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EDGAR RICE BURROUGHS™ ®

VOLUME trois : 1971-1974 Tarzan3_interieur125-CATHY_Layout 1 19/08/2019 11:36 Page4

VINTAGE COLLECTION • GRAPH ZEPPELIN DIRECTEUR DE COLLECTION Thierry Plée • CHEF DE PROJET ET CONCEPTION Dean Mullaney CHEF DE PROJET ADJOINT Bruce Canwell • COLLABORATEUR ÉDITORIAL Henry G. Franke III DIRECTEUR ARTISTIQUE Lorraine Turner • DIRECTEUR MARKETING Beau Smith RESTAURATION DES PLANCHES DOMINICALES Lorraine Turner et Dean Mullaney LETTRAGE Terry Marx • TRADUCTION Philippe Louet

GRAPH ZEPPELIN, une marque éditoriale des Éditions de l’Éveil 77123 Noisy-sur-École • www.graphzeppelin.com

Édité en français par Graph Zeppelin sous licence IDW Publishing Président : Thierry Plée – Fabrication : Estelle Plessis – Secrétariat : Stéphanie Dejoux – Correction : Blooming Words

ISBN papier : 978-2-490357-11-6 • ISBN ebook pdf : 978-2-490357- 89-5 • ISBN ePub : 978-2-490357-90-1 Première édition, octobre 2019 • Imprimé en Chine par Book Partners China, Ltd

Edgar Rice Burroughs ™ et Tarzan ® sont la propriété d’Edgar Rice Burroughs, Inc et exploités avec leur permission. Copyright © 2014 Edgar Rice Burroughs, Inc. Tous droits réservés. © 2014 Henry G. Franke III. Traduction française © 2019 Éditions de l’Éveil. Hormis les exceptions prévues par la loi, aucune illustration ou bande dessinée ne peuvent être reproduites sans l’autorisation expresse de ERB, Inc. Hormis les exceptions prévues par la loi, aucune copie, par quelque moyen que ce soit, y compris la diffusion numérique, ne peut être reproduite sans l’autorisation expresse de ERB, Inc. Tarzan3_interieur125-CATHY_Layout 1 19/08/2019 11:36 Page5

LE JOUR OÙ LES QUOTIDIENNES DE TARZAN S’ARRÊTÈRENT

par HENRY G. FRANKE III

En 1968, lors du sondage annuel de l’Académie des fans et collectionneurs vacances, l’artiste essaya même de rencontrer, à San Angelo au Texas, le de comics (Academy of Comic-Book Fans and Collectors), Tarzan arriva en propriétaire d’un groupe de journaux texans dans l’idée de le convaincre deuxième position dans la catégorie des meilleurs strips d’aventures de presse, d’acheter et publier les strips de Tarzan. On ne lui permit pas de rencontrer le juste derrière , mais devant (Le Fantôme) et Steve directeur de publication mais, ironie du sort, on lui demanda une interview. Canyon. Ce fut une reconnaissance gratifiante pour et Edgar Rice Tandis que le strip d’aventures était délaissé aux États-Unis, les bandes Burroughs Inc. qui avaient ressuscité la série une petite année auparavant. dessinées de Manning se vendaient très bien à l’étranger, où les strips de Tarzan Cependant, la popularité des traditionnels comic strips de presse et des comic étaient très prisés. Son style était très apprécié, particulièrement en Europe et en books d’aventures était sur le déclin. Amérique latine. D’ailleurs, les revenus que ERB Inc. tirait des licences à Aux États-Unis, les années soixante-dix s’ouvraient sur une crise sociale et l’exportation compensaient largement le déclin des commandes locales. économique. La guerre du Vietnam cristallisait les tensions et engendrait des évolutions politico-culturelles. Les comics d’aventures étaient, lentement mais ! ! ! ! ! sûrement, victimes de ces changements, d’autant plus que la télévision avait clairement pris la tête des médias d’action. Manning et ERB Inc. s’inquiétaient Manning s’inquiétait des effets négatifs qu’avait sur ses revenus la forte de voir que United Features, qui servait de courroie de transmission entre les inflation de l’ère Nixon, impactant le coût de la vie en général et le coût de artistes et la presse, ne promouvait plus activement l’achat des strips et pages réalisation des strips de Tarzan en particulier. Il était un artiste indépendant, sous dominicales de Tarzan auprès de la presse américaine. contrat avec ERB Inc. et sa rémunération se référerait toujours à la lettre de ERB Manning s’entendait bien avec Robert M. (Bob) Hodes, vice-président et Inc. datée du 14 septembre 1967 qui avait valeur de contrat. Alors qu’il directeur général de ERB Inc., l’homme qui avait pris la décision de l’engager correspondait habituellement avec ERB Inc. par courrier, il leur rendit visite pour remplacer John Celardo en 1967. Manning écrivit à Hodes en septembre dans leurs bureaux de Tarzana, au nord de Los Angeles, soit à cent vingt 1971, au retour d’un voyage familial en voiture qui l’avait mené à Corpus kilomètres de chez lui et de son studio de création d’Orange County. Christi au Texas : « …tout au long du parcours, nous avons acheté des journaux L’objectif de cette visite était de faire comprendre à ERB Inc. qu’il devait locaux. Pas un seul n’avait publié un strip de Tarzan… » Profitant de ses batailler dur pour concilier créativité et qualité des strips avec leur coût de 5 Tarzan3_interieur125-CATHY_Layout 1 19/08/2019 11:37 Page6

production. En tant que contractant indépendant, il n’avait aucune des aimait la pêche, contacta en juillet 1971 Evinrude Motors et Zodiac of North couvertures sociales (santé, retraite, congés…) assurées habituellement par America, célèbres marques de moteurs et canots. Il leur annonça qu’il allait entamer l’employeur. De plus, comme les délais obligeaient Manning à embaucher des la réalisation d’une nouvelle histoire à partir du 23 août, prévue pour durer au moins assistants qu’il payait sur ses revenus et non pas par ERB Inc. ou UFS (United douze semaines. , le fils de Tarzan, accompagnerait une équipe de tournage Features Syndicate), il se devait d’être judicieux dans le choix de ses collaborateurs. qui remontait un fleuve africain dans des bateaux pneumatiques équipés de moteurs En 1969, , premier collaborateur de Manning sur les strips, le quitta hors-bord. « Les bateaux et les moteurs seront dessinés dans quasiment toutes les pour un meilleur salaire après quatre ans de loyaux services. Persuadé de la scènes, expliqua-t-il, avec force détails, à partir des modèles réels qui lui seraient sincérité de Manning et pour maintenir le rythme et la qualité, ERB Inc. lui fournis. Bien entendu, les marques et les logos seraient montrés autant que possible. accorda, fin 1969, l’augmentation qu’il demandait afin d’engager un nouvel Les bateaux et les moteurs, fiables et impeccables, ne connaîtraient aucune assistant. défaillance. » Il rappela aux deux entreprises que ses strips étaient lus par trente Précurseur du « placement de marques », le dessinateur trouva un moyen de millions de personnes dans le monde. valoriser son travail sur Tarzan au-delà de ses revenus traditionnels. Manning, qui Il demanda à Evinrude un moteur de 25 chevaux, « pour servir de modèle et qu’[il] conserverait pour son usage personnel comme rétribution pour la promotion [de la marque]. » Puis il dit à Zodiac, fabricant de bateaux pneumatiques, qu’il projetait de dessiner ses modèles Mark II et Mark V dans ses strips. Il demanda qu’on lui envoie un Mark II, « pour les prises de vues et pour son usage privé, une fois les travaux nécessaires à la réalisation des dessins exécutés ». Il reçut le Zodiac le 26 juillet, l’assembla aussitôt et attaqua les prises de vue le jour même ! Ses contacts avec Evinrude et Zodiac étaient connus de ERB Inc. qui recevait copie de tous leurs échanges postaux. Il mit même en relation les deux sociétés avec ERB Inc., au cas où elles auraient voulu utiliser les strips dans des campagnes publicitaires ou des événements promotionnels. Le succès de Manning pour obtenir gratuitement un Zodiac est une des anecdotes favorites de sa fille Melissa. Elle se souvient avec émotion de sa mère, Dodie, posant dans le bateau surélevé sur des parpaings qui trônait dans la cour de leur maison. Désormais, les vacances familiales à Punta Banda, en Basse-Californie (Mexique), furent agrémentées de la présence indéfectible au fil des années du fameux Zodiac et de son moteur hors-bord ! L’histoire Korak dans les Rapides, rééditée dans ce volume, montre que Manning respecta sa parole donnée à Zodiac et Evinrude (voir pages 28 et 29).

! ! ! ! !

À gauche : Russ Manning reçoit le « » au Comic-Con de en 1974.

Page de droite : À gauche : le dessinateur, en vacances à Punta Banda, avec son nouveau Zodiac équipé du moteur Evinrude, en octobre 1971.

À droite : Russ et sa mère, Opal, sur la route avec sa caravane et le Zodiac gonflé, arrimé sur le toit de la camionnette. « Il l’emmenait partout ! » se souvient sa fille Melissa. 6 (Avec l’aimable autorisation de Melissa Manning) Tarzan3_interieur125-CATHY_Layout 1 19/08/2019 11:37 Page7

En dépit des baisses de revenus et du déclin des strips de Tarzan aux États-Unis, le moi-même convaincu, que l’intérêt suscité par la qualité des histoires de Tarzan et de début des années soixante-dix fut prolifique au niveau mondial et Bob Hodes maintint mes strips n’a pas à rougir devant tous les autres… et pourtant, le succès n’est plus au le cap de la stratégie commerciale adoptée depuis la fin des années soixante. Elle était rendez-vous. La meilleure chose qui puisse nous arriver serait que nos efforts pour aussi valide pour les comic books de Tarzan. Le numéro de juillet 1971 du fanzine assurer la qualité combinée des histoires, des dessins et des personnages se Graphic Story World, édité par Richard Kyle, rapporta que « Gold Key publierait le resynchronisent subitement avec le goût de l’époque. » dernier numéro de Tarzan of the Apes en décembre 1971 ». ERB Inc. avait décidé de Manning expliqua à Hodes qu’il avait de nouveau atteint le point où il devait changer d’éditeur, parce qu’ils avaient été déçus par les résultats après le départ de embaucher des assistants compétents mais que l’inflation avait balayé l’augmentation Manning. ERB Inc. voulait dorénavant cibler un « public plus adulte » et recherchait un qu’il avait reçue en 1969. Il reconnut aussi que l’augmentation qu’il demandait ne serait éditeur qui « refléterait fidèlement l’esprit de Burroughs à travers ses personnages et ses peut-être pas compensée par une meilleure rentabilité financière des strips mais il se histoires » et la licence échut à DC Comics. Pour montrer à ce public adulte une autre permit de rappeler qu’il était l’unique auteur-dessinateur du marché à travailler seul sur interprétation de l’homme-singe, Hodes avait fait éditer une adaptation illustrée du des strips quotidiens. Le président de UFS confirma à l’artiste que les ventes à roman originel, Tarzan of the Apes (Tarzan, Seigneur de la Jungle), mêlant le texte de l’international faisaient vivre les strips, ce qui interpella Manning, toujours Burroughs aux dessins de Burne Hogart, qui fut publiée dans une version à couverture professionnel, et le poussa à demander à Hodes « s’il pouvait mettre l’accent sur des cartonnée par Watson-Guptill en 1972. Cependant, dans ce même numéro, Kyle histoires qui marchent ailleurs qu’aux États-Unis… et s’il savait ce qui séduit là-bas ? » mentionnait un regain d’intérêt à l’international pour les strips de presse quotidiens, L’augmentation demandée ne vint pas, mais Bob Hodes avait une proposition à notant qu’un auteur japonais envisageait même d’écrire des romans à partir des histoires faire à l’auteur-dessinateur. Hodes avait un temps caressé l’idée que ERB Inc. édite ses de Manning. propres comics aux USA avant de décider, finalement, d’octroyer la licence de Tarzan à Même fortes de cette renommée, les ventes de strips de presse stagnaient. Dans un DC Comics. Il avait des plans plus ambitieux pour les aventures de Tarzan hors des États- courrier adressé à ERB Inc. en mai 1972, Manning écrivait que « Tarzan est le plus Unis. Les rééditions des comics de Tarzan et Korak, complétées par des histoires originales populaire des strips dans tous les journaux où il figure. J’ai souvent entendu, et en suis dessinées et écrites par des artistes locaux, se vendaient bien à l’étranger et ce, depuis des 7 Tarzan3_interieur125-CATHY_Layout 1 19/08/2019 11:37 Page8

années. Hodes parla à Manning d’un autre format pour publier ses bandes dessinées : le format album aussi nommé « format long » ou « histoire complète ». Ce terme s’appliquait à quantité de formats d’édition mais leur grande différence avec les comic books standards était qu’ils comprenaient quarante à soixante pages – voire plus – et couvraient toute une histoire, ou plusieurs histoires courtes mais liées entre elles. Les albums avaient des couvertures cartonnées et étaient imprimés sur du papier de qualité à fort grammage et dans un format plus grand que celui des comics. L’exemple type de ce format étant l’album Tintin au Pays des Soviets de l’artiste belge Hergé, publié dans les années trente. Au début des années soixante-dix, la série épique Corto Maltese, créée par l’artiste italien Hugo Pratt, fixa en Europe, et pour la décennie, le standard des comics d’aventure pour adultes. À l’époque, ce format était quasiment inconnu aux États-Unis et ERB Inc. envisageait de meilleurs revenus en sortant des albums de Tarzan, qui seraient coproduits par ses concessionnaires en Europe, Amérique latine et ailleurs. Hodes avait aussi l’idée de diminuer la dépendance de sa société vis-à-vis de ses intermédiaires car ERB Inc. produirait directement ces albums. Manning était la clé de voûte de ce projet et il aurait la responsabilité entière de la réalisation des albums en histoires complètes sur 46 pages, depuis le scénario en passant par les décors, le dessin, l’encrage, le lettrage, la colorisation, jusqu’à la mise en page finale, et cela, seul ou avec des assistants. Il s’agissait donc de créer, de A à Z, des albums racontant une histoire longue mais aussi les couvertures, les pages de titre et de garde ! C’était un défi créatif extrêmement motivant pour Manning. Le contrat de départ couvrait et définissait la parution de six albums à raison d’au moins un par trimestre. Dans une interview de 1975, avec , il fit la remarque qu’une des joies du strip quotidien était « la possibilité d’ajuster l’histoire à la volée, ouvrant le champ aux péripéties imprévues, accidents ou tensions. Mais avec les albums de 46 pages, c’est une autre paire de manches ! Je viens de finir le quatrième et je peux vous dire que j’ai dû innover car ces livres de Tarzan sont les premiers d’un nouveau genre. 46 pages, c’est long… bien trop long pour être traité comme une histoire de comics de 15 ou 20 pages, et certainement pas en “vol libre”, comme un strip ! » Il continua, enthousiaste : « Un bon album doit être conçu comme un tout indissociable, avec un scénario défini et rythmé, de la documentation solide, des personnages intéressants et, le cas échéant, la colorisation. J’apprends des choses tous les jours sur ce nouveau format, et je me rends compte que j’ai évolué dans ma méthode de création vers un style cinématographique plutôt que de rester dans le genre traditionnel des comics. Je développe d’abord l’intrigue et un projet de pagination, puis je passe à Ci-dessus et page de droite : Manning à sa planche à dessins, toujours sur la brèche des délais. (Photo : Clay Miller) l’écriture et à l’illustration, n’importe où dans les 46 pages, selon mon inspiration du jour. Si jamais, en écrivant ou dessinant une séquence particulière, je m’aperçois qu’il faut y mettre l’accent et la faire se dérouler sur plus de pages que prévu au story-board, je le fais… mais alors, bien entendu, il faut ajuster la durée des autres. Ensuite, quand la conclusion approche, et même après, il faut valider la version finale et je dois avouer qu’au passage en studio, il y a du déchet et des coupes ; des cases ou des pages qui ne “raccordent” pas ou 8 Tarzan3_interieur125-CATHY_Layout 1 19/08/2019 11:37 Page9

se révèlent inutiles. C’est peut-être une méthode dispendieuse, mais elle a le mérite d’apporter une grande liberté de création. C’est très motivant de faire ces albums qui sont de vrais défis artistiques et techniques essentiels pour raconter des histoires de grande qualité. » Au début de 1972, quand Manning et Hodes négocièrent le contrat de création des albums de Tarzan, un point crucial fut celui du paiement d’une avance au démarrage, suivi de versements échelonnés pour que Manning puisse recruter des « assistants compétents ». Ces assistants pouvaient aussi consacrer du temps à la réalisation des planches dominicales puisque son studio servait aux deux activités. De plus, il avait les droits de propriété artistique sur les albums, ce qui n’était pas le cas pour les strips de presse. Pour assurer une parution trimestrielle des albums, Manning réorganisa la production des planches dominicales. Il concentrait ses efforts pendant plusieurs semaines sur les dominicales pour être en avance sur le planning de livraison à UFS, puis passait deux mois sur l’album.

! ! ! ! !

Les victimes de l’arrivée des albums furent les strips quotidiens de Tarzan. La tension permanente sur la production des strips, six jours par semaine, était incompatible avec la création d’albums. Dans un numéro de 1972 de Graphic Story World, Manning déclara : « Il est impossible pour une seule personne d’écrire et dessiner un strip quotidien et une planche dominicale pendant plusieurs années. La charge de travail est bien trop importante ! » D’autant plus que les revenus qu’il tirerait des albums dépasseraient ce qu’il gagnait avec les strips. Manning n’avait pas prévu d’arrêter définitivement les strips en 1972. Cependant, pour honorer les contrats de diffusion avec les journaux, UFS avait pris les devants et prévu six mois de rééditions d’anciens strips, à commencer par l’adaptation de 1947 du roman de Burroughs Tarzan at the Earth’s Core (Tarzan au Cœur de la Terre) par Burne Hogart et Dan Barry. Le 3 juillet 1972, Manning dit à Hodes qu’il livrerait les derniers strips quotidiens de Tarzan à UFS la semaine suivante car il démarrerait la production du premier album, à parution trimestrielle, le 1er août. Il nota avec satisfaction que les paiements échelonnés accéléraient le processus en lui permettant de « recruter des assistants de haut niveau » pour respecter les délais. Dans les faits, Manning livra les trois premières pages de l’album initial le 21 juillet. Le projet était lancé ! Tenir les délais devint rapidement un challenge. La difficile maîtrise de certains standards de production, les dépenses de conception imprévues et les nombreuses révisions du travail artistique conduisirent à l’explosion des coûts et à des retards significatifs. Le plan originel était d’avoir en réserve six albums finalisés avant la publication du premier. La vision à long terme de Bob Hodes était de publier une série d’albums à couvertures cartonnées qui pourraient rester disponibles à la vente pendant de 9 Tarzan3_interieur125-CATHY_Layout 1 19/08/2019 11:37 Page10

longues périodes. Au lieu de cela, Manning mit huit mois à finir le premier feuille d’acétate en noir sur transparent était superposée jusqu’à correspondance album, Tarzan in the Land That Time Forgot (Tarzan et le monde perdu). La parfaite. Cette technique permettait de bien séparer les couleurs et d’obtenir colorisation fut terminée le 31 mars 1973, avec encore quelques travaux de des noirs profonds et bien délimités. post-production à parachever. La version finale fut livrée à ERB Inc. le 11 avril. À partir de recherches sur les formats européens, Manning avait calculé les L’histoire, écrite par Manning, amenait Tarzan dans un des « mondes oubliés » dimensions du futur album pour être proche des formats des bandes dessinées imaginés par Burroughs : l’île préhistorique de Caspak. européennes, mais il se trompa… Au final, les planches originales furent À cause de leur impression sur papier à fort grammage, durable et de expédiées à l’étranger pour que les éditeurs puissent réaliser leurs albums. Au qualité, les albums réclamaient une finesse de dessin et de colorisation bien début, Manning, sur sa lancée des strips, produisit des dessins calibrés pour supérieure à celle requise par les journaux. C’est pourquoi Manning fut l’un des l’impression sur du papier journal de basse qualité, aussi Bob Hodes dut lui premiers aux États-Unis à adopter la méthode européenne de colorisation des rappeler que l’objectif était de produire des albums de qualité, pas des comics. planches pour assurer de bons résultats. , qui était un des assistants de Manning redoubla donc d’efforts pour fabriquer le deuxième album, Tarzan Manning à l’époque des strips et des planches dominicales de Tarzan, colorisa and the Pool of Time (Tarzan et le puits du temps), qui était la suite du premier les deux premiers albums selon cette méthode. Elle consistait à photographier et offrait une histoire complète sur quatre-vingt-douze pages. Seul le premier chaque page de dessins en noir et blanc pour en obtenir un négatif sur film. album fut publié en anglais du vivant de Manning ; le second le fut pour la Cette image était ensuite imprimée en noir sur une feuille transparente première fois en 1996. Manning avait déjà commencé à travailler sur le d’acétate ainsi qu’en bleu pâle sur du papier cartonné blanc. Ce “bleu” était deuxième album et rapporta qu’il avait dû passer un temps non prévu pour alors colorisé à la main – à la gouache – et, pour en vérifier la précision, la ajuster les proportions des dessins aux nouvelles dimensions. 10 Tarzan3_interieur125-CATHY_Layout 1 19/08/2019 11:37 Page11

Ci-dessous : Manning avec son assistant, (au centre) et Shel Dorf, cofondateur du Comic-Con (tout à droite). (Avec l’aimable autorisation de Jennifer Bawcum) En haut, à droite : Mike Royer travaillant sur deux planches dominicales de Tarzan (#2260 du 30 juin 1974 sur la table à dessin et #2259 du 23 juin 1974 à sa gauche) toutes deux tirées de l’histoire Return to Castra Sanguinarius (Retour à Castra Sanguinarius). (Avec l’aimable autorisation de Mike Royer) En bas, à droite : Bill Stout et Mike Royer dans le jardin du studio de Manning. (Avec l’aimable autorisation de Bill Stout)

Page de gauche : Pour les albums « à l’européenne », après photographie d’une page dessinée en noir et blanc, l’image était imprimée sur une feuille d’acétate de cellulose (à gauche) et colorisée sur une impression papier en lignes bleu pâle (au centre). La feuille d’acétate était ensuite superposée à celle colorisée pour obtenir le résultat final (à droite). (Avec l’aimable autorisation de Bill Stout)

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De gauche à droite, sur deux pages : Planches originales d’albums ; une planche de The Land That Time Forgot (Tarzan et le monde perdu) ; deux planches de Tarzan in Savage Pellucidar et la couverture de Tarzan and The Pool of Time (Tarzan et le puits du temps).

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« Il faut beaucoup plus de travail que nous le pensions au moment de lancer le «Je vous ai joint des exemples du travail d’Alex Niño, artiste projet. » se lamenta-t-il. professionnel philippin. Il est prêt… même impatient… de travailler ERB Inc. avait investi une somme importante dans le projet des albums avant avec moi sur Tarzan. Si je me retrouve coincé sur les albums ou les même que le premier exemplaire sorte de l’imprimerie et que la série prouve sa viabilité planches dominicales, je pourrai faire appel à lui. Je suis convaincu à long terme. ERB Inc. continua à collaborer directement avec Manning, s’occupant d’avoir trouvé l’homme que je cherchais. même des planches originales, de la production et de la correspondance avec les À ce jour, les échanges de courriers fonctionnent parfaitement. Je sociétés étrangères de coproduction. Hodes alla en Europe pour discuter du projet des teste les compétences d’encreur de Niño sur mes décors pour voir s’il peut albums avec ses concessionnaires. Manning travaillait de plus en plus avec Danton coloriser des pages d’album. Je sais qu’il a fait des travaux fantastiques (Dan) Burroughs, petit-fils d’Edgar Rice Burroughs, qui à cette époque était l’assistant dans ce domaine… Si ERB Inc. et United Features me demandent de du vice-président; reprendre les strips quotidiens, je les écrirai et décrirai les cases, tandis que Comme ERB Inc. était attachée à faire de ce projet un succès, Manning chercha Niño les dessinera et les encrera. » les moyens d’établir un plan de paiement et de réalisation qui permettrait d’assurer la Manning avait ajouté, en commentaire : « Niño est le meilleur artiste non- publication trimestrielle des albums. Au début de février 1973, il écrivit à Hodes qu’il américain que j’ai rencontré jusqu’à présent. » Niño ferait ensuite une grande carrière pourrait avoir un assistant résidant à l’étranger (avec l’objectif de coûts de main- chez les éditeurs américains de comics comme DC, Marvel ou Warren… d’œuvre plus bas) ce qui permettrait aussi de remettre en selle les strips de Tarzan : 14 Tarzan3_interieur125-CATHY_Layout 1 19/08/2019 11:37 Page15

Page de gauche, à gauche : couverture de Tarzan in the Land That Time Forgot (édition britannique).

Page de gauche, au centre : couverture de Tarzan in Savage Pellucidar (édition italienne).

Page de gauche, à droite : édition danoise, brochée, de Korak Ekstra, par Atlantic/ Williams Förlag. C’est une adaptation de l’histoire de Korak intitulée The Amazons of the Elephants’ Graveyard, tirée des planches dominicales de Manning – les cases furent réarrangées et de nouvelles insérées pour obtenir un album de 52 pages (couverture extraite de la dominicale #2309 du 8 juin 1975).

À droite : Russ Manning pensait beaucoup de bien du talent d’Alex Niño et il aimait particulièrement ce dessin de Tarzan. En 1973, Niño encra 3 pages dominicales de Tarzan.

Le 7 avril 1973, Manning écrivit à Dan Burroughs : « Après huit mois d’expérience de fabrication des pages dominicales et des albums, voici le retour : Chaque page dominicale prend un peu plus de deux jours à réaliser. Chaque page d’album prend un peu plus d’un jour à créer. Par conséquent, je peux livrer une page dominicale et trois ou quatre pages d’album par semaine de six jours. Cela aboutirait à un album par trimestre, plus les pages dominicales, le tout à temps… à condition que je fasse de longues journées, six jours par semaine, en ayant des assistants, ce qui rogne mes revenus. En ce moment, j’ai des assistants, mais je suis limité en quantité et qualité par le niveau de rémunération que je peux leur offrir. S’il s’agissait de comics, je serais moins exigeant sur les compétences de mes assistants… mais les albums de Tarzan doivent se mesurer aux travaux réalisés par les meilleurs talents créatifs… du monde… donc, la qualité de chaque case est importante ! En d’autres termes, le projet semble toujours viable mais la marge de ! ! ! ! ! manœuvre est étroite. »

Pour arriver à faire le compte de pages dans certains comics signés « ERB », DC Comics Après avoir passé tout le mois de mai 1973 à travailler sur les planches dominicales, avait adapté certains strips quotidiens de Manning. En octobre 1973, le résultat de ces Manning dit à Dan Burroughs, le 21 juin, que plus de la moitié des planches crayonnées [en manipulations hasardeuses rendit Manning furieux. Il contacta Carmine Infantino, le directeur noir et blanc] du deuxième album étaient prêtes. Manning et sa famille partaient en vacances de publication d’alors, et ne mâcha pas ses mots. Les strips dans le de DC « Tarzan pour une semaine à leur endroit favori en Basse-Californie : « Je vais emmener les pages du #226 », avaient été « adaptés de façon inepte » dit-il, et il demandait que des excuses soient deuxième album pour les encrer là-bas. Le travail avance bien. Ce sera un livre différent du imprimées dans le numéro suivant. De plus, il interdit à DC Comics d’associer son nom à de premier, plus dense, avec au moins une moitié de scénario en plus et davantage de cases et de futures rééditions. Il demanda aussi à ERB Inc. « …d’interdire les futures rééditions ou de dialogues. Sous certains aspects, ce sera proche de mon travail sur les planches dominicales. Les garantir leur qualité. » , éditeur des titres « ERB » chez DC Comics, contacta acheteurs en auront pour leur argent ! » Mais en août, il arrêta de nouveau de travailler sur Manning en novembre mais ne lui présenta aucune excuse. Manning ne se découragea pas. Il l’album pour fabriquer un nouveau stock de planches dominicales. Il nota que « …Alex Niño dit à Dan Burroughs qu’il voulait que DC lui donne satisfaction : « Si les éditeurs européens a encré trois planches dominicales pour moi mais il semble qu’il est très occupé ailleurs, donc arrivent à produire des comics de qualité en réédition, pourquoi DC n’y arriverait pas ? » probablement ne m’aidera plus dans l’avenir. C’était un risque à courir… il est vraiment trop Manning se confrontait aux complexités du projet qu’il dirigeait. Il n’ignorait pas les dures doué pour être un simple assistant. » Ce qui mit fin à une occasion de faire redémarrer les strips réalités pour arriver à vivre de son art dans un monde aussi imprévisible que celui des comics et quotidiens. 15 Tarzan3_interieur125-CATHY_Layout 1 19/08/2019 11:37 Page16

«Pour autant que je sache, les deux albums forment une des meilleures histoires de Tarzan jamais écrites… surtout par quelqu’un d’autre que ERB lui-même… et j’oserai dire qu’ils sont presque dans le classement des dix premières œuvres ! Du rythme, de l’action, de la jungle partout, des hommes et des bêtes préhistoriques, des bizarreries fantasmatiques, des jolies femmes constamment menacées, et le héros créé par ERB se comportant quasiment comme le maître l’aurait lui- même imaginé. J’ai fait deux beaux albums, ai donné le meilleur de moi-même, et espère que le succès commercial sera au rendez-vous. En revanche, j’ai échoué sur le plan du respect des délais. Comme vous pouvez le voir, j’ai mis beaucoup d’efforts et passé un temps considérable sur le deuxième album. Le peaufinage du scénario, de l’écriture et du dessin a pris bien plus de temps que planifié. Je n’ai pris aucunes longues vacances depuis le démarrage du premier album en août dernier, juste quelques périodes de deux ou trois jours, et j’ai même fait de l’encrage pendant ma semaine de vacances d’été en famille. Je me permets de détailler ces points pour souligner que faire des pages dominicales ou des albums pourrait être chacun un travail à plein-temps. Si je dois absolument produire quatre albums par année, ils devront être plus frustes et réalisés moins soigneusement, ou alors il me faudra de l’aide. C’est bien sûr une conclusion que nous avions déjà tirée ensemble. Mike Royer m’a informé qu’il pourrait être disponible à partir de mi- novembre pour travailler à plein-temps sur les projets Tarzan … s’il était en charge des strips quotidiens. Les strips ne l’occuperaient pas à plein-temps, et il m’a dit qu’il pourrait dégager l’équivalent de trois jours par semaine pour de l’encrage ou d’autres tâches. Bien sûr, je le paierais en conséquence. Il souhaite travailler sous ma supervision sur les strips quotidiens et les albums,. Il ne veut pas être cantonné à l’encrage mais veut aussi faire de la création. Ci-dessus : couverture de l’album Tarzan and the Beastmaster (édition finlandaise). Sans être démesurément optimiste, avec l’aide de Mike je pourrais sortir quatre albums par an (en plus des pages dominicales et des strips il luttait constamment pour parvenir à équilibrer les budgets. Il n’avait pas oublié les strips quotidiens). En revanche, je peux prédire que seul, je ne pourrai pas faire quotidiens. Mike Royer, qui avait collaboré depuis longtemps et en plusieurs occasions avec plus de deux albums et les pages dominicales. Même dans ce schéma-là, il Manning, soit chez Gold Key, soit sur les strips de Tarzan, était un candidat sérieux pour me faudrait de l’aide pour coloriser les albums. reprendre la fabrication des bandes quotidiennes. Une longue lettre que Manning envoya à Je suis persuadé que cela vaut la peine d’essayer… et que Mike doit Dan Burroughs le 1er novembre 1973, illustre bien comment Manning comprenait le avoir sa chance en s’occupant seul des quotidiennes. Vous serez vite business, mais aussi les aspects créatifs des publications concernant Tarzan. convaincu par sa compétence. »

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Manning put embaucher Mike Royer pour travailler sur les pages dominicales Tarzan. Début décembre, Bob Hodes révisa sa stratégie. Il dit à Manning d’arrêter de mais le redémarrage des strips quotidiens ne se fit pas. coloriser les albums car ERB Inc. voulait travailler avec ses concessionnaires pour Le 31 janvier 1974, Manning rédigea un courrier de confirmation des termes d’une décider des modes de colorisation des éditions locales. Hodes ajouta : « Nous allons conversation téléphonique qu’il avait eue avec Dan Burroughs au sujet de l’adjonction faire une étude de marché pour savoir si un nouveau magazine en noir et blanc, mettant d’une troisième tâche à son contrat. Il s’agissait de produire des histoires pour des comics. en scène les héroïnes de la saga Tarzan, pourrait intéresser nos partenaires étrangers. « Je dessinerai des histoires complètes en noir et blanc, sans colorisation et sans couvertures. S’ils manifestent de l’intérêt, nous en ferons notre nouveau projet, en complément des Ces histoires existeront sous trois formats : 16, 32 ou 48 pages. » Les originaux seraient habituelles dominicales de Tarzan. » Mike Royer fit des crayonnés, mais l’histoire ne fut rendus à Manning après exploitation mais ERB Inc. garderait les droits. jamais achevée. En parallèle, le travail avait commencé sur le troisième album, Tarzan and the Hodes souligna aussi la popularité grandissante de Korak sur le marché européen, Beastmaster. Le projet des albums prenait enfin son envol ! La principale société dans une lettre envoyée à Manning suite à sa visite aux bureaux d’ERB Inc. du européenne de coproduction – Williams Förlag, basée en Suède – confirma par 5 décembre. « Lors de votre visite, j’ai oublié de vous demander ce que vous aviez sur télégramme la réception des planches originales : « Travail de Manning excellent, Korak dans vos strips et dominicales pour UFS. En effet, nous souhaitons faire rééditer fabuleux, magnifique… nos félicitations à Russ Manning. » autant d’histoires de Korak que possible pour nos comics européens et, plutôt Cependant, la publication en albums cartonnés et en format de poche dans qu’explorer les planches et les strips un par un, j’ai pensé que vous avez dû archiver les plusieurs pays européens et au Brésil devint vite un challenge financier. Les premiers références de ceux qui sont consacrés à Tarzan et ceux consacrés à Korak. Nous voulons exemplaires des albums cartonnés ou brochés ne furent disponibles qu’au début de 1974, soit près d’un an et demi après les premiers coups de crayon. Pire, certaines éditions mettront encore plus d’un an à voir le jour. La version cartonnée anglaise fut lancée en 1974 mais Manning ne reçut son exemplaire de courtoisie qu’en mars 1975. Les albums numéros deux et quatre seront imprimés en 1975 en Europe. Le troisième album, fini après le quatrième, ne sera pas publié avant 1976. La situation inquiétante des pages dominicales de Tarzan fut mise en évidence quand ERB Inc. discuta avec UFS d’une augmentation pour Manning à travers George Pipal, directeur des ventes à l’international de United Press International, qui était le distributeur des strips à l’étranger. Au début de mars 1974, Pipal rapporta à Hodes : « [UFS] ne voit pas comment ils pourraient accorder une augmentation alors qu’ils perdent de l’argent avec les dominicales sur le marché national, tandis qu’à l’export, particulièrement en Amérique centrale et du sud, nous avons souffert pendant les neuf derniers mois d’une pénurie de papier. Depuis décembre, nous avons eu six annulations [de contrats] dont deux importantes. » Dan Burroughs présenta ses excuses et déclina la demande d’augmentation de Manning. « Je pense que tout ira mieux pour les strips et les dominicales si NBC décide de s’engager dans la série de dessins animés de Tarzan. » (Cette série ne vit pas le jour, et tous les plans pour relancer les strips tombèrent à l’eau.) Manning répondit qu’il comprenait les raisons du refus. « Tout le business devient très difficile. Je ferai de mon mieux pour préserver la qualité et la compétitivité des pages dominicales et mettrai la Ci-dessus : Manning et Dan Burroughs (assis à la gauche de Manning) au Comic-Con de San Diego en 1975, question d’argent de côté, pour l’instant. » année de commémoration du centenaire de la naissance d’Edgar Rice Burroughs. Jusqu’à la fin 1974 et en 1975, Manning et ses assistants travaillèrent sur les (Avec l’aimable autorisation de Melissa Manning). troisième et quatrième albums, tout en assurant la livraison des pages dominicales de

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À gauche : Dessin de Manning pour la couverture de Tarzan and the Tuareg Queen , 1977.

des histoires complètes où Korak tient le premier rôle. Pouvez-vous nous indiquer combien de pages de Korak nous pourrions trouver et où ? » Dans plusieurs pays européens, les ventes des histoires de Korak dépassèrent celles de Tarzan et cela, tout au long des années soixante-dix. À la fin février 1975, excepté les ajustements de post-production qui s’étaleraient jusqu’à mai, le quatrième album de Tarzan était bouclé. Manning se remit sur les pages dominicales en mars tout en finissant deux ou trois pages du troisième album qui était en retard. De plus, il avait quelques soucis avec le programme d’albums « haut de gamme ». Hodes avait reçu des statistiques de vente peu encourageantes et certains éditeurs n’étaient plus intéressés tandis que d’autres préféraient imprimer des versions brochées à couvertures souples, moins coûteuses. Ce mois-là, ERB Inc. envoya à Manning, une copie de l’article Me Tarzan, Me Rich (Moi Tarzan, moi riche ) publié dans le magazine Forbes . L’article disait :

L’an passé, cette société non cotée en bourse a fait presque un million de dollars de bénéfice avant impôt avec ses ventes de comic strips de Tarzan , de licence sur les livres, les comics et les droits sur l’utilisation commerciale des personnages. Après 62 ans d’existence, Tarzan reste très populaire. Par le monde, 250 journaux publient les strips et le public achète 3 millions de comics de Tarzan par mois, en 16 langues… « C’est ce qui pouvait arriver de meilleur à notre compagnie » s’enthousiasma Hodes, « La renaissance des comics représente, aujourd’hui, l’essentiel de nos bénéfices. » De plus, près de 2 millions d’exemplaires des romans de Tarzan sont vendus annuellement.

Manning fut déçu qu’il ne soit pas fait mention de sa contribution au succès du business Burroughs.

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La grande expérience des albums approchait de sa fin. Manning avait fini les dessins et les corrections de Tarzan and the Beastmaster , le troisième album, à la fin du mois de juillet 1975. Le quatrième, Tarzan in Savage Pellucidar était déjà disponible en Scandinavie à cette époque, mais à chaque parution d’album le nombre d’éditeurs chutait. En 1975, et en dépit des efforts d’ERB Inc. pour pousser ses concessionnaires à adhérer à une suite pour les albums, le projet vivait ses dernières heures. La perspective d’avoir des histoires en comics créées spécialement pour l’export était plus attractive et devint l’effort prioritaire en 1975 et 1976. Dès qu’il laissait de côté le programme de comics pour le marché extérieur, Manning se concentrait sur les pages dominicales et d’autres projets,. Il fit une dernière tentative pour ressusciter les strips quotidiens de Tarzan : Le 24 août 1976, il obtint l’autorisation de Dan Burroughs de négocier le redémarrage des strips avec UFS. Bob Hodes avait quitté ERB Inc. et avait été remplacé à la présidence par Marion T. Burroughs, épouse d’Hulbert, le fils aîné d’Edgar. C’était elle qui devait prendre la décision finale sur la base des prévisions de profits qui seraient communiquées par UFS. Manning appela George Pipal à UFS le 26 août. Pipal fut enthousiasmé par l’idée de redémarrer les strips quotidiens avec de nouvelles histoires et il dressa une liste de points positifs : • UFS avait fusionné avec Newspaper Enterprise Service pour avoir plus de personnel à disposition et incorporer davantage de strips à leur offre « ready-press », qui était un panel complet de dominicales en couleur prêtes à l’impression et vendues aux journaux. ( Tarzan faisait partie du catalogue UFS « ready-press » et bénéficierait de la fusion.) • Tarzan était très populaire à l’étranger, où UFS gagnait de l’argent. • UFS réimprimait d’anciens strips de Tarzan , mais de nouvelles bandes seraient très intéressantes. En fonction de considérations économiques, UFS serait prêt à recevoir de nouveaux strips quotidiens. • UFS voulait être à nouveau impliqué dans la gestion des albums de Tarzan et des réimpressions à l’étranger, comme ils le faisaient déjà avec Peanuts (Charlie Brown ). • Le président d’UFS était tout à fait disposé à rencontrer Marion Burroughs et à en discuter avec elle.

Mais l’aventure s’arrêta là. Le 29 juillet 1972 sera le dernier jour de publication d’un strip quotidien original et Manning Henry G. Franke III est l’éditeur de la société littéraire à finit la série sur un coup d’éclat, seul, sans assistants : Tarzan retrouve son fils Korak dans le monde perdu de Pellucidar, but non-lucratif The Burroughs Bibliophiles . Créée en rencontrant de nouveau David Innes et la belle Diane, deux autres superbes personnages créés par ERB (avec un David Innes 1960, elle a comme objet l’étude et la promotion des travaux, des créations et de la vie d’Edgar Rice ressemblant étonnamment à l’artiste). Le fidèle Mugambi et ses fiers guerriers Waziris venant à la rescousse. Finalement, Tarzan Burroughs. Elle publie le Burroughs Bulletin , seul revient auprès de Jane dans sa jungle africaine tant aimée (voir page 125). fanzine autorisé par ERB Inc. et approuvé par Burroughs est crédité du premier strip de presse de Tarzan paru au Royaume-Uni en noir et blanc le 7 janvier 1929, soit lui-même, en 1947, ainsi que la lettre d’information plusieurs semaines avant ses débuts aux États-Unis, à côté de Buck Rogers . Tarzan est probablement le tout premier strip The Gridley Wave (L’Onde Gridley ). Ce cercle de d’aventures au monde et les strips quotidiens de Tarzan sont toujours réédités. Mais, à ce jour, Russ Manning reste le dernier bibliophiles a des antennes locales dans tous les États- à avoir créé une histoire originale. Unis, des membres dans le monde entier et sponsorise le « Dum-Dum », le rassemblement annuel des fans. Pour en savoir plus, visitez le site : Henry G. Franke III est l’éditeur de la société littéraire à but non-lucratif, The Burroughs Bibliophiles. L’auteur tient à remercier Bill Stout et www.burroughsbibliophiles.com Mike Royer pour leurs informations de première main sur leur collaboration avec Russ Manning, ainsi que Ken Webber pour ses recherches sur les albums de Tarzan , feu Shel Dorf pour ses interviews avec Russ Manning, et Jim Sullos, président de ERB Inc. et Cathy Wilbanks, archiviste à ERB Inc., pour leur autorisation d’utiliser des documents d’archives historiques de leur entreprise. Des remerciements tout particuliers à Melissa Manning pour avoir mis à notre disposition ses souvenirs photographiques et documentaires.

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