs, comme par à son herbicide vedette, le Roun- commerce. « Il s’agissait d’imposer transgéniques, des organisations de côté de l’Atlantique, l’offensive de start-up géante dans les biotechno- exemple du fer dans le riz, à la base dup. quelque chose de tout à fait nouveau, consommateurs et des écologistes Monsanto est un énorme succès. logies végétales, avec un chiffre de l’alimentation de millions de L’idée est doublement intéres- nécessitant une approche inédite en s’alarment. Ils s’inquiètent notam- En 1999, plus de la moitié des d’affaires de 8,6 milliards de dollars personnes. Des professeurs d’uni- sante. Depuis des décennies, les agriculture. Nous avons créé et “édu- ment de ce que l’innocuité des cultures de soja et 38 % de celles du et des pertes de 250 millions de dol- versité ont encore plaidé, mercredi agrochimistes du monde entier qué” le marché », se vante Monsan- plantes modifiées génétiquement maïs aux Etats-Unis sont généti- lars en 1998. Ses dernières et nom- 6 octobre devant le Sénat améri- s’échinent à découvrir des herbi- to en 1997. n’ait pas été prouvée sur la santé quement modifiées. Etant le pre- breuses acquisitions en semences, cain, en faveur des OGM, seul cides « sélectifs », capables de dé- C’est aujourd’hui ce qui lui re- des hommes et celle de l’environne- mier, Monsanto se taille la part du payées parfois à prix d’or, ont rongé moyen, selon eux, de nourrir la po- truire les mauvaises herbes sans prochent ses concurrents et ses ment. Monsanto répond avec un lion, mais perd la bataille d’images. ses résultats. Les investisseurs pulation mondiale en pleine expan- abîmer chaque culture qu’elles en- clients. « Arrogance », « mépris du slogan : « nous allons nourrir la pla- Celui qui voulait être « le Microsoft commencent à bouder l’entreprise, sion. « Nous serons bientôt en me- vahissent. En vaccinant au préa- client », « impérialisme »,... ils n’ont nète grâce aux biotechnologies ». Et de l’alimentaire » n’est plus décrit qui a vu sa valeur en Bourse plon- sure de produire du maïs avec le lable les cultures, Monsanto peut pas de mots assez durs pour décrire agit en coulisses, à coups de dollars, que comme « l’apprenti sorcier », ger de près de la moitié de sep- même contenu en protéines que le envisager d’appliquer son seul her- la façon dont Monsanto a imposé pour convaincre les esprits récalci- fournisseur d’une « nourriture de tembre 1998 à octobre 1999. Les lait », au grand avantage des pro- bicide sans plus de discernement : ses règles au marché. En réalité, trants. Frankenstein ». La technologie amis d’hier se détournent de peur ducteurs et des écologistes, car il la culture restera debout. Par ail- d’être à leur tour discrédités. D’au- demandera une surface inférieure leurs, le principe actif du tant que les consommateurs améri- et moins de déforestation, a affirmé (le glyphosate), unique produit Qui fait quoi dans les biotechnologies végétales cains sont de plus en plus nom- Brian Larkins, professeur à l’univer- phare du groupe, est sur le point de breux à réclamer, eux aussi, plus de sité de l’Arizona. tomber dans le domaine public... b Deux types d’opérateurs : les dans lesquelles ils introduisent deux. Il existe aussi une pomme contrôle sur la production d’OGM Mais le débat ne peut se limiter plus puissants sont d’anciens les gènes intéressants qu’ils ont de terre résistante au et son étiquetage. aux seules questions scientifiques. Il LA VISION DEVIENT RÉALITÉ groupes chimiques reconvertis découverts. Parallèlement, de doryphore. Désormais, les américains Mon- doit prendre en compte les enjeux Sur le même mode, les cher- dans les nouvelles technologies, nombreux semenciers encore b Les pistes d’avenir : des santo, DuPont de Nemours et le commerciaux, éthiques et de déve- cheurs de Saint-Louis mettent au tels les Américains Monsanto et indépendants achètent ou recherches sont menées pour suisse Novartis... redoutent que la loppement. « Les nations dont les point des plantes cultivées résis- DuPont de Nemours, le suisse « louent » ces gènes innovants améliorer, par génie génétique, contestation ne monte aux Etats- entreprises contrôlent les biotechno- tantes à des insectes. Plutôt que Novartis, l’anglo-suédois et les introduisent dans leurs le goût des aliments, leur Unis dans le sillage du blocage eu- logies pourraient dominer celles qui d’asperger la culture d’une bactérie Zeneca, le français propres semences, avant de les qualité nutritionnelle et leur ropéen. Et qu’elle ne transforme ne les maîtrisent pas. Il n’y a pas nuisible à l’insecte (Bacillus thurin- Rhône-Poulenc et l’allemand proposer aux agriculteurs. adaptation pour l’industrie. Par définitivement tous ces opérateurs d’assurance que les biotechnologies giensis ou Bt), une vieille pratique Agrevo, qui vendent déjà des b Les plantes : les plantes exemple, on travaille la en « valeur boursière risquée » aux ne vont pas... exacerber des conflits des agriculteurs, ils simplifient la plantes transformées transgéniques commercialisées composition en acide gras des yeux des investisseurs. « Prendre en internationaux. » Michael V. Martin méthode en introduisant le gène génétiquement aux agriculteurs comprennent du coton, du plantes oléagineuses, la charge les craintes des consomma- de l’Université du Minnesota a déjà qui code la toxine à l’intérieur du d’outre-Atlantique. Ils possèdent maïs, du soja et du colza, modification du lait de vache teurs est devenu ma priorité numéro esquissé un scénario catastrophe. maïs : l’insecte meurt... en s’alimen- tous une recherche interne et rendus résistants à un herbicide pour se rapprocher de celle du un au même titre que de délivrer des tant dans la tige ou les feuilles. Dix des catalogues de semences ou à des insectes et parfois aux lait humain (nourrissons)... résultats financiers », déclare Hen- Véronique Lorelle DuPont de Nemours, nouvel avocat des biotechnologies CHAD HOLLIDAY, charisma- les premiers à entendre, depuis le tique PDG de DuPont, le plus jeune 21 septembre, le nouveau slogan du de l’histoire du groupe (51 ans), n’a groupe. « Faites votre liste pour l’an pas ménagé sa peine, début sep- 2000 : faire pousser de la nourriture tembre, en se présentant tour à là où elle ne pousse pas, inventer des tour devant une assemblée de jour- textiles qui "savent" vous réchauffer nalistes internationaux, à New ou rafraîchir, transformer l’océan en York, et de dirigeants à Boston. eau potable, développer des médica- « Nous avons appris durant ce siècle ments contre l’HIV, trouver des ali- à combiner la physique et la chimie ments qui aident à prévenir l’ostéo- pour créer de nouveaux matériaux. porose... », proposent les bandes Notre intention est de faire la même annonces qui seront visibles dans la chose avec la biologie au siècle pro- presse française à la fin de l’année. chain », a-t-il répété. Responsable de la mutation du groupe américain « BIO-TEXTILES » de la pétrochimie vers la biochimie, Contrairement à Monsanto, qui il tente de convaincre les fonds de vise avec les OGM l’assiette du fu- pension du bien-fondé de sa straté- tur, M. Holliday souhaite que les gie. Malgré l’annonce de profits re- biotechnologies bénéficient à de cords au second trimestre (886 mil- nombreuses autres activités. A Wil- lions de dollars), le titre n’a cessé de mington, le centre de recherche du s’effondrer. groupe dans le Delaware, les ex- En moins de dix-huit mois à la perts en polyamide se penchent sur tête du groupe, Chad Holliday n’a la fabrication de nouveaux « bio- pas hésité à se séparer d’un gros textiles ». Des bactéries en culture morceau comme Conoco, sa filiale convertissent, ici, le glucose de maïs pétrolière, et à se lancer dans des en une fibre textile. Là, d’autres, activités inconnues comme la nutri- dans lesquelles on a introduit le tion humaine (Protein Technolo- gène de l’araignée à soie, pro- gies International), les semences duisent un analogue du fil à soie, (Pioneer, numéro un mondial du beaucoup moins cher. A quelques secteur) et la pharmacie (rachat à blocs, dans le bâtiment voué à Merck de leur filiale commune). l’électronique, on étudie des appa- Mais la rapidité de ces mouvements reils composés à la fois de matériau a surpris. Les analystes continuent inorganique et organique, comme de juger le groupe trop dispersé ces puces électroniques truffées entre la chimie et la biologie. Pour d’ADN. « La question est de savoir si susciter l’adhésion des actionnaires la société nous permettra d’utiliser les et tenter de rehausser l’image de biotechnologies ou si elle les rejettera marque des biotechnologies, mises avant que des bénéfices puissent être à mal par les OGM dans l’alimenta- démontrés », s’inquiète Chad Holli- tion, DuPont s’est donc lancé dans day. une grande offensive médiatique. Les téléspectateurs américains sont V. L. LeMonde Job: WMQ0810--0021-0 WAS LMQ0810-21 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 11:04 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0542 Lcp: 700 CMYK

ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 / 21 Les ministres européens des transports continuent Grève contre le racisme de restreindre la circulation des camions le week-end chez Ford UK Timide ouverture sur la libéralisation du fret ferroviaire La direction a refusé de punir Réunis à Luxembourg, les quinze ministres des que le statu quo persiste : les Etats qui interdisent tion. Le dossier du temps de travail n’a pas avancé. un contremaître blanc qui avait frappé transports ne sont pas parvenus à s’accorder sur le la circulation des camions le samedi soir et le di- En revanche, la France a fait un petit pas qui pour- trafic des camions le dimanche. La France a obtenu manche ne seront pas obligés de revoir leur législa- rait faciliter la libéralisation du fret ferroviaire. un ouvrier asiatique et musulman BRUXELLES prévu, ses collègues allemand, au- sieurs pays (l’Espagne, la Finlande, d’un accès progressif aux grands LONDRES Transport and General Workers (Union européenne) trichien et italien – venant donc la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, la axes du réseau national pour les de notre correspondant à la City (TGW), le principal syndicat du sec- de notre correspondant tous de pays de transit particulière- Suède) voudraient exclure les tra- compagnies concurrentes, à la L’usine Ford de Dagenham, dans teur, qualifie cette grève sauvage de Sans surprise, les ministres des ment exposés – ont campé sur la vailleurs indépendants de la direc- condition qu’il soit le résultat d’une l’East End londonien ? Un modèle vingt-quatre heures. Chez Ford-Da- transports des Quinze qui étaient même position, formant ainsi avec tive, ce que les autres, dont la coopération entre ces entreprises de relations sociales ! Une des fi- genham, où la moitié des ouvriers réunis mercredi 6 octobre, à la France une minorité de blocage France, refusent, expliquant que les ferroviaires. Les pays « libéraux » se liales de la multinationale améri- sont d’origine antillaise ou indo-pa- Luxembourg, ne sont pas parvenus suffisante pour interdire tout avenir problèmes de sécurité sont les montraient sceptiques quant aux caine les plus productives. La nou- kistanaise, les chiffres de discrimi- à adopter une position commune, au projet de directive. Isabelle Du- mêmes pour tous et qu’en outre un assurances ainsi reçues de la part de velle Fiesta qui doit être présentée nation et de harcèlement raciaux ni sur le projet de directive concer- rant, la nouvelle ministre belge système de double norme créerait ceux qui continuaient à refuser la li- dans une quinzaine de jours au sont alarmants, malgré l’une des lé- nant les interdictions de circulation (« verte »), a estimé qu’une certaine des conditions de concurrence dé- béralisation. Finalement, le texte London Motor Show sortira de ses gislations antiracistes les plus sé- des camions le dimanche, ni sur ce- harmonisation était indispensable. loyales au profit des indépendants. adopté indique que « le droit d’ac- ateliers. Depuis 1931, Dagenham, vères d’Europe. lui prévoyant une réduction du Elle a suggéré un « socle minimum » cès est garanti aux institutions ferro- l’un des quartiers les plus pauvres Il y a deux ans, la compagnie avait temps de travail des chauffeurs rou- de restrictions, imposé même à CRÉER UN RÉSEAU COMPÉTITIF viaires munies d’une licence et qui, de la capitale, doit tout à cette « ins- déjà été condamnée pour avoir em- tiers. Ils reprendront ces deux dos- ceux qui, comme son pays, n’ap- Les Quinze ont consacré la plus indépendamment des modes d’ex- titution » qui emploie 9 000 ou- pêché la promotion de sept de ses siers lors de leur session de dé- pliquent actuellement aucune inter- grande partie de leur réunion de ploitation, respectent les règles de sé- vriers. travailleurs « blacks » dans la flotte cembre. diction, avec éventuellement une mercredi à l’examen des mesures à curité ». Obtenu à la dernière mi- Changement de décor et de camions où la quasi-totalité des Afin d’harmoniser les interdic- période transitoire, mais aussi la prendre pour parvenir à créer un ré- nute, alors que les Quinze d’époque : voici venu le temps de chauffeurs, dont les salaires sont de tions de rouler dans les sept pays où possibilité d’aller au-delà pour ceux seau européen compétitif pour le semblaient très près d’échouer, il l’opprobre après la grève-surprise loin supérieurs à ceux des ouvriers elles existent et de faciliter la tâche qui le désirent. Mais les militants fret ferroviaire et réussir ainsi à est clair que cet arrangement, qui d’un millier d’ouvriers, en majorité spécialisés, sont blancs. Aupara- des camionneurs des régions péri- syndicaux, qui avaient dressé mer- stopper le déclin du trafic marchan- permet à chacun d’organiser noirs et asiatiques, provoquée par vant, la société avait été clouée au phériques de l’Union, qui veulent credi des barrages filtrants sur les dises. Olli-Pekka Heinonen, le mi- comme il veut l’accès au réseau, de- les graves actes racistes commis par pilori pour avoir blanchi les visages pouvoir rentrer chez eux sans rester autoroutes menant à Luxembourg, nistre finlandais, qui présidait les meure ambigu et devra être précisé l’encadrement de la principale usine de quatre salariés de couleur sur bloqués aux frontières, la Commis- voulaient surtout attirer l’attention débats, est parvenu, non sans mal, à d’ici à la session de décembre. Dans britannique du groupe. une publicité destinée à la Pologne. sion proposait de limiter ces inter- de l’opinion sur les mauvaises faire approuver par le Conseil des l’intervalle, la Commission et les ad- A l’origine de l’arrêt de travail dictions le dimanche de 7 heures à conditions de travail existant en- « conclusions » amorçant un ministrations nationales pourront inopiné du 5 octobre, le plus impor- ENFERMÉS DANS LE MUTISME 22 heures. Jean-Claude Gayssot, le core dans la profession. compromis entre le camp des pays continuer à plancher afin d’éliminer tant depuis dix ans, le refus de la di- « Une seule usine, celle de Dagen- ministre français, avait répété qu’il Le projet de la Commission pré- plaidant pour la libéralisation les autres obstacles qui s’opposent rection de punir un contremaître ham, est concernée, et ce en raison de n’était pas question, pour des rai- voit un temps de conduite maxi- (Grande-Bretagne, Suède, Pays-Bas, aujourd’hui à la mise en place d’un blanc qui avait frappé un ouvrier sa situation géographique dans un sons tenant à la fois au progrès so- mum de 60 heures par semaine et Danemark, Finlande, Allemagne) et réseau européen de fret : améliora- asiatique et musulman, près d’un quartier prolétaire blanc. Tout le cial et à la sécurité, d’autoriser à de 48 heures en moyenne sur ceux qui, tels la France, la Belgique tion des infrastructures, compatibi- endroit de prière coranique dans monde vit en harmonie dans les nouveau les poids lourds à circuler quatre mois, alors qu’actuellement, et le Luxembourg, veulent en rester lité des équipements et harmonisa- l’usine. Un incident qui est interve- autres sites d’exploitation britan- la nuit du samedi au dimanche, ce dans plusieurs pays, le temps de tra- à un système de coopération entre tion minimale d’une tarification nu dans la foulée de la condamna- niques du groupe qui, pourtant, ont le qui aurait remis en cause les vail dépasse largement le seuil de les compagnies de chemin de fer. aujourd’hui très hétérogène. tion, le mois dernier, de Ford UK par même mélange ethnique », estime périodes d’interdiction approuvées 60 heures. Principale divergence qui M. Gayssot avait fait un geste ap- un tribunal du travail, pour discri- Garel Rhys, spécialiste de l’automo- après le conflit de 1996. Comme a rendu l’accord impossible : plu- préciable en approuvant le principe Philippe Lemaître mination raciale et harcèlement bile, à l’université de Cardiff. Mais le d’un ouvrier, Sukhjit Parma, affecté TGW voit plutôt dans cette affaire à la fabrique de montage des mo- les retombées des pressions de la teurs. direction pour réduire les coûts et Le groupe énergétique italien ENI doté d’un nouveau président L’affaire Parma a exacerbé les accroître les cadences, afin de faire tensions et les rancœurs parmi les face à la baisse des parts de marché, privatisation totale. Les quatre travailleurs d’origine étrangère, à la concurrence des autres sites eu- correspondance Le sixième pétrolier mondial phases qui ont permis à l’Etat de dont la majorité est née ici. Pendant ropéens de Ford et à la révolte des La crise à la direction du groupe vendre plus de 60 % du capital du deux ans, ce natif du sous-continent consommateurs du Royaume-Uni LES HUIT PREMIERS GROUPES (chiffres 1998) italien ENI (pétrole et gaz naturel) groupe entre novembre 1995 et indien a été le souffre-douleur de contre les prix artificiellement éle- est en passe d’être résolue. Le PRODUCTION RÉSERVES juin 1998 ont incontestablement ses collègues blancs, aux sympa- vés des voitures neuves. L’usine ne millions de bep*/jour milliards de bep* conseil d’administration du été une réussite, permettant à thies d’extrême droite, qui l’avaient travaille plus que quatre jours par groupe, qui s’est réuni mardi 5 oc- 1 EXXON MOBIL (EU) 4,3 21,5 l’Etat d’empocher plus de 140 mil- obligé à travailler sans appareillage semaine. tobre, a pris acte de la démission 2 SHELL (GB/PB) 3,7 20,5 liards de francs. Pourtant, per- de protection, face à un mur cou- Comme tétanisés par le pouvoir du président Renato Ruggiero et a sonne aujourd’hui ne parle d’une vert de graffitis racistes. Les délé- des contremaîtres blancs, les res- 3 BP AMOCO ARCO (GB/EU) 4,1 19,4 coopté à sa place Gian Maria Gros- cinquième tranche. Il est vrai que gués d’ateliers avaient refusé de le ponsables locaux de Ford se sont Pietro, professeur d’économie in- 4 TOTALFINA ELF (Fr./Belg.) 2,1 9,6 compléter la privatisation avant de défendre contre ses tortionnaires. enfermés dans le mutisme. Bill dustrielle et président de la hol- 5 CHEVRON (EU) 1,5 6,2 libéraliser le marché du gaz risque- Les cadres avaient fermé les yeux Morris a donc écrit au directeur gé- ding publique Istituto per la Ricos- rait de créer un dangereux mono- par crainte de sabotage par les pe- néral du géant américain, Jacques 6 ENI (ITALIE) 1,04 5,2 truzione Industriale (IRI) depuis pole privé. Sans même mentionner tits chefs blancs, qui tiennent ce Nasser, d’origine libanaise, pour juin 1997. Arrivé, en mai seule- 7 TEXACO (EU) 1,3 4,7 le fait que la dernière privatisation centre névralgique chargé de l’ap- qu’il conjure les démons du racisme ment, à la présidence de l’ENI, un 8 REPSOL YPF (ESPAGNE) 1 4,2 quasi totale réalisée en Italie sur provisionnement des chaînes en qui infectent son usine londo- organisme dont l’Etat est le princi- * baril équivalent pétrole Source : TotalFina un ex-monopole public, celle de pièces détachées. nienne. Sans réponse pour le mo- pal actionnaire, avec une partici- Telecom Italia, a été suivie d’une « Une réaction contre le racisme ment. pation de plus de 36 %, Renato juges de l’opération « Mains méro un de la distribution d’es- période de fortes turbulences. institutionnel » : c’est ainsi que Bill Ruggiero, qui quittait tout juste la propres ». On doit à Franco Berna- sence en Italie. Le groupe poursuit Reste que la présence publique Morris, le secrétaire général du Marc Roche présidence de l’Organisation mon- bè le redressement spectaculaire sans relâche sa politique d’expan- peut représenter un handicap pour diale du commerce, devait s’oc- des résultats du groupe et la réus- sion à l’étranger. En partenariat l’ENI, en particulier lors d’une cuper des alliances internationales. site de sa privatisation partielle. avec Elf, il a conclu un accord avec éventuelle alliance internationale. Mais l’administrateur délégué Vit- Lorsque M. Bernabè quitte l’ENI la National Iranian Oil Company Cette dernière question est l’une Les navigants menacent torio Mincato ne voulait pas re- pour Telecom Italia, c’est Vittorio pour l’exploitation du champ Do- des plus délicates, comme l’a mon- noncer à sa souveraineté sur ce Mincato, l’ancien chef de la rood. Il a récemment mis en fonc- tré le bras de fer entre M. Ruggiero thème crucial. branche chimique du groupe, qui tion une production d’hydrocar- et M. Mincato. de faire grève pour les 35 heures Les divergences croissantes lui succède. bures en Italie du Sud. Avec L’ENI avait noué des contacts entre les deux personnages avaient 622 millions de barils de réserves, avec Elf au cours de ces derniers LA QUASI-TOTALITÉ des organisations syndicales représentant les quelque peu troublé l’image de EXPANSION À L’ÉTRANGER ce site représente l’un des gise- mois. La fusion entre le groupe personnels navigants ont déposé, mercredi 6 octobre, un préavis de l’ENI, qui fut, pendant plusieurs Sixième groupe pétrolier mon- ments les plus prometteurs d’Eu- français et TotalFina a mis, pour le grève concernant les pilotes, hôtesses et stewards de toutes les années, le fief sans problème d’un dial, l’ENI est l’un des groupes les rope. En juillet, il a signé un accord moment, fin à ce projet. Au som- compagnies françaises pour lundi 11 et mardi 12 octobre, pour signi- homme fort, Franco Bernabè. Ad- plus riches d’Italie. Il a réalisé en avec la Libye pour la production de met franco-italien de Nîmes qui fier que leurs professions jugeaient inacceptables d’être « exclues de ministrateur délégué de 1992 à no- 1998 un chiffre d’affaires de 10 milliards de mètres cubes de s’est tenu fin septembre, les deux la réduction du temps de travail ». vembre 1998, celui-ci avait pris en 186 milliards de francs et un béné- gaz, dont 8 seront exportés. gouvernements ont donné leur Les négociations en vue d’un accord de branche entre la Fédération main l’ENI, alors aux prises avec fice net de plus de 15 milliards de Plusieurs défis attendent aval à un éventuel accord. Thierry nationale de l’aviation marchande (FNAM, patronat) et les syndicats de fortes pertes comme avec les francs. L’ENI est également le nu- M. Gros-Pietro. D’abord, il doit Desmarest, président de TotalFina, de personnels navigants, entamées en décembre 1998, sont rompues préparer son groupe à la future li- a lui-même laissé la porte ouverte depuis le 9 septembre. Face à la menace de grève, le patronat de béralisation du marché du gaz, à une intégration avec l’ENI, à l’aviation civile a décidé de soumettre, avant lundi, à l’ensemble des programmée pour l’an 2000. Une moyen terme. navigants, des « propositions renouvelées » qui pourraient contenir des question d’autant plus délicate que Ayant accompli une métamor- garanties sur les jours de repos. c’est sur ce marché que l’ENI réa- phose spectaculaire, l’ENI doit Les personnels navigants ne dépendent pas du code du travail, mais Au sommaire lise la majeure partie de ses béné- maintenant affirmer sa place par- du code de l’aviation civile, qui régit leur temps de travail selon des fices : au premier semestre, sur un mi les géants mondiaux, tout en règles extrêmement spécifiques. Le patronat estime que « les navi- du numéro bénéfice d’exploitation total de gérant au mieux l’ouverture à la gants ne sont pas concernés par la loi sur la réduction du temps de tra- 2 287 millions d’euros, 1 533 mil- concurrence de son pré carré ita- vail » et, d’autre part, « qu’ils travaillent déjà moins de 35 heures ». Le d’octobre lions d’euros proviennent de ce lien. but de ces négociations est de parvenir à un accord qui viendrait mo- secteur. difier le code de l’aviation civile, si le ministère de tutelle (transport) Deuxième dossier, celui de la Marie-Noëlle Terrisse le juge opportun.

Dossier : Un collège pour tous.

b Entretien avec Jean Baudrillard. b Enseigner en zone rurale. ier bilan. b Médiateur : un prem isère des salles de profs. b La grande m b Inspection : copie à revoir. b Voyage : la Polynésie. b Guide culture. b Petites annonces.

Chez votre marchand de journaux ¤ Le magazineKosovo résolument enseignant 30 F - 4,57 LeMonde Job: WMQ0810--0022-0 WAS LMQ0810-22 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 10:30 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0543 Lcp: 700 CMYK

22 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 Le nouveau retour de « JFK » à « L’Evénement » Jean-François Kahn va transformer le newsmagazine en hebdomadaire culturel et d’art de vivre après une suspension de parution de six semaines IL REVIENT pour une « opéra- tation, mercredi 6 octobre, le totalement clarifiées. A l’origine, avance le directeur de la rédac- tion de sauvetage » et il en est comité d’entreprise s’est certes Jean-François Kahn avait manifes- tion. Il devrait aussi s’ouvrir aux conscient. Quinze ans après avoir prononcé, à l’unanimité, contre ce té ses préférences en faveur d’un modes de vie et de consommation fondé L’Evénement du jeudi en projet de cession. Dans un avis mensuel, un projet qu’il caresse ainsi qu’aux loisirs. Autrement dit 1984, Jean-François Kahn, actuel motivé, les représentants du per- depuis de longues années. La re- par Jean-François Khan, « L’Evé- directeur de Marianne, s’apprête à sonnel rejettent la responsabilité prise de L’Evénement a accéléré le nement peut aussi devenir le jour- reprendre possession de l’hebdo- des « mauvais résultats » sur «les processus en faveur d’une formule nal des 35 heures et de la valorisa- madaire qu’il a dirigé jusqu’en choix éditoriaux et les erreurs de plus risquée d’hebdomadaire, qui tion du temps libre », même si, 1994, puis lors d’un passage provi- gestion » du directeur de la rédac- lui procure une infrastructure, une reconnaît-il, Marianne a milité soire en 1997 avant de créer Ma- tion, Georges-Marc Benamou, et équipe et un « portefeuille » contre la loi Aubry. rianne. Ultime soubresaut et nou- sur l’actionnaire principal. d’abonnés non négligeables. veau départ ? Le 779e et dernier Pour autant, ils se sont bien gar- Une chose est sûre. Jean-Fran- TRANSFERT DE PERSONNEL numéro de L’Evénement, dans sa dés de bloquer le processus en çois Kahn, et avec lui Maurice Sza- Le fondateur de L’Evénement et formule de « newsmagazine » gé- cours, malgré la persistance de fran, directeur du futur journal, de Marianne se garde bien d’éva- néraliste, qui paraît vendredi 8 oc- nombreuses incertitudes. Signe de Philippe Boggio, directeur de la ré- luer ses chances de succès. Sans tobre, annonce une suspension de certitudes, il table sur une diffu- six semaines, le temps jugé néces- sion de 120 000 exemplaires et une saire pour préparer sa transforma- Des « Nouvelles littéraires » à « Epok » vente moyenne en kiosque de tion en « hebdomadaire culturel et 55 000 exemplaires. Sur le plan fi- d’art de vivre ». La Fnac lance, jeudi 14 octobre, un nouveau magazine culturel, nancier, il assure avoir recueilli Le même jour, un conseil d’ad- Epok, qui sera mis à la disposition de ses abonnés et vendu dans les 40 millions de francs auprès des ministration des Editions du jeudi magasins au prix de 10 francs. Ce « magazine de l’actualité culturelle actionnaires actuels de Marianne, devrait entériner la cession du et de l’innovation technologique » sort au moment où Jean-François la somme nécessaire pour les deux titre, pour un franc symbolique, Kahn reprend officiellement L’Evénement qu’il a fondé en 1984, peu prochaines années. par le groupe Lagardère à une après avoir quitté Les Nouvelles littéraires, pour le transformer en Pour constituer son équipe, nouvelle entité contrôlée par Ma- hebdomadaire culturel. Jean-François Kahn envisage de rianne Finances. Au passage, l’ac- Dans ce petit monde de la presse, rappelons que le dernier pro- reprendre 40 salariés actuels de tuel propriétaire s’engage à priétaire des Nouvelles – après Philippe Tesson et Jean-Pierre Ram- L’Evénement, dont une partie sera prendre en charge le passif évalué say – était la Fnac. En 1986, le groupe avait suspendu la parution du affectée à Marianne pour compen- à près de 100 millions de francs et journal qui était réapparu sous la forme de L’Autre Journal de Mi- ser les transferts dans le nouvel pourrait financer, pour 12 à 15 mil- chel Butel. Enfin, le rédacteur en chef d’Epok, Yann Plougastel, est hebdomadaire. Retrouvant « une lions de francs, les conditions de un ancien de L’Evénement du jeudi, de Jean-François Kahn. bonne rédaction », qu’il juge néan- départ de 27 des 67 salariés actuels moins « traumatisée », il s’est, qui ne seront pas repris. pour l’heure, bien gardé de faire « bienveillance » à l’égard du nou- daction, et Françoise Samper- connaître la liste des « élus ». CONTRE LA CESSION veau propriétaire, le texte salue au mans, directrice générale, n’envi- Pour sa part, mise en cause sur Plus aucun obstacle ne devrait passage ce « professionnel aux qua- sagent pas de recréer un « second l’absence de garanties de reclasse- s’opposer à ce changement prévu lités reconnues », en indiquant que Marianne ». Ni de reproduire ses ment de la totalité du personnel, depuis que le groupe de Jean-Luc « la personnalité de celui-ci, ses choix éditoriaux « de combat ». la direction générale d’Hachette Lagardère a décidé de jeter succès passés, seront des atouts cer- D’une centaine de pages, pour un s’est contentée d’affirmer « sa vo- l’éponge, à peine plus d’un an tains pour la relance du titre ». La prix de 20 francs, le nouvel Evéne- lonté d’accompagner le mieux pos- après avoir investi massivement mention était sans doute néces- ment « sera marqué par une volon- sible et le plus humainement les dans la relance de L’Evénement. saire pour lever les craintes du fu- té de décloisonnement et de ren- personnes qui ne trouveront pas Malgré un effort de redressement tur repreneur. A plusieurs reprises, contre de toutes les cultures », leur place ». Pressée d’en finir et et le lancement d’une nouvelle ce dernier avait menacé de se reti- affirme Maurice Szafran. Ouvert soulagée par l’absence de blocage formule en janvier, les pertes n’ont rer s’il ne bénéficiait pas d’un as- aux débats idéologiques, « mais des syndicats, elle souligne que pas été enrayées. La chute de dif- sentiment massif du personnel. sans parti pris », affirme-t-il, le « le projet de Jean-François Kahn fusion, de 200 407 exemplaires en Les conditions de la transforma- nouveau magazine devrait propo- reste la meilleure solution pour la 1996 à 148 939 en 1998, s’est pour- tion de L’Evénement en hebdoma- ser une lecture de l’actualité au re- survie du titre et le maintien des suivie avec à peine plus de 120 000 daire culturel, en concurrence, à gard de l’histoire ou des événe- emplois ». exemplaires aujourd’hui. Au cours des degrés divers, avec Télérama et ments culturels, par exemple de la dernière réunion de consul- Les Inrockuptibles, sont loin d’être « l’affaire Michelin et Rosetta », Michel Delberghe La Chaîne parlementaire à nouveau d’actualité LE BUREAU de l’Assemblée nationale a déci- deux sociétés juridiquement indépendantes sont équipées de studios numériques et de régies dé, mercredi 6 octobre, la création, « en commun « pour assurer l’autonomie, la parité d’antenne et finales qui permettent la fabrication des émis- avec le Sénat », de La Chaîne parlementaire la spécificité de chaque Assemblée ». La direction sions. (LCP), qui devrait naître en janvier 2000. La ques- de la chaîne du Palais-Bourbon a été confiée à En 1997, l’accord que les présidents de tion est à l’ordre du jour de la réunion du bureau Ivan Levaï, ancien directeur de La Tribune, et qui l’époque, Philippe Seguin, président de l’Assem- du Sénat du mercredi 20 octobre. fait actuellement une revue de presse sur France- blée nationale, et René Monory, président du Sé- Les députés souhaitent que cette télévision soit Musiques. Il dispose d’un mois pour élaborer la nat, étaient difficilement parvenus à trouver avait « d’une présentation plus attractive et plus vivante grille de programmes. « Le politique et le média- sombré au moment de la dissolution de l’Assem- que l’actuel Canal Assemblées ». Basée sur la re- tique sont aujourd’hui en crise. Il est assez excitant blée nationale. Dès son élection au « perchoir », transmission des débats parlementaires et des d’être associé à une entreprise qui participe à leur Laurent Fabius avait annoncé son intention de travaux des commissions, la LCP « fera également réhabilitation », se contente-t-il de dire pour l’ins- relancer ce projet. Des études confiées notam- place aux débats de société, à l’actualité parlemen- tant. ment à Dominique Alduy, directrice générale du taire de façon générale en utilisant aussi bien les Monde, et à Michèle Cotta, directrice générale de formes audiovisuelles les plus modernes que la di- FABRICATION D’ÉMISSIONS France 2, ont contribué à en fixer les contours. Il mension multimédia ». Chacune des sociétés devrait disposer d’un ne reste plus aux sénateurs qu’à donner leur ac- Une loi sera votée à l’automne afin de per- budget d’environ 25 millions de francs, compa- cord et à choisir celui ou celle qui sera respon- mettre sa retransmission « en clair et gratuite- rable à ce qui était prévu en 1997 lors du premier sable de la partie sénatoriale de cette chaîne. ment » par tous les bouquets satellites et les câ- projet de chaîne parlementaire (Le Monde du blo-opérateurs. Elle prévoira aussi la création de 12 mars 1997). Par ailleurs, les deux Assemblées Françoise Chirot France Télévision frappe les trois coups du numérique hertzien CANNES sion, M. Tessier a choisi Patrick tiques, de programmes adaptés au liale multimédia du service pu- de notre envoyé spécial Ballarin, directeur du marketing de numérique et de services interac- blic, qui disposera, dès dé- Dans l’attente de sa désignation France Télévision Publicité, nom- tifs pour répondre à la multiplicité cembre, d’une capacité à la tête de la future holding du mé directeur du projet numérique. des attentes et des centres d’intérêt d’investissement de plus de service public, prévue pour l’an Toutefois, dans un premier temps, des téléspectateurs ». Selon lui, 200 millions de francs sur trois 2000, Marc Tessier, président de celui-ci continuera à assurer la « aucun genre de programmes ne ans. France Télévision, a fait du numé- mise en place du système de vente sera abandonné » à la concur- Pour rentabiliser l’offre numé- rique hertzien son cheval de ba- aux enchères d’espaces publici- rence. Il ne souhaite pas laisser rique hertzienne, M. Ballarin au- taille. Dans le cadre du Marché in- taires qu’il a créé. « le monopole d’un thème à un ra pour mission de réaliser « des ternational des programmes de En pratique, l’offre de pro- groupe privé ». Son but est de services où il y a une légitimité de télévision (Mipcom), le patron des grammes numérique hertzienne de composer « un univers pour les té- paiement ». Ainsi, des finance- chaînes publiques a présenté, mer- France Télévision sera « majoritai- léspectateurs » au moyen d’un ments seront recherchés auprès credi 6 octobre à Cannes, les rement gratuite ». Sa mise en place cocktail de « programmes généra- des collectivités locales, des par- grandes lignes de l’offre de pro- supposera, au préalable, « une re- listes, de chaînes thématiques et ticuliers, des associations et des grammes numériques hertziens négociation avec les opérateurs » du de services ». Pour réaliser cette professionnels, notamment dans qui aura pour mission « de mieux câble et du satellite, a déclaré le « offre citoyenne » capable de les domaines de la formation, de accomplir et développer les missions PDG. « rassembler les foyers et les télé- l’emploi ou de l’éducation. Avec de service public de France Télévi- spectateurs autour d’un système cette démarche, France Télévi- sion ». COCKTAIL DE PROGRAMMES de valeurs », M. Ballarin pourra sion devrait offrir une nouvelle La mise en œuvre, en diffusion Actionnaire à 8 % de Télévision faire appel à Jean-Pierre Cottet visibilité aux 10 000 heures de hertzienne, de cette nouvelle par satellite (TPS), M. Tessier a qui s’est vu confier « une mission programmes régionaux diffusés technologie est « un enjeu de continué à nier tout « projet de de conseil sur le contenu éditorial chaque année par France 3. contenu dans lequel la télévision pu- vente de la participation de France des programmes et des services de blique doit prendre toute sa place », Télévision dans TPS ». Toutefois, il l’offre numérique » de France Té- Guy Dutheil a précisé M. Tessier. Une place que deviendra difficile au service public lévision. France Télévision n’a pas su s’assu- de rester actionnaire de TPS En 2000, France Télévision a Les négociations sur les rer sur le câble et le satellite. D’em- lorsque l’exclusivité de la diffusion bouclera la phase d’étude et de 35 heures débutent dans l’audio- blée, il revendique l’attribution de de France 2 et France 3 aura pris préfiguration. Les tests opéra- visuel public. Marc Tessier, PDG deux multiplexes, une demande fin. Une incompatibilité renforcée tionnels interviendront en 2001, de France Télévision, devait prési- « justifiée par la diversité de l’offre » par le projet de M. Tessier de pro- grâce à la dotation en capital. En- der, jeudi 7 octobre, les premières préparée par les chaînes publiques, poser à CanalSatellite comme à fin, cette même année, France séances de négociations à mais aussi parce que France Télé- TPS la reprise d’une partie des pro- Télévision pourrait démarrer ses France 2 et à France 3. La veille, vision et la Cinquième-Arte «oc- grammes préparés par France Té- premiers multiplexes là où l’in- Jean-Marie Cavada, PDG de Radio cupent aujourd’hui la majorité des lévision. frastructure technique sera mise France, avait fait de même. En at- six fréquences hertziennes ». Pour M. Ballarin, « l’objectif est en place. Dans le même temps, tendant un mandat définitif de né- Pour mener à bien cet « enjeu de mettre en place une offre multi- M. Tessier prévoit la création de gociation, les PDG ont reçu de stratégique » pour France Télévi- choix composée de chaînes théma- France Télévision Interactive, fi- l’Etat un « cadrage ». LeMonde Job: WMQ0810--0024-0 WAS LMQ0810-24 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 10:46 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0545 Lcp: 700 CMYK

24 / LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 FINANCES ET MARCHÉS

EUROPE

ÉCONOMIE

TABLEAU DE BORD FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT 100 PARIS CAC 40

SQUIDTH THWUDSH RTWRDHP

STPR RURS

AFFAIRES dossier qui sera rendue le TSUS Bond des commandes de 0,3 % sur un mois et une baisse

SRWS RTRI

5 novembre, selon des sources TRRQ de 0,1 % sur un an. C’est la pre-

SQTT RSQT

syndicales. TQII à l’industrie mière fois depuis décembre 1998

INDUSTRIE que l’évolution en glissement an- SPQT RRQP

b CALVIN KLEIN : le créateur de TIUW nuel de la production industrielle

SIHU RQPV

THRU allemande

mode américain a annoncé, SERVICES est positive. La production manu-

RWUV RPPQ

mercredi 6 octobre, qu’il a confié à b ACCOR : le groupe français va [[[SWIS [[[ [[[L’INDUSTRIE allemande a connu facturière a augmenté de 0,4 % par

IQ tF PS eF U yF IQ tF PS eF U yF la banque d’affaires Lazard Frères investir 1 milliard de francs en IQ tF PS eF U yF un afflux de nouvelles commandes rapport à juillet mais reste en un mandat pour rechercher un ou Pologne dans un projet de en août, avec un bond surprise de baisse de 0,4 % par rapport à Indices cours Var. % Var. % des partenaires, en vue de se construction d’hôtels. Accor se fixe Europe 09 h 50 f se´lection 07/10 06/10 31/12 5,1 % par rapport à juillet. Ce août 1998.

développer. Toutes les HDIW IPDSH pour objectif de disposer en dix ans EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ SH QUSWDWU chiffre confirme l’accélération de

« alternatives stratégiques » seront QUIUDPS HDQW IIDWT d’un réseau de 80 établissements EUROPE ƒ„yˆˆ SH la croissance du premier pays a ESPAGNE : les ventes de voi-

envisagées, y compris « une fusion QPSDVI HDIS WDPH allant de la gamme économique à EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ QPR économique de la zone euro, selon tures neuves en Espagne ont

HDRI IIDIH ou une combinaison similaire et des celle du luxe. EUROPE ƒ„yˆˆ TSQ QIHDIW les analystes. augmenté de 23,1 % à 89 440 unités

RTWRDHP HDHS IWDHT alliances stratégiques », a indiqué PARIS geg RH Il s’explique surtout par l’augmen- en septembre, par rapport au

HDHH FFFF FFFF Calvin Klein. b SBC-AMERITECH : l’autorité PARIS wshgeg tation des entrées de commandes même mois de 1998. En août, les

QPIRDSW HDHQ PIDHP de régulation des PARIS ƒfp IPH en provenance de l’étranger, en ventes avaient progressé de 27 %, à

HDHH FFFF FFFF b APA : le nouveau groupe télécommunications PARIS ƒfp PSH hausse de 8,1 %. Celles venant 83 658 unités. Sur les dix premiers

 HDHH FFFF FFFF

d’aluminium né de la fusion américaines, la FCC, a donné son PARIS ƒigyxh we‚gri d’Allemagne ont crû de 3,3 %. mois de cette année, les immatri-

SSUDWR HDTP QDTR

entre Alcan, Pechiney et Algroup feu vert à la fusion entre les deux AMSTERDAM eiˆ L’augmentation ne s’est toutefois culations ont totalisé 1 055 024

± QHQPDTT HDPU IQDUI

a annoncé, mercredi, sa future compagnies régionales de BRUXELLES fiv PH manifestée qu’à l’Ouest, partie la (+ 22 %), se rapprochant du record

SQUIDTH HDQR UDPW

organisation. Jacques Bougie, téléphone SBC et Ameritech, FRANCFORT heˆ QH plus industrialisée et la plus peu- de ventes réalisé sur l’ensemble de

THWUDSH HDPI QDTS

président d’Alcan, prend la annoncée en 1998. Mais elle l’a LONDRES p„ƒi IHH plée d’Allemagne, avec une hausse l’an passé (1 192 843 unités).

HDHH HDVR FFFF

présidence du nouvel ensemble, assorti d’une trentaine de MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi globale de 5,9 %. A l’Est, les entrées

± QRHTPDHH HDHS QDIH

tandis que Jean-Pierre Rodier, PDG conditions pour garantir la MILAN wsf„iv QH de commandes se sont réduites de a ITALIE : le centre d’étude de la

± UHURDTH HDUI IDPH de Pechiney, devient directeur concurrence. ZURICH ƒ€s 4,6 %. confédération patronale ita- général. L’état-major d’Alcan a Le chancelier allemand Ger- lienne Confindustria a estimé prend davantage de b NEOPOST : le groupe AME´ RIQUES hard Schröder a vigoureusement mercredi que l’inflation pourrait responsabilités, tant dans les six d’affranchissement postal va défendu mercredi sa politique atteindre 2 % en glissement annuel secteurs opérationnels, que dans créer une filiale Neopost-Online NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq ¤URO / DOLLAR d’assainissement budgétaire de- en octobre.

les postes de direction générale. pour lancer ses produits vant le congrès d’IG Metall, le Cette estimation tient compte de la

IHSVVDE PVSUDPI

d’affranchissement sur Internet. IDHU puissant syndicat de la métallurgie. hausse prévue des tarifs de l’eau,

IIQPT PVVU b DAIMLERCHRYSLER : le Selon Jean-Paul Villot, président de IDHV a Les exportations allemandes de l’électricité et du renchérisse-

président du conseil de IIIHQ PVHU Neopost, ce marché prometteur IDHU vers l’Asie du Sud-Est ont re- ment des prix des carburants, ex-

surveillance de Hilmar Kopper a devrait atteindre 2 milliards de commencé à croître depuis le dé- plique Confindustria, dans un bul- IHVVI PUPV

assuré, dans une conversation dollars d’ici six ans, et Neopost vise IDHT but de 1999, après les forts reculs letin mensuel.

IHTSV PTRV

téléphonique au ministre allemand 25 % de ce marché. IDHR accusés en raison de la

IHRQS PSTW

des finances Hans Eichel, que le IDHQ crise qui a secoué la région à partir a SUÈDE : le taux d’inflation en

IHPIQ PRWH siège du groupe ne serait pas IDHP de l’été 1997, indique l’Institut Suède devrait se situer à 1,1 % au

transféré de Stuttgart vers les FINANCE [[[ [[[ [[[ IQ tF PS eF T yF IQ tF PS eF T yF IQ tF PS eF U yF économique DIW, dans un rapport cours des douze prochains mois Etats-Unis, pour des raisons b MATIF : ParisBourse a publié mercredi. (octobre 1999-octobre 2000) et à Indices cours Var. % Var. % fiscales comme le prétendait confirmé le départ prochain de Ame´rique 09 h 50 f se´lection 06/10 veille 31/12 2 % au cours des deux ans à venir,

plusieurs journaux allemands. Pascal Samaran, directeur général ´ a FRANCE : le déficit budgétaire estime la banque centrale sué- ETATS-UNIS hy‡ tyxiƒ IHSVVDQR IDVI ISDQP

en charge du Matif. Il sera ´ de la France s’élevait à 245 mil- doise. ETATS-UNIS ƒ8€ SHH IQPSDRH IDVI UDVP

b PAUL PAULET : la filiale du remplacé à titre transitoire par ´ liards de francs à la fin du mois ETATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i PVSUDPI PDHT QHDQI

groupe américain Heinz, Roland Gaston-Bellegarde. Ce d’août contre 293,5 milliards de a ÉTATS-UNIS : les commandes „ƒi sxhiˆ UHPSDSI HDSH VDQP

(marques Petit Navire, Yann, changement intervient alors qu’un francs l’année dernière à la même industrielles aux Etats-Unis ont SAO PAULO fy†iƒ€e IIQRSDHH QDVT TUDPQ

Leader Price, Capitaine Fracasse, plan de sauvetage du Matif est en date, selon les chiffres transmis augmenté de 1,3 % en août, contre MEXICO fyvƒe PWHDHR PDVP PRDUT

Les Doris) a annoncé mercredi discussion avec les banques mercredi par le ministère de une progression de 2,5 % en juillet. BUENOS AIRES wi‚†ev SQSDWU HDSP PRDTQ

qu’elle procédait au retrait françaises. ± l’économie et des finances. SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev IPSDUQ HDUI TQDPW

volontaire de 2,3 millions de STHIDTT PDIQ ITDWV CARACAS ge€s„ev qixi‚ev a La majorité des salariés (56 %) a JAPON : les ventes de véhi- boîtes de maquereaux ayant une b BANQUES JAPONAISES : Asahi se déclarent prêts à suivre une cules de marque étrangère ont date limite de consommation Bank et Tokai Bank, formation professionnelle pen- progressé de 1,6 % en septembre antérieure au 4 octobre 2002. Un respectivement au huitième et ASIE - PACIFIQUE dant les heures de temps libre dé- par rapport au même mois de 1998, problème de stérilisation survenu neuvième rang national, ont gagées par la réduction du temps à contre-tendance par rapport à sur un lot est à l’origine de cette annoncé jeudi la mise en place TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng ¤URO / YEN de travail, selon un sondage IFOP, l’ensemble des immatriculations

décision. d’une holding commune, qui réalisé pour la Fédération de la for- automobiles. Il s’agit du deuxième IVIQTDSS IISDRQ

représente la première étape IQIIQDPH mation professionnelle (FFP), pu- mois consécutif de hausse (+ 3 % IVSQP IPR

concrète d’une vaste alliance signée IRHTI blié mercredi. en août).

IVIWH IPI

SOCIAL en 1998. En regroupant leurs IQUQU a Une majorité de Français es-

IUVRU IIU

b 35 HEURES : la majorité des activités, elles vont créer le IQRIP time que la mondialisation a CORÉE DU SUD : la banque

IUSHS IIR salariés (56 %) se déclarent prêts troisième groupe bancaire japonais IQHVU économique et financière aggrave centrale de Corée du Sud a révi-

à suivre une formation IUITQ III avec un total de bilan de IPUTP les inégalités et menace l’identité sé à la hausse, jeudi, ses prévisions

professionnelle pendant 59 000 milliards de yens française, tout en considérant de croissance pour l’année 1999 à ITVPI IHU

les heures de temps libre (541 milliards d’euros). [[[IPRQU [[[ [[[qu’elle favorise la croissance de 8,8 %, contre 6,8 % dans ses précé-

IQ tF PS eF U yF IQ tF PS eF U yF

dégagées par la réduction du IP tF PR eF U yF l’économie, selon un sondage BVA, dentes estimations, selon son gou- temps de travail, selon un sondage b NATWEST : la banque Indices cours Var. % Var. % publié jeudi dans le magazine L’Ex- verneur Chon Chol-hwan. Zone Asie 09 h 50 f se´lection 07/10 06/10 31/12

IFOP réalisé pour la Fédération de britannique a annoncé, mercredi, pansion.

IVIQTDSS IDQR QIDHP

la formation professionnelle (FFP). qu’elle ne prolongerait pas après TOKYO xsuuis PPS a JORDANIE : le Fonds moné-

IQIIQDPH HDUQ QHDSH

le lundi 11 octobre son offre d’achat HONGKONG rexq ƒixq a ROYAUME-UNI : la production taire international a accordé un

HDHH FFFF SPDRS

b IBM : l’application du plan de la compagnie d’assurances Legal SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ industrielle du Royaume-Uni a crédit de 15 millions de dollars à la

´

IHPDWR IDRT SVDSP

social, qui concerne 1 150 des and General. Selon les règles SEOUL gyw€yƒs„i sxhiˆ augmenté de 0,3 % en août et était Jordanie, dans le cadre d’un pro-

SYDNEY evv y‚hsxe‚siƒ PWIPDHH HDSP QDSH

2 700 salariés de l’usine de boursières britanniques, la banque en hausse de 0,1 % par rapport à gramme économique de trois ans,

BANGKOK ƒi„ PUDTW HDWV UDVQ

Corbeil-Essonnes, (Essonne) est avait la possibilité de repousser de août 1998, en données corrigées signé avec ce pays pour un total de

BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ RWPVDWW RDWP TIDQP

suspendue à une décision du deux semaines la date de clôture de des variations saisonnières. Les 178 millions de dollars, selon un

± WELLINGTON xƒiERH PHRIDQS HDSV IDIT tribunal de Nanterre sur le fond du son offre. analystes prévoyaient une hausse communiqué publié mercredi.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone ¤uro Hors zone ¤uro

¤uro contre f Taux contre franc f Taux ¤uro contre f 06/10

¤ HDISPRS UDRQQH FRANC...... TDSSWSU URO ...... COURONNE DANOISE.

QDQSQVS VDPTSH

Action Allianz PARIS NEW YORK DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVE´GIENNE QDQVUUR VDUIVH

Allianz se développe LIRE ITALIENNE (1000). IDWQTPU LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUE´DOISE ...... QDWRPQV QTDQQQ PESETA ESPAG. (100).... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHE`QUE

en euros à Francfort L’INDICE CAC 40 de la Bourse de LA BOURSE de New York a ter- QDPUIWH IDTPRW ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100).... DOLLAR AUSTRALIEN .

Paris a débuté la séance du jeudi miné la séance en nette hausse, RDUTUHQ IDSUUR SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

aux Etats-Unis 310 VDQPVWR PDHSTW

284,4 7 octobre sur une hausse de 0,48 %, mercredi 6 octobre. L’indice Dow PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR NE´O-ZE´LAND

PDWUTTH QPVDRS

L’ASSUREUR allemand Allianz ne le 6 oct à 4 714,01 points, dans le sillage de la Jones des valeurs vedettes a pro- FLORIN NE´ERLANDAIS PDPHQUI FLORIN NE´ERLANDAIS DRACHME GRECQUE ..

IDTPTHU PSVDHV

300 FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FLORINT HONGROIS ..

IDIHQPR RDQUPV faisait pas mystère de sa volonté hausse de Wall Street. Le marché gressé de 187,75 points (+ 1,81 %) MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... ZLOTY POLONAIS...... de se développer aux Etats-Unis. Il profite de la publication des bons ni- à 10 588,34 points, tandis que 290 a annoncé mercredi 6 octobre être veaux d’activité des entreprises sur l’indice composite de la Bourse Cours de change croise´s en négociation pour le rachat de la 280 les neuf premiers mois de l’année. électronique Nasdaq gagnait société de gestion américaine Pim- La veille, l’indice CAC 40 avait fini la 57,42 points (+ 2,05 %), à Cours Cours Cours Cours Cours Cours 07/10 09 h 50 f DOLLAR YEN(100) ¤URO FRANC LIVRE FR. S.

co Advisors Holding. Les dis- 270 séance sur un gain de 0,66 %, à 2 857,09 points. DOLLAR ...... FFFF HDWPVPW IDHUHVH HDITQPS IDTSRVS HDTUPIV

cussions sont très avancées : Al- 4 691,72 points, un niveau très Les investisseurs ne semblent pas YEN ...... IHUDUPSHH FFFF IISDRQSHH IUDSWSHH IUVDQVHHH UPDRQSHH

260

lianz offre entre 38 et 39 dollars proche de son record historique s’inquiéter des menaces de res- ¤URO...... HDWQQVV HDVTTPW FFFF HDISPRS IDSRSIH HDTPUUS

par action, ce qui représenterait (4 745,48 points). serrement monétaire proférées FRANC...... TDIPSSS SDTVPVS TDSSWSU FFFF IHDIQUQH RDIIURS

environ 4,5 milliards de dollars 250 par la Réserve fédérale améri- LIVRE...... HDTHRPV HDSTHTH HDTRUIS HDHWVTS FFFF HDRHTPH FRANC SUISSE ...... IDRVUUH IDQVHIS IDSWQIS HDPRPVS PDRTIWS FFFF (4,2 milliards d’euros) pour contrô- caine. 240 ler la totalité du capital de Pimco. FRANCFORT Ce dernier permettrait à l’assureur 230 JEUDI 7 OCTOBRE, à l’ouverture Taux d’inte´reˆt(%) Matif de faire un grand bond dans le sec- des transactions, l’indice DAX 30 de TAUX A M J J A S O Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier teur de la gestion d’actifs, sur un la Bourse de Francfort a gagné LES MARCHÉS obligataires eu- Taux 06/10 f j. j. 3 mois 10 ans 30ans Cours 09 h 50 f 07/10 prix prix

1999 Notionnel 5,5

PDRV SDPR SDWQ

marché américain jugé stratégique. 0,24 %, à 5 366,42 points. Mercredi, ropéens ont ouvert sur une note FRANCE ...... PDRT

VSDWI VT

Source : Bloomberg DE´CEMBRE 99. SPRV PDTP SDIH SDVS

Les titres d’Allianz ont progressé l’indice phare du marché a grimpé stable, jeudi 7 octobre, le rende- ALLEMAGNE .. PDRT

Euribor 3 mois

SDPP SDSV RDVU

de 3 % mercredi à Francfort, à de 0,97 %, à 5 353,32 points. ment de l’emprunt d’Etat français GDE-BRETAG. RDWR

FFFF FFFF FFFF PDST SDQV TDHW ITALIE...... PDRT OCTOBRE 99 ...

HDHP IDUT FFFF 284 euros, tandis que ceux de Pim- dernières années. Son savoir-faire à dix ans s’établissant à 5,32 %. JAPON...... HDHS

RDUT SDWP TDHT

co prenaient 7,4 % à New York. pourrait être précieux pour la Les opérateurs se montraient très E´TATS-UNIS... SDPP

HDWU QDIT RDIU SUISSE...... HDSV

Avec cette acquisition, Allianz concrétisation des projets d’Allianz LONDRES prudents quelques heures avant Pe´trole PDST SDPV SDWS PAYS-BAS...... PDRI conforte ses positions dans la ges- dans un secteur en forte croissance A l’OUVERTURE du marché, jeudi la réunion, à Francfort, du En dollars Cours Var. % tion d’actifs, une activité où il en- en Europe. Pimco pourrait ainsi se 7 octobre, l’indice FT 100 a progres- conseil de politique monétaire de f 06/10 veille

Matie`res premie`res

FFFF tend se développer, à l’instar de la développer sur le Vieux Continent, sé de 0,25 %, à 6 112,60 points. Les la Banque centrale européenne. BRENT (LONDRES) ...... PPDUT

± HDVT WTI (NEW YORK) ...... PQDHU

stratégie suivie par d’autres en particulier dans le secteur des investisseurs font preuve de retenue Certains analystes n’excluaient Cours Var. %

± HDPV En dollars LIGHT SWEET CRUDE .... PQDPR compagnies concurrentes, en par- retraites. Ensemble, les deux avant la réunion de la Banque d’An- pas un relèvement des taux direc- f 06/10 veille

ticulier son rival en Europe, le fran- groupes voudraient aborder le gleterre, qui devrait opter pour le teurs à cette occasion. ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE

± HDPS

çais Axa, qui est déjà présent en marché asiatique. statu quo sur ses taux directeurs. La veille, les obligations améri- CUIVRE 3 MOIS...... IUTPDS Or

± HDQQ

Amérique du Nord. Le groupe mu- Allianz précisait cependant mer- Mercredi, l’indice FT 100 avait déjà caines avaient fini la séance à un ALUMINIUM 3 MOIS ...... ISPH

± HDSV

PLOMB 3 MOIS ...... SII Cours Var %

± HDIW

nichois gère actuellement un vo- credi que les pourparlers peuvent gagné 0,21 %, à 6 097,50 points. niveau inchangé, le rendement ETAIN 3 MOIS ...... SQVH En ¤uros f 06/10 05/10

± HDPS

lume de 700 milliards de deutsche- encore échouer, car « d’importants du titre à 30 ans s’inscrivant à ZINC 3 MOIS...... IIVT C

IDHW

OR FIN KILO BARRE ...... WPSH

± HDQS

NICKEL 3 MOIS ...... UHTS

C

QDIT

marks de fonds (357 milliards éléments de l’accord ne sont pas en- 6,17 % en clôture. ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE OR FIN LINGOT...... WSHH

FFFF

d’euros), dont 49 milliards pour le core négociés ». Le groupe alle- TOKYO ONCE D’OR (LO) $ ...... QHU

FFFF

ARGENT A TERME ...... SDSV

C IDQI

PIE`CE FRANCE 20 F...... SRDIH

± PDUV

PLATINE A TERME ...... SSSTTDUR compte de tiers (25 milliards d’eu- mand affirme être en contact aux C HDUT LA BOURSE DE TOKYO a terminé PIE`CE SUISSE 20 F...... SQ

GRAINES DENRE´ES $/BOISSEAU

MONNAIES C IDWI

ros). Implanté en Californie, Pimco Etats-Unis avec d’autres entre- sur une forte progression jeudi, l’in- PIE`CE UNION LAT. 20 F . SQDQH

± C HDPV ´ PTQDS HDIQ ` PQHDPS

est un des principaux spécialistes prises, avec l’objectif à terme de se dice Nikkei gagnant 1,35 % pour ter- L’EURO était stable, jeudi matin, BLE (CHICAGO)...... PIECE 10 DOLLARS US ...

± C PHRDS HDIP HDQQ MAI¨S (CHICAGO)...... PIE`CE 20 DOLLARS US ... QVWDPS

C IRWDV FFFF SDSV de la gestion d’actifs aux Etats- positionner parmi les cinq pre- miner au-dessus des 18 000 points, à face au billet vert, à 1,0715 dollar. SOJA TOURTEAU (CHG.). PIE`CE 50 PESOS MEX...... QQSDPS

Unis, avec 250 milliards de dollars miers acteurs du plus grand mar- 18 136,55 points. Les valeurs expor- La monnaie japonaise, de son cô- SOFTS $/TONNE

± WRV

de fonds actuellement gérés ché mondial de l’assurance. tatrices japonaises bénéficient de la té, continuait à céder du terrain CACAO (NEW YORK)...... PDUU

FFFF CAFE´ (LONDRES) ...... IPPS Cotations, graphiques et indices en temps

(233 milliards d’euros). Ses activi- FFFF décrue du yen face au dollar à vis-à-vis de la devise américaine, SUCRE BLANC (PARIS) ... IVI re´elsurlesiteWebdu«Monde». tés ont fortement progressé ces Philippe Ricard (à Francfort) 107,83 yens. à 107,85 yens pour un dollar. www.lemonde.fr/bourse LeMonde Job: WMQ0810--0025-0 WAS LMQ0810-25 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 10:43 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0546 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 / 25

STOXX 653 sur un an sur 5 jours EURO STOXX 50 sur un an sur 5 jours

QUSWDWU

VALEURS EUROPE´ENNES QIHDIW

QPT QWUI

QUHQ QHT QHSDUW

b La fusion entre les fabricants de La société a assuré au ministre des QIHDIW

QUSWDWU

QUSPDUW

QRQR tabac Seita et Tabacalera a été mal finances allemand, Hans Eichel, PVU QHVDWW

QHUDWH QUQIDPQ QITS accueillie en Bourse, mercredi qu’elle ne transférerait pas son PTV

6 octobre. A Madrid, l’action Ta- siège aux Etats-Unis, contraire-

QHIDTQ PVWU PRW QTRIDHR

bacalera a terminé en baisse de ment aux informations parues QUHPDIV

PTPV

5,5 %, à 17,69 euros, tandis qu’à Pa- dans la presse allemande. PQH [[[[[[[[ [[[[[[[[

†vwwt IP yg„F IQ e†‚sv U yg„F †vwwt ris l’action Seita a fini à 58,50 eu- b L’action de la banque allemande IQ yg„F IQ e†‚sv U yg„F ros, en repli de 5,72 %. HypoVereinsbank s’est renchérie

e e e C C C ± PDIW IDRQ p‚ QSSDS HDIR ps IHDUP PDSS ps VWDTS HDPH b L’action de la banque britan- de 2,27 %, à 59 euros, après l’an- COURTAULDS TEXT qf BONGRAIN /RM VALMET NOKIA

e e C C C IVDQ HDPU e„ RRDTS FFFF QVRDQT HDQU qf TDTQ IRDTU nique NatWest reculait de nonce de l’acquisition de 20 % de DT.LUFTHANSA N hi BRAU-UNION f DJ E STOXX IND GO P NYCOMED AMERSHA

e C

± ± IVDSV RDVS qf TDRU HDPR xv ITDV VDRS

13 pence, à 1 435 pence, mercredi. la maison américaine de conseils ELECTROLUX -B- ƒi CADBURY SCHWEPP OCE

e C ± TDWI HDPP hu QTDHT FFFF s„ PDHS IDRW EMI GROUP qf CARLSBERG -B- OLIVETTI

Le groupe a annoncé qu’il ne pro- financiers Babcock & Brown pour e e C ± IDQT IDRS hu QRDWV FFFF xv WVDR IDHQ EURO DISNEY /RM p‚ CARLSBERG AS -A ASSURANCES KON. PHILIPS

e C

±

RDRQ HDRS hu VVDUW FFFF qf QDPU HDWS FINNAIR ps CHR. HANSEN HLD e ROLLS ROYCE ± SIDIS HDSV longera pas son offre sur l’assureur 120 millions de dollars. AGF /RM p‚

e C

IDWW FFFF ps IUDWS FFFF qf RSDQV IDSP

G WIMPEY PLC qf CULTOR -1- e SAGE GRP ± WDTS HDQI

Legal and General lorsqu’elle arri- b Le titre de la banque italienne ALLEANZA ASS s„

e C

VDPW HDWR hu RHDHW FFFF p‚ TVH FFFF qf e GRANADA GROUP DANISCO C SAGEM PVUDW PDIT ALLIANZ AG hi

vera à son terme, lundi 11 octobre. SanPaolo-IMI a progressé mercre- e e e C

± ±

p‚ IHR PDWU p‚ PQQ HDSS hi QWI HDUT HERMES INTL DANONE /RM C SAP AG IIDQQ IDIH ALLIED ZURICH qf

e e C

HDTI FFFF q‚ QVDWT FFFF hi RSW HDSS Le titre Legal and General a cédé di de 1,04 %, à 12,69 euros. Selon la HPI s„ DELTA DAIRY SAP VZ PUDIH FFFF ASPIS PRONIA GE q‚

e C

± ±

PTDP HDIW qf WDQR HDVQ qf IIDPP PDSR HUNTER DOUGLAS xv DIAGEO e SEMA GROUP ± IPIDR HDHV

4 pence, à 169,25 pence. presse, la banque pourrait trouver AXA /RM p‚

e e C C

PTDUR PDPT q‚ SPDHW FFFF hi VHDT HDTP KLM xv ELAIS OLEAGINOU SIEMENS AG N UUQDVU FFFF BALOISE HLDG N gr

b Le constructeur automobile un terrain d’entente avec Generali e C C

±

qf QDQI IDWH p‚ IHWDI IDHW qf IQDUW IDRU HILTON GROUP ERID.BEGH.SAY / C SMITHS IND PLC IRDTR IDPV CGU qf

e e C

DaimlerChrysler a perdu, mercre- qui lui éviterait de lancer une C

WDPS IDQI qf PDVR FFFF p‚ UVDUS HDIW p‚ e MOULINEX /RM GREENCORE GROUP C STMICROELEC SIC PUDV HDQT CNP ASSURANCES p‚

e C

PDTQ FFFF xv QP IDSW xy PDQH FFFF NCL HLDG xy HEINEKEN HOLD.N e TANDBERG DATA A IUDS FFFF di, en Bourse, 1,25 %, à 67,40 euros. contre-OPA sur l’assureur INA. CORP MAPFRE R iƒ

e e

±

IHQDQ FFFF q‚ PQDPQ FFFF p‚ QPDP IDIR p‚ e PATHE /RM HELLENIC BOTTLI C THOMSON CSF /RM IHWDS HDRT ERGO VERSICHERU hi

e C

PDIW FFFF q‚ PPDQH FFFF ps PVDU HDTH PENTLAND GRP qf HELLENIC SUGAR TIETOENATOR SSDUP FFFF ETHNIKI GEN INS q‚

e

QDQR FFFF ps PVDW FFFF hu UIDWV FFFF

PERSIMMON PLC qf HUHTAMAEKI I VZ e WILLIAM DEMANT ±

SDRU HDSS

FONDIARIA ASS s„

C

UQDUI HDTR

CIBA SPEC CHEM gr

e C C

RWDT IDVS qf IIDRV FFFF RWRDVP HDHU

PREUSSAG AG hi KERRY GRP-A- f DJ E STOXX TECH P VUDRS FFFF

FORSIKRING CODA hu

Code Cours % Var. C

RQQDIR HDSV

10 h 19 CLARIANT N gr e

07/10 C ±

QDRP HDVW s„ IDVQ HDSS

f ¤ RANK GROUP qf MONTEDISON e pays en uros veille ± QHDTS HDIH

e FORTIS (B) fi C

QQDR IDPI

DEGUSSA-HUELS hi

C C

PHPDII HDIT gr IVRVDPR HDPU

SAIRGROUP N gr NESTLE N e ±

QHDW HDVH

e GENERALI ASS s„

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e

C SERVICES COLLECTIFS WDTW FFFF xv QWDWS HDPS

hu e SAS DANMARK A/S KONINKLIJKE NUM C ISQDRS HDHU

AUTOMOBILE GENERALI HLD VI e„

PIDRP FFFF

DYNO xy e e

C C

TRDP IDTT s„ IDPV HDUW

SEB /RM p‚ PARMALAT e e ± s„ PDQQ FFFF

PDWR HDQR

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AUTOLIV SDR EMS-CHEM HOLD A gr

e

C

± gr UQVDHR HDUU p‚ TRDV HDQI

THE SWATCH GRP PERNOD RICARD / C qf IIDUV SDTU

VQDUQ FFFF

e INTERAM HELLEN q‚ ANGLIAN WATER C e C

fi RPDT HDWS

THDR HDTU

BASF AG HENKEL KGAA VZ hi

e

C

±

gr ISRDTS HDIH ps UDPR HDIR

THE SWATCH GRP RAISIO GRP -V- C qf TDUR HDWP

IHDTR FFFF

e IRISH LIFE & PE qf BRITISH ENERGY C C

hi PWDI IDQW IHDHP HDQI

BMW ICI qf

qf IDPS FFFF xy SDRR FFFF

WILLIAM BAIRD RIEBER & SON -B C qf PDRS FFFF

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e e LEGAL & GENERAL qf CENTRICA C C

hi PHDRS HDPS SDT HDSR

CONTINENTAL AG KEMIRA ps

± WDTV FFFF qf WDRH HDQQ

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e C

WILSON BOWDEN SCOTT & NEWCAST C s„ VDQ HDTI

PHPDV HDSS

e MUENCH RUECKVER hi EDISON C C

hi TVDI IDTR WDIP HDSI

DAIMLERCHRYSLER LAPORTE qf

e

C

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SH HDPH qf VDSI HDWI

e„ e

C

WOLFORD AG SOUTH AFRICAN B C

fi QIRDQ HDSR

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e NORWICH UNION qf ELECTRABEL C ±

s„ QPDPS HDRT IHDUV HDSQ

FIAT PERSTORP -B- ƒi

C C

HDQR qf SDUV HDSR

f DJ E STOXX CYC GO P ITIDHT TATE & LYLE e e

€„ IRDU FFFF

RRDS FFFF

e e POHJOLA YHTYMAE ps ELECTRIC PORTUG C

± s„ ISDS HDQP PHDWS IDIT

FIAT PRIV. RHODIA p‚

± RDUV SDPH

UNIGATE PLC qf e

± iƒ IVDRR FFFF

IRDQT HDII

e e PRUDENTIAL qf ENDESA C

±

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MICHELIN /RM SNIA s„

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xv e e C

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e„ IPHDS HDWP

WDRT HDPI

e e RAS s„ EVN C

±

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UNILEVER qf e

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e PHARMACIE ROYAL SUN ALLIA qf GAS NATURAL SDG C e

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e SAMPO -A- ps HAFSLUND -A- ±

± p‚ SQDSS HDUR QQTDUS HDIV C

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f PPPDSS

DJ E STOXX F & BV P C xy QDRS FFFF

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e SWISS RE N gr HAFSLUND -B- C p‚ UIDSS PDPI QHDUS FFFF

VALEO /RM ELAN CORP qf

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e SEGUROS MUNDIAL €„ IBERDROLA C hi SPDW HDUT C

PSDHS IDRR

VOLKSWAGEN GLAXO WELLCOME qf

e

C C

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SKANDIA INSURAN ƒi ITALGAS

C ´ PSDWV HDTU ƒi e C RIDWS IDPI

VOLVO -A- CONGLOMERATS HOECHST AG hi

C

qf TDVH IDVS

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C IRIQDVR HDPP

VOLVO -B- NOVARTIS N gr ´

IPDWS FFFF

AKER RGI -A- xy BIENS D’EQUIPEMENT

C

qf UDIU FFFF

UDUI TDQV

SUN LF & PROV H qf NATIONAL POWER

C PRSDRU HDRP

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f DJ E STOXX AUTO P e NOVO NORDISK B hu C

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CGIP /RM p‚ e C gr ISRTDRW FFFF

± e„ IRHDSS HDQP SVHDVV HDII

e ABB PARTI SWISS LIFE REG gr OESTERR ELEKTR C

PPDS HDWH

e ORION A ps

C

ITQ HDWQ

CHRISTIAN DIOR p‚ C gr SRVDVI HDII ±

qf WDSW IDPU IVIDTP FFFF

e ADECCO N TOPDANMARK AS hu POWERGEN

PPDRW FFFF

e ORION B ps

C

IDSS PDTS

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qf FFFF FFFF SRQDIT HDRU

BANQUES e ALSTOM ZURICH ALLIED N gr SCOT POWER

± RWDQ HDPV

e RHONE POUL./RM p‚

C

RHP IDTP

D’IETEREN SA fi

C

C C gr IHVRDRQ HDRU qf IRDRW HDVT

HDPW

ALUSUISSE LON G f DJ E STOXX INSU P QQRDQT SEVERN TRENT

C

gr IURPTDPW HDIQ

C

IUDVQ PDUS

qf e ROCHE HOLDING

ABBEY NATIONAL C

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GAZ ET EAUX /RM p‚ e

C qf RDVI FFFF ISSDS IDSH

ASSOC BR PORTS SUEZ LYON EAUX/ p‚

C

IIPVRDQR HDST e gr

±

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xv e ROCHE HOLDING G ABN AMRO HOLDIN C

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e ATLAS COPCO -A- SYDKRAFT -A- ƒi

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C

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ALL & LEICS C

WDQT PDHP

GENL ELECTR CO qf C

ƒi PTDTI IDUS IUDTT FFFF

e ATLAS COPCO -B- MEDIAS SYDKRAFT -C- ƒi ±

hi IHWDQ HDTR

IVDQQ FFFF

ALLIED IRISH BA qf e SCHERING AG

RVDPS FFFF

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C q‚ PTDWR FFFF

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qf WDPP HDSH

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ALPHA CREDIT BA q‚ e SMITHKLINE BEEC

±

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HAGEMEYER NV xv

C e

C qf UDQS HDPI

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BAA e TRACTEBEL fi

±

p‚ SWDP I

±

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iƒ f DJ E STOXX PHAR P

ARGENTARIA R C

RDUH IDTU

INCHCAPE qf e

qf TDWU FFFF

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BBA GROUP PLC FENOSA iƒ C

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e CARLTON COMMUNI qf

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C xy ISDRW FFFF

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BERGESEN e qf C UNITED UTILITIE

WDSP HDII

e ELSEVIER xv

C

e„ RTDRP HDPT

BANK AUSTRIA AG C

IIDSQ HDSH

INVESTOR -B- ƒi e C xy PTDHI FFFF

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BONHEUR e VIAG hi C

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EM.TV & MERCHAN hi

FFFF FFFF

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fi RQDI FFFF

± TVDV HDHU

CMB VIVENDI/RM p‚

± IQDRW HDRT

EMAP PLC qf

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BANK OF PIRAEUS C

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LVMH / RM p‚

C

C xy VDWS FFFF qf QSDUR HDVQ

HDPS

AKER MARITIME CMG e f DJ E STOXX PO SUP P PVVDVV

± PRW HDIP

e HAVAS ADVERTISI p‚

QUDT FFFF

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MYTILINEOS HOLD q‚

± ±

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C

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BARCLAYS PLC qf

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BP AMOCO qf DAMPSKIBS -A- e

± QWDVS IDQT

e LAGARDERE SCA N p‚

C

hi SVDS HDIU

BAYR.HYPO-U.VER C

IPUDTP HDUR

OERLIKON-BUEHRL gr

C

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BURMAH CASTROL qf DAMPSKIBS -B- e

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e MEDIASET s„ C

SDRQ HDQU

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IRDIT FFFF

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RDIP HDRW

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IPDSP FFFF

ORKLA -B- xy

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QDWV HDSI

MONTE PASCHI SI s„ e

QRDVU FFFF

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C

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e REUTERS GROUP qf ______

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QDWH HDQW

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e SCHIBSTED xy

IPDTV FFFF

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VEBA AG hi

± QDQW HDRS

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e TELEWEST COMM.

iƒ TUDV FFFF

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f DJ E STOXX CONG P PTVDHW

e C

PTI HDWU e TF1 p‚

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BSCH R iƒ www.lemonde.fr/aietek/ ´

WDHW FFFF

e UNITED NEWS & M qf MARCHE PSDRS FFFF

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TRDR RDUP

e UNITED PAN-EURO xv C RIDVS HDTH

BIPOP CARIRE s„ ´ ´

TELECOMMUNICATIONS e C

QIDTI HDHT

e WOLTERS KLUWER xv Cours % Var. ±

UUDR HDHT

BNP /RM p‚ 07/10 10 h 19 f en ¤uros veille

si RDIS FFFF

EIRCOM ± VDHW IHDRI

e WPP GROUP qf

WDTS FFFF

BSCH R iƒ

C

qf ISDHQ RDHT

C

HDSH

e BRITISH TELECOM f DJ E STOXX MEDIA P QHQDWR C IIVDR HDHV

CCF /RM p‚

C AMSTERDAM IHDUT PDPH

CABLE & WIRELES qf

SDIP FFFF

CHRISTIANIA BK xy

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hi RHDT HDSH

C

IUDWS

e DEUTSCHE TELEKO AIRSPRAY NV HDST C

TDSU HDQI

COMIT s„

C

qf PSDWW UDRT

C HDWU

ENERGIS BIENS DE CONSOMMATION ANTONOV PDII

VTDRU FFFF

COMM.BANK OF GR q‚

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± IDQV

EUROPOLITAN HLD e C/TAC UDIS e C xv PWDR IDQI

± LES NOUVELLES QSDTS HDPV

COMMERZBANK hi AHOLD

e

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FFFF

e FRANCE TELECOM CARDIO CONTROL SDW C qf QDQV FFFF PUDQU HDIS

CREDIT LYONNAIS p‚ ASDA GROUP PLC

q‚ PIDST FFFF ± IUDPS

HELLENIC TELE ( CSS HDSV q‚ SUDHT FFFF

IHRDWR FFFF

DEN DANSKE BK hu ATHENS MEDICAL

e C

xv RQDI PDVT

FFFF

KONINKLIJKE KPN e HITT NV UDP

C e„ RV IDQS QDVI FFFF

DEN NORSKE BANK xy AUSTRIA TABAK A

q‚ PRDWS FFFF

± IWDRS

PANAFON HELLENI e INNOCONCEPTS NV HDUU e C hi TUDV HDRR

TTDT FFFF

DEUTSCHE BANK hi BEIERSDORF AG

e

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±

IUDS

PORTUGAL TELECO e NEDGRAPHICS HOLD HDPV

e C C p‚ RUDIS HDVT IRVDR IDVS

DEXIA CC fi BIC /RM

C TECHNOLOGIES

gr QHUDUQ HDIH

FFFF

e SWISSCOM N POLYDOC IDW C ± qf UDWS HDUU IRU IDRS

DEXIA FCE RM p‚ BRIT AMER TOBAC

hu SWDQQ FFFF C

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e TELE DANMARK -B e PROLION HOLDING HDRP ± p‚ IHIDW IDPT

RTDS FFFF

DRESDNER BANK hi CASINO GP /RM

e

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FFFF

TELECEL RING ROSA TDPS C gr PHUWDSW IDUV

RPDTI FFFF

EFG EUROBANK q‚ CFR UNITS -A-

e

± s„ VDSP HDSV

FFFF

TELECOM ITALIA e RING ROSA WT HDSI p‚ STR FFFF

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ERGO BANK q‚ CPT MODERNES /R

e C

s„ RDV HDPI

FFFF

e TELECOM ITALIA e UCC HOLDING NV IQDI ± fi URDIS IDIQ

± RWDHI HDIH

ERSTE BANK e„ DELHAIZE

e

ISDHI FFFF

TELEFONICA iƒ Avec e ± p‚ PWTDV HDWQ

± ISDIR HDQV

FOERENINGSSB A ƒi ESSILOR INTL /R

e

SDT FFFF

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C C fi STH HDWH

IIDVP IDIW

HALIFAX GROUP qf ETS COLRUYT

C

RDRR PDRW

VODAFONE AIRTOU qf e BRUXELLES hi TSDW FFFF ± IHDWR HDIR

HSBC HLDG qf FRESENIUS MED C

± HDPT

f DJ E STOXX TCOM P TWPDPW

IDQS FFFF qf IDVH FFFF SPDVP FFFF IONIAN BK REG.S q‚ FYFFES ENVIPCO HLD CT

C PH FFFF qf TDUP HDWQ VSDRQ FFFF JYSKE BANK REG hu GALLAHER GRP FARDEM BELGIUM B

e

PDUS FFFF ± fi QVDHP HDIQ RHDQT FFFF hu INTERNOC HLD

KAPITAL HOLDING e GIB

IIDQI FFFF hu IQIVRDRS FFFF

CONSTRUCTION CEPSA iƒ DAMSKIBS SVEND

FFFF e IIDVI

C q‚ RHDQR FFFF RSDHS HDTU

fi INTL BRACHYTHER B

KBC BANCASSURAN e GOODYS

±

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ELF AQUITAINE / DELTA PLC qf

e C WDT FFFF C

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LLOYDS TSB ACCIONA e IMPERIAL TOBACC

±

s„ SDV HDSI

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iƒ IHDSW FFFF SDIT HDQW

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C

qf TDPT HDPS

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ENTERPRISE OIL qf

ELECTROCOMPONEN e

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±

p‚ TIQ HDUQ UPDUU FFFF q‚ QRDHU FFFF

NAT BANK GREECE q‚ AKTOR SA L’OREAL /RM SYNERGIA

VDIU FFFF

xy e C

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e e EQUANT NV e C

€„ ISDVU FFFF

ps ISDQS FFFF TTDS HDUT

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±

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qf e C IDQW HDUP LASMO p‚

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OMV AG e„ e

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e C

C p‚ VWUDS HDUW ± s„ UDQS HDRI SDIT HDRS

NORDBANKEN HOLD ƒi AUTOSTRADE PROMODES /RM FRANCFORT

xy ISDWU FFFF

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QDIT PDSH

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e e C C qf IQDIH IIDWW

± s„ RDIP HDRW

PHDQ HDWV

s„ RECKITT & COLMA ±

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±

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ROYAL BK SCOTL AIXTRON HDIH

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PROSAFE xy e C

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C qf SDWP PDRH ±

qf SDRT HDVR

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SAINSBURY J. PL C

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S-E-BANKEN -A- BLUE CIRCLE IND e AUGUSTA TECHNOLOGI HDWV

IUDVS FFFF

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C

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GKN qf e

e e C p‚ SVDSS HDHW ±

± p‚ PWUDW I

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C

ST HDUH

ROYAL DUTCH CO xv

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GLYNWED INTL PL qf C qf PDWU FFFF

± qf SDSS HDST

ƒi IPDTP HDRS

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SV HANDBK -A- e BB MEDTECH ZT-D HDUI C

RDHQ HDSH

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q‚ PRDHS FFFF

C

C HALKOR qf PDWQ IDTH qf PDRP FFFF

PTWDQV HDQS

gr STAGECOACH HLDG FFFF

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±

UDIR HDRQ

SHELL TRANSP & qf

C

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e e qf e

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s„ TABACALERA A ± HDTV

UNICREDITO ITAL CBR BETA SYSTEMS SOFTW IRDT

IHDQR FFFF

SMEDVIG -A- xy e

±

STDS HDVV

e hi e ±

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p‚ PHH IDWT PSDST FFFF

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TESCO PLC C PDUV

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C

HDQH

f PWUDRI

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s„ TDIU HDVH C

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f PVHDUU CRH PLC IFIL TNT POST GROEP FFFF DJ E STOXX BANK P CENIT SYSTEMHAUS QU

e C ± qf RDIV HDQU

RWHDIW HDPR RSDT FFFF iƒ f CRISTALERIA ESP IMI PLC DJ E STOXX N CY G P C VDSS DRILLISCH QDHI

e

hu SRDRW FFFF IHDTS FFFF iƒ ISS INTL SERV-B FFFF GRUPO DRAGADOS EDEL MUSIC E 98 QQS

e SERVICES FINANCIERS

FFFF FFFF hu UVDVR FFFF

PRODUITS DE BASE FOM CON CONTRAT iƒ KOEBENHAVN LUFT FFFF ELSA RTDI

e C IPDHV PDHV

qf e C

± COMMERCE DISTRIBUTION p‚ IHT HDWQ PTDRS IDSR 3I xv GROUPE GTM C HDQH KON.NEDLLOYD SHDTS SHDHV FFFF

ALUMINIUM GREEC q‚ EM.TV & MERCHANDI

e

C

fi RWDQS IDIQ

C e qf TDUV HDPQ IPTDS FFFF ALMANIJ ps

C C FFFF HANSON PLC IVDQ qf PDWH HDSQ QDSS SDSH ARJO WIGGINS AP qf KONE B ARCADIA GRP EUROMICRON

e q‚ UUDUT FFFF

C

VU IDUS hi e ALPHA FINANCE ±

p‚ PIPDV IDHU HEIDELBERGER ZE C TDVU IRDQP ± qf IHDIU HDTH IUDRR FFFF ASSIDOMAEN AB ƒi LEGRAND /RM BOOTS CO PLC GRAPHISOFT NV

qf UDUI FFFF

STDIU FFFF q‚ AMVESCAP e C C xy IHDUU FFFF C PQ HELL.TECHNODO.R PDPP p‚ ISQDS HDIQ RDUT PDWV

AVESTA ƒi LEIF HOEGH CARREFOUR /RM HOEFT & WESSEL

e

C

p‚ IPRDI HDHV

RRDQI FFFF q‚ BAIL INVEST /RM e C e e C C hi SRDQ HDQU IPDRT HERACLES GENL R PDWV ± p‚ PTHDS HDQV RQR HDWQ

BEKAERT fi LINDE AG CASTO.DUBOIS /R HUNZINGER INFORMAT

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e €„ RDHI FFFF

C

QV IDHT hi BPI R

e e C e HOCHTIEF ESSEN C QS IDRS hi QIDQS IDIQ ± iƒ IVDP FFFF RP HDIW BOEHLER-UDDEHOL e„ MAN AG CENTROS COMER P INFOMATEC

±

qf UDPR HDPI

C

QQHDHR HDUU gr BRITISH LAND CO

e e C IDRU HOLDERBANK FINA IIH iƒ PQDTS FFFF PDSH FFFF hi IRT FFFF BRITISH STEEL qf MANNESMANN AG CONTINENTE INTERSHOP COMMUNIC

qf SDQS FFFF

C

IPPQDWW HDIH

gr CANARY WHARF GR

e C C e SVDPS HOLDERBANK FINA RDUU ± C qf ISDTW HDPW xv ITDST PDIH PHDI HDRS

BUHRMANN NV METALLGESELLSCH hi DIXONS GROUP PL KINOWELT MEDIEN

e qf TDIQ FFFF

C

ISPDQ HDPH

p‚ CAPITAL SHOPPIN e C C C IMERYS /RM HDTQ QP e hi QRDI IDIQ qf RDSP IDQV IV FFFF

BUNZL PLC METRA A ps GEHE AG LHS GROUP

e

e ± fi SUDI HDIU

C

IQDQQ HDQV

s„ COBEPA C e C HDTU ITALCEMENTI VVDU ± qf UDSR IDHQ s„ UDPU HDRI C QDUV IDPR

CART.BURGO MORGAN CRUCIBLE qf GREAT UNIV STOR LINTEC COMPUTER

e

e C hi TH IDSI

C

RDTQ HDTS

s„ CONSORS DISC-BR e C FFFF ITALCEMENTI RNC TDT xv UWDW PDUH ITDTR FFFF

xy LOESCH UMWELTSCHUT QDPI FFFF

ELKEM ASA, OSLO NFC qf GUCCI GROUP

e

e iƒ PSDVP FFFF

C

IHHDS HDQH

p‚ CORP FIN ALBA e C

LAFARGE /RM C PVDUS HDIU p‚ IPTDW HDPR ITDST FFFF

q‚ GUILBERT /RM MENSCH UND MASCHIN TSDHP FFFF

ELVAL NKT HOLDING hu

e

±

p‚ RIDS IDRS

PTDSP FFFF

q‚ CPR /RM

C

C

SHDS MICHANIKI REG. QDHT ƒi PSDHT FFFF VDWR PDRU

JOHNSON MATTHEY qf HENNES & MAURIT MOBILCOM

IRDRR FFFF

OCEAN GROUP qf

e C gr IUVDPP HDUI

IIDHI FFFF

e ps CS GROUP N e

C FFFF PARTEK ISDVP

€„ PVDWS FFFF RPDQ HDQV

e„ JERONIMO MARTIN MUEHL PRODUCT & SE MAYR-MELNHOF KA C

IRDTI PDPU

PENINS.ORIENT.S qf

e

e ± p‚ SVI IDIW

±

ISI HDTT hi EURAFRANCE /RM

e e C PHILIPP HOLZMAN C

HDUR TV

hi RSDT IDST VDS FFFF

METSAE-SERLA A ps KARSTADT AG MUEHLBAUER HOLDING

RDUQ FFFF

e PREMIER FARNELL qf

±

p‚ IQPDI HDTV

C

IDSW IDWV qf FONCIERE LYONNA

C C FFFF PILKINGTON PLC QV

qf WDTV PDII

PVDTV HDRH

MODO -B- ƒi KINGFISHER PFEIFFER VACU TECH

±

IWDRI QDRS

e RAILTRACK qf

C

xv QHDPQ HDHQ

C

IRDRH HDRQ qf FORTIS (NL)

RMC GROUP PLC C IDQV ITDP ±

qf RDWT HDQI QVDWH FFFF

NORSKE SKOGIND- xy e MARKS & SPENCER PLENUM C

RUDVS HDUR

e RANDSTAD HOLDIN xv

±

p‚ IIQDI IDHS

IDRQ FFFF

qf GECINA /RM

e RUGBY GRP e C QS ± IDUR ± hi RWDI HDPH II QDSI

OUTOKUMPU OY -A ps METRO PSI

WVDVV FFFF

RATIN -A- hu

e ± qf UDPU HDPI

±

IUPDW IDHW p‚ HAMMERSON

C

e C RRDI

SAINT GOBAIN /R IDVS ± qf WDTT IDTP SPDTS HDHW

PECHINEY-A- p‚ NEXT PLC QIAGEN NV

IHRDIQ FFFF

RATIN -B- hu

e hu RHDQT FFFF

IUDP FFFF

e SEMAPA €„ KAPITAL HOLDING e IIDIS FFFF ± p‚ IUTDS HDVR

TDVS FFFF

PORTUCEL INDUST €„ PINAULT PRINT./ REFUGIUM HOLDING A

C

QDRI IDQV

RENTOKIL INITIA qf

C

qf IPDWS HDPR

C

QTDPS HDVH

e ƒi LAND SECURITIES e SKANSKA -B- C IQDP FFFF

s„ TDVQ HDRR TDP FFFF

RAUTARUUKKI K ps RINASCENTE SACHSENRING AUTO

C

RDHI HDUV

REXAM qf

qf UDPU FFFF

PIDIP FFFF

hu LIBERTY INTL

e C C HDVW SUPERFOS IU ps IUDW FFFF IUDPH HDVI

RIO TINTO qf e STOCKMANN A SALTUS TECHNOLOGY

±

VP HDPR

e REXEL /RM p‚ C

s„ IHDT HDIW

C PDPU IDQV

qf MEDIOBANCA

C

TAYLOR WOODROW C HDRS RRDR gr PSIDRT HDQV RPDUH FFFF

SIDENOR q‚ e VALORA HLDG N SCM MICROSYSTEMS

±

PSDT IDSR

e RHI AG e„

e ± s„ UDPR HDSS

IHHDS FFFF p‚ MEDIOLANUM

C

SDQS TECHNIP /RM SHDSU qf UDRV FFFF RHDIW FFFF

SILVER & BARYTE q‚ W.H SMITH GRP SER SYSTEME

± SUSDVS HDII

RIETER HLDG N gr

qf UDII FFFF

IIWDWT FFFF q‚ MEPC PLC

C FFFF TITAN CEMENT RE SDV

qf TDSS IDIW PDTS FFFF

SMURFIT JEFFERS qf WOLSELEY PLC SERO ENTSORGUNG

C

PRDVW HDPQ

e SANDVIK -A- ƒi

e iƒ PHDVQ FFFF

IQDIS FFFF s„ METROVACESA

e C UNICEM ± RIDI IDPQ QVPDQ HDHS VDHQ FFFF

SONAE INDUSTRIA €„ f DJ E STOXX RETL P SINGULUS TECHNOLOG

PSDHT FFFF

e ƒi

e ± SANDVIK -B- xv UDPR HDSS

UDTQ FFFF

e iƒ MEDIOLANUM ± RHDS URALITA HDRW

IRDHI FFFF

SOPORCEL €„ SOFTM SOFTWARE BER

C

RQQDUU IDHP

e gr

e ± IHUDT HDIW

p‚ SAURER ARBON N

IIDRI FFFF iƒ PARIBAS

FFFF VALENCIANA CEM IT IPDRS FFFF

SSAB SW ST A ƒi TDS

ƒi QSDQW FFFF

C

e qf IIDSH PDQQ

C SCANIA AB -A-

PIDQ HDQV

e WIENERB BAUSTOF e„ PROVIDENT FIN FFFF HAUTE TECHNOLOGIE RQ IPDQ FFFF

STORA ENSO -A- ps TECHNOTRANS

e C

ƒi QSDRR HDQP

±

xv QW PDHI

C SCANIA AB -B- SDSQ IQDPS

e qf RODAMCO UK

C ± IUDS WILLIAMS HDSU

IPDT HDVH

STORA ENSO -R- ps e TELDAFAX ±

PI HDWR

AEROSPATIALE MA p‚

e C gr IRWWDQR HDSI ±

xv QVDU IDHP

± HDPS

PISDPI RODAMCO CONT. E SCHINDLER HOLD

f C

QPDU

DJ E STOXX CNST P PDIT ± PRDTH HDPQ

SVENSKA CELLULO ƒi e TELES AG

±

IQP HDQV

ALCATEL /RM p‚

e C

C

gr ISVIDHT HDTH QRDT HDSV

e RODAMCO NORTH A xv SCHINDLER HOLD

C U FFFF

PI HDWT

THYSSEN KRUPP hi TIPTEL

PSDUQ FFFF

ALTEC SA REG. q‚

e

± ± qf IWDQQ HDIT

TVDP HDRR

SCHRODERS PLC SCHNEIDER ELECT p‚

RHDS FFFF

VDVQ FFFF ƒi e TRANSTEC

TRELLEBORG B C

IQDSP PDTT

BAAN COMPANY xv

e e

p‚ TWDRS FFFF

IDQU FFFF

SEFIMEG N /RM s„

e SEAT-PAGINE GIA C

QU PDRW

± QUDV HDPT

fi CONSOMMATION CYCLIQUE e W.E.T. AUTOMOTIVE UNION MINIERE C

IIQDS IDQR

BARCO fi

e

C

C p‚ VPDUS HDWI

WDQI HDQQ

e SIMCO N /RM qf

C SECURICOR FFFF FFFF

QPDI HDQI

ps e C UPM-KYMMENE COR C

PISDI HDSI qf TDPU HDRW

ACCOR /RM p‚ BRITISH AEROSPA

C

qf SDSV HDST

C

IQDTS HDVS

e SLOUGH ESTATES ƒi

C FFFF

SECURITAS -B- FFFF IQDV HDSI

p‚ e e USINOR C ±

VIDP HDSH p‚ ISP HDSW

ADIDAS-SALOMON hi CAP GEMINI /RM

e

p‚ IQT FFFF

C IHVSDHT IDII UNIBAIL /RM gr

FFFF FFFF

RWDQP FFFF

VIOHALCO q‚ SGS BR ±

SDTQ SDTV hu WQDQU FFFF

AIRTOURS PLC qf COLOPLAST B

e

s„ HDRW FFFF

QDRS FFFF

e UNIM qf

C FFFF FFFF

QHDHV HDRQ

e„ e SHANKS GROUP VOEST-ALPINE ST C ±

PDTV HDQU qf PRDVP VDUV

ALITALIA s„ COLT TELECOM NE

e

WDHT FFFF

VALLEHERMOSO iƒ e

p‚ IHHDV FFFF

C

HDHP

f IWRDPU e SIDEL /RM e C DJ E STOXX BASI P ±

IW IDHT p‚ QVDUP PDSW

AUSTRIAN AIRLIN e„ DASSAULT SYST./

e

C

hi QVDP HDUW

WCM BETEILIGUNG C

RDSS IDUP

INVENSYS qf e

SQDRI FFFF s„ HDVV FFFF

BANG & OLUFSEN hu FINMECCANICA

C

SDPQ HDSW

WOOLWICH PLC qf e e

PQW FFFF

SITA /RM p‚ CODES PAYS ZONE EURO C RDIH FFFF ƒi WDIP IDPU

BARRATT DEV PLC qf GAMBRO -A-

C

HDIH

f DJ E STOXX FINS P PRPDIU

C

IWDPU IDSI

CHIMIE ƒi e FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne C SKF -A- ± PDIT IDRS xv RWDI IDRI BEAZER GROUP qf GETRONICS

C

PHDQH IDIR e ƒi IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande C C SKF -B- ITDHT HDQT s„ PDHV HDRV hu QIDPI FFFF AGA -A- ƒi BENETTON GROUP GN GREAT NORDIC

LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche hu PQDHI FFFF C

ITDHT HDQT qf VDUW FFFF q‚ VWDPI FFFF

AGA -B- ƒi BERKELEY GROUP ALIMENTATION ET BOISSON SOPHUS BEREND - INTRACOM R C FI : Finlande - BE : Belgique.

TRUDSI HDSW e gr C C ± IRTDR HDTI qf SDHW IDPQ qf IQDPI RDWH AIR LIQUIDE /RM p‚ BRITISH AIRWAYS SULZER FRAT.SA1 LOGICA

e e ƒi IVDIP FFFF ± ± RHDIR HDIP p‚ STDW HDHW qf VDWW FFFF xy WDTP FFFF

AKZO NOBEL NV xv CHARGEURS RM ALLIED DOMECQ ( SVEDALA MERKANTILDATA CODESPAYSHORSZONEEURO

e e ± C C qf TDUU PDPQ ± ± RPDT HDWS p‚ WSDT HDWQ qf TDHQ IDVP qf VDHT PDPR

BASF AG hi CLUB MED. /RM ASSOCIAT BRIT F T.I.GROUP PLC MISYS CH : Suisse - NO : Norve`ge - DK : Danemark

e C xy QSDTW FFFF ± QVDQ HDUW qf HDVT FFFF qf IPDIS HDSI xy PDIV FFFF

BAYER AG hi COATS VIYELLA BASS TOMRA SYSTEMS NERA ASA GB : Grande-Bretagne - GR : Gre`ce - SE : Sue`de.

e e C ± ± IW HDUP qf VDWU HDQR e„ RRDP FFFF e„ URDT HDQR xy PWDSV FFFF BOC GROUP PLC qf COMPASS GRP BBAG OE BRAU-BE VA TECHNOLOGIE NETCOM ASA LeMonde Job: WMQ0810--0026-0 WAS LMQ0810-26 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 10:46 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0547 Lcp: 700 CMYK

26 / LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 FINANCES ET MARCHÉS

C ± ± RUDIS QHWDPV HDVT RUDPH TUDRH TUDIH RRHDIS HDRS TTDVH VQDHS VPDTS SRPDIS HDRV VSDHS BIC...... RTDUS GROUPE PARTOUCHE ... SOGEPARC (FIN) ......

C C FFFF FFFF FFFF WIDPS IPTDTH IPTDWH VQPDRI HDPR IPQ PTDQS PTDRH IUQDIU HDIW PTDSH BIS...... WR GUILBERT...... SOMMER-ALLIBERT......

C ± ± UUDRH SHUDUI HDHT URDRH RWVDWH RWV QPTTDTU HDIV RVU RHDSH RHDUH PTTDWU HDRW RHDPH B.N.P...... UUDRS GUYENNE GASCOGNE... SOPHIA ......

C C ITSDSH IHVSDTI FFFF ITT RWDWS SIDPS QQTDIV PDTH PPU TIDIH TIDRS RHQDHW HDSU FFFF VALEURS FRANC¸AISES BOLLORE ...... ITSDSH HACHETTE FILI.ME...... SOPRA # ......

C C ± QSSDSH PQQIDWQ HDIR QTHDIH PRWDQH PSHDSH ITRQDIU HDRV PPTDIH UPDSH UP RUPDPW HDTW USDUH BONGRAIN ...... QSS HAVAS ADVERTISIN ...... SPIR COMMUNIC. # ......

C C ± PWUDWH IWSRDIH I PTS ISP ISPDQH WWWDHP HDPH ISH IPWDWH IQH VSPDUR HDHV IPQDIH BOUYGUES ...... QHHDWH IMERIS(EX.IMETAL ...... SR TELEPERFORMAN ....

C C

± QTDTT PRHDRU HDHQ QSDRH IWDSH IWDVH IPWDVV IDSR IWDTH ISQDPH ISSDRH IHIWDQT IDRR ISVDIH b L’action Carrefour a débuté la séance du jeudi 7 oc- BOUYGUES OFFS...... QTDTU IMMEUBLES DE FCE ...... SUEZ LYON.DES EA ......

C C UDSS RWDSP FFFF UDII UVDPH UWDTS SPPDRU IDVS UPDSS PSVDSH PTI IUIPDHS HDWU PUS

tobre sur un gain de 1,57 %, après avoir annoncé une BULL#...... UDSS INFOGRAMES ENTER .... TF1 ......

C ± SWDPH QVVDQQ ITQ PSDTH PSDWP IUHDHP IDPS PR IHHDSH IHHDSH TSWDPR FFFF IHRDSH CANAL + ...... SWDVH INGENICO ...... TECHNIP......

hausse de 20 % de son chiffre d’affaires sur les neuf ± ± ± ISPDRH WWWDTV HDQQ ITU PT PSDVS ITWDST HDSV PSDRQ QPDSU QPDPH PIIDPP IDIR QIDVH CAP GEMINI ...... ISPDWH INTERBAIL...... THOMSON-CSF......

C C ± SIDSH QQUDVP HDWT RVDWW QUUDSH QVI PRWWDPH HDWQ QIQDSH IISDIH IITDSH UTRDIW IDPP IPH

premiers mois de 1999. CARBONE LORRAINE..... SP INTERTECHNIQUE...... TOTAL FINA SA......

± ± ISPDVH IHHPDQH HDQQ IRV TVDUH TTDTS RQUDPH PDWV TWDWH IQT IQT VWPDIH FFFF IPVDPH

b Le titre LVMH a gagné 1,66 % à l’ouverture, jeudi. Le CARREFOUR ...... ISQDQH ISIS ...... UNIBAIL ......

C ± ± IHPDIH TTWDUQ IDHU IHS WRDTS WRDWH TPPDSH HDPT WR SWDTH SWDIH QVUDTU HDVR SQDUH CASINO GUICHARD ...... IHQDPH CIE FONC.KLEPIER...... UNILOG ......

C C ± UHDSH RTPDRS HDSU TWDVH IIWDVH IPHDRH UVWDUU HDSH IIUDTH IPHDSH IIWDIH UVIDPR IDIT IPR groupe pourrait faire partie des prétendants au rachat CASINO GUICH.ADP ...... UHDIH LABINAL...... UNION ASSUR.FDAL ......

C C ± PTHDSH IUHVDUU HDQV PRR IHHDPH IHHDRH TSVDSV HDPH IHPDSH IQDUQ IQDVH WHDSP HDSI IRDQH

du groupe américain Calvin Klein. Par ailleurs, le CASTORAMA DUB.(L...... PTIDSH LAFARGE...... USINOR......

C C

±

IIVDRH UUTDTS HDHV IIWDQH RHDRH QWDVR PTIDQQ IDQW RHDSH UH UIDSS RTWDQR PDPI TV

groupe de luxe a publié une progression de 21 % de son C.C.F...... IIVDQH LAGARDERE...... VALEO ......

C C ± IUWDPH IIUSDRU HDST IVH TV TT RQPDWQ PDWR TU QUDPH QUDUS PRUDTP IDRV QVDRH CEGID (LY) ...... IUVDPH LAPEYRE ...... VALLOUREC......

C ± UDPS RUDST FFFF UDQR RWDVR RVDRH QIUDRV PDVW RWDSH PTDRW PTDWW IUUDHR IDVW PVDRH chiffre d’affaires sur les neuf premiers mois de 1999. CERUS...... UDPS LEBON (CIE)...... VIA BANQUE ......

C C ±

RSDRS PWVDIQ I RTDPH PISDIH PIPDVH IQWSDVV IDHU PIP TVDVS TVDWH RSIDWS HDHU TVDRH

b L’action Suez-Lyonnaise a progressé de 2,50 % dans CGIP ...... RS LEGRAND ...... VIVENDI ......

± ± STDWH QUQDPR HDHW SVDSH IPW IPV VQWDTP HDUV IPRDPH ISDPS ISDPS IHHDHQ FFFF IRDRV

la matinée du jeudi 7 octobre. Le groupe a publié un ré- CHARGEURS...... STDWS LEGRAND ADP ...... WORMS (EX.SOMEAL ..... C C C RWDSH QPRDUH HDIH RW QUDRH QVDQH PSIDPQ PDRI QTDIS IWVDPH IWWDWH IQIIDPT HDVT IWVDWH CHRISTIAN DALLOZ ...... RWDRS LEGRIS INDUST...... ZODIAC EX.DT DIV ......

C C

ITPDWH IHTVDSS HDVU ISRDIH IHTDRH IHUDWH UHUDUV IDRI IHSDSH sultat semestriel en hausse de 33 %, une progression CHRISTIAN DIOR ...... ITIDSH LOCINDUS......

± FFFF FFFF FFFF VRDQS TIUDSH TIQ RHPIDHP HDUQ THH

nettement plus importante que prévue par le marché. CIC -ACTIONS A...... VRDTH L’OREAL ......

C C UIDVH RUHDWV HDRP TWDUH PVVDRH PWI IWHVDVQ HDWH PVS CIMENTS FRANCAIS ...... UIDSH LVMH MOET HEN......

C b Le titre Neopost a continué sa progression en ga- ± IHRDPH TVQDSI HDIW WW ISHDVH ISHDSH WVUDPP HDPH ISP CLARINS ...... IHR MARINE WENDEL ......

C ± WSDTH TPUDHW HDWQ WS UDSI UDSV RWDUP HDWQ UDWH

gnant 2,23 %, jeudi matin, après une hausse de 10,56 %, CLUB MEDITERRANE .... WTDSH METALEUROP ......

C ±

PUDVH IVPDQT HDQT PTDTS RRDVH RRDUQ PWQDRI HDIT RT

mercredi 6 octobre. Le groupe a annoncé la création CNP ASSURANCES ...... PUDUH MICHELIN......

C ± VRDUH SSSDTH HDVQ VVDQH QI QHDWW PHQDPV HDHQ QPDRH COFLEXIP...... VR MONTUPET SA......

C ± PHH IQIIDWI IDWT PHRDWH WDIQ WDIW THDPV HDTT WDQR d’une filiale d’affranchissement postal sur Internet. COLAS ...... PHR MOULINEX ......

C PDIR IRDHR FFFF IDWP TT TTDSH RQTDPI HDUT TQ

b L’action Equant a progressé de 2,20 % à l’ouverture, COMPTOIR ENTREP...... PDIR NATEXIS BQ POP......

C ± Compen- RP PUSDSH HDPT RPDIH QIDRH QRDUT PPVDHI IHDUH PV

CPR ...... RPDII NEOPOST...... Pre´ce´dent Cours Cours % Var.

jeudi. Le réseau téléphonique international et la base sation C C International f IVDTS IPPDQR PDIW ITDVI PQDPH PQDUR ISSDUP PDQQ PR

CRED.FON.FRANCE ...... IVDPS NORBERT DENTRES...... en ¤uros en ¤uros en francs veille

(1)

C ± QQ PITDRU IDHU QQDWH PTDRV PTDRT IUQDSU HDHV PSDQS de clientèle pourraient intéresser aussi bien France Té- CFF.(FERRAILLES) ...... QPDTS NORD-EST......

C C

PUDQU IUWDSR HDIS PU UPDSH FFFF FFFF FFFF UQ IQP IQUDTH WHPDTH RDPR IQH

lécom que Deutsche Telekom. CREDIT LYONNAIS...... PUDQQ NORDON (NY)...... AMERICAN EXPRESS......

C C RQDVR PVUDSU HDUV RWDSH PUI PUI IUUUDTR FFFF PTWDIH RPDUW RQDSU PVSDVH IDVP RPDPH CS SIGNAUX(CSEE)...... RQDSH NRJ # ...... A.T.T. #......

b Le titre Intertechnique a perdu 1,19 % dans les pre- C ± VHDPH SPTDHV PDTW VPDSH VDPH FFFF FFFF FFFF VDIH PHDSH PHDQV IQQDTV HDSW IW DAMART ...... UVDIH OLIPAR...... BARRICK GOLD #......

± ± ±

PQQ ISPVDQV HDSS PQR IHUDVH IHUDTH UHSDVI HDIW IHUDQH PPDTW PPDSH IRUDSW HDVR PPDSH mières transactions, jeudi. Le groupe fait l’objet de spé- DANONE...... PQRDQH PARIBAS...... CROWN CORK ORD.#.....

C C

± IUH IIISDIQ IDIW ITU SPDUH SPDTS QRSDQT HDHW SQDPH PTDPH PTDTH IURDRV IDSQ PTDHS

culations depuis l’annonce du renforcement du finan- DASSAULT-AVIATIO ...... ITV PECHINEY ACT ORD ...... DE BEERS # ......

C C ± QVDVH PSRDSI PDQW QUDSS PVH PVIDQH IVRSDPI HDRT PTPDPH TH THDQS QWSDVU HDSV SWDRH DASSAULT SYSTEME...... QWDUS PENAUILLE POLY.C ...... DU PONT NEMOURS.....

± ± SVDSH QVQDUQ PDQR TQDVH TS TS RPTDQU FFFF TSDIH QHDSH PWDVI IWSDSR PDPT QH cier Guy Wyser-Pratte dans le capital à hauteur de DE DIETRICH...... SWDWH PERNOD-RICARD...... ERICSSON # ......

C C ± UPDIS RUQDPU HDHU UR IWIDUH IVVDTH IPQUDIQ IDTP IVSDRH RUDVH RWDHT QPIDVI PDTR RUDPH

11,93 %. DEVEAUX(LY)# ...... UPDIH PEUGEOT...... FORD MOTOR # ......

C ± ISDSH IHIDTU FFFF ISDUH IUV IUTDSH IISUDUT HDVR IUQDQH IIQDPH IISDPH USSDTT IDUU IIRDRH DEV.R.N-P.CAL LI...... ISDSH PINAULT-PRINT.RE...... GENERAL ELECT. #......

C C ± IRU WTRDPT IDRS IQUDUH IPH IIV UURDHQ IDTU III THDPH TI RHHDIQ IDQQ THDSS DEXIA FRANCE ...... IRRDWH PLASTIC OMN.(LY) ...... GENERAL MOTORS # .....

C ± ± TDRP RPDII HDRU TDHU UWDSH UV SIIDTS IDVW UW IHDHU IHDPS TUDPR IDUW IHDTI DMC (DOLLFUS MI)...... TDRS PRIMAGAZ...... HITACHI #......

C C

± PTDTH IURDRV HDQV PSDQH VWHDSH VWUDSH SVVUDPI HDUW VUT IIPDTH IIIDWH UQRDHP HDTP IIWDTH

RE`GLEMENT MENSUEL DYNACTION...... PTDSH PROMODES...... I.B.M # ......

C C ±

UIDTS RTWDWW HDRW TUDSH PIV PIVDVH IRQSDPQ HDQU PIUDWH UW UVDVH SITDVW HDPS VIDUH

______EIFFAGE ...... UIDQH PUBLICIS #...... ITO YOKADO #......

C ± ± ISTDTH IHPUDPQ HDPS IUPDWH IWDPW IVDWH IPQDWV PDHP IVDIS IVDUS IVDVR IPQDSV HDRV IWDQS ELF AQUITAINE ...... ISU REMY COINTREAU...... MATSUSHITA #......

C ± ± SP QRIDIH IDIR RWDTH SQDWS SQDIH QRVDQI IDSV RV RHDRH RHDWI PTVDQS IDPT RIDTH ERAMET ...... SPDTH RENAULT ...... MC DONALD’S #......

ti hs U yg„yf‚i Cours releve´sa` 09 h 50

C ± ± IHWDIH UISDTS IDHW IIQ VPDPH VPDWS SRRDIP HDWI VRDSH TTDWH TTDVH RQVDIV HDIS TUDQS ERIDANIA BEGHIN...... IIHDQH REXEL...... MERCK AND CO # ......

C ±

PWTDSH IWRRDWI IDHQ QHU PHDUI PIDIH IQVDRI IDVV IWDSH UDPH UDPH RUDPQ FFFF UDWH ESSILOR INTL ...... PWWDTH RHODIA ...... MITSUBISHI CORP...... viquid—tion X PP o™to˜re

C ± QPP PIIPDIV FFFF QPVDWH RWDRR RWDQH QPQDQW HDPV RTDSH IHV IIH UPIDSS IDVS IIQ ESSILOR INTL.ADP...... QPP RHONE POULENC A...... MORGAN J.P. # ......

± ± VH SPRDUU FFFF UT QDTT QDTP PQDUS IDHW QDRR IIDWW IIDVR UUDTU IDPS IQDRV ESSO...... VH ROCHETTE (LA) ...... NIPP. MEATPACKER......

± ± ± SVI QVIIDII IDIW SUV TTDVS TT RQPDWQ IDPU TRDWH QPDRS QPDHR PIHDIU IDPT QPDUS EURAFRANCE...... SVV ROYAL CANIN...... PHILIP MORRIS # ......

Compen- ± IDQT VDWP IDRS IDPT IVSQ FFFF FFFF FFFF IVTV VWDUH FFFF FFFF FFFF WQDIH

Pre´ce´dent Cours Cours % Var. EURO DISNEY...... IDQV RUE IMPERIALE (L...... PROCTER GAMBLE ......

sation C C France f C IDQW WDIP HDUP IDQV QWDIH QWDIS PSTDVI HDIQ QVDVU IUDWR IUDWW IIVDHI HDPV IUDVH

en ¤uros en ¤uros en francs veille EUROTUNNEL...... IDQV SADE (NY) ...... SEGA ENTERPRISES ......

(1)

C ± ± UHDIS RTHDIS IDTI UHDIS PUT PUV IVPQDST HDUP PSU SSDIH SRDIH QSRDVU IDVI SUDWH FACOM SA...... UIDQH SAGEM S.A...... SCHLUMBERGER #......

C C ± FFFF FFFF FFFF IRS SW SWDRS QVWDWU HDUT STDUH IURDVH IUPDWH IIQRDIS IDHW IUPDSH IRSDPH IRTDVH WTPDWR IDIH IRW B.N.P. (T.P)...... IRSDIH FAURECIA ...... SAINT-GOBAIN...... SONY CORP. #......

C C C IRT WSUDUH IDWT IRQDSH IIQDSH IIQDSH URRDSI FFFF IIU UWDSH UWDSS SPIDVI HDHT VPDQS IQDII IQDIP VTDHT HDHV IQDUS CR.LYONNAIS(TP) ...... IRQDPH FIMALAC SA...... SALVEPAR (NY) ...... SUMITOMO BANK #......

± ± QVU PSQVDSS FFFF QVT PIDUH PIDSW IRIDTP HDSI PIDSI RH QWDTI PSWDVP HDWV QWDIH RENAULT (T.P.)...... QVU FINEXTEL...... SANOFI SYNTHELAB......

C FFFF FFFF FFFF IUQ VSDPS VT STRDIP HDVV VS UQDSH UQDSH RVPDIQ FFFF UIDQH SAINT GOBAIN(T.P...... IUUDWH FIVES-LILLE...... SAUPIQUET (NS) ......

± ± FFFF FFFF FFFF IRPDVH IQQ IQPDIH VTTDSP HDTV IPVDIH TVDSH TVDRH RRVDTU HDIS TUDIS

THOMSON S.A (T.P ...... IRQ FONC.LYON.# ...... SCHNEIDER ELECTR...... ABRE´VIATIONS

C C ± PIS IRIHDQI HDRU PIPDIH VSDWH VRDRH SSQDTQ IDUS UUDHS RSDRH RTDQH QHQDUI IDWV RTDUH

ACCOR ...... PIR FRANCE TELECOM...... SCOR......

B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; Ny = Nancy; Ns = Nantes.

C ± PIDHT IQVDIR HDTT IWDVS UST FFFF FFFF FFFF URR TQDIS TRDPH RPIDIP IDTT TH AEROSPATIALE MAT ...... PIDPH FROMAGERIES BEL...... S.E.B......

C C

± SIDIS QQSDSP HDSV RWDUH IQWDQH IRHDWH WPRDPR IDIS IRT SVDSH SVDSS QVRDHT HDHW STDWS AGF ...... SIDRS GALERIES LAFAYET ...... SEITA...... SYMBOLES

C C ± ITDIQ IHSDVI HDIW ITDIH URDHS URDIS RVTDQW HDIR UT IQDHV IPDWI VRDTV IDQH IQDPI

AIR FRANCE GPE N ...... ITDIH GASCOGNE...... SELECTIBANQUE...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; a coupon

± ± IRTDRH WTHDQP HDTI IRVDQH TIDWH TIDQH RHPDIH HDWU TIDPH RTDRH RTDRH QHRDQT FFFF RSDIH

AIR LIQUIDE ...... IRUDQH GAUMONT #...... SGE...... de´tache´; b droit de´tache´; # contrat d’animation ; o = offert ;

C ± IQIDRH VTIDWQ HDVQ IQQDTH RUDWH RV QIRDVT HDPI RTDSH IHHDVH IHHDVH TTIDPH FFFF WSDPH

ALCATEL ...... IQPDSH GAZ ET EAUX ...... SIDEL...... d = demande´; x offre re´duite ; y demande re´duite; d cours pre´ce´dent.

C ± ±

QIDPU PHSDIP HDPP QIDIH IIRDQH IIQDIH URIDVW IDHS IIIDPH ISTDPH IST IHPQDPW HDIQ ISVDSH

ALSTOM...... QIDPH GECINA...... SILIC CA ...... `

C ± DERNIERE COLONNE RM (1) : QIV PHVSDWR HDHW PVIDWH SS SS QTHDUV FFFF SWDUH VP VPDIH SQVDSR HDIP VPDIH ALTRAN TECHNO. #...... QIVDQH GEOPHYSIQUE ...... SIMCO......

C ± IQHDIH VSQDRH HDTW IIW PUDSH PUDWW IVQDTH IDUV PS PQW PQW ISTUDUR FFFF PSP ATOS CA...... IQI GRANDVISION ...... S.I.T.A ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : montant du

± ± IPIDRH UWTDQQ HDHV IIQDQH IQU FFFF FFFF FFFF IQR ISDQS ISDPS IHHDHQ HDTS ISDPS AXA...... IPIDSH GROUPE ANDRE S.A ...... SKIS ROSSIGNOL...... coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement dernier coupon ;

C C ± IPRDIH VIRDHR HDHV IPR PVDPH PVDQH IVSDTR HDQS PTDSW IWVDTH IWV IPWVDUW HDQH IWRDTH BAIL INVESTIS...... IPR GR.ZANNIER (LY) ...... SOCIETE GENERALE...... Jeudi date´ vendredi : compensation ; Vendredi date´ samedi : nominal.

± ± ± IIVDTH UUUDWU IDIU IPR IHU IHT TWSDQI HDWQ IHP ISRDVH ISQ IHHQDTI IDIT ISIDWH BAZAR HOT. VILLE ...... IPH GROUPE GTM ...... SODEXHO ALLIANCE......

@€u˜li™iteÂA

RSWDIU FFFF SDRW QTDHI FFFF QRDTH PPTDWT FFFF GUILLEMOT #...... UH CLAYEUX (LY)...... d I.C.C.#...... d

C PDWS PDPU RIDPH PUHDPS FFFF SP QRIDIH FFFF GUYANOR ACTI .... HDRS CNIM CA#...... IMMOB.BATIBA....

C ± SIVDPI IDPV SS QTHDUV FFFF VDII SQDPH QDPP NOUVEAU HF COMPANY...... UW COFITEM-COFI ....d IMS(INT.META .....

C ± QTHDUV PDSU TVDTH RRWDWW FFFF RPDSH PUVDUV HDRU HIGH CO...... SS CIE FIN.ST-H ...... d INFO REALITE......

C ±

PQTDIR RDHS ISPDRH WWWDTV IDHR RDTV QHDUH FFFF

´ HOLOGRAM IND .. QT C.A. PARIS I...... INT. COMPUTE ....d C C ± QUDHT SDTV RWDUH QPTDHI HDRH PIR IRHQDUS PDVV

MARCHE IGE + XAO...... SDTS C.A.ILLE & V...... JET MULTIMED....

C ± RRDSR PDPT SIDIH QQSDIW FFFF IIPDWH URHDSV HDIV ILOG # ...... TDUW C.A.LOIRE AT ...... d LATECOERE #......

± PVDWQ QDWP RW QPIDRP FFFF WV TRPDVR FFFF

IMECOM GROUP .. RDRI C.A.MORBIHAN.... L.D.C......

wi‚g‚ihs T yg„yf‚i

C IHPDWW HDUI VH SPRDUU FFFF TDVH RRDTI FFFF INFOSOURCES...... ISDUH C.A.DU NORD# .... LECTRA SYST......

C C

IWHDPQ RDQP TUDIH RRHDIS FFFF PUDVH IVPDQT IDTS

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ne se Cours releve´sa` 17 h 35

C PHPDWS QDIQ IHPDIH TTWDUQ FFFF ITDTH IHVDVW FFFF INTERCALL # ...... QHDWR C.A.PAS CAL...... LOUIS DREYFU.....

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JOLIEZ-REGOL...... UDSS CRCAM TOUR.P...d M6-METROPOLE ..

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C IDIV FFFF RR PVVDTP FFFF PDPI IRDSH IDQV JOLIEZ-REGOL...... d HDIV CROMETAL ...... d MEDASYS DIGI.....

C ± ± VSDPU RDHT UDIS RTDWH RDRI PDPI IRDSH FFFF RQDPS PVQDUH IDHS ADL PARTNER...... IQ LACIE GROUP...... DAPTA-MALLIN ...d MANITOU #......

C ± ± VHDTV FFFF PIDTW IRPDPV WDPU THDUS QWVDRW HDHV SPDSH QRRDQV RDSS AB SOFT...... IPDQH MEDIDEP #...... GROUPE J.C.D...... MANUTAN INTE...

C VSDPU HDIS SDVH QVDHS FFFF IQR VUVDWV FFFF IHS TVVDUS FFFF ALPHAMEDIA...... IQ MILLE AMIS #...... d DAUPHIN...... d MARC ORIAN ...... d

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± ± VVSDSR PDHQ UDSH RWDPH FFFF VU SUHDTV FFFF QWDWH PTIDUQ HDIQ ALTAMIR & CI...... IQS NATUREX...... DU PAREIL AU .....d MECATHERM # ....

C C ± ± IIDPV IDUI TP RHTDTW IDTR RV QIRDVT HDSP QSDWH PQSDRW HDPP APPLIGENE ON .... IDUP OLITEC ...... ENTRELEC CB...... MGI COUTIER ......

C C C ± WDQI HDUI HDVH SDPS QDWH WWDPH TSHDUI IDHP IQR VUVDWV HDHU ASTRA ...... IDRP OXIS INTL RG...... ENTREPRISE I...... MICHEL THIER.....

C ± ± STDRI IDHR IW IPRDTQ PDST QUDWH PRVDTI VDPW IPDPS VHDQS FFFF ATN...... VDTH PERFECT TECH..... ETAM DEVELOP... NAF-NAF # ......

C C C ± TIHDHR IDWH VDPI SQDVS HDIP IPVDSH VRPDWH HDUV PWDSH IWQDSI RDHT AVENIR TELEC...... WQ PHONE SYS.NE..... EUROPEENNE C... ALES GPE EX......

C C ± RHTDTW SDHV ITDUI IHWDTI HDTT RSDSH PWVDRT RDTI UHDIH RSWDVQ FFFF BELVEDERE...... TP PICOGIGA...... EUROP.EXTINC .... POCHET ...... d

C C C ± VPDSV HDUP IPQ VHTDVQ UDVW SPDWS QRUDQQ IDVQ URDPH RVTDUP IDHU BIODOME #...... IPDSW PROSODIE # ...... EXEL INDUSTR .... RADIALL #......

C C ± PWIDWH IDIR QSDWH PQSDRW SDSW QPDWH PISDVI FFFF TS RPTDQU HDPQ BVRP EX DT S...... RRDSH PROLOGUE SOF.... EXPAND S.A...... RALLYE(CATHI......

C ± SIDUT RDPQ RDPS PUDVV PDHU IQH VSPDUR FFFF RPDRT PUVDSP FFFF CAC SYSTEMES .... UDVW QUANTEL ...... FACTOREM...... d REYNOLDS...... d

C IHWDWR WDWU RV QIRDVT FFFF IR WIDVQ FFFF PPDSH IRUDSW FFFF CEREP ...... ITDUT R2I SANTE ...... FAIVELEY #...... RUBIS #......

C C C RDQQ RDUT RHDSH PTSDTT FFFF SDPS QRDRR RDUW IIIDQH UQHDHV HDPU CHEMUNEX #...... HDTT RADOUX INTL ...... FINACOR ...... SABATE SA #......

C PQPDVT IDRQ PI IQUDUS FFFF IIQ URIDPQ FFFF UQDTH RVPDUV FFFF COIL...... QSDSH RECIF #...... FINATIS(EX.L...... d SEGUIN MOREA...

C ± ± ITVDSV RDHQ PIDWH IRQDTS RDPW IWH IPRTDQP FFFF IQS VVSDSR PDVI CRYO INTERAC .... PSDUH REPONSE #...... FININFO ...... d SIDERGIE ......

C ± ± PQTDVU PDRI WDRS TIDWW FFFF RQ PVPDHT PDWQ PUDVH IVPDQT RDHV CYBER PRES.P...... QTDII REGINA RUBEN.... FLO (GROUPE)..... SIPAREX (LY) ......

C C ± TRDIS IDPI PHDVW IQUDHQ RDUI TQDVH RIVDSH FFFF TP RHTDTW QDIT PI IQUDUS FFFF CYRANO # ...... WDUV SAVEURS DE F ...... ARKOPHARMA #... FOCAL (GROUP.... SOCAMEL-RESC....d

C C C

±

VUDIV HDQH IQDQH VUDPR IDSQ WPDSH THTDUT HDSR UWDIH SIVDVT HDIQ VDIP SQDPT FFFF

DESK # ...... IQDPW SILICOMP # ...... SECOND ASSUR.BQ.POP ..... FRAIKIN 2# ...... SPORT ELEC S...... d

VDRT FFFF IHVDVH UIQDTV FFFF QUDVI PRVDHP FFFF RIDVH PURDIW FFFF IUDSW IISDQV FFFF DESK BS 98 ...... d IDPW SERP RECYCLA .....d ASSYSTEM # ...... d GAUTIER FRAN.... STALLERGENES....d

C ± ± ______TTDWU PDUT RPDSH PUVDUV HDSV PPH IRRQDII FFFF IDPS VDPH FFFF RU QHVDQH HDIQ DMS # ...... IHDPI SOI TEC SILI ...... BENETEAU CA# .... GEL 2000 ...... d STEF-TFE #......

± ±

RPDTR PDSS PQDWW ISUDQT IDPV SDTH QTDUQ FFFF QUDSH PRSDWV FFFF PDRH ISDUR FFFF

DURAND ALLIZ.... TDSH STACI #...... ´ BISC. GARDEI...... d GENERALE LOC ...d SUPERVOX (B) ...... d

C C ± ± SDHT HDQU SWWDSR HDTV RDRT IDRS SWDHS QVUDQR IDRP TV RRTDHS SU QUQDWH FFFF DURAN DUBOI..... WIDRH STELAX ...... MARCHE BOIRON (LY)#...... GEODIS...... SYLEA......

± ± WQDIS SDQQ ISDUH IHPDWW IDVV QIDPQ PHRDVT FFFF HDWR TDIU FFFF IRDUW WUDHP FFFF EFFIK #...... IRDPH SYNELEC #...... BOISSET (LY) ...... d G.E.P PASQUI...... d TOUPARGEL (L.....d

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ti hs U yg„yf‚i

± ± ± ± RTPDRS HDRP PR ISUDRQ WDRQ ITDQI IHTDWW RDTP USDVH RWUDPP HDPT STDQH QTWDQH FFFF EUROFINS SCI...... UHDSH THERMATECH I.... BONDUELLE...... GFI INFORMAT.... TRIGANO ......

C C ±

SWDUT IDPP IPR VIQDQW TDWH T QWDQT FFFF TTDWH RQVDVR FFFF IQQDTH VUTDQT HDVP

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C ± WHRDST IDRH IHIDVH TTUDUT FFFF TR RIWDVI IDSR PQDTQ ISS FFFF PP IRRDQI FFFF EUROPSTAT #...... IQUDWH TITUS INTER...... d BRICE...... GPRI FINANCI .....d VIEL ET CIE ......

C C ± VQDHR IDPV QH IWTDUW IDTR STDIH QTUDWW FFFF SIHH QQRSQDVI FFFF VPDUS SRPDVH HDHT FABMASTER # ...... IPDTT TRANSGENE # ...... BRICORAMA # ...... GRAND MARNIE..d VILMOR.CLAUS ....

Cours Cours % Var. C C ± SVWDHS PDHS IS WVDQW RDWH WHDHS SWHDTW HDWR SQ QRUDTT FFFF SIDWS QRHDUU FFFF

FI SYSTEM #...... VWDVH TR SERVICES...... BRIOCHE PASQ .... GROUPE BOURB..d VIRBAC...... d

Valeurs f en ¤uros en francs veille

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C ± ± QPUDWV FFFF WDIH SWDTW PDIS SH QPUDWV FFFF QP PHWDWI HDUW QHDSH PHHDHU HDRT QTDSH PQWDRP FFFF GENERIX # ...... SH WESTERN TELE .... ADA...... d CDA-CIE DES...... GUY DEGRENNE.. AFIBEL ...... d

C IPIDPW HDRW WU TQTDPV FFFF RV QIRDVT FFFF TH QWQDSU FFFF QUDVT PRVDQS FFFF GENESYS # ...... IVDRW ...... AIGLE # ...... CEGEDIM #...... GUYOMARC H N..d ARFEO (NS)# ...... d

C C ± PQVDII PDII VP SQUDVV FFFF IHRDVH TVUDRR PDVU IHR TVPDPH PDWU QVDSH PSPDSR FFFF GENSET...... QTDQH ...... ALGECO #...... CERG-FINANCE.... HERMES INTL...... ALAIN MANOUK...d

C IIVDHU FFFF IIQ URIDPQ PDPT SQ QRUDTT FFFF IITDUH UTSDSH FFFF UWDSS SPIDVI FFFF GROUPE D # ...... IV ...... APRIL S.A.#( ...... CGBI...... HYPARLO #(LY ..... BQUE TARNEAU...d

´ IRTIDPV HTGIH IWIDIQ IPSQDUQ HTGIH IWRDHI IPUPDTP HSGIH

Sicav en ligne : ORACTION...... PPPDUU ACTILION DYNAMIQUE D * . KALEı¨SEQUILIBRE C ......

´ ´ IWHDWW IPSPDVI HSGIH IIQVDPP HTGIH IVHDQV IIVQDPP HTGIH REVENU-VERT ...... IUQDSP ACTILION EQUILIBRE C *..... KALEIS EQUILIBRE D......

08 36 68 09 00 (2,23 F/mn) ´ ´ ´ IIVPDRQ HSGIH ´ ´ ´ IVHDPT IUTDWI IITHDRS HTGIH IPHDUH HSGIH SEVEA ...... IVDRH ACTILION EQUILIBRE D * .... KALEı¨SSERENITE C......

SICAV ´ RQVDUU HTGIH TTDVW ´ ´ ´ ´ IISWDVH HSGIH ´ IUTDVI ITUDWU IIHIDVI HTGIH PHHTVDUR HTGIH ECUR. ACT. FUT.D PEA...... SYNTHESIS ...... QHSWDRT ACTILION PEA EQUILIBRE *. KALEIS SERENITE D ......

´ IUDPU IIQDPV HSGIH PQDWI ISTDVR HSGIH ITVDQH IIHQDWV HTGIH QUIDPI HTGIH ECUR. ACTIONS EUROP. C ... UNIVERS ACTIONS ...... STDSW ACTILION PRUDENCE C *.... LATITUDE C ......

´ RHDRR PTSDPU HTGIH PHDVP IQTDSU HSGIH IHVPDPH HTGIH ECUR. CAPITALISATION C.... ´ ITRDWV IPIIDWS HTGIH MONE ASSOCIATIONS...... IVRDUT ACTILION PRUDENCE D * ... LATITUDE D......

´ QHIDRV HSGIH FCP + RSDWT IHIDWI TTVDRW HTGIH TIQDTS HTGIH ECUR. DYNAMIQUE DPEA WQDSS IQHWDHQ HTGIH UNIVAR C ...... IWWDST LION ACTION EURO ...... OBLITYS D......

´ ´ PVWDVU HSGIH RRDIW ´ PVRDIT HSGIH ECUR. ENERGIE D PEA...... RQDQP WQDQH TIPDHI HTGIH IIWVDPR HTGIH

UNIVAR D...... IVPDTU LION PEA EURO...... PLENITUDE D PEA ......

´ IQSVSDVQ VWIIUDPH HTGIH ne se le™tionF ISVRPDPI HTGIH ECUR. EXPANSION C...... PRISDIQ PRVDWR HTGIH UNIVERS-OBLIGATIONS ...... QUDWS POSTE GESTION C ......

´ QWDHQ PSTDHP HSGIH IRVITDTW HTGIH ECUR. EXPANSIONPLUS C.... POSTE GESTION D...... PPSVDUW

´ Fonds communs de placements QRSDHQ HTGIH

SPDTH ` RQIUHDIU HSGIH

Cours de cloˆ ture le 6 octobre ECUR. INVESTIS. D PEA...... POSTE PREMIERE SI...... TSVIDPS

IVRVDQT QHGHW

´ ´ INDOCAM VAL. RESTR...... PVIDUV PHWDIP IQUIDUR HTGIH

IRHDUU HTGIH PIDRT ` PSSRVSDUR HTGIH

EC. MONET.C/10 30/11/98...... CM EURO PEA...... POSTE PREMIERE 1 AN...... QVWRVDSS

PUWDSH HIGIH

´ ´ MASTER ACTIONS ...... RPDTI IVVDTS IPQUDRT HTGIH

PPWDHT HTGIH QRDWP ` SRQTSDSV HTGIH

EC. MONET.D/10 30/11/98...... CM FRANCE ACTIONS ...... POSTE PREMIERE 2-3...... VPVUDWV

IVPDVP HIGIH

e ´ MASTER OBLIGATIONS ...... PUDVU

IHSIDRQ HSGIH Valeurs unitaires Date ITHDPW

PVDUU IVVDUP HTGIH SIQVDII HTGIH

E´metteurs f ECUR. OBLIG. INTERNAT. C. CM MID. ACT. FRANCE...... REVENUS TRIMESTR. D ...... UVQDQH

IQIDIQ HRGIH

¤ ee ´ OPTALIS DYNAMIQ. C ...... IWDWW IVQSDPR HTGIH

uros francs cours PUWDUV PPSSDQI HTGIH QRQDVP ´ IHWSDTR HTGIH

ECUR. TRIMESTRIEL D...... CM MONDE ACTIONS...... THESORA C ...... ITUDHQ

IPUDTS HRGIH

´ OPTALIS DYNAMIQ. D...... IWDRT PVDRS IVTDTP HSGIH

TTUDRR HTGIH IHIDUS ´ WRRDIP HTGIH EPARCOURT-SICAV D...... IRQDWQ

´ CM OBLIG. LONG TERME.... THESORA D...... IPPDVT HRGIH

AGIPI ´ OPTALIS EQUILIB. C ...... IVDUQ PHWHDVS IQUISDHV HSGIH

IWTDQW HTGIH PWDWR ´ PVSVQSDTW HTGIH GEOPTIM C ...... RQSUSDQU

´ CM OPTION DYNAM...... TRESORYS C...... IIUDPP HRGIH

OPTALIS EQUILIB. D...... IUDVU

QPQPDRW HTGIH

RWPDUW ´ QPIDTP HTGIH QSUDTH PQRSDUH HTGIH HORIZON C...... RWDHQ ITVDIP HTGIH

AGIPI AMBITION (AXA) ...... PSDTQ CM OPTION EQUIL...... SOLSTICE D......

IIVDHU HRGIH

´ ´ OPTALIS EXPANSION C ...... IV ISDIS WWDQV HSGIH

WVTDUT HTGIH PREVOYANCE ECUR. D...... ISHDRQ

FFFF PWGHW

AGIPI ACTIONS (AXA)...... FFFF CM OBLIG. COURT TERME .. Fonds communs de placements IIUDSS HRGIH

OPTALIS EXPANSION D...... IUDWP

PHIHDWH HTGIH

Fonds communs de placements CM OBLIG. MOYEN TERME . QHTDST

SRHDUU HSGIH ´ ´ ´ VPDRR IIIDQV HRGIH

OPTALIS SERENITE C...... ITDWV POSTE EUROPE C......

IHTQDSH HTGIH

´ ´ CM OBLIG. QUATRE...... ITPDIQ PQRDWT HTGIH

3615 BNP QSDVP SPQDQW HSGIH ECUR. EQUILIBRE C ...... ´ ´ ´ UWDUW IHRDIH HRGIH

OPTALIS SERENITE D ...... ISDVU POSTE EUROPE D ......

´ PIPDIR HSGIH

ECUR. PRUDENCE C...... QPDQR ` IISQDHR HTGIH Fonds communs de placements IUSDUV SIWDSP HSGIH

PACTE SOL. LOGEM...... UWDPH POSTE PREMIERE 8 ANS C...

USPDRS HTGIH IIRDUI ´ ´ PTTDWI HSGIH

BNP ACTIONS EURO...... ECUR. VITALITE C...... RHDTW ` IIIQDRP HTGIH

´ ITWDUR IUDTU IISDWI HTGIH SQRDUR HSGIH

PACTE VERT T. MONDE...... VIDSP CM OPTION MODERATION . POSTE PREMIERE 8 ANS D...

IHQRDQI HTGIH BNP ACTIONS FRANCE...... ISUDTV

LCF E. DE ROTHSCHILD BANQUE SG ASSET MANAGEMENT TWWDIV HTGIH

BNP ACT. MIDCAP EURO..... IHTDSW ´

CREDIT AGRICOLE CIC BANQUES Serveur vocal : QWDVW PTIDTT HTGIH SSVDHW PVGHW BNP ACT. MIDCAP FR...... ASIE 2000...... VSDHV

08 36 68 56 55 (2,23 F/mn) ´ 08 36 68 36 62 (2,23 F/mn) QPTQDIR PIRHRDVH PVGHW IURDWW IIRUDVT HTGIH PPIDWV QHGHW

BNP ACTIONS MONDE...... FRANCIC...... QQDVR SAINT-HONORE CAPITAL ....

´ PUSDWH HTGIH

ATOUT AMERIQUE ...... RPDHT ´ ´ TSDPV RPVDPI PVGHW ISVDWH IHRPDQP HTGIH QHDTS PHIDHS PWGHW IPQRDSV HTGIH

BNP ACTIONS PEA EURO..... IVVDPI FRANCIC PIERRE...... ST-HONORE MAR. EMER. .... CADENCE 1 D......

IRIDUS HTGIH

ATOUT ASIE...... PIDTI ´ IPPDPQ VHIDUV PVGHW

IHQIDST HTGIH ´ ISUDPT QIWDSP PWGHW ´ RVDUI IVVDUV HTGIH

BNP EP. PATRIMOINE...... PVDUV EUROPE REGIONS...... ST-HONORE PACIFIQUE ...... CADENCE 2 D......

PPRHDTV HTGIH

ATOUT CROISSANCE...... QRIDSW ´ ´

QHIDHT IWURDVP PVGHW IHIWDVP HTGIH

´ ST-HONORE VIE SANTE ...... CADENCE 3 D...... ISSDRU PHWDSV HTGIH

BNP EPARGNE RETRAITE .... QIDWS

PHHTDTR HTGIH

ATOUT FONCIER...... QHSDWI

QQPDHS HTGIH

´ INTEROBLIG C ...... SHDTP ISIIVDSH HTGIH

BNP MONE COURT TERME . PQHRDVH CIC PARIS

IPSQDVH HTGIH

ATOUT FRANCE EUROPE ..... IWIDIR ´ SIPDVW HTGIH

´ INTERSELECTION FR. D...... UVDIW SUPWDUP HTGIH

BNP MONETAIRE C...... VUQDRW LEGAL & GENERAL BANK

QHRDQT HTGIH

ATOUT FRANCE MONDE...... RTDRH ´ ´ IVIDII IIVV HTGIH

IIHSDVI PWGHW

´ ASSOCIC ...... ITVDSV SELECT DEFENSIF C...... SPUQDWT HTGIH

BNP MONETAIRE D ...... VHRDHI

IPVWDVU HTGIH

ATOUT FUTUR C ...... IWTDTR ´

PQUDIR ISSSDSR HTGIH

TUIDUU QHGHW

AURECIC...... IHPDRI ´ SELECT DYNAMIQUE C ...... IWPVDHS HTGIH

´ PWQDWQ VQQRSDHR HTGIH

BNP MONE PLACEMENT C.. IPUHSDVU SECURITAUX ......

IIWTDIR HTGIH

ATOUT FUTUR D...... IVPDQS ´ ´ ITQDRI IHUIDWH HTGIH

PHUDQS PWGHW

CICAMONDE...... QIDTI ´ SELECT EQUILIBRE 2...... IQPHDUU HSGIH

´ PHIDQS

UTIVPDHT HTGIH

BNP MONE PLACEMENT D.. IITIQDVV ´ STRATEGIE IND. EUROPE .... TRQDHQ HTGIH

ATOUT SELECTION ...... WVDHQ ´ ITHDRU IHSPDTI HTGIH

RVWDVU QHGHW

CONVERTICIC...... URDTV ´ SELECT PEA 3...... PHWWDQP HSGIH

´ ´ ´ STRATEGIE RENDEMENT .... QPHDHR IUVPDPS IITWHDUW HTGIH

PHVPDPU HTGIH

BNP MONE SECURITE ...... COEXIS ...... QIUDRR RRHDUV PVWIDQQ HTGIH

PHUVDQQ QHGHW QITDVR SG FRANCE OPPORT. C......

´ ´ ECOCIC......

WRQPRVDIW HTGIH IRQUWUDPT ` PUUTDPI HTGIH

BNP MONE TRESORIE ...... DIEZE ...... RPQDPQ

RIRDQU PUIVDHW HTGIH

SPHTDTT PWGHW

EPARCIC ...... UWQDUS Sicav Info Poste : SG FRANCE OPPORT. D ......

SQSDVS QSIRDWS HTGIH

IHVUDHS HSGIH

BNP OBLIG. CT ...... ITSDUP EURODYN......

QPIHDHT HTGIH

SOGENFRANCE C...... RVWDQU WTHUDPV PWGHW

MENSUELCIC...... IRTRDTP 08 36 68 50 10 (2,23 F/mn)

IIPDHP UQRDVH HSGIH

PPSDIW PWGHW

QRDQQ INDICIA EUROLAND...... PWHPDRI HTGIH

BNP OBLIG. LT...... SOGENFRANCE D...... RRPDRU RQHV PWGHW

OBLICIC MONDIAL...... TSTDUS ´ PSDIS ITRDWU HTGIH

PUHQDHU HSGIH

INDICIA FRANCE...... RIPDHV AMPLITUDE AMERIQUE C ... IUWDIU IIUSDPV PWGHW TTVDPW HTGIH

BNP OBLIG. MONDE...... SOGEOBLIG C...... IHIDVV IISTDTS PWGHW

OBLICIC Re´GIONS ...... IUTDQQ ´ PRDWQ ITQDSQ HTGIH

ITHUDHQ HTGIH

INDOCAM CONVERT. C...... PRRDWW AMPLITUDE AMERIQUE D... ´ WPUDPH PWGHW RTDIW QHPDWW HTGIH

BNP OBLIG. MT C...... IRIDQS SOGEPARGNE D...... ITHDQP PWGHW

RENTACIC...... PRDRR

QRDWS PPWDPT HTGIH

IRPHDTU HTGIH

INDOCAM CONVERT. D ...... PITDSV AMPLITUDE EUROPE C......

PRRDWQ ITHTDTR HTGIH

VVPDUW PWGHW

IQRDSV SOGEPEA EUROPE...... PQWTDPI PWGHW

BNP OBLIG. MT D...... SECURICIC...... QTSDQH

QRDIR PPQDWR HTGIH

IIURRDWI HSGIH

INDOCAM EUR. NOUV...... IUWHDSH AMPLITUDE EUROPE D ......

TUDST RRQDIT HTGIH

IHUVDPT PWGHW ITRDQV SOGINTER C...... PITSDSV PWGHW

BNP OBLIG. REVENUS ...... SECURICIC D ...... QQHDIR

PQWDWH ISUQDTR HTGIH IIVSDSI HTGIH

INDOCAM HOR. EUR. C ...... IVHDUQ AMPLITUDE MONDE C......

IIHHDTQ HSGIH

BNP OBLIG. SPREADS...... ITUDUW Fonds communs de placements PIWDUR IRRIDRH HTGIH

IHRTDQP HTGIH

ISWDSI AMPLITUDE MONDE D ......

´ INDOCAM HOR. EUR. D...... IIWPRDSI HRGIH

IVIUDVV ´ IHRDRW HRGIH

BNP OBLIG. TRESOR...... DECLIC ACTIONS EURO...... ISDWQ

PRDIS ISVDRI HTGIH WUSDRU HTGIH

INDOCAM MULTI OBLIG...... IRVDUI AMPLITUDE PACIFIQUE C ...

WIPDVQ HTGIH IQWDIT ´ QPWDVV HRGIH

BNP SECT. IMMOBILIER ...... DECLIC ACTIONS FRANC ..... SHDPW

PQDVH ISTDIP HTGIH PQPDHV PWGHW

INDOCAM ORIENT C...... QSDQV AMPLITUDE PACIFIQUE D...

THITDSH HTGIH

LION 20000 C/3 11/06/99 ...... WIUDPI ´

PSVDIP HRGIH

´ DECLIC ACTIONS INTER...... QWDQS RQDVH PVUDQI HTGIH PHUDHP PWGHW

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SRVUDUR HTGIH

LION 20000 D/3 11/06/99 ...... VQTDTH ´ QRUDHU HRGIH

´ DECLIC BOURSE PEA ...... SPDWI IHUDRQ UHRDTW HTGIH IPSTDTP HTGIH

INDOCAM UNIJAPON...... IWIDSU ELANCIEL EURO D PEA......

IHWSDTR HTGIH

ITUDHQ ´ ´

IHRDPQ HRGIH

SICAV 5000 ...... ´ DECLIC BOURSE EQUILIBRE ISDVW QPDQW PIPDRT HTGIH PHRWDWQ HTGIH

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IWHWDRQ HTGIH

PWIDHW ´ IIQDQS HRGIH

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IPIVDTR HRGIH

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IPSDSS HTGIH ´ IWDIR IPSUWDIT HTGIH

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27 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999

SPORTS Le XV de France devait af- RENCONTRE, les Bleus sont privés de parateur physique de l’équipe, affirme b LA NAMIBIE compte sur l’expérience fronter, vendredi 8 octobre, à Bor- leur attaquant vedette Thomas Castai- que le rugby français n’a pas encore de Riaan Jantjies, trente-quatre ans, deaux, l’équipe de Namibie, à l’occa- gnède, qui s’est blessé le 5 octobre lors réussi sa mutation vers le profession- pour éviter une nouvelle défaite sion de son deuxième match de Coupe d’un entraînement. b DANS UN ENTRE- nalisme et que les joueurs en paient après la correction subie face aux du monde (poule C). b POUR CETTE TIEN AU MONDE, Max Godemet, le pré- physiquement les conséquences. Fidjiens (18-67). La blessure de Thomas Castaignède réveille les maux du rugby français Dans un entretien au « Monde », à la veille du match contre la Namibie, vendredi 8 octobre, à Bordeaux, le préparateur physique du XV de France revient sur la blessure de l’ouvreur castrais et s’interroge sur les conditions de la mutation du rugby français vers le professionnalisme TOULOUSE bie, un adversaire moins réputé, ce de notre envoyé spécial qui pourrait expliquer qu’il se soit Au lendemain de l’accident de légèrement tordu la cheville mer- Thomas Castaignède, victime, mar- credi. Cela peut arriver à un joueur di 5 octobre, d’une élongation à la qui n’a pas été retenu : a-t-il la cuisse droite, dont les consé- même concentration que lorsqu’il quences ne devraient pas être sait qu’il va jouer ? Quand à cette connues avant un ultime examen lourde préparation, elle aura au conduit jeudi dans la soirée, Max moins eu le mérite de démontrer Godemet, préparateur physique du que, si on travaille, on progresse. Et XV de France, revient la préparation la sensation de progresser apporte musculaire des Français avant la de la confiance aux joueurs. Coupe du monde. – Les rugbymen français ont- « Dans quelles conditions a eu ils achevé leur mutation de son qui a démarré depuis long- lieu l’accident de Thomas Cas- joueurs professionnels ? temps, au mois d’août 1998. Après taignède ? – Ils sont en route. Ce n’est pas la Coupe du monde, il connaîtront – Il s’est produit lors d’une séance que les joueurs, c’est un tout. La un phénomène de décompression, d’entraînement mardi après-midi, question, c’est plutôt : “Le rugby ils passeront par une phase de soit trois jours après le match français a-t-il réussi sa mutation ?” chute qu’ils devront gérer au mieux. contre le Canada. Le dimanche Quand on voit qu’on organise en- On ne peut pas couper comme cela. avait été consacré à la récupération core des compétitions qui vont du- – Les joueurs français sont-ils et le lundi après-midi à un rappel rer toute une saison, que l’on conscient des impératifs de ré-

aérobie. Mardi matin, Thomas a été AFP cherche à tout prix à organiser des cupération ? soumis à une séance de muscula- Les rugbymen français à l’entraînement mercredi, à deux jours du match contre la Namibie. matches parce que les matches font – Il faut parfois se fâcher pour les tion, comme tous les autres trois- rentrer de l’argent... Pourtant, si on obliger à faire la sieste ou à se cou- quarts de l’équipe de France. chance”, comme dit Thomas jambiers, ce n’est pas vraiment Aujourd’hui, ce qui souffre le plus, veut garder un rugby de qualité, on cher tôt le soir et se lever tôt. Nous L’après-midi était prévue une oppo- Castaignède ? courant dans le rugby d’au- ce sont les genoux, notamment les ne pourra pas échapper au trip- avons été obligés d’imposer des sition à quinze contre quinze. Tho- – Tout à fait. Le fait de trouver jourd’hui ? ligaments croisés, et les épaules. tyque “je m’entraîne, je joue, je ré- règles très précises pour des gar- mas se sentait très bien. C’est un ces espaces, d’apporter une impul- – Il est vrai qu’on rencontrait plus – Depuis la fin des stages de cupère”. çons qui ne vivaient pas forcément joueur qui aime beaucoup courir sion à l’attaque depuis le poste souvent ce type de blessure autre- préparation, plusieurs joueurs – Justement, les internatio- à ce rythme-là. avec le ballon, il a mis deux ou trois d’arrière le rendait assez eupho- fois sur des garçons très toniques, ont subi des petites blessures. naux qui sont partis en tournée – En dehors de ces tracas, quel accélérations de grande qualité qui, rique. Pour lui, c’était presque insuffisamment préparés. En géné- Est-ce le signe qu’ils ont du mal à cet été n’ont eu qu’un mois de est l’état de forme général du après le travail du matin, ont cer- l’ivresse des grands espaces. C’est ral, un trois-quart multiplie les ac- digérer la longue préparation vacances. Est-ce suffisant ? groupe des trente ? tainement causé une fatigue au ni- un peu un péché de gourmandise. tions très courtes, les courses très d’avant Coupe du monde ? – Ils n’ont pas eu un mois, plutôt – Du point de vue de la condition veau des muscles ischio-jambiers. A Cela s’est passé comme s’il voulait rapides. A l’époque, les ischio-jam- – Je ne sais pas. Cela peut-être lié quinze jours, car avant de rejoindre physique générale, nous y sommes. un moment, il a ressenti un petit se tester et se rassurer sur ses possi- biers n’étaient pas trop étirés par à un problème de motivation. Elle le premier stage, à Millau, ils Dans le domaine du jeu, on n’est avertissement comme les trois- bilités. Il avait trouvé ses marques à les joueurs, alors qu’aujourd’hui ils était extrême chez tous les joueurs avaient un programme individuel pas encore au top de la forme. J’es- quarts en ont souvent. Il n’a pas ju- l’arrière. Il n’avait aucun problème les travaillent beaucoup. Tous les avant le match contre le Canada. de trois semaines de travail. Moi, je père qu’on y sera pour les quarts de gé cela très important. Il a fait une dans la tête à ce moment. Il ne se grands trois-quarts centres des an- Pour quelqu’un comme Christophe me pose plutôt la question de sa- finale. » quatrième accélération et c’est là rendait pas compte qu’il pouvait nées 60 ou 70 ont connu ces bles- Dominici, cela s’est bien passé. voir comment ils vont être après la qu’il a senti sa douleur. être victime de ce genre de fatigue. sures. Du fait des préparations ac- Mais peut-être s’est-il relâché avant Coupe du monde. Ils ont fait tout ce Propos recueillis par – Est-ce la “faute à pas de – Une élongation aux ischio- tuelles, c’est devenu assez rare. d’aborder le match contre la Nami- travail dans la continuité d’une sai- Eric Collier L’après-midi est en train de perdre le match des horaires Le demi de mêlée namibien Riaan Jantjies TOULOUSE casionnés par l’obscurité sont minimes. « La rosée du de notre envoyé spécial soir peut rendre le ballon glissant mais ce n’est rien à côté Le rugby à l’horaire du football. En affrontant la Na- d’une bonne pluie, note l’ouvreur Christophe Lamai- est le symbole d’une demi-ouverture raciale mibie à 21 heures, vendredi 8 octobre, à Bordeaux, le son. Quant à l’éclairage sur les ballons hauts, mieux vaut NARBONNE blic bordelais, comme celui de Bé- saï » a décroché sa première sélec- XV de France va déroger aux habitudes en vigueur l’éblouissement des projecteurs que celui du soleil car il de notre envoyé spécial ziers (Hérault), pourrait bien s’en- tion en 1992. Deux ans après l’in- dans le monde de l’ovale qui programment les ren- est moins violent. » Le buteur du XV de France, Richard Les koudous, ces antilopes dont thousiasmer pour ces joueurs dépendance du pays. Dans contres internationales en début d’après-midi. Il ne Dourthe, penche également en faveur de la lumière ar- ils portent le nom, ont beau être africains. Particulièrement pour le l’ancienne province sud-africaine s’agira toutefois pas d’une première pour les Bleus. Un tificielle : « Quand je tire une pénalité en plein jour, il plus grandes que les Springboks, les plus petit d’entre eux, Riaan Jant- qu’était la Namibie, où l’apartheid soir d’octobre 1989, au Parc des Princes, l’équipe de faut que je fasse abstraction des spectateurs qui se jies, qui, du haut de ses 1,54 m et était de rigueur, cette sélection était France s’était inclinée face aux Lions britanniques (27- trouvent derrière les tribunes, notamment ceux qui font PORTRAIT par sa rapidité en sortie de mêlées une première : métis, Riaan Jantjies 29) dans le cadre d’un match amical inscrit au pro- bouger leurs drapeaux. Alors que le soir, il est plus facile Le petit métis et sa vivacité, n’a eu de cesse, a été un des premiers « non gramme du bicentenaire de la Révolution française. de fixer sa concentration sur les poteaux car le fond est contre les Fidjiens, de relancer les blancs » retenus en équipe natio- L’idée de jouer en nocturne a, depuis, largement fait noir. » est un des neuf joueurs Koudous. nale. Fort de 84 matches sous le son chemin. Encouragées par la Ligue nationale de Programmé sur une chaîne privée (TF 1) à une « non blancs » « Nous sommes ici pour essayer de maillot bleu ciel à col rouge, le rugby qui a rendu obligatoire l’installation de projec- heure de grande écoute (21 heures), ce France-Nami- de la sélection africaine gagner, sinon ce n’était pas la peine doyen namibien est peu loquace teurs dans les stades, de plus en plus d’équipes de bie sera attentivement suivi par Bernard Lapasset. En de venir », fait valoir un Riaan Jant- sur ce sujet. l’élite renoncent au sacro-saint rendez-vous de cas d’Audimat performant, le président de la Fédéra- jies d’autant plus décidé à goûter à L’encadrement est en revanche 15 heures. Si les trésoriers des clubs se félicitent de re- tion française de rugby (FFR) pourrait proposer aux rugbymen namibiens n’arrivent pas cette Coupe du monde qu’à trente- prompt à assurer que la question cettes plus importantes, les joueurs ne cachent plus autres membres du Comité des six nations de fixer en encore à la hauteur de leurs voisins quatre ans le demi de mêlée sait raciale relève « du passé », comme leur préférence pour les matches en soirée. « Jouer en soirée les rencontres du Tournoi 2001. La FFR a déjà si- sud-africains. Pour son premier ren- qu’« il s’agit de [sa] dernière », le déclare Rudy Joubert, l’entraî- début d’après-midi nous oblige à déjeuner à 11 heures et gné un accord avec France Télévision pour la retrans- dez-vous mondial, face aux Fidji, le comme il le relève dans un sourire neur sud-africain, dont la nomina- nous prive de la sieste, qui est un moment important mission, en prime time, des tests-matches que dispu- XV namibien a été balayé après un découvrant l’absence de quelques tion, fin mai, a pourtant ponctué dans la vie d’un sportif de haut niveau. Sans compter que teront les Bleus contre l’Australie et la quart d’heure de jeu (18-67). Ven- dents. Jouant au rugby depuis l’âge une bataille politico-sportive aux cela nous éloigne de notre petite famille le dimanche », Nouvelle-Zélande à l’automne 2000. dredi 8 octobre, à Bordeaux, il y a de sept ans, cet amateur – il tra- fondements raciaux. En avril, sept confie le pilier et jeune papa Christian Califano. peu de chances pour qu’il fasse le vaille chez un brasseur – que ses clubs où évoluent Métis et Noirs D’un point de vue technique, les dérangements oc- Frédéric Potet poids contre la France. Mais le pu- partenaires surnomment « le bon- ont boycotté le championnat pour réclamer l’accès pour leurs joueurs à l’équipe nationale. La fédération L’Ecosse en panne s’est vu ordonner par le gouverne- ment d’inclure systématiquement de vrai public dans l’équipe nationale, sur le ter- rain, six joueurs « non blancs ». Jim Telfer, l’entraîneur écos- En juillet, un nouveau comité sais, a lancé un vibrant appel exécutif a été élu à la fédération, aux supporteurs de son équipe Dirk Conradie devenant le premier pour qu’ils viennent nombreux Noir à en prendre la présidence. Sur assister, vendredi 8 octobre, à la les trente sélectionnés du Mondial, probable victoire du XV du neuf sont des joueurs de couleur. Chardon sur l’Uruguay. Mercre- « Il n’y a pas de quotas, nous avons di, seulement un peu plus de sélectionné sur le mérite », plaide 10 000 billets avaient été vendus, l’encadrement namibien, soucieux alors que Murrayfield compte d’offrir un visage uni à la faveur du près de 70 000 places. L’Ecosse Mondial. Mais, de retour au pays, il serait-elle à la recherche de restera encore beaucoup à faire l’ambiance ? La question se dans le rugby de tous les jours. pose après un mini-scandale – « une tempête dans un verre de Philippe Le Cœur thé », pour Graham Law, le porte-parole de l’équipe – re- layé par la presse : dimanche 3 octobre, pendant Afrique du Sud-Ecosse, la Scottish Rugby Union (SRU) a diffusé par haut- parleurs de fausses acclama- tions préenregistrées. « Serions- nous à l’époque du rugby vir- tuel ? », s’est inquiété Ian Bell, chroniqueur du quotidien écos- sais Scotsman. Du coup, même si les tribunes de Murrayfield risquent de paraître clairse- mées, vendredi, la SRU devrait faire taire ses supporteurs fan- tômes. LeMonde Job: WMQ0810--0028-0 WAS LMQ0810-28 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 10:52 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0549 Lcp: 700 CMYK

28 / LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 AUJOURD’HUI-STYLES

PRÊT-À-PORTER ÉTÉ 2000 Eloge de l’inachevé Tissus déchirés main, toiles coupées à vif... C’est le nouveau chic, désinvolte et naïf, présenté dans une piscine ou un gymnase nuancier délicat (vieux rose, ivoire, céladon...), ponctué de noir. Chez cette constructiviste de la mode, la robe est traitée comme un tableau dans des à-plats géométriques. En satin de soie ou en coton froissé, le trench trace une silhouette déci- dée et s’affiche ici et ailleurs, comme l’indispensable des gibou- lées 2000. A quelques mètres de là, le cinquième étage du Musée des arts décoratifs brillait d’un par- terre mondain pour l’inauguration en grande pompe de l’exposition du décorateur français Jean Royère, parrainée par Gucci. Du pain bénit pour les photographes people comblés par la présence conjointe de Tom Ford, Domenico De Sole et François Pinault.

HUMOUR CHEZ GIVENCHY Parmi les manifestations remar- quées de cette semaine de mode, on comptait aussi le « relookage » des Galeries Lafayette par le pho- tographe David LaChapelle. Une esthétique maximaliste que semble apprécier Emanuel Unga- ro, dont le défilé explosait de cou- leurs. A coups de rose shocking, de bleu curaçao ou de jaune fluo, le couturier délaisse les influences ethniques de ses dernières collec- tions pour un « slick chic » (chic brillant). Sur fond de Donna Sum- mer, le jean neige élastiss amorçait son retour, enrichi de strass bro- dés. Sûre d’elle, la femme Ungaro accessoirise sa panoplie avec des escarpins à talons strass, des po- chettes et des pendants d’oreille géants. Elle semble parée pour un Jeux de lignes et découpes cocktail à Las Vegas dans des tee- C’EST dans le décor insolite efficaces dans la collection shirts « zodiaque », des triangles d’une piscine de la rue Oberkampf de Martine Sitbon. de tulle rebrodé de pierreries et que le jeune couple anversois A.F. des caresses de mousselines impri- Vandevorst (An Vandevorst et Fi- Etoffes et couleurs tendres illus- mées de palmiers. lip Arickx) a présenté sa quatrième traient la sensualité retenue de Présenté également au Carrou- collection, dans la soirée du mer- cette femme-enfant, à travers un sel du Louvre, le prêt-à-porter Gi- credi 6 octobre. Un des moments pull de laine tricoté de rubans rose venchy autour de la panoplie spor- forts de cette cinquième journée dragée, un devant de robe chair tive n’était pas dénué d’humour. de défilés. Arrivé dans l’obscurité, porté avec un pantalon ou des Pour l’occasion, le créateur mai- le public s’installait sur les bords paillettes à l’éclat atténué sous un son, Alexander McQueen, avait carrelé du bassin, où se prélas- voile de tulle. transformé l’endroit en gymnase. Feuilleté de tissus saient les mannequins. Sous l’effet Sous la nef de l’Union centrale S’avançant triomphantes jusqu’à jaune, noir ou blanc, toutes les dis- s’échappant d’une veste d’un lever du soleil artificiel, elles des Arts décoratifs, Martine Sitbon un podium à trois marches, ces ciplines étaient passées en revue, par Rei Kawakubo pour s’animaient peu à peu, le visage excellait dans ses lacérations athlètes de choc se laissaient ca- dans des shorts et des marcels en Comme des garçons. baigné d’une douce lumière. contrôlées, déclinées dans un resser par un vent artificiel. En filet, un pantalon de basket en cuir Photographies à pressions latérales ou cet éton- de Ling Fei nant manteau qui procède de l’as- semblage de losanges de cuir, à la façon d’un ballon de foot. b

Anne-Laure Quilleriet

Les elfes tendres de Comme des garçons

Après le défilé intimiste de mars dans son show-room de la place Vendôme, Rei Kawakubo pour Comme des garçons réunissait mardi 5 octobre au soir un parterre serré de deux cents personnes dans un atelier de la rue Richelieu. Des nymphettes au teint d’opale, le vi- sage caressé de boucles blondes, subliment les étonnants feuilletés d’étoffes s’échappant d’un dos, d’un revers ou d’une manche, comme des pétales de roses. Rei Kawakubo montre comment, au sortir d’un même bain de teinture, des tissus différents se dé- couvrent d’étranges nuances de ton. Dans ce ballet de chaussons, on entend juste le crépitement des flashes. Bousculant l’étoffe dans tous les sens, la créatrice japonaise force les coupes pour en tirer une nouvelle beauté. Après le défilé, les petites mains venues de To- Mini-short et coupe-vent kyo s’affairent dans les coulisses comme des petites fourmis et zippé d’Alexander McQueen rangent en un instant les trésors dans leurs boîtes. pour Givenchy. Giorgio Armani, fidèle à Paris, fidèle à lui-même « PARIS est une ville qui croit à la cord. En pleine apothéose finan- duire trop peut étouffer la créativi- grandeur de la mode, chose qui n’est cière, Giorgio Armani, âgé de té. « Il faut distinguer le fait pas vraie pour Milan », explique soixante-cinq ans – dont vingt-cinq d’éliminer, de rationaliser une Giorgio Armani. En dépit de ses de mode –, aurait le droit d’être garde-robe, et ne proposer rien. » déboires germanopratins, le créa- tenté par d’autres expressions. Giorgio Armani, lui, cherche teur italien, lui, croit à Paris autant N’a-t-il pas été producteur exécutif « une nouvelle façon d’être mo- qu’à la mode. Il le prouvait, lundi d’Il dolce cinema, le documentaire derne ». En accompagnant, par 4 octobre, en inaugurant le nou- de présenté à la exemple, les aspirations nouvelles veau décor du magasin qui porte dernière Mostra ? « Je ne m’interdis à la singularité par des manières son nom, au no 6 de la place Ven- pas de réaliser, un jour, dit-il, un inédites de coordonner les vête- dôme, et où logent les quatre bon film sur la mode, qui a été tant ments. Ou de mélanger les cou- lignes de sa griffe amirale. Conçus maltraitée par le cinéma ! » leurs, en les coulant dans des avec Claudio Silvestrin, l’architecte formes et des tissus spéciaux. transalpin épris de pureté qui créa, LES LIMITES DU MINIMALISME Même si l’actuel engouement pour sur l’avenue Montaigne, la bou- La haute couture avait elle aussi les accessoires lui paraît fabriqué, tique Calvin Klein – l’autre grand de quoi séduire ce perfectionniste. Giorgio Armani dynamise les siens du minimalisme –, ces 425 mètres Mais « telle qu’on la pratique au- – jusqu’ici étroitement liés au prêt- carrés intègrent la pierre grège qui jourd’hui pour faire vendre les par- à-porter – en leur dédiant un dé- habille, au dehors, le pré carré des fums et les accessoires, elle me pa- partement nouveau. Autres gages joailliers, mariant l’intérieur à l’ex- raît démodée : j’en conserve une de dynamisme, le lancement pro- térieur dans un souci d’harmonisa- approche beaucoup plus puriste », chain d’une ligne de maquillage et tion qui inspirera, bientôt, d’autres répond cet admirateur d’Yves d’un parfum. L’homme qui boutiques au même sigle. Des jeux Saint Laurent, non sans concéder contemple avec amertume les to- de lumière et des meubles en quelques regrets personnels : « J’ai cades médiatiques (« j’ai encore la ébène en complètent la bichromie commencé avec l’industrie. Au- pudeur de penser que les gens ap- luxueusement sobre, placée sous le jourd’hui, je me vois plus en mana- précient mon travail pour les vête- signe des volumes et des matières ger qu’en créatif. » ments, et non pour le show ») dé- pour mieux laisser parler ces Il y a vingt-cinq ans, Giorgio Ar- borde de vitalité pour le troisième coupes fluides et ces tons subtils mani inventait le minimalisme. A millénaire, mais n’en reste pas qui ont établi la griffe dans le l’heure où ses disciples – et co- moins proche de son animal em- monde. pieurs – ont érigé cet art de la li- blématique : l’aigle. « Un animal En 1998, le chiffre d’affaire du tote en bible universelle, l’homme qu’on ne peut pas rejoindre. » groupe a dépassé les 5 milliards de se dit comblé. Pour rectifier aussi- francs, dégageant des bénéfices re- tôt : « Il y a aussi des limites. » Ré- Jacques Brunel LeMonde Job: WMQ0810--0029-0 WAS LMQ0810-29 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 17:36 S.: 111,06-Cmp.:07,17, Base : LMQPAG 36Fap: 100 No: 0987 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI-SCIENCES LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 / 29

Des récifs artificiels pour reconstituer Une parodie de Nobel la faune marine en Languedoc-Roussillon pour célébrer l’insolite Des buses et des cubes de béton sont immergés au large pour attirer et fixer les poissons ou l’ignoble Simples bambous, carcasses de voitures, vieux poissons sont utilisés traditionnellement au Ja- nières années ont permis d’adapter le dispositif pneus ou véritables cathédrales de plastique, pon ou aux Etats-Unis. Dans le golfe d’Aigues- aux espèces locales, et un nouveau site est en d’acier et de ciment, tous les types de refuges à Mortes, plusieurs essais réalisés ces trente der- cours de création sur 14 kilomètres carrés. Des inventions loufoques sont récompensées MONTPELLIER JEUDI 30 SEPTEMBRE, la céré- qui a trouvé comment fabriquer un de notre correspondant monie annuelle des Nobel a bec de théière ne gouttant pas. Développer les espèces de pois- commencé avec l’attribution du Dans le domaine de la santé, un sons et d’invertébrés existantes, en prix de littérature à l’allemand Gün- couple d’Américains a été ré- ramener de nouvelles, et protéger ter Grass. Le même jour, à l’univer- compensé pour avoir inventé une les petits métiers de la pêche, tels sité américaine Harvard, une céré- table d’accouchement sur laquelle sont les objectifs de l’opération monie alternative mais moins la parturiente est attachée et qui se d’immersion de récifs artificiels qui médiatique récompensait les per- met à tourner à grande vitesse afin vient de débuter dans le golfe sonnes dont les travaux ou les ac- que la force centrifuge facilite l’ex- d’Aigues-Mortes, au large des sta- tions, principalement dans le do- pulsion du bébé. Le brevet en ques- tions du Grau-du-Roi, de La maine des sciences, « ne peuvent ou tion date, il est vrai, de 1965... Grande-Motte, de Carnon et de ne devraient pas être reproduits »... En chimie, c’est une invention Palavas. Sur 14 kilomètres carrés, Destinés à célébrer l’insolite, ces plus récente qui a décroché le prix. 109 buses et 25 modules de béton prix Ig Nobel – pour le jeu de mots Une société japonaise de détectives vont être jetés à l’eau, à un ou avec « ignoble » – ne se prennent privés vend ainsi aux Nippones deux milles des côtes, pour tenter évidemment pas au sérieux. Cepen- soupçonnant leurs époux d’adultère de créer de nouveaux « rochers » dant, si le jury ne commente pas deux vaporisateurs permettant de dans une zone sableuse où la res- son choix, on ne peut s’empêcher révéler d’invisibles traces de sperme source s’est sérieusement amenui- de voir des jugements moraux der- dans leurs sous-vêtements, partant sée ces dernières années. rière les décisions. du principe que le liquide séminal L’idée vient du Japon où le prin- Ainsi, en 1996, l’Ig Nobel de la peut se retrouver dans les urines cipe du récif artificiel existe depuis paix avait été décerné à Jacques jusqu’à deux heures après l’éjacula- plus de cent ans. On l’a d’abord Chirac pour avoir, l’année précé- tion. testé grâce à de simples bambous dente, « célébré le cinquantième an- La place manque pour donner la qui permettaient de fixer le pois- niversaire d’Hiroshima avec des es- liste complète de ces prix, mais on son. Aujourd’hui, ce sont de véri- sais de bombes atomiques dans le ne saurait passer sous silence le tables cathédrales sous-marines Pacifique »... Dans le même esprit, plus « ignoble » d’entre eux. Pour d’acier, de plastique ou de ciment, le prix de l’éducation scientifique a souligner, peut-être, que l’homme qui sont immergées. Les Etats-Unis été attribué cette année aux ne reculera jamais devant rien, les utilisent aussi depuis une tren- commissions d’éducation du Kan- l’Ig Nobel de la paix a été décerné à taine d’années, essentiellement en sas et du Colorado pour avoir de- deux Sud-Africains ayant commer- Floride. Tandis qu’en Espagne et mandé que les enfants ne croient cialisé un lance-flammes intégré à en Italie, il s’agit surtout d’instau- tour des doubles buses sur 27 kilo- mettent alors l’information aux d’une chaîne alimentaire. Mais plus aux théories de Darwin sur une voiture. Introduite sur le mar- rer une protection contre le chalu- mètres carrés. Outre des inverté- prud’homies voisines du Grau-du- trois ans devraient être nécessaires l’évolution, à celles de Newton sur ché en novembre 1998, dans un tage. brés (huîtres, moules, poulpes, ho- Roi et de Palavas. Ces communes pour que la plupart des espèces la gravitation ou à celles de Pasteur pays où 13 000 attaques d’automo- En Languedoc-Roussillon, la mards, oursins, étrilles, etc.), on obtiennent à leur tour des conces- soient en place, et cinq ans pour sur les microbes. bilistes ont été enregistrées en 1997, première expérience de ce type a constate bientôt la présence régu- sions. D’où l’expérience qui dé- que la colonisation arrive à terme. cette « option », installée sous les eu lieu en 1968 au large de Palavas. lière de 31 espèces de poissons marre ces jours-ci. Il s’agit cette Reste à savoir comment évolue- LA THÉIÈRE SANS GOUTTES portières avant, vaporise, sur un Des carcasses de voitures, des dont certaines, comme les loups, fois de mettre à l’eau des amas ront les structures immergées. La cuvée 1999, neuvième du nom, agresseur éventuel, un gaz liquéfié vieux pneus et des blocs de béton les sars et les congres, sont, à l’évi- chaotiques composés d’un mé- « Pour le moment, nous n’avons pas recèle quelques incroyables pépites. qu’une étincelle enflamme instanta- ont été coulés. Une véritable héré- dence, inféodées aux buses. lange de buses et de cubes, afin le recul suffisant pour évaluer la du- Ainsi le prix de physique a-t-il été nément. En Afrique du Sud, les au- sie écologique qui a cependant d’essayer d’attirer une faune plus rée de vie de ces structures », re- partagé entre le professeur Len Fis- teurs d’homicide ne sont pas montré que la création de ces re- CHAÎNE ALIMENTAIRE diversifiée, explique Béatrice Pary, connaît Didier Collart. Mais, mal- her, de l’université de Bristol condamnés en cas de légitime dé- liefs engendre un développement « Tous les pêcheurs avec qui on a chargée du projet au conseil régio- gré cela, de nouveaux projets sont (Grande-Bretagne), lequel, avec son fense. Le premier acheteur de ce de la faune sous-marine. discuté ressentaient une améliora- nal de Languedoc-Roussillon. déjà à l’étude dans les communes équipe, a calculé durant deux mois gadget a été l’un des responsables Le littoral de la région a sérieuse- tion de leur façon de pêcher, même Conduit par un syndicat mixte de Gruissan et de Valras. la meilleure façon de tremper un de la police de Johannesburg... ment souffert ces trente dernières si ce n’était pas immédiatement pro- regroupant les communes, les dé- biscuit dans son thé ou son café, et années. Les chalutiers ont contra- bant au niveau quantitatif », com- partements de l’Hérault et du Gard Jacques Monin le Belge Jean-Marc Vanden Broeck, Pierre Barthélémy rié la reproduction de nombreuses mente Didier Collart, président du ainsi que le conseil régional, le pro- espèces en bordure des côtes. Près Centre d’étude et de gestion de jet coûtera 3 millions de francs des ports ou du littoral, les hydro- l’environnement littoral. (460 000 euros). On espère que des carbures, les peintures de bateaux Une dizaine de petits pêcheurs coquillages se fixeront dans les ou même les pesticides charriés qui avaient rangé leurs filets re- tout premiers mois sur ces récifs par les rivières ont peu à peu affec- viennent sur les lieux et trans- artificiels induisant ainsi la création té les poissons comme les dau- rades ou les sars, qui nagent dans des zones de faible profondeur. A cela s’ajoutent une urbanisation Douze personnalités scientifiques progressive du littoral et la créa- tion d’épis, notamment, qui ont provoqué des phénomènes d’ensa- soutiennent Claude Allègre blement. Les espèces se sont raré- fiées et la taille des prises a dimi- LA DÉCISION de Claude Allègre d’abandonner le projet de synchrotron nué. national Soleil, au profit d’une participation de la France à une source En 1984 et 1985, une première construite en Grande-Bretagne, continue d’agiter le monde des cher- opération d’envergure a été lancée cheurs. Cinq Prix Nobel (Maurice Allais, Georges Charpak, Jean Dausset, dans une bande qui va d’Agde à Pierre-Gilles de Gennes et Jean-Marie Lehn) et sept autres personnalités Saint-Cyprien. 15 000 mètres cubes scientifiques (Pierre Chambon, Jean-Pierre Changeux, Roland Douce, de modules de béton ont été im- François Gros, Olivier Kahn, Nicole Le Douarin et Guy Ourisson) ont si- mergés. Les premières études me- gné un texte dans lequel, tout en refusant de se prononcer sur ce dossier, nées par Ifremer ne sont alors pas ils déclarent approuver les « deux orientations générales » invoquées par très encourageantes. N’a-t-on pas le ministre pour motiver son choix : « Faire appel à la coopération euro- assez attendu pour juger de la co- péenne, sinon mondiale, pour la mise en place de gros équipements parti- lonisation de ces récifs ? Après ce culièrement coûteux ; accroître le soutien de base et l’équipement mi-lourd demi-échec, les communes d’Agde des laboratoires afin de rétablir ou maintenir leur compétitivité ». Il s’agit et de Marseillan reprennent l’idée. là, estiment les signataires, « d’une politique générale qui dépasse évidem- En 1992, elles immergent à leur ment le cadre du cas particulier » du synchrotron.

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30 / LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 AUJOURD’HUI ------Nuages au nord, soleil au sud 08 OCTOBRE 1999 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI. Les pressions sont matin, avec quelques gelées entre vers 12h00 DU VOYAGEUR hautes sur la France. Les perturba- – 1 et 3 degrés. L’après-midi, le tions contournent l’anticyclone thermomètre montera jusqu’à 14 Peu par le nord, traversant les îles Bri- ou 15. Belfast nuageux a GRANDE-BRETAGNE. La com- tanniques et frôlant les régions du Poitou-Charentes, Aquitaine, Liverpool pagnie British Airways ouvre deux Dublin nord de la France. Sur les régions Midi-Pyrénées.– Le matin, brouil- Varsovie Kiev nouvelles lignes au départ de du Sud, les conditions anticyclo- lards, puis des nuages bas envahi- Londres. La première vers Skopje, la Amsterdam Berlin Brèves niques dominent avec des brouil- ront le ciel du Pays basque. La éclaircies capitale macédonienne, à raison de lards, puis du soleil. journée sera ensuite ensoleillée, Londres deux vols hebdomadaires depuis le 5 o Bruxelles Bretagne, pays de Loire, avec des nuages sur le Poitou-Cha- 0 Prague 4 octobre, puis de trois à partir de Basse-Normandie. – Le ciel sera rentes. Les températures, très Couvert novembre, la seconde vers Salz- souvent très nuageux avec quel- fraîches dans l’intérieur avec des Paris Strasbourg Vienne bourg (Autriche), avec quatre vols ques gouttes. Le vent d’ouest sera petites gelées possibles, monteront Budapest par semaine à partir du mois de no- Brume modéré sur les côtes. Les tempéra- jusqu’à 17 à 20 degrés l’après-midi. Nantes vembre. Par ailleurs, un nouvel ac- Berne brouillard tures se radoucissent, avec 9 à 10 le Limousin, , Rhône- Bucarest cord de partage de codes avec le matin et 16 à 18 l’après-midi. Alpes. – La matinée sera claire Lyon Milan transporteur suisse Crossair doit Nord-Picardie, Ile-de-France, avec des brouillards. Des nuages Belgrade Sofia Averses permettre à ce dernier de relier l’aé- Centre, Haute-Normandie, Ar- arriveront ensuite sur le nord de Toulouse Istanbul roport de Heathrow à celui de Bâle dennes. – Ciel gris avec quelques ces régions et le soleil brillera sur à raison de trois vols quotidiens à gouttes. Les températures se ra- le Sud. Thermomètre frileux le ma- Rome Pluie partir du dimanche 31 octobre. doucissent le matin avec 8 à 10 de- tin avec – 1 à 4, puis de 14 à 16 de- Barcelone Naples a PORTUGAL. La chaîne hôtelière grés. L’après-midi, le thermomètre grés l’après-midi. 40 o Madrid Marriott International doit exploiter, indiquera 14 à 15 degrés. Languedoc-Roussillon, Pro- Lisbonne Athènes Orages après des travaux de rénovation qui Champagne, Lorraine, Alsace, vence-Alpes-Côte d’Azur, dureront environ dix-huit mois, son Bourgogne, Franche-Comté. – Corse. – Journée très agréable Séville premier établissement au Portugal. Des brouillards se formeront au avec du soleil. Le fond de l’air sera Rebaptisé Lisbon Marriott, l’ancien Tunis Neige petit matin puis le ciel sera souvent frais le matin puis le thermomètre Alger Hôtel Penta compte 588 chambres nuageux. Quelques gouttes en indiquera des valeurs de 19 à et se trouve mi-chemin entre l’aéro- Champagne le soir. Il fera frais le 22 degrés. Rabat 0o 10o 20o Vent fort port et le centre-ville de la capitale.

PRÉVISIONS POUR LE 08 OCTOBRE 1999 PAPEETE 23/29 P KIEV 7/11 P VENISE 11/18 S LE CAIRE 22/30 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 24/31 P LISBONNE 16/24 N VIENNE 6/15 N MARRAKECH 15/24 S et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 19/25 S LIVERPOOL 13/17 C AMÉRIQUES NAIROBI 16/26 N C : couvert ; P : pluie ; * : neige. EUROPE LONDRES 10/18 C BRASILIA 16/29 S PRETORIA 13/24 S AMSTERDAM 12/15 P LUXEMBOURG 6/13 C BUENOS AIR. 10/19 S RABAT 16/23 N FRANCE métropole NANCY 2/14 C ATHENES 17/23 S MADRID 10/20 N CARACAS 25/30 P TUNIS 19/24 N AJACCIO 7/21 S NANTES 7/16 C BARCELONE 13/21 S MILAN 10/21 S CHICAGO 9/21 N ASIE-OCÉANIE BIARRITZ 7/18 N NICE 11/20 S BELFAST 8/16 P MOSCOU 9/20 N LIMA 15/20 S BANGKOK 26/32 N BORDEAUX 4/17 S PARIS 7/15 C BELGRADE 6/17 N MUNICH 6/11 N LOS ANGELES 15/22 S BOMBAY 26/32 P BOURGES 3/14 N PAU 4/17 N BERLIN 9/11 C NAPLES 11/22 S MEXICO 12/19 C DJAKARTA 26/32 C BREST 11/15 C PERPIGNAN 6/20 S BERNE 4/13 C OSLO 6/9 S 1/9 C DUBAI 25/36 S CAEN 10/15 C RENNES 9/17 C BRUXELLES 11/15 P PALMA DE M. 14/23 N NEW YORK 7/15 S HANOI 24/32 N CHERBOURG 12/16 C ST-ETIENNE 3/16 S BUCAREST 6/18 N PRAGUE 6/11 N SAN FRANCIS. 14/22 S HONGKONG 26/27 P CLERMONT-F. 0/15 S STRASBOURG 3/13 N BUDAPEST 7/16 S ROME 10/21 S SANTIAGO/CHI 3/21 N JERUSALEM 22/30 S DIJON 2/14 N TOULOUSE 5/19 S COPENHAGUE 9/13 P SEVILLE 15/26 N TORONTO 5/17 N NEW DEHLI 22/33 S GRENOBLE 5/17 S TOURS 6/15 C DUBLIN 10/18 P SOFIA 6/15 S WASHINGTON 5/17 S PEKIN 12/19 S LILLE 10/15 C FRANCE outre-mer FRANCFORT 7/14 C ST-PETERSB. 7/12 S AFRIQUE SEOUL 13/23 S LIMOGES 5/14 N CAYENNE 23/33 S GENEVE 7/14 N STOCKHOLM 6/12 N ALGER 18/26 P SINGAPOUR 26/30 C LYON 4/15 S FORT-DE-FR. 23/30 P HELSINKI 6/12 S TENERIFE 17/21 S DAKAR 26/30 N SYDNEY 14/21 S MARSEILLE 6/19 S NOUMEA 19/23 C ISTANBUL 15/18 P VARSOVIE 5/13 S KINSHASA 22/28 P TOKYO 20/24 P Situation le 7 octobre à 0 heure TU Prévisions pour le 9 octobre à 0 heure TU VENTES Automne asiatique à Paris

COMME Londres et New York, Pa- objets funéraires de la dynastie Tang se retrouvent dans les figurines en mouvement, blatère en se mettant mobilier est laqué ou construit dans ces tables, sièges ou consoles se né- ris a, depuis l’an dernier, une saison (618–907), qui racontent l’histoire de terre cuite qui peuplent les tombes debout. Son bât porte les attributs du des bois tropicaux au grain dense et gocient à partir de 30 000 F (4 580 ¤): consacrée aux arts asiatiques. Anti- la Route de la soie. Matière presque des dignitaires : musicien turc barbu, long voyage : selle, rouleaux de tis- dur. La richesse des couleurs et les fauteuil en orme, XVIIe (30 000 F), quaires, commissaires-priseurs et mythique, la soie a été un des élé- vêtu d’une tunique et de bottes sus, gourdes, provisions (320 000 F, dessins des veines de ces essences ré- table à calligraphie en bois « ju » na- musées organisent simultanément ments de base des échanges (280 000 F francs, 42 750 ¤), palefre- 49 000 ¤). pondent spécialement aux exigences turel, XVIIe (40 000 F, 6 000 ¤), cabi- des manifestations complémen- commerciaux entre la Chine et le nier de type caucasien, représenté Sous le titre « Ermitages mondains des lettrés. net, XVIIe (45 000 F, 6 900 ¤). Objet taires, qui permettent au public de Moyen-Orient, et ces contacts ont avec un visage sévère et une panse et fantasques », la galerie Luohan important du cabinet de travail, la découvrir et de comparer les disci- permis également l’établissement de bien ronde (360 000 F, 55 000 ¤), ca- consacre son exposition au mobilier MODERNITÉ pierre de lettré, ou pierre de médita- plines très diverses de ce secteur du liens culturels entre les différentes ci- valière turque (30 000 F, 4 580 ¤). Le et aux accessoires de lettrés du XVIe Pour leur complaire, les artisans tion, offre des décors naturels créés marché de l’art. vilisations. chameau, indispensable pour traver- au XVIIIe siècle. Eminemment raffiné, perfectionnent les techniques d’as- par l’érosion où s’inscrivent des pay- Christian Deydier, spécialiste des A l’époque Tang, la Chine s’étend ser les déserts jalonnant la Route de le lettré chinois s’entoure d’un envi- semblage, au point de les rendre sages, des forêts ou des animaux. archéologies chinoises, à l’origine de jusqu’en Asie centrale. Voyageurs et la soie, tient une place prépondé- ronnement propice au travail intel- presque invisibles, et épurent les Certains rochers de ce type étaient cet événement parisien, a choisi des marchands chargés d’objets précieux rante. L’un d’entre eux, saisi en plein lectuel. D’une austérité sereine, le lignes. D’une modernité étonnante, dispersés dans les jardins, d’autres, de petites dimensions, servaient de supports pour les pinceaux. Les plus Résultats style Louis XIV (1 800F, 270 ¤). Calendrier tél. : 04-93-70-37-49. (Alpes-de-Haute-Provence), réussis ornaient les intérieurs (5 000 F b Quatre panneaux en canevas b Chaource (Aube), 9 et minéraux et fossiles, du 9 au à 60 000F, 760 ¤ à 9 200 ¤). Prix constatés lors de la vente de brodé style Louis XIV (1 100F, 168¤). ANTIQUITÉS-BROCANTES 10 octobre, tél. : 03-25-40-10-67. 10 octobre, tél. : 04-92-72-43-85. Une quinzaine d’antiquaires parti- tissus à Drouot (Paris), mardi b Garniture de fauteuil de style b Pau (Pyrénées-Atlantiques), du b Villeneuve-lès-Avignon b Audincourt (Doubs), bandes cipent également à ce deuxième Au- 5 octobre. « Le triomphe Louis XV à décor de fleurs et vendredi 8 au lundi 11 octobre, (Gard), 9 et 10 octobre, dessinées, 9 et 10 octobre, tomne asiatique. Les thèmes qu’ils d’Amphitrite ». chinoiseries (1 600 F, 240 ¤). tél. : 05-58-89-18-29. tél. : 04-90-25-58-69. tél. : 03-81-30-42-08. ont choisis et leurs adresses sont dis- b Garniture de fauteuil d’époque b Châle dit « phénix » signé Duché b Perpignan b Bracieux (Loir-et-Cher), 9 et b Nantes (Loire-Atlantique), ponibles dans les deux galeries. Louis XIV à fond noir rehaussé de aîné et cie, réalisé vers 1841, fond (Pyrénées-Orientales), du 8 au 10 octobre, tél. : 02-54-46-41-85. minéraux et fossiles, 9 et rinceaux (10 000F, 1 524,49 ¤). blanc, décor à huit couleurs 10 octobre, tél. : 04-68-63-06-39. b Ancenis (Loire-Atlantique), 9 et 10 octobre, tél. : 02-40-03-88-27 ; Catherine Bedel b Garniture de fauteuil à (59 000 F, 9 000 ¤). b Aix-les-Bains (Savoie), du 8 au 10 octobre, tél. : 02-40-57-37-93. disques et CD, 9 et 10 octobre, contre-fond « bizarre », à décor b Couverture, piqué matelassé du 10 octobre, tél. : 04-79-88-92-84. tél. : 02-38-30-45-02. ૽ Galerie Christian Deydier, 21, rue d’une dame dans un parc XVIIIe siècle, en coton écru à décor b Bonneville (Haute-Savoie), du COLLECTIONS b Le Mans (Sarthe), livres, 9 et du Bac, 75007 Paris, tél. : 01-40-20-97- (10 000F). brodé en laine polychrome 8 au 10 octobre, b Balma (Haute-Garonne), livres, 10 octobre, tél. : 02-43-24-09-68. 34. « Caravanes sur la Route de la b Panneau en laine et soie à décor (47 000 F, 7 180 ¤). tél. : 05-58-43-40-38. du 8 au 10 octobre, b Paris (parc Georges-Brassens), soie » du 14 octobre au 13 novembre. de chinoiseries (10 000F). b Gilet en soie à fond jaune et b Paris (avenue de la tél. : 05-62-24-31-37. livres, 9 et 10 octobre, ૽ Galerie Luohan, 21, quai Mala- b Garniture de fauteuil à décor de décor brodé polychrome de Grande-Armée), du 8 au b Paris (boulevard Saint-Martin), tél. : 01-45-32-12-75. quais, 75006 Paris, tél. : 01-40-15-64- paniers fleuris, époque Louis XV chinoiseries, singes, fleurs, 17 octobre, tél. : 01-47-05-33-22. livres, du 8 au 10 octobre, b Itteville (Essonne), cartes 00. « Ermitages mondains et fan- (3 800F, 580 ¤). d’époque Régence (25 500 F, b Menton (Alpes-Maritimes), du tél. : 01-40-71-07-63. postales, 9 et 10 octobre, tasques » du 14 octobre au 20 no- b Panneau en canevas brodé de 3 900 ¤). 9 au 11 octobre, b Pierrevert tél. : 01-64-93-12-78. vembre.

Ł SOS Jeux de mots : MOTS CROISÉS PROBLÈME No 99238 3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min). L’ART EN QUESTION No 138 En collaboration avec

9. Personnel masculin. Dans les bottes. A rejoint Morphée. – De la chasse à courre à l’évêché 10. Sauvée par Apollon après le meurtre de sa mère. Paresseux. – AU COURS de l’hiver 1895, Denys « Le Miracle », 11. Roule sur la piste. Petit pour ne Cochin (1851-1922), homme poli- panneau pas perdre pied. Support en cave. – tique, philosophe et historien, central de la 12. Préparent leur entrée dans la commande à Maurice Denis une décoration vie professionnelle. décoration peinte pour son bureau. « La Légende Il choisit le thème de la chasse à de saint Philippe Dupuis courre, proposant à l’artiste deux Hubert ». sources d’inspiration : l’histoire de Huile sur toile, SOLUTION DU No 99237 saint Hubert et la Légende du beau 225 × 175 cm, Pécopin racontée par Victor Hugo acquisition HORIZONTALEMENT dans Le Rhin (1838-1840). récente Maurice Denis réalise sept pan- du Musée I. Protestation. – II. Liminaire. neaux. Dans celui du centre, nom- départemental Ce. – III. Aventure. Cru. – IV. Nil. mé Le Miracle, il retient l’épisode de Maurice-Denis. RF. Caret. – V. Tee. Muer. – VI. Urti- la révélation à saint Hubert. Celui- Le Prieuré, cantes. – VII. Rétroagir. Il. – ci, après des chevauchées extrêmes, à Saint-Germain- VIII. Ecu. En. Psi. – IX. Un. Aposto- rencontre l’absolu sous la forme en-Laye, lat. – X. Xiamen. Etiré. d’une croix apparue dans les ra- présente mures du cerf qu’il a poursuivi. l’ensemble VERTICALEMENT Converti, il devient ermite sur les des panneaux HORIZONTALEMENT Note. – IX. Essences en voie de dis- conseils de saint Lambert. A la mort jusqu’au parition. Fait la séparation. – X. Qui 1. Plantureux. – 2. Rivière. Ni. – de celui-ci, le pape ordonne Hubert

MUSÉE DÉPARTEMENTAL MAURICE-DENIS DÉPARTEMENTAL MUSÉE 17 octobre. I. Font entrer les petits comme évitent de faire pression. 3. Omelette. – 4. Tin. Ircam. – et lui propose de remplacer Lam- les gros. – II. Bébé trombidion. 5. Entrecoupé. – 6. Sauf. Aa. On. – bert, qui était évêque de : Réponse dans Le Monde Célèbre pour ses travaux dans les VERTICALEMENT 7. Tir. Anges. – 8. Arec. Tinte. – b Beauvais ? du 15 octobre. champs. – III. Blonde anglaise un 9. Té. Amer. Ot. – 10. Crus. Pli. – b Maastricht ? peu amère. Attaque avec ses dents. 1. Au travail, il ne se fera pas 11. Ocrée. Isar. – 12. Neutralité. b Rennes ? Solution du jeu no 137 paru – IV. Sérénité suprême. Lettres remarquer. – 2. Plus rapide que le dans Le Monde du 1er octobre. pour une bonne présentation. – soleil pour se lever. – 3. Vue Le compositeur Ernest Chaus- V. Vieil Européen. Eus du mal à d’ensemble. Donné pour avoir une son (1855-1899) a acheté des toiles prendre une décision. – VI. Aven- idée. – 4. Dans la gamme. Verni. – à Theo Van Gogh, gérant de la tures plutôt mouvementées. Vallée 5. D’un auxiliaire. Met dedans. – maison Goupil-Boussod et Vala- noyée par la mer. – VII. Que l’on a 6. Soumettre à l’autorité. – 7. Bien don, notamment une nature dû apprendre. Au cœur du temple. embrochés. Personnel. – 8. Mise en morte de Paul Gaugin intitulée Refus au palais. – VIII. Grosse tête musique par Rossini, elle vole. Oranges et citrons avec vue sur dans l’eau et au bord de l’eau. Nombreux à nous soutenir. – Pont-Aven. LeMonde Job: WMQ0810--0031-0 WAS LMQ0810-31 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 10:23 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0552 Lcp: 700 CMYK

31 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999

CHANSON La grande voix du fa- gal. b NÉE « au temps des cerises », qui lui reprochaient ses relations des cabarets. Traînant un blues irré- GAL rend aujourd’hui hommage à ce do, Amalia Rodrigues, est morte mer- dans le quartier ouvrier de Lisbonne, mondaines et le fatalisme que ses pressible et propagandiste d’un qu’il considère comme la plus grande credi 6 octobre à Lisbonne à l’âge de elle avait grandi dans le dénuement. chansons représentaient. b YEUX vague à l’âme éternel, elle exhalait référence culturelle du siècle. Le soixante-dix-neuf ans. Son destin Mais elle fut fustigée par la gauche CLOS, veines saillantes, sourire im- un charisme aujourd’hui salué par conseil des ministres a décrété, pour s’était confondu avec celui du Portu- et par la « révolution des œillets », mense, elle était reine de la nuit, diva toute la classe politique. b LE PORTU- vendredi, des funérailles nationales. Vie et destin d’Amalia Rodrigues, qui donna sa voix au fado Morte à Lisbonne, mercredi 6 octobre, la chanteuse portugaise a porté durant soixante ans, dans le monde lusophone et au-delà, la sonorité et la mélancolie déchirante d’un style qui l’identifie à son pays « NOUS AVONS entendu tout ce caliste, met le fado en scène, in- la chanson Coïmbra, en français : que la nature nous offre de plus vente les habits noirs, les yeux fer- Avril au Portugal), Fado de Pergigao beau : la mer. Et la mer ne nous a pas més. Amalia Rodrigues, l’héritière, Queirora, Sol e Touros, de José révélé ses secrets... », écrivait en 1941 que Marceneiro aidera à débuter, Buchs, Vendaval Maravilhos, de Lei- un critique de la revue musicale adopte le châle, donne corps et âme tao de Barros en 1949. En 1955, elle Cançao do Sul, après avoir entendu au fado, qu’elle considère, au-delà tourne Les Amants du Tage, de Hen- Amalia Rodrigues, « la nature dans de la musique, comme « une ri Verneuil, avec Daniel Gélin et tout son mystère », alors jeune dé- étrange forme de vie ». Françoise Arnoul. Elle y joue son butante dans un cabaret lisboète. propre rôle, celui d’une fadista. Le Amalia Rodrigues, dont le destin se réalisateur choisit une chanson bré- confond avec celui du Portugal, est A la « révolution silienne de Caco Velho, Mae Preta, morte le 6 octobre 1999 à Lisbonne. pour laquelle David Ferreira-Mou- Elle était âgée de soixante-dix-neuf des œillets », rao écrit de nouvelles paroles : Bar- ans. Souffrant d’une maladie de co Negro devient un succès mon- cœur, elle s’est éteinte sans jamais la gauche radicale dial, ainsi que Lisboa, nao seja avoir quitté le terrain de l’identité francesa. nationale, et plus largement, de la condamne Mondaine, l’illettrée des bords du lusophonie. Elle avait donné sa Tage est partout fêtée. La rue mur- dernière prestation en public pen- Amalia Rodrigues, mure qu’elle aime un dignitaire du dant l’été 1998 à l’occasion de l’Ex- régime salazariste, Ricardo Espirito position internationale de Lis- propagandiste Santo, ou bien encore le roi Umber- bonne (Expo’98). Le 5 octobre, se to d’Italie. Elle est l’amie des comtes sentant fatiguée, elle avait décliné de l’ordre naturel de Barcelone, de Paris, de la belle- l’invitation qui lui était faite de pré- sœur de Franco, dont le frère est sider à Vila Franca de Xira une cor- des choses, « fadista » ambassadeur d’Espagne au Portu- rida (à la portugaise, sans mise à gal. En 1961, elle se marie avec un mort) organisée en faveur de l’in- fataliste aussi Portugais résidant à Rio de Janeiro. dépendance du Timor-Oriental, ex- Elle chante chez les riches au Casi- colonie portugaise. caricaturée que no d’Estoril. A la « révolution des Amalia Rodrigues, elle-même œillets », la gauche radicale fera les poétesse, fut celle qui exporta hors le miracle de Fatima comptes. Elle condamne Amalia les murs de Lisbonne le fado, dra- Rodrigues, propagandiste de l’ordre maturgie lusitanienne basée sur la naturel des choses, fadista fataliste prédominance du destin, le fatum, La date de naissance d’Amalia aussi caricaturée que le miracle de et qui lui donna une dimension sup- Rodrigues n’est pas connue avec Fatima. Elle se défend : « Je n’ai vu plémentaire en chantant les poètes, précision : le 23 juin 1920, selon sa Salazar que deux fois dans ma vie, et classiques et modernes, comme le carte d’identité, le 1er juillet 1920 se- il m’a toujours bien traitée. » Elle dit faisait Leo Ferré en France. lon elle. Celle qui fut honnie de cer- aussi ne pas comprendre pourquoi Genre musical importé du Brésil tains aux premiers temps de la « ré- ses fados furent interdits d’antenne par la famille royale portugaise à volution des œillets », pour avoir dans la période qui suivit le 25 avril son retour d’exil de Rio de Janeiro incarné, par le fado, un Portugal 1974. « On me traita de fasciste, en 1821, le fado est issu du flirt de éternel, était née, disait sa grand- c’était absurde. » l’aristocratie décadente et de la mère, pour simplifier « au temps des Amalia Rodrigues avait aussi des

plèbe qui se rencontraient dans les cerises ». C’est tout dire. Née dans PRESS ALEXANDRE/SIPA amitiés contraires aux idéaux du ré- corridas et les tavernes. Née en 1820 le quartier ouvrier de Lisbonne Amalia Rodrigues à l’Olympia, à Paris, en 1975. gime salazariste. Premier cité, Alain et morte assassinée en 1846, la pre- d’Alcantara, aux bords du Tage, Oulman qu’elle rencontre en 1962, mière chanteuse de fado connue, Amalia Rodrigues a grandi dans le défilant sur les chars du carnaval cercle de ses admirateurs s’agrandit. quittera jamais son répertoire. C’est qui lui amènera un public plus éru- Maria Severa Onofriana, « la Seve- dénuement. Issue d’une famille de d’Alcantara, son quartier d’origine, Châle sur les épaules, yeux clos, à Rio qu’elle enregistre ses premiers dit, plus sophistiqué, en composant ra », était une fille de mauvaise vie dix enfants, elle fréquenta l’école de elle rencontre Joaquim José de Li- veines saillantes, sourire immense, albums. Elle y reviendra souvent, de superbes mélodies pour des tex- du quartier de Mouraria, amante de neuf à douze ans, « en apprenant les ma, dit Amil, compositeur. Il lui Amalia se donne au fado. Devenue comme à Paris, où elle chante pour tes majeurs de la poésie portugaise Dom Francisco de Paula do Portu- leçons à l’oreille ». Ainsi qu’elle l’a écrit ses premiers fados, qu’elle reine de la nuit dans une Lisbonne la première fois en 1949, chez Car- – Camoes, Pedro Homen de Mello gal, treizième comte de Vimioso et raconté dans son autobiographie, chante au cabaret Retiro da Severa, épargnée par la guerre, elle va rère, une boîte chic. Suivront (Quando os outros te batem, Beijo-te cavalier émérite. Deuxième pilier du Amalia (rédigée par Vitor Pavao dos en 1939, en même temps qu’un fado chanter à Madrid en 1943, et y dé- l’Olympia, en 1956, en vedette amé- eu, Olhos fechados), David Mourao- fado, Alfredo Duarte Marceneiro Santos, non traduite en français), traditionnel, Mouraria, sous le nom couvre le flamenco qui marquera ricaine des Compagnons de la Ferreira (Maria Lisboa, Madrugada (1891-1892), ébéniste naval et syndi- elle ne posséda jamais qu’un seul d’Amalia Rebordao – patronyme son style. Chanson, l’ABC, Bobino... où elle de Alfama), Manuel Alegre, qui se- livre de classe, une géographie. qu’avait gardé son frère Felipe Re- Amalia Rodrigues ne dédaigne interprète, en français, Aïe mourir ront en butte à la censure. C’est A l’école, elle découvre le beau bordao, boxeur de renom. Marié à pas les opérettes, comme Mouraria pour toi, de Charles Aznavour pourtant en 1968, avec la chanson A écouter, lire et voir portugais, vibre et « pleure » au un guitariste en 1940, elle s’en sé- (1946), Rosa Cantadeira, de Amadeu (1957). En 1952, avant le Mexique, Vou dar de beber a dor, mais surtout rythme des sonnets, « sans toujours pare trois ans plus tard : « Je suis Cantadeira (1944), où elle interprète elle aborde New York par le cabaret Mariquinhas, un fado traditionnel, b Discographie. comprendre, à l’intuition », de Luis une femme indépendante », dira-t- le Fado do ciume (le fado de la ja- La Vie en rose, alors qu’Edith Piaf que la chanteuse va battre des re- Amalia Rodrigues, O melhor de de Camoes (1524-1580), le poète elle, dans ce Portugal gagné par le lousie), du compositeur Frederico se produit au Versailles. cords de vente de disques. Réconci- Amalia, estranha forma de viver, 1 classique, qu’elle chantera par la moralisme de l’Estado Novo, ré- Valerio, musicien audacieux qui va Amalia Rodrigues va aussi utiliser lié avec le fado vadio, le fado libre, coffret de 2 CD EMI suite sur des musiques du composi- gime à poigne mis en place en 1929 donner à la voix de la fadista la bril- le cinéma pour véhiculer l’immense et le charisme de la plus grande de 7243 834442-2. teur français Alain Oulman (1929- par le docteur Salazar. lance qui lui manquait encore. En saudade, le vague à l’âme, qu’elle ses interprètes, le Portugal ne cessa Amalia Rodrigues no Café Luso, 1 1990), neveu de l’éditeur Robert La chanteuse se produit dans 1944 et 1945, la chanteuse triomphe porte en elle. Elle y commence une de rendre hommage à Amalia Ro- CD EMI 7996529-2. Calmann-Lévy, dont il prendra la tous les cabarets de fado de Lis- au Brésil, et notamment au casino carrière en 1947 (Capas Negras, drigues, dernière des grandes voix Segredo, 1 CD EMI 8 2386-2. succession en 1968 après avoir été bonne, qu’elle séduit. Des paroliers de Copacabana où le public re- d’Armando Miranda, avec le chan- de l’Europe. b Bibliographie. expulsé du Portugal par la PIDE, la lui offrent de beaux textes (Frederi- prend en chœur Ai, Mouraria, un teur Alberto Ribeiro, dont elle re- Voix du Portugal, de Salwa police politique du régime salaza- co de Brito, Linhares Barbosa), le fado de Frederico Valerio qui ne prendra quelques années plus tard Véronique Mortaigne El-Shawan Castelo-Branco, livre riste, pour ses sympathies gau- CD, éd. Actes Sud/Cité de la chistes. Enfant, Amalia Rodrigues musique, 1998. écoute la radio. Dans la rue, elle en- Fado chant de l’âme, de notre tend des bribes de fado, chantées Un hommage unanime, des funérailles nationales collaboratrice Véronique par les vedettes du moment, Maria Mortaigne, éd. du Chêne, 1998. Alice, Ercilia Costa. Elle se procure LISBONNE paio, rappelle que la chanteuse « a fait sa car- écrivain et poète, qui a vu certains de ses Le Fado d’Amalia, éd. Actes Sud, les folhetos, poèmes racontant faits correspondance rière au service du Portugal et des Portugais ». poèmes chantés par Amalia, a interrompu sa recueil de textes, édition bilingue, divers et histoires d’amour tra- « Nous avons tous perdu quelqu’un qui faisait Pour lui, Amalia a su renouveler la chanson na- participation à la campagne électorale pour les 1992. giques, diffusés par des colporteurs. partie de notre vie, de notre imaginaire, de notre tionale dans sa musique et dans ses paroles en législatives, qui auront lieu dimanche, en hom- b Filmographie. Elle voit tous les films de Carlos identité. Amalia restera dans l’histoire du Portu- y incorporant des poètes classiques et contem- mage à « la voix qui savait traduire l’intradui- Fado, historia d’uma cantadeira, Gardel, dont elle apprend par cœur gal comme l’un des symboles qui ont le plus mar- porains : « Elle a su, plus que toute autre per- sible ». Un autre poète, Vasco Graça Moura, de Perdigao Queiroga (1948) ; les tangos. « Celui que je préférais, qué les Portugais. » Cette phrase du premier mi- sonne, identifier les caractéristiques nationales député du Parti social-démocrate (PSD-oppo- Sol e Toiros, de José Buchs (1949) ; écrit-elle dans sa biographie, c’était nistre, Antonio Guterres, résume bien le de la nostalgie (saudade), de l’affectivité, de la sition) au Parlement européen, considère que April in Portugal, d’Evan Lloyd, Silencio en la Noche. Je les chantais sentiment des Portugais de toutes les couches solitude et de l’amour avec le chant exprimé à la voix d’Amalia est une des plus grandes du narrateur Trevor Howard (1954) ; sans comprendre. » sociales, habitants anonymes de Lisbonne, ar- travers la poésie. » siècle : « Nous pouvons parler maintenant du fa- Les Amants du Tage, d’Henri Brodeuse à douze ans, ouvrière à tistes, intellectuels et dirigeants politiques qui do d’avant et d’après Amalia. » Verneuil (1955) ; treize, Amalia traîne un blues irré- étaient mercredi sous le choc après le décès de DÉPUTÉS POÈTES Le conseil des ministres a décrété des funé- Sangue toureiro, d’Augusto Fraga pressible : « Puisque la mort existe, la la « reine du fado ». Des milliers de personnes L’ancien président de la République, Mario railles nationales. Un grand hommage natio- (1958) ; vie est absurde : depuis toute petite, ont accompagné, mercredi, la levée du corps Soares, qui lui avait remis la plus haute décora- nal, « digne de la dimension », du prestige Ilhas encantadas (Les Iles j’ai eu ce genre de pensée », expli- de la chanteuse de sa résidence, dans le quar- tion portugaise – la grand-croix de l’ordre de d’Amalia et représentant la « reconnaissance enchantées), de Carlos Vilardebo quait celle qui admirait Greta Gar- tier populaire de Sao Bento, l’ont applaudi tout Santiago de Espada – se souvient d’Amalia du pays envers elle » aura lieu après la période (1965) ; bo dans La Dame aux camélias, au au long du trajet vers la basilique de Estrela et comme « la voix du Portugal » en même temps électorale, selon un communiqué du conseil Bis ans Ende der Welt (Jusqu’au point de boire du vinaigre et de se ont rendu un dernier hommage à sa dépouille que d’une personne « très humaine, très acces- des ministres. bout du monde), de placer dans les courants d’air pour dans une chapelle ardente. sible, modeste et qui n’avait rien d’une diva ». (1991). finir comme Marguerite Gautier. En Le président de la République, Jorge Sam- Le député du Parti socialiste Manuel Alegre, Alexandre Flucher-Monteiro LeMonde Job: WMQ0810--0032-0 WAS LMQ0810-32 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 08:20 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0553 Lcp: 700 CMYK

32 / LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 CULTURE

Eddy Mitchell, chanteur et parolier « L’arme du rock était le couteau à cran d’arrêt ; celle du rap est le lance-missile » CARRURE à la John Wayne, chanté de certaines chansons, tes qui seraient très politiques. – Et le rôle d’un chanteur, voire nonchalance d’un , c’est peut-être des rêves de gosse D’ailleurs, je ne comprends pas votre propre histoire ? Eddy Mitchell, dit « Schmoll », né réalisés qui ont parfois été déçus. très bien cette parole publique – Je ne pense pas être assez bon Claude Moine le 3 juillet 1942 dans Je n’ai jamais eu la tentation de la que l’on donne à des amuseurs. Ça comédien pour donner le change le 19e arrondissement parisien, a carrière américaine, m’installer là- a commencé avec le couple mau- et être assez crédible en chanteur rapporté de Memphis, Los An- bas. Ce ne sont pas mes racines. dit Montand-Signoret, des mêle- qui interprète un rôle de chanteur. geles et La Nouvelle-Orléans une – Vos textes traduisent-ils tout. Ils avaient un engagement Ou alors il faudrait une histoire en quinzaine de nouvelles chansons. cela ? politique, leur quotidien corres- béton. Le cinéma, c’est d’abord un Rencontre avec un bosseur méti- – Dès qu’on se met à écrire, il y a pondait, mais bon, ils se sont gou- scénario. culeux, « amuseur et chanteur de quelque chose de soi, ce n’est pas rés. – Vous êtes sensible au succès ? variétés ». très original. Mes textes, ce sont – Qu’est-ce qui a changé dans – C’est un carburant. Il s’agit de « Ces trois villes des Etats-Unis, des phrases entendues à droite à le métier ? la reconnaissance du public, pas ce sont trois cartes postales ? gauche, des observations, des per- – Le vocabulaire : on parle d’en- de la célébrité. – Le choix des Etats-Unis, c’est sonnages. Mais il faut faire atten- jeux, d’objectifs, de têtes de gon- – Le rock a été méchant et sau- VINCENT SOYEZ VINCENT SOYEZ d’abord pour le travail, pour me tion à l’interprétation. Un titre dole... On passait aussi plus de vage à ses débuts, avant de Eddy Mitchell : « Un chanteur, un musicien, existe couper du quotidien, parce qu’à comme J’aime pas les gens heureux temps sur les routes. Le bouche-à- s’assagir. à deux endroits : le studio et la scène. » Paris je ne fais rien. Ensuite, pour est anticalifornien. J’ai horreur de oreille, une télévision et c’était – Ce qui est comparable aux dé- les musiciens qui offrent tel son de tous ces gens qui sont persuadés tout. Maintenant, il faut faire buts du rock en matière d’identifi- guitare, telle frappe de batterie. A d’être en bonne santé parce qu’ils toutes les cantines. cation, de révolte, c’est le rap. chaque chanson écrite avec Pierre fument de moins en moins, – Vous êtes toujours dans la Pour les voix, c’est autre chose. On Papadiamandis [compositeur de la mangent bio, sont bronzés, ont les joie de la scène, du spectacle ? est passé de l’opérette au L’Amérique à trois temps plupart des musiques] correspond dents blanches. Là c’est ma petite – Absolument. Le public qui rock’n’roll avec des gens qui vo- EDDY ou l’aventure tranquille. lité, sans trop s’y attarder toutefois, un esprit, un style que l’on va colère. A force d’entendre des vient en salle veut être heureux. calement étaient des monstres. Le Bougon professionnel, fidèle à ja- mais avec une finesse rythmique chercher au meilleur endroit pos- gens qui commencent toutes leurs Mon expérience me permet de rap, c’est que des biscottes... Bien mais à son Amérique à lui. Celle rare chez l’adaptateur en français sible. Si c’était la Mandchourie, on phrases par « Bonjour ! encore une sentir si on est porté. Et si ça ne fait, mais pas de coffre. Dans le des capitales du son. Suivre Eddy des standards de . irait en Mandchourie. belle journée », on a l’impression vient pas, c’est notre seule respon- rock, il y avait du sucre, une cer- Mitchell sur ces sentiers balisés par Le chanteur aime la continuité : – L’Amérique de vos premiers d’être dans Le Prisonnier. sabilité de musiciens. Un chanteur, taine naïveté dans les paroles sur d’excellents musiciens et des textes son complice musical et pianiste, séjours professionnels, au milieu – Certaines de vos chansons tra- un musicien existe à deux en- des thèmes forts, l’incompréhen- qui collent à leur auteur comme un Pierre Papadiamantis, signe les des années 70, a-t-elle changé ? duisent un regard sur la société. droits : le studio et la scène. sion avec les parents, la police, jean patrimonial, est un plaisir. musiques de onze des douze chan- – Le mode de vie américain n’est – Je suis un amuseur, un chan- – Le cinéma ? l’envie de liberté... mais sans la A Memphis (), Eddy sons de l’album, T’es qu’un joueur pas fait pour moi. L’Amérique de teur de variétés, ce qui ne m’em- – On m’envoie des propositions, dope, le racket, les armes. Le rock, Mitchell retrouve les sons ayant été confiée aux bons soins mes chansons ne peut être que rê- pêche pas d’être sensible à ce qui mais ça manque d’idées. Vous ve- c’était le couteau à cran d’arrêt. Le rhythm’n’blues qui donnaient d’un ex-Chaussettes, Michel Gau- vée. Elle n’existe plus. m’entoure. Je peux constater, sou- nez de faire un rôle, on vous pro- rap, maintenant, les gars se tirent l’énergie minimale de Mr Eddy, son cher. Que dit Eddy ? Il prend la pa- – Vous éprouvez de la nos- ligner parfois, mais disserter sur pose dix fois la même chose. Après dessus à coups de lance-missile. » album précédent. Les cuivres de role à la place des obscurs. Quand talgie ? l’état du monde au journal de Coup de torchon, c’était l’abruti, Tower of Power, champion de la Johnny Hallyday et ses auteurs – Je ne fais pas commerce de la 20 heures, ce n’est pas pour moi. après Cuisine américaine, je n’ai Propos recueillis par soul bien charpentée menée par dressent une statue à la rock star, nostalgie. L’aspect un peu désen- Je ne me vois pas assumer des tex- reçu que des trucs de cuisinier. Sylvain Siclier Greg Adams, à la Eddy Mitchell chante J’ai des goûts basse, de la guitare (William T. Hu- simples, voix de l’anonyme qui n’a lett) et de la batterie (Roger Haw- pas le profil du vainqueur, mais re- kins) en abondance. Un saut vendique le droit de ne pas être d’avion, et voilà Eddy Mitchell chez « un l’gume surgelé et assisté ». Il les chanteurs de charme à Los An- débine le Golden Boy autant que geles. Les ombres de Frank Sinatra Les Gens heureux, débusque les lo- et de Nat King Cole passent der- sers (Mauvaise option) et le brave rière ces chansons de tendresses responsable de tout, fautif par vo- sourdes, avec grand orchestre de cation (On va dire que c’est moi). cordes. Plaquant les limousines, Mitchell repart à la Nouvelle-Or- V. Mo léans, y entraîne le Tower of Power et croise les Neville Brothers. Funk, ૽ Les nouvelles aventures d’Eddy Eddy Mitchell découvre ici la créo- Mitchell. 1 CD Polydor 543 120-2. Ecrire au féminin singulier en français pluriel ONZE FEMMES écrivains cé- sa compagnie, Acte 3, à Saint-Be- lèbrent à leur manière la langue noît, une bourgade de l’est de l’île, française, à l’occasion du cycle peuplée de descendants d’ouvriers « Francophonie au féminin », à tamouls engagés par les planteurs Paris, au Théâtre international de blancs après l’abolition de l’escla- langue française. Sans doute vau- vage. drait-il mieux parler des langues françaises, parce qu’un écrivain, CONTEXTE CRÉOLE en créant, accouche de sa propre L’action de Saroyaze se situe, langue. Parce que, du Liban d’An- tout naturellement aux yeux de drée Chedid à la Hongrie d’Agota son auteur, dans un contexte Kristof ou à la Belgique d’Amélie créole. Au cours d’une veillée mor- Nothomb, les rythmes, les sonori- tuaire, tout un quartier pleure la tés, les accents diffèrent, constella- mort d’un vieil homme qui appar- tions d’une même voûte céleste. tient à la génération de l’esclavage. Ce cycle de textes mis en scène, Un voisin et Kalo, une jeune fille ou simplement lus, fournit l’occa- rebelle, incarnent le refus : comme sion au public français de mesurer les esclaves « marrons », ceux qui que sa parole résonne de mille fuyaient dans la montagne, «Kalo voix d’Orient et d’Occident. Aimée et l’homme marronnent, à travers ou subie, déconstruite ou réinven- l’alcool et le sexe », explique la tée, la langue française, du fait de jeune auteur. Le mort, qui parle à l’histoire, continue de vibrer au travers la bouche d’un coryphée, Canada et en Algérie, à Madagas- fera l’apologie de la mémoire pour car, en Egypte ou en Belgique, que « demain marmaille porte têt grâce à des écrivains contempo- plein, droit dessu zépaule ». Depuis rains qui ne se réfèrent plus à la sa première pièce, écrite en 1994, France depuis longtemps. Parmi Le Vieux rêve, Lolita Monga mêle ces onze femmes dont les pièces de plus en plus le créole – la peuvent être entendues à Paris, langue elle-même ou le chant – au Anita Van Belle écrit en Belgique français. Comme si le contact phy- et voyage en Afrique, Hoda Adib, sique avec ce verbe lui était indis- née au Liban, crée ses poèmes à pensable pour dire l’histoire. A Londres, Maïssa Bey (La Plume et Saint-Denis de la Réunion, où Sa- le Couteau) écrit en Algérie, Lolita royaze a été créé en avril au Centre Monga à la Réunion et Charlotte dramatique de l’océan Indien, Lo- Rafenomanjato à Madagascar. A lita Manga assurait elle-même la l’inverse, Nancy Huston et Andrée mise en scène et jouait le person- Chedid se sont ancrées en France. nage de Kalo. Toute la compagnie Lolita Manga, la benjamine du ne s’est pas déplacée à Paris, mais cycle, née en 1963, vit à la Réu- l’auteur propose ici une lecture nion, département d’outre-mer scénique, accompagnée d’Arlette français. Mais, autant que de Nourly, une comédienne qui est l’école française, elle est fille du aussi une chanteuse. mouvement culturel qui a secoué l’île depuis les années 70. Saroyaze, Catherine Bédarida la pièce qu’elle lit à Paris, est écrite en grande partie en créole (Sa- ૽ Francophonie au féminin, avec, royaze et autres textes, éditions notamment, Saroyaze, de Lolita Grand-Océan, Saint-Denis de la Manga (13 octobre), Les Combus- Réunion, 1999). tibles, d’Amélie Nothomb (15, 16 oc- Par cette revendication linguis- tobre), La Clé de l’ascenseur, d’Ago- tique et par le thème de l’escla- ta Kristof (22 au 24 octobre), vage qu’elle y aborde, elle se place L’Homme englouti, d’Andrée Che- en héritière directe de la première did (16 au 18 novembre), Prodige, génération d’auteurs qui ont fait de Nancy Huston, par Yasmina Reza émerger la notion de culture réu- et Gabriel Garran (20, 21 novembre), nionnaise : les écrivains Axel Gau- La Plume et le couteau, de Maïssa vin, Boris Gamaleya ou Alain Lor- Bey (23, 24 novembre). Théâtre in- raine et la compagnie du Théâtre ternational de langue française, Vollard d’Emmanuel Genvrin. Si Parc de La Villette, 211, avenue Jean- elle est venue à Lyon étudier le Jaurès, Paris 19e. Mo Porte-de-Pantin. théâtre, Lolita Manga a enraciné Tél. : 01-40-03-93-95. 50 F. LeMonde Job: WMQ0810--0034-0 WAS LMQ0810-34 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 08:20 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0555 Lcp: 700 CMYK

34 / LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 CULTURE D’un Châtelet l’autre Lieu de la musique légère avant de devenir celui de la modernité, le théâtre rouvre ses portes le 8 octobre après une année de fermeture pour travaux. Son nouveau directeur, Jean-Pierre Brossmann, propose une programmation séduisante par son éclectisme FERMÉ depuis un an pour des ouvrages de Francis Lopez où connus, des festivals d’orchestres travaux qui ont permis de moderni- triomphe Luis Mariano. internationaux : le Châtelet devient ser la cage de scène, le Théâtre du Le Châtelet rouvre en 1980. Le l’un des hauts lieux de la vie musi- Châtelet rouvre ses portes le ven- nouveau directeur, Jean-Albert Car- cale parisienne tandis que le projet dredi 8 octobre sous la nouvelle di- tier, venu de Nancy, continue d’y de l’Opéra Bastille suscite polé- rection de Jean-Pierre Brossmann, donner de l’opérette (mais de ni- miques et inquiétudes. nommé en avril 1996 par la Mairie veau supérieur et en nombre de re- En 1988, Stéphane Lissner, qui de Paris. Il est le troisième directeur présentations infiniment moindre) travaillait au côté de Jean-Albert en vingt ans d’une institution re- et y tente quelques productions de Cartier depuis cinq ans, prend la di- baptisée en 1980 Théâtre musical comédies musicales américaines. rection de l’établissement. Les pre- de Paris, après de longues années On remarque alors surtout le retour mières saisons mettent quelque de programmations hasardeuses de l’opéra chanté par de grandes temps à se distinguer, voire à « dé- consacrées essentiellement à la mu- stars et mis en scène par de grands coller ». Lissner n’est pas du sérail sique légère et au grand spectacle. noms : le chic et choc Pier-Luigi musical, mais vient du théâtre. Ce- Pourtant, le Châtelet fut le lieu de Pizzi (le chouchou de la maison)

pendant, même en ce domaine, DARBELLAY NATHALIE nombreuses créations d’opéras et mais aussi Jean-Louis Martinoty, certains de ses choix sont catastro- La salle du Théâtre du Châtelet, vue de l’arrière-scène. de ballets modernes. Les Ballets Alfredo Arias, Andreï Serban, phiques, ainsi celui de Ruth Berg- russes de Serge de Diaghilev trou- Pierre Strosser, Giorgio Strehler, haus pour la production de la rare ber (spectacle Arnold Schoenberg Gardiner, et d’un catalogue d’enre- vèrent là, entre 1909 et 1917, quel- etc. Jean-Albert Cartier est le pre- Ariane de Paul Dukas, en 1991. en 1995, entre autres). gistrements discographiques et vi- ques années de résidence. Après la mier à inviter des orchestres d’ins- Pierre Strosser ne marquera pas les Remarquable stratège et homme déographiques de première impor- Vingt ans de rénovations seconde guerre mondiale et jus- truments anciens dans la fosse, esprits avec un Ring de Wagner de réseau – probablement plus tance. Il est par ailleurs l’artisan de qu’en mai 1979, date de fermeture dont de Philippe donné entre 1993 et 1995 (le pre- qu’authentiquement cultivé et ar- l’accès de l’Opéra de Lyon au statut Lorsque la Ville de Paris re- pour travaux et restructuration de Herreweghe dans les Indes galantes mier cycle complet à Paris depuis tiste –, Stéphane Lissner aura su d’Opéra national, sous le ministère prend le Théâtre du Châtelet, en l’institution, le Châtelet sera occupé lustrées bleu azur par Pier Luigi des lustres, cependant). donner un lustre certain au Théâtre de Philippe Douste-Blazy, auquel 1979, elle fait refaire la fosse par l’opérette, en particulier par les Pizzi, en 1983. Des récitals de noms du Châtelet, même si la brillante Brossmannn devait rendre chaleu- d’orchestre et les planchers de la « COUPS » SAVAMMENT MONTÉS politique artistique qu’il y mène reusement hommage dans ces co- scène. La jauge est portée à A partir de cette date, le Théâtre prend des allures festivalières faites lonnes (Le Monde du 17 juillet 2 010 places. En 1988 et 1989 sont Les principaux rendez-vous du Châtelet semble s’imposer de « coups » savamment montés. 1996). effectués des travaux portant comme un lieu de modernité, im- Ce défaut ayant ses qualités, Sté- La programmation qu’il a sur l’acoustique, le confort et la b Opéras. Outis, de Berio (création (le 13 décembre) ; Dawn Upshaw pression renforcée par le fait que, phane Lissner, après de brèves ex- construite pour cette saison de visibilité des spectateurs. L’an- française). Direction : David (le 26 janvier) ; Ian Bostridge (le dans le même temps, l’Opéra Bas- périences à l’Orchestre de Paris et réouverture du Châtelet séduit par cien rideau de scène est rempla- Robertson ; mise en scène : Yannis 3 février 2000) ; Michelle de Young tille, dont Hugues Gall a pris les au Théâtre royal de Madrid, est son éclectisme. On note certes le cé par une commande publique Kokkos (15-21 novembre). Doktor (le 28 mars) ; Cecilia Bartoli (le rènes, propose fréquemment des nommé directeur artistique du Fes- départ du chorégraphe William de la Ville au peintre Gérard Ga- Faust, de Ferrucio Busoni. 1er avril) ; Susan Graham (le 3 mai) ; mises en scène médiocres. On note tival d’Aix-en-Provence qu’il re- Forsythe, laissant place à Maurice rouste. Direction : Kent Nagano ; mise en Sylvia McNair (le 24 mai) ; Renée la venue de nouveaux noms, lance en 1998. Béjart, le retour d’ouvrages de ré- La cage de scène n’avait pas scène : Pierre Strosser Fleming (le 8 juin) comme celui de Nicholas Hytner Jean-Pierre Brossmann quitte pertoire français traditionnel ou lé- subi de modifications depuis les (21-30 janvier 2000). Mitridate, de b Cycle « Orchestres du (une merveilleuse Petite Renarde ru- l’Opéra de Lyon, après dix-huit an- ger, oubliés depuis l’ère Cartier, années 50. En 1999, elle est mo- . monde ». Orchestre et chœur du sée, de Janacek, 1995) ou de Sté- nées de codirection avec Louis Erlo, mais aussi l’établissement de pro- dernisée, automatisée, et dotée Direction : Christophe Rousset ; Royal House de Covent phane Braunschweig (, de et regagne la capitale où il avait jets lyriques où les tenants d’une de dégagements beaucoup plus mise en scène : Jean-Pierre Vincent Garden, Bernard Haitink (le Beethoven, 1995, et une boulever- pourtant juré de ne plus revenir, tradition classique, comme ceux vastes à cour et jardin. La pre- (23 mars-8 avril). How ! Do ! We ! 26 octobre) ; Staatskapelle de sante Jenufa, de Janacek, 1996) ainsi dégoûté par une expérience très d’une modernité plus affichée, mière partie du hall d’entrée, as- Do !, spectacle conçu par Jessye Dresde, Sir Colin Davis (le 3 mars que des productions très remar- brève à l’Opéra Bastille. Agé de cin- trouveront leur compte. Pour sim- sez exigu, a été débarrassée de Norman et Bill T. Jones (10-15 mai). 2000) ; Orchestre de Philadelphie, quées signées Peter Sellars (le quante-neuf ans, celui-ci est re- plifier, et accréditer l’esprit de syn- l’ancienne boutique. Un magni- Louise, de Gustave Charpentier. Wolfgang Sawallisch (le 20 mai) ; Rake’s Progress de Stravinski, 1996, connu, dans le milieu musical, pour thèse revendiqué par Brossmann fique salon en coin attenant au Direction : Michel Plasson ; mise en Orchestre royal du Concertgebouw Le Grand Macabre, de Ligeti, en ses réelles qualités d’homme de ter- lui-même, on peut espérer retrou- foyer, qui servait de réserve à la scène : Nicolas Joël (17 au 27 juin). d’Amsterdam, Ricardo Chailly (le 1998), Patrice Chéreau (Wozzeck, de rain. Ancien chanteur, ancien agent ver dans cette première saison les buvette, a été dégagé, ainsi Hamlet, d’Ambroise Thomas. 5 juin). Berg, en 1992), Peter Stein (Pelléas artistique, il connaît le métier de bases tranquilles de Jean-Albert qu’un ancien foyer de la danse, Direction : Michel Plasson ; mise en b Renseignements pratiques. et Mélisande, de Debussy, en 1992), l’intérieur. A Lyon, on lui a su gré Cartier et l’esprit fringant de Sté- lequel deviendra un bar supplé- scène : Nicolas Joël (19-28 juin). Théâtre du Châtelet, 2, rue Luc Bondy (La Ronde, de Philippe d’une politique artistique marquée phane Lissner. mentaire, au niveau du second b Récitals. Thomas Hampson (le Edouard-Colonne, 1er. Tél. : Boesmans, 1994 ; Don Carlos, de par la création de toutes pièces balcon, où seront montrées des 19 octobre) ; Anne Sofie von Otter 01-40-28-28-00. Verdi, 1996) ou Klaus Michael Grü- d’un orchestre, confié à John Eliot R. Ma expositions. Jean-Pierre Brossmann, directeur du Théâtre du Châtelet « Sans orchestre permanent, je peux inviter une formation adaptée à chaque projet » « Ne craignez-vous pas de rou- – Gardiner dirigera-t-il au donner une salle classique à Mau- vrir le Châtelet avec Bob Wilson Châtelet le cycle Rameau qu’il rice Béjart. J’aime beaucoup qui, du Met à l’Opéra de Paris, comptait entreprendre pendant l’opérette de qualité. Nous ouvri- est presque devenu le symbole les années qui viennent ? rons avec La Belle Hélène d’Offen- d’une certaine modernité insti- – Nous y pensons, mais il est vrai bach, en octobre 2000. Cette année tutionnelle ? que William Christie a entrepris ce je me réjouis de la présence de – J’assume parfaitement cela. J’ai même type de travail avec l’Opéra Louise, de Gustave Charpentier, et travaillé pour la première fois avec de Paris et que je ne souhaite pas de Hamlet, d’Ambroise Thomas, Wilson il y a quinze ans, à l’Opéra doublonner. J’attends aussi que la dans les productions invitées du de Lyon, à l’occasion de la Médée décision quant à l’avenir de l’Opé- Capitole de Toulouse. de Gavin Bryars. Nous nous étions ra-Comique soit prise. S’il doit – Ces invitations d’Opéras de remarquablement entendus. J’aime s’agir, comme certains le pensent, région seront-elles chaque sai- sincèrement son travail. Quand d’un théâtre voué à la musique ba- son axées sur ce type de réper- Bob Wilson se consacre pleine- roque, il faudra en tenir compte. toire français oublié ? ment à une mise en scène, je vous Mais John Eliot, qui a un répertoire – Absolument pas. L’an pro- assure que la qualité est totale. Le vaste, sera toujours chez lui ici. Ce chain, l’Opéra de Strasbourg pré- travail sur ce spectacle a d’ailleurs qui n’empêchera pas Christie sentera Die Tote Stadt, de Korn- commencé dès 1998, lors d’un de d’être lui aussi présent : en 2001- gold, et Eloïse et Abélard, du ces workshops que Wilson aime or- 2002, il dirigera la reprise de la pro- compositeur marocain contempo- ganiser dans les locaux de sa fon- duction de Rodelinda, de Haendel, rain Ahmed Essyade. Ce qui n’est dation Water Mill, à Long Island, montée pour Glyndebourne par pas ordinaire. près de New York. Jean-Marie Villégier. – Quelle sera votre politique – Comment John Eliot Gardi- – Vos projets sont-ils discutés future envers la création ? ner, qui avait fait savoir son mé- avec les patrons des autres insti- – Les musiques du XXe et du... pris pour les metteurs en scène, tutions lyriques parisiennes, no- XXIe siècle seront très présentes. jusqu’à effectuer ce travail lui- tamment avec Hugues Gall, di- Pour l’an 2000, même, a-t-il accepté de travail- recteur de l’Opéra de Paris ? composera pour nous une Nativité. ler avec Wilson ? – Dominique Meyer, Pierre Mé- Après Le Conte d’Hiver de Philippe – Les contacts ont été excellents. decin (respectivement directeurs Boesmans, nous aurons, en 2001- Ils se sont mis d’accord sur cer- du Théâtre des Champs-Elysées et 2002, la reprise des Trois Sœurs, de taines règles, ont échangé leurs de l’Opéra-Comique), Georges- Peter Eötvös, puis le nouvel opéra points de vue. Ils n’étaient bien en- François Hirsch (directeur de l’Or- de Kaija Saariaho, en coproduction tendu pas d’accord sur tout. Wilson chestre de Paris) et Pascal Dumay avec le Festival de Salzbourg. La voulait en particulier que le chœur (directeur de la musique à Radio- saison suivante, ce sera le tour de soit en fosse. Ce sera le cas pour Al- France) et moi-même avons des Hugues Dufourt et, de nouveau, ceste. Mais pour Orphée, Gardiner a rendez-vous réguliers dans le bu- de Peter Eötvös. obtenu qu’il soit sur scène. reau d’Hugues Gall afin de coor- – Ne souffrez-vous pas de ne – Vous invitez également Kent donner nos projets. Cela me paraît pas avoir de formations musi- Nagano, que vous aviez engagé essentiel. cales et chorégraphiques perma- à Lyon, après Gardiner. On pour- – Comment envisagez-vous nentes ? rait vous reprocher de refaire un l’avenir du Châtelet ? – Au contraire ! C’est un privi- Opéra de Lyon bis au Châtelet, – Comme une synthèse du tra- lège. On sait que les orchestres sans parler des limites et de la vail de mes deux prédécesseurs, vont vers une spécialisation de froideur de Kent Nagano dans le Jean-Albert Cartier, qui a redonné plus en plus grande. Sans or- « grand répertoire »... la place qu’on sait à ce théâtre chestre permanent, je peux inviter – J’avoue que Gardiner et Naga- dans la vie musicale parisienne, et une formation adaptée à chaque no font partie d’une « famille » Stéphane Lissner, qui l’a ancré projet. Par ailleurs, sachant que le avec laquelle je souhaite continuer dans le XXe siècle, tant sur le plan personnel non musical se sent d’avoir des relations régulières. du répertoire que sur celui de la souvent relégué à l’ombre des ar- Kent est un merveilleux technicien, mise en scène. Je crois qu’il faut tistes musiciens, le fait de ne pas une grande oreille. Il est vrai qu’il garder cette spécificité tout en avoir cette présence permanente ne se « chauffe » qu’en cours des soutenant la production d’un cer- soude davantage l’équipe tech- productions. Mais dès lors, il est tain patrimoine et en donnant à nique et administrative et la place formidable. Il possède des qualité entendre ou à voir d’autres esthé- véritablement au centre de l’insti- de clarté et de curiosité qui le font tiques. J’ai ainsi pensé qu’il était tution. » aborder des répertoires hors du bon de ne pas poursuivre les dix commun. C’est une caractéristique années de résidence du choré- Propos recueillis par très précieuse. graphe William Forsythe et de re- Renaud Machart LeMonde Job: WMQ0810--0035-0 WAS LMQ0810-35 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 08:20 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0556 Lcp: 700 CMYK

CULTURE LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 / 35

SORTIR

Christoph Eschenbach et l’Orchestre de Paris réalisé en 1919 par Louis Feuillade PARIS vient d’être restauré par la PACT Gaumont et la Cinémathèque Le saxophoniste camerounais française. Il s’agit d’une fiction en état de grâce Toups Bebey, leader du groupe muette en noir et blanc teinté, avec afro-jazz Paris Africans et de la accompagnement musical, d’une facétieuse fanfare Spirit durée de 7 heures et 23 minutes. Mahler, Dvorak et Poulenc au programme de la première série de concerts Pan-Africans Brass Company, croit Les séances qui présentent aux vertus de l’éclectisme et de la plusieurs épisodes chacune se Christoph Eschenbach a donné une première Mahler d’anthologie, le prochain directeur de deux pianos et orchestre de par diversité. Il multiplie les tiennent à 19 heures et 21 heures. session de quatre concerts dont le dernier aura l’Orchestre de Paris a convaincu le public de la Katia et Marielle Labèque était, elle, franche- expériences musicales. Celle-ci Forum des Images, 2, Grande lieu jeudi 7 octobre. Avec une Cinquième de salle Pleyel. L’interprétation du Concerto pour ment décevante. s’inscrit dans le registre des Galerie, Nouveau Forum des Halles, musiques électroniques librement Porte Saint-Eustache, 1er . Mo Les jourd’hui, elles ne drainent plus qu’il a lui même effectués. Mais lange symphonique, alors cet al- nourries de sons et d’ambiances Halles. Les 8 et 9 octobre. Tél. : FRANCIS POULENC : Concerto les foules, ce que pourrait laisser Katia Labèque – et la plus dis- liage peut fonctionner à mer- d’Afrique (1 CD Cosmic 01-44-76-62-00. 25 F et 30 F. accroire leurs mirobolants ca- crète et raffinée Marielle, bien veille. Tones/Musisoft). pour deux pianos et orchestre. MONTPELLIER GUSTAV MAHLER : Symphonie chets (leur « prix » officiel est de obligée de suivre – n’en a cure. Le C’était absolument le cas dans Batofar, face au 11, quai no 5. Katia et Marielle Labèque 150 000 francs chacune...). On es- duo s’amuse de ce Poulenc pré- cette Cinquième de Mahler d’an- François-Mauriac, 13e. (pianos), Orchestre de Paris, pérait en tout cas qu’elles au- tendument « petit maître ». C’est thologie, jouée comme une parti- Mo Quai-de-la- Gare. Le 7, à Premières Rencontres Christoph Eschenbach (direc- raient modifié leur vision du irresponsable et sans intérêt. tion foisonnante mais claire, 22 heures. Tél. : 01-56-29-10-00. européennes des revues tion). Salle Pleyel, le 29 sep- Concerto pour deux pianos (1932), spectaculaire mais jamais vul- 20 F. d’architecture tembre. Prochains concerts : le de Francis Poulenc (1899-1963), CONTENT ET FIER gaire. Un Scherzo idéal de délié, Dick Annegarn Le château de Castrie organise, à 7 octobre. Œuvres de Dvorak et massacré dans un disque enregis- Mais on n’est pas venu pour un premier mouvement rutilant « Nous devons sans arrêt nous l’initiative de l’Académie Mahler. Truls Mork (violon- tré naguère pour Philips Classics. cela. Eschenbach a davantage de mais constamment tenu, un Ada- employer à donner des lettres de d’architecture, diverses activités celle), Christoph Eschenbach Hélas non. Inutilement extraver- point de vue sur Gustav Mahler gietto magnifique de conduite de noblesse à ce Klein Kunst, ce petit sur le thème « La presse (direction). Salle Pleyel, 252, rue tie (un jour elle tombera de son qu’il n’en a sur Poulenc. Ce musi- phrase, de fondus de couleurs, art, qu’est la chanson », déclarait architecturale : le bâti et l’écrit ». du Faubourg-Saint-Honoré, siège) et cinglante de sonorité cien, dont on a oublié quel pia- joué sans larmes mais dans une un jour Dick Annegarn. Il s’y L’exposition présente un florilège 75008 Paris. Tél. : 01-45-61-65-89. (un jour elle se blessera au doigt) niste soliste il fut (Deutsche sorte de mélancolie lucide et consacre effectivement. Avec un de soixante revues publiées dans dans les mouvements vifs, jouant Grammophon n’a pas réédité ses sèche, libérant cette polyphonie humour, une intelligence, une dix-neuf pays d’Europe. Un Le chef d’orchestre allemand avec une discontinuité qui ra- premiers enregistrements), déve- aux dissonances douces-amères liberté singulière dont on ne colloque et des visites guidées sont Christoph Eschenbach sera le joute du décousu à une œuvre loppe, lentement mais sûrement de son aspect généralement lar- saurait se passer. proposés au public, un atelier de prochain directeur musical de dont l’élaboration kaléidosco- (depuis 1972), une carrière de moyant et « sépia ». Cirque d’hiver Bouglione, 110, rue travail aux professionnels. A ne pas l’Orchestre de Paris, à compter de pique est déjà en soi probléma- chef d’orchestre de premier plan. Les cuivres, très sollicités par la Amelot, 11e.Mo Filles-du-Calvaire. manquer : la remise du Prix du la saison 2000-2001. Cette année, tique, Katia Labèque mène la Son geste est sûr, sans fiori- partition, ont été exemplaires, les Les 7, 8 et 9, à 20 heures. Tél. : livre d’architecture. il n’est présent à l’orchestre que danse et donne le ton suranné tures. Pas d’esbrouffe, pas d’ef- cordes d’une couleur à la fois 08-03-02-00-40. 140 F. Renseignements et inscriptions : pour deux séries, les 29 et 30 sep- qui va si mal au deuxième mou- fets, pas de clinquant. On l’a en- profonde et claire. Dans ces Barabas remis au goût du jour Centre régional des lettres du tembre et les 6 et 7 octobre. Le vement, alla Mozart, en le jouant tendu à la limite de la froideur (à soirs-là, qu’on espère nombreux, Première projection de la copie Languedoc-Roussillon, 20, rue de la premier de cette série de quatre avec un rubato et une surarti- Chicago, la saison passée, dans l’Orchestre de Paris n’a vraiment restaurée du célèbre classique République, 34 Montpellier. Du 8 au concerts (Mahler, Dvorak et Pou- culation qui sont tout ce que une symphonie de Bruckner), rien à envier aux toutes grandes Barabas. Ce grand feuilleton 10 octobre. Tél : 04-67-22-81-41. lenc) aura permis de confirmer Poulenc détestait. mais lorsque cette direction formations du peloton de tête in- populaire en douze épisodes Entrée libre. que le choix de ce musicien Le compositeur a dit, écrit et d’une probité rare associée à une ternational. On en est content, et semble avoir été le bon. montré ce qu’il faut faire de cette vision musicale et poétique de même fier. (Publicité) Les sœurs Labèque forment un pièce délicate dans deux enregis- premier ordre parvient à entrer duo qui fut naguère célèbre. Au- trements (disponibles chez EMI) en communication avec une pha- Renaud Machart Une leçon de théâtre et d’amour signée Rainer Maria Rilke Pas croyable ! : il aura fallu at- En septembre, il écrit La Vie quo- les ponts. « Tout nous a été donné LA VIE QUOTIDIENNE, de Rai- tendre quatre-vingt-dix-huit ans tidienne. hier soir. Je connais tous tes gestes, ner Maria Rilke. Traduction de pour que soit mise en scène, en Le lieu de l’action est l’atelier ta douceur, ta violence, dit-elle, Rémy Colombat. Mise en scène : France, une pièce de Rainer Maria d’un peintre (Clara Westhoff est nous étions sur une île, et nous Philippe Macaigne. Avec Flo- Rilke, La Vie quotidienne. Il est sculptrice). Le peintre de la pièce, nous retrouvons dans la vie quoti- rence Viala, Georg Millner, Isa- vrai que le théâtre de Rilke, même Georg Millner, est le portrait cra- dienne, là où les choses pèsent leur belle Gardien, Laurent Rey, Cé- en Allemagne, est tenu par les ché du Rilke que décrit Lou dans poids, ont une ombre. » Hélène cile Brune. éditeurs, et par les garants du sa lettre de rupture : « Tour à tour disparaît. Les roses et les oranges STUDIO-THÉATRE DE LA théâtre, pour peu de chose, des surexcité et déprimé, passant d’une que le peintre avait fait acheter à COMÉDIE-FRANÇAISE, 99, rue « tentatives de ses débuts », que excessive pusillanimité à d’excessifs son intention, par l’un de ses mo- de Rivoli, 1er. Tél. : 01-44-58-98- Rilke aurait désavouées. Tout de emballements. » Elle note une dèles, Mascha, c’est à Mascha 58. Mo Palais-Royal. A 18 h 30, même, en septembre 1901, quand « paralysie de la volonté entrecou- qu’il les donne. lundi, mardi, mercredi, vendre- il écrit, à 27 ans, La Vie quoti- pée de sursauts nerveux, des alter- Rilke nous dit donc qu’au cours di et samedi. 80 F (12,20 ¤). dienne, Rilke a publié plusieurs nances de flottement profond et de d’une soirée dans le monde, le livres de poésie, plusieurs ou- haussements de ton ». temps de trois ou quatre heures, vrages en prose, le poème drama- Ce peintre, copie de Rilke, ren- deux êtres peuvent se rencontrer, GUIDE tique La Princesse blanche, a fait contre chez des amis une femme, et, assis dans des fauteuils, vivre, jouer deux pièces, Aux premiers Hélène. L’amour absolu immé- par les seules paroles, une en- REPRISES CINÉMA Compagnie One Step froids et Maintenant et à l’heure de diat. Rappel du coup de foudre tente, un partage, une confiance, Elsa Wolliaston : Shade of Blues. e Les Cinquante-cinq Jours de Pékin Kiron Espace, 10, rue La Vacquerie, 11 . notre mort, a écrit son poème le partagé Rilke-Lou en 1897. « Elle que jamais ils ne retrouveraient, o de Nicholas Ray, américain, 1963, copie M Voltaire. Les 7 et 14, à 19 heures. Tél. : plus souvent réédité en Alle- m’a compris. Elle m’a vraiment ni dans les étreintes ni dans une 01-44-64-11-50. De 50 F à 80 F. magne et dans le monde entier, Le compris, par-delà les mots... Nous vie commune. Ce n’est pas un neuve (2 h 35). Action Christine, 6e. Tél. : 01-43-29-11-30. Etienne M’Bappé, Mario Canonge, Chant de l’amour et de la mort du savions tout l’un de l’autre », dit le propos génial, mais, dans La Vie Yellow Submarine Roger Biwandu er cornette Christophe Rilke. peintre. Dès le lendemain matin, quotidienne, Rilke a des inven- de George Dunning, dessin animé britan- Sunset, 60, rue des Lombards, 1 . o Tout fervent de Rilke et de ses il attend Hélène dans son atelier. tions attachantes pour le dire, et nique, 1968 (1 h 25). M Châtelet. Les 7, 8 et 9, à 21 heures. Cahiers de Malte sera touché par Elle apparaît. C’est pour couper inattendues. Merci à Philippe Ma- Action Ecoles, dolby, 5e. Tél . : 01-43-29- Tél. : 01-40-26-46-60. 80 F. 79-89. Dominique A, Zita Swoon La Vie quotidienne, une œuvre de caigne de nous faire découvrir Petit Chapiteau, parc des Cormailles, crise, carrément intime. En février cette œuvre méprisée, de l’avoir TROUVER SON 94 Ivry-sur-Seine. Le 7, à 20 heures. Tél. : 1901, Rilke s’est séparé de Lou bien dirigée, avec un détache- 01-45-15-07-07. De 50 F à 100 F. Andreas Salomé, sa passion. En ment léger. Florence Viala est lu- Tous les films Paris et régions sur le Mini- Les Frères Brozeur, Mardigrâve avril, il a épousé Clara Westhoff, mineuse dans le rôle du modèle tel, 3615-LEMONDE, ou tél. : 08-36-68-03- Le Tremplin, 5, rue Raspail, 94 Ivry-sur- 78 (2,23 F/min). qui attend un enfant de lui (ce se- Mascha : un jeu libre quoique très Seine. Le 7, à 20 heures. Tél. : 01-45-15- 07-07. De 50 F à 100 F. ra une fille, Ruth), Lou a tout es- riche, entre candeur et finesse, un VERNISSAGES Julos Beaucarne, Philippe Forcioli sayé pour empêcher ce mariage. jeu d’instinct qui cache son jeu. Regards sur la vie juive au Maroc Espace culturel André-Malraux, 2, place Christian Gonon, le peintre, fait Victor-Hugo, 94 Le Kremlin-Bicêtre. Musée d’art et d’histoire du judaïsme, o scintiller les tremblotes de l’en- hôtel de Saint-Aignan, 71, rue du Temple, M Le Kremlin-Bicêtre. Le 7, à 21 heures. Tél. : 01-45-15-07-07. De 50 F à 100 F. fant malade que Lou envoie se re- 3e. Mo Hôtel-de-Ville. Tél. : 01-53-01-86- poser (« je suis venu à toi comme 53. De 11 heures à 18 heures ; dimanche Juliette, Sing Sing Espace Georges-Pompidou, 120, rue de une mère », n’oublie-t-elle pas de de 10 heures à 18 heures. Fermé samedi. o Du 7 octobre au 2 janvier. De 25 F à 40 F. Fontenay, 94 Vincennes. M Château- préciser, dans sa lettre d’adieux de-Vincennes. Le 7, à 20 h 30. Tél. : 01- provisoires). Cécile Brune est très ENTRÉES IMMÉDIATES 45-15-07-07. De 50 F à 100 F. bonne aussi dans le rôle d’Hé- Musique traditionnelle lène, mais elle serait mieux en- Le Kiosque Théâtre : les places du jour de l’Inde du Sud core, peut-être, si elle paraissait vendues à moitié prix (+ 16 F de commis- avec Veenai R. Jayanthi (veena) et Arjun sion par place). Place de la Madeleine et moins enjouée, moins charmeuse. Kumar (mridangam). parvis de la gare Montparnasse. De Centre Mandapa, 6, rue Wurtz, 13e . 12 h 30 à 20 heures, du mardi au samedi ; Mo Glacière. Le 7, à 20 h 30. Tél. : 01-45- Michel Cournot de 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. 89-01-60. 60 F et 80 F. LeMonde Job: WMQ0810--0036-0 WAS LMQ0810-36 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 10:45 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0557 Lcp: 700 CMYK

36 KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 « Foreign Affairs » rétrograde la Chine En passant au crible les atouts supposés de la République populaire, la revue américaine de politique internationale arrive à la conclusion que l’Occident surestime la Chine, notamment sur le plan économique. La presse officielle de Pékin est indignée

L’ARTICLE a fait sensation à la tout un spécialiste respecté de la pond l’universitaire. « En vérité, la L’Occident investit peu : la Chine a sins asiatiques. Mais il relativise la veille du cinquantenaire de la Ré- Chine. Dans la dernière édition de Chine est un petit marché qui im- attiré moins de 10 % des implanta- réalité de la menace chinoise sur les publique populaire de Chine. La Foreign affairs (septembre-octobre), porte relativement peu au monde, tions américaines à l’étranger et îles Senkaku (Diaoyou en chinois) presse officielle chinoise n’a guère il affirme que la Chine est surcotée surtout en dehors d’Asie ». Sa part 5 % pour ce qui concerne les Euro- – qu’elle dispute au Japon ; sur l’ar- l’habitude de commenter des re- en Occident. Son article intitulé par actuelle dans le PIB mondial est péens. Dans ces conditions, Segal chipel des Spratley – qu’elle dispute vues académiques comme Foreign provocation « Est-ce que la Chine faible (3,5 %, ou 11,8 %, si l’on rai- estime que la formule naguère pro- aux Philippines ; et sur Taïwan. Si la affairs mais, en l’occurrence, elle a importe ? » (« Does China mat- sonne en parité de pouvoir noncée par de Gaulle à propos du Chine importe militairement, pré- réagi. Le quotidien China Daily, ter ? ») développe l’idée que la d’achat), son revenu par habitant Brésil vaut plus que jamais au sujet cise Segal, c’est « simplement » journal anglophone destiné au pu- Chine est « au mieux » une « puis- est minime (les diverses estimations de la Chine : « C’est un pays d’ave- parce qu’elle « n’est pas une puis- blic étranger, s’est fendu d’un billet sance moyenne de second rang » la classent, au mieux, au 65e rang nir, et qui le restera ». sance du statu quo » et que l’Oc- dénonçant une nouvelle initiative bien qu’ayant réussi à projeter à mondial, au pis, au 81e), et son taux cident redoute sa capacité de nui- des tenants en Occident d’« une po- l’extérieur, grâce à sa « maîtrise de de croissance est largement sures- PUISSANCE DE « SECOND RANG » sance. Mais, au fond, ce risque peut litique plus dure à l’égard de la l’art de la diplomatie du théâtre », timé. Une puissance militaire ? Segal être contenu sans qu’il soit néces- Chine ». l’image d’un géant en devenir. Cette faiblesse se lit également portations françaises ou alle- est légèrement plus généreux. Il saire de contracter avec Pékin un L’auteur du forfait s’appelle Ge- Gerald Segal passe au crible les dans les chiffres du commerce in- mandes. Quant aux investissements classe la Chine comme puissance « partenariat stratégique » au détri- rald Segal. Il est directeur d’études atouts supposés de la Chine. Une ternational : le marché chinois étrangers, aujourd’hui en régres- de « second rang », à un niveau ment d’autres alliances avec de à l’Institut international des études future puissance économique ? Un n’absorbe que 1,8 % des exporta- sion, ils sont le fait aux quatre cin- donc supérieur aux puissances de vrais amis de l’Occident. « La Chine stratégiques de Londres. Il est sur- marché en expansion ? Illusion, ré- tions américaines et 1,1 % des ex- quièmes des Chinois d’outre-mer. « troisième rang » que sont ses voi- est moins comparable à l’URSS des années 50 qu’à l’Irak des an- nées 90 », écrit Gerald Segal : elle DANS LA PRESSE rait être : « Plus lents, plus dange- Comment un pays comme la au gouvernement de vouloir (...) LIBÉRATION est « une menace régionale pour les reux et plus chers. » La domination France, qui distribue si volontiers ponctionner l’Unedic et la Sécuri- Gérard Dupuy intérêts occidentaux mais non un ri- L’HUMANITÉ des marchés financiers va à l’en- des leçons au monde entier, pour- té sociale pour financer la loi des a Si tout le monde peut être gaul- val idéologique global ». Jean-Paul Piérot contre non seulement du confort rait-il tolérer que sa capitale, Pa- trente-cinq heures. Voilà, a estimé liste, c’est simplement parce que le L’universitaire en vient ainsi au a Lorsque les conservateurs pri- et de la sécurité mais aussi de ris, le nombril envahissant de la le chef de l’Etat, qui risque de fait d’être gaulliste n’a tout bonne- dernier volet de sa démonstration. vatisèrent [les chemins de fer bri- l’économie réelle. Qui mutile les France, puisse donner pareil spec- mettre à mal la gestion paritaire ment plus aucun sens. (...) Il n’est La Chine ne sera jamais une puis- tanniques], ils entonnèrent transports d’un pays endommage tacle ? La droite – le RPR en parti- de la Sécurité sociale par les orga- pas un seul domaine de la société, sance politique, car elle est inca- l’hymne thatchérien au libéra- toute son économie. culier – a déjà perdu l’Ile-de- nisations syndicales et patronales. de la politique, et même de la dé- pable d’assumer la contrainte de lisme, sonnèrent la charge contre France. S’ils n’engagent pas sans Pour tactique que soit son expres- fense où les réponses apportées par l’« interdépendance » qu’implique tout ce qui pouvait s’opposer à la RTL attendre une entreprise de réno- sion, l’inquiétude du président de de Gaulle ne soient obsolètes, voire tout projet de séduction au-delà de déferlante des dérèglementations, Alain Duhamel vation drastique, ils perdront Pa- la République n’est pas dénuée de bouffonnes – donc indifférentes. ses propres frontières. En consé- à la remise en cause des garanties a L’image de la majorité munici- ris et entameront la grande sé- fondement. (...) Mais si le parita- (...) Le vrai génie de De Gaulle a quence, Gerald Segal invite chacun sociales. (...). Mais la recherche du pale RPR-UDF-DL de Paris est de- quence électorale 2001-2002 par risme est aujourd’hui menacé, la sans doute été de mettre l’anti- à redescendre sur terre, à rétrogra- profit immédiat et la soumission venue si désastreuse, celle de Jean un échec retentissant. responsabilité n’en incombe pas conformisme à la portée des plus der la Chine dans les « imaginations aux actionnaires conduisirent les Tiberi et de ses proches est deve- au seul gouvernement. (...) A conformistes. (...) L’ombre tutélaire occidentales » afin d’adopter une sociétés [privées] à économiser nue si calamiteuse, que les LCI l’évidence, le patronat et, en son du fossoyeur de la IVe et de l’inven- stratégie plus réaliste à son endroit. sur la sécurité, sur le matériel et chances pour la droite de conser- Pierre-Luc Séguillon sein, le lobby des assureurs, teur de la Ve République offre les Cet exercice de démystification sur les effectifs. Elles empo- ver la capitale se réduisent a C’est une figure désormais clas- cherchent un bon prétexte pour plaisirs de la différence sans les n’est pas seulement sain pour l’Oc- chèrent en une année l’équivalent chaque semaine. Il y a les que- sique de la cohabitation à la fran- quitter les organismes paritaires risques qui vont avec. Autant dire cident, mais aussi pour la Chine de 100 milliards de francs ! La relles, les manœuvres, les rivalités çaise : dès qu’il appréhende la (...) afin d’ouvrir les vannes de qu’il apporte une revanche facile. elle-même qui a tout à perdre de la concurrence n’a pas apporté de personnes (...) ; il y a égale- faille, le président de la Répu- l’assurance-maladie privée à côté C’est pourquoi, aussi, de Gaulle est diffusion de légendes sur son l’augmentation de la qualité ni la ment, et surtout, les rebondisse- blique pique le premier ministre de la Sécurité sociale. Cette res- bien à sa place dans le planning de propre compte. baisse des tarifs. La devise des ments hebdomadaires du pi- là où cela fait mal ! C’est ce qu’a ponsabilité-là, Jacques Chirac a Robert Hossein quelque part entre chemins de fers privatisés pour- toyable feuilleton judiciaire. fait Jacques Chirac en reprochant omis de la stigmatiser ! Marie-Antoinette et Ben Hur. Frédéric Bobin

SUR LA TOILE A LA TELEVISION ET A LA RADIO www.radionaze.com TAXES ET TARIFS a En préparation de la prochaine Le Monde des idées réunion de l’Organisation mon- LCI En direct, 24 heures sur 24, les chansons françaises les plus ringardes des trente dernières années diale du commerce (OMC), le Le samedi à 12 h 10 et à 17 h 10 Congrès des Etats-Unis re- Le dimanche à 12 h 10 et à 0 h 10 « QUAND JE PENSE que grâce à ché d’Aigues-Mortes une compila- commande officiellement aux né- Le lundi à 9 h 10 et à 14 h 10 nous, quelqu’un, en ce moment, tion de Karen Chéryl étourdissante. » gociateurs américains de proposer a écoute C. Jérôme à Singapour, ça me L’avantage de cette programma- une interdiction de toute taxe, im- Le Grand Jury met le frisson. Et qui, à part nous, tion est l’absence de concurrence : pôt ou tarif douanier visant spéci- RTL-LCI permet au monde entier d’entendre « Quelques titres passent encore sur fiquement les transactions sur In- Le dimanche à 18 h 30 “ Jolie Poupée ”, chantée par Ber- Radio Nostalgie, mais la plupart sont ternet. Les Etats-Unis doivent a nard Ménez ? C’est ça, l’exception en exclusivité chez nous, pour l’éter- également s’opposer au projet de Les rumeurs du monde culturelle. » Depuis juin, la Radio nité. » Ce n’est pas encore la gloire, « taxe sur la transmission de don- FRANCE-CULTURE Naze de Florian Gazan et de son mais presque. Florian estime que nées numériques » proposé par un Le samedi à 12 heures ami Jérémie Berrebi diffuse en sa radio est écoutée chaque jour rapport des Nations unies dans le a continu sur Internet des chansons par 1 500 à 2 000 « nazoditeurs ». dessein de générer des ressources Idéaux et débats françaises. Mais pas n’importe les- Soucieux de tout faire dans les pour les pays du tiers- FRANCE MUSIQUES quelles : uniquement « le must du règles, il a contacté la Sacem : « Ils monde. – (AP.) Le dimanche à 17 heures kitsch et du ringard des trente der- nous ont prévenus que, un jour ou a nières années ». l’autre, nous devrions payer des ENTREPRENEURS Libertés de presse Les critères de sélection imposés droits si nous dégageons des recettes INDÉPENDANTS FRANCE-CULTURE par Florian sont très rigoureux : le publicitaires. Mais ils nous laissent a Le magazine L’Entreprise en solo Un dimanche sur quatre à 16 heures morceau doit être « terriblement tranquilles, nous ne sommes pas (groupe Expansion) et Business Vil- a mauvais, mais tellement bon à écou- dangereux, car on ne peut pas télé- lage (filiale de BNP-Paribas) ont A la « une » du Monde ter ». Une foule de noms viennent charger les chansons à partir de ouvert un site à l’intention des en- RFI aussitôt à l’esprit : Dave, bien sûr, notre site. » De toute façon, « cette trepreneurs indépendants. Il pu- Du lundi au vendredi Patrick Topaloff, Peter et Sloane, entreprise de réhabilitation de la bliera un magazine et une new- à 12 h 45 et 0 h 10 (heures de Paris) a Hervé Vilar, Début de soirée, Bézu, ment exhumés par Florian : et moi avons mobilisé notre bande chanson de qualité n’est pas faite sletter, et proposera un ensemble Jean-Pierre François, les Poppies : « J’aime particulièrement “ Le Mec de copains. Ils sont allés dans le gre- pour rapporter de l’argent. L’idéal de services pratiques. Son objectif La « une » du Monde « Nous passons aussi les sélections de le plus ultra ”, par , et nier de leurs parents et ont rouvert serait de trouver des financements est « d’accompagner les indépen- BFM l’Eurovision, qui a fourni de belles “ Réussir sa vie ”, enregistré par Ber- leurs vieux cartons, à la recherche pour couvrir les frais, mais il faut que dants dans le développement de Du lundi au vendredi perles, et des génériques d’émissions nard Tapie, période gold. » des 45-tours de leur enfance. » Pour ça reste une rigolade entre co- leur activité » et de leur donner la 13 h 06, 15 h 03, 17 h 40 Le samedi de télé. » Sans parler des inclas- Radio Naze diffuse 300 titres en enrichir sa collection, Florian fait pains ». possibilité « de s’intégrer dans un 13 h 07, 15 h 04, 17 h 35 sables, refoulés par la mémoire col- rotation, et dispose d’un stock de aussi les puces et les foires : véritable réseau professionnel ». lective nationale, et impitoyable- plus de 1 000 morceaux : « Jérémie « L’autre jour, j’ai trouvé sur le mar- Yves Eudes www.business-solo.com

La foi du siècle prochain par Alain Rollat POURQUOI ces questions nait de lui-même dans sa propa- yeux, mais elle n’apparaissait d’outre-tombe sur le commu- gande pour savoir à quoi s’en tenir qu’en creux et cette anomalie ren- nisme ? Pourquoi ces interroga- sur sa tare originelle. dait borgnes les petits pères du tions sur ce qu’il fut dans sa réalité La vérité sur le vice initial du peuple : le communisme originel après avoir été porteur de tant communisme crevait les yeux et était du genre exclusivement mas- d’espérances ? Pourquoi voir une personne n’a voulu la voir. Elle culin ! Il est logique qu’il ait fini énigme historique dans ce déca- s’expose, en gros plan, dans la pas- stérile. lage entre la fascination que cet sionnante série documentaire La foi du siècle prochain sera idéal exerça sur tant de généra- consacrée par Arte, sous le titre donc, fatalement, du genre fémi- tions et le champ de ruines qu’il lé- « La foi du siècle », à l’histoire de nin. Sa révolution est déjà en gua aux suivantes ? Il n’y a plus cette idéologie qui produisit le pire marche. Son avant-garde occupait, lieu de se demander s’il fut la plus au nom du meilleur. Elle s’étale, mercredi soir, sur France 3, « La collective des illusions ou la plus plein écran, dans ces images d’ar- marche du siècle ». Elle esquissait perverse des religions. Ce ques- chives qui montrent comment déjà sa revanche avec la complicité tionnement est obsolète. s’est construit l’imaginaire de l’ancien trotskyste Michel Field. Le plus grand mystère du ving- communiste. Voyez Lénine établir Elle montrait déjà du doigt ceux tième siècle n’est pas de savoir la dictature du prolétariat ! Voyez des hommes qui persistent à refu- comment le communisme a pu si Trotsky prêcher la révolution per- ser le partage des tâches ména- longtemps susciter tant d’enthou- manente ! Voyez Boukharine rédi- gères. Elle abattra les ultimes ves- siasmes alors qu’il engendrait tant ger son ABC du communisme ! tiges de la dictature de l’éternel de monstruosités contraires à ses Voyez les soviets enrégimenter la masculin. « Il n’y a que 2 % des fondements philosophiques. Le classe ouvrière ! Et, sur ces images, hommes qui font la lessive », disait mystère est que le communisme on voit quoi ? Des hommes ! Des l’une. « Ils ne sont que 24 % à ait nourri jusqu’à aujourd’hui tant hommes ! Des hommes en mettre la table », disait l’autre. Le de supputations sur son identité troupes. Des hommes en foules. prochain goulag sera domestique. alors qu’il suffisait de regarder les Des hommes en masses. Aucune Nous l’aurons mérité. Chérie, images en noir et blanc qu’il don- femme ! Cette vérité crevait les passe-moi la poudre à récurer... LeMonde Job: WMQ0810--0037-0 WAS LMQ0810-37 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 08:10 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0558 Lcp: 700 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 / 37 JEUDI 7 OCTOBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS DOCUMENTAIRES 21.00 La Maîtrise 19.30 Série noire aaa TÉLÉVISION ARTE de Radio France au festival Alain Corneau (France, 1979, 115 min) !. Cinétoile 21.00 Enfants obèses, 20.30 Israland. Planète Eclats de voix 1998. Muzzik 20.30 La Passante TF 1 19.00 Voyages, voyages. Le Piémont. attention danger. Forum Planète 20.40 Un petit coin de paradis 21.35 Rachmaninov. 19.45 Météo, Arte info. Vladimir Ashkenazy, piano. Mezzo du Sans-souci aa 23.00 Objet volant avec Edouard Baer et Eric Roux. Jacques Rouffio (France, 1981, 19.00 Etre heureux comme... 19.55 Musica. Turandot, acte I. Histoires de jardins. Canal + 23.15 Soirée russe avec Rostropovitch. 115 min) &. Ciné Cinémas 2 19.05 Le Bigdil. Opéra de Puccini. 20.40 Le Liceu de non identifié. Forum Planète Avec Vladimir Spivakov, violon ; Barcelone. 21.05 et 22.15 Turandot, 21.05 Le Clonage. TV 5 Yuri Bashmet, alto. Paris Première 20.40 Le Cri de la liberté aa 19.55 L’Air d’en rire. acte II et III. Opéra de Puccini. 21.55 (Etats-Unis, 20.00 Journal, Météo. Promenade musicale dans Barcelone. MAGAZINES 21.05 Les Grands Criminels. 1987, 170 min) &. RTL 9 Pierrot le fou. Odyssée TÉLÉFILMS 20.50 Une femme d’honneur. 23.00 Barcelone by Night. 18.20 Nulle part ailleurs. 20.45 Marie Walewska aa Bébés volés &. 0.14 Bernhard Wicki. 21.30 Un remède Clarence Brown (Etats-Unis, 1937, Semaine de la mode. Invités : Lucien 22.45 Made in America. Déluge infernal. un regard sur l’Allemagne. contre l’obésité. Planète 20.30 Jeux d’enfants. N., 120 min) &. Histoire Pages et Alberto Marani, Eliades Michel Léviant. Festival Téléfilm. Norberto Barba. %. 0.15 Bernhard Wicki, réalisateur. Ochoa ; Gilles Clément, Mario Lurachi, 22.25 Du rugby et des hommes. [1/5]. 20.50 Août aa 0.25 Minuit sport. 1.30 Maestro. Hogwood Dany Brillant. Canal + Aotearoa, terre des guerriers. Planète 20.55 Croisière. Karen Arthur [1/3]. TMC Henri Herré (France, 1991, et Levin interprètent Mozart. 19.00 Le Grand Journal. LCI 100 min) &. Téva 22.45 Télé notre histoire. 21.55 Le Mur aux fées. FRANCE 2 20.00 Les Défilés de mode à Paris. Georges de Caunes. Histoire Michel Léviant. Festival M6 Prêt-à-porter femmes 22.50 Un oiseau mythique. Odyssée 18.25 Hartley, cœurs à vif &. Printemps-Eté 2000. Paris Première 18.25 Le Flic de Shanghai &. 23.20 Burt Lancaster. Odyssée SÉRIES 19.15 1 000 enfants vers l’an 2000. 20.55 Envoyé spécial. Les survivants de l’an 19.20 Unisexe. 2000. Un juge dans la tourmente. Mort 0.15 Bernard Wicki, 19.25 Qui est qui. 20.15 Friends. Celui qui a 19.50 La sécurité sort sur la route de la soie. Dakar, réalisateur. Arte 20.00 Journal, Météo. une nouvelle fiancée. RTL 9 de la bouche des enfants. l’économie de la débrouille. France 2 20.55 Envoyé spécial. Les survivants de 21.10 LCA. L’art contemporain et les ventes SPORTS EN DIRECT 20.50 Une femme d’honneur. l’an 2000. Un juge dans la tourmente. 19.54 Le Six Minutes, Météo. aux enchères du week-end. LCI Bébés volés. TF 1 Mort sur la route de la soie. P-s : Dakar, 20.05 Mode six. 21.30 L’Invité de PLS. LCI 20.55 X-Files. Compte à rebours. l’économie de la débrouille. 20.10 Une nounou d’enfer &. 20.00 Football. Photos mortelles %. M6 22.15 Le Journal du monde. LCI D2 : Lorient - Sochaux. Eurosport 23.00 Expression directe. 20.40 Décrochages info, Passé simple. 21.25 Zoé, Duncan, Jack & Jane. When 22.30 La Roue du temps. Archéomag. 23.10 Une étrangère parmi nous 20.30 Basket-ball. Euroligue masculine. Zoe Met Johnny (v.o.). Série Club 20.55 X-Files, aux frontières du réel. Un jardin antique à Richebourg. Groupe C : Asvel - Lasko. Pathé Sport Film. Sidney Lumet. &. Compte à rebours. %. Des monuments pour les morts. 21.35 Urgences. Genèse. TSR 1.00 Journal, Météo. Photos mortelles. %. Rencontres. Docteur Archéo. Séquence 23.10 Frasier. Le candidat. Série Club flash-back. RTBF 1 MUSIQUE 22.50 Les Jeudis de l’angoisse. 23.35 Working. Enemies, FRANCE 3 Apology a 22.30 Boléro. Invité : Hugues Aufray. TMC 19.55 Musica en direct. a Love Story (v.o.). Série Club Film. Robert Bierman. ?. 22.50 L’Invité de l’économie. LCI Turandot. Opéra de Puccini. 23.35 Le Comte de Monte-Cristo. 17.40 Le Kadox. 0.35 Fréquenstar. Mise en scène. Nuria Espert. Le prisonnier du Château d’If. TMC Johnny Hallyday. 23.45 Prise directe. La Mal Bouffe, COLLECTION CHRISTOPHE L. 18.13 Comment ça va aujourd’hui ? en direct de Lyon. France 3 Par l’Orchestre symphonique 23.55 Amicalement vôtre. et les Chœurs du Gran Teatre del 21.05 La Première Folie 18.20 Questions pour un champion. 0.35 Fréquenstar. Johnny Hallyday. M6 Chez nous. Série Club RADIO Liceu, la Chorale de chambre des Monty Python a 18.48 Un livre, un jour. 0.55 Saga-Cités. du Palau de la Música, 1.40 New York Police Blues. La vie Ian McNaughton. 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. On s’fait un film. France 3 dir. Bertrand de Billy. Arte est parfois injuste (v.o.). Canal Jimmy Avec , FRANCE-CULTURE (GB, 1972, v.o., 20.05 Fa Si La. 90 min) &. Canal Jimmy 20.35 Tout le sport. 20.30 Décibels. 21.25 Je vous salue Marie aaa 20.55 Barabbas a Jean-Luc Godard (France - Suisse, Film. Richard Fleischer. &. 21.20 Expresso, Poésie sur parole. 1983, 110 min) &. Cinétoile 23.10 Météo, Soir 3. 21.30 Multidiffusion. 22.25 Pour toi, j’ai tué aa 23.45 Prise directe. 22.10 Carnet de notes. Méli-mélodies. Robert Siodmak (EU, 1948, N., 0.55 Saga-Cités. On s’fait un film. CANAL+ FRANCE 3 CANAL+ v.o., 85 min) &. 13ème Rue 22.30 Surpris par la nuit [4/5]. 1.25 Espace francophone. 22.25 Full Metal Jacket aa L’Afrique en créations. 20.40 Histoires de jardin : 20.55 Barabas a 23.15 The Boxer Stanley Kubrick (Etats-Unis, FRANCE-MUSIQUES un petit coin de paradis Richard Fleischer, cinéaste holly- Un film de Jim Sheridan, avec son 1987, 110 min) ?. Ciné Cinémas 2 CANAL + La création du Jardin planétaire à woodien, réalisa en 1961 ce pé- acteur favori Daniel Day-Lewis 22.32 Crash aa 20.00 Série croisée. (Canada, Par l’Orchestre national de France, dir. la Grande Halle de La Villette, à plum inspiré de la Bible, à Cinecit- personnifiant un ancien boxeur, 1996, 105 min) !. Cinéfaz f En clair jusqu’à 20.40 Zdenek Macal : Œuvres de Smetana, Florentz, Tchaïkovski. Paris, donne l’occasion de mon- ta, alors la Mecque d’un cinéma par ailleurs militant de l’IRA et 23.00 Un enfant de Calabre aaa 18.20 Nulle part ailleurs. 22.30 Jazz, suivez le thème. trer à quel point planter, sarcler, italien au mieux de sa forme. condamné comme tel, qui tente Luigi Comencini (Fr. - It., 1987, 20.30 Le Journal du cinéma. v.o., 110 min) &. Cinéstar 2 20.40 Histoires de jardins. 23.00 Le Conversatoire. biner, bouturer et cultiver son jar- Deux monstres sacrés, Anthony de réconcilier protestants et ca- 23.15 Alerte aux Indes aa Un petit coin de paradis din est devenu une activité de Quinn et Silvana Mangano, in- tholiques autour d’un ring. En Zoltan Korda (Grande-Bretagne, 1938, avec Edouard Baer et Eric Roux. RADIO CLASSIQUE 21.35 C’est la tangente que je préfère choix pour beaucoup (dont les carnent les héros de cette histoire toile de fond, les difficultés d’un v.o., 95 min) &. Cinétoile 23.45 Capitaine Blood aa Film. Charlotte Silvera. &. 20.15 Les Soirées. « branchés » et les fameuses qui voit le voleur Barabas, épar- ancien terroriste à réinvestir une Michael Curtiz (Etats-Unis, 1935, 23.14 Les Têtes. Station Mir &. Œuvre de W.F. Bach, 20.40 Claudio CSP+, les classes sociales les plus gné par le procurateur de Judée vie sociale et privée normale. Un N., v.o., 95 min) &. Ciné Classics 23.15 The Boxer Abbado, chef d’orchestre. Œuvre de Film. Jim Sheridan (v.o.). &. Haydn, Mendelssohn, Beethoven... aisées). Un documentaire sur une Ponce Pilate, se convertir au chris- film sans concessions, remarqua- 23.55 Ulee’s Gold aa Victor Nunez (Etats-Unis, 1997, 1.05 L’Epée enchantée. 22.40 Les Soirées... (suite). mode bien implantée. tianisme. blement interprété. 123 min) &. Cinéstar 1 Film. Bert I. Gordon (v.o.). %. Œuvres de Schubert, Mozart.

VENDREDI 8 OCTOBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 20.15 Mon pays, mon amour. 21.00 Chick Corea and Friends. Muzzik 19.35 A nous la liberté aaa TÉLÉVISION [6/6]. Robert Schneider 22.00 Bizet. Symphonie « Roma ». René Clair (France, 1931, LA CINQUIÈME/ARTE et le Vorarlberg. Arte Enregistré en 1990. Par l’Orchestre N., 85 min) &. Cinétoile 21.00 Monastères, à l’ombre 20.25 L’Esprit du jaguar. symphonique de la RTSI, 21.00 14 juillet aa TF 1 14.35 La Cinquième rencontre... de Dieu. Forum Planète [4/4]. Le cinquième soleil dir. Jean-Claude Casadesus. Mezzo René Clair (France, 1932, N., Famille, école. 22.00 Homosexualité, des Aztèques. Odyssée 22.30 André Ceccarelli, West Side Story. 85 min) &. Cinétoile 15.40 Sydney Police &. 16.00 Les temps changent, 20.30 La Menace Star Wars. Canal + Café de la Danse, 1998. Muzzik 21.00 De l’amour à la folie aa chronique des 35 heures. « le gay savoir ». Forum Planète 16.40 Sunset Beach &. 20.45 Origines de l’homme : 22.45 Guillaume Sutre Antonia Bird (Etats-Unis, 1995, 16.30 Alf &. 23.00 L’art peut-il être 95 min) &. Cinéstar 1 17.35 Melrose Place &. la Piste d’Abel. Histoire et Kyng-Hee Kim. 18.25 Exclusif. 17.00 Le Magazine ciné. classé X ? Forum Planète Reims, 1999. Mezzo 21.00 The Missouri Breaks aa 17.30 100 % question. 21.15 Le Front de l’Est. [1/4]. Arthur Penn (Etats-Unis, 1976, 19.00 Etre heureux comme... 17.55 Couples légendaires. MAGAZINES La marche sur Stalingrad. Planète 23.15 Story Tellers. 140 min) ?. Cinéfaz 19.05 Le Bigdil. 21.15 Ladakh, un désert Ray Davies. Canal Jimmy 19.55 L’Air d’en rire. 18.25 Météo. 23.15 Concert au palais princier. 18.30 Le Monde des animaux. 14.15 Le Club. dans le ciel. Odyssée 19.57 Clic et net. Avec Barbara Hendricks ; Placido 19.00 Tracks. Pierre Tchernia. Ciné Classics 22.10 Les Rivaux de la montagne. 20.00 Journal, Météo. Domingo ; Dimitri Hvorostovsky. 19.45 Météo, Arte info. 14.25 Boléro. Invité : Hugues Aufray. TMC L’aigle et le caracal. Odyssée Par l’Orchestre national de l’Opéra 20.45 Le Journal de Lyon, dir. Lawrence Foster. TMC 20.15 Mon pays, mon amour [6/6]. 17.00 Les Lumières du music-hall. Albert 22.20 Grand format. de la Coupe du monde. Préjean. France Gall. Paris Première Qu’avez-vous vu de Sarajevo ? Arte 20.50 Rugby. Coupe du monde 1999. 20.45 Pepe Carvalho. Shéhérazade &. 22.20 « Il poverello », TÉLÉFILMS France - Namibie. 22.20 Grand format. 18.20 Nulle part ailleurs. Qu’avez-vous vu de Sarajevo ? Invités : Marianne Faithful. Mouna l’histoire de Saint-François 22.40 Sans aucun doute. Ayoub. Robert Hossein. Canal + 17.25 J’ai bien l’honneur. Ils ont détruit ma famille. 23.40 Streetlife d’Assise. Planète Jacques Rouffio. Festival Film. Karl Francis (v.o.). &. 19.00 Tracks. Tribal : Les champions du QI. 0.30 Mode in France. Dream : Rencontre avec Genesis 22.40 Jeunes en prison. Canal + 19.50 Pour tout l’or de l’Alaska. Prêt-à-porter printemps-été 2000. 1.20 Le Dessous des cartes. Tibet 1999. P-Orridge. Backstage : 23.40 Israland. Planète John Power. Disney Channel Les Turntablists. Arte 23.55 Going Wild. 20.30 Desjardins, la vie d’un homme, FRANCE 2 M6 20.00 Les Défilés de mode à Paris. Le désert de Namib. Odyssée l’histoire d’un peuple. 16.05 La Chance aux chansons. 16.10 et 1.45 M comme musique. Les collections Prêt-à-porter femmes Richard Martin [1 et 2/2]. Festival Printemps-Eté 2000. Paris Première 16.50 Des chiffres et des lettres. 17.20 Highlander &. SPORTS EN DIRECT 20.40 La Petite Sauvage. 20.55 Thalassa. Diane Keaton. RTL 9 17.20 et 22.40 Un livre, des livres. 18.25 Le Flic de Shanghai &. La balade de l’Astrolabe. France 3 15.00 Cyclisme. Championnats du monde 20.55 Holocauste. COLLECTION CHRISTOPHE L. 17.25 Cap des Pins &. 19.20 Unisexe. 21.00 Recto Verso. sur route. Messieurs moins de 23 ans Marvin Chomsky [1/4]. TMC 22.20 Capitaine Blood aa 17.55 Le Prince de Bel-Air &. 19.50 La sécurité sort Monseigneur Gaillot. Paris Première (178,75 km). Eurosport 23.00 Pour le bonheur de ma fille. Michael Curtiz. Avec Errol Flynn, 18.25 Hartley, cœurs à vif &. de la bouche des enfants. 21.05 T’as pas une idée ? 16.45 Tennis. Tournoi messieurs de Bâle : Charles Correll. Téva (EU, 1935, N., 19.15 1 000 enfants vers l’an 2000. 19.54 Le Six Minutes, Météo. Invité : Luc Plamondon. Canal Jimmy quarts de finale. Eurosport v.o., 100 min) &. Ciné Classics 19.25 Qui est qui. 20.05 Mode six. 22.05 Faut pas rêver. 16.55 Rugby. 22.25 Le Tombeur de ces dames aa 20.00 Journal, Météo, Point route. 20.10 Une nounou d’enfer &. Togo : Les tribulations de Van Buana. COURTS MÉTRAGES Jerry Lewis (Etats-Unis, 1961, Coupe du monde 1999 (poule A) : 20.55 Une soirée deux polars. 20.40 Décrochages info, France : La corrida des papas. Ecosse-Uruguay. Canal + vert v.o., 95 min) &. Cinétoile Belgique : Une ville qui fait des bulles. 1.05 Histoires courtes : Rue bleue. P.J. Dragues. &. Politiquement rock. 20.50 Rugby. Coupe du monde 1999 22.35 Soleil trompeur aa 21.45 Avocats et associés. Invitée : Axelle Red. France 3 Nassim Chouari, Lysiane Meis, 20.55 Graines de star. (poule C) : France-Namibie. TF 1 Ali Zedir et Alma Zedir. France 2 Nikita Mikhalkov (France - Russie, Groupes sanguins. &. 22.40 Sans aucun doute. Ils ont détruit ma 1994, 145 min) &. Cinéstar 1 22.45 Bouche à oreille. 23.00 Players, les maîtres du jeu. famille. Invitée : Viktor Lazlo. TF 1 21.30 Boxe. Championnat de France. Un poker de haute volée &. Poids Super-welters : SÉRIES 22.50 Embrasse-moi, je te quitte aa 22.55 Bouillon de culture. 22.55 Bouillon de culture. Meunier-Bennajem. Pathé Sport Robert Mulligan (EU, 1982, v.o., La France : excellence ou décadence ? 23.55 Total Security. 100 min) &. Ciné Cinémas 3 Le faux enlèvement. &. La France : excellence ou décadence ? 0.10 Journal, Météo. Invités : Denis Tillinac ; Alain Ducasse ; 19.05 Cadfael. 23.20 Le Soldat bleu aa 0.45 Chapeau melon et bottes de cuir. DANSE Le Moineau du sanctuaire. Festival 0.35 Judo. Championnat du monde. Andrew Jack ; Alexandre Wickham Ralph Nelson (Etats-Unis, 1970, Petit gibier pour gros chasseurs. &. et Sophie Coignard ; 19.25 Le Prisonnier. 115 min) ?. Cinéfaz 1.05 Histoires courtes. Henri Loyrette. France 2 19.30 Accent on the Offbeat. La mort en marche. Série Club 23.35 Y aura-t-il Rue bleue. N. Chouari, L. Meis, RADIO 23.40 Noms de dieux. Chorégraphie de Peter Martins. 20.40 Stargate SG-1. Ali et Alma Zedir &. Musique de Wynton Marsalis. Invité : Jean-Marie Pelt. RTBF 1 Le feu et l’eau. Série Club de la neige à Noël ? aa Par le ballet. Avec le Sandrine Veysset (France, 1996, FRANCE 3 Wynton Marsalis Ensemble. Muzzik 20.50 Jesse. 90 min) &. France 3 FRANCE-CULTURE DOCUMENTAIRES Live Nude Girl (v.o.). Téva 23.50 Minuit dans le jardin 20.45 Carmen. Chorégraphie de Mats Ek. 16.35 Les Minikeums. 20.30 Black & Blue. Musique de Rodion Shchedrin. 20.55 P.J. Dragues. France 2 du bien et du mal aaa 17.40 Le Kadox. 17.40 Sexe, censure et cinéma. [4/6]. Par le ballet Cullberg. Mezzo 21.20 Expresso, Poésie sur parole. Inoubliable Marilyn. Planète 21.45 Avocats et associés. Clint Eastwood (Etats-Unis, 18.13 Comment ça va aujourd’hui ? Groupes sanguins. France 2 1998, 144 min) %. Canal + 21.30 Multidiffusion. 17.45 Les Secrets de la guerre secrète. 21.35 Smoke. Chorégraphie de Mats Ek. 18.20 Questions pour un champion. Vichy-Alger-Londres. Odyssée Musique d’Arvo Pärt. 22.45 Les Rois maudits. [4/6]. Histoire 23.50 Nos funérailles aa 18.48 Un livre, un jour. 22.10 Carnet de notes. Avec Sylvie Guillem. Mezzo Abel Ferrara (Etats-Unis, 1996, 22.55 La Quatrième dimension. 22.30 Surpris par la Nuit [5/5]. 18.00 L’Actors Studio. v.o., 95 min) ?. Ciné Cinémas 1 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. Ron Howard. Paris Première Le solitaire. Série Club 0.00 Du jour au lendemain. MUSIQUE 0.00 Rhapsodie en bleu aa 20.05 Fa Si La. 0.45 Chapeau melon et bottes de cuir. 20.35 Tout le sport. 18.30 Le Monde des animaux. Petit gibier pour gros chasseurs. M6 Irving Rapper (EU, 1945, N., Le Parc national v.o., 140 min) &. Ciné Classics 20.55 Thalassa. La balade de l’Astrolabe. FRANCE-MUSIQUES du lac Manyara. [7/13]. La Cinquième 18.00 Bolling Grappelli. 1.15 High Incident. First Class. Muzzik 0.00 Les Aventures 22.05 Faut pas rêver. Paiement cash (v.o.). Vérité ou 19.07 A côté de la plaque. 18.30 Maestro, maestro ! 19.55 Schumann. Symphonie no 4. conséquences (v.o.). 13ème RUE d’Arsène Lupin aa 23.05 Météo, Soir 3. Herbert von Karajan. Mezzo 20.00 Concert franco-allemand. Par l’Orchestre philharmonique 2.20 Black Adder. La tête (v.o.). Arte Jacques Becker (France - Italie, 23.35 Y aura-t-il de Berlin, dir. H. von Karajan. Mezzo 1956, 100 min) &. Cinétoile Par l’Atelier baroque du Centre 18.30 A la découverte de la neige à Noël ? aa de musique baroque de Versailles 20.30 Eötvös. 2.50 Friends. 0.50 Un enfant de Calabre aaa Film. Sandrine Veysset. &. des bébés animaux. [10/20]. TMC Celui qui bricolait (v.o.). Canal Jimmy et l’Ensemble Stravaganza, Les Trois Sœurs. Par l’Orchestre Luigi Comencini (France - Italie, dir. Olivier Schnebeeli. 19.45 Mémoires de France. de l’Opéra de Lyon, dir. Peter Eötvös 3.00 Spin City. Un doigt 1987, v.o., 110 min) &. Cinéstar 2 CANAL + Œuvres de Xaraba, Desmaret, [4/12]. Auvergne, 1900-1965. Histoire et Kent Nagano. Muzzik de confusion (v.o.). &. Canal + 1.40 Domani, domani aa Duron, De Torres. Daniele Luchetti (Italie, 1988, 16.30 Insomnia Film. Erik Skjodbjaerg. %. 22.30 Alla breve. v.o., 90 min) &. Cinétoile 17.45 C’est ouvert le samedi. 22.45 Jazz Club. f En clair jusqu’à 21.00 18.20 Nulle part ailleurs. RADIO CLASSIQUE 20.30 La Menace Star Wars. 20.15 Les Soirées. Œuvres de Grieg. MEZZO ARTE CINÉ CLASSICS 21.00 Zonzon a Film. Laurent Bouhnik. %. 20.40 Erik Satie, compositeur. 22.40 Jeunes en prison. Œuvres de Satie, Milhaud, Satie... 20.40 Retro Mezzo 22.20 Qu’avez-vous vu 22.20 Capitaine Blood aa 22.40 Wonderful Town. 23.48 Les Têtes. Zone de dépression. &. Opéra de Bernstein. Par The London Heureuse initiative de la chaîne de Sarajevo ? Peter Blood, médecin condamné à 23.50 Minuit dans le jardin Voices et le Groupe de musique musicale Mezzo que celle d’exhu- Retour dans la capitale bosniaque. la déportation pour avoir soigné du bien et du mal aaa contemporaine de Birmingham, Film. Clint Eastwood. %. dir. Simon Rattle. mer les images des Actualités Pa- Patrice Barrat l’a filmée depuis un rebelle à la Jamaïque, s’évade thé – « Au fil des jours » et 1993, donnant ainsi une chronique et devient corsaire. Un film de « L’ABC d’hier » –, et d’offrir quotidienne de la ville, de la cape et d’épée dans lequel brilla SIGNIFICATION DES SYMBOLES quatre heures de programme sé- guerre et de la façon dont les Errol Flynn – vingt-cinq ans lors lectionnées par petits modules de Les codes du CSA Les cotes des films hommes et les femmes la vivent du tournage, en 1935. Michael & Tous publics a On peut voir deux à six minutes, du lundi au % aa vendredi. Annoncées par le coq intitulée « Chaque jour pour Sara- Curtiz en fera une star, en même Accord parental souhaitable A ne pas manquer COLLECTION CHRISTOPHE L. ? aaa jevo ». Ici, il questionne l’image temps qu’il créera un couple de lé- Accord parental indispensable Chef-d’œuvre ou classique claironnant, ces séquences mêlent 3.10 Antonia et ses filles aa ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + l’anecdotique et la fantaisie à la télévisuelle, ses dérives et la ma- gende, en lui donnant pour parte- Marleen Gorris. ! Public adulte DD Dernière diffusion création et au véritable événe- nière dont elle rend compte de la naire la jeune et jolie Olivia de Ha- Avec Els Dottermans, Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Willeke Van Ammelrooy (Pays-Bas, # ment. réalité. villand. 1994, v.o., 95 min) &. Ciné Cinémas 3 Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants LeMonde Job: WMQ0810--0038-0 WAS LMQ0810-38 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 11:08 S.: 111,06-Cmp.:07,12, Base : LMQPAG 04Fap: 100 No: 0559 Lcp: 700 CMYK

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VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 Premier accrochage entre Australiens Fuel à tous les étages Par Pierre Georges et miliciens au Timor-Oriental près de Suai EN EXCLUSIVITÉ mondiale, par sa tendre présence, me redon- ce qui n’est pas rien au village na goût à la vie. » La région était encore, en septembre, le bastion des milices parmi les plus brutales planétaire, Paris-Match publie Bref tout allait pour le mieux cette semaine des extraits du dans la meilleure des France et le BANGKOK aussi dévasté que le reste de l’an- bandes plus aptes à massacrer qu’à a rappelé mercredi Sadako Ogata, tome II des mémoires de Brigitte meilleur des mondes. Voilà le dé- de notre correspondant cien territoire portugais mais da- se battre, en ont-ils les moyens haut commissaire de l’ONU pour Bardot. Plus une interview de cor posé pour la scène suivante, en Asie du Sud-Est vantage piégé. Des hommes en sans encadrement indonésien ? La les réfugiés, qui réclame un « accès Brigitte Bardot. Plus un repor- proprement inoubliable. Quel- La force internationale pour le uniformes ont été aperçus. pression sur Djakarta demeure sans obstacles » du HCR à ces Est- tage photos sur Brigitte Bardot, que temps plus tard, une proche Timor-Oriental et les milices pro- Britanniques, Australiens et forte, notamment de Washington, Timorais souvent déportés et à la la dame de la Madrague. Difficile amie et jolie voisine de B. B., indonésiennes se sont affrontées Néo-Zélandais ont dû établir un pour qu’elle n’intervienne pas merci des milices. Les autorités in- donc d’y échapper. Et pourquoi Christina von Opel, héritière un pour la première fois, mercredi cordon autour de Suai, tôt dans la – même indirectement – au Timor- donésiennes, qui se sont engagées vouloir y échapper d’ailleurs, peu égarée d’un fameux empire, 6 octobre, à une quinzaine de kilo- matinée de mercredi. Ils ont alors Oriental, et les représentants de à leur donner le libre choix entre le tant on en apprend de belles et fut impliquée dans une affaire de mètres de la frontière avec le Ti- tiré dans les pneus d’un camion de retour au Timor-Oriental et une d’amusantes dans ce récit. Bri- drogue, condamnée et empri- mor-Occidental, la partie indoné- miliciens qui avait forcé l’un de réinstallation en Indonésie, ont gitte Bardot, sa vie, ses œuvres, sonnée aux Baumettes. « Si j’ai- sienne de l’île. Deux miliciens ont leurs barrages, blessant deux Le sort de plus de commencé l’enregistrement de ces ses amours, ses malheurs, ses mais Christina, rapporte la narra- été tués lors d’une embuscade hommes à bord. Cette région était populations en l’absence de super- bêtes et ses hommes ! Alors, en trice, je devais aller voir mon cher qu’ils avaient tendue à un convoi encore, en septembre, le bastion deux cent mille vision internationale, un procédé avant toute pour le Carré de Plu- Valéry Giscard d’Estaing et lui de- australien qui regagnait Suai, chef- des milices les plus actives et parmi dénoncé par le HCR. ton (Ed Grasset). mander la grâce. Ce que je fis. » lieu de district, après avoir déposé les plus brutales. C’est à Suai que « réfugiés » au « Dans l’intérêt des populations « Et Valéry de remonter un peu Ce qu’elle fit effectivement. à la frontière des miliciens arrêtés trois prêtres catholiques ont été déplacées et pour la crédibilité de sa main sur ma cuisse et de me Clap, dialogues ! puis désarmés plus tôt dans la tués, début septembre, en tentant Timor-Occidental l’opération de retour, le HCR doit demander s’il pouvait faire quel- Lui : « Comment va votre cœur, journée. Lors de la poursuite des de prévenir le massacre à la gre- avoir accès, sans obstacles, à toutes que chose pour moi. » Com- chère Brigitte » ? miliciens, deux Australiens ont été nade de dizaines de fidèles, surtout demeure très les personnes déplacées dont les dé- ment ? Quoi ? ! Eh oui ! C’était Elle : « Il va mal, Valéry, c’est blessés, mais leur vie est hors de des femmes et des enfants, réfu- cisions doivent être fondées sur l’ex- bien lui et c’était bien elle. Du pourquoi je suis ici. » danger. « Les soldats de l’Interfet ne giés dans une chapelle. préoccupant pression internationalement confir- moins Brigitte Bardot l’affirme-t- La narratrice : « Et Valéry de toléreront pas » de « lâches at- Il reste à voir quelle est l’am- mée de leur libre choix », a déclaré elle dans les morceaux choisis. mettre sa main sur ma cuisse, taques », a déclaré le général aus- pleur du danger que représentent Mme Ogata. Dans l’intervalle, le Donc, pour la compréhension du pensant qu’un problème d’amour tralien Peter Cosgrove, comman- les milices pro-indonésiennes re- l’armée au Parlement indonésien Programme alimentaire mondial lecteur, rappel d’un chapitre pré- m’amenait vers lui ! Lorsque je lui dant de la force multinationale groupées du côté occidental de la ont annoncé mercredi qu’ils rati- va faire distribuer des vivres à ces cédent. B. B. venait d’avoir 39 parlai de Christina (...) il fut visi- (Interfet). frontière entre les deux Timors. fieraient, le jour venu, le vote mas- populations, notamment dans la ans et, écrit-elle, « j’avais décidé blement choqué ! » Installée depuis une semaine Jusqu’ici, elles se sont toujours re- sif du 30 août des Est-Timorais en région d’Atambua, où une bonne d’abandonner le cinéma pour me Lui : « Mais ma petite Brigitte, dans les districts frontaliers du Ti- tirées dès l’arrivée d’éléments de faveur de l’indépendance. partie d’entre eux campent dans consacrer à la défense des ani- le garde des sceaux (...) a tous les mor-Occidental, où sont regroupés l’Interfet. Leurs chefs brandissent Le sort de plus de deux cent des conditions très difficiles. maux et, en ce début de l’année pouvoirs ! Même moi, je ne peux des milliers de miliciens armés, la menace d’une guérilla mais, mille « réfugiés » au Timor-Occi- 1974, je tournais en rond dans rien pour elle, ni pour vous. » l’Interfet se retrouve sur un terrain compte tenu de la médiocrité de dental demeure très préoccupant, Jean-Claude Pomonti mon magnifique appartement du Elle : « Valéry, si vous m’aimez boulevard Lannes ». un tout petit peu, faites quelque L’oisiveté étant la mère de chose pour elle, je vous en sup- tous les engagements... En mai plie. » 1974 « mon ami Valéry Giscard La narratrice : « Et Valéry de re- d’Estaing se présentait aux élec- monter un peu sa main sur ma tions présidentielles (...). Il fallait cuisse et de me demander s’il pou- qu’il gagne (...) Je faisais des vait faire quelque chose pour adeptes et, bientôt, tout Saint-Tro- moi. » pez prônait « Giscard à la barre ». Lui : « Avez-vous suffisamment Et Giscard gagna ». Et B. B. de fuel ? (C’était l’année où l’on en d’ajouter, sans que l’on discerne manquait pour le chauffage !) » parfaitement le rapport de cause Elle : « Oui, Valéry, je vous re- à effet : « Je fêtai cet événement mercie. » Et c’est ainsi, grâce, en tombant un peu amoureuse fuel et fantaisie, que s’écrit ou se d’un beau garçon, Rolf (...) qui, romance l’Histoire de France.

« Vache folle » : la France devrait recevoir le soutien de l’Allemagne DANS LE CONFLIT ouvert qui, Paris pour demander à la Commis- après sa décision de ne pas lever sion européenne la saisine de son l’embargo sur les viandes bovines comité scientifique directeur. Ce britanniques, l’oppose à Londres dernier devrait pouvoir examiner et à Bruxelles, la France parle les données qui ont conduit les ex- d’une seule voix. Plusieurs mi- perts français du comité Dormont nistres ont, mercredi 6 octobre, à préconiser le refus de la levée de expliqué les fondements de la po- l’embargo. L’Agence française de sition française et le gouverne- sécurité sanitaire des aliments de- ment a reçu l’aide de douze asso- vait adresser, jeudi 7 octobre, l’en- ciations de consommateurs semble de ces données aux ser- (UFC-Que Choisir, Familles rurales, vices de la Commission Adeic-FEN, Asseco-CFDT...) qui européenne. Au vu de ce dossier, soutiennent « pleinement » cette la Commission devrait saisir, dans décision de surseoir à la levée de un premier temps, le sous-comité l’embargo. D’autre part, contraire- scientifique spécialisé dans l’étude ment aux premières analyses des maladies à prions où siège le faites par la Commission euro- docteur Dominique Dormont, par péenne, la France n’est pas le seul ailleurs président du groupe des pays de l’Union à placer aussi haut experts français. la barre des garanties sanitaires. L’avis des scientifiques français ne doit « pas être rangé au placard SAISINE et doit être intégré à la réflexion eu- « L’Allemagne pourrait apporter ropéenne », a déclaré, mercredi son soutien à la démarche fran- 6 octobre, Jean Glavany, ministre çaise », a indiqué, mercredi 6 octo- français de l’agriculture. Interrogé bre, Daniel Vaillant, porte-parole sur les menaces formulées contre du gouvernement. En dépit des la France par David Byrne, nou- dispositions communautaires, veau commissaire européen en l’Allemagne n’a toujours pas auto- charge de la santé des consomma- risé la levée de l’embargo frappant teurs, M. Glavany a déclaré dans les viandes bovines britanniques. un entretien à La Tribune que Cette question doit être examinée M. Byrne devrait « apprendre à par le Bundesrat, la Chambre modérer son ton ». Pour M. Glava- haute du Parlement. Programmé ny, « le gouvernement français n’est fin septembre, le vote avait été re- pas le mauvais élève d’une classe à porté à la fin octobre et pourrait qui l’on donne une fessée ». ne survenir qu’en décembre. Berlin s’est également associé à Jean-Yves Nau

DÉPÊCHES a PRESSE : les journalistes de La Dépêche du Midi ont organisé une journée de grève et un sit-in devant le siège du quotidien tou- lousain, mercredi 6 octobre, mais ce mouvement n’a pas affecté la pa- rution du journal à Toulouse. L’intersyndicale (SNJ, CGT, CFDT) ré- clame des négociations sur les 35 heures et le retrait préalable d’un mémorandum de la direction qui indique que les journalistes ne tra- vaillent effectivement que 36,2 heures par semaine. – (Corresp.) a CYCLISME : la Française Catherine Marsal, ancienne cham- pionne du monde sur route, a écopé de six mois de suspension ferme – jusqu’en juin 2 000 – à la suite d’un contrôle antidopage positif, a révélé « Le Dauphiné Libéré », mercredi 6 octobre. Catherine Marsal a expliqué avoir utilisé un diurétique pour raison médicale. Mais la jus- tification thérapeutique lui a été refusée par la commission de disci- pline de la Fédération française de cyclisme, après avis de l’Union cy- cliste internationale (UCI).

Tirage du Monde daté jeudi 7 octobre 1999 : 484 362 exemplaires. 1 - 3 LeMonde Job: WIV4099--0001-0 WAS LIV4099-1 Op.: XX Rev.: 06-10-99 T.: 19:39 S.: 111,06-Cmp.:07,09, Base : LMQPAG 00Fap: 100 No: 0153 Lcp: 700 CMYK

VENDREDI 8 OCTOBRE 1999

HISTOIRE Quatre essais de Jacques Le Goff sur saint François d’Assise et une biographie de Jacques Dalarun JEAN ROUAUD sur sa fervente disciple : Le Feuilleton de Pierre Lepape ROBERT BOBER MICHAËL CUNNINGHAM JAMES SALTER Claire de Rimini page II page III page IV page V page VII Vagabondebbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb du monde

En quatre cents lettres A l’image de cette courte mis- sive, la plupart des lettres adres- échelonnées sur sées par Hannah à Heinrich (il en reste deux cents), au cours de leurs quarante ans, trente-neuf années de vie commune, jettent une lumière l’histoire d’un couple inattendue sur sa « véritable » per- sonnalité, plus complexe et plus célèbre : la philosophe vulnérable qu’on ne le croit géné- ralement. Ceux qui se moquent du Hannah Arendt « misérable petit tas de secrets » auquel nous sommes supposés (1906-1975) et son nous réduire diront que cette lu- mière n’est d’aucun secours pour second mari, Heinrich aborder les œuvres publiées, et qu’il vaut mieux relire celles-ci que Blücher (1899-1970) des lettres personnelles, ou même que l’exhaustive biographie d’Arendt rédigée par l’une de ses anciennes élèves, Elisabeth Young- Bruehl, et aujourd’hui rééditée. On LOTTE KÖHLER LOTTE peut en disconvenir : il faut tout Hannah Arendt et Heinrich Blücher à New York en 1950 lire, l’œuvre et les lettres, et la bio- graphie. Car, chez Arendt comme cilement. Hannah ne l’oubliera ja- connaître nettement sa dette en- dont le travail sur Eichmann vient CORRESPONDANCE chez la plupart des philosophes, mais, d’ailleurs ; et lui, apparem- vers Arendt, à répandre en France également d’être réédité. (1936-1968) surtout ceux pour lesquels philo- ment, ne se remettra jamais de le concept de « totalitarisme », qui Reste, enfin, ce qui échappe au de Hannah Arendt sophie et politique ne font qu’un, il leur séparation. Bien sûr, Heinrich n’est d’ailleurs pas ce qu’elle a in- temps, à l’histoire et à la politique : et Heinrich Blücher. C ’est un mercredi est tout simplement impossible de sait tout, dès le début. Mais il as- venté de plus convaincant). Et Hei- l’amour. Les lettres de Heinrich et Edition préparée par Lotte Köhler, d’août 1945, dans un petit village tracer une ligne de démarcation sume. degger ? Ce « menteur invétéré», Hannah en sont pleines, et ce n’est et traduite de l’allemand du New Hampshire perdu au fond étanche entre passions « privées » Parce qu’il aime, Heinrich, qui dont les livres ne cessent de la fas- pas un amour banal. Il ne s’agit pas par Anne-Sophie Astrup, des bois. Hanover (dont le nom et engagements « publics ». est plutôt sédentaire, laisse égale- ciner, elle le qualifie aussi, avec le seulement, on s’en doute, du lan- Calmann-Lévy, 600 p., doit lui rappeler celui de sa ville Cela dit, le rôle de Blücher ne se ment Hannah voyager à sa guise. temps, d’« Allemand en culottes gage chiffré de la tendresse («ma 250 F (38,11 ¤). natale, Hanovre) est l’endroit où réduit pas au cliché de l’homme Or Hannah a, littéralement, la courtes ». petite Schnupper », « mon Stups », (En librairie le 14 octobre.) Hannah Arendt passe, cette an- mûr qui s’emploierait à « rassu- bougeotte. D’avoir dû par deux Quant à l’histoire du monde, on « baisers et petite claque », etc.), née-là, ses vacances – un endroit si rer » sa jeune épouse. Il faut même fois s’exiler (une première fois ne la résume pas – pas plus qu’on mais de tout autre chose. « Ces im- ૽ Calmann-Lévy réédite en même calme que « même les chiens ne se reconnaître que les lettres de Hein- d’Allemagne en 1933, une seconde ne pourrait résumer, ici, les réac- béciles, qui croient que la fidélité, temps deux ouvrages devenus in- donnent pas la peine d’aboyer ». Le rich à Hannah (à peu près le même fois de France en 1940) ne lui a pas tions contrastées qu’elle suscite c’est la vie qui s’arrête (...), non seu- trouvables, une biographie, Hannah soir tombe. Après avoir lu, à la bi- nombre) ne sont pas, intel- chez les Blücher, grands lecteurs lement ils y perdent la vie commune, Arendt, d’Elisabeth Young-Bruehl, bliothèque du prestigieux collège lectuellement, les moins in- de journaux et observateurs atten- ils y perdent la vie en général. Si ce traduite de l’anglais (Etats-Unis) par local, quelques pages de Péguy et téressantes. Blücher (qui fi- Christian Delacampagne tifs de l’actualité. Pour le procès n’était pas si dangereux, on devrait Joël Roman et Etienne Tassin, de Bloy – auteur qu’elle juge par- nit sa vie comme professeur Eichmann, Hannah se fait elle- quand même raconter un jour au (700 p., 180 F [27,44 ¤] en librairie le faitement « répugnant » –, Hannah à Bard College, où Arendt et lui suffi. Il faut sans cesse que «la va- même journaliste : cela donne son monde en quoi consiste vraiment un 14 octobre), ainsi que le travail de regagne sa chambre pour écrire à sont enterrés) n’a pas écrit de gabonde du monde » refasse ses livre le plus percutant : Eichmann à mariage... » Après avoir lu cette Léon Poliakov sur le procès Eich- Heinrich Blücher, son second mari. livres. Il ne s’en est pas moins for- valises, qu’elle aille voir ailleurs. Jérusalem (1963). Un livre déclaration d’Arendt, il serait peut- mann, Le Procès de Jérusalem : juger Elle lui parle de la bombe ato- gé, au fil d’une vie riche en péri- Après le succès américain des Ori- qu’éclairent, ici, ses réactions à être temps de revenir à sa thèse de Adolf Eichmann (416 p., 150 F [22,86]). mique qui vient de s’abattre sur le péties, une philosophie politique gines du totalitarisme (1951), les in- chaud depuis Tel-Aviv – et que doctorat (1929). Celle-ci portait, Japon (« quel dangereux jouet entre cohérente et solide : dès les an- vitations pleuvent. Elle les accepte complètent utilement les docu- après tout, sur « le concept ૽ Lire également la chronique de les mains de ces bouffons qui gou- nées 30, l’ancien spartakiste qu’il toutes, avec frénésie, passant dès ments réunis par Léon Poliakov, d’amour chez Augustin ». Roger-Pol Droit page VI vernent le monde ! »), de l’Alle- était avait rompu avec le commu- lors la moitié de son temps à sau- magne, de la Palestine, de l’avenir nisme, sans pour autant abandon- ter d’un bateau dans un avion, du catholicisme – mais aussi d’elle- ner ses convictions antibour- d’une salle de conférences à une même. De ses appréhensions. De geoises, ni cesser de lire Marx. Dire autre, et d’une chambre d’hôtel au l’inquiétude secrète qui la dévore qu’il exerça une influence sur la châlet de Karl Jaspers, son ancien chaque fois que, pour une raison formation des idées de Hannah se- professeur. Heinrich supporte, ou pour une autre, elle doit se sé- rait trop ou trop peu. La vérité est stoïque – ou peut-être a-t-il be- parer de cet homme qui est tout qu’il est rare de voir deux penseurs soin, lui aussi, de moments de soli- pour elle, et pour qui elle est tout. de cette trempe – et qui ne sont tude. Quoi qu’il en soit, ces multi- Les autres ne devinent rien de pas ensemble que pour des raisons ples périodes de séparation nous cette « faiblesse ». Femme de tête, « platoniques » – entretenir entre valent des lettres merveilleuses. femme énergique, Hannah cache eux un dialogue si constant, si éle- Des lettres au travers desquelles bien son jeu. Qui savait, avant de vé, si totalement dépourvu de nous sont offerts à la fois l’écho lire cette lettre, qu’elle avait dû se complaisance. Les époux Blücher ? d’un demi-siècle d’histoire, ainsi battre toute sa vie contre elle- Une sorte de « monarchie bicé- qu’un regard percutant sur les plus même, contre une secrète fêlure phale », comme disait, fort juste- grandes figures intellectuelles de qui allait bien au-delà du simple ment, leur ami Randall Jarrell. l’époque. manque de confiance en soi ? Et Rien, pourtant, ne les prédestine Les époux Blücher ont quelques pourtant : « Cette obsession, ac- l’un à l’autre, lorsqu’ils se ren- amis qu’ils adorent – en premier quise dès l’enfance, de faire pour contrent pour la première fois, à lieu « Benji » (Walter Benjamin), tout le monde, sauf pour toi, comme Paris, en 1936. Elle est juive, pas lui. Jaspers, Hermann Broch et, plus si tout allait bien, me coûte la ma- Elle vient d’un milieu bourgeois, il tard, l’écrivaine américaine Mary jeure partie de mes forces. » L’aveu est fils de prolétaires. En plus, ils McCarthy – mais ne se font guère est grave. Il éclaire une part de la sont mariés, chacun de leur côté d’illusion sur leurs contemporains. vie de celle qui reste, à juste titre, (les deux divorces suivis d’un re- Hannah déteste Adorno et «la la femme la plus illustre de la phi- mariage ne traîneront pas). Enfin, bande à Horkheimer », se méfie de losophie occidentale – cette singu- sur la vie sentimentale – agitée – Kojève, trouve que Koyré vieillit lière « famille » composée, pour d’Hannah, plane l’ombre de son vite, et n’a que des mots ironiques l’essentiel, de mâles réactionnaires ancien amant : Martin Heidegger pour le jeune Raymond Aron (le- et misogynes. – un homme qu’on n’oublie pas fa- quel contribuera, sans toujours re- LeMonde Job: WIV4099--0002-0 WAS LIV4099-2 Op.: XX Rev.: 07-10-99 T.: 08:59 S.: 111,06-Cmp.:07,09, Base : LMQPAG 00Fap: 100 No: 0154 Lcp: 700 CMYK

II / LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 le feuilleton

de Pierre Lepape b fait vivre la phrase si particulière de Jean Rouaud. Une SUR LA SCÈNE COMME AU CIEL phrase longue, sinueuse, impeccablement construite de Jean Rouaud. du point de vue de la grammaire, mais – on ne sait Minuit, 192 p., 85 F (12,95 ¤). trop comment – pourvue d’une vie propre, avec des rires, des larmes, des caprices, des sauts, des culbutes, ean Rouaud n’en revient pas d’être né. Il n’est des grâces, des tremblements. pas le seul. Naître est, pour chacun d’entre Le seul moyen de s’assurer de la ressemblance, ce nous, l’événement énigmatique par excellence, Le dialogue serait d’interroger les intéressés eux-mêmes, les pa- celui dont on ne revient pas. Penser qu’on pour- rents, sur les portraits que l’on a faits d’eux. Le bon J rait ne pas être né, qu’on pourrait ne pas être, sens affirme qu’on ne fait pas parler les morts, qu’ils c’est impensable. Rien à quoi se raccrocher. Il est, ne répondent pas aux questions qu’on leur pose. somme toute, plus facile de penser qu’on ne sera plus. L’écriture, depuis qu’elle existe, affirme la croyance L’origine est infiniment plus obscure que la destina- des morts contraire ; elle est, pourvu qu’elle ne triche pas, ce qui tion. Dans Sur la scène comme au ciel, le narrateur permet aux vivants et aux morts de converser, sur un – qui colle du plus près qu’il peut à l’auteur – raconte pied d’égalité. Cette extravagance est la littérature, avoir lu, dans sa jeunesse, par effraction donc, les même lorsque les écrivains s’efforcent de la masquer lettres qu’échangèrent son père et sa mère entre leur sous les fards du réalisme et de la raison. Montaigne première rencontre et les jours qui précédèrent leur n’a écrit ses Essais que pour continuer sa conversation mariage. Il les lit, écrit-il, « avec le sentiment qu’elles interrompue avec La Boétie – et peut-être aussi avec étaient une part de ma préhistoire, comme si la préoc- Depuis « Les Champs d’honneur », faire confiance. D’autant qu’il a l’air de savoir, qu’il ne son père. Dans la longue première partie de Sur la cupation de mon existence se formait là, dans cet entre- paraît pas progresser à l’aveuglette, comme si un scène comme au ciel, Jean Rouaud et sa mère parlent deux traversé par les missives, autant dire dans la sa- Jean Rouaud ne cesse de reprendre sixième sens lui servait de boussole magnétique. » ensemble du livre qu’il a écrit sur elle et que, de son coche du facteur, à charge pour lui de raccorder les Mais achèvement aussi au sens où le texte de Jean vivant, elle n’a jamais lu. Ce pourrait être parfaite- deux moitiés pour n’en faire qu’une, car c’est de cet la trame de ses origines : Rouaud n’a jamais atteint, de bout en bout, à une ment ridicule et convenu et faux, ce dialogue dont échange amoureux que je procédais, un mot de travers, telle plénitude et à une telle intensité d’émotion. Au l’auteur tient toutes les parties, et c’est tout le une brouille, et tout s’envolait ». Un mot, et plus de les grands-parents, le père disparu et point qu’on a envie de lui chercher des poux pour des contraire qui se passe. La mère et le fils peuvent enfin Rouaud. bricoles ; pour le titre, dont le jeu de mots est plutôt se dire ce qu’ils n’osaient pas, ce qu’ils ne voulaient Depuis ses débuts romanesques il y a neuf ans enfin la mère, héroïne de « Pour vos plat, alors que Mes vieux chéris, par exemple, aurait eu pas du temps qu’ils parlaient comme une mère parle à – souvenez-vous, Les Champs d’honneur, le premier « ce sentiment d’évidence légère, sans affectation ni son fils et un fils à sa mère. De l’amour, de la douleur, roman d’un marchand de journaux, le succès immé- cadeaux ». A nouveau, le romancier gêne, qui me convainquait que pour une fois je n’avais de la solitude, de l’agonie. Dans ce magnifique droit diat, et le prix Goncourt pour couronner le tout – Jean pas dû tomber très loin. De la vérité, peut-être ». On se de réponse, le fils écrivain ne donne pas seulement la Rouaud n’a pas cessé de rapetasser la trame des ori- les convoque pour un ultime adieu. serait trouvé au plus près du livre, du côté de l’ex- parole à la mère, il la lui rend : c’est elle qui la lui a gines, les grands-parents, le père disparu, comme on trême pudeur, du sourire dans le chagrin, de cette al- donnée : « Peut-être au fond est-ce vraiment moi qui dit, à quarante ans, la mère enfin, l’héroïne de Pour Un final où se lisent l’apaisement chimie étrange et toujours vécue dans l’inquiétude parle à travers lui. Cette chair commune, ces mémoires vos cadeaux, dont Rouaud avouait qu’il n’aurait ja- qui fait que le fils devient l’auteur des auteurs de ses enchevêtrées, ces souvenirs mutuellement adoptés, ces mais osé parler d’elle de son vivant, qu’il n’y aurait et la consolation jours, créant ce qu’ils ont été, les rendant à leur jeu- voix comme des pelotes de fils emmêlés, si bien qu’à la pas même pensé. Tant il est vrai que nous sommes ici nesse, afin d’essayer de retrouver la pâte dont il a été fin on ne sait plus qui parle pour qui. » aux antipodes du roman familial débité en tranches a souhaité ajouter un cinquième et dernier volume à fait. de vie, de la reconstitution archéologique et nostal- sa suite. Il n’a pas voulu qu’elle s’achève sans se clore, ui parle pour qui, des deux côtés de la gique d’une famille de petits boutiquiers du pays nan- sans un finale d’adieu. Lequel reprend les thèmes et e jeu n’en vaut la chandelle que s’il se donne frontière entre la vie et la mort ? Dans un tais. Aux antipodes tout autant du déballage convulsif les personnages des romans précédents, les module, la vérité pour critère, sinon quel intérêt d’in- texte qu’il a écrit pour « Un siècle d’écri- et narcissique des affaires de famille, papa affreux, les enrichit, les éclaire autrement, les noue enfin dans terroger l’origine ? L’écrivain peut bien y al- vains » et qui vient d’être publié (1), il re- maman indigne, fifille cradingue, fifils shooté qui un bouquet, réunissant ceux que la vie et les livres ont ler du plus vif de ses souvenirs, des plus Q donne la parole à un autre écrivain du constitue aujourd’hui le tout venant de la retape édi- si longtemps séparés et qui, enfin, sont ensemble. douxL aux plus cruels, il peut interroger les témoins, pays nantais, René Guy Cadou dont « l’abonnement toriale. « Après avoir beaucoup abusé de vous, de votre temps lire les vieilles lettres – pas toutes : les parents ont terrestre prit fin au printemps 1951, quelques jours après Jean Rouaud écrit avec les morts qui lui ont donné de vie, je vous rends à vous-mêmes, mes familiers il- aussi droit à leur intimité – confronter, rectifier, retou- qu’il eut fêté ses trente et un ans, dont quinze reclus en la vie. Sur leur dos, dit-il, tant il a le sentiment d’avoir lustres, je vous laisse en paix. » cher, la question de la ressemblance entre les portraits poésie ». Cadou l’orphelin, dont l’expulsion hors de construit le plus tangible de ladite vie, ses livres, en Sur la scène comme au ciel est un achèvement. En ce et les modèles continue à se poser. Et s’il se trompait l’éden de l’enfance, la mort de la mère, eut lieu lors- arpentant le domaine réservé des morts, accrochant sens premier qu’il se lit sans doute difficilement pour du tout au tout ? Si son amour et sa tristesse l’éga- qu’il avait douze ans. Cadou, dont bien des vers leur regard dans des photos anciennes, les débus- qui n’a pas lu les autres, comme un toit que ne sup- raient ? Si ce père, toujours sur les routes à gagner le semblent avoir été écrits pour être lus par Rouaud : quant au détour d’une lettre, sondant le témoignage porterait aucun mur, ou une tombe qui serait désertée pain de la famille, ce père si tôt disparu n’était pas du « J’ai toujours habité de grandes maisons tristes/ Ap- des vivants, plus ou moins proches, pour retrouver la par ses hôtes. De la même façon qu’il est indispen- tout ce que Rouaud en a fait et qu’il était pour lui puyées à la nuit comme de hauts vaisseliers/ Des gens s’y trace de leur passage, afin de « plier les événements sable de lire ce dernier roman, celui de la consolation seul : une figure du manque, une douloureuse et ter- reposaient au hasard des voyages/ Et moi je m’arrêtais pour qu’ils aboutissent à leur rencontre ». A son ori- et de l’apaisement, pour saisir pleinement tout ce qui rible absence, « un formidable père pour les années à tremblant dans l’escalier/ hésitant à chercher dans leurs gine. Au croisement de l’histoire et du hasard. se jouait dans l’écriture des premiers, tout ce non-dit, venir ». S’il était un jeune homme, plein d’allant, de maigres bagages/ Peut-être le secret de mon identité. » Avec Pour vos cadeaux, avec le roman de la mère, on ce non-écrit ou, au contraire ces épisodes ou ces fantaisie et de courage, aimant tendrement sa femme avait pu croire que le cycle s’achevait. Le dernier lien images dont on ne voyait pas trop à quoi ils servaient certes, et sa famille, mais aimant plus encore, peut- (1) Jean Rouaud : Cadou Loire intérieure (éditions Joca Seria, entre le petit Jean et ses héros de famille était tout à la et dont l’incongruité apparente se trouve ici justifiée. être, la liberté, l’imprévu des voyages, la multiplicité 72, rue de La Bourdonnais, 44100 Nantes. 46 p., 45 F fois brisé et retissé, les mots désignant d’un même Belle leçon d’écriture : « On fait avancer le texte devant des horizons. Quelle figure est vraie, et à quelle certi- [6,86 ¤]). Autre texte sur l’origine, Carnac ou le Prince des mouvement le vide de l’absence et la présence, la rup- soi, comme un âne à qui l’on confie le soin d’inventer un tude intime le reconnaît-on ? L’interrogation lignes est une jolie fantaisie sur les alignements de Carnac, ture et la continuité. La mort de la mère semblait chemin à travers le . D’où des itinéraires tor- tout le livre, lui fournit ses images les plus fortes, ses illustrée par Nathalie Novi. Rouaud cite Rimbaud : «Ce écrire la dernière ligne de l’histoire. Pourtant Rouaud tueux, parfois à la limite du décrochage, mais il faut lui traits les plus sensibles et les plus justes. C’est elle qui qu’on ne sait pas, c’est peut-être terrible. » (Seuil, 34 p., 59 F

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Vautrin : le « sphinx » Milovanoff s’égare dans une saga Des péripéties en cascade, une foule de personnages hauts en couleur... En moins de trois cents pages, de La Comédie l’écrivain tente une traversée du siècle « express ». Trop, sans doute, pour vraiment convaincre l avait les épaules larges, Italien qu’il s’est autrefois laissé dépassés, affolés, engloutis par se vengera en tuant Eliana, deve- nom d’Ernst Jünger. Bref, on a le le buste bien développé, condamner. Et c’est avec des L’OFFRANDE SAUVAGE une pièce trop touffue. Ephraïm, nue la femme d’Ephraïm, ainsi tournis, on se demande quel sen- les muscles apparents, des mots d’amoureux qu’il s’adresse de Jean-Pierre Milovanoff. envoyé au séminaire en raison de que les trois enfants qu’ils ont eus timent d’urgence a saisi Milova- mains épaisses, carrées et à Rastignac : « Mais je vous aime Grasset, 266 p., 115 F (17,53 ¤). ses dons, enlève Thélonia du bor- ensemble. Entre-temps Bienvenu noff pour lui faire rassembler, en fortementI marquées aux pha- moi... un homme est un dieu del. Elle se suicide après avoir été se sera tiré une balle dans la poi- une seule histoire, la matière de langes par des bouquets de poils quand il vous ressemble. » Deve- andis qu’est publié en vitriolée par son souteneur Al- trine, Ephraïm aura fait la guerre plusieurs livres qui seraient vrai- touffus et d’un roux ardent. » nu l’abbé Carlos Herrera dans édition de poche Russe bert, qu’Ephraïm estropiera plus de 40, Albert pendant l’Occupa- ment de lui. Et qu’on espère. Quelques pages plus loin, Bal- Illusions perdues, il entretient blanc, sans doute le ré- tard et qui, bien des années après, tion aura croisé un officier du Josyane Savigneau zac parlera d’une bouche lan- Lucien de Rubempré comme cit le plus touchant de çant des « jets de une maîtresse. Le ba- Jean-PierreT Milovanoff (lire l’ar- salive » et d’une poi- ron de Charlus, dans ticle de Philippe-Jean Catinchi (Publicité) trine « velue comme le Sodome et Go- dans « Le Monde des poches »), le dos d’un ours ». A morrhe de Marcel paraît un nouveau roman, L’Of- mi-chemin entre Proust, évoquera avec frande sauvage, qui se donne pour GRAND CONCOURS JE BOUQUINE l’homme et l’animal, émotion ce passage ambition de tracer la destinée 2000 Vautrin apparaît dès où « Carlos Herrera d’un homme, de 1919 à 1996. C’est Je Bouquine, le magazine littéraire des 10-15 ans, organise chaque année un concours d’écriture : un romancier écrit le début d’une histoire que les jeunes sont invités à terminer. À l’aube de l’an 2000, Marie-Aude Murail a imaginé cette amorce de polar le début du Père Go- demande le nom du sans doute là le défaut de ce livre. autour d’un parfum magique. Pour participer, seul ou avec votre classe, vous devez avoir moins de 15 ans et envoyer votre his- riot comme une force Figures château devant lequel 260 pages pour une traversée du de la Comédie toire (une copie double 16,5 x 21,5 ou 1000 mots max.) avant le 11 décembre 1999 à : Concours JE BOUQUINE-Miniplume- de la nature, un « dé- passe sa calèche : c’est siècle, ou presque, c’est trop peu. Cedex 2713-99271 Paris Concours. Lisez bien le texte qui suit, humez l’odeur du parfum magique et lancez-vous ! mon » qui laisse devi- Rastignac, la demeure Et puis Milovanoff n’est pas un b ès qu’elle fut dans la rue, Marie- parfum magique. Mémé avait dit : loup en laisse. Marie-Lou entendit le ner le sang-froid im- du jeune homme qu’il écrivain de sagas, un raconteur de Lou eut envie de remonter chez “Un parfum magique”. Bien sûr, bruit de la lame de rasoir qui glisse perturbable dont il COLLIN a aimé autrefois. Et péripéties. C’est un romancier au JACQUES DMémé. Un pressentiment. Elle Marie-Lou n’y croyait pas. Des dans le cutter. fera preuve par la l’abbé de tomber alors charme ténu, qu’on apprécie pour dit VAUTRIN avait tort. Tort d’avoir seize ans. Et légendes, tout ça. Comment une jeune – Ton sac, ordonna la voix sous suite. Serpent tenta- dans une rêverie que son sens du détail, ses descrip- tort d’être seule dans la rue alors qu’il fille moderne qui surfe sur Internet l’arbre. Ton fric, ton blouson… teur, son regard est Swann appelait, ce qui tions, l’acuité de son regard sur faisait déjà nuit. Mais que pouvait-il lui pourrait-elle croire à la magie ? Le maître du chien qui s’était « froidement fascina- Né en 1779 était bien spirituel, la les êtres, un certain usage de la arriver à vingt heures, à Is-sur-Tille, le – Deux gouttes suffisent pour guérir les approché se trouva placé juste sous la teurr ». Tristesse d’Olympio de lenteur aussi. 31 décembre 1999 ? Marie-Lou était maladies, avait ajouté Mémé en riant à lumière du réverbère. Son regard « Il n’y a pas de la pédérastie ». Mais, Bien sûr, tout ce qu’on aime attendue à quelques mètres de là, de moitié. Ou bien pour rendre amoureux. heurta celui de Marie-Lou. C’était le Forçat évadé Et Marie-Lou les avait, les deux regard bleu délavé d’un tout jeune principes, il n’y a que même en amour, c’est chez Milovanoff est là. D’abord l’autre côté de la Tille. Elle s’éloigna du bagne qui en resserrant contre elle son petit sac à gouttes ! C’étaient ses étrennes, là, dans homme. De l’œil gauche jusqu’au des événements ; il n’y un dominateur, une un héros à l’identité incertaine, deviendra chef bandoulière. Peu lui importait les 120 son petit sac. Elle imaginait déjà le menton, il avait le visage traversé par a pas de lois, il n’y a bête de proie. trouvé dans la neige, dans un vil- de la police francs qui s’y trouvaient. Ce que le sac regard de jalousie d’Estelle et Mélanie, une cicatrice qui lui dessinait d’hor- que des circonstan- Colonne vertébrale lage des Alpes, non loin de l’Italie, de sureté. contenait de précieux était glissé dans ses deux cousines. De plaisir, son pas ribles lèvres dans la joue. Terrifiée par ces : l’homme supé- de la Comédie hu- un matin de janvier 1919 et qu’on en devint sautillant comme celui d’une cette vision, Marie-Lou lui tendit le sac. Apparaît une poche de côté. C’était un vieux, rieur épouse les évé- maine, selon les baptise Jean Narcisse Ephraïm vieux flacon de verre. petite fille. Et puis, si c’était pour de – Merci, dit bizarrement le garçon. dans Le Père nements et les cir- termes de Balzac lui- Marie Bénito (ce qui lui permettra – Vide, avait dit Mémé en le tendant à vrai, la magie ? Si ce n’était pas une – Cassez-vous ! cria l’homme au cut- Goriot, constances. » Telle même, Vautrin est l’un d’user de chacun de ces noms au Marie-Lou. légende ? Marie-Lou fronça les sour- ter. Y a du monde qui vient. Illusions perdues, cils. Elle venait de repenser à Sarah, sa Deux agresseurs prirent la fuite le est, en effet, la mo- de ses personnages cours de son existence chao- Sous le plafonnier du salon, la Splendeurs jeune fille l’avait examiné. Au fond meilleure amie, qui avait été opérée ce long de la rivière. Le garçon balafré rale de ce « sphinx » les plus puissants. tique). Ensuite des figures dont on et misères du gracieux flacon, il y avait un vilain lundi. L’opération de la dernière chan- n’avait pas bougé. aux sourires « diogé- « Contraint de vivre en se souviendra longtemps : Bien- des courtisanes résidu brunâtre comme du sucre cara- ce. Une chance pour Sarah de voir l’an – Le flacon, murmura Marie-Lou. niques », qui préfi- dehors du monde où la venu, le fermier dépressif qui re- et dans le drame mélisé. Elle avait demandé : 2000. Et si les deux gouttes étaient une Rendez-moi le… gure le surhomme loi lui interdisait à ja- cueille l’enfant, et son régisseur chance de plus ? – Wolf ! intitulé Vautrin. – Qu’est-ce qu’il y avait dedans ? nietzschéen. Face à DE BALZAC-PARIS 1842/MAISON J.-L. BISSON mais de rentrer... [il] Armand ; Thélonia, la prostituée Du parfum. Mémé avait dit : “du À l’approche de la rivière, Marie- L’un des voyous s’était arrêté et il lui, tout jugement revivait dans le corps qui traverse la vie d’Ephraïm parfum”. Alors, en inclinant le flacon Lou jeta un coup d’œil derrière elle. appelait : manichéen s’annule. Car il dé- élégant de Lucien dont l’âme comme un météore ; Sonia Bali- presque à l’horizontale, Marie-Lou N’avait-elle pas entendu un bruit ? Et – Wolf ! était devenue la sienne. » On a nova, une juive russe haute en avait vu une chose incroyable. Du si elle était suivie ? Le long de la pro- D’un même mouvement, le garçon montre que les autres, ceux que fond de caramel, deux gouttes menade, les réverbères s’espaçaient, et le chien tournèrent la tête… la société a coutume de placer dit que Balzac s’était largement couleurs, qui ne quitte pas son fils s’étaient échappées, deux gouttes laissant de grands trous d’ombre. Ce À suivre du côté de la vertu, ne valent inspiré des Mémoires de Vidocq Gregori, promis à une mort pré- rouges et huileuses qui avaient roulé n’était plus un pressentiment. Tort. pas mieux que lui, forçat évadé, pour composer son personnage. coce ; Eliana, qui épousera Bien- le long de la paroi, qui s’étaient Marie-Lou avait tort. Que va-t-il se passer ? À vous de l’imaginer ! hors-la-loi, et assassin. Les Mais, lorsque Vautrin dit à Lu- venu, puis Ephraïm ; et bien – On t’a pas dit de pas sortir la nuit ? confondues puis de nouveau séparées. PREMIER PRIX : un bon d’achat FNAC de femmes ? Pour lui « il n’existe cien « Je suis l’auteur, tu seras le d’autres, jusqu’au mystérieux nar- Les deux dernières larmes du parfum. La voix avait jailli de sous un 3000 F, la publication du texte gagnant dans Je qu’un seul sentiment réel, une drame », il apparaît surtout rateur, à sa jumelle Zita et à leur – Oh, je le veux ! s’était écriée Marie- arbre. Étouffant un cri, Marie-Lou Bouquine, une invitation au Salon du Livre à Paris pour la remise du prix. Le Monde parte- amitié d’homme à homme ». comme une des plus impor- tante, qui se prénomme aussi Lou. voulut faire demi-tour. – Eh non, fit une autre voix, narquoise. naire du concours décernera un prix spécial L’homosexualité est en effet un tantes métaphores de l’écrivain. Eliana. Et elle l’avait. Elle sourit toute assorti d’un cadeau d’une valeur de 1000 F. seule en songeant à son caprice satis- Affolée, Marie-Lou fit un tour trait essentiel de son caractère. Mais tous ces personnages sont De nombreux autres prix à gagner… fait. Mémé cédait toujours. Pourtant, complet sur elle-même. Pas d’issue. Pour toute information complémentaire écrire C’est par amour pour un jeune Alexandra Echkenazi comme des acteurs qui seraient elle avait donné le flacon à regret. Un Ils étaient trois et l’un tenait un chien- à : Je Bouquine, 3 rue Bayard, 75008 Paris. LeMonde Job: WIV4099--0003-0 WAS LIV4099-3 Op.: XX Rev.: 06-10-99 T.: 19:45 S.: 111,06-Cmp.:07,09, Base : LMQPAG 00Fap: 100 No: 0155 Lcp: 700 CMYK

littératures LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 / III b Pour consoler de l’inconsolable Séisme intime Comment bâtir son destin avec la mort et l’absence pour éléments fondateurs ? Epreuves et preuves de vie Un récit incantatoire où Nina Bouraoui évoque mêlent la trame du deuxième « roman » de Robert Bober. Contre le saccage et l’oubli l’Algérie et l’exil, pour retrouver sa « définition » vertébrale du récit, les éléments n’être plus l’enfant mais la femme BERG ET BECK fondateurs avec lesquels chaque LE JOUR DU SÉISME « hantée par la vie » ; auprès d’un de Robert Bober. figure évoquée a dû construire de Nina Bouraoui. corps désaxé et déraciné s’élève POL, 254 p., 110 F (16,92 ¤). son destin. Cinq ans ont été né- Stock, 112 p., 79 F (12,04 ¤). un contre-chant empreint de cessaires à Robert Bober pour douce nostalgie. Comme jaillie u printemps 1942, ajuster le « roman » d’un cha- ’est avec L’Âge bles- des décombres, cette ode de lu- Henri Beck et Joseph pitre-clé de son existence et de sé (1) que l’on a perçu mières et de senteurs met au jour Berg ignorent encore celle de quelques-uns qu’il a ac- les premières ondes, une géographie intime, secrète. tout du cataclysme qui compagnés. Cinq ans pour que ressenti les premières Des glycines de la Résidence d’Al- vaA séparer leurs chemins. Leurs certains des protagonistes − réels secoussesC du « séisme » à ger aux jardins de Blida – « la ville onze ans se sont accommodés des ou mêlés de plusieurs réalités − l’œuvre. Dans ce quatrième ro- des roses et des hommes » – ; des prémices à la barbarie − l’inscrip- qui ont traversé le bouleversant et man et pour la première fois, Ni- gorges de la Chiffa aux mon- tion « Judisches Geschäft » aux vi- roboratif Quoi de neuf sur la na Bouraoui évoquait son en- tagnes de l’Assekrem, marquant, trines de l’épicerie Beck et de la guerre ? (1) trouvent enfin la di- fance algérienne dans les années aux portes du désert, le point de cordonnerie Berg, au 7 et au 30 de mension qu’ils réclamaient. 70. A travers la quête charnelle et « fuite » ou de «retour », elle cé- la rue de la Butte-aux-Cailles ; le Pourquoi un roman, et non un mystique d’une vieille femme, de lèbre les lieux immuables de l’en- port de l’étoile jaune ; l’interdic- document ? Parce qu’une fois en- son corps en ravage qui fouille sa fance. Et scande la quête des ori- tion de l’accès au square. C’est grangée la précision des faits et mémoire, surgissaient alors les gines. qu’ils sont tout entiers dans leurs des circonstances, « il est plus im- éclats d’une voix nouvelle, jeux d’enfants, leur vie d’écoliers portant d’être juste que d’être presque apaisée. Les échos d’un SENSUELLE ET SPIRITUELLE (Berg talonne Beck, toujours pre- vrai ». Parce que la fiction recèle « je » qui, débarrassés des appa- Ainsi, dans une geste tout à la mier de la classe), leur passion une puissance d’évocation supé- rats de la fiction, déployaient de fois sensuelle et spirituelle, Nina pour la petite reine et ses héros rieure à la mise à plat documen- lumineuses réminiscences. Celles Bouraoui évoque non plus la terre du Vel’ d’Hiv’. C’est là-bas que le taire − un genre bien connu de de la mer, des montagnes arides, qui se dérobe mais la matrice qui 16 juillet, un jeudi matin, Henri et Robert Bober, qui en est un des du soleil brûlant. Celle d’une na- ouvre aux sens, aux désirs et à sa famille sont embarqués, tandis plus talentueux auteurs depuis ture, âpre et sauvage comme l’en- Dieu ; et puis, en son point ul- que Joseph reste caché avec les bientôt trente-trois ans − ; parce fant qui l’a parcourait et s’y fon- time, la mer, cet espace des rêves siens dans un local non déclaré à qu’elle permet d’individualiser dait. Là, dans cette brèche intime, et des promesses qui console mais la préfecture. des vérités collectives et qu’elle ouverte aux sensations primitives qui « porte la tristesse » et « ampli- Un mois plus tôt, Monsieur Pel- sollicite de façon plus aiguë l’ima- qu’elle ne cesse de traquer dans le fie les regrets ». Regrets des dé- lorce, l’instituteur, avait retenu gination et la réflexion de ceux langage, la romancière s’est laissé parts, tels ceux d’Arslan et de Ma- ses deux meilleurs élèves et donné auxquels elle s’adresse ; parce entraîner pour en extraire le récit liha, amis des jeux, des à Henri le livre qu’il avait qu’elle peut être l’argument de la d’une déchirure, d’une perte et apprentissages, des rites et figures commencé de lire en classe, Les pudeur et simultanément celui d’un exil. de l’exil. Aventures de Tom Sawyer. Afin d’une totale exposition. Au point de rupture, le choc Porté par une même rythmique, qu’Henri le finisse et le prête à Jo- Berg et Beck, récit de vies vio- d’un séisme : « Ma terre tremble le un même phrasé ténu et incisif, seph. Joseph ne reprendra cette lentes et de bonheurs à conquérir, 10 octobre 1980. Sa démission est une même force d’évocation, les ISABELLE LÉVY lecture que dix ans plus tard. Pour procède du même engagement, de soixante secondes (...), une mi- deux lignes mélodiques s’entre- Henri, qui n’est pas revenu des trale de l’enfance (un organisme puisqu’il est vivant, doit ap- de la même tentative d’élucida- nute infinie (...). Ma terre tremble croisent, se répondent pour se camps et auquel il écrit les nou- créé avant la Libération par prendre à apprivoiser sa propre tion vigilante qui trame les en vérité (...). Elle crépite, elle dé- fondre dans une magnifique in- velles du monde − « Pour me per- l’Union des juifs pour la résis- tragédie. Pour lui-même, pour les œuvres de Robert Bober écrivain vaste, pénètre ma chair. Elle est vi- cantation. Un chant d’amour à la suader que d’une certaine manière tance et l’entraide), le manoir autres ; tout un arsenal à l’appui ou documentariste − La généra- vante et dressée contre l’humain. terre blessée. Pudique et touchant tu es encore présent (...) et ce n’est d’Andrésy est un lieu de retour à − le jazz, le cinéma, les jeux, le tion d’après ; Réfugié provenant Elle monte et s’éventre. Elle prend en ce qu’il révèle d’un moi écarte- pas parce que tu ne répondras pas la vie pour ceux qui n’en re- respect des rituels qui rythment le d’Allemagne, apatride d’origine et se referme. » Sur les cris, les lé : « La vie, après, est la recherche que l’histoire va devoir se passer de viennent pas de leurs blessures ou jour et les saisons, les fêtes im- polonaise ; Récits d’Ellis Island, si- plaintes et les prières. Sur la mort du premier sentiment d’infini, une toi. » Pour les enfants de déportés de leur abandon. C’est, littérale- promptues... gné avec Georges Perec... Il ré- qui surgit devant la fillette, l’en- errance. La vie après est in- dont il a la charge au manoir ment, un apprentissage au quoti- Il faut une belle part d’exigence pond d’abord à cette injonction cercle, l’isole et la pousse hors de complète. Sa beauté traverse les d’Andrésy et auxquels il tente, dien, à la banalité possible du et de délicatesse pour restituer au d’En remontant la rue Vilin, un l’innocence. Hors d’un temps que corps. Son absence est une obses- avec d’autres jeunes éducateurs, plaisir. Une lente progression vers souvenir sa densité de vie sans cé- film sobre et superbe glissé dans seule la mémoire valide. Une nou- sion. ». Une perte que Nina Bou- d’insuffler « le goût de la curiosi- la confiance, tant chaque histoire der à la tentation de l’enjolive- les pas de son ami Perec : «La velle fois, c’est elle que Nina Bou- raoui transfigure par la magie té » sans pouvoir consoler de l’in- − celle des adultes, comme celle ment, pour que les mots et l’émo- seule urgence, c’est de nommer raoui convoque pour comprendre d’un verbe poétique. D’une voix consolable. Pour lui-même enfin, des enfants − est lourde de souf- tion coïncident sans débordement pour sauver de l’oubli. » Pour que le chaos qui l’a ébranlée et traver- unique. qui a bien besoin d’alléger la mé- frances, de violences, d’enferme- rhétorique ou sentimental. Plus l’avenir existe. sée de part en part. Pour retrou- Christine Rousseau moire des larmes. ment. Personne n’est dupe : ce qui encore quand la mort et l’absence Valérie Cadet ver sa « définition ». Comme d’autres « refuges » a été définitivement brisé ne peut sont de la partie, qu’elles consti- Au côté de la voix tendue par (1) Fayard (1997) et Le Livre de poche établis par la Commission cen- trouver réparation. Mais chacun, tuent en quelque sorte la colonne (1) POL, Prix du livre Inter 1994. l’arrachement, la douleur de no 14671 bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Isabelle Anne Garréta, un serial killer chez Marcel Proust Rossignol, Qui se cache sous ce « roman policier » complexe mettant en scène un tueur jouant avec les personnages de la « Recherche » ? à corps perdu Une romancière brillante difficile à localiser qui ne craint pas de bousculer le lecteur dans ses ultimes retranchements rois romans en treize dire ? « J’aurais pu écrire un texte Ce n’est pas un texte confortable ». outre-Atlantique, elle revient en marché semble dire que non, mais VOMICA ans et à chaque fois une qui n’aurait pas été un roman, ré- Anne Garréta n’est pas non plus France, soutient une thèse sur la littérature – et la présence de d’Isabelle Rossignol. volonté de provoquer pond Anne Garréta, mais je ne une personne « confortable ». Rousseau et obtient un poste à Proust ici n’est pas fortuite – ne Ed. du Rouergue, 128 p., un peu plus le lecteur, veux pas raconter ma vie. Il est des Trop brillante, trop mobile, trop Rennes. Depuis, elle navigue entre cesse de démentir ledit marché. 59 F (8,99 ¤). «T de le bousculer de position en po- choses qu’on ne peut pas dire. Il ne inattendue, trop secrète aussi, France et Amérique, ne veut rien Anne Garréta prend le pari de la sition » : tel est le défi d’Anne Gar- faut pas chercher à les dire, mais si trop savante dans un pays et dans abandonner de ces deux pôles, vit pérennité de la littérature, alzac est décidément en réta. En 1986, une étrange jeune on fait ce qu’on a à faire, ces choses un temps où l’on n’aime pas, mal- deux années en une, assure la for- puisque ce roman ardu est une vogue ! Même dans le femme d’à peine vingt-quatre ans, ne pourront pas s’empêcher de gré ce qu’on profère ici et là, que mation informatique des étu- étape de plus dans un projet à champ incontrôlable de qui jouait, dans son allure et dans transparaître. Ici le deuil transpa- les femmes pensent, écrivent des diants de son université, croit à long terme, très cohérent, et qui, l’exergue. A peine An- sa voix, sur l’ambiguïté et l’indé- raît. » romans et soient libres. l’exigence de l’enseignement et conclut-elle avec malice, « risque toineB Piazza nous incite-t-il, en ou- termination sexuelle, publiait Oui, le deuil est là, l’émotion C’est trop à la fois, il faut choi- recommence à publier des livres. de devenir de plus en plus verture à Roman-fleuve,à « reven[ir] Sphinx, un premier roman très re- aussi, comme le deuil du narrateur sir. Or Anne Garréta ne choisit Plusieurs existences, plusieurs complexe. Mais il faut faire à la réalité, parlons d’Eugénie Gran- marquable dans lequel le sexe des de La Recherche à la disparition pas, elle se déplace. Alors qu’on continents, plusieurs langues... confiance au lecteur et au temps de det », qu’Isabelle Rossignol retient d’Albertine – Albertine est d’ail- célèbre le succès de Sphinx et voilà une personne difficilement la lecture. Il suffit de susciter la pas- une autre formule du romancier, leurs le personnage sur lequel qu’on la voit lancée dans une car- localisable... De quoi se brouiller sion de quelques-uns. Et la passion, terrible : « Si un enfant ne rappelle portrait bute la construction du narrateur rière littéraire, elle file aux Etats- avec tout le monde. ça se transmet ». pas de délicieuses amours, cet enfant d’Anne Garréta –, mais il n’est ac- Unis, passe des diplômes améri- Y compris avec les lecteurs, Josyane Savigneau est une création manquée. » Comme « Certains croient que cessible qu’au lecteur ayant ac- cains et enseigne à Princeton, sans qu’elle ne se prive pas d’attaquer un aveu préalable. la littérature, c’est du cepté de se laisser emprisonner se priver de faire un détour par la dans La Décomposition : « Les lec- (1) Tous deux chez Grasset. Après Petites morts, qui tempérait dans la machine construite par Villa Médicis. Lorsqu’on la croit teurs veulent-ils autre chose que de la froideur du précis d’entomologie Tranxène, ça sert à Anne Garréta et contre laquelle il installée aux Etats-Unis, ayant re- la guimauve et du foutre ? Font-ils LA DÉCOMPOSITION d’une décapante rage sensuelle (1), calmer, moi je pense a envie de se révolter. A chaque joint les rangs des universitaires leurs délices d’autres choses que de d’Anne F. Garréta. la romancière travaille encore sur le que ça sert à inquiéter, fois qu’on croit avoir compris le français qui font leur cursus confessions et fornications ? » Le Grasset, 246 p., 100 F (15,24 ¤). corps. Dans Vomica, c’est celui de la à mettre en question mode d’emploi, un détail vient in- narratrice qui donne le rythme. Ou diquer qu’il n’en est rien. On est plutôt le cherche, suffoque, ho- nos positions. » enfermé, exaspéré, et, à la fin du quète, et rejette au final, par-delà premier chapitre de la seconde son image et son passé, une origine protagonistes n’était pas repé- partie, on est presque sommé de soi pour s’autoriser enfin une rable, « un roman sur l’identité d’abandonner si l’on est trop per- autre naissance. Hors du prisme rai- sexuelle, la grammaire du genre », du ou trop fatigué. « Oui, s’amuse sonnable de l’analyse et de l’intros- dit-elle. Puis, en 1990, avec Ciels li- Anne Garréta, vous pouvez en sor- pection. « Comprendre paralyse, am- quides (1), « j’ai exploré l’inscrip- tir et vous croirez que vous en êtes pute. » Coincée entre une mère tion d’un sujet dans le monde et sortis, or il n’en est rien. » A ceux qu’elle appelle et récuse à la fois, un dans la langue, dit-elle. Comment qui pensent que sa littérature, de- amant qui, dans ses rêves, se réduit dire sans faire trop pédant ? Je tra- puis le début et de plus en plus, à une tête sans corps (délivrance su- vaille sur la condition du sujet est trop complexe, elle précise : prême ?) et l’obsédante figure d’un contemporain ». « Certains croient que la littérature, père hors d’atteinte. « Elle aurait Quel est ce nouveau texte, La c’est du Tranxène, ça sert à calmer, voulu l’accepter ainsi... Mais pouvoir Décomposition ? Un roman poli- moi je pense que ça sert à inquiéter, aurait signifié le quitter. Et je viens cier intellectuel avec un serial kil- à mettre en question nos posi- tout juste de le retrouver. » « Où al- ler d’un genre un peu particulier tions. » Comment rester calme en ler lorsqu’on est face à soi, lorsqu’on (dans tous les sens qu’on peut as- suivant ce narrateur qui utilise un peut dire : "J’ai compris" et que l’on signer au mot « genre »), un nar- langage volontiers précieux, fait ignore tout de ce qu’il faut faire pour rateur qui joue avec Proust et se de mots oubliés, de tournures que ça change ? » Des entrailles tor- sert de personnages de La Re- presque inusitées aujourd’hui, turées, quand sort le flux libérateur, cherche pour commettre des comment s’accoutumer à lui ? «Il la promesse de rédemption se fait crimes parfaits et gratuits ? Le faut être résolument moderne et to- Passion simple et inverse : la mère premier texte de fiction de l’ère de talement classique, affirme Anne est bien debout, mais à ses pieds, en machines inconnues, de nouvelles Garréta. La littérature, quand on la place de l’intercesseur divin, la fille mémoires artificielles, qui dé- fait honnêtement, ne cesse de réca- pécheresse quête le pardon, comme montre « comment on fragmente la pituler tout ce trajet. » une excuse de soi. mémoire, l’échantillonne, la distri- Elle sait que son récit « peut sus- Ph.-J. C. bue » ? Ou une singulière et citer un rejet violent. C’est insup- complexe construction dissimu- portable d’être manipulé, d’être (1) Éd. du Rouergue, 1998. lant un deuil qui ne veut pas se l’objet d’une contrainte de fiction. LeMonde Job: WIV4099--0004-0 WAS LIV4099-4 Op.: XX Rev.: 06-10-99 T.: 19:35 S.: 111,06-Cmp.:07,09, Base : LMQPAG 00Fap: 100 No: 0156 Lcp: 700 CMYK

IV / LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 littératures b ROMANS POLICIERS b par Michel Abescat Cunningham sous le signe de « Mrs Dalloway » Par un jeu de références à son œuvre fétiche, le romancier entremêle le destin de trois femmes. En quête maternelle Mais, au-delà du simple hommage à Virginia Woolf, il tente de démonter les ressorts de la création mesurer à cet « impossible stan- surnommée par son ami de cœur tion mondaine pour Clarissa, ou LE DERNIER COYOTE LES HEURES dard ». parce qu’elle se prénomme Claris- d’un humble gâteau d’anniversaire (The Last Coyote) (The Hours) Ainsi a-t-il construit, en écho à sa et lui Richard. Poète couronné pour Laura, Michael Cunningham de Michael Connelly. de Michael Cunningham. son œuvre fétiche, un roman ori- par un prix important, Richard se démonte les ressorts incertains de Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean Esch, Traduit de l’anglais (Etats-Unis) ginal, tout entier piqueté de réfé- meurt du sida et Clarissa, qui orga- la création, laissant entrevoir quel- Seuil, « Policiers », 378 p., par Anne Damour, rences, saturé de correspon- nise une fête en son honneur, sort que chose de ce sentiment 130 F (19,81 ¤). Belfond, 252 p., 110 F., 16,77 ¤ dances, de citations, de trompe- ce matin-là... acheter des fleurs. complexe et avide qui mène alter- l’œil. Les Heures – qui fut long- De chapitre en chapitre, Michael nativement ces femmes de l’extase fflanqué et le poil hirsute, l’animal portait les marques du combat qu’il l en va des lectures comme temps le titre original de Mrs Dal- Cunningham affine le portrait de esthétique jusqu’au bord du sui- livrait pour survivre dans les collines urbaines. » L’image, fulgurante, des amours. Chaque livre loway – retrace trois histoires de ces trois femmes − la romancière, cide. Il nous les fait suivre dans éclaire de manière étrange autant qu’éblouissante ce nouvel épi- est une rencontre, pi- femmes, trois destins entrelacés l’éditrice, la lectrice − unies mysté- leur quête de cette « insaisissable sode de la saga de Harry Bosch, imaginée par Michael Connelly. quante, bouleversante ; ou comme les brins d’une tresse. Il y a rieusement les unes aux autres par brillance qui s’attarde au pourtour ECette image, c’est celle d’un coyote famélique, rapidement entrevu par le hé- simplementI médiocre et sans sa- d’abord Mrs Woolf, à Hogarth des émotions communes. Et nul de certains rêves ». Il nous les ros au détour d’une route sur les hauteurs de Los Angeles. Solitaire et blessé, veur. Tout lecteur sérieux a, dans House, dans un faubourg de n’ignore que ces trois histoires ont montre, chacune à sa façon, l’animal ressemble à celui dont il va un instant croiser le regard avant de han- sa vie, un ou quelques grands ro- Londres, en 1923. L’égérie du toutes chances de n’en faire comme la « vraie » Clarissa Dallo- ter ses cauchemars. Harry Bosch, homme fragile, flic marginal, en conflit per- mans qu’il reprend comme il re- groupe de Bloomsbury vient qu’une par la magie d’un dénoue- way, « quelqu’un qui possède une manent avec sa conscience et sa hiérarchie, devenu en quelques années un trouverait une ancienne maîtresse. d’avoir quarante ans et commence ment qu’il n’est pas interdit de touche de génie, de poésie, broyée des personnages les plus intéressants de la littérature policière contempo- Cependant, suggère Michael la rédaction de Mrs Dalloway : trouver, somme toute, un peu arti- par les rouages du monde, par la raine. Quatrième roman de la série (traduit avec retard en français, il est anté- Cunningham « le premier livre est « Mrs Dalloway dit quelque chose ficiel. guerre et l’administration, par les rieur au Cadavre dans la Rolls paru l’an dernier chez le même éditeur), Le Der- comme le premier baiser. D’autres (quoi ?) et partit acheter des fleurs. L’auteur, le premier, reconnaît la médecins ; une personne qui est, au nier Coyote raconte l’enquête menée par Bosch sur un meurtre vieux de trente suivront, meilleurs peut-être. Mais le sens technique, mentalement ma- ans et jamais résolu. Celui de sa mère, une prostituée retrouvée étranglée premier reste le premier. » lade, parce qu’elle voit des significa- alors qu’il n’était encore qu’un petit garçon. Pour l’auteur de La Maison du Michael Cunningham tions partout, sait que les arbres L’histoire rappelle évidemment celle de James Ellroy et de son récit auto- bout du monde, qui s’est vu décer- Né en 1952 à Cincinnati (Ohio), Michael Cunning- sont des êtres sensibles et que les biographique, Ma part d’ombre. Celle surtout d’Elizabeth Short, « le dahlia ner cette année le prix Pulitzer, le ham vit à Manhattan. Son premier roman, Golden moineaux chantent en grec. » noir », assassinée au début des années 60 et dont Ellroy fit un de ses plus fas- choc du premier livre s’est produit States, jamais traduit en français, paraît en Tel est sans doute l’aspect le cinants romans. Michael Connelly ne cache pas s’être lui aussi inspiré de ce à l’âge de quinze ans, avec Mrs 1984. Mais ce sont ses nouvelles, publiées dans le plus réussi des Heures. Il tient fait divers, qu’il réussit à son tour à s’approprier et à placer au cœur de son Dalloway. « C’était en Californie du New Yorker, Esquire et Vogue, qui le font remar- moins à la langue de Michael univers romanesque. Tout au long de cette quête d’une vérité intime, celle de sud. Le cancre que j’étais n’avait ja- quer. Le vrai succès vient en 1990 avec La Maison Cunningham – qui reste, comme sa mère et la sienne propre, Harry Bosch prend conscience de l’origine de sa mais lu la moindre “œuvre”. C’est du bout du monde (Presses de la Renaissance, dans ses précédents livres, plutôt vocation professionnelle, de l’exigence de la « mission » qu’il poursuit, qui le une fille du lycée qui m’a prêté ce 1992), acclamé par la génération des années 70- sobre et sans aspérités – qu’à ce rend si différent de ses collègues et de ses chefs, essentiellement préoccupés roman en me disant que j’étais pro- 80, nostalgique de Woodstock, un ouvrage traduit besoin acharné de revenir, par par leurs carrières. Et si mal à l’aise dans une institution de plus en plus bablement moins stupide que j’en en quinze langues et que Belfond réédite ces mille détours, butter sur cette in- controversée, gangrenée par le sentiment d’impuissance et la corruption. A avais l’air. Je n’ai pas tout compris, jours-ci. Après De Chair et de sang (Belfond, 1995), terrogation énorme : « D’où l’instar du coyote solitaire, Harry Bosch apparaît ainsi comme un flic et un mais mon cerveau idiot d’ado- Les Heures, son quatrième roman, a reçu aux viennent l’art et les artistes ? » Loin homme en sursis. A l’image de Los Angeles, sa ville, celle de tous les rêves et lescent a pris conscience de ce Etats-Unis les prix Pen Faulkner et Pulitzer 1999. de vouloir y répondre, Cunning- de toutes les fractures, sociales aussi bien que géologiques, métaphore d’un qu’on pouvait faire avec les mots, ham espère au contraire « compli- monde au bord du gouffre, empêtré dans la confusion de ses valeurs et de ses leur timbre, leur résonance, leur (...) Virginia se réveille. Ce pourrait hardiesse du projet : « Prendre quer la question par ses romans ». repères, que l’épisode met symboliquement en scène juste après le violent épaisseur. » être une autre façon de commencer pour sujet trois femmes lorsqu’on est Les Heures est une sorte de livre tremblement de terre de 1994. Subtilement construit, avec ce sens du rythme Ce n’est pas exactement de Vir- (...). Mais est-ce le bon début ? » Il y un homme, invoquer la figure d’un cubiste où trois visages ne font et cette efficacité d’écriture qui font la renommée de Connelly, Le Dernier ginia Woolf, mais bien de son per- a ensuite Mrs Brown, une jeune grand auteur qui n’est plus là pour plus qu’un, vu simultanément sous Coyote est sans doute le plus émouvant et, à ce jour, peut-être le meilleur épi- sonnage, la frêle Clarissa Dallo- mère de famille, à Los Angeles, en se défendre mais qui reste, aux des angles différents, les angles sode de cette remarquable série. way, que Michael Cunningham 1949. Sensible et désœuvrée, inca- Etats-Unis, une icône aux yeux des vifs et coupants d’un miroir en b LA MADONE ASSASSINÉE, d’Andrea G. Pinketts était tombé amoureux. Il arrive pable de se consacrer pleinement féministes : le pari était aussi risqué miettes. Dans ces brisures, on finit Après Le Sens de la formule, dont le brio ravageur avait immédiatement as- que les êtres de fiction finissent à son fils Richard, Laura Brown qu’orgueilleux ». Pourtant, Michael par apercevoir une souffrance ma- sis sa réputation, voici à nouveau le cirque Pinketts et ses animaux déglingués. par prendre chair aux yeux de « essaie de rester elle-même en ga- Cunningham relève le gant, non gnifique, celle qui vient de cette in- Même décor, Milan, ses brumes et ses bars. Mêmes personnages, tribu ba- leurs créateurs ou de leurs admira- gnant l’entrée d’un monde paral- sans élégance. Au-delà de l’exer- tranquillité lancinante, de cette roque de vitelloni mortellement lucides, vieux adolescents délibérément attar- teurs − Balzac, sur son lit de mort, lèle », celui de l’imaginaire wool- cice de style, sa mélodie à trois obsession hallucinée à vouloir sau- dés, glandeurs magnifiques occupés à « tuer le temps avant que ce soit lui qui ne demandait-il pas qu’on appelât fien : « Elle pose le livre ouvert voix sonne juste. Le plus touchant ver, comme Mrs Dalloway, « cette nous tue ». Lazare Santandrea, le héros et double de l’auteur, vient d’avoir Horace Bianchon, le médecin de contre sa poitrine. Déjà sa chambre est certainement le besoin partie de la vie, la seule précieuse, trente-trois ans – « comme Jésus-Christ et John Belushi au moment de leur La Comédie humaine ? Cunning- (...) paraît plus habitée, plus réelle commun et désespéré de ses per- ce centre, ce ravissement, que les mort ». Dans un square où il tente de se remettre d’un excès chronique de ham, lui, a passé trente-deux ans parce qu’un personnage du nom de sonnages de créer dans leur vie, hommes laissent échapper, cette joie boisson, Santandrea voit soudain la Vierge lui apparaître ! Premier acte d’une avec « cette présence derrière [lui], Mrs Dalloway est sorti acheter des une fois, quelque chose de parfait. prodigieuse qui pourrait être de ces inénarrables histoires dont Pinketts le surdoué a le secret. A mille lieues cette ombre tutélaire », jusqu’à ce fleurs. » Il y a enfin Mrs Dalloway, Qu’il s’agisse d’une œuvre litté- nôtre ». du polar traditionnel. Confondante de virtuosité narrative et stylistique, irré- que, n’y tenant plus, il décide de se une éditrice new-yorkaise ainsi raire, pour Virginia, d’une récep- Florence Noiville sistiblement drôle, La Madone assassinée est un feu d’artifice, portrait d’un monde plus proche des flammes éternelles que du paradis. Comme dit son bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb héros, « ce n’est pas ma faute si la vie ressemble plus à l’enfer de Dante qu’à un petit mystère bien ficelé et bien propre d’Agatha Christie » (traduit de l’italien par Gérard Lecas et Hubert Basrénée, Rivages/Thriller, 490 p., 149 F). Roger Fry dépeint par Virginia Woolf Inédite, cette biographie romancée retrace la vie de l’historien d’art et éminent critique qui, par ses écrits, influença la peinture anglaise en prônant l’art postimpressionniste

LA VIE DE ROGER FRY « son besoin de décortiquer et d’ana- criptions horrifiantes des châtiments terre, manqua à plusieurs reprises de Virginia Woolf. lyser » était-il trop puissant, suggère corporels) et de Clifton, un collège des postes officiels en raison de ses Traduit de l’anglais Woolf, peut-être Fry, avec son édu- privé, avec toutes les émotions pa- prises de position courageuses ; vé- par Jean Pavans, cation puritaine et sa formation à triotiques et impérialistes qu’on y cut des conférences qu’il donnait ici Payot, 314 p. 139 F (21,19 ¤). Cambridge, réprima-t-il trop sévère- développait, il eut le plus grand mal et là de par le monde ; dans son âge ment ce « foutu machin », l’in- à se défaire. Cambridge, où, selon le mûr, refusa d’être directeur de la conscient, qui prit contre lui sa re- souhait de son père, il avait entrepris Tate Gallery afin de mieux se consa- oger Fry avait un jour vanche. Fry ne devint pas un grand des études scientifiques, Cambridge crer à la bataille qu’il avait entre- suggéré à Virginia Woolf peintre, mais il ne désespéra jamais avec sa cohorte d’esprits libres et prise : aider les jeunes artistes, intro- qu’elle illustre ses théo- d’avoir éprouvé « une petite sensa- brillants, penseurs et excentriques de duire en Angleterre l’œuvre de ries sur l’art de la biogra- tion » et d’« avoir enfin pu la commu- tout poil, marqua l’éclosion, l’ouver- Cézanne, Picasso, Van Gogh... (ce phieR en faisant son portrait littéraire. niquer ». A défaut de transmettre di- ture, et le début d’amitiés qui de- qui déclencha un énorme scandale), En 1938, quatre ans après la mort de rectement les « moments de vision », vaient durer une vie entière. changer le cours de l’art, comme le son ami, Woolf écrivait dans son dont Woolf, ici aussi, s’attache à sug- Virginia Woolf donne nombre firent en littérature les grands mo- Journal : « Je pense à Roger [son livre gérer la complexité, Fry continua d’aperçus passionnants sur la société dernes, ses amis. sur Fry], non à Hitler... quelle aide ne d’analyser les impressions que lui anglaise, sur ses peurs et ses rigidités, La biographie parfois devient ro- m’offre-t-il pas dans cette confuse ir- procurait l’œuvre d’art, appliquant à sur sa réticence à évoluer et son ab- man, parfois portrait ; toujours on réalité. » A la lire, il est évident cette étude les ressources de son im- sence d’intérêt pour l’art − mais aussi reconnaît l’art de Woolf. La sensibili- qu’elle se « laissa absorber » par ce mense érudition. sur les cercles intellectuels et artis- té de Roger Fry − esprit d’une ouver- travail (selon ses propres mots) et Il était né en 1866 dans une famille tiques d’avant-garde et le combat ture infinie − est comparée à « une par la personnalité complexe, atta- de neuf enfants, de vieille tradition sans repos que mena Roger Fry. tentacule qui attrape ce qui passe chante, riche en contradictions de quaker. De l’éducation que lui don- Méconnu dans son pays, il fut dans son voisinage », à « une corne Fry, « homme iridescent », peintre et nèrent Sir Edward Fry, son père, un nommé conservateur du Metropoli- d’escargot qui tâte son chemin en fré- historien d’art, critique éminent qui juge aux vues rigides, puis les écoles tan Museum par Pierpont Morgan, missant ». « changea le goût de son temps par ses de Sunninghill (Fry fournit des des- son président ; de retour en Angle- Christine Jordis écrits », modifia le cours de la pein- ture anglaise en prônant l’art pos- timpressionniste et publia, entre autres essais critiques, une étude sur Cézanne (1927), son chef-d’œuvre. Par son rôle et son influence, il fut comparable à Ruskin. Tout au long de ce livre court une interrogation sur la faculté de créer et sur le malaise qui traversa la vie de Fry. Avant tout, il voulut être peintre. « Les tableaux de Fry ont l’air trop pensés », jugea la critique. Peut-être LeMonde Job: WIV4099--0005-0 WAS LIV4099-5 Op.: XX Rev.: 06-10-99 T.: 19:45 S.: 111,06-Cmp.:07,09, Base : LMQPAG 00Fap: 100 No: 0158 Lcp: 700 CMYK

littératures LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 / V b James Salter, vu du ciel Si le romancier retrace avec minutie son enfance à New York dans les années 20, ses missions de pilote de chasse, ou encore sa carrière de scénariste à Hollywood, il se montre très discret sur son travail d’écrivain. Semblant signifier ainsi qu’il solde ses comptes avec une vie d’honneur, d’armes et de combats l attendait à l’arrêt du bus livre parut sous le nom de James comptes avec une vie d’honneur, Point. Là, dans cet enfer où, de Bridgehampton, parmi Salter. Salter, un pseudonyme d’ordre, d’armes et de ciels traver- « houspillés par des voix dont nous une petite foule de New- « aussi éloigné que possible de mon sés, que l’écriture, ne pouvant y ne voyions pas la provenance, nous Yorkais chics en week-end à nom », note-t-il sans s’attarder. Et prendre place, a littéralement lais- nous tenions plantés droit ou cou- LongI Island. Une tête longue et c’est sans doute parce qu’il n’a pas sée tomber. « Plus jamais une rions comme des insectes d’un en- austère, un vague air de Rex Har- tout perdu de ses manies de mili- autre ville, survolée pour la pre- droit à l’autre », il apprend les rison, la figure absorbée d’un pas- taire qu’il prend soin d’avertir, mière fois (...) Et le dernier râle, grandes vertus gravées dans l’or sant anonyme qui sourit rarement dans Une vie à brûler, celui qui comme un grand soupir, du réac- des bagues de promotion : devoir, et semble bien décidé à ne pas voudrait y voir une autobiogra- teur qui s’éteint, les aiguilles sur les honneur, patrie. « Je défiai cette perdre son temps, à ne perdre phie : « J’ai trouvé difficile, peut- jauges qui s’écroulent. C’est fini. » école. J’encaissai ses châtiments et d’ailleurs le contrôle de rien : ainsi être plus qu’il n’y paraîtra, d’écrire Lorsqu’il prend la décision d’en- sa haine. Je rêvais de dévoiler l’his- apparaît James Salter, négociant sur moi. Comme le deuxième cha- trer dans le Pentagone pour dé- toire, d’en faire mon triomphe. » tout juste sa façon à lui d’être pitre [sur son initiation à l’acadé- missionner de l’armée, le lieute- Quand une femme lui demanda courtois, comme s’il restait en ob- mie militaire de West Point] le nant-colonel Horowitz a le plus tard, à un dîner, ce qu’il avait servation avant de choisir (ou pas) montre, j’ai été éduqué à croire que sentiment de marcher à sa mort. « bien pu voir dans la vie mili- le moi n’est pas ce qui compte, et taire », James Salter fut incapable portrait j’ai longtemps vécu ainsi. » Qu’on de lui répondre. « J’ai trouvé difficile, ne s’attende pas à des notes in- « Je suis un peu timide Ce n’est pas faute, pourtant, de peut-être plus qu’il n’y times. Une vie à brûler sera « jus- se rappeler ses rêves de guerre et qu’à un certain point, l’histoire pour écrire sur la d’héroïsme, « la secousse élec- paraîtra, d’écrire sur moi. d’une vie ». trique qui vous traversait quand les (...) J’ai été éduqué Le plus étrange est la manière littérature. Et aussi Mig arrivaient », les brillants à croire que le moi n’est dont ce singulier autobiographe commandants d’escadre, les jours fixe lui-même les limites de ses parce que plus les d’ennui et les moments d’extase. pas ce qui compte, et j’ai « confessions ». Il décrit presque Ce n’est pas faute d’avoir encore longtemps vécu ainsi. » tout, parfois même trop longue- écrivains parlent dans les oreilles « le vacarme et le ment : son enfance à New York tonnerre du décollage ». Et cette d’accorder à son interlocuteur un dans les années 20, sa dure vie de de leur œuvre, moins odeur différente de l’air, en alti- brevet de conversation. D’une « Westpointer », ses premières tude. Mais l’ancien adolescent juif voix traînante, scrupuleusement amours, ses premiers vols et ses ils l’écrivent. » de West Point qui désirait ardem- articulée, appuyant sur les missions de pilote de chasse pen- ment n’être différent en rien ai- voyelles à la manière de Woody dant la guerre de Corée face aux Ses amis le traitent d’idiot. Mais merait bien, maintenant, ne plus Allen, il répond aux questions po- Mig soviétiques, sa démission de Horowitz ne répond plus à son ressembler à personne. Une vie à liment, se contente de l’essentiel, l’armée, sa carrière de scénariste à nom. James Salter est déjà ail- brûler est, à sa façon, une nouvelle regarde la route, tient le volant Hollywood, sa passion de l’Eu- leurs, décidé à être écrivain. Ecri- lettre de démission. Histoire de ne serré. Il arrête sa voiture au bord rope et de la France ; il parle des vain, c’est-à-dire « faire du grand plus se laisser dire que son pas- de l’immense plage déserte, part villes comme des femmes et des amoncellement des jours quelque sage à West Point se reconnaît en- piquer une tête dans les rouleaux femmes comme des villes chose qui durerait ». core « à la manière de plier (son) de l’Atlantique, comme à son ha- (« Rome, ocre et blanche, et nulle- De sa vie de pilote, il a au moins pantalon, sur le dos de la chaise ».

bitude, en ressort avec le même ment intéressée à moi »), raconte BALICKY DAVID gardé ce qui fait la beauté singu- Marion Van Renterghem air un peu triste, la même déter- ses rencontres (Kerouac, Redford, lière de son écriture : une préci- mination résignée. Polanski, Irwin Shaw) et même, plume, la publication d’un rieur qui aurait voulu en être, on sion d’aviateur, des phrases qui se (1) Vient d’être réédité en poche aux Cela fait longtemps que le se- d’un coup bref, sans s’étendre, la deuxième roman qui semble sur- n’en saura rien, pas plus que de lisent parfois comme une carte de éditions de L’Olivier (coll. « Petite bi- cret, chez cet athlète de 74 ans, a mort tragique de l’une de ses gir de nulle part, et l’année 1962 l’écriture d’Un bonheur parfait (1), géographie. Vues du ciel, pour bliothèque américaine », où l’on pris ses habitudes. C’est sans filles. Il laisse discrètement devi- où, affecté à Chaumont, en admirable récit, impitoyablement ainsi dire. Nourries des indica- trouve également American Express, avertir personne, déjà, que le pi- ner ses origines juives en évo- France, comme réserviste, il écrit précis, sur le temps qui passe. «Je tions maniaques auxquelles oblige Un sport et un passe-temps et Tout ce lote de chasse que tout le monde quant le moment où, à West la nuit. En secret, toujours. suis un peu timide pour écrire sur la le tableau de bord, dans le cock- qui n’est pas écrit disparaît). connaissait à l’US Air Force sous Point, il décide de se rendre à la « J’avais trois vies, une dans la jour- littérature, se justifie James Salter, pit, elles deviennent la marque de le nom de James Horowitz a sou- chapelle plutôt qu’à l’office juif, née, une la nuit, et la dernière au de passage à Paris pour la sortie son désespoir détaché, et aussi de UNE VIE A BRÛLER dain publié un roman, The Hun- pour ressembler à tout le fond d’un tiroir de ma chambre de son livre. Et aussi parce que plus délicieux instruments d’ironie. On (Burning the Days) ters. Il l’avait écrit en cachette, à monde.... Bref, l’écrivain parle de dans un petit carnet où j’avais mes les écrivains parlent de leur œuvre, y lit les rêves de grandeur de de James Salter. 32 ans, la nuit et les week-ends, tout ce qui l’a construit sauf, bi- notes. » Le petit chef-d’œuvre qui moins ils l’écrivent. » l’élève Horowitz que son père, Traduit de l’anglais (Etats-Unis) pour ne pas compromettre sa car- zarrement, de l’écriture. doit tout à ces notes, Un sport et C’est que ces mémoires non in- « raie au milieu, fier et sûr de lui », par Philippe Garnier, rière, voulant tout à la fois, « être Trois courtes allusions, pas un passe-temps, histoire charnelle times sont d’abord un travail de lui avait inculqués en l’orientant, à éd. de L’Olivier, 444 p., 149 F admiré, mais pas reconnu ». Le plus : la naissance de son nom de décrite par un observateur exté- deuil, la nécessité de solder ses sa suite, vers l’école de West (22,71 ¤).

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Cuba : une impossible guérison De livre en livre, Jésus Díaz ne cesse d’évoquer son pays, qu’il a quitté en 1991 pour l’Espagne. A l’instar de son personnage, réfugié à Miami, il s’interroge non sans humour sur l’exil

PARLE-MOI UN PEU veauté chez cet exilé fou de son si sont les éléments essentiels d’une garde bien d’exalter les vertus du DE CUBA pays, dont une phrase signalait œuvre où le regret le dispute à l’hu- grand air américain. Ni les Cubains (Dime algo sobre Cuba) avec humour les obsessions dans mour. Tous ingrédients fortement de La Havane ni ceux de Miami de Jésus Díaz. La Peau et le Masque (1) : « Voilà présents dans Parle-moi un peu de – traditionnellement séparés par Traduit de l’espagnol trente-cinq ans que la politique, Cuba, son dernier livre traduit en plus qu’un bras de mer : pas mal (Cuba) par Jean-Marie Saint-Lu, comme la mer, entoure, lèche et pé- français. d’acrimonie – ne devraient pouvoir Métailié, 236 p., 105 F (16,01 ¤). nètre Cuba de toutes parts. » A partir d’une idée de film s’autoriser de son roman pour célé- A moins d’écrire sur une autre ré- conçue par deux de ses amis, Jesus brer leur cause. Ce qui fait déjà un n attendra quelque gion du monde, il n’est guère pos- Diaz a écrit un scénario. La chose bon point en matière littéraire. temps encore le pre- sible d’échapper à ce poison d’au- n’avait rien d’exotique pour cet L’autre aspect très intéressant mier roman non poli- tant plus tenace qu’il joue presque homme que ses déboires politico- tient dans la description de la vie à tique de Jésus Dı´az. Ou autant sur l’amour et sur une cer- littéraires ont jeté dans les bras du Cuba. Avec un humour féroce et plusO exactement le livre dont les taine forme de nostalgie que sur la cinéma au milieu des années 70, et beaucoup de vitalité, Jésus Díaz dé- démêlés avec le régime castriste ne haine. Même lorsqu’on habite en qui n’en est jamais tout à fait sorti. crit ce monde où tout manque − et soient pas le centre de gravité, Espagne, comme c’est le cas de Jé- Le film est tombé à l’eau, mais la plus encore que cela. Non seule- d’une manière ou d’une autre. In- sus Díaz. Parti de La Havane en pâte qui avait servi au scénario n’a ment le savon, le dentifrice, la terrogé sur ses projets, ce talen- 1991, après que l’un de ses essais pas été abandonnée, puisque Jésus nourriture, les moyens de trans- tueux romancier cubain annonçait, sur Cuba eut été violemment atta- Díaz l’a remodelé pour en faire un ports et l’électricité, mais aussi la à l’automne 1998, une grande his- qué en haut lieu, le romancier roman. Un roman sur Cuba, bien dignité la plus élémentaire. Celle toire d’amour où les choses de la ci- continue de nourrir ses livres au entendu, même si son héros a pris qui va avec la liberté. Dans ce té n’interviendraient presque pas. rude lait maternel. La Havane, ses la poudre d’escampette en direc- monde-là, les médecins deviennent Ce qui aurait eu un goût de nou- bruits, ses odeurs, son langage aus- tion des Etats-Unis. portiers, les dentistes serveurs et les Toute l’histoire de Staline Marti- professeurs se prostituent, à la re- nez, qui déteste son prénom mais cherche d’une maigre manne en ne parvient pas à s’en défaire, tient dollars – distribuée par les tou- dans cette valse-hésitation entre ristes, qui pourront ressentir un Cuba et la liberté, entre l’amour de certain inconfort à la lecture de la patrie et celui d’une vie « nor- quelques passages. N’empêche. En male ». Sur une terrasse de Miami, dépit de tout cela, le livre tourne coincé derrière une palissade qu’il autour d’une question lancinante, ne peut franchir sous aucun prétex- que l’auteur s’est sans doute posée te, Staline se remémore les cir- autant de fois que son personnage : constances qui l’ont amené là. A sa- Faut-il partir, quand on est sûr de voir chez son frère aîné Lénine, dit ne jamais guérir d’un pays si poi- Leo, exilé à la fois de sa patrie et de gnant ? son prénom véritable. Léo, donc, Raphaëlle Rérolle force Staline à se laisser griller au soleil de Floride pour avoir l’air (1) Métailié, 1997. d’un vrai balsero, c’est-à-dire d’un réfugié cubain venu par la mer − les seuls que les Américains acceptent sans discussion. Dans un va-et-vient très cinéma- tographique, Jesus Diaz déroule les tourments du prisonnier sur la ter- rasse, et sa vie antérieure à Cuba. De Miami, on ne voit rien, juste quelques lumières par-dessus la pa- lissade. Et si Staline se trouve bien plus enfermé là, au pays de la liber- té, qu’à La Havane, cela contribue justement à accentuer l’ambigüité qui fait tout l’intérêt de ce livre. Lui-même exilé, en délicatesse avec le régime cubain, Jésus Díaz se LeMonde Job: WIV4099--0006-0 WAS LIV4099-6 Op.: XX Rev.: 06-10-99 T.: 19:30 S.: 111,06-Cmp.:07,09, Base : LMQPAG 00Fap: 100 No: 0159 Lcp: 700 CMYK

VI / LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 la chronique

de Roger-Pol Droit b

LE TRÉSOR PERDU Hannah Arendt n’a pas Sylvie Courtine-Denamy éclaire Hannah Arendt de manière originale et sugges- et l’intelligence tenté de construire une tive, en les replaçant dans leur de l’action politique contexte, ce que furent pour philosophie politique. A la recherche de la cité perdue Arendt plusieurs faces de son d’Etienne Tassin. Payot, « Critique « souci du monde » : l’exil, de de la politique », Dans les ruines l’Allemagne à la France puis 594 p., 195 F (29,72 ¤). aux Etats-Unis ; la nécessité de modernes, elle a s’exprimer dans une nouvelle LE SOUCI DU MONDE langue ; la difficulté de devenir Dialogue cheminé vers une à nouveau, au moment de la entre Hannah Arendt maturité, « une jeune fille étran- et quelques-uns compréhension gère » ; la volonté, quand il de ses contemporains s’agit de son retour en Alle- de Sylvie Courtine-Denamy. philosophique du monde magne après la guerre, Librairie philosophique J. Vrin, d’« écrire, en tant que juive, sur « Pour demain », de l’action un aspect quelconque de la 230 p., 135 F (20,58 ¤). question juive » ; l’insurmon- table défi d’être présente au a condition humaine est limpide aussi peut-être, avec monde tandis que le monde se politique. Telle pourrait son style sans contorsions disjoint ; l’urgence de tout re- L être, réduite à sa plus et ses préoccupations qui penser, parce que « les hommes simple expression, l’ap- semblent au premier regard qui ne pensent pas sont comme port de Hannah Arendt à la ré- sans mystère (le totalitarisme, des somnambules ». C’est pour- flexion contemporaine. Reste à la violence, la condition hu- quoi Arendt dialogue avec les prendre mesure de ce que si- maine, la bombe atomique, philosophes. Ils sont encombrés gnifie cette formule apparem- etc.), Hannah Arendt a long- de préjugés. On ne peut leur ment simple, presque triviale. temps passé pour une essayiste faire tout à fait confiance. Mais Elle écarte d’emblée la possibi- ou une politologue. Intelligen- « qui d’autre pourrait réussir lité que la condition humaine tissime, évidemment. Surdouée, s’ils nous faisaient défaut ? ». puisse exister, si l’on ose dire, surcultivée, surprenante par- Hannah n’oublie pas pour au- « toute nue », isolée, à l’état fois. Philosophe, non. Pas vrai- tant les poètes. C’est à Char pur. Pas d’être humain sans ment. Elle-même s’en défendait qu’elle emprunte l’image du quelque ancrage dans une ac- d’ailleurs diablement, et criti- « Trésor » de l’action politique. tion collective. Si sauvage qu’il quait, dans la tradition philo- Et toute son œuvre n’est peut- soit, si fruste qu’on l’imagine, il sophique, l’indifférence aux être qu’une manière d’élucider existe comme humain seule- questions de la Cité, l’arro- l’expression célèbre du même ment au sein de l’espace consti- gance de la tour d’ivoire et plus poète : « Notre héritage n’est tué par un vivre-ensemble, par encore les conséquences, fu- précédé d’aucun testament. » des règles partagées et des lois nestes pour tous, de ces re- lyses de ce livre exigeant en un sens a disparu. Anéanti ment le sens de la démarche L’intérêt pour Arendt s’ac- s’appliquant collectivement. gards de penseurs royaux fixés échappe au résumé. Mais les par les camps nazis, la destruc- d’Arendt n’est nullement de croît à présent, de par le Toutefois, l’intérêt de la ré- sur les nuées pendant que les grandes lignes peuvent s’es- tion totalitaire et les massacres constituer une nouvelle « philo- monde, de manière rapide et flexion d’Arendt ne se borne tyrans tuent à leurs pieds. Hei- quisser en quelques phrases. La de masse. Cet échec de la civili- sophie politique », mais de par- soutenue. Traductions, études pas, on s’en doute, à rappeler degger comme Platon, aux deux phénoménologie a considéré sation n’est évidemment pas tir du constat de son impossibi- et colloques se multiplient. Sa ce qu’Aristote enseignait déjà : extrémités de l’histoire euro- l’expérience de « l’être au une sorte d’accident de par- lité pour parvenir à biographe, Elisabeth Young- que l’homme – « animal poli- péenne, ont l’un comme l’autre monde » comme trait fonda- cours, un faux pas monstrueux appréhender philosophique- Bruhl, vient même de fonder tique » – vit dans des régimes trahi Socrate et son immersion mental de l’existence humaine, dont les effets temporaires s’ef- ment les actions politiques ef- une lettre d’information desti- de pouvoir institués et non dans la parole commune et mais elle a fait l’impasse sur la faceraient d’eux-mêmes, douce- fectives. « La leçon la plus im- née à recenser les initiatives de dans l’ordre immuable et tacite dans les actions de la Cité. relation entre ce monde exis- ment, au fil des ans. Commen- portante d’Arendt, conclut-il, est toutes natures que l’œuvre sus- de la nature. Arendt cherche à Cette critique de la désertion tentiel et la condition politique. çant à rêver de fuir la Terre, de nous ramener obstinément au cite. Pourquoi cette fièvre ? Il comprendre, dans les cata- des philosophes est elle-même Or le monde humain n’est pas projetant d’échapper au bornes sérieux du politique malgré et se pourrait que la réponse ne clysmes du XXe siècle, ce qui a philosophique. Mais il fallait en seulement de l’ordre du Dasein, anciennes qui délimitaient le contre tous les errements de la relève pas seulement de la so- rendu tellement inaccessible, et ce domaine un attentif et subtil de l’être-là donné, il est tou- monde (le corps, le sexe, la re- politique, mais aussi contre ciologie de la connaissance ni même incompréhensible, le travail de lecture, de comparai- jours Mitsein, être-ensemble, production, la durée, entre toutes les figures renaissantes du de l’étude savante de la récep- cœur du politique et donc la son et de reconstruction pour invention de l’action entreprise autres), l’humain est désormais moralisme. » tion des textes. Peut-être suffi- continuité même de l’humain. donner à voir exactement le à plusieurs. Ou, pour le dire au- sans monde. La question se Ce travail têtu, Arendt l’a rait-il de dire qu’Arendt prend Sans doute n’a-t-on pas tou- geste d’Arendt, sa puissance et trement, le monde n’est jamais transforme donc, et désormais poursuivi aussi en ne cessant à cœur le désarroi du siècle, et jours perçu combien l’enjeu sa spécificité. Etienne Tassin a donné. Pour les humains, il est se pose ainsi : sans monde, ou de dialoguer, de manière expli- pose lucidement la question de philosophique de ses analyses su mener à bien cette tâche, au toujours à faire en commun, dans ce paradoxal « monde cite ou de façon indirecte, avec chercher comment en sortir. est profondément original. Trop cours de longues années de fré- fondé par l’action, n’existant acosmique », que devient l’hu- ceux de son temps − juifs ou Sans illusion, sans lâcheté. Elle journaliste, trop engagée dans quentation de l’œuvre et de ses qu’en se faisant. main ? Etienne Tassin fait voir non, exilés ou non, allemands n’est pas la seule. Mais, tout les luttes de l’actualité, trop arrière-plans. Le détail des ana- Or ce monde, au XXe siècle, avec une grande finesse com- ou non. Le nouvel ouvrage de compte fait, il n’y a pas foule.

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Günther Anders démonte l’implacable machine génocidaire Peu connu en France, le premier mari de Hannah Arendt a consacré l’essentiel de sa réflexion à la complicité entre la rationalité instrumentale et les génocides. Ces deux lettres ouvertes au fils d’Adolf Eichmann constituent une bonne introduction à sa pensée

epenser le mal du siècle à puis quelques années en France, 1992, au mieux sait-on de ce « pen- drame de Hiroshima et de Nagasa- banalisation de la Shoah, comme le l’occurrence ultra-globalisante, de la lumière des génocides portée par des historiens ou des so- seur de la catastrophe », marginal ki. Celui-ci aurait montré que le montre sa seconde lettre, rédigée ce qu’il appelle le « totalitarisme R qui en ont ponctué le ciologues souvent proches du mar- et solitaire, qu’il fut le premier mari massacre industriel et planifié, exé- en pleine « querelle des histo- technique » l’incite à voir dans le cours plutôt qu’à partir xisme, Günther Anders compte as- de Hannah Arendt – avec laquelle il cuté comme un simple travail, n’est riens » allemands. Que des univer- capitalisme et le fascisme deux sys- de la question de l’unicité de la surément parmi les précurseurs. quitte l’Allemagne en 1933 − ou en- pas une spécificité nazie. « Nous sitaires puissent avancer que les tèmes également inhumains. Par Shoah : au sein de cette tendance Encore peu connu en France core le cousin de Walter Benjamin. sommes devenus, écrit-il, quel que nazis n’auraient, à la limite, pas agi quoi le philosophe n’aura peut-être controversée qui se développe de- sept ans après sa disparition, en Elève de Husserl et de Heidegger soit le pays industriel dans lequel du tout, mais fait que réagir à la pas su éviter cette « banalisation du dans les années 20, il arrive aussi nous vivons et son étiquette politique, barbarie soviétique lui semble mal » que toute son œuvre entend qu’on le trouve mentionné comme les créatures d’un monde de la tech- constituer l’indice d’une augmenta- justement combattre. un outsider de l’Ecole de Francfort, nique. » Et Anders d’insister sur le tion effrayante du nombre des « fils Alexandra Laignel-Lavastine parfois comme l’un des inspira- fait que les « racines du mons- d’Eichmann ». teurs de l’existentialisme sartrien. trueux » perdureraient notamment Anders paraît ici comme pris au NOUS, FILS D’EICHMANN Qui donc est Günther Anders, dans le « décalage » qui se creuse piège de sa sensibilité marxiste. (Wir Eichmannsöhne) Günther Stern de son vrai nom ? entre notre capacité à produire et D’un côté, celle-ci le conduit à la de Günther Anders. Philosophe hors carrière universi- notre aptitude à nous représenter plus grande fermeté face à ceux qui Traduit de l’allemand par Sabine taire – « de circonstance », aimait-il les effets de nos actes. On retrouve prétendent affirmer l’identité entre Cornille et Philippe Ivernal, préface à dire –, juif attaché à la « tradition ici un des leitmotive de son maître les deux totalitarismes du siècle, au de Philippe Ivernal. de l’antitraditionalisme », marxiste ouvrage, Die Antiquiertheit des prétexte que riment les mots de Ed. Payot & Rivages, 150 p., 85 F hétérodoxe, il appartient surtout, à Menschen (L’Obsolescence de « classe » et de « race ». Une pro- (12,95 ¤). l’instar d’Adorno ou de Herbert l’homme), dont les deux volumes blématique qui demeure au centre ૽ Signalons également l’Homme est- Marcuse, à ce groupe d’exilés ju- sont parus en 1956 et en 1980 à des débats actuels sur la comparai- il devenu superflu ? de Françoise Col- déo-allemands formés sous Wei- Vienne. D’où le choix auquel il son entre nazisme et communisme. lin (Odile Jacob, en librairie le 5 no- mar puis rescapés du nazisme, et confronte le destinataire de ses De l’autre, sa lecture marxiste, en vembre). dont tout l’itinéraire intellectuel, de lettres, qui nous revient aussi : ou Paris à New York, sera irrémédia- l’aveuglement volontaire, ou la blement marqué par l’impossibilité lutte contre notre transformation de penser la civilisation occidentale en pièces d’« une mégamachine » sous le signe du progrès. Dès son qui ne cesse d’en appeler à notre retour en Europe en 1950, Anders neutralité morale et à notre ab- va ainsi consacrer l’essentiel de sa sence de conscience. Nous sommes réflexion à explorer la terrifiante tous, en cela, des « fils d’Eich- complicité qui unit le triomphe de mann ». la rationalité instrumentale aux massacres de masse du XXe siècle. L’INFLUENCE DE HEIDEGGER Nous, fils d’Eichmann constitue, à Le moins qu’on puisse dire est cet égard, une bonne introduction que cette lecture se révèle très ins- aux thèmes-clés de cette œuvre pirée de la vision heideggerienne fragmentaire. Le volume réunit en de la domination technique, quoi effet deux lettres ouvertes adres- qu’en dise Anders, et même si sa sées, à un peu plus de vingt ans hantise face à une possible répéti- d’intervalle, en 1964 puis en 1988, à tion de la catastrophe confère à sa Klaus, le fils du criminel nazi Adolf pensée une dimension éthique Eichmann, condamné à mort en Is- absente chez l’auteur de L’Etre raël en 1961. L’objet de sa dé- et le Temps. Mais comment marche ? Le convaincre, lui précisé- comprendre, dans ces conditions, ment, le vrai fils d’Eichmann, son acharnement à mettre sur le d’aider ses contemporains à même plan Auschwitz et Hiroshi- comprendre que cela même qui ma ? Une analogie encore appuyée avait rendu possible le crime routi- par l’étrange proposition faite à nier et bureaucratique symbolisé Klaus de rejoindre, en guise de ra- par son père continue d’opérer au chat, le mouvement antinucléaire, cœur de notre monde. Le philo- une façon, lui dit-il, d’« échapper sophe, longtemps actif au sein du au cercle vicieux de votre origine ». mouvement contre la bombe ato- D’autant que le philosophe ne mique, en voudra pour preuve le transige pas avec les tentatives de LeMonde Job: WIV4099--0007-0 WAS LIV4099-7 Op.: XX Rev.: 06-10-99 T.: 19:50 S.: 111,06-Cmp.:07,09, Base : LMQPAG 00Fap: 100 No: 0160 Lcp: 700 CMYK

essais LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 / VII b Le pauvre et la rebelle dans les pas du Christ Alors que sont réunis quatre essais de Jacques Le Goff sur saint François d’Assise parus entre 1967 et 1981, Jacques Dalarun, spécialiste du Poverello, revisite en historien une autre hagiographie : celle de Claire de Rimini

lange des genres qui lui est pro- l’était ». Le dépouillement et la ment des sexes qui évoque par ana- SAINT FRANÇOIS D’ASSISE posé. Très savant, l’éblouissant pauvreté revendiquée à l’heure logie le renversement fondateur, de Jacques Le Goff. essai sur « le vocabulaire des caté- de l’essor urbain qui inscrit l’opu- selon lequel Dieu se fit homme et Gallimard, « Bibliothèque gories sociales chez saint François lence dans le paysage ordinaire, mourut comme le dernier des cri- des Histoires », 224 p., d’Assise et ses biographes du le rejet de la famille et des solida- minels » nous maintient sur « le fil 120 F (18,29 ¤). XIIIe siècle » n’est guère accessible rités héritées pour inventer une du tolérable », tant il est vrai que qu’aux spécialistes ; à peine parenté élective et spirituelle, c’est entre Evangile, Eglise et hé- CLAIRE DE RIMINI moins docte, celui consacré aux tout dit l’implication dans le résie que se joue l’identité de la Entre sainteté et hérésie rapports entre « franciscanisme et monde, la prise de position per- Chrétienté médiévale. de Jacques Dalarun. modèles culturels du XIIIe siècle » sonnelle qui conduit d’autres de François fut canonisé en hâte, Payot, « Biographie », parlera davantage au simple ama- ses contemporains sur les che- moins de deux ans après sa mort. 288 p., 130 F (19,82 ¤). teur, d’autant que sa conclusion, mins broussailleux de l’hérésie. Comme pour apaiser sinon étouf- parfaitement intelligible, ne pro- Mais l’homme qui introduit fer le scandale de sa vie. Claire ors norme, la stature pose en synthèse que des re- l’idéal chevaleresque dans le aura plus de peine à accéder aux de François d’Assise marques essentielles : le chrétien christianisme (la Pauvreté est la autels. Le formidable rappel de aurait-elle fini de para- contemporain de François sait Dame de François), champion de Dalarun qui ouvre son superbe H l’Eucharistie alors que les sacre- travail par un prologue digne du lyser les historiens ? que le Salut est une aventure col- On se souvient du récent et bref lective, que la nature ambiguë de ments sont contestés, n’est pas Sciascia du Conseil d’Egypte éta- essai biographique de Chiara Fru- la Création (source de joie et de qu’un « réactif » – le terme blit assez que l’historien a fort à goni, Saint François d’Assise. La fraternité, le monde fait par Dieu « réactionnaire » est toujours faire à revisiter le monde gelé de vie d’un homme (Noêsis, 1997 est aussi dénaturé par le Diable, plus ambigu : c’est pour Le Goff l’hagiographie. Malgré les faux à – repris en Hachette « Pluriel » figure commode pour désigner le un novateur, engageant par le démasquer et les légendes dorées cette année), et, plus encore, de péché) définit l’espace de l’af- choix de l’Evangile, la Chrétienté à décaper, les deux expériences l’extraordinaire et dérangeante frontement où se joue ce Salut et dans « une imitation du Dieu- de Jacques Le Goff et Jacques Da- étude de Jacques Dalarun sur les que la référence à l’idéal de- Homme qui redonnait à l’huma- larun prouvent magistralement rapports entre le Poverello et les meure, même repensée, autour nisme les ambitions les plus hautes, que l’esprit critique est le seul sa- femmes – mieux ! le principe fé- de l’innocent Crucifié, de la divi- un horizon infini. » lut du chercheur. minin (1). Aujourd’hui, c’est nité incarnée et souffrante, plutôt Philippe-Jean Catinchi Jacques Le Goff qui s’attache à li- qu’autour du Dieu terrible et glo- ATHLÈTE DE DIEU vrer « sa » vision d’un homme qui rieux des leçons vespero-testa- Spécialiste incontesté du Pove- (1) François d’Assise : un passage. l’a très tôt fasciné. mentaires. rello, Jacques Dalarun revisite en Femmes et féminité dans les écrits et les Soyons clair ! Malgré le titre, il historien une autre hagiogra- légendes franciscaines (Actes Sud, ne s’agit pas là d’une nouvelle BIOGRAPHIE LUMINEUSE phie : celle de Claire de Rimini, 1997). L’édition originale, italienne, tentative de « biographie to- Seul le deuxième essai, «A la dont l’engagement extrême fit était parue à Rome dès 1994. Depuis, tale », telle que Le Goff l’appelait recherche du vrai saint François », scandale au début du XIVe siècle. le médiéviste a donné chez De Boeck de ses vœux lors de la parution de relève vraiment de la biographie. Imitatrice de saint François, elle Université une passionnante lecture son Saint Louis (2). L’éditeur Une soixantaine de pages, pas est aussi à sa manière une athlète politique de l’engagement franciscain : poursuit simplement le bel effort plus, pour camper le personnage, de Dieu, folle du Christ et possé- François d’Assise ou le pouvoir en ques- G. DAGLI ORTI G. DAGLI de divulgation de l’œuvre du mais surtout relire le sens de son Fresque du Maestro di San Gregorio représentant François d’Assise dée de la Passion. Jeune femme tion. Principes et modalités du gouver- grand historien, entrepris à l’oc- parcours, avec cette souveraine sans auréole ni stigmate. Daté de 1224, c’est le seul portrait – depuis qui rejette la vie plaisante et fa- nement dans l’ordre des Frères mineurs casion de son soixante-quinzième pédagogie qui fait la signature retouché – contemporain du Poverello. cile qui fut la sienne pour s’abî- (« Bibliothèque du Moyen Age », anniversaire (3). Sans être donc des vrais passeurs – quelques mer dans l’ascèse la plus ef- 160 p., 220 F [33,53 ¤]). un événement, ce recueil de jours après la parution du lumi- raison de son engouement pour entre l’apostolat parmi les hommes frayante, le dénuement le plus (2) Gallimard, 1996 (« Le Monde des quatre études, publiées initiale- neux récit de Jean-Pierre Vernant, la langue française, « François ». et la régénération dans et par la absolu et l’avilissement le plus ra- livres » du 19 janvier 1996). ment entre 1967 et 1981 et d’une L’Univers, les Dieux, les Hommes De la fin du XIIe siècle à cette nuit solitude » qui fait le prix de l’évo- dical, cette figure de rebelle in- (3) Un autre Moyen Age, Gallimard, diffusion confidentielle, a toute- (Seuil), l’automne s’annonce d’octobre 1226 où l’auteur du cation. Le corps de François, ins- candescente échappe grâce à la « Quarto » (« Le Monde des livres » du fois la vertu de proposer au pu- faste. Cantique de frère Soleil meurt à la trument du péché mais aussi finesse de Dalarun aux réductions 15 janvier 1999). blic français les étapes d’un On suit donc, autant qu’une Porziuncola, convoité comme image matérielle du Christ, est un commodes. Mystique ? Peut-être, (4) Il s’en explique du reste dans le compagnonnage spirituel péril- documentation lacunaire et sa- une relique inestimable avant champ de bataille où les marques mais pas seulement. Le scandale précieux et justement didactique CD leux. L’historien tente avec succès vamment recomposée après la même son trépas. Vision et révé- de la Passion clament la victoire de celle qui, femme, ose com- audio Saint François d’Assise qu’il a en- de résister à la séduction d’un en- mort du saint en fonction des ré- lation, voyages et prêches, rien de du saint. Est-ce ce qui en fait la menter la doctrine et se frotter registré l’an dernier pour la collection gagement qu’il ne doit qu’analy- cupérations idéologiques de son ce qui fait la légende du stigmati- « modernité » ? Le Goff s’inter- aux théologiens prolonge celui du de Prune Berge, « A voix haute » (Gal- ser, sans implication plus affec- message le permet, la vie ter- sé n’est omis, mais, singularité roge longuement pour conclure Poverello, qui régénère l’Eglise en limard, 95 F). C’est là en fait que l’on tive (4). Mais le lecteur non averti restre de Jean-Baptiste Bernar- absolue du parcours, c’est cette que « si saint François a été mo- s’identifiant à la poule noire pro- trouvera l’ultime vision synthétique de pourra être surpris par le mé- done, surnommé, sans doute en quête d’une « grande respiration derne, c’est parce que son siècle tégeant ses petits. Ce « retourne- Jacques Le Goff sur l’Assisiate.

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Les journalistes en question Florence Aubenas et Miguel Benasayag démontrent les effets pervers de l’idéologie de la communication sur les médias

choix ne relèvent pas nécessaire- tendance à forcer le trait, en géné- LA FABRICATION ment de pressions extérieures, ralisant ou en caricaturant ; mais, DE L’INFORMATION comme le reconnaissent Florence même excessive, leur interpellation Les journalistes et l’idéologie Aubenas et Miguel Benasayag, est salutaire. de la communication mais d’une logique interne. «La Leur objectif est de combattre de Florence Aubenas presse réagit plus en fonction de ses les illusions de « l’idéologie de la et Miguel Benasayag. propres règles que manœuvrée par communication » qui, disent-ils, est La Découverte, « Sur le vif » une tactique », notent-ils judicieu- devenue l’idéologie dominante de 110 p., 42 F (6,4 ¤). sement. l’ère postmoderne. Elle s’exprime Quelles règles ? Par exemple, le notamment dans l’obsession de la ’intéressant essai de Flo- recours à des personnages-sym- « transparence », fondement du rence Aubenas, journaliste boles et à la mise en scène de leurs métier et, en particulier, du journa- L à Libération, et Miguel Be- faits et gestes. « Un attentat ? Trou- lisme d’investigation. Les journa- nasayag, philosophe et vez le pompier héroïque et le resca- listes pensent en effet qu’« en mon- psychanalyste, sur « la fabrication pé. Un mouvement lycéen ou social ? trant, en dévoilant », ils participent de l’information » commence par Cherchez le leader et le manifestant « à ce grand mouvement citoyen où une critique qui laisse perplexe. qui défile pour la première fois. » On les méchants finissent par être punis « Le travail du journaliste, nous voit les avantages du procédé, qui et les injustices réparées ». Il s’agit disent les auteurs, ne consiste rend les articles plus vivants, mais d’un mythe, selon les auteurs, non souvent plus à rendre compte de la on en devine aussi les dangers : ce- que ce travail ne soit pas néces- réalité, mais à faire entrer celle-ci lui de favoriser le spectaculaire, le saire, mais il n’est certainement dans le monde de la représenta- répétitif (« tout le monde regarde la pas suffisant car le savoir – les tra- tion. » Un paragraphe plus loin, ils même personne, au même endroit, gédies de l’Histoire le montrent – persistent et signent : « Tout le au même moment »), voire le men- n’empêche pas la répétition. monde sait aujourd’hui que les jour- songer, lorsqu’on va jusqu’à don- Sacralisée, la transparence peut naux reflètent moins la réalité que la ner quelques coups de pouce à la même être pernicieuse : s’affir- représentation qu’ils en ont créée. » réalité pour « faire plus vrai ». Une mant comme une valeur en soi, elle Or on ne voit pas comment il serait partie de la population finit même tend à détourner le regard de ce possible de rendre compte de la par accepter de « se couler dans sa qui lui résiste, à tenir pour se- réalité autrement que par une re- propre représentation médiatique », condaire ce qui n’entre pas dans présentation : les journaux pro- ce qui accroît le décalage. son champ. « Si elle ne tolère pas les posent à leurs lecteurs non la réali- Autres règles : la loi de la proxi- zones d’ombre, concluent les au- té elle-même – ce qui n’aurait pas mité, qui conduit à s’intéresser da- teurs, la presse se condamne à sup- de sens – mais une représentation vantage à ce qui se passe près de porter de moins en moins le réel. » – plus ou moins fidèle – de la réali- nous qu’à ce qui se produit au loin ; Aussi n’en donne-t-elle qu’un reflet té. l’attention prêtée à l’extraordinaire appauvri et trompeur. Ce que veulent dire les auteurs, (« l’événement naît lorsque la norme Au terme d’une analyse que la on le suppose, est que, dans les se casse ») plutôt qu’à l’ordinaire ; polysémie du mot de représenta- médias aujourd’hui, cette repré- l’intérêt supposé du public, qui tion rend parfois énigmatique, Flo- sentation est de moins en moins fi- crée un cercle vicieux (« la presse rence Aubenas et Miguel Bena- dèle à la réalité. Pourquoi ? Parce parle de ce dont le public parle, et le sayag appellent les journalistes à que les médias sont de plus en plus public parle de ce dont la presse une « révolution ». Une révolution soumis à des contraintes qui les parle ») ; ou encore la « religion des qui les amènerait à respecter la conduisent à sacrifier des pans en- faits », qui oblige, pour rendre « complexité » des choses et à re- tiers de la réalité. Construisant et compte d’une catastrophe ou d’un mettre en cause leurs grilles de reconstruisant le monde à leur ma- massacre, à dresser d’impossibles perception plutôt que la réalité nière, ils forment « un univers en bilans chiffrés. lorsque celle-ci vient bousculer les soi, autonome, avec ses codes, ses Quiconque a fréquenté une salle schémas établis, bref à s’interroger images, son langage, ses vérités ». de rédaction reconnaîtra dans la sur les « automatismes » qui Ce procès-là ne manque évidem- description qu’en donnent les au- commandent la fabrication de l’in- ment pas de pertinence. La presse, teurs les tics, trucs et clichés qui formation. Vaste programme, au- écrite ou audiovisuelle, ne retient ponctuent, sans que ceux-ci s’en quel on ne peut qu’applaudir des de la réalité que ce qui l’intéresse, aperçoivent toujours, les discours deux mains. Journalistes, encore en fonction de critères qui, à l’évi- des journalistes. Florence Aubenas un effort ! dence, appellent la discussion. Ses et Miguel Benasayag ont certes Thomas Ferenczi LeMonde Job: WIV4099--0008-0 WAS LIV4099-8 Op.: XX Rev.: 06-10-99 T.: 19:33 S.: 111,06-Cmp.:07,09, Base : LMQPAG 00Fap: 100 No: 0161 Lcp: 700 CMYK

VIII / LE MONDE / VENDREDI 8 OCTOBRE 1999 actualités b L’EDITION FRANÇAISE L’avenir des PUF en pointillés b Le Serpent replumé ou mena- cé ? Nicolas Philippe, associé gé- Alors que la fermeture de la librairie de la place de la Sorbonne semble presque inéluctable, le plan de restructuration rant du groupe Chevrillon Philippe spécialisé dans l’imprimerie, de- de la maison d’édition tarde à être mis en œuvre vient actionnaire majoritaire (à hauteur de 67 % via la Société fi- n ne manque pas de ce lieu de mémoire. « Le rôle du En attendant, le plan social lié à dique lourde est une condition que l’on recherche avant tout des nancière Nicolas Philippe) de la so- répartie, aux Presses ministère de la culture est ici déter- la décision de fermeture, déjà re- préalable à l’entrée au capital de « complémentarités » et non des ciété C.O.L dont le Serpent à universitaires de minant », écrit, dans Libération du poussé par deux fois par l’inspec- nouveaux actionnaires. De Galli- concurrences. Et que la maison en- plumes est, depuis fin 97, une France. Entrez place de 5 octobre, un avocat à la cour de tion du travail, est toujours l’objet mard, en particulier, qui fait effec- tend de toutes façons garder le marque. C’est ce qu’ont appris, laO Sorbonne et demandez quand New York qui appelle à une inter- de négociations. Quant au plan de tuer de son côté un audit de l’en- contrôle majoritaire de la nouvelle lundi 4 octobre, les salariés de cette ferme la librairie, on vous répond prétation extensive de la loi de restructuration proposé par le di- treprise. La maison de la rue SA PUF. Du côté de Gallimard, il y maison d’édition alors que Pierre d’un air dégagé : «A 18h45, 1913, laquelle avait permis de clas- rectoire et approuvé au printemps Sébastien-Bottin poursuit ses dis- a fort à parier que le groupe, s’il Astier, son directeur littéraire et comme tous les soirs. » La mort de ser et de sauver le restaurant Fou- par le conseil de surveillance cussions avec les PUF dans l’idée s’engageait dans l’aventure, ne éditorial, est, depuis le 30 sep- la librairie semble pourtant très quet’s. (Le Monde du 12 mai), sa mise en d’y prendre une participation mi- souhaiterait pas jouer le rôle d’un tembre, sous le coup d’une procé- probable depuis la promesse de œuvre a pris du retard. Si les PUF noritaire de l’ordre de 20 %, et d’en actionnaire parmi d’autres, mais dure de licenciement. Procédure vente signée, le 26 juillet, avec la CHANCE INFIME ont obtenu de leurs banques l’as- récupérer au passage la distribu- être en position de fixer, d’un qui lui vaut le soutien de quelque marque de vêtements espagnole Du côté des salariés des PUF, on surance d’un soutien dans leur tion. Mais d’autres partenaires commun accord avec les PUF, les cent cinquante personnes (auteurs, Zara. C’est donc le même humour veut croire que « tout n’est pas per- processus de redressement, et si éventuels se seraient mis, eux aus- règles du jeu qui s’appliqueraient à traducteurs, artistes, libraires, grinçant qui a inspiré aux libraires du » : « Ce que nous disons à la di- les 4 millions promis par le minis- si, sur les rangs. « L’alliance straté- d’éventuels nouveaux entrants. agents, éditeurs et journalistes), si- des PUF une vitrine composée de rection, c’est qu’elle n’a pas exploré tère de la culture ont bel et bien gique avec un groupe industriel spé- L’affaire n’est donc pas si simple. gnataires d’une pétition où l’on titres qui, juxtaposés, racontent toutes les pistes, note Gérard da Sil- été versés, le changement de sta- cialisé dans la numérisation », Enfin, quel sera le rôle des au- peut lire : « A travers Pierre Astier, leur parcours, un peu comme dans va, secrétaire du comité central tuts, initialement prévu pour le évoquée avant l’été par la direc- teurs et des directeurs de collec- c’est la cohérence de la ligne édito- une bande dessinée. De gauche à d’entreprise des PUF. Comme toute 1er octobre, s’avère en pratique tion des PUF, ne serait plus à tion dans ce nouveau dispositif ca- riale, et jusqu’à son existence même, droite, on peut lire l’enthousiasme promesse de vente, celle-ci comporte moins simple à organiser que pré- l’ordre du jour immédiat, ni l’en- pitalistique ? Loin de vouloir les en qui est aujourd’hui menacée. » des débuts (Aragon, Les Beaux des clauses suspensives. L’opération vu. Ce changement, qui implique trée au capital d’un grand groupe éloigner, comme avaient pu le lais- Pour Nicolas Philippe, Le Serpent à Quartiers ; Dickens, Les Grandes Es- peut encore ne pas être faite. » Ici et la transformation de la coopéra- comme Havas. En revanche, note ser supposer certaines rumeurs, la plumes, « comme beaucoup de pérances) et le découragement de là, des idées fusent : si une librairie tive en société anonyme avec di- Michel Prigent, président du direc- maison chercherait au contraire à maisons d’édition, souffre d’une la fin (Sartre, Les jeux sont faits ; traditionnelle n’est pas viable, rectoire et conseil de surveillance, toire, la logique penche toujours les y associer le plus étroitement sous-culture économique ». Il sou- Blanchot, L’Ecriture du désastre ; pourquoi ne pas imaginer, s’il est a été approuvé, le 13 septembre, « vers un regroupement d’indépen- possible. « Il semble que nous haite à la fois redéfinir l’ambition Beckett ; Fin de partie), mais aussi encore temps, un espace culturel, par le conseil de surveillance – dé- dants ». Ainsi sont évoqués, dans soyons invités à aider à la constitu- de la maison (en l’ouvrant notam- le malaise (Bohumil Hrabal, Vends un lieu de rencontres, d’échanges sormais présidé par l’universitaire le milieu professionnel, les noms tion de ce qui pourrait être l’équi- ment à la non-fiction) et lui donner maison où je ne veux plus vivre), la et de débats, à deux pas de la Sor- Stéphane Rials, après la démission de maisons d’édition telles que Be- valent des sociétés de rédacteurs les moyens de son ambition (la colère (De Quincey, De l’assassinat bonne et des grands lycées ? Des de Pierre Angoulvent. Mais il doit lin, Eyrolles ou Odile Jacob. « J’at- dans la presse », résume un SARL sera constituée, au 1er janvier considéré comme un des beaux projets culturels alternatifs ont-ils encore recevoir l’approbation de tends l’évaluation de l’entreprise, directeur de collection. Aux yeux 2000, en SA au capital de 1,06 mil- arts), la rancœur peut-être (Sigis- été sérieusement examinés ? l’assemblée générale des socié- précise Serge Eyrolles, président de Michel Prigent, un tel type de lion de francs [161 596 ¤]). En mund Krzyzanowski, Le Club des Au Syndicat national de l’édi- taires, ainsi que l’accord des pou- des éditions du même nom. Je ré- participation au processus de outre, un développement, sous tueurs de lettres)... tion, on ne s’avoue pas, non plus, voirs publics. Ce dernier est en ef- fléchirai alors à l’intérêt, peut-être transformation et de recapitalisa- forme de partenariats, est forte- Inéluctable, cette disparition ? entièrement vaincu. On évoque fet nécessaire dans une procédure en termes de diffusion ou de numé- tion de l’entreprise serait « le signe ment envisagé avec des éditeurs Depuis son annonce, au printemps une mystérieuse piste qui pourrait de renonciation au statut coopéra- risation, d’une éventuelle participa- évident du rôle essentiel que les « au capital peu développé », à (Le Monde du 7 mai), nombre de se concrétiser, peut-être, avant la tif « lorsque la survie de l’entreprise tion minoritaire. Mais pour l’instant, auteurs doivent jouer dans l’avenir l’image, par exemple, des livres lecteurs et clients continuent de fin de l’année, tout en ajoutant que ou les nécessités de son développe- aucune décision n’est prise. » des Presses universitaires de « présentés par Florent Massot ». s’en émouvoir, soulignant l’«im- la probabilité de ce sauvetage in ment l’exigent ». Aucune décision ne semble France. » Par ailleurs, une approche diffé- pact national et international » de extremis demeure infime. Or cette transformation juri- prise, en effet. Aux PUF, on répète Fl. N. rente – voire radicale – du livre et bbbbbbbbb notamment de sa commercialisa- tion devrait être effective pour les fêtes de fin d’année. La publication L’AGENDA de nouvelles dans un coffret « de- signé » par Starck (voir « Le b DU 8 AU 10 OCTOBRE. ARCHI- Monde des livres » du 20 no- TECTURE. A Castries (Langue- vembre 1998) donne une idée de ce doc-Roussillon), les premières ren- qui est en préparation... contres européennes des revues Philippe Robinet, un des repre- d’architecture sont organisées au- neurs, en 1997, de la maison, a an- tour du thème : « La presse archi- noncé que le chiffre d’affaires de- tecturale : le bâti et l’écrit » (Châ- vrait être en 1999 de 14 millions de teau de Castries, 34160 Castries, francs (2 134 286 euros) et que les rens. : 04-67-22-81-41). pertes pourraient se monter à b LE 9 OCTOBRE. BERSANI. A 1,5 million de francs (228 673 eu- Paris, l’Ecole lacanienne de psy- ros). chanalyse organise une journée b Le Petit Livre du bonheur inter- sur le thème « Psychanalyse et dit. Le créneau des livres zen ne queer theorie » (Ecole normale su- laisse pas les éditeurs sereins. C’est périeure, 45, rue d’Ulm, 75005 Pa- ce qui apparaît à la lecture du juge- ris ; tél. : 01-45-49-29-36). ment rendu, le 24 septembre, par la b LE 12 OCTOBRE. DÉPRES- 15e chambre du tribunal de SION. A Paris, le Centre d’études commerce de Paris. Celui-ci a or- du vivant propose un forum sur donné l’interdiction aux éditions « La dépression est-elle passée de du Rocher de poursuivre l’exploi- mode ? » (à 20 heures, université tation de l’ouvrage Le Petit Livre du Paris-VII - Denis-Diderot, amphi bonheur (60 000 exemplaires ven- 24, 2, place Jussieu, 75005 Paris ; dus). Cette décision fait suite à la tél. : 01-44-27-63-78). demande des éditions de l’Archipel b DU 14 AU 17 OCTOBRE. LITTÉ- qui avaient saisi le tribunal pour RATURE MAROCAINE. A Bor- concurrence déloyale et parasi- deaux, la 13e édition du Salon du tisme économique. En effet, depuis livre sera l’occasion de débats et janvier 1998, celles-ci publiaient Le expositions autour de la littérature Petit Livre du calme, dont marocaine (Le Hangar, 14, quai des 120 000 exemplaires ont été Chartrons, 33000 Bordeaux, rens. : vendus. 05-56-43-04-35).