Les Paysages De Pierre Breughel L'ancien
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LE PAYS DES PAILLOTES • DILBEEK, LENNIK ET SINT-PIETERS-LEEUW La gueuze – diminutif de gueuzelambic, déformation de “lambic gazeuse” – est issue du mélange de lam- Les paysages de Pierre Breughel l’Ancien bic jeune (six mois) et mûr (trois ans), ce dernier conférant au breuvage son goût unique et ses Le Pajottenland a séduit immédiatement Pierre Breughel lorsqu’il est venu s’instal- arômes. L’expérience du mélangeur – le brasseur ou ler à Bruxelles en 1563. Il sert de toile de le distillateur de gueuze – est déterminante puisqu’il fond à la plupart de ses tableaux. Il y peint va “couper“ des lambics issus de plusieurs fûts. Le les paysages et les villages brabançons mélange est ensuite mis en bouteille où il subit, à avec beaucoup d’imagination, n’hésitant l’instar du champagne, une seconde fermentation pas à y ajouter quelque montagne rocheuse d’un ou deux ans grâce à la présence du jeune lam- ramenée de ses voyages en Italie en arrière-fond. bic, encore sucré. A la différence du champagne, les dépôts de fermentation ne sont pas évacués. Le PIERRE BREUGHEL L’ANCIEN (1525-1569) résultat donne une boisson dorée à ambrée, mous- seuse et perlée au goût acide à amer. La teneur en Peintre paysagiste flamand doué d’un sens aigu de l’observation alcool grimpe jusqu’à 5 %, voire 6,5 % alors que le qu’il exprime dans une abondance et une précision du détail, sucre y tombe à moins de 0,2 %. Victime de nom- Breughel fait figure d’exception dans un siècle voué à l’idéal clas- breuses contrefaçons – utilisation de lambic indus- sique et à la mythologie. C’est le premier peintre réaliste qui tire triel, filtrage du lambic, additifs sucrés, ajout de gaz son inspiration de la vie quotidienne. Il peint “Naet het leven”, tel carbonique – la vraie gueuze, qui a subi une double qu’il voit les choses avec son œil d’artiste. fermentation naturelle, porte toujours la mention Indifférent aux modes de la Renaissance italienne, il affirme d’em- “vieille gueuze/oude geuze”. blée sa prédilection pour les paysages – les baies tranquilles, les Transport montagnes, les scènes d’hiver – dans lesquels l’homme n’a pas forcément la place principale. Héri- La krieklambic ou la framboise sont obtenues par le tier de Jérôme Bosch dont il s’inspire de l’imagination démoniaque, il s’en détache petit à petit pour mélange de cerises du Nord ou de framboises à un s’intéresser au peuple auquel il sera le premier à donner un visage propre. Ce visage exprime l’es- lambic jeune. Après une fermentation de six mois, poir, les travers les plus communs, la résignation mais aussi la joie des jours de fête, bruyante et com- on obtient une bière aigre-douce, non moussante, municative, le plaisir immédiat des jeux d’enfants. A travers paysages et paysans, mendiants et estropiés, animaux, le peintre nous renseigne, mieux que personne, sur son époque. rouge et ayant le goût de la cerise ou de la fram- boise. Seule la vieille kriek subit une seconde fer- C’est la première fois qu’un artiste entreprend de circonscrire, au gré des saisons, les travaux et les mentation en bouteille pour donner une boisson plus jours des hommes, en leur conférant une noblesse, une dignité et une harmonie particulières. pétillante et moussante. Quant au faro, aussi popu- Après sa formation, Breughel s’installe à Anvers où il travaille pour le marchand Hans Franckert, qui laire que le lambic avant la Seconde Guerre mon- devient son complice. Ensemble, ils s’invitent à des noces ou à des foires paysannes où ils observent diale, il est composé de la même base tout en étant les mœurs paysannes qu’il reproduit avec sensibilité, humour et précision. nettement moins alcoolisé. Après avoir épousé Marie Cock, fille de son maître Pieter Cock van Aelst, il s’installe à Bruxelles. Il lui fallait s’éloigner de la ser- vante dont il avait été amou- reux mais qu’il avait refusé d’épouser en raison de sa trop grande propension au mensonge. A travers des sujets bibliques et des scènes de la vie contemporaine, il peint avec une réelle intensité dramatique associée à une simplicité de style, les maux de son époque. Une dou- zaine de chefs-d’œuvre se suivent jusqu’à sa mort, le 5 septembre 1869. L’Adoration des mages dans la neige (1567) 10 11 Les paysages de Pierre Breughel l’Ancien Si la petite église Sainte-Anne, accueil- A en croire le cartelarium de l’infirmerie du lante dans son écrin de verdure champêtre béguinage de Bruxelles, la construction de qui a remplacé l’ancien cimetière, est la chapelle remonte aux alentours de 1250. aujourd’hui célèbre, elle le doit à Pierre Le petit chœur carré, fermé par un mur Breughel qui l’a immortalisée en toile de droit percé d’une fenêtre gothique, est la fond de la Parabole des aveugles (1568) partie la plus ancienne de cet édifice. La adressée aux pharisiens par le Christ: «si nef, en brique sur soubassement de pierre, un aveugle guide un aveugle, tous les deux a été rehaussée au 16ème siècle, comme en tomberont dans un trou». Breughel pré- attestent les deux anciens contreforts qui sente six aveugles, maudits et rejetés par la séparent du chœur. Gilles Walijns doit à la société de son époque. Le mouvement de sa contribution financière aux travaux leur chute est décomposé en six phases l’honneur d’y disposer d’une sépulture. Le distinctes, dans des couleurs sourdes qui transept, ajouté en 1639, a donné sa forme rendent la scène bouleversante et cruelle. définitive à l’édifice. L’Armveldweg permet de passer sous le Un banc en forme de palette de peintre viaduc et de longer ensuite la voie ferrée; Descendez la Plankenstraat pour traver- (P. Van der Heyden, 1969), installé dans le ser l’Herdebeekstraat et rejoignez, droit Passez sous la voie à hauteur de la jardin de l’église, rend hommage au talent devant vous, un sentier qui se faufile entre Poverstraat; du maître flamand. Bordé d’un beau champ de blé, le sentier OBJET les paysages qui ont inspiré longe à présent la ligne de chemin de fer du Pierre Breughel côté gauche; DEPART église Sainte-Anne de Sint-Anna-Pede L’hof ter Mullenstraat serpente entre les DISTANCE 7.700 m – 2 h – 45’ champs pour rejoindre le lit de la Pède. Le mot Pedeken, en vieux flamand, signifie BALISAGE Bruegelwandeling (hexagones à sentier et, par extension, Pede fait réfé- lettrage rouge sur fond blanc) rence à un chemin ou à une route. En tous jalonnée de reproductions des toiles cas, un nom curieux pour une rivière; les plus célèbres de Pierre Breughel Avant le pont, empruntez le sentier de graviers gris qui longe la rive arborée avant de la gravir le long d’une prairie; des potagers. A l’angle de l’Herdebeek- rkstr erkstra Ke aat K at straat, la maison en torchis qui abrite le café Une petite chicane au débouché sur le 2 W De Ster est un des derniers témoins de l’ar- eid Lennikseweg permet de descendre un str. e straat rp ee chitecture traditionnelle du Pajottenland; tronçon de la Borrestraat que vous quittez o N rhofs D K tra a a aussitôt par un sentier en pente douce; l t e n Descendez le Kleinveldweg jusqu’au Itterbeeksebaan b 1 e r g carrefour de la Rollestraat; Vous débouchez sur la rue pavée du s t r . Koevijver qui vous ramène, à travers S Le viaduc du chemin de fer, dit viaduc ackw champs, vers la Pède. Beaucoup de mai- e aux seize arches, enjambe la vallée de la g sons ont ici une forme de rectangle allongé Zakstraat Pède depuis 1929. Long de 520 mètres, le caractéristique de la campagne hennuyère; tablier repose sur des piliers aériens très Sint-Annastraat soigneusement ouvragés, reliés entre eux Laissez les rues du Froment et du Pom- Kleinveldw par des poutrelles en béton armé enfouies mier sur votre droite et grimpez le sentier Vlazendaalstraat Herdebeekstraat Keperenbergstraat dans le sol; abrupt qui fait face au Kroonweg; K r eg o o llestraat n Plankenstraat Ro w e straat g Rolle A Koevijverstraat r m Poverstraat v e ld eg w w eg se ik n n e L g Borrestraat we se ik Hof ter Mullenstraat n n e L 12 13 LE PAYS DES PAILLOTES • DILBEEK, LENNIK ET SINT-PIETERS-LEEUW Les paysages de Pierre Breughel l’Ancien En sortant de la ferme, longez les Kalen- Contournez une villa et dévalez le Sack- berg-, Weide- et Kerkstraat pour débou- weg jusqu’à la Keperenbergstraat. Den cher sur le parvis de l’église Saint-Pierre Sack évoque un ancien bois défriché vers d’Itterbeek. Transformée et agrandie à de 1765; multiples reprises, sans compter les res- Un chemin passe devant des serres, taurations des 18ème et 19ème siècles, l’édi- descend une prairie bordée de résineux et fice est un véritable trésor d’archéologique de champs; architecturale. La tour carrée, mélange de formes romanes et gothiques, est la plus Longez la Zakstraat sur quelques mètres; ancienne construction et remonte à 1250. LA BRASSERIE 2 Elle a été rehaussée et coiffée d’une toiture Un sentier traverse ensuite un petit en cloche au 17ème siècle, avant d’être sur- TIMMERMANS affluent de la Pède, bordé d’étangs; La brasserie Timmermans a Traversez la Sint-Annastraat pour lon- Vous débouchez sur la Vlazendaalstraat été fondée en 1781 par Henry ger la Plankenstraat jusqu’à l’église qui monte encore sévèrement; Vanheyleweghen.