JODIE J. EMERY Le 17 août 2017

Comité permanent de la santé Chambre des communes Ottawa (Ontario) K1A 0A6 Canada

À l’intention des députés et du président du Comité permanent de la santé, M. Bill Casey, des vice-présidents, MM. Don Davies et Len Webber, et des membres du Comité permanent de la santé. Je m’appelle Jodie Emery et j’aimerais présenter respectueusement ce mémoire sur le projet de loi C-45, « Loi sur le ». Mes qualifications pour commenter cette réforme importante sont notamment les suivantes : - Depuis plus de 13 ans, je me consacre à la recherche sur le cannabis, j’écris sur le sujet, que je défends, ainsi que sa légalisation, en qualité de rédactrice en chef de magazine, propriétaire d’entreprise, porte-parole et candidate politique. - J’ai parlé à de nombreuses conférences et rencontres sur le cannabis dans tout le Canada, aux États-Unis et ailleurs. - En 2010, j’ai fait campagne pour la Proposition 19 en faveur de la légalisation du cannabis en Californie. - En 2011, j’ai témoigné devant la Commission des voies et moyens de l’Assemblée législative de l’État de Washington à propos du projet de loi 1550 sur la légalisation. - En 2012, j’ai approuvé officiellement l’initiative 502 pour la légalisation du cannabis de l’État de Washington, qui a abouti. - En 2012, j’ai demandé la légalisation aux côtés de l’ancien procureur général de la Colombie- Britannique Geoffrey Plant, de l’ancien procureur de district des États-Unis John McKay et du Dr Evan Wood, du Centre d’excellence sur le VIH/sida, dans le cadre de notre campagne pour la légalisation du cannabis baptisée « Arrêtez la violence ». - En 2014 et 2015, j’étais candidate à la nomination pour le Parti libéral du Canada dans la circonscription de -Est avec un programme et une campagne très active en faveur de la légalisation. - En février 2016, j’ai parlé de la légalisation et de l’amnistie pour des infractions à la réglementation du cannabis devant les sénateurs et devant un groupe de travail lors de la rencontre sur la légalisation du forum des sénateurs libéraux au Parlement. - Je suis directement et indirectement concernée par l’application de la loi interdisant le cannabis et en suis victime depuis 2004, année où j’ai commencé à prôner pacifiquement la légalisation du cannabis et à m’engager politiquement.

Introduction : pourquoi légaliser le cannabis? Depuis quelques années, après des décennies de militantisme politique et de défense publique de cette cause, combinés à une désobéissance civile pacifique et à des contestations devant les tribunaux, de plus

JODIE J. EMERY ~ [email protected] ~ TWITTER.COM/JODIEEMERY en plus de gens sont favorables à la légalisation du cannabis. Pendant deux ans, le Comité sénatorial spécial sur les drogues illicites a étudié le cannabis et il a conclu dans son rapport de 2002 que « la continuation de la prohibition met la santé et le bien-être des citoyens du pays davantage en danger qu’une mise en marché réglementée du cannabis ». https://sencanada.ca/content/sen/Committee/371/ille/rep/summary-f.pdf La légalisation du cannabis était considérée comme un moyen de régler les questions suivantes : 1) Depuis 1965, des millions de Canadiens sont injustement arrêtés et se retrouvent avec un casier judiciaire à cause d’infractions à la réglementation du cannabis, quand bien même ils ne portent pas atteinte à la sécurité ou au bien-être de leurs concitoyens. 2) L’industrie et la sous-culture du cannabis – y compris les producteurs, les distributeurs et les consommateurs – existent déjà, malgré des sanctions pénales prohibitives. 3) Des milliards de dollars des deniers publics sont consacrés à l’application de la Loi sur le cannabis dans tout le Canada, sans incidence sur le marché noir, mais avec un grand préjudice causé à des millions de Canadiens pacifiques et non violents. Les victimes de décennies d’interdiction du cannabis méritent que quelqu’un les représentant parle des préoccupations au sujet de la protection des libertés publiques, de la santé publique et de la sécurité. C’est pourquoi je soumets l’information suivante dans l’espoir d’amendements au projet de loi C-45, « Loi sur le cannabis ».

Les victimes de l’interdiction du cannabis Des millions de Canadiens ont été arrêtés et par ailleurs pénalisés à cause du cannabis depuis 1965 et des millions d’autres ont connu bien d’autres difficultés. Ce serait donc faire preuve de négligence que d’examiner la réforme de la Loi sur le cannabis sans entendre le témoignage d’un représentant des victimes de l’interdiction du cannabis. Des dizaines de milliers de Canadiens sont arrêtés chaque année uniquement parce qu’ils se trouvent en possession de cannabis. Une arrestation – ou même une interaction avec la police – à cause du cannabis entraîne pour des Canadiens pacifiques des pertes d’emploi, d’enfants, de possibilités de formation, de droits de déplacement, de capacité de faire du bénévolat et d’autres difficultés et mesures discriminatoires encore. L’application de la Loi sur le cannabis se révèle être d’emblée raciste et discriminatoire. La police cible généralement les pauvres, les jeunes, les marginaux, les Autochtones et les personnes de couleur. Le Toronto Star a obtenu dernièrement des données de la Police de Toronto sur l’application de la Loi sur le cannabis et constaté que la police cible et arrête de façon disproportionnée les membres de groupes minoritaires. « Les données de la Police de Toronto obtenues par le Toronto Star ventilent les arrestations par quartier et montrent qu’un nombre anormalement élevé de Noirs sont inculpés pour possession de cannabis. » [TRADUCTION] https://www.thestar.com/news/insight/2017/07/06/toronto-marijuana-arrests- revealstartling-racial-divide.html Le député libéral chargé du dossier de la légalisation chez les libéraux Bill Blair a déclaré au forum des sénateurs libéraux sur la légalisation en 2016 que « les contrôles de police disparates et disproportionnés en ce qui concerne l’application des lois sur la marijuana et leur incidence sur les communautés minoritaires, les communautés autochtones et les populations des quartiers les plus vulnérables sont une des grandes injustices dans ce pays » [TRADUCTION]. http://nationalpost.com/news/politics/liberals- considering-amnesty-for-past-marijuana-crimes-but-wont-halt-prosecutions-in-themeantime/

JODIE J. EMERY ~ [email protected] ~ TWITTER.COM/JODIEEMERY À Oakland, en Californie, la légalisation a eu pour effet la mise en place d’un programme de permis équitables qui prévoit que la moitié du cannabis autorisé aille à des victimes de l’interdiction du cannabis. http://www.mercurynews.com/2017/03/08/oakland-ground-breaking-pot-permit-programtakes-shape/ et aussi http://www2.oaklandnet.com/government/o/CityAdministration/OAK064043 Quand le Canada légalisera le cannabis, le monde sera attentif. Notre législation doit reconnaître les victimes de l’interdiction et offrir des grâces, des amnisties et des réparations. La légalisation devrait reconnaître, réduire et éliminer les dommages causés par la criminalisation injuste et discriminatoire du cannabis.

Les préjudices causés par les arrestations sous l’interdiction du cannabis Je connais personnellement depuis 12 ans les conséquences néfastes de l’interdiction du cannabis, directement et indirectement. En tant qu’épouse d’un homme emprisonné à cause de l’interdiction du cannabis, je peux attester du stress physique, psychologique et financier extrême et des difficultés rencontrées lorsqu’on affronte le système de justice pénale à cause du cannabis. En 2005, mon époux, le militant politique très médiatique a été arrêté et extradé aux États-Unis en raison de son militantisme en faveur de la légalisation du cannabis et de son financement de cette cause. En 2009, il a été condamné à une peine de cinq ans dans une prison fédérale américaine. Les honoraires des avocats, le coût des appels téléphoniques et du courrier avec la prison, les visites, les produits d’hygiène, la nourriture et d’autres petites attentions derrière les barreaux sont autant de dépenses pour lesquelles j’ai dû travailler sans relâche pour que mon époux pacifique et non violent continue d’être en sécurité dans sa prison. Moi-même militante pro-cannabis connue, j’ai vécu récemment ma première arrestation liée au cannabis. Je peux parler personnellement de la nature dégradante et injuste du processus d’application de la loi à la suite d’une arrestation de ce type. Se voir passer les menottes, être soumise à une fouille à nu, ne pas avoir la capacité de donner ou refuser mon consentement, puis être incarcérée dans une cellule en béton froide sont autant d’humiliations que ne devraient jamais subir des Canadiens pacifiques et non violents, surtout pour quoi que ce soit en rapport avec le cannabis.

Les craintes au sujet du projet de loi C-45 Le gouvernement fédéral libéral affirme s’être appuyé sur des faits pour élaborer le projet de loi C-45. Cependant, plusieurs études et rapports scientifiques respectables réfutent en grande partie les données erronées utilisées pour justifier l’adoption de nouvelles sanctions sévères que prévoit ce projet de loi (et le projet de loi C-46 connexe). Trois allégations sont avancées pour justifier la criminalisation du cannabis : 1) Le cannabis est nocif pour les adolescents et les jeunes adultes. 2) Le cannabis affaiblit davantage les facultés et cause plus d’accidents de la route. 3) Des organisations criminelles s’enrichissent avec le cannabis. Des messages exagérés fondés sur la peur présentant le cannabis comme dangereux ont été utilisés par le passé pour justifier la criminalisation, ce qui a entraîné des violations flagrantes des libertés publiques et des droits de la personne. Si le Canada doit vraiment respecter les principales raisons de mettre fin à l’interdiction du cannabis, il ne faut pas que la loi continue de criminaliser le cannabis pour quelque motif que ce soit. Des décennies d’études prouvent que beaucoup d’affirmations des autorités au sujet du

JODIE J. EMERY ~ [email protected] ~ TWITTER.COM/JODIEEMERY cannabis sont exagérées, erronées et pas suffisamment significatives pour justifier de continuer de criminaliser le comportement de personnes pacifiques non violentes. Les campagnes d’information fondées sur la peur sanctionnées par le gouvernement feront que plus de personnes encore subiront des sanctions injustes, comme la perte de leur emploi, de leur maison, de leurs enfants, de bourses d’études, du droit de se déplacer et de la capacité de faire du bénévolat, entre autres. Les personnes qu’on tient loin du cannabis en les effrayant se trouvent injustement privées de la possibilité d’accéder à un produit qui non seulement est médicalement efficace et sauve la vie d’innombrables patients, mais qui est aussi un choix beaucoup plus sûr que l’alcool, les drogues dures et les produits pharmaceutiques dont tellement de gens usent et abusent.

Les adolescents et la consommation de cannabis La première crainte au sujet des adolescents et des jeunes adultes est présentée avec de bonnes intentions, mais la Loi sur le cannabis n’empêchera en rien les adolescents de s’en procurer et d’en consommer. L’interdiction du cannabis dans le passé a échoué, malgré des sanctions sévères, à décourager ou à prévenir la consommation par les adolescents. De nouvelles interdictions différentes échoueront tout autant. Les adolescents courent surtout des risques avec l’alcool et les produits pharmaceutiques, en particulier les analgésiques et les opioïdes. Les jeunes adultes utiliseront des substances récréatives et une approche de réduction des méfaits honnête est la meilleure façon d’éduquer et d’informer les jeunes sur la consommation de substances. Et nous devons être honnêtes. Le cannabis est de loin le choix le plus sûr pour les adolescents qui consomment des substances. En 2012, dans un rapport sur 19 substances d’utilisation courante intitulé « Quantifying the RR of harm to self and others from substance misuse: results from a survey of clinical experts across Scotland », le British Medical Journal conclut que le cannabis est la moins nocive de toutes pour les personnes et pour l’ensemble de la société. http://bmjopen.bmj.com/content/2/4/e000774.full Selon l’étude publiée en 2015 par l’American Psychological Association intitulée « Chronic Adolescent Marijuana Use as a Risk Factor for Physical and Mental Health Problems in Young Adult Men », les adolescents qui consomment du cannabis ne sont pas plus susceptibles d’avoir des problèmes de santé plus tard dans la vie que ceux qui n’en consomment pas, même si ce sont des consommateurs chroniques. http://www.apa.org/pubs/journals/releases/adbadb0000103.pdf D’après un rapport publié en janvier 2016 dans le Journal of Psychopharmacology de la British Association for Psychopharmacology sous le titre « Are IQ and educational outcomes in teenagers related to their cannabis use? A prospective cohort study », les adolescents n’ont pas de perte de Q.I. s’ils consomment du cannabis. http://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0269881115622241 Les adolescents qui consomment du cannabis ne sont pas plus susceptibles de souffrir de psychose. Dans son étude intitulée « Cannabis Use, Polysubstance Use, and Psychosis Spectrum Symptoms in a Community-Based Sample of U.S. Youth » publiée en juin 2017, le Journal for Adolescent Health constate « des preuves minimales d’associations entre la consommation de cannabis en soi et les symptômes du SP [spectre des psychoses] » [TRADUCTION]. http://www.jahonline.org/article/S1054- 139X(17)30049-6/abstract Nous ne pouvons laisser les peurs au sujet des adolescents et de la consommation de cannabis permettre au gouvernement d’imposer des sanctions pénales strictes, coûteuses et par trop punitives en ce qui concerne le cannabis. Nous ne devrions pas encourager les adolescents à en consommer, mais la diabolisation continue et de nouvelles lois sévères envers les jeunes adultes ne feront que plus de mal. Il

JODIE J. EMERY ~ [email protected] ~ TWITTER.COM/JODIEEMERY est important de se rappeler qu’une arrestation et un casier judiciaire font beaucoup plus de mal aux jeunes adultes et aux adolescents que le cannabis ne leur en fera jamais.

La conduite et les facultés affaiblies Des décennies de recherches effectuées dans le monde entier aboutissent au constat que le cannabis n’affaiblit pas les facultés des conducteurs et ne cause pas d’augmentation des accidents. Deux des études les plus récentes et les plus approfondies arrivent aux mêmes conclusions. Dans un rapport publié en 2015 intitulé « Drug and Alcohol Crash Risk », la National Highway Traffic Safety Administration des États- Unis déclare que « l’étude n’a pas constaté d’augmentation démographique du risque d’accident due à la consommation de THC ». Les « analyses, qui intègrent des facteurs d’ajustement en fonction de l’âge, du sexe, de l’ethnicité et de l’alcoolémie, ne font pas apparaître d’augmentation significative du risque d’accident lié à la présence de drogues. Cette constatation montre que ces autres variables (âge, sexe, ethnicité et consommation d’alcool) sont étroitement liées à la consommation de drogues et expliquent en grande partie le risque accru associé à la consommation de drogues illicites et au THC. » [TRADUCTION] https://www.nhtsa.gov/staticfiles/nti/pdf/812117-Drug_and_Alcohol_Crash_Risk.pdf Dans son rapport de juillet 2017 intitulé « Crash Fatality Rates After Recreational Marijuana Legalization in Washington and Colorado », l’American Journal of Public Health conclut que « l’évolution des taux d’accidents de la route mortels dans l’État de Washington et au Colorado ne diffère pas statistiquement de celle d’États similaires qui n’ont pas légalisé la marijuana à usage récréatif ». [TRADUCTION] http://ajph.aphapublications.org/doi/abs/10.2105/AJPH.2017.303848 En ce qui concerne la conduite, la police dispose déjà d’outils et de lois pour détecter et réprimer la conduite avec facultés affaiblies, quelle qu’en soit la cause – que ce soit l’alcool, des médicaments, l’agressivité au volant ou la fatigue. L’affaiblissement des facultés est prouvé en faisant exécuter certaines tâches, et il existe déjà des méthodes pour détecter un tel état. On ne devrait donc pas mettre en place de nouvelles sanctions sévères, ni accorder de fonds supplémentaires à la police pour qu’elle achète des dispositifs de détection discutables sur le plan scientifique et imprécis.

Le crime organisé et les bandes La politique d’interdiction est responsable de la participation de bandes à l’industrie du cannabis. Elle fait augmenter le risque, qui fait augmenter la rétribution, ce qui le rend plus attrayant pour certaines personnes qui n’ont pas peur des conséquences de l’implication dans des activités illégales. En criminalisant le cannabis, les gouvernements invitent des criminels à se lancer sur le marché. L’interdiction du cannabis fabrique une criminalité là où elle n’existerait pas autrement. Cependant, des millions de Canadiens pacifiques et non violents qui choisissent de consommer, de cultiver ou de distribuer du cannabis sont également considérés comme des « criminels » par la loi. Tout groupe de trois personnes qui parlent de cannabis et de désobéissance civile se voit appliquer le qualificatif de « crime organisé » par les services de police. On ne devrait pas coller cette étiquette injuste et préjudiciable sur des citoyens par ailleurs respectueux des lois. Les statistiques du ministère de la Justice, telles qu’elles sont reprises dans le mémoire intitulé « Organized Crime in the Cannabis Market: Evidence and Implications » remis au Groupe de travail sur la légalisation et la réglementation du cannabis par la Coalition canadienne des politiques sur les drogues, montrent que les producteurs de cannabis, dans leur immense majorité – 95 % –, sont par ailleurs des citoyens respectueux des lois sans lien avec des bandes. https://www.theglobeandmail.com/news/british-columbia/most-of-canadas-marijuana-growers-are- otherwise-law-abidingadvocates/article31327458/

JODIE J. EMERY ~ [email protected] ~ TWITTER.COM/JODIEEMERY Ces Canadiens ne devraient pas être considérés comme des criminels. Si le projet de loi C-45 impose une réglementation prohibitive, le soi-disant « marché noir » du cannabis continuera d’exister. La seule façon de l’éliminer, c’est d’adopter une loi inclusive et accessible qui autorise les membres pacifiques et non violents de l’industrie existante du cannabis à sortir de l’ombre pour bénéficier au grand jour de la légalisation.

La protection de la santé publique Beaucoup de craintes au sujet du cannabis sont liées à l’idée qu’il est nocif pour la santé et la sécurité publique individuelles et collectives. Or, c’est visiblement faux. En 2009, dans son rapport intitulé « Cannabis, Tobacco and Alcohol: Comparing risks of harm and costs to society », le Mental Health and Addictions Journal déclare : « Dans leur immense majorité, les coûts sociaux du cannabis sont liés à l’application de la loi. » Il poursuit : « Les coûts de santé liés au tabac dépassent les 800 $ par consommateur, les coûts de santé liés à l’alcool sont nettement inférieurs, soit 165 $ par consommateur, et les coûts de santé liés au cannabis sont les plus faibles, soit 20 $ par consommateur. Côté application de la loi, les coûts pour le cannabis sont les plus élevés, soit 328 $ par consommateur. En fait, 94 % des coûts sociaux du cannabis sont liés à l’application de la loi. Dans le cas de l’alcool, celle-ci coûte moitié moins que pour le cannabis (153 $). » Il conclut : « En revanche, les coûts de santé par consommateur de tabac et d’alcool sont nettement plus élevés que ceux du cannabis. Cela montre peut-être que la consommation de cannabis s’accompagne de moins de risques pour la santé que celle d’alcool ou de tabac. » Et d’ajouter : « Des mesures visant à réduire les coûts sociaux liés au cannabis, par exemple, passeront probablement par une décriminalisation de la consommation occasionnelle, afin de réduire les coûts élevés de l’application de la loi. Un tel changement est sans doute justifié, étant donné le risque moindre pour la santé évident associé à la consommation de cannabis dans la plupart des cas. » [TRADUCTION] http://www.heretohelp.bc.ca/visions/cannabis-vol5/cannabis-tobacco-and-alcoholuse-in-canada Nombre d’études fiables concluent que les consommateurs de cannabis ne courent pas de risque plus élevé de cancer ou d’autres problèmes de santé. Dans son étude publiée en juillet 2016 intitulée « Associations Between Cannabis Use and Physical Health Problems in Early Midlife », le Journal of the American Medical Association constate « un lien entre la consommation de cannabis pendant 20 ans et des maladies parodontales, mais pas avec d’autres problèmes de santé physique dans la quarantaine ». [TRADUCTION] http://jamanetwork.com/journals/jamapsychiatry/fullarticle/2526003 En fait, le cannabis se révèle être utile dans le traitement de nombreuses formes de cancer. Le National Cancer Institute du gouvernement des États-Unis lui-même déclare que le cannabis a des propriétés « anti-tumorales » et précise qu’« il est possible que les cannabinoïdes protègent contre le développement de certains types de tumeurs ». Il ajoute : « Les cannabinoïdes semblent tuer les cellules tumorales, mais sans affecter les cellules non transformées, et il se peut même qu’ils les protègent de la mort cellulaire. » [TRADUCTION] https://www.cancer.gov/about-cancer/treatment/cam/hp/cannabis-pdq#section/_7 En 2012, le Journal of the American Medical Association a publié une étude intitulée « Association Between Marijuana Exposure and Pulmonary Function Over 20 Years ». Il y déclare que le cannabis ne nuit pas à la fonction pulmonaire et qu’il protège même les poumons, et précise : « Chez les personnes dont la consommation est de faible à modérée, on note même une augmentation de la capacité pulmonaire par rapport aux non-fumeurs. » Les auteurs concluent : « La marijuana pourrait avoir des effets bénéfiques en ce qui concerne le soulagement de la douleur, l’appétit, l’humeur et la gestion d’autres symptômes chroniques. Nos constatations laissent supposer qu’il n’existe sans doute pas de lien entre la

JODIE J. EMERY ~ [email protected] ~ TWITTER.COM/JODIEEMERY consommation occasionnelle de marijuana à ces fins et à d’autres et des conséquences dommageables pour la fonction pulmonaire. » [TRADUCTION] http://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/1104848 Avec tellement de données probantes qui montrent que le cannabis ne nuit pas à la santé, rien ne justifie de poursuivre des campagnes de diabolisation fondées sur la peur ou une application de lois discriminatoires à l’encontre de personnes pacifiques à cause du cannabis.

Le cannabis et la crise des opioïdes La crise des opioïdes qui balaie notre pays est dévastatrice pour nos collectivités. Les autorités gouvernementales devraient promouvoir toutes les approches possibles pour réduire le nombre de surdoses et de décès. Des décennies de données scientifiques prouvent que le cannabis et les dispensaires de cannabis aident à réduire la consommation, l’usage abusif et les surdoses d’opioïdes ainsi que le nombre de décès qui leur sont imputables. Dans une étude de 2014 intitulée « Medical Cannabis Laws and Opioid Analgesic Overdose Mortality in the United States, 1999-2010 », le Journal of the American Medical Association conclut que « les lois sur le cannabis thérapeutique sont associées à des taux de mortalité par surdose d’opioïdes nettement inférieurs au niveau des États ». [TRADUCTION] http://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/1898878 Dans une étude de 2016, le National Institute on Drug Abuse du gouvernement des États-Unis déclare qu’il existe « un lien entre les dispensaires de marijuana et des taux de dépendance plus faibles aux opioïdes sur ordonnance et de décès attribuables à des surdoses d’opioïdes ». [TRADUCTION] https://www.drugabuse.gov/news-events/nida-notes/2016/05/study-links-medical-marijuana-dispensaries- to-reduced-mortality-opioidoverdose La légalisation du cannabis devrait permettre de promouvoir le cannabis comme choix plus sûr pour des personnes dépendantes et victimes des opioïdes et d’autres drogues dangereuses.

Conclusion Étant donné la quantité de données probantes qui montrent que le cannabis est bénéfique pour la santé et qu’il n’est pas nocif de façon significative ou démontrable, les gouvernements n’ont aucun motif légitime de continuer de le criminaliser. La légalisation devrait viser à normaliser la plante aux yeux des autorités et de la loi, tout comme elle l’est déjà beaucoup dans les médias, les arts, et la culture, ainsi que dans la majeure partie de la société en général. Les restrictions à la publicité et à la promotion priveront les Canadiens de la possibilité de se familiariser avec le cannabis comme choix plus sûr que l’alcool ou les opioïdes pour un usage récréatif ou thérapeutique. La légalisation du cannabis devrait signifier la fin de sa criminalisation et s’accompagner d’une reconnaissance des préjudices injustes et considérables causés à des millions de personnes pacifiques. Des réparations et une admission de l’injustice de l’interdiction du cannabis sont nécessaires pour rétablir la confiance du public dans la loi. Je vous demanderai de bien vouloir prendre en compte, lorsque vous examinerez le projet de loi C-45, « Loi sur le cannabis », les dommages causés par l’interdiction du cannabis dans le passé et d’amender ou supprimer les articles inutilement sévères ou restrictifs. Il est malheureux qu’on examine à la hâte la « Loi sur le cannabis », sans consultation suffisante du public ni étude approfondie des données probantes, trop nombreuses pour être passées en revue en une semaine d’audiences. Mais heureusement, nous pouvons nous concentrer sur la simple conclusion de l’étude sur

JODIE J. EMERY ~ [email protected] ~ TWITTER.COM/JODIEEMERY deux ans du Comité sénatorial spécial sur les drogues illicites selon laquelle « la continuation de la prohibition met la santé et le bien-être des citoyens du pays davantage en danger qu’une mise en marché réglementée du cannabis ». Je vous remercie d’avoir pris le temps d’examiner mon mémoire. Veuillez agréer, Mesdames et Messieurs, mes salutations respectueuses. [signature] Jodie J. Emery

Jodie Emery est une militante politique et une oratrice reconnue qui défend depuis longtemps la légalisation du cannabis. Elle est souvent invitée à s’exprimer à diverses conférences et devant différents rassemblements au Canada, aux États-Unis et ailleurs dans le monde, et elle apparaît régulièrement dans des articles et reportages des médias traditionnels sur le cannabis et sa légalisation. Jodie s’est présentée quatre fois à des élections provinciales, y compris deux fois dans les rangs du Parti vert de la Colombie- Britannique, et elle a fait campagne tout au long de 2014 comme candidate à une nomination du Parti libéral du Canada dans la circonscription de Vancouver-Est. Outre son militantisme politique, Jodie était propriétaire exploitante de bazars, de salons de vapotage de Cannabis Culture et de magasins de vente au détail de cannabis à usage social, en plus du Cannabis Culture Magazine et de Pot TV.

JODIE J. EMERY ~ [email protected] ~ TWITTER.COM/JODIEEMERY