He Chong 何充 (292-346) (Cidao 次道).

Originaire de Qian 灊 dans la commanderie de Lujiang 廬江 () He Chong est le fils de He Rui 何叡 (d. i.), taishou de Anfeng 安豐, une commanderie, comme celle de Lujiang, du Yuzhou 豫州.

Il est apparenté au clan Yu 庾 de par son épouse qui est la sœur cadette de Yu Wenjun 庾文君 (297-328), épouse de Sima Shao 司馬紹 (empereur Ming 明, r. 323-326), et est donc lié, même de loin, à la famille régnante des Jin.

He Chong débute sa carrière auprès de 王敦 (266-324). Il est aussi un protégé de 王導 (276-399) auquel il est apparenté puisque leurs mères sont sœurs. Les cousins Wang de Langya 瑯琊 ont aidé Sima Rui 司馬睿 (empereur Yuan 元) à établir la dynastie Jin à Jiankang 建康 après l’exode de Chang’an 長安 (Shaanxi) en 318 et sont alors au faîte de leur puissance.

La mort de Wang Dun en 324 ouvre la porte à l’ascension du clan des Yu, en la personne de 庾亮 (289-340), frère de l’impératrice. Celle-ci devient douairière l’année suivante, après le décès de son époux, et assure la régence de son fils Yan 衍 (empereur Cheng 成, n. 321, r. 325-342) qui n’a que quatre ans. La tentative avortée de 蘇峻 (327-328) de renverser les Yu, en 328, renforce leur pouvoir.

He Chong est nommé jishi huangmen shilang 給事黃門侍郎 au début du règne de l’empereur Cheng. Après la révolte de Su Jun, il est apanagé marquis de canton (duxiang hou 都鄉侯), promu au titre de sanji changshi 散騎常侍, puis taishou 太守 de Dongyang 東陽 et est graduellement promu à des fonctions à la cour et en province.

La mort de Wang Dao (339), suivie l’année d’après par celle de Yu Liang, marque un tournant dans la vie palatine. En succédant aux fonctions de leur frère, 庾氷 (296- 344) et Yu Yi 庾翼 († 345), tentent de s’arroger les pleins pouvoirs, profitant de la maladie de l’empereur Cheng. He Chong n’est cependant pas en reste, car outre sa charge militaire de hujun jiangjun 護軍將軍, il partage certaines fonctions avec Yu Bing. Peu après il devient shangshu ling 尚書令 et zuo jiangjun 左將軍. À la mort de l’empereur Cheng (342), Yu Bing et Yu Yi parviennent à introniser son jeune frère Yue 岳 (empereur Kang 康, n. 322, r. 342-344), mais cet empereur fantoche n’a aucune autorité et se rallie constamment à l’avis de ses oncles, malgré les réprimandes de He Chong. Au 8e mois de 344, quand l’empereur Kang décède, les Yu tentent de placer Sima Yu* (320- 372) sur le trône (celui-ci deviendra plus tard empereur Jianwen 簡文, r. 371-372), mais He Chong parvient à introniser le prince héritier, Dan 聃 (empereur Mu 穆, n. 343, r. 344-361), âgé d’un an et marié à la fille de son frère cadet He Zhun 何準 (311-357), ce qui assied son pouvoir et celui de son clan à la cour au détriment de celui des Yu. Il est alors promu zhongshu jian 中書監 et lu shangshu shi 錄尚書事. Les décès consécutifs de Yu Bing (11e mois de 344) et de Yu Yi (7 e mois de 345) le propulsent à la fonction de régent du jeune empereur. Il meurt en 356. Le grade de sikong 司 空 lui est décerné posthumement.

Sa biographie fait état de son intérêt aux textes bouddhiques et ajoute qu’il fit construire des temples et couvrait les moines d’offrandes, dépensant pour eux sans compter alors qu’il se montrait parcimonieux, voire pingre, pour sa famille. Sa participation à un “jeûne aux huit interdictions” (baguan zhai 八關齋) en la présence de Zhi Dun*, au début des années 340, est mentionnée dans la préface de poèmes que le moine composa à cette occasion, reproduits dans l’Expansion de la collection pour propager la lumière (Guang hongming ji 廣弘明集). Les Biographies des bhikṣuṇī (Biqiuni zhuan 比丘尼傳) le tiennent pour fondateur du premier monastère de femmes à Jiankang, destiné à abriter Kang Minggan* et ses consœurs.

He Chong doit aussi sa renommée auprès des bouddhistes par sa passe d’armes avec Yu Bing au sujet d’une question de protocole. En 340, Yu Bing, qui vient de récupérer les pouvoirs de Yu Liang, déclare l’obligation pour les moines de se prosterner devant le souverain. He Chong, du haut de son statut de shangshuling 尚書令, s’y oppose. L’affaire monte jusqu’au bureau des rites, qui suit He Chong. Celui-ci avec Chu Yi 禇翌 (d. i.) et Zhuge Hui 諸葛恢 (284-345) tous deux puye 僕射 (l’un de droite l’autre de gauche) du sanji changshi 散騎常侍, Feng Huai 憑懷 (d. i.) et Xie Guang 謝廣 (d. i.), tous deux au shangshu 尚書, composent un mémoire pour clore la question. Celui-ci est reproduit dans la Collection pour propager la lumière (Hongming ji 弘明集) de Sengyou*.

Il n’a pas de descendants, et dans le cas contraire on ne sait s’ils auraient soutenu la religion et le clergé bouddhiste comme lui, mais il est manifeste que le reste du clan He lui emboîte le pas. Son frère He Zhun refuse les postes qu’on lui propose afin de se consacrer à réciter les écritures et construire des temples. Son arrière petit-neveu He Shangzhi 何尚之 (382-460), conseiller personnel de Liu Yilong 劉義隆 (empereur Wen 文 des Song, r. 424-453), est auteur d’un panégyrique sur les vertus du bouddhisme, que reproduit la Collection pour propager la lumière. Des quatre petits-fils de He Shangzhi, deux sont des lettrés retirés qui fréquentent le cercle des bouddhistes de Jiankang gravitant autour du monastère Dinglin 定林 寺 : He Dian 何點 (437-504) et son jeune frère He Yin 何胤 (446-531). Il est dit du premier que la nuit d’après avoir lui-même prêché un sūtra au temple Shifo 石佛寺 de Wu 吳 (certaines sources parlent du Sūtra de Vimalakīrti, Weimojie jing 維摩詰經), alors qu’il dort au temple, il rêve qu’il ingère une pilule que lui tend un religieux étranger, et guérit dès lors d’un mal chronique. He Yin, que le lettré bouddhiste Zhou Yong 周顒 (ca. 441-ca. 491) parvient à convertir au végétarisme, vit une partie de sa vie dans un temple du mont Ruoye 若 邪山 (Zhejiang) puis dans un autre temple sur le mont Huqiu 虎丘山 (Jiangsu), où il prêche des sūtras et compose des commentaires des trois traités du Mādhyamika. Son biographe note que parfois des grues rouges viennent se poser devant la salle de prédication pour l’écouter, signe auspicieux qui rappelle le cas de Sengbian*. C’est lui qui fait la stèle du moine Huiji 慧 基 (412-496), décédé à Shanyin 山陰 (Zhejiang). Il avait aussi fait la connaissance de Zhizang* et, le jour où ce dernier meurt, un moine venu d’on ne sait où lui remet le brûle- parfum qui appartenait à Zhizang ainsi qu’un étui à courrier. Quand He Yin l’ouvre, il découvre des feuilles couvertes d’une écriture inconnue qu’un moine des Wei identifie comme étant extraites du Da zhuangyan lun 大莊嚴論 (Mahālaṃkāraśāstra, Traité de la grande ornementation). Les gens prennent cela comme provenant de Zhizang. Sylvie Hureau

Bibliographie sur He Chong.

I. JS 7, 73, 77. II. YKJ Jin 32 III. E. Zürcher 1959.

Bibliographie sur He Shangzhi.

I. SS 66 ; GSZ 7, 8, 11 ; Xu gaoseng zhuan 6; Hongming ji 11 ; Guang hongming ji 1.

III. Schmidt-Glintzer 1976.

Bibliographie sur He Yin.

I. LS 51 ; GSZ 8 ; Guang hongming ji 26.

Bibliographie sur He Dian.

I. NQS 54 ; LS 51; GSZ 8 ; Xu gaoseng zhuan 6. II. YKJ Liang 40 III. R. B. Mather 2003, vol. 2, p. 356-357. IV.

Index des noms de personne Chu Yi 禇翌 (d. i.) Feng Huai 憑懷 (d. i.) He Dian 何點 (437-504) He Shangzhi 何尚之 (382-460) He Yin 何胤 (446-531) He Zhun 何準 (311-357) Huiji 慧基 (412-496)

Kang Minggan (IVe s.) Liu Yilong 劉義隆 (empereur Wen 文, n. 407 ; r. 424-453) Sengbian 僧辯 († 493) Sengyou 僧祐 (445-518) Sima Dan 司馬聃 (empereur Mu 穆, n. 343, r. 344-361) Sima Shao 司馬紹 (empereur Ming 明 des Jin, r. 323-326) Sima Yan 司馬衍 (empereur Cheng 成, n. 321, r. 325-342) Sima Yu 司馬昱 (empereur Jianwen 簡文, n. 320, r. 371-372) Sima Yue 司馬岳 (empereur Kang 康, n. 322, r. 342-344), Su Jun 蘇峻 (327-328) Wang Dao 王導 (276-399) Wang Dun 王敦 (266-324) Xie Guang 謝廣 (d. i.) Yu Bing 庾氷 (296-344) Yu Liang 庾亮 (289-340) Yu Yi 庾翼 († 345) Yu Shen 庾琛 († 316) Yu Wenjun 庾文君 (297-328) Zhi Dun 支遁 (314-366) Zhizang 智藏 (458-522) Zhou Yong 周顒 (ca. 441-ca. 491) Zhuge Hui 諸葛恢 (284-345) Index des noms de lieux (avec localisation actuelle) Chang’an 長安 : Xi’an 西安 (Shaanxi) Jiankang 建康 : 南京 (Jiangsu) Lujiang 廬江 (Anhui) mont Huqiu 虎丘山 (Jiangsu) mont Ruoye 若邪山 (Zhejiang) Shan 剡 (Zhejiang) Shanyin 山陰 (Zhejiang). Wu 吳 : nord de Suzhou 蘇州 (Jiangsu) Index des titres d’ouvrages (avec traduction) Biqiuni zhuan 比丘尼傳 : Biographies des bhikṣuṇī Da zhuangyan lun 大莊嚴論 (Mahālaṃkāraśāstra) : Traité de la grande ornementation Guang hongming ji 廣弘明集 : Expansion de la collection pour propager la lumière Hongming ji 弘明集 : Collection pour propager la lumière Weimojie jing 維摩詰經 : Sūtra de Vimalakīrti Index des termes techniques baguan zhai 八關齋 : jeûne aux huit interdictions Index des titres officiels duxiang hou 都鄉侯 hujun jiangjun 護軍將軍 jishi huangmen shilang 給事黃門侍郎 lu shangshu shi 錄尚書事 puye 僕射 sanji changshi 散騎常侍 shangshu 尚書 shangshu ling 尚書令 sikong 司空 taishou 太守 zhongshu jian 中書監 zuo jiangjun 左將軍 Mots clés alimentation (végétarisme) ; animaux (grues/oiseaux) ; commentaires de sūtra ; critique du bouddhisme ; école (Mādhyamika) ; moines en relations avec des lettrés ; rêve ; rites/querelle des rites ; temple/monastère (fondation de).

Références :

Schmidt-Glintzer, Helwig, Das Hung-ming chi und die Aufnahme des Buddhismus in China, Wiesbaden, Franz Steiner Verlag, 1976.

Mather, Richard B., The age of eternal brilliance : three lyric poets of the Yung-ming era (483-493), Leiden Boston : Brill, 2003, 2 vol.

Zürcher, Erik, The Buddhist Conquest of China: The Spread and Adaptation of Buddhism in Early Medieval China, Leiden, E. J. Brill, 1959.

Gaoseng zhuan (déjà noté)

Xu gaoseng zhuan (déjà noté)

Hongming ji (déjà noté) Guang Hongming ji (déjà noté)