Craindre Pour Sa Vie RIGHTS Violences Contre Les Hommes Gays Et Perçus Comme Tels Au Sénégal WATCH
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Sénégal HUMAN Craindre pour sa vie RIGHTS Violences contre les hommes gays et perçus comme tels au Sénégal WATCH Craindre pour sa vie Violences contre les hommes gays et perçus comme tels au Sénégal Copyright © 2010 Human Rights Watch All rights reserved. Printed in the United States of America ISBN: 1-56432-720-5 Cover design by Rafael Jimenez Human Rights Watch 350 Fifth Avenue, 34th floor New York, NY 10118-3299 USA Tel: +1 212 290 4700, Fax: +1 212 736 1300 [email protected] Poststraße 4-5 10178 Berlin, Germany Tel: +49 30 2593 06-10, Fax: +49 30 2593 0629 [email protected] Avenue des Gaulois, 7 1040 Brussels, Belgium Tel: + 32 (2) 732 2009, Fax: + 32 (2) 732 0471 [email protected] 64-66 Rue de Lausanne 1202 Geneva, Switzerland Tel: +41 22 738 0481, Fax: +41 22 738 1791 [email protected] 2-12 Pentonville Road, 2nd Floor London N1 9HF, UK Tel: +44 20 7713 1995, Fax: +44 20 7713 1800 [email protected] 27 Rue de Lisbonne 75008 Paris, France Tel: +33 (1)43 59 55 35, Fax: +33 (1) 43 59 55 22 [email protected] 1630 Connecticut Avenue, N.W., Suite 500 Washington, DC 20009 USA Tel: +1 202 612 4321, Fax: +1 202 612 4333 [email protected] Web Site Address: http://www.hrw.org Novembre 2010 1-56432-720-5 Craindre pour sa vie Violences contre les hommes gays et perçus comme tels au Sénégal Résumé .............................................................................................................................................. 1 Principales recommandations .......................................................................................................... 11 Remarques méthodologiques et terminologiques ............................................................................ 12 Deux récits illustrant le pouvoir de la police, la « panique morale » et le drame de vies gâchées ...... 14 Le scandale du « mariage gay » .................................................................................................. 15 Les « neuf homosexuels de Mbao » ........................................................................................... 26 Une multitude d’exactions : arrestations arbitraires, violences de la communauté .......................... 39 Arrestations arbitraires et mauvais traitements infligés par la police ......................................... 40 Actes de violence commis par des acteurs non étatiques ........................................................... 44 « Au Sénégal, tu n’as pas besoin de preuves, les soupçons suffisent » ............................................49 Suspicion et secret ................................................................................................................... 49 Stratégies de « passing » ........................................................................................................... 53 La valeur culturelle de la vie privée ............................................................................................ 56 Les instigateurs de la peur: le rôle des chefs religieux et des médias ............................................... 61 Campagne contre les homosexuels ............................................................................................ 61 Évolution du paysage religieux ................................................................................................... 63 Rôle des chefs religieux condamnant l’homosexualité ............................................................... 67 Rôle des médias dans l’escalade de la violence ......................................................................... 72 VIH/SIDA et actes homosexuels au Sénégal ..................................................................................... 81 Les effets des violences sur le travail de sensibilisation au VIH/SIDA ......................................... 81 Témoignages d’hommes gays séropositifs ................................................................................. 87 Normes juridiques internationales et sénégalaises ......................................................................... 93 Recommandations ........................................................................................................................... 97 Glossaire ....................................................................................................................................... 100 Remerciements ............................................................................................................................... 101 Résumé Les violences à l’encontre des personnes fondées sur l’orientation sexuelle et l’expression de genre se sont intensifiées au Sénégal début 2008. Les hommes se disant gays ou perçus comme tels sont progressivement devenus la cible de la vindicte populaire et d’arrestations arbitraires. Human Rights Watch a pu établir l’existence de nombreux cas de violences lors d’une enquête menée en 2009 et début 2010 : brutalités policières, détentions arbitraires, menaces physiques, agressions, insultes, chantage, extorsion, et vol. Nous avons également analysé le rôle joué par les médias et les institutions religieuses dans l’instauration du de ce climat de violence. Bien que de récentes réactions paniquées au Sénégal aient dépeint l’homosexualité comme un phénomène nouveau et d’origine étrangère, l’ensemble des données disponibles - chiffrées ou basées sur des témoignages - tendent à indiquer que les relations homosexuelles entre hommes et entre femmes existent depuis longtemps dans ce pays, même si les conditions ont varié au fil du temps. Le fait nouveau consiste en la manipulation du sentiment anti-gay par certains représentants politiques et religieux, dont le discours de haine exacerbée a conduit à une recrudescence des actes de violence commis par diverses personnes à l’encontre des hommes gay ou perçus comme tels. Cette recrudescence a été aggravée par certains médias sénégalais qui ont consacré un espace important aux diatribes de ces marchands de haine, sans pour autant accorder de la place à des arguments opposés. Ce rapport permet de combler cette lacune, en révélant les conséquences individuelles de cette violence, et en étudiant quelques-unes des causes sous-jacentes à l’intolérance actuelle. Deux affaires illustrent parfaitement le virage dangereux qu’a pris le Sénégal : le scandale du « mariage gay » de février 2008, et l’arrestation des « neuf homosexuels de Mbao » en décembre 2008. S’appuyant sur les entretiens accordés par plusieurs hommes impliqués dans ces deux affaires, ce rapport apporte un éclairage complet sur ces événements ainsi que sur les conséquences destructrices qu’ils ont eues sur la vie de ces hommes et de nombreux autres Sénégalais. Le rapport rend également compte du cas d’autres hommes gays ou perçus comme tels, arrêtés et torturés par la police, de victimes de violences commises par des acteurs privés, et du contexte social et culturel de peur et de suspicion dans lequel ces attaques ont lieu. Nous concluons par des recommandations adressées aux principaux ministères gouvernementaux, ainsi qu’aux groupes de la société civile et acteurs internationaux concernés par les récents événements au Sénégal. Il est essentiel que les autorités 1 Human Rights Watch | Novembre 2010 sénégalaises veillent au respect des droits fondamentaux des résidents sénégalais, qu’elles luttent contre l’impunité des attaques que commettent les acteurs privés contre des individus gays ou perçus comme tels, qu’elles assurent un accès libre à la justice et une réparation aux victimes de violences homophobes, et qu’elles favorisent une culture de la tolérance et de la diversité. * * * Le droit sénégalais réprime les actes homosexuels entre personnes consentantes. Cela étant, il suffit qu’un individu soit présumé être homosexuel pour que son arrestation soit justifiée. La répression pénale des actes sexuels entre personnes du même sexe va de pair avec l’absence de protection par l’État des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) contre les actes de violences, lesquels marginalisent davantage une population déjà vulnérable. Le fait que le Sénégal conserve cette disposition est une source de préoccupation immédiate et profonde. L’article 319.3 du Code pénal sénégalais (adopté en 1965) réprime les actes sexuels « contre nature » de cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de 100 000 à 1 500 000 francs CFA (soit environ 150 à 2 000 euros). Alors même que la loi condamne une pratique et non une caractéristique individuelle (en d’autres termes, un acte, et non une identité), ce rapport montre que la loi est utilisée comme moyen de cibler certains « types » d’individus au motif de leur orientation sexuelle réelle ou perçue et/ou de leur identité et expression de genre. Leurs comportements homosexuels sont déduits de leur apparence ou s’appuient sur des ouï-dire, parfois en l’absence de toute preuve.1 Comme l’a affirmé la 15e conférence internationale sur le SIDA et les IST en Afrique (ICASA), qui s’est tenue au Sénégal du 3 au 7 décembre 2008, la répression pénale des actes homosexuels constitue un obstacle majeur à l’éducation, au dépistage et au traitement des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH)2 en Afrique. Ses conséquences directes, et l’exacerbation de la réprobation que l’homosexualité suscite, 1 L’article 319.3 dispose: « Sans préjudice des peines plus graves prévues par les alinéas qui précédent ou par les articles 320 et 321 du présent Code, sera puni d'un emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 100 000 à 1 500 000 francs, quiconque aura commis un acte impudique